E2, 2019-2020

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LE ZADIG X ENVIRONNEMENTON

OUR CLIMATE PHOTO BY EMMA THOMSON


CONTENTS Vers un mouvement écologique inclusif? by Elza Goffaux P.8

Une orthopédie économique pour la planète by Victoria Bruné P.10

SPECIAL EDITION Tips to adopt an ecological lifestyle by Meg Harris & Andrea Marvin P.12 California Wildfires by Lucy Davis P.14

5 raisons d’acheter de la seconde main by Roxanne Paul P.16


Lettre ouverte aux élites de demain by Nolwenn Ménard & Mathilde De Solages P.22 Will Ibracadabra save Rosengård? by Rose Persson Esfandyari P.26

Smile: we all depend on it by James Kettle P. 29

Avoir le courage d’être libre by Elia Meschin P.30

L’Effervescence du Don de Soi by Mathilde De Solages P.32

An ode to the body by Beeta Davoudi P.18 Quick being a dick by Emma Pascal P.20


EDITO: RÉHABILITER LE DÉBAT CIVIQUE by Ryan Tfaily La scène est hallucinante mais tellement révélatrice de l’époque. Sur le plateau de LCI, dans un débat portant ironiquement sur la liberté d’expression, Alain Finkielkraut s’emporte face à la militante féministe Caroline de Haas, qui lui reproche sa défense de Roman Polanski : « Violez les femmes, violez les femmes, d’ailleurs je viole la mienne tous les soirs ! », s’exclame-t-il en usant du second degré, avec son éternelle main tremblante qui signale généralement son exaspération. Le lendemain, Twitter se charge de faire enfler la polémique. Ainsi fonctionne désormais le débat dans la démocratie des réseaux sociaux et des susceptibles. Un propos déplacé, et certainement prononcé dans l’optique de faire polémique, suscite l’indignation des réseaux sociaux, qui sont devenus le réceptacle de groupes militants dictant le rythme du débat en fonction de leur susceptibilité, et élude totalement le fond d’analyse qui est souvent crucial. Culture du clash contre culture du débat En l’occurrence, chacun a été sommé de se prononcer afin de savoir si le cri de colère de Finkielkraut était ironique ou non. La question n’est pas là. Evidemment, Alain Finkielkraut n’a pas appelé au viol en plein direct ; et il y a d’ailleurs suffisamment de contradictions dans sa défense communautariste et anti-républicaine de Roman Polanski pour ne pas avoir besoin de lui accoler une image saugrenue de violeur. Les interrogations doivent se porter sur le type d’émissions qui produisent ce genre de scène. Une tendance existe depuis vingt ans, et l’avène-

ment de « talk-show » politiques à l’américaine comme « On n’est pas couché », qui consiste à scénariser le plus possible les débats, et tout faire pour qu’un clash se déclenche. Le paroxysme de ce phénomène médiatique est bien-sûr l’émission de Pascal Praud sur CNEWS, qui n’a rien à envier à tout ce qu’il y a de pire dans les télévisions américaines. Là-bas, la conception du débat consiste à mettre face à face deux personnalités caricaturales dans leurs opinions, si possible un juif ultra-sioniste contre une personnalité de la gauche communautariste ou bien une ultralibérale s’opposant au divorce libre des femmes contre un communiste, et faire semblant de croire qu’émergera, de leurs invectives, quoi que ce soit d’éclairant pour les citoyens derrière leurs écrans. Car tel est bien le but d’un débat à la télévision : représenter les conflits à l’œuvre dans la société, afin qu’ils ne ressortent pas de manière brutale dans les interactions quotidiennes des citoyens, mais qu’ils soient au contraire mis sur la table, aidant ainsi chacun à y voir plus clair et faire sa propre opinion. Or, cette dimension cathartique du débat public est mise à mal par la « culture du clash » qui a envahi les émissions de télévision et les réseaux sociaux. Parce que le conflit ne doit justement pas se confondre avec le clash : le premier émane d’une fracture de classe ou idéologique, et, une fois qu’il a été explicité dans un débat, doit être régulé par des instances politiques ; le second émane d’égos personnels et de scénarisation à outrance qui se règlent chez des psychiatres. Et s’il n’y a rien de plus insupportable que la culture du consensus qui a longtemps prévalu à la télévision française, celle


consistant à faire débattre un libéral de gauche contre un libéral de droite qui sont rigoureusement d’accord sur tout, comme s’il n’y avait plus qu’une politique possible pour guider la France, il est tout autant horripilant d’observer des égos s’entrechoquer dans leurs certitudes, sans qu’ils ne se demandent un seul instant s’ils représentent la réalité des fractures citoyennes. Politiquement correct ou radicalisation des opinions ?

Des personnalités comme Alain Finkielkraut répondront certainement à ceux qui dénoncent cette scénarisation qu’ils sont « soumis au politiquement correct », et qu’on « ne peut plus rien dire ». Qui peut encore utiliser des éléments de langage aussi obsolètes et caricaturaux ? Là-encore, la question n’est pas de savoir s’il existe un prétendu « politiquement correct », concept aussi suranné qu’indémontré, mais bien pourquoi le débat est en crise partout dans le pays. S’il a longtemps existé une chappe de plomb

EMMA THOMSON


idéologique qui pesait sur les intellectuels, et une hégémonie culturelle de gauche, le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’existent plus, et que chacun se permet d’être outrancier à sa guise dans son expression publique. Comment parler de « politiquement correct » quand les uns appellent à prendre les armes pour défendre la civilisation blanche, et les autres appellent à tirer sur des citoyens ? Tant mieux si cette chappe de plomb a sauté, et que plus personne n’a peur d’exprimer sa pensée. Mieux vaut trop en dire que pas assez. Le problème ne réside pas dans un quelconque « politiquement correcte », mais dans une nouvelle susceptibilité excessive qui touche tous les camps, et une radicalisation idéologique. De moins en moins d’intellectuels et de citoyens acceptent une quelconque remise en question de leurs idées politiques, et se confortent dans leurs certitudes. De ce point de vue, les réseaux sociaux et le principe des algorithmes qui proposent aux utilisateurs des contenus en fonction de ce qu’ils aiment déjà, ou de ce qu’ils pensent à l’avance, sont à incriminer. Pire, la nuance se confond désormais avec le consensus et la pensée molle -comme s’il fallait à tout prix être caricatural pour être convaincant. Dans cette crispation du débat, les grands perdants sont tous ceux qui ne souhaitent pas être enfermé dans un camp, et qui cherchent à penser le monde qui les entoure en fonction de valeurs nuancées et émancipatrices. Le Zadig et la culture du débat civique Si notre journal porte le nom d’un ouvrage rédigé par l’auteur de la libre-expression, qui jurait de défendre le droit, pour les autres, de dire l’inverse de ce qu’il pensait, ce n’est pas pour rien. Le Zadig souhaite, dès cette édition avec un dossier spécial sur l’écologie, renouer avec la culture du débat civique à la française. Non pas cette sinistre culture du clash ou du consensus, mais cet art tout particulier du débat civique, qui consiste à dépasser les positions moralisatrices pour comprendre, concéder ou réfuter le point de vue de l’autre. Le débat civique, c’est d’abord le refus des condamnations morale stériles, celles qui permettent de renvoyer systématiquement au camp du Mal celui qui ne pense pas comme soi. C’est une manière de dépasser le conflit par la discussion argumentée. C’est une manière de développer son intelligence, en sachant s’adapter à son interlocuteur, lui concéder des points dont on sait qu’ils sont essentiels pour lui, pour mieux le faire changer d’avis sur d’autres sujets. C’est la capacité à choisir le bon argument au bon moment, à convoquer des références communes pour toucher l’autre, sans en permanence être dans l’étalement inutile de la culture, dans la mise en scène de soi. C’est surtout l’apprentissage de l’humilité. Car un débat n’existe que si chacun des interlocuteurs accepte, à tout moment, de changer d’avis et de l’assumer.


