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ÉDITO

MARS 2014 WWW.PAPERJAM.LU

par Alain Ducat, secrétaire de rédaction – paperJam

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Mister Business

PRIORITÉS

L

eau a déjà bien coulé sous les ponts de la Pétrusse, de l’Alzette, de la Sûre ou de la Chiers. Pour un peu, on ne parlerait déjà plus de « nouveau » gouvernement. L’équipe Bettel-Schneider-Braz est partie sur les chapeaux de roue, dans plusieurs domaines. D’abord, elle a essuyé, souvent par médias interposés, quelques bordées. Rien de bien scandaleux, au final. C’est peut-être un effet – comme un revers de médaille – de ce que le Premier ministre avait appelé, lors des traditionnels vœux à la profession, une forme d’émancipation de la presse. C’est aussi le métier qui rentre, d’une certaine manière. Et, du coup, on se dit que, comme de nouveaux partis au pouvoir, poussés par une nouvelle génération de politiques qui doivent apprendre sur le tas à ramasser des pains pas tous frais, les anciens habitués des places décisives doivent apprendre à faire de l’opposition sans tirer sur tout ce qui bouge – ou qui fait mine d’esquisser un mouvement.

C’est une voie qui n’a rien de dégagée et qu’il ne faut pas confondre avec les autoroutes de l’information ou de la communication. Le pays a besoin d’actes et d’idées, il a besoin d’horizons. Comment avance-t-il ? « À vue », diront certains. « En pilotage automatique », risqueront d’autres. L’important est, sans doute, de savoir où l’on veut aller, pour commencer, au risque d’errer sans but… Sur l’échiquier politique, on aime autant les codes couleur que les dichotomies. On est de gauche ou on est de droite. Au Luxembourg, on fut longtemps du centre, comme l’église est au milieu du village. Les rangs socialistes ou les libéraux faisaient l’appoint. Voici que la gauche et la droite se sont unies, avec une touche verte, à gauche par nature, pour avancer. Forcément, ça titille. Et, dans les observations, le quidam cherche parfois ses repères ou son chemin. La politique du gouvernement actuel est-elle de gauche ou de droite ? En vérité, les besoins du pays décident d’euxmêmes, en se retrouvant, plus ou moins

saupoudrés ou concentrés dans les programmes électoraux traduits en programme de coalition. Sur la grand route de l’économie, les priorités sont de droite, mais la circulation serait impossible sans les passages au vert et sans les considérations sociales des partenaires – forces qui offrent le travail et forces qui l’accomplissent, l’un n’ayant jamais empêché l’autre – plutôt étiquetées de gauche. Bref, c’est comme dans la société, il y a de tout et il en faut pour tous. Placer les propriétés dans les réformes qui font qu’un pays évolue avec son temps – rattrape le temps perdu ? –, tout en actionnant les leviers qui donnent les moyens de répartir avec plus d’équité les bienfaits d’une société moderne, cela n’a rien d’un acte qui s’accomplit avec une main plutôt qu’avec l’autre… C’est une action qui vise la durabilité et qui ne sera durable que lorsque le temps aura fait son œuvre ; elle sera validée dans les faits, voire dans l’approbation d’un pays tout entier. Il faudra voir. Ce sera pour demain. En attendant, roulez , jeunesse…

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

MARS 2014 36 FINANCES PUBLIQUES La règle d’or qui divise Peu habitué des médias, Gaston Reinesch, le gouverneur de la BCL doit composer depuis son entrée en fonction il y a un an avec un agenda important imposé par l’Europe et ses exigences en matière d’équilibre budgétaire.

ON EN PARLE

12 LA POLITIQUE AU CŒUR DE LA CAPITALE À chacun ses plans pour la ville

Luxembourg s’offre un exercice d’introspection au travers d’une nouvelle version du Plan d’aménagement général. En mettant en place un processus de consultation populaire, l’équipe de Lydie Polfer est attendue par l’opposition sur la réelle prise en compte de l’avis du citoyen.

ÉCONOMIE ET POLITIQUE

30 20 OCTOBRE 2013 : ÉPILOGUES Le résultat des urnes dans les partis

À chaque formation de digérer la formation d’un gouvernement inédit qui aura laissé le CSV dans l’opposition. Pour le parti de Jean-Claude Juncker, l’heure du dialogue avec la base a sonné. Tout comme le parti chrétien social, le LSAP s’apprête à changer de président, sous le signe de la continuité dans ce cas.

TOP 5

DES ARTICLES LES PLUS LUS SUR PAPERJAM.LU DU 6 DÉCEMBRE 2013 AU 7 FÉVRIER 2014 1.  Exclusif  : le récit intégral de l’exagent du Srel (lu 17.439 fois) 2.  Ce Français qui a défendu le Luxembourg (lu 5.501 fois) 3.  Du CD crypté à la chute de la maison Juncker (lu 4.330 fois) 4.  La fin des avantages salariaux non déclarés (lu 3.992 fois) 5. Juncker raillé comme un ivrogne (lu 3.216 fois)

40 DROITS À LA COPIE PRIVÉE Coup dur à venir pour Amazon Une procédure venant d’Allemagne est engagée contre Amazon. Contre le vide juridique luxembourgeois, l’avocat Paul Urbany invoque la loi allemande qui impose le paiement de la redevance sur la copie privée à tous les opérateurs.

ENTREPRISES

78 JOIN EXPERIENCE Une nouvelle conquête européenne

Le pays compte un nouvel opérateur mobile depuis le 23 janvier. Join Experience, soutenu par Post Luxembourg, est le fruit d’une association entre trois entrepreneurs. L’entreprise vise le public luxembourgeois, mais veut mettre le cap sur l’Europe.

82 CRÈCHES COMMERCIALES Une place à prendre La création du chèque-service accueil en 2009 a été suivie par un boom des crèches privées. Leur nombre a même triplé. Des acteurs qui se fédèrent et un secteur qui intéresse les investisseurs étrangers, dont le groupe Lavorel Medicare.

88 START-UP Le concierge est dans l’auto

Logée aux bords de la Moselle, LuxEvasion propose un service d’un nouveau genre, dédié aux amoureux de leur véhicule à quatre roues. Pour leur faciliter la vie, la société allie conciergerie et cosmétique automobile… un business model original.

PLACE FINANCIÈRE

100 ÉCHANGE D’INFORMATIONS FISCALES À quoi bon résister ? L’administration française a embauché un « chasseur » d’exilés fiscaux en Belgique et au Luxembourg. Un moyen de poursuivre les contribuables fraudeurs et les banquiers qui sont vus comme leurs complices. Une pression grandissante qui n’est pas sans entraîner une certaine lassitude parmi les opérateurs de la Place.

104 ADMINISTRATEURS ET GOUVERNANCE Une génération en marche Une circulaire CSSF encadre la composition et la qualification des membres des boards dans les institutions de crédit et entreprises d’investissement. Le rôle de l’administrateur prend du galon et nécessite des formations que l’Institut luxembourgeois des administrateurs propose. Le temps du coureur de jetons semble appartenir au passé. Place à une nouvelle génération d’administrateurs.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE COVERSTORY

Mister Business Le Luxembourg est entré dans une nouvelle ère politique, il faut passer à l’étape suivante. Les défis économiques, la diversification, le développement, le retour à la croissance sont en point de mire. L’opération « conquête de nouveaux marchés » est lancée par le gouvernement. Avec l’aide de toutes les forces vives, actives au Luxembourg ou à l’étranger. Un effort collectif.

50 INTERVIEW Étienne Schneider : « Vendre le pays à l’étranger, c’est une priorité »

«

62 LES DÉFIS SOCIOÉCONOMIQUES Ne pas se reposer sur ses lauriers

Le Vice-Premier ministre, LSAP, est aux commandes d’un super ministère. Avec l’aide de la secrétaire d’État Francine Closener, il veut, plus que jamais, aller chercher la valeur et séduire hors des frontières.

Observé attentivement par l’OCDE sur les changements au sein de la place financière, le Luxembourg l’est aussi sur une autre série de dossiers, dont le système éducatif et de pension. Toujours plus performant que ces voisins sur différents critères, le Grand-Duché ne doit cependant pas vivre sur ses acquis.

56 PRÉSENCE DANS LE MONDE

68 TOUJOURS PLUS

Les « commerciaux » du pays à visage découvert

Les Luxembourg Trade and Investment Offices sont des « ambassades » permanentes de l’économie grand-ducale. Des relais idéaux pour le ministère de l’Économie qui veut soigner ses relations commerciales internationales. Une volée de délégués de LTIO, venus d’Asie et d’Amérique, vient de découvrir le pays et les atouts qu’ils vendent de l’intérieur. Une première !

DE DIVERSIFICATION

La longue marche

Depuis 10 ans, le pays s’est lancé dans la diversification économique. Une démarche progressive, liée à l’impulsion de l’État et des ministres de l’Économie, de Jeannot Krecké à Étienne Schneider. Retour sur 10 moments choisis, révélateur d’une évolution en marche.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

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DÉSIRS Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch

Zoom sur Christiane Kremer

LIFESTYLE ET PLUS

CULTURE

Journaliste spécialisée dans la culture et auteur de pièces radiophoniques, elle lance une maison d'édition tournée vers la littérature et ancrée dans le Luxembourg.

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SÉLECTION

Découvertes et carnaval

Une sélection parmi les pépites du festival de cinéma Discovery Zone ainsi que quelques livres pour être inspiré par la période de carnaval.

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HISTOIRE D'UNE MARQUE

Courrèges

La maison de couture française ouvre une boutique à Luxembourg. Il nous importait de connaître l’histoire et l’ADN de cette marque emblématique.

122 STYLE WATCH 50 ans du Grand Théâtre

Le foyer du théâtre brillait de mille feux, juste avant la représentation de West Side Story. Les invités ont joué le jeu de la pose devant notre objectif.

PARCOURS

La carte du tendre

À l'occasion de la Saint-Valentin, nous vous proposons un parcours à travers les nouvelles boutiques et adresses de la capitale pour passer une journée de rêve… à deux.

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GASTRONOMIE

Zoom sur Fabrice Salvador

Le chef toulousain d’origine a quitté les cuisines de palaces de Paris, Moscou ou New York pour s’occuper des deux restaurants de l’hôtel Le Place d’Armes.

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AGENDA

À suivre

Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.

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ENTREPRISES-ÉTUDIANTS

Foire de recrutement

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Peloton de têtes

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Photo : archives paperJam

Renminbi : un nouveau levier pour la Place

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Luxembourg sur la Croisette

Photo  : archives paperJam

Pour la 9e année consécutive, la Chambre de commerce organise un stand collectif pour les entreprises luxembourgeoises au Mipim, à Cannes. Salon de référence, le Mipim réunit les acteurs les plus influents de l’immobilier professionnel et offre un accès prisé aux plus grands projets de développement immobilier et aux sources de capitaux à l’international.

Tout juste nommé rapporteur, Eugène Berger, chef de la fraction du DP à la Chambre des députés, n’aura eu qu’un mois pour préparer le projet de budget 2014, qui sera déposé le 5 mars, avant d’être finalisé début avril. Le projet de loi de finances n’avait pas pu être déposé sous l’ancienne législature et les ministres fraîchement installés n’ont pas encore eu le temps de formuler ni chiffrer les objectifs. Annoncé comme « un budget de transition », il se contentera donc de limiter les dépenses.

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CONFÉRENCE ALFI

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Photo  : archives paperJam

Le printemps des produits Luxembourg for Finance, l’agence de promotion de la place financière, organise le Luxembourg Renminbi Forum, à la Philharmonie. L’événement, organisé en partenariat avec Clearstream, sera ouvert par le ministre des Finances, Pierre Gramegna. Deux cents experts européens et chinois sont attendus pour échanger sur les perspectives financières de la monnaie chinoise, autour de la thématique : « Europe and the internationalisation of the Renminbi: a rapidly growing market with unique opportunities ». Le Luxembourg ambitionne de devenir le centre de référence du RMB dans la zone euro.

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SALON DE L’IMMOBILIER

CHAMBRE DES DÉPUTÉS

Le budget 2014, enfin

Photo : archives paperJam

La 31e Rencontre Entreprises-Étudiants, organisée par l’Aneld (Association nationale des étudiants luxembourgeois en droit) et l’Anesec (Association nationale des étudiants en sciences économiques et commerciales), permettra aux talents de demain de prendre contact avec les plus grands employeurs du milieu économique et juridique, qui se rassembleront, entre 14 h et 18 h, à la Chambre de commerce à Luxembourg-ville. Simulations d’entretien d’embauche, présentation des divers départements des entreprises et offres de stages seront notamment proposés aux étudiants.

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PRÉVENTION

Forum Santé et Sécurité

Photo  : archives paperJam

Photo  : archives paperJam

Photo : archives paperJam

Après celles de l’ADR, du CSV et du LSAP, la liste DP pour les élections européennes du 25 mai sera dévoilée ce 13 février. Sauf coup d’éclat de dernière minute, c’est Charles Goerens (photo), ancien ministre, qui la conduira. Un temps pressenti au gouvernement, il avait fini par claquer la porte et repartir vers Strasbourg. À noter que Déi Gréng dévoileront leurs candidats le 1er mars (avec Claude Turmes comme tête de liste), tandis que le parti Déi Lenk devrait fermer la marche le 23 mars.

L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement tiendra sa conférence annuelle de printemps au Centre de conférences du Kirchberg (www.alfi.lu). Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, lancera l’événement placé cette année sous le thème « New products, new world ».

Organisé dans le cadre de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, le 8e forum y dédié se tiendra les 27 et 28 mars à Luxexpo. Cette plateforme offre une excellente occasion aux entreprises de partager leurs expériences, d’échanger sur les bonnes pratiques et de s’informer des nouveautés en matière de prévention des risques (www.securite-sante.lu). L’événement est également ouvert aux visiteurs particuliers.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR

L'actuel visage de la ville est construit sur les bases du PAG dit « Joly », datant de 1994. La population a entre temps augmenté, et ses besoins ont évolué.

LA POLITIQUE AU CŒUR DE LA CAPITALE

À CHACUN SES PLANS POUR LA VILLE L’entrée en fonction de Lydie Polfer coïncide avec le lancement d’un nouveau PAG. Logement, commerce... la Ville espère, elle aussi, que le gouvernement avancera dans plusieurs dossiers. Après les législatives, majorité et opposition communales regardent d’ores et déjà vers 2017. Texte Thierry Raizer Photos Christophe Olinger

— MARS 2014

U

ne semaine après avoir dû refuser 150 personnes, l’administration communale de la capitale avait opté pour le Studio du Grand Théâtre en lieu et place de l’auditorium du Cercle Cité pour la deuxième soirée de lancement en vue de la consultation du Plan d’aménagement général (PAG). Générique. La communication estampillée « PAG nouvelle génération » s’achève et la bourgmestre de la capitale prend le micro pour s’adresser à ses concitoyens. Rencontrée quelques heures auparavant, Lydie Polfer admettait avoir été surprise de l’affluence lors de la première réunion. « Cela montre que les attentes de la population sont nombreuses, car le PAG permet de donner une réponse équilibrée en termes de développement urbain et de suggérer la répartition entre habitat et activités économiques », déclare-t-elle en ajoutant, en pensant par exemple aux questions de vivre ensemble, que « certains problèmes ne pourront être résolus par aucun PAG ». Et des problèmes, il en fut question. Suite à une brève table ronde réunissant des responsables de la Ville, des spécialistes de l’architecture, du conseil, de la jeunesse, la parole fut donnée à la salle. Évacuation d’eau, problématiques climatiques, insécurité, espaces verts… un dialogue franc s’est engagé entre la population et les experts, et surtout Lydie Polfer. Intervenant lors de chaque réponse, la première citoyenne a distillé sa vision pour une ville de l’après-2015, date de finalisation annoncée du PAG. « Nous ne pouvons pas comparer Luxembourg à d’autres villes comme Paris ou Berlin, qui ont connu des développements sensiblement différents, répondait en substance Lydie Polfer à un résident. Je mets d’ailleurs en garde

Objectif 2015 pour un nouveau PAG

de recopier le modèle de nouvelles villes en périphérie parisienne, qui aboutirait à la création de ghettos. » Si les élections législatives du 20 octobre ont entrainé un remaniement politique à différents échelons de la Ville, elles n’ont pas abouti à un changement de communication à sa tête. Proches en politique, Xavier Bettel et Lydie Polfer le sont aussi sur leur manière d’aborder la communication : de manière directe, quitte à surprendre. Car l’accession à un mandat politique de premier plan s’accompagne forcément d’une comparaison avec la personne qui l’occupait auparavant. Et lorsque vous succédez à une personnalité parvenue en quelques années à se hisser à la tête de l’État et que vous revenez à une fonction que vous avez déjà occupée, vous êtes d’autant plus observé et attendu. Un défi qui ne semble pas faire peur à la principale intéressée, officiellement en place depuis le 17 décembre 2013, véritable professionnelle de la politique qui fut bourgmestre à 30 ans (siégeant de 1982 à 1999) avant d’occuper différentes fonctions nationales, dont celle de Vice-Premier ministre de 1999 à 2004 dans le gouvernement CSV-DP. Mais en dehors des questions de forme, Lydie Polfer sera avant tout jugée sur ses actes qui coïncident avec une fin de mandature. Et donc l’échéance des élections communales en 2017. « Le retour à la tête de la Ville n’était pas programmé, c’est une nouvelle jeunesse, lance Lydie Polfer. Je n’ai pas souhaité participer au gouvernement pour laisser la place à une nouvelle génération. » Du côté de l’opposition, l’attente est effectivement plus dans la finalisation de certains dossiers. Dont celui du PAG. « Je connais le style et la manière de fonctionner de Mme Polfer depuis longtemps, sa manière de gouverner n’a pas changé et reste basée sur une approche libérale », déclare le député et conseiller communal Déi Lénk Justin Turpel. Concernant le PAG je demande depuis deux ans des informations plus précises et je constate que plusieurs options stratégiques ne sont pas encore connues à ce stade. » Les « réunions de dialogue » organisées dans les quartiers à partir du 25 mars prochain vont-elles pousser le collège échevinal à livrer quelques lignes directrices du futur PAG ? Rien n’est moins sûr. La Ville s’est donné comme priorité de vouloir prendre le pouls de la population avant de s’exprimer.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

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L'actuel visage de la ville est construit sur les bases du PAG dit « Joly », datant de 1994. La population a entre temps augmenté, et ses besoins ont évolué.

LA POLITIQUE AU CŒUR DE LA CAPITALE

À CHACUN SES PLANS POUR LA VILLE L’entrée en fonction de Lydie Polfer coïncide avec le lancement d’un nouveau PAG. Logement, commerce... la Ville espère, elle aussi, que le gouvernement avancera dans plusieurs dossiers. Après les législatives, majorité et opposition communales regardent d’ores et déjà vers 2017. Texte Thierry Raizer Photos Christophe Olinger

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ne semaine après avoir dû refuser 150 personnes, l’administration communale de la capitale avait opté pour le Studio du Grand Théâtre en lieu et place de l’auditorium du Cercle Cité pour la deuxième soirée de lancement en vue de la consultation du Plan d’aménagement général (PAG). Générique. La communication estampillée « PAG nouvelle génération » s’achève et la bourgmestre de la capitale prend le micro pour s’adresser à ses concitoyens. Rencontrée quelques heures auparavant, Lydie Polfer admettait avoir été surprise de l’affluence lors de la première réunion. « Cela montre que les attentes de la population sont nombreuses, car le PAG permet de donner une réponse équilibrée en termes de développement urbain et de suggérer la répartition entre habitat et activités économiques », déclare-t-elle en ajoutant, en pensant par exemple aux questions de vivre ensemble, que « certains problèmes ne pourront être résolus par aucun PAG ». Et des problèmes, il en fut question. Suite à une brève table ronde réunissant des responsables de la Ville, des spécialistes de l’architecture, du conseil, de la jeunesse, la parole fut donnée à la salle. Évacuation d’eau, problématiques climatiques, insécurité, espaces verts… un dialogue franc s’est engagé entre la population et les experts, et surtout Lydie Polfer. Intervenant lors de chaque réponse, la première citoyenne a distillé sa vision pour une ville de l’après-2015, date de finalisation annoncée du PAG. « Nous ne pouvons pas comparer Luxembourg à d’autres villes comme Paris ou Berlin, qui ont connu des développements sensiblement différents, répondait en substance Lydie Polfer à un résident. Je mets d’ailleurs en garde

Objectif 2015 pour un nouveau PAG

de recopier le modèle de nouvelles villes en périphérie parisienne, qui aboutirait à la création de ghettos. » Si les élections législatives du 20 octobre ont entrainé un remaniement politique à différents échelons de la Ville, elles n’ont pas abouti à un changement de communication à sa tête. Proches en politique, Xavier Bettel et Lydie Polfer le sont aussi sur leur manière d’aborder la communication : de manière directe, quitte à surprendre. Car l’accession à un mandat politique de premier plan s’accompagne forcément d’une comparaison avec la personne qui l’occupait auparavant. Et lorsque vous succédez à une personnalité parvenue en quelques années à se hisser à la tête de l’État et que vous revenez à une fonction que vous avez déjà occupée, vous êtes d’autant plus observé et attendu. Un défi qui ne semble pas faire peur à la principale intéressée, officiellement en place depuis le 17 décembre 2013, véritable professionnelle de la politique qui fut bourgmestre à 30 ans (siégeant de 1982 à 1999) avant d’occuper différentes fonctions nationales, dont celle de Vice-Premier ministre de 1999 à 2004 dans le gouvernement CSV-DP. Mais en dehors des questions de forme, Lydie Polfer sera avant tout jugée sur ses actes qui coïncident avec une fin de mandature. Et donc l’échéance des élections communales en 2017. « Le retour à la tête de la Ville n’était pas programmé, c’est une nouvelle jeunesse, lance Lydie Polfer. Je n’ai pas souhaité participer au gouvernement pour laisser la place à une nouvelle génération. » Du côté de l’opposition, l’attente est effectivement plus dans la finalisation de certains dossiers. Dont celui du PAG. « Je connais le style et la manière de fonctionner de Mme Polfer depuis longtemps, sa manière de gouverner n’a pas changé et reste basée sur une approche libérale », déclare le député et conseiller communal Déi Lénk Justin Turpel. Concernant le PAG je demande depuis deux ans des informations plus précises et je constate que plusieurs options stratégiques ne sont pas encore connues à ce stade. » Les « réunions de dialogue » organisées dans les quartiers à partir du 25 mars prochain vont-elles pousser le collège échevinal à livrer quelques lignes directrices du futur PAG ? Rien n’est moins sûr. La Ville s’est donné comme priorité de vouloir prendre le pouls de la population avant de s’exprimer.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR

« Nous serons attentifs à la véritable prise en compte des avis émis par la population. » Martine Mergen (conseillère communale et chef de groupe, CSV)

« Plusieurs options stratégiques ne sont pas encore connues à ce stade. »

« La majorité communale ne pourra plus se cacher derrière le gouvernement. »

« L’une de mes priorités concerne les déplacements à pied. »

Justin Turpel (conseiller communal, Déi Lénk)

Marc Angel (conseiller communal et chef de groupe, LSAP)

Sam Tanson (1re échevine, Déi Gréng)

Parmi l’assistance du premier rendez-vous de quartier consacré à ceux du Grund, de Clausen du Pfaffenthal et de Neudorf, on devrait, sans aucun doute, dénombrer des représentants de l’opposition communale, attentive aux démarches participatives de la Ville. « Il y a eu beaucoup de réclames pour la participation des citoyens à la composition du budget 2014, mais les délais étaient choisis de façon à ne pas influencer profondément un document qui était déjà prêt, relève Martine Mergen, conseillère communale et chef de file du CSV au Knuedler. Nous serons donc attentifs à la véritable prise en compte des avis émis par la population lors de la consultation populaire du PAG. » Saluée sur la méthode, la Ville, qui s’est donné jusque début juin pour évaluer le résultat des consultations, est donc attendue sur le fond. D’autant plus que ce plan directeur urbanistique renvoie à des défis importants pour une capitale qui compte désormais 103.943 habitants. Celui de proposer une offre de logements à prix abordable apparaît dans le haut du classement. Ce point était d’ailleurs au cœur de la dernière campagne électorale et figurait, sans objectifs chiffrés, dans l’accord de coalition 2011-2017 conclu entre le DP et Déi Gréng. Le logement pour tous

Il faut dire que la commune figure au premier rang des prix de vente d’appartements existants selon le recensement de l’Observatoire de l’habitat effectué entre le 1er octobre 2012 et le 30 septembre 2013. Comptez un prix moyen de 5.340 euros/m2. « Nous ne devons pas oublier que parallèlement au PAG, une dizaine de PAP (Plan d’aménagement particulier, ndlr) ne sont pas encore finalisés soit pour des raisons administratives, soit de discussions avec des propriétaires en cas de remembrements éventuels, ajoute Lydie Polfer.

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Ils pourraient donner la possibilité de créer quelque 5.000 logements. » Aux côtés de l’offre privée, la Ville s’est lancée depuis 2006 dans deux programmes « Baulücken » sur des terrains de petite taille ou en friche lui appartenant pour 125 logements à prix modérés d’ici 2015. Pour éviter la spéculation immobilière, ces logements sont acquis par bail emphytéotique (les habitants paient une redevance qui atténue le coût du terrain) et doivent être occupés par l’acquéreur. « Nous menons actuellement la 3e phase avec le lancement d’un concours pour la réalisation d’un bâtiment rue de l’Avenir au Limpertsberg », précise Lydie Polfer. Ce dossier est aussi cher au cœur de celle qui a repris le bureau de premier échevin laissé par François Bausch, parti pour le ministère du Développement durable et des Infrastructures : Sam Tanson. La jeune femme, 36 ans, forme avec Lydie Polfer, « l’autre duo » à la tête de la capitale, après le tandem Bettel-Bausch. « Nous ne pourrons pas freiner les prix de l’immobilier, mais notre rôle est de proposer une alternative ainsi que des logements sociaux », déclare Sam Tanson. Outre les particuliers, les sociétés sont aussi friandes de la capitale, dont le domicile est une belle carte de visite à l’étranger. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes de « mésaffectation » de certains immeubles au centre sans occupants réguliers dans le cas des holdings (même si les critères de substance de l’OCDE pourraient, à terme, changer la donne). « Nous devons lutter contre le phénomène et nous adapter aux besoins des jeunes familles », déclare Marc Angel, chef du groupe LSAP au conseil communal en pensant au renouvellement nécessaire de la population de la ville. « Concernant plusieurs dossiers importants, la majorité communale ne pourra désormais plus se cacher derrière le gouvernement. » Siégeant au conseil communal depuis 20 ans,

D’UN PAG À UN AUTRE

Vago, Joly et... Élaboré à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, le PAG actuel (adopté définitivement par le conseil communal le 25 avril 1994) doit son nom à Robert Joly, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux basé à Paris qui avait été désigné par la Ville en novembre 1986. Quel sera le nom du prochain plan dont les discussions ont débuté en 2005 ? Zeyen, en référence au bureau d’études Zeyen + Baumann qui est cette fois consultant ? Rien n’est actuellement fixé. On peut en revanche parier sur une durée de vie de 20 ans, comme le précédent, dit « Vago ». L’architecte Pierre Vago avait en effet doté la Ville de son premier véritable PAG en entamant son œuvre en 1967.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR Le PAG s'invite dans les quartiers dès le 25 mars avec une série de réunions publiques. Les élus auront l'occasion d'entrer dans le détail des revendications de la population. Le questionnaire général reste en ligne jusqu'au 26 février via pag.vdl.lu.

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Source : PwC / Statec

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C’est la part d’entreprises du secteur financier du pays réparties sur le territoire de la Ville de Luxembourg. En concentrant également 51,5 % du secteur de la santé, 43,8 % des services aux entreprises et 41,5 % des TIC, elle se doit de tenir compte de ces implantations, nécessaires pour son développement, dans l’élaboration de son futur PAG.

— MARS 2014

l'élu socialiste fait la part des choses en sachant, via son mandat de député, l’importance de l’État dans la vie de la capitale. Ce dernier y possède d'ailleurs 50 % du patrimoine foncier.

aux normes en vigueur, mais je souhaiterais travailler autour d’un concept urbanistique centré sur le piéton. » Raconter une histoire

En première ligne

Une situation dont est naturellement consciente la bourgmestre qui ne manquera pas de se rappeler au bon souvenir de ses collègues de parti en fonction à l’exécutif. Ces derniers doivent par exemple prochainement finaliser le « pacte logement » ou encore le toilettage des lois entourant les baux commerciaux. Cette refonte avait été précipitée suite aux faillites connues en septembre 2013 par deux associés actifs avec des boutiques haut de gamme. « Les prix des loyers n’étaient vraisemblablement pas en cause dans ce cas, d’autant plus que la majorité des locaux a trouvé rapidement des repreneurs, note Lydie Polfer qui préfère agir sur l’offre afin de faire baisser la pression. Le Royal Hamilius nous permettra d’augmenter et de diversifier l’offre. » Du côté de l’opposition, si l’on est conscient que la législation entourant le commerce dépend des efforts gouvernementaux, on suggère tout de même davantage d'interventionnisme. « Nous avions réclamé la création d’une commission consultative en charge du développement économique et commercial, ce qui nous avait toujours été refusé. Un groupe de travail vient en revanche d’être créé pour regrouper des représentants politiques, des commerçants et les services de la Ville », se félicite Marc Angel. La dépendance de l’État dans plusieurs chantiers, dont celui du tram, ne doit donc pas empêcher la Ville de poursuivre ses réflexions dans les domaines qui lui sont dévolus. Dont la mobilité douce. « L’une de mes priorités concerne les déplacements à pied, déclare Sam Tanson. Nous correspondons d’ores et déjà

Tram, affectation de la place de l’Étoile en attente, autant de projets qu’il faudra gérer en bon père de famille, de manière participative ou pas. Et sur ce point-là aussi, l’opposition entend veiller au grain. « Nous avons récemment demandé d’obtenir une vision claire des réserves réelles dont dispose la ville en tenant compte des projets engagés, soit ceux qui ont dépassé le stade du vote final », ajoute Martine Mergen. Un débat budgétaire devrait s’en suivre. Dans le même temps, la Ville devra se donner les moyens de construire son PAG, reflet de la capacité d’une administration et des élus à synthétiser les attentes de la population tout en les dépassant pour faire preuve d’une vision d’avenir. Dans une ville multiculturelle qui apparaît de plus en plus comme un laboratoire grandeur nature de l’intégration, ce dernier critère pourrait bien être le plus difficile. « Il faut faire coexister les différentes strates d’une ville pour raconter une histoire », indiquait l’architecte Nico Steinmetz lors de la conférence du PAG. Ce qui vaut pour l’architecture s’applique pour le développement d’une société en général.

De retour à la tête de la Ville, Lydie Polfer poursuit le dialogue direct pour mener un projet qu’elle connaît bien pour en avoir piloté la phase finale il y a 30 ans : le PAG. Un exercice important qui marquera une fin de législature durant laquelle la la capitale aura dépassé le seuil historique des 100.000 habitants. De quoi induire son lot de besoins parmi lesquels la construction de nouveaux logements à prix abordables.


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ACTUALITÉ

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Nouvelle ère

DES OUBLIÉS DANS LES PLACARDS Le nouveau gouvernement procède à un screening dans la fonction publique, remet des gens au travail et retrouve, si pas des cadavres, des bizarreries, traces de l’ancienne gestion.

Économie & politique

Le Musée national d'histoire militaire de Diekirch et le Srel, même combat, pour un fonctionnaire au moins ?

Photo : MNHM

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En intégrant les Classes moyennes dans son super ministère et en reprenant la responsabilité de l’armée, Étienne Schneider a eu des mauvaises surprises. Aux Classes moyennes, il doit arbitrer une affaire qui ressemble à un abus de pouvoir dans le chef d’un haut fonctionnaire, Pierre Barthelmé, candidat CSV aux élections du 20 octobre, qui aurait fait des consultations (comme l’a révélé paperJam.lu) dans le registre des personnes physiques du centre informatique de l’État. Réticent dans un premier temps à ouvrir une enquête administrative, après que le fonctionnaire ait assuré sur l’honneur avoir agi en toute légalité et ait évoqué un « malentendu », le ministre s’est résolu à procéder aux investigations d’usage vu le tour médiatico-politique pris. Le député ADR Fernand Kartheiser s’est en effet saisi de ce dossier, repris au bond par RTL Radio. Dans un autre registre, Étienne Schneider a dû saisir fin janvier le parquet contre des protagonistes de la Musique militaire. L’affaire serait liée à des heures supplémentaires, payées par avance, mais non prestées. Au volet pénal se greffe bien sûr un volet disciplinaire. Le ministre a laissé filtrer peu d’informations sur cette affaire… qui en cache d’autres.

— MARS 2014

Le gouvernement de Xavier Bettel avait promis de ne pas faire de chasse aux sorcières dans l’administration. C’est à moitié vrai : au ministère de la Culture, Maggy Nagel (DP), assure ne plus se sentir liée par les engagements pris par celle qui l’a précédée, Octavie Modert (CSV), envers l’ex-premier conseiller de gouvernement Guy Dockendorf. Il est toujours omniprésent dans le maillage culturel luxembourgeois alors qu’il est parti en retraite en 2011. Volontiers estampillé « noir », Dockendorf a fait la pluie et le beau temps dans les institutions culturelles où il avait conservé un pied, avec des mandats dans divers conseils d’administration, notamment la présidence du Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster (CCRN). Des rôles flous

Il a eu une influence déterminante dans le choix du successeur de Claude Frisoni, à la direction du centre. Le retraité souligne lui-même qu’il s’est investi à titre bénévole. Il n’empêche que ce sont moins ses tantièmes qui importent que l’influence qu’il exerçait encore dans le milieu culturel et dont Maggy Nagel entend désormais se passer.

Au ministère d’État, Xavier Bettel a aussi fait des découvertes étonnantes à son arrivée, outre le bureau de son prédécesseur, connu pour être un gros fumeur, qu’il a fallu désinfecter… Le Premier ministre a mandaté son chef de cabinet pour identifier les fonctionnaires « placardisés », mais toujours présents sur le payroll du ministère. Ainsi, un ancien conseiller de Jacques Santer, qui avait suivi l’ex-chef du gouvernement à la Commission européenne et qui fut rapatrié de Bruxelles, était, sous Juncker, redevenu un conseiller de gouvernement… sans que l’on sache très bien quel était son rôle. L’annuaire du gouvernement n’est pas non plus explicite sur ses fonctions. Mais l’homme, réputé bonne plume, vient d’être réactivé pour plancher sur des dossiers européens. Dans l’héritage, Bettel a également trouvé un haut fonctionnaire, ancien directeur de la Bibliothèque nationale tombé en disgrâce, chargé de gérer le dossier des bibliothèques de la Grande Région, mais que nul au ministère ne se souvient avoir vu présent. On peut encore relever que le ministère de la Famille assure l’entretien des talents musicaux d’un de ses fonctionnaires. Et, dans un ménage qui reste à compléter, on peut notamment s’interroger sur la raison pour laquelle l’actuel directeur du Musée national d’histoire militaire à Diekirch, Roland Gaul, figure toujours dans les effectifs du Service de renseignement de l’État luxembourgeois. Il touche régulièrement une prime du Srel, alors qu’il devrait dépendre du ministère de la Culture. Peut-être pour conserver les archives et les secrets pas si lointains qui dorment encore dans ce musée ? V. P.

MARS 2014 —


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Nouvelle ère

DES OUBLIÉS DANS LES PLACARDS Le nouveau gouvernement procède à un screening dans la fonction publique, remet des gens au travail et retrouve, si pas des cadavres, des bizarreries, traces de l’ancienne gestion.

Économie & politique Photo : MNHM

Le Musée national d'histoire militaire de Diekirch et le Srel, même combat, pour un fonctionnaire au moins ?

En intégrant les Classes moyennes dans son super ministère et en reprenant la responsabilité de l’armée, Étienne Schneider a eu des mauvaises surprises. Aux Classes moyennes, il doit arbitrer une affaire qui ressemble à un abus de pouvoir dans le chef d’un haut fonctionnaire, Pierre Barthelmé, candidat CSV aux élections du 20 octobre, qui aurait fait des consultations (comme l’a révélé paperJam.lu) dans le registre des personnes physiques du centre informatique de l’État. Réticent dans un premier temps à ouvrir une enquête administrative, après que le fonctionnaire ait assuré sur l’honneur avoir agi en toute légalité et ait évoqué un « malentendu », le ministre s’est résolu à procéder aux investigations d’usage vu le tour médiatico-politique pris. Le député ADR Fernand Kartheiser s’est en effet saisi de ce dossier, repris au bond par RTL Radio. Dans un autre registre, Étienne Schneider a dû saisir fin janvier le parquet contre des protagonistes de la Musique militaire. L’affaire serait liée à des heures supplémentaires, payées par avance, mais non prestées. Au volet pénal se greffe bien sûr un volet disciplinaire. Le ministre a laissé filtrer peu d’informations sur cette affaire… qui en cache d’autres.

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Le gouvernement de Xavier Bettel avait promis de ne pas faire de chasse aux sorcières dans l’administration. C’est à moitié vrai : au ministère de la Culture, Maggy Nagel (DP), assure ne plus se sentir liée par les engagements pris par celle qui l’a précédée, Octavie Modert (CSV), envers l’ex-premier conseiller de gouvernement Guy Dockendorf. Il est toujours omniprésent dans le maillage culturel luxembourgeois alors qu’il est parti en retraite en 2011. Volontiers estampillé « noir », Dockendorf a fait la pluie et le beau temps dans les institutions culturelles où il avait conservé un pied, avec des mandats dans divers conseils d’administration, notamment la présidence du Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster (CCRN). Des rôles flous

Il a eu une influence déterminante dans le choix du successeur de Claude Frisoni, à la direction du centre. Le retraité souligne lui-même qu’il s’est investi à titre bénévole. Il n’empêche que ce sont moins ses tantièmes qui importent que l’influence qu’il exerçait encore dans le milieu culturel et dont Maggy Nagel entend désormais se passer.

Au ministère d’État, Xavier Bettel a aussi fait des découvertes étonnantes à son arrivée, outre le bureau de son prédécesseur, connu pour être un gros fumeur, qu’il a fallu désinfecter… Le Premier ministre a mandaté son chef de cabinet pour identifier les fonctionnaires « placardisés », mais toujours présents sur le payroll du ministère. Ainsi, un ancien conseiller de Jacques Santer, qui avait suivi l’ex-chef du gouvernement à la Commission européenne et qui fut rapatrié de Bruxelles, était, sous Juncker, redevenu un conseiller de gouvernement… sans que l’on sache très bien quel était son rôle. L’annuaire du gouvernement n’est pas non plus explicite sur ses fonctions. Mais l’homme, réputé bonne plume, vient d’être réactivé pour plancher sur des dossiers européens. Dans l’héritage, Bettel a également trouvé un haut fonctionnaire, ancien directeur de la Bibliothèque nationale tombé en disgrâce, chargé de gérer le dossier des bibliothèques de la Grande Région, mais que nul au ministère ne se souvient avoir vu présent. On peut encore relever que le ministère de la Famille assure l’entretien des talents musicaux d’un de ses fonctionnaires. Et, dans un ménage qui reste à compléter, on peut notamment s’interroger sur la raison pour laquelle l’actuel directeur du Musée national d’histoire militaire à Diekirch, Roland Gaul, figure toujours dans les effectifs du Service de renseignement de l’État luxembourgeois. Il touche régulièrement une prime du Srel, alors qu’il devrait dépendre du ministère de la Culture. Peut-être pour conserver les archives et les secrets pas si lointains qui dorment encore dans ce musée ? V. P.

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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

PRESSE FRANÇAISE

Échos favorables Il n’est pas courant que la presse française s’épanche en bien sur ce qui se fait au Luxembourg. Pourtant, une série d’articles consacrés par Les Échos, fin janvier, met le Grand-Duché sur un tout autre niveau de lecture que le « paradis fiscal ». Le quotidien salue notamment le virage high-tech stratégiquement bien amorcé par le pays ces dernières années, qui a permis d’attirer des grands formats internationaux et de faire émerger des success-stories locales (comme Luxcloud, cité par nos confrères français). Photo : CFL-Cargo

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STATISTIQUES

L’embellie du PIB

Le fret ferroviaire a de belles cartes à jouer, en complément de la route souvent plus lente, notamment vers l’Est.

Selon le Statec, le produit intérieur brut, au 3e trimestre 2013, « a connu une progression plus modeste qu’au trimestre précédent, mais qui confirme globalement la dynamique de reprise enclenchée depuis la fin de 2012 ». Ces données, combinées aux signes favorables repérés ici et là sur la fin de l’année écoulée, « laissent entrevoir une croissance d’au moins 2 % sur l’ensemble de l’année ». Entre autres indicateurs, l’office statistique observe aussi que l’opinion des industriels fait espérer « des perspectives encourageantes » pour le secteur. IMMOBILIER

Commerces : le registre impossible Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, a récupéré les compétences « classes moyennes ». Interrogé par le député CSV Léon Gloden, il s’est montré extrêmement sceptique sur l’opportunité d’un registre national recensant les surfaces disponibles pour des activités commerciales. Un fichier centralisé, « en admettant qu’il puisse matériellement être mis en œuvre », risquerait aussi « de faire double emploi avec les annonces privées, en plus de s’avérer moins complet et réactif ».

— MARS 2014

Cluster logistique

Un direct pour la Pologne Le Luxembourg étudie la possibilité d’une connexion rail-route, qui rejoindrait la ligne ferroviaire vers le sud de l’Europe et, de l’autre côté, se tournerait directement vers Poznan et Varsovie. Le temps de transport du fret s’en trouverait réduit de moitié. « Aujourd’hui, la majorité des biens est encore envoyée vers la Pologne par les routes » selon Alain Krecké, senior manager du cluster logistique. Sous l’égide notamment du Luxembourg-Poland Business Club, de l’ambassade de Pologne à Luxembourg et du consultant Deloitte, une conférence a exploré le sujet, avec des représentants des deux pays. Selon Jacek Neska, directeur exécutif de PKP Cargo, gros affréteur polonais et acteur européen, le projet est « plein de perspectives ».

FINANCES PUBLIQUES

LÉGISLATION

Objectif déficit zéro

Le mariage homo en marche

Le déficit de l’État pourrait s’approcher de zéro pour 2013, alors que les prévisions budgétaires (de l’ancien gouvernement) tablaient sur un déficit de 0,8 %. Entre autres effets positifs, les recettes publiques se sont affichées en hausse : l’Administration des contributions directes a ainsi engrangé 376,5 millions d’euros de plus que ce qui avait été récolté en 2012 (+6,7 %) et l’Administration de l’Enregistrement a vu le niveau de ses rentrées progresser de 12 %, soit 479 millions d’euros par rapport à l’exercice précédent.

La reconnaissance du mariage homosexuel au Luxembourg, c’est pour bientôt. Le projet de loi, qui avait été déposé en mai 2012 par l’ancien ministre de la Justice François Biltgen, « devrait être voté avant l’été », a indiqué la Chambre des députés. L’ancien gouvernement Juncker-Asselborn s’était engagé en 2009 à reconnaître le mariage homo, mais le projet de loi traînait depuis 2012, faute de consensus sur la question de l’adoption. Mais le Conseil d’État a récemment débloqué le dossier en s’opposant à ce que l’adoption plénière soit uniquement réservée aux couples mixtes. Dans le même esprit, l’ouverture du mariage aux couples homosexuels « implique juridiquement l’ouverture du droit d’adopter ».


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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Photo : archives paperJam

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LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Déontologie et transparence Transparency International Luxembourg s’est félicitée de la publication par la Commission européenne du premier rapport anticorruption… même si le Grand-Duché n’est pas très présent. Au niveau national, l’ONG réclame toujours un code, voire plusieurs, de déontologie liant les députés, les membres du gouvernement, les élus locaux, les fonctionnaires étatiques et communaux, ainsi que toutes les personnes travaillant pour des établissements publics. Elle dit également œuvrer en vue d’un élargissement de la protection du whistleblower – « lanceur d’alerte » – institué par la loi du 13 février 2011, et ce, notamment en vue d’accorder une protection à des témoins de faits de corruption. Et appelle de ses vœux « l’introduction d’une véritable loi d’accès aux informations telle qu’il en existe déjà dans de nombreux pays ».

Tourisme

De bons chiffres en attente Le Luxembourg a fait figure de grand absent dans les derniers tableaux d’Eurostat en matière de données touristiques. L’explication est, selon le ministère de l’Économie dont dépend désormais le tourisme, la mise en place – courant 2013 – d’un nouveau système informatique de collectes de données. Des problèmes de transmission avec les hôteliers ont faussé ces statistiques. Les corrections

sont en marche. La compilation suivra… Selon les chiffres disponibles, récoltés par l’Office national du tourisme (ONT) entre janvier et octobre dernier, on observe une progression des nuitées dans l’hôtellerie de 4,3 %. Celle-ci, en fonction d’une projection sur les 12 mois de l’année, pourrait représenter 1,56 million de nuitées, un record jamais enregistré au Luxembourg.

EUROPE

Juncker : ira ou n’ira pas ?

JEAN-CLAUDE JUNCKER

— MARS 2014

Si les responsables du CSV s’en défendent ouvertement, la phase de rénovation de leur parti (voir page 30) dépendra, d’une manière ou d’une autre de l’avenir européen de JeanJean-Claude Juncker. Actuellement chef de fraction à la Chambre, l’ancien Premier ministre ne cache plus ses ambitions de présider la Commission européenne. Le poste actuellement occupé par José Manuel Barroso doit en effet être renouvelé au sortir des élections européennes du 25 mai. Il reviendra au parti arrivé en tête des urnes. Sans vouloir faire campagne selon ses termes, Jean-Claude JeanJuncker a tout de même repris son bâton de pèlerin pour convaincre ses

collègues du parti populaire européen (PPE) du bienfondé de sa candidature. Tantôt favori en raison de son expérience européenne, dont huit ans à la tête de l’eurogroupe, tantôt en ballotage face à d’autres candidats comme Michel Barnier (commissaire européen sortant) ou Christine Lagarde (patronne du FMI), le sort de Jean-Claude Juncker est rythmé par les pronostics et autres sorties, voire démentis dans la presse. Le congrès du PPE organisé à Dublin les 6 et 7 mars devrait éclaircir les choses une fois pour toutes. Reste à savoir si, entre temps, la chancelière allemande Angela Merkel, dont l’influence est déterminante dans ce processus, enverra un signal clair en faveur de Jean-Claude Juncker.


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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

L’actualité en chiffres :

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Ce sont les quotas d’émissions de CO2 qu’ArceloMittal tente de soustraire, par voie judiciaire, à l’injonction de remboursement de l’État. Le gouvernement grand-ducal avait exigé en juin 2013 que le sidérurgiste lui restitue ces « autorisations de polluer » correspondant aux années 2008-2012 et non utilisées à cause de ralentissements conjoncturels. Le leader mondial de la sidérurgie, dont le siège est à Luxembourg, a déposé un recours devant le tribunal administratif.

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En 2013, le Luxembourg occupait la 15e place du classement des destinations préférées des investisseurs étrangers, avec 31 milliards de dollars, juste derrière le mastodonte industriel allemand qui n’a fait qu’un milliard de dollars de mieux. La tête de ce classement, généré par la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) est occupée, dans l’ordre, par les États-Unis, la Chine et la Russie.

2015

L’augmentation annoncée de la TVA ne devrait pas intervenir avant 2015. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, doit augmenter les recettes fiscales, baisser les dépenses et affronter l’opposition, qui a voulu savoir quand interviendraient les hausses. Selon les diverses annonces, tous les taux devraient croître de 2 % (dont le principal qui passerait de 15 à 17 %) à l’exception du taux super réduit (3 %) affecté aux produits de première nécessité.

— MARS 2014

Photo : Christophe Olinger / archives

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Pour aider financièrement les jeunes dans la poursuite de leur cursus, la réforme de la réforme est à l’étude.

Aides financières aux études

La fusée à trois étages (bis) Le projet de réforme de la loi sur les aides financières pour les études supérieures, une des priorités du ministre actuel Claude Meisch (DP), semble moins problématique que le furent les versions CSV, surtout la fameuse loi Biltgen retoquée par la Cour européenne et dont les rattrapages, in fine, coûtent beaucoup plus que prévu à l’État. Pour la réforme de la réforme, les consultations se poursuivent, notamment avec les syndicats. Claude Meisch et le secrétaire d’État André Bauler visent à mettre en place, si possible pour la prochaine rentrée, un système en trois parties « cumulatives » avec une bourse de base à montant fixe et accessible à tous les étudiants, une bourse de mobilité prenant en compte le fait de suivre ses études dans un autre pays que celui de sa résidence principale et d’avoir des frais de location, et une bourse sociale évolutive en fonction des revenus des parents. C’est comme une fusée à trois étages, comme cela avait été proposé, dès les origines du dossier, par différents intervenants, dont la fédération des étudiants luxembourgeois.


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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

SIDÉRURGIE

VAKANZ 2014

FINANCEMENT DES PARTIS

Front commun au feu

24.000 entrées au salon

Les bons comptes

Le 17 janvier, un accord était trouvé entre l’OGBL et la direction d’ArcelorMittal pour le renouvellement de la convention collective. L’accord porte sur 2014 et 2015 et intervient après un an de discussions houleuses et la menace d’une grève. Le LCGB, minoritaire dans la sidérurgie, a souhaité, dans un courrier adressé à ses collègues de l’OGBL, que l’on ravive la flamme d’une asbl commune, Sidérurgie, pour retrouver un front uni.

Le salon annuel Vakanz dédié au tourisme constitue un événement majeur pour Luxexpo. L’organisation a dénombré plus de 24.000 visiteurs sur les trois jours. Une réussite indéniable, saluée par tout un secteur, qui espère le rebond que laisse augurer le retour de la confiance. « Vakanz est la troisième manifestation dans le calendrier de Luxexpo, après les foires de printemps et d’automne. Marquant le coup d’envoi de la saison touristique, le salon est souvent pris par les économistes comme un baromètre informel, mais bien réel, de l’état d’esprit des ménages », souligne le CEO de Luxexpo, M. Collignon.

La Cour des comptes a rendu sa copie sur le financement des partis politiques pour l’exercice 2012. Des six centrales passées à la loupe, aucune n’a reçu en dotations plus que prévu par les seuils légaux (un maximum de 75 % des recettes). Le CSV est de loin le parti le plus riche du Luxembourg. Il a reçu en 2012 une enveloppe de 851.985 euros, soit une part de 65,42 % de ses recettes. Le LSAP a eu 525.845 euros de dotations publiques (56,16 %), le DP 440.860 euros (74,75 %), Déi Gréng 382.210 euros (63,81 %), l’ADR 232.480 euros (70,17 %) et Déi Lénk 130.475 euros (59,74 %).

« La prochaine étape logique est de s’intéresser aux monnaies virtuelles de type bitcoin et autres. » Jean-Louis Schiltz, ancien ministre, avocat à la Cour (Étude Schiltz & Schiltz) .

BEI ET ING

17,5 millions pour les PME Photo : archives paperJam

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Les P+R devraient être de plus en plus nombreux et, selon leur localisation, gratuits ou payants.

Parkings

P+R gratuits aux frontières, payants en ville Le ministre François Bausch souhaite étudier un système incitant les utilisateurs actuels des P+R (park & ride) situés sur le territoire de la Ville de Luxembourg (Beggen, Bouillon, Kirchberg, Kockelscheuer et Luxembourg Sud) à s’orienter davantage vers les transports en commun. En outre, puisque 92 % des travailleurs frontaliers utilisent leur voiture personnelle pour se rendre au Grand-Duché, François Bausch a fait part de son souhait d’étendre le réseau des P+R à l’extérieur de la capitale, principalement à proximité des frontières. L’objectif serait qu’un quart des frontaliers utilisent le bus ou le train pour se rendre à leur travail. Il sera ensuite mis en place une tarification graduelle de tous ces P+R, gratuits aux frontières, progressivement payants en rentrant dans les terres, ce qui impliquera d’abord une concertation avec les communes concernées, pour éviter des tarifications contradictoires.

— MARS 2014

Un nouveau programme de financement destiné aux PME du Benelux a été lancé en janvier. La Banque européenne d’investissement, en partenariat avec la banque néerlandaise ING, ouvre une ligne de crédit de 350 millions d’euros. Sur ce montant, 17,5 millions sont alloués au marché luxembourgeois. Basée à Luxembourg, la BEI a, en 2013, ouvert pour plus de 21 milliards d’euros de lignes de crédit destinées aux PME. Les prêts à destination des entreprises luxembourgeoises cofinancés par la BEI sont, eux, plus limités. Le dernier en date remonte à un cofinancement avec ING, encore. La filiale luxembourgeoise de la banque néerlandaise avait, entre 2009 et 2012, participé à l’ouverture d’une ligne de crédit de 51,25 millions d’euros. En 2009, BGL BNP Paribas avait contribué à une opération similaire de 50 millions d’euros.


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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Eugène Berger, président de la fraction DP, a été désigné rapporteur

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du projet de loi relatif au budget 2014. Le dépôt du projet, reporté depuis l’automne pour cause d’élections anticipées, est prévu pour le 5 mars et devrait être adopté au courant avril. En attendant, le fonctionnement de l’État depuis le début de l’année est financé par les « douzièmes

DÉLÉGATION OFFICIELLE

FONDS EUROPÉEN D’INVESTISSEMENT

Le Grand-Duc aux JO

Le CEO proche de la BEI

Contrairement à la commissaire européenne Viviane Reding, au ministre des Sports Romain Schneider ou encore au Premier ministre Xavier Bettel, le Grand-Duc Henri est de la partie pour les Jeux olympiques d’hiver qui se déroulent en Russie, à Sotchi, jusqu’au 23 février. Le Grand-Duc Henri, membre du Comité international olympique (CIO), a annoncé sa présence à la 126e session du CIO et, accompagné du Prince Félix, à la cérémonie d’ouverture des 22es JO d’hiver ainsi qu’au déroulement de certaines compétitions .

Le conseil d’administration du Fonds européen d’investissement (FEI) a nommé Pier Luigi Gilibert CEO. Il succédera à la mi-mars à Richard Pelly. L’Italien Pier Luigi Gilibert est actuellement directeur général à la BEI (Banque européenne d’investissement, actionnaire principal du FEI) où il est responsable des opérations en Union européenne et dans les pays candidats. Depuis 1984, il a multiplié les expériences dans l’institution du Kirchberg. Le Fonds européen d’investissement a été créé en 1994. Sa mission consiste à soutenir le tissu européen de PME par l’apport de capital-risque, en association avec les banques. Les engagements du FEI se sont élevés à 7,9 milliards d’euros en 2013 .

Photo : Charles Caratini (archives)

provisoires », c’est-à-dire des dotations mensuelles, calquées sur 2013.

« Les trois partis au gouvernement savent que le temps des cerises douces est révolu. » Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères

CARGOLUX

HNCA dans le cockpit, le management en parachute

Photo : Cargolux

François Bausch, ministre en charge des transports, a signé, mi-janvier, dans le Henan, l’accord commercial passé entre l’État et HNCA, pour Cargolux. Le groupe chinois acquiert bien 35 % de parts du capital pour 120 millions de dollars, et « s’engage à mettre en place un fonds de promotion de 15 millions de dollars en vue du développement de la dual hub strategy ». HNCA participera à une augmentation de capital prévue au printemps, jusqu’à un maximum de 35 % de 175 millions de dollars. Les syndicats annoncent une vigilance de chaque instant, pour veiller à la pérennité des activités et de l’emploi local. Le choix du futur CEO devient le nouveau cheval de bataille. Et le management a connu quelques départs. Le vice-président en charge des opérations et de la maintenance, Peter Van De Pas, a démissionné, moins d’une semaine après Robert Van de Weg, senior vice-président en charge du marketing et des ventes.

— MARS 2014


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ACTUALITÉ

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

20 octobre 2013 : épilogues

Le résultat des urnes dans les partis

« Nous devons en profiter pour développer une vision sur le pays pour 2020. »

Les principaux partis veulent tirer les enseignements du 20 octobre, chacun à leur rythme. Le CSV devrait changer de visages, sans bouger sur ses bases. Pour le LSAP toujours au pouvoir, pas de révolution, mais une transition en douceur.

