PA P E R JA M . L U • JA N V I E R 2019
ICT 101001100111110101000110010110010 011001000111110100010110010011001 000111110100010110010011001000111 110100101001100111110101000110010 110010011001000111110100010110010 011001000111110100010110010011001 000111110100110010001111101000101 100100110010001111101001010011001 111101010001100101100100110010001 010001100101100100110010001111101 000101100100110010001111010100011 001011001001100100011111010001011 001001100100010100110011111010100 011001011001001100100011111010001 011001001100100011111010001011001 001100100011111010010100110011111 010100010010110010011001000111110 100010110010011001000111110100010 110010011001000111110100110010001 111101000101100100110010001111101 001010011001111101010001100101100 100110010001010001100101100100110 0100011111010001011001001100100011
t r Le fre-fo f e o u c ériq e m p u n ’Euro l de
Comment Cisco digitalise le Grand-Duché L’enjeu majeur de la cybersécurité Recherche développeurs désespérément Mario Grotz Premier conseiller de gouvernement, ministère de l’Économie
Gérard Hoffmann CEO, Proximus Luxembourg
ÉDITO
« Digitalisation sur mesure » Jonas Mercier Journaliste
PHOTO Maison Moderne
D
oit-on migrer vers le cloud ? Peut-on avoir confiance en la blockchain ? L’intelligence artificielle est-elle incontournable ? Combien faut-il investir dans la cybersécurité ? Les nouvelles technologies sont souvent un cassetête sans nom pour les dirigeants d’entreprise. D’une part, il s’agit de comprendre leur fonctionnement – certes la documentation existe et les conférences de spécialité sont légion, mais cela demande du temps. D’autre part, il faut être sûr de choisir la bonne solution. Et comme si cela n’était pas déjà suffisamment compliqué, les géants du numérique nous expliquent aujourd’hui qu’il est primordial de combiner les différentes technologies pour espérer de meilleurs résultats. Conscients des barrières auxquelles se heurtent les chefs d’entreprise, les prestataires de services IT sont en train de revoir leurs stratégies commerciales. Ils sont de plus en plus à proposer des « centres d’innovation ». En d’autres termes, des espaces qui leur permettent non seulement de présenter des applications concrètes des technologies qu’ils maîtrisent, mais aussi et surtout d’accueillir et de conseiller leurs clients. Il s’agit désormais de faire du sur-mesure. Fujitsu, le cinquième fournisseur de services IT dans le monde, mise à 200 % sur cette approche. L’entreprise
n’hésite d’ailleurs pas à communiquer fièrement sur son concept de cocréation avec ses clients. Présent à Munich début novembre à l’occasion du Fujitsu Forum 2018, le responsable des régions EMEIA (Europe, Middle East, India & Africa) et des Amériques, Duncan Tait, annonçait que l’entreprise avait ouvert deux centres de cocréation digitale en Europe, l’un à Munich et l’autre à Londres. « Nos clients adorent », a-t-il indiqué. Tatsuya Tanaka, le président du groupe, va plus loin en encourageant des partenariats avec ses concurrents, comme Microsoft ou VMware dans le secteur du cloud, pour offrir des solutions toujours plus adéquates à ses clients. « Il s’agit d’offrir des services les plus flexibles possible », répète-t-il. Fujitsu n’est pas seule. Tous ou presque le font. On peut citer SAP ou, plus près du Luxembourg, CGI, qui vient d’inaugurer son Lab dans ses bureaux de Bertrange. Bref, face à la complexification des processus de digitalisation, il devient de plus en plus facile pour un dirigeant d’entreprise de s’y retrouver et, indirectement, de prendre les bonnes décisions. En théorie, du moins. La conversation continue en ligne : @paperJam_lu
Paperjam
Paperjam Group
Janvier 2019 — ICT —
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UNE FEMMEOBJET
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SOMMAIRE
ICT Janvier 2019 Enquête
Révolution digitale au grand-duché Depuis quelques années, le Luxembourg multiplie les efforts pour se positionner en réelle nation digitale. Le chemin parcouru est considérable. Bien connecté, avec des infrastructures résilientes et des compétences ICT poussées, le pays dispose désormais de solides atouts. Mais il lui reste encore de nombreux défis à relever.
8 Sur le radar
Dans les coulisses
Le Grand-Duché récolte le fruit de ses efforts fournis pour la digitalisation du pays.
Notre photographe s’est rendu en fin d’année rue de Merl, dans la capitale, où Post menait des travaux de raccordement au réseau qui compte déjà plus de 16.000 km de fibre optique sur le territoire.
Un secteur en plein développement
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Déploiement
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Conseils
Next steps
Cinq gestes pour un bureau plus sûr
Chaque collaborateur a son rôle à jouer dans la sécurité numérique de l’entreprise. Les conseils de Securitymadein.lu pour ne pas commettre d’impair.
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« L’ICT sert d’abord à connecter les humains ! »
Marco Houwen, managing partner de DAO-Leadership et président de Lu-Cix, partage en image sa vision de l’avenir du secteur ICT au Luxembourg.
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Stratégie
Ressources humaines
Tendance
L’enjeu majeur de la cybersécurité
Recherche développeurs désespérément
La montée en puissance des responsables IT
Toutes les organisations, quel que soit leur secteur d’activité, peuvent aujourd’hui être la cible d’une cyberattaque. La sécurité numérique est aujourd’hui devenue une priorité.
Espèce rare et recherchée, les développeurs sont courtisés dans le monde entier. Au Luxembourg, entreprises et recruteurs redoublent d’efforts pour attirer les talents.
Autrefois confinés dans leur coin, les responsables IT sont désormais des postes-clés dans l’organisation d’une entreprise.
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34 Janvier 2019 — ICT —
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SUR LE RADAR
Un secteur en plein développement c h e c k m y n e t . lu
Mesurer sa connexion
économie et société numér iques
LE GRAND-DUCHÉ PERFORMANT
Dans son rapport annuel DESI, qui mesure la transformation numérique des États membres, la Commission européenne classe le Grand-Duché parmi les plus performants, à la 5e position. Il obtient ainsi de bons résultats en connectivité (2e place du DESI 2018), à la fois pour la couverture et l’abonnement. Il enregistre de très bons résultats (5e place) en ce qui concerne le capital humain, en particulier dans l’utilisation des compétences numériques, où il est le plus performant, ainsi que pour l’utilisation d’internet (4e place).
Pour vérifier la qualité de sa connexion internet, l’Institut luxembourgeois de régulation a lancé checkmynet.lu. L’outil a été utilisé près de 70.000 fois depuis son lancement en avril 2018, dont la majorité sur des réseaux wifi, la technologie la plus utilisée au Grand-Duché, mais les connexions physiques restent les plus performantes.
Classement 2018 de l’indice relatif à l’économie et la société numériques (DESI) Service public numérique
Intégration de la technologie numérique
Utilisation d’internet
Capital humain
Connectivité
80 %
70 %
o p e n data 60 %
30 %
20 %
10 %
Au Luxembourg, le déploiement de la 5G est pris très au sérieux. Ainsi, cinq sites ont été choisis pour des projets pilotes : le plateau du Kirchberg, le site de Belval, le centre CFL Multimodal de Dudelange, l’Automotive Campus de Bissen et un tronçon d’un grand axe de circulation. En novembre, une conférence ouverte a été organisée, où les participants étaient invités à faire part de leurs idées. D’ici 2025, le réseau sera présent dans les principales villes. — ICT — Janvier 2019
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L’accès public et libre de droit aux données ouvertes réalise un beau score au Luxembourg. Une étude de l’European Data Portal le classe 6e avec 91 % (82 % en moyenne dans l’Union européenne), grâce à la qualité, les aspects fonctionnels et le taux d’utilisation du portail data.public.lu. En 2016, il était 25e.
cybersécur ité
« Nous allons mettre en place un centre national de filtrage des attaques DDoS. » Xavier Bettel a annoncé en novembre dernier, lors de la 5e édition des Luxembourg Internet Days, un important renforcement des infrastructures réseau du pays et la création d’un centre de filtrage des attaques par déni de service, aussi appelées DDoS. Le GIE Lu-Cix sera en charge de cette nouvelle mission, en collaboration avec le Haut-Commissariat à la protection nationale.
PHOTO Maison Moderne (archives)
Horizon 2025
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SOURCE Commission européenne
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Where tomorrow begins Some dream. Some discover. Some change the world for the better. We connect it all. At LIST, we build the bridges that connect the world of academia with the real change that’s happening in the market. It’s research and innovation made in Luxembourg. And it’s at your service.
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ENQUÊTE
POLITIQUE ÉCONOMIQUE
Depuis quelques années, le Luxembourg multiplie les efforts pour se positionner en réelle nation digitale. Le chemin parcouru est considérable. Bien connecté, avec des infrastructures résilientes et des compétences ICT poussées, le pays dispose désormais de solides atouts. Mais il lui reste encore de nombreux défis à relever. 8—
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PHOTOS Nader Ghavami, ILLUSTRATIONS Sascha Timplan
Révolution digitale au Grand-Duché
ENQUÊTE
L
e Luxembourg peut-il aujourd’hui prétendre au statut de digital nation ? « Sans doute plus qu’hier et moins que demain, explique Mario Grotz, premier conseiller de gouvernement au ministère de l’Économie, chargé de la direction générale Recherche, propriété intellectuelle et nouvelles technologies. C’est un enjeu essentiel de façonner un écosystème digital qui puisse soutenir le développement de l’économie, mais aussi améliorer la qualité de vie de chacun. Un travail de fond a été mené par les dirigeants du pays depuis de nombreuses années pour permettre au Luxembourg de devenir cette digital nation à laquelle on aspire. »
TRAVAUX EN COURS
Un tel projet implique des efforts coordonnés de la part des divers acteurs, pour faire évoluer les pratiques, mais aussi des investissements conséquents dans les infrastructures. La volonté de faire du Luxembourg une nation à la pointe dans le domaine du digital n’est pas récente. L’activité liée à l’ICT s’est d’abord développée, jusqu’au début des années 2000, pour répondre aux besoins du secteur financier. Dès 2006, le gouvernement entreprend d’importants investissements avec la volonté de répondre aux exigences d’autres opérateurs internationaux. Il faut, d’une part, connecter le Luxembourg à d’autres grandes Places européennes, mais aussi garantir la sécurité et la disponibilité des services numériques développés au départ du Grand-Duché. « Il y a 10 ans, jamais Google n’aurait manifesté un intérêt pour le Luxembourg afin d’y déployer un data center, commente Gérard Hoffmann, CEO de Proximus Luxembourg. L’environnement développé a permis d’attirer des acteurs majeurs du numérique, comme PayPal ou Alipay, et a, plus généralement, facilité la transformation de la place financière. » Une bonne connectivité s’appuyant sur des infrastructures résilientes est la condition sine qua non pour construire des services digitaux. Sur cette base, l’enjeu est de permettre à de nouveaux services d’émerger, à de nouveaux business de prospérer. « Le secteur ICT a beaucoup évolué, pour devenir un des piliers de l’économie nationale. Aujourd’hui, il représente 7 % du PIB et plus de 4 % de l’emploi », assure Gérard Hoffmann. Le développement d’un écosystème ICT fort suffit-il à positionner le Luxembourg comme digital nation ? « Cela y contribue, assure Georges Muller, directeur de l’opérateur alternatif Cegecom. Les acteurs de l’ICT participent à la mise en œuvre de la vision définie au niveau de l’État et dans laquelle le pays s’est engagé. Toutefois, pour parler de digital nation, il faut considérer une multitude de composantes, pas uniquement l’activité économique en lien avec le digital.
Mario Grotz Premier conseiller de gouvernement, ministère de l’Économie
C’est la société dans son ensemble qui doit se transformer, les activités économiques traditionnelles mais aussi l’administration, la mobilité, la ville, pour répondre à de nouveaux enjeux. » Le gouvernement Bettel a poursuivi le travail de transformation initié par ses prédécesseurs, notamment à travers les investissements dans les infrastructures. « Il a fixé un cadre stratégique à travers deux initiatives majeures, analyse Mario Grotz. La première est Digital Luxembourg, qui vise à rassembler une diversité d’acteurs autour d’axes prioritaires en matière de transformation digitale. La deuxième est l’étude Rifkin, pour l’accompagnement et la mise en œuvre de la digitalisation des acteurs de l’industrie. »
L’E-ADMINISTRATION, UNE PRIORITÉ
« Au niveau de la numérisation des services publics, il est évident qu’il y a encore du chemin à faire, constate Georges Muller. À l’image de l’Estonie, nous pourrions pousser la digitalisation de l’administration publique beaucoup plus loin, pour à la fois rendre l’administration plus efficiente et offrir de meilleurs services tant aux citoyens qu’aux entreprises. » Une analyse de Gartner, cabinet de conseil et de recherche spécialisé dans la technologie, au sujet des cycles d’innovation dans l’administration, pointait récemment « l’obligation de plus en plus pressante pour les gouvernements de réduire l’écart technologique existant entre l’administration et le secteur privé ». On pouvait y lire aussi que « les responsables informatiques des gouvernements sont confrontés à une pression et à des attentes croissantes de la part de leurs dirigeants et de leurs électeurs pour offrir des
expériences numériques meilleures, plus efficaces et plus facilement utilisables ». Le cabinet évoquait enfin le nécessaire effacement des frontières entre les services relevant de la sphère publique et ceux menés par les acteurs semi-publics, au niveau de la santé, des transports, des services sociaux. « Le gouvernement numérique exige des améliorations dans la chaîne de valeur et la capacité de fonctionner en tant que fournisseur ou participant actif dans un écosystème numérique plus large et inclusif », précise le cabinet. C’est donc un chantier d’envergure que doit poursuivre le nouveau gouvernement. « Face aux enjeux de digitalisation de l’ensemble de l’économie, et notamment des PME, l’État doit donner l’exemple. Il peut aussi inciter les acteurs à s’engager dans la transformation, en exigeant qu’ils réalisent leurs procédures en ligne et émettent des factures sous format numérique. Aujourd’hui, l’accent doit donc être davantage mis sur cette transformation », poursuit Gérard Hoffmann.
