La lettre n°4

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MAISON DE LA RADIO

LA LETTRE

ÉTÉ 2018

CONCERTS

n° 4

L’AFFAIRE PANULA

UN ROMAN NOIR FINLANDAIS

LES INCONNUS DANS LA MAISON ARRIGO BOITO

BIEN DÉGAGÉ AUTOUR DES OREILLES

SALOMÉ ET DALILA

Dessin (détail) © François Olislaeger


LA LETTRE N° 4 – ÉTÉ 2018

LA LETTRE N° 4 – ÉTÉ 2018

« ET C’EST DEMAIN L’ÉTÉ », CHANTAIT AUTREFOIS ANNA PRUCNAL. C’EST BIENTÔT

DU FAUTEUIL D’ORCHESTRE AU CANAPÉ

L’ÉTÉ EN EFFET, MAIS C’EST EN FINLANDE ET NON PAS EN POLOGNE QUE NOUS EMMÈNE CELUI QUI EMPOISONNE DÉLICIEUSEMENT CE NUMÉRO DE LA LETTRE DES CONCERTS DE RADIO FRANCE : JORMA PANULA, MAÎTRE DE LA DIRECTION D’ORCHESTRE DEVENU HÉROS DE ROMAN NOIR. SI VOUS LUI PRÉFÉREZ D’AUTRES FIGURES PLUS FÉROCES, DALILA ET SALOMÉ VOUS FERONT PERDRE LA TÊTE, À MOINS QUE VOUS CHOISISSIEZ LES VOCALISES DE LA CASTAFIORE, OU QUE VOUS VOULIEZ FAIRE CONNAISSANCE AVEC ARRIGO BOITO OU SUN RA. ET SI VOUS LES INVITIEZ TOUS À GOÛTER À LA FRAÎCHEUR DES SOUTERRAINS DE L’IRCAM ?

Boito et Verdi à Sant’Agata, près de Parme, où résidait le compositeur de Falstaff © Bertelsmann.

L’affaire Panula : un roman noir finlandais

LES INCONNUS DANS LA MAISON

BOITO, POUR L’AMOUR DU DIABLE

LE CHEF D’ORCHESTRE JORMA PANULA, PÉDAGOGUE HORS PAIR, MAÎTRE D’ESA-PEKKA SALONEN ET DE MIKKO FRANCK, EST ICI LE HÉROS D’UN RÉCIT ONIRIQUE QUI TOURNE MAL. CAUCHEMAR D’UN MUSICIEN OU FICTION SUR LES POUVOIRS MALÉFIQUES DE LA MUSIQUE ?

I

l était 13h05 ce jour-là ; ce jour où je décidai, pour une raison qui m’est encore inconnue, de sortir de ma chambre d’hôtel de la rue Sturenkatu, de quitter ma table de travail, et de partir me promener dans les rues d’Helsinki, au hasard, jusqu’au port. Je n’avais aucune raison de quitter ma chambre, mais je me sentais mû par une idée indicible. Le temps était plutôt doux, mais il planait dans l’air quelque chose de malsain, que je ne saurais décrire. 1. L’assassinat

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Des prouesses, vraiment. J’étais enchanté. Je passais le pas d’une porte lourde et cabossée. J’entrai dans une grande salle aux murs noirs et à l’odeur âcre. Je voyais une grande scène et des musiciens tenant délicatement leurs instruments. Devant eux, un chef dont je distinguais seulement la silhouette et la paume tendue. Ses mains puissantes avaient la légèreté d’un loup, il semblait agréger à lui seul la somme des énergies déployées par les trente à quarante virtuoses qui lui faisaient face. C’était comme s’il se tenait au centre de gigantesques vents de tempête comme on peut en craindre sur les côtes près d’Helsinki, comme la plage d’Hietaniemi. Je m’installai sur une chaise et j’observai avec attention les mouvements de cet homme, si bien que j’en oubliais totalement la raison de ma venue. J’appris plus tard son nom. Il ne pouvait évidemment pas être l’assassin en question puisqu’il était clair qu’il répétait depuis déjà plusieurs heures avec ces musiciens qui semblaient éreintés, comme possédés par l’énergie du maître.

Je marchais d’un pas lent et incertain, quand je vis un homme, vêtu d’un imperméable beige et d’un chapeau noir, tenir une femme par les épaules. Les longs cheveux blonds de la femme semblaient suspendus, ses yeux étaient happés par quelque 2. La répétition chose que je n’étais pas en mesure d’apercevoir. Soudain, ses yeux exorbités se baissèrent, il y C’était Jorma Panula, né à Nauhajoki eut comme un éclat, l’homme donna un coup sec en 1930, professeur des plus grands de la main droite vers l’estomac de la femme, SIBELIUS chefs finlandais de notre temps : Esaqui s’effondra doucement, sans un bruit. Les AUDITORIUM Pekka Salonen, Mikko Franck et Jukkapassants accouraient, criaient Apua, Apua ! Ils Pekka Saraste, pour ne citer que les plus disaient que c’était trop tard, ils se lamentaient. VENDREDI – 20H fameux. Je levai les yeux : je voyais la monolithique église Jorma Panula pose les mains sur ses Temppeliaukio, à la présence inquiétante. Je ne genoux, il ne sait rien de l’urgence sais pourquoi je restais figé ainsi, dans une JUIN qui me convoque ici. Pourtant, j’ai attitude contemplative, au milieu des fidèles qui le pressentiment que non seulement se précipitaient. Mon cerveau s’embrasait, tout Orchestre Philharmonique de Radio France l’assassin est passé par cette salle, mais ce qui me constituait formait soudain un élan Santtu-Matias Rouvali direction qu’il y reviendra. Je regarde tour à tour extraordinaire. En orientant mon regard, je fus les traits de chaque musicien  ; peut-être capable de voir où l’assassin avait disparu : c’est se cache-t-il derrière l’un de ces visages comme si je savais où il allait, qui il était, quelles étaient ses pensées. Mes jambes se mirent en marche, et j’avais impassibles, plongés dans leurs partitions. l’impression de filer, de voler. Qu’importe si je le perdais de vue, L’homme parlait avec une voix calme, grave et légèrement je finirais toujours par le trouver. Je sentais en lui une proximité hésitante. « Posez vos instruments, nous allons faire une petite involontaire, et je ressentais dans mon cœur un mélange de haine pause, dit-il dans un anglais altéré par un fort accent. Vous avez bien travaillé. Vous êtes à l’écoute. » Il réfléchit. Les et d’une impossible curiosité. Nous étions désormais rue Aleksanterinkatu. L’inconnu entra musiciens se tiennent droit, personne ne bavarde. On écoute. dans un immeuble étrange, à l’entrée béante comme une fissure « Je m’appelle Jorma Panula. J’ai étudié le violon avec mon noire. C’est à ce moment-là que je perdis sa trace. À l’intérieur père et le piano avec ma mère. Des musiciens amateurs, qui de l’immeuble, je trouvais un dédale d’escaliers poussiéreux, vivaient à la campagne, loin d’ici. J’ai été à l’Académie Sibelius de salles vides et de lumières blafardes. Soudain j’entendis alors que je n’avais que dix-huit ans. Puis j’ai appris à diriger une musique lointaine : une mélodie enivrante, des violons, des des étudiants. Mon professeur était Leo Funtek, il était slovène, coups de timbale, des harmonies, des envolées, des alla marcia. et il dirigeait l’Opéra national de Finlande d’une main de maître.

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Vous qui aimez les chanteurs, les chefs d’orchestre et les compositeurs finlandais, vous qui connaissez maintenant un peu mieux Jorma Panula, partez en voyage en compagnie d’Hélène Collerette, violon solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, qui vient de publier aux éditions Radio France un CD baptisé Norigine. Au programme : des compositeurs venus du Nord tels que Nielsen ou Salonen et, moins célèbre, le Suédois Svante Henryson dont le Lento qui introduit sa Sonate pour violon ouvre sur l’infini. Norigine par Hélène Collerette, 1 CD éditions Radio France, distr. Harmonia Mundi.

