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La liberté d’entreprendre dès le plus jeune âge
PAR ADRIEN PIRONET
Il est un fait certain que la créativité et l’entrepreneuriat sont des qualités fondamentales pour créer la richesse d’un État. Une richesse certes économique, mais qui n’a pas seulement pour rôle de faire grossir les portefeuilles. Imaginez un jeune qui se lance dans la confection de cupcakes qu’il décide de vendre sur le campus. De prime abord, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est qu’il va pouvoir rémunérer son travail. Mais cette initiative va bien au-delà de ça ; en effet, tout un ruissellement positif en découlera. Tout d’abord par la création d’une nouvelle activité ; puis, par l’amélioration de la société grâce à la satisfaction apportée aux amateurs de cupcakes par exemple, parfois même, par un rayonnement de produits belges à l’étranger; également, par la participation aux frais de la collectivité via les cotisations; et enfin, par l’expérience professionnelle et personnelle que l’étudiant-entrepreneur va acquérir. Cet engagement est souvent un pas difficile à franchir, c’est pourquoi nous nous sommes penchés sur le statut d’étudiant-entrepreneur avec le ministre des PME et des Indépendants, David Clarinval.
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De parrain de notre section namuroise – le CELN – en 2018 à ministre dans le gouvernement De Croo I, David Clarinval a tracé son chemin. D’abord en occupant les fonctions de bourgmestre de Bièvres en 2001, il a su conserver son âme d’entrepreneur en gérant l’entreprise familiale de construction. C’est en 2007 qu’il obtient pour la première fois un siège dans l’hémicycle de la Chambre. Il devient alors vice-Premier ministre dans le gouvernement de Sophie Wilmès.
Il a accepté de se prêter au jeu des questions courtes du nouveau Blue Live sur Instagram! Nous avons pu l’entendre présenter ce statut hybride d’étudiant-entrepreneur tout en répondant à certaines questions:
Le statut d’étudiant-entrepreneur, qu’est-ce que c’est? Depuis quand existe-t-il? Il existe depuis le 1er janvier 2017, c’est assez récent. Ce statut permet aux étudiants âgés de 18 à 25 ans d’avoir, en plus de leurs études, une activité professionnelle. On compte aujourd’hui 7.952 étudiants-entrepreneurs. Ce statut a pour avantage de constituer des droits et une certaine sécurité pour l’étudiant. Tout est donc organisé légalement. C’est un nouveau statut qui s’accroit dans le temps, puisque le nombre d’étudiants-entrepreneurs est en augmentation. On ne peut que se réjouir de voir les étudiants s’investir autant.
Comment devient-on étudiant-entrepreneur?
Il faut s’inscrire auprès d’une caisse d’allocation sociale. L’étudiant va devoir compléter et fournir différents documents pour prouver qu’il étudie à temps plein et qu’il développe en parallèle son activité indépendante. . LES CONDITIONS À REMPLIR: [ - avoir entre 18 et 25 ans ; - être inscrit comme étudiant à titre principal dans un établissement en Belgique ou à l’étranger pour l’année académique ; - se lancer dans une activité professionnelle indépendante. En fonction des revenus que vous allez tirer de cette activité, vous aurez une cotisation sociale à payer. Celle-ci est nulle en dessous des 7.000€ de revenus par an. Une fois passé les 7.000€, elle est assez modeste. En revanche, si vous dépassez les 14.000€ de revenus, alors vous payerez la même chose qu’un indépendant complet. En dessous de 6.996,89€: pas de cotisations Entre 6.996,89€ et 13.993,78€: entre 0 et 358,59€/trimestre Au-dessus des 13.993,78: comme un indépendant «normal», donc minimum 717,18€/trimestre En échange, cela vous donne droit à toute une série de protections sociales et c’est pris en compte pour le futur. Ça vous met le pied à l’étrier, ça permet de commencer en douceur dans une activité professionnelle tout en conservant ses études, ce qui est l’activité principale d’un étudiant. [ Quelle est la plus-value de cette mesure pour
l’étudiant et pour la société?
La première chose est que désormais, il y a une autre possibilité au statut de jobiste, c’est celui de l’entrepreneuriat. Auparavant, rien n’était prévu légalement, cela ne se faisait pas toujours dans des situations très claires: travail au noir, conditions de travail douteuses, etc. En tout cas, il y avait un danger pour ces étudiants, par exemple en cas d’accident. Ce statut permet alors de couvrir l’étudiant en cas de problème mais aussi de pouvoir avoir des cotisations qui s’avèrent être des droits en fin de parcours. Le gain est d’abord pour l’étudiant. Il peut ainsi se lancer dans la vie active indirectement en créant sa propre entreprise, mais aussi une plus-value pour la société. On est donc sur un win-win pour les deux parties, et tout le monde peut s’en réjouir. Cette première expérience permet-elle d’accéder
plus facilement au milieu professionnel?
Disons que c’est une première expérience potentielle car les étudiants font souvent des travaux avant de se lancer dans une entreprise. Ça permet d’approfondir la création d’entreprise. Je vois deux situations: la première où l’expérience est positive pour l’étudiant ou la deuxième si cela ne se passe pas très bien, qui doit permettre de se réorienter. Comme toute première fois, ça peut être positif ou négatif, mais en tout cas, ça confronte l’étudiant à la réalité. C’est très intéressant finalement.
Pensez-vous que cette expérience améliore la
réussite académique chez les étudiants?
Je pense que oui, sans devoir attendre la fin de ses études, l’étudiant peut directement développer des compétences utiles à la réussite tout en appliquant les contenus plus théoriques de sa formation académique. Par ailleurs, démarrer un projet lors des études permet d’évoluer, de mûrir, ce qui permet de gagner un temps précieux >>
dans le développement et le lancement du projet entrepreneurial. Maintenant, il faut aussi se rendre compte qu’être étudiant et entrepreneur, ça prend du temps. Il ne faut pas y aller à la légère, ce sont des charges supplémentaires. En fin de compte, cela révèle la force de chaque individu tout en les confrontant à leurs propres responsabilités.
Avez-vous un message à adresser à ceux qui
veulent passer le cap?
Il faut dire que c’est une expérience positive pour ceux qui veulent tester leurs idées, se confronter à la réalité et qui sont dynamiques. Je crois que ça peut leur permettre de réaliser leurs rêves et leurs projets, tout en ayant une sécurité sociale minimum. C’est-à-dire avec un filet de sécurité important, le risque est donc calculé. Je recommande vraiment cette expérience à toutes celles et ceux qui ont l’envie d’entreprendre.
David Clarinval nous l’a confirmé, l’entreprenariat c’est fondamental! Et cela s’apprend dès le plus jeune âge, par exemple en parallèle avec une formation académique. Il faut alors que nous encouragions ce comportement naturel qui nous pousse à prendre des risques, à essayer et surtout à recommencer lorsqu’il le faut. Ne raconte-t-on pas qu’Amazon a commencé dans le garage de Jeff Bezos? Il n’est pas nécessaire d’être un «géant» de l’entrepreneuriat pour révolutionner le monde, nous apprenons tous à marcher avant de courir.
Après tout, entreprendre, c’est une liberté centrale et universelle: celle de donner un sens à son existence et à celle des autres. Nous sommes donc véritablement dans une relation win-win.
Laissons alors la conclusion à Mark Zuckerberg: «Il vaut mieux essayer quelque chose de nouveau, d’échouer et d’en tirer un apprentissage, que de ne rien faire».