Claude Wiseler (CSV)

Texte Thierry Raizer Photo Christophe Olinger

gouvernement, vous n’avez pas forcément le temps de prendre du recul, ajoute Claude Wiseler. Surtout depuis la crise, nous avons dû prendre des décisions en permanence, pousser les dossiers vite pour trouver des solutions, il y avait des dangers à tout moment, nous avons donc dû avancer comme un bulldozer pour bien faire.  » Une manière d’expliquer comment certaines décisions se sont prises, en cercle restreint, au sommet de l’État. Profession de foi

Le soir des élections, les mines des dirigeants du CSV étaient défaites.

F

lash-back. 20 octobre 2013, peu après 20 heures, les résultats quasi définitifs tombent. Suffisamment clairs pour obtenir des tendances, les choix des électeurs à ces législatives anticipées et définitivement uniques donnent d’une part le DP vainqueur et un CSV en perte de vitesse, mais conservant ses 23 députés à la Chambre. À cette heure-là, celui qui revendique plus que jamais le statut de premier parti du pays ne veut pas croire à une coalition qui le mettrait pour la première fois dans l’opposition depuis 30 ans. Mais la fenêtre qui s’est ouverte devant les futurs coalisés (ou la confirmation d’un pacte secrètement gardé) va faire déchanter les espoirs du CSV. Janvier 2014. Le parti chrétien social commence à digérer les conséquences politiques de ces élections. L’heure est à la remise en marche et au dialogue avec la base. Car c’est bien vers leurs militants que se sont dirigés les ténors du parti en ce début d’année. Se

— MARS 2014

rapprocher de la base, une nécessité ou une bonne résolution pour la nouvelle ère qui s’ouvre ? Probablement les deux. « Mon ambition est de faire travailler les députés et l’équipe du parti ensemble, de conduire notre travail de façon cohérente cohérente », déclare Claude Wiseler, député et président adjoint de la fraction CSV à la Chambre. Il est devenu, suite à ces élections, l’une des figures rassemblant au sein du CSV dont il était l’un des deux vice-présidents jusqu’au congrès du 8 février (cet article a été finalisé le 7 février). Un statut qui s’explique notamment par un tempérament posé ainsi que par sa posture à l’égard des élections internes au parti. « Je ne souhaite pas cumuler les tâches », précise-t-il en répondant à la question de son tâches éventuelle candidature pour briguer la présidence. Et l’ancien ministre du Développement durable et des Infrastructures de reconnaître que le pouvoir peut conduire, par la force des choses, à l’isolement au sommet. « Lorsque vous êtes au

Le premier acte de la profession de foi des responsables du parti vis-à-vis de leur base a débuté par un tour des régions, ou plutôt un renouvellement des dirigeants des quatre circonscriptions. Trois visages ont émergé au sortir de ces scrutins : Martine Hansen (48 ans), ministre durant quelques mois dans le gouvernement de Jean-Claude Juncker, devient présidente au Nord, le député Léon Gloden (42 ans) remplace l’ancienne ministre Françoise Hetto-Gaasch à l’Est et le député Félix Eischen (48 ans) prend les commandes dans le Sud. La députée Diane Adehm (43 ans) reste, quant à elle, présidente de la section du Centre. Outre ces réunions régionales, tous se sont retrouvés lors de la traditionnelle réception du Nouvel An. Une démonstration de force ou de mobilisation de la formation politique qui « compte 10.000 membres », comme le rappellent volontiers ses responsables. Il faut dire que le « Neijoerspat » du 23 janvier avait pour particularité de célébrer les 100 ans du CSV. Un anniversaire que tant les caciques que les militants auraient volontiers fêté dans une autre configuration politique. « Nous devons en profiter pour développer une vision sur le Luxembourg pour 2020 », ajoute Claude Wiseler qui constate avec intérêt que les jeunes, dont ceux du CSJ, prennent leur responsabilité. Le poil à gratter du parti vient, lui aussi, de renouveler sa direction lors d’un congrès le 1er février en compagnie des ténors du parti, dont Jean-Claude Juncker. Cette élection a vu l’arrivée de Charles Hurt en tant que président du CSJ, succédant à l’une des

figures montantes du CSV, Serge Wilmes. À 32 ans, le député a d’ailleurs posé sa candidature pour en devenir le secrétaire général. Ses déclarations sans langue de bois au lendemain des législatives ne lui avaient pas valu que des amis. Il assume le style, même si le ton se veut moins incisif. « Le parti ne sera plus le même, ajoute Serge Wilmes. Nous devons profiter de notre passage dans l’opposition pour remettre en question et instaurer davantage de dialogue au sein du parti, par exemple via des groupes de réflexion par thématique, en travaillant de manière décentralisée et en utilisant encore plus les réseaux sociaux. » Formation pour ses membres, débats permanents, pragmatisme à la Werner... Serge Wilmes ne manque pas d’idées. Il espère les faire passer d’une manière ou d’une autre. Et tant mieux s’il peut succéder au secrétaire général sortant et bourgmestre de Bettembourg Laurent Zeimet (39 ans). Deux autres membres du CSV ambitionnaient aussi de parvenir à ce poste : le bourgmestre d’Hobscheid Serge Hoffmann (47 ans) et Mylène Wagner-Bianchy (37 ans), la dynamique présidente du syndicat chrétien des cheminots (Syprolux) ayant pour modèle politique l’ancienne ministre et présidente de

COMMENTAIRE

Exercices de style L’heure serait au renouveau. Pour des raisons qui leur sont propres, CSV et LSAP tablent sur une participation accrue de leur base pour dynamiser leurs activités. Le premier veut se donner un nouveau visage au lendemain des élections. Il doit aussi profiter de ce moment pour se refaire une santé en partant du terrain et combler le manque de moyens de l’appareil étatique en misant sur ces ambassadeurs pour faire passer son message. Du côté du LSAP, il faudra justement éviter l’écueil de l’isolement des gouvernants à la tête du pays et des décisions qui peuvent se prendre – quoique pour de bonnes raisons – sans pouvoir consulter le militant. Le nouvelle équipe du LSAP devra donc veiller à garder force et autonomie pour exister dans ce contexte. Car une participation à une coalition ne doit pas effacer la remise en question. T. R.

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20 octobre 2013 : épilogues

Le résultat des urnes dans les partis

« Nous devons en profiter pour développer une vision sur le pays pour 2020. »

Les principaux partis veulent tirer les enseignements du 20 octobre, chacun à leur rythme. Le CSV devrait changer de visages, sans bouger sur ses bases. Pour le LSAP toujours au pouvoir, pas de révolution, mais une transition en douceur.

Claude Wiseler (CSV)

Texte Thierry Raizer Photo Christophe Olinger

gouvernement, vous n’avez pas forcément le temps de prendre du recul, ajoute Claude Wiseler. Surtout depuis la crise, nous avons dû prendre des décisions en permanence, pousser les dossiers vite pour trouver des solutions, il y avait des dangers à tout moment, nous avons donc dû avancer comme un bulldozer pour bien faire.  » Une manière d’expliquer comment certaines décisions se sont prises, en cercle restreint, au sommet de l’État. Profession de foi

Le soir des élections, les mines des dirigeants du CSV étaient défaites.

F

lash-back. 20 octobre 2013, peu après 20 heures, les résultats quasi définitifs tombent. Suffisamment clairs pour obtenir des tendances, les choix des électeurs à ces législatives anticipées et définitivement uniques donnent d’une part le DP vainqueur et un CSV en perte de vitesse, mais conservant ses 23 députés à la Chambre. À cette heure-là, celui qui revendique plus que jamais le statut de premier parti du pays ne veut pas croire à une coalition qui le mettrait pour la première fois dans l’opposition depuis 30 ans. Mais la fenêtre qui s’est ouverte devant les futurs coalisés (ou la confirmation d’un pacte secrètement gardé) va faire déchanter les espoirs du CSV. Janvier 2014. Le parti chrétien social commence à digérer les conséquences politiques de ces élections. L’heure est à la remise en marche et au dialogue avec la base. Car c’est bien vers leurs militants que se sont dirigés les ténors du parti en ce début d’année. Se

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rapprocher de la base, une nécessité ou une bonne résolution pour la nouvelle ère qui s’ouvre ? Probablement les deux. « Mon ambition est de faire travailler les députés et l’équipe du parti ensemble, de conduire notre travail de façon cohérente », déclare Claude Wiseler, député et président adjoint de la fraction CSV à la Chambre. Il est devenu, suite à ces élections, l’une des figures rassemblant au sein du CSV dont il était l’un des deux vice-présidents jusqu’au congrès du 8 février (cet article a été finalisé le 7 février). Un statut qui s’explique notamment par un tempérament posé ainsi que par sa posture à l’égard des élections internes au parti. « Je ne souhaite pas cumuler les tâches », précise-t-il en répondant à la question de son éventuelle candidature pour briguer la présidence. Et l’ancien ministre du Développement durable et des Infrastructures de reconnaître que le pouvoir peut conduire, par la force des choses, à l’isolement au sommet. « Lorsque vous êtes au

Le premier acte de la profession de foi des responsables du parti vis-à-vis de leur base a débuté par un tour des régions, ou plutôt un renouvellement des dirigeants des quatre circonscriptions. Trois visages ont émergé au sortir de ces scrutins : Martine Hansen (48 ans), ministre durant quelques mois dans le gouvernement de Jean-Claude Juncker, devient présidente au Nord, le député Léon Gloden (42 ans) remplace l’ancienne ministre Françoise Hetto-Gaasch à l’Est et le député Félix Eischen (48 ans) prend les commandes dans le Sud. La députée Diane Adehm (43 ans) reste, quant à elle, présidente de la section du Centre. Outre ces réunions régionales, tous se sont retrouvés lors de la traditionnelle réception du Nouvel An. Une démonstration de force ou de mobilisation de la formation politique qui « compte 10.000 membres », comme le rappellent volontiers ses responsables. Il faut dire que le « Neijoerspat » du 23 janvier avait pour particularité de célébrer les 100 ans du CSV. Un anniversaire que tant les caciques que les militants auraient volontiers fêté dans une autre configuration politique. « Nous devons en profiter pour développer une vision sur le Luxembourg pour 2020 », ajoute Claude Wiseler qui constate avec intérêt que les jeunes, dont ceux du CSJ, prennent leur responsabilité. Le poil à gratter du parti vient, lui aussi, de renouveler sa direction lors d’un congrès le 1er février en compagnie des ténors du parti, dont Jean-Claude Juncker. Cette élection a vu l’arrivée de Charles Hurt en tant que président du CSJ, succédant à l’une des

figures montantes du CSV, Serge Wilmes. À 32 ans, le député a d’ailleurs posé sa candidature pour en devenir le secrétaire général. Ses déclarations sans langue de bois au lendemain des législatives ne lui avaient pas valu que des amis. Il assume le style, même si le ton se veut moins incisif. « Le parti ne sera plus même, ajoute Serge Wilmes. Nous devons le même profiter de notre passage dans l’opposition pour remettre en question et instaurer davantage de dialogue au sein du parti, par exemple via des groupes de réflexion par thématique, en travaillant de manière décentralisée et en utilisant encore plus les réseaux sociaux. » Formation pour ses membres, débats permanents, pragmatisme à la Werner... Serge Wilmes ne manque pas d’idées. Il espère les faire passer d’une manière ou d’une autre. Et tant mieux s’il peut succéder au secrétaire général sortant et bourgmestre de Bettembourg Laurent Zeimet (39 ans). Deux autres membres du CSV ambitionnaient aussi de parvenir à ce poste : le bourgmestre d’Hobscheid Serge Hoffmann (47 ans) et Mylène Wagner-Bianchy (37 ans), la dynamique présidente du syndicat chrétien des cheminots (Syprolux) ayant pour modèle politique l’ancienne ministre et présidente de

COMMENTAIRE

Exercices de style L’heure serait au renouveau. Pour des raisons qui leur sont propres, CSV et LSAP tablent sur une participation accrue de leur base pour dynamiser leurs activités. Le premier veut se donner un nouveau visage au lendemain des élections. Il doit aussi profiter de ce moment pour se refaire une santé en partant du terrain et combler le manque de moyens de l’appareil étatique en misant sur ces ambassadeurs pour faire passer son message. Du côté du LSAP, il faudra justement éviter l’écueil de l’isolement des gouvernants à la tête du pays et des décisions qui peuvent se prendre – quoique pour de bonnes raisons – sans pouvoir consulter le militant. Le nouvelle équipe du LSAP devra donc veiller à garder force et autonomie pour exister dans ce contexte. Car une participation à une coalition ne doit pas effacer la remise en question. T. R.

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ACTUALITÉ

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TROIS QUESTIONS À CHARLES HURT (CSJ)

« Être attentifs à la prise en compte de nos idées » Les CSJ se sont réunis le 1er février pour élire leurs mandataires, dont le président, Charles Hurt. Le successeur de Serge Wilmes entend animer les 1.000 membres du CSJ et veiller au changement de fonctionnement interne au CSV.

Monsieur Hurt, vous êtes désormais président du CSJ qui prône un renouveau au sein du parti. C’est-à-dire ? « Le renouveau ne doit pas être vu comme une révolution contre le CSV ni une quelconque intention de procès à l’égard de ses responsables. Nous pensons plutôt qu’il faut revoir les structures internes au parti et son mode de fonctionnement afin de s’assurer une plus grande participation des membres du parti dans la prise de décision. Cette prise de position qui se retrouve parmi le document de 30 pages que nous avons produit à l’occasion de notre congrès a été bien accueillie par les responsables du parti. Nous allons bien entendu nous montrer attentifs à la prise en compte réelle de nos idées.

Le parti doit-il changer de visage à sa tête pour changer d’image ? « Nous ne voulons faire le procès de personne, nous ne voulons donc pas nous prononcer par rapport à ceux qui prendront sa tête. Nous pensons qu’il faut construire l’avenir avec les personnes qui sont membres du CSV et l’expertise des anciens ministres peut s’avérer importante à cet égard. Nous préférons proposer des idées concrètes en jetant un autre regard sur la manière de faire de la politique en tant que jeunes.

Quel regard jetez-vous en tant que jeunes sur de probables détournements de données appartenant à l’État pour des fins électorales de la part d’un fonctionnaire candidat CSV aux derniers législatives ? « Nous ne souhaitons pas nous exprimer à ce sujet puisqu’il s’agit à ce stade de rumeurs. » T. R.

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la Chambre Erna Hennicot-Schoepges dont elle partage le franc-parler. Et le moment est propice, selon elle, pour que le parti mène ses propres réflexions en interne. « C’est dans les moments comme celui que nous vivons que l’on voit qui est réellement attaché au parti, déclare celle qui gravite dans l’univers CSV depuis 1995. Quand un problème se présente, il ne faut pas larmoyer, mais trouver des solutions. solutions. » Point commun entre ces jeunes, mais néanmoins expérimentés de la chose politique, leur volonté de mettre de l’huile dans les rouages du CSV sans toutefois faire bouger son socle de valeurs. «« Nos statuts nous donnent la possibilité de mettre en place des cercles de réflexion qui se sont endormis, le secrétaire général aura pour mission de les réveiller réveiller, ajoute Mylène Wagner-Bianchy. Le secrétaire général doit aller à la rencontrer des gens, sur le terrain. Nous avons aussi besoin d’un leader qui puisse faire du parti un ensemble soudé, du comité national aux sections locales. » L’opération dialogue est lancée. Reste à savoir si la participation annoncée des militants ou des sympathisants via des outils en ligne influera réellement sur les décisions prises au sommet. Les députés devront eux aussi communiquer différemment, particulièrement dans le cas des anciens ministres qui devront se passer de l’appareil gouvernemental. Autant de défis dont la réussite dépendra en bonne partie du nouveau président du CSV : Marc Spautz, bientôt 51 ans. Seul candidat à la succession de Michel Wolter, il devra en faire oublier le style intempestif de certaines interventions. Différents responsables chrétiens sociaux plaident en effet pour davantage de communication d’égal à égal. Militant depuis 1982, Marc Spautz veut miser sur sa connaissance du parti, dont il fut le secrétaire général, pour le faire évoluer. Sans toutefois changer sa lecture des résultats du 20 octobre. « Avec le 4e meilleur résultat de l’histoire, il est difficile de dire que nous avons perdu », estime-t-il. Toujours échaudé par le soupçon d’une tripartite prévue avant les élections, le nouveau président attend désormais les premiers actes concrets du gouvernement. « La politique sociétale et budgétaire pour 2014 provient du CSV, il est donc opposition », difficile durant cette première année d’être en véritable opposition estime l’ancien ministre de la Famille. Reste donc quelques mois pour se préparer et adapter la mécanique interne. « Nous devons adapter nos statuts qui sont ceux d’un parti au pouvoir », ajoute Marc Spautz. pouvoir Transition en douceur

Le changement, c’est aussi maintenant chez les socialistes, ou plutôt le 30 mars lors du congrès national ordinaire qui se déroulera à Ettelbrück. Hasard ou signe des temps, il devrait voir l’émergence d’un nouveau président habitant au Nord qui, d’après les pronostics des dirigeants du parti, s’appellerait Claude Haagen. Le député ne souhaitait pas s’exprimer au sujet d’une éventuelle candidature au moment de la rédaction de cet article, mais ne démentait pas cette hypothèse. Contrairement aux vœux de renouveau exprimés par le CSV, le LSAP ambitionne pour sa part d’opérer une transition à sa tête en douceur. Si possible sans douleur. Les candidatures seront possibles jusqu’au 23 mars, mais on s’orienterait ainsi vers un collectif de responsables qui serait soumis au vote des militants, plutôt que vers une élection à candidats multiples. La figure d’Yves Cruchten (38 ans), député, apparaît de plus pour devenir secrétaire général. Sans confirmer, celui-ci précise toutefois « ne pas être candidat au poste de président président ». « Le nouveau président devra faire en sorte de donner envie aux gens de participer à la vie du



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« La volonté commune de faire bouger les choses existe, mais chacun des trois partis apporte ses particularités. » Alex Bodry (LSAP)

RÉPARTITION DES RÔLES

Géopolitique interne Procéder à des élections internes au sein d’un parti relève autant du positionnement de chacun, élu ou non, que d’un jeu d’influences. L’équipe dirigeante sortante des congrès nationaux du CSV et du LSAP doit en effet à la fois synthétiser les courants qui composent chaque formation, mais aussi être représentative des forces vives. Et donc des circonscriptions. Les candidatures à la tête du CSV en sont l’illustration. Si le président, Marc Spautz, provient du Sud, ses deux vice-présidentes, Martine Hansen et Françoise Hetto-Gaasch, sont respectivement élues au Nord et à l’Est. Du côté du secrétariat général, la candidature de Serge Wilmes est à ce titre doublement intéressante. Elle représente le Centre dans cette répartition géographique, mais aussi un symbole de prise en compte éventuelle de la voix des jeunes. Politique et stratégie ne sont jamais éloignées. Tant en période de majorité que d’opposition. T. R.

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parti, pas forcément en tant que militant, mais via d’autres formes de contribution », déclare Alex Bodry, président depuis 10 ans et dont la nouvelle fonction de chef de fraction à la Chambre est incompatible selon les statuts du parti. Le bon moment selon le bourgmestre de Dudelange pour changer de poste. Le futur dirigeant du LSAP devra néanmoins réussir le pari de faire exister le parti, aux côtés des figures du gouvernement. Quitte à bousculer les codes en remettant sur le tapis une idée non retenue dans un programme gouvernemental comme « l’impôt sur les riches » et l’augmentation du taux de la tranche d’imposition marginale maximale. « La volonté commune de faire bouger les choses existe, mais chacun des trois partis apporte ses particularités, ajoute Alex Bodry. Les partis vont donc rester différents les uns des autres. Cela ne se voit pas tellement au stade actuel, mais les différences se feront sentir au fil des semaines. » Une liberté de parti est-elle compatible avec une cohésion interne au sein du gouvernement ? Le changement prôné au sein de l’exécutif passe peut-être par des partis forts et un dialogue sans tabou. Reste que le DP, toujours officiellement présidé par Xavier Bettel, et Déi Gréng devront, eux aussi, revoir leur organisation à terme. Chez les Verts, la réflexion est en marche, mais sans brûler les étapes. « Je dois voir comment je peux gérer mes mandats de front front », note pour sa part, Sam Tanson, 1re échevine de la capitale et coprésidente du parti. Avocate, elle souhaite aussi conserver un pied dans le milieu professionnel. « Nous aurons un

congrès en 2015 qui permettra d’élire les mandataires du parti, je déciderai à ce moment-là. » Avantage de la configuration écologiste, les Verts disposent de Christian Kmiotek en tant que second coprésident n’occupant pas d’autre mandat national. Si 2014 se présente comme une année de transition pour la majorité et l’opposition, 2015 sera marquée par une affirmation des rôles de chacun. Avec comme probable pomme de discorde la tenue d’un référendum concernant différentes questions sociétales (déjà potentiellement reportée à 2016), telle que voulue par le gouvernement. Une consultation dont l’organisation et le déroulement auront valeur de test pour le fonctionnement de la société luxembourgeoise et donc… de sa classe politique.

C’était le 20 octobre au soir. Le résultat des élections laissait présager une coalition CSV-DP. Mais les plans des uns ont contrecarré les espoirs des autres. Remise en question générale. Le parti au pouvoir depuis 30 ans affiche une volonté de renouveler ses structures, sans changer le fond. Le changement dans la continuité est aussi affiché par le LSAP, même si celui-ci veut continuer à affirmer ses différences par rapport aux partenaires de gouvernement.


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ACTUALITÉ

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Finances publiques

La règle d’or qui divise

À sa manière, Gaston Reinesch cherche aussi à influencer la direction que le gouvernement prendra en engageant une réforme fiscale avant la fin de cette législature. Le gouverneur de la BCL revendique plus d’équité fiscale.

Gaston Reinesch est aux commandes de la Banque centrale du Luxembourg depuis un an, dans un silence religieux. Son style à part, qui tranche avec les manières de son prédécesseur Yves Mersch, ne le rend pas pour autant inefficace. Face aux exigences européennes en matière d’équilibre budgétaire, la BCL verra son rôle renforcé. Texte Véronique Poujol

Son autre cheval de bataille est l’équité fiscale. Il est rassurant de voir un gouverneur de banque centrale pointer du doigt les inégalités croissantes dans la population et demander de passer au crible les différents transferts sociaux, d’abord pour en maîtriser la progression, ensuite pour les redistribuer positivement. À sa manière, Gaston Reinesch cherche aussi à influencer la direction que le gouvernement prendra en engageant une réforme fiscale avant la fin de la législature. Rien ne pourra être fait sans un « screening » des dépenses fiscales. Et pour cela, il faut non seulement des données fiables au sujet des taux d’imposition effectifs tant des ménages que des entreprises, mais surtout faire circuler l’information. Jusqu’à présent, ce n’était pas le fort du ministère des Finances. Or, la publication des procès verbaux et documents ayant servi de base aux négociations gouvernementales entre le DP, le LSAP et Déi Gréng a prouvé que des chiffres extrêmement précis étaient déjà en possession des administrations fiscales, mais jamais diffusés, pas même à la Banque centrale du Luxembourg, qui en a dénoncé récemment l’opacité. Accès illimité aux informations Photo : ECB

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L’institution de Francfort a ses suggestions linéaires pour le Luxembourg. La BCL n’a pas nécessairement les mêmes vues.

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G

aston Reinesch est aux commandes de la Banque centrale du Luxembourg depuis un an et, contrairement à son prédécesseur Yves Mersch, qui avait ses abonnements pour alimenter régulièrement la presse et ne craignait pas la controverse ni l’adversité, l’actuel gouverneur se montre discret : il n’a pas (encore) accordé d’interview… Il pourrait prochainement briser le silence qu’il s’était imposé depuis son arrivée, sans doute par souci d’efficacité et d’action collective. Le style de management de Reinesch est à l’opposé de celui de Mersch : le premier ne signe pas les éditoriaux des Bulletins de la BCL, alors que le second se mettait en scène pratiquement à chaque publication. Gaston Reinesch, qui a eu le temps de faire le tour du propriétaire, agit donc discrètement,

mais non moins efficacement, pour rendre incontournable l’influence de la BCL. Il connaît les ressorts pour actionner les clignotants orange lorsque c’est nécessaire et délivrer des messages d’avertissement lorsqu’il le faut. Il suffit de lire entre les lignes et de décrypter les Bulletins de la BCL depuis son arrivée en janvier 2013. On se souviendra ainsi, peu avant les élections, de son message au sujet de la vente programmée de la participation de 34 % de l’État dans BGL BNP Paribas qui permettrait de diluer la dette publique luxembourgeoise à 22 % du PIB, contre 26 % sans cette vente. Vendre oui, mais dans le souci de l’intérêt général et en évitant les conflits d’intérêts, a laissé entendre le gouverneur de la BCL qui fut auparavant le président du conseil d’administration de cette banque.

S’il y a une victoire que le gouverneur de la BCL a remportée depuis qu’il dirige cette institution, c’est bien celle de l’accès aux informations relatives aux finances publiques. Un accès illimité qui lui permettra de réaliser en toute indépendance des analyses approfondies sur l’état des finances publiques mais sans avoir de mandat formel, comme le voulait pourtant le ministère des Finances lorsqu’il a cherché à transposer le dernier volet du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG), plus connu sous le terme générique de la règle d’or des finances publiques pour éviter un endettement excessif des États membres de l’UE. Cette avancée, dont on sous-estime l’importance, a pu se faire à la faveur de l’avis que la Banque centrale européenne avait rendu en décembre au sujet de la transposition du traité, qui aurait d’ailleurs dû se faire avant le 1er janvier 2014. On voit mal

comment le gouvernement « Gambie » pourra désormais faire une reculade et contrarier la BCL lorsqu’elle réclamera que lui soit fourni cet accès à toutes les données, à commencer par celles de l’Administration des contributions directes et de l’Administration de l’enregistrement. La BCE en a fait un préalable. L’avis sur huit pages signé de Mario Draghi, le président de la BCE, avait d’ailleurs mis en pièces le projet de loi qui avait été rédigé par les services de l’ancien ministre des Finances, Luc Frieden (CSV). Du coup, son successeur Pierre Gramegna (DP) – qui expérimente des relations parfois houleuses avec les hauts fonctionnaires toujours en poste aux Finances – a dû remettre le projet de loi sur le métier en retirant notamment les attributions formelles qui devaient être octroyées à la BCL pour, entre autres, surveiller au niveau national le respect des exigences d’équilibre budgétaire des administrations publiques. Dans une interview à paperJam2 de février, Pierre Gramegna avait indiqué avoir abandonné l’idée de confier à la Banque centrale du Luxembourg le rôle d’entité budgétaire autonome, prévu par le TSCG, dans la mesure où cette attribution risquait de nuire à l’indépendance de la banque, comme l’avait d’ailleurs souligné l’avis de la BCE. Le ministre entend confier ce rôle de « veilleur » de l’équilibre budgétaire à une entité ad hoc, le Conseil des finances publiques. La Commission parlementaire des finances et du budget n’a pas encore été saisie d’amendements dans ce sens de la part du gouvernement, a toutefois fait savoir son président Marc Hansen (DP) à paperJam. « Ce projet de loi ne fait pas partie des priorités de notre commission », a expliqué le député. Il est vrai que la confection du projet de budget 2014, en souffrance pour cause d’élections anticipées et annoncé pour mars prochain, remplit l’agenda des membres de cette commission. La BCE n’avait pas été très tendre avec le projet de loi sur la règle d’or, critiquant d’abord la technique législative de son adoption et le fait que l’équilibre budgétaire n’ait pas été ancré en lettres d’or dans la Constitution luxembourgeoise : « Le projet de loi a été conçu comme un texte ordinaire qui pourrait être modifié par toute autre loi ordinaire (y compris une loi

budgétaire) », notait l’avis de Mario Draghi. Une autre critique de la BCE portait sur la faiblesse des mécanismes de correction en cas de dérapage budgétaire : « Le mécanisme de correction des écarts constatés n’opère pas de manière automatique » et ne précise pas davantage la nature des correctifs, « les laissant à l’entière discrétion du gouvernement ». La BCE suggérait ainsi au législateur luxembourgeois de prévoir des délais plus stricts, alors que le projet de loi tel qu’il est actuellement prévoit qu’en cas de dérapage, les mesures de correction et de rétablissement de la trajectoire d’ajustement doivent être prises au plus tard dans le projet de budget pour l’année à venir. C’est insuffisant aux yeux de l’institution de Francfort. Pierre Gramegna n’a pas encore fait valoir ses intentions à ce sujet. Atteinte à l’indépendance

L’avis de la BCE était donc particulièrement dévastateur au sujet de l’attribution des nouvelles missions devant être confiées à la BCL, entre autres celle de devenir l’organisme indépendant chargé de surveiller le respect des règles budgétaires, attribution allant au-delà du statut monétaire de la BCL et de sa loi organique (loi du 23 décembre 1998). Mario Draghi avait des craintes pour l’indépendance de la BCL car à ses yeux, le rôle d’une banque centrale nationale (BCN) d’assurer le suivi du respect des règles budgétaires (ce qui impliquait que la BCL procède à des évaluations portant notamment sur des questions budgétaires et ait ainsi une responsabilité générale en matière d’évaluation des prévisions macroéconomiques et budgétaires) risquait « de porter atteinte à ses missions de politique monétaire et à son indépendance ». D’autant plus que l’avis de la Chambre de commerce, qui avait encore été rédigé alors que Pierre Gramegna en était le directeur, suggérait des amendements pour mettre à côté de la BCL une structure ad hoc la surveillant. Ce qui aurait, de facto, fait courir le risque à la Banque centrale du Luxembourg d’être mise sous une forme de tutelle des milieux financiers.

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Finances publiques

La règle d’or qui divise

À sa manière, Gaston Reinesch cherche aussi à influencer la direction que le gouvernement prendra en engageant une réforme fiscale avant la fin de cette législature. Le gouverneur de la BCL revendique plus d’équité fiscale.

Gaston Reinesch est aux commandes de la Banque centrale du Luxembourg depuis un an, dans un silence religieux. Son style à part, qui tranche avec les manières de son prédécesseur Yves Mersch, ne le rend pas pour autant inefficace. Face aux exigences européennes en matière d’équilibre budgétaire, la BCL verra son rôle renforcé. Texte Véronique Poujol

Son autre cheval de bataille est l’équité fiscale. Il est rassurant de voir un gouverneur de banque centrale pointer du doigt les inégalités croissantes dans la population et demander de passer au crible les différents transferts sociaux, d’abord pour en maîtriser la progression, ensuite pour les redistribuer positivement. À sa manière, Gaston Reinesch cherche aussi à influencer la direction que le gouvernement prendra en engageant une réforme fiscale avant la fin de la législature. Rien ne pourra être fait sans un « screening » des dépenses fiscales. Et pour cela, il faut non seulement des données fiables au sujet des taux d’imposition effectifs tant des ménages que des entreprises, mais surtout faire circuler l’information. Jusqu’à présent, ce n’était pas le fort du ministère des Finances. Or, la publication des procès verbaux et documents ayant servi de base aux négociations gouvernementales entre le DP, le LSAP et Déi Gréng a prouvé que des chiffres extrêmement précis étaient déjà en possession des administrations fiscales, mais jamais diffusés, pas même à la Banque centrale du Luxembourg, qui en a dénoncé récemment l’opacité.

Photo : ECB

Accès illimité aux informations

L’institution de Francfort a ses suggestions linéaires pour le Luxembourg. La BCL n’a pas nécessairement les mêmes vues.

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G

aston Reinesch est aux commandes de la Banque centrale du Luxembourg depuis un an et, contrairement à son prédécesseur Yves Mersch, qui avait ses abonnements pour alimenter régulièrement la presse et ne craignait pas la controverse ni l’adversité, l’actuel gouverneur se montre discret : il n’a pas (encore) accordé d’interview… Il pourrait prochainement briser le silence qu’il s’était imposé depuis son arrivée, sans doute par souci d’efficacité et d’action collective. Le style de management de Reinesch est à l’opposé de celui de Mersch : le premier ne signe pas les éditoriaux des Bulletins de la BCL, alors que le second se mettait en scène pratiquement à chaque publication. Gaston Reinesch, qui a eu le temps de faire le tour du propriétaire, agit donc discrètement,

mais non moins efficacement, pour rendre incontournable l’influence de la BCL. Il connaît les ressorts pour actionner les clignotants orange lorsque c’est nécessaire et délivrer des messages d’avertissement lorsqu’il le faut. Il suffit de lire entre les lignes et de décrypter les Bulletins de la BCL depuis son arrivée en janvier 2013. On se souviendra ainsi, peu avant les élections, de son message au sujet de la vente programmée de la participation de 34 % de l’État dans BGL BNP Paribas qui permettrait de diluer la dette publique luxembourgeoise à 22 % du PIB, contre 26 % sans cette vente. Vendre oui, mais dans le souci de l’intérêt général et en évitant les conflits d’intérêts, a laissé entendre le gouverneur de la BCL qui fut auparavant le président du conseil d’administration de cette banque.

S’il y a une victoire que le gouverneur de la BCL a remportée depuis qu’il dirige cette institution, c’est bien celle de l’accès aux informations relatives aux finances publiques. Un accès illimité qui lui permettra de réaliser en toute indépendance des analyses approfondies sur l’état des finances publiques mais sans avoir de mandat formel, comme le voulait pourtant le ministère des Finances lorsqu’il a cherché à transposer le dernier volet du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG), plus connu sous le terme générique de la règle d’or des finances publiques pour éviter un endettement excessif des États membres de l’UE. Cette avancée, dont on sous-estime l’importance, a pu se faire à la faveur de l’avis que la Banque centrale européenne avait rendu en décembre au sujet de la transposition du traité, qui aurait d’ailleurs dû se faire avant le 1er janvier 2014. On voit mal

comment le gouvernement « Gambie » pourra désormais faire une reculade et contrarier la BCL lorsqu’elle réclamera que lui soit fourni cet accès à toutes les données, à commencer par celles de l’Administration des contributions directes et de l’Administration de l’enregistrement. La BCE en a fait un préalable. L’avis sur huit pages signé de Mario Draghi, le président de la BCE, avait d’ailleurs mis en pièces le projet de loi qui avait été rédigé par les services de l’ancien ministre des Finances, Luc Frieden (CSV). Du coup, son successeur Pierre Gramegna (DP) – qui expérimente des relations parfois houleuses avec les hauts fonctionnaires toujours en poste aux Finances – a dû remettre le projet de loi sur le métier en retirant notamment les attributions formelles qui devaient être octroyées à la BCL pour, entre autres, surveiller au niveau national le respect des exigences d’équilibre budgétaire des administrations publiques. Dans une interview à paperJam2 de février, Pierre Gramegna avait indiqué avoir abandonné l’idée de confier à la Banque centrale du Luxembourg le rôle d’entité budgétaire autonome, prévu par le TSCG, dans la mesure où cette attribution risquait de nuire à l’indépendance de la banque, comme l’avait d’ailleurs souligné l’avis de la BCE. Le ministre entend confier ce rôle de « veilleur » de l’équilibre budgétaire à une entité ad hoc, le Conseil des finances publiques. La Commission parlementaire des finances et du budget n’a pas encore été saisie d’amendements dans ce sens de la part du gouvernement, a toutefois fait savoir son président Marc Hansen (DP) à paperJam. « Ce projet de loi ne fait pas partie des priorités de notre commission », a expliqué le député. Il est vrai que la confection du projet de budget 2014, en souffrance pour cause d’élections anticipées et annoncé pour mars prochain, remplit l’agenda des membres de cette commission. La BCE n’avait pas été très tendre avec le projet de loi sur la règle d’or, critiquant d’abord la technique législative de son adoption et le fait que l’équilibre budgétaire n’ait pas été ancré en lettres d’or dans la Constitution luxembourgeoise : « Le projet de loi a été conçu comme un texte ordinaire qui pourrait être modifié par toute autre loi ordinaire (y compris une loi

budgétaire) », notait l’avis de Mario Draghi. Une autre critique de la BCE portait sur la faiblesse des mécanismes de correction en cas de dérapage budgétaire : « Le mécanisme de correction des écarts constatés n’opère pas de manière automatique » et ne précise pas davantage la nature des correctifs, « les laissant à l’entière discrétion du gouvernement ». La BCE suggérait ainsi au législateur luxembourgeois de prévoir des délais plus stricts, alors que le projet de loi tel qu’il est actuellement prévoit qu’en cas de dérapage, les mesures de correction et de rétablissement de la trajectoire d’ajustement doivent être prises au plus tard dans le projet de budget pour l’année à venir. C’est insuffisant aux yeux de l’institution de Francfort. Pierre Gramegna n’a pas encore fait valoir ses intentions à ce sujet. Atteinte à l’indépendance

L’avis de la BCE était donc particulièrement dévastateur au sujet de l’attribution des nouvelles missions devant être confiées à la BCL, entre autres celle de devenir l’organisme indépendant chargé de surveiller le respect des règles budgétaires, attribution allant au-delà du statut monétaire de la BCL et de sa loi organique (loi du 23 décembre 1998). Mario Draghi avait des craintes pour l’indépendance de la BCL car à ses yeux, le rôle d’une banque centrale nationale (BCN) d’assurer le suivi du respect des règles budgétaires (ce qui impliquait que la BCL procède à des évaluations portant notamment sur des questions budgétaires et ait ainsi une responsabilité générale en matière d’évaluation des prévisions macroéconomiques et budgétaires) risquait « de porter atteinte à ses missions de politique monétaire et à son indépendance ». D’autant plus que l’avis de la Chambre de commerce, qui avait encore été rédigé alors que Pierre Gramegna en était le directeur, suggérait des amendements pour mettre à côté de la BCL une structure ad hoc la surveillant. Ce qui aurait, de facto, fait courir le risque à la Banque centrale du Luxembourg d’être mise sous une forme de tutelle des milieux financiers.

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« Ce projet de loi (sur la règle d’or) ne fait pas partie des priorités de notre commission », explique le député libéral et président de la Commission des finances et du budget, Marc Hansen.

La BCE voyait des incompatibilités entre la mission de politique monétaire de la BCL et le rôle que le projet de loi entendait lui donner dans le suivi des prévisions macroéconomiques et budgétaires. Il l’aurait en outre exposée « à la controverse politique » et aurait pu avoir « une incidence négative sur les relations de travail entre la BCN et le gouvernement, sur la perception de la BCN dans le public et, le cas échéant, porter atteinte à l’indépendance de celle-ci ». « L’attribution à une BCN d’une mission formelle d’évaluer des prévisions et des développements budgétaires implique que celle-ci remplisse une fonction dans le processus d’élaboration des politiques budgétaires. Une BCN se voyant ainsi confier une partie de la responsabilité de la politique budgétaire, la frontière institutionnelle entre politiques budgétaire et institutionnelle devient floue », écrivait Mario Draghi en décembre en demandant au ministère des Finances de « reconsidérer » son projet de loi. Ceci dit, le retrait de cette mission formelle n’enlève rien à la nécessité d’avoir accès à la base de données du ministère des Finances. C’est donc ici une avancée de taille pour l’institution dirigée par Gaston Reinesch, qui ne se privera sans doute pas de faire usage de cette faculté. Augmentation de capital

L’avis de la BCE avait aussi été une occasion de remettre sur la table la question de la recapitalisation de la BCL, en souffrance depuis plusieurs années. En septembre 2012, la radio 100,7 avait révélé l’existence d’un avant-projet de loi devant faire passer de 175 millions à 1,5 milliard d’euros le capital de la BCL, en ne libérant qu’un montant de 900 millions d’euros, dont seulement 200 en cash. Cette recapitalisation fut un sujet de controverse, d’abord parce qu’une grande partie de l’injection de capitaux, 700 millions d’euros, correspondait à un « jeu d’écritures », une conversion par l’État luxembourgeois de ses propres dépôts qui aurait ressemblé à une recapitalisation « sur le papier »,

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sans répondre aux besoins financiers de la BCL pour assurer son développement. Ensuite parce que selon l’avant-projet, les 200 millions d’euros d’apport en liquide n’auraient pas été comptabilisés dans le calcul du budget de l’État. Le projet de texte a été depuis lors soigneusement rangé dans les tiroirs du ministère des Finances et ne devrait pas en ressortir de sitôt, d’autant que dans l’intervalle, un nouveau ministre en a pris les commandes et que la déclaration du gouvernement « Gambie » ne fait aucune mention d’une recapitalisation de la BCL. La Banque centrale du Luxembourg semble avoir pris son destin en main en faisant plancher ses experts sur différents scénarios de l’évolution de son bilan pour déterminer ses besoins de capitaux et présenter ensuite des propositions « raisonnables » au gouvernement. Dans son avis du 18 décembre 2013 sur le projet de loi relatif à la coordination et à la gouvernance des finances publiques, la Banque centrale européenne avait rappelé opportunément aux autorités que l’indépendance financière était un élément du principe d’indépendance des banques centrales, ce qui impliquait de disposer « de moyens suffisants, non seulement pour accomplir ses missions relatives au SEBC (système européen de banques centrales, c’est-à-dire la BCE plus les 28 banques centrales de l’UE, ndlr) ou à l’Eurogroupe, mais aussi ses missions nationales, par exemple le financement de son administration et de ses interventions propres ».

Discret, mais redoutablement efficace, Gaston Reinesch occupe depuis un an le mandat de gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg. Il a beau ne pas se répandre dans la presse et ne pas signer les éditoriaux des publications de la BCL, son influence n’en reste pas moins importante, surtout pour défendre l’indépendance de son institution, parfois battue en brèche. Les vues européennes, par exemple, doivent être incorporées dans la façon de voir et de fonctionner.


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Droits à la copie privée

Coup dur à venir pour Amazon La société Zentralstelle für private Überspielungsrechte (ZPÜ), gérant les droits d’auteur en Allemagne, a engagé une procédure contre huit entités luxembourgeoises du groupe Amazon pour récupérer les droits de copie privée que le géant américain du commerce en ligne n’a pas payés depuis 2010. Au Luxembourg, il y a un vide juridique, mais la loi allemande impose le paiement de la redevance sur la copie privée à tous les opérateurs, même s’ils ne sont pas établis en Allemagne.

« Les consommateurs luxembourgeois ne paient pas de compensation équitable aux auteurs. » Pol Urbany

L’avocat Pol Urbany, spécialiste des droits d’auteur, défend les intérêts de ZPÜ. Il explique les enjeux juridiques et financiers de cette procédure qui va faire parler d’elle. Interview Véronique Poujol Photo Jessica Theis

public par l’offre en vente, vont non seulement être achetés, mais aussi être copiés, et ce massivement. De nos jours, les consommateurs achetant une œuvre ont d’innombrables moyens pour la reproduire, donc pour copier et pour stocker et remettre telle copie à des amis ou connaissances qui, à leur tour, font des copies. Le résultat est connu : les auteurs sont privés de revenus. Il y a 50 ans, lorsque vous vouliez disposer des chansons de votre groupe préféré, vous deviez acheter l’album en vinyle. Faute de moyens de copiage, les membres de votre famille, vos amis, vos connaissances devaient eux aussi acheter l’album. Ainsi, les revenus de toutes les personnes impliquées dans le processus de composition, réalisation artistique et production étaient assurés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : vous copiez le CD acheté sur votre PC et à partir de là, de nombreuses copies peuvent être réalisées sur tous vos supports, téléphone portable, tablette, iPod ou iPad, etc.

Amazon a été attiré par la fiscalité, mais aussi par l’absence de réglementation sur la copie privée.

— MARS 2014

Maître Urbany, on parle beaucoup des droits d’auteur, moins des redevances pour la copie privée qui sont au cœur de l’assignation que ZPÜ a lancée en fin d’année devant le tribunal siégeant en matière commerciale... « Il faut d’abord comprendre les principes fondamentaux : tout auteur d’une œuvre, qu’elle soit musicale, littéraire, artistique ou autre, en est le

propriétaire. C’est lui seul qui dispose du droit d’en faire des copies ou de les autoriser. La loi garantit ce droit comme suit : ‘L’auteur jouit du droit exclusif d’autoriser la reproduction de son œuvre, de quelque manière et sous quelque forme que ce soit.’ C’est à partir du moment où l’œuvre de l’auteur a été mise à disposition du public qu’un problème va se poser : les musiques, films, livres, une fois mis à disposition du

Mais comment éviter un tel copiage massif ? « C’est là où le bât blesse. Il est évidemment impossible d’éviter ce copiage, voilà pourquoi les législateurs à travers le monde, plus particulièrement les autorités communautaires et les législateurs des pays européens, ont choisi le mécanisme suivant : la loi, tout en soulignant le droit de reproduction exclusif de l’auteur, autorise des exceptions à ce droit, dès que l’œuvre a été rendue accessible au public. L’une des exceptions est précisément celle de la ‘copie privée’ : l’acheteur de l’œuvre peut la copier pour son usage privé et à des fins non commerciales, mais sous condition que l’auteur reçoive, en contrepartie, une rémunération équitable pour cette copie privée. On peut aussi qualifier cette rémunération de redevance pécuniaire à laquelle a droit l’auteur.

Comment cette redevance est-elle encaissée ? « Le système mis en place dans divers pays européens est génial : le consommateur qui copie paie les redevances sans qu’il ne s’en aperçoive. Les redevances sont payées sur les supports pouvant enregistrer des œuvres, comme les CD-R, sticks USB, cartes SD, etc., ainsi que sur les appareils permettant des enregistrements d’œuvres. Selon la législation applicable, la perception des droits à la copie privée a lieu soit auprès du fabricant des supports ou appareils, soit auprès des vendeurs ou revendeurs, soit auprès des importateurs. Les redevances sont donc pour ainsi dire payées par un prélèvement à la source. En achetant l’appareil et des supports, le consommateur acquiert pour ainsi dire le droit à la copie privée sur tous ces supports et appareils. C’est le cas, entre autres, pour la France, la Belgique et l’Allemagne. Comment le législateur luxembourgeois a-t-il réglé la question des droits à la copie privée ? « Au Luxembourg, les auteurs sont les parents pauvres de notre législation sur les droits d’auteur. Le droit à la rémunération, nommé ‘compensation équitable’, a été introduit par le législateur luxembourgeois par la loi du 18 avril 2004 modifiant l’article 10, point 4 de la loi du 18 avril 2001. Mais cette loi concernant la copie privée est restée lettre morte, faute de règlement grand-ducal régissant la fixation et la perception de cette compensation. L es consommateurs luxembourgeois ne paient donc pas de compensation équitable aux auteurs. La conséquence, très méconnue, est catastrophique : puisque les consommateurs luxembourgeois ne paient pas de compensation équitable, l’exception au droit exclusif de reproduction de l’auteur n’existe pas, c’est-àdire que sur le territoire luxembourgeois, les gens n’ont pas le droit de copier des œuvres pour leur besoin privé.

Et faute de droit, le fait de copier constitue tout simplement le délit de contrefaçon, puni par la loi d’une amende de 10.001 à 10 millions d’euros, sans parler de la responsabilité civile avec dommages-intérêts. Aucune redevance n’est actuellement payée à Luxembourg. On explique cette carence par le fait que les gouvernements n’étaient jusqu’à présent pas trop intéressés par la matière ni trop pressés, le pays et son marché étant étroit et la mise en œuvre d’une tarification avec un système de perception étant laborieuse.  L’absence de système de tarification et de perception des redevances a-t-elle joué un rôle dans l’installation de firmes de commerce en ligne au Grand-Duché ? « Cette situation a vraisemblablement eu une certaine influence sur le choix d’opérateurs, comme Amazon, de localiser au Luxembourg son centre de facturation ainsi que d’autres entités du groupe. La relative bonne fiscalité et la proximité de la place financière ont certainement déterminé le choix de l’établissement au Grand-Duché, mais la non-existence d’un règlement grand-ducal garantissant une redevance aux auteurs pour la copie privée a, je pense, aussi joué, car aucune autorité luxembourgeoise, aucune société de gestion collective luxembourgeoise ne peuvent prélever de redevance sur les supports ni les appareils. Il est donc permis d'admettre que cette situation luxembourgeoise a amené certains individus ou sociétés actifs dans la fabrication et le commerce des supports et appareils à fixer leur siège au Luxembourg. Il y en a qui facturent et encaissent, sous couvert de cette localisation, les prix de vente pour ces supports et appareils, même vendus vers l’étranger. Dans ce cas, le but visé est celui de contourner la législation des pays de résidence des consommateurs, en espèrant pourvoir ainsi échapper à la perception des redevances redues dans ces pays.

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Droits à la copie privée

Coup dur à venir pour Amazon La société Zentralstelle für private Überspielungsrechte (ZPÜ), gérant les droits d’auteur en Allemagne, a engagé une procédure contre huit entités luxembourgeoises du groupe Amazon pour récupérer les droits de copie privée que le géant américain du commerce en ligne n’a pas payés depuis 2010. Au Luxembourg, il y a un vide juridique, mais la loi allemande impose le paiement de la redevance sur la copie privée à tous les opérateurs, même s’ils ne sont pas établis en Allemagne.

« Les consommateurs luxembourgeois ne paient pas de compensation équitable aux auteurs. » Pol Urbany

L’avocat Pol Urbany, spécialiste des droits d’auteur, défend les intérêts de ZPÜ. Il explique les enjeux juridiques et financiers de cette procédure qui va faire parler d’elle. Interview Véronique Poujol Photo Jessica Theis

public par l’offre en vente, vont non seulement être achetés, mais aussi être copiés, et ce massivement. De nos jours, les consommateurs achetant une œuvre ont d’innombrables moyens pour la reproduire, donc pour copier et pour stocker et remettre telle copie à des amis ou connaissances qui, à leur tour, font des copies. Le résultat est connu : les auteurs sont privés de revenus. Il y a 50 ans, lorsque vous vouliez disposer des chansons de votre groupe préféré, vous deviez acheter l’album en vinyle. Faute de moyens de copiage, les membres de votre famille, vos amis, vos connaissances devaient eux aussi acheter l’album. Ainsi, les revenus de toutes les personnes impliquées dans le processus de composition, réalisation artistique et production étaient assurés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : vous copiez le CD acheté sur votre PC et à partir de là, de nombreuses copies peuvent être réalisées sur tous vos supports, téléphone portable, tablette, iPod ou iPad, etc.

Amazon a été attiré par la fiscalité, mais aussi par l’absence de réglementation sur la copie privée.

— MARS 2014

Maître Urbany, on parle beaucoup des droits d’auteur, moins des redevances pour la copie privée qui sont au cœur de l’assignation que ZPÜ a lancée en fin d’année devant le tribunal siégeant en matière commerciale... « Il faut d’abord comprendre les principes fondamentaux : tout auteur d’une œuvre, qu’elle soit musicale, littéraire, artistique ou autre, en est le

propriétaire. C’est lui seul qui dispose du droit d’en faire des copies ou de les autoriser. La loi garantit ce droit comme suit : ‘L’auteur jouit du droit exclusif d’autoriser la reproduction de son œuvre, de quelque manière et sous quelque forme que ce soit.’ C’est à partir du moment où l’œuvre de l’auteur a été mise à disposition du public qu’un problème va se poser : les musiques, films, livres, une fois mis à disposition du

Mais comment éviter un tel copiage massif ? « C’est là où le bât blesse. Il est évidemment impossible d’éviter ce copiage, voilà pourquoi les législateurs à travers le monde, plus particulièrement les autorités communautaires et les législateurs des pays européens, ont choisi le mécanisme suivant : la loi, tout en soulignant le droit de reproduction exclusif de l’auteur, autorise des exceptions à ce droit, dès que l’œuvre a été rendue accessible au public. L’une des exceptions est précisément celle de la ‘copie privée’ : l’acheteur de l’œuvre peut la copier pour son usage privé et à des fins non commerciales, mais sous condition que l’auteur reçoive, en contrepartie, une rémunération équitable pour cette copie privée. On peut aussi qualifier cette rémunération de redevance pécuniaire à laquelle a droit l’auteur.

Comment cette redevance est-elle encaissée ? « Le système mis en place dans divers pays européens est génial : le consommateur qui copie paie les redevances sans qu’il ne s’en aperçoive. Les redevances sont payées sur les supports pouvant enregistrer des œuvres, comme les CD-R, sticks USB, cartes SD, etc., ainsi que sur les appareils permettant des enregistrements d’œuvres. Selon la législation applicable, la perception des droits à la copie privée a lieu soit auprès du fabricant des supports ou appareils, soit auprès des vendeurs ou revendeurs, soit auprès des importateurs. Les redevances sont donc pour ainsi dire payées par un prélèvement à la source. En achetant l’appareil et des supports, le consommateur acquiert pour ainsi dire le droit à la copie privée sur tous ces supports et appareils. C’est le cas, entre autres, pour la France, la Belgique et l’Allemagne. Comment le législateur luxembourgeois a-t-il réglé la question des droits à la copie privée ? « Au Luxembourg, les auteurs sont les parents pauvres de notre législation sur les droits d’auteur. Le droit à la rémunération, nommé ‘compensation équitable’, a été introduit par le législateur luxembourgeois par la loi du 18 avril 2004 modifiant l’article 10, point 4 de la loi du 18 avril 2001. Mais cette loi concernant la copie privée est restée lettre morte, faute de règlement grand-ducal régissant la fixation et la perception de cette compensation. L es consommateurs luxembourgeois ne paient donc pas de compensation équitable aux auteurs. La conséquence, très méconnue, est catastrophique : puisque les consommateurs luxembourgeois ne paient pas de compensation équitable, l’exception au droit exclusif de reproduction de l’auteur n’existe pas, c’est-àdire que sur le territoire luxembourgeois, les gens n’ont pas le droit de copier des œuvres pour leur besoin privé.

Et faute de droit, le fait de copier constitue tout simplement le délit de contrefaçon, puni par la loi d’une amende de 10.001 à 10 millions d’euros, sans parler de la responsabilité civile avec dommages-intérêts. Aucune redevance n’est actuellement payée à Luxembourg. On explique cette carence par le fait que les gouvernements n’étaient jusqu’à présent pas trop intéressés par la matière ni trop pressés, le pays et son marché étant étroit et la mise en œuvre d’une tarification avec un système de perception étant laborieuse.  L’absence de système de tarification et de perception des redevances a-t-elle joué un rôle dans l’installation de firmes de commerce en ligne au Grand-Duché ? « Cette situation a vraisemblablement eu une certaine influence sur le choix d’opérateurs, comme Amazon, de localiser au Luxembourg son centre de facturation ainsi que d’autres entités du groupe. La relative bonne fiscalité et la proximité de la place financière ont certainement déterminé le choix de l’établissement au Grand-Duché, mais la non-existence d’un règlement grand-ducal garantissant une redevance aux auteurs pour la copie privée a, je pense, aussi joué, car aucune autorité luxembourgeoise, aucune société de gestion collective luxembourgeoise ne peuvent prélever de redevance sur les supports ni les appareils. Il est donc permis d'admettre que cette situation luxembourgeoise a amené certains individus ou sociétés actifs dans la fabrication et le commerce des supports et appareils à fixer leur siège au Luxembourg. Il y en a qui facturent et encaissent, sous couvert de cette localisation, les prix de vente pour ces supports et appareils, même vendus vers l’étranger. Dans ce cas, le but visé est celui de contourner la législation des pays de résidence des consommateurs, en espèrant pourvoir ainsi échapper à la perception des redevances redues dans ces pays.

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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Pol Urbany a déjà gagné des batailles en matière de droits d’auteur.

