Vivienne Westwood. Art, mode et subversion (extrait)

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PRÉFACE

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Le musée met à l’honneur avec cette exposition consacrée à Vivienne Westwood, une créatrice exceptionnelle, anoblie par la reine d’Angleterre, plusieurs fois distinguée lors des Fashion Awards britanniques, qui influence depuis plus de quarante ans la planète mode. Pourtant à ce jour, aucune exposition n’a encore été consacrée en France à son travail, alors même que ses défilés ont lieu chaque année à Paris. La présence à Lyon d’un collectionneur passionné, M. Lee Price, était l’occasion de faire découvrir au public cet œuvre décalé et subversif dont les sources d’inspiration sont liées à l’art en général et aux arts décoratifs français en particulier. Vivienne Westwood. Art, Mode et Subversion fait dialoguer les costumes anciens et les objets d’art des collections du musée, présents à nouveau avec les créations de Vivienne Westwood. Depuis 1864, le musée des Tissus inspire les créateurs. Cette exposition montre que loin de figer le passé, le musée reste une source de modernité. Le vent du renouveau a soufflé sur le musée des Tissus grâce à la mobilisation de tous et à l’implication forte de la Région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016. Cela est une évidence avec le succès de l’exposition consacrée à Yves Saint Laurent et aux coulisses de la haute couture à Lyon. Si la crise sanitaire que nous avons subie a modifié le programme des expositions, elle n’a pas amoindri notre implication dans ce projet ambitieux. La culture reste une valeur forte pour notre Région. Avec Étienne Blanc, premier vice-président de la Région et Florence Verney-Carron, vice-présidente de la Région déléguée à la Culture et au Patrimoine, nous avons avancé, accompagnés par nos partenaires publics-privés, et nous pourrons dès l’automne vous présenter le futur visage du musée et son architecte.

———— LAURENT WAUQUIEZ PRÉSIDENT RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES


sOMMaire

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AUTOPORTRAIT EN COLLECTIONNEUR GET A LIFE ! SO FAR, SO CLOSE WESTWOOD, MCLAREN ET L’ESTHÉTIQUE DU PUNK PIRATE, LES PREMIERS DÉFILÉS ALLEGRO MA NON TROPPO RADIO PIRATE L’ART DE LA CITATION ONCE UPON A TIME… PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR LE POURPOINT, INTEMPOREL HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE SO BRITISH ? UNE DRÔLE DE TOILE LES CHAUSSURES, OBJETS DE DÉSIR COMMENT GAGNER SA VIE ! FASHION ACTIVIST

160 ———— CHRONOLOGIE 168 ———— COLLECTIONS 170 ———— ŒUVRES EXPOSÉES 182 ———— BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE



autoportrait en collectionneur

———— LEE PRICE


Cette histoire d’amour avec les vêtements de Vivienne Westwood est presque aussi longue que ma vie. Ma première rencontre avec Vivienne Westwood, au milieu des années 1980, s’est faite à travers un article de i-D Magazine que j’ai encore. C’était une révélation, cette femme résumait tout ce que j’appréciais — le Rock, le Punk et le mouvement des Nouveaux Romantiques, le savoir-faire des tailleurs de Savile Row associé à une esthétique unique et à l’emploi de magnifiques tissus spécifiquement britanniques, comme les tweeds et les tartans. De plus, plusieurs groupes de musique que j’écoutais et que j’admirais portaient du Westwood, comme les Sex Pistols et Bow Wow Wow. Je me souviens de ma première visite à la boutique Vivienne Westwood Worlds End, à Londres quand j’avais environ treize ans. Je restais stupéfait par le vieux plancher déformé et penché sur lequel je marchais et par la célèbre horloge de la façade dont les aiguilles tournaient à l’envers en marquant treize heures. Sur le mur du fond, des pièces iconiques étaient exposées, y compris le haut Let it Rock orné d’os de poulet, la jupe BSA et le haut bleu Gene Vincent1. Ce jour-là, j’ai acheté ma première pièce Vivienne Westwood, un T-shirt blanc avec un orbe en couleurs (le logo Westwood) au milieu de la poitrine. À partir de ce moment, j’étais mordu. J’économisais le peu d’argent que je gagnais en lavant les voitures du voisinage, pour descendre à Londres et m’offrir autant de pièces Westwood que je pouvais dans les boutiques Worlds End et Nostalgia of Mud. Je gardais tous les magazines ou les articles de presse sur Westwood que je trouvais ; j’ai encore la plupart d’entre eux. Je me souviens également très bien de la fameuse interview, sur le plateau de l’émission de Terry Wogan en 1988, où Vivienne présentait sa dernière collection. La présentatrice, Sue Lawley, et le public se moquaient ouvertement d’elle et de ses vêtements. Je ne comprenais pas pourquoi les gens riaient alors que ses créations étaient si belles. Au début, j’achetais les vêtements Westwood pour les porter. À la fin de l’adolescence, quand j’ai commencé à travailler à plein temps dans une boutique de mode avec des revenus réguliers, j’ai décidé de ne plus acheter seulement des vêtements que je pouvais porter, mais aussi des pièces que je trouvais belles, importantes ou iconiques. Ma collection naissante se concentrait principalement sur des chaussures pour femmes, et cela pour plusieurs raisons. Je trouvais ses chaussures pour femmes d’une beauté complexe ; à cette époque, Westwood créait beaucoup plus de modèles pour femmes que pour hommes. Cette affinité particulière pour les chaussures résultait, par ailleurs, de mon héritage personnel ; ma famille travaillait dans cette industrie à Northampton en Angleterre. Enfin, certains membres de mon entourage familial étaient antiquaires ; j’avais donc peut-être, comparativement aux jeunes de mon âge, une conscience plus aigüe de l’importance de conserver, de préserver et de chérir notre patrimoine. Pour moi, Westwood incarnait l’esprit et le patrimoine « british », et je voyais ses vêtements comme les trésors de demain dont j’étais le gardien, en quelque sorte. Ce qu’il y a de merveilleux dans le fait de collectionner du Westwood, c’est que ce n’est jamais terminé. Il y a toujours plus à découvrir et à trouver — c’est une quête permanente d’un nouveau Graal. Le rêve de ma vie et mon but ultime étaient de travailler pour Vivienne Westwood. Après mes études, j’ai d’abord été responsable d’un magasin qui vendait du Westwood parmi d’autres créateurs. Lors de mes fréquentes virées à Londres pour acheter du Westwood, je passais systématiquement au 41 Conduit Street pour demander s’il y avait des postes à pourvoir. Ma détermination a finalement été récompensée : on m’a offert l’opportunité de travailler chez Westwood après plusieurs jours d’essai. J’ai rejoint la petite équipe du tout premier magasin Westwood, Worlds End, au milieu des années 1990. L’entreprise était encore modeste, mais en pleine croissance. Je suis ensuite passé dans la boutique couture de Davies Street qui vendait les collections Gold Label et les robes de mariée. C’est là que j’ai rencontré Vivienne pour la première fois. Elle s’intéressait activement à la décoration et au merchandising des magasins de Davies Street et de Conduit Street.