L

e 5 mars 1868, la Scala de Milan connaît l’une de ses créations les plus tumultueuses. Pendant cinq heures, vaille que vaille, le jeune Arrigo Boito dirige son nouvel opéra Mefistofele sous les huées. Et lorsque le rideau tombe, à une heure du matin, la bataille se poursuit dans la rue. Boito avait annoncé que son œuvre marquerait l’avènement d’un nouvel art lyrique italien. Le compositeur appartient à la Scapigliatura, avant-garde milanaise souhaitant réformer l’art de la péninsule, trop conservateur à ses yeux. Mais Mefistofele est un four. Critiquée pour son « wagnérisme » et son ennui, l’œuvre est retirée de l’affiche. Rossini se moque de celui qui a voulu « voler avant d’avoir des ailes ». Né d’un peintre italien et d’une comtesse polonaise en 1842, Arrigo Boito manifeste tôt des dons littéraires autant que musicaux. À sa sortie du Conservatoire de Milan (violon, direction d’orchestre, composition), il séjourne à Paris, y fréquente opéras et concerts, rencontre Berlioz, Gounod, Rossini, correspond avec Victor Hugo, et écrit pour Verdi les paroles d’un hymne destiné à l’inauguration de l’Exposition universelle de Londres. Verdi lui offre une montre : « Qu’elle vous rappelle mon nom et la valeur du temps. » Les déclarations bientôt intempestives de Boito sur le nécessaire dépoussiérage de l’opéra italien refroidissent les relations entre les deux hommes, mais l’amitié et l’estime mutuelle se rétablissent ensuite. Et c’est Boito qui écrit les livrets des deux derniers chefs d’œuvres de Verdi  : Otello et Falstaff.

Faust, brumes et soleil À Paris, en 1862, le thème de Faust est à la mode. Berlioz et Gounod se sont inspirés du Premier Faust de Gœthe. Boito, lui, voit plus grand. Il rêve d’une synthèse des brumes germaniques et du soleil du sud. Il intègre donc à son livret le personnage d’Hélène de Troie, qu’il emprunte au Second Faust de Gœthe : « Hélène et Faust, explique-t-il, représentent l’art classique et l’art romantique (…), la beauté de la Grèce et la beauté de l’Allemagne resplendissant sous le même halo (...) donnant naissance à une poésie qui est idéale, éclectique, nouvelle et puissante ». Si l’échec de 1868 est cuisant, Boito ne renonce pas. Pendant sept ans, il retravaille son Mefistofele. Le livret est condensé, la construction plus claire et symétrique : pacte de Faust, séduction et fin tragique de Marguerite, union dans l’extase avec Hélène. Dans l’Épilogue, Faust se rappelle les deux femmes : douleur du réel pour la première, illusion de l’Idéal pour la seconde. Mefistofele le tente une dernière fois au seuil de la mort, mais Faust résiste : il est sauvé. Avec des ellipses narratives qui mettent au centre de l’œuvre la question du mal plutôt que l’action, Mefistofele offre une succession de tableaux dans l’esprit de La Damnation de Faust de Berlioz. Synthèse de wagnérisme, de bel canto italien et de grand opéra français à la Meyerbeer, la partition est profondément originale. Certains des airs sont devenus des morceaux d’anthologie : « Sono lo spirito qui nega » (Mefistofele, acte 1), « L’altra notte, in fondo al mare » (Margherita, acte 3), « Giunto sul passo estremo » (Faust, Épilogue). Le nouveau Mefistofele est créé à Bologne en 1875, cette fois sous les applaudissements. L’œuvre s’impose rapidement ensuite, en particulier grâce au rôle saisissant de  Mefistofele. L’interprétation qu’en donna Chaliapine est restée légendaire  : « Avec sa haute et souple silhouette, son torse demi-nu et l’expression cruelle, terrifiante qu’il imprimait à ses traits si mobiles, raconte le ténor Beniamino Gigli, l’aspect qu’il offrait était diabolique à vous déconcerter… Il entrait de dessous, immense et menaçant, marchant à pas trainants à la manière d’une grande araignée. » *

Épilogue rue Sturenkatu Bien évidemment, lorsque je me réveillais dans petit pyjama rayé, dans mon petit lit de la rue Sturenkatu, suant et ne me souvenant à peine de mon nom, la première chose qui me vint à l’esprit fut de me ruer sur le disque acheté l’après-midi même chez le petit disquaire de la rue Vaasankatu : la Quatrième Symphonie de Sibelius, par l’Orchestre de la radio finlandaise dirigé par Jorma Panula. J’ouvris les volets, et je fus aveuglé par la beauté du ciel, constellé de mystères et de petites tâches d’une lumière boréale. Il était cinq heures du matin.

Laetitia Le Guay * Victor Borovsky, Chaliapine, éd. du Rocher,1993, p. 288.

MAIS QUE FAISAIENT DONC LES ORCHESTRES DE L’ORTF EN MAI 68 ?

Gaspard Kiejman Cette rencontre imaginaire avec Jorma Panula est inspirée de ses masterclasses, accessibles sur Youtube.

À L’OCCASION D’UNE EXPOSITION QUI SE TIENT ACTUELLEMENT À RADIO FRANCE, RETOUR SUR LES ORCHESTRES DE L’ORTF : COMMENT ONT-ILS VÉCU CETTE PÉRIODE FIÉVREUSE ET UTOPIQUE ?

ÉDITIONS RADIO FRANCE editions.radiofrance.fr NORIGINE, UN VOYAGE EN SOLITAIRE VERS LE NORD.

NON, ARRIGO BOITO NE FUT PAS QUE LE LIBRETTISTE DU DERNIER VERDI. ON LUI DOIT AUSSI UN OPÉRA FAUSTIEN, MEFISTOFELE, QUI SERA REPRÉSENTÉ LES 5 ET 9 JUILLET DANS LE CADRE DES CHORÉGIES D’ORANGE, AVEC LA PARTICIPATION DE L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE.

C’était la bonne vieille école ! Sa main droite indiquait le tempo  ; sa main gauche, la nuance. J’ai ensuite dirigé l’Orchestre philharmonique d’Helsinki, dans les années 1960 et 1970, et je suis devenu professeur en 1972. En 1993, j’ai pris ma retraite, et depuis lors je suis complètement libre. Laissez-moi vous dire une chose : dans une partition, il y a tout. Tout ! » Les musiciens l’écoutent avec passion. Panula est grinçant, ironique, brillant, parfois imposant. « J’ai un problème avec les dernières mesures du quatrième mouvement. Votre fortissimo est faible. Il faut tout donner sur cet accord. Reprenons. » Chacun saisit son instrument, et le maestro use de ses deux mains, rejointes en un double poing puissant, pour appeler le fortissimo final. L’accord déploie des vagues sonores telles que je ma tête est percée d’un douloureux plaisir. « Nous allons aborder maintenant le Concerto pour violon de Rautavaara. Ne vous fiez pas à vos impressions, à vos sentiments  ; fiez-vous à la partition. Allez ! » Les premiers accords, doucement dissonants, envahissent la salle et se répercutent sur les murs. Bientôt, le soliste va rejoindre Panula sur la scène et produire ses hautes fréquences, et moi je sais fort bien qui s’apprête à sortir des coulisses : l’assassin de tout à l’heure. L’homme marche lentement sur les planches, son violon à la main, met l’archet sur la corde, plonge ses yeux dans les miens. Le plafond enneigé s’effondre sur moi, je me retrouve perdu dans les flots glacés de la Baltique. La sensation de vie, de conscience de soi, n’a jamais été aussi forte que pendant cette seconde terrifiante. Tout mon corps et toute mon âme sont emportés au loin par l’océan d’une musique quasi-élémentaire.

OCORA, LE MONDE DES MUSIQUES TRADITIONNELLES

Après deux éditions en 1994 et 2003, la collection Ocora Radio France publie une nouvelle version du coffret « Le monde des musiques traditionnelles ». En 6 CD, ce coffret offre une vision approfondie d’une collection qui, depuis 1957, témoigne de manière unique de la remarquable diversité des musiques traditionnelles, qu’elles soient savantes, religieuses ou populaires. 6 CD : du Mali à Madagascar, du Maroc à la Mongolie, Pakistan-Inde, du Laos au Japon, de la Norvège à l’Espagne, des États-Unis à l’Argentine. Le Monde des musiques traditionnelles, 6 CD Ocora/ Radio France.

