REESEN 15 - 04/2024 - FR

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N°15 04/24

LE MAGA ZINE LUXEMBOURGEOIS D E S S AV E U R S & D E S V O YA G E S

DÉCOUVERTES CULINAIRES

NOUVELLEZÉLANDE : LA CUISINE DES M AORIS

E S C A PA D E D E W E E K- E N D

VILLES D’HIVER : DIX PÉPITES EUROPÉENNES POUR UN SÉJOUR CHALEUREUX

LUXEMBOURG

É C L AT D E S C H R O M E S E T N O S TA L G I E : R A L LY E L U X E M B O U R G CLASSIC 2024

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É D I TO R I A L

Le voyage cœur et âme Les gros titres se suivent et se ressemblent depuis plusieurs mois : de Barcelone à Venise, d’Amsterdam à Dubrovnik, de plus en plus de villes et de régions étouffent sous le poids du tourisme de masse. Les locaux protestent, ils se sentent évincés de leurs propres quartiers et déplorent une détérioration de leur qualité de vie. Étant moimême une globe-trotteuse passionnée, cette évolution me touche profondément et m’incite à réfléchir. Ne serait-il pas temps de repenser fondamentalement notre conception du voyage ? Voyager est un art : la recherche d’un équilibre subtil entre le plaisir, le repos et l’enrichissement par de nouvelles expériences. Chaque voyage possède son propre caractère et son propre but. Exploration d’une métropole trépidante, détente sur une plage de rêve ou quête de rencontres authentiques dans des régions reculées : quelle que soit notre démarche touristique, il est essentiel d’être conscients de notre rôle en tant qu’hôtes et de rester ouverts à de véritables expériences. À une époque où les réseaux sociaux influencent souvent notre comportement en ce qui concerne les voyages, il ne faut pas oublier que la vraie valeur d’un voyage ne réside pas dans le selfie parfait devant le monument incontournable, mais dans les moments de véritable connexion, que

ce soit avec la nature, la culture ou les personnes sur place. Ce sont ces rencontres et ces expériences qui nous enrichissent vraiment et élargissent nos horizons. Imaginez que vous ouvriez votre maison à des visiteurs. Ne vous attendez-vous pas à ce qu’ils respectent votre intimité et s’intéressent à votre mode de vie ? C’est exactement ce que nous devrions faire en tant que voyageurs : être respectueux, ouverts et adaptables. Nul besoin de se lancer dans des études culturelles approfondies à chaque voyage, il s’agit plutôt de voyager en ouvrant grands les yeux et le cœur, en respectant les coutumes locales et en appréciant la beauté de la diversité de notre monde. Voyager de manière durable, c’est aussi faire des choix conscients. On sortira peut-être des sentiers battus, ou alors on choisira des destinations moins touchées par le tourisme de masse. La qualité plutôt que la quantité : le but n’est pas d’aller partout, mais de découvrir et de comprendre réellement les lieux que nous visitons. Dans ce numéro de REESEN, nous vous emmenons dans un voyage fascinant à travers l’Europe et au-delà. Notre itinéraire commence au Luxembourg avec le rallye passionnant du Luxembourg Classic, avant de partir à la découverte de l’animation de Rotterdam et du charme de

Bibi Wintersdorf Rédactrice en chef & directrice de publication

Neuchâtel. Nous visiterons des villes hivernales enchanteresses et nous nous plongerons dans l’univers des Samis du Grand Nord. Nous nous rendrons au cœur de la Turquie, en Anatolie, dans les paysages féeriques de la Cappadoce, et nous nous laisserons séduire par l’ambiance orientale de Marrakech. À l’occasion du centenaire de la mort de Puccini, nous remonterons sa trace dans sa Toscane natale. Vous rêvez de destinations lointaines ? Alors accompagnez-nous à bord d’une montgolfière en Cappadoce ou profitez d’un nostalgique voyage en train à travers l’Andalousie avec le légendaire Al Andalus. Et si vous souhaitez vous évader encore plus loin, nous vous emmenons à Oahu, en Nouvelle-Zélande et au Sénégal. Ces destinations offrent non seulement des paysages à couper le souffle, mais aussi et surtout des cultures uniques et des habitants chaleureux. Célébrons ensemble une forme de voyage qui allie plaisir et responsabilité. Qui nous enrichit, nous inspire et peutêtre même nous transforme un peu. Car au final, ce sont les moments de beauté, d’émerveillement et de rencontres humaines qui rendent nos voyages inoubliables. Dans cet esprit, je vous souhaite une lecture inspirante et de nombreux voyages merveilleux et respectueux.

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S O M M A I R E


S O M M A I R E

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LIVRES

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LU X E M B O U R G

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LE GOÛT DU MONDE R OT T E R DA M

OLIEBOLLEN

NEWS N E U C H ÂT E L

TO É TC H É J U R A S S I E N N E

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VILLES D’HIVER

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EN CHIFFRES

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N O RV È G E

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TYROL

B O U L E T T E S D ’ E S C A R G OTS

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A N DA LO U S I E

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H ÔT E LS D E R Ê V E

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TO S C A N E

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TURQUIE

F E U I L L E S D E V I G N E FA R C I E S

MARRAKECH

TAJ I N E H LO U B Œ U F

JAPON

TA KOYA K I

SÉNÉGAL

LE THIÉBOUDIENNE

N O U V E L L E - ZÉ LA N D E

PA I N R E W E N A

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CHRONIQUE

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H AWA Ï

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L I V R E S

Les grandes merveilles d’Italie

Voyages : tout un monde à explorer

Stefano Zuffi

Le Routard

Ces monuments exceptionnels racontent toujours des histoires extraordinaires et sont à la fois les symboles et les témoins de chaque culture, de chaque civilisation. L’Italie a une particularité qui de tout temps a attiré les voyageurs, fascinés par sa beauté : l’art et la culture y sont partout présents, au quotidien et sur tout le territoire, dans chaque région, dans chaque ville ou village, au détour d’une colline, d’une terrasse, d’un bord de mer ou d’un feu rouge, d’une ruelle ou d’une ligne de métro. Cet ouvrage est un vibrant hommage à ces œuvres d’art universelles, monuments-symboles, icônes de l’art, de l’architecture et de la culture, qui constituent une part fondamentale du patrimoine de l’humanité.

Voici enfin la Bible des voyageurs. Avec ce livre hors norme, Le Routard vous embarque pour le plus fabuleux et le plus complet des voyages ! Un véritable tour du monde pour rêver ou vous aider à choisir votre prochaine destination. Quels sont les 10 plus beaux treks du monde ? Où aller pour faire la fête en Europe ? Envie de se lancer dans un road trip mythique ? Sans oublier : des cartes postales, des dossiers pratiques, des planisphères, de sublimes photos… Plus qu’un livre d’inspiration, ce livre est un véritable voyage à lui tout seul. Une encyclopédie foisonnante, moderne et illustrée, pour tous les curieux et les amoureux de voyages avec un grand V !

180 pages Vilo ISBN 9782719111307

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400 pages Hachette Tourisme Guides ISBN 9782017883906

Hivernage Elodie Paciello & Nolwenn Trividic L’une est ornithologue, l’autre vétérinaire. Toutes deux ont passé quinze mois en hivernage sur l’île de la Possession, une île isolée de l’océan Indien qui fait partie de l’archipel des Crozet, et plus largement des Terres australes et antarctiques françaises. En mission scientifique, elles ont appris à évoluer à la fois au sein d’une nature sauvage, préservée et hostile, et dans une microsociété humaine, structurée et éphémère. C’est ce quotidien ordinaire dans un cadre extraordinaire, ce bout de vie, que les deux auteures ont souhaité raconter et faire partager au travers de ce livre. Textes et images, complémentaires, suivent le cycle des saisons pour mieux faire ressortir la temporalité singulière de ce lieu isolé. 128 pages Hémisphères ISBN 9782377012060


TH E FI N E S T CU ISI N E AT SE A® AWA R D -WIN N ING ITIN ER A R IE S SM A LL SH I P LUXU RY

DÉCOU VR EZ OCEANIA CRUISES Oceania Cruises est la première compagnie de croisières au monde axée sur la gastronomie et les destinations. Ses huit petits navires luxueux peuvent accueillir un maximum de 1 250 personnes et proposent des itinéraires riches en destinations dans le monde entier. Avec à bord deux membres du personnel pour trois passagers, vous profiterez en permanence d’une ambiance chaleureuse et raffinée, d’un service personnalisé, de The Finest Cuisine at Sea® et de nombreuses prestations incluses. Quel que soit la destination choisie, Oceania Cruises vous y emmènera avec confort et style. Lors d’une croisière Oceania Cruises, vous pouvez devenir qui vous voulez : Un épicurien. Un explorateur. Un aventurier. Cet esprit d’aventure est bien vivant sur tous les navires. Oceania Cruises aime faire découvrir le monde et ses itinéraires axés sur les destinations en tiennent compte en réduisant le nombre de jours en mer, en passant plus de temps dans chaque port et en organisant des nuits sur place. Grâce à ses plus petits navires, Oceania Cruises peut accoster dans des ports hors des sentiers battus, inaccessibles pour les plus grands navires. Le monde est dès lors entièrement à portée de main. Avec plus de 600 ports d’escale à travers le monde, une croisière Oceania Cruises vous

donne les clés nécessaires pour découvrir un monde de beauté et de découverte. La compagnie Oceania Cruises, réputée pour servir la meilleure cuisine en mer, n’utilise que les ingrédients les plus frais et les plus gourmands qui soient, pour faire ressortir les saveurs les plus pures. Les membres du personnel d’Oceania Cruises viennent des quatre coins du monde, apportant dans votre assiette leurs expériences uniques, leurs recettes familiales et leurs voyages dans le monde entier. Les navires d’Oceania Cruises sont de petite taille et c’est un choix dont la compagnie est fière, pour autant elle dispose de plus de personnel culinaire que n’importe quelle autre compagnie de croisières dans le monde, avec un chef pour dix passagers. A bord, dans les excellents restaurants gastronomiques, sont servis des plats extraordinaires créés à la minute, un choix remarquable de menus est proposé

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et une vaste palette vous attend, de la cuisine continentale à la fusion asiatique, en passant par une cuisine italienne traditionnelle et des plats typiques d’un steakhouse américain. Chaque restaurant à bord est gratuit et propose un placement libre, vous pouvez donc dîner avec qui vous voulez, où vous voulez et quand vous le souhaitez, selon vos goûts et votre emploi du temps. Oceania Cruises vous fera découvrir le monde et l’invitera à votre table, de la manière la plus délicieuse qui soit. Vous découvrirez des navires intimistes où vous êtes au centre de l’attention. De plus, vous voyagerez avec style, dans des cabines et des suites chics et sophistiquées qui rivalisent avec les meilleurs hôtels de charme. Oceania Cruises vous invite à faire le voyage de votre vie et à enfin assouvir votre soif de voyages.

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LUX E M B O U R G

Quand l’éclat des chromes rencontre la nostalgie Texte & photos Charel Heinen

C’est par un week-end de septembre étonnamment frais, mais néanmoins ensoleillé, que s’est déroulée cette année la quatrième édition du Rallye Luxembourg Classic. Une date à entourer d’un cercle rouge sur les calendriers de tous les passionnés d’automobile du pays.

Je dois l’avouer, en matière de voitures, je suis aussi enthousiaste qu’un père qui doit accompagner sa fille à un concert de Taylor Swift. Ce que je veux dire par là, c’est que mon intérêt est limité, tout comme mes connaissances sur le sujet. Pour moi, les voitures modernes ressemblent toutes à des rasoirs électriques un peu trop sûrs d’eux : lisses, brillants et froids. Lorsque j’observe ces ordinateurs sur quatre roues, la seule question qui me vient à l’esprit, c’est de savoir où se trouve le port USB. Mais les voitures anciennes ? C’est une toute autre histoire ! Avec elles, on oublie l’efficacité, tout est dans le caractère. Chaque silhouette est reconnaissable, chaque calandre est unique : des personnalités qui ont l’allure de

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vieilles stars de cinéma et qui reflètent sur leurs parechocs chromés le mode de vie unique des décennies passées. Nul besoin d’être passionné d’automobile pour s’extasier à la vue d’une Jaguar Type E ou d’une Mercedes 300 SL. Deux jours, 400 kilomètres et d’innombrables souvenirs Si ces quelques lignes d’introduction font écho en vous, vous auriez certainement adoré participer au Rallye Luxembourg Classic les 13 et 14 septembre 2024. Peut-être même faisiez-vous partie des heureux élus qui, ce week-end-là, ont pu voir passer avec surprise depuis leurs fenêtres un défilé d’élégantes voitures de collection aux moteurs vrombissants.


LUX E M B O U R G Voyage dans le temps : près d’un siècle entier d’histoire automobile en ordre, derrière la ligne d’arrivée sur la Place de la Constitution. EN HAUT

Loin des voies rapides et des autoroutes, l’itinéraire a traversé quelques-unes des plus belles régions du pays. EN BAS

© Motorpresse, Stuttgart

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LUX E M B O U R G

Parmi les participants se trouvaient, outre les équipes de Losch et RTL, quelques véritables vétérans de rallyes de voitures anciennes. À GAUCHE

Du cuir, du bois et du métal au lieu du plastique et des lumières LED un vrai régal pour les yeux. À DROITE

Des raretés comme cette Invicta, plus produite depuis 1937, ont fait battre le cœur des amateurs de voitures anciennes. EN BAS

© Motorpresse, Stuttgart

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LUX E M B O U R G Cette année, le rallye s’est concentré sur le nord et l’est de notre paisible Grand-Duché. Les voitures anciennes ont parcouru près de 400 kilomètres en traversant quelques-uns des plus beaux endroits du pays. La première journée a débuté au Parc Hotel Alvisse et a conduit le cortège directement vers le nord, sur les routes sinueuses de l’Éislek jusqu’à Clervaux, puis à travers la vallée de l’Our jusqu’à Vianden. Pour terminer la journée, les véhicules ont pu montrer sur la piste d’essai Goodyear qu’ils en avaient encore sous le capot. Le deuxième jour, nous avons traversé le Mullerthal. Au départ d’Altlinster, les voitures ont avalé l’asphalte en direction du château de Beaufort, maîtrisant les routes sinueuses de la « Petite Suisse luxembourgeoise » avec la sérénité de l’expérience. En passant par Herborn et Rosport, célèbre pour la pureté de son eau minérale, les équipages ont finalement fait escale à Steinheim pour la pause déjeuner. L’après-midi les a ramenés dans la capitale via Wecker, où ils ont franchi la ligne d’arrivée sur la place de la Constitution, sous la Gëlle Fra. Un musée roulant Comme à l’accoutumée, les voitures anciennes ont parcouru sans sourciller aussi bien les routes nationales bien entretenues que les chemins repris un peu plus accidentés. Pour les spectateurs postés le long du parcours, le rallye a une fois de plus offert un défilé de trésors sur quatre roues.

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LUX E M B O U R G

L’Alfa Romeo Giulietta Sprint de 1959, avec son design décontracté et élégant, était l’une des vedettes du spectacle.

Une grande partie des véhicules présentés provenait cependant de la « Losch Heritage Collection », la collection du plus grand importateur local de Volkswagen AG. Parmi elles, de nombreuses Porsche, un VW-Bulli T1 de 1967 ainsi qu’une Coccinelle VW Bretzel de 1948 entièrement restaurée, une voiture que l’on s’attendrait plutôt à voir dans un musée que sur la route en parfait état de marche. À la vue de toutes ces raretés, je ne suis certainement pas le seul à m’être demandé : « Comment ces voitures ontelles pu survivre aux 50 dernières années, alors que ma voiture de tous les jours est déjà proche de la retraite au bout de cinq ans ? ». Plus que de vieilles autos Compte tenu de mon intérêt somme toute modéré pour l’automobile, je ne m’attendais effectivement pas à ressentir autant d’émotions. De l’admiration à la nostalgie en passant par une légère pointe d’envie, ce rallye fait naître des sentiments qui vont au-delà du simple enthousiasme pour la technique. Pour les fans de véhicules anciens et d’automobiles, le Rallye Luxembourg Classic est déjà un véritable incontournable. Mais que vous soyez profanes, passionnés d’histoire ou de design, ou tout simplement amateurs de bon et de beau, n’hésitez pas à noter cet événement annuel dans votre agenda. Bien plus qu’une simple exposition de voitures, c’est un voyage dans le temps sur quatre roues qui nous rappelle que parfois, l’ancien a du bon.

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P U B L I R E P O R TA G E

Électrisant !

La Porsche Macan 4 : un concentré de puissance et de confort La nouvelle Porsche Macan 4 100 % électrique allie performances sportives et confort exceptionnel. Son intérieur spacieux en fait le véhicule idéal pour les familles en quête de luxe et de praticité. L’utilisation de matériaux haut de gamme et un équipement bien pensé créent une ambiance chaleureuse et font de chaque trajet une expérience agréable. Puissance et efficacité au quotidien Au volant de la Macan 4, la conduite est un vrai plaisir : fluide, maîtrisée et sécurisante, en ville ou sur de longues distances. Avec une puissance pouvant atteindre 639 ch et une autonomie impressionnante jusqu’à 641 km, la Macan 4 ne fait aucun compromis entre performance et efficience. Grâce à son système 800 volts, ce SUV se recharge très rapidement. Il est parfait pour les aventures improvisées comme pour les trajets quotidiens. Un SUV luxueux et polyvalent qui ne connaît pas de limites. À partir de 80 067 €, la nouvelle Porsche Macan 4 s’impose comme le choix par excellence pour qui privilégie le confort et les performances sportives.

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M O N D E D U G O ÛT L E

Texte Susanne Jaspers

Crevettes saganaki Un plat aussi japonais que le sirtaki est grec

La première fois que j’ai mangé des crevettes saganaki, c’était à Nidri, sur l’île ionienne de Leucade, assez touristique mais extrêmement sympathique et tellement belle. On y mange parmi les célébrités du passé, comme le poète grec Aristotelis Valaoritis, qui vécut sur l’île d’en face, dans une villa toujours aussi magnifique, et Aristote Onassis, enterré sur l’île voisine. « Saganaki »… ça sonnait vaguement japonais, comme « sashimi » ou « teriyaki ». J’ai commandé un peu au hasard. On m’a servi des crustacés cuits au four dans une sauce à base de tomates, d’oignons, d’ail et de quelques morceaux de feta émiettée. Cette spécialité aux accents japonais était si délicieuse que je l’ai commandée à nouveau le soir suivant

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dans un autre restaurant, puis le lendemain et le surlendemain. Récemment, j’ai visité Skopelos (l’île des Sporades où a été tourné « Mamma Mia ! » avec Meryl Streep) et j’ai bien évidemment commandé des crevettes saganaki à peu près tous les soirs dans tous les restaurants. J’ai d’ailleurs pu constater que la préparation pouvait parfois varier, avec des câpres ou un petit bol d’ouzo qui faisaient parfois leur apparition dans la sauce. Bien sûr, ce plat savoureux n’a rien à voir avec la cuisine japonaise, pas plus que le sirtaki n’est une danse grecque à l’origine. « Saganaki » est le nom grec d’une poêle en cuivre dans laquelle on fait frire un morceau de fromage (généralement de la feta) servi en guise d’entrée,

et qui porte donc le nom de l’ustensile. Et comme cela sonne mieux que « crevettes feta », le poêlon en cuivre a également donné son nom à cette spécialité aux crevettes. Ah oui, petit conseil si vous vous rendez prochainement sur Leucade ou Skopelos : à Nidri, je vous recommande les crevettes saganaki de chez The Barrel, dont le service est le plus agréable de l’île, et dans le village voisin de Geni, chez Elena, où vous mangerez quasiment les pieds dans l’eau. Dans une ruelle de Skopelos, ne manquez pas le restaurant familial Finikas, très plaisant et authentique. Mais laissez-moi vous confier un dernier secret : sur le port de Skopelos, les crevettes saganaki sont exceptionnellement surpassées par les choux farcis de chez Molos. Kalí órexi !


