E5, 2019-2020

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Les femmes, leur révolution, et nos dérives Ryan Tfaily

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Biggest charo : quand Menton s’introduit dans la vie sexuelle étudiante Anonymous

10 Does God Want Me to Live My Best Life? Beeta Davoudi 12 Lettre ouverte au tonton emmerdeur des repas de famille Mathilde de Solages 16 Woman’s Identity : One, One Hundred-Thousand, No One Elena Colonna 19 2020 et demain Victoria Bruné 22 Male Bisexuality and Its Discontents Anonymous 27 Complaining Culture Emma Pascal 29 Unequeal Opportunity for Women Elza Goffaux and Eren Isiktas 31 La Femme Française Mathilde de Solages, Lounis Jahidi, Nolwen Ménard 32 An Ode to Fuckboys Anonymous 33 Will Numbers Come to Define Us, Or Can We Define Them? James Kettle

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Our Board

Les Membres de la Redaction RYAN TFAILY OSKAR STEINER ALBAN DELPOUY HINDE BOURATOUA INES MIR-MOREAUX KATHERINE BIBILOURI SANTOSH MURALIDARAN EMMA PASCAL MAELLE LIUT NINON STRAEBLER Design and illustration by Oskar Steiner with Lavinia Liclican


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es féministes ont mauvaise presse. Pourtant, elles n’ont jamais été aussi puissantes. Elles passent en boucle sur tous les plateaux de télévision, elles surinvestissent Twitter, elles interviennent dans les écoles, elles ont un ministère consacré, elles obtiennent des droits. Dans le même temps, elles sont accusées d’être manichéennes, de faire du sexisme inversé, d’être tatillonnes et revanchardes, d’empêcher la drague et l’amour courtois. Le féminisme vit tous les paradoxes d’une idéologie hégémonique culturellement : dominant dans le monde des idées et dans la culture, il est loin de faire l’unanimité dans la population. Il subit surtout les battements d’une impressionnante contre-révolution patriarcale, qui est la conséquence directe de la révolution féministe Me Too. De Roman Polanski sacré meilleur réalisateur à Valeurs Actuelles qui fustige comme au Moyen-ages les sorcières hystériques, les tributaires des anciennes places qui tombent peu à peu organisent la contre-offensive. On ne se trompera pas en disant que ce vieuxmonde patriarcal et caricatural est minoritaire, quoique puissant par l’importance de son statut social. En revanche, nombreux sont ceux qui, tout en jurant être féministes, préviennent immédiatement qu’ils n’ont rien à voir avec « ses dérives ». Le mot semble être devenu le corollaire du féminisme : il n’est plus question de parler du féminisme sans évoquer dans la foulée ses dérives. Écouter une chronique télévisée ou lire un article traitant du sujet, c’est s’infliger systématiquement des précautions oratoires sur les égarements possibles d’une révolution féministe. Or, le choix des mots, des thèmes et de l’ordre dans lequel on choisit de traiter ces thèmes n’a rien d’anodin. Même si l’évidence est que les dévoiements et les excès existent,

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choisir d’en survaloriser l’importance à un moment aussi particulier où la révolution féministe a bel et bien lieu, c’est prêter le flanc, par timidité ou zèle dialectique, au refus de l’égalité. De même qu’en janvier 2015, dire « Je suis Charlie, mais je trouve que le journal va trop loin dans ses caricatures » témoigne d’un manque de considération pour le contexte et affaiblit la défense du blasphème, dire en 2020 « Je suis féministe, mais je trouve que le féminisme va trop loin et dérive » révèle déjà un sens curieux des priorités.

Pour la révolution sexuelle Il n’est pas étonnant que les débats féministes, et singulièrement la question de ses dérives, se cristallisent autour de la sexualité et de ses violences. Car contrairement à ce que l’on croit, ce ne sont pas les féministes qui ont politisé la question sexuelle. Il suffit de lire Sade ou de se plonger dans les déboires de la cour versaillaise pour comprendre que le sexe est depuis toujours politique. Si le féminisme s’en sont emparées, c’est parce qu’il était déjà un sujet politique. En tant qu’enjeu de pouvoir, et en tant qu’acte entraînant possiblement des violences. Cela dit, rassurons ceux qui s’inquiètent des dérives d’une telle politisation. Ce n’est pas à l’Etat d’apprendre à ses administrés comment coucher. Il n’existe pas de norme dans un rapport sexuel, de même qu’il est impossible de définir ce qu’est un « rapport sexuel normal ». Tout le monde a conscience qu’il existe des zones grises dans la sexualité, entre le oui et le non, entre le consentement et la contrainte. On sait avec la littérature la complexité de l’âme humaine, la porosité de la frontière du consentement. Personne n’a


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non plus envie de vivre dans une société de la délation, de l’accusation permanente qui oublie la présomption d’innocence. Pas plus que l’on a envie d’une société où la drague devient normée, où un homme (ou une femme !) n’a plus le droit d’insister auprès d’une femme (ou d’un homme !) pour aller boire un verre. Et pourtant, il faut persister : Me Too a été l’une des plus importantes réalisations apportées par ce début de siècle au monde. Car dans une société qui étouffait du silence des femmes, ou plutôt de l’organisation sociale de leur mutisme, la libération de la parole autour des violences sexuelles a eu quelque chose d’incroyablement salutaire. Et tant qu’il restera encore ne serait-ce qu’une femme qui n’osera pas parler après avoir subi un viol, la question de la drague masculine ou de la présomption d’innocence demeurera secondaire. Le jour où la société étouffera de la parole des femmes - on en est encore loin -, les débats de savoir si les hommes se sentent muselés dans leur désir sexuel deviendra pertinente. Certes, faire de la politique, c’est prévoir. Prévoir donc une société éventuelle où les femmes dénonceront à tort des hommes pour obtenir on ne sait quel avantage. Mais c’est aussi prioriser. Et dénoncer à l’avance des conséquences pour l’instant inexistantes d’une révolution en cours, se focaliser sur ses « dérives » sans quasiment plus parler de ses bienfaits, c’est oublier le point de départ de cette révolution : les dérives, celles-là criantes et de moins en moins admissibles,

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d’une société encore patriarcale.

1789 sans 1793 ? On nous répondra que, de même qu’il est possible de ne pas prendre la Révolution française comme un bloc, d’accepter 1789 en refusant 1793, il est envisageable de distinguer à l’intérieur de la révolution féministe ce qui relève de la marche à l’égalité et ce qui tend vers la terreur. Mais c’est ce que tout le monde fait déjà à l’échelle individuelle. Encore fautil se mettre d’accord collectivement sur ce qu’est une « dérive ». Parler, de manière certes brutale - comme l’est toute parole trop longtemps contenue - de violences sexuelles ? Imposer l’écriture inclusive dans le jargon universitaire ? Créer un séparatisme entre les hommes et les femmes, des rames de métro aux réunions féministes ? Traquer derrière chaque expression d’une personnalité publique des bribes de sexisme ? Refuser de dériver, c’est partir du principe que l’on part déjà sur le bon chemin, mais qu’il faut éviter de s’en éloigner, ou de ne pas s’arrêter au bon moment. Sans provoquer trop de polémique, on peut admettre ensemble que ce bon chemin est celui de l’égalité réelle entre femmes et hommes, dans tous les champs y compris culturel et sexuel. Or, pointer du doigt l’invisibilisation des femmes dans les domaines de la recherche ou du cinéma, est déjà considéré par certains comme une « dérive » du féminisme, une vision anti-républicaine et antihumaniste de la société. Il semblerait en effet

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que la question des dérives soit instrumentalisée, par de vieux réflexes patriarcaux, pour refuser le moindre accès à l’égalité. Autrement dit, Robespierre n’est plus le problème, mais déjà 1789, car 1789 contenait en lui-même et inéluctablement 1793. Ceux qui reprochent au féminisme de dériver ne remettent plus seulement en question ces dérives, mais le féminisme tout en entier. Quitte à oublier l’essentiel, les priorités et le bon sens.

Contre les dérives, pour la mesure ! Relative et confuse, instrumentalisée et peu pertinente, la notion de « dérive » du féminisme n’a pas franchement d’utilité dans le débat public. Celle de la mesure, vieux concept grec, devrait, elle, être remise au goût du jour. Car le plus urgent n’est pas de s’ériger contre les dérives du féminisme, mais de plaider pour un féminisme de la mesure. Celui qui distingue notamment, les combats urgents, qui doivent être menés rapidement par le haut, à coup de lois et de contraintes, de ceux moins importants qui nécessitent un changement par le bas, culturel et de long-terme. Entre les violences sexuelles que plus personne ne doit supporter, et l’écriture inclusive qui a tout le temps d’imprégner les esprits tranquillement, en commençant par la redécouverte des mots féminins occultés et sans l’imposer de manière caricaturale. Entre l’égalité salariale et la connaissance de l’orgasme féminin. C’est à cette condition que le changement aura lieu. 111


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près les lectures intéressées d’un article dénonciateur de notre hypocrisie généralisée et de la réponse réfléchie qui lui a été faite dans les éditions précédentes du Zadig, j’ai pensé que le sujet abordé par les deux auteurs était clos. Pourtant, une nouvelle « contradiction » m’est récemment apparue de manière assez violente, contradiction trouvant tout particulièrement sa place dans le thème de cette édition et dont la mise en évidence me semble autant utile que souhaitable. En effet, alors que ce mois de mars signifie pour Le Zadig une édition s’intéressant au genre et au féminisme, pour le Comité Yearbook il a débuté avec les résultats des nominations et leur communication aux heureux élus. Si ces nominations ont été sources de surprise pour certains, d’incompréhension pour d’autres et occasionnellement, j’imagine, de joie, elles ont été pour ma part l’occasion de découvrir un triste paradoxe. Bien qu’il ne m’ait pas sauté aux yeux auparavant, il m’étonne encore à l’heure actuelle. Sans plus attendre je vous en fais part : il porte sur le fossé qu’il existe entre les deux traductions d’une même catégorie, d’une part « biggest flirt », et de l’autre « plus gros charo ». Le premier intitulé, que mon overrated B2.2 en anglais traduit plus ou moins comme « le plus gros charmeur » me paraît plus ou moins neutre : il ne condamne pas directement (ce point fera l’objet d’une nuance par la suite) l’action concernée en elle-même. En ce sens, le seul reproche que l’on pourrait faire à mes yeux à cette dénomination est de s’immiscer dans la vie privée des étudiants pour

