Debout N°11

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debout.fr

LES SOLUTIONS pour vivre mieux No 11 • MARS-AVRIL-MAI 2017

LA FRANCE S'ENGAGE

POUR NOUS

EMPLOI © Brigitte Cheminade-Couvreur

Sur la route du succès professionnel P.16

ÉDUCATION

Mieux vivre à l'école P.25

SOLIDARITÉ

Des produits de qualité au juste prix P.65

Magazine trimestriel • ISSN : 2271 – 5916 Prix facial : 3 €

O R É M NU IAL SPÉC ives itiat n i 3 9 solidaires


Édito

Ensemble, construisons un monde debout !

"P

our joindre les 2 bouts en fin de mois et conserver un minimum de dignité humaine, de quoi ont besoin les millions de personnes touchées par la précarité ? De connaître leurs droits et les aides auxquelles elles peuvent prétendre, de savoir qu’il existe de multiples initiatives et des personnes engagées pour les soutenir, de rester en lien avec les autres pour combattre la dépression et la solitude, d’être considérées comme des citoyens à part entière, et enfin, d’échapper à l’exclusion pure et simple… ". C’est cette conviction qui a amené Violaine du Châtellier à fonder l’association Debout en 2013 et faire de l’information une ressource contre la précarité et l’exclusion. La mission de l'association Debout est d’intérêt général : donner des solutions simples, lisibles et utiles qui permettent de faire face aux difficultés du quotidien, de reprendre la confiance et l’autonomie nécessaires pour retrouver sa place et rebondir. Aujourd’hui, debout c’est : ●

Un beau magazine non stigmatisant.

debout n’est pas "le journal des pauvres".

64 pages d’informations pratiques, faciles à comprendre et donc à mettre en œuvre. ●

Des fiches pratiques détachables pour obtenir une aide, faire son CV, gérer son budget, etc. ●

Des conseils, des astuces et des bonnes adresses sur tous les sujets du quotidien.

● Des initiatives locales qui ne demandent qu’à être connues, voire essaimées.

De la couleur, du vécu, du concret pour donner envie de se (re)mettre debout. ●

Et de la joie ! Tous les sujets sont traités sous l’angle des solutions. ●

Depuis septembre 2014, 11 numéros de debout sont parus. Chaque trimestre, 130 000 exemplaires sont distribués dans toute la France par près de 3 000 structures de terrain : associations caritatives, centres sociaux, missions locales, régies de quartier, mairies (CCAS), comités d’entreprise, établissements administratifs (CPAM, Caf…), bailleurs sociaux, épiceries solidaires… Grâce et avec elles, l'association Debout permet à des milliers de personnes de retrouver confiance en l’avenir. Chaque numéro de debout passe entre les mains de quelque 500 000 personnes. Pour les aidants (travailleurs sociaux, salariés ou bénévoles d’associations), debout est un outil clé dans leur mission d’accompagnement. Pour les aidés, ceux qui se tournent vers les premiers à la recherche de soutien et d'accompagnement, ce magazine est une véritable boîte à outils pour vivre mieux. Entreprise, fondation, acteur social ou solidaire de terrain ou même citoyen, vous êtes engagés dans la lutte contre la pauvreté, l’aide à l’insertion et la revalorisation du lien social ? Nous avons besoin de votre soutien. Aideznous à financer, distribuer et faire grandir debout au service d’une société moins individualiste et plus durable. Si, comme nous, vous êtes convaincu que nous pouvons faire de l’utile ensemble pour remettre les gens debout, contactez-nous afin que nous étudiions ensemble la formule de partenariat qui correspondra au mieux à nos ambitions respectives.

debout

les solutions pour mieux vivre

éDITION

Osons ! « Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile », disait Sénèque, politicien philosophe du 1er siècle après JC. Avec La France s’engage, l'État a osé innover. Plutôt que d’élaborer une politique d’innovation sociale qui serait loin des besoins réels, il a co-construit. Il a sollicité la participation financière de Total, un groupe privé, et l’ingéniosité d’entrepreneurs sociaux qui élaborent des solutions solidaires et efficaces. Parmi plus de 3 000 projets, 93 ont été retenus, financés et accompagnés par le programme La France s’engage. debout est heureux de vous présenter dans ce numéro ces 93 acteurs de terrain qui ont osé, malgré les difficultés, imaginer, entreprendre et développer des solutions pour vivre mieux. Je suis aussi une entrepreneuse et je me mobilise pour une société plus inclusive, pour des individus plus autonomes et pour un avenir à partager ensemble. Convaincue de la valeur de ce programme, j’ai osé à mon tour en présentant pour la seconde fois notre candidature à la session 2017. L'équipe et moi serions honorées et fières que debout et vous, chers lecteurs, puissiez rejoindre La France s’engage et bénéficier ainsi du soutien de ceux qui sont investis pour nous aider à mieux vivre ensemble. Violaine du Châtellier, Fondatrice et directrice de la publication.

Merci...

Le magazine est édité par Debout, association d’intérêt général. Siège social > Association Debout | 10, rue Vergniaud | 92 300 Levallois-Perret Fondatrice > Violaine du Châtellier Président > Philippe Lemoine Directeur > Tanguy Robet Daf & Diffusion > Sylvie Demessance Immatriculation au RCS sous le numéro SIRET > 79945494700026 est une marque déposée. ISSN > 2271-5916 Dépôt légal > Mars 2017 Commission paritaire > 0517 H 92719 Périodicité > trimestrielle Prix facial du numéro > 3 € Pas de vente au numéro.

RéDACTION Directrice de la Publication > Violaine du Châtellier Rédactrice en chef > Patricia Erb Directrice artistique et maquette > Nathalie Erb Correctrice > Gisèle Ducoin Rédacteurs > Claire Baudiffier, Patricia Erb, Daphnée de Morant, Xavier-Eric Lunion, Paul-Luc Monnier. Photographes > Brigitte Cheminade-Couvreur. Photos > Merci à tous les lauréats de nous avoir fourni leurs photos. Illustrateur > Gérard Mathieu

FABRICATION

♦  à la Fédération Nationale des Banques Alimentaires, qui met son réseau

à disposition pour distribuer le magazine, et tous les acteurs du social et de la solidarité qui le remettent à celles et ceux qui en ont besoin.

Photograveur > Agence L401 Imprimeur > BLG TOUL, partenaire imprimeur de debout depuis l'origine, acteur de la solidarité Pôle industriel Toul Europe, secteur A 2780 route de Villey St Étienne - 54200 TOUL

debout est imprimé sur papier certifié PEFC TM

♦  à Gérard Mathieu, illustrateur qui, depuis le début de l'aventure, met gracieusement ses dessins originaux à notre disposition.

♦  et, bien-sûr, à tous nos partenaires, mécènes et donateurs, sans qui debout n’existerait pas.

Ce numéro a été imprimé à 120 000 exemplaires. Tous droits de ­reproduction réservés

Violaine du Châtellier, fondatrice violaine.duchatellier@debout.fr Tanguy Robet, directeur général tanguy.robet@debout.fr

Pour commander des exemplaires > page 10 Pour faire un don > page 56 Pour vous abonner > remplissez le bulletin page 9 ou écrivez à abonnement@debout.fr Pour écrire à la rédaction > redaction@debout.fr

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Sommaire 41 vivre ensemble

Abonnez-vous solidaire ! RDV en page 9.

11 emploi 12 (Re)trouver un job ou le créer 16 Sur la route du succès professionnel 19 Le Service civique, ça change la vie !

42 Faire entrer l’autre dans notre quotidien 45 Échanger pour dépasser nos différences 48 Le nombre fait la force

51 culture 52 Quand la culture vient à nous 53 La musique ouvre les portes 54 Jeux de mots et d'images

20 éducation 21 Les bonnes habitudes se prennent dès la crèche 22 Cinq idées pour intéresser les jeunes 25 Mieux vivre à l’école 26 Stop au décrochage scolaire 30 L'expérience de l'entreprise pour apprendre

57 solidarité

35 handicap 36 Trouver sa place dans la société 38 Soigner autrement les troubles

58 Des produits de qualité au juste prix 61 De l’aide pour surmonter ses difficultés

psychiatriques

40 Halte aux freins à l’emploi ! © Gérard Mathieu

8 vous nous dites L'engagement, c'est quoi pour toi ? 31 cahier index 50 Témoignages debout, un outil précieux pour les distributeurs 56 faites un don

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Quand la France accompagne 50 millions d’euros, c’est l’enveloppe que l’État et le groupe Total consacrent depuis juin 2014 à celles et ceux qui innovent pour une société plus durable et équitable. Six sessions, 93 lauréats, autant de finalistes, tant d’idées neuves, inspirées, partagées… le programme La France s’engage révèle l’ingéniosité, l’efficacité et le dynamisme des acteurs de terrain pour déployer des projets innovants d’utilité sociale.

r e v o inn

I

nnovant, c’est ce que je retiens du programme La France s’engage. Dans le processus de sélection des dossiers, pour commencer. Ensemble, avec les administrations concernées, nous avons minutieusement étudié les quelques 3 000 projets présentés depuis le début de l’aventure. Un travail collectif très fructueux. Innovant aussi dans les modalités de soutien que nous avons offertes aux lauréats : une aide financière bien-sûr, mais aussi un accompagnement réalisé par des experts pour développer le projet. Précurseur enfin, par ce que ce programme fait émerger : des solutions nouvelles pour répondre à des problématiques anciennes, une réelle complémentarité entre les acteurs de la société civile et l’action publique.

Jean-Benoît Dujol est directeur de la Jeunesse, de l'Éducation populaire et de la Vie associative. Délégué interministériel à la Jeunesse.

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l’innovation sociale

D développer

es initiatives collectives, de l’efficacité et beaucoup d’espoirs en faveur de l’économie sociale et solidaire, un sujet qui me tient à cœur. La France s’engage est un programme participatif de proximité. Les porteurs des projets connaissent bien la réalité du terrain, les besoins de leurs usagers ou bénéficiaires, et y répondent avec des dispositifs innovants pour une portée plus large de leur action. Dans ce sens, le numérique est très pertinent. La Fondation « La France s’engage », qui va être créée pour poursuivre le programme présidentiel, devra bâtir des indicateurs sociaux pour mesurer les résultats concrets des projets et les orienter de manière à ce que leur impact soit significatif. L’argent public se raréfie, dépensons-le utilement ! Les financements privés devront, quant à eux, engager des capitaux sur le moyen/long terme pour laisser le temps aux projets de fructifier.

D

u cœur, des causes communes, des gens formidables, des innovations partagées et des projets qui ne demandent qu’à grandir. Voilà ce que j’ai rencontré au fil de l’engagement du groupe Total. D’abord, depuis 2009, dans le cadre du Fonds d'Expérimentation pour la Jeunesse (FEJ), puis à partir de 2014 avec La France s’engage. Il nous a fallu beaucoup de temps, de patience et de respect mutuel pour mettre nos différences au service de l’innovation sociale, de la générosité. Le résultat est là : 93 réponses à l’urgence des besoins sociaux, quel potentiel de croissance ! Et l’aventure continue avec la Fondation « La France s’engage » que François Hollande va créer pour poursuivre une politique active de financement de l’innovation sociale et de développement des projets soutenus pour agir aux quatre coins de la France.

Catherine Ferrant, Fondation Total, est la marraine du programme La France s’engage.

r e r u s e m

François Soulage, président du Collectif Alerte contre l’exclusion, est le parrain du programme La France s’engage.

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Vous nous dites…

Abonnez-vous solidaire ! En vous abonnant à debout (1), vous pouvez offrir des magazines à ceux qui en ont besoin pour se (re)mettre debout. À partir de 40 €, vous bénéficiez d'une réduction de votre impôt sur le revenu.(2)

Au hasard de nos rencontres, dans la rue, dans les files d’attente, dans les transports en commun, au boulot, nous avons posé la question suivante : pour vous, l'engagement, qu’est-ce que cela représente ? Voici un aperçu des réponses que l’on nous a faites. ◊

La volonté de tendre la main à l’autre, de passer une partie de sa vie dans cette quête, sûrement d’y trouver une satisfaction.

Alain, 56 ans

C'est l'acte grâce auquel une personne assume ses idées, ses valeurs et donne un sens à sa vie.

Nourédine, 21 ans

C’est une action, le mouvement animé par une conviction, une évidence.

Ariane, 31 ans

Gisèle, 61 ans

© Gérard Mathieu

Faire part de sa volonté de participer au mieux à un projet le plus longtemps possible.

C’est donner de tout son être pour aider les autres, c’est donner de soi, s’oublier, au profit d’une cause qui apportera un surplus de vie à l’autre.

Jérémy, 18 ans

Soraya, 36 ans.

C'est rester fidèle à ses promesses.

Garder sa ligne de conduite et ne jamais renoncer face aux pressions.

Se dévouer pour aider les autres. Anton, 14 ans

Claire, 64 ans

C’est aider les autres. C'est penser à plusieurs, en communauté, afin de mieux vivre ensemble. Pauline, 24 ans

C'est affirmer sa volonté d'agir sans se masquer.

Ma dépense réelle après déduction fiscale(2)

20 € 40 € 50 €

5 15 20 45

20 € 13,60 € 17,00 € 34,00 €

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68,00 €

abonnement simple

A11S

AD11S

Je m’abonne pour 1 an au prix de 10 e

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abonnement solidaire Je m’abonne(1) pour un montant total de et j'offre magazines debout

S’engager, c’est décider. Imane, 8 ans

C’est un contrat dont on ne peut se défaire facilement. Patricia, 52 ans

Merci de faire parvenir mon abonnement  personnel à : Mme

M.

noM*

prénom* adresse*

code postal* Tél.

ville* email*

@

Je joins mon règlement par chèque bancaire, à l’ordre de l’Association Debout, et l’envoie avec mon bulletin d’abonnement à : Association Debout  - 10 rue Vergniaud  - 92300 LEVALLOIS-PERRET fait à* :

date* : pour TOUTE QUESTION abonnement@debout.fr

signature*

Toute l'information pour comprendre ses droits. Toutes les solutions pour améliorer son quotidien.

D’intérêt général à but non lucratif, l’association Debout met l’information au service de l’insertion et de la cohésion sociale.

rti sur les Fait de prendre pas ou sociaux ue problèmes politiq ses discours. par son action et Larousse

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e

Je souhaite recevoir un reçu fiscal à joindre à ma prochaine déclaration de revenus(2)(uniquement si le montant de mon abonnement solidaire est supérieur à 40 €)

debout

Mamadou, 37 ans

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Nombre de magazines distribués grâce à moi

Nathalie, 42 ans

Millie, 22 ans

Sortir de son petit confort personnel pour défendre des causes humanistes ou environnementales...

Montant de mon abonnement solidaire

100 € 200 €

Le mariage. Accepter les conséquences qui vont avec, notamment les contraintes. En apparence, c’est une perte de liberté, mais la liberté, ça n’existe pas ! * Champs obligatoires. Merci de remplir lisiblement et en lettres capitales.

L'engagement, c'est quoi pour toi ?

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Patricia et Nathalie Erb

nt solidaire nneme o b a ' is l s i ho

(1) O ffre valable en France métropolitaine jusqu’au 31/12/2017 dans la limite des stocks disponibles. Le tarif indiqué est garanti pour un an d’abonnement. Au-delà de la première année d’abonnement, il est ­susceptible d’être modifié. En cas de cessation d’activité, l’association Debout se réserve le droit d’interrompre votre abonnement ; aucuns frais ne pourront être remboursés. Le 1er numéro de votre abonnement vous sera adressé dans un délai maximum de 3 mois à compter de la reception de votre bulletin d'abonnement et de son règlement. Vous disposez d’un délai de 14 jours à compter de la réception de votre magazine pour exercer votre droit de rétractation en notifiant, clairement et par courrier simple, votre décision à l’Association Debout, 10 rue Vergniaud, 92300 LEVALLOIS-PERRET. Vos données sont traitées par l’Association Debout pour l’adhésion et la gestion de votre abonnement. Les champs marqués d’un* sont obligatoires ; à défaut votre demande d’abonnement devient caduque. Conformément à la loi du 6 janvier 1978 modifiée, vos droits d’accès, de rectification ou de suppression, pour motifs légitimes, peuvent être exercés par courrier recommandé avec accusé de réception à ­l ’Association Debout, accompagné d’une copie de votre pièce d’identité. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. (2) P our être éligible à la réduction d’impôt prévue par l’article 200 du CGI, le montant de votre don doit être au moins 4 fois supérieur à celui de la contrepartie (ici votre abonnement individuel). Ainsi, à partir de 40 € (10 € pour l’abonnement + 30 € ou plus de dons en soutien à l’Association Debout), et si vous êtes imposable, le montant total de votre versement est déductible de votre impôt sur le revenu à hauteur de 66 % de son ­montant, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Autrement dit, un montant total (abonnement + don) de 50 € ne vous coûtera réellement que 17 €, un montant de 90 € que 30,60 €, un montant de 120 € que 40,80 €, etc.

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Emploi

Utile ? Passez commande ! Associations caritatives, centres sociaux, missions locales, épiceries solidaires, régies de quartier, mairies, centres de médiation, organismes sociaux… ils sont nombreux à utiliser debout pour :

♦ accompagner leurs publics et les informer sur leurs droits, sur les solutions à leur disposition, et sur tout ce qui peut être actionné pour améliorer leur quotidien et leur redonner confiance et autonomie.

♦ informer leurs salariés et bénévoles sur tous les dispositifs d’aide et toutes les initiatives menées pour les personnes qu’ils accueillent.

♦ créer un lien bienveillant : donné de la main à la main, feuilleté ensemble ou décortiqué au cours d’ateliers, debout est un support d’échanges apprécié entre les aidants et les aidés.

Pour commander vos exemplaires et aider vos bénéficiaires : debout.fr/commande

"Le travail c'est la santé", dit la chanson. Encore faut-il le trouver ! Se faire accompagner, suivre une formation, intégrer des dispositifs d'insertion, créer son propre emploi, mettre son énergie et son idéal au service des autres grâce au Service civique... Les solutions sont nombreuses pour trouver sa voie.

© Gérard Mathieu

◊ Texte : Xavier-Eric Lunion

sommaire P. 12 (Re)trouver un job ou le créer P. 16 Sur la route du succès professionnel P. 19 Le Service civique, ça change la vie !

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Emploi

(re)trouver un job ou

Coca gne

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© ATD Quart Monde

L'expérience Zéro chômeur de longue durée est menée en zone urbaine ou rurale de 5 000 à 10 000 habitants.

Vincent Godebout, délégué général de SNC

Le travail ne manque pas « Personne n’est inemployable et le travail ne manque pas ». C’est l’intime conviction de Patrick Valentin, responsable du projet Territoire Zéro Chômeur de longue durée. Son but : 1) sur un territoire donné, identifier des emplois qui seraient utiles à la communauté, mais qui n’existent pas encore, car jugés non-rentables ; 2) repérer les personnes au chômage depuis plus d’un an et recenser leurs Patrick Valentin, Territoire Zéro Chômeur de compétences et longue durée leurs envies. 2 000 C TZ

qui sont en situation d’urgence, un emploi d’une durée d’un an, voire plus, est proposé au sein d’une entreprise sociale et solidaire. Depuis 2015, 3 500 personnes accompagnées ont déjà trouvé leur bonheur.

© Gilles Michallet

Personne n’est inemployable et le travail ne manque pas

Deux bénévoles de SNC élaborent un projet personnalisé avec une personne en recherche d'emploi. 12

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Une activité d'insertion valorisante pour plus de 4 000 salariés chaque année

Nicolas Gradziel, créateur de La Cravate solidaire

Sérénité, confiance et compétences (re) trouvées grâce au travail dans les Jardins de Cocagne.

Des vêtements gratuits et un accompagnement vers l'emploi

La cravate solidaire, le nouveauconseiller-emploi « L’habit ne fait pas le moine, mais il y contribue ». Plus qu’un proverbe, la devise de La Cravate solidaire définit les objectifs de cette association : fournir gratuitement costumes, cravates et tailleurs aux demandeurs d’emploi qui n’ont pas les moyens d’investir dans une tenue pour passer les entretiens d'embauche.

« On propose aussi un accompagnement dans la recherche d'un travail », explique Nicolas Gradziel, co-fondateur de l’association. Des conseillers en image ainsi que des recruteurs ont rejoint la Cravate solidaire. Aujourd'hui, 800 personnes ont déjà fait appel à leurs services. 60 % d’entre elles ont retrouvé un emploi.

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Prise de vue après une séance de relooking

© F. Jonckheere

Ne restez plus seul(e) face au chômage ! Venez nous parler pour construire l’avenir

© F. Jonckheere

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Zylberman ent ur

L

orsqu'on cherche du boulot, c'est plus sympa de ne pas être seul. Alors, pour rompre l'isolement, l'association Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) propose un accompagnement par deux bénévoles à tous les chercheurs d'emploi, sans distinction d’âge, de qualification et de durée de chômage. À raison d’un à quatre entretiens par mois, ils élaborent avec vous un projet professionnel personnalisé. Des sorties et des ateliers sont aussi organisés. Objectif : vous redonner confiance et créer des liens. « Deux personnes sur trois retrouvent un travail dans les 9 mois », se réjouit Vincent Godebout, délégué général de SNC. Pour les personnes

postes ont ainsi vu le jour depuis le début de l’aventure en novembre 2016 ! Pour l’instant, cette initiative est expérimentée sur 10 territoires en France (voir le site internet). Intéressé par un emploi au grand air ? C’est ce que proposent Les Jardins de Cocagne, des associations permettant à tous de travailler pour la production et la distribution de légumes biologiques dans l'un de leurs 108 jardins. « Plus que la technique agricole, on enseigne les fondamentaux de la vie en entreprise, la ponctualité par exemple », explique Guy, formateur au Jardin de Limon à Vauhallan, en région parisienne. Quels que soient le parcours de vie, l’histoire personnelle, l’âge, la durée de chômage, tout le monde peut deJean-Guy Henckel, venir ouvrier madirecteur du réseau Cocagne raîcher sous contrat d’insertion de six mois à deux ans. © Christophe-Goussard/JdC-Thaon-les-Vosges

Se faire aider dans sa recherche d'emploi, profiter d'initiatives pour combler un manque de services, monter sa boîte, voici différentes manières de retrouver le chemin de l'emploi.

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ie Ad

Emploi Même si votre projet professionnel n’a rien à voir avec l’agriculture, ces jardins sont une véritable expérience de vie, riche en apprentissage. « Commercialisation, gestion des stocks, travail manuel… ce sont des compétences transférables à d’autres milieux professionnels », ajoute Guy.

Un kiosque Lulu dans ma rue à Paris, dans le 17ème arrondissement. 14

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ent des Créa te ur s

G

Pour éviter le travail au noir, l'association à l’origine du projet accompagne chaque Lulu jusqu’à ce qu'il obtienne son statut d’auto-entrepreneur et une assurance pour le protéger en cas d'accident. Les tarifs sont fixés par l'association et les Lulus selon les activités. Cela va de 8 à 30 € nets de l’heure dans leur poche. Déjà 130 Lulus pour 8 500 utilisateurs réguliers. Conséquence heureuse, le lien social se resserre au sein des quartiers. Un Lulu en témoigne : « une vieille dame m’appelle régulièrement pour que je lui prépare les repas et que je lui tienne compagnie ». Créer son activité en profitant de la notoriété d’une marque, d’un savoir-faire, de l’appui d’un réseau de travailleurs indépendants solidaires et d’un accompagnement, c’est ce que propose Microfranchise solidaire. Elle est portée par l’Adie, association qui aide les personnes éloignées du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise grâce au microcrédit. Deux modèles sont possibles. Soit vous rejoignez une franchise existante. Par exemple, Chauffeur&Co propose des chauffeurs indépendants expérimentés pour tout déplacement personnel ou professionnel ; O2 Adie est spécialisée en services de petit jardinage aux particuliers ; mon assistant numérique.com dans l'aide informatique aux particuliers et aux professionnels. Soit vous proposez un modèle de franchise qui sera ensuite dupliqué et permettra à d’autres de créer leur

em up ro

Eric a créé un atelier de réparation de vélos avec l'aide de l'Adie à Viglain (45). Un bénévole lui rend visite.

Soutenir les Groupements de Créateurs, c’est permettre à notre jeunesse d'entreprendre pour mieux se construire Groupement des Créateurs

Jeunes diplômés du Groupement de Créateurs, heureux de pouvoir réaliser leur projet professionnel.

01 42 47 13 40 lacravatesolidaire.org Luludansmarue.org 01 73 74 89 52 adie.org, rubrique nos-actions, puis microfranchise-solidaire Groupement-de-createurs.fr 01 64 13 82 79 Zerochomeurdelongueduree.org 02 85 52 45 49

© Caroline Doutre

© Nicolas Tronc

Les lulus répondent à une vraie demande dans le quartier

© Joseph Melin

S CD AP

Devenez votre propre patron Arroser les plantes, changer une ampoule, promener le chien, donner un coup de main en informatique, monter un meuble… À Paris et bientôt dans d’autres villes, chacun selon son temps, ses envies et ses compétences peut se rendre utile et gagner un revenu ou un complément grâce à Lulu Charles-Edouard Vincent, dans ma rue, un service créateur de Lulu dans ma rue. de conciergerie de quartier.

sur la validation de votre idée. Une fois le projet bien défini, une formation vous permet d’acquérir les compétences nécessaires. Elle est validée par un Diplôme Universitaire Marie Degrand-Guillaud, de Créateur d’Actividirectrice développement té, le DUCA. Pas besoin de l’Adie d’avoir le bac. « Je voulais créer et vendre des bijoux artisanaux. Le Groupement des Créateurs m’a soutenu et aidé à concrétiser mon rêve », raconte Malik, élève en formation. De plus, activité. Vous devez suivre une formation grâce à son réseau, l’association crée des pour intégrer l’une des franchises propo- liens entre les élèves et les entreprises, sées ou pour lancer la vôtre. Ensuite, l’Adie une occasion de se faire des peut si besoin vous octroyer un microcrécontacts et de trouver de dit (10 000 € maximum), pour lancer votre futurs clients. ■ activité. « En 2015, 18 000 projets ont été financés via un microcrédit et 225 emplois créés par semaine ! », se réjouit Marie Degrand-Guillaud, la directrice développement de l’Adie. . Vous avez un projet, une idée, mais vous ne savez pas trop comment vous y prendre ? Le réseau des Groupements de Créateurs encourage l’esprit d’initiative des demandeurs d’emploi et plus particulièrement des jeunes. Dans un premier temps, vous travaillez Didier Dugast, porteur du projet snc.asso.fr

Un emploi pour ceux qui veulent être indépendants sans être seuls et qui n'ont pas accès au crédit bancaire

Reseaucocagne.asso.fr 01 43 26 37 84

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Emploi

professionnel ta Vis ta Ac

Sur la route du succès

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Pour mettre toutes les chances de son côté dans sa recherche d’emploi, il est souvent nécessaire de passer par la case formation.

Thierry Marx, chef, fondateur de Cuisine Mode d’emploi(s)

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© Cuisine Mode d'Emploi(s)

ne formation, oui ! Encore faut-il qu’elle soit pratique, concrète et dans un secteur qui embauche. L’important est de garder l’esprit ouvert et pourquoi pas d’essayer de nouvelles voies.

Un stagiaire de Cuisine Mode d'Emploi(s) dresse les assiettes. 16

Visez les secteurs qui recrutent S’il existe un secteur qui ne connaît pas la crise, c’est bien celui de la restauration ! Le chef étoilé Thierry Marx a ouvert son école Cuisine Mode d’Emploi(s) dans 4 villes : Paris, Marseille, Villeneuve-Loubet (06) et Besançon (25). Il propose des formations courtes et qualifiantes en cuisine, service et boulangerie… L’école est gratuite et ouverte à tous. « Je viens d’un quartier populaire de Paris et je voulais créer une école pour aider des gens comme moi », explique Thierry Marx. Après un entretien d’évaluation basé uniquement sur la motivation et la cohérence du projet professionnel des nombreux candidats, les 8 à 10 stagiaires retenus par session sont formés pendant 12 semaines à tous les métiers de la restauration et épaulés par l’un des meilleurs chefs de France. Avec une carte de visite comme celle-là, aucun

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© Acta Vista

Vincent Nicollet, créateur d'Acta Vista

La restauration de bâtiments anciens est un tremplin vers l'emploi, souvent dans le BTP.

problème pour trouver un emploi ! « Il n’y a pas de quartiers, de personnes faits pour l’échec. Quand on apporte quelque chose de positif, ça marche », conclut Thierry Marx. Autre secteur qui recrute, le BTP : plus de 80 000 embauches par an ! Partant de ce constat, Acta Vista propose des formations et des chantiers d’insertion spécialisés dans la restauration de monuments historiques. L’objectif de cette initiative : employer, former, qualifier et insérer durablement des personnes éloignées du marché de l’emploi.

© Bayes-Impact

Il n’y a pas de quartier, de personne faits pour l’échec

© Acta Vista

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Aidons les hommes à se bâtir un avenir en restaurant le patrimoine

« Ma conviction, c’est que plus les gens sont dans la galère, plus ils sont loin de l’emploi, plus il faut leur mettre quelque chose de beau entre les mains pour qu’il se passe quelque chose », explique Vincent Nicollet, directeur d’Acta Vista. Bien plus qu’une formation, un métier à la clef. L’association emploie plus de 400 personnes par an, toutes dans le cadre d’un parcours d’insertion. Après une année chez Acta Vista, 50 % des salariés poursuivent vers les métiers du bâtiment. Ils peuvent même passer un

S'appuyer sur l'expérience combinée de tous les chercheurs d’emploi

Paul Duan, fondateur de bob-emploi.fr

La technologie au service de l’emploi Imaginez une application Web qui vous assisterait dans votre recherche d’emploi. Exemple : vous êtes au chômage, jeune diplômé ou cherchez à vous reconvertir. Vous vous connectez sur le site, vous partagez des informations sur votre profil et votre situation. En quelques clics, un algorithme

étudie vos données personnelles par rapport à celles du marché du travail et vous propose les meilleures stratégies pour parvenir à l’emploi. L’application vous indique les métiers proches du vôtre qui recrutent le plus, ou la région où vous auriez le plus de chances de trouver l’emploi rêvé. Ce petit

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miracle de technologie a été rendu possible grâce à Paul Duan et sa petite équipe. L’application bob-emploi.fr vous fournit un service sur-mesure. Elle est même capable de vous envoyer ce type de message : « tiens aujourd’hui, envoie une candidature spontanée à cette entreprise qui recrute. »

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Emploi

Le Service Civique, ça change la vie !

© © Simplon.co

poursuivez l’engagement Votre Service civique achevé, qu’il soit « classique » ou avec « Rêve ou Réalise », rejoignez l'Institut de l'Engagement. « C’est la grande école de l’après Service civique », selon

Cabrol

Simplon.co offre une formation gratuite de six mois dans le secteur de l'informatique.

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cuisinemodemplois.com

actavista.fr 04 91 72 79 00

simplon.co 01 86 95 64 53

sportdanslaville.com 01 85 34 11 42

bob-emploi.fr

© Institut de l'Engagement

© Catherine Cabrol

Les enfants apprennent le respect et le travail d'équipe grâce au sport.

Un rêve solidaire : donner du bonheur aux personnes âgées isolées.