VERS UN MINISTÈRE DE LA TRANSFORMATION DIGITALE ?
Au début de la législature précédente, la transformation digitale de l’administration figurait parmi les axes prioritaires établis à travers l’initiative Digital Luxembourg, au même titre d’ailleurs que la poursuite des investissements dans les infrastructures, le développement des compétences, l’amélioration de l’écosystème digital et innovant, avec le soutien aux start-up et aux sociétés de la fintech, ou encore l’établissement d’un cadre réglementaire favorable. « Le digital implique de mettre en œuvre des approches transversales, et donc une meilleure coordination des initiatives à l’échelle Janvier 2019 — ICT —
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ENQUÊTE
de l’État. Dédier un ministère à ces enjeux serait, de mon point de vue, une bonne idée, précise Georges Muller. Il faut une personne, avec les pouvoirs associés, pour engager la transformation digitale à l’échelle de l’administration. Nous avons toujours été un petit pays, avec un esprit entrepreneurial fort. Pourquoi cette politique proactive ne se traduit-elle pas au niveau de la sphère publique ? » Pour Gérard Hoffmann, la politique de digitalisation nationale doit en effet être plus activement développée au niveau du gouvernement, mais pas forcément à travers un ministère dédié. « Je pense que le digital doit s’appréhender collectivement. On peut imaginer un groupe interministériel rattaché au ministère d’État qui veille sur ces enjeux, aussi bien la numérisation de l’administration que les enjeux de transformation à l’échelle de l’économie et de la société. Il faut en tout cas un mandat clair, avec un budget, pour mener des politiques volontaristes, précise le CEO de Proximus Luxembourg. On pourrait aussi envisager la mise en place d’un haut comité à la transformation digitale. » En rassemblant des responsables des différentes composantes de la société, des acteurs du privé et du public, cette structure permettrait d’appréhender les enjeux selon diverses perspectives, comme celles du développement de l’économie, du travail, de la législation et de la transformation de la société. En matière de numérisation, le Luxembourg peut tout de même être fier du chemin parcouru en quelques années à peine. Cependant, l’écosystème luxembourgeois ne doit pas relâcher ses efforts. Si l’infrastructure en place satisfait les besoins de la plupart des
Gérard Hoffmann CEO, Proximus Luxembourg
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entreprises, l’erreur serait de penser qu’il n’est plus nécessaire d’investir à ce niveau. « Il y a encore des efforts à réaliser pour relier directement les entreprises au réseau de fibre, comme c’est le cas pour chaque foyer », commente Georges Muller. De nouveaux besoins se font aussi ressentir par ailleurs. D’une part, la révolution 5G est désormais annoncée. Le Luxembourg doit anticiper son déploiement, en mettant en œuvre un cadre réglementaire favorable. « Au-delà, le développement de la plate-forme HPC (high performance computing), en dotant le Luxembourg d’une puissance de calcul, doit permettre d’attirer de nouveaux acteurs, des compétences et la propriété intellectuelle autour de l’exploitation de la donnée », assure Georges Muller. L’économie digitale s’appuyant sur la donnée, le Luxembourg doit continuer à investir dans son infrastructure et ses compétences en cybersécurité afin de garantir sa position de hub de confiance pour le développement d’activités numériques. « Le déploiement du projet HPC et le fait que l’Estonie ait choisi le Luxembourg pour établir sa digital embassy font du Luxembourg un hub pertinent pour gérer et stocker les données, assure Mario Grotz. La capacité d’un pays à gérer et à stocker la donnée est un élément essentiel pour bien se positionner au cœur du marché numérique unique actuellement en construction. »
DÉVELOPPER DES NICHES PERTINENTES
Le digital doit aussi servir l’accélération de la diversification économique du pays. « Comme il l’a régulièrement prouvé par le passé, le Luxembourg peut se démarquer sur le marché en investissant dans des niches pertinentes »,
EN EUROPE
LE LUXEMBOURG EN CINQUIÈME POSITION Comment le Luxembourg se positionne-t-il en tant que digital nation par rapport à ses voisins ? L’indice DESI, qui mesure la performance de l’économie et de la société numériques des pays de l’Union européenne, place le Luxembourg en cinquième position des économies digitales les plus avancées, derrière le Danemark, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas. Pour établir ce classement, la Commission prend en considération plusieurs aspects : la connectivité, les compétences digitales, l’utilisation des services numériques par les citoyens, l’intégration des technologies au niveau des entreprises, les services publics numériques, la recherche et le développement dans le domaine de l’ICT. Si l’on va dans le détail, ce classement permet d’identifier les forces et points d’amélioration pour mieux positionner le Luxembourg en tant que digital nation. Le Grand-Duché excelle au niveau de la connectivité (le pays se classe en deuxième position sur ce point), en matière de compétences (cinquième, en régression) et dans l’utilisation des services internet (quatrième). Là où le bât blesse, c’est dans l’intégration des technologies numériques au niveau des entreprises (22e) et dans le déploiement d’une administration numérique (17e).
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ENQUÊTE
assure Georges Muller. L’initiative Space– resources.lu, par exemple, démontre comment le Grand-Duché peut se distinguer avec des idées nouvelles, pour attirer de nouveaux acteurs. « Des démarches similaires peuvent être mises en œuvre à d’autres échelles. Dans le domaine du transport et de la mobilité, avec des problématiques vécues difficilement au Luxembourg, je pense qu’il y a de nouvelles approches et de nouveaux modèles à mettre en œuvre au départ des possibilités offertes par la technologie, comme la voiture autonome par exemple », ajoute Georges Muller. C’est en développant des écosystèmes cohérents et efficients, en travaillant sur le cadre réglementaire, en s’appuyant sur des régulateurs agiles, en investissant dans des infrastructures adaptées, en attirant des experts dans leur domaine, que le Luxembourg parviendra à tirer son épingle du jeu. « Autour de la blockchain, il y a beaucoup de choses à faire. Je pense personnellement qu’en tant que place financière de premier plan, le Luxembourg doit pouvoir réglementer avant les autres autour des tokens, précise Gérard Hoffmann. L’intelligence artificielle aussi laisse entrevoir beaucoup de possibilités, qui appelleront à prendre position. Le Grand- Duché, en tant que petit pays, doit parvenir à aller plus vite que d’autres sur ces enjeux. » Les sociétés déjà bien établies et prospères vont aussi devoir évoluer, se transformer. Qu’elles soient actives dans la finance ou dans l’industrie manufacturière, chacune doit pouvoir mieux identifier les opportunités apportées par le digital et investir. « Toute une industrie nouvelle va se créer autour des données. Le Luxembourg doit se positionner dans ce contexte, avec un cadre réglementaire favorable à la valorisation de l’information, pour attirer des acteurs qui permettront au départ de la donnée de proposer des services nouveaux, des expériences plus personnalisées, précise Mario Grotz. Dans le domaine de la fintech, bien évidemment, il faut pouvoir développer de nouveaux services. Mais nous avons aussi de belles opportunités au niveau du digital healthcare, en misant sur une meilleure exploitation des données pour améliorer les diagnostics, développer la médecine prédictive, améliorer les soins à domicile. Enfin, je pense qu’au niveau des acteurs industriels au service du secteur automobile, il y a de beaux projets à développer. »
LES START-UP FONT LEVIER
Les start-up, enfin, sont des acteurs importants de la transformation de l’économie et de la société. « L’écosystème autour des jeunes acteurs innovants s’est considérablement renforcé ces dernières années, commente Mario Grotz. De nouveaux incubateurs ont 12 —
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Georges Muller Directeur, Cegecom
vu le jour, des synergies intéressantes se sont développées, des programmes d’investissement et d’accompagnement, comme le Digital Tech Fund ou Fit4Start, ont été mis en œuvre. Le nombre de start-up, comme le volume d’investissements, évolue positivement. » Il est essentiel, désormais, de consolider l’environnement, l’améliorer, mais surtout le faire valoir à l’international. « Nous n’attirons pas aujourd’hui suffisamment de start-up, commente Gérard Hoffmann. Or, ce sont des acteurs essentiels d’une digital nation. Ce sont elles qui créent l’économie de demain. Les start-up aident les acteurs à se transformer. Elles font évoluer les modèles. Les géants de demain se trouvent parmi elles. » Un des enjeux, pour faciliter l’éclosion de jeunes sociétés innovantes au Luxembourg, réside dans la simplification des démarches d’installation. Il est essentiel de leur permettre d’accéder plus aisément aux fonds qui leur permettront de prospérer. « Il manque encore un réel écosystème d’investisseurs, poursuit le CEO de Proximus Luxembourg. On pourrait, par exemple, mettre en place un incitant fiscal pour la mobilisation de l’épargne privée à travers l’investissement dans ces structures particulières. »
FAIRE ÉVOLUER LES COMPÉTENCES
Pour garantir le développement du Luxembourg en tant que digital nation, il faut enfin se pencher sur la problématique des compétences. « Aujourd’hui, on peine à recruter des compétences dans le domaine de l’ICT, principalement des profils spécifiques, explique Georges Muller. Cependant, on peut féliciter la manière dont s’est transformée l’Adem. Plus que de servir les demandeurs d’emploi,
l’administration s’est aussi mise au service des entreprises, pour faciliter le recrutement, accompagner l’évolution des compétences. » À défaut de pouvoir former des compétences utiles en suffisance, le Luxembourg devra trouver les moyens de toujours mieux les importer. D’autre part, pour le directeur de Cegecom, il faut aussi faciliter l’émergence de nouveaux profils alliant compétences techniques et business, et voir des opportunités au-delà des contraintes. « Le RGPD, par exemple, constitue une démarche lourde pour les entreprises comme la nôtre, explique-t-il. Je reste toutefois persuadé qu’avec des profils qui combinent compétences juridiques et IT, il est possible de mettre en œuvre de nouvelles procédures qui, en garantissant le respect de la réglementation, permettent d’accéder à des avantages compétitifs », explique-t-il. Le défi en matière d’évolution des compétences, au cœur d’une société de plus en plus digitale, exige aussi de regarder à plus long terme. « Notre système scolaire est l’un des plus cher au monde et semble toujours peiner à former nos jeunes pour le futur, affirme Georges Muller. On sait aujourd’hui que l’automatisation et l’intelligence artificielle s’apprêtent à modifier la société en profondeur, à remplacer l’humain dans l’accomplissement de nombreuses tâches et procédures. La société se transforme, l’école doit pouvoir anticiper ces évolutions, à travers des programmes et des pratiques d’enseignement adaptés. Dans le monde de demain, plus que jamais, il faudra s’appuyer sur les aptitudes humaines, comme la créativité, l’innovation et l’empathie, que l’on doit entretenir dès le plus jeune âge. » S.L.
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DANS LES COULISSES
DÉPLOIEMENT
L
e Luxembourg compte actuellement 16.568 kilomètres de fibre optique, déployés sur tout le territoire par l’opérateur Post. Ce qui représente, à la fin du mois d’octobre, 61,8 % des ménages éligibles à la fibre. « Cela correspond aux objectifs qui étaient fixés », confirme une porte-parole de Post Luxembourg. Le déploiement de la fibre optique se poursuit sur tout le Luxembourg. Si le montant des investissements nécessaires n’est pas communiqué par l’opérateur, ce dernier dévoile toutefois que cela représente « plusieurs centaines de mil lions d’euros ». La stratégie nationale pour les réseaux à ultra-haut débit a été élaborée en 2010. Pour rappel, la fibre optique constitue la base du réseau très haut débit par lequel peuvent transiter aussi bien la télévision, le téléphone, la vidéoconférence, les données informatiques, l’accès internet ultra-rapide et beaucoup d’autres services. Post est l’opérateur principal déployant la fibre, qui revend ses accès aux infrastructures aux autres opérateurs. Dans le même temps, l’accès internet en utilisant le réseau cuivre à 30 mégabits par seconde atteint 80,7 % des foyers, et à 100 mégabits par seconde, 88,4 % des ménages des résidents au Grand-Duché.
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Les travaux d’installation de la fibre au Luxembourg se poursuivent comme ici, rue de Merl, dans la capitale.
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PHOTO Anthony Dehez
DANS LES COULISSES
FOCUS UN AN APRÈS DAVOS
Comment Cisco accélère la digitalisation du Luxembourg En janvier dernier, le Premier ministre Xavier Bettel et le CEO de Cisco, Chuck Robbins, signaient à Davos un accord de collaboration visant à accélérer la numérisation du Grand-Duché. Un an après, où en est-on ?
et des serveurs, pour asseoir les ambitions numériques du Grand-Duché.