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traiter d’un sujet éminemment intime. Néanmoins, en prenant en compte avec fatalité la promiscuité malsaine dans laquelle nous place notre cadre de vie à Menton, l’on peut, sinon applaudir, se soumettre à l’existence d’une telle catégorie. En revanche, le second intitulé mérite que l’on s’y penche plus longuement. À regret, je constate que plus l’on y porte son intérêt, plus il apparaît abject et détestable. Tentons tout d’abord d’en retracer la construction étymologique, pour parvenir ensuite à appréhender les définitions qui en découlent afin de pouvoir en tirer une conclusion. Popularisé, ou inventé, par le rappeur français Niska, le terme « charo » est l’abréviation de « charognard ». Si le dictionnaire Larousse le définit comme un « oiseau ou mammifère mangeur de cadavres, comme les vautours, les hyènes ou les chacals », il est bien plus intéressant de prendre en considération la définition qu’en fait l’individu à l’origine du terme. Pour le média en ligne Yard, Niska déclarait dans une interview parue en avril 2015 qu’« un charo, c’est un mec qui a la dalle » avant de préciser : « les charognards mangent des animaux morts, faut avoir la dalle pour manger un animal mort mais ils vont quand même le faire ! ». Ou encore, dans l’émission Clique de Mouloud Achour du 6 septembre 2019, l’on pouvait l’entendre dire que « l’exemple du charognard, nous quand on parlait de ça c’était plus le mec qui quand il voit une jolie fille passer va l’accoster, ne va pas la lâcher. ‘‘Ouais non je vais pas donner mon numéro’’, ‘‘ Mais s’il-te-plaît’’. Tu te vends, tu lâches pas jusqu’à ce que tu aies le numéro et tu repars


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». Maintenant que l’origine de ce terme a été donnée ainsi que les définitions qu’il accepte, il s’agit d’en tirer les multiples conclusions que nous enseigne une rapide analyse. En premier lieu, l’individu appelé de la sorte est supposé être un oiseau ou un mammifère, et bien que l’homme en soit un, la définition du dictionnaire Larousse semble privilégier la piste animale. La première étape procède donc en quelque sorte à une déshumanisation de l’individu. Ensuite, pour ramener cet individu plus fortement encore à une condition sauvage, le terme suppose qu’il ait « la dalle ». Autrement dit, l’on aboutit à une situation où l’individu lambda considéré est déshumanisé pour être amené à une condition animalière et sauvage dans laquelle il mangerait pour survivre et vivrait pour manger. À

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ce stade de l’analyse, il peut être pertinent de rappeler la traduction anglaise biggest flirt pour ne pas perdre de vue ce dont on discute. Continuons donc, de creuser dans l’envers de l’utilisation de ce terme dégradant. L’exemple donné par le rappeur est autant illuminant qu’alarmant, mettant en scène un homme abordant une femme lui plaisant et ne la quittant pas avant d’avoir obtenu d’elle ce qu’il désirait. Or, cette situation peut s’apparenter à un cas de harcèlement étant un délit punissable de plusieurs années d’emprisonnement et de plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amende. Plus que jamais, alors que la parole de nombreuses victimes se libère, que de réels efforts de communication sur le consentement sont faits et que les coupables doivent de plus en plus répondre de leurs actes

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délictueux, il faut être prudent quant aux choix de nos mots. Parce que le terme de charo est intrinsèquement lié au harcèlement et à la non-considération d’un éventuel non-consentement (un animal mort n’a pas d’avis à donner quand il est le repas d’un charognard) en catégorisant un individu de la sorte, l’on procède à au moins trois erreurs monumentales. Tout d’abord, l’on associe directement sa personne à des comportements abominables et condamnables par la justice. D’une certaine manière, cela représente une forme de diffamation qu’il ne faut pas prendre à la légère en raison de son objectif « amusant ». Ensuite, justement parce que l’on fait de l’utilisation de ce terme un objet de rire, l’on tend à faire accepter des délits tels que le harcèlement : leur monstruosité est atténuée


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quotidiennement par l’emploi de termes tels que charo dans des situations inappropriées (à propos d’un acte sexuel mutuellement consenti, par exemple). En outre, il est même probable que ceci puisse conduire directement à ces délits. En étiquetant un individu de la sorte, on l’incite sans s’en rendre compte à harceler. Étiqueté déviant, il est fort probable que l’individu cherche à faire correspondre son comportement au rôle que son étiquette lui donne. Ainsi, l’on va construire de réelles carrières de déviance à l’origine d’actes destructeurs. Pour finir, car l’ignominie du terme ne s’arrête pas là, il convient de s’intéresser à la victime du charognard. Ainsi, l’on prend conscience que la jolie fille de l’exemple de Niska - pouvant par ailleurs être, je pense, n’importe qui d’entre nous, tous genres, sexes et orientations confondus - est considérée comme une charogne, un cadavre, un animal mort. J’estime que cette dernière observation se passe de commentaire et que sa simple mise en évidence suffira à questionner nos consciences à la pensée d’éventuelles utilisations passées du terme charo. À partir des considérations ci-dessus et à l’aide des plus élémentaires cours de sociologie, il demeure deux points à aborder : ce que l’existence de cette catégorie et le terme charo plus spécifiquement représentent et signifient. Par la désignation d’un « plus gros charo » sur le campus par le vote des étudiants, l’on assiste à l’étiquetage d’un individu par le reste du campus en tant que groupe social. En effet, de cette manière l’on pointe du doigt un comportement qui s’écarterait de la norme (à comprendre évidemment dans le sens de la règle et non de la généralité). Conséquent à cela, l’on confère au déviant un attribut social dévalorisant. Une fois dit cela, l’on comprend qu’il existe des comportements que le campus condamne - ici rien de plus normal - et que ce dernier est autorisé à s’introduire dans la vie intime et notamment sexuelle des étudiants. Qu’un tel contrôle soit souhaitable dans certaines sociétés est questionnable et peut être débattu par les individus en faisant partie. En revanche, l’on peut s’étonner de constater un contrôle social à la fois formel et informel si présent à ce propos, au sein d’une institution dont bon nombre de ses mem-

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bres ne manqueront pas de s’engager en faveur du progressisme, de la liberté de moeurs, de la liberté sexuelle et du droit à disposer de son corps. L’on touche ici au paradoxe évoqué en introduction. En disant cela, il peut être nécessaire de préciser que l’idée n’est aucunement de nier ou de se plaindre du contrôle social exercé par le campus, car il s’agit du fonctionnement naturel d’un groupe social. Pour aller plus loin, la disparition de ce contrôle n’est pas souhaitable : il contribue à la cohésion du campus et à l’intégration des étudiants. Ce qui est reproché, c’est la dérive qu’a connu ce contrôle social qui lui confère aujourd’hui le rôle de définir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans la vie sexuelle et affective des étudiants. Pour finir cette analyse, il ne s’agit pas de s’intéresser de nouveau à la signification du terme charo mais à sa symbolique, ce qu’il représente et implique. Par le biais d’une expression qui, avant l’observation qui a été faite, pouvait sembler amicale et qui bénéficie d’une certaine popularité du au fait qu’elle provienne d’un genre musical en vogue, c’est une nouvelle forme de slut-shaming qui fait apparition sous nos yeux, dans nos bouches, et par notre faute. Ce concept, proposé à l’origine par des féministes nord-américaines s’apparente à « un ensemble d’attitudes individuelles ou collectives, agressives envers les femmes dont le comportement sexuel serait jugé hors-norme ». Pour continuer de citer la scientifique ressource qu’est Wikipédia, l’on peut ajouter que « le slut-shaming consiste donc à stigmatiser, culpabiliser ou disqualifier toute femme dont l’attitude ou l’aspect physique serait jugé provocant ou trop ouvertement sexuel » ainsi que préciser que « même des symboliques n’ayant a priori pas de lien avec la sexualité peuvent mener à la stigmatisation et au slut-shaming ». Ainsi, si l’on fait abstraction de la dimension exclusivement féminine de la victime de la définition qui a été donnée, le concept de slut-shaming s’applique en tout point au processus de désignation d’un individu comme charo. En effet, par le vote dans le Yearbook et les interactions quotidiennes, les attitudes envers l’individu sont à la fois collectives et individuelles. Par ailleurs, la déconstruction du terme et l’explication de ses ramifications sémantiques suffisent à attribuer à ce processus son caractère


