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Préface

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pyrénéenne

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partie i

L’homme et la nature au Montaigu

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1.

Les estives du Montaigu, un espace pastoral montagnard

Vu des espaces en contrebas, le Montaigu change de visage selon l’endroit d’où on l’observe. Le sommet, un dressant de roches anciennes, vieux calcaires et quartzites, enlevés à 2339 m d’altitude, domine les reliefs alentour. En arrivant de la plaine de Tarbes, Montaigu dessine une crête effilée, ligne épurée à côté du pic du Midi de Bigorre (2876 m) dont la masse compacte manque de sveltesse malgré 537 mètres supplémentaires. Vu de l’ouest, Montaigu aligne sa crête sommitale en plan égal avec les cimes voisines dont il se distingue mal, semblant ici une autre montagne, avec les larges plans inclinés qui montent vers son sommet. Pour qui vient de l’est, Montaigu se détache avec soin de la ligne dentelée des sommets, dès Saint-Gaudens ou Montréjeau, aux côtés de son méridional voisin. Depuis les sommets du sud, Montaigu, proue de navire au-dessus des premiers chaînons pyrénéens, fait face aux espaces en contrebas, semble tourner le dos à la montagne, tandis que s’articulent à ses pieds les immensités pastorales de ses estives. Depuis le sommet de son alter ego, le pic du Viscos (2141 m), le Montaigu ne mérite pas sa référence à la pointe et aux pentes qui permettent de le désigner depuis les plaines du contrebas. Vue d’ici la double pointe du sommet ne se distingue guère et notre pic se dégage mal des crêtes voisines, Pène Malo (2118 m), qui dégringole vers le col de Tos, crêtes qui descendent vers le col des Rosques. En revanche le panorama depuis le pic du Viscos permet d’apprécier dans toute sa puissance la force et la compacité du massif, à peine ouvert par la double entaille des vallées d’Isaby et d’Hérou qui divergent au hameau d’Ortiac. La garde est montée à gauche par le Nerbiou (1747 m), à droite par le Turon de Hailla (1821 m), tandis que l’interfluve s’élève puissamment vers les crêtes aériennes qui conduisent au pic de Léviste (2463 m) puis au Mail Arrouy (2488 m), sentinelles avancées d’une série des sommets qui séparent, vers le sud, notre domaine de la vallée de Barèges, avant de conduire d’une part au pic du Midi de Bigorre (2872 m), d’autre part vers les parties sommitales de la chaîne.

Car davantage qu’un massif, Montaigu désigne, avant tout, un ensemble d’estives, pâturages d’altitudes, répartis depuis les débuts du pastoralisme pyrénéen, entre plusieurs catégories d’ayants droit, essentiellement éleveurs des différentes Communautés des contrebas. Dans les espaces qui entourent le pic éponyme, les sociétés pastorales successives ont organisé un territoire. Celui-ci se

Montaigu, vu depuis le Cabaliros. découpe en plusieurs quartiers étagés sur des pentes de moyenne montagne, mais fonctionne, au départ, comme un territoire fiscal, ainsi que le font apparaître les indications du Livre Vert de Bénac, ancien cartulaire des vicomtes du Lavedan.

(6) Jacquot A. Sanatorium du Chiroulet.

(7) Leleu. Atlas cantonal.

de rares accès routiers

Jusqu’à une époque récente, seuls les cheminements pastoraux permettaient d’accéder à la montagne d’estive que constitue le Montaigu. Les routes sont récentes au Montaigu. De plus, elles sont rares. Elles s’arrêtent bien vite, laissant indemne de tout véhicule, le cœur du massif. C’est au pas des hommes et du bétail que l’on circule à travers les estives du Montaigu.

La route départementale n° 29 qui, à partir de Beaudéan, remonte l’étroite vallée de Lesponne jusqu’au Chiroulet, constitue le plus ancien cheminement carrossable. Elle fut rendue apte à la circulation dès la fin du xixe siècle pour faciliter l’accès des touristes au Chiroulet 6. À partir de la route départementale deux pistes forestières, permettent d’accéder ou de s’approcher des estives du Montaigu, en franchissant de brusques dénivelés à travers les bois qui tapissent les versants de la vallée. Le premier accès part de la croix de la Vialette à 750 m d’altitude. Le chemin remonte le talweg du ruisseau de Couret pour parvenir aux ruines du courtau de la Glère à 1145 m. Il grimpe ensuite, à travers bois, vers le col de Couret à 1199 m. Commencent alors les estives de la plaine d’Esquiou qui s’étendent en contrebas. Au rond-point d’Esquiou à 1034 m, le chemin rejoint une piste pastorale, montée de Soulagnets, un quartier de Bagnères, mentionné par Leleu dès 1840, dans son Atlas des Hautes-Pyrénées 7. Une seconde piste quitte la vallée de Lesponne, au-dessus des Prats de Bataille à 950 m d’altitude. Elle grimpe, en remontant la rive droite du talweg du ruisseau du Hourc vers les pâturages et le courtau du même nom. Ceux-ci relèvent de Bagnères-de-Bigorre, découpage pastoral oblige. Le chemin parvient ensuite au point coté 1135 m. À partir de là divergent plusieurs layons d’exploitation forestière des bois de Baysaou. L’un d’entre eux permet de rejoindre le col de Couret, 1198 m. Depuis ce carrefour, il est possible d’accéder, à pied, aux estives de Culentous, sur le versant sud, ou à celles de Comets plus au nord. Le col de Culentous assure le passage des unes aux autres. De telles infrastructures furent d’abord ouvertes pour évacuer les coupes de bois, elles sont maintenant utilisées par les éleveurs et surtout par les randonneurs, à telle enseigne que le carrefour du point coté 1135 m est souvent désigné comme le parking point de départ de l’ascension du Montaigu par son versant oriental.

Sur le versant ouest du massif, la route départementale n° 100 constitue le second accès routier.

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