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Économie Politique Entreprises Place financière
AVRIL 2013
Pour l’intégration des étrangers
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ÉDITO
RELANCER LE PROCESSUS DÉMOCRATIQUE Par Mike Koedinger, CEO de Maison Moderne, éditeur de paperJam
Pour avoir une idée du Luxembourg actuel, 11 chiffres suffisent : 681.700 : Population « totale » (résidents et frontaliers) par jour ouvrable 524.900 : Population totale résidente 355.800 : Emploi salarié intérieur 295.000 : Nombre de résidents luxembourgeois 229.900 : Nombre de résidents étrangers 223.900 : Personnes inscrites aux élections législatives en 2009 196.000 : Nombre de résidents parmi la population active 156.800 : Nombre de frontaliers parmi la population active 103.600 : Nombre de Luxembourgeois parmi la population active 95.500 : Nombre d’étrangers parmi la population active 68.500 : Nombre d’emplois dans l’administration et autres services publics. Des chiffres manifestes, qui résument non seulement la réalité du Grand-Duché, mais aussi et surtout la désuétude du système électoral luxembourgeois. Des statistiques, qui imposent la réflexion sur le futur du pays. Mais au-delà de la seule participation des résidents non luxembourgeois aux élections législatives, il s’agit de relancer le processus démocratique. Tout comme la croissance économique du Luxembourg est tributaire de l’évolution des migrations et du travail frontalier, l’évolution du débat politique dépend de l’intégration réussie des résidents non luxembourgeois dans le processus démocratique. Luxembourg 2030 ou encore 5 vir 12, pour ne citer que deux initiatives parmi d’autres, exposent bien les nombreux défis politiques, économiques et sociétaux auxquels le Luxembourg devra faire face à court terme, s’il veut garder un futur prospère. Parmi ces défis, un des plus importants est sans
conteste celui d’impliquer les résidents non luxembourgeois dans la vie politique. Mais avant d’y arriver, il faut que ces mêmes résidents non luxembourgeois s’intéressent à la vie politique nationale. Il revient aux politiciens de rédiger et de voter une loi qui leur ouvre les élections législatives. Mais il revient aux médias d’élargir le débat politique, pour qu’il ne vise plus les seules 223.876 personnes inscrites aux élections en 2009, mais s’adresse aux plus de 681.000 personnes de la population totale – résidents et frontaliers inclus. Maison Moderne souscrit à cette volonté, prédominante depuis ses débuts dans la ligne éditoriale de toutes ses publications. Nous sommes conscients du rôle des médias dans le débat actuel, et nous en assumons fièrement la responsabilité. C’est pourquoi nous voulons promouvoir l’idée du Grand-Duché de Luxembourg qui progresse grâce à sa population. Une population active, économiquement et politiquement ! Avril 2013 —
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SOMMAIRE
04/ SOMMAIRE 2013 www.paperjam.lu
ON EN PARLE
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14 TOURISME
De la caravane à l’attaché-case
Outil de diversification économique, le tourisme représente plus de 5 % du PIB luxembourgeois, mais le secteur souffre encore d’un déficit d’image et de communication. Une réorganisation des acteurs du marché, des investissements durables et des analyses pointues devraient faire évoluer la donne.
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E & POLITIQU
ÉCONOMIE
28 MAX PLANCK INSTITUTE
Droit sur l’excellence !
40
La création, au Luxembourg, d’une antenne de l’institut de recherche mondialement reconnu, spécialisée dans le droit européen et international, fait entrer le pays dans une nouvelle dimension.
32 LES DIX VÉRITÉS DE...
Pour l’intégration des étrangers
Laurent Mosar
Le président de la Chambre des députés, interviewé sur paperJam.TV, appelle à davantage d’honnêteté et de transparence dans la vie politique en général. à la démocratie luxembourgeoise
34 ENTREPRISES AU FÉMININ
Liberté, égalité, diversité
Le débat sur la représentation des femmes en entreprises rejoint celui sur la diversité. Il reste du chemin à parcourir mais les mentalités évoluent. Reste à attendre des changements concrets sur le long terme.
COVERSTORY
40 CITOYENNETÉ
NOUS SOMMES POUR !
Ces derniers temps, on parle droit de vote élargi aux non-titulaires de la nationalité luxembourgeoise, participation active à la décision démocratique autant qu’à la vie socioéconomique et culturelle, regard des non-résidents frontaliers sur le pays auquel ils contribuent. De même, on y aborde les conditions d’accès à la nationalité, aux urnes, aux instances représentatives. PaperJam, encouragé par son éditeur luxembourgeois, Mike Koedinger, qui emploie dans Maison Moderne des personnes d’une douzaine de nationalités différentes, a voulu faire un geste, plus que symbolique. Et dire, en français – « Nous sommes pour » – comme en luxembourgeois : « Mir sinn dofir ». Pour la discussion ouverte, à laquelle nous avons voulu convier un maximum de personnes issues des forces vives au sens le plus large du terme, afin que celles-ci puissent, le plus clairement possible, se positionner. Pour une véritable intégration, une citoyenneté réfléchie, moderne, adaptée aux réalités et aux défis du pas.
42 DÉMOGRAPHIE
Multiplicountry
Bientôt, le pays comptera une majorité de résidents non luxembourgeois. Cette configuration unique en Europe rend incontournable une réforme du système démocratique afin d’inclure une plus grande part de ceux qui créent la richesse nationale.
48 FORCES VIVES
Facteurs d’inclusion
Leur avis est officiel et représentatif dans le microcosme luxembourgeois. La position du Conseil économique et social, de la Chambre de commerce et de la Chambre des salariés.
54 ENGAGEMENT
Politiques, à vous de jouer !
Au Luxembourg, laboratoire pour une gouvernance politique et économique qui prenne en compte les étrangers, les partis doivent proposer des solutions avant les élections législatives de 2014. Avril 2013 —
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SOMMAIRE
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04/ SOMMAIRE 2013
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114
74 ENTREPRIS
ES
60 EN BREF
À LIRE AUSS
I
L’actu 12 AGENDA À suivre…
Communiqué, brèves, chiffres… Le choix de la rédaction.
66 RSE
Événements et invitations, à toutes fins utiles.
Deux mondes à réunir 38 + 72 PICTURE REPORTS Paroles et musique
Entreprises et asbl ne parlent pas toujours la même langue, mais ont de plus en plus souvent des intérêts en commun. Le programme « Part & Act », initié depuis un an par IMS Luxembourg, a pour ambition de les faire davantage se rapprocher. Les premiers résultats sont encourageants et la remise, le 15 avril prochain, des premiers CSR Awards, mettra davantage en lumière ce projet ambitieux.
Retour en images sur l’événement TEDxLuxembourgCity 2013, organisé par Maison Moderne au Mudam, et sur le concert de bienfaisance au profit de la Croix-Rouge, organisé par Deloitte à la Philharmonie.
114 OPINION
74 START-UP La matière grise,
L’app’rentissage des affaires
Le Luxembourg constitue un laboratoire idéal pour développer des applications éducatives multilingues destinées aux appareils mobiles. En testant The Loupe sur le marché local, Tetyana Karpenko espère trouver les ingrédients lui permettant de bâtir un succès qui passera obligatoirement par l’international.
matière première du futur Par Claude Frisoni
Avril 2013 —
Le 15 avril 2013 à Luxembourg Au centre Drosbach à 17h30 1ère Cérémonie de remise des prix : European CSR Awards
Lancés fin 2012 par la Commission européenne, les European CSR Awards vont récompenser en avril les partenariats les plus inspirants entre entreprises et organisations à but non lucratifs dans 29 pays européens.
Programme 17h30: M. Nicolas Schmit Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration Discours d’ouverture du Président du Jury 17h45: M. Christian Scharff Président IMS Luxembourg 17h55: Mme Marine de Bazelaire Directrice Développement Durable chez HSBC France Déléguée Générale de la Fondation HSBC pour l’Education Inscrivez-vous dès à présent sur www.imslux.lu Accès gratuit pour les membres IMS Luxembourg et les membres du PaperJam Business Club. Tarif unique de 70 euros par personne. Retrouvez toutes les informations utiles sur www.csrluxembourg.lu
Avec le soutien de:
18h15: Mme Luisa Ferreira Economic Advisor, European Investment Bank Institute 18h30: Remise des Awards Award PME et son partenaire Award Grande entreprise et son partenaire 18h45: Cocktail et Networking
SOMMAIRE
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04/ SOMMAIRE 2013
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88
NC PLACE FINA
104
IÈRE
82 PRIVATE EQUITY
Brise ou tempête ?
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Sur scène, l’industrie locale des fonds alternatifs indique vouloir capitaliser sur le retour onshore de nombre de gérants. En coulisse, l’affaire « Wind Hellas » inquiète le petit monde feutré du private equity. La justice décidera du sens dans lequel le vent souffle…
86 LES DIX VÉRITÉS DE...
Carlo Thill
Le vice-président de l’ABBL et coprésident de BGL BNP Paribas, en interview sur paperJam.TV.
88 DIVERSIFICATION FINANCIÈRE
Football campagne
Tournée vers les hauts revenus, la Place travaille naturellement sur la structuration du patrimoine des stars du ballon rond. Plateforme de distribution de fonds d’investissement et lieu d’ingénierie financière, elle permettrait également aux clubs d’accéder à plus de liquidité et de mieux aborder la règle du fair-play financier.
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DÉSIRS
95 CULTURE
Pour ne rien manquer
Les personnalités qui font l’actualité, les rendez-vous à ne pas rater, les films et les expositions à voir…
98 NOUVEAUTÉS
Pour ne manquer de rien
Les nouvelles boutiques, les gadgets (pas si) indispensables, les restaurants incontournables, le look à adopter, les fautes de goût à ne pas commettre…
104 INTERVIEW
Le Luxembourg pour décor
Avec une cinquantaine de films à son actif, Patrick Blocman est la référence en matière de location manager au Grand-Duché. Il nous dévoile les secrets de son métier.
106 20 ANS DU MARX BAR
Style watch
Un événement passé à la loupe des chasseurs de style.
Avril 2013 —
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AGENDA
À suivre 4 18/300-20 h 18 h
CONFERENCES
4 16/030 19 h
CONFÉRENCE
Photo : Etienne Delorme (archives)
Matinale de l’innovation RH
Y a-t-il une recette gagnante pour anticiper les compétences en période de crise ? Cette matinale de l’innovation, organisée par le CRP Henri Tudor, alternera interactions entre les participants et mises en perspectives théoriques et opérationnelles. Avec, comme intervenant final, le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit (photo). Lieu : CRP Henri Tudor – 29, avenue J.-F. Kennedy, Luxembourg Infos et inscriptions : www.tudor.lu/fr/event/matinalesRH2013
4 17/0 CONFÉRENCE
Les nouveaux schémas européens de domiciliations bancaires La mise en œuvre de l’espace de paiement européen unique, ou SEPA, ne concerne pas uniquement les banques, mais aussi les clients et surtout les entreprises et les commerces. Lors de ces séances d’information, l’ABBL et des représentants des banques présenteront la situation du projet SEPA (Single Euro Payments Area), rappelleront le fonctionnement des domiciliations SDD et présenteront les défis du passage des domiciliations actuelles vers les domiciliations SDD. Ces sessions sont particulièrement dédiées aux aspects business afin de guider les créanciers à travers les différentes alternatives qui sont offertes. Lieu : Chambre de Commerce Infos et inscriptions : www.abbl.lu
4 17/030 19 h
LUNCH
Exotic evening for South Asian food With winter almost behind us, Amcham thought it might be fun to celebrate with an exotic evening with a South Asian theme. There will be a buffet dinner, drinks and entertainment. Location: Restaurant Orchidée – 9, route de Thionville, Luxembourg Info and registration: www.amcham.lu
— Avril 2013
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4 17/0 CONFERENCES
CONFÉRENCES
ALFI – ALRIM Risk Management Conference 2013
7e Forum de la sécurité et de la santé au travail
Focus on the relevance of risk management for investor protection. Panel discussions will concern “Risk Governance – integrated, holistic and structured approach” under the Ucits and AIFMD aspects and “Experience gained from Ucits IV – paving the way for risk management governing alternative funds”. Location: Hôtel Le Royal Info and registration: www.academyfinance.ch
Photo : David Laurent / Wili (archives)
Focus on the recent changes in the Luxembourg/Russia relations in the field of taxation. What are the international tax planning solutions for Russian private clients? How to make an efficient use of Luxembourg products for Russian private clients? Location: Hôtel Le Royal Info and registration: www.academyfinance.ch
Seventh part of the conference cycle “Luxembourg : where we came from; where we are; where lies our possible future?”, organised by the Sacred Heart University, in collaboration with paperJam. In this part, the topics will be “Brain-driven future?”, with David de la Croix (UCL), Nicolas Schmit (minister, ministry of Labor, Employment & Immigration) and Rolf Tarrach (president, University of Luxembourg, picture). Location: University of Luxembourg, Campus Kirchberg – 6, rue Richard Coudenhove-Kalergi Info and registration: www.shu.lu
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Russian clients & Luxembourg solutions
CONFERENCE
Brain-driven future?
Photo : Luc Deflorenne (archives)
4 10/0
Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg. Séminaires, conférences, séances académiques…
Organisé dans le cadre de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, ce forum s’articulera cette année autour d’une conférence internationale sur la gestion de la sécurité et de la santé au travail. À cette occasion, une table ronde renseignera sur les démarches et normes existantes au Luxembourg en termes de sécurité et de santé sur le lieu du travail et notamment en termes de RSE. Parmi les intervenants : Norman Fisch (INDR). Lieu : Chambre de Commerce Infos et inscriptions : www.securite-sante.lu
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
N ON ELE PAR
Diversification économique
De la caravane à l’attaché-case Le tourisme représente plus de 5 % du PIB luxembourgeois, mais le secteur souffre encore d’un déficit d’image et de communication. Une réorganisation des acteurs du marché, des investissements durables et des analyses pointues devraient faire évoluer la donne.
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Texte France Clarinval
— Avril 2013
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
I
l y a un peu moins d’un an, dans son discours sur l’état de la Nation, le Premier ministre Jean-Claude Juncker plaçait le tourisme parmi les secteurs économiques à développer, où des investissements étaient non seulement autorisés mais souhaitables. L’impact du tourisme semble, de fait, généralement mésestimé. Dans son dernier rapport, le World Travel & Tourism Council (WTTC) estime l’impact direct du secteur touristique à 830,5 millions d’euros en 2012, ce qui représente 1,9 % du PIB luxembourgeois. Mieux encore, l’impact indirect, qui comprend non seulement les établissements hôteliers ou les agences de voyages mais aussi les domaines induits comme la construction desdits établissements, les services annexes ou la restauration, serait de quelque 2,414 milliards d’euros, soit 5,4 % du PIB. En 2012, plus de 5.500 emplois étaient directement liés au secteur (soit 2,5 % de l’emploi total) et 11.500 emplois de plus lui étaient indirectement rattachés. Ce qui représente finalement 7,2 % de l’emploi total. Toujours selon le WTTC, on prévoit une augmentation de l’impact direct de 2 % en 2013 et de 3,3 % par an pour la période 2013-2023 (en prix constants de 2012). Ces chiffres ne sont qu’une projection ciblée pour le Luxembourg mais force est de constater que le tourisme mondial est en croissance continue depuis des années. La World Tourism Organization des Nations unies indique une croissance annuelle des arrivées internationales au niveau mondial de 3,5 % depuis 1990 et elle prévoit une augmentation annuelle moyenne de ces arrivées de 3,3 % jusqu’en 2030. Of MICE and businessmen
Ces chiffres optimistes cachent une réalité plus dure, révélatrice de l’évolution du type de tourisme que connaît le Luxembourg. En effet, si le secteur touristique montre un regain de santé, c’est après des années bien moroses et difficiles, en particulier pour les régions « traditionnelles » que sont les Ardennes et le Mullerthal (ou Petite Suisse). Le pays a ainsi perdu 24 % de ses établissements entre 1995 et 2012. Un chiffre à relativiser puisque, dans le même temps, il gagnait Avec plus de 30.000 nuitées passées au Luxembourg, 4 % de chambres. les Chinois sont une cible émergente pour les instances du tourisme. Ils apprécient le shopping dans la capitale Les disparités régionales et le romantisme des châteaux alentours. sont criantes :
le Centre enregistrait, sur cette période, une augmentation de 30 % du nombre de chambres, la région de la Moselle faisait même mieux, avec 40 % de chambres supplémentaires et le Sud battait tous les records avec 65 % de chambres en plus. À l’inverse, les Ardennes perdaient 30 % de chambres et le Mullerthal presque 50 %. Le nombre de nuitées quant à lui ne fait que revenir progressivement au niveau de celui des années 1980 pour atteindre 2.246.200 nuitées (en 2011). L’Office national du tourisme (ONT) estime la hausse à 1,3 % pour 2012. La pire année a été enregistrée en 2010, où l’on est passé sous la barre des 2 millions de nuitées. Les durées moyennes de séjour ont par ailleurs fondu comme neige au soleil passant de 3,3 jours en 1980 à moins de 2 jours actuellement. L’analyse de ces statistiques, les écarts entre les régions et entre les types d’établissements montrent, à l’évidence, une mutation du tourisme au Luxembourg qui est passé – en caricaturant – du campeur néerlandais qui restait une semaine voire plus avec sa famille à l’homme d’affaires allemand qui vient pour un congrès. Ce sont en effet les régions du Centre (dont la capitale, qui représente plus de 50 % des nuitées du pays) et du Sud qui connaissent les meilleurs chiffres. Ce sont aussi les hôtels et pensions qui se voient gratifiés de nuitées supplémentaires (+7,3 % en 2011 et encore +2,4 % en 2012), alors que les campings enregistrent une baisse de fréquentation, en partie liée à la météo capricieuse du dernier été. « Le tourisme d’affaires et de congrès (ou MICE : Meetings, Incentives, Conventions, Events) est très important au Luxembourg et le Grand-Duché a tout pour développer encore davantage ce segment. Ce secteur génère 54,6 % des nuitées au niveau national », détaille Pierre Barthelmé, conseiller de gouvernement 1re classe au ministère du Tourisme. C’est évidemment la capitale qui génère l’essentiel du tourisme d’affaires. Adapter la communication
Or il a fallu des années pour que les institutions prennent la mesure de ces mutations, continuant à communiquer de manière obsolète, hétéroclite et dispersée vers des cibles peu identifiées. Les acteurs du secteur (ministère du Tourisme, Office national du tourisme, Luxembourg City Tourist Office, syndicats d’initiative locaux…) Avril 2013 —
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Avec 53 % des nuitées enregistrées en 2012, Luxembourg tire le marché du tourisme. Les Ardennes et le Mullerthal perdent des établissements et des nuitées.
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y allant chacun de leur brochure, de leur affiche ou annonce, avec des messages différents, une identité visuelle floue, des photomontages obsolètes ou des sélections d’activités et de centres d’intérêt peu ou pas en phase avec la réalité du terrain. Constatant l’érosion du tourisme de loisir, l’ONT a commandé un audit à Ernst & Young en 2010. Si les détails des conclusions et recommandations restent confidentiels, on peut en identifier les grandes lignes. Le cabinet de conseil a ainsi regretté que l’ONT axe trop ses actions de communication et de promotion à l’intérieur du pays et pas assez à l’étranger. L’office voit aussi son manque de stratégie à long terme mis en cause ainsi que l’éparpillement de ses moyens à l’extérieur et la volonté de prendre en charge des tâches connexes. Aussi, les recommandations, que la nouvelle direction prend à bras le corps, consistent à concentrer la communication au-delà des frontières et à cibler des marchés spécifiques en termes géographiques et sociologiques. La convention qui lie le ministère du Tourisme et l’ONT a été revue et les missions redéfinies. « Connaître notre clientèle et ses attentes est une des priorités que nous nous sommes fixées pour savoir comment les toucher », explique Anne Hoffmann, managing director de l’ONT depuis janvier 2012. Une vaste enquête a ainsi été menée auprès de 3.000 touristes avec un questionnaire détaillé qui analyse le but de la visite, les critères de choix de la destination, les activités choisies, les attentes et leur satisfaction… Pour l’instant, les résultats ne sont pas encore entièrement connus, mais quelques chiffres sont encourageants. Ainsi, un tiers des touristes viennent pour la première fois au Luxembourg. « Cela montre qu’en ciblant bien nos clients, nous avons une marge de progression », constate Anne Hoffmann, qui se réjouit aussi de voir la moyenne d’âge des touristes régulièrement baisser. Suivant cette nouvelle stratégie, l’ONT a décidé de ne plus « saupoudrer » des campagnes et actions de promotion à tort et à travers mais — Avril 2013
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« Il faut susciter l’envie de nous découvrir et, à l’instar de l’Irlande, prouver que le tourisme peut servir l’image du pays. » Anne Hoffmann (ONT)
de cibler des marchés porteurs et de choisir une image à long terme. La nouvelle campagne est issue d’un appel d’offres remporté par Concept Factory. « Nous avons axé notre nouvelle campagne sur ‘Découvrez le Luxembourg inattendu’, avec des visuels forts, des images authentiques et non plus des photomontages », détaille Anne Hoffmann. Les Casemates, la vieille ville, le VTT en forêt, la Philharmonie ou le château de Vianden servent de toile de fond à cette campagne qui, si elle est bien réalisée, n’a rien de révolutionnaire. « Il faut susciter l’envie avec ce que l’on a à offrir et comprendre, à l’instar de l’Irlande, que le tourisme peut servir l’image du pays. » Parmi les cibles, l’Allemagne est la première visée pour l’instant, avec la Belgique. Les seniors actifs se voient également chouchoutés alors que les DINKS (Double Income No Kids) feront l’objet d’une attention particulière. « À côté des moyens de promotion classiques qui restent d’actualité ( foires touristiques, annonces, brochures, etc.), l’ONT a développé son marketing sur Internet (optimisation
Sources : ONT / Statec
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Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean I. M. Pei Architect Design Photo by Carlo Hommel
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TM TRAVEL AWARDS
Les oscars du tourisme Pour la troisième année consécutive, les TM Travel Awards Luxembourg vont être décernés. Robrecht Willaert, directeur et rédacteur en chef de Travel Magazine (publication de référence en matière de tourisme, depuis 20 ans sur le marché belge), fait le lien avec le Grand-Duché. « Depuis 10 ans, il y a au moins une page Luxembourg dans chacune de nos éditions. Les Belges constituent une partie du marché luxembourgeois. Il y a la proximité pour certains. Et aussi la qualité des prestations de LuxairTours, appréciée par une tranche haut de gamme des voyageurs. Le fait que les vacances d’été ne soient pas aux mêmes dates permet en plus à des Belges de partir à moindres coûts début juillet. » Selon quels critères fonctionnent les TM Travel Awards ? « Il y a sept catégories récompensées : les touropérateurs, les agents de voyages loisirs et business, les hôtels, là aussi en loisirs et en business, les croisiéristes, la personnalité de l’année et, nouvelle catégorie cette année, l’innovation la plus marquante du secteur, que ce soit un service, un lieu ou un concept. Des clients mystères se rendent dans les agences et les hôtels pour tester les prestations, et un comité complète l’évaluation avec différentes recherches et enquêtes. Nous nous intéressons à la qualité des brochures et de l’établissement, au rapport qualité / prix, à l’accueil, aux concepts proposés, au service après-vente… » Que représentent les TM Travel Awards ? « Les deux premières éditions à Luxembourg ont connu un beau succès avec plus de 200 personnes présentes. Cet événement répond à un besoin de l’industrie voyagiste luxembourgeoise. On a l’habitude de parler des oscars du tourisme. Pour les lauréats, on le voit par notre expérience en Belgique, c’est un argument commercial intéressant vis-à-vis de leurs clients, un gage de confiance et de qualité des prestations. Les prix ont un réel impact sur le chiffre d’affaires. C’est aussi important en interne, pour motiver le personnel. » Le 16 avril à 18 h 30 au Château de Septfontaines à Luxembourg www.travel-magazine.be
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Quelques chiffres éclairants sur le tourisme en 2012
30 % Selon l’enquête de l’ONT, dont les résultats ne sont pas encore publiés, un tiers des visiteurs viennent pour la première fois au Luxembourg.
Sources : ONT, ministère du Tourisme, LCTO
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45 millions € C’est l’enveloppe que le budget de l’État a accordée au plan quinquennal 2013-2018 pour aider les investissements dans le secteur du tourisme.
235.000 C’est le nombre de personnes qui ont été guidées pendant l’année 2012 par le LCTO. Les germanophones sont les plus nombreux, avec 32 % des visites.
vers les moteurs de recherche, achat de mots clés…) et les réseaux sociaux. » Le site Internet visitluxembourg.com a été complètement remanié. La formulation reste un tantinet vieillotte, mais le saut qualitatif, notamment en termes d’image, est réellement élevé. Améliorer les infrastructures
Les marchés émergents sont également en ligne de mire. On estime que 30.000 nuitées sont dues à des Chinois. Une cible de choix qui dépense beaucoup d’argent mais reste peu dans le pays. « Nous proposons des programmes sur mesure avec la Maison de Karl Marx à Trèves, le shopping à Luxembourg et la campagne à Schengen ou le château de Vianden et la ligne Maginot en France », détaille Yong Zhang de Schengen Travel, qui estime que les Chinois apprécient « la flexibilité du Visa Schengen, la qualité du shopping, le romantisme des châteaux et la gastronomie ». Reste que l’ONT pâtit d’une structure datant des années 50, avec un conseil d’administration pléthorique de plus de 25 personnes (sur 210 membres !) où figurent essentiellement des personnalités politiques. Ainsi, le président
fraîchement en place, Marc Schaefer (le bourgmestre de Vianden), est entouré d’une dizaine d’élus communaux. S’il y figure un représentant de l’Horesca et un de Camprilux (association des campings), on peut regretter la quasi-absence du secteur privé. « On est en train de réfléchir à quelle structure pourrait mieux convenir, un GIE ou un établissement public », admet Pierre Barthelmé. Parallèlement, les relations publiques et les voyages de presse ont été développés en ciblant les invitations des journalistes sur des thématiques porteuses telles que la gastronomie, l’architecture, les randonnées ou les familles. La participation aux foires internationales – du ressort du ministère du Tourisme – n’est pas oubliée. « Les foires offrent un contact direct avec des clients potentiels ainsi que la possibilité de rencontrer des partenaires et professionnels divers », indique ainsi Pierre Barthelmé, de retour de l’ITB de Berlin, un rendez-vous incontournable pour tous les professionnels du secteur touristique avec 10.000 exposants, 110.000 visiteurs professionnels et 60.000 visiteurs privés. Sur son stand, le ministère du Tourisme accueillait divers partenaires privés et institutions qui
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
2011
L’absence de cohérence des campagnes de publicité et communication des différents responsables du tourisme a été soulignée et mise en évidence par de nombreux observateurs, comme ici, une sélection rassemblée par Design Luxembourg. La nouvelle identité que promeut l’ONT devrait améliorer les choses.
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y ont noué de nombreux contacts. Pour continuer à développer le secteur du tourisme et améliorer l’infrastructure touristique, un plan quinquennal de financement avait été adopté en 2007 et a distribué pour 50 millions d’euros d’aides. Un tiers de ces aides est allé au secteur de l’hôtellerie pour moderniser, étendre ou créer des établissements. Un quart a été dévolu aux administrations communales pour la mise en place et la rénovation de projets touristiques (musée des mines à Rumelange, auberges de jeunesse, piscines de loisir, sentiers VTT…), le reste a été attribué à des projets de syndicats d’initiative ou privés (Parc merveilleux…). Pour la période 2013-2018, une nouvelle enveloppe de 45 millions a été votée. Une nouvelle cible a été décrétée comme éligible : les villages de vacances qui pourraient devenir de nouveaux moteurs touristiques. Si les missions de l’ONT concernent la promotion du Luxembourg, il ne lui appartient pas d’organiser directement ni les événements qui attireraient les visiteurs, ni les offres combinées d’hôtels, visites, voyages… C’est dans cette optique qu’ont été créés les offices régionaux du tourisme. Après les ORT Ardennes et Mullerthal en 2009, celui de la Moselle a été créé en 2011 et celui du Sud en 2012. Dans le même ordre d’idées, le Luxembourg City Tourist Office, dont les missions sont « très vastes », comme l’indique Roland Pinnel qui en est encore le directeur pour quelques semaines, fait figure de pionnier. Son équipe, mise en place en 1974, comptait alors trois personnes ; ils sont désormais 26 employés permanents et quelque 130 guides qui officient en freelance, sans compter les étudiants qui renforcent l’équipe en été. L’offre — Avril 2013
REMANIEMENT
Londres et Paris ferment Depuis longtemps, le ministère du Tourisme dispose de représentations à l’étranger, notamment dans les marchés qui, traditionnellement, fournissent l’essentiel des visiteurs. À Berlin, Bruxelles et La Haye, la représentation touristique est intégrée dans les locaux de l’ambassade, alors qu’à Londres et à Paris, ce sont des bureaux spécifiques qui sont loués. Dans le contexte de la réorganisation des missions de l’ONT, et face à l’évolution du marché touristique, ces bureaux de représentation ont été réévalués. Nouvelles technologies, comportement touristique, promotion à distance et en ligne… Le rôle de ces agences et leur visibilité ont pris du plomb dans l’aile. Aussi, en considérant l’économie réalisée et les dates de fin de baux, les agences touristiques de Paris (fin mars) et de Londres (fin septembre) seront fermées. Une proposition d’un nouveau poste au sein de l’ONT et d’un rapatriement au Luxembourg a été soumise à l’ensemble du personnel des agences concernées. À l’heure actuelle, les bureaux de Berlin, Bruxelles et La Haye ne sont pas concernés, ne fût-ce qu’en raison de leur emplacement privilégié au sein des ambassades et de l’importance capitale que revêtent ces trois marchés (55 % des nuitées réalisées en 2012). F. C.
proposée par le LCTO concerne à la fois l’information (plus de 220.000 passages au bureau d’accueil de la place Guillaume), les visites guidées (en 19 langues, pour plus de 235.000 personnes, sans compter les Casemates et le Palais grandducal) et l’organisation d’événements et manifestations culturelles (560 en 2012). « Il faut proposer de l’animation et des événements pour renforcer l’attractivité de la ville », plaide Roland Pinnel qui sait qu’une importante partie de son budget y est consacrée. Le LCTO propose aussi une vaste palette de « packages » touristiques allant du « tout inclus » (avec hôtel, restaurant, visites guidées, libre accès aux musées et même cocktail et goûter) au sur-mesure (avec choix d’hôtel, activités pour les enfants, visites ciblées sur l’architecture, programme gastronomie et vins…). Pour le directeur bientôt en retraite, « le travail de communication doit se faire selon des principes de solidarité et de subsidiarité avec l’ONT et les autres partenaires ». Même si, sur le terrain, la diversité d’approches entre les différentes instances a longtemps tenu de la cacophonie. Le 17 avril, à la faveur de l’Assemblée générale, le nouveau directeur Tom Bellion prendra ses fonctions à la tête du LCTO. Il a été choisi au terme d’une procédure de recrutement classique (offre d’emploi, questionnaires, entretiens) qui n’avait vu que 18 candidats déclarés (dont six irrecevables pour diverses questions, notamment de diplômes). Ce sera désormais à lui de jouer. Le tourisme de loisir repend donc du poil de la bête. Les efforts d’image et d’offre à déployer restent cependant nombreux. Les nouveaux acteurs en place en sont bien conscients.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ÉCONOMIE & POLITIQUE
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
POLITIQUE
Des codes pour une déontologie
Photo : Andy Maar / ministère de la Justice
Le Conseil de gouvernement a avalisé le 1er mars la mise en place de son code de déontologie. Appelé à entrer en vigueur le 1er janvier 2014, le document, inspiré d’exemples européens, vise en premier lieu à éviter tout conflit d’intérêts entre des fonctions publiques et des activités privées, selon le ministre de la Justice, François Biltgen, encadrant le projet. Un but également poursuivi par les députés qui souhaitent aussi se doter de « leur » code, à l’aune des prochaines élections législatives en 2014. Ces projets sont évidemment à replacer dans le sillage de l’affaire Livange-Wickrange qui avait ébranlé, en 2012, la classe politique.
Selon le Statec, les prix des appartements ont connu, en un an,
SH
une augmentation de 5,1 % (+6,3 % dans le neuf et +4,5 % dans l’ancien). | Les prochaines élections législatives devraient se tenir le 25 mai 2014, en même temps que les élections européennes qui, initialement, étaient prévues le 8 juin, mais ont été avancées de deux semaines. Les vacances de Pâques, au préalable, ont été déplacées également.
BADGE SUR CHANTIER
PIB
Pas avant juin
Bruxelles plus pessimiste que le Statec
Pour contrer les pratiques douteuses dans le secteur du bâtiment (maind’œuvre étrangère illégale notamment), le ministre du Travail Nicolas Schmit avait annoncé le port du badge d’identification obligatoire. La mesure était attendue pour ce début d’année. Cette fois, M. Schmit a confirmé que ce « badge social » serait prêt pour juin 2013. Le LCGB rappelle que cette mesure doit être liée à des moyens supplémentaires de contrôle et à une répression efficace.
Même si les Prévisions d’hiver 20122014 publiées par la Commission européenne indiquent une « accélération progressive » de l’activité économique de l’UE, les perspectives pour le Luxembourg restent très modestes et, de surcroît, inférieures à celles présentées par le Statec. Ainsi, pour 2012, la croissance du PIB est estimée à 0,2 % (elle était de 1,7 % en 2011), alors que le Statec table sur 0,5 %. L’écart est encore plus flagrant pour 2013, où Bruxelles n’attend pas plus de 0,5 % de croissance, contre 1 % pour les analystes luxembourgeois. On est loin des 3 % de croissance sur lesquels se base, par exemple, le projet de réforme des pensions…
Photo : Jessica Theis (archives)
FRE
« Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement va investir des millions d’euros dans la reconstruction d’un stade sur le site Josy Barthel. » Flavio Becca, le promoteur immobilier, qui semble toujours croire dans le développement de son projet de stade / centre commercial à Livange.