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agressif. De plus, le fait que ce dont il soit question soit bien un comportement sexuel jugé hors-norme ne fait pas de doute, comme l’apport de la sociologie nous a permis de l’établir. Finalement, l’application du terme charo conduit bien à stigmatiser dans le but de faire culpabiliser un individu et de disqualifier son comportement à l’aide d’une symbolique qui n’a pas de lien avec la sexualité, celle du charognard et de la charogne, de l’animal mangeur de cadavres. L’on remarque également que l’exclusivité propre au slut-shaming est bien présente, bien qu’elle soit inversée. Alors qu’à l’origine le concept ne concerne que les femmes, ici, il est évident que le terme de charo ne s’applique instinctivement qu’à un homme, en raison du genre masculin du nom charognard et de la définition de l’expression qu’en fait celui qui l’a popularisée (i.e « un mec qui a la dalle » ). À propos de ce dernier point, il peut être ajouté un manque de cohérence, ou de clairvoyance, fortement marqué : nul ne peut honnêtement douter de la différence d’accueil d’une catégorie équivalente visant une femme. En définitive, après avoir mis en lumière le gouffre entre les dénominations utilisées en anglais et en français, puis une fois revenu sur la construction ainsi que la définition du terme charo et ce qui en découle, il a été tenté d’expliquer pourquoi l’existence même de cette catégorie dans le Yearbook officiel d’un campus de Sciences Po était problématique. Et elle l’est pour le résultat et les intentions - conscientes ou inconscientes - qui se cachent derrière une telle attitude. De plus, la présente observation a mis en lumière une profonde contradiction avec les revendications idéologiques de l’institution elle-même et d’une majorité écrasante de ses étudiants. Finalement, l’analyse a eu pour but de mettre en garde contre l’utilisation du terme de charo au quotidien et à sa normalisation du fait de son utilisation par un document visant à incarner l’expression de la participation de l’ensemble des étudiants du campus. À l’aide du concept de slut-shaming mis au point par le féminisme nord-américain, il a été montré ce qui se cache derrière la stigmatisation et l’intimidation auxquelles conduit l’utilisation du terme charo et la désignation annuelle d’un plus gros charo. Tout en prenant garde à ne blesser personne, résultat qui serait à l’opposé de la volonté de cette analyse, cette dernière a pour visée d’inviter à questionner nos propres contradictions. Avec le sincère espoir et l’idée que cette abjecte incohérence soit un nonsens appartenant à l’inconscient collectif, ce papier a pour objectif final la remise en cause individuelle et collective de nos comportements pour aboutir à une modification durable de nos manières de considérer l’autre dans nos interactions directes avec lui comme dans l’attribution de « distinctions » au nom du campus. 111


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hen women light the Shabbat candle, maybe it’s because women are the light of the house. When the Hail Mary is said, maybe it’s because Mary is the giver of faith. When women don’t have to wear white to Hajj, maybe it’s because women are devout in any colour. There are strong cases for why the hijab is oppressive, marriage is unjust, and religion is sexist; but I’m just not convinced. I’m not convinced in the idea that a piece of cloth is oppressive, a vow is unjust, and a book is sexist. I’m not convinced because for every “helpless, submissive, incapable hijabi who is oppressed by her husband”¹, there is an educated, powerful, independent hijabi who teaches her son to respect women. I’m not convinced because for every “I do not permit a woman to teach or to exercise authority over a man” (1 Timothy 2:12), there is a “Never will I allow to be lost the work of [any] worker among you, whether male or female; you are of one another”(Quran 3:195). But most of all, I am not convinced that this is a progressive interpretation of reli-

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gion, but rather a realistic one. Growing up in a Shia family, raised studying Kabbalah, and attending a Catholic school, I have been exposed to many different holy texts and have spent a lot of time evaluating my relationship with religion. As a woman, I never felt that when the Quran advised me to not draw attention to my body (Quran 24:30-31) it was oppressing me any more than when Teen Vogue tells me how to draw attention to it (Sarah Wu, ‘The Best Makeup Tricks to Look Better in Photos’, 2017). I never felt that any of the ‘look-we are woke, look-we love diversity’ princesses in Disney empowered me any more than the Persian Queen, Esther, who liberated the Jews in the Tanakh. Like wealth, beauty, and intelligence, religion is merely a word, a concept, a reality which we have defined, and therefore which every one of us can also redefine. Of course the hijab is being used to subordinate women, of course marriage is used to establish the patriarchy, of course many religious texts are interpreted as jus-

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tifying male superiority, but this is a projection of pre-existing societal biases and norms which have existed far before and beyond religion. And even if it were true, even if we were to say that religion is more sexist than it is egalitarian, it still leaves us with many people who have interpreted their religious texts as empowering for women. So this essentially leaves us with one question, if religious texts empower some but oppress other, then is the text itself empowering or oppressive? To this I would answer no. No series of words, and no individual word, has an inherent meaning, or any meaning beyond that which we have allocated it. And thus it is up to us, with our sexism, racism, and aporophobia, to interpret our religious texts; no surprise we manage to find in them all that we need to confirm, and thus justify, our biases. Why, you may ask, do we need to do this? Why are you trying so damn hard to interpret Holy Texts as being deeply feminist? The answer, as always, is twofold. First, the woke middle-class white woman claiming that we need to

¹ The use of speech marks is to emphasise the fact that this is a very harmful narrative, and by no means what I believe.


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rip off the burkas and free the nipples does very little to liberate women around the world. For many, not having to look good according to society’s standards of beauty, and just throwing an ankle-length cloth over your head, is the very definition of liberation. It means that the mind is not preoccupied in wondering if one’s butt looks good, and if it pleases another person’s sexual interest, but instead on slightly more useful things like doing well at school and with friendships. And so this heavily normative, atheist, feminist narrative is deeply homogenising the mechanisms for female empowerment into one which falls snugly within Western social norms. Second, when we look slightly beyond our white-Western-feminist eco-chamber, we realise that many women place more importance on what their religion says regarding their social rights, than on what the Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women (CEDAW) says on the matter. By making blanket-statements such as “Islam oppresses women” we are feeding into the very narratives used by those who seek male dominance. Studying any religious texts, one can draw a plethora of conclusions, one of which is that women are of greater importance than men. The only reason why the most widely understood interpretation is that men are more important than women is because the society which originally interpreted these texts had pre-existing patriarchal systems and narratives which utilised religion to reaffirm its sexist narra2

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tives, and which still exist today. When the founder of Sisters in Islam, Zainah Anwar, went to Malaysian villages to “tell women about their rights she was confronted with questions about Islamic law: Doesn’t Islam say a man has a right to beat a woman? Doesn’t Islam say a woman must obey her husband? Doesn’t Islam say a man has a right to four wives?”2. Until religious texts are recognised as being fully open to interpretation, we are stuck, blindly following the narratives created by clerics from the time of their conception. Until then, women living in religious societies will blame institutionalised sexism on Holy Texts, rath-

Elizabeth Segran, ‘The Rise of the Islamic Feminists’, 2013, The Nation

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er than the patriarchal systems which defined them as such. Until then, many women will remain complacent to society’s sexism, believing that it was ordained to them by their God. And of course, until then, the husband will beat his wife in the name of God. You may say that Eve created original sin, but I say she was the founder of free will. You may say that Mary Magdalene was adulterous, but I say she was the first to see Jesus resurrect. You may say that Khadija was an obedient follower of her husband’s religion, but I say she was a sugar mama. 11


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NB : Cet article est une adaptation d’un discours En d’autres mots, où se trouvent nos ressources, rédigé pour être prononcé lors de la conférence nos capacités, nos forces, à nous Français ? d’Agora en Mars. Le potentiel français est si évident qu’on ne le voit ’est à la suite de trois mois vécus à Paris que même plus. Vous savez, c’est comme l’image de mes parents m’ont emmenée avec eux à Douala, l’éléphant dans une pièce. Si on est collé dessus, on au Cameroun. J’ai ensuite habité à Bruxelles, à ne voit qu’une trompe, qu’une défense, alors qu’il est Minneapolis, à Montréal, à La Haye, pour enfin me énorme en réalité ! Mais ce recul de l’étranger m’a retrouver à Menton. donné la chance de la voir, notre force. Le potentiel de la France se trouve dans nos agriculteurs et Malgré tous ces pays, je n’ai pas d’autre passeport dans nos industriels. Nous sommes, grâce à eux, mis à part le passeport français. Pourtant, je suis la première puissance agricole européenne et le française et à la fois je me sens un peu de tous ces deuxième exportateur aérospatial au monde. Le pays. Française et belge, américaine, canadienne, potentiel de la France est dans nos travailleurs. Nous néerlandaise, et… étrangère ! Néanmoins, je possédons une productivité horaire parmi les plus m’adresse aujourd’hui à vous, Francaises, Français, élevées du monde. La France a créé 1M d’emplois en par le biais d’une lettre ouverte. quatre ans depuis 2016, dont 500 000 en 2019. Le potentiel de la France se trouve dans nos militaires, Je suis française et étrangère, et c’est justement ce plus de 388 000, armés d’une multitude de chars, regard quelque peu extérieur et étranger qui me d’avions et de navires. Le potentiel de la France se permet de m’approprier cette phrase de Sylvain trouve dans nos chercheurs, et nous occupons grâce Tesson: La France est un paradis peuplé de gens qui à eux une place parmi les meilleures en termes de se croient en enfer. financement de la recherche et du développement. Et enfin, malgré les critiques, le potentiel de la Je suis française et étrangère et pourtant j’aime France se trouve dans ces 300 M de francophones, la France. Et c’est grâce à cet amour lointain que et 360 000 élèves des lycées français à l’étranger, je pense détenir la légitimité nécessaire pour qui exportent l’âme de Zola, Baudelaire et Hugo à m’adresser à vous, Françaises, Français, et pour travers les cinq continents. vous poser trois questions. Où est le potentiel français ? Qu’avons-nous perdu en route ? Comment Nous osons nous plaindre de l’heure d’attente retrouver l’âme française ? chez le médecin, et pourtant nous jouissons d’une protection sociale parmi les plus généreuses ! Sonia Commençons par la première: Où est le potentiel Mabrouk exprime ceci en quelques mots: Cette français ? société est rongée par le sentiment d’inégalité alors

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que nous vivons dans la société la “j’en peux plus de payer ces plus égalitaire d’Europe. putains d’impôts”, “la gauche ronge la France”, “tfaçon on vote Dès lors, une deuxième question plus pour le meilleur on vote pour surgit : Qu’avons-nous perdu le moins pire”... en route? En vue du potentiel phénoménal que détient la Selon une étude du Guardian France, d’où vient ce pessimisme qui est à peu près aussi français français qui ronge notre mobilité que Fillon est honnête, la France ? détient le taux de pessimisme le plus élevé en Europe : en effet, Comment donc expliquer le taux 92% des Français se disent peu de pessimisme incroyable dont confiants quant au futur du monde nous, Français, témoignons ? et ⅔ de ces mêmes Français ne Le taux de pessimisme d’une le sont pas non plus quant à leur population, c’est a + b divisé par c. propre avenir. A étant l’espoir qu’une population a en son futur, b étant le regard Bien sûr, tout cela peut paraître qu’elle pose sur ses conditions quelque peu convenu. Le célèbre de vie, C étant la réalité. Le taux “selon une étude américaine” de pessimisme, c’est une étude on connaît tous… Il ne s’agit pas compliquée, pour aboutir à un de rabattre les oreilles de nos calcul simple. lecteurs davantage avec des statistiques, ni de proposer un Nous avons tous ce tonton de exercice collectif de “comment droite qui grogne à la table de sourire quand tout va mal”, les Noël: “de toutes les manières, Parisiens en ont sûrement marre avec les Français qui descendent d’entendre qu’ils font tous trop dans la rue dès qu’on touche à la gueule dans le métro. Ce qui leur confort, on peut rien faire”, compte, c’est de comprendre

