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MARS 2015
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Nicolas Buck
Dynamiseur d’esprit d’entreprise 001_cover.indd 1
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Grand Opening
© 2015 KPMG Luxembourg, Société coopérative, a Luxembourg entity and a member firm of the KPMG network of independent member firms affiliated with KPMG International Cooperative (“KPMG International”), a Swiss entity. All rights reserved.
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Éditorial Mars 2015
ESPRIT SAIN
L
es regrettés Cabu, Charb, Honoré, Tignous une nouvelle remise en cause de ce principe, dans un pays et Wolinski, s’ils avaient couvert l’actualité où 39 % de la population se disent « liés » à l’Église catholuxembourgeoise, s’en seraient certaine- lique (sondage TNS-Ilres de novembre 2013) et où le prement donné à cœur joie… L’idée même mier quotidien appartient à l’archevêché, le vicaire général d’une séparation de corps entre l’Église et présidant son conseil d’administration. l’État aurait sans nul doute inspiré moult C’est pourtant sous un gouvernement CSV qu’une motion dessins et autres caricatures, dont il aurait de la Chambre des députés invita, en juin 2011, l’exécutif à ensuite toujours été possible, évidemment, de remettre en instaurer, entre autres, un groupe d’experts chargé de réfléchir sur l’évolution future des relations entre les pouvoirs cause le bon goût, voire l’anticléricalisme primaire. Certes, cette « séparation » entre Église et État ne sera pas publics et les communautés religieuses au Luxembourg. Il absolue, comme certains l’auraient souhaité. Mais la nou- s’agissait déjà « d’adapter les dispositions légales désuètes au velle convention signée entre les deux parties, et touchant regard des exigences du moment ». notamment au nerf de la guerre – le financement –, n’en Il n’y a, intrinsèquement, aucune raison que le fait religieux, reste pas moins un événement tout autant symbolique au sens le plus large, ne soit pas lui aussi touché par les évoqu’historique. Un acte qui était écrit dans le programme lutions sociétales. Ce fut d’ailleurs le cœur des débats du gouvernemental, la coalition tricolore souhaitant dénoncer synode d’octobre dernier, visant à « moderniser » l’Église « les conventions existantes pour entamer des négociations du 21e siècle. S’attaquer à une institution aussi forte et symavec les cultes, lancer une discussion sur leur financement et bolique et le faire à peine un an après avoir pris les rênes redéfinir les relations entre les communes et les cultes », au du pays n’en demeure pas moins un joli tour de force pour nom d’une paire d’arguments liés à la liberté de penser, à l’équipe de Xavier Bettel. la neutralité de l’État à l’égard de toutes les confessions reli- Le plus dur est passé, puisqu’il semble désormais acquis gieuses ou encore à l’autodétermination des citoyens : un que la coalition au pouvoir pourra dégager suffisamment de voix à la Chambre des députés (majorité des deux tiers) corps électoral sain avec un esprit sain… Un premier coup de canif avait été donné avec l’introduc- pour que soit actée, d’ici deux ans, la réforme constitutiontion en 2014 « d’un acte central à caractère civil » à l’occasion nelle, qui jettera dans les oubliettes de l’Histoire le devoir de la fête nationale qui, jusqu’alors, voyait dans le Te Deum pour l’État luxembourgeois de payer les salaires des curés, célébré à la cathédrale le moment fort de ces cérémonies. vicaires et autres prêcheurs de bonne parole. Ils deviendront Il avait été suivi par une autre annonce également forte, des employés privés, bien qu’au Luxembourg, la religion ne visant le remplacement des cours d’instruction religieuse sera toujours pas une affaire strictement privée où l’État n’a dans l’enseignement fondamental et secondaire par des pas sa place. La laïcité a encore un peu de chemin à faire. cours d’éducation aux valeurs. Il faut espérer que les deux années à venir avant cette Mais encore fallait-il aller plus loin et faire du passage de la échéance, qui débouchera sur une Constitution rénovée, théorie à la pratique une véritable parole d’évangile. Car ne ressemblent pas à un chemin de croix, alors que bien remettre en cause un système instauré en 1868 dans la pre- d’autres défis de modernité ne manqueront pas d’ici là. mière Constitution dite « moderne » du pays n’avait rien À commencer par le droit de vote des étrangers. La (sainte ?) d’évident. Il y a un peu plus d’un siècle, en 1909, quelques trinité gouvernementale fait référence à 38 reprises à la années après que la France a décidé de la séparation de l’Église notion de modernité dans son programme, sa bible sur et de l’État, des débats similaires avaient bien animé le Grand- laquelle elle basera l’action des quatre prochaines années. Duché, visant à aboutir à l’abolition du budget des cultes. Mais Il lui faudra être sacrément armée pour éviter une crise de rien ne changea au final. foi qui relèguerait toutes ces La longue hégémonie politique bonnes intentions au rang de Par Jean-Michel Gaudron, d’un parti portant la référence au simples vœux pieux. La croisade rédacteur en chef de Paperjam christianisme dans son nom n’a pour un Luxembourg moderne ne E-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu ensuite jamais vraiment permis fait que commencer… ◄ Twitter : @jmgaudron
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Paperjam Advertorial Interview Laboratoires Ketterthill
Ketterthill : l’excellence au service des Hommes
► « Le rôle du laboratoire va bien au-delà d’effectuer des analyses et de communiquer les résultats. » ► Une chaîne robotisée d’une longueur de près de 200 mètres va courir sur trois étages. ► Les Laboratoires Ketterthill investissent 14 millions d’euros dans des nouveaux locaux et des équipements de pointe. ▲ Docteur Pierre Blonski, pharmacien spécialiste en biologie clinique et Docteur Stéphane Gidenne, administrateur délégué
006 ―
Les Laboratoires Ketterthill intègrent leurs nouvelles installations au printemps prochain. Qu’est-ce qui motive ce déménagement ? Docteur Pierre Blonski, pharmacien spécialiste en biologie clinique : « Ce déménagement est avant tout motivé par un manque de place à l’heure où le laboratoire s’est engagé dans un important projet de développement de ses installations, notamment techniques. Nos futurs locaux disposent d’une surface de 4.500 m2, soit le double de celle dont nous disposons actuellement. Pourquoi avoir choisi de vous implanter à Esch-Belval ? P. B. : « Tout d’abord parce que nous tenions à rester sur Esch-sur-Alzette pour des questions pratiques. En nous installant à Belval, nous avions également l’opportunité de disposer d’un bâtiment que nous avions la possibilité d’adapter à nos besoins et cela dans des délais très courts. Au registre des avantages, la présence de l’Université du Luxembourg, de laboratoires et de centres de recherche va favoriser des rapprochements et des échanges. Ce sera notamment le cas avec le LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine) qui occupe la seconde
aile du bâtiment qui nous accueille. Enfin, l’environnement offre des conditions de travail appréciables avec des facilités d’accès, de parking ou de restauration. Ce qui est également important pour nos clients puisqu’un nouveau centre de prélèvement sera installé dans le bâtiment. Présentez-nous ce bâtiment. Comment est-il organisé ? Docteur Stéphane Gidenne, administrateur délégué : « Le bâtiment, qui compte sept niveaux, abritera tout d’abord 1.600 m2 d’espaces techniques, à savoir : la zone de réception et de prétraitement des échantillons, les laboratoires de spermiologie, de microbiologie, de biologie moléculaire et le laboratoire d’analyses de sang. Tout un étage, soit 1.000 m2, sera notamment consacré à ce dernier. Le reste des locaux accueillera un espace de stockage de 630 m2, le secrétariat médical et le call center (150 m2), différentes salles de conférences, des bureaux, des espaces communs pour le personnel avec une salle de restauration, sans oublier, comme indiqué précédemment, le nouveau centre de prélèvement d’une surface de 120 m2. Près d’une centaine de personnes, soit la moitié de l’effectif total, y travailleront.
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Paperjam Advertorial Interview Laboratoires Ketterthill Quel est le montant de l’investissement ? S. G. : « Nous ne sommes pas propriétaires des lieux. Mais l’investissement est néanmoins très important puisqu’il est d’environ 14 millions d’euros. Une somme dédiée à l’aménagement des bâtiments, mais aussi, et surtout, au renouvellement et à l’acquisition de nouveaux équipements de pointe. Nous sommes particulièrement fiers et motivés par ce projet de déménagement. Toutefois, ce dernier est contrarié financièrement par la décision récente et unilatérale de la
« Nous sommes le quatrième laboratoire, au monde, à posséder un tel outil. » Caisse nationale de santé de baisser drastiquement de 20 % tous les remboursements d’analyse de biologie médicale. Cette importante diminution de chiffre d’affaires va handicaper lourdement notre profession dans sa capacité à innover et à investir. Il ne nous est bien sûr plus possible de revenir sur nos engagements à Belval, mais la situation va malheureusement nous imposer de restreindre à l’avenir nos investissements et d’explorer toute source de réduction de nos charges. Ceci est peu cohérent avec la volonté des pouvoirs publics de développer le domaine des technologies au Luxembourg. À quoi vont servir ces nouvelles technologies ? P. B. : « Le laboratoire s’équipe notamment d’une nouvelle chaîne robotique de dernière génération dédiée aux analyses sanguines. Sans trop entrer dans les détails techniques, cette chaîne robotisée d’une longueur de près de 200 mètres va courir sur trois niveaux. Elle est capable d’acheminer et de traiter plus de 4.500 tubes par jour. 19 analyseurs sont directement connectés sur la chaîne. C’est un équipement de très haute technologie et nous sommes le quatrième laboratoire au monde à posséder un tel outil. À cette installation s’ajoutent, bien entendu, les équipements et analyseurs de pointe que nous possédons déjà et dans lesquels nous avons investi ces dernières années. Ainsi nous avons l’avantage de pouvoir intégrer ces analyseurs, dont nous maîtrisons déjà l’exploitation et les performances, à cette nouvelle chaîne robotique. Nous avons pris le parti d’associer les biologistes et les techniciens aux choix techniques et à l’organisation du laboratoire, comme l’ensemble des collaborateurs dans leurs métiers respectifs. Au final, même si des formations complémentaires sont programmées, nous ne changeons pas fondamentalement le cœur même du labora-
toire et les techniques d’analyse que nous maîtrisons déjà. Les nouveaux outils installés vont surtout compléter et améliorer l’organisation.
Près de 70 ans au service de l’Humain
Quelle est la valeur ajoutée de ces installations pour vos clients, à savoir les médecins mais également leurs patients ? S. G. : « Cette chaîne robotisée a pour intérêt d’automatiser des tâches sans grande valeur ajoutée dont certaines peuvent d’ailleurs être à risque. Elle va donc libérer du temps pour l’analyse et l’expertise des résultats. Cela vaut pour les techniciens mais également pour les biologistes médicaux qui interprètent les résultats et conseillent, le cas échéant, les médecins pour les aider à affiner leur diagnostic et à déterminer le meilleur des traitements. Le rôle du laboratoire va bien au-delà d’effectuer des analyses et de communiquer les résultats. Toujours sur le plan sanitaire, ces nouvelles technologies vont également nous permettre d’élargir notre palette d’analyses et d’effectuer des analyses dans des délais très courts. Les résultats seront disponibles dans la journée, voire en moins de deux heures si l’urgence de la situation l’impose.
Ketterthill est un laboratoire d’analyses médicales né en 2002 de la fusion de deux laboratoires, le laboratoire Thill fondé en 1946 et le laboratoire Ketter créé en 1956. Au fil des ans, ils se sont développés en se portant acquéreurs de deux laboratoires indépendants : Saoud en 2004 et Staquet en 2007. En 2011, ils intègrent le réseau CEL (Cerba European Lab). Aujourd’hui, les Laboratoires Ketterthill rayonnent sur l’ensemble du territoire national avec un réseau de proximité d’une soixantaine de centres et lieux de prélèvements. Leurs clients sont les médecins, les établissements médicaux, les entreprises via la médecine du travail et les réseaux de soins infirmiers de ville. Ils emploient actuellement 220 personnes.
Le déménagement est programmé au printemps. Va-t-il occasionner une interruption provisoire de l’activité ? P. B. : « Pour l’heure, nous n’avons pas encore de date précise. L’installation des nouveaux équipements est en cours depuis le début de l’année et va s’étaler jusqu’au printemps, car il faut également procéder à de nombreux tests et réglages avant de pouvoir commencer à rendre des résultats d’analyse. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le déménagement se fera progressivement, sur environ deux semaines, de manière à ce que le laboratoire puisse continuer à fonctionner normalement et sans interruption. » ◄
14
millions
d’euros d’investissements
4.500
m2
de surface du nouveau laboratoire
2.000 tubes/heure
de capacité de traitement au pic d’activité En résumé Les Laboratoires Ketterthill investissent 14 millions d’euros dans de nouvelles installations. Comme seuls trois autres laboratoires dans le monde, ils s’équipent notamment d’une chaîne robotisée de très haute technologie. Des innovations mises au service de la santé des Hommes.
► Le futur laboratoire de Ketterthill se situera à Belval, à proximité de l’Université du Luxembourg et des laboratoires et autres centres de recherche
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Sommaire Mars 2015
038 Le financement des communautés religieuses a profondément changé.
016
Grand entretien VIVIANE ECKER
« Je défends la transparence interne et transversale » Viviane Ecker est la première femme à accéder à la présidence du Conseil d’État, une institution discrète que le gouvernement entend réformer, notamment en réduisant les mandats des conseillers de 15 à 12 ans. La présidente parle des efforts de transparence, mais pose aussi ses limites, car le travail accompli dans l’ombre garantit, à ses yeux, l’impartialité des conseillers et constitue une protection contre toutes sortes d’influences extérieures, notamment l’influence des partis auxquels ils appartiennent. Par Véronique Poujol
022
Coverstory 024 ENTREPRENEURIAT
Nyuko, le carrefour des ambitieux À la tête de Business Initiative depuis un an et demi, Nicolas Buck n’a cessé de réfléchir à de nouvelles façons de dynamiser l’esprit d’entreprise. Nyuko est sortie des réflexions et consultations. Par Jean-Michel Gaudron
028 ÉTUDE
« Un bon leader doit être un marathonien modeste » La crise n’a pas épargné les entrepreneurs. Le cabinet Muller & Associés vient de réaliser un sondage sur la perception du rôle et des attitudes des chefs d’entreprise, qui surestiment souvent leur capital confiance.
034
Économie & Politique 038 FINANCEMENT DES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES
Habemus Bettel Le gouvernement a signé une convention avec les grandes communautés religieuses pour poursuivre leur financement public, tout en le réduisant. Le sujet ne figurera donc plus au menu du référendum du 7 juin prochain. Place désormais au transfert du patrimoine immobilier vers un fonds spécial, que l’évêché devra gérer « en bon père de famille ». Par Véronique Poujol
060
Entreprises 066 GERARD LOPEZ
Un roi du pétrole made in Luxembourg ? Libéré de ses fonctions opérationnelles au sein de Mangrove et de Genii, l’homme d’affaires luxembourgeois présente son nouveau projet : une société active dans le trading et les investissements pétroliers. Basée en Asie, au Moyen-Orient et à Londres, Nekton entend exploiter au mieux le formidable réseau d’interlocuteurs très haut placés développé au cours de ces dernières années. Pour l’heure, Luxembourg n’apparaît pas dans la structure de la société. Mais l’idée fait son chemin…
086
Place financière 090 STRATÉGIE
CBP Quilvest vent en poupe Misant sur l’étranger, la banque privée luxembourgeoise a ouvert une succursale à Gand. L’objectif est de capter une nouvelle clientèle, dans une Région flamande à fort potentiel. Au Luxembourg, CBP Quilvest reste sur une année 2014 record et envisage l’avenir avec sérénité. Par Jean-Michel Gaudron
Par Jean-Michel Gaudron
Par Florence Thibaut
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Sommaire Mars 2015
050 Protection des données Le cadre réglementaire en profonde mutation
034
Économie & Politique
060
086
Entreprises
Place financière
042
046
068
076
092
099
DIALOGUE SOCIAL
IMMOBILIER
DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL
IMMOBILIER
INVESTISSEURS
BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS
Ça bouge, mais ça grogne Relancée, la réforme du dialogue social au sein des entreprises est dans la dernière ligne droite. Les employeurs ne sont toujours pas ravis. Du côté des syndicats, tous n’ont pas le sourire. Par Fabrice Barbian
043 JOURNÉES DE L’ÉCONOMIE
Secouer le cocotier pour mieux avancer Les Journées de l’économie 2015, les 24 et 25 février, avec Paperjam, se concentreront sur le futur de la stratégie digitale. On évoquera aussi des modèles étrangers afin de voir vers où diriger la zone euro et le Luxembourg. Idées bienvenues. Par Jean-Michel Lalieu
La razzia avant la nouvelle TVA Le passage à 17 % sur les biens neufs destinés à la location a été voté. Avant l’entrée en vigueur d’une phase transitoire de deux ans, les biens ont été pris d’assaut. Les prix devraient poursuivre leur escalade dans un marché à l’offre limitée. Par Jean-Michel Lalieu
050
TLPO en mode haut débit Telecom Luxembourg Private Operator rachète le réseau fibres international de Luxconnect et entre dans une nouvelle dimension. Plus que jamais, il se positionne comme l’alternative idéale aux acteurs publics. Par Jean-Michel Gaudron
070
Bopro prend ses marques Le groupe belge, spécialisé en management et consultancy services en matière d’immobilier, de construction et de logement, ouvre un bureau au Luxembourg. Martin Heyse, un vieux briscard du secteur, en a reçu la direction.
Un double pipeline avec le Qatar Fuchs & Associés Finance a développé deux plateformes d’affaires liées à Doha, pour mettre en relation industriels européens et financiers qataris. Dont une connexion unique en Europe avec les femmes entrepreneurs du riche émirat.
Par Jean-Michel Gaudron
Par Jean-Michel Lalieu
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096
AVOCATS ET ASSOCIÉS
NICHES ET MÉTIERS
Les aléas du devoir de transparence La nouvelle directive antiblanchiment va obliger le Luxembourg à mettre en place un registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés, trusts, fiducies et fondations. Vraiment public ? Par Véronique Poujol
103 BIL ET KBL EPB
Un autre cadre, une autre vision Un règlement européen va bousculer le cadre légal de la protection des données, transformant le travail d’organes comme la CNPD. Les obligations des entreprises vont se renforcer.
Ne pas laisser les jeux au hasard Un règlement grand-ducal veille à la compétitivité de Mondorf face aux concurrents voisins. Le casino, en perte constante de chiffre d’affaires, dit « banco » pour ne pas crier « rien ne va plus ».
CASINO 2000
Le grand écart Il est interdit aux avocats luxembourgeois de travailler « à l’américaine », sur la base d’honoraires liés exclusivement aux résultats d’une affaire. Ils travaillent néanmoins de plus en plus au résultat, en acceptant de baisser leurs tarifs horaires.
Une place pour chaque spécialiste Fonds de pension en pleine croissance, expansion territoriale ou produits alternatifs réclament de nouveaux profils, multilingues, toujours plus spécialisés et prêts à l’emploi. Ils s’arrachent à prix d’or.
Bruxelles-Genève, via Luxembourg et Doha Aux mains d’un actionnaire qatari commun, la Bil et KBL epb s’entendent stratégiquement pour développer chacune leurs points forts. Indépendantes mais complémentaires... L’exemple du marché suisse est assez parlant.
Par Florence Thibaut
Par Alain Ducat
Par Véronique Poujol
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La banque d’un monde qui change
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Sommaire Mars 2015
106
DĂŠsirs 106 CULTURE
ActualitĂŠs Quelques ĂŠvĂŠnements culturels marquants Ă venir, les personnalitĂŠs Ă suivre, les parutions du moment, les dates Ă retenir.
107 ZOOM SUR‌
M+M Le duo d’artistes Marc Weis et Martin De Mattia expose au Casino un cycle de vidÊos très ambitieux. 7 Tage fait Êtat de l’ambivalence des sentiments et des changements d’identitÊ. Par France Clarinval
108 SÉLECTIONS
La bande dessinÊe et la fête PrÊsentation du palmarès du 42e Festival de la bande dessinÊe d’Angoulême par le prÊsident du jury, Gwen de Bonneval. Et sÊlection de trois carnavals emblÊmatiques pas trop loin de chez nous.
110 SHOPPING
Pour les amoureux 14 fĂŠvrier oblige, nous avons sĂŠlectionnĂŠ pour vous quelques idĂŠes pour sĂŠduire votre Valentin(e) en version 100˜% locale. Ainsi que l’actualitĂŠ du commerce Ă Luxembourg. Par CĂŠline Coubray
112 GASTRONOMIE
Recette locale JÊrÊmmy Parjouet vient de reprendre Le Lion d’Or oÚ il propose une cuisine classique de brasserie franco-luxembourgeoise. Il nous propose sa recette du parmentier de boudin. Ainsi que l’actualitÊ de la gastronomie à Luxembourg. Par France Clarinval
114 INTERVIEW
24 nuances de gris Rencontre avec Yann Tonnar, rÊalisateur et coordinateur du projet, Jesus Gonzalez, producteur, et Laura Schroeder, rÊalisatrice. routwäissgro est une sÊrie de documentaires qui prÊsentent diffÊrentes facettes du Luxembourg. Par France Clarinval
112 La recette traditionnelle de JĂŠrĂŠmmy Parjouet
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LuxLeaks : l’inculpÊ s’explique (vu 3.234 fois)
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Colère, Êcœurement et Êmotion jeudi place Clairefontaine (vu 2.762 fois)
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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines
À SUIVRE 12/02
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RÉSULTATS
MISSION
La Place se vend au Moyen-Orient
Bilan annuel pour Aperam En dépit d’un dernier trimestre annoncé comme étant moins performant que le troisième, Aperam devrait afficher des résultats 2014 en forte hausse par rapport à 2013. L’action, au cours des 12 derniers mois, a particulièrement bien performé, gagnant 84 % à 24,48 euros (cours au 1er janvier) PHOTO : MFIN
Dans ses efforts de promotion à l’étranger, la place financière met le cap sur le Moyen-Orient. Emmenée par le Grand-Duc héritier Guillaume et le ministre des Finances Pierre Gramegna, la délégation se rendra à Dubaï et à Doha pour deux séminaires en présence de décideurs et investisseurs locaux. L’occasion pour Pierre Gramegna de retrouver Essa Kazim, le gouverneur du Dubai International Financial Centre, quatre mois après sa dernière visite.
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05/03
RÉSULTATS
RÉSULTATS
DISCUSSIONS
RÉSULTATS
ArcelorMittal sur la voie de la croissance
Ça plane pour SES ?
Le commerce en débat
RTL Group tend le dos
L’opérateur de satellites de Betzdorf affichait, à l’automne dernier, un chiffre d’affaires en hausse de 4,7 % par rapport aux neuf premiers mois de l’année 2013 et anticipait une croissance annuelle des revenus de l’ordre de 4 % (il était de 1,86 milliard d’euros en 2013) et de l’Ebitda d’environ 5 % (il était de 1,36 million).
Dans le cadre de ses consultations régulières, la commission parlementaire des affaires étrangères et européennes, de la défense, de la coopération et de l’immigration aura un échange de vues avec Cecilia Malmström, la commissaire européenne en charge du Commerce. Au menu des échanges, probablement : le traité transatlantique (TTIP) dont la Suédoise est une ardente défenseure, y voyant une opportunité pour offrir plus de travail, d’investissement et de croissance aux Européens.
Le premier groupe européen de diffusion et de production de contenus audiovisuels a prévenu que son chiffre d’affaires 2014 et son Ebitda seraient en recul, pour 2014, par rapport à 2013. La faute à des conditions
À l’occasion de la présentation de ses résultats intermédiaires en novembre dernier, ArcelorMittal anticipait un Ebitda
supérieur à 7 milliards de dollars pour l’ensemble de l’exercice 2014. Il avait été de 6,9 milliards en 2013. De quoi redonner, peut-être, un nouvel élan à un cours boursier qui a perdu près de 30 % en 2014.
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de marché publicitaire toujours délicates, des effets négatifs des taux de change et des revenus en baisse de la part des filiales Ufa Sports et FremantleMedia.
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Grand entretien Viviane Ecker ― Interview : Véronique Poujol ― Illustration : Anne Mélan ― Photos : Sven Becker
« Je défends la transparence interne et transversale » ► Viviane Ecker est la première femme à accéder à la présidence du Conseil d’État, une institution discrète que le gouvernement entend réformer, notamment en réduisant les mandats des conseillers de 15 à 12 ans. ► La présidente parle des efforts de transparence, mais pose aussi ses limites, car le travail accompli dans l’ombre garantit, à ses yeux, l’impartialité des conseillers et constitue une protection contre toutes sortes d’influences extérieures, notamment l’influence des partis auxquels ils appartiennent.
Madame Ecker, vous êtes depuis la fin 2014 la présidente du Conseil d’État, une institution extrêmement discrète. À l’heure de la transparence, ne convient-il pas de montrer davantage le travail de l’institution et de communiquer davantage vers le public ? « L’institution est très discrète parce que nous écrivons, mais nous ne commentons pas ce qui a été écrit. Dès qu’un avis est émis, il est publié en ligne sans que nous le commentions ni que nous expliquions pourquoi nous l’avons écrit de telle ou telle façon. Ce qui explique la raison pour laquelle le Conseil d’État est peu connu du grand public. Je dois dire quand même que les journées portes ouvertes des institutions luxembourgeoises sont un vrai succès. Il y a donc un intérêt du public pour savoir ce que nous faisons. Les séances publiques sont pourtant désertées… « Les séances publiques sont très courtes et ne concernent que les dispenses du second vote constitutionnel. En 14 ans de Conseil d’État, je crois me rappeler qu’il y a eu seulement deux ou trois fois une personne venue assister aux séances publiques. Il n’y a pas d’intérêt. Vous siégez au Conseil d’État depuis 2001. Qu’est-ce qui a changé depuis votre arrivée ? « L’ouverture de l’institution est indéniable. Nous publions nos avis en ligne immédiatement après leur adoption. L’ouverture s’est aussi faite avec la publication des avis sur les règlements grand-ducaux. Dans le passé, nous ne le faisions pas, car ces avis étaient destinés au gouvernement. Il y avait de l’opacité. Depuis 2009, et avec l’accord du gouvernement, nous publions les projets de règlement et notre avis, ce qui peut constituer un outil pour les avocats qui vont plaider. Finalement, nos avis sont destinés à conseiller le gouvernement et le Parlement, mais, à travers notre examen et l’analyse juridique, nous le faisons aussi et surtout dans l’intérêt des citoyens, notamment pour les défendre en justice. Et là, nous entrons dans le concret. Vous êtes la première femme à présider le Conseil d’État et vous êtes connue pour votre sensibilité aux questions de parité. Or, l’institution est plutôt une assemblée d’hommes. En tout cas, elle le fut longtemps… « Je suis en effet très sensible à la parité et j’ai toujours défendu les droits des femmes. Je suis très sensible à des compositions paritaires parce cela est le reflet de la société et il est important que les femmes soient impliquées dans nos travaux.
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Composition
Sept nouveaux en 2015 L’année 2015 va marquer un profond renouvellement dans la composition du Conseil d’État, avec sept départs programmés, soit un tiers de son effectif renouvelé. Les profils, proposés par le bureau et le secrétaire général, sont ensuite validés – ou pas – en séance plénière. « Ce n’est pas au président de décider tout seul des besoins, précise Viviane Ecker. Nous en discutons ensemble. Nous espérons pouvoir construire cette année, et c’est un grand défi, une équipe qui soit vraiment capable de prendre des avis en collégialité et en concertation. » Victor Gillen, le président sortant, présidait aussi la commission Ecofin, au sein de laquelle Roger Molitor a démissionné fin 2014. « Cela fait un trou énorme, commente Mme Ecker. Aussi, le plus important est de remplacer d’urgence les gens dans cette commission. Il nous faut donc des personnes ayant des compétences en matière économique. Tout le monde est d’accord là-dessus. » Le Conseil d’État doit également procéder au remplacement de deux juristes : avec le départ de Georges Pierret (dont le mandat est arrivé à terme le 14 janvier dernier) et de Victor Gillen, l’institution ne compte plus que 10 juristes, là où la loi exige un minimum de 11. Le remplaçant sera donc lui aussi un juriste. V. P. ◄
Viviane Ecker Illustration : Anne Mélan Peinture à l'huile 50 × 40 cm, 2015
Y a-t-il un style Viviane Ecker ? « J’insiste surtout sur la transparence et la communication internes ainsi que la collégialité. Est-ce davantage le style d’une femme ? Je n’en sais rien, c’est en tout cas mon style personnel. Le Conseil d’État donne le sentiment que depuis un an, avec le changement de gouvernement, il se montre plus mordant qu’il ne l’était dans le passé. Faut-il y voir la volonté de s’émanciper ? « Nous regardons les projets qui nous sont soumis en ne perdant jamais de vue qu’il y a une Cour constitutionnelle derrière. Nous suivons attentivement les arrêts de cette Cour, ainsi que son évolution. Ce qui explique le nombre important d’oppositions formelles émises par le Conseil d’État en ce qui concerne le pouvoir réglementaire. Ce n’est pas parce que nous avons voulu nous affirmer par rapport au gouvernement. Nous pouvons peut-être donner cette impression, mais ce n’est pas le cas. La Cour constitutionnelle s’est montrée très stricte dans son interprétation de l’article 32-3 de la Constitution sur le pouvoir exécutif. D’ailleurs, dans notre rapport annuel, M. Gillen est spécialement revenu sur cette problématique rendant très difficile le travail de l’exécutif. Nous avons eu à cet égard une interprétation moins restrictive que la Cour constitutionnelle ; mais il ne faut pas laisser passer de projets de loi ou de règlement grandducal susceptibles d’être retoqués par la Cour constitutionnelle si les gens décident de plaider contre l’État. Ce n’est pas notre rôle. Il faut veiller à prévenir des procès, tant pour les particuliers que pour l’État. Il ne s’agit donc pas d’une question d’émancipation, mais d’un problème juridique lié à l’évolution de la Cour constitutionnelle. La plus grande partie de nos oppositions formelles l’année passée relevait de ce problème, tout comme 90 % des oppositions formelles dans le paquet d’avenir. Si nous laissions passer des projets de loi il y a quelques années, nous ne le faisons plus désormais, à partir du moment où les principes autorisant les changements de loi ne figurent pas dans le texte. D’ailleurs, tous les ministères ont été, si je puis dire, ‘victimes’ de ces problèmes. C’est un vrai problème. Est-il vraiment utile que tous les détails se retrouvent dans une loi, avec toute la procédure législative que cela implique, qui est quand même très lourde ? La Chambre des députés est consciente de cette problématique et il faut se demander si toutes les matières doivent être réservées à la loi. Et si elles le sont, la loi doit-elle prévoir tous les détails ou seulement les grands principes ? Cette discussion nous a beaucoup occupés ces derniers temps.
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Grand entretien Viviane Ecker
L’ancien président Gillen, dans le dernier rapport annuel, évoque l’urgence de réformer cet article 32-3 de la Constitution sur le pouvoir exécutif. Toutefois, son message, en utilisant un jargon qui est propre à votre institution, n’a pas été très percutant, ni dans le public, ni dans la presse. Ce qui pose la question de la vulgarisation de vos communications. Ne devez-vous pas vous rapprocher du grand public avec des messages plus abordables ? « Oui. Je vais d’ailleurs m’en occuper avec le bureau dans les prochains temps. Il nous faut soigner notre communication vers l’extérieur, notamment avec la presse. Une certaine vulgarisation est nécessaire. Il y avait jusqu’à récemment une certaine fermeture. Ça, c’est peut-être le style d’un président et sa mission d’agir pour promouvoir cette ouverture. Car, reconnaissons-le, les avis sont pour le moins opaques. Nous réfléchissons à la mise en place d’un meilleur système de communication avec la presse, car certaines problématiques sont parfois mal comprises. Nous pourrions les expliquer nous-mêmes, même si ce n’est pas dans nos traditions. Mais une décision à cet égard ne sera prise qu’en commun accord avec tous les collègues. Vous parlez de tradition, mais que disent les textes et que prévoit aussi la réforme promise par la coalition ? « Il existe un article 83bis dans la Constitution disant ce que le Conseil d’État doit faire. Jusqu’ici, en ce qui concerne la réforme de la Constitution, ni le gouvernement ni le Parlement n’y a touché. Nous restons donc dans ce cadre. C’est donc la loi organique qui peut être changée. Évidemment, le règlement d’ordre intérieur aussi. Il y aura certainement des changements. Nous avons un serment nous engageant à tenir secrètes les délibérations du Conseil d’État et les affaires du gouvernement. On ne touchera pas à ça. Le gouvernement a par ailleurs prévu de doter le Conseil d’État d’un code de déontologie.
Il nous faut soigner notre communication vers l’extérieur, notamment avec la presse. Une certaine vulgarisation est nécessaire.
Viviane Ecker : « Il ne faut pas laisser passer des projets de loi ou de règlements grand-ducaux susceptibles d'être retoqués par la Cour constitutionnelle. »
Au sujet de la gouvernance, pourrait-on envisager que le Conseil d’État détaille et comptabilise les cas où tel ou tel conseiller n’a pas pu siéger ? « Les avis sont communiqués à la séance plénière, qui a le pouvoir décisionnel. Les conseillers ayant un conflit d’intérêts ne participent pas au vote. Ils ne sont pas impliqués non plus dans les travaux des commissions. Concernant la plénière, et c’est actuellement une discussion, nous pourrions envisager de publier le résultat des votes avec le nombre de personnes qui se sont abstenues, sans évidemment en communiquer les noms. C’est un scénario tout à fait possible et cela se fait ailleurs. Personnellement, je trouve que c’est une bonne idée, qui aide à la transparence de l’institution sans mettre pour autant sous pression les conseillers par rapport à des sources d’influence extérieures. Ce serait également une bonne idée de procéder ainsi dans le cadre des avis minoritaires ou séparés. Justement, certains avis minoritaires sur de grands sujets de société ont été le fait d’une seule personne, ce qui donne sans doute une image faussée de l’institution. Des changements sont-ils envisagés ? « Nous avons lu dans un journal une information selon laquelle le Conseil d’État aurait fait un revirement, après un premier avis unanime, alors que l’avis séparé visé n’était le fait que d’une minorité insignifiante. Nous sommes conscients qu’il faudra trouver une solution pour contrecarrer de fausses impressions. Nous avons eu des échanges à ce sujet à un niveau interinstitutionnel pour trouver une forme plus adaptée à la formulation des opinions divergentes. Dans le temps, c’était différent. Les avis du Conseil d’État mentionnaient, dans le même texte, les opinions
Quelle est précisément votre position au sujet de la mise en place d’un code de déontologie des conseillers d’État ? « Nous avons dans notre loi organique un serment beaucoup plus explicite que celui des autres institutions : ‘Je jure fidélité au Grand-Duc, obéissance à la Constitution et aux lois de l’État, de remplir mes fonctions avec intégrité, exactitude et impartialité. Je promets de tenir secrètes les délibérations.’ Ce sont déjà des règles déontologiques. Nous avons contacté le gouvernement pour lui signifier notre accord pour un code de déontologie et pour lui demander de pouvoir élaborer, au sein du Conseil d’État, un projet. Le gouvernement a donné son feu vert et désigné le ministre de la Justice comme personne de référence. En interne, nous en avons discuté, avons fait des propositions au ministre de la Justice et avons même eu une délibération sur des propositions qui ont été communiquées au gouvernement. C’est à lui de déterminer ce qu’il en fera. Nous proposons de mettre ces règles déontologiques en annexe de notre règlement d’ordre intérieur. Pour l’heure, la balle est dans le camp du gouvernement (le conseil de gouvernement a adopté le 28 janvier le projet de règlement grand-ducal, ndlr). Dans le serment, les exigences sont posées et le code de déontologie brodera autour.
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Grand entretien Viviane Ecker
divergentes. Aujourd’hui, elles font l’objet d’avis séparés. Nous réfléchissons à une solution. Bien sûr, nous essayons toujours d’obtenir un consensus, de nous montrer cohérents et prévisibles, mais si nous n’y parvenons pas, il faudra communiquer sur le résultat du vote. Ce serait d’ailleurs normal pour un organe démocratique. Tant que durent les délibérations, il ne faut pas que le conseiller qui est rapporteur d’un projet de loi soit mis sous pression par des gens cherchant à influencer les avis. Par contre, dans cette séance publique où personne ne vient, on sait toujours qui est le rapporteur d’un projet, parce que c’est dit. Quelqu’un n’ayant pas participé au vote de l’avis du Conseil d’État ne participera normalement pas non plus au vote concernant la dispense du second vote constitutionnel. Ici, nous sommes libres de parler, sans aucune pression des partis ni de qui que ce soit. Cette autonomie est importante. Si quelqu’un commence à dire ‘un tel a dit ça’, la confiance mutuelle entre nous risque d’en souffrir. Et ça ne sera pas bon pour la collégialité. C’est grâce à cette confiance et cette liberté d’expression que nous parvenons à trouver les compromis nécessaires. Autant je défends la transparence interne et transversale, autant je suis réticente à une trop large divulgation vers l’extérieur. Peut-on savoir quand le projet de réforme du Conseil d’État sera prêt ? « Nous ne sommes pas impliqués dans la rédaction. Nous pourrons seulement fournir un avis. Cela dit, nous avons eu des réunions avec le Premier ministre et le président de la Chambre des députés pour échanger sur la manière dont la réforme devra se faire. J’ignore le stade des travaux, mais l’objectif prévu est de finaliser le projet au cours de l’année 2015. La réforme prévoit la réduction des mandats des conseilleurs d’État à 12 ans, au lieu de 15 actuellement. Cela vous dérange-t-il ? « Nous aurions préféré garder les 15 ans, parce qu’il faut du temps pour être au fait de la manière de travailler et obtenir l’expérience nécessaire. Mais avant nous, les conseillers trouvaient aussi que des mandats de 18 ans, c’était une bonne chose. 12 ans, c’est tout de même un minimum, car il faut écrire les avis avec une certaine continuité que seule l’expérience permet. Comment faites-vous des choix sur les dossiers à traiter et dans quels délais sont-ils examinés ? « Les dossiers arrivant au Conseil d’État sont distribués dans les différentes commissions. Le président de cette commission cherche alors un rapporteur. Nous avons des échéanciers en fonction de la date d’entrée des dossiers. Pour les projets de loi, nous essayons d’obtenir un avis endéans les six mois. C’est moins pour les amendements. Le gouvernement, la Chambre des députés et le Conseil d’État peuvent se mettre d’accord pour définir les dossiers prioritaires. La transposition de directives européennes dans un délai imparti ou le projet de budget sont des projets urgents par essence. D’autres projets sont traités moins vite.
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Conflit d’intérêts
« Une question d’autorégulation » Docteur en droit de formation et âgée de 63 ans, Viviane Ecker est entrée au Conseil d’État en mars 2001 et occupe la vice-présidence depuis novembre 2009. Mais elle est aussi cheffe du service Affaires juridiques de la Direction de l’immigration auprès du ministère des Affaires étrangères. Elle ne comprend pas les critiques concernant la présence de hauts fonctionnaires au sein du Conseil d’État. « Ne croyez-vous pas qu’il y ait d’autres gens ayant des conflits d’intérêts ou qui soient exposés à des lobbyings ? Pour les fonctionnaires, cela se sait, et donc ils ne participent pas aux délibérations et aux votes. C’est une question d’autorégulation. Si je suis impliquée dans un projet de loi sur l’immigration ou le droit d’asile, je ne participe pas aux travaux et je me tiens très loin. Pour d’autres professions en revanche, on n’en sait rien, notamment pour les avocats, qui rédigent de plus en plus de projets de loi. » Par ailleurs, face à la complexité grandissante des textes de loi, les conseillers d’État aimeraient bien pouvoir consulter un peu plus leurs auteurs (et pas seulement le ministre) pour mieux comprendre avant de rédiger un avis. « Ce qui n’empêche pas que nous écrirons ce que nous voulons. Cette ouverture pourrait être reprise dans le projet de loi sur la réforme du Conseil d’État. Les autres Conseils d’État, par exemple en France, le font. » V. P. ◄
Il ne faut pas perdre de vue que les conseillers ont un travail à côté. Nous sommes d’ailleurs le seul Conseil d’État au monde dans ce cas. Nous nous appliquons à trouver des solutions pour respecter les délais. Une des solutions suggérées naguère fut l’augmentation du nombre de conseillers. Nous n’y étions pas favorables, car une telle augmentation impliquerait davantage de réunions et compliquerait plus les choses qu’elle ne les simplifierait. Nous avons demandé et obtenu une hausse des collaborateurs. Il y a néanmoins toujours des impasses, avant Noël et avant les vacances estivales. Les priorités se définissent alors toutes seules. On ne peut pas dire – ce serait injuste – que le Conseil d’État fait traîner les projets. Vous vous défendez donc de bloquer parfois le processus législatif en ne rendant pas des avis ? « Oui, je le conteste. Le Conseil d’État essaie de respecter les délais en rendant ses avis le plus vite possible. Ne faut-il pas prévoir des mécanismes permettant plus systématiquement, une fois les délais dépassés, à la Chambre des députés de passer en force ? « Des dispositions existent déjà dans la loi, mais la Chambre des députés ne les utilise pas. Il est remarquable qu’un article existe dans la loi, mais n’a jamais été appliqué ! La proposition de loi 6509 d’Anne Brasseur sur le contrôle de la Banque centrale et d’autres établissements publics par la Cour des comptes traîne depuis plus de deux ans au Conseil d’État. Pourquoi ne pas avoir encore avisé ce texte ? « Nous avons trouvé un consensus avec le Parlement pour aviser les propositions de loi. Très souvent aussi, nous demandons l’avis du gouvernement, qui n’est pas obligatoire. Dès que cette information nous est transmise, nous essayons de les traiter au même rythme que les projets de loi. Il n’y a donc pas encore de position du gouvernement sur la 6509 ? « Je ne peux pas vous le dire, n’ayant pas le dossier en tête. Des avis du Conseil d’État ont suscité l’incompréhension, voire un certain agacement, notamment sur le projet de loi instaurant un comité du risque systémique. On a parlé d’influences et d’impartialité… « Nous avons pris cet avis majoritairement en séance plénière.
Il faut se demander si toutes les matières doivent être réservées à la loi.
Dans le bureau, vous êtes entourée de deux viceprésidents issus tous deux du monde bancaire. N’est-ce pas gênant ? « Ce sera le cas, mais pour une courte période. Le système de l’ancienneté veut cela. Dans peu de temps, il y aura trois femmes au bureau. Certains collègues s’en émeuvent, comme s’il n’y avait jamais eu trois hommes au bureau. Ceci dit, le bureau a très peu de compétences. Il organise les travaux. Les gouvernements précédents ont fait un usage fréquent de la procédure d’urgence pour faire adopter des règlements grand-ducaux en se passant de l’avis du Conseil d’État, ce qui a ensuite valu des
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annulations par les juridictions administratives. Le gouvernement actuel s’est engagé à procéder dans la transparence. Est-ce qu’il y a vraiment moins de règlements échappant à votre contrôle préalable ? « Les juridictions administratives sont plutôt sévères. Le tribunal et la Cour administratifs ont demandé que l’urgence soit justifiée, tandis que le judiciaire s’abstient de contrôler l’urgence. C’est intéressant. Je confirme qu’il y a de moins en moins de règlements adoptés via la procédure d’urgence. Le gouvernement n’a pas envie de se faire sanctionner par la suite. Je pense qu’au conseil de gouvernement, une attention particulière est mise sur ce qui peut passer par la procédure d’urgence ou non, pour éviter que des règlements soient annulés et que les nouveaux textes, que nous n’avions jamais examinés, reviennent ensuite devant nous. Des problèmes se posent pour la cohérence des textes. Un autre point de la réforme est de savoir si l’on peut envisager ceci : pour les règlements grand-ducaux, l’urgence est la procédure normale devant s’appliquer et être prévue, bien sûr par la loi, et ce n’est qu’exceptionnel-
Viviane Ecker : « Nos avis, à travers notre examen et l'analyse juridique, sont aussi et surtout publiés dans l'intérêt des citoyens. »
lement que le Conseil d’État sera saisi. Cette proposition avait en tout cas été faite en 2006 lors de nos 150 ans par l’ancien gouvernement, qui jugeait être trop freiné dans ses travaux. Nous avons proposé d’inscrire dans la Constitution l’avis obligatoire du Conseil d’État sur les projets de règlement, sauf les cas d’urgence dûment motivés. Quitte à ce que nous devions respecter un délai très raisonnable, trois mois par exemple pour les projets de règlement grand-ducal. Il est important pour les citoyens que les règlements respectent toutes les normes supérieures. L’avis du Conseil est donc important et doit être maintenu. » ◄ En résumé Viviane Ecker est la première femme à accéder à la présidence du Conseil d’État, une institution discrète que le gouvernement entend réformer, notamment en réduisant les mandats des conseillers de 15 à 12 ans. La présidente du Conseil d’État parle de la collégialité et des efforts de transparence, mais pose aussi ses limites, car le travail accompli dans l’ombre garantit, à ses yeux, l’impartialité des conseillers et constitue une protection contre l’influence des partis auxquels ils appartiennent. Le projet de réforme devrait être achevé cette année.
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L'esprit d'entreprise souffle toujours sur le Luxembourg, mais il est parfois un peu diffus. C'est pour mieux le canaliser et le rendre plus efficace que Nicolas Buck, président de l'asbl Business Initiative, a initié un rapprochement avec Impactory pour créer Nyuko, une structure qui s'intègre dans l'écosystème de l'entrepreneuriat pour donner des ailes aux porteurs de projet et aux créateurs d'entreprise.
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ENTREPRENEURIAT
Nyuko, le carrefour
des ambitieux COVERSTORY
TEXTES : JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTOS : ERIC CHENAL
À la tête de l’asbl Business Initiative depuis un an et demi, Nicolas Buck n’a cessé de réfléchir à de nouvelles façons d’améliorer l’accompagnement des entrepreneurs dynamiques et ambitieux. De ces réflexions et consultations est née Nyuko, issue de la fusion entre l’asbl et la plateforme de coworking Impactory. Basée à Hollerich, Nyuko entend offrir aux porteurs de projet un espace d’échange et de partage de connaissances et de savoir-faire, tout en les responsabilisant au maximum dans leurs démarches entrepreneuriales. « Nyuko n’est pas une académie de l’entrepreneuriat. Ça n’existera jamais », prévient Nicolas Buck.
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in 2014, l'annonce du rapprochement des activités des asbl Business Initiative et Impactory est un peu passée inaperçue. Ou, en tous les cas, n’a-t-elle sans doute pas eu l’écho qu’elle aurait mérité. Il faut dire aussi qu’à ce stade-là, les informations étaient encore assez parcellaires. Aujourd’hui, c’est pourtant une étape majeure de l’entrepreneuriat au Luxembourg qui est en train de se jouer. Car derrière la mise en commun des compétences de ces deux acteurs de l'écosystème de la création et du développement d’entreprises se profile l’avènement de Nyuko, une toute nouvelle structure de soutien aux entrepreneurs, qui débutera officiellement ses activités début mars dans des locaux rénovés situés route de Hollerich. De quoi s’agit-il ? « Surtout pas d’un one stop shop », prévient Nicolas Buck, qui préside depuis 2012 l’asbl Business Initiative (il a succédé à Robert Dennewald dans cette fonction) et qui est l’instigateur de ce développement (lire par ailleurs). « Il s’agit d’un lieu de rencontre entre des porteurs de projet qui veulent se lancer, des gens qui ont plus d’expérience et qui seront dans une démarche d’accompagnement et, à terme, d’autres qui ont des moyens financiers et qui chercheront à investir. Le tout réuni dans un même lieu. Il n’est pas possible de décréter l’innovation. On ne va pas faire de n’importe qui des entrepreneurs. En revanche, on peut leur éviter de commettre certaines erreurs en les aidant à acquérir des connaissances et des compétences,
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alliant le savoir-faire et le savoir-être. C’est l’entrepreneur lui-même qui détient les clés de sa réussite. Nous ne lui délivrerons pas de diplôme. » Le concept même de Nyuko s’inspire du jeu de Lego : rassembler des briques existant par ailleurs. « Nous sommes pour le foisonnement, pas pour la fragmentation. Là où il y a une masse critique, cela fait du sens », résume Nicolas Buck, qui aime rappeler que l’économiste autrichien Joseph Schumpeter, le chantre de la destruction créatrice, partait également du principe que l’entrepreneuriat consistait à recourir essentiellement à une nouvelle combinaison d’éléments existants. Le nom de Nyuko – qui sera, concrètement, la nouvelle appellation de Business Initiative à compter du 1er mars – abrite à lui seul plusieurs idées fondatrices du concept : new, pour la nouveauté ; you, pour le côté personnel ou encore co, dans l’esprit de partage. « Le partage de la connaissance est la clé de voûte de notre projet. Il faut bien comprendre que depuis plusieurs années l’économie a fondamentalement changé. Nous étions dans un monde où l’on possédait des choses, nous nous dirigeons vers un monde du partage et surtout du partage de la connaissance, le bien suprême. Regardez ce qui se passe sur les réseaux sociaux… » Mais pas question de jouer les baby-sitters pour autant : « Nyuko ne sera pas un lieu où l’on va choyer les gens, prévient M. Buck. Le côté ‘cocon’ n’est pas propice à la création de nouveau. Il faut mettre les entrepreneurs en situation où ils n’ont plus d’autres choix que de réussir ou d’échouer. Ce n’est pas en lisant des livres que l’on devient entrepreneur, mais nous serons en mesure de donner des formations et de partager des connaissances, de l’expérience. Nous aurons aussi pour mission de dissuader les gens quand il le faudra, de les protéger quand nous constaterons que leur projet n’est pas viable. L’échec est salvateur ! » C’est, d’une certaine façon, l’idée du génie créatif développée par le poète latin Ovide : Ingenium mala sæpe movent ; l’infortune souvent éveille le génie… Mais le chemin est encore long, notamment de ce côté-ci de l’océan Atlantique, pour accepter l’échec en tant qu’éventualité de chaque projet entrepreneurial, l’idée étant évidemment d’être en mesure d’aider le porteur de projet à ce que cet échec reste dans des limites qui n’hypothèquent pas ses chances d’avenir comme pourrait le faire, par exemple, une faillite personnelle… Pour limiter ces risques, les deux principales voies sont le développement de formations pour augmenter le champ des compétences du porteur de projet, ainsi que l’accompagnement par un entrepreneur expérimenté dans le rôle de coach, qui saura encadrer le « junior » et, si nécessaire, inciter ce dernier à sonner la fin de la récréation avant qu’il ne soit trop tard.