Avril 2013—
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
INTERNET
La culture a son portail Le ministère de la Culture vient d’inaugurer le site www.culture.lu qui a pour but de valoriser le paysage culturel luxembourgeois en renseignant aussi bien les professionnels que le grand public. On y trouve à la fois des informations pratiques et essentielles à la vie des artistes (recherche de financements, statuts…), un calendrier des événements à venir et des articles sur les différents secteurs de la culture. FISCALITÉ
Amazon, et après… Luc Frieden a entamé le 7 mars à Seattle sa tournée des maisons mères de groupes importants implantés au Luxembourg. Là-bas, il a rencontré les représentants du leader mondial du e-commerce, Amazon. La société américaine emploie plus de 400 personnes au Grand-Duché, mais son avenir sur place semble menacé. Les grands pays de l’OCDE ont fait de la fiscalité des sociétés multinationales leur nouveau cheval de bataille.
EUROPE
Pacte budgétaire approuvé Le traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, plus connu sous le nom de « Pacte budgétaire européen », a été approuvé par la Chambre des députés (46 voix contre 10). Ce texte vise à contraindre les États de la zone euro à équilibrer leurs dépenses et leurs recettes et donc à limiter le recours à l’emprunt.
AIDES
Pour un salaire subventionné La Chambre de commerce propose que le gouvernement subventionne le salaire social minimum, afin de redynamiser les embauches. « Cela rendrait nos entreprises plus compétitives et éviterait à l’État de prendre en charge les allocations de chômage », estime le chef économiste Carlo Thelen. Le salaire social minimum brut mensuel est de 1.874,19 euros.
« Cela rendrait nos entreprises plus compétitives. »
CARLO THELEN
— Avril 2013
Photo : archives paperJam
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Ce procès marque un retour en arrière dans l’histoire du pays.
Procès Bommeleeër
Retour vers le futur Le procès le plus attendu du milieu mediatico-politico-judiciaire luxembourgeois a débuté le 25 février dernier. Les séances qui doivent s’étendre jusque fin mai devant la IXe chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg doivent en effet tenter de déterminer l’identité du ou des poseurs de bombes qui ont profondément marqué les habitants du pays entre 1984 et 1986. Et l’imaginaire collectif des plus jeunes. « C’est l’affaire criminelle la plus importante que le Luxembourg ait jamais connue », note Steve Remesch, journaliste au Luxemburger Wort et co-auteur du livre Et war net keen qui y est dédié. Le début de ce procès marque donc un retour en arrière dans l’histoire du pays. « À l’époque, il ne se passait pas une semaine sans qu’une poste ou une banque ne soit braquée », se souvient M. Remesch. Les premières séances ont mis en scène les différents intervenants, dont les deux prévenus : Marc Scheer (58 ans) et Jos Wilmes (56 ans), anciens membres de la brigade mobile de la gendarmerie – une unité d’élite – soupçonnés par le procureur général d’État, Robert Biever, d’avoir participé aux attentats. Des actes qui, selon un reportage de RTL diffusé à la veille du procès, auraient été commis, tout ou partie, par le réseau « Stay Behind » coordonné par l’Otan à l’époque de la guerre froide pour prévenir d’une « menace communiste ». Révélations et accusations mutuelles se sont succédé depuis un mois, entre témoignages remis en question par les uns et méthodes d’enquête critiquées par les autres. Les prochaines semaines devraient encore être riches en émotions – ou rebondissements – avec les interventions à la barre, en tant que témoins, de l’actuel Premier ministre Jean-Claude Juncker et de son prédécesseur Jacques Santer.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
LOGEMENT
2030.lu
Taille moyenne
2
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Un avenir par étapes
Au Luxembourg, la moyenne d’une habitation par ménage est de 130 m2. Mais il y a de grandes disparités, selon la nationalité des habitants ou la localisation de leur foyer.
FISCALITÉ
Réclamations en hausse
941
Photo : Luc Deflorenne
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Selon l’Administration des contributions directes, le nombre de réclamations effectuées par les contribuables en 2012 s’est élevé à 941, soit 7,5 % de plus qu’en 2011.
INFLATION
Dans le peloton de tête régional
2,66
%
C’est la variation de l’indice des prix à la consommation en 2012, tel qu’il a été enregistré au Luxembourg. Hormis les Pays-Bas (2,82 %), tous les autres grands voisins ont fait mieux en 2012 : Allemagne (2,14 %), France (2,22 %) et Belgique (2,61 %).
IMMOBILIER 2
Le m à 3.422 euros
594.000 € C’est le prix moyen d’une maison à la vente, communiqué par l’Observatoire de l’habitat, tel qu’il ressortait des annonces immobilières au quatrième trimestre, soit 3.422 euros par m2. Pour les appartements, ce prix s’élève à 372.200 euros, soit 4.200 euros du m2.
— Avril 2013
« L’avenir du Luxembourg nous concerne tous, alors discutons-en ! » Le slogan figure sur les affiches de l’initiative 2030.lu. Le projet de prospective est en route, depuis ce 20 mars. Objectif des initiateurs : « Trouver ensemble des pistes de réflexion aux grands défis du pays. » D’une enquête menée en amont par TNS Ilres auprès de décideurs luxembourgeois d’horizons divers – pas seulement économiques –, des thèmes se sont dégagés : éducation, innovation, entrepreneuriat, intégration, solidarité, énergie, environnement, économie verte, infrastructures et logement, indépendance financière, productivité, création de richesse… 2030.lu proposera une série de workshops thématiques,
après la conférence de lancement : « Une société ouverte et tournée vers l’avenir » (le 13 avril), « Un territoire pensé pour les générations futures » (le 11 mai) ou encore « Une économie soutenable au service du pays et de ses habitants » (le 15 juin). 2030.lu s’engage à accepter toutes les propositions constructives, à publier un manifeste porté par ceux qui participent à l’initiative et à publier à l’automne un recueil de synthèse regroupant les idées et pistes de réflexion proposées. Les idées pourront alors servir aux partis politiques pour l’établissement de leurs programmes, avant les élections de l’an prochain.
CONSOMMATEURS
CINÉMA
Une confiance en hausse
Un césar pour l’animation
Même si l’indice reste négatif (-7), la confiance des consommateurs, interrogés mensuellement par la Banque centrale du Luxembourg, est en hausse. Elle passe de -11 en janvier à -7 en février. Les répondants se montrent plus optimistes quant au futur de l’économie, mais restent préoccupés par la capacité des ménages à épargner.
Ernest et Célestine a remporté le césar du meilleur film d’animation. Une belle récompense pour ce film réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier. Il a été coproduit par Stéphan Roelants (Melusine Productions). Une très grande partie des travaux d’animation – notamment les décors – ont été réalisés par des techniciens locaux à Contern dans les Studios 352.
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LORRAINE
NOMINATION
ÉTAT
Inquiétant chômage
Direction Shanghai pour Luc Decker
Un emprunt de 750 millions
Suite à l’annonce, fin janvier, du remplacement du CEO de Luxembourg for Finance, Fernand Grulms, par Nicolas Mackel, consul général à Shanghai et directeur exécutif du Luxembourg’s Trade and Investment Office en Chine, il y avait une place à prendre. Elle est désormais prise par le jeune Luc Decker, 36 ans, actuel conseiller de direction adjoint à la direction générale « Promotion du Commerce extérieur et des investissements » du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur.
Un an après un emprunt d’un milliard d’euros (2,25 % sur 15 ans), L’État luxembourgeois remet ça, pour un montant de 750 millions d’euros (également 2,25 % sur 15 ans), réalisé par l’intermédiaire de LuxCSD (voir en page 77). En tout, 73 investisseurs de huit pays différents y ont souscrit. Cet emprunt ne devrait pas être le dernier de l’année. Pour 2013, le budget de l’Etat prévoit autorisation d’emprunts de 4,5 milliards d’euros.
Fin janvier 2013, on recensait 168.840 demandeurs d’emploi en Lorraine. L’évolution du chômage va proportionnellement plus vite dans cette région que dans les autres de France métropolitaine. L’effet tampon exercé par le Luxembourg ne joue plus de la même façon.
« Ça me glace de voir que les circonstances sont les mêmes en Europe en 2013 qu’il y a 100 ans. En 1913, beaucoup de gens croyaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre en Europe. » Le Premier ministre Jean-Claude Juncker, dans une interview donnée au quotidien allemand Spiegel.
COUR DE JUSTICE DE L’UNION EUROPÉENNE
Les députés n’en ont pas fini avec les dessous de l’espionnage luxembourgeois.
Espionnage au cœur de l’État
Le SREL reste à l’agenda Les 13 députés membres de la Commission d’enquête parlementaire poursuivent l’épineux travail de défrichage des méthodes de fonctionnement du SREL, les services secrets luxembourgeois. Si l’objectif affiché est de les réformer à terme, les auditions qui se déroulent depuis mi-décembre ne semblent pas suffire aux parlementaires pour boucler leur travail. Après avoir entendu de nouveaux témoins, dont l’ancien chauffeur du Premier ministre, qui était un collaborateur du SREL, la Commission d’enquête parlementaire a fixé de nouvelles auditions, à huit clos cette fois, jusque fin avril, dont une nouvelle avec Marco Mille, ancien patron du SREL qui est au centre des affaires.
Photo : Jessica Theis (archives)
Photo : archives paperJam
Jean-Jacques Kasel sur le départ
Le juge luxembourgeois de la Cour de justice de l’Union européenne, Jean-Jacques Kasel, a annoncé qu’il quittait ses fonctions, neuf mois avant la fin prévue de son mandat, début 2014. Âgé de 66 ans, il renoncerait, selon L’essentiel, pour des raisons de santé. À l’heure où nous clôturions cette édition, le nom du ministre de la Justice, François Biltgen, circulait avec insistance pour lui succéder.
INDUSTRIE
Production en berne La production industrielle luxembourgeoise a reculé de 3,8 % en janvier par rapport à décembre. Dans la zone euro, seule la Finlande (-4,1 %) a fait moins bien au cours du premier mois de l’année.
Avril 2013—
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Le Max Planck Institute dispose de près de 3.000 m2 de locaux au Kirchberg. Ce qui fait beaucoup de place pour l’actuelle cinquantaine d’employés de la structure.
Droit sur l’excellence !
Max Planck Institute
La création, au Luxembourg, d’une antenne de l’institut de recherche mondialement reconnu, spécialisée dans le droit européen et international, fait entrer le pays dans une nouvelle dimension. Texte Jean-Michel Gaudron Photos Luc Deflorenne
L
e 8 mai prochain, ce sera la fête au château. Conçu en forme de forteresse par l’architecte américain Richard Meier, l’ancien bâtiment blanc de la HypoVereinsbank au Kirchberg, en face du centre commercial Auchan, abrite désormais une partie de l’Université du Luxembourg et, depuis quelques mois, le Max Planck Institute (MPI) Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law. Le nom est aussi long qu’il est classieux. Mais la mention de « Max Planck » se suffit presque à elle-même pour situer le niveau de qualité de l’occupant. Et cet occupant, le 8 mai prochain, procédera justement à l’inauguration officielle des locaux qu’il occupe concrètement depuis six mois. Plus précisément, qu’il commence à investir. Car la cinquantaine de collaborateurs – dont une trentaine de chercheurs – déjà présents dans les vastes espaces (environ 2.700 m2 , prévus d’être élargis prochainement à 3.800 m2) à leur disposition, ne représente qu’environ un tiers de ce que seront les effectifs lorsque l’institut atteindra son rythme de croisière. — Avril 2013
L’annonce de la création et mise en place du MPI au Luxembourg date du printemps 2009. Elle a fait suite à un déjeuner entre François Biltgen, déjà ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et le Pr Dr Peter Gruss, président de la Société Max Planck. « C’est là que, pour la première fois, il a clairement été posé la question de savoir si le Luxembourg était intéressé de subventionner institut se souvient l’installation d’un tel institut, Germain Dondelinger, premier conseiller de gouvernement au sein du département de l’Enseignement supérieur, plus particulièrement en charge de la coordination de la coopération internationale. Cela s’inscrit parfaitement dans la volonté du pays d’investir dans le domaine de la recherche et de l’enseignement supérieur. Le droit européen, commercial et financier fait partie des ciblons » domaines prioritaires que nous ciblons. En 2009, les premières estimations tablaient sur un début des activités pour le deuxième semestre 2010. Cela aura finalement pris deux ans de plus, tant les discussions ont été complexes pour un « paramétrage » idéal de l’institut, la création de la fondation faîtière (voir encadré) n’intervenant finalement qu’en mars 2012. « Cela montre à quel
point cela s’est fait avec sérieux, sourit M. Dondelinger. Nous avons notamment insisté sur deux éléments : d’une part, que le domaine de recherche soit bien circonscrit et intègre clairement les notions de droit financier. Et d’autre part, que la composition en personnel de cet institut soit internationale, afin qu’il n’y ait pas qu’un seul espace juridique représenté. Pour que cet institut puisse être profitable au Luxembourg, il faut qu’il y ait ipso facto cette dimension internationale internationale. » La complémentarité et le prestige
La présence depuis plus de 60 ans, au Grand-Duché, de la Cour de justice de l’Union européenne explique, en outre, cet engouement pour la matière et la volonté de créer un véritable centre de compétences en droit, comme pilier de support du développement des activités juridiques dans le pays. Dire que la perspective de voir débarquer un mastodonte tel que le Max Planck Institue a d’emblée enchanté l’ensemble des responsables de l’Université du Luxembourg, serait probablement exagéré. Sans doute la faculté de Droit, d’Économie et de Finance
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aurait-elle aimé pouvoir disposer d’un soutien financier aussi conséquent pour son propre développement. Pour cette année de lancement, l’enveloppe allouée au MPI sera au moins de 3 millions d’euros, susceptibles d’être revus à la hausse en fonction de la rapidité des recrutements. À terme, en mode de fonctionnement « normal », ce sont quelque 10 millions d’euros qui devraient être versés annuellement. Cela n’inclut pas le déménagement, programmé à un horizon de cinq à six ans, dans l’ancien couvent du Limpertsberg qui abrite, pour l’heure, l’école française. Clairement, le gouvernement a préféré miser sur la complémentarité et sur le prestige apporté par la « référence » Max Planck. « L’université, de par sa structure, est très capable de prendre en charge le droit européen, et elle le fait d’ailleurs déjà très bien. Nous n’avons aucun souci avec ça, constate M. Dondelinger. Mais pour donner une assise et une visibilité internationale à nos activités de recherche, un institut tel que le Max Planck est essentiel. Il convient évidemment de bien veiller à une parfaite complémentarité entre les activités de chacun. Il n’y aura pas de concurrence.
Et au vu de la qualité des personnes de chaque côté, il y aura plutôt une émulation réciproque qui sera bénéfique aux deux parties. parties. » Du reste, l’ensemble des chercheurs du MPI seront d’office nommés professeurs à titre honoraire de l’Université du Luxembourg. En outre, puisque le Max Planck Institute n’est pas habilité à délivrer des diplômes, c’est, évidemment, prioritairement avec l’Uni que se fera la délivrance des doctorats. Des candidats à l’appel
Le directeur général du MPI, Burkhard Hess, se réjouit de cette proximité à la fois intellectuelle et géographique. « Nous organisons régulièrement des conférences ensemble. Tous les mercredis, par ailleurs, nous avons des réunions entre nous afin de discuter des éventuels problèmes et de faire avancer les choses positivement. C’est vraiment une très belle combinaison de pouvoir avoir, d’un côté, la faculté de Droit de l’Université, et de l’autre, un institut comme le nôtre, qui constitue aussi une source d’attraction pour des chercheurs du monde entier. entier. » Les dossiers de candidature se comptent d’ailleurs par centaines. Une annonce parue
dans un blog et un journal spécialisés a ainsi généré, en quelques semaines, près de 600 réponses. Pour cinq postes administratifs ouverts, pas moins de 450 CV sont également parvenus au secrétariat… Des marques d’intérêt pour le moins prononcées, qu’il convient aussi de gérer au mieux. Surtout que l’équipe de direction est loin d’être au complet. Pour l’heure, le Max Planck Institute Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law ne compte qu’un seul directeur, Burkhard Hess, à la tête du département de Droit européen, et qui occupe également les fonctions de directeur général de l’institut. Deux autres directeurs (pour les départements de Droit international et de Droit financier) sont en cours de recrutement. La coordination générale, elle, est assurée par un chief operating officer, Wolfgang Knill, « t ransfuge » de l’Université du Luxembourg, où il occupait, depuis trois ans, les fonctions de responsable des ressources humaines, après avoir occupé des fonctions similaires chez Luxair pendant trois ans également. M. Hess a quant à lui été professeur de la Avril 2013 —
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Burkhard Hess (MPI) : « Nous vivons une période de grands défis dans le domaine juridique sur un plan international. »
SOCIÉTÉ MAX PLANCK
Un rayonnement mondial Max Karl Ernst Ludwig Planck est un physicien allemand, né en 1858 à Kiel et mort en 1947 à Göttingen. Prix Nobel de physique en 1918 pour ses travaux sur les quantas d’énergie, il est, à ce titre, considéré comme l’un des pères fondateurs de la mécanique quantique. Les origines de l’institut qui porte son nom ou, plus précisément, de la Société Max Planck, remontent à 1911, avec la création de l’Institut Kaiser Wilhelm par le professeur allemand Adolph von Harnack, docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie. L’appellation « Max Planck » fut instaurée dès 1948. Aujourd’hui, la Société Max Planck pour le développement de la science, dont le siège est établi à Berlin, compte plus de 17.000 employés au total, dont plus de 5.300 scientifiques. Elle chapeaute quelque 80 « instituts Max Planck », dont quatre sont situés hors d’Allemagne : aux États-Unis, à Jupiter (le Max Planck Florida Institute en Floride) ; en Italie, à Florence (Kunsthistorisches Institut) et à Rome (Bibliotheca Hertziana – MPI für Kunstgeschichte) ; aux Pays-Bas, à Nimègue (MPI für Psycholinguistik), et enfin au Luxembourg, avec le Max Planck Institute Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law. La structure de l’institut luxembourgeois est néanmoins unique dans le réseau, car elle dépend d’une fondation, la Max Planck Institute Foundation Luxemburg. Elle a été établie officiellement le 28 mars 2012 et dispose d’une dotation initiale de 250.000 euros. « Nous allons servir de modèle d’excellence, car nous sommes le seul institut du réseau à disposer d’une personnalité légale propre et financée à 100 % par l’État luxembourgeois », indique Wolfgang Knill, qui précise néanmoins que l’institut bénéficiera d’une liberté académique absolue : « Les thèmes de recherche qui seront sélectionnés ne subiront aucune influence extérieure. » En outre, le MPI luxembourgeois est supporté par l’initiative fédérale d’encouragement à l’excellence pour la recherche et la science dans l’enseignement supérieur allemand (Exzellenzinitiative). Enfin, il est prévu la mise en place d’une Max Planck International Research School, une école qui accueillera, en permanence, pas moins de 10 doctorants supplémentaires. J.-M. G.
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faculté de Droit de la prestigieuse université bibliothèque, elle aussi en cours de constitution. allemande de Heidelberg et directeur de « Depuis septembre, nous avons déjà acquis l’Institut de droit privé international entre 3.200 livres et nous tablons sur l’achat de quelque 2003 et 2012. Âgé de 52 ans, il est notamment 10.000 livres par an, ce qui est beaucoup. Nous spécialisé dans le domaine de la recherche en sommes en train de mettre en place un système droit européen et communautaire et a étudié approprié et nous avons recruté quatre personnes de près tous les développements des systèmes qui sont dédiées à cet espace espace », explique M. Hess. judiciaires dans les États membres. Contacté Le premier travail de recherche complet issu en novembre 2011 par la Société Max Planck du Max Planck Institute Luxembourg for (voir encadré), il a finalement accepté International, European and Regulatory de prendre en mains la destinée du MPI Procedural Law est sur le point d’être publié. en septembre dernier. Il s’agit d’une évaluation du règlement « Nous vivons une période riche en développements communautaire en vigueur sur les questions dans le domaine juridique sur un plan d’insolvabilité. Un travail mené en parallèle international, notamment motivés par la crise du avec les universités de Vienne (Autriche) secteur financier financier, explique l’intéressé. Nous et de Heidelberg pour le compte de vivons une période de grands défis en la la Commission européenne. matière. Le Luxembourg est la capitale Les instituts Max Planck se de la justice européenne, ce qui fait revendiquent comme étant qu’il n’y a pas de meilleur endroit le deuxième pourvoyeur « Il y aura une qu’ici pour établir un institut de prix Nobel après le comme le nôtre nôtre. » émulation réciproque Massachussets Institute L’institut Max Planck au of Technology. Qui sait si, avec l’Université Luxembourg prévoit en dans quelques années, il n’y du Luxembourg. » outre la constitution d’un aura pas un nouveau Nobel espace documentaire « estampillé » Luxembourg. Germain Dondelinger (ministère de colossal dédié au droit Une perspective qui ne ferait l’Enseignement supérieur) procédural et au droit financier. pas tache dans la recherche Plusieurs centaines de milliers de d’excellence souhaitée par le livres sont attendus dans cette gouvernement luxembourgeois.
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EÀ FAC CE FA
Regardez la vidéo de Laurent Mosar sur paperJam.TV
LES DIX VÉRITÉS DE
Laurent Mosar
« La politique se fait beaucoup plus par l’intermédiaire des médias et des réseaux sociaux. Mais rien ne peut remplacer le contact physique avec l’électeur. Je regrette un peu que de plus en plus de politiciens limitent leurs contacts avec les citoyens au niveau de ces réseaux sociaux. » 3
« Je ne me suis pas fait que des amis en développant des idées sur la thématique du non-cumul des mandats. »
Le président de la Chambre des députés, interviewé sur paperJam.TV, appelle à davantage d’honnêteté et de transparence dans la vie politique en général. Interview Jean-Michel Gaudron
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« Quand je suis entré à la Chambre, en 1994, les gouvernements avaient beaucoup plus d’influence sur la procédure législative. Cela a changé fondamentalement depuis quelques années. Il n’y a plus aucun projet de loi qui ressort du Parlement dans la même forme qu’à son entrée. »
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« La politique doit s’adapter. Ce qui nous manque, c’est du courage pour prendre des mesures qui, souvent, ne sont pas très populaires, mais qui sont indispensables. Il faut également plus d’honnêteté dans la politique et dire la vérité sur la situation économique. Les citoyens vont accepter plus facilement des mesures impopulaires s’ils savent quels sont les objectifs que l’on veut atteindre avec ces mesures. »
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« Il faut prendre beaucoup plus de mesures qu’uniquement se limiter à l’ouverture du droit de vote aux étrangers pour les élections législatives. »
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« Nous avons réussi le défi d’améliorer la transparence des travaux parlementaires, ce qui ne veut pas dire que l’on va s’arrêter en si bon chemin. C’est un chantier permanent. »
« La politique doit surtout se soucier du futur. Le passé, il faut le laisser à la justice, voire aux historiens. Le monde politique en général s’occupe peut-être un peu trop de la gestion du passé et pas assez du futur. »
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« Je n’ai pas le sentiment, en parlant aux citoyens, qu’il y ait un grand désenchantement par rapport à la politique gouvernementale. »
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« Les partis politiques ne font pas assez d’efforts pour intégrer nos concitoyens étrangers dans la vie politique. »
« La question de la succession de Juncker n’intéresse pas trop nos citoyens. Ils veulent connaître les mesures concrètes que la politique va apporter aux défis du chômage, ou bien du combat contre la pauvreté. »
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Entreprises au féminin
Liberté, égalité, diversité Le débat sur la représentation des femmes en entreprise rejoint celui sur la diversité. Il reste du chemin à parcourir mais les mentalités évoluent. Reste à attendre des changements concrets sur le long terme. Texte Thierry Raizer
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ssociations féminines, initiatives ministérielles, actions de la part du patronat, charte de la diversité… l’agenda en faveur de la représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises, et plus généralement de la diversité, a rarement été aussi fourni. « Les équipes diversifiées sont plus efficaces », déclare Rita Knott, présidente de l’asbl Maison du Coaching, Mentoring et Consulting. Or, crise économique oblige, les entreprises ont, plus que jamais, besoin d’efficacité. « La crise financière fait bouger les lignes et amène à des réflexions autour des meilleures pratiques à acquérir en entreprise, pour éviter la pensée unique », ajoute celle qui est aussi directrice du Female Board Pool (FBP) Luxembourg, lancé en mars 2011, qui souhaite augmenter le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration des sociétés et organismes, du public et du privé : « Il faut veiller à un équilibre général en fonction des besoins de l’entreprise. » Le FBP, qui a déjà séduit quelque 250 femmes à Luxembourg lors de séminaires, gère également une base de données locale recensant les profils de femmes disponibles – une soixantaine de profils enregistrés – pour mettre leurs compétences au service d’un tel mandat. « Cette base de données permet de combattre trois préjugés, en premier lieu celui qui véhicule une absence de femmes pour ces postes. Nous démontrons aussi que les femmes ont les compétences nécessaires, CV à l’appui. Étant donné que ce service est, à l’heure actuelle, bénévole, nous voulons aussi combattre la question des coûts. » Ce type d’initiative a également été choisi par des écoles de commerce européennes via la base de données Global Board Ready Women listant 8.000 membres et autant de femmes qualifiées pour diriger une société. Derrière ce dynamisme, les relevés effectués par le ministère de l’Égalité des chances (Mega) montrent que le chemin à parcourir est encore long. Ses dernières données disponibles (2011) indiquent que les femmes restent sousreprésentées à différents niveaux de prise de décision. Dans les conseils d’administration, elles occupent 20 % des postes alors qu’elles représentent 37 % des effectifs des entreprises ayant un conseil d’administration (16 % en 2003). Véritable enjeu sociétal, l’accès des femmes aux directions reste aussi un défi. Selon les mêmes données, seulement 27 % — Avril 2013
(22 % en 2003) de femmes sont à la tête des entreprises de moins de 15 salariés alors qu’elles représentent 44 % des effectifs. Les proportions chutent dans les entreprises dépassant les 15 salariés : elles ne sont que 18 % à la direction de ces entreprises pour une représentation de 34 % des effectifs (16 % en 2003). La tendance est à la hausse, mais sur un mode progressif. Des quotas à l’émulation
La question de l’introduction de quotas obligatoires en faveur du sexe sous-représenté dans les instances dirigeantes des entreprises reste posée. « Nous n’avons pas besoin de quotas et nous espérons que nos filles n’en auront pas besoin besoin », déclarait Christiane Wickler, présidente de la
Fédération des femmes cheffes d’entreprises Luxembourg, à la veille de la Journée mondiale de la femme, en marge d’un événement organisé avec quatre associations féminines luxembourgeoises (Femmes Leaders, The Network, Lucilivines et African Women Movement). Cette réponse renvoie à la proposition de la commissaire européenne luxembourgeoise Viviane Reding de vouloir instaurer d’ici 2020 (2018 pour les entreprises publiques) « un minimum de 40 % de membres du sexe sous-représenté parmi les administrateurs non exécutifs de conseils d’administration de sociétés Bourse ». cotées en Bourse « Je n’aime pas les quotas, mais ce que les quotas permettent, en l’occurrence de parler beaucoup plus du problème », ajoute Rita Knott. La commissaire le reconnaissait elle-même
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Photo : Jessica Theis / jess.lu (archives)
La représentation des femmes dans la société se détermine dès le choix des études.
lors de son passage à Luxembourg en février dernier : le but ultime de cette directive est de faire changer les mentalités. L’attitude divergente des différents pays européens l’a d’ailleurs incitée à agir de la sorte, comme elle l’indiquait à paperJam.TV : « Il y a les pays nordiques où la combinaison entre la vie familiale et professionnelle est naturelle. Il y a les pays qui ont légiféré comme la France, où en un an seulement le nombre de femmes dans les conseils d’administration d’entreprises cotées a augmenté de 12 à 25 %. Et il y a les autres, où rien n’avance. » Pour le Luxembourg, qui ne compte qu’une cinquantaine de sociétés cotées, le texte ne sera que très peu contraignant. Ces sociétés ont toutefois du travail car, selon les données de la Commission européenne datant de janvier 2013, les femmes représentent
9,7 % (4 % en 2003) des membres des conseils d’administration des principales sociétés cotées au Luxembourg. Un résultat en dessous de la moyenne européenne : 15,8 %. Le document de la Commission, qui relève l’absence de présidentes des CA et / ou de CEO de ces sociétés, indique qu’à raison d’une progression de 0,7 % par an, « il faudrait aux alentours de 50 ans pour atteindre l’objectif minimum de 40 % genre », même si le de représentation de chaque genre rapport note une progression depuis deux ans. Il n’empêche, il existe un effet d’émulation, qui pousse certaines femmes à se dépasser et à rechercher de nouveaux challenges. Comme Rosa Villalobos, actuellement employée auprès d’une banque d’investissement et entreprise de services financiers australienne, et agissant dans les conseils d’administration depuis 2006. Active au Luxembourg depuis neuf ans, elle vient de participer à la première promotion d’une formation de l’Insead intitulée « International Directors Programme ». « Je recherchais des études qui me permettraient de gagner en efficacité comme administrateur dans un contexte plus global et en expérience, tout en pratiques indique-t-elle. découvrant de bonnes pratiques, Le programme de cours invitait à échanger autour de notre travail quotidien et de ses aspects pratiques clés pour ajouter de la valeur dans le conseil d’administration. » Une démarche qui montre aussi que la réussite n’est pas étrangère à une certaine détermination, a fortiori lorsqu’on est une femme. « Ce n’est pas obligatoire, mais c’est un faire », ajoute celle qui fait aussi partie must de le faire de la première promotion – novembre 2012 – du programme « ILA Certified Director » de l’Institut luxembourgeois des administrateurs. « Je veux poursuivre un apprentissage permanent, car le monde évolue rapidement. Je défends d’ailleurs l’importance de la formation pour mon équipe. » Cette soif d’apprendre devient une équipe. véritable méthode pour atteindre un objectif professionnel, le prochain étant de rejoindre des conseils d’administration de sociétés luxembourgeoises, mais en tant qu’administratrice indépendante. Cette étape passera, entre autres, par une bonne connaissance des milieux d’affaires et donc par un réseau qu’il faut composer avec les décideurs clés de la Place. « Les femmes doivent réseau déclare Robert Dennewald, soigner leur réseau, président de la Fedil, partageant ce point de vue avec Rita Knott. Elles doivent se faire
e ux e v e « J suivr sage r s pou renti t, car app en lue un rman e évo . » pe ond ent le m pide m O B O S AL ra ILL AV ROS
POLITIQUE ET SOCIAL
Thème(s) de campagne(s) La parité et la diversité sont aussi au cœur du discours politique et syndical. Le Lobby européen des femmes (European Women’s Lobby), représentant plus de 2.500 associations féminines, rappelait, à l’occasion de la dernière Journée mondiale de la femme, le besoin d’atteindre la parité au niveau politique, à l’aune des prochaines élections européennes de 2014, alors que le Parlement européen a été présidé deux fois par une femme (Simone Veil de 1979 à 1982 et Nicole Fontaine de 1999 à 2002). Le Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) a, pour sa part, rencontré les instances du LCGB le 5 mars dernier pour indiquer au syndicat ses revendications en faveur de la participation des femmes à la prise de décision. Outre une parité dans la sphère politique (75 % des députés sont des hommes), le CNFL demande l’instauration d’un seuil progressif de 25 % d’administratrices dans les sociétés en 2015 pour atteindre 40 % en 2018, sans limite aux seules entreprises cotées en Bourse. Le Conseil souhaite aussi « prévoir une obligation légale d’introduire un plan d’actions positives dans le cadre des négociations collectives ». Nul doute que ce thème générique, déjà lancé ici et là, sera de la future campagne électorale. T. R.
