Les politiques de résorption de l’habitat insalubre au maroc Exemple d’une opération de recasement à ain El Aouda
Atelier International sous la direction de Mr Harold Hurel MASTER 2 GAELE Urbanisme et Aménagement JB Chobillon - A De Fabrique St Tours - M Kauffer - A Paumier - L Vichard
2
Présentation du programme villes sans bidonvilles et du PARHIB I. Diagnostic Stratégique 1. Données générales 2. Démographie 3. Infrastructures et reseaux 5. L’opération Sidi Laarbi
Plan
4. Planification urbaine et réserves foncières
II. Evaluation critique de l’opération 1. Morphologie Urbaine 2. Voirie et réseaux 3. Equipements 4. Aspects sociologiques 5. Activités économiques
3
4
PrĂŠsentation du programme villes sans bidonvilles et du PARHIB
5
Présentation du programme ville sans bidonville 6
• Prise en compte de l’insalubrité par les pouvoirs publics A la fin des années 2000, le nombre d’habitations insalubres s’élevaient sur le territoire Marocain a près de 690.000 unités et regroupaient près de 770.000 ménages (23,5% des ménages urbains, soit 4 millions d’habitants). De multiples politiques et programmes ont été lancés, mais aucun n’a réellement permis de diminuer de manière significative le nombre de bidonvilles au Maroc. L’Etat a souhaité prendre en charge la résorption des bidonvilles par le biais du programme «Villes Sans Bidonvilles». L’objectif est de contrôler et arrêter toute création ou extension de l’habitat insalubre. Un tel programme nécessite une politique d’ensemble et des moyens d’envergure pour réaliser 210.000 logements ou lots constructibles, nécessaires à la résorption des bidonvilles.
Quant aux quartiers non régle-
mentaires, le programme prévoit la mise en place de périmètres d’intervention et l’établissement de plans de requalification devant être faits par les agences urbaines. Sont également prévus la réalisation et l’achèvement des équipements d’infrastructure par les régies, avec la contribution de l’Office National de l’Eau Potable (ONEP) ou l’Office National de l’Electricité (ONE) , la participation des bénéficiaires et des collectivités locales. Sur le plan de l’Habitat menaçant ruine, le plan prévoit la réalisa-
tion de projets de relogement pour les ménages dont les habitations nécessitent l’évacuation et la démolition. Dans cette optique de prévention de l’habitat insalubre, il a été envisagé la promotion de produits alternatifs à l’habitat informel et non réglementaire. D’importants programmes de lotissements économiques et des zones d’aménagement progressif ont conduit à la réalisation de logements sociaux.
Le gouvernement a lancé une
Le gouvernement a mis en place de nouveaux programmes portant sur l’habitat insalubre assortis d’importants financements. Ainsi, une utilisation optimale de ces fonds devrait augmenter leur portée et leurs impacts sur les populations concernées. Cependant, les bidonvilles marocains ne cessent de croître, rendant la problématique plus que jamais alarmante, et exigeant une nouvelle prise de conscience et des initiatives innovantes. Aujourd’hui seuls 110.000 logements ont été réalisés sur l’ensemble des 70 villes d’étude.
Aire d’étude du programme Villes sans bidonvilles
Présentation du programme ville sans bidonville
grande campagne de recensement des ménages bidonvillois, pour évaluer les besoins en termes de logements. Cette politique nécessite bien entendu la collaboration et l’implication des élus et autres agents d’autorité.
7
Présentation Du travail du groupement 8
• Les acteurs du programme VSB Dans le cadre du Programme «Villes Sans Bidonvilles», le concours de l’Agence Française de Développement a été accordé à la société publique d’aménagement Al Omrane. Le programme est destiné à l’assister dans sa double mission d’aménagement et de viabilisation de 100.000 unités d’habitat social par an et de résorption de l’habitat insalubre, à travers le financement d’opérations globales de prévention et de résorption. Dans le cadre du concours de l’AFD, quatorze opérations ont été déclarées éligibles dans cinq villes, dont trois comptent parmi les grandes agglomérations particulièrement touchées par la prolifération de l’habitat insalubre : Agadir, Casablanca et Rabat. Les villes choisies pour ce type d’opérations ont principalement une dimension touristique et économique, vitrines internationales de la modernité marocaine. Ces opérations totalisent 631 hectares, soit 24.250 parcelles permettant un parc à venir de 50.000
logements sociaux, dont 21.900 destinées aux ménages à faibles revenus, parmi lesquels 12.150 affectés au relogement d’anciens «bidonvillois».
• LA COMMANDE DU MAITRE D’OUVRAGE
L’AFD contribue au programme sur la base : - d’un soutien financier pour généraliser l’accès à l’eau potable et à l’assainissement ; - de la promotion d’un cadre économique stable et efficace ;
Aujourd’hui, l’AFD et Al Omrane ont mandaté un groupement pour réaliser une étude d’évaluation et d’impact des politiques menées en matière de résorption de l’habitat insalubre sur cinq villes : le PARHIB (Programme d’Appui à la Résorption de l’Habitat Insalubre et des Bidonvilles).
Ces programmes doivent favoriser : - un développement respectueux de l’environnement ; - la cohésion sociale ; - l’amélioration des conditions de vie des populations ; - la réduction des déficits sociaux fondamentaux dans le secteur de l’éducation.
En lançant cette étude, Al Omrane et l’AFD ont des attentes de natures diverses, la mission ayant pour principaux objectifs : - de s’assurer du bon avancement des opérations ; - de mesurer l’impact ou les effets des opérations de résorption de bidonvilles, et de vérifier leur conformité avec les critères d’éligibilité de l’AFD ; - de préconiser des mesures d’amélioration des méthodes de mise en oeuvre et de suivi.
Les opérations de financement auxquelles participe l’AFD représentent des travaux de l’ordre de 200 M€, financés par des subventions de l’Etat à hauteur de 30 M€ et les produits de cessions des terrains à hauteur de 170 M€. Le prêt de 50 M€ de l’AFD permet de couvrir les besoins en trésorerie des premières années, qui sont dus au décalage existant entre la réalisation des travaux de valorisation des terrains et leur commercialisation effective.
• LE GROUPEMENT RETENU
Le GRET a d’ores et déjà une expérience certaine des politiques de résorption de l’habitat insalubre au Maroc. Il a été un appui à la mise en place d’un dispositif de suivi-évaluation de la démarche sociale pour le Programme «Villes Sans Bidonvilles» et a été assistant à maîtrise d’ouvrage urbaine et sociale pour ce même programme. AREA est un bureau d’études et de recherche dans les domaines de l’habitat et de la planification urbaine, qui dispose d’une expérience en matière de conception, d’élaboration, de mise en oeuvre et d’évaluation de programmes d’habitat. AREA réalise les enquêtes de terrain afin de collecter des informations sur les populations bidonvilloises des cinq villes étudiées.
• NOTRE contribution et notre appui à cette démarche
Notre présent travail s’inscrit dans l’étude PARHIB. Le Chef de Projet et
Il s’agit d’une contribution à l’évaluation et non d’une réponse à proprement dite de la commande de l’AFD, en ayant une approche plus large en terme d’aménagement et de projet urbain à l’échelle d’une des villes d’études, Ain El Aouda. Pour répondre aux attentes de nos commanditaires, nous réaliserons dans un premier temps un diagnostic stratégique d’Ain El Aouda. Il sera ensuite suivi par une évaluation de l’opération Sidi Laarbi. Enfin, nous formulerons des propositions, des pistes de réflexion, visant à améliorer la mise en oeuvre d’une telle opération.
conde partie porte à la fois : - sur la ville d’Ain El Aouda - sur une approche plus globale du projet de resorption - sur l’aménagement urbain réalisé Ainsi l’évaluation est basée sur un questionnement préliminaire : - comment ce quartier s’intègre-t-il dans la ville ? comment crée-t-il de la ville ? - en quoi cette opération peut-elle appuyer le développement de la ville au sein de la métropole CasablancaRabat alors que la ville est à l’heure actuelle une ville dortoir ? - comment une telle opération peut donner de nouvelles fonctions à la ville d’Ain El Aouda ? Cela lui permettra-telle de mieux se positionner à l’échelle régionale ? Nous mènerons ainsi une évaluation au caractère assez général pour bien resituer l’opération de recasement et voir son intérêt et ses limites dans le cadre d’un positionnement urbain au sein de la métropole Casablanca-Rabat.
Présentation Du travail du groupement
Le PARHIB a été confié au groupement GRET-AREA, sous la direction de Monsieur Olivier Toutain, Chef de Projet.
le bureau d’étude AREA nous ont demandé de travailler sur les questions suivantes : • l’emploi des ménages recasés ; • les infrastructures et services de proximité ; • la solvabilité des ménages recasés.
• nos questions d’entrée
L’évaluation réalisée en se-
9
10
Ain El Aouda : OpĂŠration Sidi Laarbi
11
12
I. Diagnostic stratégique d’Ain El Aouda
13
14
1. Données générales
15
A. Histoire de la ville Bourg rural de colonisation
Ville routière
Données générales
BOURG RURAL
VILLE ROUTIERE
Bourg rural de colonisation dans l’arrière pays de Rabat en 1928, la ville d’Ain El Aouda n’a eu de cesse de se métamorphoser.
Sa localisation sur l’axe Rabat-Rommani lui a permis de dépasser ce statut de bourgade rurale pour devenir une ville routière.
Ville relai au sein de la métropole Casablanca-Rabat
VILLE TAMPON D’EXODE RURAL et EXUTOIRE DE RABAT De par sa position stratégique entre Rabat, Rommani, Témara, la ville est devenue un lieu privilégié pour l’installation d’une population rurale pauvre en quête de conditions de vie meilleures (offre d’emploi plus importante, accès aux équipements…) et pour les classes moyennes de la capitale subissant le contrecoup de la crise du logement.
VILLE RELAIS AU SEIN DE LA METROPOLE CASABLANCARABAT Suite à la croissance urbaine de Rabat, toujours en cours, le poids d’Ain El Aouda au sein de la métropole devrait s’accroître dans les années à venir.
• Urbanisation de la ville
Ancienne église construite à la période coloniale, aujourd’hui devenue le local d’une association Source : personnelle
16
Ville tampon d’exode rural et exutoire de Rabat
L’urbanisation de la commune d’Ain El Aouda est récente : celle du cœur urbain date des années 70-80. Depuis les années 80, la commune a connu une vague d’urbanisation conséquente qui lui a permis d’atteindre près de 2/3 de la superficie de la ville actuelle. La transformation s’est accélérée dans les années 90 et se poursuit actuellement avec les différentes opérations de recasement de bidonvilles dans le cadre du Programme Villes Sans Bidonvilles. Aujourd’hui, il y a une réelle volonté, avec le SOFA, de faire d’Ain el Aouda un véritable centre urbain de 50 000 habitants avec équipements intégrés (commerces, écoles, mosquées…), qui permettra de structurer et d’équilibrer un territoire en pleine mutation mais également de créer une ville relais en périphérie de Rabat pour l’accueil de nouvelles populations.
