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avril 2014
Grande Région : un territoire, une action
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Corinne Cahen Ministre à la Grande Région
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édito
avril 2014 WWW.PAPERJAM.LU
par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction, rédacteur en chef – paperJam
AVRIL 2014
GRANDE RÉGION : UN TERRITOIRE, UNE ACTION
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Corinne Cahen Ministre à la Grande Région
Bon 100 ne saurait mentir
L
e 4 décembre 2013-14 mars 2014 : cela fait 100 jours que le gouvernement Bettel-Schneider a pris les rênes du pays, avec le soutien décisif des Verts de Felix Braz. Le chiffre est rond, le repère est symbolique : il correspond, généralement, à l’état de grâce que l’on prête à un exécutif nouvellement entré en fonction. Une période qui permet aussi de jauger le niveau de ses intentions et de son envergure, tout en dévoilant les premières vérités susceptibles de servir de fil conducteur à la politique qui sera menée durant cinq ans. Pour autant, la nouvelle coalition tricolore n’a guère bénéficié d’une quelconque bienveillance depuis son entrée en fonction. L’apprentissage du pouvoir a même été très délicat pour certain(e)s, prouvant, s’il était nécessaire, que la « chose politique » ne s’improvise pas, surtout en matière de communication. En injectant du sang frais, non distillé dans les cornues politiques (Corinne Cahen, Francine Closener, Carole Dieschbourg, Pierre Gramegna), le Premier ministre Xavier Bettel n’a pas pour autant joué aux apprentis sorciers. Il n’a fait que poser la première pierre
de son grand chantier de changement et de renouvellement de la vie politique. Un chantier qui a surtout pris corps avec le dépôt du premier budget de la législature, début mars, sachant que la plupart des projets de loi jusqu’alors traités faisaient partie de l’héritage de l’exécutif Juncker-Asselborn. Un héritage parfois embarrassant, du reste, qui a nécessité de nettoyer certains placards occupés par d’encombrants cadavres. En annonçant une réduction des coûts de fonctionnement de l’État de 8,5 % (quelque 50 millions d’euros), le néo-ministre des Finances Pierre Gramegna – désormais lui aussi la cible d’attaques dans « l’affaire McKinsey » – a, certes, marqué les esprits, mais il a aussi montré combien l’écart pouvait être grand entre les (bonnes) intentions – l’objectif initial était une réduction de 10 % – et la réalité du terrain. En attendant que soit dévoilé le calendrier de l’augmentation annoncée de la TVA – ce devrait être à l’occasion du tout premier discours sur l’état de la nation que prononcera Xavier Bettel, le 2 avril prochain –, certaines mesures d’économie annoncées (suppression
de la mesure des investissements publicitaires dans les médias réalisée depuis 17 ans ; suppression de l’éclairage des autoroutes de nuit…) ont suscité davantage de critiques que d’enthousiasme, en même temps que les syndicats s’offusquent de l’absence de dialogue social préalablement à l’élaboration du projet de budget 2014. La page des 100 jours étant donc désormais tournée, il en reste un peu plus de 1.600 jusqu’à octobre 2017 pour en écrire de nouvelles. Le pays n’est pas encore sous perfusion, mais certains clignotants sont toujours à l’orange, voire au rouge, et le traitement à envisager se doit d’être attentionné, dépassant largement le cadre du simple symbole ou des bonnes intentions. D’autant que les institutions internationales comme le Gafi ou le FMI veillent au grain, rapports détaillés sur l’État du pays à l’appui. Nul doute que le gouvernement devra à la fois garder son sang-froid, mais aussi encore suer sang et eau pour espérer arriver à ses fins – si tant est qu’il y parvienne à la hauteur de ses espérances – sous peine de voir la population continuer à se faire un sang d’encre.
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sommaire
Sommaire
On en parle
14 Étrangers et économie Référendum suisse : zizanie à Bruxelles, espoirs à Luxembourg
Les sociétés opérant en Suisse voient d’un mauvais œil la limitation à venir de l’emploi de la main-d’œuvre étrangère consécutive au résultat du référendum du 9 février. Au Luxembourg, à tort ou à raison, on se frotte les mains.
AVRIL 2014 26 Ça bouge dans le Sud
72 SES
Une ligne verte sur les Terres rouges
Romain Bausch, l’homme tranquille
Esch-sur-Alzette et Differdange, 2e et 3e villes du pays, connaissent un essor qui redynamise toute une région.
À l’issue de l’assemblée générale du 3 avril, Romain Bausch, en place depuis 1995, cédera sa place de CEO de SES à Karim Michel Sabbagh.
32 En marge du procès Ewert / Glock
76 Start-Up
Panama Charly, la face obscure
Le sport, mais pas que…
Charles Ewert, avant d’être un repris de justice, fréquentait le beau monde. Ses relations avec l’industriel autrichien Gaston Glock ont fait passer ses affaires dans une autre dimension.
36 Big Data Données à forte valeur ajoutée La donnée, c’est l’or de demain. C’est la promesse du big data. Tout l’enjeu réside dans une exploitation optimale de ces données.
économie et politique
19 Budget de l’État Le Luxembourg, « élève modèle »
Nouveau ministre des Finances, nouveau style, nouveau budget : le projet prévisionnel présenté début mars par Pierre Gramegna s’inscrit dans le renouveau politique que le gouvernement souhaite imprimer au pays. L’exercice n’en était que plus redoutable.
top 5
des articles les plus lus sur paperJam.lu Du 6 février au 6 mars 2014 1. La fin des avantages salariaux non déclarés (lu 4.375 fois) 2. Berns, Heinrich et Khabirpour sur le départ (lu 4.1129 fois) 3. Enrico Macias doit rembourser 30 millions (lu 4.037 fois) 4. Apple devrait racheter le Luxembourg (lu 3.414 fois) 5. Surprises dans les placards de Bettel (lu 3.115 fois )
Entreprises
Créée il y a un an, la société Fitnesscoach propose une méthode de remise en forme reposant sur trois axes : le sport, le mental, la nutrition.
PLACE FINANCIèRE
84 Les dessous d’un sukuk Deux tours Kirchberg pour le prix d’une
Les deux tours emblématiques de l’entrée du quartier du Kirchberg serviront d’actifs du futur emprunt islamique que l’État luxembourgeois s’apprête à lancer.
61 Cargolux
88 Fonds d’investissement
Un CEO pour durer ?
Mouvements perpétuels
Cinq candidats ont été retenus pour briguer le poste. Et pas un seul Luxembourgeois. Le choix sera validé le 26 mars par le conseil d’administration.
Les 18 et 19 mars, Luxembourg accueille la traditionnelle conférence de printemps de l’Alfi qui permettra de faire le point sur la frénésie réglementaire en cours.
64 Lux-Airport
92 Diversification
Démystifier le low cost
Le dollar, l’euro… et le RMB
Le Belge Johan Vanneste est à la tête de LuxAirport depuis le 27 janvier, mais il attend encore avant d’exprimer ses vues. La gouvernance de la société gérant l’aéroport sera-t-elle revue ?
Plusieurs pays européens, dont le Luxembourg, lorgnent l’internationalisation de la devise chinoise pour stimuler leur économie. Le RMB a d’ailleurs été au centre d’un forum international, à Luxembourg.
66 Laboratoire luxembourgeois d’analyses médicales
Une cash machine nommée Ketterthill
Jean-Luc Dourson a été limogé du laboratoire après avoir dénoncé des violations de la loi sur les sociétés. L’ex-administrateur délégué a engagé une action devant le tribunal de commerce de Paris pour faire annuler le rachat de son labo par Cerba.
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sommaire
Sommaire Coverstory
40-58
La Grande Région : un territoire, une action Sa taille critique naît de l’union de ses zones limitrophes. Des milliers de personnes y ont appris depuis longtemps à ne pas s’arrêter aux frontières, dans leurs réflexes les plus quotidiens. L’économie, celle des entreprises et des marchés de proximité, y trouve de réelles perspectives de développement. Le travail y est un facteur d’intégration. L’analyse socioéconomique y trouve un formidable laboratoire.
42 Vue par sa ministre, Corinne Cahen
« Jouer le rôle
de facilitateur »
Le Luxembourg compte au moins deux particularités au sein de la Grande Région. Il est le seul État souverain inclus dans l’espace transfrontalier. Il est aussi le seul à disposer d’un ministère dédié, depuis 2009. Interview de Corinne Cahen, qui a repris cette compétence.
50 Économie et entreprises Marchés de proximité
Premier marché pour les PME luxembourgeoises, la Grande Région leur réserve des marges de progression. Les créneaux de développement ne manquent pas. Mais le Grand-Duché focalise aussi l’attention des entrepreneurs voisins.
56 Domiciliations fictives au Luxembourg
48 Données socioéconomiques L’intégration par le terrain
La carte de la Grande Région se dessine avec ou sans frontières, selon les approches. Sur un plan économique, l’intérêt de causes communes semble évident. La valeur travail, les échanges réguliers et la pratique des langues ont tout leur sens.
La chasse aux fraudeurs
Il y a aussi des abus de système dans la Grande Région des entrepreneurs. Deux Lorrains, père et fils, ont été récemment condamnés à de la prison pour fraude fiscale, après une enquête de « substance ». La coopération avec les autorités luxembourgeoises a permis de prouver le caractère fictif de leur domiciliation au Grand-Duché.
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sommaire
Sommaire
103 Mode
C'est arrivé près de chez vous
96
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désirs Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch
Zoom sur Gilles Pegel
LIFESTYLE ET PLUS
Culture
Invité par le Casino Luxembourg à investir l’espace Labo, l’artiste livre une installation qui interroge les codes digitaux et les notions d’identité.
98
Sélection
La photo et la musique
Sélection des cinq photographes les plus marquants de la Portfolio Night et de trois concerts à venir dans le cadre du Printemps musical.
100
Destinations
Voyage, voyage
Pour célébrer l'ouverture de son magasin, Monoprix nous présente une silhouette très tendance. Tout savoir sur du commerce et de la mode.
104
Interview
Stephan Roelants
À la tête du Studio 352, il était nommé aux Oscars. Stephan Roelants nous raconte comment fonctionne un studio d’animation qui mise sur la qualité.
106
Style Watch
Media Awards Night
C’était le 12 février à la Rockhal. Tout le monde de la communication s’était donné rendez-vous pour voir les meilleures créations de l’année.
Pour profiter pleinement des vacances de Pâques, nous avons sélectionné quatre destinations originales qui conviendront à tous les publics.
102
Gastronomie
Zoom sur Thomas Szödy
Importateur de produits d’alimentation haut de gamme, il s’est spécialisé dans les vins hongrois. À lire aussi l’actualité de la gastronomie au Luxembourg.
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agenda
À suivre 3 18/0
3
Femme politique et femme cheffe
À l’initiative de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise, les ministres Corinne Cahen (photo) et Claudine Dieschbourg, les députées Tess Burton, Joëlle Elvinger et Christiane Wickler et la bourgmestre de Mondercange Christine Schweich, témoigneront de leur engagement politique et partageront leur expérience, en tant que femmes, dans la prise de décision économique et politique.
Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.
31/0
Expériences
Échange de vues
Quel avenir pour la CNPD ? Xavier Bettel, en sa qualité de ministre des Communications et des Médias, se rendra devant la Commission de l’enseignement supérieur, de la recherche, des médias, des communications et de l’espace (présidée par Simone Beissel, DP). Il échangera ses vues avec des représentants de la Commission nationale pour la protection des données (présidée par Gérard Lommel, photo), afin d’évaluer la loi de 2002 relative à la protection des personnes à l’égard du traitement des données à caractère personnel mais aussi traiter des missions, ressources et fonctionnement de la CNPD.
Photo : CNPD
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3
28/0
Résultats annuels
Luxempart : sur la lancée de 2012 ?
3 31/0
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Mission économique
Cap sur l’Australie
03/0
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Assemblée générale
Changement de tête chez SES
3
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Commission parlementaire
Le Pacte logement à la loupe
À la suite d’une demande du groupe politique CSV datant de février dernier, le gouvernement prendra position quant à la nécessité de revoir et de corriger le Pacte logement. Face à la Commission parlementaire du logement, présidée par le DP Guy Arendt , s’expliquera la ministre Maggy Nagel (également DP).
— avril 2014
En 2012, la société de prise de participation avait bénéficié de la très bonne performance boursière de son portefeuille (notamment RTL Group, photo). Son résultat net global avait progressé de 57,5 %, passant de 32,57 millions d’euros à 51,31 millions, soit une valeur par action de 2,14 euros (contre 1,36 euro un an plus tôt).
Une mission économique de cinq jours organisée par la Chambre de commerce, qui passera par Perth et Sydney. C’est la première fois qu’une délégation luxembourgeoise se rend ainsi au pays des kangourous. Objectif : « nous faire connaître dans cette région du monde où nous sommes avant tout perçus via notre place financière », expliquait à paperJam.lu Carlo Thelen, à peine nommé directeur général de la Chambre de commerce.
L’opérateur de satellites s’apprête à tourner une page de son histoire. À l’issue d’une assemblée générale qui s’annonce des plus tranquilles, la société changera officiellement de CEO : Romain Bausch (à droite, photo), en place depuis 1995, cédera sa place à Karim Michel Sabbagh (à gauche, photo) – lire aussi page 76.
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actualité Économie & politique entreprises place financière
Photos : Commission européenne, LCTO, DR
n on ele par
Étrangers et économie L’onde de choc du séisme suisse se répand partout en Europe. Au Luxembourg, on espère des conséquences positives. Mais pas seulement.
Référendum suisse : zizanie à Bruxelles, espoirs à Luxembourg
Les sociétés opérant en Suisse voient d’un mauvais œil la limitation à venir de l’emploi de la main-d’œuvre étrangère consécutive au résultat de la votation du 9 février. Au Luxembourg, à tort ou à raison, on se frotte les mains. C’est l’occasion de remettre son système, et ses valeurs, en perspective.
Texte Pierre Sorlut
— avril 2014
actualité Économie & politique entreprises place financière
Chiffres : Statec et Office fédéral suisse de la statistique. Calcul : paperJam
50 %
Pourcentage de la population résidente étrangère par rapport à la population totale
220.522 étrangers
40 % Suisse Luxembourg
30 % 1.815.994 étrangers
20 %
10 %
0 %
Évolution de la population résidente étrangère Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la part de la population étrangère a crû beaucoup plus vite au GrandDuché qu’en Suisse. Le nombre d’étrangers en Confédération helvétique a lui rapidement progressé après 2002, année durant laquelle les quotas d’immigration avec l’Union européenne ont été levés.
e dd cor , ac c l’UE e s is e n Su n av 2 : e latio 200 circu e libr
Déc. 1947
Déc. 1960
Déc. 1966
Déc. 1970
Déc. 1981
O
n en a parlé. Deux jours à peine après le référendum au cours duquel une courte majorité de la population helvétique avait voté pour la « limitation de l’immigration de masse » sur son territoire, le Premier ministre luxembourgeois manifestait un certain opportunisme quant aux éventuelles retombées économiques de la votation – selon le terme consacré – sur l’économie du Grand-Duché. Ainsi, dans un discours quasiment programmatique prononcé lors d’un événement organisé dans le fief du commerce luxembourgeois, Xavier Bettel a-t-il lorgné le pré carré helvétique. « La décision prise par les Suisses peut avoir des répercussions sur le marché luxembourgeois. Ce n’est pas que je me réjouisse. Je respecte les décisions par référendum, mais les opérateurs économiques devraient y laisser des plumes. » En effet, les milieux d’affaires et le tissu entrepreneurial suisses étaient, dans leur ensemble, opposés à la limitation du nombre de travailleurs étrangers proposée par le parti populiste, l’UDC. Et selon les textes votés, ce n’est pas seulement le nombre d’autorisations de séjour qui sera limité, tous les étrangers exerçant une activité lucrative seront concernés. Ce qui inclut donc les frontaliers, très nombreux dans l’économie suisse. En décembre, ils étaient 278.500 à franchir quotidiennement les frontières en provenance de France (52,4 %), d’Italie (23,7 %) ou d’Allemagne (20,5 %). Et leur nombre a augmenté de quasiment 30 % ces cinq dernières années ! 30 % de travailleurs étrangers
La Suisse accueille par ailleurs de manière permanente sur son sol 1,87 million de personnes d’origine étrangère. Et 1,2 million d’entre elles sont originaires d’un État membre de l’Union européenne. Ainsi, selon les chiffres de l’office fédéral de la statistique suisse, sur les 4,899 millions de personnes travaillant en Suisse fin 2013, 1,439 million sont des étrangers, soit 29,4 % (au Luxembourg, plus de 70 % des salariés sont étrangers !). Mais puiser à volonté dans la réserve de main-d’œuvre internationale ne sera bientôt plus permis aux entreprises suisses. D’ici trois ans – c’est le délai légal –, il faudra donc au
Déc. 1991
Déc. 2001
Malaise perceptible en Suisse et au Luxembourg
Déc.2011
gouvernement définir des quotas et contingents d’étrangers, en fonction des besoins de chaque secteur. Ainsi, les mastodontes de la chimie, des biotechnologies ou encore les banques, qui avaient pris l’habitude de piocher où bon leur semblait – aidés qu’ils étaient par la possibilité d’offrir des packages attractifs – pour recruter leurs collaborateurs, vont voir leurs volontés de développement bridées. Les PME, dit-on, seraient même plus durement touchées. Avant 2002 et l’ouverture de ses frontières avec l’Union européenne (dont la Suisse n’est pas membre, rappelons-le), les grands groupes éprouvaient moins de mal que les petites structures à convaincre l’administration régionale fixant les quotas de leur octroyer le droit d’employer la main-d’œuvre nécessaire. Conséquence formelle de la votation : la libre circulation opérée depuis 2002 entre l’Union européenne et la Suisse va devenir caduque. Pire encore, tous les accords bilatéraux signés avec l’Union européenne qui y sont liés (transports, accès aux marchés publics, etc.) vont être renégociés. En vertu de la bien nommée clause guillotine, la remise en cause d’un accord implique que tous les autres deviennent nuls. On en compte une centaine. On en parle alors au niveau européen… Dans le contexte d’une campagne électorale européenne à l’issue de laquelle on attend de bons scores pour les eurosceptiques, les réactions suite au vote s’avèrent virulentes. Lors de la session plénière de mars au Parlement de Strasbourg, les débats relatifs aux conséquences du référendum suisse se sont enflammés. Après que l’eurodéputé italien Mario Borghezio, membre de la Ligue du Nord, eut brandi un drapeau suisse en criant « Oui au référendum, oui à la liberté du peuple », Daniel Cohn-Bendit, chef de file des Verts, a apostrophé le souverainiste Bruno Gollnisch : « Vous êtes des crétins finis parce que vous n’avez pas compris les valeurs de l’Europe. » Ambiance. Dans un registre un peu plus apaisé, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois s’est également prononcé. « Il faut accepter le choix du peuple suisse (...) mais cela aura des conséquences » entre l’UE et Berne, a-t-il indiqué. La commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, avait surenchéri. « Ce n’est pas possible. Vous prenez tout ou vous laissez tout. » Selon la vice-présidente de la Commission, la Suisse
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actualité Économie & politique entreprises place financière
n on ele par Comparaison des indicateurs de richesse Le revenu national brut par habitant est supérieur au Luxembourg, notamment en raison de la plus grande participation, proportionnellement, de frontaliers à la création de richesse. Mais on peut noter que le Luxembourg a davantage subi la crise du fait, notamment, de son exposition aux chocs externes. 80.000
10
Revenu national brut par habitant en dollars américains (à prix courants)
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50.000
Suisse Luxembourg
4 2 Source : Banque mondiale
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ne peut s’attendre à bénéficier de l’accès au marché intérieur européen sans accepter la liberté de circulation. Ainsi, les premiers couperets sont tombés. Les fonds alloués à la Suisse dans le cadre des programmes Horizon 2020 (recherche) et Erasmus (enseignement) ne seront pas reconduits. La Commission européenne a mis sa menace à exécution et entend bien tout remettre à plat. Reste que les conséquences économiques sont très difficiles à prévoir puisque le texte soumis au vote ne prévoyait pas de quotas. Il faudra de plus définir un plafond et des critères de répartition par branches. Alors que le taux de chômage est quasiment résiduel en Suisse – 4,4 % de la population active, soit le taux le plus bas en Europe après la Norvège (le taux de chômage moyen dans l’UE étant de 10,7 %, de 12 % dans la zone euro) –, il deviendra désormais compliqué de faire appel à de la main-d’œuvre d’ajustement frontalière ou à des ressources pérennes en provenance de l’étranger. Dans une interview à paperJam.lu, le plus luxembourgeois des Suisses – ou le plus suisse des Luxembourgeois, c’est selon – Roger Hartmann, s’inquiète de voir disparaître cette indispensable soupape qui a permis au pays de s’approvisionner en main-d’œuvre hautement qualifiée alors que la population vieillissait. « La croissance économique devrait donc ralentir progressivement. De plus, avec la possible remise en cause de tout ou partie des accords bilatéraux, suite à la suspension de la libre circulation des personnes, l’industrie d’exportation helvétique pourrait être mise sous pression. Tout ceci pourrait engendrer une qualité moindre des actifs des entreprises et, finalement, affaiblir les banques actives en Suisse, puisque leur portefeuille de crédit pourrait se dégrader », a ainsi indiqué le banquier. Dans un contexte de globalisation des échanges et de déterritorialisation des groupes, ces doutes sur l’avenir économique de la Suisse suscitent bien des convoitises, notamment au sein de pays européens structurellement comparables. On n’a pas fini d’en parler donc… au Luxembourg où les gouvernements successifs travaillent sur les headquartering et l’ambition d’attirer des groupes internationaux souhaitant accéder au marché intérieur.
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Dans une interview à l’hebdomadaire Le Jeudi, le CEO de l’association représentative des banques, Jean-Jacques Rommes, disait ainsi : « Plus la Suisse se rapproche de l’Europe, plus on est susceptibles d’être en concurrence. Plus elle s’éloigne, plus on se distingue. À court terme, la Suisse est moins susceptible d’agir en libre prestation de services en Europe sur les mêmes marchés que nous. Elle s’est mise en quelque sorte hors jeu. » Loin de se frotter les mains de cette renonciation suisse aux règles de ce marché comptant plus d’un demi-milliard de personnes, M. Rommes souligne que celle-ci aura ses avantages et ses inconvénients sur le secteur bancaire luxembourgeois. Même son de cloche du côté des autorités politiques où l’on n’ose guère se prononcer publiquement. En Suisse, où le gouvernement se trouve bien embarrassé de naviguer dans l’incertitude et de devoir renégocier tous les accords avec l’Union européenne. Au Luxembourg, où personne ne veut passer pour un charognard. L’occasion de se remettre en question
L’événement permet toutefois de soulever toute une série de questions que se poseraient des sociétés qui n’opteraient pas pour la Confédération helvétique : quelle fiscalité sera appliquée ? À quelles infrastructures aurai-je accès ? Dans quel environnement évoluerai-je ? De quelle visibilité bénéficie mon entreprise ? Autant de traceurs qu’un gouvernement en quête de ligne de conduite devrait pouvoir définir et faire valoir. Le sujet de l’imposition des personnes physiques et morales pourrait tout à fait être soulevé à l’aune de cette opportunité. Ne doit-on pas réfléchir à une fiscalité attractive, simple et conforme aux standards internationaux en termes de transparence puisque le moment le permet ? L'expérience suisse aura également un écho, en 2015, quand il sera question du référendum général portant notamment sur le droit de vote des étrangers – un engagement du gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng. L’on se posera alors la question de l’intégration politique et économique de ces étrangers, parfois stigmatisés. Les conséquences de la votation suisse offriront certainement un éclairage providentiel.
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Économie & politique entreprises place financière
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Économie & politique entreprises place financière
Budget de l’État
Le Luxembourg, « élève modèle » Nouveau ministre des Finances, nouveau style, nouveau budget : le projet prévisionnel présenté début mars par Pierre Gramegna s’inscrit dans le renouveau politique que le gouvernement souhaite imprimer au pays. L’exercice n’en était que plus redoutable.
Photo : Christophe Olinger
Pierre Gramegna a passé, le 5 mars, son premier grand oral devant les députés luxembourgeois.
La présentation du projet de budget pour l’exercice 2014 a eu lieu à un moment inhabituel : elle s’est déroulée avec un décalage de six mois environ du fait que les élections législatives anticipées de l’an dernier ont bouleversé le calendrier politique. Jusque fin avril, l’État fonctionne selon le principe du « douzième provisoire », une rallonge calculée sur la base du budget de l’exercice précédent, jusqu’à ce que la nouvelle loi budgétaire entre en vigueur, le 1er mai. Pressé par les délais légaux et poussé par l’objectif de rétablir l’équilibre budgétaire à la fin de la législature, le nouveau ministre DP des Finances, Pierre Gramegna, s’est évertué à expliquer les contraintes auxquelles le nouveau gouvernement est exposé pour cet exercice. La première d’entre elles, selon lui, découle de la nécessité de compenser la chute brutale des recettes en matière de TVA sur le commerce électronique à partir de 2015. Cette évolution étant connue depuis 2007, le ministre a affirmé que le gouvernement précédent avait failli dans sa tâche d’anticiper le manque à gagner en s’abstenant de constituer un fonds souverain qui aurait permis de se doter d’un coussin budgétaire.
Une deuxième contrainte avancée par M. Gramegna est le respect des critères européens. Étant donné que le pacte de stabilité et de croissance impose une discipline au niveau des dépenses budgétaires, le Luxembourg doit veiller à prendre la bonne trajectoire. L’État continue cependant à débourser davantage que ce qu’il gagne : une situation qui ne devrait pas changer en 2014, puisque le total des dépenses budgétaires (14,76 milliards d’euros) devrait rester supérieur au total des recettes (14,22 milliards). En revanche, l’excédent nominal de l’administration publique – qui regroupe l’administration centrale, les communes et la sécurité sociale – devrait afficher 0,2 % cette année ; il faut remonter à 2008 pour retrouver un résultat positif à ce stade. Nouvelle approche en 2015
Cet excédent résulte, comme par le passé, du solde positif de la sécurité sociale (+1,3 %), alors que l’administration centrale continue de générer un déficit, ramené à 545 millions d’euros ou 1,1 % du PIB (contre un déficit de 2,3 % du PIB
pour le budget prévisionnel de 2013). Cet effort a pu se faire en dépit d’une troisième contrainte, selon Pierre Gramegna, à savoir que les réductions n’ont été envisagées que pour des postes où il n’était pas nécessaire de changer la législation. En d’autres mots, les coupes opérées portent surtout sur les investissements publics (pour un montant de 137 millions d’euros) et les frais de fonctionnement de l’État (baisse de 8,5 %, au lieu des 10 % visés), qui représentent ensemble seulement 18 % des dépenses budgétaires. Les transferts de la sécurité sociale et les rémunérations, qui sont les deux postes les plus importants, s’élèvent à près de 47 %, ce qui réduit d’autant la marge de manœuvre du ministre. Pour cette raison, M. Gramegna a annoncé que le projet de 2015 serait préparé sur la base d’un « budget d’une nouvelle génération », c’est-à-dire reposant sur un état des lieux des dépenses de toutes les entités publiques, dans le but de vérifier que les moyens engagés répondent bien aux objectifs fixés. Taux d’endettement inchangé
Le ministre chiffre le total des économies que l’État envisage de faire cette année à 230 millions d’euros. Grâce à une croissance plus vigoureuse du PIB, estimée à 3,2 % pour l’exercice 2014, le gouvernement table sur une hausse des recettes de 5,1 % et une augmentation de 3,5 % des dépenses. Les recettes issues de la TVA devraient croître de plus de 10 %, en grande partie grâce au commerce électronique. Quant à la dette publique, elle devrait augmenter de 10,5 à 11,3 milliards d’euros, mais le taux d’endettement se maintiendrait à 23 % du PIB. Soucieux de préserver le triple A que lui attribuent les trois grandes agences de notation, le Luxembourg veut ainsi se montrer un « élève modèle » dans un contexte que le ministre qualifie de « difficile ». L. M.
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Économie & politique entreprises place financière
L’actualité en chiffres :
s o i m 5 6 , 5 5 1
Double peine
Note salée pour Enrico Macias Plaignant dans l’affaire de la faillite de Landsbanki Luxembourg, le chanteur se retrouve finalement condamné à payer plus de 30 millions d’euros !
C’est le coût estimé de la construction de la nouvelle prison que le ministère du Développement durable et des Infrastructures envisage d’établir à Uerschterhaff (près de Sanem). À cela devraient s’ajouter quelque 26 millions annuels pour son exploitation.
32,4 mios C’est l’enveloppe budgétaire dédiée à la finalisation de l’échangeur autoroutier de Hellange, sur l’A13, bloqué pendant plus de 15 ans par des procédures juridiques et dont les travaux devraient enfin commencer au printemps.
7 %
C’est la proportion de contribuables français titulaires d’avoirs non déclarés au Luxembourg et qui ont choisi, depuis juin dernier, de régulariser leur situation vis-à-vis du fisc français. Le Grand-Duché est la 2e destination privilégiée des resquilleurs de l’Hexagone, très loin derrière la Suisse (80 % du total).
-1
C’est le niveau de l’indicateur de confiance des consommateurs établi par la Banque centrale du Luxembourg fin février. C’est un point de mieux que fin janvier, et cela reste l’un de ses meilleurs niveaux depuis janvier 2012 (il était tombé jusqu’à -15 en octobre 2012).
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Photo : Licence CC
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Il crie au complot et soupçonne la justice luxembourgeoise de connivence avec l’exbanque islandaise Landsbanki, tombée en faillite en 2008… Enrico Macias a eu de quoi avaler de travers en apprenant que dans un jugement du 19 février dernier, le Tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale a condamné le chanteur français à payer à la banque en liquidation le montant de… 30,071 millions d’euros avec les intérêts conventionnels à compter du 1er janvier 2013. En juillet 2007, le chanteur et son épouse, depuis lors décédée, avaient contracté un emprunt auprès de Landsbanki Luxembourg, garanti par deux biens immobiliers, dont la villa du chanteur à Saint-Tropez. Il reçut 9 millions d’euros en liquide et le surplus de 26 millions fut investi dans trois polices d’assurance-vie : deux de 11 millions chacune et un contrat de 4 millions. La faillite de la banque en 2008 avait eu pour effet de réduire à néant la valeur du portefeuille d’assurance-vie, les biens gagés ne permettant alors plus de couvrir les ratios de couverture du contrat prêt. Du coup, Yvette Hamilius, la
liquidatrice de la banque, réclama en 2009 le remboursement intégral du prêt. Ce à quoi le chanteur français s’opposa, attaquant même la banque devant le tribunal de commerce en réclamant la nullité du prêt de 35 millions d’euros, considérant que le montage financier qui lui fut proposé reposait « sur un mensonge juridique et économique, mais également sur une tromperie concernant ses véritables risques ». Il réclamait en outre plus de 43 millions de dommages et intérêts. L’artiste a été débouté sur toutes ses prétentions, les juges luxembourgeois l’ayant qualifié d’investisseur averti, soulignant dès lors qu’il avait contracté le prêt en toute connaissance de cause. Ils ont également rejeté les arguments avancés par la défense du chanteur selon lesquels le montant du prêt était inadapté à sa situation personnelle et patrimoniale. Ils ont pour cela exhumé des anciens documents de la banque présentés par Enrico Macias luimême selon lesquels sa fortune et ses revenus « s ont bien supérieurs » à 500.000 euros bruts par an, alors que ses avis d’imposition prétendent le contraire…
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La Commission européenne a demandé au gouvernement de modifier sa législation
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sur la fiscalité des plus-values immobilières, jugée contraire à la libre prestation de services et à la libre prestation des capitaux. I La nouvelle Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) cherche son directeur, qui aura le statut de fonctionnaire nommé pour cinq ans. I Le Tribunal administratif a validé les amendes de 40.000 euros que l’Institut luxembourgeois de régulation avait infligées en mai 2012 aux communes de Diekirch et d’Ettelbruck pour avoir violé leurs obligations
Véhicules de société
Affaires
KPMG s’attaque au fisc allemand
Barthelmé recasé à la concurrence
La firme de conseil et d’audit KPMG Luxembourg a déposé plainte auprès de la Commission européenne pour violation de la libre circulation des travailleurs. La plainte vise l’Allemagne, dont les services fiscaux appliquent unilatéralement la TVA allemande aux véhicules de sociétés luxembourgeoises, mis à disposition de leurs salariés résidant outre-Moselle. « Si cette approche fiscale allemande devait être confirmée, les employeurs luxembourgeois se verraient contraints de s’identifier à la TVA en Allemagne et d’y déposer des déclarations de TVA allemande », indique-t-on du côté de KPMG, qui craint aussi que les entreprises soient dissuadées de recruter de la main-d’œuvre résidant en Allemagne.
