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Fiscalité : dossiers chauds pour la Place
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édito
Décembre 2013 WWW.PAPERJAM.LU
par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction et rédacteur en chef – paperJam
DÉCEMBRE 2013
Er ratu m Édito
Bourrage papier Une confusion de dates nous a amené à laisser entendre, le mois dernier, que le mandat de Robert Dennewald à la présiden ce de la Fedil prendrait fin l’année prochaine. C’est bel et bien en 2015 – et non en 2014 – que sera renouvelé le conseil d’administration de la fédératio n des industriels.
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FISCALITÉ : DOSSIERS CHAUDS POUR LA PLACE
Après les paroles, les actes !
C
e qui n’était qu’une hypothèse parmi d’autres, une lubie, même, pour certains, est donc désormais une quasi-réalité : ce sera bel et bien (sauf désaccord de dernière minute) une coalition tricolore bleu-rouge-vert qui prendra les rênes du pouvoir, reléguant les noirs du CSV sur les bancs de l’opposition. Pour la première fois depuis 34 ans, il n’y aura aucun ministre chrétien social en vis-à-vis du président de la Chambre. Pour la première fois depuis l’entre-deux-guerres, ce ne seront pas deux, mais trois partis qui se partageront le pouvoir. Il y a ceux qui voient, dans cette situation, un déni de démocratie vis-à-vis du parti qui a – largement – terminé en tête des élections du 20 octobre, avec 34,05 % des voix, là où les deux suivants dépassent à peine les 19 % (19,21 % pour le LSAP et 19,07 % pour le DP). Il y en a d’autres qui, boulier en mains, font une simple addition et remarquent que 13+13+6 (le nombre de sièges à la chambre du DP, du LSAP
et de Déi Gréng), cela fera toujours plus que 23 (le nombre de mandats du CSV) et que 31 (le seuil pour obtenir une majorité absolue au parlement). Il y a ceux qui constatent que Jean-Claude Juncker, avec près de 56.000 voix (au Sud), reste – de très loin – l’homme politique le plus populaire du pays. Et ceux qui estiment qu’avec un gain de plus de 12.000 voix par rapport à 2009 – là où le Premier ministre sortant en a perdu presque autant – le président du parti libéral Xavier Bettel, fort de « seulement » 32.000 voix au Centre, est le grand « vainqueur » de ce scrutin. Et puis il y en a un qui, au siècle dernier (en l’occurrence l’homme politique, puis académicien français Jean Mistler), déclara que « La majorité a toujours raison, mais la raison a bien rarement la majorité aux élections »… Dans le cas présent, seul l’avenir, évidemment, lui donnera raison… ou pas. En attendant, frustrés ou enthousiastes,
incrédules ou impatients, les citoyens-électeurs, et tous les autres acteurs économiques nonvotants sont aujourd’hui devant un fait sur le point d’être accompli. Libéraux, socialistes et écologistes multiplient, depuis fin octobre, les échanges, consultations et autres réunions de préparation d’un programme de coalition qui sera, plus que tous les autres, décortiqué et analysé sous toutes ses coutures. Depuis plusieurs mois, les notions de courage politique, de besoin de changement et de renouveau ont largement été mis en exergue par ceux qui se trouvaient, il y a quelques semaines encore, dans l’opposition. Devant le chantier colossal que représentent toutes ces belles intentions, on ne peut qu’attendre, non sans impatience, le passage des paroles aux actes. Il en va tout autant de l’avenir du pays que de la crédibilité d’une classe politique tombée très bas dans l’estime de l’opinion publique et qui se voit proposer une chance inespérée de prouver qu’il lui est possible de faire ce qu’elle dit . Ce serait un moindre mal. Décembre 2013 —
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sommaire
Sommaire
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Services publics
À la recherche d’une plus grande efficacité
Depuis plusieurs années, le ministère de la Fonction publique planche sur des moyens d’améliorer la performance des administrations. Avec le CRP Tudor, un plan d’action à long terme est en cours.
ON EN PARLE
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Après les élections
Le second bout de la saucisse Le pays s’apprête à connaître un changement radical, avec une coalition à trois inédite. « Tout a une fin, sauf les saucisses qui en ont deux », avait plaisanté Jean-Claude Juncker, aujourd’hui Premier ministre déchu.
ÉCONOMIE & POLITIQUE
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Registre de commerce et des sociétés
Le Mémorial C se meurt, vive le Resa !
La suppression du journal officiel pourrait signifier, avec Legitech qui en avait le marché, une perte d’emplois et des soucis juridiques. Des questions demeurent sur la gratuité d’utilisation du registre et l’efficacité des mesures.
ENTREPRISES
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Concours EY
100 % entrepreneurs… et entreprenants !
Le concours « Entrepreneur de l’année » d’EY avait récompensé Jacques Lanners (Ceratizit) en 2009. paperJam vous propose un tour d’horizon du profil des finalistes de la 4e édition.
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Paiements mobiles
Flashiz : start-up locale, trip global
La solution développée au Grand-Duché est désormais intégrée au groupe irlandais Fexco, avec l’appui de BNP Paribas. Flashiz International garde son ancrage luxembourgeois pour c onquérir le monde.
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Telecom Luxembourg Private Operator
Le lion rugit toujours
top 5
des articles les plus lus sur paperJam.lu Du 4 octobre au 8 novembre 2013 1. Le CSV prêt à lâcher Juncker ? (lu 9.245 fois) 2. Délégation du DP : la surprise Kinsch (lu 7.071 fois) 3. Bettel ne dément pas l’hypothèse d’un putsch au CSV (lu 4.469 fois) 4. Un Big Four en piste (lu 4.392 fois) 5. Qu’a-t-on volé chez EY ? (lu 3.666 fois)
Nouveaux locaux, nouveaux partenariats, nouveaux services… L’opérateur termine 2013 en fanfare, confirmant son modèle économique. Début 2014, s’ouvrira un portail d’accès unique au panel de services.
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Start-up
Aider les stars du sport de demain
PLACE FINANCIèRE
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BIP Investment Partners
Le silence des petits actionnaires
BIP va disparaître des écrans de la Bourse de Luxembourg, non sans quelques discrets grincements de dents. L’opération de retrait touche à sa fin, le prix de sortie surprend, la décote inquiète.
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Diversification
Le RMB donne le tempo
Tapis rouge aux banques chinoises. La Place veut croire en son positionnement de centre principal pour le business en monnaie chinoise au sein de la zone euro. Et attend de recevoir des quotas officiels pour investir directement en Chine .
Sportunity s’appuie sur le social impact investing et le crowdfunding pour détecter de jeunes talents dans les pays défavorisés et les aider à émerger.
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* Les performances passées ne constituent pas un indicateur fi able des performances futures. Source: Ministère du Logement - Observatoire de l’Habitat. Rapport d’activités 2012. Période 2005-2012. Evolution des prix de vente moyens des appartements.
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Sommaire
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Coverstory
Fiscalité : dossiers chauds pour la Place L’environnement réglementaire met la pression. La quête de substance, de transparence et de nouvelle gouvernance coïncide avec l’avènement d’une nouvelle coalition gouvernementale. La juste politique pour la place financière fait partie de l’héritage.
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Quelque chose en nous du Delaware ?
La face cachée de l’économie contemporaine
Quête de substance
Vue de l’extérieur
Les sociétés financières se diversifient et deviennent des centres de coordination. L’initiative de l’OCDE sur l’érosion de l’assiette fiscale et les transferts de bénéfices pose des questions existentielles à certaines structures.
Le Grand-Duché régulé s’exclut lui-même du périmètre mal délimité que recouvre l’offshore. Un rapport français sur l’évasion fiscale fournit des éléments chiffrés intéressants.
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Fiscalité des sociétés
Ruling : Bruxelles met le pointeur
La Commission européenne s’intéresse aux rulings mais ses intentions ne sont pas claires. Sept pays sont dans le viseur, dont le Grand-Duché et le Royaume-Uni.
Franz Fayot
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Petit répit avant le grand saut
Le choix le plus opportun pour préserver l’anonymat
Assurance vie
L’échange automatique d’informations se fera dès le 1er janvier 2014 sur certains produits. Les professionnels du secteur entendent profiter du sursis. Notamment pour combler le déficit d’image à l’étranger.
Gouvernance financière
Le Luxembourg veut garder son régime d’actions au porteur, malgré la pression internationale. Un registre des actionnaires est prévu auprès de dépositaires.
« Une Place qu’il faut diversifier et consolider » Interview du jeune député LSAP, membre du groupe de travail « Finances ». Pour lui, les divergences politiques ne sont pas insurmontables. Et il y a consensus sur l’importance de la place financière.
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Sommaire
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désirs Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch
Zoom sur... Yann Tonnar
LIFESTYLE ET PLUS
Culture
Le réalisateur vient de terminer Atelier Luxembourg, un documentaire sur l’art contemporain au Luxembourg à travers le regard de quatre artistes.
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Sélection
Musique et films Notre sélection dans le programme du festival Sonic Visions et des suggestions cinématographiques pour accompagner Thanksgiving.
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Design – beauté
On en parle
Zoom sur le photographe Christian Aschman à l’occasion de l’exposition et du livre Lëtzebuerg Moderne. Les nouveautés commerciales et un soin testé pour vous.
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Gastronomie
Le flacon importe
Pour bien boire le Beaujolais nouveau, il faut le bon verre. Petite sélection. Les endroits qui font parler d’eux.
110 Luxe
Passion montres
À l’occasion des Journées de la passion, nous avons sélectionné trois montres. Les petites mains d’Hermès s’exposent.
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Interview
Herman van de Keer
Le président du Whisky Club Luxembourg nous fait découvrir les secrets de fabrication et de dégustation du brevage ambré et tourbé.
