ARCHIPOLIS Le magazine d’architecture et d’urbanisme du CIVA
AGENDA La Cité des enfants [p.3] Bauhaus XX-XXI : Un héritage vivant [p.4] Dithyrambes. [Re] Nouveaux Plaisirs
d’Architecture #3 [p.5] XAVEER DE GEYTER ARCHITECTS [p.6] BRÈVES Agenda / Colloques - Conférences [p.7] Actualités design [p.8] Éditions CIVA [p.9] EXPOSITION Construire l’image : Le Corbusier et la photographie [p.10] ARTISAN Ferronnerie d’art [p.11] PORTFOLIO JDS ARCHITECTS JULIEN DE SMEDT [p.21]
INTERVIEW
Frank O. Gehry
« Je cherche à humaniser la modernité » [p.17] DESIGN
Des formes pour la ville #1. Juin 2013
Entretien avec Lucile Soufflet [p.13]
Édito Archipolis, c’est le nom de cette nouvelle publication bimestrielle éditée par le CIVA, Centre International pour la Ville, l'Architecture et le Paysage, qui remplace le magazine Bru. Au-delà d’un simple changement de nom, c’est une nouvelle dynamique qui est mise en place poursuivant le même objectif qu’auparavant : faire connaître l'histoire pour conserver et vivifier la mémoire, renforcer l'identité et agir pour la qualité architecturale dans toute sa diversité, tant dans la protection de l'existant que dans la création. Archipolis laisse apparaître de nouvelles tendances, d’autres façons d’aborder les diverses facettes des métiers liés à l'architecture qu’il s’agisse de projets, d’artistes ou encore de lieux. Ainsi, outre les rencontres et les interviews, une carte blanche sera confiée à une personnalité en fonction de l’actualité. Nos rédacteurs rencontreront également un artisan avec qui acheter des disques ou se rendront encore chez l’un d’eux pour évoquer quelques objets qui lui tiennent à cœur. Des outils que nous pensons nécessaires pour le secteur feront encore leur apparition dans ces pages, qu’il s’agisse d'un agenda de brèves, d’extraits de presse internationale ou d’informations pratiques. Aucun lecteur ne sait à l’avance ce dont il a envie et ce qui va le combler. Alors, n’hésitez pas à parcourir ce premier numéro et à nous faire part de vos commentaires constructifs pour que ce magazine soit plus pertinent encore. Une revue n'est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses lecteurs, à condition que ce ne soit pas toujours les mêmes, écrivait avec beaucoup d’humour Charles péguy. C’est tout ce qu’on se souhaite...
Christophe Pourtois DIRECTEUR
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5096
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Prochain numéro Septembre 2013
02
Sommaire
AGENDA
La Cité des enfants [p.3] Bauhaus XX-XXI : Un héritage vivant [p.4] Photographies de Gordon Watkinson
Dithyrambes. [Re] Nouveaux Plaisirs d’Architecture #3
[p.5]
XAVEER DE GEYTER ARCHITECTS
[p.6]
BRÈVES Agenda / Colloques - Conférences
[p.7]
Actualités design [p.8] Éditions CIVA [p.9] EXPOSITION
Construire l’image : Le Corbusier et la photographie
[p.10]
ARTISAN
Ferronnerie d’art
[p.11]
DESIGN
Des formes pour la ville
[p.13]
Entretien avec Lucile Soufflet
INTERVIEW
Frank O. Gehry
« Je cherche à humaniser la modernité » [p.17]
PORTFOLIO
JDS ARCHITECTS JULIEN DE SMEDT [p.21]
Agenda
La Cité des enfants 15.05.2012 > 29.12.2013 CIVA Cette exposition, destinée aux enfants et à leurs familles, a pour but de sensibiliser un large public à l’architecture et à l’urbanisme bruxellois. Au programme : une découverte interactive et pédagogique de la ville et de ses composantes : les commerces, les écoles, les logements, les lieux de loisirs, les bureaux, les parcs… réunis autour de quatre sections thématiques : « se loger », « apprendre », « s’amuser » et « travailler ». Une scénographie adaptée aux enfants leur permet de parcourir l’exposition de manière ludique. Une double lecture, avec plans, dessins, maquettes et photographies anciennes provenant des collections des Archives d’Architecture Moderne, et de collections publiques et privées, expose la ville aux enfants et aux adultes. À travers plusieurs jeux et à l’aide d’un livret pédagogique, les petits visiteurs
prennent pleinement part à l’exposition. Au centre de cette cité reconstituée, le « mini-museum » présente un focus sur une thématique ou une composante de la ville et de son patrimoine : l’urbanisme, le sgraffite, l’utopie de la ville, etc. Autant de thèmes variés qui changeront périodiquement, comme dans un vrai musée. La pièce centrale de l’exposition un espace consacré à la maison avec une maquette géante permettra à petits et grands d’apprendre et de découvrir les éléments extérieurs et intérieurs de nos habitations : lucarne, balustre, œil de bœuf, etc. Pour s’initier au vocabulaire de l’architecture. Les styles architecturaux sont abordés à
travers une section présentant des chaises de différentes époques. A l’aide de photographies de maisons, ils doivent retrouver à quelle époque elles appartiennent : éclectisme, Art déco, modernisme, etc. Une autre manière d’aborder l’architecture. L’exposition se termine par une section sur les métiers et matériaux liés au patrimoine urbain. Des vidéos présentent le savoir-faire des artisans. En plus d’une section permanente, La Cité des enfants accueillera régulièrement des expositions temporaires traitant des différents aspects de la vie en ville. Exposition organisée par la Fondation pour l’Architecture.
04 Agenda
Exposition organisée par Foto+Synthesis et présentée à Bruxelles par le CIVA.
Rares sont les principes de création dans le domaine de l’architecture et du design, à avoir eu un impact aussi durable et à avoir autant imprégné notre quotidien. Gropius et ses deux successeurs à la tête du Bauhaus : les architectes Hannes Meyer et Ludwig Mies van der Rohe, énoncèrent les principes qui allaient façonner le socle de l’architecture moderne. Tous privilégiaient des formes classiques dépourvues d’ornementation superflue ; imprégnée de technique, leur approche visait à résoudre les problèmes posés alors par l’aménagement urbain, le logement et la production utilitaire en grande série. Le dos résolument tourné à l’esthétique historiciste, le Bauhaus raisonnait bien au-delà des simples questions formelles ; le souci de fonctionnalité des objets et des réalisations architecturales, ainsi que le renoncement à tout détail ostentatoire, faisaient partie intégrante d’un programme de modernisation sociale qui cherchait aussi à abattre les barrières de classes.
L’exposition
CIVA
23.10.2012 > 05.09.2013
Fondé à Weimar le 1er avril 1919 par l’architecte Walter Gropius, le Bauhaus eut une influence considérable sur l’architecture et le design bien au-delà de la fermeture brutale de l’École en 1933 et des frontières de l’Allemagne.
