L'incontournable Magazine 08

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LE TOURMENT DES HOMMES NE VIENT PAS DES CHOSES, MAIS DE LEURS IDÉES SUR LES CHOSES ÉPICTÈTE 50 † 130


N° 08 MAI JUIN 2014

INTRO ÉDITO N° 08

BLACK LILYS

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POIL

LES NOUVELLES

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THÉÂTRE THÉÂTRE DE L'UCHRONIE

FRRNT & SES CHIENS GALEUX

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LITTÉRATURE ÉDITION L'ÉCHAPPÉE

FESTIVAL LES INVITES DE VILLEURBANNE

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Direction de la publication Direction de la rédaction

RESET

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CONTOYEN

PRINTEMPS D'EUROPE

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ART LE CONISME

BD BDÉCINES

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CINÉMA INSTANT CRITIQUE

EXTRAS SÉLECTION INCONTOURNABLE

Philippe Deschemin Direction artistique Design graphique

Sébastien Pascot / studio-cosmos.com Loriane Bouhier Publicité

contact@lincontournable-magazine.fr Publication

Les Sons Étranges - ISSN 2268-6886 Dépôt légal à parution Nous contacter

contact@lincontournable-magazine.fr Contribution

Rudy Boissy, Christophe Ramain, Cindy Legrand, Hugues Berard, Alejandra Adeikalam. Couverture

Ordre du Jour, Brunel & Girard 2013.

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MUSIQUE DOSSIER MUSIQUE INDUSTRIELLE 36

lincontournable-magazine.fr L'Incontournable Magazine est une marque déposée. Toute reproduction ou représentation totale ou partielle des textes et des créations graphiques est interdite.

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HOROSCOPE ! 62


ÉDITO N° 08

▲B▲TTRE LES PYR▲MIDES ASSASSINER TINA

" Du haut de ces pyramides, ce sont quarante siècles d'histoire qui vous contemplent. " glissait alors, Napoléon Bonaparte à son armée lors de la bataille des pyramides, le 3 thermidor An VI ( 21 juillet 1798 ). Bataille qui opposa l'Armée française d'Orient, commandée par celui qui deviendra empereur des français, et les forces mamelouks, commandées par Mourad Bey lors de la campagne d'Égypte. Les pyramides de Gizeh sont de pierre, érigées à la gloire de souverains disparus, elles ne sont plus que les vestiges d'une époque qui nous paraît lointaine. Pourtant, les pyramides sont encore là, présentes partout. Ces mégastructures trônent tout autour de nous, dans la superstructure, dans la doxa et les dogmes. Elles sont d'idées et nous enchaînent, nous acculent au plus bas des contreforts de la cité. Elles régissent l'ordre social et imposent leurs sentences avec l'arbitraire du bourreau, et c'est Tina qui porte la cagoule.

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éconstruire, démolir, abolir et raser. À l'heure où les pyramides sont plus présentes que jamais, c'est à coups de marteau qu'il faut philosopher et penser. Même si la notion de classes - et des luttes inhérentes à l'injustice que leur existence impose - a complètement disparu du champ politique, philosophique et culturel, toute la sémantique nous rappelle à leur existence. Nous pourrions nous cantonner ici au monde culturel, mais l'existence des pyramides est d'autant plus visible dans le monde de l'entreprise et finalement dans l'ensemble de notre société.

La société de classes, ce malencontre qui est apparue au Néolithique. Ce sont donc tous les jours plus de soixante siècles de structures sociales pyramidales qui nous contemplent. Dans le vocabulaire quotidien les allusions y sont courantes, les politiques parlent par exemple d'ascenseur social. Appareil qu'ils considèrent eux-mêmes en panne. Au passage, plus personne n'entend parler de la maintenance de cet ascenseur… a-t-il été réparé ? Dans l'univers culturel, les pyramides sont plus que présentes. Que ce soit auprès des forces vives, c'est-à-dire les

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ÉDITO N° 08 acteurs, les créateurs de la vie culturelle ou dans le camp des médias dont le travail est de mettre en lumière les ouvriers de la machine de production culturelle. Du côté des forces vives, l'un des termes les plus représentatifs de cette structuration pyramidale est la notion d'émergence. Il y a des scènes émergentes, des artistes émergents. L'activité culturelle est organisée autour de la compétition, on y évolue de scènes ouvertes compétitives en émissions de téléréalité électives. Tout ceci devient le spectacle d'un spectacle, conditionnés comme nous sommes, depuis le plus jeune âge, à avaler la pyramide, pour rester dans une formulation décente. Et toujours, Tina tient l'épée de Damoclès élevée audessus de nos têtes. C'est ainsi et pas autrement, car ne nous y trompons pas : il n'y a pas d'alternative. C'est T.I.N.A qui nous le dit, en anglais dans le texte, c'est plus in : There Is No Alternative. Et, nous vivons dans le spectacle d'un spectacle qui finit par être le spectacle d'un autre spectacle. La mise en abîme vertigineuse d'un malencontre séculaire, où la nausée devient le quotidien d'une génération hébétée et abêtie. " Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir. " disait Debord en 1967 dans La Société du spectacle. Et si l'on se réveillait ? Debord voyait juste, mais, somme toute, il n'est plus question de sommeil, car autour de nous les voix s'élèvent. La société dormante se réveille sous le baiser du prince charmant libéral, qui la ramène à la réalité de sa condition aliénante. Le voile du spectacle se déchire et la conscience de classe se matérialise en entrant de plain-pied dans le train de l'Histoire. La pyramide est là face à nous, Tina se dresse à ses côtés, l'épée dans une main et un sucre dans l'autre. Les deux nourrissent l'immobilisme. L'une punit l'action et l'autre récompense l'inaction. La promotion et l'élévation dans la pyramide se faisant par l'octroi du sucre. Et Spinoza disait : " C'est aux esclaves, non aux hommes libres, que l'on fait un cadeau pour les récompenser de s'être bien conduits ". Il n'y a pas d'alternative ? " Les masses ne se révoltent jamais de leur propre mouvement, et elles ne se révoltent jamais par le seul fait qu'elles soient opprimées. Aussi longtemps qu'elles n'ont pas d'élément de comparaison, elles ne se rendent jamais compte qu'elles sont opprimées. " Peut-on lire dans 1984 d'Orwell. La pyramide agit comme le chant des sirènes, puis pris par le syndrome de Stockholm on finit par la chérir, et on lui souhaite une existence éternelle. Tout est permis, mais rien n'est possible. Les accès sont verrouillés alors que la fantasmagorie de la réussite, savamment entretenue, continue de nourrir le malaise dans la civilisation. Il n'y a pas d'alternative ?

Les (r)évolutions arrivent toujours sur le dos de colombes, l'assassinat de Tina, symbolique, est le début de l'émancipation. À coups de marteau, de burin, il va falloir penser. L'entreprise de démolition des pyramides pourra commencer. Dans la société décente, en aidant mon prochain, je me rends service. " La liberté de l'autre étend la mienne à l'infini " disait Kropotkine. La radicalité est l'alliée, car la force oppressive, aliénante de ce siècle est une puissance liquide. Le fluide désintégrateur du lien social utilise tous les interstices et transforme le monde en monades, atomise les rapports sociaux et nous entraîne dans la guerre du tous contre tous. Le temps est l'allié de la pyramide, après des dizaines d'années de communications menées à l'encontre des travailleurs précaires bénéficiant du régime dit " d'intermittence du spectacle ", l'attaque frontale est lancée. Récemment c'est le Smic qui a été attaqué, le terrain était enfin prêt. Tous les jours c'est la culture qui est mise en danger. Le liquide s'infiltre et lorsque l'atmosphère se refroidit, la glace brise toute la structure sociale. " La culture n'est pas un divertissement bourgeois, c'est une arme politique " lançait, il y a peu, le lucide directeur du festival d'Avignon Olivier Py. Il est temps de prendre les armes : faire la culture. " Vous voulez les pauvres secourus, je veux la misère abolie ", disait Victor Hugo. La pyramide est la misère. Il n'y a pas d'alternative ? Il est temps de penser à coups de marteau. Et chaque jour, chaque instant, nous ferons comme Spinoza qui, victime d'une tentative d'assassinat pour crime de pensée, garda, toute sa vie durant, son manteau percé du coup de couteau, afin de ne jamais oublier que la pensée n'est pas toujours aimée des hommes.

Bonne lecture ! Lyon, le 15 avril 2014 — Philippe Deschemin

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Les Nouvelles DU MONDE LIBRE

GYPSY LYON FESTIVAL

LA DURE BEUGLANTE DE LA DOUCE ABEILLE

3e FOIRE DE L'AUTOGESTION

Retrouvez du 22 au 25 mai à la Croix-Rousse le Gypsy Lyon Festival. Principalement tourné vers la musique et le patrimoine immatériel tsigane, le festival prendra pour sa quatrième édition une sonorité plus rock avec des groupes comme La Caravane Passe ou Boris Viande.

Festival signé Dur et doux et Abeille beugle au Nth8 ! Le dossier de presse nous apprend que les deux structures vont " jambonner ensemble sur ces deux jours et proposer une Superbe diaboliquement glorieuse, composée de rock sentimental électronique sans fioriture avec un orchestre méchant qui raconte des histoires noise à des fils de grunge tenus à la jambe par deux trompettistes de jazz ". Le tout se passe au Nouveau théâtre du 8e et promet d'être mémorable, un festival étrange et intriguant proposant théâtre et musique avec par exemple : Tartuffe avec un Guillaume Baillart seul sur scène. Les allemands de SchnAAk & the rundu choir et leur electro-noise, sans oublier Poil, Brice et sa pute ou encore le duo noise Jubilé.

Des ateliers, des débats, des stands, des formations, des forums, des infos, de la musique, du cinéma, du théâtre, des livres et plein d'autres trucs… Auto-organisation et luttes urbaines, autogestion dans l'économie sociale, dans l'écologie et le syndicalisme.

Du 22 au 25 mai - Lyon 4e. GYPSYLYONFESTIVAL.COM

COMBATS EXPLOSIFS Après avoir assisté aux deux premiers événements, venez écouter la troisième battle et la finale de ce tremplin musical dans la région de Tarare. Qui sera le finaliste et gagnera l'enregistrement de son CD ? Réponse le 14 juin. Le 6 mai : Battle N° 3, à ChambostAllières. Le 14 juin : La Finale, au stade Municipal de Tarare. TNTFESTIVAL.COM

Vendredi 23 mai à 19H00 & samedi 24 mai 2014 à 19H00. NTH8.COM

BAROQUE ET PLUS ! Les prochains rendez-vous incontournables de musique baroque à Lyon : ▶ Une leçon de musique autour de Jean-Sébastien Bach, avec Samuel Fernandez ( piano ) et Didier Patel ( musicologue ), vendredi 23 mai 2014 à 20H30 au Temple Lanterne, Lyon 1er. ▶ Bach et le jazz, avec Joachim Expert ( piano ) et Mathilde Malenfant ( harpe ), vendredi 21 juin 2014 à 20H30, dans le cadre de la Fête de la musique. BAROQUEETPLUS.COM

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Les 28 et 29 juin à La Parole Errante à Montreuil. Affiche réalisée par Michel Quarez.

LES VOIX DU PRIEURÉ Ce festival incontournable de la région Rhône-Alpes dédié aux ensembles vocaux a dévoilé sa programmation récemment. À noter que la direction artistique est assurée par Bernard Têtu que nous connaissons très bien à Lyon. Du 23 mai au 14 juin au Bourget-du-lac. VOIXDUPRIEURE.FR


WOVENHAND Apocalyptique Folk Donnant suite à l'aventure Sixteen Horsepower, David Eugène Edwards continue de tracer son chemin à travers Wovenhand. Tout en reprenant les inspirations folk et country de ses origines, Wovenhand sait évoluer au fur et à mesure du temps. Plus dur sans doute qu'à ses débuts, la musique du groupe continue pourtant d'incorporer une voix magique, quasi mystique, sur des instrumentations variant du rock à la country débridée, en passant par des inspirations quasi ethniques. Vendredi 30 mai 2014 20H00 à L'Épicerie moderne de Feyzin. EPICERIEMODERNE.COM.

JOHNNY WINTER Icône du blues, l'homme aux cheveux d'ivoire reste inégalable. Capable des prouesses techniques les plus incroyables, il s'aventure sans limite, des racines du Blues au cœur sombre et détonnant du rock. Son style de guitare éruptif et agressif, sa voix rauque proche de la déchirure et sa silhouette filiforme ont fait de Johnny Winter une référence et lui ont valu d'entrer au Blues Hall of Fame. C'est les They call me rico qui ouvriront la soirée. Vendredi 23 mai aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu. LESABATTOIRS.FR


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© Schoolboy Q

CARNIVAL Le Carnival ouvre ses portes à Bourgoin-Jallieu et vous entraîne dans l'univers de l'étrange. Ateliers, films, rencontres, démonstrations, cinés-concerts… Tout un programme pour ce rendez-vous organisé en partenariat avec Smic'art, le cinéma Megaroyal, les Abattoirs, Majolire… Bourgoin-Jallieu, du 13 au 17 mai. FACEBOOK.COM/CARNIVAL38

JAZZ À VIENNE La 34e édition, c'est parti ! La programmation est dévoilée et la billetterie en ligne est ouverte. Que du bonheur !