© Intersyndicale de l’ORTF, 1968 -Dessin : Jean Effel

Prologue rue Sturenkatu

« Inexorablement intriqués, la peine et la joie, le désespoir et la fête, Eros et Thanatos ne peuvent se laisser dissoudre dans les problèmes de lutte des classes. » C’est en ces termes que Theodor Adorno analyse dans les années 60 le rapport entre l’art et sa société. Évidemment, les choses se compliquent quand nous considérons l’art comme le produit de l’histoire humaine, laquelle dépend de ses épisodes sociaux. C’est ainsi qu’en mai 68, alors que les amphithéâtres des universités se remplissaient et se vidaient, au gré des marées des violences policières, les musiciens des orchestres de la Maison de la radio ont posé à leur tour les instruments. « On ne travaillait plus, explique Raymond Maillard, violoncelliste entré au Philharmonique par le concours d’avril 1967. Tout avait été annulé : les concerts, les participations aux festivals.  »

Au centre des revendications, des idées beaucoup plus ciblées que la contestation contre l’américanisme ou le capitalisme : « Il n’y avait pas d’attitude politique de la part des musiciens, ce sont les journalistes et les producteurs qui étaient à la pointe du mouvement. Nous étions occupés par des querelles de parité salariale entre le National et le Philharmonique, question qui s’est posée d’une autre manière en 1975 avec la création du Nouvel Orchestre philharmonique. »

Christophe Dilys « Silence radio », une exposition sur l’ORTF en mai 68. Jusqu’au 29 juin (entrée libre).

De 1965 à 1967, Henri-Georges Clouzot fit de Herbert von Karajan un héros de cinéma. © DR

À L’HEURE OÙ FRANCE MUSIQUE PILOTE UNE PLATEFORME MULTIMÉDIA ET PERMET D’ENTENDRE ET DE VOIR UN NOMBRE DE PLUS EN PLUS GRANDS DE CONCERTS, ESQUISSONS LA GÉNÉALOGIE DU CONCERT FILMÉ. La musique est un sujet qui intéresse la caméra. Les guides d’écoute de Leonard Bernstein ou de Simon Rattle, les portraits d’interprètes de Bruno Monsaingeon (Menuhin, Fischer-Dieskau, Varady, Gould, Richter…) ou encore la participation de Lorin Maazel au Grand Échiquier de Jacques Chancel en 1979 sonnent comme autant de mariages heureux entre l’image et le son. Il y a aussi les concerts de Karajan filmés de 1965 à 1967 par Henri-Georges Clouzot (l’auteur de Quai des orfèvres et du Salaire de la peur !). De la répétition de la Quatrième Symphonie de Schumann au Requiem de Verdi (en couleurs !), c’est un peu à la mise en scène de Karajan qu’on assiste. Et si, aujourd’hui, le concert dit classique n’a que très rarement accès aux heures de grande audience au petit écran, internet semble prendre le relais en tant que terre d’accueil de prédilection du concert filmé. À la recherche de nouveaux publics et pour celui déjà existant, musiciens, institutions et médias offrent majoritairement leurs productions audiovisuelles à cette médiathèque à ciel ouvert et sans horaires de fermeture. Le récent partenariat entre France Musique et Arte entend justement diversifier l’accès au concert et le rayonnement des formations musicales de Radio France via internet. L’objectif ? Sur le long terme, faire de francemusique.fr – bientôt francemusique.com – « la plus grande salle de concert virtuelle au monde ». La chaîne poursuit ainsi sa mutation en plateforme multimédia et bénéficie des compétences d’Arte qui a le soin de produire une sélection de concerts des formations de la Maison ronde. Cette collaboration est née le 22 décembre 2017 à l’occasion du concert « Noël à Broadway ». Un événement qui pouvait être suivi en direct par les auditeurs de France Musique mais aussi par les webspectateurs de francemusique.fr, d’Arte Concert et des réseaux sociaux. Aujourd’hui, francemusique.fr accueille plusieurs centaines de concerts filmés, la plupart dotés de notes de programme introduisant les œuvres. Si la qualité du son et de l’image ne cessent de se développer, ces filtres technologiques ne supplanteront jamais l’expérience du concert auquel on assiste physiquement dans une salle de concert. Il y a cette magie de l’instant : vivre ensemble un moment musical qui a lieu ici et maintenant. À plusieurs égards, le concert filmé est au concert ce que le streaming est au cinéma. Mais ces concerts filmés n’ont pas été pensés pour supplanter le spectacle vivant. Ils sont autre chose et, lorsqu’ils sont diffusés en direct, permettent à France Musique de développer un peu plus le don d’ubiquité que Rudolf Arnheim voyait en la radio. Ils donnent une autre possibilité d’entendre ou de réentendre, de découvrir gratuitement, et depuis n’importe où, des répertoires et des interprètes sans être soumis à des horaires de diffusion. Cette offre « à volonté » s’adresse à ceux qui écoutent sans fermer les yeux et leur donne accès parfois à l’invisible. C’est le cas lorsqu’en septembre 2016, Arte Concert et Neotopy ont capté un concert de l’Insula Orchestra en son binaural et caméra 360° : une caméra placée au cœur de l’orchestre permettant au spectateur de diriger librement son regard et de voir, finalement, comme il l’entend. Max Dozolme Francemusique.fr/concerts

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DANS L’IRCAM, UNE SALLE Le festival ManiFeste est l’occasion de revenir sur une salle conçue comme un sous-marin : celle de l’Ircam.