« Nous ne sommes pas un pays bananier, une île sur laquelle on peut se localiser pour rire au nez des auteurs d’Europe et du monde. » Pol Urbany

Comment se présente le cas d’Amazon ? « Tout le monde connaît Amazon.de et le DE fait évidemment référence à ‘Deutschland’. En réalité, il s’agit d’un site de vente en ligne qui a comme destinataires principaux des dizaines de millions de consommateurs allemands. Mais le site Amazon.de est exploité par une firme luxembourgeoise, Amazon EU sàrl qui, par ailleurs, est seul actionnaire d’Amazon.de GmbH, lequel dispose de nombreux halls de stockage et de logistique en Allemagne. Or, la loi allemande sur les redevances pour la copie privée s’applique à toute mise en circulation en Allemagne et à toute vente à des consommateurs y résidant ainsi qu’à toute introduction ou réintroduction dans le pays, peu importe le lieu à partir duquel la mise en circulation est organisée ou gérée. La perception des redevances à ZPÜ se fait en deux étapes : la première oblige solidairement le fabricant, le vendeur, l’importateur et chacun mettant en circulation des supports ou appareils sur le territoire allemand à fournir toutes les informations pour le calcul des redevances. C’est à partir de ces informations que se font les calculs des redevances qui sont, à titre d’exemple, fixées à 15 euros pour une tablette, 11 euros pour un smartphone et

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4 euros pour un téléphone portable ordinaire. Amazon EU sàrl et ses autres entités au Luxembourg ont refusé de fournir ces informations, alors que ZPÜ leur en a fait la demande formelle. C’est en raison du non-respect de ces obligations que la ZPÜ a dû agir en justice. Amazon EU reconnaît-elle maintenant ses obligations déclaratives ? « Disons qu’Amazon les connaît. En date du 15 novembre 2012, par avocat interposé, la société a indiqué qu’elle fournirait les informations demandées, mais qu’en raison d’un congé de maternité de la responsable, il fallait attendre son retour à partir du 15 janvier 2013. Or, aucune information n’est à ce jour parvenue à la ZPÜ. Que demandez-vous au tribunal ? « Dans une première étape, il s’agit de forcer Amazon à fournir à ZPÜ toutes les informations requises sur le nombre et le type de supports et d’appareils vendus, importés ou mis en circulation en Allemagne. Dans la mesure où ces informations n’ont pas été fournies volontairement, nous demandons un jugement interlocutoire destiné à condamner Amazon à nous remettre ces informations, sous peine d’une astreinte


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

« Le but est de contourner la législation des pays de résidence des consommateurs en espérant pouvoir échapper à la perception des redevances. » Pol Urbany

de 10.000 euros par jour de retard. Dans une deuxième étape, les redevances seront calculées suivant les tarifs établis. Sauf paiement volontaire, nous demandons au tribunal la condamnation d'Amazon au paiement des sommes demandées. ZPÜ peut-elle déjà estimer son préjudice ? « L’enjeu est important. Il est provisoirement évalué, sous réserve de majoration en cours d’instance, à la somme d’1 million d’euros. Mais, compte tenu de la part de marché gigantesque des assignés, tout porte à croire que les montants sont bien plus importants et pourront s’élever, in fine, à plusieurs millions d’euros soustraits. Y a-t-il des précédents qui vous rendent confiant sur la suite de la procédure lancée au Luxembourg ? « Oui, j’ai déjà obtenu un jugement au Luxembourg sur la base de la loi allemande contre une entreprise domiciliée au Luxembourg et spécialisée dans la vente de supports (CD-R, DVD-R, etc.) vers l'Allemagne sans payer les redevances. Le tribunal luxembourgeois, confirmé par la Cour d'appel, s’est déclaré compétent et a jugé la demande fondée en application de la loi allemande, mais la société s’est déclarée en liquidation et n’a pas payé les droits. Pour Amazon, je ne crains pas qu’elle soit mise en liquidation lorsque nous en viendrons au calcul et au paiement des redevances.

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Où en est la procédure et quelle est la position défendue par Amazon EU et les entités luxembourgeoises assignées ? « On en est au stade des échanges de conclusions avec l’argumentation juridique. Amazon refuse de fournir volontairement les informations demandées et donc également de payer des redevances. Amazon se défend tous azimuts, c’est-à-dire avec des affirmations douteuses ou gratuites et par une panoplie de moyens qui, pour moi, ne sont pas convaincants. Amazon bombarde notamment le tribunal de questions préjudicielles à poser à la Cour de justice des Communautés européennes. Mais ces moyens ont déjà été, soit expressément, soit implicitement, rejetés par cette même Cour de justice. À l’étranger, dans des cas identiques, Amazon a déjà été condamnée. Le tribunal de Bruxelles, s’appuyant sur le droit européen, à savoir la directive 2001/29 du 22 mai 2001, et sur le droit belge disposant, lui, d’une réglementation pour les redevances, au contraire du Luxembourg, a condamné Amazon à cesser les infractions, à déclarer ses ventes et à payer les redevances. Ce qui est intéressant dans les affaires pendantes devant le tribunal de Luxembourg que je traite pour ZPÜ, c’est que précisément Amazon demande principalement au tribunal de déclarer applicable la loi luxembourgeoise et non la loi allemande. La boucle est bouclée : le choix du site doit donc avoir eu lieu en partie pour échapper aux redevances pour les auteurs. Mais cela ne passera pas, j’y veillerai.

Au Luxembourg, pensez-vous que cette affaire puisse avoir une influence sur le législateur pour qu’il comble le vide laissé depuis plus de 10 ans en matière de copie privée ? « J’espère que même sans cette affaire, j’arriverai à animer le nouveau gouvernement à faire ses devoirs. Nous ne sommes pas un pays bananier, une île sur laquelle on peut se localiser pour rire au nez des auteurs d’Europe et du monde. En plus, ne pas avoir un œil sur les redevances légitimement redues aux auteurs, constituant le seul revenu pour leur travail, c’est prendre le risque qu’un jour il n’y ait plus d’auteurs. Dans la musique, la situation des auteurs est devenue dramatique en raison du copiage non rémunéré. C’est la même chose pour les livres et c’est dangereux pour notre culture.  Ce procès constitue sans aucun doute un enjeu majeur. Amazon a sorti toutes les armes et munitions juridiques pensables. Si elle perd, ce dont je ne doute pas, cela fera jurisprudence dans toute l’Europe et donnera du courage aux autres sociétés de gestion collectives face à Amazon. Personnellement, étant moi-même musicien, réalisateur et producteur artistique dans mon temps libre, je suis d’avis qu’Amazon ferait mieux d’arrêter ce jeu malin et de payer les redevances à ceux qui y ont droit. Ce serait montrer la grandeur que ce géant du marché s’attribue. Cette entreprise richissime ne va pas s’effondrer si elle paie les redevances dues, au contraire de ceux qui ne les touchent pas. »


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TRADITION

Réception du Nouvel An de la Fedil

La Fedil avait convié les décideurs luxembourgeois à sa traditionnelle réception de Nouvel An à Luxexpo. Organisée le 23 janvier, elle était rehaussée par la présence du Premier ministre et du ministre irlandais de l’Économie, Eamon Gilmore. Photos Jessica Theis

Robert Dennewald (président de la Fedil)

Marc Lauer (Foyer)

Jos Dell (Ordre des architectes-conseils et ingénieurs) et Martine Bertrand (Marbrerie Bertrand)

Eamon Gilmore (ministre irlandais de l’Économie)

Xavier Bettel (Premier ministre), Robert Dennewald (Fedil) et Eamon Gilmore (ministre irlandais de l’Économie)

Diana Rutledge (Chambre de commerce)

Julian Profitt (Raval Europe)

Marc Schmitz (EY)

Alain Krecké (Cluster for Logistics) et Jeannot Erpelding (Société de promotion de l’aéroport) — MARS 2014


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Coverstory

Le Luxembourg est entré dans une nouvelle ère politique, il faut passer à l’étape suivante. Les défis économiques, la diversification, le développement, le retour à la croissance sont en point de mire. Au sein de l’équipe gouvernementale, Étienne Schneider a conquis la place de numéro 2. Et de Mister Business. Avec un entourage qu’il élabore, avec des moyens qu’il se donne, avec une méthode qu’il définit, avec les idées qu’il poursuit, il se positionne et accepte la mission. Mais l’Économie, dans un ministère élargi, a ses contingences et il faudra en tenir compte. Quantité d’autres acteurs sont dans le jeu. Parfois même, ils en dictent les règles où distribuent les pénalités. À côté des plans ministériels, il était donc utile de se pencher sur les recommandations de l’OCDE, par exemple. Celle-ci juge le Luxembourg sur la bonne voie, ce qui fait déjà écho à certains changements ou chantiers en cours. C’est, notamment, important pour l’image se dégageant d’un pays qui, pour se trouver de nouvelles portes de sortie de crise, doit continuer à faire entrer des investisseurs étrangers. Et prospecter, se vendre. Les consuls et les attachés aux LTIO, les bureaux commerciaux du Luxembourg dans quelques points stratégiques de la planète, font partie de ces « ambassadeurs », méconnus et qui gagnent à toujours mieux connaître le « produit » Grand-Duché . Là aussi , on y travaille…

Mister Business

Textes Alain Ducat Jean-Michel Gaudron Thierry Raizer

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Mister Business Textes Alain Ducat Jean-Michel Gaudron Thierry Raizer

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Étienne Schneider

Étienne Schneider est aux commandes d’un « super ministère » de l’Économie, qui englobe aussi les Classes moyennes, le Tourisme… Avec l’aide de la secrétaire d’État Francine Closener pour le suivi des entreprises nationales, le ministre veut plus que jamais aller chercher la valeur et séduire hors des frontières. Pour les petites comme pour les grandes entreprises, il prône le « one stop shop ». INTERVIEW JEAN-MICHEL GAUDRON

Monsieur Schneider, à quoi ont ressemblé les premières semaines de votre retour dans le costume du ministre de l’Économie, avec des compétences élargies ? « Elles ont été très mouvementées ! L’intégration de l’ancien ministère des Classes moyennes dans l’économie au sens large prend un certain temps. Mais c’est le volet le plus facile, car, comme il s’agit d’économie, je m’intéressais déjà aux dossiers et les connais assez bien. J’ai décidé de rajouter deux directions générales au ministère de l’Économie. Une DG va s’occuper des Classes moyennes et l’autre du Tourisme. Je vais, dans le même temps, libérer Tom Theves de sa charge à la DG, pour lui permettre d’assumer le rôle de chef de cabinet de tous les ministères qui m’incombent. Le grand ministère de l’Économie, la Défense, la Sécurité intérieure. J’ai besoin d’une personne de confiance qui gère notamment les relations entre directions générales et ministères. Quels sont les effets escomptés de ce « grand ministère » ? « L’avantage, c’est d’être dans une logique de ‘one stop shop’. Tout ce qui touche à l’économie, c’est chez moi et chez Mme Closener, en tant que Secrétaire d’État. Jusqu’alors, beaucoup d’entreprises ne savaient pas toujours à quel ministère s’adresser. Le fait de regrouper toutes les procédures (les autori-

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sations en général, le commerce) est important. Et nous allons donc gérer le service de façon à ce qu’il y ait un seul point d’entrée gèrant toutes les autorisations. Idem pour le subventionnement. En fait, nous avons plusieurs moyens, des leviers intéressants pour aider les entreprises, selon leur type ou leurs besoins. Je crois que regrouper, cela fait avancer. J’ai l’intention de créer un seul groupe pour tout ce qui concerne ces subsides. Il y a un avantage pour le client. Et nous allons dans le sens de l’efficacité du ministère, qui a une mission de service à rendre. Le principe de concept unifié vous tient à cœur ? « Oui. Prenez un autre aspect. Jusqu’ici, le ministère de l’Économie organisait ses propres événements, foires et salons, à l’étranger et au Luxembourg. Les Classes moyennes aussi. Et le département Tourisme aussi. Une seule direction s’occupera à l’avenir de ces événements et nous aurons un concept unique à proposer. Il y a une remise en question de certaines choses aussi. Sans doute déciderons-nous de ne plus visiter certaines foires, surtout dans le domaine du tourisme. L’objectif est de mieux toucher le public ciblé. Et que devient le commerce extérieur ? « Le nom a disparu, par facilité. La mission reste évidemment. Les missions économiques étaient axées sur les grandes entreprises, les industries et

Photo: archives paperJam

«Vendre le pays à l’étranger, c’est une priorité »

les grands secteurs émergents, ICT, écotechnologies, biotechnologies… Avec un objet plus large, j’ai la possibilité d’organiser des missions économiques beaucoup plus diversifiées. Nous y incluons désormais les PME et un vecteur comme le tourisme, qui représente un volet extrêmement important pour le Luxembourg. Avec une nouvelle approche, nous pouvons vraiment réaliser de la valeur ajoutée et de la croissance dans ce domaine. C’est un des secteurs, à côté de la logistique, qui génère beaucoup de travail pour des personnes moins qualifiées. Or c’est un des problèmes à résoudre au Luxembourg. Le tourisme fait donc partie de la diversification ? « Oui. Et je veux que la politique du tourisme soit plus ciblée. Nous devons savoir qui nous voulons attirer. Les Néerlandais qui, soyons schématiques, ramènent tout dans leur caravane et ne dépensent pas grand-chose sur place ? Ou bien une clientèle d’une certaine aisance qui peut vraiment dépenser de l’argent et le fait volontiers ? C’est clairement là que nous devons viser. Pour ces cibles privilégiées, il faut avoir les infrastructures nécessaires et un concept national. Je vais donc revoir tout ce qui est plan d’action du tourisme pour arrêter le saupoudrage. Si je devais exagérer, je dirais que chaque hôtel qui change un bidet recevait un subside du ministère.

« Avec un objet plus large, on peut organiser des missions économiques beaucoup plus diversifiées. » MARS 2014 —


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Étienne Schneider

Étienne Schneider est aux commandes d’un « super ministère » de l’Économie, qui englobe aussi les Classes moyennes, le Tourisme… Avec l’aide de la secrétaire d’État Francine Closener pour le suivi des entreprises nationales, le ministre veut plus que jamais aller chercher la valeur et séduire hors des frontières. Pour les petites comme pour les grandes entreprises, il prône le « one stop shop ». INTERVIEW JEAN-MICHEL GAUDRON

Monsieur Schneider, à quoi ont ressemblé les premières semaines de votre retour dans le costume du ministre de l’Économie, avec des compétences élargies ? « Elles ont été très mouvementées ! L’intégration de l’ancien ministère des Classes moyennes dans l’économie au sens large prend un certain temps. Mais c’est le volet le plus facile, car, comme il s’agit d’économie, je m’intéressais déjà aux dossiers et les connais assez bien. J’ai décidé de rajouter deux directions générales au ministère de l’Économie. Une DG va s’occuper des Classes moyennes et l’autre du Tourisme. Je vais, dans le même temps, libérer Tom Theves de sa charge à la DG, pour lui permettre d’assumer le rôle de chef de cabinet de tous les ministères qui m’incombent. Le grand ministère de l’Économie, la Défense, la Sécurité intérieure. J’ai besoin d’une personne de confiance qui gère notamment les relations entre directions générales et ministères. Quels sont les effets escomptés de ce « grand ministère » ? « L’avantage, c’est d’être dans une logique de ‘one stop shop’. Tout ce qui touche à l’économie, c’est chez moi et chez Mme Closener, en tant que Secrétaire d’État. Jusqu’alors, beaucoup d’entreprises ne savaient pas toujours à quel ministère s’adresser. Le fait de regrouper toutes les procédures (les autori-

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sations en général, le commerce) est important. Et nous allons donc gérer le service de façon à ce qu’il y ait un seul point d’entrée gèrant toutes les autorisations. Idem pour le subventionnement. En fait, nous avons plusieurs moyens, des leviers intéressants pour aider les entreprises, selon leur type ou leurs besoins. Je crois que regrouper, cela fait avancer. J’ai l’intention de créer un seul groupe pour tout ce qui concerne ces subsides. Il y a un avantage pour le client. Et nous allons dans le sens de l’efficacité du ministère, qui a une mission de service à rendre. Le principe de concept unifié vous tient à cœur ? « Oui. Prenez un autre aspect. Jusqu’ici, le ministère de l’Économie organisait ses propres événements, foires et salons, à l’étranger et au Luxembourg. Les Classes moyennes aussi. Et le département Tourisme aussi. Une seule direction s’occupera à l’avenir de ces événements et nous aurons un concept unique à proposer. Il y a une remise en question de certaines choses aussi. Sans doute déciderons-nous de ne plus visiter certaines foires, surtout dans le domaine du tourisme. L’objectif est de mieux toucher le public ciblé. Et que devient le commerce extérieur ? « Le nom a disparu, par facilité. La mission reste évidemment. Les missions économiques étaient axées sur les grandes entreprises, les industries et

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«Vendre le pays à l’étranger, c’est une priorité »

les grands secteurs émergents, ICT, écotechnologies, biotechnologies… Avec un objet plus large, j’ai la possibilité d’organiser des missions économiques beaucoup plus diversifiées. Nous y incluons désormais les PME et un vecteur comme le tourisme, qui représente un volet extrêmement important pour le Luxembourg. Avec une nouvelle approche, nous pouvons vraiment réaliser de la valeur ajoutée et de la croissance dans ce domaine. C’est un des secteurs, à côté de la logistique, qui génère beaucoup de travail pour des personnes moins qualifiées. Or c’est un des problèmes à résoudre au Luxembourg. Le tourisme fait donc partie de la diversification ? « Oui. Et je veux que la politique du tourisme soit plus ciblée. Nous devons savoir qui nous voulons attirer. Les Néerlandais qui, soyons schématiques, ramènent tout dans leur caravane et ne dépensent pas grand-chose sur place ? Ou bien une clientèle d’une certaine aisance qui peut vraiment dépenser de l’argent et le fait volontiers ? C’est clairement là que nous devons viser. Pour ces cibles privilégiées, il faut avoir les infrastructures nécessaires et un concept national. Je vais donc revoir tout ce qui est plan d’action du tourisme pour arrêter le saupoudrage. Si je devais exagérer, je dirais que chaque hôtel qui change un bidet recevait un subside du ministère.

« Avec un objet plus large, on peut organiser des missions économiques beaucoup plus diversifiées. » MARS 2014 —

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« La qualité est un concept qu’il faut toujours avoir en point de mire. » On va établir une stratégie, région par région, pour que le concept touristique puisse marcher. Ceux qui investissent vraiment dans ce domaine auront le soutien de l’État. Peut-on parler de tourisme de qualité ? De business adapté au business ? « L a qualité est un concept qu’il faut toujours avoir en point de mire ! Ainsi, il ne faut pas oublier le tourisme de congrès, qui est pour deux tiers dans le total des nuitées. Mettre en avant ce voletlà et le promouvoir à l’étranger, c’est important. Prenons un exemple concret. Le vol direct vers Istanbul a fait en sorte que, en un an, nous avons eu 10.000 nuitées issues de la destination turque au Luxembourg. 10.000 nuitées, ce n’est pas rien. Il est donc intéressant de cibler les choses et de lier les actions. Ainsi, nous sommes en train de négocier la connexion directe avec Moscou. J’imagine que nous pouvons escompter un effet similaire. Attirer de la valeur reste un objectif. Pour les PME aussi ? «  Au niveau des Classes moyennes, nous essayons d’être plus réactifs et plus flexibles. Cela implique d’être aussi mieux ciblés. Nous devons être plus sélectifs dans tout ce que nous allons faire pour cibler les entreprises. On parle donc aussi de vendre le Luxembourg. Et le nation branding ? « Nous en faisions déjà avec l’Économie. D’autres en faisaient aussi. Le rapprochement des ministères nous donne plus de moyens, mais je ne vais pas me lancer tout seul dans ce nation branding. Cela va de la commercialisation de la place financière jusqu’au tourisme... Je souhaite évidemment que Luxembourg for Finance et Luxembourg for Business se

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rapprochent, avec une seule stratégie et une seule façon de vendre. Il faut unifier, là encore. Travailler avec la cellule qui dépend des Affaires étrangères. Nous devons lancer un concept unique. Dans des temps où les moyens sont plus limités, il faut les utiliser de façon intelligente. Vendre le Luxembourg n’est pas seulement vanter des services et un savoir-faire financier, par exemple, ni seulement parler d’une Place intéressante pour l’investissement dans telle ou telle industrie. Il faut vendre le pays tout court. C’est un enjeu en soi. Nous avons pas mal de problèmes pour attirer les personnes hautement qualifiées, notamment dans les éco- et biotechnologies. Pourquoi ? Parce que ces gens ne connaissent pas le Luxembourg ou qu’ils le connaissent mal, et qu’ils n’ont pas la motivation pour venir s’installer ici. Il faut leur donner de l’appétit, attiser la curiosité. Montrer ce qui se fait déjà. Et il faut une campagne complète. L’intention est claire. Et elle va se manifester dans les mois à venir. Cela commence par des mises en commun, entre les différentes entités concernées. Luxembourg for Finance et Luxembourg for Business, par exemple ? « Il y a notamment un problème de statut, du privé et des fonctionnaires. Le plus important est que les deux entités se donnent une seule stratégie, par exemple cogérée par les deux ministres en charge. Ainsi, nous nous sommes entendus avec mon collègue Pierre Gramegna pour valoriser nos emplois du temps lors de nos visites à l’étranger. En Chine, j’ai parlé avec les dirigeants chinois sur les questions d’investissement en RMB ou de régulation européenne. Quand Pierre sera en déplacement, il pourra visiter telle ou telle entreprise, motiver une société pour venir ici, évoquer les secteurs

économiques autres que la Place. Cela peut épargner du temps et des frais, cela nous rendra plus efficaces dans notre travail. La fusion des chambres, des métiers et de commerce ? Une même logique ? « Il est facile de demander au gouvernement de faire des efforts pour simplifier. Mais il faut commencer chez soi. Tout se discute, il y a des arguments. Il faut les entendre, mais, d’abord, il faut une volonté de bouger. Les deux ministères ont fusionné et il y a deux personnes de référence. Il faudrait qu’il en soit de même pour les chambres. Là aussi, cela pourrait générer des économies, créer des synergies intelligentes. Évidemment, il faudrait aussi revoir le système de financement, la gouvernance, de cette nouvelle chambre. Il y a tout un brouhaha autour de ce dossier. Je suppose que nous pouvons y voir des craintes de certaines personnes, par rapport à leur carrière personnelle. Mais je vais lancer les consultations. La volonté d’avancer, moi, je l’ai. Tout le monde parle d’une façon de fonctionner à changer. Quelle est l’ampleur du changement ? « Prenons l’exemple du projet de loi sur l’archivage électronique. Le ministre de la Justice de l’époque ne voulait pas suivre l’idée d’introduire l’e-archiving dans tous les domaines. Le projet est bloqué parce qu’il n’y avait pas la volonté. Pour ne pas perdre de temps, nous avons décidé que le projet actuel serait amendé sur certains points. Nous pourrons le voter au plus vite, puis compléter l’ensemble sur des points précis, via un second projet. Ce n’est pas neutre parce que cette loi permettra de créer une nouvelle niche. Nous serons les premiers à mettre en place un tel archivage électronique. Cela veut dire des nouvelles profes-


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COVERSTORY

« Quand nous avons une idée, on nous le reproche volontiers. »

sions et de nouveaux avantages capables d’attirer des entreprises internationales. C’est du même ordre pour la simplification administrative et la réforme des procédures. Après seulement six semaines, nous avons mis en place la task force, que j’avais toujours promise pour entamer cette réforme. Nous n’allons pas réanalyser toutes les idées qui sont sur la table, mais mettre tout ça en musique. Nous ne parlons plus de loi omnibus, mais plutôt de loi TGV, à la fois pour sa rapidité et la longueur du train. Le programme du parti se retrouve ? « Quand je compare le programme du LSAP et celui du gouvernement à trois, je suis satisfait. Nous allons nous donner un calendrier clair, mais aussi au public, car le programme est sur cinq ans et nous devons jalonner le parcours, donner un signal au citoyen à chaque projet réalisé. Nous allons aussi affiner les accords, en matière de TVA, de réforme fiscale. Lors des négociations de coalition, nous avons ouvert plusieurs pistes, que nous précisons. Pour tout, nous prendrons les décisions le moment venu. Je comprends bien l’attente des gens. Ils s’attendent à ce que tout change d’un coup. Revenons à l’économie et à sa diversification. Des nouveaux créneaux ? « Nous prolongeons ce qui fonctionne déjà. La logistique, les éco- et biotechnologies, l’ICT… cela marche et nous allons continuer à les développer. Le tourisme, on l’a vu, est important et il y a beaucoup à faire. Les niches de souveraineté sont importantes. L’archivage électronique, on en a parlé aussi, est un créneau qui doit se développer dans la logique de donner de l’élan à la quête de quartiers généraux internationaux positionnés à Luxembourg. Et puis, il y a la place financière bien sûr. Les nouvelles possibilités sont nombreuses. La plateforme RMB, la finance islamique… Le port franc a aussi

— MARS 2014

une vocation en soi : il peut donner du travail, un impact à l’activité logistique, de nouvelles ouvertures pour la finance et l’art ou les biens précieux, une plus-value culturelle et touristique autour d’événements et rassemblements en art. Tout est lié. D’où le fait que nous soyons très attentifs à la transversalité entre ressorts ministériels. La clé, c’est d’être flexible et réactif ? « Nous devons toujours nous défendre. Quand nous avons une idée, on nous le reproche volontiers dans certains milieux à l’étranger. Mais je suis extrêmement confiant pour l’avenir de l’économie luxembourgeoise. L’avantage du pays, c’est d’être réactif en effet. La place financière ne sera peut-être plus la vache à lait, mais elle va continuer à jouer un rôle prépondérant. On va aussi reparler compétitivité et sans doute base de taxation ? « Jusque là, il n’y a guère de vrai débat. Mais j’aimerais institutionnaliser ce type de discussions. Pour la rentrée, en octobre, nous voulons lancer un véritable forum. J’espère que nous aurons de vrais débats, et non pas un discours de ministre suivi de réactions parlementaires d’opposition. Justement, l’opposition… Elle vous surprend ? «  C elle du CSV m’étonne. On dirait parfois qu’ils n’ont rien à voir avec tout ce qui a été décidé jusqu’ici et rien à faire avec l’ancien gouvernement. Pour le reste, je suis déçu du niveau, notamment de l’ADR. Se baser sur des magazines de caniveau pour attaquer la majorité, c’est vraiment démontrer qu’on n’a pas de sujet. Il y a parfois eu, à défaut d’affaire, de la bêtise pure et dure dans ce qui a été dit. Pour Mme Closener, c’est le métier qui entre ? « J’imagine qu’elle est doit aussi affronter une forme de jalousie. Mais je la défends. Elle est d’une aide précieuse. Elle connaît bien certains

« De manière générale, je veux pouvoir mesurer l’effet. »

sujets. Je trouve les attaques dont elle fait l’objet tout à fait inacceptables. Jusqu’aux menaces ! Tout ça, à la base d’affaires qui n’en sont pas. Difficile de motiver les gens d’entrer en politique avec un tel contexte ! Francine a sa légitimité. Elle entrait parfaitement dans le cadre des répartitions entre régions, entre sexes, entre générations. Elle a fait un score électoral très honorable. Elle est jeune et intelligente. Nous pouvons construire avec elle. Globalement, la coalition à trois se passe bien. Elle est bien forgée. Et les attaques nous renforcent. Je peux ajouter qu’il existe une réelle entente dans l’équipe. Voire une amitié : Bettel, Braz et moi, on est amis. On peut se parler, s’écouter. Chacun connaît les limites de l’autre. Retour au volet économique, qui est primordial… La Chine est-elle un nouveau Qatar ? « Je ne dirais pas ça. La Chine est un des partenaires avec lequel travailler. C’est écrit dans la coalition. Il y a déjà une success-story qui s’écrit, avec IEE, les nouveaux acteurs de la place financière, Cargolux… On perçoit l’intérêt pour tout le monde. Tous ces groupes chinois qui souhaitent se développer, en Europe, au départ du Luxembourg est un potentiel énorme. Il y a plein de facettes à cet engouement, comme la coopération entre les universités ou le Grand-Duché qui devient un centre de tennis de table. Les liens sont divers. Et c’est excellent. Parmi les dossiers en souffrance, quid du Luxembourg Future Fund ? «  D iscussions interminables… On m’a promis que ce serait réalisé au cours du premier semestre. Cela dit, il y a beaucoup d’aspects, techniques et financiers. Je ne veux pas précipiter quoi que ce soit. L’argent est là. Je suis aussi en train de lancer une révision des moyens pour soutenir les entreprises, les aides de la SNCI, les taux revus à la baisse…

Et les bureaux à l’étranger ? Et les clusters ? « Les Luxembourg Trade International Offices sont des maillons importants et stratégiques. Nous travaillons sur la Turquie. J’ai demandé à l’ancien ambassadeur turc d’œuvrer en tant que consultant sur place. Nous sommes en train de développer Moscou. À l’inverse, nous devons pouvoir aussi revoir d’autres LTIO, moins productifs. La Corée peutêtre. De manière générale, je veux pouvoir en mesurer l’effet. Cela me semble important. Pareil pour les clusters. Je leur ai demandé de se donner des objectifs mesurables. Puisque vous avez aussi les PME, quid du 4e plan d’action ? « Je vais le revoir. Je ne suis pas décidé à le déposer tel quel. Vos priorités sont différentes ? « Globalement, je souhaite réaliser d’abord l’intégration des différents ministères. C’est en cours. Sur le moyen terme, nous verrons les premiers résultats pour affiner la façon de travailler. Il faudra encore mettre davantage d’efforts sur la promotion de nos atouts. C’est vraiment à l’étranger qu’il faut vendre le Luxembourg. Je sais que les entreprises au Luxembourg attendent beaucoup de présence ici. Mais je vais m’investir encore plus à fond à l’étranger. Je suis donc content que la Secrétaire d’État soit un relais immédiat pour les entreprises présentes. Mais c’est un interlocuteur de même niveau et cela ne change rien au service. Je constate simplement que le résultat des missions économiques est irremplaçable. C’est évident pour la Chine. Mais nous pouvons aussi axer plus de missions à l’intérieur de l’UE. Cela ne se faisait guère. Pourtant, les PME s’intéressent beaucoup à ces possibilités d’échanges dans un espace proche. C’est aussi du concret. »

Découvertes

Aussi en défense La Défense et la Sécurité intérieure occupent aussi Étienne Schneider désormais. « Ce sont des dossiers que je découvre. C’est parfois très complexe », avoue le ministre, qui doit gérer des questions militaires, des engagements avec des partenaires étrangers... « Les questions de police ne sont pas neutres non plus. Il y a une sorte de méfiance généralisée, suite notamment aux affaires Bommeleeër et autres. Il y a bon nombre de projets de loi en cours. Je consulte les autorités et les syndicats. Je veux avoir une image complète avant de prendre des décisions. Dans le programme, on avait évoqué un audit externe de la police. La police préfère un audit interne. Je me forgerai ma conviction, je prendrai la décision. Il y a beaucoup de choses à reprendre en mains, pour les réajuster, dans l’intérêt du fonctionnement. C’est vrai aussi pour la Défense. Il y a du travail ! Pour l’instant, c’est 50 % de mon activité… »

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« Quand nous avons une idée, on nous le reproche volontiers. »

sions et de nouveaux avantages capables d’attirer des entreprises internationales. C’est du même ordre pour la simplification administrative et la réforme des procédures. Après seulement six semaines, nous avons mis en place la task force, que j’avais toujours promise pour entamer cette réforme. Nous n’allons pas réanalyser toutes les idées qui sont sur la table, mais mettre tout ça en musique. Nous ne parlons plus de loi omnibus, mais plutôt de loi TGV, à la fois pour sa rapidité et la longueur du train. Le programme du parti se retrouve ? « Quand je compare le programme du LSAP et celui du gouvernement à trois, je suis satisfait. Nous allons nous donner un calendrier clair, mais aussi au public, car le programme est sur cinq ans et nous devons jalonner le parcours, donner un signal au citoyen à chaque projet réalisé. Nous allons aussi affiner les accords, en matière de TVA, de réforme fiscale. Lors des négociations de coalition, nous avons ouvert plusieurs pistes, que nous précisons. Pour tout, nous prendrons les décisions le moment venu. Je comprends bien l’attente des gens. Ils s’attendent à ce que tout change d’un coup. Revenons à l’économie et à sa diversification. Des nouveaux créneaux ? « Nous prolongeons ce qui fonctionne déjà. La logistique, les éco- et biotechnologies, l’ICT… cela marche et nous allons continuer à les développer. Le tourisme, on l’a vu, est important et il y a beaucoup à faire. Les niches de souveraineté sont importantes. L’archivage électronique, on en a parlé aussi, est un créneau qui doit se développer dans la logique de donner de l’élan à la quête de quartiers généraux internationaux positionnés à Luxembourg. Et puis, il y a la place financière bien sûr. Les nouvelles possibilités sont nombreuses. La plateforme RMB, la finance islamique… Le port franc a aussi

— MARS 2014

une vocation en soi : il peut donner du travail, un impact à l’activité logistique, de nouvelles ouvertures pour la finance et l’art ou les biens précieux, une plus-value culturelle et touristique autour d’événements et rassemblements en art. Tout est lié. D’où le fait que nous soyons très attentifs à la transversalité entre ressorts ministériels. La clé, c’est d’être flexible et réactif ? « Nous devons toujours nous défendre. Quand nous avons une idée, on nous le reproche volontiers dans certains milieux à l’étranger. Mais je suis extrêmement confiant pour l’avenir de l’économie luxembourgeoise. L’avantage du pays, c’est d’être réactif en effet. La place financière ne sera peut-être plus la vache à lait, mais elle va continuer à jouer un rôle prépondérant. On va aussi reparler compétitivité et sans doute base de taxation ? « Jusque là, il n’y a guère de vrai débat. Mais j’aimerais institutionnaliser ce type de discussions. Pour la rentrée, en octobre, nous voulons lancer un véritable forum. J’espère que nous aurons de vrais débats, et non pas un discours de ministre suivi de réactions parlementaires d’opposition. Justement, l’opposition… Elle vous surprend ? «  C elle du CSV m’étonne. On dirait parfois qu’ils n’ont rien à voir avec tout ce qui a été décidé jusqu’ici et rien à faire avec l’ancien gouvernement. Pour le reste, je suis déçu du niveau, notamment de l’ADR. Se baser sur des magazines de caniveau pour attaquer la majorité, c’est vraiment démontrer qu’on n’a pas de sujet. Il y a parfois eu, à défaut d’affaire, de la bêtise pure et dure dans ce qui a été dit. Pour Mme Closener, c’est le métier qui entre ? « J’imagine qu’elle est doit aussi affronter une forme de jalousie. Mais je la défends. Elle est d’une aide précieuse. Elle connaît bien certains

« De manière générale, je veux pouvoir mesurer l’effet. »

sujets. Je trouve les attaques dont elle fait l’objet tout à fait inacceptables. Jusqu’aux menaces ! Tout ça, à la base d’affaires qui n’en sont pas. Difficile de motiver les gens d’entrer en politique avec un tel contexte ! Francine a sa légitimité. Elle entrait parfaitement dans le cadre des répartitions entre régions, entre sexes, entre générations. Elle a fait un score électoral très honorable. Elle est jeune et intelligente. Nous pouvons construire avec elle. Globalement, la coalition à trois se passe bien. Elle est bien forgée. Et les attaques nous renforcent. Je peux ajouter qu’il existe une réelle entente dans l’équipe. Voire une amitié : Bettel, Braz et moi, on est amis. On peut se parler, s’écouter. Chacun connaît les limites de l’autre. Retour au volet économique, qui est primordial… La Chine est-elle un nouveau Qatar ? « Je ne dirais pas ça. La Chine est un des partenaires avec lequel travailler. C’est écrit dans la coalition. Il y a déjà une success-story qui s’écrit, avec IEE, les nouveaux acteurs de la place financière, Cargolux… On perçoit l’intérêt pour tout le monde. Tous ces groupes chinois qui souhaitent se développer, en Europe, au départ du Luxembourg est un potentiel énorme. Il y a plein de facettes à cet engouement, comme la coopération entre les universités ou le Grand-Duché qui devient un centre de tennis de table. Les liens sont divers. Et c’est excellent. Parmi les dossiers en souffrance, quid du Luxembourg Future Fund ? «  D iscussions interminables… On m’a promis que ce serait réalisé au cours du premier semestre. Cela dit, il y a beaucoup d’aspects, techniques et financiers. Je ne veux pas précipiter quoi que ce soit. L’argent est là. Je suis aussi en train de lancer une révision des moyens pour soutenir les entreprises, les aides de la SNCI, les taux revus à la baisse…

Et les bureaux à l’étranger ? Et les clusters ? « Les Luxembourg Trade International Offices sont des maillons importants et stratégiques. Nous travaillons sur la Turquie. J’ai demandé à l’ancien ambassadeur turc d’œuvrer en tant que consultant sur place. Nous sommes en train de développer Moscou. À l’inverse, nous devons pouvoir aussi revoir d’autres LTIO, moins productifs. La Corée peutêtre. De manière générale, je veux pouvoir en mesurer l’effet. Cela me semble important. Pareil pour les clusters. Je leur ai demandé de se donner des objectifs mesurables. Puisque vous avez aussi les PME, quid du 4e plan d’action ? « Je vais le revoir. Je ne suis pas décidé à le déposer tel quel. Vos priorités sont différentes ? « Globalement, je souhaite réaliser d’abord l’intégration des différents ministères. C’est en cours. Sur le moyen terme, nous verrons les premiers résultats pour affiner la façon de travailler. Il faudra encore mettre davantage d’efforts sur la promotion de nos atouts. C’est vraiment à l’étranger qu’il faut vendre le Luxembourg. Je sais que les entreprises au Luxembourg attendent beaucoup de présence ici. Mais je vais m’investir encore plus à fond à l’étranger. Je suis donc content que la Secrétaire d’État soit un relais immédiat pour les entreprises présentes. Mais c’est un interlocuteur de même niveau et cela ne change rien au service. Je constate simplement que le résultat des missions économiques est irremplaçable. C’est évident pour la Chine. Mais nous pouvons aussi axer plus de missions à l’intérieur de l’UE. Cela ne se faisait guère. Pourtant, les PME s’intéressent beaucoup à ces possibilités d’échanges dans un espace proche. C’est aussi du concret. »

Découvertes

Aussi en défense La Défense et la Sécurité intérieure occupent aussi Étienne Schneider désormais. « Ce sont des dossiers que je découvre. C’est parfois très complexe », avoue le ministre, qui doit gérer des questions militaires, des engagements avec des partenaires étrangers... « Les questions de police ne sont pas neutres non plus. Il y a une sorte de méfiance généralisée, suite notamment aux affaires Bommeleeër et autres. Il y a bon nombre de projets de loi en cours. Je consulte les autorités et les syndicats. Je veux avoir une image complète avant de prendre des décisions. Dans le programme, on avait évoqué un audit externe de la police. La police préfère un audit interne. Je me forgerai ma conviction, je prendrai la décision. Il y a beaucoup de choses à reprendre en mains, pour les réajuster, dans l’intérêt du fonctionnement. C’est vrai aussi pour la Défense. Il y a du travail ! Pour l’instant, c’est 50 % de mon activité… »

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Présence dans le monde

Les « commerciaux » du pays à visage découvert Les Luxembourg Trade and Investment Offices sont des « ambassades » permanentes de l’économie grand-ducale, stratégiquement localisées. Le ministère de l’Économie oriente ses vues et compte soigner ses relations commerciales internationales. Une volée de délégués de LTIO, venus d’Asie et d’Amérique, ont découvert le pays et les atouts qu’ils vendent de l’intérieur. Une première !

« Il est important que nos délégués dans des pays partenaires voient le pays de l’intérieur. » Christian Ginter (ministère de l’Économie)

TEXTE ALAIN DUCAT PHOTOS JAN HANRION

Luxembourg Trade and Investment Offices ou LTIO. Quatre mots, quatre lettres, qui résument les positions stratégiques tenues, en permanence et de l’intérieur, par le business du pays dans le monde développé ou en développement. C’est un des axes de travail important, qui ne date pas d’hier mais qui figure sur la liste des priorités du ministre Schneider (voir l’interview page 54), dans la fameuse « vente » du pays aux investisseurs étrangers. À l’heure actuelle, le ministère de l’Économie tient des LTIO à Shanghai, New York, San Francisco, Taipei, Abou Dhabi, Seoul, Tokyo, Tel Aviv, New Delhi, et a des représentants économiques consulaires à Beijing, Ankara et Moscou. Ces deux derniers exemples sont d’ailleurs en « ballottage favorable » dans la réflexion globale de la promotion future. Les pipelines avec la Turquie – candidate de longue date à l’Union européenne – se mesurent aux missions officielles, aux réceptions, au développement de lignes aériennes… C’est souvent un signe qui ne trompe pas, avant-coureur de prospection ciblée de marchés prometteurs.

La présence permanente du Luxembourg dans le monde économique ne couvrira jamais toute la planète. Mais les LTIO et les délégations consulaires actives sont localisées dans une logique de positionnement stratégique, qui a déjà fait ses preuves. Si certains bureaux sont dirigés par des Luxembourgeois qui exportent leur connaissance des rouages, les « ambassadeurs » du Grand-Duché sont aussi, parfois, des gens qui n'ont – ou n'avaient jusqu'il y a peu – jamais vu le pays de l'intérieur.

NEW YORK Jean-Claude Knebeler Directeur exécutif et consul général SAN FRANCISCO Georges Schmit Directeur exécutif et consul général

— MARS 2014

TEL AVIV Itai Horstock Directeur exécutif DUBAÏ Albert Pansin Directeur exécutif

SHANGHAI Luc Decker Directeur exécutif et consul général

TOKYO Yuriko Matsuno Directeur exécutif

Un « Luxembourg Tour » ABOU DHABI Marc Scheer Directeur exécutif et chargé d’affaires à l’ambassade du Luxembourg aux Émirats arabes unis

Remise en question, pas en cause La même approche est valable pour Moscou, puisque la région moscovite, qui jouit d’une belle autonomie en Fédération de Russie, se meut de plus en plus librement en centre financier d’envergure mondiale. En particulier, les intérêts économiques russes, gaziers et bancaires notamment, sont générateurs de gros volumes de transactions financières. Parfois d’ailleurs, ressources naturelles et gros sous font bon ménage direct, comme dans l’exemple de Gazprom, géant russe bien présent au Grand-Duché avec des sociétés diverses, et qui vient d’ajouter un agrément bancaire à sa collection.

SÉOUL Kim Younhee Directeur exécutif

Faut-il insister sur le lien a priori évident entre les multiples voyages et missions effectués au MoyenOrient à une époque et le fait que le Grand-Duché soit devenu si séduisant pour les investisseurs qataris par exemple ou les porteurs – en voie de développement à plus grande échelle sur la Place – d’une certaine idée de la finance, sans usure et dans les clous de la pensée islamique ? La méthode fonctionne et elle se prolonge, dans une certaine allégresse, par l’action des banquiers chinois, par exemple. Et, bien entendu, à l’image d’une économie qui entend décupler sa diversification, explorer ses niches et multiplier ses atours et attraits, ce qui est valable pour les produits financiers l’est aussi pour des secteurs pointus, le e-commerce, l’exploitation de données ou les recherches liées à l’industrie…

LUXEMBOURG TRADE AND INVESTMENT OFFICES DANS LE MONDE

DELHI Nidhi Palta Directeur exécutif

TAIPEI Hughes Mignot Directeur exécutif

Ceci étant posé, repenser le système, comme l’envisage le ministre Schneider, dans le sens d’une meilleure efficacité encore, ne peut qu’être utile à l’œuvre générale. En l’occurrence, la remise en question ne s’apparente pas à une remise en cause, plutôt à une adaptation de la façon de travailler. Ce n’est pas l’apanage du seul ministre des Finances, du seul département de l’Économie – élargi aux PME et au secteur touristique désormais –, des missi dominici de la couronne, des missions propulsées par les Luxembourg for (Business ou Finance) ou d’une présence dans les foires et salons. Comme il l’explique dans ce qui s’apparente à un discours sur la méthode, Étienne Schneider, estampillé « Mister Business » du gouvernement dont il est numéro deux, entend cumuler les atouts. Ou, mieux, fédérer les forces pour davantage porter le fer aux feux utiles.

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Présence dans le monde

Les « commerciaux » du pays à visage découvert Les Luxembourg Trade and Investment Offices sont des « ambassades » permanentes de l’économie grand-ducale, stratégiquement localisées. Le ministère de l’Économie oriente ses vues et compte soigner ses relations commerciales internationales. Une volée de délégués de LTIO, venus d’Asie et d’Amérique, ont découvert le pays et les atouts qu’ils vendent de l’intérieur. Une première !

« Il est important que nos délégués dans des pays partenaires voient le pays de l’intérieur. » Christian Ginter (ministère de l’Économie)

TEXTE ALAIN DUCAT PHOTOS JAN HANRION

Luxembourg Trade and Investment Offices ou LTIO. Quatre mots, quatre lettres, qui résument les positions stratégiques tenues, en permanence et de l’intérieur, par le business du pays dans le monde développé ou en développement. C’est un des axes de travail important, qui ne date pas d’hier mais qui figure sur la liste des priorités du ministre Schneider (voir l’interview page 54), dans la fameuse « vente » du pays aux investisseurs étrangers. À l’heure actuelle, le ministère de l’Économie tient des LTIO à Shanghai, New York, San Francisco, Taipei, Abou Dhabi, Seoul, Tokyo, Tel Aviv, New Delhi, et a des représentants économiques consulaires à Beijing, Ankara et Moscou. Ces deux derniers exemples sont d’ailleurs en « ballottage favorable » dans la réflexion globale de la promotion future. Les pipelines avec la Turquie – candidate de longue date à l’Union européenne – se mesurent aux missions officielles, aux réceptions, au développement de lignes aériennes… C’est souvent un signe qui ne trompe pas, avant-coureur de prospection ciblée de marchés prometteurs.

La présence permanente du Luxembourg dans le monde économique ne couvrira jamais toute la planète. Mais les LTIO et les délégations consulaires actives sont localisées dans une logique de positionnement stratégique, qui a déjà fait ses preuves. Si certains bureaux sont dirigés par des Luxembourgeois qui exportent leur connaissance des rouages, les « ambassadeurs » du Grand-Duché sont aussi, parfois, des gens qui n'ont – ou n'avaient jusqu'il y a peu – jamais vu le pays de l'intérieur.

NEW YORK Jean-Claude Knebeler Directeur exécutif et consul général SAN FRANCISCO Georges Schmit Directeur exécutif et consul général

— MARS 2014

TEL AVIV Itai Horstock Directeur exécutif DUBAÏ Albert Pansin Directeur exécutif

SHANGHAI Luc Decker Directeur exécutif et consul général

TOKYO Yuriko Matsuno Directeur exécutif

Un « Luxembourg Tour » ABOU DHABI Marc Scheer Directeur exécutif et chargé d’affaires à l’ambassade du Luxembourg aux Émirats arabes unis

Remise en question, pas en cause La même approche est valable pour Moscou, puisque la région moscovite, qui jouit d’une belle autonomie en Fédération de Russie, se meut de plus en plus librement en centre financier d’envergure mondiale. En particulier, les intérêts économiques russes, gaziers et bancaires notamment, sont générateurs de gros volumes de transactions financières. Parfois d’ailleurs, ressources naturelles et gros sous font bon ménage direct, comme dans l’exemple de Gazprom, géant russe bien présent au Grand-Duché avec des sociétés diverses, et qui vient d’ajouter un agrément bancaire à sa collection.

SÉOUL Kim Younhee Directeur exécutif

Faut-il insister sur le lien a priori évident entre les multiples voyages et missions effectués au MoyenOrient à une époque et le fait que le Grand-Duché soit devenu si séduisant pour les investisseurs qataris par exemple ou les porteurs – en voie de développement à plus grande échelle sur la Place – d’une certaine idée de la finance, sans usure et dans les clous de la pensée islamique ? La méthode fonctionne et elle se prolonge, dans une certaine allégresse, par l’action des banquiers chinois, par exemple. Et, bien entendu, à l’image d’une économie qui entend décupler sa diversification, explorer ses niches et multiplier ses atours et attraits, ce qui est valable pour les produits financiers l’est aussi pour des secteurs pointus, le e-commerce, l’exploitation de données ou les recherches liées à l’industrie…

LUXEMBOURG TRADE AND INVESTMENT OFFICES DANS LE MONDE

DELHI Nidhi Palta Directeur exécutif

TAIPEI Hughes Mignot Directeur exécutif

Ceci étant posé, repenser le système, comme l’envisage le ministre Schneider, dans le sens d’une meilleure efficacité encore, ne peut qu’être utile à l’œuvre générale. En l’occurrence, la remise en question ne s’apparente pas à une remise en cause, plutôt à une adaptation de la façon de travailler. Ce n’est pas l’apanage du seul ministre des Finances, du seul département de l’Économie – élargi aux PME et au secteur touristique désormais –, des missi dominici de la couronne, des missions propulsées par les Luxembourg for (Business ou Finance) ou d’une présence dans les foires et salons. Comme il l’explique dans ce qui s’apparente à un discours sur la méthode, Étienne Schneider, estampillé « Mister Business » du gouvernement dont il est numéro deux, entend cumuler les atouts. Ou, mieux, fédérer les forces pour davantage porter le fer aux feux utiles.

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Arum Kim – SÉOUL

Amy Sandoval – SAN FRANCISCO

Sophie Liao – TAIPEI

Anita Sethi – NEW DELHI

« Skeed a annoncé l’ouverture d’un bureau au Luxembourg, première étape de son expansion en Europe. » Ryoko Nagakubo – Tokyo

Dans cette quête de vente à l’étranger d’une image qui reste à peaufiner – à reconstruire dans certains cas –, la visibilité s’accommode du travail de l’ombre. Et les LTIO sont, dans cette optique, de précieux alliés. Il semble évident que les meilleurs « vendeurs » du Luxembourg seront ceux qui cumuleront la parfaite connaissance de leur cible et la maîtrise de leur « produit ». Or, quand on se penche sur les gens qui animent les LTIO, on peut être surpris. Dans la pratique, on s’aperçoit, par exemple, que des attachés locaux qui travaillent dans ces bureaux n’ont jamais mis les pieds au Grand-Duché. Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si les délégués commerciaux d’une entreprise, envoyés sur le terrain pour vendre les produits de l’entreprise en question, ne connaissaient rien ou presque à l’origine de leurs articles… Le ministère de l’Économie, qui chapeaute les LTIO, a décidé de remédier à la chose, au moins partiellement. En ce début février (du 2 au 8), une poignée de délégué(e)s et attaché(e)s ont passé quelques jours au Grand-Duché, pour une sorte de « Luxembourg Tour », histoire de prendre le pouls du pays, depuis le cœur de ses réalités. Christian Ginter, attaché de gouvernement et responsable du réseau des bureaux LTIO, a été, en quelque sorte, le GO et le guide. Et il a piloté ce qui était, de toute évidence, une première. Un Luxembourg Tour ? La délégation, très féminine et essentiellement asiatique, est allée à la rencontre d’acteurs incontournables, mais aussi de sources d’information, d’entreprises, de sites et produits touristiques… Sous des airs agréables, la visite n’a pas omis le networking professionnel et les

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séances de travail. Le « patron » a lui-même assuré le départ d’une journée de présentation de l’économie du pays sous toutes ses coutures : Étienne Schneider, la secrétaire d’État Francine Closener, ainsi que Tom Theves, le bras droit (il est à Étienne Schneider ce que ce dernier était à Jeannot Krecké en son temps…) ont lancé une séance-découvertes, avec présentation de « Invest in Luxembourg », du secteur biotech, de l’imposant volet ICT, puis de la logistique, du développement des « cleantech » de Luxinnovation et des schémas d’aides potentielles offertes par le gouvernement luxembourgeois… Une journée bien remplie… La suite du programme est passée, en vrac, par la Fedil, par la Chambre de commerce, et, à chaque étape, par une rencontre avec les responsables opérationnels ou les chargés de communication. C’est d’ailleurs une constante de cette visite guidée, qui a eu le mérite d’être orientée terrain sans snober les hautes sphères dirigeantes. Un détail intéressant, qui rencontre les préoccupations des « ambassadeurs » du Grand-Duché à l’étranger : un focus a été mis sur les procédures d’immigration, l’idée connexe étant d’attirer des résidents dans la foulée des entreprises…

Diversité d’atouts « C’est une des choses qui nous incombent, c’est de parler de votre pays, pas seulement pour ses atouts économiques, témoigne Arum Kim, du LTIO de Seoul. Pour les Coréens, pour les Asiatiques en général, c’est un peu étonnant qu’un petit pays européen dispose d’une telle diversité de population. » « On ne s’imagine pas autant de nationalités qui cohabitent, autant de vie


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Anneleen van Landeghem – BEIJING

Christian Ginter – LUXEMBOURG

Ryoko Nagakubo – TOKYO

Helen Ma Ying – SHANGHAI

culturelle, autant d’activités, opine Vi Hendrik, attachée au consulat général à Shanghai. Heureusement, le pavillon luxembourgeois à l’exposition universelle a bien servi le propos et ce que nous voyons maintenant nous conforte. » Au demeurant, lors de ce périple en terre presqu’inconnue, les VRP du Luxembourg sont aussi allés à la rencontre du futur et de la fameuse économie de la connaissance qui fait son nid à Belval, sur les traces de l’Université et de ses implantations dans la ville-champignon, dans les coulisses du Technoport aussi. Au passage, des responsables luxembourgeois de l’incubateur ont appris, du LTIO de Tokyo, que le prochain lauréat de la « Japanese Company of the Year » se verrait offrir un séjour dans la vallée de l’Alzette, pour tisser des liens… Le Japon, un des investisseurs historiques en provenance d’Asie, n’a jamais vraiment coupé les ponts. Et il y a même une certaine réactivation des lignes. Ryoko Nagakubo rappelle, à bon escient, que la société nipponne Skeed, en vue dans les solutions cloud et big data notamment, avait annoncé, fin 2013, l’ouverture d’un bureau au Luxembourg, première étape de son expansion en Europe.

Les classiques revisités Le programme, décidément complet et proposant des journées fort bien remplies, n’a pas manqué de faire entrer les visages de la promotion du pays dans certains organes incontournables où, pour autant, le visiteur n’est pas fréquent et où il n’est admis qu’on montrant patte blanche... Par exemple sur le tarmac du Findel et dans les hangars du Luxair Cargo Center. Ou encore là où, dans le périmètre limitrophe, le Freeport verra passer le précieux fret. Ou encore dans le saint des saints satellitaires, chez SES. Au chapitre des découvertes, ou des classiques revisités, la délégation a également eu droit, dans

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Vi Hendrik – SHANGHAI

«On ne s’imagine pas autant de nationalités qui cohabitent. » Vi Hendrik – Shanghai

un domaine un brin plus récréatif mais non moins lié au patrimoine culturel et touristico-gastronomique du pays, à quelques heures à flanc de coteau, avec le musée de l’Europe à Schengen – un symbole fort et surprenant pour qui, de l’autre bout de la planète, essaie d’imaginer ce qui a donné son nom aux emblématiques accords européens – et l’immersion dans les caves de l’institut viti-vinicole. Classique aussi, la place financière et tous les métiers qui en font une industrie multiforme ont été décortiqués et exposés par Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance.

Échange d’informations Et, comme pour boucler la boucle d’un programme faisant plutôt bien écho aux ambitions affichées bien haut par le ministère de l’Économie, un important volet touristique et culturel a emmené le « sightseeing bus » dans les pas de l’ONT (Office national du tourisme), de la vieille ville classée au patrimoine de l’Unesco, du marché ou rues commerçantes, puis du plateau de Kirchberg et de ses bâtiments signés… « C’est charmant et enrichissant. Luxembourg est une ville étonnante », résume Sophie Liao, du LTIO de Taipei… « Il est important que nos délégués dans des pays partenaires voient le pays de l’intérieur, sourit Christian Ginter. Les rencontres que nos délégués ont pu faire sont aussi d’excellents contacts. Ce qui ressort, c’est que nos interlocuteurs ont besoin d’informations pour pouvoir en donner à leur tour. »


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COVERSTORY

Les défis socioéconomiques du pays

Ne pas se reposer sur ses lauriers Les intentions gouvernementales sont saluées par l’OCDE qui attend les actes concrets. Éducation et pensions, deux piliers à réformer rapidement. L’État est appelé à jouer un rôle de facilitateur et à revoir ses participations dans différentes sociétés.

« Le gouvernement doit être ambitieux, d’autant que certains piliers du système luxembourgeois doivent bouger. » Jean-Marc Fournier

TEXTE THIERRY RAIZER PHOTO LUC DEFLORENNE

Jean-Marc Fournier, économiste au sein de l’OCDE, était un des invités des 8es Journées de l’Économie.