MUSÉE DES TISSUS ET DES ARTS DÉCORATIFS DE LYON Costumes de légendes Une exposition incontournable au Musée des Tissus en partenariat avec l'Opéra national de Lyon. Un ensemble de 130 costumes exceptionnels, issus des productions les plus marquantes et les plus emblématiques de l'Opéra de Lyon sur les vingt dernières années, pour célébrer le double anniversaire d'institutions culturelles phares de la ville : les 150 ans de l'ouverture du Musée des Tissus et les 20 ans de la rénovation de l'Opéra par Jean Nouvel. Au fil des salles du musée des Tissus, on découvre la diversité et la richesse de ce patrimoine, dans une mise en scène qui projette le visiteur à l'opéra. La grande Salle des Tapis est elle-même métamorphosée en théâtre à l'italienne, pour présenter des costumes des trois versions de La flûte enchantée. Pour la première fois le visiteur est invité à découvrir les loges des artistes, à pénétrer dans l'atelier de costumes de l'Opéra de Lyon pour apprécier la richesse des métiers de costume. Du 15 avril au 21 septembre au Musée des Tissus, 34, rue de la Charité - Lyon 2e. MTMAD.FR

L'ORIGINAL FESTIVAL 2014 Ne manquez pas : ▶ Lino & Ärsenik, X Men, Seth Gueko, Scylla, Shtar Academy, le 18 avril au Transbordeur. ▶ Schoolboy Q, Isaiah Rashad, Joke, le 12 mai au Transbordeur. ▶ Vince Staples, le 22 mai à la Marquise. ▶ KRS1, Onyx, le 25 mai au Transbordeur. ▶ Mobb Deep, Dilated Peoples, le 22 juin au Transbordeur. LORIGINAL-FESTIVAL.COM

DÉMON D'OR, LES 10 ANS ! Comme chaque fin du mois de juin, le mythique festival de l'ouest lyonnais annonce l'été ! Le programme festif des 10 ans est à découvrir dès maintenant sur le site Web ou page 30 ! À Poleymieux-au-Montd'Or les 27, 28 et 29 juin. DEMONDOR.COM

Du 27 juin au 12 juillet. JAZZAVIENNE.COM

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UN PETIT NOIR Du côté de la librairie-café située dans les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, un Petit Noir, ça bouge ! ▶ Du 17 avril à fin mai au moins, exposition : Hirondelle & Beretta. Vernissage musical le 17 avril à 20H00 et exposition du roman photo. FACEBOOK.COM/TARAKINGTH

▶ Jeudi 15 mai 19H30, Jeudi Noir - Club Lecture Fast in Belfast Sam Millar, Adrian McKinty… nous font découvrir Belfast ▶ Jeudi 22 mai 19H30, Un Petit Noir accueille une soirée BD-Polar promue par les bibliothécaires du 1er et du 4e arrondissement de Lyon. ▶ Jeudi 5 juin 19H30, Jeudi Noir - Club Lecture Napoli, nous voguerons sur Une mer détraquée  en suivant le Commissaire Ricciardi… UNPETITNOIR.FR

¡ VIVA LATINA ! Depuis 16 ans, le festival Cordes en ballade traverse l'A rdèche pour faire découvrir et partager son amour de la musique. Fondé par le Quatuor Debussy, le festival s'impose aujourd'hui comme un événement culturel phare de l'été. Au programme : le violoniste vénézuélien Alexis Cardenas, super soliste de l'Orchestre National d'Île de France, le guitariste de flamenco Juan Carmona, ou encore le pianiste Guillaume Vincent, nommé cette année dans la catégorie des Révélations Soliste Instrumental des Victoires de la Musique Classique. Du 3 au 14 juillet à travers toute l'Ardèche. CORDESENBALLADE.COM


Les Nouvelles DU MONDE LIBRE

60 ANS DU CNAM

OH BOY !

LE GRAND BAL

Le Conservatoire des Arts et Métiers propose à cette occasion des débats et une exposition de photographies : Voyage au pays des machines, en collaboration avec le Musée des Arts et Métiers de Paris qui laisse voir le visage humain des outils industriels. Une occasion de découvrir cette institution de promotion des savoirs et des arts en France.

Chez les Morlevent, les enfants font de leur mieux pour traverser les tempêtes de la vie. Le père a disparu, la mère s'est suicidée, les trois derniers rejetons sont confiés au demi-frère aîné ( sans emploi et homosexuel ), qui va prendre son rôle d'autant plus au sérieux que son jeune frère ( surdoué ) est atteint de leucémie. De sa plume magique, Marie-Aude Murail désamorce les situations les plus dramatiques et panse les plaies avec un humour tendre. Adapté par Catherine Verlaguet, le roman Oh boy ! est devenu une pièce de théâtre irrésistible qui a reçu le Molière jeune public 2010. À la mise en scène remarquable d'Olivier Letellier s'ajoute la performance de Lionel Erdogan, qui, seul en scène, campe un merveilleux grand frère. Sensible, débordant d'énergie. Un bijou.

Deux sœurs enfermées dans un bunker depuis des années n'attendent qu'une chose : que leur frère vienne les chercher, et que tout redevienne comme avant. Elles se sont créées un drôle de monde, une voudrait partir et rêve de voyages, l'autre ne souhaite pas bouger et veut attendre Henri. Et enfin un homme arrive, est-ce le fameux frère ?

Le CNAM Rhône-Alpes CNAM-RHONEALPES.FR

MUTINS DE PANGÉE

Du 23 au 27 mai au TNG TNG-LYON.FR

Au Carré 30 à Lyon, du 29 mai au 15 juin, par la Cie Art R Natif. CARRE30.FR

NOTES BLEUES DE JAZZ À FRANCHEVILLE

Le site des Mutins propose désormais de la VOD, notamment les productions des éditions Delga comme le documentaire Gramsci, penseur et révolutionnaire de Fabien Tremeau, ainsi que Rousseau, le commencement d'un monde  de Ossian Gani et Fabien Tremeau.

En résonance avec les festivals Fort En Jazz et Jazz à Vienne se tiendra jusqu'au 12 juillet une exposition consacrée au label américain de jazz Blue Note. Vous pourrez admirer les photographies de Francis Wolff dans le cadre exceptionnel du Fort du Bruissin à Francheville. Fort en Jazz 25e édition, du 31 mai au 21 Juin à Francheville. Exposition Blue Note, jusqu'au 12 juillet au Fort du Bruissin à Francheville. MAIRIE-FRANCHEVILLE69.FR

LESMUTINS.ORG Dexter Gordon, © Francis Wolff, Englewood Clifs, NJ, 1961.

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CHINESE MAN & DELUXE FEAT. TAIWAN MC & GUESTS Pour célébrer les 10 ans de Chinese Man Records, tous les artistes du label préparent un retour fracassant pour le printemps 2014. Chinese Man, Deluxe et Taiwan Mc se retrouveront sur scène pendant un mois de tournée exceptionnelle qui les emmèneront sur les routes de France, du 25 avril à Marseille ( Dock des Suds ) jusqu'au 24 mai 2014 au Zénith Paris – La Villette. Entourés d'invités surprise, chacun des groupes profitera de cette occasion pour dévoiler ses nouvelles productions développant dans un premier temps leurs propres univers artistiques avant de se retrouver pour un final en apothéose ! Le vendredi 16 mai de 20H00 à 23H30 au Radiant à Caluire-et-Cuire. RADIANT-BELLEVUE.FR

LE COMBAT DU SIECLE, ALI 74 Diminué après 10 ans de gloire internationale, le boxeur Mohamed Ali s'impose dans un match homérique face à George Foreman. Sous la forme originale d'un ciné-récit-concert entre images d'archives, simplicité de la parole et musique aux couleurs tribales, Ali 74 relate ce combat. Compagnie Nicolas Bonneau, au théâtre Jean Marais de Saint-Fons. Samedi 24 mai à 20H30 THEATRE-JEAN-MARAIS.COM

THE EXPÉRIMENTAL BOULANGERIE Ex-b nous propose deux événements incontournables. Du 15 mai au 28 juin : Anatomie d'un couloir de la rue, où Alexandre Mercier manie aérosol et aérographe pour ses décorations murales. Et du 4 juillet au 7 septembre : La baignoire verte se métamorphose, où vous pourrez découvrir les œuvres d'art plastique de Michel Marcon. Au Bistrot Le Charité, Lyon 2e. FACEBOOK.COM/EXBTHEEXPERIMENTALBOULANGERIE


Les Nouvelles DU MONDE LIBRE

FESTIVAL KDO

AGAPES

PCL

La Coopérative est un cadeau de fin d'année où les travaux scolaires sont valorisés. Le théâtre ouvre ses portes aux élèves qui, de la maternelle au lycée, avec leurs enseignants et des artistes ont mené dans l'année un projet artistique. C'est aussi l'occasion de goûter ensembles impromptus et petites formes spectaculaires originales où les artistes jouent le jeu de la rencontre avec les jeunes.

Le festival des Agapes Littéraires vous donnent rendezvous pour mêler les nourritures du corps et celles de l'esprit dans un grand banquet festif. Au programme : lectures, tables rondes, conférences, projections vidéo, slam. On notera la présence du Cercle la Boétie, Bernard Bolze ou encore Éric Fayat. En guise de droit d'entrée le spectateur peut amener à boire et à manger.

Retrouvez les Percussions Claviers de Lyon en entretien vidéo dans L'incontournable Émission ! Vidéo disponible sur le site de L'incontournbale Magazine.

Théâtre Theo Argence, du lundi 19 mai au vendredi 6 juin. THEATRETHEOARGENCESAINT-PRIEST.FR

AIR Huitième édition Lundi 19 mai s'ouvrira la 8e édition des Assises Internationales du Roman, une semaine de rencontres, de lectures, tables rondes avec des écrivains du monde entier, VILLAGILLET.NET

Les Agapes Littéraires, du 22 au 24 mai au Croiseur, Lyon 7e. SCENE-7.FR

MUZZ EN FÊTE En juillet 2014, l'aventure du festival Muzz, en plein cœur du quartier des États-Unis à Lyon, reprend de plus belle ! Durant trois jours, place du 8 mai 1945, les arts sont à l'honneur avec une programmation riche et ambitieuse qui questionne l'art au quotidien, l'art dans le quotidien des habitants, et la place de l'art dans l'urbain. Pour cette nouvelle édition, c'est la figure des héros/ héroïnes qui est mise à l'honneur à travers le théâtre, la musique, des expositions, des projets participatifs… Du 4 au 6 juillet, place du 8 mai 1945 - Lyon 8e. MUZZENFETES.EU

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Les 3 et 5 juin prochain au Théatre des Abbesses de Paris pour le spectacle Le Coq d'Or. LESPCL.COM

ROULEZ JEUNESSE ! Le festival Roulez-Jeunesse vous invite à un week-end d'événements et de fête. Passionnés de vélo et de musiques actuelles, cet événement vous propose des activités autour de ce mode de déplacement sportif ou de loisir et des concerts en soirée. Du 6 au 8 juin dans divers lieux à Lyon et Villeurbanne. ROULEZ-JEUNESSE.COM


LES ÉTATS GÉNÉREUX DE LA SCÈNE-SUR-SAÔNE Les étudiants de La Scène-sur-Saône présenteront leur savoir-faire lors de la deuxième édition des États Généreux. Véritable vitrine de l'école, ce festival est l'occasion d'amener un public curieux vers la pratique théâtrale par le biais d'ateliers ou de représentations gratuites au Croiseur. Du 15 au 17 mai 2014 à La Scène-sur-Saône : Scène 7 Lyon 7e. SCENE-7.FR

VIVE LE SAXO À BRUXELLES ! La Belgique célèbre le bicentenaire de la naissance d'Adolphe Sax. Le célèbre inventeur du saxophone sera à l'honneur au Musée des Instruments de Musiques de Bruxelles qui présentera des pièces uniques et inédites afin d'en savoir plus sur ce créateur qui a révolutionné la musique contemporaine. Courez ( ou prenez l'avion ou le train ) jusqu'à Bruxelles découvrir le Sax inventeur, Sax entrepreneur, Sax intime et l'Après Sax, autant de thématiques pour entrer dans l'univers d'Adolphe Sax jusqu'en janvier 2015. SAX200, exposition Adolphe Sax jusqu'au 11 janvier 2015 au MIM Bruxelles ( Be ). BELGIQUE -TOURISME.BE


Les Nouvelles D U M A R C H É D E L'A R T

Les camisoles. © Marie Boralevi, 2012-2013.

DANS L'ŒIL DE NAPLES Photographies de Cédric Vigneault Expo photographique, concert, cinéma et rencontre littéraire. ▶ Jeudi 15 mai à 19H00 : vernissage et concert avec le groupe Voce ‘e Notte. ▶ Jeudi 22 mai : projection au Cinéma le Zola ( Villeurbanne ) de L'Intervallo à 20H30 et In Purgatorio à 18H30. ▶ Jeudi 5 juin de 19H30 à 21H30 : rencontre littéraire sur le thème " Naples dans la littérature & polar " à la Librairie-café Un Petit Noir, Lyon 1er. BOCCA74LUPO.BLOGSPOT.FR

FÊTE DE L'ESTAMPE, 2e édition

COLLISIONS URBAINES

Destinée à mettre en lumière l'estampe comme moyen d'expression d'aujourd'hui, la Fête de l'estampe est relayée par de nombreux acteurs dans toutes les régions : artistes, centres culturels, associations d'artistes, imprimeurs, musées, écoles… Le public est invité à découvrir toutes sortes d'événements autour de la gravure et de l'estampe : ateliers d'initiation, démonstrations d'impression, expositions, portes-ouvertes, performances… dans toutes sortes de lieux : dans les ateliers, lieux d'exposition, dans la rue, sur des places publiques, à la ville comme à la campagne ! Créée à l'initiative de Manifestampe-Fédération nationale de l'estampe, la première édition, en 2013, a rassemblé plus de 200 événements dans 60 départements et avec la participation de plus de 10 000 visiteurs !

