L'incontournable magazine N°14

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Direction de la publication et de la rédaction Philippe Deschemin redaction@lincontournable-magazine.fr

Direction Générale Philippe Deschemin p.deschemin@lincontournable-magazine.fr Direction commerciale et partenariats Philippe Deschemin contact@lincontournable-magazine.fr

Direction artistique et design graphique Sébastien Pascot studio-cosmos.fr Publication Les Sons Étranges - ISSN 2268-6886 Dépôt légal à parution

Chefs de publicité Christophe Ramain Benjamin Boullier contact@lincontournable-magazine.fr Contribution Julie Dubout, Christophe Ramain, Hugues Berard, Alejandra Adeikalam, Alicia Jacquet, Charles Babeuf, Charlotte Hébert, Étienne Rousseau, Maxime Ronget. L' incontournable Magazine est une marque déposée. Toute reproduction ou représentation totale ou partielle des textes et des créations graphiques est interdite.

Couverture Photographie de Cédric Roulliat, en entretien page 36.

intro Les Nouvelles du monde libre — 4 Les Nouvelles du monde de l'art — 12

Voyage & découverte Voyage en terre Cathare — 16 À vélo le long du Rhin — 20 Chine — 24 Piano Trip — 28 art L'A lcôve — 32 Cédric Roulliat — 36 Galerie Slika — 42

Édition People Are Strange — 46

Théâtre KastôrAgile — 48

N° 14 sep/oct 2015 Musique Young Cardinals — 50 An erotic end of times — 52

Extras Sélection incontournable — 54 Cuisine de saison — 57 Le saviez-vous ? — 58 Trucs & astuces — 59 Cadeaux — 60

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Les Nouvelles du monde libre

© Oram S. Dannreutheur

Chasseurs d'Influences Chasseurs d'Influences, bureau de style situé rue Terme n'en finit pas d'émerveiller les passants avec ses vitrines dans l'air du temps. C'est justement ce travail de prospective en marketing et tendances que Nelly Sitbon réalise. Retrouvez en janvier le travail de Jean Marc Rimbot qui explore le rapport du corps aux civilisations anciennes. chasseursdinfluences.com

Le Génie de la Fabrique L'exposition Le Génie de la Fabrique est un hommage à la ville de Lyon et à ceux de ses enfants qui ont su, par leur incroyable exigence et leur inventivité, élever le tissage des étoffes façonnées non plus seulement au rang d'un artisanat remarquable, mais à celui d'un art véritable. Cette conquête, qui a duré près de trois siècles, a déterminé l'histoire de la ville et préparé son avenir. Actuellement au Musée des tissus et arts décoratifs mtmad.fr

— Fêtes du Pilar Le 12 octobre, la capitale de l'Aragon se pare de fleurs pour rendre hommage à la vierge du Pilar. La ville de Saragosse est en fête et célèbre la sainte patronne de l'hispanité. Venez assister aux parades, concerts et foires lors de cet événement incontournable. zaragozaturismo.es

— Ofrenda Flores © Zaragoza Turismo

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Les Dakh Daughters Après leur triomphe à Avignon cet été, les Dakh Daughters débarquent au Théâtre de Venissieux pour une performance de cabaret punk et poétique. Ne manquez pas cet événement tant attendu le 9 octobre à 20h30. theatre-venissieux.fr

Une Abeille d'Arménie Lancelot Hamelin et Maïanne Barthès créent Une Abeille d'Arménie à la Comédie de Valence. En écho au centenaire du génocide arménien, ils proposent un conte initiatique drôle et bouleversant sur la découverte de l'amour et la peur de découvrir sa vérité. Du 8 octobre au 13 novembre dans le cadre de la Comédie Itinérante sur le territoire du CDN Drôme-Ardèche comediedevalence.com


Les Nouvelles du monde libre

Bizarre ! fait sa rentrée Comme chaque année l'association Bizzare ! fait sa rentrée et vous propose de découvrir les artistes accompagnés sur la saison passée à l'A mphiopéra. Danse, slam et beatbox, electro-jazz, arts numériques, show pictural sont prévus pour trois jours de culture urbaine au pied de l'Opéra de Lyon.

Détonation à Besançon Le festival incontournable de la rentrée bisontine prend de l'ampleur et investit la Friche Artistique pour encore plus de concerts avec Brondinsky, Dirtyphonics, Pedro Winter et Jeanne Added. En marge des concerts de nombreuses animations et du mapping interactif sur le site du festival. Du 24 au 26 septembre à Besançon larodia.com

Körper à Clermont La chorégraphe allemande présente une de ses œuvres le plus marquantes et poignantes à la Comédie de Clermont. Körper, un ballet de corps qui se lient, se délient et redéfinissent l'espace scénique pour offrir au spectateur une performance d'une modernité absolue. Les 9 et 10 octobre à Clermont-Ferrand lacomediedeclermont.com

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Du 16 au 18 septembre projetbizarre.fr


Vingt Mille Lieues Sous Les Mers Gérard Lecointre et les Percussions Claviers de Lyon adaptent au théâtre de la Renaissance Vingt Mille Lieues Sous Les Mers, sur une musique de Debussy, Dukas, Roussel et Saint Saëns. L'œuvre mythique de Jules Vernes se déploie en musique et en image grâce aux illustrations d'Etienne Guiol et à la mise en scène d'Emmanuelle Prager. Du 8 au 10 octobre au Théâtre de la Renaissance d'Oullins Du 15 au 17 octobre au Théâtre de Villefranche theatrelarenaissance.com theatredevillefranche.asso.fr

MOOC7 au CNAM Connaissez-vous les MOOCs ? Ces cours en ligne ouverts à tous sont en train de révolutionner les pratiques pédagogiques par le biais des nouvelles technologies. Le Conservatoire National des Arts et Métiers est co-créateur de l'opération MOOC7 qui propose aux auditeurs les clés pour décrocher le job de leurs rêves. Campagnes de recrutement en cours au CNAM. Renseignements : lecnam-rhonealpes.fr trouverlejobdemesreves.com


Les Nouvelles du monde libre

Les ineffables À travers une recherche de liberté absolue dans création et la scénographie, expérimentant la répartition des acteurs et la place du public dans l'espace, le tout ancré dans une réalité détournée, la troupe du Levant, avec Les ineffables, trace un équilibre fragile et précieux entre le réel et le théâtral. À découvrir d'urgence. Du 16 au 27 septembre - Théâtre antique de Fourvière, Lyon troupedulevant.fr

© Lucy Skaer

Musée Gallo-Romain Il n'est pas commun pour un musée d'archéologie de proposer une exposition en présence de l'artiste. C'est pourtant ce qui se passe en ce moment au Musée Gallo-Romain de LyonFourvière. L'artiste Lucy Skaer propose des œuvres qui sont la variation d'une même forme dans plusieurs matériaux questionnant l'évolution de la forme à travers les époques représentées par le support même de l'œuvre. Sticks and Stones : Quand l'archéologie invite l'art contemporain. Jusqu'au 3 janvier 2016. musees-gallo-romains.com

La rentrée au Toï Toï !

Festival du Nouveau Cinéma

Il se passe toujours quelque chose dans ce haut lieu culturel situé sur le campus de la Doua. Dès le 10 septembre, le Toï Toï vous accueille avec les Diskö Punk Motherfuckers pour un dj-set résolument rock. Le 26 septembre sera placé sous le signe de la folk avec Dear Pola, The Clarks Project, Tit for Tat. Le 21 novembre, ce sera Mazalda et son Turbo clap club qui vous accueillera au son des Balkans saupoudré de jazz psyché.

Direction Montréal pour la 43e édition du Festival du Nouveau Cinéma. Voué à la promotion et la diffusion du cinéma d'auteur et des nouvelles tendances dans le domaine des nouveaux média, le FNC réunira cette année encore les meilleurs réalisateurs émergents sur la scène cinématographique internationale. Du 7 au 18 octobre à Montréal (CA) nouveaucinema.ca

toitoilezinc.fr

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Boire Ce texte met en scène une famille ouvrière et l'alcool. Fabienne Swiatly dit les souvenirs, décrit les situations. Seule l'absorption d'alcool leur permet d'avoir des semblants de rapports humains, des bribes de paroles, quelques regards. Fabienne Swiatly manie les vers et questionne le verre : si je ne bois plus, serais-je encore moi ? De Fabienne Swiatly, mise en scène de Guy Naigeon. Avec Anne de Boissy. Du 8 au 11 octobre - Nouveau Théâtre du 8e,, Lyon nth8.com

© Phlabeguerie

Vendanges culturelles Profitez de la saison des vendanges pour découvrir le patrimoine culturel et historique des vignobles. Près de Bordeaux, parcourez les vignobles des Graves et Sauternes grâce à un circuit qui vous emmène à la rencontre des personnages illustres qui ont marqué la région de Montesquieu à Napoléon 1er. bordeaux-graves-sauternes.com


Les Nouvelles du monde libre

Ecris moi un mouton

Laser et lumière L'Année internationale de la lumière est aussi celle d'un anniversaire, celui des 20 ans du Planétarium. Vingt bougies, dont la lumière s'étendra symboliquement depuis le berceau historique de Lyon, la colline de Fourvière, jusqu'à la mairie de Vaulx-en-Velin, ville qui a donné naissance au Planétarium en 1995. Le Planétarium de Vaulx-en-Velin et l'Institut Lumière réaliseront une expérience de tir laser pour mesurer la vitesse de la lumière entre les sites de la Basilique de Fourvière et de l'Hôtel-de-Ville de Vaulx-en-Velin.