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1 Il s’agit de pièces parmi les premières créées par Vivienne Westwood, en 1971, alors que la boutique Worlds End s’appelait Let it Rock. 2 Expression employée par les habitants du sud de l’Angleterre pour désigner le nord du pays.

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À cette époque, la taille de la société était encore suffisamment réduite pour que Vivienne connaisse toutes les personnes qui y travaillaient. Après Davies Street, je suis devenu responsable de la ligne de vêtements pour hommes au sein du nouveau magasin amiral, ouvert au 44 Conduit Street. Parallèlement, pour chaque Fashion Week — automne-hiver et printemps-été — je me rendais à Paris pendant trois semaines pour vendre notamment la collection couture Gold Label, dans le showroom parisien, à des distributeurs basés dans le monde entier. Ces séjours parisiens impliquaient ma présence au défilé Vivienne Westwood pour habiller les mannequins et faciliter le bon déroulement de l’événement, en coulisses et sur le podium. À la fin de l’automne 1998, j’ai eu la chance d’ouvrir et de gérer le nouveau magasin de Leeds, dans le Nord de l’Angleterre, qui s’est développé de manière significative sous ma direction. Je continuais à voir Vivienne fréquemment, lors des défilés de mode de Londres et de Paris, de mes approvisionnements pour le magasin de Leeds et à l’occasion des fêtes de Noël pour le personnel. Elle m’envoyait toujours une carte de Noël avec un mot personnel et voulait savoir comment marchait la boutique “Up North2”. J’ai quitté l’entreprise Westwood en 2013 pour me consacrer à l’organisation de ma collection et à la vente de vêtements Westwood vintage. Je dirige aujourd’hui, avec ma mère, une boutique de vêtements vintage Westwood, située dans un joli village au milieu de la campagne anglaise, où nous restaurons, vendons et envoyons à travers le monde des pièces Westwood iconiques. Je poursuis l’enrichissement de ma collection, qui compte à l’heure actuelle environ trois cents pièces, et en assure la conservation.



———— JULIE RUFFET-TROUSSARD

“I AM NOT AN EASY PERSON OR AN ORDINARY PERSON – MY LIFE IS NOT AN ORDINARY LIFE1.”

GET A LIFE !

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“Everything that has happened subsequently for me: London, Malcolm, fashion, art and politics, I can date to 1958. I was nearly seventeen and everything in my world changed8.” En 1958, Dora et Gordon Swire choisissent de quitter leur région d’origine pour offrir de meilleures perspectives à leurs trois enfants. Ils achètent un bureau de poste à Harrow, une localité située dans la banlieue de Londres. Vivienne est reçue à la Harrow Art School. En avril de cette même année, elle intègre brièvement le cours de design de mode, mais est vite déçue par l’enseignement, qu’elle juge trop théorique. Elle opte alors pour le cours d’orfèvrerie avant d’abandonner après un court semestre, inquiète des faibles débouchés offerts par une carrière artistique. Miss Swire embrasse finalement une formation d’institutrice, avec l’art comme discipline de spécialité9. “The first thing you should do really know about me is that I was born in the Second World War. Rationing. All of that3.” Vivienne Isabel Swire voit le jour le 8 avril 1941 à Glossop, dans le Derbyshire. Aînée de trois enfants, elle grandit dans un milieu simple, mais aimant. Ses grands-parents tiennent une épicerie. Ses parents travaillent pour l’industrie locale avant de devenir postiers. Dora, sa mère, est tisseuse, et son père, Gordon, ouvrier dans une usine de munitions, ne sera pas mobilisé. Vivienne décrit une enfance libre, joyeuse et proche de la nature. Elle apprend à coudre et à tricoter auprès de sa mère. Très manuels, Dora et Gordon Swire pallient ainsi les restrictions liées à la Seconde Guerre mondiale4. Le souvenir du rationnement a plus tard influé sur le positionnement de Vivienne en faveur d’une consommation limitée et du « do-it-yourself5 ».