Daniel Aulagnier et Frédéric Cordier s'associent le temps d'une exposition à l'URDLA. Entre paysages industriels et assemblages mécaniques, les deux artistes exposeront leurs travaux dans ce lieu incontournable et dans la ville.

Lundi 26 mai partout en France Un blog répertorie toutes les manifestations : FETEDELESTAMPE.FR

LES NOIRS DÉSIRS D'ORLAN Le FRAC Franche-Comté reçoit pour la nuit des musées les artistes Orlan, Serge Teyssot-Gay et Joëlle Léandre. Lors d'un entretien à l'occasion du décrochage de son exposition : Origine de la Guerre, Orlan reviendra sur son œuvre entre féminisme, biotechnologie, hybridation et provocation. Suivra un concert de Serge Teyssot-Gay ( ex Noir Désir ) et Joëlle Léandre. Nuits des Musées, le 17 mai au FRAC Franche-Comté à la Cité des Arts de Besançon. FRAC-FRANCHE-COMTE.FR

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Vernissage et action le 7 juin à l'URDLA, Villeurbanne Action de Daniel Aulagnier le 10 juin à la galerie Pallade, Lyon 1er URDLA.COM


MOI, JE REGARDE AVEC MES PIEDS Déambulation poétique et urbaine La friche SCOF - Cité d'artistes, à Grigny, ancienne usine convertie en cité d'artistes présente chaque année un projet qui permet au public d'accéder aux ateliers des artistes et de découvrir le travail d'artistes invités. Le thème de cette année confronte le regard des participants sur la ville et l'idée de la déambulation poétique. L'évènement croise sur 500 m2 d'exposition les champs d'expression de la photographie à la vidéo, en passant par les arts plastiques et l'écrit. Les 24 et 25 mai, 31 mai et 1er juin, 14 et 15 juin. Rencontres et discussions avec les artistes le samedi 24 mai à 18H00. SCOF - Cité d'artistes, 36 avenue Marcellin Berthelot à Grigny SCOF-CITEDARTISTES.COM

LABOS NUMÉRIQUES Les 13 et 14 mai le Château de Saint-Priest et l'Université de Lyon s'associent pour proposer deux jours d'expérimentations et de découvertes autour des Arts Numériques. Installations immersives, rencontres et ateliers pour les plus jeunes sont prévus afin de permettre à tout le monde de profiter des spectacles. Laboratoire(s) arts et sciences de Saint-Priest. Inauguration le 13 mai au Théatre Théo Argence Réservation conseillée : billetterie.tta@mairie-saint-priest.fr


THÉÂTRE

THÉ▲TRE DE L'UCHR●NIE LE PRÉSENT À REBROUSSETEMPS En littérature, une uchronie est un récit qui repose sur un principe de réécriture de l'Histoire à partir de la modification d'un événement du passé. Depuis quelques mois, la compagnie MacGuffin installée au Théâtre de l'Uchronie, tend à écrire l'Histoire en modifiant le présent. Loin de la facilité et de la tranquillité des méga-machines de divertissement qui n'ont plus qu'un pouvoir de nuisance et de régression face à la puissance créatrice de l'homme, la compagnie MacGuffin, menée par une équipe mue par une force et une volonté insondable, œuvre à faire bouger les barrières. Le théâtre comme volonté et comme représentation. Entretien avec l'équipe.

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Comment en vient-on à créer un théâtre ?

C'est venu d'une volonté d'ancrer le travail de notre collectif dans des murs et dans une certaine pérennité. Construire un théâtre c'est un moyen de défendre des valeurs et de participer désormais au monde culturel en tant que diffuseur, en mettant en avant nos spécificités, le théâtre contemporain, les contes, les histoires philosophiques et toutes les disciplines qui traversent le collectif Mac Guffin ( cinéma, danse, théâtre, musique ).

Votre nom fait directement référence à l'uchronie, genre très en vogue dans la littérature SF. Quel événement changeriez-vous du passé ? La découverte de l'arbre de vie pour rendre immortels pas mal de gens, Victor Hugo, Orson Wells, Edmond Rostand… et tous les autres.

Le théâtre est un lieu où il se passe des choses diverses et variées, pouvez-vous nous présenter cela ? C'est d'abord un lieu de création, où se croisent les arts. Un lieu d'échange et de partage où des ateliers artistiques et des rencontres vont coexister. Un lieu de projection de films et de documentaires courts. Et aussi un lieu de répétitions et de travail pour tous les artistes grâce à la salle supplémentaire dédiée à l'année à cette activité. Le Théâtre de l'Uchronie défend des créations contemporaines qui font appel à l'imaginaire, aux réflexions sur l'homme au travers du temps et de l'Histoire. Une évolution moderne des contes philosophiques qui allient la petite histoire avec l'histoire de nos mythologies humaines.

Le théâtre est situé dans le 7e arrondissement de Lyon, hasard objectif ou concours de circonstances ? Les deux. Nous voulions nous ancrer dans un arrondissement qui nous suit depuis le début, un quartier cosmopolite riche de toutes les cultures et de beaucoup d'énergie et d'envie. Mais c'est aussi un hasard parce que quand on cherche à construire un théâtre on n'est jamais sûr de trouver le lieu qu'il faut, là où il faut. C'est une grande responsabilité. Nous avons trouvé cet endroit,

qui nous a aussi accueillis chaleureusement. La grande récompense c'est la belle curiosité des habitants qui s'arrêtent devant la vitrine, regardent, hésitent et finalement passent la tête dans le théâtre pour voir ce qui s'y passe.

Quelle est selon vous la valeur ajoutée du théâtre sur le paysage culturel lyonnais ? La défense de l'écriture et la création contemporaine de jeunes auteurs, pour servir de lieu de résidence et d'expression. Un petit théâtre équipé au mieux pour recevoir dans les meilleures conditions techniques et artistiques les créateurs mais aussi le public, une transversalité des disciplines, une vraie relation de proximité avec le quartier tout en défendant l'ouverture sur l'extérieur. Un théâtre de quartier, qui porte l'envie et l'ambition de proposer à tous, " en bas de chez soi ", des formes artistiques exigeantes, accessibles et diversifiées.

Pouvez-vous nous présenter la fin de saison à venir ? Plusieurs choses au menu : du théâtre avec une adaptation du Dracula de Bram Stocker, un spectacle d'écriture contemporaine Fairy Tale in Brooklyn, des ciné-concerts autour de L' homme qui rit et Les Gosses de Tokyo, une présentation contemporaine et originale d'un jeune metteur en scène sur Mesure pour Mesure de Shakespeare, un festival étudiant…

Quels sont les projets pour la saison 14-15 ? La saison se construit doucement, nous allons proposer beaucoup de spectacles de création en théâtre, en danse et en musique ainsi que des cours, ateliers, stages durant toute l'année. Tout sera bientôt accessible sur le site du théâtre : www.theatredeluchronie.fr

WWW.THEATREDELUCHRONIE.FR Entretien — Philippe Deschemin



L I T T É R AT U R E

L'ÉCH▲PPÉE LIVRES DE COMBAT Créée en 2005 par Guillaume Carnino et Cédric Biagini, la maison d'édition L'Échappée a parcouru bien du chemin. Avec un catalogue qui figure parmi les mieux fournis tout en étant l'un des plus intéressants, L'Échappée propose, depuis presque dix ans, des ouvrages qui permettent à tout un chacun de s'armer intellectuellement. Cette maison d'édition à bien fini par attirer notre attention et, dans un souci constant de proposer à nos lecteurs le meilleur des lectures émancipatrices, il était important pour nous de vous amener à leur rencontre. Entretien avec Cédric Biagini.

Comment a débuté l'histoire de l'Échappée ?

en prenant part à la guerre des idées. Vous avez pourtant investi le théâtre des opérations, non ?

L'Échappée a été fondée par deux militants libertaires, passionnés de lecture et amoureux du livre. J'avais, pour ma part, déjà participé à une maison d'édition militante et connaissais, notamment par ma formation de graphiste, quelques ficelles du métier – je n'ai cessé d'apprendre depuis. Au départ, nous avions envie de publier, en le faisant de la manière la plus professionnelle possible (qualité du travail sur le texte, maquette, diffusion…), à la fois des essais critiques et des livres d'histoire sur des groupes révolutionnaires méconnus ou sur lesquels existaient peu de livres en français. Nos deux premiers titres ont été une traduction de Qu'est-ce que l'anarchisme ? d'A lexander Berkman et une réédition d'Histoire désordonnée du Mil d'A ndré Cortade.

Ce texte fondateur a été très rapidement écrit, avec la fougue de la jeunesse, peut-être que nous n'emploierons plus les mêmes termes aujourd'hui… quoiqu'à chaque fois que nous avons essayé d'en écrire un autre ou eu envie de ne plus nous en servir, nous l'avons tout de même gardé ! Nous avons en effet investi le théâtre des opérations et essayons même d'être toujours au cœur de la bataille. Mais tout l'enjeu aujourd'hui consiste à réussir à bien saisir où se trouve la bataille et à ne pas se battre contre des moulins à vent, voire même à penser combattre le capitalisme en participant en fait aux processus de modernisation qui permettent son épanouissement total. Nous refusons de le percevoir comme un système foncièrement conservateur, rétrograde, autoritaire et répressif, ou comme étant uniquement caractérisé par une exploitation d'ordre économique. Pour nous, et c'est ce que nous essayons de montrer dans nos différents livres qui se complètent et s'alimentent les uns les autres, le capitalisme est un fait social total qui développe l'esprit de calcul, la destruction

Dans votre texte fondateur vous dites : " Notre époque est épuisée, elle anéantit toute aspiration à la révolutionner. Le risque n'est plus tant de perdre le combat que de ne jamais atteindre le champ de bataille. ". Dans une logique Gramscienne de " guerre de position "

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L I T T É R AT U R E des savoir-faire, du lien social et de la nature, l'aliénation par la marchandise et la technologie… Ainsi, dans notre catalogue vous trouverez des ouvrages qui font une critique intransigeante de la culture de masse ( Divertir pour dominer ), des nouvelles technologies ( La Tyrannie technologique / L'emprise numérique / L'Humanité augmentée… ), tous les livres de la collection Négatif dirigée par Pièces et main d'œuvre, du tourisme ( L'usure du monde – à paraître), du sport ( L'idéologie sportive ), du sexisme ( Contre les pubs sexistes ), de l'urbanisme ( Le Cauchemar pavillonnaire ), etc.

Pour les premiers, il s'agit des traductions –comme celle d'Histoire populaire des sciences ou de 68 de Paco Ignacio Taïbo II – de projets de livres collectifs – comme Les luddites en France ou Construire l'autonomie – ou de commandes passées à des auteurs dont nous connaissons les centres d'intérêt – Jean-Luc Debry sur Le Cauchemar pavillonnaire. Et puis il y a les manuscrits que l'on nous propose. Contrairement à ce que l'on croit souvent, très peu parmi ceux que l'on édite nous sont arrivés par courrier. La plupart passent par une rencontre, par les réseaux politiques ou amicaux… La dimension humaine est pour nous déterminante, d'autant plus que nous ne sommes pas une maison d'édition commerciale, nous avons une autre activité professionnelle. Nous pouvons donc éditer des gens avec qui nous avons envie de travailler, de partager une aventure humaine qui dure souvent plusieurs années entre les premières discussions et l'épuisement des ventes du livre, avec un moment très fort qui se situe autour de la sortie de l'ouvrage.

Certains avancent souvent que notre système de gestion social et de mode de production est un bon système car il permet l'existence de structures comme la vôtre malgré leurs positions critiques. Qu'en pensez-vous ? Il ne faut pas tout mélanger, le système capitaliste, dans sa forme actuelle, autorise une grande liberté d'expression, voire même l'encourage. Mais ce n'est pas parce que tout le monde peut donner son avis que les choses changent forcément, d'ailleurs de plus en plus de gens réagissent sur les réseaux numériques, mais de moins en moins agissent, concrètement, en tentant de s'organiser pour établir de véritables rapports de force et créer des alternatives. Nous sentons bien que nous sommes confrontés à des structures de plus en plus gigantesques sur lesquelles nous n'avons quasiment plus aucune prise. Le modèle technocratique s'impose partout, la rationalité instrumentale y a toujours le dernier mot. Nous sommes entrés dans une ère où seule compte la circulation de l'information et des “ idées ”, où seule compte la transmission de messages, un monde fait d'éléments toujours en mouvement et en interaction, où tout ne serait que pure communication. Chacun peut dire ce qu'il veut, et beaucoup ne se privent pas de le faire comme le montre l'extraordinaire succès des réseaux dits sociaux de type Facebook. L'humain se réduit de plus en plus à n'être qu'un émetteur et un récepteur d'informations, qui n'existe plus qu'au travers de l'échange, il se trouve vidé de son intériorité – au fondement de la liberté – pour verser dans une extériorité numérique qui le mobilise en permanence. Comme nous avons essayé de le montrer dans plusieurs de nos livres, c'est sans doute la forme d'aliénation la plus puissante à laquelle nous ayons été confrontés.