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« Les équipes diversifiées sont plus efficaces. » Rita Knott
connaître des décideurs, c’est pourquoi nous invitons les femmes qui entament cette démarche à nos événements. » Le président de la fédération des industriels connaît d’autant plus la question de la représentation des femmes dans les CA qu’il a joué le rôle de « mentor » de Rosa Villalobos durant un an, le temps d’une première expérience du genre à l’initiative de Maison du Coaching, Mentoring et Consulting. Une fois par mois, les deux intéressés se sont rencontrés pour échanger autour des réalisations de Mme Villalobos et des pistes d’amélioration que lui conseillait M. Dennewald. L’exemple à suivre
De son côté, le président de la Fedil déclare vouloir agir en faveur de la diversité, préférant une approche pragmatique à une obligation légale. La Fedil a donc entamé en 2012 une série de conférences sur la thématique, et a présenté une étude fouillée sur le sujet en juillet de la même année. Si la majeure partie des résultats suivent les tendances déjà connues, d’autres étonnent. « Les résultats n’étaient pas aussi mauvais qu’attendus dans certains secteurs », ajoute Robert Dennewald. Les secteurs de la construction et de l’industrie apparaissent en effet comme exceptionnellement positifs pour les femmes. Elles représentent respectivement 8 et 20 % des — Avril 2013
INTERVENTIONS ÉTATIQUES
Des aides publiques, connues ou pas Le programme « Actions positives » du ministère de l’Égalité des chances touche une dizaine d’entreprises par an qui y souscrivent sur base volontaire. Elles sont ainsi une quarantaine, tous secteurs économiques confondus, à avoir mené des actions concrètes pour faciliter « l’exercice d’une activité professionnelle par le sexe sousreprésenté ». 90.000 euros sont inscrits au budget 2013 pour ce programme. Plus étonnant, le code du travail prévoit que l’employeur qui désire engager une personne du sexe sous-représenté dans une profession ou un métier (inférieur à 40 % de l’ensemble des salariés exerçant cette profession ou ce métier sur le territoire national) peut obtenir le remboursement d’une quote-part à charge du Fonds pour l’emploi. Interrogé sur le sujet par la députée CSV Diane Adehm, le ministre du Travail Nicolas Schmit (LSAP) a indiqué que seules deux demandes relatives à ce type d’aides avaient été formulées en 2012. Deux dossiers refusés, faute de conditions remplies. T. R.
employés du secteur et sont actives à hauteur de 27 et 15 % dans les conseils d’administration. De quoi inciter la Fedil à montrer l’exemple. « Nous menons un travail de fond pour convaincre que la mixité est un atout. Nous voulons donner un signal via notre propre conseil d’administration qui se compose de 33 % de femmes. femmes. » L’État ne peut qu’être encouragé à suivre la piste. Un rapport du Conseil national des femmes Luxembourg (CNFL) relève que la situation dans les entreprises où l’État détient des participations accuse « un déséquilibre énorme puisque leurs conseils d’administration étaient composés à 90 % d’hommes en 2011 2011 ». Certes, la question des compétences doit prévaloir dans le choix des nominations, mais la disponibilité des femmes compétentes n’est plus à démontrer. Au-delà des postes d’administratrice, la question de l’accès aux fonctions de CEO ou d’administrateur délégué est encore plus importante pour augmenter l’influence des femmes dans la prise de décision : au Luxembourg, elles représentent 22 % des dirigeants, pour 34 % des salariés. Il faudra aussi des changements dans les habitudes culturelles et les choix que font les femmes dès leurs études, en assumant les options choisies. « Toute personne qui progresse dans un domaine de la vie doit, au moins momentanément, le privilégier privilégier », déclare Françoise Thoma, directrice et membre
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Photo : archives paperJam
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Pour Robert Dennewald (Fedil, ici aux côtés de Françoise Thoma de la BCEE), « les femmes doivent soigner leur réseau ».
du comité de direction de la BCEE depuis 2009. On ne peut pas tout avoir en même temps. » Mme Thoma, qui siège également au Conseil d’État depuis 2000, aujourd’hui avec six autres femmes, insiste sur l’importance du rôle des parents pour encourager leurs enfants et les ouvrir au monde. « Je n’ai jamais rencontré de difficultés par rapport au fait que je suis une femme, les difficultés professionnelles sont liées à la conjoncture plutôt qu’au sexe. » L’approche du temps partiel, plus souvent pratiqué par les femmes, devra aussi certainement être revue pour que l’équilibre entre vies familiale et professionnelle ne s’effectue pas au détriment d’une évolution hiérarchique. Quid du plafond de verre ?
Comme le note Françoise Hetto-Gaasch, ministre de l’Égalité des chances, dans le rapport de son ministère, « il reste certainement un petit bout de chemin à faire pour atteindre une égalité parfaite, mais désormais les dés sont jetés, et même si les inégalités de genre dans la prise de décision sont solides, elles s’émoussent avec le temps ». La crise économique et ses conséquences pourraient briser ce que d’aucuns qualifient de « plafond de verre » et jouer en faveur d’une plus grande diversité en entreprise. « On ne doit plus refuser une femme parce qu’elle est une femme. Si une femme a les compétences nécessaires, elle doit faire partie
LUTTES
Pionnières L’émergence de femmes à la tête d’entreprises ou dans des CA s’inscrit dans la continuité des mouvements féministes du Luxembourg qui remontent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec la création d’associations d’obédience politique. Le début des années 70 a marqué une nouvelle phase de revendications, dans le sillage de mai 1968, avec la création du Mouvement de libération des femmes. Quelques années auparavant, en 1962, la Fédération nationale des femmes luxembourgeoises (FNFL) avait vu le jour. Une association fondée notamment par l’avocate Annette Schwall-Lacroix, décédée le 19 mars dernier à l’âge de 87 ans. Elle fut, en tant que première femme au Conseil d’État, l’une des figures de l’accession des femmes aux postes traditionnellement réservés aux hommes. T. R.
du conseil d’administration. C’est donc un choix de talent, ce n’est pas un choix de genre », déclarait Viviane Reding. Avec 60 % de diplômées parmi les universitaires en Europe, la gent féminine semble ne plus rencontrer d’obstacles sur le terrain de la qualification ni des capacités à gérer des situations délicates. « Les femmes ont une autre approche que les hommes pour résoudre les problèmes problèmes, ajoute Robert Dennewald. Elles sont plus méthodiques et plus tenaces, au grand bénéfice de l’entreprise. » Reste à se donner du temps pour que les changements de mentalités soient acceptés. « Il faut trois générations pour que les choses changent changent, relève Rita Knott. Le changement dépend aussi de la situation économique propre à chaque pays et de la possibilité de vivre avec un seul salaire. salaire. » L’adhésion de 30 nouvelles entreprises à la Charte de la diversité Lëtzebuerg – elles sont désormais 70 – montre un premier pas vers un autre mode de gouvernance des sociétés. «« Il faut un projet sociétal élaboré consciencieusement et partagé par un nombre significatif de personnes personnes, note Françoise Thoma en évoquant le futur de la société luxembourgeoise. Nous vivons une période décisive et importante durant laquelle nous pouvons dessiner notre futur. Il faut être conscient de cette responsabilité et en tenir compte dans tous nos projets professionnels. professionnels. » Une responsabilité sociétale à l’égard de laquelle les femmes entendent jouer un rôle de plus en plus important, aujourd’hui, demain… et au-delà de 2030. Avril 2013 —
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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/Tedx06032013 CONFÉRENCES
TEDx Luxembourg City 2013 La deuxième édition de la journée de conférence TEDx made in Luxembourg, organisée par Maison Moderne, a rempli l’auditorium du Mudam. Retour en images « free style »… 04 Photos Jessica Theis et Luc Deflorenne 01. Troy Bankhead 02. Pascale Kauffmann 03. Ema Kazlauskaite et Snezhina Kovacheva 04. Mike Koedinger 05. Fox
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Pour l’intégration des étrangers
à la démocratie luxembourgeoise
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Nous avons contacté une centaine de décideurs économiques et politiques actifs au Luxembourg (politiciens, chefs d’entreprises, responsables syndicaux), en leur demandant de se prononcer sur la question : « Faut-il davantage intégrer les résidents étrangers dans le processus démocratique du Luxembourg ? Et pourquoi ? ». Ils sont exactement 50 à nous avoir répondu et, sans que cela ne soit fait exprès, ces 50 sont favorables à une telle intégration. Ceux parmi lesquels nous avons posé la question, et dont nous supposions, à l’avance, qu’ils étaient plutôt contre, n’ont pas répondu à notre sollicitation. Dans les pages suivantes, vous trouverez des extraits de ces 50 contributions. L’intégralité de ces textes est à retrouver sur www.paperjam.lu.
Textes Alain Ducat, Jean-Michel Gaudron, Pierre Sorlut
Pour inclure, pour conclure C’est un vrai débat de société, et il arrive à son heure. Même si l’on fait fi des prochaines échéances électorales, pour lesquelles il se sait peu taillé encore, ce débat est fondamental : il touche à la citoyenneté en général, à l’intégration, à la démocratie, à la participation active des habitants. Ces derniers temps, ce thème fait florès un peu partout au Luxembourg. On y parle droit de vote élargi aux non-titulaires de la nationalité luxembourgeoise, participation active à la décision démocratique autant qu’à la vie socioéconomique et culturelle, regard des non-résidents frontaliers sur le pays auquel ils contribuent. On y aborde les conditions d’accès à la nationalité, aux urnes, aux instances représentatives. La rédaction de paperJam, encouragée par son éditeur luxembourgeois, Mike Koedinger, qui emploie dans Maison Moderne des personnes d’une douzaine de nationalités différentes, a voulu poser un geste. Plus que symbolique. Et dire, dans sa langue habituelle, « Nous sommes pour », comme dans la langue luxembourgeoise « Mir sinn dofir ». Pour la discussion ouverte, à laquelle nous avons voulu convier un maximum de personnes issues des forces vives au sens le plus large du terme, afin que celles-ci puissent, le plus clairement possible, se positionner. Des spécialistes, nationaux et internationaux, apportent aussi leur éclairage sur un Luxembourg, un pays à nul autre pareil sans doute, où la mixité des populations fait partie de l’ADN. La démographie le montre, l’économie le souligne, les données statistiques l’éclairent : le « vivre ensemble » fonctionne. Mais il faut l’organiser, pour éviter les dérapages toujours possibles dans les replis, et prendre le bon tournant, afin de mieux propulser l’avenir. Nous sommes pour, également, une véritable intégration, une citoyenneté réfléchie, moderne, adaptée aux réalités et aux défis d’un pays qui, par son côté laboratoire multiculturel exceptionnel, peut devenir un véritable exemple, à l’échelle européenne et au-delà. Il faut le dire et ne rien exclure dans le débat. Il faut inclure. Et, puisque le dire est bien mais que mettre en œuvre est infiniment mieux, il faut conclure.
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COVERSTORY
NORBERT BECKER (L) Président d’Atoz « C’est un déni de démocratie de ne pas faire participer les ressortissants étrangers résidents aux décisions politiques. Après s’être installé à Luxembourg depuis cinq années, d’y être enregistré, de bénéficier d’un permis de travail à long terme et de payer ses impôts, tout ressortissant résident étranger devrait pouvoir s’exprimer de façon active à la vie politique du pays. »
ALAIN BERWICK (L) CEO de RTL Lëtzebuerg « Toute personne résidant au Luxembourg (période à définir), y travaillant et y payant des impôts doit nécessairement avoir son mot à dire sur la politique du pays et ce, via le droit de vote aux élections législatives, la question de la nationalité n’étant pas liée à ce droit de vote. »
MULTIPLICOUNTRY
XAVIER BETTEL (L) Président du parti libéral DP « Nous allons discuter de cela au sein du parti, afin d’adopter une position pour les prochaines élections. Je suis partisan de favoriser ceux qui s’intègrent, et devenir Luxembourgeois, en raccourcissant le délai de résidence à trois ou quatre ans, par exemple. Pour les autres, ils n’auraient le droit de vote qu’au-delà d’une période plus longue. »
JEAN-CLAUDE BINTZ (L) CEO de Lakehouse « Je suis convaincu qu’il faut changer le système électoral actuel et intégrer les résidents étrangers dans les processus de décisions de notre pays. Mais je préfère ne pas utiliser le terme ‘droit de vote’, mais carrément celui d’‘obligation de vote’. (…) Alors, le paysage politique risque de changer aussi, ce qui peut être, en outre, une bonne chose. »
Démographie
Bientôt, la population résidente non luxembourgeoise sera majoritaire dans le pays. Une configuration unique en Europe qui rend plus que jamais incontournable une réforme du système démocratique afin d’inclure, dans le processus décisionnel, une plus grande part de ceux qui créent la richesse nationale. TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON
Répartition de la population active (Situation au 31 mars 2011) Frontaliers allemands 38.628 (11%)
Source : Adem, rapport annuel 2011
Résidents luxembourgeois 102.321 (29%)
Résidents étrangers 94.040 (27%)
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Frontaliers belges 38.865 (11%)
Frontaliers français 75.664 (22%)
L’exercice est à la fois très simple et tellement révélateur : s’asseoir quelques minutes dans la galerie marchande du centre commercial Auchan au Kirchberg et se contenter d’écouter. L’exercice peut aussi, avec le retour prochain des beaux jours, se faire Grand-Rue ou dans une autre artère fréquentée du centre-ville de Luxembourg. Écouter. Simplement. En quelques minutes, c’est la garantie de s’offrir un beau voyage, parfois très exotique, sans bouger… « Multiplicity », l’identité colorée de la Ville de Luxembourg, représente bien plus qu’un simple slogan. Au 31 décembre 2012, 67.494 des 100.390 habitants officiellement recensés dans la capitale n’étaient pas luxembourgeois, soit un taux de plus de 67 % probablement unique dans des villes de cette importance-là. À l’échelle du pays, la proportion de résidents étrangers est un peu moins forte, mais avec un taux de population étrangère de 43,8 % (avec 230.000 résidents non luxembourgeois sur une population de 524.900 personnes), le Grand-Duché affiche tout de même une situation sociologique tout à fait singulière, là où la moyenne européenne ne dépasse pas les 6 %. Une « exception culturelle » renforcée par la présence, au quotidien, de quelque 156.000 travailleurs frontaliers (étrangers pour la quasi-totalité, le nombre de Luxembourgeois résidant en France, en Belgique ou en Allemagne et revenant au pays pour y travailler étant marginal) supplémentaires, qui changent alors radicalement la donne au quotidien. Le Luxembourg est un pays relativement « jeune », puisque son indépendance ne date que de 1839, date à laquelle le Traité de Londres dessina les frontières du pays, inchangées depuis. Balloté, au long des siècles précédents, au fil des alliances et des zones d’influence, entre Français, Néerlandais, Allemands ou Belges, le Grand-Duché a déjà, dans ses propres gênes, ce multiculturalisme qui en fait sa force aujourd’hui. Ce sont ensuite les périodes de développements économiques successives qui ont forgé le profil sociologique du pays. Alors qu’au milieu du 19e siècle, le taux des étrangers n’excédait pas 3 % dans un
COVERSTORY
pays à l’activité majoritairement agraire, l’industrialisation galopante, notamment la sidérurgie et les mines, a, tout naturellement, attiré dans le pays bon nombre de travailleurs émigrés, venant notamment d’Italie et d’Allemagne. En 1913, 60 % des personnes employées dans le secteur de la métallurgie venaient de l’étranger. Dans le même temps, le Luxembourg connut une vague d’émigration sans précédent, qui fit qu’à l’entrée du 20e siècle, près d’un tiers de la population du pays avait quitté les rives de la Pétrusse pour fuir, principalement à destination des ÉtatsUnis et de la France.
DE VAGUES EN VAGUES
En 1900, ainsi, le pourcentage des étrangers au Luxembourg dépassait les 12 %. Alors qu’entre 1871 et 1900, la population « luxembourgeoise » n’augmenta que de 11 %, celle des « étrangers » explosa de… 393 %, passant de quelque 6.000 personnes à un peu moins de 30.000. Trente ans plus tard, la population non luxembourgeoise avait encore doublé, pesant près de 19 % de la population totale. La période de l’entre-deux-guerres marqua cependant un ralentissement de cette vague d’immigration. Suite à la crise de 1929, bon nombre de ces travailleurs immigrés perdirent en effet leur emploi et la plupart d’entre eux retournèrent dans leur pays d’origine. L’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale porta également un rude coup à la présence des étrangers, devenus indésirables dans le pays. Au lendemain de l’armistice, le Luxembourg ne comptait plus que 10 % d’étrangers en son sein. Mais l’heure était alors à la reconstruction d’un pays et d’une économie sinistrés. Et bien avant que ne soit établi le principe de libre circulation des travailleurs au sein de ce qui ne fut la Communauté économique européenne qu’à partir de 1957, des conventions bilatérales furent établies avec plusieurs pays, notamment l’Italie (1948) et les Pays-Bas (1950). Mais si les Italiens furent, historiquement, les premiers à retrouver le chemin du Grand-Duché, et si les Polonais représentèrent également une
ALEX BODRY (L) Président du LSAP « Le pays légal et le pays réel ne peuvent à long terme diverger, voire s’opposer. Il est dès lors indispensable de réunir les deux Luxembourg. Ayons le courage d’aborder concrètement l’extension progressive du droit de vote actif aux résidents non luxembourgeois. On pourrait d’abord permettre l’inscription de ceux qui ont déjà participé aux dernières élections communales et européennes. »
FREDDY BRAUSCH (L) Managing partner de Linklaters « Les résidents étrangers créent de la valeur qui, dans le secteur privé, est proportionnellement plus grande que celle créée par la population active à passeport luxembourgeois (sans pour autant dénigrer l’apport de cette dernière). À une époque de (re)montée des populismes et dans un contexte économique difficile, ce débat n’en est que d‘autant plus difficile, mais d’autant plus nécessaire. » Retrouvez l’intégralité de ces opinions sur www.paperjam.lu.
proportion importante, c’est du Portugal qu’est Population salariée venue la plus grosse vague d’immigration de la seconde moitié du 20e siècle. Le gouvernement Salariés luxembourgeois Travailleurs frontaliers luxembourgeois conclut un accord diploma103.600 (27,4%) 156.800 (41,4%) tique avec le régime du dictateur Salazar, permettant le regroupement familial et, ainsi, une immi- (dont administration et autres services gration organisée de main-d’œuvre ouvrière, qui publics) 68.500 était indispensable pour le pays afin de stimuler la (18,1%) construction d’infrastructures et de logements. Aujourd’hui encore, les effets de cet accord sont largement visibles, puisque la communauté portugaise représente la plus importante communauté étrangère dans le pays : 85.300 en 2012 (dont 52.000 ont immigré pour la seule période 19812011), soit 16 % de la population totale et 39,4 % des non-Luxembourgeois. Le pourcentage des étrangers dans la population du pays reprit donc rapidement une tendance largement haussière. En 1970, il atteignait le même niveau qu’en 1930 (presque 19 %) et continuait sa progression vertigineuse, pour arriver à plus de Salariés étrangers 95.500 (25.2%) Indépendants 26 % en 1981, près de 30 % en 1991, 37 % en 2001 et 22.900 (6,1%) plus de 43 % 10 ans plus tard. Ces chiffres montrent à quel point le recul de la quote-part de la population indigène s’est accéléré ces dernières années. Alors que pendant la décennie 1981-1991, le repli n’a été, proportionnellement, que de 3,1 %, il est passé à 7,5% entre 1991 et 2001 et fut encore de 6,3% entre 2001 et 2011. Le profil de cette immigration a évidemment fortement évolué au fil du temps, en même temps que s’est opérée la mutation de l’économie nationale, basculant de la domination de l’activité sidérurgique vers une mainmise absolue des services tertiaires, notamment financiers.
75 % DES ÉTRANGERS VIENNENT DE CINQ PAYS
Jusqu’au milieu des années 80, l’immigration visait une main-d’œuvre ouvrière, peu ou pas qualifiée, que l’on retrouvait principalement dans le secteur du bâtiment, du nettoyage et des services domestiques. Le Luxembourg apparaissait comme un eldorado, au regard des conditions économiques et sociales que connaissaient ces
Avril 2013 —
Source : Statec
PIERRE BLEY (L) Directeur de l’UEL « Le formidable apport sociétal et économique des résidents étrangers doit se fonder sur leur participation au processus décisionnel politique, et ce afin de leur permettre de contribuer à l’orientation future du pays. L’introduction de la double nationalité (…) doit être comprise comme une invitation à prendre part à un ‘vivre ensemble’ basé sur les notions de respect et de reconnaissance réciproques. »
GEORGES BOCK (L) Managing partner de KPMG Luxembourg « Une représentation électorale des administrés nonluxembourgeois pourrait représenter une issue démocratique moderne. Ainsi, le processus démocratique et le pays pourraient s’assainir par l’ouverture du droit de vote actif aux résidents non-luxembourgeois contribuant jour après jour au développement du pays. (…) Cela constitue même une tâche patriotique. »
43
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COVERSTORY
877 667
Évolution de la population résidente (2 scénarios : ‘optimiste’ et ‘pessimiste’)
660 867
502 066 559 409
439 000
339 800
364 850
511 958
384 400
Source: Statec
314 900
1961
1971
Scénario optimiste : après une sortie de crise relativement rapide, la croissance de l’économie résulte dans un solde migratoire positif élevé, générant une augmentation de la population de presque 75 % par rapport à 2010. Presque 62 % de la population sera âgée entre 15 et 65 ans, c’est-à-dire en âge de travailler, en 2060.
1981
1991
2010
2030
Scénario pessimiste : sous l’effet de la crise qui perdure, et donc du recul du marché du travail, le solde migratoire positif du Grand-Duché s’estompe et l’évolution de la population résidente est conditionnée uniquement par le rapport naissances/ décès. Il en résulte une population vieillissante et en déclin par rapport à aujourd’hui. La part relative de la population âgée entre 15 et 65 ans atteint quelque 55 %.
RENÉ DIEDERICH (L) Bâtonnier du barreau de Luxembourg « L’intégration des résidents dans le processus démocratique au Luxembourg, notamment par le biais du droit de vote aux élections législatives (quitte à déterminer des conditions de résidence qui ne devraient cependant pas être trop restrictives) est à la fois une nécessité et une opportunité. Cette plus grande inclusion constitue aussi une chance et une opportunité pour dynamiser notre société démocratique qui se veut ouverte et participative. » — Avril 2013
2001
JEAN-LUC DOURSON (F) CEO de Laboratoire Ketterthill « Le processus d’intégration démocratique devrait a priori s’accompagner de certains prérequis parmi lesquels la résidence, qui est un élément majeur. (…) Transposer le droit de vote et le droit à être élu du cadre communal au cadre national devrait être lié à un autre prérequis : la maîtrise de la langue luxembourgeoise (expression et au minimum compréhension). »
2060
immigrants dans leurs pays d’origine. L’intégration politique, voire sociale, dans leur pays d’accueil ne constituait pas la priorité de leur réflexion. Parallèlement, on peut identifier deux autres types d’immigration : celle des « eurocrates », s’établissant au cœur d’une des trois capitales européennes (avec Bruxelles et Strasbourg) et celle des indépendants et entrepreneurs. Dans le livre Migrations, Recherches, Engagements, publié en 2010 à l’occasion du 30e anniversaire de l’Asti (Association de soutien aux travailleurs immigrés), l’historien Michel Pauly indiquait d’ailleurs qu’entre 1970 et 1991, le nombre de petites et moyennes entreprises tenues par des étrangers a triplé. Mais il fallut aussi rapidement, pour assurer le développement économique du pays, en particulier dans les services financiers, pouvoir compter sur une main-d’œuvre toujours plus qualifiée, venant au Luxembourg avec d’autres motivations et surtout un tout autre niveau d’exigence, que ce soit dans le domaine éducatif, social, culturel, voire, pour certains, politique. Si les frontaliers directs (français, allemands et belges) constituent évidemment le socle principal de cette immigration en col blanc, les origines géographiques de ces nouveaux résidents se sont rapidement diversifiées, y compris au-delà des frontières du Vieux Continent. En 2012, 13,5 % des étrangers vivant au Grand-Duché sont d’origine extracommunautaire. À tout cela s’ajoute, enfin, une vague plus récente d’immigration venue des pays de l’ex-Yougoslavie qui ont amené un afflux de populations, que ce soit au titre de l’asile politique que du droit humanitaire. Aujourd’hui, après les Portugais (85.300 résidents), ce sont les Français (33.100), les Italiens (18.100), les Belges (17.200) et les Allemands (12.300) qui constituent le plus gros des troupes étrangères établies au Grand-Duché. Ces cinq nationalités représentent, ensemble, près des trois quarts de la population étrangère du pays et plus de 30 % de la population totale. En permettant de devenir Luxembourgeois sans pour autant devoir renoncer à sa nationalité d’origine, ce qui était le cas auparavant, cette loi de
PATRICK DURY (L) Président du LCGB « Le LCGB n’a aucun doute qu’une ouverture du droit de vote aux résidents étrangers, si elle est bien réfléchie et exécutée dans la pratique, pourra présenter de nouvelles chances pour le futur développement du pays. (…) Les résidents étrangers participent depuis des décennies aux élections sociales, ce qui constitue une plus-value non-négligeable pour le dialogue social au sein des entreprises. » FERNAND ERNSTER (L) Directeur des Librairies Ernster « Si, demain, vous enlevez les salariés étrangers de nos entreprises, la plupart d’entre elles ne fonctionneront plus. (…) Il me semble dès lors impératif de discuter de la forme à choisir pour retrouver une gouvernance saine au Grand-Duché, qui responsabilise toutes les sources de création de richesse afin de garantir un avenir économique propice à nos enfants. »
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JEAN-CLAUDE FINCK (L) Président du comité de direction de la BCEE « Les étrangers ont toujours participé à la création de cette culture que l’on considère tout naturellement comme luxembourgeoise. (…) Ce processus créatif restera le même, à condition que le Luxembourg et les Luxembourgeois soient ouverts et accueillants envers ces enrichissements. Il demeure des risques, mais les chances et opportunités pour tous, quel que soit leur passeport, prévalent de loin. »
DANIÈLE FONCK (L) Directrice générale d’Editpress « Il est logique d’intégrer au maximum les nouveaux venus, (…) au terme d’une présence d’au moins trois ans prouvée, et à certaines conditions, notamment comprendre parfaitement la langue, à défaut de la parler. Au terme aussi, et peut-être surtout, d’un cycle spécial d’une dizaine de cours sur l’Histoire du Luxembourg, au sens large, pour éviter beaucoup de clichés et de jugements erronés. »
43,8 % des habitants du Grand-Duché n’ont pas la nationalité luxembourgeoise
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Plus de trois salariés et créateurs d’entreprises sur quatre dans le secteur marchand sont des ressortissants étrangers.
93%
Entre 2004 et 2009, 93 % des emplois créés ont été occupés par des résidents étrangers et des frontaliers.
EN 2010
sur 100 salariés, 29 étaient Luxembourgeois, 27 des résidents étrangers et 44 des frontaliers
3,1 MRDS
La consommation totale des non-résidents sur le territoire a représenté 3,1 milliards d’euros en 2009, soit 8,1 % du PIB.
— Avril 2013
YVES FRANCIS (B) Managing partner de Deloitte « Même s’il conviendrait d’en définir les contours par la mise en place de certains critères (durée de résidence notamment), je suis favorable à l’extension du droit de vote des étrangers aux élections nationales. (…) Je suis convaincu qu’une telle mesure consolidera le caractère multiculturel fort qui a forgé l’identité du Luxembourg. Elle permettra également au pays de renforcer encore les liens entre ses citoyens »
2008 a fait avancer le pays d’un grand pas en avant. « La citoyenneté multiple et la nationalité multiple ne sont pas des panacées. Mais ce sont des moyens utiles pour tous ceux qui entendent vivre de manière harmonieuse au sein de la communauté des hommes et des femmes qui composent la population luxembourgeoise », peut-on lire dans la conclusion du rapport présenté en janvier 2004 au ministère de la Justice, reprise dans l’exposé des motifs de cette loi d’octobre 2008. Les dernières statistiques disponibles s’arrêtent à 2010, en attendant que les données extraites du recensement de 2011 soient communiquées (elles sont attendues d’ici à cet été). Le nombre total de naturalisations annuel était un peu supérieur au millier entre 2005 et 2008. Il a bondi à 4.022 en 2009 et 4.311 en 2010. Cette loi de 2008 pose trois conditions préalables à l’obtention de la nationalité luxembourgeoise : avoir résidé pendant au moins sept ans de façon consécutive au Luxembourg ; comprendre et savoir parler la langue luxembourgeoise et, enfin, avoir suivi un cours d’instruction civique sur les institutions luxembourgeoises et les droits fondamentaux. Cela va prochainement changer, puisque le Conseil de gouvernement du 13 mars a adopté une série de mesures visant « à faciliter l’accès à la nationalité luxembourgeoise, tout en garantissant la cohésion de la communauté nationale. » Il est notamment prévu d’adapter les critères de notation du test « afin de permettre à un nombre plus important de personnes de [le] réussir » et de ramener la durée de résidence obligatoire de sept à cinq années (cumulées, et non plus consécutives). Or, qui dit « être Luxembourgeois » dit, automatiquement, pouvoir voter (et même devoir, le vote étant obligatoire au Luxembourg) à tous les scrutins, locaux et nationaux. Pour certains, ce simple état de fait est de nature à clore toute discussion.
QUEL DROIT DE VOTE POUR QUI ?
Mais le débat du moment va clairement au-delà de cette simple accession à cette nationalité, puisque tout tourne autour de la possibilité, ou non, pour les résidents étrangers, de pouvoir voter aux élections législatives, sachant qu’ils peuvent déjà le faire aux élections locales, depuis 1999 pour les étrangers
PIERRE GRAMEGNA (L) Directeur général de la Chambre de commerce « Je suis convaincu que l’inclusion progressive des étrangers dans le paysage sociopolitique du pays permettra de répondre de manière innovante aux grands défis d’avenir du Luxembourg. »
communautaires et depuis 2003 pour les autres. Comme cela apparaît tout au long des 50 témoignages que nous publions dans cette Coverstory, la durée de résidence et la maîtrise au moins partielle de la langue luxembourgeoise constituent les deux pivots majeurs autour desquels s’articulent les débats. En mars, Paul-Henri Meyers, le président de la Commission des institutions et de la révision constitutionnelle, a indiqué qu’un amendement était prévu permettant d’ouvrir le droit de vote à des résidents non luxembourgeois. Évidemment, une loi réglant, par ailleurs, d’autres conditions (comme la durée de résidence), devra être adoptée à la majorité qualifiée (par 40 des 60 députés, c’est-à-dire les deux tiers du Parlement). Il reste, parmi les derniers paramètres à tenir compte, celui de l’acceptance de l’ensemble de la population luxembourgeoise à cet élargissement du poids « démocratique » des résidents étrangers. Un sondage réalisé en juillet 2012 par TNS-Ilres auprès de 1.086 résidents au Luxembourg, et présenté en janvier dernier, indiquait que « seuls » 59 % des Luxembourgeois estiment que les étrangers doivent accéder au droit de vote pour les élections législatives au bout d’une certaine durée de résidence, et seulement 50 % à estimer que d’ouvrir le droit de vote aux étrangers pour les élections législatives permet de renforcer la cohésion de la société luxembourgeoise. Le pays arrive assurément à un grand tournant dans sa vie sociale et politique. À charge pour lui de ne pas rater ce virage, mais au contraire se projeter dans une forme moderne, voire avant-gardiste, de gouvernance politique qui ne pourra lui être que bénéfique à l’avenir.
LES FRONTALIERS : UN GISEMENT UNIQUE
Cette situation induit une dépendance du Luxembourg vis-à-vis de cette main-d’œuvre étrangère totalement inédite : l’emploi total intérieur s’élève à 380.500 personnes, alors que le pays ne compte que 295.000 résidents « nationaux ». L’apport des travailleurs frontaliers constitue, dans ce contexte, une des autres clés majeures de la structure sociale du pays. Au milieu des années 70, ils n’étaient que quelque 11.400 Français, Belges (en
COVERSTORY
ÉMILE HAAG (L) Président de la CGFP « La CGFP est pour l’accès au droit de vote des étrangers résidents s’ils remplissent les conditions requises pour obtenir la nationalité luxembourgeoise. (…) Il s’agit d’encourager ceux qui veulent participer à la vie politique nationale. La campagne en cours pour donner, pratiquement sans contrepartie, le droit de vote aux étrangers résidents dans le pays touche aux fondements de notre État national. »
PIT HENTGEN (L) Président-directeur général de Lalux « Les résidents étrangers paient des impôts et participent à la vie associative. Il me semble dès lors logique, du moins pour ceux qui vivent chez nous depuis plusieurs années, de leur conférer le droit de vote également pour les élections législatives, par reconnaissance, mais aussi pour favoriser leur intégration. L’électorat deviendrait plus représentatif, et les opinions politiques plus équilibrées. » GÉRARD HOFFMANN (L) CEO de Telindus « Une meilleure représentation des forces vives dans la prise de décision sur les grandes questions d’avenir du pays résultera de l’octroi du droit de vote passif aux résidents étrangers. L’identification accrue des résidents avec leur lieu de résidence ainsi visée en fera des Luxembourgeois d’adoption qui défendront souvent mieux les intérêts du pays que les autochtones. »
GUILL KAEMPFF (L) Président de l’UCVL « Le Luxembourg ne peut évoluer sans prendre en compte les opinions de tous les citoyens étrangers. Leur donner le droit de vote montrerait clairement cette volonté d’intégration. (…) Le gouvernement doit assurer une participation politique aux résidents étrangers, qui sera le garant de la cohésion sociale et de la croissance économique future de notre pays. »
Les étrangers résidents au Luxembourg
Population résidente
2011 : 220.500 (43 % de la population)
1961 : 41.500 (13 % de la population)
Source : Statec/décembre 2012
Étrangers 229.900 (43,8%)
Luxembourgeois 295.000 (56,2%)
majorité) ou Allemands, à venir travailler chaque jour dans le Grand-Duché voisin. Ils étaient déjà 25.000 en 1989. Un nombre qui a ensuite doublé en à peine six ans, puis a encore doublé en moins de 10 ans, le nombre des « navetteurs » franchissant le cap symbolique des 100.000 début 2002. Ils sont aujourd’hui plus de 155.000 à passer chaque jour la frontière…
HORIZON 2060
Ainsi, en moins de 40 ans, le nombre de travailleurs frontaliers a été multiplié par presque 14, alors que l’emploi salarié total a moins que triplé. Sur quelque 211.400 emplois créés au Grand-Duché, près de 140.000 (soit les deux tiers) ont été occupés par des travailleurs frontaliers. Et sur les 71.800 postes restants, les nouveaux immigrés en ont occupé environ 50.000, n’en laissant donc plus que 22.000 aux autochtones. À peine un poste nouvellement créé sur 10 est donc occupé par un Luxembourgeois… Il est aujourd’hui acquis – seule la date n’est pas estimée avec précision, que d’ici à quelques années, la population étrangère sera majoritaire au Luxembourg. Dans sa publication Actualités & Tendances
– Le rayonnement transfrontalier de l’économie luxembourgeoise : la diversité règne, l’intégration piétine, sortie en mars 2012, la Chambre de commerce estime que ce « basculement » pourrait intervenir en 2022. Qu’en sera-t-il de la population totale demain ? Et après-demain ? Évaluer cette évolution à moyen et long termes fait partie des occupations préférées des économistes et autres actuaires. Et les débats autour de cette question reviennent régulièrement. Il y a 10 ans, déjà, le chiffre de 700.000 habitants avait servi de support à des débats passionnés, dont paperJam, déjà, s’était fait le relais. Plus récemment, dans cette même publication Actualités & Tendances de mars 2012 déjà mentionnée, la Chambre de commerce envisage un scénario business as usual, et en se basant sur une tendance de 11.000 créations d’emplois par an (ce qui correspond à la moyenne enregistrée de 2000 à 2008), estime que le marché de l’emploi atteindrait 591.000 unités en 2030 et plus de 800.000 unités en 2050. « Avec un emploi indigène relativement stable et même en supposant un phénomène d’immigration soutenu, il faudrait ainsi près d’un demi-million de travailleurs frontaliers en 2050 », calcule la Chambre. Der-
rière ce chiffre se cachent évidemment de multiples enjeux : sous réserve de trouver ce demi-million de résidents français, belges et allemands prêts à franchir la frontière, il est évidemment question de problématiques infrastructurelles, écologiques et, plus que jamais, sociales. Dans l’exposé des motifs du projet de loi portant réforme de l’assurance pension, le législateur évoque pour sa part un scénario de croissance économique de 3,0%, avec une croissance de l’emploi à long terme de l’ordre de 1,5%, ce qui conduit à une population affiliée du régime général de 737.000 personnes en 2060, dont 476.000 affiliés non-résidents (65%). Le nombre des bénéficiaires de pensions du régime général serait alors de 441.000, dont 229.000 bénéficiaires non-résidents (52%). Par rapport à 2011, ceci correspond à un triplement du nombre des retraités. La récente réforme sur l’accès à la nationalité luxembourgeoise, par la loi du 23 octobre 2008 entrée en vigueur le 1er janvier 2009, est de nature à ralentir le mouvement de progression du « poids » des résidents étrangers, mais ne pourra, en aucune façon, l’enrayer. Son impact n’en reste pas moins conséquent.