PROMOTION

H O T E L & S PA

Inspirez, expirez, laissez votre regard vagabonder sur le lac de Bostal et les forêts environnantes. On ressent immédiatement la force particulière du lieu. « Une véritable beauté. Une authentique beauté », voilà l‘impression que cela vous procure. C‘est précisément ce que Kathrin et Christian Sersch souhaitaient avec leur Seezeitlodge : parvenir à ce leurs hôtes s‘ancrent dans l‘ici et maintenant, qu‘ils mettent instantanément le quotidien de côté et qu‘ils puissent être, simplement. Voilà ce qu‘est le véritable luxe. Am Bostalsee 1 66625 Gonnesweiler T. +49 6852 80 98 0 F. +49 6852 80 98 333 E. mail@seezeitlodge.de www.seezeitlodge-bostalsee.de


T R I P C I T Y

Vue sur l’une des villes les plus dynamiques des Pays-Bas : Rotterdam. EN HAUT

© Robin Utrecht

En mariant l’ancien et le moderne avec brio, Rotterdam pourrait presque passer pour une ville américaine. EN BAS

© Rem Koolhaas

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R OT T E R DA M

Hartelijk welkom in Rotterdam! Texte Pierre-Benoît Sepulchre

Dès ce 27 octobre, cinq vols hebdomadaires rallieront la deuxième plus grande ville des Pays-Bas depuis l’aéroport de Luxembourg-Findel. Assurée par Luxair, cette nouvelle liaison vous ouvre les portes d’une métropole aux mille facettes !

Le 14 mai 1940, un déluge de fer et de feu s’abat sur Rotterdam. La ville portuaire néerlandaise brûle sans discontinuer jusqu’à la tombée de la nuit. À lui seul, ce bombardement de la Luftwaffe a coûté la vie à un tiers des quelque 3 000 civils tombés pendant les quatre jours de l’invasion des Pays-Bas par les troupes du Führer. Une ville profondément meurtrie qui va rapidement se reconstruire, le Rotterdam Blitz contribuant à forger le caractère opiniâtre de ses habitants. Manhattan-sur-Meuse Dès le 18 mai 1940, le conseil communal de Rotterdam charge l’architecte Willem Gerrit Witteven d’élaborer un nouveau plan de ville. Une reconstruction qui

s’étalera tout au long de la deuxième moitié du siècle dernier avec pour résultat une ville d’avant-garde, consistant en une composition audacieuse mêlant bâtiments historiques, édifices industriels et résidentiels modernistes et constructions ultramodernes à l’image du gratte-ciel De Zalmhaven, de la gare centrale ou encore de l’emblématique Ville Verticale « De Rotterdam » qui consiste en trois tours dressées en bord de Meuse. Un pôle culturel majeur Avec plus de 170 cultures présentes sur son territoire, Rotterdam est un terreau fertile pour les artistes et créateurs. Sans surprise, on y trouve de nombreux musées, à l’image du Kunsthal qui vaut le

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T R I P C I T Y

détour aussi bien pour le bâtiment qui l’héberge que pour ses expositions temporaires variées et innovantes, alliant l’art contemporain à la photographie, en passant par la mode et le design. Le Nieuwe Instituut, quant à lui, est dédié à l’architecture, au design et à la culture numérique. Un musée qui explore les innovations dans ces domaines par le biais d’expositions immersives. Les plus jeunes apprécieront le Natuurhistorisch Museum Rotterdam qui, grâce à sa scénographie originale et son programme éducatif, captivera les scientifiques en herbe. Du shopping à l’envi À Rotterdam, en matière de lèche-vitrine, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets d’autant que la plupart des magasins ouvrent leurs portes 7 jours sur 7. Si les enseignes les plus connues sont présentes sur la Lijnbaan, la Hoogstraat et la Koopgoot, il est aussi possible de dénicher des pièces de créateurs et de chiner dans des boutiques de seconde main sous les arches de l’ancien viaduc ferroviaire de Hofbogen ou dans le quartier de la Noordplein. Vous pouvez également flâner dans la Meent pour déguster une part de tarte ou une assiette de bitterballen puis, non loin de là, visiter Pantoufle, un showroom dédié au slow design doublé d’un espace immaculé où les objets du quotidien se font aussi désirables que sublimes. En fin de journée, rendez-vous chez El Aviva dans le quartier du Delfshaven pour goûter au Kapsalon, un plat emblématique de Rotterdam qui combine le croustillant des frites, la saveur épicée de la viande façon kebab, la fraîcheur des légumes et le crémeux des sauces. Cette « poutine à la hollandaise » combine des éléments de la cuisine turque et néerlandaise. Un rien barbare, mais tellement bon !

Luxair propose 5 vols directs par semaine vers Rotterdam jusqu’au 28 mars 2025. luxair.lu

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R OT T E R DA M

La ville est un petit paradis pour les amateurs de shopping et les fins gourmets. À GAUCHE

© Iris van den Broek

Le musée local d’histoire naturelle ravira les visiteurs de tout âge ! À DROITE

© Rob Doolaard

Avec son architecture hors norme, le Markthal en met plein la vue ! EN BAS

© Ossip van Duivenbode

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T R I P C I T Y

8 choses à faire à Rotterdam Impossible de s’ennuyer dans la métropole néerlandaise tant il y a de lieux à visiter et de bonnes adresses à découvrir. Vous le verrez, Rotterdam vous surprendra à chaque coin de rue.

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2 Kubuswoningen Achevées en 1984, ces maisons cubiques sont basées sur le concept de « village urbain » et représentent une approche non conventionnelle de l’habitat en ville.

kubuswoning.nl

5 Markthal Conçu par le cabinet d’architectes MVRDV, le Markthal combine un marché couvert avec des logements, le tout sous une immense voûte en forme de fer à cheval.

6 Station Bergweg Un food-court logé dans une ancienne gare, ne comptant que des productions et mets locaux.

stationbergweg.nl

3 Delfshaven C’est l’un des rares quartiers de la ville à avoir survécu aux bombardements de 1940, ce qui lui confère une atmosphère unique grâce à ses maisons anciennes et ses canaux pittoresques.

4 Depot Boijmans Van Beuningen Ce dépôt, à la différence d’un musée traditionnel, donne accès à toutes les collections et dévoile les coulisses de la conservation et gestion des œuvres.

7 De Matroos en het Meisje Une table d’hôtes auréolée d’une Étoile Verte Michelin proposant un menu surprise allant de 3 à 6 plats.

8 Kaapse Maria Une brasserie où règne une atmosphère chaleureuse, gérée par Kaapse Brouwers, une institution brassicole rotterdamoise.

dematroosenhetmeisje.nl

R OT T E R DA M

1 Rotterdam Centraal Inaugurée en 2014, cette gare spectaculaire, avec son toit en pointe incliné vers le ciel, est devenue un symbole de la ville et mérite le détour.

boijmans.nl

kaapsebrouwers.nl

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R E C E T T E

Le goût de Rotterdam Visiter Rotterdam sans goûter un oliebol chaud et fraîchement frit serait presque aussi grave que de ne pas faire de vélo aux Pays-Bas. Ces petites boules de pâte, traditionnellement servies autour du Nouvel An, sont bien plus qu’une simple collation – elles incarnent l’esprit festif des Pays-Bas. Depuis le XVIIe siècle, on les prépare pour le réveillon, afin de clôturer l’année en beauté. Initialement connues sous le nom de “Ölballen” (boules d’huile), elles doivent leur appellation non pas à leur forme, mais à leur cuisson dans l’huile bouillante. Réconfortantes et bien gourmandes – typiquement néerlandaises, en somme.

Beignets hollandais (Oliebollen) 6 personnes

20 minutes

∙ 500 g de farine ∙ 35 g de levure fraîche ∙ 25 g de sucre ∙ 1 pincée de sel ∙ 500 ml de lait tiède ∙ 200 g de raisins secs blonds

65 minutes

∙ 100 g de raisins de Corinthe ∙ 1 pomme ∙ le zeste d’un demi-citron ∙ huile, pour friture ∙ sucre glace, pour la finition

Dans un grand saladier, délayer la levure dans un peu de lait tiède. 2 Ajouter la farine, le sucre, le sel et le reste du lait. Mélanger le tout à l’aide d’un robot pâtissier jusqu’à obtention d’une pâte lisse. Pétrir longuement pour incorporer plus d’air et rendre les beignets moelleux. 3 Laver les raisins secs et les raisins de Corinthe à l’eau tiède, puis les égoutter soigneusement. Les ajouter à la pâte avec le zeste de citron et la pomme épluchée et rapée. La pâte doit être assez épaisse. 1

Couvrir le saladier d’un torchon propre et laisser lever la pâte dans un endroit chaud pendant environ 1 heure. 5 Faire chauffer l’huile de friture. Tremper deux cuillères à soupe dans l’huile chaude. Utiliser une cuillère pour prélever une portion de pâte et l’autre pour la faire glisser dans l’huile. 6 Faire frire les beignets pendant environ 5 à 6 minutes. Les retourner si nécessaire. Les égoutter sur du papier absorbant, puis les saupoudrer généreusement de sucre glace. Servir de préférence encore tièdes. 4

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N EWS

Luxair se met à la cuisine étoilée…

Si, à partir de cet hiver, vous réservez avec Luxair un vol en classe Affaires à destination de Dubaï, l’espace supplémentaire pour les jambes ne sera pas le seul avantage dont vous pourrez bénéficier ! La compagnie aérienne luxembourgeoise s’est associée au cuisinier allemand triplement étoilé Thomas Schanz pour servir à ses clients un menu exclusif à bord. Le chef est célèbre pour ses réinterprétations créatives de plats classiques. Le projet a débuté le 16 octobre 2024 et se poursuivra jusqu’en mai 2025. Durant cette période, les passagers décou-

vriront une sélection de plats raffinés, spécialement conçus pour la cuisine dans les airs. Du saumon au caviar en entrée au poulet fermier en plat principal, Thomas Schanz garantit des expériences culinaires à 10 000 mètres d’altitude. Les végétariens y trouveront également leur compte avec une option alternative. Pour terminer le repas en beauté, un buffet de fromages et un dessert à base d’orange et d’olives d’Aragon sont également proposés. Appétissant, non ? Thomas Schanz, qui dirige son restaurant schanz.restaurant à Piesport,

en Allemagne, est une figure incontournable dans le monde de la haute cuisine. Depuis 2011, il détient fièrement trois étoiles Michelin. Son approche précise et créative correspond parfaitement à l’objectif de Luxair de faire du vol une véritable expérience. Luxair montre ainsi que l’excellence culinaire est également possible dans le ciel, grâce à des ingrédients frais et locaux et à l’expertise de Thomas Schanz. Qui sait, peut-être que d’autres coopérations passionnantes suivront bientôt ?

Photos : Luxair

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N EWS

Destination musique ! Le tourisme musical est en plein essor. De plus en plus de voyageurs font leurs valises non seulement pour partir en vacances, mais aussi pour découvrir et apprécier de la musique live. Qu’il s’agisse de festivals comme Tomorrowland, du Montreux Jazz Festival ou de The Eras Tour de Taylor Swift, le tourisme musical séduit chaque année des milliers de visiteurs. La tournée de la chanteuse américaine attire des fans du monde entier, qui planifient souvent un voyage entier autour de ses concerts. Les petites villes en profitent également, car de tels événements les placent sous les projecteurs et stimulent leur économie locale. Le tourisme musical reste une tendance en plein essor, qui enthousiasme les voyageurs comme les régions !

À la poursuite de l’usine à rêves Avis aux amateurs de cinéma ! L’une des nouvelles tendances populaires de voyage s’appelle le « set-jetting » qui consiste à visiter des plateaux de tournage célèbres. Et certains d’entre eux ne sont même pas très éloignés ! Qu’il s’agisse des hauteurs glacées de Sölden, connues pour le film « Spectre » de James Bond, des coulisses idylliques des « Flics de Rosenheim » ou du Westin Grand à Berlin, où se sont déroulées les scènes dramatiques de la série « Bourne », il arrive que Hollywood soit pratiquement à votre porte. Pour ceux qui veulent s’aventurer un peu plus loin, vous pouvez visiter les paysages désertiques de « Dune » en Namibie, ou suivre les traces de Jack Sparrow aux Sandals Resorts dans les Caraïbes. Alors, qui a besoin d’une visite de studio à Hollywood quand le monde réel des films est à portée de main et n’attend qu’une seule chose : être exploré ? Photo : Rudi Wyhlidal

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T R I P C I TY

Entre vertu bourgeoise et opulence aristocratique Texte & photos Charel Heinen

La Suisse est incontestablement l’une des destinations touristiques les plus populaires d’Europe. Elle attire de nombreux voyageurs tout au long de l’année, et pas seulement pour les sports d’hiver. Bien sûr, tout le monde connaît Zurich, le lac des Quatre-Cantons, etc. Mais le pays abrite aussi des perles cachées, comme le canton de Neuchâtel. Beauté des paysages, richesse de la culture, charme de l’authenticité… Tout y est, mais la région passe souvent inaperçue. Et c’est bien dommage !

Perchée dans les montagnes surplombant le lac de Neuchâtel, la petite ville de La Chaux-de-Fonds, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est le berceau de l’industrie horlogère suisse. Ce lien étroit se manifeste jusque dans l’orientation de la ville, qui suit exactement la course du soleil. La hauteur des maisons et la largeur des rues sont conçues de manière à ce qu’à aucun moment de la journée, un bâtiment ne fasse de l’ombre au jardin et aux fenêtres de la maison située derrière lui. Ce principe remonte à l’époque où les horlogers avaient besoin de la lumière directe du jour pour effectuer leurs travaux de précision. Sur le plan architectural, la petite ville séduit en outre par ses nombreux élé-

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ments fantaisistes Art nouveau, deux bâtiments des débuts de Le Corbusier, sans doute le plus illustre natif de la ville, ainsi que la deuxième plus grande synagogue de Suisse, un impressionnant bâtiment de style néo-byzantin achevé en 1896 et également inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le tic-tac des horloges Qui l’a inventé ? Eh bien, en réalité, ce ne sont pas les Suisses, mais les Anglais qui ont fabriqué la première montre mécanique en 1284. Pourtant, c’est bien la Suisse qui est aujourd’hui renommée pour sa vénérable tradition horlogère. Selon la légende, vers 1679, un éleveur


N E U C H ÂT E L Neuchâtel, avec sa situation au bord du plus grand lac entièrement suisse et son centre historique, est un véritable trésor caché. EN HAUT

La synagogue de La Chauxdes-Fonds est un véritable chefd’œuvre architectural. EN BAS

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T R I P C I TY

Le Musée International d’Horlogerie à La Chaux-deFonds est le plus grand musée d’horlogerie au monde, avec plus de 4 000 pièces exposées. À GAUCHE

Malgré les techniques les plus modernes, les mouvements sont toujours assemblés à la main avec une grande précision. À DROITE

Le château éponyme, construit au XIIe siècle et visible de loin, s’élève au-dessus de la ville. EN BAS

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N E U C H ÂT E L de chevaux britannique en voyage d’affaires aurait apporté sa montre de poche défectueuse au forgeron local du Locle. Celui-ci ne se contenta pas de réparer la montre, mais il étudia son fonctionnement de manière si approfondie qu’il commença peu après à fabriquer lui-même des montres de poche. Cette anecdote est considérée comme le début de l’horlogerie suisse. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire. Aujourd’hui, l’industrie horlogère suisse représente environ 60 000 emplois, dont 40 % sont concentrés à La Chaux-de-Fonds. Cette petite ville idyllique jouait un rôle encore plus important vers 1900 : à l’époque, 55 % de toutes les montres du monde provenaient de ses ateliers. Aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur la qualité que sur la quantité, ce qui se reflète également dans la valeur du marché. Bien que seulement 1 % des montres produites dans le monde proviennent encore de Suisse, celles-ci représentent 70 % à 80 % de la valeur du marché mondial en raison de leurs prix élevés. Petite ville, vaste programme En bas, sur les rives du lac, se trouve Neuchâtel, la capitale éponyme du canton. Friedrich Dürrenmatt aurait déclaré à son sujet : « Neuchâtel est une ville tout à fait correcte, il y a une gare et un stade de football ». Une formule empreinte d’un cynisme caractéristique du célèbre auteur, qui y a tout de même résidé les 38 dernières années de sa vie. Dire que sa description ne rend pas justice à Neuchâtel serait un véritable euphémisme, car il s’agit sans doute de l’une des plus belles villes que la Suisse ait à offrir, dans un pays qui ne manque pas de lieux pittoresques. Outre la gare et le stade de

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T R I P C I TY

Par beau temps, la vie bat son plein sur les rives du lac de Neuchâtel. Des personnes de tous âges y profitent de leur pause déjeuner ou se détendent après le travail. EN HAUT

L’hôtel Les Endroits est situé dans un cadre idyllique, sur les hauteurs de La Chaux-de-Fonds, entre prairies et pâturages. EN BAS

football mentionnés, elle abrite un port, un musée d’art, de nombreux petits cinémas, une place de marché animée et, bien sûr, le château qui lui a donné son nom. Pour une ville qui compte environ 44 000 habitants, Neuchâtel propose un programme culturel étonnamment riche, dont un festival de cinéma ainsi que la Fête des Vendanges, qui attire jusqu’à 300 000 visiteurs en un week-end dans ses ruelles étroites. Dans la splendeur de la Belle Époque Bien que située à seulement quelques kilomètres de La Chaux-de-Fonds, il

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règne à Neuchâtel un tout autre état d’esprit, qui s’explique par les évolutions socio-économiques différentes des deux villes : alors qu’en haut, dans les montagnes, les horlogers menaient une vie de labeur et de sobriété, en bas, la vie décadente et extravagante de l’aristocratie battait son plein. Ce train de vie se reflète aujourd’hui dans l’architecture somptueuse, les auberges Belle Époque et l’ambiance luxueuse. Ici, de multiples influences européennes se rencontrent : d’élégants palais français, de pittoresques clochers suisses et des ruelles à l’ita-

lienne. La vie nocturne animée se concentre autour du port, où les terrasses et les bars installés dans les anciennes cabanes de pêcheurs attirent les jeunes pour faire la fête du printemps à l’automne. Vous préférez une ambiance plus calme ? Alors, optez pour l’hôtel Beaulac avec son bar rooftop branché et son excellent restaurant. Quand arrivent les beaux jours, de nombreux écoliers, étudiants et employés viennent passer leur pause déjeuner au calme près du lac. Ici, les horloges tournent plus lentement et le stress semble être un mot inconnu.


N E U C H ÂT E L

Breviarium

ALLEMAGNE

FRANCE

Zurich

Le Locle

AUTRICHE

La Chaux-de-Fonds Neuchâtel

Lac de Neuchâtel

Berne

SUISSE

ITALIE

46° N 6° E j3l.ch/fr

À faire absolument Longue de 108 km, la boucle autour du lac de Neuchâtel est idéale pour une excursion à vélo d’une journée, pauses comprises. Si vous manquez de temps, prenez le train jusqu’à Yverdon-les-Bains et revenez à vélo. Le musée archéologique Laténium vaut également le détour. À La Chaux-de-Fonds, ne manquez surtout pas le Musée international d’horlogerie.

À éviter Se déplacer en voiture. En effet, lorsque vous séjournez à Neuchâtel dans un hôtel, une auberge ou un camping, vous recevez automatiquement la Neuchâtel Tourist Card. Cette carte permet d’utiliser gratuitement les transports en commun pendant toute la durée de votre séjour, y compris les trains, les bus, certains bateaux et téléphériques, et offre des entrées gratuites ou à prix réduit pour de nombreux musées et activités. En outre, vous pouvez louer un vélo gratuitement !

Trésors cachés Neuchâtel est célèbre pour ses festivals. Le NIFFF ravit les fans de films de genre, tandis que la Fête des Vendanges attire les amateurs de vin. Les gourmets ne sont pas en reste et peuvent visiter Hall’titude à La Chaux-de-Fonds : un petit marché couvert riche en produits régionaux, doté d’un restaurant qui prépare à la demande les ingrédients fraîchement achetés.

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R EC E T T E

Le goût de Neuchâtel La toétché jurassienne, bien plus qu’un simple gâteau, est une véritable spécialité régionale qui nous surprend par son caractère salé. En patois jurassien, son nom signifie simplement « gâteau », mais derrière cette appellation modeste se cache un mets raffiné qui ravira les amateurs de saveurs authentiques. Composée d’une pâte levée proche de la brioche, la toétché se distingue par une garniture crémeuse qui lui confère une irrésistible texture fondante. La crème double, enrichie d’œufs, de sel et d’une subtile touche de safran, crée un contraste délicat avec la légèreté de la pâte. Ce plat, traditionnellement servi tiède, est une ode aux saveurs simples mais exquises du terroir jurassien. En somme, une véritable gourmandise salée qui incarne l’art de la cuisine régionale, à la fois généreuse et réconfortante.