Ressentez-vous la " crise " de l'édition ? Je ne crois pas qu'il faille parler de “crise” de l'édition, mais plutôt d'une crise d'une certaine culture et d'un certain rapport au monde, dont retracer ici l'origine serait bien trop long. Il faut tout de même souligner le rôle déterminant joué par les nouvelles technologies dans la destruction de l'attention, de la sensibilité, de nos capacités à contempler et à lire. La guerre pour l'attention que mènent les industries numériques fragilise considérablement le monde du livre et le peuple qui le fait vivre. Dans ce contexte défavorable, L'Échappée a réussi ces dernières années à mener à bien les projets qui lui tenait à cœur et à recevoir un soutien de nombreux libraires indépendants qui nous permettent, malgré la baisse générale des ventes en sciences humaines, de maintenir le cap et même de connaître quelques succès inattendus.

Y a-t-il des projets hors éditions pour vous ? La plupart des personnes qui participent à L'Échappée ont des activités professionnelles et militantes en dehors. Par ma part, je fais partie de l'équipe de la librairie parisienne Quilombo et suis très lié aux mouvances libertaires et écologistes radicales.

WWW.LECHAPPEE.ORG

Comment s'opèrent les choix éditoriaux ?

Entretien — Philippe Deschemin

Notamment en fonction des préoccupations que j'ai exprimées plus haut. Plus concrètement, il y a deux possibilités : les projets que nous impulsons et ceux que nous recevons.

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L I T T É R AT U R E

RESET UNE CONTREHISTOIRE DE LYON 12 MOIS | 12 AUTEURS 12 NOUVELLES INÉDITES & GRATUITES À LIRE | À TÉLÉCHARGER | À ÉCOUTER

L'incontournable Magazine est partenaire d'un excellent, courageux et audacieux projet initié par la maison d'édition lyonnaise Le Feu Sacré : RESET. En voici le communiqué officiel suivi par les entretiens des deux auteurs concernés par ce numéro : Christophe Ramain pour le mois de mai et Julien Besse pour le mois de juin.

dans cette ville ne ressemble en rien à une promenade touristique balisée, pas plus qu'elle ne s'écrit dans les pages publi-rédactionnelles d'une énième galerie marchande. Notre vie à nous grouille dans les interstices, là où se niche l'existence, la vraie, celle qui sue et racle. Le temps de douze nouvelles, la littérature prend sa revanche sur le règne sans partage de la communication et nous parle de notre ville telle qu'on la vit, telle qu'on l'habite, l'exècre ou la glorifie.   Durant toute l'année 2014, Le Feu Sacré vous offrira le 5 de chaque mois une nouvelle inédite, signée par un auteur lyonnais, sans restrictions de genre et publiée sous diverses formes ( ebooks, audiobooks, streaming sur diverses plateformes ). Durant toute l'année les auteurs présenteront leur texte dans L'incontournable Magazine.

H

abiter Lyon, c'est vérifier chaque jour l'écart qui sépare la vie quotidienne du Lyon-carte postale que nous déclinent chaque année les successifs plans com' de la ville et de la communauté urbaine. Toute campagne de communication est une histoire qu'on nous raconte.   Pour le communiquant comme pour l'écrivain, Lyon est le réservoir de fictions potentielles. La seule différence c'est que la fiction littéraire cherche à révéler quelque chose du monde que nous habitons, alors que la " fiction publicitaire " cherche au contraire à le masquer. Nous ne vivons pas dans une " vitrine culturelle " destinée à attirer les investisseurs et les touristes. Notre quotidien

WWW.LEFEUSACRE-EDITIONS.COM/RESET

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M▲I

ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE RAMAIN Pouvez-vous vous présenter?

Paris. Pour ce qui est de la culture, cela signifie d'investir massivement dans des événements qui donneront une visibilité maximale aux projets des élus. Je pense que la municipalité souffre d'un complexe d'infériorité et essaye d'en mettre plein la vue au détriment du sens et de nombreux projets indépendants qui n'ont pas pour but de la mettre en valeur. Il reste néanmoins un espace que nous nous efforçons d'investir en tant qu'artistes.

Chris bientôt 30 ans, je suis écrivain, mon premier livre est paru en 2009 et j'ai écrit pour pas mal de webzines. Je suis également responsable du développement et rédacteur pour L'incontournable Magazine. J'ai co-fondé le Cercle La Boétie l'année dernière avec Hector Degossen et Philippe Deschemin. Je suis également consultant en Ressources Humaines et formateur. Voilà pour la version soft de ma bio.

Pensez-vous que le phénomène soit lyonno-lyonnais ? Quels sont les aspects de la ville dans lesquels vous vous reconnaissez et ceux dans lesquels vous ne vous reconnaissez pas ?

Oui dans le sens ou la politique de la ville est responsable de cet état de fait, non parce qu'il fait partie d'une uniformisation voulue par un phénomène de globalisation de la pensée et de l'économie.

Lyon est la ville dans laquelle je suis né, j'y réside toujours et j'aime son côté sombre et impénétrable. Elle est magnifique mais ne se laisse pas apprivoiser facilement. Comme Venise, elle a une image flamboyante mise en avant par un marketing bien pensé mais, à qui sait la regarder, elle montre son visage terrible marqué par les mystères et la richesse de son monde sous-terrain. Je me reconnais moins dans son coté de ville bourgeoise de province qui bombe le torse en essayant d'en mettre plein la vue avec du clinquant fade.

Pouvez-vous présenter votre nouvelle ? C'est une visite guidée underground, s'il en est. Une expérience hallucinée dans le ventre de la ville.

WWW.CERCLELABOETIE.FR Entretien — Philippe Deschemin Photogarphie — Octo Kunst

Comment expliquez-vous la mutation de la ville ces quinze dernières années ? Il y a une volonté politique de faire de Lyon une ville d'importance en France et en Europe qui rivalise avec

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JUIN

ENTRETIEN AVEC JULIEN BESSE Pouvez-vous vous présenter ?

culturels et l'organisation précaire et flexible du travail des " classes créatives " constituent des armes de séduction massive au sein de cette compétition.

Julien Besse, bientôt 34 ans. J'ai commencé à écrire par le biais de fanzines publiés plus ou moins régulièrement ces dix dernières années et qui parlaient de musiques marginales, d'errances urbaines et de voyages. Je me suis mis à écrire de la fiction il y a un an et demi. Je fais aussi un peu de traduction et d'autres bricoles en rapport avec l'édition.

Pensez-vous que le phénomène soit lyonno-lyonnais ? Il suffit de se balader dans d'autres métropoles occidentales pour constater que ce phénomène se répète et qu'il répand sur son passage une pétrifiante uniformité. On ressent un peu partout ce désagréable sentiment de même, ce défaut d'expérience réellement singulière. Cela dit, je pense qu'il reste des endroits moins dociles que Lyon où la sauce a beaucoup plus de mal à prendre.

Quels sont les aspects de la ville dans lesquels vous vous reconnaissez et ceux dans lesquels vous ne vous reconnaissez pas ? La féérie événementielle et son occupation toujours plus encombrante de l'espace public atteignent des proportions franchement pénibles, tout comme le mythe publicitaire de métropole rayonnante dont on gave les lyonnais-es depuis plusieurs années. Face à cela, il reste heureusement quelques projets nés d'affinités fortes et de la nécessité de créer soi-même ce que l'on veut voir exister.

Pouvez-vous présenter votre nouvelle ? Le terme qui a retenu mon attention dans le projet RESET est celui de " dépossession ". C'est donc ce que j'ai essayé de traiter, à une toute petite échelle et avec des thématiques qui me sont propres.

Comment expliquez-vous la mutation de la ville ces quinze dernières années ?

WWW.LEFEUSACRE-EDITIONS.COM/RESET Entretien — Philippe Deschemin Photogarphie — Octo Kunst

Un paradigme relativement récent au sein de l'économiemonde pousse les villes à entrer en compétition les unes avec les autres comme de vulgaires marques de fabrique. La gentrification, la surenchère d'événements

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L I T T É R AT U R E

C●NT●YEN ANTICIPATION SOCIALE Il y a quelque chose de rassurant lorsque, au sein de la société, chacun jouit d'une fonction et œuvre au bon fonctionnement d'une immense horlogerie. Une mécanique bien huilée qui est d'autant plus audacieuse que chaque rouage est dans la parfaite ignorance de son rôle. Voilà le monde dans lequel nous sommes happés à la lecture du roman Contoyen, une société optimisée qui réduit chacun à un rôle de consommateur ou de producteur. L'auteur de l'ouvrage, Philippe Deschemin, nous livre une critique actuelle des rapports de classes, mais aussi l'aventure de Dimitri, un antihéros terriblement humain et attachant. Entretien avec l'auteur.

Weird side of the moon. © Flore Kunst / Kacper H. Kiec

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L I T T É R AT U R E

Comment est venue l'idée de ce roman ?

Dans la zone contoyenne l'ingénierie sociale est organisée autour de l'endoctrinement et de la propagande.

Conçu comme un conte philosophique, je suis parti d'un constat simple : la pensée orwellienne et l'analyse marxiste de lutte de classes étaient dépassées. Ce qui avait un sens à l'époque et dénonçait les travers de notre société n'étaient plus les armes théoriques les mieux adaptées pour comprendre le monde. Dans la pure tradition de la philosophie des Lumières, je me suis attaché à analyser les rapports de classes actuels. La théorie de lutte des classes opposant les bourgeois et les prolétaires était devenue obsolète car, dès la fin des années 60, un trublion avait fait son entrée dans ce couple si bien rodé : le consommateur. Et ce dernier était devenu un maillon essentiel de la machinerie capitaliste car à quoi bon produire si personne ne consomme ? Alors voilà, je me lançais dans la rédaction d'un roman d'aventure, à la fois existentialiste et aussi romantique qui prendrait place dans un univers futuriste mais proche où toute l'organisation sociale avait évolué vers l'optimisation la plus parfaite de notre rôle social, à savoir : consommer ou produire.

J'ai imaginé un univers qui aurait subi une crise sans précédent et qui, dans le but de stabiliser son économie, avait créé deux zones bien distinctes : une zone dédiée à la consommation dite zone contoyenne et une zone dédiée à la production nommée zone protoyenne. Puis, tapis dans l'ombre, les grands ordonnateurs de ce nouvel ordre social. J'ai donc imaginé un univers où Dimitri et ses amis, dévoués à la consommation, sont minutieusement endoctrinés afin d'accomplir leur tâche du mieux possible. La consommation étant libidinale tout est organisé autour du loisir, ils ne souffrent pas d'insécurité, ils sont maintenus en bonne santé etc. Un véritable monde utopique. Chaque Contoyen touche une allocation mensuelle et, le bon Contoyen est celui qui en dépense l'intégralité à chaque fin de mois. Le top étant de finir son alloc le 31 du mois à 23h59. La notion d'endoctrinement et de conditionnement est importante car, dans un monde où vous devez consommer, vous devez être heureux, vous devez avoir envie, désirer ce que vous achetez, tout en vous imaginant que vous êtes dans une forme de libre-arbitre. Alors que ce libre-arbitre n'est que l'ignorance des causes qui vous gouvernent. En revanche, dans la zone protoyenne, dédiée à la production, les hommes sont des esclaves et le mode d'organisation sociale est basé sur la violence. Orwell avait déjà fait tout le travail avec 1984, voilà pourquoi je me suis attaché, dans ce premier volet, à la zone contoyenne.

Justement, là, Dimitri habite la zone contoyenne où la vie est dédiée à la consommation. Oui, exactement. Alors qu'aujourd'hui, chacun de nous consomme et produit, et que certains consomment plus qu'ils ne produisent ( les privilégiés ) tandis que d'autres produisent plus qu'ils ne consomment ( les plus démunis ), je me suis rendu compte que ces deux états, production et consommation, étaient dialectiquement opposés. Toute la journée, nous sommes tiraillés par des signaux de consommation et, en même temps il faut bien travailler et produire pour être en mesure de consommer. Depuis la fin des années soixante, en occident, la consommation est devenue le moteur du système de production capitaliste. La consommation est devenue quasi libidinale, elle est une composante primordiale de notre bien-être. Karl Marx dans son analyse du système de production capitaliste a distingué deux grandes classes sociales : les propriétaires des moyens de production ( bourgeois ) et les prolétaires-salariés. Depuis sa mort, le monde a évolué et même si dans le premier livre du " Capital ", il est question de la marchandise comme fétiche et donc de la consommation, la crise de surproduction de 29 n'était pas encore passée par là. La consommation n'était pas encore le moteur, elle était la résultante du système de production. Dans ce premier roman, je me suis attaché à dépeindre le monde des consommateurs, ceux qui vivent dans l'immense Zone contoyenne.