Les jeunes peuvent mettre leurs idées en action pour changer la société Marion Lelu, responsable du projet Rêve et Réalise Unis-Cité

Marc Germanangue, directeur général adjoint de l’Institut. L'organisme vous accompagne pour chercher une formation, un emploi ou encore créer votre activité. Son but ? « Permettre à des jeunes de réaliser leur projet, mobiliser autour d’eux beaucoup d'acteurs… pour changer le monde ! », répond Marc Germanangue. Comme Paolin qui a créé Agriconomie, plateforme web pour agriculteurs, ou Sarah Marc Germanangue, qui plante des arbres par directeur général adjoint milliers pour limiter les de l’Institut de l’Engagement effets du changement climatique en Tunisie, ou comme des centaines d’autres jeunes. ■

Un formidable booster pour les projets d'avenir de talentueux volontaires

Nous accompagnons les jeunes de quartiers en difficulté sur le chemin de l’emploi et de la réussite Philippe Oddou, directeur général de Sport dans la ville

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ix à douze mois pour vous consacrer aux autres au sein d’une association, d’une entreprise sociale et solidaire ou d’une collectivité locale, c’est ce que le Service civique propose. Vous êtes candidat ? Vous pouvez trouver une mission sur le site service-civique.gouv.fr. Autre solution : réaliser votre rêve solidaire avec l'aide de Rêve et Réalise. Ce programme, porté par Unis-Cité, vous forme, vous parraine et vous aide à réaliser votre projet. « Excellent outil qui permet aux 16-25 ans de se rendre compte qu’ils peuvent avoir un impact positif sur la société », se félicite Marion Lelu, responsable du projet. Plus de la moitié des missions perdurent après le Service civique. Chaque année, 250 jeunes sont transformés par cette initiative !

© Rêve etRéalise

Seule compte la motivation Informatique et numérique sont des secteurs d’avenir par excellence. Les écoles Simplon.co (une trentaine en France) offrent gratuitement des formations pour les jobs de webmaster, codeur, programmeur, etc. Tout est parti du constat qu’il y avait un déficit de personnes formées au numérique. Ces emplois ne sont pas réservés aux bons élèves en maths. « Seule la motivation compte. Tout le monde peut se lancer, même ceux qui

Dès le plus jeune âge Job dans la ville, l’un des programmes de l’association Sport dans la ville, accompagne les jeunes à partir de 14 ans sur le chemin de la formation et de l’emploi. Elle leur fait découvrir le monde du travail, ses codes et ses exigences en organisant des visites dans des entreprises ou des ateliers de formation, aux techniques de recherche d’emploi par exemple. L’association lutte au quotidien contre le décrochage scolaire et favorise l'insertion dans la vie professionnelle des jeunes des quartiers situés en zone prioritaire. Elle est présente à Lyon, Grenoble, Saint-Étienne et en Île-de-France. « L’objectif est de donner à ces jeunes les mêmes chances de réussite que les autres », explique Philippe Oddou, directeur général de Sport dans la ville. ■

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examen qui leur délivre un titre professionnel de « maçon du bâti ancien » ou de « menuisier d’agencement ».

Grâce au Service civique, vous avez une influence positive sur la vie des autres. Il existe des communautés qui vous aideront dans votre projet.

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Frédéric Bardeau, créateur de Simplon.co

n’ont jamais touché un ordinateur de leur vie », précise Frédéric Bardeau, créateur de Simplon.co. Yassin se trouvait en échec scolaire, il s’est avéré être l’un des plus brillants de l’école. Il a ensuite été embauché par l’école comme formateur. La formation dure six mois à temps plein pendant lesquels vous pouvez continuer à percevoir vos allocations (RSA, indemnités chômage...).

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Faire du numérique un levier d’inclusion pour tou(te)s

uniscite.fr 01 53 41 81 43

service-civique.gouv.fr engagement.fr 01 86 95 05 85

La communauté des talentueux volontaires s'agrandit chaque année. 18

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Éducation

Éducation

Une meilleure qualité de vie Certaines crèches visent l'amélioration de la qualité de vie des tout petits. « Les enfants sont particulièrement vulnérables. Et pourtant, il y a des polluants partout à la crèche : dans les produits d’entretien,

© Gérard Mathieu

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Développer le langage des tout petits favorise l’égalité des chances

La pédagogie Parler Bambin sera déployée dans 95 crèches en 2020.

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Réduire le nombre de polluants améliore la santé des enfants

Vanessa Ly, coordinatrice de Parler Bambin

© Ecolo Crèche

P. 21 Les bonnes habitudes se prennent dès la crèche P. 22 Cinq idées pour intéresser les jeunes P. 25 Mieux vivre à l'école P. 26 Stop au décrochage scolaire P. Se faire accompagner dans son orientation P. 30 L'expérience de l'entreprise pour apprendre

sur les meubles, les jouets, la peinture, les sanitaires… », souligne Claire Grolleau-Escriva, la présidente d’Écolo Crèche. Cette association encourage les crèches à réduire leur impact sur l’environnement en diminuant leurs déchets ou leur consommation d’énergie. Elle les invite aussi à sensibiliser les enfants à la proClaire Grolleau-Escriva, présidente d’Écolo Crèche tection de la planète dès le plus jeune âge. Par exemple, elle met en place un jardin ou des ateliers autour de la récupération des déchets. Claire résume ses convictions : « La démarche environnementale améliore la santé des enfants et les reconnecte à la nature. » ■

Avec Écolo Crèche, les enfants apprennent à s'occuper d'un jardin.

© Ville de Lille

sommaire

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n moyenne, à trois ans, un enfant issu d’un milieu défavorisé connaît trois fois moins de mots de vocabulaire qu'un enfant issu d'un milieu favorisé. « Or, le niveau de langage oral influence fortement les apprentissages futurs, notamment l'écrit », explique Vanessa Ly, la coordinatrice de Parler Bambin. Porté par l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives (ANSA) depuis 2015, le programme va être déployé dans 95 crèches d'ici 2020. L’objectif ? Donner aux tout petits l’envie de s’exprimer en valorisant leurs prises de parole. « Par exemple, lorsqu’un enfant pointe un objet, on l’incite à le nommer », précise Vanessa. À la maison, les parents sont encouragés à prendre le relais. « Des moments comme le change, le bain et la préparation des repas sont propices à la conversation. »

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◊ Texte : Paul-Luc Monnier

Parler avec l’enfant, être attentif à son exposition aux polluants, lui faire découvrir la nature… La crèche est propice à l’éveil au langage et à l’environnement.

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Lire, écrire, compter... Il faut parfois des trésors d'imagination pour capter l'attention des jeunes, et beaucoup d'écoute pour les motiver à persévérer. De la crèche à l'orientation professionnelle, des associations se mobilisent pour favoriser l'apprentissage, dans un climat favorable.

Les bonnes habitudes se prennent dès la crèche

solidarites-actives.com 01 43 48 65 24

ecolo-creche.fr 09 54 83 33 10

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Chaque année, les jeunes se retrouvent en congrès, comme ici, à Valenciennes (59).

Éducation

Culture, écriture, recherche… Enfants et adolescents aiment nourrir leur curiosité. Coup de projecteur sur cinq initiatives pour accompagner leur développement et favoriser leur confiance en eux.

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Des maths ludiques « Souvent, les jeunes subissent les maths », constate Pierre Grihon, vice-président de l’association MATh.en.JEANS. Pour leur (re)donner le goût de la matière, celle-ci propose aux collégiens et lycéens volontaires de se retrouver chaque semaine pendant un an autour d’un problème ludique. « Pour le résoudre, ils travaillent comme de vrais chercheurs », souligne Pierre Grihon. « Ils ont des séminaires, ils écrivent des articles et ils ont un congrès pour exposer leurs travaux. » Les problèmes mêlent géométrie, statistiques et probabilités. Ainsi, des collégiens du Mans (72) cherchent à expliquer la forme des tas de sable. Des terminales de Briançon (05) essaient d’estimer le nombre de marmottes dans une vallée. Les jeunes appliquent leurs connaissances théoriques dans une ambiance joyeuse. Au fil de la recherche, ils gagnent en autonomie. 250 établissements (3 800 élèves) participent au projet en France et dans le monde.

© MATh.en.JEANS

Cinq idées pour intéresser les jeunes

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Ne subissez pas les maths, vivez-les ! Pierre Grihon, vice-président de MATh.en.JEANS

Môm’artre accueille chaque anné plus de 1 800 enfants de 4 à 12 ans.

Des élèves de Creil (60) ont utilisé des petits robots pour expliquer le fonctionnement du corps humain.

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L’art après les devoirs Môm’artre est un service de garde d'enfants pas comme les autres. « On va chercher les enfants à la sortie de l’école », raconte Chantal Mainguené, la fondatrice. Puis, de 16h30 à 20h, des artistes professionnels (des comédiens, des plasticiens, des vidéastes…) les aident à faire leurs devoirs et les éveillent à l’art. Des jeunes ont ainsi écrit et enregistré une chanson, comme des pros. Ils peuvent aussi monter des expositions, créer un masque ou fabriquer une marionnette… Le réseau Môm’artre accueille chaque année 1 800 enfants âgés de 4 à 12 ans dans treize antennes (Paris, Marseille, Arles, Nantes…). Elles sont aussi ouvertes le mercredi et pendant les vacances. Les tarifs dépendent des moyens des parents (de 10 centimes à 10 euros l’heure). De nouvelles antennes sont à l’étude à Bordeaux, Avignon, Angers et Argenteuil.

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© Savanturiers

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Une solution de garde qui favorise l'éveil artistique Chantal Mainguené, fondatrice du réseau Môm’artre

La recherche dans la classe Le programme Les Savanturiers-École de la recherche éveille les jeunes à la recherche scientifique. L’objectif ? « Apprendre à observer, à émettre des hypothèses, mais aussi à se tromper et à recommencer », sourit Julie Phan Quang, chargée de communication du Centre de recherches interdisciplinaires de Paris. Depuis 2013, 15 600 jeunes ont participé au dispositif avec leur école, collège ou lycée. L’an dernier, quatre classes de CM1 et CM2 de Creil (60) ont modélisé, à l’aide de robots et de parcours de billes, les systèmes du corps humain (sang, respiration, digestion et muscles). De leur côté, les CM2 de Freyming-Merlebach, en Moselle, ont envoyé 26 ballons dans le ciel afin d’étudier leurs trajectoires. Chaque classe est accompagnée par un vrai chercheur, issu d’une université ou d’un laboratoire. « Il encourage les élèves dans leurs expériences », précise Julie. Il peut aussi Ange Ansour, faire visiter son labodirectrice des Savanturiers ratoire à la classe.

Apprendre en se mettant dans la peau d’un chercheur

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Mieux vivre à l’école

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Réinventer le temps libre des ados

Ateliers sur le thème des discriminations, discussions autour du harcèlement… Sans tabou, avec un bon climat en classe, on favorise la réussite scolaire.

Yann Lasnier, secrétaire général de la Fédération Léo Lagrange

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Monter des projets dans les établissements pour améliorer le climat scolaire

Les Hubs Léo accueillent plus de 1 500 jeunes en France.

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Des lycéens sensibilisent leurs camarades au harcèlement scolaire

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© Maisonneuve

Les 15-25 ans témoignent de leur quotidien

© UNL

Les jeunes se familiarisent avec les codes du récit journalistique.

momartre.net

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mathenjeans.fr

les-savanturiers.cri-paris.org

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hubleo.org

la-zep.fr

Les volontaires de l’Afev participent à l’amélioration du climat scolaire.

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Ateliers d’écriture Permettre aux jeunes de 15 à 25 ans de se raconter, tel est l’objectif de la Zone Prioritaire d'Expression (ZEP), un média en ligne qui regroupe des textes écrits par les jeunes. « On ne publie pas des points de vue ou des éditoriaux, détaille Emmanuel Vaillant, le directeur du site. On aide les jeunes à écrire ce qu’ils vivent. » Argent, famille, sexualité, politique, orientation, emploi, mal-être… la ZEP n’a pas de sujet tabou. Anya, 19 ans, raconte son départ d’Algérie et son arrivée en France. Avec ses mots, Marin, 23 ans, témoigne de son addiction à l’alcool. Les textes publiés sont écrits au cours d’ateliers d’éveil à l’écriture donnés par des journalistes dans des lycées, Emmanuel Vaillant, des foyers, des missions lodirecteur de la ZEP cales ou des maisons de quartier. « S’exprimer, c’est s’extraire de soi », confie Emmanuel Vaillant. ■

©Afev

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n climat scolaire positif permet d'améliorer les résultats, de diminuer les problèmes de discipline et de faire baisser le nombre d'absences », explique Olivia Noel, chargée de mission à l’Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville). Depuis 2011, la structure envoie pendant une année des volontaires en Service civique dans 352 écoles, collèges et lycées prioritaires (pédagogie renforcée pour lutter contre répétitives sur le poids les inégalités). « Ils mènent Olivia Noel, chargée de mission à l'Afev ou sur la couleur des chetoutes sortes de projets pour veux », explique Giuseppe améliorer le climat scolaire », déAviges, vice-président de l'Union taille Olivia Noel. Ainsi, dans un collège de Metz (57), un atelier de marionnettes Nationale Lycéenne (UNL) qui a créé un invite à réfléchir sur les discriminations, programme de prévention pour lutter contre cette forme de viosexuelles notamment. Un lycée de Caen (14) lence. Baptisé Dis-le à tout a mis en place des temps d’échanges le midi le monde, il veut éveiller la sur l’amitié, la religion ou les addictions. conscience des jeunes. Sa particularité : ce combattre les violences sont des lycéens Une autre voie d'amélioration du qui parlent aux climat à l'école consiste à lutter lycéens. Il est mis contre le harcèlement. Il peut en place dans une être physique ou psycholoquarantaine de gique. « Comme les moqueries classes. « Nous donnons, aux jeunes qui pourraient être témoins de harcèlement, des Giuseppe Aviges, clés pour comprendre vice-président de l’UNL et réagir. » ■

© Benjamin Géminel

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Éducation au numérique Saviez-vous que 80 % des jeunes se connectent tous les jours sur les réseaux sociaux ? 40 % d’entre eux les fréquentent même plus de quatre fois par jour. La Fédération Léo Lagrange a imaginé des espaces, les Hubs Léo, qui mêlent activités sportives, culturelles… et numériques. « Dans nos Hubs Léo, on aide les jeunes à passer d’une posture de consommateur des médias web à une posture d’acteur », explique Lucile Quilot, chef de projet. Réservés aux 11-15 ans, les Hubs Léo sont ouverts le mercredi après-midi, le samedi et pendant les vacances scolaires. Avec les animateurs, les ados apprennent à repérer les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Ils peuvent aussi monter des projets numériques et citoyens, comme le tournage et le montage d’une vidéo sur leur quartier. La Fédération Léo Lagrange organise plusieurs rencontres entre les 33 Hubs Léo, qui regroupent au total plus de 1 500 jeunes.

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Éducation

700 000 jeunes seraient victimes de harcèlement entre le CE2 et le lycée.

afev.org, rubrique nos-actions, puis volontaires en résidence.

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facebook.com/ UnionNationaleLyceenne/

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DR

Éducation

Stop au dÉcrochage

Apprendre un métier technique, de façon pratique, au cœur de l’école

L’échec scolaire n’est pas une fatalité. Plusieurs dispositifs aident les jeunes à surmonter leurs difficultés à l’école primaire, au collège ou au lycée.

© Ecoles de Production

Les volontaires d'Énergie Jeunes utilisent des jeux interactifs avec les collégiens.

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© Energies Jeunes

reprend Philippe Korda. Selon une étude, les notes des collégiens progressent après les sessions Énergies Jeunes.

400 écoles appliquent la méthode Agir pour l’école.