• Structure de la ville Ancien centre colonial : - tissu urbain peu dense - villa de type colonial - siège de l’actuelle municipalité
Zone industrielle : - fort potentiel de développement économique - encore des disponibilités - siège du principal pourvoyeur d’emplois
Données générales
Quartier Annasr : - quartier à vocation résidentielle - habitat en R+2 avec en rez-de-chaussée des commerces (café et épiceries) - concentration de la majorité des équipements de la ville (écoles, lycées, hammams, mosquées...)
La ville s’organise autour de deux axes majeurs : - l’axe historique Nord-Sud Rabat-Rommani - l’axe Est-Ouest Témara-Ain El Aouda
Quartier Ouled Zaers : - quartier à vocation résidentielle et industrielle - opération inachevée de recasement de bidonvillois
Evolution de l’urbanisation. Source : personnelle
17
• Le parc de logements d’Ain el Aouda
Données générales
En 2004, on recensait 6 412 logements répartis sur l’ensemble de la commune. En l’espace de 20 ans, le parc de logements a plus que doublé.
Parmi ces logements, on peut distinguer plusieurs catégories de bâti. Le parc de logement est dominé à hauteur de 56,1 % par l’habitat sommaire, puis par la maison marocaine représentant 36,6 %. Le parc de logements d’Ain El Aouda est très récent. En effet, 68 % des logements ont été construits après 1994. Parmi ces nouveaux logements, c’est la maison marocaine moderne et la maison sommaire qui dominent, représentant respectivement 36 % et 50 % du parc de logements d’Ain El Aouda.
18
Cadence de production de logements dans la commune d’Ain El Aouda
Totalité Préfecture Ain El Aouda
Maison Habitat Logement Autres Marocaine Sommaire type rural
Villa
Appartement
3,8 %
7,3 %
42,5 %
37,7 %
4,1 %
4,7 %
1,1 %
1,1 %
36,6 %
56,1 %
0,3 %
4,1 %
Typologie du bâti Source : RGPH 2004
Typologie Villa, niveau de villa Appartement Maison marocaine moderne Maison sommaire ou bidonville Habitation de type rural Autres Total
avant 1964
16941984
19841994
19942004
Total
19 16
6 6
12 28
32 506
69 556
Part en % du parc de logements en 2004 1,2 8,9
174
255
704
1 196
2 329
36
61
65
567
2 527
3 220
50
1
7
7
4
19
0,4
55 326
8 347
57 1 375
99 4 364
219 6 412
3,5 100
Evolution du parc de la municipalité de Ain El Aouda Source : RGPH 2004
Evolution de l’habitat insalubre entre 1964 et 2004 Source : RGPH 2004
Globalement, l’état du parc de logements est jugé comme bon à 54,6%. Mais 16 % des logements sont toutefois jugés dégradés, ce qui représente un enjeu majeur dans les années à venir. Parmi les logements dégradés, on comptait ceux des bidonvillois, aujourd’hui recasés, qui devraient à terme bénéficier d’un logement plus décent et plus salubre. De plus, dans cette même catégorie, on compté également les maisons du quartier Sidi Laarbi n’ayant pas encore obtenu leur permis d’habiter. Etat du parc de logements d’Ain El Aouda
Données générales
Sur la période 1994-2004, on note une importante croissance du nombre de maisons sommaires. Ceci est à mettre en relation avec les opérations de recasement des bidonvilles, les habitants étant autorisés à installer leur baraque dans les lots de recasement. Aujourd’hui, un nombre important de maisons dites sommaires, n’ayant pas encore bénéficie d’un permis d’habiter, sont en cours d’achèvement, ce qui devrait rapidement faire chuter le nombre de maisons sommaires.
L’habitat jugé comme sommaire Source : personnelle
19
B. Différentes typologies d’habitat à Ain el Aouda
Données générales
Maison marocaine moderne source : personnelle
Habitat sommaire source : personnelle
20
Appartement source : personnelle
Villa source : personnelle
Villa type des opérations de recasement source : personnelle
C. Les centralités à Ain el Aouda On retrouve dans la ville d’Ain El Aouda un certain nombre de pôles d’attraction. Bien qu’ils soient de différents types, ils attirent les populations issues de tous les quartiers. La principale centralité de la ville est sans conteste le vieux souk central. Ce symbole des villes maghrébines prend une importance majeure le lundi lors du marché intercommunal. Les équipements scolaires, de santé et de loisirs forment les points d’attractivité secondaire. Ils sont régulièrement utilisés par les habitants, mais ne servent pas à l’ensemble de la population. Les zones d’activité ne représentent pas des pôles à part entière. Récemment aménagées, peu d’entreprises y sont déjà implantées.. Les mosquées de la ville sont les seconds lieux d’attraction des habitants d’Ain El Aouda. Disposées dans presque tous les quartiers, elles représentent les centres de sociabilité et de culte, notamment le Vendredi jour de la grande prière. Enfin les esplanades publiques réservées aux manifestations populaires, sont des espaces qui ne deviennent des centres qu’à de rares occasions. source : personnelle
21
Données générales
Terrain vague servant aux festivités populaires.
Municipalité
Souk
Nouvelle zone industrielle
source : personnelle
22
2. DĂŠmographie
23
2. Démographie
Démographie
La commune d’Ain El Aouda est un espace privilégié pour l’installation des populations de part : - sa position de halte routière sur l’axe Rabat-Rommani, - sa proximité par rapport aux grandes villes de la conurbation Rabat-Casablanca, - ses disponibilités foncières facilement mobilisables, - sa desserte régulière par les transports en commun, La commune a connu de une croissance démographique continue à l’origine des extensions successives de la ville, préalablement observées. Cette évolution de la population est à l’origine du passage de petite bourgade rurale à une petite polarité secondaire au sein de la métropole Casablanca-Rabat, de la morphologie de la commune d’aujourd’hui. Les importantes réserves foncières restantes laissent supposer de futures extensions urbaines.
Source : RPGH 2004
• Evolution et provenance de la population d’Ain El Aouda
24
La commune d’Ain El Aouda a connu et connaît encore aujourd’hui
La Préfecture est une subdivision administrative marocaine, située entre la Région et la Municipalité.
1994 2004 Taux de croissance annuel
Municipalité de Ain El Aouda 13 708 25 105 8,3 %
Préfecture de Skhirat-Témara 244 182 391 886 6,5 % Evolution de la population de Ain El Aouda et de la Préfecture de Skhirat-Témara Source : RGPH 2004
La population présente à Ain El Aouda a plusieurs origines : - Une population issue en partie des communes et des villes voisines - Des migrants ruraux à la recherche de ressources (emploi, services) attirés par de meilleures conditions de vie - Des ménages « exclus » de Rabat en raison du coût du foncier et de la vie
Date d’installation du ménage au niveau de la CR d’Ain Aouda Source : AREA et RGPH 2004
- Des populations issues des bidonvilles et recasées à Ain El Aouda Mais Ain El Aouda est pour bien des chefs de famille qu’une étape dans leur parcours résidentiel. 35 % des chefs de famille souhaiteraient partir s’installer avec leur famille pour Témara, et 17 % pour Rabat. 1/3 de la population s’est installé au niveau de la commune d’Ain El Aouda au cours des 10 dernières années, et 16 % au cours des 5 dernières années.
Démographie
une dynamique démographique très soutenue. En l’espace de 22 ans, la population a environ été multipliée par 6. En effet, en 1982, la ville comptait 3 532 habitants. Au dernier recensement de 2004, elle en comptait 25 105, tendance qui devrait se poursuivre dans les années à suivre avec l’apport de nouvelles populations issues des opérations de recasement. Parallèlement à cela, de nombreux migrants viennent à Ain El Aouda pour acquérir une propriété à des prix inférieurs à ceux des grandes villes. La ville d’Ain El Aouda fait partie des villes de la Préfecture de SkhiratTémara qui enregistrent un taux d’accroissement annuel moyen, parmi les plus forts : 8,3 % pour Ain El Aouda, contre 6,5 % pour la Préfecture de Skirat-Témara.
Dernière localité du Chef du Ménages avant installation au niveau de la CR d’Ain Aouda. Source : AREA et RGPH 2004
25
• Composition de la population
Démographie
En 2004, on dénombrait 5 701 ménages à Ain El Aouda, soit 2,2 fois plus qu’en 1994 où l’on en comptait 2 682. La taille moyenne du ménage est, à l’inverse en régression et toujours en dessous de la moyenne de la Préfecture : 4,4 personnes par ménage, ce qui peut être perçu comme le signe d’une transition démographique, vers des modes de vie urbain mais subissant les effets de l’évolution de la structure familiale. 60 ans et plus 5,70%
Municipalité de Ain El Aouda Nombre de ménages 2 682 1994 Taille 5,11 Nombre de ménages 5 701 2004 Taille 4,4
Structure d’âge au niveau de la commune d’Ain Aouda. Source : AREA.
26
Région Rabat-SaléZemmour-Zaër 498 068 5
Evolution du nombre et de la taille des ménages de Ain El Aouda et de la Préfecture de Skhirat-Témara Source : RGPH 2004
Ain El Aouda Préfecture de Skhirat-Témara Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër Maroc
De 0 à 14 ans 32,6 %
De 15 à 59 ans 61,7 %
60 ans et plus 5,7 %
30,5 %
63,9 %
5,6 %
28,2 %
64,1 %
7,7 %
31,2 %
60,7 %
8,1 %
Age de la population de Ain El Aouda, de la Préfecture de Skhirat-Témara et du Maroc Source : RGPH 2004
De 0 à 14 ans 32,60%
De 15 à 59 ans 61,70%
Préfecture de Skhirat-Témara 43 856 5,56 81 820 4,8
Seuls 6,5 % de cette population est en âge de la retraite, contre 15 % en âge de scolarité et 56 % en âge de travailler. La répartition en classes d’âge de la population d’Ain El Aouda est sensiblement la même que celle de la Préfecture et du Pays.
• Scolarisation
Le taux de scolarité est passé de 32.8% à 35.6% en dix ans, mais reste très faible par rapport à la moyenne de la région 73.3%. Cependant, la population d’Ain El Aouda demeure toujours moins instruite que celle de la Préfectue ou encore de la Région. Le taux d’analphabétisme est passé de 79% à 64%, alors que la population dotée d’une formation supérieure ne représente que 0.8% contre 11.2% de moyenne de la région. 35,5 % de la population parlent deux langues, l’arabe et le français. Il n’est pas étonnant de voir que la seconde langue la plus parlée après l’arabe est le français . Pour de nombreux emplois, il est impératif de parler le français.