Depuis 2012, Emilie Flacher, metteure en scène et Sébastien Joanniez, auteur, rencontrent des témoins de l'histoire commune entre la France et l'Algérie aux quatre coins de la France. Ils rassemblent et remâchent les histoires éparpillées pour créer une trilogie théâtrale qui évoque notre passé, invite notre présent et invente notre avenir. Une pièce de théâtre-marionnettes en trois volets. Le samedi 10 octobre à 18h30, Théâtre Jean Marais, Saint-Fons theatre-jean-marais.com

Du jeudi 24 au dimanche 27 septembre entre 20h et minuit.

Nancy Jazz Pulsations

Lâcher d'Oreilles

En octobre, comme tous les ans, le parc de la Pépinière est en ébullition. Les Nancy Jazz Pulsations : une programmation riche en découvertes pour l'un des événements culturels majeurs en Lorraine avec, entre autres, Orange Blossom, Squarepusher et Snarky Puppy.

Le Polaris de Corbas présente la 10 e édition de son festival d'histoires racontées. Spectacles et contes se succèdent pour le bonheur des petits et grands. Pour cette édition une application mobile sera créée et un double album CD édité.

Du 7 au 17 octobre à Nancy nancyjazzpulsations.com

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lepolaris.org


Escale à Milan ! Du 21 mai au 31 octobre, les hôtels Radisson Blu organisent l'opération " Made in Blu " : un voyage gastronomique proposé dans dix hôtels d'Europe qui permet au grand public de découvrir dix grands chefs, leurs restaurants et leurs recettes phares. La première escale gourmande de ce voyage culinaire se fait en Vespa, sous le soleil du Radisson Blu de Milan et de son restaurant Le Leonardo, un endroit intime et chaleureux où la Dolce Vita à l'italienne s'expérimente avec gourmandise.

Belfort à Vélo La Francovélosuisse, tout nouvel itinéraire reliant la Ville de Belfort à Porrentuy ( Suisse ) vous attend cet automne. Entre amis ou en famille, parcourez à vélo les plus beaux sites de cette région particulièrement adaptée au cyclotourisme. francovelosuisse.com belfort-tourisme.com


Les Nouvelles du monde de l'art

JEP à Besançon Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, la Cité des Arts de Besançon ouvre grand ses portes et vous propose des visites théâtralisées de ce site d'exception. Venez découvrir les réserves du FRAC Franche-Comté ou les trois expositions monographiques présentées de juin à octobre. Les 19 et 20 septembre Cité des Arts de Besançon citedesartsetdelaculture.fr

Yuan Goang-Ming, Landscape of Energy - stillness, 2014

La vie moderne, 13 Biennale de Lyon  e

Ralph Rugoff, commissaire invité pour l'édition 2015, nous propose une biennale sur la thématique de la vie moderne. Les lieux d'exposition sont la Sucrière, le MAC et le musée des Confluences. Du 10 septembre 2015 au 3 janvier 2016 labiennaledelyon.com

— Marie-Rose Lortet, La girafe sans cou.

Biennale Hors Norme

Trenkwalder ouvre le Clos du Frac Alsace

La sixième édition de la Biennale Hors Normes s'articule autour du thème " Intime – Extime ou les interrupteurs intimes ". Via le média qu'est l'Art Brut, les six plasticiens de la Sauce Singulière proposent au plus grand nombre de découvrir l'art contemporain à Rillieux-la-Pape et sur tout le territoire de la Métropole.

Le clos du FRAC Alsace, pensé comme une rencontre entre la viticulture et l'art contemporain par Nicolas Boulard, s'enrichit d'une sculpture monumentale en céramique réalisée par l'artiste autrichien Elmar Trenkwalder. Prouesse de technique et de créativité, cette œuvre est en place depuis quelques semaines à Selestat ( 67 ).

Du 3 au 18 octobre art-horslesnormes.org

culture-alsace.org

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© Kacem Noua

Un Peu Plus d'Un Rêve et Demi Le sujet principal des œuvres de Kacem Noua est la peinture. Dans la lignée des grands noms du Process Art, l'artiste lyonnais explore son rapport au matériau peinture en créant des effets de matière, de relief et de textures, et c'est sous nos yeux tout un processus de création qui se déploie sur les murs de la Galerie Regard Sud ( Lyon 1er ). Du 8 septembre au 28 octobre regardsud.com

Biennale CONTOUR 7 Venez à la rencontre de l'art audiovisuel contemporain lors de la 7e Biennale de l'image en mouvement à Malines. À travers des vidéos, installations et performances, la Biennale rend hommage à Thomas More qui rédigea le très célèbre Utopia entre les murs de la Ville. Du 29 août au 08 novembre contour7.be tourismebelgique.com


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voyage & découverte

Voyage en terre Cathare Languedoc Roussillon B

ien avant les guerres de religions qui opposèrent chrétiens et protestants au XVI e siècle, les languedociens adeptes du catharisme firent face à des persécutions durant tout le XIII e siècle. Les épisodes les plus tristement célèbres furent la Croisade contre les Albigeois et le massacre de Béziers, le 22 juillet 1209. Nous vous invitons à un voyage en pays Cathare, à la découverte des trésors du Languedoc Roussillon, entre patrimoine historique, culinaire et culturel.

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voyage & découverte

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Château de Quéribus

e catharisme est un mot issu du grec katharós, pouvant être traduit par " pur ". Il s'agit d'un mouvement d'essence religieuse s'apparentant au Manichéisme antique et d'inspiration chrétienne. Il est important de noter que le terme Cathare ne fut jamais employé par les adeptes de ce mouvement et que cette appellation est apparue bien plus tard, leurs contemporains employant le terme " hérétique ". La particularité du mouvement est qu'il n'est pas bâti, à l'instar du Bouddhisme, sur une théologie. En effet, pour les Cathares, Dieu est inconnaissable et non accessible. Il est absent du monde tangible. Se basant sur le nouveau testament, que les cathares firent traduire en occitan, défiant l'interdiction du pape de traduire les écritures en langue " vulgaire ", Dieu est le principe Bon. Il existe de toute éternité et n'aura pas de fin. Il est parfait et son œuvre est parfaite, inaltérable et éternelle. Il est omniscient et tout puissant dans le Bien. Dieu est le créateur de ce qui a été, est et sera. Dans le Catharisme, le principe dual au Bien et le Néant. Il est, par opposition au Bien, le principe du Mal. Les deux principes ne sont pas de même nature et de même puissance. En opposition avec la doctrine judéo-chrétienne, la doctrine cathare soutient un dualisme originel, centré sur la bonne création, divine, qui seule subsistera à la fin des temps. La particularité du catharisme, n'est pas seulement d'ordre religieux, elle l'est aussi dans son organisation sociale et culturelle. Ainsi, révolutionnaire à l'époque, le catharisme était opposé à la propriété privée, en particulier dans le cadre de l'exploitation des terres. Ces dernières ne doivent appartenir en principe qu'à celui qui la travaille, et non à un quelconque propriétaire n'en ayant point l'utilisation directe ; le catharisme s'opposait clairement à l'organisation sociale féodale. Ceci explique certainement son succès parmi les travailleurs non possédants. Le refus de l'alimentation carnée, le végétarisme, était parti intégrante du catharisme. Ainsi dans l'ouvrage de René Nelli, La Vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIII e siècle, paru en 1969, nous pouvons lire : " Dès la fin du XII e siècle dans le Midi de la France, " manger de la viande " et se convertir au catholicisme sont synonymes. ". " Il était aussi grave de tuer une bête ayant du sang que de tuer un homme. ". Nous pouvons même y lire : " Un hérétique que l'on mène en prison, à travers les rues de Limoux, se met à pleurer en voyant les bouchers tuer des veaux, près de l'abattoir de la ville. Il pleurait sur le sort de tous ces gens qui péchaient mortellement – et se perdaient – en mettant à mort une bête. " Affirmant de plus en plus leur indépendance face à une église catholique de plus en plus puissante et une féodalité de plus en plus hostile aux idéaux d'égalités, le mouvement finis par s'éteindre au fil des persécutions et massacres.

Château de Termes © C.G. Deschamps

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v o y a g em&u sdi éqcuoe u v e r t e

du Lauquet. Occupant une position dominante au cœur de l'ancien fort médiéval de Saint-Hilaire, ce monastère est organisé autour d'un magnifique cloître gothique. Il abrite le " sarcophage " de Saint-Sernin, œuvre majeure du Maître de Cabestany. C'est ici qu'en 1531, les moines inventèrent le premier vin effervescent au monde, la Blanquette.

De nombreux vestiges sont à voir et visiter dans tout le Languedoc qui affirme de plus en plus ces racines Cathares, et aujourd'hui plus que jamais les cathares se montrent au grand jour. La Marque Pays Cathare® a été créée en 1992. Propriété du Conseil Général de l'Aude elle regroupe près de 900 professionnels audois des secteurs du tourisme, de l'agriculture et de la viticulture, de l'agro-alimentaire sans oublier les artisans d'art et de nombreux représentants des métiers de bouche. L'ensemble de ces produits et services répondent à des cahiers des charges spécifiques qui garantissent qualité, origine et authenticité des savoirs-faire.