Recette & photo QoQa.ch

Toétché jurassienne 1 gâteau Pour la pâte ∙ 300 g de farine ∙ 200 ml de lait ∙ 15 g de levure ∙ 20 g de beurre ∙ 1/2 c. à c. de sel

20 minutes

20 minutes Pour l’appareil ∙ 200 ml de crème aigre ∙ 100 ml de crème liquide entière ∙ 1 oeuf + 1 pour la dorure ∙ 1 pointe à couteau de safran moulu ∙ 1/2 c. à c. de sel

Pour la pâte, faire tiédir le lait avec le beurre, ajouter la levure émiettée et bien mélanger. Incorporer progressivement la farine mélangée au sel en pétrissant jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse et élastique. 2 Placer la pâte dans un saladier, couvrir et laisser doubler de volume dans un endroit tiède, pendant environ une à deux heures. 3 Abaisser la pâte en un disque de 7 à 8 mm d’épaisseur et créer un rebord avec la main. 1

Faire lever 15 à 20 minutes puis piquer le fond à l’aide d’une fourchette. 4 Préchauffer le four à 240 °C (chaleur tournante 220 °C). 5 Réaliser l’appareil en mélangeant tous les ingrédients. 6 Dorer le tour de la pâte avec l’œuf battu puis répartir l’appareil au centre. 7 Enfourner le toétché et faire cuire pendant 20 minutes. Laisser refroidir avant dégustation.

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S ÉJ O U R C O U RT

Villes d’hiver Texte Wibke Carter

La nature glacée et enneigée attire de nombreux vacanciers amateurs de ski et de snowboard. Mais les paysages d’Europe ont bien plus à offrir que des pistes de sports d’hiver. Nous vous présentons ici dix destinations qui, avec leurs marchés de Noël scintillants, leurs saunas chauds et leurs gourmandises traditionnelles, sont idéales pour une escapade hivernale le temps d’un long week-end.

1. Interlaken – Suisse Nichée entre les lacs de Thoune et de Brienz, entourée des majestueuses Alpes enneigées, cette petite ville est une destination prisée des amateurs d’aventure. Son éventail d’activités inclut bien sûr du ski, du snowboard et des randonnées en raquettes, mais dans l’autoproclamée « adventure capital of Switzerland », du parapente, du parachutisme, de l’héliski, du jet-ski ou une excursion hivernale en kayak attendent également les accros à l’adrénaline. 2. Reykjavik – Islande Reykjavik est la capitale la plus septentrionale du monde : difficile de faire plus hivernal ! Ici, la nature sauvage avec ses glaciers, ses paysages enneigés et son froid glacial côtoie les sources chaudes, la lumière des bougies et la magie des aurores boréales. Les activités populaires par temps froid comprennent l’observation des baleines, la baignade dans des piscines géothermiques comme le Blue

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Lagoon, à quarante minutes en voiture, et une promenade le long de maisons colorées et de sculptures vikings. N’oubliez pas de rapporter dans votre valise le souvenir incontournable : un pull en laine traditionnel islandais. 3. Innsbruck – Autriche Innsbruck fait partie des destinations les plus populaires auprès des amateurs de sports d’hiver. Ce n’est pas pour rien que les Jeux olympiques d’hiver de 1964 et de 1976 y ont été organisés. À la périphérie de la ville, la chaîne de la Nordkette offre de magnifiques paysages déchiquetés et enneigés. Des téléphériques vous emmènent sur les pistes en quelques minutes. L’atmosphère hivernale de la vieille ville, surtout pendant la période des marchés de Noël, est véritablement magique. Si vous souhaitez faire une pause entre vos activités sportives, nous vous recommandons une visite du palais de la Hofburg et du château d’Ambras.


S ÉJ O U R C O U RT Innsbruck est une destination hivernale pittoresque avec des bâtiments médiévaux colorés, entourée par les Alpes autrichiennes. EN HAUT

© Innsbruck Tourism

Interlaken propose de nombreuses activités avec ou sans neige, comme le jet boat. EN BAS

© Jetboat Interlaken

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S ÉJ O U R C O U RT

Les paysages spectaculaires de Bergen sont froids, mais inoubliables. Tout comme le poisson, les moules et le caviar. À GAUCHE

© Endre Knudsen / Visit Norway

Ruelles médiévales, petits canaux et chocolatiers de renommée mondiale : Bruges est parfaite pour un city-trip. AU MILIEU

© Visit Bruges

Les mois les plus froids sont une période magique pour visiter Amsterdam, lorsque les nuits sont chaleureuses, la nourriture copieuse et que tout scintille de guirlandes lumineuses. À DROITE

© Pixabay

Découvrez Tallinn en hiver, lorsque la vieille ville se pare d’une touche supplémentaire de magie enneigée avec ses marchés de Noël, ses églises artistiques et ses musées. EN BAS

© Simon Snopek / City Tourist Office & Convention Bureau

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S ÉJ O U R C O U RT

4. Amsterdam – Pays-Bas Durant 53 jours, du 28/11/2024 au 19/01/2025, l’Amsterdam Light Festival illuminera pour la treizième fois la capitale néerlandaise avec des installations lumineuses venues du monde entier. Même si la métropole est très fréquentée pendant les vacances, le nombre de touristes diminue en même temps que les températures, de sorte que les mois d’hiver sont idéaux pour profiter en toute tranquillité des canaux et des cafés accueillants qui proposent des friandises hollandaises comme les petits beignets oliebollen. 5. Bergen – Norvège Sommets enneigés, pureté de l’air glacial, fragments de glace accrochés aux maisons… Le spectacle de ces merveilles hivernales semble presque trop beau pour être vrai ! Les fjords majestueux forment une toile de fond impressionnante, tandis que la promenade dans le quartier historique hanséatique de Bryggen est une invitation à découvrir le hygge. Ne manquez surtout pas le poisson fraîchement pêché et les fruits de mer comme les oursins et les crabes : l’hiver est la saison idéale pour les déguster. 6. Bruges – Belgique La ville médiévale la mieux conservée d’Europe, avec ses jolies rues pavées, est aussi l’une des plus charmantes, surtout pendant la période de Noël. Et à seulement quatre heures de route du Luxembourg ! Le centre-ville historique, avec ses lumières scintillantes, offre une atmosphère festive qui invite à explorer les marchés de Noël. Après une agréable promenade en bateau sur les canaux tranquilles, on visite la tour du beffroi puis on déguste un chocolat chaud belge. Tout cela fait de Bruges une destination hivernale unique. 7. Tallinn – Estonie Le principal atout de la capitale estonienne en hiver ? Sans aucun doute sa culture du sauna. Transpirer, seul ou à plusieurs, est ici une vraie tradition. Pourquoi ne pas essayer un bar-sauna typique : la brasserie Pöhjala propose à ses

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S ÉJ O U R C O U RT

Les activités hivernales de Rovaniemi, comme les promenades en traîneau tiré par des rennes ou des huskies, ont souvent lieu sous les aurores boréales. EN HAUT

© Visit Finland

Entre les flocons de neige et les glaçons, la capitale slovène Ljubljana brille d’une magie blanche et froide. EN BAS

© Jošt Gantar

clients une sélection de bières et une cabine de sauna pour éliminer les toxines. En outre, Tallinn séduit aussi avec son centre historique parmi les mieux conservés d’Europe. Un grand nombre d’églises médiévales et de maisons de marchands sont protégées par l’UNESCO. 8. Ljubljana – Slovénie Que le soleil brille ou que la neige tombe, Ljubljana possède un vrai paysage de contes de fées. Visitez la ville en décembre pour admirer son architecture baroque illuminée ou réservez un voyage après les fêtes pour éviter les foules. Flânez dans la vieille ville piétonne, prenez un café au bord de la rivière ou essayez-vous à l’un des sports d’hiver : patiner à la Hala

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Tivoli, randonner sur le mont Katarina et skier à Krvavec tout proche, à seulement trente minutes de voiture. 9. Rovaniemi – Finlande La Laponie finlandaise est le pays des merveilles arctiques par excellence, idéalement incarnée par la capitale de la région : Rovaniemi. Souvent considérée comme le meilleur endroit pour passer Noël (la ville se targue d’être la résidence officielle du Père Noël), vous y trouverez également des fermes de rennes, des patinoires et des chalets en rondins confortables. Sans oublier les promenades en traîneau tiré par des huskies et les excursions pour admirer les aurores boréales ! Un riche éventail d’activités qui fait de la

ville un lieu incontournable pour les vacanciers peu sensibles au froid. 10. Budapest – Hongrie Dans la capitale hongroise, les premières neiges tombent habituellement au plus tard fin décembre : lorsque les flocons blancs dansent devant le Palais du Budavár et que la glace commence à flotter sur le Danube le long du Parlement, même les derniers réfractaires à l’hiver se mettent dans l’ambiance. Laissez-vous séduire par les marchés de Noël romantiques et les musées exceptionnels, aventurez-vous sur l’une des nombreuses patinoires et détendez-vous ensuite aux bains Széchenyi gyógyfürdő, le plus vaste complexe thermal d’Europe.


S ÉJ O U R C O U RT

Breviarium

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Interlaken Suisse

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Bruges Belgique

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Reykjavik Islande

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Tallinn Estonie

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Innsbruck Autriche

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Ljubljana Slovénie

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Amsterdam Pays-Bas

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Rovaniemi Finlande

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Bergen Norvège

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Budapest Hongrie

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C H I F F R E S E N

En live ! Le tourisme musical mondial en chiffres Texte Charel Heinen

Pour les musiciens professionnels, les tournées mondiales font aujourd’hui autant partie du quotidien que la production d’albums. Alors qu’il y a quelques décennies, les ventes de disques constituaient encore la base financière des artistes, l’accent est aujourd’hui mis sur les recettes des concerts live.

L’idée originale d’une tournée est que les stars et les groupes voyagent à travers le monde pour être plus proches de leurs fans. Mais les études de ces dernières années montrent une nouvelle tendance : ce sont de plus en plus souvent les fans qui parcourent de grandes distances pour voir leurs musiciens préférés en live. Souvent, assister à un concert se combine avec un court séjour, ce qui profite non seulement à l’industrie musicale, mais aussi au secteur du tourisme. Les grandes tournées dans les stades, comme celles de Taylor Swift ou de Rammstein, ainsi que les festivals de musique de plus en plus importants, en

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sont de clairs indicateurs. Les chiffres sont particulièrement impressionnants : il existe des festivals qui attirent en un seul week-end autant de visiteurs que la population d’une grande ville. De même, il y a des concerts qui attirent tellement de visiteurs internationaux qu’ils ont un effet économique sensible sur le pays hôte. Même des destinations moins connues connaissent une augmentation énorme du tourisme grâce aux concerts et se transforment en hotspots pour les fans de musique du monde entier. Mais trêve de préliminaires – il est temps de passer à la tête d’affiche : les chiffres !


visiteurs internationaux se rendent chaque année au carnaval de Rio de Janeiro. On y trouve non seulement de la samba et des défilés colorés, mais aussi des événements musicaux qui attirent les touristes en masse.

80 % de recherches de vols intérieurs en plus au Royaume-Uni dès que de nouvelles dates de concerts sont annoncées. Quand les stars débarquent, les Britanniques voyagent – et ce, dans leur propre pays.

90.000 fans ont assisté au dernier concert de Beyoncé à Stockholm. La demande d’hôtels et de restaurants a tellement augmenté que même le taux d’inflation a fait un bond. Bey peut vraiment tout faire monter en flèche !

1

million de festivaliers comptabilisés au festival Sunburn à Goa – le plus grand festival d’Asie, où les plages sont remplies de beats et de foules.

62

mille emplois ont été assurés rien qu’au Royaume-Uni en 2023 grâce à l’industrie de la musique live. Cela correspond à une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente.

C H I F F R E S E N

500.000

21 %

de recherches en plus pour Paris lorsque Taylor Swift a visité la ville avec sa tournée Eras en 2023. De nombreux fans ont profité du concert pour goûter aussi à l’ambiance parisienne.

91 %

de recherches de vols en plus pour la Roumanie lorsque de grands artistes ont annoncé leurs dates de tournée. Le pays attire non seulement avec des concerts, mais aussi avec une offre de restauration et d’hôtellerie abordable – la combinaison parfaite pour les fans de musique au budget limité.

18,7

pour cent de croissance annuelle : ainsi, l’Inde est actuellement le marché du tourisme musical à la croissance la plus rapide. Des festivals comme Lollapalooza à Mumbai placent le pays sur la scène mondiale.

11,5 400.000

milliards de dollars – c’est la valeur estimée du tourisme musical mondial d’ici à 2028, selon une prévision de Future Market Insights. Il y a de la musique dans l’air !

personnes envahissent chaque année la petite commune belge de Boom pour célébrer les beats électroniques du Tomorrowland devant des constructions scéniques à couper le souffle. Pendant ce temps, la région connaît un véritable boom touristique (jeu de mots 100 % intentionnel).

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AV E N T U R E

Sept personnes partagent un lavvu, la tente traditionnelle sami, pendant la migration. Elle est démontée et remontée chaque jour à un nouvel endroit. EN HAUT

Niillas scrute régulièrement le paysage enneigé avec ses jumelles à la recherche de rennes qui ne seraient pas rentrés. EN BAS

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N O RV È G E

L’appel des pâturages d’été Texte & photos Laurent Nilles

Dans le Grand Nord de notre continent, au-delà du cercle polaire, vit le dernier peuple indigène d’Europe, en harmonie avec la nature et au rythme de leurs rennes. Chaque printemps, les Samis conduisent leurs troupeaux de l’intérieur des terres vers les pâturages d’été luxuriants de la côte.

« Debout ! Il faut partir, les rennes ont migré trop loin vers l’ouest ! » Dans un demi-sommeil, je m’extirpe de mon sac de couchage militaire, je glisse mes pieds protégés du froid par deux paires de chaussettes en laine dans de lourdes bottes en cuir fourrées, j’attrape un bonnet de fourrure et des gants et je trébuche, encore un peu étourdi, en direction de la sortie de la tente. Dans la douce lumière de l’aube arctique, le haut plateau enneigé du Finnmark norvégien s’étend devant moi, tel un conte d’hiver. Au rythme des rennes Niillas est déjà assis sur sa motoneige jaune et me fait signe de monter. Je n’ai même pas le temps de jeter un coup d’œil à ma montre que nous sommes déjà en train de tracer des sillons à pleine vitesse dans la neige épaisse. Niillas s’arrête régulièrement, sort ses jumelles et

scrute le paysage hivernal à la recherche de quelques rennes qui auraient perdu le contact avec leurs congénères. Il découvre un jeune animal solitaire et le chasse à la lumière des phares de la motoneige pour le ramener au troupeau, où nous attendent déjà son fils Heaika, âgé de seize ans, et son cousin du même âge. Après une brève concertation, les trois bergers samis décident de conduire le troupeau vers le nord-est : direction la côte vers les pâturages d’été, bien sûr, mais ils doivent aussi s’assurer que la route choisie offre suffisamment de nourriture pour les rennes. Cette année, la neige est très dure et partiellement gelée, ce qui rend l’accès aux lichens cachés en dessous, leur nourriture principale, difficile pour les animaux, explique Niillas, qui a déjà repéré d’un œil exercé quelques sommets de collines peu enneigés et riches en lichens. En un tour

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AV E N T U R E

de main, l’équipe bien rodée met les rennes en mouvement. Avec leurs trois motoneiges, les bergers forment un demi-cercle et poussent doucement le troupeau par l’arrière dans la bonne direction, en s’assurant sans cesse qu’aucun animal ne reste à l’écart. Lorsque les hommes sont satisfaits de la nouvelle direction des bêtes, ils les laissent à nouveau migrer par elles-mêmes. J’ai le temps de souffler un instant et je regarde ma montre pour la première fois depuis que je suis réveillé : il n’est que trois heures du matin, le milieu de la nuit ; je me suis laissé induire en erreur par la pénombre persistante ! Fin avril, il ne fait déjà plus vraiment nuit ici, autour du soixante-dixième degré de latitude, bien au nord du cercle polaire. Le jour et la nuit se confondent. Mais de toute façon, toute tentative de planifier le déroulement de sa journée serait inutile. En effet, pendant la migration annuelle vers les pâturages d’été, l’emploi du temps est exclusivement déterminé par les mouvements, le comportement et les besoins des rennes. Souvent, il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre pendant des heures, mais parfois, comme à l’instant, il faut aller très vite. Un compte bancaire sur pattes Je demande à Niillas combien de rennes il possède, ce qui me vaut un regard désapprobateur : une gaffe culturelle, car chez les Samis, demander à quelqu’un la taille de son troupeau revient à s’enquérir de l’état de son compte en banque ; une information que l’on n’aime pas partager avec des étrangers, ce qui peut se comprendre. Autrefois, compter ses animaux était même considéré comme un mauvais présage. La propriété est cependant clairement définie, car chaque Sami identifie ses rennes selon un système vieux de plusieurs générations : un motif d’encoche unique gravé sur le bord supérieur et inférieur de l’oreille des jeunes veaux. Il existe des milliers de marques auriculaires différentes, qui sont transmises au sein de la famille et peuvent aujourd’hui être consultées dans un registre numérique accessible sur Internet. La banque en ligne pour un compte sur quatre pattes !

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N O RV È G E

Lorsque les rennes ne trouvent pas suffisamment de lichens sous la neige dure pour se nourrir, les Samis leur distribuent des granulés. À GAUCHE

Autrefois, les Samis se déplaçaient à ski. Au XXIe siècle, les motoneiges agiles sont devenues le moyen de transport privilégié. À DROITE

Presque arrivés : le premier aperçu de la mer bleue après des semaines de transhumance. EN BAS

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AV E N T U R E

Vue aérienne : quelques rennes traversent un ruisseau. EN HAUT

Heaika marque habilement l’oreille d’un faon de renne. À GAUCHE

Pour varier le menu, la pêche sur glace fait partie de la transhumance lorsque les conditions le permettent. À DROITE

La dernière étape du voyage se fait en bateau pour le troupeau de rennes, car les pâturages d’été attribués à Niillas se trouvent sur l’île de Sørøya. PAGE SUIVANTE

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N O RV È G E

La marque auriculaire est un élément important de l’identité culturelle des Samis. Selon la loi norvégienne qui confirme le droit ancestral de ce peuple à ses terres de pâturage, elle est également la condition pour pouvoir élever des rennes. Seules les personnes d’origine sami dont les parents ou les grands-parents ont ou ont eu pour activité principale l’élevage de rennes peuvent prétendre à une marque auriculaire et ainsi obtenir les droits de pâturage nécessaires pour leurs animaux. Cependant, une fois qu’une famille a abandonné l’élevage de rennes, ses descendants ne peuvent plus être pris en compte pour l’octroi de droits de pâturage. La succession de Niillas est en tout cas assurée, car son fils Heaika sait déjà que sa vocation est de travailler avec les cerfs de l’Arctique. L’été sur l’île Cela fait déjà trois semaines que les Samis et leurs rennes sont en route, à travers les montagnes et les vallées, dans le blizzard et sous le soleil, de jour comme de nuit. Mais pour rejoindre leurs quartiers d’été à Sørøya, ils doivent encore franchir un dernier obstacle, car cette île située au nord du continent n’est accessible que par ferry. Cependant, les bêtes nerveuses ne semblent pas très enthousiastes à l’idée de passer quatre heures à tanguer en mer dans les entrailles sombres d’un monstre de métal. Dans son enclos sur la plage, le troupeau tourne en rond en rangs serrés, un mécanisme de défense naturel en cas de danger. À l’aide de grandes bâches en plastique noir, les Samis séparent certains animaux du troupeau et les conduisent par petits groupes, plus faciles à contrôler, sur une large rampe jusque dans la cale du ferry. Ce n’est pas une tâche facile, car les rennes essaient toujours de s’échapper. Ce n’est qu’après de nombreuses heures de travail acharné que le troupeau entier est chargé puis prend la mer pour son pâturage d’été. Les bergers peuvent maintenant pousser un soupir de soulagement : la migration annuelle des rennes vers le nord s’est achevée avec succès ; aucun animal n’a été perdu ni oublié ! Une bonne chose de faite !

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AV E N T U R E

La génération plus âgée des Samis porte encore volontiers le costume traditionnel coloré au quotidien.

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N O RV ÈG E

Breviarium

Sørøya

Tromsø

Alta

70° N 22° E FINLANDE

RUSSIE

visitnorway.com

SUÈDE

NORVÈGE

Oslo ESTONIE

LETTONIE

À faire absolument Dans le nord de la Norvège, il existe plusieurs possibilités pour découvrir la culture des Samis (et de leurs rennes). Le plus simple est de visiter à la journée un camp aménagé pour les touristes près de Tromsø. Mais si vous recherchez un maximum d’authenticité, réservez un séjour dans la famille de Niillas, de préférence pendant la période de migration. visitnatives.com

À éviter Dans l’Arctique, le confort est limité. Pendant la randonnée avec les rennes, les Samis et les éventuels invités partagent un lavvu, la tente traditionnelle du peuple arctique. Tout le monde dort sur un tapis de branches et de peaux de rennes. La nourriture est composée de plats rapidement préparés à la poêle : la plupart du temps, de la viande de renne, mais aussi des hamburgers et des hot-dogs sont au menu. La famille d’accueil attend des visiteurs qu’ils donnent un coup de main, par exemple pour monter la tente. Nous vous conseillons donc d’arriver sans préjugés et avec l’envie de vivre une expérience authentique, loin du luxe.