Apprendre à ne pas se noyer La genèse de ce projet remonte, d’une certaine façon, à octobre 2012, lorsque Robert Dennewald, président de la Fedil mais également de Business Initiative, approche Nicolas Buck pour lui proposer de prendre sa succession à la tête de l’asbl créée en 2000 –
FUSION
Les deux partenaires Business Initiative – Cette asbl, créée en 2000 à l’initiative de Joseph Kinsch, alors président de la Chambre de commerce (et grand patron de ce qui était encore l’Arbed), avec le soutien de la Fedil (alors présidée par Marc Assa) et de la Chambre des métiers (présidée par Pit Reckinger), avait pour objet premier de « stimuler l’esprit d’entreprise et de promouvoir la création d’entreprises par l’organisation d’un concours de business plan ». En près de 15 ans, plus de 2.700 projets ont été proposés pour un accompagnement ; plus de 1.100 ont été acceptés et suivis par un ou plusieurs coachs et 621 sont allés jusqu’au bout de l’aventure, c’est-à-dire ont déposé un business plan. Sur un plan strictement entrepreneurial, le réseau 1, 2, 3 Go revendique sa contribution à la création ou au développement de plus de 385 entreprises en Grande Région, qui emploient aujourd’hui plus de 1.200 personnes. En complément ont également été créés, dans le giron de Business Initiative, le parcours d’affaires 1, 2, 3 Go Social, dédié aux projets à finalité sociale (novembre 2011), puis, un an plus tard, la plateforme transfrontalière de capital-investissement de la Grande Région, Seed4Start. Impactory – Il s’agit d’une organisation à but non lucratif, promouvant l’entrepreneuriat social ainsi que l’innovation au Luxembourg et gérant un espace de coworking et un incubateur d’entreprises. Créée au printemps 2012, la « communauté » d’Impactory compte environ 130 membres et collaborateurs de différents milieux et de différentes cultures, tous « associés » dans un même lieu de rencontre : certaines de ces personnes y travaillent le temps de finaliser leur projet (ce sont les coworkers) ; d’autres y viennent pour participer à des formations tout en travaillant ailleurs. L’initiative a été soutenue, lors de son démarrage, par le département de l’Économie solidaire du ministère de l’Économie, « convaincu que l’esprit d’entreprendre et l’innovation sont des facteurs clés d’une croissance économique durable ».
cette dernière pilotant les parcours d’affaires 1, 2, 3 Go et 1, 2, 3 Go Social, et ayant contribué à la création de Seed4Start, la plateforme transfrontalière de capital-investissement de la Grande Région –, avec le double objectif d’aider les entrepreneurs à trouver les capitaux nécessaires à leur entreprise et d’offrir aux investisseurs privés (de type business angels) une sélection des plus prometteuses opportunités d’investissement sur ce territoire. « Je ne m’étais jusqu’alors jamais vraiment intéressé à cette notion d’accompagnement pour les porteurs de projet, reconnaît humblement Nicolas Buck. Mais j’ai dit : ‘Pourquoi pas ?’ Et j’ai alors beaucoup discuté, consulté et appris. À partir du printemps 2013, nous avons consacré deux à trois heures par
jour, tous les jours, à réfléchir à la façon de développer l’offre de services aux entrepreneurs. Cela représente 20 mois de réflexion, et encore, nous n’en sommes qu’au début. » Aux yeux de Nicolas Buck, le développement de l’entrepreneuriat est, aujourd’hui, un enjeu majeur pour toutes les économies, qu’elles soient établies ou émergentes. Au Luxembourg, le gouvernement a clairement inscrit dans son programme électoral « la promotion de l’entrepreneuriat ». « L’entrepreneur amène le nouveau dans le monde et l’apparition du nouveau est source de rupture. Dans le même temps, toutes les études qui ont pu être menées à divers degrés sur les différentes étapes d’un processus d’entrepreneuriat montrent qu’un porteur de projet qui est accompagné aura sensiblement plus de chances de réussir sur le long terme », estime M. Buck. Il n’en fallait pas plus pour affermir les équipes de Business Initiative, déjà très impliquées dans l’accompagnement de porteurs de projet (lire encadré), dans leur démarche et leur action, mais avec une vision se projetant le plus loin possible dans le temps et animées par une remise en question quasi permanente : « Ce que nous ferons après-demain devra nécessairement être différent de ce que nous ferons demain », prévient Nicolas Buck.
« Le partage de la connaissance est la clé de voûte de notre projet. » Ce qui ne changera pas, en revanche, c’est la mission profonde de Nyuko : encore et toujours travailler sur et avec l’humain, lui donner la confiance de créer, lui permettre d’acquérir de nouvelles compétences, lui offrir un cadre de partage de la connaissance et un lieu de rencontre. Le tout au service de la création d’entreprise et ce, quelles que soient les motivations du porteur de projet. Et, surtout, lui laisser un maximum d’autonomie. « Il faut arrêter avec la culture d’assistanat, prévient Nicolas Buck. Nous sommes un pays riche et nous croyons pouvoir résoudre tous les problèmes avec cette approche… Comme si tout le monde devait toujours devoir créer une offre de support. Les gens doivent être capables de se débrouiller euxmêmes. Il faut qu’ils se sentent responsabilisés. » Ainsi, Nyuko se positionne comme un des éléments de la chaîne de valeur de l’entrepreneuriat, qui intervient après les besoins en informations juridiques ou administratives dont ont besoin les porteurs de projet. Avant, il y a les Espaces Entreprises des Chambres de commerce et des métiers. Après, l’entrepreneur en herbe pourra se diriger vers les incubateurs. Au milieu, Nyuko aidera chacun à mieux penser, à penser différemment. « L’expérience montre que l’humain fait mieux qu’il ne pense. C’est en faisant que l’on crée. Par défaut, nous pensons mal, car nous sommes encadrés par les limites de notre passé ou bien conditionnés par nos échecs antérieurs. Nyuko va inciter à faire, à créer. Mais Nyuko n’est pas une académie de l’entrepreneuriat. Ça n’existera jamais. Un entrepreneur va ►
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Éco-environnement d'une création d'entreprise
guichet.lu start ► Espace Entreprises de la Chambre de commerce ► Chambre des métiers ► Luxembourg School for Commerce ► Luxinnovation ► Impactory
► my
► Récolte d'informations
Idée
► Renseignements ► Échanges
► Formations à la création
► ► Diagnostic / test de l'idée
Mutualité des P.M.E.
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► Assessment du porteur de projet ► Vérification de l'opportunité
Nyuko
► Espace
Projet
► Définition du business model
Entreprises de la Chambre de commerce ► Luxinnovation ► Technoport ► 1, 2 , 3 Go
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Business Plan
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Nyuko
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Nyuko
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COVERSTORY
► CD-PME
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Constitution de société
► Constitution de société(s) ► Récolte d'informations ► Assistance dédiée
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Chambre des métiers Mutualité des P.M.E. ► Espace Entreprises de la Chambre de commerce
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► Démarrage
des activités
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► Mise en place
du business plan
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Business Check Espace Entreprises de la Chambre de commerce ► Chambre des métiers ► Business Mentoring ► Technoport ► Luxinnovation
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► Échanges
► Renseignements
► Assistance de réalisation ► Suivi et contrôle
100 premier jours
► ► Conseil
► Renseignements
► Échanges d'expériences ► Assistance au
développement
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Développement
Espace Entreprises de la Chambre de commerce ► Chambre des métiers ► Fedil ► CLC ► Horesca ► Fédération des artisans ► Business Mentoring ► Luxinnovation ► Impactory ► Future Lab ► PwC's Accelerator
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► dans la piscine et se débrouille pour nager.
S’il rencontre un problème, il trouvera chez nous quelqu’un qui aura eu le même problème que lui et qui l’aidera à le régler pour lui permettre de retourner dans le bassin et faire en sorte de ne pas se noyer. » Pas question, pour autant, de réinventer la roue : l’offre de formation se basera essentiellement sur ce qui existe déjà, notamment à la Chambre de commerce. Ce qui n’empêchera évidemment pas le développement de formations spécifiques qui seront créées sur mesure. Le rapprochement avec Impactory et son intégration – officiellement depuis le 1er décembre – dans le giron de ce qui est encore, pour quelques semaines, Business Initiative sont venus tout naturellement au fil des réflexions. Créée au printemps 2012, cette structure fonctionnait en tant qu’espace de coworking (lire par ailleurs), comme il en existe plusieurs centaines en Europe, partant du principe que l’on est ce que l’on partage, pas ce que l’on apprend. Du reste, au-delà de la simple mise à disposition de bureaux, Impactory était déjà très imprégnée du concept de communauté et proposait déjà aux coworkers de pouvoir participer à des formations et de rencontrer d’autres membres étant dans une position similaire.
Le plus dur reste à faire Le partage (via le coworking) et l’apprentissage via des formations et de l’accompagnement individuel par des experts et entrepreneurs sont deux des trois piliers de la raison d’être de Nyuko. Le troisième, c’est le volet financement, qui reste, quoi qu’il en soit, le nerf de la guerre pour la quasi-totalité des entrepreneurs. La plateforme Seed4Start constitue un début, mais l’objectif affiché est de mettre en place un véritable réseau de business angels (les Nyuko Angels) qui, à terme, pourrait rassembler quelque 300 membres au Luxembourg et dans la Grande Région, prêts à investir chaque année 50.000 dollars US dans des start-up, soit un volume global théorique de 15 millions d’euros. « Attention, nous ne projetons pas de créer un véhicule d’investissement, précise Nicolas Buck. L’argent à investir ne transite pas par Nyuko. Mais nous préparons les porteurs de projet et nous validons leur projet à travers notre réseau de coachs. Le rôle des business angels est clé dans cette histoire : sans angels, pas de startup. C’est aussi simple que ça. » Il ne restait plus qu’à trouver un écrin pour y loger le tout. C’est sur un hall de 400 m2 établi à Hollerich que le choix s’est porté : un espace qui est en cours de réaménagement total, réalisé en collaboration avec Forworx, pour accueillir l’ensemble du personnel (six personnes au total), des entrepreneurs à la recherche d’accompagnement et des intervenants ponctuels, qu’ils viennent des chambres professionnelles ou de Luxinnovation, ou qu’ils soient formateurs, coachs ou simples professionnels en mesure de partager leur savoir et confronter leurs idées avec d’autres personnes. Le public visé ? Tous les entrepreneurs qui ont soif de réussir leur projet, leurs ambitions et d’acquérir leur liberté et une certaine indépendance financière, mais aussi des entrepre-
neurs qui veulent créer des sociétés ayant un impact mesurable pour la communauté, l’environnement. « Nyuko sera clairement un endroit au carrefour de différentes sensibilités, qui sera capable d’accueillir tout type de profil d’entrepreneur et tout type de projet. C’est une véritable richesse de pouvoir tout regrouper dans un seul et même lieu. » Nyuko sera une structure accessible en permanence par ceux qui la fréquenteront : un employé désireux de développer sa propre société aura donc tout le loisir, en dehors de ses heures de bureau, en soirée ou les week-ends, de s’y rendre pour rencontrer d’autres personnes qui sont dans une situation similaire. Un nouvel arrivant dans le pays, armé d’un projet et / ou de moyens financiers pour le mettre en œuvre, trouvera également dans cet espace le point de chute qui lui permettra de trouver ses repères dans un nouvel
environnement lui étant totalement inconnu. Portée par une campagne de communication – notamment via les réseaux sociaux – orchestrée par Binsfeld, Nyuko va donc devoir désormais faire ses preuves, prouver que le modèle collaboratif qui a été mis sur pied fonctionne, tient la route sur la durée et s’améliore en se nourrissant de ses propres expériences. « Ce qu’on a créé n’existe pas, rappelle Nicolas Buck. Forcément, ce qu’on fera au final sera tout autre chose que ce que nous avons imaginé à l’origine. » Quoi qu’il en soit, la création même de Nyuko montre qu’il est tout à fait possible de fédérer des forces vives (patronat, ministres, administrations) pour une cause commune aussi essentielle que celle de l’entrepreneuriat. « Mais le plus dur reste à faire », prévient Nicolas Buck, qui espère bien, avec le succès, ne pas devoir se limiter au seul site de Hollerich. ◄
NICOLAS BUCK
« Faire beaucoup pour les autres » Désigné « entrepreneur de l’année » en 2004 par Ernst & Young, Nicolas Buck, 46 ans, a l’esprit d’entreprise chevillé au corps. Héritier lointain de Victor Buck, qui donna son nom à l’imprimerie créée en 1852, il prend les rênes de la société en 1995, alors âgé d’à peine 26 ans. Il en accompagne le développement et l’internationalisation (avec l’ouverture de sites à l’étranger) et en change même le nom (en Qatena), avant d’être contraint de fermer son site luxembourgeois alors établi à Leudelange. Parallèlement, il crée en 2000, avec son associé de toujours, Renaud Jamar, Victor Buck Services, société spécialisée dans la gestion et le traitement de données financières. VBS sera la première à obtenir le statut de PSF de support, en octobre 2003. Il tourne la page en 2012, après le rachat de VBS par le groupe Post et crée, toujours avec Renaud Jamar, une autre structure, Seqvoia, active cette fois dans la conception et le développement de logiciels spécialisés à destination du marché des fonds d’investissement. C’est en cette même année 2012 que Robert Dennewald, président de la Fedil, l’approche pour lui proposer de prendre sa succession à la présidence de Business Initiative. Une transition qui est effective en septembre 2013. Dans la foulée, M. Buck devient également vice-président de
la Fédération des industriels. Un siège qui le positionne, de fait, en première ligne comme successeur de ce même Robert Dennewald en 2016. Nicolas Buck se lance alors dans la réflexion pour donner un nouvel élan à Business Initiative et au soutien à l’entrepreneuriat en général. « Il y avait un certain nombre d’idées qui germaient, mais il fallait une force motrice, quelqu’un qui puisse activer certains leviers. C’est ce que j’ai fait, même si, au commencement, ce que j’imaginais était basé sur des raisonnements erronés de ma part. » Nicolas Buck concède ainsi volontiers avoir affiché le même défaut que la plupart des entrepreneurs : celui de ne pas assez s’appuyer sur la sensibilité des uns et des autres. Une rigidité qu’il a su assouplir au fil de ses échanges et de ses consultations auprès des acteurs concernés. Au final, Nicolas Buck découvre l’engagement « bénévole » et il en est heureux. « Pendant 20 ans, j’ai travaillé pour moi, mon associé, mes salariés, mes clients. Ici, je consacre deux heures par jour à ce développement ! Il y a un modèle futur à creuser pour promouvoir l’engagement de personnes qui ont connu une réussite relative et les convaincre de redonner. Et quand on parle de redonner, il ne s’agit pas d’argent, mais de pouvoir aider des jeunes et des moins jeunes à se lancer. Il nous faut le support de ces personnes pour assurer la réussite d’un projet comme Nyuko. Aujourd’hui, je suis clairement à un stade de ma vie où je peux dire ‘Voilà, je peux faire beaucoup pour les autres’ et j’en éprouve une très grande satisfaction personnelle et intellectuelle. »
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ÉTUDE
COVERSTORY
« Un bon leader doit être un marathonien modeste » TEXTE : FLORENCE THIBAUT
La crise économique n’a pas épargné les entrepreneurs. Pour bien cerner les reproches courants auxquels ils font face, le cabinet Muller & Associés vient de réaliser un sondage sur la perception du rôle et des attitudes des chefs d’entreprise. Ces derniers surestiment souvent leur capital confiance, ainsi que leur image au sein de l’organisation.
D
epuis la crise, l’image des leaders est sous pression. C’est pour mieux cerner la problématique que le cabinet Muller & Associés, en collaboration avec Quest Market Research, a initié une enquête à deux étages : un premier basé sur un échantillon représentatif de 500 résidents luxembourgeois à travers le panel Questions.lu (la consultation s’est déroulée au cours du mois d’octobre dernier) et un second s’appuyant sur un échantillon aléatoire de 261 décideurs issus de tous secteurs. Et il apparaît d’emblée que l’image des chefs d’entreprise souffre d’un certain déficit : 39 % des répondants issus du grand public et 40 % des dirigeants considèrent ainsi qu’elle s’est détériorée depuis 2008. « Dans un contexte de tensions accrues au sein de la tripartite, nous avons eu envie de mieux comprendre les mauvaises perceptions qui gravitent autour du patronat. La relance économique et le retour de la croissance vont exiger une bonne collaboration entre toutes les forces vives de l’entreprise. Nous avons souhaité quantifier ces idées reçues pour objectiver les constats. Cela a déclenché notre réflexion », explique Laurent Muller, docteur en sciences économiques et l’un des associés de Muller & Associés.
Décalages de perceptions Si les entreprises sont généralement reconnues par les sondés comme sources de richesse, l’engagement sociétal de leurs leaders est vu comme insuffisant. L’écrasante majorité des répondants salariés admet que l’avenir économique et financier dépend de la compétitivité des entreprises, quand ils se montrent majoritairement sceptiques face à l’idée que les chefs d’entreprise assument leur part de responsabilité dans le combat contre le chômage. « Les écarts de perceptions sont très substantiels. ►
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Image des différents types de chefs d'entreprise selon le grand public (n=500) 13 %
Se comportent généralement de manière responsable
69 %
37 %
Sont généralement très compétents
35 % 31 %
Sont généralement très bien formés Gèrent généralement leurs affaires de manière prudente
62 %
48 %
23 %
44 % 45 %
38 %
53 % 64 %
33 %
14 %
Chefs de petites entreprises Propriétaires qui gèrent leurs entreprises moyennes Chefs des grandes sociétés anonymes
COVERSTORY
L'image du chef d'une grande société est très contrastée de celle d'une très petite.
SOURCE : QUEST
Se sentent responsables de la qualité de service délivré au client
► Les patrons pensent agir dans l’intérêt général et se donner du mal pour sortir le pays de la crise. Il y a une déconnexion entre le rôle de l’entreprise et celui du leader. Au niveau macro-économique, de nombreuses initiatives tentent de stimuler l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, pourtant la fonction de dirigeant n’est que peu valorisée socialement. Comment réussir à motiver les jeunes à lancer leur activité ? Le paradoxe est de taille. » Le vocable même de « patron » renvoie souvent à une connotation assez négative. Autre constat : ce bilan plutôt critique est relativement méconnu des décideurs euxmêmes. « L’enquête révèle un décalage marqué entre l’image que les leaders ont d’eux-mêmes, ils se voient comme responsables, sympathiques et accessibles ; et les perceptions d’une majorité de salariés qui les décrivent plutôt comme prétentieux, conservateurs et inaccessibles. Les chefs d’entreprise surestiment bien souvent leur image, ils se pensent beaucoup plus proches de leurs salariés. C’est cette tension qui rend l’étude intéressante. »
Missions principales du chef d’entreprise Assurer la pérennité de son entreprise
54 % 60 %
Pousser le développement de l’entreprise
43 % 43 %
Piloter l’orientation stratégique de l’entreprise
37 % 62 %
Être le guide des salariés au quotidien
28 %
10 %
Assurer la profitabilité de son entreprise
27 %
43 %
26 %
Encadrer et accompagner des équipes
20 %
Coordonner la vie quotidienne de l’entreprise
18 % 8 %
Animer les relations avec les clients et les circuits de distribution
10 %
17 %
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SOURCE : QUEST
Grand public (n=500) Décideurs (n=261)
Le grand public projette plus d'importance sur les fonctions internes que les chefs d'entreprise.
Du côté des attentes des collaborateurs, ils citent en priorité la capacité à prendre des décisions, la faculté à motiver ses collaborateurs et l’écoute active. « Le grand public se focalise surtout sur les responsabilités internes, quand les décideurs perçoivent davantage leurs tâches externes, comme le pilotage stratégique de l’entreprise et la recherche de profitabilité. Ils doivent constamment faire le grand écart entre les deux. On sent une vraie demande de proximité dans le chef des salariés. »
Missions sociales
40 % 41 %
Fixer les priorités et les objectifs
« Il y a une déconnexion entre le rôle de l’entreprise et celui du leader. »
Le tableau n’est cependant pas entièrement noir. Parmi les facteurs perçus comme valorisants pour l’image du chef d’entreprise, 60 % des salariés pointent le combat quotidien qu’ils mènent pour la pérennité de leur organisation, 48 % leur implication au sein de leur entreprise, et 46 % leur persévérance pour affronter la crise. Pour les mêmes points positifs, les pourcentages des dirigeants se portent respectivement à 73 %, 72 % et 51 %. « Les entrepreneurs ont tendance à minimiser les facteurs nuisant à leur réputation. Ils attribuent, en outre, fréquemment la cause des déficits à des facteurs exogènes. » Concernant les facteurs négatifs partagés, citons les comportements au quotidien de certains chefs d’entreprise pour 55 % des répondants issus du grand public, la médiatisation des abus et autres parachutes dorés à 53 % et leur train de vie pour 45 %. Les opinions des dirigeants sont assez proches, puisqu’ils sont 51 % à valider la première proposition, 64 % pour la deuxième et 33 % pour la dernière. ►
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Conservateurs et défensifs
Progressifs et ouverts
Inaccessibles
Accessibles
Conventionnels
Innovateurs
Désagréables
Sympathiques Dignes de confiance
Indignes de confiance
Combattants
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REGARD
COVERSTORY
« Un bon dirigeant valorise ses travailleurs »
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Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers, n’est pas étonné quant au panorama général brossé par l’étude. Il attire l’attention sur l’importance de ne pas loger toutes les entreprises à même enseigne. « On a parfois tendance à présenter les entreprises comme un bloc homogène. Les relations entre un dirigeant et ses employés sont très différentes dans une PME ou dans une grande entreprise. Dans une petite structure, il y a moins de niveaux intermédiaires, tout le monde est dans le même bateau. L’organisation n’est rien sans ses salariés et vice versa. Sur le terrain, je rencontre beaucoup de travailleurs qui apprécient leur emploi. On ne se focalise pas assez sur le positif. » Si le chef d’entreprise se concentre sur des tâches externes, il y est parfois poussé par ses clients. « Très souvent, les partenaires ou les clients veulent traiter en direct avec le patron, en particulier dans les PME. Les exigences business ont changé, tout va beaucoup plus vite. Le leader doit être présent partout, y compris sur les réseaux sociaux. Son rôle est le même, mais le contexte a changé. La complexité qu’il doit gérer est plus accentuée », explique Tom Wirion. De nombreux malentendus peuvent s’expliquer par la polarisation et l’opposition grandissante salariés versus patronat. « Tout le monde est coresponsable de ces clichés, des patrons aux syndicats. Bien sûr, il y a des moutons noirs et parfois des excès, mais je pense que le grand public ne se rend pas toujours compte des contraintes et des réalités des entreprises. Il faut arrêter de penser que ce sont les ennemies des travailleurs. » Si l’entreprise se porte bien, elle peut investir, récompenser ses travailleurs, recruter… C’est ce message que le dirigeant doit réussir à communiquer en interne. « Rester statique n’est bon pour personne. Un bon chef d’entreprise réussit à fédérer autour de son projet. Il doit se montrer à l’écoute, stimuler et valoriser ses travailleurs. Ce sont eux la plus grande richesse de l’entreprise. Les bons patrons le savent et le vivent. Ce n’est certainement pas un rôle facile. »
Responsables
Grand public (n=500) Décideurs (n=261)
Les chefs pensent être incroyablement plus accessibles que l'indique la perception du grand public.
SOURCE : QUEST
Irresponsables
► Une nuance : la taille de l’entreprise. Les directeurs de PME semblent jouir d’une confiance plus importante, la méfiance étant surtout de mise vis-à-vis des grandes structures. « L’image du profil du dirigeant est très contrastée selon le type d’entreprise. Tout le monde connaît un dirigeant de PME dans son entourage, le capital confiance est plus élevé. »
« Les chefs d’entreprise surestiment bien souvent leur image, ils se pensent beaucoup plus proches de leurs salariés. » 69 % des salariés sont d’avis que les leaders des PME se sentent responsables de la qualité de service délivrée, ce chiffre dégringole à 37 % pour les entreprises de taille moyenne et 13 % dans le cas de grandes sociétés anonymes. Pour résoudre les malentendus réciproques, communiquer semble être la voie royale. Et Laurent Muller de conclure : « Pour être un chef d’entreprise apprécié, il faut être un ‘marathonien modeste’ et s’engager pour la communauté. À charge pour chaque entrepreneur de trouver la formule qui lui correspond pour être là pour ses équipes, tout en assurant le développement commercial de l’organisation. Cela peut être des choses simples comme une politique de portes ouvertes tous les lundis matins. » ◄ En résumé Pas toujours bien perçu par le grand public, le chef d’entreprise joue pourtant un rôle social important. Pour comprendre les clichés qui circulent à son encontre, le cabinet Muller & Associés lui a dédié une étude réalisée par questionnaires.
Pour approfondir les résultats de cette étude, la Bil accueillera le 10 mars prochain, en partenariat avec Paperjam Club, une table ronde dédiée au leadership.
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Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 11 sujets clés sélectionnés par la rédaction. La Confédération luxembourgeoise du commerce enrichit sa direction de trois collaborateurs : autour de Thierry Nothum, le directeur général, siègent désormais Claude Bizjak (39 ans, dorénavant en charge du positionnement ICT de la CLC), Sylvie Fasbinder (51 ans, administration générale, finances, gestion RH et initiatives RSE) et Alain Petry (55 ans, groupes de travail et veille législative). Le ministre du Travail et la direction de l’Adem ont fait le point en commission parlementaire sur la réforme de l’Agence pour l’emploi, indiquant que 2.741 jeunes ont souscrit à un programme d’accompagnement depuis le lancement de la garantie jeunesse. Nicolas Schmit a par ailleurs confirmé l’arrivée de 22 nouveaux conseillers cette année au sein de l’agence. Suivant une dynamique de quotas contraignants, les conseils d’administration La part de femmes des établissedans les conseils ments publics des établissements du pays sont publics. désormais composés de 21,2 % de femmes (contre 19,2 % fin 2013), selon les chiffres communiqués par la ministre de l’Égalité des chances Lydia Mutsch. Entre décembre 2013 et 2014, 66 des 170 administrateurs choisis ont été des femmes, ce qui équivaut à 39 % des nominations.
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Selon des informations du quotidien De Standaard, relayées par l’agence Belga, les premières investigations menées par l’administration fiscale belge n’ont rien révélé de répréhensible dans les rulings dont ont bénéficié des sociétés belges au Luxembourg. Selon les documents LuxLeaks, l’administration fiscale luxembourgeoise aurait conclu 37 accords avec 26 des plus grandes entreprises et des plus riches familles du Royaume voisin. La baisse continue des prix du pétrole entraîne dans le même sens celle des prix à la consommation, qui ont reculé de 0,6 % en décembre, faisant passer le taux d’inflation annuel sous les 0 % (-0,6 %), ce qui n’était plus arrivé depuis juillet 2009. Un accord a été trouvé début janvier entre la Chambre du conseil du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et le Barreau de Luxembourg pour faire évoluer d’un cran supplémentaire l’informatisation des décisions de justice. Les ordonnances seront ainsi désormais communiquées aux avocats par e-mail le jour même de leur prononcé. Bon nombre de promoteurs et de spéculateurs immobiliers peuvent se frotter les mains : la Cour administrative, confirmant un premier jugement du tribunal administratif, a annulé un règlement grand-ducal de 2012 qui classait la vallée de la Mamerdall en zone protégée d’intérêt national. Un tel statut interdisait dès lors toute construction,
quelle qu’elle soit. Un recours avait notamment été introduit par Olos Fund, copropriété de Flavio Becca et d’Éric Lux. L’Université du Luxembourg a commencé son installation à Belval. Pour commencer, les huit membres du Belval Office, en charge du déménagement et de toutes les questions afférentes au nouveau site, ont pris possession de leurs bureaux dans la Maison du savoir, de même qu’une trentaine de collaborateurs du domaine logistique et d’informaticiens de l’Université. La quarantaine de chercheurs du Luxembourg Centre for Educational Testing suivra au printemps, puis la soixantaine de biologistes du campus Limpertsberg à Pâques. L’ensemble de l’administration centrale de l’Université (180 personnes environ) devrait emménager au début de l’été, suivi aux mois de juillet et août de toute la Faculté des sciences humaines (450 personnes environ). Sur l’ensemble de l’année 2015, ce sont en tout près de 800 employés de l’Uni qui déménageront à Belval, rejoignant ainsi les quelque 200 chercheurs et collaborateurs du LCSB déjà sur place et les 2.000 étudiants en biologie et sciences humaines attendus à l’automne (lire aussi l’article en page 054). La ministre libérale du Logement va retirer du rôle de la Chambre des députés le projet de loi 6510 de son prédécesseur, le CSV Marco Schank, qui voulait transformer le Fonds du logement en un super holding privé qui aurait fait une
OPA sur sa concurrente, la Société nationale des habitations à bon marché. Le projet était de toute façon au point mort depuis juin 2006 après son démontage par le Conseil d’État. Les manœuvres vont bon train en coulisses alors que plusieurs sièges sont – ou vont être – à pourvoir au sein du Conseil d’État (lire aussi l’interview de la présidente de la haute corporation, Viviane Ecker, en page 016). Ainsi le country manager du cabinet EY, Alain Kinsch, est-il officiellement en lice pour succéder à Victor Gillen, l’ancien président, dont le mandat de conseiller d’État est arrivé à terme en décembre dernier. Très proche du DP, M. Kinsch avait fait partie de la délégation libérale qui avait planché sur le programme de coalition du gouvernement tricolore. À l'heure où nous clôturions, il était en concurrence avec Vafa Moayed (Deloitte) et JeanBernard Zeimet (ATTC). C'est au Grand-Duc de trancher.
Alain Kinsch, managing partner d'EY, candidat à un poste de conseiller d'État.
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« Notre objectif reste d’ouvrir davantage le Parlement aux citoyens. » Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés, à l’occasion de la cérémonie des vœux de l’institution.
C’est la croissance annuelle du PIB mesurée pour le 3e trimestre 2014. (Source : Statec)
En 2013, selon une étude du Statec, 83 % de la population résidente luxembourgeoise avaient effectué un voyage d’au moins une nuitée, pour un total de 1,4 million de voyages. De manière globale, et pour tous les types de voyages, selon leur motif et leur durée, c’est la France qui arrive en tête des destinations, devant le Portugal et l’Espagne en été, et devant l’Autriche et la Suisse en hiver. C’est officiel : un satellite militaire luxembourgeois, destiné à faciliter les communications stratégiques sécurisées, sera lancé en 2017. Pour le piloter, SES et le gouvernement sont en joint-venture. La nouvelle société sera
Le gouvernement vient de proposer un projet de loi visant à étendre la mission du Fonds Belval à la gérance, à la maintenance et aux transformations des infrastructures qu’il a réalisées. Un élargissement qui ne changera pas le modus operandi de l’établissement public créé pour la reconversion des friches industrielles et la construction de la Cité des sciences, de la recherche et de l’innovation, mais qui permettra désormais au Fonds de percevoir des recettes en relation avec ses nouvelles missions. Le Registre du commerce et des sociétés a officiellement immatriculé l’asbl Luxembourg Économie, qui regroupe des res-
Le satellite militaire luxembourgeois va nécessiter un investissement de 250 millions d'euros.
dotée de deux fois 50 millions d’euros et sera financée aussi par un prêt de 125 millions émanant d’un consortium bancaire dont la composition n’est pas encore connue. Dans son avis sur l’organisation du référendum du 7 juin prochain, le Conseil d’État a indiqué que répondre en partie seulement aux questions qui seront posées devra être autorisé et non synonyme de bulletin blanc. « Il faudra considérer comme bulletin valable celui qui s’exprimera seulement sur une des questions posées, ou qui ne comportera qu’une seule réponse exprimée, positive ou négative, en présence d’une pluralité de questions. » Selon les Sages, le nombre de bulletins à prendre en compte pour établir le résultat de ce référendum « pourra donc varier d’une question à l’autre ».
Économie & Politique Brèves
sortissants français influents, pour l’essentiel résidant au GrandDuché, désireux d’apporter leur pierre à l’économie de la Grande Région et à sa promotion. Établie dans les locaux du Cercle Munster, au cœur du Grund, Luxembourg Économie se présente en outre comme « une force de proposition ». Ses membres fondateurs sont au nombre de 10, parmi lesquels Bernard Moreau, président du directoire de la banque BCP au Luxembourg ; Luc Trivaudey, expert-comptable et monsieur Grande Région chez PwC ; Patrick Luxembourger, avocat à son compte et maire de Terville ou encore Bruno Théret, conseiller élu à l’assemblée des Français de l’étranger. Le gouvernement et les représentants du patronat se sont entendus autour d’un accord en 19 points pour garantir la prévisibilité aux
entreprises. Le gouvernement s’est notamment engagé à régler le problème du financement de la mutuelle des employeurs, qui n’était plus garanti à long terme. De leur côté, les patrons acceptent de jouer davantage le jeu pour lutter contre le chômage et promettent d’augmenter la cadence de reprise des chômeurs au sein des entreprises à hauteur de 5.000 personnes pour les trois prochaines années. L’agence Fitch a réaffirmé la bonne tenue de l’économie luxembourgeoise et sa confiance dans la gouvernance publique en maintenant la note AAA du pays, qui bénéficie aussi du plus haut rating auprès des deux autres agences de référence, S & P et Moody’s. Dans son analyse, Fitch indique se montrer attentive à la poursuite des réformes annoncées dans le paquet d’avenir du gouvernement, courant sur 2015-2018, et demande notamment que les efforts structurels soient maintenus au chapitre des pensions et des autres mécanismes qui permettront de juguler les effets du vieillissement de la population sur les finances publiques. Le bilan provisoire des subventions allouées en 2014 par le Fonds culturel national est désormais connu : il affiche un montant d’aides financières de 509.856,09 euros, soit une diminution de 22,14 % par rapport à 2013 (654.503,94 euros). Un recul notamment dû à l’introduction d’un plafonnement global de la politique d’aide et de soutien. Le comité directeur a examiné, au cours de ses 11 réunions, 372 dossiers introduits par des artistes ou des organisations œuvrant dans le domaine culturel (+50 % par rapport à 2013). Un peu plus de deux tiers des projets (69 %) ont reçu une réponse positive, soit 252 projets soutenus financièrement contre 192 en 2013 (+34,38 %). Luxembourg-ville figure à la sixième place du classement mondial des villes les plus agréables
pour y vivre et y travailler, selon l’étude internationale Global Liveable Cities Index menée auprès de 64 destinations dans le monde et réalisée conjointement par des chercheurs de l’Université de Singapour, l’Université de Californie et la Curtin University de Bentley, en Australie. Le classement est dominé par Genève et Zurich, devant Singapour. Au 31 décembre dernier, le pays comptait 19.362 demandeurs d’emploi, soit 75 de plus – ou C'est le taux 0,4 % – par rapde chômage port au 31 décau 31 décembre. embre 2013. Corrigé des variations saisonnières, le taux de chômage s’est établi à 7,0 % en décembre, alors qu’il était de 7,1 % en novembre et de 7,1 % également en décembre 2013.
7 %
En 2014, le prix moyen d’une maison ancienne (sans tenir compte d’importantes disparités géographiques) était de 547.287 euros au Luxembourg, en hausse de 7 % par rapport à 2013. Ce prix va de 409.948 euros dans le Nord à 762.424 euros dans le canton de Luxembourg. Un audit sur le fonctionnement et la gestion de l’Inspection du travail et des mines (ITM) a révélé un certain nombre de lacunes auxquelles le ministre du Travail, Nicolas Schmit, souhaite mettre un terme au plus vite. « Les lacunes vont de problèmes informatiques à un manque de structures organisationnelles, en passant par un malaise général au niveau du personnel », a-t-il expliqué dans une interview au Tageblatt. Il a comparé l’ITM à un navire dont « on ne sait pas où il va » et dont « le rôle n’est plus justifié ». C’est afin de mieux organiser les ressources disponibles dans le domaine de la sécurité des systèmes informatiques que le gouvernement a décidé la création d’une
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C’est le nombre d’abonnés à l’internet très haut débit au Luxembourg, soit une progression de 71 % sur un an. (Source : ILR)
Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information pour le secteur public et les infrastructures critiques. Son rôle sera de définir les politiques et les lignes directrices en cette matière et de veiller à ce que les mesures concernant la sécurité des systèmes d’information soient mises en place et que leur application soit garantie. Comme prévu, en fonction du principe de rotation entre les membres du Conseil économique et social, Pascale Toussing, représentante du gouvernement au sein de l’institution, en prend la présidence pour deux ans. Le poste aurait dû échoir à Georges Heinrich, ancien directeur du Trésor, mais son départ du ministère des Finances suite aux élections de 2013 avait propulsé Mme Toussing au sein du CES. L’Insead vient de publier l’édition 2014 de son Index mondial sur la compétitivité et les talents, qui mesure la compétitivité des nations selon la qualité des talents que ces dernières sont en mesure de produire, d’attirer et de retenir. Derrière la Suisse et Singapour, le Luxembourg – cinquième lors de la précédente édition – occupe la troisième place. Anne Brasseur a été réélue, fin janvier, pour un an à la présidence de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, au cœur d’une période difficile pour les droits de l’homme et les valeurs européennes dont l’assemblée se veut être la garante.
Le conseil de gouvernement a approuvé un projet de règlement grand-ducal qui va doter le Conseil d’État d’un code de déontologie qui lui faisait actuellement défaut et qui sera annexé à son règlement d’ordre intérieur. « Les règles déontologiques proposées sont conçues autour des maîtres mots suivants : confidentialité, intégrité, indépendance et exactitude », annonce un communiqué du service Information et Presse. Il est à noter que contrairement aux membres du gouvernement ou de la Chambre des députés, ceux du Conseil d’État ne seront pas soumis à la déclaration de leurs intérêts financiers. Une disposition justifiée par le statut des conseillers, proche de celui des membres de la magistrature (lire aussi l’interview de la présidente du Conseil d’État, Viviane Ecker, en page 016). La Chambre des députés a rejeté l’idée de l’Université d’organiser un forum en prélude au référendum de juin. L’objectif était de susciter la discussion préalable entre une trentaine de citoyens représentatifs de la population, des députés et des experts dans le cadre des travaux de l’Uni autour de cette échéance citoyenne. Six séances régionales d’information se dérouleront tout de même dans les prochaines semaines. Les plans sectoriels définis en mai dernier dans le cadre de l’aménagement du territoire feront l’objet d’un vaste débat qui aura lieu le 19 mars à la Chambre des députés, dans le but d’organiser leur processus de mise en œuvre. Le conseil de gouvernement a donné son accord pour l’organisation d’un tel débat de consultation après la décision de l’exécutif – prise en novembre dernier – de retirer de la phase procédurale les projets de règlements grand-ducaux déclarant obligatoires les quatre plans directeurs sectoriels (Logement, Transports, Paysages et Zones d’activités économiques). Après 20 ans passés à la présidence du planning familial, Danielle Igniti, par ailleurs toujours directrice du centre culturel et des centres d’art visuel de la
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Après 20 ans de présidence du planning familial, Danielle Igniti passe le flambeau à Ainhoa Achutegui.
Ville de Dudelange, a décidé de passer la main. Elle a officiellement pris sa retraite, laissant le flambeau à Ainhoa Achutegui, la directrice de neimënster, le centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Neumünster. Un nouveau bourgmestre pour la commune d’Echternach : Yves Wengler (CSV), ancien échevin redevenu conseiller, succède à Théo Thiry, contraint à la démission après avoir été condamné – à titre privé devant le tribunal correctionnel de Diekirch – pour s’être rendu coupable d’un faux suite à une transaction immobilière. Le ministre des Finances a présenté les chiffres sur les recettes courantes de l’État fin 2014, en hausse de 6 % par rapport à 2013. Pierre Gramegna a aussi dressé l’inventaire rapide des recettes tirées de la TVA sur le commerce électronique : elles ont toujours pointé à 1 milliard d’euros environ, mais le poids de la TVA électronique, qui était de 26 % en 2013, est tombé à 13 % en 2014. Marc Olinger, l’une des figures emblématiques de la scène théâtrale luxembourgeoise, nous a quittés début janvier à l’âge de 69 ans. Acteur reconnu, il fut également directeur de théâtre, ayant su faire émerger deux institutions de la capitale : le Théâtre ouvert de Luxembourg (Tol), fondé avec son épouse Claudine Pelletier en 1973, et le Théâtre des Capucins, qu’il créa en 1985 et dirigea jusqu’en 2010. Il était le père de notre collaborateur photographe Christophe. Selon les données du Statec, l’emploi salarié au Luxembourg a gagné 0,6 % en valeur mensuelle et 2,5 % en valeur annuelle à la fin octobre (dernières données disponibles), profitant surtout de ce que l’Institut national de la statistique qualifie de main-d’œuvre « immigrée ». C’est dans l’information et la communication que la progression est la plus importante sur un an (+5,7 %), devant les activités spécialisées et les services de soutien (+4,0 %).
La présidence du Conseil interparlementaire consultatif du Benelux a changé de main, le Luxembourgeois Marcel Oberweis ayant cédé les fonctions à la Belge Maya Detiège. Lors de la dernière séance publique au Luxembourg, les 49 parlementaires des trois pays ont réaffirmé leur volonté de rendre « plus concrète pour les citoyens » la coopération Benelux. Le plan annuel 2015 de l’Union Benelux prévoit la mise en place de quelque 75 projets allant dans ce sens, touchant aux secteurs de l’énergie, de l’environnement, de l’économie numérique, à la mobilité des travailleurs ou encore à l’interopérabilité des services de santé. C’est à une très large majorité que les conseillers communaux ont finalement adopté, fin décembre, la convention qui lie la Ville de Luxembourg au promoteur belge Codic à propos du futur Centre Hamilius. Seuls les deux conseillers Déi Lénk ont voté contre, tandis que la conseillère ADR s’est abstenue. Sous réserve de l’approbation du ministère de l’Intérieur, les travaux devraient donc débuter en 2015 et durer cinq ans. Les retombées pour la Ville sont estimées à 102 millions d’euros : Codic devra en effet débourser 40,9 millions d’euros en faveur de celle-ci pour jouir du terrain (droit d’emphytéose) et ensuite 818.000 € chaque année pendant... 75 ans. À l’occasion de l’Access City Award 2015 de la ville européenne la plus accessible aux personnes à besoins spécifiques, la Ville de Luxembourg a reçu, parmi une soixantaine de villes en compétition, une mention spéciale pour ses services et ses équipements publics. La capitale a notamment mis en avant le fait qu’elle avait lancé ces dernières années toute une série d’initiatives pour faciliter le quotidien de ces personnes moins valides, tant au niveau de l’espace public (aménagement d’espaces particuliers, mise en place de signaux sonores
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« Une société ne peut progresser que si elle connaît son passé. »
Économie & Politique Brèves
Fernand Pesch, qui présida pendant plus de 20 ans le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg, est l’auteur d’un livre sur l’histoire du Fonds, résumant l’histoire du développement formidable du principal quartier d’affaires de Luxembourg.
aux feux de signalisation, toilettes adaptées) que des transports ou encore de l’information et de la communication. Sur les 34 pays couverts par l’enquête trimestrielle Workmonitor de Randstad, le Luxembourg apparaît en fin de classement, avec seulement 31 % des répondants qui croient à une embellie de l’économie pour l’année prochaine. La moyenne des autres pays d’Europe, d’Amérique ou d’Asie participant à cette enquête est de 58 %. Le bureau export music:LX a dressé le bilan de 2014. Avec 972 concerts à l’étranger donnés par plus de 70 artistes nationaux, des signatures d’albums et une presse internationale enthousiaste, les musiciens luxembourgeois ont de quoi être fiers. « La musique doit faire partie intégrante du nation branding. Elle donne une image positive du pays », s’est enthousiasmée Maggy Nagel, la ministre de la Culture, lors de la présentation du bilan de la structure. À l’heure des premiers bilans concernant l’exercice 2014, le Luxembourg City Tourist Office confirme une progression de l’ordre de 3,09 % des indicateurs de l’activité touristique dans la capitale luxembourgeoise en 2014 par rapport à 2013. En tout, 619.226 visiteurs de la ville ont été informés, accueillis ou pris en charge par les différents services
du LCTO en sa qualité de destination management organisation. Ce sont principalement des touristes allemands (23 % des clients), suivis par des Français (16 %) et des Néerlandais (9 %). « Nous vous demandons de vous engager personnellement à la mise en œuvre de l’accord dans l’intérêt de vos entreprises et de vos salariés. » Les présidents de la Chambre de commerce et de la Chambre des métiers ont adressé une lettre ouverte aux chefs d’entreprise, suite à l’accord signé entre l’UEL et le gouvernement visant à sceller un partenariat pour l’emploi et à lancer des mesures destinées à renforcer la compétitivité des entreprises. C’est finalement la candidature de Pierre Jaeger (l’ancien conseiller de Corinne Cahen au ministère de la Famille et de l’Intégration) qui a été retenue pour prendre la tête de la Direction de l’aviation civile (Dac). La place avait été laissée vacante suite à la démission de la titulaire du poste, Christiane Weidenhaupt, qui avait demandé à être déchargée de ses fonctions afin d’accepter un nouveau défi au sein de ce même ministère de la Famille. Dans son rapport d’activité annuel 2013 (le 35e depuis sa création en 1979), publié en décembre dernier, le Fonds du logement indique avoir vendu 80 maisons et appartements à des personnes ou des
Les indicateurs de l'activité touristique à Luxembourg ont progressé de 3,09 % en 2014.
familles à revenus modestes, pour un montant moyen de 356.000 euros. Le chiffre d’affaires 2013 (65 millions d’euros) est en hausse de 11 % par rapport à 2012, pour un bénéfice de 115.640 euros. Le Fonds a par ailleurs clôturé 11 chantiers, en a poursuivi quatre autres et en a entamé 10 nouveaux, pour un peu plus de 22 millions d’euros facturés par le secteur de l’artisanat luxembourgeois, dont il est un important contributeur. Un tribunal siégeant en matière civile se prononcera le 13 mars prochain sur l’étendue de la liberté d’expression des hommes et femmes politiques au Luxembourg. L’affaire oppose l’ancien chef des opérations du Service de renseignements de l’État, Frank Schneider, à l’actuel ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, pour des faits remontant à 2013, lorsque ce dernier était député et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du Srel. La question est de savoir si M. Bausch était en droit de tirer un bilan intermédiaire des travaux de cette commission sur son blog personnel. M. Schneider estime que M. Bausch a, dans ce cas, violé ses obligations à la confidentialité et à la neutralité. Les larmes – sincères – de Xavier Bettel au moment de répondre aux questions de Paperjam.TV : c’est une des images fortes qui resteront dans l’évocation
Maison Moderne et ses 85 employés étaient aussi Charlie...
des hommages rendus, au Luxembourg, aux victimes des attentats de Paris, notamment à la rédaction du journal Charlie Hebdo. Ils ont été des milliers à être Charlie – y compris la Grande-Duchesse Maria Teresa, présente lors du rassemblement organisé place de la Constitution – et à montrer leur attachement à la liberté d’expression. Une valeur fondamentale qui a pourtant été remise en cause par certaines déclarations de hauts dignitaires religieux, ce qui a nécessité un recadrage de la part du Conseil de presse. Alors que le nouveau Premier ministre grec, élu fin janvier, tente de renégocier la dette de son pays, le Luxembourg fait ses comptes : il a jusqu'à présent prêté quelque 521 millions d’euros à la Grèce. Le ministre de la Justice a déposé à la Chambre le projet de loi introduisant la société à responsabilité limitée simplifiée au capital d’un euro. L’idée est d’en faire un « bon levier » pour stimuler les activités dans les prestations de services, peu gourmandes en capitaux.
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Économie & Politique Financement des communautés religieuses
01 Habemus Bettel ► Le gouvernement de Xavier Bettel a signé une convention avec les grandes communautés religieuses pour poursuivre leur financement public, tout en le réduisant. ► Le sujet ne figurera donc plus au menu du référendum du 7 juin prochain. ► Place désormais au lent processus de transfert du patrimoine immobilier vers un fonds spécial, que l’évêché devra gérer « en bon père de famille ». ― Texte : Véronique Poujol ― Photos : Christophe Olinger
Le plus grand chamboulement auquel il faut s’attendre porte sur le transfert du fabuleux patrimoine immobilier des bâtiments religieux. 038 ―
▲ L'inventaire des bâtiments religieux à conserver sera prêt pour fin mars 2017.
Devoir accompli : « Done ! », a lancé Xavier Bettel à la Chambre des députés lors du débat sur la nouvelle convention avec les différents cultes, qui verront leur dotation fondre comme neige au soleil (deux tiers en moins). Le programme du gouvernement pour réformer les relations entre l’État et les cultes est donc achevé, selon le Premier ministre. On se rappelle qu’une première étape avait introduit une cérémonie civile pour célébrer la Fête nationale. La seconde fut de signer cette convention réglant le financement public des cultes et de dégager un compromis sur l’articulation de la future Constitution luxembourgeoise. Du coup, le gouvernement a pu biffer une des quatre questions du référendum du 7 juin prochain : celle qui portait, justement, sur le financement ou non des ministres du culte par les deniers publics. La question formulée ainsi, la réponse des citoyens luxembourgeois aurait fait peu de doute et il était clair que la coalition bleu, rouge et vert allait marquer des points. En position de faiblesse, les hommes d’Église n’avaient pas d’autre option que de négocier un accord le plus indolore possible. Les spéculations allaient déjà bon train sur la mise en place au Luxembourg, à l’instar du système de financement en Allemagne, d’un impôt religieux calculé sur l’assiette de l’impôt sur le revenu et collecté par l’administration fiscale. Xavier Bettel, lui, ne voulait pas apparaître comme un « bouffeur de curés », mais, en assez bon tacticien, il laissa planer le doute jusqu’à la fin sur ses intentions, laissant ses partenaires s’épancher dans les médias, avant d’abattre ses cartes au début du mois de janvier et surprendre tout le monde, y compris le CSV, allié traditionnel de l’Église, qui a dû s’incliner. Il n’y aura pas d’impôt d’Église, tel que l’auraient souhaité les socialistes au gouver-
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Économie & Politique Financement des communautés religieuses nement, et la séparation de l’Église et de l’État se fera en douceur, étalée jusqu’en 2031, avec un assèchement des dotations publiques aux différents cultes religieux. De 24 millions d’euros par an actuellement, les montants seront réduits à 9 millions. Il s’agira de forfaits. Libre aux cultes reconnus d’utiliser les fonds comme ils l’entendent. L’État aura toutefois un contrôle administratif sur les nominations des chefs du culte, soumises à approbation du conseil de gouvernement. Il impose également aux communautés religieuses le respect des droits de l’Homme, de l’ordre public et de l’égalité de traitement, à travers leur autocontrôle ; elles s’engagent, en échange du financement public, à écarter les prêcheurs haineux.
SÉPARATION ÉTALÉE JUSQU’EN 2031 Un rapport d’experts de 2012, lancé par François Biltgen, qui était alors ministre du Culte, avait exploré toutes les hypothèses de réforme possibles, de la plus douce à la séparation brutale. Comme souvent au GrandDuché, c’est une solution de compromis qui l’a emporté. Ce rapport, établi par le précédent gouvernement avec le parti chrétiensocial, a servi de fil conducteur au gouvernement actuel pour négocier avec les différents chefs religieux, principalement l’archevêque. L’État luxembourgeois continuera de financer les cultes qu’il a reconnus, mais sur une base « facultative ». L’obligation de payer les salaires et pensions des ministres du culte va disparaître de la Constitution.