Avril 2013 —
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GARY KNEIP (L) Président du CES et président de la CLC « Nous devons davantage simplifier l’accès à la double nationalité et offrir le droit de vote actif aux élections législatives à toute personne qui habite au Luxembourg depuis une (courte) période à définir ; (…) établir l’apprentissage de la langue luxembourgeoise comme instrument d’intégration dès l’entrée en précoce (…) ; renforcer notre propre culture comme moyen de communication avec les cultures de nos minorités pour en décliner une nouvelle façon de ‘vivre ensemble’. »
ROLAND KUHN (L) Président de la Chambre des métiers « Les hommes et femmes qui contribuent à la construction et au développement du Luxembourg devraient avoir voix au chapitre concernant les grandes orientations politiques de notre pays. Écarter de ces décisions la partie de la population résidente qui est dans une très large mesure responsable de la création de la richesse de notre pays est un modèle intenable à terme. »
JACQUES LANNERS (L) Member of the executive board de Ceratizit « Si les étrangers avaient le droit de vote, nos politiciens réfléchiraient autrement qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, pour être élu, il suffit d’avoir les fonctionnaires de son côté. Notre Premier l’a compris à merveille, en leur promettant le ciel à chaque élection. Le fait de donner le droit de vote aux étrangers résidents et aux frontaliers changerait complètement ceci. » CHARLES MARGUE (L) Research director de TNS-Ilres « Il est osé de parler dans le contexte actuel d’une démocratie fonctionnant correctement. (…) L’octroi du droit de vote (d’office) à chaque résident au bout de trois ou cinq ans de résidence, indépendamment de la nationalité, obligerait tous les citoyens du pays à participer au débat politique. Cela rétablirait l’égalité en termes de droits et devoirs. Les besoins de tous seraient ainsi mieux pris en compte et respectés. »
FACTEURS D’INCLUSION Forces vives
Leur avis est officiel et représentatif dans le microcosme luxembourgeois. Voici la position du Conseil économique et social, de la Chambre de commerce et de la Chambre des salariés, sur les approches déclinées d’intégration et de citoyenneté. TEXTE ALAIN DUCAT
— Avril 2013
La question de base était sans ambiguïté : « Quelle est la position officielle de votre organisme sur le droit de vote des résidents étrangers ? Oui ou non ? » « Pour des raisons institutionnelles, il ne peut pas y avoir de réponse officielle. En tant que partie du cadre réglementaire et consultatif du pays, nous n’avons pas encore été saisis de cette question. Or nous fixons nos positions officielles selon le débat en cours, résume Jean-Claude Reding, au nom de la Chambre des salariés (CSL). Cela étant, la CSL ne pourrait que saluer et supporter des mesures allant dans le sens d’une plus grande cohérence dans la participation à la vie politique et socioéconomique du pays. » La Chambre de commerce « n’est pas opposée à l’ouverture du droit de vote aux résidents étrangers, sur le moyen voire sur le long terme », même si une telle ouverture nécessite une réflexion approfondie, « par exemple sur le changement de la Constitution ». Ainsi, le droit de vote « passe d’abord et avant tout par la nationalité » luxembourgeoise et celleci doit demeurer « la voie royale » d’accès au vote. Mais, en parallèle, la Chambre de commerce se dit
COVERSTORY
DIDIER MOUGET (B) Managing partner de PwC « (…) Il est important que le sentiment d’attachement des étrangers à leur pays d’adoption soit renforcé. (…) L’accès à la nationalité, geste symbolique qui reflète un engagement fort envers le Luxembourg, doit être reconnu et encouragé. (…) En revanche, une connaissance très élevée de la langue dans un pays complètement ouvert à la diversité culturelle et économique ne constitue pas l’élément essentiel de l’attachement au pays. »
PAUL MOUSEL (L) Partner et chairman of the board d’Arendt & Medernach « Je suis convaincu (essentiellement en tant que juriste enseignant le droit) que le droit de vote doit être lié à la nationalité et non à la résidence. Le débat pourrait s’arrêter là. (…) Le seul espoir d’obtenir un changement dans le pays, pour éviter un scénario économique catastrophe, est d’élargir l’électorat (attribution du droit de vote actif et / ou passif aux étrangers ayant un minimum de temps de résidence et d’attaches au Luxembourg) et de minoriser les ‘ bons’ Luxembourgeois.»
THIERRY NOTHUM (L) Directeur de la CLC « En permettant aux ressortissants européens de disposer d’un droit de vote aussi dans le pays de leur résidence, les États membres de l’Union peuvent renforcer le sentiment de citoyenneté européenne et contribuer ainsi à l’évolution européenne. (…) Avant de permettre une meilleure intégration à tous les résidents étrangers au Luxembourg, l’étape européenne est donc la première, et non des moindres, à devoir être franchie. »
FRANÇOIS PAULY (L) Président du comité de direction de la Bil « Plus qu’un processus légal ou administratif, l’intégration est avant tout une question de ressenti. Comment développer un sentiment d’appartenance à un groupe lorsqu’on est, du fait de sa nationalité, exclu des décisions qui le concernent ? (…) Il est tout à fait envisageable qu’un ressortissant étranger puisse devenir un jour député ou ministre. Mais avant cela, une autre piste intéressante consiste dans la prise de la double nationalité. » Retrouvez l’intégralité de ces opinions sur www.paperjam.lu.
Migration et naturalisation
11.004
Solde migratoire Naturalisations 7.700
7.660 6.583
6.001
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287
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Source : Statec
1.091
4.022
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favorable à « une période d’observation de cinq à six ans pour voir comment les résidents étrangers participent à la discussion sur les projets de loi traités à la Chambre des députés dans le cadre de plateformes organisées via Internet ». Elle souhaiterait que cet essai participatif soit placé sous le signe de « Luxembourg, laboratoire de l’Europe », dans la mesure où 86 % des étrangers vivant au Luxembourg sont des ressortissants de l’UE. « Il pourrait être envisagé que le droit de vote soit prioritairement ouvert aux citoyens de l’Union. » Le Conseil économique et social (CES) observe que « l’intégration européenne fait bénéficier les citoyens de l’UE, dans de nombreux domaines, des mêmes droits et obligations que les Luxembourgeois, notamment en ce qui concerne les élections aux chambres professionnelles et aux élections communales ».
L’EXTENSION, C’EST L’OUVERTURE
Dans un avis sur le rôle de l’État (octobre 2001, prolongé cinq ans plus tard d’un avis sur une politique d’immigration et d’intégration), le CES se
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prononçait déjà en faveur d’une politique très active d’intégration des citoyens non nationaux « pour garantir la cohésion et la paix sociales ». Selon lui, il faut s’assurer que les citoyens non luxembourgeois peuvent participer pleinement à la vie publique. « Le droit de vote actif et passif aux élections professionnelles et sociales a été accordé sans distinction de nationalité. Le droit de vote aux élections communales et européennes l’a été aux citoyens européens et l’accès à la fonction publique a également été ouvert en partie. » Au CES, institution de la démocratie participative regroupant toutes les forces vives du pays, « des responsables socioéconomiques de haut niveau, issus d’un État membre de l’UE, n’ont pas pu être nommés ces dernières années », à cause d’une loi de mars 1966, imposant la nationalité luxembourgeoise. Le CES, dans l’intérêt général, a proposé une extension aux ressortissants de l’UE. La démographie nationale va toujours plus dans le sens de la diversité. « Il est évident que, si on n’intègre pas toutes les composantes d’une société dans le processus qui la gouverne, il y a un déficit démocratique,
IL Y A CLAIREMENT, DE LA PART DES CHAMBRES PROFESSIONNELLES, UNE DEMANDE DE CONTRIBUTION À L’ŒUVRE D’INTÉGRATION DÉMOCRATIQUE.
Avril 2013 —
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souligne la Chambre de commerce. Il faut alors des remèdes. » La CSL regarde aussi « tous ces frontaliers qui font partie intégrante de l’économie et qui ont un poids certain. Il est clair que l’on doit, d’une manière ou d’une autre, les intégrer dans le débat ». S’il n’est évidemment pas question d’ouvrir le droit de vote aux non-résidents, « on peut renforcer leur rôle institutionnel, en renforçant celui des chambres professionnelles, qui concernent à la fois les salariés et les patrons ». Les quatre grandes chambres (des métiers, de commerce, des fonctionnaires et des salariés) ont d’ailleurs signé un accord pour discuter avec les parlementaires d’une intégration dans le débat constitutionnel. Il y a donc clairement, de la part des chambres professionnelles, une demande de contribution à l’œuvre d’intégration démocratique. La Chambre de commerce milite aussi pour une implication encouragée des frontaliers : « Il n’est pas impossible d’imaginer des formes de participation citoyenne novatrices, par exemple à travers l’instauration d’un forum de consultation sur des thèmes comme les infrastructures de transport, les démarches administratives ou l’environnement, ou via la mise en place d’un organe de représentation des frontaliers sur le modèle du Commissariat aux étrangers. »
L’IMMIGRATION, ÇA SE TRAVAILLE
« La part de la population non luxembourgeoise a augmenté de manière constante. Le Luxembourg se trouve à un important tournant de son histoire », observe le CES. Selon le Statec, la population d’origine étrangère dépassera la population autochtone au cours des années 2020 à 2030. « Ces mutations se reflètent également au niveau de la population active salariale, de l’entrepreneuriat et des organisations socioprofessionnelles. Environ trois salariés et créateurs d’entreprises sur quatre ne sont pas Luxembourgeois. De 1974 à fin 2012, le nombre de travailleurs frontaliers a connu une progression de 1.277 % ! En contrepartie, l’apport en main-d’œuvre des migrants (y compris les frontaliers) a rendu possibles l’expansion de l’économie nationale et la longue période de prospérité que connaît le pays », analyse la Chambre de commerce. En outre, le CES souligne que le Luxembourg n’est pas le seul en Europe à être confronté à un problème de vieillissement de sa population rési-
« IL EST CLAIR QUE, POUR LES RÉSIDENTS, LA QUESTION DE LA LANGUE EST UN FACTEUR QUI AIDE À L’INTÉGRATION. » AVIS DE LA CHAMBRE DES SALARIÉS
dente. « Il est donc illusoire de penser que le marché du travail national pourra se ressourcer ad vitam aeternam dans les seules régions frontalières du Luxembourg ou dans les pays de l’Europe du Sud et de l’Est, lesquels connaissent eux-mêmes une démographie déficitaire et un manque sensible de main-d’œuvre. Les flux migratoires en provenance des pays d’émigration européens finiront par se réduire, voire disparaître. » Il fait valoir qu’une intégration est « plus facilement réalisable et moins génératrice de phénomènes d’exclusion sociale » si le Luxembourg favorise l’immigration « en provenance de pays ayant une identité culturelle semblable à la nôtre ». Cependant, à terme, la société luxembourgeoise doit se préparer à accueillir de plus en plus d’immigrés non européens, d’ethnies, de religions et de cultures très différentes. « Comme le démontrent les expériences dans d’autres pays européens, l’arrivée de cette nouvelle génération d’immigrés rendra l’intégration et la cohésion sociale considérablement plus difficiles. » Et le CES pense que cela « exige l’élaboration d’une politique d’intégration active mettant en place des mesures ambitieuses en vue d’accélérer le processus d’insertion des migrants dans la société et d’éviter ainsi leur marginalisation ou la création de sociétés parallèles ». La Chambre de commerce note aussi que « l’évolution démographique de ces deux à trois der-
nières décennies a été fulgurante, à l’image ( fidèle) de la croissance économique du pays. Ce qui est vraiment unique au Luxembourg, comparé aux 26 autres pays de l’UE notamment, c’est la quote-part des étrangers ressortissants de l’UE dans cette population résidente. Vu sous cet angle, le Luxembourg apparaît donc comme un véritable laboratoire de l’intégration européenne. Mais qu’on se le dise, la contribution des étrangers, notamment européens, au rayonnement économique du Luxembourg ne date pas d’hier. Le profil sociodémographique du Luxembourg, unique au monde (en tout cas pour une démocratie), non plus. »
PLUSIEURS LANGUES, UNE NATION
La question de la nationalité, même double, n’est pas si simple. Le CES « salue l’action du gouvernement de faciliter l’acquisition par les étrangers de la nationalité luxembourgeoise ». Et il estime qu’il faudrait réduire la durée minimale de séjour de sept à trois ans pour la naturalisation. La Chambre de commerce opte pour cinq ans, comme la CSL. Le temps d’un mandat législatif… La nationalité luxembourgeoise ne doit cependant pas être bradée, « mais conditionnée par le respect effectif de certaines exigences de fond relatives à la durée de la résidence, à l’honorabilité, à la maîtrise orale du luxembourgeois et à la connaissance de la culture,
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JEAN-CLAUDE REDING (L) Président de l’OGBL et président de la CSL « Je dis un grand oui à une intégration qui passe par une participation à la vie sociale. Et je dis oui à un droit de vote élargi aux étrangers. Je mettrais comme condition de base le fait de résider depuis cinq ans, une durée qui ne me semble pas choquante. Elle correspond à un mandat politique. Et entre deux élections, de nouveaux votants, cela peut jouer. »
— Avril 2013
JEAN-JACQUES ROMMES (L) Directeur général de l’ABBL « Un sérieux doute est permis sur la capacité politique des représentants des votants luxembourgeois à voir le monde tel qu’il est et de prendre les bonnes décisions. (…) Il y a une certaine urgence à ce que le Luxembourg réfléchisse à l’adaptation de son modèle démocratique, même si cela n’implique pas d’office un droit de vote pour tous. Comme toujours, la thérapie est moins simple que le diagnostic. »
MARC ROSENFELD (L) Directeur général de LuxGSM et membre du comité de direction de l’Entreprise des P&T « Notre économie ne serait pas viable sans les étrangers résidents et frontaliers. Un élargissement du droit de vote aux résidents étrangers me paraît nécessaire, du moins en considérant ceux qui vivent ici depuis longtemps et comptent y rester, afin de leur donner la chance de contribuer de manière active au paysage politique de notre pays. »
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RAYMOND SCHADECK (L) Membre fondateur du collectif 5 vir 12 « Nous devons offrir le droit de vote (actif au moins) au niveau national aux résidents étrangers, sous certaines conditions de résidence surtout, et ceci sans leur demander d’acquérir la nationalité luxembourgeoise. Et nous devons réfléchir à des concepts novateurs (forums de discussion, communautés d’intérêts, référendums facultatifs, exécutoires ou non…) pour solliciter et intégrer dans le processus décisionnel les opinions des frontaliers. »
MARC SALES (L) Directeur associé des Voyages Sales-Lentz « Pour bien intégrer nos concitoyens de nationalité étrangère, nous ne pouvons pas leur interdire une représentativité plus juste aux élections. Cependant, il faut trouver un juste milieu entre l’ouverture et l’interdiction de leur droit de vote, car il s’agit de préserver et de défendre les valeurs et les principes du pays. Il est donc essentiel de modérer les changements de loi à ce sujet. »
KATIA SCHEIDECKER (F) Co-founding partner de MNKS « Accorder le droit de vote aux résidents étrangers aux élections législatives serait certainement un bon moyen de mettre fin à une ‘désimplication’ démocratique naturelle. Mais penser que des allègements aux conditions d’accès à la nationalité luxembourgeoise suffiraient à remédier à cette situation est illusoire. Changer de nationalité est une étape que l’on tend à ne pas franchir quand l’intégration démocratique ne s’est pas faite au préalable. »
Volonté d’adopter la nationalité luxembourgeoise (Base : résidents étrangers) 80 %
64 % 62 % 60 %
59 %
56 %
41 %
40 %
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Source : Étude Ilres pour Asti / 2010
51 %
Population présente au Luxembourg aux heures de travail (Total : 681.700)
Population résidente 524.900 (77 %)
(dont population votante en 2009 223.842)
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Travailleurs frontaliers 156.800 (23 %)
LAURENT SCHONCKERT (L) Administrateur directeur de Cactus « Les résidents étrangers font partie intégrante de notre pays qui, sans leurs apports respectifs et savoir-faire dans beaucoup de domaines, n’aurait jamais connu la prospérité qui est la sienne actuellement. Il est donc logique et important qu’ils soient intégrés à 100 % dans le processus démocratique du pays. Ils en font à coup sûr partie au même titre que les Luxembourgeois. »
de l’histoire et des institutions du pays », développe le CES. Pour la Chambre de commerce, « les obstacles pour acquérir la nationalité luxembourgeoise ne doivent pas être trop nombreux, étant donné que la nation luxembourgeoise se caractérise justement par une grande hétérogénéité culturelle et linguistique. Les Luxembourgeois d’aujourd’hui sont, en grande partie, les immigrés d’hier et l’identité actuelle du Luxembourg est largement la résultante des vagues d’immigration passées. Chaque nouvel arrivant doit ainsi avoir une réelle possibilité de marquer son sentiment d’appartenance à travers l’adoption de la nationalité luxembourgeoise. » Quant à la CSL, elle considère que « la nationalité est un facteur d’intégration. C’est aussi une porte d’entrée dans le processus de participation démocratique. On va analyser en détail le dernier projet de loi. Mais il assouplit les conditions d’acquisition de la nationalité et c’est une bonne voie. Cela dit, la nationalité est une chose, la participation à la démocratie en est une autre, plus importante. » « Vu la situation particulière de notre pays, le Luxembourg doit, par la force des choses, s’orienter selon le modèle du multiculturalisme », déclare le CES. À ses yeux, « l’intégration la plus absolue est sans doute l’adoption de la nationalité luxembourgeoise. Il ne peut pas être dans l’intérêt national qu’une vaste proportion de la population, voire la majorité, reste, de génération en génération, privée de la nationalité du pays qui est devenu le sien. L’octroi de la double nationalité permet de s’intégrer sans avoir à vivre le processus douloureux d’abandonner sa nationalité d’origine, laquelle fait partie intégrante de l’identité culturelle. » Si le luxembourgeois reste la langue de communication des autochtones et partant un moyen d’intégration sociale, le CES plaide pour l’instauration d’une politique linguistique équilibrée « ne cherchant pas à privilégier une langue au détriment d’une autre, mais soucieuse des exigences sur le marché de l’emploi et de la cohésion sociale du pays ». La Chambre de commerce relève que « depuis quelques années, notamment grâce au plurilinguisme de la presse luxembourgeoise, une compréhension plus ou moins active du français ou de l’allemand, voire de l’anglais uniquement, suffit pour comprendre les grands enjeux et débats auxquels doit
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THOMAS SEALE (É-U) CEO d’European Fund Administration « Il est essentiel d’intégrer les résidents étrangers dans le processus démocratique, car les personnes qui contribuent à créer la richesse d’un pays devraient avoir leur mot à dire. Mais c’est à la fois délicat, car il faut s’assurer que les ‘étrangers votants’ ont assez de racines luxembourgeoises. Je pense que la classe politique devrait organiser des ‘town hall meetings’, afin de sonder le terrain et trouver la formule adéquate. »
NICO SIMON (L) CEO du groupe Utopia « Il est de toute première importance de faire participer à la vie démocratique du pays tous ceux qui participent à sa vie économique, culturelle, sociale et climatique (dans tous les sens de ce terme). (…) L’intégration d’une population ‘étrangère’ est primordiale pour une cohérence sociale sur le long terme. (…) Sans intégration, il y aurait création de communautés fermées, donc création de conflits communautaires. »
ALVIN SOLD (L) Administrateur délégué d’Editpress « Idéalement, les résidents étrangers devraient être investis du droit de vote à deux conditions : habiter au Luxembourg depuis cinq ans au moins et avoir de véritables attaches avec le pays. Cette dernière condition nécessite un large débat qui pourrait s’inscrire utilement dans une discussion générale sur notre système électoral. »
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« CHAQUE NOUVEL ARRIVANT DOIT AVOIR UNE RÉELLE POSSIBILITÉ DE MARQUER SON SENTIMENT D’APPARTENANCE. » AVIS DE LA CHAMBRE DE COMMERCE
faire face le pays. Au niveau de l’intégration dans la société luxembourgeoise, le luxembourgeois doit donc jouer le rôle d’un pont, mais certainement pas celui d’une barrière. »
L’IMPORTANT, C’EST DE PARTICIPER…
Ce qui compte sans doute le plus en matière d’intégration, c’est la participation à la vie sociale et économique du pays. Il va sans dire que la participation des étrangers au rayonnement économique du pays est acquise. « Certains détracteurs du droit de vote pour les étrangers n’ont de cesse de rappeler le taux relativement faible de participation des étrangers aux dernières élections communales d’octobre 2011, observe Pierre Gramegna, directeur général de la Chambre de commerce. Or, bien qu’ils aient dû s’inscrire avant le lancement des campagnes électorales et malgré le fait que le vote aux élections communales n’était pas obligatoire dans leur chef, quelque 32.130 personnes de nationalité étrangère se sont inscrites sur les listes électorales communales, ce qui représente une hausse appréciable (+34 %) par rapport aux élections communales d’octobre 2005. » En outre, entre 2006 et 2010, quelque 12.000 personnes ont été naturalisées et donc inscrites d’of-
fice sur les listes électorales en tant que citoyens luxembourgeois. Pour la CSL aussi, « le plus important, c’est la participation à la vie sociale. Cela inclut beaucoup de choses, la vie culturelle, l’animation, l’implication locale. Il est clair que, pour les résidents, la question de la langue est un facteur qui aide à l’intégration. Et l’on ne parle pas que du luxembourgeois, même si le fait de pouvoir progresser dans cette langue est un plus incontestable visà-vis des autochtones. Il y a néanmoins trois langues dans ce pays : pouvoir suffisamment les maîtriser permet d’accéder plus aisément à la reconnaissance de tous. On appelle ça le dialogue. » « La politique d’intégration doit créer les conditions pour qu’en l’espace d’une à deux générations, au terme d’un brassage harmonieux, les différentes composantes de la société finissent par se fondre dans le projet de construction permanent de la nation luxembourgeoise », résume le CES. Ce dernier met le doigt sur les appréhensions « légitimes et à prendre au sérieux » des Luxembourgeois. « Afin de prévenir l’apparition de tout phénomène xénophobe dans la population, il est important de mener de vastes campagnes d’information et de communication sur la nécessité et les bienfaits, économiques, sociaux et culturels, d’une politique d’intégration active et
accompagnée, dit le CES. Les autorités politiques doivent créer les conditions pour que les différentes composantes de la société se rencontrent, échangent et construisent un projet commun de l’identité nationale. » S’y mêlent l’accueil, l’éducation, l’enseignement, les infrastructures, le logement, les services, l’emploi… Pour la CSL, la question de la langue déborde du cadre des résidents. « Ces régions qui entourent le GrandDuché de Luxembourg et où l’on parle une des trois langues reconnues chez nous, dont les habitants viennent travailler en masse ici, y faire leurs courses, ce sont des éléments à favoriser. On doit pouvoir dépasser la question nationale pour mettre l’intégration à l’échelle de la Grande Région. Le Luxembourg y joue un rôle moteur. La Grande Région peut être un facteur d’inclusion ; le Luxembourg et ceux qui participent à son essor ont tout à y gagner. » Dans un contexte de croissance nulle, « face à de nombreux grands défis d’avenir, le Luxembourg a plus que jamais besoin de penser ‘outside the box’ et d’innover », constate la Chambre de commerce. « Le talent national et international déjà présent sur notre territoire, la fiabilité et la prévisibilité du cadre luxembourgeois, ainsi que l’accessibilité et l’ouverture d’esprit de nos dirigeants sont les ingrédients dont le pays a besoin pour sortir de la crise par le haut. »
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MARC SOLVI (L) Président du comité de direction de Paul Wurth « Il faudra arriver au droit de vote pour les résidents et on y arrivera. Toutefois, il serait inapproprié de vouloir étendre ce droit de vote, sans conditions et sans distinction, à l’ensemble des résidents. Ceux qui aujourd’hui réclament ce droit, généralement à juste titre, font valoir qu’ils ont contribué au bien-être du pays. Il ne faudrait pas que, demain, ceux qui n’y ont jamais contribué et n’en ont pas l’intention, fassent la loi. »
CLAUDE STRASSER (L) Directeur général de l’Entreprise des P&T « Les richesses du Luxembourg, économique d'abord, mais aussi culturelle et sociale, ont toujours été, et seront à jamais dépendantes des étrangers. (…) Faisons donc de ces étrangers des vrais citoyens qui participent au débat politique. L'octroi du droit de vote aux résidents étrangers serait un signe fort avec une plus-value pour tous. »
ROLF TARRACH (ESP) Recteur de l’Université du Luxembourg « Le Luxembourg a énormément besoin de s’attaquer aux réformes nécessaires pour garantir son avenir de bien-être. (…) Après cinq ans de résidence non-interrompue, ceux parmi les étrangers ressortissants des pays de l’UE, qui peuvent apporter les preuves de leur connaissance sur le Luxembourg, de leur intérêt pour ses problèmes et de leur attachement, doivent avoir le droit de vote. »
POLITIQUES, À VOUS DE JOUER ! Engagement
Le débat sur une meilleure prise en compte des étrangers dans la gouvernance politique et économique du pays est maintenant bien engagé. Les partis doivent proposer des solutions avant les élections législatives de 2014 pour les inclure, à terme, dans un accord de coalition. La croissance économique en dépend. TEXTE PIERRE SORLUT
— Avril 2013
Étienne Schneider, ministre luxembourgeois de l’Économie et du Commerce extérieur, est celui qui a jeté le pavé dans la mare via deux des médias les plus diffusés du pays, RTL Télé Lëtzebuerg d’abord, le Luxemburger Wort ensuite. À ce quotidien, il avait notamment dit à la mi-janvier « je suis convaincu que tous ceux qui vivent, travaillent, ont des enfants, et qui contribuent à travers leurs impôts, doivent avoir le droit de décider sur la politique d’un pays, de participer au processus décisionnel ». Cette phrase, lourde de sens, a bien sûr déclenché un tsunami de réactions, souvent enthousiastes, parfois épidermiques. Dans les rangs des sceptiques, on reproche au ministre un certain opportunisme politique à vouloir proposer une mesure – le droit de vote des résidents étrangers aux élections législatives, puisque le débat s’est finalement dirigé dans ce sens – dont l’intéressé sait pertinem-
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DANIEL TESCH (L) Président de l’ACL « L’heure est certainement venue de repenser la notion de citoyenneté au Luxembourg. (…) Les étrangers qui produisent de la richesse et payent leurs impôts à Luxembourg doivent pouvoir accéder au droit de décider ensemble avec les autres contribuables de la bonne distribution des fonds que l’État gère, théoriquement, au nom du peuple. C’est un principe de base d’une vraie démocratie. »
CARLO THILL (L) Coprésident du comité de direction de BGL BNP Paribas « Pour assurer la cohésion sociale à long terme du pays, qui est à un point critique de son développement, l’intégration harmonieuse des résidents étrangers est essentielle. (…) Nous avons besoin de nouvelles idées et d’une nouvelle vision. (…) Concrètement, une participation plus importante peut s’envisager à plusieurs niveaux, notamment ceux des chambres professionnelles, de la fonction publique et du droit de vote. »
JEFFREY TESSLER (É-U) CEO de Clearstream « N’importe quel pays chercherait à encourager les personnes qui contribuent économiquement et socialement à la vie quotidienne du pays à participer au processus démocratique. Je pense que cette vue est largement partagée, tant par les étrangers que par les Luxembourgeois. Mais le droit de vote devrait être étroitement lié à un désir véritable d’intégrer et de s’engager vraiment dans le pays dans lequel vous choisissez de vivre. »
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Droits politiques des étrangers – droit de vote actif aux éléctions législatives Selon les Luxembourgeois... Selon les résidents étrangers... Total oui 48 %
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Total oui 48%
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Tout à fait pour 35 % Tout à fait pour 16 %
Ne sait pas 2 % Ne sait pas 5 %
Plutôt non 28 %
Tout à fait contre 22 %
ment qu’elle ne pourra être mise en œuvre avant l’échéance électorale de 2019, alors que celle de 2014 se profile. Pour paperJam, c’est bien clair, il fallait le faire. Tout d’abord, parce que ce moment convient le mieux. Les politiques en sont au stade des déclarations de principes avant une année électorale. Une fois leur avis donné sur la question, ils ne pourront faire marche arrière. Et, sur un tel sujet, leurs mots résonneront dans l’isoloir. Car, en faisant le rapprochement avec l’environnement d’entreprise, élargir l’assiette électorale consisterait à augmenter massivement le capital social. Ainsi, le risque pour l’électeur serait de voir son pouvoir se diluer dans la masse d’étrangers aux intérêts potentiellement divergents. Car selon cette logique, les intérêts des premiers différeraient de ceux des seconds. Les uns sont théoriquement et historiquement très attachés au ter-
Total non 19 %
ritoire. Ils y ont leur famille, jouissent potentiellement d’un patrimoine immobilier et d’un attachement symbolique au pays. On pourrait ainsi croire qu’ils ont une vision de long terme.
PACTE SOCIAL ROMPU
Tout à fait contre 6 %
{
{ Total non 50 %
Total oui Plutôt non 76% 13 %
Source : Étude Ilres pour Asti / 2010
Plutôt oui 41 %
Les autres y sont souvent arrivés pour des raisons professionnelles. Certains d’entre eux envisagent même de partir à moyen terme. Est-ce que leur avis doit pour autant être écarté d’office ? En économie, davantage de capital, c’est aussi plus de ressources pour agir. Ainsi, pour Philippe Poirier, professeur à l’université du Luxembourg, élargir la participation au processus de décision est une « absolue nécessité ». Selon lui, en période de croissance, le pacte social reposait sur le fait que les étrangers résidents et les frontaliers venant travailler au Luxembourg retireraient, par leur travail et le
revenu qui en découle, les fruits de cette croissance. « Ils n’avaient donc que peu ou pas d’intérêts pour la décision politique, car ils étaient compensés », dit-il. À l’inverse, les Luxembourgeois, principalement dans l’appareil de l’État, dans la fonction publique ou dans les établissements publics, continuent, et à juste titre, d’être les acteurs du système, eux-mêmes retirant une partie des fruits de cette expansion du secteur économique, « largement assurée par une industrie financière principalement animée par des étrangers », précise le professeur. Mais des phénomènes extérieurs sont venus remettre en cause ce pacte social. Et c’est ensemble que les Luxembourgeois, les résidents étrangers et, d’une certaine manière, les frontaliers doivent trouver des solutions pour redéfinir le modèle économique local. L’élargissement du droit de vote aux élections législatives est la solu-
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ÉTUDE DE CAS : ÉLECTIONS COMMUNALES DE 2011 Les étrangers concernés
Taux d’inscription selon la durée de résidence dans la commune %
50 40 30 20 10 0
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Distribution des candidats étrangers selon la formation politique 60
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18 14
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FRANÇOISE THOMA (L) Directrice et ùembre du comité de direction de la BCEE « Tout résident a un droit participatif à cette tâche fondamentale d’améliorer la société et de l’adapter aux exigences de notre temps (…). Cette participation peut prendre des formes multiples et va bien au-delà de la question du droit de vote actif et/ ou passif. La participation citoyenne est de toute façon en train de dessiner des voies complémentaires enrichissant de façon créative les modèles classiques de participation. » (L’auteure s’exprime en tant que citoyenne et juriste engagée.)
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55 années
Une étude du Cefis (Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales) sur la participation des étrangers aux élections communales de 2011 permet de mettre en perspective les enjeux de l’intégration politique de tous les résidents. En 2011, le taux d’inscription des étrangers était de 16,9 %. Cependant, la méthode de calcul du taux ne prend pas en compte la condition de résidence de cinq ans. La durée de résidence dans le pays n’est pas une donnée administrative disponible au niveau des communes. En revanche, le taux d’inscription selon la durée de résidence dans la commune (celle dans le pays n’est pas prise en compte) fait valoir la volonté des étrangers implantés durablement de participer à la vie politique. Le poids électoral, soit le pourcentage d’électeurs étrangers dans l’électorat global, était en 2011 de 11,8 %. Impossible de savoir pour qui ont voté les étrangers cette année-là. En revanche, le positionnement sur l’échiquier politique des candidats étrangers permet de comparer leurs intérêts à ceux de l’électorat luxembourgeois. P.S.
tion la plus couramment envisagée. Mais le chemin pour parvenir à un élargissement du droit de vote n’est pas dénué d’obstacles. Il faudrait en premier lieu obtenir un consensus politique permettant d’accéder à la modification constitutionnelle nécessaire. Au CSV, principal parti politique du pays, on n’est pas pressé de se prononcer. Dans un entretien accordé au mensuel Forum, son principal représentant, Jean-Claude Juncker, voit d’autres problèmes à régler au Luxembourg avant celui de l’élargissement du droit de vote. Cette réticence à prendre position tient notamment au fait que le débat ne suit pas les lignes des partis et qu’une réflexion poussée doit être entreprise préalablement. Les avis divergent au sein même des formations partisanes, sauf peut-être chez Déi Gréng ou à l’ADR où tout le monde semble s’entendre. L’un pour, l’autre contre. Or la question devrait être abordée au sein de l’accord de coalition gouvernementale qui fera suite aux élections législatives de 2014. Pour ce faire, il aura fallu y répondre dans les programmes de chacun des partis.
