Hors Série #1 Festival NJP

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Directeur de la rédaction et de la publication : Ugo Schimizzi Directeur artistique : Guillaume Hann Maquette et mise en page : Guillaume Hann Rédacteurs : Guillaume Hann Matthieu Henkinet Cédric Mathias Dom Panetta Ugo Schimizzi Photographes : Dominique Ferveur Margaux Gatti Matthieu Henkinet Cédric Mathias Correcteurs : Lauriane Bieber Juliette Delvienne Nicolas Hann Marine Pellarin Adeline Pusceddu Ioanna Schimizzi Nous tenons à remercier l'organisation du festival Nancy Jazz Pulsations et plus particulièrement Stéphanie Collard et Caroline Hollard, pour leur aide dans la réalisation de ce premier numéro hors-série.

édito Le Magazine Karma fêtait il y a quelques mois sa première bougie. Après avoir sorti un numéro anniversaire spécial festival et une compilation en vinyle, voilà à présent le premier hors-série. Et quel hors-série !  C’est une chance, en effet, après douze mois d’existence, de pouvoir réaliser un tel numéro ! Pouvoir marquer les 40 années de bons et loyaux services d’un festival aussi bien implanté que peut l’être le Nancy Jazz Pulsations est une chose rare. Une occasion que la Lorraine et ses alentours ont su fêter dignement !   Un événement d’importance donc et une couverture en conséquence avec près d’une vingtaine de personnes mobilisées au sein de l’équipe Karma, presque autant de live reports disponibles sur notre site et des centaines de photos

Édité par : Association Son’Art Lorraine 40 Avenue de Nancy 57 000 METZ

# 40

SCHLEP

Le hors-série #1 du Magazine Karma est tiré à 500 exemplaires sur papier Satimat Green, contenant 60% de fibres recyclées. La diffusion du hors-série #1 du Magazine Karma est assurée par l’équipe et l'organisation du festival Nancy Jazz Pulsations.

IMPRIMÉ PAR L’HUILLIER, IMPRIMERIE VERTE 57 190 FLORANGE ISSN : 2259-356X Dépôt légal : à parution

< Flashez ce QR code pour retrouver la liste de nos points de diffusion ou rendez-vous sur magazine-karma.fr Le Magazine Karma bénéficie du soutien du programme Envie d’Agir, de la DDCS Moselle et de la Ville de Metz.

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triées et compilées, pour vous proposer un hors-série du meilleur cru ! Autre bonne nouvel le ? Nous avons eu l’occasion d’interviewer le groupe Texas, venu jouer pour l’anniversaire des NJP et pour les 20 ans du Zénith de Nancy.   Retrouvez aussi le reportage de l’un de nos photographes depuis la NouvelleOrléans, alors que l’édition 2013 des NJP était aux couleurs de cette ville mythique, berceau du jazz et du blues. Toutes les raisons sont donc réunies pour vous plonger à cœur ouvert dans cet épisode automnal de l’aventure Karma ! Ugo Schimizzi Rédacteur en chef Guillaume Hann Directeur artistique


sommaire

hors série #1

2 édito 3 Sommaire 4 Live Report : Nancy Jazz Pulsations 2013

Tour dhorizon de deux semaines riches en événements pour fêter dignement lanniversaire du festival.

6 Infographie : retour en chiffres

Statistiques marquantes dune année spéciale.

8 Interview : Texas

Phoner animé avec Sharleen Spiteri, chanteuse du groupe, alors quelle promenait son chien...

12 Interview : Aufgang

Le trio de virtuoses aux multiples influences nous en dit plus sur son parcours.

14 Portfolio

Place aux images !

16 Focus : La Nouvelle-Orléans

Portrait par notre photographe dune ville aux milles influences.

18 Le Local : les artistes régionaux

Les NJP mettent en avant les talents émergents. Coup de projecteur sur les lorrains de Luna Gritt, Dead Stereo Boots et The Yokel.

Retrouvez aussi d'autres contenus sur l'édition 2013 des NJP sur internet via ce QR code ou directement sur magazine-karma.fr

Illustration de couverture : Schlep / Photo édito : Matthieu Henkinet


live report

Dates : du 9 au 19 octobre 2013 / Lieu : Nancy / Nombre de spectateurs : plus de 100 000 / Météo :

un cru 2013 dignement fêté !