Xavier Bettel ne voulait pas apparaître comme un « bouffeur de curés », mais, en assez bon tacticien, il laissa planer le doute jusqu’à la fin sur ses intentions. L’article 106 va ainsi faire place à l’article 117 qui règle le divorce à l’amiable entre l’État luxembourgeois et l’Église catholique, et qui assure la neutralité revendiquée par la majorité : « En matière religieuse et idéologique, l’État respecte, en vertu du principe de la séparation, les principes de neutralité et d’impartialité. La loi règle les relations entre l’État et les communautés religieuses ainsi que leur conventionnement. Dans les limites et formes fixées par la loi, les conventions à approuver par la Chambre des députés peuvent préciser les relations entre l’État et les communautés religieuses reconnues. » Pour le professeur de droit constitutionnel Luc Heuschling, cette séparation « très à l’amiable » donne lieu à pas mal d’inter-
Salaires
Que gagnent les officiers du culte ? Relevant du statut de la fonction publique, les ministres et officiers des cultes conventionnés ont une classification qui leur est propre, allant du grade C8, au sommet de la hiérarchie, au grade C1, correspondant aux fonctions d’auxiliaire pastoral ou vicaire. Parcourir la grille de rémunération des fonctionnaires religieux, c’est un peu comme entrer dans un labyrinthe… À noter que les indications ci-dessous excluent les primes et les extras. Titre
Rémunération
Archevêque (grade C8)
11.687 euros par mois
Directeur du séminaire, premier secrétaire de l’archevêché, grand rabbin, pasteur du culte protestant (C7)
6.864 euros en début de carrière à 9.863 euros (échelon 12)
Curé-doyen régional, conservateur des archives, coordinateur pastoral (C5)
4.805 à 8.761 euros (échelon 15)
Aumônier général de la force publique, pasteur adjoint, secrétaire du consistoire, 2e et 3e secrétaire de l’archevêché (C4)
4.588 à 7.406 euros (échelon 14)
Aumônier, coopérateur pastoral, curé (tous cultes) (C2)
3.504 à 6.539 euros (échelon 16)
Auxiliaire pastoral, vicaire (tous cultes), ministre officiant de la synagogue d’Esch-sur-Alzette (C1)
3.179 à 5.238 euros
NB : Pour les pasteurs et grands rabbins, la convention ne prévoit pas de progression barémique ni de prise en compte de leur expérience antérieure. Pour le culte catholique, il est prévu un avancement en traitement de deux échelons de plus après trois ans de service, cette règle de promotion à l’ancienneté vaut d’ailleurs pour tous les grades du C7 au C1.
rogations, notamment sur la place et la reconnaissance ultérieure des religions « marginales » (on pense par exemple à la scientologie), après que le gouvernement a intégré l’islam dans les cultes reconnus et que la deuxième religion du pays, jusqu’alors ignorée, aura droit à une enveloppe de 450.000 euros par an à partir de 2016. « La neutralité, c’est presque synonyme d’un État laïc », explique le président de la fraction DP, Eugène Berger, en balayant les critiques selon lesquelles la convention serait un compromis loin des objectifs initiaux du gouvernement. La solution de compromis choisie par la coalition était aussi la moins risquée juridiquement parlant. Xavier Bettel ne pouvait ni se séparer des officiers du culte ou des chargés de cours de religion qui relèvent de la fonction publique et leur couper les vivres, au risque que ceux-ci engagent des procès en responsabilité contre l’État ; ni se payer de front le principal parti de l’opposition, dont il a besoin pour rafraîchir la Constitution luxembourgeoise (procédure qui requiert une majorité qualifiée des deux tiers à la Chambre des députés). Les nouvelles recrues pour dire la messe ou conduire les prières auront désormais
des contrats de droit privé. Le plus grand chamboulement auquel il faut s’attendre est toutefois ailleurs. Il porte sur le transfert du fabuleux patrimoine immobilier des bâtiments de culte. Le patrimoine des fabriques d’église, sortes d’antennes locales gérant et entretenant le foncier (bâtiments religieux, presbytères, etc.), sera transféré à un Fonds de la gestion des édifices religieux du culte catholique.
PLUS D’ÉPONGEAGE DE DETTES PAR LES COMMUNES Vivant de dons et de legs, les fabriques d’église bénéficient, lorsqu’elles affichent des comptes dans le rouge, de l’aide financière des communes. Ce système d’épongeage des dettes, introduit par un décret de 1809, va disparaître. Pour survivre, avec moins de dotation publique et une fréquentation en baisse, l’Église devra faire des choix pour déterminer quels bâtiments seront encore utiles à l’accueil des croyants et rationnaliser leur usage selon des critères qui n’ont pas été tranchés par le texte de la convention. Les arbitrages se feront avec l’archevêché et les communes,
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Économie & Politique Financement des communautés religieuses ◄ Le premier acte du gouvernement Bettel a été d'introduire une cérémonie civile à côté du Te Deum à l'occasion de la fête nationale.
avec l’aide si nécessaire du ministère de l’Intérieur. Le 1er avril 2017, l'inventaire des sites retenus devra être terminé. Les sites qui n’auront pas été sélectionnés pourront être rachetés pour un euro symbolique par les communes ou l’État (qui auront un droit de préemption). Après quoi, les lieux devront être désacralisés pour soit disparaître sous le coup des pelleteuses, soit être convertis. Les expériences de reconversion d’édifices religieux ne manquent pas à l’étranger pour s’en inspirer. La question sur le nombre de bâtiments devant conserver leur vocation initiale va probablement susciter de déchirants débats au sein même de l’Église catholique, qui s’était déjà essayée à ce droit d’inventaire, il y a quelques années ; l’exercice n’avait pas pu mettre tout le monde d’accord. Alors que l’archevêché avançait d’abord le nombre d’une soixantaine, puis ensuite d’une centaine d’églises à conserver dans l’ensemble du pays, les fabriques d’églises, jalouses de leur petit trésor et de leur indépendance, en revendiquaient un nombre bien plus élevé. Selon le directeur des sites et monuments Patrick Sanavia, cité par le Land, il y aurait entre 600 et 700 édifices religieux au GrandDuché. Ses services vont en dresser le décompte exact au cours des prochains mois et sans doute déterminer lesquels seront dignes d’être protégés de la démolition.
PAS PEUR POUR LES BIENS TEMPORELS « Je n’ai pas peur pour les biens temporels de l’Église catholique ; mais je me fais beaucoup plus de soucis pour les biens spirituels », assurait à Paperjam, fin 2014, le vicaire général Erny Gillen, comme en écho aux propos de l’archevêque Jean-Claude Hollerich, qui assurait qu’être un peu plus pauvre ne fera pas de mal à l’Église et qu’il ne serait pas outragé de devoir vivre ailleurs que dans le palais épiscopal qui lui sert actuellement de résidence. L’Église catholique « va redevenir pauvre », mais elle arrivera à survivre à la pénurie
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d’argent public, avait encore fait savoir l’archevêque de Luxembourg. Le patrimoine fabuleux des congrégations religieuses, qui gèrent des hôpitaux et des services sociaux (avec une fiscalité privilégiée) et ont la main sur des terrains très en vue par les promoteurs immobiliers, n’est pas concerné par la convention et restera donc intouchable. Le Fonds sera géré « en bon père de famille » par un conseil d’administration dont les membres seront nommés par l’archevêque de Luxembourg. Son cofinancement par la commune sera désormais exclu. Il pourra collecter les dons et les legs de personnes physiques (exonérés d’impôts) comme le font actuellement les fabriques d’Église, et l’argent récolté servir à payer les réparations et l’entretien des bâtiments. Pour autant, il n’est pas question que l’Église joue les promoteurs avec le patrimoine foncier et immobilier dont elle héritera après le transfert par les fabriques d’église. La convention parle d’un « droit de propriété sur tous les édifices qui lui seront confiés ». Le Fonds « ne pourra ni changer l’affectation à l’exercice du culte, ni partant en faire un usage commercial », précise le texte. Le régime fiscal privilégié auquel les cultes ont droit, en raison de leur utilité sociale et leur contribution à la « cohésion sociale » et « l’absence d’esprit de lucre » (rapport d’experts de 2012), devrait rester inchangé. Les transactions immobilières que les transferts de propriété impliqueront resteront exonérées de la fiscalité immobilière et des droits de mutation. De même que la vente de cierges devrait encore échapper à la TVA. Les droits de succession et de mutation sur les dons et les legs en faveur des cultes reconnus, actuellement de 4,8 %, ne devraient pas non plus être modifiés. ◄
Dotations de l’État
Quels montants ?
Officiellement, les dotations que l’État octroie aux cinq cultes au titre des « traitements des ministres du culte » s’élèvent à 23,985 millions d’euros dans le budget 2015 et devraient être réduites à 9 millions d’ici… 2031. Il faut ajouter à la dotation 2015, renseignée dans le budget, 153.000 euros environ d’arrosage sous forme de subsides divers, notamment pour les activités interconfessionnelles, les bourses d’études aux élèves du séminaire (2.480 euros, ce qui démontre que le métier de curé suscite peu de vocations) ou le remboursement des frais d’alimentation et de reliure de la bibliothèque du séminaire (6.250 euros). L’argent public servant à financer les religions est toutefois bien plus important. Le rapport du groupe d’experts chargé de réfléchir à l’évolution future des relations entre les pouvoirs publics et les communautés religieuses au Luxembourg, rédigé en 2012, contient de précieuses informations à ce sujet. L’intervention publique, en tenant compte des dépenses des communes (9,9 millions d’euros en 2010), des interventions du Fonds pour les monuments historiques (423.000 euros en 2012), des moins-values fiscales (il n’y a pas d’estimation quant aux montants en jeu, selon le rapport), des rémunérations des chargés de cours de religion dans l’enseignement primaire (13 millions) et secondaire (4,4 millions), de leurs pensions et des rémunérations des ministres du culte, portait le montant annuel de l’aide à près de 58 millions d’euros. V. P. ◄
En résumé Le gouvernement a bouclé le volet consacré aux cultes de son programme de décembre 2013 en signant une convention avec les communautés religieuses pour assurer leur financement public, sans qu’il s’agisse d’une obligation inscrite dans la Constitution. Un inventaire des bâtiments religieux est en cours d’exercice pour identifier les sites à désacraliser et ceux qui seront conservés.
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Économie & Politique Dialogue social dans les entreprises
► Relancée il y a deux ans, la réforme du dialogue social au sein des entreprises est entrée dans la dernière ligne droite. ► Les employeurs n’ont jamais caché leur opposition au texte. ► Du côté des syndicats, tous n’ont pas forcément le sourire : le LCGB évoque déjà un possible recours au Bureau international du travail à Genève. ― Texte : Fabrice Barbian
« Cette réforme va permettre de faire un grand pas en avant, tant pour les entreprises que pour les salariés. Je suis convaincu que tout le monde en retirera des bénéfices », souligne Frank Arndt (LSAP) à propos du projet de loi sur la réforme du dialogue social au sein des entreprises, dont il est le rapporteur, et qu’a remis en selle le ministre Nicolas Schmit. Il est vrai que le texte a franchi une nouvelle étape le 12 janvier dernier. La commission parlementaire a rendu une série d’amendements. « 75 ! C’est beaucoup, concède le député, mais la grande majorité touche à des points qui n’ont pas une grande incidence. Il est difficile de faire des pronostics mais disons qu’une quinzaine de points feront peut-être l’objet de discussions. »
Le texte amendé a été transmis au Conseil d’État pour un nouvel avis qui pourrait éventuellement s’accompagner d’un nouveau vote avant promulgation. Bref, on en voit l’issue. « Et nous souhaitons que cela aille très vite maintenant », précise Frank Arndt. La volonté de réformer le dialogue social à l’intérieur des entreprises ne date en effet pas d’hier. Un énième projet de loi a été déposé dès février 2013. Les partenaires sociaux avaient délivré leurs avis, en sens divers. En juin, le Conseil d’État retoquait partiellement le texte. Les élections anticipées venaient bouleverser le calendrier. Et un nouveau projet était présenté en octobre dernier. Le texte ne fait toujours pas l’unanimité. En décembre 2014, la Chambre des métiers se fendait d’un communiqué pour rappeler que, dès 2013, comme la Chambre de commerce et l’UEL, elle avait demandé le retrait du projet : « La réforme envisagée, prônant pourtant une modernisation et une simpli-
Nicolas Schmit fait avancer les lignes. Mais dans les rangs verts, ça grince. ▼
fication du dialogue social, apparaît comme un non-sens, puisqu’elle engendre en réalité un dialogue nettement moins efficace et une augmentation subséquente des coûts pour les entreprises. » Du côté des syndicats, on voit les choses autrement. L’OGBL est assez satisfait du texte « socialiste ». « Il faut réformer. C’est absolument nécessaire. Les règles datent des années 1970 et ne sont plus en phase avec l’économie d’aujourd’hui », confirme Christophe Knebeler, secrétaire général adjoint du LCGB. Mais l’union sacrée syndicale s’arrête là. « La réforme telle qu’elle se dessine est inacceptable car ce texte a été modelé pour le syndicat majoritaire », enchaîne le représentant du LCGB. Comprendre pour l’OGBL puisqu’il n’est pas question de citer le nom. Ce qui fâche ? Un point qui retaille le pluralisme au sein des délégations du personnel. « L’ambition est de mettre tous les pouvoirs entre les mains du syndicat majoritaire. Il suffit donc qu’une liste de candidats obtienne 51 % des voix pour disposer de l’ensemble des outils mis à la disposition de la délégation. Celui qui a recueilli 49 % des voix représente près de la moitié du personnel mais sera réduit au silence. Même dans les entreprises où nous sommes majoritaires, nous n’acceptons pas ce principe. C’est une atteinte à la démocratie », tonne Christophe Knebeler. « Je comprends cette position mais elle n’est pas la bonne. Je suis bourgmestre (de Wiltz, ndlr) et je défends les intérêts de tous les citoyens. C’est exactement la même chose, souligne le député Frank Arndt. Surtout que la réforme prévoit de donner plus de moyens et de temps au délégué pour assumer ses missions. » Le LCGB annonce qu’il sera présent lors du vote pour dire aux députés ce qu’il pense. « Si le projet de loi est adopté, nous déposerons une plainte pour atteinte à la liberté syndicale auprès du Bureau international du travail à Genève », affirme Christophe Knebeler. Ambiance ! Un premier avis sur le fond ? « J’y vois des points positifs en faveur de la démocratie participative des salariés à la vie de leur entreprise, indique l’avocat David Giabbani, spécialisé en droit du travail. Notamment la possibilité de recourir à des experts externes dans des domaines qui me semblent juridiquement pointus. Mais le recours ne doit pas être systématique, au risque de voir du conflit là où il n’y en a pas toujours. La suppression du comité mixte semble plaider pour une simplification des organes sociaux, mais en fait leurs compétences sont transférées à la délégation. Il n’y a pas forcément simplification des processus décisionnels au sein des entreprises. » ◄ En résumé Serpent de mer de la vie des entreprises et de la politique nationale, la réforme du dialogue social, version Nicolas Schmit bis, avance bien. Mais les débats ne sont pas clos. Et l’opposition est aussi syndicale, le LCGB n’admettant pas la prépondérance de délégation accordée au syndicat majoritaire.
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02 Ça bouge, mais ça grogne
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Économie & Politique JournÊes de l’Êconomie
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PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)
Secouer le cocotier pour mieux avancer
► Les JournÊes de l’Êconomie 2015, les 24 et 25 fÊvrier, en partenariat avec Paperjam, se concentreront sur le futur de la stratÊgie digitale. ► Des dÊbats se dÊrouleront aussi autour des modèles Êconomiques français et allemand afin de voir vers oÚ doivent se diriger la zone euro et le Luxembourg. ► Les organisateurs espèrent des dÊbats ouverts et un vrai apport d’idÊes neuves. ― Texte : Jean-Michel Lalieu
▲ Les JournÊes de l’Êconomie sont un lieu de dÊbats qui permettent d’apporter des idÊes neuves pour l’Êconomie luxembourgeoise.
Face à un monde qui file à toute allure sans vraiment connaÎtre sa destination, ni même les Êtapes du parcours, il est parfois bon de s’arrêter, sortir la boussole et voir vers oÚ on veut vraiment aller. C’est un peu la mission que se donnent les JournÊes de l’Êconomie qui, depuis bientôt 10 ans, tentent, dans des approches micro et macro, de dÊfinir les futures orientations à prendre pour l’Êconomie luxembourgeoise. L’an dernier, le thème des discussions avait tournÊ autour de  rÊinventer le Luxembourg . Les 24 et 25 fÊvrier prochains, les orateurs s’intÊresseront à la fois à dessiner les pistes pour une Êconomie numÊrique sur laquelle le pays compte beaucoup pour assurer son futur et, sur un plan macroÊconomique, confronteront les modèles allemand et français pour voir oÚ l’Europe et, à travers elle, le Luxembourg, doivent se situer par rapport
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Économie & Politique JournÊes de l’Êconomie aux stratÊgies de dÊveloppement dÊfinies par les grandes Êconomies de la zone euro.  Un dÊbat comme celui-là sert toujours à voir la problÊmatique de façon diffÊrente, à valider ou rejeter un certain nombre d’idÊes , insiste Serge Allegrezza, directeur du Statec et de l’Observatoire de la compÊtitivitÊ, principal initiateur de ces journÊes. C’est, selon lui, le cas de la stratÊgie numÊrique du pays dont d’importants jalons ont ÊtÊ posÊs l’an dernier par la crÊation d’un comitÊ interministÊriel appelÊ à dÊfinir la  stratÊgie digitale du Luxembourg  et par le regroupement des diffÊrentes fÊdÊrations actives dans le domaine au sein d’ICTluxembourg.  La stratÊgie numÊrique du gouvernement n’est pas inscrite dans la pierre, poursuit-il. Il y a des lignes directrices, des pistes, des idÊes, mais c’est un processus qui se cherche.  D’oÚ l’intÊrêt d’un dÊbat ouvert avec des invitÊs venant à la fois du monde acadÊmique, de l’industrie et de la sphère politique.
TÉMOINS EXTÉRIEURS  Au cours de ces deux journÊes, nous avons aussi voulu intÊgrer à chaque fois des personnalitÊs venant de l’Êtranger, explique François Mousel, directeur chez PwC Luxembourg. L’expÊrience prouve qu’avoir des points de vue diffÊrents peut souvent dÊmontrer l’urgence à agir.  Cette annÊe, les personnalitÊs phares seront notamment Dominique Roux, directeur de la Chaire Êconomie numÊrique de l’UniversitÊ Paris-Dauphine, Guntram Wolff, directeur du think tank Bruegel orientÊ sur les questions europÊennes, Olaf Gersemann, journaliste pour Die Welt et auteur d’un rÊcent livre La bulle allemande, et Lionel FontagnÊ, professeur à l’UniversitÊ Paris 1 PanthÊonSorbonne, connu au Luxembourg depuis plus de 10 ans suite à la publication de deux rapports marquants sur la compÊtitivitÊ du pays.
Bâtir un pôle compÊtitif de manière durable et l’ancrer dans le pays.  C’est effectivement important d’avoir un regard extÊrieur qui permet la remise en cause, observe Serge Allegrezza. Plus un pays est petit, moins il y a de variances et donc moins de chances de se remettre en cause. Il faut admettre qu’il y a au Luxembourg une forme de solidaritÊ informelle. Il y a trop de consensus. Nous avons besoin d’esprit critique.  Un constat qui a aussi valeur d’appel pour que les acteurs de tous horizons – entrepreneurs, syndicalistes, intellectuels, Êtudiants, etc. – viennent secouer le dÊbat au cours de ces deux jours. Une demi-journÊe sera donc consacrÊe à la future stratÊgie digitale du pays. Le but n’est plus de savoir si c’est un enjeu pour le pays ou pas, mais bien de voir à quel niveau il faut investir pour assurer un avenir au pays dans
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l’ICT. Et il ne faudra pas traÎner en route.  Plusieurs pays d’Europe tentent de donner un coup d’accÊlÊrateur à leur stratÊgie digitale, constate François Mousel. L’Allemagne en est dÊjà à sa deuxième version. Il y a donc urgence.  En plus, le Luxembourg voudrait pouvoir dÊvelopper une image de marque dans ce domaine.  Or, observe le directeur chez PwC, il est toujours plus difficile de dÊvelopper une image de marque quand on est derrière plutôt que devant.  L’ICT a dÊjà ÊtÊ repÊrÊe comme cluster de dÊveloppement potentiel pour le pays depuis un certain temps dÊjà . Le grand dÊfi dÊsormais est de savoir si on peut bâtir ce pôle compÊtitif de manière durable et l’ancrer dans le pays.  Une piste sÊrieuse serait de faire du Luxembourg un centre d’excellence en matière de formation en ICT, propose François Mousel. Il faut donc voir s’il y a des domaines dans lesquels on peut se positionner comme centre d’excellence, en tenant compte que, dans un petit pays comme le nôtre, il faut une expertise qui soit exportable vers l’Êtranger. 
PARIS OU BERLIN ? Le pays ne part pas de zÊro. Ces dernières annÊes, pas mal d’investissements ont en effet ÊtÊ rÊalisÊs dans les infrastructures ICT. L’enjeu sera donc de pouvoir se baser sur ces infrastructures existantes pour les convertir en services qui apportent une meilleure productivitÊ dans certaines branches Êconomiques.  L’Êconomie numÊrique est au cœur de la nouvelle rÊvolution industrielle, poursuit Serge Allegrezza. Elle concerne à la fois les producteurs de composants, de logiciels, les tÊlÊcoms, connaÎt des applications dans le e-commerce ou les jeux vidÊo mais apporte aussi de nouveaux services dans des secteurs comme la banque, la santÊ, les transports ou la distribution.  À ce premier sujet  chaud  se greffera donc, dans une perspective macro, la recherche du modèle Êconomique  idÊal  pour l’Europe et le Luxembourg. Avec, comme idÊe centrale, le dÊbat entre les modèles français et allemand. Le Grand-DuchÊ, pris en tenaille entre les cultures germanique et hexagonale, se pose la question du choix à faire.  Pour l’instant, on a un peu le sentiment que tout ce qui se fait en Allemagne est bien et que ce qui se fait ailleurs ne l’est pas, analyse Serge Allegrezza. Mais la situation n’est pas du tout comme cela. La vue mÊdiatique superficielle dont on bÊnÊficie pour l’instant ne permet pas de comprendre ce qui se passe vraiment dans ces deux pays.  Les JournÊes de l’Êconomie entendent donc donner un autre son de cloche grâce à leurs invitÊs de marque. De grands dÊbats en perspective. ◄ En rÊsumÊ La 9e Êdition des JournÊes de l’Êconomie s’intÊressera à la stratÊgie digitale du pays et au futur modèle Êconomique pour l’Europe et le Luxembourg. Des dÊbats qui font la part belle aux orateurs Êtrangers qui joueront les aiguillons et devraient pouvoir apporter des idÊes neuves.
JournÊes de l’Êconomie
En pratique
OrganisÊe par le ministère de l’Économie, la Chambre de commerce et la Fedil, en collaboration avec PwC, la neuvième Êdition des JournÊes de l’Êconomie se tiendra les mardi 24 fÊvrier après-midi et mercredi 25 fÊvrier en matinÊe dans les locaux de la Chambre de commerce. La première demi-journÊe tentera de rÊpondre à la question  Quelle stratÊgie digitale pour le Luxembourg ? , la seconde à celle de  Quel modèle Êconomique pour l’Europe ? . www.economydays.lu J.-M. L. ◄
Vu de l’extÊrieur
ÂŤ Il faut se lancer tous azimuts Âť
Dominique Roux, directeur de la Chaire d’Êconomie numÊrique de l’UniversitÊ Paris-Dauphine, viendra dÊbattre de la stratÊgie digitale pour le Luxembourg le 24 fÊvrier prochain. Analysant les enjeux, en prÊambule de son intervention le 24 fÊvrier prochain, Dominique Roux (Paris-Dauphine) prône une stratÊgie qui ratisse large, parce que les secteurs liÊs au numÊrique se dÊveloppent très vite, sans que l’on sache au dÊpart ce qui va fonctionner.  L’Êconomie numÊrique va pÊnÊtrer toutes les activitÊs sociales, Êconomiques et managÊriales au cours des prochaines annÊes. Mais il est très difficile de dire quel pôle va se dÊvelopper ou pas. Il faut donc se lancer tous azimuts sans vraiment savoir ce qui va marcher.� Mais pour assurer un dÊveloppement correct de cette Êconomie du futur, il insiste sur la mise en place d’un triple environnement : Êducatif, institutionnel et international.  Je ne sais pas oÚ en est le Luxembourg, mais en France, il faut une rÊforme de l’Êducation qui intègre l’informatique. Il faut crÊer, comme pour les maths, un corps de professeurs d’informatique et de nouvelles technologies�, lance-t-il.
Au niveau institutionnel, l’universitaire insiste pour que l’on crÊe des textes de loi spÊcifiques pour les start-up, afin qu’elles puissent grandir rapidement.  Elles ne se dÊveloppent pas au même rythme que les entreprises traditionnelles. Elles doivent aller vite et il faut leur Êviter les freins administratifs.� Enfin, il pointe le fait que le dÊveloppement de l’Êconomie numÊrique doit se voir dans une perspective internationale.  On ne peut pas regarder les dÊveloppements d’un point de vue national, ni même europÊen. Il faut avoir une vision de modèles mondiaux et ne pas rester recroquevillÊ sur soi-même.� J.-M. L. ◄
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Économie & Politique Immobilier
04 La razzia avant la nouvelle TVA
― Texte : Jean-Michel Lalieu
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C’Êtait attendu : la secousse de la hausse de la TVA a ÊbranlÊ le secteur du logement à la fin de l’annÊe 2014. Pour devancer le passage de 3 à 17 % de la taxe sur les nouvelles constructions, les investisseurs se sont ruÊs sur les offres disponibles. Les promoteurs ont ÊtÊ pris d’assaut et les projets dans les cartons parfois anticipÊs pour satisfaire la demande. Pourquoi une telle prÊcipitation ? Simplement parce que les ventes signÊes avant le 31 dÊcembre pouvaient encore bÊnÊficier du taux super-rÊduit de 3 %‌ pour autant que le projet soit finalisÊ avant la fin d’une pÊriode transitoire accordÊe jusqu’au 31 dÊcembre 2016. Reprenons depuis le dÊbut. À compter du 1er janvier de cette annÊe, dans la foulÊe du relèvement gÊnÊral des taux de TVA votÊ fin 2014 au Parlement, ceux en vigueur dans le secteur de la construction ont eux aussi ÊtÊ revus à la hausse. Mais si, dans la plupart des secteurs concernÊs, l’augmentation des prix se limite à deux points, le logement a subi une mesure plus sÊvère. Et qui a fait grincer des dents. En clair, le taux super-rÊduit de 3 % en matière de construction de logements
▲ Les promoteurs ont ÊtÊ pris d’assaut, fin 2014, et les projets dans les cartons ont parfois ÊtÊ anticipÊs pour satisfaire la demande.
subit un sÊrieux tour de vis : il ne s’appliquera plus que pour les logements servant d’habitation principale au propriÊtaire. Les bâtiments construits afin d’être ensuite mis en location seront dÊsormais soumis à une taxe de 17 %. La mesure concerne donc principalement les investisseurs, mais elle pourrait avoir des rÊpercussions Êgalement sur les diffÊrents mÊtiers liÊs au bâtiment.
EMBALLEMENT PASSAGER On comprend donc mieux la ruÊe vers la brique avant la première aube de 2015.  La demande a ÊtÊ astronomique , constate Jean-Paul Scheuren, prÊsident de la Chambre immobilière du Luxembourg.  Tous les appartements une chambre dans les carnets des promoteurs ont ÊtÊ vendus.  Une observa-
PHOTO : CHARLES CARATINI
► Le passage de la TVA de 3 % à 17 % sur les biens neufs destinÊs à la location a ÊtÊ votÊ en fin d’annÊe. ► Avant l’entrÊe en vigueur d’une phase transitoire de deux ans, les biens ont ÊtÊ pris d’assaut. ► Les prix de l’immobilier devraient poursuivre leur escalade dans un marchÊ oÚ l’offre reste trop limitÊe.
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Économie & Politique Immobilier tion appuyÊe par les chiffres de conjoncture publiÊs fin janvier par l’office des statistiques, le Statec, qui souligne que les recettes provenant des droits d’enregistrement ont augmentÊ de 89 % en dÊcembre 2014 par rapport au même mois en 2013 et de 34 % sur l’ensemble de l’annÊe. Les statistiques officielles sur les ventes de fin d’annÊe n’arriveront pas avant mars, mais elles devraient confirmer la tendance.  Il y a eu ÊnormÊment de demandes et nous avons rÊalisÊ des ventes jusqu’à la toute fin de l’annÊe. La hausse sur l’ensemble de 2014 devrait atteindre 20 % , note Yves Gaspard, directeur du dÊveloppement pour le promoteur belge Thomas & Piron. En tant que responsable du marchÊ luxembourgeois, il s’en rÊjouit. Tout en s’inquiÊtant cependant quant aux rÊpercussions de la mesure dans le futur.  Nous avons rÊalisÊ une très bonne annÊe 2014, mais après c’est l’inconnu.  L’heure est, de manière gÊnÊrale, aux grandes interrogations : quid de l’intÊrêt futur des investisseurs ? des rÊpercussions Êventuelles sur les loyers ? de l’Êvolution de l’offre dans le marchÊ du logement en gÊnÊral ? voire des risques de nouvelle percÊe du travail au noir ? Sur le mouvement des transactions, les observateurs sont unanimes pour prÊdire une  pause  après le phÊnomène connu en fin d’annÊe.  60 % des appartements à Luxembourg-ville et en pÊriphÊrie sont vendus à des investisseurs , pointe Jean-Nicolas Montrieux, chief operating officer chez Inowai.  Dans cette zone, nous allons connaÎtre un ralentissement de quelques mois. Mais, au final, Êtant donnÊ le dÊficit de logements, ça ne changera pas grand-chose.  Les biens continuant à prendre de la valeur, les gens qui ont de l’Êpargne à placer devraient toujours y trouver leur compte.
HAUSSES DES PRIX Le responsable de la Chambre immobilière se montre plus perplexe, jugeant que, pour des raisons essentiellement psychologiques, les investisseurs vont bouder le marchÊ un certain temps.  Par effet d’anticipation, on a dÊjà constatÊ une hausse du prix des logements neufs de 5 % en 2014, note Jean-Paul Scheuren. Avec la hausse de la TVA, les nouveaux biens seront encore plus chers de 10 % en moyenne (le prix du terrain n’Êtant pas impactÊ, ndlr).  À l’Êchelle du pays, le supplÊment nÊcessaire à l’acquisition d’un appartement deux chambres est donc d’au moins 30.000 euros. À Luxembourg-ville, il flirte avec les 50.000. On imagine mal dès lors que les promoteurs absorbent cette TVA supplÊmentaire pour leurs clients.  Nous allons impacter cette diffÊrence sur nos prix de vente, confirme Yves Gaspard (Thomas & Piron). Je ne connais d’ailleurs pas de promoteur qui soit prêt à ne pas la rÊpercuter.  Au final, l’impact devrait aussi atteindre les prix des loyers.  C’est un risque rÊel, alors qu’ils grimpent dÊjà très fort , pointe
Jean-Nicolas Montrieux. Le manque de logements au Grand-DuchÊ se rÊpercute effectivement en premier lieu sur le marchÊ locatif. Ce qui avait dÊjà ÊtÊ pointÊ du doigt par diffÊrents responsables avec dÊtermination lorsque la mesure avait ÊtÊ confirmÊe, avant l’ÊtÊ 2014.  On ne rÊpond pas à un besoin de logements locatifs en prenant des mesures qui risquent de peser sur les loyers , s’Êtonne ainsi Romain Schmit, secrÊtaire gÊnÊral de la FÊdÊration des artisans. Une Êtude menÊe par ses services en juillet 2014 auprès de 800 internautes avait permis de mesurer la crainte, 88 % des rÊpondants pariant sur une hausse des loyers.
GÉRER L’APRĂˆS-2016 Lorsqu’elle a ĂŠtĂŠ dĂŠcidĂŠe, en 1991, la TVA au taux super-rĂŠduit de 3 % sur les logements neufs avait pour but de permettre un redressement du secteur de la construction, alors en crise, et de lutter contre le travail au noir. Aujourd’hui, les inquiĂŠtudes reviennent. En tant que responsable de la fĂŠdĂŠration reprĂŠsentant les mĂŠtiers de la construction, Romain Schmit craint pour un secteur qui reprĂŠsente 3.500 entreprises et emploie 40.000 personnes. D’autant que, selon les statistiques de la fĂŠdĂŠration, pour la moitiĂŠ de ces entreprises, la construction de logements destinĂŠs Ă la location reprĂŠsente au moins 50 % de l’activitĂŠ. ÂŤ Au niveau de la phase transitoire, il y aura beaucoup de travail pour le secteur, ĂŠtant donnĂŠ que tous les projets signĂŠs devront ĂŞtre terminĂŠs avant la fin 2016 pour encore profiter des 3 %, analyse-t-il. Mais nous craignons qu’au bout de deux ans, la demande s’effondre. Âť Pour ĂŠviter une crise de l’emploi Ă moyen terme, la FĂŠdĂŠration des artisans a lancĂŠ le conseil Ă ses membres de privilĂŠgier le recours au travail intĂŠrimaire. ÂŤ Il faut toujours ĂŠviter de recourir Ă des mesures structurelles lors de phĂŠnomènes conjoncturels, insiste-t-il. Dans deux ans, on risque de subir le mĂŞme phĂŠnomène d’effondrement que lors de la fin des primes Ă la casse dans le secteur automobile. Âť Reste enfin la crainte d’un retour du secteur informel. ÂŤ Ces dernières annĂŠes, on avait le sentiment d’avoir pu endiguer le travail au noir, note encore Romain Schmit. Avec un taux de TVA de 3 %, les clients aisĂŠs ne voulaient plus prendre de risque pour n’obtenir qu’un gain minime. Âť Qu’en sera-t-il dans deux ans ? C’est une autre inconnue que l’actuel gouvernement devra surveiller, pour ĂŠviter qu’une mesure censĂŠe renflouer les caisses de l’État ne soit contrĂŠe par des comportements destinĂŠs Ă ĂŠviter l’impĂ´t ! â—„
TVA
À vos calculettes Les mesures concernant la TVA sur le logement sont minÊes de subtilitÊs à maÎtriser pour ne pas se laisser piÊger. Il est donc bon de savoir que, même pour les nouvelles constructions qui pourront encore bÊnÊficier du taux super-rÊduit de 3 %, l’avantage global sur la TVA reste limitÊ à 50.000 euros. Un petit calcul s’impose donc : avant le 1er janvier 2015, le montant maximal de la  valeur construction  du bâtiment pour bÊnÊficier des 3 % Êtait de plus ou moins 416.000 euros. L’Êcart entre le taux normal et le super-rÊduit Êtait alors de 12 %. Mais maintenant que le taux normal glisse de 15 à 17 %, l’Êcart se creuse aussi : il est à prÊsent de 14 %. Ce qui veut dire que la limite de 50.000 euros est atteinte dès que la valeur de construction grimpe au-delà de 350.000 euros. Au final, une diffÊrence non nÊgligeable‌ J.-M. L. ◄
En rÊsumÊ Le taux super-rÊduit à 3 % de la TVA sur les logements neufs ne s’applique plus pour ceux qui seront destinÊs à la location. Une pÊriode transitoire de deux ans ayant ÊtÊ dÊcrÊtÊe pour les ventes signÊes avant le 31 dÊcembre 2014, le secteur a connu une ruÊe sur les biens neufs en fin d’annÊe. Il s’attend dÊsormais à une pause et vit dans l’incertitude pour l’après-2016.
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étrangers considèrent également le Luxembourg comme « leader » et « créateur ». Par contre, tous s’accordent à lui laisser peu de chances d’être « rebelle » ou « magicien ». « Il faut recréer une fierté, montrer notre culture du problem solving », confirme Luc Verbeken, CEO d’ING. « Le Luxembourg est aussi perçu comme un bon médiateur, un adjuvant, un facilitateur. L’idée que Luxembourg construit des ponts entre les pays et entre conservatisme et innovation semble être une piste de travail sérieuse », conclut Francine Closener à l’énoncé des résultats. La deuxième phase de la stratégie, participative, est en route. Quelque 200 personnes ont été appelées pour des workshops dans différents secteurs d’activité afin de dégager des propositions concrètes en termes d’image. « Pour ne pas laisser la réflexion aux seuls professionnels, nous ouvrons aussi un site web pour que le grand public puisse s’exprimer », détaille la secrétaire d’État en présentant www.nationbranding.lu.
Économie & Politique Nation branding
05 Une image encore floue ► Workshops, consultation populaire : le comité pour le nation branding travaille à dégager des axes forts. ► Certains acteurs, comme la Confédération du commerce, craignent cependant que ces choix n’affectent la promotion tangible du pays. ― Texte : France Clarinval
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le multilinguisme comme la première force du pays. Ce taux grimpe à 89 % chez les résidents étrangers et même 94 % chez les frontaliers. Pour d’autres aspects, les groupes sont moins unanimes. Ainsi l’offre culturelle est plus appréciée par les Luxembourgeois (72 %) que par les résidents étrangers (64 %) et les frontaliers (69 %) ; la place financière est plus citée par les frontaliers (82 %) que par les résidents (74 %)… Apparaissent aussi les caractéristiques perçues des habitants du Luxembourg : « matérialistes », « fiers » mais aussi « multiculturels », « confortables » et surtout « favorables à la famille ». Quant au pays lui-même, il est perçu comme « protecteur » et « sage » par l’ensemble des sondés. Les
LUXEMBOURG.COM Les résultats de ces brainstormings publics et professionnels seront étudiés dans la troisième phase, de mars à juin. Une phase de conclusion qui permettra de définir les éléments constitutifs de la marque Luxembourg. « À l’aube de la présidence luxembourgeoise, en juin-juillet, nous aurons les premières applications visuelles en main », confirme Francine Closener. L’ensemble des outils de communication (visuels et écrits, déclinaisons digitales, etc.)
Profil du Luxembourg Indice de correspondance allant de -3 (ne correspond pas) à 3 (correspond) Résidents luxembourgeois Résidents étrangers Travailleurs frontaliers
Allié Amitié, confiance, collaboration Insouciant Bonheur, joie, optimisme
3 2.5
En résumé L’étude TNS-Ilres a mis en évidence les caractéristiques et points forts du Luxembourg. Multiculturel, multilingue, facilitateur, médiateur, le Luxembourg peut désormais avancer, en consultant spécialistes et grand public. Mais l’image finale, avec l'ensemble des outils de communication, n’arrivera qu’en 2016.
Protecteur Sécurité, conditions favorables aux familles, serviabilité Amant Passion, amour, beauté
2 1.5 1
Joker Humour, amusement, profiter de sa journée
0.5 Leader Pouvoir, contrôle, autorité
▲ L’enquête menée par TNS-Ilres montre que les étrangers sont parfois plus confiants en les Luxembourgeois que ces derniers en eux-mêmes.
Sage Savoir, intelligence, logique Magicien Courage, endurance, performance
0
Rebelle Suivre son propre chemin, refuser de se laisser prescrire quelque chose, nager à contre-courant Explorateur Aventure, liberté, découverte Créateur Créativité, ouverture, progrès Héros Innovation, changement, surprise
SOURCE : TNRS-ILRES
Une approche « cohérente, authentique, unique, utile et acceptée par tous ». C’est ce que Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie, appelle de ses vœux pour que le pays se dote enfin d’une image de marque « positive et qui corresponde à nos valeurs », renchérit Sasha Baillie, en charge de la promotion du Luxembourg dans le monde avant de rejoindre le ministère de l’Économie. « Le nation branding touche à l’identité et aux valeurs ; c’est un processus de longue haleine et qui doit venir de la société. » La proximité de la présidence luxembourgeoise du Conseil européen renforce la volonté d’arriver à une réponse concrète. Aussi, le comité pour le nation branding a présenté son calendrier et sa stratégie. La première phase, qui consistait à mesurer le ressenti sur le pays pour trouver des points communs, vient de s’achever avec une enquête de TNS-Ilres auprès d’un panel de population résidente et frontalière. On a ainsi demandé à ce millier de sondés quel était le caractère « unique » du Luxembourg. Sans surprise, c’est sa petite taille, son multiculturalisme et sa qualité de vie qui ont été cités en premier. L’aspect international et la position centrale en Europe sont également des caractéristiques évoquées. De même, les forces du Luxembourg énoncées spontanément sont : le multilinguisme, la sécurité (y compris sociale), la nature, la propreté. Les résidents luxembourgeois sont 86 % à citer
est attendu pour le début 2016. Cependant, malgré la concertation annoncée des forces vives, certains s’inquiètent de voir les efforts du passé mis à mal par une nouvelle image. Ainsi, la Confédération luxembourgeoise du commerce souhaite capitaliser sur le positionnement à l’échelle transfrontalière, depuis 2007 et « Luxembourg, pôle de commerce de la Grande Région », estampillé « Shopping in Luxembourg – Good Idea ». « Il faut veiller à ce que les mesures d’économie en cours n’impactent pas la promotion tangible du pays », indique la CLC, qui ajoute que « les investissements dans la promotion du commerce du pays sont indispensables, car directement liés à l’image du pays ». Un appel qui sonne comme l’espoir de ne pas voir une marque disparaître ou, à tout le moins, de ne pas laisser des efforts entrepris totalement supplantés par une nouvelle stratégie. On sait aussi que le nom de domaine Luxembourg.com fait l’objet de discussions entre le gouvernement et son actuel propriétaire, DomainInvest. On n'en connaît pas la valeur sur le marché, mais l’option envisagée par le président de DomainInvest, Xavier Buck, est de proposer au board de céder Luxembourg.com à l’État sans réaliser de profit, au montant d’acquisition donc. ◄
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“Hey boss, someone in our team has just posted nasty comments about the company on Facebook©.“
“What ??!! Who?“ GROSS MISCONDUCT OR FREEDOM OF EXPRESSION? The employer must act wisely when thinking about dismissing an employee for publishing negative comments about the employer, taking into account that privacy and freedom of expression are fundamental rights. Making employees aware of the risks linked to negative comments on social networks may be a first step to preventing those risks. Niche employment law firm CASTEGNARO - Ius Laboris Luxembourg represents employers only. Through Ius Laboris, a global alliance of leading human resources law practitioners, CASTEGNARO assists employers worldwide.
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Take the right decision.
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Économie & Politique Protection des donnÊes
06 Un autre cadre, une autre vision
â–ş D’ici 2016, un nouveau projet de règlement europĂŠen va venir bousculer le cadre lĂŠgal de la protection des donnĂŠes, modifiant en profondeur le travail d’organes de contrĂ´le comme la CNPD. â–ş Avec ce texte, les obligations et la responsabilisation des entreprises vont se renforcerƒ: oubli numĂŠrique, cloud, traçabilitĂŠ et portabilitĂŠ des informations vont rendre le tableau plus complexe. ― Texte : Florence Thibaut ― Photo : Olivier Minaire
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Dans le sillage de l’Êconomie numÊrique et de son cÊlèbre corollaire big data, le challenge de rationaliser la gestion des donnÊes est de taille. Ainsi, en septembre 2012, la Commission europÊenne rÊvÊlait une stratÊgie volontariste en matière de cloud computing. Celle-ci devrait permettre d’Êpargner 600 milliards d’euros entre 2015 et 2020 et crÊer jusqu’à plus de 2,5 millions d’emplois. Dans ce contexte, pour y arriver, il faudra trouver un moyen de contrôler ce qui est fait du patrimoine informationnel de tout un chacun. Le 28 janvier dernier avait lieu à Luxembourg la neuvième JournÊe europÊenne de la protection des donnÊes, l’occasion pour Tine Larsen, la nouvelle prÊsidente de la CNPD (Commission nationale pour la protection des donnÊes), de rappeler les contours d’un sujet tentaculaire et nÊanmoins essentiel pour le futur technologique du pays.  C’est un enjeu qui nous concerne tous, du citoyen aux pouvoirs publics en passant par les fournisseurs de services en ligne , introduit-elle. Très sensible et vivement discutÊ au Parlement europÊen, le projet de règlement
▲ La protection de la vie privÊe, le stockage dans les nuages, le droit à l’oubli font partie des donnÊes du problème qui donneront un autre Êclairage à des entreprises importantes du paysage numÊrique.
ÂŤ La loi en vigueur manque de dents pour pouvoir mordre. Âť Tine Larsen (CNPD)
Économie & Politique Protection des donnÊes
NOUVELLES RESPONSABILITÉS Depuis 2002, la CNPD est l’interlocuteur de rÊfÊrence au Luxembourg pour toutes les plaintes des consommateurs ou demandes de conformitÊ des entreprises. Son rôle a progressÊ au fil des Êvolutions lÊgislatives. Le volume de documents à traiter ne fait qu’augmenter. Tine Larsen constate :  En un peu plus de 10 ans, nous avons vu notre charge de travail s’alourdir. En 2013, par exemple, nous avons reçu 2.077 demandes de renseignement, une augmentation de 22 % par rapport à 2012.  Toujours pour la même annÊe, 26 investigations ont ÊtÊ menÊes, 1.072 notifications et 117 plaintes ont ÊtÊ reçues. Avant tout chargÊe de vÊrifier la lÊgalitÊ des fichiers, la CNPD doit assurer en parallèle le respect des libertÊs et droits fondamentaux des personnes, notamment la protection de leur vie privÊe. Le nouveau règlement en prÊparation pourrait lui permettre de jouer un rôle d’investigation plus en amont.  Mon ambition lors de mon mandat est de rendre notre commission plus visible auprès des propriÊtaires de donnÊes personnelles, qu’ils sachent qu’on existe et qu’il y a des recours potentiels en cas de violation. Nous allons notamment nouer de nouveaux partenariats et augmenter notre
Cyril Pierre-Beausse
 ProtÊger ses donnÊes ne s’improvise pas 
Le sujet constitue un vrai mille-feuille juridique qui touche au respect de la vie privÊe, ainsi qu’à la protection des consommateurs. Cyril Pierre-Beausse, avocat spÊcialisÊ dans l’IT et la protection des donnÊes, recadre.
PHOTOƒ: JULIEN BECKER (ARCHIVES)
attendu d’ici la fin 2016 va venir modifier durablement l’environnement lÊgal de la protection des donnÊes en Europe, et donc au Luxembourg.  On s’attend à des changements pour tous les acteurs, y compris pour la CNPD, envisage Tine Larsen. La loi en vigueur manque de dents pour pouvoir mordre. Ce projet de règlement va rendre la surveillance plus efficace et les organes officiels plus compÊtents.  Épais de plus de 200 pages, le texte a dÊjà subi 4.000 amendements. Fruit d’un long processus, il devrait être d’application deux ans après. De nombreuses questions doivent encore être dÊbattues, notamment dans un contexte d’explosion des donnÊes en ligne et d’augmentation de la cybercriminalitÊ. CÊdric NÊdÊlec, chargÊ de protection des donnÊes chez PwC, explique l’intÊrêt d’une mise à jour juridique :  La loi de 95 Êtait une belle mariÊe, mais n’est plus du tout à jour. La situation a bien changÊ. On n’est plus au temps du minitel ! La nature et le volume de donnÊes ne sont plus du tout comparables. Une actualisation de la loi Êtait plus que nÊcessaire pour tenir compte des avancÊes technologiques comme la gÊolocalisation ou l’utilisation du cloud.  D’une approche de conformitÊ a posteriori, il faudra passer à une dÊmarche plus transversale, plus proche d’une mÊthode d’analyse des risques.  Certains principes existants comme le consentement explicite ou la notion de lÊgitimitÊ vont être renforcÊs. C’est une toute nouvelle gouvernance qu’il faudra mettre en place. La fonction de data protection officer va aussi devenir obligatoire pour les entreprises d’une certaine taille. Les sanctions seront Êgalement rehaussÊes. FinalitÊ : donner de la confiance aux utilisateurs. 
Monsieur Pierre-Beausse, quelle est la situation juridique au LuxembourgÂ?? ÂŤÂƒC’est la loi relative Ă la protection des personnes Ă l’Êgard du traitement des donnĂŠes Ă caractère personnel du 02 aoĂťt 2002 qui fixe le cadre de rĂŠfĂŠrence. Émanation de directives europĂŠennes, elle a ĂŠtĂŠ complĂŠtĂŠe, en mai 2005, par la loi liĂŠe aux communications ĂŠlectroniques. Ă€ terme, le projet de règlement europĂŠen viendra modifier ce socle en profondeur. Le texte, pas encore figĂŠ, prĂŠvoit dĂŠjĂ des amendes de plusieurs centaines de millions d’euros en cas de non-respect grave au principe de confidentialitĂŠ, Ă l’instar de ce qui se fait dans le domaine de la concurrence. Qu’est-ce qui va changerÂ?? ÂŤÂƒD’une logique de conformitĂŠ noirÂ/Âblanc, on va devoir passer Ă une rĂŠflexion plus nuancĂŠe. Les entreprises vont avoir l’obligation d’intĂŠgrer le souci des donnĂŠes dès la conception de tout produit, qu’il s’agisse d’une tablette ou d’un service
volet conseil. Nous ne voulons pas seulement jouer le rôle de l’organe qui punit.  Les notifications obligatoires ainsi que les procÊdures d’autorisation prÊalables Êtant amenÊes à disparaÎtre, la charge administrative qui pèse sur les Êpaules des Êquipes devrait être plus lÊgère.  LibÊrÊs de certaines obligations, nos collaborateurs pourront être plus proactifs et davantage en relation avec les acteurs privÊs, même si de nouvelles tâches vont sans doute se rajouter. Au lieu de laisser faire et d’intervenir après, nous allons dÊvelopper davantage l’accompagnement.  En prime, l’IT et les procÊdures internes devraient être entièrement modernisÊes pour permettre à la CNPD d’être prête pour ses nouvelles missions. DÊfendu par Viviane Reding, le projet europÊen a une rÊsonance particulière au
financier. On parle de privacy by design. Une fois transposĂŠ en droit national, le règlement pourrait ĂŠgalement permettre Ă la CNPD de graduer les sanctions. Aujourd’hui, elle hĂŠsite Ă solliciter le Parquet pour ĂŠviter des consĂŠquences pĂŠnales trop lourdes. Certaines entreprises font n’importe quoi, mais ne craignent pas grand-chose. Comment les entreprises peuventelles se prĂŠparerÂ?? ÂŤÂƒOn sent une prise de conscience encourageante. Il y a 10 ans, le management se moquait complètement de cette matière. Elle commence Ă devenir un enjeu stratĂŠgique discutĂŠ en conseil d’administration. Dans toute organisation, il faudra nommer le data protection manager, le point de contact des instances de contrĂ´le. Les entreprises n’ont pas besoin d’un ayatollah qui dise non Ă tout, mais d’un spĂŠcialiste qui comprenne l’activitĂŠ de l’entreprise, et surtout qui sache que le risque zĂŠro n’existe pas.ÂÂť F. T. â—„
Luxembourg, pays très connectÊ et oÚ les entreprises IT de grande envergure ont pris position. La prÊsidence europÊenne à venir devrait encore donner une autre visibilitÊ.  La Commission souhaitait clôturer les discussions en 2014, mais n’a pas rÊussi. Trouver un dÊnominateur commun à 28 sur un sujet aussi dÊlicat prend beaucoup de temps. Je pense nÊanmoins que le Grand-DuchÊ a une carte à jouer. Il pourrait avoir un rôle de pionnier, notamment grâce à son programme Digital LÍtzebuerg et à tous les acquis qu’il a dÊjà mis en place , conclut Tine Larsen. ◄ En rÊsumÊ Touchant aux droits des consommateurs et au respect de la vie privÊe, la protection des donnÊes est souvent un sujet qui concerne les entreprises, mais les ennuie aussi. Un projet de règlement europÊen très attendu va venir bouleverser l’actuel cadre juridique, leur imposant plus de responsabilitÊs.
