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1 S'ENGAGER ET SERVIR
Le 11 juillet 1792, l’Assemblée nationale législative déclare « la patrie en danger » par décret6 . La nécessité de contrer l’offensive austro-prussienne, dont les troupes coalisées s’avancent vers les frontières de l’Est de la France, devient urgente. L’afflux spontané des volontaires pour défendre le territoire, ainsi que les premiers acquis révolutionnaires, entraînent la création de différentes unités parmi lesquelles une légion franche allobroge7, fondée par le décret du 8 août 1792 :
L’Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de son comité militaire sur le plan de formation d’un nouveau corps de troupes légères, dont elle a décrété la levée le 2 de ce mois ; considérant qu’il est instant d’augmenter les moyens de défense du côté de la frontière des Alpes, décrète qu’il y a urgence.
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L’Assemblée nationale, après avoir décrété l’urgence, décrète ce qui suit :
Art. I : Il sera formé dans le plus court délai, sous l’autorité et la surveillance du pouvoir exécutif, et par les soins de l’officier général commandant à Grenoble, une légion sous la dénomination de légion franche allobroge, dans laquelle il ne pourra être admis que des Allobroges.
II : Cette légion pourra être formée de quatorze compagnies d’infanterie légère, de cent vingt hommes chacune, y compris les officiers, dont sept compagnies seront armées de carabines, les sept autres de fusils à baïonnettes ; Plus, trois compagnies de dragons légers, de cent hommes chacune, y compris les officiers, faisant le service à pied et à cheval ;
Enfin, d’une compagnie d’artillerie légère, de cent soixante hommes, officiers compris.
III : La ville de Grenoble sera le lieu du rassemblement de ladite légion et de son dépôt. Le pouvoir exécutif donnera à cet effet tous les ordres nécessaires tant pour accélérer la levée, la formation et l’organisation de cette légion, que pour son emploi à la défense des Alpes […]8
Dans leur Étude historique sur la Révolution et l’Empire en Savoie. Le général Dessaix, sa vie politique et militaire publiée en 1879, Joseph Dessaix et André Folliet mentionnent que la création de cette légion émane des membres savoisiens du Club des Allobroges, fondé à Paris par les réfugiés chablaisiens acquis aux idées de la Révolution française. Ces derniers avaient dû fuir la Savoie à la suite de la répression et des condamnations à mort prononcées à leur encontre par les tribunaux du royaume de Piémont-Sardaigne à l’issue de l’émeute de Thonon9. Parmi ces membres figurent le docteur et écrivain François-Amédée Doppet10 , le docteur Joseph-Marie Dessaix, médecin diplômé de la faculté de Turin11 , ses trois frères, François, Claude et Aimé, ainsi que les deux frères Chastel. Dans ses Mémoires, Doppet, nommé lieutenant-colonel de la nouvelle légion, revient sur cet épisode :
[…] Nous résolûmes donc, entre les membres de notre société, de former une légion composée de Suisses, de Savoisiens et de Piémontais, pour aller partager aux frontières les lauriers des légions françaises.
Nous nous présentâmes à l’Assemblée nationale le 31 juillet 1792. Chargé d’y porter la parole, je demandai la levée et l’organisation d’une légion franche, sous le nom de légion des Allobroges. J’ai oublié de dire que, voyant depuis quelque temps la société composée de Suisses et de Savoisiens, nous lui avions ôté le nom de club des Patriotes étrangers, pour lui donner celui de club des Allobroges. Ce fut la raison qui nous fit adopter le nom d’Allobroges pour la légion.
L’Assemblée législative décréta la levée et l’organisation de la légion des Allobroges12
Des volontaires de la Révolution Commencée à être constituée avant la publication du décret de l’Assemblée nationale législative, la légion des Allobroges compte de ce fait plusieurs volontaires recrutés en premier lieu au sein du club patriotique installé à Paris. L’exemple de Joseph-Marie Dessaix, qui servait jusqu’alors dans la Garde nationale parisienne, illustre cette tendance, puisqu’il est nommé dès le 7 août capitaine de la 1re compagnie de la toute nouvelle légion, commandée par le colonel Pinon. Le frère cadet de Joseph-Marie, Jean-François-Aimé Dessaix, ainsi que Pierre-Louis Dupas et PierreAmé Chastel, sont également promus au grade de capitaine. Ces officiers font partie des figures marquantes de la légion, se signalant dès le 10 août 1792 au moment de l’assaut des Tuileries, au cours duquel ils sauvent plusieurs gardes suisses de la mort avec leurs hommes, comme l’évoque Doppet13 , face à la furie meurtrière des sans-culottes dont le jeune Napoleone de Buonaparte, capitaine d’artillerie, est témoin :
Au bruit du tocsin et à la nouvelle que l’on donnait l’assaut aux Tuileries, je courus au Carrousel chez Fauvelet,