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© Agir pour l’école

Former les collégiens des quartiers à la persévérance scolaire Philippe Korda, président d’Energies Jeunes

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Arriver à l’heure, rester concentré, travailler de façon régulière… Énergies Jeunes habitue les élèves des collèges prioritaires (situés dans les territoires qui rencontrent les plus grandes difficultés Laurent Cros, directeur d’Agir pour l’école sociales) à la persévérance scolaire. « On veut les aider à se discipliner eux-mêmes », résume

Des petits groupes dans les classes de CP pour mieux apprendre à lire

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À Vaulx-en-Velin (Rhône), l’École de Production forme de futurs chaudronniers.

Philippe Korda, le président. Les volontaires d’Énergies Jeunes interviennent trois fois par an dans un peu plus de 3 500 classes. Ils s’appuient sur des jeux interactifs et des vidéos pédagogiques. À la fin de chaque séance, tous les collégiens se fixent un engagement. « J’ai décidé d’éteindre mon téléphone en classe », avoue Imane. Cheikna, lui, promet d’améliorer son comportement. « D’autres vont prendre conscience qu’ils se couchent trop tard, le soir, à la maison »,

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Raccrocher les décrocheurs Quand un jeune a abandonné sa scolarité, certains dispositifs l’aident à raccrocher. À l’image des Écoles de Production, accessibles dès 15 ans. « Chez nous, les jeunes se forment dans le réel », explique Corentin Rémond, le délégué général. « Ils apprennent un métier technique en réalisant de vraies commandes pour de vrais clients. » La France compte 20 Écoles de Production (Paris, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse…). De la chaudronnerie à la menuiserie en passant par la carrosserie ou les travaux paysagers, elles ont toutes leur spécialité. Pour Corentin Rémond, « le métier est un support pédagogique ». Ainsi, dans l’école de cuisine de Rouen (76), la prof d’Anglais fait cours… en cuisinant. Depuis 2010, les 18-25 ans qui ont quitté l’école prématurément peuvent aussi rebondir avec la Web@cadémie. « Pendant deux ans, on les forme au métier de développeur web », explique Sophie Viger, la directrice de la formation. La condition ? Aimer l’informatique ! Unique en France, le parcours, proposé à Paris et à Lyon, a été créé sous l’impulsion de l’association ZUPdeCO et agirpourlecole.org

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Une école sans cours pour devenir développeur web

des écoles d’informatique Sophie Viger, directrice de la Épitech. « Les jeunes acWeb@cadémie quièrent un savoir-faire et ils reprennent confiance en eux », indique Sophie Viger. Pendant les trois premières semaines, ils se familiarisent avec les bases de la programmation, de façon intensive. Ensuite, il n’y a pas de cours ; les apprentis développeurs travaillent sur des projets réels (site, jeu, application…). 95 % des jeunes trouvent un emploi à la sortie de la Web@cadémie. ■

La Web@cadémie accueille les jeunes qui ont quitté l’école très tôt.

©Epitech

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haque année, en France, quelque 150 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme ou qualification. « L’échec scolaire s’explique souvent par une mauvaise entrée dans la lecture », remarque Laurent Cros, le directeur d’Agir pour l'école. Cette association a développé le projet Lecture centré sur l’individualisation des apprentissages. « Tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins », justifie Laurent Cros. L’association encourage la mise en place de groupes de niveau dans les classes de CP. Résultat, dans les 400 classes où la méthode est appliquée, les enseignants consacrent plus de temps aux groupes les plus faibles… et la quasi-totalité des enfants sait lire à la fin du CP.

Corentin Rémond, délégué général des Écoles de Production

energiejeunes.fr

ecoles-de-production.com

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webacademie.org

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Pour les lycéens Frateli a créé un réseau social de l’orientation baptisé Inspire. Le principe ? Mettre en relation des lycéens avec des étudiants pour échanger sur la réalité d’une formation ou d’une école. « Les étudiants vont guider les lycéens et répondre à toutes leurs questions, sans langue de bois », explique Leslie. Créée en 2015, la plateforme Inspire compte 700 étudiants et plus de 3 400 lycéens. Frateli a aussi créé le Tour de l’Inspiration. Il s’agit d’un grand événement organisé dans plusieurs villes. Pendant une journée, des étudiants de la région rencontrent des lycéens boursiers et les aident à se projeter dans les études supérieures. « Le Tour m’a

Salwa Toko, fondatrice de Wi-Filles

Le programme Wi-Filles est accessible en troisième, seconde et première.

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inspire-orientation.org tourdelinspiration.org

wifilles.org

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Les filles aussi peuvent faire de la programmation informatique

© Wi-Filles

Le Tour de l’Inspiration sillonne la France (Lyon, Marseille, Rouen…).

Pour les étudiants Une fois dans l’enseignement supérieur, les jeunes peuvent aussi avoir besoin d’un petit coup de pouce. C’est ce que fait Passeport Avenir. L’association intervient auprès de 3 900 étudiants dans 170 établissements, partout en France. « On anime des ateliers pour les aider à entretenir un réseau, à préparer un oral ou à rechercher un stage », note Sébastien Lailheugue, directeur des opérations de Passeport Avenir. Les étudiants à faible revenu peuvent aussi être accompagnés dans la durée par un mentor. « Le mentor est un salarié d’une entreprise partenaire qui rassure l’étudiant, le guide dans ses choix d'orientation et de professionnalisation. » L’étudiant peut profiter de son réseau professionnel. De son côté, La Chance aux concours prépare les étudiants boursiers aux concours très sélectifs des écoles de journalisme reconnues par toute la profession à Paris,

Clermont-Ferrand, Toulouse, Strasbourg et Grenoble. « Pendant un an, 300 journalistes bénévoles aident 70 étudiants », explique Marc Epstein, le président de l’association. Pour lui, les équipes des journaux ne reflètent pas la diversité de la population française. « Or, la presse doit être le miroir de la société », dit-il. Chaque samedi après-midi, les journalistes passent en revue l’actualité avec les étudiants. Ils testent aussi leur culture générale. Deux tiers des jeunes qui passent par l'association intègrent une école de journalisme. ■

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© Vaitheki Thambo

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Les étudiants aident les lycéens à faire un choix d’études éclairé

fondatrice de Wi-Filles. Ce programme permet chaque année à une quinzaine de jeunes filles, élèves de troisième, seconde et première, de découvrir l’informatique de façon intensive pendant cinq mois (mercredis et vacances scolaires). Gratuit et ouvert à toutes, Wi-Filles est proposé en SeineSaint-Denis (93), mais devrait prochainement s’installer à Paris, Nantes et Marseille. « Cela leur permet d'envisager leur avenir professionnel avec plus d’ambition », assure Salwa Toko.

Nous faisons la courteéchelle à des étudiants boursiers qui souhaitent devenir journalistes

©CAC

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aidée à me poser les bonnes questions », confie Fiona, en classe de terminale à Rouen. Souvent, les filles évitent certaines filières, comme l’informatique, qu'elles pensent réservées aux garçons. « Le but Leslie Morvan-Fortier, était de leur montrer responsable de programmes Frateli que ces univers leur étaient accessibles », raconte Salwa Toko, la ©

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ne formation trop compliquée, une école trop chère ou trop loin de la maison… Les jeunes issus d’une famille aux revenus modestes s’interdisent parfois certaines études. « On remarque des phénomènes d’autocensure », confirme Leslie Morvan-Fortier, responsable de programmes chez Frateli.

Des salariés d’entreprise inspirent et stimulent des étudiants Benjamin Blavier, fondateur de Passeport Avenir

©Gwel Prod

Les jeunes ont souvent du mal à construire leur projet professionnel. Des associations peuvent les aiguiller, qu’ils soient lycéens ou étudiants.

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Se faire accompagner dans son orientation

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Passeport Avenir donne des coups de pouce aux étudiants dans le besoin.

Éducation

Le samedi après-midi, les étudiants de La Chance aux concours enchaînent les questionnaires d’actualité et de culture générale.

passeport-avenir.com 01 71 19 40 94

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Marc Epstein, président de La Chance aux concours

la-chance-aux-concours.org 07 86 35 81 79

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Index

Éducation

l'expérience de l'entreprise pour apprendre En classe ou pendant l’été, les jeunes font le plein d’assurance en testant la création d’entreprise.

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Coopératives de services L’été, les jeunes de 16 à 18 ans peuvent aussi faire l’expérience de l’entrepreneuriat dans une Coopérative Jeunesse de Services (CJS). « Pendant deux mois, ils proposent leurs services dans leur commune ou

Créer une mini-entreprise pour devenir acteur de son avenir

© EPA

Julien Vasseur, directeur national d’EPA

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© Alex Giraud

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Été 2016 : 32 Coopératives Jeunesse de Services ont vu le jour.

DR

ls ne vont pas tous être des chefs d'entreprise. « Mais ils vont devenir entrepreneurs de leur vie », assure Julien Vasseur, directeur national d’Entreprendre Pour Apprendre (EPA). Chaque année, 27 000 collégiens et lycéens créent une mini-entreprise avec leur classe. « Ils choisissent un produit ou un service à commercialiser. Ils font une étude de marché, se répartissent les rôles et se lancent. » Flocage de tee-shirts, coques de téléphone, fabrication de cosmétiques maison ou de bouillottes en peluche… les idées des apprentis entrepreneurs sont nombreuses. « Avec la mini-entreprise, ils apprennent à travailler en équipe et à prendre des responsabilités », raconte Julien Vasseur.

Pendant un été, les jeunes créent et gèrent une entreprise coopérative Nelly Lechaplain, coordinatrice des CJS

leur communauté de communes », détaille Nelly Lechaplain, coordinatrice des CJS. Souvent, les jeunes font du ménage et du jardinage pour les particuliers. Ils peuvent aussi distribuer des flyers et archiver des dossiers pour les entreprises. De l’élaboration de la stratégie commerciale à la facturation de la prestation, les jeunes s’occupent de tout. « Au début, ils sont renfermés. À la fin, ils prennent confiance en eux et ils parlent plus facilement en public. » ■

Des lycéens de Colmar (68) ont créé une minientreprise. Elle commercialise une lampe qui soulage les yeux exposés aux écrans. 11 • mars-avril-mai 2017

entreprendre-pour-apprendre.fr 01 85 34 19 15 cooperer.coop, rubrique nos CAE membres, puis les coopératives jeunesse de services

Ils sont debout, ils s'engagent Acta Vista............................................................................P. 17

ARES / Log'ins �������������������������������������������������������������������� P. 40

ADIE / Microfranchise Solidaire........................................ P. 14

Association de la fondation étudiante pour la ville Volontaires en résidence ���������������������������������������������������P. 25

Agence nouvelle des solidarités actives Parler Bambin ��������������������������������������������������������������������� P. 21

Association Lulu dans ma rue ������������������������������������������� P. 14

Agir pour l'école / Projet Lecture �������������������������������������P. 26

Association Nationale des Groupements de Créateurs Groupement des Créateurs ����������������������������������������������� P. 15

ANDES / Uniterres �������������������������������������������������������������P. 59

Association Nationale Handi Surf ����������������������������������� P. 39

Lauréats 2014 Lauréats 2015 Lauréats 2016 11 • mars-avril-mai 2017

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Index Astrées / Dessine-moi le travail �������������������������������������� P. 47

Comme les autres ���������������������������������������������������������������P. 37

Bayes Impact / bob-emploi ���������������������������������������������P. 17

Coopérer pour entreprendre Coopérative jeunesse de services ����������������������������������� P. 30

Bibliothèques sans frontières / Ideas box ���������������������� P. 52

Cuisine mode d'emploi(s) ��������������������������������������������������P. 16

Cartable fantastique ��������������������������������������������������������� P. 35

Écolo crèche ����������������������������������������������������������������������� P. 21

Fédération Nationale des Ecoles de production Ecoles de production �������������������������������������������������������� P. 27

Centre de promotion du livre pour la jeunesse Des livres à soi ������������������������������������������������������������������� P. 54

Énergie jeunes ������������������������������������������������������������������� P. 26

Fédération Simon de Cyrène Les maisons partagées ����������������������������������������������������� P. 37

L'Agence du don en nature ����������������������������������������������� P. 58

Clubhouse France �������������������������������������������������������������P. 38

Enquête �������������������������������������������������������������������������������P. 45

Frateli / Inspire ������������������������������������������������������������������ P. 28

La Banque Postale / L'Appui ���������������������������������������������P. 61

CoExist �������������������������������������������������������������������������������P. 46

Entreprendre pour apprendre ������������������������������������������� P. 30

Groupe associatif Siel Bleu ����������������������������������������������P. 63

La Chance aux concours �������������������������������������������������� P. 29

Coexister ����������������������������������������������������������������������������P. 46

FACE / Wifilles ������������������������������������������������������������������� P. 28

HelloAsso ��������������������������������������������������������������������������� P. 43

La Compagnie des aidants ����������������������������������������������� P. 63

Fédération des Association Générales Etudiantes AGORAé ����������������������������������������������������������������������������� P. 59 FÉDÉEH / Handinamique vers l'emploi ���������������������������P. 40

Fédération Léo Lagrange / Hub Léo �������������������������������� P. 24

Institut de l'engagement ���������������������������������������������������P. 19

Jaccede ��������������������������������������������������������������������������������P. 35

Koom ���������������������������������������������������������������������������������� P. 49 L'Académie Christophe Tiozzo Ma place sur le ring ����������������������������������������������������������� P. 39

Lauréats 2014 Lauréats 2015 Lauréats 2016

Lauréats ENTOURAGE

AGIR POUR LA MIXITÉ SOCIALE AU COLLÈGE

Incite les riverains à entrer en relation avec leurs voisins SDF pour lutter contre leur solitude, via une application mobile. Lucie de Clerck
 lucie@entourage.social

JEUNES FEMMES & NUMÉRIQUE / SOCIAL BUILDER

Agit concrètement pour la mixité hommes-femmes et l'insertion des femmes dans les carrières porteuses comme le numérique. Emmanuelle Larroque
 emmanuelle@socialbuilder.org

CARTOONING FOR PEACE

Promeut, dans les écoles et les prisons, le respect des cultures et des libertés, la tolérance et la démocratie en utilisant le dessin de presse comme moyen d’expression d’un langage universel. Mark Gore
 mark.gore@cartooningforpeace.org

CINÉTALENTS / 1000 VISAGES

Accompagne des jeunes éloignés de l'offre culturelle ou privés de réseau jusqu’à l'insertion professionnelle dans le cinéma, l'audiovisuel ou le numérique. Holta Hoxha-Carron
 holta@1000visages.fr

Renforce le mélange des cultures dans les collèges parisiens avec un outil de répartition et une évaluation des effets sur la mixité sociale et sur le climat scolaire. Julien Grenet julien.grenet@psemail.du

DROITSDIRECTS.FR / DROITS D'URGENCE Propose aux plus démunis une réponse adaptée, immédiate et fiable sur leurs droits, via une plateforme numérique et géolocalisée. Antoine Bouvet
 abouvet@droitsdurgence.org

#APTIC / MÉDIAS-CITÉ

Lève des freins à l’emploi et lutte contre l’exclusion numérique, grâce au chèque "culture numérique pour tous" qui met en lumière une offre de services déjà existante sur les territoires. Gérald Elbaze
 contact@aptic.fr

CIRCOMOBILES / LE PLUS PETIT CIRQUE DU MONDE Amène les arts du cirque et les cultures urbaines au sein des quartiers prioritaires franciliens et antillais. Eleftérios Kechagioglou
 elefterios@ppcm.fr

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2017 FAMILEO

Facilite le lien familial entre les personnes âgées en maison de retraite et leurs familles. Les messages envoyés par la famille sont mis en page sous la forme d’une gazette papier, imprimée par l’établissement puis transmise au résident. Armel de Lesquen
 armel@famileo.com

HACKTIV

Favorise et facilite l’engagement citoyen via un service numérique de géolocalisation et d’intermédiation entre les associations d’intérêt général et les citoyens. Nicolas Goudy
 nicolas@hacktiv.org

LA SOURCE DES SOURCES

Lutte contre l’exclusion sociale et scolaire des enfants de 6 à 18 ans en milieu rural et périurbain par la création artistique avec des artistes reconnus et éducateurs. Sophie Simonet
 simonet.sophie@gmail.com

LES ACCORDERIES DE FRANCE

Luttent contre la précarité et créent des solidarités en proposant aux habitants d’échanger des services grâce à une monnaie temps. Zoé Renaut-Revoyre
 zoe.renaut@accorderie.fr

MAÎTRISE POPULAIRE DE L'OPÉRA COMIQUE LA COMPAGNIE SANS PÈRE

Offre une formation complète en chant, théâtre et danse pour des jeunes de 8 à 25 ans de toutes origines et non musiciens, en complément de leur scolarité. Sarah Koné
 skone@opera-comique.com

PLAYDAGOGIE / PLAY INTERNATIONAL

Utilise des jeux sportifs comme support d’apprentissage pour les enfants et de développement de comportements plus inclusifs. David Blough
 david.blough@pl4y.international

ROMCIVIC / LES ENFANTS DU CANAL

Favorise la responsabilisation de jeunes européens issus des bidonvilles grâce à l'engagement en Service civique. Leurs missions : améliorer les conditions de vie de familles vivant dans des bidonvilles d’Île-de-France. Christophe
Louis c.louis@lesenfantsducanal.fr

TRANSMETTRE UN HORIZON À TOUS

Donne accès à des réfugiés et demandeurs d’asile n’ayant pas ou peu bénéficié de scolarisation dans leur pays, à une formation de français efficace. Nio Héloïse
 heloise@thot-fle.fr

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Handicap

La Cravate solidaire �����������������������������������������������������������P. 13

Permis de vivre la ville / Sites rassembleurs ������������������P. 48

Non à la double peine quand on est handicapé ! Emploi, déplacements, lieux de vie... Des initiatives leur font une véritable place dans la société, en lien avec les personnes valides.