Si vous aimez la randonnée, nous ne pouvons que vous conseiller de mettre un pied sur Le Sentier Cathare. Embarquez pour un voyage pédestre, de la Méditerranée aux Pyrénées, à travers une nature préservée et un patrimoine historique impressionnant : lagunes, coteaux, massifs, gorges, plateaux et châteaux ; La richesse de l'Aude défilera sous vos yeux, au rythme de vos pas. Conçu dans la tradition des sentiers de grande randonnée avec une gare au départ et à l'arrivée, le Sentier Cathare propose également des variantes équestres ou VTT afin de ménager montures et cavaliers. De Port-laNouvelle à Foix, ce sont 12 étapes qui vous attendent sur 250 km.

Les activités en Pays Cathares sont nombreuses. Les châteaux sont forcement une destination incontournable, pas loin de dix citadelles magnifiques vous attendent. Pour la plupart bâti sur des collines surplombant de leurs milliers de tonnes de pierres les alentours. Par exemple, site stratégique par excellence, à près de 700 m d'altitude, le château de Puilaurens se dresse sur un éperon rocheux dominant le village de Lapradelle, au milieu d'une forêt de sapins. La région possède également nombre d'abbaye à ne pas rater, comme l'abbaye de Saint-Hilaire. Elle est installée dans la pittoresque vallée

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Pour les plus urbains, Narbonne sera une destination de choix : une plage interminable de sable fin, 3000 heures de soleil par an. Six musées, seize monuments classés, le Canal de la Robine classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Un Parc Naturel Régional, deux massifs naturels classés, deux Appellations d'Origine Contrôlées. Un goût certain pour la fête au travers des animations et évènements gratuits et de qualités pour enfants et adultes tout au long de l'année. T exte — P hilippe D eschemin P hotos — L aurie B iral , L isa D ebande , V ille de N arbonne

 E n savoir plus

lesentiercathare.com narbonne-tourisme.com payscathare.org audetourisme.com


voyage & découverte

à vélo le long du Rhin Rhénanie Palatinat

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voyage & découverte

À

la frontière de la France, de la Belgique et du Luxembourg, la Rhénanie-Palatinat se pare des atours de l'automne, entre le Pfälzerwald et le Rhin se succèdent châteaux et vignobles le long de pistes cyclables aménagées pour les cyclotouristes en herbe ou confirmés. L'incontournable Magazine vous emmène le long de la piste cyclable du Rhin à la découverte de quatre villes au patrimoine culturel et gastronomique remarquable.

Coblence

Mayence

Au confluent du Rhin et de la Moselle, la ville de Coblence, déploie ses charmes aux visiteurs. Ne manquez pas l'exposition Romanticum au " Forum Conf luentes " qui vous embarque à bord d'un bateau à vapeur pour explorer les mythes et légendes du Rhin. Les amoureux de la gastronomie et du bon vin feront ensuite une escale éponyme dans le centre ville piéton de Coblence, au restaurant Deinhard, vous pourrez déguster le fameux vin mousseux éponyme dont la renommée dépasse les frontières de l'Allemagne. Le Deutsches Eck, plateforme située au point de jonction de la rivière et du fleuve, est le point idéal de votre excursion qui vous guidera jusqu'au sud de la région. À quelques kilomètres au sud de Coblence, ne manquez pas d'admirer le rocher de la Lorelei. Ce site exceptionnel doit son nom à l'une des plus romantiques légendes germanique, sirène ou nymphe trahie la légende le Lorelei sera assurément le point d'orgue de votre visite à Coblence.

Plus au sud, découvrez Mayence, la capitale de la RhénaniePalatinat qui, à l'instar de Coblence, permet aux cyclotouristes de cheminer tranquillement entre ses murs millénaires. Longtemps point de jonction entre l'Europe Occidentale et Orientale, Mayence est une ville épiscopale qui possède l'un des patrimoines religieux les plus importants d'Allemagne. Ne manquez pas la superbe cathédrale Saint-Martin, ses orgues et ses cryptes mais également l'église Saint-Étienne, qui daterait du X e siècle et dont les vitraux ont été créés par Chagall. Ville de naissance et de mort de Gutenberg, Mayence abrite le musée mondial de l'imprimerie. Vous pourrez observer certains objets précieux liés à l'invention de la presse à bras comme la fameuse Bible B42. Coté gastronomie, faites une halte dans un Woistub, vous pourrez gouter le vin de la Hesse-Rhénane ainsi que le fromage frais local, le Spundekäs. Une fois votre collation prise, remontez en selle pour votre prochaine étape le long du Rhin, la ville de Worms.

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voyage & découverte

Worms

Spire

Worms est l'une des villes citée dans la Chanson des Nibelungen et s'est dotée d'un musée qui rend hommage à l'épopée médiévale notamment via de nombreuses installations d'art numérique. Pour rendre hommage aux héros mythiques, une statue représentant Hagen von Tronje a été dressée au début du XX e siècle sur les bords du Rhin. Jean-Paul Sartre situe à Worms l'action de sa pièce " Le Diable et le Bon-Dieu ", en effet, la ville est un centre religieux historique depuis des siècles. Ancien centre de la culture Juive Ashkénaze, Worms abrite l'un des plus anciennes synagogues d'Allemagne. Fondée en 1034, elle est bordée par un cimetière Juif de près de 2000 stèles gravées en hébreux. L'imposante Cathédrale Saint-Pierre de style roman est connue comme étant l'un des édifices religieux les plus remarquables de la vallée du Rhin. La ville de Worms fut également le théâtre des plaidoiries de Martin Luther devant l'empereur Charles Quint, un mémorial aux grands Réformateurs lui rend hommage derrière la Cathédrale. Enfin, le Monument à la mémoire de Martin Luther dédié à la mémoire des grands Réformateurs vous éclairera sur l'histoire protestante de Worms. Avant de rependre votre vélo, profitez de la vue aérienne sur la région grâces aux services de montgolfière qui sont proposés en ville.

Terminez votre long périple à vélo par une journée de détente à Spire. Visitez tout d'abord le Musée des Techniques et le Musée Historique du Palatinat afin de tout savoir de l'histoire de cette région. Le Musée Historique abrite le Musée du Vin, vous pourrez notamment y découvrir la plus ancienne bouteille de vin au monde découverte dans la tombe d'un légionnaire romain. Datée du IVe siècle après Jésus-Christ, la bouteille de vin de Spire a fait l'objet de controverse sur son contenu et sa méthode de conservation parmi la communauté scientifique. Terminez votre voyage en flânant sur la rue Maximilien, dite Via Triumphalis, et profitez de l'architecture Romane et Rococo de la ville. T exte — C hristophe R amain

 E n savoir plus

allemagne-romantique.fr germany.travel

 S ' y rendre

bahn.com

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Chine Sur la trace des trafics d'animaux

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voyage & photographie

P

artie il y plusieurs mois en Chine, la photographe Julie Cherki est revenue avec un nombre de photographies toutes plus intéressantes les unes que les autres. Notre attention s'est particulièrement attardée sur une série de clichés prise auprès de militants de la cause animale. Afin d'en savoir plus sur les conditions de ce voyage et sur le quotidien des militants, nous sommes allés à la rencontre de la photographe.

Peux-tu présenter ton travail photographique ? Je pratique la photo depuis deux ans et demi, en autodidacte, j'ai débuté par de la photo de rue, puis du portrait, du paysage et de la mise en scène, et il m'arrive également de réaliser des reportages, principalement en milieu artistique mais de temps en temps comme l'hiver dernier en Chine, dans le voyage ou pour des causes qui me tiennent à cœur. Ce qui emplit mon quotidien est plutôt la photographie " créative ", j'aime matérialiser des images que j'ai en tête ou me servir de lieux et d'ambiances pour les imaginer. Pour ce qui est du reportage, ma démarche est différente. Je ne l'ai pas énormément pratiqué pour le moment, hormis dans le spectacle peut-être, mais il permet beaucoup de rencontres, d'enrichissements, de vivre avec son temps et d'en témoigner, et d'être légitime partout.

reportage sur la protection animale est venue ensuite, car je suis végétalienne, parfois militante pour la cause animale, et proche d'une association française, L214. C'est à son contact que j'ai eu envie de joindre l'utile à l'agréable. Sébastien Arsac, un des fondateurs de L214, m'a mise en contact avec Bragance Pasteur, une militante chinoise vivant à Paris, qui a organisé intégralement les deux semaines de mon reportage en décembre, en me donnant des points de chute, à savoir Shanghai, Jinan, Qingdao et Beijing, et des contacts et traducteurs anglophones dans chaque ville. Peux-tu nous parler de tes contacts avec les associations de protection animale et de ce que vous avez fait et vu ensemble ? J'ai rencontré des militants et visité des refuges pour animaux dans les quatre villes où je suis allée. Globalement j'ai surtout vu des refuges pour chiens et chats, qui viennent soit de la rue, soit du trafic dont ils sont victimes et qui aboutit à leur consommation dans certaines régions de la Chine. Les refuges ne sont pas subventionnés par l'état donc j'en ai vu de tous les styles et dans tous les états mais leurs propriétaires, fondateurs ou bénévoles donnent énormément de leur personne, et consacrent parfois leur vie à donner une vie décente aux

Comment est venue l'idée de ce voyage/reportage photo ? J'ai décidé de faire un voyage initiatique dans le courant de l'année dernière, à savoir que je voulais partir loin, un mois ou deux, et passer au moins quelque temps seule. Je pensais à l'Asie parce que j'avais très envie de découvrir ses paysages, mais je n'avais aucune destination précise en tête. L'idée du

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voyage & photographie

j'ai vu en vidéo que les chiens peuvent être massacrés les uns après les autres à coup de matraque et qu'on utilise aussi leur peau pour en faire du cuir. Là-bas, j'ai vu des chiens morts sur des marchés, prêts à être vendus, pendus à des crochets, et d'autres chiens ou chats en vie dans des cages juste en dessous, attendant leur sort, dans les bruits et l'odeur du sang qui dégouline juste devant eux. De plus en plus de chinois sont indignés de ce trafic et se battent pour son éradication.

animaux qu'ils recueillent. J'ai rencontré à Shanghai des gens qui nourrissent des chats errants dans un parc. J'ai également visité une université à Qingdao où des étudiants et militants réintègrent des oiseaux dans le lac du campus car avec la destruction de la baie ils n'ont plus nulle part où aller. Il y a des photos célèbres de l'eau de Qingdao avec des algues vertes, dues à la forte pollution, et la baie et les alentours de la ville ne sont plus qu'une suite d'usines et d'immeubles en construction; et j'ai enfin participé, à Shanghai, à l'interception d'un camion de trafic de chats.

Parle-nous de ce fameux " festival " du chien. Il a lieu en juin, chaque année, à Yulin, dans le sud de la Chine, pour célébrer le solstice d'été. Je n'y suis pas allée, mais tous les militants que j'ai rencontrés m'ont dit que c'était intenable. Je n'ai pas les chiffres mais des dizaines de milliers de chiens sont massacrés, parfois torturés car une croyance, présente dans plusieurs pays d'Asie, dit que la viande d'un animal qui a souffert en mourant est bien meilleure. Les militants chinois luttent depuis des années pour l'abolir, et cette année il y a eu une grosse vague de contestation un peu partout, notamment en France où une pétition a circulé et où la presse a pas mal relayé l'information.

Peux-tu nous parler plus précisément des trafics d'animaux ? Je ne sais que ce que j'en ai entendu, vu et compris sur place. Des chats et des chiens, errants ou domestiques, sont enlevés dans la rue, entassés dans des cages et vendus à des " marchands ". Des camions les regroupent et les emmènent dans les villes où ils seront tués et vendus, sur des marchés. Ce sont souvent les mêmes camions, c'est en partie comme cela que les militants les trouvent, grâce à leurs indicateurs. A ma connaissance la pratique se fait plutôt dans des régions du sud de la Chine mais il me semble qu'au nord-est elle existe également. Ici

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Quels parallèles peux-tu faire entre la protection animale en Chine et en France ? Globalement en Chine j'ai surtout vu des militants et des refuges se battant pour la cause des chiens et des chats. Je sais qu'il existe d'autres associations, dans des villes où je ne suis pas allée, dont le fer de lance est différent, par exemple certaines tentent de sauver les ours, à qui on prélève la bile, au nom de certaines croyances, tout au long de leur vie dans des " fermes à ours ", ce qui leur provoque des souffrances insupportables. Il existe aussi des militants vegans, de plus en plus même je pense, qui, à la manière des militants français j'ai l'impression, étendent ce combat à tous les animaux tués en masse dans des conditions précaires et scandaleuses. L'enjeu de ce combat est également environnemental, ainsi le professeur Guo Peng, une militante de Jinan, m'a parlé des eaux des rivières chinoises, fortement polluées par les excréments des animaux d'élevage, et qui sont une catastrophe sanitaire pour le pays. Quels ont été les moments les plus forts de ce périple ? Sans doute l'interception du camion de trafic de chats, à Shanghai, parce que c'était le plus intense. Le soir je suis sortie de Shanghai, en direction d'un hôtel de la banlieue, où j'ai retrouvé tous les militants. À 4h du matin on s'est levés pour débriefer. Une personne, qui ne voulait pas apparaître sur les images par crainte de représailles, nous donnait des indications pour repérer le camion. On s'est mis en route avant le lever du soleil et, à l'aube, sur une sorte de voie rapide, on a bloqué le camion avec deux voitures. C'est un peu éprouvant de découvrir les chats entassés les uns sur les autres. La police prévenue est arrivée et a escorté le camion jusqu'à un endroit où le camion peut être immobilisé. Le problème est que le gouvernement ferme les yeux, et si la police verbalise sur le moment, il n'y a pas de suites pour autant. Les associations ayant peu de ressources, il n'est pas rare que les animaux soient libérés à la campagne, dans des lieux où les habitants sont connus pour les nourrir. Ma première visite d'un marché de viandes à Zhangjiajie était aussi marquante car ça ne ressemble pas du tout à un marché français, les animaux sont exposés entiers, pendus ou à même le sol. Entretien — Philippe Deschemin

juliecherki.fr

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voyage & musique

Piano trip L'épopée d'un piano sur les routes d'Europe I

l y a plus d'un an, au détour d'une table ronde organisée dans le cadre d'un festival de littérature, nous rencontrions Lou Nils. Quelques semaines plus tard, nous ouvrions nos pages à Pianotrip, une épopée musicale et humaine, un voyage de plusieurs milliers de kilomètres mené par Lou et Christophe. Plusieurs mois après, voilà l'ouvrage relatant cette histoire disponible en librairie. Il convenait de retrouver Lou pour parler de la sortie de ce livre et de l'avenir.

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Comment le projet a-t-il démarré, pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ? Chris prend des photos et dessine. Je joue, j'écris, je chante. Nous sommes deux créateurs indépendants. En 2010, nous avons mis un piano sur un vélo et nous sommes catapultés dans une odyssée musicale et graphique sur les routes d'Europe. L'idée ? Prendre le continent pour une grande scène de music-hall où triper en créant " H 24 " nous polarisait entièrement. Partir jouer là où on ne l'attend pas. Au piano, pratiquer le grand écart entre les genres, évoluer de la valse au rock, en passant par une ballade comme un exercice de style géant : jouer et créer en imprévu tout le long de l'itinéraire. A bord de cette embarcation de fortune, suivre la route du soleil comme une boussole et se faire traverser par l'époque. Une itinérance électrique et solaire de dix-neuf mois, douze pays, 7500 kilomètres a suivi, avec plus de trois cent concerts, à ciel ouvert dans le paysage. Le projet s'appelle Pianotrip.

chaque double-page a été conçue comme une fenêtre ouverte, qui peut être butinée de façon libre. J'ai ensuite restauré la chronologie de l'avancée, pour permettre également une lecture page par page plus classique. Construit comme un journal, il se donne à lire comme une partition de musique morcelée, dans laquelle seule la chronologie reste fixe. Ceci a atterri sur le bureau des maisons d'éditions. La maison Points a validé le concept en intégral, dit " banco ! " à l'imprévu, épicé ses idées, et ouvert ses portes, de façon assez extraordinaire. En tant qu'auteur indépendante, pour un premier brouillon inspiré, je ne pouvais pas imaginer mieux que cela. Qu'est-ce qui vous aura le plus marqué tout au long de l'aventure Pianotrip ? La magie et la déglingue de l'instant présent en occident. Le bras de levier que représente l'imaginaire dans le réel. Le surréel de l'époque : ses champs du possible et l'aridité de ses déserts. L'intransigeance et la drôlerie des hommes : bras de fer entre les faiseurs de possibles et d'impossibles. La sensation continuelle de circuler dans un film aussi poétique qu'implacable. Le mouvement perpétuel. La recherche du tripant. Le voyage musical et scénographique. La poésie brute de ce qui en a découlé. La soif d'avancer. Le poids d'un acte. L'histoire d'un pacte.