SPECIAL EDITION: ENVIRONNEMENTON

EMMA THOMSON


VERS UN MOUVEMENT ÉCOLOGIQUE INCLUSIF ? by Elza Goffaux Aujourd’hui, les discussions autour de l’écologie sont de plus en plus présentes au sein du débat public, ce qui permet une plus grande sensibilisation et une prise de conscience de l’urgence écologique qui pousse à l’action. En revanche, nous sommes aussi témoins du cloisonnement de l’action politique autour de l’écologie, le combat se trouvant limité par des divergences politiques basées sur la forme plutôt que sur le fond, entre partis et associations par exemple. Un front politique uni en faveur de l’écologie ne peut être mis en place. De même l’inaction politique des élites, qui ne respectent pas leurs engagements, enlève de l’équation une partie essentielle de la transition écologique. Nous nous retrouvons face à la nécessité de renouveler nos figures politiques. Le changement climatique paraît d’autant plus sans issue quand on considère que ses causes dépassent l’individu consommateur et qu’il est lié à la nature même du système de production dans lequel nous vivons et consommons, à la recherche constante de profits et de satisfaction de nos besoins croissants. Il est donc difficile pour l’individu de trouver sa place au sein du débat et du combat pour l’écologie, à faire concorder mode de vie et convictions. Car en effet, on assiste à un blâme croissant de l’individu comme cause majeure du changement climatique. Certes, nous sommes consommateurs et avons un impact sur les modes de production par le changement de nos habitudes de vie. Mais ce changement de mode de vie n’est pas accessible à tous, et les plus démunis se retrouvent exclu du débat pour l’écologie, alors que nous sommes tous concernés, dans notre vie quotidienne ou à l’échelle de la planète. Il est donc nécessaire de mettre en avant la diversité des actions en faveur de l’écologie, de présenter un mouvement inclusif où chaque personne peut participer et se sentir concernée. Ces actions peuvent prendre la forme de participation active ou passive à la sensibilisation sur les causes et les conséquences du changement climatique. Il peut aussi s’agir de l’investissement régulier ou non au sein d’associations qui impactent les localités par des actions de nettoyage ou de protection de la biodiversité. De même, l’action peut passer par l’évolution de notre propre consommation, si possible, en ayant recours aux circuits courts, ou en changeant nos moyens et nos fréquences de déplacement. Enfin, l’action politique peut avoir lieu à travers des manifestations ou par un investissement dans des collectifs tels que Youth For Climate afin de faire évoluer l’opinion publique. Ainsi, en montrant que le combat pour l’écologie est naturellement accessible à tous, en valorisant ce qui est fait pour l’écologie plutôt qu’en blâmant les individus pour leur mode de vie peu écologique, nous pourrions aboutir à une dynamique sociétale positive qui engendrerait l’action politique à grande échelle dont nous avons besoin.


ELIA MESCHIN


UNE ORTHOPÉDIE ÉCONOMIQUE POUR LA PLANÈTE by Victoria Bruné

Jacques Chirac martelait naguère, “la maison brûle et on regarde ailleurs”. Emmaillotés dans les toges prétextes de la veulerie et un pompeux nuage d’apparat, nos gouvernants dénient la réalité de ce train fou économique charriant dans son sillage une déferlante de contrecoups funestes, qui percutent de plein fouet la planète. En dépit de la “bonne volonté” pendue aux façades des pouvoirs, l’urgence environnementale est continuellement sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques huilant l’Échidna capitaliste-néolibérale. En témoigne l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le MERCOSUR dont les normes sont peu scrupuleuses envers l’environnement. En témoigne l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada (CETA), qui accorde, entre autres, aux multinationales le droit de jeter l’anathème sur les États à contrecourant de leurs intérêts. Il en est de même pour ce qui concerne la Commis-

sion Schuber qui vient étayer ces inquiétudes, soulignant que le climat y est le “grand absent”. Nos gouvernants, parabalanis au service de la sainte-croissance, demeurent sourds et aveugles aux signaux d’alerte des citoyens et des dérèglements de la planète, théâtre de bouleversements inexorables. En attestent le mois de juin 2019, le plus chaud de la planète ainsi que la hausse de la température du globe, +1,1°C depuis l’ère préindustrielle, selon le GIEC. “Mais la croissance (ou les emplois) d’abord” osent-ils, justifiant leur servitude volontaire au capitalisme-néolibéral, aux lobbys et aux autres puissances d’argent. Ils s’obstinent en traînant aux gémonies les citoyens éclairés, sous le chef d’accusation de catastrophisme pour se dédouaner et préserver leurs propres intérêts au mépris de la raison. À se demander, tout comme le pointait Hegel, si l’État ne serait pas une somme d’intérêts privés.


Le train fou capitaliste-néolibéral progresse à très grande vitesse, au prétexte d’incommensurables et chimériques promesses d’emplois, un véritable non-sens sur le long-terme. “Une société de croissance est le contraire d’une société d’abondance”. Comme le déclarait le philosophe Jean Baudrillard dans La société de consommation, portraiturant ainsi un monde retenu en otage et captif des serres purpurines de la machine capitaliste-néolibérale. La réalité d’un monde où les États, pourtant garants du bien public, se font les serfs d’un système économique qui assaille, tue, vole, oppresse au profit d’un microcosme obnubilé par l’argent. Un rapport d’Oxfam tire la sonnette d’alarme, faisant le constat sinistre des 82% des richesses retenues par 1% des plus riches de la planète. L’hypermondialisation des économies a accouché d’un prolétariat de laissés-pour-compte condamnés à manger des briques. Pour autant, une partie se regimbe en accordant leurs suffrages à des prophètes démagogiques qui prêchent un grand soir protectionniste et des lithopédions identitaires. Y a-t-il un sens à cultiver du profit qui alimente un système faisant de notre existence une peau de chagrin ? Selon l’ONU, 80 millions d’emplois pourraient disparaître sous les outrages du réchauffement climatique. “Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas” prédisait Sitting Bull.

Le danger n’est plus sous-jacent. Il est manifeste et immédiat. Au regard des ravages impitoyables de l’Échidna capitaliste-néolibérale, adopter un système économique social et solidaire, relève d’une nécessité vitale. Il est crucial de changer de paradigme, mettant la planète au cœur des politiques prônant une orthopédie économique prévenant les dérives d’une économie dérégulée. De même, prendre le contrepied de la loi du plus fort, loin de la frénésie libre-échangiste, est un défi à relever. Le rôle protecteur des États demeure en ce sens une priorité. C’est l’essence même de l’existence de l’homme pour briser les chaînes et s’affranchir des puissances d’argent. Il y a lieu de refuser l’inacceptable, de s’insurger contre une machine exaltant l’austérité étrangleuse au détriment de la santé sociale des populations. Programmer des lois environnementales équitables et ambitieuses (tel l’arrêt des subventions aux énergies fossiles ou le renforcement du financement de la transition écologique), relève d’un impératif absolu pour la planète dont le pronostic vital est engagé. Camus disait : “Il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et il faut, autant qu’il est possible, refuser d’être avec le fléau”. Suivre ce mantra relève d’un devoir moral, pour un modèle économique équitable et salutaire pour le futur.

ELIA MESCHIN


ENVIRONNEMENTON’S TIPS TO ADOPT AN ECOLOGICAL LIFESTYLE by Meg Harris & Andrea Marvin

1. Fly less. A lot of us have grown up in multiple countries or with families

that live far away, so, of course, traveling is a big part of a lot of our lives. However, if you fly regularly, it’s likely that flying is the biggest contributor to your greenhouse gas emissions. If you can, try to avoid taking flights, opting for the train or a bus instead. If you have to fly, try to take non-stop flights instead of multiple connecting routes, since flights of shorter durations actually produce a larger amount of greenhouse gas emissions per passenger compared to longer routes. Additionally, flying coach instead of business or first class can have a major difference since the seats are heavier and take up more room on the plane.