Trésors cachés Si vous n’en avez pas encore assez de la viande de renne après une migration éprouvante dans la région sauvage de l’Arctique, vous pouvez commander la version gourmet au Stakeriet Mat & Vinhus à Alta. Une révélation gustative et sans aucune comparaison avec les morceaux cuits à la poêle sous la tente (désolé, Niillas). stakeriet.no

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N AT U R E

Montagnes sauvages et escargots domestiques Texte & photos Marc Dostert

Dans la région autrichienne du Tyrol s’étend sur une vingtaine de kilomètres le massif montagneux le plus connu des Alpes orientales, le Kaisergebirge. Il se compose de deux montagnes emblématiques, le Wilder Kaiser et le Zahmer Kaiser. La première, sur le versant sud, abrite les quatre localités de Going, Ellmau, Scheffau et Söll, qui misent sur un « slow tourism » authentique et des traditions vivantes.

Quel est le point commun entre Cupidon, le dieu romain de l’amour, et les escargots ? La bonne réponse : ils tirent tous les deux une flèche. Mais tandis que celle de Cupidon frappe ses « victimes » en plein cœur afin d’éveiller la passion, la flèche d’amour des escargots joue un rôle important dans l’accouplement. Il peut même leur arriver de se blesser. C’est le genre d’anecdotes insolites et de faits intéressants que raconte Simone Embacher juste avant de faire frire et de servir les gastéropodes. Mais nous y reviendrons plus tard. Une expérience à vivre toute l’année Bien qu’il abrite le SkiWelt Brixental, l’un des domaines skiables les plus vastes et modernes au monde, le Kaisergebirge, situé dans le Tyrol autrichien, n’est pas seulement une destination hivernale. En été également, cet impressionnant massif montagneux séduit par la diversité de ses activités. Ses 40 sommets attirent chaque année aussi bien les alpinistes que les randonneurs. C’est même ici que

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l’équipement d’escalade a commencé à se développer. Une nature intacte, de l’air frais et des établissements accueillants : un séjour dans les quatre villages impériaux d’Ellmau, Going, Scheffau et Söll comblera tous vos désirs. Ici, la mobilité douce et le développement durable occupent une place plus importante qu’ailleurs. Il est très facile d’explorer la région à vélo, et encore plus avec un vélo électrique. Marais de l’ère glaciaire « Saviez-vous que tous les animaux qui vivent dans les zones marécageuses sont considérés comme des ‘espèces spécialistes’, car les tourbières sont ‘trop acides’ pour la survie de la plupart d’entre eux ? », explique Silvana Beer, guide de marais dans la zone de protection Ramsar, qui s’étend sur les communes de Kufstein, Scheffau, Ellmau, Going, St. Johann et Kirchdorf. Ici, la nature est reine et invite à s’immerger complètement dans l’environnement. Pas d’inquiétude si l’on vous invite à enlever vos chaussures de randonnée


TYR O L Le matin et le soir, les nuages dansent autour des montagnes dans un ballet particulièrement impressionnant. EN HAUT

Les tourbières du Wilder Kaiser abritent des insectes rares et des plantes carnivores. EN BAS

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N AT U R E

Salade, légumes et fruits : un festin que les escargots consomment en quelques heures. À GAUCHE

La dégustation des « escargots Kaiser » fait partie de la visite. Simone Embacher veille à ce que les recettes soient adaptées aux « novices ». À DROITE

Avec ses contours bien définis, le Wilder Kaiser trône majestueusement au-dessus de la région. EN BAS

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TYR O L lors d’une excursion : c’est pour mieux explorer la zone humide de tous vos sens. Avec la réserve naturelle du Kaisergebirge et la zone de protection Ramsar, toute la région du Wilder Kaiser constitue un habitat idéal pour de nombreux animaux et plantes. La première ferme d’escargots du Tyrol C’est en 2018 que Simone se lance dans l’élevage d’escargots de Bourgogne. « Avec plus de 50 000 gastéropodes, je possède probablement la plus grande ferme de tout le Tyrol », affirme-t-elle en souriant. Tout est parti du désir de rendre la gastronomie tyrolienne plus durable. Les restaurants et supermarchés environnants fournissent à la ferme de la nourriture sous forme de restes, généralement des salades ou des légumes. Les « escargots du Kaiser » sont ensuite livrés en retour aux restaurants. Une économie circulaire parfaite. En Autriche, les gastéropodes ne sont pas un mets raffiné exclusivement réservé à la haute gastronomie, mais un « aliment d’antan » que l’on prépare volontiers à la maison. Ils sont sains, peu caloriques et riches en nutriments. Ne ratez pas la visite avec dégustation dans un décor à couper le souffle avec vue sur le Wilder Kaiser et petit verre de vin. Pour les plus sceptiques : je n’avais moi-même jamais mangé d’escargot de ma vie, et je n’en avais pas vraiment l’intention, mais j’ai été agréablement surpris et je recommande vivement l’expérience. De plus, si jamais cela pouvait finir de vous convaincre : sur le chemin de l’élevage, vous passerez devant la ferme Hinterschnabel. C’est le lieu de tournage du cabinet du Dr Martin Gruber, mieux connu sous le nom de « Der Bergdoktor » dans la série du même nom diffusée sur la chaîne allemande ZDF. Une ferme pas comme les autres Depuis 2014, Maria Schmidt et son mari Harald Stoiber exploitent à Going une ferme unique en son genre, dite « de protection de la nature ». Ici, l’accent est mis sur la biodiversité : non seulement les habitats existants sont préservés, mais de nouveaux sont également créés afin de favoriser une biodiversité aussi riche que possible. Pour les abeilles sauvages et les

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N AT U R E

Abeilles sauvages et moutons à nez noir retraités : la biodiversité tient particulièrement à cœur à Maria Schmidt.

papillons indigènes, les prairies à fleurs ne sont fauchées que tard dans l’année. Plus de 1 000 haies sauvages spécialement aménagées pour les oiseaux leur offrent une protection supplémentaire. En outre, la ferme sert de « résidence sénior » pour des animaux âgés ou qui ne sont plus exploitables économiquement et qui peuvent profiter ici d’une retraite sereine. La ferme de protection de la nature Artenreich de Maria Schmidt incarne parfaitement la philosophie durable de la région du Wilder Kaiser.

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Diversité culinaire L’éventail gastronomique local ne se limite pas au Kaiserschmarrn ou aux quenelles de lard tyroliennes. Qu’il s’agisse de fromage, de viande ou de schnaps, ici, le mot d’ordre est « régional ». Après une magnifique randonnée, savourez un délicieux petit-déjeuner au chalet d’alpage Au Hochalm, situé à 1 600 mètres d’altitude. Ici, Johanna Horngacher ne propose que le meilleur à ses clients. Au Jägerwirt de Scheffau, la gastronomie haut de gamme côtoie la nourriture traditionnelle. De la selle de chevreuil

accompagnée de chou rouge aux airelles et au chocolat, aux spaetzle originaux au fromage Brinzn de la vallée de Brixen, il y en a pour tous les goûts. Même Tina Turner s’est déjà régalée ici. Bien entendu, vous retrouverez les escargots de Simone sur de nombreuses cartes et dans diverses variantes. Conquérant des sommets ou gourmet, explorateur de la nature ou épicurien, la région du Wilder Kaiser offre à chaque visiteur l’expérience qui lui convient. Ici, tradition, plaisir et aventure se conjuguent de manière unique.


TYR O L

Breviarium

47° N 12° E wilderkaiser.info

TCHÉQUIE

SLOVAQUIE

Vienne ALLEMAGNE

Wilder Kaiser

AUTRICHE

Going Söll Scheffau Ellmau

HONGRIE

Innsbruck TYROL TYROL

LIECHTENSTEIN

SUISSE ITALIE

SLOVÉNIE

CROATIE

À faire absolument Par les chaudes journées d’été, un détour par l’un des quatre lacs de baignade de la région s’impose. Le lac de Hinterstein est le plus haut d’entre eux. Il fascine par son panorama à couper le souffle et son eau turquoise, bien qu’assez froide, mais idéale pour se rafraîchir après une longue randonnée. Grâce au Seebus, ce joyau de la nature est accessible confortablement et sans trop d’efforts.

À éviter Ne sous-estimez pas la difficulté des excursions dans le Kaisergebirge. Les randonnées exigeantes passent souvent par des sections sécurisées par des cordes ou comportent des passages d’escalade plus faciles. De nombreux sentiers du Wilder Kaiser exigent non seulement des compétences techniques, mais aussi une expérience alpine et une excellente condition physique. Les randonneurs ayant peu d’expérience en montagne doivent s’informer attentivement et choisir des itinéraires plus accessibles.

Trésors cachés Une visite dans l’une des nombreuses fermes bio de la région est à mettre sur votre liste. Au Pfitscherhof à Ellmau, Anett et Thomas Niedermühlbichler accueillent leurs hôtes avec du lait bio frais et non traité et expliquent pourquoi toutes leurs vaches gardent leurs cornes. Celles-ci remplissent non seulement la fonction de « climatisation » naturelle pour les bêtes, mais elles aident aussi à concentrer les toxines, ce qui améliore la qualité du lait.

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R EC E T T E

Le goût de Tyrol Cette recette nous provient de Simone Embacher, éleveuse passionnée d’escargots du Tyrol. En tant qu’experte dans son domaine, elle sait à quel point les escargots peuvent être utilisés de façon polyvalente et saine en cuisine. Ce plat simple est parfait pour les débutants en matière d’escargots qui souhaitent découvrir les avantages de cet aliment riche en protéines et durable. Idéal pour tous ceux qui veulent essayer de nouvelles saveurs et qui accordent de l’importance aux ingrédients sains et naturels.

Recette & photo Simone Embacher

Boulettes d’escargots épicées 4 personnes

10 minutes

Pour les boulettes ∙ 24 escargots grossièrement hachés ∙ 80 g de sarrasin ∙ 1 carotte ∙ 1 oignon jaune ∙ 1 paquet de champignons de Paris ∙ 1 gousse d’ail ∙ 2 œufs ∙ 50 g de chapelure ∙ sel aux herbes Classic ∙ poivre du moulin ∙ paprika en poudre ∙ piment de Cayenne

70 minutes Pour la sauce tomate ∙ 300 g de poivrons rouges ∙ 300 g de tomates ∙ 50 g d’oignons en dés ∙ 1 boîte de 400 ml de tomates (pelées / concassées, etc.) ∙ 50 ml de vin blanc ∙ 1 gousse d’ail ∙ sel aux herbes Classic ∙ poivre du moulin

Faire revenir les cubes de poivron, d’oignon et de tomates dans une casserole. Après 5 minutes, déglacer avec le vin blanc, ajouter les tomates en conserve et laisser mijoter doucement pendant environ 45 minutes. 2 Assaisonner généreusement avec les épices et le sel aux herbes Classic du Tyrol, puis mixer finement à l’aide d’un mixeur plongeant ou sur pied. 3 Préparer le sarrasin selon les instructions figurant sur le paquet. Mélanger tous les ingrédients pour les boulettes. Bien assaisonner avec les épices. 1

Former de petites boulettes. Faire griller sur une plaque de cuisson au four à 80 °C pendant environ 20 minutes (jusqu’à l’obtention d’une coloration dorée) ou faire frire dans une friteuse jusqu’à ce qu’elles soient croustillantes. 5 Dresser les boulettes d’escargots épicées sur la sauce tomate-poivron et servir. Un délice sain, riche en protéines et intense en goût ! 4

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T RAI N E N V OYA G E

Mener grand train en Espagne Texte Bernard Pichon

Al Andalus, Transcantábrico, Costa Verde Express et Expreso de la Robla sont au rail ce que les croisières de luxe sont à la mer : de véritables palaces ambulants. Ils traversent les plus beaux paysages ibériques.

Le sifflet qui retentit, la vapeur qui s’échappe, les roues qui grincent sur les rails… Tout cet imaginaire ramène à une Belle Époque où le voyage aristocratique se voulait romanesque. La littérature a largement contribué à la pérennité de cet élégant cliché. Citons Graham Greene ou Patricia Highsmith, dont les écrits évoquent souvent l’atmosphère des trains cossus et des gares internationales. On pense surtout à Agatha Christie et à l’Orient-Express, devenu un personnage récurrent de ses romans, dont la plupart ont été adaptés au cinéma. Pourquoi ce retour en grâce ? Il répond sans doute à une quête d’authenticité : les voyageurs nantis recherchent aujourd’hui des expériences uniques, en dehors des sentiers battus. Leur désir de

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lenteur ne s’inscrit-il pas en réaction au rythme effréné de la vie moderne ? Par ailleurs, la gastronomie et les paysages traversés participent au plaisir des sens. Bien sûr, les trains de luxe ont abandonné le charbon et sont désormais équipés du WiFi. Ils continuent néanmoins d’offrir une parenthèse enchantée, loin des contraintes du quotidien. Motivations À bord d’Al Andalus, plusieurs passagers font allusion à leur engagement écologique. Ils privilégient le rail, désormais considéré comme une alternative raisonnable à l’avion et à l’automobile. Moins attendu, le témoignage de Kenneth Archer, citoyen britannique originaire de Carlisle : « Depuis tout petit,


AN DALO U S I E Al Andalus est le plus long train des voies ferrées espagnoles. Avec ses 450 mètres de longueur, il serait comparable à un gratteciel de 150 étages. EN HAUT

© eltrenalandalus.com

Ce décorum ravive la nostalgie des luxueux trains d’autrefois. EN BAS

© eltrenalandalus.com

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T RAI N E N V OYA G E

Majestueux, le Pont romain de Cordoue enjambe le fleuve Guadalquivir. À GAUCHE

A Séville, la Casa de la Memoria rend hommage au flamenco. À DROITE

© Bernard Pichon

Vertigineux, le Pont de Ronda est le symbole d’une des villes les plus visitées d’Andalousie. EN BAS

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AN DALO U S I E je suis passionné par les trains. Cela a commencé par les modèles réduits ; cet intérêt perdure, alors que j’ai aujourd’hui la cinquantaine. Ce qui m’intéresse d’abord, c’est la préservation du patrimoine, le maintien en état de marche des matériels anciens. À cet égard, l’entretien de ces voitures me semble exemplaire. Cet automne, je testerai les trains de nuit qui bénéficient aussi d’un regain d’intérêt, surtout du côté des pays germanophones ». Romantisme Alice et Robert Saulnier viennent de France. « Nous nous sommes rencontrés à bord d’un TGV, entre Paris et Strasbourg. Vous comprenez pourquoi nous avons choisi cette formule pour célébrer nos vingt ans de mariage ». Nul doute que parmi les voyageurs embarqués, certains célibataires songent à de possibles rencontres… Dans la voiture-salon aux boiseries, lampes et mobilier de style, les commentaires sont élogieux : « Nous venons de l’Utah. Nous sommes séduits par ce décorum très Années folles », déclare un couple d’Américains, fasciné par l’héritage architectural et historique des régions traversées. Au bar, des Costaricains relèvent la qualité des crus sélectionnés, dont l’incontournable Xérès : « Globalement, la qualité est au rendez-vous. La présentation des mets est surprenante, quand on songe à l’étroitesse de la cuisine embarquée. Il est amusant de remarquer que certaines recettes sont constituées de denrées plutôt basiques : pois chiches, pommes de terre et autres crudités ! »

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T RAI N E N V OYA G E

Le voyage est aussi gastronomique, avec un florilège de mets locaux. © eltrenalandalus.com

Forfaits Parmi les clients des trains touristiques proposés par Renfe, 32,4 % sont espagnols, et 67,6 % proviennent du reste du monde. La bonne maîtrise du budget - tout inclus - et l’avantage de ne pas avoir à faire et défaire ses bagages sont appréciés, notamment sur le circuit de Malaga à Séville - ou inversement - sachant que des vols directs vers ces villes facilitent le pré - et post- acheminement des voyageurs. La semaine de 7 jours (6 nuits) comprend l’hébergement (cabines et suites

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climatisées équipées de frigo, toilettes et douches privatives, WiFi performant), les trajets en bus haut de gamme menant aux sites éloignés des gares, ainsi que l’entrée aux attractions locales et leur visite guidée. Les repas sont compris, aussi bien à bord des trains que dans les restaurants des villes inscrites à l’itinéraire. C’est l’occasion de goûter aux spécialités locales, souvent inspirées de traditions historiques chrétiennes, musulmanes et juives : gaspacho, poisson frit, jambons

de Jabugo, de Valle de los Pedroches et de Trevélez. Embarquement immédiat ! Al Andalus fréquente les villes de Cadix, Grenade, Jaén et Cordoue. Le train compte quinze voitures, dont cinq ont été fabriquées en France à la fin des années 1920, identiques à celles utilisées par la famille royale britannique pour gagner la Côte d’Azur. Le convoi aligne 32 chambres, dont 12 Gran Clase et 20 Suites Deluxe.


AN DALO U S I E

Breviarium

ESPAGNE

PORTUGAL

Baeza

Úbeda

Cordoue

Séville

ANDALOUSIE

Grenade

Ronda

Malaga

Cadix L’itinéraire du Al Andalus

MAROC

37° N 5° O eltrenalandalus.com

Syncrétisme à Cordoue Aussi incontournable que l’Alhambra de Grenade, la cathédrale de Cordoue était à l’origine une mosquée, construite au VIIIe siècle. Ce sanctuaire - l’un des plus grands d’Europe - abrite une forêt de colonnes couronnées de coupoles. Lors de la reconquête chrétienne de la région en 1236, une cathédrale gothique a été érigée au sein du lieu de culte, créant une juxtaposition fascinante de styles architecturaux.

Flamenco à Séville Situé dans un bâtiment historique du centre-ville (Calle Cuna 6), la Casa de la Memoria renferme un petit musée dédié à cette danse typique et propose un spectacle authentique d’une heure, mené par une danseuse, un danseur, un chanteur et un guitariste renommés. On est à mille lieues des pâles démonstrations touristiques parfois présentées dans certains hôtels.

Vertiges à Ronda Cette bourgade s’étend de part et d’autre d’un profond canyon, traversé notamment par le Puente Nuevo (un terme quelque peu impropre, car la construction de cet ouvrage - culminant à 120 mètres - date de la seconde moitié du XVIIIe siècle). À quelques pas : les plus anciennes arènes d’Espagne, dotées de 136 colonnes et 68 arches. On y organise encore des corridas, dès le mois de septembre.

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H É B E R G E M E N TS

Hôtels de rêve & romantisme au coin du feu

The Lanesborough London

Die Schmiedalm

Londres

Saalbach-Hinterglemm

Cet hôtel londonien de luxe invite ses clients à se détendre dans l’atmosphère chaleureuse de la cheminée qui imprègne chaque chambre et chaque suite, où l’on se croirait presque dans un roman de Jane Austen. Le crépitement du feu et le service 24h/24 créent une ambiance luxueuse et traditionnelle typiquement britannique. Le Lanesborough ravira les gourmets exigeants avec une cuisine de première classe, notamment au restaurant Céleste, récompensé par une étoile Michelin, un afternoon tea primé et The Garden Room, l’un des meilleurs salons de cigares et de cognac de Londres. L’offre est complétée par le Lanesborough Club & Spa, accessible aux clients et aux membres en quête de fitness et de bien-être.

Le chalet de luxe Die Schmiedalm à Saalbach-Hinterglemm se distingue par son esthétique élégante à 1 300 mètres d’altitude. Idéal pour la clientèle désireuse de profiter du soleil hivernal et de l’air pur de la montagne en toute intimité, le chalet offre une ambiance chic et un confort maximal pouvant accueillir jusqu’à dix personnes. Les chemins menant aux pistes sont préparés tous les jours, pour vous permettre d’accéder directement aux plaisirs de la glisse. Après un moment de détente dans la piscine chauffée en plein air, les clients peuvent profiter de l’agréable chaleur de la cheminée ou de l’air frais des montagnes sur la terrasse chauffée avec vue panoramique sur le paysage hivernal.

oetkercollection.com/hotels/the-lanesborough

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schmiedalm.at


H É B E R G E M E N TS

Baumhaus Lodge Hotel Gassner

The Alpina Gstaad

Neukirchen

Gstaad

Écouter le son de la nature, sentir l’odeur du bois et admirer les couleurs sous toutes leurs facettes : des sensations uniques à capturer et à retenir. Depuis longtemps, le « shinrinyoku », en français « bain de forêt », est devenu une méthode reconnue de gestion du stress. Le simple fait de séjourner dans la forêt agit comme une sorte d’aromathérapie bénéfique pour la santé. Pourquoi ne pas simplement passer la nuit en pleine nature, loin des contraintes et des soucis, sur 147 mètres carrés entre les cimes des arbres ? Les matériaux naturels locaux comme le bois ancien, les pierres du parc national des Hohe Tauern, les tissus naturels comme le loden et d’autres installations douillettes assurent confort, bien-être et sommeil réparateur.