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comment notre volonté réformatrice, autrefois pourtant omniprésente, s’est dégradée, petit à petit. Selon François de Closets, Le problème n’est pas la France, mais les Français, qui ont sombré dans un individualisme destructeur. Selon ce journaliste et écrivain, Charles de Gaulle avait mis les Français au service de la France. Il a ensuite été suivi de présidents mettant la France au service des Français. Ceux-ci auraient donc sacrifié le collectif au particulier. C’est un leurre de penser que l’Etat peut combler tous les désirs et assumer l’entièreté des responsabilités citoyennes propres. Revenons à notre tonton de droite : il ronchonne à l’entente d’une quelconque idée tournant autour du terme bien commun.. Pourtant, ce tonton de droite (ceci dit, pas de problème à être de droite, bien évidemment) ne se


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rend pas compte que nous faisons face à une déresponsabilisation globale, une carence de bien commun et certainement aussi à l’omniprésence d’un satané sentiment défaitisto-alarmiste. Ce manque de confiance, cette suspicion à l’égard, certes parfois justifié, de nos dirigeants, nous mènent à un pessimisme déchainé.

réforme, pour un Français, c’est comme un gosse qui veut plus de liberté. Il aime le principe, il se réjouit de voir les choses changer, mais quand il se rend compte du prix à payer pour une plus grande liberté, il crie au scandale. Car, en réalité, les Français aiment la nouveauté, mais détestent les réformes, conséquence de cet individualisme destructeur !

En août 2017, la République en Marche était en baisse dans les sondages. Emmanuel Macron part à Bucarest, et, s’adressant à la communauté française, annonce “La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes”. Nous avons en effet affaire à un découragement global, depuis plusieurs décennies, face au mot réforme. Aujourd’hui, qui croit aux chances de la France passe pour ennemi de la France ! Une

Nous n’osons plus prendre d’initiatives, nous restons crispés sur notre passé, assurés que, parce que nous avons fait une révolution il y a plus de deux siècles, nous n’avons plus besoin de réformer. C’est peut-être ici qu’il faut nuancer le propos. Des milliers de français vivent, SURvivent dans des conditions socioéconomiques déplorables. Leurs plaintes et supplications sont

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délégitimées par cette France râleuse et immobile. Cette France râleuse et immobile sape la justice et le bien-fondé dont pourrait bénéficier cette population trop souvent oubliée. Nous aboutissons donc à une désolidarisation des Français, source de bien trop de divergences terminant à la rue. Il serait fort hypocrite de ma part de vous laisser sur ce ton quelque peu… pessimiste…, et c’est pour cela qu’une troisième question est mise en jeu. Nous avons un potentiel inouï, pourtant, nous sommes pessimistes. Comment arriver à une réalisation collective de ce potentiel et agir en conséquence ? En somme, comment retrouver l’âme française ? Patriotisme, sens de l’honneur, obéissance, fidélité, transmission, héritage, une colonne vertébrale


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intellectuelle et morale. Comment retrouver notre Volonté transformatrice, recadrage positif … boussole ambitieuse et soucieuse du bien commun, exactement ce qu’il nous faut. La gratitude, oui, ce au détriment d’aucun groupe minoritaire? fameux “voir le verre à moitié plein”, cette capacité à pouvoir rendre grâce pour les choses les plus La solution, c’est un mot. La gratitude. simples, les plus anodines, sans pourtant se mentir face aux difficultés dont la vie est inévitablement Pascal, docteur en médecine, en philosophie et en remplie. La gratitude sera notre sortie d’impasse, théologie mène à bien multitudes de recherches notre demi-tour, notre stimulateur politique, dans son livre La Puissance de la Gratitude vers la économique et social. Vraie Joie. Et ses conclusions résonnent comme de précieux outils intellectuels. Et François Villeroy de Galhau l’a bien dit, dans La gratitude, ce n’est pas les mercis lancés l’article du Figaro Non, la France n’est pas machinalement pour une salière tendue ou une irréformable: “Nous manquons parfois de confiance porte tenue. La gratitude est exprimée en toute dans nos propres atouts, mais la meilleure chance conscience par la reconnaissance du fait que la que nous puissions donner à chacun face à ces source de nos petits bonheurs se trouve en dehors changements passe par l’éducation et l’inclusion”. de nous-mêmes. Alors vous savez ce que vous allez lui répondre à La gratitude permet un gain moyen de vie de 7 ans. ce fameux tonton de droite ? Vous avez lui parler La reconnaissance quotidienne accroît l’attention, de notre potentiel français, vous allez lui parler de la créativité, déclenche de nombreux bienfaits cette gratitude réformatrice. Faites lui voir ce que physiques et psychiques, et sûrement le plus nous, Français, collectivement pourrions accomplir important : avive notre estime de nous et notre s’il laissait son pessimisme destructeur à la porte. espoir, consolidant notre … volonté transformatrice. La gratitude nous permet de chercher une Françaises et Français, je nous en demande compréhension nouvelles aux événements de beaucoup. Mais c’est tout simplement car j’aimerais notre vie, n’est donc pas une fuite du réel mais un… voir ce potentiel français inouï se traduire en recadrage positif. chacune et chacun de ses citoyens, j’aimerais voir un bon sens français fructifier, et j’ose espérer Et il est un endroit où cette gratitude devrait avoir semé ne serait-ce qu’une graine de volonté commencer à être mise en place. transformatrice en chacun d’entre vous. Dans les bulletins, de la maternelle jusqu’à la Terminale, en remplaçant ces “peut mieux faire” ou ces “satisfaisants” par des “une curiosité”, ou “un talent particulier” dans cette partie de la matière. Il faut l’éprouver pour nos professeurs, qui exercent un métier de moins en moins attractif, sous-payé, et très peu respecté. Enfin, cette gratitude, il faut l’institutionnaliser dans ces établissements qui forment ceux qui, je l’espère, auront la volonté et le courage de redresser la France.

Nous nous tirerons de cette impasse paralysante seulement par le biais d’une réalisation générale, collective, s’efforçant au couronnement du bien commun. Rapprochons-nous de nos agriculteurs, de nos provinces, pour y retrouver notre bon sens. Un bon sens qui connaît le goût de l’effort, du sacrifice, du bien commun. Laissons vivre en nous, en la France, le coeur du terroir qui sommeille et qui lui seul peut raviver l’âme française. Et ainsi la France resplendira, une fois de plus. Après tout, et citant le légendaire Napoléon, impossible n’est pas français. 111


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hile the shaping of one’s own identity is something that happens partly unconsciously, through early socialization we experience as children, growing older I have started to question what factors played a role in determining my behavior and thoughts. In particular, I came to realize the big role media had in shaping the way I perceive myself as a woman. I grew up always knowing I was a straight woman, and I never had issues with it. I would easily identify myself with other straight women I would find around me, in my family or outside of it, and naturally, also on TV. To understand how Italian television portrays women, it’s important to realize that, from long before I was born, the Italian TV industry was owned by a guy, Silvio Berlusconi, who you might know not only for his questionable skills as a politician, but more likely for the sexist comments he would make on a daily basis, or for the scandals which saw him involved with underage girls. Just as a reminder, he was the guy who defined Angela Merkel as “an unfuckable lardass”, while his country’s economy was failing in comparison to Germany’s. You can then easily guess the way women have been, and still are, portrayed on his channels: silent and pretty showgirls who aren’t allowed to speak but are just there as mute companions, mere decoration. Young, attractive and half naked women simply there for the men presenters to make sexual jokes about them. Women as an ornament whose only objective is to be pretty and attractive to the men’s eye, to attract more audience. Women whose identity is reduced to their body, and their worth to how sexually appealing they are to men. Women who are almost always mute, limited to roles that require no competence whatsoever, and portrayed as stupid when they speak. Women shrinking into skinnier bodies, making space for the entrance of men on the stage, not able to raise their voices to these men’s comments. This representation of women has come to characterize not only Berlusconi’s channels, but most of Italian TV shows. For example, this year’s “Festival of Sanremo”, the biggest Italian music festival and one of the main nationwide events, was co-hosted by a beautiful young model, of no competence and clearly portrayed in a position of inferiority in comparison to the main man host; the main presenter even praised her capacity of “staying one step behind” in the scene. Moreover, a young rapper whose lyrics prompt to rape and femicide was allowed to participate to this huge national event. This confirms how, in our

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hyper commercialized and sexist society, women’s bodies are just goods to consume, and men’s gaze have the power to fully determine a woman’s value. Thus, a sexy but superficial girl is considered to be living her life more successfully than Angela Merkel, all Berlusconis out there agreeing. As the Italian journalist Lorella Zanardo argues, “women – real women – are an endangered species on Italian television, one that is being replaced by a grotesque, vulgar and humiliating representation, leading to the erasure of women’s identity”. The manipulative exploitation of women’s bodies emerges as women portrayed on TV seem to go along with men’s every desire, being reduced and reducing themselves to sexual objects, and giving up any possibility of being an equal other; in Italian, we even have a word for them “Velina” (literally translating to “thin tissue”).