B /R

par Dom Panetta

Pour sa 40e édition, Nancy Jazz Pulsations avait vu grand, très grand. Des grandes têtes d’affiches, des grandes salles, un grand thème. Bref, le festival désormais quadragénaire aura fait de son changement de dizaine une belle fête, partagée avec les milliers de personnes ayant afflué lors des diverses soirées proposées. Bilan de cette nouvelle mouture de l’événement automnal lorrain. Octobre. La pluie. Le vent. Le froid. L’approche de l’hiver ainsi que la chute des feuilles (et des degrés sur nos thermomètres) sont synonymes de coup de blues pour beaucoup d’entre nous. C’est pourtant sur le thème du jazz que nous réunissent chaque année, depuis 40 ans maintenant, les organisateurs du festival Nancy Jazz Pulsations.   Pardon ? Vous n’avez aucune idée de ce dont je parle ? Vous êtes nouveau vous, c’est ça ? Bon, je récapitule rapidement.   Lancé en 1973 à Nancy - comme son nom l’indique - ce festival urbain propose, en octobre, un panel de concerts et autres

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événements musicaux en offrant toujours une programmation riche et éclectique à son public. Partagés entre le Chapiteau de la Pépinière, la salle Poirel ou encore l’Autre Canal, les concerts permettent aux artistes et talents de demain de fouler la même scène que les grands d’aujourd’hui, voire même les légendes d’hier. Il n’est ainsi pas rare de voir se succéder un groupe de rock, un orchestre de jazz et un set de DJs dans une même soirée. Aux NJP, tout est possible !   Et cette année justement, dissimulée sous la magnifique bannière aux couleurs chaudes de la Nouvelle-Orléans et de ses fameux steamboats, se trouvait une programmation tout à fait étonnante. Aux

côtés des célèbres Texas et de leur pop-rock universelle, se trouvaient des artistes plus pointus comme Ibrahim Maalouf ou encore Protoje & The Indignation. Et si Lily Wood & The Prick, Micky Green ou Asaf Avidan étaient attendus par beaucoup, les bonnes surprises n’ont pas manqué de ravir les oreilles et les yeux des plus attentifs dans le public, notamment du côté du jazz, comme l’a prouvé Kenny Garrett.   Impossible d’évoquer les NJP sans parler de leur organisation irréprochable. Excellent accueil du public et des invités, réglages sonores de très bonne qualité et ponctualité sont les maîtres mots du festival. Une ponctualité doublement contrebalancée


par celle, plus aléatoire, de certaines salles de spectacle, certes bénéfique aux retardataires mais préjudiciable aux heures de sommeil des grands voyageurs venus de loin pour écouter leurs artistes préférés.   Promesse tenue par l’organisation qui avait annoncé : « nous ne vous ferons pas le coup d’avoir quarante-ans-c’estavoir-deux-fois-vingt-ans ! » et qui, ayant appris de ses erreurs passées, n’a fait que très peu de faux pas. Certes, cette édition 2013 du festival n’aura pas été exempte de défauts. Les plus pointilleux noteront probablement des files d’attentes trop longues à l’unique caisse des stands de boissons du Chapiteau. Les plus étourdis, quant à eux, se seront certainement vus refuser l’accès à ce même Chapiteau après s’être présentés à l’entrée « Invitation-Presse » pour se voir alors redirigés vers l’entrée officielle, de l’autre côté… Des détails qui ne peuvent néanmoins entacher le bilan plus que positif, tant sur le plan artistique que logistique, de cette édition du festival.   Un mot tout de même sur une partie du public, de nombreuses fois décrié dans nos lignes et trop souvent attiré par le phénomène grotesque du « vu à la télé » ou « entendu à la radio ». Résultat : chuchotements, départs en plein concert et bien d’autres formes de nuisances sont venus ternir certaines soirées. Un manque de respect envers le reste des spectateurs présents, l’organisation et surtout les artistes, heureux et fiers de se produire sur l’une des scènes du prestigieux festival.   La quarantième édition des Nancy Jazz Pulsations, avec ses nombreux artistes venus tout droit de la Nouvelle-Orléans (citons entre autres Trombone Shorty and Orleans Avenue, Dirty Dozen Brass Band ou encore Christian Scott), ses multiples genres musicaux, ses diverses salles et configurations de spectacle, aura une fois de plus, fait vibrer les cœurs de milliers de spectateurs venus des quatre coins de la Lorraine (et d’ailleurs) pour en prendre plein les yeux et les oreilles. Souhaitons aux organisateurs du festival de pouvoir un jour dire qu’« avoir-quatre-vingts-ans-c’est-avoir-deux-fois-quaranteans » et réjouissons-nous déjà de retrouver les NJP dans moins d’un an. Suivez de près les premières annonces ! > De haut en bas : Trombone Shorty & Orleans Avenue / Jose James Band / Misteur Valaire

