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Procédés Anciens – Hiver 2018 www.magazine-flash.com

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CRÉATION 2012 NUMÉRO #19 SAISON Hiver 2018 ÉDITEURS Thomas Chauvin & Robin Santus CONTRIBUTEUR Caroline Flornoy GRAPHISTES Florian & Julian Santus COUVERTURE Le procédé au service de la sensibilité de Sabrina BIANCUZZI


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ÉDITO Cela semble assez étonnant de parler de procédés anciens à propos de cet art si jeune qu’est la Photographie. D’autant plus, qu’à l’instar du retour du vinyle chez les mélomanes, il semblerait que l’on assiste à un renouveau de la photographie argentique s’accompagnant de le redécouverte de toutes ces techniques qui ont fait naitre d’innombrables images depuis … 1847. En effet, cette année-là, les premiers négatifs font leur apparition, non pas sur du film ou du papier, mais sur des plaques de verre ! Unique support qui grâce à l’albumine d’œuf permet de fixer les sels d’argent et ainsi capturer une image uniquement statique, les temps de pose étant d’au moins 10 minutes. Puis apparaissent le Collodion Humide (nitrate de cellulose dissout dans un mélange d’alcool et d’éther) et le Collodion sec au Tanin. On assiste en parallèle à l’arrivée des premiers procédés positifs comme le Papier Salé, le Papier Albuminé et celui à la Gomme et ainsi donc les premiers clichés « pigmentaires ». Enfin vers 1854 des procédés à la fois positifs et négatifs voient le jour, tels l’Ambrotype ou le Ferrotype. Les méthodes ne cesseront alors d’évoluer, guidées par les progrès techniques, l’abandon des chimies agressives ou pour de simples raisons économiques. De nos jours toutes ces méthodes de procédés anciens sont à notre disposition et autorise chacun à y exprimer sa propre sensibilité, et même si les logiciels photo permettent de s’en approcher, rien n’aura jamais la magie d’un tirage demeurant à jamais « UNIQUE ». It seems amazing to use the words «old process» to talk about this young art called «photography». Especially nowadays when, as music lovers come back to vinyle records, argentic photo and old processes, mothers of thousands of pictures since 1847 make a wonderful come back. As a matter of fact, firts photo negatives appear on that peculiar year on glass plates, the only support used with albumen coating and silver salts to catch a static image, after a 10 minutes exposure time at least. Then wet collodion (with pyroxyline, alcoholc, ether), dry collodion (with tanin).Slowly, family enlarged with positive processes using paper with salt, albumen, color gum until 1854 when negative / postive processes appeared as ambrotype or ferrotype. Technical methods kept on developing with new systems, technical progresses, lower costs, or non agressive chemical products. Today we can use all these methods to express ourselves and ,even if computer programs help us to get a kind of «old process spirit» this will never replace the magic of a UNIQUE print . Robin Santus 5


SOMMAIRE

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28 LE PROCEDE AU SERVICE DE...