“I came from a place where you didn’t have this visual language6.” Très jeune, Vivienne

développe une curiosité intellectuelle et une appétence pour la lecture et le dessin. Adolescente, elle reçoit, à la Grammar School, son premier enseignement artistique. Elle entrevoit alors la possibilité de poursuivre ses études dans une école d’art, à une époque où les choix d’orientation offerts aux jeunes filles des classes populaires sont restreints. Vivienne est âgée de dix-sept ans lorsqu’elle se rend à la Manchester Art Gallery sur le conseil de son professeur. C’est la première fois qu’elle visite un musée7. L’expérience vaut révélation, sa vocation s’ébauche.

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À la fin des années 1950 et au début des années 1960, la génération d’après-guerre invente de nouveaux codes, influencés par le rock’n’roll en provenance des États-Unis. La musique et la mode sont désormais liées et s’incarnent dans les mouvements Ted puis Mod. Vivienne partage sa passion de la danse avec Derek Westwood, un jeune apprenti qui organise des concerts pour financer sa formation de pilote. Le couple se marie à l’été 1962. Vivienne adopte alors le patronyme de Westwood qu’elle ne quittera plus, malgré la séparation avec Derek en 1963, peu après la naissance de leur fils Ben10. La jeune femme s’installe alors chez ses parents. Ayant quitté son poste d’institutrice pour s’occuper de son fils, elle gagne sa vie en vendant les bijoux qu’elle fabrique sur Portobello Road. En 1965, elle fait la rencontre décisive de Malcolm McLaren (1946-2010), un ami de son jeune frère, Gordon. Malcolm a été élevé à Londres par une grand-mère excentrique ; sa famille dirige une usine de vêtements11. De l’âge de dix-sept à vingt-cinq ans, il écume les écoles d’art, s’imprégnant des courants radicaux contemporains12. Drôle, politisée, aussi inspirante que vénéneuse, cette personnalité détonne dans l’univers de Vivienne, mais répond à sa quête de stimulation intellectuelle. “Vivienne was very, very influenced by Malcolm; he changed her life13.” Malcolm lui inculque ses idées sur l’art et la politique, lui fait découvrir un autre mode de pensée. Vivienne l’admire en tant qu’artiste. Débute une relation sans passion et qui deviendra rapidement toxique. Un fils, Joseph Corré, naît en 1967. Le couple et les deux garçons investissent en 196914, dans le quartier de Clapham à Londres, un appartement que Vivienne occupera pendant près de trente ans.


“Up until the Sex Pistols and Punk Rock I’d never thought of myself as a designer […]15.” L’association Westwood/McLaren, basée sur l’émulation, contribue à donner naissance à un mouvement artistique majeur, le Punk16. Leur complicité réside dans leur passion commune pour les vêtements. Malcolm incite Vivienne à radicaliser son look. Elle gagne en assurance. À trente ans, elle quitte définitivement son poste d’institutrice pour faire ses débuts dans un milieu inconnu, celui de la mode. En 1971, tous deux ouvrent une boutique sur King’s Road dont l’ambition est de fusionner musique et mode afin de créer une nouvelle forme d’art. Changeant de décor et d’enseigne au fil de leurs expérimentations stylistiques, le 430 King’s Road définit une esthétique du Punk, largement diffusée par les Sex Pistols, dont le manager n’est autre que Malcolm McLaren. “I had decided quite consciously to be officially a designer, to do a show and also to look at the past, go into history, and be romantic17.” En se popularisant, le Punk s’est vidé de son essence transgressive. Au tournant des années 1970 et 1980, le couple voit ses aspirations diverger et s’interroge sur la poursuite de son activité dans la mode. À bientôt quarante ans, Vivienne Westwood s’affirme en tant que créatrice et s’affranchit du pygmalion McLaren. Elle sort du milieu underground en 1981 avec un premier défilé, Pirate18, soufflant un vent romantique nouveau. La première moitié des années 1980 correspond aussi à une période difficile pour la créatrice. Elle doit parvenir à produire ses modèles avec une équipe réduite dans son atelier artisanal de Camden, et ne connaît pas encore de succès critique. La rencontre en 1983 avec l’homme d’affaires italien Carlo d’Amario19 permet d’amorcer le décollage économique de l’entreprise20. 1

1 Photographie de Guy Marineau, Vivienne Westwood, défilé Street Theatre (printemps-été 2003), Paris, octobre 2002 2 Photographie de Guy Marineau, Vivienne Westwood, défilé World Wide Woman (automne-hiver 2011-2012), Paris, mars 2011 2

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———— ÉRIC GENNARI

« L’ESPACE QUI SÉPARE LA GRANDE-BRETAGNE DU CONTINENT N’EST POINT INFRANCHISSABLE1. »

SO FAR, SO CLOSE


24 « Si loin, si proche » : cette expression semble appropriée lorsqu’il s’agit d’évoquer le Royaume-Uni2 à l’intention du lecteur francophone. Bien que le pays partage avec la France une frontière maritime et un passé aussi riche que complexe, il demeure mal connu. Il importe pourtant de s’approprier quelques éléments de son histoire récente, afin de saisir le contexte dans lequel s’inscrit la démarche créatrice de Vivienne Westwood.