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Style Watch
Cocktail Explorator
La sortie du guide Explorator a rassemblé plus de 900 personnes au Filmland. Nos chasseurs de styles étaient en action.
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agenda
À suivre emb Nov
Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.
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Social
Les autres élections
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Consultations
Le gouvernement en formation
Résultats
Photo : archives paperJam
Foyer : déclaration intermédiaire
Le groupe d’assurances, qui vient d’annoncer la reprise du portefeuille « employee benefits » d’International Wealth Insurer (IWI) avait réalisé un premier semestre 2013 très mitigé : un bénéfice net consolidé après impôts en hausse de 10,6 % (35,12 millions d’euros), mais un résultat récurrent en recul de 5,7 % (36,83 millions), en raison d’une plus grande sinistralité « auto », et une chute de près de 60 % des revenus des contrats d’investissement vie commercialisés en libre prestation de services (13,48 millions d’euros) dans un environnement fiscal en mutation dans certains pays voisins.
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Bourse
Résultats
Satellites
Clôture de l’offre BIP
Luxempart : déclaration intermédiaire
Astra 5B prêt à décoller
La société d’investissements luxembourgeoise avait affiché, au 30 juin 2013, un résultat net global consolidé de 41,76 millions d’euros, contre 34,46 millions un an plus tôt. Elle avait notamment bénéficié de la hausse des dividendes payés par ses principales participations (SES, Foyer et RTL Group) qui avaient largement contribué à la progression de 22 % du résultat récurrent.
La société d’investissements BIP Investment Partners prépare sa sortie de la Bourse. Le 18 octobre dernier, la décision a été approuvée à une très large majorité en assemblée générale extraordinaire. Le prix de rachat des actions a été établi à 62,01 euros par titre, ce qui représente une prime de 24 % par rapport au cours de bourse du 13 septembre dernier, date de l’annonce de l’offre qui prend fin ce 15 novembre. (lire aussi l’article page 92)
emb Nov
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Politique
La rentrée à la Chambre
Photo : archives paperJam
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Photo : Luc Deflorenne
Le mercredi 13 novembre se sont tenues les élections sociales. Il s’est agi à la fois d’élire les membres des délégations du personnel au sein des entreprises de plus de 15 salariés, mais aussi les membres de la Chambre des salariés (CSL) au niveau national. Tout comme à la Chambre des députés, l’assemblée plénière de la CSL compte 60 membres. Au terme du scrutin précédent de 2008, le syndicat OGBL dominait cette assemblée plénière avec 36 représentants.
Trois semaines après les élections législatives du 20 octobre, c’est le mercredi 13 novembre qu’a eu lieu la rentrée officielle à la Chambre des députés. Une première vague de 46 élus siègera. Les membres du gouvernement sortant, élus aux dernières législatives, ne rejoindront le parlement qu’une fois le nouveau gouvernement en place. Viendront aussi ensuite les élus qui remplaceront les députés qui seront promus ministres du nouveau gouvernement.
Photo: DR
Photo : DR
Photo : Sven Becker (archives)
Autour de Xavier Bettel, président du DP, nommé formateur du prochain gouvernement, les partis DP, LSAP et Déi Gréng vont enchaîner les réunions et les consultations. Au moins six réunions « plénières » sont programmées d’ici au 29 novembre, date à laquelle tout devrait être bouclé. Ou pas.
Arrivé à la base spatiale européenne de Kourou, en Guyane, début novembre, le satellite Astra 5B est censé prendre son envol à bord d’une fusée Ariane prévu le 6 décembre prochain. Il sera déployé sur la position orbitale de 31,5° Est et assurera une couverture élargie au-dessus de l’Europe orientale et des marchés voisins.
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actualité Économie & politique entreprises place financière
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actualité Économie & politique entreprises place financière
Après les élections
Le second bout de la saucisse Le pays s’apprête à connaître un changement radical de gouvernance politique, avec une coalition à trois (DP, LSAP, Déi Gréng) inédite.
« Tout a une fin, sauf les saucisses qui en ont deux », avait plaisanté, en janvier dernier, Jean-Claude Juncker, aujourd’hui Premier ministre déchu. La perspective de la disparition du CSV aux plus hauts niveaux de l’État n’effraie pas les décideurs économiques. Texte Jean-Michel Gaudron
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ous allons vous parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Les moins de 30 non plus, d’ailleurs. Le Grund en ce temps-là n’accrochait pas grand-chose d’autre que la misère sous ses fenêtres et les vaches ruminaient paisiblement sur le plateau du Kirchberg. Depuis 34 ans, exactement, le Luxembourg n’a jamais connu autre chose qu’un gouvernement formé avec un parti chrétien social tout puissant, avec un nombre de sièges à la Chambre oscillant entre 19 (en 1999, son deuxième plus faible total historique) et 26 (en 2009). Le phénomène est même encore plus fort si l’on considère que, hormis cette parenthèse 1974-1979, et une autre en 1925-1926, le CSV a toujours dirigé les coalitions gouvernementales en place depuis l’instauration des élections au suffrage universel en 1919… Il aurait pu encore en être ainsi au lendemain du scrutin anticipé du 20 octobre dernier, au terme duquel le CSV est sorti vainqueur autoproclamé, quoique diminué par rapport à 2009. Avec 34,05 % des suffrages exprimés (score calculé par TNS Ilres quatre jours après les élections, et corrigeant les résultats officieux nationaux communiqués par le gouvernement), les chrétiens sociaux y ont largement devancé
La chute de la maison orange est brutale.
les socialistes (19,21 %, ce qui constitue leur plus mauvais score depuis 1945) et des libéraux (19,07 %). Sur les 106 communes que compte le pays, seules sept (qui « pèsent » au final quelque 8 % du nombre total de votes exprimés) n’ont pas été « remportées » par le parti chrétien social. Les poches de résistance se trouvent surtout dans le Nord (Boulaide, Schieren et Troisvierges, où le DP a pris le dessus, et Wiltz, où les socialistes restent majoritaires) et au Sud (les votes à Rumelange et à Dudelange sont toujours majoritairement LSAP). À Mondorf, enfin, le DP a cartonné, en gagnant près de 12 points (de 21,2 % à 33,1 %), alors que le CSV s’érodait de 36,9 % à 31,1 %. Un simple regard superficiel sur ces chiffres comparés à ceux du suffrage précédent donne évidemment une tout autre grille de lecture. Le CSV, qui avait culminé à 38,04 % en 2009, apparaît donc « affaibli », alors que le DP, qui était tombé à moins de 15 %, est en net regain de forme, atteignant un niveau qu’il n’avait plus connu depuis 1999. Concrétisée, au niveau de la répartition des sièges à la Chambre des députés, par une « perte » de trois sièges (de 26 à 23) pour les chrétiens sociaux, par un « gain » de quatre places (de 9 à 13) pour les libéraux et par un statu quo des socialistes (13), cette lecture purement mathématique est de nature à consacrer le DP en « vainqueur » et le CSV en « perdant » de ce scrutin, avec tous les guillemets d’usage, compte tenu du rapport de force existant. Ambiance de putsch au CSV