Le premier conseiller de gouvernement Pierre Barthelmé (ministère du Tourisme), sous le coup d’une enquête administrative pour avoir utilisé, à des fins personnelles, des fichiers du registre des personnes physiques au Centre des technologies et de l’information de l’État, va être « muté » au sein du Conseil de la concurrence présidé par Pierre Rauchs. Étienne Schneider, qui a récupéré les Classes moyennes et le Tourisme dans son ministère de l’Économie, n’a pas souhaité prendre de mesures radicales en suspendant temporairement M. Barthelmé en attendant la fin de l’enquête administrative. En parallèle, une plainte a été déposée auprès du Parquet pour violation de la loi sur la protection des données.
Photo : Jessica Theis (archives)
professionnelles dans la gestion de leur réseau d’électricité.
« Je ne peux plus accepter qu’au Luxembourg, les commerçants ne peuvent pas choisir librement dans quel pays acheter au meilleur prix. » Étienne Schneider, ministre de l’Économie, a plaidé pour le commerce local lors du Conseil « Compétitivité » qui s’est tenu à Bruxelles fin février.
Régularisation
Gérard Reuter chassé de son appartement
Photo : DR
Gérard Reuter, ancien président de la Chambre des comptes (devenue depuis la Cour des comptes), a dû récemment quitter l’appartement que le Service de renseignement (Srel) lui avait attribué en 2008. Il bénéficiait, à l’époque, de ce logement privilégié mis à disposition par l’État en qualité d’informateur privilégié (bien que n’ayant jamais figuré dans aucun registre du Srel). « Le loyer fut illégalement pris en charge par les caisses de l’État », avait néanmoins souligné le rapport d’enquête parlementaire sur le fonctionnement du Srel. Ce loyer avait ensuite été pris en charge par la firme d’intelligence économique Sandstone, créée par Frank Schneider, ancien chef des opérations du Srel. Mais la société avait coupé le robinet après avoir adressé un préavis à M. Reuter, sans que celui-ci ne réagisse. Au final, après plusieurs mois de loyers (1.300 euros par mois) impayés, les huissiers de justice sont intervenus pour faire déguerpir l’ancien président de la Chambre des comptes de son logement.
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“You should have seen Eric last Saturday night! A real party animal!“
“Isn’t he on sick leave until next Monday?“
SERIOUS CAUSE FOR DISMISSAL OR RIGHT TO PRIVACY DURING SICK LEAVE? Activities that appear incompatible with the employee’s illness may indicate that the “illness” is fake. However, for reasons of privacy and confidentiality, employers are rarely aware of the nature of the employee’s illness. It is therefore difficult for the employer to determine to what extent the activity of the employee, such as participating in a party, is incompatible with his sick leave. So, before taking disciplinary action, it is necessary to conduct a thorough investigation of the employee’s situation and records to ensure the employee’s conduct warrants disciplinary action. Niche employment law firm CASTEGNARO - Ius Laboris Luxembourg represents employers only. Through Ius Laboris, a global alliance of leading human resources law practitioners, CASTEGNARO assists employers worldwide.
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Photo : DR
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Rapport
Photo : DR
Attractivité fiscale à géométrie variable
Rapport spécial
De mauvais points pour la politique climatique Dans son rapport spécial consacré à l’application du protocole de Kyoto sur les réductions des émissions de CO2 présenté fin février, la Cour des comptes déplore les échecs successifs de la politique climatique menée par les différents gouvernements depuis 1997. L’objectif affiché (28 % de réduction des émissions pour 2008-2012, par rapport à l’année de référence 1990) a été jugé « t rop ambitieux », la baisse n’ayant été, jusqu’en 2011, que de 8,1 %. La Cour a notamment fustigé « l’approche purement comptable » des autorités. « Une telle
politique va à l’encontre du protocole [de Kyoto] qui prescrit que les mécanismes flexibles doivent seulement venir en complément aux actions nationales. » Au Luxembourg, c’est tout le contraire : « L e recours aux mécanismes flexibles prime sur le recours aux mesures nationales. » Pour la Cour des comptes – qui rejoint sur ce constat les conclusions de l’OCDE qui faisait remarquer le sous-développement de la fiscalité environnementale au Grand-Duché et déplorait le « m anque de vision » des dirigeants luxembourgeois –, il aurait fallu « u n dévelop pement plus conséquent de la fiscalité verte ».
Attirer les entreprises en jouant sur la fibre fiscale est un défi permanent pour chaque État. Selon un rapport émanant de l’Université de Dublin, le Luxembourg alterne, en la matière, le bon et le moins bon, en fonction des paramètres pris en compte, qui font état de taux d’imposition sur le revenu des sociétés luxembourgeoises allant de 2,4 à 47,7 %. Ainsi, l’Institut des études sur l’intégration internationale du Trinity College, qui prend en considération la dimension internationale des entreprises actives dans le pays, se base sur des chiffres du Bureau américain d’analyse économique. Il y apparaît que le taux effectif d’imposition sur le bénéfice net n’était, en 2011, que de… 2,4 %. En revanche, sur base de chiffres déclarés par les entreprises américaines, et en étudiant les profits faits sur les résultats opérationnels en excluant les revenus du capital (des investissements), le Luxembourg est bon dernier du classement avec 47,7 % d’imposition ! « Ici, cette mesure minimise le rôle des Pays-Bas et du Luxembourg dans leur fonction de conduit pour les flux financiers pour les multinationales américaines, puisque les revenus des investissements en capital sont exclus », indique le rapport.
Commission européenne
Immobilier : la fiscalité luxembourgeoise à l’index Une fois de plus, la fiscalité luxembourgeoise se trouve dans le viseur de la Commission européenne. L’exécutif bruxellois demande au gouvernement de modifier la législation sur les plus-values immobilières qu’elle juge contraire à la libre prestation de services et à la libre prestation des capitaux. « La Commission a formellement demandé au Grand-Duché de Luxembourg de mettre fin au régime fiscal discriminatoire appliqué aux contribuables qui réinvestissent des revenus immobiliers à l’étranger, c’est-à-dire hors du Luxembourg, mais dans l’UE / EEE (Espace
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économique européen, ndlr) », lit-on dans l’avis motivé. Selon la régulation luxembourgeoise, les plus-values issues de la revente d’un bien immobilier et réinvesties à l’étranger sont immédiatement soumises à l’impôt, tandis que les mêmes plus-values bénéficient d’un report temporaire d’imposition si elles sont réinvesties dans un immeuble situé au Luxembourg. Pour Bruxelles, il s’agit là d’une « restriction injustifiée » à la libre prestation de services et à la libre circulation des capitaux. Le Luxembourg dispose de deux mois pour répondre à cet avis motivé préalable à la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne.
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Ça bouge dans le Sud
Une ligne verte sur les Terres rouges Esch-sur-Alzette et Differdange, 2e et 3e villes du pays, connaissent un essor qui redynamise toute une région. Les projets économiques, sociaux ou culturels, notamment, y poussent à la mesure de l’augmentation de la population. Rayon politique, Déi Gréng s’affirment et créent un lien, du Sud jusque Luxembourg, vers la Ville et vers le gouvernement. Texte Alain Ducat Photos Charles Caratini
Differdange se dote d’infrastructures à la mesure de son développement, présent et futur.
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l n’y pas que « an der Stad » où le scrutin législatif et la formation du nouveau gouvernement triangulaire ont laissé des héritages politiques importants dans les rouages communaux. Respectivement deuxième et troisième villes du pays, en importance de population, Esch-sur-Alzette et Differdange ont bien alimenté la chronique, autant en fournissant quelques figures de proue au nouvel exécutif piloté par Xavier Bettel qu’en faisant couler encre et salive, voire parfum de polémique, quant aux successions locales. Et ces villes, à plus d’un titre, n’ont rien d’anodin dans le paysage luxembourgeois.
Car Esch et Differdange n’arrêtent pas leur rayon d’influence aux frontières communales. Il faut d’abord souligner combien les deux cités du Sud, « la capitale » et sa voisine, prennent de l’ampleur dans le contexte du pays. Géopolitiquement parlant, Esch jette de plus en plus de ponts territoriaux et de communication vers la Ville, quitte à « récupérer » des atouts stratégiques (administrations, pôles de recherche et développement, investissements économiques, logements, commerces) mus par l’attractivité de Belval et de son moteur – pourtant un peu en retard d’allumage – incontestable, l’Université. Or, le périmètre du projet Belval touche aussi les communes
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Vera Spautz, femme de terrain, a repris le flambeau de l'hôtel de ville d'Esch, confié par Lydia Mutsch.
voisines d’une part, les frontières proches d’autre part. Ainsi, la partie française du projet Belval, remorquée à la locomotive grand-ducale, se dessine doucement. Au Luxembourg, les enjeux se sont déployés plus rapidement et avec une certaine efficacité qui se mesure sur le terrain. Si la commune de Sanem avait d’emblée été incluse dans le vaste projet Agora de redéploiement territorial sur les anciennes friches sidérurgiques, d’autres entités sudistes forment une sorte de seconde couronne, presqu’une seconde peau. Differdange en fait partie, comme Pétange et Kaërjeng. Les quatre dernières citées forment le Sikor (le syndicat intercommunal de la Vallée de la Chiers). Pétange touche naturellement aux frontières belge et française, alors que Kaërjeng (Bascharage et Clemency en fusion pacifique) fait déjà partie de la région ouest du pays, adjacente et formant une autre ligne d’orbite de la Ville. Bref, pour l’observateur de la chose luxembourgeoise, en particulier sur un plan socioéconomique, il n’est plus possible d’ignorer l’envergure de ces Terres rouges, jadis d’acier et de labeur industriel surtout, aujourd’hui faites, dans leurs fondations et composantes, d’alliages plus subtils. Fortes têtes
Esch-sur-Alzette a ainsi continué à forger des âmes politiques bien trempées. Solides premiers de cordée dans leur commune, en alliance politique pour gouverner la capitale du Sud, Lydia Mutsch (LSAP) et Félix Braz (Déi Gréng) ont endossé de nouvelles responsabilités gouvernementales. La première est devenue ministre de la Santé et de l’Égalité des chances, le 4 décembre 2013, dans l’exécutif de coalition. Le second, ministre de la Justice, a même prêté son nom au gouvernement, dit Bettel-Schneider-Braz quand il s’agit
de souligner la coalition où tripartite rime avec inédite. Ces deux-là ont laissé un petit vide derrière eux, aussitôt comblé par le jeu des dominos au sein de la majorité eschoise. L’équipe, toujours socialiste et écologiste, se compose désormais de Vera Spautz, bourgmestre, et des échevins Martin Kox, Jean Tonnar, Henri Hinterscheid et Daniel Codello. Car cela ressemble à un clin d’œil, du destin ou de la nouvelle génération politique. Eschsur-Alzette était entrée dans le 21e siècle comme dans une nouvelle ère. Plus que symbolique pour une forme de renaissance, ce sont des femmes qui ont (re)pris les rênes de la deuxième ville du pays. En avril 2000, Lydia Mutsch prenait le fauteuil de premier citoyen. Et, en montant au gouvernement à la suite des élections législatives anticipées d’octobre 2013, elle laissait ce siège à Vera Spautz. Cette dernière est viscéralement attachée à sa ville et à ses valeurs, le socialisme de combat nourri à l’indépendance d’esprit (quitte à se frotter aux instances du LSAP quand elle n’approuve pas une décision), la souche syndicale profondément ancrée dans les terres rouges, les causes sociales, la défense des plus faibles. Elle était déjà aux côtés de Lydia Mutsch, dont elle a partagé la victoire en 2000. Échevine depuis lors, elle reprend le flambeau pour se consacrer entièrement à Esch. Le tout dans le droit fil de sa décision (en 2012, dans le climat de l’affaire Srel, le service qui l’avait fichée en tant qu’activiste de gauche, féministe et associative) de remettre son mandat de députée pour recentrer ses priorités. Elle souffre d’une maladie qui handicape sa vision, mais elle est à l’écoute et le bon sens citoyen la rend clairvoyante. Aux dernières élections communales (octobre 2011), Vera Spautz, flamboyante chevelure et verbe haut, avait rassemblé 5.266 voix, devenant le numéro deux naturel, championne de l’audimat après l’inévitable Lydia Mutsch (6.394 voix).
Population
Differdange, cap 30.000 Le Sud se (re)développe, à la mesure de ses deux fers de lance. À l’heure actuelle, Esch, parfait exemple de « melting pot » comme le souligne le site officiel de la ville, compte plus de 31.000 habitants, de quelque 111 nationalités différentes. Et tout laisse présager que, avec les mutations du centre et, surtout, des quartiers de et autour de Belval, le cap des 40.000 habitants soit atteint à l’horizon 2020. Ce n’était pas évident à l’aube des années 2000, le déclin étant plutôt de mise. Cette situation est encore plus criante sur Differdange, deuxième pilier du Sud et troisième ville du pays. En 1968, Differdange était presque à 20.000 habitants. Le marasme industriel a prolongé l’exode : en 1989, la cité ne comptait plus que 16.300 âmes. Progressivement, la ville s’est repeuplée. Surtout dans les années 2000. La barre symbolique des 20.000 citoyens était franchie en 2004. Depuis, le boom se confirme. Fin février 2014, le compteur affichait 23.700 habitants. Et les projets de logements et de nouveaux quartiers pleuvent, qui permettent à la fois de suivre la demande et de susciter des vocations… À ce rythme, le seuil des 30.000 habitants semble tout proche. A. D.
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Avec Vera Spautz aux commandes désormais, Esch-sur-Alzette va pouvoir poursuivre sur sa lancée. L’enjeu majeur, déjà validé par les précédentes fortes têtes de l’équipe rouge-vert, est de soigner la ville et ses habitants, une population à forte densité étrangère où les chiffres du chômage explosent (13 %). Tous les habitants et toute la ville, en réussissant le lien entre le centre qui opère sa mue (mais doit lutter contre une désertification et une déliquescence de plus en plus visible du commerce intramuros) et Belval qui poursuit son avènement, sans pour autant atteindre des sommets de succès d’implantations économiques. Les mois qui arrivent formeront sans doute une charnière importante pour la suite du lifting de la capitale du Sud, voire un virage à négocier en adoptant la bonne vitesse, pour ne pas traîner, mais éviter le dérapage… Après Meisch…
C’est aussi le défi differdangeois. Politiquement, la situation de la commune a été beaucoup plus agitée que la voisine eschoise. Le « patron », c’était Claude Meisch, devenu (super) ministre dans le gouvernement dont le DP a le leadership. A priori, rien ne prédestinait la cité à changer de couleurs. Meisch y avait imposé le bleu libéral, avec une touche de vert pour composer une majorité, certes mathématiquement fragile, mais hyper active. Dépendante de Claude Meisch, qui avait fini par personnifier le fabuleux destin de sa ville ? En tout cas, une fois orpheline de son député-bourgmestre devenu pilier gouvernemental, la majorité a implosé. Plus exactement, le DP de Differdange a éclaté… Normalement, le scénario était écrit : on désignait les échevins DP Pascal Bürger et Marcel Meisch (le père du nouveau ministre) ; John Hoffmann accédait aux fonctions de bourgmestre. Mais, à partir de ce 8 janvier et sur une poignée de jours ensuite, tout s’est enchaîné à vitesse folle : un conseiller est en vacances, le libéral Michel Braquet vote contre les candidatures de son parti avant d’en démissionner ; la ville n’a pas de bourgmestre, plus de majorité ; d’aucuns évoquent de nouvelles élections locales afin de sortir de l’impasse ; les Verts décident de faire un tour de table avec le LSAP et le CSV et finissent par composer une nouvelle majorité, hors DP, avec celui qui était premier échevin et deuxième meilleur score personnel sur Differdange, sorti député du scrutin législatif. Roberto Traversini (Déi Gréng) monte sur le siège de bourgmestre. Depuis, le manège a encore un peu tourné, surtout dans les rangs d’un DP en malaise manifeste : John Hoffmann a jeté l’éponge, la liste des démissions s’est allongée (Jean Lorgé, Éric Cillien, Jean-Didier Munsch) et la succession tient de la tragicomédie… Ainsi, Martine Goergen, présidente des jeunes DP locaux, appelée à monter au conseil, est aussi pacsée
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« Il faut plus de locatif, il y a une forte demande. » Roberto Traversini (député-bourgmestre de Differdange)
à Michel Meisch, frère de Claude et autre fils de Marcel… Et pour vaincre l’incompatibilité familiale soulignée par la loi communale, Martine Goergen doit briser son contrat de vie commune pour mieux convoler avec la politique locale… Sacré pataquès. Se tenant en retrait de la mêlée, un peu mal assis entre ces chaises musicales, Roberto Traversini essaie d’être un héritier serein. « Je suis fier d’être devenu bourgmestre, pour prolonger le travail que j’accomplis au collège depuis huit ans, commentet-il. Mais je sais que je n’ai pas plus de neurones ni plus de force physique qu’avant… » L’homme n’a pas le culte de la personnalité, mais il est humble porteur de symboles. D’abord parce que, apparemment, il est le premier députébourgmestre d’origine étrangère (en l’occurrence italienne) né hors du Luxembourg. Ensuite, parce que cet ancien citoyen de Soleuvre qui s’est ancré à Differdange nourrit une passion dévorante pour la politique durable, et il se met au service de la cité, sans compter ses heures. « Franchement, la situation était très inconfortable, explique-t-il à propos des rebondissements qui ont émaillé la chronique locale. Personnellement, je soutenais le DP. Les Verts étaient partants pour prolonger le pacte de majorité tel qu’il avait bien fonctionné sous Claude Meisch. Les problèmes internes au DP sur la commune ont miné l’affaire. J’ai, honnêtement, tout essayé, comme proposer de repousser le fameux conseil du 8 janvier, et même de faire rentrer le conseiller en vacances à l’étranger pour le vote… Après, il fallait avancer. On ne pouvait pas renoncer à poursuivre les projets mis en place ou sur la rampe de lancement, grâce au bon travail fourni avec l’équipe autour de Claude Meisch. Risquer d’aller à nouveau aux urnes ne
semblait pas faire sens, puisque ceux qui restaient en place avaient déjà la légitimité pour eux. On a discuté avec tout le monde. Avec le LSAP et le CSV, on a trouvé un accord, avec des buts communs, dans une logique de continuité, même si on pourra emprunter des chemins légèrement différents pour y arriver. » Differdange, c’est une évidence, change quasi à vue d’œil. Au rythme de projets multiples, pensés sur le long terme, attaqués sous les précédents mandats, parfois aboutis et en perpétuelle liaison avec une vue globale, où l’aménagement du territoire joue avec les besoins réels, où les infrastructures accompagnent la population. « Nous avons une grande mixité sociale et c’est un enjeu fondamental », plaide Roberto Traversini, fier des avancées menées pour les plus jeunes (maisons relais, écoles) et les plus âgés. Car l’augmentation constante de la population (voir encadré page 27) va aussi de pair avec la hausse du pourcentage d’étrangers dans la commune et s’explique encore par un regain d’attractivité évident. Les stigmates d’une sidérurgie jadis omnipotente sont encore là, mais la ville a sérieusement cultivé de nouveaux atours. Pousses de printemps
Place du marché moderne et conviviale et nouveau centre culturel dans l’ancienne mairie montrent un autre visage du centre. En périphérie immédiate, à quelques pas du cœur de la ville, c’est un volcan de projets. Le nouveau stade et Aquasud sont des perles d’équipement de loisirs, façon PPP (partenariat public-privé). Le logement, « le nœud de la question », insiste le bourgmestre, est soigné : le quartier Arboria, le plateau du funiculaire, mais aussi une chasse
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En périphérie de Differdange, cela s’active ferme sur les chantiers d’Arboria, notamment.
aux logements vides ou insalubres menée de concert avec des nouveaux plans résidentiels. « Il faut plus de locatif, il y a une forte demande », détaille M. Traversini : pour loger des étudiants, des familles monoparentales, des jeunes couples, des personnes en situation d’urgence – c’est en cours –, soit avec des partenaires privés, soit avec les communes du Sikor, qui vont lancer une sorte d’agence immobilière publique et sociale. Les infrastructures avancent en parallèle : nouveaux parkings extérieurs, nouvelle entrée de ville, nouveau barreau de contournement… en attendant bien sûr le nouveau lycée, promis pour 2017, peut-être avant, espère l’hôtel de ville qui sait que le dossier est désormais aux mains d’un certain Claude Meisch… Et les projets économiques sont dans le tube aussi. Le nouvel Auchan (un hyper de 4.400 m2 et 5.000 m2 nets de galeries, pour créer au moins 150 emplois, à l’horizon 2017) est un phare parmi d’autres, qui poussent notamment sur la zone de Haneboesch (récemment dotée de 3 ha supplémentaires et où les demandes arrivent encore). Le plus excitant et prometteur pourrait être le « 15-35 » : 16.000 m2 de friches et locaux en aménagement durable, récupérés à ArcelorMittal, pour y implanter un pôle de PME créatives (ateliers graphiques, studios, développements IT… les dossiers
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de candidatures s’amoncellent), de services de proximité, même d’une « sound factory » pour le bonheur des jeunes musiciens du cru. Bourgmestre et député à son tour, Roberto Traversini suit une ligne verte dans ses priorités. Il faut d’ailleurs noter que, à l’échelle du pays, il peut regarder vers les voisins, à quelques tours de roue (la liaison pour vélos et piétons avec Belval sera disponible mi-juin). « Il n’y a pas à proprement parler de contacts formels. Mais on se connaît et on se parle », sourit-il… Car, et ce n’est pas si anecdotique sans doute, la nouvelle donne differdangeoise pose une sorte de précédent, en donnant comme un coup de canif dans des contrats d’alliance, certes non écrits. En dézoomant, on observe mieux… Au national, c’est DP + LSAP + Verts. À Luxembourg, DP + Verts poursuivent la noce, sans l’ombre d’un souci. Sur un modèle similaire, à Esch, rouges et verts continuent à s’arranger, en ayant juste remplacé leurs figures de proue par d’autres. Differdange, à son corps défendant, a forcé au grand écart. Meisch, c’est l’ancien patron du DP, un des hommes par lesquels le goût de la conquête est revenu, en passant par la cité sudiste. Gagner le pouvoir à l’échelle du pays et le perdre chez soi, cela peut faire tache ou désordre. Surtout si, au passage, la nouvelle
entente locale se fait avec le LSAP, partenaire du gouvernement, et le CSV, qui découvre l’opposition au législatif national… Mais, en tout état de cause, ce qu’il faut remarquer aussi de façon plus globale, c’est une constante, un point commun politique, à la fois nouveau et déjà vivace, entre la tête du pays et les dirigeants de ses trois principales villes : le vert est à la mode… C’est peut-être un autre effet des évolutions de la population et de la société en général, de cette fameuse nouvelle génération. Il faudra voir, pour confirmer cette impression ou pas, quelle saison viendra derrière ce printemps.
Esch-sur-Alzette et Differdange sont les 2e et 3e villes du pays. Elles sont aussi des communes dont le développement est manifeste. La première est dopée par Belval et l’horizon universitaire. La seconde multiplie les projets d’infrastructures et d’adaptation de son environnement à une population en croissance dans la mixité sociale. Esch et Differdange sont aussi des villes qui ont connu des changements à leur tête, suite à la composition du nouveau gouvernement. Avec des fortunes diverses pour les équipes de Vera Spautz et Roberto Traversini désormais. Mais avec une constante : une ligne de politique durable qui aide à tracer le nouveau destin du Sud.
TUESDAY, 3 JUNE 2014 From 8.00 a.m to 1.15 p.m.
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En marge du procès Ewert / Glock
Panama Charly, la face obscure Charles Ewert, avant d’être un repris de justice, fréquentait le beau monde.
Ses relations avec l’industriel autrichien Gaston Glock ont fait passer ses affaires dans une autre dimension. Personne ne s’est vraiment intéressé à la constitution de Cargolux BVI, clone offshore de la compagnie de fret. Texte Véronique Poujol
C
harles Ewert, ancien patron de fiduciaire, pourrait incarner la face obscure de la place financière. Son procès, pour faux et usage de faux liés aux comptes de l’industriel autrichien Gaston Glock, s’est ouvert en janvier devant le tribunal de Luxembourg siégeant en matière correctionnelle et se poursuit encore en mars. On y assiste à un déballage, certes timide, des pratiques d’optimisation fiscale d’un autre âge. Charles Ewert avait un carnet d’adresses aussi impressionnant que le nombre de sociétés qu’il a constituées ou dont il fut administrateur, des montages parfois exotiques qui lui valurent le sobriquet de Panama Charly. Il a côtoyé l’ancien
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président français Nicolas Sarkozy, du temps où celui-ci était encore maire de Neuilly (il avait fourni des armes Glock pour neutraliser le preneur d’otages dans une école maternelle). Il a aussi fréquenté des voyous comme Yaman Namli, longtemps recherché par Interpol, qui lui vendit la société Unipatent à Luxembourg. Laquelle servira ensuite de caisse noire à Gaston Glock et de tirelire à Panama Charly, qui avait tendance à confondre les deniers de ses clients avec les siens… Namli, soupçonné de bénéficier d'une couverture des services secrets turcs, était aussi présent dans une holding irlandaise, Standard Finance Ltd, actionnaire majoritaire de la banque chypriote (du nord) First Merchant Bank Offshores Ltd.
La rencontre avec l’inventeur des pistolets automatiques, Glock, avait fait passer les affaires d’Ewert dans une autre dimension, avant de le conduire en prison pour 20 ans. Condamné en 2003 pour la tentative de meurtre sur Glock, commise en juillet 1999 dans un parking souterrain du centre-ville, « Charly » dort à Schrassig depuis... Ses demandes de libération conditionnelle ont été refusées. « On ne veut pas me voir sortir, alors que je suis libérable depuis un an et demi », avait déclaré à paperJam l’un des plus célèbres prisonniers du Luxembourg, qui est aussi un homme qui en sait beaucoup. Depuis cet entretien improvisé au Palais de justice, il est devenu difficile de l’approcher ou de le photographier, menottes aux poignets. Son
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Photos : archives / DR ./ Creative Commons
Des placards de Panama Charly (à gauche) sortent des personnages en filigrane, comme Nicolas Sarkozy ou Jörg Haider. Luc Frieden, au milieu, est un témoin patient...
« cas », pas plus d’ailleurs que celui de Glock, le grand absent de ce procès dont il est pourtant l’unique partie civile, n’intéresse plus grand monde, mis à part lorsqu’un ancien ministre de la Justice et des Finances est appelé à témoigner. Des tickets du Pétrusse Express au clonage de multinationales
Pourtant, Charles Ewert était encore très fréquentable dans les années 1980-90. C’est lui par exemple qui exploitait, à travers la société Segatos, le petit train touristique sillonnant la Pétrusse… qu’il vendra par la suite à un célèbre industriel luxembourgeois. On disait jadis qu’une partie
de la recette des tours à bord du « Pétrusse Express » allait directement dans la poche d’Ewert. On le retrouvait aussi dans la société European Flight Ambulance Services, transformée en 1998 en Air Entreprises (Luxembourg) SA, puis Hot Air Enterprise qui sera le véhicule pour tenter d’acheter des jets privés, une affaire qui échoua. Comme le signalait il y a plus de 10 ans son avocat Philippe Penning au cours du premier procès, avant d’être Panama Charly, « personnage à double face, opaque et énigmatique », Ewert jouissait « d’une renommée des plus remarquables » et était « recherché pour son savoir-faire, ses relations professionnelles dans les milieux les plus estimés ». Pour le dire prosaïquement, le flamboyant patron de fiduciaire, qui aimait
s’afficher avec un gros cigare au bec et des filles pimpantes au cou, connaissait toutes les ficelles de l’optimisation fiscale. Et sa clientèle venait de toute l’Europe pour ses montages offshore permettant de dissimuler l’argent gris. Ainsi, le riche Gaston Glock vint le voir et fut l’un des plus gros clients de sa fiduciaire. « Glock, c’était du trop gros calibre pour Ewert », explique un proche de l’industriel autrichien. Toujours selon Me Penning, qui avait listé les faits de gloire de son client, « des banques de bonne réputation l’ont accueilli à bras ouverts en prêtant leurs services » et « un tout jeune avocat, membre du Barreau à l’époque, siégeait avec lui dans les conseils d’administration ou bien assumait la confiance combien importante des commissaires aux comptes. Il est actuellement membre
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de la magistrature debout ». C'était Albert Mangen, désormais juge, mais qui dans les années 1990 faisait partie du cabinet d’avocats de Laurent Mosar, l’ancien président de la Chambre des députés. Jusqu’à ce qu’il occupe le perchoir, celui-ci siégeait également au conseil d’administration de General Mediterranean Holding (GMH), et avant lui son père. Cette holding, appartenant aux deux hommes d’affaires d’origine irakienne Nasir Abid et Nadhmi Auchi, a été indirectement actionnaire de Cargolux. C’était avant la revente des parts lors de l’arrivée de Swissair dans la compagnie de fret, dans les années 1990. Charles Ewert assura à paperJam avoir rencontré à une seule reprise M. Auchi. « Des multinationales telles que Cargolux et autres, soulignait Me Penning dans une de ses plaidoiries, ont fait appel à lui pour des opérations de clonage, des opérations ô combien douteuses et ambiguës parfois. » Le ministre devenu témoin
Le carnet d’adresses de Panama Charly comprenait aussi, selon Me Penning en 2003, « un autre jeune avocat à l’époque, devenu ministre de la Justice » qui « fréquentait Ewert et paraît-il avait recours à ses bons et loyaux services ». Il faisait bien sûr référence à Luc Frieden, associé au sein de l’étude Bonn & Schmitt avant de rentrer au gouvernement en 1997. Dix ans et un procès plus tard, le même Philippe Penning a demandé la comparution de l’ancien ministre de la Justice (et des Finances) comme témoin pour qu’il s’explique à la fois sur les relations qu’il avait pu entretenir avec Ewert dans sa vie professionnelle antérieure, mais aussi sur des lettres extrêmement agressives que l’un des avocats autrichiens de Glock lui adressa entre 1999 – la tentative de meurtre de Glock dans le parking souterrain des bureaux d’Ewert – et fin 2002. Luc Frieden, après s’être déplacé à quatre reprises en vain au Palais de justice, a pu être entendu, mardi 4 mars, pendant un peu moins d’une heure, par les juges de la 18e chambre du tribunal siégeant en matière correctionnelle. Dans ses nombreux courriers, Me Quendler, avocat de Glock, qui était aussi l’avocat de Jörg Haider, le leader de l’extrême droite autrichienne, tenta de faire pression sur le cours de la justice luxembourgeoise. Luc Frieden a démenti à la barre y avoir succombé, assurant n’avoir fait que retransmettre (ses services réclamèrent une réponse sous huitaine du Parquet et Quendler envoya au ministre une lettre de remerciement pour sa diligence) les courriers du bouillonnant avocat au procureur général, sans avoir exercé la moindre influence sur l’instruction d’un dossier que l’ancien ministre a tout de même reconnu comme sensible. Aux yeux de Me Penning, il y a encore lieu de se poser des questions sur la justification du saucissonnage de l’affaire Ewert / Glock en deux volets. L’un, déjà jugé et rejugé, est lié à la tentative de meurtre : traité rapidement, il a donc envoyé Ewert et son complice derrière les barreaux. Le
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« On ne veut pas me voir sortir alors que je suis libérable depuis un an et demi. » Charles Ewert
second, toujours en cours, concerne le volet financier de l’affaire, puisque le mobile serait un différend opposant Ewert à son principal client. Ce volet financier a longtemps traîné – au-delà des délais raisonnables ? – et la plupart des témoins sont soit séniles, soit morts. D’autres refusent de comparaître, d’autres encore manquent de crédibilité, notamment après avoir reconnu avoir été payés par Gaston Glock. Celui-ci avait employé des anciens agents du FBI pour enquêter sur Ewert aux États-Unis ! D’anciens associés et collaborateurs de Panama Charly ont connu une belle carrière. Luc Frieden a été questionné sur les souvenirs qu’il aurait pu conserver d’une enquête que le procureur général avait promis de lancer sur l’implication d’Albert Mangen dans le cours de l’enquête, sans que l’on sache d’ailleurs si cette enquête a bien eu lieu. L’ancien ministre de la Justice a déclaré ne rien savoir à ce sujet. Le nom de Mangen avait en tout cas été cité par Quendler qui accusait Ewert de bénéficier de soutiens puissants, suffisamment pour ne pas être inquiété dans la tentative de meurtre sur Glock. Il a fallu en effet attendre la fin 2002 pour qu’il soit placé en détention préventive. Ewert comptait aussi parmi ses amis d’enfance, selon des documents exhumés lors de son premier procès, Romain Netgen, l’actuel patron de la police grand-ducale. Le Srel embarqué dans l’avion
L’avocat Quendler avait clairement tenté de faire du chantage sur les autorités luxembourgeoises et notamment sur Luc Frieden, en menaçant de révéler sur la place publique et de dénoncer auprès de la Commission européenne les relations supposées entre Charles Ewert et le ministre de la Justice de l’époque. Johann Quendler, citant dans une de ses lettres un article de L’Investigateur, laissait entendre que l’impunité et les protections dont jouissait Ewert par les autorités luxembourgeoises lui venaient de la proximité qu’il avait eue avec l’étude Bonn & Schmitt, dans laquelle Frieden était associé. Le cabinet d’avocats avait-il donné un coup de main à Ewert pour réaliser des montages financiers, et notamment des clonages de sociétés, dont celle de Cargolux BVI ? Une chose est sûre, les deux parties, Bonn & Schmitt et Ewert, se sont quittées fâchées… Luc Frieden, pour sa part, a « formellement contesté » une quelconque implication dans les affaires d’Ewert. L’ancien avocat a souvent répété qu’il était
avant tout un spécialiste de droit bancaire et qu’il ne faisait pas de montages – ce qui est un peu modeste. Il ne s’est pas non plus laissé entraîner sur le terrain glissant des relations politiques que le Luxembourg avait entretenues en 2002 avec les dirigeants autrichiens, alors gouvernés par l’extrême droite de Jörg Haider, l’ami de Gaston Glock, avec lequel il partageait aussi le même conseiller fiscal. Les relations avec les autorités autrichiennes étaient tendues et il n’a pas été question du dossier Glock / Ewert lors des rencontres bilatérales, a fait savoir Luc Frieden. Pour autant, c’est en 2002 qu’un rapprochement se réalisera entre Vienne et Luxembourg sur les questions de fiscalité de l’épargne. Une alliance qui, depuis lors, ne s’est jamais démentie. En outre, personne n’a vraiment cherché à savoir ce qui se cachait derrière la constitution de Cargolux BVI, ni à déterminer la paternité du montage offshore qui, officiellement, permettait des financements de la flotte de fret. En 2002, les liens entre Ewert et Cargolux étaient mis au grand jour : par la « presse caniveau » sur laquelle s’appuiera Johann Quendler, mais aussi à travers une plainte devant un juge d’instruction suisse mettant en cause la légitimité du clone de Cargolux dans les îles Vierges britanniques. Des liens avaient été établis entre Ewert et Pierre Wesner, alors vice-président Europe, Middle East et Africa de Cargolux, la vraie. Les deux hommes avaient monté une affaire en commun pour racheter le vignoble mosellan Domaine Alice Hartmann, dans lequel on retrouvera également un certain Jean Godart, ancien dirigeant de la branche cargo de Luxair. Ces noms reviendront lors de l’affaire Cargolux qui avait fait intervenir des agents du Service de renseignement luxembourgeois (Srel) : il était notamment question de soupçons de trafic de cigarettes entre le Findel, Téhéran et des pays de l’ancienne URSS. Cela peut sembler loin du Panama et du Luxembourg…
Le procès de Charles Ewert et deux anciens gestionnaires de banque privée pour faux et usage de faux, dans le cadre de la gestion des comptes de l’industriel autrichien Gaston Glock, permet un retour sur des bouts d’histoire de la place financière des années 1980 à 1990. Ewert avait un carnet d’adresses très fourni et, avant de devenir le sulfureux Panama Charly, il avait ses entrées dans les grandes banques et études d’avocats.
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Big data
Données à forte valeur ajoutée
La donnée, c’est l’or de demain. C’est la promesse du big data. Tout l’enjeu réside désormais dans une exploitation optimale de ces données. Au Luxembourg, sur un territoire exigu, les acteurs économiques peuvent néanmoins profiter des opportunités offertes par l’analyse complexe de masses de données. Un des obstacles au traitement de ces informations réside néanmoins dans une application rigoureuse des dispositions légales en matière de protection des données personnelles.
Texte Sébastien Lambotte
L
es données, si elles sont bien exploitées, ont une valeur inestimable. Les géants du web, qui ont compris cela depuis longtemps déjà, font aujourd’hui rêver d’autres acteurs de plus petite envergure qui disposent de quantité de données. Est-il cependant possible, pour des acteurs luxembourgeois, de profiter des opportunités offertes par ce qu’on appelle le big data ? Y a-t-il une place sur le marché pour des acteurs locaux qui n’ont pas l’envergure d’un Facebook, d’un Google ou d’un Amazon ? Encore faut-il, dès le départ, savoir de quoi l’on parle exactement, tant chaque ère technologique a pour habitude de décliner des concepts valise. Aujourd’hui, celui qui est capable de générer une étincelle dans le regard de la plupart des entrepreneurs innovants, c’est celui de big data. Il est sur toutes les lèvres et mis à toutes les sauces. Fin février, d’ailleurs, l’événement Big Data Convention, organisé par la firme belge Markcom, a fédéré à Munsbach les principaux acteurs régionaux actifs dans ce domaine. L’occasion de se pencher sur les opportunités que le Luxembourg pourrait tirer d’un bon positionnement en la matière.
Volume et complexité
On sait que le pays est désormais situé au cœur des autoroutes de l’information. Qu’il dispose d’une capacité d’hébergement de données parmi les plus sécurisées et les plus importantes au monde. Ces infrastructures doivent permettre des analyses complexes de masses de données. S’essayant à l’exercice délicat d’établir les limites du concept big data, un panel a tenté d’en définir les caractéristiques intrinsèques. « Il est illusoire de prétendre pouvoir en donner une définition simple, résume Olivier Caudron, senior sales engineer chez Intersystems Benelux. On peut envisager le concept selon différents points de vue et approches, techniques ou business. Mais je dirais que l’on pourra parler de big data quand les solutions traditionnelles d’analyse ne suffisent plus à traiter le volume ou la complexité des données envisagées. » Exploiter de manière efficace une base de données ne s’apparente pas forcément à une démarche big data. Par exemple, si un concessionnaire automobile initie une démarche commerciale vers un client qui a acheté une voiture auprès de lui quatre ans auparavant, dans la mesure où on a pu identifier qu’il changeait de voiture tous les quatre ans, cela s’apparente à de l’intelligence commerciale s’appuyant sur un bon CRM. Mais il ne s’agit en rien de big data. De la même façon, un opérateur
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télécoms qui propose une offre mieux adaptée aux habitudes de consommation d’un de ses clients ne fait pas du big data. Le big data vise donc des analyses complexes de données en masse. En étant analysées de manière opportune ou systématique, en temps réel, ou encore croisées avec d’autres informations, ces données peuvent être source d’opportunités. Les données clients ou en lien avec les métiers, comme des transactions ou flux financiers, peuvent permettre de dégager des tendances, de comprendre des comportements, de trouver des leviers d’amélioration du business, de se rapprocher du client. Les grands, mais pas seulement
« Ce sont les géants du web, ayant anticipé l’explosion que l’on connaît en matière de création et de transmission de données et l’intérêt de mieux les exploiter, qui ont appliqué dans une approche business des concepts scientifiques d’analyse complexe », explique Cyril Pierre-Beausse, avocat à la Cour (aujourd’hui à son compte, après 13 années passées chez Allen & Overy). Une approche menée jusqu’à faire de la donnée l’élément-clé de leur business model. « Plusieurs d’entre eux vendent moins leurs services que la gestion de la donnée. Aujourd’hui, sur une plateforme de vente en ligne par exemple, il est possible de suivre chacun des potentiels acheteurs ou acheteurs, d’en savoir plus sur leurs goûts, leurs centres d’intérêt, selon les périodes de la journée, de l’année. En croisant les données collectées en masse, il est possible d’établir des profils très complets et performants, des typologies d’acheteurs et de leurs comportements, afin de pouvoir les anticiper. Cela a une réelle valeur en termes de business. » Tout le monde, cependant, ne peut pas revendiquer l’étiquette de « géant du web », comme Google, Amazon, Facebook… Cela dit, compte tenu des possibilités offertes aujourd’hui pour mieux exploiter les données, avec des systèmes et des processus de gestion big data plus accessibles, l’appétit d’un nombre grandissant d’acteurs s’aiguise. Même au Luxembourg ? « Souvent, nos clients, en Belgique ou au Luxembourg, ont tendance à penser qu’ils ne sont pas concernés par le big data, considérant que la taille du territoire, en comparaison par exemple avec les États-Unis, est trop petite. Et donc que le nombre de données disponibles à croiser ou à analyser est insuffisant, commente Mathias Coopmans, principal consultant information management & analytics au sein de SAS Institute. Il n’en est rien. Le concept de big data peut s’appliquer pour l’analyse d’une faible quantité de données, si ce que l’on recherche relève d’une complexité importante. » Compte
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APDL
Une association pour la protection des données responsables de la sécurité de l’information, des juristes d’entreprise, des consultants ou avocats. Le but de l’association est de promouvoir une communauté active dans le domaine de la protection des données au Luxembourg. Elle souhaite notamment permettre à ses membres d’échanger, de communiquer et d’être représentés auprès des administrations et régulateurs locaux, partager l’information et la connaissance en matière de protection des données à travers l’organisation d’événements, de conférences, établir des liens avec des associations étrangères de protection des données. S. L.
Photo : Licence CC / Imran Rawat
Le 11 mars dernier, l’Association pour la protection des données au Luxembourg a officialisé son existence à l’occasion d’une conférence inaugurale. Celle-ci a été constituée le 23 octobre dernier. Si la donnée constitue la valeur de demain, il faut bien que certains se soucient des dérives inhérentes aux exploitations que l’on pourra en faire. Ce sera sans aucun doute une des missions de l’APDL. Celle-ci accueille des membres de divers horizons professionnels qui sont confrontés à la protection des données dans leur travail quotidien. Il peut s’agir notamment des chargés de la protection des données, des
tenu des interactions qui peuvent exister entre les données, celles produites par l’homme, à travers les réseaux sociaux ou lors d’un achat en ligne par exemple, et celles générées par les machines elles-mêmes, on peut rapidement être confronté à des analyses effectivement complexes. « L’enjeu est d’extraire de ces sources de données, souvent non structurées, des informations utiles pour générer de la valeur », poursuit M. Coopmans. Se fixer des objectifs
Pratiquer l’analyse de quantités de données peut amener à une multitude de résultats. « Considérer la technologie comme une fin en soi est une erreur. Elle n’est qu’un outil permettant d’atteindre des
objectifs. Il faut pouvoir les définir, déterminer ce que l’on souhaite trouver et fixer l’impact que pourraient avoir ces résultats sur le business, la manière dont on peut les exploiter. L’approche est globale, et a des répercussions qui vont bien au-delà du cadre technologique », commente Olivier Caudron. Il y a pourtant bien des opportunités à aller trouver dans les masses de données qui se trouvent à la portée de nombreux acteurs. On pense notamment aux banques, qui enregistrent une quantité non négligeable de transactions chaque jour, aux opérateurs télécoms ou encore aux fournisseurs d’énergie. « Le tout n’est pas de simplement se dire que l’on va mieux traiter les données. Il faut pouvoir s’organiser pour aller chercher de la valeur ajoutée. Sans quoi, cela ne sert à rien. Pour profiter d’une approche big data
Derrière les racks et les infrastructures connectées, il y a des enjeux considérables.
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« Considérer la technologie comme une fin en soi est une erreur. »
« Une donnée vieille de plusieurs années a perdu beaucoup de sa valeur. »
Olivier Caudron (Intersystems Benelux)
Cyril Pierre-Beausse (cpb.lu)
performante, il faut se fixer des objectifs, définir ce que l’on souhaite obtenir, mais aussi ce que l’on va pouvoir faire avec les résultats », commente pour sa part Pascal Paulin, responsable informatique au sein de la Bil. À l’échelle d’un territoire comme le Luxembourg, la Grande Région, l’Europe, de nombreux acteurs pourraient dégager des opportunités d’une meilleure exploitation des données. « Pour une entité qui a une visée locale, il y a toujours un réel intérêt à mieux comprendre son marché, les interactions qui ont lieu en son sein, explique M. Pierre-Beausse. N’oublions pas, en outre, que sont implantées au Luxembourg de nombreuses sociétés qui ont des visées internationales, voire globales. » Données personnelles, avec des pincettes
Jusqu’à présent, cependant, elles sont peu nombreuses à s’être investies dans cette voie. Le concept de big data est encore relativement neuf, et donc difficile à appréhender. Beaucoup de questions se posent. Elles sont notamment relatives au cadre réglementaire de l’utilisation des données. « Beaucoup d’entreprises, dont le business ne dépend pas uniquement de l’exploitation de données, ont pris le parti d’accumuler une quantité impressionnante d’informations au fil du temps avec l’espoir de pouvoir un jour exploiter toute cette richesse. Je suis souvent au regret de leur apprendre que, malheureusement, ces données sont inexploitables », commente Cyril Pierre-Beausse. Les législations européenne et luxembourgeoise sont extrêmement pointues en matière de protection des données personnelles. « L’utilisation de moyens techniques pour l’analyse de comportement, par exemple, s’apparente à un traitement de surveillance, poursuit l’avocat. Or, l’utilisation des données personnelles n’est pas permise à des fins autres que celles pour lesquelles elles ont été collectées. » Exploiter ces données en dehors du cadre réglementaire présente un risque réel. La législation européenne devrait se renforcer, avec
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des sanctions plus conséquentes, pouvant atteindre 5 % du chiffre d’affaires d’une entreprise, dans le cadre d’utilisation frauduleuse des données personnelles. Dès lors, comment développer, au Luxembourg, des projets big data ? En travaillant dans les règles, en procédant dès à présent à une collecte transparente de l’information, qui tient des usages que l’on compte en faire. On se consolera de l’impossibilité de pouvoir exploiter les données du passé en disant qu’« à l’heure actuelle, où tout évolue plus vite, une information devient rapidement obsolète. Le cycle de vie de l’information est beaucoup plus court. Une donnée vieille de plusieurs années a perdu beaucoup de sa valeur », poursuit Cyril Pierre-Beausse. Aussi, faut-il se dépêcher de collecter de nouvelles données, à haute valeur ajoutée, dans les formes, afin de pouvoir les exploiter. « Si l’entreprise n’envisage pas de projet big data pour le moment, elle devrait sans attendre penser aux possibilités que pourront lui offrir les données qu’elle collecte et mettre en œuvre les démarches nécessaires pour qu’elles puissent être exploitées à l’avenir. Cela débute par un audit complet de toutes les données disponibles et collectées à travers les divers processus au sein de l’entreprise et d’envisager les traitements qui pourraient en découler », ajoute M. Pierre-Beausse, qui conseille aux dirigeants de se faire accompagner pour éviter de passer à côté d’une possibilité d’exploitation des données. Chacun pourra alors entrer dans l’ère du big data, en mettant en œuvre ces projets qui, demain, lui permettront de créer de la valeur à partir des données dont il dispose.
Nouveau concept en vogue, le big data couvre l’ensemble des solutions de traitement de données volumineuses et / ou complexes. Le Luxembourg, en dépit de sa petite taille, entend bien se positionner sur ce marché, même si pour l’heure, peu d’entreprises se sont réellement lancées dans cette branche d’activité.
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Un territoire, une action Textes Alain Ducat, Véronique Poujol, Thierry Raizer Photos Sven Becker
La grande randonnée a ses sentiers. La Grande Région a ses chantiers… Cela fait des années que ça dure. Mais, sur le terrain, personne n’a attendu que les montagnes accouchent de souris pour avancer. Vraie région dont la taille critique naît de l’union des zones limitrophes, elle voit vivre des milliers de personnes qui ont appris depuis longtemps à ne pas s’arrêter aux frontières, dans leurs réflexes les plus quotidiens. L’économie, celle des entreprises et des marchés de proximité, y trouve de réelles perspectives de développement. Le travail y est un facteur d’intégration. L’analyse socio économique y trouve un formidable laboratoire. Seul État souverain au milieu d’autres organisations politiques territoriales (la Wallonie et la communauté germanophone de Belgique, la Lorraine et ses quatre départements, les deux Länder allemands, Sarre et Rhénanie-Palatinat), le Grand-Duché a d’autant plus d’influence potentielle qu’il est l’incontestable moteur du train transfrontalier. Attractif et accueillant, le pays doit tirer davan tage parti sans doute de ces marchés de proximité qui, déjà, constituent les premiers terrains de chasse de ses entreprises de taille moyenne. Il faut encore l’expliquer, aussi, à ceux qui ne comprennent l’attractivité que dans un sens ou qui abusent des relations de bon voisinage. Le Luxembourg, qui a un ministère dédié à la Grande Région depuis 2009, une compétence désormais confiée à une femme – Corinne Cahen – issue du monde commercial, a encore des atouts à jouer, des forces à fédérer. Et une action à mener.
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La Grande Région, vue par sa ministre, Corinne Cahen
« Jouer le rôle de facilitateur »
Le Luxembourg compte au moins deux particularités au sein de la Grande Région. Il est le seul État souverain inclus dans l’espace transfrontalier. Il est aussi le seul à disposer d’un ministère dédié, depuis 2009. Corinne Cahen, par ailleurs en charge de la Famille, doit faire vivre cette thématique aussi vaste que concrète au sein du gouvernement. Interview Thierry Raizer Photo Sven Becker
Madame Cahen, la Grande Région faisaitelle partie de vos matières de prédilection ? « Je souhaitais clairement éviter certaines matières, mais la Grande Région faisait partie de celles que je voulais idéalement couvrir, ce qui est devenu réalité lors de la formation du gouvernement. Cette envie vient probablement en partie de mon expérience dans le secteur commercial, mais aussi en raison d’affinités à titre privé pour différentes villes qui forment l’espace transfrontalier, où je compte pas mal d’amis. Pour moi, cette région est avant tout un espace économique qui dispose de sa propre dynamique. Il suffit de constater les flux engendrés quotidiennement par l’arrivée de quelque 160.000 frontaliers au Luxembourg. Nous ne devons pas oublier que ce territoire possède aussi un riche passé culturel commun, qui se prolonge aujourd’hui par des collaborations entre différents organismes et des pratiques culturelles de chaque côté de la frontière. Je me réjouis par exemple de constater que de nombreux Luxembourgeois fréquentent le Centre Pompidou de Metz, tandis que la part des abonnements en provenance d’Allemagne à la Philharmonie n’est pas négligeable. Comment s’est passée votre intégration politique dans cette matière relativement vaste et transversale ? « J’ai eu la chance de disposer d’un briefing complet et précis de la part de mes deux collaborateurs,
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Carlos Guedes et Jean-Claude Felten, déjà en poste sous le précédent gouvernement. Cette continuité dans les dossiers nous permet de nous positionner en défendant une vision à long terme auprès de nos partenaires. Lors d’un Sommet de la Grande Région, en janvier à Trèves, j’ai rencontré, aux côtés du Premier ministre Xavier Bettel, la ministre-présidente de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, qui exerce la présidence tournante du Sommet, le 14e... Mme Kramp-Karrenbauer, ministre-présidente du Land de Sarre, nous a rendu visite au Luxembourg le 10 mars. Nous venons aussi de nous réunir avec l’ambassadeur de France au Luxembourg. Ces premiers contacts me montrent que le Luxembourg possède le grand avantage d’être à la croisée des chemins, entre les cultures francophone et germanique. Ce qui fonde notre pays est un réel atout dans la Grande Région puisqu’il nous permet de comprendre les différentes sensibilités. Nous pouvons donc jouer un rôle positif, notamment lors des sommets durant lesquels nous parvenons aisément à mettre les parties prenantes en relation, à jouer le rôle de facilitateur, même si la coordination effective de ce genre de réunion reste assurée par la présidence tournante. Je vais poursuivre les entrevues dans les prochaines semaines avec mes homologues et les responsables territoriaux, car les contacts bilatéraux permettent de faire avancer des dossiers concrets, en l’occurrence les aspects qui concernent le quotidien de la population dans les domaines de la
Parcours
Corinne Cahen en cinq dates Naissance le 16 mai 1973 à Luxembourg. 1995 : débuts à RTL en tant que correspondante en France après des collaborations durant ses études. 2001 à 2013 : gestion de l’entreprise familiale, Chaussures Léon. 2008 : présidence de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg jusqu’en 2012. 20 octobre 2013 : Corinne Cahen est élue députée suite à sa première élection avant d’être choisie dans la foulée par Xavier Bettel dont elle est proche pour devenir l’un de ses ministres.
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1 milliard
C’est le chiffre d’affaires supplémentaire réalisé grâce au positionnement du Luxembourg en tant que pôle commercial de la Grande Région. Lancée en 2007, l’opération « Good Idea » a ainsi permis, selon la Confédération luxembourgeoise du commerce, de récupérer (entre 2009 et 2012) quelque 163 millions d’euros auprès des résidents qui effectuaient leurs achats en dehors des frontières et 837 millions grâce aux clients étrangers.
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C’est le nombre d’emplois dans le secteur industriel au sein de la Grande Région selon les dernières données agrégées disponibles auprès des offices statistiques (2011). Même si l’industrie reste le premier employeur, la tendance est à la baisse. Entre 2007 et 2010, le nombre de salariés dans les industries productrices (bâtiment inclus) a chuté de 2,5 % dans la Grande Région alors que le secteur tertiaire a connu une croissance de 3,1 %.
mobilité ou de l’éducation. La création de l’Université de la Grande Région en est un exemple. Peut-on affirmer que Luxembourg est la capitale de cette région transfrontalière ? « Chaque territoire s’estime probablement le centre de l’espace transfrontalier, chacun avec ses bonnes raisons. D’un point de vue économique, nous pouvons certainement nous positionner comme l’un des moteurs principaux. Comment s’organise le travail au sein du ministère ? « Nous avons la particularité d’aborder la Grande Région de manière horizontale dans la mesure où un dossier concerne potentiellement plusieurs autres ministères, ce qui m’amène naturellement à solliciter régulièrement des contacts auprès de mes collègues du gouvernement. Dans ce cas aussi, il s’agit de jouer le rôle de facilitateur entre les demandes de nos partenaires de l’autre côté de la frontière et les réponses que peut apporter l’exécutif luxembourgeois. Et vice-versa. Notre ligne de conduite globale est d’ailleurs d’agir pour le bénéfice général de tous les territoires de la Grande Région, en dépassant les intérêts nationaux ou régionaux. Quels sont les projets qui vous occupent actuellement ? « Notre agenda est avant tout calqué sur la vie quotidienne et concrète des citoyens, dont l’accès au travail. Cela implique donc de rester au fait de l’avancée des dossiers de mobilité avec nos voisins, par exemple de la SNCB en Belgique. Que pensez-vous du dernier plan stratégique présenté par la SNCB et qui ne prévoit pas de nouveaux développements pour la ligne 162 Bruxelles-Luxembourg ? « Il s’agit bien entendu d’un dossier que nous allons devoir évoquer avec les responsables belges, sachant que cette compétence ne dépend pas du gouvernement wallon – partie prenante de la Grande Région –, mais du gouvernement fédéral. La Grande Région s’arrête géographiquement
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« Notre ligne de conduite est d’agir pour le bénéfice général des territoires en dépassant les intérêts nationaux ou régionaux. »
et politiquement à Bruxelles ou aux confins de la Lorraine par exemple, mais les problématiques qui y sont liées nous amènent naturellement à solliciter les pouvoirs centraux. En tant que présidente de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg, j’avais milité pour l’instauration d’horaires de trains cadencés au départ de Luxembourg. Je reste persuadée que nous devons y réfléchir pour désengorger progressivement la route aux heures de pointe.
Quid de l’élargissement plus ou moins souvent évoqué de l’A31 ? « L e gouvernement luxembourgeois est en attente d’un signal de l’autre côté de la frontière française. Les plans d’élargissement de l’A3 côté luxembourgeois sont toujours prévus en théorie. Si le projet avance côté français, nous l’examinerons à nouveau. Outre la mobilité sur route, notre challenge gobal réside dans l’amélioration des transports en commun pour en faire une offre alternative et durable au transport individuel, notamment via le tram. Quels sont, selon vous, les atouts communs aux différentes composantes de la Grande Région ? « Nous n’avons pas la mer ni le climat tropical à proposer aux investisseurs ou aux touristes ! Mais nous avons de belles histoires à raconter ensemble. Nous devons formuler notre proposition de valeurs à l’égard du grand public pour le tourisme, mais aussi vis-à-vis des entreprises dans les secteurs économiques, afin de mieux promouvoir ce que la Grande Région peut leur apporter.
Corinne Cahen (ministre à la Grande Région)
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Wallonie 3.546.329
Structure de la population (chiffres 2012) Si la population globale de l’espace transfrontalier n’a connu que 2 % environ d’augmentation sur une dizaine d’années, au cours de la même période, la population du Luxembourg seul s’est accrue de 18 %. Les régions allemandes – Sarre et Rhénanie-Palatinat – perdent des habitants alors que la Région wallonne est caractérisée par un certain dynamisme démographique et l’évolution de la population en Lorraine est assez atone. Au total, la Grande Région, sans un solde migratoire positif, aurait perdu des habitants étant donné que le solde naturel est déficitaire.
Source : Instituts statistiques de la Grande Région
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Luxembourg 524.853
Rheinland-Pfalz 3.990.033 Saarland 997.855
Lorraine 2.356.585 Carlos Guedes
Jean-Claude Felten
Quel bilan tirez-vous du positionnement du commerce luxembourgeois en tant que pôle de la Grande Région ? « Cela a permis au secteur de trouver un créneau porteur, à l’instar de Trèves. D’autres ont probablement plus souffert, comme le centre d’Arlon. L’une des raisons du succès du Luxembourg est de proposer des produits différenciés, notamment dans le haut de gamme. Je constate avec intérêt que d’autres villes du pays se développent comme Esch ou Ettelbruck. Des villes, mais aussi des villages, se démarquent au fur et à mesure via une offre spécifique.
« Les territoires ont toujours été et restent étroitement liés. Lorsqu’une composante se porte mal, les autres s’en ressentent. Je note que la logistique fait partie des secteurs qui sont à même de se développer de part et d’autre. Il en est de même pour l’ICT ainsi que le secteur des énergies renouvelables.
Faut-il étendre les heures d’ouverture des commerces ? Force est de constater que certaines cités de la région, comme Bastogne, tirent un profit indéniable des ouvertures dominicales. C’est aussi le cas dans le nord du Grand-Duché et dans la capitale durant les après-midi dédiés. Mon parti, le DP, milite depuis longtemps pour une libéralisation des heures d’ouverture. Nous devons proposer cette possibilité aux commerçants qui en perçoivent l’intérêt de la saisir.
Faut-il également encourager les collaborations dans l’enseignement pour améliorer le sentiment d’appartenance à la Grande Région ? « P réparer les jeunes générations au vivre ensemble au sein de la Grande Région est essentiel pour pérenniser le sentiment d’appartenance à ce même espace. Cette intégration et cette connaissance mutuelle peuvent prendre la forme d’organisations ponctuelles comme des tournois de football. Nous pensons aussi à des journées d’échange et de rencontre entre élèves lors de la fin d’année scolaire. Ces contacts informels ne peuvent qu’encourager la pratique de la langue de l’autre. Et donc de mieux connaître son voisin. »
Les territoires de la Grande Région disposent d’un passé industriel commun. Quel sera leur futur ?
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Corinne Cahen sur paperJam.lu.
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Une direction spécifique La ministre peut compter sur l’expertise de deux hauts fonctionnaires chevronnés pour piloter la thématique. Carlos Guedes, chargé de direction, et Jean-Claude Felten, conseiller de direction 1re classe, tous deux attachés à la Direction à la Grande Région.
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Données socioéconomiques
L’intégration par le terrain
La carte de la Grande Région se dessine avec ou sans frontières, selon les approches. Sur un plan économique, l’intérêt de causes communes semble évident. La valeur travail, les échanges réguliers et la pratique des langues ont tout leur sens. Texte Alain Ducat et Thierry Raizer
Coquille vide fruit d’un façonnage purement théorique ou vrai marché, laboratoire de l’Europe ? La question revient plus ou moins régulièrement lorsqu’on évoque le destin de la Grande Région. Celle-ci a pourtant un visage au quotidien. Il se manifeste dans les transhumances quotidiennes, dans les milliers de gens qui vont et viennent, à saute-frontières, pour leur travail, pour changer de lieu d’habitation, pour leurs loisirs, pour faire leurs courses, pour investir, pour entreprendre… Reste à trouver les bons modes de fonctionnement quant à sa gouvernance qui doit être adaptée à cette réalité du terrain.
Une importance croissante « Il faut établir la distinction entre les cartes politique et physique de la Grande Région, estime Franz Clément, conseiller scientifique au Ceps / Instead. La carte physique s’établit en traçant un rayon de 100 kilomètres autour du Luxembourg. C’est dans ce cercle que se joue sa véritable dynamique. » Ancré dans le quotidien d’une population de 11 millions d’habitants, le territoire transfrontalier vit d’abord par sa composante socioéconomique. Et donc par l’attractivité du Luxembourg pour un flux quotidien de près de 160.000 frontaliers (sur 215.000 au total). « On évoque souvent la Grande Région
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comme un laboratoire de l’Europe, mais cette vision ne reflète pas la réalité, poursuit Franz Clément. L’Europe est en effet beaucoup plus avancée en termes d’intégration que ne l’est la Grande Région, car ses entités ne disposent pas de la liberté nécessaire pour aller au-delà de la simple coopération. » De la coopération à l’intégration, le chemin est donc encore long. Faute de traités. Faute de pouvoir disposer de prérogatives qui leur seraient déléguées, les territoires locaux français, allemand et belge ne peuvent parler d’égal à égal avec le Grand-Duché, seul État souverain de l’espace transfrontalier. « Il y a des institutions qui fonctionnent vaille que vaille, mais les concrétisations de projets sont souvent dépendantes de relations bilatérales », ajoute-t-il, pensant entre autres au Lycée germano-luxembourgeois de Perl créé grâce à un accord conclu en 2006 entre la Sarre et le Luxembourg. « Les programmes Interreg aident la Grande Région, mais ils proviennent des institutions européennes, tout comme les Groupements européens de coopération territoriale (GECT) permettant de dépasser les limites des compétences régionales », relève Franz Clément. Orateur lors d’un cycle de conférences dédié à la Grande Région organisé chaque jeudi jusqu’au 22 mai par l’Université du Luxembourg (elle-même en réseau avec ses sœurs au sein de l’Université de la Grande Région), il fait partie des optimistes raisonnables quant au futur de cet espace.
On peut d’ailleurs souligner, chiffres à l’appui, l’importance grandissante du Luxembourg, qui n’est pas que situé géographiquement au centre de cette région aux frontières gommées. Le PIB est un instrument de mesure pertinent, surtout lorsqu’on le calcule, non pas par habitant (ce qui fausse fatalement l’analyse dans une zone transfrontalière où les producteurs de richesse ne sont pas tous résidents loin s’en faut) mais par personne occupée, au lieu de travail.
Amortisseur de crises Le Grand-Duché (voir graphique ci-contre) a vu plus que doubler sa part sur les 20 dernières années. Comme la part respective des Länder allemands, de la Wallonie et de la Lorraine n’a pas crû dans des proportions comparables, c’est la moyenne globale de la Grande-Région qui en a surtout profité… Au-delà, le futur même de la Grande Région dépendra des collaborations que les autorités pourront nouer autour de problématiques communes, par exemple dans le secteur hospitalier ou de la mobilité. Mais chaque dossier est un combat permanent. À l’instar des plans de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) qui ne prévoient guère d’investissements pour la ligne BruxellesLuxembourg, la construction évoquée d’un nouvel hôpital en province de Luxembourg belge (au
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Wallonie
Source : Instituts statistiques de la Grande Région
Rheinland-Pfalz 60.596
Luxembourg 53.359
71.500
83.400
73.200
83.400
91.800
106.400
106.900
PIB par personne occupée (au lieu de travail) à prix courants L’importance économique du Luxembourg, au sein de la Grande Région, est évidente. Le critère du PIB par personne occupée, au lieu de travail, le démontre aisément. Si globalement, la moyenne en Grande Région a bien augmenté depuis une vingtaine d’années, c’est le chiffre du Luxembourg qui a connu la plus belle évolution. Il a plus que doublé…
Lorraine Saarland
1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Grande Région (45.276) (moyenne)
(48.326)
(50.705)
(52.790)
(54.241)
(55.892)
(59.261)
(63.487)
(65.727)
« La carte physique s’établit en traçant un rayon de 100 kilomètres autour du Luxembourg. C’est dans ce cercle que se joue la véritable dynamique. »
cœur de sa zone) ne tient pas compte de collaboration existante avec les installations de Longwy ou de synergies potentielles avec le Grand-Duché. Concentrant 15 % de tous les frontaliers de l’Union européenne, la Grande Région est, tout comme la Suisse, un intégrateur quotidien de par son marché du travail. Cette dynamique a d’ailleurs permis à certains territoires de trouver un second souffle. « Le travail frontalier a joué le rôle d’amortisseur des crises qu’a connues la Lorraine, en particulier dans le nord mosellan et la Meurthe-etMoselle » , déclare Rachid Belkacem, maître de conférences en économie à l’Université Nancy 2 et l’IUT de Longwy. Avec Isabelle Pigeron-Piroth (économiste, chercheur à l’Université du Luxembourg), il s’est penché sur le travail frontalier en tant que facteur d’intégration au sein de l’espace transfrontalier. Leurs vues sont résumées dans l’ouvrage intitulé Le travail frontalier au sein de la Grande Région Saar-Lor-Lux – Pratiques, enjeux et perspectives. « L’augmentation régulière du travail frontalier est une réussite en soi, mais de nombreux défis subsistent, notamment en matière linguistique. Nous devons davantage sensibiliser la population à la pratique des langues. Pour dialoguer avec le voisin, parler sa langue, c’est une condition de départ », estime Rachid Belkacem.