COUNTRY DIGITAL ACCELERATION
C’
était en janvier 2018. À l’occasion d’une rencontre au Forum de Davos, le Premier ministre Xavier Bettel et le CEO de Cisco, Chuck Robbins, signaient un accord pour accélérer le déploiement de la révolution digitale au Luxembourg. But de l’opération : profiter de l’expérience du géant américain, leader mondial dans le domaine du matériel réseau
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Pour donner un cadre à ce protocole de collaboration, Cisco a proposé de développer au Luxembourg un modèle déjà mis en place dans 16 autres pays à travers le monde : le programme CDA (Country Digital Acceleration). Celui-ci a évidemment été adapté aux besoins du Luxembourg, en pointant quatre grands domaines à développer : l’éducation, la cybersécurité, l’internet des objets et la technologie financière. « En 2018, nous avons décidé de nous concentrer d’abord sur l’éducation, indique Romain Siebenaler, country manager
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Le nombre de pays qui bénéficient aujourd’hui du programme CDA de Cisco.
de Cisco Luxembourg. Il manque quelque 2.500 informaticiens au Grand-Duché pour faire tourner l’économie numérique. Nos entreprises ne peuvent pas numériser leurs processus si elles ne disposent pas des compétences pour le faire. Il faut donc mettre l’accent sur le numérique dès le plus jeune âge. » Malheureusement, les écoliers sensibilisés aujourd’hui ne seront pas disponibles sur le marché du travail avant au moins 10 ans. « C’est pourquoi nous avons dû développer un programme qui permet de pallier rapidement cette pénurie d’informaticiens, poursuit Romain Siebenaler. Car il ne suffit pas d’aller les chercher à l’étranger : nos pays limitrophes sont également en manque d’experts. Notre vision commune est de faire du Luxembourg le pays par excellence pour l’apprentissage novateur. »
FORMER ET RECONVERTIR
Concrètement, cette volonté se traduira par la mise en place d’une politique appelée
FOCUS
9.500 Le nombre de centres de formation créés par Cisco dans le cadre de ses Networking Academies.
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Le nombre total de projets lancés à travers les différents programmes CDA.
« Luxembourg for e-novative learning ». « Nous cherchons à savoir comment ‘mieux apprendre’, explique Romain Siebenaler. Pour y parvenir, nous nous sommes engagés au sein du Luxembourg Learning Centre de l’Université du Luxembourg. Les recherches menées dans ce centre d’étude portent à la fois sur le volet technologique et sur l’aspect humain. Par exemple, est-il finalement préférable de promouvoir l’apprentissage individuel ou de chercher à mettre en place un apprentissage plus collectif ? Leur feed-back nous permettra d’améliorer notre technologie ainsi que nos Networking Academies – ou NetAcad –, des programmes de formation aux métiers du numérique qui sont déployés dans 180 pays. » De nouvelles méthodes d’enseignement, comme le peer-to-peer learning, seront également développées pour permettre d’appréhender plus rapidement les compétences requises. L’autre axe sur lequel Cisco compte travailler est la reconversion d’employés vers le numérique. Dans cette optique, un nouvel accord a été signé avec le ministère du Travail pour mener une série d’actions en collaboration avec le Digital Skills Bridge, une structure luxembourgeoise qui soutient la reconversion des employés dans ce secteur. « Pour la reconversion d’employés vers le numérique, nous avons lancé deux nouvelles NetAcad au Luxembourg cette année, respectivement au Lycée technique d’Esch-surAlzette et à l’Université du Luxembourg à
Belval. Nous y offrons des cours numériques et axés sur le business, indépendamment de nos technologies et produits propres », complète Romain Siebenaler.
PROTÉGER LES HÔPITAUX DES CYBERATTAQUES
Un domaine particulièrement important pour le Luxembourg, qui souhaite devenir un hub numérique au niveau européen, a d’ores et déjà été investi par Cisco en cette première année de collaboration : la cybersécurité. « Pour améliorer ce qui se fait dans ce secteur, nous avons conclu un accord avec Securitymadein.lu, qui vise à mettre à disposition Talos, notre plate-forme de recherche et d’analyse des menaces informatiques, précise le country manager de Cisco. Celle-ci permet de détecter 1,5 million de morceaux de logiciels malveillants par jour. » En outre, Cisco va également collaborer avec Post et l’agence eSanté pour développer une solution qui permettra de protéger le réseau hospitalier contre les cyberattaques par ransomware. « Cette sécurisation est importante, poursuit Romain Siebenaler. En 2017, le ransomware WannaCry avait en effet déjà pris en otage un certain nombre d’hôpitaux britanniques. Une solution efficace sera développée en combinant les technologies proposées par Cisco et le support opérationnel fourni par Post, qui est ainsi le premier partenaire commercial à rejoindre le programme CDA de Cisco. »
IOT ET FINTECH EN POINT DE MIRE
Ces premiers développements seront suivis d’autres réalisations au cours des prochaines années. Ainsi, dès 2019, les volets IoT et fintech seront réellement mis en œuvre. « Nous avons déjà lancé les premières bases, notamment en débutant des projets pilotes dans le domaine de la ‘Smart City’. Notre outil Cisco Kinetic, créé pour gérer et orchestrer les flux IoT, va être mis à disposition dans ce cadre », indique Romain Siebenaler. En collaboration avec la Lhoft, Cisco va également travailler à l’accélération du déve-
loppement de start-up fintech. Une plateforme sera mise sur pied pour faciliter la création de ce type de jeunes pousses.
LE LUXEMBOURG, TERRAIN DE JEU IDÉAL
Pour Cisco, le choix du Luxembourg comme partenaire pour l’application du programme CDA tenait de l’évidence. « Le Luxembourg est un grand innovateur en Europe, un pays agile et ‘smart’ qui veut être à l’origine de la création de nouvelles technologies. En outre, le gouvernement grand-ducal offre la flexibilité nécessaire pour mettre cette plate-forme en place. Il facilite l’intégration de ces technologies innovantes à un stade précoce de leur cycle de développement. C’est pour marquer cet intérêt pour le pays que notre CEO, Chuck Robbins, a visité le Luxembourg en mars dernier, reconnaissant l’importance de notre démarche commune, tant pour Cisco que pour le Luxembourg », conclut Romain Siebenaler. Q. D.
UN AN DE PRÉPARATION Beaucoup de rencontres et de travaux préliminaires ont été nécessaires pour parvenir à l’accord signé à Davos en janvier dernier. Le concept de Country Digital Acceleration est certes appliqué dans d’autres pays, mais il faut toutefois l’adapter aux besoins de chaque territoire. « Au final, il nous a fallu environ un an pour tout mettre en place, commente Romain Siebenaler. Nous avons défini ensemble les quatre piliers sur lesquels baser notre action – l’éducation, la cybersé curité, l’internet des objets et la fintech – avant de nous décider à signer cet accord. » Résolument ancrée dans l’initiative Digital Luxembourg, la collaboration entre Cisco et le Grand-Duché est décrite comme un moyen de construire un écosystème d’innovation durable en investissant dans le développement des connaissances, les nouveaux modèles de revenus et les emplois du futur. « Autant d’éléments qui contribueront à l’économie numérique mondiale », selon Romain Siebenaler.
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PROTECTION DES DONNÉES
Le coffre-fort numérique de l’Europe
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Dans une économie digitale qui voit croître de manière exponentielle le volume de données, le secteur ICT luxembourgeois a une belle carte à jouer. Il lui faut pour cela entretenir un écosystème fort, garantissant la préservation des data face à des menaces toujours plus pernicieuses. 18 —
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À
l’ère numérique, la valeur est dans la donnée. Les entreprises en prennent conscience, tandis que se multiplient les tentatives de personnes malveillantes désireuses de s’accaparer l’information. Comment protéger ces biens précieux ? En les mettant en lieu sûr ! Le Luxembourg a fait le choix judicieux de se positionner comme le coffre-fort européen de la donnée. Depuis une quinzaine d’années, l’État investit dans une infrastructure parmi les plus performantes et les plus résilientes au monde. Cela a commencé par la mise en œuvre de centres de données garantissant les plus hauts niveaux de sécurité et de disponibilité à travers la certification Tier IV, délivrée par l’Uptime Institute. « En 20042005, nous étions les premiers à investir dans des centres de données répondant à ce niveau d’exigence, se souvient Yves Reding, CEO d’EBRC, leader de la gestion et de la protection des informations sensibles. À l’époque, on nous a pris pour des fous. On nous disait que le marché n’avait pas besoin d’infrastructure garantissant
tion physique des éléments IT, on garantit un accès contrôlé au bâtiment, on veille au maintien des installations techniques et à l’approvisionnement en énergie garantissant la disponibilité des systèmes. Mais au-delà, il est essentiel d’avoir de la connectivité, pour assurer l’accès aux données. » Afin de connecter le Luxembourg aux autres grandes Places européennes, l’État a donc aussi considérablement investi, en développant un réseau de fibre parmi les plus denses d’Europe. L’infrastructure seule, aussi solide soitelle, ne suffit toutefois pas à convaincre les acteurs internationaux de rejoindre le Grand- Duché pour y positionner leurs données ou développer une activité s’appuyant sur leur valorisation. Luxembourg est une capitale européenne, certes, mais de second plan. Elle n’apparaît pas directement sur les radars des acteurs internationaux. « La position de coffrefort numérique de l’Europe, que nous défendons depuis plus de 10 ans, nous a permis, et nous permet encore, de nous différencier à l’échelle du marché du numérique euro-
en lien avec ces attentes, pour garantir une confidentialité et une sécurité exemplaires. »
UN CADRE RÉGLEMENTAIRE ADAPTÉ
Le législateur a aussi accompagné ce changement en dotant l’environnement réglementaire d’autres atouts. « Développer un coffre-fort numérique demande la prise en considération d’enjeux qui vont au-delà de la mise en place de réseaux et de centres de données ultra-performants et hypersécurisés. Cela nécessite d’appréhender la problématique de la préservation des données dans un contexte un peu plus large, de développer un cadre répondant aux besoins concrets exprimés par les acteurs », explique Janin Heniqui, senior manager Product Development au sein de Datacenter Luxembourg. Dans cette perspective, Luxembourg a pris plusieurs dispositions en vue d’accompagner l’émergence du cloud computing. « Par exemple, le gouvernement a adopté la loi sur la réversibilité des données en cas de faillite d’un prestataire de cloud », poursuit le représentant de Datacenter Luxembourg. Le détenteur
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une disponibilité de 100 % (99,995 %, selon l’Uptime Institute, ndlr). L’histoire nous a donné raison. Et, en tant que coffre-fort numérique, le Luxembourg a une longueur d’avance. »
PROTÉGER ET FACILITER LE TRAITEMENT
Le Luxembourg est aujourd’hui le pays avec la plus importante densité de data centers avec ce niveau de certification. Cependant, si la donnée doit être protégée, l’enjeu n’est pas de l’enfermer dans un bunker. « La valeur de la donnée est révélée à travers le traitement qui en est fait. On place de l’or dans un coffre-fort à la banque pour ne plus y toucher. Pour la donnée, c’est autre chose. Il faut pouvoir y accéder, l’échanger, la valoriser, commente Roger Lampach, CEO de LuxConnect. Au niveau du data center, avec la certification Tier IV, on assure la protec-
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péen, vis-à-vis d’autres Places internationales comme Dublin, Amsterdam, Londres ou Francfort, mais aussi vis-à-vis de grands acteurs du cloud, notamment », commente Yves Reding. Le Luxembourg a utilisé ses forces pour se positionner comme une Place de confiance, avec une infrastructure hautement sécurisée, mais aussi le développement de services à haute valeur ajoutée en matière de protection et de préservation des données. « L’écosystème digital luxembourgeois a beaucoup d’arguments à faire valoir, poursuit Yves Reding. D’abord, l’essor de l’ICT au Luxembourg a principalement été lié aux besoins des acteurs des secteurs bancaire et financier, qui ont un niveau d’exigence particulièrement élevé et qui sont très régulés. Les infrastructures et les prestataires de services ont donc dû développer un professionnalisme
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des données est donc assuré de pouvoir les récupérer. La faillite n’entraîne pas la perte des actifs numériques. « Cette loi a constitué un levier de confiance en faveur de l’adoption du cloud, tant pour l’exploitant de services digitaux que pour ses clients. Ce fut un réel accélérateur. Elle a en outre permis aux prestataires luxembourgeois de se démarquer par rapport à la concurrence internationale », poursuit Janin Heniqui. L’enjeu, désormais, est de faire valoir les atouts du Luxembourg auprès d’une grande diversité d’acteurs européens et mondiaux, pour accélérer le développement du secteur ICT national. « Au-delà des infrastructures, le défi est de mettre la barre toujours plus haut. C’est pour cette raison que nous avons considérablement investi dans la sécurisation de toute la chaîne des opérations critiques, pour garantir, au-delà de la cybersécurité, Janvier 2019 — ICT —
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la cyber-résilience à la fois de nos services et du business de nos clients, poursuit Yves Reding. Pour positionner le Luxembourg, la première démarche a donc été d’assurer la sécurité physique au niveau des data centers, avant de se lancer dans la mise en œuvre de services garantissant l’intégrité des informations au cœur des systèmes. Nous avons adopté les meilleures pratiques et mettons en œuvre les standards les plus rigoureux à travers de nombreuses démarches de certification. » Au cœur du marché digital, Luxembourg a choisi de miser sur la qualité. Ses acteurs ont développé une large gamme de solutions à haute valeur ajoutée. Pour mieux lutter contre les attaques de diverses natures (ransomware, déni de service – DDoS…), chaque acteur doit développer des compétences poussées. Le défi est de pouvoir veiller à la sécurité à travers l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis l’infrastructure jusque dans les couches applicatives, en passant par la protection des bases de données. « L’amélioration de la protection et de la sécurité ne dépend plus tellement du renforcement des
neutraliser des systèmes informatiques entiers ou pour rendre des services et des données inaccessibles. « Depuis quelques années, nous observons un accroissement alarmant des attaques par déni de service, autrement appelées DDoS, avec pour objectif de paralyser les services de nos clients. Ce mode d’attaque consiste à envoyer du trafic illégitime vers un réseau ou une adresse IP jusqu’à ce que les serveurs, les applications ou le site ciblés n’arrivent plus à suivre », explique Janin Heniqui. Si le Luxembourg est un pays discret, neutre, et donc jusqu’à présent moins souvent la cible privilégiée de ce type d’attaques, il n’en est pas moins essentiel de pouvoir se préparer à affronter le pire. « Avec la volonté de contribuer au ‘coffre-fort’ luxembourgeois, nous avons mis en place une offre de protection DDoS illimitée. Nous apportons des solutions aux besoins de nos clients pour les aider à faire face à ces menaces et à mettre en œuvre des réponses adaptées. » De quoi renforcer la position du Luxembourg comme hub de confiance pour la donnée. « C’est tout un
encore de l’internet des objets, assure Roger Lampach. Le cadre de confiance luxembourgeois, dans ce contexte, est plus attractif que jamais. La demande est de plus en plus importante. » De récents développements, comme l’installation de l’ambassade digitale d’Estonie au Luxembourg, réel back-up de l’administration de ce pays très avancé dans la digitalisation de la sphère publique, viennent mettre en lumière les atouts du Luxembourg. « L’installation de Google, si elle se confirme, devrait aussi nous offrir une meilleure exposition à l’international », poursuit Roger Lampach. « De plus en plus, nous voyons des acteurs entrer en contact avec nous avec la volonté de mieux protéger leurs données, assure Janin Heniqui. En tant que centre de compétences en cybersécurité et fournisseur d’infrastructures et d’environnements d’hébergement de données garantissant l’intégrité, la disponibilité et l’accessibilité des données des clients, le Luxembourg a une belle carte à jouer. En tant que start-up nation, le Luxembourg doit capitaliser sur cet écosystème pour attirer des sociétés désireuses de développer des
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réseaux et centres de calculs ou du cadre légal à mettre en place, poursuit Janin Heniqui. Il faut désormais davantage travailler à l’élaboration de bonnes pratiques ou encore à la mise en place d’outils et d’applications permettant une utilisation sûre des solutions IT de dernière génération. L’ampleur de ce défi est énorme, car la ressource informatique est de plus en plus distribuée et consommée à travers des réseaux fixes, mobiles, locaux ou globaux. Ces nouveaux modes de production et de consommation de l’ICT offrent un confort d’utilisation accru et une plus grande mobilité. Cependant, ils exposent les acteurs à des risques plus importants. » Les menaces à l’égard des données peuvent prendre de nombreuses formes. Les cybercriminels ne manquent pas d’astuces pour — ICT — Janvier 2019
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écosystème qui doit aujourd’hui s’aligner sur le plus haut niveau d’exigence, et ce de manière proactive, confirme Yves Reding. Le niveau global de la chaîne de sécurité, à l’échelle d’un écosystème, c’est celui du maillon le plus faible. Il faut donc garantir une maîtrise sur l’ensemble de l’environnement et coopérer, tous ensemble, pour élever le niveau de sécurité. » Dans cette perspective, le pays pourrait conforter sa position en anticipant la mise en œuvre de la directive NIS, qui vise à garantir la cyber-résilience de l’Union européenne. « La préservation de la donnée concerne tout le monde, pas uniquement la finance. L’automatisation au départ d’un meilleur traitement de l’information s’applique à tous les secteurs, du commerce à l’industrie. Et la tendance va encore s’accélérer avec le développement de l’intelligence artificielle ou
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solutions qui garantissent la confidentialité et l’intégrité à travers les différentes couches technologiques. » Le Grand-Duché peut aujourd’hui être considéré comme un coffre-fort numérique efficient de l’Union européenne. Par rapport à d’autres Places, il a une longueur d’avance sur ce segment. « La confiance tient aujourd’hui à un écosystème d’acteurs performants. Ce savoir-faire est unique. Et je pense que nous devrions pouvoir mieux l’exporter à l’échelle du continent, pour tirer vers le haut les exigences de sécurité en Europe, ajoute Yves Reding. Demain, la libre circulation des données constituera la cinquième liberté fondamentale de l’Union. La protéger est un enjeu essentiel. Et il y a une vraie opportunité à positionner les compétences luxembourgeoises en la matière au cœur du marché digital unique. » S. L.