1941  —  1950 UN PAYS MARQUÉ PAR LA GUERRE Lorsque la styliste britannique naît le 8 avril 1941 à Glossop3, le Royaume-Uni subit depuis juillet 1940 les bombardements incessants de l’armée de l’air allemande. Malgré son caractère terrifiant, le Blitz4 affecte peu le moral de la population, qui soutient l’effort de guerre demandé par le Premier ministre Winston Churchill. Jusqu’en 1945, le pays tout entier est engagé dans le camp des Alliés5 contre l’Axe Rome-Berlin. À l’issue de la Seconde Guerre, le Royaume-Uni connaît une situation contrastée. D’un côté, il appartient au camp des vainqueurs, souffre de pertes humaines mesurées par rapport à son rôle dans le conflit et à celles subies par d’autres belligérants6, et reste fort de la troisième économie mondiale7. De l’autre, les dégâts matériels sur son sol sont considérables : les bombardements ont détruit le tiers des logements et des infrastructures ferroviaires ou industrielles8. Quant aux pénuries alimentaires et matérielles, elles demeurent importantes, en dépit du rationnement en vigueur depuis l’entrée en guerre9. C’est dans ce contexte que s’inscrit la Reconstruction. Le gouvernement travailliste de Clement Attlee (19451951) engage des réformes structurelles : nationalisations, planification et création d’un État providence10. Le plan Marshall est déterminant pour financer ces transformations : le pays en est le premier bénéficiaire11.

Sur la scène internationale, le climat est différent : le Royaume-Uni connaît une période de repli forcé. Son appartenance au cercle des vainqueurs retarde la prise de conscience d’un déclassement diplomatique12, alors que son empire colonial se démembre. De 1946 à 1948, une première vague de décolonisation conduit à des indépendances hautement symboliques — Inde et Palestine — et divise par six la population de l’Empire britannique par rapport à 1945. Dans le contexte de la guerre froide, le Royaume-Uni échoue à construire une « troisième voie » entre les deux blocs : il choisit finalement l’Alliance atlantique en 194913.

1950  —  1970 BAD TIMES IN BRITAIN La situation économique est d’abord florissante : croissance constante, chômage quasi inexistant et hausse du niveau de vie moyen caractérisent le milieu du siècle14. Mais dès le début des années 1960 et de façon plus marquée la décennie suivante, le pays entre en « stagflation »15. Le choc pétrolier (1973) entraîne une croissance faible, voire négative, certaines années. Le plein emploi fait place à un chômage fort : 1,5 million de personnes en 197516. L’inflation atteint des niveaux élevés — jusqu’à 16 % en 197717. Les grèves pour obtenir de meilleurs salaires se multiplient et culminent lors de « l’hiver du mécontentement » (Winter of Discontent)18 en 19781979. Le Royaume-Uni est alors « l’homme malade de l’Europe19 » (The Sick Man of Europe). Sur l’échiquier mondial, le Royaume-Uni ne cesse de perdre de l’influence. La crise de Suez (1956) débouche sur un désastre diplomatique : cédant à la pression américaine et à la menace nucléaire de l’URSS, le pays connaît une humiliation sans précédent. Entre 1956 et 1968, le « vent du changement » (Wind of Change)20 emporte les indépendances de la quasi-totalité des dernières possessions21. Les crises coloniales se succèdent, comme à Chypre22 ou en Rhodésie du Sud23. La relation transatlantique est ébranlée par des frictions sur le Vietnam ou la fragilité endémique de la livre face au dollar24. La question de l’Irlande, dont la violence atteint son paroxysme lors du « dimanche sanglant » (Bloody Sunday)25 le 30 janvier 1972, illustre la difficulté du pouvoir à contrôler les événements. Enfin, l’intégration dans la Communauté européenne en janvier 1973 est aussi tardive qu’ambiguë : elle succède à des années d’atermoiements politiques et de luttes diplomatiques et s’accompagne d’un statut dérogatoire.


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1979  —  1990 BRITAIN IS GREAT AGAIN ! Les élections générales de 1979 portent Margaret Thatcher au pouvoir. Tout au long de ses trois mandats, la « Dame de fer26 » applique une politique de rupture marquée par un libéralisme économique. Si l’inflation est contenue, le nombre de chômeurs ne cesse de croître (3,3 millions début 1983), tandis que le pays perd 15 % de sa capacité industrielle entre 1979 et 198127. Les crises intérieures sont nombreuses : longue et violente grève des mineurs (1984-1985), attentats de l’Armée républicaine irlandaise provisoire (Irish Republican Army – IRA)28… Moquée par une partie croissante de l’opinion, elle est notamment la cible du mouvement punk29 et voit les critiques et parodies se multiplier. Vivienne Westwood s’illustre ainsi en une du magazine Tatler d’avril 1989, métamorphosée en « Maggie30 ». Une nouvelle réforme fiscale exacerbe les oppositions et entraîne sa démission en 1990.

À l’international en revanche, Margaret Thatcher replace son pays au cœur du jeu diplomatique. La victoire aux Malouines (avril-juin 1982) constitue un coup d’éclat remarqué31 : Britain is great again32. Elle obtient le rabais britannique pour la contribution financière versée à la Communauté européenne (1984), popularisé par la célèbre phrase apocryphe « I want my money back »33. Après un alignement sur l’anticommunisme américain, elle développe une relation particulière avec Mikhaïl Gorbatchev, permettant ainsi au Royaume-Uni d’ouvrir une voie singulière entre les deux blocs.