Ce n’est certainement pas aux chrétiens sociaux que l’on va évidemment apprendre que les premiers peuvent parfois être les derniers. Jean-Claude Juncker, fort de près de 56.000 suffrages exprimés au Sud sur son nom, pouvait légitimement penser rempiler pour un nouveau mandat – qui l’aurait porté, en janvier 2015, à 20 ans de règne à la tête de l’exécutif luxembourgeois – et choisir, selon la même logique des chiffres, le parti des « bleus » comme partenaire de coalition. Mais avec quelque 11.000 voix de moins par rapport à 2009, le Premier ministre, lui aussi, a vu ses ailes un peu plombées en même temps que Xavier Bettel surfait, au Centre, sur un formidable élan de popularité et gagnait plus de 12.000 suffrages pour un total de 32.064 voix. Entre un patriarche quelque peu déclinant et un jeune loup galopant, la victoire a finalement choisi son camp, aidée, il est vrai, par la froideur des chiffres. Les 23 sièges remportés par le CSV n’ont donc pas fait le poids devant les 32 mandats additionnés par le DP (13), le LSAP (13) et Déi Gréng (6). Ces derniers, un peu déconfits au soir du 20 octobre, ont eu, du même coup, moins de raisons de pester contre un système électoral qui leur avait fait perdre un siège au Centre, avec un score en repli de 1,1 %, quand le CSV, en chute de plus de six points dans le Nord, était parvenu à conserver le même nombre de députés. L’occasion aussi pour François Bausch, dont la performance personnelle était bien pâle (avec une forte baisse de 17.510 voix en 2009 à 11.598 cette année), de retrouver de vives couleurs dans le rôle de chaînon indispensable permettant de déboulonner la statue CSV. La chute de la maison orange est d’autant plus brutale qu’à aucun moment elle n’a été consultée par le parti libéral avec qui il aurait été possible de former une coalition « classique » qui aurait alors réuni une confortable majorité de 39 sièges. Une attitude qui n’a évidemment pas du tout plu au CSV, mais pas non plus à quelques cadres libéraux, à commencer par Charles Goerens, confortablement élu dans le Nord (avec Décembre 2013 —
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actualité Économie & politique entreprises place financière
n on ele par 17.523 suffrages, le plus fort total de voix, tous partis confondus, dans cette circonscription). Plutôt favorable à de telles discussions avec le parti chrétien social, il a finalement choisi de rester député européen à Strasbourg, alors qu’il représentait un atout de poids dans le schéma du DP. « Le fait qu’il n’y ait eu aucune discussion m’a surpris, témoigne d’ailleurs le CEO d’une des plus grandes banques du pays. Pour ce nouveau gouvernement à trois, mener de telles discussions avec le plus grand parti du pays aurait eu pour effet de fortifier cette coalition. » Arguant du fait qu’il n’y avait de toute façon pas d’autres choix pour une future coalition, Xavier Bettel a donc choisi la manière forte, soutenu implicitement par un LSAP arrivé au même nombre de sièges et dont la tête de liste, Étienne Schneider, a rapidement laissé le champ libre au président du DP pour briguer la fonction de Premier ministre qui lui tend les bras. « Ce ne sont pas les hommes qui sont importants, ce sont les idées », s’est-il justifié, alors que lui aussi avait revendiqué, haut et fort, la place à l’Hôtel de Bourgogne. C’est, du reste, dans la nuit qui a suivi les élections que le ministre de l’Économie sortant a, lui-même, initié le processus de coalition à trois, mettant Bettel en première ligne. Une façon, aussi, de contraindre le Grand-Duc à nommer, quelques jours plus tard, non pas un formateur (un rôle que Juncker avait déjà tenu trois fois depuis 1995), mais d’abord un informateur « neutre ». Ce fut le président de la Cour administrative, Georges Ravarani, dont la mission dura une journée avant que Xavier Bettel ne se voie confier le rôle de formateur. Des manœuvres internes au CSV auraient cependant amené des hauts dirigeants du parti à tenter une approche auprès du DP en vue de former une coalition dont Jean-Claude Juncker aurait été purement et simplement écarté. Une tentative de putsch, révélée par paperJam.lu dès le mercredi 23 octobre, évidemment qualifiée de grand « n’importe quoi » par Michel Wolter, le président du parti chrétien social, mais jugée « possible » par Xavier Bettel, lequel indiquait cependant ne pas avoir été directement approché dans cette optique. Le choc
La personnalité même d’un Premier ministre en poste depuis 18 ans a évidemment été un terreau fertile aux envies de « changement » d’une large partie de la classe politique, y compris au sein de son propre parti. L’histoire retiendra-t-elle davantage l’arrogance légendaire du personnage que son charisme et sa connaissance profonde des dossiers ? Dans le cas présent, son irremplaçable expérience européenne ne lui aura été d’aucun secours lui qui, par ses interventions et sa médiation, a sans doute sauvé la tête de plus d’un dirigeant politique européen dans son pays. Sa mise à l’écart ne peut évidemment pas laisser indifférent. « Ce fut un peu un choc de l’apprendre. Certains d’entre nous ont dû prendre un double scotch pour digérer l’information », raconte même l’avocat Paul Mousel (Arendt & Medernach) cité par le Financial Times… La tenue, le vendredi 25 octobre, d’une conférence de presse à laquelle Michel Wolter et Claude Wiseler (président et viceprésident) ont participé, sans même que Jean-Claude Juncker (alors à Bruxelles pour ce qui fut son dernier sommet européen) ne soit au courant de cette initiative, ne peut évidemment que renforcer l’impression de malaise au sein du CSV. On était alors très loin du « Mir mam Premier » scandé haut et fort le soir même des funestes débats parlementaires du 10 juillet ayant précipité la chute de la coalition gouvernementale.
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Chambre des députés
Les nouveaux visages Outre sept nouveaux visages et trois ministres n’ayant jamais siégé comme députés, trois députés de la mandature 1999-2004, tous DP, font leur retour sur les bancs de la Chambre : l’échevin de la capitale Simone Beissel, l’ancien patron du Lëtzebuerger Journal Gusty Graas, ainsi que la bourgmestre de Mondorf-les-Bains Maggy Nagel. Corinne Cahen (DP, 13.822 voix au Centre) – Journaliste de formation, l’ancienne collaboratrice de RTL et de l’AFP a trouvé son bonheur dans l’entrepreneuriat en tant que gérante, depuis 2000, de l’entreprise familiale Chaussures Léon. Âgée de 40 ans, elle fut présidente de l’UCVL entre 2008 et 2012.
Jean-Claude Juncker (CSV, 55.968 voix au Sud) – Le Premier ministre sortant (en poste depuis le 20 janvier 1995), membre du gouvernement depuis 1982 n’a, à 59 ans, jamais goûté au mandat de « simple » député. Une première pour lui, s’il accepte de siéger en tant que tel. Un probable futur chef d’opposition qui connaît plutôt bien les rouages du pouvoir…
Yves Cruchten (LSAP, 18.205 voix au Sud) – Secrétaire général du parti depuis 2010, âgé de 38 ans, il était en charge de l’organisation de la campagne législative pour le LSAP. Conseiller communal de Bascharage, il travaille en tant que fonctionnaire communal pour la commune de Steinfort.
Dan Kersch (LSAP, 21.042 voix au Sud) – Ancien président du Syvicol, âgé de 51 ans, il est actuellement membre du Conseil d’État et bourgmestre de Mondercange. Il est un actif, entre autres, sur la question de l’index qui l’a déjà amené à ferrailler par médias interposés avec un certain Xavier Bettel.
Lex Delles (DP, 5.338 voix à l’Est) – Benjamin de la nouvelle chambre (il aura 29 ans en décembre), vice-président des Jeunes démocrates libéraux, il est le 1er échevin de Mondorf-les-Bains, où il côtoie une autre députée, la bourgmestre Maggy Nagel qui avait succédé à… Roland Delles, le père de Lex.
Roy Reding (ADR, 5.622 voix au Centre) – Cet avocat de 48 ans, admis au Barreau de Luxembourg depuis 1990, dirige son étude éponyme qui compte sept personnes. Il connaît l’univers de la communication puisqu’il présente une émission TV sur .dok consacrée à des questions juridiques.
Franz Fayot (LSAP, 8.468 voix au Centre) – Président de la section socialiste de la capitale, cet électron libre (41 ans) combattait volontiers la politique du CSV au niveau national… et celle du DP au niveau local. Cet avocat a notamment pris en charge le volet « place financière » du programme du LSAP.
Étienne Schneider (LSAP, 19.682 voix au Centre) – Échevin de la commune de Kayl entre 2005 et 2010, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur sortant (qui voulait être Premier ministre à 42 ans) n’a jamais été élu au niveau national. Mais il fut, de 1997 à 2004, secrétaire général du groupe parlementaire du LSAP.
Martine Hansen (CSV, 16.838 voix au Nord) – Nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche le 30 avril dernier suite à un remaniement au sein du gouvernement, l’ancienne directrice du Lycée technique agricole à Ettelbruck (presque 48 ans) a passé le test de légitimité démocratique avec succès. Les législatives du 20 octobre dernier étaient en effet les premières élections auxquelles elle participait…
Justin Turpel (Déi Lénk, 3.737 voix au Centre) – Cet ancien de l’Arbed, âgé de 59 ans, cofondateur de Déi Lénk, travaille auprès de l’administration communale de Contern. Il se définit comme « rebelle depuis toujours », ses premiers pas politiques remontant à 1972 en tant que marxiste révolutionnaire. T. R.