La Tablée des chefs ����������������������������������������������������������� P. 58

Réseau Cocagne / Jardins de Cocagne ��������������������������� P. 13

◊ Texte : Daphnée de Morant

Lazare ��������������������������������������������������������������������������������� P. 44

Réseau COSI ���������������������������������������������������������������������� P. 42

Le Bal - La Fabrique du regard numérique / Ersilia �������� P. 54

Réseau Éco Habitat ���������������������������������������������������������� P. 61

Le Labo des histoires �������������������������������������������������������� P. 55

Réseau Môm'artre ��������������������������������������������������������������P. 22

Le MuMo ���������������������������������������������������������������������������� P. 52

SAS De nous à vous / En Direct Des Éleveurs ��������������� P. 60

Les Ateliers du bocage / Solidatech �������������������������������� P. 62

Simplon.co ������������������������������������������������������������������������� P. 18

Les Concerts de poche ����������������������������������������������������� P. 53

Singa �����������������������������������������������������������������������������������P. 44

Les Invités au festin ���������������������������������������������������������� P. 38

Solidarités nouvelles face au chômage �������������������������� P. 12

Les Saventuriers-École de la recherche ������������������������� P. 23

Solidarités nouvelles pour le logement ��������������������������P. 62

Lire et faire lire / Temps Livres ���������������������������������������� P. 55

Sport dans la ville / Job dans la ville ������������������������������� P. 18

Lire pour en sortir �������������������������������������������������������������� P. 55

SynLab / Bâtisseurs de possibles ������������������������������������ P. 45

MATh.en.JEANS ����������������������������������������������������������������� P. 23

Union Nationale Lycéenne Dis-le à tout le monde ����������������������������������������������������� P. 25

Monalisa ����������������������������������������������������������������������������� P. 42

Unis-Cité / Rêve & Réalise ���������������������������������������������� P. 19

Mouvement ATD Quart Monde Territoire zéro chômeur de longue durée �������������������������P. 12

VoisinMalin ������������������������������������������������������������������������P. 48

Océan / Environnements solidaires ��������������������������������P. 49

Zone d'expression prioritaire �������������������������������������������� P. 24

Paris Mozart Orchestra Un Orchestre dans mon bahut ���������������������������������������� P. 53

Zupdeco / Web@cademie ������������������������������������������������ P. 27

Passeport avenir ���������������������������������������������������������������� P. 29

© ACE

Index

sommaire P. 36 Trouver sa place dans la société P. 38 Soigner autrement les troubles psychiatriques P. 40 Halte aux freins à l'emploi

© Gérar d Mathi

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Lauréats 2014 Lauréats 2015 Lauréats 2016 34

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Partager des informations pour savoir où aller en fonction de sa mobilité

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Retrouver la motivation après un accident Subir un grave accident peut faire perdre espoir à ceux qui en sont victimes. Pour éviter cela, l’association Comme les Autres offre un parcours de reconstruction et un accompagnement personnalisé d’aide à l’insertion professionnelle, au logement, à la mobilité… Basée en Ilede-France, elle organise aussi des séjours sportifs (vélo, deltaplane, canoé) ou des activités de proximité (sorties dans des musées et centres culturels) pour les personnes accidentées et ce, dès leur sortie du centre de rééducation. « L’association Comme les Autres les aide à retrouver l’élan de motivation nécessaire pour ne pas baisser les bras », explique Maud Raynaud, directrice de l'association. Elle veille aussi à changer le regard des personnes valides sur les handicapés pour favoriser des relations plus justes et plus égalitaires entre les individus.

Valentine Lesser, présidente de Jaccede

36

©

11 • mars-avril-mai 2017

simondecyrene.org 01 82 96 00 10

commelesautres-asso.org

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Un même toit pour valides et handicapés Les maisons partagées de la Fédération Simon de Cyrène visent à faire évoluer les relations entre les deux mondes : elles ont conçu des habitats partagés par des personnes handicapées et valides. Un(e) responsable de maison assure la bonne tenue des lieux. Une colocation d’un nouveau genre qui s’adresse aux jeunes, en Service civique ou pas, et pour qui le sens de la vie se trouve dans l'amitié et la fraternité. « Au sein des maisons partagées, je peux me reconstruire pas à pas, partager des activités, nouer des liens forts. C’est comme une famille pour moi... » confie Liliane, une résidente handicapée. ■

Maud Raynaud, directrice générale de Comme les Autres

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2

INTERNET pour se déplacer plus facilement Savoir si un bar dispose de toilettes aménagées pour les personnes en fauteuil roulant, si les salles de ce cinéma ont une boucle magnétique (fil électrique relié à un amplificateur pour malentendants), s’il y a une rampe d'accès pour faciliter l'entrée dans une pharmacie… Pour répondre à ces besoins des personnes à mobilité réduite et encourager leurs sorties, l'association Jaccede a créé une plateforme collaborative sur l’accessibilité des établissements recevant du public. Un site web et une application mobile collectent et diffusent les informations données par les utilisateurs, valides ou non. Ainsi, chacun peut savoir à l'avance où aller en fonction de sa mobilité. La participation est ouverte à tout le monde. Un smartphone ou un accès internet suffisent pour faire ce geste citoyen en quelques clics.

© Adrien Daste

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© Cartable fantastique

Une jeune fille utilise la plateforme mots, l’un des outils mis en place par Cartable fantastique.

Une entreprise partenaire de Jaccede mobilise ses collaborateurs pour tester l'accessibilité des lieux ouverts au public. Ici, une pharmacie.

Changer les relations entre monde valide et monde du handicap vers plus d’égalité

À Vanves (92), vivre ensemble nécessite aussi que l’on puisse passer des moments plus personnels. Dans le jardin par exemple. Sur la photo, un assistant et une résidente.

© Jaccede

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Ca

Faciliter la scolarité des enfants en situation de handicap

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1

LE NUMéRIQUE pour une scolarité normale La dyspraxie est un handicap qui trouble l’organisation du regard et perturbe la coordination des gestes. Pour faciliter la scolarité des enfants qui en sont atteints, l’association Le Cartable fantastique conçoit des outils numériques adaptés. Ainsi, l'ordinateur permet aux enfants de contourner leurs difficultés d’écriture en classe et de poursuivre leur scolarité sans être gênés par leur handicap. Leur ordinateur remplace les livres, les cahiers et les classeurs des élèves non handicapés. « Grâce à cette initiative, mon fils se débrouille bien mieux à l’école, et franchement, cela me simplifie Caroline Huron, présidente de l’association aussi beaucoup la tâche », le Cartable fantastique confie un parent d’élève.

Un exemple d’ activité collective : baptême de planeur à l'Aérodrome de Beynes (78).

© Comme les Autres

Les personnes confrontées à un handicap, qu’il soit de naissance ou survienne plus tard, ont du mal à trouver leur place dans un monde fait pour les valides. Plusieurs initiatives tendent à faire vivre ensemble ces deux univers.

©

Trouver sa place dans la société

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Handicap

Construisons ensemble la fraternité avec les plus fragiles Laurent de Cherisey, directeur général de la Fédération Simon de Cyrène

jaccede.com 01 43 71 98 10

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cartablefantastique.fr

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Handicap

Soigner autrement les Troubles psychiatriques

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cela, l'association a créé un lieu d’entraide et d’activités de jour non médicalisé. Appelées « membres », les personnes fragilisées par un trouble psychique Jean-Marc Saint-Geours, fondateur de l’association peuvent ainsi disposer nationale Handi Surf d’un espace pour travailler et « d’une destination quotidienne pour sortir de l’isolement », comme l’explique David, membre actif de ce dispositif. Plusieurs activités y sont proposées, comme celle de participer à la bonne marche des lieux : de la gestion du budget à la préparation des repas en passant par le standard téléphonique et l’organisation les pratiques de la boxe anglaise, utilisée d'ateliers. Des partenariats avec des entre- ici comme outil thérapeutique d’insertion prises sont mis en place avant, pendant et sociale. Développé à Villiers-le-Bel (95), après l’insertion des membres afin d’opti- ce programme doit s’étendre à Paris, mais miser par la suite un retour à l'emploi. Un aussi à Toulouse et à Grenoble. Clubhouse est en expérimentation à Paris, Pour les enfants et les adultes atteints d’autisme ou de handicaps divers, l’association un autre est en construction à Lyon. Handi Surf a choisi les sports de glisse  : surf, paddle (sport pratiqué avec une Pratiquer une activité sportive Même avec un handicap, pratiquer une ac- planche et une pagaie)… Avec l’aide de bétivité physique régulière permet de gagner névoles et de surfeurs professionnels, elle en confiance en soi et de faire de belles propose des cours partout en France. Grâce rencontres... C’est le pari de Ma place sur à Handisurf, ils vivent une expérience le ring. Chaque semaine, cette associa- unique et oublient leur handicap le tion propose des ateliers handiboxe à des temps d’une journée. Comme en jeunes autistes de 12 à 30 ans. Encadrés atteste la maman de ce jeune par des animateurs en réinsertion sociale garçon : « le moniteur s’est et/ou professionnelle, ceux-ci apprennent rapidement adapté au besoin de Zak et était très à l’écoute. J’espère que cette initiative va se développer. Le plaisir sur le visage de mon fils m’émeut encore... Merci ». ■

Quand le handicap se dissout dans l'eau

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Une expérience innovante de psychiatrie citoyenne

Préparation des repas le mercredi soir à la Maison des Sources.

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© IAF

responsables des Invités au festin

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© Clubhouse France

Participation à la préparation du déjeuner dans un Clubhouse.

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Céline Aimetti, déléguée générale et co-fondatrice de Clubhouse France

droit de travailler et de participer. Plusieurs lieux d’accueil ont déjà vu le jour en France et à l’étranger et d’autres sont en cours de réalisation. Se soigner pour vivre et pas vivre pour se soigner Fondée sur une méthodologie innovante, l’association Clubhouse France offre la possibilité aux personnes vivant avec un trouble psychique (tel que la bipolarité, la schizophrénie ou la dépression sévère) de renouer avec le monde du travail en douceur, en bénéficiant d’un suivi personnalisé. Pour

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Cours pratique de surf avec de jeunes autistes

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Le clubhouse crée un pont entre les soins psychiatriques et la vie active

Entraînement ludique de Benjamin (20 ans) par son éducatrice. Travail sur la coordination.

© ACT

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n France, un foyer sur quatre abrite une personne atteinte d’un trouble psychique sévère qui bouleverse sa vie, l’exclut de la société, voire la conduit à la précarité. Des associations favorisent leur réinsertion sociale. Ainsi, depuis 17 ans, la Maison des Sources, à Besançon (25), créée par l’association Les Invités au festin, offre un accueil de vie pour 13 personnes et un accueil de jour pour une centaine d'autres souffrant de troubles psychiques. Le but : qu'elles se sentent moins isolées et abandonnées. Dans cette structure conviviale, une quarantaine d'activités de toutes sortes (cuisine, philosophie, gym…) sont proposées. La gestion du lieu repose sur un système d’entraide mutuelle. Cette psychiatrie « citoyenne » est guidée par quatre principes fondamentaux : fraternité pour le vivre ensemble, liberté pour l'ouverture sur l'extérieur, solidarité pour la participation de citoyens bénévoles, et enfin égalité pour le Marie-Noëlle et Jean Besançon,

© Asso nationale Handi Surf

Des structures d’échange et de partage permettent aux personnes souffrant de troubles psychiques de reprendre confiance en elles et de s’ouvrir plus facilement aux autres.

lesinvitesaufestin.fr 03 81 88 90.30

clubhousefrance.org 01 71 37 30 18

handi-surf. org

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Contribuer à l'insertion sociale des jeunes autistes et des encadrants dans les quartiers prioritaires Jean-François Rézeau, Président de Ma place sur le ring

lacademie.org 01 80 48 90 30

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Vivre ensemble

Handicap

Halte aux freins à l’emploi Réfléchir à nos différences pour mieux les dépasser, agir ensemble pour le bien commun : quelques clés pour vivre en harmonie avec nos voisins, nos aînés trop seuls, les personnes sans abri, les réfugiés...

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© FEDEEH

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aux personnes en situation de handicap, Log'ins oeuvre dans la logistique, le e-commerce, le marketing publi-promotionnel... En contrat d'insertion, les employés de cette structure bénéficient d’un accompagnement individualisé pour élaborer leurs projet professionnel futur. Lucie, responsable de l’accompagnement social et professionnel chez Log’ins explique : « Non seulement ils reprennent confiance en eux, mais ils développent des compétences recherchées et facilitent leur insertion dans le monde professionnel quand ils doivent nous quitter ». Présent en Ile-de-France, Log’ins a ouvert une antenne similaire dans le département de l'Ain en mai 2016. ■

Séance de tutorat organisée par PHARE, l’un des programmes faisant partie du projet Handinamique vers l’emploi. 11 • mars-avril-mai 2017

fedeeh.org 01 82 28 43 90

groupeares.fr

© Gérard Mathieu

Thibault Guilluy, directeur général du Groupe ARES

© ACE

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Redonner confiance aux plus fragiles pour qu'ils retrouvent un emploi durable

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la logistique, un vrai tremplin Log'ins est une des « entreprises tremplin » créées par le groupe ARES, dont la mission est de favoriser l’insertion par le travail de personnes en difficulté. Spécialement adaptée

P. 42 Faire entrer l'autre dans son quotidien P. 45 Échanger pour dépasser nos différences P. 48 Le nombre fait la force

◊ Texte : Claire Baudiffier

Copacking - regroupement de produits dans un emballage - dans l'entreprise "tremplin" Log'ins.

