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Enuma Elish

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Je suis imaginaire

Je suis imaginaire

Amis lecteurs, le temps de la création a sonné. Je pense qu’on vous a assez rabattu les oreilles avec l’iconographie et les récits de la Genèse pour en être vacciné jusqu’à la fin des temps. Alors voilà, j’ai pensé ramener un peu de fraîcheur en vous racontant le récit de la création selon les Babyloniens (ne faites pas cette tête, ceux qui ont fait l’impasse sur l’archéologie orientale, on vous voit !). Et pour nos jeunes et innocents premières années, je vous jure que ça n’est pas si terrible. Enuma Elish, littéralement « Lorsqu’en haut » : le texte est désigné par les premiers mots qui le composent.

Le mythe met en scène le dieu Marduk, dieu tutélaire de Babylone (j’espère que vous suivez, les premières années, c’est pour les révisions). En le mettant bien évidemment au centre, eh oui, avec la montée en puissance de Babylone au Ier millénaire, on ne se gêne pas pour mettre sa divinité préférée sur le devant de la scène mythologique. Si le poème a sûrement été composé au XIIe siècle avant notre ère sous le règne de Nabuchodonosor Ier, il est possible que le mythe soit antérieur. L’histoire nous rappelle quand même assez vaguement les récits de la création grecque (oui, les Grecs ont tout piqué aux Babyloniens, si vous en doutiez encore).

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Enfin, trêve de bavardages, passons au récit.

Au début existaient Tiamat, déesse des eaux salées et Apsu, dieu des eaux douces. Ces deux dieux s’unissent pour donner naissance à une multitude de divinités sur plusieurs générations dont Anu, dieu du ciel, et Ea, dieu des eaux douces et de la sagesse. Très vite, les deux dieux se rendent compte de leur erreur lorsqu’ils évaluent le bruit que fait toute cette marmaille. Ils regrettent le silence de l’absence de vie (les récits parlent souvent du bruit pour évoquer la vie).

Apsu entreprend de les tuer (oui, Tiamat a quelques réticences à l’idée d’exterminer sa progéniture). Cependant, Ea, futé, comprend les intentions d’Apsu et le tue avant qu’il ne mette son plan à exécution.

S’ensuit une période de calme dans le monde des dieux. Jusqu’au jour où le jeune Marduk, fils d’Ea et de Damkina qui joue avec le vent, comme tous les jeunes de son âge, déclenche une tempête sur le dos de Tiamat (déesse des eaux salées, vous suivez ?). Furieuse, elle finit par se décider à venger la mort de son mari Apsu (il lui fallait bien ça). Elle engage le dieu Kingu, qui possède les tablettes du destin qui lui donnent l’autorité suprême sur l’univers, et une armée de démons et de dragons pour détruire Marduk. Les dieux, qui ont très peu envie de se battre mais craignent une guerre sans précédent, tentent de calmer la fureur de Tiamat. En vain. Marduk décide de s’ériger seul contre cette armée.

Pourquoi prendre un tel risque ? Eh bien à l’issue du combat, en cas de victoire, les autres dieux doivent se soumettre à son autorité (c’est comme cela que l’on devient le dieu principal du panthéon mésopotamien !). Vous l’aurez deviné, Marduk gagne bien sa place de grand chef de tous les dieux. Il enferme Tiamat dans un filet et lui fait avaler les vents, son ventre gonfle jusqu’à être complètement tendu. Il décoche alors une flèche qui fait éclater Tiamat.

C’est là que la création du monde tel que nous le connaissons commence : Marduk vainqueur du duel et devenu tout puissant sépare le corps de la déesse en deux. Avec la première partie, il crée le ciel, dans lequel il dispose les nuages, formés avec la salive de la déesse, ainsi que les étoiles, avec lesquelles il forme les constellations. Avec l’autre partie de son corps, il crée la terre. Ses seins deviennent les montagnes et de ses yeux coulent le Tigre et l’Euphrate.

Et les humains dans tout ça ? Ils arrivent ! Eh bien, dans l’histoire, ce sont les dieux Anunnaki qui travaillent. On décide d’exécuter le dieu Kingu pour sa trahison. De son sang mêlé à l’argile, Marduk crée Lullu, le premier humain. Les dieux Anunnaki sont donc libérés de leur labeur (ils ont maintenant les humains pour faire tout le boulot).

Ils sont divisés en deux, trois cents restent dans les cieux et trois cents deviennent des gardiens sur terre. Lullu doit alors se mettre à cultiver la terre, créer et entretenir les canaux.

Les dieux Annunaki, reconnaissants décident de fonder un sanctuaire pour remercier Marduk, c’est la création de Babylone. Et voilà comment on impose sa vision du monde dans toute la Mésopotamie !

Tout ceci n’est évidemment que propagande pour vous convaincre de passer plus de temps dans le département des Antiquités orientales, en espérant que cela puisse vous donner envie d’aller creuser un peu la mythologie mésopotamienne qui est pleine de surprises et de rebondissements et malheureusement trop peu connue !

Noémie

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