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actualité Économie & politique entreprises place financière
n on ele par Le nouveau visage de la Chambre CSV
Déi Lénk
ADR
Président
Gouvernement DP
LSAP
Déi Gréng
Pendant un peu plus de sept minutes, lors de ce point presse du 25 octobre, M. Wolter n’a pas manqué de marteler que le CSV restait le premier parti du pays et qu’une coalition bleue, rouge et verte relevait, ni plus ni moins, d’un coup de « marchands de bestiaux » des trois rivaux contre les « petites gens ». On notera qu’à l’échelle, plus modeste, des communes, les chrétiens sociaux ont pourtant eux-mêmes eu recours à de telles coalitions. Et Michel Wolter, autant que Laurent Zeimet (secrétaire général du parti) le savent sans doute mieux que quiconque. Le premier a conservé, en 2011, son siège de bourgmestre à Käerjeng et le second a conquis celui de Bettembourg en s’alliant avec les Verts, alors que les socialistes avaient, dans les deux cas, remporté les élections… Une version contemporaine de l’arroseur arrosé, en quelque sorte. La société civile impliquée
Le pays s’apprête donc à vivre sans le CSV dans le gouvernement, ce qui ne peut que ravir tous les partisans d’un « changement » dans la vie politique en général et dans les mentalités en particulier. Faut-il s’attendre à une réelle révolution ? Il est évidemment encore trop tôt pour porter un jugement sur un programme de coalition qui, à l’heure où nous bouclions cette édition de paperJam, n’était pas encore écrit. L’avènement, en 1974, d’un gouvernement DP-LSAP fut l’occasion de bon nombre de bouleversements économiques et sociétaux, au plus fort de la crise sidérurgique qui frappa le pays. C’est sous l’ère du Premier ministre Gaston Thorn que fut ainsi créé le comité de coordination tripartite, pilier d’un « modèle social luxembourgeois » particulièrement malmené ces dernières années. C’est aussi dans cette même période qu’a été accélérée la politique de diversification économique, avec la création de la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI) et mis en œuvre quelques réformes sociétales d’importance. On se rappelle notamment de l’introduction de la cinquième semaine de congés payés, la généralisation de l’échelle mobile des salaires et traitements, la création d’un Fonds de chômage, la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse ou encore
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l’abolition de la peine de mort. Doit-on s’attendre à des décisions aussi marquantes au cours des cinq prochaines années ? « Il était nécessaire qu’il y ait un vrai changement du décor politique, qui aille au-delà du simple remplacement d’un partenaire de coalition junior par un autre, estime un dirigeant d’entreprise fortement impliqué dans certaines institutions et fédérations nationales. Le pays mérite une réflexion et une remise en cause plus profonde. On vit des temps aventureux et mieux vaut le faire avec une nouvelle conception de la politique, plutôt que de donner à une vieille conception des faux airs de nouveauté. » Les chantiers ne manquent évidemment pas, autour de la pérennité du modèle économique et social et de la problématique des pensions. Pour mieux cibler tous ces enjeuxclés, pas moins de huit groupes de travail ont été constitués autour des délégations des trois partis négociants. La « société civile » y est largement représentée, au-delà de la seule présence – fortement symbolique – d’Alain Kinsch, le managing director de la firme de conseils et d’audit EY, invité dans la délégation de négociation du DP. Le nom de Kik Schneider, toujours pour le DP, dont il est un des maîtres à penser, figure aussi parmi les membres du groupe de travail consacré aux finances et à la place financière. « Ces discussions et ces réflexions se font vraiment sans aucun esprit dogmatique. Les débats sont vraiment très ouverts, y compris sur des sujets où l’on aurait justement pu croire que le dogme prime », témoigne un des participants au groupe de travail « Économie ». « Pour la première fois, je reçois des demandes de la part de ces représentants de la société civile qui souhaitent prendre connaissance de certains dossiers techniques, note par ailleurs un important dirigeant d’entreprise luxembourgeois. C’est une démarche d’ouverture forcément intéressante qui montre un état d’esprit différent. » Si la perspective d’un gouvernement sans ministre chrétien social suscite autant de curiosité que d’espoirs (pour certains) et d’inquiétudes (pour les autres), personne ne s’attend – ou ne veut croire – à un grand coup de balai donné sur « l’État CSV » mis en place au fil des années dans les principaux rouages des administrations publiques. « Le Luxembourg n’a pas une tradition axée sur des hommes-clés portés par une carte politique, témoigne un directeur de banque de la Place. Nous avons la chance d’avoir de brillants serviteurs de l’État qui agissent avant tout dans l’intérêt du pays. Des gens comme Yves Mersch ou Gaston Reinesch n’ont pas profité de favoritisme, à titre personnel, pour un parti ou un autre. Je ne pense pas que l’on assistera à de grands départs. » En même temps que de nouvelles têtes, c’est, en grande partie, une nouvelle génération qui va prendre les commandes du pays dans quelques semaines. Avec, forcément, des idées et une approche différente. « La situation du pays est telle qu’on ne pas jouer avec l’avenir du pays, prévient ce CEO de banque. Je suis convaincu de l’importance de l’apport de certains anciens cadres tels Asselborn (LSAP, ndlr), Grethen ou Polfer (DP, ndlr) pour apprendre la direction des affaires aux plus jeunes. » Entré au gouvernement en 1982 en tant que simple secrétaire d’État, Jean-Claude Juncker n’a jamais siégé sur les bancs de la Chambre en tant que député. Il y a un début à tout, au même titre que « tout a une fin, sauf les saucisses qui en ont deux ». Il l’avait dit en quittant ses fonctions à la tête de l’Eurogroupe en janvier dernier. Sans doute n’imaginait-il pas atteindre moins d’un an plus tard, à son corps défendant, le second bout de cette saucisse. À charge pour le futur gouvernement d’éviter une indigestion au pays.
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Un soir d’élections
Le jour où tout bascula
Retour sur la soirée électorale du 20 octobre où le parti chrétien social, en dépit d’un score en baisse, pensait encore diriger le prochain gouvernement… Photos Christophe Olinger
22 h 57 – François Bausch (Déi Gréng) et Alex Bodry (LSAP)
21 h 10 – Au Parc Hotel Alvisse de Dommeldange où le CSV a organisé sa propre soirée, JeanClaude Juncker remercie ses partisans, entouré de Laurent Zeimet (secrétaire général du parti) et de Michel Wolter (président).
22 h 13 – La table ronde réunissant tous les partis politiques a constitué le point d’orgue de la soirée électorale RTL / Wort organisée à Luxexpo.
21 h 13 – Les apparences sont trompeuses : Jean-Claude Juncker en pleine lumière sous les flash des projecteurs, mais c’est bel et bien lui qui est sur le point de retourner dans l’ombre…
22 h 53 – Claude Meisch et Xavier Bettel peuvent se congratuler – le DP est le grand vainqueur de ces élections. — Décembre 2013
22 h 15 – Étienne Schneider (LSAP) et Jean-Claude Juncker (CSV) côte à côte – leurs routes ne vont pas tarder à se séparer…
22 h 10 – Jean-Claude Juncker (CSV) et Xavier Bettel (DP) semblent se croiser sans se regarder. La passation de pouvoir n’est pas encore dans l’air du temps.
21 h 52 – Luc Frieden (CSV) se montre satisfait des résultats enregistrés par son parti. Il perdra son sourire un peu plus tard.
21 h 53 – Charles Goerens (DP), élu député, avec le plus gros score individuel de toute la circonscription Nord. Il renoncera à son mandat quelques jours plus tard.
21 h 54 – Étienne Schneider au micro de Max Theis (RTL Radio Lëtzebuerg)
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Économie & politique entreprises place financière
économie & politique
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actualité
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Justice
Retour en force de Gaydamak L’homme d’affaires franco-israélien, qui avait négocié le rachat de la dette angolaise par la Russie, a porté plainte pour vol et escroquerie contre ses anciens gestionnaires luxembourgeois. L’histoire de la fortune d’Arcadie Gaydamak au Luxembourg est un roman qui démarre en 2001.
limogeage de deux banquiers de Sella qui en avaient la gestion. Il décide de les transférer auprès de Hapoalim Trust Company, mais la justice luxembourgeoise le devance et gèle ses avoirs entre février et mai 2004. Les fonds finiront par être débloqués pour des raisons assez ésotériques, mais l’homme d’affaires affirme ne pas en avoir immédiatement été informé. Photo : Licence CC
Faux nez
Arcadie Gaydamak refait beaucoup parler de lui au Luxembourg. Son nom est réapparu, bien qu’indirectement, dans une procédure à rallonge devant la chambre du conseil de la Cour d’appel visant deux anciens banquiers de Sella Bank (aujourd’hui Miret) qui avaient eu à gérer ses fonds. La question au cœur de cette procédure est de savoir s’il y a matière à renvoyer un jour les deux hommes devant un tribunal correctionnel, notamment pour faux, alors qu’ils avaient été blanchis pour des faits à peu près similaires en 2008. Le 5 novembre, après que le Parquet de Luxembourg a assuré que le non-lieu de 2008 ne faisait pas d’interférence, l’affaire a été prise en délibéré. Et au moment où nous mettions cette édition sous presse, aucune décision n’était encore tombée. À la mi-octobre, on apprenait que l’homme d’affaires franco-israélien attaquait au pénal deux ex-gestionnaires de sa fortune, accusés de l’avoir escroqué. M. Gaydamak avait multiplié les procédures devant les juridictions civiles, notamment au Luxembourg et en Israël, pour mettre la main sur ses fonds, en vain jusqu’à présent. La plainte avec constitution de partie civile qu’il a déposée début octobre contre les
dirigeants de la fiduciaire ayant géré son immense fortune va peut-être obliger la justice luxembourgeoise à rouvrir un dossier que l’on pensait enterré. « Le plaignant est (…) victime d’un vol domestique, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux et blanchiment détention », note sa plainte. De 365 millions à 1,2 milliard de dollars
L’histoire de la fortune de Gaydamak au Luxembourg est un roman qui démarre en 2001, lorsqu’il transfère des avoirs d’une contre-valeur de 365 millions de dollars provenant de la négociation de « divers engagements financiers » entre lui et la société pétrolière d’État de l’Angola, Senangol. Ces fonds sont placés à la Sella Bank. À Luxembourg, il a droit à une vraie structuration de patrimoine. Ses deux gestionnaires lui achètent 27 sociétés offshore et lui mettent sur pied trois fonds d’investissement exotiques, ainsi que trois sociétés de gestion. Les capitaux prospèrent et atteignent, selon le plaignant, plus d’un milliard de dollars en valeur, du fait de l’accroissement « explosif » du portefeuille constitué de valeurs énergétiques russes. Fin 2003, les fonds de Gaydamak sont repérés suite au
C’est à ce stade que Gaydamak aurait été victime de l’escroquerie de la part de la fiduciaire, qui met en place un circuit complexe de structures offshore pour transférer sa fortune hors du Luxembourg et surtout masquer l’identité de son bénéficiaire économique, au cœur d’une affaire politico-financière en France. Le montage fait intervenir une fondation au Panama alimentée par les fonds d’une organisation charitable juive au-dessus de tout soupçon. Le nom de Gaydamak disparaît ainsi des écrans radars. L’un de ses gestionnaires au Luxembourg met son nom derrière les structures. Et finit, avec ce faux nez, par se les approprier en partie. L’homme d’affaires a seulement récupéré une partie de son argent en 2006 : 950 millions de dollars sous la forme de liquidités et de titres lui ont été restitués. Or, il en manque presque la moitié. Il reproche précisément à ses gestionnaires de lui avoir menti sur la valeur des actions en portefeuille. Ce n’était pas 1,2 milliard de dollars mais 1,8, ce qui porte le préjudice à 850 millions de dollars. C’est cette portion de sa fortune qui est au cœur de la longue bataille que Gaydamak a entamée devant les tribunaux luxembourgeois en 2012, sans avoir eu gain de cause. Car il lui a été jusqu’alors difficile d’apporter la preuve qu’il était bien resté le bénéficiaire économique derrière la fondation charitable. V. P.
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actualité
Économie & politique entreprises place financière
D’après Eurostat, le Luxembourg est, après Malte (33 %) et la Belgique (13 %), le pays de l’UE où l’on rencontre la superficie la plus grande de zones construites ou artificielles (12 %)
E
ess xpr
en comparaison à la surface totale du territoire. | Avec 38.000 visiteurs enregistrés pour son édition 2013, la Foire d’automne de Luxexpo a fait moins bien qu’en 2012 (43.000). | Selon le Statec, près d’un résident sur cinq (18,1 %) a effectué, en 2012, au moins un voyage d’affaires comprenant au moins une nuitée.