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Les jeunes, handicapés ou non, s'entraident pour accéder à l'emploi

sommaire

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ès la fin du collège, les jeunes, pénalisés par un handicap, peuvent être accompagnés dans leur parcours de formation et d'insertion professionnelle. C’est le sens du programme Handinamique vers l'emploi, porté par la Fédération Étudiante pour une Dynamique Étude et Emploi avec un Handicap (FÉDÉEH). Pour cela, elle fait appel à l’entraide et à l’émulation entre jeunes, handicapés ou non. L’association propose des actions de tutorat collectif, des parrainages individuels et des formations pour favoriser la continuité entre les études secondaires, supérieures et l'entrée dans la vie active. Ce programme repose sur l’engagement actif de jeunes bénévoles, dont certains sont eux aussi handicapés. Il leur permet d’anticiper le monde du travail et de Fabien Gaulué, bénéficier d’un véritable porteur du projet Handinamique réseau d'appui constitué vers l’emploi d'établissements supérieurs, de groupes d’entraide, d’associations et d'employeurs partenaires.

© Céline Deligey

L’intégration des handicapés dans le monde professionnel reste encore un combat à mener. Des associations se mobilisent pour que le handicap ne soit pas un frein à l'emploi.

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Faire entrer l’Autre

dans son quotidien

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Vivre ensemble

Une formule solidaire pour seniors isolés et jeunes sans moyens

Il suffit d’un peu d’attention et de quelques gestes pour rompre l’isolement des personnes âgées. Ou de partager un logement. Colocations entre jeunes et seniors, entre actifs et sans-abri, entre Français et réfugiés… Voilà de bonnes occasions de créer du lien.

Aude Messéan fondatrice de Cosi

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Partager le plaisir de peindre au cours des ateliers organisés par Monalisa.

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Rejoignez ou créez une équipe citoyenne pour lutter contre l’isolement social Jean-François Serres, fondateur de Monalisa 42

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© Quentin Ferjou

Ainsi, entre 4 500 et 5 000 binômes ont été formés depuis 2005. De quoi éviter l’isolement de nos aînés et sécuriser le parcours des jeunes – étudiants, chômeurs ou en alternance – qui ont de plus en plus de mal à se loger par manque de moyens.

© DR

Des cohabitations aussi riches qu'inattendues Et si l’une des solutions se trouvait dans la colocation intergénérationnelle ? C’est en tout cas le pari du réseau Cosi et ses 28 structures, qui mettent en relation des personnes âgées et des jeunes pour qu’ils cohabitent. « Le senior sort de sa solitude, retrouve une utilité sociale et finalement rajeunit, explique Aude Messéan, la fondatrice. J’ai en tête plusieurs exemples de dames qui ont lâché leur canne après quelques mois en colocation ! De son côté, le jeune accède à un logement un peu moins cher, mais surtout, il apprend beaucoup au contact d'une personne qui a du vécu derrière elle. »

Annick et Aurélien se son connus grâce au réseau Cosi. Aujourd'hui, ils partagent un logement et beaucoup de complicité.

© Eloïse Vene

© Julie Bourges

aire attention à sa voisine âgée et s’en inquiéter lorsqu’on ne l’a pas croisée depuis longtemps, discuter avec le papi que l’on voit chaque jour à l'épicerie. Ces petites actions du quotidien créent du lien et font du bien. « Et c’est aujourd’hui plus que nécessaire, puisque 5 millions de Français sont seuls. Et 1,5 million d’entre eux ont plus de 75 ans », explique JeanFrançois Serres, fondateur de Monalisa. Cette structure vise à susciter l’engagement des citoyens et les soutenir pour qu’ils aillent à la rencontre des anciens et leur apportent du soutien. Chacun peut ainsi créer ou rejoindre bénévolement une équipe qui intervient auprès des personnes âgées, via des réunions, des animations, des ateliers… C'est un sujet primordial d'humanité : en retardant l’accès aux soins, en les privant de reconnaissance sociale, elles s'isolent. Cela a pour conséquence d'accélérer leur perte d’autonomie, d'augmenter les risques d'accident, de précipiter leur hospitalisation…

Faire cohabiter des personnes qu’a priori tout oppose, c’est ce que propose l’association Lazare. À Nantes, Angers, Lyon, Marseille ou Toulouse, des jeunes actifs, des familles et d’anciens sans-abri vivent sous le même toit. « Dans chaque maison,

Léa Thomassin et Ismaël Le Mouël, fondateurs de Hello Asso

Aider les associations, c’est aider leurs bénéficiaires

Des outils numériques pour les associations Aujourd’hui, un Français sur deux fait partie d’une association. Qu’elles soient sportives, culturelles ou autres, les associations sont un vecteur indispensable de lien social entre les gens. Mais elles n’ont pas forcément toutes les moyens de se lancer sur le Web. C’est là qu’intervient

la plateforme Hello Asso, qui a pour mission centrale de mettre le numérique à leur service et de leur faciliter la vie. « Les outils que nous proposons ont notamment pour vocation de collecter des fonds en ligne », explique Charlie Tronche, responsable de la communication. Les structures

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peuvent aussi y gérer leurs adhésions ou leur billetterie. « Elles gagnent en visibilité et peuvent ainsi toucher plus de monde. » Un peu plus de 23 000 associations (sur 1,3 million en France) ont rejoint la plateforme. D’ici quelques mois, un annuaire les recensant devrait voir le jour.

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Vivre ensemble

Échanger pour dÉpasser nos diffÉrences

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Singa organise des temps de rencontre avec des réfugiés.

Bien accueillir, c’est renforcer notre société

helloasso.com 05 64 88 02 34

reseau-cosi.com 06 13 01 79 87

monalisa-asso.fr

Nous offrons un cadre de liberté pour donner confiance aux enfants

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Week-end à Vaumoise, l’une des maisons Lazare qui héberge des hommes et propose un travail au jardin maraîcher À la bonne ferme.

© Lazare

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composée en général de 30 à 40 personnes, il y a des studios, des appartements et des espaces communs. Un soir par semaine, tout le monde se retrouve autour d'un repas. Il y a aussi un temps parCréer un univers familial tagé le dimanche, où sont en réunissant actifs et invitées d’autres personnes anciens sans-abri isolées du quartier », raconte Etienne Villemain le fondateur du projet Etienne fondateur de Lazare Villemain, qui vit lui-même dans la première maison de Lazare installée à la campagne, dans l’Oise (60). « L’idée est de créer un univers qui ressemble à une famille. Chacun y vit normalement, fait les courses, le ménage, etc. Cela permet de se responsabiliser. On se fait progresser les uns et les autres. Si l’un a un entretien d’embauche, on le conseille… » Créer des rencontres, c’est aussi la mission que s’est donnée Singa depuis 2012. Plus particulièrement entre les citoyens français et les réfugiés. La plateforme Calm (Comme

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n y apprend les maths et l’histoire, le sport et le français. Mais l’école est aussi le lieu où, enfants, nous commençons à devenir citoyens. En 2013 est né le projet, conduit par l’association Synlab, Bâtisseurs des possibles. Sa misFlorence Rizzo, cofondatrice de sion est de permettre Bâtisseurs des possibles aux plus jeunes, de 6 à 13 ans, d'être acteurs de leur apprentissage. « Nous Les enfants voulons que les enfants soient porteurs (les violences, les sans-abri, la pollution…). bâtissent de solutions, qu’ils comprennent qu’ils Pour commencer, les enfants discutent. des solutions pour un peuvent agir, à leur niveau, avec des actions Puis ils envisagent des solutions : la créa- monde concrètes du quotidien », explique Florence tion d’un verger (classe de CM2 à Neubourg meilleur. Rizzo, cofondatrice de Synlab. Pour cela, en Normandie), l’organisation d’une caml’idée est de les faire « travailler » autour pagne de ramassage des déchets (classe de thématiques dont ils souhaitent parler de CM2 à Saint-Antoine-la-Forêt en SeineMaritime), la réalisation de cartes portant des messages anti-pollution (groupes de CM1 d’une école au Liban)... Travailler avec les enfants du primaire, c’est aussi l'objectif de l’association Enquête qui se concentre, elle, sur les questions de laïcité et de religions. « Ces sujets sont finalement peu abordés en classe », note Marine Quenin, la fondatrice du projet. L'association met des outils spécifiques à la disposition des enLes ateliers d'Enquête permettent aux enfants de s'exprimer sur la laïcité et la religion. seignants, et, au Marine Quenin, DR

À La Maison) les met en relation pour un accueil temporaire. « L’idée est de provoquer la rencontre entre personnes ayant des centres d’intérêt communs », souligne Alice Barbe, directrice générale. Les hôtes bénéficient d’une formation pour accueillir au mieux le ou la réfugié(e) chez eux. « Ces cohabitations permettent à la personne accueillie de comprendre les codes de notre pays. Par exemple, savoir que lorsque l’on passe un entretien, il faut regarder la personne dans les yeux. » Régulièrement, de grandes amitiés naissent. « Les hôtes me disent souvent : pour moi, ce n’est pas un réfugié, c’est un ami ! » ■

Enfants, ados, jeunes adultes… Tous sont amenés, grâce à des associations, à réfléchir et dialoguer sur des thèmes de société comme la religion ou le travail.

singa.fr 01 40 61 06 24

lazare.eu

© DR

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Alice Barbe directrice générale de Singa

Comprendre les religions pour vivre dans un monde plus apaisé déléguée générale d’Enquête

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Vivre ensemble

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que les juifs sont radins ? Pourquoi entend-on que les noirs sourient toujours ? Oui, cette phrase peut paraître positive, mais en fait pas du tout, puisqu’elle assigne les noirs à une position éternellement enfantine… », détaille Orly Cohen, directrice du programme. Pour cela, la centaine de bénévoles de CoExist fait appel à la prise de conscience pour expliquer et, petit à petit, détricoter les préjugés. « Nous adaptons la liste des mots à déconstruire en fonction du lieu d’intervention ; parler des migrants à Grande-Synthe, près de Dunkerque, n’est pas la même chose qu’en parler à Toulouse, par exemple. » Du dialogue et encore du dialogue. Cela semble être la clé du vivre ensemble. Ainsi, Coexister (qui est une entité différente de Coexist) s’affiche depuis 2009 comme un grand mouvement rassemblant des jeunes de 15 à 35 ans de divers horizons religieux et philosophiques. Ils sont aujourd’hui environ 2 500. Répartis dans divers groupes locaux, dans ou hors du cadre scolaire et sur tout le territoire, ils mettent en place du dialogue entre tous, proposent des actions de solidarité en partenariat avec des associations existantes autour de diverses thématiques (cette année par exemple, le handicap)... le

Faire prendre conscience aux élèves de leurs préjugés

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Orly Cohen, directrice du programme Coexist

Des bénévoles de Coexist sont formés pour amener les ados à revoir leurs préjugés.

cours d'ateliers, ces sujets sont discutés sur un mode apaisé. « On apporte aux enfants des connaissances pour comprendre les références religieuses. On rentre toujours dans le sujet par le jeu. cela permet de dédramatiser et de trouver un lien avec la vie de tous les jours. On utilise aussi la

pédagogie du questionnement, on fait parler les mots, pour voir ce que les enfants en saisissent... » L’an passé, près de 900 enfants ont pu participé à un atelier d'Enquête.

Des ateliers pour parler du travail Au sein du projet Dessine-moi le travail, initié par l'association Astrées, les jeunes échangent aussi. Cette fois, il s'agit d'un autre aspect de la vie quotidienne : le travail. « On a souhaité s’intéresser aux jeunes et plus particulièrement à leur relation au travail. Sur un angle différent de celui qui est souvent pris, à savoir la lutte contre le chômage », détaille Julie Pineau, chargée du projet. Pendant deux ans, une fois par mois lors d’ateliers dédiés, près de 300 jeunes de 14 à 30 ans se sont réunis pour partager leurs expériences sur les études, le travail, la recherche d’emploi… « Il a été souvent question de management inversé : les jeunes demandent à être écoutés par les responsables. On s’est aussi rendu compte qu’ils cherchaient un travail qui ait du sens. » Une partie du contenu de ces ateliers a été publiée sur le site d'Astrées. Le projet va maintenant se déployer en province. ■

© Alexandre Piat

Se parler et s'écouter au-delà des différences Emmanuel Michel, délégué général de Coexister

© DR

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Déconstruire les préjugés Plus largement, c’est pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme que s’est créé Coexist, en 2004. Cette association intervient également en milieu scolaire, mais auprès d’un public d’adolescents, de la quatrième au lycée, a touché plus de 30 000 élèves. « L’objectif du module est de déconstruire les préjugés et les stéréotypes racistes et antisémites, notamment via des associations libres autour d’une liste de mots et de dessin. Pourquoi dit-on

tout pour et avec les jeunes. « Notre action porte ses fruits grâce à la diversité de nos adhérents, qui ne sont pas forcément d’accord sur tout, mais qui se parlent et s’écoutent », précise Emmanuel Michel, délégué général. « Les demandes d’intervention de l’association dans les écoles ont augmenté en flèche depuis les attentats qui ont frappé notre pays. Dialoguer apaise.»

Au cours d'ateliers, les jeunes expriment ce que représente le travail pour eux.

batisseursdepossibles.org 01 42 77 25 60

enquete.asso.fr

Faire confiance aux jeunes pour donner un sens au travail Julie Pineau, chargée du projet Dessine-moi le travail

coexist.fr

coexister.fr

astrees.org/dessine-moi-le-travail

Les jeunes de Coexister se rassemblent pour dialoguer. 46

11 • mars-avril-mai 2017

11 • mars-avril-mai 2017

47


o/Elsa Sida &c wy

Sensibiliser sur le gaspillage alimentaire, informer ses voisins sur leurs droits, participer à des défis pour faire bouger les citoyens... Tour d’horizon de quelques associations qui poussent les habitants à agir collectivement.

Une partie des Voisins Malins d'Ile-de-France. 48

vivre la

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Manuela Pérez, directrice des Sites rassembleurs

Des jeunes sensibilient les habitants à une meilleure gestion du pain.

Jérôme Lhote, fondateur de Koom

vient toquer à leur porte et leur expliquer, c’est tout à fait différent... » Voisin Malin salarie, quelques heures par mois, des habitants volontaires, curieux et qui ont envie de faire bouger les choses, dans 11 communes françaises (en région parisienne notamment). L’idée ? Que chacun se sente mieux dans sa ville. À Nantes, dans le quartier de Bellevue, c’est aussi le sens de l’action d’Environnements solidaires : proposer un poste de médiateur pour sensibiliser à l'écocitoyenneté, à des demandeurs d’emploi habitant le quartier. « Ce n’est plus le bailleur de l'immeuble qui vient vous dire ce qui est bien ou mal, mais vos voisins avec leurs mots et leurs codes. Cela permet aux personnes de davantage prendre conscience des actes d’incivilité, par exemple », note le chargé de mission Madani Belkheir. Ainsi, depuis la mise en place de ce dispositif, il n’y a plus eu de départs de feu dans les espaces communs.

L'association Solicycle à Clichy (92) a reçu une subvention de la mairie pour réparer les vélos de ceux qui s'engagent à les utiliser plus souvent.