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STRATÉGIE PROTECTION NUMÉRIQUE
L’enjeu majeur de la cybersécurité S
i la digitalisation amène son lot d’opportunités, elle nécessite aussi de prendre en considération de nouvelles questions et de se prémunir contre de nouvelles menaces. Ces dernières années, le nombre de cyberattaques n’a en effet cessé d’augmenter. Selon la société de cybersécurité mondiale Kaspersky Lab, plus d’un milliard d’attaques ont ainsi été enregistrées dans le monde l’an dernier, alors qu’elles n’étaient « que » 758 millions en 2016. « L’impact d’une cyberattaque peut être destructeur pour une entreprise, met en garde Benoît Poletti, directeur général de l’agence publique Incert. Un restaurant à New York a par exemple vu sa fréquentation baisser drastiquement du jour au lendemain, sans en identifier la cause, et au point de devoir mettre la clé sous la porte. Le restaurant a fini par découvrir que ses horaires d’ouverture, affichés sur internet, avaient été modifiés par un hacker sur demande d’un concurrent. Pour une entreprise, la gestion de ses informations ne se limite donc pas à celles qu’elle gère en direct, mais également aux informations indirectes, gérées notamment par les moteurs de recherche. Bienvenue dans le monde cyber. » De plus en plus conscientes de ces enjeux sécuritaires, de nombreuses organisations déploient des solutions pour contrer les éventuelles failles et assurer leur sécurité numérique.
AUCUN SECTEUR N’EST ÉPARGNÉ
« Pour une banque telle que la nôtre, dont le devoir est de protéger les avoirs de ses clients 22 —
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en préservant leur confidentialité et leurs données personnelles, la sécurité, qu’elle soit physique ou digitale, constitue une base fondatrice », souligne Dolores Perez, auparavant responsable de la sécurité informatique chez KBL European Private Bankers, lauréate du prix du CISO of the Year en 2017, et désormais data protection officer, toujours chez KBL epb. « Depuis de nombreuses années, nous avons donc mis en place une gouvernance interne afin de fixer nos objectifs en matière de sécurité. Et cette préoccupation est grandissante, confie-t-elle. Le secteur bancaire veut en effet désormais être présent sur les nouveaux canaux de communication, à travers des services de banque en ligne pour ses clients, des solutions d’accès à distance pour ses employés ou encore des sites d’information pour le grand public, ce qui implique de toujours renforcer la cybersécurité. » Au-delà des banques, ce sont tous les secteurs d’activité qui se retrouvent confrontés à la digitalisation et qui se doivent d’améliorer leur sécurité numérique. « Les flux de communication sont multiples et croissants, que ce soit envers les clients, les partenaires, les employés ou encore des tiers, témoigne Dolores Perez. L’entreprise n’est plus fermée sur elle-même. Elle est donc sujette à des risques d’intrusion et de menaces plus importants. Il y a 15 ans, pour se protéger, on limitait les accès de l’extérieur. Ce n’est plus pensable aujourd’hui. » Les tentatives d’attaques s’étendent ainsi à de nombreux
domaines. « Le concept des objets connectés offre de belles perspectives, mais ils doivent impérativement intégrer une dimension sécuritaire. Faute de quoi, ces objets connectés risquent de nous exposer à des menaces bien plus grandes que celles que nous connaissons. Dans le secteur de la santé par exemple, un scanner non sécurisé ou dont le système d’exploitation n’est pas à jour crée de nouveaux risques. Un hacker peut réussir à augmenter le taux de radiation avec, pour conséquence, des effets nocifs sur la santé du patient ciblé. Nous avons malheureusement découvert sur le darknet que cette attaque se vend comme un service », illustre Benoît Poletti. Dans ce contexte, certaines organisations ont décidé d’intégrer la cybersécurité comme composante de base à leur métier. C’est le cas de l’agence Incert, née en 2012 et reconnue comme un centre d’expertise en matière de cryptographie, de documents de voyage et de cybersécurité. Elle est avant tout au service des ministères de l’Économie, des Affaires étrangères, de la Fonction publique et de l’Intérieur. « Nous avons deux missions principales. La première consiste à gérer des infrastructures gouvernementales sensibles utilisées dans le cadre de la signature des données électroniques contenues dans les passeports et documents d’identité luxembourgeois, ainsi que dans la vérification des passeports et documents d’identité étrangers, explique le directeur général. La seconde consiste à représenter le Luxembourg auprès
ILLUSTRATION José Carsí (Maison Moderne)
C’est le revers de la médaille de la révolution digitale : toutes les organisations, quel que soit leur secteur d’activité, peuvent être la cible d’une cyberattaque. La sécurité numérique est aujourd’hui devenue une priorité.
STRATÉGIE
d’instances internationales, telles que l’OACI et Interpol. Nous intervenons notamment dans la détection de passeports électroniques frauduleux, conçus par des organisations criminelles et utilisés dans le cadre du trafic d’êtres humains. Aujourd’hui, dans certains secteurs d’activité, 3 % des documents d’identité utilisés sont des faux. » Actuellement, organismes publics et privés cherchent aussi à collaborer afin d’assurer une meilleure cybersécurité. À cet égard, Incert vient de développer la solution VisoGo, qui permet à tout un chacun de vérifier l’authenticité d’un passeport ou d’un document d’identité électronique. L’agence travaille sur un partenariat avec une entreprise privée en vue de la commercialisation de cette solution.
UN VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT
Longtemps, la cybersécurité a été vue comme une démarche inefficiente, lourde ou non essentielle. « Pourtant, sans la sécurité, aucune entreprise ne peut exister, innover et assurer la pérennité de ses services, clame Dolores Perez. Bien mise en œuvre, la sécurité constitue un avantage compétitif non négligeable. » Agent facilitateur, la sécurité permet en effet à tout business de mieux fonctionner et à toute organisation de prendre le tournant de la digitalisation dans de bonnes conditions. Si à l’heure actuelle, les organisations semblent mieux sensibilisées à ces enjeux, Benoît Poletti tempère. « Le risque sécuritaire n’est pas encore toujours évalué
avec le même niveau de sensibilité que celui adopté pour un risque opérationnel ou financier, sauf quand un incident survient. Gérer un tel risque devrait s’inscrire dans notre ADN. C’est déjà le cas dans d’autres pays, comme en Amérique ou en Israël. Nous pouvons et devons encore faire des efforts en la matière en Europe. » Toujours est-il que chez KBL epb, la sécurité – pilier transversal de la stratégie de la banque – fait partie de chaque prise de décision ou action. La question de la cybersécurité se pose ainsi dès la genèse d’un projet, alors que voilà encore 3-4 ans, cet aspect était seulement pris en compte une fois le processus déjà lancé, voire terminé. « Lors du développement de nouveaux outils ou procédés, nous discutons immédiatement des aspects sécuritaires à mettre en place, des contrôles à déployer afin de développer une solution conforme aux besoins du client, à nos attentes, mais également à la sécurité, à la protection des données et aux réglementations en vigueur, ce qui nous aide à nous positionner correctement », précise Dolores Perez.
L’AFFAIRE DE TOUS
La cybersécurité concerne ainsi aujourd’hui tous les secteurs d’une organisation. « Elle devient une priorité business, ne se cantonne plus à l’IT, mais implique l’ensemble des départements », assure la DPO de KBL epb. De plus en plus, les collaborateurs se voient donc conscientisés par rapport à leurs
responsabilités en la matière. La formation des employés revêt à cet égard une grande importance. « Nous organisons des sessions autour de la sécurité, l’anti-phishing, la data protection. Nous mettons également en place un code de conduite pour rappeler les principes à respecter. Par ailleurs, nous utilisons la technique du ‘lanceur d’alerte’ au sein des différentes équipes. Parce qu’ils sont conscients des menaces qui peuvent exister, les employés sont en mesure de les détecter et peuvent remonter ces informations vers l’IT officer ou le DPO. » Pour réagir au mieux à une cyberattaque, le mieux est encore de s’y préparer, en simulant des menaces et en préparant sa réponse. « C’est un travail que nous menons en équipe, avec le management, l’IT, la communication, le legal et le risk, commente Dolores Perez. Cet exercice nous permet de nous projeter dans une situation réelle de risque et d’améliorer nos processus. » Mais la grande difficulté en matière de cybersécurité réside bien dans son aspect virtuel. « Contrairement à toute autre attaque, l’ennemi et la menace sont ici généralement inconnus, souligne Benoît Poletti. Le défi est donc de parvenir à se doter d’une cybersécurité capable de se défendre contre des attaques venant d’on ne sait où. Pour y parvenir, c’est un mécanisme de veille qu’il faut mettre en place. Il ne faut pas s’endormir sur ses acquis, mais essayer d’être dans une gestion par l’anticipation, car dans ce domaine virtuel, rien n’est et ne peut être figé. » J. R. Janvier 2019 — ICT —
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CONSEILS CYBERSÉCURITÉ
CINQ GESTES POUR UN BUREAU PLUS SÛR Dans un contexte de digitalisation croissante, chaque collaborateur, quelle que soit sa fonction, a un rôle à jouer et une responsabilité à prendre afin de ne pas compromettre la cybersécurité au sein de son entreprise. Conseils de Pascal Steichen, CEO de Securitymadein.lu.
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Ouvrir une pièce jointe malveillante, cliquer sur un lien suspect envoyé par e-mail, même par un expéditeur que l’on connaît, surfer sur des sites web non sécurisés, utiliser une clé USB dont on ne connaît pas la provenance… Ces gestes en apparence anodins peuvent en réalité mettre sérieusement en péril la sécurité numérique d’une entreprise. Chaque collaborateur doit être sensibilisé et informé des bons réflexes à adopter dans de telles situations, via des formations spécifiques ou des brochures adaptées par exemple. Il est également recommandé de nommer une personne au sein de la société dont la fonction consiste à s’occuper de la sécurité de l’information, et vers laquelle peuvent se tourner les employés en cas de question ou de besoin.