Espionnage
Climat des affaires
Srel et NSA : même combat
Le Luxembourg prend du retard
Alors que Jean-Claude Juncker et la commission de contrôle du Service de renseignement de l’État luxembourgeois (Srel) ont toujours affirmé le contraire, un document publié par le quotidien espagnol El Mundo tendrait à montrer que le Luxembourg a bien effectué des opérations de renseignement pour le compte de la National Security Agency américaine (NSA). Le Grand-Duché apparaît aux côtés d’une vingtaine autres pays, dans le cadre d’une « focussed cooperation » (coopération ciblée). Le document évoque essentiellement le partage d’informations téléphoniques et électroniques. Le député François Bausch, qui présidait la commission de contrôle du Srel, a indiqué que ce dossier se retrouverait rapidement sur la table une fois le nouvel exécutif mis en place, pour en lever définitivement – et si possible – toutes les zones d’ombre.
Si le dernier rapport annuel Doing Business de la Banque mondiale montre que la création des PME et l’exercice de leurs activités s’améliorent dans toutes les zones du globe, le climat des affaires au Luxembourg, lui, ne s’est pas embelli. Le pays perd même quatre places (de 56e à 60e) par rapport à l’étude de l’année précédente, ce qui montre surtout un retard pris sur certaines économies en pleine expansion. Le Luxembourg se distingue néanmoins par la meilleure performance en termes de résolution des conflits commerciaux. Ils durent, en moyenne, 321 jours, nécessitent 26 procédures et leurs coûts s’élèvent à « seulement » 9,7 % de la valeur d’exécution des contrats. L’étude stigmatise en revanche le fait que rien de significatif ne se soit produit depuis 2009 pour ce qui est de « faciliter » le business.
« Le salaire de base devrait être baissé et, dans le même temps, le logement social locatif devrait être soutenu. » Michel Wurth, en sa qualité de président de l’UEL, glisse quelques revendications à l’adresse du prochain gouvernement.
Université
Déménagement différé
Photo : Christophe Olinger (archives)
Ce devait être le dernier grand dossier du recteur de l’Université, Rolf Tarrach, dont le mandat s’achèvera en 2014. Mais au final, le déménagement de l’institution dans ses nouveaux quartiers à Belval ne se fera pas, comme prévu, l’été prochain. Et pour cause : toutes les infrastructures d’accueil ne seront pas encore tout à fait prêtes, en raison d’importants moyens financiers qui n’ont pu être débloqués à temps par le gouvernement devenu entre-temps démissionnaire. Au centre de ce budget prévisionnel figurent quelque 200 millions d’euros, dont 30 millions d’euros pour les seules infrastructures informatiques et électroniques. Le défi représente, entre autres, la mise en place de quelque 12.000 connexions internet ou encore la pose de près de 700 kilomètres de câbles.
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Photo : DR
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Notaire condamné
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Une journée de travail en amende
Site pollué
Roeser : les promoteurs avancent les frais Un litige administratif oblige la société Solarix à prendre en charge la dépollution d’un ancien site industriel destiné à accueillir des immeubles résidentiels.
Qui va payer une expertise destinée à déterminer le degré de pollution d’un ancien site industriel au cœur de Roeser sur lequel la société Solarix (qui réunit Marc Giorgetti, Roland Kuhn (photo), Michel et Paul Reckinger), projette de construire un grand complexe de résidences ? Le ministre du Développement durable voulait impliquer l’ancien exploitant, une entreprise de serrurerie et de construction métallique (qui, depuis, s’est placée en liquidation volontaire). Mais ses plans viennent d’être compromis par le tribunal administratif, lequel vient d’annuler un arrêté ministériel du 29 juin 2012 enjoignant
l’exploitant à financer l’expertise, dans un premier temps, et, le cas échéant, la dépollution du site. Sur le terrain cédé par l’ancien exploitant aurait dû s’élever, en 2014, un ensemble de trois bâtiments résidentiels. En attendant le règlement judiciaire du litige, les promoteurs du projet immobilier ont fait savoir qu’ils avanceraient les frais de décontamination, « pour avancer », selon les termes de Roland Kuhn. Pour ce faire, Solarix a confié la mission de dépollution à la société Eneco. « Le site est 100 % en règle et sera décontaminé », assure le promoteur en précisant que le degré de pollution n’avait « rien d’excessif ».
La 18e chambre correctionnelle du Tribunal de Luxembourg a condamné un notaire de Luxembourg à 5.000 euros d’amende pour violation de ses obligations professionnelles : l’homme n’avait pas identifié le bénéficiaire économique d’une société lors d’un changement statutaire. Le parquet avait, pour sa part, réclamé 10.000 euros lors du réquisitoire début octobre, à l’encontre du professionnel qui n’avait pas d’antécédent judiciaire connu. Ce dernier, qui avait reconnu les faits, avait indiqué avoir été débordé et avait jugé le risque de blanchiment quasiment nul, quand bien même les règles en la matière imposées par la loi de 2004 sont très strictes. Selon les données qu’il a lui-même fournies sur son salaire mensuel, l’amende de 5.000 euros correspond à peine à une journée de travail…
Dette publique
Le Luxembourg toujours bon élève Si, vue de l’intérieur des frontières, la dette publique de 23,1 % du PIB est « énorme » pour le Luxembourg, à l’échelle européenne, le pays figure toujours parmi les meilleurs élèves. Hormis l’Estonie (9,8 %) et la Bulgarie (18,0 %), aucun autre pays n’affiche un ratio dette publique / PIB (calculé en utilisant la somme des PIB des quatre derniers trimestres) aussi faible. On est évidemment à des années-lumière de la situation en Grèce (169,1 %), en Italie (133,3 %), au Portugal (131,3 %) ou en Irlande (125,7 %). Selon Eurostat, qui vient de publier les derniers relevés en la matière, entre le 1er et le 2e trimestre 2013, la dette publique de la zone euro est passée de 92,3 % à 93,4 %, et celle de l’UE28 de 85,9 %
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à 86,8 %. En glissement annuel, la progression est encore plus marquée tant dans la zone euro (de 89,9 % à 93,4 %) que dans l’UE28 (de 84,7 % à 86,8 %). Le Luxembourg fait partie des six États de l’Union à avoir réduit le ratio dette publique / PIB entre le 1er et le 2e trimestre 2013. Le recul est néanmoins modeste, puisque limité à 0,1 point de pourcentage. Ils sont 19 États à avoir enregistré une hausse de ce ratio et trois à l’avoir stabilisé. Sur un an, le Grand-Duché fait partie de ceux (ils sont 24) à avoir connu une hausse de ce ratio, mais le Luxembourg est un de ceux pour qui cette hausse a été la plus faible (1,5 point de pourcentage).
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L’actualité en chiffres :
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%
Commerce urbain
De faillites en reprises Après le choc de début septembre, la vie reprend doucement son cours dans les rues commerçantes du centre-ville.
C’est la baisse du salaire moyen, en termes de pouvoir d’achat, mesuré par le Statec au Luxembourg entre 2009 et 2012. « L’évolution du pouvoir d’achat du salaire moyen est (…) négative en 2012 (-0,7 %), mais un peu moins qu’en 2011 (-1,2 %, ndlr) », souligne son rapport sur le travail et la cohésion sociale publié à la mi-octobre.
7
%
Après un léger fléchissement en août (6,9 %), le taux de chômage a atteint de nouveau la barre des 7 % au 30 septembre, selon les données communiquées par le ministère du Travail et de l’Emploi. À la fin du 3e trimestre 2013, 17.059 demandeurs d’emploi résidents étaient inscrits auprès de l’Adem, soit 1,2 % de plus qu’en août, et 16 % de plus qu’un an auparavant.
4 , 2 +
%
C’est la progression annuelle du produit intérieur brut, au terme du 2e trimestre 2013, mesuré par le Statec. L’institut national de statistiques évoque « une reprise modérée », mais ne manque pas de rappeler que la belle progression du PIB au 2e trimestre (+1,6 %) est cependant, en partie au moins, liée… à l’exceptionnelle faiblesse de l’activité constatée au 1er trimestre .
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Photo : Jessica Theis (archives)
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La question des loyers et des pas-de-porte au cœur de ce dossier reste en suspens.
Le feuilleton de début septembre, qui avait vu 17 boutiques fermer leurs portes simultanément, se décante. Du moins sur le terrain des reprises des surfaces commerciales laissées vides suite aux faillites des sociétés détenues par les associés Fred Castera et Pascal Einhorn, jusqu’alors franchisés de haut de gamme. Quelques semaines après le début des travaux de la curatrice, la très discrète Yvette Hamilius, les premières reprises de boutiques sont apparues, essentiellement sur un mode de franchise, contrairement à ce que les premières indications laissaient présager. À l’heure actuelle, seul le chausseur Geox a décidé de reprendre en direct « sa » boutique de la Grand-Rue, tandis que Marc by Marc Jacobs, Sonia by Sonia Rykiel et Gérard Darel sont pris en main par des partenaires extérieurs. Le coiffeur Beim Figaro, l’un des seuls entrepreneurs luxembourgeois intéressés par les locaux laissés vides, s’installe quant à lui rue du Fossé, à la place du Comptoir des
Cotonniers. D’autres marques seraient aussi intéressées par le commerce urbain de la capitale, dont des griffes haut de gamme. « Une quarantaine de marques veulent s’installer au Luxembourg », déclare Fabrice Kreutz, l’agent immobilier impliqué dans la reprise des boutiques. Il était aussi l’intermédiaire des deux associés faillis. « Ils avaient la volonté de soulager leurs dettes pour éviter la faillite, ajoutet-il. Ils ont grandi trop vite et ont utilisé les recettes pour acheter les fonds de commerce, ils n’avaient donc plus assez d’argent pour acheter les marchandises. » La question des loyers et des pas-de-porte (appelés à être supprimés selon les vœux du gouvernement sortant) reste en suspens, au cœur de cette affaire, en attendant ses prochains développements judiciaires. Reste que les sorts des marques Ladurée et Gucci sont toujours en ballottage à l’heure de boucler ce magazine – quant à une reprise de la structure gérant la première et un nouveau déploiement de la seconde au Luxembourg.