Au-delà de la dimension critique c'est aussi un roman d'aventure. En effet, finalement même si cette zone contoyenne est une extrapolation de notre social-démocratie, j'ai conçu cette aventure comme un véritable roman de littérature, avec un personnage principal que j'ai souhaité accessible et attachant. Même si c'est un livre éminemment politique, il est conçu comme un pur divertissement. Je suis très attaché à l'héritage des Lumières, aux encyclopédistes, à la littérature d'anticipation et je suis aussi un grand amateur de littérature classique. J'aime me faire plaisir en lisant de belles aventures, de belles histoires. J'aime les prouesses stylistiques lorsqu'elles sont au service d'une histoire humaine et généreuse. Ce roman est une aventure, l'histoire d'un jeune homme tiraillé par les sentiments et qui se demande, un peu comme nous tous, où est sa place en ce bas monde. Je suis en revanche moins sensible à la littérature nombriliste, trop à l'image de ce que je dénonce justement dans ce roman, celle qui met le " moi " au-dessus du " nous ". En mon sens une œuvre d'art est un dialogue avec le monde, avec les hommes.

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Quels sont les auteurs qui t'ont influencé ? Sans aucun doute les Lumières et leurs précurseurs comme La Boétie ou Montaigne. Je ne citerai jamais assez Rousseau et Karl Marx. En littérature, je pourrais citer Céline, Barjavel, Bukowski, Orwell, Burguess, K.Dick, Hamsun et plus récemment Delillo ou Palahniuk. J'apprécie la poésie également, de Baudelaire à Rimbaud en passant par T.S. Eliot, Dylan Thomas ou Ezra Pound. Au fond je lis de tout, même Tintin et Picsou.

Comment se passent les phases d'écriture ? Sans cérémonial particulier ! Hormis peut-être de la musique, toujours, en fond sonore. C'est étonnant par ailleurs, car je ne peux lire avec une musique en fond sonore. Mais dans les phases d'écritures, c'est comme si la musique portait les mots.

Normand Baillargeon a préfacé Contoyen, comment s'est passée la rencontre ? L'apport de Normand a été considérable pour moi, c'est tout de même l'un des intellectuels les plus importants actuellement. Son Petit manuel d'autodéfense intellectuelle devrait être au programme dans tous les collèges ! J'ai d'abord commencé par lui demander s'il pouvait me faire l'honneur de jeter un œil sur mon manuscrit. Il a aimablement accepté. Puis s'est posée la question de la préface et il a également accepté. J'étais estomaqué. De plus, sa préface est une œuvre en soi, une réflexion sur " les expériences de pensée ". Il a vu des choses dans Contoyen dont je n'avais pas forcément conscience. Les travaux de Normand sur les manipulations et l'endoctrinement ont directement influencé ce que je décris dans la Zone contoyenne. Qui mieux que lui pouvait en écrire la préface ? Les intellectuels canadiens sont tellement loin devant nous autres français…

Une suite est-elle prévue ? Ce roman est le premier volet d'une trilogie. L'univers que j'ai créé est divisé en trois classes sociales distinctes : Les Contoyens, les Protoyens et les Architectes. Ce premier volet est consacré aux Contoyens, le second sera consacré aux Architectes et le troisième traitera des Protoyens. J'ai déjà commencé la rédaction du second. L'idée est que chacun des romans puisse être lu indépendamment des autres, néanmoins on retrouvera certains personnages dans les différents volets. Pour ceux qui se demandent ce qui va arriver à Dimitri, la réponse se trouvera dans un des romans à venir.

PHILIPPE

DESCHEMIN BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Contoyen ROMAN — 2014

PRÉFACÉ PAR NORMAND BAILLARGEON ÉDITIONS LE CERCLE LA BOETIE

Le parc des animaux NOUVELLE — 2014

DANS LE CADRE DU PROJET RESET - UNE CONTRE HISTOIRE DE LYON

Rabotage

NOUVELLE — 2013 ÉDITIONS LE CERCLE LA BOETIE

WWW.FACEBOOK.COM/CONTOYEN Entretien — Rudy Boissy Pour vous procurer les œuvres de Flore Kunst :

WWW.FLOREKUNST.BIGCARTEL.COM

W W W.CERCLELABOETIE.FR




ART

LE C●NISME L'APOGÉE DE L'ART Certains critiques d'art aiment à dire que sur l'autel des courants artistiques majeurs trône le conisme. Au-dessus de l'impressionnisme, de l'expressionnisme, du surréalisme, ou encore l'onanisme ( l'un des courants majoritaires ), le conisme se dresse, majestueux, face aux siècles à venir. La vue de l'hypnotisant Gigot flageolets ou encore le mythique Venus Beauté finira de vous convaincre. À l'image de l'importance de ce mouvement né à Lyon au siècle dernier, l'impressionant MNAC Convergence Conisme verra le jour à la fin de l'année dans le quartier de la Confluence. Ce colossal bâtiment, dédié au conisme, œuvre de l'illustre architecte Hiro Origami, en sera le musée officiel. Rencontre croisée avec les personnalités liées au MNAC Convergence Conisme.

Récemment vous avez réussi à sauver la Vénus d'un rachat qatari. Le directeur de la communication du Musée Convergence Conisme disait : " Vendre des joueurs de foot au qataris oui, le conisme non ".Comment avez-vous réussi à sauver ce joyau ?

Le conisme est à ce jour l'un des courants artistiques les plus importants, comment expliquez-vous le phénomène ?

Karen Von Gewurztraminer, commissaire de l'exposition " Renaissance du conisme, le temps des mécènes " : Les expositions sur la peinture coniste ont acquis de nos jours le statut d'événement culturel majeur et international. C'est l'événement qui prend le dessus sur le contenu privant ainsi le public d'un regard critique sur ce mouvement majeur. Est-il possible de regarder sereinement ces toiles au milieu de toute cette agitation ? Si on oublie un moment les enjeux financiers, l'engouement du public et des médias, on verra que le conisme est sans doute le mouvement le plus décisif de l'histoire de l'art. Le conisme bouleverse la notion de représentation dans l'art. C'est un langage pictural absolument original, une façon d'aborder le monde totalement neuve, et une théorie esthétique conceptualisée. On comprend qu'il ait pu imprimer une nouvelle direction à toute la peinture.

Loîc Poulpiquet du Halgouët, chargé de communication de la fondation pour l'art Capitan : Ce chef-d'œuvre a été classé in-extremis trésor national afin d'éviter son rachat par l'émirat du Qatar. Grâce à une grande souscription publique, 10 millions ont pu être récoltés. La fondation pour l'art du groupe multinational Capitan a mis sur la table les 30 millions manquants. Vénus Beauté a donc pu être rachetée et restaurée par le musée Convergence Conisme. Il y a un attachement très particulier entre le groupe Capitan et la peinture coniste. On sait que dès le début du XXIe siècle, la famille Capitan a tissé des liens très forts avec les peintres. Je rappelle que Sabine Capitan est la grande tante de l'actuel président du comité de direction du groupe Capitan.

§ La joueuse de Rapido, Brunel et Girard - 2009. 31


ART Montaigne disait à propos de La Boétie " parce que c'était moi, parce que c'était lui ". Le conisme c'est avant tout trois personnalités hors du commun. Trois comètes qui se télescopèrent pour produire un nouvel astre qui finira par éclairer la planète artistique mondiale. Pouvez-vous nous parler de ces trois illustres personnages ?

Pour rester sur le sujet du musée, l'héliport était-il indispensable ? Loîc Poulpiquet du Halgouët : Le projet de bétonnage de la Saône pour y installer une piste atterrissage pour Jet Falcon connectée au site de la Convergence était dans les cartons depuis des années. Le cabinet Hiro Horigami avait dessiné un splendide terminal, et Capitan-Béton avait été retenu comme maître d'œuvre par grand Lyon-Mégapole. Malheureusement, divers groupuscules ont fait capoter ce beau projet, Les médias ont été très complaisants avec ces " Zadistes " en multipliant les reportages partisans sur leur campement lacustre… pour apaiser le débat et après de longues négociations avec les différents partis, nous avons préféré revenir à un projet de taille plus humaine avec un héliport certifié développement durable.

Karen Von Gewurztraminer : Tout d'abord une mise au point . L'exposition se concentre sur la période dite " renaissance du conisme ", où Brunel et Girard peignent en duo. Leur collaboration avec Buisson a pris fin des années auparavant, après le départ de ce dernier pour les Bahamas.

Brunel et Girard en duo donc… Lequel des deux est vraiment l'inventeur du conisme ? Les historiens d'art se posent encore la question. JY Tarz, dans ses confessions esthétiques, écrivait : " Tantôt ce fut l'un, tantôt l'autre qui prit l'initiative de mettre en pratique telle œuvre, tel progrès, de nouveaux modes d'expression. Le mérite en revient à tous deux. " Ce spécialiste du conisme ne s'y est pas trompé : ce fut une invention collective, due à deux artistes qui, selon les mots de Brunel, étaient comme " la cordée en montagne ", ou bien, selon Girard " J'ouvrais la voie, tel un alpiniste, Brunel me suivait, comme un fidèle Sherpa ".

Le musée accueillera une exposition permanente de Jeff Koons. Est-il vrai qu'il aurait entretenu une relation avec la grand-mère de l'un des fondateurs du conisme ? Karen Von Gewurztraminer : Ne voulez vous pas plutôt parler de la liaison entre Damien Hirst et Ginger Girard, l'arrière-petite-fille de Thomas Girard ?

Toujours pour rester dans une vision dialectique de l'histoire, le conisme apparaît et se développe dans une période où le marché de l'Art s'apparente à une forme d'épicerie fine. Est-ce que la force du conisme n'a pas justement été de rompre avec l'irréel marchand, l'abstraction spéculative pour finalement se confondre dans ce que Gramsci appelait la philosophie de la Praxis, ici on pourrait parler d'Art de la Praxis ?

Le Musée Convergence Conisme va bientôt voir le jour. Comment est née l'idée d'une telle construction  ? Donovan Collomb, Président de Lyon-Mégapole : En lieu et place du vétuste quartier de la Confluence, la nécessité d'un nouveau pôle urbain s'imposait pour la mégapole. De plus, il manquait à Lyon, ville berceau du conisme, un écrin pour exposer les chefs-d'œuvre du mouvement. Les plus grandes agences d'architectes ont répondu à l'appel d'offres passé pour la construction d'un musée du conisme, épicentre du nouveau quartier de la Convergence. Le projet de l'agence Horigami répond parfaitement à notre demande : la composition du musée combine le bec et le croupion, symboles respectifs du connu et de l'inconnu, clarté de l'environnement familier d'aujourd'hui et flou incertain de demain. L'ensemble repose sur un socle, la cocotte semblant prendre son envol à la rencontre du Rhône et de la Saône. Elle est revêtue d'une enveloppe métallique où se reflètent couleurs et lumières, et qui capte les multiples échos du ciel et de la ville, de l'eau et de la verdure. Sa forme est volontairement simple, évoquant un signal d'appel envoyé vers la ville. Tout en mouvement, le Musée Convergence Conisme illustre par ses formes la complexité des collections présentées. Il suggère aussi l'infinie diversité du conisme et la pluralité des vocations d'un espace mixte, dédié à l'accueil de tous ses publics auquel il propose consommation, culture et plaisir.

Karen Von Gewurztraminer : Grâce au conisme, cette " épicerie fine " est devenue un Carrefour Market. Pascal s'irritait de la vanité de la peinture qui s'attache à valoriser des choses insignifiantes. Le conisme est peut-être l'aboutissement de la représentation de l'insignifiance.

Au début du XIXe siècle, dans La phénoménologie de l'esprit Hegel introduit le concept de fin de l'histoire. Concept repris au XXe par Fukuyama après la chute du mur de Berlin. Est-ce que le conisme préfigure la fin de l'histoire de l'Art ? Karen Von Gewurztraminer : Ce n'est certainement pas anodin que les conistes aient choisi le jugement dernier comme l'un de leurs sujets, avec le triptyque El Condor Pasa . Tout comme L'apocalypse, le conisme n'est pas qu'une fin, c'est aussi un commencement, alpha et oméga de l'histoire de l'art ( je rappelle à vos lecteurs que les mugs El Condor Pasa sont en vente à la boutique du musée et sur le net ).

WWW.CONISME.COM Entretien — Philippe Deschemin

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ART

1 — Vue générale du futur Musée Convergence Conisme

2 — Ordre du Jour, Brunel & Girard 2013 huile sur bois, 240 cm x 170 cm, Fondation pour l'Art Capitan, Paris

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3 — La bataille de l'esplanade du palais de justice, Brunel & Girard 2010, huile sur bois, 240 cm x 180 cm, Musée Convergence Conisme, Lyon


CINÉMA

INST▲NT CRITIQUE RÉFLEXION FAITE Le cinéma occupe une place importante dans l'industrie du divertissement. Art ? Industrie ? Industrie de l'art ou art industriel, les débats sont sans fin et pendant ce temps chaque année les salles de cinéma se transforment en jardinières bio bourrées de navet. La plupart des médias consacrés à cette industrie adoptent une attitude minablement complaisante à coups de langue bois à vous en donner la gueule de bois. La prouesse consiste à dire le moins de choses avec le plus de mots possible afin de ne surtout pas froisser ceux qui donnent les ordres, ceux qui ont les sous. Heureusement, sur le world wild web la résistance s'est développée et de très bons journalistes indépendants proposent des critiques sérieuses et honnêtes. Quentin Dumas, rédacteur en chef du site de critiques cinéma Instant Critique a accepté de répondre à nos questions.

Comment t'es venue la passion du cinéma ?

Peux-tu nous présenter tes différentes émissions ?