La cybersécurité de l’entreprise passe aussi par une bonne protection de l’ensemble du matériel ICT. Ordinateurs, tablettes, smartphones mais également imprimantes et serveurs doivent être équipés de mesures de protection pertinentes telles que des pare-feu, des antivirus ou encore des alertes d’intrusion. Une fois installés, pour continuer à être efficients, ces dispositifs doivent régulièrement être mis à jour, que ce soit par le collaborateur lui-même ou par le gestionnaire du parc ICT. Parallèlement, il convient de mettre à jour ses applications dès que possible, afin de corriger d’éventuelles failles de sécurité qui pourraient être détectées par les hackers.
Se montrer vigilant
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Protéger le matériel
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CONSEILS
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Sauvegarder ses données
Être prêt à faire face à l’attaque
L’accès au matériel informatique et à ses propres comptes doit se faire au moyen de mots de passe personnels hautement sécurisés, c’est-à-dire longs et compliqués. Pour se prémunir de toute cyberattaque généralisée, il convient de ne pas utiliser le même mot de passe pour tous ses comptes (réseaux sociaux, e-mails, services en ligne, etc.). Dans la mesure du possible, pensez à activer un mécanisme d’authentification complémentaire, de type envoi d’un SMS ou accès via Luxtrust. De cette manière, même si le cybercriminel parvient à trouver votre mot de passe, il ne pourra pas accéder à vos comptes.
Beaucoup d’entreprises ne disposent plus, aujourd’hui, de serveurs en interne. Les données sont de plus en plus sauvegardées dans le cloud ou dans un data center. En cas de hacking, celles-ci peuvent néanmoins être totalement perdues. Il convient donc de s’assurer qu’il existe bien un back-up non connecté de ces données, auquel on puisse avoir accès à tout moment. De la même manière, chaque collaborateur est encouragé à sauvegarder les informations et documents dont il dispose sur son ordinateur ou téléphone, afin de les préserver en cas de vol, de perte ou d’infection par un virus.
Parce qu’aucun système n’est infaillible, il faut être capable de gérer toute faille ou tout incident qui surviendrait malgré les précautions prises. Et cette gestion n’est pas que l’affaire des informaticiens. Elle concerne en effet de nombreuses personnes dans l’entreprise. Les aspects techniques devront être pris en charge par des experts, qu’ils soient internes ou externes. Le département Marketing sera quant à lui impliqué dans la gestion de la communication de crise, alors que le département juridique devra notifier les incidents aux autorités, selon le contexte réglementaire en vigueur. À travers son initiative Room#42, Securitymadein.lu propose aux personnes-clés d’une entreprise de participer à une simulation de cyberattaque afin de s’y préparer au mieux.
Sécuriser ses accès
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RESSOURCES HUMAINES
RECRUTEMENT
Recherche
développeurs désespérément
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RESSOURCES HUMAINES
La digitalisation de l’ensemble des secteurs d’activité a créé une énorme demande en développeurs. La concurrence étant devenue globale, les recruteurs et entreprises spécialisées dans l’IT fourbissent aujourd’hui leurs armes pour vendre la destination Luxembourg à ces profils que l’on s’arrache dans le monde entier.
A
pplications, sites web, programmes spécialisés… L’univers professionnel et personnel, dans tous les secteurs, est aujourd’hui envahi par les logiciels. Ceux-ci permettent d’être plus efficace, de mettre en place de nouveaux processus industriels, de créer des réponses qui n’avaient pas encore été imaginées pour certains besoins. La digitalisation, à l’œuvre depuis de nombreuses années, a aujourd’hui rendu indispensables ces condensés de code informatique. C’est donc aussi le cas de ceux qui les conçoivent. Les développeurs sont ainsi devenus les principales cibles des chasseurs de têtes. Problème : l’offre est bien trop réduite pour répondre à l’énorme demande. On assiste donc à une pénurie de développeurs à l’échelle globale. « La situation était déjà identique il y a 4 ou 5 ans, explique Nicolas Hurlin, founder de The Recruiter, une société spécialisée dans le recrutement de profils IT. En réalité, la pénurie ne concerne pas seulement les développeurs, mais aussi les data analysts, les gestionnaires d’infrastructures systèmes et de bases de données ou encore les spécialistes du marketing digital. Il y a un manque d’effectifs pour tous les profils IT, surtout expérimentés. »
besoins en logiciels dans des secteurs qui n’étaient auparavant pas concernés, indique Fabrice Croiseaux, CEO d’Intech, filiale de Post spécialisée dans les technologies digitales. Je pense, par exemple, à l’automobile. Si l’on compare avec ce qui se faisait il y a quelques années, on constate aujourd’hui que les voitures reposent sur une mécanique très simple, mais intègrent une partie logicielle de plus en plus complexe. Évidemment, il faut des développeurs pour créer tous les programmes embarqués par ces voitures de nouvelle génération. » Ce mouvement ne devrait pas s’arrêter de sitôt, si l’on considère que de plus en plus d’objets du quotidien entament leur transformation en objets « connectés ». Les besoins en logiciels ne sont donc pas prêts de se tarir. Tout comme la nécessité, pour de nombreuses entreprises, de mettre la main sur des développeurs qualifiés… « Ce besoin est encore plus prégnant au Luxembourg, puisque l’économie de ce pays repose en grande partie sur le secteur tertiaire, ajoute Fabrice Croiseaux. Or, ce secteur est celui où le besoin en logiciels est le plus important. »
OÙ TROUVER LES DÉVELOPPEURS ?
Si la pénurie est globale, on comprend rapidement qu’il faudra souvent aller loin pour trouSi le profil de développeur figure sans conteste ver les développeurs qui présentent le bon en haut de cette liste des « most wanted », c’est profil. « Nous prospectons pas mal en Europe en raison de l’augmentation constante de la et dans les pays du Maghreb, mais nous ne demande en softwares. « Ces dernières années, nous fixons aucune limite géographique pour on a assisté à l’émergence de nouveaux dénicher le bon candidat, explique pour sa
« Il y a un manque d’effectifs pour tous les profils IT, surtout expérimentés. » Nicolas Hurlin Founder, The Recruiter
UNE EXPLOSION DES BESOINS EN LOGICIELS
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part Isabelle Poujol-Lamain, recruitment manager chez CTG Luxembourg PSF. Une fois que nous avons identifié un profil intéressant, qui nous convainc par ses compétences et sa personnalité, nous faisons le pari de lui proposer un poste. » Le son de cloche est le même chez The Recruiter, pour qui le recrutement de ce type de profils est tout de même le cœur de métier. « Il y a un vivier important de développeurs dans les pays de l’Est, mais le recrutement y est difficile. Le coût de la vie est en effet plus bas dans ces régions et, souvent, les développeurs préféreront continuer à y travailler. Même si leur salaire y est moins élevé, ils peuvent y vivre de manière plus confortable, affirme Nicolas Hurlin. Ce n’est d’ailleurs pas seulement le cas de ces pays. C’est une règle générale : la concurrence venue des pays où le coût de la vie est moins élevé est féroce. »
UN MÉTIER QUI A DU SENS
Comment parvenir à recruter cette ressource humaine si rare lorsqu’on est situé au Luxembourg, un pays où se loger et se nourrir coûtent cher ? « Le salaire est évidemment un élément important, mais ce sur quoi nous insistons, c’est d’abord l’environnement multiculturel du Luxembourg, l’existence d’importantes communautés étrangères dans lesquelles les ressortissants de certains pays pourront se sentir à l’aise. Le fait que le Luxembourg soit une place financière reconnue et un pays à l’infrastructure IT très développée sont également des éléments que nous mettons en avant », détaille Isabelle Poujol-Lamain. Ce n’est toutefois pas là qu’il faut chercher le facteur déterminant pour les développeurs contactés. « L’intérêt
« Nous ne nous fixons aucune limite géographique pour dénicher le bon candidat. » Isabelle Poujol-Lamain Recruitment manager, CTG Luxembourg 30 —
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de la mission qu’on leur propose, ainsi que sa durée ont une grande importance. Ces personnes déménagent souvent de l’étranger avec leur famille. Elles ne veulent pas changer de vie pour un travail d’intérêt limité et repartir six mois plus tard… », complète Isabelle Poujol-Lamain. « De mon expérience, je constate que la qualité de l’environnement technologique à leur disposition est l’un des premiers facteurs pris en compte par les développeurs, confirme Nicolas Hurlin. Parfois, ils orientent aussi rapidement la discussion sur le salaire. Mais étant donné que le coût de la vie est plus élevé ici, nous préférons leur parler de l’environnement socio-économique privilégié du pays, de sa stabilité et de l’intérêt de rejoindre tel ou tel employeur compte tenu du projet et des ambitions de l’entreprise. » Une vraie lame de fond traverse par ailleurs la nouvelle génération. Comme Isabelle Poujol-Lamain, Fabrice Croiseaux estime ainsi qu’il est surtout impératif de donner du sens à l’activité proposée au développeur ou à un autre profil IT recherché. « Dans ce cadre, le projet Lux4Good organisé par Intech a beaucoup d’intérêt, explique-t-il. Il s’agit d’un hackathon à travers lequel on mobilise différentes expertises numériques pour promouvoir des projets proposés par des entrepreneurs sociaux. Les profils les plus jeunes, surtout, sont particulièrement attentifs à ce que leur travail ait un impact positif sur la société dans son ensemble. »
LE SOURIRE DE LA CRÉMIÈRE
Cette quête de sens n’empêche pas de nombreuses sociétés d’avancer des arguments matériels pour attirer les développeurs. « La question de la mobilité est particulièrement cruciale, souligne Nicolas Hurlin. Si la famille du candidat est restée dans son pays d’origine, par exemple, il n’est pas rare que les sociétés offrent trois ou quatre billets d’avion à leur développeur pour qu’il rejoigne sa famille plusieurs fois dans l’année. En outre, ces profils bénéficient souvent d’une prise en charge financière de leur logement, en tout cas durant les premiers mois de leur installation au Luxembourg. Il faut aussi souligner qu’il est assez courant que la personne recrutée rejoigne au Luxembourg des membres de sa famille, une compagne ou des connaissances. Dans tous les cas, un accompagnement est souvent proposé au candidat pour de nombreux aspects de sa vie quotidienne. » Cet accompagnement peut aussi être proactif. Chez CTG, une structure entière est ainsi mise au service du recrutement des profils les plus recherchés. « Dans le cadre de notre prospection de candidats en Europe et au Maghreb, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Adem et des prestataires
SALAIRES
LES PAYS LES PLUS ATTRACTIFS Comment objectiver l’attractivité financière du Luxembourg par rapport à d’autres pays ? Il faut certes prendre en compte le salaire, mais aussi le coût de la vie dans le pays où l’on exerce son métier de développeur. La plate-forme luxembourgeoise Nexten.io, qui met en rapport les candidats à une fonction IT avec les responsables des pôles technologiques (CTO, etc.) des entreprises, a rassemblé ces différentes informations pour comparer, dans une étude publiée en mai dernier, l’attractivité de différentes villes d’Europe et du monde. Il ressort de cette étude que les métropoles américaines restent les plus attractives, financièrement parlant, pour les développeurs. Ainsi, Seattle, Boston et San Francisco occupent les trois premières places du classement. Les firmes installées dans ces villes offrent en moyenne, respectivement, un salaire net annuel de 68.800 €, 65.800 € et 71.800 €. Le coût de la vie (loyer, nourriture, sorties, etc.) soustrait de ces montants, on peut estimer que les développeurs installés dans ces villes font, annuellement, un « bénéfice » de 44.800 €, 38.775 € et 35.325 €. Tel-Aviv (66.000 €-33.765 €), New York (90.000 €-33.500 €) et Zurich (79.000 €-26.440 €) complètent les six premières places de ce classement. En Europe, la Suisse, avec les villes de Genève et Zurich, mais aussi la Scandinavie, avec Copenhague et Stockholm, dépassent le Luxembourg comme pays les plus attractifs pour les développeurs d’un point de vue financier. Luxembourg est donc la cinquième ville européenne la plus attractive et la douzième au niveau mondial.
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RESSOURCES HUMAINES
externes, indique Isabelle Poujol-Lamain. Cela nous permet d’anticiper notamment tout ce qui concerne l’obtention d’un permis de travail. Le candidat a donc l’esprit plus tranquille à ce niveau. En outre, à son arrivée, le nouveau développeur peut, par exemple, compter sur un competence developer et un facility manager qui, au sein même de CTG Luxembourg, prennent en charge les aspects pratiques de sa vie ici et l’accompagnent dans l’évolution de sa carrière. » Que le développeur approché pour un poste au Luxembourg se le dise, il peut donc demander le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière…
L’IMAGE D’UN LUXEMBOURG INACCESSIBLE
Mais encore faut-il que le pays en lui-même l’inspire un tant soit peu. L’important travail autour de l’image du Luxembourg à l’étranger doit être poursuivi. « Je ne pense pas que le facteur salaire soit essentiel pour attirer les bons profils, explique Fabrice Croiseaux. En comparaison avec les rémunérations nettes offertes à Londres ou Paris, la différence est en effet insignifiante. Il est bien plus intéressant d’insister sur l’équilibre entre salaire et qualité de vie ou avantages sociaux offerts par le Luxembourg. Malheureusement, cet état de choses est mal connu à l’étranger. » Pour certains candidats hors du Luxembourg, le Grand-Duché aurait en effet toujours l’image d’un paradis fiscal inaccessible. « La Suisse est, par exemple, plus attractive aux yeux des développeurs français, illustre Fabrice Croiseaux. Pour attirer les développeurs au Luxembourg, il y a donc un important enjeu de nation branding à prendre en compte. Nous y contribuons à notre façon, en nous rendant directement dans les universités. » Intech participe en effet à la formation des étudiants dans des universités majeures, notamment Polytech Nancy ou Telecom Nancy. En outre, la société est parfois présente dans certains conseils d’administration. « Cette démarche proactive nous permet d’attirer de nombreux étudiants à la sortie de leurs études. Une quinzaine de personnes nous ont rejoints dernièrement via ce canal, assure Fabrice Croiseaux. Toutefois, ce réservoir n’est pas suffisant pour répondre à l’ensemble de la demande. »
FORMER PLUS OU MIEUX INFORMER ?