2. Adjust your personal care habits.

3. Fix your stuff.

Fix your stuff, don’t throw it out! Do you really need a new shirt? Or can you patch that small hole?

4. Buy less.

Tons of face and body washes contain microbeads (small pieces of plastic) that end up in our oceans and hurt our beautiful environment! Use bar soap instead! You should also try to avoid chemical based products and cotton swabs and most menstrual products because the chemicals and the products themselves can enter and damage the environment. All of these have eco-friendly alternatives: organic or natural washes, menstrual cups, and reusable cotton swabs or towels! P.S. Reach out to a Feminist Union representative to buy a menstrual cup!

Buy fewer new clothes. There is a great thrift market every Sunday in Menton Garavan. But, if you really can’t give up retail shopping, look for companies that have corporate responsibility plans and ethical practices. You can use the app “Good On You” to find out what brands are more sustainable than others!


5. Eating habits.

Go to the market! There are great markets in Menton and Ventimiglia where you can purchase fresh produce and support local farmers. Meat and wheat production also have harsh effects on our planet; try practicing Meatless Mondays and Wheatless Wednesdays. Other easy switches are ditching the keurig or nespresso in favor of pour-over coffee, as well as switching from tea bags to loose-leaf tea.

6. No more food waste. Keep your left-overs in glass containers to save it for later, and, when you can, compost your produce scraps.

7. Kitchen-fixes.

Some examples of quick switches in your kitchen include reusable cloth towels instead of paper towels, beeswax wrap instead of plastic wrap, and glass containers instead of plastic bags (try saving your pesto jars!).

8. Get a water bottle!

Please, please, please! Did you know that over 30,00,000 water bottles per day end up in landfills or the ocean? If you fill a water bottle 25%, that’s how much oil it took to make it. For real, get a water bottle. You can even reuse glass juice bottles!

9. Cut out plastics.

Think about this when you’re at the grocery store. Do you need to buy individually wrapped Bonne Mamman cookies? And, try to pick products in glass before plastic!

11. Clean cleaning. 10. Say no to freebies.

Don’t use plastic grocery bags, avoid to-go cups (@ the coffee machine!), restaurant take-home containers, and straws! You can bring your own reusable versions!

Use natural cleaning products, or even just use vinegar! Chemical filled cleaning products, like personal care products, just end up in the water and hurt our environment all over again.


CALIFORNIA WILDFIRES by Lucy Davis

During the last week of October, Menton was settling into a cool, rainy fall. Busy with midterms, I had more or less settled in as well and had finally stopped calling my parents every other day. And then wildfires struck my home state, California, and all of a sudden my mind was 6000 miles away again. Fall has always been fire season, so this wasn’t a surprise to me, but it was my first time watching it all unfold from the outside. I couldn’t smell the smoke or see the ash, but there were reminders everywhere I turned: old friends marking themselves “safe” on social media, my old school closing for two days (not due to direct threat but because of dangerous air quality, as they have had to do for the past two years during fire season), and daily headlines commenting on percentages of containment and acres consumed and structures burned and all these other numbers that suddenly become critical when a fire breaks out. Additionally, Columbia University

sent out an email offering support to “those affected”, and even the lady at Menton’s La Poste, as I tried to mail a package home, told me she was sorry that “California was burning down.” My parents, who have admirably adapted to fire seasons the way other families adapt to heavier winters, told me on the phone that everything was fine—but news footage of toppling houses and burning brush just a few miles from where I lived seemed to tell me a different story. I don’t want to over-dramatize my experience. The homes of my friends and family were mostly safe from the fires, and those who did evacuate had the privilege to stay elsewhere as long as they needed to. But that is not the story for thousands of other families in California, and I cannot overstate that the devastation fires like these add to the impending doom of climate change. So following are a couple of things to know and some of my thoughts about what’s happening in California.


Faced with these apocalyptic climate fires, regular wildfires feel like a thing of the past. The old onceevery-few-years wildfires evoke images of Smokey the Bear, greeting you from the side of the road on a long drive, reminding us that “Only you can prevent wildfires.” Smokey was more right than we ever knew—human activity causes 90% of fires in the United States according to the Insurance Information Institute—but there was another major factor at play: drought due to unusual and sustained hot weather thanks to climate change. Quick and simplified reminder: burning fossils fuels releases greenhouse gases into the atmosphere, leading to hotter summers, shorter winters, and less rainfall in many parts of the world. This means that massive fires aren’t just caused by unattended campfires or a malfunctioning power line, but by lots of everyday activity, like driving and eating meat. For those of you coming from places that haven’t experienced drought, let me put this in perspective for you. Last year, Los Angeles got less rain than Menton has gotten in the past month. Politicians ran entire campaigns based on desperation from the water crisis, which is how we ended up with a nincompoop like Devin Nunes, a congressional representative from the Great Central Valley in California who is currently leading the Republican’s unsubstantiated and disrespectful opposition to the presidential impeachment hearings. Nunes, ironically, does not think that global warming is real. He attributed the recent drought to a 1973 measure to protect endangered species that also introduced some restrictions on water use by farmers. In addition to being a certifiable waste of space, Nunes has also tried to pass legislation that would accelerate the use of fossil fuels in the United States. He himself comes from a family of dairy farmers, which explains why everything he does is vaguely reminiscent of cow shit. Excuse me, I’ve gotten off track. The fire near my house this past month, the Getty fire (finally contained as of two

weeks ago), was relatively small compared to parallel fires across the state—although it received disproportionate news coverage—and was likely due to its proximity to the Getty Museum and the homes of many celebrities. At 745 acres (301.5 hectares), the Getty Fire paled in size to the Kincade fire, which burned 77,758 acres (31467.5 hectares) in Northern California and threatened more than 90,000 homes. In total this year (as of Nov. 1), 200,000 acres (81,000 hectares) have burned across the state, which seems like a lot, but (as my dad bluntly put it in perspective for me) that is only 10% of the damage that California saw from fires in 2018. Does this show adaptability and lessons learned? Maybe. Does it make me feel a sense of deep, overwhelming dread of how bad things could get? Certainly. Prevention methods may have worked this year, but at what cost? Malfunctioning power lines in forested areas have been known to cause wildfires, so Pacific Gas and Electric (PG&E), which supplies power to millions of Californians, has been conducting many planned outages this past fall as a fire-prevention measure. The outages may have stopped a potential fire (we will never know), but it’s a very disruptive and ineffective way of addressing the problem—UC Berkeley and other colleges in the area have canceled several days of classes, and homes and businesses without generators are been left scrambling on short notice. This has not helped PG&E’s reputation. The company has been dogged by mistakes in recent years, including an errant spark that caused the deadliest wildfire in California’s history last year. Now, they have filed for bankruptcy. PG&E faulted in a situation where everyone and no one is to blame. Their systems were erroneously illequipped to keep up with the arid conditions, an effect of climate change. The now tarnished company may uproot its leadership, pay millions in damages and billions in adapting its systems, and still never keep up with the deadly winds of climate fires. Their downfall is just one of the many casualties these fires (and, more broadly, climate change) have caused, and it will not be the last. As for me, I’m very grateful to be able to live and study abroad. From 6000 miles away, I’ve gained a new perspective on these climate fires. But although I adore the clear skies and fresh air of Menton, but my heart belongs to California, even if it is burning down. PHOTO BY WILL LESTER


5 RAISONS D’ACHETER DE LA SECONDE MAIN by Roxanne Paul PARCE QUE LA PLANÈTE DEMEURE NOTRE SEULE MAISON A base d’usines pétrochimiques, de teintures toxiques et d’eaux usées, l’industrie de la mode demeure la deuxième la plus polluante du monde après l’industrie pétrolière. Pour ne citer que des chiffres et parler concrètement, il faut savoir que la mode produit plus de gaz à effet de serre que les vols internationaux et le trafic maritime réunis, c’est également elle qui consomme le plus d’eau après l’agriculture. Ainsi, pour fabriquer un tee shirt, c’est près de 2 700 litres d’eau qui devront être utilisés, pour un jean 7 000 litres, sans parler de l’énergie qu’on devra consommer afin de coudre et d’assembler les tissus. En soit, il faut se rappeler que les seuls vêtements qui ne consomment pas sont ceux qu’on ne crée pas. Depuis les années 2000, les vêtements sont devenus deux fois moins résistants, et pire, la production à la chaîne est tellement importante que de nombreuses pièces ne trouvent pas de preneurs. Les marques sont donc contraintes de brûler des stocks de vêtements neufs, invendus. Une preuve que l’industrie de la mode et de la « fast fashion » sont allées trop loin et qu’il y a actuellement largement assez de vêtements sur terre pour nous convenir à tous.