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Économie & Politique Statec
07 À l’épreuve de la qualité ► Le Statec mène actuellement une enquête de satisfaction auprès de ses utilisateurs. ► La qualité est un objectif primordial pour l’Institut national de la statistique. L’objectif est de garantir des données fiables et rapidement accessibles. ― Texte : Jean-Michel Lalieu ― Photo : Christophe Olinger
Des résultats d’une enquête menée en 2012 par le Statec à l’occasion de son cinquantième anniversaire, il ressort que la grande majorité des Luxembourgeois (86 %) ont une attitude positive face à l’Institut national de la statistique et des études économiques. En 2007 déjà, une enquête européenne (Eurobaromètre) avait montré que deux personnes sur trois (68 %) faisaient confiance aux statistiques officielles du pays. Un chiffre qui plaçait le Luxembourg au quatrième rang européen, derrière la Suède, le Danemark et les Pays-Bas. La moyenne de confiance de l’UE 27 n’était, elle, que de 44 %. Ces bons résultats n’empêchent pas le Statec de remettre en question de manière régulière la qualité de son fonctionnement. C’est dans ce but qu’il vient de lancer une enquête de satisfaction auprès des utilisateurs de statistiques publiques. « L’Europe nous oblige à en mener à intervalles réguliers », explique Nico Weydert, directeur adjoint du Statec. De telles études de satisfaction ont ainsi déjà été menées en 2007, 2010 et 2012. Avec quelles conclusions ? « Nous avons surtout essayé de faciliter l’accès et l’interprétation de l’information via notre site internet, commente le responsable du Statec. Jusqu’il y a quelques années, nous sortions essentiellement des publications élaborées. Mais les gens ayant besoin d’infos plus brèves, nous avons privilégié des dossiers de quatre pages sur différents thèmes. »
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Important les statistiques ? Souvenez-vous de la crise grecque : la descente aux enfers a démarré dès mars 2002 quand Eurostat a refusé de valider les statistiques sur le déficit et la dette publique, puis lorsque la nouvelle majorité au pouvoir a découvert, en 2009, que les chiffres concernant la dette publique avaient été très largement minimisés. Mais déjà au milieu des années 90, l’Organisation des Nations unies a édicté des principes fondamentaux de la statistique pour donner confiance aux opinions publiques dans l’intégrité des systèmes statistiques officiels. « C’est venu à la suite de l’effondrement du bloc soviétique où les chiffres étaient souvent trafiqués à des fins politiques, note Nico Weydert. Il faut bien voir que la statistique participe au processus démocratique au même titre que la liberté de parole. »
RESPONSABLE À TEMPS PLEIN L’Europe, via l’organisme officiel Eurostat, a pris ensuite le relais en publiant, à son tour, en 2005, un code de bonnes pratiques de la statistique européenne. C’est d’ailleurs lui qui impose aux instituts nationaux de mener des enquêtes sur la satisfaction des utilisateurs. Selon ses critères, ceux-ci ont droit à des informations statistiques pertinentes, qui reflètent la réalité « de manière exacte et fiable », qui soient diffusées rapidement,
▲ Nico Weydert : « La statistique participe au processus démocratique au même titre que la liberté de parole. »
accessibles et qui permettent des comparaisons entre pays. « Ce n’est pas toujours simple, admet le directeur adjoint du Statec. Nous avons parfois du mal à sortir les statistiques dans les délais demandés par Eurostat. » Avec un staff de 160 personnes, l’office luxembourgeois des statistiques est considéré comme un petit organisme. La course à la qualité se fait donc avec les moyens du bord. « C’est effectivement là que le bât blesse, concède M. Weydert. Jusqu’à présent, nous n’avons pas un membre du personnel entièrement dédié à notre politique de la qualité. » Actuellement, l’organisme confie les aspects qualité à un pool de deux ou trois personnes qui les assument en plus de leurs fonctions principales pendant deux ou trois ans. Mais des recommandations européennes poussent à créer un poste permanent. Du 12 au 16 janvier dernier, Eurostat a en effet
envoyé une équipe de trois experts chargée d’évaluer la qualité des statistiques luxembourgeoises. Comme ça se fait dans chaque pays européen tous les six, sept ans. Cette équipe de spécialistes mène un véritable audit de plusieurs jours, allant jusqu’à prendre la température auprès des utilisateurs réguliers (ministères, administrations, médias, société civile). « Leur première recommandation est effectivement que nous puissions créer une fonction de chargé de la qualité à temps plein », convient le directeur adjoint du Statec. Ce qui demandera évidemment de dégager des ressources humaines, voire des moyens financiers. ◄ En résumé L’Europe impose aux offices nationaux de statistiques de mener des enquêtes à intervalles réguliers pour mesurer la satisfaction des utilisateurs. Le Statec vient d’en lancer une nouvelle. La qualité fait partie de ses priorités même si sa taille l’oblige à jouer avec les moyens du bord.
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Économie & Politique Grande Région
« Le business ne s’arrête pas aux frontières »
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► Dans le cadre du label français French Tech, LORnTECH pose sa candidature pour « vendre » la Grande Région. ► Luxembourg, partenaire de longue date du Sillon lorrain, en sera sans doute une carte maîtresse. ― Texte : Florence Thibaut
Derrière le label French Tech : une volonté de faire pulluler les start-up en les dotant d’un environnement réceptif, et par là, de donner un coup d’accélérateur à la croissance. Chargé d’augmenter la visibilité sur le secteur porteur du digital, ce label est attribué par le secrétariat d’État à l’Économie numérique. En Lorraine, c’est le Pôle métropolitain du Sillon lorrain qui est à l’initiative du dossier déposé en novembre. « Nous souhaitons obtenir ce label pour participer à un effort de visibilité global, mais aussi pour donner un nouvel élan à l’économie lorraine. Le challenge est d’éviter que les bonnes idées partent ailleurs. Nous voulons, avant tout, accompagner et valoriser nos entrepreneurs. La mise en réseau peut nous permettre de fixer la richesse dans la région », explique Vincent Gross, délégué général du Pôle métropolitain du Sillon lorrain. L’apport du Luxembourg sera non négligeable. « Lier l’écosystème lorrain aux initiatives luxembourgeoises me semble très intéressant pour le développement numérique de la Place », affirme Charles-Louis Machuron, fondateur de Silicon Luxembourg et soutien de la première heure. Voulant fédérer les acteurs de toute la région, le projet associe Thionville, Metz, Nancy et Épinal. À l’inverse d’autres métropoles françaises détentrices du label comme Digital Grenoble ou Nantes Tech, le projet lorrain se distingue par son approche internationale. Plusieurs contacts ont ainsi déjà été noués avec des acteurs de la Place comme Silicon Luxembourg ou Luxinnovation, mais aussi avec les villes de Trèves et Sarrebruck. « Je constate que de nombreux entrepreneurs lorrains s’installent au Technoport de Luxembourg, faute d’infrastructures et de relais dans leur région. En mettant sur pied un réseau d’incubateurs dans les grandes villes du territoire, le projet pourrait permettre d’endiguer la fuite de talents », appuie encore Charles-Louis Machuron. Vincent Gross est aussi un fervent partisan de l’entente transfrontalière, facteur de succès du projet : « Associer les villes et bâtir des ponts entre elles est essentiel pour créer plus
▲ Les espaces de la Lorraine 2.0, comme ici à Nancy, aimeraient s'étendre à la Grande Région.
de valeur. Nous travaillons avec le Luxembourg depuis déjà 10 ans dans le cadre du Sillon lorrain. On se connaît bien. Notre vision du développement numérique ne s’arrête pas aux frontières. Nous avons beaucoup à nous apporter. » L’idée directrice de French Tech étant bien de rapprocher les acteurs du numérique, start-up, accélérateurs d’innovation ou encore incubateurs sont invités à apporter leur pierre à l’édifice en proposant des idées. Mélange d’outils privés et de soutiens publics, LORnTECH doit remporter un consensus. « Rassembler tous les acteurs sous un drapeau commun est toujours une étape complexe. Nous avons encore beaucoup de travail en ce sens. Le plus grand défi sera de parvenir à être rapidement réactifs pour ne pas laisser filer des opportunités. » Concrètement, le succès du projet reposera sur la création de lieux d’accueil, de formations pointues, de structures de financement adaptées ou encore de plateformes d’échanges. Les idées ne manquent pas pour faire de la Lorraine et des régions voisines un pôle technologique innovant. À terme, l’objectif d’ici les 10 prochaines années sera de parvenir à +100 % d’emplois supplémentaires dans le numérique et d’atteindre +50 % de PME endéans les six ans. « Nos ambitions sont très élevées, dévoile Vincent Gross. En détectant les bons talents,
en multipliant les projets et en ouvrant des espaces emblématiques pour défendre le numérique, nous misons sur 100 % de start-up accélérées en plus en 10 ans et +20 % d’entreprises à dimension internationale en Lorraine. » Les retombées pourraient aussi être non négligeables pour le Luxembourg. C’est du moins l’avis de Charles-Louis Machuron : « Il ne faut surtout pas laisser l’écosystème luxembourgeois isolé, mais créer toujours plus de contacts. Pour maximiser la valeur de ce type de projet, il faut casser les silos. Si la Lorraine s’équipe d’infrastructures novatrices, c’est aussi un plus pour nous. Et si on s’intéresse à LORnTECH, on s’intéressera aussi forcément à ce qui se passe sur le marché luxembourgeois. » Environ 250 personnes ont déjà accepté de monter à bord. S’il n’y a pas de date butoir officielle, au niveau du calendrier, une accélération est prévue au printemps. Les premiers espaces d’accueil devraient être opérationnels en mars. « Ils existent déjà physiquement à Metz, Thionville ou Nancy. Nous allons monter en gamme au niveau opérationnel. Les premiers outils de soutien seront lancés pour l’été. D’ici là, nous allons continuer à nous enrichir d’apports extérieurs et œuvrer à la cohérence globale. Nous pourrons ensuite montrer les résultats des premiers projets et prouver que la démarche prend et répond à un vrai besoin. » ◄ En résumé S’il est attribué par le gouvernement français, le label French Tech pourrait permettre à la Grande Région de stimuler son écosystème numérique. Plus de visibilité sur les initiatives locales, de collaborations avec les marchés voisins, de création d’idées et d’encadrement pour les start-up sont à la clé.
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Économie & Politique Enseignement
09 Les nouveaux visages de l’Université
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► Entrée en fonctionnement en été 2003 dans le quartier de Limpertsberg, la jeune Université luxembourgeoise a marqué un cap dans la politique éducative du pays. En 10 ans, elle n’a pas chômé, même s’il lui reste du travail pour asseoir sa réputation à l’étranger. ► Pour cette rentrée 2015, elle forme quelque 6.157 étudiants dans trois facultés, dont 545 doctorants ; emploie 1.491 employés et coordonne 11 unités de recherche. ► L’arrivée de Rainer Klump aux manettes il y a quelques semaines et la finalisation du campus de Belval signent le début d’une nouvelle ère. ― Texte : Florence Thibaut ― Photos : Sven Becker, Gaël Lesure
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Officiellement lancée le 12 août 2003, l’Université du Luxembourg est née de l’intégration sous une seule coupole des facultés des Sciences, de la Technologie et de la Communication ; de Droit ; d’Économie et de Finance ; des Lettres, des Sciences humaines, des Arts et des Sciences de l’éducation. Mais il a fallu attendre 2006 et la publication du règlement grand-ducal instituant le cadre législatif des bachelors, masters et doctorats pour qu’elle puisse réellement se développer. Parmi les qualités autoproclamées de la jeune institution : un multilinguisme par essence, un encadrement proche des élèves et une situation géographique au cœur de l’Europe. Rainer Klump, la nouvelle figure académique, loue la proximité du corps professoral avec les étudiants. « En tant qu’observateur extérieur, je pense que le grand atout de cette Université est d’être à taille humaine. Elle contribue activement au rayonnement du pays tout entier. Pour asseoir encore plus ses travaux, nous devrons investir davantage dans l’encadrement des jeunes chercheurs et le transfert de
connaissances », partageait-il lors de son discours d’investiture. Physicien d’origine allemande et doyen durant deux mandats consécutifs, M. Tarrach a été unanimement salué pour le travail de fourmi qu’il a entrepris afin de faire décoller l’Université et lui donner son envergure actuelle. Quand il rejoint l’équipe académique en janvier 2005, après la mort de François Tavenas, le premier doyen, l’institution n’en est qu’à ses balbutiements.
PASSAGE DE TÉMOIN Dix ans plus tard, le doyen sortant résume sa mission en plusieurs phases : « Les premiers six mois ont été très difficiles. Suite au décès de mon prédécesseur, la situation était très compliquée en interne. J’ai connu ensuite huit années magnifiques. Nous avons pu recruter les meilleurs. Nous pouvons être fiers de nos équipes scientifique, académique et administrative. Ensuite, nous sommes parvenus à nous rapprocher de l’industrie. C’est une grande source de satisfaction. Il n’y
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Économie & Politique Enseignement a pas d’excellente université, sans une recherche fondamentale de haute qualité. » Sous son impulsion, le nombre d’étudiants inscrits a bondi de 20 % entre les rentrées 2009 et 2013. « Rolf Tarrach a été l’artisan de notre succès. Aujourd’hui, l’Université du Luxembourg est une institution reconnue. C’est son engagement qui l’a permis. Une nouvelle page se tourne avec l’arrivée de M. Klump, dont je connais le goût pour l’action et la capacité d’écoute », affirmait alors Marc Jaeger, président du conseil de gouvernance de l’Université, lors de la cérémonie de passation de pouvoir du 15 janvier dernier. 2015 sera donc une année charnière pour l’Université, particulièrement tournée vers l’international et la consolidation de la recherche. Un changement de recteur est toujours une étape clé dans la vie d’une université. Visage de l’institution à l’extérieur, c’est aussi lui qui donne le ton et fédère l’équipe académique. Si l’établissement est perçu comme un acteur de poids dans le paysage luxembourgeois, son influence ne s’étend pas toujours au-delà de ses frontières proches. Un constat que le nouveau recteur entend bien modifier lors de son premier mandat, que ce soit par de nouveaux partenariats, le recrutement de chercheurs étrangers ou des échanges internationaux accrus pour les étudiants. « Ma conviction est que l’Université du Luxembourg doit être un modèle en Europe. Au centre de la Grande Région, elle est aussi au cœur du continent et constitue un des premiers pays membres de l’UE. Elle a tous les atouts nécessaires pour devenir un hub technologique et innovant », dévoile Rainer Klump. Économiste de formation, le nouveau doyen a, d’ailleurs, beaucoup voyagé lors de son parcours académique. Originaire de la région d’Hesse, il a étudié à Mayence, à Paris I et à Erlangen-Nuremberg. Il a notamment enseigné à l’Université JuliusMaximilian de Wurtzbourg, à l’Université d’Ulm, ainsi qu’à l’Université Johann Wolfgang Goethe. Il a également été professeur invité à Sciences Po Paris, à l’Université ParisDauphine, ainsi qu’à l’Université Lyon 2. Nerf de la guerre pour tous les acteurs de l’enseignement, le financement reste plus que jamais un enjeu. L’institution luxembourgeoise devrait se doter d’une comptabilité analytique dans les mois à venir afin de professionnaliser sa gestion. « Les projets de recherche ambitieux, les infrastructures de
pointe et l’amélioration de notre communication ne seront pas sans coûts, soutient Rainer Klump. Tous ces investissements devront être minutieusement planifiés. » Dotée d’objectifs ambitieux, l’Université a la chance de voir son budget fréquemment revu à la hausse. La contribution de l’État est ainsi passée de 114,17 millions d’euros en 2011, à 116,78 en 2012, puis s’est élevée à 128,70 en 2013. La courbe de ses revenus externes suit également un mouvement haussier : le montant a évolué de 30,61 millions en 2012 à 31,50 en 2013.
PÔLE D’EXCELLENCE À BELVAL Après une dotation de 140 millions d’euros en 2014, le gouvernement a déjà annoncé un montant de 180 millions pour 2015, témoignant de son approche volontariste en matière d’enseignement. « Le gouvernement veut être un vrai partenaire pour l’Université. C’est une de ses priorités. Au total, nous avons débloqué 285 millions d’euros pour l’éducation cette année », explique Marc Hansen, le secrétaire d’État à l’Enseignement. Projet phare de ces dernières années, Rainer Klump, le nouveau recteur de l’Université, a pris ses fonctions en janvier. ▼
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L’Université en quelques chiffres
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400 doctorants avec contrat de travail inclus (double statut étudiant et employé)
étudiants en bachelor
le déménagement vers les communes d’Eschsur-Alzette et de Sanem va s’accélérer en 2015. Tout au long de l’année, 800 employés devraient rejoindre le site de Belval, dont 180 issus de l’administration centrale, 450 de la faculté des Sciences humaines et 60 biologistes. Autrefois haut lieu de l’aciérie luxembourgeoise, le nouveau campus va, in fine, s’étendre sur 120 hectares. En pleine construction, bibliothèques, logements et autres amphithéâtres sont en train de progressivement remplacer les friches industrielles. Le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine, qui emploie 200 personnes, y a déjà pris ses quartiers depuis la fin 2011. Coordonnée en tandem par la société de développement Agora et le Fonds Belval, la Cité des sciences est le projet central du nouveau site. Évalué à 600 millions d’euros pour la première phase de construction, il devrait donner naissance à 20 immeubles neufs. À la fin des travaux, environ 7.000 étudiants, ainsi que 3.000 enseignants et chercheurs devraient rejoindre le quartier. À terme, seule la faculté de Droit, d’Économie et de Finance restera en partie basée dans la capitale. ◄ En résumé Nouveau recteur, nouveaux locaux à Belval : l'année 2015 s'annonce pour le moins mouvementée pour l'Université du Luxembourg, prête à entrer de plain-pied dans une nouvelle ère, après 10 années d'expansion vécues sous l'ère Rolf Tarrach.
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Économie & Politique Étude
10 À la santé du système ► La vision des professionnels de santé rejoint celle des consommateurs de soins : le système est globalement bon et bien perçu. ► L’étude Deloitte qui s’intéresse à l’industrie de la santé et des sciences de la vie donne un instantané assez net d’un secteur socioéconomique important, qui bouge sans cesse, engage et investit. ― Texte : Alain Ducat
Comment se porte le système de santé du pays ? Et, en l’occurrence, comment est-il perçu par ses acteurs ? L’étude de Deloitte Luxembourg apporte des réponses, celles des professionnels de la santé cette année, après avoir sondé les « consommateurs » de soins, ces patients qui sont parfois clients assumés. Les résultats ont été présentés fin janvier, lors de la quatrième conférence annuelle consacrée par le cabinet membre des Big Four – qui a un département dédié à la santé et aux sciences de la vie – au secteur de la santé au Luxembourg. Une véritable « industrie », à l’impact socioéconomique grandissant, qui a beaucoup engagé ces dernières années et qui investit sans cesse, dans les installations, dans les technologies de diagnostic ou de soins, dans les ressources humaines aussi. Preuve de l’intérêt suscité, l’événement – appelé à être reconduit au vu du succès rencontré, avance-t-on chez Deloitte –, organisé en partenariat avec la FHL (Fédération des hôpitaux luxembourgeois), a rassemblé une centaine de professionnels et experts du marché luxembourgeois et reçu l’adoubement de Lydia Mutsch, ministre de la Santé et de l’Égalité des chances.
De fait, l’étude, sous des dehors de sondage (réalisé par TNS-Ilres), apporte un éclairage, sans fard, mais sans flou artistique non plus, sur la façon dont le secteur est perçu, dont il inspire confiance, dont il est compris. C’est encore plus vrai lorsque l’on compare les approches des médecins, directeurs médicaux et autres professionnels du secteur (objet de l’étude 2014-2015), avec les réponses apportées aux mêmes questions, posées en 2013 et déjà en 2011, aux patients. « Au vu des défis, notamment technologiques et financiers, auxquels le système de santé doit faire face, il semblait pertinent de collecter les perceptions des professionnels de santé au Luxembourg pour les confronter à celles des consommateurs de soins », commente Luc Brucher, partner Life Sciences & Healthcare au sein de Deloitte Luxembourg. La première conclusion qui se dégage, c’est que, globalement, les professionnels sont assez d’accord avec les patients (voir graphiques ci-dessous) pour juger le système luxembourgeois performant et intelligible. 75 % des professionnels, toutes catégories confondues, l’estiment « bon » voire « très bon ». Et une majorité se dégage pour y voir
un système apte à répondre, de manière adéquate, aux besoins des consommateurs de soins de santé. Il faut constater que, en 2013, les patients jugeaient, dans des proportions similaires, le système comme « très bon » voire « excellent ». Les professionnels sont-ils plus critiques ? Ou plus demandeurs d’évolutions ? Sans percevoir de gros écarts de contexte, on identifie une légère différence de perception, due aussi sans doute au fait que, par nature, les médecins et autres praticiens ont une connaissance de l’intérieur du système.
DANS LE CONTEXTE DE RÉFORME, VERS LES PÔLES DE COMPÉTENCES Il faut néanmoins observer le contexte de réformes en cours, parmi lesquelles la révision du plan hospitalier, le statut du médecin référent, mais également l’amélioration de la qualité de la documentation des prestations ou le démarrage du DSP (dossier de soins partagé) sont toujours à l’agenda. Ainsi, on relève que les responsables de
Évaluation du système de santé par les patients et par les professionnels du secteur (en %) Il répond aux besoins en matière de santé
Les mêmes questions ont été posées dans les deux études Deloitte, aux patients consommateurs de soins en 2013 et aux professionnels du secteur de la santé pour la version 2015. De manière générale, et toutes professions confondues, les professions évaluent le système de santé comme « bon » voire « très bon ». Cette évaluation largement positive est néanmoins légèrement plus mitigée que celle des consommateurs, exprimée plus tôt. Ceux-ci, proportionnellement, étaient plus nombreux à noter le système de santé de « très bon » à « excellent ».
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Excellent Très bon Bon Passable Mauvais Sans opinion
Il propose les dernières innovations (traitements, services, technologies médicales)
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VIRAGE NUMÉRIQUE ET STRATÉGIQUE En tout cas, plus de 86 % en moyenne des professionnels pensent que la création de centres de compétences permettrait une meilleure coordination des soins et un accès à des expertises médicales optimales. En outre, souligne l’étude, « une grande majorité des professionnels (plus de 61 % en moyenne, avec un pic à 74 % pour les médecins, ndlr) pense que la création des centres de compétences permettrait une augmentation de la qualité, sans pour cela engendrer une diminution des coûts. Sur ce point encore, les profession-
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Questions salariales dans le public Dans le cadre des négociations entre le gouvernement et la fonction publique, la question du personnel hospitalier n’a pas fait la une. Cependant, alors qu’il est prévu par les accords de revaloriser une série de carrières, les infirmiers sont concernés par la transposition de ces dispositions. Les secteurs publics hospitaliers et de la santé en général en sont évidemment bien pourvus. Et certaines structures, avec une application des accords négociés, pourraient voir leur masse salariale exploser. Certains évoquent 10 % d’un coup. Le hic, c’est que le gouvernement a gelé les budgets. Et qu’il a promis par ailleurs de ne pas toucher aux cotisations sociales. À moins d’augmenter les coûts pour les patients, comment s’en sortir ? Comme l’accord de base avec la fonction publique prévoit la neutralité financière pour le budget de l’État, il faudrait réaliser des économies ailleurs, pour compenser. Cela reviendra à coup sûr dans les négociations de conventions sectorielles des entreprises hospitalières. Pour l’heure, la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL) et les syndicats (OGBL et LCGB) s’appuient, depuis la mi-décembre 2014, sur un accord maintenant les effets de la convention collective de travail du secteur hospitalier. « Les négociations menées courant 2014 n’ont pas pu aboutir à un résultat concret, notamment en ce qui concerne les enveloppes à considérer, alors que les accords entre le gouvernement et la CGFP concernant l’accord salarial ainsi que la réforme dans la fonction publique n’ont toujours pas été transposés dans la législation nationale », rappelait le communiqué de décembre. La CCT est ainsi reconduite en l’état jusqu’au 30 juin 2015. A. D. ◄
En résumé Les défis ne manquent pas pour le système de santé et de soins au Luxembourg, à la croisée des chemins technologiques et financiers notamment, de l’organisation nationale aussi. Une étude réalisée par Deloitte permet d’observer la perception de ce secteur par les professionnels, et de la comparer à celle des consommateurs de soins.
La structure globale du système est facile à comprendre
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Revalorisation de carrière
nels rejoignent l’avis des consommateurs ». L’aspect des coûts n’est évidemment pas anodin dans un système de soins, tant en amont qu’en aval. Il y a l’influence des remboursements, mais aussi celle des équipements, des investissements technologiques nécessaires. On peut rejoindre à cet égard un des pans de la politique de diversification économique du pays. Et il y a aussi l’impact des coûts salariaux (lire aussi l’encadré ci-contre), que les professionnels semblent juger davantage prépondérant que les patients… Hors de toute polémique, il y a accord global sur le virage numérique à prendre. L’informatisation des dossiers médicaux via notamment l’introduction du DSP aurait, selon les résultats obtenus par l’étude, un impact positif sur la gestion, l’accessibilité des données médicales et la coordination des activités de soins. Une fois garantie, bien sûr, la question de la sécurité et de la protection des données personnelles. Un autre thème récurrent dans les cénacles économico-politiques du pays… Tout cela peut donner un autre halo encore à l’étude menée régulièrement par Deloitte qui, pérennisée et orientée selon les besoins le cas échéant, pourrait s’avérer un outil d’aide à la décision précieux, pour les élus comme pour les professionnels de la santé au sens large. ◄
Le système des paiements et des remboursements est facile à comprendre
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Le système de santé luxembourgeois est globalement performant
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SOURCE : DELOITTE
direction (d’hôpitaux et autres institutions de soins) sont moins enthousiastes que les médecins sur la réponse adéquate aux besoins, alors que ces derniers se montrent plus satisfaits de l’aspect « innovations et technologies » au service de la santé luxembourgeoise. Sans doute les responsables politiques, comme les directions médicales, auront-ils noté la tendance qui se dégage en faveur de pôles de compétences, dont une des vertus serait de répartir les efforts et les spécialisations, pour donner à l’ensemble un panel complet d’offre de soins de qualité optimale, pour l’ensemble des patients, résidents et frontaliers. Car le secteur de la santé est aussi un marché où les acteurs limitrophes, belges et français notamment, doivent se débattre avec la concurrence des plateaux médicaux et des offres de soins disponibles au Grand-Duché.
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11 Its name is Luca ► La Fondation de l’architecture et de l’ingénierie a vécu. Place désormais au Luxembourg center for architecture, avec une mission plus approfondie et une gouvernance revue. ― Texte : Céline Coubray
Fondée il y a plus de 20 ans, la Fondation de l’architecture et de l’ingénierie a décidé de s’offrir une plus grande visibilité, avec un nom collant encore plus à son large panel d’activités, aussi bien à destination des professionnels que du grand public. Place désormais au Luxembourg center for architecture (Luca), qui continuera d’assurer sa mission de plateforme d’échange et de débat autour des thèmes de l’architecture, de l’ingénierie, de l’urbanisme, de l’histoire de l’architecture et du patrimoine, ainsi que d’autres disciplines impliquées par l’acte de construire. « D’autres structures à l’étranger s’appellent ‘centres d’architecture’, explique Andrea Rumpf, la directrice du Luca. Ces institutions sont déjà bien connues et identifiées dans le milieu de la culture ainsi que par le public, qui comprend aisément leurs missions, sans explications supplémentaires. » La gouvernance a aussi été modifiée : le comité de direction a été supprimé, ce qui laisse davantage l’autonomie de gestion quotidienne, toujours soutenue par un conseil d’administration (présidé par Nico Steinmetz) et qui reste l’organe décisionnel principal. À leurs côtés siègera, quatre fois par an, un conseil consultatif, composé de professionnels et de représentants de la société civile, appelés à donner un avis ponctuel sur différents sujets liés à l’environnement bâti. Luca garde le même budget de fonctionnement que la Fondarch, soit 350.000 euros, « auxquels s’adjoignent les subsides supplémentaires quand nous réalisons l’exposition pour le pavillon luxembourgeois à la Biennale d’architecture de Venise », précise Mme Rumpf. ◄ PHOTO : MIKE ZENARI (ARCHIVES)
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Andrea Rumpf conserve ses fonctions de directrice du Luca.
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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 11 sujets clés sélectionnés par la rédaction. C’est le professeur d’origine irlandaise Gabriel Crean qui prendra la direction, le 1er avril prochain, du nouveau Luxembourg Institute of Science and Technology réunissant les CRP Henri Tudor et Gabriel Lippmann. Depuis 2012, il occupe les fonctions de vice president for technology et director for Europe du CEA Tech, la division Recherche technologique du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives en France. Quelques jours avant Noël, et après les révélations par Paperjam. lu sur les dysfonctionnements du Fonds du logement et les déboires judiciaires de son chef comptable, l’établissement public s’est fait couper sa ligne de crédit de 5 millions d’euros auprès de la banque ING. Il s’est donc trouvé dans l’incapacité de payer ses fournisseurs qui lui avaient adressé massivement des factures avant la hausse de la TVA… Il y avait alors pour quelque 700.000 euros de factures en attente de paiement. Une nouvelle ligne de crédit, de 3 millions d’euros, a dû être renégociée en urgence.
Une commande record pour ArcelorMittal : afin de permettre la construction d’un des plus grands pipelines de pétrole et de gaz au monde, le groupe sidérurgique s’est engagé à fournir 310.000 tonnes de bobines laminées à chaud à partir de son site de production à Brême en Allemagne. Il s’agit de la plus importante commande jamais passée par une entreprise dans l’industrie du pétrole et du gaz dans la branche produits plats d’ArcelorMittal Europe. La construction devrait être terminée d’ici 2018, pour un coût total d’environ 7 milliards de dollars US. Une fois terminé, le nouveau pipeline sera capable de transporter plus de 16 milliards de m3 de gaz naturel par an.
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Après de longues négociations et un accord intervenu le 29 décembre, la direction de LuxairGroup et les syndicats ont entamé la rédaction d’une nouvelle convention collective de travail dans laquelle les revendications des uns et des autres ont pu être enfin conciliées. Un accord « préserve la majorité des acquis sociaux des salariés tout en renforçant la compétitivité de LuxairGroup dans ses différentes activités », ont communiqué les parties concernées.
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Pour la troisième année consécutive, en 2014, la barre des 70.000 visiteurs a été franchie au Musée d’Art moderne Grand-Duc Jean (Mudam), faisant C'est le nombre de celui-ci un de visiteurs au incontournable Mudam en 2014. parmi les musées de villes de taille moyenne en Europe. Il a même frôlé les 80.000, avec un total de 79.435 visiteurs, soit une fréquentation en hausse de 60 % par rapport à celle de l’année de son ouverture, en 2009. L’agence de communication luxembourgeoise Cropmark a annoncé sa fusion avec les Bruxellois de Everything is Fun, spécialisés dans le digital et qui se sont fait remarquer notamment dans le domaine de la culture et du design tant à Bruxelles qu’au Luxembourg avec des clients tels que le CNA, le Casino Luxembourg, Brussels Art Days ou encore Elaine Levy Project.
Après la fusion des CRP Gabriel Lippmann et Henri Tudor, c’est au tour du CRP-Santé de s’associer avec l’Integrated Biobank of Luxembourg (IBBL) au sein d’une nouvelle entité baptisée LIH. Le Luxembourg Institute of Health sera piloté par deux comités de direction avec, à leurs têtes, Jean-Claude Schmit (ex-CEO du CRP-Santé) et Catherine Larue (ex-CEO de l’IBBL). Axa Real Estate, la branche immobilière du groupe d’assurance français, vient d’acquérir le Monnet 6, un immeuble de bureaux de près de 4.500 m2 dans le quartier européen à Luxembourg. Le montant de la transaction, pour le Fonds Caesar, est de 32,2 millions d’euros. À l’occasion de la traditionnelle cérémonie des vœux à la presse, début janvier, le Premier ministre, Xavier Bettel, en sa qualité de ministre des Communications et des Médias, a de nouveau rappelé sa détermination à réformer l’aide à la presse, en dépit des réticences des représentants de la presse « conventionnelle » au sein du Conseil de presse (rappelons que la maison d’édition de Paperjam, Maison Moderne, n’y est pas représentée) à partager le « gâteau » de l’aide à la presse luxembourgeoise (plus de 7 millions d’euros par an de dotation). « Le journalisme online doit être reconnu et la presse digitale mérite d’être valorisée, a déclaré Xavier Bettel. Il n’y aura pas de révolution digitale au Luxembourg sans une reconnaissance de la presse digitale. » Inui Studio, la société qui a conçu l’écran sans contact AirxTouch, déployée, notamment, auprès de la
BCEE, a représenté le Luxembourg à l’occasion du salon mondial CES (Consumers Electronics Show) de Las Vegas, le rendez-vous incontournable des technologies et de l’innovation. L’occasion d’officialiser un partenariat avec le constructeur français de mobilier tactile Humelab permettant le positionnement de l’écran derrière n’importe quel type de vitre ou double vitrage, quelles que soient les conditions d’éclairage. La société de conseil et d’audit PwC annonce avoir identifié une deuxième source des « fuites » ayant alimenté l’affaire LuxLeaks. Il s’agit d’un collaborateur qui a été licencié, avant d’être inculpé de vol et de blanchiment. Un autre ancien auditeur, Antoine Deltour, déjà identifié comme étant le principal fournisseur de documents de ruling au Consortium des journalistes d’investigation ICIJ, est lui aussi sous le coup de la même double inculpation. Fédérées depuis un an, les initiatrices de Girls in Tech, leur managing director MarieAdélaïde Gervis en tête, poursuivent leur mission de démystification des technologies en s’associant au géant Amazon. Les deux partenaires ont joint leurs efforts afin d’offrir des workshops thématiques pointus (cloud computing, HTML, SQL…) répartis sur toute l’année 2015. Luxaviation n’en finit pas de grandir. Le leader européen de l’aviation d’affaires s’offre Masterjet, un gros transporteur portugais opérant huit avions (Falcon, Learjet et un Airbus A320) à partir de l’aéroport du Bourget à Paris. L’opération a pu être conclue suite à une émission obligataire fructueuse ayant
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C’est le salaire médian des cadres intermédiaires au Luxembourg, selon une étude de Towers Watson. Le Grand-Duché se place en 2e position derrière la Suisse (134.000 euros).
permis de récolter 20 millions d’euros. Luxaviation, qui emploie désormais plus de 500 personnes, peut désormais opérer une flotte combinée de 100 avions et dispose des moyens d’attaquer le marché du transport de chefs d’État. Post Luxembourg a augmenté sa participation de 60 à 90 % au sein du spécialiste du transport express de colis et de courrier Michel Greco. Le groupe avait
succès avec la nomination aux Oscars de Song of the Sea, de Tomm Moore et Paul Young. Coproduit par Melusine Productions, le film a été en partie réalisé dans les studios 352 à Contern. La cérémonie se tiendra le 22 février prochain. C’en est définitivement terminé des discussions visant à renouveler la convention collective de travail des salariés de Cargolux.
Michel Greco opère la plateforme de distribution Zakzak.
déjà, en 2001, pris une participation majoritaire dans la société créée en 1987. Son fondateur, Michel Greco, demeure administrateur délégué et détenteur des 10 % de parts restantes. L’Ulav, l’Union luxembourgeoise des agences de voyages, vient de voir le jour. Présidée par Fernand Heinisch (Voyages Emile Weber), l’Ulav va représenter 70 points de vente et 450 employés et entend défendre les intérêts de ses membres auprès des acteurs publics, ainsi que des organisations interprofessionnelles aux niveaux national comme international, tout en concourant au perfectionnement des organisations du secteur. Après le succès de Mr Hublot l’année dernière ainsi que la nomination de Ernest et Célestine, le cinéma d’animation luxembourgeois enregistre un nouveau
Le fossé séparant direction et syndicats a finalement amené ces derniers à saisir l’Office national de conciliation, dénonçant « une approche non constructive de la direction de la compagnie » dans les discussions. Outfittery, le site internet dédié à la mode masculine, s’ouvre sur le marché luxembourgeois avec l’impulsion de Mangrove Capital Partners, l’un des actionnaires de référence de cette aventure depuis 2013. Le Grand-Duché rejoint sept autres pays dans lesquels le site est déjà actif (dont l’Allemagne et les Pays-Bas). « Nous avions la possibilité de participer à l’émergence d’un service qui va pouvoir fournir une valeur ajoutée à ses clients », justifie Mark Tluszcz, le CEO de Mangrove. La société luxembourgeoise Apateq, qui fournit des systèmes de séparation pétrole-eau, a annoncé ce mardi la clôture d’un
tour de financement de 5,8 millions d’euros auprès d’investisseurs luxembourgeois emmenés par Mosmart International (société luxembourgeoise ayant développé des solutions permettant un traitement rapide et sur site des eaux usées et des déchets gaziers) et composés d’Eurobéton et des fondateurs de la société. Objectif : conquérir l’Amérique du Nord où Apateq envisage d’établir une filiale mi-2015. À l’occasion de la présentation du bilan 2014 des activités luxembourgeoises d’ArcelorMittal, Alex Nick, head of country du groupe sidérurgique, a fait part de son inquiétude devant l’approche européenne en matière de lutte contre le changement climatique. « Les décisions de l’Union européenne sont tellement handicapantes pour la production d’acier en Europe qu’il risque de ne plus y avoir de producteur d’acier d’ici à 2030. » Une perspective qui pourrait contraindre le groupe à réduire sa présence au Luxembourg.
est possible, après commande en ligne (www.thiriet.com). OpenRegistry, l’une des sociétés fondées par Xavier Buck dans le champ des noms de domaines, C'est en millions d'euros vient de passer le prix de rachat sous le giron de de OpenRegistry. NCC Group, groupe anglais basé dans l’assurance de l’information à destination des professionnels ICT. La transaction a été conclue pour un montant de 19,5 millions d’euros et a été motivée par la complémentarité des services.
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IBM PSF Services et Sogeti Luxembourg ont choisi de mutualiser leurs forces pour développer un security operation centre commun, offrant aux entreprises une plateforme de gestion intégrée des événements et des menaces. « Nous constatons que nos clients ne peuvent plus faire face seuls à la complexité croissante
Thierry Seignert, directeur d'IBM Services Financial Sector
Après Picard il y a quelques mois, c’est au tour de Thiriet, autre pointure des produits surgelés, d'ouvrir son premier magasin au Luxembourg. L’enseigne vosgienne, créée en 1966, propose, quartier Gare, un magasin de 280 m2 qui emploie trois personnes. Si le service de livraison à domicile, qui fait la force de la marque en France, n’est pas encore disponible au Grand-Duché, un service drive
de la sécurité informatique », indique Vincent Laurens, head of security business development chez Sogeti Luxembourg. « Cette nouvelle offre s’adresse au marché local, mais nous ambitionnons aussi d’aborder des clients à l’étranger », ajoute Thierry Seignert, directeur d’IBM Services Financial Sector et par ailleurs président de l’association des PSF de support.
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Paperjam Advertorial Interview M&A Capital Fund
M&A Capital Fund, le fonds que vous avez créé, investit dans l’immobilier. Pouvez-vous nous expliquer comment se porte le marché en Europe ? Marc Cottino (chairman) : « Je pense qu’il ne convient pas de parler de marché à notre égard, mais plutôt d’investissements ciblés. Notre démarche n’est pas d’investir dans des immeubles sortis de terre, pour aller chercher des rendements récurrents sur une longue période, mais plutôt d’accompagner le développement de projets dans des régions à l’économie prospère et croissante. Le marché de l’immobilier en Europe n’est pas uniforme. Au niveau du ventre mou de l’Europe, autour de la Méditerranée, le marché immobilier s’est effondré, alors que dans le nord du continent ou à l’est, dans certaines villes et capitales, on constate qu’il y a une réelle dynamique de développement, qui offre de belles opportunités d’investissement. Aujourd’hui, quel intérêt y a-t-il à investir dans l’immobilier ? Jean-François Regnauld : « Les marchés financiers traditionnels, actuellement, ne sont pas porteurs de rendements satisfaisants. On évoque une reprise, mais elle peine à se faire ressentir au niveau des cours. On constate en outre une volatilité toujours bien réelle des cours. L’immobilier, dès lors, reste une valeur refuge toujours très courue. On parle d’actifs tangibles, avec stabilité. Avec une démarche proactive à l’égard du marché, on peut même parler d’un fort potentiel à exploiter. Votre équipe grandit. Quels sont les éléments moteurs de cette croissance ? M. C. : « Il y a d’abord de nombreuses opportunités d’investissement ainsi qu’une volonté de mieux accompagner nos investisseurs au quotidien. Le marché va très vite. Il y a une forte demande pour des investissements alternatifs à l’heure actuelle. C’est pour y répondre que nous avons donc étoffé notre équipe, en allant chercher des gestionnaires d’actifs et des analystes, la crème de la crème. Les personnes qui nous ont rejoints peuvent toutes témoigner d’une longue expérience dans le secteur financier. Cette équipe va nous permettre de consolider les résultats encourageants des premiers mois et de multiplier les investissements. Les opportunités d’investissement sur le marché sont-elles si nombreuses ? Isabelle Boez : « C’est notre modèle d’investissement, surtout, qui exige de multiplier
les projets. Nous investissons en amont du développement d’une construction, sur des Places en croissance. Nous choisissons des villes ou régions d’Europe où le marché de l’immobilier comme l’économie ne sont pas encore arrivés à maturité, des Places qui connaissent des mutations porteuses de développement économique. Nous soutenons des promoteurs, nous leur apportons les financements nécessaires à la réalisation de leur projet. Au-delà, notre stratégie s’appuie sur une sortie rapide, à un horizon de 30 mois. La rotation, au sein de notre portefeuille d’actifs, est donc importante. Avec un potentiel si évident, pourquoi les promoteurs doivent-ils recourir à des sources de financement alternatives ? Nesto Boccovi : « Depuis la crise, pour accorder un crédit, les institutions bancaires exigent des promoteurs d’apporter plus
« Notre stratégie s’appuie sur une sortie rapide, à un horizon de 30 mois, assurant un rendement optimal et la sécurité de nos investissements. »
de garanties et de fonds propres. Ceux-ci n’ont pas toujours suffisamment de fonds pour répondre aux exigences bancaires. Nous sommes donc une source de financement supplémentaire, qui vient compléter le manque de fonds nécessaires à l’octroi d’un crédit. Aussi, nous contribuons réellement au développement de projets, nous permettons à l’économie de la région dans laquelle nous investissons de s’épanouir. En quoi ce modèle de financement est moins risqué qu’un autre ? Jean-Christophe Montant : « On pourrait se dire que si la banque refuse d’accéder au crédit, c’est qu’il y a un risque. C’est faux. En réalité, nous sommes un partenaire sup-
plémentaire. Nous ne portons pas le risque seul. Évidemment, nous menons notre analyse de risque. Nous sommes particulièrement attentifs dans la sélection de nos projets, dans la qualité du développement dans lesquels nous plaçons l’argent de nos investisseurs. Mais au-delà de cette analyse, nous contribuons avant tout à des projets qui bénéficient d’un crédit bancaire. Une banque a donc, elle aussi, fait son analyse et accepté de participer au projet. Pour nous et nos investisseurs, c’est un gage de sécurité. N. B. : « Il est important de préciser que le management investit aussi dans les projets. C’est un gage de confiance pour nos investisseurs. Ils nous confient leurs actifs parce qu’ils savent que nous croyons dans les projets qui vont en bénéficier. Comment assurez-vous un rendement à vos investisseurs ? J.-F. R. : « Notre objectif n’est pas de rester dans les projets que nous accompagnons. Notre volonté est d’être un facilitateur, de permettre aux projets de voir le jour, pour en sortir rapidement après le développement. Cette période de construction, dans des marchés en fort développement, est créatrice de valeur. Aussi, nous veillons à ce que les villes et régions dans lesquelles nous investissons aient une taille critique suffisante, nous permettant de trouver facilement des opportunités de sortie. Au-delà du développement du bien immobilier, nous cédons nos participations à d’autres fonds, qui vont chercher un rendement à travers un investissement immobilier plus traditionnel. On a tendance à considérer l’économie européenne comme morne. À travers vos propos, vous démontrez qu’il existe au sein de cette Europe des dynamiques économiques intéressantes… M. C. : « Économiquement, on ne peut pas considérer l’Europe comme homogène. Il ne faut pas considérer le marché dans son ensemble, mais regarder ce qui se fait dans les différentes régions. On dit que l’économie européenne est en crise. Mais en y regardant de plus près, il y a des opportunités. Il y a des politiques porteuses de croissance, des zones qui connaissent des développements très intéressants. Ces dynamiques, en outre, ont besoin d’être soutenues financièrement. C’est comme cela que nous voyons notre rôle. Nous contribuons à la prospérité économique, à la création de valeur avec ceux qui veulent faire gagner l’Europe. » ◄
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Entreprises Brèves
2,47 millions C’est le nombre de passagers ayant transité par l’aéroport du Findel en 2014, soit 12,3 % de plus qu’en 2013. Le cap des 2,7 millions est envisagé pour 2015.
Ensemble immobilier d’importance du centre-ville, le Fënsterschlass (projet mixte de 3.500 m2 comprenant 700 m2 d’espaces commerciaux, 500 m2 de bureaux et 18 appartements, au coin de la rue des Bains et de l’avenue Amélie) a été racheté – avec l’intervention d’Inowai – par un consortium d’investisseurs dont la composition est restée confidentielle. C’est désormais NC Management qui mènera le projet dont la mission architecturale a été confiée à Christian Bauer & Associés Architectes. La construction devrait commencer dans le courant du premier trimestre 2015. La livraison est planifiée pour fin 2016. L’incubateur national pour entreprises innovantes Technoport dispose de nouveaux espaces pour accueillir les start-up. Une extension d’un millier de mètres carrés a été inaugurée à Foetz, portant à plus de 16.000 m2 les surfaces disponibles conjointement sur les sites de Foetz et de Belval. D’après Eurostat, le Luxembourg connaît la deuxième plus forte proportion d’entreprises innovantes en Europe (après l’Allemagne) : 66,1 % pour la période 2010-2012 (contre 68,1 % pour 2008-2010). La moyenne européenne se situe à 48,9 %. Le conseil de gouvernement a adopté le projet de loi qui doit permettre de créer « la société à 1 euro », un outil pensé pour faciliter l’entrepreneuriat. Une initiative qui avait été proposée, en 2011, par la Chambre de commerce, alors dirigée par… Pierre Gramegna, l’actuel ministre des Finances. Déjà partenaires en termes d’infrastructure et d’offre, Telecom Luxembourg Private Operator et Unify se rapprochent encore un peu plus avec l’annonce par le
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premier du rachat de la plateforme et des contrats clients voicecloud du second (lire aussi l’article page 68). Le ministre des Finances a présenté les chiffres sur les recettes courantes de l’État fin 2014, en hausse de 6 % par rapport à 2013. Pierre Gramegna a aussi Le poids de la TVA dressé l’invenélectronique taire rapide des sur les recettes recettes tirées de de l'État. la TVA sur le commerce électronique : elles ont toujours pointé à 1 milliard d’euros environ, mais le poids de la TVA électronique, qui était de 26 % en 2013, est tombé à 13 % en 2014.
13 %
À l’occasion d’un déplacement en Chine, François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, a indiqué que la joint-venture entre Cargolux et son actionnaire principal HNCA – visant à terme la création de Cargolux China – ne verrait le jour au plus tôt que début 2016. D’ici là, les deux partenaires vont se mettre en quête d’actionnaires supplémentaires, au nombre desquels l’État luxembourgeois ne figurera « certainement pas », a assuré le ministre. Les sociétés de production Samsa Film et Lucil Film ont annoncé la fusion des deux entités sous le nom Samsa Film. Une annonce majeure dans le monde de l’audiovisuel luxembourgeois. Cette décision – qui semble être dans les têtes depuis longtemps – est une conséquence logique de l’expansion de ces deux sociétés en ouvrant de nouvelles perspectives en termes de production et de distribution. Samsa Film (Doudege Wenkel, Hot Hot Hot…) est un des pionniers de la production à Luxembourg et a été fondée en 1986 par Jani Thiltges et Claude Waringo. Lucil Film (Schatzritter, la série Comeback) a été fondée en 2006 par Bernard Michaux.
Le transport funéraire sur le territoire de la capitale n’est plus du ressort de la Ville. Ce monopole qu’elle s’était octroyé a été jugé anticoncurrentiel et sans justification objective par le Conseil de la concurrence. C’est la fin d’un long combat pour la Fédération des entreprises de pompes funèbres. L’OGBL a saisi le 23 janvier l’Office national de conciliation pour demander son arbitrage dans le conflit du travail l’opposant au conseil d’administration de l’Agence luxembourgeoise pour la sécurité aérienne (Alsa). Une démarche qui intervient près de deux mois après avoir officiellement demandé l’ouverture de négociations pour mettre en place une convention collective. Eugène Nyagahene, l’actionnaire fondateur du groupe de télévision Télé 10, très présent sur le continent africain, va lancer à partir du Luxembourg des services de télévision destinés aux expatriés africains en Europe. Une diffusion qui se fera via la plateforme de RTL à destination de la Belgique, de l’Allemagne et de l’Angleterre. Le gouvernement luxembourgeois a accordé, fin janvier, des concessions pour 15 services de télévision à sa société Watch Africa constituée en juin 2014. La solution de paiement luxembourgeoise Mangopay (opérée par Leetchi Corp), ciblant les places de marché, les plateformes de crowdfunding et les acteurs de l’économie collaborative, étend sa présence au Royaume-Uni où elle vient d’ouvrir un bureau au fameux Level 39, à Canary Wharf, là où se trouve le plus grand accélérateur de start-up spécialisées dans la finance, le retail et la smart city, et qui permet de favoriser les coinvestissements entre investisseurs britanniques et internationaux. Le gouvernement a décidé de faire la chasse aux administrateurs des centres de recherche publics qui font l’école buissonnière et sèchent les réunions tout en touchant les indemnités mensuelles liées à l’exercice de leur mandat. Ainsi, ce n’est plus par le conseil de gouvernement que seront désormais fixés
les montants des jetons et indemnités des administrateurs, mais bel et bien par un règlement grand-ducal. Leur versement sera de surcroît soumis à l’assiduité des administrateurs aux réunions, à hauteur d’un minimum de 50 % de présence. À l’occasion de l’Autofestival, Renault Luxembourg s’est associé à la conciergerie d’entreprise John Paul dans le cadre d’un programme premium de relation client. Ainsi, les bénéficiaires de ce service peuvent solliciter leur « concierge » Renault pour répondre à la moindre de leurs demandes : billets d’avion ou de spectacle, réservations d’hôtel ou de restaurant, livraisons de fleurs ou de cadeaux, organisation de séjours ou d’événements…
Paul Wurth et le Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance de l’Université du Luxembourg (SnT) ont signé un accord de partenariat sur quatre années en vue d’une collaboration stratégique. Objectif : promouvoir des projets de recherche et développer des applications commercialisables dans le domaine de l’automatisation, des systèmes de contrôle et des bâtiments intelligents (smart buildings). Avec la signature de cet accord, Paul Wurth devient le 23e membre du programme de partenariat SnT. Après presque deux années de négociations, les 1.100 salariés de Ceratizit Luxembourg ont enfin une nouvelle convention collective de travail. Rétroactivement entrée en vigueur le 1er mars 2013, elle viendra déjà à échéance le 30 juin prochain.
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Entreprises Brèves Étienne Schneider se réjouit des signes extérieurs de reprise.
« C’est le signe d’une activité économique renforcée. » Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, a commenté avec satisfaction les derniers chiffres du communiqué de conjoncture qui indiquent que seules 13 entreprises ont obtenu de pouvoir recourir au chômage partiel à compter de février. C’est le plus faible total depuis six ans. La Learning Factory, l’« usine » basée sur la théorie de l’apprentissage par la pratique, a connu une riche année 2014. Ce centre de formation et de consultance, fruit d’une joint-venture entre l’État et plusieurs partenaires privés, est notamment spécialisé dans l’accompagnement en matière d’efficience énergétique et d’excellence opérationnelle. Il a enregistré, en 2014, un chiffre d’affaires de 682.000 euros, soit 7 % au-dessus des estimations initiales. En 11 mois, plus de 100 participants ont été formés et 11 entreprises accompagnées dans leurs transformations en efficience énergétique. Les économies d’énergie potentielles qui ont été identifiées au sein des entreprises se chiffrent à 5,4 millions d’euros par an, dont 44 % ne nécessitent pas d’investissement. Selon une étude du Comité interprofessionnel des vins de Champagne, 647.000 bouteilles de champagne ont été vendues au Luxembourg en 2013 (ce qui place le pays en 29e position au niveau mondial), soit un peu plus d’une bouteille par habitant. En proportion, c’est plus que la Belgique, par exemple (9,5 millions de bouteilles). Le volume a baissé de 3,7 % en quantité, mais il a augmenté de 0,4 % en valeur. Pas moins de 213 marques sont vendues au Grand-Duché, mais cinq d’entre elles représentent à elles seules plus de la moitié du marché. « L’autre Télé » n’aura pas le temps de souffler une quatrième bougie. La chaîne Air TV, née en février 2011 des cendres de RTL9, a déposé le bilan fin décembre et a cessé ses émissions. L’ambition était sympathique, voire noble : apporter une chaîne de télévision francophone dans le paysage audiovisuel luxembourgeois. Cela n’a pas suffi à faire décoller les audiences (qui
plafonnaient à 0,3 % selon l’étude Plurimedia TNS-Ilres) ni les recettes publicitaires. Au dernier bilan disponible, les pertes s’élevaient à 1,47 million d’euros (pour l’exercice 2013). La compagnie Qatar Airways, jadis actionnaire de Cargolux au départ d’une succursale de droit étranger, vient de créer une nouvelle société au Luxembourg, Qatar Airways Luxembourg (avec le statut de sàrl), dédiée à la gestion financière et à l’investissement. Lorsque la compagnie de Doha était dans le capital de l’opérateur luxembourgeois, elle s’était « contentée » d’y loger (au Luxair Cargo du Findel) sa succursale de la société de droit étranger Qatar Airways, enregistrée par un avocat parisien. La multinationale d’origine hongroise Docler, spécialisée dans le contenu internet, et dont le siège est à Luxembourg depuis 2013, a décidé de rapatrier vers la Hongrie son service client. « Nous sommes parvenus à la conclusion que la présence à Luxembourg de nos opérations de soutien à notre clientèle européenne n’était pas optimale, tant en termes de coûts que de stratégie », a expliqué la société, qui indique qu’un plan social concernant 44 salariés – sur un total de 300 environ – a été signé. Le tout nouveau comité de sélection du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle a accordé, lors de sa première fin décembre, des aides financières sélectives pour un montant total de 7,11 millions d’euros. Ce sont surtout les coproductions qui seront soutenues : 1,8 million pour le réalisateur Sam Garbarski pour Es war einmal in Deutschland (coproduit par Samsa Film) ; 1,67 million pour La belle dormeuse de Ulrike Ottinger (coproduit par Amour Fou Luxembourg) ou encore 1,46 million pour le long métrage d’animation Ethel&Ernest de Roger Mainwood (coproduit par Melusine).
Ne dites plus Fondation de l’architecture et de l’ingénierie ! La Fondarch a changé d’identité visuelle et de marque pour devenir le Luca, Luxembourg center for architecture (voir article page 58).
TheMarketsTrust (TMT), start-up luxembourgeoise hébergée par BGL LuxFutureLab, a été sélectionnée parmi 300 start-up fin décembre par l’accélérateur européen Fiware pour le développement d’applications / services dans le cadre du projet nommé FICHe (Future Internet Challenge eHealth), qui favorise l’innovation et le développement technologique dans le domaine de la santé. TMT a été retenue pour deux applications spécifiques : DocFinder (permettant de connecter le patient avec le spécialiste adéquat après un pré-diagnostic en ligne) et Gecamed Mobile (accès mobile au dossier médical du patient). L’opérateur mondial de satellites SES et le fournisseur de communication ITC Global ont conclu un accord stratégique visant à connecter des opérations pétrolières et gazières à travers le monde. Les deux sociétés ont également annoncé un accord en vue du déploiement d’un puissant réseau d’entreprises via satellite, dans le but de satisfaire les besoins en connectivité des producteurs de pétrole mondiaux dans l’hémisphère occidental. La société Worldline (liée au groupe Atos), déjà bien active sur le marché luxembourgeois des transactions électroniques par le biais des terminaux de paiement, baptisés Yomani, installés dans de nombreux commerces, élargit son champ d’action avec son offre de paiement déjà déployée dans de nombreux autres pays. Les clients peuvent désormais payer dans le magasin, en ligne, ou via leur téléphone mobile. Plusieurs entreprises et institutions du secteur des matériaux composites membres du Luxembourg Materials Cluster viennent de mandater une étude de faisabilité pour la création d’un Centre de compétences composites au Luxembourg. L’objectif serait de mieux répondre aux
besoins du secteur, d’accroître sa visibilité aux niveaux national et surtout international, et de combler les lacunes actuelles dans la filiale par l’arrivée de nouveaux acteurs et de nouvelles activités. Le groupe de sociétés informatiques belgo-luxembourgeois ARHS Group annonce, pour 2014, un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros en hausse de 15 % et plus de 50 recrutements. Une performance liée à l’obtention de plusieurs contrats clés remportés sur le marché européen. Plus de 100 nouvelles embauches sont prévues pour 2015 et le groupe s’attend à une croissance de 30 % supplémentaires du chiffre d’affaires à 50 millions d’euros. Luxair et la compagnie nationale portugaise Tap voient arriver un nouveau concurrent à destination de Porto : la compagnie low cost Easyjet annonce qu’à partir de juin 2015, elle y assurera quatre vols par semaine à partir de 26 euros TTC. C’est la quatrième destination desservie par Easyjet depuis le Findel après Londres Gatwick, Milan et Lisbonne. L’association Custo (dont Maison Moderne (éditeur de Paperjam) est membre depuis 2013) était, depuis sa création, le centre d’experts dans le secteur du customer media de The PPress, la fédération des éditeurs de presse périodique belge. L’évolution de ses activités, du customer publishing vers le content marketing & custom content ; de la conception de magazines vers les stratégies de contenu, l’ont amenée à se repositionner et se trouver un nouveau port d’attache. Les membres de Custo ont finalement opté, depuis le 1er janvier, pour l’ACC, l’Association des agences de communication belges, au sein de laquelle Custo a lancé l’expertcenter Content Marketing & Custom Content.
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Entreprises Gerard Lopez
01 Un roi du pétrole,
made in Luxembourg ? ► Libéré de ses fonctions opérationnelles au sein de Mangrove et de Genii, l’homme d’affaires luxembourgeois présente son nouveau projet : une société active dans le trading et les investissements pétroliers. ► Basée en Asie, au Moyen-Orient et à Londres, Nekton entend exploiter au mieux le formidable réseau d’interlocuteurs très haut placés développé au cours de ces dernières années. ► Pour l’heure, Luxembourg n’apparaît pas dans la structure de la société. Mais l’idée fait son chemin… ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Sven Becker
▲ « Il est très rare que je n’envisage pas le Luxembourg pour n’importe quels société ou projet dans lesquels je suis impliqué. »
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Au moment de prendre du recul avec Mangrove Capital Partners (la société qu’il avait cofondée en 2000) à l’automne dernier, en quittant ses fonctions exécutives – mais tout en restant le principal actionnaire de référence (avec Mark Tluszcz) –, Gerard Lopez avait laissé entendre qu’il était sur le point de s’impliquer activement dans une autre aventure entrepreneuriale d’envergure. Le voile est désormais levé sur ce nouveau projet, qui donnerait presque le vertige par son ampleur. Son nom ? Nekton. Gerard Lopez y est actionnaire à 50 % à titre personnel (mais toujours en étroite collaboration avec Genii) et y occupe les fonctions de chairman et de CEO. Son champ d’action ? L’investissement (ou co-investissement) et le trading de produits pétroliers, gaziers et, en partie, miniers. Une expérience qui s’inscrit dans la continuité d’un intérêt prononcé pour la matière de la part du Luxembourgeois depuis quelques années déjà, et qui prend un tout autre relief dans le contexte macroéconomique que l’on sait : il y a un an à peine, le prix du baril de pétrole dépassait les 100 dollars US. Il navigue aujourd’hui à moins de 45 dollars US. Le moment est donc idéal pour entrer de plain-pied sur le marché et négocier des contrats à long terme qui bénéficieront, un prochain jour, de la remontée des cours. Laquelle est, aux yeux de Gerard Lopez, inévitable. « Nous devrions observer un retour à un prix d’équilibre autour de 85-90 dollars d’ici à un an, un an et demi », prévoit-il aujourd’hui, tout comme il avait prédit il
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Entreprises Gerard Lopez y a deux ou trois ans que les prix (qui flirtaient alors avec les 100 dollars) allaient fortement baisser. On mesure dès lors les enjeux colossaux qui découlent de ce contexte. D’autant plus que même si le lancement de Nekton n’est officialisé que maintenant, la société a déjà travaillé depuis un moment en coulisses et revendique une vingtaine de mandats déjà signés. La structure, initialement, a été alors constituée en tant que pure plateforme de trading de pétrole et produits raffinés. L’évolution de ces derniers mois a donné l’occasion à Nekton de prendre un peu plus d’envergure encore. Elle s’appuie en très grande partie sur le réseau cinq étoiles constitué, au fil des ans, dans les plus hautes sphères économiques et politiques par Gerard Lopez, que ce soit au travers de ses activités au sein de Mangrove ou de Genii (et notamment sa plateforme Genii Business Exchange, qui a sillonné la planète en marge des grands prix de Formule 1 dans les coulisses de l’écurie Lotus, dont Genii est propriétaire). « Nous avons notamment des contacts assez exceptionnels au Moyen-Orient, en Afrique ou en Amérique latine, que ce soit au Mexique, au Venezuela ou au Brésil, explique M. Lopez. Nous y sommes perçus comme étant les partenaires directs des gouvernements et des grosses sociétés. »
PARTENAIRE DES GOUVERNEMENTS Car les interlocuteurs de Nekton, ce ne sont pas les stations d’essence et encore moins les utilisateurs finaux, mais bel et bien le top management des plus grands groupes pétroliers et les plus hauts dirigeants politiques des États. En Afrique, par exemple, Nekton détient une participation de 50 % dans une société gérant six sites de stockage qui commercialise des produits raffinés (de type carburant diesel) aux institutions publiques locales pour, notamment, leurs services de transports publics. « Notre modèle se base sur la mise en place d’investissements soit sur fonds propres, comme pour nos activités de distribution en Afrique, soit en co-investissement. Nous sommes aussi actifs en tant que conseillers dans le cadre d’investissements importants où nous pouvons être amenés à prendre une participation directe. Nous préférons cela plutôt que d’être rémunérés par commissions, ce qui cadre davantage avec notre vision à long terme. » Nekton a ainsi servi d’intermédiaire pour le compte de deux des principaux groupes pétroliers mondiaux sur des gros projets industriels d’exploitation et de transformation de brut. « Ces groupes avaient déjà investi en partie dans ces projets, mais ils ne disposaient pas forcément des bonnes connexions avec les bonnes personnes », résume M. Lopez. Autre exemple, au Venezuela : Nekton vient de clôturer une opération avec un gros producteur chinois d’acier dans le cadre de la fourniture de pipelines sans soudures devant
Activités
Toujours chez Mangrove et Genii Un peu tout et n’importe quoi a été écrit au sujet du « retrait » de Gerard Lopez de Mangrove Capital Partners, à l’automne dernier. Un communiqué très succinct, envoyé par Mark Tluszcz (cofondateur et CEO de la société) le 15 octobre, avait en effet signalé la fin du partenariat entre Gerard Lopez et « sa » société, après 15 ans d’aventure. « Les partnerships ne durent pas éternellement, ils évoluent et nécessitent une attention constante », était-il écrit. Une formulation qui laissait libre cours à tous les fantasmes… Mais Gerard Lopez, s’il a effectivement quitté ses fonctions « opérationnelles » au sein de la société, n’en reste pas moins le principal action-
servir au transport de produits pétroliers très lourds. Nekton dispose de trois sites administratifs : au Moyen-Orient (au sein de l’émirat de Ras al-Khaimah et à Dubaï), en Asie (à Hong Kong) et à Londres. La structure démarre ses activités avec un total d’une dizaine de personnes. « Dans l’activité de gestion, on ne devrait pas monter à plus de 20-25 personnes. On se base un peu sur le modèle qui a fait la réussite de Mangrove : une équipe de choc, resserrée, qui gère les dossiers en amont, puis des équipes locales qui prennent ensuite les choses en main. Nous n’avons pas envie de devoir gérer 200 ou 300 personnes. Et cela constitue un avantage par rapport aux autres groupes : nous sommes beaucoup plus réactifs, nous bougeons plus vite, nous sommes plus efficaces. Nous n’avons pas besoin de passer par des structures complexes pour prendre des décisions. Nous ne pensons pas être forcément meilleurs ou pires que certains autres grands groupes, mais nous sommes plus agiles. »
FRUSTRATION Et de revendiquer un autre atout : celui d’être une vraie société mondiale, sans aucune étiquette politique ni le moindre drapeau de nation. Et cette mobilité extrême se reflète dans le nom même de la société, puisque dans les océans, le necton, par opposition au plancton, est constitué d’éléments vivants qui sont susceptibles de se déplacer rapidement au gré des courants marins. « Le clin d’œil, c’est que le pétrole, en soi, n’est rien d’autre que le fruit de la décomposition d’éléments vivants enfermés dans des couches anaérobies, et qui sont principalement du plancton… » On retrouve le même esprit imagé qui avait fourni le nom de Mangrove, en référence à cette plante aquatique qui développe un
naire de référence (à la tête de près d’un tiers du capital) et siège au conseil d’administration d’où il continue à introduire et à soutenir des dossiers d’investissements. Il reste également administrateur de quelques-unes des sociétés du portefeuille de Mangrove, telles que CiteeCar ou MetroCab. Du côté de Genii Capital, son « autre » bébé, c’est un peu le même schéma : M. Lopez y est toujours actionnaire de référence, aux côtés d’Éric Lux, et il est toujours président du conseil d’administration, mais il n’est plus directement engagé dans l’opérationnel. « Tout tient la route très bien sans moi », aime-t-il à préciser… ◄
réseau de racines pouvant couvrir une surface de 1 km2, racines suffisamment solides pour que des bateaux puissent y être amarrés en cas d’ouragan et de tempête… Comme un symbole de stabilité et croissance. Dans le cas de Nekton, la référence au monde maritime est très présente : « Notre idée principale, c’est d’arriver à comprendre aussi bien les alliances que les tensions existantes et de juste faire en sorte de naviguer au milieu de tout cela de façon intelligente… » Et le Luxembourg ? Hormis le passeport de Gerard Lopez, rien, pour l’heure, ne rattache le Grand-Duché à l’aventure Nekton. Pour l’instant. Car peu importe où il se trouve dans le monde, l’homme d’affaires eschois, toujours président du club de football du Fola, ne manque jamais une occasion d’orienter ses pensées vers les rives de la Pétrusse et de l’Alzette. Et souvent, il en ressent une certaine frustration. « Je n’ai aucune obligation de faire des affaires ici. Pourtant, il est très rare que je n’envisage pas le Luxembourg pour n’importe quels société ou projet dans lesquels je suis impliqué. Mais la frustration que je ressens vient du fait que les choses ne bougent pas aussi vite que je le souhaiterais. Et cela n’a peut-être rien à voir avec les gouvernements en place, passés ou actuel. Est-ce moi qui place dans le pays des attentes plus élevées que je ne le ferais pour d’autres pays ? Je suis peut-être un peu injuste… Mais pas toujours ! En tous les cas, rien ne dit qu’avec Nekton nous ne ferons pas quelque chose de concret au Luxembourg. Il y a des idées. » ◄ En résumé Et revoilà Gerard Lopez ! Cette fois-ci à la tête de Nekton, une société basée à Londres, au Moyen-Orient et en Asie, spécialisée dans le trading et les investissements pétroliers, et qui s’appuie sur un réseau de contacts noués dans les plus hautes sphères économiques et politiques. Un créneau forcément porteur alors que les prix du baril sont au plus bas.
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Entreprises Développement international
02 TLPO en mode haut débit ► Telecom Luxembourg Private Operator rachète le réseau fibres international de Luxconnect et entre dans une nouvelle dimension hors des frontières du Grand-Duché. ► Plus que jamais, l’opérateur se positionne comme l’alternative complémentaire idéale aux acteurs publics.
Telecom Luxembourg Private Operator (TLPO) avance à un régime haut débit ! Ces dernières semaines, l’opérateur privé a multiplié les annonces majeures, la dernière n’étant pas la moindre : le rachat du réseau fibres optiques « international » développé par Luxconnect : quelque 1.500 km de fibres permettant des liaisons directes avec Paris, Francfort, Bruxelles et Amsterdam. Une formidable infrastructure développée au fil des ans par la société détenue à 100 % par l’État luxembourgeois, dont la mission qui lui a été confiée par le gouvernement a, en la circonstance, parfaitement été remplie : stimuler, voire booster le secteur et réaliser un certain nombre d’investissements inaccessibles au premier abord pour les petits opérateurs privés. Une fois ce réseau établi, il lui était donc tout à fait possible de le céder. Réalisée dans le cadre d’un appel d’offres lancé par Luxconnect l’été dernier, et auquel ont participé une dizaine de prétendants, aussi bien luxembourgeois qu’étrangers, cette opération a été clôturée fin janvier. « Le prix était une des composantes du deal, mais pas la plus importante. Le projet, le développement et l’upgrade du réseau, ainsi que l’implantation locale ont également joué, insiste Jérôme Grandidier, désormais président du conseil d’administration de TLPO. En outre, ce sont surtout les coûts de maintenance et de renouvellement de certaines fibres qui seront substantiels dans les années à venir, de
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l’ordre de plusieurs millions d’euros. » Entre les mains de Telecom Luxembourg, ce réseau va, en quelque sorte, connaître un nouveau développement. Statutairement parlant, Luxconnect n’était en mesure de traiter qu’avec des opérateurs (nationaux ou internationaux), eux-mêmes alors susceptibles de revendre les services aux utilisateurs finaux. « Aussi bien pour Luxconnect que pour le pays, cette limitation était un peu regrettable, car elle limitait l’attractivité », note M. Grandidier. Si TLPO n’entend évidemment pas remettre en cause les relations déjà établies avec les grands opérateurs, il prévoit évidemment, en sus, d’attaquer directement le marché retail, armé de prix compétitifs. En décembre dernier, TLPO avait annoncé le lancement de Luxembourg Web Services, une plateforme dédiée permettant l’hébergement et le déploiement de ressources web ayant pour vocation d’accompagner développeurs, entrepreneurs, associations et même services publics dans leurs projets web. Un site qui se positionne en concurrence frontale avec d’autres fournisseurs de services et d’hébergement et qui semble connaître déjà un grand succès à en croire ses instigateurs. En début d’année, ensuite, l’opérateur a procédé au rachat de la plateforme et des contrats clients voicecloud d’Unify, avec qui TLPO est déjà partenaire de longue date en matière d’infrastructures et d’offres.
▲ Jérôme Grandidier, désormais président du conseil d’administration, reste très impliqué dans le business development et la stratégie de TLPO.
Avec l’acquisition du réseau international de Luxconnect, Telecom Luxembourg prend une dimension supplémentaire et se rapproche de son objectif ultime : être le premier opérateur B2B au Luxembourg en termes de connectivité et de data centers. « Il y a encore trop de sociétés, ici, dont les connectivités internet sont insuffisamment structurées et qui vont devoir y remédier, alors que les services passent, les uns après les autres, via le cloud. Quant aux acteurs internationaux, les discussions prennent toujours du temps, mais après plusieurs années de négociations, nous avons bon espoir d’annoncer de bonnes nouvelles prochainement. » TLPO opère, pour l’heure, quatre data centers : les deux sites de Luxconnect à Bettembourg et à Roost (Tier IV), celui du Freeport (où TLPO est le seul acteur sur place, au niveau Tier III) et l’ancien site de Raiffeisen à Merl
(Tier II). Il dispose encore d’un millier de mètres carrés disponibles, pour des entreprises dont l’approche évolue sans cesse. « Au début, le client type achetait des salles de data centers. Puis il a acheté des serveurs dans ces data centers. Aujourd’hui, il cherche de la capacité, peu importe le hardware avec lequel elle est fournie. Nous devons nous adapter à cette nouvelle stratégie. » Au moment d’entamer cette nouvelle mutation, Telecom Luxembourg change également de gouvernance. Jérôme Grandidier a ainsi cédé son fauteuil de CEO – qu’il occupait depuis plus de 17 ans – à Vincent Nicolay ( jusqu’alors COO) et devient le président du conseil d’administration. « Je prends juste du recul par rapport à l’opérationnel au quotidien, mais je reste très impliqué dans le business development et la stratégie, ainsi que le marketing. » Thomas Gintzburger, le CFO, est quant à lui promu deputy CEO et partage avec M. Nicolay la gestion opérationnelle. ◄ En résumé En faisant l’acquisition du réseau international de fibres optiques de Luxconnect, Telecom Luxembourg Private Operator s’installe définitivement en tant qu’opérateur majeur sur la Place.
PHOTO : DAVID LAURENT (ARCHIVES)
― Texte : Jean-Michel Gaudron
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Entreprises Casino 2000
03 Ne pas laisser les jeux
PHOTO : CASINO 2000 / DR
au hasard
► Un règlement grand-ducal passé en urgence veille à la compétitivité du casino de Mondorf, vis-à-vis d’opérateurs concurrents dans les régions limitrophes et du monde opaque du online gambling. ► Cartes de jeu électroniques, jeux semi-automatiques, perspectives pour des jeux de poker notamment : le Casino 2000, en perte constante de chiffre d’affaires, dit « banco » sur les nouveautés pour ne pas crier « rien ne va plus ». ― Texte : Alain Ducat
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C’est un texte qui n’a pas eu d’effet d’annonce. Mais qui était attendu, un peu comme un joueur attend avec impatience le moment, rare et donc béni, où ses jetons vont se convertir en prize money. C’est un règlement grand-ducal, passé au Conseil de gouvernement en décembre dernier, et qui vient modifier la dernière version en date (de janvier 2014) du texte relatif « à l’exploitation des jeux de hasard et des paris relatifs aux épreuves sportives », en portant notamment « autorisation de la mise en œuvre d’un système de cartes de jeu électroniques en matière de jeux de casino ». En plus clair encore, c’est un coup de pouce qui se faisait attendre sur le terrain du monopole casinotier du pays, à Mondorf. « Il s’agit d’un monopole technique », tempère illico Guido Berghmans, directeur général de la Secs (société en commandite simple) Casino de Jeux du Luxembourg, plus communément appelée Casino 2000. « C’est dû à la
▲ Le nouveau règlement met notamment en service au Luxembourg les systèmes de cartes de jeu électroniques, qui limitent les mouvements de fonds et les opérations manuelles.
Le Luxembourg souffrait en la matière d’un retard, voire d’une rigueur excessive.
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Entreprises Casino 2000 taille du pays et au nombre de ses habitants. En Europe, la majorité des pays ne dispose pas d’un casino pour 500.000 résidents. » Cela étant, dans le contexte transfrontalier évident autour de Mondorf, les nouvelles possibilités offertes par l’encadrement législatif étaient espérées depuis longtemps. « Nos attentes étaient d’être à armes égales avec nos concurrents et de pouvoir proposer un nombre de nouveaux jeux et de possibilités autour des jeux qui n’étaient pas encore prévus dans la règlementation luxembourgeoise. » Le règlement en application remontait à 2002. L’industrie a eu le temps de distiller de nombreuses nouveautés, notamment technologiques, dont ont pu s’emparer les voisins. Une concurrence féroce, emmenée par le casino de Schloss Berg à Nennig (Allemagne) et par le troisième casino de France, Amnéville. « Amnéville a ouvert une nouvelle salle de jeux de 3.000 m² en 2010, rappelle Guido Berghmans. Et l’établissement sarrois fait partie d’une société étatique qui exploite également les loteries. » Or, l’agilité règlementaire peut, là aussi, servir ou desservir. Car les textes luxembourgeois, soumis depuis les origines au double contrôle des ministères de la Justice et des Finances, ont toujours été détaillés. Peut-être trop, vis-à-vis d’un monde en mutation très rapide, surtout ces dernières années. La règlementation française a été révolutionnée par une initiative du président Sarkozy, des syndicats et des casinotiers il y a quelques années. Et, constate le directeur de Mondorf, « depuis, la France a une règlementation très moderne et un comité qui, en permanence, travaille sur des adaptations nécessaires ». Le Luxembourg souffrait donc en la matière d’un retard, voire d’une rigueur excessive…
▲ Guido Berghmans, directeur du Casino 2000 et vice-président de l’Association européenne des casinos, connaît le secteur comme un croupier sa table de jeux.
PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
MISE À LA PAGE BIEN CALCULÉE Depuis plusieurs années, la révision était demandée ; Mondorf faisait des propositions, se rappelait au bon souvenir des ministères concernés… Le déclic est-il dû à un changement de gouvernement, voire à la « montée » au sein de la coalition tricolore inédite de la populaire bourgmestre de la cité thermale ? Il semble qu’il y a surtout eu un nouveau fonctionnaire, à la Justice, qui a pris le dossier à bras-le-corps pour le faire avancer. « On a fait, sur un laps de temps très court, et sur initiative du ministère, un gros travail de mise à jour », admet M. Berghmans. Avec dans l’idée de rattraper le retard accumulé et d’anticiper au mieux des besoins futurs. Au fil de la cinquantaine de pages du règlement grand-ducal modifié apparaissent les grands objectifs poursuivis par l’exécutif, saisi d’une certaine urgence : « Introduire de nouvelles variantes de certains jeux dans le domaine du poker, de nouvelles modalités techniques permettant d’exploiter les jeux autorisés et d’introduire des dispositions permettant au casino de tenir et de soumettre aux autorités
« Depuis 2009, nous avons investi 42 millions d’euros. Personne dans le secteur n’a fait ça à une telle échelle. » Guido Berghmans (Casino 2000)
fiscales compétentes les documents fiscaux et comptables prévus. » Ainsi, le casino luxembourgeois pourra se mettre à la page et proposer de nouveaux jeux, automatiques ou semi-automatiques. En ce début février, les émissaires de Mondorf ont été très attentifs aux nouveautés du salon de Londres (Ice Totally Gaming), un incontournable pour le secteur qui permet de voir les nouveautés, de négocier avec producteurs et fournisseurs de jeux automatiques et de palper les tendances du marché. « On va pouvoir estimer les coûts, pour mesurer là où il faut investir », avance le directeur du Casino 2000, pour qui miser juste passera par une étude de marché – avec recours à des consultants – rapide, afin de décider de ce qui sera mis en œuvre, et ce que le nouveau règlement autorisera. Des jeux comme Ultimate Texas Holdem sont aussi pistés, de très près. Faut-il s’attendre à des tournois de poker ? Mondorf ne jette pas sa main, mais veut aussi tout prendre en considération, comme le fait que l’évasion des joueurs se fait déjà beaucoup sur internet (ce qui reste illégal, voir encadré page 072) ; ou vérifier si on ne perd pas par ailleurs (par exemple, si la table de black jack se vide au « profit » du concours de poker) ou si les coûts n’explosent pas (besoin de croupiers en extra par exemple). En revanche, Guido Berghmans note que la loi permettra d’avoir des jeux en test pour une période déterminée. Un détail ? « Des fournisseurs le proposent depuis 15 ans. Mais on n’avait pas la possibilité légale de recourir
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Entreprises Casino 2000
▲ Le casino a lourdement investi dans les espaces, agrandis ou aménagés, pour la culture, l’animation, le confort ou la restauration. Et cela compte. Mais l’atout principal pour attirer et garder le chaland, cela reste le jeu.
de règlement grand-ducal. Qui précise également que cette réduction du personnel dans la salle des appareils à sous, fumeurs admis, faisait partie des raisons poussant à l’urgence, en 2014, afin de se rapprocher de la loi antitabac, entrée en vigueur en janvier de l’an passé. CQFD. Ainsi, l’entreprise, avec son nouveau cadre, pourra mieux voir venir. « Cela nous permettra, j’espère, de reconquérir des clients des casinos concurrents, souligne Guido Berghmans. Ces clients aiment l’ambiance chez nous, et la façon dont ils sont reçus par nos employés. Mais évidemment, il faut pouvoir offrir ce qui est le plus important à leurs yeux : la diversité et l’attractivité des jeux. » Les premiers clients du marché, pour Mondorf, ce sont les « vrais joueurs » qui circulent dans la Grande Région, qui manifestent leur intérêt pour les nouveautés, pour les jeux classiques revisités, avec un plus pour les services, une bonne restauration, une animation adaptée, un personnel compétent et sympathique… « Mais le premier produit, c’est le jeu » ; et l’avoir ou pas, cela peut tout changer. L’enjeu est de taille, même s’il est difficile à chiffrer. La direction du Casino 2000 estime que l’avantage, concurrentiel ou pas, peut dépasser les 10 % sur le chiffre d’affaires.
220 EMPLOIS À DÉFENDRE
à cette formule. Or, sachant qu’un groupe de machines, ça peut faire 200.000 euros, c’est mieux d’avoir fait un test préalable à l’achat. » Autre bonus législatif, pour rattraper le retard accumulé sur la concurrence : les cartes de jeu électroniques, spécifiques à l’établissement pour les paiements, limitent les mouvements de fonds et les entrées de personnel dans le fumoir – le rapport entre le joueur et l’autorisation de fumer est un autre effet prévu dans la réglementation. « On passerait, selon une estimation statistique, de 350 paiements / jour à quatre paiements / jour dans cette zone », note le patron de l’établissement de jeux.
MOINS DE MOUVEMENTS, PLUS DE COMPÉTITIVITÉ De fait, outre que ce système facilite la tenue de la comptabilité, il réduit considérablement le nombre d’opérations effectuées en argent comptant et en jetons. Cela accroît d’autant la sécurité, en même temps que la conformité à la lutte anti-blanchiment. Et cela réduit au strict minimum la présence du personnel dans la salle des appareils à sous. « Il s’agit d’une question de compétitivité du casino exploité au Luxembourg par rapport aux casinos dans les régions frontalières », note sans ambiguïté l’exposé des motifs du projet
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Et pendant que le chiffre varie, les investissements sont nécessaires : le parc de machines se renouvelle sur cinq à sept ans traditionnellement. Si les grands groupes peuvent faire tourner les nouveautés, avec cinq ou six exemplaires d’une nouvelle machine mis ensuite en rotation, mettant à chaque fois en route une opération marketing sur la « nouveauté locale », Mondorf, seul, ne peut pas jouer dans la même cour, ce qui l’oblige à miser sur de la valeur sûre. « Depuis 2009, donc au début de la crise financière, nous avons investi 42 millions d’euros dans l’agrandissement et la rénovation de nos espaces. Personne dans le secteur n’a fait ça à une telle échelle. » En parallèle, le chiffre d’affaires du Casino 2OOO a régressé de presque 19 % depuis 2009. Alors les nouvelles possibilités réglementaires, c’est un espoir de banco pour ne pas un jour crier « rien ne va plus ». L’objectif volontariste de l’entreprise est de retrouver un peu de croissance en 2015. « Plus 3 %, ce serait bien, souligne Guido Berghmans. Mais cela dépend de l’atmosphère, de la confiance. Cela a mal commencé avec le climat actuel… Mais on doit rattraper ça. Il faut le faire. On a 220 emplois à défendre. Le personnel le sait et joue le jeu. Chacun a tout fait pour que le succès revienne. » ◄ En résumé Pour une fois victime de son manque d’agilité réglementaire, le Grand-Duché essaie de se refaire, avec un texte législatif adapté pour le seul casino du pays. Les enjeux sont énormes pour Mondorf et ses 220 emplois, dans un secteur où la concurrence fait rage.
Baisse des recettes
Les effets de la crise et d’internet L’Europe des casinos subit une violente crise, depuis 2007.
Quand la crise va, le jeu est une valeur refuge. C’est sans doute un lieu commun. Car, selon Guido Berghmans, viceprésident de l’Association européenne des casinos, l’Europe subit une énorme crise. « Le chiffre d’affaires des casinos européens a diminué de plus de 32 % depuis 2007, malgré de nouvelles ouvertures et de nouvelles possibilités réglementaires, comme en France. Il y a eu partout une baisse considérable des recettes avec la crise, plus l’interdiction de fumer qui a suivi. Une baisse de 20 % dès la première année. » Outre les « petites » salles de jeux automatiques – qui pullulent notamment juste sur la frontière belge –, le secteur subit la concurrence des jeux illégaux, surtout sur internet. Ce sont des millions de recettes, y compris de recettes fiscales pour les États, qui s’évaporent. Internet, c’est un phénomène en soi, surtout quand on s’aperçoit que ce sont les plus de 50 ans qui sont les plus concernés par les jeux virtuels de casinos et de paris, les jeux de poker et autres. « C’est illégal au Luxembourg. Plus exactement, il n’y a pas de législation prévoyant une licence nationale, glisse le directeur du casino de Mondorf. Il y a en revanche une offre offshore, avec des opérateurs qui se disent basés à Malte ou à Gibraltar, sous licence européenne, ce qui n’existe pas. » Or, selon des chiffres communément admis, mais sans doute en dessous la vérité en ce qui concerne les opérateurs virtuels, le marché des casinos en Europe pèse quelque 7 milliards d’euros ; celui des jeux et paris en ligne, deux fois plus. A. D. ◄
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04 Les bureaux
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EY Luxembourg
― Texte : Céline Coubray
Architecte : JSWD Architekten en collaboration avec architecture + aménagement Maître d’œuvre : Drees & Sommer Entreprise générale : Soludec Localisation : angle rue d’Arlon / rue des Aubépines à Luxembourg Occupant : CSSF Surface brute : 16.900 m2 Livraison estimée : fin 2015
WITRY & WITRY
► Top 10 des nouveaux ensembles dans le paysage économique prévus en 2015.
Maison du nombre
de 2015
Commission de surveillance du secteur financier (CSSF)
L’immobilier est un secteur économique qui bouge. Et une économie ne fonctionne pas sans abri ni vitrine, c’est une évidence. Au Luxembourg, quels sont les grands ensembles qui devraient marquer le territoire en 2015 ? La rédaction de Paperjam a sélectionné 10 chantiers d’immeubles de bureaux dont la livraison est prévue dans le courant de cette année. Parmi les critères fondamentaux du choix opéré, leur construction présente un intérêt architectural et l’activité de ses occupants un intérêt pour l’économie du pays. Entre autres ajouts possibles à cette sélection inévitablement et subjectivement incomplète, on peut noter à cet égard que le bâtiment KPMG (lire page 082) est déjà inauguré, au Kirchberg, quelques mois après celui de PwC à Gasperich. ◄
Architecte : Witry & Witry architecture urbanisme Maître d’ouvrage : Fonds Belval Localisation : Belval Occupant : Université du Luxembourg Surface : 19.400 m2
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Architecte : Diener & Diener Maître d’ouvrage : Arendt & Medernach Localisation : avenue J.-F. Kennedy à Luxembourg Occupant : Arendt & Medernach Luxembourg, locataires à venir Surface hors sol : 18.000 m2 Livraison estimée : fin 2015 Maîtrise d’ouvrage déléguée : Luxconsult Architecture intérieure : AKDV Space Management : TDO Consulting
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Entreprises Immobilier
05 Bopro prend ses marques ► Le groupe belge, spÊcialisÊ en management et consultancy services en matière d’immobilier, de construction et de logement, ouvre un bureau au Luxembourg. ► C’est à Martin Heyse, un vieux briscard du secteur, qu’en a ÊtÊ confiÊe la direction.
C’est le 8 janvier dernier qu’ont ÊtÊ dÊposÊs les statuts de Bopro Luxembourg, la première implantation hors Belgique du groupe spÊcialisÊ en management et consultancy services en matière d’immobilier, de construction et de logement. L’ancienne branche project management du dÊveloppeur CIP, crÊÊe en 1984, avait pris son indÊpendance au bout d’une dizaine d’annÊes plus tard, puis avait ÊtÊ intÊgrÊe au sein du groupe Ackermans & van Haaren en 1999 avant d’être l’objet d’un management buyout par son CEO, Peter GarrÊ. PrÊsent à Gand et à Malines, Bopro a toujours eu un œil intÊressÊ sur Luxembourg et s’est donc dÊcidÊ à franchir le pas.  Quand on voit les conditions de marchÊ difficiles dans l’immobilier en Belgique, le Grand-DuchÊ reprÊsente un potentiel de dÊveloppement impressionnant , explique Martin Heyse, le CEO de Bopro Luxembourg. Et l’homme sait de quoi il parle, lui qui a ÊcumÊ le marchÊ de long en large dans ses  vies antÊrieures  passÊes aux commandes de DTZ (pendant 15 ans), puis Atisreal (trois ans) et enfin BNP Paribas Real Estate pendant 10 ans.  Nous n’allons pas uniquement intervenir pour les clients belges qui cherchent à optimiser leur situation immobilière. Nous allons Êgalement travailler à la rÊalisation de projets immobiliers respectant l’environnement et coÝtant moins chers aux utilisateurs.  Bopro a, par exemple, accompagnÊ Deloitte dans le choix de son futur siège social au Ban de Gasperich, prÊvu d’être livrÊ en 2019.  Nous ne sommes pas là pour prendre des parts de marchÊ aux grands agents, prÊvient M. Heyse. Au contraire, nous allons forcÊment travailler avec eux. Les grands corporate ont besoin de nouveaux immeubles, car ils occupent souvent des bâtiments depuis 10, 15, voire 20 ans.  ◄
◄ Martin Heyse revient sur le devant de la scène immobilière luxembourgeoise.
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PHOTO : JULIEN BECKER (ARCHIVES)
― Texte : Jean-Michel Gaudron
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Entreprises Honoraires des avocats
Le grand écart entre le raisonnable et l’exagéré
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
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► Il est interdit aux avocats luxembourgeois de travailler « à l’américaine », sur la base d’honoraires dépendant exclusivement des résultats d’une affaire. ► Les avocats travaillent néanmoins de plus en plus au résultat, en acceptant une baisse jusqu’à 50 % de leurs tarifs horaires. ― Texte : Véronique Poujol
Les cas de contestation se multiplient, 150 sont traités par an en moyenne.
Les grandes affaires financières qui traînent en longueur comme Madoff, Landsbanki et bien d’autres moins médiatiques ; la pression des clients sur les tarifs et leur inclination à les mettre de plus en plus en cause ; la rude concurrence que se livrent les acteurs du marché… Tout cela réuni a mis la question des honoraires des avocats sous les feux de la rampe. La loi-cadre de 1991 sur la profession d’avocat et le règlement d’ordre intérieur du Conseil de l’Ordre des avocats leur interdisent formellement de travailler « à l’américaine », c’est-à-dire sur la base d’honoraires fixés exclusivement en fonction du résultat. Néanmoins, la pratique mélangeant une tarification horaire ou forfaitaire et une rémunération conditionnée par le résultat d’une affaire, en fonction par exemple du montant des indemnités touchées par le client, est désormais courante. La réglementation sur la profession d’avocat au Luxembourg proscrit formellement de conclure ce qu’on appelle dans le jargon juridique un pacte de quota litis, c’est-à-dire dans lequel les honoraires des avocats sont fixés exclusivement en fonction du résultat de l’intervention. Pour autant, le prélèvement par un avocat d’un pourcentage du résultat
obtenu pour le client à l’issue d’une affaire n’est pas interdit. Un arrêt de la Cour d’appel du 20 novembre 2013 a permis de baliser le terrain sur la détermination du pourcentage « acceptable » qu’un avocat peut ponctionner à son client lorsque ce dernier touche par exemple le « pactole » en justice. Ce pacte de quota litis a mauvaise réputation au Luxembourg et tant la jurisprudence que la doctrine le considèrent comme « immoral ». « C’est tentant », assure pourtant sous couvert d’anonymat un avocat, en reconnaissant que les honoraires, libres par nature, sont un sujet tabou entre les avocats eux-mêmes et a fortiori lorsqu’il s’agit de conventions avec les clients faisant dépendre partiellement leur rémunération du résultat de leur intervention. Ici, tout est une affaire de dosage.
LE RÉSULTAT, CRITÈRE INDISCUTABLE Dans leur arrêt de novembre 2013, les juges ont dit pour droit que « le résultat obtenu est indiscutablement un critère de détermination des honoraires » et qu’il n’est « pas déraisonnable de proportionner la rémunération de l’avocat à l’avantage qu’il a obtenu pour son client ». Pour autant, et « malgré la liberté
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Entreprises Honoraires des avocats de principe de fixation par l’avocat de ses honoraires, il ne faut pas que cette fixation soit excessive » par rapport aux attentes du client, ni « disproportionnée ». Cette jurisprudence a eu comme point de départ un litige entre un avocat et Atenor Group. Cette société fut assignée en septembre 2010 à comparaître en vue de sa condamnation à payer 150.000 euros d’honoraires réclamés par l’avocat. Au départ, ce dernier avait placé la barre à 235.000 euros, ce qui correspondait à 1 % du résultat obtenu. Contestant ce montant, Atenor ne voulait payer que 35.000 euros, correspondant à la provision que l’avocat avait réclamée au début de l’affaire. Saisi en vue d’une taxation, l’Ordre des avocats avait ramené les honoraires à 150.000 euros. La question devant les juridictions civiles portait sur l’obligation ou non pour un avocat de conclure au préalable avec son client une convention fixant des honoraires de résultat, pour pouvoir ensuite réclamer, outre ses honoraires conventionnels, sa part du gâteau. Les juges ont répondu que, même en l’absence d’un contrat préalable entre les parties, « la fixation des honoraires est abandonnée à l’avocat lui-même ». Avec un bémol : les honoraires ne doivent pas « surprendre » le client, qui a droit à un « minimum de repères ». La provision demandée à un client constitue, à cet égard pour les juges, un instrument utile de « repère » pour celui-ci. Une vue que tout le monde ne partage pas au Barreau de Luxembourg. « Une demande de provision, ça ne veut rien dire », assure un de ses membres. La Cour avait en tout cas ramené définitivement le montant des honoraires à 100.000 euros.
BAISSE DE 50 % DU TAUX HORAIRE « PAS INAPPROPRIÉE » Au Barreau, les honoraires « sont une vraie question ». La marge de manœuvre des avocats, pourtant libres de fixer les prix de leurs services, s’est considérablement réduite, sans doute sous l’effet combiné de la crise, de la concurrence entre les différentes études et des exigences des clients, qui consultent dorénavant plusieurs avocats et comparent leurs services avant de jeter leur dévolu sur l’un d’eux. Le client doit être informé, et c’est le règlement d’ordre intérieur du Barreau qui le prévoit, de la méthode de calcul des honoraires de son avocat et de tous les changements qui interviennent ultérieurement dans la relation. « En matière d’honoraires, nous observons de plus en plus de conventions d’honoraires écrites en début de dossier, et nous voyons aussi une tendance grandissante des clients à vouloir négocier des taux horaires à la baisse et, en complément, y ajouter des honoraires de résultat proportionnels aux montants en jeu », souligne Me François Prum de l’étude Turk & Prum (également vice-bâtonnier, mais qui s’exprime ici à titre personnel). L’existence de conventions liées aux résultats peut faire
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Tarifs
Entre 150 et plus de 750 euros de l’heure Les honoraires des avocats sont fixés librement, mais, rappelle le Barreau sur son site internet, ils doivent tenir compte des critères légaux et réglementaires (posés par l’article 38 de la loi sur la profession d’avocat ainsi que le règlement d’ordre intérieur) suivants : importance, degré de difficulté de l’affaire, travail fourni par l’avocat ou par d’autres avocats du cabinet, notoriété et expérience professionnelle de l’avocat, résultat obtenu et situation de fortune du mandant. « L’avocat peut également convenir avec son client d’un mode conventionnel de détermination des honoraires ou d’honoraires complémentaires qui seront fonction du résultat obtenu ou du service rendu », souligne le Barreau. Les taux horaires des avocats peuvent varier au Luxembourg du simple au triple, voire plus. Un jeune avocat va
baisser de moitié les taux horaires. Ce que confirme Me Prum, estimant qu’un tel niveau de baisse « ne devait pas être considéré comme inapproprié », à condition toutefois que les choses soient déterminées à l’avance avec les clients. La forfaitisation des prestations gagne également du terrain, particulièrement en matière judiciaire. « Les clients importants demandent de plus en plus à leurs avocats de déterminer d’abord une fourchette de prix puis de fixer un plafond à ne pas dépasser », signale encore Me Prum. « L’un des grands problèmes conflictuels entre les clients et leurs avocats, ajoutet-il, réside dans le manque de transparence des avocats. » Les clients ont la faculté de saisir le Conseil de l’Ordre s’ils estiment avoir trop payé. Ils ne s’en privent pas. Les cas de contestation se multiplient, 150 sont traités par an en moyenne. Les contestations ont surtout connu une hausse depuis que le Barreau a retiré de son règlement intérieur l’interdiction pour les avocats n’ayant pas été payés de retenir les dossiers de leurs clients (dans les affaires civiles, cette règle n’étant pas valable au niveau pénal), les empêchant ainsi de passer chez un concurrent et de continuer une affaire tant que la facture n’avait pas été honorée. Le Conseil vérifie alors que les honoraires respectent les critères de facturation ainsi que le règlement intérieur de l’Ordre et peut en diminuer le montant. L’avocat doit après coup se conformer à cette décision de taxation sous peine de sanction disciplinaire pour manque de probité et d’honorabilité. La suppression de la rétention des dossiers fait toujours l’objet de débats au sein du Barreau, après la condamnation, une première fois en novembre 2013 et en appel
charger à son client entre 150 et 200 euros de l’heure en plus des frais de secrétariat (aux alentours de 7 %) et de la TVA. « Il est extrêmement délicat de déterminer un ratio horaire. Dans beaucoup de cas, ce taux dépend de la valeur du litige », souligne un avocat. Les grandes firmes facturent des taux horaires qui dépassent les 700 à 750 euros. Des tarifs que l’on retrouve essentiellement chez les avocats conseil ou qui, en matière de contentieux, sont pratiqués par les stars du Barreau de Luxembourg. La forfaitisation des prestations gagne du terrain, surtout sous l’effet de l’aide judiciaire. Le Conseil de l’Ordre et le ministère de la Justice travaillent actuellement main dans la main pour élaborer des procédures standardisées valables notamment dans les affaires de garde d’enfant et de référé-provision. V. P. ◄
en novembre 2014, d’un de ses ténors qui refusait de se plier aux nouvelles règles dans un dossier de succession. L’avocat considérait que les dispositions du règlement d’ordre intérieur du Barreau interdisant la rétention de dossier ne sont pas conformes à l’article 1948 du Code civil, accordant le droit au « dépositaire [de] retenir le dépôt jusqu’à l’entier paiement de ce qui lui est dû à raison du dépôt ». Il a fait cassation de la décision en appel du conseil disciplinaire et administratif de l’Ordre. Il n’y a pas encore d’arrêt. La Cour d’appel a d’ailleurs relativisé dans son arrêt de fin 2013 la valeur de la décision de taxation du Barreau. « Le Conseil de l’Ordre, y lit-on, en procédant à une taxation, n’agit pas en tant que juridiction et […] la taxation n’est rien d’autre et, à défaut de texte, ne peut être rien d’autre qu’un avis. […] Par conséquent, poursuit l’arrêt, la décision du Conseil de l’Ordre n’est pas exécutoire et ne lie ni le client ni la juridiction. » C’est donc une vraie juridiction civile qui a apprécié « souverainement » si les honoraires réclamés par un des membres du Barreau n’étaient pas exagérés. Avant d’en arriver là, mieux vaut mettre les choses au point dès l’entrée en relation avec son avocat. D’autant que les délais endéans lesquels le Conseil de l’Ordre traite les dossiers, trop nombreux, sont devenus « monstrueux ». Les délais de traitement des juridictions civiles, elles aussi surchargées, le sont au moins autant… ◄ En résumé Les honoraires sont une vraie question pour le Barreau de Luxembourg, qui planche avec le ministère de la Justice sur l’élaboration de forfaits pour encadrer certaines procédures standardisées et éviter les excès, notamment dans l’aide judiciaire. À côté de ça, la tendance va de plus en plus vers des taux horaires réduits complétés par des honoraires fixés en fonction des résultats.
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Le marché de l’immobilier de bureaux en 2014 PRISE EN OCCUPATION Nombre de transactions
Répartition des transactions par surface
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INVESTISSEMENTS
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Le faible taux de vacance explique le niveau des loyers qui peut atteindre 540 euros au CBD
540 CBD Station Kirchberg Limpertsberg Merl Belair Strassen Cloche d’Or Aéroport Howald Bourmicht Leudelange Capellen Kalchesbrück Bertrange Hamm Munsbach Windhof Belval Contern
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Entreprises Médias
07 Remise en ondes ► Jusqu’au 6 février, les candidats pouvaient postuler à la fréquence en vue d’une radio francophone. ► Peu d’enthousiasme affiché du côté des groupes médias luxembourgeois, demandeurs d’un parc de fréquences plus large. ► La Française Lor’FM veut tenter sa chance. ― Texte : Thierry Raizer
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▲ Une radio disparaît et c’est un paysage hertzien qui bouge. Pour la fréquence francophone, on pousse les curseurs.
Editpress (déjà actif dans Eldoradio avec RTL) n’a pas déposé de candidature. Selon nos informations, le groupe Saint-Paul a également renoncé. Il en est de même pour RTL. Le projet d’importation du concept RTL2 – en joint-venture avec Saint-Paul – sur base des fréquences encore chaudes de DNR n’avait pas convenu à l’Alia, tant pour des raisons légales (le projet était destiné à un public transfrontalier tandis que les fréquences étaient à vocations nationales) que pour des raisons de concentration de ces fréquences entre deux groupes déjà bien présents dans le paysage médiatique. Une nouvelle candidature pour un projet francophone aurait été envisageable du côté de RTL, si la fréquence laissée libre avait été autre. Les observateurs doutent de sa capacité à couvrir l’ensemble du pays, même si son site d’émission se situe en hauteur, à Blaschette. Maison Moderne, la maison d’édition de Paperjam, a aussi étudié le dossier, sans y donner une suite favorable. « Une radio aux ambitions de Maison Moderne ne nous semble pas rentable sur le marché luxembourgeois », commente Mike Koedinger, CEO et fondateur.
Quid d’un acteur étranger ? Des radios frontalières s’adressent déjà au public francophone qui gravite en journée au Luxembourg. Leurs ondes passent d’ailleurs allègrement la frontière, quasiment sur l’ensemble du pays, pour la belge Must FM, qui a cependant déclaré ne pas être candidate. L’option Lor’FM se confirme en revanche. Son président, Alain Vicci, indique avoir déposé une candidature « pour un véritable produit conçu depuis Luxembourg ». Le patron de la station, fondée en 2005 sur des bases bénévoles et qui est devenue une entreprise professionnelle dotée de trois émetteurs couvrant le Nord Mosellan, la Meurthe-et-Moselle et une partie de la Meuse, considère cette candidature « comme une suite logique » du suivi de ses auditeurs, dont de nombreux frontaliers. Entrepreneur dans l’âme, le dirigeant entend maintenir le principe d’indépendance de la radio, également au Luxembourg. Lor’FM arriverait donc seule, avec une structure luxembourgeoise ou pas. Les plans quant au nombre d’emplois sont effectués, mais on demeure discret sur ce point, en attendant la décision du gouvernement. Elle tombera après que l’Alia a rendu son avis, et que le ministre de tutelle – Xavier Bettel – a tranché et soumis sa proposition en conseil. ◄ En résumé Qui aura la fréquence pour la radio francophone ? Au moment de la fin de la période de candidatures, on ne se bousculait pas au portillon du côté des groupes luxembourgeois. Mais une piste se dégageait du côté de la Lorraine.