Lors de notre précédent entretien, le livre n'était pas paru. Peux-tu nous parler de son écriture et de sa réalisation ? Le livre est une première définition du Trip – c'est un livre manifeste. Un mot auquel je tiens, qui n'a pas fini de nous emporter à créer. Je me suis très vite mise à consigner le réel sur le vif en marge des temps de piano et de pédalage : copeaux de pensées personnelles, poésies, descriptions des paysages musicaux, instantanés de réflexion, tronçons de vécu…Le temps et la valeur ajoutée de chaque jour étant explosifs et beauté intransigeante, le surréel n'était jamais très loin de nos godasses, à bord. Idem de l'Europe, qui se donnait à voir dans tous ses états. À la sauvette, je lâchais le vélo à n'importe quel coin de route pour coucher sur le papier -paquets, enveloppe sou petits mouchoirs - quelques phrases, voire des paragraphes entiers. Il y avait sept carnets boursouflés de notes au sortir de la traversée. Un contenu dense, hétéroclite, plusieurs registres d'écriture, des textures très différentes. Sans transition nous sommes rentrés de Pianotrip pour cela : que j'écrive. J'ai trouvé du sens à garder ce mode fragmenté et l'immédiateté contenues dans les carnets : des phrases raturées mais brûlantes, qui me faisait penser à l'éclatement d'une grenade. Les photographies de Chris racontaient encore une autre histoire, sous un autre angle. L'idée s'est précisée : faire se côtoyer voyage et création, préserver la poésie de l'instant par photos et textes dans un livre accessible, - un format poche, donc- qui puisse continuer de voyager. Il a fallu fouiller, trier, sélectionner, rogner, décanter. Nous ne voulions pas du linéaire, jouer avec les vides et les pleins qu'offre le support d'un livre, plutôt. Cela a pris le chemin d'une aventure graphique sur papier. Autrement dit un pari éditorial fou :

" Road Residency ", qu'est-ce donc ? La suite. Un nouveau projet, qui conserve écriture dans le mouvement, trip et nouveau romantisme d'action en socle. Cette fois, je pars composer, micro au poing, traquer des pistes sonores avec un studio de poche. La nouvelle exploration qu'offre le XXIe siècle, c'est la révolution des transports et du numérique. L'état de transition de l'époque est dingue ! On veut s'embarquer dedans, croiser art et technologie, mettre la technique au service de l'imaginaire. Jouer à bâtons rompus, arpenter les routes en patchwork, enjamber des mondes, et inventer des passerelles. Ne pas oublier de rester gosses, au milieu, capables et s'étonner. Notre studio de poche permettra de créer à temps réel, capter, mixer et convoquer de nouveau terrains d'expressions à n'importe quel tournant, dans n'importe quel espace. Un an de recherche et d'enregistrement, en résidence itinérante, avec nos bureaux ouverts sur le monde. La conception d'un album musical et des scènes Live verront le jour, au retour. Entretien — Philippe Deschemin

pianotrip.com

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L'Alc么vE cr茅ation d'objets visuels

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L'

Alcôve est à la fois une galerie d'art et un atelier d'artistes. L'initiative singulière, nous amena à la rencontre de ces sept artistes. L'un d'eux, Tang, avait par ailleurs illustré la couverture de L'incontournable Estival 2014. Véritable expérience de mutualisation et d'entraide, il n'en fallait pas moins pour ouvrir à L'Alcôve les pages de L'incontournable Magazine.

Céline Kbaier

Comment est née l'idée du projet ? Nous nous sommes retrouvés autour d'un même constat : beaucoup d'espaces partagés existent, mais très peu de ces lieux proposent une synergie et une convergence commune artistique. C'est dans un lieu intermédiaire entre coworking et galerie, que nous avons pensé à L'Alcôve, atelier Leynaud de création d'objets visuels. Chaque artiste met son énergie à disposition de la vie de groupe tout en existant en tant que créatif indépendant. Nous ne sommes pas un collectif. Nous avons voulu organiser notre espace, entre atelier de travail d'un côté et lieu d'exposition, de l'autre.

celinekbaier.com

L'implantation rue Leynaud, dans le 1 er arrondissement de Lyon : choix ou opportunité ? Les deux. C'est lors de la recherche d'un lieu que cette opportunité s'est créée. L'idéal était de le trouver rue Leynaud et cela s'est produit. Trois des artistes de L'Alcôve avaient déjà travaillé rue Leynaud et il était évident que cette rue semblait être le lieu à investir. L'énergie de la rue, la diversité créative et la volonté de ses riverains à la faire reconnaître comme scène artistique contemporaine, trouve écho chez chacun de nous.

Jeune plasticienne, designer textile et objets, née en 1987 en région parisienne. Céline repousse sans cesse les limites dans son travail. Un passage à l'Opéra de Paris a nourri une réelle envie d'exploration, de travail de matière et de textures, les détails du quotidien, inspirent ses recherches plastiques, éveillent la surprise des expérimentations et le mariage de différentes techniques.

Yann Merran yannmerran.com

Photographe né en 1977. Depuis plus de 15 ans il arpente les villes du monde entier et cherche à en extraire l'insolite. Son approche artistique et documentaire de ce qui rend unique chaque lieu lui a permis de retrouver une Commune humanité partout où il pose son œil, son objectif et sa sensibilité.

In the Woup inthewoup.tumblr.com

Street artiste qui sévit depuis une dizaine d'années en France et à l'étranger. In the Woup réalise des œuvres inspirées des univers qui lui sont chers, qu'ils soient issus du cinéma, de séries TV, de jeux vidéo ou encore de la littérature. Connu principalement pour ses mosaïques qui reprennent fidèlement les codes des jeux vidéo 8 bits il réalise aussi des pochoirs, du paper art et des illustrations humoristiques.

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Tang tangworks.blogspot.fr

Né dans l'Isère en 1972. Il explore plusieurs univers en parallèle à l'acrylique sur toile et bois dont les sujets ont en commun une poésie et un regard contemplatif, où la nature et l'onirisme, souvent inspirés par un Orient lointain, sont prépondérants. Morgan Mollard morgan-m.com

Déposé par une vague le 27 juin 1983 aux alentours de Lyon, il se retrouve immédiatement immergé dans un grand bassin de culture. Né d'un père professeur d'arts appliqués et d'une mère dessinatrice de mode, il trempe très tôt dans la peinture tout en s'éveillant à l'histoire de l'art. Il suivra une formation en infographie 3D, dessins animés, effets spéciaux et est aujourd'hui réalisateur de clips musicaux. D'ailleurs, son premier court métrage sera bientôt présenté à L'Alcôve.

Marine Koprivnjak marinekoprivnjak.com

Née en 1987 à Suresnes (92), est diplômée des Beaux-Arts de Marseille. Son travail s'articule autour de la condition de la femme, les relations humaines ou encore les processus de socialisation. Elle utilise différents supports, allant du dessin à l'édition ou encore de la photographie au volume. À travers une série de peintures et de vidéos, elle questionne en ce moment le statut de la femme dans la linguistique et le cinéma.

— Juliette Montier

Les artistes sont présents chaque jour dans leur atelier et la galerie est ouverte au public tous les weekends et jours fériés de 10h à 19h

juliette-montier.com

Artiste plasticienne née à Paris en 1980, présente des œuvres aux techniques mixtes sur toile, aluminium et bois. Son travail questionne le rapport à la mémoire, l'interdépendance du présent avec le passé. Le souvenir se matérialise par une superposition de couches de couleurs et prend forme dans un jeu d'opacité et de transparences, de matières lisses ou rugueuses. Héritière de l'art informel, Juliette Montier propose une peinture qui représente l'irreprésentable, qui rend visible l'invisible.

artisteslyonnais.com L'Alcôve : 15 rue René Leynaud 69001 Lyon alcove.leynaud@gmail.com. Tél. 09 73 61 90 88

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CÉdric Roulliat à contre-courant

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aux semblants, inversions, détournements, stéréotypes, sensualité, beauté… sont autant de mots qui viennent à l'esprit face aux photographies de Cédric Roulliat. Au travers de mises en scène savamment orchestrées, le photographe se joue des archétypes, questionne le genre et nous propose des scènes oniriques d'une rare beauté. Rencontre avec l'artiste.

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Comment es-tu entré dans le domaine de la photographie ? Je me suis longtemps consacré à la bande dessinée, avant de bifurquer vers une pratique photographique permettant de mieux mettre en scène et avec plus d'impact, les intrigues et personnages archétypaux qui me tenaient à cœur. Troquer une activité solitaire pour un travail d'équipe s'est révélé passionnant et bien plus gratifiant. Et au final la photographie se trouve être le medium idéal pour synthétiser mes aspirations narratives et esthétiques, ainsi que mes diverses sources d'inspiration, du cinéma à la mode en passant par la bande dessinée.

La scénographie est omniprésente et la plupart des photographies sont de véritables scènes dans laquelle le spectateur peut laisser aller son imagination. Comment construis-tu tes séances ? Ce sont les possibilités de décor qui vont déclencher la mise en place d'une séance. Si j'ai par exemple l'autorisation d'utiliser une usine comme décor, un repérage préalable me permet de réaliser les croquis qui serviront de point de départ. Puis intervient la sélection des modèles, et des tenues, selon l'esprit désiré. Enfin, le jour même de la prise de vue, je me base sur les dessins préparatoires mais me repose également beaucoup sur le hasard et les propositions des modèles pour espérer faire surgir une image à la fois graphique et intrigante. La place laissée à l'imagination est prépondérante, il s'agit de laisser chacun créer sa propre interprétation de la scène.

Ton travail est très singulier et facilement reconnaissable. Comment a évolué ton univers ? J'ai commencé par des portraits " serrés ", créant des personnages fantasques avec perruques, accessoires et autre. Avant d'accorder une place accrue au décor et d'axer les prises de vues sur la relation entre le lieu et les protagonistes, pour prendre un recul à la fois physique et émotionnel sur la scène qui se joue devant l'objectif. C'est paradoxalement cette distance qui me semble la plus propice à l'émotion. Je veille cependant à ne pas exclure une dose d'humour et de légèreté dans des tableaux qui peuvent parfois sembler quelque peu sombres.

