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GILET D'OFFICIER SUBALTERNE

De Cavalerie L G Re

Entre 1790 et 1804

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Drap de laine écarlate, dos en toile de coton écru, passementerie en argent doré, laiton

38 cm (H) x 88 cm (L)

Inv. : 1953.56.2

Ce gilet est typique de ceux revêtus par les officiers de cavalerie légère (hussards, chasseurs à cheval) et d’état-major sous la Révolution, le Consulat et le Premier Empire, ainsi que par les officiers des gardes d’honneur en 1813-1814. Les douze brandebourgs de ganse carrée, achevés en forme de nœuds hongrois, sont ornés de deux rangées de boutons demi ronds en laiton sur le montant gauche et de trois rangées sur le montant droit, afin d’en faciliter la fermeture. Des boutonnières taillées dans le drap de l’habit sont encadrées de fausses boutonnières de ganse carrée. Une ganse carrée à forte proportion d’argent borde également en double le pourtour du gilet et simule deux fausses poches latérales. Une broderie formée d’une frise de boucles encadre la ganse du collet et des poches, motif récurrent sur les tenues à la hongroise de la Révolution et du Consulat. Un lacet de réglage, cousu dans le dos en coton écru, permet d’ajuster la taille du gilet. L’emploi de la ganse carrée double et la sobriété de l’ornementation de la passementerie désignent un grade d’officier subalterne (sous-lieutenant, lieutenant ou capitaine).

Ce gilet, réputé avoir appartenu au futur général Joseph-Marie Dessaix (1764-1834), a pu également appartenir à son frère cadet, Jean-FrançoisAimé Dessaix (1774-?), capitaine dans la légion des Allobroges, alors que Joseph-Marie, au départ également capitaine, passe rapidement chef de bataillon au sein de ladite légion. Comme précisé plus haut, les gilets de ce type correspondent principalement à ceux portés par les officiers de cavalerie légère et d’état-major. Or, aucun des Dessaix n’a jamais fait partie d’une unité de troupes légères à cheval, comme le révèlent leurs états de service. Ainsi, si nous devons considérer comme exacte la provenance donnée par la famille Bruel-Dubouloz, à l’origine du don fait au musée de plusieurs objets ayant appartenu au général Dessaix – et probablement à sa famille – en 1953, nous pouvons émettre l’hypothèse que ce gilet a pu être utilisé par Dessaix ou par son frère cadet, à l’époque où ils commandaient chacun une compagnie de la légion des Allobroges. En effet, malgré des illustrations assez précises de l’uniforme de cette troupe, leur tenue a accusé des variantes, sensibles selon les rares sources iconographiques disponibles68 et ce en raison des problèmes d’habillement et d’équipement rencontrés. Ces disparités de tenue sont révélatrices de l’aspect quelque peu hétéroclite de cette unité, qui se distingue majoritairement par son uniforme de drap vert à distinctivest écarlates, décrit dans le décret n° 1273 du 8 août 1792, en même temps que l’organisation et la composition de la troupe. Nous soulignons néanmoins que l’article XVI du décret précité attribue les bottes et la culotte à la hongroise aux Allobroges, « conforme au modèle présenté par les chefs al- lobroges » ; l’adoption du gilet à la hongroise ou à la hussarde par les officiers paraît donc plausible. Le manque de moyens sous la Révolution a peut-être conduit l’un des deux Dessaix à s’offrir ce gilet, dont les douze brandebourgs, au lieu des dix-huit réglementaires, ainsi que l’emploi de la ganse carrée double en lieu et place du galon cul-de-dé sur les contours et les fausses poches, attestent une fabrication moins onéreuse, les officiers devant s’équiper à leurs frais. Enfin, les habillements à la hongroise étant très prisés à cette période, plusieurs troupes ont revendiqué le port de la tenue à la hussarde tels que les artilleurs à cheval dès 1793-1794, en raison des qualités séductrices reconnues de cet uniforme, à la fois pour l’émulation militaire, mais aussi aux yeux de la gent féminine. D’autres gilets comparables, souvent avec un décor de passementerie et de broderie plus élaboré datant du Consulat et de l’Empire, sont conservés au musée de l’Armée, au musée de l’Empéri de Salon-deProvence, au musée international des Hussards de Tarbes ou encore en collection privée. Néanmoins, le gilet le plus proche de celui étudié ici est celui d’un officier subalterne de hussards piémontais datant de la période 1800-1804 conservé au Museo Nazionale del Risorgimento de Turin, dont le galon de pourtour est également constitué d’une double ganse carrée en argent doré, preuve d’une possible fabrication régionale.

Laiton

5,2 cm (H) x 12 cm (L)

Historique

Inv. : 1953.56.9

(1953.56)

BOUCLES DE CEINTURON du général Dessaix

Ces boucles de ceinturon, non réglementaires, relèvent comme le gilet ci-dessus de la commande privée des officiers. Elles sont ornées du Gorgonéion (tête de Méduse décapitée par Persée), symbole prophylactique et guerrier ancien. Il rappelle également le goût du retour à l’antique à la fin du xviiie siècle. Par sa facture un peu grossière, on peut imaginer que Dessaix s’en est servi dans les débuts de sa carrière, peutêtre en tant qu’officier de la légion des Allobroges.

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