Photos : Mathieu Henkinet / Dominique Ferveur / Margaux Gatti

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infographie

NJP #40 Retour en chiffres

Après quatre décennies d’activité, les NJP multiplient chaque année avec facilité les chiffres et statistiques impressionnantes. Petite sélection des informations clés de cette édition anniversaire, fournies par les organisateurs. Ces quelques données montrent la complexité et l’importance d’un tel événement pour notre région, si tant est qu’elles étaient encore à démontrer !

+ de 100 000 spectateurs sur le festival

29 000 entrées payantes

fréquentation globale et nombres de concerts

212 concerts 6 | magazine

dont

12 artistes de la

Nouvelle-Orléans

et

66 artistes

lorrains (voir p.18)

Infographie : Guillaume Hann


répartition des concerts par salle Magic Mirrors

Chapiteau de la Pépinière

9 20

soirées

3

Le Hublot

soirées

10 35

concerts

soirées

Opéra National de Lorraine

7

1

concerts

SCHLEP

l'autre canal

5 18

soirées

1

soirée

2

concerts

CDN - Théâtre de la Manufacture

5 10

concerts

soirées

Zénith du Grand Nancy

soirée

concerts

concerts

salle poirel

2

4

concerts

soirées

8

concerts

nancy jazz pulsations #40 c'est aussi...

168 bénévoles

6 expositions photos

38 kinésithérapeutes

(voir p.16)

pour la 10e année consécutive (une édition sportive ! )

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interview

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texas retour serein

propos recueillis par Guillaume Hann

à l’occasion des 40 ans du festival et les 20 ans du Zénith, Nancy Jazz Pulsations et le grand Nancy ont organisé le 12 octobre 2013 un concert événement en invitant pour la seconde fois le groupe Texas. En marge de cette soirée, nous avons eu la chance de nous entretenir avec sa chanteuse, Sharleen Spiteri. > Comment avez-vous décidé de reprendre la route après huit années loin de la scène ? Après notre précédent album Red Book (sorti en 2005), on avait fait beaucoup de télés, de concerts et de promotion. Je crois qu’on n’a pas vraiment décidé de s’arrêter mais il me semble que tout le groupe avait réellement besoin d’une pause et que cela s’est fait plus ou moins naturellement. Ça nous a fait du bien à tous. Nous avons vécu un événement marquant dans l’intervalle : Ally McErlaine, notre guitariste, a été victime d’une rupture d’anévrisme. évidemment, on a dû s’adapter à son hospitalisation puis sa rééducation et attendre qu’il aille mieux avant de pouvoir se remettre à la composition. Si Ally n’avait pas voulu reprendre l’aventure Texas, nous n’aurions pas insisté et peut-être que l’album ne se serait pas fait.

(Sharleen se met à siffler dans le téléphone. Je lui réponds donc « je vous entends bien ». Elle rigole en précisant qu’elle est en train de siffler son chien, qu’elle promène au parc). > L’accident de Ally a-t-il changé votre manière de composer ? Non, ça n’a pas vraiment changé grand-

transformé, de la même manière. Texas a un son très distinct et personnel. Ce que l’on fait sonne toujours comme Texas. Même si l’on peut remarquer une évolution, nous n’avons pas changé de style pour autant. Dans tous les cas, il est certain qu’on ne fera pas de la techno. On ne va pas s’adapter aux modes uniquement par souci commercial. écouter et jouer différentes choses fait partie du processus normal d’un artiste. Ce n’est pas parce que je suis fan du Wu Tang Clan qu’on va se mettre à faire du hip-hop.