PARCE QU’ON PERMET DE RENDRE LA VIE MEILLEURE À BEAUCOUP DE GENS En outre, la vente et la revente de vêtements et d’objets d’occasion ne me semblent nuire à personne. Lorsque l’on achète dans de grandes enseignes telles que H&M, Zara ou Nike on est tous plus au moins au courant des dégâts considérables que la création de ces vêtements engendre sur les populations et leur environnement. Dans des usines à l’autre bout du monde, des marques de notre quotidien font travailler enfants et adultes dans des conditions précaires et dangereuses. Que ce soit par leur salaire minable ou leurs conditions de travail aliénantes et nuisibles à leur santé, rien n’est humain dans cette industrie. De plus, lors d’achats de particulier à particulier, on favorise l’économie de réinsertion. Car la collecte, la réparation, la distribution et la revente créent des emplois, mais peuvent aussi aider de nombreuses personnes à obtenir des produits qu’elles n’auraient pas eu les moyens de s’offrir autrement. Certaines fripes sont aussi à but caritatif, telles que les fripes du Secours Populaire. Donc, en vendant ou en achetant seconde main, on offre aussi de l’aide et une chance à des personnes qui peuvent en avoir vraiment besoin.


PRENDRE SON MAL EN PATIENCE Chiner, chercher, négocier, hésiter, cela permet aussi de prendre conscience de ses achat et de ses réels besoins. En achetant de la seconde main, on fait beaucoup moins d’achats compulsifs, il n’y a pas tout le marketing et la stratégie de vente qui entourent les produits. Combien de vêtements avons-nous achetés pour au final ne jamais les porter ? Tout ce processus de chinage et de recherche nous permet de devenir responsable et patient, vis-à-vis de ce qu’on veut vraiment. Une habitude que l’on perd de plus en plus dans notre société actuelle où tout est dans la vitesse et l’immédiat.

PARCE QUE ÇA FAIT DU BIEN AU PORTEFEUILLE D’ÉTUDIANT C’est bien connu, la plupart des vêtements d’occasion et de seconde main, à moins qu’ils soient collectors, valent moins cher que leur prix initial en magasin. Et certes, même si certaines fripes surfent sur la vague de cette tendance du vintage et se permettent de vendre leurs vêtements beaucoup trop chers, sachez que ce n’est pas le cas de toutes, et qu’il faut juste veiller à trouver la bonne friperie, où le rapport qualité prix vous conviendra. De nombreuses enseignes sont présentes un peu partout en France et avec une grande et bonne sélection d’articles. En cherchant un peu, vous devriez finir par trouver les magasins qui vous correspondent. De plus, si vous êtes férus de marque, c’est également un bon moyen d’acheter non seulement des pièces originales, mais aussi à bas coûts. Enfin, outre les friperies ; les vide greniers, brocantes et marchés aux puces sont également d’excellentes alternatives pour trouver des vêtements originaux, et parfois quasi neufs à des prix pluq qu’abordables. La négociation (dont beaucoup ont l’habitude dans notre ummah mentonnaise) sera votre meilleur atout, donc il n’y a pas à hésiter : allez courir aux affaires dans les différents vides greniers qui s’organisent régulièrement à Menton !

CARNET D’ADRESSES ET BONS PLANS : O Chineur, 8 rue Benoit Bunico, Friperie à Nice Caprices and Co, 12 rue Droite, Friperie à Nice Kilo Shop, 35 avenue Malaussena, Friperie à Nice Bozar, 2 rue Niepce, Friperie à Nice Emmaüs, 158 Chemin des Arnaud, Friperie associative à Saint André de la Roche Vesti boutique de La Croix Rouge, 14 rue Parmentier, Friperie associative à Nice

Et si ces alternatives ne vous conviennent pas vous avez toujours la possibilité d’installer des applications de vente d’occasion comme Vinted ou United Wardrobe. Enfin, s’organise régulièrement, en hiver comme en été, des vides greniers et des brocantes le dimanche matin à Menton Garavan.

PARCE QUE C’EST COOL Au final, on ne peut nier qu’au-delà de tous les points positifs qu’il y a déjà à acheter de la seconde main, c’est aussi assez cool de pouvoir répondre lorsqu’on te demande d’où vient ta veste que tu l’as « trouvée dans une brocante pour 3 euros ». Il semble que le vintage n’a jamais été aussi tendance, et que désormais c’est à la mode de chiner ses propres pièces. De plus, dans une époque où l’on tend à tous se ressembler dans notre style ou notre manière de nous habiller, la seconde main est un bon moyen de trouver des pièces originales et différentes. Enfin, tel un livre dont le conte aurait déjà été lu plusieurs fois, chaque vêtement a une histoire et a déjà vécu. Et si vous ne trouvez pas ça spécialement cool, dites vous au moins que ce seront des vêtements résistants, bien plus que ceux made in China, Bangladesh ou Turquie que l’on peut retrouver la plupart du temps dans les grandes enseignes. Finalement, la mode n’est qu’un cycle, et ce que vous portez aujourd’hui sera très certainement à la mode dans 20 ans, alors il ne me semble pas y avoir de meilleure alternative que d’acheter des vêtements d’occasion et de revendre les siens afin de boucler la boucle de la

seconde main.

EMMA THOMSON


AN ODE TO THE BODY by Beeta Davoudi Our body is our most intimate environment. It is the soft tissue and bone which carries our ideas, opinions and experiences from one location on this Earth to another. While we stay up till 2am writing an essay, our body slumps into the chair, staring at the screen. When we wake up in the morning, our body carries itself, half asleep, into the cold. Once we see the sunrise, our eyes absorb the light, our skin tainted with

LEFT: ELIA MESCHIN RIGHT: KATHERINE BIBLIOURI a shade of gold. Our body is this friend who is always with us, and whom we chose to ignore. We need her in order to do any of the things on our ‘to do’ list, but spending time with her is rarely fitted into our schedule. We call her when she isn’t working too well, but that’s pretty much it. Essentially, it is a really toxic friendship in which we are much like a parasite. I’m not too interested in making a philosophical argument for why our souls are merely parasites to our bodies. The whole affair of the soul seems widely irrelevant to the matter. Instead I want to ask myself this question: to what extent can one give a shit about the world, if one does not give a shit about their body? The answer, I have come to, is none; in such a scenario, no shits can be feasibly given. I say this and all else in this article, I would like to point out, in my opinion. It is not the truth, but it is true for me, so I feel entitled to say it. If it is true for me, it ought to also be the case for a couple of other people too. We live in a number of different worlds. Some closer and more intimate to us than others. The first world is our body, the next our home, then our social community, then our town, and finally the Earth; for some, also the universe. I might go out, if the weather is nice, lay on the grass and feel the it against my skin. But this is occasional. What is not occasional is the feeling of my arm against my waist. Or my hair against my face. I might meet up with a friend for a meal