Majestueusement perché sur une colline, cet hôtel cinq étoiles supérieur domine la célèbre station huppée suisse. L’extérieur traditionnel habillé de bois abrite 58 chambres et suites, quatre restaurants, un cinéma et un spa Six Senses qui propose, outre les habituels saunas et bains de vapeur, une grotte thérapeutique de sel himalayenne. Les chambres confortables (toutes avec balcon et cheminée) sont équipées de meubles en bois (dont des armoires peintes à la main) et décorées d’œuvres d’art suisses. L’excellente offre gastronomique comprend le Sommet by Martin Göschel (une étoile Michelin), l’élégant Megu, spécialisé dans les sushis, et le Swiss Stübli, au style chalet. thealpinagstaad.ch

hotel-gassner.at/das-hotel/das-baumhaus

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C U LT U R E

EN HAUT

Le maestro au piano.

La scène en plein air de Torre del Lago est un lieu atmosphérique pour les grands opéras de Puccini. EN BAS

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TO S C A N E

Voitures de sport et opéras prestigieux Texte Stefanie Bisping

Il y a 100 ans disparaissait Giacomo Puccini, le créateur des opéras « Madame Butterfly » et « La Bohème ». Malgré une carrière fulgurante à Milan, il est toujours resté attaché à sa Toscane natale. La région n’a cessé de cultiver avec soin l’héritage du compositeur en mettant à l’honneur sa vie et son œuvre dans des musées et lors d’événements musicaux.

Giacomo Puccini aimait les belles femmes autant que les belles voitures et fumait 60 cigarettes par jour. Mais pour son équilibre intérieur, il lui fallait du calme, de l’anonymat et des parties de chasse. Difficile à croire, mais ses innombrables centres d’intérêt ne l’ont pourtant pas empêché de composer une douzaine d’opéras indémodables. Et quelles œuvres ! Car le génie musical était inné chez Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini, de son nom complet, né le 22 décembre 1858 à Lucques dans une famille de musiciens. Ses passions les moins respectables pour la vitesse et le tabac allaient toutefois provoquer un accident de voiture, puis une grave maladie. Son âme créative, quant à elle, le pousse à acheter une villa à

Torre del Lago, à l’époque un paisible village au bord du lac Massaciuccoli, et aujourd’hui lieu de pèlerinage pour des milliers de fans d’opéra. « Ici, il avait de l’intimité, il pouvait manger, boire et fumer en toute tranquillité », explique Andrea Maionchi, co-organisateur du festival Puccini, qui enveloppe régulièrement de sons enivrants le village de Torre del Lago, que Puccini décrivait de la manière suivante : « Torre del Lago, joie suprême, Eden céleste, tour d’ivoire, palais royal ! 120 habitants, douze maisons ». Au plus près de Puccini sur les rives du lac Parsemé de pins, de lauriers, de chênes verts et d’oliviers, Torre del Lago est aujourd’hui encore un havre de paix et de musique. Les fans de Puccini visitent la

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C U LT U R E

villa du compositeur, se laissent bercer par sa musique lors de promenades en bateau et écoutent ses opéras en été au théâtre de plein air, situé au bord du lac. En novembre et décembre, des festivals plus modestes sont organisés autour des anniversaires de la mort et de la naissance du compositeur. Car c’est le lieu le plus étroitement lié à son œuvre. C’est ici qu’il a écrit « Tosca », « Madame Butterfly » et « La Bohème ». Les mélomanes peuvent suivre ses traces dans un rayon de 30 kilomètres et admirer par la même occasion des villes magnifiques : sa résidence de Viareggio, la glamour Forte dei Marmi, autrefois une forteresse abritant des blocs de marbre de Carrare devenue la première station balnéaire de la côte, Pietrasanta avec sa tradition de sculpture millénaire, et enfin Lucques avec ses places, ses églises et ses remparts : toutes ces localités offrent un véritable concentré de la beauté de la Toscane. Souvenirs dans la maison natale à Lucques C’est à Lucques que commence l’histoire de Puccini. L’arbre généalogique de sa famille orne le mur au-dessus du piano à queue Steinway du compositeur dans sa maison natale, située sur la Piazza Cittadella. Celle-ci abrite un monument à son effigie depuis les années 1990. Le père de Puccini décède lorsque ce dernier a six ans. Sa mère se retrouve seule avec ses neuf enfants et doit quitter son appartement. Giacomo devient organiste à la cathédrale de Lucques, suit des cours au conservatoire local, puis à Milan, et réussit finalement à racheter l’appartement avec les recettes de son premier opéra. Depuis 1979, la « Casa Natale » s’est transformée en musée. Des partitions, des lettres, le faire-part de mariage de Puccini et sa femme Elvira, envoyé par le couple en 1904 après des années de concubinage, des objets personnels et des costumes des premières mises en scène de ses œuvres étalent la vie du maestro pour le plus grand plaisir des visiteurs. Le directeur du musée, Luigi

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TO S C A N E La villa de Puccini à Torre del Lago est aujourd’hui un musée. À GAUCHE

Giacomo Puccini a commencé sa carrière en tant qu’organiste à la cathédrale de Lucques. À DROITE

Le monument du compositeur devant sa maison natale à Lucques. EN BAS

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C U LT U R E

Lors du carnaval de Viareggio, les plus grandes structures en papier mâché du monde sont tirées sur le front de mer.

Viani, connaît chaque détail biographique de la vie de Puccini, jusqu’à Simonetta, la fille d’Antonio, le fils du compositeur. Celui-ci est d’ailleurs le premier descendant de six générations à ne pas être devenu musicien. Il préférait utiliser son violon en guise de bateau pour s’amuser. Sa fille Simonetta a dirigé le musée de Torre del Lago jusqu’à sa mort en 2017. Art déco et carnaval à Viareggio La paix n’est jamais éternelle. En 1921, gêné par l’arrivée d’une activité d’extraction de tourbe, Puccini quitte Torre del

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Lago pour s’installer à Viareggio, non loin de là. Nommé citoyen d’honneur de la station balnéaire en 1900, il y achète un terrain en 1915, sur lequel il se fait construire une maison. Libérée des marécages, la petite ville avait acquis sa renommée grâce à ses établissements de bains au début du XIXe siècle. La promenade bordée de bâtiments Art déco et Art nouveau est toujours aussi belle et il est agréable de boire un cappuccino en plein air au Gran Caffè Margherita, même en hiver, sous un soleil matinal éclatant. Aujourd’hui, outre ses plages, Viareggio

est surtout connue pour son carnaval, au cours duquel les plus grands chars en papier mâché du monde sont tractés sur le front de mer : une tradition née en 1873 pour divertir les vacanciers de Lucques en basse saison hivernale. Puccini travaille sur « Turandot » dans sa villa de la Viale Michelangelo Buonarroti, en cours de restauration depuis des années, lorsqu’on lui diagnostique un cancer de la gorge. Il subit une opération à Bruxelles, dont il décède le 29 novembre 1924. Il repose dans le jardin de sa villa à Torre del Lago.


TOS CAN E

Breviarium

ÉMILIE-ROMAGNE

Viareggio Torre del Lago

Forte dei Marmi Pietrasanta Lucques

Florence

TOSCANE

OMBRIE

43° N 10° E visittuscany.com

LATIUM

À faire absolument Le mercredi, visitez le marché hebdomadaire de Forte dei Marmi (Piazza Guglielmo Marconi) et dirigez-vous ensuite vers Pesce Baracca e Terrazza ( pescebaracca.it). On y trouve des produits frais de la pêche locale : de l’étal du poissonnier au comptoir traiteur, en passant par la street food à emporter et le restaurant, qui sert notamment de délicieux spaghetti frutti di mare ou du fritto misto à base de fruits de mer et de légumes.

À éviter Faire l’impasse sur une visite de la ville médiévale de Pietrasanta. Outre son charmant centre historique avec la cathédrale San Martino et son campanile, les ateliers des sculpteurs locaux valent absolument le détour, même si les œuvres massives en marbre vendues sur place risquent fort de dépasser la franchise bagages autorisée dans l’avion.

Trésors cachés Après la visite de la maison natale de Puccini ( puccinimuseum.org) à Lucques, poussez la porte de la Trattoria da Gigi dans le centre historique (Piazza del Carmine 7). Ce sympathique établissement familial sert des pâtes et des gnocchi (faits maison, bien sûr), des plats de viande toscans et d’autres délices dont vous vous souviendrez longtemps. Le tout accompagné d’excellents vins de la région.

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AV E N T U R E

Féerie de la Cappadoce Texte Bibi Wintersdorf

Cinq heures du matin : le jour se lève sur un champ poussiéreux en Cappadoce. La pénombre laisse entrevoir une activité intense, tandis qu’une file de minibus se lance sur les chemins de terre cahoteux. Comme les centaines d’autres touristes qui nous accompagnent, nous attendons avec impatience l’aventure ultime promise par cette région : un vol en ballon au-dessus des étranges formations de tuf du paysage d’Anatolie centrale.

Nous sommes impressionnés par la vitesse à laquelle les employés transportent les ballons depuis les remorques et les mettent en place en un rien de temps. Les montgolfières sont gonflées à l’aide d’énormes ventilateurs actionnés par des compresseurs, puis on fait chauffer l'air à l'intérieur. Le spectacle qui s’offre alors à nous est tout simplement extraordinaire ! Tandis que le soleil levant baigne l’horizon de nuances de bleu, de rose et d’or, les ballons décollent les uns après les autres et s’élèvent lentement dans le ciel anatolien. Il n’y en a pas un, ni deux, mais des centaines, et cette vision est à couper le souffle, un vrai décor de cinéma ! La Cappadoce est vraiment au sommet des destinations les plus « instagrammables ».

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Istanbul en un clin d’œil Mais reprenons les choses dans l’ordre : notre voyage commence à Istanbul, où nous arrivons par un vol direct de Turkish Airlines à l’invitation de l’ULT. Le lendemain, nous découvrons la ville en accéléré avec un programme chronométré : visite de la mosquée Süleymaniye, pause café sur la terrasse Pierre Loti et retour en téléphérique en direction du centre-ville. Ensuite, nous visitons l’obélisque, la mosquée bleue et Sainte-Sophie (de l’extérieur), ainsi que l’impressionnante citerne basilique. Un « tea time » sous le pont de Galata et une croisière sur le Bosphore sont également au programme. Pour finir, nous dégustons un délicieux dîner composé de mezze au restaurant Aleko’nun Yeri


TU R Q U I E Surplombant majestueusement le Bosphore, la mosquée Süleymaniye s'élève, remarquable édifice de l'empire ottoman. Elle fut construite sur ordre du sultan Soliman le Magnifique, selon les plans conçus par le célèbre architecte de la cour, Mimar Sinan. EN HAUT

Ambiance mystique dans la Citerne Basilique : les colonnes se reflètent dans l'eau sombre de cette cathédrale souterraine d'Istanbul, également connue sous le nom de Palais Englouti. EN BAS

© Bibi Wintersdorf

Féerique Cappadoce : des montgolfières colorées flottent au lever du soleil au-dessus du paysage unique de tuf aux étranges formations rocheuses. PAGE SUIVANTE

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AV E N T U R E

Spot photo incontournable : l'arbre à souhaits solitaire du lac Tuz. À GAUCHE

© Bibi Wintersdorf

Depuis le jardin de l'hôtelboutique Karlik Evi, on jouit d'une vue fascinante sur les collines pittoresques de la Cappadoce. AU MILIEU

© Bibi Wintersdorf

Les Trois Beautés, formations rocheuses de Cappadoce mondialement connues : emblème de la région et sujet photographique prisé des voyageurs du monde entier. À DROITE

© Bibi Wintersdorf

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TU R Q U I E avec vue sur le Bosphore. Entre-temps, nous prenons même un cours accéléré de l’art ancien du papier marbré turc, l’ébrou, à l’atelier Zen Ceramics. Un avant-goût du reste de notre voyage, car cet art traditionnel a migré il y a des centaines d’années vers l’Anatolie en passant par l’Iran, où il a été perfectionné. Vers Göreme via Ankara Nous arrivons dans la capitale turque le troisième jour, après un voyage en train de cinq heures étonnamment agréable, avec wifi, café chaud et gâteaux pour le petit-déjeuner. À Ankara, nous logeons dans le ravissant hôtel Divan, point de chute idéal situé au centre-ville, juste en face de l’entrée de la citadelle historique. Le lendemain matin, nous prenons enfin la direction de la Cappadoce dans un minibus de luxe ultra-confortable. Lac rose et cheminées de fées À mi-chemin de Göreme, nous nous arrêtons dans l’un des endroits les plus somptueux de Turquie : le lac Tuz, deuxième plus grand lac du pays, est une étendue d’eau salée rose située dans une cuvette tectonique et alimentée par deux affluents principaux, sans aucun écoulement. Le lac est une réserve naturelle depuis 2001, car des colonies de flamants roses et d’oies rieuses y ont élu domicile, ainsi que le petit faucon crécerelle. Certains visiteurs s’aventurent pieds nus sur la croûte de sel, mais les flaques d’eau ne nous semblent pas très accueillantes. En revanche, nous sommes captivés par le spot à selfie incontournable, véritable reflet de l’ère du tourisme de masse. Bien sûr, la boutique de souvenirs, qui propose des sels et autres curiosités, est aussi un passage obligé. Alors que nous poursuivons notre route vers Göreme, un premier point de vue nous dévoile les surréalistes cheminées de fées qui caractérisent le paysage. Notre séjour au charmant hôtel Karlik Evi offre une retraite bienvenue avec un panorama à couper le souffle sur toute la vallée de Göreme, le décor idéal pour admirer le spectacle matinal des ballons.

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AV E N T U R E

Ambiance médiévale et confort moderne : au restaurant Barbarian, on dîne comme un prince sous un panier d'osier géant. À GAUCHE

© Bibi Wintersdorf

Merveilles naturelles et trésors culturels Au fil des quatre jours suivants, toute la splendeur de la Cappadoce se déploie devant nous. Notre guide est exceptionnel : Ekrem Disci, qui travaille normalement pour l’ULT à Antalya, nous fait découvrir la région grâce à ses connaissances approfondies et des connexions apparemment infinies. Sous sa direction, nous explorons le célèbre musée en plein air de Göreme, où des monastères et des églises taillés dans la roche racontent des siècles de foi et d’art. « L’église sombre », avec ses fresques byzantines étonnamment bien conservées, nous impressionne tout particulièrement. Nous plongeons dans les entrailles de la Cappadoce et descendons dans la ville souterraine de Derinkuyu, située à environ 30 km au sud de Nevsehir, la capitale de la province, et probablement construite par les Hittites il y a plus de 4 000 ans. Les couloirs et les pièces aux allures de labyrinthe, qui abritaient autrefois des milliers de personnes, exsudent les secrets et l’instinct de survie des générations passées. Un contraste saisissant s’offre à nous dans un ancien caravansérail, où nous assistons à une démonstration hypnotisante de derviches tourneurs, autre aperçu de la riche tradition culturelle de cette région. Découvertes culinaires La cuisine de Cappadoce se révèle aussi variée et fascinante que ses paysages. Au restaurant Belisirma, composé de plateformes en bois au milieu de la rivière, nous dégustons des plats locaux authentiques. Le restaurant médiéval Barbarian à Ürgüp, quant à lui, nous transporte dans une autre époque. Assis dans des nids de branches tressées, nous assistons à la préparation de plats rustiques sur un feu ouvert, une expérience aussi authentique que charmante.

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Paysage caractéristique de la Cappadoce : ces « cheminées de fées » coniques en tuf tendre, sculptées au fil des millénaires par le vent et les intempéries. À DROITE

© Bibi Wintersdorf


TU R Q U I E Extase spirituelle : les derviches tourneurs enchantent les visiteurs dans le caravansérail historique. À GAUCHE

Voyage dans le temps en couleur : les récits que relatent les fresques byzantines dans les églises rupestres de Göreme. À DROITE

© Bibi Wintersdorf

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AV E N T U R E

À GAUCHE Le chef Aygün Baş (en bas à droite) nous laisse mettre la main à la pâte lors de la préparation des feuilles de vigne farcies.

© Bibi Wintersdorf

EN BAS À GAUCHE Réception cordiale par

le maire et sa délégation, suivie d'une visite des attractions locales. © Bibi Wintersdorf

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Le summum culinaire de la région se trouve sans aucun doute au restaurant Zeferan, récompensé du prix Gourmand Table International Cuisine 2024 attribué par le Gault & Millau. Ici, nous roulons nous-mêmes des feuilles de vigne et nous nous laissons envoûter par les arômes raffinés de la cuisine anatolienne.

d’esprit avec lesquelles nous sommes accueillis reflètent l’hospitalité dont nous avons fait l’expérience partout en Cappadoce. Quelques jours après notre retour, nous recevons même un article du journal local intitulé « Des journalistes luxembourgeois en visite à Ürgüp », un charmant souvenir de notre voyage.

Rencontres inattendues Vers la fin de notre séjour, Ekrem Disci nous surprend avec une expérience particulière : un déjeuner avec le maire d’Ürgüp, qui nous accueille comme de vieux amis. La convivialité et l’ouverture

Magie éternelle de la Cappadoce La Cappadoce se révèle être une terre de contrastes : formations rocheuses ancestrales et hospitalité moderne, églises troglodytes cachées et vols en montgolfière à couper le souffle. En quelques

jours, nous avons traversé des siècles, des fresques byzantines à l’art contemporain de la céramique. La chaleur des habitants, la richesse de l’histoire et la majesté des paysages se fondent en une expérience unique. En préparant ma valise, je réalise que j’ai vu beaucoup de choses, mais que je suis loin d’avoir tout vu. La Cappadoce a encore des secrets à dévoiler. L’idée d’y retourner un jour pour découvrir d’autres strates de ce paysage et de cette culture magnifiques est plus que séduisante. C’est une promesse que je me fais à moi-même.


TU R Q U I E

Breviarium

BULGARIE GÉORGIE

GRÈCE

Istanbul

ARMÉNIE

Ankara TURQUIE Lac Tuz

IRAN

Göreme Derinkuyu

SYRIE

IRAK

CHYPRE

38° N 35° E ult.lu/reise/tuerkei ult.lu/fr/voyage/turquie-acl ult.lu/tuerkei/#c2179

À faire absolument Réservez un vol en ballon à l’avance en prenant quelques jours de marge au cas où la montgolfière ne pourrait pas décoller le jour prévu en raison des conditions météorologiques. Si elles sont optimales pour cette activité environ 200 jours par an, il y a aussi des jours où la pluie, la neige ou la température jouent les trouble-fêtes.

À éviter N’oubliez pas d’emporter suffisamment de cartes mémoire pour votre appareil photo. Chaque recoin de la Cappadoce mérite une photo. Veillez cependant à bien respecter l’intimité des habitants, surtout dans les petits villages, et ne portez pas de vêtements trop révélateurs dans les régions conservatrices. Respectez les coutumes locales, en particulier lorsque vous visitez des sites religieux.

Trésors cachés Réservez les services d’un guide local qui parle la langue et connaît les gens. Cela vous permettra de découvrir des destinations hors des sentiers battus et d’avoir un aperçu plus authentique du pays et de la culture.

Comment s’y rendre Avec Turkish Airways directement de Luxembourg à Istanbul, puis vers Kayseri. De l’aéroport de Kayseri (ASR), il faut une heure de bus pour rejoindre Göreme, le meilleur point de départ pour toutes les aventures cappadociennes.

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R EC E T T E

Le goût de la Cappadoce Sous les cheminées de fées et les églises troglodytes, la Cappadoce cache un trésor méconnu : sa cuisine. Loin des sentiers battus des döners kebabs, c’est dans les maisons traditionnelles que se révèle l’âme culinaire de cette terre anatolienne. Ici, les dolmas ne sont pas de simples feuilles de vigne farcies, mais des capsules temporelles, préservant des siècles de savoir-faire. Façonnée par les caravanes de la Route de la Soie et affinée par la rudesse du climat, cette cuisine est un exercice d’équilibriste entre frugalité et raffinement. Le testi kebab, cuit dans des jarres d’argile scellées, incarne cette dualité : un plat né de la nécessité de conserver la viande, devenu aujourd’hui le summum de l’art culinaire local. Goûter à la cuisine cappadocienne, c’est plonger dans un récit gustatif où chaque bouchée raconte l’histoire d’un peuple résilient. Les dolmas que nous vous présentons sont bien plus qu’une recette ; ils sont une invitation à un voyage sensoriel au cœur de l’Anatolie.