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Margaret Thatcher, 1979

2 Vivienne Westwood en Margaret Thatcher, Tatler Magazine, avril 1989 (coll. Lee Price) — cat. 112

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———— JULIE RUFFET-TROUSSARD

“PUNK WAS LIKE NOTHING ANYBODY HAD SEEN BEFORE, LIKE NOTHING1.”

westwood, mcLaren et l’esthétiQue dU PUnK


La détonation punk résonne au milieu des années 1970 en réaction à des valeurs sociétales étouffantes et à un climat économique dégradé. Associée à la jeunesse urbaine, la culture punk écarte le mouvement hippie et clame son nihilisme. Les punks — pour « voyous » ou « bons à rien » — repoussent toujours plus loin les limites de la provocation, remettant en cause l’Establishment dans leur sillage chaotique. S’exprimant dans la musique, la mode ou le graphisme, le Punk se nourrit des subcultures précédentes, mais s’en distingue par sa radicalité, son inventivité et sa postérité. Depuis leur boutique établie 430 King’s Road à Londres, Vivienne Westwood et son compagnon, le controversé Malcolm McLaren, sont les artisans de ce phénomène majeur. Passerelle entre les foyers new-yorkais et londoniens du Punk, ils insufflent au mouvement ses références politiques et cisèlent son esthétique. Les Sex Pistols diffusent un concept élaboré par le couple, mais porteur des aspirations de toute une génération.

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Le laboratoire du 430 King’s Road “IT HAD STARTED WITH AN INTEREST IN ANY FORM OF YOUTH REVOLT; TEDDY BOYS AND ROCKERS2.” 1971 marque un tournant pour le duo formé par Vivienne Westwood et Malcolm McLaren, respectivement âgés de 30 et 25 ans. Vivienne démissionne de son poste d’enseignante et acquiert une machine à coudre Singer. Malcolm tourne la page des écoles d’art, qu’il fréquentait depuis la fin de l’adolescence3. Depuis quelque temps déjà, une passion commune pour la mode les conduit à arpenter les trottoirs de King’s Road durant le weekend. Cette artère londonienne, située dans le quartier de Chelsea, est alors un lieu de shopping alternatif recherché, accueillant des boutiques développées autour de concepts, telles Granny takes a trip, Hung on you ou Mr Freedom. Sous l’influence de Malcolm, Vivienne adopte une apparence de plus en plus élaborée, notamment en affichant une coupe de cheveux courte et décolorée. Son look détonne dans le paysage londonien alors submergé par la vague hippie, que rejette le couple avide de rébellion. Il se reconnaît davantage dans le revival fifties, plus confidentiel, qui essaime également en ce début des années 19704. McLaren revêt l’uniforme des Teddy Boys : veste longue à col et revers en velours contrasté, chaussures à semelles de crêpe (creepers). Née dans les années 1950, cette subculture bercée par le rockabilly détournait les codes vestimentaires édouardiens du début du XXe siècle5. Pressentant le potentiel de cette mouvance, Vivienne et Malcolm collectent des disques, des vêtements et des souvenirs des années 1950 sur les marchés de Londres, et les revendent dans le stand qu’ils inaugurent dans la boutique Paradise Garage, située 430 King’s Road.


Ils investissent bientôt le lieu dans son intégralité et le renomment Let it Rock. Alimentant la nostalgie pour les années 1950, la boutique propose des vieux disques de rock’n’roll, des magazines et des vêtements, dans un décor décliné sur le même thème. À ces pièces originales s’ajoutent les premières créations de Vivienne, des vestes customisées, des pulls en mohair et des T-shirts imprimés. En quête de subversion, le couple perçoit rapidement les limites de la panoplie Teddy Boy et de l’univers sous-jacent, dans lequel l’ambition artistique de Malcolm ne peut s’accomplir. Le 430 King’s Road est rebaptisé Too Fast to Live, Too Young to Die en 1972. Il changera d’enseigne et de décor régulièrement pour traduire les expérimentations stylistiques de Westwood et McLaren. Plus agressif, le nouveau concept s’inspire de l’univers des bikers et se déploie dans une boutique peuplée de têtes de mort. Aux costumes de zazous et aux creepers se mêlent des jeans de seconde main, des cuirs et des T-shirts customisés. Zips, clous, chaînes font leur apparition6. Depuis la cuisine de son appartement de Clapham, Vivienne transforme, déchire, brûle, ajoute des zips et imprime des slogans de plus en plus provocants sur les T-shirts. Comme d’autres anciens étudiants en art de sa génération, Malcolm est influencé par les thèses des situationnistes français et par l’ouvrage de leur chef de file Guy Debord, La Société du spectacle (1967)7. Les détournements situationnistes en forme d’aphorismes, associés aux événements de Mai 68, dictent pour partie les slogans imprimés sur les T-shirts vendus 430 King’s Road. Cette politisation du vêtement, initiée par l’association Westwood-McLaren, prépare les mentalités à un bouleversement alors en gestation, le Punk8.

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1 Malcolm McLaren devant la boutique Let It Rock

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Londres ? New York ? Les avis diffèrent quant à la localisation du berceau du Punk et plusieurs protagonistes ont revendiqué, a posteriori, leur prépondérance dans la formation du mouvement. Mais lorsque Vivienne et Malcolm se rendent à New York à l’été 1973, ils découvrent un look et une scène rock caractérisés, évoluant autour du club CBGB9. Invités, comme plusieurs boutiques londoniennes, au National Boutique Show à l’hôtel McAlpine, le couple visite la Factory d’Andy Warhol et retrouve les New York Dolls, groupe proto-punk au style glam-rock et androgyne rencontré à Londres. Les musiciens — dont Malcolm deviendra le manager — leur conseillent de s’installer au mythique Chelsea Hotel et les introduisent dans le milieu underground new-yorkais10. En 1974 et 1975, McLaren voyage entre Londres et New York. Sans doute a-t-il côtoyé les Ramones vêtus de leur uniforme — blouson de cuir, T-shirt, jean lacéré et sneakers — mais c’est Richard Hell11 surtout qui frappe son attention. Ses cheveux ébouriffés et son T-shirt déchiré maintenu, déjà, par des épingles à nourrice, le distinguent parmi la faune du CBGB. “And this look, this image of this guy, this spiky hair, everything about it — there was no question that I’d take it back to London. By being inspired by it, I was going to imitate it and transform it into something more english12.”