Photographies de Gordon Watkinson
Bauhaus XX-XXI : Un héritage vivant
Le Bauhaus
L’exposition « Bauhaus XX-XXI : Un héritage vivant - Photographies de Gordon Watkinson » fait dialoguer une sélection des créations architecturales les plus emblématiques du Bauhaus, avec une série de projets réalisés par des valeurs montantes ou des ténors reconnus de l’architecture contemporaine, l’ensemble étant présenté sous la forme de séquences photographiques, signées par l’Américain Gordon Watkinson. Au carrefour de l’architecture, du design et de la photographie, « Bauhaus XX-XXI » propose la première analyse à la fois théorique et visuelle de l’héritage du Bauhaus et pose un regard original sur les principes créatifs de ce mouvement, sur leur application à l’architecture et sur leur actualité dans le monde d’aujourd’hui, depuis l’emploi du préfabriqué pour un habitat abordable jusqu’aux prémices de l’architecture durable ou « verte ». À travers des images aux nuances bleutées, qui révèlent un attachement particulier pour les détails et les matières, le photographe Gordon Watkinson souligne l’exceptionnelle qualité des édifices construits entre 1923 et 1930, par Walter Gropius, Ludwig Mies van der Rohe, Hannes Meyer, Georg Muche et Richard Paulick. Écartant le superflu pour ne retenir de ses modèles que l’essentiel, Watkinson restitue le caractère intemporel de l’architecture moderne et met à jour des correspondances, tant formelles que conceptuelles, entre certaines des
constructions les plus emblématiques du Bauhaus et des bâtiments récents, présentant une typologie similaire et conçus entre autres par les architectes : Allmann Sattler Wappner (Munich / Allemagne), Rolf Disch (Fribourg / Allemagne), Hanno Vogl-Fernheim (Innsbruck / Autriche), Galli & Rudolf (Zurich / Suisse), Graham Phillips (Denham, Royaume-Uni), RCR (Olot / Espagne), Sauerbruch Hutton (Berlin / Allemagne), Werner Sobek (Stuttgart / Allemagne) et Wingårdhs (Göteborg / Suède). Le parti pris original adopté par Watkinson révèle tout ce que le XXIe siècle commençant doit encore aux idées et au langage formel du Bauhaus, 90 ans exactement après sa création. Les photographies de Gordon Watkinson sont accompagnées de brefs textes théoriques et de dessins d’architecture. Une sélection de meubles et luminaires, rééditions du Bauhaus dessinées avant 1933 et encore fabriquées aujourd’hui, complète la présentation et permet au visiteur de juger sur pièce de l’intemporalité de ces objets du début du XXe siècle, dans un contexte contemporain. L’exposition a été conçue par le photographe américain Gordon Watkinson, en collaboration avec Foto+Synthesis. Les douze bâtiments du Bauhaus ont été sélectionnés par Michael Siebenbrodt ; la sélection de leurs pendants contemporains a été confiée à Falk Jaeger qui a aussi rédigé les textes présentés dans l’exposition.
Agenda
05
Dithyrambes. [Re] Nouveaux Plaisirs d’Architecture #3 22.02 > 12.05.2013 CIVA hors les murs Hymnes chantés par un chœur d’hommes dirigé par un coryphée ; dialogues dramatiques construits sur l’alternance de strophes et d’antistrophes entonnées par ce chef de chœur et ses choristes ; préludes probables à la tragédie grecque ; originellement adressés à Dionysos, celui qui avait cette capacité « à brouiller sans cesse les frontières de l’illusoire et du réel, à faire surgir brusquement l’ailleurs ici-bas, à nous déprendre et nous dépayser de nous-mêmes »* ; poèmes lyriques, extasiés, impétueux, irréguliers ; plus communément louanges enthousiastes, voire excessives, les dithyrambes sont aujourd’hui aussi des Plaisirs d’Architecture ! Telle est la proposition de cette troisième édition de [Re] Nouveaux Plaisirs d’Architecture ! R.N.P.A.#3, c’est une exposition à la fois foisonnante et accessible qui présente la production d’une sélection de 9 jeunes bureaux d’architecture et architectes œuvrant en Belgique, sélectionnés par un commissaire, Pablo Lhoas. R.N.P.A.#3, c’est l’exposition de plus de 120 documents d’architecture commentés et organisés selon 45 thématiques aussi variées que « superslick », « eschatologie », « occlusion », « passage à l’acte », « changer le monde », « corps caverneux », « néo-art nouveau », « processus », « structure », « exotiques », « géométrie »,
« domesticité », « centaure », « néorétro-fonctionnalismes »... R.N.P.A.#3, c’est un véritable cabinet de curiosités architectural, une variation sur un atlas mnémosyne de près de 100 mètres de long. R.N.P.A.#3, c’est également un ouvrage choral qui fait écho à cette production et à l’exposition de celle-ci par le biais d’entretiens, de contributions graphique et scénographique originales, de textes d’architectes, de critiques, d’historiens, d’enseignants, de maître d’ouvrage sur ces 9 pratiques. R.N.P.A.#3, c’est aussi un agenda reprenant une série de rencontres, de débats et de festivités autour de l’exposition, autant d’occasions plus ou moins formelles de réfléchir, discuter, débattre de l’architecture émergente à Bruxelles et en Wallonie. Podium précoce pour une architecture inventive, ces dithyrambes, ces louanges enthousiastes à propos de ces jeunes architectes reconnaissent aussi, par définition, leurs accointances potentielles avec l’excès. Puisque l’architecture qui est présentée ici est celle qui comptera incontestablement demain. Ou peut-être pas. Initié par le CIVA (Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage) et Hortence (Laboratoire Histoire Théorie Critique de la Faculté d’Architecture de l’ULB), [Re] Nouveaux Plaisirs d’Architecture est un projet culturel qui
met à l’honneur la créativité et l’originalité d’une certaine frange de l’architecture contemporaine en Fédération Wallonie Bruxelles. Favorisant et valorisant le pluralisme des expressions architecturales, renouant avec une conception de pertinence sociale de l’architecture, défendant, enfin, l’expérimentation, R.N.P.A. revendique l’importance de l’inscription de l’architecture dans le champ culturel. Après la présentation de « 12 figures de l’architecture émergente en Communauté française Wallonie Bruxelles » (parmi lesquels V+, Ledroit Pierret Polet, ou encore MSA) (R.N.P.A.#1 - 2005), après avoir « Jouer avec les règles » autour de la production de 6 jeunes bureaux d’architecture (dont AgwA, Baukunst – Adrien Verschuere ou Nicolas Firket Architects) (R.N.P.A#2 - 2007), cette troisième édition de [Re] Nouveaux Plaisirs d’Architecture met à l’honneur le travail des architectes : adn architectures, vincent p. alexis, Label architecture, LLAC architectes, Radim Louda, orthodoxe, SPECIMEN, VERS.A, V.O. * Jean-Pierre Vernant, « Le dieu de la fiction tragique », dans J.-P. Vernant et P. Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne – II, Paris, La Découverte, 1986.
Coproduction CIVA et Faculté d’Architecture La Cambre Horta, ULB. Commissaire : Pablo Lhoas
Agenda
R.N.P.A. Exhibition TALK
R.N.P.A. Book TALK
06.03.2013
27.03.2013
Rencontre et visite guidée de l’exposition avec le commissaire Pablo Lhoas et la scénographe Sara Noel Costa de Araujo. En collaboration avec les Ateliers Nocturnes.
Rencontre autour du livre, en présence de Jean-Didier Bergilez, directeur de la publication, et de quelques auteurs.