— MARS 2014

« L a durabilité du modèle économique et social luxembourgeois pourrait être renforcée par l’amélioration des politiques propres à soutenir les finances publiques, la croissance, la cohésion sociale et l’environnement. » Cette vue socioéconomique générale n’est pas issue d’une revendication préélectorale émanant d’un lobby ni du programme gouvernemental, mais de l’un des cahiers des Études économiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacré au Luxembourg. Publié en décembre 2012 et présenté à la presse luxembourgeoise pour l’occasion, le manuel est probablement passé entre les mains de ministres d’hier et d’aujourd’hui et de candidats aux élections. Les intentions de l’exécutif étant connues, l’occasion était belle pour l’OCDE de faire le point sur la situation luxembourgeoise et d’actualiser ses recommandations. « Les intentions du gouvernement vont dans la bonne direction, reste à savoir comment elles seront mises en place », déclare JeanMarc Fournier, économiste au sein de l’OCDE et invité des 8es Journées de l’Économie le 4 février dernier. « Je pense que le gouvernement doit être ambitieux, d’autant que certains piliers du système luxembourgeois doivent bouger, notamment l’éducation et les retraites. » Ce dernier est d’ailleurs particulièrement important pour la structure des finances publiques, même si elles « sont plus solides que la plupart des pays de l’OCDE », selon l’organisation. D’où la proposition de l’OCDE d’aller plus loin que la réforme des retraites votée en 2012. « La réforme a ramené le coût additionnel lié au vieillissement de la population à 10,5 % du PIB, ce qui reste le taux le plus élevé de la zone euro, ajoute Jean-Marc Fournier. Pour réduire ce coût, nous proposons, par exemple, de lier l’âge effectif de départ à la retraite à l’espérance de vie, de retirer les dispositions qui peuvent encourager le départ anticipé et de limiter les hausses de pension. » La répartition de la population luxembourgeoise et des travailleurs frontaliers montre clairement que la majorité d’actifs est actuellement située entre 25 et 50 ans. « Avec les départs à la retraite des travailleurs frontaliers, le régime de pensions va devenir déficitaire »,

avertit Jean-Marc Fournier. Autre facteur risquant d’aggraver la situation comptable du pays, la perte des recettes de TVA sur les services électroniques – le chiffre de 700 millions est régulièrement cité – en 2015 interpelle. D’où la nécessité, selon l’OCDE, de maîtriser les dépenses à moyen terme, ce que le gouvernement a déclaré vouloir effectuer. Pierre Gramegna, ministre des Finances (DP), a ainsi récemment annoncé que les ministères devraient revoir leurs dépenses à la baisse, de l’ordre de 10 %.

Se concentrer sur le cadre Invités à débattre des vues de l’OCDE en marge de l’intervention de M. Fournier, différents responsables d’organisations patronales ou sectorielles ont suggéré au gouvernement des pistes pour mieux maîtriser le budget étatique. « La réforme de l’État doit être une priorité, ce n’est plus une boîte à outils, c’est une boîte à acquis, a lancé Jean-Jaques Rommes, CEO de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL). L’État doit se doter d’une comptabilité moderne et gérer ses ressources humaines comme le font les entreprises. » Une suggestion qui anticipe la volonté du gouvernement de présenter un budget « nouvelle génération » dès 2015. Le programme gouvernemental indiquait à ce sujet que « la manière d’établir le budget sera repensée. Chaque poste budgétaire doit pouvoir être justifié tant par rapport à sa finalité concrète que par rapport à l’économie générale du budget.  » Si l’État ne doit pas forcément être comparé à une entreprise en tous points, il a acquis historiquement un rôle prépondérant dans l’économie nationale via différentes prises de participation ou investissements. « La participation massive de l’État dans de grandes entreprises n’est pas souhaitable, estime Jean-Marc Fournier. Le secteur privé se révèle être un meilleur actionnaire et les participations étatiques dans les sociétés doivent être ciblées. L’État doit aussi intervenir lorsque les bénéfices des aides pourront rejaillir sur l’ensemble de la société, comme dans le cas du soutien à la recherche, qui doit d’ailleurs se mener

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Les défis socioéconomiques du pays

Ne pas se reposer sur ses lauriers Les intentions gouvernementales sont saluées par l’OCDE qui attend les actes concrets. Éducation et pensions, deux piliers à réformer rapidement. L’État est appelé à jouer un rôle de facilitateur et à revoir ses participations dans différentes sociétés.

« Le gouvernement doit être ambitieux, d’autant que certains piliers du système luxembourgeois doivent bouger. » Jean-Marc Fournier

TEXTE THIERRY RAIZER PHOTO LUC DEFLORENNE

Jean-Marc Fournier, économiste au sein de l’OCDE, était un des invités des 8es Journées de l’Économie.

— MARS 2014

« L a durabilité du modèle économique et social luxembourgeois pourrait être renforcée par l’amélioration des politiques propres à soutenir les finances publiques, la croissance, la cohésion sociale et l’environnement. » Cette vue socioéconomique générale n’est pas issue d’une revendication préélectorale émanant d’un lobby ni du programme gouvernemental, mais de l’un des cahiers des Études économiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacré au Luxembourg. Publié en décembre 2012 et présenté à la presse luxembourgeoise pour l’occasion, le manuel est probablement passé entre les mains de ministres d’hier et d’aujourd’hui et de candidats aux élections. Les intentions de l’exécutif étant connues, l’occasion était belle pour l’OCDE de faire le point sur la situation luxembourgeoise et d’actualiser ses recommandations. « Les intentions du gouvernement vont dans la bonne direction, reste à savoir comment elles seront mises en place », déclare JeanMarc Fournier, économiste au sein de l’OCDE et invité des 8es Journées de l’Économie le 4 février dernier. « Je pense que le gouvernement doit être ambitieux, d’autant que certains piliers du système luxembourgeois doivent bouger, notamment l’éducation et les retraites. » Ce dernier est d’ailleurs particulièrement important pour la structure des finances publiques, même si elles « sont plus solides que la plupart des pays de l’OCDE », selon l’organisation. D’où la proposition de l’OCDE d’aller plus loin que la réforme des retraites votée en 2012. « La réforme a ramené le coût additionnel lié au vieillissement de la population à 10,5 % du PIB, ce qui reste le taux le plus élevé de la zone euro, ajoute Jean-Marc Fournier. Pour réduire ce coût, nous proposons, par exemple, de lier l’âge effectif de départ à la retraite à l’espérance de vie, de retirer les dispositions qui peuvent encourager le départ anticipé et de limiter les hausses de pension. » La répartition de la population luxembourgeoise et des travailleurs frontaliers montre clairement que la majorité d’actifs est actuellement située entre 25 et 50 ans. « Avec les départs à la retraite des travailleurs frontaliers, le régime de pensions va devenir déficitaire »,

avertit Jean-Marc Fournier. Autre facteur risquant d’aggraver la situation comptable du pays, la perte des recettes de TVA sur les services électroniques – le chiffre de 700 millions est régulièrement cité – en 2015 interpelle. D’où la nécessité, selon l’OCDE, de maîtriser les dépenses à moyen terme, ce que le gouvernement a déclaré vouloir effectuer. Pierre Gramegna, ministre des Finances (DP), a ainsi récemment annoncé que les ministères devraient revoir leurs dépenses à la baisse, de l’ordre de 10 %.

Se concentrer sur le cadre Invités à débattre des vues de l’OCDE en marge de l’intervention de M. Fournier, différents responsables d’organisations patronales ou sectorielles ont suggéré au gouvernement des pistes pour mieux maîtriser le budget étatique. « La réforme de l’État doit être une priorité, ce n’est plus une boîte à outils, c’est une boîte à acquis, a lancé Jean-Jaques Rommes, CEO de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL). L’État doit se doter d’une comptabilité moderne et gérer ses ressources humaines comme le font les entreprises. » Une suggestion qui anticipe la volonté du gouvernement de présenter un budget « nouvelle génération » dès 2015. Le programme gouvernemental indiquait à ce sujet que « la manière d’établir le budget sera repensée. Chaque poste budgétaire doit pouvoir être justifié tant par rapport à sa finalité concrète que par rapport à l’économie générale du budget.  » Si l’État ne doit pas forcément être comparé à une entreprise en tous points, il a acquis historiquement un rôle prépondérant dans l’économie nationale via différentes prises de participation ou investissements. « La participation massive de l’État dans de grandes entreprises n’est pas souhaitable, estime Jean-Marc Fournier. Le secteur privé se révèle être un meilleur actionnaire et les participations étatiques dans les sociétés doivent être ciblées. L’État doit aussi intervenir lorsque les bénéfices des aides pourront rejaillir sur l’ensemble de la société, comme dans le cas du soutien à la recherche, qui doit d’ailleurs se mener

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Taux de chômage depuis 1990

Investir dans l’économie de la connaissance

% 8

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% Valeur de marque, capital humain spécfique à l’entreprise, capital organisationnel

Source : OCDE

R-D et autres produits de propriété intellectuelle 6

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L’inexorable hausse du chômage inquiète l’OCDE par son aspect structurel.

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Logiciels et bases de données

ESP ITA KOR PRT AUS LUX IRL CZE AUT JPN DEU SVN NLD FIN CAN GBR BEL DNK FRA SWE USA

Dans une économie de plus en plus orientée vers le savoir, des efforts restent à faire pour investir dans le capital intellectuel.

« L’État doit se doter d’une comptabilité moderne et gérer ses ressources humaines comme le font les entreprises. »

Source : OCDE, en pourcentage de la valeur ajoutée dans le secteur marchand, 2010.

COVERSTORY

Nicolas Henckes (UEL)

Jean-Jacques Rommes (ABBL)

« Nous ne devons pas attendre tout du gouvernement. Chacun devra travailler plus dur. » Nicolas Henckes

Jean-Jacques Rommes en partenariat avec le secteur privé. » Le délestage de participations pourrait apporter à l’État une manne financière non négligeable en temps de crise. Elle permettrait aussi aux gouvernants de se concentrer davantage sur le cadre réglementaire du pays, celuici faisant partie des atouts vendus à l’étranger pour attirer des entreprises. « Il est possible de regagner de la croissance à court terme en simplifiant et réduisant les règles existantes, relève Jean-Marc Fournier. Ce principe doit aussi être valable pour chaque nouvelle loi qui est produite. On peut donc parler d’une nécessaire démarche globale de simplification administrative à l’égard des entreprises et du marché du travail. » L’OCDE s’est intéressée aux législations entourant les licenciements, qu’ils soient collectifs ou individuels, et ce dans différents pays. En comparant des régimes plus ou moins flexibles, l’organisation en déduit qu’« un marché du travail dynamique, issu de réformes qui visent à accroître la flexibilité (…) est bénéfique pour le travailleur. (…) Ces derniers ont plus de chance de trouver un emploi répondant à leurs compétences et leurs attentes et ont, de ce fait, davantage de perspectives en termes d’évolution de carrière et de progression de leur rémunération. » En d’autres termes, les employeurs engagent plus volontiers s’ils disposent d’une réglementation flexible. Reste à trouver un équilibre entre les attentes économiques des uns et le besoin de sécurité des autres.

Investir dans le savoir Cet assouplissement des règles pourrait être une des réponses à la hausse constante du chômage depuis quelques mois, qui inquiète l’OCDE.

— MARS 2014

« Le chômage connaît une hausse significative auprès des jeunes et des moins qualifiés, note Jean-Marc Fournier. On peut donc parler d’une composante structurelle de plus en plus importante. » Pour combattre cette montée du chômage domestique alors que le recours à la main-d’œuvre frontalière et étrangère reste indispensable, l’OCDE prône une action en deux phases concomitantes. « Il faut revoir la générosité des indemnités de chômage et la progressivité du revenu minimum garanti tout en mettant d’importants efforts pour réformer l’Adem et donc aider les chômeurs à mieux trouver un emploi  », estime Jean-Marc Fournier. Reste que l’enseignement des écoliers inscrits dans le système luxembourgeois fait aussi partie des paramètres à repenser pour les prochaines années. A fortiori dans une économie de plus en plus orientée vers le savoir. « Il faut renforcer le lien entre la formation et le monde du travail, observe Jean-Marc Fournier. Le redoublement au Luxembourg est plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE, notamment en raison des difficultés rencontrées par des enfants dont la langue maternelle n’est pas le luxembourgeois. Il faut donc adapter le système en tenant compte d’exemples à l’étranger qui fonctionnent mieux. » Les patrons plaident aussi pour une autre forme de mise à l’emploi. « I l faut repenser le modèle de l’apprentissage pour permettre aux entreprises de recruter les jeunes qui disposent déjà d’une formation adéquate  », déclare Robert Dennewald, président de la Fedil. Le secteur privé serait disposé à effectuer des investissements en la matière, à l’instar de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment à Bettembourg. « Depuis sa création en 2002 grâce aux cotisations de

Perspectives

Une place en mutation « Le modèle de croissance de la place financière luxembourgeoise semble atteindre certaines limites, déclarait Jean-Marc Fournier en marge des Journées de l’Économie. Le Luxembourg a montré dernièrement des signes positifs en matière d’échange automatique d’informations vis-à-vis duquel nous plaidons pour un alignement des procédures, mais le pays a encore des progrès à faire en matière d’implémentation de procédures de lutte contre le blanchiment d’argent. » Sous la loupe de l’OCDE concernant les questions d’échange automatique d’informations, la Place est aussi analysée quant à son importance pour l’économie luxembourgeoise. Et des conséquences qu’elle pourrait lui faire encourir en raison de régression ou de difficultés. « On a l’impression que la diversification économique, c’est le bonheur. Et la place financière est considérée comme le malheur, déclare Jean-Jacques Rommes, CEO de l’ABBL. Il faut pourtant constater que la sidérurgie luxembourgeoise était l’affaire d’une seule industrie tandis que la place financière est composée d’une multitude d’acteurs aux activités qui sont tout sauf monolithiques. » Offrant de nouveaux débouchés comme l’e-paiement, lien entre la finance et l’ICT, la Place devra recourir à de nouveaux investissements pour conquérir de nouveaux marchés. T. R.

nos membres, nous avons formé 18.000 personnes avec des outils technologiques de pointe et en lien avec les besoins du secteur », déclare Roland Kuhn, président de la Chambre des métiers.

Question d’état d’esprit Rappelant à l’assistance des Journées de l’Économie un voyage en Grèce où on lui avait parlé de diversification économique, Robert Dennewald se souvient avoir écouté avec attention les secteurs prioritaires pour ce pays : l’ICT, la logistique, les écotechnologies, les biotechnologies. Édifiant et révélateur de la concurrence qui existe sur des leviers de croissance qui ne sont pas indéfinis. Dix ans après avoir été élevée en cause nationale, la diversification économique doit donc connaître un second souffle dans des domaines où une certaine masse critique d’acteurs a été atteinte. « Le Luxembourg compte de nombreux prestataires de services IT dont beaucoup dépendent d’autres pans de l’économie, relève Gary Kneip, président du Conseil économique et social, par ailleurs actif à titre professionnel dans l’ICT. Nous devons désormais tout faire pour attirer de nouvelles start-up au Luxembourg. Nous avons des atouts, des acteurs importants dont 40 venture capitalists, mais tout reste à faire sur le long terme. » Gary Kneip, qui a en partie participé aux préparatifs du programme gouvernemental, enjoint le gouvernement à concrétiser ses intentions, notamment la création d’une Agence de financement et d’investissement qui devrait mettre en contact « les entreprises (…) avec des investisseurs potentiels. Elle aura comme mission de recenser et de

qualifier des projets, de les accompagner et d’assurer le relais vers les investisseurs potentiels ». Sans renier une place financière qui lui a apporté de précieux revenus, des atouts et des compétences utiles pour d’autres secteurs, le Luxembourg doit désormais se chercher de nouvelles ambitions. « Étant donné que le Luxembourg était un pays prospère, il y avait une tendance durant les dernières années à se reposer sur ses lauriers, il faut donc trouver de nouveaux relais de croissance, conclut Jean-Marc Fournier. La richesse du pays, sa position à la croisée des chemins sont des atouts indéniables. » Une volonté politique de réformes, pas toujours populaires, une contribution entrepreneuriale pour créer de nouvelles activités, le Luxembourg doit compter sur l’ensemble de ses ressources pour renouer avec des succès. «  Nous ne devons pas tout attendre du gouvernement, déclarait pour sa part Nicolas Henckes, secrétaire général de l’Union des entreprises luxembourgeoises en marge de l’intervention de M. Fournier. Il faut que chacun travaille très dur dans le contexte que nous connaissons. La prise de risque est aussi importante pour relever de nouveaux défis.  » Tout un État… d’esprit.

Difficile de se projeter dans un avenir pour un pays aussi dépendant de la bonne santé économique de ses voisins que de la réglementation européenne. Reste que les symptômes dont souffre à petit feu le Luxembourg sont connus. Face à ces défis, l’OCDE recommande une cure de courage aux dirigeants pour s’attaquer à des réformes structurelles concernant notamment les retraites et la formation au sens large.

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Investir dans l’économie de la connaissance

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% Valeur de marque, capital humain spécfique à l’entreprise, capital organisationnel

Source : OCDE

R-D et autres produits de propriété intellectuelle 6

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L’inexorable hausse du chômage inquiète l’OCDE par son aspect structurel.

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Logiciels et bases de données

ESP ITA KOR PRT AUS LUX IRL CZE AUT JPN DEU SVN NLD FIN CAN GBR BEL DNK FRA SWE USA

Dans une économie de plus en plus orientée vers le savoir, des efforts restent à faire pour investir dans le capital intellectuel.

« L’État doit se doter d’une comptabilité moderne et gérer ses ressources humaines comme le font les entreprises. »

Source : OCDE, en pourcentage de la valeur ajoutée dans le secteur marchand, 2010.

COVERSTORY

Nicolas Henckes (UEL)

Jean-Jacques Rommes (ABBL)

« Nous ne devons pas attendre tout du gouvernement. Chacun devra travailler plus dur. » Nicolas Henckes

Jean-Jacques Rommes en partenariat avec le secteur privé. » Le délestage de participations pourrait apporter à l’État une manne financière non négligeable en temps de crise. Elle permettrait aussi aux gouvernants de se concentrer davantage sur le cadre réglementaire du pays, celuici faisant partie des atouts vendus à l’étranger pour attirer des entreprises. « Il est possible de regagner de la croissance à court terme en simplifiant et réduisant les règles existantes, relève Jean-Marc Fournier. Ce principe doit aussi être valable pour chaque nouvelle loi qui est produite. On peut donc parler d’une nécessaire démarche globale de simplification administrative à l’égard des entreprises et du marché du travail. » L’OCDE s’est intéressée aux législations entourant les licenciements, qu’ils soient collectifs ou individuels, et ce dans différents pays. En comparant des régimes plus ou moins flexibles, l’organisation en déduit qu’« un marché du travail dynamique, issu de réformes qui visent à accroître la flexibilité (…) est bénéfique pour le travailleur. (…) Ces derniers ont plus de chance de trouver un emploi répondant à leurs compétences et leurs attentes et ont, de ce fait, davantage de perspectives en termes d’évolution de carrière et de progression de leur rémunération. » En d’autres termes, les employeurs engagent plus volontiers s’ils disposent d’une réglementation flexible. Reste à trouver un équilibre entre les attentes économiques des uns et le besoin de sécurité des autres.

Investir dans le savoir Cet assouplissement des règles pourrait être une des réponses à la hausse constante du chômage depuis quelques mois, qui inquiète l’OCDE.

— MARS 2014

« Le chômage connaît une hausse significative auprès des jeunes et des moins qualifiés, note Jean-Marc Fournier. On peut donc parler d’une composante structurelle de plus en plus importante. » Pour combattre cette montée du chômage domestique alors que le recours à la main-d’œuvre frontalière et étrangère reste indispensable, l’OCDE prône une action en deux phases concomitantes. « Il faut revoir la générosité des indemnités de chômage et la progressivité du revenu minimum garanti tout en mettant d’importants efforts pour réformer l’Adem et donc aider les chômeurs à mieux trouver un emploi  », estime Jean-Marc Fournier. Reste que l’enseignement des écoliers inscrits dans le système luxembourgeois fait aussi partie des paramètres à repenser pour les prochaines années. A fortiori dans une économie de plus en plus orientée vers le savoir. « Il faut renforcer le lien entre la formation et le monde du travail, observe Jean-Marc Fournier. Le redoublement au Luxembourg est plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE, notamment en raison des difficultés rencontrées par des enfants dont la langue maternelle n’est pas le luxembourgeois. Il faut donc adapter le système en tenant compte d’exemples à l’étranger qui fonctionnent mieux. » Les patrons plaident aussi pour une autre forme de mise à l’emploi. « I l faut repenser le modèle de l’apprentissage pour permettre aux entreprises de recruter les jeunes qui disposent déjà d’une formation adéquate  », déclare Robert Dennewald, président de la Fedil. Le secteur privé serait disposé à effectuer des investissements en la matière, à l’instar de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment à Bettembourg. « Depuis sa création en 2002 grâce aux cotisations de

Perspectives

Une place en mutation « Le modèle de croissance de la place financière luxembourgeoise semble atteindre certaines limites, déclarait Jean-Marc Fournier en marge des Journées de l’Économie. Le Luxembourg a montré dernièrement des signes positifs en matière d’échange automatique d’informations vis-à-vis duquel nous plaidons pour un alignement des procédures, mais le pays a encore des progrès à faire en matière d’implémentation de procédures de lutte contre le blanchiment d’argent. » Sous la loupe de l’OCDE concernant les questions d’échange automatique d’informations, la Place est aussi analysée quant à son importance pour l’économie luxembourgeoise. Et des conséquences qu’elle pourrait lui faire encourir en raison de régression ou de difficultés. « On a l’impression que la diversification économique, c’est le bonheur. Et la place financière est considérée comme le malheur, déclare Jean-Jacques Rommes, CEO de l’ABBL. Il faut pourtant constater que la sidérurgie luxembourgeoise était l’affaire d’une seule industrie tandis que la place financière est composée d’une multitude d’acteurs aux activités qui sont tout sauf monolithiques. » Offrant de nouveaux débouchés comme l’e-paiement, lien entre la finance et l’ICT, la Place devra recourir à de nouveaux investissements pour conquérir de nouveaux marchés. T. R.

nos membres, nous avons formé 18.000 personnes avec des outils technologiques de pointe et en lien avec les besoins du secteur », déclare Roland Kuhn, président de la Chambre des métiers.

Question d’état d’esprit Rappelant à l’assistance des Journées de l’Économie un voyage en Grèce où on lui avait parlé de diversification économique, Robert Dennewald se souvient avoir écouté avec attention les secteurs prioritaires pour ce pays : l’ICT, la logistique, les écotechnologies, les biotechnologies. Édifiant et révélateur de la concurrence qui existe sur des leviers de croissance qui ne sont pas indéfinis. Dix ans après avoir été élevée en cause nationale, la diversification économique doit donc connaître un second souffle dans des domaines où une certaine masse critique d’acteurs a été atteinte. « Le Luxembourg compte de nombreux prestataires de services IT dont beaucoup dépendent d’autres pans de l’économie, relève Gary Kneip, président du Conseil économique et social, par ailleurs actif à titre professionnel dans l’ICT. Nous devons désormais tout faire pour attirer de nouvelles start-up au Luxembourg. Nous avons des atouts, des acteurs importants dont 40 venture capitalists, mais tout reste à faire sur le long terme. » Gary Kneip, qui a en partie participé aux préparatifs du programme gouvernemental, enjoint le gouvernement à concrétiser ses intentions, notamment la création d’une Agence de financement et d’investissement qui devrait mettre en contact « les entreprises (…) avec des investisseurs potentiels. Elle aura comme mission de recenser et de

qualifier des projets, de les accompagner et d’assurer le relais vers les investisseurs potentiels ». Sans renier une place financière qui lui a apporté de précieux revenus, des atouts et des compétences utiles pour d’autres secteurs, le Luxembourg doit désormais se chercher de nouvelles ambitions. « Étant donné que le Luxembourg était un pays prospère, il y avait une tendance durant les dernières années à se reposer sur ses lauriers, il faut donc trouver de nouveaux relais de croissance, conclut Jean-Marc Fournier. La richesse du pays, sa position à la croisée des chemins sont des atouts indéniables. » Une volonté politique de réformes, pas toujours populaires, une contribution entrepreneuriale pour créer de nouvelles activités, le Luxembourg doit compter sur l’ensemble de ses ressources pour renouer avec des succès. «  Nous ne devons pas tout attendre du gouvernement, déclarait pour sa part Nicolas Henckes, secrétaire général de l’Union des entreprises luxembourgeoises en marge de l’intervention de M. Fournier. Il faut que chacun travaille très dur dans le contexte que nous connaissons. La prise de risque est aussi importante pour relever de nouveaux défis.  » Tout un État… d’esprit.

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Toujours plus de diversification

La longue marche Depuis 10 ans, le pays s’est lancé dans la diversification économique. Une démarche progressive, liée à l’impulsion de l’État et des ministres de l’Économie, de Jeannot Krecké à Étienne Schneider. Un feuilleton rythmé de prospections, d’implantations et de célébrations. Moments choisis.

Un nouveau départ

Le Luxembourg qui roule

En élevant dès 2004 la diversification économique du pays comme cause prioritaire (dans la logistique, les écotechnologies, les biotechnologies et l’ICT), Jeannot Krecké, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur de l’époque, traçait des jalons poursuivis par son ancien bras droit devenu son successeur : Étienne Schneider.

Le fabricant de composants automobiles IEE est passé sous pavillon chinois en juillet 2013. En octobre de la même année, un cluster dédié au secteur automobile voit le jour pour renforcer la filière luxembourgeoise et lui donner un visage à l’étranger.

TEXTE THIERRY RAIZER ET ALAIN DUCAT

Qatar connection

Une cité des savoirs

Pour un développement durable

L’autre banque

Les 10 dernières années ont aussi été marquées par une vague de prospections vers l’émirat du Qatar, comme ici lors de la signature d’un Memorandum of Understanding entre banques centrales ou plus généralement vers les pays du Golfe. Des voyages ont eu des retours positifs pour la Place, même si ce fut un court mariage pour Cargolux.

Le nouveau siège de l’Université et l’expansion de ses activités sont essentiels pour la diversification économique du pays, marquée par une dépendance au savoir. D’où l’importance d’investir sur le long terme pour développer les talents depuis le Luxembourg. Déménagement prévu de l’Uni : 2015.

Adopté en janvier 2009 par le gouvernement, le plan « écotechnologies » prévoit d’investir dans de nouvelles activités orientées vers le développement durable. L’un des éléments concrets fut l’inauguration la même année d’une salle au CRP Gabriel Lippmann destinée à l’expérimentation commune entre chercheurs publics et entreprises.

La création en 2008 de l’IBBL, spécialisée dans la médecine personnalisée, vise à placer le Luxembourg sur la carte des biotechnologies au niveau mondial. Il en est de même avec le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine de l’Université, lancé en 2011 et placé sous la houlette du charismatique professeur Rudi Balling.

Des géants au Luxembourg

Les nouveaux coffres-forts

Ouverture à l’Orient

Valeur ajoutée gagnante

Amazon en 2004, Ebay en 2006, PayPal en 2007... le Luxembourg s’est offert de grands noms de l’ICT et du e-commerce depuis 10 ans. Des géants séduits par la TVA entourant les services électroniques qu’il faudra convaincre de rester au-delà de 2015, année de changement de ce régime.

Stimulés par une volonté publique d’investir dans les infrastructures, les data centers ont vu le jour à un rythme soutenu depuis 10 ans. L’un des derniers exemples en date est l’annonce du 4e data center de Luxconnect à Bettembourg. Mise en service : mi-2015.

Secteur historique et dominant, la place financière a dû aussi se diversifier, en allant au-delà de ses frontières historiques, tant en termes de services que de clientèle. L’arrivée de nouveaux acteurs est aussi une étape importante, à l’instar des banques chinoises (ici l’Industrial and Commercial Bank of China en 2011), moyen-orientales ou russes.

L’industrie a dû se renouveler. Les coûts salariaux étant difficilement concurrentiels par rapport à certains pays, le cap est mis sur la valeur ajoutée et les productions de niche. Ce qui pousse certaines entreprises à continuer à investir. Ainsi, Ampacet a inauguré ses nouveaux locaux de Dudelange en janvier 2013 pour 25 millions d’euros.

— MARS 2014


COVERSTORY

En reprenant le poste qu’il avait déjà occupé dans le gouvernement précédent, Étienne Schneider a fait plus qu’endosser à nouveau le costume de ministre de l’Économie. Il a, en quelque sorte, enfilé une taille patron plus large. D’abord parce que son ressort ministériel s’est considérablement enrichi, notamment de compétences sur lesquelles il aurait aimé avoir la main plus tôt, comme les Classes moyennes et le Tourisme, qu’il estime – à juste titre sans doute – indéfectiblement liées à la performance économique du pays et à sa quête de croissance réamorcée. Ensuite parce que, en chargeant ses épaules, il assume une forme de personnification. Il est devenu Mister Business. Il n’est pas seul et il le sait. Il joue en équipe, mais il fait office de capitaine ou de premier de cordée. Ce faisant, il accepte la responsabilité du poste. Sa mission, c’est de dessiner de nouveaux contours à l’économie, au sens large, du pays. En s’appuyant sur les images déjà bien ancrées, mais sans sortir les calques pour reproduire ce qui a déjà été fait. D’un côté, il rassemble, faisant sienne la devise du voisin, pour que l’union fasse aussi la force. D’un autre côté, il trie, pour cibler l’efficacité et éviter les doublons qui coûtent des deniers. L’Économie qui peut faire des économies sans céder un pouce de terrain

sur la qualité, cela pourrait être le credo de ce haut fonctionnaire devenu ministre. L’étranger, défi permanent d’un petit pays géographiquement enclavé et économiquement dépendant de ses voisins et du monde globalisé, il en fait aussi son terrain de jeu. Au Luxembourg, ça peut tourner. Et ça tournera mieux si l’on ramène de nouvelles forces vives, qu’il faut séduire et conquérir. L’image du pays se reconstruit. Cela fait partie du défi, qui peut ressembler à un puzzle. Car l’étranger juge aussi. Les instances européennes, l’OCDE, les autorités américaines, les grands argentiers de la nouvelle économie planétaire, les émissaires des pays émergents, les partenaires limitrophes, tous guettent les signes. Ils cherchent qui les bons filons, qui les bâtons avec lesquels frapper le petit Poucet pionnier de l’Union qui tire son épingle du jeu dans les marges. Mister Business, minister for business, certes. L’homme n’ignore pas que, sans l’effort de la troupe, la capacité à mouiller le maillot et le goût de la conquête – c’est presque le mythique « du sang, de la sueur et des armes », en moins belliqueux –, rien ne pourra fonctionner. Costume cravate impeccable ou manches retroussées, peu importe. Il y a des mesures à prendre. Il faut diversifier et dynamiser. Il faudra encore travailler aussi. Et aller de l’avant . Un job à plein temps…

MARS 2014 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

71

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Vidéo à la demande

NETFLIX NE FAIT PAS PEUR AU LUXEMBOURG Le géant de la vidéo à la demande veut déployer ses activités en Europe, peut-être via le Luxembourg. Les acteurs locaux sont intéressés mais suggèrent au gouvernement de demander des contreparties éventuelles.

payantes, les gratuites et le DVD). En outre, la France exige que 40 % des contenus diffusés soient des œuvres françaises et que 40 % des revenus soient reversés à la production audiovisuelle. Un système protectionniste bénéfique pour les acteurs locaux mais qui paraît obsolète à l’heure de la multiplication des écrans, des modèles de diffusion à la demande et des téléchargements.

Entreprises

Donnant donnant

Photo : Olivier Minaire

70

Un nouveau géant audiovisuel au Luxembourg ? Le Grand-Duché est en effet sur le radar du mastodonte américain Netflix, spécialisé dans la vidéo à la demande en ligne. Avec 40 millions d’abonnés dans le monde (dont la moitié outre-Atlantique), l’entreprise songe à accroître son développement en passant par l’Europe. Et il se pourrait que le pied soit posé au Luxembourg où la société possède son siège européen depuis 2011 pour coordonner le volet d’activités sur le Vieux Continent. Tout d’abord pour des raisons d’infrastructures qui ont fait l’objet d’investissements importants ces dernières années. Entre autres. « Nous avons les data centers et les back-offices administratifs parmi les plus performants d’Europe, sans parler du savoir-faire international et multiculturel essentiel en matière de multilinguisme et de coproduction », déclarait David Grumbach, producteur et CEO de Bac Films à paperJam.lu. L’argument de la TVA réduite n’est plus valable que pour quelques mois.

— MARS 2014

Mais au-delà de compétences, l’entreprise américaine fondée en 1997 passe en revue les juridictions européennes capables de lui proposer un cadre légal propice à la distribution de films en flux continu sur internet. Trouver une terre d’accueil favorable

Outre le Luxembourg, le Danemark, les PaysBas, l’Allemagne ou l’Irlande sont évoqués. À défaut de pouvoir s’y établir en raison de contraintes non compatibles avec son modèle d’affaires, Netflix entend bien conquérir le marché français. La France et sa sacro-sainte exception culturelle sont en effet une épine dans le pied des diffuseurs qui butent entre autres sur ce qu’il est convenu d’appeler la « chronologie des médias ». Dans le but de protéger les exploitants de salles, la loi française prévoit qu’un film ne peut arriver sur le marché de la vidéo à la demande que 36 mois après sa sortie en salle (et après être passé par les chaînes

Afin de contourner ce problème, Netflix pourrait donc émettre depuis Luxembourg où la chronologie des médias et le financement de la production ne sont pas imposés. « Nous sommes ravis d’établir notre base européenne au Luxembourg, et de rejoindre ainsi de nombreuses autres sociétés actives dans le domaine de l’internet qui y ont trouvé un environnement des affaires attrayant », commentait David Wells, directeur financier de Netflix, il y a trois ans. Pour l’heure, Netflix n’a, à Luxembourg, qu’une adresse postale au boulevard Royal, où sont également hébergées des sociétés comme PayPal ou eBay. Une donne qui pourrait changer. « Pour Netflix, l’option luxembourgeoise est évidemment intéressante, à l’image de ce qui a été fait à l’époque par RTL ou SES », argumentait Nicolas Steil, à la tête d’Iris Group auprès de paperJam.lu. Proposant un accès illimité à un catalogue de 100.000 films et séries pour moins de 8 dollars par mois, Netflix est actuellement occupée à lever des fonds – on parle de 400 millions de dollars – pour assurer son développement européen, à commencer par les pays anglo-saxons. Signe de la bonne santé du groupe qui pourrait pour le moins bousculer le marché européen de la vidéo à la demande. Si les autorités luxembourgeoises ouvrent leurs portes à Netflix, elles devraient aussi, selon les spécialistes, négocier des contreparties en termes de coproduction et de retombées pour le cinéma européen en général et donc le Luxembourg en particulier. Le pays a aussi tout intérêt à éviter de projeter l’image d’un pays sans droits… F.C.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Vidéo à la demande

NETFLIX NE FAIT PAS PEUR AU LUXEMBOURG Le géant de la vidéo à la demande veut déployer ses activités en Europe, peut-être via le Luxembourg. Les acteurs locaux sont intéressés mais suggèrent au gouvernement de demander des contreparties éventuelles.

payantes, les gratuites et le DVD). En outre, la France exige que 40 % des contenus diffusés soient des œuvres françaises et que 40 % des revenus soient reversés à la production audiovisuelle. Un système protectionniste bénéfique pour les acteurs locaux mais qui paraît obsolète à l’heure de la multiplication des écrans, des modèles de diffusion à la demande et des téléchargements.

Entreprises Photo : Olivier Minaire

Donnant donnant

Un nouveau géant audiovisuel au Luxembourg ? Le Grand-Duché est en effet sur le radar du mastodonte américain Netflix, spécialisé dans la vidéo à la demande en ligne. Avec 40 millions d’abonnés dans le monde (dont la moitié outre-Atlantique), l’entreprise songe à accroître son développement en passant par l’Europe. Et il se pourrait que le pied soit posé au Luxembourg où la société possède son siège européen depuis 2011 pour coordonner le volet d’activités sur le Vieux Continent. Tout d’abord pour des raisons d’infrastructures qui ont fait l’objet d’investissements importants ces dernières années. Entre autres. « Nous avons les data centers et les back-offices administratifs parmi les plus performants d’Europe, sans parler du savoir-faire international et multiculturel essentiel en matière de multilinguisme et de coproduction », déclarait David Grumbach, producteur et CEO de Bac Films à paperJam.lu. L’argument de la TVA réduite n’est plus valable que pour quelques mois.

— MARS 2014

Mais au-delà de compétences, l’entreprise américaine fondée en 1997 passe en revue les juridictions européennes capables de lui proposer un cadre légal propice à la distribution de films en flux continu sur internet. Trouver une terre d’accueil favorable

Outre le Luxembourg, le Danemark, les PaysBas, l’Allemagne ou l’Irlande sont évoqués. À défaut de pouvoir s’y établir en raison de contraintes non compatibles avec son modèle d’affaires, Netflix entend bien conquérir le marché français. La France et sa sacro-sainte exception culturelle sont en effet une épine dans le pied des diffuseurs qui butent entre autres sur ce qu’il est convenu d’appeler la « chronologie des médias ». Dans le but de protéger les exploitants de salles, la loi française prévoit qu’un film ne peut arriver sur le marché de la vidéo à la demande que 36 mois après sa sortie en salle (et après être passé par les chaînes

Afin de contourner ce problème, Netflix pourrait donc émettre depuis Luxembourg où la chronologie des médias et le financement de la production ne sont pas imposés. « Nous sommes ravis d’établir notre base européenne au Luxembourg, et de rejoindre ainsi de nombreuses autres sociétés actives dans le domaine de l’internet qui y ont trouvé un environnement des affaires attrayant », commentait David Wells, directeur financier de Netflix, il y a trois ans. Pour l’heure, Netflix n’a, à Luxembourg, qu’une adresse postale au boulevard Royal, où sont également hébergées des sociétés comme PayPal ou eBay. Une donne qui pourrait changer. « Pour Netflix, l’option luxembourgeoise est évidemment intéressante, à l’image de ce qui a été fait à l’époque par RTL ou SES », argumentait Nicolas Steil, à la tête d’Iris Group auprès de paperJam.lu. Proposant un accès illimité à un catalogue de 100.000 films et séries pour moins de 8 dollars par mois, Netflix est actuellement occupée à lever des fonds – on parle de 400 millions de dollars – pour assurer son développement européen, à commencer par les pays anglo-saxons. Signe de la bonne santé du groupe qui pourrait pour le moins bousculer le marché européen de la vidéo à la demande. Si les autorités luxembourgeoises ouvrent leurs portes à Netflix, elles devraient aussi, selon les spécialistes, négocier des contreparties en termes de coproduction et de retombées pour le cinéma européen en général et donc le Luxembourg en particulier. Le pays a aussi tout intérêt à éviter de projeter l’image d’un pays sans droits… F.C.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

L’actualité en chiffres :

100

Un musée en Suisse

Genii mise sur Charlie Chaplin

Un consortium emmené par la société luxembourgeoise Genii Capital, va lever un investissement de 25 millions d’euros dans la réalisation d’un musée dédié à Charlie Chaplin, à Corsier-sur-Vevey. Genii Capital, spécialisée dans le capitalinvestissement, la gestion d’actifs et le conseil financier, vient de signer un partenariat avec la Compagnie des Alpes (CDA) et Chaplin Museum Development (CMD) en vue de l’ouverture d’un musée dédié à Charlie Chaplin à Corsier-sur-Vevey, au cœur de la Riviera suisse. La CDA a été retenue par le consortium Genii Capital et CMD pour exploiter sous le nom de « Chaplin’s World » ce musée qui devrait ouvrir ses portes au printemps 2016. Il aura pour cadre le Manoir de Ban, là où le génial créateur de Charlot et des Temps modernes, entre autres, a résidé durant 25 ans. Genii Capital et CMD, propriétaires du site depuis 2008, prendront en charge la construction du musée pour un investissement de l’ordre de 25 millions d’euros. La CDA sera chargée de la mise en valeur des lieux avec un budget estimé à 7,9 millions d’euros. Contactée, la société d’investissement luxembourgeoise n’a pas souhaité communiquer la part exacte de son investissement. Le projet a reçu le soutien du canton de Vaud, via l’octroi d’un crédit d’aide au développement économique de 8,2 millions d’euros pour lequel 10 communes voisines du Manoir de Ban se sont portées garantes.

« Ce projet d’exception démontre que Genii Capital peut porter des projets ambitieux, même là où on ne l’attend pas. »

À l’occasion de son 100e anniversaire, la Croix-Rouge luxembourgeoise organise un challenge, consistant à réaliser un défi autour du chiffre 100 en vue de lever des fonds. L’éditeur de paperJam, Maison Moderne, participe à cette action. Et votre entreprise ?

Éric Lux, PDG de Genii Capital

10,7 % SNCI

10 BC ,9 % EE

% 3 5 CA HN

8,4 % Etat

INNOVATION

Digicash franchit un cap

% 35 xair Lu

La start-up luxembourgeoise Digicash Payments a lancé son nouveau système de paiement via la technologie Beacon. Après maturation sur le marché local, le système devrait, grâce notamment à l’apport de nouveaux fonds, être étendu à la Grande Région. Et éventuellement plus loin. À l’inverse de PayPal, Digicash n’est pas un émetteur de monnaie électronique. C’est l’écosystème qui, au moyen de nouvelles technologies, met en relation le client et sa banque. Les paiements initiés par Digicash sont débités directement du compte courant bancaire existant du client. « Ce qui est crucial pour nous et dans notre contexte, c’est l’adhésion des établissements financiers », explique Raoul Mulheims, CEO et fondateur de Digicash Payments.

Un scénographe de renom aux manettes

Avec les 35 % repris par HNCA, l’actionnariat de Cargolux a un nouveau dessin. Après la clôture des accords, quand l’État rachètera 8,41 % de la participation totale actuelle de Luxair, l’actionnariat sera comme ceci.

111 Photo : Genii Capital / DR

C’est le signe utilisé par l’Amcham (voir page 76) pour symboliser l’idée « One Man, One Day, One Euro », dérivée du projet de sàrl, lancé par le gouvernement .

Le futur musée disposera de plus de 4.000 m2 d’espace d’exposition répartis entre le manoir, un nouveau bâtiment de 2.000 m2 et le parc du domaine. La réalisation du parcours scénographique sera confiée à François Confino, un spécialiste en la matière qui a déjà travaillé pour le Musée du cinéma de Turin, le Musée d’histoire naturelle de Los Angeles ou le Musée Sezon de Tokyo. Suite à la conclusion de ce partenariat, le président directeur général de Genii Capital, Éric Lux, s’est déclaré « h eureux de pouvoir offrir au monde un musée dédié à l’artiste le plus populaire du 20e siècle ». Soulignant que, grâce au soutien des ayants droits de l’artiste américain de résidence suisse, ce musée bénéficiera de la plus belle collection d’œuvres réalisées par Charlie Chaplin, il a ajouté que «  ce projet d’exception démontre également l’engagement de Genii Capital à porter des projets ambitieux même là où on ne l’attend pas  » .

SES

ICT

Des accords cadrés avec Eutelsat

Dimension Data absorbe NextiraOne

SES et Eutelsat ont réglé une série de différends par le biais de plusieurs accords. Ces litiges portaient notamment sur la couverture de fréquences que les deux opérateurs se contestaient sur l’Europe, le MoyenOrient et l’Afrique. Selon Romain Bausch, CEO de SES, les accords vont permettre de créer un cadre plus sûr pour opérer sur les principaux marchés de la télédiffusion et des données dans les trois zones concernées. À ce sujet, un des accords prévoit que la SES continuera à opérer ses satellites depuis l’emplacement contesté et qu’Eutelsat lui louera des capacités qu’il commercialisera de manière indépendante.

Dimension Data, fournisseur mondial de services et de solutions ICT basé à Johannesburg et présente à Luxembourg où elle emploie 160 personnes, a annoncé la reprise – pour un montant qui n’a pas été communiqué – de certaines filiales de NextiraOne, multinationale européenne active dans les solutions d’affaires et les services de communications. Dans le deal, Dimension Data reprend l’ensemble des activités ainsi que les 1.850 collaborateurs de NextiraOne en Europe. Parmi ceux-ci figurent les 28 employés de la filiale luxembourgeoise de la société. Le nom et le branding de NextiraOne seront rebaptisés en Dimension Data dans les trois mois à venir .

Le Manoir de Ban, où Charlie Chaplin passa un quart de siècle, deviendra le plus logique des écrins pour un musée où le génie côtoiera le Genii…

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L’actualité en chiffres :

100

Un musée en Suisse

Genii mise sur Charlie Chaplin

Un consortium emmené par la société luxembourgeoise Genii Capital, va lever un investissement de 25 millions d’euros dans la réalisation d’un musée dédié à Charlie Chaplin, à Corsier-sur-Vevey. Genii Capital, spécialisée dans le capitalinvestissement, la gestion d’actifs et le conseil financier, vient de signer un partenariat avec la Compagnie des Alpes (CDA) et Chaplin Museum Development (CMD) en vue de l’ouverture d’un musée dédié à Charlie Chaplin à Corsier-sur-Vevey, au cœur de la Riviera suisse. La CDA a été retenue par le consortium Genii Capital et CMD pour exploiter sous le nom de « Chaplin’s World » ce musée qui devrait ouvrir ses portes au printemps 2016. Il aura pour cadre le Manoir de Ban, là où le génial créateur de Charlot et des Temps modernes, entre autres, a résidé durant 25 ans. Genii Capital et CMD, propriétaires du site depuis 2008, prendront en charge la construction du musée pour un investissement de l’ordre de 25 millions d’euros. La CDA sera chargée de la mise en valeur des lieux avec un budget estimé à 7,9 millions d’euros. Contactée, la société d’investissement luxembourgeoise n’a pas souhaité communiquer la part exacte de son investissement. Le projet a reçu le soutien du canton de Vaud, via l’octroi d’un crédit d’aide au développement économique de 8,2 millions d’euros pour lequel 10 communes voisines du Manoir de Ban se sont portées garantes.

« Ce projet d’exception démontre que Genii Capital peut porter des projets ambitieux, même là où on ne l’attend pas. »

À l’occasion de son 100e anniversaire, la Croix-Rouge luxembourgeoise organise un challenge, consistant à réaliser un défi autour du chiffre 100 en vue de lever des fonds. L’éditeur de paperJam, Maison Moderne, participe à cette action. Et votre entreprise ?

Éric Lux, PDG de Genii Capital

10,7 % SNCI

10 BC ,9 % EE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

% 3 5 CA HN

8,4 % Etat

INNOVATION

Digicash franchit un cap

% 35 xair Lu

La start-up luxembourgeoise Digicash Payments a lancé son nouveau système de paiement via la technologie Beacon. Après maturation sur le marché local, le système devrait, grâce notamment à l’apport de nouveaux fonds, être étendu à la Grande Région. Et éventuellement plus loin. À l’inverse de PayPal, Digicash n’est pas un émetteur de monnaie électronique. C’est l’écosystème qui, au moyen de nouvelles technologies, met en relation le client et sa banque. Les paiements initiés par Digicash sont débités directement du compte courant bancaire existant du client. « Ce qui est crucial pour nous et dans notre contexte, c’est l’adhésion des établissements financiers », explique Raoul Mulheims, CEO et fondateur de Digicash Payments.

Un scénographe de renom aux manettes

Avec les 35 % repris par HNCA, l’actionnariat de Cargolux a un nouveau dessin. Après la clôture des accords, quand l’État rachètera 8,41 % de la participation totale actuelle de Luxair, l’actionnariat sera comme ceci.

111 Photo : Genii Capital / DR

C’est le signe utilisé par l’Amcham (voir page 76) pour symboliser l’idée « One Man, One Day, One Euro », dérivée du projet de sàrl, lancé par le gouvernement .

Le futur musée disposera de plus de 4.000 m2 d’espace d’exposition répartis entre le manoir, un nouveau bâtiment de 2.000 m2 et le parc du domaine. La réalisation du parcours scénographique sera confiée à François Confino, un spécialiste en la matière qui a déjà travaillé pour le Musée du cinéma de Turin, le Musée d’histoire naturelle de Los Angeles ou le Musée Sezon de Tokyo. Suite à la conclusion de ce partenariat, le président directeur général de Genii Capital, Éric Lux, s’est déclaré « h eureux de pouvoir offrir au monde un musée dédié à l’artiste le plus populaire du 20e siècle ». Soulignant que, grâce au soutien des ayants droits de l’artiste américain de résidence suisse, ce musée bénéficiera de la plus belle collection d’œuvres réalisées par Charlie Chaplin, il a ajouté que «  ce projet d’exception démontre également l’engagement de Genii Capital à porter des projets ambitieux même là où on ne l’attend pas  » .

SES

ICT

Des accords cadrés avec Eutelsat

Dimension Data absorbe NextiraOne

SES et Eutelsat ont réglé une série de différends par le biais de plusieurs accords. Ces litiges portaient notamment sur la couverture de fréquences que les deux opérateurs se contestaient sur l’Europe, le MoyenOrient et l’Afrique. Selon Romain Bausch, CEO de SES, les accords vont permettre de créer un cadre plus sûr pour opérer sur les principaux marchés de la télédiffusion et des données dans les trois zones concernées. À ce sujet, un des accords prévoit que la SES continuera à opérer ses satellites depuis l’emplacement contesté et qu’Eutelsat lui louera des capacités qu’il commercialisera de manière indépendante.

Dimension Data, fournisseur mondial de services et de solutions ICT basé à Johannesburg et présente à Luxembourg où elle emploie 160 personnes, a annoncé la reprise – pour un montant qui n’a pas été communiqué – de certaines filiales de NextiraOne, multinationale européenne active dans les solutions d’affaires et les services de communications. Dans le deal, Dimension Data reprend l’ensemble des activités ainsi que les 1.850 collaborateurs de NextiraOne en Europe. Parmi ceux-ci figurent les 28 employés de la filiale luxembourgeoise de la société. Le nom et le branding de NextiraOne seront rebaptisés en Dimension Data dans les trois mois à venir .

Le Manoir de Ban, où Charlie Chaplin passa un quart de siècle, deviendra le plus logique des écrins pour un musée où le génie côtoiera le Genii…

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

IMMOBILIER EN VILLE

Villeroy & Boch House Aik Immobilien-Kapitalanlagegesellschaft vient d’acquérir pour 18,2 millions d’euros un bâtiment au cœur de Luxembourg. À deux pas de la Grand-Rue, il appartenait à Aviva Investors. La transaction a été effectuée par le biais de l’agence immobilière Cushman & Wakefield et au profit in fine d’un organe allemand de fonds de pension. Le bâtiment emblématique des années 1930 a été rénové il y a cinq ans. Il est occupé par la boutique Villeroy & Boch. Les cinq étages du bâtiment (2.500 m2) sont loués par différentes sociétés.

LLAM-KETTERTHILL

Dourson hors du labo

ArcelorMittal

Compétitivité d’abord Le divorce a été brutal entre JeanLuc Dourson (photo) et le conseil d’administration de LLAM (Laboratoire luxembourgeois d’analyses médicales), Ketterthill. Une « divergence de vues » oppose le CA de la société d’analyses médicales et Jean-Luc Dourson, dans la maison depuis plus de 10 ans – il en était devenu actionnaire et dirigeant –, en 2007. Dans une optique de développement de services à l’international, il avait entrepris en 2011 un rapprochement avec le groupe français Cerba et son réseau de laboratoires. Le Dr Stéphane Gidenne, biologiste médical, déjà membre du comité de direction, devient administrateur délégué de LLAM.

ZONES D’ACTIVITÉS

Flebour out Le ministre de l’Économie Étienne Schneider a dû faire des arbitrages dans le plan sectoriel relatif aux zones d’activités économiques (ZAE) dont l’avant-projet remonte à 2009. La ZAE « Flebour », qui devait s’étendre sur une vingtaine d’hectares, est passé à la trappe en raison de sa proximité avec une autre zone en devenir, « Fridhaff », deux fois plus grande et surtout cruciale dans le développement de la Nordstad. Ce serait la seule zone biffée du projet prévoyant 21 zones nouvelles ainsi que des agrandissements des zones existantes.

— MARS 2014

La traditionnelle cérémonie des vœux chez ArcelorMittal avait, cette année, un côté spécial pour Michel Wurth. Le Luxembourgeois, encore dans la direction mondiale du groupe jusqu’en avril, a, pour sa dernière cérémonie, passé en revue la position du groupe en Europe. La première des préoccupations de la direction reste bien la compétitivité prix avec, notamment, des coûts énergétiques européens bien trop importants. D’un point de vue social, le sidérurgiste se satisfait de l’accord trouvé avec les syndicats – ou tout le moins avec le syndicat majoritaire, l’OGBL – sur la nouvelle convention collective du secteur. Celle-ci garantit plus de flexibilité au groupe dans sa gestion des ressources humaines et lui accorde un gel temporaire des salaires, en 2014 et 2015.

LOTUS F1

MARQUES

Saxo Bank aux côtés de Genii

Vapeurs et fumées luxembourgeoises

La banque danoise Saxo Bank, déjà sponsor d’une équipe de cyclisme, est désormais aussi partenaire de l’écurie de formule 1 majoritairement détenue par le groupe luxembourgeois Genii Capital. Propriétaire de l’écurie, Gerard Lopez est aussi devenu le team manager dans les paddocks en remplacement d’Éric Boullier parti chez Williams. Le déficit budgétaire enregistré la saison dernière avait été épongé par Genii Capital. Pour la saison en cours, l’écurie pourra compter sur de l’argent frais (quelque 35 millions d’euros) apporté par le groupe pétrolier vénézuélien PDVQA.

Deux jeunes entrepreneurs locaux lancent « Le Grand Ducal », la première marque de cigarette électronique 100 % luxembourgeoise. Pedro Gomes et Sekou Kaba (32 ans) se lancent au bon moment dans le domaine de la « vapote », le promoteur et développeur de la première cigarette électronique luxembourgeoise. Le choix de la marque pose cependant quelques soucis à HVL (Heinz van Landewyk), dont une des marques de vraies cigarettes est Ducal et qui goûte mal qu’un produit de substitution s’accole l’adjectif protégé. Une très sérieuse procédure est en cours pour les questions de droits et de propriété intellectuelle.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Journées de l’Économie

Débat sur les ambitions luxembourgeoises Les K2 changent de mains

Commerce

Monoprix ouvre le 25 février Le premier Monoprix (1.500 m2 de surface de vente) au Luxembourg ouvrira ses portes le 25 février rue Fort Bourbon. « Nous voulons répondre aux besoins des habitants du centre-ville qui viennent faire leurs achats de manière régulière », déclare Eliran Hagege, associé avec Jacob Erik Amiel dans cette aventure. « Nous ne nous plaçons donc pas en concurrence directe avec les centres commerciaux périurbains. » Misant sur des produits différentiés, dont sa ligne de

vêtements qui donne des couleurs à l’enseigne en France, Monoprix veut aussi favoriser les produits régionaux, voire locaux. « Nous avons acquis une franchise globale sur l’ensemble du pays », précise Eliran Hagege, qui examine d’ores et déjà les possibilités d’autres ouvertures, pourquoi pas avec l’enseigne Monop’, un concept de quartier sur de plus petites surfaces de ventes (300 m2 de surface moyenne).

Deux immeubles emblématiques du Kirchberg passent de mains en mains. Aberdeen Asset Management AG cède ainsi K2 Ellipse et K2 Forte à Union Investment Real Estate. Le prix de vente n’est pas communiqué, mais il s’agirait, selon CBRE, de la transaction record sur le marché de l’investissement bureaux au Luxembourg depuis 2007. CBRE est intervenu en tant que conseil à la vente pour le propriétaire Aberdeen Asset Management AG. Le K2 Ellipse (immeuble à usage mixte) et le K2 Forte (immeuble de bureaux) ont été développés par le promoteur belge Codic en 2008 et 2007. Le K2 Ellipse dispose d’une superficie de +/- 4.300 m2 d’espace de commerces et de +/- 4.150 m2 de bureaux. Le K2 Forte offre une surface de +/- 8.250 m2 de bureaux. Il est entièrement loué.