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SEX “SEX WAS GOING TO BREAK THE HYPOCRISY OF ENGLAND13.”

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The Ramones

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Richard Hell

1974. Trois lettres capitales en caoutchouc rose composent l’enseigne du 430 King’s Road, SEX. Westwood et McLaren empruntent aux pratiques fétichistes et BDSM leurs codes vestimentaires pour déployer, dans une boutique aux murs peints de graffitis pornographiques, des pièces en latex et en cuir, des chaînes, des cadenas, des talons aiguilles (stilettos)… Le lieu intimide, sa notoriété s’accroît. S’y croisent des vendeurs emblématiques, telle l’iconique Jordan, des clients proto-punks mais aussi des voyeurs et des prostituées14. Cette incarnation nouvelle de la boutique se dresse contre l’Establishment et le confronte à ses contradictions. Le couple utilise le sexe pour interpeller, choquer et amorcer un changement dans la société. S’affranchir de toute morale sexuelle par le recours aux références fétichistes doit permettre de se libérer du joug politique.


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4 Photographie de Sheila Rock, Jordan devant la boutique SEX 5 Alan Jones, Chrissie Hynde, Jordan and Vivienne Westwood, dans la boutique SEX

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———— ROMY SCHÄFER

“WHAT’S INTERESTING ABOUT ENGLAND RIGHT NOW IS THAT THERE’S A DEFINITE MOVEMENT TO GET INVOLVED WITH THE THIRD WORLD; TO WEAR AN AFRICAN DRESS, TO PUT IT WITH A DOMINICAN HAT, THROW IN SOME PERUVIAN BEADS, AND WEAR MAKE-UP LIKE ONE OF THE TRIBES IN NEW GUINEA – SIMPLY BECAUSE WE HAVE TO GO EVEN FURTHER TO DEMONSTRATE THAT WE WANT TO GET OUT OF THIS ISLAND MENTALITY, THIS VILLAGE WE LIVE IN, AND RELATE OURSELVES MORE TO THOSE TABOOS AND MAGICAL THINGS WE BELIEVE WE’VE LOST1.”


42 Vivienne Westwood embrasse le début des années 1980 en figure émergente de la contre-culture punk. Le couple qu’elle forme avec Malcolm McLaren élabore désormais ses silhouettes sous le nom de la boutique de King’s Road, rebaptisée Worlds End à partir de 1981. Présentées pour la première fois sous forme de défilés, ces collections révèlent une démarche artistique tournée résolument vers la recherche de sources d’inspiration historiques et culturelles. Toutefois, cette période est également marquée par la détérioration de la relation avec Malcolm McLaren, ce qui met fin à leur collaboration en 1983. La première collection, intitulée Pirate2 (automne-hiver 1981-1982), initie un nouveau processus de création, nourri de l’étude de l’histoire et des cultures, que Vivienne Westwood ne cesse d’enrichir dans les collections suivantes. Sur les conseils de Malcolm McLaren, elle s’oriente vers l’historicisme : la Révolution française constitue sa première inspiration3. Elle y retrouve les notions de révolte et d’insurrection des années punk. Certes, le terme de pirate évoque une figure romantique et subversive, mais il symbolise également la quête d’une échappatoire : il s’agit de se libérer de la culture insulaire par l’exploration de l’histoire et des sociétés non-occidentales4. Lors du défilé de mars 1981, les mannequins arborent des Walkmans, appareils à la pointe de l’innovation, permettant notamment l’enregistrement illégal des chaînes de radio. Jouant sur la sémantique du mot, le pirate, selon Vivienne Westwood, sévit sur les ondes, tel que l’illustre le groupe Bow Wow Wow — dont Malcolm McLaren est le manager — dans le clip C30, C60, C90, Go !5. Vivienne Westwood propose à travers Pirate des silhouettes androgynes peu ajustées6, composées de couches superposées7. Elle reproduit des modèles anciens de vêtements8 qu’elle associe avec des coupes asymétriques. Cette asymétrie, associée aux formes amples et aux effets de drapés, donne l’impression de silhouettes battues par le vent, accentuant l’esprit boucanier9. Le vestiaire notoire du flibustier est également repris avec des tricornes ornés de rosettes10, des chaussures à bouts carrés et des bottes sanglées de multiples boucles. Pirate introduit le chatoyant motif squiggle11, littéralement « gribouillis », qui est régulièrement réédité jusqu’à devenir l’un des motifs les plus reconnaissables de la créatrice12. Vivienne Westwood l’interprète comme un motif de corde, évoquant à la fois le vocabulaire de la navigation et celui de la pendaison, punition de la transgression du pirate. Toutefois, le motif rappelle également les dessins sinueux dits « à la fourrure » des soieries du XVIIIe siècle, réinterprétés dans une esthétique du tissu wax13. L’association d’un vestiaire empreint du XVIIIe siècle français et de textiles d’inspiration africaine trouve une justification harmonieuse dans la figure du pirate, explorateur de haute mer dont la silhouette retrace les errances à travers le monde14. Vivienne Westwood confirme son intérêt pour les cultures extra-occidentales avec la collection Savage (printemps-été 1982), l’illustrant de nouveau à travers le motif15. Les dessins géométriques qu’elle emploie sont inspirés d’un ouvrage sur l’art traditionnel américain, Indian Rawhide: An American Folk Art16. Elle sélectionne notamment les planches reprenant les ornementations de parflèches, des sacoches de selle confectionnées par les groupes culturels des plaines et qui peuvent servir de bouclier grâce au cuir épais dont elles sont constituées17. Ce motif, dominant dans la collection, est mêlé à d’autres, tels que des reproductions des Nus bleus de Henri Matisse (1869-1954) ou de Guernica de Pablo Picasso (1881-1973). Les silhouettes de Savage18 (printemps-été 1982) révèlent des similitudes avec la collection précédente. Le goût pour les vêtements unisexes et les plissés s’exprime à travers des shorts bouffants19, des vestes aux manches à crevés20 et des robes asymétriques évoquant le drapé des saris. La créatrice détourne le képi beige de la Légion étrangère ; porté à l’envers, le couvre-nuque, percé de deux fentes pour les yeux, se présente tel un voile21.