Préfecture Skhirate-Témara
Région Rabat-SaléZemmour-Zaër
Maroc
Population de 25 ans et plus
11 850
191 744
1 222 671
14 323 157
Sans niveau
55,2 %
46,1 %
42,7 %
55,6 %
Primaire, collégial, Secondaire
37,9 %
41,6 %
42,8 %
34,5 %
Universitaire
4,4 %
9,5 %
11,6 %
6,1 %
Pourcentage d’obtention du baccalauréat
8,1 %
14,1 %
17,1 % Niveau d’instruction de la population de 25 ans et plus Source : RGPH 2004
s’ils ne sont pas les seuls. Le manque d’emplois reste la principale cause du chômage.
La population d’Ain El Aouda semble cumuler deux difficultés majeures : une faible instruction et un niveau de langage assez bas. Ces deux difficultés cumulées ont un impact fort sur l’emploi de ces populations même
Ain El Aouda
Préfecture Skhirate-Témara
Région Rabat-SaléZemmour-Zaër
Maroc
Population de 10 ans et plus
19 632
313 272
1 920 286
23 700 447
Aucune
38,6 %
32,9 %
32,2 %
43 %
Arabe seul
16 %
16,8 %
15,4 %
17,3 %
Arabe et français seuls
35,5 %
37,6 %
37,2 %
30,3 %
Arabe, français et autres
9,7 %
12,3 %
14,7 %
9,1 %
Arabe et autres, sauf français
0,1 %
0,1 %
0,1 %
0,1 %
Autres
0%
0,2 %
0,4 %
0,2 %
Taux d’analphabétisme chez les 15-24 ans.
20 %
17 %
19 %
30 %
Démographie
Globalement les jeunes d’Ain El Aouda sont peu scolarisés. Sur les 25 105 habitants de la commune, seule la moitié environ a été scolarisée, soit 14 142 personnes en 2004. Sur cette moitié, la majorité des personnes n’a pas dépassé l’enseignement scolaire. 20 % des jeunes de 15 à 24 ans sont considérés comme analphabètes.
Ain El Aouda
Langues parlées et écrites Source : RGPH 2004 (aucune information disponible sur la catégorie aucune)
27
28
3. Infrastructures et Reseaux
29
A. Les INFRASTRUCTURES et TRansport • LES INFRASTRUCTURES
Infrastructures et réseaux 30
La commune d’Aïn El Aouda est connectée au réseau routier de la conurbation Rabat-Salé-Skhirate-Témara, via l’axe Rabat-Rommani (route régionale r401). Le réseau routier de la conurbation est
principalement constitiué de routes de tailles moyennes, sans équipements de sécurité.
Le réseau routier d’Ain El Aouda Type de route Destinations Rabat Route régionale R401 El Menzah Rommani Route provinciale Syz P4036 Route provinciale Akreuc P4025 Oumazza
Source : SOAP
• LES TRANSPORTS
Le réseau de bus d’Ain El Aouda Fréquence Ligne Destination en min 24 Rabat via Témara 37 1 Rabat via El Menzah 59 39A Rabat 37 39B Youssoufia 37
Source : SOAP
Le temps de parcours moyen de ces lignes de bus est de 55mn, avec une moyenne de 37 arrêts et des fréquences quotidiennes de passages variant de 37, 59 et 74 minutes, respectivement pour les lignes 24, 1 et 39. Aïn El Aouda dispose également d’un petit taxi et de 26 grands taxis soit
près d’un taxi pour 1000 habitants.
Infrastructures et réseaux
On dénombre a Ain El Aouda trois lignes de bus depuis Temara, Youssoufia et Rabat. Par ailleurs une vingtaine de grands taxis assurent les liaisons et les correspondances avec l’ensemble des villes de la conurbation. On constate néanmoins que des arrêts de bus ont récemment été installé le long des voies, de manière a régulariser les arrêts et les cadences des bus. Le moyen de transport qui reste le plus utilisé par les habitants d’Aïn El Aouda est le grand taxi. En effet, un grand taxi transporte jusqu’à 6 passagers à la fois. Le coût d’un voyage en taxi est quasiment identique à celui du bus (4 dirahms en taxi contre 3,50 dirahms en bus), ce qui explique la forte utilisation de ce mode de transport plus rapide.
Ces différents services de transports permettent des domiciles-travail vers Rabat, justifiant ainsi des stratégies résidentielles.
31
B. Les ACTIVITES ECONOMIQUES et commerciales
Infrastructures et réseaux
L’économie urbaine tend à s’articuler essentiellement autour de la redistribution des richesses existantes et non sur la production de nouvelles richesses ; ceci se traduit par la prédominance des branches d’activités commerciales et artisanales et de services de subsistance. On notera tout de même la présence de SEWS, filiale de l’industriel pharmaceutique GlaxoSmithKline, qui est un important pourvoyeur d’emplois pour la ville d’Ain El Aouda.
et une petite plaque tournante des échanges au niveau intercommunal. Ceci le range dans la catégorie de centres à capacité d’encadrement commercial et administratif d’un arrière pays assez dense en popula-
tion mais assez défaillant en termes d’équipements et d’infrastructures. D’ailleurs la ville ne compte qu’un seul souk par semaine pour permettre aux habitants de faire leurs courses.
Les espaces à vocation économique et commerciale de Ain El Aouda
N
Aïn El Aouda, se contente, aujourd’hui, de jouer le rôle de petit centre de services, d’échanges et d’acheminement des produits de sa zone d’influence (plaine des Zaërs) INDICATEURS ECONOMIQUES – TYPE D’ACTIVITE
Légende Espace à vocation commerciale Zone industrielle génératrice d’emplois
Souk
0
32
Source : Rapport préléminaire d’O.Toutain
Source : personnelle
500 m
4. Planification urbaine et rÊserves foncières
33
Planification urbaine et réserves foncières 34
A. Etat de la planification urbaine Le Schéma d’Organisation Fonctionnelle et d’Aménagement de l’aire métropolitaine centrale Casablanca-Rabat (SOFA) est un document d’orientations qui vise à organiser la structure urbaine actuelle et future. Ain El Aouda est présentée comme un site d’extension potentiel pour la métropole de Rabat, comme un satellite de banlieue. Le SOAP (Schéma d’Orientation et d’aménagement de la périphérie de Rabat) est un document d’orientations générales en cours d’élaboration, qui n’a aucun caractère réglementaire, mais qui a pour objet l’étude des relations interactives entre la conurbation de Rabat-SaléSkhirate-Témara et les espaces périphériques. Il s’agit principalement de gérer la croissance de Rabat en développant des politiques urbaines dans les villes relais de la périphérie. Ain El Aouda est présentée comme une ancienne petite bourgade rurale perdue parmi les champs du plateau céréalier des Oulad Ktir, devenue une halte routière sur l’axe routier Rabat-Rommani et qui tend à être aujourd’hui un centre de banlieue à vocation dortoir. Documents graphiques réglementaires du SOFA Source : SOFA
AIN EL AOUDA
AIN EL AOUDA
Le Plan d’Aménagement Sectoriel de la commune approuvé en Septembre 2004 et établi pour 10 ans, fait état des réserves foncières de la ville, et délimite des zones d’urbanisation future, dont le site de l’opération Sidi
Laarbi. Cette opération va avoir un fort impact sur la morphologie de la ville, en doublant quasiment la surface urbanisée de Ain El Aouda. Le futur site présente une trame urbaine très
néo-classique, un ordonnancement urbain que l’on ne retrouve pas dans les autres quartiers de la ville.
Planification urbaine et réserves foncières
Plan d’Aménagement Sectorel d’Ain El Aouda Source : Municipalité d’Ain EL Aouda
35
Planification urbaine et réserves foncières
B. Etat des réserves foncières d’ain El aouda Le périmètre urbain actuel de la commune d’Ain El Aouda s’étend sur une superficie globale de 1 300 hectares. Mais la commune dispose d’importantes réserves foncières : sur ces 1 300 hectares, 415 sont encore urbanisables.
Le tissu foncier dans la commune de Ain El Aouda est caractérisé par la forte composante domaniale des terrains qui ceinturent le noyau urbain existant. Il s’agit du domaine privé de l’Etat, propriété du Ministère de l’Agriculture. Ces terrains sont des espaces privilégiés pour les opérations
de recasement des bidonvilles, ils sont de plus facilement mobilisables.
Statuts fonciers Source : AREA
36
5. L’opération Sidi Laarbi
37
A. Caractéristiques de l’opération Sidi Laarbi Phasage de l’opération Sidi Laarbi, Tranches 1 à 4 Avril 2006 Signature de la convention
L’opération sidi Laarbi 38
INTEGRATION DE L’OPERATION DANS LE TISSU EXISTANT source : Al Omerane
Décembre 2006 Acquisition du terrain
Juin 2006 Mise en chantier
L’opération Sidi Laarbi est située dans la partie sud de la ville d’Ain El Aouda. Il s’agit d’une opération mixte, qui permettra le recasement d’environ 2 100 ménages issus de 6 bidonvilles situés en périphérie de la ville. Le projet comporte également une programmation d’habitat social et de péréquation. 4 tranches sont prévues :
PHASAGE DE L’OPERATION source : Al Omerane
• Tranches 1 et 3 destinées au recasement des bidonvilles d’Ain el Aouda : - 2250 lots de recasement répartis sur 137 159 m² - 787 lots d’habitat social - Hauteur maximale : R+1 - Pas de lots commerciaux - La phase 1 démarrée en 2006 a été achevée (stade d’achèvement provisoire) début 2009. Elle est aujourd’hui en grande partie valorisée, les ménages ayant été autorisés à transférer leur baraque
Novembre 2008 Démolition des baraques
Décembre 2011 Réception définitive
« Le projet offre un nouvel espace de vie et d’investissement, regroupant un en¬semble urbain intégré, des unités résidentielles de différentes gammes favorisant la mixité sociale tout en offrant, des commerces, des services et équipements collectifs et administratifs organisés ».
L’opération en chiffres : - 120 hectares - 2 100 ménages recasés - 3 370 unités d’habitation - 674 MDH de coût - 37 équipements dédiés au quartier sur le site de relogement avant de construire. • Tranches 2 et 4 destinées à des produits promotionnels. - 296 lots de villas répartis sur 78 704 m²
Programmation Equipements de l’opération Sidi Laarbi
L’opération Sidi Laarbi
LISTE DES EQUIPEMENTS PROGRAMMES source : Al Omerane
source : Al Omerane
39
La Programmation habitat de l’opération Sidi Laarbi
On constate une réelle mixité des formes urbaines, mais leur répartition au sein de l’opération est contestable. Les lots de recasement ne sont pas répartis dans l’ensemble de l’opération. Ils sont «volontairement» situés en marge de l’opération ou ceinturés par les lots de péréquation.