PHOTO : RTL
Le paysage radiophonique était plutôt stable ces 10 dernières années depuis le retrait, en octobre 2005, de sa licence à Radio Waky, un programme diffusé en anglais mais qui, aussi estampillé du logo Europe2 (disparue entretemps), proposait également une partie de ses émissions en français. Mais DNR (créée en 1992, comme Waky) a aussi cessé d’émettre, plus récemment, le 31 mars 2014. Cette fin prématurée sur fond de difficultés financières a libéré trois fréquences : 102,9, 104,2 et 107,7 FM. Avec des émetteurs situés en différents endroits du pays, la radio du groupe Saint-Paul disposait d’un réseau de fréquences plus qu’intéressant. De quoi attiser les appétits de repreneurs éventuels. RTL2 était prête à bondir, mue par les groupes RTL et Saint-Paul. L’option choisie par le gouvernement a pourtant été de fractionner et d’utiliser ce parc en FM pour adapter le paysage radio à la fois aux besoins des acteurs en place et à l’évolution d’un pays toujours plus multiculturel et polyglotte. L’Autorité indépendante de l’audiovisuel (Alia), exerçant une tutelle pour une partie des fréquences du pays, a ainsi attribué en octobre dernier le 102,9 MHz à Radio Ara en raison de son implantation depuis 20 ans et transféré le 103,3 qu’elle exploitait sur le « réseau 2 » de feu DNR. Restait donc la fréquence 107,7 FM qui a fait l’objet d’une remise sur le marché. « La permission est attribuée pour un service nouveau, en langue française, offrant une information générale aussi bien nationale qu’internationale et composé d’éléments de programme de nature culturelle et récréative », pouvait-on lire sur l’appel public à candidature coordonné par le Service des médias et des communications (SMC), récipiendaire des dossiers qui devaient être déposés jusqu’au 6 février (jour du bouclage de ce Paperjam1, ndlr) pour être recevables. À l’heure de mettre sous presse, il était encore trop tôt pour exposer une liste in extenso des dossiers reçus, l’autorité préférant attendre la deadline officielle avant de communiquer. Mais une chose est claire : les candidats locaux, ayant la stature requise, ne se bousculent pas ou en tout cas ne le faisaient pas savoir…
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PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
Entreprises Récompenses
Diversity Awards, première !
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► Les meilleures pratiques en matière de gestion de la diversité seront récompensées le 12 mai. ► À vos dossiers ! Dans le cadre du projet national Promotion de la diversité au Luxembourg, initié par le Centre pour l’égalité de traitement et le Comité pour la Charte de la diversité Lëtzebuerg, les premiers Diversity Awards Lëtzebuerg 2015 seront décernés le 12 mai prochain. Ils mettront à l’honneur la promotion de la diversité au sein des organisations et récompenseront les meil-
◄ Ces Diversity Awards s’inscrivent dans la continuité de la Charte de la diversité, lancée en 2012.
Carole Caspari, la femme de l’année
leures pratiques en la matière. Un jury, présidé par la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, décernera un prix dans quatre catégories : recrutement, accueil et intégration ; gestion des carrières ; environnement et bien-être au travail et communication, valeurs de l’organisation. Toutes les entreprises du pays, privées ou publiques, peuvent se porter candidates, qu’elles soient signataires ou pas de la Charte de la diversité. Les dossiers sont à déposer au plus tard le 30 mars avant minuit. Informations et dossier sur www.chartediversite.lu. J.-M. G. ◄
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PHOTO : ERIC CHENAL
► La fondatrice d'Altea Immobilière remporte le 8e Woman Business Manager of the Year Award décerné par la Bil. L’année commence sur les chapeaux de roues pour Carole Caspari. Avec, en point d’orgue, la récompense du 8e Woman Business Manager of the Year Award, décerné par la Bil (en partenariat avec PwC et Paperjam). Dans la foulée – et sans relation de cause à effet – elle a également été nommée à la vice-présidence de la Chambre immobilière du Luxembourg. Âgée de 44 ans, elle a, en 2007, créé la société Altea Immobilière et sa marque Furnished.lu, spécialisées dans la location de chambres meublées pour une occupation durant une période déterminée. La société emploie aujourd’hui 15 personnes et propose quelque 300 chambres à la location. Cette approche « sociétale » a particulièrement séduit le jury du Woman Business Manager of the Year Award et se ressent également dans l’allocation de
la récompense financière (10.000 euros) allouée à la lauréate : le montant sera en effet destiné au remplacement des ampoules électriques classiques des logements loués par la société par des ampoules à basse consommation, afin à la fois d’agir sur l’environnement et sur la baisse des coûts. Carole Caspari, businesswoman de l’année, n’est pas pour autant une militante acharnée de la cause féminine. « J’estime que les hommes et les femmes ont le même potentiel. À chacun de savoir s’en saisir. Il faut savoir se lancer, partir gagnant ! Et ça, tout le monde en est capable. » J.-M. G. ◄
► Carole Caspari a reçu son trophée des mains du CEO de la Bil, Hugues Delcourt.
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Entreprises Résultats et investissements
10 Stratégie gagnante pour KPMG
► La firme de conseil et d’audit vient d'inaugurer son site au Kirchberg. ► Une croissance à deux chiffres en 2014, c'est le fruit de choix pris deux ans plus tôt. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Sven Becker
Xavier Bettel qui parle en hologramme devant plusieurs centaines d’invités : KPMG n’a pas fait les choses à moitié pour l’inauguration de ses nouveaux locaux au Kirchberg. Un déménagement qui suit de quelques mois celui de PwC (à Gasperich) et qui précède de quelques autres celui d’EY (quelques centaines de mètres plus loin au Kirchberg) avant que Deloitte ne ferme le ban des Big Four en 2019. Conçu par le bureau d’architectes Hermann & Valentiny, le bâtiment à l’imposante façade métallique couleur rouille s’est fortement imprégné des nouvelles technologies. « Nous avons investi de façon considérable dans la connectivité de nos employés, confirme Patrick Wies, associé chez KPMG, en charge du projet. Nous nous sommes aussi dotés de différents outils comme un écran Led en extérieur ainsi qu’un lustre sur lequel il est possible de réaliser des projections en intérieur afin de susciter l’interaction de chaque côté. » Cette approche technologique a également guidé les choix stratégiques de la firme depuis l’arrivée de Georges Bock à sa tête en 2012. Le managing partner explique, en substance, les excellents résultats de KPMG par la volonté d’être en avance sur ses compétiteurs en investissant beaucoup dans ses gens et énormément dans l’expertise, la technologie et le Luxembourg au sens large. Résultat : en 2014, la firme, qui emploie 1.255 employés et qui a recruté 328 personnes lors du dernier exercice, a affiché une croissance de 11 % du chiffre d’affaires à 152,5 millions d’euros, porté par les activités d’audit (+16,4 % à 81,6 millions). KPMG revendique la première place dans l’audit des banques au Luxembourg, avec 40 % du marché, et entrevoie sereinement l’avenir, avec l’objectif de se positionner comme « un des acteurs clés dans la transformation d’une économie traditionnelle vers une économie numérique », explique M. Bock. ◄ ◄ Le bâtiment, signé Hermann & Valentiny & Associés, regroupe les 1.300 employés de la firme répartis sur 18.600 m2.
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Entreprises Anniversaire de Soludec
PHOTO : MARC WILWERT / PHOTOTHĂˆQUE DE LA VILLE DE LUXEMBOURG
11 Du gros Ĺ“uvre au bel ouvrage
► La SociÊtÊ luxembourgeoise d’entreprises et de constructions (Soludec) a soufflÊ 65 bougies au Mudam, une de ses plus emblÊmatiques rÊalisations. ► Un livre de photos de Christian Aschman retrace l’histoire de ces bâtisseurs. ― Texte : Alain Ducat
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Soludec, comme SociÊtÊ luxembourgeoise d’entreprises et de constructions, a 65 ans. Pour cÊlÊbrer cet anniversaire, il fallait marquer le coup : Soludec a choisi de recevoir ses invitÊs au Mudam pour y prÊsenter un ouvrage commÊmoratif. Un choix rÊflÊchi, puisque Soludec a rÊalisÊ, il y a 15 ans, ce prestigieux ouvrage architectural dont le cahier des charges prÊcisait que la qualitÊ d’exÊcution devait être l'Êgale du Louvre. Un dÊfi brillamment relevÊ, comme l’a attestÊ l’architecte du musÊe, Ieoh Ming Pei. Face au parterre d’invitÊs reprÊsentant une belle palette de mÊtiers et de secteurs d’activitÊ, Jacques Brauch, directeur gÊnÊral de Soludec, a rendu un vibrant hommage au travail effectuÊ par les 11.000 ouvriers et employÊs qui se sont succÊdÊ dans la sociÊtÊ, Êtablie à GadderschÊier.Et donc Soixante-cinq ans, un recueil rÊalisÊ par le photographe Christian Aschman, a ÊtÊ prÊsentÊ. Le livre compile 300 pages de vues relatant l’histoire de la sociÊtÊ depuis 1949. On y dÊcouvre notamment que c’est dans les annÊes 80 que Soludec a rÊellement pris son essor en devenant une entreprise gÊnÊrale. Ainsi, après la construction de l’Hôtel Royal en 1988, l’actionnariat changeait pour appartenir à 100 % au groupe GMH – General Mediterranean
▲ Pour cÊlÊbrer ses 65 ans avec un large parterre d’invitÊs, Soludec avait choisi un des endroits les plus emblÊmatiques qu’elle a fait sortir de terre, le Mudam.
Holding. Soludec peut se targuer depuis d’une belle collection de rÊfÊrences, notamment dans le domaine hôtelier (Holiday Inn, Sheraton, Novotel, Alvisse Parc Hôtel‌), le secteur bancaire, les grands magasins, les immeubles de bureaux. Les activitÊs se sont Êgalement Êtendues aux travaux d’infrastructure, notamment à la construction d’ouvrages d’art et de gÊnie civil comme le  pont haubanÊ  (aussi appelÊ Viaduc de l’Alzette ou Pont Victor Bodson), ou encore au gros œuvre pour de nombreuses Êcoles ou Êdifices publics. Le futur de Soludec ? La sociÊtÊ, fidèle à son histoire, compte bien rester attachÊe à sa spÊcialitÊ, le travail de gros œuvre. Et, prÊcise sa direction,  même si les mÊtiers de maçon, de coffreur ou de ferrailleur se trouvent aujourd’hui sous une fÊroce et permanente pression concurrentielle due à l’ouverture des marchÊs internationaux, l’entreprise s’enquiert chaque jour du prochain ouvrage auquel elle pourrait participer . ◄
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Entreprises Start-up
C’EST LE RESTO QUI VIENT AU BUREAU ► Le concept de food truck Êmerge au Luxembourg. The Karavan est l’un des premiers du genre à cibler une clientèle salariÊe en diffÊrents endroits du Luxembourg. Il rÊpond notamment au besoin des entreprises d’apporter des mets savoureux à leurs employÊs à proximitÊ du lieu de travail. ― Texte : SÊbastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire
Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’Êconomie de demain. Ce mois-ci : The Karavan Ses fondateurs : Christophe Georges, Vincent Lommel et Christophe Mauer
1 / LE CONCEPT
2 / LE DÉVELOPPEMENT
de crÊer quelque chose ensemble qui les a amenÊs à crÊer The Karavan, un des premiers food trucks dignes de ce nom à circuler au Luxembourg.  Le concept est simple. Dans un camion amÊnagÊ, nous allons à la rencontre des clients pour leur prÊsenter nos plats prÊparÊs sur place, explique Vincent Lommel. Nous allons donc au-devant de nos clients, plutôt que d’attendre qu’ils viennent à nous.  The Karavan propose une gamme de plats variÊs, burgers de qualitÊ, menus, pâtes ou encore desserts, accessibles et de qualitÊ. ItinÊrant, le food truck va de place en place, de zoning en zoning, pour servir une clientèle qui ne trouve pas de quoi casser la croÝte sur le temps de midi à proximitÊ de son lieu de travail.
un club de sport, Christophe, l’un des associÊs de la troupe, disposant d’un peu de temps devant lui, avait dÊcidÊ de relever le niveau des plats proposÊs. En discutant avec ses deux compères actuels, l’Êvidence qu’il fallait faire quelque chose de l’expÊrience acquise à cette occasion s’est imposÊe.  Ont alors commencÊ les dÊmarches commerciales et administratives, explique Christophe Georges. Il a fallu trouver un camion, l’amÊnager ainsi qu’obtenir les nombreuses autorisations pour cuisiner à son bord.  Au-delà , il a fallu obtenir les divers accords pour installer le food truck à divers endroits.
Christophe Mauer, Christophe Georges et Vincent Lommel sont plus indÊpendants dans l’âme que de rÊels cuistots. Et c’est plus l’envie
L’idÊe de crÊer un camion itinÊrant est venue suite à une expÊrience en tant qu’apprenti cuisinier bÊnÊvole. À l’occasion d’un ÊvÊnement dans
3 / LE MARCHÉ
4 / LES PERSPECTIVES
endroit diffÊrent. Nous ciblons les lieux oÚ il y a une masse critique de personnes et une faible offre en restauration, commente Vincent Lommel. Les zones d’activitÊ Êconomique, oÚ de nombreux travailleurs sont demandeurs d’une cuisine rapide, mais de qualitÊ, sont donc des cibles privilÊgiÊes. Mais nous ne servons pas que les travailleurs. Tout le monde est le bienvenu.  Du parc d’activitÊs de Capellen au boulevard Kennedy au Kirchberg, The Karavan fidÊlise ses clients grâce à ses succulents plats, mais aussi grâce au web et aux rÊseaux sociaux.  C’est par ces canaux que nous gardons le contact avec nos clients, que nous informons des endroits oÚ nous nous trouvons , prÊcise M. Lommel.
premier temps, est de trouver des emplacements clÊs , prÊcise Christophe Mauer. Au fil des saisons, par ailleurs, la carte devrait se diversifier. L’Êquipe est composÊe des trois associÊs, dont deux dÊveloppent l’activitÊ en parallèle de leurs occupations respectives. Ils ont ÊtÊ rejoints par Antonio, un cuistot venu d’Italie.  Une des volontÊs est de pouvoir nous rÊmunÊrer un peu sur cette activitÊ tout en amortissant l’investissement, explique M. Lommel. Nous y allons prudemment, en prenant le temps de bien faire les choses. Nous commençons aussi à être sollicitÊs à prendre part à des ÊvÊnements en soirÊe ou le week-end. C’est une autre façon de diversifier la clientèle.  À moyen terme, si le public adhère au concept, la petite Êquipe pourrait aussi envisager de mettre en circulation un deuxième camion.
C’est par son approche de la clientèle que l’activitÊ dÊveloppÊe s’avère être originale. Ce n’est plus le client qui se dÊplace pour se restaurer, mais c’est le restaurant qui vient au client.  Nous sommes chaque jour à un
LancÊ sur les routes à l’automne dernier, le food truck entend d’abord trouver son public.  L’enjeu, dans un
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Place Financière
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C'e d ass
Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite neuf sujets clés sélectionnés par la rédaction. Jusqu’alors numéro deux du Commissariat aux assurances, Claude Wirion a été promu à sa tête pour remplacer Victor Rod. Il est entré en fonction le 1er janvier pour un mandat de six ans. Entré au sein de la structure en 1992, il est un homme de dossiers, qui a notamment contribué à la préparation et à la négociation de la plupart des directives européennes en matière de surveillance des assurances au cours des 20 dernières années. Six mois après l’annonce de son arrivée au Grand-Duché, la China Merchants Bank est officiellement immatriculée au Registre de commerce et des sociétés depuis le jeudi 22 janvier. Il s’agit de la quatrième banque chinoise à ouvrir ses portes au Luxembourg, sa plateforme de développement en Europe. La banque de Shenzhen s’installera dans un premier temps au Kirchberg, rue Jean Monnet, dans l’ancien bâtiment de Sal. Oppenheim au Kirchberg. Puis elle migrera, en principe au printemps 2016, vers les 5.000 m2 de l’immeuble Royal20 (au boulevard Royal), pour lequel elle a signé un bail pour 10 ans, pour un loyer annuel de 3 millions d’euros. La Chambre du conseil de la Cour d’appel, siégeant à huis clos, a finalement jugé non fondé l’appel du collectif des victimes de la banque Landsbanki Luxembourg contre le classement
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de leur plainte pour faux bilans et association de malfaiteurs. Il reste donc le blanchiment visant la liquidatrice, Yvette Hamilius, mais le Parquet reste opposé à l’ouverture d’une enquête. En outre, la citation directe pour calomnie et diffamation que Me Hamilius avait engagée il y a deux ans contre les avocats des victimes de la banque, qui avaient laissé planer des doutes sur la régularité de l’action de l’avocate, a été mise « au rôle spécial » à la mi-janvier par les juges du tribunal correctionnel. Cela signifie qu’elle est, pour l’heure, « en sourdine », en attendant que soit évacuée l’enquête judiciaire pour blanchiment qui vise Me Hamilius et qui est toujours en cours. Selon l’étude salariale annuelle réalisée par le cabinet Robert Walters, les besoins toujours plus importants en professionnels capables d’administrer, gérer et calculer la valeur des fonds vont générer, mécaniquement, une hausse des salaires, avec pour 2015 des augmentations annuelles dans une fourchette de 5 à 10.000 euros pour les responsables trésorerie, les gestionnaires de fonds ou bien les business development managers justifiant de plus de cinq ans d’ancienneté. Selon les données publiées par la CSSF, les résultats avant provisions du secteur bancaire pour 2014 se sont élevés à 5,1 milliards d’euros, en baisse de 1,6 % par rapport à 2013. Une dégradation qui s’explique par le niveau toujours très bas des taux d’intérêt et par une forte baisse des autres revenus nets à hauteur de 12,4 %,
résultant principalement d’une variation défavorable de la juste valeur d’actifs financiers détenus par quelques banques. La société de prise de participation Luxempart vient de racheter les 2.385.000 titres de la société détenus par le groupe Bil, soit 9,96 % de son capital, pour un montant de 74 millions d’euros. Une opération qui porte à 16,2 %
La Banque internationale à Luxembourg compte un nouveau CIO, en la personne de Yves Baguet, qui succède à Thierry Delroisse, lequel avait annoncé son départ début janvier après 25 ans de présence au sein de la banque. M. Baguet (ex-Clearstream) avait été impliqué, l’été dernier, dans le projet de réalisation du premier centre de services de business process outsourcing au Luxembourg, fruit d’un partenariat annoncé
Yves Baguet est le nouveau CIO de la Bil.
la part du capital détenue en actions propres par la société et qui, mécaniquement, va augmenter son actif net par titre. L’opération est hautement symbolique, quand on se rappelle que la Bil, désireuse aujourd’hui de se concentrer sur ses activités bancaires, avait été à l’origine de la création de Luxempart en 1988, sous le nom originel de Bil Participations.
entre le fournisseur de solutions bancaires Avaloq et… la Bil. Un projet finalement mort-né, puisqu’en novembre dernier, les deux partenaires avaient fait savoir, dans la plus grande discrétion, qu’ils avaient abandonné les discussions. Le Commissariat aux assurances a livré le bilan 2014 des primes qui affichent une hausse globale de 18,8 %. Un nouveau record
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Place financière Brèves
C’est la progression, en 2014, du patrimoine global net des organismes de placement collectif et des fonds d’investissement spécialisés au Luxembourg, avec un montant au 31 décembre de 3.094 milliards d’euros.
depuis 2010, porté par les bonnes performances de l’assurance vie : la branche enregistre en effet un bond C'est la progression spectaculaire des du secteur des primes de 20,87 % à assurances en 2014. 23,8 milliards d’euros. Quant au marché local (hors assurances maritimes), l’encaissement « augmente nettement plus vite que l’inflation avec une croissance des primes de 5,59 % », a indiqué le Commissariat dans un communiqué. Sur l’ensemble de l’année, le secteur de l’assurance a enregistré une hausse des primes de 18,80 % à 26,87 milliards d’euros, soit deux milliards supplémentaires par rapport à 2010.
18,8 %
Le cabinet de recrutement Robert Walters observe, pour le quatrième trimestre 2014, une baisse de 8 % des offres d’emploi dans les services bancaires et financiers, en raison notamment de l’externalisation de bon nombre de fonctions de back-office des banques. Sur l’ensemble de l’année, les offres d’emploi ont pourtant bondi de 10 %, et même 25 % dans l’IT, grâce aux investissements… des banques, en train d’implémenter de nouveaux systèmes informatiques ou de rénover d’anciens. Dans le volet « français » de l’affaire Landsbanki, le Parquet de Paris a rendu son réquisitoire et renvoyé l’ancienne banque luxembourgeoise, ainsi que plusieurs de ses dirigeants, devant un tribunal correctionnel. Un prolongement de plus dans cette affaire d’escroquerie liée à des emprunts hypothécaires accordés par la banque d’origine islandaise, avant la crise financière de 2008. ING Luxembourg a été élue Best Commercial Bank Luxembourg 2014 par le portail Global Banking & Finance Review. Une récompense qui complète un tableau de chasse déjà bien garni pour l’année écoulée, avec le Best Financial Solution of the Year 2014 (décerné lors du Luxembourg Finance Management Summit) pour sa
solution d’alertes online et le Best Private Bank Luxembourg 2014 décerné par PWM / The Banker. La Banque centrale du Luxembourg a communiqué les dernières évolutions des taux d’intérêt moyens sur les opérations de crédit et de dépôt appliqués par les établissements de crédit du pays, aux ménages et aux sociétés non financières de la zone euro. À retenir, notamment, la hausse de quatre points de base à 4,04 % du taux d’intérêt sur les crédits à la consommation, dont la période de fixation initiale est comprise entre un et cinq ans ; la baisse de 15 points de base à 2,16 % du taux d’intérêt fixe sur les crédits immobiliers accordés aux ménages et la baisse du taux d’intérêt sur les dépôts à terme des ménages (ayant une échéance initiale inférieure ou égale à un an) de 26 points de base à 0,14 %. À l’occasion d’une mission menée à Séoul à la mi-janvier, le ministre des Finances Pierre Gramegna a évoqué un retour espéré des banques coréennes au GrandDuché : « Les banques coréennes avaient fermé leurs portes au Luxembourg fin des années 1990, lors de la crise financière asiatique. Le moment est venu pour elles de reconsidérer une présence au Luxembourg, surtout dans la mesure où le Luxembourg est aujourd’hui un centre financier de référence pour la distribution des fonds d’investissement au niveau international », a-t-il rappelé. Il a pu ainsi explorer différentes pistes pour dynamiser l’accord de collaboration (Memorandum of Understanding) conclu entre les centres financiers de Séoul et de Luxembourg en 2014.
Suite à la décision de l’autorité boursière espagnole de lever la suspension d’un emprunt de la Banco Español de Credito, la CSSF a également décidé la levée de la suspension de la négociation de cet instrument financier sur le marché réglementé de la Bourse de Luxembourg. Alors que toutes les parties avaient donné leur accord, après le décès le 23 octobre dernier de Thierry Leyne, le partenaire de Dominique Strauss-Kahn dans la société financière LSK, pour renoncer au litige autour de la publication d’un article par Paperjam, l’avocat du disparu, Me Patrice Bonyumutwa, relance l’affaire au nom de sa succession ! Il a demandé à la juge des référés de « bien vouloir refixer cette affaire pour plaidoirie », alors que toutes les parties en cause s’étaient accordées pour sa radiation. « Il ne s’agit pas d’une question d’argent, le montant de l’indemnité de procédure étant dérisoire, mais d’une question de principe », a-t-il justifié. Une démarche qui n’a pas manqué d’interpeller les parties adverses. « Je suis scandalisé », a même indiqué Me Pierre Hurt, l’avocat de Maison Moderne. La juge des référés a refixé l’affaire au 27 avril prochain « pour radiation », ce qui devrait signifier son épilogue. La BCEE et l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (Acel) ont renouvelé leur partenariat officiel exclusif. Outre la mise à disposition, gratuite, des Guide du futur étudiant et Guide du futur diplômé, dans toutes les agences de la Spuerkeess, les deux partenaires annoncent continuer à co-organiser régulièrement des événements en relation avec les étudiants. La BCEE sera, du reste, une nouvelle fois partenaire de la Réunion euro-
péenne des étudiants luxembourgeois (Reel) qui se tiendra en octobre 2015 à Trèves.
Coup double pour la Banque de Luxembourg qui s’est vue décerner deux prix par le portail d’informations financières Global Banking & Finance Review : ceux de Best Wealth Management Bank pour le Luxembourg et pour l’Europe occidentale. Ces récompenses font suite aux distinctions internationales reçues l’année précédente de la part du magazine Euromoney et qui avait positionné la banque du boulevard Royal en tant que meilleure banque privée pour la qualité de l’ensemble de ses services, pour la gestion de sa relation client et pour la protection de la sphère privée. Lorsque consommateurs et banquiers se rencontrent… Une délégation de la direction de l’ABBL et les membres de la direction de l’ULC ont échangé quelques points de vue, notamment au sujet des contrats de crédit hypothécaire à taux variable. L’Union des consommateurs a plaidé pour une plus grande transparence en rapport avec les critères à la base des variations de ces taux, en particulier suivant les décisions de baisses du taux d’intérêt directeur de la BCE, lesquelles ne sont pas toujours, ou alors lentement, répercutées sur les contrats. L’ABBL s’est défendue, rappelant que la répercussion d’une variation des taux de référence dépend largement du modèle de refinancement de chaque banque.
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna.
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Place financière Brèves
Alain Lam est le nouveau CEO de HRT Group.
au Luxembourg. Une démarche qui s’effectue en même temps que la création de la fonction de CEO, confiée à Alain Lam (ex-Deloitte, puis Capita), Philippe Richelle occupant toujours, par ailleurs, les fonctions de managing partner. Marc Hoffmann, le CEO de CBP Quilvest.
CBP Quilvest, la banque privée de Marc Hoffmann, n’était pas encore présente en Belgique. C’est désormais chose faite, avec une succursale établie à Gand. Avec l’objectif d’aller chercher de nouveaux clients (lire en page 090). Au point mort depuis le mois de juin, le projet de loi sur la mise en place d’un comité du risque systémique destiné à prévenir les crises a enfin été mis sur les rails fin janvier. Les députés ont bouclé leurs travaux en commission sur le texte et les amendements ont été envoyés au Conseil d’État pour avis complémentaire. Le vote est toujours attendu pour mars, en même temps que le dispositif du CRD4 sur les exigences de fonds propres des banques. La Banque internationale à Luxembourg et le fabricant et fournisseur de distributeurs automatiques Diebold annoncent la mise en œuvre d’une solution pour des transactions sans carte qui permet aux utilisateurs finaux de programmer à distance un retrait d’argent, puis de l’effectuer, en utilisant un smartphone, sur l’ensemble des automates bancaires (plus de 100) du réseau de la banque. Des transferts de fonds sécurisés d’une personne à une autre sont aussi possibles grâce à cette application.
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L’assemblée générale de la Sicav Elite’s Exclusive Collection, qui commercialise entre autres le fonds spécialisé dans les grands vins Nobles Crus, a approuvé en décembre les comptes… 2012, que le cabinet d’audit Deloitte a mis un temps fou à valider après la controverse autour des méthodes de valorisation des vins. Le rapport de gestion signale justement que Nobles Crus a passé « avec succès » un certain nombre de stress tests depuis septembre 2012, qui ont levé les doutes sur la valorisation de certains vins. Par rapport à la fin du deuxième trimestre de 2014, les avoirs financiers extérieurs du Luxembourg se sont accrus de 357 milliards d’euros (+3 %) pour atteindre 7.265 milliards d’euros à la fin du troisième trimestre de 2014. Les engagements financiers vis-à-vis de l’étranger ont de leur côté progressé de 351 milliards en s’établissant à 7.159 milliards d’euros fin septembre 2014. Actif dans les domaines de l’audit, de l’expertise comptable, de la fiscalité, de la domiciliation et dans le resourcing, HRT Group vient d’annoncer son adhésion au réseau international PKF et en devient le représentant exclusif
Le groupe KBL annonce le lancement de sa gamme de fonds d’investissement Richelieu, avec les trois premiers fonds labellisés sous cette nouvelle marque, gérés par une équipe interne de spécialistes internationaux de l’investissement. Ces fonds sont gérés par Gaëtan Salerno (portfolio manager chez KBL à Luxembourg) et Danny Wittenberg (chief investment officer chez Puilaetco Dewaay, la filiale belge du groupe) et s’appuie sur une équipe de 50 spécialistes internationaux de l’investissement répartis dans le réseau de KBL. Le tout nouveau Conseil national des finances publiques (CNFP) s’est doté d’un secrétaire général en la personne de Nima Ahmadzadeh. Entré il y a trois ans au sein du ministère des Finances en tant qu’économiste, il est détenteur d’un master en économie de la London School of Economics et s’est d’abord fait la main dans le secteur auprès de Dresdner Kleinwort et de la BCEE. Aux mains d’un actionnaire qatari commun, la Bil et KBL s’entendent stratégiquement pour développer chacune leurs points forts, de manière indépendante. La première annonce le rachat des activités de KBL en Suisse, pour accentuer la présence sur les grandes places financières. La seconde, via sa filiale Puilaetco Dewaay, rachète pour sa part la banque privée de Bil en Belgique (lire l’article page 103).
À l’occasion de la conférence annuelle du réseau European Impact Investing Luxembourg, qui s’est tenue autour du thème « Le rôle de la finance sociale pour le Luxembourg de demain », le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, Nicolas Schmit, a indiqué que le projet de loi devant créer la société d’impact sociétal devrait être déposé en avril 2015. Il a par ailleurs annoncé la création prochaine d’un incubateur dédié à ce secteur en vue de créer un écosystème pour inciter les talents à s’investir dans l’entrepreneuriat social.
À l’occasion du bilan annuel dressé par l’Alfi, son président, Marc Saluzzi, a indiqué qu’avec 183 gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs autorisés à l’heure actuelle par la CSSF, le Luxembourg se situe en troisième position derrière la GrandeBretagne et la France. C’est au cœur de la House of Finance que l’ABBL, l’Alfi et les dirigeants de grandes banques de la Place ont signé la charte D’Woch vun de Suen, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale en matière d’éducation financière (lire l’article page 104).
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Place financière Stratégie
01 CBP Quilvest vent en poupe
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► Dans le cadre de sa stratégie d’expansion internationale, la banque privée luxembourgeoise a ouvert une succursale à Gand. ► L’objectif est de capter une nouvelle clientèle, dans une Région flamande à fort potentiel. ► Au Luxembourg, CBP Quilvest reste sur une année 2014 record et envisage l’avenir avec sérénité. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Mike Zenari
« Nous avons enregistré une collecte nette record de 1,4 milliard d’euros au Luxembourg en 2014. » 090 ―
Sans faire de bruit, CBP Quilvest continue son petit bonhomme de chemin. Huit ans après la création de Compagnie de Banque Privée et quatre ans après sa fusion avec le conglomérat financier d’origine argentine Quilvest, la banque ajoute un drapeau supplémentaire sur la carte de son réseau, en l’occurrence le belge. CBP Quilvest Belgium vient de voir le jour, établie à Gand, en Flandre-Orientale. L’établissement opère en tant que succursale de sa « maison-mère » luxembourgeoise CBP Quilvest et fonctionne, pour l’heure, avec une équipe de six personnes dirigée par Xavier Rubbens, recruté auprès de Société Générale Private Banking Belgium, où il a passé près de 14 ans et où il occupait la fonction de senior private banker. Cette nouvelle implantation s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie de déploiement du groupe faîtier Quilvest Wealth Management sur différents marchés européens. Le groupe, représenté au Luxembourg par CBP Quilvest, dispose également d’un point de chute en Suisse (Quilvest Switzerland à Zurich et à Genève) et en France (Quilvest Banque Privée à Paris). « Le moment est opportun d’ouvrir cette succursale en Belgique, car le marché de la banque privée y est en phase de consolidation. Il y a donc de la place pour un acteur comme nous », explique Marc Hoffmann, administrateur délégué de CBP Quilvest et administrateur
délégué de Quilvest Wealth Management. Le choix de Gand s’est imposé de lui-même, par souci de proximité : la cible de clientèle visée par CBP Quilvest est davantage concentrée dans la partie flamande du Royaume. « Ce qui n’empêche pas d’envisager, plus tard, d’autres ouvertures ailleurs », précise M. Hoffmann. Le projet a mis près d’un an pour mûrir : entamé au printemps 2014, il a surtout fait l’objet d’ajustements des systèmes informatiques, puisqu’en tant que succursale, CBP Quilvest Belgium va utiliser les mêmes plateformes que CBP Quilvest au Luxembourg. Contrairement à d’autres banques de la Place qui se sont établies (ou redéployées) en Belgique afin de suivre une clientèle locale ayant choisi de retirer ses avoirs du GrandDuché pour les rapatrier « chez elle », CBP Quilvest n’a pas pris pied en Belgique pour partir à la reconquête de clients : « Nous sommes ici clairement à la recherche d’une nouvelle clientèle », confirme Marc Hoffmann, qui reconnaît que les objectifs fixés pour cette succursale sont « ambitieux » (sans toutefois les chiffrer officiellement), mais qui se réjouit « d’un début d’activité extrêmement encourageant ». Ces premiers signes positifs ne sont que le reflet d’une tendance toujours à la hausse enregistrée par le groupe en général et au Luxembourg en particulier (lire encadré). À la base de cette bonne santé, la conjonction de plusieurs facteurs, à commencer par la vision stratégique qui guida Marc Hoffmann dans son choix, au moment de quitter la présidence du comité de direction de Dexia Bil, en juillet 2006, pour se consacrer à ce projet. « Nous avions la conviction, déjà à l’époque, que certains modèles ne résisteraient pas à l’évolution du métier, se souvient-il. Nous constatons aujourd’hui, en outre, que beaucoup de valeurs sur lesquelles nous avions bâti CBP il y a huit ans sont plus vraies que jamais. Ce qui fait la différence, aujourd’hui, c’est notre flexibilité, notre rapidité et le service auprès de la clientèle. Ce sont des atouts dont on mesure l’importance plus que jamais aujourd’hui. Nous connaissons souvent la situation de clients qui nous rejoignent car les chemins de décision qu’ils ont pu observer auprès de certains de nos concurrents sont plus longs, plus tortueux et plus complexes. Nous avons su garder une banque à échelle humaine, sans donner l’impression au client qu’il se trouve face à une bureaucratie où rien ne bouge et où tout est décidé ailleurs… » Arrivée sur le marché relativement tard et dans un contexte très original – aucune autre banque privée majeure ne s’est créée from scratch depuis très longtemps au GrandDuché –, CBP n’a pas eu à gérer une clientèle de type « dentiste belge » qui a pu faire, un
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Place financière Stratégie temps, le bonheur des établissements bien plus anciens de la Place, mais qui leur a causé bien des tourments à l’heure des restructurations de clientèle. « Nous nous sommes d’emblée positionnés sur le créneau ‘haut de gamme’, dont nous avions tout de suite pensé qu’il serait davantage porteur. Et nous savions que la fusion avec Quilvest nous permettrait de viser le ‘très haut de gamme’. Depuis 2011, d’ailleurs, c’est dans ce créneau que la croissance la plus forte a été enregistrée. » À l’heure où la place financière luxembourgeoise et, plus spécifiquement, son secteur bancaire traversent une période charnière nécessitant un renouvellement, voire une réinvention, Marc Hoffmann et CBP Quilvest abordent sereinement la suite des événements, avec des perspectives qualifiées de « bonnes » pour l’ensemble du groupe et de ses présences hors du Grand-Duché, même si le niveau de progression ne sera peut-être pas aussi élevé. « Rétrospectivement, en 2012 et 2013, nous avions de légitimes interrogations sur nos capacités de croissance. Nous avons longtemps réfléchi sur les leviers de croissance que nous serions en mesure d’activer dans l’hypothèse où le Luxembourg connaîtrait une panne de croissance, explique Marc Hoffmann. Aujourd’hui, la question ne se pose plus. Nous sommes dans une dynamique très forte et l’ouverture de notre succursale en Belgique va également y contribuer activement. » Pour autant, la puissante vague réglementaire et législative – en particulier Bâle III et Mifid II – à laquelle ont été soumis les acteurs bancaires n’a pas terminé de déferler. « Et certaines de ces réglementations nouvelles ne se parlent pas entre elles et sont, du coup, parfois contradictoires. Cela nous absorbe beaucoup de ressources et a un impact financier conséquent », indique M. Hoffmann, sans donner davantage de détails chiffrés. À cela s’ajoute, évidemment, un environnement général actuel défavorable sur le front des taux d’intérêt, lesquels n’ont jamais été aussi bas, ce qui coûte à toutes les banques – CBP ne fait
pas exception – en termes de marge d’intérêt dès qu’il s’agit de redéployer des liquidités. « Notre croissance a été telle que nous avons réussi à compenser ce ralentissement des revenus d’intérêt. Mais nous restons évidemment attentifs à cette évolution et nous agirons en conséquence s’il le faut. » Les perspectives d’évolution sont également géographiques. Car l’ouverture de CBP Quilvest Belgium ne représente qu’une étape. Et ce ne sont pas les idées qui manquent. Le Portugal, par exemple, figure en bonne place sur le radar, surtout après la déroute du groupe Espírito Santo et, d’une manière générale, les secousses qui ont fortement déstabilisé l’environnement bancaire domestique, offrant des opportunités et des ouvertures pour un nouvel entrant sur place. « L’Europe reste un très grand marché, constate Marc Hoffmann. Mais il y a des opportunités un peu partout. Au Moyen-Orient, par exemple, que nous développons à partir de la Suisse ; en Amérique latine aussi, où nous avons une présence (en Uruguay, ndlr), mais où il y a certainement une place à prendre pour nous, d’autant plus que Quilvest est un groupe d’origine argentine. » Quant à l’Asie, CBP Quilvest y est présent à Singapour, via une société de trust et de gestion d’actifs. « Nous y gagnons de l’argent, mais il n’est pas prévu que nous changions d’infrastructures. Le profil de clientèle sur place est très différent de celui que l'on trouve en Europe et le terrain est extrêmement complexe, concurrentiel, voire coûteux si on veut y développer une activité de banque privée quand on est un ‘nouvel entrant’ comme nous, face aux grandes banques commerciales et banques d’affaires qui sont déjà implantées sur place. » ◄ En résumé Le groupe Quilvest Wealth Management poursuit son expansion internationale. Déjà présent en Europe au Luxembourg, en France et en Suisse, il s’établit désormais en Belgique, avec l’ouverture à Gand d’une succursale de son pilier luxembourgeois CBP Quilvest. Objectif : conquérir de nouveaux clients et prolonger le succès d’une année 2014 qui a vu la banque privée réaliser une année record au Grand-Duché.
QWM en chiffres
27,7 milliards d’actifs Le groupe Quilvest Wealth Management, qui emploie plus de 300 personnes, affiche plus de 27 milliards d’euros d’actifs dans son portefeuille fin 2014 (contre… 9 en 2010, au moment de la fusion entre CBP et Quilvest) : 13 milliards d’actifs sous gestion et 14,6 milliards d’actifs en conservation. « La progression la plus forte a été enregistrée au Luxembourg, avec un taux de croissance annuel de nos actifs de 21 % », indique Marc Hoffmann, particulièrement satisfait de la courbe de croissance au terme d’une année 2014 marquée par une transition accélérée sur le marché de la banque privée, en prévision du passage à l’échange automatique d’informations au 1er janvier 2015 et de la disparition définitive – quoique déjà bien entamée depuis quelques années – du secret bancaire. « Nous avons enregistré une collecte nette record de 1,4 milliard d’euros. Cela nous a évidemment fortement réconfortés, avec une collecte brute bien plus élevée. » CBP Quilvest atteint, aujourd’hui, des actifs sous gestion de 5 milliards d’euros. « Nous avons passé le cap incertain que représentait cette transition et nous affichons une très belle performance, se réjouit M. Hoffmann. Ce qui est intéressant, c’est l’évolution du positionnement de notre clientèle : la partie de nos clients ayant plus de 5 millions d’euros de patrimoine est d’environ 70 % en termes de volume. C’est un repositionnement extrêmement fort pour nous, alors que cette proportion était bien plus faible au début. Aujourd’hui, nous sommes arrivés là où nous avions la volonté d’aller. » Établie à Strassen à sa création en 2007, CBP Quilvest a atteint l’an dernier la limite de ses capacités en matière d’espaces, ce qui l’a poussée, au printemps 2014, à migrer quelques centaines de mètres plus au sud, à Merl, où ses 110 employés occupent quelque 4.000 m2. J.-M. G. ◄
Quilvest Wealth Management : un groupe qui s'étend
Quilvest S.A. Luxembourg
66,3%
33,7%
Vauban Participations S.A. Luxembourg (incluant, entre autres, les membres fondateurs de CBP)
Quilvest Wealth Management Luxembourg
Quilvest Banque Privée Paris
Quilvest Switzerland Zurich / Genève
Quilvest Uruguay Montevideo
CBP Quilvest Luxembourg
CBP Quilvest Singapore Singapour
CBP Quilvest Belgium Gand
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Place financière Investisseurs
02 Un double pipeline avec le Qatar
― Texte : Jean-Michel Lalieu
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▲ Au Qatar, où les projets pullulent et d’où les investisseurs regardent notamment vers l’Europe, il est nécessaire d’avoir une passerelle vers les financiers masculins et une autre vers les femmes influentes. Une structure luxembourgeoise l’a fait.
spécialiste des relations économiques avec les pays du Moyen-Orient. Il a donc saisi la balle au bond et développé au sein de Fuchs & Associés Finance – dont il est vice-président Mena (Middle East & North Africa) – une double plateforme pour faire le lien entre les investisseurs qataris et les industriels européens. Pourquoi deux ? Parce qu’au Qatar, il est nécessaire d’avoir une passerelle vers les investisseurs masculins et une autre vers les femmes. La plateforme « hommes », établie entre cinq importants partenaires qataris et Fuchs Finance, tourne depuis la moitié de l’année
PHOTO : QCN
► Fuchs & Associés Finance a développé deux plateformes d’affaires liées à Doha. ► Elles doivent mettre en relation des industriels européens et des financiers qataris. ► Depuis décembre, la société luxembourgeoise propose une connexion unique en Europe avec les femmes entrepreneurs du riche émirat.
Outre les exemples vécus au Luxembourg ces dernières années (l’épisode Cargolux avec Qatar Airways, puis les reprises réussies des banques KBL epb et Bil par Precision Capital), on connaît surtout les Qataris pour leur appétit féroce envers les sociétés du Vieux Continent dans lesquelles ils investissent massivement. Ce que l’on voit moins, c’est que le Qatar a aussi des ambitions dans le développement diversifié de sa propre économie, encore tournée quasi exclusivement vers les hydrocarbures. Ainsi, dans le cadre d’un projet Qatar 2030, le pays a mis en chantier un vaste plan d’industrialisation qui veut doper la croissance de secteurs tels que l’économie de la connaissance, la logistique, l’énergie ou les produits dérivés du pétrole et du gaz. Or, si les habitants de cet eldorado gazier détiennent des moyens colossaux, il leur manque encore trop souvent les compétences pour mener à bien des projets exigeant un savoir-faire particulier. « C’est clairement une chance pour les industriels européens », observe Benjamin de Seille,
Place financière Investisseurs 2014. Si celle des femmes a été plus difficile à mettre en place, elle présente par contre un caractère exclusif. « Les négociations ont démarré il y a un an et demi et ont abouti, en décembre dernier, à la finalisation d’une structure juridique. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer. » Pour la mettre en place, Benjamin de Seille s’est mis en rapport avec la Qatari Businesswomen Association, un groupe formé d’une dizaine de femmes d’affaires qataries très importantes sur la Place de Doha. Il est d’ailleurs présidé par Al-Anood Bint Khalifa Bin Hamad Al-Thani, une des filles du précédent émir du Qatar. « Il est intéressant de voir que dans ce pays certaines femmes ont beaucoup d’argent, parfois même plus que les hommes. Ça peut par exemple être lié à un divorce ou à un héritage », explique le promoteur du projet qui y a vu clairement une opportunité. « En outre, explique-t-il, comme il n’y a pas d’autre association de femmes au Qatar, notre plateforme sera unique. » Du coup, pour travailler avec les femmes investisseurs qataries, les entrepreneurs européens devront donc passer par une société luxembourgeoise. « Nous sommes en contact avec des sociétés basées partout en Europe, mais tout est centralisé au Luxembourg, explique Benjamin de Seille. C’est donc un projet qui participe à l’image du Grand-Duché. » Le premier projet de la plateforme féminine a d’ailleurs été monté avec une société belge basée à Mons et a consisté en l’implantation d’une clinique spécialisée en dentisterie et en ophtalmologie. Des échanges techniques permanents auront également lieu entre un hôpital belge et la nouvelle clinique. Le flux peut opérer dans diverses directions. Qu’un investisseur qatari fasse un appel pour trouver des compétences en Europe ou qu’un industriel européen soit à la recherche de financements sur place. Mais l’expertise de Fuchs Finance peut aussi intervenir, par exemple si des partenaires du Golfe sou-
Euris Bank
La banque islamique toujours dans les limbes La banque islamique tarde à faire son entrée sur la Place luxembourgeoise. Annoncée depuis plus de deux ans, Euris Bank aurait dû, d’après un premier calendrier, s’établir dans le courant du second semestre 2014 et entamer ses activités au début de cette année. Mais ce n’est toujours pas le cas. « Le dossier est entre les mains de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et il a pris un peu de retard, confirme Ammar Dabbour, directeur général d’Euris Group. Nous devons encore répondre à quelques éléments administratifs, le délai dépendra donc de leur traitement. » Mais l’initiateur du projet ne craint pas, en tout cas, une éventuelle fin de nonrecevoir de la CSSF. « Je ne perçois pas de signes qui iraient dans ce sens. Il n’y a rien de très lourd dans les informations complémentaires qu’on nous
haitent investir dans des projets en Europe. « L’idée est effectivement que les Qataris assument le rôle de financiers, poursuit Benjamin de Seille. Mais ils apprécient aussi que le risque soit en partie partagé par le partenaire européen. » En clair, ils aimeraient pouvoir se séparer de leur image de « vaches à lait » pour aller vers des joint-ventures plus équilibrées. Et si, dans les faits, l’obligation de « sponsoring » – soit la nécessité pour un industriel non qatari de s’associer avec un partenaire local actionnaire à au moins 51 % – n’est plus en vigueur dans certains domaines d’activités depuis le début de cette année, « dans la pratique, ça reste conseillé ».
ÉVITER L’ÉCUEIL CULTUREL
« Le risque existe quand la collaboration a été mal préparée. » Benjamin de Seille (Fuchs & Associés Finance)
Convaincu qu’il peut ouvrir les portes d’un véritable eldorado aux entrepreneurs du Vieux Continent, l’émissaire de Fuchs & Associés Finance se montre toutefois prudent. Parce que les pays du Golfe ne sont pas, a priori, des marchés faciles d’accès. Au Qatar, il y a notamment la barrière de la loi islamique – applicable à la finance, elle peut aussi devenir un atout – qui interdit certaines activités liées à l’alcool, aux armes, au jeu, aux prêts à intérêt, etc. « La grande difficulté est surtout de bien connaître les gens. Pour ma part, après des erreurs, des échecs, je pense, après 10 ans, pouvoir dire que j’arrive à savoir ce qu’ils pensent. Mais eux, spontanément, ne le disent pas. » D’où l’importance de bien s’entourer avant de franchir le pas. Quant aux risques, le go-between basé au Grand-Duché ne les juge pas supérieurs à
demande, ça pourrait donc aller assez vite. » Même s’il reste prudent sur les délais, Ammar Dabbour estime qu’on peut plus parler en semaines qu’en mois. Il se montre également serein, malgré l’amalgame dont souffrent les institutions islamiques depuis que l’Europe est la victime récente d’actes djihadistes. « Il y aura sans doute un important travail de communication à faire, mais j’insiste fréquemment sur le fait qu’il s’agit d’un projet européen et luxembourgeois de surcroît. » D’autres banques islamiques seraientelles en chantier sur la Place luxembourgeoise ? Le régulateur précise clairement « ne pas avoir connaissance d’autres projets de ce type au Luxembourg ». Ammar Dabbour tient le même discours, mais pense qu’Euris Bank sera un initiateur pour montrer l’attrait de la Place luxembourgeoise. J.-M. L. ◄
ceux encourus sur d’autres marchés. « Le risque existe quand la collaboration a été mal préparée », pointe le spécialiste du MoyenOrient. Dans le cas de joint-ventures avec des partenaires qataris, il conseille en tout cas d’établir un pacte d’actionnaires qui vient s’ajouter aux statuts de la société. Dans ce type de document, l’entrepreneur européen peut prévoir un tas de choses qui lui donneront toutes les garanties sur la future collaboration. Autre précaution : prévoir les conditions de sortie dans le pacte d’actionnaires au cas où l’association capoterait. « Enfin, poursuit Benjamin de Seille, recourir à une banque européenne présente sur place donne également plus de sécurité. » Un argument qui n’échappera pas aux banquiers luxembourgeois déjà très tournés vers les financiers du Moyen-Orient… Une fois ces conditions réunies, le Qatar peut de fait représenter un excellent tremplin vers les autres monarchies du Golfe. Où Fuchs réfléchit à poursuivre l’aventure, même si ce n’est pas pour tout de suite. « Seulement lorsque la plateforme qatarie sera bien lancée. Mais nous avons déjà reçu des propositions d’Arabie saoudite », confirme son responsable. Les robinets sont donc bien ouverts, sur ce pipeline de plus entre l’Europe et le Golfe. ◄ En résumé Au nom de Fuchs & Associés Finance, il a été mis en place une double plateforme d’affaires entre industriels européens et investisseurs qataris. Basées à Luxembourg, initiées par le spécialiste du Moyen-Orient Benjamin de Seille, ces plateformes fonctionnent dans les deux sens et permettent aux Qataris de bénéficier du savoir-faire européen ou d’investir sur le Vieux Continent, notamment par le biais de joint-ventures bien préparées.
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Place financière Fintech
03 Premier rapport au printemps ► Un groupe de travail balise le terrain pour un large déploiement du secteur des technologies financières au Luxembourg. ► Son responsable, Nicolas Mackel, prévoit de remettre ses recommandations au ministre des Finances en avril ou en mai. ► Quelque 150 entreprises « fintech », assurant plus de 10.000 emplois, ont déjà été recensées.