Il semble y avoir un lien fort entre tes modèles et toi, on retrouve souvent les mêmes personnes. Que peux-tu en dire ? La photographie étant une entreprise collective, il est essentiel de s'entourer d'une équipe qui soit au diapason. Collaborer avec les mêmes modèles depuis de nombreuses années autorise un confort de travail, une complicité et une audace irremplaçables. Il y a aussi une vraie jubilation, au fil des séances, à faire incarner des personnages par les modèles,

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qui jouent avec leurs identités parallèles, et souvent devancent mes intentions tant ils et elles connaissent mon univers sur le bout des doigts. Ce principe vaut aussi pour les coiffeurs, maquilleurs et assistants. Grâce à cette équipe, au fil des années, un univers fictionnel, peuplé de figures fantasmées, prend forme, une sorte de romanphoto qui refuse le mot " fin " et me ravit. Tu exposais " Clichés et préjugés " au centre LGBT de Lyon en juin dernier, peux-tu en parler ? C'est Jérôme Chabannes, avec qui j'avais déjà collaboré sur la plaquette du festival " Piano à Lyon ", qui m'avait sollicité pour contribuer à cette exposition visant à illustrer la discrimination au travail. L'intérêt de ce genre de projet est qu'il vous force à changer vos réflexes pour répondre à une thématique prédéterminée, avec au final des résultats parfois inattendus. C'est forcément enrichissant. Des projets pour septembre, octobre ? Les prochains mois vont être consacrés à la réalisation d'une série commandée par un magazine d'art, ainsi qu'à la préparation d'une prochaine exposition de petits formats reflétant la production de l'année passée. Par ailleurs je suis en train de monter un road-trip photographique dans le sud de la France avec trois comédiennes fidèles et impavides, dont l'objectif sera d'élargir l'horizon traditionnel de mes clichés. Enfin je continue à solliciter diverses autorisations pour shooter dans des lieux comme un aéroport, une raffinerie ou une centrale hydraulique.

— Les clichés de Cédric Roulliat sont visibles de manière permanente à la Galerie COD, 17 rue des Remparts d'A inay, Lyon 2 e — Entretien — Philippe Deschemin

cedricroulliat.com


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slika L'art urbain

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n serbe slika veut dire peinture. Nous aurions pu vous emmener en Europe centrale mais c'est dans le quartier des antiquaires, dans le 2 e arrondissement de Lyon, que nous avons rencontré Jérémie Masurel, jeune galeriste à la tête de Slika. Ce fut l'occasion de parler de l'explosion du street art et du marché de l'art en général.

Comment a débuté l'aventure Slika? Tout d'abord c'est une histoire de passion. Une passion aussi vielle que moi finalement, car, je baigne dans le monde de l'art et des collectionneurs depuis mon plus jeune âge, grâce à mon grand père. J'ai évolué et grandi en quelque sorte dans des ateliers, des salles de vente… J'ai fini des études, travaillé dans de grandes boites puis j'ai tout quitté pour revenir à cette passion première : l'Art. Comment décrirais-tu la galerie ? C'est une galerie qui défend des artistes originaires du graffiti et du tag. On emploie souvent le mot « street art », mais je préfère apporter cette précision et car c'est ce que l'on défend. C'est une galerie qui oscille entre présentation de jeunes artistes que je pressens devenir majeurs, et artistes très reconnus qui font dans une certaine mesure office de locomotive du mouvement. Chez Slika nous pouvons voir autant des œuvres très recherchées, quasi institutionnelles et des artistes tout aussi talentueux mais moins connus. Beaucoup de galeries s'ouvrent sur le thème de ce qui est communément appelé street art… En effet. Il y a manifestement un effet de mode. Toutefois, il y a un noyau dur qui est intéressant et qui produit de la belle peinture. Il faut savoir faire le tri. L'ouverture de toutes ces galeries traduit un engouement du public et j'accueille cela avec un grand plaisir.

Comment voyez-vous la frontière entre street art et pop art ? N'est-ce pas un moyen de faire du neuf avec du vieux ? Elle est floue, c'est indéniable. Ce que je peux dire c'est que pour notre part nous défendons des artistes venant du graffiti et du tag. Ce sont donc par essence des gens qui viennent de " la rue " et qui se sont exprimés artistiquement dans la rue. C'est peut-être là la véritable différence. Tous les artistes que nous pouvons voir dans la galerie possèdent une authentique crédibilité dans la rue.

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Cela fait une saison que la galerie a ouvert ses portes, premier bilan ? Nous avons passé une belle année et la galerie est en pleine expansion. Que ce soit au niveau de la fréquentation public que celui des collectionneurs et acheteurs.

conseil en investissement auprès de cette population. Je mets un point d'orgues à travailler sur ces deux points. Que diriez-vous à quelqu'un pour le convaincre d'acheter une œuvre d'art ? Pour moi le rapport à une œuvre d'art c'est quasiment de l'ordre du mariage ! Il y a plusieurs types d'acheteur… Il y a des collectionneurs, ceux qui achètent sur un coup de cœur et une seule fois… C'est un vrai marché… avec une offre et une demande. Je privilégie le coup de cœur, l'affect, c'est aussi une histoire de tripe. Nous avons de la chance en France car il y a une culture de l'achat d'œuvre d'art. Slika c'est aussi un café… Oui ! C'est un élément important du concept. Cela permet d'avoir un autre échange avec le public. Cela permet aussi à un public profane de pénétrer dans une galerie d'art par le biais du café.

Lorsque vous avez créé la galerie, est-ce que vous avez tout de suite défini votre position entre galerie d'exposition et galerie s'inscrivant dans un marché d'art ? Je veux dire par là que beaucoup de galeries privées ont du mal à se positionner. Certaines prennent, à tort, en modèle les galeries d'état dont les frais de fonctionnement sont couverts par l'argent public via des subventions, et sont de fait des galeries d'exposition… qui n'ont pas besoin de vendre d'œuvre pour exister. Pour être clair, j'ai une fibre entrepreneuriale. Donc le reflexe " subvention ", je ne l'ai jamais eu. Alors il y a des galeries subventionnées qui font un très bon boulot, cela doit être très intéressant de bosser de cette manière là. Ici, j'essaie finalement de faire ce que font ces types de galeries. Faire venir de belles œuvres d'artistes reconnus, dénicher de nouveaux artistes pour présenter cela au public. En ce sens j'ai l'impression de faire un vrai métier de galeriste. Mais mon travail consiste également à proposer des œuvres en achat à un public d'acheteur-collectionneur. J'ai aussi un rôle de

Entretien — Philippe Deschemin

galerie-slika.com

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édition

People are Strange N

ouvellement installé place CroixPaquet en bas des pentes de la Croix-Rousse à Lyon, le magazine People Are Strange mené par la Anna Rios a subi de nombreuses mutations. L'incontournable Magazine donne régulièrement la parole à ses confrères de la presse et de l'édition, une rencontre avec la petillante et talentueuse Anna – directrice de la publication – s'imposait afin d'en savoir plus.

Comment est né le concept de People Are Strange ? People Are Strange est né de l'envie de s'amuser en écrivant. J'étais correspondante à New York et répondais aux commandes de plusieurs rédactions françaises. Je commençais à ressentir le poids d'un vilain académisme dans le choix des sujets et dans leur traitement. Je me suis dit " fuck that shit man whathefuck " ( d'abord ), puis : " quite à être précaire, autant l'être pour de bonnes raisons ". Dans la recherche d'une liberté de ton. Le blog - qui hésitait entre critique d'art, street spotting et cahier intime - est devenu webzine culturel à mon retour en France, grâce à l'aide de quelques potes déjantés à la plume aiguisée. Parmi eux, la rédactrice en chef d'aujourd'hui : Talia Daubié. Sans elle, je crois que… Nan, je ne vais pas faire la tirade des Oscars, elle m'en collerait une.

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Qu'est-ce donc exactement ? Une revue, un site… C'est un webzine et magazine papier culturel " décalé ". Littérature, ciné, musique, on couvre tout ce qu'on aime, sans langue de bois. Avec une partie franchement " récré " : les best-of-web ( conneries du web de l'inénarrable Toufik ). Si vous étiez Les Inrocks vous me diriez " C'est le lolcat rencontre Bergman ? " et j'opinerais du chef en pensant silencieusement " fuck that shit man whathefuck ". En parlant de Fuck, la rubrique Fucking Mondays offre une sacrée tribune aux mécontents de tous bords ( narcoleptiques anti-système, gérontophobes désargentés, coléoptères constipés… ). Et tous les six mois, on organise un concours de la meilleure fiction afin de " dénicher de jeunes talents " ( expression gouvernementale faussement généreuse ). Voilà pour l'auto-promotion. Ah non, j'oubliais l'équipe ! Margot, mignonne infirmière à tendance bohémienne, se charge du bon mot fictionnel ; Paola-dit-Tatie, pétillante réincarnation de Sagan, dessine des saletés caustiques à la barbe et au nez de Laurianne-dit-Lolot qui relit comme une vieille instit les articles d'Élise, caution sérieuse salement rousse. Pendant que Tim et Thomas font les bonhommes aux platines de la rubrique Musique. On ne peut s'empêcher de penser aux Doors. Quel est ton rapport au groupe ? Aucun. J'aimais bien le constat " les gens sont étranges ", que je trouve tendrement humaniste. Et universel. Notre ligne éditoriale colle d'ailleurs à cette idée : les marginaux sont beaux. Merde, je parle comme Mireille Dumas. Voyez, je ne peux pas m'empêcher de me tailler. Puis de me réhabiliter. C'est ça People Are Strange, l'autodérision complaisante. Tu es en train de préparer une nouvelle mouture de la revue ? Oui. La revue devient payante et donc plus brillante. Avec l'argent, on va investir au Qatar, se payer une tour " anxiogène " sur l'avenue de la République et rétablir le principe pollueurdéfiscaliseur. P.A.S c'est aussi un espace de coworking… Oui, nos locaux se sont ouverts à d'autres partouzeurs, pardon, freelanceurs, qui bossent dans les médias, la com, l'édition, dans le quartier bobo-gentrifié des pentes de la Croix-Rousse. Que des gens canons en espadrilles sans l'accent du sud. Qui vivent pour les carottes et le recyclage de fiente de carottes. J'ose un " plus on est de fous, plus on jouit " ou je deviens lourde ? Entretien — Philippe Deschemin