PEREQUATION
L4pération Sidi Laarbi
LOTS DE RECASEMENT
LOTS DE RECASEMENT
Source : personnelle d’après le plan masse général du projet.
PEREQUATION
40
Plan d’occupation des sols centré sur la tranche 1 de l’opération Sidi Laarbi
Parcelles de recasement maison de type R+1 Parcelles de péréquation immeubles de type R+2
Le Prix du foncier
Parcelles de péréquation immeubles de type R+3
La société Al Omrane propose aux habitants des douars installés sur la commune de Ain El Aouda d’accéder à la propriété foncière grâce à des tarifs très avantageux. Sur une base de 400 Dhm par m², des parcelles de 60 m² sont cédées aux ménages pour une somme globale de 24.000 Dhm. Cette première phase représente pour les habitants une amélioration de leur niveau de vie bien qu’en contre parti ils soient obligés de se défaire de leurs économies.
Parcelles d’équipements publics Parcelle de la Mosquée d’arrondissement Parcelle du commissariat d’arrondissement
Source : personnelle d’après le plan masse général du projet.
Le mode opératoire Intégralement prise en charge par la holding d’aménagement Al Omrane, l’opération Sidi Laarbi suit aujourd’hui son cours prévisionnel. De manière à enrailler le développement d’un nouveau bidonville, le projet Sidi Laarbi prévoit un cahier des charges très strict. Celui-ci prévoit une série de mesures ayant pour but de faciliter l’accession à la propriété ainsi que
L’opération Sidi Laarbi
l’obtention d’un permis d’habiter. Par ailleurs, ces mesures incitatives tendent à assurer aux nouveaux habitants une meilleure qualité de vie dans leur quartier. C’est la municipalité d’Ain El Aouda qui en assure l’application, veille à la conformité des constructions et délivrent les autorisations de bâtir et d’habiter. Al Omrane assure pour sa part la viabilisation et la commercialisation des terrains destinés à l’habitation, en s’assurant par le biais d’une opération de péréquation et d’une aide de l’Etat pour chaque terrain vendu, un rééquilibrage budgétaire.
• L’accès a la propriété foncière : - Les habitants des douars achètent leurs
41
L’opération Sidi Laarbi
lots auprès de l’aménageur public Al Omrane. Cet acte est conclu dans les locaux de la société d’aménagement sur le site même de l’opération. - Pour l’occasion, Al Omrane a prévu de regrouper en un même lieu son bureau commercial, son bureau technique pour la répartition des parcelles et la municipalité d’Ain El Aouda, qui encadre administrativement les actes de propriété. Ainsi, la mise en place d’un guichet unique facilite les démarches administratives des habitants. - Dans l’opération Sidi Laarbi, les par-
celles de recasement de 60 à 80 m² sont vendues pour la somme de 24.000 Dhm.
• Une fois propriétaire : - Les ménages investissent les parcelles avec leurs baraques en tôle et peuvent démarrer les travaux. Cette situation ne devait être que temporaire mais s’est aujourd’hui transformée en une situation durable pour certains ménages qui n’ont pas réussi à réunir des fonds pour construire leur maison. - Afin de pousser les bidonvillois à construire, la municipalité impose une
taxe de 300Dhm par an pour les terrains non encore bâtis et une taxe de 25 Dhm par tranche de 6 mois aux habitants qui utilisent l’espace public pour entreposer leurs matériaux de construction. - Enfin, le dernier critère mis en œuvre pour stimuler la construction est l’obtention d’un permis d’habiter, ouvrant l’accès à l’eau courante et à l’électricité. - Le permis d’habiter est délivré par la municipalité après une visite de contrôle d’un architecte, d’un notaire et d’un médecin qui s’assurent de la qualité de la construction. Le respect des règles de
Plan type du bâti imposé par le promoteur de l’opération Source : personnelle
42
plus favorisés. De par leur proximité géographique l’aménageur espère pouvoir favoriser une mixité sociale qui ne marginalisera pas les couches populaires. L’aide gouvernementale pour Al Omrane De manière à soutenir l’aménageur Al Omrane dans l’équilibre de son budget, le gouvernement Marocain finance, par le biais de son Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, une aide de 25.000 Dhm
pour chaque terrain vendu dans le cadre de l’opération de recasement.
Les difficultés rencontrées par l’aménageur Al Omrane - La voirie Actuellement la couche de fondation a été réalisée mais non finalisée. En effet le revêtement en asphalte n’est toujours
L’opération de Péréquation Dans une optique de rééquilibrage budgétaire l’opération Sidi Laarbi comprend un certain nombre de secteurs, futurs supports de promotion immobilière privée. Ces terrains, vendus légèrement au dessus des prix du marché ont pour but d’équilibrer le budget de commercialisation de l’aménageur Al Omrane. Initialement prévu pour être vendus à un tarif de 1.200 à 1.500 Dhm par m², l’aménageur Al Omrane a décidé au dernier moment de réévaluer les prix de ces terrains, cela afin de dégager des financements pour les imprévus. Localisés en bordure des quartiers destinés au recasement de bidonvillois, ces terrains seront destinés à des populations issues de milieux sociaux Source : personnelle
L’opération Sidi Laarbi
salubrité et le niveau d’achèvement de la construction est étudié profondément pour s’assurer une bonne conformité de la construction. - Une maison composée uniquement d’un rez-de-chaussée peut recevoir son permis d’habiter si elle apporte à ses habitants toute la sécurité requise. Les architectes de la municipalité nous ont affirmés qu’une certaine tolérance était appliquée. En Avril 2010, environ 15% des lots ont reçu un permis d’habiter et 80 % des lots de la tranche 1 ont commencés à être valorisés.
43
Lopération sidi Laarbi 44
pas posé. L’entreprise El Rouhati chargée de cette exécution a arrêté les travaux à cause du vandalisme et de la dégradation de ses matériaux de construction et de ses engins. Par ailleurs les matériaux de construction des habitants, entreposés dans les rues empêchent le travail des ouvriers. Aujourd’hui Al Omrane a engagé une procédure pour résilier le contrat passé avec cette entreprise. Un nouveau marché sera passé au mois de juin pour une reprise des travaux dès le mois d’août et une livraison prévue en fin d’année 2010. Al Omrane envisage de faire réaliser la voirie par tronçon, ce qui permettra à la municipalité de prendre les dispositions nécessaires pour faire
évacuer les rues des matériaux et encombrants divers.
- Les équipements supplémentaires Al Omrane rencontre aujourd’hui plusieurs problèmes d’ordre technique qui n’avaient pas été initialement budgétés. L’alimentation en électricité de l’ensemble de l’opération semble être compromise. En effet, l’ONE ne garantit pas que l’actuel poste source de la région pourra alimenter les tranches 2, 3 et 4. Aussi, il a été demandé à Al Omrane de rajouter en plus des travaux de viabilisation, la réalisation d’un nouveau poste source d’électricité pour assurer la viabilité de son opération.
Par ailleurs, la municipalité d’Ain El Aouda a imposé au dernier moment, à l’aménageur la réalisation d’un château d’eau semi enterré afin d’alimenter en eau potable le nouveau quartier construit. Al Omrane nous a laissé entendre que le coût total de ces deux équipements s’élevait a environ 100 MDhm, coût qui n’était pas initialement prévu.
Synthèse du diagnostic stratÊgique
45
Synthèse du diagnostic stratégique Synthèse du diagnostic stratégique 46
La ville d’Ain el Aouda est passée d’un bourg rural de colonisation à une ville routière sur l’axe Rabat-Rommani où elle avait pour fonction d’être une ville de passage. Elle devient ensuite une ville tampon d’exode rural et exutoire de Rabat pour enfin se transformer en ville relais au sein de l’agglomération Casablanca-Rabat. L’urbanisation d’Ain El Aouda est récente, en effet le cœur urbain ne date que des années 70-80. La ville s’est développée autour de deux axes où on trouve des villas anciennes de part et d’autre de l’axe Nord-Sud et des quartiers d’urbanisation récents sur l’axe est-ouest. Le parc de logements a doublé depuis une vingtaine d’années. Au sein de la commune, on retrouve essentiellement l’habitat sommaire. On a à Ain el Aouda différents pôles centraux principaux qui attirent les populations des autres quartiers. La centralité au sein de cette commune évolue et se cherche encore. La commune d’Ain el Aouda a connu une très forte croissance démographique, en effet le taux d’accroissement annuel moyen de la ville est parmi les plus forts de la préfecture
Skhirat-Témara. Ain el Aouda se caractérise par une population jeune où on concentre 32,6% de personnes entre 0 et 14 ans et 61,7% des 15-59 ans. Les jeunes à Ain el Aouda sont rarement scolarisés et même si le taux de scolarisation a évolué ces dix dernières années il reste encore très faible. A Ain el Aouda, le réseau routier est essentiellement représenté par des routes de tailles moyennes où l’on constate l’absence d’équipements de sécurité. Les principaux modes de transport permettant de relier Ain el Aouda à la conurbation Rabat-SaléSkhirate- Témara sont le réseau de bus et les grands taxis. Concernant l’économie urbaine d’Ain el Aouda, on retrouve surtout des activités de redistribution des richesses plutôt qu’une réelle production de nouvelles richesses. En revanche, on compte quand même une industrie pharmaceutique qui emploie environ 300 personnes. Selon le Schéma d’Organisation Fonctionnelle et de l’Aménagement (SOFA), Ain el Aouda est considérée comme un site d’extension potentiel
pour la métropole de Rabat, une sorte de satellite de banlieue. C’est le Plan d’Aménagement Sectoriel qui fait l’état des réserves foncières de la ville, et a ainsi fait apparaitre des zones d’urbanisation futures d’où l’opération Sidi Laarbi. Le périmètre de la commune d’Ain el Aouda représente aujourd’hui 1300 hectares. L’opération Sidi Laarbi est donc située au sud de la ville d’Ain el Aouda. C’est une opération mixte qui permettra le recasement d’environ 2100 ménages venus de 6 bidonvilles situés en périphérie de la ville. Cette opération prévoit 4 tranches, la tranche 1 et 3 destinées au recasement de bidonvilles d’Ain el Aouda et la tranche 2 et 4 destinées à des produits promotionnels. Afin de devenir propriétaire, les habitants doivent tout d’abord acheter un lot auprès de l’aménageur public Al Omrane puis emménager sur le lot avec leur baraque. Cette étape doit être suivie de la construction, une fois celle achevée un architecte doit vérifier si la construction a été faite dans les normes et on procède à la délivrance du permis d’habiter.
AFOM à l’échelle de la ville
Démographie
Infrastructures et réseaux
Activités économiques
Planification urbaine et réserves foncières
Positionnement général de la ville
FAIBLESSES
OPPORTUNITES
MENACES
- une ville relativement compacte - deux axes ordonnant l’organisation de la ville - une centralité commerciale claire (rue commerçante et souk)
- ville non achevée : construction, voiries... - mauvaise connexion entre les quartiers de la ville - des espaces publics peu aménagés et peu ou pas entretenus
- mise à niveau de l’espace public et meilleure gestion grace au changement de statut administratif de la ville (ressources supplémentaires)
- poursuite d’une urbanisation sous forme de lotissements satellites sans effet de structuration urbaine - accélération de la dégradation et de la saturations des voiries du fait de la hausse du nombre d’utilisateurs
- population jeune et toujours en - population potentiellement fragile croissance issue de l’exode rurale ou des marges de Rabat - main d’œuvre abondante bon marché mais faiblement instruite
- potentiel pour le développement de l’économie locale - hausse du statut de la ville dans sa région du fait du nombre d’habitants en croissance
- population faiblement instruite et qualifiée - incapacité de la municipalité de gérer autant d’habitants
- positionnement sur l’axe Rabat-Rommani et Témara-Ain El Aouda - desserte par des services de transports en commun routiers
- mauvaise desserte de la ville par les - renforcement des relations au transports en commun sein de l’agglomération Casablan- absence de modes lourds de des- ca-Rabat serte pour les transports en commun - absence de transport ferroviaire
- n’être qu’une halte routière, une ville de passage et non une destination - saturation des autobus du fait de la hausse du nombre de voyageurs
- présence du groupe SEWS, filiale de GlaxoSmithKline - main d’œuvre abondante et bon marché - proximité de Rabat et Témara
- absence de diversification des activités économiques - mauvais réseaux routiers freinent la distribution des biens et l’acheminement des marchandises
- réserves foncières disponibles pour le développement économique - développement de l’économie résidentielle - potentiel d’accroissement de l’activité économique du fait de la hausse du nombre de consommateurs
- risque d’évasion des activités et des actifs - concentration de consommateurs à très faible pouvoir d’achat
- importantes réserves foncières - absence de planification et de projet - volonté des autorités locales de dé- sur ces zones velopper leur ville - occupation illégale des terrains vierges - pas de prise en compte du contexte et des acteurs dans la réalisation des documents d’urbanisme
- développer des projets de développement économique et d’habitat sur ces zones - contrôler la croissance urbaine de Rabat - accroître le rayonnement de la ville d’Ain El Aouda
- étalement urbain - épuisement des réserves foncières suite au programme de recasement - appropriation non réglementaire des espaces vacants - spéculation foncière du fait de la proximité des grands pôles urbains qui pourrait rejeter la population en place - poursuivre les opérations de recasement et ne pas favoriser la mixité sociale des populations de la ville
- proximité avec l’agglomération de Rabat - localisation de la ville dans la conurbation Casablanca-Rabat - développement de l’urbanité dans un milieu rural
- meilleures articulation et complémentarités avec les autres villes de la conurbation - orientations du SOFA qui veulent faire d’Ain El Aouda un site d’extension potentiel de Rabat
- risque de perpetuation d’une place marginale au sein de la conurbation - risque de renforcer le caractère de ville «dortoir»
- place relativement marginale dans la conurbation Casablanca-Rabat - trop éloigné des grands pôles économiques et des grandes agglomération du fait de la défaillance des réseaux routiers.
Synthèse du diagnostic stratégique
Morphologie urbaine et espaces publics
ATOUTS
47
Synthèse du diagnostic stratégique 48
AFOM à l’échelle de l’opération Morphologie urbaine et espaces publics
Voirie et réseaux
Equipements
Environnement
Aspects sociologiques
ATOUTS
FAIBLESSES
- création de logements - absence de réelle mixité des formes - harmonisation architecturale avec les urbaines au sein de l’opération autres quartiers - localisation périphérique du projet - mauvaise connexion du projet aux autres quartiers - manque d’entretien des espaces publics
OPPORTUNITES
MENACES
- création de nouveaux espaces publics - donner un nouveau visage à la ville (pôle urbain secondaire, modernité...)
- risque d’inachèvement du quartier - risque de non exécution du plan d’aménagement - transformation du quartier en bétonville
- amélioration du réseau d’assainissement - mauvaise desserte du projet vis-à- - changement de statut de la mu- - risque de non exécution du plan - volonté de donner aux habitants l’accès vis de l’ensemble de la ville nicipalité qui pourrait permettre d’aménagement à l’eau courante et à l’électricité - inachèvement des voiries l’obtention de nouveaux crédits - entretien des réseaux (colmatage...)
- création d’infrastructures planifiées et diversifiées - accès de la population à des équipements auxquels ils n’avaient pas accès dans l’ancien douar
- absence de diagnostic préalable - changement de statut de la mu- - risque de non exécution du plan - absence de construction d’infras- nicipalité qui pourrait permettre d’aménagement tructures et d’activités commerciales l’obtention de nouveaux crédits - disproportion du nombre - aucune planification dans la d’équipements par rapport au construction d’équipement et abnombre d’habitants sence d’identification des acteurs concernés
- système d’évacuation des eaux - absence de collecte des ordures - changement de statut de la mu- - risque de maladies respiratoires - formation de poussières nicipalité qui pourrait permettre - colmatage des réseaux usées prévu - mauvaise coordination entre le plan l’obtention de nouveaux crédits d’aménagement et son exécution
- dégradation et pollution de l’environnement dûes au rejet des déchets sans traitement préalable
- accès à la propriété - augmentation des charges des bi- - amélioration des conditions de - glissement et spéculation foncière - amélioration des conditions de vie donvillois vie des habitants - endettement des habitants - accès à la scolarité facilitée du fait de la - endettement des habitants - accès à l’urbanité favorisé proximité des écoles
II. L’Evaluation
49
Méthodologie de l’évaluation Méthodologie de l’évaluation 50
Bien que le projet ne soit encore achevé, il nous a été demandé de commencer son évaluation. L’évaluation a pour but essentiel de capitaliser les dysfonctionnements et les faiblesses de la démarche depuis son lancement, et cela en poursuivant plusieurs objectifs : - mesurer la pertinence et le succès (ou l’insuccès) du projet une fois réalisé ; - corriger les imperfections et les dysfonctionnements dans toute la mesure du possible ; - asseoir une communication avec la
1. Morphologie urbaine et espaces publics
2. Voirie et réseaux
population sur des bases objectives ; - permettre à un projet suivant de bénéficier de cette expérience.
tions qui visent à proposer des pistes d’amélioration pour de futures opérations de recasement de bidonvilles.
Pour mener cette évaluation, nous avons choisi cinq rubriques qui sont : - la morphologie urbaine et les espaces publics - la voirie et les réseaux - les infrastructures - l’impact environnemental - les aspects sociologiques
Notre évaluation est appuyée sur le diagnostic que nous avons réalisé ainsi que sur les différents entretiens que nous avons eu avec les acteurs du projet. Il s’agira de juger l’opération du point de vue de l’aménagement. Les préconisations faites s’adressent à l’opérateur Al Omrane, à la municipalité d’Ain El Aouda. Elles visent à proposer des pistes d’amélioration pour les futures opérations de recasement.
Chaque rubrique fait l’objet d’une évaluation, puis de préconisa-
3. Equipements
4. Impact environnemental
5. Aspects sociologiques
Problématiques
1. Morphologie urbaine et espaces publics
a
• L’articulation entre le nouveau quartier et le tissu urbain préexistante est-elle satisfaisante ? • Comment l’opération Sidi Laarbi contribue-t-elle à la structuration et à la croissance de la ville ? • L’architecture choisie est-elle en cohésion avec ce que l’on retrouve dans la ville ? • Quels sont les impacts de la disjonction dans le temps des différentes phases de l’opération sur la morphologie urbaine ? • La configuration et le dimensionnement du réseau viaire de cette opération sont-ils adaptés à la morphologie du quartier et à la morphologie de la ville ? • Quels espaces publics sont prévus par l’opération ? Quelles sont les capacités de réalisation et d’entretien de ces espaces publics ? En quoi s’articulent-ils aux espaces publics existants ? • La viabilisation des parcelles, est elle aujourd’hui valorisée par les habitants ? Utilisation légale, ou branchement sauvage ? • Les habitants souhaitent t-ils être raccordés à un nouveau service qui va, certes améliorer leur niveau de vie, mais aussi accroître leurs dépenses ? (Eau ou Electricité) • Comment mettre en place les procédures pour assurer le bon achèvement des voiries aujourd’hui largement défaillant ?
Evaluation
Préconisations
• morphologie urbaine : proposer différentes typologies de bâtis adaptées aux ressources fi• Une excroissance urbaine relativement décon- nancières. Assouplir le plan type des construcnectée de l’urbanisation existante tions pour avoir une diversité architecturale adaptée aux besoins des habitants. • Une planification dans le temps de l’opération laissant de nombreux espaces vacants • espace public : privilégier des espaces publics à faible entretien dans la mesure où la collecti• Une voirie largement dimensionnée mais pas for- vité n’a pas les moyens financiers nécessaires cément structurante à l’heure actuelle. • Des espaces publics peu ou pas aménagés • Architecture et morphologie du quartier
• propreté des espaces publics : installer des poubelles et prévoir un ramassage régulier de celles-ci, sous réserve que la collectivité, lors de son changement de statut, bénéficie des moyens financiers nécessaires.
• voiries : finaliser les travaux avant la venue • Des voiries largement dimensionnées mais majo- des habitants et opter pour un dimensionneritairement inachevées ment adapté des voiries. • Des réseaux posés mais un raccordement incer- • réseaux : privilégier une dimension d’adaptain des logements tation sociale et mise en place de quotats de gratuité pour permettre à tous les ménages de se raccorder aux réseaux. • Une programmation type ne répondant pas for• Mener une évaluation des besoins. cément aux spécificités de l’opération et de la ville
3. Equipements
• Qui sont les utilisateurs des équipements programmés dans l’opération Sidi Laarbi ? Habitants • Une mise en oeuvre des opérations d’équipedu quartier ou habitants de la ville ? ments insuffisamment programmée et planifiée • Sont-ils suffisants pour les habitants du quartier ? • Sont-ils dimensionnés pour rayonner sur les autres • Des équipements vitaux occultés quartiers ? • Des situations provisoires qui s’installent
• Associer en amont les porteurs de ces équipements après les avoir définis. • Maîtriser la planification de la réalisation des opérations pour que cela cadre avec l’arrivée des habitants.
Synthèse de l’évaluation et des préconisations
Synthèse de l’évaluation
51
Synthèse de l’évaluation et des préconisations 52
Problématique
4. Impact environnemental
• Quel(s) sont le ou les impact(s) de l’opération du nouveau quartier sur l’environnement ? A-t-elle permis de limiter ou résorber des impacts environnementaux de l’ancien douar ? Entraîne-t-elle de nouveaux impacts et existe-t-il une « pression » supplémentaire sur l’ensemble de la ville ? • De manière plus particulière, quelle est la gestion des déchets et des effluants à l’échelle du nouveau quartier ? • Quels sont les autres impacts environnementaux relevés (poussières, insectes...) ?