Photo Cédric Libar

Feuilles de vigne farcies Dolma turc authentique 4 personnes

1 heure

∙ 450 g de feuilles de vigne en saumure ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ 1 2 3

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rincées et égouttées 4 oignons de taille moyenne hachés 400 g de riz lavé à l’eau froide et égoutté 60 g de persil plat finement haché 120 ml d’huile d’olive 40 g de pignons de pin

90 minutes

∙ 40 g de raisins de Corinthe séchés ∙ 1 c. à s. de flocons de menthe séchée ∙ 1 c. à c. de quatre-épices ∙ 1/8 c. à c. de poivre noir ∙ 1/8 c. à c. de cannelle moulue ∙ 1 c. à c. de sucre en poudre ∙ 2 c. à s. de sel au citron ∙ 1/2 citron, jus

Hacher les oignons et les faire revenir dans 60 ml d’huile d’olive. Lorsqu’ils deviennent translucides, ajouter les pignons et faire revenir 5 minutes de plus. Ajouter le riz et remuer constamment pendant 5 – 10 minutes jusqu’à ce qu’il devienne translucide. Ajouter les épices (menthe séchée, cannelle, sel au citron, poivre noir, raisins de Corinthe, sucre et quatre-épices) et le persil haché. Agiter brièvement puis ajouter 120 ml d’eau bouillante et laisser mijoter à feu doux-moyen pendant 15 – 20 minutes jusqu’à ce que tout le liquide soit absorbé par le mélange de riz. Retirer du feu et laisser refroidir. Passons maintenant à l’étape du remplissage des feuilles de vigne. Traditionnellement, on procède ainsi : placer une cuillérée à café du mélange refroidi au centre de la partie supérieure de la

feuille, replier les côtés vers l’intérieur, puis rouler la feuille du haut vers le bas pour former un petit cylindre compact. 8 Enfin, étaler une couche de feuilles de vigne au fond d’une grande marmite lourde (pour éviter que les feuilles farcies ne brûlent). 9 Disposer tous les dolmas côte à côte en serrant bien. 10 Ajouter les 60 ml d’huile d’olive restants, le jus d’un demi-citron et 500 ml d’eau bouillante, couvrir avec une assiette à l’envers (pour que les dolmas ne bougent pas dans l’eau bouillante) et porter à ébullition. 11 Réduire le feu à moyen-doux et laisser mijoter jusqu’à ce que toute l’eau soit absorbée (environ 45 – 60 minutes). 12 Transférer dans un plat de service et laisser refroidir.

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T R I P C I TY

La Cité ocre, accueillante et gourmande Texte Marie Tissier

À Marrakech, le tourisme ne s’est jamais aussi bien porté qu’en 2024. Son offre hôtelière y est particulièrement étoffée, et la Perle du Sud marocain sait mettre en avant ses délices culinaires. Visite de la ville et de ses trésors.

Bonne nouvelle pour les voyageurs luxembourgeois : les vols directs du Findel à destination de Marrakech ont repris. L’occasion de s’accorder quelques jours dans cette cité impériale du Maroc, vive et accueillante. Une place toujours en mouvement Si l’on ne s’est pas rendu sur l’immense place Jemaa El-Fna, alors on ne peut pas dire que l’on a visité Marrakech. C’est ici que commence l’aventure marrakchie. L’âme de la médina se dévoile rapidement sur cette immense place toujours en mouvement. Charmeurs de serpents, dresseurs de singes, herboristes, musiciens gnaoua, vendeurs d’eau en costume traditionnel – les guerrabas, conteurs, restos ambulants, arracheurs de dents… tout le monde est là.

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Pour se faire une idée globale, rien de plus sympathique que de prendre un rafraîchissement sur l’une des terrasses en hauteur du Café de France. Belles poteries, jolie table Il est temps de s’évader à travers les souks, et de se perdre dans les recoins de la médina. Le dédale des allées bordées de multiples petites échoppes traditionnelles ou touristiques vous entraînera ici au souk des épices et là, au souk des babouches, ou encore, à celui des potiers. Dans ce dernier, les réalisations sont toutes plus colorées les unes que les autres. Il faut surtout garder un peu de place dans ses bagages pour ramener des plats, bols ou assiettes typiques qui embelliront quelques dîners.


MAR RAK EC H À la tombée de la nuit, sous le regard du minaret de la Koutoubia, la place Jemaa El-Fna propose une ambiance inoubliable. EN HAUT

Le souk des épices foisonne d’étals colorés. EN BAS

© Ave Calvar

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T R I P C I TY

Surtout, ne pas résister à la tentation des pâtisseries marocaines… À GAUCHE

© Marie Tissier

La Maison Arabe plonge les visiteurs dans le luxe d’un riad de la médina. AU MILIEU

© Maison arabe

Plusieurs parties du palace historique La Mamounia ont été réaménagées en 2023. À DROITE

© La Mamounia

Depuis 100 ans, La Mamounia est le repaire des personnalités du monde entier. EN BAS

© Alan Keohane

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MAR RAK EC H Côté déco, on trouve son bonheur dans tous les coins. Mais comment faire pour expédier ce tapis ou ce lustre à son domicile ? Pas de problème : les vendeurs ont l’habitude d’envoyer toute sorte d’objets encombrants en Europe, c’est leur quotidien. En tout, 18 souks (laine, cuivres, vêtements, ferronnerie, bijoux, bois, tannerie, pâtisseries…) se relaient dans une boucle infinie. Riad et cooking class Toujours en plein cœur de la médina, à quelques encablures de la mosquée Bab Doukkala, la Maison Arabe est un lieu magique. Dans ce ravissant hôtel de luxe, on retrouve tout le charme féérique du Maghreb. Toutes les chambres de ce riad sont étudiées dans le détail, depuis les boiseries, à la qualité des tissus et des cuirs qui recouvrent lits et fauteuils. Et ici, on a fait de la gastronomie un art de vivre : la Maison Arabe consacre un bâtiment entier pour proposer des cours de cuisine marocaine aux touristes, dans ses installations hors du commun. La centenaire Mamounia En sortant de la médina, une autre adresse incontournable : La Mamounia. Depuis un siècle, cet hôtel de luxe trône comme LA référence hôtelière du Maroc. Et ce malgré tous ses magnifiques voisins. Cet ancien bâtiment Art déco, redécoré par Jacques Garcia, puis Patrick Jouin et Sanjit Manku, en 2023, à l’occasion du centenaire des lieux, a reçu Winston Churchill, Édith Piaf, Charles Aznavour, Paul McCartney, Patrick Bruel, Nicole Kidman, Jacques Chirac et bien d’autres. Côté gastronomie, le salon de thé Pierre Hermé et les quatre restaurants de haute volée de l’hôtel ont sans doute aidé à ce que La Mamounia soit élue en juillet 2024 deuxième plus bel hôtel de luxe au monde par le magazine « Robb Report ».

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T R I P C I TY

Inaugurées cette année, les nouvelles chambres familiales du Club Med reprennent les couleurs du Jardin Majorelle. EN HAUT

© Club Med

Au cœur de la Palmeraie, le Club Med Marrakech offre calme, saveurs et découvertes. EN BAS

© Club Med

En famille dans la Palmeraie Un peu plus loin, au calme de la Palmeraie, une autre institution se démarque dans la Ville rouge depuis vingt ans : le Club Med. Une autre façon de découvrir Marrakech et ses trésors. Au cœur de ce complexe à la végétation luxuriante de 67 hectares qui a évolué en 2024 en proposant un nouvel îlot réservé aux familles, un secret : l’assiette. Du matin au soir, les repas élaborés par des chefs sont de véritables explorations du Maroc. Ici, priorité aux produits locaux, fruits, légumes, viandes, poissons, tous issus de filières locales en partenariat avec Agrisud, une ONG qui lutte contre la précarité des agriculteurs en Afrique. Une qualité de repas rare pour des vacances en all inclusive. All inclusive encore, et de belle qualité toujours, les activités proposées dans ce resort situé à 10 minutes en navette de la place Jemaa El-Fna, sont nombreuses : golf, équitation, tennis, yoga, trapèze, tir à l’arc, basket, beach-volley, vélo… et ce, pour tous les âges et tous les niveaux. Un endroit donc pour profiter pleinement de sa famille, toutes générations confondues, en découvrant tranquillement les multiples délices de Marrakech.

Luxair propose des vols directs vers Marrakech les mardis et vendredis, du 29/10/2024 au 09/05/2025. luxair.lu

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MAR RAK EC H

8 choses à faire à Marrakech Déambulations, visites, sorties… voilà quelques découvertes indispensables à un séjour qui laissera des souvenirs impérissables.

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1 Place Jemaa El-Fna Centre névralgique de la médina, voilà le lieu le plus animé de Marrakech. Dresseurs de singes, charmeurs de serpents, vendeurs en tout genre, musiciens, danseurs… Estomacs fragiles : évitez les jus d’orange.

2 Souks Armez-vous de patience et n’hésitez pas à négocier les prix : dans le dédale des souks, vous trouverez épices, poteries, tapis, bijoux, maroquinerie, olives, fruits secs, vêtements, pâtisseries, babouches… et dépaysement.

3 La terrasse des épices Au beau milieu de la médina, ce rooftop animé et tendance propose un moment de détente festive pour boire un verre avec vue ou pour goûter la cuisine fusion marocaine et méditerranéenne.

4 Jardin Majorelle Ce paisible jardin et sa villa Art déco ont été fondés par Jacques Majorelle, fils de l’ébéniste nancéien Louis Majorelle. Ses murs bleus et ses plantes venues des cinq continents attirent tous les ans 800 000 visiteurs.

terrassedesepices.com

jardinmajorelle.com

5 Musée Yves Saint Laurent Depuis 2017, ce petit musée propose un coup d’œil sur des collections du célèbre couturier qui vivait en partie à Marrakech. Il avait acheté et fait réaménager le jardin et la villa Majorelle attenants.

6 Jardin de la Ménara Près du quartier Hivernage, ce jardin de plus de 100 hectares est un emblème de Marrakech, inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Son large étang bordé de milliers d’oliviers est un lieu propice à la détente.

7 Palais Jad Mahal Vous voilà arrivé dans le temple des mille et une nuits. Dans ce restaurant huppé, vous pouvez dîner en assistant à différents shows, de la danse orientale aux cracheurs de feu, dans un cadre féérique.

museeyslmarrakech.com

palaisjadmahal.com

8 Bô Zin S’il est un peu excentré, ce restaurant feutré et chaleureux vaut le détour. Ici, musique live et branchée, ambiance festive et dansante. À l’intérieur comme dans les jardins, tout est là pour passer une soirée magique.

bo-zin.com

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R EC E T T E

Le goût de Marrakech Se rendre dans la Cité ocre sans goûter aux délices des tajines serait une hérésie. Afin de rapporter chez soi un peu de ces saveurs de là-bas, voici un plat prestigieux, souvent préparé en période de fêtes, comme le ramadan. La recette est issue du livre de Mehdiya Kerairia intitulé « Habibi », recettes du Maghreb (éd. Webedia Books, 248 p. 27 €), qui délivre 80 trésors de la cuisine d’Afrique du Nord. Ici, la recette propose du bœuf, mais si le tajine « hlou » (« sucré ») est inspiré de l’Algérie, il est aussi courant de trouver cette recette avec de la viande d’agneau à Marrakech.

Recette Mehdiya Kerairia

Photo Paula Soryano

Tajine Hlou Bœuf, pruneaux & abricots secs 4 personnes

30 minutes

∙ 500 g de viande de bœuf ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙

(jarret ou épaule) 100 g de pruneaux secs 100 g d’abricots secs 50 g d’amandes émondées (blanches) 1 oignon 2 gousses d’ail 1 c. à s. de beurre 2 c. à s. d’huile d’olive 1 c. à c. de gingembre moulu

1 heure

∙ 1 c. à c. de curcuma ∙ 50 g de gros raisins secs blonds de Corinthe

∙ 1 étoile de badiane ∙ 1 bâton de cannelle ∙ 1 gousse de vanille ∙ 1 c. à s. de miel ∙ 1 c. à c. de fleur d’oranger ∙ 3 c. à s. de sucre ∙ une pincée de sel ∙ une pincée de poivre

Éplucher et émincer l’oignon. Éplucher et hacher l’ail. 2 Dans une cocotte, faire chauffer le beurre et l’huile d’olive. Y faire revenir l’oignon et l’ail. Ajouter la viande de bœuf et la saisir quelques minutes à feu vif. Ajouter le gingembre, le curcuma, le sel, le poivre et mélanger. Ajouter un verre d’eau, couvrir et faire cuire 45 minutes à feu doux, jusqu’à ce que la viande soit bien tendre. Ajouter un peu d’eau en cours de cuisson si la sauce réduit trop. 1

Placer dans une casserole les abricots, les raisins, l’étoile de badiane, le bâton de cannelle, la gousse de vanille, le miel, l’eau de fleur d’oranger et le sucre. Ajouter une louche de jus de cuisson et laisser confire à feu doux environ 15 minutes. Ajouter le mélange de fruits secs confits, et le jus de la cocotte avec la viande puis poursuivre la cuisson 5 minutes à feu doux. 4 Disposer les morceaux de viande et les fruits secs dans une assiette, arroser avec un peu de jus et parsemer d’amandes émondées torréfiées. 3

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Osaka et Kyoto, le duo gagnant Texte & photos Lydia Mutsch

Osaka et Kyoto sont distantes d’à peine 40 kilomètres et pourtant fondamentalement différentes. Les deux villes font partie des destinations touristiques japonaises les plus visitées et, avec l’EXPO 2025, les yeux du monde entier seront rivés vers le pays du soleil levant l’année prochaine.

En 2025, la métropole d’Osaka accueillera pour la deuxième fois, après 1970, l’exposition universelle EXPO. Plus de 150 pays participent à ce méga-événement ; une quarantaine d’entre eux seront représentés par leurs propres pavillons, dont le Luxembourg. D’avril à octobre, des concepts d’avenir innovants seront présentés sous le slogan « Designing Future Society for Our Lives ». L’occasion idéale de découvrir non seulement la grande ville animée d’Osaka, mais aussi l’ancienne cité impériale de Kyoto, située à une quinzaine de minutes en train et considérée comme le cœur culturel du Japon. Osaka : histoire et plaisir Moderne et ouverte sur le monde, Osaka est la capitale vibrante de la région du Kansai, facilement accessible en deux

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heures et demie à peine depuis Tokyo par le train à grande vitesse Shinkansen. Elle dégage une atmosphère décontractée et est en outre considérée comme le haut lieu culinaire du pays. Certes, la troisième plus grande ville du Japon ne possède pas autant de monuments historiques et de temples fascinants que Kyoto, mais elle vaut vraiment la peine d’être visitée ! L’emblème d’Osaka est l’imposant château du même nom, dont l’histoire mouvementée remonte à 1583. Une photo ou un selfie devant ce magnifique édifice situé sur une colline est un passage obligé dans votre aventure japonaise ! Le château d’Osaka est entouré du magnifique jardin Nishinomaru, véritable plaisir pour les yeux en toute saison. Les Japonais adorent le shopping et le divertissement, et comme toute grande ville nippone, Osaka abrite d’excellentes


JAP O N Dotonbori est le quartier animé d’Osaka et un paradis pour la street food. À GAUCHE

Les préparatifs pour l’exposition universelle EXPO 2025 battent leur plein. À DROITE

Le célèbre château d’Osaka est le symbole de la troisième plus grande ville du Japon.

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T R I P C I TY

Le rituel de la cérémonie du thé classique a une longue tradition au Japon. À GAUCHE

Les steaks de Kobe sont traditionnellement préparés sur un grand grill Teppanyaki. AU MILIEU

Les okonomiyaki sont des crêpes gourmandes et savoureuses, préparées avec amour. À DROITE

Le pavillon d’or Kinkaku-ji, d’une beauté parfaite, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. À GAUCHE

La célèbre forêt de bambous d’Arashiyama est l’un des incontournables d’une visite à Kyoto. À DROITE

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JAP O N rues commerçantes et d’innombrables adresses pour les noctambules. Dans le quartier de Dotonbori, vous pourrez flâner le long du canal à la tombée de la nuit et vous imprégner de l’atmosphère vibrante de cette artère, où les néons des enseignes, les lumières des magasins, des bars et des restaurants se reflètent dans l’eau et se fondent avec les phares des bateaux pour créer un spectacle lumineux fascinant. Prenez un selfie devant le célèbre panneau publicitaire du Glico Running Man et dégustez de délicieuses spécialités de street food comme le takoyaki (délicieuses boulettes de pâte farcies au poulpe), l’okonomiyaki (épaisse crêpe gourmande garnie) ou le kushikatsu (savoureuse brochette de viande et de légumes panée et frite). Les palais les plus exigeants en matière de gastronomie seront également comblés. Goûtez aux énormes coquilles Saint-Jacques grillées dans l’un des restaurants de spécialités du marché local de Kuromon, qui abrite également un grand nombre d’établissements proposant des plats de viande de première qualité. Les bœufs Wagyu, dont les gourmets raffolent et dont font partie les bœufs de Kobe, sont élevés dans la région selon un cahier des charges très strict ; leur viande se distingue par sa tendreté, sa texture persillée et son goût inimitable. Kyoto : le cœur culturel du Japon Peu de pays au monde allient tradition et modernité d’une manière aussi fascinante que le Japon. Ce mélange unique est particulièrement perceptible à Kyoto. L’une des rares villes japonaises à avoir été épargnée par les destructions dévastatrices de la Seconde Guerre mondiale, cette ancienne cité impériale, dont l’histoire remonte à plus de 1 200 ans, est un véritable aimant à touristes. Nichée dans

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T R I P C I TY

L’une des trois vues les plus pittoresques du Japon peut être admirée à Amanohashidate.

un magnifique paysage naturel, Kyoto enchante avec ses innombrables temples et sanctuaires shinto, ses ruelles romantiques, ses bâtiments traditionnels et ses jardins artistiques. Avec un million et demi d’habitants, la capitale culturelle du Japon est l’une des plus grandes métropoles de la région du Kansai, avec Osaka et Kobe. En raison de son patrimoine culturel incommensurable, de ses multiples curiosités, sans oublier sa cuisine raffinée, Kyoto mérite un séjour de trois à quatre jours au minimum, et, idéalement, d’une semaine entière ! Réservez de préférence un hôtel dans l’un des quartiers traditionnels

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de Gion ou Higashiyama pour explorer à pied la magnifique vieille ville avec ses innombrables petits restaurants, boutiques, maisons de thé et temples. Avec un peu de chance, vous pourrez apercevoir les mystérieuses et très photogéniques geishas dans leurs kimonos colorés. Promenez-vous le long du célèbre Chemin de la Philosophie, du pavillon d’argent Ginkakuji au temple zen Nanzenji. De nombreux temples et sanctuaires de Kyoto sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et fascinent les visiteurs locaux et internationaux. Les incontournables sont l’idyllique pa-

villon d’or Kinkakuji, le célèbre sanctuaire Fushimi-Inari-Taisha et ses milliers de portes torii, le magnifique temple Kiyomizudera et sa fameuse véranda en bois, ainsi que la forêt de bambous Arashiyama à l’ouest de Kyoto. Pour de nombreux visiteurs, Kyoto est considérée comme l’une des plus belles villes du Japon et, avec la ville voisine d’Osaka et les destinations environnantes de Nara, Kobe, Amanohashidate et Ine, elle offre un aperçu fascinant du pays du soleil levant. Mais attention, vous risquez d’y laisser votre cœur et de n’avoir qu’un seul désir : revenir le plus vite possible !


JAP O N

Breviarium

CHINE

RUSSIE

CORÉE DU NORD

36° N 138° E japan.travel/en

JAPON

CORÉE DU SUD

Tokyo Kyoto

Osaka

À faire absolument Réservez à l’avance votre billet pour le spectaculaire Umeda Sky Building et sa vue imprenable. Vous pouvez également profiter d’une vue panoramique sur la ville depuis la grande roue rouge du centre commercial HEP Five, une autre curiosité d’Osaka. skybldg.co.jp

hepfive.jp

À éviter Les Japonais sont des gens très disciplinés et consciencieux, c’est pourquoi vous devrez respecter une règle de base essentielle au Japon : ne pas être en retard ! Si les Japonais parviennent à faire partir et arriver tous les trains à l’heure, vous devriez également réussir à être à l’heure au restaurant ou à respecter l’horaire d’un rendez-vous. Sinon, il y a de fortes chances que la table que vous avez réservée ne soit plus libre ou que votre bateau parte sans vous.