“ Pas de pression. Pas de label. Pas de deadline.  ”

> L’album a-t-il été écrit suite à l’accident de votre guitariste ? Pas exactement. Je pense qu’on serait retournés en studio de toute façon. Au moment où Ally a eu ses problèmes de santé, on lui a rapidement demandé s’il se sentait capable de reprendre et surtout s’il en avait envie. Il a très vite dit oui.

Photo : ©Mary McCartney

chose, puisque c’est principalement John et moi qui nous chargeons de la composition. Les vraies différences se sont faites au niveau de l’organisation. Il fallait s’adapter aux moments où Ally pouvait être présent au studio pendant sa période de convalescence. Concernant les thématiques des chansons, le choix est resté très personnel. > De quelle façon l’évolution des modes influence-t-elle votre musique ? Je pense que l’évolution des modes est une chose normale. Les gens changent, la vie également. Bien sûr, le groupe s’est

> Vous semblez très influencés par la folk américaine, malgré vos origines écossaises. (Rires) Oui effectivement, mais on peut aussi considérer que toute cette musique américaine s’inspire elle-même de la folk écossaise. Les racines de toute cette folk viennent tout de même de chez nous. On ne peut toutefois pas nier une certaine influence américaine dans nos compositions. > Notamment dans le nom du groupe, même s’il me semble que ce nom s’inspire du film Paris-Texas de Wim Wenders. Effectivement, notre nom ne vient pas d’une référence à l’état mais bien à ce film. C’est un long métrage qui malgré son nom et son

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interview

sujet n’a pas l’air américain. Tu vois, ce film a une ambiance particulière et il est vraiment très éloigné des longs métrages américains, notamment des blockbusters. Au final, le film a une approche très européenne. C’est un peu comme nous. Le groupe a beau avoir un nom à consonance américaine, on a une identité qui se rattache plutôt au vieux continent.

“ Ce n’est pas

parce que je suis fan du Wu Tang Clan qu’on va se mettre à faire du hip-hop ”

> Avez-vous ressenti une pression lors de la sortie de ce nouvel a lb u m , T he C onvers at ion , notamment suite au succès des précédents ? Non, vraiment aucune. Pas de pression. Pas de label. Pas de deadline. On n’a pas eu besoin de calculer, rendre des comptes, avoir tout le temps quelqu’un au téléphone avec des ordres à nous dicter ou une ligne de conduite à respecter. Une fois l’album terminé, on l’a vendu au label PIAS. On est content de ce qu’on a fait et on voulait que ça sonne juste. > Justement, y a-t-il d’autres artistes chez PIAS avec lesquels vous aimeriez travailler ? Il y a beaucoup d’artistes que j’aime sur le label mais pour moi, ce n’est pas comme ça qu’un travail doit s’engager. Je préfère que les choses arrivent naturellement, qu’on se rencontre, qu’une idée naisse et que l’envie se crée de faire des choses ensemble, mais pas que cela soit imposé. D’ailleurs, on n’a jamais travaillé avec d’autres artistes à la demande d’un label. > L’écriture et la scène ne vous ont-elles pas manqué durant ces années ? Je n’ai pas arrêté d’écrire ! J’écris tout le temps. N’allez surtout pas écrire que je n’ai rien composé pendant ces huit ans (rires) ! J’ai sorti un premier

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album solo, Melody en 2008, puis un second, The Movie Songbook en 2010 ainsi que plusieurs featurings avec d’autres artistes. Bien sûr, ces années furent également utiles pour les membres du groupe et pour moi, afin de se recentrer sur nos vies, nos familles et nos amis, ainsi que pour pouvoir se permettre une coupure après l’intensité de la tournée précédente. > Comment définiriez-vous ce nouvel opus, The Conversation ? En fait, la raison pour laquelle je fais de la musique, c’est justement parce que j’ai du mal à expliquer les choses, à les décrire de manière simple, uniquement avec des mots. J’arrive plus facilement à m’exprimer au travers de mes chansons. En ce qui concerne l’album, l’idée majeure, qui me touche directement, tourne autour de cette période de la vie, autour de 2530 ans, où l’on commence à avoir des décisions à prendre, qui affectent non seulement notre vie mais également celles d’autres personnes. The Conversation fait directement référence à certaines discussions que j’ai pu avoir avec des amies sur ce sujet et sur la nécessité d’effectuer des changements à certaines périodes clés de notre vie. > J’ai l’impression que vous faites référence à des expériences récentes. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? En fait, l ’album se focalise plutôt sur ces conversations et ces échanges d’expériences, autour de verres entre amies qui te disent que tout finit par s’arranger, ce qui, au final, te renforce. C’est vraiment cette notion de partage qui m’intéressait, mais j’avais déjà ma propre expérience de ce dont je parlais, puisque j’ai été amenée à prendre ces décisions plusieurs années auparavant, à la suite d’une rupture. Il en est ressorti un album solo, Melody. Depuis, j’ai fait le deuil de cette rupture et j’ai avancé dans ma vie.