Evaluation
• Une collecte partielle des déchets • Un assainissement potentiellement assuré sur le quartier • Un niveau de poussières important
Préconisations
• Organiser une collecte des déchets à l’échelle du quartier et de la ville • Achever la voirie avant l’installation des habitants pour limiter la poussière
• Limiter le glissement
5. Aspects sociologiques
• Comment se déroule pour les habitants la transition du Douar informel au quartier de recasement ? • Quelles sont les conséquences de cette transition sur le revenu et la situation économique des ménages ? • De quelle manière les modes de vie des habitants ont pu être modifiés par l’opération de recasement ? • La qualité de vie des habitants s’est-elle améliorée du fait de ce transfert ? • Peut-on dire que le bidonville Douar Chteb a disparu ?
• Une solvabilité fragile des ménages • Un risque de glissement réel mais maîtrisé • Un accompagnement social interrompu
• Prévoir un produit davantage modulable pour faciliter la construction • Proposer une variété dans la typologie des maisons et non une uniformité pour donner la possibilité de s’adapter aux différentes caractéristiques des ménages
• Une coexistence de modes de vie urbains et ru• Rétablir la cellule de l’accompagnement soraux cial • Etudier l’hypothèse d’un mode de financement par crédit-bail
1. Morphologie Urbaine et espace public
53
Problématiques Morphologie urbaine et espace public 54
• L’articulation entre le nouveau quartier et le tissu urbain préexistante est-elle satisfaisante ? • Comment l’opération Sidi Laarbi contribue-t-elle à la structuration et à la croissance de la ville ? • L’architecture choisie est-elle en cohésion avec ce que l’on retrouve dans la ville ? • Quels sont les impacts de la disjonction dans le temps des différentes phases de l’opération sur la morphologie urbaine ? • La configuration et le dimensionnement du réseau viaire de cette opération sont-ils adaptés à la morphologie du quartier et à la morphologie de la ville ? • Quels espaces publics sont prévus par l’opération ? Quelles sont les capacités de réalisation et d’entretien de ces espaces publics ? En quoi s’articulent-ils aux espaces publics existants ?
Evaluation Le quartier de Sidi Laarbi est aujourd’hui séparé des principaux pôles de la ville par une série de terrains vagues et de quartiers d’habitations. Cette discontinuité urbaine, matérialisée par une bande non construite d’environ 150m de large, renforce l’image d’un quartier marginal. Encore aujourd’hui voué a une vocation incertaine, cet espace interstitiel a vocation à accueillir les animaux des habitants, à constituer les espaces récréatifs pour les enfants. On constate enfin que cette mauvaise articulation du réseau viaire avec celui de la ville accroit cette situation de marginalisation physique de ce quartier.
Une planification dans le temps de l’opération laissant de nombreux espaces vacants L’opération Sidi Laarbi, répond à un phasage imprécis et peu respecté. On constate de nombreuses dents creuses. Cette situation empêche le développement harmonieux de ce quartier notamment permise par la création d’équipements et d’espaces publics et la finalisation de la voirie. Elle laisse présager d’une situation qui va figer sans valorisation des travaux de viabilisation réalisés initialement. Aujourd’hui, l’aménageur doit composer avec les imprévus et les non réalisations, pour tenter de livrer convenablement son opération.
Une voirie largement dimensionnée mais pas forcément structurante La voirie interne du quartier est très aérée et plutôt bien dimensionnée. Elle est aujourd’hui encore en travaux et malgré les bonnes volontés de l’opérateur rien n’assure que les travaux seront réalisés compte tenu de ce qu’on peut observer dans certains quartiers voisins. Par ailleurs, elle est aujourd’hui l’objet
Source : personnelle
Morphologie urbaine et espace public
Une excroissance urbaine relativement déconnectée de l’urbanisation existante
d’une occupation permanente par les habitants, pour l’entreposage de matériaux et encombrants en tous genres, mais aussi par les devantures des épiceries et commerces en tout genre. Les espaces encore verts sont occupés par les animaux.
55
morphologie urbaine et espace public 56
Les voies externes sont pour leur part largement surdimensionnées par rapport aux futurs besoins de ce quartier. Bordées d’arbres (plantés pour la Journée de la Terre), et de candélabres, ces artères ne permettent pas l’accès direct aux quartiers centraux dans lesquels on retrouve les commerces et les équipements.
Des espaces publics peu ou pas aménagés On constate un manque d’implication de la part de l’aménageur dans la réalisation des espaces publics de la tranche 1. La voirie est toujours en attente de travaux de finition, il n’y a pas véritablement de trottoirs, et les plantations n’ont été faites qu’en périphérie du quartier. Cette compétence dédiée à l’opérateur, illustre qu’il est aujourd’hui, par choix ou par état de fait, dans l’incapaciité de réaliser les travaux d’aménagement de l’espace public. Par ailleurs, la ville de Ain El Aouda ne semble pas non plus avoir de service d’entretien des espaces publics. Ce qui crée des interroga-
tions sur le devenir des espaces publics et sur leur entretien (poussière, feuilles mortes, déjection animales, plastiques, déchets en tout genre)
Architecture et morphologie du quartier L’intégration architecturale de l’opération Sidi Laarbi est correcte. En effet la typologie de bâti est bien dans la continuité de celle de la ville existante et les styles de façades sont aussi très ressemblants. Cela tient surement au fait que ce sont les architectes de la ville qui délivrent les plans types des constructions pour les programmes d’aménagements depuis une vingtaine d’années. Toutefois, nous pouvons noter que l’opération Sidi Laarbi, présente de ce point de vue un risque. En Effet le corsetage des îlots de recasement par des opérations de péréquation avec des immeubles plus hauts au risque de créer un façadisme derrière lequel la misère se développe de manière invisible.
PRECONISATIONS
Morphologie urbaine et espace public
57
PRECONISATIONS • 1 : Morphologie urbaine
Proposer différentes typologies de bâtis adaptés aux ressources financières des habitants. Assouplir le plan type des constructions pour avoir une diversité architecturale adaptée aux besoins des habitants.
• 2 : Réalisation et entretien des espaces publics
Les plans de l’aménageur prévoient que les espaces publics de l’opération Sidi Laarbi seront traités avec des couvertures en herbe et des arbres. Toutefois on constate que ces espaces ne seront pas entretenus par un service municipal. De fait il serait préférable que ces espaces publics soient aménagés de manière plus cohérente c’est-à-dire : une qualité d’espace public standardisé, privilégier la solidité des matériaux a leur qualité esthétique, et privilégier des espace à très faible entretien.
• 3 : Propreté dans l’espace public
De manière à éviter la prolifération des ordures, des espaces adaptés pour les poubelles pourraient être aménagés dans le quartier, avec des grands bacs où même des bennes à ordures. Cela permettrait aux habitants d’évacuer leurs ordures ménagères sans les mettre dans la rue. La municipalité pourrait alors faire vider ces ordures régulièrement de manière efficace et à moindre coût.
58
2. Voirie et rĂŠseaux
59
Problématiques • La viabilisation des parcelles, est elle aujourd’hui valorisée par les habitants ? Utilisation légale, ou branchement sauvage ?
Voiries et réseaux 60
• Les habitants souhaitent t-ils être raccordés à un nouveau service qui va, certes améliorer leur niveau de vie, mais aussi accroître leurs dépenses ? (Eau ou Electricité) • Comment mettre en place les procédures pour assurer le bon achèvement des voiries aujourd’hui largement défaillant ?
Evaluation Des voiries largement dimensionnées mais majoritairement inachevées
Des réseaux posés mais un raccordement incertain des logements Les réseaux d’adduction d’eau potable (AEP), d’évacuation des eaux usées (EU) et de distribution d’électricité sont aujourd’hui posés, mais nous ne savons pas dans quelle mesure : - les lots y sont effectivement raccordés via une borne de raccordement devant chaque parcelle. - l’eau et l’électricité sont effectivement disponibles après avoir obtenu le permis d’habiter En effet, le principe de l’auto construction offre aux habitants la possibilité de se raccorder aux réseaux d’eau et d’électricité sans les y contraindre. Toutefois le raccordement à ces réseaux représente un coût supplémentaire que certains ménages ne peuvent pas assumer. Il est probable qu’un certain nombre de ménages n’utilisent pas les réseaux et poursuivent le mode de vie du douar. La présence de la borne fontaine, les télévisions alimentées par batterie en attestent.
Voiries et réseaux
On constate que le réseau viaire de l’opération a été évalué pour un trafic futur relativement important. Bien que ce quartier sera à terme occupé par des classes plus favorisées et des équipements, il semble que le nombre de grands axes ait été surdimensionné. Aujourd’hui l’inachèvement du réseau de voirie par l’opérateur, donne l’impression que les voies ne pourront jamais répondre aux besoins réels des habitants, et que la municipalité ne fera jamais d’elle même la finalisation des voies. Du fait de l’inachèvement des voiries, celles-ci se révèlent impraticables pour le trafic automobile (hauteur des bordures, regards surélevés en milieu de chaussés...) et constituent aussi des nuisances (boues en cas de précipitation). De fait, des circulations alternatives se développent sur des pistes ou des sentiers distincts de la voirie. L’usage incomplet des réseaux ne valorise pas l’investissement conséquent de l’opérateur. Cela représente une dépense considérable pour l’aménageur, et le plan d’aménagement aurait pu être pensé différemment si l’automobile n’avait pas été à ce point prise en ligne de compte. La réalisation de la couche finale de revêtement se fera en plusieurs phases. Les jointures entre les couches de goudrons formeront des zones de faiblesses de la chaussée et on verra apparaître des ornières, des fissures etc…
61
Voiries et réseaux
On constate que les voiries ont un niveau d’achèvement divers. Les quartiers les plus anciens (plus de 20 ans) ont aujourd’hui des voiries achevées et dans un état plutôt correct. Paradoxalement, nous constatons que la majorité des voies des secteurs les plus récents (moins de 15 ans) sont aujourd’hui inachevées. Ces investissements non valorisés deviennent après quelques années totalement impraticables et inutilisables.
Source : personnelle
62
PRECONISATIONS
Voiries et réseaux
63
PRECONISATIONS • 1 : Voirie
Plutôt que de réaliser la voirie en deux temps, il serait préférable de finaliser les voieries avant d’autoriser les habitants à venir s’installer dans le quartier. Cela dans but de faciliter les travaux de l’aménageur et l’adaptation des habitants a leur nouvel espace de vie. La réalisation de la voirie en deux temps provoque chez les habitants un sentiment d’inachèvement qui ne les incite pas à prendre soin de leur nouveau lieu de vie. Les voies sont sales et la situation se dégrade. Cela laisse penser que les travaux ne seront jamais réalisés et que la situation stagnera. Par ailleurs, la poussière s’accumule et rend l’espace public encore moins attractif. Enfin les obstacles sur la voie (regards, ornières) ne facilitent pas la circulation des quelques véhicules qui y circulent.