OUVERTURE CONSTITUTIONNELLE
Au final, il faudra que les deux tiers des députés votent en faveur d’un texte. Une réforme constitutionnelle d’abord. Cet obstacle est d’ores et déjà en train de tomber. Dans le cadre de la révision de la Loi fondamentale en cours, la commission ad hoc à la Chambre des députés a introduit le 13 mars la possibilité d’ouvrir le droit de vote à des résidents non luxembourgeois. Sous certaines conditions de résidence évidemment. Parallèlement – et le même jour – le conseil de gouvernement a voté une loi facilitant l’accès à la nationalité luxembourgeoise, et donc élargissant potentiellement l’assiette électorale. Les amendements à la constitution et ce projet de loi devront, ensuite, être votés à la majorité qualifiée. Le mouvement est donc lancé, mais ce n’est pas assez. Il faut réinventer un modèle de gouvernance politique et économique. En cela, le
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FRANÇOIS VALENTINY (L) Architecte « Que signifie le terme ‘étranger’ dans notre monde éclairé et totalement médiatisé ? Le monde appartient plus que jamais à tout individu. Si le résident étranger a choisi de quitter son pays d´origine pour vivre ailleurs et s´il assure tous ses devoirs de citoyen, alors c´est le devoir de tout état de lui permettre de bénéficier de tous ses droits de citoyen. »
FRANK WAGENER (L) Président du conseil d’administration de la Bil « La double nationalité permet de faire le lien affectif et culturel entre les origines et le domicile élu de tous ceux qui portent un intérêt aux évolutions démocratique, sociale, économique et culturelle du Grand-Duché. Bref le passeport est le ticket d’entrée à la vie politique nationale. Cette ouverture est nécessaire, mais aussi suffisante, pour tout homo politicus de s’intégrer dans la société luxembourgeoise. »
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Or une telle réforme ne pourrait être envisagée qu’à une échelle européenne, avec l’accord des États, ne l’oublions pas, toujours souverains. En l’absence d’union fiscale, il faut s’attendre à ce que citoyenneté et fiscalité restent territorialisées.
LABORATOIRE DE LA PENSÉE POLITIQUE
Cette question ramène aux sources de la science politique et à l’intégration, déjà opérée par Machiavel au 15e siècle, de la problématique économique à la gestion politique. Mais la disparition des frontières – au-moins ponctuellement et dans une zone déterminée – ébranle l’édifice théorique sur lequel le régime politique a été bâti. Au Luxembourg, comme dans tous les bassins économiques transfrontaliers, de nombreux agents économiques n’ont pas voix au chapitre politique, pourtant lui-même ordonnateur de la vie économique. Cette exclusion favorise une tendance au communautarisme – déjà largement perceptible – et génère ainsi des problèmes de cohésion sociale potentiellement nuisibles à la croissance. Compte tenu de cette évolution pernicieuse, la classe politique serait bien inspirée, dans le cadre des mécanismes de coopération transfrontalière déjà en cours, de devenir un laboratoire de l’intégration politique des participants à la vie de la cité. Travailler sur l’axe de l’élargissement de l’assiette électorale, via une ouverture du vote aux résidents étrangers ou via une facilitation de l’accès à la nationalité luxembourgeoise, ne doit pas écarter les autres pistes d’exploration. D’autant plus que la possibilité pour les résidents étrangers de s’inscrire aux élections communales n’a pas rencontré le succès escompté. Philippe Poirier pense ainsi à la formation en début de législature d’une commission spéciale interinstitutionnelle, à l’image de la convention européenne qui avait travaillé sur un projet de constitution européenne. Cela donnerait, en plus, une image positive du Luxembourg à l’étranger. Mais, maintenant que le débat est ouvert et que le processus politique est enclenché, « le pire, dit-il, serait de faire dans la demi-mesure ».
ÉLARGIR L’ASSIETTE ÉLECTORALE ET REPENSER LE MODE DE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE.
Philippe Poirier, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université du Luxembourg. Il coordonne son programme « gouvernance européenne » et plus particulièrement l’axe démocratie, études législatives et processus de décision. Depuis juillet 2011, il est le responsable de la chaire de recherche en études parlementaires de la Chambre des députés du Luxembourg. Il est par ailleurs professeur associé au Celsa à Paris, une prestigieuse école de sciences de l’information et de la communication. P.S.
Photo : Jessica Theis / Jess.lu (archives)
Luxembourg peut être de nouveau précurseur. « Sous certains aspects de société stagnante – la devise n’est-elle pas ‘nous voulons rester ce que nous sommes’ ? – le pays a beaucoup d’atouts pour repenser sa gouvernance », indique Philippe Poirier. Les circuits de prise de décision y sont très courts et la tradition de consultation indéniable. Par exemple, la réforme des retraites, envisagée au sein de l’accord de coalition en 1999, avait été abordée via un processus de consultation inédit, le Rentendësch (la table ronde sur les retraites). Celui-ci avait mené en 2002 à une réforme des pensions et permis aux syndicats, aux employeurs et aux partis politiques de faire valoir leur point de vue sur la question. Ce type de consultation pourrait très bien être imaginé pour débattre sur le changement de mode de gouvernance luxembourgeois ou même être institutionnalisé lors de débats publics fondamentaux. Philippe Poirier évoque, par exemple, l’éventualité d’une convention organisée par la Chambre des députés, composées de représentants du Gouvernement, des syndicats et d’associations professionnelles. Et pas seulement pour le secteur financier…. Le modèle existe, ditil, en Nouvelle Zélande, au Canada ou en Australie. Il faut donc favoriser l’ingénierie institutionnelle. Et tant qu’à voir loin, pourquoi ne pas envisager la citoyenneté de résidence fiscale ? Ce système faisant du contribuable un actionnaire dans son économie de résidence professionnelle serait inédit. Il ne fonctionnerait qu’à une seule condition, malheureusement restrictive : que les droits du citoyen ne s’exercent que dans l’État auquel il choisit d’être rattaché. Et le professeur Poirier relève que « les États n’aiment partager ni les citoyens, ni les recettes fiscales ». Car cela impliquerait effectivement son lot de contingences comme des arbitrages fiscaux par les contribuables choisissant leur lieu de résidence en fonction de leur niveau d’imposition, fonction du salaire, d’un côté ou de l’autre de la frontière.
Retrouvez l’intégralité de ces opinions sur www.paperjam.lu.
CHRISTIANE WICKLER (L) Directrice de Pall Center « Oui au droit de vote dans un esprit citoyen et de partage des droits et des devoirs, sans pour autant sacrifier nos racines originelles (…). Oui, aux ‘tous ensemble’ pour relever les défis de demain, ô combien nombreux, en remettant au goût du jour, une valeur fondamentale de notre nation, le travail. »
MIRIAM WILSON MASCHERIN (IRL) Founder & managing partner d’Elite Advisers “As a foreign resident in Luxembourg I feel it’s a shame that such a source of ideas and opinions is not exploited by the democratic system (…). Foreign residents can bring a fresh eye to the current Luxembourg situation. A responsible country should reflect its composition. Luxembourg is international!”
MICHEL WURTH (L) Président de la Chambre de commerce, président de l’UEL « Je plaide pour des mesures multiples : inscription automatique des résidents étrangers sur les listes électorales ; réduction des conditions de durée de résidence et de connaissances des langues pour obtenir la nationalité ; création d’une nouvelle chambre remplaçant le Conseil d’État et dont les électorats passif et actif seraient constitué de tous les résidents luxembourgeois et étrangers et qui participeraient au processus législatif, tout en laissant au Parlement le pouvoir souverain ultime. » (L’auteur s’exprime à titre personnel.)
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Post-scriptum
PEUPLE, POPULATION, CITOYEN… TEXTE MARC GERGES
La démocratie, étymologiquement, renvoie à la « souveraineté du peuple ». L’usage de la démocratie cependant veut que cette souveraineté ne soit pas octroyée au « peuple », mais aux seuls citoyens – notion plus restrictive qui exclut une partie de la population. Or, qu’advient-il de la démocratie lorsque, au sein de la population, la partie « exclue » dépasse en nombre les citoyens ? À terme, et l’histoire des civilisations nous l’apprend, les minorités qui monopolisent le pouvoir de décision stimulent l’érosion de la cohésion sociétale. Les conséquences de ce phénomène peuvent varier, mais entre la révolution des « exclus » et la protection autoritaire du pouvoir par un groupe minoritaire, il n’y a pas vraiment de place ni pour la démocratie, ni pour une société tolérante et moderne. Le Luxembourg a-t-il dès lors le choix ? Certes, l’octroi du droit de vote aux non-citoyens n’est pas, en soi, la solution miracle pour favoriser l’intégration efficace, ou plutôt l’inclusion des résidents étrangers, loin de là. Mais symboliquement, le geste aurait de quoi déclencher une dynamique salutaire. Car toucher au graal de la souveraineté – c’est-à-dire au droit de vote et de décision – est un acte controversé. Et entre relents nationalistes et naïveté bien-pensante, il sera difficile de mener une discussion censée et pragmatique. Le Luxembourg n’a plus le choix ! Au Grand-Duché, la question de la souveraineté et de la citoyenneté, pour philosophique et fondamentale qu’elle puisse être, a été rattrapée par la réalité. Il aurait fallu commencer cette discussion bien auparavant, pour avoir une chance de la mener. L’heure ne peut donc plus être aux interrogations diverses générées par un activisme de façade – l’attitude « il faut bien sûr y réfléchir, mais résolvons d’abord les problèmes qui se posent au niveau constitutionnel / institutionnel / philosophique / … » –, la mise en minorité prochaine des Luxembourgeois dans leur propre pays est devenue inéluctable. Alors, soyons optimistes, déclarons tous ceux qui contribuent à la richesse de ce pays – richesse financière aussi bien que sociétale – comme bienvenus. Accordons-leur, par principe, le droit de participer à la prise de décision et la possibilité de contribuer activement à façonner le futur du pays. Déclarons-nous favorables à une politique d’intégration et d’inclusion active, à la relance du processus démocratique, tenons compte aussi, au-delà des citoyens et résidents, des plus de 150.000 frontaliers qui contribuent tous les jours au PIB national – avant que tout cela ne devienne une question de survie. Et, de grâce, ne diluons pas artificiellement le véritable débat par des considérations d’ordre législatif ou constitutionnel. Il s’agit, in fine, de détails qui peuvent être rapidement résolus si la volonté de le faire est déclarée. — Avril 2013
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ENTREPRISES
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
MÉDIAS
RTL prospère et Bertelsmann encaisse
Photo : David Laurent / Wili (archives)
En générant un chiffre d’affaires record de 6 milliards d’euros, le conglomérat luxembourgeois des médias réalise 1,08 milliard d’euros de profits, soit le troisième exercice d’affilée « milliardaire », bien qu’en recul annuel de 4,9 %. Ces résultats sont presque insolents au regard de la conjoncture défavorable à la publicité. En fait, 44 % des revenus de RTL proviennent de recettes non publicitaires comme la production de contenu, le commerce de droits, le téléshopping, l’e-commerce ou le merchandising. Parallèlement, le conseil d’administration a décidé de verser 10,5 euros par action de dividende (dont 5,40 de dividende exceptionnel), financés par la trésorerie et l’actionnaire principal, Bertelsmann. Celui-ci peut ainsi se frotter les mains. Propriétaire de 92,3 % de RTL, le groupe allemand va encaisser 1,48 milliard d’euros avant de se désengager partiellement de la société luxembourgeoise.
Capita Fiduciary, PwC et Caceis sont les trois lauréats 2012 du « Prix santé en entreprise »
FR
ES H
décerné par le ministère de la Santé. | Le groupe japonais Nomura Research Institute (NRI) ouvre, à Luxembourg, son deuxième bureau au sein de l’UE, après celui de Londres. | Luxforge, PME de Troisvierges, a reçu le « Prix de l’innovation dans l’artisanat 2013 », décerné par la Chambre des métiers, pour son projet de lean management adapté à ses besoins.
SES
PORNO
DISSOLUTIONS
+5 % de résultat net
La hongroise DuoDecad s’installe au Grand-Duché
Dormantes des Seychelles
Le chiffre d’affaires 2012 de l’opérateur a augmenté de 5,5 % à 1,828 milliard d’euros. Le résultat net, part du groupe, gagne 5 % à 648,8 millions d’euros. En revanche, le résultat opérationnel recule à 790,5 millions (-2,2 %), reflétant notamment la hausse des dotations aux amortissements sur actifs corporels suite à l’expansion de la flotte satellitaire. Le CEO Romain Bausch reste confiant pour l’avenir, alors que le carnet de commandes atteint un record historique à 7,5 milliards d’euros.
C’est à Strassen que s’est installée la société hongroise DuoDecad, appartenant à Docler Holding, exploitant des « Cam sites ». Parmi eux, LiveJasmin, le leader sur le marché du live sex. Il fait partie des 50 sites les plus visités au monde. Selon The Economist, ses revenus ont augmenté de 10 à 20 % par an entre son lancement en 2001 et 2011. DuoDecad IT Services prévoit d’employer une cinquantaine de personnes d’ici fin juin. Le groupe, lui, envisage à terme une cotation en Bourse. Pour ce faire, son porte-parole précise qu’il est « essentiel de créer une structure, une présence en Europe occidentale et un réseau digne d’un éventuel intérêt des investisseurs institutionnels ».
Début mars, le tribunal de Luxembourg a déclaré, d’un coup, la dissolution d’office et ordonné la liquidation d’une douzaine de sociétés, toutes domiciliées à la même adresse (un immeuble anodin de Bonnevoie). Créées dans les années 2004 ou 2005, sans activité traçable mais parfois liées par montage entre elles, elles avaient pour origine l’archipel des Seychelles. Le tribunal a dissipé la fumée et éteint les écrans.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
SIDÉRURGIE
Photo : CHIP
Photo: David Laurent/Wili (archives)
Mittal auditionné en avril à Paris
Noms de domaine
Lakshmi Mittal sera auditionné le 17 avril par une commission d’enquête parlementaire française. La fermeture des hauts fourneaux de Florange a fait naître de vives tensions entre le gouvernement français et le patron du groupe établi au Luxembourg. « Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n’est pas les hauts fourneaux de Florange, c’est Mittal », avait déclaré le truculent ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg. ESCH / LALLANGE
Luxembourg dans la matrice
Cactus : en route pour 2015
La libéralisation du marché des noms de domaine a engendré la création d’une chambre de compensation visant à protéger les titulaires des marques. Créée à l’initiative de l’ICANN, faisant autorité sur ce marché, et gérée par IBM (pour l’infrastructure) et Deloitte (pour la partie vérification), celle-ci sous-traite le
Le dossier avait pris du retard administratif. Cette fois, le groupe Cactus a entamé le chantier du futur centre commercial d’Esch / Lallange. Il représente un investissement de 100 millions et la création de plusieurs centaines d’emplois. Cactus compte ouvrir ce nouveau point de vente dans le bassin sudiste pour fin 2015.
développement de son logiciel d’exploitation et de facturation à une start-up luxembourgeoise montée pour l’occasion. CHIP, pour Clearing House for Intellectual Property, a été fondée par trois entrepreneurs aguerris sur ce marché : Geert Debyser, Hans Seeuws (photo) et Jan Jansen.
COTISATIONS
NUMERICABLE
Apax cède ses parts Le fonds de private equity français Apax Partners annonce la cession des 40 % du capital du câblo-opérateur Numericable Belux qu’il avait acquis il y a moins de deux ans. C’est l’autre actionnaire, Deficom Telecom, qui devient l’unique actionnaire. Des grandes manœuvres capitalistiques n’influent en rien sur les opérations journalières de l’opérateur, occupé à tout autre chose ces jours-ci : le lancement, prévu début avril, de LaBox au Grand-Duché, un « super décodeur » qui vient de terminer ses phases de test. « Cela a pris un peu de temps, car il a fallu paramétrer l’interface en plusieurs langues. Mais tout est désormais prêt aux niveaux technique et opérationnel », explique Wim De Naeyer, gérant de Numericable Belux.
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190 millions dans la nature
MARCO ALDANY
Silence, on ferme
Photo : BelvalPlaza
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Les salons de coiffure et esthétique Marco Aldany, une chaîne originaire d’Espagne où elle prospère depuis 1997, ferment brutalement leurs portes au Luxembourg. La marque s’est installée sur le territoire grand-ducal en septembre 2011, avec des salons dans le quartier Gare à Luxembourgville, à Beggen, Mondorf, Remich, Belval… L’enseigne était en franchise pour le compte de la sàrl ComBenel, créée en juillet 2011. Quelque 20 salariés restent sur la touche.
Selon le ministre de la Sécurité sociale, 7.928 employeurs accusaient, fin janvier, un retard dans le paiement de leurs cotisations, pour un montant total de plus de 190 millions d’euros. 40 millions sont en procédure de recouvrement forcé. C’est le secteur de la construction (loin devant la logistique, l’horesca et l’industrie) le plus mauvais payeur : 1.313 entreprises totalisaient un retard de pratiquement 75,7 millions. CRP-SANTÉ
Association américaine Le département d’oncologie du CRP-Santé a officialisé un partenariat avec Arthur and Sonia Labatt Brain Tumour Research Centre-Hospital for Sick Children, centre de recherche canadien spécialisé dans les tumeurs du cerveau.
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
BIP
Politico-commercial
Quel chantier pour le secteur aérien ?
Année 2012 gagnante
7 MIOS La société d’investissements BIP Investment Partners a annoncé un bénéfice de 7 millions d’euros pour 2012. Le dividende sera en hausse, à 2,40 euros. Les gestionnaires ont notamment cédé toutes les actions ArcelorMittal. BRASSERIE NATIONALE
Bofferding résiste
Photo : David Laurent/Wili (archives)
5,5 MIOS La Brasserie Nationale Bofferding, dans un contexte de stagnation de la consommation brassicole en Europe (+0,20 %), a présenté un résultat opérationnel 2012 de 5,5 millions d’euros (+1 %). Le bénéfice avant impôts affiche en revanche une baisse de 11 %, à 3,5 millions d’euros, en raison d’investissements massifs. LuxairGroup ne remet pas son business model en cause, mais procède à des aménagements à la marge.
On attendait monts et merveilles des conseils d’administration de Cargolux et de Luxair. On devait y prendre les décisions nécessaires pour rompre avec des exercices déficitaires au sein de ces sociétés employant ensemble plus de 3.600 personnes. Des cabinets de conseil en stratégie, respectivement Oliver Wyman et Roland Berger, avaient même été mandatés pour définir des pistes de réflexion, passant éventuellement par la mise en place de nouveaux business models. Mais il n’en fut rien et la montagne a accouché d’une souris. Chez Cargolux tout d’abord, où l’arrivée à l’été 2011 de Qatar Airways devait offrir un nouveau souffle à une société prise dans des turpitudes judiciaires et un excès de confort permis par la présence de l’actionnaire public, ainsi que par des bénéfices exceptionnellement élevés en 2010. Mais parmi les administrateurs présents à la réunion du 7 février, plus aucun ne représentait l’actionnaire qatari – celui-ci était parti durant l’hiver à cause d’ingérences politiques multiples – et tous se sont entendus sur la reconduction du modèle envisagé sous l’ère Ogiermann, basé sur du fret tout cargo et une flotte uniquement composée de Boeing 747-8 F. Pour renouer avec la rentabilité,
il faudra ainsi multiplier les destinations, baisser les coûts… et espérer que la croissance du commerce mondial reprenne. En attendant, 275 millions de dollars doivent être injectés : 100 millions avant le 31 mars 2013 et 175 millions supplémentaires en janvier 2014. L’actionnaire principal, Luxair, y contribuera à hauteur de 73 millions d’euros pour la première tranche en achetant des obligations convertibles. Il ne participera pas à la seconde, faute de trésorerie suffisante. Son conseil d’administration a statué le 18 mars, après avoir entendu la présentation du rapport Roland Berger, lequel ne prévoit finalement que des ajustements à la marge. Luxair doit gagner 25 millions d’euros de plus par an pour revenir à l’équilibre en 2015. Cela passe par un accroissement des revenus, prévu notamment en revoyant la grille tarifaire, et par une diminution des dépenses. Aucune décision sur les économies réalisables, essentiellement sur les dépenses en personnel, n’a cependant été prise. Les syndicats menaçaient de faire grève si la direction devait prendre des décisions sans leur accord préalable. Alors si le chantier du secteur aérien est bien en cours, c’est à la petite cuiller qu’on creuse, et non au moyen d’une pelleteuse.
ARCELORMITTAL
Rémunérations en baisse
IOS M 1 , 20
Les membres du senior management d’ArcelorMittal, dont le CEO Lakshmi Mittal, ont perçu 20,1 millions de dollars de rémunération l’an dernier (9,6 millions de dollars de salaire de base et autres avantages et 10,5 millions de rémunération variable). C’est beaucoup moins qu’en 2011, avec un total de 33,4 millions de dollars. TANGO
Sur la lancée
% 5 , 6 + L’opérateur de téléphonie Tango a enregistré, en 2012, une hausse de ses revenus (fixe et mobile) de 6,5 % à 114 millions d’euros. Le revenu moyen par abonné mobile (Arpu), lui, a progressé de 5,1 % à 29,5 euros, porté notamment par la « migration » des clients qui délaissent le mode « prépayé » pour lui préférer un abonnement « postpaid »
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
TELECOM LUXEMBOURG
SD WORX
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Hausse des revenus à haut débit
Pilotage luxembourgeois
Une dizaine de candidats
Telecom Luxembourg Private Operator fait état d’un chiffre d’affaires (non audité) de 11,9 millions d’euros en 2012, en hausse de plus de 37 % par rapport à 2011, à périmètre constant. Le chiffre d’affaires avait déjà progressé de 75 % en 2011. Une croissance portée principalement par les activités de data centres et la connectivité haut débit qui affichent des revenus en augmentation de plus de 60 %.
Le groupe de conseils en RH et de services de payroll SD Worx est désormais piloté depuis le Luxembourg, et non plus depuis Anvers. Le general manager Thierry Vanbever, en poste depuis 2008, a été promu à la tête de l’ensemble du groupe. C’est désormais Mady Dondlinger qui prend les rênes du bureau luxembourgeois.
Le processus de recrutement du futur directeur de la radio socioculturelle 100,7 suit son cours. Une dizaine de personnes postulent pour prendre la succession de Fernand Weides, qui quittera ses fonctions au 1er juillet. Pour l’heure, le processus est ralenti, dans l’attente de la nomination du président du conseil d’administration. Un poste vacant depuis… août 2012.
BITBURG AIRPORT
Illustration : Ballini Pitt & Partners
Lamparski : rideau !
L’ingénieur-investisseur luxembourgeois Frank Lamparski, en faillite, a dû céder les 40 % de parts qu’il détenait dans la société de gestion de l’ancienne base aérienne de Bitburg. Le développement du site se fera sans l’homme de Mamer, qui rêvait d’un aéroport international pour le fret et les passagers, mais qui n’avait jamais pu présenter les garanties financières promises.
CFL CARGO
Photo : CBA
L’homme d’affaires luxembourgeois Roby Schintgen a déboursé 3 millions d’euros pour s’offrir le site.
Château du Bois d’Arlon
Avec des capitaux luxembourgeois Le Château du Bois d’Arlon, qui étend ses 27 ha au cœur d’un domaine boisé aux portes du Luxembourg, vient d’être racheté par l’homme d’affaires luxembourgeois Roby Schintgen (Sermelux à Kehlen), pour la modique somme de 3 millions d’euros, dont 100.000 euros dédiés au fonds de commerce lié aux deux bâtiments de prestige, le Château du Bois d’Arlon, aménagé en hôtel luxueux, et son restaurant, les Jardins de la Conciergerie. À l’heure actuelle, on ne connaît pas les intentions de M. Schintgen, qui manifestement souhaitait demeurer discret sur l’opération, quant au futur des lieux et des activités sur un site qui était jusqu’alors déclaré en faillite. L’opération a été approuvée par le tribunal de commerce d’Arlon, pour le compte de la société RS Namur Property.
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Dans le Guinness Book ?
Photo : ArcelorMittal
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Une inscription au Guinness Book a été demandée. CFL Cargo a transporté 14 poutrelles d’ArcelorMittal Differdange destinées à la construction d’un pont ferroviaire à Dresde. Une belle opération de communication pour les deux entreprises. Chaque poutrelle de la ligne de production Grey de Differdange a une longueur exceptionnelle de 60,6 m, pour un total de 380 tonnes.
LES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES S’ENGAGENT. ET VOUS ? L’Union des Entreprises Luxembourgeoises, à travers son institut INDR, se propose d’accompagner les entreprises dans leur développement de Responsabilité Sociale des Entreprises dans les 3 domaines d’intervention qui sont le social, l’environnement et la gouvernance. Pour ce faire, l’INDR a créé le label ESR – Entreprise Socialement Responsable - qui permet aux entreprises de formaliser leurs efforts en la matière et de communiquer leurs réussites vis-à-vis de leurs salariés et du monde extérieur. Suivez le mouvement de la responsabilité sociale des entreprises ! Pour plus d’informations : www.indr.lu
Ministère de la Famille et de l'Intégration
Le présent label est soutenu par le programme communautaire pour l’emploi et la solidarité sociale (2007-2013), le Ministère de la Famille et de l’Intégration et a été réalisé en collaboration avec Deloitte.
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Deux mondes à réunir Entreprises et asbl ne parlent pas toujours la même langue, mais ont de plus en plus souvent des intérêts en commun. Le programme « Part & Act », initié depuis un an par IMS Luxembourg, a pour ambition de les faire davantage se rapprocher. Les premiers résultats sont encourageants et la remise, le 15 avril prochain, des premiers CSR Awards, mettra davantage en lumière ce projet ambitieux. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Charles Caratini
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ls se parlent sans toujours s’entendre, ils se regardent sans forcément se voir : entreprises et associations à but non lucratif ne sont, par essence, pas toujours sur la même longueur d’onde. Pourtant, leurs intérêts sont plus souvent convergents qu’on ne pourrait l’imaginer. Et dans le grand mouvement général de développements d’initiatives touchant à la responsabilité sociale des entreprises, les occasions de faire se rapprocher les unes avec les autres et d’initier de réels partenariats commencent à faire florès. Au Luxembourg, le réseau IMS Luxembourg (Institut pour un mouvement sociétal) décline ce concept sous le vocable Part & Act – Partners in action for sustainability. Une plateforme mise en place en 2012 et qui a pour objectif de créer une interface professionnelle entre les entreprises membres du réseau et les associations luxembourgeoises afin d’établir, comme cela est mentionné dans l’appellation même de l’initiative, des partenariats durables. Un projet qui bénéficie du soutien du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, ainsi que du Fonds social européen (FSE), à hauteur d’un montant de 45.000 euros financé à 50 % par les subsides du FSE. Pour lancer la machine, IMS bénéficie de la participation de huit entreprises (Arendt & Medernach, Axa, Castegnaro, le cabinet d’avocats EHP, Hudson, Mediation, SD Worx et PwC) et six associations, et non des moindres : Ada, Caritas, la Croix Rouge, Élisabeth, Hëllef Doheem et Médecins sans frontières. Une dizaine de partenariats a déjà été initiée en 2012, année marquée par le lancement de la plateforme Internet (www.partnact.lu), mais aussi d’outils méthodologiques et d’actions de formation de type workshops ou conférences. Sortir du cadre strictement financier
« Nous allons continuer à accompagner entre 15 et 20 projets par an, explique Nancy Bastien, coordinatrice d’IMS Luxembourg. Il y a aussi un gros travail de recensement des besoins exprimés par les associations et par les entreprises. Et nous essayons de faire en sorte que la collaboration future dure dans le temps et ne soit pas que pour un seul événement. » Ces partenariats peuvent prendre plusieurs formes : mécénat de compétences, bénévolat via les salariés d’une entreprise, soutien logistique, relais d’information et sensibilisation à la RSE — Avril 2013
(responsabilité sociale des entreprises)… la liste est loin d’être exhaustive. Des exemples ? Des juristes et avocats du cabinet d’avocats Wildgen, Partners in Law, ont accompagné, pendant plusieurs mois, et gracieusement, des collaborateurs de l’ONG Ada (Appui au développement autonome), pour la création d’une asbl ; LuxairTours aide l’asbl natur&ëmwelt à financer des terrains dont l’association souhaite faire acquisition pour y recréer des biotopes et favoriser la biodiversité ; l’agence de communication et d’événementiel Indiact a accompagné l’Agence du bénévolat à auditer sa stratégie de communication au sens large du terme ; Axa Luxembourg a réalisé, gracieusement, un clip de promotion pour le compte de Rahna, asbl active dans le parrainage de chiens d’assistance pour personnes handicapées… Là non plus, la liste n’est pas exhaustive. Et sans doute l’une ou l’autre démarche similaire existe-t-elle par ailleurs sans être nécessairement passée par la case Part & Act. Certains de ces projets se retrouvent, tout naturellement, en lice dans le cadre de la première édition des European CSR Awards Scheme, dont l’édition luxembourgeoise, réalisée en partenariat avec paperJam, se déroulera le 15 avril prochain (voir encadré pages 67-68). Tous ont comme point commun d’avoir été concrétisés au cours de cette même année 2012, celle du lancement de l’initiative par l’IMS. « En une année, avoir pu développer sept projets relève déjà de l’exploit, le temps des associations n’étant pas celui entreprises », peut-on lire dans le rapport des entreprises La responsabilité sociale de l’entreprise – L’exemple compétences rédigé par le du bénévolat de compétences, Dr Bénédicte Halba, de l’Institut de recherche et d’information sur le volontariat (Iriv) à Paris et publié en octobre 2012. Le document met notamment en avant le fait que les principales difficultés rencontrées, dans le cadre de la mise en œuvre du projet Part & Act, ont tenu, d’abord, à la mobilisation des associations et à leur volonté de travailler en bonne intelligence avec les salariés des entreprises. « Il faut du temps pour réfléchir ensemble et construire un projet qui réponde aux tous », explique de Dr Halba. attentes de tous Cette préparation, en profondeur, de chaque projet constitue la clé de voûte d’un partenariat réussi. Laetitia Gill, directrice du réseau suisse Philias, fondation créée en 2000 et qui regroupe une trentaine d’entreprises actives dans le
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Des « team building » sociaux de Deloitte, pour le Centre Émile Mayrisch (photo 1) ou pour l’ANF (Administration de la nature et des forêts, photo 4) ; l’installation d’un nouveau centre thérapeutique de du Service de rééducation précoce – Hëllef fir de Puppelchen à Junglinster avec le soutien d’ING Luxembourg (photos 2 et 3) : entreprises et associations sont déjà capables de faire de belles choses ensemble. Des exemples à suivre…
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EUROPEAN CSR AWARDS 2013
14 candidats, 2 lauréats La première édition des European CSR Awards Scheme, dont l’édition luxembourgeoise, pilotée par IMS Luxembourg et réalisée en partenariat avec paperJam, se déroulera le 15 avril prochain au Centre Drosbach. Quatorze projets ont été retenus et le jury, présidé par le ministre du Travail, Nicolas Schmit, aura à désigner deux lauréats. Ainsi, le meilleur partenariat entre une PME (-250 employés), et une ou plusieurs organisations à but non lucratif, d’une part (six projets en lice), et entre une grande entreprise et une ou plusieurs organisations à but non lucratif à Luxembourg, d’autre part (huit projets), seront récompensés. Voici un descriptif succinct des projets candidats à cet événement initié par la Commission européenne. À la clé notamment : la participation à la cérémonie officielle européenne le 25 juin 2013 à Bruxelles et la communication du projet via le site européen des Awards (www.europeancsrawards.eu). Catégorie Grandes entreprises ALD Automotive / MyclimateLux : mise en œuvre du programme Bluefleet de réduction de l’impact écologique de la flotte de véhicules, par réduction des émissions de CO2. ArcelorMittal / Europa Donna asbl et Dames de cœur asbl : opération de sensibilisation et de lutte contre le cancer du sein, au travers de dons et de relais d’information. BGL BNP Paribas : création du programme Click ONG, avec une offre de produits et services financiers dédiée aux ONG et une offre de services RSE (don de matériel informatique, mise à disposition de locaux, relais d’information…).
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Photos : Deloitte et Service de Rééducation Précoce – Hëllef fir de Puppelchen
BGL BNP Paribas : mise en place d’une « Summer School » à l’attention des lycéens du Luxembourg, dans le but de les faire réfléchir de façon proactive et « out of the box » à leur avenir. Deloitte / ASTF : mise en place de la « Health@Work Summer Campaign », ayant pour objectif de préserver la santé physique et psychologique des employés au travail. Deloitte / Centre de transfusion sanguine de la Croix-Rouge luxembourgeoise : organisation de plusieurs « Deloitte Blood Donation Days » pour faciliter l’opération de don du sang par les employés intéressés. ING Luxembourg / Service de rééducation précoce – Hëllef fir de Puppelchen asbl : pour chaque transaction effectuée en 2011 et 2012 avec la carte Visa ING Luxembourg par les clients de la banque, un centime d’euro a été reversé à l’asbl. UBS Luxembourg / Fondation Kräizbierg : partenariat multidimensionnel : sponsoring, donations, collecte de fonds, volontariat, création d’événements, utilisation des services multimédia en tant que fournisseur d’UBS. (suite page 68)
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Entreprises, salariés, associations : qui cherche quoi ? Entreprises – proposer une nouvelle forme de formation : « apprendre en faisant » ; – développer la conscience sociale / civile ou civique de leurs salariés ; – construire des passerelles entre le monde de l’entreprise et le monde des associations ; – participer à un projet avec d’autres entreprises luxembourgeoises ; – donner une autre image de l’entreprise.