and speak about what has been on my mind lately. But this, too, is occasional. What is not occasional are the words that articulate my thoughts. Or the things that I remember. It is more feasible for me to avoid the thoughts of another than it is for me to avoid my own. Or to avoid physical contact with an another as opposed to with myself. This, to me, pretty much explains the why, to whyis it true?. Now I want to explain the why of whyis it important?. Let us imagine the following scenario: I haven’t eaten in 9 hours, I have slept a total of 2 hours, I haven’t showered in 3 days. Will I ask my housemate how she is doing? No. Will I really pick up my friend’s call? Nope. Will I be organising a bake-sale to raise money for some cause or another? I think not. If I have not spent energy on my body, it is impossible for me to spend energy on any of the other worlds. And that is quite a problem. Firstly, it means that I am likely to get ill, which isn’t a nice thing for one to inflict upon oneself. It sends us a gentle reminder that our experiences, deadlines, feelings pack up into a huge schedule, all of which depend on the perfect operation of a delicate and fragile piece of machinery that is our bodies. Secondly, it means that in this world my body has come to be no more than an inanimate object. I am physically incapable of doing anything beyond the bare minimum, meaning not to be kicked out of my degree nor my house. And thus I quickly abandon everything which I actually care about. Saving the trees: jeeze louise. Fundraising money: very funny. Raising awareness: absolute madness. This logic also applies to the relationship between any of the other consecutive worlds. When one does not treat their body as a gift, but rather as a commodity, this behaviour directly manifests into a pattern of exploitative and abusive tendencies. Treating the bodies of others as a commodity. Treating the food available to us as a commodity. Treating the resources of nature as a commodity. And seeing all of these gifts, instead, as a disposable good, is a pervasive result. A result which fractures the personal bonds within human relationships. A result which

dismantles the relationship between humans and their source of life, being the Earth. A result which reincarnates into a societal level through domestic abuse, food wastage, and changes in the natural landscape, to name a few worldly maladies. Therefore, we can see that none of these societal issues can be solved until change occurs on a personal level. But what I find ironic is that whilst its super woke and trendy to be a feminist or an environmentalist, it is not too trendy to be a self-empowerer, a soul-searcher. To me it seems pretty obvious that we can’t do shit for the oppressed, the poor, the environment until we have done shit for ourselves. So this weekend I’m going to protest against deforestation by staying at home in my pyjamas, with a cup of tea, reading my favourite paperback book and burning my favourite incense.


SAVING KARMA by Emma Pascal You’re studying when a fly shows up, whizzing around the room, sometimes settling on your arm before you swat it away. Next time it sits on your desk, you drop your book on top of it. Before going to bed, you notice a mosquito on your wall. You smash it with a rolled-up newspaper, because if not, you will wake up tomorrow with new itchy bites on your ankles. There’s a spider in your sink. Horrified, you turn the tap on to flush it away from sight. These are situations we’ve all been in and find normal. But do you ever stop to reflect on what you just did? You killed something because it mildly inconvenienced you. In this article I won’t be asking you for something drastic like changing your diet. I’m just asking you to quit being a dick. It may not be life-changing for you, but for all those little things whose lives you will spare – it is. Simply keep in mind that this little thing that is disrupting your life has one of its own. It is sentient. No matter its level of consciousness, it is alive. No matter how scary it looks, it deserves to live. You wouldn’t think someone is less worthy of life because they’re dumb or ugly, would you? We have grown to think that because we have the power to kill other beings, we have a right to do it. That humans are superior to other animals. I think doubting this is often the first step to environmentalism. If ending your habit of smashing bugs turns out to be your first step, that would be so great. * But no matter your (current) philosophical stance on the human-animal relationship, I think we can agree that impulsively ending a life, no matter how small, out of fear, anger or irritation is truly a dick move once you think about it. So, just don’t. Instead, move our friends somewhere safer for them, and more convenient for you. In case you have literally never done this, here is how to: you take a glass, put it on top of whoever is scaring you, and slide a solid piece of paper under the glass to keep them enclosed. Then take them to the nearest patch of vegetation or window they can fly out of. Let me stress that moving a bug somewhere it has low chances of survival is both lazy and as immoral as killing them yourself, so don’t. Once you’ve saved a few bugs instead of arbitrarily killing them, it’ll start to feel natural to do so. After a while, killing bugs will seem irrational and cruel. You’ll be a gentler person with better karma, and you’ll spare many lives.


REGULAR CONTRIBUTIONS

by Emma Pascal

EMMA PASCAL


LETTRE OUVERTE AUX ÉLITES DE DEMAIN Quand nous sortons des cours le samedi 5 octobre à 13h15, le soleil réchauffe encore de ses rayons estivaux la petite bourgade de Menton. Ce village, comptant un peu plus de 28 000 habitants, est la ville de France ayant le plus de retraités, statistique qui nous décroche souvent un sourire du coin des lèvres. La jeunesse se trouve déambulant près des rails de train (IUT et lycées), dans le vieux Menton (collèges) et la Rue Longue (Sciences Po). Pas grand monde, mais du beau monde. L’IEP de Paris, dans un élan de volonté décentralisatrice, a choisi de s’installer ici au creux des montagnes, survolant la mer, dans une ville pleine de contradictions (nous y reviendrons). Le samedi 5 octobre est aussi et surtout le jour de l’ouverture d’une série de trois conférences que la mairie a nommées “Colloques de Menton”, appellation qui se veut intellectuelle et recherchée mais qui désigne un événement qui a tout d’une rencontre de réacs’ frustrés. La ville prend tous les ans l’initiative d’inviter des journalistes et politologues relativement connus, organisant ainsi une conférence ouverte à tous. Les Colloques ont aujourd’hui comme thème “les classes moyennes et les élites dans la mondialisation”. Etonnant, n’est-ce pas, qu’aucun élève de Sciences Po, concernés pourtant de tous bords par ce thème, ne soit présent, malgré le mail envoyé par l’administration et les multiples affiches présentes à tous les coins de rue de la ville. Etonnant, mais surtout décevant et dommage. Nous nous installons, en haut des balcons du Palais de l’Europe, surplombant les nombreux habitants réunis pour écouter Jérôme Fourquet, Pierre Vermeren, Alexandre Devecchio et leur modérateur Patrice Zehr. Les trois, à l’exception toutefois du premier, parlaient avec un charisme déplorable et un manque de rigueur académique, débitant le mot “euh” trop de fois pour espérer rester dignes de leurs professions. Il serait cependant réducteur de notre part de n’évoquer que la forme, abordons donc le fond. Le débat entre ces trois auteurs de livres sociologiques et politiques s’ouvre autour des gilets jaunes, ou comme on aime dire aujourd’hui, le peuple. « Le peuple

c’est nous ! » crient les gilets jaunes. « 10 000 manifestants ce n’est pas le peuple » rétorque Christophe Castaner. Plutôt 300 000, mais bon, le message est passé. Un groupe de personnes représentant moins de 1% de la population française (nous ne prenons ici en compte que les gilets jaunes manifestant) n’est certainement pas légitime dans sa volonté de « parler pour les Françaises et Français ». Et pourtant, c’est ce qu’ils prétendent faire, à l’instar des populistes et extrémistes qui composent le paysage politique français et européen contemporain. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de tenter de décrédibiliser les gilets jaunes ou la volonté bien contemporaine de parler pour la nation, mais de semer une discussion sur la définition et l’abus du mot peuple. Qu’est-ce que le peuple? Est-ce tout simplement un groupe de personnes de même nationalité vivant sous l’autorité d’un même état ? Que faire de cette définition, cependant, si les différentes composantes de ce peuple ne peuvent se mettre d’accord sur une même identité? C’est-à-dire, comment réconcilier les deux catégories existantes de français: élites et reste du peuple? Après des banalités entendues mille et une fois sur la crise des gilets jaunes, la conférence se centre finalement autour d’un thème qui a animé les ronds-points et ébranlé la France entière: l’opposition et le clivage entre les élites et les “vrais” français. Les élites, bien que non-définies pendant l’entièreté du débat, sont désignées comme “les bobos qui partent en weekend à Londres”. Les élites sont déracinées, autoproclamées, en un mot, riches. En entendant ce discours du rejet de l’élite, les élèves de Sciences Po que nous sommes nous attaquons d’abord au manque de rigueur de ce débat: qui sont réellement les élites? Du haut de notre balcon, nous crions “définissez les élites!”. Nous ne pouvons cependant nous arrêter à ce questionnement de forme, puisque le fond est encore plus simpliste: les élites sont déconnectées. Facile à dire. Facile de les traiter de “connards qui n’en on rien à foutre des classes populaires”. Les élites seraient donc des gens maléfiques contre lesquels il faut hurler de colère. Mais après avoir hurlé, quelles solutions?