SÀRL SIMPLIFIÉE

One Man, One Day, One Euro

PEDRO CASTILHO

— MARS 2014

La création d’un statut de Société à responsabilité limitée (sàrl) simplifiée fait partie du programme gouvernemental. L’idée de permettre aux créateurs d’entreprise de pouvoir se lancer avec un capital de départ s’élevant à un euro émane d’une recommandation de le Chambre de commerce du Luxembourg datant de janvier 2011. L’Amcham (American Chamber of Commerce Luxembourg) a repris l’idée avec pour objectif d’inviter le gouvernement à la mettre en œuvre, « as soon as po possible ».

Surtout, le New Business & Entrepreneurship Committee de l’association entend partager sa vision. « Nous avons repris l’idée et l’avons intégrée dans notre slogan ‘One man, One day, One euro’ (111), explique Pedro Castilho, vice-chairman du Committee. Il nous est apparu, au fil de nos discussions, que la mise en œuvre d’une formule permettant à chacun de se lancer rapidement, était une excellente mesure. » Dans le programme gouvernemental, l’idée est de permettre de créer une entreprise avec un capital de départ d’un euro. Le créateur aura cinq ans pour constituer le capital de 12.500 euros.

Photo : Luc Deflorenne

76

Jean-Marc Fournier, économiste pour l’OCDE, est venu livrer ses recommandations pour le Luxembourg.

Les 8es Journées de l’Économie, qui se sont déroulées le 4 et 5 février à la Chambre de commerce, ont permis de se pencher sur des axes de travail importants pour le futur du pays. Invité à détailler la politique économique de la tripartite, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie a détaillé ses priorités lors de la première demi-journée d’événement. « Le choc budgétaire nécessite des ajustements conséquents si nous voulons éviter que la dette publique ne dépasse les 30 % du PIB et si nous voulons garder la qualité de notre signature triple A », a déclaré Étienne Schneider. Lors d’une table ronde, les échanges entre différents responsables d’importantes organisations a mis en lumière le besoin criant d’investir dans le savoir afin de rencontrer les besoins des entreprises et de pouvoir davantage recourir au vivier de compétences locales avant d’en importer. Ces investissements devront être conduits au niveau de l’enseignement, mais aussi de la formation continue. La réussite dans l’économie du savoir influera par ailleurs sur l’image du Luxembourg ; thématique qui était à l’ordre du jour de la matinée du 5 février. « Il nous faut dès aujourd’hui travailler sur notre image afin d’attirer les décideurs et les investisseurs de demain », déclarait à ce sujet Annika Rembe, directrice du Swedish Institute. Le travail de l’agence suédoise de coordination du nation branding du pays nordique a servi d’exemple concret pour engager un débat sur l’image du Luxembourg et les actions nécessaires pour la modifier, sous le regard de la secrétaire d’État à l’Économie Francine Closener. Une discussion à bâtons rompus qui a montré d’une part l’importance de mettre en place un partenariat public/privé autour du nation branding et d’autre part de mener une réflexion sur l’identité du pays et les valeurs qu’il veut véhiculer afin d’atteindre ses cibles en dehors de ses frontières. Encore un chantier important auquel le gouvernement a promis de s’attaquer.

« Le système communautaire d’échange de quotas d’émission et le paquet Énergie 2030 affectent la compétitivité de l’industrie. Les droits d’émission sont juste devenus une taxe supplémentaire. » Michel Wurth (ArcelorMittal)

RÉORGANISATION

Post Luxembourg se transforme en profondeur En façade, les P&T sont devenus Post Luxembourg. Derrière ce changement visible, il faut repenser l’organisation, innover en termes de services et effectuer un suivi de rentabilité financière. À la direction, Claude Strasser s’est notamment entouré de Hjoerdis Stahl, ex-directrice de LuxairCargo (à la tête de la division courrier) et Pierre Zimmer, ancien directeur du Centre des technologies de l’information de l’État, devenu CIO de Post Luxembourg. Le métier « courrier » est confronté à des changements structurels liés à la digitalisation de la société. La poste se voit évoluer dans de nouveaux services logistiques. Le réseau de guichet lui-même devrait être restructuré pour de meilleures performances. Post Luxembourg poursuit ses investissements dans ses infrastructures de télécommunication. Ils s’élèvent à 200 millions d’euros annuellement. Le réseau 4G, pour toutes les zones où un besoin existe, devrait être une réalité d’ici la fin de l’année. Enfin, le pôle bancaire du groupe doit être refondu, peut-être via un modèle de partenariat avec d’autres acteurs bancaires sur la Place.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Journées de l’Économie

Débat sur les ambitions luxembourgeoises

Commerce

Monoprix ouvre le 25 février Le premier Monoprix (1.500 m2 de surface de vente) au Luxembourg ouvrira ses portes le 25 février rue Fort Bourbon. « Nous voulons répondre aux besoins des habitants du centre-ville qui viennent faire leurs achats de manière régulière », déclare Eliran Hagege, associé avec Jacob Erik Amiel dans cette aventure. « Nous ne nous plaçons donc pas en concurrence directe avec les centres commerciaux périurbains. » Misant sur des produits différentiés, dont sa ligne de

vêtements qui donne des couleurs à l’enseigne en France, Monoprix veut aussi favoriser les produits régionaux, voire locaux. « Nous avons acquis une franchise globale sur l’ensemble du pays », précise Eliran Hagege, qui examine d’ores et déjà les possibilités d’autres ouvertures, pourquoi pas avec l’enseigne Monop’, un concept de quartier sur de plus petites surfaces de ventes (300 m2 de surface moyenne).

Deux immeubles emblématiques du Kirchberg passent de mains en mains. Aberdeen Asset Management AG cède ainsi K2 Ellipse et K2 Forte à Union Investment Real Estate. Le prix de vente n’est pas communiqué, mais il s’agirait, selon CBRE, de la transaction record sur le marché de l’investissement bureaux au Luxembourg depuis 2007. CBRE est intervenu en tant que conseil à la vente pour le propriétaire Aberdeen Asset Management AG. Le K2 Ellipse (immeuble à usage mixte) et le K2 Forte (immeuble de bureaux) ont été développés par le promoteur belge Codic en 2008 et 2007. Le K2 Ellipse dispose d’une superficie de +/- 4.300 m2 d’espace de commerces et de +/- 4.150 m2 de bureaux. Le K2 Forte offre une surface de +/- 8.250 m2 de bureaux. Il est entièrement loué.

SÀRL SIMPLIFIÉE

One Man, One Day, One Euro

PEDRO CASTILHO

— MARS 2014

La création d’un statut de Société à responsabilité limitée (sàrl) simplifiée fait partie du programme gouvernemental. L’idée de permettre aux créateurs d’entreprise de pouvoir se lancer avec un capital de départ s’élevant à un euro émane d’une recommandation de le Chambre de commerce du Luxembourg datant de janvier 2011. L’Amcham (American Chamber of Commerce Luxembourg) a repris l’idée avec pour objectif d’inviter le gouvernement à la mettre en œuvre, « as soon as possible ».

Surtout, le New Business & Entrepreneurship Committee de l’association entend partager sa vision. « Nous avons repris l’idée et l’avons intégrée dans notre slogan ‘One man, One day, One euro’ (111), explique Pedro Castilho, vice-chairman du Committee. Il nous est apparu, au fil de nos discussions, que la mise en œuvre d’une formule permettant à chacun de se lancer rapidement, était une excellente mesure. » Dans le programme gouvernemental, l’idée est de permettre de créer une entreprise avec un capital de départ d’un euro. Le créateur aura cinq ans pour constituer le capital de 12.500 euros.

Photo : Luc Deflorenne

Les K2 changent de mains

Jean-Marc Fournier, économiste pour l’OCDE, est venu livrer ses recommandations pour le Luxembourg.

Les 8es Journées de l’Économie, qui se sont déroulées le 4 et 5 février à la Chambre de commerce, ont permis de se pencher sur des axes de travail importants pour le futur du pays. Invité à détailler la politique économique de la tripartite, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie a détaillé ses priorités lors de la première demi-journée d’événement. « Le choc budgétaire nécessite des ajustements conséquents si nous voulons éviter que la dette publique ne dépasse les 30 % du PIB et si nous voulons garder la qualité de notre signature triple A », a déclaré Étienne Schneider. Lors d’une table ronde, les échanges entre différents responsables d’importantes organisations a mis en lumière le besoin criant d’investir dans le savoir afin de rencontrer les besoins des entreprises et de pouvoir davantage recourir au vivier de compétences locales avant d’en importer. Ces investissements devront être conduits au niveau de l’enseignement, mais aussi de la formation continue. La réussite dans l’économie du savoir influera par ailleurs sur l’image du Luxembourg ; thématique qui était à l’ordre du jour de la matinée du 5 février. « Il nous faut dès aujourd’hui travailler sur notre image afin d’attirer les décideurs et les investisseurs de demain », déclarait à ce sujet Annika Rembe, directrice du Swedish Institute. Le travail de l’agence suédoise de coordination du nation branding du pays nordique a servi d’exemple concret pour engager un débat sur l’image du Luxembourg et les actions nécessaires pour la modifier, sous le regard de la secrétaire d’État à l’Économie Francine Closener. Une discussion à bâtons rompus qui a montré d’une part l’importance de mettre en place un partenariat public/privé autour du nation branding et d’autre part de mener une réflexion sur l’identité du pays et les valeurs qu’il veut véhiculer afin d’atteindre ses cibles en dehors de ses frontières. Encore un chantier important auquel le gouvernement a promis de s’attaquer.

« Le système communautaire d’échange de quotas d’émission et le paquet Énergie 2030 affectent la compétitivité de l’industrie. Les droits d’émission sont juste devenus une taxe supplémentaire. » Michel Wurth (ArcelorMittal)

RÉORGANISATION

Post Luxembourg se transforme en profondeur En façade, les P&T sont devenus Post Luxembourg. Derrière ce changement visible, il faut repenser l’organisation, innover en termes de services et effectuer un suivi de rentabilité financière. À la direction, Claude Strasser s’est notamment entouré de Hjoerdis Stahl, ex-directrice de LuxairCargo (à la tête de la division courrier) et Pierre Zimmer, ancien directeur du Centre des technologies de l’information de l’État, devenu CIO de Post Luxembourg. Le métier « courrier » est confronté à des changements structurels liés à la digitalisation de la société. La poste se voit évoluer dans de nouveaux services logistiques. Le réseau de guichet lui-même devrait être restructuré pour de meilleures performances. Post Luxembourg poursuit ses investissements dans ses infrastructures de télécommunication. Ils s’élèvent à 200 millions d’euros annuellement. Le réseau 4G, pour toutes les zones où un besoin existe, devrait être une réalité d’ici la fin de l’année. Enfin, le pôle bancaire du groupe doit être refondu, peut-être via un modèle de partenariat avec d’autres acteurs bancaires sur la Place.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Join Experience

Une nouvelle conquête européenne Le marché des télécommunications compte un nouvel opérateur : Join Experience.

Une entreprise tournée vers l’Europe, avec le soutien de Post Luxembourg. Les autres opérateurs observent attentivement cette nouvelle concurrence. Interview Thierry Raizer Photo Jessica Theis

ENTREPREUNARIAT

Fruit d’expériences Les trois associés à l’origine de Join Experience ont souhaité mettre à profit leurs expériences respectives pour aboutir au lancement du nouvel opérateur le 23 janvier dernier devant un parterre d’invités réunis au siège de la société, à Hamm. Claude Lüscher ex-CEO de Tecsys et cofondateur d’Exigo ; Pascal Koster ex-directeur-fondateur de Tango, puis fondateur de Voxmobile, devenu Orange Luxembourg et Frank Fischer ex-partner chez Deloitte, autre cofondateur d’Exigo et fondateur d’IT Works et de Cartrust sont désormais tous les trois managing directors de Join Experience.

de prix pour eux », expliquait Frank Fischer, l’un des trois managing partners, à paperJam.lu lors de la présentation officielle du réseau. Partenariats importants

Les points de vente, au design travaillé, se veulent aussi lieux d'expérience et d'initiation pour les clients.

— MARS 2014

T

éléphone portable puis smartphone, ces engins technologiques toujours plus sophistiqués ont pris une place prépondérante dans la vie quotidienne de nombreux consommateurs. Signe des temps et des habitudes des utilisateurs, les vœux de la nouvelle année via l’internet mobile ont eu le vent en poupe. Post Luxembourg enregistrait ainsi une baisse de 13 % des SMS par rapport à l’année précédente et déclarait que « la baisse du nombre de SMS observée a été contrebalancée par une véritable explosion du trafic data avec 8,3 térabytes de données échangés tous réseaux confondus, soit 48 % de plus qu’il y a un an ». C’est dans ce marché en permanente évolution que trois entrepreneurs ont choisi de se lancer un nouveau défi sous le nom de Join Experience. Un nouvel opérateur téléphonique

dont la concrétisation est le fruit de Pascal Koster, Frank Fischer et Claude Lüscher, plutôt au fait du secteur d’activité dans lequel ils ont investi (voir encadré page 79). Des premières annonces en novembre dernier au lancement officiel le 23 janvier 2014, Join Experience aura développé son offre commerciale sur un axe aussi simple qu’accessible à une cible relativement large : proposer aux clients – particuliers et professionnels – un tarif voix et données unique en Europe, quel que soit le pays où ils se trouvent. « Il existe beaucoup d’opérateurs internationaux présents dans bon nombre de pays. Mais aucun opérateur européen n’existe. Chaque entité est totalement autonome, juridiquement et technologiquement, avec des systèmes de facturation différents pour tous. Mettre en place une telle tarification unique serait hors

Démarrer d’une feuille blanche donne une certaine latitude, mais surtout l’obligation de faire les bons choix pour disposer de la technologique suffisante. Basant son approche sur la 4G, le réseau mobile de nouvelle génération, Join Experience a pu compter, dès ses débuts, sur le soutien de l’opérateur étatique Post Luxembourg. L’acteur historique en matière de télécoms a d’ailleurs effectué une prise de participation de 50 % via sa filiale P&T Capital dans la société. « L’intérêt pour Post Luxembourg de s’associer à Join Experience se situe indéniablement au niveau des ambitions internationales de la start-up », déclare Claude Strasser, directeur général de Post Luxembourg. À mi-chemin entre l’opérateur alternatif et l’acteur étatique, Join Experience présente donc un business case intéressant. Pour les trois dirigeants de la société, la présence d’un actionnaire de référence est une belle carte de visite. Pour Post Luxembourg, si l’aventure s’avère concluante, elle pourrait lui permettre de

conquérir de nouveaux clients en sortant des frontières d’un Luxembourg très bien desservi. À peine les trois magasins fraîchement inaugurés au Luxembourg, dont un place Guillaume II, les perceptives de Join sont d’ores et déjà orientées vers les voisins proches. Sept magasins sont annoncés en Belgique et une vingtaine de commerciaux « directs » sillonnera les deux pays. « Ces magasins ne seront pas de simples points de vente, mais de véritables espaces d’expérience, d’initiation, de découverte des derniers produits et services IT où les visiteurs peuvent profiter du service client et du centre de formation », détaillet-on du côté de Join Experience. Déterminant pour l’entreprise, le choix des infrastructures est aussi passé par des partenariats stratégiques dans l’optique d’une convergence télécommunications / IT. Tant au Luxembourg qu’à l’étranger. Du côté de l’hébergement des données on retrouve une autre filiale de Post Luxembourg aux ambitions paneuropéennes : eBRC et ses data centers. Michel Greco, dans le même giron, assurera la livraison des cartes ou terminaux. Reste que Join Experience est allé frapper à la porte de géants répandus mondialement pour des solutions et du matériel physique. Ericsson (pour une partie de

l’infrastructure) et le groupe chinois ZTE, 4e fournisseur mondial de solutions de télécommunications et 3e fabricant mondial de terminaux mobiles ont donc accepté de se joindre à ce pari. Pour les services de cloud, Join a opté pour un partenariat avec Luxcloud. « Le cloud constitue évidemment une des conditions nécessaires à notre développement, indique Claude Lüscher. Avec la 4G, on peut bénéficier des facilités du cloud y compris hors de son domicile ou de son bureau. Cela concerne tout autant les PME que les familles qui fonctionnent, d’une certaine façon, comme une petite entreprise en matière de gestion, de sécurité et de partage des données. » La stratégie dessinée, les briques assemblées, l’heure est à la conquête des clients locaux, mais aussi en Grande Région, campagne de communication massive à l’appui. « Nous visons 200.000 clients dans la Grande Région d’ici à quatre ans, ce qui est très raisonnable quand on sait qu’il y a 10 millions d’habitants, indique M. Koster. Sans compter les fournisseurs, nous avons déjà une centaine de personnes qui travaillent pour nous, dont une cinquantaine en direct, une trentaine sur Bruxelles et une vingtaine pour le développement de la plateforme ZTE. Nous avons prévu quelque 200 recrutements d’ici à la fin de l’année. » En matière de communication, l’opérateur veut

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Join Experience

Une nouvelle conquête européenne Le marché des télécommunications compte un nouvel opérateur : Join Experience.

Une entreprise tournée vers l’Europe, avec le soutien de Post Luxembourg. Les autres opérateurs observent attentivement cette nouvelle concurrence. Interview Thierry Raizer Photo Jessica Theis

ENTREPREUNARIAT

Fruit d’expériences Les trois associés à l’origine de Join Experience ont souhaité mettre à profit leurs expériences respectives pour aboutir au lancement du nouvel opérateur le 23 janvier dernier devant un parterre d’invités réunis au siège de la société, à Hamm. Claude Lüscher ex-CEO de Tecsys et cofondateur d’Exigo ; Pascal Koster ex-directeur-fondateur de Tango, puis fondateur de Voxmobile, devenu Orange Luxembourg et Frank Fischer ex-partner chez Deloitte, autre cofondateur d’Exigo et fondateur d’IT Works et de Cartrust sont désormais tous les trois managing directors de Join Experience.

de prix pour eux », expliquait Frank Fischer, l’un des trois managing partners, à paperJam.lu lors de la présentation officielle du réseau. Partenariats importants

Les points de vente, au design travaillé, se veulent aussi lieux d'expérience et d'initiation pour les clients.

— MARS 2014

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éléphone portable puis smartphone, ces engins technologiques toujours plus sophistiqués ont pris une place prépondérante dans la vie quotidienne de nombreux consommateurs. Signe des temps et des habitudes des utilisateurs, les vœux de la nouvelle année via l’internet mobile ont eu le vent en poupe. Post Luxembourg enregistrait ainsi une baisse de 13 % des SMS par rapport à l’année précédente et déclarait que « la baisse du nombre de SMS observée a été contrebalancée par une véritable explosion du trafic data avec 8,3 térabytes de données échangés tous réseaux confondus, soit 48 % de plus qu’il y a un an ». C’est dans ce marché en permanente évolution que trois entrepreneurs ont choisi de se lancer un nouveau défi sous le nom de Join Experience. Un nouvel opérateur téléphonique

dont la concrétisation est le fruit de Pascal Koster, Frank Fischer et Claude Lüscher, plutôt au fait du secteur d’activité dans lequel ils ont investi (voir encadré page 79). Des premières annonces en novembre dernier au lancement officiel le 23 janvier 2014, Join Experience aura développé son offre commerciale sur un axe aussi simple qu’accessible à une cible relativement large : proposer aux clients – particuliers et professionnels – un tarif voix et données unique en Europe, quel que soit le pays où ils se trouvent. « Il existe beaucoup d’opérateurs internationaux présents dans bon nombre de pays. Mais aucun opérateur européen n’existe. Chaque entité est totalement autonome, juridiquement et technologiquement, avec des systèmes de facturation différents pour tous. Mettre en place une telle tarification unique serait hors

Démarrer d’une feuille blanche donne une certaine latitude, mais surtout l’obligation de faire les bons choix pour disposer de la technologique suffisante. Basant son approche sur la 4G, le réseau mobile de nouvelle génération, Join Experience a pu compter, dès ses débuts, sur le soutien de l’opérateur étatique Post Luxembourg. L’acteur historique en matière de télécoms a d’ailleurs effectué une prise de participation de 50 % via sa filiale P&T Capital dans la société. « L’intérêt pour Post Luxembourg de s’associer à Join Experience se situe indéniablement au niveau des ambitions internationales de la start-up », déclare Claude Strasser, directeur général de Post Luxembourg. À mi-chemin entre l’opérateur alternatif et l’acteur étatique, Join Experience présente donc un business case intéressant. Pour les trois dirigeants de la société, la présence d’un actionnaire de référence est une belle carte de visite. Pour Post Luxembourg, si l’aventure s’avère concluante, elle pourrait lui permettre de

conquérir de nouveaux clients en sortant des frontières d’un Luxembourg très bien desservi. À peine les trois magasins fraîchement inaugurés au Luxembourg, dont un place Guillaume II, les perceptives de Join sont d’ores et déjà orientées vers les voisins proches. Sept magasins sont annoncés en Belgique et une vingtaine de commerciaux « directs » sillonnera les deux pays. « Ces magasins ne seront pas de simples points de vente, mais de véritables espaces d’expérience, d’initiation, de découverte des derniers produits et services IT où les visiteurs peuvent profiter du service client et du centre de formation », détaillet-on du côté de Join Experience. Déterminant pour l’entreprise, le choix des infrastructures est aussi passé par des partenariats stratégiques dans l’optique d’une convergence télécommunications / IT. Tant au Luxembourg qu’à l’étranger. Du côté de l’hébergement des données on retrouve une autre filiale de Post Luxembourg aux ambitions paneuropéennes : eBRC et ses data centers. Michel Greco, dans le même giron, assurera la livraison des cartes ou terminaux. Reste que Join Experience est allé frapper à la porte de géants répandus mondialement pour des solutions et du matériel physique. Ericsson (pour une partie de

l’infrastructure) et le groupe chinois ZTE, 4e fournisseur mondial de solutions de télécommunications et 3e fabricant mondial de terminaux mobiles ont donc accepté de se joindre à ce pari. Pour les services de cloud, Join a opté pour un partenariat avec Luxcloud. « Le cloud constitue évidemment une des conditions nécessaires à notre développement, indique Claude Lüscher. Avec la 4G, on peut bénéficier des facilités du cloud y compris hors de son domicile ou de son bureau. Cela concerne tout autant les PME que les familles qui fonctionnent, d’une certaine façon, comme une petite entreprise en matière de gestion, de sécurité et de partage des données. données. » La stratégie dessinée, les briques assemblées, l’heure est à la conquête des clients locaux, mais aussi en Grande Région, campagne de communication massive à l’appui. « Nous visons 200.000 clients dans la Grande Région d’ici à quatre ans, ce qui est très raisonnable quand on sait qu’il y a 10 millions d’habitants, indique M. Koster. Sans compter les fournisseurs, nous avons déjà une centaine de personnes qui travaillent pour nous, dont une cinquantaine en direct, une trentaine sur Bruxelles et une vingtaine pour le développement de la plateforme ZTE. Nous avons prévu quelque 200 recrutements d’ici à la fin de l’année. l’année. » En matière de communication, l’opérateur veut

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

CONCURRENCE

Nouvel acteur, mêmes enjeux Les opérateurs télécoms alternatifs observent avec attention l’émergence d’un nouveau confrère et donc concurrent sur le marché. Le modèle choisi par Join Experience intéresse de prêt les patrons d’entreprise. « L’arrivée d’un nouvel opérateur sur le marché est toujours bénéfique pour le client, déclare Didier Rouma, CEO de Tango. Mais force est de constater que le marché saturé de la téléphonie mobile tel que nous le connaissons au Luxembourg, avec des prix assez bas, peut se retrouver complexifié en cas d’arrivée d’un nouvel acteur. » Les prix vont-ils s’adapter en fonction de la nouvelle offre ? Les produits de chacun vont-ils être alignés ? Chaque opérateur veut rester le plus compétitif, tout en se préparant aux changements législatifs européens. « Le consommateur luxembourgeois est très attentif aux évolutions du marché, relève Werner De Laet, CEO d’Orange Luxembourg. De plus en plus d’opérateurs vont donc inclure le roaming dans leurs offres, ce qui est déjà très répandu pour le marché luxembourgeois. » Réunis aux côtés d’autres entreprises au sein de l’Opal (fédération des opérateurs alternatifs du Luxembourg), ces deux opérateurs avaient cosigné un appel lancé au gouvernement fin novembre sous le titre « Ne nous oubliez pas ». L’appel reste de mise, à la lumière des changements législatifs européens. « Nous nous préparons depuis longtemps à devoir travailler avec moins, voire pas de revenus issus du roaming, cette notion étant amenée à disparaître entièrement du fait de la pression européenne, ajoute Didier Rouma. En 2006-2007, le roaming représentait quelque 40 % de nos revenus contre 20 % aujourd’hui. Cette proportion non négligeable est générée en partie par le nombre croissant de frontaliers. » Un sujet qui pourrait être évoqué lors d’une prochaine rencontre avec le ministre de tutelle, qui n’est autre que le Premier ministre lui-même, Xavier Bettel.

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Les trois acteurs, avec le soutien de Post Luxembourg, sont un peu les mousquetaires de la 4G.

s’adresser de manière simple aux particuliers et aux entreprises, notamment via un site internet épuré. Le premier abonnement qui y est présenté pour les particuliers – faiblement consommateurs – coûte 9,95 euros par mois (4G inclus, 100 min d’appels, 100 SMS, 100 MB). Au Luxembourg, l’abonné recevra un numéro « 671 ». Pour marquer son encrage, Join veut proposer des numéros belges rapidement. Il en sera de même dans une seconde étape en Allemagne et en France. « Nous sommes très contents des réactions très positives aussi bien des particuliers que des sociétés, déclare Pascal Koster. Les clients sont très bien renseignés et comprennent très vite l’intérêt d’une offre telle que lancée par Join, pour les locaux et les frontaliers. Nous avons reçu beaucoup de demandes de la part des sociétés et les ventes sont au-dessus de nos espérances et de notre business plan. » Marchés sans frontières

Les ambitions de Join interviennent à un moment particulier pour le marché des télécommunications en Europe. Morcelé et présentant une multitude d’acteurs en fonction des pays, celui-ci devrait tendre davantage vers un marché unique. C’est en tout cas le souhait de la Commission européenne qui a présenté une version actualisée de son « paquet télécom » en septembre 2013 et censé entrer en vigueur en juillet 2014, même si l’Orece (Organe des régulateurs européens de communications électroniques) ne le voit pas d’un bon œil. « L’objectif de cette réforme est de réduire la fragmentation du marché, de supprimer les frais d’itinérance (roaming) et de mieux protéger la neutralité des réseaux vis-à-vis des contenus. La Commission européenne semble donc y voir un moyen de favoriser la consolidation du secteur afin de résister à la concurrence mondiale », déclaraient récemment Olivier Lemaire, Telecom, Media and Technology (TMT) industry leader, et Anthony Cannella, manager TMT chez EY dans un avis d’expert partagé sur paperJam.lu. Comparée au marché

américain où seuls deux opérateurs se partagent une importante clientèle et donc peuvent faire jouer des économies d’échelle, l’Europe apparaît en effet bien morcelée. En supprimant les revenus liés au roaming, la Commission risquerait de priver les opérateurs d’une manne financière non négligeable et nécessaire pour réaliser les investissements technologiques qu’impose l’évolution de la communication mobile. « Les opérateurs doivent se réinventer pour trouver de nouvelles sources de revenus à travers des solutions innovantes telles que le ‘machine to machine’, le payement mobile… », ajoutaient les spécialistes d’EY. Si l’émergence d’un marché unique prend, quoi qu’il arrive, un certain nombre d’années, il a déjà en réalité débuté. La carte d’identité des opérateurs alternatifs luxembourgeois en est l’une des illustrations. Tango, Orange et désormais Join Experience se sont tous rapprochés ou ont été rachetés par des opérateurs plus importants pour bénéficier de synergie et suivre leurs clients par-delà les frontières. Quel rôle pourra jouer le Luxembourg dans ce marché ? Encore trop tôt pour le dire. Mais l’expérience de Join pourrait être révélatrice d’une évolution, tout en sachant que l’opérateur devra forcément trouver des sources de revenus complémentaires au roaming appelé à diminuer inexorablement. Une nouvelle aventure entrepreneuriale luxembourgeoise ne peut qu’être saluée dans la période que nous traversons, gageons qu’elle se place dans la lignée de la conquête des ondes opérée par des autres opérateurs prestigieux dans leur domaine que sont SES et RTL.

Pour pénétrer un marché ultra concurrentiel et saturé comme l’est celui des télécommunications au Luxembourg, mieux vaut miser sur un positionnement différenciant. C’est l’option prise par Join Experience depuis son lancement le 23 janvier. L’entreprise détenue à 50 % par Post Luxembourg veut aborder le marché européen avec des tarifs uniques, roaming compris, quel que soit le pays.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

CHÈQUE-SERVICE ACCUEIL

Recentrage

Crèches commerciales

Une place à prendre Le nombre de crèches privées a triplé depuis l’introduction du chèque-service accueil en 2009. Le secteur continue d’attirer des investisseurs, comme Lavorel Medicare qui a racheté le réseau Ribambelle. La profession s’organise et une fédération vient de voir le jour. Texte Frédérique Moser Photo Christophe Olinger

D

ébut janvier, un nouveau venu a fait son apparition dans le secteur très dynamique des crèches dites « commerciales ». Lavorel Development, entité du groupe Lavorel Medicare établi depuis septembre 2012 au Luxembourg, a annoncé l’acquisition du réseau des crèches Ribambelle. Montant estimé de la transaction : entre 4 et 5 millions d’euros, pour le plus important réseau privé de structures d’accueil de la petite enfance, avec une vingtaine d’adresses dans la capitale et le sud du pays. Une entrée en force sur un marché très convoité ? Plutôt une opportunité, au départ, que les entrepreneurs français n’ont pas voulu laisser passer. « Les crèches ne figuraient pas jusqu’à présent dans nos activités classiques, puisque nous sommes spécialisés dans les soins intensifs à domicile ou en petite structure », explique Stanislas Lavorel, président du directoire. Le groupe opère essentiellement en Allemagne, sous la marque Bonitas, où il emploie plus de 3.000 personnes. Le Luxembourg lui sert de tremplin pour un développement stratégique dans les pays du nord. Oui, mais les crèches, dans tout cela ? « Au Luxembourg, nous n’avons pas identifié de prestataires dans des structures proches

— MARS 2014

de ce que l’on fait en Allemagne, précise M. Lavorel. Quand nous avons appris que le réseau de crèches Ribambelle était à vendre, nous avons néanmoins étudié le projet de près, car nous restons sur notre vecteur d’activités : des métiers où la dimension humaine est fondamentale, avec la nécessité d’allier souci de gestion et qualité de service. » Asseoir sa notoriété

Outre le hasard d’une rencontre entre des exploitants de crèches souhaitant vendre et des investisseurs spécialisés dans les soins à la personne, Stanislas Lavorel décline les atouts qui ont convaincu le groupe d’investir dans ce projet : « Une forte volonté politique d’aider au développement de crèches, avec une exigence qualitative qui nous convient parfaitement. Mais aussi un marché atomisé, où aucun leader ne s’est encore imposé, comme c’est le cas dans d’autres pays ; il y a donc une place à prendre. » Après l’ouverture d’une nouvelle structure à Soleuvre, en septembre 2013, « sur un concept innovant, très moderne, avec des pièces dédiées à différents univers et une cuisine qui permet au chef de préparer des plats frais », puis une ouverture programmée dans quelques semaines à Kehlen, Lavorel Development n’exclut dons

pas d’étendre le réseau, à moyen terme, tout en procédant à la rénovation des structures existantes. « Nous sommes en phase d’observation, sans objectif chiffré pour notre développement local. Il s’agit d’asseoir notre réputation et de développer notre savoir-faire, en gardant une vision au-delà du Luxembourg », explique M. L avorel. Dans le viseur : le marché allemand, notamment, où le vieillissement démographique devrait amener le gouvernement à être tout aussi accueillant envers les nouveaux opérateurs que peut l’être celui du Luxembourg. Mais sur un marché bien plus vaste. Au Grand-Duché, la pénurie de places de crèche et la volonté du gouvernement de faciliter l’emploi féminin avaient conduit le gouvernement sur la voie du chèque-service accueil (CSA), en 2009 (lire encadré). Une offre pléthorique

Les résultats ne se sont pas fait attendre, avec une explosion du nombre de places créées dans les foyers de jour et les crèches commerciales. Selon le dernier rapport du ministère de la Famille, en un an, de 2011 à 2012, leur nombre

a progressé de plus de 28 %, passant de 5.793 à 7.426, tandis que le nombre de crèches privées, prestataires du CSA, est passé de 93 (en 2009) à 238 trois ans plus tard. L’offre s’est considérablement diversifiée et étoffée : tout est bon pour se démarquer de la concurrence sur un marché fortement disputé. Les parents n’ont que l’embarras du choix pour choisir un cadre adapté à leurs désirs, avec force « petits plus » qui font la différence : éveil musical avec des instruments à cordes et Mozart en fond sonore dans la nurserie, ramassage scolaire assuré par le personnel de la crèche, concept « bio » et produits de proximité, services sur place tels que coiffeur, bibliothèque ou piscine avec cours de natation et même, depuis peu… langue et civilisation chinoises ! L’inspiration des promoteurs qui se lancent sur le marché semble sans limites. Au risque de passer à côté de l’essentiel, les besoins réels d’un tout-petit, dans ce véritable maelström ? C’est ce que craint Béatrice Martin, fondatrice de Kidscare, en 1994. « Il est urgent de mener une profonde réflexion sur l’enfant, sur ses besoins fondamentaux et, plus généralement, sur ce que nous voulons réellement pour nos petits, dans la société de demain… » La cheffe

d’entreprise, à la tête depuis 20 ans d’un réseau de crèches « à la croissance tranquille » (4,5 millions de chiffre d’affaires en 2013 avec neuf établissements), connaît bien le terrain luxembourgeois. Et elle ne manque pas de relever certaines dérives. « Le chèque-service accueil est une bonne chose, en tant qu’instrument de redistribution des prestations sociales. Il a permis l’éclosion de crèches privées à un moment où le gouvernement nous a largement sollicités pour combler le manque d’infrastructures. Mais là, c’est parti ‘en live’. Il y a beaucoup trop de crèches ! Il ne suffit pas d’aimer jouer à la poupée pour en ouvrir une ; c’est aussi un business. Beaucoup de gens se sont lancés sans étude de marché préalable et certaines vivotent avec deux, trois ou quatre enfants, quand elles ne ferment pas, tout simplement. » Une évolution logique, après une période pléthorique : « Une régularisation du marché est en train de se faire, observe Mme Martin, dans un marché boursouflé par l’arrivée du CSA. » Certains parents, qui avaient placé leur enfant en crèche grâce aux tarifs très avantageux offerts par le système, ont dû se replier vers d’autres solutions, après la réorientation opérée l’an dernier par le gouvernement.

Économies obligent, le gouvernement a opéré en 2012 des coupes claires dans le système du chèque-service accueil, dont bénéficient plus des deux tiers des 0-12 ans résidant au Luxembourg (soit 45.000 enfants environ). Le recentrage a maintenu le principe de sélectivité sociale : les mesures s’appliquent en premier lieu aux ménages disposant d’un revenu supérieur à 3,5 fois le salaire social minimum (hausse des prix par heure d’encadrement et par repas et suppression des 3 heures gratuites hebdomadaires). La participation maximale de l’État est passée en outre de 7,50 à 6 euros par heure facturée, mais uniquement dans les structures d’accueil privées, au grand dam des entrepreneurs qui y voient une distorsion de concurrence avec les crèches conventionnées. Difficile de donner une fourchette de coût moyen mensuel résiduel pour une famille, tant les critères pris en compte sont nombreux. À titre d’exemple, les frais de garde à temps plein d’un enfant issu d’un ménage bénéficiant d’un revenu médian, soit 2.700 euros (sachant que dans le cas de couples non mariés, un seul revenu est pris en compte), avoisinent les 100 euros par mois, tandis que l’ardoise peut grimper jusqu’à plus de 1.300 euros pour les couples disposant de hauts revenus. Destiné aux résidents, le CSA exclut de fait les enfants des frontaliers. Un principe qui pourrait être mis à mal car, ainsi que l’a rappelé le Conseil d’État en mars 2013, ces aides publiques pourraient (à l’instar des bourses d’études) être considérées comme « indirectement discriminatoires » vis-à-vis des travailleurs frontaliers. Le système pourrait donc peser très lourd à l’avenir dans les finances publiques, d’autant que le programme gouvernemental annonce qu’« il vise, à moyen terme, la gratuité de l’accueil des enfants (…) avec une priorité donnée dans une première phase aux enfants âgés de 0 à 3 ans ». Aucune précision n’a été apportée jusqu’à présent, mais les professionnels du secteur sont tout ouïe et espèrent être invités à participer aux réflexions. F. M.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

CHÈQUE-SERVICE ACCUEIL CHÈQUE-SERVI

Recentrage

Crèches commerciales

Une place à prendre Le nombre de crèches privées a triplé depuis l’introduction du chèque-service accueil en 2009. Le secteur continue d’attirer des investisseurs, comme Lavorel Medicare qui a racheté le réseau Ribambelle. La profession s’organise et une fédération vient de voir le jour. Texte Frédérique Moser Photo Christophe Olinger

D

ébut janvier, un nouveau venu a fait son apparition dans le secteur très dynamique des crèches dites « commerciales ». Lavorel Development, entité du groupe Lavorel Medicare établi depuis septembre 2012 au Luxembourg, a annoncé l’acquisition du réseau des crèches Ribambelle. Montant estimé de la transaction : entre 4 et 5 millions d’euros, pour le plus important réseau privé de structures d’accueil de la petite enfance, avec une vingtaine d’adresses dans la capitale et le sud du pays. Une entrée en force sur un marché très convoité ? Plutôt une opportunité, au départ, que les entrepreneurs français n’ont pas voulu laisser passer. « Les crèches ne figuraient pas jusqu’à présent dans nos activités classiques, puisque nous sommes spécialisés dans les soins intensifs à domicile ou en petite structure », explique Stanislas Lavorel, président du directoire. Le groupe opère essentiellement en Allemagne, sous la marque Bonitas, où il emploie plus de 3.000 personnes. Le Luxembourg lui sert de tremplin pour un développement stratégique dans les pays du nord. Oui, mais les crèches, dans tout cela ? « Au Luxembourg, nous n’avons pas identifié de prestataires dans des structures proches

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de ce que l’on fait en Allemagne, précise M. Lavorel. Quand nous avons appris que le réseau de crèches Ribambelle était à vendre, nous avons néanmoins étudié le projet de près, car nous restons sur notre vecteur d’activités : des métiers où la dimension humaine est fondamentale, avec la nécessité d’allier souci de gestion et qualité de service. » Asseoir sa notoriété

Outre le hasard d’une rencontre entre des exploitants de crèches souhaitant vendre et des investisseurs spécialisés dans les soins à la personne, Stanislas Lavorel décline les atouts qui ont convaincu le groupe d’investir dans ce projet : « Une forte volonté politique d’aider au développement de crèches, avec une exigence qualitative qui nous convient parfaitement. Mais aussi un marché atomisé, où aucun leader ne s’est encore imposé, comme c’est le cas dans d’autres pays ; il y a donc une place à prendre. » Après l’ouverture d’une nouvelle structure à Soleuvre, en septembre 2013, « sur un concept innovant, très moderne, avec des pièces dédiées à différents univers et une cuisine qui permet au chef de préparer des plats frais », puis une ouverture programmée dans quelques semaines à Kehlen, Lavorel Development n’exclut dons

pas d’étendre le réseau, à moyen terme, tout en procédant à la rénovation des structures existantes. « Nous sommes en phase d’observation, sans objectif chiffré pour notre développement local. Il s’agit d’asseoir notre réputation et de développer notre savoir-faire, en gardant une vision au-delà du Luxembourg », explique M. L avorel. Dans le viseur : le marché allemand, notamment, où le vieillissement démographique devrait amener le gouvernement à être tout aussi accueillant envers les nouveaux opérateurs que peut l’être celui du Luxembourg. Mais sur un marché bien plus vaste. Au Grand-Duché, la pénurie de places de crèche et la volonté du gouvernement de faciliter l’emploi féminin avaient conduit le gouvernement sur la voie du chèque-service accueil (CSA), en 2009 (lire encadré). Une offre pléthorique

Les résultats ne se sont pas fait attendre, avec une explosion du nombre de places créées dans les foyers de jour et les crèches commerciales. Selon le dernier rapport du ministère de la Famille, en un an, de 2011 à 2012, leur nombre

a progressé de plus de 28 %, passant de 5.793 à 7.426, tandis que le nombre de crèches privées, prestataires du CSA, est passé de 93 (en 2009) à 238 trois ans plus tard. L’offre s’est considérablement diversifiée et étoffée : tout est bon pour se démarquer de la concurrence sur un marché fortement disputé. Les parents n’ont que l’embarras du choix pour choisir un cadre adapté à leurs désirs, avec force « petits plus » qui font la différence : éveil musical avec des instruments à cordes et Mozart en fond sonore dans la nurserie, ramassage scolaire assuré par le personnel de la crèche, concept « bio » et produits de proximité, services sur place tels que coiffeur, bibliothèque ou piscine avec cours de natation et même, depuis peu… langue et civilisation chinoises ! L’inspiration des promoteurs qui se lancent sur le marché semble sans limites. Au risque de passer à côté de l’essentiel, les besoins réels d’un tout-petit, dans ce véritable maelström ? C’est ce que craint Béatrice Martin, fondatrice de Kidscare, en 1994. « Il est urgent de mener une profonde réflexion sur l’enfant, sur ses besoins fondamentaux et, plus généralement, sur ce que nous voulons réellement pour nos petits, dans la société de demain… » La cheffe

d’entreprise, à la tête depuis 20 ans d’un réseau de crèches « à la croissance tranquille » (4,5 millions de chiffre d’affaires en 2013 avec neuf établissements), connaît bien le terrain luxembourgeois. Et elle ne manque pas de relever certaines dérives. « Le chèque-service accueil est une bonne chose, en tant qu’instrument de redistribution des prestations sociales. Il a permis l’éclosion de crèches privées à un moment où le gouvernement nous a largement sollicités pour combler le manque d’infrastructures. Mais là, c’est parti ‘en live’. Il y a beaucoup trop de crèches ! Il ne suffit pas d’aimer jouer à la poupée pour en ouvrir une ; c’est aussi un business. Beaucoup de gens se sont lancés sans étude de marché préalable et certaines vivotent avec deux, trois ou quatre enfants, quand elles ne ferment pas, tout simplement. » Une évolution logique, après une période pléthorique : « Une régularisation du marché est en train de se faire, observe Mme Martin, dans un marché boursouflé par l’arrivée du CSA. » Certains parents, qui avaient placé leur enfant en crèche grâce aux tarifs très avantageux offerts par le système, ont dû se replier vers d’autres solutions, après la réorientation opérée l’an dernier par le gouvernement.

Économies obligent, le gouvernement a opéré en 2012 des coupes claires dans le système du chèque-service accueil, dont bénéficient plus des deux tiers des 0-12 ans résidant au Luxembourg (soit Lux 45.000 enfants environ). Le recentrage a maintenu le principe de sélectivité sociale : les mesures s’appliquent en premier lieu aux ménages disposant d’un revenu supérieur à 3,5 fois le salaire social minimum (hausse des prix par heure d’encadrement et par repas et suppression des 3 heures gratuites hebdomadaires). La participation maximale de l’État est passée en outre de 7,50 à 6 euros par heure facturée, mais uniquement dans les structures d’accueil privées, au grand dam des entrepreneurs qui y voient une distorsion de concurrence avec les crèches conventionnées. Difficile de donner une fourchette de coût moyen mensuel résiduel pour une famille, tant les critères pris en compte sont nombreux. À titre d’exemple, les frais de garde à temps plein d’un enfant issu d’un ménage bénéficiant d’un revenu médian, soit 2.700 euros (sachant que dans le cas de couples non mariés, un seul revenu est pris en compte), avoisinent les 100 euros par mois, tandis que l’ardoise peut grimper jusqu’à plus de 1.300 euros pour les couples disposant de hauts revenus. Destiné aux résidents, le CSA exclut de fait les enfants des frontaliers. Un principe qui pourrait être mis à mal car, ainsi que l’a rappelé le Conseil d’État en mars 2013, ces aides publiques pourraient (à l’instar des bourses d’études) être considérées comme « indirectement discriminatoires » vis-à-vis des travailleurs frontaliers. Le système pourrait donc peser très lourd à l’avenir dans les finances publiques, d’autant que le programme gouvernemental annonce qu’« il vise, à moyen terme, la gratuité de l’accueil des enfants (…) avec une priorité donnée dans une première phase aux enfants âgés de 0 à 3 ans ». Aucune précision n’a été apportée jusqu’à présent, mais les professionnels du secteur sont tout ouïe et espèrent être invités à participer aux réflexions. F. M.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Mais la régularisation se produit également, et fort heureusement, sur la base d’autres critères de différenciation, comme la qualité du personnel encadrant ou la pertinence du projet éducatif mis en place. Sans parler d’une certaine méfiance devant des prestations incohérentes par rapport aux besoins des tout-petits : « Avant l’âge de 30 mois, les enfants ont une capacité d’éveil naturelle et n’ont pas besoin d’être stimulés sans cesse ; ils sont instrumentalisés… On veut le meilleur pour eux, mais on prend le risque de vouloir en faire des singes savants ! » C’est donc avec beaucoup d’espoir que la dirigeante de Kidscare a accueilli la décision, par le nouveau gouvernement, de placer la tutelle des crèches dans le giron du ministère de l’Éducation nationale et non plus celui de la Famille. Soucieuse de devenir un interlocuteur de référence, une partie de la profession a décidé de s’organiser et de constituer une fédération, la Felsea, sous l’égide de la CLC (Confédération luxembourgeoise du commerce).

envisageant par ailleurs la création d’un label privé « car l’État ne peut pas tout régler ». La fédération professionnelle souhaite également mettre sur la table les distorsions de concurrence existantes avec les crèches conventionnées. « Quand il s’agit de créer une nouvelle structure, les communes traitent plus facilement avec les grosses asbl chrétiennes qu’avec nous, dénonce Béatrice Martin. En plus, la valeur du CSA a été maintenue à 7,50 euros dans le secteur conventionné et baissée à 6 euros dans les crèches privées, alors que nous pesons bien moins lourd dans les finances publiques… » La profession entend donc peser de tout son poids et de toute sa compétence, dans les prochains mois, pour parvenir à définir un nouveau cadre de référence, pour l’accueil des enfants, avec des exigences très pointues en matière de qualité de la prise en charge, mais aussi de pertinence économique. « Dans une perspective d’équilibre du budget de l’État, c’est un vrai sujet », assène Mme Martin.

Un enjeu pour les finances publiques

Béatrice Martin, qui en est la vice-présidente, attend avec impatience la première réunion avec la ministre Corinne Cahen, prévue à la fin du mois. Car ce ne sont pas les sujets qui manquent : la Felsea entend travailler de conserve avec le ministère sur la qualité de la prise en charge éducative et pédagogique des enfants, comme critère de l’agrément, tout en

Le marché des crèches privées reste attractif pour les investisseurs, bien qu’il soit en train de se régulariser après une période de forte expansion. Une fédération professionnelle a vu le jour, qui entend travailler de conserve avec le ministère de l’Éducation nationale pour développer de nouveaux critères de qualité.

FACTURATION

Le boom du secteur commercial assistants parentaux 400.000 structures commerciales structures conventionnées 300.000

200.000

100.000

0 2009

2010

2011

2012

Depuis l’introduction du chèque-service accueil en 2009, le volume généré par le secteur privé a augmenté de 154 %. Sur la seule année 2012, le nombre de factures établies par des structures commerciales a progressé de 21,3 %.

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Source : ministère de la Famille (rapport d’activités 2012)

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POWER WOMEN 3

THE NEXT GENERATION

Mercredi 26 mars 2014

1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur Elles ont moins de 35 ans, et ce sont elles qui, demain, seront les femmes de pouvoir et d’influence. Économie, politique, art... Pour la troisième édition de ce 10x6, le Club part à la découverte de celles dont vous n’avez peut-être pas encore entendu parler aujourd’hui – mais que vous ne pourrez pas ignorer dès demain.

Ainhoa Achutequi Abbaye de Neumünster

Stephanie Damgé Jonk Entrepreneuren

Astrid Agustsson Ville de Luxembourg

Isabelle Gales Caves Gales

Joanna Baginska CRP Santé

Joanne Goebbels LSAP

Sarah Cattani RTL

Lynn Grosbusch Marcel Grosbusch & Fils

Michelle Cloos Tageblatt

Isabelle Lentz Munhowen

Restaurant Namur (Luxembourg-Hamm) Programme : 18 : 30 Accueil et cocktail 19 : 00 Mots de bienvenue 19 : 10 Début du 10x6 20 : 15 Cocktail de clôture et walking dinner Inscription obligatoire : www.club.paperJam.lu 75 € (non-membres)

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

ANNIVERSAIRE

25 ans pour Jones Lang LaSalle au Luxembourg

REMISE DE PRIX

La société internationale avait choisi son traditionnel « rendez-vous de l’immobilier » pour célébrer ses 25 ans d’implantation au Grand-Duché, dans le cadre du nouveau centre de conférences du Kirchberg.

L’Export Award pour MCM Steel

L’entreprise dirigée par Marie-Christine Mariani qui donne une seconde vie à l’acier déclassé par l’industrie a été couronnée lors des deuxièmes Export Awards organisés par l’Office du Ducroire et la Chambre de commerce le 20 janvier. Photos Luc Deflorenne

Photos Jessica Theis Michèle Detaille (No-Nail Boxes)

Romain Muller (Jones Lang LaSalle)

François Thiry (Karp-Kneip) Céline Mandart (Jones Lang LaSalle)

Carole Tompers (Luxembourg for Business)

Simone Joachim (Office du Ducroire) Lydie Polfer (bourgmestre de Luxembourg)

Georges Lentz Jr. (Brasserie nationale)

Annette Hansen (ArcelorMittal)

Marie-Christine Mariani (MCM Steel), entourée de Robert Glaesener (Trendiction, 2e prix) et d’Antoine Machado (Biorock, 3e prix) Laurent Turmes (Villeroy & Boch, au centre) Jean-Paul Rossignon (Société Générale)

Vincent Adam (Atenor)

Heik Zatterstrom (Boson Energy) Les lauréats entourés du ministre des Finances, du ministre de l’Économie, du Grand-Duc héritier, de Michel Wurth (Chambre de commerce) et d’Étienne Reuter (Office du Ducroire)

François Bausch (ministre du Développement durable et des Infrastructures) Ignace de Haut de Sigy (Tétris Design & Build) — MARS 2014

Hans Janus (Euler Hermes) MARS 2014 —


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ANNIVERSAIRE

25 ans pour Jones Lang LaSalle au Luxembourg

REMISE DE PRIX

La société internationale avait choisi son traditionnel « rendez-vous de l’immobilier » pour célébrer ses 25 ans d’implantation au Grand-Duché, dans le cadre du nouveau centre de conférences du Kirchberg.

L’Export Award pour MCM Steel

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L’entreprise dirigée par Marie-Christine Mariani qui donne une seconde vie à l’acier déclassé par l’industrie a été couronnée lors des deuxièmes Export Awards organisés par l’Office du Ducroire et la Chambre de commerce le 20 janvier. Photos Luc Deflorenne

Photos Jessica Theis Michèle Detaille (No-Nail Boxes)

Romain Muller (Jones Lang LaSalle)

François Thiry (Karp-Kneip) Céline Mandart (Jones Lang LaSalle)

Carole Tompers (Luxembourg for Business)

Simone Joachim (Office du Ducroire) Lydie Polfer (bourgmestre de Luxembourg)

Georges Lentz Jr. (Brasserie nationale)

Annette Hansen (ArcelorMittal)

Marie-Christine Mariani (MCM Steel), entourée de Robert Glaesener (Trendiction, 2e prix) et d’Antoine Machado (Biorock, 3e prix) Laurent Turmes (Villeroy & Boch, au centre) Jean-Paul Rossignon (Société Générale)

Vincent Adam (Atenor)

Heik Zatterstrom (Boson Energy) Les lauréats entourés du ministre des Finances, du ministre de l’Économie, du Grand-Duc héritier, de Michel Wurth (Chambre de commerce) et d’Étienne Reuter (Office du Ducroire)

François Bausch (ministre du Développement durable et des Infrastructures) Ignace de Haut de Sigy (Tétris Design & Build) — MARS 2014

Hans Janus (Euler Hermes) MARS 2014 —


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TR A ST P U

A

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : LuxEvasion

SERVICES COMPRIS

LE CONCIERGE EST DANS L’AUTO

Lancée il y a quelques mois, au bord de la Moselle luxembourgeoise, LuxEvasion veut faciliter la vie des amoureux de leur véhicule. Conciergerie et cosmétique automobile font un business model original. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire

— MARS 2014

u mois d’août 2013 est née LuxEvasion, société développant un service de conciergerie automobile. Depuis Grevenmacher, située au bord de la Moselle, cette jeune entreprise est la petite sœur luxembourgeoise d’Evasion, implantée de l’autre côté de la frontière allemande. Cette première société a grandi au départ d’une activité de location de camping-cars. Elle propose désormais un large panel de services allant de la réparation de véhicules à leur entretien et nettoyage, en passant entre autres choses par la location de limousines. « Notre souhait, à travers LuxEvasion, est de nous adresser au marché luxembourgeois avec un service à haute valeur ajoutée inhérent aux nombreuses prestations qui ont un lien avec l’automobile, explique Pierre Christophe, gérant de LuxEvasion. Nous avons donc pensé à un concept de conciergerie automobile. Nous voulons répondre à l’ensemble des besoins des automobilistes, en leur facilitant le plus possible la vie. » Luxevasion se targue de pouvoir répondre à toutes les attentes en la matière. Que l’on désire bénéficier d’un nettoyage régulier de son véhicule ou d’une remise en état plus ponctuelle, pour des petites réparations, le changement saisonnier des pneus, un passage au contrôle technique, effacer de petites bosses ou effectuer un bon polish… « L’automobiliste qui veut profiter de son véhicule sans se soucier des tracas ou des obligations administratives qui y sont liés pourra trouver chez nous un service sur mesure », poursuit le gérant. Par exemple, dans le cas d’un passage obligé au contrôle technique, la société peut prendre la voiture en charge au domicile ou sur le lieu de travail, l’emmener dans un des centres de la Société nationale de contrôle technique (SNCT) et vous la redéposer. La start-up donne aussi une expertise en cosmétique automobile. « En partant du simple nettoyage, nous pouvons aussi réaliser des traitements plus intensifs, visant à débarrasser un véhicule de toute bactérie, et effectuer des réparations des cuirs et des tissus délicats. Tout est envisageable, détaille Pierre Christophe. Ces services sont particulièrement intéressants pour ceux qui désirent remettre à neuf leur voiture avant de la mettre sur le marché de l’occasion. De quoi, de manière significative, en augmenter la valeur de revente. » Disposant du plateau technique de sa consœur allemande, la nouvelle structure peut répondre directement aux besoins de ses clients, pour le nettoyage intérieur ou extérieur, les petits

travaux de carrosserie, un remplacement de pare-brise. Pour les opérations qu’elle ne peut pas réaliser elle-même, LuxEvasion s’appuie sur un réseau de partenaires et prestataires divers. Au besoin, pour satisfaire aux exigences les plus précises ou pour des questions de pièces, elle n’hésitera pas à amener le véhicule à choyer chez un concessionnaire déterminé, si le client en exprime le souhait. De la même manière, LuxEvasion se charge alors de la prise en charge du véhicule et du suivi. « Les membres de nos équipes, en tant que professionnels et connaisseurs du milieu automobile, auront toujours à cœur de défendre les intérêts du client », lance le gérant. Des particuliers aux entreprises

Les prestations de LuxEvasion sont à la carte. Mais il existe aussi des formules d’abonnement, prévoyant par exemple un nettoyage mensuel ou hebdomadaire du véhicule, de la solution la plus simple à la plus élaborée. Le prix, bien évidemment, suit lui aussi la courbe de complexité des prestations. La start-up luxembourgeoise innove par l’approche de marché qu’elle entend développer. Si elle propose son service aux particuliers, elle souhaite aussi s’adresser aux entreprises, que celles-ci aient une flotte de véhicules ou non. « Nous développons par ailleurs une formule qui permet à une entreprise de donner un avantage à ses salariés. Contre 12,50 euros par mois et par salarié, ce dernier pourra profiter d’une remise de 15 % sur l’ensemble de nos prestations, poursuit le patron. Notre souhait est de pouvoir convaincre les employeurs du bien-fondé de cet avantage. Le temps et les tracas inhérents à la bonne gestion et au bon entretien d’un véhicule peuvent être parfois conséquents. Un service dédié permet de faciliter la vie de son équipe en lui permettant de faire des économies. » L’enjeu, à travers cette formule, est de pouvoir atteindre une masse de clientèle conséquente à moyen terme. On sait le résident luxembourgeois, comme le travailleur frontalier, très amoureux de sa voiture. Le parc automobile national est un des plus récents et qualitatifs d’Europe. Et la voiture de société reste un avantage salarial très apprécié. Aussi, LuxEvasion est confiant quant à l’avenir de son concept. La société entend s’affranchir à terme des infrastructures en commun avec sa base allemande et se développer au Luxembourg, en s’appuyant sur son propre plateau technique.

Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)

WEAKNESSES (= FAIBLESSES)

– Savoir-faire interne – Service sur mesure – Formule attractive

– Situation actuelle éloignée du centre économique – Business model à expliquer encore

– Petit pays au parc automobile important – Marché concurrentiel – Forte concentration – Activité dépendante du d’amoureux de la voiture pouvoir d’achat – Développement des services aux entreprises OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)

THREATS (= MENACES)

CV

Un commercial pour qui ça roule Pierre Christophe est un entrepreneur né. Avec à la base une formation commerciale, il a rapidement développé un savoir-faire de gestionnaire. Il s’est embarqué dans le secteur des transports en France tout d’abord, en développant une société d’ambulances privées à Calais. Il a ensuite été salarié pendant une dizaine d’années au Cargocenter de Luxembourg, pour une société de fret aérien. Alors qu’il était salarié, il a lancé une activité de location de camping-cars qui s’est développée au fil des années. Aujourd’hui, il se consacre totalement au développement d’Evasion et à celui de LuxEvasion.

FICHE TECHNIQUE

LuxEvasion Objet : Conciergerie automobile, services divers pour véhicules et utilisateurs Création : août 2013 Localisation : Grevenmacher Personnel : 6 personnes Chiffre d’affaires : 220.000 euros escomptés en 2014

DES CONCURRENTS

L’automobiliste pour cible Carshine Pays : Luxembourg Création : 1997

Ecowash Mobile Pays : Belgique-Luxembourg Création : 2004

Trajets.lu Pays : Luxembourg Création : 1998

Car Clean Services Pays : Luxembourg Création : 1996

Carsitter Pays : Belgique-Luxembourg Création : 2007

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Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : LuxEvasion

SERVICES COMPRIS

LE CONCIERGE EST DANS L’AUTO

Lancée il y a quelques mois, au bord de la Moselle luxembourgeoise, LuxEvasion veut faciliter la vie des amoureux de leur véhicule. Conciergerie et cosmétique automobile font un business model original. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire

— MARS 2014

u mois d’août 2013 est née LuxEvasion, société développant un service de conciergerie automobile. Depuis Grevenmacher, située au bord de la Moselle, cette jeune entreprise est la petite sœur luxembourgeoise d’Evasion, implantée de l’autre côté de la frontière allemande. Cette première société a grandi au départ d’une activité de location de camping-cars. Elle propose désormais un large panel de services allant de la réparation de véhicules à leur entretien et nettoyage, en passant entre autres choses par la location de limousines. « Notre souhait, à travers LuxEvasion, est de nous adresser au marché luxembourgeois avec un service à haute valeur ajoutée inhérent aux nombreuses prestations qui ont un lien avec l’automobile, explique Pierre Christophe, gérant de LuxEvasion. Nous avons donc pensé à un concept de conciergerie automobile. Nous voulons répondre à l’ensemble des besoins des automobilistes, en leur facilitant le plus possible la vie. » Luxevasion se targue de pouvoir répondre à toutes les attentes en la matière. Que l’on désire bénéficier d’un nettoyage régulier de son véhicule ou d’une remise en état plus ponctuelle, pour des petites réparations, le changement saisonnier des pneus, un passage au contrôle technique, effacer de petites bosses ou effectuer un bon polish… « L’automobiliste qui veut profiter de son véhicule sans se soucier des tracas ou des obligations administratives qui y sont liés pourra trouver chez nous un service sur mesure », poursuit le gérant. Par exemple, dans le cas d’un passage obligé au contrôle technique, la société peut prendre la voiture en charge au domicile ou sur le lieu de travail, l’emmener dans un des centres de la Société nationale de contrôle technique (SNCT) et vous la redéposer. La start-up donne aussi une expertise en cosmétique automobile. « En partant du simple nettoyage, nous pouvons aussi réaliser des traitements plus intensifs, visant à débarrasser un véhicule de toute bactérie, et effectuer des réparations des cuirs et des tissus délicats. Tout est envisageable, détaille Pierre Christophe. Ces services sont particulièrement intéressants pour ceux qui désirent remettre à neuf leur voiture avant de la mettre sur le marché de l’occasion. De quoi, de manière significative, en augmenter la valeur de revente. » Disposant du plateau technique de sa consœur allemande, la nouvelle structure peut répondre directement aux besoins de ses clients, pour le nettoyage intérieur ou extérieur, les petits

travaux de carrosserie, un remplacement de pare-brise. Pour les opérations qu’elle ne peut pas réaliser elle-même, LuxEvasion s’appuie sur un réseau de partenaires et prestataires divers. Au besoin, pour satisfaire aux exigences les plus précises ou pour des questions de pièces, elle n’hésitera pas à amener le véhicule à choyer chez un concessionnaire déterminé, si le client en exprime le souhait. De la même manière, LuxEvasion se charge alors de la prise en charge du véhicule et du suivi. « Les membres de nos équipes, en tant que professionnels et connaisseurs du milieu automobile, auront toujours à cœur de défendre les intérêts du client », lance le gérant. Des particuliers aux entreprises

Les prestations de LuxEvasion sont à la carte. Mais il existe aussi des formules d’abonnement, prévoyant par exemple un nettoyage mensuel ou hebdomadaire du véhicule, de la solution la plus simple à la plus élaborée. Le prix, bien évidemment, suit lui aussi la courbe de complexité des prestations. La start-up luxembourgeoise innove par l’approche de marché qu’elle entend développer. Si elle propose son service aux particuliers, elle souhaite aussi s’adresser aux entreprises, que celles-ci aient une flotte de véhicules ou non. « Nous développons par ailleurs une formule qui permet à une entreprise de donner un avantage à ses salariés. Contre 12,50 euros par mois et par salarié, ce dernier pourra profiter d’une remise de 15 % sur l’ensemble de nos prestations, poursuit le patron. Notre souhait est de pouvoir convaincre les employeurs du bien-fondé de cet avantage. Le temps et les tracas inhérents à la bonne gestion et au bon entretien d’un véhicule peuvent être parfois conséquents. Un service dédié permet de faciliter la vie de son équipe en lui permettant de faire des économies. » L’enjeu, à travers cette formule, est de pouvoir atteindre une masse de clientèle conséquente à moyen terme. On sait le résident luxembourgeois, comme le travailleur frontalier, très amoureux de sa voiture. Le parc automobile national est un des plus récents et qualitatifs d’Europe. Et la voiture de société reste un avantage salarial très apprécié. Aussi, LuxEvasion est confiant quant à l’avenir de son concept. La société entend s’affranchir à terme des infrastructures en commun avec sa base allemande et se développer au Luxembourg, en s’appuyant sur son propre plateau technique.

Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)

WEAKNESSES (= FAIBLESSES)

– Savoir-faire interne – Service sur mesure – Formule attractive

– Situation actuelle éloignée du centre économique – Business model à expliquer encore

– Petit pays au parc automobile important – Marché concurrentiel – Forte concentration – Activité dépendante du d’amoureux de la voiture pouvoir d’achat – Développement des services aux entreprises OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)

THREATS (= MENACES)

CV

Un commercial pour qui ça roule Pierre Christophe est un entrepreneur né. Avec à la base une formation commerciale, il a rapidement développé un savoir-faire de gestionnaire. Il s’est embarqué dans le secteur des transports en France tout d’abord, en développant une société d’ambulances privées à Calais. Il a ensuite été salarié pendant une dizaine d’années au Cargocenter de Luxembourg, pour une société de fret aérien. Alors qu’il était salarié, il a lancé une activité de location de camping-cars qui s’est développée au fil des années. Aujourd’hui, il se consacre totalement au développement d’Evasion et à celui de LuxEvasion.

FICHE TECHNIQUE

LuxEvasion Objet : Conciergerie automobile, services divers pour véhicules et utilisateurs Création : août 2013 Localisation : Grevenmacher Personnel : 6 personnes Chiffre d’affaires : 220.000 euros escomptés en 2014

DES CONCURRENTS

L’automobiliste pour cible Carshine Pays : Luxembourg Création : 1997

Ecowash Mobile Pays : Belgique-Luxembourg Création : 2004

Trajets.lu Pays : Luxembourg Création : 1998

Car Clean Services Pays : Luxembourg Création : 1996

Carsitter Pays : Belgique-Luxembourg Création : 2007

MARS 2014 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

91

PLACE FINANCIÈRE

Landsbanki

LE JUGE NILLES NE VOIT PAS DE FRAUDE Le juge d’instruction a classé sans suite la plainte d’un petit groupe de victimes de la banque d’origine islandaise Landsbanki Luxembourg, en liquidation depuis fin 2008. Il y a prescription, selon le magistrat.

Place financière

Le siège de Landsbanki, dans la neige islandaise... Toute la glace n'a pas été brisée.

Photo : Licence Creative Commons

90

Le classement sans suite, le 24 décembre dernier, de la plainte avec constitution de partie civile qui avait été engagée le 26 novembre 2012 par un petit groupe de victimes de la banque d’origine islandaise Landsbanki Luxembourg a renforcé chez elles le sentiment que les autorités luxembourgeoises peinent à réprimer les défaillances des opérateurs financiers et que la patate chaude est facilement renvoyée vers d’autres juridictions. En tout cas, l’ordonnance de non-lieu du juge d’instruction directeur Ernest Nilles a eu pour effet de rappeler l’existence de ce groupe de victimes qui observait le silence depuis un an, après que la liquidatrice de Landsbanki Luxembourg, Me Yvette Hamilius, eut remis les points sur les « i » par rapport aux accusations de partialité et d’inaction dont elle faisait l’objet. En France, le volet pénal avance à grands pas depuis la saisie du dossier par le juge Renaud van Ruymbeke – à la faveur d’ailleurs d’avocats luxembourgeois de victimes qui ont considéré l’option judiciaire française comme plus efficace que l’option luxembourgeoise. Alors qu’au Grand-Duché, la liquidation de la banque suit son cours tranquille sans interférence sur le plan pénal.

— MARS 2014

À Paris, fin janvier, trois anciens cadres de la filiale luxembourgeoise de Landsbanki ont été mis en examen pour escroquerie. La liquidatrice Yvette Hamilius s’est toujours refusée, elle, à engager une plainte pénale contre les anciens dirigeants de la banque, en mal de liquidité, qui avaient envoyé les commerciaux sillonner les côtes méditerranéennes de France et d’Espagne, entre 2006 et 2008, à la recherche de retraités pour leur vendre des prêts hypothécaires pour le moins controversés. Supposées infractions

L’avocate avait prétendu, lors d’une conférence de presse en janvier 2013, que les supposées manœuvres frauduleuses pour vendre ce type de produits toxiques ne ressortaient pas des documents en sa possession. Me Hamilius fait volontiers passer les victimes de la banque luxembourgeoise comme des profiteurs cherchant à se dérober au remboursement de leurs prêts. Or, c’est leur donner une image caricaturale qu’ils ne méritent pas, en tout cas pas tous. Pour contourner la liquidatrice, des victimes avaient donc porté plainte pour escroquerie et abus de confiance par l’entremise de deux avocats,

à la fois contre les ex-dirigeants de la banque, leurs intermédiaires ainsi que Mme Hamilius. Selon l’ordonnance du juge Nilles, les faits reprochés auraient cessé fin 2008, avec le sursis de paiement (prononcé le 8 octobre 2008) et la mise en liquidation de Landsbanki (le 12 décembre 2008). L’action publique « est à considérer comme éteinte le 26 novembre 2012 », explique le magistrat, soit le jour du dépôt de la plainte des victimes. De plus, la loi de 2009 renforçant les droits des victimes et susceptible d’allonger le délai de prescription, en principe de trois ans, n’était pas encore applicable. Nilles reproche aux parties plaignantes de ne pas avoir apporté de précision quant à la date de commission « des supposées infractions » : « À la date du prononcé du jugement du 8 octobre 2008 et au plus tard lors de la mise en liquidation de Landsbanki Luxembourg, écrit-il, les clients et plus particulièrement les parties plaignantes auraient dû se rendre compte des dysfonctionnements de la banque les mettant en mesure d’agir ». De plus, souligne Ernest Nilles, « le prêt equity release n’a aucun caractère exceptionnel et ne peut être considéré comme un montage frauduleux en soi en l’absence d’autres éléments venant confirmer la fraude ». Sandra Kersch, la substitut du procureur d’État, avait rendu pour sa part, le 15 mars dernier, ses réquisitions pour ordonner un non-lieu d’informer, après avoir épluché le dossier de liquidation et découvert que certains plaignants avaient déjà saisi la justice espagnole de l’affaire sur des faits identiques. La représentante du parquet a donc estimé que les poursuites entamées au Luxembourg risquaient d’encourir l’irrecevabilité, étant donné qu’on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits. Les avocats des victimes ont fait appel de l’ordonnance de non-lieu du juge Nilles. V. P.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Landsbanki

LE JUGE NILLES NE VOIT PAS DE FRAUDE Le juge d’instruction a classé sans suite la plainte d’un petit groupe de victimes de la banque d’origine islandaise Landsbanki Luxembourg, en liquidation depuis fin 2008. Il y a prescription, selon le magistrat.

Photo : Licence Creative Commons

Place financière

Le siège de Landsbanki, dans la neige islandaise... Toute la glace n'a pas été brisée.

Le classement sans suite, le 24 décembre dernier, de la plainte avec constitution de partie civile qui avait été engagée le 26 novembre 2012 par un petit groupe de victimes de la banque d’origine islandaise Landsbanki Luxembourg a renforcé chez elles le sentiment que les autorités luxembourgeoises peinent à réprimer les défaillances des opérateurs financiers et que la patate chaude est facilement renvoyée vers d’autres juridictions. En tout cas, l’ordonnance de non-lieu du juge d’instruction directeur Ernest Nilles a eu pour effet de rappeler l’existence de ce groupe de victimes qui observait le silence depuis un an, après que la liquidatrice de Landsbanki Luxembourg, Me Yvette Hamilius, eut remis les points sur les « i » par rapport aux accusations de partialité et d’inaction dont elle faisait l’objet. En France, le volet pénal avance à grands pas depuis la saisie du dossier par le juge Renaud van Ruymbeke – à la faveur d’ailleurs d’avocats luxembourgeois de victimes qui ont considéré l’option judiciaire française comme plus efficace que l’option luxembourgeoise. Alors qu’au Grand-Duché, la liquidation de la banque suit son cours tranquille sans interférence sur le plan pénal.

— MARS 2014

À Paris, fin janvier, trois anciens cadres de la filiale luxembourgeoise de Landsbanki ont été mis en examen pour escroquerie. La liquidatrice Yvette Hamilius s’est toujours refusée, elle, à engager une plainte pénale contre les anciens dirigeants de la banque, en mal de liquidité, qui avaient envoyé les commerciaux sillonner les côtes méditerranéennes de France et d’Espagne, entre 2006 et 2008, à la recherche de retraités pour leur vendre des prêts hypothécaires pour le moins controversés. Supposées infractions

L’avocate avait prétendu, lors d’une conférence de presse en janvier 2013, que les supposées manœuvres frauduleuses pour vendre ce type de produits toxiques ne ressortaient pas des documents en sa possession. Me Hamilius fait volontiers passer les victimes de la banque luxembourgeoise comme des profiteurs cherchant à se dérober au remboursement de leurs prêts. Or, c’est leur donner une image caricaturale qu’ils ne méritent pas, en tout cas pas tous. Pour contourner la liquidatrice, des victimes avaient donc porté plainte pour escroquerie et abus de confiance par l’entremise de deux avocats,

à la fois contre les ex-dirigeants de la banque, leurs intermédiaires ainsi que Mme Hamilius. Selon l’ordonnance du juge Nilles, les faits reprochés auraient cessé fin 2008, avec le sursis de paiement (prononcé le 8 octobre 2008) et la mise en liquidation de Landsbanki (le 12 décembre 2008). L’action publique « est à considérer comme éteinte le 26 novembre 2012 », explique le magistrat, soit le jour du dépôt de la plainte des victimes. De plus, la loi de 2009 renforçant les droits des victimes et susceptible d’allonger le délai de prescription, en principe de trois ans, n’était pas encore applicable. Nilles reproche aux parties plaignantes de ne pas avoir apporté de précision quant à la date de commission « des supposées infractions » : « À la date du prononcé du jugement du 8 octobre 2008 et au plus tard lors de la mise en liquidation de Landsbanki Luxembourg, écrit-il, les clients et plus particulièrement les parties plaignantes auraient dû se rendre compte des dysfonctionnements de la banque les mettant en mesure d’agir ». De plus, souligne Ernest Nilles, « le prêt equity release n’a aucun caractère exceptionnel et ne peut être considéré comme un montage frauduleux en soi en l’absence d’autres éléments venant confirmer la fraude ». Sandra Kersch, la substitut du procureur d’État, avait rendu pour sa part, le 15 mars dernier, ses réquisitions pour ordonner un non-lieu d’informer, après avoir épluché le dossier de liquidation et découvert que certains plaignants avaient déjà saisi la justice espagnole de l’affaire sur des faits identiques. La représentante du parquet a donc estimé que les poursuites entamées au Luxembourg risquaient d’encourir l’irrecevabilité, étant donné qu’on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits. Les avocats des victimes ont fait appel de l’ordonnance de non-lieu du juge Nilles. V. P.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

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PLACE FINANCIÈRE

SELON MOODY’S

Préférant Dubai à Anvers pour des raisons de taxes plus accueillantes,

Le système en bonne santé

RBC

Encore des postes perdus à Esch RBC IS va à nouveau réduire ses effectifs. Après un plan social touchant 210 personnes en 2013, la filiale luxembourgeoise de Royal Bank of Canada, active dans les services aux fonds, prévoit une autre vague de départs. Les discussions sont en cours avec la délégation du personnel pour limiter la casse. On parle cette fois d’une quarantaine de postes.

FISCALITÉ

Gramegna négocie avec Londres Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, était – le 3 février – à Londres. Il a rencontré son homologue britannique, George Osborne, ainsi que le secrétaire financier du Trésor, Sajid Javid. Ensemble, ils ont évoqué les questions brûlantes en matière de fiscalité, à savoir l’échange automatique, la TTF (taxe sur les transactions financières) et BEPS (transfert de bénéfices). Alphonse Berns, directeur général au ministère des Finances, était dans les discussions.

— MARS 2014

SH

les professionnels indiens du diamant lorgnent dorénavant Luxembourg suite à une invitation que leur a lancée Gaston Stronck, l’ambassadeur du Luxembourg à New Delhi. Luxembourg, hub du diamant indien ?

Frédéric Otto voit le family officer comme une sorte de chef d’orchestre.

Family office

« Assis à côté du client » Arche Family Office, la structure lancée par Frédéric Otto, fête son premier anniversaire. Avec une centaine de clients, l’ancien patron de la Banque privée Edmond de Rothschild Europe est satisfait et croit plus que jamais dans un créneau qui acquit reconnaissance et agrément par la loi du 21 décembre 2012 instaurant – première en Europe - le métier régulé de family officer. « L’agrément rassure notre clientèle et règle en même temps tout conflit d’intérêts, car nous ne sommes liés à personne sauf à notre client, déclare Frédéric Otto, président d’Arche Family Office. Nous sommes assis à côté d’eux. » Des clients fortunés voire très fortunés, majoritairement européens, Arche a pu en attirer par le bouche à oreille mais aussi via les différents prestataires de la Place, dont les banques. Certaines d’entre elles, qui sont devenues de véritables partenaires, ont perçu un intérêt certain pour le family office dans le contexte du renouveau de leur clientèle induit par la fin du secret bancaire. Outre la gestion de la croissance de l’entreprise, Frédéric Otto ambitionne désormais de trouver de nouveaux partenaires dans la sphère du private equity. Chef d’orchestre coordonnant les différents instruments dont ont besoin ses clients, le family officer représente une nouvelle niche de compétence et de croissance pour le Luxembourg, si le pays conserve les atouts qui ont permis à la Place de croître ces dernières années. « Le Luxembourg a toujours su faire preuve d’innovation et d’anticipation à l’égard des grands mouvements, qu’ils soient économiques ou sociétaux, ajoute Frédéric Otto. Le gouvernement devra maintenir cette créativité, tout en continuant à gérer le pays comme on gère une grande entreprise. » Constituée avec deux seniors de la finance, Rudy Paulet et Didier Bensadoun, Arche s’est adjoint entre-temps l’expertise de Franck Payrar qui est désormais le quatrième associé de la société.

AGRÉMENT

BRÉSIL

Banco BTG Pactual déboule

Arguments pour investisseurs

En obtenant l’agrément officiel pour une succursale et une filiale, la banque brésilienne BTG Pactual a finalisé la partie réglementaire. L’arrivée de la banque d’affaires et de gestion de fortunes portera à 149 le nombre d’établissements bancaires au Grand-Duché. Elle y était déjà présente depuis l’été 2013 par toute une myriade de sociétés (BTG Pactual E&P, BTG Pactual Holding, BTG Pactual Oil & Gas, BTG Pactual Prop Feeder, BTG Pactual Sicav). Les relations financières avec le Brésil sont un des piliers de renforcement de la Place.

Le Luxembourg dispose déjà d’une large gamme de véhicules juridiques de structuration patrimoniale dont les gestionnaires de clientèle avisés sont capables d’en maîtriser leur utilisation efficace. Par ailleurs, certains de ces derniers présentent le grand avantage de pouvoir les proposer dans la langue d’une partie de leur clientèle cible. Une opportunité pour les investisseurs brésiliens à l’aune de la nouvelle mesure qui modifierait, entre autres, l’imposition de leurs placements à l’étranger au travers de certains véhicules sociétaires. PwC Luxembourg a réuni récemment une vingtaine de ces gestionnaires luxembourgeois de clientèle brésilienne pour anticiper la réflexion des effets de cette nouvelle mesure.

« Cette Place a d’énormes atouts, elle a un grand futur devant elle. » Yves Francis, managing partner (Deloitte)

ÉVÉNEMENT

Face au bashing, la qualité

Photo : Olivier Minaire

« Le système financier luxembourgeois est fondamentalement en bonne santé, indique l’agence de notation américaine Moody’s, qui a passé la Place au crible de ses critères. Mais la pression réglementaire menace les franchises de la banque privée. » En termes de capitalisation, de qualité des actifs, de profitabilité et de financement, les banques de détail focalisées sur le marché luxembourgeois, dites systémiques, tiendraient largement la comparaison avec leurs homologues européennes. Moody’s détecte cependant des faiblesses dans le système bancaire local : les massifs prêts intragroupes issus de la liquidité en excès, générée par les banques, son exposition à la dette souveraine de la périphérique européenne et la vulnérabilité à un choc immobilier interne.

FRE

Photo : archives paperJam

92

Les intervenants de l’événement organisé par le paperJam Business Club, début du mois, ont très souvent regretté les attaques dont le Luxembourg faisait l’objet à travers son secteur financier. La multiplication des stigmatisations dans la presse étrangère, et particulièrement le bashing français ces dernières semaines, ont visiblement marqué les esprits. Le CEO de Luxembourg for Finance, Nicolas Mackel, y a ainsi vu la matérialisation poussée à l’extrême de « son péché originel, le secret bancaire », d’ailleurs en voie de disparition. C’est le premier défi auquel faire face, pour qu’une opportunité en émerge. La diversification est la porte, pour remplacer « la quantité par la qualité », selon les termes utilisés par David Arendt, en charge due Port franc au Luxembourg (photo). Dans l’ensemble cependant, les professionnels de la place financière ont fait preuve d’un optimisme partagé, qui rejoint les prévisions de croissance du comité ad hoc (3 % pour 2014).

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SELON MOODY’S

Préférant Dubai à Anvers pour des raisons de taxes plus accueillantes,

Le système en bonne santé

Encore des postes perdus à Esch RBC IS va à nouveau réduire ses effectifs. Après un plan social touchant 210 personnes en 2013, la filiale luxembourgeoise de Royal Bank of Canada, active dans les services aux fonds, prévoit une autre vague de départs. Les discussions sont en cours avec la délégation du personnel pour limiter la casse. On parle cette fois d’une quarantaine de postes.

FISCALITÉ

Gramegna négocie avec Londres Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, était – le 3 février – à Londres. Il a rencontré son homologue britannique, George Osborne, ainsi que le secrétaire financier du Trésor, Sajid Javid. Ensemble, ils ont évoqué les questions brûlantes en matière de fiscalité, à savoir l’échange automatique, la TTF (taxe sur les transactions financières) et BEPS (transfert de bénéfices). Alphonse Berns, directeur général au ministère des Finances, était dans les discussions.

— MARS 2014

SH

les professionnels indiens du diamant lorgnent dorénavant Luxembourg suite à une invitation que leur a lancée Gaston Stronck, l’ambassadeur du Luxembourg à New Delhi. Luxembourg, hub du diamant indien ?

Frédéric Otto voit le family officer comme une sorte de chef d’orchestre.

Family office

« Assis à côté du client » Arche Family Office, la structure lancée par Frédéric Otto, fête son premier anniversaire. Avec une centaine de clients, l’ancien patron de la Banque privée Edmond de Rothschild Europe est satisfait et croit plus que jamais dans un créneau qui acquit reconnaissance et agrément par la loi du 21 décembre 2012 instaurant – première en Europe - le métier régulé de family officer. « L’agrément rassure notre clientèle et règle en même temps tout conflit d’intérêts, car nous ne sommes liés à personne sauf à notre client, déclare Frédéric Otto, président d’Arche Family Office. Nous sommes assis à côté d’eux. » Des clients fortunés voire très fortunés, majoritairement européens, Arche a pu en attirer par le bouche à oreille mais aussi via les différents prestataires de la Place, dont les banques. Certaines d’entre elles, qui sont devenues de véritables partenaires, ont perçu un intérêt certain pour le family office dans le contexte du renouveau de leur clientèle induit par la fin du secret bancaire. Outre la gestion de la croissance de l’entreprise, Frédéric Otto ambitionne désormais de trouver de nouveaux partenaires dans la sphère du private equity. Chef d’orchestre coordonnant les différents instruments dont ont besoin ses clients, le family officer représente une nouvelle niche de compétence et de croissance pour le Luxembourg, si le pays conserve les atouts qui ont permis à la Place de croître ces dernières années. « Le Luxembourg a toujours su faire preuve d’innovation et d’anticipation à l’égard des grands mouvements, qu’ils soient économiques ou sociétaux, ajoute Frédéric Otto. Le gouvernement devra maintenir cette créativité, tout en continuant à gérer le pays comme on gère une grande entreprise. » Constituée avec deux seniors de la finance, Rudy Paulet et Didier Bensadoun, Arche s’est adjoint entre-temps l’expertise de Franck Payrar qui est désormais le quatrième associé de la société.

AGRÉMENT

BRÉSIL

Banco BTG Pactual déboule

Arguments pour investisseurs

En obtenant l’agrément officiel pour une succursale et une filiale, la banque brésilienne BTG Pactual a finalisé la partie réglementaire. L’arrivée de la banque d’affaires et de gestion de fortunes portera à 149 le nombre d’établissements bancaires au Grand-Duché. Elle y était déjà présente depuis l’été 2013 par toute une myriade de sociétés (BTG Pactual E&P, BTG Pactual Holding, BTG Pactual Oil & Gas, BTG Pactual Prop Feeder, BTG Pactual Sicav). Les relations financières avec le Brésil sont un des piliers de renforcement de la Place.

Le Luxembourg dispose déjà d’une large gamme de véhicules juridiques de structuration patrimoniale dont les gestionnaires de clientèle avisés sont capables d’en maîtriser leur utilisation efficace. Par ailleurs, certains de ces derniers présentent le grand avantage de pouvoir les proposer dans la langue d’une partie de leur clientèle cible. Une opportunité pour les investisseurs brésiliens à l’aune de la nouvelle mesure qui modifierait, entre autres, l’imposition de leurs placements à l’étranger au travers de certains véhicules sociétaires. PwC Luxembourg a réuni récemment une vingtaine de ces gestionnaires luxembourgeois de clientèle brésilienne pour anticiper la réflexion des effets de cette nouvelle mesure.

« Cette Place a d’énormes atouts, elle a un grand futur devant elle. » Yves Francis, managing partner (Deloitte)

ÉVÉNEMENT

Face au bashing, la qualité

Photo : Olivier Minaire

RBC

FRE

Photo : archives paperJam

« Le système financier luxembourgeois est fondamentalement en bonne santé, indique l’agence de notation américaine Moody’s, qui a passé la Place au crible de ses critères. Mais la pression réglementaire menace les franchises de la banque privée. » En termes de capitalisation, de qualité des actifs, de profitabilité et de financement, les banques de détail focalisées sur le marché luxembourgeois, dites systémiques, tiendraient largement la comparaison avec leurs homologues européennes. Moody’s détecte cependant des faiblesses dans le système bancaire local : les massifs prêts intragroupes issus de la liquidité en excès, générée par les banques, son exposition à la dette souveraine de la périphérique européenne et la vulnérabilité à un choc immobilier interne.

PLACE FINANCIÈRE

Les intervenants de l’événement organisé par le paperJam Business Club, début du mois, ont très souvent regretté les attaques dont le Luxembourg faisait l’objet à travers son secteur financier. La multiplication des stigmatisations dans la presse étrangère, et particulièrement le bashing français ces dernières semaines, ont visiblement marqué les esprits. Le CEO de Luxembourg for Finance, Nicolas Mackel, y a ainsi vu la matérialisation poussée à l’extrême de « son péché originel, le secret bancaire », d’ailleurs en voie de disparition. C’est le premier défi auquel faire face, pour qu’une opportunité en émerge. La diversification est la porte, pour remplacer « la quantité par la qualité », selon les termes utilisés par David Arendt, en charge due Port franc au Luxembourg (photo). Dans l’ensemble cependant, les professionnels de la place financière ont fait preuve d’un optimisme partagé, qui rejoint les prévisions de croissance du comité ad hoc (3 % pour 2014).

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

NATIONS UNIES

Photo : archives paperJam

31 milliards d’investissements étrangers

Réorientations stratégiques

KBL, nouvelles têtes et têtes qui roulent Yves Stein comme CEO et Ernst Wilhelm Contzen à la présidence du conseil d’administration. Et une réduction des effectifs.

Jacques Peters, CEO sortant de KBL ebp, a dû commenter des résultats positifs mais contrastés. De nouvelles têtes prennent la relève. Yves Stein est CEO et Ernst Wilhelm Contzen prend la présidence du conseil d’administration. En marge, les discussions ont été entamées avec les représentants du personnel au sujet de la possibilité de réduire « légèrement et sur la durée » le nombre des effectifs à Luxembourg. Les changements de paradigme sur le secret bancaire et l’échange d’informations fiscales

poussent la banque à se repenser. La partie du personnel travaillant avec la clientèle traditionnelle, surtout belge, devrait être à nouveau concernée, comme elle l’avait été en décembre 2012 quand KBL avait mis en place un plan social pour 136 employés. Cette fois, le mot de plan social n’est pas prononcé. KBL ebp entend négocier son virage stratégique vers la clientèle fortunée (HNWI) et rester concentrée sur sa croissance à long terme.

La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) indique dans son rapport annuel 2013 que le montant total des investissements directs étrangers dans le monde s’était chiffré l’an dernier à 1.460 milliards d’euros, soit une hausse de 11 % par rapport à l’année précédente. Le rapport de la CNUCED souligne le fait que ce sont les stratégies fiscales qui attirent les investisseurs vers l’Europe, principalement vers quatre pays à la fiscalité « accueillante », l’Irlande, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, pour un montant confondu de 100 milliards de dollars l’an dernier. L’année passée, à hauteur de 31 milliards de dollars, le Luxembourg occupait la 15e place du classement des destinations préférées des investisseurs étrangers.

ALFI

Conserver la santé des OPC

MARC SALUZZI

— MARS 2014

L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) a fait part d’un bilan 2013 « généralement génér positif » pour l’industrie luxembourgeoise des organismes de placement collectif (OPC). En témoignent les actifs nets gérés par les fonds de droit luxembourgeois qui ont atteint 2.614,4 milliards d’euros à la fin décembre 2013 (contre 2.383 milliards d’euros fin 2012). Et, à raison de 193 milliards d’euros en 2013, les souscriptions nettes réalisées par

les OPC luxembourgeois, qui ont représenté près de la moitié de l’ensemble des émissions nettes réalisées par l’industrie européenne de l’épargne collective. Autres points positifs : le nombre de fonds et de sous-fonds qui a légèrement augmenté pour s’établir à 3.902 (contre 3.841 fin 2012) ou 13.685 unités (13.420 en 2012). Pour l’Alfi, ces chiffres sont cependant relatifs et l’association considère qu’il reste des menaces et des défis pour le secteur, induits notamment par les avalanches de réglementations.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

CONTRAT DE CINQ ANS

State Street prolonge State Street Corporation a renouvelé pour cinq ans son contrat avec le groupe Lufthansa. L’accord comprend désormais des services de gestion de transition, de gestion de collatéral et d’exécution des opérations de change au comptant. Ces prestations viennent compléter les services actuels de conservation de titres, de comptabilité de fonds, d’analyse du risque, de mesure de performance, et de prêt de titres couvrant 11 milliards de dollars d’actifs sous conservation en Allemagne, en Suisse, au Luxembourg et aux États-Unis.

Photo : Creative Commons

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HEDGE FUNDS

Le guide de l’AIMA à jour L’industrie des hedge funds a vu sa réglementation se renforcer. Les produits sont devenus plus complexes et les techniques de valorisation plus avancées. L’association professionnelle internationale des gérants de hedge funds (AIMA) a mis à jour son guide des bonnes pratiques, visant à formaliser la bonne gouvernance des fonds au travers de la valorisation et des documents d’émission des fonds. Destinée à l’ensemble des acteurs de cette industrie (gérants de fonds, investisseurs institutionnels, consultants et prestataires de services), cette 3e édition tient compte des dernières réformes, comme l’AIFMD, ainsi que des normes comptables actuelles. Sans vocation réglementaire, ce code de conduite émet 16 recommandations dans des domaines-clés (gouvernance, process, modèles, méthodologie…).

FISCALITÉ

Convention avec Maurice La convention entre le Grand-Duché et la République de Maurice visant à éviter les doubles impositions et à prévenir l’évasion fiscale a été modifiée. Le texte amende plusieurs dispositions et inclut désormais la conventionmodèle de l’OCDE en matière d’échange de renseignements sur demande entre administrations fiscales. Cet accord revêt une importance majeure pour le développement des activités internationales de la place financière luxembourgeoise. Le Luxembourg compte une bonne soixantaine de conventions en vigueur, dont une trentaine incluant les dispositions de l’OCDE.

— MARS 2014

Le centre financier moscovite se rapproche de Luxembourg, dans les faits aussi.

Luxembourg et Moscou

Centres financiers partenaires Luxembourg for Finance et le Département des relations économiques internationales et extérieures de Moscou ont signé un protocole d’entente visant à établir un cadre de partenariat pour développer les deux centres financiers .

Le protocole contient, en particulier, les dispositions relatives à l’échange mutuel d’informations sur les services bancaires, les services financiers, la législation sur les valeurs mobilières et la réglementation en vigueur dans les territoires respectifs et sur les tendances du marché dans les activités de services financiers internationaux pertinents et des produits. Il prévoit également l’organisation de séminaires et de cours de formation sur ces questions ainsi que l’assistance en facilitant les contacts pour les opérateurs de marché et en accueillant des délégations. Afin d’approfondir davantage leur coopération, il a été convenu d’établir un groupe de travail bilatéral. Les dirigeants russes souhaitent faire de Moscou un centre financier mondial. Luxembourg soutient ce développement. En 2011, le régulateur luxembourgeois (CSSF) avait déjà signé un protocole d’accord avec le Service fédéral des marchés financiers de la Russie. En outre, une convention de double imposition modifiée entre les deux pays est entrée en vigueur le 1er janvier 2014. Dans la seconde moitié de 2014, Luxembourg for Finance prévoit une mission financière en Russie, sous la direction du ministre des Finances, Pierre Gramegna. Actuellement, deux banques russes sont établies au Luxembourg : East West United Bank (depuis 1974) et Gazprom qui a officiellement ouvert ses bureaux en décembre 2013.


Rob Denneert wald

Raym Schadond eck

Carlo Thele n

COMPÉTITIVITÉ ET RÔLE DE L’ETAT TABLE RONDE Quelques mois après la formation du nouveau gouvernement, le Club a décidé de donner la parole aux entrepreneurs et aux dirigeants d’entreprise, à l’occasion de quatre événements dédiés à l’économie luxembourgeoise et à ses perspectives. Alors que les trois premières tables rondes se concentreront sur des secteurs précis, la dernière sera l’occasion de s’intéresser à l’économie et au rôle que l’État luxembourgeois peut encore jouer dans le contexte européen et international actuel.

Mercredi 2 avril 2014

BGL BNP Paribas Luxembourg 27, avenue Monterey Entrée : angle du boulevard Royal et de la rue Notre-Dame Programme : 18:30 Accueil 19:00 Mots de bienvenue 19:10 Début des débats 20:10 Séance de questions-réponses avec le public 20:25 Cocktail de clôture Inscription obligatoire : www.club.paperJam.lu 75 € (non-membres)

Cette dernière table ronde d’une série de quatre s’intéresse au rôle de l’État dans l’économie. Quel rôle peut-il encore jouer ? Quelles nouvelles stratégies peut-il mettre en place ?

Événement organisé par :

www.club.paperJam.lu

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

L’actualité en chiffres :

1 7 , +9

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PLACE FINANCIÈRE

%

Fiscalité

Impôts : qui paie quoi ? Des documents révèlent les secteurs d’activité qui ont le meilleur rendement fiscal pour les caisses de l’État. Les Soparfi sont d’importants contributeurs. Les fonctionnaires et employés publics apportent davantage à l’impôt que les salariés du secteur financier.

C’est la hausse de l’encours des fonds sur un an. Fin 2013, le patrimoine global net des fonds s’élevait à 2.615,363 milliards d’euros. C’est 0,29 % de plus qu’à la fin du mois de novembre et 9,71 % de plus qu’un an auparavant. De bons résultats sur la durée.

4

- 2,9

%

La Banque centrale a annoncé fin janvier que la somme des bilans des banques et des fonds monétaires a chuté de 4,9 % entre décembre 2013 et décembre 2012. Sur la même période, la somme des bilans bancaires chute de 2,9 %. Le nombre de banques passe, lui, à 147 unités .

— MARS 2014

Photo : archives paperJam

Selon Moody’s, qui a analysé la Place, sur l’ensemble des banques, seules quatre seraient « systémiques » et « nécessiteraient une intervention publique en cas de problème ». Celles-ci sont relativement bien capitalisées, tout comme le sont l’État ou leurs actionnaires.

La Banque centrale du Luxembourg aura donc accès à toutes les informations liées aux recettes et aux dépenses de l’État. Le public, pour sa part, se sera étonné – lorsque des documents ont été rendus publics dans le cadre des négociations gouvernementales – de l’étendue des informations qui étaient à la disposition du ministère des Finances et de la façon dont les recettes se répartissent entre les contribuables, ménages privés et entreprises. Il ne sera probablement plus nécessaire de payer à prix fort des maisons d’audit et de consulting pour faire un état des lieux puisque l’on sait désormais que l’Administration des contributions directes dispose des outils pour savoir qui paie quoi d’impôts. Puisqu’il y a eu un précédent et que le nouveau gouvernement a promis de faciliter l’accès à l’information, il suffira désormais de demander pour obtenir. Sur le montant de 1,618 milliard d’euros de rentrées au titre de l’impôt sur les collectivités

en 2012 (auquel il faut soustraire 80,8 millions du produit de l’impôt de solidarité), les chiffres relèvent qu’une part de 71,6 % (1,158 milliard) provient des activités financières et d’assurance et 8,12 % du commerce, secteur qui avait payé 131,4 millions d’euros d’IRC, alors que le secteur de la construction avait généré 64 millions d’euros de recettes fiscales (3,95 % de l’IRC) et celui de l’immobilier 52,3 millions d’euros, soit une part de 3,24 %. Le commerce avait payé 186 millions d’euros en 2010 au titre de l’IRC, mais la facture a été considérablement réduite, un an plus tard, à 130 millions d’euros. 288 millions d’IRC pour les Soparfi

Les chiffres de l’ACD fournissent le détail des contributions fiscales des différents acteurs du secteur financier : les banques, avec 561 millions d’euros, sont les premières contributrices (avec une

part de 48 %), suivies de l’industrie des sociétés de participation financière (Soparfi) qui ont payé 288 millions d’euros d’impôts en 2012 (contre 308 millions un an plus tôt), soit une part de 25 %. La gestion de fonds (15 % de l’impôt sur les collectivités) a permis de récolter 177 millions d’euros en 2012, contre 229 millions en 2011. La contribution de la catégorie des « autres activités auxiliaires de services financiers » s’est écroulée entre 2011 (109 millions d’euros) et 2012 (17,7 millions d’euros). Sur le montant de 131,4 millions versé par le secteur du commerce en 2012, 20 % provenaient des ventes à distance (26,5 millions d’euros), 8,43 % du commerce de gros de biens domestiques (11 millions) et 7,53 % du commerce de gros de produits alimentaires, boissons et tabac. Le commerce de détail de carburants a généré 2,4 millions d’euros d’impôts sur l’ICR, contre 4 millions en 2011 et 5 en 2009. Dans la construction, 41 % des recettes de l’IRC, soit 26,4 millions (contre 19,6 millions un an plus tôt), ont été payées par les promoteurs immobiliers, suivis par les entrepreneurs de construction spécialisés (17,4 millions en 2012 et 24 en 2010). Les contributions des architectes et ingénieurs à l’IRC ont progressé de 12,7 à 18,5 millions d’euros de 2011 à 2012, celles des avocats et comptables ont considérablement baissé entre 2010 (18 millions d’IRC) et 2012 (14 millions). La fonction publique paie 28 % de l’impôt sur les salaires

D’autres chiffres intéressants concernent l’impôt sur les traitements et salaires. Ils montrent que ce sont les fonctionnaires et employés des administrations publiques qui ont payé en termes absolus le plus d’impôts : 720,2 millions d’euros, soit une part de 28 %, contre 631,4 millions pour les traitements et salaires du secteur financier et d’assurance (24 %). Les chiffres montrent enfin que les banques ont payé moins d’impôts sur les revenus des capitaux (301 millions d’euros au total en 2012) en 2012, avec un montant de 126 millions, qu’en 2011 (144 millions), mais leur contribution à l’impôt sur les tantièmes est restée presque inchangée (26,7 millions en 2012, contre 25,7 un an plus tôt). La part des activités financières et d’assurance dans le paiement de l’impôt sur la fortune (267 millions au total) est restée élevée (67,5 % du total) avec un montant de 180,6 millions, dont 114,8 millions venant des seules Soparfi.

Photo : W.P./LCC

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DEXIA AM CÉDÉE

Programme de cessions mené à bien Après avoir signé un accord de cession le 24 septembre 2013 et avoir obtenu l’ensemble des autorisations réglementaires, Dexia a annoncé la finalisation de la cession de 100 % de sa participation dans Dexia Asset Management à New York Life Investments, pour un prix ferme de 380 millions d’euros. Avec plus de 73 milliards d’euros d’actifs sous gestion au 31 décembre 2013 et des centres de gestion à Bruxelles, Paris, Luxembourg et Sydney, Dexia Asset Management reste un acteur de premier plan dans la gestion d’actifs au niveau international. Avec la vente de Dexia AM, la holding déconfite a mené à bien son programme de cession de ses principales franchises commerciales, initié à la fin 2011 dans le cadre de son plan de résolution ordonnée. La cession de ces entités, combinée à des cessions d’actifs et l’amortissement naturel des actifs, a permis une réduction du bilan du groupe de 174 milliards d’euros entre septembre 2011 et septembre 2013.

UN PROCHE DE SARKOZY

Sava et Cie : faillite à rebonds C’est l’une des 60 faillites de décembre recensées par le Mémorial B : Sava & Compagnie, principal actionnaire de CS, société française active dans la défense et cotée sur Euronext Paris, a été placée en liquidation à la demande d’un de ses créanciers. Me Yvette Hamilius a été nommée curateur d’un dossier sensible, au moins autant en raison de la personnalité de son dirigeant, l’homme d’affaires Yazid Sabeg, qui fut commissaire à la diversité et à l’égalité des chances sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, que des enjeux de la faillite. L’affaire à l’origine du jugement de liquidation concerne un emprunt obligataire d’un montant de 55 millions d’euros, contracté par Sava & Compagnie auprès notamment de Cira Holding, mais pas remboursé, alors qu’il aurait dû l’être depuis la fin septembre 2007. Sava a reconnu se trouver dans une « impossibilité de rembourser les créances détenues par Crédit Agricole CIB et Cira Holding, ce qui confirme son état de cessation de paiement ». Sava, précisent les juges, « avec le concours de ses actionnaires de référence et son associé commandité disposait de plusieurs années pour régler sa dette respectivement pour se procurer les crédits nécessaires ou pour trouver un autre arrangement avec son créancier (Cira, ndlr) ». « N’ayant pas été en mesure de trouver une solution durant toutes ces années et au vu du fait que le créancier principal n’est plus d’accord à accorder crédit, il y a lieu de conclure que le crédit de la défenderesse (Sava, ndlr) se trouve ébranlé. »

MARS 2014 —


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L’actualité en chiffres :

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Fiscalité

Impôts : qui paie quoi ? Des documents révèlent les secteurs d’activité qui ont le meilleur rendement fiscal pour les caisses de l’État. Les Soparfi sont d’importants contributeurs. Les fonctionnaires et employés publics apportent davantage à l’impôt que les salariés du secteur financier.

C’est la hausse de l’encours des fonds sur un an. Fin 2013, le patrimoine global net des fonds s’élevait à 2.615,363 milliards d’euros. C’est 0,29 % de plus qu’à la fin du mois de novembre et 9,71 % de plus qu’un an auparavant. De bons résultats sur la durée.

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La Banque centrale a annoncé fin janvier que la somme des bilans des banques et des fonds monétaires a chuté de 4,9 % entre décembre 2013 et décembre 2012. Sur la même période, la somme des bilans bancaires chute de 2,9 %. Le nombre de banques passe, lui, à 147 unités .

— MARS 2014

Photo : archives paperJam

Selon Moody’s, qui a analysé la Place, sur l’ensemble des banques, seules quatre seraient « systémiques » et « nécessiteraient une intervention publique en cas de problème ». Celles-ci sont relativement bien capitalisées, tout comme le sont l’État ou leurs actionnaires.

La Banque centrale du Luxembourg aura donc accès à toutes les informations liées aux recettes et aux dépenses de l’État. Le public, pour sa part, se sera étonné – lorsque des documents ont été rendus publics dans le cadre des négociations gouvernementales – de l’étendue des informations qui étaient à la disposition du ministère des Finances et de la façon dont les recettes se répartissent entre les contribuables, ménages privés et entreprises. Il ne sera probablement plus nécessaire de payer à prix fort des maisons d’audit et de consulting pour faire un état des lieux puisque l’on sait désormais que l’Administration des contributions directes dispose des outils pour savoir qui paie quoi d’impôts. Puisqu’il y a eu un précédent et que le nouveau gouvernement a promis de faciliter l’accès à l’information, il suffira désormais de demander pour obtenir. Sur le montant de 1,618 milliard d’euros de rentrées au titre de l’impôt sur les collectivités

en 2012 (auquel il faut soustraire 80,8 millions du produit de l’impôt de solidarité), les chiffres relèvent qu’une part de 71,6 % (1,158 milliard) provient des activités financières et d’assurance et 8,12 % du commerce, secteur qui avait payé 131,4 millions d’euros d’IRC, alors que le secteur de la construction avait généré 64 millions d’euros de recettes fiscales (3,95 % de l’IRC) et celui de l’immobilier 52,3 millions d’euros, soit une part de 3,24 %. Le commerce avait payé 186 millions d’euros en 2010 au titre de l’IRC, mais la facture a été considérablement réduite, un an plus tard, à 130 millions d’euros. 288 millions d’IRC pour les Soparfi

Les chiffres de l’ACD fournissent le détail des contributions fiscales des différents acteurs du secteur financier : les banques, avec 561 millions d’euros, sont les premières contributrices (avec une

part de 48 %), suivies de l’industrie des sociétés de participation financière (Soparfi) qui ont payé 288 millions d’euros d’impôts en 2012 (contre 308 millions un an plus tôt), soit une part de 25 %. La gestion de fonds (15 % de l’impôt sur les collectivités) a permis de récolter 177 millions d’euros en 2012, contre 229 millions en 2011. La contribution de la catégorie des « autres activités auxiliaires de services financiers » s’est écroulée entre 2011 (109 millions d’euros) et 2012 (17,7 millions d’euros). Sur le montant de 131,4 millions versé par le secteur du commerce en 2012, 20 % provenaient des ventes à distance (26,5 millions d’euros), 8,43 % du commerce de gros de biens domestiques (11 millions) et 7,53 % du commerce de gros de produits alimentaires, boissons et tabac. Le commerce de détail de carburants a généré 2,4 millions d’euros d’impôts sur l’ICR, contre 4 millions en 2011 et 5 en 2009. Dans la construction, 41 % des recettes de l’IRC, soit 26,4 millions (contre 19,6 millions un an plus tôt), ont été payées par les promoteurs immobiliers, suivis par les entrepreneurs de construction spécialisés (17,4 millions en 2012 et 24 en 2010). Les contributions des architectes et ingénieurs à l’IRC ont progressé de 12,7 à 18,5 millions d’euros de 2011 à 2012, celles des avocats et comptables ont considérablement baissé entre 2010 (18 millions d’IRC) et 2012 (14 millions). La fonction publique paie 28 % de l’impôt sur les salaires

D’autres chiffres intéressants concernent l’impôt sur les traitements et salaires. Ils montrent que ce sont les fonctionnaires et employés des administrations publiques qui ont payé en termes absolus le plus d’impôts : 720,2 millions d’euros, soit une part de 28 %, contre 631,4 millions pour les traitements et salaires du secteur financier et d’assurance (24 %). Les chiffres montrent enfin que les banques ont payé moins d’impôts sur les revenus des capitaux (301 millions d’euros au total en 2012) en 2012, avec un montant de 126 millions, qu’en 2011 (144 millions), mais leur contribution à l’impôt sur les tantièmes est restée presque inchangée (26,7 millions en 2012, contre 25,7 un an plus tôt). La part des activités financières et d’assurance dans le paiement de l’impôt sur la fortune (267 millions au total) est restée élevée (67,5 % du total) avec un montant de 180,6 millions, dont 114,8 millions venant des seules Soparfi.

PLACE FINANCIÈRE

Photo : W.P./LCC

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

DEXIA AM CÉDÉE

Programme de cessions mené à bien Après avoir signé un accord de cession le 24 septembre 2013 et avoir obtenu l’ensemble des autorisations réglementaires, Dexia a annoncé la finalisation de la cession de 100 % de sa participation dans Dexia Asset Management à New York Life Investments, pour un prix ferme de 380 millions d’euros. Avec plus de 73 milliards d’euros d’actifs sous gestion au 31 décembre 2013 et des centres de gestion à Bruxelles, Paris, Luxembourg et Sydney, Dexia Asset Management reste un acteur de premier plan dans la gestion d’actifs au niveau international. Avec la vente de Dexia AM, la holding déconfite a mené à bien son programme de cession de ses principales franchises commerciales, initié à la fin 2011 dans le cadre de son plan de résolution ordonnée. La cession de ces entités, combinée à des cessions d’actifs et l’amortissement naturel des actifs, a permis une réduction du bilan du groupe de 174 milliards d’euros entre septembre 2011 et septembre 2013.

UN PROCHE DE SARKOZY

Sava et Cie : faillite à rebonds C’est l’une des 60 faillites de décembre recensées par le Mémorial B : Sava & Compagnie, principal actionnaire de CS, société française active dans la défense et cotée sur Euronext Paris, a été placée en liquidation à la demande d’un de ses créanciers. Me Yvette Hamilius a été nommée curateur d’un dossier sensible, au moins autant en raison de la personnalité de son dirigeant, l’homme d’affaires Yazid Sabeg, qui fut commissaire à la diversité et à l’égalité des chances sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, que des enjeux de la faillite. L’affaire à l’origine du jugement de liquidation concerne un emprunt obligataire d’un montant de 55 millions d’euros, contracté par Sava & Compagnie auprès notamment de Cira Holding, mais pas remboursé, alors qu’il aurait dû l’être depuis la fin septembre 2007. Sava a reconnu se trouver dans une « impossibilité de rembourser les créances détenues par Crédit Agricole CIB et Cira Holding, ce qui confirme son état de cessation de paiement ». Sava, précisent les juges, « avec le concours de ses actionnaires de référence et son associé commandité disposait de plusieurs années pour régler sa dette respectivement pour se procurer les crédits nécessaires ou pour trouver un autre arrangement avec son créancier (Cira, ndlr) ». « N’ayant pas été en mesure de trouver une solution durant toutes ces années et au vu du fait que le créancier principal n’est plus d’accord à accorder crédit, il y a lieu de conclure que le crédit de la défenderesse (Sava, ndlr) se trouve ébranlé. »

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

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PLACE FINANCIÈRE

Échange d’informations fiscales

À quoi bon résister ? L’administration française a embauché un « chasseur » d’exilés fiscaux en Belgique et au Luxembourg.

Les contribuables fraudeurs sont poursuivis et les banquiers sont vus comme leurs complices. Face à la pression grandissante, une certaine lassitude s’empare des opérateurs de la Place luxembourgeoise. Texte Véronique Poujol

L

Bercy durcit le ton contre ceux qui sont considérés comme exilés fiscaux.

e Luxembourg a eu Marius Kohl, préposé – à la retraite désormais – de l’Administration des contributions directes (ACD) au bureau 6 des rulings, à qui les autorités auraient pu ériger une statue pour avoir contribué à la venue de groupes internationaux au Grand-Duché. La France a eu son Patrick Bernard, attaché fiscal en poste à l’ambassade de Bruxelles pour traquer les exilés fiscaux français dans la capitale belge, mais aussi gérer et coordonner l’échange d’informations fiscales entre la France et le Luxembourg. « Monsieur Bernard » a été remplacé à l’automne par Rémy Verneau, venu faire une seule fois le « tour des popotes » au Luxembourg, le jeune cadre du ministère des Finances opérant essentiellement depuis son poste d’observation à Bruxelles. Les fonctionnaires de Bercy en connaissent désormais un rayon sur la façon de ne pas se voir refuser, par l’organe de suivi des demandes d’entraide avec les administrations étrangères, l’accès aux documents des contribuables français soupçonnés de fraude ou d’évasion fiscale, via des montages ou des comptes passant par le Luxembourg. Car pour faire lever le secret professionnel, le fisc français doit faire la démonstration que les renseignements requis répondent aux critères de la « pertinence vraisemblable » inscrits dans la convention bilatérale – nouvelle mouture conforme aux standards internationaux – entre Paris et Luxembourg. Il faut aussi que les Français aient procédé sur leur territoire aux investigations nécessaires avant de venir solliciter leurs collègues au Grand-Duché. « L’État requérant doit avoir tout fait avant de demander l’assistance, mais il n’a pas à le prouver. Et souvent, les juges luxembourgeois se contentent d’une affirmation », expliquait fin janvier l’avocat Alain Steichen lors d’une conférence Meetincs consacrée à l’assistance administrative en matière fiscale. Il évoquait notamment le projet de loi élargissant l’entraide administrative (sur demande pour le moment et uniquement pour les pays de l’UE – loi du 29 mars 2013) à tous les pays de l’OCDE, conformément aux engagements internationaux que Luc Frieden, le prédécesseur de Pierre Gramegna au ministère des Finances, avait pris en 2011 en ratifiant une convention de 1988.

— MARS 2014

Le nouveau ministre n’a donc fait que transposer ces accords dans un projet de loi, avec des réserves néanmoins, l’assistance administrative ne pouvant s’appliquer qu’aux impôts sur le revenu des personnes physiques et des collectivités et à l’impôt sur la fortune. En sont exclus les droits d’enregistrement, la TVA ainsi que les prélèvements sociaux.

MINISTÈRES DES FINANCES

Tergiversations et tensions

Incriminer largement

Le vote du texte devrait se faire rapidement et permettre à tous les pays de l’OCDE de mettre en place à leur tour leurs attachés fiscaux pour veiller à ce que l’échange d’informations ne reste pas que théorique. Déjà, avec plusieurs longueurs d’avance sur les agents du fisc d’autres juridictions, « Monsieur Bercy » connaît toutes les ficelles et sans doute aussi toutes les décisions en matière d’échange d’informations, tous les recours introduits devant les juridictions administratives saisies en cas de contestation… La jurisprudence est devenue abondante : il y a, selon Me Steichen, « une trentaine de jugements et arrêts qui ont permis au cours des trois dernières années d’éviter la pêche au gros », c’est-à-dire les demandes de renseignements manifestement abusives et inquisitoires. La plupart des procédures engagées devant le tribunal administratif, puis la Cour lorsqu’il y a appel, concernent d’ailleurs des demandes des autorités françaises. Il y avait donc souvent Patrick Bernard (et aujourd’hui Rémy Verneau) en embuscade, dont les noms sont devenus une obsession de la place financière. Pour autant, et comme pour Marius Kohl que les caméras de la chaîne française France 2 ont cherché en vain à débusquer parce qu’il a longtemps incarné à lui tout seul les pratiques des rulings, peu de gens savent au Luxembourg à quoi ressemblent les attachés fiscaux de Bercy, qui se contentent de mettre leur signature sous les demandes de renseignements arrivant au Luxembourg. L’activité du fonctionnaire français du ministère des Finances au Luxembourg va de pair avec un durcissement de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales en France pour ses ressortissants ayant leurs avoirs à l’étranger. Paris pousse ce combat jusqu’à l’excès,

Photo : Licence Creative Commons

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mettant en question le principe de la libre circulation des capitaux, pourtant inscrit dans les traités européens, incriminant volontiers tout titulaire d’un compte hors de l’Hexagone. La loi de finances du 6 décembre dernier illustre cette évolution inquiétante pour les opérateurs luxembourgeois. Pour l’avocat André Lutgen, cette loi du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière «« va faire en sorte,

pour schématiser, que tout ce qui n’est pas français et tout ce qui ne rentre pas dans le cadre très strict de la fiscalité française peut être poursuivi et peut l’être en France, non seulement contre le contribuable, mais aussi l’intervenant luxembourgeois qui a fait en sorte qu’il y ait eu, éventuellement, une fraude fiscale commise par un contribuable français à l’aide, par exemple, de comptes non déclarés ou de montages que les autorités françaises entendent incriminer ». La loi a étendu la visée du blanchiment et procède, selon Me Lutgen, « à un véritable

renversement de la charge de la preuve », le texte prévoyant ainsi que « les biens ou les revenus sont présumés être le produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit dès lors que les conditions matérielles, juridiques ou financières de l’opération de placement, de dissimulation ou de conversion ne peuvent avoir d’autre justification que de dissimuler l’origine ou le bénéficiaire effectif de ces biens ou revenus ». La loi du 6 décembre a également prévu, précise l’avocat, « des circonstances aggravantes

Le ministre des Finances libéral Pierre Gramegna marche dans les pas de son prédécesseur Luc Frieden pour mettre la fiscalité luxembourgeoise dans les clous des standards européens et internationaux. Seules leurs méthodes diffèrent. Justement, c’est ce qui fait peur aux opérateurs de la place financière ; ils craignent que Gramegna cède trop vite sur les dossiers chauds quand il est mis sous pression. On dit le ministre davantage à l’écoute du directeur des contributions, Guy Heintz, prêt à lâcher du lest, qu’attentif aux signaux de celui qui dirige les affaires fiscales, Alphonse Berns. Il y a des tensions au ministère des Finances – il y a même eu un accrochage avec l’ex-chef de cabinet de Luc Frieden –, alors que la pression communautaire est au plus haut et que la Commission européenne entend boucler au printemps la question de l’extension de la directive sur la fiscalité de l’épargne et les négociations avec les pays tiers comme la Suisse. La question est de savoir combien de temps l’ex-diplomate Berns tiendra le coup au ministère des Finances. Son départ – on le dit dans les tuyaux – sonnerait comme une contreperformance du camp de ceux qui, sur la place financière, prônent la ligne dure dans les négociations des dossiers fiscaux. La Commission européenne ne semble pas vouloir lâcher sur les rulings, qu’elle considère comme des aides d’État. La question est désormais de savoir si les autorités luxembourgeoises seront prêtes à défendre la logique et la pertinence de ces accords fiscaux préalables devant la Cour européenne de justice. La ligne de conduite n’a pas encore été clairement définie. « Nous n’aurions rien à perdre à saisir la Cour », estime pour sa part l’avocat fiscaliste Alain Steichen. V. P.

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PLACE FINANCIÈRE

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

Échange d’informations fiscales

À quoi bon résister ? L’administration française a embauché un « chasseur » d’exilés fiscaux en Belgique et au Luxembourg.

Les contribuables fraudeurs sont poursuivis et les banquiers sont vus comme leurs complices. Face à la pression grandissante, une certaine lassitude s’empare des opérateurs de la Place luxembourgeoise. Texte Véronique Poujol

e Luxembourg a eu Marius Kohl, préposé – à la retraite désormais – de l’Administration des contributions directes (ACD) au bureau 6 des rulings, à qui les autorités auraient pu ériger une statue pour avoir contribué à la venue de groupes internationaux au Grand-Duché. La France a eu son Patrick Bernard, attaché fiscal en poste à l’ambassade de Bruxelles pour traquer les exilés fiscaux français dans la capitale belge, mais aussi gérer et coordonner l’échange d’informations fiscales entre la France et le Luxembourg. « Monsieur Bernard » a été remplacé à l’automne par Rémy Verneau, venu faire une seule fois le « tour des popotes » au Luxembourg, le jeune cadre du ministère des Finances opérant essentiellement depuis son poste d’observation à Bruxelles. Les fonctionnaires de Bercy en connaissent désormais un rayon sur la façon de ne pas se voir refuser, par l’organe de suivi des demandes d’entraide avec les administrations étrangères, l’accès aux documents des contribuables français soupçonnés de fraude ou d’évasion fiscale, via des montages ou des comptes passant par le Luxembourg. Car pour faire lever le secret professionnel, le fisc français doit faire la démonstration que les renseignements requis répondent aux critères de la « pertinence vraisemblable » inscrits dans la convention bilatérale – nouvelle mouture conforme aux standards internationaux – entre Paris et Luxembourg. Il faut aussi que les Français aient procédé sur leur territoire aux investigations nécessaires avant de venir solliciter leurs collègues au Grand-Duché. « L’État requérant doit avoir tout fait avant de demander l’assistance, mais il n’a pas à le prouver. Et souvent, les juges luxembourgeois se contentent d’une affirmation », expliquait fin janvier l’avocat Alain Steichen lors d’une conférence Meetincs consacrée à l’assistance administrative en matière fiscale. Il évoquait notamment le projet de loi élargissant l’entraide administrative (sur demande pour le moment et uniquement pour les pays de l’UE – loi du 29 mars 2013) à tous les pays de l’OCDE, conformément aux engagements internationaux que Luc Frieden, le prédécesseur de Pierre Gramegna au ministère des Finances, avait pris en 2011 en ratifiant une convention de 1988.

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Le nouveau ministre n’a donc fait que transposer ces accords dans un projet de loi, avec des réserves néanmoins, l’assistance administrative ne pouvant s’appliquer qu’aux impôts sur le revenu des personnes physiques et des collectivités et à l’impôt sur la fortune. En sont exclus les droits d’enregistrement, la TVA ainsi que les prélèvements sociaux.

MINISTÈRES DES FINANCES

Tergiversations et tensions

Incriminer largement

Le vote du texte devrait se faire rapidement et permettre à tous les pays de l’OCDE de mettre en place à leur tour leurs attachés fiscaux pour veiller à ce que l’échange d’informations ne reste pas que théorique. Déjà, avec plusieurs longueurs d’avance sur les agents du fisc d’autres juridictions, « Monsieur Bercy » connaît toutes les ficelles et sans doute aussi toutes les décisions en matière d’échange d’informations, tous les recours introduits devant les juridictions administratives saisies en cas de contestation… La jurisprudence est devenue abondante : il y a, selon Me Steichen, « une trentaine de jugements et arrêts qui ont permis au cours des trois dernières années d’éviter la pêche au gros », c’est-à-dire les demandes de renseignements manifestement abusives et inquisitoires. La plupart des procédures engagées devant le tribunal administratif, puis la Cour lorsqu’il y a appel, concernent d’ailleurs des demandes des autorités françaises. Il y avait donc souvent Patrick Bernard (et aujourd’hui Rémy Verneau) en embuscade, dont les noms sont devenus une obsession de la place financière. Pour autant, et comme pour Marius Kohl que les caméras de la chaîne française France 2 ont cherché en vain à débusquer parce qu’il a longtemps incarné à lui tout seul les pratiques des rulings, peu de gens savent au Luxembourg à quoi ressemblent les attachés fiscaux de Bercy, qui se contentent de mettre leur signature sous les demandes de renseignements arrivant au Luxembourg. L’activité du fonctionnaire français du ministère des Finances au Luxembourg va de pair avec un durcissement de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales en France pour ses ressortissants ayant leurs avoirs à l’étranger. Paris pousse ce combat jusqu’à l’excès,

Photo : Licence Creative Commons

L

Bercy durcit le ton contre ceux qui sont considérés comme exilés fiscaux.

mettant en question le principe de la libre circulation des capitaux, pourtant inscrit dans les traités européens, incriminant volontiers tout titulaire d’un compte hors de l’Hexagone. La loi de finances du 6 décembre dernier illustre cette évolution inquiétante pour les opérateurs luxembourgeois. Pour l’avocat André Lutgen, cette loi du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière « va faire en sorte,

pour schématiser, que tout ce qui n’est pas français et tout ce qui ne rentre pas dans le cadre très strict de la fiscalité française peut être poursuivi et peut l’être en France, non seulement contre le contribuable, mais aussi l’intervenant luxembourgeois qui a fait en sorte qu’il y ait eu, éventuellement, une fraude fiscale commise par un contribuable français à l’aide, par exemple, de comptes non déclarés ou de montages que les autorités françaises entendent incriminer ». La loi a étendu la visée du blanchiment et procède, selon Me Lutgen, « à un véritable

renversement de la charge de la preuve », le texte prévoyant ainsi que « les biens ou les revenus sont présumés être le produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit dès lors que les conditions matérielles, juridiques ou financières de l’opération de placement, de dissimulation ou de conversion ne peuvent avoir d’autre justification que de dissimuler l’origine ou le bénéficiaire effectif de ces biens ou revenus revenus ». La loi du 6 décembre a également prévu, précise l’avocat, « des circonstances aggravantes

Le ministre des Finances libéral Pierre Gramegna marche dans les pas de son prédécesseur Luc Frieden pour mettre la fiscalité luxembourgeoise dans les clous des standards européens et internationaux. Seules leurs méthodes diffèrent. Justement, c’est ce qui fait peur aux opérateurs de la place financière ; ils craignent que Gramegna cède trop vite sur les dossiers chauds quand il est mis sous pression. On dit le ministre davantage à l’écoute du directeur des contributions, Guy Heintz, prêt à lâcher du lest, qu’attentif aux signaux de celui qui dirige les affaires fiscales, Alphonse Berns. Il y a des tensions au ministère des Finances – il y a même eu un accrochage avec l’ex-chef de cabinet de Luc Frieden –, alors que la pression communautaire est au plus haut et que la Commission européenne entend boucler au printemps la question de l’extension de la directive sur la fiscalité de l’épargne et les négociations avec les pays tiers comme la Suisse. La question est de savoir combien de temps l’ex-diplomate Berns tiendra le coup au ministère des Finances. Son départ – on le dit dans les tuyaux – sonnerait comme une contreperformance du camp de ceux qui, sur la place financière, prônent la ligne dure dans les négociations des dossiers fiscaux. La Commission européenne ne semble pas vouloir lâcher sur les rulings, qu’elle considère comme des aides d’État. La question est désormais de savoir si les autorités luxembourgeoises seront prêtes à défendre la logique et la pertinence de ces accords fiscaux préalables devant la Cour européenne de justice. La ligne de conduite n’a pas encore été clairement définie. « Nous n’aurions rien à perdre à saisir la Cour », estime pour sa part l’avocat fiscaliste Alain Steichen. V. P.

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PLACE FINANCIÈRE

« Une trentaine de jugements et arrêts ont permis au cours des trois dernières années d’éviter la pêche au gros. » Me Alain Steichen (Bonn Steichen & Partners)

en portant les peines à 2 millions d’euros et sept ans d’emprisonnement lorsque les faits ont été commis en bande organisée ou réalisés ou facilités au moyen notamment de comptes ouverts ou de contrats souscrits auprès d’organismes établis à l’étranger ». Il n’y a d’ailleurs pas que Paris à avoir durci le ton. Rome aussi, sur un autre registre (l’entraide pénale), a montré les crocs contre ses ressortissants enclins à entretenir des comptes secrets au Luxembourg, comme ce fut récemment le cas du groupe de mode Prada. Me André Lutgen, lors d’une récente conférence au Barreau de Luxembourg, avait indiqué que des écoutes de communications téléphoniques avaient été effectuées à partir de standards téléphoniques en Italie pour repérer les numéros commençant par 00 3 52 (indicatif du Luxembourg), en visant un opérateur du secteur financier établi à Luxembourg. La traque aux fraudeurs va donc très loin, obligeant certains établissements financiers à mettre fin à leurs relations d’affaires avec des clients étrangers en délicatesse avec le fisc de leur pays. Confiance, défiance

« Tout ce qui n’est pas français peut faire l’objet de poursuites en France, contre le contribuable, mais aussi contre l’intervenant luxembourgeois. » Me André Lutgen (Lutgen & Associés)

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L’avocat s’étonne d’ailleurs que, compte tenu de la crise, la pression ne soit pas (encore) plus forte de la part de la France, de l’Allemagne ou de la Belgique. Les opérateurs du secteur financier ne s’en plaindront pas tant les conditions d’exercice de leur métier ont changé. Même leur rapport avec l’administration fiscale luxembourgeoise est passé de la confiance réciproque à la défiance. Le départ de Marius Kohl et son remplacement par une équipe moins flexible n’y serait pas étranger, bien que cela n’explique pas tout. « Nous avons un peu peur qu’ils nous dénoncent… Les relations ont changé avec l’administration des contributions. Avant nous n’hésitions pas à les solliciter avant de réaliser des montages ; maintenant nous hésitons avant d’aller les trouver », se plaint le dirigeant d’une fiduciaire. Aujourd’hui, le fisc luxembourgeois peut dénoncer un montage financier ou un contribuable étranger à son administration d’origine. Des fiscalistes assurent qu’ils ne s’en privent pas, mais aucun chiffre ne vient confirmer leurs assertions. « À quoi bon résister contre les demandes d’assistance et engager des recours devant les juridictions administratives ? », s’interroge un autre praticien luxembourgeois souhaitant conserver l’anonymat. Il reconnait que les chances d’un contribuable non-résident, dans

le collimateur du fisc étranger, de voir annuler par la justice une demande de renseignement sont devenues quasiment nulles, à moins d’une pêche grossière aux informations permettant au Luxembourg d’opposer une fin de non-recevoir à la levée du secret bancaire. Car, très perméable à la pression européenne, l’Administration des contributions, qui centralise les demandes de l’étranger, a tendance à tout laisser passer et n’être plus qu’une chambre d’enregistrement, semblant de cette manière anticiper sur les développements internationaux futurs, où l’échange automatique deviendra le standard après le 1er janvier 2015, pour l’heure sur les seuls produits tombant dans le champ de la directive épargne de 2003, c’est-à-dire les revenus d’intérêts. La digue de l’assistance administrative en matière fiscale est ouverte, et il est illusoire de croire que l’on pourra fermer le robinet. Sur le front de l’entraide en matière pénale, on en est aussi à se demander si ça vaut encore la peine de se battre devant les tribunaux luxembourgeois pour bloquer les procédures, maintenant que le secret professionnel n’est plus opposable aux administrations étrangères et qu’en 2015, celles-ci n’auront plus à demander, elles recevront automatiquement les informations sur leurs ressortissants. L’avocat André Lutgen souligne que le problème de l’entraide pénale en matière fiscale, avec cette savante distinction entre fraude caractérisée (qui permet au GrandDuché de l’accorder) et évasion (où elle est refusée), est « dépassé depuis que nous accordons l’entraide administrative fiscale sur demande ». « Il est évident, dit-il, que dans la mesure où cette entraide administrative est accordée et dans la mesure où les administrations peuvent transmettre aux autorités pénales les dossiers pour des poursuites éventuelles, la discussion sur l’entraide fiscale en matière pénale n’a pratiquement plus lieu d’être, surtout depuis la loi du 29 mars 2013 autorisant l’entraide administrative avec tous les États de l’Union européenne. » Et demain avec tous les pays de l’OCDE.

L’entraide administrative en matière fiscale va s’étendre à tous les pays de l’OCDE. La pression va donc monter d’un cran chez les opérateurs du secteur financier, qui ont changé leur propre rapport vis-à-vis de l’Administration des contributions directes. La confiance d’antan s’est transformée en défiance.


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PLACE FINANCIÈRE

Administrateurs et gouvernance

Une génération en marche Une circulaire CSSF encadre la composition et la qualification des membres des boards dans les institutions de crédit et entreprises d’investissement.

L’Institut luxembourgeois des administrateurs soutient la professionnalisation croissante et le regain d’importance des administrateurs locaux. L’ensemble contribue à modifier une certaine tradition, où l’administrateur était parfois un coureur de jetons, de façade, de bonne famille ou de prestige. Texte Alain Ducat Photos Luc Deflorenne

E

ntrée en vigueur, sans tambour ni trompettes, depuis juillet 2013, mais bénéficiant d’une période de transition logiquement close depuis le 1er janvier dernier, la circulaire CSSF 12/552 est dans la phase où nul n’est plus censé ignorer sa mise en pratique… « Ce n’est pas une révolution, mais il y a quand même une certaine tradition qui peut s’en trouver bousculée », explique Anne-Marie Nicolas (TE Connectivity), juriste de formation internationale qui siège dans plusieurs conseils d’administration. « Les administrateurs ont une responsabilité individuelle et collective, par rapport aux opérations d’une banque luxembourgeoise », rappelle Stanislas Chambourdon, partner et head of Banking chez KPMG et membre de l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila). La chose a pris un caractère évident et l’intérêt pour cette matière va grandissant au cœur de la Place. En effet, dans le Luxembourg financier, aucune institution n’échappe à l’impact de ladite circulaire. Elle a été envoyée par le régulateur, en décembre 2012, à tous les établissements de crédit, entreprises d’investissement et professionnels effectuant des opérations de prêt. Certes, elle a pu passer pour un document de plus (60 pages quand même) dans le tsunami réglementaire dont se plaignent parfois les acteurs de la Place. Mais son importance est réelle, dans le sens où, en application de directives européennes et dans le droit fil des tendances globales en la matière, elle encadre, avec une précision métronomique et parfois dans des détails quasi intimes pour ceux qu’elle radiographie, l’administration centrale, la gouvernance interne et la gestion des risques. Le texte va, de fait, au-delà des principes qui gagnent du terrain sur la planète finance et font l’objet de toutes les attentions des régulateurs et observateurs ne souhaitant plus revivre les affres et dérapages de crise. La circulaire plonge au cœur des décisions

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redonnant, à côté des chiffres, ses lettres de noblesse à la souveraineté du board. Les administrateurs sont ainsi directement concernés par un texte qui précise la composition du conseil, jusqu’à la qualification requise des membres, auxquels on rappelle qu’ils s’engagent sur les décisions prises... Recentrer les décisions

« Être administrateur de banque ou d’une entreprise financière, au Luxembourg, ce n’est pas neutre », indique Vincent Decalf. Il est l’un des membres assidus de la commission dédiée par l’Ila aux institutions financières. Et son expérience l’a amené à connaître les rouages de plus d’un opérateur de la Place, chez Foyer notamment, de l’intérieur, mais en gardant la qualité d’administrateur indépendant. « Le rôle de l’administrateur n’est pas forcément le même aux États-Unis ou en Grand-Bretagne. Dans l’espace européen, il y a un tronc commun qui se dégage dans la nouvelle gouvernance qui se met en place. Mais il y a des responsabilités spécifiques qu’un administrateur luxembourgeois ne peut ignorer. » Manifestement, ce constat se répand. « Il y a une réelle demande de la part du monde financier aujourd’hui pour une information complète », relève-t-on à l’Ila. De l’information à la formation, il n’y avait qu’un pas, franchi en créant un pool adapté (lire page 108). Michael Schweiger (RBC) est en charge du volet formation au sein de la commission de l’Ila, qui a déjà beaucoup fait pour « évangéliser » à la suite de la fameuse circulaire. Un document de sept pages, disponible aussi sur le site de la CSSF, a été élaboré sous forme de questions / réponses relatives au texte. Et, à côté des « éléments

Les nouvelles banques internationales qui choisissent Luxembourg partent d’une base solide, où la gouvernance locale prend un autre relief.

saillants » de la circulaire compilés en 25 pages, l’Ila a aussi établi un bank director’s guide, un véritable outil à l’épreuve du terrain, incluant exemples et échanges de bonnes pratiques. « Il y a aujourd’hui une forme de remise en question », souligne Michael Schweiger qui, en plus de son rôle dans la structure luxembourgeoise de RBC IS à Esch-Belval, pratique la compliance au quotidien pour les activités Emea (Europe, Moyen-Orient et Afrique) du groupe Royal Bank of Canada, en tant que senior subsididary governance officer. « Le processus de décision, dans un souci de plus grande transparence et de parfaite maîtrise, peut donner lieu à un écart, plus ou moins grand selon les cas, entre des business lines internationales et les besoins locaux », poursuit-il. C’est sans doute là le point de basculement, de la contrainte vers l’opportunité, un champ d’investigation que l’on cultive volontiers dans le conseil. Stanislas Chambourdon (KPMG) valide : « S ouvent, dans une place internationale comme la nôtre, le centre de décisions véritables n’est pas au Luxembourg. Or les tendances que soutient la circulaire du régulateur incitent à davantage de besoins locaux en administrateurs qualifiés. On est dans une phase d’augmentation du volume des entités (notamment avec l’arrivée de grandes institutions chinoises ou de banques issues de la mouvance de la finance islamique, ndlr) et donc du volume des administrateurs. Les besoins en talents variés vont aussi aller croissant. » Vers la fin des mandats honorifiques

Car il y a là un autre enjeu : les profils requis au sein des conseils d’administration sont en mutation, à la mesure des diversités et des complexités réglementaires, juridictionnelles ou comptables notamment, que l’administrateur doit pouvoir aborder, en plus des compétences métiers liées à la branche d’activité spécifique. « Une nouvelle génération s’est mise en marche, prolonge Anne-Marie Nicolas. Les besoins pratiques font naître

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PLACE FINANCIÈRE

Administrateurs et gouvernance

Une génération en marche Une circulaire CSSF encadre la composition et la qualification des membres des boards dans les institutions de crédit et entreprises d’investissement.

L’Institut luxembourgeois des administrateurs soutient la professionnalisation croissante et le regain d’importance des administrateurs locaux. L’ensemble contribue à modifier une certaine tradition, où l’administrateur était parfois un coureur de jetons, de façade, de bonne famille ou de prestige. Texte Alain Ducat Photos Luc Deflorenne

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ntrée en vigueur, sans tambour ni trompettes, depuis juillet 2013, mais bénéficiant d’une période de transition logiquement close depuis le 1er janvier dernier, la circulaire CSSF 12/552 est dans la phase où nul n’est plus censé ignorer sa mise en pratique… « Ce n’est pas une révolution, mais il y a quand même une certaine tradition qui peut s’en trouver bousculée », explique Anne-Marie Nicolas (TE Connectivity), juriste de formation internationale qui siège dans plusieurs conseils d’administration. « Les administrateurs ont une responsabilité individuelle et collective, par rapport aux opérations d’une banque luxembourgeoise », rappelle Stanislas Chambourdon, partner et head of Banking chez KPMG et membre de l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila). La chose a pris un caractère évident et l’intérêt pour cette matière va grandissant au cœur de la Place. En effet, dans le Luxembourg financier, aucune institution n’échappe à l’impact de ladite circulaire. Elle a été envoyée par le régulateur, en décembre 2012, à tous les établissements de crédit, entreprises d’investissement et professionnels effectuant des opérations de prêt. Certes, elle a pu passer pour un document de plus (60 pages quand même) dans le tsunami réglementaire dont se plaignent parfois les acteurs de la Place. Mais son importance est réelle, dans le sens où, en application de directives européennes et dans le droit fil des tendances globales en la matière, elle encadre, avec une précision métronomique et parfois dans des détails quasi intimes pour ceux qu’elle radiographie, l’administration centrale, la gouvernance interne et la gestion des risques. Le texte va, de fait, au-delà des principes qui gagnent du terrain sur la planète finance et font l’objet de toutes les attentions des régulateurs et observateurs ne souhaitant plus revivre les affres et dérapages de crise. La circulaire plonge au cœur des décisions

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redonnant, à côté des chiffres, ses lettres de noblesse à la souveraineté du board. Les administrateurs sont ainsi directement concernés par un texte qui précise la composition du conseil, jusqu’à la qualification requise des membres, auxquels on rappelle qu’ils s’engagent sur les décisions prises... Recentrer les décisions

« Être administrateur de banque ou d’une entreprise financière, au Luxembourg, ce n’est pas neutre », indique Vincent Decalf. Il est l’un des membres assidus de la commission dédiée par l’Ila aux institutions financières. Et son expérience l’a amené à connaître les rouages de plus d’un opérateur de la Place, chez Foyer notamment, de l’intérieur, mais en gardant la qualité d’administrateur indépendant. « Le rôle de l’administrateur n’est pas forcément le même aux États-Unis ou en Grand-Bretagne. Dans l’espace européen, il y a un tronc commun qui se dégage dans la nouvelle gouvernance qui se met en place. Mais il y a des responsabilités spécifiques qu’un administrateur luxembourgeois ne peut ignorer. » Manifestement, ce constat se répand. « Il y a une réelle demande de la part du monde financier aujourd’hui pour une information complète », relève-t-on à l’Ila. De l’information à la formation, il n’y avait qu’un pas, franchi en créant un pool adapté (lire page 108). Michael Schweiger (RBC) est en charge du volet formation au sein de la commission de l’Ila, qui a déjà beaucoup fait pour « évangéliser » à la suite de la fameuse circulaire. Un document de sept pages, disponible aussi sur le site de la CSSF, a été élaboré sous forme de questions / réponses relatives au texte. Et, à côté des « éléments

Les nouvelles banques internationales qui choisissent Luxembourg partent d’une base solide, où la gouvernance locale prend un autre relief.

saillants » de la circulaire compilés en 25 pages, l’Ila a aussi établi un bank director’s guide, un véritable outil à l’épreuve du terrain, incluant exemples et échanges de bonnes pratiques. « Il y a aujourd’hui une forme de remise en question », souligne Michael Schweiger qui, en plus de son rôle dans la structure luxembourgeoise de RBC IS à Esch-Belval, pratique la compliance au quotidien pour les activités Emea (Europe, Moyen-Orient et Afrique) du groupe Royal Bank of Canada, en tant que senior subsididary governance officer. « Le processus de décision, dans un souci de plus grande transparence et de parfaite maîtrise, peut donner lieu à un écart, plus ou moins grand selon les cas, entre des business lines internationales et les besoins locaux », poursuit-il. C’est sans doute là le point de basculement, de la contrainte vers l’opportunité, un champ d’investigation que l’on cultive volontiers dans le conseil. Stanislas Chambourdon (KPMG) valide : « S ouvent, dans une place internationale comme la nôtre, le centre de décisions véritables n’est pas au Luxembourg. Or les tendances que soutient la circulaire du régulateur incitent à davantage de besoins locaux en administrateurs qualifiés. On est dans une phase d’augmentation du volume des entités (notamment avec l’arrivée de grandes institutions chinoises ou de banques issues de la mouvance de la finance islamique, ndlr) et donc du volume des administrateurs. Les besoins en talents variés vont aussi aller croissant. » Vers la fin des mandats honorifiques

Car il y a là un autre enjeu : les profils requis au sein des conseils d’administration sont en mutation, à la mesure des diversités et des complexités réglementaires, juridictionnelles ou comptables notamment, que l’administrateur doit pouvoir aborder, en plus des compétences métiers liées à la branche d’activité spécifique. « Une nouvelle génération s’est mise en marche, prolonge Anne-Marie Nicolas. Les besoins pratiques font naître

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PLACE FINANCIÈRE

« Quand on est dans un conseil d’administration, on n’est pas dans une instance de validation ni dans une aimable réunion alibi. »

« Le nombre de structures augmente. Les besoins en talents variés dans les boards vont aussi aller croissant. »

Vincent Decalf (Foyer)

Stanislas Chambourdon (KPMG)

DISPOSITIONS CLÉS

Recadrage prudentiel La circulaire CSSF 12/552 n’a pu prendre personne de court. Dès sa sortie, en décembre 2012, le régulateur avait émis un document résumant les « éléments saillants » de ce pensum « administration centrale, gouvernance interne et gestion des risques ». Entre autres, le document détaille tout le dispositif, régissant conseil d’administration et direction autorisée, organisation comptable et informatique, contrôle interne ou exigences spécifiques. Pour les administrateurs notamment, la CSSF rappelle une série d’exigences minimales et, globalement, procède à un « recadrage prudentiel » précisant « les rôles et responsabilités des organes de l’établissement », direction autorisée et conseil d’administration. La gouvernance interne et le contrôle des risques prennent une place importante dans le dispositif, où compliance, audit et risk management ont tout leur sens. Entre autres aspects concrets, la circulaire pose les cas d’interactions entre organes locaux, maison mère ou groupe et la CSSF. Clairement, la CSSF souligne, au rang des principales nouveautés, un « renforcement de la capacité de contrôle » du CA. Et elle « recommande aux grands établissements d’avoir un ou plusieurs administrateurs indépendants ». A.D.

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de nouvelles questions… et de nouveaux besoins. On nous interroge beaucoup sur les notions de risque et de couverture de ces risques, qui ont fait naître des produits d’assurance spécifiques, pour la responsabilité civile des mandataires sociaux. D’autre part, la professionnalisation va croissant et c’est un bien : administrer, c’est un métier. Rien à voir avec un mandat honorifique. » « Il fut un temps où les administrateurs non exécutifs étaient nommés comme des administrateurs honoraires, parce qu’ils avaient la confiance des conseillers, qu’ils étaient bien connus dans l’industrie ou qu’ils disposaient d’un réseau puissant », observe l’étude menée par l’Ila, en éclairage à la mise en pratique de la circulaire CSSF, « bien davantage que pour leur profil en termes de compétences ou de personnalité, apte à compléter la composition du conseil d’administration et à encourager une discussion active et productive autour de la table ». Le côté patrimonial, familial ou de copinage – qui faisait partie d’une certaine image de la gestion luxembourgeoise du temps où elle pouvait se contenter d’une forme de complaisance et faire preuve de relâchement réglementaire – est voué à disparaître. Et les administrateurs professionnels s’en réjouissent. « Au-delà des compétences, il y a un rôle extrêmement sérieux, insiste Vincent Decalf. Quand on est dans un conseil d’administration, on n’est pas dans une instance de validation, et pas davantage dans une aimable réunion alibi. » Le coup de l’assemblée générale ou de la décison de CA juste signée pro forma, par des décideurs fantômes ou rassemblés au restaurant du coin,

quoique parfois galvaudé, a quand même collé à la réalité luxembourgeoise… « Il y a un vrai mouvement de fond, un changement de perception »,

opine Anne-Marie Nicolas. Un cahier de charges, avec proportionnalité

La situation a changé et, à coup sûr, continuera à changer dans les mois à venir. Désormais, les règles sont censées être connues et, pour répondre aux exigences de gouvernance, qui rime avec transparence et compliance, la CSSF exerce un contrôle jusque sur le terrain. Et le régulateur a déjà fait tomber des amendes. Les observateurs voient encore de potentielles dichotomies. Celle qui fait grincer les dents de plus d’un juriste concerne l’exception accordée aux administrateurs représentant l’État qui, eux, ne doivent pas assumer la responsabilité individuelle. L’Ila note, en revanche : « Étant donné qu’il n’y a pas de distinction juridique entre les statuts des administrateurs exécutifs et non exécutifs , les deux ont les mêmes droits et responsabilités juridiques. » Ce qui peut être cause de souci, puisque les deux catégories d’administrateurs n’ont pas le même accès à l’information ou la même participation dans l’entreprise. « En outre, il est clair que les administrateurs non exécutifs doivent se sentir moins contraints par la politique interne de directeurs généraux qui sont financièrement dépendants de l’entité.  » Toutefois, la circulaire donne une série de recommandations et obligations. Elle consacre aussi le principe de proportionnalité. « C’est un critère important que met en valeur la circulaire, qui met en avant beaucoup de principes qualitatifs », juge


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

« Administrer, c’est un métier, une responsabilité individuelle et collective. Rien à voir avec un mandat honorifique. » Anne-Marie Nicolas (TE Connectivity)

« Le processus de décision peut donner lieu à un écart entre des business lines internationales et les besoins locaux. » Michael Schweiger (RBC)

FORMATIONS

Un intérêt, des outils Face à la nouveauté, une prise de conscience a manifestement eu lieu et la demande d’information a été suivie d’une offre de formation. L’émanation de l’Ila, une commission « banques » spécifique, a mis sur pieds des outils, une analyse circonstanciée de la circulaire, un mémento et des formations ciblées. En septembre dernier, une session de deux jours a fait très vite le plein et rencontré l’intérêt d’un public demandeur, parfois inquiet. Ce volet sensibilisation et formation va se prolonger, dans un premier temps, par un événement organisé par l’Ila en mai prochain, avec l’un ou l’autre invité de renom et un angle paneuropéen apporté au rôle de l’administration et de la gouvernance locales. Suivra, en septembre, une intensive journée de training pour administrateurs (volontairement limitée à une vingtaine de participants) dans une approche pratique où se combineront case studies et networking.

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M. Schweiger. Ainsi, les grandes structures doivent s’appuyer sur au moins un administrateur indépendant (voir encadré page 106). Il faut aussi, dit le texte « prévoir une mise en œuvre proportionnée » dans les « petits » établissements : comités spécialisés et administrateurs indépendants sont « en option », l’audit interne peut être sous-traité, le recours à des experts externes est prévu mais on insiste sur le « dispositif d’évitement ou / et de gestion des conflits d’intérêts ». La circulaire agit, in fine, comme une sorte de cahier de charges où sont déterminés des critères quantitatifs et, surtout, qualitatifs, incluant des profils variés, une diversité de statuts, une ligne de conduite. Une évaluation bénéfique

« Le texte consacre des principes qui devraient aller de soi, dans une démarche d’auto-évaluation à mener face à un potentiel mandat, souligne Vincent Decalf. Des critères de compétences, de disponibilités… L’agrément CSSF, dans son processus, demande aussi une liste des mandats et activités exercés par ailleurs. Il est évident qu’on ne peut pas être partout pour bien faire… » « Dans les faits, on remarque une évolution dans l’attitude face au mandat potentiel, appuie Michael Schweiger. Il y a encore cinq ou six ans, l’administrateur sollicité acceptait la place dans le board sans se poser de questions. Les notions de responsabilité et les critères d’éligibilité changent la donne. » « Avant d’accepter, poursuit Anne-Marie Nicolas, le candidat s’interroge et se renseigne, sur la société, ses métiers, les risques, les autres administrateurs… » Tout cela contribue à la valorisation de l’administrateur local, « y compris sur le plan de la rémunération, observe Stanislas Chambourdon. Il y a une compétition, une émulation, et donc des perspectives intéressantes pour la Place, son savoirfaire et son développement. C’est un atout. » Et c’est à

ajouter à la liste de ce qui contribue à l’attractivité du pays, régulé avec une longueur d’avance dans les tendances globales et la bonne gouvernance. « On peut d’ailleurs noter que la première institution à avoir appliqué les critères d’éligibilité pour ses administrateurs au Luxembourg est une banque chinoise », glisse le partner KPMG. L’évolution est donc en marche, comme une nouvelle vague qui aurait émergé des années de crise. « Toucher au board, ce n’est pas neutre. Il va falloir du temps, mais c’est en bonne voie », indique Stanislas Chambourdon. « Beaucoup d’établissements ont déjà un board compétent. Mais il y aura des adaptations et des alignements, progressivement. » Au final, le « marché » – car c’en est un – des administrateurs au Luxembourg devrait s’en porter d’autant mieux. « Tout le monde, dans le secteur financier d’abord, dans l’ensemble de l’économie ensuite, jusque dans les filiales de petite taille, aura besoin de compétences, d’indépendants, d’observateurs et d’experts », résume Anne-Marie Nicolas. Inéluctablement, mais résolument, on ira alors vers une vraie gouvernance locale.

La circulaire CSSF 2012/522 est en application et elle est très suivie sur le terrain. Elle donne un cadre précis aux membres du board des institutions financières au Luxembourg, notamment en donnant des critères d’éligibilité, quantitatifs et qualitatifs, pour les administrateurs. Le régulateur veille à la bonne gouvernance, à la transparence, à la compliance. L’Institut luxembourgeois des administrateurs applaudit, informe et forme. Le métier d’administrateur sur la Place et la prise de décision locale auront tout à y gagner. Les habitudes et une certaine tradition sont un peu bousculées dans les CA, où le mandat n’a rien d’honorifique.


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DÉSIRS

Désirs

— FÉVRIER 2014


DÉSIRS

Les immanquables Le quintette de Newcastle revient sur scène pour présenter son quatrième album The National Health sans oublier ses riffs de guitare et hits de pop-rock.

MAXÏM

O PAR

K

Le Messin casqué continue sa carrière avec Ghost Surfer. Le nouvel album est comme une porte d’entrée vers un monde parallèle. Le 13 février à la Rockhal

T HE U

NMAN

NED

L'exposition de Fabien Giraud et Raphaël Siboni présente les œuvres les plus récentes du duo issu du documentaire et du cinéma. Jusqu’au 27 avril au Casino Luxembourg

ZOOM SUR

Christiane Kremer Elle est avant tout journaliste et n’aime rien moins que de faire découvrir la culture à ses auditeurs. Depuis 12 ans, en effet, Christiane Kremer travaille chez RTL, d’abord à la télévision où elle animait l’émission culturelle, et désormais à la radio où elle reçoit un invité tous les vendredis et présente l’émission À propos… Elle est aussi directeur des programmes de la radio luxembourgeoise et a écrit plusieurs textes de cabarets ou de pièces radiophoniques… Malgré cet emploi du temps bien chargé, voilà qu’elle a lancé, avec Viviane Leytem et Luc Marteling, une maison d’édition, Kremart. C’est d’abord l’écriture qui l’a poussée. Quand les premières discussions ont lieu autour du mariage homosexuel, elle s’empare du sujet. Elle écrit www.kremart.lu

Mammendag, une histoire pour enfants, autour d’un message de tolérance. « La question s’est alors posée de savoir où le publier. Ce n’était pas un thème porteur, qu’un éditeur allait me prendre facilement. » Elle se renseigne sur les aides disponibles et se lance avec, très vite, l’idée d’en faire plus. La petite maison d’édition s’ouvre à des sujets et des auteurs inédits, veut valoriser la langue luxembourgeoise, sans pour autant se fermer aux autres, et lance plusieurs projets. La collection Smart (au format d’un smartphone) compte déjà quatre titres et le dernier livre de Josy Braun (décédé en 2012) a braqué les projecteurs sur Kremart, qui reçoit désormais de nombreuses propositions et réfléchit à de nouveaux formats (livre audio, e-book…).

D OR É

Son nouvel album, Løve, est solaire et dansant. Entre groove et mélancolie s’égraine un archipel de chansons ciselées dans les sentiments. Le 27 février à la Philharmonie

R T HE O

IGINA

L WAIL

E RS

Jamaïcains comme leurs dignes prédécesseurs, The Original Wailers font revivre les racines d’un reggae authentique digne des années 70. Le 4 mars à l’Atelier

X NY-LU

Les sept lauréats du Edward Steichen Award sont rassemblés pour la première fois. À partir du 14 février au Mudam

MARS 2014 —

Photos : D.R., Étienne Boulanger, Yann Orhan, Fabien Giraud et Raphaël Siboni

Photo : Sven Becker

JULIEN

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DÉSIRS

SÉLECTION DISCOVERY ZONE

Photo : Tom Guldenwein

Alexis Juncosa, chargé de la programmation pour le Discovery Zone – Luxembourg City Film Festival 2014 (du 28 février au 9 mars), nous dévoile ses coups de cœur. www.discoveryzone.lu

Photo : Christine Plenus

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RENCONTRER

ASSISTER À L’OUVERTURE

ASSISTER À LA MASTER

VOIR HJALTALÍN EN LIVE

FRÉQUENTER LE RATSKELLER,

MICHEL GONDRY

OFFICIELLE DU FESTIVAL

CLASS DE LUC DARDENNE

POUR UNE BO

LE QG DU FESTIVAL

Producteur, scénariste oscarisé et réalisateur mondialement reconnu (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Be Kind Rewind, L’Écume des jours…), Michel Gondry présentera Is The Man Who Is Tall Happy, un film d’animation étonnant, basé sur des conversations réalisées avec le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky, qui fera l’ouverture de la compétition documentaire.

Her, petit chef-d’œuvre d’inventivité signé Spike Jonze et mettant en scène Joaquin Phoenix, Amy Adams ainsi que la voix de Scarlett Johansson, ouvrira la compétition officielle. Un moment de grande tendresse pour accueillir chaleureusement le jury officiel, présidé cette année par l’actrice et productrice française Julie Gayet.

Le réalisateur belge, auréolé de deux Palmes d’or avec son frère Jean-Pierre Dardenne, nous fera l’honneur de nous expliquer comment il adapte son scénario aux réalités du tournage. Une séquence rare et gratuite, bénéficiant d’une traduction simultanée en anglais. Accès dans la limite des places disponibles.

D’une beauté époustouflante, d’une approche formelle très innovante (le film est non parlant), Days of Gray a profité d’une bande-son sublime signée Hjaltalín. Événement exceptionnel : le groupe au grand complet la jouera en live, en présence notamment de la réalisatrice Ani Simon-Kennedy. Allez-y, sinon vous allez le regretter.

L’espace d’exposition du Cercle Cité (accès par la rue du Curé) devient, le temps du festival, un lieu d’échange et de rencontre autour du film. On y croise membres des jurys, acteurs, réalisateurs et autres invités prestigieux. On y prend un verre et fait la fête ou on visite notamment la surprenante exposition Holorama signée Jeff Desom (photo), ainsi qu’une sélection d’affiches anciennes de la Cinémathèque.

Le 28 février à 16 h 30, à la Cinémathèque (Centre-ville)

Le 28 février à 19 h 30, à l’Utopolis (Kirchberg)

Le 1er mars à 16 h, à la Cinémathèque (Centre-ville)

Le 6 mars à 20 h, au CCRN (Grund)

Cercle Cité, rue du Curé (Centre-ville)

À LIRE

TROIS LIVRES POUR CÉLÉBRER LE CARNAVAL Le mois de février est marqué par une fête réjouissante : celle de carnaval. Valérie Lannoy de la librairie Ernster nous propose sa sélection d’ouvrages en lien avec cette fête.

E ILLAG MAQU

Cet ouvrage contient des explications sur le matériel et les fournitures de base, toutes les techniques (éponge, pinceau, coton-tige), des démonstrations pas à pas pour réaliser des modèles pour les petits comme pour les grands : lapin, jaguar, lion, etc. Maquillages de fêtes, Larousse, 3,95 euros.

— MARS 2014

CULTU

RE

Guide des plus grands carnavals du monde entier. Le carnaval est l’occasion de se travestir, de danser, d’écouter la musique d’un pays, d’une région et d’en découvrir les traditions profondes et les querelles politiques. Guide des carnavals du monde entier (avec un CD de musiques de carnaval), Favre, 29,95 euros.

CUISIN

E

Retrouvez-vous entre amis ou en famille autour d’une montagne de crêpes ! Trente-cinq recettes gourmandes préparées, goûtées et approuvées. Soirée Crêpes – Recettes à partager, Hachette, 8,95 euros.


«De toutes les qualités du cuisinier, la plus indispensable est l’exactitude» Anthelme Brillat- Savarin

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18 Place d’Armes • L-1136 Luxembourg • Grand-Duché de Luxembourg Tél. : +352 27 47 37 421 • Fax : +352 27 47 38 • info@hotel-leplacedarmes.com

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Strip and night bar restaurant. Re-discover one of the most amazing venues in Luxembourg city. SAUMUR_july_2013.indd 1 113_PUB_HOTEL PLACE ARMES OPTION_.indd 113

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NTIN SAINT-VALE

LA CARTE DU TENDRE

À l’occasion de la Saint-Valentin, nous vous invitons à réaliser un parcours en ville qui vous mènera à travers les nouvelles adresses de la capitale, tout en réalisant une journée type pour passer une bonne fête des amoureux.

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BIEN CHOISIR SA TENUE Pour être belle et sexy, un petit tour dans la nouvelle boutique Courrèges s’impose. « Une femme qui s’habille en Courrèges n’est plus la même, déclarait Jacques Bungert, un des deux directeurs de la marque. Elle est plus sûre d’elle et plus séduisante. » C’est sûr que dès qu’on se glisse dans une de ces petites robes de couleurs franches et à la coupe impeccable, notre bonne humeur s’améliore instantanément. Une collection pour hommes sera bientôt disponible. Courrèges – 46, Grand-Rue (Centre-ville)

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Autre tendance, The Kooples a ouvert sa première adresse au Grand-Duché. Le style y est franchement rock, les collections mixtes et androgynes, avec beaucoup de pièces issues du vestiaire masculin. On y trouve des vêtements aussi bien pour hommes que pour femmes. Une séance shopping à faire à deux ! The Kooples – 8, avenue Monterey (Centre-ville)

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POUR SE FAIRE BELLE Rester soi-même tout en étant maquillé(e). Telle pourrait être la devise de Bobbi Brown, grande prêtresse américaine du maquillage qui sublime les femmes (et les hommes) tout en gardant un aspect naturel. Il est désormais possible de se faire conseiller, point fort de la marque, pour trouver les produits qui correspondent à vos besoins et habitudes de maquillage dans un corner installé dans la parfumerie Paris 8 de la Belle Étoile. La collection phare est sans conteste celle des fonds de teint, mais il y a également de nombreux autres produits à découvrir. Chaque leçon de maquillage se termine par la remise d’un « face chart » qui permet aux client(e)s de se remaquiller, seul(e)s, à la maison. Centre commercial Belle Étoile, parfumerie Paris 8, à Bertrange

FAIRE GARDER LES ENFANTS Pour passer une soirée en amoureux en toute quiétude, mieux vaut penser à réserver une baby-sitter. Pour cela, Home Services Luxembourg pourra vous aider. Cette nouvelle petite entreprise familiale aide les particuliers à trouver une garde d’enfants, mais aussi une aide ménagère ou des hommes d’entretien. Idéal pour soulager les tâches quotidiennes des familles et réserver un peu de temps pour soi. www.homeserviceslux.lu

POUR BOIRE UN VERRE Envie de prendre un verre pour bien commencer (ou finir) la soirée ? Alors pourquoi ne pas essayer une de ces deux nouvelles adresses ? Serge va devenir à n’en pas douter le nouveau lieu branché et sympathique de la ville. Ce bar à cocktails, mené par Georges Tantazis derrière le bar, propose des breuvages originaux (carte fixe, cocktail du mois, sur-mesure…). Tout au long de la semaine, des soirées sont organisées : soirée Aperitivo (finger food offerte), Suck my Cocktail (un cocktail acheté, un offert), sets de DJ. Mais Serge, c’est aussi le nouveau lieu pour le théâtre d’humour (les mardis). Une bonne idée ! Le vendredi, jour de la Saint-Valentin, le bar est ouvert jusqu’à 3 h. Serge – 17, rue du Saint-Esprit (Vieille ville) Fort du succès du White Club, Jacques et Jonathan Engel on décidé d’ouvrir un lieu complémentaire au club : le White Café. Le rez-de-chaussée s’organise autour du bar et DJ booth, le tout dans un esprit péplum tandis qu’à l’étage, on trouve un salon cosy où il sera possible de danser sur des slows. Des soirées à thème sont régulièrement organisées : « Playground ! » les mercredis, « Deep Happy Hour » les jeudis, etc. (nuit blanche pour les soirées spéciales). White Café – 16, rue des Bains (Centre-ville)

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Le maquillage c’est bien, mais il faut aussi prendre soin de sa peau. Pour cela, direction l’Institut Françoise qui distribue les produits sud-africains Environ. Issus de la recherche médicale sur le cancer de la peau, ces produits utilisent notamment la vitamine A comme principal ingrédient pour améliorer les performances naturelles de la peau. On peut demander un soin en institut (visage ou corps) et se faire conseiller pour acheter des produits pour la maison. Attention : essayer ces produits, c’est les adopter ! Centre commercial City Concorde, Institut Françoise, à Bertrange

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— MARS 2014

ACHETER UN CADEAU Qui dit Saint-Valentin dit cadeau à offrir à l’élu(e) de son cœur. Pour cela, deux nouvelles adresses sont à découvrir. Pour ces dames, il sera possible de choisir un bijou parmi les collections du joaillier allemand Wellendorf qui s’est fait connaître grâce à ses bagues pivotantes en émail, or et diamant et des colliers cordelettes en or très souples. Sinon, direction Crésus qui propose des montres et bijoux de grandes marques (Rolex, Patek Philippe, Chaumet, Cartier, etc.) en seconde main, mais en excellent état et avec certificat d’authenticité. Wellendorf – 19, Grand-Rue (Centre-ville) Crésus – 10, rue de la Boucherie (Vieille ville)

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Illustration : Maison Moderne | Photos : Jessica Theis, Olivier Minaire, Luc Deflorenne

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UN DÎNER EN AMOUREUX Un aller simple pour Paris, ville des amoureux ? Alors rendez-vous à L’Adresse, un petit restaurant de la rue Notre-Dame qui propose une cuisine typique de bistrot parisien : steak frites salade, cassolette d’escargots, andouillette, salade de gésiers, tartare de bœuf ou encore foie gras. Pour la décoration, l’esprit titi parisien est aussi bien là grâce aux tables en bois, la vaisselle dépareillée ou les affiches Belle Époque. L’Adresse – 32, rue Notre-Dame (Centre-ville) Sinon, pour séduire en délicatesse et raffinement, vous pouvez essayer la cuisine du nouveau chef de La Cristallerie, Fabrice Salvador, et profiter du cadre magnifique du restaurant gastronomique de l’hôtel de charme cinq étoiles Le Place d’Armes. La Cristallerie – 18, place d’Armes (Centre-ville)

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AU DODO Après un tel parcours, un peu de repos s’impose. Plongez alors dans un lit Hästens, marque suédoise qui fabrique une literie de luxe, cousue à la main et réalisée avec des matériaux naturels. Joyeuse Saint-Valentin ! Hästens – 13, rue du Curé (Vielle ville)

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NTIN SAINT-VALE

LA CARTE DU TENDRE

À l’occasion de la Saint-Valentin, nous vous invitons à réaliser un parcours en ville qui vous mènera à travers les nouvelles adresses de la capitale, tout en réalisant une journée type pour passer une bonne fête des amoureux.