Salariés – se rendre utile ; – rencontrer des gens ; – travailler d’une autre manière avec des collègues de travail ; – découvrir un nouvel environnement de travail ; – s’adapter à un nouveau rythme de travail, à de nouveaux enjeux.
Associations – bénéficier des compétences de salariés ; – avoir de nouvelles idées ; – concrétiser un projet qui n’avait pas pu être développé jusqu’à présent (comme un site Internet) ; – développer un partenariat d’une autre nature avec une entreprise (pas seulement financier) ; – rencontrer de nouveaux partenaires avec des profils différents.
Source : La responsabilité sociale de l’entreprise – L’exemple du bénévolat de compétences, par le Dr Halba (Iriv) – Octobre 2012.
domaine de la RSE, en témoigne volontiers. « Il est primordial de bien définir les règles, les attentes et les objectifs de chacun. Cela passe par la mise en place d’une convention bipartite, non contractuelle, mais qui permet à chacun de savoir exactement qui va faire quoi. Cela permet, par exemple, de sortir d’un cadre strictement financier et permettre aux parties qui pourraient être demandeuses de devenir apporteuses de solutions », dit-elle. Une rencontre humaine, avant tout
L’expérience accumulée au fil des ans par Mme Gill (directrice de réseau Philias à Genève depuis 2007, elle avait été les quatre années précédentes responsable de projets chez IMS-Entreprendre pour la Cité, en France), lui permet de constater que toute démarche RSE au sein d’une entreprise ne peut être comprise et intégrée que si le collaborateur en est l’acteur directement. « Il peut y avoir toute une stratégie, des décisions, voire des cadres réglementaires, mais tant que le collaborateur ne comprend pas ce que cela représente réellement, il y aura toujours une perte d’impact, constate-t-elle. Il doit donc toujours y avoir une réelle démarche citoyenne de la part du salarié. » Et de citer l’exemple du leader mondial de l’agroalimentaire, Nestlé, et de son programme mondial de création de valeur partagée, impliquant quantité de parties prenantes à travers le monde. « Les dirigeants du groupe (qui emploie 330.000 personnes et dont le siège mondial est en Suisse, ndlr.) sont venus nous voir, car ils ont constaté un décalage entre ce concept RSE et son appropriation par les collaborateurs. Nous avons alors mis en place un programme sur base du volontariat, adapté aux enjeux locaux (Nestlé compte sept sites de production en Suisse, ndlr.) et travaillé avec des partenaires associatifs. Cela se faisait sur base de journées dédiées, qui ont renforcé le sentiment d’appartenance au groupe des collaborateurs et augmenté la cohésion interne. Ce qui compte avant tout, c’est la rencontre humaine : le fait de casser les préjugés, de faire tomber les — Avril 2013
EUROPEAN CSR AWARDS 2013
14 candidats, 2 lauréats (suite de la page 67) Catégorie PME Ecowash Mobile / asbl EPI (Encouragement, promotion, intégration) : mise au point d’un cadre légal pour pouvoir proposer à des jeunes en difficulté un contrat d’apprentissage sans qu’il ne perde leurs droits aux allocations. Indiact / Agence du bénévolat : audit complet de la stratégie de communication et mise en place d’un plan d’action, notamment via un nouveau site Internet. Laboratoire Ketterthill / Association Don de moelle : soutien des démarches de don de moelle par des moyens techniques, de ressources et de savoir-faire, en vue d’une augmentation de donneurs potentiels au Luxembourg. Polygone / Service de consultation socio-pédagogique de l’asbl InterActions : programme pour favoriser l’insertion économique et sociale de demandeurs d’emploi éloignés du marché du travail. Quest : mise en place d’un système de dons auprès de quatre ONG nationales, pour remercier les participants de leur participation à chaque sondage en ligne pour lesquels ils ont été sollicités, à hauteur de deux euros par répondant. Wildgen, Partners in Law / Ada Luxembourg : assistance via l’engagement de volontaires à titre gracieux pour aider à la transformation d’un département d’Ada en asbl à part entière. J.-M. G
barrières. Il faut néanmoins que chacun réussisse à rester soi-même, ne pas se fondre dans l’autre, mais, au contraire, lui apporter quelque chose chose. » Laetitia Gill fait partie du comité de pilotage du projet Part & Act au Luxembourg. Lors de la première réunion qui s’est tenue début mars, il a été évoqué la possibilité d’organiser à l’automne prochain, au Luxembourg, un market place comme cela se fait en Suisse – sous l’appellation Humagora – depuis quelques années. Cet événement permet aux entreprises et aux associations de se rencontrer sur un seul et même endroit. « L’idée est de mieux se connaître pour mieux se comprendre comprendre, résume Mme Gill. Il ne s’agit pas de signer à tout prix des partenariats à la fin de la journée, mais de comprendre les enjeux propres à chacun et d’identifier les dénominateurs communs qui permettront ensuite de pouvoir travailler ensemble. S’il n’existe aucun lien avec les valeurs réelles de l’entreprise, aucune action ne pourra réussir. réussir. » En attendant, le 12 avril prochain, un workshop, animé par Laetitia Gill, se déroulera à l’Agence du bénévolat, portera sur le thème « Animer avec succès un projet de volontariat d’entreprise ntreprise ». Ne pas rester seul dans son coin
Au Luxembourg, l’étude de ces différents cas concrets vécus en Suisse est très précieuse pour le développement du concept Part & Act. Il en va de même avec ce qui vient du voisin belge. Sabine Denis, general manager du réseau Business & Society Belgium (B&SB), fait également partie du comité de pilotage de la plateforme luxembourgeoise. Créé en 2001, B&SB compte environ 80 entreprises membres, représentant quelque 300.000 salariés. En 2006, cette structure avait publié un guide pratique destiné à favoriser les collaborations fructueuses entre entreprises et ONG. « À cette époque, le dialogue entre les deux parties était plus tendu tendu, se souvient Mme Denis. Les premières ne connaissaient pas les secondes et les secondes se méfiaient des premières. Il s’agissait de faire en sorte de rapprocher ces deux mondes éloignés. »
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Laetitia Gill (Philias) : « Il faut que chacun réussisse à rester soi-même, ne pas se fondre dans l’autre, mais, au contraire, lui apporter quelque chose. »
Le maître mot, en la circonstance, est clairement le « temps ». La communication et le dialogue, sur la durée, sont deux des piliers essentiels pouvant soutenir toute initiative réussie. « Or le temps, ce n’est pas le point fort des entreprises, regrette Mme Denis. Il est alors essentiel de pouvoir commencer par des petits projets, afin que chacun puisse s’apprivoiser et apprendre à se connaître, avant d’imaginer se lancer dans de très gros projets. » Évidemment, depuis 2006, le contexte a évolué, ce qui devrait d’ailleurs donner lieu à une mise à jour, d’ici à l’année prochaine, du guide pratique. En l’espace de six ans, les deux mondes se sont clairement rapprochés. Le sens des responsabilités s’est accru dans le chef des entreprises, sans doute plus encore depuis l’avènement de la crise. De part et d’autre, une volonté de travailler de manière plus rapprochée s’est fait jour. « Avant, aux yeux des ONG, les entreprises étaient les grands méchants loups… C’est beaucoup moins le cas maintenant, constate avec satisfaction Mme Denis. Chacun se rend compte qu’il n’est pas possible de résoudre des problèmes tout seul dans son coin. » Parmi les exemples concrets et médiatisés : le partenariat établi entre le groupe de distribution Delhaize et l’ONG WWF (World wildlife fund). En 2012, un chantier a été lancé visant à garantir, d’ici à fin 2015, que tous les produits sous marque propre ne contiendront que de l’huile de palme certifiée.Il s’agit là de la seconde action d’envergure menée par les deux partenaires. Depuis 2009, en effet, les enseignes du groupe
« Nous allons continuer à accompagner entre 15 et 20 projets par an. » Nancy Bastien, (IMS Luxembourg)
de distribution (Delhaize Le lion, City, AD Delhaize, Proxy Delhaize et Shop’n Go) privilégient une politique d’achat des poissons frais respectant des critères de la pêche durable, bannissant ainsi les espèces qui sont en voie d’extinction. Objectif : atteindre 100 % de produits de la mer issus d’une telle pêche durable et tendre vers des filières standards de durabilité tels que le programme de certification et d’écolabellisation MSC (Marine stewardship council) ou ASC (Aquaculture stewardship council). À noter qu’à l’origine des deux labels, aujourd’hui indépendants, on retrouve ce même WWF, et qu’une autre grosse ONG internationale, Greenpeace, remet régulièrement en cause la pertinence et la réelle efficacité. Autre exemple, moins polémique, mais tout aussi parlant : celui de l’institution microStart, spécialisée dans le microcrédit professionnel.
Active depuis le printemps 2011, elle a traité, en 2012, près de 1.000 dossiers de candidats entrepreneurs et délivré 275 microcrédits pour un montant moyen de 5.000 euros. microStart est un groupe d’entreprises sociales innovantes (microStart scrl à finalité sociale et microStart Support asbl) fondées par l’Association pour le droit à l’initiative économique, un des pionniers européens du microcrédit, et par la banque BNP Paribas Fortis, avec le regard bienveillant du Fonds européen d’investissement, qui siège au conseil d’administration. Fort du soutien de BNP Paribas Fortis, microStart, qui n’est, jusqu’à présent, opérationnel que sur Bruxelles, va ouvrir, dans les prochaines semaines, deux nouvelles agences, à Liège et à Gand. À la lumière de ces exemples, et comme le rappelle le Dr Halba dans son rapport de 2011, « la responsabilité sociale de l’entreprise n’est ni un vœu pieux ni un luxe inaccessible aux entreprises, même en période de récession économique économique ». Elle estime même que le partenariat avec le monde associatif constitue la voie sans doute la plus fertile, à condition de savoir prendre son temps – on y revient toujours –… « Le temps est un luxe pour les citoyens des sociétés postindustrielles. C’est un bien rare et précieux. S’engager à prendre le temps d’échanger des expériences, et des compétences, en construisant un projet associatif qui contribue à bâtir l’Europe de demain, c’est sans doute le ‘pacte’ le plus singulier et le plus audacieux que peuvent conclure au 21e siècle des citoyens européens », conclut le rapport. Avril 2013 —
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Concert de bienfaisance C’était, cette année, la 10e édition de ce rendez-vous traditionnel organisé par Deloitte à la Philharmonie.
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Photos Blitz
01. Michel Wurth (Chambre de commerce) 02. Tonika Hirdman (Fondation de Luxembourg) et Olivier Mortelmans (Banque Privée Edmond de Rothschild Europe)
05. Paul Peckels (Entreprise des P&T) et Guy Loesch (Linklaters LLP) 06. John Li (The Directors’ Office) et Carlo Lessel (BGL BNP Paribas)
03. Vafa Moayed et Yves Francis (Deloitte Luxembourg)
07. Thierry Flamand (Deloitte ) et Victor Gillen (président du Conseil d’État)
04. Rafik Fischer (KBL European Private Bankers) et Carine Federspiel (Zitha Senior)
08. Jacques Brauch (Soludec), Marie-Hélène Lucas (m3 Architectes), Isabelle Schaack (médecin-dentiste) et Claude Wagner (Bati C)
09. Luc Frieden (ministre des Finances), Marjolijne Drooglever (ABN Amro Luxembourg), Rita Krombach-Meyer (Croix-Rouge luxembourgeoise) et Charles Krombach (Heintz van Landewyck )
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ICT
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L’app’rentissage des affaires Le Luxembourg constitue un laboratoire idéal pour développer des applications éducatives multilingues destinées aux appareils mobiles. En testant The Loupe sur le marché local, Tetyana Karpenko espère trouver les ingrédients lui permettant de bâtir un succès qui passera obligatoirement par l’international. Texte Pierre Sorlut Photos Olivier Minaire
Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : The Loupe
Photo : Julien Becker (archives)
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Uni.lu
FICHE TECHNIQUE
CV
The Loupe
Hyperactive
Objet : Société commercialisant des applications éducatives multilingues Création : Avril 2012 Chiffre d’affaires : N. C. 1 salariée Siège : Vianden
Tetyana Karpenko, 34 ans, est née et a étudié en Ukraine, les langues notamment. Mais c’est en tant que journaliste qu’elle quitte sa terre natale pour l’Allemagne. Elle y rencontrera son mari, journaliste lui aussi, mais Luxembourgeois. Accueillie au Grand-Duché et toujours active pour Deutsche Welle, elle décide parallèlement de suivre un master à l’Université du Luxembourg au cours duquel a germé l’idée de créer sa société.
L’alibi scientifique The Loupe a trouvé ses principes de légitimation au sein du département Research on Dynamics in Interaction, Communication and Activity de l’Université du Luxembourg. Tetyana Karpenko prépare d’ailleurs son PhD. Ses professeurs au DicaLab, Gudrun Ziegler et Charles Max, sont ses conseillers d’affaires dans le cadre du développement de la start-up. Ils ont contribué à la définition du concept d’affaires, ainsi qu’à sa valeur pédagogique.
Sociétés actives sur le créneau des apps éducatives Duck Duck Moose Pays : États-Unis Création : 2008
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MindConnex Learning Pays : Irlande Création : 2008
Loud Crow Interactive Pays : Canada Création : 2010
Inkids Pays : Australie Création : 2010
Broccol-e-games Pays : Australie Création : 2012
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ujourd’hui, plus de 700.000 applications sont distribuées sur les deux principaux « app stores » gérés par Google et Apple. Le géant de la recherche et de la veille technologique, Gartner, estime que le marché des applications représentera à la fin de l’année un volume d’affaires de 25 milliards de dollars, soit 62 % de plus qu’en 2012, autrement dit, un vrai pactole sur lequel lorgnent les entrepreneurs de la génération Y. Parmi eux, Tetyana Karpenko l’hyperactive (voir encadré) se lance. Mais pas de n’importe quelle façon. Si, comme l’indique Flurry Analytics, les utilisateurs passent environ deux heures par jour sur les apps, l’entrepreneure d’origine ukrainienne conçoit elle une application pédagogique et dotée d’une réelle utilité sociale : un e-book multilingue pour les supports mobiles équipés d’un écran tactile. Il s’agit en fait d’une application dédiée aux enfants vivant dans un environnement cosmopolite. « Il faut développer la conscience des langues étrangères et familiariser les enfants avec elles dès leur plus jeune âge. Si cela n’est pas fait, alors ils seront effrayés par l’apprentissage de nouvelles langues et seront freinés dans leur développement », dit-elle. Pour se démarquer dans une situation concurrentielle poussée à son paroxysme, entre des applications grand public et d’autres, davantage focalisées sur l’enfance (voir encadré), The Loupe se base sur des fondements scientifiques. C’est d’ailleurs au cours de ses études à l’Université du Luxembourg, dans le cadre du master Learning and Development in Multilingual and Multicultural Context, que Tetyana Karpenko a commencé à envisager l’objet vendu. « J’ai commencé à regarder différemment les outils digitaux et les médias de masse, dit-elle, et de nouvelles idées ont germé. » Elle était enceinte à l’époque, elle a eu envie de faire naître, aussi, son entreprise. Le contexte explique également certainement que la première réalisation soit un conte interactif. Dans un design désuet charmant, le spectateurutilisateur peut suivre les pérégrinations du petit chaperon rouge en alternant les langues (allemand, anglais, français et russe) à l’envi et en activant les objets (arbres, portes, etc.) environnants. Tout a été conçu minutieusement en collaboration avec le département de recherche, le Dica-Lab, au sein duquel Tetyana Karpenko prépare son doctorat. « Toutes ces décisions qui ne paraissent pas importantes, comme les sonorités ajoutées, ont été prises conformément à des principes pédagogiques opérant sur des enfants vivant dans des environnements multilingues », ajoute-t-elle. Pour l’instant « Le Petit Chaperon Rouge » est la seule application développée par la start-up. L’entrepreneure souhaite tenter sa chance à fond et aller au bout de la logique en testant son business model sur un produit avant d’en développer d’autres. En affaires, elle est conseillée par les experts participant au programme « Luxembourg
A
Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)
WEAKNESSES (= FAIBLESSES)
– Expertise scientifique – Compétence interculturelle
– Débutant dans les affaires – Doit plaire aux parents et aux enfants
– Peu de concurrence dans cette niche – Demande croissante
– Concurrence sur le marché des apps – Nécessité de s’adapter à chaque marché
OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)
THREATS (= MENACES)
« Regarder différemment les outils digitaux » Tetyana Karpenko
FOCUS
L’entreprise au féminin En mars 2011 était lancée l’initiative « Luxembourg Pionnières – l’incubation au féminin », menée par Rita Knott en coopération avec le ministère de l’Économie, la Ville d’Esch-sur-Alzette et ING Luxembourg. Le programme vise un accroissement de la crédibilité des créatrices, « souvent peu considérées par les financiers en provoquant de leur part une prise de conscience du potentiel économique représenté par les femmes ». P. S.
Pionnières – l’incubation au féminin » (voir encadré). Ainsi, les objectifs sont d’abord de diffuser le produit en en faisant la publicité. Si le marché luxembourgeois constitue un échantillon idoine pour en mesurer l’accueil, il faut ensuite le vendre internationalement. Et à ceux qui pensent que la très grande majorité des consommateurs d’apps ne sont pas concernés par le multilinguisme, Tetyana Karpenko leur répond que dans un contexte de globalisation, la caractéristique multilingue est de plus en plus prégnante. Alors évidemment, quand il s’agit d’applications, le marché américain fait figure d’Eldorado. Et pour ne pas galvauder les fondements pédagogiques de l’app, la start-up envisage de l’approcher par la publication d’articles dans des revues scientifiques, des liens avec des sites spécialisés (comme iMom.com) ou via la participation à des séminaires. Un autre moyen envisagé pour faire connaître l’app est de passer par un livre qui permettra de faire le lien avec l’application et le conte correspondant. Le support papier est lui aussi pensé d’une manière originale puisqu’il devra être construit, au moyen de collages, dans les langues de son choix par l’enfant. La start-up prend le parti de distribuer le livre via Amazon à un tarif proche du prix de revient. Celle-ci compte essentiellement réaliser sa marge sur la vente massive d’applications sur les stores. L’application de The Loupe coute 0,99 dollar. Dans son business plan le plus optimiste, la CEO espère en vendre 5.000 par jour. « Une vision réaliste si nous parvenons à apparaître dans les meilleurs magazines de parents et d’apps aux États-Unis », dit-elle. Le pari n’est pas des plus risqués. La jeune pousse luxembourgeoise jouit d’une structure agile et suit un modèle collaboratif impliquant de nombreux acteurs. Pour la réalisation technique, elle fait appel à une société russe, Foundreams. Au rang des conseillers déjà mentionnés vient se greffer l’association sans but lucratif, Multi-Learn Institute for Interaction and Development in Diversity. Ils viennent alimenter le pipeline d’idées pour générer d’autres revenus. Tetyana Karpenko prévoit ainsi de développer une solution de communication, ludique et pédagogique, pour familles divisées internationalement. Le concept n’est pas encore finalisé et l’entrepreneure préfère rester secrète avant d’avoir protégé son invention au moyen d’un brevet. Aujourd’hui, la société est déjà rentable puisqu’elle n’occupe qu’une partie du temps de sa directrice et que Foundreams paie actuellement des droits pour utiliser l’application... auxquels il faut ajouter 30 % pour The Loupe sur la vente de chaque application. Mais il est encore possible pour la start-up de multiplier les lignes de revenu par la cession de droits de licence, les commissions sur les ventes, la publicité ou encore des contrats avec les opérateurs. Il faudra alors développer les aspects commerciaux. The Loupe n’en est pas encore là. L’essai reste à transformer, mais on a envie de croiser les doigts. Avril 2013 —
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PLACE FINANCIÈRE
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
BEI
L’UE met de l’argent sur la table
Photo : David Laurent / Wili (archives)
Après avoir bénéficié d’une augmentation de capital, la Banque européenne d’investissement, bras bancaire de l’UE, s’apprête à mener une politique contracyclique avec un volume annuel d’apport de 65 à 70 milliards d’euros. Avec l’aide de ses partenaires, souvent les banques locales, la BEI pourra théoriquement lever 180 milliards d’euros de financement de projets. Entre 100 et 150 recrutements sont en cours pour gérer ces prêts depuis Luxembourg, où siège l’institution. Conformément à ses statuts, l’institution logée au Kirchberg ne cofinancera que des investissements de long terme dans des secteurs clés, soutenus par l’Union européenne. Le volume annuel de prêts devrait être ainsi découpé : 15 milliards pour l’économie de la connaissance, 20 pour l’efficience énergétique, 15 aux PME et 15 aux infrastructures stratégiques, notamment aux efforts de connectivité Internet. En 2012, pour le premier exercice en activité du nouveau président Werner Hoyer, la BEI a signé pour 52,2 milliards d’euros de nouveaux prêts (dont 44,8 milliards au sein de l’UE) dans plus de 60 pays.
Très présente en Asie, Standard Chartered annonce l’ouverture
FR
ES H
« Éviter que les questions fiscales soient traitées dans des dossiers services financiers »
d’une banque dépositaire au Grand-Duché pour offrir ses services aux investisseurs. | De son côté, après Carmignac et Coeli, c’est au tour de Kinetic Partners d’obtenir le feu vert de la CSSF pour opérer au Luxembourg en tant que gérant de fonds de tiers.
Luc Frieden, (ministre des Finances) dans une réponse parlementaire à François Bausch, au sujet de la réticence du gouvernement à accepter l’accord obtenu sur la communication des résultats des banques pays par pays.
FOYER
OPÉRATIONS DE CRÉDIT
ASSURANCE VIE
LuxCSD adoubé
Euresa Life en extinction
Dividende en forte hausse
La filiale luxembourgeoise du groupe P&V, commercialisant des assurances vie en libre prestation de services, est dorénavant « gérée en extinction ». Elle se sépare ainsi progressivement de sa quarantaine d’employés. La raison ? La maison mère, exploitant les marques Vivium, Piette & Partners ou encore Arces, souhaite se concentrer sur les produits d’assurance et le marché belge.
En 2011, Foyer avait réalisé un résultat net de 62,2 millions d’euros, mais il incluait la plus-value de 24,34 millions d’euros réalisée sur la vente de sa branche de réassurance Foyer Re. Pour 2012, le groupe annonce un résultat récurrent de 76,83 millions d’euros, soit une hausse de 19,3 %. Un dividende brut de 2,15 euros par action (+35,6 %) est ainsi versé aux actionnaires.
La BCE (Banque centrale européenne) vient d’approuver l’éligibilité de LuxCSD dans le cadre des opérations de crédit de l’Eurosystème (constitué par la BCE et les banques centrales nationales). « Ce label de qualité est un signal très positif », estime Patrick Georg, general manager de LuxCSD, le nouveau dépositaire de titres détenu à parts égales par Clearstream et la Banque centrale de Luxembourg.
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ÉTUDE
En alerte, les gérants de fonds consolident
Photo : SGBT
Photo : Luc Deflorenne (archives)
KPMG, le cabinet de conseil et d’audit, s’est inquiété auprès d’une cinquantaine de sociétés de gestion présentes au Luxembourg (soit un quart des acteurs sur ce créneau), de savoir quelles étaient leurs préoccupations principales. Verdict : devant l’inflation réglementaire, celles-ci s’attacheront durant les prochains mois à surveiller les coûts. Et pour mieux les contrôler, quoi de mieux que de mutualiser les activités ? Ainsi, les acteurs du marché suivent une tendance à la consolidation.
KBL
RECRUTEMENT
Trois pointures recrutées Quelques semaines après la finalisation du plan social et le départ de 136 collaborateurs, KBL European Private Bankers est passée à l’offensive sur la place luxembourgeoise. Détenue par le fonds qatari Precision Capital, la banque privée du boulevard Royal a notamment annoncé la nomination surprise au poste de CEO professional services de Frédéric Genet (photo). Ce dernier n’était rien de moins que le numéro un de SGBT (Société Générale Bank & Trust), filiale luxembourgeoise de la Société Générale, un des principaux établissements financiers du Grand-Duché. Il prendra effectivement ses fonctions en mai, suite à l’approbation de la CSSF. Dans cette fonction nouvellement créée (CEO professional services), Frédéric Genet mettra l’accent sur le renforcement des services offerts
Une femme pour SGBT
par les départements Global Investor Services, Global Financial Markets, Asset & Liabilities Management et crédit du groupe, a expliqué KBL. « Durant les trois dernières décennies, Frédéric a apporté une énorme contribution au secteur, ici au Luxembourg et en général. Je suis certain qu’il apportera une contribution encore plus importante à KBL epb, dans son nouveau rôle, puisque nous ambitionnons de faire partie des 20 plus grandes banques privées européennes d’ici à 2015 », a indiqué Jacques Peters, CEO de l’établissement, qui entend d’abord se développer en Europe. Quelques jours plus tôt, KBL avait déjà annoncé la nomination de Marc Lauwers (débauché de l’ex-branche belge de Dexia, aujourd’hui Belfius) au poste de COO et de Yves Stein (recruté chez UBP-Union Bancaire privée) comme CEO du private banking.
Quelques heures seulement après la nouvelle du départ de Frédéric Genet chez KBL, la Société Générale a dévoilé le nom de son successeur comme administrateur délégué de l’entité luxembourgeoise SGBT. Il s’agit d’une femme : Véronique de La Bachelerie, qui reste membre du comité de direction du groupe. Sa nomination prendra effet en avril.
BGL
Thill seul aux commandes
CARLO THILL
— Avril 2013
Carlo Thill, qui va bientôt fêter son 60e anniversaire, prendra seul, en mai, la tête de BGL BNP Paribas. Depuis octobre 2008, date à laquelle l’ex-Fortis Banque Luxembourg avait été rachetée par la banque française, il partageait la présidence du comité de direction
avec Éric Martin. Ce dernier, après huit ans de présence au Luxembourg, va rejoindre la direction générale de BNP Paribas. La banque, premier employeur de la place financière, avec plus de 4.000 salariés, est détenue à 66 % par le groupe BGL, les 34 % restants étant entre les mains de l’État luxembourgeois.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
FINANCE ISLAMIQUE
UBS
Encore modeste
0,18
%
Réorganisation belge depuis le Luxembourg
Selon Rachid Ouaich, président de l’association spécialisée sur le marché de la finance islamique, l’IFPA, le montant investi de façon islamique à travers le Luxembourg est de quelque 4 milliards d’euros. Cela représente 0,18 % du total des encours des fonds d’investissement gérés sur la Place.
AXA
Les primes s’envolent
Axa Luxembourg a affiché, en 2012, une hausse de 19,3 % de son résultat net consolidé à 20,2 millions d’euros. Le total du chiffre d’affaires (assurances non-vie et vie confondues) s’élève à 253,7 millions d’euros, mais ce sont surtout les volumes dégagés par l’entité vie qui ont permis une augmentation du rendement des primes, de l’ordre de 43 % par rapport à 2011.
FONDS
Nouveau record
s
rd M 9 , 5 0 2.4
Les mois se suivent et se ressemblent pour l’industrie des fonds au Luxembourg. Au 31 janvier 2013, le patrimoine global net des OPC et des fonds d’investissement spécialisés s’est élevé à 2.405,9 milliards d’euros, en hausse de 0,93 % sur un mois et de 11,54 % sur 12 mois. C’est un nouveau record historique pour les encours au Grand-Duché.
— Avril 2013
Photo : archives paperJam
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% Le siège d’UBS Luxembourg servira également de base à la future succursale.
UBS Luxembourg réorganise ses activités en Belgique, du moins sur le plan structurel. Selon L’Echo et le Luxemburger Wort, l’actuelle filiale belge va être absorbée par l’entité luxembourgeoise – d’ores et déjà actionnaire majoritaire –, afin d’en rationaliser les opérations, comme l’autorise la procédure de fusion transfrontalière simplifiée. La banque du boulevard Kennedy servira, parallèlement, de base pour
le déploiement d’une nouvelle succursale en Belgique. Une opération que la banque suisse n’a pas souhaité commenter et dont la raison pourrait être d’origine réglementaire : la succursale, qui tombera dans ce cas sous législation luxembourgeoise, n’étant pas une personne morale distincte de sa maison mère, elle ne devra pas se soumettre aux obligations liées à Bâle III…
BANQUES CHINOISES
BOURSE
Et de trois !
Un nouveau service fonds
Bank of China et International Commercial Bank of China (ICBC) ont déjà pris pied au Grand-Duché. China Construction Bank devait être la troisième banque chinoise. On en parle depuis l’automne 2012. Mais celle-ci pourrait être doublée sur le fil par China Merchants Bank, dont des représentants ont rencontré Luc Frieden, ministre des Finances, à la toute fin du mois de février.
La Bourse de Luxembourg lance une nouvelle « infrastructure de marché », pour faciliter la distribution transfrontalière des fonds d’investissement. Elle s’est associée dans cette innovation avec Altus, une société de services informatiques britannique. Fund Market Infrastructure sera opérationnelle à partir du troisième trimestre.
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Private equity
Brise ou tempête Sur scène, l’industrie locale des fonds alternatifs indique vouloir capitaliser sur le retour onshore de nombre de gérants. En coulisse, l’affaire « Wind Hellas » bouscule le petit monde feutré du private equity. La justice décidera du sens dans lequel le vent doit souffler… Texte Pierre Sorlut
ui joue avec le feu risque de se brûler. L’industrie du private equity n’est pas vraiment connue pour ses pratiques humanistes. En travaillant dans ce secteur d’activité, la place financière luxembourgeoise risque de faire face, un jour, à un retour de flamme. Il se pourrait bien que ce jour arrive rapidement. Le 23 avril, la Cour suprême de l’État de New York entendra pour la première fois les représentants des parties prenantes à des transactions qui ont eu lieu entre 2005 et 2009 au Grand-Duché. Celles-ci concernaient le troisième opérateur grec de téléphonie mobile, Tim Hellas, alors qu’il passait de mains en mains. Une société de recouvrement de fonds, Cortlandt Street Recovery, représente les plaignants, des investisseurs qui y ont perdu leur chemise. Parmi eux, SPQR Capital. Cette société de gestion a investi en août 2009 dans des titres de dette émis par Tim Hellas en décembre 2006. Son avocat, Laurie Sudwarts, indique que « d’autres banques, comme Goldman Sachs, Lloyds ou RBS s’étaient montrées intéressées. Le groupe Weather, propriétaire depuis 2007 de l’opérateur téléphonique, avait annoncé vouloir restructurer la société. En tant que fonds d’investissement, nous y avions vu une opportunité », explique-t-il. La société londonienne fondée par le Français Bertrand des Pallières a alors acheté deux tranches de dette subordonnée (c’est-à-dire celle dont le remboursement intervient après celui des créanciers privilégiés et chirographaires) et des PIK (pour payment-in-kind) notes, un produit financier payant un haut taux d’intérêt, mais dont le versement n’intervient, avec le principal, qu’à échéance. Problème : Hellas a fait faillite avant cela dans des conditions obscures. Le siège (au sens de centre of main interests ou comi) a déménagé pour Londres afin de bénéficier d’une possibilité de restructuration britannique appelée « pre-pack ». Dans ce système, la justice assure que les créanciers doivent être remboursés en fonction de leur séniorité. Ainsi, le groupe fraîchement rebaptisé Wind Hellas
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Après intervention des groupes de private equity, Tim Hellas avait perdu de sa superbe.