Devrait-on dès lors ouvrir plus de places dans les sections qui forment les développeurs, voire créer plus d’écoles dédiées ? « On compte déjà pas mal de formations dans ce secteur, mais il reste toujours trop de postes à pourvoir par rapport au nombre de diplômés, déplore Nicolas Hurlin. De plus, il s’agit d’un secteur dans lequel il est important de se for32 —
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mer continuellement. Une personne diplômée il y a cinq ans a besoin de rester au fait des évolutions technologiques. C’est pourquoi la formation en interne est également très appréciée des candidats. Le budget formation et le développement de compétences sont des points-clés dans la conservation des meilleurs éléments. » « Au vu de la concurrence internationale, il est clair que les différentes universités ne produisent plus assez de diplômés pour répondre à la demande, ajoute Fabrice Croiseaux. Toutes les entreprises étant en pénurie, je ne crois pas que les écoles et universités puissent régler le problème à elles seules. Cela dit, il faudrait aussi parvenir à mieux informer les étudiants qui s’intéressent au métier sur ce qu’est réellement le développement informatique. Il est clair que les geeks seront intéressés. Par contre, pour les autres, le développeur a encore souvent l’image d’une personne qui code dans son coin. Or, il s’agit aussi d’un métier de relation, surtout au Luxembourg où beaucoup de développeurs travaillent dans le secteur tertiaire. Il faut d’abord parvenir à comprendre les besoins du client avant de les traduire dans du code informatique. » Au-delà de ce constat sur la formation, il faut sans doute aussi rappeler que le plus difficile n’est peut-être pas d’attirer de jeunes développeurs tout juste sortis des études, mais plutôt d’embaucher des développeurs expérimentés…
« Il est bien plus intéressant d’insister sur l’équilibre entre salaire et qualité de vie ou avantages sociaux offerts par le Luxembourg. » Fabrice Croiseaux CEO, Intech
LE DÉVELOPPEUR EXPÉRIMENTÉ : UN GRAAL
« Si on peut encore envisager de trouver un développeur junior à proximité du Luxembourg, il est certain qu’il faudra sortir de la Grande Région pour engager un profil IT expérimenté », confirme Isabelle Poujol-Lamain. Trouver ces perles rares est déjà difficile, mais les conserver relève presque de l’exploit. Au Luxembourg, l’expérience acquise dans l’exercice de ces compétences rares est en effet si bien valorisée dans les banques ou le secteur public qu’il devient difficile pour les entreprises privées de les concurrencer. « L’atout qu’il nous reste, c’est encore une fois l’intérêt des projets sur lesquels nous travaillons, explique Fabrice Croiseaux. Le meilleur incitant pour garder un développeur expérimenté, ce sont des projets à forte valeur ajoutée. Chez Intech, nous croyons également qu’une certaine culture d’entreprise peut faire la différence. Ainsi, nous laissons chaque collaborateur proposer des idées concrètes qu’il peut pitcher devant ses collègues comme s’il était lui-même le porteur d’un projet de start-up. Suite à cette présentation, nous pouvons décider d’accorder plusieurs jours à ce collaborateur pour développer son idée. Au terme de cette période, une discussion est menée pour savoir comment valoriser le
projet. » À ce petit jeu, chaque société avance évidemment ses pions. « Notre plus-value est de nous remettre constamment en question, indique ainsi Isabelle Poujol-Lamain. Nous évaluons, par exemple, de façon constante le bien-être au travail à travers une série d’enquêtes internes. C’est une des raisons qui expliquent que nous avons été certifiés ‘Best workplaces’ chaque année depuis 2011. » L’environnement de travail, en dehors même de sa qualité technique, serait en effet un élément primordial pour des profils IT parfois issus de l’autre bout du monde. « Une entreprise qui ne fait, par exemple, aucun effort pour inciter les gens à parler anglais aura déjà plus de difficultés à recruter des développeurs ou d’autres profils recherchés, estime Nicolas Hurlin. Cela doit évidemment venir d’en haut : la direction doit faire en sorte que l’intégration des profils non francophones, par exemple, se déroule de manière adéquate à tous les niveaux de l’entreprise. L’effort doit être collectif. » Q.D.
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MÉTIER TENDANCE
La montée en puissance des responsables IT
ILLUSTRATION José Carsí (Maison Moderne)
Autrefois cantonnés à la gestion du matériel et la réparation des pannes, les anciens responsables informatiques sont devenus des rouages indispensables au fonctionnement de toute entreprise. Les CIO constituent aujourd’hui des postes-clés.
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MÉTIER
À
l’échelle de l’histoire, l’informatique moderne est un domaine d’activité particulièrement récent. Au cours de ces dernières décennies, le métier de CIO (chief information officer) a pourtant fortement évolué, poussé par la transformation digitale. « Au départ, les informaticiens apprenaient euxmêmes leur métier, explique Pierre Zimmer, directeur général adjoint de Post Group. Leur rôle consistait principalement à automatiser les processus de travail afin d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise. » Les responsables informatiques étaient également chargés d’installer des équipements, de les entretenir et de les dépanner. « Ces collaborateurs agissaient dans l’ombre, se retrouvaient en back-office de l’entreprise. Dans le secteur, on blaguait d’ailleurs souvent en leur disant que le jour où ils verraient leur patron, ce ne serait pas bon signe pour eux ! », s’amuse Pierre Zimmer.
EXIT LA TECHNIQUE PURE ET DURE
C’est l’évolution de la technologie, et surtout l’avènement d’internet, qui ont contribué à faire décoller le secteur informatique et à le sortir de son rôle purement technique. « Internet est devenu au fil des ans une réelle vitrine pour l’entreprise, commente Pierre Zimmer. Le dialogue entre informatique et marketing a donc dû être renforcé. Les experts en ICT ont dû développer une autre approche, pas uniquement technique, apprendre un langage qui n’était pas le leur, le langage métier, et se placer au service d’une création de produit, d’une communication vers l’extérieur, en bref, au service du métier. » Parallèlement, d’autres technologies se sont développées et améliorées. « Les ordinateurs et l’ensemble des équipements sont devenus plus fiables, souligne Hervé Barge, directeur général de l’agence nationale eSanté. Avec l’avènement du cloud, de nombreuses tâches autrefois remplies par les équipes informatiques ont aussi été externalisées. Même si elles existent encore, les fonctions d’implémentation et de support technique, qui présentent peu de valeur ajoutée, tendent
à être de moins en moins présentes au sein de l’entreprise. Et le métier d’informaticien est désormais loin de se cantonner au montage, au dépannage ou à l’automatisation. »
VERS UNE COMPRÉHENSION DE L’ENSEMBLE DU SYSTÈME
Parce que la technologie s’est immiscée dans tous les secteurs de l’entreprise, parce qu’elle est entrée dans les métiers, les produits et services, l’IT a donc pris de plus en plus de poids. « Petit à petit, le métier a englobé l’ensemble du système d’information de l’entreprise, aussi bien vers l’interne que l’externe », confie Hervé Barge. Et le responsable informatique a pu de mieux en mieux s’insérer dans l’entreprise, en intégrant davantage les usages des clients, en étant au contact des équipes projets et de la direction. « En cherchant à améliorer en continu le système d’information et à le penser de manière globale, pour faire évoluer les produits et services, tout en maîtrisant les aspects budgétaires, l’IT n’est plus seulement au service de l’entreprise, mais de la stratégie de l’entreprise », poursuit le directeur général adjoint de Post Group. « Parallèlement, le métier a acquis une plus grande reconnaissance dans les fonctions de la société », ajoute Hervé Barge. Aujourd’hui, on retrouve ainsi de plus en plus de CIO au sein des comités de direction. « Depuis quelques années, les CIO sont valorisés. Ils arrivent à atteindre des postes stratégiques. Ce plafond de verre a été dépassé, continue-t-il. Grâce à leur maîtrise des problèmes techniques, leur connaissance fine et stratégique des usages, ils constituent en effet des relais efficaces pour les actionnaires et pour l’ensemble de la direction. »
UNE FONCTION-CLÉ POUR L’ENTREPRISE
Dans le contexte actuel, le CIO a également un rôle crucial à jouer en matière de sécurité pour l’entreprise. De plus en plus, les entreprises prennent conscience de la nécessité de bien appréhender ces risques, d’écouter les CIO. Elles ont compris qu’il s’agit non pas d’un coût supplémentaire, mais d’un investissement qui leur permet de prendre les bonnes décisions, de protéger les systèmes d’information et donc leur entreprise. Néanmoins, « certaines sociétés ont laissé – ou laissent encore – le CIO en dehors de leurs projets ou de leur organe de direction. C’est une erreur considérable, à la limite de l’incompétence managériale, car en n’appréhendant pas ces questions, elles ouvrent d’immenses failles en matière de sécurité. Et les résultats, en seulement quelques heures, peuvent être dramatiques, affirme le directeur général d’eSanté. On l’a vu par exemple avec Facebook et le scandale Cambridge Analytica cette année. » Si le DPO, le DSI ou encore le CIO
ne sont pas rattachés au comité de direction, il est en effet difficile pour ce dernier d’évaluer les risques et menaces en matière de cybersécurité et les solutions à mettre en œuvre pour s’y attaquer.
LE CIO BIENTÔT AUX MANETTES ?
Si les CIO sont donc désormais parvenus à gravir les échelons au sein de l’entreprise, il leur est encore difficile d’accéder à la fonction suprême de CEO. « C’est étonnant car le CIO peut être un manager efficient à bien des égards. Il connaît les outils, les métiers et les usages », constate Hervé Barge. Pourtant, « aujourd’hui, les personnes avec lesquelles les actionnaires dialoguent restent principalement celles qui détiennent les clés de la rentabilité économique de l’entreprise, à savoir le CEO ou le CFO », confie Pierre Zimmer. Les lacunes en matière de formation spécifique ne sont pas étrangères à cette situation. « Il faut pouvoir apporter des compétences managériales et de gestion aux personnes qui ont suivi un cursus IT technique, leur donner des outils pour comprendre ces mécanismes, leur fournir les mêmes armes que des personnes issues du monde financier ou juridique par exemple – celles qui sont habituellement propulsées au rang de CEO – afin que leur voix se fasse entendre. »
LE GRAND DÉFI DES DATA
Les métiers informatiques n’en ont pas fini d’évoluer. Aujourd’hui, une importance grandissante est accordée aux équipes capables de « sentir le pouls du client », de comprendre ses usages et ses attentes. Dans ce contexte, les projets en entreprise deviennent de plus en plus transversaux, donc de plus en plus complexes à mettre en œuvre. « Ils nécessitent des compétences hybrides, la constitution d’équipes mixtes ainsi qu’une certaine agilité au sein des métiers afin de délivrer des projets qui ont du sens », souligne Pierre Zimmer. Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle, qui est amenée à toucher l’ensemble des secteurs, l’enjeu pour ces collaborateurs sera également de maîtriser les défis technologiques et déontologiques liés à cette transformation. « L’augmentation du nombre d’objets connectés va entraîner une profusion de données. Et il faudra parvenir à traiter cette masse d’informations de façon intelligente », commente Pierre Zimmer. À cette fin, de nouvelles compétences devront se développer. « Les collaborateurs devront monter en expertise, être hyper qualifiés sur ces métiers à forte valeur ajoutée et liés au big data », indique Hervé Barge. Le CIO, de son côté, devra se montrer très stratégique pour investir à bon escient dans ces nouvelles technologies et dans de nouvelles ressources humaines capables de les appréhender et d’en retirer toutes les opportunités. J. R. Janvier 2019 — ICT —
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sharing
inspiration
programme 2019 JANVIER
AVRIL
SEPTEMBRE
MARDI 08 JANVIER Marketing Breakfast JEUDI 10 JANVIER Networking Circle : gins portugais & internationaux JEUDI 17 JANVIER Club Talk: young adults and money: what’s up? VENDREDI 18 JANVIER Déjeuner Carrousel MERCREDI 23 JANVIER 10×6 Technology JEUDI 24 JANVIER Journée de workshops VENDREDI 25 JANVIER Déjeuner Nouveaux Membres JEUDI 31 JANVIER Start-up Stories Kick-off JEUDI 31 JANVIER Delano Breakfast Talk
MARDI 02 AVRIL Delano Live MARDI 02 AVRIL Journée de workshops MARDI 09 AVRIL Déjeuner Carrousel MERCREDI 10 AVRIL Club Talk: blockchain JEUDI 11 AVRIL Networking Circle MARDI 16 AVRIL Let’s Taste MERCREDI 17 AVRIL Matinale RH JEUDI 18 AVRIL Déjeuner Nouveaux Membres MERCREDI 24 AVRIL 10×6 Architecture