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Registre de commerce et des sociétés
Le Mémorial C se meurt, vive le Resa ! Le gouvernement sortant disait réaliser 4 millions d’euros d’économie par an en supprimant le journal officiel des sociétés et des associations mais personne ne sait vraiment d’où vient ce calcul. Des questions demeurent sur la gratuité d’utilisation du Registre électronique des sociétés et associations et sur l’efficacité des mesures. La mort du Mémorial C pourrait signifier, avec Legitech qui en avait le marché, la perte de 15 emplois et des soucis juridiques. Texte Véronique Poujol Photos Charles Caratini et Luc Deflorenne
Les collections reliées vont définitivement relever des rayons d’archives. In Memoriam.
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ne véritable institution, née en 1962, est vouée à disparaître avec la fin annoncée du Mémorial C, le recueil officiel des publications des sociétés et des associations au Grand-Duché. Dématérialisation oblige, cette vénérable publication, qui n’est plus imprimée sur papier depuis 2009 – mis à part les six exemplaires destinés aux Archives nationales et au dépôt légal –, laissera la place au Registre électronique des sociétés et associations (Resa), une plateforme 2.0 gérée par le Registre de commerce et des sociétés Luxembourg (RCSL) qui élargira ainsi son champ d’intervention et, de ce fait, ses recettes. La ministre sortante, Octavie Modert (CSV), qui avait entre autres dans son portefeuille la responsabilité du Service
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central de la législation (raccroché au ministère d’État), avait déposé le projet de loi réformant le régime de publication légale, juste avant la dissolution de la Chambre des députés le 8 octobre. Preuve que le gouvernement voulait aller vite en besogne. Ce texte fait partie des cadeaux empoisonnés dans l’inventaire que l’ancien pouvoir a laissé au futur gouvernement. Il fait peu de doute en effet que l’entreprise Legitech, ayant actuellement le marché du Mémorial C dans les mains jusqu’en 2016, ne se laissera pas faire. Pour autant, aucun commentaire n’a pour l’heure encore été officiellement fait du côté de cette société. Sa nouvelle directrice, Laurence Raphael, a opposé un « no comment »
actualité
aux sollicitations de la rédaction de paperJam. Sans doute espère-t-on dans cette entreprise que le futur gouvernement de coalition pourra inverser le cours des choses ou, à tout le moins, limiter les dégâts ? Au passage, on peut rappeler, avec une touche de mauvaise foi, que Legitech est une joint-venture entre l’imprimerie Victor Buck et l’Imprimerie centrale, historiquement proche du parti libéral, dont elle a imprimé pendant des décennies le Journal, quotidien appartenant partiellement au DP. Octavie Modert, pour sa part, a défendu l’efficacité de son projet jusqu’au bout : elle est allée jusqu’à communiquer une sorte de « mise au point » pour affirmer haut et fort que la consultation de la future plateforme restera gratuite, après que paperJam.lu eut mis en exergue certains non-dits du projet de loi qui laissaient planer un doute sur cette gratuité. Et des doutes, il en reste pas mal, en dépit du communiqué de la ministre sortante. Car si le texte avait été aussi limpide, pourquoi n’a-t-elle pas organisé une conférence de presse, juste avant les élections ? Elle y aurait fait la démonstration de l’utilité de la future plateforme, développée par le Centre des technologies et d’information de l’État, signe de la modernisation de l’État et de la simplification administrative dont elle était responsable ? Octavie Modert n’a pas osé non plus tirer son bilan personnel des quelques mois passés au ministère de la Justice, où elle avait remplacé un François Biltgen préparant son examen d’entrée à la Cour de justice de l’Union européenne. 13 à 14 par jour
Selon l’exposé des motifs du texte législatif, « le Mémorial C, dans sa structure actuelle, sera remplacé par une liste des publications disponibles sur la plateforme électronique. De cette manière, il sera généré un ‘journal des publications’ électronique au format PDF (…) contenant les liens vers les documents déposés au format électronique, permettant de les ouvrir directement à partir du document au format PDF. » La publication des documents sera « automatique et immédiate », avec une date de dépôt en parfaite coïncidence avec la date de publication. Avec le Mémorial C, il faut attendre parfois quatre mois avant que des actes posés par les sociétés soient publiés. C’est ce que souligne le texte en tout cas. Ces affirmations sur la longueur des délais entre la remise des actes par les notaires ou les fiduciaires et la publication officielle sont néanmoins à relativiser.
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Au milieu des années 2000, ces délais s’élevaient bien à quatre voire six mois. Mais l’amélioration de l’automatisation des procédures a permis de les réduire considérablement, en fonction, bien sûr, des variations saisonnières. Il y a des périodes où les sociétés publient davantage, comme à la saison des bilans, généralement au début du printemps. Les délais sont désormais passés entre trois et huit semaines selon les périodes, de rush ou non, avec une moyenne tournant entre quatre et cinq semaines. Dans le même temps, les dépôts effectués par les sociétés ne cessent de progresser : entre septembre 2012 et septembre 2013, la hausse a dépassé 18 % en moyenne. Pour les « gros mois », elle atteint 25 %. La pagination du Mémorial C est immuable avec ses 48 pages. Du coup, il en sort entre 13 et 14 par jour. L’obligation qui sera imposée, à l’avenir, à tous les fonds d’investissement répertoriés sur la place financière de s’immatriculer au Registre de commerce et des sociétés et de publier leurs actes – même si ces publications restent partielles en se contentant d’une « mention de dépôt », comme c’est déjà le cas des autres sociétés –, va décupler l’activité de la future plateforme Resa. Le site internet Legilux, hébergeant actuellement « le Mémo », sera uniquement maintenu pour les archives des publications. C’en sera donc terminé du travail de saisie à la main, procédure qui est d’ailleurs devenue marginale puisque 93 % des dépôts de documents relatifs à la « vie des sociétés » passent par le format électronique. La loi impose en outre, depuis le 1er janvier 2012, aux sociétés de procéder au dépôt de leurs comptes annuels par le canal électronique. Tarifs en baisse, dommages en hausse ?
Pour les entreprises, qui étaient tenues de déposer deux fois leurs actes – une fois au Registre, une autre au Service de la législation –, cette réforme est présentée comme du pain béni. Sur le plan financier, les autorités promettent « une diminution sensible » des prix, du fait de la simplification de la chaîne des intervenants. Exit, par exemple, l’imprimeur (cette étape n’existe déjà plus) et les petites mains nécessaires au réencodage des données à publier. Les tarifs de publication sont fonction du nombre de lignes publiées et varient de 15 euros, pour un acte sous seing privé, à 200 euros pour une publication statutaire de sicav. La refonte de la tarification devrait encore faire l’objet d’un règlement grand-ducal et d’un règlement ministériel. Décembre 2013 —
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Le Registre de commerce et des sociétés, logé au Kirchberg, se décline en publications officielles, surtout électroniques désormais. Et toujours aussi accessibles ?
Selon les indications du projet de loi et celles qui ont été fournies par Octavie Modert au Conseil de gouvernement (dans une note que paperJam s’est procurée), les frais de publication des statuts d’une société anonyme passeront de 100 à 15 euros, ceux d’une association sans but lucratif de 30 à 10 euros. La fin du Mémorial C a aussi été « vendue » comme une bénédiction pour les caisses de l’État. La ministre avait indiqué, dans la fiche financière accompagnant en principe tout projet de loi, que le basculement sur la plateforme Resa ferait faire une économie de 4 millions d’euros par an. Or, la publication du Mémorial ne coûte pas d’argent à l’État, elle en rapporte, même si les bénéfices restent modestes. Personne ne semble savoir d’où provient ce calcul d’économie… La disparition inéluctable du Mémorial C – on en parle depuis au moins 2009 – aura en revanche des conséquences sociales de taille, puisque Legitech, l’entreprise qui en assure actuellement la charge, sera amenée à licencier 15 personnes du jour au lendemain, lorsque le Resa deviendra opérationnel. Octavie Modert avait conscience du risque, comme le démontre la note au Conseil de gouvernement, faisant état de l’inconnue que Legitech faisait peser sur le cours de la réforme envisagée. La société a signé un contrat avec l’État luxembourgeois pour gérer à sa place le Mémorial C, en principe jusqu’en 2016.