Petit, j'ai toujours été fasciné par le pouvoir des images. Je voulais d'abord être peintre, puis dessinateur de bande-dessinée. Mais comme beaucoup de gosses de mon âge, la révélation vint avec Jurassik Park de Steven Spielberg. C'était en 1993, j'avais 8 ans et j'étais à fond sur les dinosaures. Imaginez le choc.

Elles sont au nombre de trois. Je m'investis pleinement dans les deux premières, et la troisième est placée sous tutelle de Christophe Thockler, un ami vidéaste. Instant Critique, qui a donné son nom au site, revient sur des films généralement peu connus du grand public, oubliés ou mal aimés. Réflexion Faite, c'est plus mon avis à chaud sur une sortie récente. Pour me démarquer d'une classique critique trouvable en ligne j'essaie de rendre l'exercice drôle et pédagogique. Enfin le podcast audio est une longue discussion entre potes. On y parle de films et l'on débat autour d'un sujet bien précis. Il y a une aussi des petites surprises plus ponctuelles, comme Crossover, où je donne la parole à un invité.

Pourquoi avoir fait le choix de commenter le cinéma plutôt que de le faire ? Mais j'en fais également ! Ou tout du moins j'essaie. Je réalise des clips, des courts-métrages ou des courtes vidéos d'inspiration. Vous pouvez retrouver mon actu sur mon site web perso ( www.quentindumas.com ). Cela dit, j'aime également beaucoup parler de cinéma. Pour l'étudier, analyser ce qui fonctionne, et en tirer des leçons. C'est aussi un moyen de partager une passion et inciter les gens à se rendre dans les salles obscures.

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CINÉMA

Comment choisis-tu les films dont tu vas parler ?

Ton top 3 2013 ?

Je n'ai pas vraiment de critères de sélection pour Réflexion Faite. Comme j'ai des goûts très éclectiques, je peux tout autant parler du dernier Marvel que de Lars Von Trier. Je parle des films qui me tiennent à cœur sur le moment. Certaines fois, cela vient très tôt. Dès la vision d'une première bande-annonce je sais qu'il y aura matière à traiter un film. Parfois il s'agit de vraies surprises. Soit le film m'a particulièrement plu, soit la séance était un calvaire tel qu'il faut que j'en parle pour l'exorciser. Pour Instant Critique, je fais plus attention. Je choisis ma thématique, puis je regarde quels films peuvent s'y prêter. J'élimine ceux qui sont déjà trop connus du grand public ou des amateurs avertis. Parfois on trouve de très bonnes surprises en direct-to-video. Des films qui ne sont même pas sortis en salle en France et qui sont pourtant sacrément bons.

Alors vous pouvez écouter notre grande émission annuelle où vous retrouverez le top 10 de tous les membres d'Instant Critique, mais je donne mon Top 3 perso : Mud de Jeff Nichols, Snowpiercer de Bong Joon Ho, et Django Unchained de Quentin Tarantino.

Ton avis sur le cinéma français ? Il y a un réel problème avec le cinéma français. Pour schématiser, on produit trois genres de films. Les comédies franchouillardes ou romantiques, les drames basés sur des faits de société et quelques polars. Bien sûr, il y a des nuances et certains films arrivent à s'échapper du lot mais ils sont rares. Le souci vient de notre héritage et de notre système de financement. Le CNC a une très haute opinion de la nouvelle vague et ne finance que ça… Un cinéma ancré dans le réel et le quotidien des gens. Les autres genres ont du mal à exister. On ne produit pas de films fantastiques ni de science-fiction en France. Il y a eu une petite vague de cinéma d'horreur mais maintenant c'est fini. De plus, le manque de moyens de promotion pour le peu de projets de ce genre arrivant à se concrétiser font qu'ils meurent dans l'œuf et ne rencontrent jamais leur public. Ce qui n'incite pas les productions à retenter l'expérience forcément. C'est un cercle vicieux, et malheureusement bon nombre de nos cinéastes talentueux quittent la France pour pouvoir faire ces films à l'étranger.

Que penses-tu des critiques ciné actuelles et du fait que très peu de gens se fient désormais aux critiques " officielles " ? Les gens n'ont plus confiance en la presse écrite. Les magazines grand public sont soumis au diktat des distributeurs qui imposent de dire du bien des films censés cartonner. Quant à la presse spécialisée, ils sont tellement élitistes que le public ne se reconnaît pas. Le cinéma est un art mais c'est aussi un divertissement. Et certaines critiques semblent l'oublier. À l'inverse, les blogueurs explosent car les gens s'en sentent proches. Ils sont " monsieur tout le monde " qui donnent leur avis avec une certaine passion, ni plus ni moins. Pour moi c'est un juste retour des choses.

WWW.INSTANTCRITIQUE.COM Entretien — Philippe Deschemin

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DOSSIER

MUSIQUE INDUSTRIELLE BRUIT & FUREUR

Apparue à la fin des années 60, la musique industrielle a considérablement influencé l'ensemble du paysage musical actuel. Tous les courants musicaux ont puisé dans la source de ce mouvement protéiforme. Difficilement descriptible, cette mouvance s'est construite sur une règle simple : il n'y a pas de règle. À l'avant-garde de l'exploration et de l'expérimentation sonore, le mouvement a pris de l'ampleur avec l'arrivée des premiers synthétiseurs. Loin des dogmes et de la rigidité académique, le bruit devenait musical et certains musiciens renouaient enfin avec la base de la musique, la recherche de la sensation et de l'émotion brute. Depuis, il existe autant de courants de musique de type indus que de styles musicaux. Du hiphop au métal en passant par

le jazz, tout le monde y va de sa touche en puisant dans les sonorités indus. Les mots d'ordre étant métissage, mélange des genres expérimentation et démolition des barrières à coup de marteau. Les papes du genre sont les Young Gods, Les Swans, Einsturzende Neubauten, Nine Inch Nails, SPK, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire, Laibach ou encore Ministry. La scène hexagonale n'est pas en reste avec les excellents Treponem Pal, pionners du genre, reconnus à travers le monde. Nous avons donné la parole à la crème du genre : Näo, P/RN, War Anyway et Divine Shade.

Par Rudy Boissy

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DOSSIER

N▲●

Formé en 2007, vous avez démarré votre carrière en passant par le label allemand Ant-zen, plutôt connu pour des productions electro-indus voir indusbruitiste. Comment s'est déroulée cette période ?

À la rédaction nous avons une affinité particulière pour la musique rock-industriel. Que pensez-vous de cette scène musicale ? Qu'elle est peut être trop sous-évaluée, elle est là depuis très longtemps, traverse le temps avec d'excellents artistes, des anciens et des nouveaux, elle évolue sans cesse mais reste fidèle à certains codes. Apres je sais que NÄO n'avait pas forcément vocation à entrer dans cette scène mais elle nous a très bien accueillis en tout cas et on s'y sent bien.

Très bien je dois dire. Nous nous sommes rencontrés lors d'un petit festival en Allemagne au sud de Leipzig et on s'est tout de suite bien entendu et il nous a proposé de signer notre prochain disque. On continue toujours de travailler avec eux, c'est un excellent label avec un réseau de fan hyper présent et fidèle.

Vous portez le même nom que ce petit robot humanoïde français ? Hasard objectif ?

Aujourd'hui vous revenez avec un troisième album éponyme. Vous avez rejoint une écurie française et nous offrez un album aux sonorités plus organiques et rock, que s'est-il passé ?

Alors là complètement… C'est peut être même lui qui nous a piqué l'idée. Allez savoir ( ha ha ! ).

Le dernier album n'est pas éponyme, son nom est III que l'on peut traduire par "3" car c'est le premier disque écrit à 3 (voir 4 si on compte Flavien Van Landuyt notre directeur artistique/technicien studio) et c'est le 3e album studio de NÄO. Il est plus organique oui, c'était surtout une volonté de faire un album studio plus produit que les précédents mais sans tomber dans quelque chose de trop froid et tout en gardant et en développant le côté abrasif et analogique du rock et le côté intransigeant de l'electro.

Le programme à venir ? Tourner encore et encore le plus possible et faire voyager notre musique un maximum !

WWW.FACEBOOK.COM/NAOLIVEBAND

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DOSSIER

P/RN

Vous publiez un premier EP à forte sonorité indus. Comment décririez-vous votre son ?

Que représente le mouvement industriel pour vous ? La liberté ! Il n'y a pas de limite, tout est permis. C'est une musique en construction permanente, la page n'est pas écrite, elle s'écrit continuellement. Ce qui fait que nous sommes constamment dans le présent là où le grunge est enterré, la house morte, le neo-metal à bout de souffle. Tant qu'il y aura des musiciens audacieux pour faire tomber les barrières, tant qu'il y aura des artistes plus intéressés par l'art que par la vente de disques, la musique indus se portera bien !

Medhi Desœuvre : Notre son est en constante évolution. Nous publions en effet un EP actuellement. Notre son a beaucoup évolué depuis la parution de notre premier album. Nous avons une approche du studio et du live qui sont complètement différentes. Le côté studio est plus expérimental et réfléchi, nous essayons d'aller toujours plus loin alors que le live est plus brut, plus animal. Au départ notre son était élaboré à partir d'une base rythmique détournée, nous utilisions des percus non conventionnelles. On les enregistrait ou bien on les samplait à partir de disques et nous passions ça à la moulinette logicielle pour créer de nouvelles sonorités. On créé des rythmes à partir de bruits ! L'idée était de garder une construction rock dans nos morceaux, alors à partir de cette base rythmique atypique on élaborait des chansons. Cela nous a permis de créer nos propres textures et finalement à l'écoute de nos morceaux enregistrés il y a dix ans, on se dit qu'on a bien fait car notre son a peu vieilli. Actuellement nous enregistrons un nouvel album et le procédé a évolué, nous travaillons plus les textures de guitares et notre son de batterie que nous mélangeons à des boucles rythmiques de type indus. Ce qui est magique avec ce groupe c'est que nous sommes en constante expérimentation et on se fiche d'être à la mode ou dans le vent.

Quelles sont les influences principales ? Ca peut être le bruit d'une assiette qui se brise, le bruit des pneus d'une voiture qui devient périodique et se met à générer un rythme qui peut nous donner une idée rythmique voire un sample si on l'enregistre… En groupe on peut citer les Cure, SPK, les Young Gods, Killing Joke, Bauhaus, John Zorn voire même Esplandor géométrico…

Les projets à venir ? Nous sortons donc un Ep fin mai, et sommes actuellement en train d'enregistrer notre troisième album. Ce nouvel opus verra le jour début 2015. Nous espérons tourner aussi d'ici là, mais il est difficile de trouver des partenaires sérieux dans le domaine, le milieu musical est gangréné d'épiciers pour qui la musique passe au second plan. Nous avons finalement toujours eu plus de chance et de reconnaissance à l'étranger.

SOUNDCLOUD.COM/PRNMUSIC

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DOSSIER

W▲R DIVINE ▲NYW▲Y SH▲DE “

Vous publiez un premier EP à forte sonorité indus. Comment décririez-vous votre son ?

Sur la forme, ce sont des sons électroniques, orchestrations symphoniques, guitares et voix au service d'une musique martiale, représentation de notre guerre perpétuelle pour maintenir l'idéologie des 1%. Sur le fond, nous nous astreignons à créer un hymne, une musique à vocation éducatrice servant nos convictions et la démocratie.

Vous publiez un premier EP à forte sonorité indus. Comment décririez-vous votre son ?

Un équilibre entre electro pop et new wave avec une dose d'indus. Une petite touche noise contamine chaque titre offrant une texture additionnelle et une cohérence. J'ai eu une volonté de minimalisme dans mes compositions et l'envie de proposer de véritables refrains, comme sur Bruised By Light.

Que représente le mouvement industriel pour vous ?

Que représente le mouvement industriel pour vous ?

C'est l'expérimentation, le mélange de sons organiques, électroniques et bruitistes qui font sortir du chaos la musique, comme guidée par une main invisible. Ce mouvement fait fi des codes, la liberté totale est mise au service de la création, les artistes dépassant souvent le cadre de la musique vers une recherche artistique globale.

À mon sens c'est une autre approche de la musique basée sur le son en lui-même. J'apprécie tout particulièrement les groupes qui proposent une musique indus dans une fusion de styles, comme Nine Inch Nails ou Massive Attack. Cependant je pense qu'il faut conforter l'idée d'équilibre, sans cela l'indus peut vite devenir caricaturale ou brouillonne.

Quelles sont les influences principales ? Quelles sont les influences principales ?

Des grands penseurs tels que Edward Bernays ou Milton Friedman, ou des hommes de pouvoir comme Nixon, Bush, Donald Rumsfeld ou encore Obama, à qui on rend hommage en introduction de notre EP et en France Jean-François Coppé, Gérard Collomb, Manuel Valls et Attali. Ils nous motivent. Notre musique étant l'expression de notre combat quotidien. Et dans le mouvement industriel, Laibach, KMFDM ou Ministry.

Nine Inch Nails, Depeche Mode et The Cure… Des morceaux comme Only Swallow et Soon de My Bloody Valentine m'inspirent fortement en ce moment.

Les projets à venir ? Une tournée avec des nouveaux musiciens live tels que Johanna Buguet et Nicolas T ( bassiste de The Light In Sores ) venant renforcer notre duo avec Grégoire Paillas. Et des dates importantes comme le Fest'Bouc ( 5 juillet à Mornant - 69 ). Le designer Benjamin Piot, travaille sur un artwork autour de From The Sky.