MARDI 10 SEPTEMBRE Delano Live MERCREDI 11 SEPTEMBRE Matinale RH JEUDI 12 SEPTEMBRE Networking Circle MARDI 17 SEPTEMBRE Start-up Stories – Round 3 MERCREDI 18 SEPTEMBRE 10×6 Mobilitéit JEUDI 19 SEPTEMBRE Journée de workshops VENDREDI 20 SEPTEMBRE Déjeuner Carrousel MARDI 24 SEPTEMBRE Delano Breakfast Talk MERCREDI 25 SEPTEMBRE Club Talk JEUDI 26 SEPTEMBRE Breakfast Nouveaux Membres SAMEDI 28 SEPTEMBRE Journée Découverte
FÉVRIER MARDI 05 FÉVRIER Delano Live MARDI 05 FÉVRIER Let’s Taste JEUDI 07 FÉVRIER Networking Circle VENDREDI 08 FÉVRIER Déjeuner Carrousel MERCREDI 13 FÉVRIER CEO Cocktail – Winter edition JEUDI 14 FÉVRIER Journée de workshops MARDI 19 FÉVRIER Matinale RH MARDI 26 FÉVRIER Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 27 FÉVRIER 10×6 Finance : 5.000 milliards d’opportunités
MARS VENDREDI 01 MARS Déjeuner Carrousel MARDI 05 MARS Dans les coulisses MERCREDI 06 MARS Club Talk : rencontre avec le vainqueur du Top 100 (CEO-Only) JEUDI 07 MARS Networking Circle MARDI 12 MARS Journée de workshops MERCREDI 13 MARS Club Talk : rencontre avec la présidente monde MSF JEUDI 14 MARS Marketing Breakfast SAMEDI 16 MARS Journée Découverte MARDI 19 MARS La propriété intellectuelle en pratique – 4e édition MERCREDI 20 MARS Start-up Stories – Round 1 JEUDI 21 MARS Déjeuner Carrousel JEUDI 21 MARS Delano Breakfast Talk MARDI 26 MARS Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 27 MARS 10×6 Female leadership
MAI MARDI 07 MAI Journée de workshops JEUDI 09 MAI Networking Circle VENDREDI 10 MAI Déjeuner Carrousel MARDI 14 MAI Marketing Breakfast MERCREDI 15 MAI Table ronde : élections européennes JEUDI 16 MAI Delano Breakfast Talk MARDI 21 MAI Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 22 MAI 10×6 HR : les compétences pour demain à l’ère du digital MERCREDI 29 MAI Let’s Taste
JUIN MARDI 04 JUIN Networking Circle MERCREDI 05 JUIN Start-up Stories – Round 2 JEUDI 06 JUIN Déjeuner Carrousel MARDI 11 JUIN Delano Live MERCREDI 12 JUIN Club Talk : intelligence artificielle JEUDI 13 JUIN Dans les coulisses MARDI 18 JUIN Journée de workshops JEUDI 20 JUIN Matinale RH MERCREDI 26 JUIN 10×6 JEUDI 27 JUIN Breakfast Nouveaux Membres VENDREDI 28 JUIN Déjeuner Carrousel
OCTOBRE MARDI 01 OCTOBRE Déjeuner Carrousel MERCREDI 02 OCTOBRE Marketing Breakfast JEUDI 03 OCTOBRE Let’s Taste MARDI 08 OCTOBRE 10×6 Entrepreneurship MERCREDI 09 OCTOBRE Networking Circle JEUDI 10 OCTOBRE Journée de workshops JEUDI 17 OCTOBRE Club Talk : architecture VENDREDI 18 OCTOBRE Déjeuner Nouveaux Membres MERCREDI 23 OCTOBRE Delano Breakfast Talk VENDREDI 25 OCTOBRE Déjeuner Carrousel
NOVEMBRE MERCREDI 06 NOVEMBRE 10×6 Space JEUDI 07 NOVEMBRE Networking Circle MARDI 12 NOVEMBRE Delano Live MARDI 12 NOVEMBRE Journée de workshops MARDI 19 NOVEMBRE Matinale RH MERCREDI 20 NOVEMBRE Breakfast Nouveaux Membres JEUDI 21 NOVEMBRE Déjeuner Carrousel MERCREDI 27 NOVEMBRE 10×6 JEUDI 28 NOVEMBRE Dans les coulisses
JUILLET
DÉCEMBRE
MARDI 02 JUILLET Déjeuner Nouveaux Membres MERCREDI 03 JUILLET Networking Circle MARDI 09 JUILLET Delano Live MERCREDI 10 JUILLET CEO-Cocktail – Summer edition JEUDI 11 JUILLET Tournoi de golf
VENDREDI 06 DÉCEMBRE Déjeuner Carrousel MARDI 10 DÉCEMBRE Delano Live MERCREDI 11 DÉCEMBRE Marketing Breakfast JEUDI 12 DÉCEMBRE Breakfast Nouveaux Membres JEUDI 12 DÉCEMBRE Let’s Taste MERCREDI 18 DÉCEMBRE Start-up Stories Show
AOÛT MARDI 20 AOÛT Breakfast Nouveaux Membres
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PRATIQUE
ORDINATEURS, TABLETTES, SMARTPHONES
Comment équiper ses collaborateurs ? Loin d’être sélectionné au hasard, le matériel technologique à disposition des collaborateurs fait l’objet d’une stratégie bien définie. Coût, fiabilité et performance semblent être les principaux critères pris en compte par les départements IT et Achats.
L
e choix du matériel IT peut être effectué de deux façons dans les grandes entreprises, souligne d’emblée Luc Halbardier, presales team lead chez Post Telecom. D’une part, l’entreprise peut déjà avoir effectué un travail en amont afin de définir précisément ses besoins. En tant que providers et conseillers presales, nous essayons alors, sur base du cahier des charges remis, de trouver le matériel et les solutions qui répondent au mieux à la demande. D’autre part, le client peut nous solliciter comme force de proposition. Nous nous substituons alors au département IT interne de l’entreprise afin de comprendre ses besoins et lui proposer le matériel qui lui correspond le mieux. » Le groupe Ferrero fonctionne selon le premier modèle au sein de sa holding, qui emploie quelque 1.100 collaborateurs à Luxembourg. « Nous distinguons deux types de matériel IT dans notre société, précise Daniel Mathieu, IT director. Une grande partie est louée en leasing, selon les besoins spécifiques des projets et des business. Dans ce cas, nous envoyons une request for proposal à nos partenaires afin qu’ils nous proposent des outils qui cor38 —
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respondent à notre demande. Le matériel informatique des end users, qui répond aux besoins de base des collaborateurs, est, quant à lui, aussi loué, mais sous-traité par une société tierce. Il n’est donc pas géré directement par Ferrero, de manière à ce que nous puissions nous concentrer sur notre cœur de métier. » Chez PwC Luxembourg, la logique est un peu différente. « Nous suivons les standards définis par le groupe au niveau mondial, explique Stéphane Beck, CIO de l’entreprise au Grand-Duché. Nous effectuons donc nos choix sur base d’un catalogue préétabli dans les règles de l’art par le groupe. Ce dernier
réalise en effet des appels d’offres auprès des constructeurs principaux du marché et effectue ensuite ses choix selon les critères importants à ses yeux. Cela nous permet également, au sein du département IT à Luxembourg, de nous consacrer à des tâches à plus haute valeur ajoutée. »
ENTRE PRIX, QUALITÉ ET EFFICACITÉ
Plusieurs grands critères entrent ainsi en ligne de compte dans le choix du matériel. « La fiabilité est très importante pour nous, mentionne Daniel Mathieu. L’agilité des appareils également. Nous recherchons en effet un matériel capable de s’intégrer facilement dans notre parc. Nous veillons ainsi à choisir des marques qui ne nous obligent pas à modifier les périphériques (claviers, écrans, souris, connecteurs, etc.) tous les ans ou
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tous les deux ans. Le coût constitue également un facteur dominant. » L’enjeu est de parvenir à trouver un bon équilibre entre ces trois données, et non pas de favoriser l’une ou l’autre. « Car si nous achetons quelque chose qui n’est pas cher, mais qui n’est pas fiable, des problèmes peuvent se poser au quotidien dans l’entreprise et entraîner des pertes plus importantes que le supplément de budget qui aurait été alloué à la base pour du matériel fiable », illustre Daniel Mathieu. Pour Luc Halbardier, à qualité semblable entre marques, « le plus souvent, ce qui va orienter le choix reste le prix ». Aujourd’hui, dans les grandes entreprises, entre le responsable IT et le fournisseur, intervient en effet le service des achats, qui, d’un point de vue neutre, cherche à négocier les tarifs afin de réduire la facture pour l’entreprise. « Le prix, que l’on peut négocier à un niveau local, est effectivement une donnée cruciale, ajoute Stéphane Beck. Mais le groupe est également très attentif à la performance et à la qualité du matériel, à l’expérience qu’il apporte à l’utilisateur, ainsi qu’à la capacité du constructeur à nous fournir un support au niveau mondial, PwC étant présent dans 158 pays. Je pense qu’aujourd’hui, en optant pour du matériel haut de gamme, quelle que soit la marque, on est certain de ne pas faire un mauvais choix. »
faire la différence, car il s’agit d’une donnée importante pour les collaborateurs mobiles », souligne Luc Halbardier. Chez PwC, la sélection du type d’appareils se base sur la notion de mobilité et d’agilité. « Nous avons fait le choix d’offrir à nos collaborateurs des appareils qui leur permettent de travailler depuis leur domicile ou de se déplacer facilement d’un bureau à l’autre, d’un étage à l’autre, au sein du bâtiment, afin de collaborer en S’ADAPTER AUX USAGES… ET À L’IMAGE mode projet », déclare Stéphane Beck. Chaque Afin de déterminer le type d’équipement qui personne dispose ainsi d’un laptop équipé sera proposé à chaque collaborateur, d’autres d’une station fixe avec grand écran, pouvant éléments sont encore étudiés. « La fonction et se transformer en tablette, afin de favoriser le grade sont déterminants. La tablette, par l’expérience utilisateur. De la même manière, exemple, reste l’apanage des fonctions com- les téléphones fixes ont été remplacés par des merciales ou de personnes haut placées. Dans softphones, ces logiciels permettant de faire le cas des ordinateurs portables, le poids peut de la téléphonie, à l’exception des salles de réunion ou des bureaux des membres de la direction, encore équipés de solutions classiques. Pour les smartphones, contrairement aux ordinateurs, il semble que ce soit davantage le critère de la marque qui entre en jeu. « Apple et Samsung arrivent en tête de liste. Entre les deux, le choix est davantage guidé par l’image que souhaite donner l’entreprise », confie le presales team lead de Post Telecom. La manière dont l’entreprise peut gérer et sécuriser cette flotte mobile prend également une importance croissante, « car plus celle-ci est grande, plus elle est complexe à manager ».
ACHAT OU LEASING ?
Dans les grandes entreprises, le matériel peut être acheté ou financé par le biais d’un leasing. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution. C’est un système à choisir selon son budget et ses préférences », conseille Luc Halbardier. Chez Ferrero, c’est le leasing qui est privilégié. « Ce mode de fonctionnement nous offre une plus grande flexibilité qu’un achat pur et dur, et nous permet de répondre aux éven40 —
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tuelles fluctuations de personnel », commente l’IT director. Chez PwC, à l’inverse, on est en mode achat. « Ainsi, si l’on souhaite changer le PC plus tôt, on peut. Si on veut le prolonger en attendant la sortie d’un nouveau modèle, c’est possible aussi, assure le CIO. Cela nous permet également d’offrir le matériel arrivé en fin de vie au collaborateur qui l’a utilisé. »
UN RENOUVELLEMENT PLUS SOUPLE
Pour répondre au mieux aux usages des collaborateurs, éviter les pannes sur un matériel devenant vétuste et les coûts que cela entraîne, le parc informatique et technologique doit être régulièrement renouvelé. « Pour nos PC, les contrats sont de quatre ans, modifiables pour différentes raisons – l’arrivée ou le départ d’un collaborateur, par exemple –, de façon à disposer d’un parc le plus homogène possible et le plus adéquat par rapport aux personnes qui l’utilisent, assure Daniel Mathieu. Ces ordinateurs arrivent avec une garantie d’usine de trois ans. On ne prend donc un risque que durant la dernière année. Bien sûr, tous les PC sont mis à jour en continu. » La durée est similaire chez PwC. « Nous renouvelons nos laptops tous les trois ans, afin de pouvoir suivre les évolutions des logiciels, de plus en plus gourmands en termes de puissance, et conserver une bonne expérience utilisateur. Les smartphones sont, eux, changés tous les deux ans. » Pour Luc Halbardier, les évolutions continues des appareils, mais également des logiciels et des systèmes d’exploitation, favorisent un remplacement plus rapide des équipements. « Auparavant, on effectuait des grandes migrations à des intervalles réguliers. Désormais, le remplacement peut davantage se faire au fil de l’eau. Le cycle d’amortissement est encore généralement de quatre ou cinq ans, mais sur ce laps de temps, on peut aujourd’hui vite se retrouver dépassé. » J. R.
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STRATÉGIE
Une attaque informatique peut avoir des conséquences très graves pour les entreprises, tant d’un point de vue opérationnel que pour leur réputation. Celles qui en sont victimes décident bien souvent de garder l’information confidentielle.
comment soigner sa cybersécurité ? Les solutions les plus efficaces sont parfois les plus simples et le facteur humain est considéré comme l’une des principales causes de la vulnérabilité d’un système informatique. Quels sont les principaux risques auxquels sont exposées les sociétés au Luxembourg ? Quelle est la meilleure approche à adopter pour une entreprise qui décide de mettre en place une stratégie de cybersécurité ? Et quelles sont les potentielles conséquences financières d’une cyberattaque ? Réponses par nos experts.