Les relations entre bailleurs et locataires se sont apaisées, le dialogue s’est installé et les habitants ont retrouvé le chemin de l'emploi. Impulser une dynamique Agir au quotidien n’est pas toujours facile seul. C’est pour impulser des dynamiques collectives que Koom a vu le jour, en 2012. Via cette plateforme Internet, chacun peut participer à divers défis, locaux ou nationaux (davantage se déplacer à vélo, manger local une fois par semaine…). « Ceux-ci entraînent ensuite l’action d’une ville ou d’une entreprise. L’important est de montrer que, peu importe nos moyens financiers, chacun peut agir et enclencher une dynamique plus large », précise Jérôme Lhote, le fondateur. Quand 200 habitants de Clichy (92) ont déclaré prendre leur bicyclette dès que possible, la mairie a versé une subvention de 5 000 € à Solicycle, l’association qui répare les vélos. ■ Tri des déchets recyclables par un opérateur d'Environnements solidaires

thème : la mixité hommes-femmes dans l’orientation professionnelle, notamment dans les métiers du numérique. Se sentir mieux dans sa ville Depuis 2010, l’association Voisin Malin réunit les citoyens de quartiers populaires qui deviennent, auprès de leurs voisins, des intermédiaires pour les informer de leurs droits et de l'actualité de leur ville : précisions et conseils sur leur consommation d’eau, sur les problèmes de bus, les travaux en cours... « Parfois, les habitants méconnaissent leurs droits et ont peu confiance en l’institution locale, explique Anne Charpy, la fondatrice. Mais quand c’est un voisin qui

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Mettre les talents des demandeurs d'emploi au service de l'environnement Madani Belkheir, chargé de mission d’Environnements solidaires

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© Lucas Roxo

Anne Charpy, fondatrice de Voisin Malin

Agir ensemble contre le gâchis alimentaire

© permis de vivre la ville

DR

Apporter des informations utiles pour vivre mieux dans son quartier

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À

première vue, cela peut paraître anodin. Et pourtant… En région parisienne, des villes voient certains de leurs espaces publics se remplir de pain. Avec l’initiative des Sites rassembleurs, l’association Permis de vivre la ville a eu l’idée de lutter contre ces « champs de pain ». « Les restes de pain sont déposés ici ou là pour les pigeons et attirent des nuisibles. Cela ne part pas d’un mauvais sentiment, mais c’est un geste qu’il faudrait mieux maîtriser. Ne gâchons pas le pain. Améliorer la vie quotidienne passe aussi par des petits sujets de ce type », explique Marcela Pérez, directrice de l’association. L’équipe propose diverses actions (recettes de chefs pour cuisiner du pain perdu, astuces contre le gaspillage imprimées sur le papier des baguettes…) pour rassembler les habitants autour de l'enjeu du gaspillage. Les Sites rassembleurs se mobilisent aussi sur un autre

Peu importe notre capacité financière, chacun peut agir pour la planète

DR

Le nombre fait la force

© Koom

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Vivre ensemble

banlieues-creatives.org/sitesrassembleurs

voisin-malin.fr

atlantique-habitations.fr/ environnements-solidaires

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koom.org

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Ils distribuent debout, ils témoignent

« 77 % des ménages locataires vivent en dessous du seuil de pauvreté. debout est un outil précieux pour les accompagner. À chaque numéro, nous le découvrons et le décortiquons d’abord ensemble. Puis ils se l’approprient. Je soupçonne qu’après, il passe de main en main ».

« Nous utilisons beaucoup debout dans nos ateliers socio-linguistiques. On fait d’une pierre deux coups : en apprenant la langue, les participants découvrent leurs droits »,

Camille, Solidarités Nouvelles pour le Logement.

Marie, Épicerie solidaire.

« Un magazine comme les autres pour des gens qui ne se sentent pas comme les autres, quelle bonne idée ! Merci pour eux et pour nous, car cela nous aide beaucoup dans notre travail au quotidien. » Véronique, Secours catholique.

Laurence, Secours populaire.

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Nous avons de bons retours des lecteurs qui apprécient la clarté du contenu de debout. C’est un rayon de soleil à chaque parution ! » Jean-Louis,

Claudine, Mieux lire, Mieux Ecrire

11 • mars-avril-mai 2017

sommaire

réseau Crésus

« debout, c’est le plaisir d’avoir un beau magazine d’informations. Les témoignages et les pages de jeux, qui permettent des échanges en cours, sont très appréciés. Pour ceux qui n’ont pas accès à la lecture, « déchiffrer» les photos permet d’accéder plus facilement au sens des articles. »

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◊ Texte : Daphnée de Morant

Les maisons de Marianne.

« debout est unique. Enfin, de l’information que l’on peut partager avec nos bénéficiaires ! Même nous, travailleurs sociaux, nous découvrons plein de choses. Nous attendons avec impatience les tutoriels sur Internet pour les aider à faire leurs démarches en ligne.» Nadia, PIMMS

Elle nous ouvre sur des horizons inconnus, elle nous réchauffe et nous réconforte. Mais la culture n'est pas toujours à portée de main. Un obstacle que les associations nous aident à dépasser.

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« Vivant, innovant et positif, debout colle au plus près des préoccupations de nos résidents. Les témoignages montrent qu’il est possible d'être positif et créatif chaque jour! C’est tout à fait en phase avec notre philosophie ». Christel,

P. 52 Quand la culture vient à nous P. 53 La musique ouvre les portes P. 54 Jeux de mots et d'images

© ACE

« Une boîte à outils alliant simplicité et efficacité ! Merci. »

Culture

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Culture

Quand la culture vient à nous

La musique ouvre les portes

Pas de médiathèque ni de musée près de chez vous ? Qu’à cela ne tienne, des associations les font venir à votre rencontre.

Vous pensez que la musique classique n’est pas faite pour vous ou qu'elle est réservée aux connaisseurs ? Des concerts socio-éducatifs vont vite vous faire changer d’avis.

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Ingrid Brocard, fondatrice du musée mobile (MuMo)

explique Jackie Ruth Meyer, directrice du centre d’art le LAIT (Laboratoire Artistique International du Tarn), lors de la visite du MuMo dans son département. Durant l’exposition, deux médiateurs culturels, recrutés dans chaque région où s’arrête le musée mobile, accompagnent les visites. En prolongement de celles-ci, ils organisent aussi des ateliers de pratiques artistiques. Rendez-vous sur le site pour savoir si le MuMo viendra chez vous. ■

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ideas-box.org 01 84 16 19 03

musee-mobile.fr

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La musique est un langage et le langage crée du lien

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Musique pour tous ! Tout au long de l’année, Les Concerts de poche proposent des représentations de grande qualité, accessibles à tous. Même les moins avertis peuvent découvrir les musiques dites « savantes » : classique, opéra, jazz. Composée d’une équipe d’artistes et de musiciens

passionnés, l’association se déplace aux quatre coins de la France. Très abordable, le prix des places ne dépasse jamais celui d’un ticket de cinéma. Avant chaque concert, elle organise des ateliers dans les centres sociaux, les établissements scolaires, les salles des Claire Gibault, fêtes, les maisons fondatricie d’Un orchestre dans mon bahut de quartier, les maisons de retraite des campagnes et des quartiers isolés… L'association anime aussi régulièrement des ateliers de chant choral pour préparer les habitants à se présenter en première Gisèle Magnan, des concerts aux côtés des fondatrice et directrice des Concerts de poche artistes. « C’est vraiment un privilège de pouvoir écouter des artistes aussi talentueux, et en plus dans une ambiance vraiment cool », témoigne une spectatrice. ■

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© Marc Josse

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Un formidable outil d'éveil, d'échanges, de partage et de réflexion

Si vous n’allez pas à Schubert, Schubert viendra à vous

© Didier Bonnel

© Bibliothèques Sans Frontières

Un musée sur roues Avec le MuMo, musée itinérant d'art contemporain de 45 m2, vous pouvez découvrir durant quelques jours des œuvres d'artistes de renommée internationale. Gratuit, il est ouvert à tous, petits et grands, le soir après la classe et le samedi. « C’est un objet artistique singulier à destination de ceux qui n’ont pas la possibilité d’expérimenter une relation à l’art d’aujourd’hui »,

L'art sur 8 roues stationne à Rennes (35).

Concert pédagogique dans un établissement scolaire. © Paris Mozart Orchestra

estiné aux élèves de collèges et de lycées situés dans des zones d'éducation prioritaire (ZEP), Un orchestre dans mon bahut leur fait découvrir la musique contemporaine et les métiers qui s'y rattachent. Comment ? En permettant aux élèves de participer à une création musicale avec des artistes professionnels. Tout au long de l’année, ils co-créent ainsi une oeuvre contemporaine. Elle sera interprétée dans leur établissement avec les musiciens du Paris Mozart Orchestra, sous la direction de la cheffe d'orchestre Claire Gibault. « De voir un orchestre dans mon lycée, c’est splendide, grandiose ! C’est une grande chance ! », confie un élève de terminale du lycée Jean Vilar à Meaux (77).

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uatre grosses boîtes de couleur et deux vastes malles de rangement sur roulettes qui se déploient en moins de 20 minutes, c’est la médiathèque en kit Ideas Box. Dans ces boîtes, on trouve des livres, des jeux, du matériel pour faire Des bibliothèques boîtes du théâtre, des ordinateurs, des ebooks (livres numéà outils pour riques), et de nombreuses ceux qui sont loin autres outils pédagogiques de la culture numériques. Cinq caméras Jérémy Lachal, sont mises à disposition pour porteur du projet ceux qui veulent s'essayer à la Ideas Box réalisation de reportages. L’un des coffres permet aussi de projeter des films sur grand écran. Au total, 100 m2 d’espace Anita et Hakim culturel itinérant encadré par des animadécouvrent la tablette d'Ideas teurs ! Conçue par l’association Bibliothèque Box à Sarcelles (95). sans frontières, Ideas Box se développe en France et s'installe le plus souvent dans les zones éloignées de la culture. Tenté par l’idée ? Demandez à votre mairie de faire venir une Ideas Box dans votre ville ! Une fois équipée, elle peut l’utiliser quand elle veut. es èr

concertsdepoche.fr 01 60 71 69 35 Quatuor Modigliani à Saint-Amand-les-Eaux (59) et chorale d'habitants en levée de rideau. 11 • mars-avril-mai 2017

parismozartorchestra.com 01 45 26 72 99 : Un orchestre dans mon bahut

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Culture

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Christine Vidal, directrice adjointe du BAL

Exercice d’écriture sur le patrimoine (en Martinique).

Une écrivaine vient parler de son métier dans une prison.

Aujourd'hui, comprendre la société, c'est aussi savoir lire les images

Grâce à la littérature, la vie est mieux comprise et mieux vécue, en prison comme ailleurs. Alexandre Duval-Stalla, porteur de projet Lire pour en sortir

Lire… les images Avec le programme Ersilia, développé par l’association Le BAL/La Fabrique du Regard, vous apprenez à faire parler les images. Cette plateforme numérique, conçue comme outil pédagogique pour les jeunes, le corps enseignant et les artistes, forme les jeunes collégiens et lycéens à porter un regard critique et ludique sur les images. Grâce à Ersilia, les

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Philippe Robinet, Président, fondateur du Labo des histoires

© le Labo des histoires

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Sylvie Vassalo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse (Des livres à soi)

Des ateliers gratuits pour que les jeunes partagent leurs écrits

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Accompagner les parents non lecteurs dans l’art de raconter des histoires

Partager avec les aînés Avec le projet Temps-Livres, porté par l’association Lire et faire lire, la lecture à voix haute de littérature jeunesse favorise l’échange entre générations. L'activité se déroule tout au long de l’année, sous forme de séances régulières animées par des séniors bénévoles et ouvertes à des jeunes âgés de 9 à 12 ans. Une relation de confiance et de partage se créé alors avec les jeunes, à qui les aînés transmettent leur goût de la lecture. « On intervient environ une fois par semaine dans des structures qui accueillent

S’exprimer Le plaisir des mots mène parfois à la mise en scène. Avec le Labo des histoires, si vous avez moins de 25 ans, vous pouvez participer à des ateliers gratuits d'écriture créative, dispensés par des professionnels. Vous pourrez ainsi explorer différentes techniques d'écriture, comme la fiction ou le slam (poésie orale et urbaine). Vous pouvez aussi rencontrer des auteurs, des éditeurs et bénéficier de leurs conseils et de leurs expériences. ■

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Lors du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-SaintDenis (93).

S’évader Lire pour en sortir aide à la réinsertion des personnes détenues, par la lecture. Les prisonniers qui en font la demande peuvent s'immerger dans les livres. Dans une fiche de lecture, ils notent leurs impressions et leur compréhension du texte. Ils peuvent ainsi sortir un peu de leur quotidien et enrichir leurs discussions en parlant des ouvrages qu’ils ont découverts à leurs visiteurs. « Je n'avais pas lu depuis la 6ème et j'ai repris goût à la lecture », confie l’un d’eux. Chaque trimestre, les participants rencontrent un écrivain pour parler de son

l'accès à des livres adaptés, accessibles et beaux. Le but : leur donner confiance, les rendre autonomes », explique Sylvie Vassalo, à l’origine du projet. Ainsi, les conseils et les ateliers pratiques dispensés par l’association apprennent aux parents à faire parler les images avec leurs propres mots. « On leur offre des chèques Lire et on les accompagne dans une librairie,qu'ils se constituent leur bibliothèque familiale. »

livre ou de son métier. En plus, lire un cycle de livres et rédiger des fiches de lecture ouvrent droit à des réductions de peine.

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des pré-adolescents : écoles, collèges, bibliothèques et centres de loisirs ”, explique Michèle Bauby-Malzac, présidente de Lire et faire lire.

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Michèle Bauby-Malzac, Présidente de Lire et Faire lire

Une bénévole de l’association fait la lecture à trois jeunes filles.

Ils nous distraient, ils nous racontent, ils nous font rêver... Bien plus qu’un loisir, les mots et les images nous ouvrent un monde d’échanges et de rencontres. es enfants sont avides de découvertes et d’histoires. Mais comment les parents peuvent-ils favoriser leur plaisir et leur désir de lire si eux-mêmes maîtrisent mal ou peu le langage ? Pour les aider, le projet Des livres à soi leur propose des ateliers de familiarisation avec les livres de jeunesse. « Nous voulons leur transmettre des gestes, des façons de faire, leur faciliter

Notre objectif : transmettre le plaisir de la lecture

© Lire et faire lire

Comprendre les mots… Et Les images

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« regardeurs » débutants comprennent comment elles sont produites, diffusées, reçues et ce qui conditionne leur appréciation. Ils apprennent à « penser en images un monde d’images » et à aiguiser leur regard pour établir des liens entre différents types de visuels issus de contextes variés comme la presse, l’espace public, les musées, internet ou encore les réseaux sociaux.

11 • mars-avril-mai 2017

lireetfairelire.org 01 43 58 96 50/27

slpj.fr, rubrique école, puis fabrique des lecteurs, puis des livres à soi 01 55 86 86 55

labodeshistoires.com

11 • mars-avril-mai 2017

lirepourensortir.org 01 43 35 40 30

ersilia.fr 01 45 23 86 33

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Solidarité

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Les des lecteurs de debout comprennent mieux leurs droits et découvrent des solutions à leurs problèmes.

ET vous ?

Le trouvez-vous utile ?

481 000 lectrices et lecteurs À CHAQUE NUMÉRO

(1)

130 000 exemplaires

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chaque trimestre

3 000

◊ Faites un don à l'aide du bulletin ci-dessous

pages de conseils et solutions

◊ Distribuez-le

à celles et ceux qui ont besoin d'une information claire pour améliorer leur quotidien (diffusion@debout.fr)

◊ aidez-nous à l'améliorer

en nous faisant part de vos remarques et idées (Ecrire à redaction@debout.fr)

1

P. 58 Des produits de qualité au juste prix P. 61 De l'aide pour surmonter ses difficultés

◊ Texte : Claire Baudiffier

11

outil unique d’insertion et de lien social

(1) Études de lectorat et d’usage du magazine, menée en juin/juillet 2015 par le Cabinet Iligo auprès des distributeurs (aidants) et de leurs publics bénéficiaires (aidés). Un exemplaire est lu en moyenne par 3,7 personnes. (2) Debout est une association d’intérêt général, créée en mai 2013. Le 1er numéro de debout est paru en septembre 2014. Vous tenez entre les mains le n° 9.

sommaire

numéroS

debout

(2)

© Gérard Mathieu

en retournant l'offre d'abonnement en p. 8 de ce numéro (abonnement@debout.fr)

Si NON

associations et structures d'action sociale qui le distribuent

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◊ Abonnez-vous

Œuvrer pour que chacun puisse se nourrir correctement et accède à des produits de nécessité courante. Ce premier acte de solidarité se complète de nombreuses autres mains tendues vers les aidants, les personnes malades, celles qui rencontrent des soucis financiers...

les solutions pour vivre mieux

Remplissez et envoyez ce bulletin accompagné de votre chèque ou faites un don par carte bancaire sur debout.fr nom * : ...................................................................................................................................................... prénom * :.............................................................................................................................................. Adresse * : ........................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................... VILLE * : ................................................................................................................................................... CODE POSTAL * : .................................................................................................................................. E-MAIL * :................................................................................................................................................. votre adresse mail nous permet de vous adresser votre reçu fiscal

DATE* : ..................................................... SIGNATURE* : ..................................................................