Du logiciel pour le back-office des banques aux divers développements de systèmes de paiements à distance, le secteur des technologies financières croît dans des proportions impressionnantes. Les besoins, liés à la fois à la régulation, au souci permanent de réduire les coûts ou au comportement – de plus en plus mobile – du consommateur, sont importants et des start-up poussent un peu partout sur la planète. Il s’agit donc bien d’un secteur d’avenir et le gouvernement luxembourgeois l’a effectivement identifié comme tel dans sa stratégie Digital Lëtzebuerg lancée au milieu de l’année 2014. Pour faire le nid du secteur fintech, comme on l’appelle plus communément, le Grand-Duché a mis en place un groupe de travail au sein du Haut Comité de la place financière. Avec quels objectifs ? « Notre mission est de voir comment consolider le secteur et quelle stratégie développer en fonction des besoins des acteurs financiers au Luxembourg », explique Nicolas Mackel, le CEO de Luxembourg for Finance qui est aussi à la tête de ce groupe de travail. Composé de représentants de différentes associations liées aux secteurs financier et technologique, de représentants d’entreprises du secteur ainsi que de personnes déléguées de ministères, ce groupe formé à l’automne se donne pour but de fournir un rapport au ministre des Finances, qui comprendra ses recommandations. « Nous pensons pouvoir le faire dans le courant de mai, voire déjà en avril prochain », précise Nicolas Mackel. Pour démarrer ses travaux, le groupe de travail a demandé à KPMG de faire un état des lieux du secteur fintech. Avec comme difficulté principale de définir où commence et s’arrête le secteur des technologies financières. Mais ce qui est évident, c’est que le terrain n’est pas vierge. On estime, de manière générale, que les fintech incluent environ 150 entreprises qui représentent plus de 10.000 emplois. Et de nouveaux joueurs continuent de
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▲ Nicolas Mackel : « Notre but est de définir la stratégie à développer en fonction des besoins des acteurs financiers. »
s’implanter pour profiter de l’environnement de la place financière. « Rien que dans le secteur bancaire, on compte entre 80 et 90 professionnels du secteur financier (PSF) de support, note Marc Hemmerling, responsable des technologies de paiements bancaires à l’ABBL. Mais on peut aussi estimer que beaucoup d’entreprises actives dans l’IT global pourraient se tourner vers des solutions pour le secteur financier. » En outre, selon lui, les liens réglementés entre les PSF de support et les banques sont un atout pour le Luxembourg dans la concurrence internationale qui se joue au niveau des fintech. « Nous avons une culture de symbiose entre les acteurs financiers et les PSF de support. C’est un avantage réel pour pouvoir accueillir de nouveaux acteurs. » Sur base du tableau dressé par KPMG, la cellule a pu établir son plan d’attaque. « Mais nous ne sommes qu’au début », poursuit le responsable du groupe de travail. Actuellement, deux sessions ont eu lieu. Elles ont tenté de définir les besoins des acteurs et de voir comment attirer de nouveaux entrepreneurs
fintech dans le but de servir les entreprises présentes au Luxembourg, et, plus largement, sur le marché européen. La prochaine s’intéressera au cadre général à développer pour permettre l’émergence de nouvelles start-up. « Par la suite, nous nous intéresserons au cadre réglementaire, à la formation, à la capacité d’attirer de nouveaux talents, explique Nicolas Mackel. Enfin, il faudra assurer la promotion du secteur fintech, et trouver la meilleure manière de l’intégrer à celle de la Place. » Les premiers jalons de la stratégie devraient donc être rapidement posés. Ensuite, ce sera une course-poursuite pour profiter de la manne que représente le développement des technologies financières. L’étude réalisée par Accenture l’an dernier montre que les investissements dans ce domaine ont explosé ces dernières années. De 930 millions de dollars en 2008 à 2,97 milliards en 2013. Elle montrait aussi que la Silicon Valley californienne aspirait encore un tiers des investissements mondiaux, tandis qu’en Europe deux tiers des financements (265 millions de dollars) allaient à destination de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. À la Place luxembourgeoise de montrer, sans tarder, à quel point elle peut titiller la City. ◄ En résumé Les « fintech », tout le monde en parle. On voit les effets de la technologie au service de la finance, pour quelque 150 entreprises au Luxembourg. Le secteur s'organise, un groupe de travail y veille.
PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
― Texte : Jean-Michel Lalieu
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MON PATRIMOINE GÉRÉ PAR MA BANQUE PRIVÉE À LUXEMBOURG r MON PROJET IMMOBILIER À BRUXELLES r LE MBA DE MA FILLE À LONDRES r MA RÉSIDENCE SECONDAIRE À CANNES r LA START-UP DE MON FILS À MUNICH r MON VOILIER À MONACO
Réseau européen. Siège luxembourgeois.
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Place financière Niches et métiers
04 Une place pour
chaque spécialiste
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► Chahuté par la crise, la fin du secret bancaire, la perte de compétitivité généralisée ou encore l’accroissement de la régulation, le secteur financier se réinvente en investissant des niches de compétences. ► Fonds de pension en pleine croissance, expansion territoriale ou produits alternatifs réclament de nouveaux profils, multilingues, toujours plus spécialisés et prêts à l’emploi. ► Compliance officers, wealth planners, risk managers… s’arrachent à prix d’or sur le marché. ― Texte : Florence Thibaut ― Photos : Luc Deflorenne
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Toujours locomotive de l’économie luxembourgeoise, le secteur financier demeure un des gros employeurs de la Place, après le commerce et juste avant la construction. Parmi les 385.500 salariés du pays, 44.239 personnes travaillaient pour le secteur financier en septembre 2014 (chiffres de la CSSF). 26.151 de ces actifs sont employés dans les 147 banques du territoire. Malgré quelques vagues de licenciements, le nombre total d’emplois a progressé. Ceux qui ont un double background, finance-IT ou finance-legal, voient leur salaire s’envoler, surtout s’ils sont multilingues : anglais et français, allemand aussi de plus en plus et, sans doute demain, chinois et russe, ces langues devenant de beaux bonus. De manière globale, l’ère des généralistes semble être révolue. « Le secteur financier a plus que jamais besoin de spécialistes. La clientèle est de plus en plus internationale et ciblée, je le ressens depuis deux ou trois ans. Les intérêts familiaux sont, par exemple, souvent répartis
▲ Sur une place financière de plus en plus cosmopolite, les talents prêts à l’emploi, multilingues et spécialisés dans des domaines de compétences pointus seront facilement mis en lumière.
dans plusieurs pays suite à plusieurs mariages, des sociétés à l’étranger, etc. Il faut désormais pouvoir jongler entre tous ces aspects fiscaux et réglementaires », contextualise Inge De Wolf, managing partner de la société de courtage en assurance-vie Gatsby & White. « La force du marché luxembourgeois est d’être international par essence. Nous avons l’habitude de gérer cette complexité, sans doute plus que nos voisins. » Pour Aurélie Abarnou, senior consultant chez le recruteur Michael Page, afin de se faire une idée du marché, il faut parfois dissocier secteurs, fonctions et compétences. « Cette année,
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Place financière Niches et métiers nous avons eu quelques difficultés à trouver des bons commerciaux et des gestionnaires avec plusieurs années d’expérience, en particulier pour les banques privées. Ce sont, pour l’instant, les profils les moins faciles à trouver. Ensuite, nous avons aussi eu des demandes de comptables disposant de compétences financières et d’une connaissance locale des Gaap luxembourgeois, soit des profils difficiles à trouver hors de nos frontières. En termes de compétences, on nous a souvent demandé des germanophones, en particulier depuis septembre. De nombreux fonds s’intéressent de près au marché allemand. » Sur le plan commercial, ce n’est plus seulement le prix qui permet de remporter un contrat. Pour nouer une relation sur la durée avec un client, il faut comprendre ses besoins. « C’est sans doute la raison pour laquelle on voit de nombreux juristes ou fiscalistes endosser un rôle commercial. On voit aussi de plus en plus de fiscalistes se former pour devenir wealth planner », complète Inge De Wolf.
Retours d’expérience
Les équipes font la différence
Pour les interlocuteurs du dernier 10x6 dédié aux nouvelles niches de la finance, le constat est simple : ce sont les équipes qui font le succès ou non d’un produit, d’une innovation ou d’un service.
MOBILITÉ ET AGILITÉ Concernant les profils les plus choyés par les clients des agences de recrutement, ce sont les risk managers et autres compliance officers, pas toujours aisés à débaucher, qui remportent la mise. L’édition 2015 de l’étude Global Salary Survey de Robert Walters va dans ce sens. « La forte augmentation de la demande pour les profils spécialisés en gestion du risque et compliance peut s’expliquer par le durcissement des exigences réglementaires, qu’il s’agisse d’AML, de Fatca ou de Bâle III. Beaucoup d’entreprises sont en ce moment à la recherche de profils qui maîtrisent le droit luxembourgeois en plus d’autres expertises. Pour faire bouger ces personnes, généralement en poste, il faut faire jouer le salaire, ce qui ne résout pas le problème de pénurie », explique Bastiaan Fontein, country manager de Robert Walters Luxembourg. « Sous l’impulsion de la CSSF, 2013 était déjà une année importante en termes de réglementation. Nous avons eu énormément de demandes pour des profils expérimentés dans ce domaine », affirme Aurélie Abarnou. Tous métiers confondus, les compétences les plus recherchées aujourd’hui sont l’agilité intellectuelle, la flexibilité et la gestion de projet. Certaines d’entre elles deviennent également plus transversales. « On pouvait, dans le passé, se concentrer sur un domaine et se donner le temps de le maîtriser, mais l’environnement actuel est plus complexe, car il nécessite de suivre un ensemble croissant de réglementations en constante évolution. Aujourd’hui, minimiser les risques et maximiser la conformité réglementaire est devenu la norme pour toutes les classes d’actifs et toutes les activités », mentionne Rebecca Lehmann, DRH chez le cabinet de conseil et d'audit Deloitte Luxembourg. Agile, le marché du recrutement grand-ducal est aussi relativement mobile. « Après quelques années de stagnation résultant de la crise, nous constatons une augmentation de la mobilité, due à deux facteurs : le besoin accru de
Martial Mernier (photo) a créé son entreprise de traduction financière Talk Finance en 2002 sur le constat que très peu de traducteurs étaient spécialisés dans le jargon financier. « Depuis nos débuts, je ressens une demande croissante pour ce type de services. En 2014, nos activités ont progressé de 34 %. 2013 et 2012 avaient déjà été de belles années, explique-t-il. La plupart des acteurs luxembourgeois de la traduction étant plutôt à classer dans la catégorie ‘généraliste’, la concurrence vient plutôt de l’étranger. Le potentiel de croissance est très important. » Le succès de son organisation repose en grande partie sur la formation de ses équipes. « Trouver de bons traducteurs est très compliqué. Le meilleur profil pour nous est un excellent rédacteur disposant d’une bonne compréhension du monde financier et de ses concepts. Ce sont des oiseaux rares. C’est pour-
Très recherchés : les profils plug and play, efficaces immédiatement.
quoi nous formons nous-mêmes nos traducteurs. » Si la demande émanait, au départ, des asset managers, aujourd’hui, les clients sont aussi des banques, des assureurs et d’autres acteurs financiers d’horizons divers. Les changements du cadre réglementaire impactent durablement le travail des traducteurs, amenés à anticiper les exigences documentaires à venir. Suite aux obligations prévues par Ucits IV, par exemple, les volumes ont sensiblement augmenté à partir de la fin 2012 avec l’arrivée du Kiid. « Nous devons obligatoirement nous tenir informés des évolutions réglementaires, ainsi que des nouveaux produits qui sortent sur le marché. Le Priip est d’ores et déjà prévu pour 2016, il va falloir s’y préparer. À chaque modification, nous essayons de contacter nos clients en amont pour pouvoir mieux anticiper les flux de documents. » F. T. ◄
fonctions de contrôle telles que les responsables de département, les experts en risque et compliance, ainsi que l’évolution vers un positionnement à forte valeur ajoutée de la place du Luxembourg dans son ensemble », soutient Benjamin Collette, advisory & consulting partner, global investment management consulting leader et talent leader chez Deloitte Luxembourg. « Les offres d'emploi traditionnelles (des années 2001 à 2007) sont maintenant rares et laissent la place à des rôles à plus forte valeur ajoutée, dans la gestion de produit ou gestion de projet, la structuration de
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Place financière Niches et métiers patrimoine, etc. Cette évolution appuie le repositionnement du Luxembourg en tant que centre à haute valeur ajoutée pour les industries du wealth management et private banking et les services d’actifs. » Outre la spécialisation accrue, la crise aura aussi eu un effet sur les attentes de nombreuses entreprises. « Elles veulent des profils plug and play, directement utilisables », constate Aurélie Abarnou. « Les organisations ne veulent plus prendre le temps d’engager quelqu’un et de le former par après. Elles recherchent des employés prêts et efficaces dès le premier jour », la rejoint Bastiaan Fontein. Néerlandais d’origine, il voit le Luxembourg comme un marché de transition pour de nombreux candidats étrangers. « Nous recrutons dans la Grande Région, mais aussi aux Pays-Bas, en Suisse, au Royaume-Uni et, depuis peu, en Chine. Je constate que le déclencheur pour venir au Luxembourg est bien souvent le salaire. Y travailler sert aussi parfois d’accélérateur pour accéder à d’autres postes dans son propre pays. » Le marché se portant relativement bien depuis l’été 2014, les candidats se montrent parfois plus exigeants sur le plan salarial. « En 2013, plus de gens étaient d’accord d’accepter un nouvel emploi pour relever un challenge ou accéder à une nouvelle expertise. Je me rends compte qu’ils sont nombreux à avoir repris confiance et donc à se montrer plus gourmands cette année », dévoile encore Aurélie Abarnou.
FORMATION APPROFONDIE Les instituts de formation s’adaptent progressivement à cette nouvelle donne. Travaillant avec des associations professionnelles comme l’Alco ou l’Alrim, l’Institut de formation bancaire en fait de même et réalise ses cours et ses programmes de certification sur base de besoins remontés par le métier. Robert Bast, chef de projet, distingue deux tendances fortes qui impactent l’offre de l’institut : la spécialisation des métiers, une fois de plus, ainsi que les évolutions du cadre réglementaire. « Il y a tout un travail de mise à jour qui doit être fait par nos experts. Mifid II est, par exemple, déjà en ligne de mire. Depuis deux ou trois ans, les métiers se spécialisent de plus en plus vite. Une autre tendance de fond : on retrouve aujourd’hui la gestion du risque (risque opérationnel, de marché, etc.) dans beaucoup de métiers différents. » Dans le métier d’auditeur, les contraintes réglementaires font également partie intégrante de l’effort de formation. Et Rebecca Lehmann de partager : « Nous préparons nos équipes de plusieurs manières. En tant qu’expert, il est fondamental de garder un esprit ouvert, d’avoir accès à une documentation spécialisée et de se tenir informé. C’est en confrontant les résultats de nos recherches théoriques avec les réalités du terrain que nous pouvons créer un vrai effet de levier bénéfique pour tous. » Du côté de l’IT financière, autre axe de croissance, les perspectives s’annoncent plutôt réjouissantes. « Avec la crise, de nombreuses
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Fernand Grulms
« Les fonds de pension ont un potentiel énorme » Pour Fernand Grulms, co-fondateur de Pecoma et ex-figure de Luxembourg for Finance, les pensions et les fonds de pension représentent un eldorado qui n’a pas encore atteint son apogée.
Fernand Grulms, qui connaît la Place comme sa poche, constate : « La consultance en pensions est un domaine très pointu, mais qui a beaucoup de perspectives de croissance, que ce soit au niveau domestique ou international. C’est un domaine d’activité passionnant et plein d’avenir, car il nous concerne tous. La taille de ce marché en Europe rejoint celui des fonds d’investissement, le potentiel est énorme. Luxembourg jouit d’une image de confiance et de crédibilité à l’étranger, c’est essentiel dans un domaine où on s’engage sur 40 ans. » Si aujourd’hui les pensions privées sont un avantage destiné aux salariés, les indépendants pourraient constituer une prochaine cible. « Le gouvernement actuel a des textes dans ses tiroirs en ce sens. On compte environ 30.000 indépendants au Luxembourg, il y a une perspective de marché à prendre. Ce n’est pas encore une réalité aujourd’hui, mais je pense que la loi pourrait changer dans le cadre de cette législature-ci. » Autre perspective séduisante et qui
Les contraintes réglementaires font partie intégrante des besoins et de l'effort de formation.
demandera de nouvelles expertises : l’expansion internationale, à condition de créer un mécanisme juridique adéquat supplémentaire. Très réglementé, le marché est limité. Et Fernand Grulms de cadrer : « Aujourd’hui, les systèmes de pension sont organisés sur le plan national. Le fonds de pension transfrontalier est un vieux rêve, qui ne s’est pas encore réalisé. Le groupe Amundi serait, depuis peu, en train de tester une formule depuis Luxembourg. Bien sûr, changer la réglementation est un processus assez compliqué, mais les mêmes contraintes existent dans d’autres secteurs comme l’assurance-vie. Pour des plans ‘expats’, on pourrait s’inspirer du modèle de la fondation. Dans un contexte de globalisation des économies et d’accroissement du nombre de travailleurs mobiles, c’est un axe à creuser pour le pays. Nous avons toutes les compétences requises au Luxembourg. Dans les années 1980, la Place n’était pas non plus spécialisée dans les fonds. Nous avons besoin de précurseurs. » F. T. ◄
banques ont arrêté d’investir dans leur IT. Elles se sont contentées de financer la maintenance de leurs infrastructures pour limiter leurs coûts, résume Bastiaan Fontein. De nombreux systèmes sont aujourd’hui dépassés. Il faudra impérativement investir. Cette année verra donc beaucoup de demandes dans le secteur de l’IT financière. Le potentiel est de taille. » ◄ En résumé Amenée à se réinventer, la place financière a besoin de nouvelles compétences pour investir ses niches. Les profils rares et donc chers sont ceux qui touchent au management du risque, à la compliance, aux aspects commerciaux, ainsi qu’à l’IT financière. Et il y a du potentiel.
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Place financière Registre public des bénéficiaires effectifs
05 Les aléas du devoir de transparence ► La nouvelle directive anti-blanchiment va obliger le Luxembourg à mettre en place un registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés, trusts, fiducies et fondations. ► Aucune information n’a encore filtré pour savoir si les ONG et les journalistes auront accès aux informations.
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
L’affaire LuxLeaks a replacé au centre du débat les devoirs – paradoxaux – de transparence des sociétés écrans et autres trusts / fiducies, qui par nature jouent sur l’opacité de leur structure et de leur actionnariat. Le retoquage de la réglementation luxembourgeoise entamé depuis plus d’un an, après le « zéro de conduite » délivré par le Forum mondial sur la transparence fiscale (et la promesse de sortir prochainement de la non-conformité), et qui s’est traduit, entre autres, par l’encadrement des actions au porteur des sociétés anonymes, n’a visiblement pas suffi à rassurer les partenaires européens. Ces derniers ont poussé encore plus loin les exigences de transparence dans le cadre de la lutte anti-blanchiment. Le 17 décembre dernier, quelques semaines après la seconde vague de l’affaire LuxLeaks, un accord est intervenu, dans le cadre de la révision de la directive anti-blanchiment, entre le Parlement européen, le Conseil de l’UE et la Commission européenne sur l’obligation pour les États membres de tenir des registres publics recensant le nom des bénéficiaires (mais aussi leur date de naissance, nationalité, lieu de résidence ainsi que des détails sur l’état de leur patrimoine effectif ) de sociétés, fondations et fiducies. L’accès à ces registres « publics » serait
restreint. Néanmoins – et c’est la grande nouveauté –, il s’ouvrira aux personnes faisant valoir un « intérêt légitime », ce qui pourrait inclure les journalistes d’investigation ou les ONG. Qui y aura accès ? Les autorités compétentes et leurs cellules de renseignement financier, c’est certain. Et ce le sera sans restriction, ce qui est déjà le cas au Luxembourg pour le registre des actions au porteur, lequel doit être désormais tenu par les banques. Le registre devrait aussi s’ouvrir aux entités soumises à des obligations de vigilance à l’égard de leurs clients comme les banques, PSF, avocats et autres professions réglementées. Le caractère « public » de ces registres nationaux pourrait s’arrêter là, car le texte final a laissé le choix aux États membres de déterminer qui aura accès aux informations en apportant leur propre interprétation à la notion d’« intérêt légitime ». La directive, regrette l’ONG aux avant-postes de la lutte contre la corruption One.org, ne contiendra pas d’obligation pour les États membres d’ouvrir l’accès des registres aux journalistes et aux ONG, alors que le Parlement européen allait dans ce sens. Selon le site Europaforum Luxembourg, le Luxembourg soutenait le projet de directive, mais demandait son alignement strict sur les recommandations du
▲ Les choses bougent, mais l’on ne sait pas encore qui pourra ouvrir les portes de la transparence requise.
Gafi, le groupe d’action pour la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme qui dépend de l’OCDE. On ne connaît pas en revanche la position des autorités sur le point spécifique du registre central des bénéficiaires effectifs, ni l’interprétation qu’elles feront de cet « intérêt légitime » pour autoriser l’accès du public aux informations. Contacté par Paperjam, le ministère de la Justice a fait savoir que le dossier relevait de la compétence de deux ministères, Justice et Finances, mais que les services de Pierre Gramegna avaient la main sur le texte. Impossible à ce stade de savoir ce qui en sortira : « Les deux ministres sont en cours de concertation sur l’approche à adopter. Il est impossible, à ce stade, de communiquer », indique Jeannot Berg du ministère de la Justice. Il faudra peut-être s’attendre à ce que les autorités fassent une interprétation restrictive de l’intérêt légitime, en l’absence d’un lobby suffisamment puissant des organisations de journalistes et des ONG. L’avant-projet de loi présenté par le Premier ministre
Xavier Bettel, sur l’accès aux documents administratifs et les restrictions que le texte contient, montre déjà les limites des intentions du gouvernement de rendre les administrations transparentes à l’égard des citoyens. Il a fallu des années et les coups de boutoir d’abord du Gafi en 2010, dans un rapport d’évaluation sur la lutte anti-blanchiment, puis du Forum mondial sur la transparence fiscale fin 2013 pour que le gouvernement prenne au sérieux ses obligations de transparence et engage des réformes de sa législation. En 2010, le Gafi signalait les faiblesses du Registre de commerce et des sociétés, qui « ne permet pas dans tous les cas de connaître le bénéficiaire effectif des personnes morales », et pointait l’absence de « mesures appropriées » pour « assurer la transparence de l’actionnariat des sociétés anonymes et en commandite par actions ayant émis des actions au porteur ». Depuis lors, des correctifs ont été apportés, mais l’affaire LuxLeaks a poussé les exigences de transparence encore plus loin. ◄ En résumé La refonte de la directive antiblanchiment a débouché fin décembre sur un accord européen. Un des volets porte sur l’obligation de mettre en place un registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés, trusts, fiducies et fondations. Le caractère public sera laissé à l’appréciation des États membres.
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Place financière Luxembourg Fund Governance Survey
06 Le gouvernail
sans coup de barre
► L’échange des bonnes pratiques reste un vecteur clé, auquel les acteurs de l’industrie des fonds sont sensibles. ► Les investisseurs eux-mêmes sont des moteurs d’amélioration.
Le mot gouvernance et les concepts qu’il recouvre occupent depuis la crise une place centrale quand on évoque le secteur financier dans son ensemble. Et on n’y avait pas attendu l’effondrement du secteur pour penser à les appliquer. L’édition 2014 de la Luxembourg Fund Governance Survey, qui vient d’être présentée par PwC et l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila), en a notamment apporté la preuve. « Cette étude est menée tous les deux ans. Il s’agit ici de la septième édition », commente John Parkhouse, président du Fund Committee de l'Ila et deputy managing partner chez PwC Luxembourg. « Celle-ci nous permet d’analyser les pratiques des management companies et des fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg en matière de gouvernance, ainsi que les tendances constatées sur la Place en la matière, afin de mieux les partager avec l’ensemble des acteurs. » Les dirigeants de l’industrie des fonds à Luxembourg semblent particulièrement sensibles à ces aspects. L’adoption des best practices en matière de gouvernance par les acteurs de la Place suit une tendance positive. « Depuis la révision du code de conduite publié par l’Alfi à destination des comités de direction, on constate une réelle évolution dans la mise en œuvre des pratiques de bonne gouvernance auprès de nombreux acteurs », commente John Li, membre du comité exécutif et du Fund Committee de l’Ila. « Et si, concernant les fonds alternatifs, avec des investisseurs institutionnels très exigeants, les bonnes pratiques étaient déjà appliquées, on constate que ce niveau d’exigence s’étend aux Ucits. Avec l’effet de concurrence, sur une place importante comme le Luxembourg, les acteurs exemplaires ont tendance à tirer l’ensemble de l’industrie vers le haut. » Plus que le régulateur, qui est un des moteurs de l’amélioration de la gouvernance, c’est l’investisseur directement qui est demandeur de plus de transparence vis-à-vis du fonctionnement du board. De plus en plus d’investisseurs institutionnels sont particulièrement attentifs à la composition du comité de direction, à l’expérience des administrateurs ; ils demandent des comptes, que les décisions soient justifiées… La transparence
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PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)
― Texte : Sébastien Lambotte
▲ John Parkhouse (PwC et Ila) appuie sur l'impact de la gouvernance, qui tient plus de l'art que de la science.
conditionne la confiance. Par exemple, 75 % des entités liées à la gestion des fonds Ucits communiquent sur la rémunération de leurs dirigeants. Elles n’étaient que 39 % en 2012. Ces exigences se traduisent notamment par l’intégration de membres indépendants au sein des conseils d’administration. Avoir un ou plusieurs indépendants au sein d’un comité de direction permet de prévenir d’éventuels conflits d’intérêts, d’apporter un regard extérieur, détaché des aspects opérationnels, sur la gestion du fonds. Aujourd’hui, 54 % des membres du comité de direction d’un fonds alternatif sont des indépendants. Ils n’étaient que 45 % en 2012. La composition des comités de direction évolue, avec une répartition mieux définie et documentée des rôles et responsabilités en leur sein. « On assiste à une professionnalisation de la fonction d’administrateur et des conseils d’administration en général, précise John Li. Les autorités de contrôle, aujourd’hui, attendent des réponses et de la réactivité de la part des membres d’un comité de direction. Leur responsabilité est aussi mieux mise en
exergue. Il faut donc que chaque administrateur ait une meilleure compréhension des enjeux, de plus en plus complexes, auxquels il doit répondre. » Derrière, on a aussi vu que le risque de sanctions, à l’égard de fonds ou de management companies, ou même à l’égard d’administrateurs personnellement, exigeait de mettre en place une structure de gouvernance de qualité. « La gouvernance, c’est un art plus qu’une science », commente John Parkhouse. Dans la mesure où elle vise avant tout la protection des investisseurs, et donc la confiance de ces derniers dans un acteur et une place financière, la gouvernance doit constituer une préoccupation majeure. « Dans les années à venir, je pense que des comités spécialisés, connexes au board traditionnel, vont se mettre en place, afin de mieux évaluer des fonctions comme l’audit ou les rémunérations. Ces comités doivent faciliter le travail de l’ensemble du board et la prise de décision, précise John Parkhouse. D’autre part, la mise en œuvre d’une fonction d’évaluation du comité de direction lui-même devrait progressivement se généraliser, afin d’améliorer le fonctionnement de celui-ci, mais aussi de mieux rendre des comptes à l’investisseur au final. » ◄ En résumé Parce qu’elle est la clé de la confiance entre investisseurs et acteurs de l’industrie des fonds, la gouvernance est une des préoccupations majeures de la place financière luxembourgeoise. Les bonnes pratiques y sont sans cesse renforcées, comme le démontre la dernière étude Luxembourg Fund Governance 2014, menée par PwC et l’Ila.
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07 Tout sur les rulings… dans un an ► Si, après moult discussions, les rulings seront bien publiés, cela ne sera cependant fait que dans le cadre du rapport annuel de l’Administration des contributions directes. Rendezvous au printemps 2016 donc, pour le bilan de l’année en cours! ― Texte : Véronique Poujol
Les rulings disposent d’un cadre légal depuis le 1er janvier 2015, mais ce n’est peutêtre pas demain que le public pourra avoir une vue exhaustive des décisions qui sortent des ateliers de l’Administration des contributions directes (ACD). La grande nouveauté consiste en la publication de ces rulings, sous une forme anonymisée, pour prendre en compte le secret fiscal. Mais l’article 7 du règlement grand-ducal du 23 décembre 2014 « relatif à la procédure applicable aux décisions anticipées rendues en matière d’impôts directs » prévoit cette publication dans le rapport annuel de l’ACD, sorti en général en mars. Comme le règlement s’applique à compter du 1er janvier 2015, il faudra donc attendre la fin de l’hiver 2016 pour disposer d’un inventaire des décisions anticipées ayant été rendues en 2015. À l’initiative du député Justin Turpel (Déi Lénk), les députés de la commission des finances et du budget devraient néanmoins avoir le droit à des informations détaillées sur l’activité du Bureau 6 d’imposition des sociétés de l’ACD, qui traditionnellement était le seul bureau à établir ces rulings. Le directeur de l’ACD, Guy Heintz, refuse pour sa part d’avancer le moindre élément chiffré, jugeant la question « trop politique » et renvoyant la balle au ministère des Finances. Pierre Gramegna a reçu, de la part de ce même Justin Turpel, une série de 36 questions réclamant le détail des décisions anticipées établies, par année, depuis la circulaire du 21 août 1989, incluant notamment le nombre d’agents de l’ACD les ayant signées, la base d’assiette de départ imposable par société et les montants payés à l’arrivée. Le ministre a promis d’y répondre en janvier… 2015. Rien n’était encore publié à l’heure où nous faisons paraître cette édition. La publication des décisions anticipées a été au cœur du litige ayant opposé le Luxembourg à la Commission européenne. La DG de la concurrence avait demandé initialement à un nombre limité d’États membres, dont le Luxembourg, la liste de leurs rulings. Le ministère des Finances lui avait opposé un refus et l’affaire avait abouti devant les juges européens.
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PHOTO: MINISTÈRE DES FINANCES
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Place financière Décisions anticipées, mode d’emploi
L’affaire LuxLeaks a alors repositionné le problème à une échelle européenne, sinon mondiale. Bruxelles a ainsi réclamé aux 28 de lui communiquer une liste de toutes les sociétés ayant bénéficié d’un ruling entre 2010 et 2013, s’engageant, parallèlement, sur une proposition de directive européenne sur l’échange automatique des rulings dans l’UE. Une approche qui justifia, de la part du Luxembourg, le retrait de son recours contre la Commission. Dans le même temps, le gouvernement a adopté un cadre légal pour les décisions anticipées, désormais payantes (les prix forfaitaires vont de 3.000 à 10.000 euros par unité) et applicables également aux personnes physiques. En outre, dans le cadre du règlement grandducal de décembre dernier, l’ACD a mis en place une commission des décisions anticipées chargée d’aviser les rulings que lui présentent les différents bureaux d’imposition. Nommés par le directeur de l’ACD, les membres de cette commission ne sont pas connus. « Cela relève de décisions internes à l’administration », explique M. Heintz. La publication de sa composition tiendrait à ses yeux du « voyeurisme » et « ne servirait à rien ». Le directeur de l’ACD laisse par ailleurs entendre que, sous la pression internationale (OCDE, UE), la publication des décisions anticipées pourrait se faire, dans une prochaine étape, sur le site internet de l’administration dès leur délivrance, sans attendre la publication du rapport annuel. « Mais il n’y a rien de très concret pour le moment », s’empresse de préciser M. Heintz. ◄
▲ Pierre Gramegna, ministre des Finances, devrait communiquer prochainement les détails des rulings déjà établis au Luxembourg.
Législation européenne
Des obligations en plus pour les conseillers fiscaux ? Le scandale LuxLeaks et les révélations sur «l’ingénierie fiscale agressive» avaient déclenché en novembre, en parallèle à la demande d’enquête parlementaire visant Jean-Claude Juncker, une série de questions des eurodéputés. Le commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, y a répondu le 12 janvier dernier en un tir groupé, détaillant les initiatives de Bruxelles pour s’attaquer aux pratiques fiscales dommageables (échange automatique d’informations fiscales, révision de la directive mère-fille, assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés). Il évoque aussi la proposition législative sur la procédure obligatoire d’informations concernant les rulings fiscaux transfrontaliers. La Commission, assure-t-il, «étudie actuellement la question de savoir s’il conviendrait de compléter les nouvelles règles s’appliquant aux administrations fiscales par une obligation supplémentaire de communication d’informations de la part des entreprises ou de leurs conseillers fiscaux». V. P. ◄
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Place financière Bil et KBL epb
Bruxelles-Genève, via Luxembourg et Doha
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► Aux mains d’un actionnaire qatari commun, la Bil et KBL epb s’entendent stratégiquement pour développer chacune leurs points forts, de manière indépendante, mais complémentaire. ► L’exemple du marché suisse est assez parlant.
PHOTO : LICENCE CC
― Texte : Alain Ducat
« Précisions capitales pour demi-sœurs », titrait-on dans notre édition de janvier. Et cela se confirme : la bonne entente des banques luxembourgeoises sous l’égide de leur actionnaire commun qatari lorsqu’il s’agit de produire des synergies opérationnelles et stratégiques, évidemment win-win, a encore trouvé de quoi s’illustrer en ce début d’année 2015. Fin janvier, la Banque internationale à Luxembourg (Bil) et KBL European Private Bankers (KBL epb) ont annoncé deux accords, concernant leurs activités respectives en Suisse et en Belgique. Le premier concerne le rachat de KBL Suisse par la branche helvète de la Bil. Le deuxième accord fait un peu l’inverse, avec cette fois la Belgique pour cible. Puilaetco Dewaay, filiale belge de KBL epb, récemment renforcée par le rachat de la branche belgo-luxembourgeoise d’UBS, reprend les opérations de Bil Belgique, succursale de la banque privée lancée en 2013, sans rencontrer un enthousiasme particulier sur le marché belge. Ces transactions, soumises à l’approbation des autorités de surveillance, devraient être conclues d’ici la fin du premier semestre 2015. Les signatures ont libéré la phase de closing, pour les échanges d’actions menant vers la fusion opérationnelle, côté belge et côté suisse, et un business bien en place pour la fin de l’année. Les modalités financières de ces accords n’ont, évidemment, pas été dévoilées, mais « elles ont été négociées aux conditions normales du marché », soulignent les deux banques. Bil et KBL epb précisent encore que, outre ces transactions et
une intelligence pour discuter ensemble, chaque groupe continuera à se développer de manière indépendante au Luxembourg et à l’étranger. Et chacune sur des marchés de prédilection où elle a de l’expérience et une masse critique appréciables. Leurs dirigeants assument totalement cette façon d’avancer, à la fois séparément et ensemble. Yves Stein (Group CEO de KBL epb) et Hugues Delcourt (CEO du groupe Bil) se connaissent bien, depuis longtemps, et s’apprécient visiblement. « Il y a une stratégie propre à chaque entité. Mais il est clair que nous avons un actionnaire commun, Precision Capital, qui avait clairement évoqué ses ambitions et ses axes de développement », dit Yves Stein. « Chaque entité est indépendante, mais nous faisons partie, quelque part, d’une même famille, ajoute Hugues Delcourt. Il y a une complémentarité de nos réseaux et de nos activités. On peut se faciliter la vie mutuellement, par exemple en menant à bien des accords commerciaux comme ceux-ci. » Le groupe Bil confirme donc sa stratégie d’expansion misant sur les principaux centres financiers et de gestion en banque privée, hors Europe, en renforçant ses points d’ancrage en Suisse, en plus du Danemark, de Dubaï et de Singapour. Bil propose ses services à Genève, Lugano et Zurich. Et les clients de KBL epb bénéficieront du coup de la plateforme de la Bil en Suisse, laquelle est effectivement assurée d’un quasi doublement de volume. Hugues Delcourt se félicite particulièrement de l’entité bancaire forte que représentera la nouvelle mouture de Bil Suisse. Soulignant l’importance de l’acquisition de
▲ La réputation dont jouit la banque privée suisse challenge la Bil, qui croît notamment aux bords du lac de Genève.
KBL (Switzerland) Ltd, il explique : « Cette nouvelle dynamique nous apporte de nombreuses opportunités de croissance et d’amélioration de nos services. La Bil bénéficie d’une présence de longue date en Suisse. Ce pays a toujours accueilli nos bureaux et plateformes les plus importants hors Luxembourg. » Si, côté belge, il ne faut pas s’attendre à des chamboulements particuliers, côté suisse, une fois le processus de fusion opérationnel, une nouvelle équipe de management se mettra en place et on peut a priori prévoir une cascade de postes au sein du groupe Bil. En octobre 2014, Thierry de Loriol avait été hissé au poste de CEO de la filiale suisse, dont il est chargé de développer les activités de banque privée et de gestion de patrimoine, en Suisse et à l’international.
Cela passe aussi par une augmentation des actifs sous gestion et, le cas échéant, par des reprises et acquisitions. Le processus avait été freiné par les amendes, parfois très lourdes, qui ont plu sur la Suisse. Les « petites banques étrangères », dont la Bil, avaient plutôt mis en veille leurs projets à cause du programme américain de régularisation fiscale. Bil, à l’approche de la fin 2014, avait livré les documents requis par l’Oncle Sam, mais ne semblait pas encore complètement détendue sous l’épée du Damoclès américain… À l’aune de la chasse américaine, de la quête de transparence générale et de clients européens pas toujours en conformité fiscale dans le concert international, autant s’appuyer sur une bonne entente familiale pour pratiquer, avec intelligence, l’échange de bons procédés. ◄ En résumé La Banque internationale à Luxembourg (Bil) et KBL European Private Bankers (KBL epb) ont annoncé la signature de deux accords, concernant leurs activités respectives en Suisse et en Belgique. La stratégie commune de deux entités indépendantes, avançant chacune sur son terrain de prédilection, s’affine.
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Place financière La semaine de l’argent
09 L’éducation qui compte ► La charte D’Woch vun de Suen signée par les acteurs de la Place témoigne de leur vif intérêt porté au thème de l’éducation financière. ► L’ABBL, en tête, souhaite rallier un maximum d’institutions publiques et d’acteurs privés. ― Texte : Thierry Iochem
Comment ouvrir un compte en banque ? Pourquoi épargner ? À quoi ressemble un budget familial ? C’est pour répondre à ces questions – et bien d’autres – que les principaux acteurs de la Place viennent de signer la charte D’Woch vun de Suen (la Semaine de l’argent, qui sera organisée du 9 au 13 mars prochain) visant à sensibiliser les enfants de 10 à 11 ans à la bonne gestion de l’argent. « Le cycle 4.1 a été privilégié dans la mesure où, dès l’âge de 12 ans, ces enfants sont légalement autorisés à ouvrir un compte courant, à disposer d’une carte de débit et à faire leurs premiers pas dans le web banking », indique Yves Maas, le président de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL), signataire de la charte aux côtés de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) et de cinq grandes banques de la Place (Banque Raiffeisen, BCEE, Bil, BGL BNP Paribas et ING). À travers un enseignement dispensé sur la base du volontariat par des professionnels du secteur financier et les instituteurs d’une dizaine d’écoles participantes, formés pour la circonstance par l’asbl allemande My Finance Coach, les enfants pourront suivre dans la langue de Merkel l’un des trois modules de 90 minutes consacrés à la planification, l’achat et l’épargne, et effectuer des visites au cœur de la Banque centrale du Luxembourg ou du Musée de la BCEE. Les acteurs financiers n’ont pas attendu que cette initiative voie le jour pour prendre les devants. Des défis à court et moyen termes ont d’ores et déjà été définis. Il s’agit de sensibiliser sur l’importance du sujet au niveau national, rassembler les acteurs importants dans un groupe de travail pour élaborer une stratégie, faire l’inventaire des acteurs et des initiatives existantes, organiser et mettre en place les premières actions pilotes. Cela posé, le thème de l’éducation financière dépasse largement le cadre national. Cette Woch vun de Suen s’inscrit dans la Semaine européenne de l’argent imaginée par la Fédération bancaire européenne et sera dupliquée dans 28 pays, dont 24 de l’UE. Sur le plan international, l’ABBL, en sa qualité de membre de l’Union bancaire francophone, avait déjà salué fin novembre
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▲ Les enfants de 11 et 12 ans sont les premiers à devoir être sensibilisés à la meilleure façon de gérer leur argent.
l’adoption de la première résolution sur l’éducation bancaire et financière par l’Organisation internationale de la francophonie, laquelle appelle ses adhérents – dont le Luxembourg – à adopter des stratégies nationales pour l’éducation bancaire. Cela se fait en s’appuyant sur des partenariats entre acteurs publics et privés, mais aussi en développant des actions ciblées en lien avec le renforcement des institutions de microfinance. Si elle part d’une bonne volonté, l’idée que des organismes financiers de la Place puissent assurer l’éducation financière des jeunes Luxembourgeois ne plaît pas à tout le monde. À commencer par le député Justin Turpel (Déi Lénk) qui, dans une question parlementaire, se demande s’il est « judicieux de laisser le monopole de l’apprentissage de la gestion de l’argent à l’ABBL, dont une grande partie des membres n’est pas étrangère à l’éclatement de la crise financière que nous traversons ». L’ABBL rappelle qu’elle ne prétend pas détenir le monopole en matière d’éducation
financière et qu’elle cherche, bien au contraire, depuis le départ, à associer à ses réflexions les autorités et les administrations publiques, les acteurs du secteur privé et diverses ONG. Sans même parler du soutien du ministère de l’Éducation nationale… Mieux encore : des garde-fous ont été mis en place. « Les paragraphes de la charte décrivent ce à quoi s’engagent les participants en termes de neutralité. Il y est stipulé entre autres que toute forme de marketing et / ou de publicité est interdite », précise Yves Maas. Pourtant, même si elle s’effectue sur la base du volontariat, la Woch vun de Suen n’est pas une initiative complètement désintéressée, du moins sur le long terme. « L’école est l’endroit par excellence où nos enfants apprennent les bases dont ils auront besoin tout au long de leur vie », explique Marc Saluzzi, président de l’Alfi. « Plus un client est informé, moins il commet d’erreurs », complète Yves Maas, qui rappelle que le monde a évolué et que la moindre signature d’un contrat sur internet, pour l’achat d’un GSM par exemple, peut avoir des conséquences importantes. « Sans oublier le fait que les jeunes ramènent l’information au sein de la cellule familiale », précise Philipp von Restorff, responsable de la communication à l’ABBL. Client un jour, client toujours… ◄ En résumé Et si on apprenait aux enfants à gérer dès l'école ? Des initiatives sont déjà lancées. La Semaine de l'argent est relayée au Luxembourg, où l'ABBL est partante pour jouer la carte de la sensibilisation, avec les acteurs concernés.
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Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview
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Martine Feipel et Jean Bechameil ont été invités par le Cercle Cité et le Luxembourg City Film Festival à présenter l’exposition Mélancholic qui mue l’espace d’exposition en une vision déconstruite, comme en situation intermédiaire où la forme que prend le lieu évoque la mélancolie. Rappelons que Jean Bechameil a travaillé sur de nombreux plateaux et décors de films, dont Madame Bovary de Claude Chabrol, et Antichrist, Manderlay, Dogville ou encore Dancer in the Dark de Lars von Trier.
La création d’Antigone dans une adaptation contemporaine d’Ivo van Hove en anglais risque de faire grand bruit. Dans le rôle-titre, on attend une Juliette Binoche bouleversante dans cette histoire d’une révolte en faveur de la dignité humaine, l’histoire de toutes les résistances. Plus question de destin tragique qui s’acharne : ici, il est question d’une femme qui, par son courage, défend des valeurs profondément et universellement humaines.
La société de production Tarantula fête cette années ses 20 ans. Elle est en effet née en 1995 de la rencontre entre Eddy Géradon-Luyckx et Donato Rotunno. Un nouveau logo, une publication, une soirée festive et, bien sûr, toujours des films exigeants et ambitieux. Secrets of War sera présenté au Luxembourg Film Festival, Le Chant des hommes ou La Volante suivront dans l’année. Sans oublier le projet Dreams Have a Language avec Sylvie Blocher.
Les 25, 27 et 28 février au Grand Théâtre de Luxembourg www.theatres.lu
Le 05 mars au CarréRotondes www.tarantula.lu
Du 13 février au 08 mars, au Ratskeller
Pour célébrer les 50 ans de la création du Théâtre des Casemates, un livre retrace son histoire et revient sur les grands personnages qui l’ont animé, Tun Deutsch en tête. De nombreuses photos, des affiches (signées Lex & Pit Weyer) et des témoignages montrent l’importance de ce petit théâtre pour la scène luxembourgeoise, essentiellement germanophone. Édité par le Centre grand-ducal d’art dramatique
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Le Musée d’Histoire de la Ville de Luxembourg et la Villa Vauban accueillent deux nouveaux amis : le chien Mil et l’oiseau Edouard, personnages délicieusement rétro dessinés par Stina Fisch (ils se sont aussi prêtés au jeu de l’interview pour se présenter). Ils aident à repérer les événements dédiés aux enfants et aux écoles dans les programmes culturels de l’institution.
L’OAI vient de faire paraître la nouvelle version de l’Architectour, qui propose 14 circuits pour découvrir l’architecture contemporaine à travers le pays. Il est vraiment dommage de mettre tellement d’efforts à créer cette brochure qui présente un vrai intérêt, aussi bien pour les autochtones que pour les touristes, et que le résultat graphique soit si repoussant… www.architectour.lu
07/03 Pour sa cinquième édition, le Mois européen de la Photographie au Luxembourg s’intéresse à la mémoire photographique. Comment la photographie contemporaine appréhende-telle le passé, notamment les événements qui caractérisent l’Europe et son histoire ? Par ailleurs, un prix sera remis
par Arendt & Medernach à l’un des cinq artistes émergents du projet d’exposition Memory Lab – Photography Challenges History : Marcell Esterhazy, Tatiana Lecomte, Andreas Mühe, Borut Peterlin et Lina Scheynius. De nombreuses expositions, dont la première au Mudam à partir du 07 mars
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Désirs Culture
ZOOM SUR
M+M
― Texte : France Clarinval ― Photo : Sven Becker
Le duo d’artistes Marc Weis et Martin De Mattia expose au Casino un cycle de vidéos très ambitieux. 7 Tage fait état de l’ambivalence des sentiments et des changements d’identité. La première fois qu’on a rencontré M+M, c’était il y a 10 ans, quand ils étaient parmi les premiers invités du Kiosk mis en place par l’Association des critiques d’art. À l’époque, Marc Weis et Martin De Mattia travaillaient déjà ensemble depuis 10 ans et ils avaient utilisé le média de la presse pour nous confronter aux images d’actualité, les déclarations de George Bush lors de l’arrestation de Saddam Hussein. L’eau a coulé sous les ponts, mais M+M s’intéresse toujours autant à l’image et à la construction du discours, de la narration. Ils utilisent le film pour mettre en évidence les sentiments ambivalents face au temps qui passe, aux identités et émotions changeantes. L’exposition en cours au Casino Luxembourg illustre parfaitement ces préoccupations. 7 Tage comprend sept installations réalisées successivement depuis 2009 et montrées pour la première fois dans leur ensemble. Le personnage principal de ces films est le même homme, joué par l‘acteur Christoph Luser, montré dans des situations d’apparence banales et quotidiennes mais qui révèlent chacune un autre aspect de sa personnalité ambivalente, parfois mélancolique, parfois menaçante. « Ces sept situations sont inspirées de moments clés dans sept films importants de l’histoire du cinéma. Ce sont sept jours qui sont autant de facettes d’un personnage », détaillent les artistes. Pour mettre en évidence l’ambiguïté de la personnalité du personnage, les séquences sont filmées deux fois et présentées en parallèle, chaque fois avec un interlocuteur différent. Ainsi, le protagoniste est à la fois père et amant, agressif et passif, protecteur et bourreau… « Le dénominateur commun dans 7 Tage est un état de crise latent, un moment de basculement ou de flottement où le protagoniste, conscient
ou non, se trouve à un tournant – en amant, en danseur ou en meurtrier », détaille Martin De Mattia. Dans Sonntag, par exemple, le même dialogue se noue entre un homme et sa femme et, parallèlement, entre l’homme et sa fille. Extraite du film Le Mépris, la scène prend une tournure tantôt érotique, tantôt protectrice. Dans Samstag, le protagoniste principal danse en même temps avec une fille et un jeune homme. Cet extrait de Saturday Night Fever développe une ambiguïté sur l’orientation sexuelle du personnage. Francesco de Liliana Cavani a inspiré Donnerstag dans une scène où saint François donne tout ce qu’il possède à Dieu. Transposé dans un contexte contemporain du monde de la finance, c’est face tantôt à son père (le Luxembourgeois André Jung), tantôt à sa mère que le protagoniste se débarrasse de ses biens matériels. Le film d’horreur Tenebre de Dario Argento (Freitag), le troublant Mari de la Coiffeuse de Patrice Leconte (Dienstag) ou l’inquiétant Shining de Stanley Kubrick (Montag), le romantique Un Homme et une Femme de Claude Lelouche (Mittwoch) complètent la semaine. Le Luxembourg Film Festival a également programmé un film que M+M a réalisé avec six autres artistes. « Nous avons retourné, réinventé les différentes séquences de L’Âge d’Or de Bunuel. C’est une approche plutôt politique qui revisite la question du scandale provoqué par ce film, qui a été interdit de projection pendant 50 ans », explique Marc Weis. Jusqu’au 3 mai au Casino Luxembourg Projection le 3 mars à la Cinémathèque dans le cadre du Luxembourg Film Festival www.casino-luxembourg.lu www.luxfilmfest.lu
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Gwen de Bonneval Président du jury 2015
Sélection de bandes dessinées
LE PALMARÈS D’ANGOULÊME
Le 42e Festival de la bande dessinée d’Angoulême a été marqué par un vibrant hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo avec un Grand Prix spécial et a également consacré pour la première fois un auteur de manga japonais. Le reste du palmarès est tout en équilibre.
GRAND PRIX Katsuhiro Otomo
C’est un résultat historique puisque c’est la première fois qu’un auteur japonais, en l’occurrence Katsuhiro Otomo, est proclamé lauréat du Grand Prix. Les autres auteurs en lice pour ce prix étaient Hermann et Alan Moore.
FAUVE D’OR L’Arabe du futur de Riad Sattouf
Lauréat du Prix du meilleur album à Angoulême en 2010, Riad Sattouf, en observateur averti de la tragédie contemporaine, entame avec cet album un triptyque autobiographique qui relate son enfance passée entre la France et la Syrie. Éditions Allary
PRIX SPÉCIAL DU JURY Building Stories de Chris Ware
PRIX DE LA SÉRIE Lastman de Bastien Vivès, Michaël Sanlaville et Balak
Cet ouvrage, écrit par le lauréat du Prix du meilleur album en 2003 avec Jimmy Corrigan, rassemble 14 livres tous différents par leur forme et leur format. Lisibles dans n’importe quel ordre, ils recomposent le parcours d’une jeune fleuriste unijambiste, sa quête de l’âme sœur et la vie de son petit immeuble de trois étages.
Ultime volume d’une première saison, ce sixième tome de Lastman conclut provisoirement les aventures de Richard Aldana et de son jeune équipier Adrian. À la fois tentative de shonen et hommage au genre, cette série française fédère toute une génération de passionnés de mangas et de jeux vidéo.
Éditions Delcourt
Éditions Casterman
PRIX RÉVÉLATION Yékini, le roi des arènes de Lisa Lugrin et Clément Xavier
Cette histoire originale raconte les parcours croisés de Tyson, Balla Gaye 2 et Yékini, lutteurs populaires de laamb et personnages existants. Mélangeant dessins et photos, cet ouvrage s’avère être un formidable reportage sur le Sénégal d’aujourd’hui. Éditions FLBLB
Sélection de carnavals à proximité
FÊTER LE CARNAVAL
DANS UNE BANDE À DUNKERQUE
AVEC LES GILLES À BINCHE
CARNAVAL DE COLOGNE
À Dunkerque, vous pourrez rejoindre l’une des « bandes » (comprendre défilé d’un des quartiers) où les hommes travestis en femmes avec chapeaux à fleurs multicolores défilent sous les parapluies bariolés, sans oublier de participer à un « chahut ». On vous recommande spécialement celle de Malo (22 février) pour la bonne ambiance et le bord de mer. Ne ratez pas le lancer de harengs (15 février) par le maire de la ville sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
Ce carnaval traditionnel de Wallonie est reconnu au patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco. En suivant le rythme des tambours ou des violes, les gilles défilent dans les rues de la ville. L’apothéose des défilés se déroule le Mardi Gras. Les gilles portent des masques de cire, ainsi que des chapeaux en plumes d’autruche et distribuent des oranges aux spectateurs. C’est un des plus beaux carnavals de Belgique.