— Avril 2013
restructurait sa dette en novembre 2009. Son propriétaire, le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, réinjectait 125 millions d’euros et balayait en même temps, avec le soutien des créanciers séniors, 1,5 milliard d’euros de dette subordonnée… comprenant celle de SPQR et des autres investisseurs qui réclament aujourd’hui des réparations. Mais le groupe Weather n’est pas visé par la plainte, au contraire de deux mastodontes du private equity, Apax Partners et Texas Pacific Group (TPG), de leurs principaux émissaires, ainsi que d’une ribambelle de sociétés luxembourgeoises, le dépositaire Bank of New York Mellon et l’auditeur Ernst & Young. Un vrai thriller
Pour mieux comprendre, il faut rembobiner le fil de cette histoire, malheureusement révélatrice, du même coup, des ficelles du private equity. Retour en juin 2005, une époque révolue durant laquelle les investisseurs s’endettaient sans réellement se poser de questions sur la sécurité de leurs engagements financiers. Apax et TPG achetaient en février pour 1,11 milliard d’euros 80,87 % de Tim International N.V., filiale de Tim Italia détenant Tim Hellas. Le deal (y inclus frais et commissions) était alors financé par 50 millions d’euros de capitaux, 161 millions d’euros de dette super subordonnée et 1,195 milliard d’euros de facilités de crédits à court terme accordées par les banques d’investissement J.P. Morgan Chase, Deutsche Bank, Lehman Brothers et Merrill Lynch. Ces emprunts étaient remboursés le 7 octobre 2005 avec l’émission de 925 millions d’euros de notes senior et de 116,5 millions d’euros de PIK notes. Le 3 novembre 2005, TPG et Apax achetaient les parts restantes pour 263,5 millions d’euros en utilisant la liquidité du groupe. L’acquisition par Tim Hellas, en janvier 2006, de Q-Telecom pour 355 millions d’euros devenait, elle, anecdotique au regard de la situation de la dette du groupe. Car, de fil en aiguille, Tim Hellas avait perdu de sa superbe. En 2003 et 2004, l’opérateur avait réalisé un profit net de 78,8 et 106,7 millions d’euros avec une dette totale de 625 et 524 millions d’euros. Fin 2006, l’endettement total s’élevait à 3.526,7 millions d’euros et, sous la pression des charges d’intérêts s’élevant à 176,1 millions d’euros (contre 10 millions en 2004), le résultat net devenait vite
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Photo : LicenceCC
La Cour suprême de l’État de New York jugera à partir du 23 avril si les groupes de private equity américains, Apax et TPG, et leurs agents exécutants au Luxembourg, sont fautifs dans la conduite des opérations relatives à Tim Hellas au Luxembourg entre 2005 et 2009.
déficitaire : -55,5 millions d’euros au 31 décembre 2006. À cette date, le shareholders equity, pouvant être considéré comme la valeur de la société (puisqu’il s’agit de l’ensemble des actifs de la société moins l’ensemble de la dette) était négatif d’un milliard d’euros. Deux ans plus tôt, il était encore positif d’un milliard… L’endettement excessif en lui-même ne pose pas vraiment de problème à SPQR et compagnie. Bien sûr, la charge de la dette a servi de catalyseur vers la faillite, mais c’est d’un trou dans les comptes de 2006 dont les investisseurs se plaignent. Apax et TPG se sont payé un dividende d’un milliard d’euros deux mois avant de vendre la société au groupe Weather en février 2007 (Hellas pesait alors 500 millions d’euros de fonds propres et 2,9 milliards de dettes). L’outil (exotique) ayant permis aux deux groupes
d’investissement de s’octroyer une prime alors que le résultat était mauvais se nomme le CPEC : convertible preferred equity certificate cate. Il est normalement utilisé par les groupes de private equity américains pour des raisons fiscales, alternativement considéré comme un instrument de dette ou des fonds propres selon les besoins. Là, tel un cheval de Troie (du nom de la société holding luxembourgeoise, Troy, plus tard baptisée Hellas Télécommunications II), les CPEC faisaient partie de la transaction lors de l’acquisition de la cible. 49 des 50 millions d’euros d’apport de TPG et d’Apax prenaient alors la forme de 49.000 CPEC d’une valeur unitaire nominale de 100 euros. Mais en épluchant le rapport annuel du groupe en 2006, on peut s’apercevoir que le 12 avril, la valeur faciale des CPEC était passée de 100 à 1 euro et que le 21 décembre, en Avril 2013 —
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
« Si le Luxembourg se prononce et le condamne, alors la Place n’en sortira que grandie. » Laurie Sudwarts (SPQR Capital)
revanche, la société remboursait 27,3 millions de CPEC pour un montant total de 979 millions d’euros, correspondant donc à une valeur faciale de 35,8 euros. « Le montant excédentaire est donc comptabilisé comme un dividende versé sur le CPEC, qui correspond à 34,8 euros par CPEC », lit-on dans le document. Au 31 décembre, la valeur des CPEC existants avait de nouveau chuté à 1 euro. Dividende à mauvais escient
Voilà où est le problème pour les investisseurs plaignants : le rapport annuel précise bien que la société n’a la possibilité de rembourser les CPEC à une valeur supérieure à la valeur nominale, mais 0,5 % inférieure à la valeur de marché, « qu’une fois que la société n’a plus d’autre dette à payer ». Or, c’était bien loin d’être le cas en décembre 2006. De plus, en cas de remboursement au-dessus de la valeur nominale, le montant en excès est ponctionné dans les capitaux propres et apparaît comme dividendes. Il est donc difficile de nier qu’il s’agit bien de cela… Laurie Sudwarts, qui travaille sur ce sujet pour SPQR depuis plusieurs années, interprète : « Apax et TPG ont essayé de vendre Hellas en 2006, mais n’ont pas trouvé d’acheteur pour le prix demandé. Ils ont sorti l’argent eux-mêmes et utilisé les CPEC tout en sachant qu’il n’y avait pas de profits. » Est-ce légalement répréhensible ou pas ? À la justice d’en décider. Un groupe de détenteurs de dette subordonnée – pas tous – poursuit les firmes à New York, puisque les titres dont ils se sont portés acquéreurs émanent de cette juridiction. Celles-ci estiment évidemment les plaintes non fondées. Mais de nombreux reproches liés à l’exécution des transactions vont à l’encontre d’acteurs luxembourgeois qui eux ne peuvent pas être poursuivis aux États-Unis. — Avril 2013
Le rapport annuel de 2006 le précise également citant l’avocat luxembourgeois, le cabinet Arendt & Medernach. Guy Harles, l’un de ses fondateurs, a même opéré en 2005 en tant que gérant de catégorie A de Troy I, devenue Hellas Télécommunications I. Contacté, l’intéressé n’a pas souhaité commenter sur le sujet. Les malheureux investisseurs en veulent également à Ernst & Young, l’auditeur, au cabinet d’avocats qui a effectué la due diligence de la société avant le remboursement du CPEC, au bureau d’imposition qui a validé la transaction ou encore la Commission européenne qui a accepté la vente au groupe Weather. Mais est-ce que cela sera préjudiciable pour la place financière luxembourgeoise ? Le counsel de SPQR ne le pense même pas. « Cela ne devrait pas nuire davantage à l’industrie luxembourgeoise qu’au private equity dans son ensemble dans la mesure où il est ici question de briser une règle fondamentale des affaires, selon laquelle on ne sort pas plus d’argent de la société qu’elle n’en a. Surtout que les actionnaires ne peuvent pas se payer avant les créanciers. Si le Luxembourg se prononce et le condamne, alors la Place n’en sortira que grandie grandie », conclut Laurie Sudwarts. S’agirait-il d’une opportunité donc ? N’exagérons rien. Aujourd’hui, les liquidateurs anglais travaillent avec Me Claude Geiben pour collecter les informations nécessaires au bon déroulement de la liquidation. Une procédure de mise en état est ouverte à la 15e chambre commerciale du tribunal de Luxembourg. Pendant ce temps-là, le petit monde du private equity luxembourgeois continue de tourner. Son représentant le plus éminent, Hans-Jürgen Schmitz, président de l’association des professionnels et associé chez Mangrove, prétend même ignorer l’affaire « Wind Hellas » (elle est également dans son ensemble passée inaperçue de la presse locale)et préfère attirer l’attention sur les nouvelles réglementations ayant trait aux fonds alternatifs. Celles-ci représentent, elles, une opportunité, dans la mesure où elles vont attirer au Luxembourg les gérants autrefois installés offshore, dans une volonté de rassurer leurs clients, pour la plupart des investisseurs institutionnels qui accordent aujourd’hui plus d’importance à la sécurité. Le président de la LPEA (qui compte aujourd’hui 95 membres alors qu’elle n’en comptait que 27 à son lancement en 2010) ne verse pas pour autant dans l’euphorie et regarde avec méfiance toutes les directives « p ouvant potentiellement réduire l’approvisionnement des fonds fonds », ainsi que les chevauchées en solitaire du ministère des Finances sur certaines législations. Il est encore trop tôt donc, pour déterminer le sens du vent. C’est d’autant plus compliqué que la météo est très instable.
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PAPERJAM TV
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EÀ FAC CE FA
LES DIX VÉRITÉS DE
Carlo Thill Le coprésident du comité de direction de BGL BNP Paribas, interviewé sur paperJam.TV, regrette que les Luxembourgeois aient perdu une certaine envie d’aller de l’avant pour le bien-être de leur pays.
« Une fois que l’économie aura redémarré et que les banques auront mis en ordre leur bilan et respecté leurs rations réglementaires, il y aura de nouveau une tendance vers les fusions, absorptions et acquisitions. Luxembourg 3 en fera partiellement les frais. » « Il faudra que les étrangers résidents à Luxembourg acceptent d’exercer le droit de vote qu’on pourrait leur accorder. Il ne suffira pas de mettre en place un cadre législatif. »
Interview Jean-Michel Gaudron
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« Il n’y a pas, aujourd’hui, de chemin pris pour redresser le pays. Mais j’ai confiance en les prochaines élections, qui vont booster le mouvement. Il y a une prise de conscience des problèmes, et il y aura des décisions prises après 2014. D’ici là, rien ne se passera. »
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« Quand, il y a 50 ans, les hauts fourneaux jetaient leur poussière dans le ciel, c’était à chaque fois une nouvelle étape vers le bien-être du pays. Personne ne se plaignait, à cette époque-là, de cette poussière. Je regrette aujourd’hui ce temps des pionniers d’après-guerre où les gens avaient une énergie incroyable pour faire avancer le pays. »
PAPERJAM TV
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« Je serai malhonnête de dire qu’il ne reste pas des séquelles psychologiques de la crise Fortis. Beaucoup 9 de collaborateurs, mais « Je ne pense pas qu’il y aussi de clients, ont ait eu beaucoup de métiers vraiment souffert. » où les changements ont été aussi radicaux que le secteur bancaire ces dernières années. »
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« Venant d’un pays plus petit, Yves Mersch a l’avantage de comprendre qu’il y a un certain intérêt à laisser une certaine liberté d’appréciation au régulateur local. »
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« La fusion avec BGL a été gérée de main de maître. »
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« Quand un avion de Cargolux passe la nuit, on se plaint du bruit. Pourtant, un avion qui arrive et qui repart, c’est un signe d’activité et de développement du pays. On n’a plus cette hargne de se dire ‘c’est bien’ lorsqu’un avion passe ! »
« Limiter l’indexation une fois par an est déjà une bonne chose. Mais il faudra aller au-delà, comme une limite maximale des salaires à indexer. C’est une proposition constructive du patronat sur laquelle les partenaires sociaux devraient construire pour rétablir cette compétitivité. Mais l’indexation n’est pas le seul élément de compétitivité. »
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Diversification financière
Football campagne Tournée vers les hauts revenus, la place financière luxembourgeoise travaille naturellement sur la structuration du patrimoine des footballeurs. En tant que plateforme de distribution de fonds d’investissement et lieu d’ingénierie financière, elle permettrait également aux clubs d’accéder à plus de liquidité et de mieux aborder la règle du fair-play financier.
Photo : C.G avelle / PSG
Texte Pierre Sorlut
David Beckham, recruté en janvier 2013 par le Paris Saint-Germain, devrait gagner 36 millions d’euros sur la saison 2012-2013. Il jouit ainsi de la plus forte rémunération de footballeur. Pourtant, seulement 9 % de son revenu provient de son salaire de joueur professionnel. Le reste trouve son origine dans l’exploitation de son image…
L
e bihebdomadaire France Football publiait ce mardi 19 mars son classement annuel des joueurs ayant gagné le plus d’argent ces 12 derniers mois. Les revenus du vainqueur, David Beckham, récente recrue du Paris Saint-Germain version qatarie, s’élèvent à 36 millions d’euros. Lionel Messi, avec 35 millions d’euros, et Cristiano Ronaldo, avec 30 millions, complètent le podium. Zlatan Ibrahimović, l’autre recrue phare du mercato parisien, n’a lui encaissé « que » 17,5 millions d’euros, mais fait figure de joueur le mieux payé du championnat de France avec un salaire annuel de 15 millions d’euros. Sur la toile, on a longtemps glosé en pensant — Avril 2013
que telle était la rémunération nette de la star suédoise, transfuge du Milan AC à l’été 2012. Des spéculations faisaient état du versement d’un salaire brut de 25 millions d’euros pour la fourchette basse avec l’impôt actuel à 41 % et de plus de 70 millions d’euros avec le taux d’imposition de 75 % voulu par le président François Hollande pour revenus dépassant annuellement le million d’euros. Mais ces 14 millions correspondent bien au salaire brut. Zlatan Ibrahimović touche 9 millions d’euros après le passage du fisc. C’est beaucoup, certes, mais c’est bien moins que le salaire de Samuel Eto’o qui touche 20 millions d’euros annuellement au Anzhi Makhachkala, un mystérieux club russe
racheté en 2011 par le milliardaire Suleyman Kerimov. Son exil ne lui offre pour autant pas la paix. L’ancien attaquant vedette du FC Barcelone et de l’Inter Milan a défrayé la chronique en juin dernier lorsqu’un procureur catalan a fait ouvrir une enquête à son encontre pour une fraude fiscale d’un montant de 3,5 millions d’euros, cette somme correspondant au manque à gagner de versements perçus au titre de droits d’image alors qu’il jouait dans la capitale catalane. Pour se défendre, l’intéressé a chargé les épaules de son ancien agent, José María Mesalles, contre qui il a porté plainte. Mais le mal – l’atteinte à son image – était fait. Au Luxembourg, on surveille ces problématiques
Photo : David Laurent / Wili
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
…l’image dont les droits tombent dans l’assiette d’actifs déductibles du régime luxembourgeois de la propriété intellectuelle. Cet atout, mais pas seulement, contribue à placer le bucolique Grand-Duché sur la carte de la planète foot.
avec attention. Les joueurs de foot représentent des cibles privilégiées pour les gestionnaires de fortune et les conseillers. Véhicule de Lux’
Samuel Eto’o y a d’ailleurs récemment créé une société qui lui permet d’acquérir et de détenir certains actifs, comme des véhicules de luxe. Mais compte tenu du contexte politique international au sein duquel l’optimisation fiscale est largement stigmatisée et puisque l’image des joueurs constitue au moins partiellement leur gagne-pain, la place financière souhaite agir « proprement ». De nombreux acteurs se placent. Comme la fiduciaire Tax and Finance où Jean-Marie Bettinger
indique revêtir sa casquette de « family officer » pour offrir « une vision à 360° » des problématiques rencontrées par ces individus requérant des solutions sur mesure. Ainsi, dans les sociétés de conseil, et plus particulièrement chez PwC, on constate une tendance à chercher des outils réglementés et communément acceptés. Serge Saussoy, associé en charge des questions fiscales, indique « un passage de l’offshore à l’onshore » et poursuit : « La rémunération de base est taxée dans le pays où la prestation est effectuée. De ce point de vue là, on ne peut pas faire grand-chose. De plus, les clubs sont attaqués et les joueurs sont contrôlés. Il faut donc trouver une solution de proximité qui est en phase avec les internationales.» dispositions fiscales réglementaires internationales.
En rayon, l’assurance vie. Mario da Costa, chief markets officer chez International Wealth Insurer (IWI, anciennement Dexia Life & Pensions, l’entité luxembourgeoise est restée dans le groupe belge assaini et rebaptisé Belfius Bank) fait valoir une ingénierie patrimoniale pour ce type de clientèle. « Les joueurs ont besoin d’un outil de capitalisation performant durant la phase d’accumulation, tant au niveau fiscal qu’au niveau du rendement. rendement. » L’assurance vie présente plusieurs avantages, notamment pour gérer l’après-carrière. Elle permet de différer et, généralement, de diminuer l’impôt. Elle protège également une partie du capital d’éventuels créanciers cherchant à le récupérer. Enfin, l’assureur peut adapter le produit lors des changements de résidence du sportif. Le directeur chez IWI se satisfait ainsi de l’accueil du produit et témoigne que « le nombre de sollicitations va croissant et que les conseillers des sportifs sont plus sensibles à la nécessité de conformité qu’auparavant qu’auparavant ». Au régime IP
Mais le Luxembourg est surtout apprécié pour son régime de la propriété intellectuelle et la possibilité d’exonérer 80 % des revenus qui y sont liés. Pour ce qui relève de la rémunération provenant des sponsors, ceux-là versent directement des royalties aux joueurs via des véhicules ad hoc. Ces droits entrent sans problème sous la coupe de la propriété intellectuelle. Serge Saussoy souligne par ailleurs que « tout ce qui touche à l’utilisation de l’image ou du nom du joueur par le club peut également passer dans l’assiette de la loi IP. Mais parle-t-on de droit économique, de droit à l’image, de propriété légale ? Ceci est extrêmement complexe complexe », prévient-il. Une approche au cas par cas est privilégiée. Car cela ne rigole pas dans les juridictions européennes. Outre l’Espagne, la France surveille aussi scrupuleusement ses pensionnaires footballeurs. On s’y méfie du « rent a star system » dans lequel le sportif Avril 2013 —
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Photo : WorldSupercars
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Sur le web circulent photos et vidéos de l’Aston Martin accidentée (et immatriculée au Luxembourg), attribuée au joueur camerounais Samuel Eto’o.
(ou l’artiste) concède le droit d’exploitation sur son image à une société domiciliée dans une juridiction étrangère où l’imposition est moins élevée. Afin de percevoir à son tour des revenus, note-t-on sur un site d’un gestionnaire de fortune français, Hipparque, la société détentrice des droits peut soit exploiter directement l’image, soit céder à son tour le droit d’exploitation à une autre société (le club de football employeur le plus souvent) en échange d’une redevance. Ce système permet ainsi aux clubs de s’attirer des joueurs plus chers – et supposément meilleurs – que d’autres à budget égal. Mais, en mai 2009, le tribunal de Lyon a rendu un jugement condamnant le mode de rémunération de l’ancien défenseur de Lyon et de Barcelone, Edmilson, en se basant sur l’article 155 A du code général des impôts. Malgré les principes du droit européen de liberté d’établissement et de prestation de services, ledit article impose le véritable prestataire de services – en l’occurrence le footballeur – lorsque la société à laquelle il est lié est jugée par l’administration comme uniquement établie pour éluder l’impôt.
dont des internationaux belges comme Romelu Lukaku (sous contrat avec Chelsea, mais jouant à West Bromwich Albion) et Daniel Van Buyten (joueur du Bayern Munich). Ses statuts font montre d’une certaine polyvalence de la société. Celle-ci « a pour objet l’activité de représentation de sportifs, de défense de leurs intérêts sportifs ou publicitaires, d’organisation de manifestations sportives, de consultance, de publicité en matière de développement de projets sportifs et d’organisation de clubs, de prospection et de recherche de talents sportifs ou de sponsors pour compte propre ou pour compte d’autrui, et enfin, d’intermédiaire en matière de transferts ou de recrutements de sportifs sportifs ». Et un peu plus loin, on lit que « la société peut acquérir et mettre en valeur tous brevets, marques de fabrique et autres droits intellectuels et immatériels, ainsi que tous les autres droits s’y rattachant ou pouvant les compléter compléter ». Pour continuer avec les célébrités, on compte parmi les administrateurs de Profoot International, Alain Laroche, directeur administratif et financier de l’Olympique de Marseille quand le club phocéen a consécutivement connu ses heures les plus glorieuses, avec notamment une victoire, Des agents stars en 1993, dans la plus prestigieuse des coupes européennes, et ses heures les plus sombres avec, en 1994, la rétrogradation Au Luxembourg, on fait donc en sorte de donner de la en deuxième division, une exclusion des compétitions substance à ces sociétés gérant les droits à l’image d’un européennes suite à une affaire de corruption et de ou plusieurs joueurs. Bien que ce type de business soit manipulation de comptes. Enfin, tout fraîchement plutôt discret, par une simple recherche au moyen arrivée, en décembre 2012, International Sports « La rémunération and Football Management. Cette société a été du mot « foot », le registre de commerce révèle bon nombre de sociétés actives dans le créée par le médiatique ancien manager du de base est taxée « management de joueurs de football ». Dans leurs Sporting de Charleroi et dorénavant agent dans le pays où la rangs, Just Football, Cofoot Management, de joueurs, Arnaud, dit « Mogi », Bayat. prestation est Luxfoot International, Starfactory Football Mais les gestionnaires de fortunes ne sont effectuée. » Management ou encore Vision Foot. pas les seuls à lorgner sur le marché du Serge Saussoy Cette dernière est propriété de Christophe football. L’industrie des fonds d’investissement (PwC) Henrotay, agent d’une vingtaine de joueurs se presse parallèlement devant les problèmes de — Avril 2013
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Photo : Jessica Theis / jess.lu (archives)
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Après la Formule 1, Gerard Lopez et ses comparses de Mangrove investissent dans le football.
financement auxquels les clubs (AS Nancy Lorraine et AJ Auxerre dans la région) font face. Dans un registre relativement classique, il y a d’abord la société luxembourgeoise de venture capital, Mangrove Capital Partners. Celle-ci monte un fonds pour investir dans le monde du football. Ses trois managers, Mark Tluszcz, Hans-Jürgen Schmitz et Gerard Lopez, visent des prises de participation dans des clubs de « milieu de tableau », des agences de joueurs, des centres de formation ou des sociétés de gestion de droits médiatiques. Pour ce faire, 500 millions d’euros de cash et 500 millions de dettes seraient prévus. C’est en tout cas ce qu’affirmait le Financial Times en 2012. Car comme à leur habitude, les entrepreneurs du private equity luxembourgeois restent plutôt discrets sur leurs affaires tant qu’elles ne sont pas bouclées. Des fonds pour la liquidité
Parallèlement, et bien que l’UEFA, l’autorité du football européen, souhaite faire interdire la détention de droits de joueurs par des tiers, certains clubs font appel à des investisseurs pour se procurer des joueurs dont ils cèdent et achètent une partie des droits économiques. Cette pratique est interdite au Royaume-Uni et en France, mais, au Luxembourg, on fait le lien entre le joueur, le club et l’investisseur via un fonds. En Europe, les Portugais sont très actifs sur ce marché et utilisent souvent le Grand-Duché comme plateforme. Esaf International Management, qui n’est autre que la holding du groupe financier Espírito Santo, gère deux fonds. Le Benfica Stars — Avril 2013
Une libéralisation à l’extrême du marché
Fund (dont on envisage la domiciliation au Luxembourg) et du Sporting Portugal Fund. Tous deux possèdent chacun une partie des droits économiques d’une vingtaine de joueurs. Ainsi, pour se donner une idée de la complexité des transactions qui ont cours… 85 % de João Moutinho appartiennent aujourd’hui au FC Porto (coté en Bourse) et 15 % au Soccer Invest Fund. Cette part avait été acquise pour 1,66 million d’euros à Mamers BV, un fonds néerlandais qui avait lui-même acheté 37,15 % du joueur au FC Porto pour 4,12 millions d’euros. Porto a donc récemment racheté 22,5 % des droits pour 4 millions d’euros. Un autre fonds de ce genre loge au Luxembourg. Il s’agit de Gol Football Luxembourg. Cette société a racheté, en 2010, 35 % des droits du joueur colombien James Rodriguez pour 2,55 millions d’euros au FC Porto. Ce procédé de libéralisation à l’extrême du marché du foot représente évidemment un axe de diversification de la place financière à l’heure où les clubs cherchent de nouvelles sources de financement pour se procurer des joueurs. Et la tâche devrait être rendue encore plus ardue à partir de la
saison 2014-2015 quand la règle du fair-play financier entrera en vigueur. L’UEFA de Michel Platini sanctionnera le cas échéant les clubs qui dépenseront plus que ce qu’ils ne peuvent générer sur une période donnée. Seules les recettes classiques (droits TV, billetterie, merchandising, sponsoring, ventes de joueurs et primes de compétition) devront être utilisées pour acheter les perles rares. Les injections de capitaux par de riches bienfaiteurs seront, quant à elles, plafonnées. Une révolution alors que la moitié des clubs européens sont dits déficitaires. L’ingénierie financière est à pied d’œuvre. « Il y a des choses à faire faire », glisse Serge Saussoy chez PwC. Les fonds de joueurs représentent un moyen. La titrisation en est un autre, complémentaire. La Fiorentina avait ouvert la voie en 1999 en cotant des titres à la Bourse de Luxembourg. Conjointement, des méthodes comptables pourraient permettre de ne déclarer les charges de dette qu’au moment où des revenus sont engrangés par le club. La voie du sponsoring est également envisagée… Bref tout cela semble mener droit à la financiarisation du football à l’extrême. À mille lieues de là et pourtant si près, le football business luxembourgeois oppose le F91 Dudelange au FC Rodange. « Business » non pas parce que le match génère d’importantes recettes tirées des droits télé et de la publicité, mais parce qu’il oppose deux entrepreneurs du bâtiment présidents de club, respectivement Flavio Becca de Renato Costantini. Cette image donne un certain air de campagne quand, autour, les gros sous prennent le pas sur l’enjeu sportif.
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Le collectif de rap luxembourgeois présente son deuxième album, Sex, Drugs an e Prêt : un long rêve où l’on rencontre des créatures bizarres. Le 5 avril à la Rockhal
ZOOM SUR
Isabelle Marmann C’est après ses études d’art à l’université de Strasbourg qu’Isabelle Marmann (née en 1975 à Luxembourg) s’est progressivement focalisée sur la pratique du dessin, qu’elle tient à différencier de l’illustration. Elle utilise l’expérimentation graphique et le trait sous diverses formes pour plonger le spectateur dans un univers poétique où chacun pourra inventer sa fiction. « Je tiens toujours à inclure le visiteur dans ma pratique en lui offrant une amorce d’histoire qu’il pourra poursuivre selon ses propres expériences et sa lecture des mythes. » Chaque jour, Isabelle Marmann s’impose une séance de dessin, au crayon, sur des papiers de formats identiques. Cette matrice de milliers de dessins lui permet de puiser une inspiration ou
une idée lorsqu’elle met en place une exposition. Pour chaque projet, l’artiste s’intéresse au lieu de l’exposition, son architecture, son public, son ambiance. Dans le cas de D’abord, il faut que la terre s’arrête, elle a choisi de dessiner sur des papiers chinois, très fins, légèrement transparents et suspendus. « Le spectateur peut déambuler dedans et visualiser un ensemble depuis différents points de vue. » Très proche des pratiques asiatiques de calligraphie, de concentration (elle n’aime pas que l’on parle de « méditation » à tort et à travers), Isabelle Marmann livre un art à la fois doux et ironique, léger et pointu, notamment par l’association de textes aux dessins.
www.isabellemarmann.com L’exposition « D’abord, il faut que la terre s’arrête », se tient du 16 avril au 22 mai au Centre des Arts pluriels à Ettelbruck
AN S T E PH R EICHE
Le Suisse revient avec L’Envolée, soit 12 chansons folk nées en grande partie de sa collaboration avec l’écrivain Philippe Djian. Le 4 avril à l’Atelier
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La pianiste troque les volutes de la Sonate en si mineur de Liszt pour la tonalité suspendue de la Sonate d’Alban Berg et le folklore des Danses populaires roumaines de Bartók. Le 23 avril à la Philharmonie Avril 2013 —
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CULTURE
LES INCONTOURNABLES DU MOIS EUROPÉEN DE LA PHOTOGRAPHIE À partir du 24 avril, de nombreux événements et expositions se déroulent dans le cadre du Mois européen de la photographie. paperJam en a sélectionné trois à ne pas rater. www.emoplux.lu BEAT STREUL
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ARENDT AWARD
Pour sa première exposition à la galerie Nosbaum & Reding, le photographe suisse Beat Streuli, qui a fait de la population urbaine son sujet de prédilection, montre entre autres un choix de photographies axé sur sa nouvelle série « New Street » (2012 / 2013), portant sur les rues de Birmingham et Castellón. À partir du 24 avril.
Le thème de l’événement, qui questionne la photographie entre le réel et la fiction notamment dans le paysage urbain, est développé dans une exposition en trois parties : distURBANces-landEscape au Musée national d’histoire et d’art (à partir du 24 avril), distURBANces-fake&virtual worlds au Cercle Cité Ratskeller et distURBANces-Urban Utopia & Dystopia à la Fondation de l’architecture (toutes les deux à partir du 27 avril).
Remis pour la première fois cette année, ce prix sponsorisé par Arendt & Medernach récompense le meilleur artiste des 27 présélectionnés de distURBANces. Le lauréat, Dionisio Gonzalez, recevra la somme de 5.000 euros et bénéficiera d’une exposition personnelle dans les bureaux d’Arendt & Medernach à partir du 25 avril.
SÉLECTION
JEUNES ARTISTES AU RAPPORT Pour la troisième fois depuis 2007, la Triennale Jeune Création Luxembourg et Grande Région présente une sélection d’artistes émergents. Au vu du succès de certains noms présentés lors des précédentes éditions, on peut penser qu’il s’agit d’un véritable tremplin pour ces jeunes artistes. Cette année, c’est Michèle Walerich, du CNA, qui est curatrice de l’exposition. Elle a choisi d’interroger la notion de paysage, de sa forme la plus réaliste à la plus abstraite. Nos coups de cœur parmi les 25 artistes sélectionnés.
E T RÉ
R U FO U MIN D AÏ BENJA NIZAK U K – E UG È R E F IS G
Explorant la notion de limite, les artistes ont photographié de nuit les marges des agglomérations urbaines qu’il faut franchir en affrontant ses peurs. Ils livrent des cartes postales sonores, mêlant ambiances visuelle et acoustique.
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ANAÏS BOUDOT – EXUVIES
Ses images évoquent notre rapport au monde visible et la fragilité de nos perceptions en nous invitant à maintenir ce rapport d’étrangeté non résolu. Les paysages semblent familiers et solitaires, et tout à la fois étrangers et habités d’ombres.
J U LI E
G OE R GEN – STAR S HOM ES
L’artiste a reproduit en volume des maisons de stars hollywoodiennes et les a accrochées au plafond, rentrant ainsi en fusion avec l’espace d’exposition. Les spectateurs ont à leur disposition des miroirs, pour contempler le plafond. À la fois ironique et juste.
AIN BIXH OM LAU WRO S HO
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NE RIAN
En zoomant sur des détails d’ameublement de stands au Salon de l’automobile, l’artiste réinvente un paysage abstrait et impossible à situer. Disséminées dans toute l’exposition, les bandes photographiques opèrent comme des coupures.
GUILLAUME GREFF – HYSSOP
En photographiant un camp militaire où sont reproduits divers paysages urbains qui servent de décor aux entraînements, l’artiste joue sur l’illusion et le faux. Il associe ses photos à des formes architecturées.
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NOUVEAUTÉ
GOLDEN BEAN C’est à son grand-père, producteur de café en Colombie, que Federico Carrillo doit son amour et sa découverte du café. Après avoir travaillé dans un coffee shop en Allemagne pour payer ses études, il décide d’ouvrir sa propre enseigne et trouve des partenaires au Luxembourg. Son café en provenance de six pays différents (en Afrique et Amérique latine) est torréfié à Echternach. Les clients peuvent choisir non seulement l’origine, mais aussi le mode de consommation (de l’expresso au latte macchiatto). Ils peuvent le déguster sur place, l’emporter et même acheter les grains moulus ou non selon les machines domestiques.
GASTRONOMIE
LA RECETTE D’ALAIN PIERRON
jours, le chef étoilé du restaurant Pour célébrer l’arrivée des beaux tte avec un produit typique de la Les Roses nous propose une rece aître tous les secrets, il propose conn en saison : les asperges. Pour , son restaurant. Vertes et blanches aussi un cours dans la cuisine de s. erge d’asp chaudes et froides : une histoire
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lloni » froid : tailler de fines Pour les asperges vertes en « canne économe. Bien ranger d’un l’aide à lamelles d’asperges vertes Mélanger les olives, le cerfeuil, celles-ci, tailler le reste en brunoise. erge et la crème montée, d’asp la brunoise de jambon, la brunoise nge sur les lamelles méla ce ger Parta assaisonner l’ensemble. atement, réserver au frais. d’asperges juste salées et rouler délic asperges blanches en les les Pour les asperges chaudes : cuire per la cuisson dans de l’eau stop es, uant croq nt gardant légèreme julienne de jambon dans une glacée. Faire griller doucement la rbant en laissant le gras, abso er papi poêle, débarrasser sur un dans la même poêle. puis faire rôtir les asperges blanches même poêle, en cette Réserver au chaud, et toujours dans viande (ou sauce soja) de jus le igre, vina le dehors du feu, ajouter oise de poivron. et l’huile d’olive ainsi que la brun Les Roses – Casino 2000 à Mondorf rges, Cours de cuisine, autour des aspe 81 67 26 au ons mati Infor avril. le 6
IN CL EIL O D’
COOKEREI
Le mois passé, nous présentions un premier blog de recettes luxembourgeois et voilà qu’un autre vient de fleurir. Aimant autant les nourritures terrestres que spirituelles, Salomé Jeko a créé C ookerei où elle présente non seulement des recettes, mais chronique avec une belle plume diverses expériences culinaires. www.cookerei.com
DES ŒUFS ET DES CLOCHES
OÙ TROUVER DE BONS CHOCOLATS ? Les traditions autour de Pâques varient selon les pays. Si en Espagne, on mange la Mona, une brioche cuite avec un œuf dessus, en Italie, on préfère la Colomba, un gâteau symbole de paix… Mais les œufs sont partout, en Russie, en Scandinavie, en Grèce ou en Allemagne, tantôt en bois, tantôt en plâtre, parfois des vrais, parfois des faux, simples ou très décorés… Mais Pâques, c’est aussi un moment béni pour les chocolatiers, qui rivalisent d’inventivité pour présenter les œufs traditionnels, des cloches mais aussi les figurines de lapins, poussins, poissons et autres bestioles. Sélection gourmande.
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Gérard Mathes Cela fait 40 années que Gérard Mathes est aux commandes du restaurant qui porte son nom en bord de Moselle à Ahn. 40 années – dont 30 avec Jacqueline, son épouse – durant lesquelles le restaurateur ne s’est jamais départi de sa volonté de faire mieux et d’innover pour « surprendre la clientèle fidèle ». Pour célébrer cet anniversaire comme il se doit, un menu spécial a été concocté. Proposé à 73 euros – clin d’œil à la date de fondation du restaurant –, il comprend six plats et peut être accompagné, pour 40 euros de plus, des meilleurs crus des Domaines Vinsmoselle. En regardant dans le rétroviseur, il raconte que ce sont ses parents qui ont créé l’établissement. « Les touristes venaient avec les poissons qu’ils avaient pêchés et ma mère les cuisinait. » D’où la réputation du restaurant pour les poissons de la Moselle – brochet et friture, en tête. Quand il a repris la maison en 1973, Gérard n’avait que 19 ans mais avait déjà une solide expérience, puisqu’il est entré à l’école hôtelière à 13 ans.