peoplearestrange.net


Théâtre

KastôrAgile à la croixrousse G

illes Pastor, fondateur de la compagnie KastôrAgile, met en scène les écrits autobiographiques de Thomas Bernhard, auteur majeur de la littérature germanophone du XX e siècle. Vous pourrez découvrir cette création sur les planches du Théâtre de la Croix-Rousse du 3 au 7 novembre 2015. Entretien avec le metteur en scène qui avait proposé sa vision d'Affabulazione de Pasolini la saison dernière.

Pouvez-vous présenter votre compagnie? J'ai fondé KastôrAgile en 2002 à Lyon. KastôrAgile a été en résidence à La Villa Gillet et aux Subsistances entre 2004 et 2008 ; ces résidences ainsi que ma résidence " Villa Médicis hors les Murs " en 2007 à Salvador da Bahia ont conduit mon travail de metteur en scène et d'acteur dans une exploration d'une écriture de la scène, non seulement textuelle, avec une forte présence de l'écriture de l'image. Affabulazione de Pasolini en résidence de création au TNP en 2014 était un travail au théâtre sur le langage poétique de Pasolini, homme d'images et de cinéma, avec la voix de Jeanne Moreau, cinq acteurs et cinq joueurs de foot. Mon aventure " œdipienne " se poursuivra en 2016 avec la création d'Œdipe de Sophocle, en alternance avec Affabulazione.

mon propre rapport au " je " dans mon travail et ces cinq récits autobiographiques de Thomas Bernhard, adaptés et traduits par Christianne Ghanassia, qui nous dévoilent l'homme Thomas au-delà du grand homme de théâtre qu'il fût. À cet endroit de l'écriture, qui n'est absolument pas dramatique, mais réellement du récit, il dévoile son "corpus" : son moteur d'écriture et de création. Il n'ouvre pas une porte sur une intimité qui nous serait offerte ou dévoilée  ; il profite de ce dévoilement pour écrire. Son projet n'est qu'écriture. Et c'est profondément cela qui me passionne dans la dimension du " je " : la forme que le " je " prend dans une invention littéraire ou dans n'importe quelle forme artistique. Peut-on considérer les écrits autobiographiques de Bernhard comme un témoignage sur l'état de l'Autriche au sortir de la seconde guerre mondiale ? Je le pense trop égoïste et trop concentré sur l'invention d'une écriture ! Le tableau effrayant qu'il peint de cette Autriche n'est qu'un motif parmi d'autres dans l'accablant et drôle portrait de lui-même qu'il nous livre. Les bombardements de

Vous avez choisi de mettre en scène les écrits autobiographiques de Thomas Bernhard, en quoi ceux-ci nous apportent-ils un éclairage sur son œuvre ? Ce projet est venu à moi, il s'agit d'une commande de mise en scène. J'ai lu ce texte et j'y ai trouvé des similitudes entre

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la ville de Salzbourg côtoient ses déflagrations pulmonaires ; ses poumons l'abandonnent dès l'âge de 18 ans, il vit les bombardements de cette guerre, il vit cette atteinte-là dans sa ville, il voit des jeunes adolescents sauter par les fenêtres ou se pendre ; il entend son grand-père maternel lui enseigner que la plus belle réalisation de l'homme est de réussir son suicide… Son corps d'enfant et d'adolescent est traversé par tous ces bombardements ; je me sens assez proche de cette parole, et cette proximité-là, comme avec Pasolini, me donne une grande liberté de fabriquer du théâtre. Vous préparez un " seul en scène " avec le comédien Jean-Marc Avocat, quel dispositif prévoyez-vous et comment s'est passée votre collaboration ? Jean-Marc Avocat est un corps, un corps puissant et fragile d'homme et de comédien. Il est totalement disponible à l'écriture ; il est immergé constamment dans la phrase et dans les mots sans se soucier de la moindre incarnation ou d'une psychologie paralysante. Il est libre et disponible. Il est donc possible de travailler librement sur une forme scénique où la parole est évidemment au centre mais où l'homme, c'est-àdire l'acteur, sera lui-même au centre d'une image de 5 m par 2,80 m environ, une image 16/9 e. Ici, l'emploi de la vidéo ne sera pas l'utilisation d'une image mouvante mais au contraire donner à l'image filmée le rôle de la photographie et du plan fixe. Travailler sur cette lente perception d'une image qui se modifie comme la lente destruction d'un corps. Et ce travail-là ne peut se faire qu'en étroite collaboration avec Vincent Boujon, pour la vidéo, et Nicolas Boudier aux lumières. Où pourra-t-on voir la compagnie dans les prochains mois ? ▶ Au Brésil, plus précisément à Rio de Janeiro et à São Paulo, dans des musées d'art moderne en octobre 2015, São Cosme e Damião / Duo qui fut créée en 2013 à Salvador da Bahia au coucher du soleil, avec le danseur brésilien Edu O. et l'acteur Jean-Philippe Salério. ▶ Avec l'ensemble baroque Akadêmia et Passion/ Et ils me cloueront sur le bois, créé au Festival de la Chaise-Dieu, ce spectacle poursuit sa route dans des festivals de musique. ▶ Affabulazione tournera en 2016, à Rouen, Cherbourg et Colombes avant que j'entreprenne avec la même équipe et le même terrain de foot mon Œdipe-Roi de Sophocle, où la violente jeunesse de l'interprète d'Oedipe nous donnera une lecture nouvelle, j'espère, de cette tragédie antique. Entretien — Christophe Ramain Photo — Thomas Bernhard. © Fondation Thomas Bernhard.

kastoragile.com croix-rousse.com


musique

Young Cardinals Thrice, l'univers des Deftones, l'élégance de Caspian et le côté épique de Russian Circles. Enfin, avec un support musical, c'est toujours plus simple de démarcher des concerts et d'essayer de se faire connaitre.

Votre premier Ep est sorti il y a tout juste quelques mois, comment ça se passe depuis ? Nous avions déjà sorti l'EP par nos propres moyens quelques mois avant : nous avions fait presser quelques digipacks, mis tout cela sur Soundcloud et Bandcamp et démarché quelques concerts dans la région Lyonnaise. Le contact avec le label Send The Wood vient de notre ingé son et ami, Fabrice Boy, qui connait très bien Hadrien et Nancy du label. Il leur a fait écouter quelques-unes de ses références, et ils se sont montrés intéressés. Le label permet de se structurer un peu plus. C'est assez nouveau pour nous de discuter du groupe avec d'autres personnes, mais en fait c'est assez agréable et cela nous permet de réfléchir aux projets,

sur du moyen voir du long terme. Send The Wood nous ont aussi permis de faire deux dates en première partie de God Is An Astronaut sur leur tournée Française. Ils nous ont calés sur la date de la Paloma à Nîmes et au CCO à Lyon avec l'équipe de Sounds Like Hell. Cela nous a permis de faire deux bonnes dates justes avant de rentrer en studio pour commencer l'enregistrement de notre premier album. Quels étaient vos objectifs pour cet Ep ? L'idée était de fixer un peu l'ADN du groupe. Nous composions depuis quelques mois et commencions à savoir où nous voulions aller… Très vite il y a eu l'envie d'avoir un son organique, de travailler sur les textures… Artistiquement, nous aimions le songwriting de

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Vous êtes actuellement en studio pour mettre en boîte votre premier album… Nous avons repris la même formule que pour notre premier EP mais avec plus de jours d'enregistrement ! Le disque est à nouveau réalisé par Fabrice Boy, qui est également notre ingé son live. Pour le Basse-Batterie, nous avons enregistré au Warmaudio à Décines. Quant aux voix et aux guitares, elles ont été faites au studio Inglorious Record dans le 3e Arrondissement de Lyon. Nous retournons au Warmaudio début juin pour le mixage, ensuite le disque part au mastering en Suède, chez Magnus Lindberg de Cult Of Luna, début juillet. Pour quand est prévu ce disque ? Send The Wood aimerait sortir le disque autour de septembre ou octobre de cette année. Quel est votre regard sur l'industrie du disque, en France et globalement ? La France n'est pas un pays avec une grande culture Rock c'est sûr… C'est compliqué pour des projets comme le nôtre d'être relayé dans les médias et cela parait difficile d'en faire un moyen de gagner sa vie. Nous avons tous une


activité professionnelle à temps plein. Du coup, le rapport à l'argent ne rentre à aucun moment en considération avec notre musique, nous sommes artistiquement libres et conservons le contrôle total de notre projet. Plus globalement, le contexte musical est mondialement difficile. En 20 ans, de nouvelles habitudes de consommation de la musique se sont mises en place et elles n'encouragent pas à acheter des disques. En revanche, l'accès à beaucoup plus d'artistes et de bons albums est facilité. Avant, tu achetais ton mag de rock et une bonne chronique te faisait acheter un disque d'un groupe que tu n'avais jamais entendu… Cela parait dingue aujourd'hui. La musique téléchargée illégalement et le streaming, pénalisent plus les grosses formations que nous. Avec internet, il y a aussi la magie d'avoir une vitrine pour ton groupe sur le monde! Pour un groupe comme YC, c'est quelque chose de positif : une page FB, Bandcamp, Soundcloud…, tout cela peut apporter énormément de visibilité. Entretien — Philippe Deschemin

youngcardinalslyon.bandcamp.com


musique

An erotic end of times Vous sortez un format court : Chapter one… Nous avons travaillé sur un ensemble de morceau et nous nous sommes posé la question de la longueur de notre première livraison. Format court avec un EP ou long format avec un album ? Le choix s'est finalement porté sur les deux ! Nous avons construit un album complet que nous livrons en deux parties : chapter 1 et chapter 2. Il y a une cohérence entre les deux parties, qui pourront s'écouter à la suite ou séparément.

D'où provient ce nom ? Il peut être interprété de plusieurs manières. La lecture de certains poètes Anglo-saxons comme Dylan Thomas, T-S Eliot ou Ezra Pound, ont fortement influencé notre manière d'aborder les textes. Des poèmes comme And death shall have no Dominion de Dlyan Thomas ou le Hollow men de TS Elliot, qui traitent tous deux d'une certaine manière de la fin des temps, ont profondément marqué notre façon de voir le monde. Nous cherchions un nom à la fois tragique et sublime. Quoi de mieux que de mêler ce qui semble antagoniste? L'érotisme, qui est un des moteurs de la création de la vie, et eschatologie avec la fin des temps. C'est un clin d'œil à Dylan thomas, comme si la mort n'avait pas d'empire.

Comment décririez-vous votre musique et quels furent vos repères et influences ? La musique peut être décrite comme un mélange de rock, de métal et de sonorités électroniques. On peut citer des groupes comme Type O negative, Paradise Lost, The Cure, Fields of the Nephilim… De quelle manière avez-vous construit les morceaux qui sont à la fois accrocheurs mais hors des canons habituels du couplet-refrain ? En effet nous souhaitions sortir du couplet-refrains sans pour autant se lancer dans le free-jazz, il est possible de trouver d'autres constructions, d'autres articulations dans la création d'un morceau. Il y la volonté de poser une ambiance, ne pas être racoleur, emmener l'auditeur ailleurs, le kidnapper du quotidien le temps de l'écoute.

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Une vidéo illustrant le morceau " I am become Death " est disponible, Le titre reprend le fameux discours d'Oppenheimer… En effet, au départ ce morceau devait être un simple instrumental, comportant un extrait de ce fameux discours d'Oppenheimer qui se ponctue par cette citation tirée du Bhagavad gita, un texte hindouiste. Oppenheimer y cite : " I am become death , the destroyer of worlds " littéralement , " je suis devenu la mort, le destructeur des mondes". Ce discours filmé est très poignant. Oppenheimer, en fin de vie, fais le constant de son existence, de son travail et se demande finalement s'il n'est pas à l'origine de la fin des temps avec la création de la bombe nucléaire. À l'époque de ce discours, le monde est en pleine guerre froide… Entretien — Philippe Deschemin

facebook/aneroticendoftimes


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Sélection incontournable

V

oici notre sélection incontournable, une nourriture pour l'esprit et les sens. Un florilège de bonnes choses à lire, à écouter et à voir. Une sélection pour vous proposer d'autres perspectives. Nous avons fait le choix d'inclure dans cette rubrique des ouvrages et créations sans pour autant y adjoindre de notes. À vous de faire le reste du chemin pour les découvrir, sans oublier que ce ne sont là que des propositions.

romans Le loup des steppes

Herman Hesse

Nous autres

Eugene Zamiatine

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Sélection incontournable

documents En finir avec les idées fausses sur les professionnels du spectacle Vincent Edin

Éditions de l'Atelier

Media crisis

Peter Watkins

Éditions L'Echappée

La fabrique de l'information visuelle Thierry Gervais Éditions Textuel

Piano Trip

Lou Nils Christophe Clavet

Éditions Points

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SĂŠlection incontournable

musique An erotic end of times Chapter One

Rock Metal Les disques Rubicon

Parisian Walls

The eternal hunter

Metal hardcore

Yorblind

Blind but alive MetaL

En partenariat avec :


cuisine de saison

Chou campagnard LE

Préparation : 20 mn Cuisson : 15 mn Ingrédients pour 4 personnes : • 1 gros chou vert • 150 g de lardons • 1 filet de crème Mettez de l'eau à chauffer dans une cocotte minute ou une grande casserole. Saler l'eau avec du gros sel. — Pendant que l'eau chauffe, coupez le choux, préalablement épluché, en quart, en huitième et ainsi de suite jusqu'à obtenir des lamelles grossières ( pas trop fines ). — Quand l'eau bout, faites blanchir le choux pendant 5 mn ( à partir du moment où l'eau s'est remis en ébullition seulement ) de façon à ce qu'il garde une belle couleur vert-tendre. — Égouttez-le chou et passez-le à l'eau froide. — Faites revenir les lardons dans une poêle Puis quand ils sont bien dorés, ajoutez le chou et laissez-le dorer à feu vif également. Le chou doit garder une bonne tenue et ne pas devenir mou. — Enfin, juste avant de servir, ajoutez un filet de crème et poivez selon votre goût !

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découvertes

le saviez-vous ?

Le musée national du Bardo abrite la plus grande collection de mosaïques romaines du monde !

La construction de l'église la plus célèbre en Espagne a commencé en 1882, elle finira en 2026 !

Le musée national du Bardo est le plus important de la Tunisie et le second musée de l'Afrique après le musée égyptien du Caire. Inauguré en 1888, le musée héberge des milliers d'objets qui retracent l'histoire de la Tunisie, une histoire riche en raison de la position géostratégique du pays qui a attiré toutes les civilisations méditerranéennes, de la préhistoire à l'époque punico libyque, passant par les périodes romaine, paléochrétienne et hellénistique, avec les séquences vandale et byzantine jusqu'à la période islamique. Le musée national du Bardo est surtout connu pour la collection de mosaïques qu'il expose, en effet, il possède une exceptionnelle collection de mosaïques romaines qui est considérée comme la plus riche et la plus importante dans le monde.

La Sagrada Família est une basilique catholique romaine conçue par l'architecte catalan Antoni Gaudí, elle se situe à Barcelone, en Espagne, et elle est la plus célèbre du pays. La construction de cette église a commencé en 1882 sous la direction d'A ntoni Gaudí. Ce dernier est décédé en 1926 accomplissant seulement un quart du projet, et depuis, la construction de la Sagrada Família a progressé lentement, elle a même était interrompue pendant plusieurs années à cause de la guerre civile espagnole. Ce n'est qu'en 2010 qu'on a accompli la moitié du projet. Selon les estimations, la fin des travaux aura lieu en 2026 pour le centenaire de la mort de Gaudí. Bien qu'elle soit incomplète, la partie de la Sagrada Família conçue par Antoni Gaudí fait partie du patrimoine de l'humanité déclaré par l'UNESCO.

Lesaviezvous.net


trucs & astuces

les

plantes

dépolluantes Produits ménagers, peintures, colles, désodorisants, fumée de cigarettes… nombreuses peuvent être les causes de la pollution de l'air intérieur. Voici quelques plantes dépolluantes pour purifier l'air de votre maison de manière naturelle. L'aréca

Plante d'intérieur très utilisée, elle demande peu d'entretien. Elle élimine et absorbe le formaldéhyde et le xylène. Ces polluants sont souvent contenus dans les peintures et vernis ainsi que les produits d'entretien.

Le Gerbera

Une plante colorée qui ressemble à une marguerite. Elle absorbe le dioxyde de carbone et dégage plus d'oxygène pendant la nuit. Elle élimine le benzène présent dans les peintures, encres, détergents et dans la fumée de cigarette.

La fleur de lune

Une plante bien verte qui ne demande pas trop d'eau. Elle est connue pour éliminer le trichloréthylène, l'acétone, l'ammoniac et le benzène.

Le ficus

Une des plantes d'intérieur les plus vendues. Il purifie l'air, élimine l'ammoniac et formaldéhyde. Très utile pour filtrer l'air contre les détergents, désodorisants, peintures, vernis et fumée de cigarettes.

L'arbre de bambou Palm

Idéal pour les personnes asthmatiques. Cette plante agit sur le taux d'humidité de l'air ambiant. Un parfait humidificateur naturel.

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Plaisir d'offrir

les

cadeaux

5

Tote Bag

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