Lieu : CIVA hors les murs Espace Architecture La Cambre Horta, ULB 19 bis, place Flagey 1050 Bruxelles
Lieu : Librairie du CIVA – CIVA Books 55, rue de l’Ermitage 1050 Bruxelles
R.N.P.A. LIVE
R.N.P.A. Finissage
18.04.2013
10.05.2013
Rencontre et portraits des architectes de R.N.P.A.#3
Soirée de clôture de l’exposition
Lieu : Faculté d’Architecture La Cambre Horta, ULB 21, rue du Belvedere 1050 Bruxelles
Lieu : CIVA hors les murs Espace Architecture La Cambre Horta, ULB 19 bis, place Flagey 1050 Bruxelles
19h30
20h00
20h00
20h00
XAVEER DE GEYTER ARCHITECTS 8.11.2013 > 26.01.2014 CIVA - Grande salle du rez-de-chaussée Né en 1957 à Tournai, l’architecte Xaveer De Geyter étudie l’architecture à l’institut Sint Lukas à Gand. Depuis 1991, il enseigne à l’institut Saint Luc à Bruxelles, ville où il installe son bureau d’architecture. Il reçoit en 2005 le prix de l’urbanisme de l’Académie d’Architecture en France. Il collabore dix ans à l’Office for Metropolitan Architecture (OMA) avec Rem Koolhaas, où il a travaillé sur des projets tels que le Villa Dall’Ava à Paris, « le design urbain, Melun Sénart Paris », le terminal maritime de Zeebrugge, le centre ZKM d’art et de technologie des médias de Karlsruhe et de deux
bibliothèques pour l’université de Jussieu, Paris. Il participe à de nombreux concours : pour le « carrefour de l’Europe » en 1997 (réaménagement des espaces publics entre l’Albertine et la cathédrale Saint Michel à Bruxelles), le « Museum aan het stroom » (MAS) à Anvers en 2000, le projet des halles à Paris en association avec OMA en 2004, ou encore la place Flagey à Bruxelles en 2005. Outre la participation à ces concours où ses propositions alimentent le débat, il marque les esprits avec la réalisation du plan urbain de l’îlot Saint Maurice à Lille,
ainsi que l’ensemble de logements « Chassé park » à Breda. En 2006, il participe et gagne le concours lancé par la Région bruxelloise visant le réaménagement de la place Rogier. Sa renommée tient également à la conception spectaculaire qu’il a créée pour une maison à Brasschaat et aux plans innovateurs qu’il a présentés en 2011 au concours international pour le réaménagement du rond-point Schuman « One.Schuman », dont il est lauréat. Exposition produite par le CIVA
Agenda / Colloques - Conférences DITHYRAMBES R.N.P.A #3 LIVE 18.04.2013 - 20h Faculté d’Architecture La Cambre Horta, ULB, 21, rue du Belvédère, 1050 Bruxelles Le CIVA et La Faculté d’Architecture La Cambre Horta de l’ULB ont le plaisir de vous inviter à une rencontre et portraits des architectes de l’exposition, DITHYRAMBES.[RE] NOUVEAUX PLAISIRS D’ARCHITECTURE #3
L
ADN ARCHITECTURES ABEL ARCHITECTUREL AC ARCHITECTE RADIM LOUDA ORTHODOXE SPECIMEN INCENT P. ALEXIS ERS.A .O.
V
Glenn Murcutt dialogue avec Françoise Fromonot 19.11.2013 - 19h30 ULB, Campus du Solbosch, bâtiment K, avenue A. Buyl 87A, 1050 Bruxelles Glenn Murcutt est l’architecte australien le plus important, et aussi le plus célèbre sur le plan international. Lauréat du prix Pritzker (2002), il occupe, en dehors du courant dominant, une position artistique indépendante. Possédant son propre atelier, où il travaille seul, il ne voit pas la nécessité d’utiliser l’ordinateur et les nouveaux médias pour préciser sa vision de l’architecture ou concrétiser ses projets. En une quarantaine d’années de carrière, il a dessiné et construit chaque maison, dans un esprit à la fois progressiste et anachronique. Il totalise plus de 500 bâtiments, tous situés en Australie et destinés presque exclusivement au logement.
Aldo van Eyck – accomplir la « nouvelle réalité » en architecture par Françis Stauven 18.10.2013 - 20h Auditorium CIVA
Aldo van Eyck (1918-1999) Tant par ses bâtiments que par ses écrits Aldo van Eyck occupe une place considérable dans le développement de l’architecture moderne. Des historiens comme Charles Jencks, Kenneth Frampton et William Curtis le reconnaissent comme l’une des personnalités marquantes de l’après guerre. A une époque où l’architecture tendait à se réduire à une technique de production industrielle, Van Eyck était un des seuls à développer une réflexion fondamentale sur l’architecture. Depuis qu’il devint membre des CIAM en 1947, il prit une position marquante dans la discussion internationale. D’une part il s’opposa vigoureusement au rationalisme réducteur du fonctionnalisme, de l’autre il a défendu sans arrêt le développement d’une architecture vraiment contemporaine et humaine. Il a avancé une conception de l’architecture en tant que porteuse de sens. En effet, il a défini l’architecture comme « built meaning », comme « signification construite ». Il concrétisa ses idées dans son projet des plaines de jeu d’Amsterdam et les réalisa pleinement dans l’Orphelinat municipal Françoise Fromonot est architecte et auteur de nombreuses publications. Parmi ses ouvrages parus figure la première monographie internationale sur l’architecte australien Glenn Murcutt (1995, édition augmentée et refondue : Electa 2002-Gallimard/Thames & Hudson 2003). Cette monographie a obtenu à Paris le prix du livre de l’Académie d’architecture en 2004. Ce dialogue a lieu dans le cadre de l’exposition Glenn Murcutt, Architecture for Place, visible à l’Espace Architecture La Cambre Horta, ULB jusqu’au 20 janvier 2013.
de la même ville, un bâtiment clé qui eut une influence considérable. Il se trouva à l’origine d’un nouveau mouvement en architecture, le structuralisme hollandais.
Francis Strauven Francis Strauven est architecte et historien d’architecture. Il est professeur retraité de l’Université de Gand et a fait des recherches sur le développement de l’architecture moderne en Belgique et aux Pays-Bas. Il a publié plusieurs ouvrage sur Aldo van Eyck et a édité ses écrits des monographies consacrées à Renaat Braem (1983), Jos Bascourt (1993), Eugeen Liebaut (2000), Albert Bontridder (2006) et Aldo van Eyck (1994, 1998 et 2008). Francis Strauven donnera un exposé de la carrière, des idées et de l’œuvre d’Aldo van Eyck : sa découverte de la « nouvelle réalité » dans l’art moderne et la façon dont il a donné corps à cette réalité en architecture. Il évoquera le rôle d’Aldo van Eyck dans le mouvement Cobra, sa position critique au sein du Team 10 dont il fut un membre fondateur, et s’étendra sur ses œuvres principales.
Informations pratiques Langue de la conférence : anglais Prix public : 5 euros Gratuit pour les étudiants et enseignants Réservation souhaitée info@civa.be et 02 642 24 50
Conférence organisée par le CIVA + La Faculté d’architecture de l’ULB. Avec le soutien de l’Ambassade d’Australie et de la Mission auprès de l’Union européenne Belgique - Luxembourg
08
BrÈves
Eames Elephant
Actualités design
Chairless People
Charles & Ray Eames, 1945
Alejandro Aravena, 2010
L’éléphant fait partie des animaux les plus appréciés et des plus connus. Admiré pour sa taille majestueuse et aimé pour sa bonté proverbiale, nous le rencontrons au quotidien sous forme de peluche pour enfants, de personnage de conte, ou encore d’animal héraldique. Charles et Ray Eames ont, eux aussi, succombé au charme de ces pachydermes et ont créé en 1945 un éléphant jouet en contreplaqué qui n’a toutefois jamais été produit en série. Dans la version en matière synthétique, l’Eames Elephant est ainsi accessible, pour la première fois, au groupe cible pour lequel il était initialement conçu : les enfants.
Chairless est un accessoire d’assise destiné aux nomades contemporains. Cette robuste bande d’étoffe permet une assise détendue sans siège ni dossier, ce qui en fait la solution idéale partout où il n’y a pas de siège : pour un repas de midi dans le parc, dans la halle d’attente d’un aéroport bondé, pendant un concert, pour lire à la plage et en d’autres innombrables occasions. Chairless est si léger et si compact qu’on peut l’emporter partout avec soi.
