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Cet article est négatif

~ petit traité sympathique d’autotestologie ~

Un écouvillon dans la narine. Et une barre, parfois deux.

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Vous avez pratiqué ce nouveau sport national vous aussi, je le sais, je le sens, je le renifle même. De nos petits conciliabules à la Rédaction est remontée l’angoisse de l’attente, ce quart d’heure de vérité où le liquide monte, et où le résultat s’affiche tout en délicatesse. Mais comment fonctionne au juste un autotest ? Quel procédé chimique est à l’œuvre ? En un mot comme en cent, comment le vieux reste de morve logé au fond de vos naseaux peut-il subitement se mettre à dessiner de petits traits rouges sur ce délicat appareil à usage unique que tout le monde s’arrache ? Voilà une transformation qui nécessite investigation.

L’autotest, contrairement au test PCR qui recherche l’ARN du virus, ne détecte que des fragments de la protéine virale, nommés “antigènes” (eh oui, voilà le mot). Ces antigènes peuvent notamment être des protéines formant l’enveloppe du virus. Et le test va détecter celles-ci grâce au procédé de l’immunochromatographie à flux latéral. N’éternuez pas, j’explique.

Sitôt votre petit écouvillon chargé de matière nasale, la plongée dans la solution permet de fractionner les cellules pour libérer les protéines virales de ce sacré covid. Une fois des gouttes du mélange déposées dans la cassette, le liquide migre par capillarité et monte, monte, monte telle une petite chenille, selon ce schéma vaguement angoissant qui vous est habituel, jusqu’à former - et c’est dans le pluriel que se niche le vice - un ou deux petits hiéroglyphes rouges. Ce procédé de migration est d’ailleurs utilisé dans une batterie de tests de diagnostic rapide (TDR pour les intimes), que ce soit pour le paludisme, le choléra ou le VIH. Concrètement, l’autotest n’est rien d’autre qu’un test de grossesse pour le nez - très Nicolas Gogol comme idée. Voilà pour le flux latéral.

Quant à l’immunochromatographie, il faut retourner à vos cours de chimie du collège, où quelques photos de votre manuel vous ont probablement présenté le principe de la chromatographie sur couche mince. La technique a été inventée par Mikhaïl Tswett en 1900, au cours de ses travaux sur la chlorophylle. L’on sépare les différents composés d’un mélange en les faisant migrer grâce à une phase liquide (le solvant) sur une phase stationnaire (la membrane en nitrocellulose contenue dans la cassette).

Dans le cas précis de l’autotest, le mélange passe à travers un anticorps et se lie à celui-ci si des antigènes sont présents, ce qui provoque l’apparition de la première petite barre colorée. L’excès de mélange continue à migrer jusqu’à former une seconde ligne colorée, qui n’a qu’une fonction de contrôle.

Quant à la couleur des petites barres, elle est due au réactif qui marque la présence de l’anticorps : le latex si elles sont bleues… ou l’or colloïdal si elles s’affichent rouges ! Eh oui, voilà plusieurs mois que nous tenons tous au quotidien de l’or dans nos mains… et que nous nous mouchons dedans. Voilà une anecdote qui pourra occuper le quart d’heure d’attente après votre prochain test et qui, à coup sûr, vous fera briller.

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