Photo : Matthieu Henkinet


> Passons maintenant à la communication autour du groupe. Quel rapport avez-vous aux médias sociaux ? J’ai notamment pu voir que votre page Facebook – lancée récemment – est assez peu développée. En fait, j’utilise plutôt Instagram. Je n’ai pas beaucoup d’intérêt pour Facebook. C’est plus simple de communiquer visuellement, grâce à des photos. Je trouve Facebook dérangeant, notamment au niveau des rapports que cela implique, y compris pour les artistes. C’est fatigant de voir tous les messages de groupes qui expliquent leurs difficultés à composer ou écrire diffusés sur ce réseau social. Bien sûr, c’est nécessaire dans le sens où c’est un bon moyen de donner des infos aux fans, mais ça ne me correspond pas… Tu peux patienter une petite seconde ? Il faut que j’aille récupérer mon chien, il est en train de filer ! (Je patiente quelques secondes avant que Sharleen, ayant retrouvé l’animal, ne reprenne le cours de l’interview.)

Tu vois, je promène mon chien, j’ai un mode de vie très normal, c’est important pour moi. Justement, j’aurais peu de choses à dire sur Facebook, sur ma vie, ou sur ma façon de composer. Je te parle de mes amies, mes conversations, mais je n’ai pas du tout envie de m’exposer en expliquant au monde à quel point ma vie de pop star est fantastique. Fuck it ! Au moins, avec Instagram, je prends en photo des moments de vie avec des gens que je rencontre et des instants que je veux partager. > Une dernière question. Êtes-vous plutôt Beatles ou Rolling Stones ? Les deux ! Je ne pense pas que je pourrais choisir… ( Elle hésite ) Si vraiment il faut choisir, les Beatles, comme tout le monde. Ce sont mes premiers disques. J’ai travaillé mes harmonies en les écoutant. Ça m’a construit en tant que chanteuse. Et puis les Stones sont souvent identifiés grâce à un riff de guitare, alors qu’on associe plus les Beatles à la mélodie de leurs couplets ou de leurs refrains. Paradoxalement,

si je mourrais demain, je demanderais à avoir une chanson des Stones à mon enterrement, qui serait Shine a Light. C’est important de s’inspirer de différents parfums. Si je n’avais pas eu en moi des musiciens comme Marvin Gaye, Gram Parsons ou Johnny Cash je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. J’aime multiplier les inf luences et découvrir de nouvelles choses.  < Texas The Conversation 2013 [Pias] Recordings

L'avis de la rédac' :          Bonne reprise. élève sérieux qui doit poursuivre ses efforts dans toutes les matières. Originalité à accentuer lors des prochains examens. Attention à ne pas se relâcher en cours de route.

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interview

aufgang Musique Barock

propos recueillis par Matthieu Henkinet

Aufgang, trio composé de deux pianistes et d’un batteur, mêle à la fois diverses origines ethniques et des influences piochées autant dans la musique jazz, classique, rock qu'électro. Le groupe était de passage à l’Autre Canal dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsations. Nous en avons profité pour nous immiscer dans leur loge afin de décrypter la dynamique de ce groupe à part.

> Aufgang est composé de musiciens de nationalités différentes, le nom du groupe est allemand, le titre de votre dernier album, Istiklaliya, est en arabe. Quel est votre rapport aux frontières ? Rami : Il est évident que nous avons un rapport aux frontières très élargi. Même au sein du groupe, en plus de nos trois nationalités, chacun a des origines différentes. Au total, on doit représenter huit ou neuf pays à nous trois. Aymeric : On va d’ailleurs les énumérer : Chili, Argentine, Suisse, Grèce, Allemagne...