ABSENCES

Par Antonio Domingues

Par Sabrina Biancuzzi

40 CONTRE LES MURS Par Alexandre Bouchon


56 TRICHROMIES Par Sébastien Roy

72 SCIROCCO

Par Ludovico Poggioli

90 NEW PAST Par Rémy Huart


ABSENCE(S) Se réveiller un matin avec le sentiment de ne plus « être » ! Absent de toute scène de vie, désolidarisé de votre propre existence. Un mur s’est construit entre vous et le réel, entre vous et le monde extérieur. Vous avez atteint le point de rupture et basculé vers un refus catégorique de voir et vivre votre quotidien, vous avez pris congé de vous. Vous vivez alors dans un épais brouillard, incapable de vous définir émotionnellement, incapable de comprendre ce qui vous entoure. Tout est indéterminé ou grossièrement défini. Regard distant sur ces choses banales du quotidien. Ces scènes, ces endroits vous semblent imprécis, insignifiants et parfois vides de sens. Regard porté sur soi, sur une absence profonde de choses essentielles qui pourraient vous aider à comprendre ce qui vous perturbe, vous angoisse et qui vous a fait basculer. Absence de communication, de temps, de sommeil, de plaisir, de chaleur, d’issue, de perspective, perte d’un proche, déracinement, absence de lumière, de rêves … Vous recherchez l’élément déclencheur. Un visage manquant, une silhouette, quelqu’un qui se trouverait derrière une porte et qui pourrait vous tendre la main, des personnes qui pourraient vous aider à vous raccrocher à quelque chose de tangible. Vous sentez une présence, une lumière se poser sur tout ce qui vous semble insignifiant et éteint. Vous réalisez alors que cette présence invisible, médusée et figée devant ces scènes anodines, n’est autre que vous. C’est le retour brutal et incontrôlable à la réalité. Toutes ces scènes vides, inanimées, où l’absence d’un être se fait sentir prennent une autre dimension. Vous les regardez autrement. Ces instants, ces scènes, au demeurant banales, prennent du sens. Résigné, sans réponses réelles à vos questions, vous acceptez à ce moment-là ce qui vous arrive, vous acceptez de reprendre le cours de votre vie. Cette absence de soi est-elle terminée ? Est-ce un événement éphémère ou cet épisode cache-t-il un mal plus profond ? When you wake up in the morning with that feeling you don’t exist anymore.When you are absent from your life.When you see a wall built between you and reality. When tou reached the breakpoint and categorically refuse to see your daily life. From that point ,your feelings and life are lost in a deep mist. No communication nor pleasure, no sleep, no future, no dream. You loose someone close to you. You look for something, someone who could help you to cling to something real.Finally you realize you are this light shadow facing your brutal reality you can accept, at last. And small things do mean something. Is the loss of yourself over? Is it transitory? Is a worse pain hiding?

ANTONIO DOMINGUES

— http://antoniodomingues.format.com

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LE PROCEDE AU SERVICE DE LA SENSIBILITE Il n’est pas question de technique pour la technique, ni même de prouesse ou d’apprentissage frénétique. Il s’agit bien d’apprendre à dire le sensible. Pour chacune de mes séries, il y a un temps de recherches, d’expérimentations. Trouver le médium qui dira le plus justement mon désir et mon émotion. Je pratique et j’enseigne divers procédés anciens et argentiques. Cyanotype, papier albuminé, tirages au palladium/platine, photogravure ou procédés argentiques plus connus comme le tirage baryté (retravaillé) ou les tirages lith… J’ai les mains dans la chimie, dans l’encre, je caresse le papier, le rend amoureux et ensuite nait une image. La photographie c’est comme la vie ! Ici une tout petit extrait de ces recherches, certaines images sont des inédites restées inachevées ou exploitées autrement. Certaines séries sont en cours. Mon désir est de partager mon amour de cette matière photosensible et de permettre à ceux qui le souhaitent de se l’approprier. There is no question of technique for the technique, nor of frantic prowess or learning. It is good to learn to say the sensitive. For each of my series, there is a time of research, experimentation. Find the medium that will most aptly say my desire and emotion. I practice and I teach various ancient and silver processes. Cyanotype, albumen paper, palladium / platinum prints, photoengraving or silver-based processes better known as the baryta print (reworked) or lithographic prints ... I have my hands in chemistry, in ink, I caress the paper, make it in love and then born an image. Photography is like life! Here a very small extract of these researches, certain images are unpublished remained unfinished or exploited otherwise. Some series are in progress. My desire is to share my love of this photosensitive material and to allow those who wish to own it.

