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Préface
Quand j’ai plongé dans les Éclats de silences d’Omar Hallouche, je me suis très vite dit : voilà un homme qui aime véritablement ses congénères ! Voilà un homme qui a le don d’aimer ses frères en humanité ! Il faut, en effet, avoir en soi beaucoup d’amour à l’égard des êtres humains en général, beaucoup d’empathie pour autrui, pour avoir passé ainsi des années à recueillir des récits de vie, à les avoir retranscrits et en avoir gardé trace dans des cahiers soigneusement conservés.
D’aucuns rétorqueront peut-être que c’est là le « b. a.-ba » du métier d’anthropologue ou de celui de sociologue ! Mais il y a la manière de le faire. Dans l’ouvrage d’Omar Hallouche, que tout lecteur pourra maintenant avoir entre les mains, il ne s’agit pas de fiches sans âme, de renseignements correspondant à des cases à remplir. Ce que l’on entend tout au long des pages qui nous sont offertes, ce sont de vrais morceaux de vie, de vraies voix d’hommes où se bousculent la souffrance et la lutte, la honte et la fierté, l’amertume et la sagesse. Même s’il y a, de toute évidence, un savoir-faire d’enquêteur chez notre auteur, une méthode rigoureuse de recueil des témoignages, les paroles des écoutés restent vives, singulières, oserais-je dire : « à l’état brut » ?
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La grande Histoire, on le sait, est presque toujours écrite à partir de la vie – au demeurant plus ou moins embellie – des puissants. Et quand on se rappelle que ce sont les peuples qui sont les vrais moteurs de l’Histoire, on reste encore tenté d’aller chercher des figures héroïques et considérées comme finalement « exceptionnelles ». On oublie trop souvent celles et ceux qui, pourtant, sont les premiers à constituer les peuples : celles et ceux que d’aucuns ont choisi d’appeler « les gens de peu ». Or ce sont eux, les pauvres, les sans grade, les sans argent, les sans pouvoir qui font fonctionner toutes les sociétés ! Ce sont eux les « invisibles » sur les épaules desquels repose tout, en réalité ! Aucune ville ne peut exister et fonctionner sans aide-maçons et sans personnes chargées de l’entretien des voiries. Aucune machine ne peut durer sans mécanicien. Aucun hôpital ne peut accomplir sa mission de soigner s’il n’y a pas des « aides-soignantes » pour accomplir les tâches les plus ingrates comme celle de changer les malades, et s’il n’y a pas des « techniciens de surface »
3. Ben Jelloun, Tahar, La plus haute des solitudes, Seuil, 1977.
4. Historien et professeur à l’EHESS. Voir son article : « Paria – Colonialisme, émigration et relations de pouvoir », Zaama, n° 33, 2006.
Comment tout cela s’est-il fait ?
« Je n’étais pas absent. Ma présence m’engageait dans l’intériorité des autres. Je ne sais pas jusqu’à quel niveau je m’y installais et, de ce fait, je ne sais plus qui observait qui. »
Je ne sais pas jusqu’à quel niveau je m’y installais et, de ce fait, je ne sais plus qui observait qui. »
Tahar Ben Jelloun3
Tahar Ben Jelloun3
« Pour comprendre le monde des émigrants/immigrants, il faut leur redonner la parole, restituer la cohérence et la complexité de leurs discours. »
Gérard Noiriel4
« Pour comprendre le monde des émigrants/ immigrants, il faut leur redonner la parole, restituer la cohérence et la complexité de leurs discours. »
Gérard Noiriel4