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1 Motif Squiggle, détail de chemise, coll. Pirate, automne-hiver 1981-1982 (coll. Lee Price) — cat. 23 2 Chasuble, vers 1765 (Lyon, musée des Tissus inv. MT 29041.1) — cat. 133

1

2


3 Mable Morrow, Indian Rawhide: An American Folk Art, 1982 (coll. Lee Price) — cat. 25 4 Haut, short et jambières, coll. Savage, printemps-été 1982 (coll. Lee Price) — cat. 26 5 Détail d’un haut, coll. Savage, printemps-été 1982 (coll. Lee Price) — cat. 27

3

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4

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———— ÉRIC GENNARI

“ WHAT PART IF ANY, DOES MUSIC PLAY IN YOUR CREATIVE PROCESS? — NONE1.”

A

L

E L

R G O

MA

NON P TRO PO

2


Au regard de cette citation lapidaire, appréhender les rapports entre Vivienne Westwood et la musique semble être une gageure. Il faut pourtant aller au-delà de ce propos liminaire, car la réalité est plus complexe : non seulement la période punk de la styliste britannique a constitué une des étapes structurantes de sa création, mais les années 2000 et 2010 témoignent d’une attention constante portée au fait musical, dont la valeur n’est jamais aussi forte que lorsqu’il se mêle à d’autres expressions artistiques.

52

VIVIENNE & MALCOLM & MUSIC : NO FUTURE ? Dans les années 1970 émerge le mouvement punk3. Cri de révolte d’une jeunesse urbaine et contestataire, il clame son rejet de mœurs étouffantes et refuse la dégradation croissante du niveau de vie déclenchée par le choc pétrolier de 19734. Sur le plan musical, il entend renouer avec l’expression directe d’une « énergie primitive », à l’encontre d’un rock’n’roll devenu trop tiède aux yeux de ses détracteurs5. Le compagnon de Vivienne Westwood, associé avec elle dans l’aventure de la boutique SEX établie 430 King’s Road à Londres, joue un rôle de premier plan dans la promotion de ce phénomène musical. Malcolm McLaren (1946-2010) est en effet le manager de deux groupes d’envergure6 : il accompagne un temps les New York Dolls (actifs entre 1971 et 1977)7 puis, surtout, les Sex Pistols (actifs entre 1975 et 1978). Le quatuor londonien, dont le nom permet de promouvoir l’adresse du couple, se constitue au gré des rencontres que favorise l’établissement8. Le premier single des Sex Pistols, Anarchy in the U.K., sort le 26 novembre 19769 : il résonne d’emblée comme le véritable manifeste musical du Punk10. Vivienne Westwood accompagne le groupe en écrivant les textes de certaines chansons11 ou en reprenant des paroles sur un T-shirt Seditionaries12. Les liens entre la créatrice et le Punk se brisent en 1979, année tragique pour les Sex Pistols13. Tandis que Vivienne Westwood se recentre sur la mode, Malcolm McLaren poursuit ses activités d’impresario et de producteur. La dernière coopération notable du duo s’articule autour du groupe new-wave Bow Wow Wow : lui en est le manager et elle en dessine les costumes à l’esthétique pirate14.

The Sex Pistols, vinyle Pretty Vacant, No Fun, 1977 (coll. Lee Price) — cat. 11

“MY TASTE IN MUSIC IS FRENCH”15 Le rapport de Vivienne Westwood à la musique est cependant plus complexe et plus profond. Ces deux dernières décennies, il s’est manifesté à plusieurs reprises, dans sa vie personnelle comme dans les réalisations de ses studios. Préférant la musique vivante à l’écoute d’enregistrements16, la styliste se révèle dans son journal17 comme une spectatrice régulière du Barbican Centre18. Elle évoque à de multiples reprises le plaisir que lui provoque l’expérience du concert dans cette célèbre salle : It’s like nothing else you’ll ever see or hear […]. The music completely enters into your body — it’s a total experience. […] While you listen to the orchestra it does mirror the world […]19.