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CARTES BLANCHES LIST
ARENDT & MEDERNACH
« L’humain au cœur d’une politique efficace » L
e facteur humain est à la fois une des causes principales de violation de données à carac tère personnel, mais également la première ligne de défense de l’entreprise, à condition de sen sibiliser et d’assurer une forma tion continue à ses dirigeants et son personnel. Une entreprise a l’obligation, sous le RGPD, de notifier toute violation de données à caractère personnel à l’autorité de contrôle compétente – la CNPD pour les entreprises installées au Luxem bourg –, et ce 72 heures au plus tard après en avoir pris connais sance, et également d’informer la personne concernée de la viola tion de ses données personnelles, à moins, dans les deux cas, que la violation en question ne soit pas susceptible d’engendrer un risque pour les droits et libertés des personnes concernées. En raison de ces délais très courts pour agir, il est indis pensable pour toute entre prise d’avoir une politique de réponse à incident éprouvée, afin que les employés prennent, dans les délais les plus brefs, les bonnes décisions et choisissent les bonnes actions. La réactivité et le comporte ment général de l’entreprise dans un tel cas peuvent être très posi tifs, car ils permettent aux per sonnes concernées d’apprécier son efficacité dans la gestion des situations de risque d’atteinte à
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« Une approche collaborative pour se conformer à la réglementation »
la protection des données, d’au tant plus qu’aucune entreprise ne peut prétendre être à l’abri d’une divulgation de données ou d’une cyberattaque. Appliquer un standard de sécurité reconnu tel qu’ISO 27001 implique un changement au sein des entreprises et repré sente également un coût subs tantiel. Ceci est à pondérer par tous les bénéfices que le standard apporte tels que : un avantage compétitif ; une approche structurée et structurante ; une amélioration de la prépara tion et de la réponse à incident ; un meilleur contrôle des ris ques de l’information. Pour les PME, ce coût risque d’être trop important et il sera donc nécessaire, dans le cas où l’IT est confiée à un fournisseur extérieur, de choisir une société fiable pour s’occuper de la sécu rité des systèmes informatiques, quitte à se faire assister dans ce choix. Si l’IT n’est pas externa lisée, il sera important pour l’entreprise que son équipe IT reçoive une formation adéquate de manière continue.
Nicolas Mayer Senior R&T and associate Luxembourg Institute of Science and Technology (List)
L
a criticité des conséquences d’une attaque informatique pour une organisation et sa propagation systémique sont aujourd’hui clairement établies au niveau des gouvernements, et ce plus particulièrement pour les secteurs critiques et les acti vités essentielles à la société. La réglementation joue un rôle croissant dans la sécurisation des entreprises et le législa teur s’attache à proposer des cadres réglementaires visant à une meilleure gouvernance de la sécurité. Ces réglementations, effica ces pour augmenter la maturité d’un secteur dans son ensemble, restent contraignantes pour les entités régulées et entraînent des coûts non négligeables. Afin de pallier ces contraintes tout en restant efficace, l’Institut luxem bourgeois de régulation (ILR), l’autorité réglementaire natio nale pour le secteur des télécom munications au Luxembourg, a mis en place une approche col laborative et standardisée avec les acteurs devant se conformer à la loi du 27 février 2011 sur les réseaux et les services de com munications électroniques. En association avec le Luxembourg Institute of Science and Tech nology (List), l’ILR a établi un cadre de gestion des risques et d’analyse des bonnes pratiques composé de deux parties : une
méthode et un outil permettant aux fournisseurs de services de télécommunications de faire leurs analyses et de les rapporter à l’ILR, ainsi qu’une plate-forme permettant à l’ILR de consolider et de traiter les données reçues. L’une des principales forces de l’approche mise en place a résidé dans son caractère colla boratif. Ainsi, de la conception de la méthode et des modèles sous-jacents, jusqu’aux spéci fications et aux tests de l’outil, les entreprises régulées ont été associées. Ceci a permis de col ler au mieux à leur réalité et de faciliter ainsi l’adoption de la réglementation. Cette initiative se poursuit actuellement et porte désor mais sur une optimisation du dispositif permettant des ana lyses plus poussées, ainsi que sa capacité à prendre en compte de multiples réglementations. Là encore, les évolutions envi sagées reposent sur une par ticipation active des acteurs autour d’une approche cen trée utilisateurs, afin de cadrer au mieux avec leurs attentes. L’impact final sera aussi natio nal car, avec des acteurs qui comprennent et adhèrent à la démarche, l’objectif est de posi tionner le Luxembourg comme un membre performant de l’UE pour se conformer à la directive européenne sous-jacente.
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« Une partie intégrante de la « Une gouvernance interne stratégie de cybersécurité » pour mieux appréhender les cybermenaces » Thomas Koch Associate partner, en charge du service dédié à la cybersécurité EY Luxembourg
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ace à l’augmentation cons tante du nombre de cyberat taques auxquelles sont exposées les entreprises, la constatation est simple : beaucoup d’organisa tions sont mal préparées et n’ont pas les bons réflexes. L’activité cybercriminelle peut en effet avoir des consé quences dramatiques, et notamment causer de graves perturbations dans le fonction nement de l’entreprise, porter atteinte à sa réputation, celle de ses clients, de ses fournisseurs et partenaires – sans parler du sen timent d’insécurité qu’elle peut susciter au sein du personnel. Pour toutes ces raisons, bon nombre de victimes de cyber criminalité s’efforcent de rester très discrètes à la suite d’un inci dent, car elles craignent, à juste titre, l’exposition publique, l’at tention des médias et la perte de confiance de leurs partenaires. Restaurer une réputation ter nie peut s’avérer être un exercice épuisant, parfois embarrassant, et dans tous les cas coûteux, dont le succès n’est pas garanti. Tel est particulièrement le cas si des tentatives maladroites de dissi mulation ont échoué. Et malheu reusement, à notre connaissance, elles échouent très souvent. Pour contenir les dommages causés par les cybercriminels, la réponse n’est pas non plus le déploiement d’une communi cation massive pour informer de manière proactive ses col lègues et ses clients, au même titre que la presse, qu’un inci dent est survenu.
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Cependant, certaines indus tries, et notamment le secteur financier, sont soumises à une réglementation particulière qui les oblige à signaler toute acti vité de cybercriminalité dont elles seraient victimes. Dans ce cadre, les établissements ont mis en place un système de notifica tion au niveau de la Place, afin de limiter la propagation des cyberattaques qui pourraient avoir un impact important, voire fatal, sur l’ensemble du marché luxembourgeois. Les sanctions pour le non- respect de ces obligations en matière de notification, ou de protection des biens numériques, résultant du cadre juridique et de la réglementation applicables, augmentent considérablement la facture totale d’une cyberattaque. De toute évidence, il est essen tiel que les entreprises soient en mesure de détecter que leurs sys tèmes ont été compromis, mais aussi qu’elles puissent réagir de façon appropriée en disposant d’un plan de gestion de crise bien pensé. Cette capacité ne repose pas nécessairement uniquement sur des moyens techniques, aussi sophistiqués soient-ils, mais plus encore sur les personnes qui tra vaillent dans l’entreprise. Avoir une main-d’œuvre cyberédu quée est un aspect essentiel du maintien de la sécurité des don nées d’entreprises. L’interven tion humaine adéquate, et au bon moment, est cruciale pour évi ter tout naufrage dans les eaux peu profondes de la gestion des cyberincidents.
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u’ont en commun Face book, Cathay Pacific, oogle+ ou encore la FIFA ? G Tous ont récemment fait les gros titres des journaux suite à des fuites importantes de données causées par des cyberattaques… À l’heure où les cyberattaques sont devenues monnaie courante et coûtent quelque 400 milliards d’euros par an à l’économie mondiale, l’Union européenne a adopté la directive 2016/1148 concernant des mesures desti nées à assurer un niveau élevé commun de sécurité des réseaux et des systèmes d’information dans l’Union. Cette directive, qui est en voie de transposition au Luxembourg (projet de loi n° 7314), prévoit notamment la mise en place d’une straté gie nationale de cybersécurité, d’une autorité nationale com pétente, l’adoption de bonnes pratiques de gestion des risques ainsi qu’une obligation pour les opérateurs de services essen tiels (énergie, services financiers, transports, services de santé…) et les opérateurs de services numériques de notifier les inci dents majeurs de sécurité aux ins tances compétentes. Le fameux Règlement géné ral sur la protection des données 2016/679 impose également à tout responsable du traitement de données à caractère per sonnel de mettre en place des mesures de sécurité techniques et organisationnelles adéquates et de notifier une violation de données à caractère personnel Vincent Wellens Partner NautaDutilh Avocats Luxembourg
à l’autorité nationale compétente dans les 72 heures si cette viola tion représente un certain risque. Dans certaines hypothèses, la violation devra même être noti fiée aux personnes concernées. Un manquement à ces obliga tions pourra engendrer des amendes administratives pou vant s’élever jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires mondial d’une entreprise. Les entreprises luxembour geoises doivent donc se pré parer pour faire face à cette cybermenace omniprésente afin de pouvoir réagir au plus vite et ainsi réduire non seule ment leurs risques financiers et réputationnels, mais également leur responsabilité et leurs obli gations juridiques en cas de fuite de données. Des règles de gou vernance internes, des mesures techniques, ainsi qu’un plan d’ac tion en cas d’incident doivent en particulier être mis en place en collaboration avec tous les ser vices concernés (e.g. IT, juri dique, communication), afin de permettre l’élaboration de processus adéquats et de sen sibiliser les différents acteurs. En outre, pour limiter l’impact d’une cyberattaque, les entre prises peuvent aussi souscrire des assurances cyber-risques.
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« La cybersécurité aux couleurs de l’humain »
« Est-il temps de revoir votre stratégie ? » L
Greg Pitzer Associé, cybersecurity leader PwC Luxembourg
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es nouvelles technologies s’infiltrent partout. Bien que certaines, comme la blockchain ou la biométrie, soient considé rées comme la panacée à tous les problèmes, elles restent tou tefois nébuleuses pour le com mun des mortels. L’évolution de ces technologies est telle que les humains peuvent vite se retrou ver dépassés par tant de sophis tication. Pourtant, lorsque l’on parle de cybersécurité, c’est bien l’humain qui est ciblé par les cyberattaques et aussi lui qui se trouve derrière celles-ci. La cybersécurité a souvent été perçue comme un domaine très technique, au point que l’on a négligé le facteur humain, qui est pourtant au centre des cyberattaques. Aujourd’hui, il devient crucial pour les organisa tions de développer une culture de la sécurité davantage centrée sur les individus. En effet, dans un environnement où les indi vidus reçoivent des e-mails en permanence, leur vigilance a tendance à baisser et il devient donc plus simple pour les pirates informatiques de les détourner des règles de sécurité et de les manipuler. La plupart du temps, les pirates utilisent des tech niques faisant appel aux émo tions pour faire tomber leur cible dans leur piège (attiser leur curiosité, flatter leur ego ou encore les tenter). Dans ce contexte, il est impé ratif que les entreprises intègrent dans leur culture une prise de
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conscience des cyber-risques, en développant une approche beaucoup plus positive de la cybersécurité. Pour ce faire, on peut se concentrer sur les bonnes pratiques de chacun au lieu de pointer les faiblesses. Cultiver cet optimisme engendrera des comportements plus vigilants et des individus plus conscients des risques, que ce soit au sein des organisations, mais aussi dans l’ensemble de la société. L’environnement dans lequel nous vivons et travaillons est en constante évolution. L’ère digi tale contribuera à rétablir la confiance des clients, qui a été mise à mal par divers scandales, cyberattaques et ralentissements économiques ces dernières années. Aujourd’hui, on constate un manque de confiance général entre les consommateurs et les institutions, et entre les indivi dus et les gouvernements. Sans confiance, nous ne pouvons pas nous adapter et vivre dans cette ère digitale. La cybersécurité est au cœur du rétablissement de cette confiance. En quelques mots, c’est la manière dont nous gérons les ressources digitales et dont nos clients gèrent leurs actifs et protègent leurs données. La cybersécurité consiste donc à s’assurer – autant que possible – que nous permettons à la société de bien fonctionner, et ce de manière sécurisée.
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a sécurité de l’information est devenue interdépendante, globale et critique. Ainsi, il n’est pas surprenant qu’au même titre que les événements inter nationaux, les rapports sur les incidents récents pour le Luxem bourg pointent la propagation de nouvelles formes de malwares, des intrusions réussies sur les réseaux d’entreprises et la pré valence des « ransomwares » via des méthodes sophistiquées d’in génierie sociale. Bien que l’ac cent ait souvent été mis sur les risques posés par les attaques externes, la menace interne et le risque de fuite de données qui en découlent sont considérés par les acteurs du secteur financier comme un problème majeur. En effet, compromettre la confiden tialité des données d’entreprise ou des données clients pourrait avoir un impact financier, de réputation ou réglementaire, surtout dans le contexte du GDPR. Jusqu’à présent, l’attitude pour la plupart des organisations a été la non-divulgation en cas de problème de sécurité. Mal heureusement, une telle attitude est au détriment d’autres organi sations qui pourraient, au vu de l’expérience de ces dernières, se prémunir d’incidents similaires. En sécurité, chaque orga nisation doit être traitée en tenant compte de son contexte, et en l’absence de compétences internes, vous pouvez toujours recourir à des experts externes pour vous guider. Une introspection devrait être la première étape pour com
prendre la maturité et la posture de sécurité relative d’une orga nisation. Cela conduirait ainsi à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie de sécu rité qui correspond à l’objectif de sécurité espéré. D’abord, il est important qu’une telle stratégie soit simple, tant dans la conception que dans l’exécution, parce que la com plexité engendre des vulnéra bilités. Ensuite, il faudrait prendre pour référence des méthodes et normes de sécurité bien éta blies et opportunes, à partir des quelles une organisation pourrait conduire à un programme de cybersécurité articulé autour de projets-clés. En particulier, la conscien tisation des usagers sur leur rôle dans le renforcement de la sécurité ainsi que l’examen des exigences légales et réglemen taires sont aussi importants pour la sécurité que la mise en œuvre de mécanismes. Enfin, conformément aux stratégies modernes de sécu rité, les providers de services essentiels, comme les secteurs de l’énergie, du transport et de la finance, devront inclure les aspects visant à favoriser la colla boration et la coordination grâce à la surveillance et au partage de l’information en matière de sécu rité, tel que recommandé par le règlement NIS.
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elon Marco Houwen : « Le secteur ICT au Luxembourg continuera à prendre racine dans tous les aspects de notre vie. Il sera primordial de lier la technologie à l’humain. La réussite future de notre pays va être directement liée à notre capacité d’intégration de tous les membres de notre société dans un monde en constante mutation et hautement technologique. »
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