If this is how the system works, and these are our role models, how does a child grow up seeing her identity as a female being constantly denigrated? My dreams at 13 were to get a nose job and to become a Velina; the pressure that society was putting on the importance of being pretty and attractive was slowly destroying my different passions and interests, my friends slowly fell into eating disorders. I hated my body, my body that had became a good The pictures on the side are taken from public to consume, an object to look at. I wanted my body broadcasting channels, quiz and news shows to disappear together with the comments that streamed during the day or the early evening: my classmates would make, but at the same time I women are hanged like meat, forced to walk couldn’t help but seek for these comments and that around in lingerie or take showers in their white external validation. But my case was definitely not dresses while the presenter claims “I’m not doing an exception, as Italy is 3rd in world rankings for it for me, I’m doing it for all the Italian men”. (The per-capita plastic surgery procedures, and almost programmes in the pictures are “Scherzi a Parte”, half of these surgeries are done on women who are “Striscia la Notizia”, “Il Mercante in Fiera”). less than 30 years old. Interviews reveal how almost 65% of Italian women take into consideration plastic surgery, either to correct physical flaws, to be more liked by men, or to erase signs of the passage of time. Why are we so ashamed of showing our real faces? Surely our society of mass consumption, where the industries of plastic surgery, cosmetics, or diets create huge profits, benefits from women’s insecurities, and TV and social media play a primary role in enforcing these insecurities.


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ever, their charisma, their personality or their professional achievements are considered to be enough.

Being oneself constitutes a fundamental human right, however most women are incapable of looking at themselves in the mirror and accept who they are, with their own faces. Women are so used to seeing themselves through the eyes of men that even advertising chooses images that reflect men’s sexual taste to sell products to women, creating an unreal and unhealthy model of beauty that every woman feels pressured to adhere to. Taking away someone’s facial features, through plastic surgery, is like taking away someone’s identity. It’s the ultimate humiliation by a society that wants women to homogenize, that wants each woman to look like the next. But if as women we are all becoming the same, we are turned into nobody. All our identities are blended into one, based on the importance of looking attractive. From an early age, through the images we would see on TV, we were taught that appearing was more important than being. Even adult emancipated women who have something to say- scientists, journalists or politicians- are portrayed on TV as desirable objects, and none of them seems to show an original and genuine identity. This representation and the standards held for women in television do not apply to men at all. Men presenters and TV personalities are often unattractive and of a clearly older age than their female counterparts, how-

If we believe that images are means of communication, specific TV images are a faithful mirror of a certain behavior. In a country where every 72 hours a woman is murdered, where women suffer from discrimination, violence and harassment, where men take all the highest places of power, where as a woman you are still considered incompetent and inferior, having TV and media conveying these messages is unacceptable. If only retouched faces with heavy make-up are shown to the public, and women never appear on TV with their real faces, we will never be able to accept ourselves as we are. If women are accepted only when they stick to the frame they are put into, without taking part in the conversation, and keep accepting humiliating comments men make about them, we will keep struggling to shape our own identity and become empowered and independent women. However, not only television is to blame: with the emergence of social media, each and everyone of us has the power of enforcing, or of fighting, the way women are portrayed and perceived, and it’s on all of us to move away from this appearance-based society. 111


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’an 2020 s’est ouvert dans le flot continu des fracas et des bouleversements géopolitiques rampants aux répercussions planétaires. À ce flot s’ajoute désormais une crise sanitaire d’ampleur incommensurable qui ébranle les fondements valétudinaires d’un système économique basé sur l’hypermondialisation.

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et Moyen-Orient s’enfoncent dans un gouffre d’affrontements aussi complexes que perpétuelles. Dans cette poudrière, on assiste à l’émergence d’un axe belliqueux autour de l’Arabie Saoudite. Cette puissance pétrolière s’attaque froidement à des civils innocents et sans défense au Yémen avec la complicité tacite de ses alliés occidentaux, s’affrontant ainsi lâchement indirectement au Face à la déferlante d’êtres hu- géant chiite. mains dans la détresse, l’Union Européenne se mue en citadelle, Le continent asiatique n’est pas se rendant coupable de non-as- en reste. Il fait face à la montée en sistance à personne en danger, puissance d’une Chine qui se mue voire de mise en danger de la vie en un régime orwellien au cousd’autrui en leur tournant le dos ou inage totalitaire nord-coréen, adencore en les jetant sous la coupe dict à une technologie de guerre de gouvernements criminels par nucléaire dissuasive et provocades accords ignominieux. Cette trice qui suscite la fureur américEurope tend à se métamorphos- aine. er pour laisser libre cours à des idéologies et des politiques na- Les jeux diplomatiques et la tionales-populistes. Les discours défense des intérêts personnels xénophobes se banalisent aussi des grandes puissances sont les bien sur le théâtre politique que maîtres, tandis que des chancelmédiatique au grand dam de la leries dans une mascarade ingrandeur humaine. nommable se proclament messies de la paix et de la démocratie La plus grande puissance mon- aux yeux du monde. diale prône un isolationnisme hypocrite et se claquemure par La négociation entre les parties des décisions unilatérales qui ris- en conflit est inexorablement inquent d’enflammer davantage les existante, laissant place à une tensions politico-économiques et inflexibilité meurtrière, confrongéopolitiques allant à l’encontre tant bains de sang, impasses d’intérêts internationaux. politiques, laissant mourir des peuples entiers sous le feu des Dans le même temps, les Proche bombes ou de la faim.

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Les puissances d’argent écrasent, dominent et oppriment ce monde où les inégalités se creusent de manière abyssale. Le récent rapport d’Oxfam, souligne que 82% des richesses se trouvent entre les mains de 1% des plus riches de la planète. C’est ce monde erratique que nos aînés bâtissent et nous offrent! Pensent-ils aux nombreuses conséquences de leurs actes et de ce legs empoisonnés, comme une dette impossible à rembourser, que nous allons devoir supporter? Ce monde en 2020, s’inscrit dans la continuité de la mutation économique et politique qui plonge nombre d’individus, dont la jeunesse, dans un avenir plus qu’hasardeux. Vivre aujourd’hui et demain, c’est devoir rejeter un monde que nos gouvernants n’hésitent pas à sacrifier pour une course effrénée et égoïste pour s’enrichir sans partage, paupérisant des parties du monde qui s’éteignent sous la famine et n’ayant pas d’autre solution que de migrer au péril de vies humaines. C’est notre devenir qui est en jeu. Hegel n’avait-il pas dit que l’État est une somme d’intérêts privés? Les institutions mondiales et régionales, dont le rôle moral est d’assurer la prospérité et la sécu-


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rité des citoyens, s’avilissent par mille compromissions avec des conglomérats industrialo-financiers, face à la servitude volontaire de gouvernants face aux lobbys.

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nos vies intimes sous l’égide des puissants GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Cette entrée dans la vie privée par effraction mue l’ouvrage 1984 d’Orwell en une terrifiante prophétie contre laquelle les véritables démocraties doivent faire face et lutVivre aujourd’hui et demain, c’est appartenir à ce ter par le jeu de la réglementation. Ainsi se crée un monde où émergent des courants politiques qui monde où la numérisation semble dessiner un aveattisent la haine comme on excite un brasier pr- nir aussi incertain qu’inédit. esqu’inextinguible. Dans les années 30, la crise économique a alimenté la vague brune qui a in- Vivre aujourd’hui et demain, c’est affronter un cendié le monde entre 1939 et 1945. Aujourd’hui, monde qui se meurt suite aux massacres perpétrés une nouvelle vague brune se nourrit de l’incurie des contre notre écosystème et aux écocides comgouvernements, de cette peur de l’étranger qui est mis par des oligarchies et par des gouvernements atavique à l’espèce humaine. Cette vague brune, ac- plus soucieux d’alimenter leur manne financière et compagnée d’une poussée de fièvre « illibérale », qui d’entretenir la santé économique de leur contrée. « avait englouti des pans entiers de l’Europe de l’Est, Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivla première puissance mondiale, l’Italie, l’Autriche, ière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors menace encore aujourd’hui l’édifice demi-séculaire le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange de l’Europe pour s’étendre à d’autres nations. pas » disait Sitting Bull. Depuis plusieurs années, de nombreux rapports Vivre aujourd’hui et demain, c’est vivre dans un d’experts nous alertent sur l’extermination lente monde qui accouche d’une génération connectée de notre écosystème et les effets des activités huaux innovations. C’est vivre dans un monde où la maines sur notre Terre. Nos gouvernants la tuent à mondialisation a atteint un point de bascule avec petit feu et procrastinent les mesures nécessaires à une ère marquée par la numérisation inquiétante de sa préservation pendant que son agonie s’accélère. nos rapports et de la démocratie, marqué par l’essor des technologies qui tendent à s’insinuer dans Vivre aujourd’hui et demain, c’est vivre ainsi dans


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un univers qui se modernise, soumis au tournant pris par la mondialisation. Le tourbillon technologique apporte aussi bien une corne d’abondance pour les nantis, qu’une source amère de désolation pour les laissés pour compte. Tel est ce monde qui s’ouvre à nous, génération naissante. Le poète Edward Young disait que « la jeunesse est la saison de l’action ». L’espoir de cette jeunesse est un conducteur majeur. Faisant partie des plus que conquérants remplis de foi, mon devoir de jeune est de m’engager à l’excellence et de m’opposer, de fustiger nos gouvernements. Nous nous devons de refuser leur legs inique menaçant à grand pas notre planète, sans perspective réelle de paix et d’équité. Ma planète est en danger, mon monde est en danger. De la génération en devenir, j’accuse les leaders actuels de ce monde de brader nos chances et de nous perdre en toute conscience. Je tiens à ma planète, je tiens à mon monde. Manifester un refus catégorique de voir notre monde se défaire sous les attaques des hommes contre l’humanité devra être le symbole de notre génération, car « chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse » – Albert Camus. Cette crise pandémique du COVID-19 fait montre de la fragilité du modèle économique basé sur l’hypermondialisation au bénéfice d’une oligarchie qui se tait et qui se terre, n’offrant pas de solution généreuse à l’instar de la participation massive en faveur de Notre-Dame. Au même titre que la Peste Noire a contribué à saper des aspects de la féodalité, le COVID-19 a mis à nu les failles d’un colosse aux pieds d’argile, le capitalisme néolibéral. Bâtir un nouveau paradigme respectueux de l’environnement dans ses aspects, relève d’une urgence absolue. 111