Sex Pistols, vinyle Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, 1998 (édition originale, 1977) (coll. Lee Price) — cat. 13

Sex Pistols, vinyle Something Else, Friggin’ in the Riggin‘, 1979 (coll. Lee Price) — cat. 14

Sex Pistols, vinyle Silly Thing, Who Killed Bambi, 1979 (coll. Lee Price) — cat. 15

Sex Pistols, vinyle Some Product: Carri on Sex Pistols, 1979 (coll. Lee Price) — cat. 16


RADIO PIRATE VOICI UNE SÉLECTION DE TITRES REFLÉTANT L’UNIVERS CRÉATIF AINSI QUE LES GOÛTS PERSONNELS DE VIVIENNE WESTWOOD, POUR PROLONGER LE PLAISIR DE LA VISITE ET ACCOMPAGNER LA LECTURE DES ARTICLES DE CE MOOK…

56 SOME CLASSIC IN THE AIR !

Jean-Sébastien Bach (1685-1750) :

Claude Debussy (1862-1918) :

• Passion selon Saint-Jean BWV 245 • Partitas pour clavier BWV 825 à 830 • Concerto italien pour clavier BWV 971 • Suites pour violoncelle seul BWV 1007 à 1012

• Suite bergamasque pour piano • Pour le piano • La Mer, esquisses symphoniques pour orchestre • Syrinx, pièce pour flûte solo

Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791) :

Maurice Ravel (1875-1937) :

• Concerto pour piano n° 4 KV 41 (II. Andante) • Concerto pour piano n° 21 KV 467 (II. Andante) • Concerto pour piano n° 23 KV 488 (II. Adagio) • Concerto pour clarinette KV 622 (II. Adagio) • Concerto pour violon n° 3 KV 216 (II. Adagio) • Symphonie n° 25 KV 183 (I. Molto allegro) • Fantaisie pour piano en ré mineur KV 397

• Concerto pour la main gauche pour piano et orchestre • Gaspard de la nuit, triptyque pour piano • Miroirs, cycle pour piano • Schéhérazade, cycle de mélodies pour voix et orchestre • Boléro

Frédéric Chopin (1810-1849) : • Scherzi n° 1 op. 20, n° 2 op. 31, n° 3 op. 39 et n° 4 op. 54 • Ballades n° 1 op. 23, n° 2 op. 38, n° 3 op. 47 et n° 4 op. 52 • Préludes pour piano op. 28 • Polonaise-fantaisie op. 71

Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) : • Concerto pour piano n° 1 op. 23 • Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre op. 33 • Symphonie « Pathétique » n° 6 op. 74

Igor Stravinsky (1882-1971) : • Quatre Études pour piano op. 7 • Trois Mouvements de Petrouchka, adaptation pour piano • Le Sacre du Printemps, ballet • Les Cinq Doigts pour piano

Sergueï Prokofiev (1891-1953) : • L’Amour des trois oranges, opéra, op. 33 • Roméo et Juliette, suites n° 1 à 3 op. 64bis, 64 ter et 101 • Sonate pour piano n° 6 op. 82

Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : • Le Cuirassé Potemkine, op. 17 (musique du film) • Concerto pour piano n° 2 op. 102 • Quatuor à cordes n° 8 op. 110 • Symphonie n° 13 « Babi Yar » op. 113


57

I LOVE ROCK’N’ROLL !

Adam Ant

Billy Fury

New Order

Soulson

• Vive le Rock

• Last Night Was Made for Love

• Blue Monday

• Bring It Back (Remix)

New York Dolls

The Spades

Da Boogie Man • Class in Session

Johnny Hallyday

• Personality Crisis

• You’re Gonna Miss Me

Bow Wow Wow

• Joue pas le rock’n’roll pour moi

The Normal

The Stooges

• Tvod

• Search and Destroy

Rakim

The Strangeloves

• Buffalo Gals (Back To Skool) (Remix)

• In the Nighttime

• I Want Candy • C30 C60 C90 Go ! • (I’m a) TV Savage

The Buzzcocks • Orgasm Addict

Screamin’ Jay Hawkins • I Put a Spell on You

Clarence « Frogman » Henry

Vince Taylor

• Ain’t Got No Home

Ramones

• Brand New Cadillac

• The Set Up

KRS-One

• Gimme Gimme Shock Treatment

Visage

The Castaways

• Let It Flow (Do You Like Scratchin’?) (KRS-ONE Remix)

Cabaret Voltaire

• Liar Liar

• Fade to Grey

The Saints • This Perfect Day

Mae West • Great Balls of Fire

The Clash

Malcolm McLaren

Sex Pistols

• Return to Brixton • London Calling • The Guns of Brixton

• God Save the Queen • Anarchy In The U.K. • Pretty Vacant

• Time Damage

• It Was a New York Phenomenon • Zulu Nation Party • Bow Wow Wow Show (Live) • Buffalo Gals (Original Version) (DJ Cut SpecialStereo Mix) • 42nd Street • D’Ya Like Scratchin’? (Special Version) • She’s Looking Like a Hobo (Original Version) • Featuring Burn One and Forrest Gump, Shout Outs

Dirty Stop Out

Magazine

The Sonics

• Cave Girl

• Permafrost

• Have Love Will Travel

Alice Cooper • I’m Eighteen

Count Five • Psychotic Reaction

The Creation • Through My Eyes

The Diodes

Screaming Lord Sutch & The Savages • Monster In Black Tights

Siouxsie & The Banshees • Nicotine Stain • Hong Kong Garden

Patti Smith • My Generation

Larry Williams • Slow Down

World’s Famous Supreme Team • World Famous Supreme Team Show WHBI (Link 1) • Hey DJ (Original 12“ Mix) • World Famous Supreme Team Show WHBI (Link 2) • World Famous Supreme Team Show WHBI (Link 3)

Link Wray • Georgia Pines

Brian Eno/Snatch

Luca Mainardi

• RAF

• Barock

The Flamin’ Groovies

Metal Urbain

• Shake Some Action

• Hysterie Connective

X-Ray Spex • Identity

The Zeros • Wild Weekend

The Modern Lovers • Roadrunner



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