SABRINA BIANCUZZI

— http://sabrinabiancuzzi.com

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CONTRE LES MURS Mon histoire : elle est simple. Une rencontre avec un appareil Polaroid lors d’une braderie et tout un monde qui s’ouvre à toi ! La joie de l’instantané ! Avec ses caprices, son coté aléatoire qui lie frustration et jouissance du moment... Dompter la chimie de chaque type de film, utiliser des films périmés et jouer avec leur imperfection... Cela fait maintenant plus de 7 ans que je suis accroché à cette pratique de la photographie simple et ludique, pas de trépied, pas de posemètre, tout se fait à l’instinct... L’instantané permet de vulgariser la pratique de la photo. Ma démarche : je shoote essentiellement à l’envie... Je crée un album pour mes filles en utilisant uniquement ce médium... laisser une trace qui peut être éphémère...comme nos vies... Je ne prends jamais mes filles, les gens de face mais à chaque fois de dos. Ils font fassent au monde ,à leurs incertitudes ,à leur vie... Contre les murs : j’ai exposé dans divers lieux, mais j’avoue que la mise sous cadre est une étape qui me déplaît ; de la même façon , exposer dans un lieu fermé est assez exaspérant, on s’adresse qu’à un type de population...celle qui se déplace dans les expositions... De ce fait en 2014 j’ai commencé à m’afficher avec de grands formats collés à même les murs, dans le cadre d’Expolaroid...Le plaisir de l’interdit, de coller, d’interpeller et de prendre la ville comme terrain de jeu ! Le collage du Dimanche : c’est l’un des seul moment où la ville s’offre à toi, elle est à toi, le jour pointe, tu prépares ton sceau de colle, tes affiches ou tes collages...tu as fait auparavant un repérage minutieux du lieu et c’est partie pour une session... Je posais essentiellement de très grands formats, puis je me suis rendu compte qu’il n’était pas évident de les intégrer dans la ville . J’ai pris donc l’option de faire encore plus grand mais en mode puzzle, les collages sur contre-marches, rideaux de fer, palissades sont une construction de petits formats A4 mis bout à bout. Cela me permet de me confondre dans le paysage et de faire des agrandissements de plus de 4m2...A contrario je me suis mis aussi à coller des formats originaux : aux passants de les trouver !

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My story is very simple. Firts date was on a clearance sale !And suddenly ,a new world ! Snapshot joy ! Random results, bad and good surprises, happy then frustrated. I play with different kinds of films , sometimes outdated to play more and more. I’ve been playing from 7 years now and I’m addicted to this very simple, funny photography. Only instinct drives me, no tripod, no light meter. Snapshot makes picture popular. My aim ? Only my will drives my shooting .I create ‘polaroids «albums for my daughters .I leave a track as ephemerial as our lives. I only «snap» the back of people while they are facing the world, their doubts, their life. «Close to walls» : I had already exhibitions, but I must confess I hardly stand framing or locking my prints in galleries where only observers deliberatly come to can see my pics. So, since 2014, I have decided to take my large posters, my glue and go throughout the city to enjoy doing something «wrong», being a «bad boy». This is «Expolaroid» : I play everywhere. It is fun to do something which is forbidden ! Sunday : Sticking Day. Sundays ! The only moments where city is totally mine. I prepare my equipment. I carefully checked before where I put my posters. I use A4 size prints to create a huge 4 m2 puzzle to cover walls or palissades. I hide in the landscape, people have to find the posters

ALEXANDRE BOUCHON

— http://alexandre-bouchon.blogspot.fr

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TRICHROMIES La première fois que j’ai vu des photos en procédé trichromie, j’ai été interpellé par ses défauts techniques : les légers décalages entre chacune des couleurs, qui trahissent l’évolution de la scène entre les trois prises de vues nécessaires à sa réalisation. Plutôt que des défauts, j’y ai vu une capacité d’expression. En effet, la trichromie permet de créer des images avec une représentation du temps qui lui est propre. L’écoulement temporel est discrétisé dans les vues successives et superposé dans l’image finale. Le temps et le mouvement ne sont plus transcris sous forme de flous mais sous forme d’artéfacts colorés. Les parties immobiles de chaque scène apparaissent avec leur couleurs naturelles, telles que nous les percevons. Les parties en mouvement apparaissent sous forme d’éléments colorés translucides. Mon travail en trichromie se propose de jouer sur cette différentiation : les dichotomies entre une architecture et les personnes qui y habitent, entre un contenant et un contenu, entre le réel et l’imaginaire, sont autant de sujets d’expérimentation. The first time I saw photos in trichromatic process, I was challenged by its technical defects: slight discrepancies between each of the colors, which betray the evolution of the scene between the three shots necessary for its realization . Rather than defects, I saw a capacity for expression. Indeed, the trichromie allows to create images with a representation of the time which is its own. The temporal flow is discretized in the successive views and superimposed in the final image. Time and movement are no longer transcribed in the form of blurs but in the form of colored artifacts. The motionless parts of each scene appear with their natural colors, as we perceive them. Moving parts appear as translucent colored elements. My work in trichromie proposes to play on this differentiation: the dichotomies between an architecture and the people who live there, between a container and a content, between the real and the imaginary, are all subjects of experimentation.