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n the 21st of December, in the year 2000, Queen Beatrix of the Netherlands would sign into law the first piece of modern legislation granting same-sex couples the ability to marry—less than 10 years later, same-sex marriage (or an equivalent union) is recognized in 30+ countries worldwide. Today, in North America, Australasia and Europe, Pride parades are massive affairs attracting millions of attendees and powerful corporate sponsors. In New York, said parade takes place annually on the anniversary of the 1969 Stonewall Riots, a series of demonstrations which began after the NYPD violently raided an inn known for its LGBT clientele. These are two completely anecdotal examples, yet the idea behind them is important. The world as it used to be, even the one I was born into 20 years ago, was not the same place for LGBT+ people as it is today. The progress that LGBT+ movements have had across most ‘western’ nations, and the shifts in public perception that have been felt, are an incredible testament to our ability to both create societal change and adapt to it. In many modern western contexts, homosexuality is no longer a taboo (let alone a crime punishable by death), it is something embraced and more importantly, normalized. I am not gay. But, if I was; to be an upper middle-class, university-educated man born in the 21st century would probably be one of the best arrangements I could ask for. I am not gay. But, the family and friends I have are remarkably open-minded, and I know that if I was, their response to a theoretical coming-out would be nothing more than a ‘yes, and?’ I am not gay, but if I’m not straight, what am I? And if my world is as tolerant as I’ve just described, why is this a source of internal conflict? In simple terms, I suppose I’m bi. Yet to me, bisexuality fails as a term. It is that which is supposed to fit neatly between the two poles, but in reality stretches itself over an entire spectrum. Its prefix, bi, meaning two, implies an equal split down the middle—an indifference between genitalia and an ambivalence towards partners. At its worst, its use evokes ideas of whorishness, infidelity, and slyness; at its best, it fails to accurately describe its subject. In society as a whole, despite the progress which has undoubtedly been made, in some ways bisexuality remains an even less studied and understood concept than homosexuality. The bisexual man, especially, is a thoroughly under discussed and frequently dismissed identity. It will be the purpose of this article to look at the societal structures behind these asymmetries—bisexuality vis a vis hetero and homosexuality, as well bisexuality as applied to women vs men—and apply these to my own experience to answer how my identity as an ambiguously bi male has been influenced by social manifestations and constructions of gender, heterosexuality and masculinity. Since its inception, the LGBT+ movement has often found itself banded together

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under a sense of solidarity and shared experience—an assertion that the struggles of gay men, lesbian women, trans and bisexual people were comparable and worthy of a concerted push for recognition and equality. But how legitimate is this assumption? Can we speak of gay men and lesbian women as one category? More likely, the entrenched structures and conceptions of gender facilitate different understandings and narratives of gayness vs lesbianess. The experiences of a gay man and a lesbian woman can not be the same because of something quite immediately obvious; one is a man and the other is a woman, each attached and beholden to their corresponding gender expectations. This idea is then equally applicable to bisexuality as well, an even more frequent victim of essentialization. To be bi is not to belong to a monolith. Rather, societal structures impose a gendered asymmetrical perception and assumption of the bi experience. This has directly influenced my own understanding of my sexuality, and remains a powerful force in my reluctance to loudly and openly identify as bi.

apply unequally heavily to male same-sex interactions vs female ones. In the UK for example, being lesbian was never criminalized whereas gay sex was punishable

To be bi is not to belong to a monolith. Rather, societal structures impose a gendered asymmetrical perception and assumption of the bi experience.

It helps to quickly explore some ways in which constructions of gender influence the varying caricatures and views of homosexuality. Legally, the two have not always been treated the same. Frequently, laws would/do

by death until 1861, and criminalized until 1967. Beyond the influence of narratives such as the identification of AIDS as a ‘gay plague’, normative ideals of masculinity and femininity have given gayness a more deviant and derogatory image. This is not meant to belittle the very real difficulties lesbian women face due to their sexuality, rather describe how gay men have been portrayed as a more subversive

on the subject, masculinity in its construction of itself frequently uses anti-femininity as a foundation; “[the man’s] life becomes a lifelong project to demonstrate that he possesses none of his mother’s traits, (…) as if to demonstrate the accomplishment of these first two tasks, the boy also learns to devalue all women in his society, as the living embodiments of those traits in himself he has learned to despise.” Although perhaps an oversimplification, Kimmel’s work shows how sexism and homophobia are inextricably linked. Homosexuality is attached to the feminine and it is accordingly devalued, becoming a derogatory label to perpetuate masculinity’s hegemonic status. This omnipresent label of ‘fag’ is used as a threat to keep boys and men concerned with acting as a real man. In many ways, male heterosexuality becomes performative and leads to an exaggeration of ‘masculine’ traits, defining itself in opposition to femininity and subsequently gayness. It is precisely because of the ubiquitous paradigm of masculinity that gayness is viewed through such a fearful lens. However, lesbian women face a different kind of discrimination— h e g e m o n i c masculinity’s rejection of the ‘feminine’ means that female sexuality is consequently devalued. Lesbians are not viewed as a threat in the same way, because women’s sexuality isn’t seen as meriting the same sort of attention. Masculinity tries to co-opt lesbianism, because by

This omnipresent label of "fag" is used as a threat to keep boys and men concerned with acting as a real man. and destructive threat to order. Thus, they become the subject of an equal, yet unique targeting and humiliation. The common playground insult is not ‘oh that’s so lesbian,’ after all. As using Michael Kimmel’s work

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lesbianism’s very nature, it completely disregards the manner in which sexuality has been constructed around male wants. Hegemonic masculinity deals with this in the only manner it knows how; it tries to take back control through the construction of lesbian women as an object of male fascination and intrigue, a novelty. The manner in which society as a whole places more value on ‘masculine’ traits vs ‘feminine’ ones means that in many cases, men who subvert and break expectations for their masculinity are disproportionately punished in comparison to women who subvert their femininity. Both gay men and lesbian women are seen as giving up a degree of their masculinity or femininity respectively, yet the societal domination of masculinity as an ideal means that gayness is viewed with a gravity and significance not applied to lesbian women. In my personal experience, this line of thought is equally applicable to bisexuality, although with the addition of a few important nuances. In the same way that lesbianism can be dismissed by society as a quaint oddity, female bisexuality is frequently regarded along similarly derisive lines. Because of the lack of regard for women’s sexuality in general, a bi woman is either seen as someone seeking attention, a whore, or a fake. Bi women are often viewed as casual interlopers, with their sexuality not being taken seriously. Oh, she’s just playing around, having fun, is a commonly echoed sentiment. She’s straight, but horny, is the implication. Structures of masculinity reassure themselves by deeming a bi woman’s feelings a temporary aberration. The inverse is true for bi men. A bi man’s sexuality is taken seriously, yet it is also weighted with an unfair significance. Because of the baggage and dangerous conceptions attached to gayness, male bisexuality is a victim of a different kind of erasure.

The societal domination of masculinity as an ideal means that gayness is viewed with a gravity and significance not applied to lesbian women.

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Because of the baggage and conceptions attached to gayness, male bisexuality is a victim of a different kind of erasure . . . a bi man is still a fag. A bi woman is seen as a straight woman with a subversive twist, whereas a bi man is simply a gay man who can’t go all the way. For bi men, their interest in women is considered an afterthought; a bi man is still a ‘fag’. Bi men are labelled with a false master status, and aren’t afforded an opportunity to define their sexuality on their own terms. Male and female bisexuality are both erased and somewhat rendered invisible by our social creations of gender expectations, yet bi men are caught in an interesting paradox. Society denies that their sexuality exists, yet simultaneously this sexuality (and its misinterpretation) become a defining aspect of their identity. So how does this apply to me? Firstly, I am bi. My sexuality does not exclusively revolve around my attraction to solely men or women. Yet, with the exception of a few friends I have discussed the topic with at length, in society’s eyes I am straight. For the most part I look appropriately ‘straight’ and I act appropriately ‘straight’. I am familiar with the language and expectations of our heteronormative world. This is not at all because I am ashamed of my attraction to men, nor am I wilfully trying to hide my sexuality. I suppose the simplest way to express my lack of outward, apparent bisexuality is that for one, the idea that there is a ‘bi personality’ (or gay or lesbian personality for that matter), is an entirely fraudulent claim in my eyes. I do not ‘present’ as bi, because how exactly is a bi person supposed to present? Secondly and equally importantly, the privileges attached to being seen as straight simply make it, well, easier to exist as a straight man than a bi one. If asked about my sexuality, I have no reason to lie, yet I also feel no need to ‘come out’ or, for lack of a better term, ‘advertise’ my sexuality; nobody comes out as straight after all. For me, these imply


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an assertion of my sexuality as a defining aspect of whom I am, and quite frankly it is not. My sexuality does not warrant outside attention any more than my eye colour does. It is undeniably me and undeniably important, yet I do not see it as a significant marker of my identity. To loudly identify as bi would feel like placing an imprecise label on myself, automatically linking my identity to unfair preconceptions and tropes that are of no relation to who I am.

I do not 'present' as bi, because how exactly is a bi person supposed to present

?