© Philippe Barbosa

LA LETTRE N° 4 – ÉTÉ 2018

A

boîte dans une boîte parfaitement protégée des vibrations de l’extérieur, profitant u cœur de la cité furent installés le Centre Pompidou et son centre de encore du montage recherches musicales associé. Au cœur de la cité mais invisibles, du du bâtiment sur un subtil système à ressorts, l’Espace de projection – Espro de son moins jusqu’aux travaux d’extension de l’institut et l’élévation d’une STOCKHAUSEN petit nom, ainsi baptisé par Pierre Boulez car on parlait beaucoup à l’époque tour par l’architecte Renzo Piano. Car l’Ircam fut souterrain jusqu’en 1990 ; LE CENTQUATRE, PARIS XIX E de projection sonore – fut inauguré dès octobre 1978. Point de fauteuils alignés on y entrait comme on s’engouffrait dans une station de métro, et il n’était devant une scène ; le public tantôt y entourait les musiciens, tantôt se trouvait au pas rare que des passants s’y perdissent en quête d’une correspondance SAMEDI – 20H30 milieu de la musique, mouvante grâce à des systèmes de diffusion spatialisée. pour la station Châtelet-Les Halles. Parfois, l’auditeur lui-même se déplaçait durant le concert, multipliant ses points Pour quelle mystérieuse raison les concepteurs de l’Ircam avaient-ils enterré de vue acoustiques. Offrant des conditions exceptionnelles d’enregistrement et ce haut-lieu de la musique d’aujourd’hui ? Vraisemblablement avaientJUIN particulièrement propice à l’étude de l’acoustique des salles, la salle était dotée de ils voulu l’isoler des bruits de la ville, à moins qu’ils n’eussent espéré en parois mobiles qui lui permettaient de s’adapter à tous les projets. protéger les secrets ou en cacher la présence. Car le projet de l’Ircam ne Orchestre Philharmonique de Radio France faisait pas l’unanimité. On dit que le lieu fut désiré par Georges Pompidou Peter Rundel direction ÉLOGE DES PÉRIACTES pour conférer une dimension musicale à son nouveau centre culturel et d’art dans le cadre du festival ManiFeste / Ircam contemporain. Pierre Boulez raconte que le Président l’avait incité à rentrer Commandés par un système électromécanique, des périactes, modules en France pour y prendre la direction d’un orchestre, et qu’il lui avait alors prismatiques à trois faces absorbantes, réfléchissantes ou diffusantes, la transformaient en grande répondu préférer la fondation d’un centre de recherche, fort de son expérience avortée au sein cathédrale ou, au contraire, la faisaient sonner de façon plus sèche. Développé par Victor Peutz à de l’Institut allemand Max-Planck. Dans la France musicale partagée entre les défenseurs d’une partir d’un algorithme complexe, un programme permettait de mesurer avec précision son temps de certaine tradition et les tenants du sérialisme et des nouvelles lutheries, son projet fut perçu par réverbération, variant de 0,6 à 6 secondes. On pouvait donc jouer sur deux tableaux : celui de ses adversaires comme une nouvelle provocation, onéreuse de surcroit. Et ses précédents coups l’acoustique passive à partir de la forme, des dimensions et des matériaux ; et celui de l’acoustique de gueule ayant laissé de profondes cicatrices dans les consciences, l’idée de l’Ircam fut bien active, recourant notamment à l’amplification électroacoustique. Si le bruit des machines rendait plus difficile à accepter que celles du Groupe de recherches musicales de la Radio (GRM) et de délicate toute transformation de l’espace en temps direct, l’Espace de projection révéla au public des l’Équipe de mathématique et d’automatique musicales de Xenakis (Emamu). Rien ne freina toutefois la effets si stupéfiants qu’on aurait pu en d’autres époques les trouver dignes des théâtres à l’italienne détermination du compositeur et du président, et l’Ircam naquit quelques mois plus tard, à proximité et des machines baroques de Torelli. du Centre Pompidou mais suffisamment indépendant pour satisfaire le souhait du bouillant directeur Naturellement, l’Espro fut régulièrement amélioré, jusqu’à la récente acquisition du système Wave d’échapper aux tutelles. Field Synthesis (WFS) et ambisonique, procédé de reproduction holophonique capable de « capter et synthétiser une scène sonore en préservant les informations spatiales de distance et de direction MODULABLE ET RAISONNABLE des sources qui la composent ». Aujourd’hui en cours de réhabilitation pour désamiantage complet, Rapidement, Pierre Boulez affirma la nécessité pour les chercheurs de disposer d’un espace voué à adaptation au numérique ainsi que modernisation des réseaux et des éléments techniques, le lieu leur rencontre avec le public. Non pas d’une énième salle de concert, mais d’une salle modulable s’impatiente de retrouver son public pour d’autres expériences inouïes. consacrée à l’expérimentation tout en favorisant la proximité du spectateur et du musicien. Une salle de dimension raisonnable, pouvant accueillir de 250 à 350 auditeurs, et révélant les œuvres de François-Gildas Tual l’intérieur grâce à des auditions accompagnées de présentations, débats ou conférences. Véritable

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CONCERT DE PARIS CHAMP-DE-MARS SAMEDI – 21H15

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JUILLET

Aïda Garifullina, Joyce di Donato, Matthias Gœrne, Sarah et Deborah Nemtanu, Renaud Capuçon, Khatia Buniatishvili Chœur de Radio France Maîtrise de Radio France Orchestre National de France François-Xavier Roth direction

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Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir ! CASTA DIVA (« CHASTE DÉESSE »), CASTAFIORE (« CHASTE FLEUR »), FLORIA TOSCA… DIVA SELON L’ÉTAT CIVIL, CHASTE VISIBLEMENT, FLEUR PAR ANTIPHRASE, LA CASTAFIORE POURRAIT PLUTÔT CHANTER « VISSI D’ARTE », MAIS SON COMPORTEMENT DÉCALÉ SUFFIT À SUGGÉRER QU’ELLE VIT DE SON ART, HORS DU MONDE.

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ongtemps, les lecteurs de Tintin ne connurent d’autre silhouette féminine que celle de cette diva fantasmagorique aux allures de coq dressé sur ses ergots, brisant par sympathie vibratoire les lustres et les vitres dès les premières notes de son air de bravoure : « Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir ! » Qui ne connaîtrait pas ce fragment du Faust de Gounod (composé sur des paroles de Jules Barbier et Michel Carré), peut du moins imaginer que, si le ramage se rapporte au plumage, il y a là de quoi se dissuader à tout jamais d’aller à l’opéra. Tel n’était pas le propos d’Hergé, qui ne se moquait pas tant du Faust de Gounod que du manque de sens critique des interprètes qui en trahissent la fraîcheur. Communicatif par nature, le rire appelle le rire. Mais, outre la caricature de l’innocente Marguerite vêtue de velours pourpre, le drôle, c’est que le personnage rie de se voir si belle D’ordinaire en effet, on ne rit pas de cette situation : face à son miroir, une femme rit de trouver extravagants au miroir, le chapeau, la robe ou le manteau qui semblait devoir lui aller si bien ; si elle se trouve belle, elle sourit, puis s’efforce avec grâce d’accorder visage et vêture. Marguerite, parée des bijoux du coffret, pourrait plus vraisemblablement chanter : « Quel plaisir de me voir si belle ! ». L’INVRAISEMBLANCE DES ROULADES Il y a cependant une raison plus impérieuse à ce rire : la créatrice du rôle de Marguerite excellait dans les airs à roulades. En tirer pari n’est condamnable que dans l’optique d’une conception excessivement restrictive des fins et des moyens du théâtre lyrique. Mais, alors que les compositeurs de l’école italienne ne s’embarrassaient pas de vraisemblance pour placer des roulades, l’école française ne les tolérait que pour l’expression de la joie (comme stylisation d’une cascade de rire) ou de la folie (perte du langage articulé). Les vocalises de Donna Anna dans Don Giovanni étaient perçues comme une regrettable concession de Mozart au caprice de son interprète. Marguerite rit donc seulement pour s’autoriser à quitter le chant syllabique sans pour autant abuser du brio extérieur associé au

registre aigu : sauf le trille conclusif, qui s’achève sur un si aigu, elle reste dans une tessiture assez centrale avec même un si grave. Aisance et musicalité sont indispensables pour rendre justice à cet air où tout est si bien en place (élans, pirouettes, modulations) que son naturel voulu et trouvé a été pris pour de la banalité. La coquetterie des flûtes donne la couleur initiale. L’intimité des cordes est réservée pour la section centrale (« Achevons la métamorphose ») qui, en proposant une action au personnage, évite le statisme ; les instruments suggèrent ce qu’elle tait, contrepointent ce qu’elle joue. Si l’on parvient à oublier la Castafiore pour imaginer la Marguerite idéale, on reconnaîtra que cette valse chantée est une page lumineuse, comme le sourire émerveillé qui accompagne la découverte du coffret. Gérard Condé Gérard Condé est l’auteur d’une monumentale biographie-étude de Gounod (Fayard, 2009).

GALA GOUNOD AUDITORIUM SAMEDI – 20H

16 JUIN

Elsa Dreisig, Jodie Devos, Kate Aldrich, Patrick Bolleire Olivier Latry orgue Orchestre National de France Jesko Sirvend direction Concert de clôture de la 6e édition du Festival Palazzetto Bru Zane à Paris

AIR DES BIJOUX (FAUST, ACTE 3) Marguerite se pare des boucles d’oreilles, se lève et se regarde dans le miroir. Ah ! je ris de me voir Si belle en ce miroir ! Est-ce toi, Marguerite ? Réponds-moi, réponds vite ! Non ! Non ! ce n’est plus toi ! Non ! non ! ce n’est plus ton visage ! C’est la fille d’un roi Qu’on salue au passage ! Ah, s’il était ici !... S’il me voyait ainsi ! Comme une demoiselle Il me trouverait belle. Elle se pare du collier. Achevons la métamorphose ! Il me tarde encor d’essayer Le bracelet et le collier ! Elle se pare du bracelet et se lève. Dieu ! c’est comme une main qui sur mon bras se pose ! Ah ! je ris de me voir Si belle en ce miroir ! Est-ce toi, Marguerite ? Réponds-moi, réponds vite ! Ah, s’il était ici !... S’il me voyait ainsi ! Comme une demoiselle, Il me trouverait belle. Marguerite, ce n’est plus toi, Ce n’est plus ton visage, Non ! c’est la fille d’un roi Qu’on salue au passage.