EMMA PASCAL

by Nolwenn Ménard & Mathilde De Solages


Au problème de la reproduction des élites, par exemple, on propose la solution de l’anéantissement et du remplacement. Les élèves des grandes écoles sont des bobos parisiens privilégiés qui

n’ont jamais travaillé ni ouvert un seul livre pour en arriver là où ils sont: les animateurs des Colloques de Menton proposent de les virer (supprimons l’ENA, également, comme ça nous n’aurons plus de hauts


fonctionnaires ni de présidents!). Cependant, cette résolution “par le haut” d’un souci autant institutionnel que sociétal ne saurait suffire: nous sommes bien placés pour savoir que peu importe la famille dont on vient ou le milieu qui nous a vu naître, il faut travailler pour accéder aux grandes écoles (hors débat sur les prépas Sciences Po hors de prix, qui mériteraient un article à elles seules). Le problème doit, au contraire, être résolu par le bas. Nous nous devons de faciliter l’accès aux grandes écoles des classes moyennes et populaires. La réforme récente de Sciences Po est un pas vers ce changement social, tentant de limiter les disparités de préparation au concours causées par les prépas. Il nous faut cependant une réforme nationale et étatique : commençons par une rénovation de la base du système éducatif français, en améliorant l’égalité des chances entre les collèges et lycées publics et en limitant le nombre de lycées privés. Il est trop facile pour une famille aisée de placer son enfant en lycée privé, empêchant ainsi les rencontres intra-classes sociales et facilitant l’accès au supérieur. Il n’est pas

suffisant de créer des programmes d’admission spécialisés pour les élèves venant de Zone d’Éducation Prioritaire: il faut redonner à l’ensemble de la population française un sentiment de légitimité à intégrer les grandes écoles françaises, et cela passe d’abord par une meilleure éducation aux niveaux primaire et secondaire (un exemple concret et tout simple: l’apprentissage des langues! Aujourd’hui, un jeune français doit compter sur un voyage en Angleterre ou aux Etats-Unis pour espérer apprendre l’anglais. Voyage qui est évidemment loin d’être financièrement accessible à tous...). Après cette petite heure de conférence, ce serait un euphémisme de parler de notre choc à l’entente des questions posées par le public. Ces questions nous servent de rencontre indirecte avec l’élite, non pas politique, mais économique, de la France. Moyenne d’âge, 55 ans. Mode de vie, privilégié. Immobilier, appartement vue de mer + balcon, 4 800€ le m², rentabilisé par AirBnb pendant l’été. Difficultés de vie, il pleut à Menton, les sciences pistes font du


bruit le week-end. Ignorance sur la ville et la région dans lesquelles ils vivent, totale. “Merci Messieurs, vos analyses nous ont ouvert les yeux sur la réalité de vie en France, c’est compliqué de l’apercevoir quand on habite à Menton.” Petit rire collectif de l’assemblée. Quelle hypocrisie! Quelle naïveté, quel aveuglement ! Comment ignorer la “réalité” de la France, alors qu’il est impossible de traverser la Rue Piétonne sans croiser au moins un SDF, certains à genoux pour mendier ? Comment ignorer la “réalité” de la France, alors qu’un camp de réfugiés, abritant actuellement 200 personnes, se trouve à 12 km de Menton, et qu’il est très peu probable, dans un train entre Menton et Marseille, de ne pas être témoin d’un retardement dû à l’arrestation d’un groupe de réfugiés, qui seront par la suite renvoyés en Italie ? Parlons en, de l’élite déconnectée ! Nous vous en prions, vous qui, plus tard, incarnerez cette élite économique: évitez à tout prix de tomber dans le piège du débranchement et de l’aveuglement de la triste réalité de vos compatriotes. En sortant du Palais de l’Europe, malgré le goût amer

d’une conférence sans structure ni rigueur, nous réalisons la chance que nous avons d’avoir pu assister à ce Colloque. Ce n’est certainement pas sur les bancs de Sciences Po ni à la télé que nous aurions entendu ce discours. Et c’est sur cette note que nous souhaiterions conclure. Il paraît crucial de noter que quel que soit notre état d’esprit, nous sommes une parcelle de cette élite décriée. Nous sommes (en simplifiant) multiculturels, cosmopolites, nous croyons en la force des institutions internationales, en la démocratie tout en craignant la montée des extrêmes, nous voyageons plusieurs fois par an pour le plaisir ou le travail. Nous n’avons pas grand chose en commun avec les enfants qui n’ont plus rien à manger le 15 du mois, qui ne sont jamais partis en vacances et qui sont contraints à entrer dans des filières académiques qui ne leur correspondent pas, poussés par des conseillers d’orientation qui ne s’intéressent que peu à eux. Pourtant, sommes-nous déracinés, déconnectés, auto-proclamés? A chacun de s’examiner, de répondre personnellement, et de faire le nécessaire pour y remédier. Car même si nous sommes jeunes, la manière dont nous nous éduquons et la manière dont nous nous comportons sont importantes puisqu’elles forment les adultes que nous deviendrons. La première étape de notre développement intellectuel est l’enseignement que nous recevons dans les salles de cours, mais il ne tient qu’à nous de nous exposer à des opinions différentes et variées. Nous avons le devoir de nous rendre à des évènements tels que les Colloques de Menton, afin de rencontrer les individus qui hurlent de colère devant les institutions élitistes françaises, autant pour la leçon d’humilité que pour la découverte d’un monde auquel nous n’aurons autrement pas accès. Si nous restons dans notre bulle gauchiste-libérale, nous ne pourrons comprendre le monde qui nous entoure: comment alors remplir la mission qui nous est confiée par Sciences Po de devenir les futurs dirigeants de ce monde? C’est en tentant de véritablement connaître le monde extérieur à Sciences Po que nous faciliterons le dialogue entre les deux extrêmes de la France: les “vrais” français et les élites “déracinées”, ce qui ne pourra qu’améliorer le climat interne de notre démocratie. Sortez de vos sentiers battus, posez des questions, cessez de survivre nonchalamment dans le train train de la vie quotidienne (cours, bosser, soirée puis repeat) et explorez les innombrables opportunités de mieux comprendre ce monde d’une complexité mais d’une splendeur à n’en plus finir. Valider son année ne suffit pas. Soyez l’élite éclairée et bienveillante dont ce pays a besoin. PHOTO BY EMMA PASCAL