Très vite, il entreprend des travaux et change la décoration de l’endroit, déjà en collaborant avec la peintre Élisabeth Calmes, sa cousine. Les travaux se succèdent en 1975, 1980, 1987, 1993, 2008, 2013… notre homme ne semble jamais vouloir arrêter les transformations : « Je veux rester au goût du jour dans la décoration et proposer un cadre qui corresponde à notre travail. » Il s’offre ainsi l’ajout d’une terrasse, de nouvelles couleurs, l’apport de lumière naturelle, l’agrandissement de la cuisine… Après avoir obtenu, et gardé pendant sept ans, une étoile au guide Michelin, Gérard Mathes s’est progressivement retiré de la cuisine. Il vient d’ailleurs d’engager un nouveau chef, Arnaud Le Levier, lequel est arrivé de sa Bretagne natale avec une belle expérience de cuisine, notamment en matière de poissons. « Il nous apporte des idées et des produits qu’on ne connaît pas, comme des ormeaux. » À ses côtés, Bob, le fils de la famille, fait ses premiers pas aux fourneaux… La succession est donc assurée.
Photo : David Laurent / Wili
La maison Oberweis a ouvert une nouvelle boutique au 16, Grand-Rue à Luxembourg, en face de l’ancien local. Sur plus de 900 m2 répartis sur cinq étages, ce sont tous les plaisirs gourmands qui sont à l’honneur dans un bâtiment pensé comme un écrin, dont on doit l’architecture à Hélène et Olivier Lempereur : pâtisserie, traiteur et boulangerie au rez-de-chaussée, chocolats et salon de thé au premier étage, restaurant au second. Aux cinquième et dernier niveaux, un salon de réception peut être réservé pour les repas d’affaires ou de famille.
OUVERTURE
PLAISIRS DE GOURMET C’est à la frontière de Luxembourg et de Dommeldange, au premier étage du magasin de meubles Abitare, que Le Gourmet vient d’ouvrir un nouveau comptoir. L’espace est plus petit que dans le centre commercial Laangwiis à Junglinster, mais on retrouve les tartines gourmandes réalisées avec des produits frais et grillés, des salades, des plats italiens, ainsi que des salades de fruits, des pâtisseries, des jus de fruits… On y vient aussi pour le grand rayon d’épicerie fine aux produits vraiment recherchés avec soin et attention : préparations pour risotto, huiles parfumées, confitures originales, chocolats extraordinaires… 1, rue Nennig à Luxembourg (Dommeldange)
www.restaurant-mathes.lu Avril 2013 —
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Photo : Olivier Minaire
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CITY SHOES Déjà à la tête du célèbre Chaussures Léon, Corinne Cahen vient d’ouvrir une nouvelle boutique au coin du boulevard Royal. Présentant essentiellement des chaussures pour hommes et uniquement des marques de fabrication européenne (Church’s, Santoni, Paraboots…), l’espace reprend les codes de celui de l’avenue de la Gare en exposant le stock de boîtes à chaussures. Un choix pratique (gain de place, proximité avec les clients…) inspiré d’une boutique haut de gamme de Düsseldorf.
COMMERCE
CUISINE DE COSMÉTIQUES
Après cinq années de présence Grand-Rue, la boutique Lush vient de refaire son aménagement intérieur pour dévoiler un nouveau concept : les produits sont désormais présentés sur des tables en bois brut (non traité et issu d’une source forestière durable, pour coller aux principes de la marque) dans une atmosphère cosy, comme à la maison. C’est une impression générale de convivialité et d’authenticité qui se dégage. La proximité clientvendeur est aussi renforcée par un espace pour s’asseoir et prendre le temps de trouver le produit idéal. Une occasion de redécouvrir ces produits faits, entre autres, à partir de fruits et légumes. 60, Grand-Rue à Luxembourg (centre-ville)
LOISIRS
UNE NOUVELLE SAISON DE VIDE-GRENIERS
Suite au succès rencontré l’année dernière, la Ville de Luxembourg a choisi de poursuivre l’organisation des vide-greniers chaque premier dimanche du mois, d’avril à octobre. Dans une ambiance sympathique et bon enfant, les particuliers dévoilent leurs trésors sur la place Guillaume II, qui se remplit alors de chineurs à la recherche de bonnes affaires : bibelots, jouets pour enfants, vêtements d’occasion, petit mobilier ou objets beaucoup plus insolites… Le tout est de garder l’œil ouvert ! Prochaines dates : dimanches 7 avril et 5 mai. De 10 à 17 h. Pour réserver un emplacement : www.vdl.lu
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NOUVELLE ADRESSE POUR CYRILLUS Après l’ouverture d’une boutique enfants dans la galerie marchande Auchan, la marque française Cyrillus élargit son offre et ouvre une boutique pour toute la famille au 74, Grand-Rue. On y trouve des collections pour femmes, hommes et enfants répondant à un dressing chic et intemporel, tout en restant faciles à porter au quotidien.
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CO U CŒ P DE UR
Il est un peu tôt pour commencer les « régimes pour l’été ». Mais il n’est jamais trop tôt pour entretenir son corps. Tous les coachs, esthéticiennes, diététiciennes et thérapeutes qui s’intéressent au surpoids prêchent pour leur chapelle, tous s’accordent à souligner l’importance de combiner nutrition, sport et soins pour maigrir, tonifier, augmenter la masse musculaire… Le corps se conçoit dans sa globalité. Pour autant, diverses machines aident de manière douce et non douloureuse à obtenir de bons résultats. Nous avons testé en grandeur nature. Le principe : Il s’agit de déclencher le processus naturel de lipolyse (dégradation des cellules graisseuses) pour réduire de manière sélective la masse grasse, sans modifier la masse maigre et ce grâce à des ondes basse fréquence associées à un massage drainant. Le déroulement : On applique un sérum anti-capitons sur toutes les zones à traiter, ainsi que des petites sangles pour diriger les ondes à l’endroit désiré. Puis on enfile une combinaison. La machine va gonfler, chauffer la combinaison et effectuer un massage par micropressions. La promesse : Deux tailles en moins après une douzaine de séances, avec une réduction de l’aspect peau d’orange, une perte de volume au niveau des zones enrobées et une silhouette visiblement plus ferme.
GAULTIER X LA PERLA Lorsque Jean-Paul Gaultier collabore avec La Perla, cela donne une collection de lingerie et maillots de bain ultra féminine et dans un esprit haute couture où les codes du style Gaultier et de La Perla se conjuguent à merveille. On retrouve l’imprimé tatouage sur un bikini très asiatique. Pour le thème « rubans », dessins et arabesques s’entrecroisent sur un tulle léger et délicat orné de roses tridimensionnelles. Et l’incontournable esprit marin est décliné dans une version de rayures en dentelle bleu marine sur fond blanc. On craque !
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Le résultat : Après une séance, l’effet ressenti est surtout celui d’avoir les jambes plus légères et un sentiment de dégonfler sur certaines zones. Le « mais » : La chaleur peut être un frein pour certaines, surtout en été. La zone du ventre est moins ciblée que les jambes. Chez Wellnext – 10-12, rue Léon Thyes à Luxembourg (Kirchberg)
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Explorator, l’app qui met l’eau à la bouche
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INTERVIEW
Avec Luxembourg comme décor
Faire croire qu’un bâtiment industriel est un loft new-yorkais, c’est ça la magie du cinéma. Depuis plus de 15 ans, Patrick Blocman est « location manager » ou régisseur général. Il trouve les décors les plus incroyables pour les tournages des productions et coproductions luxembourgeoises. Rencontre. Interview France Clarinval Photo Olivier Minaire
LÉGENDE NOM XXXX XXXX
Il n’existe pas réellement de formation pour le métier de régisseur général. Comment êtes-vous arrivé là ? « J’ai toujours été intéressé par le monde du cinéma. J’ai fait des études de lettres et d’histoire de l’art, ce qui s’est avéré utile pour ne pas risquer les anachronismes dans les films d’époque. J’ai commencé par divers boulots dans le cinéma, en France, puis au Luxembourg. C’est par hasard que j’ai dû faire les repérages pour un film. Progressivement, mon expérience s’est enrichie : connaissance du terrain, des responsables, des rouages administratifs, des contraintes de production… J’ai désormais une cinquantaine de films à mon actif à différents postes, depuis le repérage jusqu’à la responsabilité comme régisseur général. S’il n’y a pas d’école ou de formation, il y a quand même une série de connaissances à acquérir et de règles à respecter. — Avril 2013
Lesquelles ? Concrètement, comment se déroule votre travail ? « Puisque les règles de coproduction et de financement avec le Luxembourg exigent qu’une importante partie du tournage ait lieu au Grand-Duché, il faut déterminer quels vont être les décors que l’on peut trouver ici. Le travail de location manager commence avec la lecture du scénario. Dans le meilleur des cas, le travail se prépare en amont : le producteur va proposer une série de décors pour appâter le chaland. Mon travail sera de présenter des photos d’endroits qui correspondent au scénario. Mais bien souvent, j’interviens après, quand la liste des décors et les jours de tournage au Luxembourg ont été établis… Vous listez donc tous les décors demandés et vous partez à leur recherche. Il y a des astuces ? « Il faut comprendre les indications du
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« Luxembourg est un
chantier permanent où l’on rénove, détruit et reconstruit sans cesse. »
bourg sont des intérieurs, parfois reconstitués en studio. Mais il faut souvent raccorder les décors, c’est-à-dire unifier des scènes tournées dans différents pays : la façade à Monaco, l’intérieur à Luxembourg, la porte d’entrée encore ailleurs… C’est pour cela que c’est important de travailler avec un réalisateur et un chef déco qui ont une vision d’ensemble.
Photos : Samsa Film
Il y a donc des lieux récurrents qui servent pour plusieurs films ? « Oui, c’est vrai. Et c’est parfois à notre corps défendant : on propose plusieurs décors aux réalisateurs et ils choisissent le même, en connaissance de cause. Le Cat Club a ainsi beaucoup servi, la Villa Louvigny aussi, la Philharmonie commence à être beaucoup vue, comme d’autres espaces au Kirchberg… Le nombre de décors n’est pas illimité d’autant qu’il y a de nombreux endroits qu’on nous refuse et peu qui sont encore ‘dans leur jus’. ENTRE LE CADRE NATUREL TEL QUE PATRICK BLOCMAN LE TROUVE ET L’IMAGE DANS LE FILM, IL NE RESTE PARFOIS PAS GRAND-CHOSE. ICI, LE PAVILLON JAPONAIS AU LAC D’ECHTERNACH POUR HOT HOT HOT.
réalisateur et du chef décorateur, comprendre le projet et les exigences du réalisateur. Je fais beaucoup de recherches sur les cadres réels qui sont dans le scénario. Par exemple, pour Möbius, j’ai travaillé sur l’architecture russe, sur les vrais bureaux du FSB. Ensuite, j’effectue des recherches spécifiques, avec les images de ce qui est attendu. Le repérage nécessite de la patience et une connaissance du pays et, bien sûr, une bonne mémoire. On écume les agences immobilières, on cherche sur des cartes, dans des documentations… J’ai des milliers de photographies classées par thèmes pour pouvoir puiser dans ces souvenirs. L’expérience est un ingrédient important, la connaissance du monde aussi. Quand on lit ‘appartement parisien’, il faut savoir que ce ne sont pas les poutres et pierres luxembourgeoises ou les briques bruxelloises… Vous trouvez toujours ? « Quand il s’agit d’un film luxembourgeois qui se passe à Luxembourg, comme récemment Doudege Wenkel, le travail est plus facile. La ville ou le pays peuvent ou doivent être reconnaissables. La difficulté est de trouver des endroits qui pourraient être Paris, Berlin ou New York. Il nous faut utiliser des coins de rue ou des bâtiments neutres. On ne peut pas tout faire et tout repérer au Luxembourg, mais nous avons de belles choses à proposer. Quand on ne trouve pas exactement ce qui est demandé, on fait des propositions alternatives soit en cherchant d’autres scènes pouvant être tournées au Luxembourg, soit en montrant que le scénario ne serait pas gravement modifié par un changement de cadre. Bien sûr, la technologie permet des merveilles, avec les fonds verts ou les reconstitutions en studio. Qu’est ce que Luxembourg a de bien à proposer en matière de décors ? « La nature et le côté sauvage des Ardennes sont un grand atout. On a pu y tourner de nombreux films, comme Les Géants de Bouli Lanners, ou Dust de Max Jacoby. Les rochers, grottes de la Mullerthal ont de nombreux atouts aussi. J’aime beaucoup les cadres industriels du sud, où nous sommes généralement très bien accueillis. Les anciens bureaux de l’administration du laminoir de Dudelange ont ainsi été tour à tour un appartement d’Amsterdam ou de Berlin, un loft de New York, un commissariat de police français… La plupart des scènes tournées au Luxem-
Vous vous heurtez à de nombreux refus et difficultés ? « Je suis très déçu de l’attitude fermée de certaines administrations et bâtiments publics qui refusent systématiquement toutes les demandes, soit par principe, soit parce qu’ils ont vécu de mauvaises expériences. Il faut reconnaître qu’une équipe de tournage, c’est assez envahissant. Mais quand on travaille en professionnel, avec le respect des lieux et des règles de sécurité ou de confidentialité, il n’y a pas de risque de dégradation. J’espère pouvoir tourner aux Casemates, au Cercle Cité ou chez ArcelorMittal, qui nous sont toujours fermés. Il y a aussi le problème du prix : il y a des milliers de bureaux vides dans lesquels ce serait facile de tourner sans déranger personne. Mais pour quelques jours de tournage, les promoteurs demandent de payer tout le mois… Ces bâtiments correspondent à ce que vous recherchez ? « C’est une des autres grandes difficultés de Luxembourg : c’est un chantier permanent où l’on rénove, détruit et reconstruit sans cesse. C’est donc très difficile de trouver des lieux fidèles à une époque. Il y a beaucoup de rénovations ou d’ajouts contemporains qui rendent certains décors inutilisables. Alors quand certains bâtiments, en particulier les bâtiments publics, respectent l’histoire des lieux, c’est dommage de ne pas pouvoir y tourner. J’ai dans mes archives de photos des tas de bâtiments qui n’existent plus… Cela pourra servir comme témoignage ou base de documentation pour d’autres projets. Une fois les lieux trouvés, quelles sont les étapes suivantes ? « En fait, on avance plusieurs pions en même temps : il faut commencer par les lieux les plus importants, soit dans le scénario, soit pour le nombre de jours de tournage. Progressivement, on travaille sur les autorisations, sur les dates de disponibilité des lieux en fonction des disponibilités des acteurs… Il faut établir des contrats, souscrire des assurances. Au moment du tournage, je suis généralement le premier arrivé et le dernier parti : sécuriser les lieux, gérer les accès, assurer que rien ne soit endommagé, suivre l’équipe déco… et puis la remise en place selon l’état des lieux à l’entrée, quand c’est terminé. J’engage mon nom, ma réputation et celle de la production. Il n’y a pas de place pour l’improvisation ou pour l’erreur. Comment voyez-vous l’avenir, notamment avec la nouvelle loi sur les aides sélectives ? « Un des aspects intéressants et positifs de la nouvelle loi est son ouverture à la Grande Région. En effet, faire croire aux rues de Paris sera plus facile à Metz qu’à Luxembourg. Cela multiplie les décors possibles et ouvre donc de nombreuses possibilités pour tourner dans le réel et non dans le reconstitué. » Avril 2013 —
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e l y St ch t a w
ur ne noct é t i v B ar ’acti r de l le Marx u e s r , u h Préc Holleric s 20 ans. -là ? se de oir t i fêta -vous ce s iez port Qu e
ADEM porte une veste Zara et un jean East & West Berlin
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JENNY, à gauche, porte un pantalon G-Star,
JEAN-PIERRE tenait à être de la partie avec
accompagnée de VIOLA qui porte un pull Sisley
SIMONE qui porte une jupe Hôtel Particulier
EDIMEI, à gauche, a choisi un t-shirt vintage
PITT est vêtu d’une veste de costume sur mesure de Ricky Vaswani,
pour s’accorder à GIANLUCA et ses baskets Onitsuka Tiger
ISABELLE porte un total look Retrovolver et Jeux de Dames
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SABRINA porte un chemiser Comptoir des Cotonniers et agrippe la chemise Boss de JEFF
ORIANA a habillé ses lèvres d’un rouge à lèvres Yves Rocher
Une robe Zara habille MAXIME
et tente de voler le sac Guess de MARTINE
CLAUDE a opté pour un pantalon coloré Boss
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AVRIL 2013
AVRIL 2013 Management
Économie Politique Entreprises Place financière
se trepri t d’en Espri pportunités ts O s coû ise de e Maîtr ouvernanc G Dossier : ENTREPRENEURIAT
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à la démocratie luxembourgeoise
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Pour l’intégration des étrangers
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AVRIL 2013 Paru le 28 mars 2013
Cahier « Économie & Finance » Directeur de la publication Mike Koedinger Directeur de la rédaction, rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Conseiller éditorial Marc Gerges Directeur artistique Maxime Pintadu ISSN 1992-4275
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Conseil : repenser l'avenir du pays
Business Administration
Des demandes complexes à mieux maîtriser
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Faire tourner la roue technologique
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Savoir répondre vite et bien
Communication
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Impression Imprimerie Centrale, Techprint
Prochain numéro : 25 AVRIL 2013
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PROCHAIN DOSSIER Fonds d’investissement Le Luxembourg, premier centre européen de fonds d’investissement, dispose de nombreux atouts pour conserver et renforcer son leadership. État des lieux.
INDEX
INDEX A ABN Amro Luxembourg 72 ACL 55 AD Vivre 59 Ada 66 Adehm Diane 34 African Women Movement 34 Agence du bénévolat 66 AJ Auxerre 88 ALD Automotive 66 Alfi 12 Altus 80 Amazon 24, 74 Amcham 12 Anzhi Makhachkala 88 Apax Partners 62, 82 ArcelorMittal 63, 66 ArcelorMittal Differdange 64 Arces 77 Arendt & Medernach 49, 66, 82 Arthur and Sonia Labatt Brain Tumour Research CentreHospital for Sick Children 62 AS Nancy-Lorraine 88 Association Don de moelle 66 Association pour le droit à l’initiative économique 66 ASTF 66 Atoz 42 Aubier Stéphane 26 Axa 66, 80
B Bank of China International 80 Bankhead Troy 38 Banque de Luxembourg 21 Banque Havilland 91 Banque Privée Edmond de Rothschild Europe 72 Barreau de Luxembourg 44 Barthelmé Pierre 14 Bastien Nancy 66 Bati C 72 Bausch François 77 Bausch Romain 61 Bayat Arnaud 88 Bayern Munich 88 BCE 77 BCEE 34, 46, 56 BCL 26, 77 Becca Flavio 23 Becker Norbert 42 Beckham David 88 BEI 77 Belfius 78, 88 Bellion Tom 14 Bertelsmann 61 Berwick Alain 42 Bettel Xavier 42 Bettinger Jean-Marie 88 BGL BNP Paribas 55, 66, 72, 78, 86 Bibliotheca Hertziana –MPI für Kunstgeschichte 28 Biever Robert 24
Bil 49, 56 Biltgen François 23, 27, 28 Bintz Jean-Claude 42 BIP Investment Partners 63 Bley Pierre 43 BNP Paribas 78 BNP Paribas Fortis 66 Bock Georges 43 Bodry Alex 43 Bourse de Luxembourg 80 Brasserie Nationale 63 Brauch Jacques 72 Brausch Freddy 43 Broccol-e-games 74 Bureau Moderne 25 Business & Society Belgium 66
491 personnalités & entreprises ont été citées sur les 116 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
Conseil économique et social 48 Conseil national des femmes du Luxembourg 34 Cortlandt Street Recovery 82 Costantini Renato 88 Cour de justice de l’Union européenne 27 Croix-Rouge luxembourgeoise 66, 72 CRP Henri Tudor 12 CRP-Santé 62 CSL 48 CSSF 77, 78 CSV 34 CTG 65
D
C Caceis 61 Cactus 52, 62 Capita Fiduciary 61 Cargolux 63, 86 Caritas 66 Carmignac 77 Castegnaro 66 Celsa 54 Centre de transfusion sanguine de la Croix-Rouge luxembourgeoise 66 Ceratizit 48 CFL Cargo 64 CGFP 47 Chambre de commerce 12, 24, 46, 48, 54, 72 Chambre des fonctionnaires 48 Chambre des métiers 48, 61 Chambre des salariés du Luxembourg 48 Château du Bois d’Arlon 64 Chelsea 88 China Construction Bank 80 China Merchants Bank 80 CLC 49 Clearing House for Intellectual Property 62 Clearstream 55, 77 Coeli 77 Cofoot Management 88 ComBenel 62 Commercial Bank of China 80 Commission européenne 23 Concept Factory 14 Conseil d’État 34, 72
da Costa Mario 88 Dames de cœur asbl 66 de La Bachelerie Véronique 78 de la Croix David 12 De Naeyer Wim 62 Debyser Geert 62 Decker Luc 27 Deficom Telecom 62 déi Gréng 34 Delhaize 66 Deloitte Luxembourg 46, 62, 66, 72 Denis Sabine 66 Dennewald Robert 34 des Pallières Bertrand 82 Deutsche Bank 82 Deutsche Welle 74 Dexia 78 Dica-Lab 74 Diederich René 44 Docler Holding 61 Dondelinger Germain 28 Dondlinger Mady 64 Dourson Jean-Luc 44 Drooglever Marjolijne 72 Duck Duck Moose 74 DuoDecad 61 DuoDecad IT Services 61 Dury Patrick 44
E Ecowash Mobile 66 Editpress 46, 53 Edmilson 88 EFA 53 EHP 66 Élisabeth 66 Elite Advisers 57 Entreprise des P&T 50, 54, 72 EPI (Encouragement, promotion, intégration) asbl 66 Ernst & Young 14 Ernster Fernand 44 Esaf International management 88 État luxembourgeois 78 Eto’o Samuel 88 Euresa Life 77 Europa Donna asbl 66
F F91 Dudelange 88 Faculté de Droit, d’Economie et de Finance de l’Université du Luxembourg 28 FC Barcelone 88 FC Rodange 88 Fédération nationale des femmes luxembourgeoises 34 Federspiel Carine 72 Femmes Leaders 34 FFCEL 34 Finck Jean-Claude 46 Fiorentina 88 Fisch Norman 12 Fischer Rafik 72 Flamand Thierry 72 Flurry Analytics 74 Fonck Danièle 46 Fondation de Luxembourg 72 Fondation Kräizbierg 66 Fonds social européen 66 Fortis Banque Luxembourg 78 Forum 54 Foundreams 74 Fox 38 Foyer 77 Foyer Re 77 France Football 88 Francis Yves 46, 72 Frieden Luc 24, 72, 77, 80 Fund Market Infrastructure 80
G Gartner 74 Geiben Claude 82 Genet Frédéric 78 Georg Patrick 77 Gill Laetitia 66 Gillen Victor 72 Gol Football Luxembourg 88 Goldman Sachs 82 Gramegna Pierre 46, 48 Greenpeace 66 Groupe Utopia 48 Grulms Fernand 27 Gruss Peter 28
H Haag Émile Halba Bénédicte Harles Guy Heintz van Landewyck Hëllef Doheem Hëllef fir de Puppelchen asbl Henrotay Christophe Hentgen Pit Hermes Hess Burkhard Hetto-Gaasch Françoise Hilb Martin Hipparque Hirdman Tonika Hoffmann Anne Hoffmann Gérard Hollande François Hôtel Le Royal Hoyer Werner Hudson HypoVereinsbank
I IBM 62 Ibrahimović Zlatan 88 ICANN 62 IFPA 80 IMS Luxembourg 66 IMS-Entreprendre pour la Cité 66 Indiact 66 INDR 12, 71 ING Luxembourg 66 Inkids 74 Insead 34 Institut de recherche et d’information sur le volontariat 66 Institut luxembourgeois des administrateurs 34 Inter-Actions asbl 66 International Wealth Insurer 88 Iwi 115
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
Berlitz – A Global Education Company ( for 134 Years )
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INDEX
J J.P. Morgan Chase Jansen Jan Juncker Jean-Claude Just Football
82 62 24, 54 88
Luxembourg’s Trade and Investment Office Luxemburger Wort Luxfoot International Luxforge LuxGSM LuxX
27 54, 80 88 61 2, 48 34
M
K Kaempff Guill 47 Karpenko Tetyana 74 Kasel Jean-Jacques 27 Kauffmann Pascale 38 Kazlauskaite Ema 38 KBL European Private Bankers 72, 78 Kerimov Suleyman 88 Kinetic 77 Kneip Gary 48 Knill Wolfgang 28 Knott Rita 34, 74 Koedinger Mike 38 Kovacheva Snezhina 38 KPMG Luxembourg 43, 78 Krombach Charles 72 Krombach-Meyer Rita 72 Kuhn Roland 48 Kunsthistorisches Institut 28
L L’Echo 80 L’essentiel 27 La Bâloise 19 Laboratoire Ketterthill 44, 66 Lakehouse 42 Lalux 47 Lamparski Frank 64 Lanners Jacques 48 Laroche Alain 88 Lauwers Marc 78 LCGB 23, 34, 44, 51 Lehman Brothers 82 Lessel Carlo 72 Li John 72 Librairies Ernster 44 Libramont 4 Linklaters 43 Linklaters LLP 72 Lloyds 82 Lobby européen des femmes 34 Loesch Guy 72 Lopez Gerard 88 Loud Crow Interactive 74 LSAP 34, 43 LTCO 85 Lucas Marie-Hélène 72 Lucilivines 34 Lukaku Romelu 88 Luxair 63 LuxairTours 14, 66 LuxCSD 77 Luxembourg City Tourist Office 14, 17 Luxembourg School for Finance 79, 93
m3 Architectes 72 Mackel Nicolas 27 Maison du Coaching, Mentoring et Consulting 34 Mamers BV 88 Mangrove Capital Partners 82, 88 Marco Aldany 62 Margue Charles 48 María Mesalles José 88 Martin Éric 78 Massachussets Institute of Technology 28 Max Charles 74 Max Planck Florida Institute 28 Max Planck Institute Foundation Luxemburg 28 Max Planck Institute Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law 28 Max Planck International Research School 28 McKinsey 34 Médecins sans frontières 66 Mediation 66, 85 Menuiserie Kraemer 97 Melusine Productions 26 Merrill Lynch 82 Messi Lionel 88 microStart 66 microStart scrl 66 microStart Support asbl 66 Milan AC 88 Mille Marco 27 MindConnex Learning 74 Mini 13 Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur 27, 66 Ministère de l’Égalité des chances 34 Ministère de la Santé 61 Ministère du Tourisme 14 Mittal Lakshmi 62, 63 MNKS 52 Moayed Vafa 72 Montebourg Arnaud 62 Mortelmans Olivier 72 Mosar Laurent 32 Mouget Didier 49 Mousel Paul 49 Moutinho João 88 Mouvement de libération des femmes 34 MPI für Psycholinguistik 28 Multi-Learn Institute 74 MyclimateLux 66
N
R
Natur & ëmwelt asbl Nestlé Nomura Research Institute Nothum Thierry Numericable Belux
66 66 61 49 62
O Observatoire de l’habitat Office national du tourisme OGBL Ogiermann Ulrich Oliver Wyman Olympique de Marseille Olympique Lyonnais Orange Ouaich Rachid
26 14 50 63 63 88 88 116 80
P Pall Center paperJam.TV Paris Saint-Germain Patar Vincent Paul Wurth Pauly François Pauly Michel Peckels Paul Peters Jacques Philias Piette & Partners Pinnel Roland Planck Karl Ernst Ludwig Max Platini Michel Poirier Philippe Polygone Precision Capital PwC
57 34 88 26 54 49 42 72 78 66 77 14 28 88 54 66 78 49, 61, 66, 88
Q Qatar Airways Quest
63 66
Radio socioculturelle 100,7 64 Rahna asbl 66 RBS 82 Reding Jean-Claude 48, 50 Reding Viviane 34 Regus 6 Renner Benjamin 26 Roelants Stéphan 26 Roland Berger 63 Rommes Jean-Jacques 50 Ronaldo Cristiano 88 Rosenfeld Marc 50 RS Namur Property 64 RTL Group 61 RTL Luxembourg 42 RTL Télé Lëtzebuerg 54 Running Nation 31
S Sacred Heart University 12 Sales Marc 50 Santer Jacques 24 Saussoy Serge 88 Sawiris Naguib 82 Schaack Isabelle 72 Schadeck Raymond 50 Schaefer Marc 14 Scheer Marc 24 Scheidecker Katia 50 Schengen Travel 14 Schintgen Roby 64 Schmit Nicolas 12, 23, 34 Schmitz Hans-Jürgen 82, 88 Schneider Étienne 54 Schonckert Laurent 50 Schwall-Lacroix Annette 34 SD Worx 64, 66 Seale Thomas 50 Seeuws Hans 62 Sermelux 64 SES 61 SGBT 78 Simon Nico 50 Soccer Invest Fund 88 Société Max Planck 28 Sodexo 101 Sold Alvin 50 Soludec 72 Solvi Marc 54 Sporting de Charleroi 88 SPQR Capital 82 SREL 27 Standard Chartered 77 Starfactory Football Management 88 Statec 23, 48 Stein Yves 78 Steve Remesch 24 Strasser Claude 54 Studios 352 26 Sudwarts Laurie 82
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
T Tango 63 Tarrach Rolf 12, 54 Tax and Finance 88 Telecom Luxembourg Private Operator 64 Telindus 39, 42 Tesch Daniel 55 Tessler Jeffrey 55 Texas Pacific Group 82 The Directors’ Office 72 The Economist 61 The Loupe 74 The Network 34 Thelen Carlo 24 Thill Carlo 55, 78, 86 Thoma Françoise 34, 56 Tim Hellas 82 Tluszcz Mark 88 TNS-Ilres 26, 48 Travel Magazine 14 Tribunal de commerce d’Arlon 64 Trust 81
U UBP-Union Bancaire privée 78 UBS Luxembourg 66, 80 UCL 12 UCVL 42 UEFA 88 UEL 43, 57 Université de Heidelberg 28 Université de St Gallen 34 Université de Vienne 28 Université du Luxembourg 12, 28, 54, 74
V Valentiny François Van Buyten Daniel Vanbever Thierry Villalobos Rosa Vision Foot Vivium von Harnack Adolph Voyages Sales-Lentz
56 88 64 34 88 77 28 50
W Wagener Frank 56 Wagner Claude 72 Weather 82 Weides Fernand 64 West Bromwich Albion 88 Wickler Christiane 34, 57 Wildgen, Partners in Law 66 Willaert Robrecht 14 Wilmes Jos 24 Wilson Mascherin Miriam 57 World Travel & Tourism Council 14 Wurth Michel 57, 72 WWF 66
Z Zhang Yong Ziegler Gudrun Zitha Senior
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OPINION
I OPI N
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Photo : David Laurent / Wili
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Claude Frisoni Futur ex-directeur, Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster
La matière grise, matière première du futur…
L
es statistiques démontrent qu’alors que les secteurs industriels autrefois dominants perdent des emplois, le secteur culturel ne cesse de prendre de l’ampleur. Au plan européen, l’emploi culturel représente 3,8 % de l’emploi total. Pour 25 pays, la contribution de ce secteur à la croissance atteignait, en 2003, 6,6 %. La même constatation vaut pour le tourisme culturel. Pourquoi le premier pays touristique du monde reste-t-il la France, avec plus de 80 millions de visiteurs en 2011 ? Une étude Ipsos conclut que le premier critère d’attractivité du pays est d’ordre culturel ! Ceux qui ont eu la lucidité courageuse d’investir dans le passé pour valoriser et préserver le patrimoine, comme ceux qui aujourd’hui donnent la parole aux créateurs, ont mis en place les conditions de ce succès… Avec des emplois non « délocalisables » ! La culture et le tourisme culturel sont donc d’ores et déjà des secteurs porteurs de développement économique. Mais les enjeux sont encore plus importants. Car ce n’est pas sur le coût du travail, encore — Mars 2013
moins sur les disponibilités en trésorerie, que l’Europe peut concurrencer les pays émergents. C’est sur l’excellence et l’innovation. C’est sur la capacité créatrice et l’inventivité. Or, s’il est un domaine qui reste l’empire de la création, de l’imagination, de l’invention, de la fantaisie, du savoir-faire… c’est bien celui de la culture, qui est aussi celui de l’intemporel. Le patrimoine classique d’aujourd’hui n’est rien d’autre que la création contemporaine d’hier. Quand un artiste crée, il prend un risque, il s’appuie sur l’acquis pour s’en éloigner, se projeter dans l’avenir. Créer, ça n’est pas partir de rien. C’est s’en aller de tout. La question se pose donc non seulement de l’utilisation des aptitudes à l’innovation des artistes et des créateurs, mais aussi de la façon de conférer à leur approche une valeur d’exemplarité et d’incitation pour les autres domaines. Par ailleurs, l’ensemble des nouvelles technologies de la communication et la multitude des nouveaux tuyaux attendent des contenus originaux. Ces nouvelles industries culturelles, en plein essor, ont un besoin pressant
de produits. La qualité de ces contenus dépendra de celle des auteurs, mais également de la façon dont ils seront traités. Les problèmes de propriété intellectuelle, de valeur de l’immatériel doivent être abordés avec le souci de la juste rétribution des auteurs et de la préservation de leurs droits, moraux et financiers. À côté de gigantesques enjeux commerciaux, l’émergence d’une société du savoir véhicule de plus décisifs enjeux sociétaux ! Et, sauf à se faire confisquer l’essence même de leur apport à la communauté, les acteurs culturels se doivent d’être vigilants. Le comble serait qu’alors même qu’on reconnaît à la culture son rôle de levier économique, on cherche en même temps à la priver de ce qui fait son essence en la réduisant à une source de profits ! Le résultat serait désastreux du point de vue éthique, et catastrophique d’un point de vue économique, puisque ce qui fait la force de la culture lui serait enlevé et que, dès lors, elle ne pourrait plus offrir ce qu’on attend précisément d’elle… En amputant la culture de sa vertu, on se priverait aussi de ses vertus !
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