La sixième édition du Concert de Paris, diffusée en direct sur France Inter et sur France 2, sera suivie, comme les précédentes, par des millions de téléspectateurs © Christophe Abramowitz


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SUN RA ET THOMAS DE POURQUERY ou comment jazz et mystique se téléscopent

QUESTIONS À…

M A R I E NICOLE

© Geneviève Lesieur

© Judith décapitant Holopherne selon Le Caravage (vers 1598, Galerie nationale d’art ancien de Rome)

LEMIEUX

Marie-Nicole Lemieux, après avoir été une Cassandre inspirée, au printemps dernier, sous la direction de John Nelson, sera Dalila les 12 et 15 juin aux côtés de Roberto Alagna, en compagnie de l’Orchestre National de France. QUELLE EST LA PART D’ÉROTISME ET LA PART DE SACRÉ DANS SAMSON ET DALILA ?

L’érotisme, je crois, se cache dans les non-dits, dans la musique et dans la première impression que l’on a de Dalila. En effet, la première scène de Dalila est empreinte de sensualité, de douceur et de fragilité. C’est tout le contraire pour Samson qui représente, lui, le sacré, avec sa force, sa foi, sa dévotion pour son peuple. Pourtant, au fil de l’œuvre, les rideaux tombent. Rien n’est tout blanc ou tout noir, on voit apparaître la rigueur, la froideur et la ferveur de Dalila pour son dieu. Et Samson devient faible, victime de ses désirs et de son amour pour Dalila. Tout se termine par la mort de chacun, car la violence les rend tous victimes.

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QUEL EST VOTRE AIR PRÉFÉRÉ DANS SAMSON ET DALILA ?

Il y en plusieurs ! J’aime l’air « Hymne de joie » dans le premier acte ; « Printemps qui commence » est un bijou de sensualité et de délicatesse. La grande scène entre Samson et Dalila au deuxième acte, qui se termine avec le basculement de Samson, est magnifiquement construite et amenée. J’aime le phrasé de chacun, les lignes suaves et envoûtantes de Dalila et les affirmations, les objections de Samson, qui finalement baisse la garde, le tout commenté par un orchestre qui reflète les tourments intérieurs des protagonistes. C’est une grande scène. Et je ne parle pas du début du troisième acte avec la scène touchante de Samson qui pleure son sort !

DALILA EST-ELLE PLUTÔT UNE CARMEN OU PLUTÔT UNE SALOMÉ ?

Dalila est Dalila ! Elle a un peu des deux, mais elle reste différente. Selon moi, elle a aimé Samson et a été blessée, dans sa chair, par l’attaque faite contre les siens. Le conflit intérieur, entre son peuple et son attirance pour Samson, s’est soldé par le choix de sa patrie et de son dieu. Cette décision eu pu être différente si Samson ne l’avait pas abandonnée… Qui sait…? Mais il y aurait eu un opéra tout autre dans ce cas. Dalila est une femme orgueilleuse, intelligente, patriotique et pudique à sa façon. Jamais nous ne saurons la vérité à son sujet. Je crois que les personnages antiques – et j’inclus aussi ceux de la Bible et de la mythologie – ont façonné notre psyché occidentale. Il n’y a qu’à passer les portes d’un musée, allumer la radio ou même se balader dans les villes pour s’en rendre compte. Chacun de ces personnages a quelque chose à nous apprendre ; la plus intéressante est pour moi de concevoir que la complexité des sentiments humains ne date pas d’hier, mais que c’est notre façon de les comprendre qui peut-être a changé. Propos recueillis par Camille Moraguès

Bien dégagé autour des oreilles

LE 7 JUILLET, AU STUDIO 104, THOMAS DE POURQUERY ET SON ENSEMBLE SUPERSONIC VONT FAIRE REVIVRE LE RÉPERTOIRE COSMIQUE ET LIBERTAIRE DU MYSTÉRIEUX SUN RA. AU FAIT, DE QUELLE PLANÈTE VENAIT-IL, CE MUSICIEN CACHÉ DERRIÈRE SA LÉGENDE ?

DEUX HÉROÏNES ANTIQUES, SALOMÉ ET DALILA, FONT ASSAUT DE CRUAUTÉ À LA FAVEUR DE L’ÉTÉ QUI VIENT. L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE POUR LA PREMIÈRE, LE CHŒUR ET L’ORCHESTRE NATIONAL POUR LA SECONDE, LES ACCOMPAGNENT DANS LEUR ENTREPRISE D’HUMILIATION. FAIRE DÉCAPITER JEAN-BAPTISTE ET VOLER SA FORCE À SAMSON : FAUT-IL VOIR LÀ L’EXPRESSION ULTIME DU DÉSIR AMOUREUX ?

L

es historiens ne sont pas d’accord quant à l’origine de ce qu’on appelle l’amour courtois ou le fin’amor tel qu’il s’est épanoui à partir du XIIe siècle : faudrait-il y entendre un merveilleux écho de la lyrique arabe ? une conséquence du catharisme, comme l’a supposé Denis de Rougemont dans L’Amour et l’Occident ? Cette manière de placer haut la femme, au sommet d’une tour ou derrière des créneaux de château, fut suivie, vers la fin du Moyen-Âge et jusqu’au XVIIe siècle, d’un mouvement souvent désigné sous le terme générique « pouvoir des femmes », sans qu’il faille chercher le moindre lien de cause à effet entre les inspirations des troubadours puis des trouvères, et les peintres qui, plus que les poètes, eurent à cœur de représenter des femmes dans des situations de maîtrise, voire de domination. Le temps n’est plus, alors, à l’adoration ou à la contemplation de la Femme sur son piédestal ; il s’agit de mettre en scène des femmes qui agissent, qui prennent le pouvoir, qui parfois en abusent et n’hésitent pas à pratiquer la violence. Parmi ces femmes de tête, on trouve par exemple Salomé, qui dès le XVe siècle fut peinte par les Flamands (Memling, Lucas Cranach l’ancien), puis par des Italiens tels que le Caravage, Titien, Botticelli ou le Guerchin. Tous soignent la délicatesse des traits de cette princesse insouciante et légère, à peine nubile, qui demande à son beau-père Hérode, et obtient de lui, la tête de saint Jean-Baptiste retenu prisonnier pour avoir reproché à Hérode, précisément, d’avoir épousé la femme de son propre frère Philippe. (Hérode comme un premier Claudius, oncle d’Hamlet et nouveau mari de Gertrude, la veuve du roi du Danemark tué par le frère du roi ?) Dans Le Goût du sang du peintre Gustav-Adolf Mossa, Salomé lèche l’épée qui a servi à trancher la tête, mais elle se tient dans un berceau en compagnie de sa poupée ! LA FILLETTE AIME LE SANG Nous ne reviendrons pas ici sur les débats qui prolifèrent quant à la généalogie de Salomé. On rappellera simplement qu’elle est citée par Flavius Josèphe, historien romain de confession juive du Ier siècle après Jésus-Christ, et que les Évangiles selon saint Matthieu et saint Marc l’évoquent par le simple terme « la fillette », à ce détail près que la jeune fille en question ne réclame pas

