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CINDY ARCES

« La relation de confiance, indispensable en droit social »

Marielle Stevenot et Cindy Arces viennent de lancer leur cabinet d’avocats d’expertise en droit social : Unalome Legal. Cindy Arces en détaille la vision stratégique et l’approche d’une matière souvent liée à un volet émotionnel important.

Pourquoi avoir choisi ce nom ? Nous l’avons emprunté à la tradition bouddhiste, où le symbole Unalome représente le chemin de vie d’une personne, parsemé de réussites, de succès, mais aussi de doutes voire d’échecs, qui font évoluer et progresser. Ce symbole fait écho à notre propre chemin de vie professionnelle et il correspond à notre état d’esprit.

Quelle est la vision d’Unalome Legal ? Nous sommes tout d’abord un cabinet d’expertise en droit social qui a pour volonté de créer une relation à long terme avec chacun de ses clients. Chacun d’entre eux peut en effet se retrouver – à différents moments de l’évolution de leur entreprise – dans une situation de doute et d’instabilité autour de problématiques liées au droit du travail. Une matière complexe et qui s’accompagne souvent de volets émotionnel et psychologique non négligeables. Le contexte dans lequel nous vivons depuis de nombreux mois multiplie les facteurs d’incertitude. Nous voulons accompagner nos clientschefs d’entreprise et responsables de ressources humaines pour leur permettre de naviguer à travers la spirale réglementaire et ainsi les éclairer sur le chemin le plus efficace à suivre par rapport à leur stratégie. Cela passe par une relation de confiance, de proximité et d’implication en amont dans la réflexion et le déploiement de leur stratégie.

La création de ce cabinet est aussi une manière, pour vous, de revenir à une prise directe avec les dossiers en tant qu’associées ? Nous étions déjà impliquées dans les dossiers chez PwC Legal, mais la gestion quotidienne de l’entreprise nous demandait également du temps. La taille de notre nouveau cabinet nous permet de nous recentrer sur le service au client, tout en participant activement au développement de nos collaborateurs.

Qu’est-ce qui vous donne confiance dans l’économie du pays pour oser lancer votre propre structure ? La stabilité politique, la promotion de la croissance des entreprises et, plus récemment, les aides proposées durant la crise montrent que – même si tout n’est pas parfait – nous restons au Luxembourg dans un environnement probusiness et dans un contexte social privilégié qui alimentent un cercle vertueux propice à l’arrivée de nouveaux acteurs, à la création d’emplois et donc à la fourniture de services de support aux dirigeants d’entreprise. Le droit social est souvent rattaché à une notion de gestion de crise ou de ses conséquences. Nous voulons justement placer notre démarche dans une autre approche, plus positive, centrée sur le long terme, et sur la stratégie et la gouvernance de l’entreprise. Nous voulons être impliqués à ce niveau pour les conseiller dans leurs choix et participer à une croissance pérenne de l’entreprise.

Le droit du travail est-il encore suffisamment outillé par rapport aux évolutions de la vie des entreprises et des différents métiers ?

La réalité du terrain et les besoins des chefs d’entreprise évoluent plus rapidement que le cadre réglementaire. Un certain nombre de règles sont inadaptées ou désuètes par rapport à une économie digitalisée, mondialisée. Le télétravail, dont il est beaucoup question depuis deux ans et qui comprend des problématiques fiscales, de sécurité sociale et de droit du travail, est un bon exemple. Ce retour d’expériences montre que les décideurs politiques pourraient prendre en compte un statut européen du travail frontalier. Un autre cas : la durée légale du travail, qui n’est plus adaptée ni au fonctionnement des entreprises ni au souhait de leurs salariés.

Faut-il envisager une grande réforme du droit du travail ou peut-on continuer à le modifier épisodiquement ? Une approche pragmatique encouragerait des modifications par touches successives plus rapides, mais une grande réforme – même si elle impliquerait un certain délai – aurait le mérite de gagner en cohérence et d’éviter que les modifications ponctuelles aboutissent à des contradictions avec des éléments en place ou laissent de trop grandes zones d’interprétation. J’ajoute que le droit du travail ne couvre pas les situations des personnes qui travaillent pour des plateformes digitales avec un statut hybride, ayant le choix d’effectuer ou non une prestation. Or, l’élément retenu pour établir l’existence d’une relation de travail est le lien de subordination, qui est plus flou dans ce cas. Notre droit n’est pas adapté pour régler ce cas de figure et offrir les protections et garanties nécessaires à chaque partie. Une réflexion de fond devrait être menée à ce sujet.

Cindy Arces et son associée Marielle Stevenot, poursuivent leur longue collaboration. Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu.

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