Wall Clocks
Algues
George Nelson, 1948-60
Ronan and Erwan Bouroullec, 2004
Par la diversité des matériaux utilisés et leurs formes sculpturales, les horloges de George Nelson incarnent l’esprit des années cinquante. Même de nos jours, ses horloges murales et de table restent une alternative pleine de fraîcheur aux objets habituels de mesure du temps. Le Vitra Design Museum réédite ces créations très recherchées par les collectionneurs dans leur forme d’origine.
Les Algues sont à la fois des modules d’architecture intérieure et des éléments décoratifs. Ces éléments en matière synthétique évoquant des plantes peuvent être reliés pour former des structures tissées, du fin rideau à la haie dense et impénétrable faisant office d’élément de séparation. 25 Algues sont nécessaires pour former une structure de résille légère d’un mètre carré. Les Algues sont vendus par lots de 25 (= 1 m²).
Book Stool Sangles Eno Arik Levy Arik Levy ne cesse de nous surprendre. Le tabouret Book détourne nos lectures du quotidien, ingénieux système de recyclage, le Book Stool offre une seconde vie à nos lectures. Fabriquez vous même votre tabouret en attachant vos magazines avec cette solide sangle de nylon. Disponible en rouge ou en noir.
Les ouvrages publiés par le centre témoignent de la nature de sa mission : informer, développer la recherche et initier le débat sur l’homme et son environnement. Les éditions françaises, néerlandaises et anglaises traduisent la vocation internationale des sujets traités. Les éditions du CIVA proposent essentiellement des beaux livres, mais aussi des catalogues et des CD roms consacrés à l’architecture, à l’urbanisme, et au paysage. En témoignent les photographies des jardins de Le Nôtre prises par Eugène Atget et revisitées de nos jours par Daniel Quesney, l’ouvrage consacré à l’architecture du cirque. Du permanent à l’éphémère, espaces de cirque, le livre-catalogue de l’exposition Cruauté et utopie, villes et paysages d’Amérique latine, mais encore le très riche ouvrage consacré au Studio 4, et celui à Adrien Blomme… Enfin le Civa a lancé une collection de guides bilingues (français-langue locale) consacrée aux villes et à leur patrimoine architectural. Ont déjà été publiés les guides sur Cracovie et Riga. Les villes d’Alger, Oran et Annaba constituent le prochain titre de la collection.
Lhoas & Lhoas Crime, Bricolage & Abstraction La collection Jeunes Architectures se veut le reflet de la multiplicité des pratiques contemporaines en matière d’architecture en Communauté française. Chaque volume de la collection analyse un aspect du travail d’un jeune bureau. Ce quatrième numéro rend compte du travail du bureau Lhoas & Lhoas, installé depuis une quinzaine d’années à Bruxelles. Prenant corps dans un univers référentiel vaste et spécifique, la pratique de Pierre et Pablo Lhoas interroge les invariants et les contradictions de la discipline architecturale. Expérimentale et pragmatique, elle louvoie entre pur plaisir des formes et fonctionnalisme radical, bricolage artisanal et abstraction, structuralisme formel et formalisme structurel, agencement d’espaces et création d’objets. La collection Jeunes Architectures est une coproduction du Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage (CIVA) et de A16. La collection reçoit le soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
Mons, 6 chantiers muséaux
Nouveautés
Le CIVA mène depuis ses débuts, en 1999, une activité d’édition aujourd’hui en plein développement.
Éditions CIVA
CPAS de la Ville de Bruxelles. Patrimoine architectural en devenir
Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition Mons – 6 chantiers muséaux. Là où l’art et l’histoire vivront présentée à la Salle Saint-Georges du 11 février au 22 avril 2012. Dans le cadre de 2015, Mons capitale européenne de la Culture, la Ville ouvrira 6 nouveaux lieux muséaux. Elle a confié la mission à des architectes et à des spécialistes renommés de sublimer six lieux emblématiques de la mémoire montoise. Le beffroi et les minières néolithiques de Spiennes ainsi que le Doudou (mythe de Saint-Georges et du dragon) installé dans le Mont-de-Piété, tous trois classés au patrimoine mondial de l’UNESCO mettront en évidence leur histoire au travers de centres d’interprétation. La chapelle des Ursulines accueillera l’Artothèque, la Machine à eau, le Centre d’interprétation d’histoire militaire et la Maison Jean Lescarts, l’Historium. C’est ce patrimoine riche et diversifié ainsi que la nouvelle politique culturelle de la ville de Mons que ce livre valorise par une diversité de propos et d’illustrations.
15 ans d’architecture ... Lieu de vie, créateur de liens sociaux, le patrimoine immobilier du CPAS de Bruxelles dévoile toute sa richesse architecturale et humaine sous des angles inattendus. Le CPAS de Bruxelles possède un patrimoine immobilier provenant d’un héritage séculaire. Le photographe Marc Detiffe dévoile toute la richesse architecturale, non seulement des bâtiments emblématiques, mais aussi des nouveaux logements, « Les 1.000 logements », tous lieux de vie et de cohésion sociale. Des articles d’auteurs internationaux et belges évoquent la politique foncière et urbanistique du CPAS ainsi que son implication dans l’architecture durable. Une présentation historique introduit chaque section. L’originalité de ce « beau livre » réside, notamment, dans la présentation territoriale du patrimoine bruxellois au départ des antennes sociales. Ces dernières sont un foyer de rayonnement d’une nouvelle organisation sociale, économique et culturelle de la ville.
Editions CIVA / A16 ISBN 978-2-930391-33-5
Editions CIVA / Ville de Mons ISBN : 978-2-930391-45-8
Prix public : 10€
Prix : 20 €
Editeurs: CIVA / CPAS Bruxelles Textes : français, néerlandais, anglais ISBN : 978-2-930391-38-3
10
Exposition
Construire l'image : Le Corbusier et la photographie 26.04 > 06.10.2013 CIVA Créée en 2012 par le Musée des Beaux-arts de La Chaux-de-Fonds en Suisse en étroite collaboration avec la Fondation Le Corbusier à Paris, l’exposition « Le Corbusier et la photographie », est sans conteste l’événement phare de l’ensemble des manifestations qui ont célébré le 125e anniversaire de sa naissance. C’est pour le CIVA une occasion unique de présenter cette exposition. Le Corbusier (1887-1965) est une des figures majeures du XXesiècle : sa pratique et sa pensée architecturales ont profondément marqué plusieurs générations d’architectes et d’urbanistes, et son héritage contribue encore à façonner l’environnement contemporain. Son œuvre s’étend par ailleurs aussi à la peinture, à la tapisserie ou à la sculpture. Le Corbusier souhaitait apporter à ses contemporains une nouvelle façon de penser à la fois l’habitat, l’urbanisme et l’art ; en somme, proposer des conditions de vie nouvelles pour un homme nouveau. Nombre d’expositions ont déjà été consacrées aux multiples facettes de l’oeuvre de Le Corbusier (1887–1965), mais son rapport à la photographie, un thème qui touche pourtant à de nombreux aspects de sa carrière diversifiée, a été peu abordé jusqu’à ce jour. La photographie est bien sûr à la base de la diffusion de son oeuvre architecturale, mais cette exposition ne se limite pas à la représentation photographique des réalisations de Le Corbusier. Dans son cas, la photographie mérite en effet d’être envisagée dans une perspective bien plus large : il est ici question de la photographie autant comme outil de représentation, de promotion ou de diffusion que comme moyen de recherche artistique et plastique. Durant toute sa vie, Le Corbusier a fait
de l’image des usages différenciés. Ses voyages ont été pour lui l’occasion de réunir de nombreux documents qu’il a utilisés dans son travail d’architecte, d’urbaniste, de théoricien et de plasticien. Il a puisé dans ce vaste répertoire iconographique pour illustrer ses écrits et ses expositions, développant des stratégies de communication innovantes. Il a supervisé la documentation de ses œuvres avec un œil exigeant et aiguisé, qui en fait parfois un véritable co-auteur de certaines photographies consacrées à son architecture. Par ailleurs, Le Corbusier a lui-même expérimenté cadrages et jeux de lumière dans son travail photographique personnel, encore largement inédit. La découverte récente de milliers de négatifs permet ainsi de restituer son processus créatif et de le confronter à sa pratique picturale. Pour l’architecte, la photographie a ainsi servi à la fois de notes de travail et d’outil de recherche plastique. Au-delà de son propre travail de création, Le Corbusier a aussi été un des premiers à construire consciencieusement et systématiquement son image et celle de son œuvre à travers la photographie, en s’appuyant sur le travail de plusieurs photographes de renom. Cet héritage continue de stimuler les photographes d’aujourd’hui, qui revisitent son œuvre avec la liberté que permet désormais la distance historique.