la tête de Jean-Baptiste pour elle-même mais pour complaire à sa mère Hérodias. La fin du XIXe siècle et le début du XXe marquent le retour en force de Salomé (également appelée Hérodiade) avec, en peinture, Gustave Moreau et de nouveau Mossa, pour ne citer qu’eux, et, en littérature, avec Mallarmé, Flaubert (Trois Contes) et bien sûr Oscar Wilde, dont la pièce, somptueusement illustrée en 1906 par Audrey Beardsley, inspirera la fameuse Salomé de Richard Strauss, peut-être la plus sauvage illustration du mythe ; l’Hérodiade de Massenet, par comparaison, est bien plus fréquentable ! On indiquera, pour l’anecdote, que la célèbre photographie figurant Wilde déguisé en Salomé représenterait en réalité la chanteuse Alice Guszalewicz dans le rôle de la cruelle princesse. HEDY LAMARR AUX CISEAUX On a cité Mossa, qui consacre plusieurs aquarelles à Salomé, dont une saisissante Hérodias morte où la défunte serre contre elle le crâne de Jean-Baptiste dans un fulgurant mariage unissant Eros et Thanatos. Mais Mossa s’intéresse également de près à Dalila, qui elle aussi fait partie de ces femmes agissantes : il la représente élégante comme Alma Mahler dans l’aquarelle Dalila s’amuse, et dans Samson et Dalila (huile et perles de verre sur toile !). La postérité de Dalila fut moindre, cependant, peut-être parce qu’il ne s’agit pas là d’une jeune fille mais d’une femme accomplie, comme l’incarne Hedy Lamarr au sommet de sa beauté dans le film réalisé par Cecil B. DeMille en 1949, avec l’athlétique Victor Mature dans le rôle de Samson. Saint-Saëns ne s’y est pas trompé non plus qui, dans son opéra (créé en 1877 à Weimar, grâce à Liszt), confie le rôle de Dalila à une voix de mezzo ou, par défaut, à un soprano corsé. Pour obtenir de Samson le secret de sa force, laquelle gît dans ses cheveux – car Samson est un nazir et a fait serment de garder ses cheveux longs (exemple suivi par les rastas qui, par fidélité envers Dieu, portent les dreadlocks que nous leur connaissons) –, Dalila déploie toutes ses ressources de séductrice, ce que ne fait jamais Salomé, qui ne mesure pas le pouvoir qu’elle exerce sur Hérode et ne cherche pas à séduire Jean-Baptiste (Jochanaan dans l’opéra de Strauss). Privé de ses cheveux

pendant son sommeil, les yeux crevés par ses ennemis, le malheureux Samson n’est plus qu’une épave. Mais contrairement à Haendel (dans l’oratorio Samson), c’est d’abord Dalila qui intéresse Saint-Saëns, ce qui nous vaut un opéra conçu comme un exercice de style saturé de couleurs et de rythmes : un Orient rêvé, avec ses femmes lascives et le crissement de ses bijoux, son mélange de raffinement et de barbarie. L’orientalisme, en un mot. Nous resterons en compagnie de l’inépuisable Mossa pour évoquer une troisième figure de femme intrépide : Judith. Si Dalila est citée dans le Livre des Juges, Judith, elle, a droit à son propre livre dans la Bible. C’est elle qui se rend dans le camp des Assyriens qui assiègent la ville de Béthulie et tranche la tête du général Holopherne. Le mythe de Judith a fait l’objet d’un grand nombre d’interprétations, notamment picturales (Botticelli, Vasari, Rubens et, plus près de nous, Horace Vernet, Klimt et quelques autres), mais aussi cinématographiques : on citera le film de Louis Feuillade tourné en 1909, le premier long métrage de W. D. Griffith (1914) ou encore le film de Fernando Cerchio Giuditta e Oloferne (1959), parfois intitulé en français La Tête du tyran. Quant aux partitions inspirées du mythe de Judith, elles furent composées principalement au XVIIIe siècle : par Vivaldi (Juditha triumphans) et Mozart (Betulia liberata). Dans les trois cas, il s’agit pour l’héroïne de trancher la tête de celui qui est son ennemi ou de celui qui lui résiste (Holopherne, JeanBaptiste) – mais qu’elle aime, évidemment  ; ou de lui ôter sa force après l’avoir séduit (Samson). Et pour le spectateur de s’interroger    : geste esthétique, anecdote meurtrière ou prise de pouvoir par les femmes ? Florian Héro R. Strauss : Salomé, Danse des sept voiles. Orchestre Philharmonique de Radio France, dir. Mikko Franck. Auditorium, 15 juin. Saint-Saëns : Samson et Dalila. Roberto Alagna, Marie-Nicole Lemieux. Chœur de Radio France, Orchestre National de France, dir. Mikhail Tatarnikov. Théâtre des Champs-Élysées, 12 et 15 juin.

7

T

out est bon pour vivre une expérience mystique. Il y a bien sûr les prières, les fièvres, les maladies, les transes. Et puis il y a les cambriolages. Thomas de Pourquery, en 2014, voit une « ombre colossale » lui dérober son ordinateur, et donc toutes ses partitions, à quelques jours de l’enregistrement de son premier disque d’arrangements de musique de Sun Ra. Démoralisé, il s’effondre en réécoutant, comme par nécessité, les disques de Herman Pool Blount, dit « Sun Ra », mystérieux compositeur et pianiste de jazz américain. Et c’est après un week-end de transe qu’il peut de nouveau compter à son catalogue, comme après un mauvais rêve, douze nouveaux arrangements, douze nouvelles pièces réappropriées, personnelles et pourtant complètement dans l’empreinte spirituelle de Sun Ra. « Il ne s’agit pas dans Play Sun Ra de rendre un hommage dévot ou d’imiter l’inimitable Sun Ra, mais bel et bien, à travers ce fabuleux matériau, de nous raconter notre propre histoire à nous six, musiciens de Supersonic. Nous l’exprimons ici et maintenant, avec une grande joie d’être et de jouer ensemble ; une joie d’autant plus grande que le monde nous crie l’urgence à jubiler du dialogue de nos libertés. »

VOUS VENEZ DE SATURNE ? Une deuxième expérience mystique amène Thomas de Pourquery a reconvoquer les musiciens de Supersonic pour Sons of Love en 2017. Un rêve. Il y est une souris volante, dans un hangar où jouent ses musiciens. Transporté par l’énergie dégagée par le Supersonic, il sait à son réveil qu’il devra reprendre la plume et se découvrir encore à travers Sun Ra. Au fait, qui est ce mystérieux compositeur américain capable d’inspirer à la fois un musicien entre jazz et punk en 2018, un pharaon de la cause noire dans le film de science-fiction kitsch Space Is The Place (1974), et le personnage de Sun Rae, flûtiste et homme d’affaires

dans les aventures de Valérian, agent spatio-temporel de Christin et Mézières (1970) ? Dans un monde où n’existait pour toute science-fiction que les ouvrages de Jules Verne, entendre dès les années 30 quelqu’un dire qu’il vient de Saturne relève de l’anachronisme troublant. Toute la vie de Sun Ra navigue sur ce fil du rasoir, entre innovation et incroyable que l’on aime croire. Oui, il est évident qu’Herman Poole Blount est né le 22 mai 1914 à Birmingham (Alabama). Mais pourquoi ne pas être né sur Saturne avant d’avoir été téléporté sur Terre ? Oui, il est évident qu’il est né dans le sud des États-Unis, ce qui lui annule toute chance de notoriété artistique. Mais c’est le big band qui va le mettre sur la carte. C’est de là que tout part : il quitte l’école en 1932 pour se lancer comme musicien. Il connaît rapidement le succès en tant que pianiste et arrangeur, d’abord à Birmingham puis à Chicago. Un peu comme Duke Ellington et Woody Herman, il laisse sa vision du big band prendre des couleurs particulières : quand certains prennent la route du funk, lui ira vers l’espace. À la fin des années 50, son Arkestra, réuni à Chicago, deviendra cette arche qui transportera les noirs dans un ailleurs spatial où la domination blanche n’a plus lieu d’être. Un ailleurs qui se sert du vieux big band bien écrit comme prétexte pour donner dans un free-jazz festif et spirituel. La discographie de Sun Ra est peut-être à écouter de cette manière : un véhicule spatial qui nous emmène du big band à la manière de Coleman Hawkins jusqu’à l’intimité de Bill Evans (deux héros rencontrés à Chicago alors qu’ils n’étaient pas encore héros), et du bop au free-jazz le plus déjanté.