Franz Clément (Ceps / Instead)
Impérieuse pour les entreprises, la question de la formation occupe la Chambre de commerce du Luxembourg qui se concerte de manière structurée avec ses homologues outre frontières. « Nous avons à apprendre des pratiques de nos collègues allemands quant à la formation professionnelle duale », déclare Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, partie prenante de programmes d’échange de collaborateurs. « Nous avons créé un groupe de travail de promotion internationale des entreprises de la Grande Région qui se réunit trimestriellement pour définir des actions communes, ajoute Carlo Thelen. Il avait été créé sur base du constat que des délégations de cet espace commun pouvaient parfois se retrouver au même moment dans une même destination de prospection. » Cette coordination en place depuis 2005 a débouché notamment sur des missions économiques conjointes ou une brochure présentant l’attractivité de la Grande Région. « Libre à chacun de poursuivre sa promotion spécifique, mais la Lorraine pourra mieux se vendre sur le plan logistique si elle inclut l’aéroport du Findel dans son offre. » Il en va de même pour le Luxembourg. « La petite taille peut être à certains égards un désavantage vis-àvis de certains partenaires potentiels. Si on leur montre que nous sommes intégrés dans la Grande Région, nous pouvons nous positionner différemment. »
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Économie et entreprises
Marchés de proximité
Premier marché pour les PME luxembourgeoises, la Grande Région leur réserve des marges de progression. Les créneaux de développement ne manquent pas. Mais le Grand-Duché focalise aussi l’attention des entrepreneurs voisins. Texte Alain Ducat et Thierry Raizer
Entre conquête de marchés éloignés et prospection de proximité, la promotion des acteurs économiques de la Grande Région – et donc du Luxembourg – s’organise. Les actions du ministre de l’Économie vont s’inscrire également dans cette dualité. Étienne Schneider déclarait en effet dernièrement vouloir continuer les missions économiques vers des marchés sous d’autres latitudes, tout en repositionnant les PME sur le marché européen. Selon une enquête réalisée par la Chambre des métiers en 2012, 57 % des entreprises participantes déclaraient avoir une activité en dehors du territoire du Grand-Duché avec un focus sans ambiguïté sur les trois pays voisins : 65 % des entreprises sont actives en Belgique, 58 % en France et 45 % en Allemagne. « Les entreprises luxembourgeoises ont un atout important, celui de disposer des différentes langues utilisées dans la Grande Région via leurs salariés, notamment frontaliers, qu’elles emploient », déclare Elke Hartmann, chef du service Affaires européennes et Grande Région de la Chambre des métiers. Or la marge de progression semble réelle puisque l’enquête indique que seulement 20 % du chiffre d’affaires des entreprises actives sur les marchés étrangers provenait de l’international. « Nous allons poursuivre la sensibilisation à l’importance du
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marché de la Grande Région auprès des entreprises artisanales en rendant visibles des exemples de réussite concrète », précise Elke Hartmann.
Point de convergence Il y en a, évidemment, dans tous les domaines. Parmi les récents, Bati C a étendu ses ailes sur la Belgique – notamment en reprenant un important fournisseur de matériaux, gros et détail, sur Arlon et Bastogne en province de Luxembourg belge – et sur la Lorraine – en installant une succursale très active sur le secteur de Longwy, à Lexy ainsi qu’à Thionville. On peut encore citer l’exemple de l’entrepreneur luxembourgeois Roby Schintgen qui, au départ de Kehlen, a créé une série de sociétés dont certaines, via des déclinaisons en Wallonie, sont très porteuses dans la promotion immobilière, la rénovation et la construction, notamment à Arlon : transformation d’une caserne militaire en quartier résidentiel haut de gamme (intéressant directement les personnes travaillant au Grand-Duché) ou, tout récemment, acquisition d’un domaine, le Château du Bois d’Arlon, voué à un renouveau touristique, hôtelier et golfique, avec des partenaires luxembourgeois (pour la res-
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« Nous devons nous mettre autour de la table pour développer des schémas communs de formation. » Anne Grommerch (députée UMP de Moselle)
65 %
58 % 45 % Source : Chambre des métiers
tauration notamment) et avec, en point de mire, un public qui sera, à l’évidence, majoritairement grand-ducal. S’il y a de bons exemples, il reste aussi de sérieux freins. Parmi les raisons qui expliquent le manque d’engouement automatique pour l’exportation de services, la suffisance du marché local prime, devant les problèmes de formalités que peuvent rencontrer certaines entreprises. C’est le cas dans le secteur du bâtiment soumis à des règles spécifiques, comme la souscription à une caisse de congés en Allemagne ou à une garantie décennale en France. Le tout en plus des obligations luxembourgeoises. Autant de particularités qui amènent la Chambre des métiers à entamer – elle aussi – des négociations bilatérales avec les pouvoirs et organismes compétents dans les pays voisins. Reste l’indispensable valeur ajoutée. Point de convergence en raison de son dynamisme immobilier, le Luxembourg jouit d’un secteur de la construction influencé par différentes bonnes pratiques, ce qui apporte un plus aux prestations des entreprises. « La présence d’entreprises étrangères dans la construction, entre autres allemandes, entraîne le niveau de qualité du secteur vers le haut, estime Elke Hartmann. Les entreprises luxembourgeoises s’inspirent en effet des
France
Allemagne
Belgique
7 %
6 %
Autres pays de l’UE
Hors UE
pourcentage des entreprises travaillant avec les pays limitrophes Principalement axées sur les trois voisins, les entreprises artisanales sont moins nombreuses (7 %) à tenter leur chance en dehors de la France, de l’Allemagne et de la Belgique. 6 % sont par ailleurs actives en dehors de l’Union européenne.
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« Sensibiliser à l’importance du marché de la Grande Région auprès des entreprises artisanales en rendant visibles des exemples de réussite concrète. » Elke Hartmann (Chambre des métiers)
bonnes pratiques de leurs concurrentes étrangères, ce qui leur permet d’ailleurs de se préparer au marché transfrontalier. » Dans son programme de coalition, le nouveau gouvernement indique vouloir faire du Luxembourg « un pionnier en ce qui concerne l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans la Grande Région ». Pour parvenir à cet objectif, l’exécutif devra se concerter avec le secteur privé. « En tant qu’organisme formateur pour l’artisanat, nous nous inspirons aussi des bonnes pratiques des pays voisins, ajoute Elke Hartmann. Beaucoup d’employés des artisans luxembourgeois sont formés à l’étranger, ce qui participe à la qualité du secteur et apporte de nouvelles compétences, notamment quant aux nouvelles technologies. »
Mêmes combats Parmi les effets pervers de la Grande Région et de la concurrence qui s’applique entre les territoires, la mobilité et par corollaire la stabilité de la maind’œuvre font partie des préoccupations des chefs d’entreprise. « Nous devons nous mettre autour de la table pour développer des schémas communs de formation autour de métiers spécifiques, déclare Anne Grommerch, députée UMP de Moselle et candidate pour briguer la mairie de Thionville lors des prochaines élections municipales. Nous sommes confrontés à des problèmes de main-d’œuvre dans des secteurs paramédicaux, car les aides-soignantes par exemple sont formées
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côté français, mais partent travailler ensuite au Luxembourg. » Et l’ancienne frontalière d’imaginer le futur de sa ville dans le sillage et la complémentarité du développement du Luxembourg voisin. « Nous caressons le projet de développer un pôle numérique sur le site de la gare en proposant des bureaux et logements à prix abordables, ce qui pourrait représenter une offre complémentaire à celle du Luxembourg pour les start-up. » Volontiers tentées d’aller chercher si pas l’eldorado au moins un nouvel essor côté luxembourgeois, les entreprises lorraines sont imitées en sens inverse par des entités luxembourgeoises. 76 sociétés grand-ducales disposent en effet d’un siège social (pour beaucoup secondaire) en Lorraine, selon le recensement de la Chambre de commerce et d’industrie de Moselle. Souvent sans effectif, cette localisation permet aux entreprises, dont une majorité représentant le secteur du bâtiment, d’étendre leur zone de chalandise.
Synergies d’énergies On peut néanmoins voir le marché dans son ensemble. Le CESGR (Conseil économique et social de la Grande Région) s’y applique. Actuel vice-président wallon de cette structure, prochain président (en 2015, en suivant le principe de la présidence tournante), Philippe Ledent est un ardent défenseur des collaborations intelligentes et un
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Frontaliers venant de France
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Résidents étrangers Frontaliers venant de Belgique
Résidents luxembourgeois
Ensemble des salariés frontaliers 43,6 %
12 % Frontaliers venant d’Allemagne
<10 % 10-25 % 25-50 % (% d’entreprises interrogées)
emploi salarié au luxembourg (au 31 mars 2013) L’emploi salarié dans le pays est indissociable de l’emploi frontalier, comme la présence de résidents étrangers est indissociable de la structure de la population du Luxembourg. La Grande Région est un laboratoire du travail transfrontalier, dont le Luxembourg est l’incontestable épicentre.
« Si le monde est un village, alors la Grande Région est un hameau. » Philippe Ledent (CESGR)
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23 % 6 % 50-75 %
5 % >75 %
Chiffre d’affaires réalisé à l’étranger Timide, le chiffre d'affaires réalisé par les entreprises artisanales à l'étranger – en majorité dans la Grande Région – en révèle le potentiel important. La Chambre des métiers estime que cette activité occuperait à ce stade l'équivalent de 850 personnes.
maillon imprégné du tissu. Entre autres, il a fondé L.C.M., cabinet de conseil en stratégie opérationnelle, en organisation et en management de TPE et PME, il est aussi partner d’Ecowash BelgiqueLuxembourg, consultant agréé par la Région wallonne, administrateur délégué de Challenge (structure spécialisée dans l’accompagnement d’entrepreneurs starters), vice-président de l’UCM (Union des classes moyennes) du Luxembourg belge et conseiller au sein de Filtrans, fonds d’investissement transfrontalier. « Il faut se rendre compte que si le monde est un village, alors la Grande Région est un hameau. Mais c’est un espace de 11 millions d’habitants issus de quatre pays et parlant trois langues, où 160.000 travailleurs vont et viennent quotidiennement par-delà les frontières, dans un bassin de vie et d’emploi », explique-t-il. Et pour lui, le CESGR est un atelier en soi, dans le sens où l’on y travaille. « C’est un réseau, très concret, qui permet de se confronter à des benchmarks utiles. Le tissu de PME est dense, dans chacune des régions : ou on se fait concurrence ou, dans certains domaines, on crée des clusters transfrontaliers qui permettent de viser plus loin. » Son message est clair et sa vision plus large que les frontières : « Nous avons tout intérêt à ce que les grands groupes industriels et les jeunes entreprises innovantes se rapprochent. Dans une dynamique winwin, aussi en Grande Région, ce rapprochement doit permettre aux premiers d’intégrer l’innovation et aux secondes de disposer de meilleures perspectives de développement. »
Source : Chambre des métiers
Source : Université du Luxembourg, d’après les données IGSS / CCSS
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Rob Denneert wald
Raym Schadond eck
Carlo Thele n
COMPÉTITIVITÉ ET RÔLE DE L’ETAT TABLE RONDE Quelques mois après la formation du nouveau gouvernement, le Club a décidé de donner la parole aux entrepreneurs et aux dirigeants d’entreprise, à l’occasion de quatre événements dédiés à l’économie luxembourgeoise et à ses perspectives. Alors que les trois premières tables rondes se concentreront sur des secteurs précis, la dernière sera l’occasion de s’intéresser à l’économie et au rôle que l’État luxembourgeois peut encore jouer dans le contexte européen et international actuel.
Mercredi 2 avril 2014
BGL BNP Paribas Luxembourg 27, avenue Monterey Entrée : angle du boulevard Royal et de la rue Notre-Dame Programme : 18:30 Accueil 19:00 Mots de bienvenue 19:10 Début des débats 20:10 Séance de questions-réponses avec le public 20:25 Cocktail de clôture Inscription obligatoire : www.club.paperJam.lu 75 € (non-membres)
Cette dernière table ronde d’une série de quatre s’intéresse au rôle de l’État dans l’économie. Quel rôle peut-il encore jouer ? Quelles nouvelles stratégies peut-il mettre en place ?
Événement organisé par :
www.club.paperJam.lu
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Domiciliations fictives au Luxembourg
La chasse aux fraudeurs
Il y a aussi des abus de système dans la Grande Région des entrepreneurs. Deux Lorrains, père et fils, ont été récemment condamnés à de la prison pour fraude fiscale, après une enquête de « substance ». La coopération avec les autorités luxembourgeoises a permis de prouver le caractère fictif de leur domiciliation au Grand-Duché. Texte Véronique Poujol
En privé, Dominique Gros, maire socialiste de Metz, ne se gêne pas pour fustiger les pratiques dommageables des entrepreneurs de la région lor raine délocalisant leurs sièges sociaux au Luxem bourg pour des raisons purement fiscales. Bien que l’on n’en connaisse pas l’ampleur exacte ni l’impact financier précis en termes de perte de recettes fis cales, le phénomène contre lequel les autorités fis cales françaises ont engagé une lutte sans merci avec l’aide des Luxembourgeois ne serait pas mar ginal. La chasse aux entrepreneurs fraudeurs des régions frontalières s’est durcie à partir de la moi tié des années 2000 au Luxembourg avec le ren forcement, par l’Administration de l’enregistre ment et des domaines et celle des contributions directes, des contrôles de substance des sociétés qui se résumaient souvent à de simples boîtes aux lettres, sans employés. Des centaines de ces enti tés-écrans ont été fermées, lesquelles servaient à certains dirigeants peu scrupuleux à l’immatricu lation de leurs grosses berlines, pour caricaturer les abus les plus spectaculaires d’une domiciliation au Grand-Duché. Le maire de Metz ne pourra pas se plaindre d’un arrêt récent (22 janvier dernier) de la Cour de cas sation française ayant confirmé la condamna tion pour fraude fiscale à respectivement 18 mois et un an de prison avec sursis et 30.000 et 15.000 euros d’amendes de deux entrepreneurs messins, père et fils, qui avaient ouvert en 2000 la société
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LX Partners, avec un objet social brassant très large : transactions industrielles, location d’automobiles, de bateaux et d’aéronefs, transport de marchan dises, exportations et toutes opérations immobi lières, industrielles et commerciales. Les véritables propriétaires se cacheront derrière des sociétés offshore de Gibraltar et de l’île de Niue pour ne pas appa raître au grand jour dans les statuts. La société chan gera trois fois de siège social et en septembre 2006, après un premier contrôle de routine de l’admi nistration fiscale luxembourgeoise qui déclen chera d’ailleurs une enquête pénale en France, l’avo cat domiciliataire résiliera son contrat, obligeant LX Partners à trouver un nouvel hébergement. L’entité luxembourgeoise avait été constituée après la liquidation judiciaire en 1997 d’une société d’outillage et de matériaux de travaux publics liée à l’un des dirigeants, le père, qui avait laissé der rière lui des impayés de TVA. Dans un arrêt de sep tembre 2012, la cour d’appel de Metz parlait « d’antécédents fiscaux lourds » justifiant la peine de prison de 18 mois avec sursis, compte tenu de la « gravité des infractions » et de la personnalité du prévenu.
Existence de façade au Luxembourg L’affaire démarre au début de l’année 2006, après que l’administration fiscale eut demandé des explica tions aux responsables de la Sàrl sur le lieu et l’activité de la société qui n’a ni bureaux, ni locaux profession
nels, ni salariés au Luxembourg, mais dispose d’une « flotte » de trois véhicules, une Mitsubishi Pajero et deux BMW 320 ainsi qu’un « commissionnaire » en France. Le contrôle du fisc passe à l’étape supérieure et des pièces sont saisies, renseignant sur des frais de restaurant de 1.300 euros seulement au Luxem bourg, contre 15.000 euros en France pour l’année 2005. D’autres indices laissent supposer aux contrô leurs le caractère fictif de l’établissement au Luxem bourg, comme le chiffre d’affaires réalisé avec des clients français à hauteur de 83 % en 2005 et 82 % en 2006. De plus, le chiffre d’affaires déjà maigrichon provenant du Luxembourg avec des clients luxem bourgeois se fait en réalité avec des entreprises fran çaises ayant des filiales au Luxembourg… Difficile dans ces cas-là pour les dirigeants de prouver le caractère d’établissement stable de l’en tité luxembourgeoise. C’est de l’autre côté de la fron tière que les chantiers sont exécutés, même si les dirigeants soutiendront qu’il s’agissait de chantiers n’excédant pas les six mois. Les recherches mon treront que les documents financiers et comp tables étaient stockés à Metz au domicile du père qui, même si son nom n’apparaissait pas, était le dirigeant de fait de la structure luxembourgeoise, son fils, pourtant nommé administrateur délégué, ne jouant qu’un rôle de potiche dans la gestion de l’entreprise. Lorsqu’ils furent convoqués par le fisc luxembourgeois, c’est d’ailleurs le père qui répondra à toutes les questions des contrôleurs.
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frontaliers d’ALLEMAGNE
« Il résulte des investigations effectuées au Luxembourg et de l’examen des pièces saisies par l’administration fiscale que la société LX Partners ne dispose pas d’un établissement au Luxembourg, simple adresse de domiciliation où ne sont pas réunis les moyens matériels à l’exercice de son activité et les personnes aptes à prendre les décisions en son nom, alors qu’au cours de la période vérifiée la société disposait en France du personnel et d’une structure reconnue des clients et des fournisseurs pour l’essentiel français, où toutes les décisions commerciales et de gestion administrative et financière étaient prises », lit-on dans l’arrêt de cassa tion du 22 janvier. « L’entreprise LX Partners n’a eu au Luxembourg qu’une existence de façade, puisqu’elle y a seulement une domiciliation et qu’il n’y a aucune trace d’activité pouvant constituer un cycle économique », poursuit l’arrêt, précisant que « c ’est à Metz qu’est adressé le courrier, que se font les opérations bancaires, que se trouvent ligne de téléphone et fax ».
Rappels de TVA en France Le fisc luxembourgeois avait alerté le fisc français et l’affaire avait abouti à l’ouverture d’une enquête pénale pour fraude fiscale puis aux lourdes condam nations. Côté français, il était clair que l’établisse ment stable était à Metz, ce qui assujettissait LX Partners à l’obligation de déclaration annuelle de TVA en France. Les tribunaux de Metz retiendront en première instance puis en appel que « la société
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Source : Université du Luxembourg, d’après les données IGSS / CCSS
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Les 4 principaux secteurs d’activité des frontaliers (mars 2012) Tous les frontaliers ne se retrouvent pas dans les mêmes secteurs de l’économie luxembourgeoise. Les composantes extérieures sont parfois, aussi, des entrepreneurs qui ont une structure grand-ducale.
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était la continuation » de la société française placée en liquidation judiciaire trois ans avant la constitu tion de l’entité luxembourgeoise, dont le père avait été le gérant. D’ailleurs, les pièces saisies montre ront que du matériel avait été vendu à LX en 2003 et 2004 par l’entreprise lorraine liquidée. Le passé fiscal de l’entreprise d’outillage et de matériel de chantier pesait lourd : en 1992, un pre mier rappel de TVA de 117.600 euros pour les exer cices 1989 et 1990 l’avait rattrapé ; en 1994, la société avait fait l’objet d’un second rappel d’un montant de 116.200 euros pour les exercices couvrant 1990 à 1993, puis rebelote en 1997 et 1998 où le fisc lui réclamera encore 24.200 euros de TVA impayée et 150.300 euros d’impôts sur les sociétés au titre des exercices 1994 à 1996. L’entrepreneur et son épouse n’en seront pas quittes pour autant et feront l’ob jet d’un contrôle personnel au titre de la fraude à l’impôt sur le revenu. La facture s’était élevée à 11.000 euros supplémentaires. LX Partners, pour sa part, sera frappée par un rappel de TVA à hauteur de 26.000 euros en 2005. Pour autant, la société luxembourgeoise était à jour de sa comptabilité « régulière et probante », mais l’ar gument n’a pas suffi pour faire casser les condamna tions à de la prison pour fraude fiscale de ses deux dirigeants. Dominique Gros, sur ce point, peut donc être certain que cette condamnation exemplaire fera à l’avenir réfléchir à deux fois les candidats à l’exil fiscal au Luxembourg.
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Post-scriptum
Et pourtant, elle tourne Par Thierry Raizer
L’Europe des régions demeure un concept plus ou moins ressassé en fonction des échéances politiques. Un concept qui pourrait avoir encore un peu plus de plomb dans l’aile au lendemain des élections européennes du 25 mai (ou d’autres scrutins nationaux à venir) : certains redoutent de le voir marqué par la montée en puissance des partis anti-européens, protectionnistes, bref, enclins au repli sur soi. Dans ce contexte, et faute de traités ad hoc ni de réelles institutions disposant des vrais pouvoirs, la Grande Région continue à vivre. Avant tout sur le plan économique. D’un passé industriel commun, les régions de la Sarre, de la Lorraine et le Luxembourg, rejointes en cours de processus par la Wallonie et la Rhénanie-Palatinat, ont été marquées par l’industrie sidérurgique, son déclin et sa reconversion. Progressivement, chaque territoire veut trouver de nouvelles voies de croissance. Quel futur économique pour la zone transfrontalière ? Comme on le fait au Luxembourg, on y évoque une diversification économique. Contrairement au monolithisme passé, un seul secteur ne dominera pas l’emploi. Et plusieurs pistes sont ainsi communément évoquées de part et d’autre des frontières ou plutôt des lignes de partage de la Grande Région. L’ICT, la logistique et les services sont en tête. Des secteurs dans lesquels le Luxembourg s’est forgé une place de choix. Cette place, le pays – le seul État de la Grande Région – doit plus que jamais en profiter pour asseoir son statut de capitale d’un espace transfrontalier probablement un peu trop grand politiquement – difficile de faire comprendre les problématiques luxembourgeoises à un élu de Tournai ou de Vittel –, mais suffisamment étendu pour peser lors de la conquête de nouveaux marchés. Côté politique, le premier acte fondateur de la Grande Région (en 1969, instaurant une commission franco-allemande) montre que les discussions politiques ne datent pas d’hier. Pour les réalisations effectives, la perception n’est pas aussi claire. D’où la nécessité de faire vivre l’image de la Grande Région, d’une manière ou d’une autre. Il revient au Luxembourg, qui a un ministre dédié depuis 2009 et qui dispose forcément de coudées plus franches que ses partenaires (dépendants de pouvoirs plus centraux), de donner des impulsions en ce sens. D’une définition à l’autre, les débats autour de la Grande Région indiquent au moins que l’espace transfrontalier suscite l’intérêt. Reste à mobiliser celui de certains décideurs – politiques – dont les prérogatives sont déterminantes mais qui se trouvent en dehors de son périmètre.
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Entreprises
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Cargolux
Un CEO pour durer ? Cinq candidats ont été retenus pour briguer le poste de CEO de Cargolux. Et pas un seul Luxembourgeois. Le choix sera validé le 26 mars par le conseil d’administration.
Photo : Viktor László (Cargolux)
L'avenir de Cargolux se joue aussi sur le plan financier, dans l'attente du résultat de l'audit mené par KPMG.
Le choix du futur dirigeant de Cargolux devait tomber au moment où cette édition de paperJam était mise sous presse et être validé par un conseil d’administration de la compagnie le 26 mars. Les derniers arbitrages du comité ad hoc chargé des sélections avaient lieu au cours de la semaine du 10 au 14 mars. Il s’agissait encore de choisir la personne idoine dans une short list de cinq personnes, parmi lesquelles ne figure aucun Luxembourgeois, selon des sources proches du dossier. Ce qui de facto élimine la candidature problématique de Robert Schaus qui, au moment de la formation du gouvernement de Xavier Bettel, fut informateur pour faire le tri des candidatures à la reprise des 35 % du capital de Cargolux. Il avait penché pour HNCA et le nouveau gouvernement l’avait suivi dans ce choix, jugeant qu’il était la seule alternative viable pour sauver la compagnie de fret. Exit également la candidature fantaisiste de Lucien Schummer, 67 ans, retraité de Cargolux et ami de la culture japonaise. Le poste de CEO, encore occupé à titre intérimaire par Richard Forson, l’homme
du Qatar, ancien actionnaire de la compagnie de fret, a attiré de très nombreuses candidatures. On raconte même qu’un boucher luxembourgeois a posé la sienne. On ne sait rien des cinq candidats retenus, sinon qu’ils sont tous issus du monde de la logistique. Robert Song, le conseiller spécial de HNCA, n’a pas postulé, mais a toujours indiqué qu’il ne cracherait pas sur le job si on le lui proposait. L’homme fort de Zhengzhou sera de toute façon associé au management de Cargolux. Audit financier
La question est de savoir si la personnalité retenue survivra à l’arrivée de l’actionnaire HNCA. À en croire M. Song, dans une interview au Wort, l’actionnaire chinois conditionne la finalisation du deal à la nomination préalable d’un patron. Des observateurs avaient ainsi craint qu’une fois l’opération entérinée, les dirigeants chinois puissent remettre en question le choix du CEO et imposer le leur. D’où les frilosités de certains candidats à envoyer leur CV. C’est peut-être
aussi ce qui a poussé M. Schummer à croire à ses chances de pouvoir reprendre du service pour un CDD à la tête de l’entreprise. Parallèlement au nouveau CEO, Cargolux devrait recevoir en mars le résultat de l’audit financier de la firme KPMG sur l’évaluation de sa situation financière et de ses ratios de capitalisation, qui sont déterminants pour le financement de sa flotte d’avions. En décembre, il y avait encore de fortes craintes que ces ratios soient insuffisants et que les auditeurs allument les clignotants dans leur rapport, ce qui aurait eu des répercussions sur le refinancement des avions. Un mauvais résultat peut signifier que les prêteurs demandent au mieux à renégocier leurs conditions, au pire coupent les crédits, ce qui serait catastrophique pour la compagnie dont la dette de 1,6 milliard de dollars est principalement constituée par l’acquisition de ses avions. Ces craintes expliquent d’ailleurs pourquoi le gouvernement a choisi, dans l’urgence, HNCA, qui fournissait les garanties de recapitalisation (il faut 275 millions de dollars d’injection en capitaux frais, dont 175 à travers une augmentation de capital et 100 millions en cash) et redonnait des perspectives à Cargolux. Dans des documents remontant à l’été dernier, les ratios de solvabilité avaient été calculés jusqu’en 2017 tenant compte de l’injection de 275 millions de dollars, mais il était mentionné que les projections ne tenaient pas compte que « certains prêteurs pourraient refuser de fournir de nouveaux prêts à Cargolux dans le cas où la deuxième injection de 175 millions de dollars ne serait pas garantie. » Dans ses prévisions, la compagnie prévoyait de réaliser un bénéfice avant impôts de 49 millions de dollars en 2014 pour 1,9 milliard de recettes. Elle tablait sur 99 millions de bénéfice en 2015 (2,114 milliards de recettes), 125 en 2016 (2,229), 115 en 2017 (2,262) et 141 millions de dollars un an plus tard pour un total de recettes de 2,422 milliards de dollars. V. P.
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Gouvernance
Reconversion
Jacques Linster rebondit chez Coboulux
ACL cherche directeur Trois mois après le limogeage de Dan Tesch (qui, selon un des administrateurs, aurait « coûté » 800.000 euros au club), l’Automobile Club du Luxembourg (ACL) n’a toujours pas de directeur et planche actuellement sur la mise en place d’une nouvelle gouvernance. Le conseil d’administration du club a donné son feu vert à la transformation du groupe, « sans faire de distinction, au niveau opérationnel, entre l’asbl et la société anonyme », comme l’a expliqué à paperJam.lu Yves Wagner, le président du conseil d’administration. Le nouveau directeur est attendu dans les prochaines semaines. 2013
33 millions de bénéfice pour BIP
Jacques Linster a retrouvé du travail. L’ancien boulanger, 35 ans de travail chez Panelux, firme qu’il a dirigée pendant plus de 20 ans, s’était fait éjecter en novembre dernier pour laisser la place aux héritiers des actionnaires de la boulangerie industrielle. Le voici désormais recruté par l’entreprise Coboulux aux fonctions d’administrateur délégué. Il y remplace le maître boucher Jos Ronk, lequel passe à la présidence du conseil d’administration de l’entreprise qu’il dirigeait depuis 1978. Coboulux exploite l’abattoir du site de Wecker (un des deux abattoirs du Grand-Duché) ainsi
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que le site de production. La réorganisation de l’entreprise et des « investissements importants » sont à l’agenda du nouvel administrateur délégué qui attend un geste de la part des autorités luxembourgeoises. « Il s’agit d’un grand défi. Je connais le secteur économique et le potentiel de la société que je tenterai de pousser vers l’avant », explique M. Linster dans le communiqué diffusé par Coboulux. Le responsable dit espérer « que ministères, administrations et la commune prendront aussi leurs responsabilités ». En 2008, Coboulux a fusionné le réseau de boucheries-charcuteries Emo. Le groupe emploie 220 personnes.
Tango
Orange
Croissance à deux chiffres
Année de consolidation
L’opérateur Tango, filiale de Belgacom, affiche, pour l’ensemble de l’année 2013, une croissance sur un an de 11,2 % du chiffre d’affaires à 127 millions d’euros et un revenu moyen par utilisateur mobile de 31,1 euros, en progression de 5,4 %, en dépit d’une baisse des revenus du roaming. Tango justifie cette hausse par « des résultats élevés obtenus tant sur le marché résidentiel que professionnel ». L’opérateur revendique 9.000 nouveaux clients sur l’ensemble de l’année, pour un total de 280.000 abonnés (en hausse de 3,3 % par rapport à 2012).
L’année 2013 a été très contrastée pour Orange Luxembourg : son Ebitda (13,2 millions) a augmenté de 15,1 % par rapport à 2012, mais « sur le terrain », l’opérateur filiale de Mobistar a connu moins de succès. Son chiffre d’affaires stagne à 75,6 millions d’euros et il a perdu plus de 3.600 clients à 102.179 (-3,4 %). Son revenu moyen par utilisateur, lui, recule de 3,3 % à 50,15 euros. Orange a estimé à quelque 750.000 euros le manque à gagner du fait de la nouvelle régulation sur le roaming.
La société d’investissement luxembourgeoise BIP Investment Partners a enregistré, en 2013, un résultat global positif de 33,3 millions d’euros (dont 28,2 millions d’euros de bénéfice opérationnel), à comparer aux 7,2 millions de 2012. Un résultat notamment porté par les dividendes perçus sur ses actifs (notamment RTL Group) et par les plus-values sur cessions de titres (24,7 millions contre 8,6 millions en 2012). BIP, depuis le 1er mars, ne fait plus partie de la cote de la Bourse de Luxembourg, suite à l’offre publique de rachat d’actions propres finalisée fin novembre 2013. ILR
Post Telecom : contraintes levées Depuis 2007, l’opérateur historique Post Luxembourg était soumis à un certain nombre de contraintes décidées par la Commission européenne, notamment en matière de transparence et de non-discrimination sur les prix de ses services, ainsi que l’accès à son infrastructure. Des contraintes désormais levées par Robert Madelin, directeur général à la Commission européenne. « La position de la Commission (…) est sans préjudice de toute position qu’elle pourrait prendre concernant d’autres projets de mesure notifiés » a néanmoins précisé M. Madelin dans un courrier adressé à Paul Schuh, directeur de l’Institut luxembourgeois de régulation.
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Photo : Ikogest
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One on One
Soludec à la baguette
Au cœur d’un secteur qui souffre
Bofferding : le verre plutôt plein En 2013, la Brasserie nationale, à qui l’on doit la Bofferding et les différentes bières Battin, en a produit et vendu 161.200 hectolitres. Soit 1.400 hectolitres de plus que l’année précédente. Le volume de bière produit a donc connu une croissance de 1 %. En Europe, le constat est là : la consommation de bière est en recul. Au Luxembourg, les ventes de bière ont chuté de 4,5 % entre 2012 et 2013, s’établissant à 281.301 hectolitres. La Brasserie nationale a notamment investi en Grande Région, en proposant de nouveaux produits. « Notre stratégie mise en place il y a trois ans d’investir dans des bières spéciales porte ses fruits. Au printemps dernier, après le lancement de Battin Fruitée et Battin Extra, la gamme a été complétée avec l’arrivée de la Blanche », explique Georges Lentz Jr, administrateur délégué du groupe
Brasserie nationale-Munhowen. « L’accueil de ce nouveau produit a été très favorable et les ventes de bières dites ‘spéciales’ ont plus que doublé par rapport à 2012 », complète Frédéric de Radiguès, directeur général du groupe. Sur un plan purement comptable, l’Ebitda de la brasserie a reculé de 4,8 %, s’établissant à 4,86 millions d’euros. « Il a été affecté par les coûts des matières premières, des frais exceptionnels de conditionnement et les investissements inhérents au lancement de nouveaux produits », précise M. de Radiguès. Mais à l’échelle du groupe, qui comprend aussi une activité de commercialisation et de distribution d’autres produits, le chiffre d’affaires a évolué positivement (+1,4 % à 67,02 millions d’euros), tout comme l’Ebitda à 5,24 millions (+6 %). Le groupe, dans son ensemble, emploie 236 personnes.
Le promoteur immobilier Ikogest a choisi de confier à Soludec la construction du prestigieux immeuble du haut de la route d’Esch, conçu par Stefano Moreno. Doté d’une surface totale de 3.000 m2 de bureaux, sur six niveaux en quinconce, le bâtiment disposera de prestations haut de gamme. Il a d’ailleurs déjà obtenu le plus haut score de précertification Breeam (niveau « excellent » pour ce standard de référence de la construction durable). De quoi en faire une vitrine exceptionnelle pour un locataire qui devrait l’être tout autant. S’il refuse pour l’instant de dévoiler le montant global de l’investissement, Ikogest confie qu’il vise à commercialiser l’immeuble auprès d’un seul client. « Nous imaginons plus volontiers un locataire unique pour deux raisons : d’abord, en termes de représentation, le bâtiment a une identité si forte et distinctive qu’il nous semble plus intéressant de l’associer à l’image d’une société. Ensuite, en tant que gestionnaire d’immeubles, nous aimons construire des relations de confiance sur le long terme avec nos locataires », explique Alexandra Machot, responsable communication du groupe.
Intégration
Post Telecom PSF dans la cour des grands
Jean-Marie Spaus (Post Group)
Adieu Netcore, bonjour Post Telecom PSF. Depuis début mars, l’intégration opérationnelle de Netcore (déjà filiale à 100 % de Post Luxembourg) au sein de sa maison mère est effective. « Post Telecom a toujours été perçu, prioritairement, comme un opérateur téléphonique. Or, le futur réside clairement dans les services, explique Jean-Marie Spaus, directeur général adjoint de Post Group et directeur de Post Telecom. Et Netcore a évidemment un rôle important à jouer dans cette stratégie de développement de services complets ICT. » Pour l’ex-Netcore, il s’agit évidemment d’un sacré bond en avant, en particulier dans la perspective de développer l’activité PSF qui, pour
l’heure, ne représente qu’un tiers de ses revenus. « Ce volet PSF devient désormais clairement notre cœur de métier », explique Nico Binsfeld, qui était le CEO de Netcore et conserve sa fonction au sein de Post Telecom PSF. Nous n’avions évidemment pas les ressources pour nous développer, comme nous pouvons désormais l’envisager au sein de Post Telecom. Nous avons désormais accès à un marché plus large et nous pouvons envisager de nouveaux projets. » Des projets qui pourraient rapidement dépasser les frontières du pays : « Nous ambitionnons d’exporter le savoir-faire luxembourgeois en matière d’ICT », prévient M. Spaus.
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actualité Économie & politique
entreprises place financière
Alliance
Majordome devient John Paul Luxembourg Créée il y a deux ans par Jérôme Grandidier (par ailleurs CEO de Telecom Luxembourg Private Operator) et Hélène Marchon, la conciergerie d’entreprise Majordome vient de passer dans le giron de John Paul, acteur français majeur du secteur (120 collaborateurs en France et 50.000 partenaires dans le monde), société fondée en 2008 par David Amsellem. La prise de participation majoritaire de John Paul dans Majordome se traduit par la création de John Paul Luxembourg. « Pour la typologie de ses résidents, mais aussi son rayonnement européen et international, Luxembourg constitue une implantation stratégique pour l’entreprise », a indiqué M. Amsellem à paperJam.lu.
Lux-Airport
Démystifier le low cost Le Belge Johan Vanneste est à la tête de Lux-Airport depuis le 27 janvier, mais il attend encore avant d’exprimer ses vues. La gouvernance de la société gérant l’aéroport sera-t-elle revue ? Texte : Véronique Poujol
Acquisition
Trustconsult Group absorbe Georges & Associés Le secteur des fiduciaires au Luxem bourg vit au rythme des consolidations. C’est au tour de Trustconsult Group (fondée en 2002, employant 20 personnes au Luxembourg) de procéder à l’acquisition de Georges & Associés (12 employés), créée trois années plus tard et agréée en tant que professionnel du secteur financier (PSF), en tant que domiciliataire de sociétés et prestataire de services de constitution et de gestion de sociétés. ICT
Arrivée du géant japonais NTT Com NTT Com, filiale de la Nippon Telegraph and Telephone (NTT) Corporation, un des poids lourds mondiaux du transport de trafic internet, annonce la localisation d’une partie de ses activités au Luxembourg, à partir du data center 2 de LuxConnect à Bissen. La société va y développer son nouveau point de présence en vue de fournir un accès « dual stack » non seulement aux prestataires de services internet et de contenus nationaux, mais aussi aux entreprises étrangères fournissant des services internet. « C’est la preuve du rôle croissant du Luxembourg en tant que plateforme de contenu de confiance au cœur de l’Europe », s’est réjoui le Premier ministre Xavier Bettel.
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Photo : Lux-Airport
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Des deux étrangers et cinq Luxembourgeois en lice pour diriger Lux-Airport, la société qui exploite l’aéroport de Luxembourg, c’est finalement le Belge Johan Vanneste qui a été choisi, surtout en raison de son expérience (30 ans) dans le secteur de l’aviation. Le nouveau patron a pris ses fonctions fin janvier, mais il juge encore prématuré de s’exprimer sur la manière dont il envisage la conduite des affaires. Et quoi qu’il en soit, la stratégie reste l’affaire du conseil d’administration, inchangé malgré l’arrivée du nouveau gouvernement. Âgé de 54 ans, M. Vanneste avait dirigé entre 2003 et 2010 la compagnie privée VLM Airlines (devenue, depuis, CityJet), présente au Findel depuis 1998 avec une liaison avec Londres, laquelle sera d’ailleurs supprimée fin mars. Il connaît les deux volets de l’aviation : passagers et fret, puisqu’il fut jusqu’au mois d’août dernier, le chief operating officer chez TNT Airways. Le nouveau patron de Lux-Airport s’est peu exprimé, mis à part qu’il savait ce que « les passagers attendent d’un aéroport » qui a vu passer en 2013 plus de deux millions de personnes. Ses vues sur le fret ont été prudentes, puisqu’il s’est contenté de présenter le Findel comme la « plaque tournante européenne pour les compagnies de fret aérien ».
Les chantiers qui s’ouvrent à l’ancien dirigeant de VLM Airlines sont immenses, à commencer par remettre les compteurs à zéro en interne. Son prédécesseur Fernand Brisbois avait un style de management propre et ne partageait pas le pouvoir. Il voulait tout faire lui-même et s’était entouré pour cela de sa fidèle secrétaire, laquelle a quitté Lux-Airport pratiquement en même temps que lui pour aller travailler chez Luxair. Les relations de M. Brisbois avec les cadres de Lux-Airport étaient empreintes d’autoritarisme. L’ancien directeur avait notamment infligé un audit par un des Big Four à son directeur financier, ce qui avait d’ailleurs suscité cette remarque assez désobligeante de Tom Weisgerber, le président du conseil d’administration dans le rapport annuel 2012 sur la nécessité « d’optimiser les aménagements comptables » . Adapter les redevances
Au niveau de la gouvernance, des réflexions auraient été entamées pour mettre en place une direction plus collégiale avec un comité de direction, ce qui permettrait ainsi d’éviter des « cavaliers seuls » comme avec Fernand Brisbois. « L’évolution de la réglementation internationale », comme on dit, va obliger Lux-Airport à se
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montrer plus transparent sur la manière dont la redevance aéroportuaire est calculée au Luxembourg. Son niveau a été fixé volontairement bas par l’ancien ministre du Développement durable et des Infrastructures, Claude Wiseler, mais la mise en place d’une comptabilité analytique chez l’exploitant pourrait l’obliger à revoir à la hausse la tarification et l’adapter en fonction des coûts réels engagés. Lux-Airport pourrait de ce fait être tentée de baisser ses charges. Bref, la partie pour M. Vanneste sera loin d’être une promenade de santé. Le nouveau patron devra même marcher sur des œufs pour ne pas froisser les habitudes des gros opérateurs présents à l’aéroport. Les pénalités liées aux vols de nuit, réputées quasi nulles au Luxembourg, pourraient faire l’objet d’une adaptation pour faire rentrer les recettes et financer le développement du Findel. Parmi les candidats recalés au poste de directeur de Lux-Airport, on trouve le Luxembourgeois Gilio Fonck, 50 ans, ancien consultant chez Arthur Andersen reconverti dans l’immobilier. Dans le cadre de sa candidature, il a rédigé une note stratégique pour Lux-Airport intitulée Luxembourg Airport – A vision of excellence, dans laquelle il suggérait un certain nombre de pistes pour rendre l’aéroport plus profitable et plus indépendant des financements de l’État luxembourgeois. « L’aéroport de Luxembourg possède un grand potentiel de développement et d’extension de ses activités, de façon à permettre d’opter pour un modèle de croissance plutôt qu’un modèle d’austérité », écrit-il en préambule de la note qui s’articule autour de quatre thèmes : branding de l’aéroport d’abord à améliorer, développement commercial dans l’aviation à renforcer ensuite, shopping et business à l’aéroport en troisième lieu et, enfin, gestion et développement immobilier. Dans la cour des grands
Gilio Fonck fait ainsi remarquer l’absence de visibilité de l’identité luxembourgeoise de l’aéroport : la mention est peu lisible sur la façade du terminal A et l’intérieur de l’aéroport pourrait être celui de n’importe quelle autre capitale si ce ne sont les publicités de firmes d’audit et de fiscalité faisant encore croire que le Luxembourg est un paradis fiscal. « Il n’existe pas de raison, écrit-il, pour que l’aéroport n’affiche pas sa place : il est classé ‘aéroport national’ et figure de ce fait dans la cour des grands, même en étant leur plus petit. » Sur le plan du développement commercial, M. Fonck estime qu’il est « temps de démystifier à Luxembourg les compagnies low cost qui sont devenues un ‘major player’ et qui transportent en elles le plus fort potentiel de croissance. L’aéroport ne pourra plus s’en priver ». Il y a à la clef un potentiel de 11 millions de voyageurs…
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Maison Moderne
20 ans d’archives dans une app’ Pour ses 20 ans, Maison Moderne (anciennement Éditions Mike Koedinger, éditeur de paperJam), lance une application tablette – développée par Bunker Palace – regroupant toutes ses publications depuis 1994, date du premier numéro du guide des restaurants Explorator. « Ce sont les archives complètes de nos magazines, ceci inclut des marques médias qui ne paraissent plus comme Désirs ou encore Nightlife. lu (1997-2002) », précise Mike Koedinger, fondateur et CEO de Maison Moderne. Ce sont ainsi quelque 500 publications qui peuvent être « feuilletées » gratuitement sur iPad et tablettes Androïd. Les nouveaux magazines y seront ajoutés progressivement www.maisonmoderne.lu/news/about-us/digital-archives-20-yearsindependent-publishing/. L’événement phare de cette année anniversaire sera la séance académique organisée le 16 octobre au Grand Théâtre pour boucler la boucle et ouvrir vers de nouvelles perspectives. À cette occasion paraîtra également la 20e édition du City Guide Explorator.
Printing & mailing
Victor Buck Services se renforce En procédant à l’acquisition des activités printing and mailing de CIP – it works (anciennement Lettershop Luxembourg), Victor Buck Services (groupe Post Luxembourg) se donne les moyens de sa croissance ultérieure. « La taille est devenue un facteur important, précise Edith Magyarics, CEO de VBS. Nous avons en effet besoin de moyens considérables pour investir dans la formation continue des équipes, dans les systèmes d’information, ainsi que dans les infrastructures afin de répondre aux exigences réglementaires liées au statut PSF. » Suite à cette transaction, le chiffre d’affaires de la société s’élèvera à plus de 35 millions d’euros.
Radio
RTL2 recalée par l’Alia La nouvelle Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) a dit non aux dirigeants des groupes Saint Paul (éditeur entre autres du Luxemburger Wort) et RTL, qui devaient s’associer dans une jointventure afin de lancer un programme de radio francophone, RTL2, en lieu et place de la station DNR (actuellement détenue à 100 % par le groupe de la rue Plantin). La décision de refus de 20 pages, prise le 27 février dernier, estime que les changements apportés au programme de radio sont « substantiels » et qu’ils requièrent de ce fait une nouvelle mise en concurrence, que ni RTL, ni le Groupe Saint Paul ne sont certains de pouvoir remporter.
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Laboratoire luxembourgeois d’analyses médicales
Une cash machine nommée Ketterthill Jean-Luc Dourson a été limogé du laboratoire après avoir dénoncé des violations de la loi sur les sociétés. L’ex-administrateur délégué a engagé une action devant le tribunal de commerce de Paris pour faire annuler le rachat de son labo par Cerba. Le laboratoire luxembourgeois aurait été considéré comme la vache à lait du groupe français. Texte Véronique Poujol
J
ean-Luc Dourson, le très charismatique patron des laboratoires Ketterthill, entrepreneur de l’année en 2009, a été sèchement remercié le 14 janvier dernier de la société qu’il avait rachetée en 2007, avant de la céder en 2011 à Cerba European Lab (CEL) contre une participation minoritaire dans ce groupe français. La veille de son limogeage, M. Dourson avait adressé deux lettres : l’une au réviseur d’entreprise et la seconde à la présidente du directoire de CEL, Catherine Courboillet, pour dénoncer des irrégularités et des violations de la loi du 10 août 1915 sur les sociétés. « Nous nous sommes séparés pour des raisons graves qui nous appartiennent », expliquait Catherine Courboillet, présidente du directoire de CEL, dans un entretien à paperJam.lu. Elle y évoque aussi des « événements exceptionnels », sans vouloir en dire plus, mais dément les violations du droit des sociétés. « Nous nous sommes toujours conformés au strict respect des réglementations sociale et fiscale », affirme-t-elle. La responsable dément l’existence d’un contentieux devant les tribunaux français ou luxembourgeois. Pourtant, son groupe a bel et bien été assigné devant le tribunal de commerce de Paris, deux semaines après le renvoi du patron de Ketterthill. Jean-Luc Dourson a assigné le groupe le 30 janvier dernier dans le but de faire annuler le rachat de Ketterthill et d’ordonner à CEL de lui restituer ses parts. Les relations entre Dourson et son actionnaire CEL étaient orageuses depuis pratiquement l’entrée du groupe français dans le capital de Ketterthill, sans doute en raison de deux visions antagonistes du développement de l’entreprise luxembourgeoise, qui était présentée comme un fleuron industriel dans le domaine des analyses médicales : d’un côté, une vision entrepreneuriale et, de l’autre, une approche capitalistique et la recherche de la rentabilité à tout prix. Le clash était presque inévitable. Et le bras de fer entre l’ancien
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Il est demandé au tribunal de commerce de Paris de condamner Cerba European Lab à payer au Dr Dourson (photo) la somme de 1 million d’euros à titre de provision en réparation de son préjudice moral.
Projets
Photo : archives paperJam
Rapprochement gelé avec Laboratoires Réunis Les deux plus importants laboratoires privés du pays ont cherché à se rapprocher… mais le départ de JeanLuc Dourson à la mi-janvier a gelé ce projet. Le groupe Cerba semble se consacrer à d’autres plans, parmi lesquels un projet de plateforme avec l’Hôpital du Kirchberg pour outsourcer une partie de ses analyses médicales chez Ketterthill (et c’est là que le déménagement à Esch-Belval prend tout son sens). On ignore quelle est l’avancée de ce projet, censé être encore confidentiel. La réalisation de ce projet pourrait en tout cas hypothéquer lourdement les plans de l’ancien ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, d’une plateforme commune des sept laboratoires hospitaliers du pays à Dudelange au Laboratoire national de santé. Le rapprochement de Laboratoires Réunis et de Ketterthill ne date pas d’hier. En 2008, les deux sociétés, qui exploitaient chacune de leur côté des laboratoires spécialisés dans l’hygiène alimentaire, fusionnent leurs activités au sein de la société LLUCS (Laboratoire luxembourgeois de contrôle sanitaire sàrl) qu’elles contrôlent à 50/50. Le développement agressif du Laboratoire Les Forges du Sud relance chez Laboratoires Réunis l’idée d’un partenariat. La société de Junglinster regardera en Allemagne ainsi qu’en Belgique, mais ouvrira aussi au début de l’année 2013 des discussions avec Ketterthill, qui se concrétiseront par une offre de rapprochement lancée par Cerba sur le principal concurrent de sa filiale luxembourgeoise. Il était également question dans les discussions de mettre sur pied une filiale de biologie préventive. V. P.
patron du laboratoire luxembourgeois et Cerba est loin d’être terminé… La procédure devant le tribunal parisien devrait donner lieu, si elle aboutit, à un vrai déballage de linge sale. L’assignation du 30 janvier dernier, dont paperJam a pris connaissance, laisse présumer que les sociétés personnelles de Dourson, qui avaient le contrôle de Ketterthill, avaient vendu leur participation pour 62,4 millions d’euros. Un montant qu’elles devront restituer à Cerba si la juridiction parisienne devait leur donner raison. Dourson réclame en outre 1 million d’euros de provision aux Français en réparation de son préjudice moral. L’ex-administrateur délégué de Ketterthill a été informé de sa révocation avec effet immédiat, par e-mail, le 14 janvier 2014 : on lui notifia ainsi « des décisions de l’associé unique et du conseil d’administration de LLAM (Laboratoire luxembourgeois d’analyses médicales, la société exploitante de Ketterthill, ndlr) ». Celui qui dirigeait le labo depuis 10 ans n’a pas été en mesure de récupérer des affaires personnelles ni de saluer les collaborateurs de l’entreprise. Un enjeu à 62,4 millions d’euros
Il devait s’attendre à subir un tel sort, tant le climat au sommet de la hiérarchie était devenu irrespirable. La veille, M. Dourson avait adressé un courriel pour convoquer une assemblée générale extraordinaire de LLAM, afin de se désolidariser de ce qu’il considérait être des « irrégularités » graves et récurrentes, commises au détriment de la filiale luxembourgeoise. La riposte est venue le lendemain matin : le patron donneur d’alerte, qui dénonçait entre autres le non-respect de la réglementation fiscale, était viré pour « faute grave ». Parallèlement au premier e-mail aux membres du conseil d’administration, M. Dourson en avait adressé un second aux commissaires aux comptes de LLAM, pour dénoncer des irrégularités comptables, parmi lesquelles la mise en œuvre d’une opération high yield à des
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Concurrence
La guerre du sang ? Depuis la baisse tarifaire de 2009, lorsque le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale avait imposé aux laboratoires privés des coupes de 20 %, les trois grands opérateurs du secteur des analyses médicales non hospitalières s’étaient regroupés au sein de la Fédération luxembourgeoise des laboratoires d’analyses médicales (FLLAM). Le but de ce regroupement était de défendre les laboratoires privés par rapport aux laboratoires du secteur hospitalier, qui eux échappaient à la hausse des tarifs. Entre les trois principaux opérateurs privés, il y avait une sorte de paix des braves dans le maillage des centres de prélèvements sur le territoire luxembourgeois, chacun respectant plus ou moins le pré carré de l’autre avec un relatif équilibre géographique. La donne a changé après le décès accidentel en juin 2011 des époux Talon, des Laboratoires du même nom, qui laissèrent trois héritiers dont aucun n’était biologiste. La reprise de l’entreprise va, dans un premier temps, intéresser plusieurs laboratoires concurrents, dont Ketterthill (qui voulait acheter mais à bas prix) et Laboratoires Réunis. Une fiduciaire luxembourgeoise sera même mandatée pour trouver des repreneurs. D’autres candidats, notamment français, seront sur les rangs et un accord avec un laboratoire de Thionville sera signé, mais par une partie seulement des associés, ce qui invalidera la transaction. Puis, à la faveur d’un changement de la loi autorisant des non-biologistes à être actionnaires d’un laboratoire d’analyses, c’est l’un des fils du fondateur, Cyrial Talon, qui prendra le relais de ses parents et qui fera passer l’entreprise familiale (qui devient Laboratoire Les Forges du Sud) dans une nouvelle dimension, en choisissant d’ouvrir des centres de prélèvements à tout va, parfois presque en vis-à-vis de ses deux grands concurrents. « L’équilibre territorial a été rompu en 2013 », déplore un proche du dossier, regrettant l’absence de cohérence de la démarche. Car les « ennemis » des labos privés, ce sont les laboratoires hospitaliers et, face à la perspective de nouvelles baisses tarifaires (une tentative de baisse de 15 % a échoué en 2010), qui sont inéluctables à court terme, la multiplication des centres de prélèvements, sans qu’il y ait une véritable demande des patients, « est un mauvais calcul ». « La caisse de maladie va revenir à la charge, estime un observateur, et il serait préférable que l’on négocie un accord sur les baisses tarifaires plutôt que de se le faire imposer de manière autoritaire. » V. P.
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Dans son assignation devant le tribunal, Jean-Luc Dourson dit avoir été contraint, afin de se protéger en termes de responsabilité civile et pénale, de dénoncer des irrégularités.
conditions jugées confiscatoires et le prélèvement par la maison mère française de frais de gestion sans justification économique et contraire à l’intérêt social de la filiale luxembourgeoise. Parmi les engagements financiers ainsi pointés, figurait la facturation par la maison mère CEL de « frais de gestion » liés à la rémunération de prestation de services de gestion administrative. Or, ces management fees n’auraient pas eu de justification économique, étant donné que toutes les fonctions de support, comme l’informatique, la logistique, les services administratifs et financiers, étaient assurées en interne par Ketterthill. Ce qui en faisait d’ailleurs une entité indépendante. Dourson s’était inquiété début décembre 2013 de la transparence des factures émises par le groupe français à sa filiale luxembourgeoise et le cabinet d’audit aurait même émis des remarques à ce sujet. Ponctions surprises
En 2013, CEL avait prélevé plus de 1 million d’euros sur les caisses de LLAM en invoquant
un rattrapage des exercices 2011 (197.000 euros TTC) et 2012 (476.000 euros TTC), alors même que l’exercice 2011 était clôturé. De plus, ces montants n’avaient pas fait l’objet d’une décision au niveau du conseil d’administration. Le budget 2013 de LLAM n’avait pas tenu compte des frais de gestion de 340.000 euros qui furent ponctionnés en deux tranches. Des prélèvements rétroactifs, de surcroît sur des exercices déjà clôturés, sont « questionnables » du point de vue du droit fiscal luxembourgeois. D’ailleurs, le groupe français réactivera un projet de groupement d’intérêt économique pour justifier économiquement les ponctions. La dirigeante de CEL avait, quant à elle, démenti les accusations d’irrégularités fiscales, qualifiant les informations et ces propos de « mensongers », lancés dans le seul but de « nuire à la société et faire pression ». À ces facturations de frais de gestion, que CEL chargeait à sa filiale luxembourgeoise, se sont ajoutées d’autres « surprises » comme des frais financiers imputés à LLAM et qui semblent liés au remboursement d’un emprunt à haut
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Derrière les éprouvettes luxembourgeoises, il y a un business qui fait de Ketterthill une machine à sous pour le groupe français qui le chapeaute.
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rendement (7,5 % d’intérêt) de près de 100 millions d’euros contracté par la maison mère (qui en est à son troisième LBO, leveraged buy-out, ou acquisition avec effet de levier) pour financer sa dette (350 millions d’euros). Rien que les frais d’honoraires relatifs à cet emprunt (dont les frais des six cabinets d’avocats qui étaient intervenus) atteignaient une dizaine de millions d’euros, soit près de 10 % du montant de l’emprunt consommé en honoraires, commissions et intéressements. Un montant de 1,8 million d’euros fut mis à la charge de Ketterthill, en plus de la charge de remboursement pesant sur la filiale luxembourgeoise et de surcoûts financiers (6 millions d’euros). L’administrateur délégué de Ketterthill considérait que la charge des frais financiers liés à cet emprunt pesait sur la structure luxembourgeoise et son endettement et donc était contraire à son intérêt social. Il avait en outre dénoncé la pertinence d’un contrat de prêt intragroupe de 24 millions d’euros au seul bénéfice de CEL et souscrit sans l’aval du conseil d’administration dont il faisait pourtant partie. Montages financiers vs création de valeur
Entre les montages financiers mis en place par CEL et la stratégie de création de valeur qui avait fait le succès de Ketterthill, la mayonnaise
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ne pouvait pas prendre. Et Jean-Luc Dourson, qui refusait la méthode, a fini par perdre totalement le contrôle de l’entreprise. Or, les accords qu’il avait signés en 2011 avec Cerba ne se limitaient pas à une simple cession de parts de Ketterthill. Ils prévoyaient, entre autres, son intégration dans le directoire du groupe français ainsi qu’une participation minoritaire. Cependant, sa nomination au directoire ne fut jamais actée au registre de commerce français, malgré les rappels de l’intéressé. De plus, le directoire ne se réunira jamais, à l’exception de quelques rencontres avec l’actionnaire à 75 % de CEL, le fonds PAI Partners. Le problème se situe au-delà de l’affrontement de deux personnalités, celle de Jean-Luc Dourson et celle de la présidente du directoire précitée. Au demeurant, le départ de Dourson a été suivi par deux démissions, presque coup sur coup, de deux cadres dirigeants du laboratoire luxembourgeois : le directeur administratif et financier et le comptable ont en effet récemment quitté l’entreprise après des désaccords avec la direction parisienne sur les remontées d’argent de Luxembourg vers la maison mère en mal de liquidités. Ainsi, un montant de près de 3 millions d’euros avait été demandé par CEL à sa filiale luxembourgeoise, plaçant momentanément cette dernière dans une situation financière relativement précaire. « Il y a eu un pillage, il est clair qu’on s’est servi sur le dos du pôle
luxembourgeois et pas seulement sur le plan financier », déplore un proche du dossier. D’ailleurs, en interne, les dirigeants français appelaient la filiale luxembourgeoise du groupe la « cash machine ». C’est précisément ce côté vache à lait qui révoltait les équipes dirigeantes au Luxembourg. En 2012, les laboratoires Ketterthill, qui emploient 210 personnes, avaient réalisé un chiffre d’affaires de près de 30 millions d’euros, en hausse de 16 % par rapport à l’exercice 2011, pour un Ebitda de 14,3 millions (+35 %). La contribution du pôle luxembourgeois à l’Ebitda du groupe était de 20 % en 2012. En tout état de cause, on est très loin, trois ans après le deal entre CEL et Ketterthill, de l’esprit du communiqué de presse publié en 2011 dans lequel Catherine Courboillet assurait « partager avec Jean-Luc Dourson la même vision de l’avenir de la biologie médicale ».
C’est une cession d’une entreprise luxembourgeoise, considérée comme un joyau industriel dans le secteur des analyses médicales, qui se termine très mal pour Jean-Luc Dourson. Entrepreneur de l’année en 2009, écarté des laboratoires Ketterthill le 14 janvier dernier, après avoir donné l’alerte sur de possibles violations du droit des sociétés, Dourson a saisi le tribunal de commerce de Paris pour faire annuler la vente de son entreprise au groupe français CEL.
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SES
Romain Bausch, l’homme tranquille À l’issue de l’assemblée générale du 3 avril, Romain Bausch cèdera sa place de CEO de SES à Karim Michel Sabbagh. En place depuis 1995, il a dirigé la croissance d’une société passée du statut de société européenne d’envergure à celui d’acteur mondial majeur. Depuis deux ans, Romain Bausch, qui a toujours prôné un mode de management participatif, a planifié son départ, afin de minimiser l’impact pour la société contrôlée par un comité exécutif de cinq personnes. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Olivier Minaire
C
’est sans doute bien plus qu’une page qui se tourne. Après 19 années passées aux commandes de l’opérateur de satellites SES, Romain Bausch tire sa révérence. Au lendemain de l’assemblée générale ordinaire du 3 avril prochain, il cèdera en effet sa place à Karim Michel Sabbagh, conformément à ce qui avait été annoncé dès le mois de juin 2013. Une succession planifiée, selon la propre volonté de M. Bausch et dont le conseil d’administration et le comité de nomination avaient été informés dès le 1er trimestre 2012. « J’avais décidé, avec ma famille, que le moment de quitter mes fonctions se ferait plutôt autour de 60 ans (il les a depuis juillet dernier, ndlr) que 65 ou 67. Et puis le timing était parfait, puisque 2014 correspond à une année de la révision triennale de notre plan stratégique. C’était le bon moment pour que soit prise la relève. » Cette relève, c’est donc à Karim Michel Sabbagh qu’elle a été confiée. Un homme au profil « hybride », car il n’a été recruté par SES qu’en septembre dernier dans l’optique, justement, de prendre la succession de Romain Bausch, mais il n’en est pas moins familier d’une entreprise au conseil d’administration de laquelle il siège depuis 2011 (lire encadré page 73). « Depuis le 1er janvier, c’est lui qui, concrètement, prépare et préside les séances du comité exécutif même si, évidemment, je suis toujours présent,
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indique M. Bausch. Cela m’a permis de constater que face à un dossier ou une proposition d’investissement, nous avons les mêmes réflexes, nous posons les mêmes questions et nous tirons les mêmes conclusions ! Sur ce plan-là, nous nous ressemblons beaucoup. À côté de cela, il a une approche beaucoup plus rapide et réactive, car il vient de l’industrie des télécoms et des médias où les changements technologiques sont permanents. Les cycles sont beaucoup plus longs dans l’univers des satellites. Il devra trouver le juste milieu entre sa volonté de faire bouger les choses très vite et la réalité du terrain. » C’est, en tous les cas, avec « le sentiment du travail bien fait », mêlé à la réjouissante perspective de pouvoir se consacrer « à un certain nombre de choses qui ont été mises de côté au cours de mes 38 années de carrière (il fut, précédemment, haut fonctionnaire au ministère des Finances, où il occupa les fonctions d’administrateur général, ndlr) » que M. Bausch passera le relais. Il ne quitte pas pour autant le giron de SES, puisqu’il en est administrateur depuis avril 2013. « Cela dit, lorsque ce que l’on a construit est solide, cela facilite la décision de partir », estime-t-il, alors que la société peut s’appuyer sur une solide gouvernance, forgée au fil des ans. D’abord avec l’entrée en Bourse en 1998, puis avec l’apport des dirigeants de GE Americom entrés au sein de l’exécutif suite à l’acquisition par SES en 2001.
Carrière
Il y a une vie après SES Romain Bausch n’a jamais caché, ces dernières années, son intention de « vivre une autre vie » une fois la page SES tournée. En choisissant de prendre ce virage à 60 ans, il répond à ses aspirations, sans pour autant couper les ponts avec le tissu économique luxembourgeois. Administrateur de SES et du consortium O3b dont SES est partie prenante à 47 %, il siège également aux conseils de BIP Investment Partners, d’Aperam et de la Compagnie Financière La Luxembourgeoise (la maison mère du groupe d’assurance Lalux). « J’ai reçu quelques demandes de la part de sociétés, mais il y a des codes et des règlements qui font que le nombre de mandats que l’on peut accepter est limité. » À côté de cela, Romain Bausch et son épouse s’occupent de la Fondation Olivier (placée sous l’égide de la Fondation de Luxembourg) qu’ils ont créée afin de participer à l’amélioration des conditions de vie d’enfants et de jeunes démunis (affectivement et / ou matériellement) et vulnérables. J.-M. G.
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« Nous avons, sur ce point, beaucoup progressé lorsqu’ils sont arrivés et nous avons continué sur cette voie, même après leur départ en 2007. Notez, par exemple, qu’à l’exception de la petite parenthèse que je représente depuis un an, il n’y a jamais eu, dans l’histoire de la société, un administrateur qui soit membre du comité de direction. Tous nos administrateurs sont non exécutifs et plus d’un tiers de ces administrateurs sont indépendants, ce qui est très rare pour une société de ce secteur, qui plus est cotée en Bourse. Cela nous différencie nettement des autres. » En outre, Romain Bausch a toujours, et ce dès son arrivée, privilégié un mode de management participatif, s’appuyant sur un comité exécutif fort de quatre ou cinq membres selon les périodes. « Ici, comme cela est déjà arrivé à plusieurs reprises, c’est donc un membre sur cinq qui est remplacé. Évidemment, c’est moins anecdotique, car il s’agit du CEO, mais SES s’est toujours développée même lorsque des membres du comité de direction s’en allaient. Il en sera de même là aussi. » Des réussites… et des échecs
Pour ce qui est du développement, M. Bausch en connaît un rayon. À son arrivée à la tête de l’entreprise en 1995 (après avoir occupé, pendant quatre ans, la fonction de commissaire du gouvernement), SES n’avait que 10 années d’existence, opérait une flotte de quatre satellites,
ne comptait qu’un seul produit (la réception TV directe par satellite) et ne couvrait qu’un seul marché (une partie de l’Europe occidentale). Suivant, dès le départ, une ligne directrice stratégique axée sur la diversification, tant géographique que de son activité, SES est, moins de 20 ans plus tard, devenue un monstre international (voir chiffres en page 78). L’acquisition de GE Americom en 2001 constitua, évidemment, une étape marquante pour la société qui connut alors une expansion majeure au-delà de l’Atlantique. « Mais il serait un peu réducteur de tout ramener à cette seule opération », estime Romain Bausch. Ainsi, avec des investissements hors du continent européen, dès 1999 dans AsiaSat (avec une prise de participation de 34,1 %), puis 2000 dans l’opérateur brésilien Star One, les premiers jalons de cette diversification géographique avaient déjà été posés. Avec un pied sur le continent américain, SES s’offrit alors, en 2006, l’opérateur américain NewSkies, une spin-off d’Intelsat qui avait une présence dans toutes les régions émergentes du monde. « L’opération fut moins impressionnante financièrement que pour GE Americom (la facture s’éleva à 5 milliards de dollars, ndlr), mais au moins tout aussi importante, assure M. Bausch. Elle était parfaitement complémentaire avec ce que
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Romain Bausch : « Lorsque ce que l’on a construit est solide, cela facilite la décision de partir. »
Le successeur
Karim Michel Sabbagh, l’héritier Le temps dira comment Karim Michel Sabbagh parviendra à gérer l’héritage de Romain Bausch qu’il va officiellement recevoir, début avril. Âgé de 50 ans, M. Sabbagh est libanocanadien. Il siège, depuis 2011, au conseil d’administration de SES et au sein de son comité « audit et risque ». Officiellement salarié de SES depuis septembre dernier, avec comme perspective sa prise de fonction en tant que CEO, en avril prochain, il était, jusqu’alors, associé principal chez Booz & Company, société qu’il avait rejointe en 1998. Depuis Dubaï, il y dirigeait le cabinet spécialisé dans les communications, les médias et la technologie, ainsi que d’autres forums de haut niveau. J.-M. G.
