12 minute read

CARLO THELEN

« Pour une économie plus résiliente »

Pour le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, appliquer les principes du développement durable doit rendre les entreprises luxembourgeoises plus robustes pour affronter de nouvelles crises et devenir plus résilientes face à des chocs imprévus.

Romain Gamba Photo Seulement 40 % des entreprises appliquent aujourd’hui les principes RSE.

En juillet 2021, la Chambre de commerce a présenté les Luxembourg Sustainable Business Principles. Pouvez-vous nous en rappeler les fondements ? Membre fondateur en 2007 de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), la Chambre de commerce s’engage activement depuis des années pour la promotion de la RSE à tous les niveaux de l’économie et de son organisation interne. Les 10 principes directeurs présentés l’an dernier ont été établis sur base des travaux d’un groupe de travail qui a réuni quelque 150 participants. Ils s’appuient sur les quatre piliers cardinaux du développement durable en entreprise (Governance, Prosperity, Planet, People). Ils sont là pour guider et fournir une vision stratégique et cohérente de la mise en œuvre du développement durable à l’échelle de l’entreprise tout en anticipant les réglementations européennes à venir. Le sujet de la RSE et du développement durable dans les entreprises n’est pas nouveau, certes, mais prend une nouvelle envergure à l’aube du Green Deal et des enjeux complexes et multiples auxquels le monde se voit confronté : changement climatique, perte de biodiversité, raréfaction des ressources naturelles, disruption des chaînes d’approvisionnement, flambée des prix énergétiques, ou encore la rétention des talents.

Où en est-on aujourd’hui ? Comment se traduisent ces 10 principes sur le terrain ? Énormément d’initiatives existent déjà sur le terrain. On constate cependant que les entreprises ont besoin d’une vue sur les solutions en place. Notre volonté est de fédérer tout l’écosystème en lien avec le développement durable. C’est de là qu’est née l’idée de créer la House of Sustainability, afin de promouvoir toutes les initiatives et tous les acteurs du domaine et de créer une plateforme collaborative. Au travers de ce nouveau projet mené ensemble avec la Chambre des métiers, avec l’appui des fédérations professionnelles et de l’INDR, nous souhaitons sensibiliser les entreprises pour, ensuite, les accompagner au mieux. En parallèle, en partenariat avec IMS et l’INDR, nous avons lancé le premier panorama du développement durable en entreprise. L’objectif est de prendre le pouls de notre économie et de connaître les besoins et les freins dans la mise en œuvre d’une démarche de développement durable. 584 entreprises représentatives de l’économie ont été interrogées durant ces derniers mois. Les grandes entreprises sont souvent déjà très engagées en matière de RSE. En revanche, pour les plus petites, les problématiques à gérer sont aujourd’hui tellement vastes qu’il est parfois difficile d’engager du temps et des ressources humaines et financières pour cela. À l’arrivée, seulement 40 % des entreprises luxembourgeoises BIO EXPRESS

Études Né le 9 août 1971, Carlo Thelen est détenteur d’un master en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain. Parcours Il a rejoint la Chambre de commerce en 1996 en tant que conseiller économique. Membre du comité de direction depuis août 2003, il a occupé, avant sa nomination au poste de directeur général, les fonctions de directeur des Affaires économiques, de directeur des Affaires internationales et de chief economist. Engagé En marge de ses activités d’économiste, Carlo Thelen s’engage socialement à travers sa fonction de secrétaire général de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte.

appliquent aujourd’hui les principes de la RSE. Nous avons donc encore de la marge.