Christophe Dilys


JUILLET

1ER JUIN 20H30

VE

THÉÂTRE DE L’ARCHIPEL, PERPIGNAN

Symphonique

Symphonique

TCHAÏKOVSKI, SYMPHONIE N°5 Ferroud / Prokofiev / Tchaïkovski - B. Rana piano / Orchestre National de France / E. Krivine

1

ER

DU

AU

Berlioz - Orchestre National de France / Chœur de Radio France / V. Gergiev

3 JUIN

STUDIO 104

JE

MULTIPHONIES Eloy / Baron / Groult / Roux / Dufour / Vincenot / Schilingi / Escalona-Mijares / Hagen

2 AU SA 30 JUIN

2 JUIN 19H30

RADIO FRANCE

ORFEO ED EURIDICE Gluck - P. Jaroussky / P. Petibon / E. Baráth / I Barocchisti / Chœur de Radio France / D. Fasolis

2 JUIN 20H

SA

THÉÂTRE DE SAINT-QUENTIN-ENYVELINES

AUDITORIUM

Radio France pour tous

VIVA L’ORCHESTRA Berlioz / Gounod / Saint-Saëns / Stravinsky / Dukas / Poulenc / Britten / Satie / Debussy / Delibes / de Falla / Tchaïkovski / Massenet / Bizet / Offenbach - Orchestre des grands amateurs de Radio France / Orchestre National de France / J. Sirvend BASILIQUE DE SAINT-DENIS, FESTIVAL DE SAINT-DENIS

BACH / FAURÉ Fauré / Bach - S. Degout baryton / Orchestre National de France / Chœur de Radio France / Maîtrise de Radio France / E. Krivine

8 ET DI 10 JUIN 19H30

OPÉRA ROYAL, CHÂTEAU DE VERSAILLES

Opéra

ORFEO ED EURIDICE Gluck - P. Jaroussky / P. Petibon / E. Baráth / I Barocchisti / Chœur de Radio France / D. Fasolis

8 JUIN 20H

VE

Jazz

STUDIO 104

10 JUIN 16H

Britten - Maîtrise de Radio France / S. Jeannin

THÉÂTRE DES CHAMPSÉLYSÉES

13 JUIN 20H

AUDITORIUM

Orgue

L’ART DE LA FUGUE : CLAVECIN, ORGUE ET SAXOPHONES Liszt / Bach - B. Alard clavecin et orgue / J-B. Monnot orgue / Quatuor Habanera

15 JUIN 12H30

VE

STUDIO 104

Musique de chambre

15 JUIN 20H

16 JUIN 19H

SALLE DES FÊTES, BONDY

CONCERT DE CLÔTURE DES 10 ANS DE LA MAÎTRISE Poulenc / Britten / Joubert / Jourdain - B. Perbost piano / Maîtrise de Radio France / S. Jeannin / M-N. Maerten / M. Jourdain SA

Ravel / Berlioz - Orchestre Philharmonique de Radio France / M-W. Chung

Symphonique

CONCERT DE PARIS Orchestre National de France / Chœur de Radio France / Maîtrise de Radio France / F-X. Roth

AUDITORIUM

21 JUIN 20H

AUDITORIUM

Radio France pour tous

VIVA L’ORCHESTRA Berlioz / Gounod / Saint-Saëns / Stravinsky / Dukas / Poulenc / Britten / Satie / Debussy / Delibes / de Falla / Tchaïkovski / Massenet / Bizet / Offenbach - Orchestre des grands amateurs de Radio France / Orchestre National de France / J. Sirvend

23 JUIN 10H ET 11H15

STUDIO 104

Jeune public

LES ENFANTINES : LA VIE EN GRAND Tchaïkovski / Ravel / Chabrier / Les Beatles - Contrebassistes de l’Orchestre Philharmonique de Radio France

23 JUIN 20H30

Création contemporaine

ABBAYE AUX DAMES, FESTIVAL DE SAINTES

CHANSONS ET FABLES

VE JUIL. 20H MONTPELLIER LE CORUM / OPÉRA BERLIOZ, FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER

Symphonique

21 JUIL. 18H30

SA

ABBAYE DE SORÈZE, FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER (EN PARTENARIAT AVEC LE FESTIVAL MUSIQUES DES LUMIÈRES)

Moins de 28 ans : Chaque début de mois un quota de places limité à 10 €. Disponible sur une liste de concerts sur maisondelaradio.fr. Pass Musique : 4 billets pour 28 € (hors productions extérieures ; voir détails et conditions sur maisondelaradio.fr). Il peut être acheté sur le site ou au guichet et il peut être utilisé tout au long de la saison en une ou plusieurs fois, seul ou entre amis (âgés de moins de 28 ans) et dans la limite des quotas disponibles au moment de la réservation pour chaque concert). Profitez de nombreux avantages Abonnés à découvrir sur notre site maisondelaradio.fr. Associations d’élèves (BDA/BDE) : Un tarif spécifique de 7 € est réservé pour vos adhérents de moins de 28 ans (hors productions extérieures). Contact : collectivites@radiofrance.com 01 56 40 15 16 Groupes d’amis, collectivités, comités d’entreprise : Jusqu’à 20 % de réduction (hors productions extérieures). Contact : collectivites@radiofrance.com 01 56 40 15 16 Chèques Cadeaux : Achetez vos chèques cadeaux d’un montant maximum de 200 €. Voir détails et conditions sur maisondelaradio.fr. Jusqu’à 50 % de réduction : Sur les ventes de billets à l’unité, pour les demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, ASPA. Réservations au guichet ou par téléphone, un justificatif vous sera demandé au moment de l’achat ou du retrait des billets. Tarif dernière minute sur place 30 minutes avant le concert : 25 € pour les concerts en tarif A et B, 10 € pour les concerts en tarif C et D. Dans la limite des places disponibles. Handicap : Les salles de concert sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Les titulaires d’une carte « mobilité inclusion » et leurs accompagnateurs peuvent bénéficier d’un tarif réduit. Information et réservation uniquement au guichet ou par téléphone au 01 56 40 15 16.

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Pierné / Poulenc / Dutilleux / Bonis / Duruflé - A. Marc piano / Maîtrise de Radio France / M-N. Maerten

22

DI JUIL. 20H MONTPELLIER LE CORUM / OPÉRA BERLIOZ, FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER

Symphonique

RAVEL,CONCERTO POUR LA MAIN GAUCHE Adams / Ravel / Stravinsky - B. Chamayou piano / Orchestre Philharmonique de Radio France / S-M. Rouvali

ME

25 JUIL. 20H

MONTPELLIER CATHÉDRALE SAINT-PIERRE, FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER

Musique chorale

JOURNÉE DU 20 E ANNIVERSAIRE DE L’INSCRIPTION DU BIEN

AOÛT JE

30 AOÛT 19H15

Symphonique

WOLKENTURM, GRAFENEGG AUTRICHE

Ravel / Sibelius / Beethoven - H. Hahn violon / Orchestre Philharmonique de Radio France / M. Franck

VE

Gounod - Orchestre National de France / J. Sirvend

SA

18 JUIL. 13H30

Musique chorale

HOMMAGE À GOUNOD, OUVERTURE ET AIRS D’OPÉRA

SA

CHAMP-DE-MARS, PARIS

SIBELIUS, CONCERTO POUR VIOLON

16 JUIN 20H

Symphonique

JE

14 JUIL. 21H15

Calixtinus / Močnik / Montserrat / Duruflé / Górecki / Gallus / Villette / Jenkins / Schumann / Elberdin - Chœur de Radio France / M. Batič

STRAUSS, CHEVALIER À LA ROSE Chostakovitch / Gubaïdulina / Strauss - Orchestre Philharmonique de Radio France / M. Franck

Musique chorale

RAVELLO FESTIVAL 2018

SA

BILLETTERIE Sur internet maisondelaradio.fr Au guichet Accès par l’entrée Porte Seine (du lundi au samedi de 11h à 18h) Par téléphone 01 56 40 15 16 à partir de 10h Inscrivez-vous à la Newsletter sur maisondelaradio.fr.

