Texte 019 lothaire

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TEXTE 019 – LOTHAIRE Olivia La ville de mes humeurs


La ville de mes humeurs.

Bruxelles

reflète mon humeur. Une humeur... Influence réciproque, je reflète l'humeur de Bruxelles.

Bruxelles boude.

La pluie la grise, ce ciel l'a prise, je ne regarde ni l'un ni l'autre. Je les boude aussi. Une Bruxelles qui boude, qui fait sa moue, qui râle un peu. Elle est terriblement mignonne.

Bruxelles qui prend sa douche, la voilà qui étincelle ! Je fixe le sol, obstinément. Il brille. Il reflète. Il reflète ce ciel lumineux, le trottoir humide révèle un soleil sur chaque pavé, mes yeux se plissent de tant d'intensité ! Et les couleurs... me traversent, me bouleversent,

lorsque je rentre, le soir. Ah, un coucher de soleil après la pluie, et le sol s'enflamme avec le plafond qui s'est dégagé rien que pour cette raison.

Bruxelles en journée. Un temps franc, je sors de la gare du Midi et les bourrasques ! me poussent à courir, à ouvrir les bras, à accueillir ce vent, à imaginer que je tombe. Je tombe vers le ciel, les brises me guident ou me contrent, Bruxelles me frappe et je frappe

Bruxelles de mon sourire. Ne pas éclater de rire. Ne pas être l'image de ce dans quoi je nage.

Bruxelles a froid. Temps sec, qui réveille. L'attente en gare, en soi. L'attente à l'arrêt de bus, les pensées déjà à destination. L'attente du temps de midi, la chaleur de la

sandwicherie, le plat chaud de l'asiatique à emporter, la promenade qui rayonne depuis mon lieu scolaire. Centre de Bruxelles. Magasins et librairies (à préciser absolument !), fournitures pour dessiner, peindre un portrait qui nous ressemble : une déambulation, éviter les piétons, figure du flâneur éclairé.


Printemps de Bruxelles.

Un rayon sort en même temps que foule et gaieté. Les gens se croisent par un hasard prévu et les glaces rassemblent les gaufres, échange de bons procédés. Les

commerçants délient les langues avec les passants, des touristes se lient d'amitié avec des habitants, rencontres uniques qui font d'une journée un beau temps. Bruxelles, le soir. De nouveau le soir, mais celui où on ne rentre pas.

Cafés, restaurants, bien entendu. Cinéma, surtout théâtre ! Celui du Parc, un endroit pour

se balader. Endroits plus calmes, bois de la Cambre ou étangs d'Ixelles. Concerts entre Flagey et Bozar, expositions tout autour de la place Royale, impossible de tout citer. Rejoindre des amis, être bruyant, parcourir des rues bruyantes, finir chez l'un ou l'autre et passer la nuit à s'amuser. Impatiente Bruxelles.

Courir entre les transports, se dépêcher pour tous les attraper. Le tour de Bruxelles, à bord ou à pied. A vélo, suivre le canal. Toujours le canal : point clé. Rentrer chez moi, ou de chez moi sortir voir des amis. La Petite Reine est reine de mes nuits blanches : je

l'enfourche, rejoins le canal, compte les lapins quand d'autres comptent les moutons, compte les derrières blancs des fourrures grises que j'effraie si elles me voient m'arrêter,

perds le compte des tours de pédale amorcés. Au bout du trajet, une fête qui s'apprête ou déjà occupée, des frites refroidies, pierrade et raclette pour réchauffer. Orgie de viande,

festin de calcium. Quelques verres coulent dans les gosiers, j'attrape mon eau adorée.

Pas plus d'un verre : je conduis, ce matin. Un deux-roues, vingt kilomètres par heure, trois

quart d'heure pour rentrer, pas de toilettes sur le chemin. La route est calme. Le vent dans le dos, le retour est aisé. Grimper l'escalier, rejoindre Morphée, promettre une nouvelle journée. À passer à Bruxelles. Une nouvelle comme tout ce qui vient d'être raconté. Mais qui ne sera pas la même. Qui n'aura rien d'identique : je ne connais pas encore Bruxelles.


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