WILL IBRACADABRA SAVE ROSENGARD? by Rose Esfandyari Rosengård, an immigrant concentrated area of Malmö, Sweden, is mostly known for two things: gang shootings and the man, the myth, the legend, Zlatan Ibrahimovic. It would not be an understatement to claim that Zlatan (and yes, all Swedes are on a first-name basis with the football superstar) is an icon. He made a class journey that had never been seen in Sweden before and in order to understand the nation’s fascination with him, one must first understand his background and the neighborhood that he came from. As part of my civic internship, I worked with a local NGO named ‘Girls in Association’, who conducted a project, which aimed to collect and map stories of people in e.g. Rosengård, in order for local politicians to get a better understanding of the social issues that citizens face. Statistics are usually at the core of public policy, but the issue that ‘Girls Association’ highlighted was they lacked data that gave proper feedback on their grievances. As a person who is not from Rosengård nor Malmö as a whole, I might add that it is notorious in Sweden and that the reputation of this neighborhood nothing short of threatening from an outside perspective. The exposure that the area gets usually concerns gang-related crimes, which includes shootings and even bombings on occasion. Not only has this coverage has done little to actually encourage rigorous local security initiatives to make Rosengård’s inhabitants feel safer, but this one-dimensional portrayal of the neighborhood reflects poorly on its inhabitants that are obviously just normal people. In addition, the impact of this coverage has a larger outreach than for the inhabitants of these apartment complexes due to the fact that Swedish media has a tendency to not only label it as a crime but more specifically, as ‘immigrant crime’. It is not surprising that this terminology adds to the anti-immigration rhetoric that far-right parties are advocating for, not to mention that it simply contributes to a negative stigma that perpetuates Islamophobia, Afrophobia, and xenophobia in general. In other words, all Swedes of foreign descent, to some extent, are then forced to tackle a stigma that is

only linked to them on the premise that they are not ethnically white Swedes. As most scholars in the field of criminology could agree upon, there is a strong correlation between crime and poverty. Merton’s strain theory is a perfect example of this as he outlines how an unequal distribution of the means to achieve culturally defined societal goals can result in deviant behavior, like e.g. crime. Not only has this theory been supported in a significant quantity of academic research, but most of the people we interviewed in Malmö endorsed this line of thought as they spoke of their hardships. I met a fifty-yearold man during my internship who happened to be on a break from his Swedish class. He told me that he and his family had now lived in Sweden for six years, yet this was the first time he seriously pursuing his Swedish studies because he lost his job as a janitor last year and has been unemployed ever since. The fact that this man, a


first-generation immigrant with a family of five, was taking Swedish classes now after six years of living in Sweden, is very telling in itself. Furthermore, there are at least two points to be made about his story: Firstly, there are few job opportunities for low-skill workers in today’s Sweden and this has a direct impact on new arrivals that either lack education or their education is simply not recognized by Swedish authorities. Secondly, the fact that you can live in a country for six years without mastering the language is a clear indicator of how integration has failed, not to mention the extent to which our society is segregated. Moreover, residential segregation in Sweden is an integral factor that has come to hinder widespread integration. The state of residential segregation in Sweden is directly linked to the legacy of the welfare

system and consequently, it highlights the class angle that must be addressed in any discourse relating to immigration. Rosengård is one of many neighborhoods that were built as part of ‘Miljonprogrammet’ (translates to the Million Programme) and as one could guess based on the name, the government set up a goal in 1962 to build a million homes in the time span of 10 years. The aim was to meet the housing demand with a firm emphasis on the importance of providing housing for all, regardless of income and class. Although the plan was deemed successful at the time, the monocultural nature of these projects meant that these neighborhoods offered limited housing alternatives. Apartment complexes were, and still are, the main form of housing in many of these neighborhoods and this feature really limits the socio-economic diversity within e.g. Rosengård.

PHOTO BY MIKAEL SJÖBERG


With time, these predominantly working-class areas experienced an influx of immigration as most new arrivals were unable to afford any other forms of housing and the trend of segregation, which started off as a socio-economic issue, developed a new ethnic dimension. Rosengård is now considered a ‘transient’ neighborhood, as well as a so-called ‘port of arrival’ and consequently, white avoidance and well as white flight (to a lesser extent), have perpetuated this segregation. Presumably, the observed white avoidance is due to instability found as a result of some of these neighborhood’s tendency to have “large numbers of poor residents, weak ties between neighbors, or other deleterious social and economic conditions, rather than an aversion to living near minority group members per se1 ”. This means that it is not necessarily rooted in xenophobia, although it does contribute to the perpetuation of stereotypes and prejudice. Furthermore, it does not simply apply to the native population, but educated immigrants also tend to either avoid or move from these areas as soon as they are given the chance due to this vulnerability. At the end of the day, the story of Zlatan’s Rosengård is one of neglect. Not only is the demographic profile of its inhabitants prone to be plagued by unemployment, the neighborhood in its physical form is also subjected to neglect. For one, we encountered a kindergarten teacher who explicitly told us that although crime is unsettling to her, she still finds the spread of vermin to be more disturbing. She explained to us that they are facing a serious rat problem and despite the fact that they have filed numerous complaints, they have merely received instructions to keep the kindergarten’s windows closed so that the rats do not climb in through gaps. It does not take a lot to realize this is a mere shadow of a solution, not to mention that this supposed preventive measure is a health hazard to the toddles who are forced to stay inside a building without AC in 27 degrees heat. Problems like these, that might seem small, serve as daily reminders that your problems are not a priority to those in power. Furthermore, when you take a 10-minute bus ride from Rosengård into the city center you are faced with the new concert hall, Malmö Live, that cost around a billion Swedish Kronor, made to attract tourism whilst your toddler cannot even play outside because of rats. How are you supposed to feel? 1 Crowder K. (2000). The racial context PHOTO BY EMMA PASCAL

of white mobility: An individual-level assessment of the white flight hypothesis. Social Science Research, 29, 223 – 257. (p226) Then again it is important to note that despite these hardships, Rosengård is blessed with a sense of community that other Swedish neighborhoods lack. It is known for being a hub of nationalities, with considerably large Iraqi, Somali and Albanian communities (the list goes on) and together they have managed to create an environment that is welcoming to everyone. The local shopping center is a foreign experience, in fact, you can proceed with your errands without speaking a word of Swedish. Given the neighborhood’s function as a port of arrival, this feature is certainly valuable to those who have been forced to flee their homes and find themselves in a dramatically different environment, where they do not speak the language. But then again, this comfort also serves a double edged sword: not only does it allow new arrivals to opt out of Swedish society, but it also inhibits them from seizing socio-economic opportunities due to a lack of Swedish proficiency, as well as the prejudices against “foreigners” remain intact as native Swedes never have any real interaction with those of foreign descent. To conclude, the context that I have now outlined (although there is more to this framework), it has really contributed to the attractiveness of Zlatan’s story to those from his former neighborhood, as well as the Swedish immigrant community as a whole as it is a story of “one of us” making it against all odds. But then again, Zlatan’s path to success was not particularly conventional, and although his story might be valuable, football alone will not solve Rosengård’s socio-economic challenges.


SMILE: WE ALL DEPEND ON IT by James Kettle

When someone asks you how you are doing, how do you respond? Do you say the classic, “ça va”, or the “I’m good”, or do you go right into why you had a terrible week, and that you have too much work, and that the world is falling apart, and so on and so on? But have you ever examined what this automatic reaction has done for you? Has this emotional safeguarding or unpacking really helped you? What if there was a better way to respond to the terrifying question of “how are you”? People are social beings; we thrive knowing that other individuals share our experience. This fact may be helpful when you fail a test and you see that your neighbour also got a 9/20 and you both feel a little less bad. But this fact can turn sour quickly when someone brings negative energy into a room. No matter how much you think you are immune to others, we give off vibes and energies that do not only affect us but everyone else as well. So, a smile can turn someone’s ok day into a good one and a series of cries of regret can turn someone’s normal day to a bad one. So, smile, we all depend it. We have an enormous power to control our mood. Do you ever notice when you listen to happy upbeat music you naturally become upbeat and happier, and when you listen to The Smiths you want to walk into the ocean? Everything that you do affects your mood, and this in turn affects others. So, we all have a responsibility to take care of ourselves, not only for selfish reasons, but because when one more person is happy, then everyone else becomes a little happier. When the cold winter months are in full swing, the rains are pouring, and the weather is bitterly cold, we all deserve to be a little happier. In high school, my mentor had a rule for himself: when asked how he was, he would always respond “Excellent” no matter how he was feeling. Sometimes he would only feel ok, and sometimes he would feel bad, and if you had known him for long enough you could tell when he wasn’t being completely honest. But every time he said he was excellent a small or big smile would sneak out from his lips and then you began to smile and everyone in the room was a little happier. So I challenge you, the next time someone asks you “how are you?” – say excellent. See if you can’t help but smile, see if the person who asked you can’t help but smile, and when you are both smiling, realise that you made the world a little better with a single word.