CONSTRUIRE L’IMAGE : LE CORBUSIER ET LA PHOTOGRAPHIE Textuel, Paris, 2012 256 pages, 300 illustrations Sans en être le catalogue au sens strict, cet ouvrage est le reflet de l’exposition. Cette publication se positionne dans un large débat qui fait l’objet d’un intérêt grandissant depuis quelques années : les mécanismes de production et de diffusion de l’image de l’architecture, ainsi que le rôle déterminant dévolu à la photographie dans ce processus. Il convient d’insister sur le fait qu’en dépit d’un intérêt croissant, la relation entre Le Corbusier et la photographie reste peu connue du grand public d’où l’importance de ce livre.
Présentée par le CIVA. Production: Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds + Fondation Le Corbusier
Artisan
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Ferronnerie
d’art
Texte Lena Goessens Photographies Guy Focant
ARTISAN
L’ossature
, le squelette d’un bâtiment, c’est le travail du charpentier. Autrefois, il maniait essentiellement le bois. Depuis la révolution industrielle, la main travaille aussi le métal... avec autant d’âme. Illustration par l’office du tourisme spadois.
La charpente métallique, ce sont des poutres et des colonnes assemblées pour former une structure de soutien au bâtiment. Soit un métier du gros œuvre. Dans des cas particuliers, le travail est plus artistique, plus fin. On peut, dès lors, parler de ferronnerie d’art comme l’exercice de rénovation de l’office du tourisme de Spa. « C’est un travail de dentelles, très pointu », confie Pierre Ruyssen, chef de projets industriels chez Wust (Malmedy). Un travail qui peut, également, contribuer à la conservation du patrimoine wallon. En ce moment, cette entreprise est notamment chargée de la restauration de l’Opéra de Liège, palais classé. Les structures métalliques, dans ce cas, viennent rehausser et renforcer l’ancien bâtiment pour en sauvegarder le patrimoine existant. Si le métier de charpentier a évolué aux dépens de bois, il y a plus d’un siècle, les techniques usitées ont néanmoins considérablement évolué. À l’époque, le rivetage était numéro un pour l’assemblage de l’acier. La Tour Eiffel, datant de 1889, porte encore les vestiges de cet ancien système de rivets. Elle compte plus de deux millions de rivets. Le travail était délicat. Il fallait façonner les rivets sur place.
Immersion sur le terrain L’entreprise Wust emploie une quinzaine d’ouvriers dans l’atelier ferronnerie. C’est là que les ouvriers qualifiés, les soudeurs, fabriquent, à même le sol, les petites structures de charpente métallique, destinées aux bâtiments industriels de moindre taille, ou encore des garde-corps, des escaliers et des portes métalliques ou des passerelles. Sur chantier, ce sont des équipes de monteurs qui se chargent d’assembler les différents éléments de la charpente, préalablement reçus, parfois en kit, par des sous-traitants. Les entreprises générales de construction font de plus en plus appel à de la sous-traitance pour les grosses pièces de charpente métallique. « À partir de 20 à 30 tonnes de structure, nous ne faisons pas ça en interne », explique M. Ruyssen. Les monteurs manipulent différentes sortes de poutres. Parmi les plus en vogue, on trouve le système Astron pour travailler sur bâtiments à grande portée, de 60 à 80 mètres. Ou encore les structures en treillis et les profilés à chaud. Ces éléments lourds, ces poutres pouvant atteindre jusqu’à trente mètres de portée, sont manœuvrés par le grutier sous les instructions des monteurs.
Une fois sortis du four, brûlants, ils étaient amenés, le plus vite possible, sur la partie de la structure à assembler. En moins de dix secondes, le rivet refroidissait et l’opération était à recommencer. Dans certains anciens sites industriels, tels que les entreprises lainières à Verviers, on retrouve encore les traces de ce procédé ou aux ascenseurs hydrauliques à Strépy-Bracquegnies. Cette pratique se raréfie. Elle a été supplantée par la soudure.
Aujourd’hui, les hommes de terrain sont confrontés à un problème, à l’époque inexistant avec le bois. Le métier de charpentier, devenu plus industriel qu’artisanal, fait désormais face aux lois du marché et est soumis à des exigences extérieures, telles que les contraintes de protection contre l’incendie. En effet, les structures métalliques ont une résistance au feu plus faible que le béton. La résistance demandée au feu atteint parfois une heure, ce qui est quasi mission impossible pour le métal, sauf éventuellement avec des protections très onéreuses. « On est en train de nous scier la branche sur laquelle on est assis », ironise Pierre Ruyssen.
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Des formes pour la ville
Texte Gilles Bechet
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epuis quelques années, le mobilier urbain de Lucile Soufflet, tout en rigueur et simplicité, se pose dans nos villes et dans nos parcs. Des formes nouvelles qui répondent à des besoins fondamentaux.
Ils apparaissent un beau jour sur les places, dans les parcs. On les regarde d'abord avec indifférence ou curiosité, parfois avec méfiance pour leurs formes innovantes, incongrues. Puis, on les essaie. Et on se dit que, finalement, on s'y sent bien. Le mobilier public doit s'apprivoiser. Patiné par le temps et les intempéries, il doit se fondre dans le paysage et dans les habitudes des citadins, des villageois. Depuis 2006, la Grand-Place de Mons accueille un groupe de bancs en fines tiges d'acier laqué qui ondulent avec la souplesse d'un végétal. Ils sont l'œuvre de la designer Lucile Soufflet. S'adaptant à chacune de ses implantations, ce modèle est né quelques années plus tôt pour répondre à une commande de la Ville de Bruxelles pour une petite place du centre-ville. « Au départ, la commune voulait une œuvre d'art alors que les habitants entendaient surtout placer un arbre. Dans la discussion est apparue l'idée d'une grille autour d'un arbre qui est devenu un banc circulaire qui épouse la forme de l'arbre ». La designer, qui s'est installée dans la commune de Sart-Dames-Avelines, dans le Brabant wallon, occupe une ancienne maison de briques vertes qu'elle a complètement réaménagée. Elle a posé son bureau sur une mezzanine, juste sous le toit. C'est là qu'elle travaille face à son écran à défaut d'occuper son atelier encore en chantier. « C'est vrai que je travaille de plus en plus avec l'ordinateur », reconnaîtelle. « Même si la plupart de mes projets naissent toujours d'un croquis au crayon ». La création d'un projet passe par des aller-retour permanents entre le crayon et la visualisation en 3D, et parfois par des maquettes. Lorsque son mobilier est édité, la créatrice peut s'appuyer sur les développeurs de l'éditeur qui disposent de vrais spécialistes de la 3D.