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Chiffres
1994-2013 : le grand écart Lorsque Romain Bausch prit les commandes de SES, l’opérateur – dont la flotte se composait de quatre satellites – sortait d’un exercice 1994 où il réalisa un chiffre d’affaires de 176 millions de livres sterling (214 millions d’euros), en hausse de 34 % par rapport à l’année précédente. Ses activités se limitaient à la seule réception TV directe par satellite sur une partie du continent européen. En 2013, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros (près de neuf fois plus qu’en 1994…) et 7,5 milliards d’euros sont inscrits sur son carnet de commandes. Il faut dire que l’activité s’est énormément diversifiée, géographiquement (principalement en Europe, Amérique du Nord et Asie) et aux côtés de la réception TV directe (qui représente encore 70 % des revenus), elle propose également des services de transmission de données pour les entreprises, des services aux opérateurs télécoms, mais aussi aux gouvernements et institutions internationales ou encore des applications mobiles. Le tout avec une flotte de 55 satellites qui sera portée, si tout va bien, à 56, avec le lancement d’Astra 2G le 21 mars. J.-M. G.
nous avions déjà construit organiquement et suivait le même fil rouge que depuis le début. » La success story de SES depuis 19 ans s’est évidemment accompagnée de moments plus délicats où la réussite ne fut pas au rendez-vous. « Il faut qu’il y ait des échecs dans le développement d’une société, estime Romain Bausch, tant que ces échecs ne sont pas de nature à remettre en cause la survie de l’entreprise. » Et de citer, par exemple, les deux premières tentatives ratées de l’introduction de HD+ en Allemagne, le système d’encryption des programmes commerciaux en haute définition qui, néanmoins, après la 3e tentative, a trouvé son créneau et compte, à ce jour, plus de 4 millions de spectateurs prêts à payer pour recevoir en haute définition des programmes auxquels ils ont par ailleurs accès gratuitement en définition « standard ». Il y eut aussi, aux États-Unis, la tentative de lancement, en 2007, de IP-Prime, un bouquet de programmes TV au format IP, proposé aux différents opérateurs télécoms locaux. Faute d’un business model assurant des revenus minimums pour envisager un développement pérenne, le projet fut abandonné en 2009. Mais certains autres échecs furent amoindris par des concours de circonstances favorables : les premiers services d’accès internet à bande large par satellite s’appuyaient sur le satellite Astra 1K, lancé en novembre 2002 sur une fusée russe Proton, mais dont la mise sur orbite échoua… Les assurances se chargèrent d’amortir le sinistre. Des décisions « courageuses »
Un peu plus tard, en 2007, SES créa Solaris, une joint-venture avec Eutelsat destiné à développer des services de communication mobiles en complément des bandes de fréquences utilisées par les GSM. Or, l’explosion soudaine des diffusions vidéo via internet rendit inutile de devoir passer par la case satellite pour obtenir de tels services. Le projet n’était donc pas lancé sous les meilleurs auspices, mais là aussi, un incident technique majeur (les antennes du satellite W2A lancé par Eutelsat en 2009 ne se déployèrent jamais correctement…) permit d’absorber les pertes par le biais des assurances… « Peut-être tout cela nous a-t-il coûté quelques dizaines de millions de dollars, ce qui n’est pas rien. Mais rapporté à un chiffre d’affaires qui se compte
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en milliard, cela est supportable », résume M. Bausch. Rapporté à un parcours de 19 années de dirigeant, ces quelques pierres dans l’immense jardin de SES ressembleraient presque à autant d’éléments décoratifs. Une preuve, en tous les cas, que derrière l’apparente facilité d’un parcours linéaire se cachent bien des obstacles, mais aussi des prises de décision « courageuses », comme celle d’ouvrir de nouvelles positions orbitales à un moment où la coordination internationale des fréquences n’était pas des plus optimales, celle d’être le premier opérateur « occidental » à faire confiance, en 1996, au lanceur russe Proton ou bien celle d’être, en 2013, le tout premier opérateur commercial à faire appel aux Américains de Space-X et de leur fusée Falcon 9. « Je pense que c’est avec ces quelques décisions que nous avons contribué à faire bouger le monde des fournisseurs de services de lancement, en faisant en sorte qu’ils deviennent de plus en plus compétitifs et qu’il y ait davantage de concurrence entre eux, ce qui est essentiel pour des opérateurs comme nous qui ont besoin de ces services », estime Romain Bausch. En septembre dernier, pourtant, le CEO de SES n’avait pas manqué de faire part ouvertement de ses inquiétudes quant aux orientations technologiques prises par ArianeEspace et son futur lanceur Ariane 6, successeur du vieillissant Ariane 5. « Nous pensons que le choix actuel en ce qui concerne la configuration à venir n’est pas le bon : ce lanceur n’est pas modulaire, il est trop cher et il risque d’arriver trop tard. » Message apparemment reçu par l’agence spatiale européenne, qui semble accepter l’idée de modifier le processus de production industrielle pour le rendre plus compétitif. « C’est un peu une lumière dans le tunnel, même s’il reste encore beaucoup de chemin à faire sur le volet configuration », note M. Bausch. Un chemin qu’il incombera, désormais, à Karim Michel Sabbagh de prolonger…
Opérateur de satellites mondial majeur, établi au Luxembourg, SES s’apprête à vivre un changement majeur dans sa gouvernance : son CEO « historique », Romain Bausch, qui occupait la fonction depuis 1995, quittera ses fonctions début avril à l’issue de la prochaine assemblée générale des actionnaires. Retour sur deux décennies exceptionnelles au cours desquelles M. Bausch a piloté la formidable expansion d’une société devenue incontournable dans son secteur d’activité.
ARCHITECTURE ET TRANSFORMATION
HABITAT, BUREAUX, COMMERCES Mercredi 23 avril 2014
1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur
Transformer et aménager des espaces existants est un défi particulièrement difficile - et passionnant - à relever. Il faut en effet prendre en compte le bâti existant, l’adapter à son nouveau programme, intégrer les souhaits des propriétaires, maîtres d’ouvrage et locataires, respecter les règles de sécurité et d’efficacité énergétique... sans oublier la destination même du bâtiment : habitation, commerce ou bureau. Parole à 10 experts qui présenteront leurs projets et visions dans le cadre du salon ARCHITECT@WORK, qui se tient à Luxembourg les mercredi 23 & jeudi 24 avril 2014 (www.architectatwork.lu).
LUXEXPO 10 circuit de la Foire Internationale, Luxembourg-Kirchberg Programme : 16: 00 Enregistrement et visite du salon ARCHITECT@WORK 18 : 30 Cocktail d’accueil 19 : 00 Mots de bienvenue 19 : 10 Début du 10x6 20 : 15 Walking dinner en présence des exposants Inscription obligatoire : www.club.paperJam.lu
Événement organisé par :
Eve-Lynn Beckius Bel.architecture
Diane Heirend Diane Heirend Architectes
Arnaud de Meyer Steinmetzdemeyer
Claudine Kaell Kaell Architecte
Stéphane di Carlo egb Hornung & Associés
Jean Petit Jean Petit Architectes
Monique Etienne Klein & Muller
Lisi Teisen Bureau d’architectes Teisen & Giesler
Tatiana Fabeck Fabeck Architectes
Anouk Thill A+T Architecture
En partenariat avec :
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tr a st p u
Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Fitnesscoach
Encadrement personnel
Le sport, mais pas que…
Créée il y a un an, la société Fitnesscoach propose une méthode de remise en forme reposant sur trois axes : le sport, le mental, la nutrition. S’adressant à une clientèle de qualité, cette approche intégrée est parvenue à trouver son public. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire
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actualité Économie & politique
A
ncienne employée du secteur bancaire, Conny Gabellini a vécu, il y a quelques années, ce qu’un nombre de plus en plus grand de personnes, sous pression dans leur travail, ressent au quotidien : une fatigue généralisée, un ras-le-bol, un stress permanent. « Je ne pouvais plus rester assise là, entre trois murs et une fenêtre, au milieu d’un plateau où, malgré le fait qu’ils se côtoient tous les jours, les gens ne se connaissent pas », explique l’actuelle gérante de Fitnesscoach, jeune société active dans le domaine du coaching, du sport, de la santé et du bien-être. « J’en étais devenue malade. Je devais faire quelque chose pour me sentir mieux dans ma peau. Il fallait que je bouge, pour mon corps et pour moi-même. » Conny s’est mise au sport et a trouvé le plan B qui l’a définitivement fait sortir de la banque. « La personne chez qui j’allais faire du sport, un jour, m’a demandé si je pouvais à mon tour donner des cours. » Et pourquoi ne pas en faire son métier ? Désireuse de développer une approche qualitative, Conny Gabellini a repris des études. Aujourd’hui, elle est la gérante de sa propre entreprise, qu’elle a développée avec l’aide de son conjoint, Raul. La société, établie depuis un an, propose une méthode de remise en forme originale au Luxembourg. « Notre approche repose sur trois axes : le sport, la nutrition et le coaching psychologique, poursuit Conny. Lorsqu’on pense remise en forme, ces trois axes sont particulièrement importants et indissociables. Le sport n’est pas suffisant dans le maintien d’une bonne forme. Il faut veiller à accompagner l’exercice physique d’une bonne nutrition, comme source d’énergie, tout en assurant un coaching mental. » Chacun des clients de Fitnesscoach bénéficie d’un programme personnalisé autour de ces trois axes, selon son poids, son âge et ses ambitions. Suivant ses envies ou ses besoins, on peut profiter de séances en compagnie d’un personal trainer, au sein du studio de la société situé à Bertrange ou encore en extérieur. Fitnesscoach propose aussi l’organisation de bootcamps. « Il s’agit de séances en forêt, en groupe, à travers lesquelles nous travaillons sur la remise en forme physique et la musculation des participants. Le principe de ce concept réside dans le fait que l’on utilise uniquement le poids de son propre corps tout au long de la séance d’entrainement », précise la jeune femme. Diversifiant son activité, Fitnesscoach propose aussi un service destiné aux entreprises, avec
des séances d’entraînement s’adressant aux employés pendant le temps de midi par exemple. « C’est une manière, pour les sociétés, d’améliorer le bien-être de leurs employés, précise la gérante. De leur permettre de prendre l’air et d’évacuer la pression du travail en bureau. » Des sociétés, de plus en plus nombreuses, mettent ainsi en œuvre des programmes de prévention du burn-out, assumant ainsi leur rôle d’entreprise responsable. Le sport est une piste pour y parvenir. Cibler le top et bien le suivre
Les services de Fitnesscoach, s’inscrivant dans une approche qualitative, santé et bienêtre, sont régulièrement recommandés par les médecins et nutritionnistes. « En matière de nutrition, nous ne proposons pas de régime ou de diète. Nous partons des habitudes alimentaires de nos clients, que nous évaluons à chacune des séances, et nous voyons comment l’alimentation de chacun peut être améliorée par des petites choses. » Depuis son lancement, Fitnesscoach a rapidement séduit une clientèle de qualité. Son approche n’est en rien celle des salles de fitness qui s’appuient sur une clientèle toujours plus large. Fitnesscoach préfère s’adresser à des clients désireux de bénéficier d’un service à haute valeur ajoutée, d’un conseil et d’un accompagnement personnalisés. « Aujourd’hui, nous comptons environ 80 clients dont nous sommes très fiers. Il s’agit de médecins, d’avocats, de chefs d’entreprise, de managers. Nous comptons aussi, parmi nos membres, quelques sportifs professionnels de haut niveau », poursuit Conny Gabellini. Fitnesscoach entend, de cette manière, travailler la fidélisation de ses clients et mise sur le bouche-à-oreille pour se faire valoir. « Nous ne voulons pas, lorsqu’il vient chez nous, que le client ait l’impression d’arriver dans une salle de fitness. Nous voulons qu’il se sente à l’aise, qu’il sache que nous sommes à sa disposition pour nous occuper de lui », explique Raul. Cette approche, plutôt discrète, n’empêche pas Conny de mettre en œuvre un partenariat avec RTL, pour délivrer aux coureurs quelques conseils de préparation à l’ING Marathon. Au bout d’un an d’activité, Conny et Raul se disent très satisfaits de la manière dont l’activité s’est développée. Aujourd’hui, accompagné par un coach sportif indépendant, le couple entend consolider l’activité en continuant à faire valoir son approche innovante.
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Analyse SWOT Strengths (= forces)
Weaknesses (= faiblesses)
– Une bonne compréhension des besoins du client – Une équipe formée – Une offre qualitative
– Une petite équipe pour une demande croissante
– Un souci grandissant pour le bien-être et les risques psychosociologiques
– Le risque de blessure, pour les dirigeants comme pour les clients – La concurrence sur les prix
Opportunities (= opportunités)
Threats (= menaces)
CV
Capital santé Avant de devenir coach sportif, Conny Gabellini a travaillé dans le secteur bancaire. Désireuse de se réorienter après un break-down, elle s’est mise au sport, puis a repris des études universitaires pour mieux appréhender les sciences inhérentes au corps humain – anatomie, physiologie –, à l’alimentation et à la psychologie. Elle a d’abord développé une activité de personal trainer, avant de formaliser une approche intégrée à travers Fitnesscoach, au sein de sa propre entreprise familiale.
Fiche technique
Fitnesscoach Objet : programmes de remise en forme personnalisés, par le sport et la nutrition Statut : société à responsabilité limitée Date de création : le 15 avril 2013 Nombre d’employés : trois personnes + un coach indépendant
Des concurrents
Un segment prisé sur plusieurs niveaux Healthcity Belgique Création : 2006
Coach at home Junglinster Création : 2008
LB Coaching Kirchberg Création : 2011
VitalVie Senningerberg Création : 2007
Ladyfitness Luxembourg Création : 2009
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Comité du risque systémique
Un droit de véto pour la BCL La gouvernance des finances publiques se met en place, sans attendre que les consultants de McKinsey y mettent leur grain de sel.
Photo : DR
La Banque centrale intègre un nouveau comité spécifique, prenant de l'ampleur au passage.
Qui a peur de McKinsey et de ses méthodes souvent controversées pour mettre aussi bien les entreprises que les gouvernements dans les clous ? Les craintes d’ingérence de la firme de consultants à laquelle le ministre DP des Finances Pierre Gramegna a fait appel pour établir la nouvelle grille méthodologique qui permettra de confectionner le projet de budget 2015, et faire la chasse aux gaspis, devraient se calmer après la lecture du projet de loi portant création d’un comité du risque systémique. Un texte que le même M. Gramegna vient de faire produire dans ses ateliers de la rue de la Congrégation. « La collaboration actuelle avec le gouvernement est bonne, comme le montrent les projets de mise en place, respectivement d’une autorité budgétaire indépendante et d’un comité de risque systémique, où nous avons pu dégager des conclusions respectant les compétences de toutes les parties ainsi que l’intérêt général » : cette petite phrase est de Gaston Reinesch, le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg dans une des rares interviews (ici au Quotidien) qu’il a accordées depuis son entrée en fonction, il y a un peu plus d’un an. Pareille assertion, couplée au « droit de véto »
qu’aura le « directeur général » de la BCL dans le futur comité de risque systémique dans le cadre de la surveillance macro-prudentielle et, de fait, la stabilité financière d’un pays qui tire le gros de sa richesse des banques, a donc de quoi rassurer ceux qui crient au loup dans la bergerie du ministère des Finances. Contribution durable du secteur financier
La création du Comité du risque systémique est un appendice de la crise financière de 2009 et des erreurs de jugement qui l’avaient précédée : trop focalisées sur l’aspect micro-prudentiel, les ratios de solvabilité et le contrôle des établissements individuels, les autorités de surveillance n’avaient rien vu venir du crash du système financier et n’avaient pas tenu compte « des interactions entre les établissements de crédit », ni entre ces derniers et le système financier en général. D’où l’intervention de la Commission européenne en 2009 pour réformer l’architecture et la surveillance financières. C’est ce cadre institutionnel, destiné à assurer « une contribution durable du secteur financier à la
croissance économique » qui se met en place au Luxembourg. Il regroupe toutes les autorités impliquées dans la réglementation et la surveillance : ministère des Finances ayant dans ses attributions la place financière, Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), BCL et Commissariat aux assurances. Le comité se réunira deux fois par an avec pour mission, selon l’exposé des motifs, de « coordonner la mise en œuvre de la politique macro-prudentielle, laquelle a pour objectif de contribuer au maintien de la stabilité du système financier dans son ensemble, y compris en renforçant la résilience du système financier et en diminuant l’accumulation de risques systémiques ». Vu sous cet angle, c’est un changement de paradigme dans la politique de développement de la Place, réputée avant tout « business friendly », conduite jusqu’à présent et qui avait connu son apogée lorsque l’ancien patron de la CSSF, Jean-Nicolas Schaus, présidait aussi sans état d’âme le Comité de développement de la place financière, organe chargé de diversifier le secteur bancaire et ses niches. Tenu « d’agir dans l’intérêt général et de manière impartiale », le comité sera habilité, entre autres, à lancer des alertes et formuler des « recommandations relatives aux mesures correctrices à prendre pour faire face aux risques identifiés ». La présidence du comité sera assurée par Pierre Gramegna et par Gaston Reinesch en l’absence du premier. La BCL y jouera un « rôle de premier plan » et en assurera le secrétariat, bien qu’aucun budget ne soit prévu à cet égard, le comité n’étant « pas conçu comme un poste budgétaire ». Le gouverneur de la BCL se voit en outre conférer un droit de véto en raison de son « expertise » et de ses « responsabilités » en matière de stabilité financière. V. P.
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place financière
Récompense
Réorganisation
KBL à l’aise avec les sukuks
Berns, Heinrich et Khabirpour sur le départ
Le groupe bancaire luxembourgeois dirigé par les Qataris a été doublement primé pour sa première participation aux Islamic Finance News Awards à Dubaï, un prix qui se distribue depuis 2006 aux acteurs de la finance islamique. Il a empoché le « Deal of the Year » et le « Sukuk Deal of the Year » pour son rôle dans le programme d’émission de 2 milliards de dollars de certificats islamiques à court terme lancé par l’International Islamic Liquidity Management Corporation. KBL est, du reste, la seule organisation européenne à avoir participé à cette opération pour le compte de cet émetteur.
Les trois cadres du ministère des Finances ont annoncé leur départ au nouveau ministre des Finances, Pierre Gramegna.
Nouvelle banque
Le groupe Danieli débarque au Luxembourg La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a délivré, à la mi-janvier, un agrément d’activité bancaire à la société Danieli Banking Corporation, filiale du groupe multinational italien, l’un des trois principaux fournisseurs d’équipements pour l’industrie métallurgique. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour la diversification de la place financière, car il ne s’agit pas d’une banque « ordinaire » : ses statuts prévoient que ses activités bancaires « s’exerceront avec les sociétés du groupe Danieli ainsi qu’avec les clients et les fournisseurs ». Le capital de départ a été fixé à 400 millions d’euros, le minimum pour obtenir un agrément bancaire.
Post Luxembourg
Jamais sans mon CCP Une question parlementaire du député CSV Marc Spautz faisait état de « pourparlers » menés par Post Luxembourg en vue de vendre son service de banque. Claude Strasser, CEO de Post, interrogé par paperJam.lu, a confirmé que le groupe était à la recherche d’un « nouveau modèle économique pour le CCP », mais en précisant que « l’abandon tout court n’a jamais été évoqué. À l’heure actuelle, il n’y a aucune conclusion ou décision à ce sujet ». En 2011, le chiffre d’affaires global de l’activité « services financiers postaux » avait été de 29,59 millions d’euros. Il était tombé à 23,91 millions en 2012 (-20 %), plombé par les taux d’intérêt historiquement bas.
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Photos : archives paperJam
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Avec ces départs, c’est tout un pan de la gouvernance du secteur qui contribue le plus au PIB national qui est ébranlé.
C’est un petit séisme dans la haute fonction publique luxembourgeoise. Trois hauts fonctionnaires exerçant au ministère des Finances quittent la rue de la Congrégation. Alphonse Berns, directeur chargé des questions de fiscalité, Georges Heinrich, directeur du Trésor et Sarah Khabirpour, chef de cabinet et premier conseiller de gouvernement, ont annoncé au ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), en place depuis décembre 2013, vouloir quitter leurs fonctions. Le premier avait été recruté par Luc Frieden, ancien ministre CSV, fin 2012. Diplomate chevronné (37 ans de carrière, dont des fonctions de représentant du Luxembourg à Washington, à Londres ou encore à Bruxelles), Alphonse Berns avait rejoint le ministère des Finances pour gérer la pression croissante sur les niches fiscales du GrandDuché au sein des enceintes internationales.
Celui qui, par ailleurs, siège au conseil d’administration de Cargolux, quittera son poste dans les prochains mois. Georges Heinrich, directeur du Trésor, quittera également sous peu la rue de la Congrégation. Il devrait du même coup abandonner ses mandats d’administrateur. Il est président du conseil d’administration de BGL BNP Paribas et membre des conseils de Post et de la BCEE (Banque et caisse d’épargne de l’État). Enfin, Sarah Khabirpour, collaboratrice de confiance de Luc Frieden au ministère de la Justice d’abord, à celui des Finances ensuite, a elle aussi fait part de son intention de partir. Elle quittera ainsi ses fonctions de présidente du conseil d’administration de la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier), de membre des conseils d’administration de la Bil et de la Bourse de Luxembourg.
place financière
actualité Économie & politique entreprises
Intérêts notionnels
Une idée mort-née Alors que la coalition gouvernementale avait fait sienne l’idée d’introduire l’intérêt notionnel dans la fiscalité des entreprises luxembourgeoises, cette idée semble désormais abandonnée, tombée sous le feu des socialistes et des verts lors du conclave budgétaire qui s’est tenu au château de Senningen début février. Le mécanisme d’intérêt notionnel consiste à déduire de l’assiette d’imposition des entreprises une certaine partie de ses capitaux propres, potentiellement réinvestis dans le développement de ses activités. Appliqué tel qu’il est en Belgique, il s’agit surtout d’un jeu d’écritures comptables qui trouve peu de justification économique sinon pour attirer ou conserver les groupes internationaux sur son territoire.
Innovation
Un fonds pour le foot business
Nouvelle niche ?
Bitcoins : entre prudence et opportunisme La cryptomonnaie défraie la chronique après des manipulations de son cours. Mais il n’est pas interdit à un fonds luxembourgeois d’investir dans cette monnaie virtuelle…
Fin février, en l’espace de quelques jours, le cours de la monnaie virtuelle bitcoin a connu une dégringolade vertigineuse, passant en quelques jours de 589 à 411 euros. Il « cotait » encore 837 euros en décembre… Échappant aux contrôles des États, le bitcoin est victime de manipulation, voire utilisé pour blanchir de l’argent. Mais de nombreux acteurs, y compris au Luxembourg, croient flairer un bon coup. Des start-up, comme Nexunity, ou des sociétés de commerce… du porno notamment, orientent résolument leur business model sur le marché. D’autres, des professionnels du secteur financier – centrales de paiement ou banques – surveillent du coin de l’œil. « Le système actuel des bitcoins n’est pas adapté au monde moderne de régulation visant à protéger les individus contre la spéculation et la fraude. Il convient donc d’être extrêmement prudent », prévient Yves Wagner, directeur chez BCEE Asset Management. À l’inverse de son homologue américaine, qui considère comme « légitimes » les monnaies virtuelles, la Banque centrale du
Luxembourg invite également à la plus grande prudence, rappelant que les monnaies virtuelles, considérées comme des monnaies non régulées émises par des acteurs eux-mêmes non contrôlés, « e xposent leurs utilisateurs à des risques opérationnels, légaux, de crédit et de liquidité ». Pour autant, certains fonds d’investissement se lancent dans cette cryptomonnaie : Fortress Investment Fund, Exante ou encore SecondMarket notamment. « A priori, si par ailleurs toutes les règles sont observées, un investissement en monnaies virtuelles – qui sont à considérer comme des moyens de paiement – n’est pas interdit », indique ainsi la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) qui rappelle, par ailleurs, que les opérateurs potentiels souhaitant se lancer dans « l’émission de moyens de paiement libellés en monnaies virtuelles ou autres » ou réaliser « l’installation d’un marché (‘plateforme’) pour négocier des monnaies virtuelles ou autres » doivent obtenir au préalable un agrément ministériel.
Le fonds d’investissement spécialisé Fairplay Capital annonce avoir obtenu son agrément auprès de la CSSF. Son objet : les transferts de joueurs de football de club à club. Il a été lancé par Laurent Pichonnier, managing director de la société de conseil en investissement Global Finance Consult, un proche de Gerard Lopez, un des directeurs fondateurs de la société de venture capital Mangrove Capital Partners, également désireuse de monter une société prenant des participations dans le monde du football. Le ticket d’entrée – réservé aux institutionnels – est de 125.000 euros. Sa commercialisation est attendue pour le courant du printemps. M. Pichonnier indique que « 10 millions d’euros de promesses d’engagement » sont dans les tuyaux.
Nomination
Un nouveau CEO chez RBS Luxembourg La Royal Bank of Scotland (RBS), qui fête cette année ses 10 ans de présence au Luxembourg, compte désormais un nouveau CEO en la personne de Revel Wood. Cet Africain du Sud était, depuis 2012, director et chief operating officer au sein de la banque, après quatre années passées en tant que deputy managing director auprès de la Northern Trust Management Company.
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Banque Degroof Luxembourg
Des résultats « appréciables » Banque Degroof Luxembourg et ses filiales affichent, pour l’exercice 20122013 (clôturé en septembre), des « résultats appréciables », avec un bénéfice net consolidé part du groupe de 51,2 millions, quasiment stable par rapport aux 51,9 millions de l’exercice précédent (-1,3 %). Un résultat qui, toutefois, ne comprend plus les actifs déposés de Degroof Banque Privée en Suisse. À périmètre constant, la hausse s’établit à 6,4 %. En matière d’administration de fonds, les actifs ont augmenté de 14,4 % à 25,1 milliards d’euros, portés par la bonne tenue des marchés et par l’obtention de nouveaux mandats.
place financière
Boris Liedtke (Deutsche Bank Luxembourg)
« Luxembourg, le Singapour de l’Ouest » Le successeur d’Ernst Wilhelm Contzen prend ses marques au sein d’une institution qui réfléchit à l’optimisation de ses ressources face aux évolutions de marché.
Euromoney
Riche palmarès luxembourgeois L’enquête annuelle Euromoney Private Banking Survey, basée sur le vote des acteurs de la banque privée et complétée par une partie chiffrée, est la publication de référence du marché. Pour l’édition 2014, les grandes banques luxembourgeoises y retirent, chacune, des satisfactions, en particulier BGL BNP Paribas, récompensé à six reprises. Outre le premier prix dans la catégorie « Best private banking services overall », elle a également reçu le premier prix en tant que meilleure gamme de services de conseil, meilleurs services pour la clientèle au patrimoine élevé (entre 1 et 10 millions de dollars US), très élevé (entre 10 et 30 millions de dollars) et extrêmement élevé (supérieur à 30 millions) et, enfin, meilleurs services de corporate advisory pour les clients de la banque privée. Société Générale Private Banking et la Bil comptent deux récompenses chacune : la première a été primée pour la qualité de la gestion de sa relation client et ses services aux family offices. La seconde a reçu la distinction de meilleure banque privée locale et de meilleurs services pour la clientèle « aisée » (entre 500.000 et 1 million de dollars US). Le palmarès est complété par un prix pour UBS (meilleure gamme de produits) et la Banque de Luxembourg (meilleurs services philanthropiques).
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Photo : Luc Deflorenne
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Pur produit de Deutsche Bank, auprès de qui il est actif depuis une vingtaine d’années (son dernier poste était celui de CEO et président de Deutsche Asset Management pour l’Asie), Boris Liedtke a pris en début d’année ses fonctions de chief country officer au Luxembourg, succédant au charismatique Ernst Wilhelm Contzen. Le passage du continent asiatique vers le Luxem bourg ne constitue pas un trop grand changement de mentalités pour celui qui considère que « le Luxembourg est le Singapour de l’Ouest ». « Outre le fait que ces deux pays sont des États de droit avec tout ce que cela implique en matière de respect des règles pour les acteurs du secteur financier, notamment d’anti-blanchiment d’argent, les responsables politiques de Singapour et du Luxembourg conduisent leurs actions sur des stratégies qui sont réellement mises en place, a précisé M. Liedtke lors de son premier point presse, fin février. L’importance du secteur financier au sein des deux pays et leur multiculturalité sont aussi à souligner. »
Prenant ses fonctions alors que le paysage bancaire connaît de nombreuses évolutions, Boris Liedtke entend conduire ses premiers projets suivant le triptyque « protect – connect – develop ». « N ous voulons naturellement conserver notre place au sein du marché bancaire, mais nous voulons dans le même temps explorer de nouvelles pistes de développement, par exemple dans le champ de la gestion d’actifs. » Outre son expérience propre, Boris Liedtke entend jouer la carte de la synergie interne au groupe Deutsche Bank et connecter davantage ses différentes entités luxembourgeoises. Il entend progressivement toiletter l’architecture du groupe au Luxembourg qui compte quelque 800 collaborateurs. « Nous analysons les synergies possibles au sein du groupe », a-t-il ajouté en substance. Le plan social annoncé l’an dernier et touchant 175 collaborateurs est toujours en cours, une partie du personnel concerné ayant retrouvé un emploi au sein du groupe.
Haute performance.
Le KBL EPB Fund – Flagship a enregistré un rendement annuel net de 10,10 % en 2013. Et vos investissements ?
W W W. K B L . L U A M S T E R DA M | B R U X E L L E S | G E N È V E | LO N D R E S | L U X E M B O U R G | M A D R I D | M O N ACO | M U N I C H | PA R I S L’objectif, la politique d’investissement ainsi que les risques liés à ce compartiment figurent dans le prospectus et dans les KIIDS, disponibles sur www.kbl.lu 083_PUB_KBL.indd 83
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Les dessous d’un sukuk
Deux tours Kirchberg pour le prix d’une Les deux tours emblématiques de l’entrée du quartier du Kirchberg serviront d’actifs du futur emprunt islamique que l’État luxembourgeois s’apprête à lancer. L’année dernière, l’État a racheté, pour 60 millions d’euros, la Tour A au promoteur Giorgetti. Les loyers payés par le Parlement européen sont très largement subventionnés par l’État. Texte Véronique Poujol Photo Sven Becker
L
a vente discrète au deuxième trimestre 2013 de la Tour A (13.000 m2), pour un montant approximatif de 60 millions d’euros par l’entrepreneur-roi du Kirchberg, Felix Giorgetti, à l’État luxembourgeois, fut l’une des transactions phares de l’année dernière, rapportait récemment le courtier immobilier Cushman & Wakefield dans son analyse du marché de bureaux au Luxembourg. La deuxième plus grande transaction immobilière fut le fait du promoteur concurrent Ikodomos (avec Éric Lux, l’associé de Flavio Becca dans Olos Fund et de Gerard Lopez dans Genii Capital et la Formule 1), qui a vendu à un family office, pour 59 millions d’euros, deux bâtiments d’une superficie de 10.000 m2 à Howald, un quartier pourtant nettement moins bien coté que le Kirchberg… Le prix de la Tour A du Kirchberg apparaît donc, à l’aune de cette comparaison, comme une bonne affaire que l’État luxembourgeois a réalisée pour son propre compte. A priori seulement. Cette vente a aussi contribué à épaissir le mystère enveloppant certaines transactions dans le quartier du Kirchberg et l’évolution des prix des actifs immobiliers. En 2007, par exemple, la banque privée Sal. Oppenheim avait acheté au Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg un terrain pour un montant de 31,23 millions d’euros. Mais, confrontée trois ans plus tard à des difficultés financières, elle l’avait revendu à perte (27,027 millions d’euros) au Fonds Kirchberg, alors que les prix immobiliers pour le plateau étaient restés haussiers. Le terrain fut alors remis sur le marché par le Fonds Kirchberg dans des conditions assez énigmatiques : la firme d’audit KPMG, en association avec le promoteur Giorgetti, en fit l’acquisition pour 27,05 millions d’euros, à l’issue d’un appel à candidatures selon une procédure simplifiée, en permettant donc au Fonds de faire une royale plus-value de 3.000 euros. En rachetant la Tour A, « l’État n’a fait qu’exercer son option d’achat et a également réalisé une grande
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Plusieurs options s’offraient aux autorités, soit continuer à payer un loyer à CLE, soit lui racheter l’immeuble. Selon les simulations, le coût total s’échelonnait entre 134 et 244 millions d’euros.
possibilité d’économie », se félicite Étienne Reuter, premier conseiller de gouvernement au ministère des Finances, dans un entretien à paperJam. Cette transaction serait étrangère au projet de lancer la première obligation islamique (sukuk) d’un État occidental que le Luxembourg couvait depuis des mois. « Ça n’a strictement rien à voir avec le sukuk », souligne le haut fonctionnaire. Le projet de loi autorisant l’État luxembourgeois à lancer son emprunt conforme aux lois islamiques précise que l’immeuble Tour A de la place de l’Europe, ayant une contenance de 24,65 ares, sera vendu en pleine propriété à un véhicule spécial (SPV) qui permettra d’en faire par la suite un des trois actifs sous-jacents du sukuk. Le deuxième immeuble est la Tour B bâtie sur un terrain plus étendu de 44,39 ares. L’État est propriétaire de l’immeuble sur lequel il y aura seulement un droit de superficie, en raison de la complexité du montage financier autour de la construction du bâtiment au début des années 2000 par le promoteur immobilier CLE. Le troisième bien qui sera adossé à l’obligation est l’immeuble Gutenberg, situé rue des Primeurs à Strassen. La propriété de ces immeubles sera transférée au SPV, appartenant à 100 % à l’État luxembourgeois. Cette société émettra des certificats représentant le prix d’achat de ces bâtiments (200 millions d’euros maximum). Les loyers constitueront une partie du rendement (le taux n’a pas encore été défini) des immeubles et seront versés en partie aux
On a beau les surnommer les « Tours jumelles », les gratte-ciel du Kirchberg ont la même allure mais pas le même prix.
investisseurs ayant souscrit les sukuks. Ces produits n’ont d’ailleurs pas vocation à rester éternels. Après cinq ans, le SPV rétrocédera les biens à l’État pour 200 millions d’euros. En attendant, l’État trouvera dans ce produit une source de financement facile, tout en faisant un geste et en donnant des gages de bonne volonté envers les investisseurs du Moyen-Orient, particulièrement friands de sukuks, surtout quand ils viennent d’émetteurs AAA comme le Luxembourg. Construction chaotique
Reste à savoir si, du point de vue du contribuable luxembourgeois, les transactions successives qui sont intervenues sur les deux tours de la place de l’Europe ont été ou non une bonne affaire. Le projet de loi sur les sukuks ne souffle pas un mot sur le volet financier et assure que l’incidence du texte sera neutre sur le budget de l’État. Il n’est pas dit toutefois que la construction des tours jumelles ait mis jusqu’à maintenant du beurre dans les épinards. Il suffit de se pencher sur l’histoire un peu chaotique des deux immeubles pour s’en convaincre. À cela s’ajoute l’absence de transparence de la politique immobilière de l’État luxembourgeois avec les différentes institutions européennes présentes sur son territoire. Certains loyers sont ainsi généreusement subventionnés. Le prix de 60 millions d’euros payé par l’État l’année dernière pour l’acquisition de la Tour A se situe près de 20 millions d’euros en dessous du niveau qui avait été fixé en 2002. Le ministre des Finances de l’époque, Luc Frieden, CSV, avait alors demandé à la Chambre des députés le feu vert pour que l’État signe avec les propriétaires privés des deux tours de bureaux les contrats de bail sur une durée de 25 ans pour un montant de 5,95 millions d’euros pour la première (appartenant à Giorgetti) et de 7,3 millions pour la seconde (propriété du groupe CLE, par ailleurs toujours présidé par l’ancien directeur du Fonds Kirchberg, Fernand Pesch). Le projet de loi fut adopté en avril 2003.
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À côté de l’autorisation de louer ces deux bâtiments, le gouvernement de Jean-Claude Juncker avait aussi demandé aux députés de pouvoir exercer une option d’achat via le Fonds d’investissements publics administratifs. Officiellement, pour des raisons de sécurité et en raison de leur proximité avec le Centre de conférences qui accueille deux mois par an des conseils européens ; officieusement, pour permettre le financement des tours, un des promoteurs ayant à un moment arrêté les travaux de construction. Le prix maximum avait été établi à 91 millions d’euros pour la Tour B (19.000 m2), si l’option était actionnée avant la deuxième année du contrat de location. Le tarif était dégressif avec les années et descendait à 82,5 millions après la neuvième année de bail. Le prix de la Tour A (15.137 m2 selon le projet de loi de 2002, 13.000 m2 selon le rapport de Cushman & Wakefield) était logiquement moins élevé : 81,5 millions d’euros après la sixième année de contrat et 79,2 millions au bout de la neuvième année. Aucune indication sur une éventuelle indexation n’était mentionnée dans le texte de loi. Interrogé, Étienne Reuter n’a pas fourni d’explications sur la différence de 20 millions d’euros entre l’option de 2002 et le prix de vente facturé en 2013 par Giorgetti. L’usage des deux tours fut réservé aux institutions européennes. Le Parlement européen, occupant des surfaces, contrairement à d’autres institutions communautaires qui poursuivent une politique d’achat, plus rentable que la location, en est locataire. En raison des « difficultés » qu’éprouvait le Parlement européen à s’engager « dès à présent sur un contrat de bail ou sur une négociation d’acquisition », lisait-on dans le projet de loi de 2002, « il importe que l’État luxembourgeois se fasse l’intermédiaire pour assurer d’un côté que l’offre soit disponible le moment voulu et de l’autre côté pour créer des conditions suffisamment sûres afin que ces immeubles puissent être construits et financés ». L’idée, pour les deux tours A et B, était donc d’y transférer les services du secrétariat du Parlement européen, qui occupait alors l’immeuble tour Alcide de Gasperi, lequel devait être évacué pour rénovation et extension vers la fin 2003. Les travaux durèrent près de 10 ans, alors qu’il était initialement prévu d’inaugurer les locaux rénovés pour la présidence luxembourgeoise de l’UE en… 2005. Subvention de loyer de 7,7 millions d’euros par an
Problème : les loyers cumulés des tours jumelles (13,24 millions d’euros par an, avec les parkings) étaient bien plus élevés que celui de l’immeuble Alcide de Gasperi. Lors de la signature du bail, le Parlement ne paiera finalement que 5,656 millions d’euros par an, le différentiel de 7,75 millions ayant été pris
— avril 2014
« L’État n’a fait qu’exercer son option d’achat et a également réalisé une grande possibilité d’économie. » Étienne Reuter, premier conseiller de gouvernement au ministère des Finances, au sujet du rachat de la Tour A du Kirchberg.
en charge par l’État luxembourgeois. Un prix très largement subventionné aux frais du contribuable et qui se justifiait, selon les autorités, par le fait que le Parlement européen avait été obligé de déménager de son immeuble : « Nous avons tenu compte du déménagement du Parlement européen, indépendant de sa volonté », indique Étienne Reuter. En 2006, l’État avait levé l’option d’achat sur la Tour B pour le montant prévu de 91 millions d’euros, TVA comprise (à un prix unitaire de 3.833,687 euros par m2 de surface brute), après que la Cour des comptes eut rédigé un rapport spécial sur ce bâtiment, rapport qui ne donna d’ailleurs pas lieu à des constatations d’irrégularités de la part du gardien du bon usage des deniers publics. À cette époque, plusieurs options s’offraient aux autorités : soit continuer à payer un loyer à Compagnie luxembourgeoise d’entreprise (CLE), soit lui racheter l’immeuble. Selon les simulations, la continuation du contrat de location avec levée de l’option d’achat au bout de 10 ans de location avait un coût total de 180 millions d’euros.
Sans l’actionnement de l’option durant le contrat de bail sur 25 ans, le coût s’élevait à 244 millions d’euros. La formule la plus économique (d’un coût total de 134 millions d’euros) était la levée de l’option avant la deuxième année, ce que fit le gouvernement en mettant les 91 millions d’euros sur la table. La Cour des comptes, en revanche, ne s’est pas saisie pour éplucher les coûts occasionnés par la location puis la levée de l’option d’achat, après 10 ans de contrat de location avec Giorgetti. Ceux qui vont souscrire le premier emprunt islamique jamais lancé par un État occidental aimeraient peut-être le savoir, au nom du principe de la finance durable.
Les tours jumelles à l’entrée du quartier du Kirchberg constitueront les principaux actifs de l’obligation islamique d’un montant de 200 millions d’euros que l’État luxembourgeois s’apprête à lancer sur le marché. Les deux immeubles ont été construits au début des années 2000 et financés dans des conditions peu transparentes. L’État luxembourgeois subventionne très généreusement les loyers de son locataire, le Parlement européen.
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Fonds d’investissement
Mouvements perpétuels Les 18 et 19 mars, Luxembourg accueille la traditionnelle conférence de printemps de l’Alfi qui réunira plusieurs centaines de professionnels venus du monde entier. L’industrie des fonds est toujours en pleine frénésie réglementaire, en attendant une certaine pause due aux prochaines élections européennes. Les professionnels du secteur restent mesurés quant à l’efficacité de cette vague. Texte Jean-Michel Gaudron
C'est, en partie, au Parlement européen de Strasbourg que se joue l'avenir législatif de l'industrie des fonds d'investissement...
Photo : European Union 2013
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Amorcée en septembre 2009, la vague de réformes des régulations bancaires et financières est loin d’avoir fini de toucher les côtes.
I
ls seront encore près de 900 à converger vers le Centre de conférences du Kirchberg, les 18 et 19 mars prochains, pour assister à la grand-messe annuelle de printemps de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), rendez-vous incontournable de l’industrie des fonds d’investissement. La Spring Conference, à l’instar de la Global Conference du mois de septembre, va une nouvelle fois permettre aux professionnels du secteur d’échanger des informations et les dernières tendances, notamment en matière de réglementation. « C’est même un événement incontournable », affirme Claude Kremer, founding partner, head of investment management business unit chez Arendt & Medernach. Il connaît d’autant mieux son sujet qu’en tant qu’ancien président de l’Alfi, pendant quatre ans, il a largement contribué au rayonnement de cette conférence. « Contrairement à un événement comme le Fund Forum de Monaco, il ne s’agit pas d’une foire, mais d’un véritable forum d’échange de savoir qui permet de créer des relations professionnelles en tous genres. C’est un moment phare, qui contribue à l’amélioration du savoir. Une vraie séance de formation continue. » « New products, new world », tel est le thème global de cette conférence de printemps, dont le contenu, une nouvelle fois, sera profondément marqué du sceau de la régulation, dans un contexte de mises en œuvre successives de nouvelles exigences réglementaires. Les effets de ce que d’aucuns ont appelé un « tsunami » continuent à se faire sentir. Amorcée par la réunion du G20 de Pittsburgh en septembre 2009, cette vague de réformes des régulations bancaires et financières est loin, aujourd’hui, d’avoir fini de toucher les côtes. Les fonds monétaires menacés
Ucits IV, Ucits V, AIFM, Prips, Mifid, Fatca, Emir… La liste est loin d’être exhaustive et a fortement accaparé tous les professionnels des fonds ces dernières années. Il a plus été question de travail de mise en conformité, de veille réglementaire et
Statistiques
De records en records À la lecture des dernières statistiques du marché des fonds au Luxembourg, les voyants sont toujours au vert. Au 31 janvier, le patrimoine global des organismes de placement collectif (OPC) et des fonds d’investissement spécialisés (FIS), établi par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), a en effet atteint un nouveau record historique, à 2.623,836 milliards d’euros, en hausse de 0,32 % par rapport au mois précédent (c’est la cinquième progression consécutive), et de 9,06 % en glissement annuel. Une performance d’autant plus appréciable que l’industrie ne la doit qu’à elle-même : les émissions nettes positives se sont élevées à 19,624 milliards d’euros, le plus haut niveau depuis mai 2013. Cela a largement suffi à compenser l’évolution défavorable des marchés financiers qui a plombé les avoirs à hauteur de 11,15 milliards d’euros. « Toutes les catégories d’OPC à actions ont dû enregistrer des baisses de cours », note la CSSF qui explique que le mauvais comportement des marchés d’actions est dû à la fois aux turbulences relevées dans certains pays émergents, au changement de politique monétaire menée par la Réserve fédérale américaine et une reprise économique toujours fragile en Europe. J.-M. G.
de défense de ses intérêts, plutôt que de création et de développement de nouveaux produits. « C’est un peu triste, regrette Olivia Moessner, counsel chez Elvinger, Hoss & Prussen. Sans compter que cela finit par avoir pour conséquence d’augmenter les coûts pour les investisseurs, ce qui est à l’opposé du but recherché. De plus, nous arrivons dans une situation où l’économie réelle a besoin de financements. Or, avec certaines de ces réglementations, on est en train de priver l’économie réelle de ces sources de financement. » Et de citer l’exemple des fonds monétaires, dans le collimateur de la Commission européenne depuis septembre dernier, car considérés comme un des éléments à risque systémique du « système bancaire parallèle » aussi appelé shadow banking. Source importante de financement de l’économie, ces fonds monétaires pèsent lourd dans l’industrie européenne des fonds d’investissement : avec 1.000 milliards d’euros d’actifs gérés (concentrés à 95 % entre l’Irlande, le Luxembourg et la France), ils représentent quelque 15 % du marché. Ils sont aujourd’hui visés par la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire, que Marc Saluzzi, président de l’Alfi, avait jugé, dès la publication, le 4 septembre dernier, de la proposition de règlement, de « contraignant » et « injustifié ». Il s’agit notamment d’imposer à une certaine catégorie de ces fonds monétaires, ceux à valeur constante (qui représentent la moitié des fonds monétaires en Europe), une réserve de fonds propres de 3 %. « Ce coussin de capital va rendre quasiment impossible la mise en œuvre et la gestion de ces fonds », redoute Mme Moessner, qui rappelle que le principe même de valeur constante constitue un argument très important pour les investisseurs institutionnels désireux de placer leur trésorerie de manière temporaire dans un produit « sûr ». « Il y a une réelle peur de la part des promoteurs de voir disparaître ces fonds. À ce jour, il est impossible de savoir comment les choses évolueront d’ici aux prochaines élections européennes », indique Mme Moessner. Les fonds monétaires constituent un exemple parmi d’autres des préoccupations majeures de l’industrie actuellement. Il y a aussi, par exemple, le projet de fonds européens d’investissement à long
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actualité Économie & politique entreprises
place financière
« Certains ont pensé que plus il y avait de couches réglementaires, plus on allait vers le bon. Ce n’est pas vrai. » Claude Kremer (Arendt & Medernach)
terme en cours de discussion, et présenté, lors de la conférence de printemps de l’Alfi de 2013, comme une des priorités de Bruxelles. « Les discussions sont en cours entre le Parlement et le conseil européen, rappelle Silke Bernard, managing associate chez Linklaters. On ne sait pas si le règlement pourra être adopté avant les élections, mais il existe un consensus fort pour une mise en place rapide. » Il s’agirait de permettre à des investisseurs privés de pouvoir investir dans des projets d’infrastructures et d’équipements à long terme (comme des hôpitaux, des maisons de retraite…) que les gouvernements eux-mêmes n’ont plus les moyens de financer tout seuls. On peut aussi citer la réglementation Emir (European market infrastructure regulation), qui vise à imposer de déterminer un identifiant économique unique, ce qui sonnerait alors le glas de techniques de pooling – largement utilisées au Luxembourg – et permettant le regroupement de plusieurs entités légales… Une confiance à reconstruire
« Le marché commence à profiter des règles qui ont été adoptées ces derniers temps. » Silke Bernard (Linklaters)
« Avec certaines de ces réglementations, on est en train de priver l’économie réelle de sources de financement. » Olivia Moessner (Elvinger, Hoss & Prussen)
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Rien n’est donc permanent, sauf le changement, peut-on ainsi résumer, comme le fit, il y a 2.500 ans, Héraclite d’Éphèse, très loin des préoccupations financières de la société d’aujourd’hui… « Nous commençons à voir le bout du tunnel et je suis optimiste quant au fait que l’on va pouvoir rapidement se concentrer et construire quelque chose de bien pour le futur, contrairement aux dernières années où il a fallu déployer beaucoup d’efforts simplement pour rester dans la légalité, note pour sa part Mme Bernard. Les gestionnaires inventent toujours quelque chose de nouveau et le marché commence à profiter des règles qui ont été adoptées ces derniers temps. » Le limited partnership, implémenté en marge de la directive AIFM, constitue, par exemple, un des nouveaux produits en vogue depuis son implémentation en 2013. « En un mois, j’ai travaillé sur une demi-douzaine de dossiers de nouvelles structures de ce type, témoigne Silke Bernard. On est entré dans une phase de consolidation et il y a beaucoup de bénéfices à tirer de ces nouvelles opportunités qui se présentent. » Reste à convaincre les investisseurs du bienfondé de toute cette frénésie réglementaire. Et là, le défi est loin d’être complètement relevé. « La crise financière a sans doute rendu plus forte l’industrie de la gestion financière, mais tout n’est pas encore réglé, prévient Claude Kremer. Le premier souci reste toujours de reconstruire la confiance de l’investisseur final. Il faudra sans doute encore d’autres mesures pour y arriver. Ce qui est sûr, c’est que cette vague réglementaire de ces dernières années n’était pas une bonne chose. Davantage de réglementation ne veut pas forcément dire meilleure réglementation. Certains ont pensé que plus il y avait de couches réglementaires, plus on allait vers le bon. Ce n’est pas vrai. Il y a eu de très bonnes choses de faites, notamment dans la volonté de ne pas laisser trop de choses non réglementées. Mais le balancier a été trop loin dans l’autre sens. » À ses yeux, cela prendra donc un certain temps pour retrouver un semblant d’équilibre, et le marché, autant que les associations, aura aussi
un rôle à jouer, même si, en la circonstance, ils ne font que subir, eux aussi, la vague du moment. « Il conviendrait de limiter le nombre d’initiatives législatives et, surtout, de les faire les unes après les autres, estime M. Kremer. Même si on perd un an, il vaut mieux attendre qu’un projet soit bien mature et s’assurer qu’il convienne à l’industrie. Le principe de consultation préalable des acteurs du marché et les études d’impact devraient être davantage à l’esprit du législateur. » De l’argent qui dort
Les professionnels des fonds sont, parfois, d’autant plus agacés du sort qui leur est réservé, que leur industrie se trouve toujours « dans un état très sain et fort », comme se plaît à le rappeler Claude Kremer. Hormis le trou d’air en 2008, il y a toujours eu des collectes positives dans les fonds. « Depuis 2009, la croissance annuelle a été de près de 8 %, en dépit de la crise, constate l’ancien président de l’Alfi. Il y a toujours, de la part des investisseurs, une volonté d’investir et faire fructifier son argent de manière intelligente. » Et la marge de manœuvre semble encore immense, à en croire une récente étude sur la gestion collective en Europe citée par l’Efama, qui estime à 42,6 % la part de l’épargne qui « dort » sur des comptes bancaires, sans être injectée dans des produits d’investissement. « Le travail pour convaincre les gens d’investir m’apparaît comme une motivation extrêmement forte ! Encore faut-il qu’ils aient l’envie de pousser sur le bouton, ce qui n’est pas encore le cas, car les mesures prises n’ont pas été tout à fait les bonnes pour que cette confiance revienne. » Paradoxalement, c’est aussi une perte de confiance, d’un autre genre, qui guette une partie du marché. Car l’accumulation des couches réglementaires risque aussi de provoquer une certaine perte de lisibilité et de réputation du produit Ucits vis-à-vis des marchés non européens – en particulier asiatiques – alors qu’il constitue encore, aujourd’hui, un élément fort. « L’environnement OPCVM, qui a un très grand rayonnement extracommunautaire, et dont les produits sont distribués dans beaucoup de juridictions à l’étranger, commence à pâtir de ces modifications successives, constate Olivia Moessner. D’un côté, on présente les produits Ucits comme étant sûrs car, finalement ils n’ont que très peu souffert des crises successives. Et de l’autre, on n’arrête pas de vouloir les réformer. Il y a là une espèce d’incohérence qui nuit grandement à l’image des OPCVM et cela devient difficile de les vendre à des autorités étrangères. » Le chemin vers un retour à la sérénité est donc encore long et sinueux. Mais sans doute le jeu en vaut-il largement la chandelle…
À quelques jours de la Spring Conference organisée par l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, les professionnels du secteur vivent toujours intensément au rythme des vagues de nouvelles législations et réglementations censées assainir et rendre plus sûr le marché. Ils aimeraient néanmoins passer à autre chose et pouvoir de nouveau faire preuve de créativité pour faire retrouver aux investisseurs la confiance perdue.
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Diversification
Le dollar, l’euro… et le RMB Plusieurs pays européens, dont le Luxembourg, lorgnent l’internationalisation de la devise chinoise pour stimuler leur économie. Le RMB a été au centre d’un forum international, à Luxembourg. Diplomatie au long cours et expertise : les ingrédients de la Place pour se positionner durablement dans ce créneau. Texte Thierry Raizer Photos Luc Deflorenne
L
Le premier forum international dédié au RMB, organisé le 26 février, a confirmé l’intérêt général pour la devise chinoise.
— avril 2014
’internationalisation du RMB peut être comparée à l’arrivée de l’euro. » Ce constat, aussi simple que lourd de sens, a été dressé par le ministre des Finances lui-même. Pierre Gramegna était en effet un des invités du premier forum international dédié au RMB, organisé à la Philharmonie le 26 février dernier. Petits plats dans les grands. Luxembourg for Finance (LFF) avait tenu à réussir le pari de cet événement pour asseoir l’image de la Place et du GrandDuché comme hub des flux financiers générés par l’arrivée de la monnaie chinoise sur les
marchés internationaux et donc en Europe. « Compte tenu de la couverture médiatique internationale engendrée par l’événement, nous pouvons parler d’un succès, déclare Nicolas Mackel, CEO de LFF. L’un de nos objectifs était de communiquer sur la place qu’occupe le Luxembourg dans l’internationalisation du RMB, ce qui a plutôt été réussi. » Et le dirigeant de l’agence de promotion de se réjouir de la représentation dans les travées de la salle de concert de toutes les expertises du secteur financier local : « Nous voulions aussi sensibiliser les différents acteurs luxembourgeois au potentiel du RMB. »
actualité Économie & politique entreprises
« Le RMB pourrait un jour concurrencer le dollar. »
« Sensibiliser les différents acteurs au potentiel du RMB. »
Yves Mersch (Banque centrale européenne)
Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance)
Pierre Gramegna (ministre des Finances)
Gast Juncker (Elvinger, Hoss & Prussen)
Dépôts en RMB offshore par pays, en milliards de yuans
Quo vadis ?
D’un symbole à l’autre
(janvier 2014) 1200
1.053 1000
800
600
400
215 200
172 86
0
64 45
20 15
chinoises. Clearstream pourrait occuper une place non négligeable dans cette optique. La société appartenant au groupe Deutsche Börse est d’ailleurs présente en Asie depuis 1990 avec un bureau à Hong Kong. « Un des éléments clés dans la stratégie de Clearstream est de faciliter et d’aider la demande croissante de nos clients pour investir dans les marchés asiatiques. (…) Nous avons l’intention de contribuer à faciliter le développement d’un véritable marché offshore international dédié à la devise chinoise », déclare Jeffrey Tessler, CEO de Clearstream. L’institution qu’il dirige a agi en janvier dernier en tant que dépositaire unique pour le
Source : PwC Luxembourg
Si différents pays européens sont mobilisés pour recueillir les fruits de la croissance chinoise via sa devise internationale, c’est que les marges de progression sont importantes. 13 % des échanges commerciaux en Asie sont actuellement effectués en RMB. À l’échelle mondiale, le dollar conserve sa suprématie, mais le mouvement de progression inéluctable de la devise chinoise pourrait bien s’accélérer. « Le RMB pourrait un jour concurrencer le dollar », notait en substance Yves Mersch, membre du directoire de la Banque centrale européenne lors du RMB Forum. Cette vision corrobore les résultats de différentes enquêtes et autres prises de pouls qui entrevoient des évolutions tantôt d’ici 10 ans, tantôt dans les 30 prochaines années. Pour Clearstream, la part du RMB dans le commerce asiatique pourrait atteindre 50 % à court ou moyen terme. Standard Chartered estime que 28 % du commerce international de la Chine s’effectuera en RMB à l’horizon 2020. « Nous avons exprimé le souhait que les autorités chinoises nous aident à être encore plus efficients dans la dynamique d’internationalisation du RMB », ajoutait Pierre Gramegna lors d’une conférence de presse en marge du RMB Forum. Une offre de services diplomatiquement formulée pour attirer de nouvelles activités au Luxembourg, dont des opérations de clearing, pour le compte de banques
« Il est très important d’entretenir l’image du véhicule Ucits. »
Ko ng Ta ïw Sin an ga po ur M a Lu ca o xe m b ou Co rg ré e du Su d Fr an Ro ce ya um eUn i
Potentiel exponentiel
« Le succès du RMB a débuté au cœur de la crise financière. »
Ho ng
Intense, le phénomène d’internationalisation du RMB utilisé actuellement dans 220 pays est tout aussi récent puisque datant de 2009 via les initiatives du gouvernement chinois. « Je suis persuadé que 2008 figurera dans les livres d’histoire », indiquait Pierre Gramegna lors de son intervention au forum, sous le regard du Grand-Duc héritier – signe de l’importance du RMB pour le Luxembourg. « Si nous utilisons encore le mot crise pour qualifier la nouvelle période qui a débuté cette année-là, nous devons plutôt parler d’un changement de paradigme, ajoutait le ministre. Or le succès du RMB a débuté au cœur de la crise financière. Je ne crois pas que ce soit un hasard, les deux phénomènes sont connectés. »
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Si le poids de ses voisins n’est pas négligeable, le Luxembourg capitalise sur des relations diplomatiques vieilles de 42 ans avec la Chine. Succès pour tous, le RMB Forum fera certainement partie des moments importants dans les relations bilatérales, au moins pour les places financières respectives. La mission économique qui sera conduite par le ministre des Finances en juillet est le prochain moment clé. Pierre Gramegna y abordera sans aucun doute les quotas « RQFII » (RMB qualified foreign institutional investor) que le Luxembourg caresse l’espoir de recevoir à destination d’institutions financières, à l’instar de Londres. Un symbole important. L’absence de quotas dédiés n’empêche pourtant pas le Grand-Duché d’être le réceptacle d’investisseurs basés à l’étranger disposant de quotas et qui utilisent les véhicules luxembourgeois pour investir le marché chinois. Autre symbole attendu, l’arrivée de nouvelles banques chinoises. Le nom de l’Agricultural Bank of China continue de circuler, sans avoir été confirmé dans les travées du RMB Forum. Les annonces par voie de presse et les décisions d’implantation d’entreprises ne suivent pas toujours la même partition. T. R.
lancement de deux nouvelles obligations libellées en RMB (les dim sum bonds) émises par la China Construction Bank (dont le siège européen est au Luxembourg) et la Bank of China Hong Kong. Une opération dont les montants en jeu s’élèvent respectivement à 1,25 milliard (147 millions d’euros) et 650 millions de RMB (76 millions d’euros). Plus actifs que les États-Unis dans le processus d’internationalisation du RMB, les pays européens se disputent volontiers, même à pas feutrés, les opportunités qui en résultent. Il faut dire que Chine et Europe restent des partenaires commerciaux importants. D’après l’Organisation mondiale du
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Montants disponibles de quotas RQFII et montants utilisés en janvier 2014, en milliards de yuans
Quotas utilisés
Quotas RQFII
270
Hong Kong
168
300
Quotas QFII Institutions QFII
250
100
Taïwan
Montants des quotas et nombre d’institutions sous licence, en milliards de yuans
Quotas RQFII Institutions RQFII
300
200
0
200 150
80
Londres 0
100
50
Singapour
100
50
2013
2012
2011
300
2010
250
2009
200
2008
150
2007
100
2006
50
2005
0
0
2004
0 0
En 2013, 44 institutions se sont vu accorder le statut QFII (qualified foreign institutional investor) et des licences RQFII ont été délivrées à 29 acteurs en dehors de la Chine. Le total des quotas a ainsi connu une hausse rapide l’an dernier, atteignant 300 milliards de yuans (35 millions d’euros) pour QFII et 157 milliards (18 millions d’euros) pour RQFII. Les marges de progression restent importantes si l’on considère que la capitalisation globale au sein du marché chinois s’élève à 29.000 milliards de yuans (3,4 milliards d’euros) pour les obligations et 23.000 milliards de yuans (2,7 milliards d’euros) pour les actions.
commerce, l’UE est la deuxième destination d’exportations chinoises, derrière les États-Unis. Hors Asie, l’UE est le premier importateur en Chine pour un montant de 212 milliards de dollars, devant les États-Unis (133,8 milliards). « L’internationalisation du RMB est un processus qui a débuté récemment, mais qui s’accélère à un rythme important. L’Europe est appelée à y jouer un rôle majeur, estimait Didier Mouget, managing partner de PwC Luxembourg, durant une table ronde organisée lors de l’événement de Luxembourg for Finance. Je ne pense pas qu’il y ait une réelle compétition entre les pays, les forces du marché vont opérer et donneront lieu à une spécialisation sur base des compétences respectives de chaque pays. » La seconde jeunesse des Ucits
Et le Luxembourg a pris une certaine avance sur ses voisins puisque 60 % des investissements chinois effectués en Europe passent par le Luxembourg. Le pays est d’ailleurs en première position des pays européens en termes de dépôts en RMB, soit 64 milliards de yuans (7,5 milliards d’euros). La publication Where do you Renminbi ?, éditée par PwC Luxembourg, montre que le Grand-Duché (voir graphique page 97) est le premier pays non asiatique à suivre les « historiques » en la matière. Historiquement, Hong Kong et Macao, en raison de leurs liens passés et leurs relations actuelles avec la Chine, ont été choisis pour expérimenter l’internationalisation du RMB. Ou plutôt sa régionalisation. Cette première phase préalable à l’envolée connue depuis 2009 a débuté en 2003 à Hong Kong et un an plus tard à Macao. Pour les fonds d’investissement luxembourgeois, le RMB est aussi une aubaine.
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Le régulateur l’a, semble-t-il, compris puisque la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), qui avait dès 2008 signé un protocole avec la China Banking Regulatory Commission (CBRC) puis en 2012 avec la China Securities Regulatory Commission, a autorisé en novembre dernier l’établissement du premier fonds Ucits sous le régime dit « RQFII » (renminbi qualified foreign institutional investor) permettant d’investir directement dans des actions chinoises de classe A. De quoi redonner en quelque sorte un nouveau souffle au Ucits, véhicule européen quasiment devenu marque luxembourgeoise. « L’engagement du régulateur pour parvenir à des solutions rapides constitue un atout dans notre positionnement à l’égard d’autres centres financiers, dont l’Irlande qui reste un concurrent traditionnel sur les Ucits, déclare Gast Juncker, associé au sein du cabinet Elvinger, Hoss & Prussen qui a contribué au lancement de ce premier Ucits. Il est très important d’entretenir l’image de ce véhicule et le lancement de ce premier Ucits replace sa fiabilité et ses possibilités de distribution à l’avant-scène. » Le régulateur luxembourgeois est aussi attendu dans la prochaine phase de développement. « Une discussion est actuellement menée avec la CSSF quant à l’éligibilité du marché interbancaire chinois pour les fonds Ucits, ajoute Me Juncker. 95 % des obligations chinoises se situent sur ce marché qui n’est pas encore reconnu. »
rendra en Chine en juillet prochain, flanqué de représentants étatiques, mais aussi du secteur privé, partie prenante des réflexions luxembourgeoises autour du RMB via un groupe de réflexion privé-public où l’on retrouve notamment des représentants du secteur de l’audit et de la consultance. Une initiative qui est pour le moins nécessaire pour aborder un tel marché, soumis à plus d’influences qu’il n’y paraît. « Il n’y a pas une seule Chine, c’est un pays très diversifié, déclarait, lors du forum, André Loesekrug-Pietri, fondateur du fonds A Capital, dont les équipes sont basées à Bruxelles, Beijing et Hong Kong. Cette influence de différentes tendances pose la question de l’implémentation des réformes telles qu’annoncées. L’un des autres défis du pays concernera l’innovation, en l’occurrence la maîtrise de l’augmentation des coûts en élevant le niveau de sa chaîne de valeur. » L’apport du savoirfaire européen pourrait, dans ce cas, être bénéfique pour le secteur financier chinois. Peut-être aussi dans le champ du développement durable et de la gestion environnementale. Convoitée de toutes parts, la Chine est en effet observée attentivement quant à sa capacité à gérer durablement sa croissance, sous tous les aspects.