ACCÈS AUX SALLES Les portes ouvrent 45 minutes avant le début de chaque concert. Le placement n’est plus garanti après l’heure indiquée sur le billet. L’accès aux salles est interdit aux enfants de moins de trois ans, le personnel de salle se réserve le droit de refuser l’entrée. Le règlement complet d’accès à Radio France est disponible sur maisondelaradio.fr. Spectateurs en retard : les retardataires seront accueillis et placés pendant les pauses ou à l’entracte. Aucun échange ou remboursement ne sera possible. Vestiaires : des vestiaires gratuits sont à votre disposition. Programmes de salle : les programmes de salle sont distribués gratuitement à l’entrée de chaque concert (sous réserve de modification). Des brochures d’information sont disponibles dans le hall. Tous les programmes sur maisondelaradio.fr

AUDITORIUM

Symphonique

SA

Symphonique

« CHEMINS DE SAINT-JACQUES-DE COMPOSTELLE EN FRANCE » SUR LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO

MIDI-TRENTE DU NATIONAL Beethoven - Musiciens de l’Orchestre National de France / S. de Ville présentation VE

GIARDINI DI VILLA RUFOLO, RAVELLO - ITALIE

CHANSONS ET FABLES

SAMSON ET DALILA Saint-Saëns - R. Alagna / M-N. Lemieux / Orchestre National de France / Chœur de Radio France / N. Tatarnikov ME

14 JUIL. 20H

SA

Musique chorale

LE PETIT RAMONEUR DE BENJAMIN BRITTEN

Opéra

Orchestre Philharmonique de Radio France / Chœurs des Opéras d’Avignon, Monte-Carlo et Nice / M. Tatarnikov

Gershwin - S. Bollani piano / Orchestre National de France / E. Krivine

AUDITORIUM

Jeune public

12 ET VE 15 JUIN 19H30

NUIT RUSSE

GERSHWIN

Émile Parisien - Vincent Peirani Duo / Daniel Humair Quartet

MA

Musique chorale

THÉÂTRE ANTIQUE D’ORANGE, LES CHORÉGIES D’ORANGE

20

9 JUIN 20H

JAZZ SUR LE VIF

DI

Éric Prost - Jean-Charles Richard Quintet / Thomas de Pourquery

Pierné / Poulenc / Dutilleux / Bonis / Duruflé - A. Marc piano / Maîtrise de Radio France / M. Jourdain

DEBUSSY, FANTAISIE POUR PIANO Sibelius / Debussy - L. Ove Andsnes piano / Orchestre Philharmonique de Radio France / S-M. Rouvali SA

THOMAS DE POURQUERY

8 JUIL. 21H45

INFORMATIONS PRATIQUES

COMMENT VENIR ? Maison de la radio – 116 avenue du Président Kennedy – 75016 Paris Accès spectateur : Porte Seine Métro : Passy (6), Ranelagh (9), La Muette (9), 10 Charles Michels (10) Mirabeau (10) Bus : lignes 22, 52, 62, 70, 72 RER : ligne C, station avenue du Président Kennedy Parkings accessibles autour de la Maison de la radio.

TOUTE L’ANNÉE STUDIO 104

Jazz

ME

AUDITORIUM

Symphonique

7 JUIL. 20H

SA

DI

3 JUIN 16H

VE

COUR INTÉRIEURE DU MONASTÈRE DE TATEV – ARMÉNIE AMPHITHÉÂTRE DE PLEIN AIR DE DILIJAN – ARMÉNIE

Petrossian - Maîtrise de Radio France / Musicatreize / S. Jeannin / R. Hayrabedian

L’ATELIER DU NOUVEAU MONDE DE JULIEN JOUBERT J. Joubert piano / V. Jacob récitant / Maîtrise de Radio France / M-N. Maerten

Symphonique

6 ET SA 7 JUIL. 18H

LES CHANTS D’ARCHAK

Musique chorale

6 JUIN 20H30

Boito - Orchestre Philharmonique de Radio France / Chœurs des Opéras d’Avignon, Monte-Carlo et Nice / Chœur d’enfants de l’Académie Rainier III de Monaco / N. Stutzmann

Musique chorale

2 JUIN 20H30

ME

THÉÂTRE ANTIQUE D’ORANGE, LES CHORÉGIES D’ORANGE

MAISON DELA RADIO.FR

MEFISTOFELE DE BOITO

VE

TCHAÏKOVSKI, SYMPHONIE N°5 Ferroud / Prokofiev / Tchaïkovski - B. Rana piano / Orchestre National de France / E. Krivine

DI

RADIO FRANCE

5 ET LU 9 JUIL. 21H45

AUDITORIUM

Symphonique

SA

JE

Opéra

THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES

Opéra

5 JUIL. 18H30, 20H30 - SA 7 JUIL. 13H

ESCAPE GAME LE STUDIO : SEREZ-VOUS ON AIR À TEMPS ?

ESCAPE GAME LE STUDIO : SEREZ-VOUS ON AIR À TEMPS ? SA

BASILIQUE DE SAINTDENIS, FESTIVAL DE SAINT-DENIS

REQUIEM DE BERLIOZ

Création contemporaine

DU SA

4 ET JE 5 JUIL. 20H30

ME

Grande hauteur sous plafond et grandes baies vitrées : le nouveau restaurant de 148 couverts et le bar apportent leur touche de plaisir et de spectacle à ce décor vivant qu’est Radio France. Radiœat, restaurant Ouvert midi et soir 7/7, 1er étage Galerie Seine Le Belair, bar Ouvert tous les soirs de 18h à 2h du matin 7/7, 2e étage Galerie Seine Réservations : 01 47 20 00 29 / eat@radiœat.com

ILLUSTRATION : FRANÇOIS OLISLAEGER

JUIN

RESTAURANT RADIŒAT ET BAR LE BELAIR RENSEIGNEMENTS, RÉSERVATIONS, ABONNEMENTS, LETTRE D’INFORMATION, DEMANDE DE BROCHURE… UNE SEULE ADRESSE :

LE CENTQUATRE, PARIS XIXE

FESTIVAL MANIFESTE IRCAM Stockhausen - Ensemble Ulysses / Orchestre Philharmonique de Radio France / P. Rundel

CONDITIONS Les billets ne sont ni repris ni échangés. Paiement immédiat pour tout achat effectué dans les 10 jours qui précèdent la représentation. Toute réservation non payée 10 jours avant la date du concert sera systématiquement remise à la vente. Si le concert doit être interrompu au-delà de la moitié de sa durée, les billets ne sont pas remboursés. Les billets peuvent être retirés au guichet une heure avant le début des représentations.

31 AOÛT 20H

WORLD CONFERENCE CENTER, FESTIVAL BEETHOVENFEST, BONN - ALLEMAGNE

SAINT-SAËNS, CONCERTO POUR PIANO Ravel / Saint-Saëns / Beethoven - B. Chamayou piano / Orchestre Philharmonique de Radio France / M. Franck

VIGIPIRATE Conformément au plan Vigipirate et afin d’assurer la sécurité des visiteurs, Radio France applique les mesures préventives décidées par le Gouvernement. Radio France est ouverte dans les conditions habituelles. Les valises, les sacs de voyage et les sacs à dos de taille supérieure au format A3 sont interdits à Radio France ainsi que tous objets tranchants (canifs, couteaux, cutters…). Les visiteurs sont invités à prendre connaissance de l’ensemble des mesures de sécurité, en consultant le site maisondelaradio.fr. La Délégation Accueil et Sécurité peut etre amenée à prendre, sans information préalable, toute disposition qu’elle jugera utile. Radio France remercie par avance ses visiteurs de faire preuve de compréhension quant au ralentissement induit par les contrôles de sécurité aux entrées.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : SIBYLE VEIL LA LETTRE EST UNE PUBLICATION DE LA DIRECTION DE LA MUSIQUE ET DE LA CRÉATION CULTURELLE DE RADIO FRANCE. DIRECTEUR : MICHEL ORIER DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : DENIS BRETIN COORDINATION ÉDITORIALE : CAMILLE GRABOWSKI RÉDACTEUR EN CHEF : CHRISTIAN WASSELIN COORDINATION DE LA PUBLICATION : SONIA VERDIÈRE DESIGN GRAPHIQUE : HIND MEZIANE-MAVOUNGOU IMPRIMEUR : IMPRIMERIE COURAND & ASSOCIÉS LICENCES N° 1 1077517, 2 1077518, 3 1077519

04/04/2018 16:42


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