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Ce contrat sera-t-il honoré jusqu’au bout par l’État ? La même « note Modert » évoque, en tout cas, le risque d’un procès en dommages et intérêts, que pourrait intenter Legitech. Comme le signale le rapport annuel du Service central de la législation, le marché public, pour l’impression du Mémorial C et ses « travaux connexes », avait été renouvelé en 2008. Compte tenu des « e xigences propres liées à la souveraineté nationale et à la fiabilité de l’édition », le marché fut conclu par soumission restreinte, sans publication d’avis. Le Service central de la législation relève, dans son rapport annuel 2012, que quatre entreprises luxembourgeoises correspondant aux standards définis avaient été contactées. Seule l’association momentanée Imprimerie centrale / Victor Buck, au sein de Legitech, avait présenté une offre. Le marché lui fut attribué pour huit ans, du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2016. Comme le Mémorial C était déjà en sursis en 2009 lorsque le marché négocié fut attribué, le cahier des charges prévoyait trois phases d’extinction progressive, dont les deux premières avaient un caractère obligatoire. Une première phase portait sur deux ans durant lesquels la publication se faisait « normalement » ; une deuxième phase, également de deux ans, réduisait pour les sociétés les obligations de publication au Mémorial C aux seuls documents statutaires. Il devait suffire de faire connaître certaines informations à travers une simple mention
ACA INSURANCE DAY 5 DÉCEMBRE 2013 PROGRAMME DE LA JOURNÉE www.acainsuranceday.lu
13h30
Accueil "ACA Insurance Day"
13h30-14h30
Introduction Allocution Key-Note Speaker
M. Pit Hentgen, Président de l’ACA M. Victor Rod, Président du Comité de Direction du Commissariat aux Assurances Dr. Georges Hübner, Professeur de Finance à l’Université de Liège
14h30-15h30
Session plénière 1:
« La contribution de l’assurance-vie au service d’une industrie financière en mutation »
15h30-16h00
Coffee Break
16h00-16h50
Actualités du marché/de la place, développements futurs et défis (Fiscalité, Réglementation, Sécurité de l’investissement dans l’assurance au Luxembourg, « Life Insurance Charter of Quality », échange d’informations…)
Workshops:
« La Libre Prestation de Service: mode d’emploi »
Série 1:
a - Comparatif assurance-vie luxembourgeoise et autres produits financiers b - Distribution a - Cadre réglementaire: dernières évolutions et actualités b - Gestion patrimoniale et transmission successorale
Série 2:
16h50-17h00
Coffee Break
17h00-18h00
Session plénière 2:
18h00-18h10
Clôture
18h10-18h30
Coffee Break et accueil des participants du soir
« L’assurance-vie luxembourgeoise »: le point de vue des praticiens
Participation de professionnels non assureurs (français, belge, italien,…) pour partager leurs expériences de l’utilisation de l’assurance vie luxembourgeoise
18h30-20h15 Séance PROGRAMME DEacadémique LA SÉANCE ACADÉMIQUE 18h30-18h45 la séance académique PROGRAMMEOuverture DE LA de SÉANCE ACADÉMIQUE
Inscription obligatoire etHengen, programme détaillé sur www.acainsuranceday.lu M. Marc Administrateur-Délégué de l’ACA 18h45-19h00 18h30-18h45 19h00-19h45 18h45-19h00 19h00-19h45
Allocution de la Bienvenue Ouverture de séance académique M. Pit Hentgen, de l’ACA M. Marc Hengen,Président Administrateur-Délégué de l’ACA
Intervention Key-Note Speaker: Allocution dedu Bienvenue «M.Solvabilité II : un luxe de oul’ACA une nécessité ? » Pit Hentgen, Président M. Karel Van Hulle, Intervention duLeuven Key-Note Professeur à la KU et à laSpeaker: Goethe Universität de Francfort, « Solvabilité : un «luxe ou uneetnécessité » Direction générale Marché Intérieur ancien Chef de II l’Unité Assurances Pensions » à? la M.Services Karel Van et à la Hulle, Commission Européenne
20h15
Professeur à la KU Leuven et à la Goethe Universität de Francfort, Allocution du Ministre des Finances ancien Chef de l’Unité « Assurances et Pensions » à la Direction générale Marché Intérieur Clôture laCommission séance et cocktail dînatoire et Servicesdeà la Européenne
19h45-20h15
Allocution du Ministre des Finances
20h15
Clôture de la séance et cocktail dînatoire
19h45-20h15
Inscription obligatoire et programme détaillé sur www.acainsuranceday.lu Inscription obligatoire et programme détaillé sur www.acainsuranceday.lu
www.acainsuranceday.lu www.acainsuranceday.lu MASTER_PUB_pJ.indd 1
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re d n i a l p e s hé s c a r p a ut r le m eu e p ne écute s au li h c tis e n x t n i a e r a g « Le avoir pu quatre ums ga s. » d ’ n d a n t m i n i m h a rg e c pe x ans s e d u ahier e d s de ar le c p nt
me verne
Note
de dépôt dans le journal officiel et de renvoyer ainsi les lecteurs à la consultation (payante) de ces informations sur la plateforme du Registre de commerce et des sociétés. C’est d’ailleurs déjà le cas, depuis plusieurs années, des comptes annuels des sociétés. Mais officiellement, on n’en serait seulement encore qu’à la première phase du processus. De l’oubli de l’État au risque juridique
La troisième et dernière phase, revêtant un caractère facultatif et à intervenir au plus tôt quatre ans après le début de l’exécution du marché qui a démarré en 2009, programmait la suppression complète du Mémorial C. Par ailleurs, ce cahier des charges (qui était annexé à la note au Conseil de gouvernement) prévoit que le passage d’une phase à l’autre devait se faire avec un préavis de six mois. Démarche que le gouvernement a visiblement oubliée, puisqu’il n’y a pas eu de sa part de coupes dans les obligations de publication des sociétés. « Legitech menacerait d’intenter un procès en dommages-intérêts contre l’État si l’on ne passe pas par le biais de la deuxième phase avant d’aborder la troisième phase. Ceci aurait pour effet pratique de retarder le passage à la troisième phase à 2016, soit au moment où le contrat parvient quasiment à son terme ! », révèle la note datée du 20 septembre. On y décèle une certaine exaspération de son auteur à l’encontre du prestataire : « Legitech ne peut pas se plaindre d’avoir pu exécuter le marché pour l’ensemble des prestations (et avoir engrangé le revenu corrélatif ) pendant quatre ans au lieu seulement des deux ans minimums garantis par le cahier des charges. » Suivent dans la note des considérations qui ne tiendraient probablement pas la route devant un tribunal si le prestataire mettait à exécution ses menaces d’un procès en dommages et intérêts.
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Recherche
Blocage sur les mots-clés Le Mémorial C est consultable en ligne sur le site de legilux.lu (à partir de l’année 1996) mais il n’est pas soumis à indexation, à l’exception du sommaire. Ce qui empêche les recherches par motclé ou par nom, par exemple. Il n’y a pas d’explication logique à ces restrictions, sinon probablement d’ordre politique. On se souvient que le ministre sortant Luc Frieden avait clairement indiqué en 2002, lors du lancement commercial du Registre de commerce et des sociétés, les raisons « philosophiques » derrière le verrouillage de la consultation par nom des administrateurs : pas question d’en faire un outil au service des journalistes fouineurs… La Commission nationale pour la protection des données a pourtant autorisé l’indexation « intégrale, textes et tables » des Mémorial B et C à partir de 2009, ce qui devrait permettre, en principe, la recherche par mot-clé. Toutefois, cette consultation n’est pas disponible au grand public. « Les contraintes infrastructurelles liées à l’hébergement du portail ‘Legilux’ par le Centre des technologies de l’information de l’État (CTIE) n’ont pas encore permis de faire bénéficier, en ligne, l’usager des avantages d’une telle indexation », indique le rapport annuel 2012 du Service central de la législation. En attendant que le CTIE fasse ses procédures de mise à jour, les moteurs de recherche sur internet de type Google « seront bloqués quant à leur accès direct à des données personnelles ». V. P.
Ainsi lit-on que « s i une lecture littérale du cahier des charges pourrait suggérer une succession chronologique des trois phases, il y a cependant des arguments de texte pour soutenir le contraire. En tout cas, l’intention des auteurs du cahier des charges (le ministère de la Justice avait été consulté sur ce point particulier par le Service central de la législation au moment de la rédaction du cahier des charges) était de garantir à la firme adjudicataire une activité complète par rapport au Mémorial C pendant deux ans et au moins une activité partielle pendant deux ans supplémentaires mais, pour le reste, de ne rien garantir au-delà des quatre premières années d’exécution du marché. » En dépit du risque juridique, le gouvernement avait donné son feu vert à Octavie Modert pour déposer le projet de loi à la Chambre des députés. Reste une autre incertitude : celle du sort des 15 personnes actuellement sous contrat Legitech. Le basculement de Legilux vers le Resa et la mort du Mémorial C s’apparenteront-ils à un transfert d’activité de Legitech vers le Registre de commerce et des sociétés ? Auquel cas, ce dernier aura l’obligation de reprise du personnel de l’ancien prestataire. À moins d’un compromis avec le nouveau gouvernement, cela promet de belles batailles judiciaires.
Le gouvernement sortant, sur un dossier d’Octavie Modert, s’est vanté de pouvoir réaliser 4 millions d’euros d’économie par an en supprimant le Mémorial C, le journal officiel des sociétés et des associations. Personne ne sait vraiment comment les autorités ont fait leur calcul. En revanche, cela pourrait signifier la perte de 15 emplois. La question Legitech, qui avait le marché de réalisation du journal, devra en effet être tranchée. Cela fait partie de l’héritage des nouveaux gouvernants.
Depuis sa création en 1994, Maison Moderne est devenue la première entreprise média indépendante du Luxembourg.
Aujourd’hui, Maison Moderne emploie quelque 70 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros.
D’abord éditrice de presse magazine, l’entreprise s’est ensuite diversifiée grâce à une stratégie de développement ambitieuse ainsi que la passion et l’engagement dont font preuve ses collaborateurs.
Spécialisée dans l’édition de contenu de qualité en distribution multicanal, Maison Moderne propose également des services allant du paperJam Business Club à la régie publicitaire, en passant par le Content Marketing.