When exploring how my sexuality as a bi man has been influenced by gender, it’s important for me to articulate how my lack of resistance towards being seen as straight has granted me a unique privilege. Because in day-to-day life there is really no ‘evidence’ to the contrary, my assumed straightness allows me to access the dominant cultural arena of heterosexuality. My existence as a (perceived) straight man comes with all the according privileges. Because it is my sexuality that breaks the power structure, rather than my skin colour or gender, it is easier to embrace personally yet not address publicly. Sexuality is not an immediately observable physical characteristic, and because my sexuality is not something I feel the need to constantly present, it does not follow me into every situation. In this way, I am privileged in that I can display my bi-ness when convenient and ignore it when not. Because I am attracted to both men and women, ignoring my attraction to the same sex in certain situations does not entail a complete disavowal of my sexuality, privileging me in comparison to homosexual men and women. Bisexual men in particular often are subject to a particular external view that sees male bisexuality as something covert and shady. Because the heterosexual nature of bi men’s sexualities is often misunderstoof or disregarded, they are not uncommonly stigmatized in both straight and gay circles. Bi men can be viewed as traitors to both straight and gay identities—they are deviants from heterosexuality yet cowards with regards to homosexuality. There is an idea that bi men use their straight desires as ‘cover’ to shirk their gay urges and responsibilities (ie gay rights activism, etc…). In my personal experience there is a kernel of truth to the idea that as a bi man it is easier to fall into a heterosexual trap. Yet the underlying premise behind these views, that this tendency is a mark of something inherently dishonest about bisexuality, is derogatory and untrue. I do not come off as a straight man in everyday life because I choose to evade my bi-ness. I come off as straight because heteronormativity is such an incredibly prevalent dynamic that that which is straight has become tied to ideas of that which is normal. By me expressing my comparatively conventional, norm following, socialized self, I am associated with heterosexuality. Through me being myself, I appear straight because traditional masculinity has no room for

Because it is my sexuality that breaks the power structure, rather than my skin colour or gender, it is easier to embrace personally yet not address publicly.


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gayness or bisexuality—anyone not-straight must have some kind of deviant quirk, right? Thus, bi men who otherwise satisfy society’s conditions of ‘normality’ are presented a dilemma; I can present myself as I feel naturally but be viewed as a fake-gay who simultaneously pretends to be straight, or I can live up to society’s view of a bi (and consequently gay) man but sacrifice what I view as my ‘natural’ personality and identity.

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etc… The point of this example is to highlight what I believe is the fundamental issue at the heart of my reflection, the issue of labelling. Connell’s hierarchy provides a useful general framework to analyse larger systems, yet fails when applied individually, because it was never intended to be. That’s the issue with labels, they’re useful on a macro level yet arbitrary and partitioning on a micro level. They’re an effort to quantify the qualitative, born out of our

With regard to sexuality, the terms we currently have as well as any more we could conceivably devise are an exercise in futility. Are gay and straight strict and exclusionary in their criteria for example? How vast is the space between them?

My internal process of fully understanding and coming to terms with my sexuality is by no means complete, yet to even use the word ‘complete’ in my mind sends the wrong message. In my experience, rather than an ultimate accomplishment—an internal truth we are all expected to understand—sexuality simply describes our personal, unique, fluid, and largely irrelevant dispositions. Thus the manner in which it essentializes the groups we decide to label has important implications. To me, the issue is not figuring out how I personally feel. The issue is finding a way to label that feeling using the frequently pejorative vocabulary we have decided is necessary. In this way, gender and its conventional constructions directly influences my understanding of myself and how I interact with the world.

In R. W. Connell’s book ‘Masculinities’, she identifies a hierarchy of masculinities, specifying the existence of hegemonic, complicit, marginal and subordinate masculinity. These interact to sustain a system that exalts the hegemonic conception of masculinity as the ultimate, perpetuating both patriarchy as well as an internal stratification of masculinities. Looking at her idea of complicit masculinity, the way in which it doesn’t fulfil yet benefits from the existence of the hegemonic conception, I feel many similarities with my personal situation. I do not fulfil all of the criteria hegemonic masculinity demands, yet I undoubtedly benefit from its existence as I have still been socialized to pursue many of its associated traits. However, if we look at her description of subordinate masculinity, some parallels are clear too. I am bi, I express my emotions, I have the audacity to love my mother,

incessant need to classify. Especially with regard to sexuality, the terms we currently have as well as any more we could conceivably devise are an exercise in futility. Are gay and straight strict and exclusionary in their criteria for example? How vast is the space between them? Efforts such as Kinsey scale head in a better and more accurate direction, yet to me are still lacking due to their continued need to quantify something which is in my mind unquantifiable. Sexuality is a fluid concept which is hard to pin down, yet our views of it can be remarkably rigid. The intention of this article was to use my own personal experiences as a straight-presenting bi man to highlight the inadequacies in our understanding of male bisexuality and the lack of adequate vocabulary we have to describe its realities. I am not straight, and I am not gay, but I don’t necessarily feel bisexual either. In the end though, my sexuality is mine. Although I do not control the labels, I control it, and as long as sexuality can be discussed productively in an open-minded way, fuck the label. 111t


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would never have thought I would be writing an article promoting my French education of mindnumbing hard work and blind respect for authority figures against Anglo-American individualism anytime soon, but honestly, this campus needs a little more of it.

out. This article is equally meant to discipline me as everyone else.

Being French, hearing I was now a sciencespiste during Stephanie Balme’s first speech was incredibly exciting. I felt honored to be part of this institution, and proud of my achievement. I sat through every single session in integration week listening intently and carefully taking notes. Yes, even during the briefing on how to use the library website.

I am usually very opposed to the French style of education and parenting that I was regularly in contact with growing up. Even today, I catch myself nodding along as boomers criticize me and smiling nicely as authority figures fuck me over, because I’ve been taught that you should respect your parents, your teachers and your elders. That you are always wrong in the face of authority, and that you should accept their decisions quietly.

I simply realize that looking back on my initial awe and excitement at Sciences Po, it is a healthy mindset to bring back, as time dulls our motivation and we forget how lucky we are to be here. My only disappointment in Sciences Po’s student I believe the right attitude is found in striking a community has been the rampant complaining balance between what I conceive of as a French- and culture that has permeated my entire first year. I am an English-speaking mindset. tired of people criticizing an institution they expect full service from, while complaining about having to English-speaking individualism is very refreshing complete basic academic work. to me as someone French-educated, because it embraces emancipation from authorities, thinking When I first arrived in Menton last September, I was for yourself and youth being legitimate. However, mesmerized. I was moving to a tiny seaside town I do feel the complaining culture on campus stems full of winding stairs and vegetation, with an awe- from the Anglo-American student mindset of inspiring view of the Mediterranean Sea, to study having everything catered to you by a university at a beautiful yellow and ochre campus filled with administration. Critical thinking and defending our intelligent, like-minded people whom I couldn’t wait interests has turned into bratty entitlement, and my to make friends with. French side doesn’t like that.

That is why I was surprised to hear that someone had spent an entire session that I had found interesting playing Tetris in the back. When I see it happening today, I feel it is completely normalized to waste one’s privilege to a prestigious education texting or booking flights online.

I don’t find that mindset healthy, and I do prefer the English-speaking vision. However, maybe we can learn from French people to embrace that administration simply doesn’t work well sometimes, and that teachers will be human. Once we are a little Don’t get me wrong, I am not an ideal student stoic in the face of chaos, our stress levels will be either. I have fallen asleep in the front row of exciting lower, and we will be happier. It is about striking a lectures, and I am guilty of browsing hipster tourist balance between crawling for authorities, and losing things to do in Israel when my attention has run our shit every time we are given an assignment –


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acting as if we didn’t sign up for it. In sum, I would like us to stay critical to a reasonable extent, but to choose to be grateful, humble and hard-working. I have noticed that complaining has seeped into the habits of the first years. We watched and learned, and concluded that complaining was part of this campus’ culture. I don’t want that for us – let’s have a fresh start next semester. We are bound by much more than a common dislike of Sciences Po as an institution. We are brilliant and driven people. We have roughly the same ideals, the same plans for the future, the same will to shape the world and help others. We have formed strong bonds over the course of this year, and I am excited to keep on building from here. I love this community, and I want to enjoy it. I want to learn about you all – I don’t have time to complain. Again, everyone complains sometimes, and me too.

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I just think the amount of complaining here has become toxic, and I want to bring us all down to earth. Look around, we have everything to be grateful for. It is a privilege to even attend university, let alone the most prestigious place in France, that is also – still, no matter how much we meme it – one of the best in the world. We live in a gorgeous town by the Mediterranean. We have bright futures and a bright present, that we need to appreciate. We are young, healthy and alive. Being at university means learning, not for grades, not for a degree, but for your own growth. Do your readings because they enrich you. Write essays you’ll feel proud of. Work for yourself, and when you lose

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motivation – ask yourself why you’re here. Why did you choose Sciences Po? Why do you want this knowledge? For me, it really helps. So, who cares if you need to Wikipedia all the terms Cimino never mentioned but had in his powerpoint before the exam? It’s irritating, it’s unfair. But what about we joke about it a little and move on, instead of developing an all-consuming hatred of our own university? Life is too short to focus on those things. I believe constant complaining robs us of our gratefulness and motivation – and eliminating it truly brings those things back. 111


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nequal opportunities for women are chronical and illustrate wider and structural inequalities between genders. Also, inequalities in the access to jobs or in political representation is a channel for the reproduction of those systemic inequalities. Even though there are some current attempts to prohibit these channels, there is still a need for more stringent measures against inequality that would lead to a change in mentalities and a structural change in society.