Votre don est déductible de vos impôts (1)

20 € coût réel pour vous 6,80 €

50 € coût réel pour vous 17 €

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90 € coût réel pour vous 30,60 €

120 € coût réel pour vous 40,80 €

❑ Je souhaite obtenir un reçu fiscal pour le joindre à ma prochaine déclaration de revenu (pour les dons de 20 € et plus). J’envoie mon chèque à l’ordre de l’association Debout, accompagné de ce bulletin de don dûment rempli (2) et signé, à l’adresse suivante : Association Debout, 10 rue Vergniaud, 92300 Levallois–Perret Si vous êtes imposable, votre don est déductible de votre impôt sur le revenu à hauteur de 66 % de son montant, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable (art. 200 du CGI). Autrement dit, un don de 20 € ne vous coûte réellement que 6,80 €, un don de 50 € que 17 €, etc. Vous recevrez un reçu fiscal à joindre à votre prochaine déclaration d’impôt.

(1)

(2) Les informations recueillies sont indispensables au traitement de votre don. Elles sont enregistrées dans le respect de la Loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978. Vous bénéficiez, sur simple justification de votre indentité, d’un droit d’accès, de regard et de rectification sur toutes les informations vous concernant contenues dans nos fichiers.

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* Champs obligatoires(2). Merci de remplir lisiblement et en lettre capitales

Association d’intérêt général (loi 1901) @

L’association

contact@debout.fr 1 80 48 90 40

debout.fr

8 • août-septembre 2016

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Solidarité

Des produits de qualité au juste prix

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© Lydie Lecarpentier Thomas

Stop au gâchis Détruits, ces produits neufs pourraient pourtant profiter aux 8,7 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté

Vincent Simon, directeur des AGORAé à la Fédération des associations générales étudiantes

Un petit pas pour l’agriculture, un grand pas pour la solidarité

(moins de 840 €/mois). Du constat à l’action, il restait un pas à franchir. Ce qu’a fait l’Agence du Don en Nature. Véritable passerelle logistique, elle récupère Véronique Blanchot, les produits, les stocke et crée responsable d’Uniterres un catalogue pour que les associations choisissent ceux dont elles ont besoin. « Chaque semaine, plus de 600 000 € sont distribués en valeur marchande », se réjouit Stéphanie Goujon, directrice du programme. Et ce ne sont que des produits neufs ! Les poêles, par

Des espaces d’échanges et de solidarité sur les campus, pour et par les étudiants

DR

’un côté trop de gâchis dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, de l’autre des associations qui distribuent des repas. Au milieu, le service de récupération alimentaire de La Tablée des Chefs. Présente à Paris et en Ile-de-France, cette association repère les professionnels de la restauration qui acceptent de donner leur

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À Noël, grâce à l'Agence du Don en Nature, les enfants ont la joie de recevoir des jouets neufs.

surplus à des organisations d’aide alimentaire. C’est La Tablée des Chefs qui fournit les emballages aux restaurants, traiteurs et hôtels. « On travaille le plus possible au niveau local, explique Lyndsi Baker, responsable du projet. Si un traiteur a un événement dans le 15ème arrindissement de Paris, on cherche une association dans le quartier pour venir récupérer les plats à pied ou en camion ». Préparés par un chef cuisinier, les produits s'invitent ainsi au menu des associations qui servent des repas, comme les restos du cœur, les soupes de Saint Eustache, les petits paroissiens… Ils sont distribués aussitôt après l’événement ou le service, afin de garantir leur fraîcheur.

Comme La Tablée des Chefs, l’Agence du Don en Nature lutte contre le gâchis, cette fois non alimentaire. Cela part d'un constat : tous les ans, les entreprises détruisent 600 millions d’euros de produits neufs d’hygiène et beauté, petit électroménager, vaisselle, textile…. Tout cela parce que les emballages changent, que les promotions passent et que le marketing a ses exigences.

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Stéphanie Goujon, directrice de l’Agence du Don en Nature

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Moins de gaspillage, plus de partage

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Limiter le gâchis, donner du travail aux agriculteurs et des produits de qualité aux consommateurs... Des associations se mobilisent pour un monde plus vertueux.

Un producteur récolte ses potimarrons pour livrer une épicerie solidaire.

Lyndsi Baker, directrice de La Tablée des Chefs 58

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Nourrir, éduquer les jeunes et mobiliser les chefs

Installées sur les campus universitaires, les AGORAé sont des lieux de vie et de rencontres réservés aux étudiants. On y trouve, entre autres, des épiceries solidaires qui permettent à ceux qui ont des difficultés financières de se nourrir sainement à un prix très abordable. En moyenne, ils ont une réduction de 70 à 90 % par rapport à une épicerie classique. Elles sont

généralement accessibles à ceux qui ont moins de 7,50 € (l'équivalent de 2 tickets de resto-U plus un petit-déjeuner) par jour pour vivre une fois payées leurs charges fixes. « Quand on entre à l’AGORAé, on se sent comme tout le monde. C’est géré par des étudiants, on a le même âge et c’est sur le campus », témoigne un bénéficiaire de l’AGORAé d’Orsay (78).

DR

DR

Des épiceries à petits prix pour les étudiants

Pendant une semaine, La Tablée des Chefs mobilise des élèves d’écoles hôtelières au Canada, au Mexique et en France pour cuisiner des repas à partir de surplus et produits déclassés. 11 • mars-avril-mai 2017

11 • mars-avril-mai 2017

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Solidarité

De l’aide pour surmonter ses difficultés

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fage.org, rubrique innovation sociale, puis AGORAé 01 40 33 70 70

epiceries-solidaires.org

endirectdeseleveurs.fr

adnfrance.org

Lutter contre la précarité énergétique en préservant l’environnement

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les bénévoles du réseau Éco Habitat leur proposent, pour faire baisser leurs dépenses d'énergie, d’isoler leur logement.« Notre rôle consiste à mettre en relation le bénévole et les demandeurs avec les entreprises et les acteurs techniques et financiers de l’amélioration de l’habiMouna Aoun, fondatrice de l’Appui tat », explique Franck Billeau, fondateur du réseau Éco Habitat. Pour lui, les solutions mises en œuvre doivent en outre être respectueuses de l’environnement. Dans les situations les plus critiques, c'est le logement lui-même qui manque. Pour

Accompagner nos clients dans la bienveillance et sans porter de jugement

AVANT

Franck Billeau, fondateur du réseau Éco Habitat 11 • mars-avril-mai 2017

APRÈS

© DR

tableedeschefs.org

Un toit où il fait bon vivre C’est souvent une facture d’énergie, de gaz ou de fioul impayée qui permet au réseau Éco Habitat, grâce à son partenaire, le Secours catholique, d’identifier les propriétaires qui vivent dans des « passoires thermiques ». Contactés pour une demande d’aide financière lorsqu'ils ne peuvent payer leur facture,

En cas de difficultés, un conseiller de La Banque Postale peut vous orienter vers la plateforme d'aide, l'Appui.

© Julien Millet

précommande pour l’année à venir, qu’Uniterres répartit entre les producteurs. En plus, elle embauche des personnes de plus de 50 ans, éloignées de l’emploi, pour enlever et livrer les produits toutes les semaines dans chaque épicerie. Agriculteurs, consommateurs, Fabrice Hégron, fondateur de la laiterie En Tous gagnants direct des éleveurs (EDDE), est animé par Grâce à Uniterres, programme de l’Asso- la même démarche : « 35 % des éleveurs ciation Nationale Des Epiceries Solidaires laitiers gagnent 354 € par mois. Nous, nous (Andes), les intérêts des agriculteurs et voulons qu’ils puissent vivre de leur médes consommateurs se rejoignent. D'un tier ». Fabrice propose un nouveau modèle côté, les épiceries solidaires passent com- économique, écologique et social, avec un mande aux agriculteurs du coin et leur lait produit, transformé et vendu directedonnent ainsi du travail. De l'autre, ment par les agriculteurs. Le lait, elles proposent des produits dont la qualité nutritionnelle est de saison, frais et locaux à garantie, est vendu localebas coût (10 à 30 % de leur ment et au juste prix que ce valeur). « Nous convions soit pour les éleveurs ou tous les producteurs de pour les consommateurs. légumes, de fruits et À ce jour, il est essentield'œufs d’un territoire à lement distribué dans Croire en soi pour croire se mettre d’accord sur le réseau des magasins en demain un prix équitable, un U et E. Leclerc du Grand Fabrice Hégron, prix qui leur permette de Ouest. Coup de pouce : fondateur de la société vivre », explique Véronique une fois par an, les producEn direct des éleveurs Blanchot, responsable du teurs s’engagent à donner projet Uniterres. Sur cette base, leur production de la journée à les épiceries solidaires passent une des associations solidaires. ■

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exemple, sont encore sous plastique. Or, recevoir des biens neufs et non d’occasion est valorisant. « Cela donne le sentiment d’être comme tout le monde », conclut Stéphanie Goujon.

mmunication Co

Une laiterie a été créée à Rémouillé, en LoireAtlantique, par 9 exploitations de la région.

orsque les fins de mois sont serrées, il suffit d’une facture un peu élevée pour mettre à mal son budget. Pour ses clients qui rencontrent des difficultés, passagères ou durables, La Banque Postale a créé l'Appui, une plateforme téléphonique. Au cours de plusieurs entretiens de 30 à 40 minutes par téléphone, votre interlocuteur vous aide à calculer la somme qu’il vous reste pour vivre après le paiement de vos charges fixes. « À partir de là, explique Mouna Aoun, fondatrice de cette plateforme, diverses solutions sont proposées selon les cas : conseils budgétaires, réaménagement des crédits souscrits chez nous, orientation des clients vers les structures compétentes pour faire valoir leurs droits… »

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© CQFD Communication

Qu’elles soient matérielles ou psychologiques, les difficultés se dépassent plus facilement avec de l’aide. C’est le but de nombreuses initiatives.

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Déclarée insalubre, la maison de Suzanne, dans la Somme (80), a été totalement réhabilitée. Plus de 52 000 € de travaux, 228 € à la charge de Suzane après toutes les aides. 61


Grâce au logement, les gens peuvent se remettre debout

© Unis-Cité

Comme Michèle, les locataires de Solidarités Nouvelles pour le Logement redécouvrent le plaisir simple d’être chez eux.

Nesrine Dani, responsable du programme Solidatech

Le numérique, un levier pour un monde meilleur

Le numérique au service de la solidarité, c’est ainsi que pourrait se résumer l’action de Solidatech. Le programme porté par les Ateliers du Bocage coordonne les projets mettant le digital au service du bien commun. Avec le Collectif Silver Geek, Solidatech organise des ateliers d’initiation au numérique dans les maisons de retraite. Elle propose aussi un cartable numérique (ordinateurs et logiciels)

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© Unis-Cité

Solidatech

À 94 ans, Gisèle surfe sur internet avec les ateliers Silver GEEK.

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pour le soutien à la lecture, à l’écriture et l’organisation des enfants dyslexiques. « Grâce à l’ordinateur, son enseignante et son orthophoniste, Paul entre en 6ème, serein et avec les félicitations sur son dernier bulletin », témoignent ses parents. Enfin, pour aider les associations, Solidatech leur permet de se saisir du numérique grâce à un accompagnement et des logiciels à tarifs solidaires ou gratuits.

Soutenir les aidants, c’est aider les aidés Claudie Kulak, fondatrice de la Compagnie des aidants

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physique adaptée. Ils se déroulent sous forme de cours collectifs ou individuels, à domicile ou dans les hôpitaux. Des études ont montré l’efficacité de ces programmes. u Par exemple, le risque de rechute du cancer du sein peut être diminué de 30 à 50 %. Le coût des séances est variable, mais il existe des possibilités de prise en charge grâce à des partenariats avec les mutuelles et les caisses de retraite. ■ ©

Catherine s’occupe de sa grand-mère qui ne peut plus cultiver son jardin.

L’activité physique sera le médicament du 21ième siècle

solutions ou poser des questions : comment s’occuper de son parent fragilisé, quels type services existent pour l'aider, quelle structure choisir… ? Une bourse d’échanges permet aussi de trouver du matériel d’occasion (ex : déambulateur). Enfin, la plateforme propose des bénévoles pour donner un coup de main. « Quand elle a appris que son mari était atteint de la maladie d’Alzheimer, grâce aux conseils d’autres aidants, Michèle, sa femme, a pu aussitôt mettre en place des solutions pour éviter à son époux de s’enfermer dans sa maladie », raconte Claudie Kulak. « Mais surtout, ces échanges permettent aux personnes confrontées à ces difficultés de ne pas rester seules face au malheur de leur proche ». Le sport, c’est bon pour le moral L’activité physique est aussi un excellent remède pour donner du mieux-être aux personnes fragilisées par la dépendance, le handicap, la maladie… C’est la conviction de deux professeurs de sport, Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Muller, à l’origine de la création de l’association Siel Bleu. Cancer, diabète, obésité, maladies chroniques… pour chacune de ces maladies, l’association a développé des programmes d’activité

Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Muller, fondateurs de Siel bleu

© Manon Kaupp

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De l’aide pour ceux qui aident Au-delà de l’aide matérielle, c’est souvent le soutien moral et humain qui permet de tenir bon. Les personnes qui accompagnent des proches malades, handicapés ou dépendants, appelées « les aidants », en savent quelque chose. À l’image de Claudie Kulak, qui a créé un réseau d’entraide et d’échanges : La compagnie des aidants, un site internet qui les met en lien. Les aidants peuvent y partager leur exGwenaëlle Dufour, périence, échanger directrice de SNL-Union des astuces et des

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bons voisins ; ils aident chacun à prendre sa place dans le quartier, partagent de bonnes adresses, etc. » L’aide fournie va bien au-delà du logement. Nadège, qui vient d’avoir son diplôme de gouvernante en hôtellerie et a trouvé du travail, en témoigne : « C’est énorme ! Vous imaginez ? Si j’avais encore ce problème de logement, je n'aurais pas pu faire ma formation et donc pas trouvé de travail parce qu'il aurait d'abord fallu que je nourrisse mes enfants. »

© Hanna

© Matthieu Chatonnier

y remédier, en Ile-de-France par exemple, Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL) se mobilise pour fournir un toit aux personnes qui en sont dépourvues. En plus, « chaque locataire est accompagné par une assistante sociale et par un ou deux bénévoles, précise Gwenaëlle Dufour, directrice de SNL-Union. Ces derniers ont un rôle de

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Solidarité

Avec Siel Bleu, l’activité physique est accessible à tous au-delà des barrières physiques, financières ou sociales.

L’Appui 09 69 36 39 20

reseau-ecohabitat.fr 09 86 17 48 62

lacompagniedesaidants.org

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sielbleu.org 03 88 32 48 39

snl-union.org solidatech.fr 05 31 61 60 15

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