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De rares accès routiers

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Introduction

Introduction

(117) Voir glossaire.

(118) Voir glossaire.

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focus n ° 6

mémoires des derniers bergers

L’entrée dans l’Houscau.

« Il y avait cinq communes représentées chacune par un syndic. Les cinq syndics se réunissaient pour fixer la date de l’entrée dans la montagne, l’assota, nommer le garde… Cette année ils pourraient déjà y partir, alors que d’autres années, ils y allaient au 10 juillet. Il fallait que ceux qui étaient le plus haut puissent y vivre, alors qu’au lac d’Ourrec, on pouvait y faucher.

Il fallait attendre 6 heures du matin pour rentrer. J’étais là une fois avec l’oncle, j’avais dormi dehors, la cabane était pleine. J’étais dans un capèt 117, le matin quand je me suis réveillé, j’avais dix centimètres de neige dessus.

Il ne fallait pas entrer avant le 21 juin à 6 heures. Le passage était muré à la hourquette pour montrer la limite. Le garde comptait les bêtes avant qu’elles rentrent. Les bergers comptaient les moutons par paquets de vingt. Les brebis d’un de chez Crassus de Bordes dépassaient un peu et le garde l’avait menacé de lui tirer deux brebis. L’autre lui avait répondu que comme il en avait onze-vingt, il ne pourrait pas les tuer toutes. Le fusil du garde, c’était un fusil à borrader, une fois le premier coup tiré, c’était foutu. »

L’éducation du berger.

« La première fois qu’on m’a envoyé à la montagne pour porter le semmanè 118 à un oncle. On m’a dit, s’il y a de la brume, tu fais attention à la fontaine des Trois Seigneurs. À cet endroit, les vaches montaient au col de Jaou. Il y avait une centaine de vaches. Ça faisait un chemin battu. À cet endroit il fallait prendre un petit chemin, là où il y a la buvette. Mais l’ânesse ne s’est pas trompée. »

« Il y en avait un, un vieux de chez Sayous, il disait: “né en 1889, en 1901, aulhèr à la Baraque”. Il avait onze ans. »

« Moi, raconte Pierre Lapène, j’allais amener les brebis, les voir, j’allais amener le semmanè, mais je n’y suis jamais resté. C’était mon frère, Marcel, qui y restait quand j’étais jeune. Il accompagnait mon oncle, Basile. Ce n’était pas bien d’envoyer un gosse comme ça. La vie, l’été, sur les estives ce n’était pas facile. Les granges de la famille, je les ai vues toutes par terre à cause de la tempête. Les cabanes en pierre, ce n’était pas le vent qui les faisait tomber, c’était plutôt la neige. »

Propriétés et entretien des cabanes.

Chaque site des cabanes est utilisé par une des Cinq Communautés, voire une des Communautés antérieures au regroupement (Saint-Germès est distincte de Saint-Pastous). D’autre part, P. Lapène identifie chaque cabane en fonction d’une Maison. Pourtant, pour lui, cette identité est relative. « Il y avait des cabanes qui étaient propres à une Maison, d’autres qui correspondaient à deux Maisons. Parce que les cabanes, c’est beau, mais fallait y vivre. L’année d’avant, il fallait les arranger, faire des provisions de gabets (pieds de rhododendron). Les gabets étaient déterrés à la pioche, puis mis à sécher sous des pierres, posés sur des cailloux pour qu’ils s’égouttent. Les racines font de grosses boules qui permettaient d’avoir un feu qui tienne. Les gabets, c’était la vie: pour la cuisine d’abord, pour se chauffer ensuite. On ne peut pas dire que la cabane était une propriété de murs. C’était un élément du droit de pacage. Mais si on continue à y aller avec les troupeaux, c’est une partie intégrante de la Maison. La cabane n’était pas attribuée à la Communauté. »

« Notre cabane, côté nord, il y avait deux murs. Entre les deux murs, c’était isolé avec de la bouse de vache séchée. Elle était projetée sur le premier mur.

Une fois sèche, on montait un deuxième mur contre. Ça empêchait le vent de passer, ça protégeait de l’eau, des bestioles. Mais autour des cabanes, on trouvait des campagnols, des souris, des taupes. »

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