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DANS QUEL ÉTAT EST NOTRE RÉSEAU D’EAU POTABLE
?
Boire de l’eau du robinet est un geste naturel. L’eau potable est un besoin vital pour assurer notre survie, tout comme l’oxygène. Toutefois, le maintien d’une eau de qualité et son approvisionnement sont des exploits quotidiens. La technologie veille à ce que la qualité variable et les fluctuations de l’approvisionnement n’affectent pas la livraison du produit fini. Dans ce dossier, nous faisons le point : dans quel état est notre réseau d’eau potable ?
Quelles sont les types de filtration que subit l’eau avant de jaillir de notre robinet et quels sont les défis (climatiques) qui nous attendent ?
En Belgique, l’eau potable provient pratiquement de deux sources. Il y a d’une part les eaux de surface qui proviennent des cours d’eau, des sources et des lacs et d’autre part les eaux souterraines. Pour l’eau de surface, la part du lion en Flandre revient au canal Albert qui est alimenté par la Meuse. Les eaux souterraines proviennent essentiellement de l’infiltration des eaux de pluie dans le sol et nous rencontrons de nombreux problèmes depuis quelques années.
La Prof. Dr. Ir. Marijke Huysmans est une autorité dans le domaine de l’hydrologie des eaux souterraines. Elle nous explique où le bât blesse: « La Flandre, en particulier, est une région pauvre en eau si on considère le rapport entre l’eau disponible et la demande des ménages, de l’agriculture et de l’industrie. À l’échelle mondiale, et dans le cas d’une année normale, seuls 22 pays ont un indice de stress hydrique plus élevé. » Il en va autrement en Wallonie car il y a plus de captages et d’infiltrations d’eau, et la région est moins peuplée et moins industrialisée.
« La Flandre est densément peuplée et suite à son haut degré de développement, la demande en eau potable et en eau de processus de l’industrie et de l’agriculture est plus importante. D’autre part, nous n’avons aucune influence sur l’offre en eau provenant des rivières et des précipitations. Comme la Flandre a d’importantes surfaces revêtues, l’eau de pluie a difficile à s’infiltrer et à percoler dans le sol. Le changement climatique est un autre facteur important. La disponibilité de l’eau, déjà faible, va subir une pression plus forte. Les cours d’eau en Flandre sont directement alimentés par l’eau de pluie et indirectement par les eaux souterraines. S’il ne pleut pas pendant une longue période et que les eaux souterraines passent sous le niveau requis, les cours d’eau s’assèchent inévitablement, même si on ne pompe pas d’eau. »
« Le message général est que l’eau de pluie doit s’écouler vers les grands cours d’eau aussi lentement que possible. Par l’élévation structurelle du niveau des eaux souterraines, les cours d’eau pourront retenir l’eau plus longtemps, même en période de sécheresse. En outre, la structure du cours d’eau et du paysage peut être adaptée en plaçant par exemple des barrages. »
Qu’est-ce qui est le plus efficient : pomper moins ou veiller à une meilleure infiltration? Marijke Huysmans: « La Vrije Universiteit Brussel a calculé comment le niveau des eaux souterraines dans le sous-sol peu profond de la province du Limbourg pourrait changer si on pompait plus ou moins ou si plus ou moins d’eau pouvait s’infiltrer pour alimenter les eaux souterraines. L’université a utilisé des modèles d’eaux souterraines à grande échelle. Les résultats sont les suivants : si on pompe 20% en moins, la nappe phréatique dans la province du Limbourg augmenterait de 5 cm en moyenne. Si l’alimentation en eaux souterraines augmenterait de 20% par une meilleure infiltration, le niveau moyen dans les aquifères peu profonds de la province du Limbourg augmenterait de 55 cm, soit onze fois plus qu’avec un pompage de 20%. »