La Cambre, Lucile Soufflet fait remonter Une part importante de son mobilier est éditée par la firme tournaisienne Urbastyle. ses premières envies de design à son enfance. « Cela correspond d'abord à une « Avec ce type de partenaires, je ne réalise pulsion d'autonomie et à l'envie de faire les plus tout moi-même de A à Z, ce qui permet choses moi-même. Je couds, je fais la cuisine, d'être plus précis dans chaque le potager. J'étais phase du travail ». Une gamme comme Je suis attentive à suivre naturellement attirée celle de bancs toutes les étapes de la production. vers les objets qu'on circulaires, aujourd’hui Chaque matériau a ses spécificités utilise vraiment. Pour éditée par TF en techniques qu'il faut prendre en moi, le design, c'est d'abord la fonction ». France, a mis dix ans compte dès la conception. Le goût pour le entre la conception et mobilier urbain est né à Londres. l'édition. Grâce à l'édition, elle dispose En exil temporaire dans le cadre des désormais d'un alphabet de profils qu'elle échanges Erasmus, elle y a suivi des cours adapte à chaque commande en fonction à la Middlesex University avant d'être des contraintes à la fois budgétaires et assistante technique au Royal College. topographiques. « Je n'ai pas toujours les « Plongée dans une ville étrangère, j'avais le délais ni les moyens de faire un nouveau nez dans les cartes et les plans, j'ai sillonné la projet, d'autant plus que souvent on me ville de long en large, regardant autour de moi commande quelque chose en se référant à un et observant comment les gens utilisent la ville mobilier existant qu'on a vu ailleurs ». et ce qui est à leur disposition ». Diplômée en design industriel de
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Ses premiers travaux sont nés de sa réflexion sur la ville et les espaces publics. Ils ont débouché sur les premières commandes et d'autres projets. « En m'engageant dans cette voie, j'étais confortée par le fait que c'est un domaine où le design est encore peu présent et où beaucoup reste à faire ». Dans son choix de matières, elle privilégie le bois, le béton ou l'inox, des matériaux adaptés à l'extérieur et permettant de petites séries. C'est une approche plus artisanale qui lui permet plus de flexibilité et de personnalisation. « Je suis attentive à suivre toutes les étapes de la production. Chaque matériau a ses spécificités techniques qu'il faut prendre en compte dès la conception. Ainsi, le béton a son sens de coulée. Si on l'ignore, on a des bulles qui peuvent remonter à la surface et y créer des irrégularités ». Si elle admire le travail de créateurs tels que Charles Eames ou les frères Bourrelec, elle préfère ne pas trop analyser le travail d'autres designers pour ne pas se sentir écrasée. « Je me fie plus à l'observation des gens, à la manière dont ils se comportent dans l'espace public. De manière plus indirecte, je suis aussi très sensible aux formes d'objets anciens que je repère lors d'une balade aux Puces. En général, travailler sur l'histoire donne une épaisseur narrative au projet qui me plaît bien ».
Destin brisé Dans le centre de La Louvière, les passants n’ont pu ignorer l’assiette cassée géante qui étale ses morceaux sur les trottoirs. Cette sculpture en acier laqué, baptisée The Plate, a été réalisée par Lucile Soufflet en collaboration avec l’artiste Bernard Gigounon et produite par l’entreprise liégeoise Ortmans. Hommage au passé industriel louviérois, l’œuvre ne laisse personne indifférent. - Cette œuvre, un peu à part dans votre parcours est hommage au destin brisé de Royal Boch avec qui vous avez eu l’occasion de travailler ? Boch possède un patrimoine extraordinaire. La plupart des familles belges ont eu des pièces d’un de leurs services. Quand j’ai visité la Manufacture, on sentait déjà la fin de quelque chose. L’outil était désuet, mais ça aurait valu la peine de le remettre à flot. J’ai eu envie de partir d’un sentiment pour laisser un témoignage d’une époque. - Quelles ont été les réactions ? Dans les médias artistiques, l’œuvre fait son chemin et a été
commentée et appréciée un peu partout dans le monde via internet. En ville, les réactions étaient très contrastées. Ça suscite la discussion… Et c’est très bien. Certains comprennent la démarche, d’autres sont choqués par une pièce qui dégage une certaine violence. Quand on parle avec les gens, ils arrivent à faire la part des choses. Après une fin, même brutale, il y a toujours quelque chose qui s’ouvre. Quand on implante une œuvre dans le tissu urbain, au début, il faut l’accompagner et il convient d’être vigilant dans la communication. - Comment ? Être là physiquement et discuter avec les gens. J’ai y ai passé deux ou trois week-ends. C’était très enrichissant. Certains m’ont dit : « Moi aussi je suis maladroit, je voudrais avoir la même dans mon jardin ». Un autre m’a demandé si je l’avais cassée là en la déchargeant. Quand j’ai répondu : « Oui, c’est bête hein ! » Il s’est mis à rire. L’œuvre doit encore faire sa mue. Elle appartient à la ville et à ses habitants. Elle va faire son chemin. Comme tout mobilier urbain, elle va se patiner avec son lot de tags, de griffes ou d’empreintes de pas. D’une manière ou d’une autre, les gens ont besoin de s’approprier les objets.
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Porcelaine et céramique
Au début de sa carrière, Lucile Soufflet a réalisé plusieurs séries d'objets en porcelaine et en céramique. Parmi ceux-ci, une commande du Musée de Mariemont qui lui a demandé de réinterpréter quelques pièces de leur collection. Dans une autre série avec Royal Boch, elle s'est amusée à associer à une même tasse différentes anses issues du patrimoine décoratif de la faïencerie. Depuis quelques années, elle a délaissé la céramique et les petits objets au profit du mobilier urbain. « Une fois qu'un domaine suscite de l'intérêt, les demandes suivent et on poursuit dans la même direction. Mais il suffit de peu de choses, une rencontre ou une commande, pour prendre une tangente ». Le « Projet 105 » est l'exemple parfait de commande qui invitait la designer à explorer de nouveaux territoires créatifs. Dans le cadre d'une revitalisation
d'un ensemble de logements sociaux bruxellois, la société de logements SLRB lui a demandé de rhabiller les couloirs qui séparent les appartements de l'extérieur. « Ça sortait de ce que je faisais habituellement, c'était aussi un des premiers projets où je travaillais en collaboration. C'était un sacré défi de satisfaire tant les habitants que les commanditaires et soi-même. Il y a un travail pédagogique et, en même temps, il faut être tout le temps à l'écoute. En montrant d'où viennent les choses, on peut expliquer qu'on ne peut pas faire ce que chacun exige, mais en travaillant ensemble on peut arriver à personnaliser chaque lieu de vie et permettre à chacun de s'y sentir bien ». Dans le cadre de ce projet, et de celui qui a suivi, le projet 48, Lucile Soufflet a eu l'occasion de renouer avec le plaisir de la céramique, couvrant le mur des corridors de carreaux qui délimitent par leurs couleurs et leurs structures l'espace
qu'occupe chaque appartement. L'année 2013 sera riche en projets, du mobilier bien sûr comme celui pour le parc des 4 vents et des étangs noirs à Molenbeek, ainsi que pour la commune de Schaerbeek. Changeant d'échelle, il lui arrive régulièrement de réaliser des interventions ponctuelles chez des privés qui souhaitent un banc ou un autre accessoire d'extérieur. Décidément, pour Lucile Soufflet, ce ne sera pas encore le moment de s'asseoir.