Trésors cachés N’hésitez pas à assister à une cérémonie traditionnelle du thé à Kyoto. C’est une expérience indispensable pour mieux comprendre l’importance du thé dans la culture japonaise et la place de ce rituel. Le thé matcha vert en poudre est préparé sous vos yeux par l’hôte dans un cadre harmonieux et esthétique. Il est généralement accompagné d’un daifuku mochi, un petit gâteau de riz gluant sucré et fourré de pâte de haricots rouges (anko), à la texture et au goût très particuliers. tea-kyoto.com

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R EC E T T E

Le goût d’Osaka C’est la spécialité d’Osaka par excellence. Les takoyaki, petites sphères de pâte à crêpe salée garnies de poulpe (« tako » en japonais ) font le régal de nombreux Japonais adeptes de street food, mais aussi des touristes. Impossible de se balader le soir dans Soe Mon Cho ou Dotonbori street sans tenir dans ses mains sa petite caissette en carton garnie de six boulettes encore fumantes. Voici une recette pour recréer à la maison ce délicieux souvenir nippon. Mais pour les réaliser, il faudra au préalable s’équiper de plaques chauffantes dédiées et d’un réchaud !

Takoyaki 4 personnes

20 minutes

20 minutes

∙ une poignée de morceaux de poulpe

∙ 360 ml de dashi (bouillon japonais

∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙

∙ ∙ ∙

cuit (environ 120 gr) 120 g de farine de blé 1/2 sachet de levure chimique une pincée de sel 1 c. à c. de sauce soja 1 c. à s. de gingembre rouge mariné 2 œufs 2 cébettes

∙ ∙

en poudre à diluer) huile de coco sauce mayonnaise japonaise (Kewpie) sauce Otafuku takoyaki ou okonomiyaki aonori (algue en flocons) Katsuobushi (flocons de bonite séchée)

Émincer les cébettes et le gingembre rouge. Piler 4 g de bonite séchée et réserver la poudre. 2 Dans un premier récipient, mélanger la farine, le sel et la levure chimique. Dans un autre récipient, mélanger les œufs et la sauce soja et verser dans le premier récipient. Fouetter et ajouter doucement le bouillon de dashi jusqu’à l’obtention d’une une pâte bien liquide. 3 Huiler la plaque à takoyaki avec de l’huile de coco à l’aide d’un pinceau. Faire chauffer la plaque (200 °C). 4 Une fois la plaque chaude, verser la pâte à ras bord des creux. Ajouter dans chaque emplacement un à trois morceaux de poulpe, et saupoudrer de gingembre rouge et de poudre de bonite séchée. 1

Disperser également la cébette émincée. Attendre environ 3 minutes jusqu’à ce que le fond ait légèrement durci. À l’aide de baguettes en bois ou de pics à brochettes, briser la pâte entre les trous et faire tourner les takoyaki à 90 degrés dans le moule de la plaque chaude, en repliant les bords vers l’intérieur. Répéter l’opération plusieurs fois pour qu’ils prennent une forme ronde et régulière. 7 Une fois que les takoyaki sont bien ronds et bien dorés, ils sont prêts. 8 Pour terminer, ajouter la mayonnaise Kewpie, la sauce otafuku pour takoyaki (ou okonomaki), l’algue aonori en flocons et les copeaux de bonite séchée. 5 6

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AV E N T U R E

Sénégal, Terre de la Teranga Texte Maïté van der Vekene

Le Sénégal, à l’ouest de l’Afrique, allie une riche histoire, une culture vibrante et des trésors naturels. Il séduit par ses traditions, sa musique, et ses sites historiques. Ses paysages variés, entre savanes et côtes, en font une destination prisée pour la découverte.

Mon coup de cœur pour le Sénégal s’explique principalement par ses gens. Leur chaleur se reflète dans le mot « Teranga ». En wolof, Teranga vient de « teer/ teerul », qui signifie « accueillir ». Ce mot renferme les valeurs d’hospitalité, de partage et de solidarité des Sénégalais. Ce terme, fièrement revendiqué, rappelle que le Sénégal a toujours été un lieu de brassage des peuples et des cultures. En faisant preuve de générosité envers tous, sans distinction de nationalité, de religion ou de classe sociale, un sentiment de sécurité et d’accueil se crée pour chacun. Dakar : une métropole dynamique Lors d’une première visite au Sénégal, il est évident que Dakar doit être une priorité, avec son riche patrimoine culturel et historique. Si pour certains, Dakar

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est synonyme de bruit, de fureur et d’embouteillages, de mon point de vue la ville revêt une autre aura, dont le charme se dévoile vite à travers son énergie contagieuse et son dynamisme créatif, portés par une population dont plus de la moitié est âgée de moins de 20 ans. Colorés et vivants, les marchés de la capitale méritent le détour. En particulier le marché de Soumbédioune, considéré comme le poumon économique et culturel de la ville avec ses pirogues bigarrées. Spécialisé dans la vente de poisson mais également reconnu comme un espace de choix pour la création et la présentation de l’artisanat local, le marché accueille de nombreux artisans issus de divers domaines, tels que la maroquinerie, la poterie, la bijouterie, le tissage, la reliure, la vannerie, et bien plus encore.


S É N ÉGAL Moments de joie sur une plage au coucher du soleil, où le football unit la jeunesse sénégalaise. EN HAUT

© Maïté van der Vekene

Plage de l’île de Gorée face à l’embarcadère. EN BAS

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AV E N T U R E

La Maison des Esclaves, date de 1776 et a été construite par les Hollandais. À GAUCHE

Bateaux de pêcheurs dans le port de Saint Louis. À DROITE

Excursion au Parc national du Delta du Saloum, empreinte de biodiversité et de magnifiques paysages. EN BAS

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S É N ÉGAL L’île de Gorée : mémoire et histoire Bien qu’un peu écartée de la côte, mais facile d’accès depuis le port de Dakar, l’île de Gorée, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, est un site symbolique de la traite des esclaves, qui dura 300 ans. Sur cette période, des milliers d’Africains de la côte ouest du continent ont transité par Gorée avant d’embarquer vers les colonies. La fameuse maison des esclaves, bâtie à la fin du XVIIIe siècle, retrace ce sombre passé. Malgré son histoire, l’île de Gorée est aujourd’hui baignée par une douce atmosphère un peu hors du temps où il fait bon flâner. Du fait de son occupation portugaise, néerlandaise, anglaise et française, l’île de Gorée a conservé un grand nombre de beaux bâtiments coloniaux de styles variés. De plus, c’est une île très fleurie, avec de jolies petites plages, et sans voiture. En quittant Dakar, nous avons pris la route vers la ville historique de SaintLouis avec Adama, notre chauffeur local. Le voyage à travers les paysages ruraux du Sénégal est captivant, mais demande de la patience, car les routes traversent surtout des petits villages, ponctués de nombreux ralentisseurs qui allongent considérablement le trajet. Cependant, ce rythme permet d’observer la vie quotidienne : ici des enfants jouent, là des femmes vendent des tissus, là encore des ânes tirent des charrettes, et bien d’autres scènes de vie encore. Saint-Louis : une ville au charme colonial À mon arrivée à Saint-Louis, également classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, j’ai tout de suite été séduite par le charme désuet de son passé colonial. L’architecture française de l’époque raconte une ère révolue, tandis que l’énergie vibrante de la ville se fait sentir dans chaque rue. L’un des moments les plus marquants a été la découverte de N’Dar Toute, un quartier populaire

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AV E N T U R E

Parc National des oiseaux du Djoudj, un sanctuaire vital pour les Pélicans Blancs.

où une foule joyeuse, rassemblant des personnes de tous âges, emplissait l’air d’une ambiance de fête et de résilience, rappelant la vitalité qui caractérise la culture sénégalaise. La faune et la flore des parcs nationaux À une soixantaine de kilomètres au nord de Saint-Louis, nous avons visité le Parc National des oiseaux du Djoudj, réputé principalement pour abriter la plus importante colonie de pélicans blancs en Afrique de l’Ouest. Véritable paradis pour les amoureux de la nature et des oiseaux migrateurs, le parc constitue la troisième réserve ornithologique du monde avec des paysages à couper le souffle.

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En poursuivant le voyage, nous avons rejoint le Désert de Lompoul qui est situé à mi-chemin entre Dakar et Saint-Louis. C’est en fait un tout petit désert qui s’étend sur 18 km² uniquement, mais dont les dunes de sable de couleur ocre sont superbes. Une nuit sous les étoiles y est amplement suffisante avant d’entamer la dernière étape du voyage qui nous a conduits au sud, dans une région réputée pour ses mangroves, ses îles de sable et ses voies navigables, le Parc National du Delta du Saloum. Glisser à travers ses eaux calmes sur une pirogue nous a offert un répit bienvenu après les longues heures de route. Voyager au Sénégal, c’est plonger dans une aventure pleine de contrastes.

Ni luxe haut de gamme ni raccourcis sur les longs trajets, mais une immense beauté dans chaque paysage, chaque rencontre, chaque expression culturelle. Avec un esprit ouvert à l’inconnu et une soif d’aventure, le Sénégal vous comblera de souvenirs inoubliables.

Luxair propose des vols vers Dakar le mardi (du 15/10/24 au 29/04/25) et le dimanche (du 27/10/24 au 30/03/25). luxair.lu


S É N ÉGAL

Breviarium

tourisme.gouv.sn

14° N 14° O

Parc National des oiseaux du Djoudj MAURITANIE

Saint-Louis

Désert de Lompoul

Île de N’Gor Dakar

Lac Rose

SÉNÉGAL

Île de Gorée

MALI

Parc National du Delta du Saloum

GAMBIE

GUINÉE-BISSAU

GUINÉE

À faire absolument Ne pas avoir peur de goûter aux plats typiques locaux et explorer la richesse de la cuisine sénégalaise. En effet, le pays a la réputation d’offrir la meilleure cuisine d’Afrique de l’Ouest, un mélange fascinant de pratiques culinaires traditionnelles, d’influences coloniales et de spécialités régionales en fonction des saisons. De plus, soyez conscient des coutumes locales, à savoir l’utilisation de votre main droite pour manger.

À éviter Le Lac Rose est une étape que l’on dit incontournable lors d’un voyage au Sénégal. Cependant, il faut que les conditions idéales soient réunies pour profiter de ce spectacle. En effet, le Lac Rose n’est pas toujours rose, il est même désormais fané de son rose éclatant d’autrefois et devenu verdâtre suite à de fortes pluies. Ainsi, réfléchissez-y à deux fois si vous souhaitez faire un énorme détour pour aller le voir, plutôt que de privilégier une autre expérience lors de votre voyage.

Trésors cachés Admirer le coucher de soleil sur Dakar tout en prenant l’apéritif au restaurant du Phare des Mamelles, enchaîner par un dîner au restaurant le Lagon 1, terminer la soirée au Le Thiossane, la discothèque de Youssou N’Dour, qui s’y produit de temps en temps. Pour une journée calme et loin de l’effervescence urbaine, pour profiter de plages non loin de la capitale, opter pour l’île de N’Gor ou l’île de Gorée.

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R EC E T T E

Le goût du Sénégal C’est un plat riche et savoureux, profondément enraciné dans la culture culinaire du pays. Préparé avec du riz, du poisson, des légumes variés (patates douces, aubergines, carottes) et de la sauce tomate, c’est un mets particulièrement riche en saveurs. Rapide à préparer, toute la réussite du Thiéboudienne réside dans sa cuisson lente, offrant au poisson et aux légumes une texture fondante. Un vrai délice !

Le Thiéboudienne 4 personnes

30 minutes

∙ 4 belles dorades ∙ 200 ml d’huile d’arachide ∙ 1 kg de riz cassé (brisure de riz) ∙ 6 tomates ∙ 2 c. à s. de concentré de tomate ∙ 2 c. à s. de persil ∙ 3 feuilles de laurier ∙ 2 carottes

90 minutes

∙ 2 patates douces ∙ 1 aubergine ∙ 2 c. à s. d’oignons séchés ∙ 4 c. à c. d’ail semoule ∙ 2 cubes de bouillon de légumes ∙ 4 à 6 piments oiseau ∙ sel ∙ poivre

Dans un premier temps, préparer la garniture des dorades. Mélanger le persil, la moitié de l’ail et des piments, un cube de bouillon de légumes, et piler le tout au mortier. 2 Rincer et sécher les poissons préalablement vidés et les farcir à l’aide du mélange. Fermer les poissons à l’aide de cure-dents. 3 Dans une cocotte, faire chauffer l’huile et faire frire les poissons 5 minutes de chaque côté à feu moyen. 4 Baisser l’intensité du feu et ajouter l’ail et les piments restants, puis l’oignon et laisser cuire de nouveau pendant 5 minutes. 5 Ajouter alors les tomates coupées en dés et le concentré de tomate, ajouter le cube de bouillon de légumes restant, les feuilles de laurier et 10 cl d’eau, puis laisser mijoter environ 20 minutes à feu doux. 1

Pendant ce temps, couper en gros morceaux les carottes, l’aubergine et les patates douces. 7 Ajouter les légumes dans la cocotte et laisser à nouveau cuire environ 30 minutes. 8 Retirer alors les légumes et les dorades, puis ajouter le riz et environ 1 litre d’eau, de sorte que cette dernière recouvre largement le riz. Laisser cuire pendant 20 minutes. 9 Servir d’abord le riz, puis les légumes et enfin le poisson, dans chaque assiette. 6

ASTUCE Il existe autant de versions différentes que de recettes de ce plat… N’hésitez pas à remplacer la dorade par d’autres poissons blancs, ou à compléter les légumes avec des poivrons, du manioc, etc. Bon appétit !

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C U L I N A I R E

Un Pōwhiri est une cérémonie d’accueil maori, composée de Whaikōrero (discours formel), de Waiata (chant) et de Kai (repas). EN HAUT

© Graeme Murray

Forêt vierge dense sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Les fougères arborescentes ancestrales, le sol forestier couvert de mousse et les kauris remontent à une époque où la NouvelleZélande faisait encore partie du supercontinent Gondwana. EN BAS

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N O U V E L L E - ZÉ LA N D E

Cuisine de la jungle chez les Maoris Texte Joscha Remus

En maori, la Nouvelle-Zélande porte le nom d’Aotearoa, le pays du long nuage blanc. Collines d’un vert intense, geysers sifflants, volcans enneigés et fjords d’un bleu profond… Un véritable paradis ! C’est pour moi un honneur tout particulier d’être initié aux secrets de l’art culinaire maori par l’un des meilleurs chefs du pays. Un voyage au cœur sauvage de la Nouvelle-Zélande, dans la forêt vierge et la jungle de l’île du Sud. À la découverte des produits frais et de la gastronomie raffinée des Maoris.

Il suffit parfois de plonger pour reprendre son souffle. Enveloppé par un silence total, sans téléphone portable, sans ordinateur, sans batteries, sans électricité, le seul son que j’entends est celui de mon sang qui bat dans mes veines. Ce lieu paisible et reculé se situe sur la côte ouest de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Je me faufile entre les fougères du bush pour laisser derrière moi mon inquiétude comme une peau de serpent tombée sur le sol sombre de la forêt. Je pose mon baluchon sur la terre chaude et m’allonge sur le vert intense entre les arbres Tuatara couverts de lichen, en regardant d’un œil rêveur

les racines aériennes. Mon regard peine à percer cet enchevêtrement chaotique de verdure humide, sans cesse attiré par l’une des plantes grimpantes ou par une guirlande comme fouettée par le vent. Les bonnes raisons ne manquent pas de partir à l’autre bout du monde pour se ressourcer. En Nouvelle-Zélande, il est normal pour certains enfants de jouer dans l’eau avec une horde de dauphins sauvages ou de choisir parmi différentes activités scolaires comme le saut à l’élastique, le hockey subaquatique et la course de bateaux-dragons. Mais je leur laisse volontiers ces sports d’adrénaline.

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C U L I N A I R E

Ma passion réside plutôt dans la jungle, et l’île du Nord, près de la ville maori de Rotorua, en regorge. Voici le récit de ma promenade en compagnie de Charles Pipi Tukukino Royal, philosophe et cuisinier maori renommé, dans la forêt tropicale toujours verte que les locaux appellent tout simplement le bush. Le comptoir des épices dans la jungle « En Nouvelle-Zélande, une révolution est en train de s’opérer dans l’esprit de nos cuisiniers », m’explique Charles Royal. « Pendant trop longtemps, notre cuisine a été inféodée à celle du royaume britannique et s’est focalisée exclusivement sur l’art culinaire anglais. Le petit-déjeuner traditionnel composé de bacon, de haricots, de boudin noir frit, de pain de mie grillé dans la graisse et de saucisses, jadis conçu pour les mineurs anglais, ne convient tout simplement pas à la Nouvelle-Zélande moderne ». Les plantes que Royal me présente lors de notre première excursion dans la brousse me sont pour la plupart inconnues. Seule la jeune fougère vert foncé en forme de spirale appelée pikopiko m’est familière. Cette fronde de fougère argentée, connue sous le nom de koru, est le symbole national de la Nouvelle-Zélande et incarne le renouveau et la croissance. Aujourd’hui, on trouve aussi ces pousses de fougères croquantes dans les salades gourmandes les plus raffinées du pays, comme au restaurant Logan Brown à Wellington, où elles sont servies en accompagnement délicat du sanglier ou de la langouste. Royal me conduit à l’orée d’une clairière qu’il décrit comme le comptoir des épices de la jungle. Il cueille délicatement quelques pointes de fougères vert jade, un peu de kawakawa, un basilic sauvage de brousse, et quelques feuilles d’horopito brillantes et parsemées de points rouges, également connues sous le nom d’arbre à poivre (pepperwood) en Nouvelle-Zélande.

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© Natalia Minton

Le kawakawa, une plante de la famille des poivriers, est utilisé par les Maoris tant dans leur cuisine que lors de cérémonies traditionnelles. À DROITE

N O U V E L L E - ZÉ LA N D E

Le Koru, la pousse spiralée de la fougère argentée, est devenu l’un des symboles les plus célèbres de la Nouvelle-Zélande. À GAUCHE

© Judi Lapsley Miller

La plage de Hatei avec sa grotte, Cathedral Cove, et son arche naturelle façonnée par la roche. EN BAS

© Galyna Andrushko

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C U L I N A I R E

Le chef maori Charles Royal prépare dans son studio à Rotorua une salade de jeunes pousses de fougère avec des ingrédients frais issus de la forêt ancestrale. EN HAUT

© Cinzia Jonathan

Les sculptures des mâts totémiques maori sont un héritage vivant de leur culture, des histoires ancestrales habilement racontées à travers le bois. À GAUCHE

© Raphael Ben-Ari

Le traditionnel repas hāngī, accompagné de patates douces, est préparé sous terre et servi fumant à la surface. À DROITE

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N O U V E L L E - ZÉ LA N D E En ce qui concerne les ingrédients frais de la jungle, il n’est guère utile de s’attarder sur la traduction littérale des termes maoris. Les dénominations imagées telles que le chardon de l’oie (laiteron) et le champignon oreille de porc (chanterelle violette) peuvent sembler déroutantes mais font toute la poésie de la gastronomie maorie. De retour dans sa cuisine de Rotorua, Royal utilise ces ingrédients frais, y compris la pirita, des liliacées aux pousses semblables à celles des asperges, des roquettes de Nouvelle-Zélande et d’autres herbes sauvages, pour créer un délice aux reflets émeraude. Pour finir, une fine pluie de vinaigre balsamique vient compléter ces assiettes de la jungle, accompagnée d’un peu de parmesan râpé, d’un soupçon de sel de roche et de jeune fougère caramélisée. Les arômes riches et terreux se déploient en bouche avec une densité incroyable, et je savoure religieusement cette forêt tropicale miniature. Le four des cannibales Cependant, la cuisine des Maoris n’a pas toujours été aussi pacifique et végétale que celle de Charles Royal aujourd’hui. Les journaux de bord des premiers explorateurs européens de la Nouvelle-Zélande, Abel Tasman et James Cook, décrivent un rituel que les Maoris pratiquaient jusque vers 1820 : la consommation de la chair des ennemis vaincus afin de s’approprier leur mana (leur force et leur puissance). Cette pratique a perduré jusqu’au début du XIXe siècle et a largement contribué à la réputation de cannibales des Maoris. La méthode de préparation traditionnelle, connue sous le nom de hāngī, a survécu à ces temps obscurs et est encore utilisée aujourd’hui lors de fêtes et d’occasions spéciales, lorsque l’agneau, le poulet et le poisson sont cuits dans un four de terre creusé à la main.