Est-il possible de mobiliser toutes les entreprises sur ces thèmes ? Comment s’y prendre ? Notre objectif, au travers de la House of Sustainability, est de montrer les best practices et d’offrir une boîte à outils aux entreprises pour qu’elles s’y retrouvent plus facilement sur ce qu’elles peuvent faire, et qu’elles y voient plus clair dans la jungle des aides, subsides, mais aussi labels et autres agréments. Nous allons organiser des workshops, des présentations, proposer à des entreprises de venir témoigner afin de promouvoir ce qu’elles ont déjà mis en place. Nous sommes convaincus que la durabilité peut être source d’innovation. La préservation des ressources, le recyclage et la circularité sont des thèmes qui nous occupent depuis de nombreuses années. « Faire mieux avec moins » est un principe que je défends depuis près de 10 ans. Nous vivons dans un pays qui doit importer la très grande majorité des ressources dont il a besoin et qui vit de ses exportations. Nous devons donc être économes, et nous ne découvrons pas subitement que l’énergie est un bien rare et cher. De nombreuses industries ont déjà fourni des efforts considérables pour réduire leur consommation d’énergie, optimiser leurs processus et améliorer leur efficience. Il n’a pas fallu attendre la guerre pour cela. collaborateurs sont aujourd’hui des points-clés. Il est plus que jamais nécessaire pour toute entreprise de développer une vision à long terme et de réussir sur les trois piliers que sont l’économie, l’environnement et le social. En intégrant les critères ESG dans sa stratégie, l’entreprise atténue les risques et saisit les opportunités liées aux enjeux du développement durable. Elle améliore sa performance et sa productivité. C’est d’autant plus nécessaire dans un monde en perpétuelle mutation. Le développement durable doit rendre nos entreprises plus robustes pour affronter de nouvelles crises et leur permettre de devenir plus résilientes face à des chocs imprévus.

Vous plaidez également en faveur d’une révision du calcul de l’indice des prix à la consommation national en y intégrant pleinement la dimension de durabilité ? Oui. Le calcul de l’indice des prix à la consommation, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’a rien de durable. Depuis 1994, la Belgique a par exemple exclu de son panier les boissons alcoolisées, le tabac et les carburants. Un tel indice respecte davantage les orientations des politiques climatiques et de santé publique souhaitées. Le « panier durable » que nous proposons serait donc un panier dont tous les produits fossiles, nocifs pour la santé, ou pour lesquels le principe du pollueur-payeur pourrait s’appliquer, seraient exclus. De plus, de nombreux produits que nous souhaitons retirer du panier sont issus de matières premières cotées sur des marchés internationaux. Nos entreprises n’ont donc aucune possibilité d’influer sur leurs prix. Les hausses afférentes s’imposent à elles comme à leurs consœurs étrangères, à la différence que le système d’indice luxembourgeois provoque une « double peine » : la hausse du coût des matières premières et la hausse induite du coût salarial via le système d’indexation.

La crise énergétique actuelle, l’inflation galopante, l’explosion du prix des matières premières et d’autres facteurs exogènes ne sont-ils pas de nature à freiner ce mouvement ? À le faire passer au second plan des priorités ? Au contraire, ces facteurs ne font que renforcer l’urgence de la transition. Consommer moins d’énergie, investir dans les nouvelles technologies, la digitalisation, et augmenter le bien-être des Interview M. P.

David Foy, Jenny Hällen Hedberg and Joost Ortjens, Luxinnovation

The right start for business in Europe

How can an innovative company get its entry onto the European market just right? The International Business Development team of national innovation agency Luxinnovation provides some key insights.

FIND YOUR NICHE IN THE MARKET

The European Union is the third largest economy in the world, after China and the US. Made up of 27 countries and almost 450 million consumers with many different cultures, it offers a wealth of opportunities to companies provided that they can identify the right niche.

“New tech solutions are key to success. The companies in Europe which have the fastest growth are the ones that can deliver green energy and solutions based on innovative technologies,” says Jenny Hällen Hedberg,

who heads Luxinnovation’s International Business Development team. “If you can find a niche here, a future in Europe is definitely within reach.”

REVALIDATE YOUR OFFERING

Having an innovative solution that has already been proven on the market in a different part of the world is not in itself a guarantee for success in Europe. “European customers might have different needs or habits, or be more or less open to adopting certain technologies,” says Joost Ortjens, Luxinnovation’s international business developer specialising in smart mobility.

He therefore recommends testing and revalidating any innovative solution in Europe before starting the full-scale commercial launch. “It is often useful to test a version of the solution that is at the development stage between a prototype and the final solution. This is a good starting point for defining and implementing the – generally minor – adaptations that might be required to meet the needs of European clients.”

DO YOUR DUE DILIGENCE ON LOCAL REGULATIONS

It is also essential to take regulatory aspects into account. “Some companies overlook technical and legal hurdles, and forget to do their due diligence on local regulations,” confirms David Foy, Luxinnovation’s international business developer focusing on the digital economy. “A first example that comes to mind is the General Data Protection Regulation (GDPR), the EU law on data protection and privacy that impacts any company using personal data. Having a full overview of regulations and certifications needed is essential – if you miss one, it can bring the whole pack of cards down.”