Renseignements Lucile Soufflet Rue de la Hutte, 7 1495 Sart-Dames-Avelines +32 (0)71 95 45 53 lucilesoufflet@gmail.com www.lucile.be
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Frank O. Gehry
« Je cherche à humaniser la modernité » Par Marion Vignal (L'Express)
Les interviews, très peu pour lui. Le maître de l'architecture, père, notamment, du "Guggenheim de Bilbao", repousse dès qu'il le peut l'exercice médiatique. Arrogant, Frank O. Gehry ? Timide, surtout. A force de discrétion, sa personnalité s'est confondue avec son travail : grandiose et extravagant. Erreur. Frank O. Gehry est un homme aux yeux rieurs qui recèle bien plus de pudeur et d'humilité que ses imposants édifices ne le laissent paraître. De passage à Paris, sur son chantier de la Fondation Louis Vuitton pour la création - en cours, au bois de Boulogne, et dont l'ouverture est prévue en 2012 - l'architecte américain s'est livré à L'Express. L'occasion de balayer quatre-vingts ans d'une vie vouée à la construction. Et de découvrir que derrière ses éclats de verre ou d'acier se cache un artiste en permanente quête de vérité
Voilà plus de cinquante ans que vous exercez le métier d'architecte. Votre passion est-elle toujours intacte ? Oui ! Il n'y a aucun doute. Je me réveille chaque matin avec l'envie d'inventer et de voir les choses avancer. L'architecture s'apparente à un monde que l'on se crée soi-même et qui englobe la littérature, l'art, la musique et... la vie.
On vous qualifie souvent de sculpteur. Vous sentez-vous plus artiste qu'architecte ? Je suis un architecte. Mais je ne fais pas de grandes différences entre ces deux familles. A la Renaissance, c'était d'ailleurs la même
chose. Aujourd'hui, chacune a ses champs d'intervention. Cette histoire de territoires est finalement sans intérêt. Quoi qu'il arrive, l'artiste doit faire face à un instant de vérité. A ce moment où il doit penser à la trace qu'il va laisser. C'est la même chose pour nous, les architectes. Nous réglons des problèmes d'organisation, d'échelle, de fonctionnalité, puis vient ce fameux instant de vérité où nous devons décider de la forme, de la couleur et de la composition. L'enjeu est le même. Pour le peintre, c'est peut-être même moins complexe, car il n'a pas à se soucier de problèmes de gravité, d'effondrement de terrain ou de budget.
Interview
Mais la contrainte ne nourrit-elle pas la création ? En architecture, la liberté totale, il est vrai, n'a jamais rien donné de bon. Notre métier reste très dépendant de la réalité économique. Nous le voyons en cette période de récession. Personnellement, je préfère toujours travailler avec un budget limité. Cela rend les choses plus dures, mais aussi plus immédiates et plus honnêtes. On a, en tout cas, l'impression de toucher à l'essentiel. Ce qui ne veut pas dire que les formes, elles, doivent être minimales.
Justement, d'où vient votre fascination pour la déconstruction et le mouvement ? Quand on regarde mon travail, cela ressemble à de la déconstruction, mais ce n'est pas le cas. J'ai d'ailleurs, un jour, posé la question à Jacques Derrida, qui m'a répondu que je n'étais effectivement pas un déconstructiviste. Avec le développement des technologies et de l'aéronautique, nous sommes passés d'un monde statique à un monde dynamique. Le postmodernisme est alors arrivé. Philip Johnson (architecte, 1906-2005) et bien d'autres se sont mis à créer des bâtiments contemporains en utilisant des formes classiques et rassurantes à partir de références historiques. J'ai cherché une autre voie pour humaniser la modernité et la rendre plus vivante. Mais je n'ai jamais voulu changer le monde ! J'aime cependant que l'architecte soit impliqué dans la société et y joue un rôle important. Ce qui n'est pas assez le cas, je trouve. Quand on a érigé Notre-Dame de Paris, l'architecte était le maître de l'oeuvre. Aujourd'hui, ce sont les ingénieurs et les entreprises du bâtiment qui détiennent le pouvoir. Je cherche donc des moyens de prendre plus de responsabilités.
Comment faites-vous ? Grâce à l'informatique. Je travaille depuis vingt ans avec le logiciel de conception Catia, mis au point par Dassault Systèmes pour
l'aéronautique. C'est grâce à lui que j'ai pu concevoir les courbes du musée Guggenheim de Bilbao. Et, contrairement à ce que tout le monde pense, elles n'ont pas coûté plus cher que des angles droits. Mais j'utilise l'informatique uniquement comme un support technique. Je fabrique des maquettes pour chacun de mes projets. Je déteste les images d'ordinateur : elles nuisent à l'inspiration. Aujourd'hui, les jeunes se servent, à tort, des logiciels pour dessiner. Mais il est rare qu'un Michel-Ange ou qu'un Le Corbusier soient devant la machine.
Les architectes sont souvent jugés mégalos, déconnectés des réalités sociales et proches des politiques. Avez-vous le sentiment de faire partie d'une profession incomprise ? Je ne me sens pas mégalomane. Je ne pense pas l'être. Les médias utilisent des expressions, comme « starchitectes », qui n'ont rien à voir avec la réalité. Bien sûr, certains, parfois, le deviennent, comme ça arrive aux jeunes stars de cinéma. Pour durer, il faut savoir résister à la pression. L'avantage avec l'architecture, c'est qu'il faut attendre d'avoir près de 60 ans pour être vraiment pris au sérieux. A ce stade de sa vie, on est beaucoup moins influençable.
Vous êtes né Ephraïm Owen Goldberg. Pourquoi avez-vous changé de nom ? J'ai fait mes études à l'université de Californie du Sud, à Los Angeles, en plein maccarthysme. Une période où l'antisémitisme était très répandu. J'ai été exclu de certains cours par d'autres étudiants parce que j'étais juif. Ma première femme est tombée enceinte à cette époque. Elle était très inquiète de mettre un enfant au monde dans cette psychose. C'est elle qui m'a demandé de changer de nom. Je ne voulais pas. Cela rendait mon père furieux. J'ai finalement cédé, mais seulement après avoir été diplômé. Jusqu'au dernier jour de l'école, je suis resté Goldberg.
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Je suis devenu Gehry quand j'ai démarré ma carrière professionnelle. C'est un épisode de ma vie que je n'ai jamais caché. Même si, aujourd'hui, je le regrette. Pour ce qui est de mon prénom, j'ai toujours été appelé Frank. Ephraïm est mon nom de baptême israélien. On a dû m'appeler ainsi uniquement le jour de ma bar-mitsva ! J'ai gardé le O d'Owen, car j'aimais bien les initiales FOG (brouillard, en anglais).
Et comment devient-on Frank O. Gehry ? Alors là... Je ne sais pas. Je dis toujours à mes étudiants que ma signature reflète mon âme. C'est important de rester soi-même et de ne pas imaginer que les gens ne vous comprennent pas. Ils vous comprennent très bien. Ils ne saisissent pas forcément tous les enjeux de l'architecture, mais ils vous cernent, vous, personnellement. On ne naît pas Frank O. Gehry, on le devient avec le temps. Comme Le Corbusier est devenu Le Corbusier et Matisse est devenu Matisse.