•
2 : Réseaux
Aujourd’hui l’utilisation des réseaux se fait un peu de manière anarchique. Les habitants qui ne souhaitent pas être raccordés ont le choix de ne pas l’être. Cela pose le problème de l’évolution de la qualité de vie. L’adduction d’eau et le raccordement au réseau électrique devraient être gratuite pour tous les ménages insolvables, pour leur permettre d’accéder à un meilleur niveau de vie. En élaborant un cahier d’éligibilité précis, ou en offrant un forfait minimum, la municipalité pourrait contrôler la consommation d’eau et d’électricité des habitants afin de permettre à tous d’y accéder.
64
3. Equipements
65
Problématiques • Qui sont les utilisateurs des équipements programmés dans l’opération Sidi Laarbi ? Habitants du quartier ou habitants de la ville ? • Sont-ils suffisants pour les habitants du quartier ?
Equipements 66
• Sont-ils dimensionnés pour rayonner sur les autres quartiers ?
Programmation Equipements de l’opération Sidi Laarbi
Gare Routière
Souk
Equipements
Source : personnelle
La carte des équipements à l’échelle de la ville montre une répartition relativement homogène sur l’ensemble de la commune. Seuls les équipements à Sidi Laarbi font défaut. En revanche à l’échelle du quartier, on constate qu’il y a beaucoup d’équipements concentrés principalement en phases 2, 3 et 4, dans les zones où il n’y a pas de lots de recasements. Cette abondance d’équipements (37 programmés) fait penser à un modèle préconçu sans lien avec le reste de la ville. Ainsi on peut se demander si les nouveaux équipements seront utilisés de façon rationnelle et équilibrée par l’ensemble des habitants d’Ain el Aouda. D’autant qu’aucun autre document, mise à part le cahier des charges du programme ne fait mention de ces équipements. Il y a un décalage certain entre ce qui est fait et ce qui est programmé. Car en mai 2010 les travaux n’ont pas encore été commencés et sur le terrain rien n’indique qu’ils le seront. Enfin les équipements sont répartis principalement dans les phases où la péréquation est majoritaire au détriment des lots de recasement.
67
Evaluation Une programmation type ne répondant pas forcément aux spécificités de l’opération et de la ville
Equipements
La programmation est assez large puisqu’on y trouve à la fois des écoles, des services administratifs, un lieu de culte et des équipements sportifs. Mais cette variété est en inadéquation avec les besoins des habitants du quartier. Par exemple dans la phase 1 qui accueille une population de près de 10 000 habitants, aucun commerce n’est prévu. En revanche quatre postes de polices sont programmés mais pas de bureau de poste. Cette situation d’une programmation hors sol ou à l’emporte pièce présente un certains nombres d’inconvénients. Ce manque de cohérence dans la programmation génère des dysfonctionnements, notamment en terme de fréquentation : - des investissements dimensionnés pour un public trop large ou sous-équipés entrainent une sous-fréquentation. - A l’inverse des investissements absents du programme entrainent une sur-fréquentation. Les porteurs de ces investissements sont difficilement identifiables et leurs motivations variables, ce qui explique une partie des retards ou l’absence d’investissements. Les questions qui se posent sont donc : faire maintenant ? Faire plus tard ? Ne pas faire ?
Une mise en oeuvre des opérations d’équipements insuffisamment programmée et planifiée Au regard de la nature des équipements figurant dans le cahier des charges,on ne peut que constater qu’il y a eu une absence de diagnostic préalable, un manque de coordination avec les acteurs, voire une absence de concertation avec les habitants. La programmation ressemble à une liste type résultant de la volonté de chaque porteur à imposer l’équipement qui se rattache à son domaine de compétence plus qu’à une opération ciblée sur les besoins des habitants et l’offre existante au sein de la ville. Il faut donc identifier clairement l’offre pour aboutir à une programmation plus adatpée. De même il faut se demander quelle est la capacité et la volonté de réalisation des opérateurs en présence.
Des équipements vitaux occultés Alors que certains équipements planifiés ne répondent pas aux besoins des habitants, d’autres au contraire font défaut. Ainsi il manque à ce jour un poste source d’électricité et un château d’eau. Ces équipements, vitaux de surcroit ont été intégrés après coup dans l’opération, mais à ce jour leur financement reste problématique. Si les habitants de la tranche 1, localisés en bordure de L’actuelle mosquée de Sidi Laarbi Source : personnelle
68
Des situations provisoires qui s’installent Dépourvus de tout équipement de proximité, les habitants ont pris l’initiative de construire eux-mêmes leurs équipements, bien que ce soit illégal (situation qui semble convenir à l’opérateur et à la municipalité qui de fait ne voit pas Vendeur ambulant d’urgence à construire les équipements). En l’absence de four collectif, chaque Source : personnelle ménage a construit son propre four en terre à côté de son habitation. Par ailleurs ils se sont associés pour construire une mosquée. Très modeste, elle est constituée de plaques de tôle et de matériaux de récupération. Peu à peu le quartier s’organise. Cependant comme le plan d’aménagement ne prévoit pas de commerce de proximité, des épiceries se mettent en place de manière informelle. Elles sont régularisées par la suite auprès de la municipalité. C’est sur ce mode dérogatoire que fonctionne le quartier. Pour tous les produits que les petits commerces du quartier n’ont pas, un vendeur ambulant vient régulièrement dans le quartier avec un camion rempli de matériel en tout genre. Au vue de la foule qui se presse à chaque passage du camion, on ne peut que se rendre compte du manque de commerce et de services au sein du quartier.
Equipements
la ville peuvent se connecter aux branchements et réseaux existants, il n’en est rien des habitants des autres quartiers de Sidi Laarbi, qui sont plus éloignés du centre. Il devient urgent de construire ces équipements, d’autant que les travaux de viabilisation des autres tranches ont commencé.
Développement du commerce informel à Sidi Laarbi Source : personnelle
69
PRECONISATIONS - Mener une évaluation des besoins : L’opération n’est plus destinée qu’aux habitants du quartier mais pour l’ensemble de la ville. Cette évaluation a pour but de déterminer ce qui peut être utilisé, ce qui doit être complété dans le quartier et en quoi l’offre d’équipements du quartier peut renforcer l’offre d’équipements de la commune. L’étude ainsi réalisée permettra d’optimiser les équipements. Dans le cahier des charges des opérations de recasement, la programmation doit s’appuyer sur un diagnostic de l’existant à l’échelle de la ville.
- Associer en amont les porteurs de ces équipements après les avoir définis : Il apparait que les porteurs des équipements programmés sont peu mobilisés dans la réalisation des équipements de l’opération, ce qui peut également s’expliquer par une appréhension insuffisante de leurs programmes généraux d’investissements (priorité, financements...). Cela explique également le faible niveau de mobilisation potentiel. Les équipements n’étant pas optimisés par rapport à leurs usages, les porteurs peuvent être réticents quant à leur réalisation.
- Maîtriser la planification de la réalisation des opérations pour que cela cadre avec l’arrivée des habitants. Cela permettra d’éviter la situation où les habitants se retrouvent sans équipement et se retrouvent contraints d’utiliser des équipements existants dont la capacité à les accueillir est limitée. Ou encore le cas dans lequel les nouveaux habitants sont privés d’équipements car inexistants à l’échelle de la commune.
70
4. Impact environnemental
71
Problématiques
Impact environnemental 72
• Quel(s) sont le ou les impact(s) de l’opération du nouveau quartier sur l’environnement ? A-t-elle permis de limiter ou résorber des impacts environnementaux de l’ancien douar ? Entraîne-t-elle de nouveaux impacts et existe-t-il une « pression » supplémentaire sur l’ensemble de la ville ? • De manière plus particulière, quelle est la gestion des déchets et des effluents à l’échelle du nouveau quartier ? • Quels sont les autres impacts environnementaux relevés (poussières, insectes...) ?
caractérisation Cette évaluation est fondée sur une analyse visuelle réalisée lors de visites de terrain, mais nécessiterait quelques approfondissements : une analyse du raccordement effectif aux réseaux d’assainissement, une étude chiffrée sur la production de déchets à l’échelle de la ville et du quartier.
Une collecte partielle des déchets
• A l’échelle du quartier, un ramassage des encombrants est réalisé de temps à autre par les habitants eux-mêmes. le volume limité des déchets déposés ne fait pas des abords du quartier une décharge. Toutefois, ces déchets favorisent la prolifération des insectes et constituent une nuisance visuelle importante et parfois olfactive. Les sacs plastiques et les emballages constituent les principaux déchets visibles.
Impact environnemental
• A l’échelle de la ville comme à l’échelle du quartier Sidi Laarbi, il existe des dysfonctionnements dans le système de collectes des déchets, essentiellement dus à un manque de moyens financiers et techniques de la municipalité d’Ain El Aouda. Par conséquent, les habitants n’ont d’autre choix que de se défaire de leurs déchets sur l’espace public, ou en bordure d’îlots, sur des terrains vagues non lotis pour Sidi Laarbi. Ainsi l’arrivée de nouveaux habitants à Ain El Aouda n’a pas profondément accentué les impacts sur un problème préexistant. Néanmoins, le niveau de production de déchets des populations de Sidi Laarbi est relativement limité. Les animaux des habitants ingèrent une bonne partie des déchets organiques. Le nombre de ces animaux étant limité, il n’a pas été constaté de réel problème de déjections animales. Le passage des charrettes est interdit sur la route principale, mais les charrettes passent tout de même, et les conducteurs veillent au ramassage des déjections animales.
Un assainissement potentiellement assuré sur le quartier • Malgré les doutes sur le raccordement de l’ensemble du quartier au réseau d’assainissement nouvellement créé, on ne constate pas de stagnation liquide et d’effluents dans le quartier.
Un niveau de poussières important • Du fait de l’inachèvement de l’opération et en particulier de ses voiries, de l’absence de plantations, le vent crée rapidement d’épais nuages de poussières qui viennent s’abattre sur le quartier Sidi Laarbi. Mais ici encore, il ne s’agit pas d’un problème propre à Sidi Laarbi mais d’une question générale à l’échelle de la ville. On constate des accumulations de poussières importantes à l’angle des maisons et des trottoirs ce qui entraîne un colmatage des réseaux et des nuages de poussières. L’enjeu de salubrité de cette question n’est pas à négliger (maladies respiratoires).
73
PRECONISATIONS - Organiser une collecte des déchets à l’échelle du quartier et de la ville Pour éviter une prolifération excessive des déchets, à l’échelle de la ville comme à l’échelle du quartier, il faudrait organiser une collecte des déchets. Mais l’organisation de celle-ci est essentiellement fonction des finances de la ville. A l’heure actuelle, la ville n’a pas les moyens financiers nécessaires pour prendre en charge le problème des déchets. Mais ceci pourrait être amené à évoluer avec le prochain changement de statut de la ville qui pourrait être accompagné de dotations financières supplémentaires, qui pourraient potentiellement être utilisées dans ce but.
- Achever la voirie avant l’installation des habitants pour limiter la poussière L’achèvement de la voirie (pose des enrobés sur la chaussée et sur les trottoirs, plantations des espaces verts) permettrait de limiter la formation des poussières, le colmatage des réseaux. Mais il ne s’agit pas d’un problème spécifique au quartier Sidi Laarbi, mais d’un problème qui touche l’ensemble de la ville. Ici encore, le changement de statut de la ville et les éventuelles dotations financières pourraient permettre d’améliorer la voirie dans l’ensemble de la ville.
74
4. Aspects sociologiques
75
Problématiques • Comment se déroule pour les habitants la transition du Douar informel au quartier de recasement ?
Aspects sociologiques 76
• Quelles sont les conséquences de cette transition sur le revenu et la situation économique des ménages ? • De quelle manière les modes de vie des habitants ont pu être modifiés par l’opération de recasement ? • La qualité de vie des habitants s’est-elle améliorée du fait de ce transfert ? • Peut-on dire que le bidonville Douar Chteb a disparu ?
Evaluation • Les habitants sont installés à Sidi Laarbi depuis deux ans. Pour le moment, on ne peut pas dire que leurs conditions de vie se soient véritablement améliorées. Dans la tranche 1, seuls 20 % des lots n’ont pas encore été valorisés, et accueillent encore des baraques en tôles que les gens ont eux-mêmes ramené de Douar Chteb. Le reste des lots est composé de maisons dont la construction est encore, pour la plupart, inachevée. Dans la tranche 3 où les ménages sont installés depuis un an, sans être acquité de l’intégralité du coût d’achat de la parcelle, mais aucun n’a commencé à construire.
• Les habitants sont rentrés dans une économie davantage monétarisée. Dans le Douar Chteb, ils avaient un mode de vie précaire mais avec très peu de charges à payer, or dans le nouveau quartier c’est l’inverse (crédits de remboursement de l’acquisition du terrain et/ou de construction de la maison, abonnement à l’eau, à l’électricité, taxes, impôts locaux). Certains ménages arrivent à faire face à ces nouvelles dépenses en adaptant leurs activités, modes de vie et revenus. D’autres en revanche n’y arrivent pas. • On se rend compte aujourd’hui qu’il existe un réel problème de solvabilité des ménages, du à une grande diversité des situations financières qui peuvent, pour certains avoir de lourdes conséquences : o Des ménages ne regroupent pas les conditions nécessaires à l’obtention d’un crédit pour la construction de leur maison : âge trop élevé du chef de famille, revenus irréguliers ; o D’autres ménages ont investi tous leurs moyens financiers dans l’achat du lot ou dans la construction de leur habitation, si bien qu’aujourd’hui, ils n’ont plus d’argent pour vivre, et ils ne peuvent pas payer le raccordement aux réseaux de distribution d’eau et d’électricité. De plus, une enquête plus approfondie sur la solvabilité des ménages serait nécessaire pour porter un meilleur jugement car lors des entretiens réalisés, il était délicat d’aborder le sujet de la situation financière des ménages.
Aspects sociologiques
Une solvabilité fragile des ménages
Un risque de glissement réel mais maîtrisé Certains ménages, conscients de leur situation, choisissent de revendre leur lot. Cette perspective est facilitée par la forte demande existant sur le secteur. C’est ce que l’on appelle le glissement. • Deux formes de glissement ont été relevées : o certains ménages retournent à l’habitat précaire dotés du capital de la revente de leur lot, o d’autres ménages revendent leur lot, pour s’associer avec un parent, lui aussi bénéficiaire d’un lot de recasement. La recette de la vente du lot permet de construire la maison du parent, et les deux familles partagent ainsi au sein de la même maison. L’un des gardes de borne-fontaine de Sidi Laarbi explique qu’ayant investi toutes ses économies dans l’achat du lot, il n’a pas les moyens
77
de construire sa maison. Aujourd’hui, il a choisit de vendre le lot qu’il a acheté 22 000 dirhams, à un investisseur à hauteur de 200 000 dirhams. La plus-value réalisée va lui servir à aider son fils dans la construction de sa maison, et il habitera avec lui dans un étage séparé. Cette situation n’a rien d’unique, plusieurs ménages font de même.
Aspects sociologiques
• L’opérateur Al Omrane est conscient des limites au recasement qu’impose ce phénomène de glissement. Ce glissement est en effet susceptible de dévoyer l’opération de ses objectifs initiaux avec un retour possible de ses bénéficiaires à un habitat précaire avec une plus value immobilière. Al Omrane répond à ce problème dans cette opération en autorisant le transfert des baraques du bidonville pour laisser le temps à la population de réunir les moyens de construire. Cette méthode a pour effet de «délocaliser» le bidonville à titre provisoire mais de limiter l’effet de glissement. • On constate l’intérêt du délai donné aux habitants pour réunir les fonds pour la construction des maisons. Le recasement lancé il y a deux ans (tranche 1) voit les constructions lancées à hauteur de 80 %. Ce délai semble raisonnable et ne pas nuire aux objectifs de l’opération. La présence des baraques apparaît en effet comme une situation transitoire.
Un accompagnement social interrompu • Dans l’opération Sidi Laarbi, une cellule d’accompagnement social avait été installée. Elle avait pour mission de jouer les médiateurs entre les habitants et les partenaires de l’opération (Al Omrane, municipalité, Administration, banques). Elle avait également pour objet d’aider les ex-bidonvillois à s’intégrer dans un mode de vie urbain, en leur proposant des activités et des formations. La cellule d’accompagnement a également cherché à sensibiliser les habitants au remboursement des dettes, pour limiter les saisies bancaires. Cet accompagnement social était assuré par deux personnes. • Cet accompagnement social est aujourd’hui suspendu. Les deux employés assurant cette mission n’ayant pas été payés pendant 5 mois ont interrompu leur mission de leur propre initiative. • Cette interruption de l’accompagnement social apparaît fortement dommageable. Son succès avait été constaté sur la tranche précédente mais aujourd’hui les habitants se retrouvent seuls dans leurs démarches. Aussi, la cellule d’accompagnement social ayant été un facteur de réussite de cette opération de recasement, il serait intéressant de savoir exactement dans quelles conditions elle s’est interrompue, et surtout, dans quels délais elle sera rétablie, si elle l’est.
Une coexistence de modes de vie urbains et ruraux • Les habitants sont actuellement dans une phase de transition, mais il est établi que le recasement a accéléré le phénomène de mutation. Les modes de vie n’ont en effet pas été bouleversés, mais les habitants tendent à se diriger vers un mode d’habitat en dur et doivent machinalement augmenter leurs revenus pour satisfaire aux nouvelles dépenses. C’est la porte de l’économie monétarisée qui s’ouvre
78
avec le recasement. Leur village d’origine était rural. Aujourd’hui, ils habitent en ville, mais les modes de vie ruraux persistent car les habitants ne profitent pas encore des facilités qu’apporte la ville (l’accès à l’eau, à l’électricité, aux équipements de proximité…) à cause de l’état d’avancement relativement récent de l’opération. Ils utilisent ainsi toujours des fours traditionnels en terre et on constate l’omniprésence d’animaux (ânes, poules…).
Situation initiale dans le Douar Situation actuelle dans la tranche 1 de Sidi Laarbi
Aspects sociologiques
• Aujourd’hui on a le sentiment que le Douar Chteb a simplement été déplacé à Sidi Laarbi, on peut dire que le bidonville est devenu un « bétonville » car le niveau de vie des habitants n’a pas encore évolué, ils sont toujours dans une situation précaire.
79
PRECONISATIONS - 1. Limiter le glissement :
Aspects sociologiques 80
o o
Poursuivre la politique de tolérance de la baraque en tôle sur le lot qui contribue à limiter le phénomène de glissement. Ce sas entre le douar et le recasement est essentiel mais la situation doit toutefois être maitrisée à l’aide d’un suivi régulier.
- 2. Prévoir un produit davantage modulable pour faciliter la construction,
o o
mettre à disposition des matériaux de construction et mettre en place des coopératives de construction intégrer des éléments plus ou moins modulaires pour maîtriser les coûts et la qualité de la construction et donc de l’opération
- 3. Proposer une variété dans la typologie des maisons et non une uniformité pour donner la possibilité de s’adapter aux différentes caractéristiques des ménages :
o o o o
taille du ménage moyens financiers familles monoparentales ou nombreuses cohabitation entre plusieurs générations au sein du même foyer
- 4. Rétablir la cellule de l’accompagnement social
o
importance en terme de montage financier et d’accompagnement administratif
- 5. Etudier l’hypothèse d’un mode de financement par crédit-bail qui permettrait les avantages suivants : o Passage progressif du statut de locataire à celui du propriétaire → Permettrait de laisser le temps à chacun de stabiliser sa situation à son rythme, le temps d’acquérir un revenu régulier afin de mieux se préparer à l’accès au crédit ; o Système qui s’adapterait plus facilement aux situations de chaque ménage. Ainsi les plus modestes d’entre eux pourraient devenir propriétaire à long terme en évitant l’endettement.
Bibliographie
81
Bibliographie
Notre présente étude est essentiellement basée sur des études de terrain réalisées entre le 19 Avril et le 5 Mai 2010 à Ain El Aouda. Les informations utilisées dans ce dossier sont la synthèse des différents entretiens réalisés avec : - les autorités locales, dont la personne responsable de l’Urbanisme au sein de la Municipalité, à savoir Mr Stah et son subordonné
- l’opérateur Al Omrane dans ses bureaux de Témara
- les habitants du quartier Sidi Laarbi, par l’intermédiaire d’Isham, jeune habitant du quartier parlant le français
82
- l’accompagnatrice sociale Naëza
- le Chef de Projet du Grouprement Gret-Area, Olivier Toutain
Bibliographie
Pour le Programme «Villes Sans Bidonvilles» : - publications et site internet de l’AFD
Pour les données statistiques : - Recensement réalisé par le Royaume du Maroc en 2004 (RGPH) - Projet de SOAP - Bureau d’études AREA
Pour les données sur la planification urbaine : - Municipalité d’Ain El Aouda - Schéma d’Organisation Fonctionnelle et d’Aménagement de l’aire métropolitaine centrale Rabat-Casablanca (SOFA) - Schéma d’Orientation et d’Aménagement de la Périphérie de Rabat (SOAP)
Pour le projet d’aménagement du Quartier Sidi Laarbi : - Documentation fournie par Al Omrane et la municipalité d’Ain El Aouda
83