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Rami (ne se laissant pas déstabiliser par l’énumération) : C’est l’essence même de ce que l’on fait. Une musique tout à fait différente qui regroupe finalement toutes ces cultures et ces nationalités. Ça donne un mix surprenant et déroutant. Il n’y a pas un unique point d’ancrage mais plusieurs. C’est comme un jeu pour nous de surprendre et faire des choses différentes. > On pourrait presque vous classer dans musique du monde en fait. Aymeric : (Rires) C’est pas mal comme idée.

> Qu’est-ce qui vous a poussé à vous éloigner de votre formation classique ? Francesco : On n’a jamais été dans une voie classique, on a fait des études qui l’étaient. Mais en même temps, Rami baignait dans la musique orientale, moi je faisais du jazz… Au final ce n’est pas vraiment venu après, ça a toujours été là. Mais c’est une simplification de dire qu’on en a eu marre du conservatoire. Ce n’est pas du tout ça, au contraire c’est grâce au conservatoire que nous avons développé Aufgang. Rami : On en avait déjà marre du conservatoire à l’époque, mais pour faire plaisir aux parents on l’a fait. Francesco : On ne peut pas dire ça, ce n’est pas pour faire plaisir, c’est pour apprendre des choses aussi. Ce n’était pas « d’abord les études, après Aufgang ». Aufgang est venu aussi parce qu’on s’est rencontrés au conservatoire à New York et qu’Aymeric nous a rejoints. C’est comme ça que le groupe est né. On n’a pas changé de voie, on a toujours été dans cette voie parallèle. Rami : C’est plus une question de personnalité que d’école. On a tous les trois fait de la musique classique et ça nous a instruits. Mais au sein d’un conservatoire, si tu n’as pas ta personnalité, quelque chose de différent, tu fais comme tout le monde et tu deviens prof.


> Vous avez tendance à être extrêmement imaginatifs dans vos projets musicaux. Qu’est-ce qui vous pousse à mettre autant d’énergie dans ce médium ? Aymeric : Je crois qu’aujourd ’hui on a envie de se donner à fond dans Aufgang et de dé velopper not re mu sique. On voudrait d’ailleurs s’impliquer encore plus. Personnellement, le fait de travailler à côté est un moyen de vivre toujours dans la musique. Je suis dévoué à ce groupe et à des projets musicaux marginaux. Il faut cependant trouver un bon équilibre. Tous les trois, on fait d’autres choses pour pouvoir vivre. Même si cela reste artistique et que ces choi x nous plaisent, Aufgang reste par-dessus tout notre espace de liberté. Cela ne représente pa s pou r nou s u ne récréat ion mais une libération et un travail à la fois. Francesco : On est plus des artisans que des artistes en fait. Une sorte de compagnons de la musique.

venait vraiment de nous. On voulait avoir quelque chose de représentatif du groupe. On a fait appel à un graphiste qui s’appelle Aksel Varichon avec qui on a travaillé pour élaborer l’écusson. C’est très personnel, il n’y a pas de société de communication derrière. D’une manière générale, on veut contrôler au maximum notre image et que tout ce qui a trait à Aufgang soit pensé par Aufgang.

“ On est plus

Arnaud Rebotini. Nous avions spécifiquement demandé leur présence et essayé de faire avec les choix du label. Francesco : Mais, dans l’absolu, on n’a jamais le contrôle. Il y a des mecs sur Youtube qui prennent nos chansons et mettent des beats par-dessus et je trouve ça bien, ça prouve que la musique parle aux gens et circule. Aymeric : C’est exactement ça, oui. Sur Youtube, tu peux trouver des trucs qui viennent de nous, pas forcément reconnaissables mais d’une manière ou d’une autre ça a inspiré. Rien que ça, c’est gratifiant.

des artisans que des artistes. ”

> J’ai entendu dire que vous étiez intéressés par l’écriture de bandes originales de films. Quelle est votre vision du rapport entre l’image et le son ? Aymeric : Notre rapport aux images, au cinéma et à la peinture, c’est un tout. L’art peut être une influence au même titre que des compositeurs. Une sorte de grosse boule de pâte à mâcher. Il y a par exemple un morceau sur l’album qui s’appelle Abusement Ride qui a été enregistré avant de penser à un scénario. à travers les images de ce scénario on a finalement adapté la musique. > Vous avez un point de vue graphique assez travaillé, comme l’illustre l’écusson sur la pochette de Istiklaliya. Est-ce que vous avez une direction précise en tête à ce niveau ? Aymeric : Le blason c’est un signe qui