While the EU is a single market with a single set of rules, each country has its own unique culture. “You cannot address Spain, the Netherlands and France, for example, with the same approach,” says Mr Foy. “You need to be aware of the cultural differences that impact how people see things and react.”

CONNECT WITH THE RIGHT PARTNERS

For companies that are about to launch business in Europe for the first time, it is not always easy to find the right testbed for their solutions. “My advice to international businesses is to always try to find a local partner to test their technology and solution in a real-life situation,” says Mr Ortjens. “There are often open innovation opportunities provided by public stakeholders, and Luxembourg is home to large corporates that push innovation forward.” The country has the advantage of being located between two of the EU’s biggest consumer markets, Germany and France, and close to a number of European technological hotspots, which makes it easier to test products in the right context.

Luxinnovation works with international companies that want to open offices in Europe

“ My advice to companies is to find a local partner to test their solution in a real-life situation. ”

JOOST ORTJENS Head of International Business Development – Smart Mobility

and that fit in with the local ecosystem. Mr Ortjens and his colleagues try to identify potential partnerships that can bring about win-win situations. “If pilot projects are conclusive and validated by a prospective customer in Luxembourg, they could be used to sell solutions all over Europe,” he points out.

GET INVOLVED WITH THE LOCAL COMMUNITY

In business, as in many other fields, the old adage “it’s not about what you know, but who you know” often applies. “Connecting with the right people is a key success factor, in particular here in Luxembourg,” Mr Foy confirms. “There are so many decision centres in Luxembourg, and people who are directly connected to decision centres elsewhere in Europe, so it is an excellent location for doing business both locally and on the European level. However, these people need to know who you are and how your solutions could fit in with what they are doing.”

He underlines the importance of attending networking events, conferences, fairs and so on. “It can be tempting to prioritise other activities more directly linked to your business, but getting involved with the local community should be seen as an investment. You might find opportunities to contribute to other people’s projects and have a positive impact on the ecosystem. If you do not put in the effort, the return will be small. If you do, the outcomes can be very beneficial.”

START BY MAKING AN ONSITE VISIT

However, getting access to key decision makers is often complicated when you come to a new country. In order to help international innovative companies interested in opening offices in Luxembourg kick-start their network, Luxinnovation has joined forces with the House of Entrepreneurship to offer soft-landing visits. The two entities prepare tailor-made programmes that enable company executives to meet a number of relevant contacts – government officials, service providers and potential partners – in the space of only 2-3 days. “The House of Entrepreneurship is an initia-

Logo à placer sur fond blanc

tive of the Luxembourg Chamber of Commerce and the Ministry of the Economy that brings together all the stakeholders involved in the value chain of business creation,” explains Ms Hällen Hedberg. “The team can provide an excellent overview of all the formalities related to incorporating a business in Luxembourg. Luxinnovation can offer advice on all topics related to R&D and innovation. Our sector experts have extensive personal networks in the business world and can introduce you to multinational corporations and local companies as well as to startups and highly specialised service providers. We also frequently help companies get in touch with Luxembourg’s innovation-oriented public research organisations in order to discuss partnerships.”

One company that recently benefitted from such a softlanding visit is Ohmio Automotion Ltd, a self-driving bus shuttle manufacturer with roots in Australia and New Zealand. “Our visit was very well planned: we had 4-5 meetings on the same day. Everywhere we went we felt welcome, and everyone showed us opportunities,” says Ohmio’s CEO Dean Zabrieszach. “The visit paid off in a big way. We were able to meet a lot of people, demonstrate that we are serious and position ourselves very well towards our first prospective customer.” Following the visit, the company won a major contract with national railway company CFL and is now in the process of opening its European office in Luxembourg.

ASK FOR HELP – IT IS AVAILABLE

There is obviously a whole range of factors to take into account for a company that is deciding where to open its first European office. “I recommend going where you find an active ecosystem of peers and support,” says Mr Foy. “Most people find it very complicated to get access to key people when they come to a new country, but international companies often point out to me how easy this is in Luxembourg – in particular when we are there to open the doors. They also appreciate our tailor-made approach and the personal contacts that we establish with the businesses that we support. We invite anyone interested in taking their innovative company to Europe to contact us and discuss how we can help. There is just no reason to do it all alone.”

MORE INFORMATION JENNY HÄLLEN HEDBERG Head of International Business Development T +352 43 62 63 1 info@luxinnovation.lu

This article is from: