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ÉDITO
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par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction, rédacteur en chef – paperJam
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L’INDEX GARDE LA MAIN
L
a scène s’est déroulée le 1er octobre chez Namur, en clôture d’une heure et demie de débats organisés par paperJam, ayant mis aux prises Xavier Bettel, François Bausch, Jean-Claude Juncker et Étienne Schneider. Au moment où le public était invité à poser ses questions, Robert Dennewald, qui ne sera bientôt plus président de la Fedil, interpella d’abord les quelque 300 spectateurs présents, en demandant qui était favorable à la suppression de l’indexation automatique des salaires, jugée depuis toujours par le patronat comme un frein majeur à la compétitivité des entreprises. Sans doute a-t-il reçu un gros coup au moral en ne voyant se lever, au final, qu’une poignée de mains très clairsemées dans l’assistance. La pertinence – scientifique et statistique – de l’échantillon représenté à cet instant est évidemment discutable, mais cela envoie tout de même un signal fort : le débat sur le maintien – ou pas – du système d’indexation automatique des salaires a pris une volée de plombs dans l’aile.
Hasard savoureux : cette scène s’est déroulée le jour même où a été déclenchée une nouvelle tranche indiciaire, la seule, donc, qui aura cours cette année, conformément à ce que le gouvernement a décidé fin 2011. Du reste, début octobre, dans son dernier « cahier », la Banque centrale a anticipé un taux d’inflation tel pour les prochains mois qu’une nouvelle tranche est attendue pour octobre 2014. Longtemps, on a cru que la question de l’indexation automatique des salaires figurerait parmi les sujets phares de la campagne. Mais peut-être paie-t-elle, aujourd’hui, la surexposition dont elle a fait l’objet il y a 18 mois. Toujours est-il que les partis politiques, à quelques nuances près, sont relativement d’accord sur le maintien du système en vigueur en ces temps de crise. Tout juste certains plaident-ils pour un travail, « en amont », destiné à juguler les tendances inflationnistes dont souffre le pays. Auquel cas le mécanisme n’aurait évidemment aucune raison de s’enclencher… Difficile d’imaginer plus grande divergence
entre dirigeants politiques et patronat, lequel insiste, inlassablement, sur la nécessité d’une désindexation générale de l’économie, c’est-à-dire des contrats de service, des loyers, des salaires et des prestations en tous genres. Le problème est que le mécanisme entériné par les députés en janvier 2012 n’a été prévu que pour les années 2012, 2013 et 2014. Ce qui veut dire que l’année prochaine, immanquablement, les débats reprendront, tôt ou tard, pour savoir ce qu’il adviendra au-delà de cette échéance. Il s’agira, pour le prochain gouvernement, d’un des premiers dossiers « tripartites » concrets à finaliser dans des délais qui seront nécessairement rapprochés. Une entrée en matière forcément révélatrice de l’atmosphère qui sera celle de la prochaine législature. Dans la première année d’existence de la future coalition – peu importe le nombre de couleurs qu’elle portera –, au moins faut-il espérer que l’ambiance ne sera pas aussi « pourrie » que ne l’a été la fin de la précédente. Sans quoi les cinq prochaines années risquent de passer très lentement…
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SOMMAIRE
SOMMAIRE
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ARTISANAT, COMMERCE ET PME
Vision pour restaurer la confiance
Les maillons incontournables de l’économie luxembourgeoise tentent de tirer leur épingle du jeu, entre effets de crise et opportunités. Le prochain gouvernement pourrait utilement les aider.
ON EN PARLE
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COMMERCE URBAIN
Faillites et communications en pagaille
Après les fermetures de boutiques en ville, des repreneurs se manifestent. Dans une certaine cacophonie, on réactive les potentiels remèdes juridico-administratifs.
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SECTEUR MARITIME
L’économie bleue passe au vert Le Cluster maritime a cinq ans et 45 membres. Cette niche fertile au coeur du secteur logistique aspire à devenir un modèle de « green shipping » sous un pavillon de renommée internationale.
ENTREPRISES
ÉCONOMIE & POLITIQUE
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« Une entreprise de 170 employés »
RENÉ DIEDERICH
« La justice doit être respectée et crédible » Le bâtonnier revient sur les récentes affaires qui ont secoué le paysage politico-économique du pays et plaide pour une modernisation accrue de l’appareil judiciaire du pays.
STEPHAN GEHMACHER
Le nouveau directeur dit ses attentes et ses espoirs pour l’institution. Il entend développer les partenariats avec le monde privé, y compris de la part de personnes individuelles.
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ÉGLISE S.A.
L’Archevêché s’ouvre de l’intérieur
Malgré la publication des comptes annuels, dans une volonté de transparence, l’influence réelle de l’Église dans l’économie n’apparaît pas nécessairement dans le bilan. Plongée dans les chiffres.
TOP 5
DES ARTICLES LES PLUS LUS SUR PAPERJAM.LU DU 6 SEPTEMBRE AU 3 OCTOBRE 2013 1. Rideau sur une série de boutiques en ville (lu 5.199 fois) 2. DSK à la tête d’une banque d’affaires à Luxembourg (lu 4.591 fois) 3. Ladurée sur la sellette (lu 4.547 fois) 4. Sociétés et licenciements en cascade (lu 3.531 fois) 5. Commerces en faillites : une lourde addition (lu 2.941 fois)
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START-UP
Un contenu qui fait recette
Every-1 a créé Recipay, la plateforme web sociale qui rémunère les recettes de cuisine envoyées par les internautes. De quoi réinventer le marketing en créant un lien direct marque–consommateur.
PLACE FINANCIÈRE
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JUSTICE
Carlos Zeyen, la cible
Le magistrat luxembourgeois a craqué. En arrêt prolongé, il a démissionné de la vice-présidence d’Eurojust et doit revenir au pays. Mais l’ancien avocat d’affaires semble lâché par le gouvernement.
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SHADOW BANKING
Le bon éclairage pour sortir de l’ombre
L’intermédiation de crédit parallèle au système bancaire classique est en phase de régulation internationale. La Place luxembourgeoise, bien concernée, ne veut rien négliger et tout expliquer.
96
PRIVATE BANKING
Le moral dans les chaussettes… mais il y a de l’espoir ! L’étude de PwC laisse entrevoir une certaine détérioration de la rentabilité des banques privées au Luxembourg. En attente de rebond, les établissements trient les clients, dont le profil change.
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SOMMAIRE
SOMMAIRE COVERSTORY
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Les partis sont en pleine campagne. Dans la dernière ligne droite avant le 20 octobre, plongée dans le débat, les programmes et ce qu’en disent les candidats.
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ÉTIENNE SCHNEIDER (LSAP)
CONTENU
« Il y a beaucoup de réformes qui ne feront de mal à personne »
Demandez les programmes
Finances publiques, place financière, institutions, enseignement, emploi et chômage, logement, diversification économique… Les grands thèmes tracés dans le texte et commentés.
La tête de liste du parti socialiste, porté par 16 mois plutôt convaincants à la tête du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, souhaite une réinvention du modèle luxembourgeois et du fonctionnement de l’État. Une simple question de courage politique…
54 FRANÇOIS BAUSCH (DÉI GRÉNG)
« L’État ressemble trop à une boite noire » La figure emblématique des Verts plaide pour plus de transparence dans les décisions, une participation accrue de la population dans les processus décisionnels, sans pour autant enlever aux politiques la responsabilité de la décision finale.
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XAVIER BETTEL (DP)
JEAN-CLAUDE JUNCKER (CSV)
« Entrer au « Je reste gouvernement, inquiet quant non. Former un à l’évolution gouvernement, future des oui » finances Le président du parti libéral a publiques » toujours clamé sa préférence pour sa fonction de bourgmestre de la Ville de Luxembourg. Mais dans des circonstances très favorables pour son parti au terme des élections, rien ne dit qu’il n’accepterait pas de prendre ses responsabilités.
64 DÉBAT PAPERJAM
« Les pistes de sortie de crise »
Après notre soirée-débat en présence des quatre leaders des partis traditionnels, retour sur ce qu’ont dit les invités politiques et les décideurs du pays présents dans la salle.
Le Premier ministre, chef de file du parti chrétien social, va participer à sa 7e campagne législative. Il défend sa façon de gérer les comptes de l’État et prône une rigueur réfléchie pour espérer retrouver un équilibre à l’horizon 2017.
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SOMMAIRE
SOMMAIRE
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DÉSIRS Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch
Zoom sur... Michael Sanctobin
LIFESTYLE ET PLUS
CULTURE
Graphiste autant que grapheur, le jeune artiste a plusieurs projets dans son sac dont une fresque au Mudam et une édition limitée d’une écharpe en soie.
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SÉLECTION
Cinéma et musée Notre sélection dans le programme de l'Université populaire du cinéma et parmi les animations et expositions de la Nuit des musées.
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Nouveautés gourmandes
Nouveaux restaurants, nouveaux chefs, recettes et millésimes prometteurs... on vous met l'eau à la bouche.
108 MODE
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BIEN-ÊTRE
Remise en forme On a testé pour vous le waterbike, et on vous présente les nouveautés cosmétiques pour hommes et femmes.
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INTERVIEW
Sissel Tolaas
Elle se définit comme « scent designer », ce que l’on pourrait traduire par olfactologue. À la fois chimiste et artiste, Sissel Tolaas entend nous rendre attentifs aux odeurs qui nous entourent.
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STYLE WATCH
Aux Vignes
La rue Philippe II a dressé le tapis rouge. Commerce et vignerons ont accueilli leurs clients le temps d’une soirée exceptionnelle.
Zoom sur... Ezri Kahn
Après être passé par chez Alaïa et avoir travaillé à Zurich, l’artisant tailleur pour femme vient de s’installer à Luxembourg.
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AGENDA
À suivre 12/10
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POLITIQUE
Schneider dernière
POLITIQUE
Depuis le 19 juillet dernier et l’annonce de la décision officielle du Grand-Duc de convoquer des élections législatives anticipées, tout le pays a coché la date du 20 octobre 2013 dans son agenda. Quatre ans et cinq mois après le dernier scrutin national, ce retour aux urnes revêt un caractère particulier, alors que le monde politique traverse une profonde crise de confiance largement alimentée par les « affaires » qui ont défrayé la chronique ces dernières années.
Photo : DR
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Élections, le jour J
Moment toujours très attendu de l’ouverture des Foires de printemps et d’automne à Luxexpo, le traditionnel discours du ministre de l’Économie aura, cette année, une saveur forcément particulière : ce sera le tout dernier prononcé par Étienne Schneider à une semaine des élections.
Photo : archives paperJam
BOURSE
1
Les actionnaires de la société luxembourgeoise de prise de participations BIP Investment Partners sont convoqués en assemblée générale extraordinaire. À l’ordre du jour : l’approbation du projet de rachat des actions en vue d’un retrait de la cotation en Bourse de Luxembourg. L’association de protection des investisseurs privés, Investas, a déjà fait savoir qu’elle s’opposait aux conditions financières dans lesquelles se profile cette opération.
MÉDIAS
RTL Group présente ses comptes
Aperam publie ses résultats
La filiale à 100 % d’ArcelorMittal avait enregistré, au 1er semestre 2013, une perte nette de 39 millions d’euros, stable par rapport aux 40 millions de 2012. Mais la société table sur des conditions de marché « très difficiles » pour la seconde moitié de l’année.
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INDUSTRIE
ArcelorMittal va-t-il se redresser ?
Le leader mondial de la sidérurgie publiera ses résultats pour le compte du 3e trimestre. Au 30 juin, ArcelorMittal avait enregistré un chiffre d’affaires de 39,9 milliards de dollars (en recul de 11,5 % par rapport à 2012) et un bénéfice opérationnel de 756 millions de dollars (-62 %).
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12/11
INDUSTRIE
BIP : stop ou encore ?
Photo : DR
L’Agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, Luxinnovation, profite de son changement de direction pour évoluer et moderniser son image de marque. Objectif : renforcer la compréhension de ses missions, de ses services et des secteurs d’activité dans lesquels elle évolue. La toute nouvelle identité visuelle sera dévoilée en marge de la Foire d’automne.
06/1
Photo : David Laurent (archives)
Luxinnovation va changer d’image
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Photo : aperam.com
BRANDING
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Données : Bourse de Luxembourg
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Ce qu’il ne faudra pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.
Le groupe leader européen de production et de diffusion de contenus publiera les résultats pour le compte du 3e trimestre 2013. À mi-parcours de l’exercice 2013, le groupe avait affiché un léger recul de son chiffre d’affaires (-1,3 % à 2,8 milliards d’euros) mais un Ebita en hausse de 9 % à 552 millions d’euros, le deuxième plus haut de l’histoire du groupe.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
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COMMERCE URBAIN
FAILLITES ET COMMUNICATIONS EN PAGAILLE
Les premiers repreneurs se manifestent après les fermetures de boutiques en centre-ville. La communication entourant ces faillites dépend des intérêts des interlocuteurs.
Ces affaires agitent la campagne électorale et remettent à l’avant-plan des projets de loi en cours.
Texte Thierry Raizer Photos Jessica Theis
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Triste image pour le commerce urbain, devant le regard du chaland potentiel. Les premiers signes encourageants apparaissent toutefois, comme avec la réouverture de Geox.
V
ingt commerces fermés, quelque 70 salariés licenciés, des centaines de mètres carrés laissés à l’abandon… Les chiffres – non exhaustifs – liés aux faillites commerciales de début septembre posent question. Et certaines réponses qui s’y rapportent restent, à ce stade, en suspens. À commencer par celles que pourraient livrer les principaux acteurs de cette vaste déroute : les deux associés mosellans Fred Castera et Pascal Einhorn. Ils ont choisi, jusqu’ici, de garder le silence. Contacté par paperJam, l’avocat de M. Einhorn, Me Benoît Entringer veut toutefois, démentir certaines rumeurs : « Mon client ne se cache pas, et se trouve toujours entre Luxembourg et Metz. » L’homme d’affaires aurait donc pour intention de répondre aux faits qui lui sont reprochés sans fuir, aux termes des travaux de la curatrice, Me Yvette Hamilius. TLVPAP au cœur du système
Des investigations qui n’étaient pas encore achevées à l’heure où nous finalisions cette édition. Or celle qui détient les clés de l’épilogue de ces mésaventures privilégie elle aussi une communication a minima. Lors d’une des rares interviews que Me Hamilius a accordées à la presse, en l’occurrence à nos confrères de RTL, il était question le 10 septembre de manquements à l’égard de l’administration publique (impôts, sécurité sociale, TVA). On apprenait dans le reportage que les retards en cotisations sociales se chiffreraient à 600, voire 800.000 euros. Sans compter 700.000 euros de primes dues aux salariés licenciés et plusieurs millions d’euros concernant la TVA. « Les deux associés ont payé les bailleurs, les fournisseurs ainsi que la TVA de manière sporadique », ajoutait la curatrice. Ces retards n’ont-
ils pas pu être détectés ? La question a succédé aux rumeurs de fermetures qui allaient bon train lors de la braderie du 2 septembre. Ce jour-là, nombreux sont les chalands qui avaient remarqué que l’approvisionnement en nouvelles collections faisait défaut dans certains magasins concernés. Trois jours plus tard, les boutiques restaient fermées, 17 sociétés étaient déclarées en faillites (dont une créée pour de la rénovation de bâtiment) avant deux autres le 10 septembre. Selon certaines thèses, cette constellation de structures aurait permis de dissimuler les manquements. « Il s’agit en réalité d’un montage très simple », déclare un spécialiste de la fiscalité des sociétés. « Il faudra en revanche examiner si les gestionnaires ont correctement séparé les patrimoines de leurs différentes sociétés en termes de gestion et de comptabilité. » À y regarder de plus près, les deux associés qui étaient connus sous la bannière « F.C.P.E. » – pour leurs initiales – (comprenant des succursales) avaient choisi de faire remonter leurs résultats vers une structure faitière dénommée TLVPAP. Celle-ci (en faillite depuis le 10 septembre) détenait les parts sociales des autres sociétés ou les avait progressivement reprises. Ce type d’architecture permet, de façon légale, de bénéficier d’une intégration fiscale. Soit un report des résultats dans la société de tête qui sera seule imposée à hauteur du montant total des impôts minimaux dus par chacune des sociétés filles en l’absence de l’application du régime d’intégration fiscale (avec un montant maximum de 21.400 euros d’impôts minimaux).
PERSPECTIVES
« Optimistes » Avec l’arrivée, fin d’année, d’une deuxième boutique Courrèges dont la marque a été reprise, ironie du sort, par deux autres associés mosellans, des perspectives encourageantes se dessinent. La marque chantée par Alain Chamfort est appelée à se redéployer sur un plan international, en passant par Luxembourg. On ne sait pas encore si la maison éponyme poursuivra l’aventure Sonia by Sonia Rykiel en ville (la boutique Sonia Rykiel opérée en direct reste quant à elle ouverte), mais elle indique « relancer Sonia by Sonia Rykiel comme marque contemporaine forte (…) avec des projets de développement à l’étranger ». À suivre. Dernière note optimiste et concrète cette fois, l’ouverture des nouvelles installations de Cartier présent en ville depuis 18 ans, juste en face de la boutique Gucci. « Nous ne sommes pas impactés par ces fermetures, même si nous les déplorons au point de vue social, déclarait Marc-Antoine Urbain, le directeur de l’enseigne à Luxembourg. Je suis serein et optimiste, car je suis sûr que les marques et des repreneurs vont apporter de bonnes nouvelles. » T. R.
Déclarations politiques non soldées
Le montage étant issu de l’atelier législatif luxembourgeois, fallait-il rechercher des au sein de l’administration ? NOVEMBRE 2013 —
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
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Ladurée, présent depuis 2011, doit son salut actuel à l’intervention du second actionnaire. La boutique emploie quatre personnes.
RÉACTIONS
Communication vs information Prenez une dose de rumeurs, ajoutez-y une pincée de confidentialité requise et saupoudrez de parfums de campagnes et vous obtenez un cocktail médiatiquement piquant ! Mises au jour le 5 septembre, les faillites occupent très régulièrement la presse via notamment la réaction anonyme d’employés. « Il serait hypocrite de dire que les employés ont été surpris, car des signes avantcoureurs étaient visibles », tempère l’un d’entre eux. Le gouvernement, flanqué de la Confédération luxembourgeoise du commerce a été le premier a dégainé côté officiel dès le 6 septembre pour indiquer que « certaines franchises du groupe failli ont été, ou seront reprises sous peu par les marques ». Tout en ajoutant que la CLC travaillait étroitement avec le ministère du Travail et de l’Emploi, ainsi que l’OGBL pour favoriser le retour au travail des salariés licenciés. « Nous avons contacté les principales marques pour les motiver à continuer l’aventure au Luxembourg, déclare Thierry Nothum, directeur de la CLC. Nous sommes à leur disposition pour faire le lien avec les parties prenantes locales, qu’il s’agisse de la curatrice ou de l’administration pour, par exemple, une autorisation d’établissement. » Au sortir d’une rencontre entre la CLC, le LCGB publiait le 25 septembre un communiqué indiquant « qu’environ 50 % des salariés affectés auraient entre-temps été repris par les maisons mères ». Sans pouvoir en dire plus. La CLC qui avait par ailleurs accepté de faire le lien entre les demandeurs d’emploi et ses membres à la recherche de main-d’oeuvre renvoie la responsabilité de ce message au syndicat. L’OGBL précise de son côté que les procédures vers les indemnisations de chômage sont en cours auprès de l’Adem, sachant que beaucoup parmi les 70 licenciés sont des frontaliers et seront donc pris en charge par l’administration compétente dans leur pays. T. R.
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La question s’est rapidement posée dans le contexte de la campagne électorale. Les socialistes à la Chambre sont ainsi montés au créneau en demandant une réunion de la Commission parlementaire dédiée aux classes moyennes. Lors de cette séance organisée en urgence le 19 septembre, le chef de fraction Lucien Lux avait indiqué, en substance, que « l’État avait manqué de gouvernance dans ce dossier » et que des signaux préventifs auraient dû être mis en place. Une manière de souligner, une fois de plus, le désamour avec le partenaire CSV en lui faisant porter la responsabilité indirecte de ces déroutes, via son ministère des Classes moyennes. Comme l’avait indiqué à paperJam.lu la ministre de tutelle, Françoise Hetto-Gaasch, son administration « a accès aux données de la sécurité sociales, mais elle n’a pas le droit de connaître les impayés éventuels au niveau des impôts et de la TVA ». Outre ce début de polémique, cette actualité aura au moins eu le mérite de rappeler l’importance de réformer deux législations concernant ce secteur : les textes de loi entourant le bail commercial et ceux sur les faillites. Le premier chantier a été discuté une première fois en conseil de gouvernement le 27 septembre dernier, avec pour objectif principal de centraliser des éléments de législation répartis au sein du Code civil et du Code fiscal. Une seconde discussion devait se dérouler en conseil de gouvernement le 5 octobre autour de ce texte qui devrait prévoir, entre autres, un nouvel encadrement du « pas-deporte ». Ce ticket d’entrée censé, originellement, ajuster le prix global du loyer au prix du marché n’existerait plus à l’avenir en tant que tel. « Il s’agira plutôt d’une indemnité d’éviction pour celui qui devra quitter les lieux », précisait Françoise Hetto-Gaasch. Or les deux associés présents au Luxembourg dès 2001 via la fondation de F.C.P.E. et l’ouverture de boutiques dans le segment
haut de gamme que le commerce urbain recherchait auraient usé de pas-de-porte élevés pour accéder aux espaces commerciaux convoités. Une approche agressive doublée par le paiement de loyers élevés aux propriétaires. Des clignotants à formaliser
L’Administration de l’enregistrement et des domaines et l’Administration des contributions directes n’auront pas attendu que l’autre projet de loi, réformant le droit de faillite (déposé le 1er février dernier par le ministre de la Justice de l’époque, François Biltgen), arrive à son terme pour se prononcer durant – fait très rare – une conférence de presse. « Ces propos sont faux et inacceptables », ont dénoncé Romain Heinen et Pascale Toussing, respectivement directeur de l’Administration de l’enregistrement et des domaines et directrice adjointe de l’Administration des contributions directes au lendemain des affirmations de Lucien Lux. Les deux hauts fonctionnaires ont indiqué qu’ils avaient agi dans le cadre des outils dont ils disposent, le tout dans le secret fiscal imposé par la loi luxembourgeoise. À l’instar de Françoise Hetto-Gaasch qui avait précisé à paperJam.lu que l’objectif de son ministère n’était pas de retirer un droit d’établissement sur-le-champ en cas de difficulté, Romain Heinen a ajouté que les administrations « n’ont pas pour but premier de conduire à la liquidation systématique des sociétés en difficulté, a fortiori en période de crise ». Avec un montant de recouvrement de 330 millions d’euros auprès des sociétés actives (500 millions pour les sociétés en faillite), le Luxembourg présente une situation acceptable selon l’administration en charge. Celle-ci se réunit d’ailleurs avec l’Administration des contributions directes et la Caisse de la sécurité sociale au sein d’un comité
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« Mon client ne se cache pas, et se trouve toujours entre Luxembourg et Metz. » Me Benoît Entringer (conseil de Pascal Einhorn)
POLITIQUE
D’un débat à l’autre Le débat autour des faillites s’est invité à la séance du conseil communal le 30 septembre. L’occasion pour l’opposition de faire entendre son mécontentement à l’égard de la politique commerciale de la Ville. « Nous souhaiterions voir apparaître plus de commerces de plus-value, pas que des enseignes, note à cet égard Franz Fayot, membre des socialistes de la capitale. Une de nos idées consisterait dans la mise en place d’un incubateur pour commerces en développement. » Le bourgmestre Xavier Bettel rappelle qu’il « ne peut pas s’immiscer dans les relations d’affaires entre les commerçants et les propriétaires ». Alors que l’aménagement de la place Hamilius est sur les rails, la cellule économique de la ville ainsi que de l’Union commerciale de la ville de Luxembourg (UCVL), plutôt discrète jusqu’ici, pourraient s’avérer utiles pour influer sur le mix commercial de demain et s’assurer des moyens de se différencier durablement des centres commerciaux périurbains. T. R.
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de concertation pour examiner les cas litigieux. Or en plaçant le curseur plus haut, d’autres difficultés pourraient apparaître pour des sociétés. « Les deux associés ont payé les bailleurs, les fournisseurs, ainsi que la TVA de manière sporadique », notait en substance Me Hamilius, le 10 septembre, en ajoutant que vu que ces faillites ne sont pas liées à une mauvaise conjoncture, ces défauts de paiements pourraient valoir aux personnes concernées une plainte pénale. On apprenait quelques jours plus tard, lors du point presse des administrations, qu’un plan d’apurement des différentes sociétés détenues par les associés mosellans avait été mis en place en juillet dernier, selon des conditions strictes, mais définies d’un commun accord. Trois semaines se seraient déroulées entre le constat du non-respect des conditions du plan d’apurement et le signalement au parquet. Si chacun trouvera une cause à ces affaires, une large partie des acteurs publics concernés s’accordent pour renforcer les interventions en amont des problèmes plutôt qu’a posteriori. Et les pistes de travail ne manquent pas. Comme celle qui consisterait à effectuer un accompagnement lors de la mise en place d’une société, ou l’augmentation du capital minimal requis (minimum 12.394,68 euros) pour créer une sàrl. La création de « clignotants » indiquant les éventuelles difficultés ou manquements en provenance d’une ou plusieurs sociétés remporte l’adhésion dans le cadre de la nouvelle loi sur les faillites. Dernier en date à avoir livré son avis sur la question, le Conseil de l’ordre du barreau de Luxembourg se montre en faveur de ce projet de loi qui s’inspire de la législation belge. La notion de continuité d’entreprise y est aussi développée, à la satisfaction du barreau qui souhaite éviter qu’une faillite soit trop brutale. Une sorte de « Chapter 11 » grand-ducal qui nécessitera encore de la volonté politique pour être finalisée au lendemain des élections du 20 octobre. Geox repris, Ladurée sous perfusion
Laissées à l’abandon durant un mois, les boutiques pourraient progressivement retrouver des occupants. Au moins dans le cas du chausseur italien Geox qui a annoncé à paperJam.lu, le 2 octobre dernier, vouloir poursuivre l’aventure « en direct » au 50 Grand-Rue, probablement dès mi-octobre. « Nous opérons 30 % de nos 1.200 points de vente en ‘directly operated’ dans les grandes villes
ou métropoles », déclarait à ce sujet Juan Carlos Venti, head of institutional and external relations chez Geox. « Ce choix est fait en fonction de l’importance du marché, Luxembourg figure donc parmi les localisations prometteuses pour nous, sur base des résultats existants. » Sans pouvoir livrer de commentaires quant au nombre d’emplois qui seront créés ni celui d’une éventuelle reprise du personnel licencié, la boutique sera désormais placée dans la zone Benelux de la marque qui, jusqu’il y a peu, entretenait de bonnes relations de travail avec les deux entrepreneurs incriminés. « Nous avons seulement remarqué des retards de paiement depuis les huit derniers mois, sans autre signe avant-coureur », ajoute M. Venti. Un flou subsiste en revanche autour de l’annulation de la vente forcée d’articles de la boutique Gucci dans le sillage de la faillite. La marque de luxe a réagi en précisant à paperJam qu’elle « examinait toute une série de possibilités pour maintenir une activité au Luxembourg qui représente un potentiel important ». Présent depuis 2011, Ladurée était aussi menacé par ces déboires commerciaux. Il doit son maintien au « soutien » (sans pouvoir en révéler les détails) apporté par les autres actionnaires parisiens partenaires de Fred Castera et Pascal Einhorn. À l’heure de boucler cet article, l’entrée en jeu d’un nouveau partenaire ou une reprise intégrale n’était pas encore confirmée par la curatrice Yvette Hamilius. « Nous n’avions pas senti de signe avant-coureur, car nous avions reçu la nouvelle collection de macarons », relève le gérant local de Ladurée. « Nous avons continué à percevoir notre loyer », ajoute pour sa part Xavier Bettel en tant que bourgmestre de la Ville, cette dernière possédant le local commercial occupé par le confiseur. Un propriétaire pas comme les autres qui renvoie au rôle que ces acteurs eux aussi très discrets jouent dans le marché immobilier commercial. Dans le commerce et dans les affaires, tout est donc question de collection et de cycles. Entre approche libérale et surveillance accrue du secteur, le pouvoir politique entend se doter des outils nécessaires pour éviter que ces cycles soient trop courts, ou ne se terminent tragiquement. Cela passera par la mise en place d’outils informatiques partagés par les administrations et capables de fournir en temps réel les données nécessaires. Un chantier ambitieux dans le cadre de la modernisation de l’État appelée par beaucoup de candidats aux élections législatives.
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Économie & politique
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Logement social
LE GRAIN DE SABLE Quand des fonctionnaires sortent de leur réserve…
Photo : Olivier Minaire ( archives )
Le ministre de tutelle, Marco Schank, n’a pas réagi aux coups, mais on le dit un peu « sonné » par l’estocade…
Le logement social est le talon d’Achille de la politique gouvernementale. C’est aussi un thème récurrent de la campagne des législatives et un des principaux enjeux du scrutin, la population résidente étant particulièrement réceptive aux messages envoyés par la classe politique qui promet, quelle que soit sa couleur, d’agir sur les prix de l’immobilier pour rendre plus accessibles des logements. Pour cela, il n’y a qu’un seul levier : agir sur le nombre d’appartements mis sur le marché. Jusqu’ici, le Fonds du logement s’est montré impuissant à répondre à la demande. Sa productivité décroissante, l’absence de grands projets fonciers, son manque de transparence dans la sélection des futurs acquéreurs (d’ailleurs dénoncé par un rapport de la Cour des comptes), le cumul des fonctions et des genres de son président directeur, Daniel Miltgen, sont au centre de toutes les interrogations. Et la critique ne vient plus seulement de l’extérieur. Elle arrive des rangs mêmes du ministère, où certains fonctionnaires, et non des moindres, ne cachent plus leurs frustrations face à l’inaction des politiques. Les ministres chrétiens sociaux du Logement qui se sont succédé depuis près de deux décennies peuvent difficilement se targuer
d’un bilan flatteur en matière de politique de logement social, avec ses listes d’attente à désespérer et la productivité toute relative de l’État bâtisseur. Que la critique vienne de l’intérieur même du ministère du Logement et qu’elle prenne un ton aussi virulent : voilà quelque chose de nouveau dans l’approche de cette campagne des législatives, décidément pas comme les autres. Ça sent vraiment la fin de règne. L’étincelle a été allumée par le conseiller première classe au ministère du Logement et l’un des principaux animateurs de l’Observatoire de l’habitat, Constant Kiffer, dans deux tribunes libres successives parues dans le Tageblatt les 29 et 30 septembre. Il est exceptionnel qu’un fonctionnaire d’État sorte ainsi de sa réserve et mette en cause la politique conduite par le ministère auquel il appartient et contribue de la sorte à ternir le tableau de chasse d’un ministre qui espère probablement pouvoir se succéder à lui-même. Il est encore plus inhabituel qu’aucune suite n’ait été donnée à cette « sortie de piste » d’un fonctionnaire. Le ministre de tutelle, Marco Schank, n’a pas réagi aux coups, mais on le dit un peu « sonné » par l’estocade. Idem pour le président du Fonds du logement Daniel Miltgen,
qui en prend aussi pour son grade dans les deux tribunes. Sans doute attendent-ils que les élections soient derrière eux pour rendre les coups à l’expéditeur. Il faut dire que les propos du fonctionnaire ne manquent pas de pertinence. Personne ne pourra le contredire sur le maigre bilan du Fonds du logement qui, avec son personnel pléthorique – 54 employés fin 2012 contre 21 en 2001 –, a réalisé l’exploit de mettre sur le marché locatif 27,5 logements locatifs en moyenne par an entre 2001 et 2012. Il y a peu d’arguments non plus à opposer au recul de 49 % en 20 ans du nombre de primes à la construction et l’acquisition, passant de 3.562 unités en 1991 à 1.799 au compteur en 2012, alors qu’au cours de la même période le pays a connu un accroissement de sa population de quelque 60.000 personnes. Entre 1990 et 2012, les aides de l’État en matière de logement se sont élevées à plus de 4,3 milliards d’euros. Mais à qui cette dispendieuse politique du logement du point de vue du contribuable a-t-elle vraiment le plus profité ? Davantage sans doute aux professionnels du marché immobilier qu’aux ménages modestes en mal de logement. V. P.
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Photo : LuxTram
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CONSEIL DE GOUVERNEMENT
Le tram sur les rails
Logistique
Multimodal : un modèle anticyclique À quelques encablures des législatives, les bilans positifs, tels que celui du secteur logistique et transport, se doivent d’être tirés. Ce que n’ont pas manqué de faire les ministres de tutelle, Étienne Schneider (LSAP) et Claude Wiseler (CSV), qui ont livré les chiffres clés du plan d’action national lancé en 2005 : 830 emplois nouveaux et 200 à venir (le secteur emploie 13.000 personnes au total) ; 130.000 m2 de surfaces logistiques développées et 100.000 à venir ; 780 acteurs présents dans le pays et création d’une valeur ajoutée d’environ 850 millions d’euros en 2011. L’objectif de faire du Luxembourg « une plateforme intercontinentale et multimodale » en Europe pour la logistique à valeur ajoutée reste dans le viseur politique, d’autant que cette niche
économique a bien résisté à la crise et s’affirme comme le vecteur de croissance du secteur. Le hub luxembourgeois tente donc de se placer toujours mieux sur la carte, avec une spécialisation sur des produits de consommation anti-cycliques et en synergie avec les autres secteurs cibles définis. Parmi les actions marquantes figurent la Pharma & Healthcare Center au Findel, la mise à dispositions de surfaces foncières sur des sites dédiés, le lancement du site Eurohub Sud (Bettembourg/Dudelange) en 2014, parallèlement à l’établissement du Freeport, une zone franche à proximité de l’aéroport, permettant de stocker et négocier des marchandises de valeur sous un régime de suspension de TVA et de droits de douane.
Interrogé en janvier sur la crise économique et les contraintes budgétaires qui en résultaient, Jean-Claude Juncker avait indiqué – au sujet du projet du tram – que le gouvernement ne comptait pas renoncer à ses engagements de financement, considérant ce projet « essentiel pour relever les défis de mobilité et pour garantir la compétitivité du pays à l’avenir ». Neuf mois plus tard, l’exécutif a tenu ses promesses en adoptant le projet de loi relatif à ces travaux. Soit la construction de la ligne à proprement parler, celle du centre de remisage et de maintenance, l’acquisition des rames de tramway ainsi que les études liées à ce projet. Pour mener le tout à bien, le gouvernement disposera d’une enveloppe financière de 230,5 millions d’euros (hors TVA), montant qui correspond aux deux tiers du montant total de l’investissement. La Ville de Luxembourg financera le reste (115 millions d’euros).
SNCI
Moins de demandes de financement en 2012
« La trésorerie de bon nombre d’entreprises reste assez bonne. » PATRICK NICKELS (SNCI)
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« Depuis 2010, la SNCI se voit confrontée à un nombre de demandes de financements significativement réduit par rapport aux exercices précédents. La tendance s’est confirmée en 2012. » Patrick Nickels, président de la SNCI, dépeint une situation morose à l’occasion de la publication du rapport annuel 2012 de la Société nationale de crédit et d’investissement. En 2012, le chiffre « brut » des financements octroyés par la SNCI est, certes, de 145,8 millions, à comparer aux 48,6 millions de 2011. Mais il tient compte des 120 millions injectés dans le cadre du Luxembourg Future Fund… Ce qui ramène, « à périmètre constant », en quelque sorte, les financements accordés à un montant de 25,8 millions, inférieur de près de 50 % par rapport à 2011, donc. « Le climat conjoncturel, ainsi que les perspectives
incertaines au niveau international, ne sont pas propices à des décisions d’investissement engageant des entreprises à long terme », estime M. Nickels qui note par ailleurs que la situation de trésorerie de bon nombre d’entreprises « reste assez bonne ». Sur le plan des crédits d’équipement, 2012 marque également une diminution des montants alloués à 9,8 millions d’euros (pour 34 projets), contre 17,9 millions d’euros de crédits octroyés en 2011 (pour 43 projets). Le secteur de l’artisanat a bénéficié de la majorité (5 millions) de ces crédits. En outre, le conseil d’administration de la SNCI a autorisé, en 2013 trois prises de participation pour un montant total de 125,8 millions d’euros, ainsi qu’un investissement de 5,3 millions d’euros en relation avec une participation déjà existante.
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
CONJONCTURE
CHÔMAGE
UNE PREMIÈRE DEPUIS 20 ANS
Le retour à la confiance
Recul à 6,9 %
Procès révisé, État condamné
Le baromètre mensuel mesurant la confiance des consommateurs enregistre une deuxième hausse consécutive. L’indice de confiance composé par la BCL passe en effet de -7 en août à -2 en septembre (-12 en juillet), son plus haut niveau depuis deux ans. Parmi les différentes composantes mesurées, celle de la capacité des ménages à épargner semble rassurer. Cette composante passe en effet de 42 en août à 51 en septembre (la plus forte hausse du mois).
Pas de bug informatique annoncé du côté de l’Adem : le chômage au 31 août a bel et bien affiché une légère baisse mensuelle de près de 500 unités à 16.526 personnes, hors mesures d’aide à l’emploi. Le taux de chômage revient ainsi au niveau de juin dernier, soit 6,9 % (contre 6,1 % en août 2012), alors que la barre historique des 7 % avait été atteinte en juillet. 4.530 personnes bénéficient par ailleurs d’une mesure d’aide à la réinsertion professionnelle, soit une baisse de 1,5 % sur un an.
Photo : Olivier Minaire (archives)
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Le projet redonnera un autre visage à la place Hamilius et une partie du boulevard Royal.
Urbanisme
Le projet Hamilius validé Un accord trouvé entre le promoteur et les copropriétaires de l’immeuble a débloqué le dossier.
Annoncés pour début 2012, les travaux de réaménagement de l’espace Hamilius en centre-ville avaient été retardés suite au recours de riverains habitant le 49, boulevard Royal. Ceux-ci craignaient que la hauteur du bâtiment principal du projet ait des effets sur la luminosité au sein de la cour intérieure. Après un premier jugement en mai dernier donnant raison aux riverains, un arrangement a finalement été trouvé entre les différentes parties, c’est-àdire le promoteur Codic et le syndicat des copropriétaires de la résidence Royal Center, ce qui a amené la Cour administrative à rendre un jugement annulant tous les recours. Selon nos informations, cet « arrangement », outre un volet financier conséquent (on parle de plusieurs centaines de milliers d’euros), concernerait la cession, par Codic, d’un droit de passage aux copropriétaires pour des emplacements de parking souterrain et la participation du promoteur à des frais d’installation d’équipements électriques en sous-sol. Au final, le PAP (plan d’aménagement particulier) du projet mixte alliant logements et commerces, initialement prévu pour 2017, est donc validé.
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La Cour de cassation a condamné l’État luxembourgeois à verser 5.000 euros de dommages et intérêts et 1.000 euros d’indemnité de procédure à une femme de 32 ans, qui avait été expulsée du Grand-Duché en 2006 pour séjour prétendument irrégulier dans le pays. La plaignante, résidant à Russange, a pu, depuis, démontrer ses origines luxembourgeoises par descendance et de fait, être naturalisée. Et l'erreur administrative d'être rectifiée. C’est une première depuis 20 ans et cette révision est à mettre au compteur de l’ancien ministre chrétien social de la Justice, François Biltgen. Il avait lancé la procédure en mars dernier, juste avant de quitter ses fonctions pour briguer un poste de juge à la Cour de justice de l’UE. L’arrêt de la Cour de cassation a été rendu discrètement le 11 juillet dernier et publié début octobre au journal officiel.
« Les indicateurs 2013 montrent du doigt les facteurs aggravants internes augmentant la vulnérabilité du Luxembourg. » L’annuaire de la compétitivité de l’UEL dresse un portrait toujours alarmiste du pays en matière, notamment, d’inflation, de coûts de production, de chômage et de dérapage des finances publiques.
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
René Diederich (bâtonnier)
« La justice doit être
respectée et crédible » Le bâtonnier du barreau de Luxembourg revient sur les récentes affaires qui ont secoué le paysage politico-économique du Luxembourg. Si, à ses yeux, l’image de la justice est encore bonne auprès de l’opinion, « tout écart est nuisible ». « Mon ambition est de développer un barreau qui soit qualitativement à la hauteur. »
Photo : Imre Branza (archives)
Interview Jean-Michel Gaudron
Le bâtonnier porte un regard sans complaisance sur la justice et son image.
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M
onsieur Diederich, le Luxembourg a été secoué ces derniers mois par des affaires au cours desquelles l’indépendance de la justice a été au cœur des débats. En tant que bâtonnier, avez-vous été choqué, voire attristé, par ces déballages ? « Dans le rôle qui est le mien, je peux principalement dire que je suis évidemment avec beaucoup d’intérêt ces affaires. Pour certains dossiers, je ne me suis pas senti à même de pouvoir m’exprimer en connaissance de cause, car je n’avais pas forcément tous les éléments en main. Il ne suffit pas, bien sûr, de seulement se contenter des éléments que l’on trouve dans la presse et qui sont déjà colportés avec une certaine subjectivité. Je me méfie toujours de ceux qui laissent transpirer l’idée qu’il peut y avoir un complot.
À ce niveau-là, je pense que, quelle que soit la situation particulière, nous devons en premier lieu éviter les apparences. La justice doit être respectée et crédible. On peut ne pas toujours être d’accord avec une décision de justice, mais il faut absolument éviter l’impression qu’il peut y avoir des connivences entre les uns et les autres pour étouffer des affaires ou faire en sorte qu’elles n’avancent pas. Cette impression-là, oui, m’attriste. On dit souvent qu’il n’y a pas de fumée sans feu… L’image de la justice est-elle si négative que ça ? « Dans un État de droit, il est indispensable qu’il y ait une totale transparence, de sorte que les citoyens puissent aussi avoir confiance dans les institutions. Je pense que, au Luxembourg, la justice a encore une assez bonne image
ACTUALITÉ
auprès de l’opinion. Il faut veiller à ce qu’il en soit toujours ainsi. C’est essentiel. Tout écart est évidemment nuisible. Toute affaire de blanchiment, par exemple, qui vient de Luxembourg et qui est répandue dans la presse est nuisible pour le pays. Il y a certains procès qui ne me plaisent pas par leur longueur, leur publicité, et par les déclarations des uns et des autres, qui me font davantage penser à de la téléréalité qu’autre chose. Le déballage d’éléments contenus dans un dossier n’est-il pas de nature, pourtant, à faciliter cette idée de transparence, puisque tout est rendu public ? « Ce n’est pas aussi simple. Il est inconcevable d’imaginer donner au public tous les éléments d’un dossier, en vrac, pour permettre à chacun de se faire une idée. C’est évidemment une bonne chose d’avoir un accès à certaines informations, mais les donner de la sorte ne constitue pas la meilleure manière de procéder. Il faut un mode d’emploi. Il faut expliquer les choses. C’est là aussi un rôle dévolu à la presse. Pour se faire une idée juste de la justice, les gens doivent comprendre quel est le raisonnement, quelle est l’approche qui sous-tend chaque décision. Ce qui est horrible pour les citoyens, c’est évidemment de se dire que c’est à cause de règles de procédure ou bien de questions d’irrecevabilité qu’une affaire peut ne pas être poursuivie. Ils ne savent pas forcément ce que cela signifie et ils se disent alors que, quelque part, il y a eu magouille… Je pense aussi qu’il y a eu beaucoup de naïveté de la part de certaines personnes davantage exposées au public et qui n’ont pas compris les incidences éventuelles que certains de leurs propos ou interventions ont pu avoir. Prenons l’exemple d’un ministre qui est appelé parce que son fils a été arrêté par la police… (référence à une affaire qui a touché, début 2011, le ministre du Travail Nicolas Schmit, à qui il a été reproché – ce que l’intéressé dément – d’avoir voulu faire pression sur des agents de police ayant auditionné son fils dans le cadre d’une banale procédure de « offense à agent », ndlr). J’attends de nos hommes politiques qu’ils soient moins maladroits dans ce domaine. Ce souci d’indépendance faisait partie des priorités de l’ancien ministre François Biltgen lorsqu’il a lancé le projet de réforme du système judiciaire en février 2013, en proposant la création de deux nouvelles institutions judiciaires : le Conseil national de la justice (CNJ) et la Cour suprême… « Indépendance signifie un renforcement du rôle de la magistrature, en
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ayant conscience du fait que le ministre n’est pas forcément intervenu très activement au cours des dernières années au niveau des nominations. Nous n’avons pas, comme dans bon nombre d’autres pays, le cas où les gens doivent revendiquer certaines allégeances politiques pour obtenir certaines nominations. Je pense que dans le cadre de la réforme judiciaire en cours, la création d’un tel Conseil national de la justice est une très bonne chose. Nous avons toujours salué ce projet, d’autant plus qu’il prévoit une réelle représentation du barreau qui sera effective et pas uniquement symbolique. Nous espérons donc que ce projet avance assez rapidement. Au niveau de la Cour suprême, qui doit remplacer la Cour constitutionnelle qui avait été récemment constituée ((en 1996, ndlr), c’est une instance qui chapeautera les juridictions civiles et administratives et qui donnera la possibilité de pourvoi en cassation en matière de droit administratif. J’espère qu’une telle loi pourra être votée dans les deux ans à venir. Est-ce là le chantier majeur qui va occuper votre dernière année en tant que bâtonnier ? « Si on arrive déjà à clôturer les dossiers en cours, je serai très content. En interne, nous avons établi une organisation qui est maintenant bien en place. Le barreau comptait cinq personnes lorsque je suis arrivé. Il y en a maintenant 10. Et nous avons pris possession de nouveaux locaux ((ceux précédemment occupés par l’Institut luxembourgeois de régulation au Glacis, ndlr ndlr) où nous disposons d’un espace à la hauteur de nos tâches. Nous sommes en train de développer un système intranet qui doit, d’une certaine façon, préfigurer ce que sera l’informatisation de la justice. Dans ce domaine, le pays a beaucoup de retard. Beaucoup d’avocats disposent, par exemple, d’adresses e-mail sur des serveurs tels Hotmail ou Gmail. À mes yeux, il est totalement inconcevable d’imaginer pouvoir stocker des données confidentielles sur un cloud qui n’est pas localisé au Luxembourg. Nous sommes en train de travailler sur l’organisation d’un cloud spécifique qui servirait aux petites études d’avocats. Ça prendra le temps que ça prendra, mais je ne peux qu’insister sans relâche sur l’importance de cette infrastructure. Si nous voulons avoir une justice performante, nous ne pouvons pas, au niveau des outils et de la logistique, être une justice du 19e siècle. NOVEMBRE 2013 —
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ACTUALITÉ
ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
« Il y a eu beaucoup de naïveté de la part de certaines personnes davantage exposées au public. »
Photo : Charles Caratini
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René Diederich (bâtonnier)
Le ministère de la Justice nous dit que cette priorité est reconnue. Nous espérons que là aussi les choses aillent rapidement. Je sais qu’il y a eu, au niveau du parquet, le recrutement d’un project manager dont la tâche est entièrement dédiée à ce dossier. C’est un bon début.
Pas de bâtonnier professionnel Un bâtonnier est, selon les termes de la loi, élu pour une durée d’un an. Son mandat dure le temps d’une année judiciaire, qui démarre le 15 septembre. Si la tradition veut qu’un bâtonnier se représente toujours pour un second mandat, afin de garantir une certaine continuité dans les activités de l’Ordre des avocats, la réalité du terrain n’a pas toujours été aussi simple. Depuis 1980, seuls Jean Gremling (1981-1983) et Gaston Stein (2009-2011, après l’avoir été une première fois en 2003-2004) ont siégé à ce poste deux années de suite. Ils sont au total 29 (René Diederich compris) à avoir, depuis 1980, occupé ces fonctions. « Deux années, c’est le minimum pour se faire une idée de la tâche, estime M. Diederich. J’ai informé le ministre de la Justice qu’il serait bon de modifier la loi pour que les mandats soient désormais de deux années. C’est une charge lourde et qui prend du temps. Elle est essentiellement honorifique, mais avec un certain pouvoir, et nécessite beaucoup de travail. Je ne veux cependant pas d’un bâtonnier professionnel. Il faut qu’un bâtonnier soit engagé dans la profession et en connaisse tous les problèmes. En même temps, il faut éviter que les gens s’incrustent dans la fonction. » J.-M. G.
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Quelle vision avez-vous pour « votre » barreau ? « Mon ambition est de développer un barreau qui soit qualitativement à la hauteur au niveau de la formation et des outils utilisés. Je veux aussi que les jeunes qui arrivent dans la profession soient soutenus comme il le faut, pour qu’ils puissent se diriger là où il faut, aussi bien ceux qui vont poursuivre leur carrière dans ce métier que ceux pour qui il y aura le constat qu’il faut changer de voie. Je dois en tous les cas œuvrer pour qu’il y ait un strict respect des règles professionnelles et je veux ouvrir le dossier de la réforme sur la loi de la profession d’avocat. Au barreau de Diekirch, qui compte une trentaine d’avocats, le bâtonnier assure sa fonction dans son propre secrétariat. Nous ne voulons pas que le barreau de Diekirch soit considéré comme un ‘sous-barreau’. Je rêve d’un barreau national, mais je ne sais pas si j’ai le droit d’exprimer mon rêve et de le vivre. »
Réélu pour une dernière année en tant que bâtonnier, René Diederich porte un regard sans complaisance sur les dérives dont souffre l’image de la justice au Luxembourg. Instigateur de la professionnalisation du barreau de Luxembourg, il suit également de très près les projets législatifs et les réformes en cours, en particulier la réforme du système judiciaire et celle de la profession d’avocat.
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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ACTUALITÉ
États généraux
Vision pour restaurer la confiance Entre effets de crise et opportunités, les petites et moyennes entreprises tentent de tirer leur épingle du jeu.
Le nouveau gouvernement, à bien des égards, pourrait aider ces maillons incontournables du tissu économique luxembourgeois. Le paperJam Business Club proposera, ce 13 novembre, « les états généraux de l’économie : artisanat, commerce et PME ». Texte Sébastien Lambotte
A
lors qu’un nouveau gouvernement va prendre en main les rênes du pays, le paperJam Business Club proposera, ce 13 novembre, « les états généraux de l’économie : artisanat, commerce et PME ». Il s’agit du premier événement d’une série de quatre qui nourrit l’ambition de faire le tour des enjeux et perspectives relatifs à l’économie luxembourgeoise. Faisant rarement les gros titres, les PME (dans l’artisanat, le commerce ou les services) jouent pourtant un rôle clé. « Le paysage économique luxembourgeois est quasi exclusivement composé de PME, confirme Carlo Thelen, chef économiste et membre du comité de direction de la Chambre de commerce. L’industrie manufacturière représente moins de 7 % de la valeur ajoutée, alors qu’à l’échelle européenne, elle en génère aux alentours de 15 %. » Les PME luxembourgeoises sont très orientées vers les services. La croissance nationale, selon M. Thelen, s’appuie beaucoup sur l’exportation desdits services. « Or on sait qu’une entreprise active dans le secteur tertiaire est facilement délocalisable. Ce qui exige, pour le bien de notre économie, de rester attractifs, innovants, compétitifs, de nous remettre en question en permanence afin de pouvoir assurer le maintien des activités sur notre territoire et de faire face à une concurrence accrue venue des pays voisins. » Dans un marché européen libéralisé, les entreprises locales, « face à la main-d’œuvre chère, tout comme le foncier et l’énergie, doivent se démarquer en développant de nouveaux produits, offrir une plusvalue, rester les meilleures dans leur domaine. Toutefois, ce n’est pas forcément simple et les coûts de l’optimisation et de l’innovation peuvent être conséquents. » Investissements en attente
Jusque-là, la qualité luxembourgeoise s’exporte bien. « Si la crise a eu des effets négatifs sur l’économie, la démographie luxembourgeoise et l’emploi ont poursuivi leur marche sur le chemin de la croissance. Malheureusement, le chômage aussi a progressé. Il y a aujourd’hui suffisamment de travail
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Photo : Agora (archives)
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pour les entreprises du secteur de l’artisanat. Mais il faut rester vigilant », explique Paul Ensch, directeur de la Chambre des métiers. Par rapport à la concurrence étrangère, l’artisanat se plaint plus particulièrement d’une forme de dumping social qu’il faut pouvoir contrer en s’assurant du respect des règles légales et sociales sur le territoire
luxembourgeois, notamment par un renforcement de contrôles assortis de sanctions, le cas échéant. Le défi qui consiste à restaurer la confiance, aussi bien du côté des entrepreneurs que des consommateurs, est sans doute l’un des plus importants à relever. « Aujourd’hui, les entreprises restent nerveuses. Avec des marges qui ont été
ACTUALITÉ
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La construction dépend beaucoup des investissements publics, des planifications territoriales, de la confiance des bâtisseurs...
laminées ces dernières années, conséquence d’un renforcement de la concurrence transfrontalière, elles se placent dans une situation d’attente vis-à-vis de leurs investissements, et ce bien que les taux d’intérêt soient bas et donc extrêmement attractifs », constate Paul Ensch. Le gouvernement avait apporté une réponse au ralentissement de l’économie en
investissant de manière significative dans de nouvelles infrastructures. Aujourd’hui, nombre d’entreprises se demandent, eu égard aux indicateurs économiques, si cette politique pourra être maintenue. « La bonne santé de l’artisanat dépend de trois facteurs essentiels, assure Paul Ensch. Les résultats des secteurs de l’alimentation, de la santé, de l’hygiène ou encore les ateliers mécaniques sont liés au pouvoir d’achat. Les prestataires de services, eux, dépendent de la bonne santé de l’industrie et de la place financière. Enfin, la construction, qui représente la partie la plus importante de nos membres, dépend beaucoup de l’État, des communes et des investissements qu’ils consentent. » Pour les représentants des PME en général, il est primordial de maintenir un bon taux d’investissement public. « À condition de le faire intelligemment, en investissant dans des structures durables et utiles, commente Carlo Thelen. Dépenser en soi n’a pas de sens. Par contre, investir dans l’économie de demain, dans les écoles, dans les infrastructures logistiques peut s’avérer payant à moyen terme. » Cela exigera sans nul doute d’assainir les finances publiques. Pour les chambres patronales, cet assainissement devra se faire sans toucher à la fiscalité des entreprises. « On ne peut pas se permettre de toucher à la compétitivité », commente Paul Ensch. De même, les PME voudraient éviter que l’on touche à la TVA, dans la mesure où le différentiel, aujourd’hui, permet au Luxembourg de rester
ARTISANAT
L’avenir en vert 5.911 entreprises pour 77.463 emplois au total : l’artisanat représente 9 % de la valeur ajoutée créée au Luxembourg et 21 % de l’emploi total. Entre 2010 et 2012, c’est près de 5.000 emplois qui ont été créés. Cette croissance, il faut pouvoir continuer à la soutenir. La construction représente 70 % de l’artisanat. Par rapport à l’avenir, les leaders du secteur se veulent confiants. « S’il y a des enjeux auxquels il faut répondre, il y a aussi des opportunités qu’il faut saisir, commente Paul Ensch. Tous les métiers liés à l’économie d’énergie, à l’énergie alternative, sont porteurs et soutenus par des aides. Le Luxembourg a la chance d’avoir une longueur d’avance dans ces matières par rapport aux régions limitrophes. Le pays d’ailleurs, eu égard aux objectifs européens sur les questions d’économie d’énergie, s’est donné des objectifs plus ambitieux. Le véritable enjeu, pour un bon développement de ces nouvelles activités, est de pouvoir recruter. » S. L.
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concurrentiel en termes de prix de vente. Au-delà de la confiance des dirigeants, c’est celle des citoyens-consommateurs qui doit aussi être restaurée. Le commerce doit faire face à un certain nombre de problèmes d’ordre structurel. « Les schémas de consommation sont le reflet des changements qui s’opèrent au sein de notre société. Des phénomènes constatés aujourd’hui sont en lien avec l’étiolement de la confiance. Face à l’incertitude ou la méfiance envers les institutions, le citoyen a tendance à se replier sur lui-même. Cela se traduit aussi dans ses modes de consommation. Pour répondre à cette problématique, il appartient au dirigeant d’établir un plan, une vision claire et des objectifs concrets afin d’affronter les différentes tendances qui nous touchent aujourd’hui », commente Thierry Nothum, directeur de la Chambre luxembourgeoise du commerce (CLC). Le pouvoir d’achat n’a pas baissé. Mais le consommateur, méfiant, fait de nouveaux arbitrages. Il privilégie l’épargne, malgré le fait qu’elle soit peu productive, à l’investissement. « En faisant abstraction de l’inflation, en prenant en considération le développement démographique, nous constatons une perte de vitesse dans le commerce. Le résultat de vente par habitant est en recul », explique Thierry Nothum. Pour lui, la restauration de la confiance ne dépend pas seulement d’une éventuelle sortie de crise. « Dans ce contexte, il faut regarder la réalité en face : les dirigeants doivent sortir de cette position attentiste et envisager des réformes. Notre système de sécurité sociale actuel est tributaire d’une croissance de 3 à 4 %. Il est illusoire de penser que l’on pourra rattraper le retard accumulé ces dernières années et recréer une telle croissance. » Si nombre des mesures à prendre sont impopulaires, selon le directeur de la CLC, la population est prête à les assumer, à faire un effort qui puisse permettre de préserver un équilibre sain et durable entre croissance et dépenses. Faciliter les procédures
Le commerce en ville, secoué (voir l’article page 16), a aussi quelques revendications. « Elles concernent notamment un meilleur suivi des sociétés en difficulté, afin de ne pas déboucher sur de telles conséquences », commente Guill Kaempf, président de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL). La Sécurité sociale, l’Administration de l’enregistrement ou les Finances, avec une meilleure communication, pourraient mieux détecter les dangers. D’autre part, si de manière générale, le commerce urbain ne se porte par trop mal, il est tout de même soumis à d’importantes tensions.
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PROCÉDURES
19 jours pour se lancer De manière générale, les PME sont fortement orientées vers des activités de service. Selon Carlo Thelen, un tiers des entreprises luxembourgeoises du tertiaire disposent d’une forte intensité de connaissances, contre 28 % dans l’Union européenne. Dans ce contexte, la Chambre de commerce invite le gouvernement à développer « un environnement propice à l’installation et au développement des PME », peu importe leur secteur d’activité. « Il est important de créer un cadre qui facilite la création et la transmission d’entreprises. Des efforts ont déjà été faits. En quelques années, le temps nécessaire pour créer son entreprise a été considérablement réduit. Il est aujourd’hui de 19 jours. Si la moyenne européenne est de 6,5 jours, il faut savoir que le Luxembourg vient de très loin. Il est aussi important de pouvoir continuer à garantir une qualité des acteurs qui désirent s’investir sur le marché luxembourgeois. » S. L.
COMMERCE
La dimension du service À lui seul, le commerce de détail occupe plus de 23.000 salariés pour environ 3.500 entreprises. « Celles-ci sont des piliers de notre économie, précise Thierry Nothum. Le commerce est un acteur social, animateur de nos villes. Mais c’est aussi un stabilisateur économique pendant les périodes de crise. » Selon la CLC, il est toutefois possible de mieux exploiter le potentiel commercial du Grand-Duché en travaillant, notamment, à la libéralisation des heures d’ouverture, en éliminant toutes formes de restriction en matière d’approvisionnement imposées au commerce indigène, en mettant en œuvre une politique de TVA prudente et ciblée, en soutenant la promotion de l’e-commerce. « En constante mutation, le commerce doit se repenser et, face à l’augmentation du commerce en ligne, notamment redécouvrir l’importance de la dimension du service », commente Thierry Nothum. S. L.
« Nos inquiétudes se focalisent, notamment, sur les développements commerciaux périphériques mais aussi sur les baux commerciaux. L’arrivée de grandes marques internationales, ces dernières années, et l’amélioration de l’image et du positionnement de la ville à l’échelle internationale nous ont permis de gagner des clients. Mais cela a eu un impact sur les loyers. On espère que le gouvernement, face à ce phénomène, pourra apporter une solution en révisant la loi sur les baux commerciaux, qui date des années 20. » Chacun semble réclamer l’allègement des procédures administratives. « Pour ouvrir et gérer mon propre commerce, il faut que je m’adresse à plus de 45 instances différentes », observe Guill Kaempf. Pour le développement d’infrastructures ou encore de logements, les démarches restent longues, notamment à cause d’une organisation très verticale des structures de l’État et donc du peu d’échanges transversaux. « La longueur des procédures constitue sans doute notre principal ennemi. Il y a de très beaux projets mais il n’est souvent pas possible de les mettre en place dans les temps. Il faut huit à dix ans pour réaménager un site industriel, pour lui donner une nouvelle vocation. C’est trop long, quand on veut mettre tout le monde d’accord, conclut Thierry Nothum. Avec une vision claire et la volonté de la mettre en œuvre, il y a moyen d’avancer plus vite, d’appuyer des choix concrets. La simplification administrative ne doit pas seulement être une promesse. » L’avenir des PME dépend aussi de l’évolution des salaires et de l’inflation. De manière unanime, forcément, les représentants des entreprises plaident pour une désindexation générale de l’économie. « Il faut que les salaires soient déterminés par la productivité et non par le législateur. C’est l’ensemble du système qui souffre de la politique actuelle d’évolution des salaires. Cela pèse sur la compétitivité des entreprises, sur l’emploi, et a pour effet de nourrir l’inflation. On ne comprend pas, aujourd’hui, qu’une personne non qualifiée, en raison du salaire social minimum, touche 1.900 euros. Économiquement, cela ne fait pas de sens », conclut Carlo Thelen.
Alors que les investissements sont plutôt en attente et que des secteurs de l’artisanat souffrent, que l’incertitude touche le commerce, que les services, vitaux pour l’économie, observent les tendances, les maillons du tissu de PME attendent du prochain gouvernement un soutien efficace, sur le plan politique, fiscal et administratif.
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Secteur maritime
L’économie bleue passe au vert Le Cluster maritime luxembourgeois célèbre ses cinq ans et compte désormais 45 membres. Au cœur du secteur logistique, les activités maritimes sont devenues une niche économique très fertile. Le pavillon luxembourgeois dispose d’une notoriété internationale et aspire à devenir un modèle « vert ». Texte Frédérique Moser
L
e Luxembourg est un pays enclavé… avec une flotte maritime à faire pâlir d’envie de nombreux littoraux d’Europe. Et, aussi, un vivier de compétences inattendu dans un pays sans tradition maritime. Le Cluster maritime luxembourgeois, qui célèbre ses cinq ans en octobre, n’a donc pas à rougir de sa cinquantaine de membres, face à son homologue français qui en rassemble environ 300. Les 16 fondateurs (CLdN Cobelfret, Jan de Nul, DEME Dredging International et CFL Cargo, ainsi que des banques, trois cabinets d’audit, des avocats et des institutionnels) ont été rejoints par une solide armada. Il assume même la vice-présidence – Fabrice Maire – et le secrétariat général – Paul Marceul – de l’European Network of Maritime Clusters, depuis fin 2011. « La plupart des acteurs sont à bord du cluster luxembourgeois. Nous avons pratiquement épuisé les membres à recruter au niveau national », se félicite Paul Marceul, le manager. Quelques adhésions sont toutefois en cours : le Cluster maritime devrait atteindre une cinquantaine de membres d’ici la fin de l’année. Mais la croissance est loin d’être finie. Car le registre maritime, s’il a le vent en poupe depuis une petite décennie, a évidemment vocation à s’étoffer. Sans perdre son cap : « Notre cluster ne regroupe que des acteurs avec des activités tangibles, au niveau national. Ce qui nous intéresse, c’est de rencontrer des dirigeants, favoriser l’émergence d’une communauté maritime au Luxembourg. Les sociétés ‘boîtes aux lettres’, à part nous rapporter des cotisations, ne nous attireraient pas grand-chose », assure M. Marceul. Un pavillon honorable
Les conditions requises par l’immatriculation au registre maritime permettent d’ailleurs d’éviter cette dérive. La loi du 9 novembre 1990 dispose que l’armateur doit avoir un lien avec le Luxembourg, donc une implantation commerciale et des employés dans le pays. Tout ou partie de la gestion du navire doit en outre être effectuée à partir du Grand-Duché (équipage ou suivi technique). S’il s’affiche aujourd’hui avec aisance, le registre a connu des débuts difficiles : sa crédibilité fut régulièrement critiquée,
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voire raillée, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. « Les méga-yachts amarrés à Nice ou Saint-Tropez et battant pavillon luxembourgeois ne donnaient pas vraiment l’image recherchée ! », se souvient David Lutty, manager du groupe Jan de Nul et ancien attaché de la Chambre de commerce. Au fil des ans, le Roude Léiw est toutefois parvenu à acquérir une notoriété, voire une notabilité certaine. En 2004, avec l’arrivée de Jeannot Krecké au ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, une vaste opération de modernisation du cadre législatif et réglementaire a permis de renforcer le périmètre. Les modifications ont porté tant sur le régime fiscal que sur la sécurité et la sûreté maritimes. Dans le package proposé aux propriétaires de navires, les incitants fiscaux restent nombreux : le régime propose, notamment, l’option d’un amortissement accéléré et un abattement fiscal sur investissement. En outre, un taux d’impôts modéré se substitue à la taxe au tonnage, en vigueur dans la majorité des autres pays européens. De quoi susciter l’intérêt des plus grands groupes mondiaux. Le registre maritime a ainsi fortement évolué ces dernières années : depuis 2004, le nombre de méga-yachts enregistrés est resté plus ou moins stable tandis que celui des autres navires (porte-conteneurs, dragues et autres) est passé de 136 à 264. Les taxes pour l’enregistrement des navires et le renouvellement annuel des pavillons luxembourgeois rapportent chaque année à l’État, depuis 2010, plus d’un million d’euros. À cela s’ajoutent les bénéfices des entreprises qui gèrent ces navires, toutes avec une implantation au Grand-Duché et qui payent leurs impôts dans le pays ; un chiffre dont le montant est encore inconnu, à l’heure actuelle. À titre d’exemple, Jan de Nul a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros et dégagé 200 millions d’euros de bénéfices (en contraction par rapport aux années précédentes, où ils avoisinaient les 300 millions), indique David Lutty. Le groupe familial emploie une cinquantaine de personnes au siège de Capellen et 400 marins du groupe sont inscrits à la Sécurité sociale luxembourgeoise et paient leurs impôts dans le pays. « Il est difficile de livrer des chiffres précis sur les dépenses réalisées
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Photo : Group Jan de Nul
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Le Gerardus Mercator (Group Jan de Nul) est l'un des 264 navires à arborer le Roude Léiw.
dans le pays : les frais bancaires, d’avocats, de consultance et d’audit…, liste David Lutty. Notre flotte s’agrandit et nos navires sous pavillon luxembourgeois sont au nombre de 61, sur les 75 de notre flotte. Notre groupe a 14 sociétés au Luxembourg : chacune établit des comptes, ce qui fait beaucoup de travail d’audit… Rien que nos publications au RCS nous coûtent d’ailleurs 3.000 euros par an. Nous organisons également le board meeting tous les ans au Luxembourg ; soit 30 dirigeants qui séjournent ici. Pas facile de chiffrer toutes ces dépenses réalisées dans le pays… » Et que représentent-elles pour l’ensemble du secteur maritime ? C’est justement ce que cherche à savoir Paul Marceul. « Nous recueillons actuellement des données sur quelque 300 sociétés et nous travaillons sur leur bilan au Registre du commerce et des sociétés », indique-t-il. Le Cluster maritime ambitionne de recueillir des données sur les actifs (la flotte), le personnel à terre et en mer ainsi que les dépenses annuelles effectuées au Luxembourg. L’étude devrait être prête pour le 1er trimestre 2014. « Elle nous permettra de faire des recommandations au prochain gouvernement. Il est important de montrer notre poids et dire à quoi nous tenons, assure Paul Marceul. Le secteur maritime luxembourgeois peut devenir un levier de développement pour beaucoup d’autres secteurs, et pas seulement les services. » Outre son partenaire naturel, la logistique, le Cluster maritime ambitionne de s’ouvrir à d’autres branches
sectorielles. « Nous aimerions être plus proches de l’industrie et nouer de nouveaux contacts, explique M. Marceul. Voir si, au Luxembourg, certaines synergies sont envisageables. Je pense notamment à SES Astra avec le réseau satellitaire ou Dupont de Nemours, qui pourraient devenir fournisseurs de matériaux innovants pour le secteur maritime. La menuiserie Kraemer, de Bettendorf, participe depuis plusieurs années déjà au Monaco Yacht Show… » Le ciel politique reste clair
Si le lobbying de ce secteur en développement est constant, auprès du gouvernement, il doit toutefois rester ‘soft’, selon David Lutty : « Actuellement, le gouvernement est en notre faveur, il nous apporte un bon support. Le Commissariat aux affaires maritimes, tout comme le réseau diplomatique, est très réactif en cas de besoin (on pense évidemment au piratage, ndlr) : ils n’ont pas de réticences à se mettre en avant pour protéger le pavillon maritime. Si le nouveau ministre remettait cela en cause et si nous sentions une menace liée à un manque d’informations, alors il faudrait effectivement une étude, pour avancer des chiffres. » Pour lui, il serait contre-productif de vouloir gonfler le registre à tout prix. « Il faut cibler les armateurs qui nous NOVEMBRE 2013 —
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« Il est important de montrer notre poids et dire à quoi nous tenons. » Paul Marceul (Cluster maritime)
intéressent : les sociétés familiales, celles qui investissent beaucoup. » Celles qui ont une flotte de qualité, jeune. Avec une moyenne d’âge des bateaux inférieure à sept ans, le pavillon luxembourgeois dispose déjà d’un atout de choix. Mais il ne faut pas baisser la garde : dans le classement du MoU de Paris, le Luxembourg a décroché la dernière place de la liste blanche (lire encadré page 39). « Ce classement est établi selon le nombre d’inspections effectuées en Europe et les détentions réalisées, en cas d’infractions (sept en 2012, ndlr), explique le manager de Jan de Nul. Or, comme nous avons peu de navires dans les ports européens, peu d’inspections sont possibles et cela fait automatiquement baisser notre note. Il faut donc que les nouveaux venus sur le registre maritime aient une flotte basée en Europe, pour qu’ils puissent subir des contrôles et contribuer à améliorer notre position dans le classement. » « Ce que nous devons pousser, c’est l’implantation au Luxembourg des head offices, poursuit M. Lutty, qui est également administrateur du Cluster. Le secteur maritime au Grand-Duché est essentiellement voué aux services. Je n’imagine pas que notre groupe, qui a établi son siège à Capellen, dans un bâtiment de 5.000 m2, construise ici des hangars pour la logistique, explique-t-il. Les surfaces dont nous avons besoin sont énormes et les terrains au Luxembourg sont bien trop chers. Jeannot Krecké a pu le constater, lorsqu’il est venu visiter nos sites en Belgique. On ne change pas ce qui est bien implanté ailleurs. » Le Luxembourg aurait donc tout intérêt à renforcer ce qu’il sait faire de mieux : « Il faut maintenir une offre de package attractif et réfléchir
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à ce qu’on peut faire de plus : Bourbon est arrivé, c’est bien ; que peut-on faire de plus pour eux ? Que peut-on proposer aux Allemands, en plus des avantages existants, pour les convaincre d’installer leurs sièges au Grand-Duché ? » La flotte allemande est en effet dans le viseur du pays. De plus en plus de bâtiments venus d’outre-Moselle sont inscrits sur le registre luxembourgeois ; 14, rien que depuis le début de cette l’année. « Le gouvernement allemand, sous la pression de la Commission européenne, fait pression sur les armateurs pour qu’ils repavillonnent leur flotte dans l’UE, indique Paul Marceul. Pour bénéficier des aides d’État au tonnage, les armateurs allemands doivent en effet avoir 60 % de leur tonnage sous pavillon européen. » Intelligence économique
Or, sur les 3.784 navires actuellement contrôlés par des Allemands, 3.100 ne sont pas sous pavillon allemand ; la majorité d’entre eux est inscrite aux Antilles, à la Barbade ou au Liberia… « Nous avons lancé depuis quelques mois une belle offensive d’intelligence économique, pour promouvoir les atouts du registre maritime luxembourgeois. Chaque bateau qui arrive représente un business pour différents métiers au Luxembourg », explique Paul Marceul, qui a établi une estimation par navire (voir infographie page 39). Un objectif « réaliste », selon le manager du Cluster, serait de récupérer 200 navires
au Luxembourg. « L’implantation en début d’année d’un nouvel acteur sur la Place, EuroFlag Services, spécialisé dans l’immatriculation de navires, en particulier allemands, est un très bon signe. » À côté de cette stratégie, le Cluster maritime s’attelle à un autre gros dossier : le green shipping. Une priorité pour les armateurs. « Ils se trouvent sous une forte pression législative en matière environnementale, explique M. Marceul. Des recommandations de l’OMI (Organisation maritime internationale) ont abouti à une directive européenne sur les prescriptions en matière d’environnement. Elles limitent les émissions de gaz nocifs dans certaines zones, notamment la mer du Nord et la mer Baltique. Les armateurs, malmenés par la crise économique, doivent adapter leurs navires d’ici au 1er janvier 2015. Or, les coûts sont énormes et les technologies pas encore matures. » La Commission européenne autorise des aides étatiques, dans certains cas précis : être « plus verts » que ne l’exige la législation ou une mise aux normes avant l’échéance de 2015. « Nous voudrions que l’État aide les armateurs dans cette évolution, dans un périmètre qui reste à définir, explique le manager du cluster. Lors d’une réunion, Étienne Schneider a dit qu’il voulait faire du pavillon luxembourgeois ‘le plus vert d’Europe’. Nous sommes donc confiants. » Faire du Roude Léiw un pavillon vert ne peut qu’assoir davantage sa crédibilité. Tout comme le fait de le hisser à l’avant des navires les plus performants du globe. Chez Jan de Nul, la compagnie assure en interne toute l’ingénierie de ses navires. Elle dispose « des navires les plus
ACTUALITÉ
Les frais afférents à la gestion d’un navire sous pavillon luxembourgeois rapportent environ 75.000 euros dans les caisses de l’État, la première année, et environ 63.000 euros les années suivantes.
Estimation des dépenses au Luxembourg pour un navire
Obligations des propriétaires
Service concerné au Luxembourg
Coûts (en euros)
Première immatriculation du navire
Enregistrement – Bureau des hypothèques
14.000 (une fois)
Coûts d’immatriculation après la 1re année Enregistrement – Bureau des hypothèques
8.000 (annuel)
Salaire du personnel
Administration des contributions
50.000 (annuel)
Documents et certificats pour l’équipage
Commissariat aux affaires maritimes
5.000 (annuel)
Documents légaux (hypothèque, etc.)
Notaire, avocat
8.000 (une fois)
Frais bancaires : - opérationnels - intérêts
Banques
Compagnie maritime agréée
Commissariat aux affaires maritimes
1.000 (une fois)
Accréditation de la direction
Commissariat aux affaires maritimes
1.000 (une fois)
‘greens’ depuis les années 2000, dans les standards les plus élevés », souligne David Lutty. Néanmoins, malgré les efforts technologiques accomplis ces dernières années, les armateurs ne peuvent nier l’empreinte écologique de leurs navires. L’utilisation des hydrocarbures dans les moteurs des machines, en particulier, reste la norme, même si le GPL permet de limiter les émissions de gaz nocifs. « La taxe d’immatriculation peut être un bon levier pour encourager la modernisation des équipements, avec un principe de pollueur / payeur », avance David Lutty. Avec un avantage business évident, puisque « de plus en plus, il faut être ‘green’ pour décrocher certains marchés, notamment dans le domaine public ». Convention collective
Sur le plan socio-économique, le secteur maritime a également connu une avancée de taille, cet été. L’Organisation internationale du travail a – enfin – marqué l’entrée en vigueur de sa convention historique sur le travail maritime, le 20 août 2013. La convention ayant été ratifiée par le Luxembourg dès 2011, elle y est donc pleinement en vigueur. « Une excellente chose, se réjouit David Lutty. Le patronat maritime doit développer le dialogue social au Luxembourg, c’est une critique que nous fait souvent l’OIT. Nous allons donc, sous l’égide de la Fedil, négocier avec les syndicats, sans doute l’OGBL et le LCGB, une convention-cadre pour le secteur. C’est l’occasion d’être bien implantés dans le domaine social
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et ce sera un argument de crédibilité supplémentaire. » À côté des activités déjà bien développées en matière de networking et de lobbying ‘soft’ en direction du gouvernement, le manager de Jan de Nul considère que le Cluster maritime doit encore davantage communiquer vers la presse et le grand public : « On ne doit pas être trop discret. Il ne faut pas hésiter à mettre en avant le secteur maritime, à mieux faire connaître notre pavillon. » Un film institutionnel devrait d’ailleurs être achevé dans les prochaines semaines et servir à la promotion du pavillon luxembourgeois par les agences de développement économique, en particulier Luxembourg for Business, et à être diffusé auprès des ambassades. Le registre maritime entend donner de la voix et faire savoir qu’il n’a rien à cacher. Bien au contraire. Pour faire taire les vieilles querelles et mettre en avant la qualité du pavillon, il compte hisser fièrement le Roude Léiw, aussi souvent que nécessaire.
Le Cluster maritime, 5 ans et 45 membres, prépare une étude pour montrer au prochain gouvernement le poids économique, direct et indirect, de ce secteur en fort développement. Le pavillon luxembourgeois, qui a gagné sa crédibilité et sa légitimité, aspire à devenir un modèle européen pour le green shipping.
Source : Paul Marceul
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PAVILLONS
Liste blanche Comme les compagnies aériennes et les places financières, les pavillons ont leurs « listes » colorées, attestant des performances de leurs registres, en matière de sécurité, de prévention de la pollution et de conditions de vie et de travail du personnel de bord. Le classement du MoU de Paris (Mémorandum d’entente sur le contrôle des navires par l’État du port) est, tous les ans, l’un des plus attendus. Près de 25.000 inspections sont effectuées chaque année par cette autorité indépendante qui établit ensuite trois listes : blanche, grise et noire. La dernière livraison, qui porte sur les inspections de 2012, est entrée en vigueur le 1er juillet 2013. Le Roude Léiw figure comme chaque année sur la liste blanche, aux côtés de 44 autres pavillons, pour cette édition (la liste grise en compte 19 et la noire, 14). Il s’en est fallu de peu, pourtant ! Le pavillon Luxembourg est en effet à la 45e et dernière place de ce podium immaculé (juste avant le Kazakhstan et la Suisse qui ont les 46e et 47e places, en liste grise), mais loin derrière la France et l’Allemagne (qui décrochent les 1e et 2e places). À noter que tous les pavillons européens figurent sur la liste blanche. F. M.
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COVERSTORY
ÉLE
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COVERSTORY ÉLECTIONS 2013
Luxbg. ch. 1 min. p. « sortie de crise » er
TEXTES FRÉDÉRIC ANTZORN, ALAIN DUCAT, JEAN-MICHEL GAUDRON, THIERRY RAIZER
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COVERSTORY
e Luxembourg est dans l’attente. L’attente d’un scrutin électoral anticipé, tout d’abord. Annoncé fin juillet, il accapare toutes les attentions depuis le 16 septembre, date à laquelle a commencé, officiellement, la campagne électorale. L’attente, ensuite, de savoir qui sera la nouvelle tête forte du prochain gouvernement. Les premières tables rondes, débats et autres interventions médiatiques ont permis à chacun de se positionner, de marquer (ou perdre) des points vis-à-vis de l’opinion, de se présenter sous un jour qu’il a supposé être le meilleur. En tête de peloton, dans un ordre aléatoire : Jean-Claude Juncker (CSV), Xavier Bettel (DP), François Bausch (Déi Gréng) et Étienne Schneider (LSAP)… L’attente, enfin, et surtout, de la prise de vraies décisions : celles qui vont engager l’avenir du pays sur la voie de la sortie de crise ; celles qui sont censées redonner de la confiance au citoyen envers sa classe politique ; celles
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qui pourraient permettre de réconcilier secteur privé et fonction publique qui, bien souvent, se regardent encore en chiens de faïence ; celles, enfin, qui vont permettre au Luxembourg d’entrer dans une gouvernance socio-politique nouvelle, afin de répondre – enfin ! – à la complexe équation posée par la présence de plus en plus importante de citoyens nonluxembourgeois résidant sur le territoire. La dislocation en plein cœur de l’été de la coalition CSV-LSAP aura eu le mérite, c’est déjà ça, d’écourter cette attente. Dans l’ambiance « pourrie » (sic) décrite par MM. Juncker et Schneider et prévalant entre les deux parties, il eut évidemment été très douloureux de maintenir en l’état leur étroite relation jusqu’en mai 2014. Le sprint est désormais engagé, à l’entrée de la dernière ligne droite jusqu’au 20 octobre. Mais il n’est pas question de s’essouffler pour autant. Car ce qui attend le prochain gouvernement tiendra davantage du marathon, voire de l’Iron Man, que de la promenade de santé.
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Taux de variation annuelle des dépenses, des recettes et du PIB nominal au Luxembourg (en %)
Recettes courantes, dépenses galopantes Hormis 2009 et son évolution sur les recettes, la fluctuation est marquée depuis plusieurs années. 2012 et 2013 n’ont pas corrigé le tir.
Situation fin juin des dépenses et recettes de l’administration centrale (en Mios d’euros) 6.962,7 6.635,5 6.368,3 +4,9% 6.266,1
15 Taux de croissance du PIB (nominal) Taux de croissance des dépenses Taux de croissance des recettes
+1,6%
10
Source : ministère des Finances
Sources : Statec, Eurostat
5
0 2007
2008
2009
2010
2011
-5
2012 (solde : –369,4) Dépenses
2013 (solde : –594,5)
Recettes
PROGRAMMES FINANCES PUBLIQUES
Faire aussi bien avec moins d’argent Le virage des finances publiques préoccupe beaucoup les partis, surtout les plus réformistes et surtout dans lʼopposition. TEXTE ALAIN DUCAT
vec la traversée de crise, le paysage budgétaire du pays a sérieusement changé. Le retour à une orthodoxie justement répartie mais amortie ressemble à une quadrature du cercle. Dans l’ensemble, chaque parti se dit conscient qu’il faut une politique responsable dans le traitement des finances publiques, « qui donne aux générations futures la marge de manœuvre nécessaire pour façonner leur propre avenir », comme le souligne le DP. Les libéraux se montrent très diserts sur le sujet. « Nous savons comment faire une meilleure politique avec moins », claironnent-ils. Les chiffres valsent dans les programmes. Le DP relève que « en seulement cinq ans, la dette publique a triplé, passant de 6,7 % à 20,8 % du produit intérieur brut ». Pas prêt à discuter de nouvelles recettes fiscales, le parti exige une utilisation plus rationnelle et socialement juste des deniers disponibles. La méthode passe par un « audit financier », qui permette d’« objectiver le débat » dans une « transparence des coûts ». Le parti démocratique s’engage donc à vérifier, séance tenante, les programmes de transfert de dépenses existants et leur pertinence par rapport aux objectifs poursuivis. Le LSAP rejoint en partie cette approche, en tout cas l’objectif que les « groupes de population qui ont le plus besoin d’aide la reçoive en priorité ». L’État providence risque-t-il de mettre à mal le fragile équilibre des finances publiques ? « Le Luxembourg, en comparaison internationale, reste un des pays les plus prospères d’Europe », relativise le programme des socialistes, qui se félicitent d’avoir, via leurs participations au gouvernement, fait en sorte que « le pouvoir d’achat a été maintenu, la dette publique contrôlée et une dégradation du système social évitée ».
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Le CSV, parti ultra dominant depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ne peut pas dire autre chose. Pour les chrétiens sociaux du Premier ministre, cela ne va donc pas si mal, mais cela n’empêche pas un programme qui, en gros, propose de prolonger la logique, dans tous les domaines, et surtout dans un contexte (que le parti de Jean-Claude Juncker maîtrise) européen de plus en plus prégnant… Mais l’impact sur les finances publiques n’est que peu ou prou mis en relief. Le CSV souligne néanmoins des pistes de recettes différentes, liées à une fiscalité améliorée ou à une diversification appliquée. Sans réellement remettre en cause la balance des finances publiques, qui a cependant plus d’une fois suscité les inquiétudes publiques du ministre Luc Frieden au cours des derniers mois. Les Verts sont horrifiés aussi des proportions prises, au fil du temps, par la dette publique. Et déplorent que le matelas de « recettes fiscales solides » est « en train de fondre comme neige au soleil ». Le mouvement cite pour exemple les fruits du commerce électronique qui disparaîtront en 2015 (environ 750 millions d’euros par an, soit 6 % des revenus du gouvernement), ce qui était prévisible mais n’a pas été anticipé. Déi Gréng déplorent surtout que cette « hypothèque pèse lourdement sur les épaules des générations futures » et prône donc un coup de frein pour les finances publiques. « Nous devons mettre en place, en plus du produit intérieur brut, de nouveaux indicateurs qui mesurent ce qui est important pour nous. » L’objectif fixé est un cadre solide pour la consolidation budgétaire et un système fiscal plus progressif, pour plus de redistribution sociale et « moins de niches fiscales », résume le parti de François Bausch et consorts.
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2.600
Nombre d’OPC
En Mrds d’euros
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2.400 1.800
2.200 2.000
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1.800 1.400
1.600 1.400
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Actifs nets
Août 2013
Juil. 2013
Juin 2013
Mai 2013
Avril 2013
Mars 2013
Fév. 2013
Jan. 2013
Déc. 2012
Nov. 2012
Oct. 2012
Sept. 2012
1.000 Août 2012
Source : CSSF
1.000
Situation globale des organismes de placement collectif Si le secteur bancaire est appelé à connaître un changement de modèle d’affaires – prévisible – via la fin du secret bancaire en 2015, l’industrie des fonds reste très prometteuse. Celle-ci pourrait d’ailleurs permettre aux banques d’élargir leurs services vers une clientèle plus fortunée, grâce à l’expérience acquise depuis 25 ans.
Nombre d’OPC
PROGRAMMES PLACE FINANCIÈRE
Une Place, plusieurs visions Apportant un tiers des recettes de lʼÉtat et représentant quelque 36 % du PIB du pays, la place financière fait partie des enjeux économiques pour les partis politiques. Des formations qui impriment leur positionnement via leur vision de ce pan de lʼéconomie. TEXTE THIERRY RAIZER
ême si le KPL et Déi Lénk éprouvent une certaine aversion à l’égard de la place financière, celle-ci est, d’une manière générale, considérée comme un atout pour le pays. À charge de chaque parti d’y apporter des réformes ou de vouloir y insuffler une autre philosophie. Le LSAP voudrait lui donner un visage plus humain, ajoutant souhaiter « une place financière propre, basée sur la qualité, la diversité et l’internationalisation de ses produits et services ». Le DP veut, notamment, s’assurer de la finalité des investissements qui transitent via le Grand-Duché. Le CSV (toujours en charge des Finances) replace la question dans le contexte de la diversification économique du pays. Les chrétiens sociaux veulent aborder de nouveaux marchés, « en dehors de l’Europe, notamment en Asie ». La Gauche déclare vouloir « se rallier aux États européens qui veulent introduire une taxe sur les transactions financières ». Le DP y est opposé si tous les pays ne l’adoptent pas unanimement. Les Verts évoquent aussi une taxe avalisée par tous les pays de l’Union et ajoutent que « la pratique de l’optimisation fiscale des grands groupes internationaux ne doit pas devenir l’écueil de la place financière. Le Luxembourg devrait défendre une harmonisation de la politique fiscale au sein de l’Union européenne et d’autres organisations internationales (OCDE et Gafi) afin de positionner sa place financière de manière durable et solide sur le marché international. » Le CSV rejoint cette ambition quant à l'image et à la conformité de la Place à l’échelle internationale. « Nous allons aider le secteur financier à
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obtenir une réputation irréprochable via l’application de nouvelles normes européennes et de l’OCDE auxquelles nous participons activement. Dans le même temps, nous nous sommes engagés à veiller à ce que les mêmes règles s’appliquent à tous les grands centres financiers mondiaux », précise le parti de Luc Frieden, ministre sortant. Le parti libéral déclare par ailleurs vouloir « promouvoir l’innovation et développer de nouveaux produits » via, par exemple, la création d’un organisme chargé de mener des projets de recherche et d’étude, en collaboration avec les acteurs existants. Déi Gréng imaginent ce type de mission aux mains de la Luxembourg School of Finance, en privilégiant une approche durable. À l’aube de la fin du secret bancaire (2015), la majeure partie des formations politiques considèrent le fait pour acquis, même si le Piratepartei s’y oppose sur le principe, y voyant une intrusion dans la vie privée des citoyens. Le DP regrette lui que l’échange automatique d’informations ait été décidé sans réelle stratégie à long terme ni négociations avec les partenaires européens. Les socialistes proposent aussi d’accentuer le rôle des organismes de supervision dans le contexte de l’Union bancaire européenne. « Il faut mettre en place un comité interministériel pour une meilleure coordination et arrêter les stratégies de négociation importantes au niveau de l’Union européenne », ajoute le LSAP. Quant à la promotion de la Place, le DP souhaite l’élargir à l’ensemble de l’économie via une agence unique. Le LSAP milite pour sa part pour une meilleure maîtrise de la coordination autour des sujets sensibles...
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(en % de variation) 10,0 9,0
Évolution des dépenses courantes de l’Administration publique par rapport aux pays voisins Le LSAP et le DP veulent réaliser un audit sur les finances publiques. Le débat organisé par paperJam le 1er octobre a montré que le CSV et Déi Gréng, notamment, souhaitent accentuer les efforts sur la maîtrise des dépenses de l’État. L’évolution de ses dépenses courantes réalisées et à poursuivre donne une idée d’économies, comparativement à nos voisins.
9,3
8,0 7,0
Source : Chambre de commerce
6,0 5,0 4,0
5,2
5,0 4,2
5,5
5,5 4,7
4,5 3,3
3,0
3,1 1,9
2,0
2,1
1,9
1,0 0,0
2009 / 2008 Luxembourg
Belgique
2010 / 2009 France
Allemagne
1,5
1,5
2011 / 2010 Zone euro
PROGRAMMES INSTITUTIONS
Un pays en évolution, des institutions à remodeler Le besoin dʼune réforme institutionnelle va au-delà des « affaires » liées aux services secrets. Les partis mettent lʼaccent sur la modernisation de lʼappareil étatique et une participation accrue des citoyens au processus démocratique. TEXTE THIERRY RAIZER
a campagne des élections anticipées met en évidence une mouvance vers davantage de transparence de l’État et la remise à plat du fonctionnement des institutions. Déi Lénk souhaitent ainsi « plus de participation directe des citoyens et citoyennes aux décisions politiques ». L’idée d’organiser des referendums et autres consultations remporte une large adhésion au sein des autres partis, dont le PID, plaidant pour une « démocratie intégrale ». « Nous veillerons à ce que les ministres disposent d’un dialogue avec la population avant la rédaction des lois et règlements importants », ajoute le CSV. Concernant le fonctionnement de l’administration, le DP, qui table sur une organisation à l’image d’une d’entreprise, et Déi Gréng veulent simplifier les procédures administratives. Le parti de Xavier Bettel se prononce en faveur – tout comme le Piratepartei – d’un vaste plan de numérisation des données de l’État. Le CSV illustre sa position à ce sujet en déclarant vouloir « continuer à conduire la simplification administrative et l’e-gouvernement lié à la politique de guichets uniques ». La réforme de la constitution fait partie de tous les programmes et déclarations. Le nouveau texte, dont beaucoup souhaiteraient le soumettre à referendum, comporterait, pêle-mêle, la fin de la monarchie (Déi Lénk, KPL) ou encore la séparation de l’Église et de l’État (LSAP, DP, Déi Lénk, KPL, Piratepartei). Le CSV veut l’utiliser pour préserver le rôle du Grand-Duc en tant que chef de l’État ainsi que la langue luxembourgeoise comme symbole
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national. Le fonctionnement du système politique est aussi appelé à changer. À commencer par les partis qui, selon les Pirates, devraient être dotés d’une personnalité juridique. « Nous voulons introduire un code de conduite valable tant pour le gouvernement et les députés que pour les élus communaux et les fonctionnaires », précisent Déi Gréng. Le CSV s’est même fixé une date pour mettre en place un tel texte (déjà en préparation) : le 1er janvier 2014. Les groupes d’influence sont dans le collimateur de plusieurs formations, dont les Pirates et Déi Gréng qui veulent créer un « registre national des lobbies » pour éviter tout conflit d’intérêts avec les élus. Le droit de vote des étrangers (aux législatives) occupe aussi la scène politique. Beaucoup de partis le conditionnent à une durée de séjour (Piratepartei, Déi Gréng, DP, LSAP), le CSV le soumet à la détention de la double nationalité. De l’introduction du principe de fraction parlementaire dès deux députés (Piratepartei) au noncumul – sous conditions – des mandats de député et de bourgmestre (CSV, LSAP, DP, Déi Gréng), les rouages politiques seraient donc appelés à évoluer. Et les Verts d’imaginer la création d’une Chambre traitant des dossiers régionaux. Le CSV en prévoit une pour les élus locaux. Concernant le fameux Srel, son existence n’est pas remise en question, mais les partis veulent en revoir le fonctionnement. Concerné par ce dossier via le Premier ministre, le CSV déclare vouloir « simplifier la création d’une commission d’enquête parlementaire, améliorant ainsi la fonction de contrôle de la Chambre des députés ».
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Anglais 10.018 2,1 %
TOTAL 476.614 Autres langues 40.042 8,4 %
Allemand 14.658 3,1 %
Français 57.633 12,1 %
Luxembourgeois 265.731 55,8 %
Population et langue principale Dans le recensement de population, le Statec a observé la question de « langue principale », soit la mieux maîtrisée. Le luxembourgeois perd de sa souveraineté.
Portugais 74.636 15,7 %
PROGRAMMES ÉDUCATION NATIONALE
Une tour de Babel à reconstruire Le système scolaire voit mise à mal sa principale spécificité, le multilinguisme. Les partis sʼaccordent sur une même note : « Bien, mais peut mieux faire… » TEXTE FRÉDÉRIC ANTZORN
ierre angulaire de l’enseignement tel qu’il est pratiqué au Luxembourg comme nulle part ailleurs, le principe du multilinguisme va-t-il être remis en cause après l’échéance du 20 octobre ? Tout porte à le croire à en juger par les diverses propositions qui ont été faites en ce sens en matière d’Éducation nationale, dans l’optique des prochaines législatives. Le jusqu’ici inamovible apprentissage du luxembourgeois – du moins oral – dès l’enseignement précoce, puis celui de l’allemand et du français dans l’enseignement fondamental et secondaire – où est ensuite introduit l’anglais comme première langue étrangère obligatoire – a semble-t-il vécu. Car le constat est sans appel aux dires même des professionnels de l’Éducation nationale pour qui « si le multilinguisme constitue sans doute un atout de taille pour les élèves qui réussissent dans le système scolaire luxembourgeois, il est cependant aussi un facteur d’échec chez les jeunes – principalement issus de l’immigration –, réduisant pour quelques-uns les perspectives de formation et d’avenir en raison de déficiences dans l’une des langues du pays ». Auprès des états-majors politiques, unanimes pour reconnaître cette problématique, les propositions ne manquent donc pas. À commencer du côté de la majorité et du détenteur sortant du portefeuille de l’Éducation nationale, le LSAP, pour qui l’apprentissage de l’allemand auprès de certains élèves « est source d’importantes difficultés ». D’où l’idée, chez les socialistes, de lancer à partir de l’enseignement fondamental un projet pilote d’alphabétisation en français, initiative qui serait ensuite poursuivie dans l’enseignement secondaire. Cette pondération des langues, induisant des exigences différentes au niveau du français et de l’allemand au sortir de l’enseignement secondaire, rencontre également les faveurs du parti chrétien social (CSV), partenaire du LSAP dans l’actuelle coalition gouvernementale. À la différence toutefois qu’en plus
Source : Statec
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de la création de cette filière francophone, le CSV insiste pour que l’accent soit également mis sur un apprentissage renforcé de l’anglais. Le discours est sensiblement du même tonneau du côté du DP, qui met en avant la nécessité « d’un apprentissage des langues fondamentalement repensé » et « d’une formation linguistique intensive dès le précoce ». Les libéraux défendent l’idée d’une alphabétisation bilingue sans barrière linguistique dans les matières autres que l’allemand et le français. Autrement dit : laisser à l’élève le choix de sa langue d’enseignement. Chez les Verts, on considère ni plus ni moins le multilinguisme comme « le plus gros défi à relever dans tous les niveaux du système scolaire luxembourgeois ». Leurs propositions visent à promouvoir davantage le luxembourgeois comme langue d’intégration – aussi bien dans l’enseignement précoce que dans toutes les structures d’accueil –, avant un enseignement des trois langues officielles à partir du fondamental, « sans que des lacunes dans l’une de ces langues ne s’accompagnent automatiquement d’un échec scolaire ». Ce multilinguisme devra, selon Déi Gréng, être maintenu « mais en y introduisant dans le secondaire une répartition de l’offre entre langue principale et langue secondaire ». Plus à gauche, Déi Lénk – pour qui maintenir la diversité linguistique au niveau élevé actuel est « une force indéniable sur le plan personnel, culturel, social et économique » – souhaitent promouvoir le luxembourgeois comme langue de communication dans toutes les structures préscolaires et extrascolaires, et en particulier dans le précoce qui est présent dans toutes les communes. Sans se prononcer pour l’une ou l’autre langue, il préconise un débat fondamental sur la hiérarchie entre le français et l’allemand et sur les concepts de langue véhiculaire et d’alphabétisation. Sans oublier l’adaptation de la didactique et les livres scolaires de cette « situation linguistique nationale particulière ».
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Italien 13.896 2,9 %
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260.000
7%
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Sources : Statec / Adem – Bulletin de l’Emploi
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Population active et taux de chômage Les moins de 25 ans sont régulièrement parmi les tranches d’âge les plus demandeuses d’emploi. 476 dossiers ont été introduits auprès de l’Adem en août dernier par les plus jeunes chômeurs.
2% 210.000
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2009 Population active
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Taux de chômage
PROGRAMMES CHÔMAGE ET EMPLOI
Le chômage, cause nationale Même si le taux de chômage vient de repasser sous la barre historique des 7 % (6,9 % en août), la problématique continue dʼalarmer les partis. La mise à niveau des formations avec les besoins du marché de lʼemploi et le renforcement du rôle de lʼAdem figurent en haut… des listes. TEXTE THIERRY RAIZER
a bataille pour l’emploi fait définitivement partie des sujets consensuels de la campagne. Chaque parti y va de ses idées, souvent proches, pour faire baisser la courbe du chômage. Le CSV veut finaliser la réforme du Comité permanent du travail et de l’emploi, afin d’améliorer la coordination des mesures contre le chômage. L’Adem sera certainement appelée à jouer un rôle accru dans cette instance. Tous les partis veulent d’ailleurs renforcer le rôle de l’Administration de l’emploi et la doter de moyens supplémentaires. Selon le DP, elle doit être revue pour lui conférer un rôle plus important en matière de formations et de liens avec les entreprises. Le LSAP et Déi Gréng veulent quant à eux élargir le périmètre d’action de la « Maison de l’orientation » dans la capitale et ouvrir des bureaux dans les régions. Les libéraux proposent également de conclure un pacte de solidarité en faveur des jeunes chômeurs avec les employeurs. Ces derniers devraient être soutenus, selon Déi Gréng qui souhaitent notamment créer un « guichet unique » qui leur sera destiné (sous la responsabilité du ministère du Travail). Pour le LSAP, les chômeurs moins qualifiés pourraient trouver un emploi dans le secteur de la logistique, véritable cheval de bataille de sa tête de liste nationale, Étienne Schneider. Les socialistes souhaitent par ailleurs profiter de la réforme de l’État pour faciliter l’implantation de sociétés et donc la création d’emplois. Un point de convergence avec le CSV qui voudrait
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réaliser un audit sur le Fonds pour l’emploi. En cas d’entrée au prochain gouvernement, le DP veut accentuer le travail du conseil hebdomadaire à l’emploi, quitte à dédier certaines séances uniquement aux questions qui y sont liées. Même si la fonction publique est appelée à être réformée, les Verts considèrent que l’État doit être un pourvoyeur d’emplois au visage attractif. Le reclassement professionnel doit aussi faire l’objet de plus d’attention, selon Déi Lénk, rappelant dans leur programme leur opposition aux licenciements pour raisons économiques dans le chef d’entreprises bénéficiaires. Le CSV appelle par ailleurs à la responsabilité des (jeunes) chômeurs de longue durée qui devront, selon le parti, accepter à un certain moment un emploi. D’un point de vue contractuel, l’ADR (qui venait de publier son programme lors du bouclage de votre magazine) insiste sur l’importance des contrats à durée indéterminée tout en plaidant en faveur d’une certaine flexibilité dans les législations du travail afin d’améliorer la compétitivité du pays. Une position qui rejoint celle du CSV qui se montre ouvert à de nouvelles discussions avec les partenaires sociaux sur ces questions. « Les réformes du marché du travail passeront par la revue de la loi sur le dialogue social », ajoutent Déi Gréng. Sans parler de la question de l’index qui devra être débattue lors d’une tripartite. Le retour de ce mode de négociation entre partenaires sociaux, patronat et gouvernement est d’ailleurs souhaité par tous les partis.
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Prix de vente des maisons et appartements (selon annonces immobilières, en euros courants)
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Toujours en hausse Si l’on met l’indice 100 à 2005, on dépasse les 130 à la mi-2013. Les prix des biens immobiliers ne cessent d’augmenter.
140 135 130 125 120
Source : CEPS/Instead
115 110 2e trimestre 2011 Maisons
2e trimestre 2012
2e trimestre 2013
Appartements
PROGRAMMES LOGEMENT
Tous pour vous, eux pour toit Face à une inexorable hausse des prix dans le domaine du logement, toutes les formations politiques se disent prêtes à redoubler dʼefforts pour tenter de rendre ce droit à nouveau accessible à tous. TEXTE FRÉDÉRIC ANTZORN
ans le budget des ménages, la part qu’occupe le logement pèse toujours un peu plus, au point qu’en 2013, ce ne sont plus seulement les plus bas revenus, mais aussi certains revenus intermédiaires qui peinent à trouver un toit. En cause : une offre incapable de suivre l’augmentation de la demande, poussant les prix à la hausse. Les partis s’accordent dans leurs programmes sur l’impérative nécessité de freiner cette évolution. Le droit au logement se décline en « tâche nationale prioritaire » pour le DP, en « question de justice sociale » pour le LSAP, en « droit humain plus qu’en besoin fondamental » pour le CSV, alors que Déi Gréng plaident pour l’inscription de ce droit dans la Constitution, « au même titre et au même niveau » que le droit à la propriété. L’objectif est donc commun. Mais les méthodes proposées diffèrent. Quoique. Le CSV dit vouloir investir dans l’offre de logements avec un plan de construction résidentielle prévoyant la création de 17.000 foyers, avec un accent mis sur le logement locatif social. « Le Luxembourg continuera d’avoir un taux élevé de propriétaires d’appartement, dans l’objectif d’une plus grande cohésion sociale et d’une meilleure intégration des différentes communautés », affirme-t-il, ajoutant que sur base de données fournies par l’Observatoire de l’habitat, un nouvel outil pour déterminer un « loyer comparatif local » sera mis en place pour servir de base à la tarification plus juste des loyers et ainsi freiner leur hausse. Le LSAP annonce pour sa part une « offensive » visant elle aussi à promouvoir le logement social, public et privé. Comme son partenaire de coalition, il compte introduire une taxe sur les logements inoccupés et les terrains en friche. Il annonce d’autres priorités comme l’extension du périmètre de construction (PAG), l’établissement d’agences de locations publiques et communales qui proposeront des appartements à des tarifs sociaux,
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l’élimination des attraits favorisant la spéculation immobilière, la limitation stricte de la transformation « abusive » de logements en bureau ou encore la promotion systématique des baux de location-vente ou de baux emphytéotiques. Pour assurer le plafonnement des loyers, le LSAP assure vouloir aligner le loyer légal aux développements des intérêts du marché, sans que le seuil de 5 % ne puisse être franchi. « Offrir un logement à chacun » est le leitmotiv de Déi Gréng. « L’État et les communes doivent acquérir leurs propres terrains et proposer davantage d’habitations accessibles », et endiguer la spéculation liée aux logements vacants par le biais de programmes d’assainissement et d’un système de taxation. Souhaitant doter la politique du logement de moyens financiers via la réforme de l’impôt foncier ou l’instauration de nouvelles taxes locales, Déi Gréng proposent par ailleurs une révision de la politique des subventions publiques et un meilleur contrôle de l’évolution des loyers, via un indice locatif, sur base de ce qui se pratique par exemple déjà en Allemagne. Le DP se veut aussi promoteur du logement social, de préférence à travers des partenariats public-privé. « Les promoteurs publics ne doivent pas se constituer un stock de réserves foncières, mais au contraire les utiliser immédiatement. » Les libéraux comptent « mettre ces réserves foncières publiques sur le marché et, avec des investisseurs privés, proposer sous différentes formules des logements à prix réduits, notamment à destination de jeunes familles », aux revenus faibles ou intermédiaires. Déi Lénk se prononcent pour 6.500 nouveaux logements par an, grâce à un fonds alimenté par les revenus des loyers et des ventes, l’augmentation de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires et les terrains à bâtir en friche. Autres suggestions : fixer des plafonds pour les loyers, imposer aux communes 10 % de logements sociaux, « faire payer les spéculateurs »…
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Au fil du temps, le poids du secteur des services n’a cessé d’augmenter. Et ce, que l’on parle de création de valeur ajoutée ou de nombre d’entreprises.
100 %
100 % 90 %
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7.606 60 %
60 %
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30 %
20 %
20 %
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10 % 0% Source : Statec
Services compris
1958
Industrie
Construction
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0%
1960
Services Construction
1975
1985
1995
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Industrie y compris énergie Agriculture, chasse et sylviculture ; pêche et aquaculture
PROGRAMMES DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE
Mettre de la couleur mais ne pas tout changer Les méthodes pour donner dʼautres pistes de (re)décollage à lʼéconomie ne font pas gros débat. Il y a des idées de diversification et une volonté de valider les essais. TEXTE ALAIN DUCAT
a place financière a besoin de soutien. Mais pour « sortir de la crise plus fort qu’avant » – ainsi que le proclame un CSV conquérant – l’économie doit davantage se diversifier. L’unanimité règne sur l’objectif. Un peu moins sur les façons d’y parvenir, même si les visions politiques ne sont pas, en cette matière, diamétralement opposées, en tout cas au niveau des partis dits traditionnels. « La société de la connaissance nous offre de nombreuses nouvelles possibilités », glisse le parti chrétien social qui n’oublie pas pour autant que « les secteurs économiques traditionnels tels que l’industrie ou l’agriculture offrent de nouvelles opportunités de développement ». Le CSV, en plus des secteurs courtisés au fil des dernières années (ICT, finance islamique ou gestion de patrimoine, logistique, biotechs…), évoque un soutien aux classes moyennes, au volumineux tissu de PME ou aux professions libérales. Mais aussi une « institution de microfinance » et un appui à de nouvelles activités indépendantes. Fidèle à sa logique, le parti Déi Gréng milite pour un développement endogène, une économie sociale et appuyée sur les technologies vertes. Sur le principe, le parti se veut aussi plus européen, dans une collaboration durable qui veille « à ce que les marchés financiers soient apprivoisés et utilisent à nouveau l’économie réelle ». Les Verts veulent une diversification rationnelle, en usant des métiers et des technologies à fort potentiel de développement régional, sans négliger les secteurs qui fonctionnent, pour autant qu’ils respectent les règles du commerce international et des États de droit. Au passage, les Verts placent le tourisme comme un pan de développement
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économique, trop négligé jusqu’ici. « Il doit être un pilier plus important de l’économie luxembourgeoise », grâce à son potentiel environnemental, en particulier dans le domaine du tourisme diffus et de la mobilité douce. « Sans une économie qui fonctionne bien, aucun pays ne peut résoudre les problèmes sociaux » : le LSAP entend prolonger la voie ouverte par les ministres de l’Économie successifs (Étienne Schneider, candidat Premier ministre, ayant succédé à Jeannot Krecké) et poursuivre le travail de VRP pour aller chercher les créateurs d’entreprises et d’emplois dans les secteurs les plus prisés. « Le LSAP possède l’expérience et l’expertise ainsi que le courage politique de s’attaquer aux défis de l’avenir avec de nouvelles idées », résume-t-il… Le DP, sans piste révolutionnaire, insiste sur le besoin de « développer une marque reconnaissable, la marque Luxembourg ayant beaucoup souffert ces dernières années ». Pour les libéraux, la diversification entamée est sur la bonne voie, elle doit simplement se prolonger sur un mode honnête et transparent, attaché à des valeurs d’innovation. « Nous devons établir des règles de priorité claires si nous voulons avoir une économie dynamique dans notre pays », souligne le programme du DP. Et le parti se prononce notamment pour des « stratégies claires » dans les domaines de la logistique, de l’environnement, des biotechnologies, des TIC. Comme on le voit, c’est davantage dans les contextes à créer ou à promouvoir que se situent les subtiles divergences, plutôt que dans les pistes de diversification, somme toute assez similaires. Ce n’est pas parce que l’on veut ajouter quelques couleurs à la déco que l’on souhaite repeindre toute la maison…
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Évolution de la structure de la somme de la valeur ajoutée brute
Nombre d’entreprises par secteur économique
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PROGRAMMES ÉLECTORAUX ANALYSES
Beaucoup d’intentions, très peu de concret Vu du côté du patronat (Chambre de commerce), des employés (Chambre des salariés) ou sous le regard dʼun économiste (Nicolas Ries), les programmes des partis en lice pour le scrutin du 20 octobre semblent laisser sur la faim. Les idées ne manquent pas, contrairement aux propositions concrètes. TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON
rès de 600 pages (dont 164 pour le seul PiratenPartei, mais en grosse police de caractère… ) ; des dizaines de chapitres couvrant tous les thèmes possibles et imaginables : les programmes des neuf partis politiques en lice dans le scrutin électoral de ce 20 octobre ne manquent pas de volume dans leur forme. Pour ce qui est de la consistance quant au fond, les avis sont et seront forcément divergents, en fonction des affinités politiques des uns et des autres. Du « Elo » (« Maintenant » ) de Déi Lénk jusqu’au « Zesummen fir Lëtzebuerg » (« Ensemble pour le Luxembourg » ) du CSV, en passant par le « Loscht op Muer » (« Envie de demain » ) du LSAP ou encore le « B esser léisunge fir eist Land » (« Les meilleures solutions pour notre pays » ) du DP, les différents partis se sont affichés, d’abord en allemand, puis, les uns après les autres, en français (avec la prime de la rapidité à Déi Lénk ). « Comparé à ceux de 2009, les programmes de cette année sont plus accentués, avec des positions plus affirmées, constate JeanClaude Reding, président de la Chambre des salariés. Je trouve, par exemple, qu’entre le programme du CSV et celui du LSAP, il y a des divergences énormes, aussi bien sur le social que sur les questions institutionnelles ou l’économique. » « Par rapport à l’élan de changement prôné par tous, mon avis est mitigé, tempère Carlo Thelen, chef économiste de la Chambre de commerce. Sur les grands sujets, je note certaines prises de conscience, de la part de tous les partis, qu’il faut vraiment changer la façon de voir les choses, sortir des sentiers battus et faire des nouvelles propositions. Mais il n’y a rien de révolutionnaire. Ce qui n’est pas non plus forcément une mauvaise chose ! »
Photo: Chambre de commerce
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« Il n’y a rien de révolutionnaire, ce qui n’est pas non plus forcément une mauvaise chose. » Carlo Thelen (Chambre de commerce)
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Manque de courage politique L’une des grandes déceptions de M. Thelen réside dans le volet « compétitivité » de l’économie. La Chambre de commerce tire régulièrement le signal d’alarme, chiffres à l’appui. Les derniers datent du rapport établi par le World Economic Forum (WEF ) qui classe le Luxembourg au 22e rang mondial des économies les plus compétitives parmi 148 pays. « On ne voit pas vraiment comment on pourrait rapidement changer les choses au vu de ces programmes, regrette-t-il. On ne voit pas comment les coûts de production, énergétiques ou du terrain pourraient baisser rapidement au cours de la prochaine législature et tendre vers un niveau proche de ce qui se passe chez les voisins. Nous sommes évidemment conscients que c’est un sujet délicat, sensible et impopulaire. C’est pour cela que l’on comprend pourquoi les partis ne se lancent pas en détail dessus. D’un autre côté, ce serait une bonne occasion de faire preuve de courage politique. » M. Thelen s’étonne également que personne ne se soit vraiment emparé de la thématique de l’indexation généralisée de
l’économie ou, plus précisément, des souhaits de désindexation d’un certain nombre de composantes économiques, prônée par les organisations patronales notamment. « Nous savons aussi que si l’inflation est mieux maîtrisée, l’index ne fera plus de mal, car les tranches indiciaires seront plus espacées dans le temps. Seul un parti (Déi Gréng, ndlr) en parle vraiment. » Le volet des finances publiques est une autre source de frustration du chef économiste de la Chambre de commerce. « Tout le monde est d’accord qu’il faut ramener l’équilibre, oui, mais il n’y a pas de proposition vraiment concrète. Certains évoquent des pistes pour changer l’architecture du budget, mais cela reste trop superficiel. Et certains de ces vœux coûteraient eux-mêmes de l’argent. Mais, là aussi, on entre dans un sujet indélicat et impopulaire. L’équation ambitieuse consiste à résoudre en parallèle la baisse des recettes de la TVA, l’augmentation des dépenses de la sécurité sociale, l’augmentation des besoins en infrastructures et l’abolition d’un milliard de déficit chaque année. » Jean-Claude Reding note également beaucoup plus de questions qu’il ne trouve de réponses sur cette thématique, rappelant tout de même qu’à l’échelle européenne, les finances publiques sont, au Luxembourg, plutôt saines. « Certains, comme le CSV, prônent une hausse de la TVA. D’autres veulent ‘mieux dépenser’. Mais comment le faire ? Couper dans des subventions, oui, mais lesquelles ? Quel peut-être l’impact d’une décision qui toucherait, par exemple, des subsides permettant d’aider des entreprises de mieux fonctionner ? Vouloir tout informatiser et ne plus publier d’annonces légales que sur internet, d’accord, mais quelles seraient les conséquences sur le secteur des médias ? J’ai beaucoup de doutes, voire de craintes, envers ceux qui souhaitent couper dans les dépenses. » Quant à la réforme fiscale que presque tous les partis souhaitent, M. Reding trouve qu’elle ne semble pas être vraiment bien préparée. « Personne ne donne de chiffres ! Or, comment entreprendre une réforme fiscale cohérente et compréhensible pour les citoyens si on ne sait pas qui va devoir payer quoi au final ? Quelle progressivité de l’impôt ? Comment traiter les revenus du capital par rapport aux revenus du travail ? On ne sait même pas vraiment comment a évolué la structure fiscale depuis la dernière grande réforme de 1991. Il n’est pourtant pas impossible de procéder à un certain nombre de modélisations pour savoir ce qui se passe si on change tel ou tel point. »
Photo : Archives paperJam
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« J’ai beaucoup de doutes, voire de craintes, envers ceux qui souhaitent couper dans les dépenses. » Jean-Claude Reding (Chambre des salariés)
La réforme de la sécurité sociale « faiblement abordée » Carlo Thelen, lui aussi, constate qu’il y a « un peu de tout » en matière de propositions fiscales dans les différents programmes. Mais certaines pistes ne trouvent guère grâce à ses yeux, comme celles qui évoquent une réintroduction de l’impôt sur la fortune supprimé en 2006. « Ce serait évidemment néfaste », prévient-il, NOVEMBRE 2013 —
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« Les propositions de programmes ressemblent plus à des lettres à Saint-Nicolas. » Nicolas J. Ries (économiste)
préférant jouer sur « la stabilité et la prévisibilité. Augmenter les impôts doit vraiment constituer l’ultime recours si tous les autres efforts pour essayer d’équilibrer les finances publiques n’ont pas fonctionné. Mais dans ce cas, il s’agira de bien analyser lesquels des impôts pourraient être concernés, et surtout de faire en sorte que la TVA reste toujours la plus basse au niveau européen. » Le volet social des différents programmes a évidemment intéressé au plus haut point Jean-Claude Reding, sans qu’il n’y trouve non plus des réponses vraiment satisfaisantes. « Dans une société où les gens ont peur de l’avenir, l’innovation ne fonctionne pas beaucoup. Le changement devra se faire avec les gens et non pas contre les gens. Nous insistons toujours sur le volet ‘sécurisation de l’avenir’ des citoyens, ce qui passe par une bonne protection sociale et par une politique de l’emploi qui fait que l’on ne reste pas longtemps au chômage et que les transitions sont courtes. Il y a très peu de programmes où je retrouve des propositions claires sur ce point-là. Il y a beaucoup de déclarations d’intention, mais peu de concret. » Il en va de même, aux yeux du président de la Chambre des salariés, avec la réforme de la sécurité sociale « qui n’est que faiblement abordée », ou sur l’emploi en général, pour lequel il estime que « les propositions sont faibles et beaucoup n’apporteront pas grand-chose ». Et de regretter, par exemple, que le débat sur la situation des salariés en cas de faillite d’une entreprise n’est pas vraiment abordé non plus. Du reste, à ses yeux, la première démarche du prochain gouvernement devra être d’aborder la question de la protection de l’emploi et d’engager « une réforme nécessaire de la politique de maintien dans l’emploi ».
Absence d’analyse de base La « faiblesse » du contenu des programmes est également mise en avant par l’économiste Nicolas J. Ries, pour qui le problème majeur de ces programmes réside surtout dans « tout ce qui n’y figure pas ». « Il y a un défaut d’approche généralisé, estime-t-il. La base et l’analyse au départ sont manquantes, concernant l’état de la nation et la situation générale, la stratégie de la nation et du pays et les moyens à mettre en œuvre pour arriver à implémenter cette stratégie. Ces programmes électoraux confirment l’approche d’une gestion aveugle, la nuit dans le brouillard, qui n’est pas pour inspirer confiance. Cela ne peut que conforter le doute général et la peur de l’avenir qui va croissant dans le pays. » Dans un pays qu’il estime « en faillite si on applique des critères comptables standards » et dans lequel « les administrations, et non pas le parlement, décident de tout », il aurait aimé voir des propositions plus simples concernant la modernisation de l’État, des pistes allant dans le sens de la création d’une « quadripartite » qui regrouperait gouvernement, populations locale et étrangère, investisseurs et dirigeants, très largement étrangers ; ou encore des mesures rendant obligatoire le maintien dans la compétence, pour employés et employeurs, par l’introduction de temps et crédits de formations sur un axe temps d’une vie de travail, assortis d’une déductibilité des frais de formation du montant des impôts à payer. « À l’instar des textes de 5vir12 ou de 2030.lu, les propositions de programmes ressemblent plus à des lettres à Saint-Nicolas qu’à des programmes solides susceptibles d’apporter des solutions soutenables », regrette-t-il, craignant que les élections ne changent rien à la situation actuelle, « ce qui serait bien dommage pour les générations futures qui vont devoir payer la note ».
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FRANÇOIS BAUSCH (DÉI GRÉNG)
« L’État ressemble trop à une boîte noire » La figure emblématique des Verts plaide pour plus de transparence dans les décisions et une participation accrue de la population dans les processus décisionnels, sans pour autant enlever aux politiques la responsabilité de la décision finale. TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTO SVEN BECKER
u cœur d’une campagne rendue courte par les circonstances, François Bausch, chef de fraction Déi Gréng à la Chambre des députés, où il siège pratiquement sans discontinuer depuis 1989 (hormis deux années entre 1992 et 1994 conformément à une règle d’alternance au sein du parti), est satisfait de constater qu’en dépit de la crise de confiance exprimée par les citoyens envers la classe politique, tout dialogue n’est pas rompu. Et, dans ce contexte, ne pas avoir à traîner une longue campagne jusqu’à la fin du mois de mai constitue un confort indéniable. « C’est ma 11e campagne électorale tous scrutins confondus, calcule-t-il. Je n’ai jamais rencontré de gens aussi ouverts que cette année. Bien sûr, il y a encore une certaine méfiance vis-à-vis de la classe politique, mais nous recevons beaucoup de questions et parfois des critiques, sans agressivité. » À la tête de la Commission de contrôle parlementaire du Service de renseignement de l’État (Srel) qu’il préside depuis 2009, François Bausch a été, d’une certaine façon, l’un des instigateurs du grand mouvement de remise en question du système politique et, au final, de la crise qui a débouché sur la tenue de ces élections anticipées. « Si on n’avait pas fait tout ce travail, la situation serait sans doute encore pire. On aurait alors conforté l’opinion publique dans son impression que l’individu lambda sera toujours puni pour ses fautes et pas les dirigeants de ce pays. Il y a tout un travail à faire pour convaincre et reconvaincre les gens du bien-fondé de notre action, en étant toujours plus proches d’eux et en allant à leur rencontre. » Avec quel message ? François Bausch en identifie essentiellement deux. À commencer par un repositionnement du débat politique sur des valeurs, avec l’appui d’un code de déontologie « qui doit venir au plus vite fixer des règles et démontrer que les politiciens ne sont pas des porte-parole de lobbys, mais qu’ils défendent l’intérêt général ».
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Impliquer davantage les citoyens Il s’agit ensuite, selon lui, d’arrêter de politiser l’appareil administratif du pays. « Il doit rester neutre tout en restant évidemment au service de la politique en général. Les gens ont trop souvent l’impression que l’appareil d’État appartient à un parti. » Cela passe, dès lors, par plus de transparence dans les décisions et une participation accrue de la population dans les processus décisionnels, sans pour autant enlever aux politiques la responsabilité de la décision finale. « Mais il est important d’expliquer et de discuter davantage des projets dès le début. Aujourd’hui, l’État est trop fermé et ressemble trop à une boîte noire
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où l’on ne voit plus trop comment sont prises les décisions. » Dans cet esprit, la mise en place au niveau de la Ville de Luxembourg (dont François Bausch est premier échevin) d’une consultation publique pour l’établissement du budget 2014 constitue un parfait laboratoire et pourrait très bien être dupliquée au niveau du budget de l’État. « Il ne s’agit évidemment pas de faire en sorte que ce soient les citoyens qui établissent le budget. Mais en leur donnant accès à l’ensemble des informations, ainsi qu’à un résumé synthétique, ils sont davantage en mesure de participer aux débats et d’apporter éventuellement de nouvelles idées. » Sans doute le suivi des finances publiques de l’État ne souffrirait-il pas d’une telle approche. Aux yeux de François Bausch, en tous les cas, la gestion du budget national « est un échec total » de la part du gouvernement. « Ce qui agace d’autant plus, c’est de voir que depuis 2006, nous savons tous qu’à l’horizon 2015, il y aura une perte de 500 à 600 millions d’euros de recettes de TVA sur le commerce électronique. Le gouvernement aurait déjà dû immobiliser ces recettes à partir de 2006-2007, et non pas les utiliser pour financer les frais de fonctionnement de l’État. Il aurait fallu créer un fonds souverain et n’utiliser cet argent que pour la diversification économique du pays et le développement de nouvelles activités pouvant générer de nouvelles ressources financières. » À ses yeux, l’idée avancée par le binôme CSV-LSAP d’augmenter la TVA à l’horizon 2015 n’est rien d’autre qu’une solution de facilité par dépit.
« Pas de solution miracle » « Nous sommes d’avis qu’il est urgent de procéder à un ‘screening’ des dépenses courantes de l’État. Nous savons qu’il y a certainement de l’argent à épargner dans ces dépenses courantes. » Et de cibler, par exemple, le manque de sélectivité de certaines prestations sociales de l’État, qui accorde des avantages équivalents sans distinction de revenus, que ce soit au niveau des prestations familiales, des chèques-services ou des bonifications d’impôt pour déplacement au travail. « Il faut regarder tout cela avec les yeux grands ouverts. Nous sommes évidemment absolument opposés au démantèlement de l’État social. Mais des réajustements sont possibles. » Sur le front de l’emploi, le système scolaire est, lui aussi, considéré comme en échec. Que ce soit la sélection par la langue ou la trop grande séparation qui existe entre l’école et le monde du travail, c’est tout un environnement qu’il convient de repenser. « L’orientation professionnelle est presque inexistante. Il y a une trop grande concentration sur le secteur des services. Il convient de
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François Bausch (Déi Gréng) « Les gens ont trop souvent l’impression que l’appareil d’État appartient à un parti. »
revaloriser bon nombre de métiers en montrant qu’il y a des débouchés importants. En outre, devoir décider de son orientation dès l’âge de 12 ans est beaucoup trop tôt. » Quant à ceux qui sont déjà sur le marché du travail ou, plus précisément, à la recherche d’un emploi, c’est vers un renforcement de la politique de formation qu’il faut aller et des incitations fiscales pour les entreprises qui réinvestissent une partie des bénéfices directement dans leur activité, ce qui contribuerait à créer des emplois. « À court terme, il n’existe pas de solution miracle, reconnaît François Bausch. Il s’agit avant tout d’un problème structurel et non pas conjoncturel… Il ne se résoudra que si l’on parvient à évincer les déficits structurels. » Les solutions miracles n’existent pas non plus en matière d’aménagement du territoire en général et de logement en particulier. Sauf qu’en l’absence de plans sectoriels valides, bon nombre de développements, notamment pour les entreprises, ne sont pas possibles. Pas plus qu’une mise en musique efficace du concept de mobilité IVL. « La mobilité constitue aujourd’hui une faiblesse énorme pour notre place économique, constate M. Bausch. Sans un aménagement du territoire plus adapté, la main-d’œuvre étrangère ne va plus venir, car ce qu’elle gagnera d’un côté, elle le perdra dans les embouteillages. »
Pour une table ronde nationale Quant au problème du logement, c’est dans la création urgente de milliers de logements locatifs qu’une partie de la solution pourra être trouvée, en particulier des logements à bon marché. « Il est triste de constater que le plus riche pays en Europe figure à l’avant-dernière place en ce qui concerne le logement locatif social, avec des logements locatifs à bon marché qui ne représentent que 2 % de tout le parc immobilier. Aux Pays-Bas, c’est 30 % ; en Autriche ou en France, c’est autour de 20 %. Arriver dans les prochaines années avec une large offre pour de tels logements contribuera à stabiliser les salaires dans le pays. Sans compter qu’un tel développement profitera également à l’artisanat et au secteur de la construction. » Le nouveau gouvernement, au moment de son entrée en fonction, aura, selon François Bausch, à traiter en priorité le dossier des réformes institutionnelles et administratives. « Il s’agira ensuite de mettre en place une vaste table ronde pour une durée maximale de six mois, permettant de discuter intensément de l’avenir du pays avec un maximum d’intervenants, y compris de la société civile. Et au terme de cette table ronde, prendre les décisions qui s’imposent pour le bien-être du pays. »
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Extraits de la table ronde du 1er octobre (voir aussi en page 64)
« Je ne veux pas vivre dans un pays où ceux qui auront le droit de vote seront ceux qui travaillent dans la fonction publique. Ce serait alors un pays ingouvernable. » « On a un problème de déficit structurel au niveau des dépenses depuis longtemps. Le problème ne remonte pas seulement au début de la crise en 2008. » « En 2000, on avait une croissance de 9 % et des plus-values étatiques de l’ordre de 1 milliard d’euros. Des allégements fiscaux irréfléchis ont été faits. On aurait dû mettre cet argent dans un ‘future fund’ pour la diversification de l’économie. » NOVEMBRE 2013 —
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« Entrer au gouvernement, non. Former un gouvernement, oui » Le président du parti libéral a toujours clamé sa préférence pour sa fonction de bourgmestre de la Ville de Luxembourg. Mais dans des circonstances très favorables pour son parti au terme des élections, rien ne dit quʼil nʼaccepterait pas de prendre ses responsabilités. TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTO JESSICA THEIS
résident d’un parti libéral dans l’opposition depuis huit ans, Xavier Bettel surfe sur une importante vague de popularité. Son succès, inattendu, en 2011, pour prendre la commune de Luxembourg-ville à Paul Helminger, l’a fait entrer, à moins de 39 ans, dans une autre dimension politique. Au point, aujourd’hui, de devancer le Premier ministre Jean-Claude Juncker sur le plan du capital sympathie. Mais cette reconnaissance populaire n’est guère essentielle aux yeux de l’intéressé, à l’heure où le pays se cherche un souffle nouveau. « Les gens s’attendent à ce qu’un gouvernement qu’ils ont élu prenne des décisions, rappelle-t-il. Or depuis plus d’un an et demi, le gouvernement est en mode survie. On n’a rien vu mis à part des affaires les unes après les autres et des mésententes au sein même de l’exécutif. Ce n’est pas un gouvernement que nous avons, mais davantage une superposition de ministres. » D’où la nécessité, pour le prochain gouvernement, quel qu’il soit, de procéder à une étude complète du pays, institutions comprises, sur base des « bons chiffres », notamment en ce qui concerne la dette publique. « Le politique doit s’engager, signer un pacte avec les citoyens, même au prix de mesures impopulaires, mais essentielles pour le pays. » La question des finances publiques est évidemment une des plus sensibles et le président du parti libéral ne manque pas de rappeler que, depuis plusieurs années, il plaide pour la réalisation d’un audit complet de l’ensemble des mécanismes de subventions et d’investissements mis en œuvre, afin de mesurer leur réelle efficacité. « Quand j’entends Jean-Claude Juncker annoncer qu’il faudra augmenter la TVA, je ne pense pas qu’il ait mesuré tous les impacts d’une telle décision. Lorsqu’il a été décidé de doubler l’impôt minimum sur les soparfis (de 1.500 à 3.000 euros, ndlr), cela a provoqué des rentrées directes, bien sûr. Mais a-t-on mesuré combien de telles sociétés ne sont pas, du coup, venues s’établir au Luxembourg ? Et combien d’emplois n’ont pas été créés ? »
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Des calculs d’épicier La gestion faite par le gouvernement des rentrées fiscales liées à la TVA sur le commerce électronique est l’un des symboles de ce que Xavier Bettel appelle « des calculs d’épicier ». « Depuis toutes ces années où l’on sait que le régime changera en 2015, pourquoi ne pas avoir adapté la façon de gérer ces rentrées fiscales et, par exemple, investir dans des infrastructures ? Au lieu de cela, on agit au tout dernier moment
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et ce sera en plus au prochain gouvernement de s’occuper de régler le dossier. » C’est également dans ce même état d’esprit que, selon Xavier Bettel, est géré le dossier du chômage et de l’emploi, et de l’aide aux personnes en condition précaire. « On essaie de faire survivre les gens dans la précarité au lieu de les en faire sortir », martèle-t-il, trouvant particulièrement « terrible » de constater que certaines personnes se posent la question de savoir s’il est encore rentable pour eux d’aller travailler compte tenu des aides dont ils peuvent bénéficier en tant que demandeur d’emploi. « Il est impératif de proposer des formations ou un nouvel emploi à ceux qui sont au chômage ou qui perçoivent le revenu minimum. Et il est impératif, aussi, de poursuivre la réforme de l’Adem engagée. Actuellement, on compte un placeur pour 300 personnes ! Or, toutes les études indiquent qu’au-delà d’un placeur pour 100 personnes, ce ne sont plus des individus qui sont gérés, mais simplement des chiffres. Y a-t-il aujourd’hui une réelle confiance réciproque entre l’Adem et les entreprises ? » Et de proposer, par exemple, un mécanisme de soutien à la création d’entreprise et d’emploi, par la mise à disposition par l’Adem, gratuitement dans un premier temps, de salariés pour cette nouvelle entreprise, avec, ensuite, la prise en charge progressive de ces salariés jusqu’à une intégration complète au sein de la société. « Si l’entreprise se développe, cela permet de créer de l’emploi. Et si l’entreprise échoue, cela n’aura de toute façon rien coûté à l’État », résume-t-il.
Des subventions plus sélectives Dans sa position de bourgmestre de Luxembourg-ville, Xavier Bettel a également eu tout le loisir d’être directement confronté aux questions d’aménagement du territoire et d’accessibilité au logement. Avec un constat majeur : celui que les « classes moyennes » ont été largement oubliées dans la mise en œuvre des différents mécanismes d’aide et de soutien. « Ils gagnent trop pour avoir accès aux logements sociaux, mais pas assez pour le marché ‘normal’ de l’immobilier. » À ses yeux, le bilan du pacte logement (qui, au 30 janvier 2012, était signé par 98 communes du pays) est assez mitigé. Le coup de pouce financier reçu par les communes (une contribution financière de 4.500 euros pour tout nouvel habitant dépassant la croissance de 1 % de la population) n’est pas de nature à apaiser la flambée des prix, « puisque les promoteurs vont le répercuter sur leurs prix ».
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Extraits de la table ronde du 1er octobre (voir aussi en page 64) « Il faut une réforme fiscale globale, mais ça ne passe pas par un super taux d’imposition pour les riches. »
« Jamais il n’y a eu de crise institutionnelle aussi grave. Le gouvernement ne donne aucune réponse et ne fait que se chamailler. Les élections représentent une chance pour mettre les compteurs à zéro. »
« Pourquoi faut-il faire une réforme que l’on monnaie ? La modernisation de la fonction publique ne passe pas nécessairement par une augmentation des salaires. »
Xavier Bettel (DP) « On a un avenir en se positionnant en tant que région, et non pas en tant que pays. »
Que faire, dès lors, pour éviter un trop grand déséquilibre sur le marché ? « Mettre à disposition des terrains constructibles appartenant à l’État ou aux communes, d’une part, mais aussi réfléchir à toute la politique de subsides existante et la mettre en œuvre de manière plus sélective. Et surtout éviter deux choses : que ce soit l’État qui décide des endroits où une commune est en mesure de construire ou pas ; et que les lois se contredisent entre elles en matière d’aménagement du territoire. » Et de plaider également pour une plus grande coopération régionale, non seulement entre communes voisines sur le territoire, mais aussi au-delà des frontières. « Je fais partie de ceux qui disent qu’on a un avenir en se positionnant en tant que région, et non pas en tant que pays. »
« Définir une stratégie » Les chantiers pour le prochain gouvernement ne vont donc pas manquer, quelle que soit sa configuration. Les pronostics et anticipations vont bon train quant à la possibilité d’une coalition à deux ou à trois. « Je n’ai pas vu dans les programmes des difficultés insurmontables pour s’allier avec les uns ou les autres, estime Xavier Bettel. Ce qui compte, c’est de se mettre d’accord, au prix, éventuellement, de certains compromis, en sachant que sur les points tels que l’éducation, l’économie et les finances ou encore le logement, nos positions sont très fermes. Mais avant tout, il s’agira de définir une vraie stratégie, de savoir où l’on va et comment, sans que personne ne bricole dans son coin. Sans cela, il est hors de question de nous engager. La stabilité (en référence au slogan de la campagne du CSV ‘Fair a Stabil’ (équitable et stable), ndlr), avec 7 % de chômage, une dette énorme et une crise gouvernementale, ça se fera sans moi. » « Sans moi »… La question de la participation, ou pas, de Xavier Bettel à un futur gouvernement, est également au cœur des discussions, surtout depuis de récentes déclarations où il n’excluait pas de prendre ses responsabilités après avoir martelé depuis des mois qu’il ne souhaitait pas quitter sa fonction de bourgmestre pour laquelle il avait été directement élu. Une modération dans le propos que l’intéressé refuse d’assimiler à une volte-face. « Mon envie est, sincèrement, de rester à la Ville. Mais en tant que président de parti, il n’est pas moralement concevable que je refuse la responsabilité qui serait automatiquement la mienne si jamais le DP réalisait un très gros score. Je ne suis pas candidat à un poste de Premier ministre, mais si dans le cadre d’une coalition le poste m’est proposé par les partenaires de la coalition, je ne pourrais pas refuser. Entrer au gouvernement, non. Former un gouvernement, oui. »
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JEAN-CLAUDE JUNCKER (CSV)
« Je reste inquiet quant à l’évolution future des finances publiques » Le Premier ministre, chef de file du parti chrétien social, va participer à sa 7e campagne législative. Il défend sa façon de gérer les comptes de lʼÉtat et prône une rigueur réfléchie pour espérer retrouver un équilibre à lʼhorizon 2017. TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTO SVEN BECKER
e verbe toujours facile, souvent acide ; l’attitude toujours posée, mais parfois très cassante : JeanClaude Juncker n’est pas du genre à s’en laisser conter. Par personne. Membre du gouvernement depuis plus de 30 ans, Premier ministre depuis plus de 18 ans, son expérience et son parcours parlent, certes, en sa faveur. Mais à l’aube de participer à sa 7e campagne législative, son aura semble un peu moins rayonnante qu’à l’accoutumée. Même dans l’incontournable Politmonitor de RTL et TNS-Ilres, il a perdu sa première place de popularité aux dépens de Xavier Bettel (DP). Des sondages qui sont, certes, toujours discutables, mais qui montrent à l’envi que la population n’a jamais été autant méfiante de la classe politique que maintenant, au point de douter de sa capacité à résoudre la crise actuelle. « Le fait que seuls 51 % des personnes sondées ont confiance dans le gouvernement est sans signification aucune. Comment peut-on vouloir prétendre avoir confiance dans un gouvernement qui a mis fin à son mandat et, de facto, n’existe plus ? Moi-même j’aurais voté ‘Non’. En revanche, d’autres chiffres révèlent un malaise palpable, suite aux différentes affaires et à leurs traitements médiatiques. Cela est bien compréhensible, quoique ‘nuançable’ à bien des égards. Mais le monde politique et le monde de la presse ne trouvent plus l’endroit exact où placer des nuances. » Pas question, aux yeux du chef de file du parti chrétien social, d’évoquer une crise institutionnelle « grave », ni même une crise de la gouvernance. « Elle est évidemment toujours perfectible. Des changements sans aucun doute doivent intervenir, mais je ne sais pas s’ils seront de nature à rehausser l’image du politique. J’en doute. Mais je m’inscris en faux contre l’idée que les hommes politiques sont corrompus, de connivence avec les milieux patronaux ou les lobbys. Je ne me sens en tous les cas pas visé par ce genre de mise en accusation. Je ne suis pas l’homme de quelqu’un. Je suis moi-même… »
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La reprise locale préservée À la tête de l’exécutif depuis janvier 1995, il cristallise, forcément, toutes les critiques, voire les rancœurs, de tous ceux qui estiment que la gestion de l’État n’a pas été optimale. La question de l’affectation des recettes exceptionnelles de TVA liées au commerce électronique, dont on sait, depuis 2008, qu’elles n’auront plus lieu d’être à partir du 1er janvier 2015, est très révélatrice à ce sujet. On lui reproche facilement un manque de gestion « en bon père de famille ». « Je suis assez surpris par ces propos que je comprends en raisonnement théorique, mais pas
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quand il s’agit de la confection effective d’un budget, se défend M. Juncker. La gestion en bon père de famille n’existe plus vraiment, car les familles n’existent plus vraiment. Et en matière de budget de l’État, les membres de la famille se dirigent d’une façon erratique et souvent opposée. Cette idée simple qui parle à toutes les intelligences et qui aurait consisté à mettre de côté les recettes TVA du commerce électronique fait abstraction du fait que nous n’avions pas les marges pour le faire, puisque les excédents traditionnels avaient disparu, suite aux événements de la crise. Je comprendrais mieux la critique si nous n’avions pas fait un usage intelligent et réfléchi de nos plus-values de recettes en les affectant au budget d’investissement. » Quant au retour à l’équilibre des comptes publics, longtemps prévu (promis ?) pour 2014, il est désormais planifié pour 2017, à en lire le programme du CSV. « Un regard furtif sur la situation internationale et sur la zone euro suffit à comprendre pourquoi il n’a pas été possible de respecter l’échéance 2014. La timide reprise économique a été insuffisante pour permettre le rétablissement des comptes publics. Nous avons introduit, pour 2013, un paquet de consolidation de 900 millions d’euros, nous aurions compromis toute chance de reprise locale si nous avions ajouté une dose supplémentaire de rigueur. Il s’agit bien de rigueur réfléchie, pas d’austérité. »
Au carrefour Tout est dans la nuance pour le Premier ministre pour qui il est essentiel de rester « au beau milieu du carrefour entre politique de consolidation et politique qui ne gênera pas la reprise ». D’où la nécessité de maintenir un niveau élevé d’investissements publics élevés. Il représente, à ce jour, 3,8 % du PIB. « C’est le plus élevé de la zone euro, rappelle M. Juncker. Nous pourrions économiser 500 millions d’euros en ramenant notre niveau d’investissement à celui de la moyenne de la zone euro, et même d’un milliard en nous alignant sur l’Allemagne. Et notre problème serait résolu. Mais une telle politique serait erronée. » Mais il n’est pas dans les intentions de Jean-Claude Juncker de donner l’impression « d’embellir la situation financière globale ». « Je reste inquiet quant à l’évolution future des finances publiques, notamment en ce qui concerne l’État central. Nous avons un très réel problème de financement de budget et nous devrons nous adresser aux marchés financiers pour boucler son financement. Mais je ne fais pas partie de cette école faite d’angoisse et de refus de l’avenir qui dit que les finances publiques se trouveraient dans un état désastreux. Sur les quatre dernières années, y compris 2012, les déficits restent
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Jean-Claude Juncker (CSV) « Je ne suis pas l’homme de quelqu’un. Je suis moi-même… »
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Extraits de la table ronde du 1er octobre (voir aussi en page 64) « Il faudrait davantage ouvrir l’accès à la double nationalité plutôt que d’ajouter un élément de discorde. Je n’ai jamais considéré que le droit de vote était un élément essentiel à l’intégration des non-Luxembourgeois. »
« Il y a un avantage à la longévité des ministres luxembourgeois. Les Européens se tournent vers ceux qui savent. Les Luxembourgeois savent. Un Premier ministre luxembourgeois doit s’occuper plusieurs fois par jour de l’Europe. Vous devez être une référence en Europe. »
sous la barre de 1 %, ce qui reste une exception en Europe. » Outre la réduction des dépenses, même si elles ne constituent pas, à ses yeux, « une fin en soi », Jean-Claude Juncker appelle à se concentrer sur de nouvelles recettes qui peuvent être générées (« grâce à une politique d’investissements intelligente») et à approfondir les niches de compétences « appelées à remplacer l’exploitation des niches de souveraineté qui est presque arrivée à son terme ».
Pas d’immobilisme La question du logement faisait partie des priorités affichées dans le programme gouvernemental de 2009. Elle figurera probablement au casting du prochain. « La politique du logement ne peut pas être décrite comme une success-story époustouflante, concède-t-il. Mais je ne voudrais pas non plus que les prix baissent de 15 %. Ce serait le premier signe d’un lourd déséquilibre dans la structure économique du pays. Nous devons désormais concentrer nos efforts sur l’élargissement de l’offre et non plus sur un ‘appui appuyé’ à la demande. Nous l’avons fait en partie dans le pacte logement et nous devrons revoir les mécanismes d’assistance du côté de la demande. » Quid de l’action prioritaire à mener par le prochain gouvernement ? « Elle dépendra évidemment du programme
« Le jour où vous serez écouté, je ferai tout pour que vous ne soyez pas sanctionné. » (s’adressant à Xavier Bettel)
gouvernemental sur lequel les prochains partis de la coalition se mettront d’accord. Mais je n’ai jamais considéré l’idée qu’il faudrait avoir un programme pour les 100 premiers jours imposés de force. C’est une vue de l’esprit. D’expérience, je sais que c’est dans les deux premières années que tous les gouvernements devraient mettre en pratique les projets les plus difficiles. Mais d’expérience, je sais que c’est presque impossible à faire. Un programme doit vraiment s’établir sur la durée d’une législature. On nous a taxés d’immobilisme ces dernières années, mais entre septembre 2012 et septembre 2013, le gouvernement a déposé 109 projets de loi, dont des projets de loi d’envergure. » Au cas où le parti chrétien social serait reconduit aux affaires du pays, Jean-Claude Juncker envisage volontiers la mise en place de coalitions avec n’importe quel autre « grand » parti national, y compris le LSAP, qui a pourtant fait trébucher la coalition actuelle. « Je ne suis pas revanchard », prévient-il, mais il refuse de fixer, dès à présent, des garde-fous. « J’observe avec inquiétude et amusement la situation des partis qui se sont fixé des lignes rouges avant d’avoir découvert les idées des autres dans leur entièreté. Mais il est clair que nous ne pourrons pas nous associer avec un parti qui se refuserait à entamer ou à poursuivre le principe de consolidation budgétaire. »
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ÉTIENNE SCHNEIDER (LSAP)
« Il y a beaucoup de réformes qui ne feront de mal à personne » La tête de liste du parti socialiste, porté par 16 mois plutôt convaincants à la tête du ministère de lʼÉconomie et du Commerce extérieur, souhaite une réinvention du modèle luxembourgeois et du fonctionnement de lʼÉtat. Une simple question de courage politique… TEXTE JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTO SVEN BECKER
ropulsé ministre de l’Économie en février 2012, suite à la démission – anticipée elle aussi – de Jeannot Krecké, Étienne Schneider, 41 ans, incarne, tout comme Xavier Bettel, une nouvelle génération de politiciens. À la différence du bourgmestre de Luxembourgville, présent sur le devant de la scène politique depuis quelques années déjà, M. Schneider arrive « frais » aux yeux du grand public, qui ne le connaissait pas vraiment. Ce qui explique sans doute la relative bienveillance dont il bénéficie jusqu’à présent, avec la bénédiction des « dinosaures » du parti qui n’ont pas hésité à s’effacer pour lui laisser le champ libre en tant que tête de liste nationale, seul autre candidat, avec Jean-Claude Juncker, à s’être officiellement et publiquement présenté comme prétendant au poste de Premier ministre. Forcément, l’élan qui est le sien exacerbe sa volonté de « réinventer le modèle luxembourgeois », conscient qu’il y a « pas mal de sujets à remettre en question au Luxembourg et avant tout la nécessité de redonner confiance dans le monde politique. » Infatigable défenseur de la limitation à deux consécutifs du nombre de mandats pour un ministre, il plaide également pour un noncumul des responsabilités de député et d’exécutif d’une commune. « Cela permettra l’émergence de nouvelles têtes, de nouvelles idées, de nouvelles motivations. Une telle réglementation anticumul donnerait beaucoup plus chances à beaucoup de gens pour s’impliquer dans les débats politiques à tous les niveaux. »
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Centraliser les subventions étatiques Cette « réinvention » passe également, à ses yeux, par une nouvelle approche en matière de finances publiques. À commencer par une modernisation de la politique budgétaire, et la mise en application du principe de zero-based budget. Il consiste à analyser chaque poste budgétaire, ligne par ligne, et d’en mesurer la pertinence, sans se baser sur ce qui a été fait les années précédentes. « Je me rappelle avoir eu, une année, au ministère de l’Économie, un crédit pour le financement d’une campagne d’information concernant la mise en place des passeports énergétiques pour les maisons d’habitation. L’année suivante, alors que la campagne était terminée, ce crédit a été maintenu dans le budget… Si chaque ministre recevait, en début d’exercice, une enveloppe globale à répartir comme il le souhaite, cela lui donnerait une marge de manœuvre énorme et permettrait de mettre en œuvre plus facilement des réductions budgétaires. Il faut appeler davantage à la responsabilité des ministres eux-mêmes, au lieu de tout centraliser et laisser les fonctionnaires décider. »
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Dans le même ordre d’idées, M. Schneider ne verrait pas d’un mauvais œil une certaine remise en ordre dans la nébuleuse des subventions étatiques et la centralisation, au sein d’une administration unique, de la gestion de ces subventions, pour éviter, entre autres, des situations où plusieurs ministères financent un même projet. Une autre structure trouverait grâce aux yeux du ministre de l’Économie et du Commerce extérieur : un fonds « souverain » qui regrouperait l’ensemble des participations étatiques et, éventuellement, une partie du patrimoine immobilier de l’État, ceci afin de centraliser la gestion de tout ce patrimoine, le faire fructifier et, pourquoi pas, l’ouvrir à du capital privé. « Bien sûr, l’État garderait la majorité et utiliserait toutes les recettes et les dividendes pour les réinvestir dans l’économie luxembourgeoise. C’est une idée qui devra être réalisée par le prochain gouvernement. »
Rapprocher l’économie de l’école Sur le front de l’emploi, Étienne Schneider ne trouve pas aussi paradoxale que ça l’évolution à la hausse, simultanée, du nombre d’emplois créés dans le pays et le nombre de chômeurs. « La moitié des chômeurs n’a pas de formation et 25 % des chômeurs inscrits n’ont même jamais fréquenté l’école au Luxembourg et ne parlent aucune des langues usuelles du pays. Avec une économie qui se diversifie de plus en plus vers des domaines à haute valeur ajoutée, il faudra du personnel avec une formation de plus en plus élevée. » D’où la nécessité de développer les secteurs économiques qui puissent absorber des gens moins formés, ce qui est le cas de la logistique, le seul des quatre piliers de la diversification (qui comprend les biotechnologies, les écotechnologies et les TIC) qui ait ce profil. « Depuis que nous développons ce secteur, nous avons créé 2.000 emplois et nous pouvons encore en créer 3.000 à 5.000 supplémentaires. » Et de citer aussi l’exemple d’International Can, qui a annoncé tout récemment l’implantation d’un site de production d’emballages pour produits cosmétiques à Echternach. « Ils tablent sur le recrutement de 200 salariés et nous avons un accord pour appuyer un programme de formation spécifique durant la mise en place de leur outil de production pour qu’ils puissent directement intégrer l’entreprise. » En outre, le LSAP propose, dans son programme une « garantie jeune », qui permet aux jeunes inscrits à l’Adem d’avoir, pendant quatre mois, l’assurance de recevoir des offres d’emploi ou de formation continue.
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Texto
Extraits de la table ronde du 1er octobre (voir aussi en page 64)
« Il y avait une ambiance pourrie au gouvernement. On a tiré le frein à main pour provoquer ces élections. »
« Il faut abaisser le taux d’affichage de l’imposition des entreprises pour augmenter la base imposable. Ce sera neutre du point de vue fiscal. Nous n’avons pas fait le calcul, mais nous le ferons le moment venu. »
« Le Luxembourg montre un taux d’investissement dans les infrastructures de 3,7 % que peu de pays européens affichent. »
« Il est, par ailleurs, essentiel de rapprocher l’école et l’économie plus qu’elles ne le sont aujourd’hui, afin de dire aux jeunes quelles sont les filières que l’État est en train de développer, et de les guider vers les formations appropriées. Pour l’heure, le développement de tous les secteurs qui pourraient être porteurs n’est pas assez communiqué auprès des écoles. » Que devra faire le prochain gouvernement une fois en place ? « Mettre en place une task force réunissant les fonctionnaires et les chefs d’administration les plus importants pour discuter de toutes les réformes de l’État qui se trouvent sur la table. Tous les problèmes sont connus depuis de nombreuses années, mais jamais quelqu’un n’a eu le courage d’entamer ces dossiers. Il y a pourtant beaucoup de réformes qui ne feront de mal à personne. Il faut simplement les réaliser. Il s’agira ensuite d’assurer un suivi, tous les mois, au sein du Conseil de gouvernement, à qui reviendra la prise de décisions finales. Pour sortir de la crise, il faut définir des priorités et veiller à ce que d’autres ministres n’aillent pas à l’encontre de ces idées avec leurs propres idées. »
« Juncker m’a déçu »
Étienne Schneider (LSAP) « Il faut appeler davantage à la responsabilité des ministres eux-mêmes, au lieu de tout centraliser et laisser les fonctionnaires décider. »
C’est, du reste, l’un des reproches formulés par Étienne Schneider au Premier ministre « actuel » : « Il ne gère pas, il ne tranche pas. Chaque ministre, pour lui, a la même importance. » À cet aspect « politique » s’ajoute une colère tenace sur la façon de faire de la « personne » lors de ce fameux débat parlementaire du 10 juillet : « Je suis extrêmement déçu par le fait qu’il se soit positionné en victime dans un pur intérêt électoral pour se sortir du marasme pour lequel il est responsable politiquement, alors que tout le gouvernement était au courant à l’avance qu’il y aurait cette demande de la tenue d’élections anticipées. Attribuer la faute à son partenaire de coalition est très décevant du point de vue humain. C’est le genre de manœuvre politique que je n’aime pas. » Comment l’électeur, lui, réagira-t-il le 20 octobre devant cette « manœuvre » ? C’est, évidemment, la grande inconnue qu’aucun politicien ne maîtrise. « Beaucoup nous demandent une alternance. Mais les gens sont un peu frileux et encore plus en temps de crise. Ils réclament de nouvelles idées et un nouveau style, mais d’un autre côté, ils savent ce qu’ils ont et ne savent pas ce qu’ils auraient à la place. Je crois que les élections n’ont jamais été aussi ouvertes que cette fois-ci. » Bien malin qui pourrait deviner les couleurs qui composeront la prochaine coalition. À deux ou à trois, Étienne Schneider n’a, a priori, aucun préjugé. Mais sa position est claire : « Je n’entrerai pas dans un gouvernement avec le CSV si je perds les élections… »
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DÉBAT PAPERJAM
Les pistes de sortie de crise Le paperJam Business Club a rassemblé 300 personnes le 1er octobre pour un débat électoral autour dʼune question : « Qui pour sortir le pays de la crise ? » Quatre têtes de liste (Xavier Bettel, François Bausch, Étienne Schneider et Jean-Claude Juncker) ont eu tout le loisir de s'exprimer sur le sujet. Les décideurs du pays aussi... TEXTE THIERRY RAIZER PHOTOS JESSICA THEIS
« Investir dans les nouvelles énergies représente un potentiel technologique et industriel. » François Bausch (Déi Gréng)
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« Penser aux générations futures et ne pas faire une politique d’épicier comme c’est parfois le cas. » Xavier Bettel (DP)
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« Sortir des niches de souveraineté qui n’apportent plus de valeur ajoutée et s’attaquer aux niches de compétences. » Jean-Claude Juncker (CSV)
« Lorsqu’on parle du futur, il faut aussi inclure l’écologie et les questions fondamentales sur notre qualité de vie. » Blanche Weber (Mouvement écologique)
« Créer un fonds souverain qui rassemblerait les participations étatiques et certains immeubles. » Étienne Schneider (LSAP)
« La campagne électorale courte ne permet pas vraiment aux électeurs de comprendre les enjeux. » Luc Biever (TNS Ilres)
« Il faut discuter ouvertement, entre acteurs privés et responsables publics, du secteur ICT. » Mike Sergonne (Nvision, Mpulse & Digicash Payments)
« L’indexation des salaires est clairement un handicap pour les entreprises. » Michèle Detaille (No-Nail Boxes)
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POST SCRIPTUM
Tout le monde veut des résultats PAR ALAIN DUCAT
es candidats ont croisé le fer, l’opinion s’est forgée. Le sort n’en est pas encore jeté, mais, au fil des jours, des débats, des meetings et des « politicians on tour », la campagne électorale avance inexorablement vers son épilogue : le scrutin et, surtout, ce qu’il en sortira. D’ici quelques jours maintenant – il y aura sans doute encore quelques escarmouches et autres petites phrases –, les prétendants à la Chambre, plus encore ceux qui espèrent monter au gouvernement, guetteront les résultats. Et ils feront leurs comptes (d’épiciers, parfois…) pour mieux se tourner vers l’un ou l’autre partenaire. Manifestement, ce ne sont pas tant dans les grandes orientations des programmes que l’on verra les vrais enjeux se dessiner. Sur les grands thèmes socioéconomiques, il y a, à défaut d’une ressemblance flagrante entre les opinions politiques, un certain consensus. Ou de possibles compromis entre tendances, pas suffisamment éloignées que pour ne pas être faciles à rapprocher… Pourtant, dans une sorte de métamorphose démocratique, des couleurs politiques jailliront des décomptes. Alors, qui aura la mission, en reprenant les rênes du pays, de le sortir de la crise
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et de l’emmener plus loin, plus haut et plus fort ? Quel sera le maillot de l’équipe dirigeante ? Serat-il composé de trois couleurs comme un début d’arc-en-ciel ? De deux, à marier pour donner un mélange qui détone sans détonner ? D’une seule, pour étonner ? Quand on observe le patchwork en campagne, les futures couleurs dominantes ne sautent pas aux yeux. Au fond, il y a évidemment des divergences. Mais, passés les cris et le décorum toujours un peu théâtral des sorties électoralistes, on sent bien que les forces en présence pourraient s’unir, dans un ordre différent, sans trop se marcher sur les pieds. Les candidats l’avouent, pas toujours haut et fort, mais ils le concèdent : ils n’excluent aucune combinaison. Les hypothèses sont ouvertes. De quel alliage sera fait le métal dominant de la prochaine législature ? Les politiciens semblent se retrancher derrière le pouvoir des urnes, derrière la décision des électeurs, le seul choix des citoyens luxembourgeois. Dans tous les cas, et quel que soit la composition chromatique du gouvernement, il sera attendu, et ce, dès le premier virage. Car le pays est à un tournant. Et les gens, qu’ils soient chômeurs, employés, cadres dirigeants, entrepreneurs ou indépendants, attendent eux aussi des résultats.
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ELECTIONS SOCIALES DU 13 NOVEMBRE 2013 VOTEZ LES CANDIDATS DE LA LISTE 2 LCGB Participez aux élections de la Chambre des salariés (CSL) en novembre 2013, car vous êtes membres de la CSL, qui représente les intérêts de plus de 400.000 salariés, retraités et apprentis. Dans la semaine du 21 octobre 2013 vous Elections sociales duallez recevoir par correspondance votre bulletin électoral de la part du Ministère du Travail avec les candidats éligibles représentant votre groupe sectoriel.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE
ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Entreprises
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE
ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Urbanisme
BECCA : « LA VILLE N’A PAS RESPECTÉ LA CONVENTION » Flavio Becca a tenu à réagir en personne, dans un entretien à paperJam.lu, pour donner « sa » version du désaccord qui l’a opposé en début de semaine aux autorités communales.
Photo : Jessica Theis (archives)
Flavio Becca : « Quand je veux faire quelque chose, on me met des bâtons dans les roues. »
Le 30 septembre, le conseil communal de la Ville de Luxembourg a donné son feu vert pour attaquer en justice Flavio Becca, le développeur du projet du Ban de Gasperich. Motif invoqué : le célèbre promoteur n’aurait pas respecté une convention de juillet 2011 relative au financement des infrastructures du complexe à construire. Dans un entretien accordé à paperJam.lu, Flavio Becca et son associé Kris Verhellen du groupe belge Extensa (filiale du groupe Ackermans & van Haaren, coté en Bourse à Bruxelles), rejettent la pierre sur les autorités communales. Ils estiment qu’elles n’auraient pas respecté la convention signée, il y a plus de deux ans, entre les trois parties : la Ville de Luxembourg d’un côté, et de l’autre Olos Fund et Grossfeld B, cette dernière étant la société commune de Becca et d’Extensa. L’accord de 2011 est d’ailleurs peu habituel dans le secteur du développement immobilier et apporte la démonstration d’un traitement asymétrique qui est réservé à Flavio Becca. Ainsi, la Ville a-t-elle voulu prendre ellemême en main la gestion et le préfinancement des infrastructures et lancer les adjudications, alors qu’en principe, cette phase de la
procédure est gérée par le développeur d’un projet immobilier. Pour autant qu’il ait une certaine envergure, ce qui est le cas pour le Ban de Gasperich. La Ville de Luxembourg a demandé aux groupes Becca et Ackermans & van Haaren de mettre sur la table 13 millions d’euros au total, rien que pour le financement d’infrastructures secondaires, dont 9 millions ont été bloqués sous la forme d’une garantie bancaire à première demande. Le solde d’environ 4 millions devait être payé en cash au démarrage des travaux, après les procédures d’adjudication lancées en plusieurs lots. « Ce n’est pas une procédure très commune, mais nous nous sommes inclinés », souligne le représentant d’Extensa. C’est cette somme de 4 millions d’euros qui a été au centre de la polémique cette semaine. Le point de friction a trouvé son origine dans les demandes qui avaient été formulées par Grossfeld B et Olos Fund pour consulter les bordereaux d’adjudication : les développeurs devant financer les frais d’infrastructures engagés sous le contrôle de la Ville de Luxembourg, ils ont voulu obtenir le détail des travaux. Ce que les autorités leur avaient refusé
jusqu’à ce mercredi 2 octobre. Les développeurs admettent qu’une première facture leur a été adressée par le receveur communal en mars dernier, puis deux rappels successifs. En outre, les travaux, qui devaient initialement débuter en mai, ont été repoussés à septembre. « Un accord, après un échange de mails avec le receveur communal et dont Xavier Bettel a eu copie, avait fixé le paiement des 4 millions d’euros au 1er octobre », indique Flavio Becca. Kris Verhellen parle de son côté « d’une mauvaise communication » avec la Ville et cherche aussi à minimiser l’affaire. « C’est réglé et il est regrettable qu’on ait oublié la bonne nouvelle, c’est-à-dire que les travaux ont commencé. Cela fait 12 ans que nous travaillons dessus. » Plus rien ne devrait s’opposer désormais à ce que le vrai chantier démarre, même si les développeurs n’osent pas encore s’avancer sur des délais de livraison, ni sur la nature des bâtiments (logements sur 70.000 m2 ; bureaux, commerces avec une galerie marchande et un supermarché Auchan) qu’ils réaliseront en priorité. Une décision sur ce point devrait tomber vers la fin de l’année 2013. V. P.
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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Telecom Luxembourg a cédé ses activités de téléphonie classique à Tenotel pour se recentrer sur ses activités d’opérateur B2B global. | Le groupe de
ESS
R EXP
béton suisse Holcim crée une quarantaine d’emplois en établissant une nouvelle centrale à béton à Schifflange. | OpenRegistry (groupe DCL) boucle un tour de table de 2 millions d’euros, avec le soutien, notamment, du registrar néo-zélandais Instra.
EMOVIN’
EUROSCRIPT
Carsharing vert au nord
Retour de balancier Quelques années après avoir décroché, aux dépens de l’Imprimerie Centrale, le contrat de traitement du Journal officiel de l’Union européenne (en 23 langues) auprès de l’Office des publications de l’UE, Euroscript vit un mouvement de balancier contraire. Dépossédée de ce contrat (qui occupait directement une centaine de personnes) par cette même Imprimerie Centrale, la société, établie à Bertrange, annonce la mise en œuvre d’un plan social qui touche 73 de ses 130 salariés. Le contrat en cours, qui représente 35 % du revenu total d’Euroscript Luxembourg, s’arrêtera au 31 mars 2014. Ce n’est pas pour autant que l’Imprimerie Centrale récupérera directement ces emplois, car selon l’OGBL, la société prévoit de transférer l’activité liée à ce contrat en grande partie à sa filiale roumaine, « à bas salaires ».
Photo : VBS
Alors que la mise en place du système de carsharing pour la Ville de Luxembourg en est encore au stade des derniers réglages, la Nordstad a lancé son propre système, eMovin’, de partage de voitures électriques. Un projet qui est le fruit d’une collaboration entre l’entreprise City Mov’, spécialisée dans les projets de mobilité, le CRP Henri Tudor et le fournisseur d’énergie Enovos. L’offre est disponible pour les résidents et les professionnels à Ettelbruck, Diekirch, Colmar-Berg, Bettendorf et Schieren et est composée de véhicules 100 % électriques en libre-service, utilisables 24 h/24, 7 j/7, sans réservation ni obligation de retour au point de départ. Un réseau de sept stations de chargement est déjà disponible.
« Mobiliser les entrepreneurs dans la Grande Région pour favoriser la création et la croissance de nouvelles entreprises. » Nicolas Buck se fixe un objectif ambitieux au moment de prendre la succession de Robert Dennewald à la présidence de Business Initiative asbl (1, 2, 3 Go).
ICT
Systemat incorpore SeeZam
Photo : Systemat
Le prestataire belgo-luxembourgeois Systemat prend du coffre. En l’occurrence celui de SeeZam, start-up luxembourgeoise innovante créée par Pierre Van Wambeke (à droite) et qui a développé une solution de coffre-fort virtuel. L’opération s’est d’abord faite via une prise de participation de 38 %, qui sera suivie, dans une seconde étape, par une intégration opérationnelle et structurelle intégrale de SeeZam au sein du prestataire informatique. L’opération financière portera sur quelques millions d’euros. « Nous sommes persuadés que l’union de ces deux entreprises luxembourgeoises, aux profils complémentaires, pourra apporter au marché des solutions qui garantissent la confidentialité des informations », a précisé Pierre Focant.
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DOCTENA
Visuels : PwC, EY Luxembourg
Rendez-vous médicaux en trois clics
À gauche, le futur siège de PwC, actuellement en construction à Gasperich. Celui d’EY Luxembourg, à droite, sera localisé au Kirchberg. Entre les deux, une certaine ressemblance...
Nouveaux locaux d’EY Luxembourg
Un air de déjà vu Deux mois après avoir dévoilé son nouveau logo et son nouveau nom, EY Luxembourg (ex-Ernst & Young) a présenté son futur bâtiment au Kirchberg, dont la première pierre a été posée le vendredi 20 septembre, pour un déménagement prévu début 2016. « Exilée » à Munsbach, la firme retrouvera donc le périmètre de la ville et se posera à quelques hectomètres d’un autre Big Four, KMPG. EY Luxembourg, qui emploie plus de 1.100 personnes et vient encore de recruter 150 nouveaux collaborateurs, a enregistré depuis quatre ans une croissance de près de 50 % de ses effectifs. La société a fait appel à Sauerbruch Hutton International en tant qu’architecte principal de ce projet et Architecture & Environnement de Luxembourg et Lux Consult, comme maîtres d’œuvre. Un bâtiment présenté comme étant « à la pointe des standards environnementaux actuels » et « au design unique ». Sur ce dernier point, la ressemblance avec le futur siège d’un autre acteur du secteur, conçu par Schemel & Wirtz, PwC, actuellement en construction à Gasperich pour plus de 2.000 employés, ne manque pas d’interpeller.
Après le succès de Monster et atHome, Patrick Kersten se lance dans une nouvelle aventure, avec la création d’un site internet dont la vocation est de faciliter la prise de rendez-vous chez un médecin. Doctena.lu regroupe une cinquantaine de médecins, couvrant plusieurs spécialités et plusieurs langues, et permet de prendre des rendez-vous directement en ligne. « Aujourd’hui, la prise de rendez-vous n’est pas un processus où il y a 100 % de succès. Or l’accès universel aux soins, c’est ça. Nous voulons répondre de manière simple à un besoin simple », explique M. Kersten. La base est là et ne constitue qu’un premier pas. Outre une ambition « Grande Région » voire Benelux, Patrick Kersten ne cache pas que de nombreux services complémentaires pourront être développés et proposés via cette plateforme, que ce soit pour les médecins ou les patients. « Nous en avons pour plusieurs années de développement… »
RSE
Charte de la diversité : un an déjà
« Notre charte est une référence au niveau européen. » CHRISTIAN SCHARFF (IMS LUXEMBOURG)
Lancée en 2012 par IMS Luxembourg, la Charte de la diversité a dignement fêté son premier anniversaire fin septembre, en présence de sa « marraine », l’ancienne ministre de la Famille et de l’Intégration, Marie-Josée Jacobs, et de son successeur, Marc Spautz. Une vingtaine de nouvelles entreprises se sont engagées à cette occasion, portant à 90 le nombre d’institutions signataires (parmi lesquelles figure, depuis l’année dernière, Maison Moderne, société éditrice de paperJam), représentant plus de 50.000 salariés, soit près de 13 % de l’emploi total intérieur du pays. « Nous sommes d’autant plus satisfaits que notre charte, qui est à peine née, est déjà pratiquement une référence dans le réseau des
chartes européennes », se réjouit Christian Scharff, président d’IMS Luxembourg, l’Institut pour un mouvement sociétal, à l’origine de cette charte luxembourgeoise. Elle est constituée d’un texte d’engagement composé de six articles, que les entreprises signataires s’engagent à mettre en œuvre au travers d’une gestion de la diversité allant au-delà des obligations légales. Au Luxembourg, IMS poursuit son travail d’évangélisation pour faire connaître et développer les meilleures pratiques en matière de responsabilité sociale des entreprises. Cet été a été publié Gestion de la diversité – Guide pratique, un ouvrage d’accompagnement de 118 pages. « Aucune autre charte en Europe ne dispose d’un tel outil », indique Christian Scharff.
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Stephan Gehmacher (Philharmonie)
« Une entreprise de 170 employés, dont une centaine de musiciens » Un mois après son arrivée, le nouveau directeur dit ses attentes et ses espoirs pour la Philharmonie. Stephan Gehmacher entend développer les partenariats avec le monde privé, y compris des personnes individuelles. Il réfléchit aux grands axes de la programmation future et à l’évolution de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg. Interview France Clarinval
Q
u’est-ce qui vous a motivé à postuler pour être directeur de la Philharmonie ? « J’ai travaillé pour des orchestres pendant 12 ans. On y est très proche des artistes, mais on est limité dans les activités que l’on peut mener, le répertoire est forcément restreint. Après ces années, je me suis dit que diriger une salle permettait de voir plus large et d’aller vers le jazz, les musiques du monde… Ma deuxième raison était la situation de Luxembourg elle-même : à la frange entre les cultures allemande et française et surtout avec des habitants qui viennent du monde entier et apportent leur culture. À part Londres, je ne vois pas d’autre ville qui soit aussi internationale. Quelle était l’image que vous aviez de la Philharmonie avant de postuler ? Qu’en saviez-vous ? « Si on revient 10 ans en arrière, Luxembourg n’avait aucune image en matière de musique. Pendant ces années, Mathias Naske (le premier directeur de la Philharmonie, ndlr), avec le soutien de l’État, a réussi à positionner Luxembourg sur la carte de la musique et créer une maison qui peut être considérée comme une des salles leaders en Europe. Il me semble que la Philharmonie reflète bien le statut de Luxembourg en tant que capitale européenne. Luxembourg mérite bien une salle comme celle-ci. Comment expliquez-vous ce succès ? Quels sont les points forts de la Philharmonie ? « Sa première force se voit tout de suite, c’est le bâtiment iconique. Ce n’est pas suffisant, mais si on n’a pas d’histoire ni réputation, avoir un bâtiment remarquable, fort et beau est une condition sine qua non de la réussite. Il faut toutefois saluer le travail réalisé et la manière dont le programme a été établi pour que la Philharmonie ne soit pas réservée à une élite, qu’elle soit ouverte à tous les publics, y compris les enfants, tout en proposant le meilleur du meilleur. Quels sont les aspects que vous voudriez améliorer ? « Il est évident qu’après 10 ans, il y a des façons de faire, de travailler, de diriger qu’on ne remet plus en question. C’est
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donc le bon moment pour avoir un renouveau, un air frais. C’est le moment de se demander : ‘où puis-je amener cette institution, avec ce qui a été fait, pour poursuivre sur la voie du succès ?’ Il y a un risque de stagnation que je veux éviter. C’est pour cela que mes débuts ici consistent à m’entretenir avec l’équipe artistique et voir comment on peut, si pas la réinventer, faire évoluer la maison. Justement, vers où voulez-vous emmener cette institution ? « Mon premier défi concerne l’Orchestre philharmonique du Luxembourg. Le contrat du directeur musical, Emmanuel Krivine, prend fin en 2015 et, si l’orchestre a connu un excellent développement avec lui, d’un point de vue international, il n’est pas encore au même rang que la Philharmonie. Mon premier but est donc de donner à l’OPL les outils et les moyens de se développer pour être dans une position similaire à la Philharmonie. L’orchestre peut réellement devenir un ambassadeur du Luxembourg, il a encore une marge d’évolution. La fusion entre la Philharmonie et l’OPL a été réalisée avant votre arrivée… « Du point de vue institutionnel, oui, c’est fait. Mais dans la vie et le travail de tous les jours, la fusion des équipes n’est pas encore totalement achevée. Il nous reste à définir beaucoup de choses au niveau du marketing global de l’institution. Par exemple, pour l’instant, il y a deux sites web. Je pense qu’il faut réfléchir à prendre le meilleur de chacun et à n’en faire qu’un. Cela dit, les deux ‘marques’ font l’institution, il ne faut pas fondre l’une dans l’autre, elles doivent être représentées de manière égale. Ressentez-vous des réticences ? « Non, pas du tout. Mais la fusion de deux entreprises qui ont des cultures et des procédures de décision différentes est toujours un challenge. Il y a une volonté et une action positive de la part de tout le monde. Y a-t-il des processus de décision, des lignes directrices que vous avez expérimentés dans votre carrière et que vous pourriez apporter ici ?
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Le foyer de la Philharmonie prête son cadre non seulement à l’attente des concerts mais aussi à de nombreux contacts et rencontres.
En termes de management, la Philharmonie est-elle une entreprise comme les autres ? « Très certainement, je me dois de la diriger comme une PME, avec 170 employés (en comptant les musiciens de l’orchestre, ndlr), pour ce qui est de la gestion, des ressources humaines, de la communication… Mais il y a une grande différence avec une entreprise classique : nous ne réalisons pas de profit financier ou de produit industriel, mais un ‘produit’ culturel et éducatif pour la société. Et c’est pour cela que nous sommes en partie financés par l’État et que nous ne devons pas générer tout notre budget nous-mêmes. Sur un budget de près de 26 millions d’euros, nous en apportons nousmêmes (billetterie et sponsoring) un peu plus de 5,6. Au sein de ce budget, vous avez des lignes précises pour les différents postes. Quelle est votre marge de manœuvre ? « L’orchestre consiste en une centaine de musiciens qui sont employés à plein temps par la Philharmonie. C’est donc un des postes importants du budget. En dehors de cela, c’est un équilibre à trouver dans la programmation pour offrir à la société ce que l’on veut au prix que l’on peut se permettre. Quels sont les types de concerts où l’on peut générer des revenus et quels sont ceux que l’on se doit de faire mais qui ne vont rien rapporter, comme les concerts pour enfants ? Il faut réfléchir attentivement à ce qui est utile, ce qui est notre mission. On ne peut pas seulement proposer de la musique contemporaine parce qu’on veut ouvrir les esprits à ce courant, ni uniquement des grands orchestres internationaux parce que ça se remplit facilement…
Photo : Wade Zimmerman
« Je dois d’abord dire que, pour les deux réunions auxquelles j’ai assisté, je suis très heureux d’avoir un conseil d’administration qui nous soutient comme il le fait. Chacun des membres veut réellement et sincèrement ce qu’il y a de mieux pour la Philharmonie. Je crois que là où mon expérience va être profitable, c’est pour embarquer l’orchestre sur le bateau. Je peux dire que je serai un partenaire loyal pour l’orchestre, avec l’ambition de donner à chacun la possibilité de contribuer au succès de celui-ci, ce qui n’est pas toujours le cas…
Il faut un équilibre. Ce n’est donc pas seulement une question de budget. Ce que l’on programme doit être pertinent par rapport à notre public, par rapport à Luxembourg, par rapport à notre histoire… Vous vous autorisez donc certains risques ? « En tant que directeur d’une institution culturelle, vous ne pouvez pas vous moquer de votre taux de remplissage et ne faire que ce qui vous fait plaisir. Je n’oublie jamais que l’essentiel de mon budget vient de l’État, donc de nos impôts à tous… Mais il faut savoir prendre des risques et présenter des programmes que vous estimez importants pour votre public ou pour le pays. Quelles sont les relations que la Philharmonie entretient avec le secteur privé ? « Depuis le tout début, les relations avec le secteur privé ont été un enjeu important pour la Philharmonie. Comme mon prédécesseur, je voudrais encourager ces relations, non seulement avec le secteur bancaire, mais aussi avec d’autres entreprises pour NOVEMBRE 2013 —
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Charges annuelles Frais administratifs et de fonctionnement : 644.654 euros
Programmation artistique (charges de personnel de l’orchestre incluses) : 15.625.631 euros
Frais liés au bâtiment : 2.344.489 euros
Communication & Marketing : 1.610.126 euros
« La Philharmonie n’a pas encore de système de foundraising de particuliers, comme une association d’amis. » Stephan Gehmacher (Philharmonie)
CV
Photo : Olivier Minaire
Un parcours à la baguette C’est parallèlement à ses études de droit aux universités de Vienne et de Dijon que Stephan Gehmacher (né en 1970 à Salzbourg) commence à travailler dans le monde de la musique, comme technicien éclairagiste et collaborateur à la direction artistique du Festival de Salzbourg. À l’issue de sa formation, il se voit offrir par Gérard Mortier et Hans Landesmann, à la direction artistique, le poste de chef de concert au même festival. En 2000, Sir Simon Rattle l’engage comme assistant personnel en vue de son entrée en fonction en tant que chef d’orchestre de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Stephan Gehmacher restera à Berlin de 2002 à 2008 comme directeur du planning artistique de l’Orchestre philharmonique où il s’occupera du planning des concerts et de l’organisation des tournées. Il sera en outre impliqué dans l’introduction des activités éducatives. En 2008, Stephan Gehmacher est appelé comme directeur de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à Munich. Dans cette fonction, il renforce les relations entre l’orchestre et les chefs d’orchestre de renommée mondiale de même qu’entre l’orchestre et les jeunes chefs d’orchestre prometteurs. Sous sa direction, l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise a réussi à constamment diversifier ses activités éducatives et à intensifier l’intérêt du public, ce qui se reflète dans l’accroissement de 40 % du nombre d’abonnés depuis 2008 à plus de 10.500. F. C.
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Charges de personnel (sans les charges de personnel de l’orchestre) : 4.851.812 euros
s’assurer que nous faisons partie de leur vie culturelle. J’ai déjà commencé à rendre visite à différentes sociétés pour tenter de les rendre attentives et les attirer vers ce que l’on fait. Quels modèles de partenariat leur proposez-vous ? « L e plus classique est le concert sponsorisé, mais cela va souvent plus loin qu’offrir des places et une visibilité en contrepartie. C’est un état d’esprit que l’on partage sur le long terme. La plupart des entreprises financent des concerts de manière régulière à un rythme d’un par an ou plus. C’est une chance que la Philharmonie ne soit pas reliée à un seul grand partenaire, comme c’était le cas pour l’orchestre où je travaillais avant. C’était sans doute plus facile et rassurant, mais cela limite les possibilités de s’ouvrir à d’autres. Dans un univers bancaire comme à Luxembourg, cela ne serait pas sain de ne se tourner que vers un seul partenaire. Comment voyez-vous l’évolution de ces partenariats avec le privé ? « Je ne suis pas quelqu’un qui fait des annonces. Je dois d’abord discuter avec les gens et établir des relations de confiance. Après, je serai en mesure d’apporter de nouvelles voies ou de nouvelles visions pour l’institution. Mon expérience à Munich avec la Deutsche Bank m’a appris à travailler avec un grand partenaire, à comprendre ce qu’ils attendent d’une institution comme la nôtre. Mais ce savoirfaire doit être adapté au contexte de Luxembourg. Un point sur lequel je voudrais travailler, c’est celui des personnes privées. La Philharmonie n’a pas encore de soutien privé ‘non corporate’. Elle n’a pas d’association du type ‘Les amis de la Philharmonie’. C’est une initiative que nous devrions monter.
Total : 25.076.778 euros
Il ne s’agit pas seulement de foundraising, mais aussi de liens avec des membres de la société civile. C’est une façon de dire ‘c’est à vous’, ‘c’est chez vous’. La Philharmonie n’appartient pas à son directeur ou à son conseil d’administration, mais elle doit être à son public. Ces mécènes privés auraient une part de pouvoir, de prise de décision ? « Ça fait partie du jeu. Mais il ne faut pas en avoir peur. Il existe des modèles bien pensés un peu partout, aux États-Unis notamment. C’est au contraire une chance de voir comme cet apport additionnel peut être utile à l’institution. Le programme de la saison qui débute n’est pas de votre fait. Parlons plutôt du futur et de ce que vous voulez y imprimer… « Il y a une grande différence entre diriger une institution comme celle-ci et diriger un festival où l’on peut imaginer un programme ex-nihilo, qui n’a pas de lien avec les saisons passées ou futures. Ici, je me dois d’adopter ce qu’il y a au programme, je fais partie d’une histoire, d’un continuum. Cela dit, j’ai bien sûr des axes de réflexion pour le futur. En particulier, j’aimerais thématiser la programmation et revoir le découpage des séries d’abonnement. Je pense qu’une saison peut raconter une histoire, embarquer les spectateurs dans un voyage, que ce soit à travers une période, un sujet, un pays… »
Fraîchement arrivé à la tête de la Philharmonie, Stephan Gehmacher a déjà en tête les défis qui l’attendent. Le développement de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg sera une de ses premières tâches. Il souhaite aussi intégrer des personnes privées au soutien financier de l’institution et centrer les programmes futurs sur des thématiques.
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Église S.A.
L’Archevêché s’ouvre de l’intérieur La publication de ses comptes annuels s’inscrit dans une volonté de transparence de la part de l’Archevêché.
L’influence réelle de l’Église dans l’économie du pays n’apparaît pas nécessairement dans le bilan consolidé de l’institution. Sa santé financière est, en partie, liée à celle – chancelante – du groupe Saint-Paul, sa principale entité opérationnelle. Texte Jean-Michel Gaudron
La transparence voulue par l’Archevêché s’inscrit dans un contexte de grande réflexion autour de la nature des relations entre l’Église et l’État. Leur proximité n’est pas que géographique, comme ici, le ministère d’État à l’ombre de la cathédrale…
Photo: Julien Becker (archives)
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T
raumatisée par l’affaire Vatileaks et les révélations concernant des pratiques de corruption et de favoritisme au sein du Vatican, l’Église s’est lancée, depuis un peu plus d’un an, dans un grand mouvement de communication et de transparence. Même l’Institut pour les œuvres de la religion, plus communément appelé la Banque du Vatican au sein de laquelle le concept de « secret bancaire » trouve probablement sa démonstration la plus aboutie, s’est mis à suivre le mouvement. Il a publié, le 1er octobre, sur son site internet (qui n’existait même pas 18 mois auparavant), le rapport annuel de ses activités en trois langues (anglais, italien et espagnol). Le Luxembourg n’échappe pas au mouvement. Depuis son ordination épiscopale en octobre 2011, l’archevêque Jean-Claude Hollerich y a lui-même grandement contribué, marquant, à 53 ans, une rupture forcément assez prononcée avec son prédécesseur, Fernand Franck, de 24 ans son aîné. Il a bien été aidé, en cela, par Erny Gillen, 54 ans, nommé vicaire général au même moment et qui, à la tête du groupe Saint-Paul (éditeur du Wort et entité « opérationnelle » la plus visible active sous la coupe de l’Archevêché), a entrepris, depuis 2012, un travail de « dépoussiérage » intensif pour redonner au vaisseau amiral de Gasperich son lustre d’antan. En septembre dernier, lors de la cérémonie marquant le premier anniversaire de l’introduction de la Charte de la diversité Lëtzebuerg, Mgr Hollerich, en personne, s’est fendu d’un exposé sur « La diversité religieuse : perceptions, réalités et pratiques », appuyant la démarche de son archevêché, film vidéo à l’appui, d’être signataire de ladite charte. C’est au même moment que l’institution catholique a également choisi de présenter publiquement ses comptes pour l’année 2012, comme une cerise sur la religieuse. Un exercice qui n’est soumis à aucune obligation légale dans le chef d’une organisation « privée » et que l’Église a souhaité réaliser selon les règles applicables aux sociétés commerciales, avec le concours de la firme PwC. Et c’est aussi en même temps, hasard du calendrier, que l’Archevêché s’est invité dans le débat préélectoral, en critiquant la proposition
du parti chrétien social « ami » de remplacer l’enseignement religieux dans le secondaire par un enseignement des valeurs. Cette vaste opération de communication générale n’est évidemment pas anodine, à l’heure où les relations entre l’Église et l’État n’ont jamais autant été remises en question. On se rappelle que suite à un débat parlementaire qui s’est tenu en juin 2011, un groupe d’experts avait, à la demande du département des Cultes du ministère d’État, été mandaté pour plancher sur l’évolution future des relations entre les pouvoirs publics et les communautés religieuses ou philosophiques au Grand-Duché de Luxembourg. Le rapport de 130 pages, publié il y a un an, démontrait que le système luxembourgeois ne respectait pas le principe de neutralité et d’égalité de traitement, puisqu’il existait des communautés « conventionnées » et les autres, et que parmi les communautés conventionnées, l’Église catholique était « clairement favorisée ». D’où un appel à une réforme du système de « reconnaissance » et de financement des organisations cultuelles… Un lien moral, mais puissant
La « transparence » voulue par l’Archevêché se limite cependant aux liaisons « comptables » entre l’institution et les autres organisations catholiques. Ainsi les congrégations religieuses, le Grand séminaire ou encore la fédération Caritas ne sont-ils pas inclus dans le périmètre de présentation, puisqu’ils disposent de leur propre autonomie de fonctionnement. Il en va de même pour les quelque 285 fabriques d’église présentes sur le territoire du Luxembourg, qui sont à la tête d’un important patrimoine immobilier, mais dont le fonctionnement dépend à la fois des communes et du ministère de l’Intérieur. Difficile, pourtant, de nier l’extrême influence de l’Archevêché sur tout ce pan de l’économie nationale qui représente des milliers d’emplois. Le seul exemple de la fondation Caritas, dont Erny Gillen est le président exécutif (il est aussi président du conseil d’administration de la fondation Elisabeth) et Jean-Claude Hollerich
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le président du conseil d’administration, suffit pour se rendre compte du lien « moral » puissant qui existe. Un lien qui, dans le cas de Caritas, a été renforcé en octobre 2012 dans le cadre d’un changement de statuts de l’asbl. À sa création, en 1996, ses statuts mentionnaient que l’action de Caritas « s’oriente selon la vision chrétienne de l’homme, les valeurs de l’Évangile et la doctrine sociale de l’Église ». C’est évidemment toujours le cas aujourd’hui, mais l’objet de la confédération, qui était assez « général » à l’origine, a été très fortement recadré, puisqu’il prévoit désormais l’accompagnement et le conseil de ses membres dans les domaines théologiques, et notamment l’enseignement social de l’Église ; dans le traitement des questions d’ordre éthique et moral et, plus généralement, la concertation de ses membres sur les grandes questions de la société. Juridiquement parlant, l’Archevêché de Luxembourg détient, en tant qu’actionnaire unique, la société de participations Lafayette qui, elle-même, détient 100 % du capital du groupe de presse Saint-Paul Luxembourg. C’est également au sein de Lafayette qu’est logé l’ensemble du patrimoine immobilier de l’Archevêché. Un patrimoine dont la valeur comptable est, tout de même, de 139,7 millions d’euros, mais dont la valeur de marché, établie par un expert indépendant, avoisine les 164 millions d’euros. Un décalage qui a, de fait, nécessité un ajustement comptable de 19,5 millions d’euros. Que trouve-t-on dans ce patrimoine immobilier ? Principalement le terrain et l’immeuble de Gasperich occupés par le groupe Saint-Paul (et qui, d’ailleurs, intéressent de près les développeurs du projet du Ban de Gasperich), quelques immeubles quartier Gare qui sont loués à des tiers, le Centre Convict et la résidence épiscopale, gérés par l’intermédiaire de la société Maria Rheinsheim (également filiale de l’Archevêché). « Nous voulons montrer, de la sorte, que nous n’avons rien à cacher et, surtout, que contrairement aux idées reçues, l’Église n’est pas si riche que les gens veulent bien le croire », explique Egon Seywert, économe général de l’archidiocèse (après avoir été NOVEMBRE 2013 —
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longtemps le tout puissant responsable financier du groupe Saint-Paul). Elle est tout de même loin de pointer au revenu minimum garanti… Même si elle affiche un déficit opérationnel récurrent entre 3,5 et 4,5 millions d’euros, elle dispose tout de même de capitaux propres de plus de 92 millions d’euros (certes, plombés par rapport à 2011 par l’inscription au bilan d’une perte de près de 50 millions d’euros –part de groupe – pour l’exercice 2012) et d’un patrimoine immobilier estimé (valeur de marché) à 164 millions d’euros. Quant à ses activités « c ommerciales », l’archevêché a réalisé, en 2012, un chiffre d’affaires global de 73,6 millions d’euros (dont 50,4 millions pour les seules activités « organes de presse et d’édition »), en recul assez prononcé de 5,3 % par rapport à 2011. Cette perte globale de 50,5 millions tient compte, précisément, de 49,6 millions de charges exceptionnelles, dont 45,3 millions résultant de corrections de valeurs exceptionnelles sur différents actifs. Il s’agit notamment, outre la réduction de valeur de 19,5 millions sur des biens immobiliers, d’une dépréciation d’un goodwill enregistré en 2007 sur les actions de Saint-Paul Luxembourg, pour un montant de 25,8 millions. « Depuis des années, la faiblesse des bénéfices, voire les pertes constatées au niveau de Saint-Paul Luxembourg, cumulées à un besoin en augmentation constante de prise en charge par l’Archevêché des frais liés à la pastorale, font que l’Archevêché clôture chaque année ses comptes avec un déficit opérationnel de 3,5 à 4,5 millions d’euros », est-il clairement indiqué dans le rapport annuel 2012. 317 salariés et l’ombre de Saint-Paul
Ce « besoin en augmentation constante » des frais liés à l’action pastorale découle directement du nombre d’officiants au Luxembourg. « Il y a de moins en moins de prêtres, ce qui implique de plus en plus de travail administratif au niveau du secrétariat paroissial », résume Egon Seywert. Au 31 décembre, 317 salariés sont au service de l’Archevêché pour remplir des tâches pastorales et des tâches administratives. Ils sont 255 engagés en tant que « ministres du culte », suivant la convention de financement entre l’Église catholique et l’État luxembourgeois, pour un coût total de 23,5 millions d’euros. À leurs côtés se trouvent 62 autres personnes engagées en tant que salariés de l’Archevêché. Le volet « Saint-Paul », lui, est éminemment plus complexe et pèse très lourdement sur l’ensemble du groupe. Son histoire récente est pour le moins tumultueuse et ses soucis
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HISTOIRE
200 ans de financement par l’État Jusqu’à l’époque du concordat établi par Napoléon, l’Église vivait de ses propres ressources, principalement alimentées par les dons et les legs de ses fidèles. Depuis 1809, suite au grand ménage post-Révolution française, un décret prévoit la reprise des traitements et pensions des prêtres dans le budget de l’État et l’obligation des communes de subvenir aux besoins du culte catholique. Au niveau du budget de l’État, cela a représenté en 2012 une enveloppe de 23,5 millions d’euros. La relation entre l’Église et l’État luxembourgeois est inscrite dans la Constitution nationale. Ainsi l’article 22 indique-t-il : « L’intervention de l’État dans la nomination et l’installation des chefs des cultes, le mode de nomination et de révocation des autres ministres des cultes, la faculté pour les uns et les autres de correspondre avec leurs supérieurs et de publier leurs actes, ainsi que les rapports de l’Église avec l’État, font l’objet de conventions à soumettre à la Chambre des députés pour les dispositions qui nécessitent son intervention. » J .-M . G .
remontent aux années 90, après un investissement de 2 milliards de francs à l’époque (50 millions d’euros) dans de nouvelles capacités d’impression qui ont, par la suite, davantage généré de pertes qu’autre chose. Dans le même temps, la refonte, en 1998, du mécanisme de rémunération des cadres du culte catholique par l’État changea la donne. « Avant, l’État subventionnait le clergé selon un nombre théorique de poses, y compris si les effectifs étaient inférieurs, explique un ancien dirigeant du groupe Saint-Paul qui a souhaité rester anonyme. La différence servait alors à financer l’appareil bureaucratique de l’Archevêché. À partir de 1998, le système a changé, ce qui a obligé l’Église à trouver d’autres sources de financement. Et ils se sont en grande partie servis de Saint-Paul pour cela. » Ainsi, pendant de nombreuses années, le groupe Saint-Paul a, chaque année, acheté des actions de Maria Rheinsheim. Des transactions représentant des montants annuels de quelque 3 millions d’euros que, mécaniquement, le groupe Saint-Paul n’a pas été en mesure d’investir pour adapter sa stratégie industrielle aux mutations du secteur des médias. « Le transfert de ces titres avait atteint un tel niveau que cela a commencé à poser des problèmes de consolidation des comptes pour Saint-Paul », explique cet ancien dirigeant. En juin 2009, la problématique fut « réglée » par une fusion entre Lafayette et Saint-Paul Immobilier, la structure de gestion des participations immobilières du groupe Saint-Paul, alors nantie d’un capital social de 20 millions d’euros. Ainsi, Saint-Paul continuait, d’une certaine façon, à alimenter les caisses de l’Archevêché, via des loyers versés à Lafayette. Mais il perdit dans l’opération, en même temps, une grosse partie de ses fonds propres. L’opération est présentée, dans le rapport annuel de l’Archevêché, comme ayant permis la « sécurisation du patrimoine immobilier
par rapport aux risques inhérents aux activités commerciales exercées ». Depuis, Saint-Paul a enchaîné les plans sociaux et tente de repartir d’un élan nouveau. Erny Gillen, au printemps dernier, a décapité la direction du groupe en écartant Paul Lenert, qui était en fonction depuis 2009. Un nouveau directeur général a pris ses fonctions en septembre, en la personne de Paul Peckels (qui était, depuis huit ans, membre du comité de direction de l’Entreprise des P&T) et un nouveau rédacteur en chef arrivera en novembre : JeanLou Siweck, journaliste (d’Land et Le Quotidien) passé « de l’autre côté de la barrière » en 2004 lorsqu’il était devenu conseiller économique auprès du Premier ministre Jean-Claude Juncker. Il aura, comme principal chantier, la consolidation de la nouvelle organisation rédactionnelle du Wort autour d’une « Newsroom » dans laquelles les journalistes des différentes rubriques couvrent tous les canaux de diffusion (print, numérique et audiovisuel) et toutes les langues utilisées. « Dans ce contexte, un investissement majeur a été réalisé pour l’implémentation d’un nouveau système informatique rédactionnel », rappelle le rapport annuel. « Tous les ans, nous publierons nos comptes », a indiqué Egon Seywert. Le prochain ne manquera pas d’un très grand intérêt, alors que le groupe prévient que « l’exercice 2013 s’annonce difficile pour les sociétés du secteur ‘médias’ où les recettes publicitaires sont en recul par rapport à 2012 qui était déjà une année médiocre ».
La publication de ses comptes annuels par l’Archevêché constitue, en soi, un petit événement. L’Église, soucieuse de son image, tient à offrir un maximum de transparence sur ses activités. Une transparence bien contrôlée toutefois, qui ne reflète que partiellement l’influence de l’institution dans le paysage économique du pays.
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ANNIVERSAIRE
Les 25 ans de Bonn & Schmitt
Le cabinet d’avocats a fêté un quart de siècle d’existence en organisant, le 17 septembre, une soirée au Golf-Club Grand-Ducal. L’occasion, également, de célébrer les deux prix « Luxembourg Law Firm of the Year » et « Restructuring Deal of the Year » décernés par l’IFLR Europe Awards. Photos Charles Caratini
Philippe Haquenne (YM Advisory), Olivier de Jamblinne (KBL European Private Bankers) et Alex Reding (Galerie Nosbaum & Reding)
Jacques Elvinger (Elvinger, Hoss & Prussen) et Serge de Cillia (ABBL)
Le ministre des Finances Luc Frieden, entouré d’Alex Schmitt et Guy Arendt (Bonn & Schmitt)
ANNIVERSAIRE
The Good Fund
Événement organisé par Mazars Luxembourg, le 26 septembre à l’Hôtel Royal. Photos Charles Caratini
Marco Zwick (Schroders) et Bill Lockwood (Franklin Templeton Investments)
Liêm Nguyen (Alpha Wealth Management)
Brian McMahon (BNY Mellon), Shoqat Bunglawala (Goldman Sachs Asset Management), Sven Rein (BNP Paribas Real Estate Investment Management), Marco Zwick (Schroders) et Jérôme Wigny (Elvinger, Hoss & Prussen)
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Robert DeNormandie (MDO Services) et Ludivine Nicolaï (Crestbridge)
Giuseppe Tarsia (State Street Bank), Katja Huppert (State Street Bank) et Sven Rein (BNP Paribas Real Estate Investment Management)
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TR A ST P U
Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain.
CUISINE, BUDGET ET INNOVATION
UN CONTENU QUI FAIT RECETTE
Ce mois-ci : Every-1
Every-1 a créé Recipay, plateforme web sociale qui rémunère le contenu partagé par les internautes, autour d’ingrédients et de cuisine. De quoi réinventer le marketing en créant une nouvelle forme de lien entre la marque et le consommateur. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE
E
n ouvrant de nouveaux espaces d’expression, donnant aux utilisateurs la possibilité de devenir des producteurs de contenus libres, internet a bousculé les rapports entre les marques et les consommateurs. Et envisager de nouvelles formes de marketing pousse les marques à se positionner autrement vis-à-vis de leur cible, à faire preuve d’inventivité pour pénétrer le quotidien de leurs clients. Pour de jeunes sociétés, ces bouleversements constituent une mine d’opportunités. Every-1, start-up luxembourgeoise créée en février dernier et qui se présente comme une forme de think tank dédié à l’innovation sous toutes ses formes, signe son premier fait d’armes à travers Recipay. « Il s’agit de la première plateforme web permettant aux utilisateurs de proposer un contenu original et d’être rémunérés pour ce qu’ils produisent », introduit Victor de Witt, cofondateur de Every-1. Dédié à la cuisine, le site invite les internautes à partager leurs recettes. « Tout le monde peut le faire librement. Toutefois, pour que sa contribution soit rémunérée, il faut que l’auteur de le recette intègre le produit d’une des marques partenaires du site dans les ingrédients qui la composent mais aussi que le contenu soit validé par notre équipe de blogueuses culinaires reconnues. » Recipay s’appuie sur l’expertise de Claire Pichon, créatrice du blog La plus petite cuisine du monde et auteur de plusieurs ouvrages. Elle a fédéré une équipe qui modère les recettes envoyées à Recipay. « Chacune des contributions est évaluée sur les ingrédients, sur sa crédibilité, sur sa présentation. Parmi les contributions, il peut y avoir de tout. Le meilleur exemple reçu jusqu’à ce jour est une recette de soupe à l’oignon pour laquelle l’oignon ne figurait même pas dans les ingrédients », s’amuse Victor de Witt. Près de la moitié des recettes sont jugées recevables. Mettre du liant dans la sauce marketing
Lancé en juin, le site s’appuie déjà sur le contenu de quelque 2.000 contributeurs. Disponible sous Androïd ainsi que sous iOS (et bientôt en télévision), l’application Recipay a déjà été téléchargée plus de 20.000 fois. Ce succès rapide s’explique par la conjugaison de quelques ingrédients forts. D’abord, un réel engouement actuel autour de la cuisine. Ensuite, le fait de se voir rémunéré pour partager une partie de sa passion crée un vrai intérêt. Enfin, cette plateforme travaille avec les outils communautaires – les réseaux sociaux – permettant un réel effet viral. Économiquement, la plateforme fonctionne
grâce au soutien des marques partenaires, actuellement au nombre de 24. Chacune d’elles paie pour un nombre déterminé de recettes intégrant un de ses produits. La main est ensuite laissée aux internautes, libres de valoriser les produits à travers leur contribution. Le contenu proposé par l’internaute et pour lequel il a été payé revient ensuite à la marque partenaire, qui sera libre de l’utiliser comme bon lui semble dans ses publications, à condition de toujours en attribuer clairement la paternité à l’internaute. D’un point de vue marketing, l’intérêt réside dans le lien, nouveau, que la marque peut créer avec le consommateur par le biais de cette plateforme. « La marque donne, en effet, la possibilité au consommateur de s’exprimer autour du produit, de le valoriser directement. Elle dispose en outre d’un retour d’informations important, lui permettant de découvrir la manière dont le consommateur utilise ses produits en cuisine, explique Victor de Witt. À travers ce modèle, on crée donc un lien fort et unique entre la marque et l’utilisateur. » Concrètement donc, Recipay vend à la marque les recettes proposées par les utilisateurs qui incorporent un de ses produits ainsi que la propriété intellectuelle qui lui est liée… Il suffisait d’y penser. En réalité, derrière une interface simple d’utilisation, les choses s’avèrent un peu plus complexes. Il a fallu travailler en amont pour définir un cadre légal clair. « On a constaté que, de manière générale, les recettes n’étaient pas protégées par le droit d’auteur. Or notre volonté est de proposer des recettes originales et d’éviter tout plagiat. Nous avons donc mis en œuvre des outils de vérification du contenu, pour nous assurer que les textes et les photos n’ont pas été repris sur d’autres sites. Nous avons aussi pris des mesures pour protéger ce contenu original proposé par les internautes, afin de permettre aux marques de les utiliser sans crainte », assure M. de Witt. Si Recipay peut être consulté et recevoir des contributions de partout, au niveau commercial, la start-up est active uniquement sur le Luxembourg, la France et la Belgique. Mais la volonté est d’étendre la zone d’action en développant des sites dans d’autres langues et en allant à la rencontre des marques dans divers pays. « Il est essentiel de pouvoir travailler avec des marques locales, que les consommateurs pourront trouver dans leur supermarché. Nous aurons dès lors besoin de modérateurs dans les pays que nous souhaitons aborder. Pour assurer ce développement, nous comptons opérer une levée de fonds d’ici la fin de l’année. » Recipay a des ambitions mondiales, à moyen terme. La cuisine reste un langage universel. Et grâce au web, elle se partage et fait recette.
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Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)
WEAKNESSES (= FAIBLESSES)
– La petite taille face aux ambitions de – La nouveauté du modèle développement – Des compétences fortes sur lesquelles s’appuyer – Le manque de moyens financiers
– Le succès des médias sociaux – La nécessité de penser le marketing autrement
– Un cadre légal complexe et qui évolue – Une forte concurrence
OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)
THREATS (= MENACES)
CV
L’envie de penser l’innovation À 33 ans, Victor de Witt a derrière lui une carrière dans le monde de la banque privée. Véritable digital native, passionné par la haute technologie, les médias sociaux et la cuisine, il a décidé de créer une start-up dédiée à l’innovation. Pour cela, il s’est associé avec Thierry Bezier-Membrey. Ensemble, ils ont créé Every-1, start-up qui fédère des consultants venus de tous les horizons pour penser et développer l’innovation, quel que soit le secteur. Leur premier fait d’armes est Recipay.
FICHE TECHNIQUE
Every-1 Objet : agence d’innovation, elle conseille les entreprises, les marques et les personnes qui souhaitent s’inscrire dans des niches d’innovation. Création : février 2013 Nombre d’employés : 3 salariés, autour desquels gravitent 6 consultants free-lance. Chiffre d’affaires : en trois mois de fonctionnement, Recipay a généré 200.000 euros de chiffre d’affaires. Siège : Luxembourg
DES CONCURRENTS
Les fourneaux du web Marmiton France 2000
750g.com France 1999
Cuineaz.com France 1997
Allrecipes USA 1997
L’atelier des chefs France 2004
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PLACE FINANCIÈRE
Place financière
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PLACE FINANCIÈRE
Finance islamique
L’APPEL DES FRÈRES L’assemblée de la communauté musulmane du Luxembourg vient d’adresser une lettre ouverte à une trentaine d’acteurs de la finance islamique au Luxembourg, en leur demandant de prendre position sur le traitement jugé discriminatoire que le gouvernement luxembourgeois réserve à leur culte.
Photo : SIP / Luc Deflorenne
Au Luxembourg, la finance « halal » a un peu de plomb dans l’aile, faute d’un lobby suffisamment puissant.
Quoi de mieux pour faire pression sur le gouvernement et faire bouger un dossier qui piétine depuis des années que de jouer sur le registre de l’argent et de la place financière, le principal contributeur des rentrées fiscales ? L’assemblée de la communauté musulmane du Grand-Duché de Luxembourg, la Shoura, a adressé ce jeudi une lettre ouverte à une trentaine d’acteurs de la finance islamique au Luxembourg. Objectif : leur demander de prendre position sur le traitement jugé discriminatoire que le gouvernement luxembourgeois réserve à leur culte. Le sujet est embarrassant tant pour les autorités luxembourgeoises que pour les opérateurs actifs sur le marché de la finance islamique. La Shoura ne s’en cache pas, elle cherche « des alliés » dans la société civile pour appuyer ses revendications, faire reconnaître la seconde religion du Luxembourg par le nombre et surtout
parvenir à faire financer le culte par le denier public, ce que le gouvernement luxembourgeois est réticent à faire, particulièrement dans un contexte électoral où déjà la question du vote des étrangers divise les partis en lice ainsi que la population. La lettre ouverte tranche tout de suite dans le vif : « Votre firme est active au Luxembourg sur le marché de la finance islamique. Notre pays se veut leader dans le domaine au niveau international. Vous supposez sans doute que, en cohérence avec son activisme pour promouvoir la finance islamique, le gouvernement traite sinon avec bienveillance, du moins équitablement son importante communauté musulmane. » La Shoura fait l’étalage des écueils qui se posent sur la route de la reconnaissance officielle de l’islam : un gouvernement qui fait tout pour repousser la conclusion d’une convention, alors qu’il en a donné l’accord de principe depuis 2007 et un Premier ministre qui ne répond pas aux lettres des représentants de cette communauté
et qui ne semble pas davantage impressionné par les menaces de saisir la justice pour discrimination qu’elle profère de façon régulière. Que penseraient de ce traitement paradoxal les clients musulmans des produits conformes à la Sharia, c’est-à-dire les grands préceptes de l’islam commercialisés à partir de la plateforme financière luxembourgeoise ? « Il se pourrait que certains de vos clients, musulmans ou non, s’émeuvent de cet état de fait. Il se pourrait qu’ils vous interrogent sur votre position quant à ce dossier », souligne la lettre ouverte en rappelant l’appartenance du Luxembourg, à travers la Banque centrale du Luxembourg, à l’International Islamic Liquidity Management Corporation. Le Grand-Duché est d’ailleurs le seul pays occidental membre de cette institution. « L’inaction et la négligence gouvernementales pourraient malheureusement nuire à la position enviable du Luxembourg dans le monde la finance islamique », souligne encore la Shoura. La communauté invite donc les acteurs de la finance islamique à prendre leurs responsabilités et à soutenir publiquement sa demande d’un traitement équitable. Reste que la finance « halal » a un peu de plomb dans l’aile depuis deux ans, faute d’un lobby suffisamment puissant. Mardi soir, lors du débat organisé par paperJam, Étienne Schneider, chef de file des socialistes aux législatives du 20 octobre prochain, et ministre de l’Économie, a considéré que la diversification de la place financière passait entre autres par une redynamisation de la plateforme de la finance islamique. VP
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PLACE FINANCIÈRE
AGRÉMENTS
Taxe sur les transactions financières
RealSolutions et Netcore se développent
L’ABBL AVAIT RAISON… L’Association des banques et banquiers Luxembourg voit d’un très bon œil l’avis négatif rendu par les juristes de l’UE au sujet de la TTF.
Déjà agent de communication à la clientèle et Osis (opérateur de systèmes informatiques secondaires et de réseaux de communication du secteur financier), Netcore détient, depuis début septembre, l’agrément d’opérateur de systèmes informatiques primaires (Osip), ce qui lui permet d’entretenir des systèmes informatiques de clients impactant directement les états comptables et financiers. De son côté, RealSolutions, actif depuis un quart de siècle sur la Place, décroche son premier statut de PSF de support en tant qu’Osis.
Photo : archives paperJam
Photo : archives paperJam
SOCIAL
ABN Amro limite la casse
Jean-Jacques Rommes, directeur de l’ABBL, est opposé à cette taxe depuis 2010…
Annoncé début septembre, le plan social concernant ABN Amro Banque au Luxembourg sera finalement un peu moins sévère que prévu. Au lieu des « 25 à 30 salariés » (sur les 153 personnes que compte la banque), ce sont finalement 17 employés qui ont été salariés directement, alors que le sort de cinq autres est toujours en suspens et ne devrait pas être réglé avant deux ou trois mois.
DEUTSCHE BANK
Transition en cours Le 1er janvier prochain, Ernst Wilhelm Contzen, atteint par la limite d’âge, cèdera son poste de CEO de Deutsche Bank Luxembourg à Boris Liedtke, 43 ans, qui occupera également les fonctions de chief country officer Luxembourg pour les différentes entités du groupe au Grand-Duché. M. Contzen, lui, deviendra président du nouveau comité de surveillance de la banque et restera, parallèlement, président de l’ABBL jusqu’au terme de son mandat en avril 2014.
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L’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction après la publication, le 6 septembre, d’un avis négatif rendu par les services juridiques du Conseil de l’Union européenne au sujet de la taxe sur les transactions financières (TTF). Ils estiment que le mécanisme « dépasse la juridiction des États membres en matière de fiscalité », « empiète sur les prérogatives des États membres non participants » et, surtout, est « discriminatoire et susceptible d’entraîner une distorsion de concurrence au détriment des États membres non participants ». L’une des ambitions du projet est d’éviter des délocalisations d’activités en dehors du territoire des États membres participants. Or, selon l’ABBL, de telles délocalisations sont inévitables compte tenu de la teneur même
du projet, dont le champ d’application géographique est trop restreint pour garantir une couverture efficace des transactions visées. « Une TTF viable ne peut exister qu’à un niveau global, vu l’interdépendance croissante des acteurs concernés », rappelle ainsi l’ABBL, qui se pose la question de l’existence même d’une telle TTF nationale, actuelle ou future, imposant à des institutions financières de prélever la taxe depuis l’étranger, à l’instar de ce que souhaitent imposer, à l’heure actuelle, l’Italie et la France. L’ABBL constate que c’est, clairement, ce principe d’extraterritorialité de la proposition de la Commission qui suscite les critiques des juristes du Conseil, dans la mesure où celle-ci prétend assujettir à la taxe des institutions financières établies en dehors des 11 États membres participant au projet (et dont ne
faisait pas partie le Luxembourg), lesquelles devraient ainsi prélever et liquider un impôt étranger pour le compte de ces mêmes États membres. « Les opérateurs de la place financière ne peuvent avoir comme vocation celle consistant à endosser le rôle d’un percepteur d’impôt pour le compte d’États étrangers », estime l’ABBL, qui espère bien que le risque de multiplication d’autres initiatives nationales sera ainsi tué dans l’œuf. « D’autres États membres de l’Union, tels que l’Espagne, le Portugal ou la Hongrie, envisagent d’introduire une TTF nationale suivant les précédents français et italiens. Il va sans dire que chacune de ces initiatives constituerait, si elle venait à se concrétiser, un pas de plus dans la mauvaise direction », préviennent les banquiers luxembourgeois.
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PLACE FINANCIÈRE
BANQUE D’AFFAIRES
ASSURANCE VIE
TVA
DSK passe par le Luxembourg
Dexia AM sous pavillon américain
Un « trou » à relativiser
L’ancien directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a accepté de prendre la présidence du conseil d’administration du Groupe Anatevka, désormais dénommé « LSK (Leyne, Strauss-Kahn and Partners) Compagnie Financière », en vue d’y développer une activité de banque d’affaires internationale. Il rejoint, en la circonstance, un groupe fondé en 1994 par Thierry Leyne et spécialisé dans la gestion d’actifs, la corporate finance, l’intermédiation financière ou encore l’assurance.
Il n’en restait plus qu’une… Dexia Asset Management (créée en son temps dans le giron de la Bil) était la dernière entité opérationnelle qui n’avait pas encore été sortie du périmètre du groupe démantelé Dexia. C’est désormais chose faite, puisque New York Life Investments, 288 milliards d’euros d’actifs sous gestion au 31 juillet 2013, s’est portée acquéreur de la société pour un montant « ferme » de 380 millions d’euros. Fin 2012, un fonds asiatique avait été tout près de conclure l’acquisition, mais le dossier avait finalement été abandonné au début de l’été.
Selon une étude menée pour le compte de la Commission européenne, 551 millions d’euros de TVA n’ont pas été perçus au Luxembourg en 2011. Cela représente 1,3 % du PIB de cette année-là et 0,8 % du PIB sur la période 2000-2011. Une moyenne inférieure à celle de l’UE (1,5 % en 2011 et 1,2 % entre 2000 et 2011). Le ministre des Finances Luc Frieden a largement relativisé les résultats de cette étude, évoquant l’impossibilité de faire la part entre les montants non recouvrés, la fraude carrousel ou l’économie souterraine. Seule certitude : l’actuel retard de perception de TVA, estimé à un mois, s’élève à 300 millions d’euros.
OPC
Plombé par les marchés boursiers
Photo : DR
Au 31 août, le patrimoine global net des OPC des fonds d’investissement spécialisés est repassé sous la barre des 2.500 milliards d’euros, chutant de 0,68 % à 2.498,939 milliards. En glissement annuel, le secteur continue à afficher une belle progression de 8,86 %. La variation négative est entièrement due à l’évolution défavorable des marchés financiers, dans le contexte de tensions liées à la situation en Syrie ainsi qu’aux anticipations d’une réduction imminente des rachats d’obligations par la Réserve fédérale américaine.
Le résultat net de la Bil a bondi de 270 % au 1er semestre, passant à 67 millions d’euros.
Résultats
Un solide semestre pour la Bil La banque de la route d’Esch affiche un retour à la rentabilité.
La Banque internationale à Luxembourg (Bil), débarrassée officiellement du boulet Dexia il y a à peine un an, affiche pour le compte du 1er semestre 2013 « un net retour à la rentabilité ». La banque de la route d’Esch, désormais détenue (à 90 %) par le fonds qatari Precision Capital (et 10 % par l’État), enregistre ainsi un bond spectaculaire de son résultat net, qui passe de 18 millions d’euros au 30 juin 2012 à 67 millions d’euros un an plus tard, soit plus de 270 % de mieux… Les dépôts clients bilantaires ont progressé de 5 % à 12,1 milliards d’euros et les crédits ont enregistré une hausse de 2,1 % à 9,8 milliards, avec, notamment, des crédits hypothécaires qui affichent 3,1 % de mieux en dépit d’un environnement macroéconomique national qui reste difficile. Au cours des six premiers mois de l’année, les différentes annonces en matière d’échange automatique d’informations n’ont pas encore engendré de répercussions significatives sur les performances de la banque privée. « Il faut néanmoins s’attendre à une certaine volatilité des résultats de ce métier dans les mois à venir », prévient François Pauly, président du comité de direction de la Bil.
RÉSULTATS
Raiffeisen sur sa lancée Désormais établie à Leudelange, Raiffeisen revendique, pour le premier semestre de l’année, « un bon développement » de ses activités. En dépit d’un léger recul des dépôts de la clientèle, lié à un contexte de taux d’intérêt très bas, les avoirs sous gestion (+2,7 %) et les prêts et crédits (+7 %) s’affichent en hausse. Au niveau des revenus, la progression du résultat sur intérêts s’établit à 5,2 %, en ligne avec la croissance des volumes. « Les commissions, quant à elles, sont en augmentation et reflètent surtout le recours croissant des clients à des solutions de placement alternatives », explique la banque.
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PLACE FINANCIÈRE
Carlos Zeyen
La cible
Le magistrat luxembourgeois, 58 ans, a démissionné, avec effet au 1er octobre dernier, de son poste de vice-président d’Eurojust.
Depuis quatre mois, il est en arrêt maladie. Il a craqué psychologiquement face à la pression de la presse et l’absence de soutien du gouvernement luxembourgeois. Texte Véronique Poujol Photo Charles Caratini
M
embre luxembourgeois d’Eurojust (l’unité de coopération judiciaire pénale de l’UE) depuis 2006 et vice-président depuis 2012 (pour un mandat de trois ans), Carlos Zeyen a jeté l’éponge après quatre mois d’arrêt maladie. Au 1er octobre, il a démissionné de ses fonctions. Il avait fait connaître sa décision le 2 août dernier, pendant les vacances judiciaires, dans une lettre au procureur général d’État, Robert Biever. Ce dernier en avait aussitôt averti la ministre CSV de la Justice, Octavie Modert. Il aura ensuite fallu deux mois avant que M. Biever officialise l’information – et fasse connaître en même temps le nom de son successeur, le jeune magistrat Olivier Lehnert – en laissant transparaître beaucoup d’émotion à l’annonce de ce retrait forcé du magistrat d’Eurojust. Carlos Zeyen réintègre théoriquement la magistrature luxembourgeoise, mais personne à la Cité judiciaire n’ose s’avancer sur l’affectation qui pourrait lui être réservée à son retour de congé de maladie. Magistrat atypique, Carlos Zeyen affiche un parcours professionnel qui n’est pas moins singulier. Il est plutôt exceptionnel, tout particulièrement au Luxembourg, qu’un avocat d’affaires aussi chevronné passe si brutalement de l’autre côté du miroir, le scénario inverse étant davantage coutumier sur la place financière. La raison en est prosaïque : on gagne évidemment mieux sa vie dans le privé en défendant les banques que comme simple magistrat. De son passage par les milieux d’affaires, Carlos Zeyen conserva d’ailleurs certains codes, dont les plus caricaturaux restent sans doute sur le plan vestimentaire. Ses chaussures en croco, ses smokings blancs et ses costumes trois-pièces taillés sur mesure auprès des meilleurs couturiers sont gravés dans la
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PLACE FINANCIÈRE
Personne, à la Cité judiciaire, n’ose s’avancer sur l’affectation qui pourrait être réservée au magistrat Zeyen, à son retour.
mémoire de ses collègues, moins portés que lui sur le luxe et l’élégance. Sa nomination en 1998 fit d’autant plus « tache » qu’il n’était déjà plus tout jeune lorsqu’il a décroché son premier poste dans la magistrature. Il n’avait pas fait l’unanimité
Mais c’est moins son âge (43 ans à l’époque), que la réputation le précédant, qui susciteront les réticences de ses pairs au Palais de justice. « Il n’y a pas eu unanimité à son recrutement », se rappelle l’un d’eux. Et de préciser que la crainte principale d’alors résidait dans le risque que le passé d’avocat d’affaires et d’administrateur de sociétés offshore de Carlos Zeyen ressurgisse et que son nom puisse être associé à un scandale financier à rebours, éclaboussant sous un même jet la justice luxembourgeoise et la place financière. Leurs craintes se concrétisèrent assez vite. L’année même où il sera embauché, un rapport du Parlement allemand datant du 25 août 1998 mentionne à quatre reprises son nom (et ceux de deux de ses anciens collègues avocats Marc Feider et Romain Adam) en relation avec un ressortissant de l’ex-Allemagne de l’Est ayant fait transiter, peu après la chute du mur de Berlin, des fonds par des sociétés-écrans au Luxembourg au détriment du pays réunifié. Cette vieille affaire fut déterrée par les journalistes de Bild Zeitung en janvier 2013. Et dans l’esprit de Carlos Zeyen, cette exhumation n’avait qu’un but : lui nuire, entacher sa carrière à La Haye et l’obliger à démissionner, alors que le dossier n’avait montré aucune faute ni défaillance de sa part. La réglementation de l’époque ne prévoyait pas des devoirs de diligence et de contrôle des clients et de la provenance de leurs avoirs aussi poussés qu’aujourd’hui.
Il avait d’ailleurs une idée bien précise d’où venait l’attaque : du Luxembourg, soit d’une banque, soit des milieux proches du Service de renseignement. Cette intuition devint alors chez lui une véritable obsession. Il verra d’ailleurs comme une confirmation qu’il était bien une cible trois mois plus tard, en avril dernier, en marge de l’affaire de l’Offshore Leaks et la publication de milliers de documents sur des sociétés panaméennes liées pour certaines à des personnalités politiques. Son nom et ceux de plusieurs de ses anciens associés et confrères, de Marc Feider à Alex Schmitt en passant par Guy Arendt et un certain Douglas Powell, apparaissent dans les fichiers de l’Offshore Leaks comme administrateurs d’une quinzaine de sociétés qui furent constituées de 1987 à 1991. Ces entités avaient été pour la plupart dissoutes. Le magistrat, lorsqu’il abandonna la profession d’avocat en 1998 pour aller travailler au Parquet, prit d’ailleurs un soin méticuleux à démissionner de tous ses mandats dans les innombrables conseils d’administration où il avait siégé et à mettre les compteurs à zéro. Personne ne peut toutefois exclure qu’en raison de la quantité impressionnante des mandats que les deux études, dans lesquelles Zeyen avait été associé, avaient accepté d’occuper pour le compte de clients, toutes les démarches eussent été accomplies pour lui retirer les responsabilités de sa vie professionnelle antérieure. Luc Frieden fut le premier à mettre ses distances
L’enquête de Bild montra ainsi que le nom du vice-président d’Eurojust figurait toujours dans au moins une des sociétés offshore, ce qui est incompatible avec ses fonctions. Cette atteinte à son intégrité professionnelle NOVEMBRE 2013 —
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PLACE FINANCIÈRE
Carlos Zeyen avait le sentiment d'être lâché par tout le monde, à commencer par le gouvernement.
eut en tout cas un effet redoutable sur le mental du magistrat luxembourgeois. D’autant que si, en janvier, le gouvernement avait publié un communiqué de presse pour le défendre – bien que mollement – contre les premières accusations du journal allemand, les autorités luxembourgeoises observèrent un silence gêné lors du second tir de barrage. En 1998, la candidature de Zeyen avait été soutenue par deux principaux sponsors : le chrétien social Luc Frieden, qui venait quelques mois auparavant d’être nommé ministre de la Justice, et Roger Everling, le procureur général d’État de l’époque. Comme s’il craignait de se brûler, Luc Frieden sera toutefois le premier à mettre de la distance avec celui qui avait aussi été son associé au sein de l’étude Zeyen et Schmitt, Bonn et Prum. M. Frieden racontera au printemps dernier qu’il ne fit que croiser Carlos Zeyen au cours de sa carrière professionnelle dans le privé : le premier deviendra officiellement associé de l’étude en avril 1989, après y avoir effectué son stage, et le second la quittera en janvier 1990, avec certains de ses clients, pour rejoindre un autre cabinet (Zeyen, Beghin, Feider, Loeff, Claeys, Verbeke) au cours des huit années suivantes. Carlos Zeyen n’a jamais raconté pourquoi il en avait claqué la porte en 1998. Cet épisode fait partie du mystère du personnage : une clause ultra confidentielle le lie ainsi à ses anciens partenaires, au risque, en cas d’indiscrétion d’une des parties, d’être traîné devant les tribunaux.
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Des dispositions qui auraient d’ailleurs empêché le magistrat de se défendre – c’est en tout cas ce que son entourage affirmait – lorsque la seconde salve est tombée contre lui au printemps dernier, en plein cœur de l’affaire des dysfonctionnements du Service de renseignement luxembourgeois (Srel). De solides inimitiés dans les marchés financiers
Dans l’enquête parlementaire, le nom du magistrat et celui d’un officier de la police judiciaire feront surface. Dans une « note blanche » que le directeur du Srel, Patrick Heck, exhuma des archives de son service devant les députés de la commission d’enquête, les deux hommes sont présentés comme des agents à la solde du renseignement français. Accusation fantaisiste témoignant surtout des solides inimitiés que la personnalité du magistrat inspirait aux milieux financiers. Selon un proche du dossier, Carlos Zeyen avait le sentiment d’être lâché par tout le monde, à commencer par le gouvernement. Au sein d’Eurojust, qui lui a pourtant toujours gardé sa confiance jusqu’au bout, il prend par exemple comme une attaque personnelle à son intégrité professionnelle la demande qui sera faite à Michèle Coninsx, la présidente de l’unité de coopération judiciaire, pour qu’elle intervienne publiquement sur les questions de risques de réputation de l’institution. L’invitation ne sera pas anodine à ses yeux, puisqu’elle viendra d’une organisation
luxembourgeoise prônant la transparence et l’intégrité financière, la Ligfi, soutenue par le groupe GMH et animée par des proches de la société d’intelligence économique Sandstone. Carlos Zeyen prendra davantage ombrage encore de la relance que fit un peu plus tard le président de Ligfi, l’ancien Premier ministre chrétien social et ex-président de la Commission européenne Jacques Santer, et entre autres administrateur de GMH, pour convaincre, en vain, la présidente d’Eurojust de donner cette conférence. L’ancien ministre CSV de la Justice, François Biltgen, qui avait déjà presque bouclé ses valises à destination de la Cour de justice européenne, ne bougea pas le petit doigt en avril après la publication de l’article de Bild sur l’improbable implication de Carlos Zeyen dans l’Offshore Leaks. Le magistrat, qui avait jusqu’alors fait preuve d’un mental d’acier, encaissa plutôt mal le coup, d’autant qu’il avait le sentiment que d’autres déballages nauséabonds sur son passé d’avocat ressurgiraient un jour ou l’autre.
Avocat puis magistrat atypique au parcours professionnel singulier, Carlos Zeyen avait quitté le Luxembourg en 2006 pour rejoindre Eurojust, l’unité de coopération judiciaire pénale de l’UE dont il fut nommé vice-président en 2012. Visé régulièrement par des révélations médiatiques sur son passé d’avocat et lâché par ses soutiens au sein du gouvernement luxembourgeois, il n’a guère eu le loisir de savourer le prestige d’une fonction qu’il a quittée, de lui-même, malade, le 1er octobre.
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Shadow banking
Le bon éclairage pour sortir de l’ombre Les autorités internationales veulent encadrer le système d’intermédiation de crédit composé d’entités et d’activités hors du système bancaire classique. Au Luxembourg, l’industrie des fonds et les banques, notamment, soupèsent enjeux et dangers d’une régulation qu’il faudra transposer en souplesse. 2015 sera sans doute une année charnière. La Place veut expliquer, sans négliger le risque systémique, que le shadow banking n’est pas négatif. Texte Alain Ducat Photo Sven Becker
L
e shadow banking, c’est un peu le Belphégor du monde financier. Par définition, on le voit peu, mais on en entend parler et, à vrai dire, il fait un peu peur. Depuis le début de la crise financière, il y a cinq ans environ, les autorités internationales essaient de réguler les pratiques en espérant éviter toute rechute. Et, quel que soit l’organe décideur, l’enjeu est à la fois simple et délicat : assurer des mécanismes de financement de marché transparents, solides, et permettant d’écarter les risques. Or le danger est, souvent, de voir se déplacer des risques financiers vers des secteurs moins régulés, où ces risques deviendraient systémiques… Luxembourg et sa Place sont, à plus d’un titre, au cœur de la question. À vrai dire, elle agite même beaucoup les coulisses et suscite moult commentaires – hors des micros le plus souvent – voire des inquiétudes diffuses. « C’est un domaine auquel la Place s’intéresse activement, observe Henri Wagner, du cabinet Allen & Overy. Vu de l’extérieur, il y a également une grande sensibilité et des attentes quant à l’attitude du régulateur luxembourgeois. » Pour le juriste, il faut éviter de donner des échos négatifs « e t garder une approche rigoureuse, en faisant preuve de pédagogie. Les enjeux sont importants pour la Place, qui peut, en cette matière aussi, conserver la souplesse entre une approche réglementaire transposée au plus juste et les besoins de la pratique et de l’économie réelle. » C’est que le rouage grand-ducal est très important dans l’engrenage financier international. Si certains fonds ont connu des difficultés (notamment aux États-Unis, mais avec des avatars planétaires qui n’ont pas épargné le petit Luxembourg), les réformes et régulations, la sensibilité au risk management, les obligations de garanties, ont été progressivement assimilées dans le paysage, entre les chamboulements de Bâle (le paquet CRD IV, qui transpose dans le cadre législatif européen les nouvelles normes mondiales sur les fonds propres des banques – Bâle III – est entré en vigueur le 17 juillet dernier) Ucits ou AIFM. Reste, comme le glissait déjà la Commission de Bruxelles dans son « livre vert » en mars 2012, à « limiter l’émergence de risques, en particulier ceux de nature systémique, dans les parties non ou moins régulées du secteur financier. Ceux-ci peuvent se matérialiser par exemple à travers les interconnexions entre le secteur bancaire parallèle et le secteur bancaire en créant des
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phénomènes de contagion ». Or, avec l’augmentation des réglementations imposées aux banques, certaines activités ont été transférées dans des structures non réglementées. Et là, personne ne peut nier un risque, potentiellement énorme, lié aux transactions qui échappent encore aux radars. La même définition, des risques différents
Début septembre, une communication de la Commission européenne a proposé de nouvelles règles pour les fonds monétaires (money market funds), visant à leur permettre, en cas de difficultés sur les marchés, de mieux résister aux demandes accrues de remboursements grâce à un meilleur profil de liquidités et une plus grande stabilité. Dans son analyse, le commissaire européen Michel Barnier, chargé du marché intérieur et des services, disait en substance que, après avoir mis en place un encadrement complet des banques et des marchés, l’enjeu était de « s’attaquer aux risques présentés par le système bancaire parallèle », sachant que « ce système joue un rôle important dans le financement de l’économie réelle ». Cette approche prudentielle est, en quelque sorte, reprise par les acteurs et observateurs luxembourgeois : oui à la transparence et à l’efficacité, mais gare au risque de glissement vers des secteurs moins régulés – le cas échéant hors du marché européen – alors que les efforts sont payants sur le renforcement de marchés et d’entités financières. La réflexion est, à l’instar du marché, complètement planétaire. La définition même du shadow banking – circonscrire le périmètre et s’entendre sur ce dont on parle forment une condition sine qua non à un début de régulation – vient du FSB (Financial Stability Board). Ce « s ystème bancaire parallèle » est un « système d’intermédiation de crédit composé d’entités et d’activités extérieures au système bancaire classique ». Donc, d’entités qui mènent des activités de type bancaire, mais ne sont pas régulées comme des banques. Le FSB estime que le système bancaire parallèle mondial pesait entre 50 et 60.000 milliards d’euros. Soit 25 à 30 % de l’ensemble du système financier ou la moitié des actifs des banques.
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Le shadow banking a tout intérêt à sortir de l’ombre, vu l’importance systémique qu’il revêt, notamment pour la finance en Europe. La zone euro concentrerait quelque 16.800 milliards d’euros et on peut raisonnablement penser que le Luxembourg en capterait à lui seul, d’une manière ou d’une autre, pas loin de la moitié. En outre, derrière les réalités disparates qu’il englobe (fonds monétaires, fonds spéculatifs, trésorerie des entreprises qui peuvent prêter des titres…), le système parallèle sert aux entreprises autant qu’aux gouvernements. Les fonds monétaires sont une importante source de financement à court terme pour les établissements financiers, les entreprises et les administrations publiques. En Europe, ces fonds détiennent environ 22 % des titres de dette à court terme émis par les administrations publiques ou par les entreprises et 38 % de la dette à court terme émise par le secteur bancaire. L’ensemble des leviers du système – et notamment l’attraction qu’exerce le secteur – demeure, aussi, rémunérateur. Difficile d’évaluer le poids en recettes pour l’État luxembourgeois, mais il est clair que la quantité n’est pas négligeable… Dans le débat européen, tout le monde n’a d’ailleurs pas la même vision. L’exécutif penche pour une imposition de réserve en fonds propres (3 % de la valeur des actifs) pour
les fonds à valeur liquidative constante. Les fonds dont les actions fluctuent en fonction de leurs résultats seraient quelque part encouragés, les régulateurs les estimant plus transparents, puisque cotés et ayant des comptes à rendre à leurs actionnaires. On éviterait aussi les notations de crédit des fonds monétaires. Mais l’Allemagne et la France auraient souhaité une interdiction totale des activités bancaires parallèles. La Deutsche Bundesbank (banque centrale allemande), dans sa Financial Stability Review 2012, souligne, en gros, la faible importance du système bancaire parallèle sur le marché allemand, lequel est néanmoins globalement connecté et donc soumis aux risques. Quant au président français François Hollande, il rappelle à qui veut l’entendre que « la finance, dès lors qu’elle n’est pas au service de l’économie réelle, doit être régulée, voire combattue ».
PLACE FINANCIÈRE
Le shadow banking, entre bulle spéculative et source d’intérêt pour l’économie réelle, devra éviter de faire de l’ombre aux banques.
De la bulle aux PME
On est, évidemment, moins tranché au Grand-Duché, nonobstant le fait que Yves Mersch – l’ex-patron de la Banque centrale luxembourgeoise chargé de veiller sur l’union bancaire au nouveau directoire de la BCE – soit un spécialiste de la question et que certains observateurs du marché luxembourgeois craignent que l’alliance des temps de crise et d’une croissance fulgurante fasse du shadow NOVEMBRE 2013 —
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« Il est important que le Luxembourg conserve ses atouts. » Henri Wagner Allen & Overy
banking une menace de bulle spéculative. « Si beaucoup de réponses réglementaires ont été apportées pour le monde bancaire, les fonds, et en particulier les money market funds, peuvent se trouver face à un mismatch entre actif et passif, explique Henri Wagner (Allen & Overy). Là où cela pourrait s’avérer plus compliqué, c’est dans les secteurs non réglementés. Mais des plateformes viennent au Luxembourg et procèdent à des opérations de financement. Le risque systémique n’est pas à négliger, mais il convient de considérer que ce que l’on appelle le shadow banking n’est pas négatif pour autant et qu’il est possible de structurer ces opérations de manière transparente et solide. Ce système est même vital pour le financement d’entreprises du tissu local et, donc, pour l’économie globale. » On touche là une question centrale qui, même à l’échelle d’une finance planétaire de haut vol, concerne aussi les PME, et ce jusque dans le tissu économique grand-ducal dont elles représentent l’écrasante majorité. Car les banques et les fonds, de private equity par exemple, n’ont pas (encore) les mêmes règles. Les faire combattre à armes égales en corrigeant l’asymétrie concurrentielle fait d’ailleurs partie des orientations stratégiques voulues par le FSB. Or, si aux États-Unis notamment, les PME vont facilement, en direct, dans le secteur financier pour se nourrir en liquidités ou moyens d’investissement, la donne européenne voit les PME assurer leurs besoins de financement au travers du système bancaire, surtout quand il est proche et réceptif. Le Luxembourg a une position aussi intéressante que complexe dans ce cortège-là. Sa Place s’avère un marché international attractif via le système de passeports Ucits. Et ce même pour des entreprises américaines, par exemple, nourries à la logique anglosaxonne et aux impératifs de leur marché domestique. Accompagnés par des intermédiaires, des cabinets d’affaires spécialisés ou des gestionnaires de fonds
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pointus, de grandes maisons de private equity notamment, de grands groupes, choisissent encore de venir à Luxembourg, et se trouvent guidés efficacement, jusqu’à l’aval du régulateur. « Des groupes trouvent ici un encadrement, des compétences, une juridiction accueillante, un environnement favorable, régulé, mais pragmatique et performant, analyse Henri Wagner. Il y a une concurrence avec des pays comme l’Irlande ou les Pays-Bas. Il est donc important que le Luxembourg conserve ses atouts. » Dès lors, le monde bancaire traditionnel (et surtout des classiques du paysage grand-ducal, avec un ancrage local profond et un ADN nourricier pour l’entreprise endogène) ne manque pas de souligner, à sa façon, ses réserves et de glisser, entre les lignes, que le shadow banking ne doit pas faire de l’ombre aux banques. Le régulateur sera, de toute façon, saisi. « On est au bout de la chaîne, consent-on à dire à la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier). Pour l’instant, c’est sous contrôle. Beaucoup de matières sont régulées. Et tout le monde se penche au chevet de cette finance parallèle. C’est un dossier international. On peut s’attendre à ce que le Luxembourg doive transposer une directive, en temps et en heure. » D’ici là, les uns et les autres auront un peu de marge de manœuvre ou de lobbying pour jouer en souplesse et éviter la « surrégulation ».
Le shadow banking est un « système d’intermédiation de crédit composé d’entités et d’activités extérieures au système bancaire classique ». Donc, d’entités qui mènent des activités de type bancaire, mais ne sont pas régulées comme des banques. Le Luxembourg, terre d’accueil de fonds et de banques en tous genres, est directement concerné. Il faudra transposer les futures règles internationales en préparation. Et expliquer que le système parallèle a des vertus pour l’économie réelle, jusqu’au financement des PME.
AGENDAS
Rendez-vous en 2015 Lors du sommet du G20 à SaintPétersbourg, on a parlé shadow banking. C’était début septembre, deux jours après que la Commission européenne eut sorti une communication sur l’état de ses travaux en la matière, déjà conforme aux recommandations du FSB (le conseil de stabilité financière). Un calendrier précis visant à mieux encadrer le système de banque parallèle a été adopté. Le G20 a dressé les contours des activités concernées et élaboré une feuille de route détaillée des mesures à mettre en œuvre. Le FSB s’est félicité de la mise en place de méthodologies pour évaluer les banques et les sociétés d’assurances « d’importance systémique mondiale ». La feuille de route concerne aussi bien l’activité et la surveillance des hedge funds, de la titrisation ou des prêts-emprunts de titres. Il faut encore adopter des mesures – au niveau européen notamment – concernant le renflouement des banques par des fonds privés, les outils de résolution des faillites ou encore la coopération transfrontalière. On attend le rapport final du FSB sur le shadow banking pour le G20, en novembre 2014. Les textes devraient alors suivre dans la foulée. Et une directive européenne à transposer ne serait pas là avant la deuxième moitié de 2015, qui sera une année charnière. A. D.
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PLACE FINANCIÈRE
Banque privée
Le moral dans les chaussettes… mais il y a de l’espoir ! L’étude bisannuelle de PwC sur le private banking laisse entrevoir, dans un avenir proche, une certaine détérioration de la rentabilité des banques privées au Luxembourg. Les établissements de crédit passent en ce moment beaucoup de temps à faire le tri de leur base de clients, désormais davantage constituée d’entrepreneurs que d’héritiers. « Il n’y a pas de raison que la banque privée ne rebondisse pas au Luxembourg », assure Rima Adas, associée chez PwC. Texte Véronique Poujol
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ous les deux ans, PwC prend la température de l’état de la gestion privée dans le monde. Les banques privées luxembourgeoises y sont également scrutées et l’exercice, cette année, ne manquait pas d’intérêt, puisque la période des interviews a coïncidé à peu près avec l’annonce (en avril dernier) par le ministre chrétien social des Finances Luc Frieden du passage à l’échange automatique d’informations fiscales à partir du 1er janvier 2015. La firme s’est appuyée sur un échantillon de 15 banques (200 au niveau de l’enquête du réseau mondial de PwC) représentant 42 % des actifs en gestion privée au Luxembourg. L’ABBL estimait fin 2012 ces actifs à 305 milliards d’euros. La fortune mondiale en gestion privée est évaluée à 140.000 milliards de dollars, ce qui relativise l’importance du Luxembourg sur la carte du private banking. La valeur du patrimoine serait d’ailleurs revenue à un niveau proche de celui d’avant-crise, selon l’enquête mondiale de la firme. L’étude mondiale a déjà fait l’objet d’une publication en juin dernier sous le titre Navigating to tomorrow : serving clients and creating value. Conduit sous la direction de deux associés de PwC Luxembourg, Rima Adas et François Génaux, le volet luxembourgeois a été présenté début octobre aux professionnels du secteur financier. Compte tenu des enjeux et des incertitudes qui attendent le secteur financier luxembourgeois à court terme, les auteurs de l’étude ont fait une transcription en français plus pragmatique en parlant d’un secteur « à la croisée des chemins » et un défi majeur à relever rapidement : restaurer la confiance des clients envers les banquiers tout en sachant que les
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perspectives de croissance des revenus seront modestes en 2014, avec un taux de 7 %, contre 18 % en Suisse et 21 % à Singapour et à Hong Kong. « Le moral des banquiers luxembourgeois avait été un petit peu impacté » par l’annonce du passage à l’échange automatique d’informations bancaires, souligne François Génaux. Les lignes des actifs sous gestion ont pas mal bougé depuis la réalisation de l’étude – la fuite des clients fut spectaculaire au printemps dernier –, mais PwC ne s’avance pas sur l’ampleur du repli des capitaux. Et de se contenter de confirmer ce que tout le monde sait déjà : les petits clients disparaissent peu à peu des radars des banques privées luxembourgeoises. Ils font place à une clientèle d’une autre nature, terrain de chasse préféré des gestionnaires de fortune : les high net worth individuals (HNWI), détenant des avoirs sous gestion privée entre 20 et 30 millions d’euros et les ultra high net worth individuals (UHNWI) aux avoirs supérieurs à 50 millions d’euros. Ce fut d’ailleurs le fil rouge des études précédentes consacrées par PwC au wealth management : les banques de la Place n’ont pas attendu Luc Frieden pour entamer leur mue et faire le tri dans leur filet de pêche. Avec, d’un côté, les petits poissons de plus en plus embarrassants et les gros de l’autre, qui rapportent un peu moins dans l’immédiat et qui sont, de surcroît, plus exigeants que les autres. Croissance à deux vitesses
« La pression sur les marges devient plus importante », confirme Rima Adas. D’autres mutations attendent les banquiers au coin de la route, à commencer par les marchés sur
lesquels ils traquent le patrimoine des clients. L’Europe occidentale, terre de prédilection des gestionnaires privés luxembourgeois, étant depuis quelques années un marché mature, où la croissance des actifs devrait être modeste en 2013 (8 %), ils doivent aborder de nouveaux horizons. Il s’agit notamment des pays asiatiques (16 % de croissance des actifs attendue cette année à Hong Kong et Singapour), pas faciles d’ailleurs à approcher, tant la culture diffère d’un bout à l’autre de la planète. Le marché de la gestion de patrimoine à plusieurs vitesses va perdurer, prédit la firme d’audit. Pour autant, les banquiers privés luxembourgeois ne démériteraient pas à diversifier leur fonds de commerce et à élargir leurs horizons géographiques pour vendre un label de private banking qui se veut de qualité supérieure. La marche sera longue, mais la tendance est là. La part des fils et filles à papa (les héritiers, qui représentaient encore une proportion de 77 % en 2007, n’étaient plus que 52 % en 2013) perd en importance par rapport à la proportion des entrepreneurs. Cela étant posé, les obstacles ne manquent pas sur le chemin de la mutation de la place financière luxembourgeoise. Les « nouvelles » exigences règlementaires qui empoisonnent la vie des gestionnaires, car il s’en ajoute tous les jours, en sont un des principaux, dixit François Géneaux. Il y a aussi des freins qui tiennent à l’environnement culturel : « Les banquiers privés du Luxembourg, souligne l’associé, ont toujours dans leur viseur les pays alentours, qui restent la priorité, même s’ils veulent aller chasser vers les pays d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Amérique latine. » On y ajoutera la confiance perdue de certains clients vis-à-vis de leurs banquiers, qui reste à restaurer.
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Pour le banquier privé, le profil de clientèle a une tendance nette au changement.
Photo : Étienne Delorme (archives)
C’est un gros morceau et un sujet de préoccupation des opérateurs, les clients ayant de plus en plus tendance à s’appuyer sur des conseillers externes à la banque plutôt que de lui faire tout faire. Ce que confirme l’étude PwC au Luxembourg : « Le principe de la banque à tout faire et offrant elle-même tous les produits, ça ne marche pas. Les banques doivent ajuster leur modèle », assure François Géneaux. Préparer l’après-secret bancaire
La préoccupation numéro un des banquiers privés luxembourgeois, selon l’étude, est de se préparer à la révolution de 2015. Celle de l’après-secret bancaire, lorsqu’il va falloir non seulement déclarer les avoirs des clients, mais qu’il faudra parfois aussi devoir les dénoncer en cas de suspicion de fraude fiscale. « Le risque de transparence est le plus important », assure Rima Adas. Les établissements de crédit passent en ce moment beaucoup de temps à faire le tri de leur base de clients, ce qui a d’ailleurs amené certaines enseignes à rappeler le personnel ayant fait l’objet d’un plan social pour traiter les dossiers au niveau de reporting fiscal. L’exercice ne manque pas de piment : un banquier qui perd du temps – et donc de l’argent – à s’occuper de la régularisation d’un client qu’il n’est pas certain de conserver. « Il ne s’agit pas d’un nettoyage systématique, mais de communication avec le client », nuance François Géneaux. L’exercice de régularisation suscite des réactions variées chez les clients étrangers, selon l’enquête menée par PwC. Certains ne veulent rien entendre et attendront sans doute le dernier moment pour mettre leur compte en
règle avec le fisc. D’autres partent et rapatrient leurs fonds dans leurs pays d’origine. Il y en a aussi qui restent satisfaits de l’offre et des services de la banque luxembourgeoise pour structurer leur patrimoine. La transformation des banques et la déperdition des clients qui l’accompagne induisent aussi des changements sur les tarifs pratiqués sur les services de gestion privée, avec une pression à la baisse sur les marges. Mille petits clients à gérer avec un ticket à 100.000 euros d’actifs resteraient tout de même moins intéressants à traiter qu’un seul HNWI, car cette classe de clients requiert moins de personnel. Le cost income ratio (CIR) des banques privées luxembourgeoises, c’est-à-dire leur rentabilité, est resté stable depuis deux ans. La tendance serait néanmoins à la détérioration de la rentabilité en raison d’abord des investissements importants réalisés dans
les systèmes informatiques, l’organisation du métier de la banque privée ou encore l’évolution de la règlementation. Le coût de conformité devrait rester « maîtrisé » à 3 % en 2014 au Luxembourg, quand ce même coût est de 10 % en Suisse et de 11 % sur les places de Hong Kong et Singapour. Pression sur les marges
Si en 2011, il y avait encore un dernier carré d’établissements qui affichaient un cost income ratio supérieur à 60 % cumulé à une croissance de 10 % de ses revenus, cette catégorie a disparu des radars en 2013. Le CIR des banques privées luxembourgeoises n’est pas mauvais, nuance toutefois Rima Adas. En règle générale, les clients qui réagissent le plus vite pour mettre de l’ordre dans leurs comptes en banque sont les clients qui sont confrontés à des amnisties fiscales chez eux. NOVEMBRE 2013 —
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PLACE FINANCIÈRE
Un tel cas de figure n’étant pas envisageable en France sous le règne de François Hollande et du gouvernement socialiste, les Français ne se montrent pas les plus prompts à se prêter à l’exercice de la transparence. Ils attendront probablement le dernier moment pour s’y résoudre. « Les clients français sont plus compliqués que les autres à régulariser », confirme François Géneaux. L’étude PwC signale encore, mais ce n’est là rien de nouveau, la tendance des banques de la Place à ouvrir des succursales à l’étranger, souvent même à proximité des frontières, pour récupérer le client. « Le concept du hub luxembourgeois marche bien », se félicite Rima Adas. Autre tendance notable : la spécialisation, par exemple avec la clientèle féminine, cible de certains établissements de gestion privée. Habituellement présenté comme un métier d’homme, le private banking embauche désormais des femmes et certaines banques ont même mis en place des desks exclusivement réservés à la clientèle féminine. Aux yeux des associés de PwC, cette offre spécifique ne serait pas suffisamment développée au Luxembourg et demanderait à l’être davantage. Autre cœur de cible des gestionnaires de fortune, la « génération Y », utilisatrice d’outils internet et de tablettes pour traiter son argent. Cette clientèle a d’ailleurs fait un bond en avant spectaculaire depuis deux ans, selon l’étude PwC, les utilisateurs de ces outils étant passés de 50 % en 2011 à 88 % au printemps dernier. À l’opposé, les « clients vieillissants », assez importants dans le fonds de commerce, représentent aussi une cible de choix pour les établissements de gestion privée au Grand-Duché. Difficile recyclage du personnel
La mue de la Place oblige aussi ses opérateurs à évoluer et ce volet humain est un des autres grands défis que la banque privée luxembourgeoise devra relever, soulignent les associés de PwC. Il faut au pays du sang neuf. Il
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n’est pas toujours possible de recycler l’ancien agent de guichet, qui a perdu son utilité, en spécialiste de la structuration du patrimoine. Ce rafraîchissement demande aussi des personnes parlant d’autres langues, plus exotiques que l’anglais, l’allemand ou le français. Le secteur luxembourgeois montrerait une réactivité plus faible que les marchés concurrents à « faire le shift » de sa population de CRM, c’est-à-dire de chargés de clientèle privée. Sans doute, et c’est tant mieux, parce que les droits sociaux y sont plus protecteurs qu’ailleurs et que des investissements ont été faits, avec un coup de pouce public, pour tenter de recycler des employés de banque de la génération pré-2015 en gestionnaires de clients haut de gamme et « fit » sur le plan de la transparence. Des efforts doivent également être faits sur les modèles de rémunération, alors même qu’au niveau réglementaire des freins ont été mis sur les salaires parfois fous du secteur financier. 56 % des banquiers luxembourgeois interrogés par PwC ont estimé que le recrutement de gestionnaires représente un défi pour les prochaines années. « Il n’y a pas de raison que la banque privée ne rebondisse pas au Luxembourg », assure Rima Adas, considérant que la notation triple A du Luxembourg, sa stabilité et sa boîte à outils au service de la structuration de patrimoine, permettront au secteur financier d’avoir encore de beaux jours devant lui.
« Le concept du hub luxembourgeois marche bien. » Rima Adas (PwC)
« Les clients français sont plus compliqués que les autres à régulariser. » François Géneaux (PwC)
En même temps que le Luxembourg annonçait le passage à l’échange automatique d’informations fiscales à partir du 1er janvier 2015, PwC réalisait ses interviews dans le cadre de l’étude bisanuelle Global private banking and wealth management. Si l’horizon des professionnels s’annonce pour le moins mouvementé, en pleine(s) mutation(s) des métiers de la banque privée, le Luxembourg n’en garde pas moins de belles cartes à jouer.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES
PLACE FINANCIÈRE
INTERMÉDIATION
Table ronde « Private Life Insurance »
L’intermédiation en assurance face aux challenges de l’onshorisation était le thème central de l’événement organisé, le 19 septembre, par Farad International. Photos Charles Caratini
Jeff Mouton (Pictet & Cie [Europe])
Carine Feipel (Arendt & Medernach)
Stefan Fank (Farad International)
Jean-François Steichen (Étude Steichen) et Pascal Rapallino (Deloitte)
Jean-Marc Robinet (Banque privée Edmond de Rothschild) — NOVEMBRE 2013
Alain Mestat (Luxinvest Capital Advisor)
Claude Mahut (Fuchs et Associés Finance)
Céline Derochette (UBS [Luxembourg])
Jacques Emsix (United Brokers)
Michèle Osweiler (Commissariat aux assurances)
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES
FROM MACRO TO MICRO
PLACE FINANCIÈRE
En même temps que son traditionnel forum organisé en collaboration avec la Chambre immobilière du Grand-Duché, LuxReal a célébré, le 23 septembre, à la Chambre de commerce, son 4e anniversaire.
LuxReal CIGDL Forum
Photos LuxReal / Olivier Minaire
Jean-Paul Scheuren (CIGDL)
Jorgen Hansen (UBS)
Andreas Höfert (UBS)
Julien Licheron (CEPS / Instead)
Dirk Holz (RBCIS), Frédéric Ullens (RBCIS) et Gaël Beauchesne (Jones Lang LaSalle)
Karina Abdelkader (UBS) et Hans Peter Meier (Somanco)
Xavier Hauboldt (Hochtief) et Frauke Oddone (KPMG)
Jorgen Hansen (UBS), Sandra Müller (LuxReal), Amauri Zinga-Botao (UBS) et Gregory Sheppard (Greenfinch Capital)
Daniel Engel (Brown Brothers Harimann) et John Wantz (Pandomus) NOVEMBRE 2013 —
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Désirs
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Photo : David Laurent
Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.
EDITO
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Le quartet de Birmingham vient présenter son nouvel album, The Weight of Your Love. Le 22 octobre à la Rockhal
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NKWA
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Une œuvre de l’artiste inscrite dans la tradition de la transgression sexuelle des actionnistes viennois. Jusqu’au 9 mars au Mudam
BÉRÉN
ICE
La Cie du Grand Boube monte ce classique de l'amour impossible signé Racine. Les 11, 14 et 16 octobre au Grand Théâtre de Luxembourg
MORC
HEEBA
ZOOM SUR
Graphiste et graffeur, photographe et plasticien, Michael Sanctobin porte – au propre comme au figuré – de multiples casquettes. Enfant de la culture de la rue, il semble né avec une bombe dans la main et un skate dans l’autre. Ce serait oublier que le jeune Belge (né en 1984) a été formé au C.A.D. à Bruxelles, qu’il a fait ses armes à l’agence de design digital Firstborn à New York avant de revenir au Luxembourg où il a travaillé pour les agences Bizart et Vous. Sa marque de fabrique, ce sont des triangles délimités par des bandes blanches ou noires. Un travail précis et réfléchi sur la couleur qui donne une impression d’explosion, une énergie rare dans l’abstraction. On a pu le voir au Goodbye www.sanctobin.com
www.wear-diversity.com
Monopol, à l’Oekofoire ou tout récemment à Berlin, à la Stroke Art Fair. À partir du 30 octobre, c’est lui qui investira la Mudam Boutique où il met en place « un jeu de triangulations à la fois bi- et tridimensionnelles, avec une couleur dorée qui absorbe et reflète l’espace en même temps ». Accompagnant la fresque, une édition limitée d’une bougie parfumée complètera le dispositif. Dans l’actualité de Michael Sanctobin également, la création d’une magnifique écharpe en soie du Japon pour le compte de Diversity, un éditeur luxembourgeois qui soutient des projets en Inde. « C’est une édition de 100 pièces, sérigraphiées à la main en neuf couleurs », précise l’artiste qui accorde un soin presque maniaque aux détails. www.mudam.lu
Les pionniers du trip-hop britannique, Skye Edwards et les frères Godfrey, sont de retour. Le 26 octobre à l’Atelier
PHO T
T OMEE
INGS
Ce rendez-vous annuel propose plusieurs expositions (Isabel Muñoz, Massimo Vitali et Roger Ballen). www.photomeetings.lu
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Photo : © Matt Spalding / © Aurélien Mole / © Roger Ballen
Michael Sanctobin
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À VOS AGENDAS
LES STYLES AU CINÉMA Clint Eastwood est-il un des derniers grands cinéastes classiques hollywoodiens ? Les films de Federico Fellini sont-ils baroques ? Le cinéma surréaliste existe-t-il ? Qu’est-ce que le naturalisme au cinéma ? D’octobre 2013 à juillet 2014, pour sa 4e édition, l’Université populaire du Cinéma, organisée par la Cinémathèque et l’Université du Luxembourg, va aborder la question passionnante du style des films. Petite sélection.
LE CLASSICISME
LE NATURALISME
L’EXPRESSIONNISME
LE SURRÉALISME
LE MANIÉRISME
HOLLYWOODIEN
Mieux comprendre Ken Loach et les frères Dardenne : le naturalisme est un style brut qui insiste sur la vie quotidienne et les pulsions élémentaires qui n’ont cessé de l’animer.
De Caligari à Tim Burton : le cinéma expressionniste est un continent étrange et fascinant, hanté par un insolite jeu d’ombre et de lumière, des perspectives brisées et une sensation de fin du monde.
Le surréalisme ou le cinéma comme un art fou : hallucinante exploration des zones obscures de l’inconscient, du rêve, de l’irrationnel. Goût pervers de la provocation et du scandale.
Comprendre le maniérisme, c’est mieux comprendre le cinéma d’aujourd’hui : son style au carré, son style qui cite et exagère, son style dopé par 120 ans de cinéma. C’est mieux comprendre le radical chic du 21e siècle.
Le 24 février 2014 à 19 h. Conférence : « Décor tourmenté et psyché torturée : l’expressionnisme est-il un esthétisme ? » (Stéphane Goudet) Film : Sleepy Hollow (Tim Burton, 2000)
Le 31 mars 2014 à 19 h. Conférence : « L’insolite langage du rêve éveillé : surréalisme au cinéma » Film : Les Herbes folles (Alain Resnais, 2009)
Le 16 juin 2014 à 19 h. Conférence : « Bonnes manières et mauvaises manies du cinéma : le maniérisme ou le style pour sujet » Film : Days of Being Wild (Wong Kar-wai, 1991)
Vous voulez mieux cerner la recette du succès d’Hollywood ? Pour faire venir le public et gagner de l’argent, il faut que la façon dont l’histoire est racontée par le film soit transparente. C’est le style invisible, l’écriture classique. Le 28 octobre 2013 à 19 h. Conférence : « À la recherche du style invisible : l’écriture classique d’Hollywood » (Laurent Jullier) Film : Beyond the Forest (King Vidor, 1949), avec Bette Davis
Le 16 décembre 2013 à 19 h. Conférence : « Mondes apparents et effets du réel : les styles naturalistes » (Teresa Castro) Film : Los Olvidados (Luis Buñuel, 1950)
SÉLECTION
NUIT DES MUSÉES Le 12 octobre se déroule la Nuit des musées. À cette occasion, tous les musées de Luxembourg prolongent leur ouverture jusqu’à 1 h du matin. De nombreuses animations viennent ponctuer la soirée, placée sous le signe de la littérature. En voici trois à ne pas manquer.
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C TIVE
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RAEN Ë LLE F
Les quatre demoiselles qui composent ce quartet luxembourgeois divertissent le public avec la musique des années folles, le Vaudeville, la pantomime et le slapstick. Un voyage dans le temps, où la joie de vivre est un élément constitutif de la musique et des danses. La pantomime évoque les films muets. Au Casino-Luxembourg, à 20 h 30, 22 h 30, 23 h 30 — NOVEMBRE 2013
VISIT
L’auteur Ian de Toffoli interviendra en lien avec une œuvre célèbre du MNHA : la mosaïque de Vichten. « Homère inspiré et inspirant » sera l’occasion de redécouvrir autrement cet élément du patrimoine, tout en mêlant la littérature antique et une vision contemporaine. Au Musée national d’histoire et d’art, à 19 h 30, 20 h 30 et 22 h 30
ÉE U E GUID
RB OTA
NIQUE
Lullie, spécialiste en urbotanique, guide avec une rigueur scientifique les citadins dans l’espace public à la découverte de nouvelles espèces du biotope local et donne ainsi avec humour et poésie une nouvelle lecture de la ville. La visite enrichit les travaux présentés dans l’exposition au natur musée. Au Musée national d’histoire naturelle. Départ à 20 h 45 du Casino Luxembourg vers le natur musée. À partir de 10 ans, limité à 30 personnes, durée 60 min. Réservation souhaitée.
Photos : Misch Feinen, David Laurent (archives Maison Moderne)
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BON APPÉTIT
L A R E C ET T E D
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taurant. de concept de res ange de mains et ch ins Ba s de ins e ru ica Le club de la aux accents amér e propose une carte propose la recett us Le nouveau chef no Il . vé pa du ut ha le t ins en pa s nn Rossini. Le où les burgers tie i se la joue façon sive Burger, qu le commerce. ns da r ve du White Exclu u tro aison. On peut en m ts fai nt e biologique. so ur s » ult « bun t issue de l’agric es ée os op rder son pr ée s grasses pour ga La viande hach s 30 % de matière oin m ette est au rec ir en La . nt on co Elle doit nnée avant cuiss iso sa as e êtr it né une ari do bœuf qui a m goût et son jus et tomate cœur de de he verte. nc e tra lad e sa un de réalisée avec elques feuilles live ainsi que qu de d’o e ec uil av l’h e ns èv da rel n journée naise que l’o réalise une mayon le dressage, Pour la sauce, on de tomate. Pour tré en nc co de u pe un et e à feu doux uir de la moutar en laissant réd confit d’oignons un i ss et du sucre. au nc era bla lis vin on réa ns émincés, du no oig s de e ur désirée. he pendant une selon la cuisson cuite à la plancha t es ues secondes ée elq ch qu ha e ha La viand passée à la planc t es is fra as . gr ie ndant 10 minutes La tranche de fo au four (150 °C) pe ite cu t toasté is en m pu té ère cô de chaque tartine le pain lég comme suit : on lade. té sa on de m t u es pe er un rg , Le bu he de tomate tardée, une tranc enfin, le confit de la sauce mou he de foie gras et nc tra la et ée ch ha e nd via Suivent la in. d’oignons et le pa (Centre-ville) , rue des Bains à
White House – 17B
NOUVEAU ÇA BRILLE Avec le nombre croissant d’entreprises qui s’y installent, les alentours de la capitale suscitent de plus en plus d’intérêt de la part des restaurateurs. Pour preuve, le nouveau venu, Gold Fusion Restaurant, installé à Leudelange, « à moins de 10 minutes de la Cloche d’Or », précise le jeune patron Mike Salati. C’est avec sa maman Yvonne qu’il a ouvert cette nouvelle adresse où, forts d’une riche expérience, ils offrent un cadre et une cuisine en parfaite adéquation avec le nom choisi. La carte mélange en effet les spécialités asiatiques (avec une variété de woks), japonaises (sushis) et européennes (des produits de saison travaillés avec innovation). Les murs sont, forcément, dorés et le cadre contemporain de haut standing.
Luxembourg
Gold Fusion Restaurant – 2, rue de Cessange à Leudelange www.gold-restaurant.lu
EN DIRECT DE LA MOSELLE
25 ANS D’EXIGENCE
Photo : MM Studio
En 1989, on ne parlait pas encore de limitation de rendement et les efforts pour la promotion des vins de la Moselle en étaient à leurs balbutiements. Le regroupement de huit domaines s’imposant un cahier des charges contraignant pour garantir la qualité de leurs vins peut donc être salué. L’association Domaine et Tradition fête cette année ses 25 ans. Les domaines Clos des Rochers et Thill de chez Bernard-Massard, Sunnen-Hoffmann, Gales, Bastian, Château Pauqué, Clos Mon Vieux Moulin et Aly Duhr et Fils proposent chaque année différents crus qu’ils font déguster à leurs pairs à l’aveugle. Seuls les meilleurs reçoivent le label « Domaine et Tradition ». Quelques exemples de 2012. CLO
CLOS DES ROCH (pinot gris)
SM
ERS
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Les vins sont en vente dans les différents domaines. ON
VIE UX MO (riesl U LI ing ) N
MATHIS BASTIAN (pinot gris)
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OF F M EN-H g) (rieslin
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DOMAINE
THILL (gewurztram iner)
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Photo : Jessica Theis
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NOUVEAU CHEF FAUSTO AU LAGURA
Photo : Luc Deflorenne
Après avoir œuvré aux beaux jours de feu le Cuore, Fausto Chiapello a pris la direction des cuisines du Lagura Next Door où il a rejoint François Wetterwald, qui travaillait au même endroit. Le chef poursuit son exploration de la gastronomie italienne avec autant de produits de la mer (salade de poulpes et gambas, zuppa di pesce…) que de terre (papardelle au ragout de canard cuit au vin rouge ou saltimbocca alla romana…). On ajoute un petit coin pour les « plaisirs de François » avec du foie gras et de l’andouillette, et des desserts originaux, comme cette aubergine confite parfumée à la cannelle et sa glace ricotta et chocolat.
EXPANSION
Favaro, troisième !
Après le restaurant étoilé qui porte son nom à Esch-sur-Alzette, après celui du Limpertsberg en hommage à sa maman, Renato Favaro poursuit sa diversification et vient d’ouvrir le Lounge Favaro au Kirchberg à la place de l’ancien The Last Supper. S’il a gardé l’essentiel du décor, et la coquetterie de proposer des sushis à la carte, le chef italien a bien imposé sa signature dans la cuisine. Il y met en valeur les bons produits de la péninsule tels que la mozzarella di bufala ou les charcuteries, mais sait aussi accommoder les produits du terroir local avec ses fameuses tagliolini al ragu réalisées avec du bœuf luxembourgeois. Le menu du midi est à 24 euros… gageons que les employés des environs trouveront vite le chemin. Lounge Favaro – 33, avenue J.-F. Kennedy à Luxembourg (Kirchberg)
Photo : Luc Deflorenne
FESTIVAL 10 ANS DE RAMAYANA Pionnier des restaurants thaïs à Luxembourg, le Thailand propose chaque année le Festival Ramayana, du nom du premier prince de Thaïlande. L’occasion de découvrir des trésors gastronomiques raffinés qui ne sont pas à la carte le reste de l’année et d’entrer ainsi dans cette culture. Cette année, pour le 10e anniversaire du festival, deux produits seront particulièrement mis en avant : le lait de coco et les cuisses de grenouille. Bien sûr, d’autres mets sont d’ores et déjà annoncés pour établir un succulent menu. Jusqu’au 27 octobre aux restaurants Thailand et Thai Celadon www.thai.lu
Lagura Next Door – 18, avenue de la Faïencerie à Luxembourg (Limpertsberg)
EN KIOSQUE
EXPLORATOR FAIT SA RENTRÉE
370 restaurants sélectionnés, visités et commentés à Luxembourg, dans tout le pays et même dans la Grande Région : la 19e édition du guide Explorator sera plus que jamais une référence. On trouvera aussi dans cette édition une grande partie magazine où sont testés des burgers et des services de livraison et où diverses personnalités du monde de la restauration, du vin et de la nuit sont mises en avant. Comme chaque année, le public a pu voter pour décerner ses prix et récompenser les meilleurs restaurants dans 12 catégories. On retiendra notamment que Cyril Molard et son restaurant Ma langue sourit gagnent dans la catégorie « restaurant gastronomique » alors qu’Arnaud Magnier au Clairefontaine se voit décerner le prix de la meilleure table pour les repas d’affaires. Tous les résultats, tous les commentaires sur les restaurants sont à découvrir dans Explorator 2014. En vente en kiosque et sur www.maisonmoderne.lu au prix de 10 euros.
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BIJOUX BELLES PIERRES Pomellato, connue pour ses bagues à pierres colorées, a choisi de s'installer dans un bel espace Art déco du centre-ville. Bagues, boucles d’oreilles, colliers et bracelets y sont présentés avec raffinement. Les bijoux peuvent être combinés entre eux et portés en les juxtaposant. Pomellato – 11, rue des Capucins à Luxembourg
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ET QUE ÇA BRILLE ! Déjà bien représentée dans le pays, Swarovski a choisi la Grand-Rue pour ouvrir un nouveau point de vente et joue la carte de l’étincelant. Le design intérieur a été confié au japonais Tokujin Yoshioka ; il met en scène les nombreuses collections de bijoux et accessoires, principalement pour dames, mais aussi pour hommes. Tous les styles et tous les prix se côtoient dans les vitrines. Swarovski – 49, Grand-Rue à Luxembourg
OUVERTURE DANS DE BEAUX SOULIERS La maison Verlaine, bien connue des Liégeois pour vendre des souliers de belle facture, vient d'ouvrir avec Tomcat une boutique à Luxembourg. On y trouve des souliers de luxe uniquement pour hommes : Edward Green, Weston, Santoni, Heschung… De plus, le cireur du Festival de Cannes y a installé son atelier de réparation et prodigue conseils de soin aux clients. Vincent Verlaine – Tomcat – 15, rue du Marchéaux-Herbes à Luxembourg
ZOOM SUR
Ezri Kahn C’est à son domicile que nous découvrons l’atelier d’Ezri Kahn. Arrivé à Luxembourg cet été, il a consacré une pièce de son appartement à son activité d’ « artisan tailleur pour femmes » comme il le décrit lui-même. Le sur-mesure et l’excellence sont devenus son quotidien. Derrière sa barbe, Ezri Kahn est une personne délicate, à l’écoute des autres, discrète et attentive. Les murs gris de son atelier mettent en valeur les mannequins recouverts de coton blanc. Sur un portant, des ébauches de pièces en cours de confection. De grands patrons avec des lignes de coupe dessinées qui n’attendent que le coup de ciseaux. Des aiguilles, des tissus, des fils… Sur sa table de travail est posé un vieux livre de tailleur anglais. « Une source d’inspiration, précise-t-il. J’aime faire des recherches et continuer à apprendre. » Un univers en soi, comme un cocon protecteur qui abrite des pièces précieuses. Avant Luxembourg, Ezri Kahn s’était installé à Zurich. Il a aussi travaillé pour l’univers du spectacle vivant et a tenu pendant 14 ans une boutique de sur-mesure à Liège. Un stage chez Alaïa lui a donné l’occasion d’observer le « travail à l’ancienne, celui d’un vrai couturier ». Il excelle dans l’art de la coupe et maîtrise à la perfection les tissus qu’il choisit avec minutie : drap de cachemire, de laine bouillie, laine autrichienne, mais aussi jersey, cuir, coton, soie, alpaga… Un univers raffiné, délicat et précieux, des vêtements d’exception, de ceux qu’on garde des années et qu’on porte comme une seconde Retrouvez Ezri Kahn sur Facebook
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Photo : Sven Becker
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peau, sans effort. Grâce à leur coupe et leur montage intelligent, qui prend en considération le corps et la morphologie de chaque personne, les femmes deviennent plus élégantes, plus sensuelles. Des pinces sur les fesses, des godets pour le mouvement, des épaules douces, un emboîtement au niveau de la poitrine. Par le jeu de la coupe, il sculpte le corps et accentue certains points qui attirent l’œil et passent sous silence d’autres, moins gracieux. Tel un architecte, il construit des volumes. Tel un sculpteur, il crée des formes. Tailleur, manteau ou robe de soirée, Ezri Kahn maîtrise tout le vestiaire. Une formation en corsetterie lui donne les clés pour mettre en valeur la poitrine et rendre confortable les robes à baleines. Aux couleurs vives, ils préfèrent les tons neutres, qui passeront les saisons et les modes sans difficulté. Son travail consiste également en du conseil. Il accompagne ses clientes dans une analyse de leur garde-robe et identifie avec elles les couleurs qui leur correspondent. Il crée également, en collaboration avec un maroquinier à Zurich, des accessoires en cuir, faits sur mesure bien sûr. Après avoir imaginé un modèle en coton, le sac est réalisé à la main en agneau, veau… « Aujourd’hui, certaines clientes préfèrent posséder quelques très belles pièces faites sur mesure plutôt que 200 pièces issues du prêt-àporter, même de haut niveau. » Mais cela implique qu’il faut faire marche arrière par rapport à nos habitudes de consommation contemporaines. Une rééducation, mais aussi l’art de rendre belle.
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SOINS AU MASCULIN L’ART DU RASAGE La gamme de soins pour le rasage Aqua di Parma, Collezione Barbiere, gagne en élégance avec un nouveau packaging, sobre et raffiné, dans les tons tabac. Composée de soins hydratants, préparant au rasage, ou de soins revitalisants, mais aussi d’accessoires réalisés dans des matériaux luxueux tels que le blaireau ou le rasoir, la gamme est complète et répond à toutes les étapes d’un soin qui devient un rituel.
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ESTHÉTIQUE DOUCEURS POUR LA PEAU C’est à son domicile, une belle maison particulière contemporaine, que Fabienne Stephany a ouvert l’institut de beauté Peau Aime. Elle y pratique des soins avec des produits bio des marques Ahava et Living Nature. Femmes, hommes et jeunes (qui peuvent avoir des problèmes d’acné, par exemple) sont accueillis avec douceur et professionnalisme pour des soins du visage, du dos, des mains, des pieds. L’esthéticienne pratique également des massages du corps et des épilations à la cire. Peau Aime – 6, rue Albert Steffen à Luxembourg (Bonnevoie) Tél. : 26 33 07 59
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Le vélo aquatique Installé place de l’Étoile, l’espace Waterbike permet de faire de l’aquabiking en cabine individuelle. PaperJam l’a testé pour vous. C’est équipé d’un maillot de bain et d’une serviette, et après avoir pris soin de prendre rendez-vous, qu’on se présente au centre Waterbike. On est alors accueilli par l’équipe qui nous installe dans une cabine individuelle pour une séance de 30 ou 45 minutes (plus 8 minutes offertes). Après s’être changé, on entre dans une sorte de baignoire verticale équipée d’une selle et d’un pédalier. Une fois la porte fermée, l’eau, dont la température peut être maîtrisée, monte jusqu’au fessier et c’est parti pour pédaler. Un écran de TV et un casque audio permettent d’oublier le bruit du moteur de la machine et occupent notre esprit pendant que nos jambes pédalent, massées par 16 buses d’eau pulsée. Dans l’eau, des diodes lumineuses en font changer la couleur, et les bienfaits de l’algue, dont le personnel a préalablement versé une dose liquide, commencent à faire leur effet. Une fois le temps écoulé, l’eau se vide automatiquement. Il n’y a plus qu’à se sécher et à repartir, avec une impression certaine de jambes légères. Waterbike – 2, boulevard de la Foire à Luxembourg www.waterbike .lu
Les plus – – – – –
le confort d’être seul pour une séance de détente active, la taille généreuse des cabines, une tisane drainante et des crackers sont offerts pendant la séance, un effet jambes légères immédiat, une diminution de l’effet peau d’orange après plusieurs séances régulières.
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Les moins – l’eau est évacuée après chaque client (290 litres), ce qui est plus hygiénique, mais pas très écologique, – le prix : 35 € les 30 minutes (le prix est régressif en abonnement), – pour le cardio et le renforcement musculaire, il faut faire au moins 45 minutes et vraiment insister sur la résistance du pédalier. Il s’agit plus d’une séance de détente que de sport.
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vec la mise à disposition prochaine du test génétique fœtal de la trisomie 21 sur sang maternel, les Laboratoires Ketterthill innovent dans le diagnostic prénatal, grâce à un test non-invasif. Pratiqué à partir d’un prélèvement sanguin maternel, ce test permet de réduire les risques liés aux prélèvements invasifs des amniocentèses et choriocentèses. Il évite ainsi la perte de bon nombre de fœtus chaque année au Luxembourg, pour la plupart indemnes d’anomalie chromosomique.
L’utilisation du test génétique de la trisomie 21, très attendu des professionnels de santé et des futurs parents au Luxembourg, relève d’un progrès majeur. En matière de diagnostic prénatal, il met à la disposition des obstétriciens, des généticiens et de leurs patientes, un outil innovant et de haute fiabilité permettant également de gagner en précision dans la procédure de dépistage.
Une technologie disponible en pratique clinique La réalisation d’un « caryotypage moléculaire », par analyse quantitative de l’ADN fœtal présent en très faible quantité dans le sang maternel, a longtemps représenté un défi technologique et bio-informatique. Aujourd’hui, en partenariat avec le Laboratoire CERBA, principal acteur du diagnostic prénatal et des tests génétiques en France, les Laboratoires Ketterthill ont mis les moyens nécessaires à l’entrée du test génétique fœtal de la trisomie 21 en pratique clinique. Il va du prélèvement jusqu’au résultat final, et ce, grâce à une technologie exclusive de séquençage à haut débit, une infrastructure dédiée et des équipes internes spécialisées.
TEST GÉNÉTIQUE NON-INVASIF DE LA TRISOMIE 21 FŒTAL
Des perspectives immenses dans le champ des maladies génétiques L’analyse de l’ADN fœtal sur simple prélèvement sanguin chez la mère a été appliquée dans un premier temps à la recherche, par analyse qualitative, de gènes totalement absents du génome maternel. Cette technique, qui a permis la détermination du sexe fœtal a été étendue au génotypage Rhésus du foetus réalisé régulièrement depuis plusieurs années. Aujourd’hui, le diagnostic non-invasif de la trisomie 21 et des autres aneuploïdies, par analyse quantitative de l’ADN fœtal, représente une étape décisive dans la prise en charge des grossesses à risque et ouvre des perspectives immenses dans le champ des maladies génétiques, de la cancérologie et de l’infectiologie.
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INTERVIEW
À vue de nez
À la fois chimiste et artiste, Sissel Tolaas, Norvégienne basée à Berlin, n’est pas seulement un nez, elle collectionne et crée des odeurs. Par son travail d’olfactologue, elle veut faire bouger les lignes entre l’omniprésence de l’image et la faible place laissée à l’odorat. Et remédier ainsi à notre analphabétisme en la matière. Humour et provocation sont ses meilleures armes. Interview à l’occasion de sa conférence proposée par Design Friends. Interview France Clarinval Photos Trevor Morgan
Sissel Tolaas, vous être diplômée en chimie, mais aussi en mathématiques, en linguistique et en arts visuels… Comment vous êtesvous intéressée aux odeurs et pourquoi ? « Les humains ont cinq sens mais ne les utilisent pas de la même façon. La vue, en particulier, est réellement surdéveloppée par rapport à l’odorat dont on n’utilise que 20 % des capacités. Or, pour avoir une appréhension globale, une perception complète de ce qui nous entoure, il faut aussi tenir compte des odeurs. Mes connaissances en chimie me permettaient de comprendre la composition moléculaire d’une odeur. J’ai voulu reproduire les parfums liés à la météo, un sujet qui préoccupe beaucoup les Scandinaves. Pour une fois, je n’utilisais plus mon nez simplement pour inspirer et expirer, mais comme outil d’analyse. J’ai découvert que j’avais un odorat très développé. J’ai mis ensemble ces savoirs au service de l’exploration olfactive et de l’éducation à celle-ci. C’est ainsi que vous avez commencé une collection d’odeurs ? « Oui, il y a plus de 20 ans que j’ai commencé à répertorier les odeurs de tout ce qui nous entoure : les cheveux sales, les fleurs, le tabac, les poubelles, l’encre de machine, les feuilles mortes, les crottes de chien, l’asphalte, le melon, l’herbe coupée, le cheddar… J’ai rassemblé environ 10.000 odeurs du quotidien, sous la forme de répliques liquides qui sont rangées et classées un peu comme une bibliothèque. Pour vous, il n’y a pas de hiérarchie dans les odeurs ? « En général, les gens sont binaires en matière d’odeurs, ils ne considèrent que les ‘bonnes’ ou les ‘mauvaises’ odeurs. Mais en fait, les odeurs sont intimement liées à notre vécu. Nous respirons 27.000 fois par jour. À chaque inspiration, nous faisons entrer en nous des milliers de molécules qui réveillent dans notre mémoire des choses parfois enfouies, refoulées,
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oubliées et qui resurgissent. Nous sommes comme des bébés en matière d’odeurs, nous revenons à l’état d’êtres purs, émotionnels, primaires. Le nez, c’est le plus court chemin vers les émotions, l’inconscient, les désirs. Un extraordinaire champ d’expérimentation, encore vierge paradoxalement. Pourquoi notre odorat est-il si peu éduqué, si vierge ? « À cause de ce rapport aux émotions, les odeurs donnent lieu à des préjugés. C’est pour cela qu’il est si difficile de modifier la perception que nous en avons. Tout est une question d’éducation et de culture. Nous vivons aujourd’hui dans un monde désodorisé, pasteurisé et camouflé afin de nous protéger. Pourtant, cela nous prive de bien des informations importantes. Le marketing a réussi à coloniser un territoire laissé vacant par la science. On ne communique plus sur les odeurs qu’à travers l’industrie de la parfumerie. Vous détestez les parfums ? « Je n’ai rien contre le parfum. Mais une odeur contient des informations sur des situations et des personnes que l’on a le droit de connaître avant de choisir de les camoufler. Si nous parfumons tout machinalement autour de nous, y compris nous-mêmes, comment sommes-nous censés savoir qui nous sommes ? Personnellement, je ne porte pas de parfum, je n’utilise pas de bougie odorante. Mon identité olfactive est tout aussi unique que mes empreintes digitales… Je n’ai pas à la cacher. Si la connaissance sur les odeurs est si mal partagée, comment la développer, comment avoir un vocabulaire commun ? « Je pense qu’il est possible d’exercer notre nez afin de parvenir à l’utiliser aussi bien que nos yeux et nos oreilles. C’est encore une fois une affaire de culture, donc d’éducation. Je travaille avec des jeunes pour leur apprendre à reconnaître les odeurs et développer leur sens de l’odorat et beaucoup de mes interventions dans les musées vont dans ce sens : ouvrir l’esprit et les narines. Quant au
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LES ODEURS DU QUOTIDIEN CONSTITUENT L’ÉNORME BASE DE DONNÉES QUE SISSEL TOLAAS A COLLECTIONNÉE. SON NEZ FLAIRE SANS CESSE TOUT L’ENVIRONNEMENT POUR ENSUITE RECRÉER LES ODEURS EN LABORATOIRE.
« Mon identité olfactive est tout aussi unique que mes empreintes digitales… Je n’ai pas à la cacher. »
vocabulaire commun, en effet, c’est compliqué puisque les odeurs renvoient à des émotions. C’est pour cela que, parallèlement à ma collection d’odeurs, j’ai inventé des termes nouveaux pour les désigner sans affect. C’est le Nasalo, avec des mots qui sortent les odeurs de leur contexte : GIISH est l’odeur de l’argent, JAMP de la tarte aux pommes, MUQUN, celle des fruits crus… Justement, vos installations, interventions et performances dans le champ de l’art contemporain ont de quoi dérouter, parfois amuser, parfois choquer… « Ce qui concerne le nez relève en grande partie de l’enfance, à un moment où l’on n’a pas encore intégré différents codes sociaux. L’ironie, l’humour, le côté léger et joyeux vont de soi pour moi. Je pense qu’on retient mieux en riant. Et la provocation… oui, c’est utile pour faire passer le message. Quand je me suis ‘parfumée’ avec Guy # 7, une odeur de transpiration masculine, j’ai pu observer les réactions des gens, j’ai pu leur expliquer qu’ils ressentaient une sorte de trahison parce qu’ils s’attendaient à une fragrance féminine et non à des phéromones masculines. Je suis persuadée qu’en acceptant l’odeur de son voisin, on peut changer l’humanité.
Tout en fustigeant l’usage des parfums masquants et la mainmise du marketing, vous avez travaillé pour différentes marques (Louis Vuitton, H & M, Ikea, Estée Lauder, Mercedes-Benz). N’est-ce pas une contradiction ? « Quand, chez Henkel (fabricant de lessive, ndlr), je finis ma conférence en offrant des savons parfumés à la sueur ou quand, pour Daimler, je propose une odeur d’accident de voiture, avec du sang, de l’essence et du pneu brûlé, je ne suis pas dans la contradiction… Mais bien sûr, je sais que les marques se servent de moi pour avoir bonne conscience. Ce sont elles qui me permettent de développer mes recherches pour d’autres projets. Parmi vos autres projets, les SmellScapes, sorte de cartographies odorantes des villes, sont impressionnantes. Comment travaillez-vous ? « Pour chaque ville, la méthodologie est la même : je choisis un ou plusieurs quartiers dans lesquels je renifle tout ce qui me semble emblématique des lieux. Je vérifie que les odeurs sélectionnées sont présentes à long terme avant de les dupliquer, et je dessine progressivement une géographie d’odeurs urbaines pour faire réagir les habitants. Vous faites aussi réagir quand vous créez des fromages à partir de bactéries humaines… « C’est un travail mené avec la Harvard Medical School autour de la question de la phobie des bactéries qui sont pourtant indispensables à la vie. En répertoriant les bactéries humaines naturelles et celles des fromages, j’ai vu tant de similitudes que j’ai décidé de passer le cap : j’ai fabriqué un fromage avec celles de mon nez ou de mes aisselles. À l’odeur, des critiques gastronomiques ont tellement aimé qu’ils ont voulu y goûter… Jusqu’à ce que je leur indique la provenance… » Sissel Tolaas sera l’invitée de Design Friends pour une conférence, le 16 octobre à 18 h 30 au Mudam.
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SERGE porte une ceinture YSL et BELLA une veste Balenciaga
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THIERRY et ALEXANDRE se battent pour le sac Kitsuné de CAROLINE
IRINA, RON et MOHAN semblent très occupés
AUDREY en pantalon Zara, RACHEL avec une veste Sisley et VIRGINIE avec des chaussures Marco Polo
MAXIME et ANNE aiment les vestes kaki, ÉDITH préfère le beige
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INDEX
INDEX A Abdelkader Karina 101 Aberdeen Asset Management 15 ABN Amro 86 Ackermans & van Haaren 69 Adam Romain 88 Adas Rima 96 Adem 16, 26, 56, 60 Allen & Overy 92 Alpha Wealth Management 80 Anatevka 87 Aperam 14 Apex 119 Archevêché du Luxembourg 76 Architecture & Environnement 71 Arendt & Medernach 100 Arendt Guy 80, 88 Atenor 25 atHome 71 Auchan 16
B Banque de Luxembourg 91 Banque privée Edmond de Rothschild 100 Barnier Michel 92 Barreau de Luxembourg 28 Bausch François 42, 54, 64 BCE 92 BCEE 99 BCL 26, 85, 92 Beauchesne Gaël 101 Becca Flavio 69 Bettel Xavier 44, 56, 60, 64 Bezier-Membrey Thierry 82 Biever Luc 64 Biever Robert 88 Bil 2, 87 Bild 88 Biltgen François 16, 26, 28, 88 BIP Investment Partners 14 BMW 19 BNP Paribas Real Estate Investment Management 80 BNY Mellon 80 Bonn & Schmitt 80 Bourbon 36 Brown Brothers Harimann 101 Buck Nicolas 70 Bunglawala Shoqat 80 Business Initiative asbl 70
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337 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier.
C Caritas 76 Carlos Venti Juan 16 Castera Fred 16 CEPS / Instead 101 CFL Cargo 36 Chambre de commerce 32, 36, 50 Chambre des députés 54 Chambre des métiers 32 Chambre des salariés 50 Chanfort Alain 16 CIGDL 101 City Mov’ 70 CLC 32 CLdN Cobelfret 36 Cluster maritime luxembourgeois 36 Codic 26 Commissariat aux affaires maritimes 36 Commissariat aux assurances 100 Commission européenne 92 Confédération luxembourgeoise du commerce 16 Coninsx Michèle 88 Conseil de gouvernement 24 Conseil de l’Union européenne 86 Conseil national de la Justice 28 Costa 81 Cour administrative 26 Cour de cassation 26 Cour de justice de l’UE 26 Courrèges 16 Crestbridge 80 CRP Henri Tudor 70 CSSF 92 CSV 16, 42, 44, 45, 50, 54, 56, 58, 60, 64 CTG 75
D d’Land 76 de Cillia Serge 80 de Jamblinne Olivier 80 de Witt Victor 82 Déi Gréng 42, 44, 45, 50, 54, 64 Déi Lénk 44, 45, 50 Deloitte 100 DEME Dredging International 36 Dennewald Robert 70 DeNormandie Robert 80 Derochette Céline 100 Dessange 109 Detaille Michèle 64 Deutsche Bank Luxembourg 86 Deutsche Bundesbank 92 Dexia 87 Dexia Asset Management 87 Diederich René 28 Digicash Payment 64 Do Recruitment Advisors 105 DP 42, 44, 45, 50, 56, 60, 64
E Einhorn Pascal 16 Elvinger Jacques 80 Elvinger, Hoss & Prussen 80 eMovin’ 70 Emsix Jacques 100 Engel Daniel 101 Enovos 70 Ensch Paul 32 Entringer Benoît 16 État luxembourgeois 26, 87 Étude Steichen 100 Étude Zeyen, Beghin, Feider, Loeff, Claeys, Verbeke 88 EuroFlag Services 36 Eurojust 88 European Network of Maritime Clusters 36 Euroscript 70 Everling Roger 88 Every-1 82 Extensa 69 EY Luxembourg 71
F F.C.P.E 16 Fank Stefan 100 Farad International 100 Fayot Franz 16 Federal Reserve 87 Fedil 36 Feider Marc 88 Feipel Carine 100 Financial Stability Board 92 FMI 92 Focant Pierre 70 Fondation Elisabeth 76 Fonds du logement 23 Franklin Templeton Investments 80 Frieden Luc 80, 87, 88 Fuchs et Associés Finance 100
G G20 92 Galerie Nosbaum & Reding 80 Garage Intini 35 Gehmacher Stephan 72 Génaux François 96 Geox 16 Gillen Erny 76 GMH 88 Goeres 6, 7 Goldman Sachs Asset Management 80 Greenfinch Capital 101 Gremling Jean 28 Grossfeld B 69 Groupe DCL 70 Gucci 16
H Hamilius Yvette Hansen Jorgen Haquenne Philippe Hauboldt Xavier Heck Patrick Heinen Romain Helminger Paul Hermes Hetto-Gaasch Françoise Hochtief Höfert Andreas Holcim Hollande François Hollerich Jean-Claude Holz Dirk Huppert Katja
16 101 80 101 88 16 56 4, 5 16 101 101 70 92 76 101 80
I Imprimerie Centrale 70 IMS Luxembourg 71 Instra 70 International Can 60 International Islamic Liquidity 85 Intertrust 62, 63 Iwi 123
J Jacobs Marie-Josée 71 Jan de Nul Group 36 Jones Lang LaSalle 101 Juncker Jean-Claude 24, 42, 56, 58, 60, 64, 76
INDEX
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
K
N
Kaempf Guill 32 KBL European Private Bankers 80 Kersten Patrick 71 Ketherthill-Laboratoires d’analyses médicales 111 Kids Care 53 Kiffer Constant 23 KPL 44 KPMG 10, 71, 101 Krecké Jeannot 36, 60
R
Netcore 86 New York Life Investments 87 Nguyen Liêm 80 Nickels Patrick 24 Nicolaï Ludivine 80 No-Nail Boxes 64 Nothum Thierry 16, 32 Nvision 64
O
L La Luxembourgeoise 79 Ladurée 16 Lafayette 76 LCGB 16, 36, 67 Le Quotidien 76 Legitech 31 Lenert Paul 76 Leyne Thierry 87 Licheron Julien 101 Liedtke Boris 86 Ligfi 88 Lockwood Bill 80 LSAP 42, 44, 45, 50, 54, 60, 64 LSK Compagnie Financière 87 Lutty David 36 Lux Consult 71 Lux Lucien 16 Luxembourg for Business 36 Luxembourg School for Finance 95 Luxemburger Wort 76 Luxexpo 14 Luxinnovation 14 Luxinvest Capital Advisor 100 LuxReal 101
M Mahut Claude Maire Fabrice Management Corporation Marceul Paul McMahon Brian MDO Services Mersch Yves Mestat Alain Miltgen Daniel Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur Ministère de la Justice Ministère des Transports Ministère du Logement Modert Octavie Monster Mouton Jeff Mouvement écologique Mpulse Müller Sandra
Observatoire de l’habitat 23 Oddone Frauke 101 Office des publications de l’UE 70 OGBL 16, 21, 36 OIT 36 Olos Fund 69 OpenRegistry 70 Ordre des avocats 28 Organisation maritime internationale 36 Osweiler Michèle 100
P Pandomus Pauly François Peckels Paul Peter Meier Hans Philharmonie Pichon Claire Pictet & Cie (Europe) PID Piratepartei Post Telecom Powell Douglas Precision Capital Promoculture PwC PwC Luxembourg
101 87 76 101 72 82 100 44 44, 50 12 88 87 27 71 96
100 36 85 36 80 80 92 100 23 60 28 47 23 88 71 100 64 64 101
U
Raiffeisen Rapallino Pascal RBCIS RealSolutions Recipay Reding Alex Reding Jean-Claude Reed & Simon Rein Sven Ries Nicolas Robinet Jean-Marc Rommes Jean-Jacques RTL RTL Group Rykiel Sonia
87 100 101 86 82 80 50 8 80 50 100 86 16, 58 14 16
UBS 100, 101 UCVL 32 UEL 26 Ullens Frédéric 101 Union commerciale de la ville de Luxembourg 16 Union européenne 70 United Brokers 100
V Van Wambeke Pierre Verhellen Kris Ville de Luxembourg
S Saint-Paul 76 Sandstone 88 Santer Jacques 88 Sauerbruch Hutton International 71 Schank Marco 23 Scharff Christian 71 Scheuren Jean-Paul 101 Schmit Nicolas 28 Schmitt Alex 80, 88 Schneider Étienne 14, 36, 60, 64, 85 Schroders 80 SeeZam 70 Sergonne Mike 64 Seywert Egon 76 Sheppard Gregory 101 Siweck Jean-Lou 76 SNCI 24 Somanco 101 Sonia by Sonia Rykiel 16 Spautz Marc 71 Srel 54, 88 State Street Bank 80 Steichen Jean-François 100 Stein Gaston 28 Strauss-Kahn Dominique 87 Syndicat des copropriétaires de la résidence Royal Center 26 Systemat 70
70 69 24, 54, 56, 60, 69
W Wagner Henri Wantz John Weber Blanche Wigny Jérôme Wilhelm Contzen Ernst
92 101 64 80 86
X Xavier Bettel
16
Y YM Advisory
80
Z Zeyen Carlos Zinga-Botao Amauri Zwick Marco
88 101 80
T Tageblatt Tango Tarsia Giuseppe Telecom Luxembourg Tenotel Thelen Carlo TLVPAP TNS Ilres Toussing Pascale
23 124 80 70 70 32, 50 16 58, 64 16
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OPINION
I OPIN
ON
Photo : David Laurent (archives)
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E
Jo Kox Coordinateur du groupement « d’stater muséeën »
LA CULTURE N’A PAS DE PRIX, MAIS ELLE A UN COÛT !
n parcourant les différents programmes électoraux en vue des élections législatives du 20 octobre 2013, j’étais heureux de constater que le volet « culture » y occupait une part non négligeable. Tous les partis politiques s’accordent plus ou moins pour déclarer que la culture est un facteur de cohésion nationale, qu’elle représente un facteur économique et de développement touristique. Ils soutiennent également qu’il convient de renforcer la place de l’artiste dans notre société. L’enjeu de la création artistique est clairement posé. La culture, c’est du développement durable. La culture n’est pas un luxe, elle est devenue une nécessité, au même titre que l’éducation et la recherche. Une sensibilisation permanente aux arts et à la culture à l’école est exigée. Parfait. Mais aucun programme ne mentionne le financement de la culture. Actuellement, la culture représente 1 % du budget de l’État. À vrai dire, pas beaucoup comparé à d’autres
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budgets d’autres départements ministériels. Pourtant, certains programmes électoraux dénoncent sans détour le fait que la culture soit subventionnée par les contribuables. Visiblement, beaucoup semblent oublier que d’autres secteurs sont également subventionnés par l’argent du contribuable : l’agriculture, la viticulture, le tourisme, le commerce, l’écologie, l’industrie lourde, etc. Combien d’entreprises bénéficient de réductions fiscales ou de crédits d’impôt ? Mais du coup, là, personne ne dit rien. Un artiste ou un acteur culturel est-il donc considéré comme un actif de deuxième classe ? Pourquoi ne pourrait-il pas bénéficier des mêmes avantages que n’importe quel autre salarié ou indépendant ? Il faut arrêter de considérer la culture comme un luxe. Ce n’est pas en termes de coût qu’il faut en parler, mais en termes d’investissement. Investir dans la culture, c’est soutenir notre productivité et créer de la richesse (au sens littéral et figuré). Prenons un autre élément mentionné dans la
plupart des programmes électoraux : la transparence budgétaire et la gouvernance. Sont-elles réellement possibles ? La transparence du budget exige que l’information qu’il contient soit présentée dans son intégralité : affectation de toutes les aides et subventions (de tous les départements ministériels), définition de critères et objectifs, etc. Une vraie politique culturelle. À vrai dire, une politique culturelle ne peut se résumer à un budget, ce n’est pas une bataille de chiffres. Elle consiste avant tout à assurer le soutien à la création, à notre patrimoine, ainsi que l’accès à l’art et à la culture par et pour l’ensemble de nos concitoyens. Car l’enjeu n’est plus de tenir un discours général de circonstance sur les objectifs de l’État en matière de culture, mais plutôt d’explorer en détail les différentes composantes de ce vaste univers. Aux formateurs du prochain gouvernement de bien se souvenir des pages consacrées à la culture dans leurs programmes électoraux…
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