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to women’s work and skills. For example, fields in which the majority of the workforce is feminine are less valorised and wages are lower than in fields mainly masculine and the leadership positions in women-dominant areas are also occupied by men. Furthermore, the number of high responsibility positions that are held by women is considerably fewer than their male counterparts, as only 34% of leadership position are fulfilled by women. This is particularly paradoxical young women have, on average higher qualifications: 43% of european The gender gap in the labor market women between 30 and 34 years old graduated from higher education whereas 34% of young Women’s presence in labour market is a historical european men graduated. This phenomenon can be process and their insertion became particularly explained by a mechanism called the glass ceiling, massive in the second half of the XXth century. an interiorised informal barrier that prevents from Women employment is key to their independence access highly valued jobs or higher revenues. from men’s influence, autonomy and empowerment. However, labour market also reflects structural Inequalities in the labour market can also be seen inequalities between men and women and the through the place of women in the labour market. dynamics of domination of men over women. Firstly, even if the unemployment rate does not radically differ between men and women in europe, A first indicator of gender inequalities in the labour the access to the labour market is harder for female market is the pay gap. In 2017, on average women’s than male. In Europe, 77% of men were employed wage per hour was 16% lower than men’s in Europe whereas only 65% of women have a declared and 19.5% lower in the USA in 2017. To highlight job. Women are also more likely to have unstable those inequalities in salary, the french organisation careers because of the maternity leave that makes Les Glorieuses calculated that from the 5th of reinsertion in labor market hard. Furthermore, november 2019 at 4:47 pm, french employed women women are more likely to be employed for a limited would work for free until the end of the year. One time or in a state of continuous underemployment, explanation can be linked to maternity and to the as for example, 30% of french women had a part time fact that in many countries still today, women are job in 2017 whereas 8% of men were in that situation. the ones that are expected to take maternity leave The important instability of the jobs added to lower and this impacts their career as a whole. This also wages, higher pressure on their responsibilities pictures that in the society as a whole, women are in the family and the amount of money spent on primarily seen as mothers and main pillars of family menstrual products makes women more vulnerable structures. Moreover, this inequality in wage can be to poverty and exclusion. Their retirement is also explained in regard to the value that is attributed more unstable as pensions are lower for women


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than men after having earned less Two examples for the rest of during their lives. the world can be Greece and Turkey. The female Member of Unequal Representa- Parliament number for Greece is tion of Women in Polit- 56 out of 300 which means only ical Life 18% of the whole parliament is constituted by women. The same The very same situation is existent percentage for Turkey is just 17% in the equal representation of the with 102 female representatives women in political life as well. The out of 589. These statistics numbers of female Parliament disclose an embarrassing reality Members who are the voice of of our community, the missing the women in the policy-making voice of women. The essential process are not at an adequate steps must be taken such as level. Considering the fact that quota implementation to political government policy is one of parties in order to achieve one the main solutions for gender of the fundamentals of gender inequality, under-representation equality. We should start filling of the women in government the gender gap from the political branches stimulates worsening field which will ease the process circumstances for the equality for all other areas. between genders. The reason for insufficient representation Deficient Current Meais generated from gender sures norms. The beliefs such as the women should have different Keeping in mind the previously priorities like family rather than mentioned inequalities, it politics or they can be affected should also be acknowledged by men while electing and after that there are many existing being elected are considerable measures to prevent the current prejudices obstructing female situation. The main and the most political participation. Moreover, inclusive agreement on gender male-dominant political life is a equality is the “Convention on heritage that is also influencing the Elimination of all Forms of our society and prohibiting equal Discrimination Against Women” representation. Since future (CEDAW) which is an international politicians are determined by the treaty of the United Nations androcentric political parties, signed in 1979. Article 5 of the the women are disincentivized Convention reflects the core idea and have a lower motivation to of it; “States Parties shall take all take part in the political arena. appropriate measures: to modify According to Inter-parliamentary the social and cultural patterns of Union data, this situation can be conduct of men and women, with observed in all over the world a view to achieving the elimination except four countries where the of prejudices and customary”. female representation rate is Both social and cultural norms more than 50 % (Rwanda, Bolivia, constituting unequal conditions Cuba and United Arab Emirates) for the genders are rejected

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and targeted to be changed. However, the actuality of the situation demonstrates that the treaty could not reach its target yet; we still have a gap to mind and fill. According to the data of the International Labour Organization which is a UN agency, the women still have a 16% lower share in the labor market globally, even though 187 countries have ratified CEDAW. Although the articles of the treaty urge the necessity of decreasing this number to zero, the countries still did not implement the required measures that they already agreed. In addition to a worldwide agreement, the European Union has many conventions and articles on equal opportunity for genders. The Article 157 of Treaty of Functioning of the EU, is the most explicit mention of the equality obligation in economic field: “Each Member State shall ensure that the principle of equal pay for male and female workers for equal work”. The article intends to create a basis for an egalitarian society; nevertheless, the pay gap between male and female workers does not allow this ambition. In terms of the gross hourly earnings, the women in the EU are earning 16% less than their male counterparts. All these examples show that today, there are many attempts to form a fair framework for the women. However, the efficacy and adaptability of these initiatives are under a cloud of suspicion regarding the aforementioned statistics revealing gender inequality.


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Necessary future actions Actions that aim the end of inequalities in opportunities for women have to focus on a change in mentalities that will bring a change in the structure that permit those inequalities to exist. Focusing on the labour market, policies can force equal pay, as Iceland did in 2017. This would take place through the intervention of legislative bodies. Equal pay would imply an equal recognition of skills and value of work for women and men. Moreover, enterprises should put in place transparency in the salaries so that women have more elements to support their bargain when they ask for augmentations. Also this would permit an easier negotiation within the trade unions and a better representation of women’s interests. Furthermore, shared parental leave should be put in place to prevent enterprises from legitimately paying women less. Public child care should also be put in place. This would bring a structural change, as women would not be seen a mother at first anymore and would be able to fully control their professional career. These future actions should not be seen as discrimination between genders as it is mentioned in CEDAW: “Adoption by States Parties of temporary special measures aimed at accelerating de facto equality between men and women shall not be considered discrimination”. These are the required steps for a better future for our society. 111

the french woman is an intellectual. she read Baudelaire, Flaubert, Voltaire, sitting at her Parisian coffee table. the french woman is elegant. she does not know vulgarity, and that constitutes her beauty. the french woman is opinionated. but she knows when to sit quietly, and when to scream overtly. the french woman smokes while she reads. simone(s) is her hero. one puff of death, two pages read. but the french woman is also Vanessa, sun-burned cagole provençale, she is also Marie-Thérèse, fermière bretonne flipping galettes, she is also Fatima, playing soccer in the 9-3. the french woman smokes and dances, she makes love, she loves. she fucks, she kisses. she gets high and drinks too much rosé she walks like a boss, speaks up and shouts she fought for her rights now works until she drops she has the courage to stay home and cook bœuf bourguignon and care for her children la femme française fait bander le monde brune, rousse ou blonde elle est à la fois belle et bonne, maman et PDG ça lui arrive d’être conne en schlag ou en classe, toujours à l’aise au fond elle est juste femme. femme française.


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(this poem is not intended to hurt or call anyone out, i just had a drunk reflection on female solidarity and this is what came out)

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hungry animal smile I want to give you a taste of what it’s like to steal my pride see me lose my face take my honor and leave with it forget it in your jeans, laundry surprises nonchalantly toss it in the pile of girls you convinced could be your lovers we all want to make you pancakes and cuddle after sex you leave with a satisfied ego and the assurance that another will be next so, do I boycott you, – for feminism, for my health? no, how could I let another bitch steal my time of glory in your bed? and, I am just like the rest of them I hope, maybe I am special – maybe maybe, my breakfast is better my pussy is tighter, and you’ll pick me you’ll pick me, and I’ll have won the race that women run if I own these hands, all their dirty lies will restore my honor (anonymous)


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After receiving and then proceeding to freak out about my first semester grades, I was speaking with a friend, and she said, “Stop letting the numbers define you, just live”. I responded by saying that in the future there will be no difference between living and the numbers that represent you. We are moving towards a world where numbers, specifically data, will have an unprecedented control over our lives. Even today, we have a great illusion of choice, many of the things we do online have been picked out and chosen by countless algorithms and programs, we are loosing control over what we see everyday. This may seem scary, but where we are heading will unleash the power of data upon our society that will be tantamount to the second industrial revolution. But what I am worried about is how individuals will be affected, specifically for jobs. Now to apply for a job, the numbers matter, the GPAs, the number of internships, the number of languages, but there is still an air of potential to show your “True” self. The interview and the countless skills we but below on our resumes. But what will happen when your “True” self become numbers, the skills will have an official qualifier where you received at your first job, the way you commutate with your colleges will have a number, the way you think will have a grade. What will happen is that meritocracy will flourish but the world we live in will become closer to dystopian than a utopia. The quest to increase GDP will never cease, but as people with emotions, bad days, and family emergencies, we need to protect the The Right to Be Human. The Right to Be Human is the right to be different, the right to have bad days, the right to have emotions. If we are surveyed, spied upon, and most importantly tracked, the humanness of our actions will diminish as the days go on. What do we want our world to look like? Do we want ourselves to become machines? To maximise productivity until every second of everyday is accounted for? To live enough lives to make our ancestors jealous? But would they be jealous? Would they want this kind of life? To be tracked from the moment we are born to the moment we die. When we die, the grade of communication, work ethic, and friendliness won’t matter. What will matter is how we treat our friends and families, the groups we inhabit in our free time. We risk a life where everyday will be an examination. We have a choice to what will define us. But if history is a lesson, I feel that we will go towards the addiction of growth. I hope that one day I can ignore the numbers and “just live”, but i’m afraid that in the future no one will know how. 111


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‫هذا الفيروس‬ ‫ِشعر ‪ :‬جيمس كيتل «اإلبريق»‬ ‫ُ‬ ‫نزل‬ ‫أريد َ‬ ‫العودة إلى َ‬ ‫الم ِ‬ ‫ُ‬ ‫المترو‬ ‫ب ِ‬ ‫أريد أن أر َك َ‬ ‫ُ‬ ‫أريد أن أنامَ في َسريري‬ ‫ُ‬ ‫أريد أن أتكل َّ َم مع والِ َدتي‬ ‫ُ‬ ‫أريد أن أتكل َّ َم مع والِدي‬ ‫ُ‬ ‫أريد أن أح َف َظ عائِلَتي‬ ‫ُ‬ ‫ب الحَقيقة‬ ‫أريد أن‬ ‫ِ‬ ‫أحس َ‬ ‫عند شروق َ‬ ‫أس َتي ِق ُظ َ‬ ‫الشمس‬ ‫صف الليل‬ ‫يَس َت ِ‬ ‫يق ُظ الفيروس َقبل ُمن َت َ‬ ‫ُ‬ ‫ب هذا الفيروس‬ ‫أريد أن‬ ‫أضر َ‬ ‫ِ‬ ‫أنتظر النهاية‬ ‫ال‪ ،‬لَن‬ ‫َ‬ ‫أنتظر النهاية‬ ‫ال‪ ،‬لن‬ ‫َ‬


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