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C U L I N A I R E

Le cône parfait du mont Taranaki, couvert de neige, à l’ouest de l’île du Nord. Un volcan géologiquement jeune, âgé de seulement 135 000 ans.

Vers 1850, fasciné par la méthode hāngī, le chercheur allemand Julius von Haast tente de l’importer à Vienne pour la faire figurer sur les menus du Wurstelprater, à grand renfort de publicité, sous l’appellation « à la cannibale ». Aujourd’hui encore, un repas hāngī est empreint d’un parfum d’aventure. Le gourmet et pêcheur amateur Lawrence Wharerau, par exemple, a mis au point une méthode pour conférer à son repas cuit dans la terre toute la saveur iodée de la mer. Il chauffe un trou dans le sol avec du bois dur et emmagasine ensuite la chaleur avec des pierres de lave. Autrefois, au sein des familles, on se transmettait même les meilleures pierres pour un hāngī, raconte-t-il. Dans des paniers tressés recouverts de feuilles de chou, Wharerau superpose de l’agneau Hokitika, des carottes, du kumara (patate douce) et des panais. La couche supérieure est constituée de courge, de romarin sauvage et de cresson de fontaine, qui sont ensuite recouverts de tissus en coton imbibés d’eau. La cuisson à la vapeur peut durer des heures et, juste avant la fin, Wharerau glisse des moules vertes sous les linges. La chaleur ouvre alors les coquillages, qui répandent ainsi leur délicieux parfum marin sur les aliments placés en dessous.

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N O U V E L L E-Z É L AN D E

Breviarium

Auckland Kitekite Falls

Coromandel

Rotorua L’ÎLE DU NORD

NOUVELLE-ZÉLANDE Taranaki

Parc national de Kahurangi

Parc national de Whanganui

Wellington

40° S 174° E newzealand.com

L’ÎLE DU SUD

Stewart Island

À faire absolument Ne manquez pas la visite de la grotte marine de Cathedral Cove, sur la plage cachée de Mercury Bay, dans la péninsule de Coromandel. Dans le parc national de Whanganui, vous embarquerez pour une excursion en canoë à travers des forêts tropicales anciennes. Dans le Parc national isolé de Kahurangi, vous vous envolerez au-dessus de la rivière et de la jungle le long d’une tyrolienne Flying Fox. Aux Mokoroa Falls, près d’Auckland, des sentiers de randonnée tranquilles vous mèneront vers des chutes d’eau intactes. La nature à l’état pur, loin des foules !

À éviter Il ne faut en aucun cas pénétrer dans les sites et les montagnes sacrés des Maoris, à commencer par le mystique mont Taranaki. Si vous souhaitez vous promener sur le territoire des Maoris, vous devez obtenir un permis. Il convient de respecter les coutumes culturelles. Important : retirez vos chaussures avant d’entrer dans un marae, une maison communautaire maorie. Le camping n’est autorisé que dans des endroits désignés afin de garder la nature intacte. En outre, il est interdit de nourrir les oiseaux, en particulier les kiwis.

Trésors cachés Nichée dans les contreforts des Waitakere Ranges se trouve la cascade magique de Kitekite Falls. Un sentier de randonnée sillonnant à travers une épaisse forêt tropicale mène à ce paradis caché où vous pourrez vous baigner dans une eau cristalline. Pour découvrir la Nouvelle-Zélande authentique, il faut se rendre sur la plus méridionale des îles néo-zélandaises, la petite île Stewart Island. On y trouve une nature intacte, des kiwis en liberté et, à Oban, la meilleure « seafood chowder » (soupe de poissons) de l’hémisphère Sud au Restaurant Church Hill.

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R E C E T T E

Le goût de la Nouvelle-Zélande Pour percer les secrets de la cuisine néo-zélandaise, le pain Rewena est incontournable. Ce fascinant pain plat, préparé à base de pâte de pommes de terre fermentée, ouvre une fenêtre sur la culture maorie. Jadis aliment de base, il s’est mué en délice incontournable des festins hangi traditionnels. Cuit dans la terre, le pain Rewena allie savoir-faire ancestral et ingrédients locaux, narrant ainsi l’histoire d’Aotearoa - le pays du long nuage blanc. Une seule bouchée suffit pour goûter l’âme de la Nouvelle-Zélande.

Pain Rewena 1 pain

30 minutes + repos

∙ 500 g de farine ∙ 5 g de sel ∙ 5 g de sucre ∙ 225 g de pommes de terre

45 minutes

∙ 470 ml d’eau tiède ∙ 120 ml de levain (appelé

Rewena en langue maorie)

bouillies et écrasées

Dans un grand bol, mélanger la farine, le sel et le sucre. 2 Dans un autre bol, mélanger les pommes de terre écrasées et l’eau tiède jusqu’à l’obtention d’une consistance lisse. 3 Ajouter le levain au mélange de pommes de terre et bien remuer. 4 Verser le mélange de pommes de terre dans le mélange de farine et remuer jusqu’à former une pâte. 5 Pétrir la pâte sur une surface farinée pendant 10 à 15 minutes. 1

Placer la pâte dans un bol graissé, couvrir d’un linge et laisser reposer dans un endroit chaud pendant 6 à 8 heures. 7 Préchauffer le four à 220 °C. 8 Dégazer la pâte et former un pain rond. Placer le pain sur une plaque de cuisson graissée et laisser lever encore 30 minutes. 9 Faire cuire le pain pendant 35 à 40 minutes, ou jusqu’à l’obtention d’une coloration dorée. 6

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L’univers des voyages de Lydia Plongez dans le monde fascinant du voyage ! Lydia Heinisch, globe-trotteuse passionnée et experte en tourisme chevronnée, a laissé l’empreinte de ses pas dans plus de 90 pays et amassé un trésor d’histoires.

Ses aventures l’ont menée sur tous les continents, où elle a vécu de près les merveilles de notre planète. Dans notre nouvelle série d’interviews, Lydia nous donne un aperçu exclusif des tendances actuelles du secteur, nous révèle ses destinations personnelles préférées et nous partage de précieux conseils d’initiés. En tant que directrice générale de l’ULT, le spécialiste des expériences d’exception, elle se consacre à sa passion pour la conception et la réalisation de moments inoubliables dans des pays lointains. Quelle destination recommanderiezvous pour une expérience authentique hors des sentiers battus ? LYDIA HEINISCH Situées à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï, les îles Cook offrent un climat idyllique, des aventures infinies, du romantisme et de la détente à l’état pur, loin des routes touristiques, avec des températures agréables toute l’année, des plages de rêve, des lagons turquoise, des récifs coralliens multicolores et des montagnes recouvertes d’une forêt tropicale luxuriante. Ce n’est pas sans raison que ce paradis insulaire du sud de l’océan Pacifique fait partie des plus belles destinations touristiques du monde. Quel est le faux pas le plus courant que vous observez en voyage et comment l’éviter ? LYDIA HEINISCH Le non-respect de la culture et des coutumes locales peut conduire à des malentendus et parfois même à des situations désagréables. Il faut absolument veiller à s’habiller de manière appropriée. Dans certains pays, par

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exemple, on attend de vous que vous couvriez vos épaules et vos genoux. Respectez les sites religieux et les traditions. Par exemple, ne prenez pas de photos dans des lieux sacrés lorsque c’est interdit. Quel est votre conseil indispensable pour économiser sur les voyages long-courriers sans compromettre la qualité de l’expérience ? LYDIA HEINISCH Pour trouver le meilleur vol et le prix le plus avantageux, il convient de demander conseil à un expert de l’aérien dans une agence de voyage et de réserver bien à l’avance. Il est également conseillé de prendre un vol de nuit. En décollant le soir, vous pouvez dormir directement dans l’avion et arriver relativement reposé à destination. De cette manière, le biorythme peut s’habituer plus rapidement au décalage horaire. Quelle est la tendance émergente en matière de voyages que vous trouvez particulièrement intéressante ou prometteuse ? LYDIA HEINISCH En ce moment, je m’intéresse particulièrement au slow travel. Ce concept invite à prendre le temps de découvrir réellement une destination plutôt que de se contenter d’enchaîner les attractions touristiques typiques. Il encourage également le voyage durable en mettant l’accent sur la culture, la cuisine et les communautés locales. Quel est votre meilleur conseil pour vous immerger réellement dans la culture locale lors d’un voyage ?

LYDIA HEINISCH Mangez comme les habitants : goûtez aux spécialités du pays. Visitez les marchés locaux : vous pourrez non seulement y faire des achats, mais aussi y discuter avec les gens. Participez à des événements : les fêtes, les concerts ou les manifestations sportives sont une excellente occasion de découvrir la culture de près ; et faites preuve d’ouverture et de curiosité : montrez votre intérêt pour la culture et les traditions et soyez prêt à apprendre de nouvelles choses.

Si vous pouviez inventer une valise magique pour les voyageurs, quel pouvoir inhabituel lui donneriez-vous ? LYDIA HEINISCH Je donnerais à ma valise le pouvoir de s’adapter automatiquement aux besoins du voyageur. Imaginez qu’elle puisse se remplir toute seule, en fonction de votre destination et de ce que vous avez prévu d’y faire. Vous partez à la montagne ? La valise prépare des vêtements chauds et du matériel de randonnée. Des vacances à la plage ? Les maillots de bain et la crème solaire sont déjà à l’intérieur. Si vous pouviez inventer un gadget de voyage futuriste, quelle serait sa fonction ? LYDIA HEINISCH En voilà une idée passionnante. Mon gadget de voyage futuriste permettrait la téléportation ! Ne serait-ce pas fantastique de pouvoir se téléporter d’un endroit à un autre en quelques secondes ? Cela révolutionnerait les voyages et résoudrait de nombreux défis actuels comme les temps de vol à rallonge et la pollution de l’environnement.


P U B L I R E P O R TA G E

OCTA L’Aventure en Première Classe

Puissance et technologie indomptables Le cœur du Defender OCTA bat au rythme d’un moteur V8 hybride Twin Turbo de 4,4L. Avec ses 635 chevaux rugissants, il catapulte ce mastodonte de 0 à 100 km/h en 4 secondes. Le mode OCTA, une exclusivité, libère tout son potentiel sur les terrains les plus exigeants. La suspension 6D Dynamics s’adapte instantanément à chaque surface. À l’intérieur, les sièges « Body and Soul » offrent une expérience sensorielle unique, tandis que la garde au sol rehaussée et la posture élargie affirment sa domination sur tous les terrains. Luxe robuste et appel de l’aventure L’habitacle allie raffinement et durabilité. L’extérieur impose le respect avec son design audacieux et ses nouvelles teintes exclusives comme le Faroe Green. Chaque détail respire l’excellence et l’aventure. Des dunes du désert aux cols montagneux, l’OCTA est dans son élément. Il offre un confort exceptionnel sur route comme en tout-terrain, vous invitant à repousser vos limites avec style.

À partir de 185 000 €, le Defender OCTA est le compagnon idéal pour ceux qui ne font aucun compromis entre luxe et performances extrêmes. L’aventure vous attend, à vous de choisir la destination.


LO I N TA I N VOYAG E

Femme portant le Lei et le Lei Poo (collier et couronne de fleurs) qui, chez les Hawaïens, sont des signes d’estime et d’attachement. EN HAUT

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Ben Ono

Vue sur la mer avec des palmiers sur une plage de rêve. EN BAS

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Ben Ono

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H AWA Ï

Aloha Hawaï ! Texte Detlef Berg

Pour de nombreux vacanciers, Hawaï est la destination de rêve par excellence. L’archipel tropical promet des plages de sable blanc, des colliers de fleurs multicolores, des sons rythmés de ukulélés, des danseurs de hula traditionnels, le romantisme des surfeurs et, par-dessus tout, le doux murmure des vagues. Et le plus beau dans ce cliché ? C’est qu’il est vrai ! Mais Hawaï a encore bien plus à offrir.

L’accueil à l’aéroport d’Honolulu est déjà tout droit sorti d’un livre d’images : « Aloha ! », s’exclame Jimmy Brown en me passant le lei, un collier de fleurs parfumées, autour du cou. Loin d’être un objet touristique kitsch, le lei est considéré par les Hawaïens comme un signe d’estime et d’attachement. On le porte tant que la personne qui nous l’a offert se trouve à proximité. Lors des anniversaires ou d’autres occasions festives, tous les convives arborent généralement ce collier décoratif fleuri. Honolulu ressemble à une métropole américaine typique avec ses gratte-ciel et ses larges autoroutes. Le plus souvent, les touristes se rendent directement dans la banlieue balnéaire glamour de Waikiki pour débuter leurs vacances hawaïennes. Sur la plage se pressent les géants de l’hôtellerie de luxe, dont l’Outrigger Reef Waikiki Beach Resort, qui doit son nom

aux bateaux polynésiens étroits dotés de balanciers stabilisateurs. Waikiki Beach – La plage la plus célèbre d’Hawaï Votre première balade vous mènera le long de l’avenue Kuhio, bordée de palmiers, avec ses boutiques chic et ses nombreux restaurants. L’avenue Kalakaua, parallèle, se transforme ensuite en une promenade de bord de mer. Laissez votre regard se perdre sur l’océan aux reflets turquoise et sur l’agitation décontractée des surfeurs bronzés. Pas de doute, vous êtes à Waikiki, peutêtre la plage la plus célèbre du monde. C’est ici que le champion olympique Duke « The Big Kahuna » Kahanamoku a créé le surf moderne, que le détective du petit écran Thomas Magnum faisait des clins d’œil aux filles en bikini et que les surfeurs cirent leurs longboards en attendant la vague parfaite.

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LO I N TA I N VOYAG E

Il vous faudra une bonne heure pour monter jusqu’au bord du cratère de Diamond Head, qui culmine à 231 mètres. Vos efforts seront récompensés par une vue d’une beauté à couper le souffle sur l’océan Pacifique, le décor des gratte-ciel et la plage de Waikiki. Le meilleur moment pour faire l’ascension du cratère est tôt le matin. C’est là que la lumière est la plus belle et que la température est la plus agréable. Honolulu a également beaucoup à offrir en matière de culture. Ne manquez pas le Bernice Pauahi Bishop Museum, qui abrite une excellente collection d’art polynésien. Depuis les galeries en bois de ses trois étages, les visiteurs peuvent observer sous différentes perspectives un ancien hale (maison) hawaïen au toit de chaume, qui offre un aperçu de la vie des premiers habitants de l’île. Un planétarium attenant explique l’art de la navigation à l’aide des étoiles, tandis que le centre scientifique présente la formation de bulles de lave liquide. Hawaï – Un royaume jusqu’en 1895 L’exploration se poursuit avec une découverte inattendue à Downtown, le centre historique d’Honolulu. Il abrite le Iolani Palace, construit en 1882, seul palais royal des États-Unis. C’est là que résidaient les deux derniers souverains du royaume hawaïen, le roi Kalakaua et sa sœur et successeur, la reine Liliuokalani. La visite émerveille par l’opulence et la modernité de l’aménagement intérieur, notamment le téléphone, l’électricité et le système d’évacuation des eaux usées.

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H AWA Ï Kayak en tandem dans la baie de Kaneohe dans la réserve naturelle du Kualoa Ranch. À GAUCHE

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Ben Ono

Le surf est un must à Hawaï, en tous cas pour les amateurs de sport et les aventuriers. À DROITE

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Ben Ono

La plage de Waikiki avec le cratère de Diamond Head en arrière-plan. EN BAS

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Vincent Lim

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VOYAG E LO I N TA I N

Vue du haut sur le cratère de Diamond Head. Un paysage inoubliable et époustouflant.

Un ficus au bord d’un ruisseau qui longe un sentier de randonnée sur l’île d’Oahu .

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Vincent Lim

© Hawaii Tourism Authority (HTA) / Heather Goodman

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Franchir les limites de la ville d’Honolulu, c’est à nouveau se déplacer au rythme du vent et des vagues. Il est facile d’explorer l’île d’Oahu en voiture de location ou dans le cadre d’excursions organisées. Les vagues gigantesques de la plage de Haleiwa, sur lesquelles les « big wave riders » montrent leur savoir-faire, sont particulièrement impressionnantes. Les vacanciers les plus téméraires peuvent tenter l’expérience en réservant un cours de surf privé. Pour découvrir le monde sous-marin fascinant, n’hésitez pas à opter pour une excursion en voilier à la recherche des dauphins à long bec ou à faire de la plongée en apnée pour admirer des poissons tropicaux et des coraux multicolores

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dans des endroits préservés. Bien entendu, les superbes plages sont propices au farniente et à la baignade. Island-Hopping jusqu’à Maui Hawaï se compose de 137 îles et atolls, dont six sont accessibles aux touristes et invitent à faire des excursions d’île en île. Le point de départ d’un voyage à Hawaï est généralement Oahu et sa métropole urbaine Honolulu. Maui, à 40 minutes de vol, vaut le détour, ne serait-ce que pour sa célèbre Hāna Highway (Road to Hāna). Avec 600 virages et 59 ponts, cette route panoramique longe la côte nord-est de l’île, envahie par une épaisse forêt vierge. Des falaises abruptes, des chutes d’eau imposantes, une forêt tro-

picale, des plages de sable fin et l’océan Pacifique d’un bleu azur lumineux bordent la route et offrent de parfaits paysages pittoresques. Autre point culminant, au sens propre du terme : le cratère Haleakala, haut de plus de 3 000 mètres, est le plus grand volcan en sommeil au monde. Pour assister au lever du soleil, il vous faudra partir très tôt. Une expérience unique vous attend alors, lorsque le soleil commence son ascension au-dessus de l’horizon vers 5h45 : minute après minute, il enveloppe le vaste paysage volcanique d’une lumière fascinante et en constante évolution. C’est le moment de prendre un selfie, pour le plus grand bonheur des lève-tôt.


HAWAÏ

Breviarium

KAUAI NIIHAU

HAWAÏ OAHU

Kualoa Ranch Honolulu

Diamond Hill

MOLOKAI

LANAI

MAUI

Cratère Haleakala

KAHOOLAWE

HAWAÏ

19° N 155° O gohawaii.com

À faire absolument La réserve naturelle privée de Kualoa Ranch se trouve à 40 kilomètres de Waikiki. Elle abrite une ferme de plus de 500 bovins et propose de nombreuses activités. L’offre va du parcours de tyrolienne au quad en passant par de longues promenades à cheval. Particulièrement populaire : la visite de lieux de tournage du cinéma hollywoodien. Embarquez à bord d’un bus scolaire de collection pour une excursion vers des décors emblématiques de films et de séries tels que « Pearl Harbor », « Lost » et « Pirates des Caraïbes ». Prévoyez une journée complète.

À éviter Ne pas respecter la culture hawaïenne est considéré comme extrêmement déplacé. Si vous pensez que la culture et l’histoire d’Hawaï se résument aux pizzas à l’ananas, aux chemises à fleurs colorées et à Elvis Presley qui joue du ukulélé, vous vous trompez complètement. Visitez donc quelques-uns des musées locaux qui regorgent d’informations intéressantes et surprenantes. Vous comprendrez beaucoup mieux pourquoi les Hawaïens sont, à juste titre, si fiers de leur belle patrie.

Trésors cachés Des dizaines de milliers de baleines à bosse passent l’hiver au large d’Hawaï entre décembre et mai pour mettre au monde leurs petits dans les eaux chaudes et peu profondes. Depuis 1992, le Humpback Whale National Marine Sanctuary s’occupe de la protection des animaux et de leur habitat. Si vous souhaitez vous rapprocher de ces géants des mers, vous pouvez prendre part à ce programme en tant que bénévoles et effectuer des comptages, collecter des données et participer à des opérations de sauvetage.

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En février, le voyage gourmand continue Ne manquez aucun numéro – abonnez-vous à REESEN ! abo@reesenmag.lu

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Le magazine REESEN et le site reesenmag.lu sont des médias d’information publiés par la société d’édition Luxe Taste & Style S.à r.l. détenue à 50% par Bibi Wintersdorf et 50% par Maurizio Maffei. Siège social 4a, rue de Consdorf - L-6230 Bech Siège opérationnel 11, Um Lensterbierg - L-6125 Junglinster Rédaction redaktion@tasty.lu Annonces sales@tasty.lu Informations complètes sur le site www.tasty.lu ISSN : 3028-8428 La publication périodique est dûment déposée à la Bibliothèque nationale du Luxembourg (BnL) conformément aux dispositions légales. © Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur.

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