On parle désormais de « l'effet Bilbao ». De nombreuses villes ambitionnent de relever le même défi en transformant leur image grâce à un bâtiment phare. Pensez-vous que l'architecture puisse changer la destinée d'un lieu ? Avant Bilbao, il y a eu l'Opéra de Sydney, construit en 1973. La ville de Bilbao m'a, en fait, demandé de prendre ce monument pour modèle. Il serait donc plus juste de parler de « l'effet Sydney ». C'est vrai que le Guggenheim de Bilbao, comme l'Opéra de Sydney, a été à l'origine d'une incroyable relance économique. D'autant que « Bilbao » n'a pas coûté très cher : 100 millions de dollars, en 1997. Huit mois après l'ouverture, le budget des travaux était déjà remboursé ! Mais ce sont des cas assez rares. On ne peut pas dire : « On va dans cette ville et on reproduit « l'effet Bilbao » ». Je suis curieux de voir comment la Fondation Louis Vuitton va faire évoluer l'architecture à Paris et le quartier du bois de Boulogne.
D'ailleurs, Bernard Arnault espère que votre édifice sera
aussi important que la tour Eiffel en son temps. Vous voilà prévenu ! En terme de symbole, peut-être. Mais ces deux édifices seront très différents. La tour Eiffel est haute, on peut la voir de partout. Mon projet est poétique, en harmonie avec le bois. Il a été conçu pour Paris, mais dans un dialogue sensible avec le jardin alentour. Il s'inscrit dans la tradition parisienne du verre, en référence, notamment, au Grand Palais. Etant marin, j'ai imaginé des sortes de grandes voiles qui semblent bouger. Elles se refléteront dans un bassin à fleur d'eau, sur lequel l'édifice va se poser. Comme il n'est pas possible de présenter des oeuvres d'art sur des parois en verre, nous avons construit un bâtiment dans le bâtiment pour les galeries. Il y aura donc un effet, assez magique, de « double peau » qui rendra le lieu fascinant, je l'espère...
Que pensez-vous de la plus haute tour du monde, récemment inaugurée à Dubaï ? Vous-même venez de créer votre premier gratte-ciel à New York. C'est très masculin, cette fascination, non ? Les tours sont plus faciles à élaborer que d'autres constructions. Ce sont des architectures répétitives, peut-être plus difficiles à bâtir, mais plus simples à dessiner. Je ne crois pas à une ville du futur à la verticale. Il y a quelque chose d'un peu inhumain dans cette folie des grandeurs. Une petite maison en brique est bien plus chaleureuse. Mais c'est un choix facile. Je préfère m'exprimer avec les matériaux et la culture de notre époque.
Vos constructions sont souvent qualifiées de « folies ». Cela vous énerve-t-il ? Une fois encore, ce sont les médias qui en parlent ainsi. Cela ne représente pas du tout mon travail. Contrairement à ce qu'on pense, je ne suis pas un sauvage sans culture, sorti de la jungle et qui se mettrait à créer brutalement. J'ai étudié la littérature anglaise et la poésie à l'école. J'aime Paris, la France et sa culture. Je suis un grand lecteur de Proust. C'est d'ailleurs pourquoi j'adore le bois de Boulogne, car je l'imagine s'y promenant. Mais, en ce moment, l'homme le plus proche de mon cerveau n'est autre que
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Pierre Boulez. Saviez-vous que, en 1960, je suis venu passer un an à Paris, dans l'agence de l'architecte André Remondet ? J'ai voyagé à travers l'Europe et découvert l'architecture romane. Cette rencontre fut primordiale. Elle m'a donné beaucoup de courage. Pendant des années, j'ai vécu avec, près de moi, la photo du tympan de la cathédrale d'Autun, signé du sculpteur Gislebertus. Tous les matins, je contemplais ce chef-d'oeuvre. J'aime la beauté âpre de l'art roman. D'ailleurs, dès que je suis dans le sud de la France, je me rends à l'abbaye du Thoronet pour une piqûre de rappel !
Pourtant, vous n'avez jamais construit d'édifice religieux... Mis à part une petite chapelle, en effet. On ne m'a jamais proposé de construire une synagogue, par exemple, alors que cela me plairait beaucoup. Les juifs ne sont pas très intéressés par l'architecture. En revanche, les Emiriens le sont. J'ai d'ailleurs prévu de lancer, d'ici peu, un programme de création d'une mosquée autour d'une équipe de femmes architectes.
Vous avez récemment décidé d'abandonner le projet du musée de la Tolérance, prévu à Jérusalem. Que s'est-il passé ? La polémique autour de l'ancien cimetière musulman, sur lequel le musée doit être bâti, est-elle à l'origine de votre départ ? J'ai beaucoup d'estime pour le rabbin Marvin Hier et j'admire
sa détermination à vouloir créer ce lieu, symbole de respect humain et de compassion. Malheureusement, mes équipes sont actuellement engagées dans d'autres chantiers et je ne pourrai donc pas participer à la suite du projet. Cela n'a rien à voir avec des divergences politiques. Je suis certain que le rabbin Marvin Hier va réussir à créer un lieu fort, capable de rapprocher les gens de toutes croyances.
Certains de vos confrères considèrent que votre architecture n'est plus en phase avec les enjeux du monde actuel, car elle engagerait trop de moyens humains, financiers et énergétiques. Qu'en dites-vous ? En fait, je suis d'accord avec l'idée de faire des économies. D'ailleurs, la crise a du bon, car elle aide à rationaliser les choses et à stopper le gaspillage. Pour ce qui est des enjeux écologiques, nous avons évidemment tous une responsabilité. C'est d'ailleurs un des défis que je me suis fixé pour la Fondation Louis Vuitton. Construire le bâtiment en harmonie avec son environnement signifie également le respecter. C'est un chantier HQE (haute qualité environnementale) que nous avons mis en oeuvre et l'écologie a toute sa place dans le projet.
Permettez une question plus légère pour finir : pourquoi les architectes s'habillent-ils tous en noir ? Mais parce que nous sommes tous enrobés, voilà tout !
Frank O. Gehry en quelques dates 1929 Naissance à Toronto, Canada. 1947 Emigre avec sa famille à Los Angeles. 1954 Obtient son diplôme d'architecte de l'université de Californie du Sud. 1962 Crée, à Los Angeles, son entreprise, Frank O. Gehry & Associates. 1989 Obtient le prix Pritzker. 1997 Signe le musée Guggenheim de Bilbao.
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JDS ARCHITECTS JULIEN DE SMEDT
JDS
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est une agence pluridisciplinaire dans les domaines de l’architecture, de l’aménagement intérieur, du design, et de l’ergonomie.
Riche de multiples expertises, notre agence est alimentée par le talent de designers et l’expérience d’architectes qui élaborent conjointement les projets dès le début, des croquis jusqu’au suivi de chantier. Nos projets, quelque soit leur l’échelle, présentent une approche qui est profondément sociale dans ses conclusions, enthousiaste dans son ambition et professionnelle dans son processus. La base de notre architecture est la possibilité d’avoir un regard frais sur les problèmes de conception à travers des yeux expérimentés. Notre approche vise à convertir la recherche intense et l’analyse des questions pratiques et théoriques dans les forces motrices de notre conception. Par le développement continu des méthodes rigoureuses d’analyse et d’exécution, JDS est capable de combiner la réflexion innovatrice et la production efficace.
AUTRES PROJETS : Tremplin de Ski Oslo (2007-2010) Bains Portuaires de Copenhague Copenhagen (2002-2003)
Shenzhen Logistic City Shenzhen (2006)
Île Zoologique Durable de Dochodo Dochodo (2009)
Maison Maritime de la jeunesse Copenhague (2002-2004)
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