Les projets à venir ? Un album, des remix et des concerts. L'éducation des masses doit continuer et passer par tous les vecteurs possibles.

WWW.WARANYWAY.COM

FACEBOOK.COM/PAGES/DIVINE-SHADE

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MUSIQUE

BL▲CK LILYS NOIRE BEAUTÉ “

Vous êtes un duo, une fratrie. Force ou faiblesse de travailler entre frère et sœur ?

Vous avez un EP à votre actif, un album de prévu ? Roby : Nous sortons effectivement le 29 mars notre premier EP Memories of a Blind Mind produit par les Studios de la Ruche et Mitiki. Camy : Avant de penser à la suite, on va d'abord faire vivre ces titres sur scène les prochains mois. D'ailleurs je compte sur vous pour venir nous rendre visite. On boira une petite bière ensemble après le concert.

Roby : C'est plutôt naturel au contraire. Nous avons peu de différence d'âge et avons donc grandi l'un à coté de l'autre. Notre façon de communiquer est unique et simple, parfois sans avoir besoin de parler. On arrive aujourd'hui à développer un projet qui nous représente tous les deux. Camy : C'est vrai qu'il est difficile de s'imaginer faire de la musique l'un sans l'autre. Par contre cela ne nous empêche pas de nous chamailler et heureusement.

WWW.FACEBOOK.COM/BLACKLILYS.OFFICIEL Entretien — Philippe deschemin

Camy, tu possèdes une voix particulière, à la fois rocailleuse et douce. Comment travailles-tu ton organe ? Camy : Mon organe ? Je le développe autant que les autres, sans doute un peu plus … ;) haha !

Au niveau instrumental, comment se déroule la composition ? Roby : De façon très naturelle encore une fois, j'arrive souvent en répétition avec une mélodie en tête avec ma guitare. Camy compose les textes par-dessus, et on arrange le titre ensemble au fur et à mesure en se laissant guider par ce qu'il nous fait ressentir.

Comment travaillez-vous le live, la forme duo peut s'avérer contraignante ? Camy : C'est un choix, ce n'est pas le chemin le plus simple effectivement. On a longtemps hésité à agrandir la formule, mais aujourd'hui on est fiers de pouvoir présenter un projet complet en étant seulement deux sur scène. En live, nous jouons plusieurs instruments en même temps ( guitare, piano, tom, cymbale, basse… ) et on enregistre parfois des loops. Comme deux poulpes aux multiples tentacules… Bref tu comprends ?

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MUSIQUE

P●IL BROSSAKLIT “

Vous avez repris du poil de la bête récemment en sortant en avril un album nommé Brossaklit. Pourquoi ?

Hier banni, aujourd'hui en vogue, le poil est soumis à l'impératif dialectique de l'histoire. Ça doit cartonner pour vous en ce moment ?

Brossaklit ( nom féminin, du français brosse à clitoris ) est une habile métaphore signifiant moustache. Nous sommes de fervents partisans du port de la moustache.

On a passé plusieurs années à attendre que la gloire nous tombe toute crue du ciel, ce qui nous a permis de beaucoup répéter, de jouer dans les caves et les appartements des potes lyonnais… finalement le messie est arrivé, il s'appelle Clément ( notre booker / manager ) ! Un bon gaillard qui se démène pour nous trouver des concerts et nous sortir du berceau. Trouver des dates pour Poil n'est pas une tâche facile. Pour certains on est trop cons pour d'autres on fait de la musique compliquée, ou on n'aime pas nos dégaines de gymnastes alcooliques… Nous on s'en turlute le " uuu " du moment qu'on sue, que ça poutre et qu'on parvient à toucher notre cher public chéri bisous.

Malgré des allures de Deschiens, vous êtes drôlement people. Vous vous êtes offert un featuring d'anthologie dernièrement avec Lilliane Boury ( membre du FN ) sur votre titre Tronche à cul. Comment ça s'est passé ? Liliane a eu un coup de cœur pour Poil et Brice et sa pute ( nos camarades de label ) ! Elle nous a gratifiés d'un petit toast à l'assemblée régionale Rhône-Alpes où elle a déclamé les paroles de nos morceaux avec brio mais un imbranlable manque de beat ! Elle voulait tout simplement critiquer la politique culturelle de la région, et plus particulièrement la carte M'ra permettant à des jeunes d'obtenir des places de concert, des abonnements… et d'accéder à des crédits de téléchargements sur la plateforme 1D Touch…

L'avenir ? On est plus chauds que jamais, notre nouvel album sort en mai sur Dur et doux, on a un tout nouveau programme, des clips en perspective, notre album va bientôt sortir, il y a des bons concerts qui arrivent… mais il faut toujours se battre pour avancer, Poil ne traverse pas la rivière sans insulter le crocodile.

Vous avez été attaqués par une horde de bien-pensants récemment, sous l'accusation de pervertir les jeunes enfants. Pouvez–vous revenir sur l'affaire ?

WWW.FACEBOOK.COM/POILBAND

Elle trouve que nos textes incitent les jeunes à la perversion ! Que c'est un scandale ! Que c'est dégueulasse. Au bout du compte elle nous a fait un petit coup de pub et nous avons fait un remix et un clip avec l'aide de Pierre Chanel ( bassiste de Brice pute et réalisateur de notre clip Trouille cosmique ) pour lui témoigner notre reconnaissance. Le bilan est que nous sortons un disque cette année et faisons des concerts pédagogiques sur le festival Rock in Opposition en septembre.

Entretien — Philippe Deschemin

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MUSIQUE

FRRNT ET SES CHIENS GALEUX “

Frrnt, c'est votre nom sans les voyelles. Souffrez-vous d'un trouble de la prononciation des voyelles ?

On ne peut s'empêcher de penser à Tom Waits ou encore Nick Cave, comment définiriez-vous votre musique ? Définir la musique m'emmerde. Je veux dire, t'as des groupes qui se forment autour de l'idée qu'ils vont faire du reggae, ou du black metal, ou de la pop-folk, ou du traditionnel ouzbèk. Nous, au moment de la formation, on n'a pas pensé à ça. On a dit : " Bon toi, t'aimes quoi ? Tu sais faire quoi ? " puis on a mis en commun. De là, une couleur particulière a émergé. Cette couleur est à rapprocher de Tom Waits ou Nick Cave ( je ne m'en cache pas ) parce que je pense que ces deux types ont réfléchi de la même manière que nous. Tom Waits par exemple, a commencé comme crooner à faire du pianobar. Ces premiers albums sont le summum de l'inoriginalité ! Puis de fil en aiguille, on entend une chanson, puis deux, puis trois, dessinant progressivement un nouvel univers qui, certes, prend racine dans le précédent, mais qui s'épanouit en piquant un peu de ceci au blues, un peu de cela à la polka, un soupçon d'idée au NewOrleans, un poil de rock'n'roll… Et puis pouf  ! Le Tom Waits qu'on connaît est né ! C'est aussi ce qu'on fait. Avec plus ou moins de réussite… Pour l'instant, Film noir possède une certaine identité blues/ rock (encore que ce n'est pas toujours vrai), mais on compte bien explorer d'autres esthétiques. On a des goûts très divers au sein du groupe qui ne demandent qu'à être confrontés. C'est aux critiques et aux programmateurs de définir la musique des groupes qu'ils mettent en avant. C'est votre boulot ! D'ailleurs, Nick Cave et Tom Waits, dans quelle catégorie tu les mettrais ? Rock ? Post-blues ? Pré-rock ( comme j'ai pu le lire dans un magazine anglais ) ? Moi, j'en serais bien incapable !

C'est une maladie extrêmement rare qui ne se soigne pas. Il faut vivre avec et accepter que les programmateurs fassent des fautes en écrivant votre nom sur les affiches. Mais ça m'amuse beaucoup de voir la tête des gens quand ils essaient de le prononcer. Il suffira, pour ceux qui n'y parviennent pas, de retenir " Chiens galeux ".

Un tout nouvel EP se profile, comment se sont déroulés la composition et l'enregistrement ? Film noir ( le nom du 5 titres ) est un condensé, qui a été réalisé dans l'urgence, dans une volonté de redressement du groupe. Vois-tu, avant, il y avait un pianiste dans notre groupe, et pas de batteur. Alors qu'on finalisait un album de douze titres, le pianiste a pris la décision de quitter le groupe, pour des raisons qui lui sont personnelles, nous laissant avec cet album dans les mains. Pensant d'abord à la scène, on a recruté un batteur et laissé l'album de côté. Après quelques mois, on a compris qu'il serait absurde de sortir un album sans batterie, alors que le groupe présente une formation différente sur scène… On a donc presque tout jeté ( il reste trois chansons téléchargeables gratuitement sur Soundcloud ) et on est reparti de zéro. On a pris les 5 titres les plus représentatifs de Frrnt et ses chiens galeux, en gardant en tête qu'il fallait tout de même une certaine cohérence entre les chansons. On a tout enregistré à la maison avec l'aide de Lesly Grange et Frédéric Auzias aux machines et voilà ! Film noir est là. Au final, toute cette histoire aura été longue, mais depuis les premiers enregistrements, on a gagné en expérience, en assurance, et, grâce à la batterie, en énergie !

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Vos spectacles comportent toute une dimension circassienne ou cabaret, comment travaillez-vous cet aspect ?

les temporalités pour donner un caractère universel à l'histoire qu'on raconte. Il paraît que c'est pour ça que Star Wars a marché, alors pourquoi ne pas essayer ?

Je vais être franc, à la base, j'avais écrit des interventions entre les morceaux parce que j'étais incapable d'improviser quoi que ce soit. De même, je me maquillais pour vaincre un peu le trac. Une ambiance à la fois gothique et grotesque, burtonienne, s'est imposée naturellement à ce moment-là. Et je vis que cela était bon. Il a fallu imaginer un fil rouge pour lier ces interventions et c'est alors que l'idée du Musée des Prodiges est née, que Frrnt est devenu le professeur Frrnt, qu'il serait tératologue et que les chiens galeux seraient des monstres. Tout un univers visuel s'est créé, piochant chez Tim Burton, chez Terry Gilliam, chez Švankmajer ou Browning, dans l'expressionisme allemand, chez les courants gothiques et Steampunk aussi un peu. On n'a pas oublié la dimension burlesque non plus. Cela dit, l'univers doit rester inédit et surtout atemporel. C'est la clé. On ne raconte pas une histoire qui se passe au XIXe siècle, ni dans les années 30, ni dans l'uchronie Steampunk, ou que sais-je encore. On raconte une histoire hors de l'histoire, une a-chronie qui est tout à la fois syn-chronie. On mélange les époques,

Quels sont les projets à venir ? On essaie justement de créer un spectacle plus " théâtral ". Pour l'instant, les interventions liant les chansons ne sont rien d'autre que des interventions, et n'installent pas suffisamment l'univers de Frrnt et ses chiens galeux à mon goût. On veut que l'histoire qu'on raconte soit plus cohérente, plus frappante. On veut du rire, des larmes et tout le tralala. On travaille donc à enrichir l'univers, au niveau de l'écriture et aussi sur le plan dramaturgique. Ça nous ouvrira d'autres portes, nous permettra de jouer plus sur des scènes diverses. Et comme ça, je pense pouvoir économiser assez pour me payer un orthophoniste !

WWW.MYSPACE.COM/LESCHIENSGALEUX Entretien — Philippe Deschemin

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FESTIVAL

LES INVITES COULEURS EN VILLE Avec les Invites de Villeurbanne, les villeurbannais célébreront comme chaque année, depuis treize ans, l'arrivée de l'été de la manière la plus conviviale qui soit. C'est un événement gratuit porté par les habitants de la ville, fait pour eux et ouvert sur les autres. Artistes, compagnies de théâtre et musiciens investiront les rues et la population se réappropriera sa ville pour la partager avec tous pendant quatre jours, du 18 au 21 juin.

C

réés en 2002 par la ville de Villeurbanne, les Invites sont l'archétype du festival ouvert, participatif et convivial. Portés par les ateliers Frappaz, cet événement est une collaboration entre artistes et habitants. Ensemble ils prennent possession des rues, offrant aux villeurbannais la possibilité de redécouvrir leur ville de manière ludique et festive avec l'envie d'accueillir et de partager. Les festivaliers pourront lors de leurs déambulations autour d'une quinzaine de lieux. Cette année, pas besoin de partir en Inde pour célébrer la Holi, traditionnelle fête des couleurs hindoue. La couleur est déclinée dans toutes ses nuances : festives dans le centre-ville transformé sous des coups de pinceaux gigantesques, explosives avec un spectacle final participatif chorégraphié par la compagnie Artonik. Et parce que la plus belle couleur est peut-être bien celle du partage, on savourera les créations arts de la rue les plus détonantes et la fine fleur de la musique émergente. Le tout, autour d'une table, dressée à l'envi, qui promet bien des surprises Côté musique, Jean-Louis Murat & the Delano Orchestra, l'extravagante énergie de Winston McAnuff & Fixi, la funk décomplexée de Har Mar Superstar, les touaregs de Tamikrest et la pop dansante du combo bruxellois BRNS seront au rendez-vous.