Ce carnaval est préparé depuis le 11 novembre à 11 h 11 et s’achève au bout de six jours de fête. Au son des « Alaaf ! » (« en avant ! »), cris de ralliement des cortèges, deux carnavals se déroulent : un « officiel » avec un grand défilé qui peut être observé depuis des tribunes (payantes) et un « off », beaucoup plus libre et improvisé. Le défilé officiel se déroule le lundi (Rosenmontagszug) et les participants sur des chars distribuent bonbons et roses au public.
De janvier à mars, www.ot-dunkerque.fr
Du 15 au 17 février, www.carnavaldebinche.be
Du 12 au 17 février, www.koelnerkarneval.de
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PHOTOS : VILLE DE DUNKERQUE, VILLE DE BINCHE, J. RIEGER, KÖLN / FESTKOMITEE KÖLNER KARNEVAL
Sans aller très loin de chez nous, il y a plusieurs carnavals à découvrir et à expérimenter pour leurs ambiances festives. Nous en avons sélectionné trois.
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FACULTY OF LAW, ECONOMICS AND FINANCE
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Maison Moderne recrute. La première entreprise média indépendante du Luxembourg propose actuellement 7 offres d’emploi et 3 propositions de stage dans ses différents départements de Maison Moderne.
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Désirs Shopping Saint-Valentin
POUR SÉDUIRE VOTRE VALENTIN(E)
POUR ÊTRE CURIEUX À DEUX Proposez-lui de participer aux activités de Design Friends qui promeut le design et ses créations sous toutes ses formes, et découvrir par exemple l’exposition organisée au Casino Luxembourg à l’occasion de leurs cinq ans : Resolute – Design Changes (jusqu’au 19 avril).
POUR LUI DÉCLARER VOTRE FLAMME Pour lui dire combien vous l’aimez, autant le faire avec style en choisissant parmi les sublimes bijoux du créateur luxembourgeois Claude Schmitz (représenté par la galerie Orfèo à Luxembourg). Ici : modèle Donna en or et quartz fumé.
www.designfriends.lu
POUR CHANGER SES HABITUDES Profitez de cette occasion pour vous octroyer une soirée pas comme les autres en allant dormir dans un bel hôtel. Parmi les adresses de charme, le Place d’Armes, qui propose même une formule Escapade romantique ou une offre Saint-Valentin. Ce pourrait être l’occasion également d’essayer le restaurant gastronomique La Cristallerie qui vient de recevoir sa première étoile.
POUR SAVOURER DE DÉLICIEUX NECTARS L’atmosphère des bars à vin est propice à la confidence et au romantisme. En plus du cadre chaleureux, vous pourrez découvrir de merveilleuses bouteilles. On vous recommande particulièrement le nouveau Vinissimo (1, boulevard Raiffeisen à Gasperich), Dipso (4, rue de la Loge en centre-ville) et Vins fins (18, rue Münster dans le Grund).
POUR SE FAIRE DU BIEN MUTUELLEMENT La vie de tous les jours peut être stressante, alors pourquoi ne pas apprendre à masser votre compagnon pour lui procurer un moment de détente. Relax Max propose des formations de massage en couple où chacun apprend tour à tour des gestes qui font du bien à l’autre (www. relax-max.eu). Sinon, l’institut de beauté Gaia propose des massages en duo (3, rue des Capucins).
PHOTOS : MAISON MODERNE, PATRICK MULLER, PLACE D’ARMES, MAISON MODERNE-BENJAMIN CHAMPENOIS, JEANINE UNSEN
14 février oblige, nous avons sélectionné pour vous quelques idées pour séduire votre Valentin(e) en version 100 % locale.
Mode urbaine chic
Impertinence anglaise
Pour les belles de ces jours
C’est dans un esprit industriel, avec tuyaux et système électrique apparents, que les vêtements minimalistes et sobres de Loft design by… se présentent simplement à ceux qui veulent les acquérir. On ressent tout de suite l’esprit cultivé et urbain de la maison : sur les murs, des extraits de poèmes, des compositions insolites. Les vêtements sont tous dans des tonalités blanches, noires ou grises, avec des couleurs chinées ou délavées, et réalisés dans des matières allant du beau coton au cachemire en passant par le bambou ou le soja.
On se réjouit de voir rouvrir la boutique Paul Smith, cette fois-ci gérée directement par la maison mère, car l’adresse est simplement magnifique. En plus de retrouver les collections élargies (homme, femme et enfants) de cet impertinent du chic, on a désormais le plaisir d’avoir une très belle boutique dont la façade bleu-gris mérite à elle seule un coup d’œil.
Tara Jarmon a décidé de rouvrir une boutique à Luxembourg après quelques années d’absence. C’est donc dans une très belle boutique que l’on retrouve avec plaisir les collections féminines aux détails précieux de la marque française. Les silhouettes sont élégantes et souvent « twistées » par un petit quelque chose en plus qui fait la différence.
82, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville)
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3-5, rue du Fossé à Luxembourg (Centre-ville)
4, rue des Capucins à Luxembourg (Centre-ville)
PHOTOS : OLIVIER MINAIRE
Ouvertures
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Strip and night bar restaurant. Re-discover one of the most amazing venues in Luxembourg city. Food served until early morning . Open every day from 9pm to 9am
Adresse : 13 rue Dicks L-1417 Luxembourg Tel : 00352 49 05 52 www.saumur.lu
SAUMUR_07_2014.indd 21 097_PUB_SAUMUR.indd 97 103_PUB_SAUMUR.indd 103 111_PUB_SAUMUR.indd 111
26/6/14 10:19 2/7/1403:49 16:26 4/9/14 11:33 24/11/14 15:58 06/02/2015 PM
Désirs Gastronomie
CHAMPIGNONS MAISON
Innovant, parfaitement dans l’air du temps, le kit « Prêt à pousser » promet à chacun de faire pousser des pleurotes dans sa cuisine. On a testé : c’est facile, c’est ludique et c’est bon. Le kit contient un sac avec sciure et mycélium. On l’ouvre, on l’humidifie chaque jour et… ça pousse ! Les pleurotes poussent en 10 jours. La récolte de 200 à 300 grammes est prête à être cueillie puis cuisinée. En vente chez Organic food & more 59, Grand-Rue à Roeser
LA RECETTE DE JÉRÉMMY PARJOUET
3, rue de la Tour Jacob à Luxembourg (Clausen) www.brasserie-mansfeld.lu
UNE SOIF DE RENARD
Une galerie de « portraits » de renards accueille le client assoiffé. Normal, on est au Café Beim Renert. Ce bistrot typiquement luxembourgeois vient d’être repris par une équipe de jeunes gens pleins d’idées. Les papys n’ont pas déserté les lieux et le mélange de publics fonctionne : ni lounge, ni ringard. Également une petite restauration : Bouneschlupp et boulettes. 20, place Guillaume II (Centre-ville) www.beimrenert.lu
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PARMENTIER DE TREIPEN
Le chef vient de reprendre Le Lion d’Or où il propose une cuisine classique de brasserie franco-luxembourgeoise. La recette du parmentier de boudin est un lien parfait entre ces deux traditions culinaires. BASE POUR LE BOUDIN 1,5 kg de gras de porc haché 5 kg d’oignons hachés 2,5 l de sang 125 g de sel 15 g de piment doux moulu 10 g de poivre blanc moulu Recette pour 4 personnes : 800 g de boudin noir 500 g de pomme de terre 125 g de beurre 2 dl de lait 1 Granny Smith 2 bottes de roquettes fleur de sel huile de citron
► Faire revenir le gras et les oignons hachés, cuire au four à 100 °C toute une nuit. ► Le lendemain, ajouter le sang et l’assaisonnement, mettre en sac sous vide de la contenance d’un litre et cuire au cuit vapeur à 80 °C pendant 30 minutes. Garder au frais. Les moins téméraires pourront acheter du boudin de qualité chez le boucher. ► Cuire les pommes de terre avec la peau dans de l’eau salée, ne pas faire bouillir pour éviter que les pommes de terre n’éclatent. Les éplucher, passer au presse-purée, ajouter le beurre et le lait et rectifier l’assaisonnement. ► Réchauffer le boudin à la casserole, faire plus ou moins colorer suivant les goûts. ► Tailler la pomme en julienne (fins bâtonnets), nettoyer la roquette et la mélanger à la pomme. Ajouter de la fleur de sel et de l’huile de citron. ► Dresser le parmentier par couches successives et ajouter le mélange pomme / roquette sur le dessus. Le Lion d’Or 201, route d’Arlon à Strassen Tél. : 26 33 44 04
PHOTOS : GAËL LESURE / OLIVIER MINAIRE
MANSFELD ROUVRE
Après d’importants travaux, la brasserie de Clausen retrouve son lustre. La Brasserie Mansfeld a pris un joli coup de frais : pierres apparentes, plusieurs salles sur plusieurs niveaux, mobilier chocolat… Dans l’assiette, c’est une cuisine française plutôt classique, non sans certains twists qui mettent les papilles en éveil. Plat du jour à 17 euros, menu trois services à 49 euros et des tas de propositions à partager.
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JEUDI
LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE, EN PRATIQUE
05 MARS
Le Club vous propose une journée composée de six ateliers différents consacrés à la propriété intellectuelle animée par les experts de l’Office Freylinger.
PROGRAMME 08:30
Accueil
09:00
Deux workshops en parallèle • Détection et appropriation de la propriété industrielle • Management de la propriété intellectuelle, licensing et valorisation
10:30
Pause café
10:45
Deux workshops en parallèle • Les nouveautés : brevet unitaire, secrets d’affaires, protection des marques • Évaluation financière des droits de propriété intellectuelle
12:15
Networking lunch
14:00
Deux workshops en parallèle • Protection du logiciel et conflits liés à l’internet • Aspects fiscaux de la propriété intellectuelle
15:30
Networking snack
LIEU
INSCRIPTION OBLIGATOIRE
Neimënster 28, rue Münster 2160 Luxembourg Luxembourg
www.Paperjam.club
IPENPRATIQUE_230x300.indd 1 113_PUB_AUTOPROMO PROPRIETE INTELLEC.indd 113
ÉVÉNEMENT ORGANISÉ PAR
EN PARTENARIAT AVEC
TARIF NON-MEMBRE
Journée : 600 € Matin : 500 € Après-midi : 250 €
2/6/15 12:09 06/02/2015 12:25 PM PM
DĂŠsirs Interview – Culture sociĂŠtĂŠ luxembourgeoise Ă travers un personnage, ne pas faire d’interview, ne pas ajouter de voix off, ni d’effets spĂŠciaux, ni de musiques additionnelles‌ Ce sont donc des documentaires d’observation qui, par touches, arriveront Ă montrer une certaine ‘luxembourgitude’. Au dĂŠbut, notre titre ĂŠtait Parallel WĂŤlten (mondes parallèles), car c’est bien cela : une sĂŠrie de mondes parallèles qui vivent sans rĂŠellement se cĂ´toyer. Mais votre titre, c’est routwäissgro (rouge blanc gris). Expliquez-nous. Y. T. : ÂŤ C’est une allusion au drapeau luxembourgeois – rout wäiss blo – en jouant sur la sonoritĂŠ du blo et gro. Gris veut ĂŠvidemment dire que la sociĂŠtĂŠ n’est ni blanche ni noire, que toutes les nuances de gris la composent et que c’est ça qui est intĂŠressant. Votre modèle, c’est la sĂŠrie belge Strip tease ? Y. T. : ÂŤ C’est une rĂŠfĂŠrence ĂŠvidente quant Ă la forme, Ă la manière de tourner en immersion et Ă la volontĂŠ de n’Êcarter aucun sujet, mĂŞme des aspects moins reluisants de la sociĂŠtĂŠ. MĂŞme si nous avons sensiblement moins de moyens qu’eux, on est clairement dans le cinĂŠma social europĂŠen. Jesus Gonzalez : ÂŤ En termes de production, nous avons fixĂŠ, pour chacun, deux mois de prĂŠparation, huit jours de tournage, 10 jours de montage et trois pour le son.
ROUTWĂ„ISSGRO
24 NUANCES DE GRIS
RÊpondant à l’appel du Film Fund et de RTL, le collectif de rÊalisateurs K13 propose une sÊrie de documentaires qui sont autant d’aspects socioculturels du Grand-DuchÊ. routwäissgro sera diffusÊ à partir du 1er mars. Rencontre avec Yann Tonnar, rÊalisateur et coordinateur du projet, Jesus Gonzalez, producteur, et Laura Schroeder, rÊalisatrice. ― Interview : France Clarinval
Monsieur Tonnar, comment est nÊ le projet routwäissgro ? Yann Tonnar :  Il y a dÊjà longtemps que le Lars (Association luxembourgeoise des rÊalisateurs et scÊnaristes) dÊveloppe une idÊe de sÊrie de documentaires courts. C’est important pour les rÊalisateurs de pouvoir mener des projets à court terme, parce qu’un long mÊtrage prend au moins trois ans. C’Êtait d’autant plus compliquÊ que jusqu’aux sitcoms WeemseesdÍt et Come Back, lancÊes par RTL et le Film Fund, le marchÊ de la tÊlÊvision Êtait à peu près inexistant. Quand l’appel à projets a ÊtÊ lancÊ, plusieurs rÊalisateurs se sont rassemblÊs pour mettre en place un collectif, K13 (puisque nous sommes 13 à la base), et travailler ensemble. Ce n’est pas
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facile de mettre 13 ego ensemble autour d’une table, mais nous avions la volontÊ de trouver un concept oÚ tout le monde pouvait s’identifier et qui puisse à la fois entrer dans un format imposÊ par la tÊlÊvision et correspondre aux visions d’auteurs de chacun d’entre nous. Quelle est la teneur du projet ? Y. T. :  L’idÊe est de rÊaliser une sÊrie de documentaires de crÊation qui portent des regards sur la sociÊtÊ luxembourgeoise à travers une sÊrie de personnes que l’on suit. Nous voulons ouvrir une fenêtre socioculturelle, surtout pas didactique, sur notre pays. Pour qu’il y ait une cohÊrence dans l’ensemble, nous nous sommes fixÊ une sÊrie de règles : montrer un aspect de la
Vous allez tous travailler avec les mêmes techniciens ? J. G. :  Rien n’est imposÊ, mais il y a peu de techniciens disponibles pour ce genre de tournage court et dispersÊ dans le temps. Il y a donc quelques techniciens rÊcurrents : Nikos Welter, Amandine Klee, Serge Benassutti, Rae Lyn Lee‌ à l’image, François Martig, ou Yves BÊmelmans pour le son. Tous les montages et Êtalonnages images se font aux studios Espera (Marc Recchia, Isabel Reis, Amine Jaber) et le son chez Philophon (Loïc Collignon) pour assurer une ligne et une qualitÊ constantes. Monsieur Gonzalez, vous êtes le producteur de la sÊrie. Comment êtes-vous entrÊ dans l’aventure ? J. G. :  Pour la première fois, l’appel à participation n’exigeait pas de producteur pour lancer le projet. C’est ce qui explique sans doute que 45 projets ont ÊtÊ dÊposÊs. Mais une fois le projet du K13 acceptÊ, il Êtait Êvident qu’un producteur Êtait indispensable. J’avais dÊjà travaillÊ avec certains des rÊalisateurs, Jean-Louis Schuller notamment, et ils m’ont proposÊ de les suivre. Cela demande beaucoup de travail et d’engagement, mais pour une jeune sociÊtÊ de production comme la mienne (Calach Film, ndlr), c’est une exposition intÊressante. Le projet a-t-il ÊvoluÊ par rapport à ce qui avait ÊtÊ dÊposÊ ? J. G. :  Au dÊpart, le K13 avait dÊcrit 12 Êpisodes, avec 13 rÊalisateurs (puisque Loïc Tanson et Thierry Besseling travaillent en duo). RTL a
PHOTOS : SVEN BECKER
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Désirs Interview – Culture 1. Jesus Gonzalez, producteur de la série (Calach Film). 2. Le film de Yann Tonnar, Eng klassesch Erzeiung. 3. Le film de Laura Schroeder, Martelange.
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« Il y a autant de facettes de la société luxembourgeoise que de réalisateurs. »
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demandé de doubler le nombre d’épisodes. Le collectif a donc demandé à d’autres réalisateurs s’ils avaient envie de participer, tout en gardant la main sur le style et en validant les sujets. Alors, justement, les sujets… quels sont-ils ? J. G. : « Il y a autant de facettes de la société luxembourgeoise que de réalisateurs : un prête brésilien, un junkie en cure, le coming out d’un gay, des demandeurs d’asile syriens, un policier de nuit, un couple qui divorce, un hooligan… Laura Schroeder : « Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de dépasser le sujet de reportage télé de cinq minutes pour trouver des personnages consistants qui ont une histoire, plusieurs couches… Y. T. : « J’ai choisi de suivre une jeune virtuose au Conservatoire de Luxembourg. Pourquoi ce sujet, moins critique, moins marginal que d’autres ? Y. T. : « J’ai toujours eu l’idée que le Conservatoire jouait un rôle important dans la société et j’ai eu envie d’aller voir un milieu plus classique, moins défavorisé. Il s’avère que l’endroit brasse des populations très différentes qui vont bien au-delà des clichés que j’avais en tête. C’est aussi une manière d’observer la jeunesse et les choix auxquels elle est confrontée. Mon personnage a 14 ans et est vraiment audessus du lot en violon. Elle doit mener sa vie d’adolescente et prendre des décisions quant à
sa carrière de violoniste… Je ne vais pas en dévoiler plus. Vous, Laura Schroeder, vous avez été à la frontière belge… L. S. : « Oui, mon film s’intéresse d’abord à un lieu : cette ville-frontière qu’est Martelange. Un univers tout à fait unique et assez fascinant. J’ai rencontré et suivi le directeur de la société à qui appartiennent les stations d’essence, les commerces d’alcool, le fleuriste, la pizzeria… l’essentiel du tissu économique de la ville. Vous avez été la première à tourner votre film. Comment vivez-vous les contraintes et règles que vous vous êtes imposées avec le K13 ? L. S. : « J’ai réparti mes huit jours de tournage sur deux mois. Quand on fait un documentaire, on a beau savoir à peu près où on va, ce qui va se passer, il faut s’adapter et faire avec le réel. Au début, on subit un peu les moments choisis par le personnage, mais progressivement, en gagnant sa confiance, on peut aller voir d’autres aspects, d’autres moments. Quant aux contraintes stylistiques imposées, c’est justement ce qui fait le sel de la série. Elles aident à travailler en fixant un cadre. Il faut de toute façon canaliser la parole, ne garder que ce qui fait sens dans l’ensemble. Avez-vous peur de la réaction de l’intéressé ? L. S. : « Non. Il savait qu’il était filmé et il sait ce qu’il a bien voulu montrer de lui et de sa vie.
Bien sûr, le montage m’appartient et il sera peutêtre surpris par ce que j’ai gardé ou pas. Il a sans doute une autre perception de lui-même que ce que le film va montrer. Il y aura sans doute aussi des gens autour de lui qui seront étonnés. C’est exactement le principe de ce genre de documentaire. Vous venez plutôt du monde de la fiction. Que vous apporte de réaliser un documentaire ? L. S. : « En effet, c’est très différent : on n’a pas de scénario fixé à l’avance. On commence à tourner le matin sans savoir comment va se terminer la journée, même si le réalisateur a une ingérence dans la vie de son sujet. Je crois que cette expérience va influencer ma manière de travailler sur mes prochains films en étant plus spontanée, moins figée. Bien sûr, ici nous sommes une toute petite équipe, avec un matériel léger, cela permet de travailler plus vite, sans perdre de temps dans les mises en place… »
Les réalisateurs : Rui Eduardo Abreu, Tom Alesch, Thierry Besseling, Max Jacoby, Claude Lahr, Éric Lamhène, Ann Sophie Lindström, Jacques Molitor, Christian Muno, Catherine Richard, Anne Schiltz, Raoul Schmitz, Kim Schneider, JeanLouis Schuller, Laura Schroeder, Loïc Tanson, Michel Tereba, Yann Tonnar et Govinda van Maele. À partir du 1er mars, deux épisodes diffusés un dimanche soir par mois sur RTL Télé Lëtzebuerg.
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Désirs Cinéma
L’ENQUÊTE
DANS LES TRÉFONDS DE LA FINANCE MONDIALISÉE Le film L’Enquête, récit fidèle de l’enquête du journaliste Denis Robert sur Clearstream et ses listings très controversés, sort cette semaine sur les écrans luxembourgeois. C’est un récit fidèle d’un scandale financier couplé à une affaire d’État. Un film soutenu financièrement par le Film Fund. ― Texte : Véronique Poujol ― Photos : Fabrizio Maltese Vincent Garenq dit avoir voulu faire un film « sur la finance, l’opacité » qui l’interpellent comme tous les bons Français, mais « sans avoir d’a priori sur rien » et surtout pas contre le Luxembourg ni Clearstream. L’Enquête retrace le parcours de l’écrivain-journaliste Denis Robert au début des années 2000, lorsqu’il a publié un premier livre-enquête, Révélation$, puis un second, La boîte noire, sur le mystère, d’ailleurs toujours pas résolu près de 15 ans après les faits, des comptes non publiés de la firme de compensation Clearstream, en violation des statuts de la société. L’affaire a ensuite débouché sur un scandale d’État mouillant des
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agents des services de renseignement et impliquant, bien que l’enquête l’ait finalement blanchi, un Premier ministre français. Pour ceux et celles ayant suivi les affaires Clearstream 1, de près, et 2, de plus loin, depuis le début, le récit de l’effroyable parcours d’un journaliste d’investigation, lâché par la plupart des médias, traqué par les huissiers de justice et croulant sous les procédures en diffamation, est restitué fidèlement, sans compromis sur le scénario ni niaiseries utiles à la romance de l’histoire, comme c’est souvent malheureusement le cas dans ce genre cinémato graphique. Comme l’a indiqué le réalisateur Vincent
Garenq lors de la conférence de presse jeudi à Utopolis, il a lu tous les livres et les BD de Denis Robert sur « cette histoire assez ancienne » et a fait aussi de l’écrivain-journaliste son consultant. « Il ne se sent pas trahi », a-t-il dit. L’Enquête est un film à plusieurs entrées : il démarre par une rencontre avec Ernest Backes, un ancien cadre de Clearstream ( joué à l’écran par Marc Olinger, dont ce fut le dernier rôle au cinéma) qui va mettre Denis Robert sur la piste des listings de la firme de compensation. « Soit ce type est complètement mytho, soit j’ai le scoop du siècle », raconte dans le film Denis Robert à sa femme après leur première rencontre à
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Désirs Cinéma
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2 1. Grégoire Bonnet (dans le rôle de Laurent Beccaria) et Gilles Lellouche 2. Gilles Lellouche et Florence Loiret-Caille (dans le rôle de Géraldine Robert) 3. Laurent Capelluto (dans le rôle de Imad Lahoud) et Éric Naggar (dans le rôle de Jean-Louis Gergorin)
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Luxembourg. Les deux hommes signeront d’ailleurs ensemble le premier livre Révélation$, en février 2001. Backes mettra le journaliste sur la piste d’anciens employés de Clearstream, dont l’informaticien Régis Hempel, incarné à l’écran par Christian Kmiotek. On est avant les attentats du 11 septembre. En France, le juge Renaud Van Ruymbeke, un ami et soutien de Denis Robert, est en butte à des difficultés immenses pour trouver les preuves de corruption et de rétrocommissions dans son enquête liée à la vente des frégates de Taïwan (un contrat d’armement signé en 1991 entre Taïwan et Thomson-CSF, à la base de la deuxième affaire Clearstream) dans lequel un certain Docteur Wang joua les intermédiaires. Le magistrat français se verra d’ailleurs opposer le secret défense lorsqu’il sera sur la piste d’un compte en banque en Suisse. Dans le même temps au Luxembourg et loin du raout médiatique, la justice exécutait des commissions rogatoires internationales autour des comptes du Dr Wang à la demande de Genève et du pôle financier de Paris. Révélation$ recevra un accueil glacial de la presse française et déclenchera aussitôt une série de procès en diffamation contre ses auteurs. La justice luxembourgeoise ne sera pas en reste : une information judiciaire sera
ouverte pour, entre autres, blanchiment, le siège de Clearstream sera perquisitionné pour chercher les preuves de dissimulation de transactions entre la firme et certains de ses clients (cette perquisition se fera en présence d’un des principaux informateurs de Denis Robert, Régis Hempel, qui aidera les enquêteurs à y voir clair).
HURLUBERLUS ET GRAND NAÏF L’administrateur délégué de la firme, André Lussi, ne survivra pas à cette enquête judiciaire. Il sera limogé et mollement inquiété pour abus de biens sociaux présumés. L’enquête engagée par le juge anti-blanchiment Carlos Zeyen, mis sous pression, débouchera sur un non-lieu. Le magistrat s’était mis à dos pas mal de monde, car il avait touché le Saint des saints de la finance. Il y aurait d’ailleurs sûrement une histoire passionnante à raconter à ce sujet. À Luxembourg, Backes et Hempel seront présentés par Clearstream comme des mystificateurs et des hurluberlus « ridicules et malveillants » fantasmant sur la mondialisation de la finance. Denis Robert, lui, comme un journaliste naïf et discrédité, tombé dans le piège des deux compères. Mis à part quelques rares journa-
listes, la presse luxembourgeoise prend fait et cause pour la firme de compensation. Paperjam, pour sa part, lui consacra la cover de son édition d’avril 2002. Parallèlement à la sortie du livre, deux députés socialistes de l’Assemblée nationale, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg (ils furent ensuite ministres de François Hollande), enquêtent sur les paradis fiscaux et publient une monographie sur le Luxembourg, alors présenté comme un sanctuaire du blanchiment d’argent au cœur de l’Europe. Denis Robert, Régis Hempel et Ernest Backes iront témoigner devant la commission d’enquête. Leur rapport déclenche une contre-attaque du ministre des Finances luxembourgeois d’alors, Luc Frieden, que l’on voit dans le film vilipender les « shérifs du palais Bourbon », en parlant de Peillon et Montebourg. Luc Frieden avait convoqué la presse internationale à la résidence de l’ambassadeur de Luxembourg à Paris le jour même où le rapport fut présenté. Denis Robert, qui s’était invité à l’ambassade, viendra d’ailleurs gâcher la fête. Il ira approcher Luc Frieden pour lui offrir un exemplaire de son nouveau livre, La boîte noire, que le ministre refusera de prendre entre ses mains. Sur le registre politique toujours, le scénario de Vincent Garenq s’arrête un moment sur
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des images d’archives d’un Jacques Chirac décorant Jean-Claude Juncker de l’insigne de Grand officier de la Légion d’honneur. Nous étions en février 2002. Le journaliste français ne lâche pas prise, malgré les visites d’huissiers à répétition pour lui signifier les assignations en diffamation venant du monde entier (le livre sera traduit en plusieurs langues). Son enquête rebondira après qu’il a obtenu de nouveaux documents et listings de Clearstream fournis par un exauditeur d’Arthur Andersen, Florian Bourges. Le jeune homme aura été le premier lanceur d’alerte connu de la place financière luxembourgeoise. Il avait travaillé chez Arthur Andersen à Luxembourg, le cabinet auquel le nouveau patron de Clearstream, André Roelants, confia un audit pour vérifier les assertions du journaliste. Un audit sous haute surveillance, rappelle le film. Les auditeurs devaient se rencontrer en cachette pour confronter leurs informations. Le rapport ne sortira jamais dans le public. Denis Robert et son éditeur, Laurent Beccaria (Les Arènes), étaient totalement isolés, ce qui ressort très bien du film lorsqu’un avocat conseille au journaliste de commencer à planifier son insolvabilité. Une longue traversée du désert attend alors Denis Robert, qui décidera
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de jeter l’éponge. « C’est une victoire de Clearstream et de la censure. Je me tais », dit le comédien Gilles Lellouche qui l’incarne dans L’Enquête. Il écrira alors des BD et un roman et se mettra à peindre.
« IL FALLAIT AVOIR LES COUILLES »
1. Marc Olinger (dans le rôle d’Ernest Backes) et Gilles Lellouche 2. Charles Berling (dans le rôle du juge Renaud Van Ruymbeke) 3. Gilles Lellouche
Il aura fallu au journaliste attendre 10 ans après la parution de son premier opus et un ultime procès en cassation pour qu’il obtienne gain de cause en 2011, les juges considérant que l’enquête présentait un intérêt général évident et surtout qu’elle leur apparaissait sérieuse. Une réhabilitation pour Denis Robert. En 2015, L’Enquête remet d’actualité une « vieille affaire » dans un film coproduit par Samsa Film, la société de production de Claude Waringo, qui a touché des fonds publics du Film Fund pour ce film. « Il fallait des couilles pour soutenir ce film », a reconnu M. Waringo en saluant ce financement public luxembourgeois. « Ce n’est pas un film quelconque. C’est vrai que Denis Robert a une longue histoire avec le Luxembourg et qu’il a été très attaqué lorsque ses livres sont sortis. Aujourd’hui, ce film, je peux le défendre », a encore déclaré le producteur luxembourgeois. ◄
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Désirs Cinéma L’Enquête
« Mes films saluent le courage et la ténacité »
PHOTO : FABRIZIO MALTESE
Le réalisateur de L’Enquête, Vincent Garenq, revient sur les circonstances qui l’ont amené à faire ce film et aux liens très forts qu’il a noués avec Denis Robert.
Monsieur Garenq, votre film s’inspire de manière assez précise du travail mené par Denis Robert autour des deux affaires Clearstream. Quel a été le point de départ pour écrire ce scénario ? « Pour réaliser mes films, je cherche toujours à me rapprocher du réel et d’y trouver de bonnes histoires. C’est par hasard que j’ai découvert le livre de Denis Robert, La boîte noire, où il dénonce la corruption en France, la collusion du monde politique et des affaires… J’ai été intéressé par le fond, mais aussi par la forme, par son style. J’ai ensuite lu ses autres livres. Cela fait plus de 20 ans qu’il s’acharne sur ces sujets. Déjà dans Pendant les ‘affaires’, les affaires continuent, en 1996, il s’attaquait à ces thématiques en citant des noms et en déliant les fils des machines politicofinancières. Son enquête sur Clearstream est le prolongement logique de ce qu’il dénonçait en France, puisque l’argent de la corruption transite par les paradis fiscaux. En tombant sur une institution financière luxembourgeoise qui assure les échanges entre toutes les banques, Denis touche au point névralgique de ce qu’il dénonce à un niveau mondial. Du coup, forcément, cela fait une histoire qui a du sens. Mais votre film traite des deux affaires Clearstream, y compris du volet plus directement politique en France avec l’enquête du juge Renaud Van Ruymbeke… « Au départ, j’avais écrit un scénario qui se concentrait sur Denis Robert et ses révélations sur le fonctionnement de Clearstream. Mais c’était trop complexe et ça n’intéressait personne. J’ai retravaillé le scénario en intégrant les personnages que sont Van Ruymbeke ou Lahoud, ainsi que les tourments et la chute de Denis Robert. Cela montre des ressorts plus vastes qui ouvrent de nouvelles perspectives. Pour moi, le sens profond du film est de parler de la difficulté d’enquêter et de lutter contre l’opacité financière et la corruption. Le film sort à un moment où on n’a jamais autant parlé de ces sujets d’évasion fiscale, d’affaires et de corruption. Vous vous sentiez dans l’air du temps ? « Le public présent lors de projections que l’on a organisées en France a vivement réagi, exprimant ce sentiment d’injustice, de triche, d’opacité. Malheureusement, il y a peu de chances que cela change et que ces sujets cessent d’être d’actualité. C’est ce qui m’intéresse ici, la portée intemporelle et universelle de ces sujets.
Quels ont été vos rapports avec Denis Robert ? « Il a eu un rôle de consultant sur tout le film. Il était très ouvert pour discuter, pour retrouver des documents, relater des souvenirs, répondre à mes questions. Il connaît bien l’écriture et le cinéma et a été d’une grande aide. Mais il m’a fait confiance et m’a laissé une totale liberté pour écrire et réaliser mon film. Même s’il y a des moments qui ne correspondent pas à la réalité. Le film est en partie financé par le Luxembourg et tourné en partie au Luxembourg. C’était important pour vous d’être dans le décor réel de l’action ? « C’était une volonté dès le départ de montrer les banques ou le décor du Luxembourg. Mais sans coproducteur luxembourgeois, cela n’aurait sans doute pas été possible. La production française (Nord-Ouest Films) a contacté Claude Waringo (Samsa Film) par l’intermédiaire du coproducteur belge (Artémis). J’avais peur de la réaction du Luxembourg, mais j’ai été heureusement surpris par l’appui du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle, sans lequel le film ne se serait sans doute jamais monté. Les Luxembourgeois ont réagi avec pertinence et intelligence. Cela nous a permis d’apporter beaucoup de véracité au film en tournant au Luxembourg, avec des comédiens luxembourgeois qui, pour une fois, pouvaient laisser échapper leur accent. Tous vos films sont inspirés de faits réels et mettent en évidence des personnages forts : Alain Marécaux au sein de l’affaire d’Outreau dans Présumé coupable ou André Bamberski dans Kalinka que vous avez fini de tourner. Qu’ont-ils de si fascinant ? « Ce sont des personnages anticonformistes, qui vont à contre-courant et hors des sentiers battus. Ce qui est très enthousiasmant pour le cinéma et j’éprouve beaucoup d’empathie pour eux. Mais ce sont aussi des personnes qui font preuve d’un courage et d’une détermination assez exceptionnels. En même temps, cette ténacité frôle parfois la folie, l’entêtement. Par exemple, Kalinka raconte la façon dont un père apprend la mort de sa fille de 14 ans. L’enquête laisse des questions sans réponse et commence à intriguer puis à obséder André Bamberski. Quand on s’inspire du réel, on se met à l’abri des clichés et l’on peut construire des intrigues qui ont une véritable originalité. » Propos recueillis par F. C. ◄ L’Enquête, sortie en salle le 11 février.
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Olivier Fellmann et Dominique Colaianni photographiés au restaurant La Mirabelle par Julien Becker.
Olivier Fellmann et Dominique Colaianni lisent Explorator depuis 1994. Merci
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464 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de Paperjam1.
INDEX A ABBL 87, 88, 94, 104 ACC 65 Accenture 94 Acel 87 Achutegui Ainhoa 36 Ackermans & van Haaren 76 Administration des contributions directes 102 ADR 36 Aéroport du Luxembourg 64 Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information 36 Ahmadzadeh Nima 88 Air TV 65 AKDV 74 Al-Thani Al-Anood Bint Khalifa Bin Hamad 92 Alfi 88, 104 Alia 80 Allegrezza Serge 43 Alsa 64 Altea Immobilière 81 Alvisse Parc Hotel 84 Amour Fou Luxembourg 65 Apateq 61 Aperam 14 ArcelorMittal 14, 60, 61 ArcelorMittal Europe 60 Archevêché 38 Architecture & Environnement 74 Arendt & Medernach 74 ARHS Group 65 Arlette Schneiders Architectes 74 Arndt Frank 42 Aschman Christian 84 Association des PSF de support 61 Atisreal 76 Atos 65 ATTC 34 Avaloq 86 Aztec 101
B Baguet Yves 86 Baillie Sasha 48 Banco Espanol de Credito 87 Banque de Luxembourg 41, 87 Banque Raiffeisen 68, 104 Barreau de Luxembourg 34 Bast Robert 96 Bausch François 37, 64 BCE 87 BCEE 60, 87, 88, 104 BCL 34, 87, 104 Becca Flavio 34 Belga 34 Belval Office 34 Berger Eugène 38 Berghmans Guido 70 Betic 74 Bettel Xavier 37, 38, 60, 80, 82 BGL BNP Paribas 12, 104 Bil 81, 86, 88, 90, 92, 104 Bil Participations 86 Biltgen François 38 Bizjak Claude 34 BNP Paribas Real Estate 76 Bock Georges 82
124 ―
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Bonyumutwa Patrice Bopro Bopro Luxembourg Bourguignon Sibenaler Architectes Boydens Luxembourg Brasseur Anne Brauch Jacques Brucher Luc Buck Xavier Bureau Greisch Business Initiative BIT
87 131 76 74 74 36 84 56 48 74 105 42
Carole Caspari Managing director, Altea Immobilière
C Cahen Corinne 37, 81 Capita 88 Cargolux 61, 64, 92 Cargolux China 64 Casino 2000 70 Casino d’Amnéville 70 Casino de Jeux du Luxembourg Secs 70 Casino Luxembourg 60 Casino Schloss Berg 70 Caspari Carole 81 Castegnaro 49 CBP Quilvest 88 CBP Quilvest Belgium 90 CEA Tech 60 Cegecom 73 Centre pour l’égalité de traitement 81 Ceratizit Luxembourg 65 CES 36 CGSP 56 Chambre de commerce 29, 42, 43 Chambre des députés 14, 34, 35, 36, 37 Chambre des métiers 19, 42 Chambre immobilière du Luxembourg 46 Charlie Hebdo 37 China Merchants Bank 74, 86 CIP 76 CiteeCar 66 CLC 34, 48 Clearstream 86 Closener Francine 48 CNA 60 CNFP 88 Comité interprofessionnel des vins de champagne 65 Comité pour la charte de la diversité Lëtzebuerg 81 Commissariat à l’énergie atomique 60 Commissariat aux assurances 86 Commission des décisions anticipées 102 Commission européenne 14, 102 Commune d’Echternach 36 Conseil d’État 16, 34, 35, 36, 42, 88 Conseil de l’Europe 36 Conseil de l’Ordre des avocats 77 Conseil de presse 60 Conseil interparlementaire consultatif du Benelux 36 Cour administrative 16 Cour constitutionnelle 16
Cour d’appel 86 Cour de justice de l’Union européenne 102 Crean Gabriel 60 Cromark 60 CRP Gabriel Lippmann 60 CRP Henri Tudor 60 CRP-Santé 60 CSSF 74, 86, 87, 92 CSV 36, 38 Custo 65
D Dabbour Ammar 92 Dbit 31 de Portzamparc Christian 74 de Seille Benjamin 92 De Standaard 34 De Wolf Inge 96 Déi Lénk 36, 104 Delcourt Hugues 81 Deloitte 34, 56, 76, 82, 88, 96 Delroisse Thierry 86 Deltour Antoine 60 Detiège Maya 36 Di Bartolomeo Mars 35 Die Welt 43 Diebold 88 Diener & Diener 74 Direction de l’aviation civile 37 DNR 80 Do Recruitment Advisors 127 Docler 65 DomainInvest 48 DP 38 Dresdner Kleinwort 88 DTZ 76
E Easyjet Ecker Viviane Eldoradio Euris Bank Euromoney Eurostat Everything is Fun EY
65 16, 36 80 92 87 64 60 34, 74, 82
G Garage Intini 15 Garré Peter 76 Gaspard Yves 46 Gatsby and White 96 General Mediterranean Holding 84 Genii Capital 66 Georges Christophe 85 Gersemann Olaf 43 Gervis Marie-Adelaïde 60 Giabbani David 42 Gillen Erny 38 Gillen Victor 16 Gintzburger Thomas 68 Girls in Tech 60 Global Banking & Finance Review 87 Gobelet & Lavandier 74 Gramegna Pierre 14, 36, 64, 87, 102 Grande Duchesse Maria Teresa 37 Grand-Duc héritier Guillaume 14 Grandidier Jérôme 68 Greco Michel 61 Gross Vincent 53 Groupe Saint-Paul 80 Martin Heyse CEO, Bopro Luxembourg
H Hamilius Yvette Hansen Marc Heinisch Fernand Heinrich Georges Heintz Guy Hemmerling Marc Hermann & Valentiny Hermès Heuschling Luc Heyse Martin HNCA Hoffmann Marc Holiday Inn Hollerich Jean-Claude HRT Group Humelab Hurt Pierre
F
I
Fasbinder Sylvie 34 Fédération bancaire européenne 104 Fédération des artisans 46 Fédération des hôpitaux luxembourgeois 56 Fedil 43 Fernand Grulms 96 Film 64 Fitch 35 Fondation de l’architecture et de l’ingénierie 58, 65 Fonds Belval 35, 74 Fonds culturel national 35 Fonds de compensation 74 Fonds du logement 37, 60 Fonspa 65 Fontagné Lionel 43 Fontein Bastiaan 96 FremantleMedia 14 Fuchs & Associés Finance 92
IBBL IBM PSF Services ICB ICT Luxembourg IFBL Igniti Danielle Ikogest Ila Ilnas Inca ING ING Life ING Luxembourg Inowai Insead Inui Studio ITC Global ITM
86 54 61 36 102 94 82 4, 5 38 76 64 88, 90 84 38 88 60 87
60 61 74 43 96 36 74 100 105 74 48, 104 45 60, 87 79, 46 36 60 65 35
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Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier
J-K Jaeger Marc Jaeger Pierre John Paul JSWD Architekten Juncker Jean-Claude KBL KBL epb KCAP Architects & Planners Ketterthill Klump Rainer Knebeler Christophe Koedinger Mike KPMG
Malmström Cecilia 14 Mangopay 64 Mangrove Capital Partners 61, 66 Masterjet 60 Mauer Christophe 85 Mazars 89 Melusine Productions 61, 65 Mernier Martial 96 MetroCab 66 Michael Page 96 Michaux Bernard 64 Michel Greco 61 Ming Pei Ieoh 84 Ministère de l'Économie 33, 43 Ministère de la Famille et de l’Intégration 37 Ministère des Finances 102 Moayed Vafa 34 Molitor Roger 16 Montrieux Jean-Nicolas 46 Moody's 35 Moreau Bernard 35 Moreno Architecture 74 Moscovici Pierre 102 Mosmart International 61 Mousel François 43 Mudam 60, 84 Music:LX 37 Mutsch Lydia 34, 56 My Finance Coach 104
54 37 64 74 102 88, 95 92 74 6, 7 54 42 80 2, 74, 82, 83, 94
L Lam Alain Lambert Jean-Luc Landsbanki Luxembourg Larue Catherine Laurens Vincent LCGB LCSB LCTO Learning Factory Leasinvest Leyne Thierry Li John LIH Linklaters List LLAM Lommel Vincent London School of Economics Lopez Gerard Lor’FM LORnTECH LSAP Lucil Film Lux Éric Luxair Luxair Cargo LuxairGroup Luxaviation LuxCEC Luxconnect Luxconsult Luxembourg center for architecture Luxembourg Économie Luxembourg for Finance Luxembourg Material Cluster Luxembourg School of Finance Luxembourger Patrick Luxempart Luxinnovation
88 74 86,87 60 61 42, 56 34 37 64 74 87 100 60 59 60 74 85 88 66 80 53 38, 42 64 34, 66 65 65 60 60 74 68 74 58, 65 35 94 65 69, 109 35 86 53, 74
N Nagel Maggy NC Management NCC Group Neimënster Nekton Nick Alex Nicolay Vincent Nothum Thierry Novotel Nyagahene Eugène
O Oberweis Marcel OGBL Olinger Christophe Olinger Marc Olos Fund OpenRegistry Orange Organisation internationale de la francophonie Ottinger Ulrike Outfittery
M
P
M&A Capital Fund 62, 63 Maas Yves 104 Machuron Charles-Louis 53 Mackel Nicolas 94 Mainwood Roger 65 Maison Moderne 37, 60, 65, 80, 87
Paperjam Paperjam.TV Parkhouse John Paul Wurth Pecoma Pelletier Claudine
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37 64 61 36 66 61 68 34 84 64
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36 56, 64 36 36 34 61 8 104 65 61
60, 81, 87 37 100 64 96 36
Petry Alain 34 Picard 61 Pierret Georges 16 PKF 88 Post Luxembourg 61 Precision Capital 92 Property Hunter Luxembourg 10 Prum François 77 Puilaetco Dewaay 88 PwC Luxembourg 43, 60, 74, 81, 82, 100 PWM 87
Q Qatar Airways Qatar Airways Luxembourg Qatari Businesswomen Association Quilvest Banque Privée Quilvest Switzerland Quilvest Wealth Management
65, 92 65 92 90 90 90
R Radio Ara 80 Registre du commerce et des sociétés 35 Renault Luxembourg 64 Richelle Philippe 88 Robert Walters 86, 87, 96 Roux Dominique 43 RTL 64, 80 RTL2 80 RTL Group 14 Rubbens Xavier 90 Rumpf Andrea 58 Thierry Seignert Directeur, IBM Services Financial Sector
S Sal. Oppenheim 86 Saluzzi Marc 88, 104 Samsa 64 Sarkozy Nicolas 70 Saumur 111 Schank Marco 34 Scheuren Jean-Paul 46 Schmit Jean 74 Schmit Jean-Claude 60 Schmit Nicolas 34, 35, 42, 88 Schmit Romain 46 Schneider Étienne 65 Schneider Frank 37 Schneiders Arlette 74 Sciences Po Paris 54 Seignert Thierry 61 SES 14, 35, 65 Sheraton 84 Silicon Luxembourg 53 Sillon lorrain 53 Sit Lux 74 SnT 64 Société Générale Private Banking Belgium 90 Sogeti Luxembourg 61 Sogimme 74 Soludec 84
Srel Standard & Poor’s Statec Strauss-Kahn Dominique Studios 352
37 35 35, 36, 43 87 61
T Tageblatt Talk Finance Tap Tarrach Rolf Tavenas François TDO Consulting Technoconsult Technoport The Banker The Karavan The PPress Théâtre des capucins Théâtre ouvert de Luxembourg TheMarketsTrust Théret Bruno Thiltges Jani Think tank Bruegel Thiriet Thiry Théo Thomas & Piron TLPO Tluzscz Mark TNS-Ilres Toussing Pascale Towers Watson Tribunal administratif Tribunal d’arrondissement Trivaudey Luc Turk & Prum Turpel Justin
35 96 65 54 54 74 74 64 87 85 65 36 36 65 35 64 43 61 36 46 64, 68, 132 61, 66 48, 56 36 61 16 34 35 77 102, 104
U UEL 42 Ufa Sports 14 Ulav 61 ULC 87 Unify 64, 68 Université d’Ulm 54 Université du Luxembourg 34, 36, 54, 74 Université Johann Wolfgang Goethe 54 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 43
V Verbecken Luc Vicci Alain Ville de Luxembourg von Restorff Philipp Voyages Emile Weber
48 80 36, 64 104 61
W Waringo Claude Weidenhaupt Christiane Wengler Yves Wies Patrick Wirion Claude Witry & Witry Wolff Guntram Worldline
64 37 36 82 86 74 43 65
Z Zeimet Jean-Bernard
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Maison Moderne Studio Directeur associé Guido Kröger
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Jean-Michel Gaudron (J.-M. G.) jean-michel.gaudron@maisonmoderne.lu @jmgaudron Rédacteur en chef Alain Ducat (A. D.) alain.ducat@maisonmoderne.lu @Ducat_paperjam Secrétaire de rédaction Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.lu @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.lu @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.lu @celinecoubray Thierry Iochem (T. I.) thierry.iochem@maisonmoderne.lu Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.lu Véronique Poujol (V. P.) veronique.poujol@maisonmoderne.lu @vpoujol Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.lu @traizer1 Florence Thibaut (F. T.) florence.thibaut@maisonmoderne.lu
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Rédacteurs Fabrice Barbian Sébastien Lambotte Michaël Peiffer Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Annabelle Denham Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Benjamin Gérard
Directrice commerciale Luciana Restivo (-53) Assistantes Tania Henriques (-235) Nathalie Sohn (-234) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-42) Laurent Goffin (-34) Barbara Wiesen (-64) Assistante commerciale Céline Bayle (-32) Administration Isabelle Ney (-233)
Directeur de la création Jeremy Leslie
Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Pour vos souscriptions, merci de vous rendre sur notre site www.maisonmoderne.lu/eshop/ Formule standard 1 × 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 × 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros
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Le Luxembourg en chiffres
TABLEAU DE BORD
1465,2
965
1,9
Oct. 2014Â: 4.522
c. 1 Ja 3 n. 1 FĂŠ 4 v. Ma 14 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 Ju 4 in 1 Ju 4 il. Ao 14 Ăťt Se 14 pt .1 Oc 4 t. 1 No 4 v. 1 DĂŠ 4 c. 14
DĂŠ
14 FĂŠ v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 Ăťt Se 14 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 DĂŠ 4 c. 14
Ja
n.
41,6 % 58,4 %
dont 166.535 travailleurs frontaliers
Emploi du secteur financier au 3e trimestre 2014 (hors assurance)
26.151
emplois dans le secteur bancaire
41 % 59 %
18.088
emplois dans les autres secteurs
SOURCES : STATEC, CSSF
13 c. DĂŠ
15
60
(au 27 janvier 2015) 58 au 27 janvier 2014
44.239
399.883
Emploi total intĂŠrieur en dĂŠcembre 2014
122_tableau_de_bord.indd 122
20
Nombre de faillites en 2015
6,5
122 ―
14
(en janvier 2015) -1 par rapport Ă dĂŠcembre 2014
3.094,99
3.034,46
3.006,76
2.970,52
2.904,14
2.854,64
2.742,21
2.709,21
2.405,93
2.468,07
7
3.083,35
FĂŠ v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 Ăťt Se 14 pt .1 4 Oc t. 1 No 4 v. 1 DĂŠ 4 c. 14
13
2.528,92
SEPTEMBRE 2014Â: 7,2
mai 2014Â: 7,2
7,5
7
147
14
n.
Ja
c.
OPC (en millions d'euros) 2.815,87
Taux de chĂ´mage (en %)
Nombre de banques
0
DĂŠ
FĂŠ v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 Ăťt 14 Se pt .1 4 Oc t. 1 No 4 v. 1 DĂŠ 4 c. 14
14
Ja
n.
c.
13
1.000
SOURCES : STATEC, CSSF, BARREAU DE LUXEMBOURG
Mai 2014Â: 1,03
(2013) +10,28Â% par rapport Ă 2012
2.000
-0 ,61
0
DĂŠ
Avril 2014Â: 5.220
dĂŠcembre 2013Â: 1,54
0,5
3.000
36 3.6
1
4.000
20
23,6 23.6 %
2
5.000
13
Dette publique (en % du PIB)
6.000
1,5
20
T2 2014
SOURCES : STATEC
449
T2 2014
-0,2
Nouvelles immatriculations
Taux d'inflation (en %)
2,2
776
1086.7
T1 2014
ĂŠtrangers
2
12
T4 2013
248.900
2,9
20
T3 2013
45 %
PIB en volume (ĂŠvolution en %)
10
T3 2014
55 %
3,1
486
531
472 T2 2014
1.280 2.274,2
1.108 1.570 563
843 1.377,9
4,916.75
Autorisation de bâtir bâtiments - logements - volume (milliers de m2)
4.344,15
5.311 4.276
4.882,05
T1 2014
Luxembourgeois
20
T4 2013
4.217,73
4.191,84
4.230,01
5.375,60
5.408,05
Prix moyen au mètre carrÊ (en euros) ancien - neuf
T3 2013
300.800
549.700
2
11
2.586 km
Population totale (au 1er janvier 2014)
20
Superficie
― Mars 2015
2/5/15 5:23 PM
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