AVOIR LE COURAGE D’ÊTRE LIBRE

PHOTO BY EMMA PASCAL

by Elia Meschin Nous sommes une génération qui a la chance incroyable d’avoir le choix. Que cela soit en allant faire nos courses dans un hypermarché, dans nos interactions sociales, ou encore lorsqu’il s’agit de définir quelle direction donner à nos études, si tant est que l’on veuille en faire, nous sommes constamment amenés à prendre des décisions – à choisir. Cette possibilité de faire des choix réfléchis est incontestablement un privilège ; comme tout privilège, cette chance de pouvoir choisir n’est pas accessible par tous. Pour philosopher un peu et citer un certain boulanger mentonnais, on peut même dire qu’avoir le choix, « c’est un problème de riche ». Bien entendu, on ne parle pas ici d’une richesse économique, mais plutôt d’une richesse sociale et culturelle – on ne manquera cependant pas de constater qu’il existe un lien étroit entre ces trois variables. Toujours est-il que la liberté d’avoir le choix peut parfois nous paralyser. Le champ des possibles est devenu tellement vaste que l’on a tendance à s’y perdre. Pour couronner le tout, nous sommes dans une période de notre vie où chaque décision que l’on prend paraît si importante, comme si elle allait déterminer le restant de notre vie future. Cela est d’autant plus vrai dans notre contexte d’étudiants ayant la vingtaine : choisir telle ou telle université, telle ou telle destination de 3A, c’est important, en effet. Cela paraît gros parce que c’est la première fois que l’on se retrouve vraiment dans la position de celui qui fait les choix pour lui-même. Elle est finie, cette enfance où Papa et Maman décidaient des choses importantes. Nous devenons progressivement des adultes, et le choix devient nôtre. Alors forcément, le doute s’installe. Que faire ? Choisir un parcours conforme aux attentes du modèle dominant, ou bien prendre le risque de s’en écarter et de faire – enfin – ce dont on a envie ? Chacun dira ce qu’il en voudra, mais le choix-même de faire Sciences Po montre que nous sommes tous soumis au dictat

de notre société : faire partie du système, et surtout ne jamais en sortir. Alors c’est vrai, Sciences Po procure un certain confort et une impression de sécurité, problématiques qui occupent déjà nos esprits alors même que nous commençons tout juste nos vies d’adultes. En fait, pour beaucoup d’entre nous, nous nous sommes auto-convaincus d’intégrer Sciences Po en se disant que de toute façon, « cela mène à tout », et que donc forcément, c’était le meilleur choix à faire. Certes. Pourtant, quand on regardera en arrière, avec le recul d’une vie entamée et de l’expérience accumulée, toutes ces décisions que l’on pense majeures aujourd’hui n’auront-elles pas été que des étapes dans une vie tellement plus riche ? À un moment où nous voulons faire les bons choix et réussir sa vie, posons-nous une seconde et réfléchissons au sens même de ce qu’est une vie réussie. J’y ai beaucoup réfléchi et discuté, et je suis arrivée à la conclusion suivante : la réussite que nous recherchons ne pourra être satisfaisante que si nous restons fidèles à nous-mêmes – que si nous entretenons notre liberté. Seulement quand nous serons libres pourrons-nous dire que nous avons réussi, et serons-nous satisfaits de notre vie. Une vie entière ne peut se résumer à des lignes sur un CV, encore moins à un statut social. Une vie est faite de choix, de doutes et de questionnements, mais aussi de joies partagées et d’instants précieux. Ce sont ces éléments qui priment avant tout. Ce sont eux dont l’on se souviendra et ce sont eux qui compteront le plus. Toutefois, cela demande beaucoup d’efforts, et surtout du courage. Du courage pour oser et assumer nos décisions. Pour sortir de notre zone de confort et prendre des risques. Pour arrêter de s’auto-convaincre de vouloir appartenir à un quelconque groupe prédéfini, pour rendre floues les frontières entre ces


moules dans lesquels la société tente de nous faire entrer. Pour s’affranchir de ces discours policés. Pour s’affirmer, refuser une proposition et en accepter une autre, pour créer des opportunités, pour affûter nos esprits et s’en servir pour faire bouger le monde. Pour donner un sens à ce que nous faisons. Pour rester libre. Alors bien sûr, il est difficile de s’affranchir de la pression du groupe et de suivre sa propre voie ; c’est d’ail-

leurs pour cela que l’autonomie et la liberté demandent bel et bien du courage. Mais comme m’ont dit deux personnes formidables qui me sont chères, la vie nécessite du courage. Ayons donc le courage de persévérer, et surtout ayons le courage de suivre notre instinct, quand bien même celui-ci nous pousse à remettre en question tout ce que nous avons accompli jusque-là. Ayons donc le courage d’être libre.


L’EFFERVESCENCE DU DON DE SOI by Mathilde De Solages “Si tu veux faire de ta vie un maillon d’éternité et rester lucide jusque dans le coeur du délire, aime… aime de toutes tes forces, aime comme si tu ne savais rien faire d’autre, aime à rendre jaloux les princes et les dieux… car c’est en l’amour que toute laideur se découvre une beauté” Yasmina Khadra Sur les bancs de Sciences Po, difficile de ne pas rêver d’avoir nos noms inscrits dans les livres d’histoire, nos oeuvres reprises dans des articles académiques, et nos paroles citées parce que nous aurons changé le monde à notre manière. Combien d’entre nous avons exprimé, lors de notre entretien, la volonté de laisser notre empreinte en faisant avancer la cause qui nous tient à coeur ? Malheureusement, la jeunesse est souvent réprimandée et accusée de naïveté en prononçant ces paroles. Rassurez-vous: vous serez de grands journalistes, diplomates, politiciens, entrepreneurs, activistes, je n’en doute pas. Mais si nous aspirions à quelque chose de bien plus grand, de bien plus beau? “aime de toutes tes forces, aime comme si tu ne savais rien faire d’autre” Et si ce fameux “sens de la vie” que scientifiques et philosophes cherchent sans relâche, résidait tout simplement dans la capacité que nous, humains, avons tous, certains à d’autres niveaux que d’autres, certes; celle d’aimer? Bien plus qu’une valeur religieuse (“aimez vous les uns les autres” Jean 13:34 et « aucun d’entre vous n’est croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même » rapporté par al- Boukhari et Mouslim sont parmi les plus belles phrases), l’amour est une valeur humaine, omise pourtant de tous nos textes officiels, et remplacée par ces concepts bien à la mode de “respect” ou pire, de “tolérance”. Je ne vous parle pas ici d’accepter les autres, mais bien plus: de faire preuve envers eux de curiosité intellectuelle, de désir de compréhension de ce qu’ils sont, d’amour simple et puissant pour l’humain qu’ils incarnent.

“car c’est en l’amour que toute laideur se découvre une beauté” C’est l’amour inconditionnel pour les autres, c’est le regard dénué de jugement et ce vouloir du bien pour autrui qui bougent les vies, qui changent les perspectives, qui redonnent une confiance ravageuse. Et ce sont ces mêmes exploits qui nous épanouissent et nous remplissent de l’effervescence qu’est le don de soi. Ce don de soi que Mère Térésa connaissait si bien, témoignant ainsi que “le manque d’amour est la plus grande pauvreté”. Souriez, dites bonjour, offrez-vous gratuitement, dites merci, portez les courses de quelqu’un, remarquez les plus vulnérables, accordez cinq minutes de plus à quelqu’un, posez des questions, décentrez-vous de vous-mêmes, appelez vos proches, faites des compliments gratuits, adjugez et pardonnez, en bref: redonnez un souffle à cette France souffrant d’un manque … d’amour. “aime à rendre jaloux les princes et les dieux” Vous qui aspirez à la grandeur, vous qui cherchez à impressionner, à laisser votre trace, aimez. Ayez cette simplicité de coeur de chercher en l’homme la grandeur qu’il ignore en lui. Et ainsi, vous serez dignes.


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