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Les Invites, c'est le festival "pas pareil ". Car rares sont les événements qui impliquent autant les habitants, ces derniers devenant même les artisans d'une œuvre monumentale collective, toujours en partageant nourritures et boissons car les villeurbannais aiment bien vivre et le montrent. Les Invites, c'est le festival " pas pareil"  car il donne envie des mastodontes culturels lyonnais qui se veulent la vitrine de la métropole mais qui finissent par être boudés des habitants ne s'y reconnaissant plus. Il serait bon que certains s'inspirent des Invites pour recentrer les événements sur les habitants qui sont censés être les premiers concernés. Les Invites, c'est le festival " pas pareil " car personne n'est mis sur la touche. Pas besoin d'économiser, il est gratuit. Et sur ces quatre jours tout le monde y trouvera son compte.

WWW.INVITES.VILLEURBANNE.FR Par Rudy Boissy


FESTIVAL

PRINTEMPS D'EUR●PE LE VILLAGE DES PEUPLES Créé en 2008, l'association Europe & Cies organise depuis 7 années maintenant le Printemps d'Europe. Aussi connu pour être à l'initiative du Forum des langues place Sathonay dans le 1er arrondissement de Lyon. Leur collaboration autour de plusieurs projets de spectacle vivant permet l'existence d'une réflexion sur la place des langues et pratiques culturelles dans la construction d'une communauté européenne. Preuve que l'idée européenne peut se bâtir et se nourrir de ce qui est le ciment primordial de toute civilisation, le langage, la culture, l'autre. Rendez-vous du 8 au 25 mai.

CHARIVARI, FÊTE DES LANGUES ET DES CULTURES DE LYON :

LE FESTIVAL PRINTEMPS D'EUROPE La rencontre européenne annuelle des arts de la scène à Lyon et en Rhône-Alpes. Né en 2008 et organisé sur une quinzaine de jours en mai, ce temps fort ne se résume pas à une programmation d'œuvres théâtrales issues de l'Europe toute entière. Le festival regroupe divers événements fédérateurs générant des échanges entre artistes, entre citoyens, entre cultures, le tout au sein de l'espace public lyonnais ( fêtes, débats etc. ). Le fil rouge restant le projet communautaire européen examiné sous l'angle des langues et des arts.

VILLAGE DES LANGUES Parc du Sergent Blandan — Lyon 7e

8 MAI

Ouverture officielle du festival David Bursztein Orchestra

9 MAI

LE FORUM DES LANGUES DU MONDE DE LYON Depuis 2010 il se déroule chaque année fin septembre. Le temps d'un dimanche, la place Sathonay ( Lyon 1er ), prend les couleurs de l'Europe en se transformant en un véritable marché aux langues et aux cultures à ciel ouvert. Près d'une centaine d'associations linguistiques lyonnaises proposent une large palette d'activités allant des lectures publiques aux ateliers dégustation. Cette mosaïque riche et vivante est ponctuée de deux débats autour de la pluralité linguistique.

Fête de l'Europe et des Européens

10 MAI

Kermesse shakespearienne Jean Bojko

11 MAI

Sortez vos tapis ! Souk multiculturel, Song Circle, La Bande à Balk

DU 12 AU 25 MAI, À TRAVERS TOUTE L'AGGLOMÉRATION :

RENCONTRES & SPECTACLES En partenariat avec des lieux comme le Théâtre des Marronniers, le TNG, la MJC Montplaisir, la mairie du 1er arrondissement, l'INSA, le Goethe Institut, l'institut Culturel italien.

WWW.EUROPEETCIES.EU Par Philippe Deschemin

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BD

BDÉCINES BULLES DE JOUVENCE “

2014, quinzième édition. Bilan ?

Pouvez-vous présenter le Centre Léo Lagrange ?

Nous avons commencé en 2000, avec une dizaine d'auteurs présents en dédicace sur le festival. Aujourd'hui nous en sommes à plus de trente. Les tous premiers BDécines se déroulaient uniquement sur la structure, sous des tentes. À ce jour, l'événement prend place au Toboggan, LA structure culturelle de Décines. Preuve qu'en 15 ans, le festival BDécines a pris de l'ampleur et touche des structures, des auteurs et un public de plus en plus large. En effet, pendant une année entière, le Centre Culturel et Sportif Léo Lagrange fait appel à une quinzaine de sponsors et se prépare à accueillir 3 000 personnes et plus de 400 enfants, sur deux jours !

Le Centre Léo Lagrange de Décines est une association loi 1901 créée en 1977. En 37 ans d'existence, cet équipement est devenu, au fil des ans, un partenaire incontournable sur le territoire, notamment en terme de propositions dans le domaine des loisirs et ce, quel que soit l'âge des pratiquants. Nous sommes affiliés à la Fédération Léo Lagrange qui œuvre dans le domaine de l'éducation populaire et à cinq fédérations sportives. Aujourd'hui, le Centre Léo Lagrange de Décines c'est 820 adhérents différents et 25 activités. Entretien — Philippe Deschemin

Quels sont les temps forts de cette nouvelle édition ? Durant les deux jours, les visiteurs pourront faire dédicacer leurs BD par les auteurs présents. Mais ils pourront aussi participer aux différentes animations ou ateliers tels que les ateliers dessin et modelage, les battles de BD par Dati Prod le samedi, les animations jeux vidéos le dimanche avec G3 Event et Power Game, les ateliers grafiti avec l'association la Coulure le samedi après-midi sur l'esplanade du Toboggan.

Le festival a lieu au Toboggan de Décines. Quels sont les rapports que vous entretenez avec les différentes structures du Grand Lyon ? Cette année, nous avons un partenariat avec le festival de BD de Lyon. Quelques planches de BD des enfants seront donc exposées au cours de cet événement. Dans le cadre des actions éducatives, nous avons des projets dans les écoles ou structures éducatives du Grand Lyon. Nous recevons aussi un multi-financement de la part du département, de la région, ainsi que de la DRAC, de la commune et du Grand Lyon. Nos différents partenariats avec la médiathèque de Décines, la Librairie Expérience de Lyon et deux autres librairies, Charabia et Le Bon Bougre, sont toujours d'actualité cette année. 49


BD

Planche réalisée par les enfants de la ville de Décines-Charpieu


BD

Planche réalisée par les enfants de la ville de Décines-Charpieu




SÉLECTION INCONTOURNABLE Voici notre sélection incontournable, une nourriture pour l'esprit et les sens. Un florilège de bonnes choses à lire, à écouter et à voir. De belles et bonnes choses au sens athénien du terme : le Beau est ce qui accomplit au mieux sa fonction. Une sélection pour vous proposer d'autres perspectives.Nous avons fait le choix d'inclure dans cette rubrique des ouvrages et créations sans pour autant y adjoindre de notes. Au fond, il nous semble superficiel de vouloir expliquer notre choix. La présence de ces œuvres est une explication qui selon nous se suffit à elle-même. À vous de faire le reste du chemin pour les découvrir, sans oublier que ce ne sont là que des propositions. Philippe Deschemin

LIVRES

LAURENCE 666 N° 4 COLLECTIF BD

Mauvaise foi éditions

ARBITRAIRE N° 12 LE MONT EUGOLANA  COLLECTIF BD

SIDA MENTAL LIONEL TRAN ROMAN

Éd. Ego comme X


SÉLECTION INCONTOURNABLE

LIVRES

CITATIONS DE SADE EXPLIQUÉES M AT T H I EU N I A N G O Éd. Eyrolles

LA CULTURE DU NARCISSISME CHRISTOPHER LASCH ESSAI

Éd. Champs essais

ECRITS CORSAIRES PIER PAOLO PASOLINI ESSAI

Éd. Champs essais

RETOUR À MARX YVON QUINIOU ESSAI

Éd. Buchet Chastel


SÉLECTION INCONTOURNABLE

DOCUMENTAIRES

“ NO DOMINION ” Nouvel EP

GRAMSCI, PENSEUR ET RÉVOLUTIONNAIRE FABIEN TREMEAU editionsdelga.fr

ROUSSEAU, LE COMMENCEMENT D'UN MONDE

SOUNDCLOUD.COM/PRNMUSIC

OSSION GANI FABIEN TREMEAU editionsdelga.fr PRÉSENTE

LAMUZGUEULE ELECTRO-SWING + 1 ÈRE PA R T I E

ARTE SUAVE, JIU-JITSU BRÉSILIEN

L'ACTE DE TUER

N° 6

17

CHRISTINE CYNN JOSHUA OPPENHEIMER PRINTEMPS 2014

MAI CLANSAYES DRÔME

QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FÊTE ! — CONCERTS & SPECTACLES EN PLEI N A I R —

theactofkilling.com


SÉLECTION INCONTOURNABLE

MUSIQUES

FRNNT ET SES CHIENS GALEUX FILM NOIR ROCK

BLACK LILYS MEMORIES OF A BLIND MAN TRIP- POP

SARAH MIKOVSKI EP TRIP- POP

WOVEN HAND REFRACTORY OBDURATE FOLK APOCALYPTIQUE


DEVIENS BÉNÉVOLE POUR LA CULTURE VIVANTE À LYON ! Si tu as le goût du public, un amour pour la musique et les pectacles, un sens de l'organisation, ou si tu es tout simplement disponible et volontaire... rejoins dès maintenant l'équipe de bénévoles de l'association Axiome pour participer à l'organisation d'événements culturels dans le Grand Lyon.

SÉLECTION INCONTOURNABLE

FILMS Une sélection proposée par Quentin Dumas.

SNOWPIERCER, LE TRANSPERCENEIGE BONG JOON HO

AS I LAY DYING JAMES FRANCO

ASSO 1901

INFOS & CONTACT WWW.AXIOME-ASSO.COM FACEBOOK.COM/AXIOME.EVENTS

VANISHING WAVES KRISTINA BUOZYTE

PRISONERS DENIS VILLENEUVE


LE COIN DE

L'EMPL●I L'incontournable Magazine recrute des chargé(e)s de développement dans le Grand Lyon, Paris et sa région. contact@lincontournable-magazine.fr

L'incontournable Magazine recrute des bénévoles pour sa distribution et sa communication. contact@lincontournable-magazine.fr


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1ER MAXI DISPONIBLE MAI 2014 www.waranyway.com


LE COIN DES

C▲DE▲UX 3

EP From the Sky de Divine Shade, en interview dans ce numéro page 39.

4

PLACES Pour le concert de Wovenhand, vendredi 30 mai 2014 à 20H00 à L'Épicerie Moderne de Feyzin.

1

EXEMPLAIRE du roman Contoyen de Philippe Deschemin offert pour tout abonnement à L'incontournable Magazine.

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D I V I N AT I O N

H●R●SC●PE GARANTI ! BÉLIER Votre rêve de devenir astronaute

SCORPION Amis lyonnais, vous souhaitez vérifier nos

refait surface. La tête toujours dans les étoiles, vous voulez suivre le chemin tracé par la première fusée lancée de Kourou le 9 avril 1968.

prévisions divinatoires ? Rendez-vous place des Cordeliers. La statue de la muse Uranie ( muse de l'astronomie et de l'astrologie ) fut installée sur la colonne du Méridien le 18 novembre 1768 pour être détruite en 1858. Mais rassurez-vous, son pouvoir réside encore en ce lieu.

TAUREAU Avant de prendre une

SAGITTAIRE À chaque fois que vous

décision, ayez une vue d'ensemble. Pour cela rien de mieux que de grimper tout en haut de la Tour Eiffel ouverte au public depuis le 15 mai 1889.

vous baladez sur les quais du Rhône, votre regard est inexorablement attiré par le grand dôme de l'Hôtel-Dieu inauguré le 16 décembre 1764.

GÉMEAUX À l'image de la tour

CAPRICORNE Vous

du Crédit Lyonnais dont la 1ère pierre fut posée le 5 juin 1974, vous allez vous lancer dans un projet pharaonique.

êtes encore perdu à Paris ? Les arrondissements de Paris passèrent de 12 à 20 le 1er janvier 1860. Depuis, vous avez quand même eu le temps de vous habituer à cette nouvelle division administrative. Faites un petit effort.

CANCER Vous vous pensez au-dessus des autres. Reprenez-vous et arrêtez ce mimétisme envers les États-Unis. Rappelons qu'ils ont été condamnés pour emploi illégal de la force contre le Nicaragua par la cour internationale de justice le 27 juin 1986. Ils sont au-dessus des lois, pas vous. Prenez garde.

VERSEAU L'incontournable Magazine est gratuit, mais ça n'est pas le cas pour tout. Aussi gardez toujours un chèque à portée de main, moyen de paiement autorisé depuis le 14 février 1865.

LION Une symphonie de Mozart vous trotte dans la tête. Certainement une réminiscence du 13 août 1766 où Mozart, âgé de 10 ans, joua en solo plusieurs pièces de clavecin à Lyon.

POISSON L'insurrection bouillonne en vous. Vous êtes certainement influencé par le début de la commune de Paris le 18 mars 1871.

VIERGE Vous avez décidé de vous lancer dans le

Divination — Rudy Boissy Illustration — taureau, Carolina Espinosa

survivalisme. Il est de notre devoir de vous indiquer la présence de deux abris antiatomiques d'une capacité de 50 personnes, construits à Lyon en septembre 1957.

BALANCE Soyez un bon consommateur et mettez à disposition du temps de cerveau. Allumez donc la télévision dont on peut jouir à Lyon depuis la mise en service de l'émetteur de Fourvière le 15 octobre 1954.

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