Photos : Mathieu Henkinet

> Je dois prêter le CD d’Aufgang à un copain, je lui dis quoi ? Aymeric : « Surtout rends-le moi ! » > Vous avez été régulièrement remixés, c’est encore le cas sur l’EP Ellenroutir qui est sorti courant octobre 2013. Est-ce important de placer vos créations dans les mains d’autres artistes ? Rami : J’aime toujours travailler avec des gens, que ce soient des DJs ou des musiciens qui ne font que des remixes ou des featurings. C’est intéressant, mais on n’est pas toujours décideurs. C’est parfois le label, pour des questions de marketing, qui le propose. Par essence, on n’a pas vraiment besoin de gens de l’extérieur pour présenter notre musique, je pense qu’elle se suffit à elle-même. Ensuite si le remix est bon, c’est toujours intéressant de voir comment ça a été retravaillé. Aymeric : Il faut dire que sur les remixes qui sont sortis, on travaille avec le label pour que telle ou telle personne réalise quelque chose. Je pense particulièrement à Torb pour Kyrie ou à

> Dernière question, le rituel du magazine : vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ? Rami : Il n’y a pas d’autres choix ? Pourquoi ces deux-là ? Aymeric : Entre les Stones et les Beatles je retiendrais John Coltrane. Les Beatles ont fait énormément de compositions, mais pour moi, c’est la même chose que les Stones. Il y a eu ce combat de coqs entre McCartney, Lennon et Jagger. J’adore les Stones, j’aime beaucoup l’écriture des Beatles et ce qu’ils ont fait de la pop… Mais je préfère John Coltrane (rires).  < Aufgang Istiklaliya 2013 InFiné

L'avis de la rédac' :          Fait preuve de qualités atypiques et est doué pour le travail en équipe. A réussi à s'appuyer sur des bases solides pour arriver aujourd'hui à maturité. Mention spéciale pour l'originalité du propos !

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portfolio

portfolio nancy jazz pulsations #40

page de gauche

Kenny Garrett

Chapiteau, le 15.10 Photo : Dominique Ferveur page de droite / haut

Patrice

Chapiteau, le 18.10 Photo : Cédric Mathias page de droite / bas gauche

Jean Elliot Sr Chapiteau, le 17.10 Photo : Margaux Gatti

page de droite / bas droite

Sophie Hunger L’Autre Canal, le 15.10 Photo : Cédric Mathias

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focus

en terre américaine

par Cédric Mathias

Notre photographe Cédric a profité de la trêve estivale pour réaliser un périple à travers l'Amérique, faisant volontiers un détour par la Nouvelle-Orléans. Retour sur quelques souvenirs grappillés au sud du pays, accompagnés de quelques-unes de ses photos. Une sélection plus large était également exposée au Chapiteau de la Pépinière le temps du festival. Une façon d'illustrer la thématique de cette édition. Parti initialement pour un trip à la découverte de la Californie et de toute la côte ouest des états-Unis, il m’est vite apparu indispensable de faire en premier lieu une halte à la Nouvelle-Orléans. Bastion de la culture française et cajun en plein cœur de cet immense pays, cette ville multiculturelle m’a toujours fasciné. Fondé en 1718, le lieu porte les traces de son passé français, espagnol et américain tant dans son organisation spatiale, son architecture, le nom de ses rues ou ses spécialités culinaires.   Parcourir à pied les endroits mythiques est un vrai régal : le Carré Français, cœur

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historique de la ville au plan en damier, où toutes les personnes croisées se saluent, les rives du Mississipi, le quartier créole encore très marqué par l’ouragan Katrina. Le temps est au beau fixe et l’ombre des arbres bordant Canal Street nous protège de la chaleur étouffante qui règne en ce mois de juillet.   Chaque coin de rue est imprégné par la culture africaine et par celle des Antilles, où se côtoient la magie et le culte vaudou, qui constituent l’une des attractions principales de la Nouvelle-Orléans. Cimetières, prêtresses vaudou, funérailles jazz... Le monde du surnaturel est omni-

présent dans les esprits, notamment grâce aux œuvres d’Anne Rice sur les vampires ou les sorcières, autour de son ancienne maison dans le quartier anglais comme du cimetière Lafayette.   Connue aussi comme le lieu de naissance du jazz et du blues, la ville est possédée par la musique. à tout moment, un trompettiste, un groupe, un big band, nous abreuvent de notes bleues ou encore de rock, faisant du Vieux Carré un lieu qui ne semble jamais dormir. Ce n’est paraît-il rien comparé à la période très festive du carnaval, symbolisé par les colliers de perles que l’on retrouve encore partout dans la ville. 