SEBASTIEN ROY —

https://experiencestrichromiques.wordpress.com roy.s@free.fr 56


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SCIROCCO Nom masculin 1. Vent chaud du sud-est, typique des régions méditerranéens, qui souffle du Sahara et qui arrive sur les côtes francaises et italiennes saturé de l’humidité de Méditerranée. 2. Dans la rose des vents, autre désignation du sud-est. Le Scirocco est, selon le dictonnaire, un vent, une des trois fautes de Dieu selon un vieil homme de l’Ile d’Elbe, une nuisance pour beaucoup, une sensation pour certains fous. Vous le trouverez sur la crête des vagues ou au sommet des montagnes, dans les plaines où il souffle, vous verrez des gens lui offrir leur visage en acceptant l’inquiétude et la nostalgie qui leur apporte, vous les verrez lever les bras pour chercher à le retenir. Si vous leur demandez ils vous diront que c’est le vent des amants, des arbres tordus, des rêves brisées, de la haine et de la mélancolie. C’est la mauvaise femme à laquelle ils ne savent pas renoncer, magnifique et capricieuse, le plus humain des vents, celui qui leur ressemble le plus. Parmi eux , il y en a un qui court avec un boitier dans la main, je le jure, je l’ai vu souvent se réfléchir dans l’eau, j’ai vu son ombre pendant qu’il marchait entre les nuages : il continuait à photographier le vent qui caressait ses promesses, qui modelait les vagues, qui jouait avec les nuages, qui chassait les craintifs. Et entre temps il répétait : « bienvenue Scirocco, bienvenue mon ami.» Male name 1. Warm wind coming from south east mediterranean regions, blowing from Sahara to french and italian coasts, loaded with Mediterranean Sea humidity. 2. On compass rose, other definition of south east mediterrenean region. According to the dictionnary, a wind. According to an old man in Elbe Island, one of the 3 mistakes God made. According to most people, a nuisance and according to fools ,a feeling. You’ll meet scirocco on waves crests or mountains ridges , in lowlands. You will see people offering their face to its caress , accepting nostalgia and anxiety it brings, you will see them trying to hold it by raising their arms. If you ask them about scirocco , they will explain that it is the lovers wind, the twisted trees wind, that it is hate and melancolia, that it is the bad magnificent capricious woman they are unable to leave. Beyond them, one is running around ,a camera in his hand. I often saw his reflection in the water, I saw his shadow as he was walking in the clouds. He was keeping taking pictures of the wind which tenderly touched his promises, played with clouds, shaped the waves and made fearful people flee. And he was always repeating : «Welcome Scirocco , welcome my friend...»

LUDOVICO POGGIOLI

— http://ludovicopoggioli.it info@ludovicopoggioli.it

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NEW PAST Bob a retrouvé la ville de son enfance, totalement abandonnée. Les souvenirs renaissent et les émotions se bousculent. Il décide alors de redonner vie à sa ville en se mettant sur les traces de ses habitants disparus. Ses recherches l’amènent jusqu’à une boite remplie de vieilles photographies au collodion humide sur plaque de verre... Dans la précédente série «Mémoire fantôme», Rémy nous racontait l’histoire de Bob, face aux stigmates de la ville de son enfance depuis longtemps inhabitée. La série «New past» est donc la suite de ses aventures. Il ressent le besoin de repeupler cette ville en cherchant qui ont put être ses habitants. Que laisse t on réellement derrière soi quand on disparait ? Rémy Huart combine certaines photos de «Mémoire fantôme» avec les nouveaux portraits au collodion humide qu’il colorise afin de redonner, en apparence, une concordance entre les personnages et les lieux, et les présente sous forme de diptyques ou triptyques.

When he came back to his childhood samll town ,Bob discovered it was totally deserted. His memories and feelings were all mixed. He decided to give it a new life by looking for the former inhabitants and during his researches he found a box full of wet collodion pictures on glass plates.In his previous work «Mémoire fnatôme», Rémy told us about Bob’s story facing the stigmas of his beloved abandoned town. What do you really leave behind you after you desappear ? Rémy Huart mixes some images from «Mémoire fantôme» with new wet collodion pictures he colorizes to give accordance between people and places, assembling them as diptyques or triptyques

REMY HUART

— www.armandh.com photo@armandh.com

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