De longue haleine
Entre diplomatie, relations d’affaires et géopolitique européenne, le Luxembourg se positionne dans le grand jeu de l’irrésistible montée en puissance de la monnaie chinoise à l’international. En attendant l’arrivée de nouvelles banques, le pays fait son chemin pour être durablement le hub européen de la finance RMB. La réputation de l’industrie des fonds est un atout pour y parvenir.
Et ce n’est pas à un ancien diplomate devenu ministre des Finances qu’il faut expliquer l’importance des visites et autres missions économiques sur place pour concrétiser des retombées. C’est pourquoi Pierre Gramegna se
Sources : SAFE (State Administration of Foreign Exchange) et CSRC (China Securities Regulatory Commission)
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Photo: Jessica Theis
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inéma
L’OPL, dirigé par Carl Davis, accompagnera le film muet de 1921 Orphans of the Storm de D.W. Griffith. Le 22 mars à la Philharmonie
Sophie
Jung
La lauréate du Prix Steichen 2014 présente sa première exposition monographique au Luxembourg.
Jusqu’au 19 avril à Nei Liicht (Dudelange)
Photo : Sven Becker
S Laura
Zoom sur
Gilles Pegel Certains auront peut-être déjà croisé le nom de Gilles Pegel en 2010 pour le Kiosk de l’Aica. Il a également exposé ses travaux lors des CAL en 2012 et 2013. Mais aujourd’hui, c’est le Casino Luxembourg qui l’invite à s’approprier le Labo, espace dédié aux ateliers pour les adolescents, avec une installation pensée en écho à l’exposition The Unmanned de F. Giraud et R. Siboni. Gilles Pegel a décidé de devenir « artiste à temps plein » très récemment. Après avoir fait ses études à Bruxelles (en communication visuelle et graphique, puis en pratique artistique), il travaille pendant six ans au Mudam comme graphiste. C’est en décembre 2012 qu’il décide de se consacrer pleinement à son travail artistique. « Je vis avec l’air du temps, précise-t-il. C’est donc naturellement que je m’intéresse aux nouveaux médias, aux liens qui se nouent entre l’identité et la technologie. » Lorsque ce champ rencontre son attrait pour la typographie, ses réflexions le mènent à la cryptographie. « Pour cette installation,
j’ai utilisé la peinture ‘chroma key’ qui permet d’insérer des images virtuelles et j’en ai recouvert les murs du Labo. » Toute l’installation traite du codage des données, de ce qu’il est possible de voir, de ce qui est caché. « Lorsqu’on scanne les deux QR codes peints sur le mur, dont les pictogrammes sont d’ailleurs des portraits simplifiés de Fabien Giraud et Raphaël Siboni, on obtient la photo d’un siège d’avion vide. Par cette image, je fais référence au déplacement tant surveillé qu’Edward Snowden était supposé faire entre Moscou et La Havane. » Une vidéo est cachée derrière une cloison, que le visiteur attentif découvrira. « Le visiteur dispose également d’un document explicatif, mais celui-ci est barré. Impossible d’accéder à l’information. » C’est donc autour de cette question de l’information montrée / cachée, du cryptage des données, des nouveaux médias que les jeunes visiteurs sont invités à découvrir le travail de Gilles Pegel et à s’interroger sur ces thématiques.
Jusqu’au 27 avril, Casino Luxembourg – 41, rue Notre-Dame à Luxembourg (Centre-ville)
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Barbe Neige et les septs petits cochons au bois dormant nous plonge dans notre enfance en version hip-hop. Les 20 et 21 mars au Grand Théâtre
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Les Britanniques présenteront leur nouvel album Love Letters dont est issu l’exaltant single ‘I’m Aquarius’. Le 31 mars à la Rockhal
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Des comédiens déguisés en avocats et des avocats comédiens sont au cœur d'Impro Justitia. Le 19 mars au CCRN
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désirs
Sélection
Photographes d’aujourd’hui
Le Centre national de l’audiovisuel a programmé sa Portfolio Night en février dernier. L’occasion de faire un zoom sur cinq photographes remarquables et remarqués, qui ont eu les faveurs du jury de sélection.
Laurianne Bixhain
Paul Gaffney
Birte Kaufmann
Sébastien van Malleghem
Yutaka Nozawa
Elle affirme que la nature interdisciplinaire de son travail est enracinée à l’intersection de l’art, de la photographie et de la publication et envisage de prendre une photographie comme une extraction tangible de voyage, un sentier dans une série d’événements. Elle voit une photographie comme une page d’un livre. Les images seules sont des fragments auxquels elle offre des associations.
En 2012, il a parcouru plus de 3.500 km dans le but de créer un travail photographique qui explorerait l’idée de la marche à pied comme une forme de méditation et de transformation personnelle. Son intention était de créer une série d’images calmes, méditatives, qui évoqueraient l’expérience d’immersion dans la nature et captureraient l’essence du voyage.
Cette série donne un aperçu intime de la vie des Irish Travellers, la plus importante minorité d’origine nomade d’Irlande, à la recherche de sa place dans la société d’un pays moderne de l’Europe occidentale au 21e siècle. Après une première rencontre avec cette communauté de voyageurs, elle s’installe à côté d’eux dans son vieux camping-car et documente le temps qu’elle passe avec eux.
Après avoir documenté pendant plusieurs années la police, il tourne son regard vers le système correctionnel en Belgique : les prisons surpeuplées, les évasions fréquentes, les bâtiments délabrés, la drogue, la dépression, la violence, l’isolement… Ses photographies questionnent les méthodes correctionnelles des prisons, le rôle d’une peine de prison et la possibilité d’imaginer une prison à visage humain.
Après la peinture, la vidéo et l’installation, il se tourne vers la photographie et fait du paysage le centre de son intérêt. Peu importe à quel point le paysage peut sembler ordinaire, la relation de celui-ci avec un autre le rend spécial. L’artiste réunit différents paysages par l’action de sa main, à un moment donné qu’il juge parfait. Une méthode toute simple.
lectric Bathing, 2013 E – ongoing
e Make the Path W by Walking, 2012
he Travellers, 2011 T – ongoing
→←, 2013
Prison, 2011-2014
Sur scène
La musique bourgeonne Cette année, le festival de musique jazz et world Printemps musical, organisé par le Luxembourg City Tourist Office (LCTO), souffle ses 32 bougies en offrant une belle place aux musiciens qui viennent à Luxembourg pour présenter leurs dernières créations. Sélection. www.printempsmusical.lu
as F Thom
e rse n
L’élégant troubadour de la chanson française retrouve la scène avec des fables inédites et de nouveaux personnages dans ses bagages. Son neuvième album studio, intitulé Thomas Fersen & The Ginger Accident, regorge d’influences diverses, allant du jazz à la Jamaïque en passant par l’Éthiopie ou la country. Le 3 avril à l’Atelier
Iyeok
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Voilà une chanteuse puissante dont les prouesses lyriques évoquent l’esprit des figures bouleversantes : Nina Simone, Sade, Lauryn Hill et Amy Winehouse. Les paroles emplies d’espoir de Iyeoka, conteuse dans l’âme, jaillissent du plus profond de son être et touchent immédiatement. Le 11 avril à l’Atelier
Angé
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Retour très attendu pour « la première diva de l’Afrique » et son nouvel album Eve. Sa voix remarquable, sa présence scénique et la maîtrise de plusieurs langues ont gagné le respect de ses pairs et élargi sa notoriété à travers le monde. Elle croise les traditions ouest-africaines de son enfance au Bénin avec des éléments de R&B américain, funk et jazz. Le 29 avril à l’Atelier
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voyages
Destinations tous
Les vacances de Pâques se profilent et vous n’avez encore rien prévu ? Pas d’inquiétude. Que vous aimiez les vacances sportives ou culturelles, en amoureux ou avec des enfants, voici quatre destinations pour autant de types de public.
Culture
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ale re 2014, la capit enne de la cultu ditions tra de x, Capitale europé au ur ct trésors archite de e rg go re ne letto emporaines. nnovations cont séculaires et d’i projets, Avec environ 200 la le programme de lle a pris capitale culture e orc F « n ga slo ur po majeure », histoire fort et d’affirmer l’impact re. À ne positif de la cultu nouvelle tre de pas manquer : la e sur 1914, une au position historiqu ex e un e, qu thè s biblio nombreuse ntemporains, et de s. jeunes artistes co différents quartier les r leu va ttant en manifestations me
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Initiative Recettes végétariennes Parce qu’il n’est pas toujours facile d’avoir des idées de repas, le Mouvement écologique a lancé un blog de recettes végétariennes et végétaliennes. VeggieTable est animé par Lydie Muller-Philippy, qui propose des recettes de plats végétariens et saisonniers, avec des produits régionaux et bio. De nouvelles recettes sont présentées chaque vendredi et des conseils, tours de main et autres astuces sont également proposés, parfois avec des photos ou des vidéos. On découvrira, par exemple, ce cannelloni de courgettes farci aux légumes et olives. www.veggietable.lu
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ture Ou v e r
Toute l’âme du Brésil à Clausen Nouvelle équipe, nouveau projet pour Livia Oliveira qui s’est associée à Daniel Tesch pour créer Maria Bonita, un restaurant brésilien. Le nom est inspiré de cette « belle Marie », compagne du bandit légendaire Lampião, sorte de Robin des Bois des années 20 dans le Nordeste. On comprend dès lors que ce n’est pas le Brésil des plages et du carnaval qu’on nous offre ici, mais celui du métissage, de la tradition et du respect de l’authentique. Pas de carte mais une formule typique des établissements brésiliens : le « akilo » au déjeuner, soit une formule de buffet où l’on paie au poids. Le soir, le restaurant se mue en « churrascaria », c’est-à-dire une rôtisserie où les viandes sont grillées directement et accompagnées d’un buffet d’entrées. 7, rue Émile Mousel à Luxembourg (Clausen) www.mariabonita.lu
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Zoom sur
Thomas Szödy Ce sont les parents de Thomas Szödy qui, en 1984, ont fondé Alimpex pour fournir aux restaurants gastronomiques des produits d’exception : foie gras, volaille, saumon, truffes… Il rejoint la société au début des années 90 et va progressivement développer la gamme de produits en ajoutant, en particulier, les vins de Hongrie, son pays d’origine. « À la chute du mur, les domaines viticoles, notamment de Tokaj, ont bénéficié d’investissements étrangers et la qualité des crus a été croissante. » Désormais, Thomas Szödy voyage plusieurs fois par an à la rencontre des viticulteurs, visite les domaines et les caves et s’est forgé une solide culture en la matière. Il déplore que la Hongrie ne réalise pas plus d’actions de communication Alimpex – 47 27 83
autour de ses vins « alors que c’est un pôle européen de grands vins ». Il est membre de la Confrérie de Tokaj, qui organise notamment de grandes ventes aux enchères de ces vins exceptionnels. Ces blancs sont connus dans leur déclinaison liquoreuse, mais existent aussi en sec. « Les vins liquoreux sont fabriqués à partir d’un mélange savamment dosé de grains à maturation naturelle et de grains surmaturés. Le tout cueilli à la main, grain par grain. » Thomas Szödy entend maintenant développer son entreprise pour faire connaître ces cépages non seulement aux restaurants, hôtels et épiceries fines mais aussi aux particuliers. Il note que les Tokay accompagnent parfaitement les viandes blanches, les fromages et les desserts.
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Mode
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L’enseigne Monoprix, fraîchement installée à Luxembourg, propose des lignes complètes de mode pour femmes et enfants. La démonstration avec cette silhouette féminine, en plein dans l’air du temps.
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Détente
Un nouveau QG pour les enfants Le lieu existait déjà mais manquait de dynamisme. Du coup, la Ville de Luxembourg repense son concept et rouvre le Kanner-Elteren-Center, un point d’information et de rencontre dédié aux enfants (jusqu’à 14 ans). Ici, les parents peuvent s’informer sur les structures et les offres de loisirs et d’éducation proposées aux enfants en ville. Il est aussi possible d’y emprunter des jeux de société, des coffrets de jeux (musique, pâte à modeler, bulles de savon) ou des GPS pour faire du geocaching en famille.
Photo : Olivier Minaire
Photo : m3 architectes
Tendance
Photo : Olivier Minaire
Famille
Aquasud
Bo.Optic
Ce nouveau complexe vient d’ouvrir ses portes à Oberkorn. On y trouve un espace aquatique avec bassins de loisirs (rivière sauvage, toboggan animé, bassins extérieurs) et de natation, ainsi qu’un espace wellness (sauna, hammam, soins esthétiques), un espace fitness et deux espaces de restauration. Le bâtiment est signé par m3 architectes et la grande fresque murale par Sumo. Une belle réalisation.
C’est dans le nouvel îlot rénové situé dans la vieille ville que Bo.Optic a choisi de s’installer. Anne Berthol y propose, dans un cadre design réussi, intime et chic, une sélection de lunettes de créateurs avec des marques encore peu représentées au Luxembourg comme Marni, Vera Wang, Matsuda, Clayton Franklin, John Varvatos, Bruno Chaussignand ou Caroline Abram.
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Bo.Optic – 12, côte d’Eich à Luxembourg (Vieille ville) www.bo-optic.lu
Kanner-Elteren-Center – 2, place d’Armes à Luxembourg (Centre-ville). Ouvert du mardi au vendredi de 11 h 30 à 16 h 30.
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Stephan Roelants
« La qualité de l’animation avant tout » Avec Ernest et Célestine, ils sont passés à un cheveu de l’Oscar. Mais le Studio 352 n’a pas dit son dernier mot et est notamment en train de finir Song of the Sea, qui promet d’être une superbe réalisation. Rencontre avec Stephan Roelants, qui mène l’entreprise depuis 17 ans et nous présente les coulisses de la fabrication d’un film d’animation. Interview France Clarinval Photo Julien Becker
Monsieur Roelants, expliquez-nous d’abord comment s’articule le travail entre Mélusine Productions et le Studio 352. « Ce sont en effet deux sociétés distinctes. Mélusine Productions s’occupe de la production des films, c’est-à-dire de mettre au point le financement, suivre le développement du projet avec éventuellement des coproducteurs, superviser la fabrication et l’exploitation, garantir la distribution… C’est donc toute la vie du film qui est concernée, des premiers pas jusqu’à la fin de l’exploitation. C’est un travail qui se situe en amont de celui du studio, puis qui perdure. Ce n’est pas différent du travail de producteur dans les films live, mais c’est plus long, plus dur, plus cher. Il faut être capable de maintenir une endurance sur des projets qui sont de longue haleine, parfois trois ans pour un long métrage. D’un autre côté, le Studio 352, qui existe depuis 17 ans, est un studio artistique de fabrication de films d’animation. En quoi le Studio 352 est-il différent d’autres structures du même type en Europe ? En d’autres termes, pourquoi fait-on appel à vous ? « Une de nos grandes forces et spécificités est que nous avons une équipe fixe, avec un noyau de 40 personnes, dont 27 sont là depuis plus de 10 ans ! Cette équipe fixe est renforcée de talents spécifiques en fonction des projets qui nous sont confiés. Ces apports nous poussent à une remise en question permanente et à une formation continue sur de nouvelles techniques. Par ailleurs, le Studio 352 traite toutes les techniques : 2D ou 3D, traditionnel ou digital, court ou long, série, télévision, cinéma… Comment choisissez-vous les projets auxquels vous participez ? « On regarde d’abord la qualité du concept et du scénario, mais aussi qu’il y ait une adéquation entre le propos et le choix graphique. Ernest et Célestine est un bon exemple : le choix de l’aquarelle, du dessin à la main, de la 2D traditionnelle correspondait parfaitement à la tendresse de l’histoire et à la poésie du sujet. Ce film a remporté de nombreux prix, a été nommé aux Oscars… Mais quand vous avez commencé, monter un tel studio tenait presque de l’utopie. Comment le secteur a-t-il évolué ? « En effet,
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« Il est de notre responsabilité de produire des films intelligents, jolis, qui éduquent le regard à d’autres types d’images. »
Visuels : Studio 352
Les décors du film Ernest et Célestine ont tous été réalisés au Studio 352. Depuis l’encrage au brou de noix jusqu’à l’intégration des personnages.
c’était assez osé à l’époque. Mais plusieurs éléments m’ont poussé à m’installer au Luxembourg. Il y avait une politique dynamique en matière de création d’entreprise. Et puis, les aides à la production audiovisuelle étaient naissantes et donnaient espoir dans la pérennisation du secteur. Dans un premier temps, il m’importait de garantir du travail à mes équipes. J’ai toujours eu en tête une stratégie qui créait une synergie artistique et une progression de notre travail. On est passés par beaucoup de séries pour la télévision, de plus en plus qualitatives, pour progressivement savoir qu’on était capables artistiquement et financièrement de passer au long métrage et d’entrer dans la cour des grands. Est-ce qu’il y a un style reconnaissable au Studio 352 ? « Comme on mélange les techniques, c’est plutôt le service, l’encadrement, le professionnalisme qui nous sont reconnus. Ce sont l’intelligence et la maturité des artistes du studio, capables de se remettre en question à chaque film, qui sont appréciées. Cela dit, au fur et à mesure des films, on constate que l’on fait appel à nous pour certains types de travaux. Il y a une vague pour l’instant où les décors à l’aquarelle sont très demandés, même s’ils sont utilisés de manières très différentes. Notre point fort est d’ailleurs cet amalgame de techniques, mélanger l’aquarelle, les crayons, la plume… Justement, quelles sont les étapes de la fabrication d’un film ? « L e Studio 352 est capable de mener un projet en entier, mais par le jeu des coproductions internationales, on n’effectue en général qu’une partie de l’ensemble. On a longtemps été spécialistes de la préproduction, c’est-à-dire la mise en place du monde artistique. En gros, le travail commence par les recherches graphiques et couleurs sur l’univers et les personnages, les décors et les accessoires qui figurent dans le scénario. L’ensemble des personnages principaux et secondaires doit être élaboré. Vient ensuite la création du story-board, c’est-à-dire la mise en images du scénario, le découpage des scènes, le choix des points de vue. C’est comme si le réalisateur réfléchissait à quel endroit il allait placer sa caméra. Une de nos forces, c’est ensuite le layout qui est
réalisé : il s’agit de placer les personnages dans un décor, de connaître les étapes principales de son mouvement. Cela pourrait s’apparenter à la direction d’acteurs. Puis l’animateur va travailler pour animer le personnage. Enfin, le composing mettra ensemble les décors, les personnages, les effets, mouvements de caméra… Pour Ernest et Célestine, vous vous êtes notamment occupés des décors. « C’était un travail de titan. 1.133 décors ont été réalisés ici. Tous ont été tracés à la plume, au brou de noix, peints à l’aquarelle, puis scannés et retravaillés à l’ordinateur, avant que les personnages y soient intégrés. Notre département décor est de plus en plus reconnu. Sur Tante Hilda, notre responsable des décors était aussi codirecteur artistique. Pour Song of the Sea, que nous sommes en train de finir, l’aquarelle a aussi été utilisée, mais de manière beaucoup plus brute, comme des fonds de couleur pour donner une texture à l’ensemble. À chaque film, il faut une nouvelle dimension, une recherche, un challenge. Le matin, on est enthousiaste, le soir, on se pose des questions. Le seul moyen de durer et d’être reconnu dans le contexte d’un petit pays comme le Luxembourg, c’est la qualité. Parce qu’au niveau de la quantité, on ne pourra jamais lutter face aux géants comme les studios asiatiques et américains. La nomination aux Oscars montre que la qualité paie… « Je crois à un rôle fondamental de l’animation dans la formation et l’éducation. Les images animées sont les premières images que l’on montre aux enfants. C’est donc la première éducation culturelle, le premier choix, avant la lecture, avant l’école… Il est donc de notre responsabilité de produire des films intelligents, jolis, qui éduquent le regard à d’autres types d’images. C’est une forme de résistance culturelle à laquelle je veille au niveau du scénario comme du rendu. Il faut aussi se rendre compte que 60 % de la production audiovisuelle mondiale est de l’animation… Le public n’est pas idiot, il reconnaît la qualité et les succès que l’on a enregistrés avec nos dernières productions le prouvent. La présence de deux films coproduits au Luxembourg aux Oscars devrait mettre tout le secteur en avant. »
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MATHIEU affiche fièrement son nœud papillon.
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CARMEN et TUN en pleine interrogation.
C'est le noir qui habille JULIA et PATRICIA.
Complicité et humour entre ASTRID, GIOIA et SIMONE.
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avril 2014 Paru le 13 mars 2014
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Directeur de la publication Mike Koedinger Rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Directeur artistique Maxime Pintadu
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Corinne Cahen Ministre à la Grande Région
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ISSN 2354-4619
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GRANDE RÉGION : UN TERRITOIRE, UNE ACTION Photo : Sven Becker
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sortira le 27 mars 2014
Quand le Luxembourg jouera dans la cour des grands... vous l´apprendrez par L´essentiel
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Index A
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Aberdeen Asset Management 13 ACL 62 Agricultural Bank of China 92 Alfi 71, 88 Alia 22, 65 Allen & Overy 36 Amazon 36 Amsellem David 64 Aperam 72 Aquasud 26 ArcelorMittal 26 Arendt & Medernach 88 Arendt Guy 12 ArianeEspace 72 Arthur Andersen 64 AsiaSat 72 Association pour la protection des données 36 Auchan 26
B Banque centrale du Luxembourg 79 Banque de Luxembourg 116 Banque Degroof Luxembourg 82 Barthelmé Pierre 22 Bati-C 50 Bausch Romain 12, 72 BCE 92 BCEE 80 BCEE Asset Management 81 BCL 20, 81 Becca Flavio 84 Beissel Simone 12 Belgacom 62 Belkacem Rachid 48 Bernard Silke 88 Berns Alphonse 80 Bettel Xavier 12, 16, 26, 42, 61, 64 BGL BNP Paribas 80, 82 BIL 36, 80, 82 Binsfeld Nico 63 BIP Investment Partners 62, 72 BNP Parvest 95 Bofferding 63 Booz & Company 72 Bourse de Luxembourg 62, 80 Brasserie nationale 63 Braz Félix 26 Brisbois Fernand 64 Bunker Palace 65 Burton Tess 12 Business Initiative 91
Cahen Corinne 12, 42 Cargolux 32, 61 Cargolux BVI 32 Castegnaro 23 Caudron Olivier 36 CDCL 75 Centre Pompidou-Metz 42 Ceps / Instead 48 Cerba European Lab 66 CESGR 50 Chambre de commerce 12, 48 Chambre des comptes 22 Chambre des métiers 50 China Banking Regulatory Commission 92 China Securities Regulatory Commission 92 CIP – it works 65 CityJet 64 CJUE 24 CLE 84 Clearseam 92 Clément Franz 48 CNPD 12 Coboulux 62 Codello Daniel 26 Cohn-Bendit Daniel 16 Commissariat aux assurances 79 Commission européenne 22, 24, 62, 88 Commune d’Ettelbruck 22 Commune de Diekirch 22 Commune de Kaërjeng 26 Commune de Sanem 26 Commune de Soleuvre 26 Compagnie Financière La Luxembourgeoise 72 Conseil de la concurrence 22 Contzen Ernst Wilhelm 82 Coopmans Mathias 36 Costa 29 Cour des comptes 22, 24 Courboillet Catherine 66 Croix-Rouge 59 CSSF 79, 80, 81, 88, 92 CSV 12, 26, 80 Cushman & Wakefield 84
319 personnalités & entreprises ont été citées sur les 116 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
D Danieli Banking Corporation 80 de Radiguès Frédéric 63 Déi Gréng 16, 26 Deloitte Horizon 25 Dessange 95 Deutsche Asset Management 82 Deutsche Bank Luxembourg 82 Deutsche Börse 92 Deutsche Lufthansa 115 Dieschbourg Claudine 12 DNR 65 DO Recruitment Advisors 87 Domaine Alice Hartmann 32 Dourson Jean-Luc 66 DP 12, 16, 26, 80 Dreyer Malu 42
E Éditions Mike Koedinger 65 Eischen Gérard 114 Elvinger Joëlle 12 Elvinger, Hoss & Prussen 88, 92 Emo 62 État luxembourgeois 19, 84 Eutelsat 72 Ewert Charles 32 Exante 81 Explorator 65
F Facebook 36 Fairplay Capital 81 Félix Giorgetti 84 Felten Jean-Claude 42 FFCEL 12 Fonck Gilio 64 Fondation de Luxembourg 72 Fondation Olivier 72 Fonds Kirchberg 84 Forson Richard 61 Fortress Investment Fund 81 Frieden Luc 32, 80, 84
G G20 88 Garage Intini 21 GE Americom 72 Genii Capital 84 Georges & Associés 64 Global Finance Consult 81 Glock Gaston 32 Godart Jean 32 Gollnisch Bruno 16 Google 36 Gramegna Pierre 19, 79, 80, 92 Grandidier Jérôme 64 Grommerch Anne 50 Gros Dominique 56 Groupe Saint-Paul 65 Guedes Carlos 42
H Haider Jörg 32 Hamilius Yvette 20 Hartmann Elke 50 Hartmann Roger 16 Heinrich Georges 80 Hermes 4, 5 Hinterscheid Henri 26 HNCA 61 Hoffmann John 26
I Ikodomos 84 Ikogest 63 ILR 22, 62 Intelsat 72 Intersystems Benelux 36 IUT de Longwy 48
J John Paul Luxembourg Juncker Gast Juncker Jean-Claude
64 92 84
K KBL 80, 83, 87 Ketterthill 66 Khabirpour Sarah 80 Koedinger Mike 65 Kox Martin 26 KPMG 22, 61 Kramp-Karrenbauer Annegret 42 Kremer Claude 88
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index
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N
L’essentiel 111 Laboratoire Les Forges du Sud 66 Laboratoires Réunis 66 Lalux 72 Landsbanki Luxembourg 20 Ledent Philippe 50 Lentz Georges 63 Lettershop Luxembourg 65 Liedtke Boris 82 Linklaters 88 Linster Jacques 62 LLAM 66 LLUCS 66 Loesekrug-Pietri André 92 Lommel Gérard 12 Lopez Gerard 81, 84 LSAP 16, 26 Lux Éric 84 Lux-Airport 65 Luxair 32, 35, 64 Luxconnect 64 Luxembourg for Finance 92 Luxembourg School for Commerce 114 Luxemburger Wort 61, 65 Luxempart 12 LX Partners 56
M M&A Capital Fund 6 Macias Enrico 20 Mackel Nicolas 92 Madelin Robert 62 Magyarics Edith 65 Maison Moderne 65 Majordome 64 Mangen Albert 32 Mangrove Capital Partners 81 Marchon Hélene 64 Mark-Com 36 McKinsey 79 Meisch Claude 26 Meisch Marcel 26 Mersch Yves 92 Metz Metropole Developpement 39 Ministère de l’Économie 22 Ministère des Finances 72, 80 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 20 Ministère du Tourisme 22 Mobistar 62 Moessner Olivia 88 MoovieJob 95 Moreno Stefano 63 Mosar Laurent 32 Mouget Didier 92 Munhowen 63 Mutsch Lydia 26
Nagel Maggy 12 Namli Yaman 32 Netcore 63 NewSkies 72 Nexunity 81 NTT Com 64 NTT Corp. 64
O O3b 72 Olos Fund 84 OMC 92 Orange 62
P Panelux 62 Parlement européen 84, 88 Paul John 64 Paulin Pascal 36 Penning Philippe 32 Pesch Fernand 84 Philharmonie 42 Pichonnier Laurent 81 Pierre-Beausse Cyril 36 Pigeron-Piroth Isabelle 48 Post Group 80 Post Luxembourg 62, 65, 80 Post Telecom 2 Post Telecom PSF 63 PwC Luxembourg 92
Q Quendler Johann
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R Rauchs Pierre 22 RBS Luxembourg 81 Reding Viviane 16 Reinesch Gaston 79 Reuter Étienne 84 Reuter Gérard 22 Rommes Jean-Jacques 16 Ronk Jos 62 RTL Group 12, 62 RTL2 65
S Sabbagh Karim Michel 12, 72 Sarkozy Nicolas 32 SAS Institute 36 Schaus Jean-Nicolas 79 Schaus Robert 61 Schintgen Roby 50 Schneider Étienne 22, 26, 50 Schneider Frank 22 Schummer Lucien 61 Schweich Christine 12 SecondMarket 81 SES 12, 72 Sikor 26 SNCB 42, 48 Société Générale Bank & Trust 8 Société Générale Private Banking 82 Sodexo 39 Soludec 63 Song Richard 61 Space-X 72 Spaus Jean-Marie 63 Spautz Marc 80 Spautz Vera 26 Srel 22, 32 Standard Chartered 92 Star One 72 Strasser Claude 80
Talon Cyrial 66 Tango 62 Telecom Luxembourg Private Operator 64 Tesch Dan 62 Tessler Jeffrey 92 Thelen Carlo 12, 48 TNT Airways 64 Tonnar Jean 26 Traversini Roberto 26 Tribunal administratif 22 Trustconsult Group 64
U UBS Banque de Luxembourg 82 UMP 50 Union Commerciale de la Ville de Luxembourg 42 Unipatent 32 Université de Dublin 24 Université de la Grande Région 42, 48 Université du Luxembourg 48 Université Nancy 2 48
V Vanneste Johan Victor Buck Services Ville d’Esch-sur-Alzette Ville de Differdange Ville de Luxembourg VLM Airlines
64 65 26 26 26 64
W Wagner Yves Weisgerber Tom Wessner Pierre Wickler Christiane Wiseler Claude Wood Revel
81, 62 64 32 12 64 81
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
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opinion
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Gérard Eischen, directeur de la Luxembourg School for Commerce (LSC)
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Qualité toujours…
a formation professionnelle continue (FPC) occupe depuis un moment une place à l’avant-plan des sujets d’intérêt, alors que notre économie ne cesse d’être bouleversée par des changements de tout genre. Aujourd’hui, la FPC rime avec évolution de carrière, changement d’orientation professionnelle et autres coups d’accélérateur. Une approche en phase avec la tendance actuelle, puisque l’on n’a de cesse de rappeler que les ressources humaines constituent un enjeu stratégique majeur pour le développement de l’entreprise et que la formation constitue son outil de gestion le plus efficace. Or, quelle est la « valeur » des formations que nous dispensons ? S’il existe bien depuis peu un « cadre luxembourgeois des qualifications » (LQF) pour l’apprentissage tout au long de la vie, un recensement des certifications relevant des formations non formelles (organisées hors écoles et lycées) fait défaut. Une personne qui souhaite planifier « son » parcours de « carrière » et prévoit de suivre des cours dans une discipline donnée auprès d’un organisme du monde non formel n’a, à l’heure actuelle, que très peu de points de comparaison avec une formation enseignée
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dans la même spécialité, via le système formel. Ceci est pourtant d’une importance singulière dans un monde où la question des équivalences est incontournable. Mais comment faire pour « intégrer » le non formel à un référentiel du type LQF ? Il faudra d’abord s’accorder sur les acquis de l’apprentissage que l’on souhaite voir réalisés au terme d’une formation, c’est-à-dire ce qu’un apprenant – indépendamment du contexte spécifique d’acquisition – sait, comprend et peut faire. C’est un travail de bénédictin, mais inévitable dans une approche d’apprentissage tout au long de la vie. La transparence se trouve nécessairement au cœur d’une telle approche, ce qui rend incontournable le fait de mettre sur un pied d’égalité le formel et le non formel ou tout du moins, de pouvoir établir une comparaison objective entre ces deux secteurs. Dans la même idée, il faut aussi se mettre d’accord sur les normes inhérentes à la formation professionnelle. La normalisation devient en effet un outil de régulation des activités et des pratiques de plus en plus répandu… une régulation à laquelle la formation ne peut échapper. Plusieurs normes – nationales, européennes et internationales –
existent déjà ou sont en cours de développement. Combinées à un éventail d’instruments européens et de projets nationaux, elles rendent indispensable la création d’un standard congru qui puisse se prévaloir d’une reconnaissance internationale. Au-delà de concepts, d’outils, d’instruments, de méthodes et d’ingénieries pédagogiques performants, la qualité de la formation doit surtout faire référence à la qualité du formateur. L’adoption d’une matrice des compétences respectives requises ainsi que la mise en place d’une certification pour eux est inévitable. Tous ces éléments devront finalement converger vers une approche structurée et cohérente, matérialisée par une agence d’accréditation à la fois des formations et des formateurs. À l’horizon 2020, un parcours d’apprentissage devra pouvoir être planifié sur base d’un référentiel précis et transparent et être réalisé en ayant recours à des formations accréditées et des formateurs labellisés. J’ai bon espoir que cela puisse se faire, la définition d’une stratégie nationale de l’apprentissage tout au long de la vie étant une première étape dans cette approche qui constitue indéniablement un défi pour tous les acteurs concernés.
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