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D'autres fenêtres
PAR CONSTANTIN DECHAMPS
Pour poursuivre notre réflexion sur le rôle que les libéraux ont à jouer dans la défense de la liberté, voici quelques fenêtres ouvertes sur les libéraux d’hier et d’aujourd’hui afin d’éclairer ceux que nous serons demain.
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ESSAI PHILOSOPHIQUE De la liberté
de John Stuart Mill, Poche, 1990.
Depuis l’attentat en France du 16 octobre dernier, le débat sur la liberté d’expression refait surface, y compris chez nous. Certains arguent qu’il ne faut pas «se moquer» des croyances religieuses ou bien qu’il ne faut pas «blesser» par la parole. Pour éviter de céder aux sirènes qui préfigurent la censure, car là, à terme, est le danger, J.S. Mill, dans le chapitre II de cet essai, nous donne quatre clés, quatre arguments servant à fonder, par la raison, la liberté d’expression et pourquoi il est important de la protéger et de la défendre. Il s’agit sans nul doute d’un classique de la pensée libérale qui se doit de trôner dans nos bibliothèques. Mill ne s’attache pas seulement à traiter de la liberté d’expression, il y aborde également, entre autres sujets, l’individualité comme source de bien-être collectif.
JANVIER 2018
RAPPORT Mes datas sont à moi
de GénérationLibre, Impression Malledit, 2018.
RAPPORT
Mes data sont à moi.
Pour une patrimonialité des données personnelles. À l’image de Cambridge Analytica, les scandales concernant la protection de nos données personnelles ne cessent de se succéder. L’Europe essaie d’y remédier à l’aide de son «règlement général sur la protection des données», le fameux RGPD. Pour autant, cette temporaire protection semble bien faible à l’air de la Transition numérique. Et si la solution pour protéger durablement les données – que les utilisateurs produisent par leurs activités, les GAFAM&Cie se contentant uniquement de les capter – était de les patrimonialiser au profit de leurs producteurs?
Renouer avec le droit de propriété, vieux cheval de bataille des libéraux, telle est la proposition du Think Tank GénérationLibre, amenant à terme à la création d’un véritable marché des données. Les utilisateurs pourraient ainsi reprendre la main sur la valeur qu’ils accordent ou non à la protection de leur vie privée obligeant de fait les géants du numérique à traiter avec eux d’égal à égal. >>
LIVRE Pour la liberté
de François Sureau, Tallandier, 2017.
À la suite des différents attentats ayant frappés notre grand voisin, le gouvernement français avait fait voter, sous couvert d’état d’urgence, une série de lois visant à juguler la menace terroriste. François Sureau, avocat au Conseil constitutionnel français, a par trois fois plaidé la non-conformité de ces lois avec le Constitution française et la protection des libertés fondamentales. Et par trois fois, il a gagné. Le recueil de ses plaidoiries, nous rappelle que la liberté comporte inévitablement son lot de risques, mais cela n’est pas une raison pour l’abandonner à la première difficulté. Ne rien avoir à se reprocher n’est pas non plus une raison suffisante que pour adopter une attitude passive et tolérer la création de lois liberticides, quand bien même elles se veulent protectrices ; car la liberté d’autrui est aussi importante que la nôtre.
LIVRE Sans la liberté
de François Sureau, Gallimard, 2019.
Approfondissant les idées, abordées dans l’ouvrage précédent, ce tract déplore l’état de notre société où tout le monde a peur de tout et de tout le monde ; et où la demande de sécurité l’emporte sur la liberté. Alors que, précisément, le régime des libertés a été fondé en des temps beaucoup plus troublés que le nôtre. C’est également un rappel frappant que la liberté ne peut exister sans ses mauvais côtés, pour reprendre les mots de l’auteur lors d’une interview radiophonique, « [il est normal que] la liberté puisse blesser, puisse déranger, puisse conduire à l’émeute, puisse conduire en réalité au mouvement », ce mouvement qui est si nécessaire et vital à la société et que le désir sécuritaire disproportionné n’a pas le droit d’arrêter. C’est une véritable déclaration d’amour à la Liberté et l’auteur ne désespère pas qu’elle finisse par l’emporter en tant que principe fondateur de la société politique moderne. Et ce, malgré les lois et désirs allant à contre-sens… pour autant que nous y prenions garde.
LIVRE De la démocratie en Amérique, tomes I et II
d'Alexis de Tocqueville, Poche, 1986.
Écrit lors d’un voyage dans la république naissante des États-Unis d’Amérique, Tocqueville y diagnostique les futurs maux de ce système politique. Pour lui, la démocratie ne se résume pas à un système politique, c’est aussi un état d’esprit. État d’esprit qui amène le désir d’égalité. Pas seulement le désir d’égalité en droit, mais également le désir d’égalité des conditions. En parallèle de cela, Tocqueville remarque que les individus ne s’intéressent plus à la res publica, au sens ils se soumettent passivement à la décision du plus grand nombre. Abandonnant ainsi leurs libertés politiques à la dictature de la majorité. Autre grand classique de la pensée libérale, utile à plus d’un titre, car nous avons tendance à oublier que le risque zéro n’existe pas, y compris en démocratie. Dès lors pour éviter de sombrer dans une démocratie illibérale «à la hongroise», que nous promettent les populistes en tout genre, Alexis de Tocqueville nous enjoint à faire confiance à l’initiative citoyenne et à entreprendre tout ce qui permet de libérer cette initiative.
LIVRE Voyages d’un philosophe aux pays des libertés
de Gaspard Kœnig, L’Observatoire, 2018.
Partant du constat que la Liberté n’est jamais appliquée dans son entièreté quelque part, mais plutôt par morceaux, Gaspard Koenig est parti alors autour du monde afin d’observer la façon dont ces morceaux peuvent être mis en œuvre. Toutes les grandes idées libérales du moment y sont abordées: la tolérance religieuse en Inde, le libre-échange, la libéralisation des drogues aux USA, le revenu universel au Brésil, la réforme du monde carcérale en Finlande… Et bien d’autres. Vent de fraîcheur sur des thématiques sociétales qui, bien trop souvent, peinent à être abordées de manière posée et raisonnée dans notre pays ; prisonnier de postures politiques vieillissantes. Une chose est certaine, la liberté n’a pas de frontière, inspirons-nous de ceux qui la mettent en œuvre!