Photos : Cédric Mathias


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le local

Les artistes

lorrains Les NJP n’oublient pas leurs racines !

par Ugo Schmizzi

Cette édition des Nancy Jazz Pulsations ne déroge pas à la règle et propose, cette année encore, de découvrir de nouveaux groupes de talent, issus de la région Lorraine. Pas moins de 66 groupes au programme, durant les soirées et les nombreux événements organisés dans Nancy et ses alentours. Petite sélection de trois coups de cœur !

The Yokel

Dead Stereo Boots

Luna Gritt

The Yokel propose une musique tout en finesse, inscrite dans leurs gènes, avec un petit air de son cousin plus âgé, Cocoon. Ce duo mixte, à présent régulièrement trio avec la présence de Damien au banjo, mise sur une efficacité délicate plutôt qu’un show avec de grandes envolées scéniques. Habitués tout terrain des scènes (ils ont joué dans un musée et une cabane - pour Karma - mais aussi dans une salle de bain, une mairie, des forêts, un presbytère ou encore une chapelle), ils n’en restent pas moins deux voyageurs souriants faisant de la musique une vraie fête. Leurs compositions reposantes sont tout aussi revigorantes que leur bonne humeur est communicative.

Difficile de croire qu’il n’y a « que » un duo derrière tout ce beau bordel ! Dead Stereo Boots va vite, tape dur et traîne dans ses ombres un très léger cadavre de The Kills encore fumant. Le son garage est finalement en retrait puisque la production est de très bonne facture. Par contre, le son rock, lui, est indéniablement présent. La voix est un peu lancinante, mais on sent qu’il y a de l’énergie sous la pédale. Des guitares sans fioritures, l’essentiel en accessoires, un léger écho, une bonne dose de disto, le minimalisme fait rage et il est ici à bonne école. Dead Stereo Boots maîtrise son univers, ça swingue et ça donne diablement envie de taper des mains !

Luna Gritt aime bien le français. Ils le prouvent dès l’écoute de Passager. Ballade sympathique dans la langue de Molière, mais également parée de sonorités folkrock délicates, tout en douceur. La musique de Luna Gritt sait aussi se faire plus rock quand SEdd empoigne avec force sa guitare pour distiller quelques notes intelligentes dans des soli saupoudrés au rythme des chansons. Wish fait plutôt la part belle à l’Anglais, mais ses charmes sauront malgré tout convaincre les plus réticents, l’épure instrumentale étant l’atout principal du morceau. Un brin mélancolique, tantôt susurrée, tantôt chantée, la composition laisse entrevoir un bel avenir au groupe de Nancy.

Lieu : Metz ; Style : Folk / Blues

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Lieu : Nancy ; Style : Rock / Garage

Lieu : Nancy ; Style : Pop / Rock alternatif

Photos (de gauche à droite) : Théo Gosselin / Dead Stereo Boots / Luna Gritt


JAZZ CLUB

2013/14

manu

Nouveau rendez-vous tous les mois à la Manu !

Jeudi 28 novembre 2013

Jeudi 20 mars 2014

FRANCE

USA

Jeudi 12 décembre 2013

Jeudi 24 avril 2014

FRANCE

FRANCE

Jeudi 09 janvier 2014

Jeudi 15 mai 2014

FRANCE

FRANCE

Grégory Privat 5tet

Belmondo Family 6tet

The Volunteered Slaves Jeudi 13 février 2014

Stéphane Huchard 4tet FRANCE

Kneebody

Laïka 5tet

Looking for Parker

Tarif unique : 13 € (en prévente) Abonnements disponibles : CDN - Théâtre de la Manufacture

design : studio punkat

www.nancyjazzpulsations.com

Retrouvez le Magazine Karma toute l’année sur magazine-karma.fr et le numéro 6 version papier dès décembre 2013 dans toute la Lorraine et au Luxembourg.



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