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BIEN CHOISIR SA TENUE Pour être belle et sexy, un petit tour dans la nouvelle boutique Courrèges s’impose. « Une femme qui s’habille en Courrèges n’est plus la même, déclarait Jacques Bungert, un des deux directeurs de la marque. Elle est plus sûre d’elle et plus séduisante. » C’est sûr que dès qu’on se glisse dans une de ces petites robes de couleurs franches et à la coupe impeccable, notre bonne humeur s’améliore instantanément. Une collection pour hommes sera bientôt disponible. Courrèges – 46, Grand-Rue (Centre-ville)

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Autre tendance, The Kooples a ouvert sa première adresse au Grand-Duché. Le style y est franchement rock, les collections mixtes et androgynes, avec beaucoup de pièces issues du vestiaire masculin. On y trouve des vêtements aussi bien pour hommes que pour femmes. Une séance shopping à faire à deux ! The Kooples – 8, avenue Monterey (Centre-ville)

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POUR SE FAIRE BELLE Rester soi-même tout en étant maquillé(e). Telle pourrait être la devise de Bobbi Brown, grande prêtresse américaine du maquillage qui sublime les femmes (et les hommes) tout en gardant un aspect naturel. Il est désormais possible de se faire conseiller, point fort de la marque, pour trouver les produits qui correspondent à vos besoins et habitudes de maquillage dans un corner installé dans la parfumerie Paris 8 de la Belle Étoile. La collection phare est sans conteste celle des fonds de teint, mais il y a également de nombreux autres produits à découvrir. Chaque leçon de maquillage se termine par la remise d’un « face chart » qui permet aux client(e)s de se remaquiller, seul(e)s, à la maison. Centre commercial Belle Étoile, parfumerie Paris 8, à Bertrange

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Le maquillage c’est bien, mais il faut aussi prendre soin de sa peau. Pour cela, direction l’Institut Françoise qui distribue les produits sud-africains Environ. Issus de la recherche médicale sur le cancer de la peau, ces produits utilisent notamment la vitamine A comme principal ingrédient pour améliorer les performances naturelles de la peau. On peut demander un soin en institut (visage ou corps) et se faire conseiller pour acheter des produits pour la maison. Attention : essayer ces produits, c’est les adopter ! Centre commercial City Concorde, Institut Françoise, à Bertrange

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— MARS 2014

FAIRE GARDER LES ENFANTS Pour passer une soirée en amoureux en toute quiétude, mieux vaut penser à réserver une baby-sitter. Pour cela, Home Services Luxembourg pourra vous aider. Cette nouvelle petite entreprise familiale aide les particuliers à trouver une garde d’enfants, mais aussi une aide ménagère ou des hommes d’entretien. Idéal pour soulager les tâches quotidiennes des familles et réserver un peu de temps pour soi. www.homeserviceslux.lu

POUR BOIRE UN VERRE Envie de prendre un verre pour bien commencer (ou finir) la soirée ? Alors pourquoi ne pas essayer une de ces deux nouvelles adresses ? Serge va devenir à n’en pas douter le nouveau lieu branché et sympathique de la ville. Ce bar à cocktails, mené par Georges Tantazis derrière le bar, propose des breuvages originaux (carte fixe, cocktail du mois, sur-mesure…). Tout au long de la semaine, des soirées sont organisées : soirée Aperitivo (finger food offerte), Suck my Cocktail (un cocktail acheté, un offert), sets de DJ. Mais Serge, c’est aussi le nouveau lieu pour le théâtre d’humour (les mardis). Une bonne idée ! Le vendredi, jour de la Saint-Valentin, le bar est ouvert jusqu’à 3 h. Serge – 17, rue du Saint-Esprit (Vieille ville) Fort du succès du White Club, Jacques et Jonathan Engel on décidé d’ouvrir un lieu complémentaire au club : le White Café. Le rez-de-chaussée s’organise autour du bar et DJ booth, le tout dans un esprit péplum tandis qu’à l’étage, on trouve un salon cosy où il sera possible de danser sur des slows. Des soirées à thème sont régulièrement organisées : « Playground ! » les mercredis, « Deep Happy Hour » les jeudis, etc. (nuit blanche pour les soirées spéciales). White Café – 16, rue des Bains (Centre-ville)

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Illustration : Maison Moderne | Photos : Jessica Theis, Olivier Minaire, Luc Deflorenne

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ACHETER UN CADEAU Qui dit Saint-Valentin dit cadeau à offrir à l’élu(e) de son cœur. Pour cela, deux nouvelles adresses sont à découvrir. Pour ces dames, il sera possible de choisir un bijou parmi les collections du joaillier allemand Wellendorf qui s’est fait connaître grâce à ses bagues pivotantes en émail, or et diamant et des colliers cordelettes en or très souples. Sinon, direction Crésus qui propose des montres et bijoux de grandes marques (Rolex, Patek Philippe, Chaumet, Cartier, etc.) en seconde main, mais en excellent état et avec certificat d’authenticité. Wellendorf – 19, Grand-Rue (Centre-ville) Crésus – 10, rue de la Boucherie (Vieille ville)

UN DÎNER EN AMOUREUX Un aller simple pour Paris, ville des amoureux ? Alors rendez-vous à L’Adresse, un petit restaurant de la rue Notre-Dame qui propose une cuisine typique de bistrot parisien : steak frites salade, cassolette d’escargots, andouillette, salade de gésiers, tartare de bœuf ou encore foie gras. Pour la décoration, l’esprit titi parisien est aussi bien là grâce aux tables en bois, la vaisselle dépareillée ou les affiches Belle Époque. L’Adresse – 32, rue Notre-Dame (Centre-ville) Sinon, pour séduire en délicatesse et raffinement, vous pouvez essayer la cuisine du nouveau chef de La Cristallerie, Fabrice Salvador, et profiter du cadre magnifique du restaurant gastronomique de l’hôtel de charme cinq étoiles Le Place d’Armes. La Cristallerie – 18, place d’Armes (Centre-ville)

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AU DODO Après un tel parcours, un peu de repos s’impose. Plongez alors dans un lit Hästens, marque suédoise qui fabrique une literie de luxe, cousue à la main et réalisée avec des matériaux naturels. Joyeuse Saint-Valentin ! Hästens – 13, rue du Curé (Vielle ville)

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CLUB PRIVÉ COMME À LA MAISON House 17 est un club privé à l’anglo-saxonne. Dans un cadre au design contemporain qui respecte l’ancien (architecte : Stefano Moreno), les membres et leurs invités peuvent travailler, tenir des réunions, se délasser au salon, prendre du temps à la bibliothèque ou dans la salle de jeux. Un restaurant et deux bars complètent l’offre. 17, rue du Nord à Luxembourg (Vieille ville) www.house17.com

CAVE À CHAMPAGNE DES BULLES ET DU BON Photo : Sven Becker

La Bulle de Vin propose champagnes et vins au verre. En plus, on y mange, midi et soir, de belles assiettes de charcuterie, de fromages, à moins que l’on choisisse une salade ou un plat du jour. 24, rue de l’Eau à Luxembourg (Centre-ville) www.labulledevin.com

Photo : Pierre Schorochoff, Luc Deflorenne, Éric Chenal

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HERVÉ AU RENDEZ-VOUS À la Brasserie Hervé, la journée commence à 6 h avec le petit déjeuner et s’achève à 23 h avec une jolie carte des classiques brassicoles. Entre les deux : un bar à soupe, un menu de la semaine, des pâtes et des salades. Le tout dans un cadre sobre. 4, rue Joseph Junck à Luxembourg (Gare) www.herve.lu

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ZOOM SUR

Fabrice Salvador Les restaurants de l’hôtel Le Place d’Armes (La Cristallerie et le Plëss) viennent d’accueillir un nouveau chef en la personne de Fabrice Salvador. Pas tout à fait un inconnu du Luxembourg puisqu’il a été à la tête du Influences des Saveurs à Esch-sur-Alzette, il y a quelques années. Ce Toulousain a eu une carrière très internationale, passant par divers grands hôtels et maisons, de La Nouvelle-Orléans et la Californie à Paris, Moscou, New York et… Luxembourg. En 2004, il a obtenu une étoile à La Table du Lancaster, un des palaces parisiens, avant d’ouvrir sa propre maison, Influences des Saveurs à Esch-

sur-Alzette en 2008, où il conserve son macaron avec une cuisine privilégiant le goût à l’esbroufe, au gré de rencontres avec des producteurs et des produits d’exception. Ce sont également les producteurs et le terroir qu’il va défendre aux restaurants de l’hôtel cinq étoiles de Luxembourg. « Je tiens à bien différencier les deux cartes, tout en ayant la même exigence en matière de produits et de fournisseurs. » Côté Plëss, on trouvera une carte de brasserie contemporaine alors qu’à La Cristallerie, elle sera réduite pour assurer des envois de haut vol, comme ce bœuf wagyu proposé en trois façons.

La Cristallerie et Plëss – 18, place d’Armes à Luxembourg (Centre-ville) www.hotel-leplacedarmes.com


ADVERTORIAL

COMMUNIQUÉ Patrick Giry, propriétaire du White House Exclusive Lounge Luxembourg, invite Fabrice Kuss à prendre les commandes des cuisines du restaurant du White House. Patrick Giry réaffirme ainsi son ambition de proposer une nouvelle alternative gastronomique à Luxembourg ville. Lorrain de souche et de cœur, fidèle à ses racines et ses valeurs, Fabrice Kuss a fait ses classes chez Mr Paul (Bocuse) d’où il ressortira avec l’envie de faire découvrir sa cuisine et partager son côté gourmand et généreux. Après un passage au Ritz à Paris puis au Negresco à Nice, il revient au Grand-Duché de Luxembourg ou il prendra les commandes des cuisines du Golf et Hôtel Kikuoka et poursuivra naturellement par l’ouverture de deux établissements en nom propre situés à Rozérieulles (La Promenade) et à Yutz (La maison) composant une cuisine créative, à la recherche permanente de nouveaux accords, de nouvelles alliances. Idéalement situé au cœur de la ville de Luxembourg, le White House Exclusive Lounge, se positionne d’ores et déjà comme l’adresse internationale incontournable à Luxembourg. C’est dans cette élégante Maison de Maitre que Patrick Giry vous invite à découvrir un Bar Lounge Chic et Glamour, tout en lumière et en volume. La beauté de l’endroit, la sérénité et le professionnalisme de son personnel vous garantiront un after-work ou un verre entre amis réussi, accompagné d’ambiances musicales adaptées. A partir de 22h00, ambiance Club avec la présence des plus grands DJ de la place et d’Europe. Au premier étage, notre restaurant gastronomique composé de 40 couverts vous offre une vue imprenable sur le bar et son écran géant ; La carte présente les créations exclusives de Fabrice Kuss et de ses équipes, accompagné dans vos choix par un personnel qualifié qui mettra tout en œuvre pour faire de cette expérience au White House Restaurant, un moment inoubliable. Notre cave à vins dispose par ailleurs des plus beaux atours pour prolonger la soirée dans une ambiance chic et décontractée digne des clubs les plus prestigieux.

Bar Lounge : Ouvert du Mardi au samedi de 18h00 à 03h00 du matin (01h00 le mardi) Restaurant : Ouvert tous les jours midi et soir jusqu’à 22h30, fermé le samedi midi, dimanche et lundi Contact Presse et Communication : Samuel Giovanardi : sales@sgtwins.com : 00352.621.27.75.26 White House Luxembourg SA, 17b, rue des Bains – L-1212 Luxembourg Tél : 00.352.27.85.81.88 white-house@white.lu

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DÉSIRS

FAN DE GLISSE !

LA PLUS BELLE POUR ALLER SKIER La saison des sports d’hiver bat son plein. On se doit d’avoir le bon look sur les pistes. Ça tombe bien, Bogner vient d’ouvrir une boutique à Luxembourg. L’occasion, avec Marianne Theisen Dolar, de sélectionner quelques pièces des collections hiver 2013-2014.

Pour égayer la grisaille et se faire remarquer aux remonte-pentes, rien de mieux que le rose. Sous la veste Kylie, le pull Alyssia tiendra bien chaud alors que le pantalon fleuri Franca complétera la tenue. Le bonnet Pita et les bottes Alpes d’Huez garantiront de rester au chaud. Même les skis se parent de rose. Bogner – 19, rue des Capucins à Luxembourg (Centre-ville)

DÉCORATION SCHWEITZER À LA GARE

CONCEPT STORE LE FACTEUR X

DES COSTUMES ET DES PELUCHES

Si l’envie de refaire votre intérieur vous prend, allez donc jeter un œil dans la nouvelle boutique de Lucien Schweitzer. Mené par ses dynamiques filles, Anne et Isabelle, ce vaste showroom permet de rassembler tous les savoir-faire de la maison en matière d’aménagement intérieur et de décoration. On y trouve donc un vaste choix de papiers peints, tissus, revêtements de sol, mais aussi du mobilier et de la décoration contemporains qui se marieront bien avec des meubles anciens et un style classique.

Après avoir créé le buzz sur internet avec ses vidéos « Are you X? », le magasin Xantor a ouvert ses portes à Dudelange. L’idée de Florian Talon et Rui da Silva est de « faire autrement ». Ils proposent une belle sélection de produits pour le son et l’image : casques et haut-parleurs, téléviseurs et appareils photo, mais aussi la téléphonie, l’informatique, des GPS, des montres, des caméras et des accessoires pour tout ce beau monde… Le cadre est spacieux, bien aménagé, chaleureux… et donne envie d’y traîner longuement.

Après le succès de la boutique à Luxembourg, Party Shop s’installe à Junglinster. On y retrouve une large sélection de costumes pour bébés (nouveau), enfants et adultes, ainsi que de nombreux accessoires pour faire la fête. Autre nouveauté, le corner Teddy Mountain. Le concept : les enfants choisissent un modèle de peluche (ours, tigre, licorne, singe, etc.) et, avec la vendeuseanimatrice, lui donnent vie tout en le personnalisant car les enfants vont choisir le type de rembourrage, son costume, ses accessoires… À la fin, l’enfant recevra sa peluche personnalisée avec un certificat d’adoption et une photo-souvenir.

Lucien Schweitzer – 16A, avenue de la Liberté à Luxembourg (Gare)

— MARS 2014

Xantor – 75, avenue Grande-Duchesse Charlotte à Dudelange www.xantor.com

Party Shop et Teddy Mountain – 7, rue Glesener à Junglinster (Langwies 2)


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DÉSIRS

MODE

Courrèges, une histoire qui continue de s’écrire Courrèges fait partie de ces marques françaises qui ont une identité forte, une histoire, un univers à part. Aujourd’hui reprise par Jacques Bungert et Frédéric Torloting, la maison retrouve des couleurs et ouvre une boutique à Luxembourg. Une magnifique occasion de découvrir cet univers créé par André Courrèges en 1961, qui révolutionna l’univers de la mode tout en s’intéressant au design.

Courrèges en quelques dates 1923

– Naissance d’André Courrèges

1977

– Parfum pour homme FH77 et création de l’Eau de Courrèges

1935

– Naissance de Jacqueline Barrière, dite Coqueline

1979

1945

– André Courrèges fait l’École des ponts et chaussées à Pau

– Maroquinerie, montres, vêtements pour enfants, linge de maison, création de Sport Futur

1950

– André Courrèges est engagé chez Cristóbal Balenciaga

1995

– André Courrèges se consacre à la sculpture et à la peinture ; Coqueline reprend la présidence de la maison

1961

– André ouvre avec Coqueline sa première maison de couture

2011

– Jacques Bungert et Frédéric Torloting reprennent la maison Courrèges

1962-63-64 – Les fondamentaux apparaissent : l’ensemble pantalon, la petite robe blanche, les bottes plates 1965

– Courrèges lance le concept de Couture Future

Pour en savoir plus :

1973

– Naissance de Courrèges Homme

Erik Orsenna, Courrèges, Éditions Xavier Barral, novembre 2008, 224 p.

Texte Céline Coubray LES COULEURS

EN 1968, ANDRÉ COURRÈGES

FRANCHES ONT

HABILLE SES MANNEQUINS

TOUJOURS FAIT

DE TUNIQUES À RAYURES

PARTIE DES CODES

NOIRES ET BLANCHES ET

DE LA MAISON

LES COIFFE DE PERRUQUES.

COURRÈGES. ILS SONT PERPÉTUÉS AU FIL DES ANNÉES, COMME DANS LA COLLECTION PRINTEMPS-ÉTÉ 2014.

LE PANTALON FAIT ÉGALEMENT PARTIE L’USINE COURRÈGES SE SITUE À PAU,

DU VESTIAIRE COURRÈGES.

VILLE NATALE D’ANDRÉ COURRÈGES,

ICI UN MODÈLE DE LA COLLECTION

ET A ÉTÉ DESSINÉE PAR SES SOINS.

L’univers de la marque est relativement simple à résumer : du blanc, des couleurs, de la structure, une grande recherche sur les matières, les minijupes, les robes trapèzes, les blousons en vinyle. Pourtant, derrière cette apparente simplicité, se cachent un univers complet, des personnalités fortes, celles d’André et Coqueline Courrèges, qui ont su créer un style, donner une nouvelle impulsion à leur époque. La mode André Courrèges est ingénieur des ponts et chaussées de formation. Ceci explique certainement pourquoi les créations Courrèges sont si construites, architecturées, techniques. Point de hasard donc. Car Courrèges, c’est une recherche des matériaux, une approche du luxe qui passe par la qualité, une mode où les formes ont une fonction. En 1961, André Courrèges fonde sa maison de couture. Sa femme, Coqueline, est à ses côtés dès le début. À l’instar d’autres grandes marques telles que Dior, Chanel ou Poiret, Courrèges s’inscrit dans l’histoire de la mode et a su poser des jalons qui ont fait évoluer le style, ont réinventé l’apparence de la femme. Ses vêtements sont de nouvelles manières de dialoguer avec le corps. La maison de couture est née à une époque où la société change. L’anticonformisme, la contre-culture qui rejette les codes bourgeois, la science et la conquête spatiale bouleversent en profondeur la société. Courrèges, tout

— MARS 2014

PRINTEMPS-ÉTÉ 2014.

comme Paco Rabanne ou Pierre Cardin, offre une rupture innovante, une modernité et une radicalité stylistique qui sont rapidement adoptées par les femmes. Un nouveau style est né, immédiatement reconnaissable, avec une grammaire cohérente, rigoureuse. « C’est un univers gai, qui parle à tout le monde. Lorsque les femmes portent un vêtement Courrèges, elles sont vraiment différentes. C’est une expérience unique qu’il faut vivre pour la comprendre », déclare Frédéric Torloting. « Les vêtements Courrèges sont intemporels, explique Jacques Bungert, car ils sont conçus pour traverser le temps et les époques. Certes, ils sont liés à cet optimisme et cette vision du monde si propres aux années 1960-70, mais ce sont avant tout des objets pensés par un designer, dans une démarche de progrès. » C’est dans cette attention portée à l’objet que des tissus sont développés spécialement pour la maison, ainsi que certaines couleurs. Une grande attention est également prêtée au confort, qui inclut l’élégance, l’importance du mouvement et la fonctionnalité. « Nous travaillons plus dans une stratégie de produit que de collection, précise Jacques Bungert. Les vêtements qui sont conçus par André et Coqueline Courrèges sont encore d’une grande justesse aujourd’hui. Beaucoup ont une valeur iconique, comme la robe trapèze ou le blouson en vinyle. » Clarté, simplicité, rigueur. Pas besoin d’étiquette pour reconnaître un vêtement Courrèges. « Porter une robe Courrèges, c’est comme un engagement. Il faut oser la couleur, oser l’élégance de l’optimisme, devenir ‘visible’. C’est une démarche qu’il faut assumer », précise Frédéric Torloting. Mais le plus dur est certaine-

ment de ne pas se copier soi-même. Il faut trouver le juste équilibre entre fidélité à la marque, à l’esprit légué par André et Coqueline Courrèges, et évasion pour perpétuer cette modernité chevillée à l’esprit de cette maison. Aujourd’hui, l’offre est divisée en deux gammes principales : Trésors, qui reprend les modèles d’origine, et Essentiels, pour les nouvelles créations. Architecture et design Courrèges développe une démarche globale qui s’exprime également à travers l’architecture et le design. C’est André Courrèges qui a dessiné luimême son usine à Pau, lieu qui vient d’être réhabilité et remis en fonctionnement. « C’est une grande chance d’avoir notre propre usine, précise Frédéric Torloting. En plus de l’incroyable héritage culturel que cela représente, c’est un outil qui permet de maîtriser parfaitement la chaîne de production. » L’aménagement des boutiques est aussi très travaillé. La boutique de Luxembourg en est un bel exemple. Julien Gaubert, directeur artistique au sein de l’Atelier Design : « La boutique de Luxembourg sert de laboratoire pour les futurs aménagements. Elle repose sur l’historique de la marque, tout en faisant évoluer certains éléments. Nous avons bien sûr repris le blanc, le plexiglas et y avons adjoint le sycomore. Ce bois est nouveau dans l’univers des boutiques Courrèges, mais c’est une matière qui existait dans l’univers privé d’André et Coqueline Courrèges. On retrouve aussi les miroirs, les jeux de brillance et de

DÈS LE DÉBUT, COURRÈGES S’EST INTÉRESSÉ AUX ACCESSOIRES, COMME EN 1965 AVEC CETTE PAIRE DE LUNETTES À FENTES.

transparence. Nous avons développé des tabourets et des banquettes qui sont inspirés d’un tabouret en plexiglas dessiné par André Courrèges. » L’architecture et le design sont en effet considérés par Courrèges comme une continuité de sa démarche, de sa philosophie. C’est une porte ouverte sur un meilleur avenir. Précurseur, il dessine et conçoit des voitures électriques dès 1968. Il présente au Salon de l’automobile de Paris, en 1974, un modèle qu’il réalise avec Matra, entièrement blanc. Décliné par la suite en couleur, il sera disponible pendant deux ans au catalogue de Matra. Cette démarche s’exprime également à travers le design de ses flacons de parfum. En 1971 sort Empreinte, le premier parfum féminin de Courrèges. La bouteille ? Une sphère et un cylindre. Simple, clair, d’une évidence radicale. Depuis 2011, Jacques Bungert et Frédéric Torloting sont à la tête de la maison Courrèges. Pour perpétuer cette approche globale, ils fondent, avec l’aide de Lionel Giraud, l’Atelier Design permettant de créer toutes sortes de produits dans l’esprit de la maison. C’est ainsi que récemment est né un nouveau parfum, Blanc de Courrèges, ou qu’une collection capsule a été signée par l’Atelier pour la collection automne-hiver 2013-2014 de La Redoute. Et la prochaine étape ? La relance de vêtements pour homme. Une nouvelle page qui ne demande qu’à être écrite. Boutique Courrèges – 46, Grand-Rue à Luxembourg

www.courreges.com

MARS 2014 —

Photos : Courrèges

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DÉSIRS

MODE

Courrèges, une histoire qui continue de s’écrire Courrèges fait partie de ces marques françaises qui ont une identité forte, une histoire, un univers à part. Aujourd’hui reprise par Jacques Bungert et Frédéric Torloting, la maison retrouve des couleurs et ouvre une boutique à Luxembourg. Une magnifique occasion de découvrir cet univers créé par André Courrèges en 1961, qui révolutionna l’univers de la mode tout en s’intéressant au design.

Courrèges en quelques dates 1923

– Naissance d’André Courrèges

1977

– Parfum pour homme FH77 et création de l’Eau de Courrèges

1935

– Naissance de Jacqueline Barrière, dite Coqueline

1979

1945

– André Courrèges fait l’École des ponts et chaussées à Pau

– Maroquinerie, montres, vêtements pour enfants, linge de maison, création de Sport Futur

1950

– André Courrèges est engagé chez Cristóbal Balenciaga

1995

– André Courrèges se consacre à la sculpture et à la peinture ; Coqueline reprend la présidence de la maison

1961

– André ouvre avec Coqueline sa première maison de couture

2011

– Jacques Bungert et Frédéric Torloting reprennent la maison Courrèges

1962-63-64 – Les fondamentaux apparaissent : l’ensemble pantalon, la petite robe blanche, les bottes plates 1965

– Courrèges lance le concept de Couture Future

Pour en savoir plus :

1973

– Naissance de Courrèges Homme

Erik Orsenna, Courrèges, Éditions Xavier Barral, novembre 2008, 224 p.

Texte Céline Coubray LES COULEURS

EN 1968, ANDRÉ COURRÈGES

FRANCHES ONT

HABILLE SES MANNEQUINS

TOUJOURS FAIT

DE TUNIQUES À RAYURES

PARTIE DES CODES

NOIRES ET BLANCHES ET

DE LA MAISON

LES COIFFE DE PERRUQUES.

COURRÈGES. ILS SONT PERPÉTUÉS AU FIL DES ANNÉES, COMME DANS LA COLLECTION PRINTEMPS-ÉTÉ

LE PANTALON FAIT ÉGALEMENT PARTIE L’USINE COURRÈGES SE SITUE À PAU,

DU VESTIAIRE COURRÈGES.

VILLE NATALE D’ANDRÉ COURRÈGES,

ICI UN MODÈLE DE LA COLLECTION

ET A ÉTÉ DESSINÉE PAR SES SOINS.

L’univers de la marque est relativement simple à résumer : du blanc, des couleurs, de la structure, une grande recherche sur les matières, les minijupes, les robes trapèzes, les blousons en vinyle. Pourtant, derrière cette apparente simplicité, se cachent un univers complet, des personnalités fortes, celles d’André et Coqueline Courrèges, qui ont su créer un style, donner une nouvelle impulsion à leur époque. La mode André Courrèges est ingénieur des ponts et chaussées de formation. Ceci explique certainement pourquoi les créations Courrèges sont si construites, architecturées, techniques. Point de hasard donc. Car Courrèges, c’est une recherche des matériaux, une approche du luxe qui passe par la qualité, une mode où les formes ont une fonction. En 1961, André Courrèges fonde sa maison de couture. Sa femme, Coqueline, est à ses côtés dès le début. À l’instar d’autres grandes marques telles que Dior, Chanel ou Poiret, Courrèges s’inscrit dans l’histoire de la mode et a su poser des jalons qui ont fait évoluer le style, ont réinventé l’apparence de la femme. Ses vêtements sont de nouvelles manières de dialoguer avec le corps. La maison de couture est née à une époque où la société change. L’anticonformisme, la contre-culture qui rejette les codes bourgeois, la science et la conquête spatiale bouleversent en profondeur la société. Courrèges, tout

— MARS 2014

PRINTEMPS-ÉTÉ 2014.

comme Paco Rabanne ou Pierre Cardin, offre une rupture innovante, une modernité et une radicalité stylistique qui sont rapidement adoptées par les femmes. Un nouveau style est né, immédiatement reconnaissable, avec une grammaire cohérente, rigoureuse. « C’est un univers gai, qui parle à tout le monde. Lorsque les femmes portent un vêtement Courrèges, elles sont vraiment différentes. C’est une expérience unique qu’il faut vivre pour la comprendre », déclare Frédéric Torloting. « Les vêtements Courrèges sont intemporels, explique Jacques Bungert, car ils sont conçus pour traverser le temps et les époques. Certes, ils sont liés à cet optimisme et cette vision du monde si propres aux années 1960-70, mais ce sont avant tout des objets pensés par un designer, dans une démarche de progrès. » C’est dans cette attention portée à l’objet que des tissus sont développés spécialement pour la maison, ainsi que certaines couleurs. Une grande attention est également prêtée au confort, qui inclut l’élégance, l’importance du mouvement et la fonctionnalité. « Nous travaillons plus dans une stratégie de produit que de collection, précise Jacques Bungert. Les vêtements qui sont conçus par André et Coqueline Courrèges sont encore d’une grande justesse aujourd’hui. Beaucoup ont une valeur iconique, comme la robe trapèze ou le blouson en vinyle. » Clarté, simplicité, rigueur. Pas besoin d’étiquette pour reconnaître un vêtement Courrèges. « Porter une robe Courrèges, c’est comme un engagement. Il faut oser la couleur, oser l’élégance de l’optimisme, devenir ‘visible’. C’est une démarche qu’il faut assumer », précise Frédéric Torloting. Mais le plus dur est certaine-

ment de ne pas se copier soi-même. Il faut trouver le juste équilibre entre fidélité à la marque, à l’esprit légué par André et Coqueline Courrèges, et évasion pour perpétuer cette modernité chevillée à l’esprit de cette maison. Aujourd’hui, l’offre est divisée en deux gammes principales : Trésors, qui reprend les modèles d’origine, et Essentiels, pour les nouvelles créations. Architecture et design Courrèges développe une démarche globale qui s’exprime également à travers l’architecture et le design. C’est André Courrèges qui a dessiné luimême son usine à Pau, lieu qui vient d’être réhabilité et remis en fonctionnement. « C’est une grande chance d’avoir notre propre usine, précise Frédéric Torloting. En plus de l’incroyable héritage culturel que cela représente, c’est un outil qui permet de maîtriser parfaitement la chaîne de production. » L’aménagement des boutiques est aussi très travaillé. La boutique de Luxembourg en est un bel exemple. Julien Gaubert, directeur artistique au sein de l’Atelier Design : « La boutique de Luxembourg sert de laboratoire pour les futurs aménagements. Elle repose sur l’historique de la marque, tout en faisant évoluer certains éléments. Nous avons bien sûr repris le blanc, le plexiglas et y avons adjoint le sycomore. Ce bois est nouveau dans l’univers des boutiques Courrèges, mais c’est une matière qui existait dans l’univers privé d’André et Coqueline Courrèges. On retrouve aussi les miroirs, les jeux de brillance et de

DÈS LE DÉBUT, COURRÈGES S’EST INTÉRESSÉ AUX ACCESSOIRES, COMME EN 1965 AVEC CETTE PAIRE DE LUNETTES À FENTES.

transparence. Nous avons développé des tabourets et des banquettes qui sont inspirés d’un tabouret en plexiglas dessiné par André Courrèges. » L’architecture et le design sont en effet considérés par Courrèges comme une continuité de sa démarche, de sa philosophie. C’est une porte ouverte sur un meilleur avenir. Précurseur, il dessine et conçoit des voitures électriques dès 1968. Il présente au Salon de l’automobile de Paris, en 1974, un modèle qu’il réalise avec Matra, entièrement blanc. Décliné par la suite en couleur, il sera disponible pendant deux ans au catalogue de Matra. Cette démarche s’exprime également à travers le design de ses flacons de parfum. En 1971 sort Empreinte, le premier parfum féminin de Courrèges. La bouteille ? Une sphère et un cylindre. Simple, clair, d’une évidence radicale. Depuis 2011, Jacques Bungert et Frédéric Torloting sont à la tête de la maison Courrèges. Pour perpétuer cette approche globale, ils fondent, avec l’aide de Lionel Giraud, l’Atelier Design permettant de créer toutes sortes de produits dans l’esprit de la maison. C’est ainsi que récemment est né un nouveau parfum, Blanc de Courrèges, ou qu’une collection capsule a été signée par l’Atelier pour la collection automne-hiver 2013-2014 de La Redoute. Et la prochaine étape ? La relance de vêtements pour homme. Une nouvelle page qui ne demande qu’à être écrite. Boutique Courrèges – 46, Grand-Rue à Luxembourg

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Photos : Courrèges

2014.


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DÉSIRS

e l y St ch t a w

Photo : Olivier Minaire

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ie m éd s o c t an ae e gal u des 50 d l i a n t e Cock ale au m Théâtre d , c i n mus du Gra embourg x r de Lu 15 janvie er. i le n de r

LÉGENDELAURA NOM xxxx xxxx TAMARA, et ANASTASIA, prêtes pour célébrer les 50 ans du théâtre.

— MARS 2014

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e l y St ch t a w

Photo : Olivier Minaire

DÉSIRS

ie m éd s o c t an ae e gal u des 50 d l i a n t e Cock ale au m Théâtre d , c i n mus du Gra embourg x r de Lu 15 janvie er. i le n de r

LÉGENDELAURA NOM xxxx xxxx TAMARA, et ANASTASIA, prêtes pour célébrer les 50 ans du théâtre.

— MARS 2014

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DÉSIRS

ALEXANDRA porte une blouse Maje et VIVIEN un costume Massimo Dutti.

SAMANTHA et JEAN-GUILLAUME, glamour et chic de circonstance.

MYLÈNE et FABIEN LÉGENDE NOM xxxxavec du Sandro pour elle et du sur-mesure pour lui. jouent la carte dexxxx l’argenté

— MARS 2014

LÉGENDE NOM un xxxx KSENIJA a choisi sacxxxx Louboutin alors que RICHARD porte des chaussures Mia Men.

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DÉSIRS

ALEXANDRA porte une blouse Maje et VIVIEN un costume Massimo Dutti.

SAMANTHA et JEAN-GUILLAUME, glamour et chic de circonstance.

MYLÈNE et FABIEN LÉGENDE NOM xxxxavec du Sandro pour elle et du sur-mesure pour lui. jouent la carte dexxxx l’argenté

— MARS 2014

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MARS 2014 Paru le 13 février 2014

Abonnements Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Coordonnées bancaires : Code BIC / Swift : BCEELULL No IBAN : LU87 0019 1655 8851 4000 de MM Independent Publishing and Media Autres pays sur demande Formule standard 1 x 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 x 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

4€

MARS 2014

Directeur de la publication Mike Koedinger Rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Directeur artistique Maxime Pintadu

03 5 453000 074017

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Mister Business

Univers paperJam Régie publicitaire Pour joindre les collaborateurs par e-mail, suivez le modèle : prenom.nom@maisonmoderne.lu

Éditeur Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.lu Téléphone (+352) 29 66 18-1 E-mail publishing@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger, Rudy Lafontaine et Thierry van Ingelgom.

Rédaction Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Secrétaire de rédaction Alain Ducat (-41) Rédacteur en chef de paperJam.lu Pierre Sorlut (-49) Rédaction Frédéric Antzorn, France Clarinval, Céline Coubray, Frédérique Moser, Véronique Poujol, Thierry Raizer Collaborateur rédactionnel Sébastien Lambotte Photographes Laurent Antonelli (Blitz), Julien Becker, Sven Becker, Charles Caratini, Luc Deflorenne, David Laurent (Wili), Olivier Minaire, Christophe Olinger, Jessica Theis (jess.lu) Correction Sarah Lambolez, Cynthia Schreiber, Catherine Thomas

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Studio graphique Maison Moderne Studio Directeur Guido Kröger Studio manager Stéphanie Poras Coordination paperJam Didier Helmstetter Mise en page Monique Bernard, Didier Helmstetter, Sophie Melai Impression Imprimerie Centrale, Techprint EU Ecolabel : FI/11/001

Prochain numéro : 13 MARS 2014 Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

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ISSN 2354-4619

sortira le 27 février 2014


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INDEX

INDEX A Aberdeen Asset Management 11 Adam Vincent 86 Adehm Diane 30 Adem 62 Administration de l’enregistrement et des domaines 22 Administration des contributions directes 22, 98, 100 ADR 10, 21, 27 Aik ImmobilienKapitalanlagegesellschaft 74 AIMA 96 Alfi 10, 94 Amazon 68 Ambassade de Pologne à Luxembourg 22 Amcham 72, 76 Amiel Jacob Erik 76 Ampacet 68 Aneld 10 Anesec 10 Angel Marc 12 Apex 81 ArcelorMittal 26, 27, 74, 77, 86 Arche Family Office 92 Arendt David 93 Asselborn Jean 20, 28 ABBL 62 Atenor 86 Aviva Investors 74

B Bac Films 71 Banco BTG Pactual 93 Banque de Luxembourg 95 Banque privée Edmond de Rothschild 92 Barnier Michel 22 Barroso José Manuel 22 Bauler André 24 Bausch François 12, 26, 28, 86 Bausch Romain 73 BCE 36 BCL 36, 98 BEI 28 Bensadoun Didier 92 Berger Eugène 10, 28 Berlitz 43 Bernard Patrick 100

Berns Alphonse 92, 100 Bertrand Martine 46 Bettel Xavier 12, 19, 28, 30, 36, 46 BGL BNP Paribas 28, 36 Bibliothèque nationale 21 Bil 4 Biltgen François 20, 24 Biorock 87 Bodry Alex 30 Boson Energy 87 Bouiller Eric 74 Brasserie nationale 87 BTG Pactual E&P 93 BTG Pactual Holding 93 BTG Pactual Oil&Gas 93 BTG Pactual Prop Feeder 93 BTG Pactual Sicav 93

C Cahen Corinne 82 Canton de Vaud 73 Cargolux 28, 68, 72 Castegnaro 17 Castilho Pedro 76 CBRE 76 CCRN 21 CDCL 21, 23, 25 Centre de conférences du Kirchberg 10 Centre des technologies de l’État 77 Cerba 74 Chambourdon Stanislas 104 Chambre de commerce 10, 46, 56, 76, 77 Chambre des députés 10, 22, 24 Chambre des métiers 62 Chaplin Charlie 72 Chaplin Museum Development 72 Goerens Charles 10 Christophe Pierre 88 CIO 28 Cira Holding 99 Citroën 15 CJUE 26, 100 CLC 82 Clearstream 10 Closener Francine 56, 77 Cluster Logistics 22, 46 CNUCED 26, 94 Codic 76 Collignon Jean-Michel 26 Commission européenne 21, 24 Compagnie des Alpes 72 Confino François 73 Conseil d’État 22 Conseil économique et social 62 Contzen Ernst Wilhelm 94

393 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

Costa 33 Cour des Comptes 27 Crédit Agricole CIB 99 Croix Rouge luxembourgeoise 72 CRP Gabriel Lippmann 68 Cruchten Yves 30 CS 99 CSSF 96, 104 CSV 10, 12, 21, 22, 24, 26, 27, 30 CTG 59 Cushman & Wakefield 74

D de Haut de Sigy Ignace 86 Decalf Vincent 104 Déi Gréng 10, 12, 27, 30 Déi Lénk 10, 12, 27 Dell Jos 46 Deloitte 93 Dennewald Robert 46, 62 Département des relations économiques (Moscou) 96 Detaille Michèle 87 Dexia AM 99 Digicash Payments 73 Dimension Data 73 Dockendorf Guy 19 Dodici 29 Dourson Jean-Luc 74 DP 10, 12, 21, 26, 27, 28, 30 Draghi Mario 36

E Ebrc 2 École hôtelière de Lausanne 46 École supérieure de commerce de Dijon-Bourgogne 56 Edge 39 Elth 56 Elvinger Paul 56 Elvinger René 56 Elvinger Thierry 56 EM, Strasbourg 46 Emresa 67 Entreprise des P&T 46, 67 EY 46 Eurefi 60 Euro-Mat 46 Europe4Startups 70

F Fédération des étudiants luxembourgeois 26 Fedil 46, 56, 62 FEI 28 Felsea 82 FMI 24 Fournier Jean-Marc 62, 77 Foyer 46, 104 Francis Yves 93 Frieden Luc 36 Frisoni Claude 19 Fujitsu 53

G Garage Intini 27 Gaul Roland 19 Gazprom 96 Genii Capital 72, 74 Gidenne Stéphane 74 Gilbert Pier Luigi 28 Gilmore Eamon 46 Ginter Christian 56 Glaesener Robert 87 Gloden Léon 20, 30 Gomes Pedro 74 Gouvernement luxembourgeois 21, 26, 72, 82, 98 Gramegna Pierre 10, 24, 36, 62, 91, 92, 96, 100 Grande Région 21, 73 Grand-Duc Henri 28 Grand-Duc héritier 87 Grumbach David 71 Guillaume Trier 119

H Haagen Claude 30 Hagege Eliran 76 Hamilius Yvette 91, 99 Hansen Martine 30 Hansen Annette 86 Hansen Marc 36 Hastens 35 Heintz Guy 100 Heinz van Landewyk 74 Henckes Nicolas 62 Hendrik Vi 56 Hennicot-Schoepges Erna 30 Hetto-Gaasch Françoise 30 HNCA 28, 72 Hoffmann Serge 30 Hotel le Place d’Armes 113 Hurt Charles 30

I IBBL IEE Imprimerie faber Industrial and Commercial Bank of China ING Iris Group

68 68 75 68 28 71

J Janus Hans 87 Javid Sajid 92 Joachim Simone 87 Join 45 Jolv Robert 12 Jones Lang LaSalle 86 Juncker Jean-Claude 19, 20, 22, 30

Lentz Jr. Georges 87 Les Echos 22 Luxevasion 88 Liao Sophie 56 LLAM Ketterthill 74 Lopez Gerard 74 LSAP 10, 12, 27, 30 Lufthansa German Airlines Group 96 Lutgen André 100 Lux Eric 73 Luxair 72 Luxair Cargo 77 Luxair Cargo Center 56 Luxcloud 22 Luxconnect 68 Luxembourg Centre for Systems Biomedicine 68 Luxembourg for Business 56, 87 Luxembourg for Finance 10, 56, 93, 96 Luxembourg Freeport 56, 93 Luxexpo 10, 27

M K Kaba Sekou Karp-Kneip Kartheiser Fernand KBL ebp Kersch Sandra Keytrade Kidscare Kim Arum Kmiotek Christian Kneip Gary Kohl Marius KPMG Krecké Alain Krecké Jeannot Kuhn Roland

74 87 19 94 91 8 82 56 30 62 100 104 20, 46 68 62

L L’essentiel Lagarde Christine Landsbanki Luxembourg Lauer Marc Lavorel Stanislas Lavorel Development Lavorel Medicare LCGB

127 22 91 46 82 82 82 27

Ma Ying Helen 56 Machado Antoine 87 Mackel Nicolas 56, 93 Maison Moderne 72 Mandart Céline 86 Saluzzi Marc 10, 94 Mariani Marie-Christine 87 Martin Béatrice 82 MCM Steel 87 Meanings 66, 67 Meisch Claude 24 Mergen Martine 12 Merkel Angela 22 Mersch Yves 36 Ministère d’État 21 Ministère de l’Économie 24 Ministère de l’Éducation nationale 82 Ministère de la Culture 21 Ministère de la Famille 21, 82 Ministère des Classes moyennes 21 Ministère des Finances 93, 98 Modert Octavie 19 Monoprix 76 Moody’s 92, 98 Mulheims Raoul 73 Muller Romain 86 Musée d’histoire naturelle (Los Angeles) 73 Musée du cinéma de Turin 73 Musée national d’histoire militaire 21 Musée Sezon (Tokyo) 73 Musique militaire 21

N Nagabuko Ryoko Nagel Maggy Neska Jacek Netflix New York Life Investments NextiraOne Nicolas Anne-Marie Nilles Ernest No-Nail Boxes

56 19 20 71 99 73 104 91 87

O Observatoire de l’habitat 12 OCDE 12, 62, 96, 100 Office du Ducroire 87 Office national du Tourisme 24 OGBL 27, 74 ONT 56 Orange 6, 131 Ordre des architectes-conseils et ingénieurs 46 Marbrerie Bertrand 46 Osborne George 91, 92 Otto Frédéric 92

132 24 100 28 46 12 93

R Raval Europe RBC RBC I.S. Reding Viviane Reinesch Gaston Rembe Annika Renault République de Maurice Reuter Étienne Rommes Jean-Jaques Rossignon Jean-Paul Royal Bank of Canada RTL RTL Radio Rudi Balling Rutledge Diana

72 93 21 92 68, 71 92 74 28 94 10 22 12, 86 77

Strasser Claude 77 Stronck Gaston 93 Swedish Institute 77 Système européen de banques centrales 36

T 46 104 93 28 36 77 35 96 87 62 86 93 71 21 68 46

Tanson Sam 12, 30 TE Connectivity 104 Technoport Esch-Belval 56 Tétris Design & Build 86 Theves Tom 56 Thiry François 87 Tompers Carole 87 Trade Immo 61 Traiteur Steffen 47 Transparency International Luxembourg 24 Trendiction 87 Tribunal administratif 26 Turmes Claude 10 Turmes Laurent 87 Turpel Justin 12

W Wagner-Bianchy Mylène 30 Wells David 71 White House 117 Williams 74 Wilmes Serge 30 Wiseler Claude 30 Wolter Michel 30 Wurth Michel 74, 77, 87

Z Zatterstrom Heik Zeimet Laurent Zeyen + Baumann Zimmer Pierre

U

S

P paperjam paperjam Business Club paperjam.lu Paulet Rudy PayPal Payrar Franck PDVQA Pelly Richard Peters Jacques Philharmonie PKP Cargo Polfer Lydie Post Luxembourg

Post Telecom PPE Prada Prince Felix Profitt Julian PwC PwC Luxembourg

Sabeg Yazid 99 Sandoval Amy 56 Santer Jacques 19 Sarkozy Nicolas 99 Saumur 113 Sava & Compagnie 99 Saxo Bank 74 Schmitz Marc 46 Schneider Étienne 19, 20, 56, 68, 74, 77 Schneider Romain 28 Schweiger Michael 104 SES 56, 71, 73 Sethi Anita 56 Sidérurgie (asbl) 27 SNCT 88 Société de promotion de l’aéroport 46 Société Générale 86 Spautz Marc 30 Srel 21 Stahl Hjoerdis 77 State Street Corporation 96 Statec 12, 22 Steichen Alain 100 Steil Nicolas 71 Stein Yves 94 Steinmetz Nico 12

UEL Union européenne Union Investment Real Estate

62 28 76

V Vago Pierre 12 Van De Pas Peter 28 Van de Weg Robert 28 Van Landeghem Anneleen 56 van Ruymbeke Renaud 91 Verneau Rémy 100 Ville de Luxembourg 27, 86 Villeroy & Boch 74, 87

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

"Sécurisez vos systèmes avec l'intégration sur IP" Global Solutions : Electrical Energy - Communications - Security

— MARS 2014

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Security & Building Technologies

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87 30 12 77


128

INDEX

INDEX A Aberdeen Asset Management 11 Adam Vincent 86 Adehm Diane 30 Adem 62 Administration de l’enregistrement et des domaines 22 Administration des contributions directes 22, 98, 100 ADR 10, 21, 27 Aik ImmobilienKapitalanlagegesellschaft 74 AIMA 96 Alfi 10, 94 Amazon 68 Ambassade de Pologne à Luxembourg 22 Amcham 72, 76 Amiel Jacob Erik 76 Ampacet 68 Aneld 10 Anesec 10 Angel Marc 12 Apex 81 ArcelorMittal 26, 27, 74, 77, 86 Arche Family Office 92 Arendt David 93 Asselborn Jean 20, 28 ABBL 62 Atenor 86 Aviva Investors 74

B Bac Films 71 Banco BTG Pactual 93 Banque de Luxembourg 95 Banque privée Edmond de Rothschild 92 Barnier Michel 22 Barroso José Manuel 22 Bauler André 24 Bausch François 12, 26, 28, 86 Bausch Romain 73 BCE 36 BCL 36, 98 BEI 28 Bensadoun Didier 92 Berger Eugène 10, 28 Berlitz 43 Bernard Patrick 100

Berns Alphonse 92, 100 Bertrand Martine 46 Bettel Xavier 12, 19, 28, 30, 36, 46 BGL BNP Paribas 28, 36 Bibliothèque nationale 21 Bil 4 Biltgen François 20, 24 Biorock 87 Bodry Alex 30 Boson Energy 87 Bouiller Eric 74 Brasserie nationale 87 BTG Pactual E&P 93 BTG Pactual Holding 93 BTG Pactual Oil&Gas 93 BTG Pactual Prop Feeder 93 BTG Pactual Sicav 93

C Cahen Corinne 82 Canton de Vaud 73 Cargolux 28, 68, 72 Castegnaro 17 Castilho Pedro 76 CBRE 76 CCRN 21 CDCL 21, 23, 25 Centre de conférences du Kirchberg 10 Centre des technologies de l’État 77 Cerba 74 Chambourdon Stanislas 104 Chambre de commerce 10, 46, 56, 76, 77 Chambre des députés 10, 22, 24 Chambre des métiers 62 Chaplin Charlie 72 Chaplin Museum Development 72 Goerens Charles 10 Christophe Pierre 88 CIO 28 Cira Holding 99 Citroën 15 CJUE 26, 100 CLC 82 Clearstream 10 Closener Francine 56, 77 Cluster Logistics 22, 46 CNUCED 26, 94 Codic 76 Collignon Jean-Michel 26 Commission européenne 21, 24 Compagnie des Alpes 72 Confino François 73 Conseil d’État 22 Conseil économique et social 62 Contzen Ernst Wilhelm 94

393 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

Costa 33 Cour des Comptes 27 Crédit Agricole CIB 99 Croix Rouge luxembourgeoise 72 CRP Gabriel Lippmann 68 Cruchten Yves 30 CS 99 CSSF 96, 104 CSV 10, 12, 21, 22, 24, 26, 27, 30 CTG 59 Cushman & Wakefield 74

D de Haut de Sigy Ignace 86 Decalf Vincent 104 Déi Gréng 10, 12, 27, 30 Déi Lénk 10, 12, 27 Dell Jos 46 Deloitte 93 Dennewald Robert 46, 62 Département des relations économiques (Moscou) 96 Detaille Michèle 87 Dexia AM 99 Digicash Payments 73 Dimension Data 73 Dockendorf Guy 19 Dodici 29 Dourson Jean-Luc 74 DP 10, 12, 21, 26, 27, 28, 30 Draghi Mario 36

E Ebrc 2 École hôtelière de Lausanne 46 École supérieure de commerce de Dijon-Bourgogne 56 Edge 39 Elth 56 Elvinger Paul 56 Elvinger René 56 Elvinger Thierry 56 EM, Strasbourg 46 Emresa 67 Entreprise des P&T 46, 67 EY 46 Eurefi 60 Euro-Mat 46 Europe4Startups 70

F Fédération des étudiants luxembourgeois 26 Fedil 46, 56, 62 FEI 28 Felsea 82 FMI 24 Fournier Jean-Marc 62, 77 Foyer 46, 104 Francis Yves 93 Frieden Luc 36 Frisoni Claude 19 Fujitsu 53

G Garage Intini 27 Gaul Roland 19 Gazprom 96 Genii Capital 72, 74 Gidenne Stéphane 74 Gilbert Pier Luigi 28 Gilmore Eamon 46 Ginter Christian 56 Glaesener Robert 87 Gloden Léon 20, 30 Gomes Pedro 74 Gouvernement luxembourgeois 21, 26, 72, 82, 98 Gramegna Pierre 10, 24, 36, 62, 91, 92, 96, 100 Grande Région 21, 73 Grand-Duc Henri 28 Grand-Duc héritier 87 Grumbach David 71 Guillaume Trier 119

H Haagen Claude 30 Hagege Eliran 76 Hamilius Yvette 91, 99 Hansen Martine 30 Hansen Annette 86 Hansen Marc 36 Hastens 35 Heintz Guy 100 Heinz van Landewyk 74 Henckes Nicolas 62 Hendrik Vi 56 Hennicot-Schoepges Erna 30 Hetto-Gaasch Françoise 30 HNCA 28, 72 Hoffmann Serge 30 Hotel le Place d’Armes 113 Hurt Charles 30

I IBBL IEE Imprimerie faber Industrial and Commercial Bank of China ING Iris Group

68 68 75 68 28 71

J Janus Hans 87 Javid Sajid 92 Joachim Simone 87 Join 45 Jolv Robert 12 Jones Lang LaSalle 86 Juncker Jean-Claude 19, 20, 22, 30

Lentz Jr. Georges 87 Les Echos 22 Luxevasion 88 Liao Sophie 56 LLAM Ketterthill 74 Lopez Gerard 74 LSAP 10, 12, 27, 30 Lufthansa German Airlines Group 96 Lutgen André 100 Lux Eric 73 Luxair 72 Luxair Cargo 77 Luxair Cargo Center 56 Luxcloud 22 Luxconnect 68 Luxembourg Centre for Systems Biomedicine 68 Luxembourg for Business 56, 87 Luxembourg for Finance 10, 56, 93, 96 Luxembourg Freeport 56, 93 Luxexpo 10, 27

M K Kaba Sekou Karp-Kneip Kartheiser Fernand KBL ebp Kersch Sandra Keytrade Kidscare Kim Arum Kmiotek Christian Kneip Gary Kohl Marius KPMG Krecké Alain Krecké Jeannot Kuhn Roland

74 87 19 94 91 8 82 56 30 62 100 104 20, 46 68 62

L L’essentiel Lagarde Christine Landsbanki Luxembourg Lauer Marc Lavorel Stanislas Lavorel Development Lavorel Medicare LCGB

127 22 91 46 82 82 82 27

Ma Ying Helen 56 Machado Antoine 87 Mackel Nicolas 56, 93 Maison Moderne 72 Mandart Céline 86 Saluzzi Marc 10, 94 Mariani Marie-Christine 87 Martin Béatrice 82 MCM Steel 87 Meanings 66, 67 Meisch Claude 24 Mergen Martine 12 Merkel Angela 22 Mersch Yves 36 Ministère d’État 21 Ministère de l’Économie 24 Ministère de l’Éducation nationale 82 Ministère de la Culture 21 Ministère de la Famille 21, 82 Ministère des Classes moyennes 21 Ministère des Finances 93, 98 Modert Octavie 19 Monoprix 76 Moody’s 92, 98 Mulheims Raoul 73 Muller Romain 86 Musée d’histoire naturelle (Los Angeles) 73 Musée du cinéma de Turin 73 Musée national d’histoire militaire 21 Musée Sezon (Tokyo) 73 Musique militaire 21

N Nagabuko Ryoko Nagel Maggy Neska Jacek Netflix New York Life Investments NextiraOne Nicolas Anne-Marie Nilles Ernest No-Nail Boxes

56 19 20 71 99 73 104 91 87

O Observatoire de l’habitat 12 OCDE 12, 62, 96, 100 Office du Ducroire 87 Office national du Tourisme 24 OGBL 27, 74 ONT 56 Orange 6, 131 Ordre des architectes-conseils et ingénieurs 46 Marbrerie Bertrand 46 Osborne George 91, 92 Otto Frédéric 92

132 24 100 28 46 12 93

R Raval Europe RBC RBC I.S. Reding Viviane Reinesch Gaston Rembe Annika Renault République de Maurice Reuter Étienne Rommes Jean-Jaques Rossignon Jean-Paul Royal Bank of Canada RTL RTL Radio Rudi Balling Rutledge Diana

72 93 21 92 68, 71 92 74 28 94 10 22 12, 86 77

Strasser Claude 77 Stronck Gaston 93 Swedish Institute 77 Système européen de banques centrales 36

T 46 104 93 28 36 77 35 96 87 62 86 93 71 21 68 46

Tanson Sam 12, 30 TE Connectivity 104 Technoport Esch-Belval 56 Tétris Design & Build 86 Theves Tom 56 Thiry François 87 Tompers Carole 87 Trade Immo 61 Traiteur Steffen 47 Transparency International Luxembourg 24 Trendiction 87 Tribunal administratif 26 Turmes Claude 10 Turmes Laurent 87 Turpel Justin 12

W Wagner-Bianchy Mylène 30 Wells David 71 White House 117 Williams 74 Wilmes Serge 30 Wiseler Claude 30 Wolter Michel 30 Wurth Michel 74, 77, 87

Z Zatterstrom Heik Zeimet Laurent Zeyen + Baumann Zimmer Pierre

U

S

P paperjam paperjam Business Club paperjam.lu Paulet Rudy PayPal Payrar Franck PDVQA Pelly Richard Peters Jacques Philharmonie PKP Cargo Polfer Lydie Post Luxembourg

Post Telecom PPE Prada Prince Felix Profitt Julian PwC PwC Luxembourg

Sabeg Yazid 99 Sandoval Amy 56 Santer Jacques 19 Sarkozy Nicolas 99 Saumur 113 Sava & Compagnie 99 Saxo Bank 74 Schmitz Marc 46 Schneider Étienne 19, 20, 56, 68, 74, 77 Schneider Romain 28 Schweiger Michael 104 SES 56, 71, 73 Sethi Anita 56 Sidérurgie (asbl) 27 SNCT 88 Société de promotion de l’aéroport 46 Société Générale 86 Spautz Marc 30 Srel 21 Stahl Hjoerdis 77 State Street Corporation 96 Statec 12, 22 Steichen Alain 100 Steil Nicolas 71 Stein Yves 94 Steinmetz Nico 12

UEL Union européenne Union Investment Real Estate

62 28 76

V Vago Pierre 12 Van De Pas Peter 28 Van de Weg Robert 28 Van Landeghem Anneleen 56 van Ruymbeke Renaud 91 Verneau Rémy 100 Ville de Luxembourg 27, 86 Villeroy & Boch 74, 87

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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87 30 12 77

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OPINION

IO N I P O

N

Gary Kneip, entrepreneur, président du CES et de la CLC

A

DIALOGUE DU CHANGEMENT

u cours des 25 dernières années, le Luxembourg a connu une croissance économique constante et possède aujourd’hui le niveau de vie le plus élevé de l’OCDE. Mais une politique trop insouciante et la crise mondiale viennent troubler nos perspectives d’avenir. Qu’on le veuille ou non, le Luxembourg doit trouver une nouvelle place dans le monde globalisé. Notre situation de départ n’est pas mauvaise, mais en tant que petit pays orienté vers l’exportation et installé sur des marchés de niche, nous sommes très sensibles aux influences extérieures. Pour avancer, il est nécessaire que les partenaires sociaux se donnent des objectifs ambitieux et s’entendent sur la façon de se traiter mutuellement… L’ouverture et la transparence doivent constituer le principe suprême ! Les modifications ne sont possibles que si tous les partenaires discutent librement et conformément aux objectifs communs. Nous devons aborder les questions dans leur globalité et n'exclure aucun domaine. Un « non » doit immédiatement être suivi d’une proposition alternative appropriée. Nous avons tous une grande part de responsabilité dans notre croissance économique. La préservation de la prospérité dans notre pays étant étroitement liée à la force innovante de

— MARS 2014

l’économie, nous devrions promouvoir les innovations. Une orientation sur des niches de souveraineté présente le risque du court terme. Ce qui est donc demandé est un changement en faveur de la durabilité : une économie basée sur la compétence, qui accorde une valeur importante à l’efficacité de la formation. Le Luxembourg ne peut conserver son indépendance financière et politique que si nous parvenons à contrôler les finances publiques. Par ailleurs, chacun a le droit de travailler, et chaque salarié(e) a droit à un emploi qui correspond à ses capacités et possibilités. Laissez-nous continuer à renforcer ce droit qui se nourrit notamment du principe de solidarité : le travail offert (acceptable) devrait aussi être accepté. La prestation payée devrait correspondre à la prestation livrée. Si de cette façon le revenu est inférieur à un minimum existentiel, la communauté solidaire est tenue de veiller à ce qu’une compensation soit effectuée. Notre système fiscal doit favoriser la juste répartition des charges. Mais pour cela, une prestation supplémentaire ne doit pas devenir un inconvénient. Chacun doit pouvoir vivre dans notre société de manière digne. Nous devons nous engager pour un système de transfert social, qui agisse pour compenser les inégalités.

Nos enfants sont notre avenir. La poursuite de notre système social actuel sera supportée par eux et leur imposera plus de charges que ce que nous devons supporter aujourd’hui. En même temps, ils percevront moins de soutien. Ici, la règle est d’introduire des réformes multigénérationnelles, orientées vers l’avenir. Un système de santé où la responsabilité individuelle serait récompensée et qui empêcherait une explosion des coûts est plus que jamais nécessaire. Les écoles, la recherche, la culture, les transports : investir là signifie construire notre avenir commun de manière durable. Quiconque contribue à créer de la valeur ajoutée dans notre pays et en favorise la prospérité doit avoir la possibilité de participer au dialogue politique. Quiconque souhaite habiter au Luxembourg doit pouvoir y trouver un logement approprié. Et ceux qui jusqu’alors n’avaient peutêtre pas envisagé cette option devraient percevoir le pays comme un lieu de vie accueillant et attractif. Ce sont là d’importants défis, en particulier envers nos travailleurs étrangers. Le nouveau gouvernement et les partenaires sociaux peuvent s’appuyer sur le précieux travail de fond que le Conseil économique et social effectue afin d’engager les changements qui s’imposent dans un dialogue nouveau.


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