En 2014, Maison Moderne se diversifiera et deviendra une véritable agence spécialisée en Content Marketing pour raconter, habiller et diffuser les histoires de ses clients. Pour mener ce développement stratégique, Maison Moderne recrute un
Directeur d’agence (f/m)
Maison Moderne recherche des profils confirmés et dotés d’un esprit entrepreneurial. Une évolution de carrière vers le statut d’associé est envisageable. Informations supplémentaires et candidatures via www.MaisonModerne.lu/jobs
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Services publics
À la recherche d’une plus grande efficacité Depuis plusieurs années, le ministère de la Fonction publique planche sur des moyens d’améliorer la performance des administrations et services publics. En collaboration avec le CRP Tudor, un plan d’action à long terme est en cours de développement et d’évaluation. La transformation de la gestion et des organisations publiques sera l’objet d’un symposium international organisé à Luxembourg fin novembre. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Olivier Minaire
L’Inspection du travail et des mines (ici, son help-center) fait partie des administrations les plus avancées en matière de mise en œuvre des processus d’amélioration de ses services.
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endre les services publics plus efficaces… Vaste chantier s’il en est ! C’est sans nul doute, depuis quelques années, un leitmotiv commun à tous les pays, soucieux d’allier une gestion efficace des deniers publics avec une performance optimisée de l’action de l’ensemble de leurs « serviteurs ». La thématique sera au cœur des débats, les 21 et 22 novembre, à l’occasion du 5e symposium international qui traitera, à Luxembourg, des transformations de la gestion et des organisations publiques, autour du thème
de « la gestion stratégique des administrations publiques à l’aune des objectifs et résultats de performance publique » (voir encadré). Avec plus de 72.000 personnes travaillant dans les « administrations et autres services publics » tels que définis par le Statec, ce qui représente quelque 20 % de la population active, le Luxembourg n’échappe évidemment pas au phénomène. L’exiguïté du territoire et le relatif confort matériel dont jouissent les fonctionnaires contribuent largement à véhiculer une certaine image négative
actualité
« Une administration figée et non flexible est morte. » Paul Weber (ancien directeur de l’ITM)
de la fonction publique, renforcée par toute l’agitation qui a entouré le chantier de sa grande réforme voulue par l’ex-ministre François Biltgen. La commission d’experts chargée par le gouvernement, en 2010, d’étudier la structure des carrières et des traitements avait estimé que les rémunérations versées dans le secteur public en début de carrière étaient de 15 à 20 % plus élevées que ces mêmes rémunérations versées dans les secteurs représentés par la Fedil. « La perception de la fonction publique est souvent erronée et ancienne », reconnaissait, en 2012, sur paperJam.lu, Emile Haag, le président de la toute puissante Confédération générale de la fonction publique. Évangélisation
Vouloir toucher à cette institution, cet « État dans l’État », relève généralement de la quadrature du cercle pour tout gouvernement forcément soucieux de préserver de bonnes relations avec une très grande partie de l’électorat national. Cela ne veut bien entendu pas dire que l’immobilisme prévaut. « Nous soutenons évidemment toutes les initiatives qui permettent d’améliorer la qualité des services publics », indique Paul Zenners, conseiller économique et social au sein de la CGFP. Il faut dire que les défis sont énormes et dépassent largement le simple cadre du Luxembourg où le « modèle luxembourgeois » a, ces dernières années, du plomb dans l’aile. « C’est d’autant plus ennuyeux et dommageable que l’évolution de la situation du pays est extrêmement rapide et que l’on est en train de vivre un complet changement de référentiel », témoigne Paul Weber qui, en juin dernier, a cédé la place de directeur de l’Inspection du travail et des mines (ITM) qu’il occupait depuis 25 ans. Dans cette administration, en charge notamment du traitement de problèmes liés au droit social et à la santé et la sécurité au travail,
les « clients » sont évidemment composés d’une large part de travailleurs frontaliers. « Les administrés qui s’adressent à une telle administration publique ne sont pas que les résidents, mais les ressortissants d’une Grande Région qui compte 11 millions d’habitants. C’est une situation unique en Europe et cela donne une idée des défis à relever pour une organisation budgétisée à l’échelle d’un pays de 500.000 résidents. C’est un sacré défi », estime M. Weber. Stabilité, pérennité et contributeur de paix sociale d’un côté ; exigence de dynamisme, d’évolution, voire de révolution dans le temps de l’autre : l’équation n’est pas toujours simple à appréhender pour une fonction publique parfois malade de son image. Ce qui explique aussi la nécessité de s’appuyer sur des compétences tierces pour mettre en œuvre les grandes lignes d’un plan « d’adaptation ». « Une administration figée et non flexible est morte », résume M. Weber. C’est ce que certaines administrations du pays ont fait avec le CRP Henri Tudor, dans le cadre d’une démarche initiée il y a déjà quelques années. Dès 2006, le réseau européen de coopération des administrations publiques avait adopté le modèle Caf (Common Assessment Framework ou cadre d’auto-évaluation des fonctions publiques), ce qui a amené le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative à initier une coopération étroite avec le centre de recherche public en vue de mettre en place ce Caf et d’évangéliser les administrations du pays. « Les premiers pas qui ont été franchis pour travailler sur cette adaptation, voire cette transformation, se sont traduits en termes de démarche qualité », explique Anne Rousseau, responsable de l’Unité de recherche en gestion de l’innovation du CRP Tudor. « Il a fallu identifier les difficultés rencontrées, et comment les améliorer. Cela a pu déboucher, ensuite, sur le développement des services en ligne, par exemple. Il y a un souci européen d’avoir une proximité forte par
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Projets en cours
Des puces et des hommes Le bilan de la législature 2009-2013 en matière de réforme de la fonction publique a fait l’objet d’un document de 29 pages, présenté à la mi-octobre, par la ministre sortante Octavie Modert. Elle fait autant la part belle aux hommes qui la mettent en place qu’aux technologies qui les supportent. Au-delà du modèle Caf évoqué, une démarche structurée pour mener des enquêtes est proposée aux administrations qui souhaitent évaluer la satisfaction et la qualité du point de vue des usagers. Il est également prévu un support d’accompagnement méthodique aux administrations qui souhaitent se doter d’une charte d’accueil et de services « moien – merci », laquelle fixe des engagements en matière d’accessibilité, d’accueil ou encore de communication d’informations. Les développements informatiques constituent évidemment un des piliers clés de tout ce processus. Outre la mise en œuvre de nouvelles interfaces informatiques (ou l’amélioration de celles existantes) reliant l’administration aux citoyens – le portail guichet.lu revendique par exemple près de 3 millions de visites par an et 10.000 visiteurs par jour en moyenne –, il y est largement question de la modernisation du fonctionnement même de l’administration. Parmi les projets majeurs identifiés : la plateforme Prometa (documentation et gestion des processus administratifs ; utilisée par une dizaine d’administrations et de services de l’État, permettant d’aider les chefs d’administration à avoir une vue structurée sur les activités souvent complexes qu’ils sont amenés à superviser) et le système de gestion électronique des documents (GED) Sidoc, qui vise à gérer tous les aspects liés aux informations et aux documents électroniques. L’objectif est de mettre en place une GED commune pour l’ensemble des administrations et des services de l’État, sur la base d’un rythme d’implémentation de cinq par an. J.-M. G.
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Symposium
Expertise internationale Le Luxembourg accueille, cette année, la 5e édition du symposium international « La gestion stratégique des administrations publiques à l’aune des objectifs et résultats de performance publique », qui offrira l’occasion de porter des regards croisés sur les transformations de la gestion et des organisations publiques. Spécialistes et praticiens de la matière feront le point sur les débats scientifiques et les expériences pratiques ayant cours dans de nombreux pays de l’OCDE, sur fond de concepts et méthodes de gestion par objectifs ou par résultats. Organisé sur deux jours (les 21 et 22 novembre), dans les locaux du CRP Henri Tudor, ce symposium sera le théâtre de nombreuses tables rondes et ateliers en présence d’experts internationaux. J.-M. G. Détails sur www.tudor.lu, rubrique Formations / Conférences.
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rapport aux bénéficiaires des services publics et les nouvelles technologies permettent de travailler cette proximité. Le fait d’utiliser ces nouvelles technologies pour délivrer des services est une voie de transformation dont l’importance est croissante au Luxembourg. » 10 % des administrations concernées
La problématique ne concerne pas uniquement la relation entre les administrations et les administrés, mais aussi (et surtout ?) la façon d’organiser le travail et la coordination interne entre les services d’une même administration ou entre deux administrations différentes. En 2006, pas moins de 500 propositions d’amélioration avaient été identifiées. Elles ont été regroupées en une dizaine de priorités clés (parfois plus, comme à l’ITM, qui en avait établi 17) qui ont été planifiées sur une période de plusieurs années. Une vingtaine d’administrations – soit environ 10 % du paysage public – s’est lancée dans la démarche. « Ce sont toutes des administrations qui étaient stressées par le changement des contraintes dans le temps », résume Anne Rousseau, qui ne cache pas que la mise en œuvre de tels processus stratégiques au niveau des administrations publiques est pour le moins complexe. « Quand on résout des problèmes à un certain niveau, on en crée parfois d’autres ailleurs. » L’ITM est l’une de ces « administrations pilotes » qui a mis en œuvre le modèle Caf, mais qui planche sur le sujet depuis plus longtemps encore, ayant commencé ses premières adaptations dès 2002. « Cela s’est traduit, au fil des ans, par l’acquisition de nouveaux hardwares, la mise en place de workflows informatiques différents, mais aussi la réorganisation en équipes, pour faire en sorte que chaque collaborateur n’ait qu’un seul supérieur direct (de cinq niveaux hiérarchiques, l’organigramme de l’ITM a été simplifié à trois, ndlr), mais avec un objectif défini pour l’ensemble de l’équipe. Cela a pris une dizaine d’années pour parvenir à la mise en place de valorisations individuelles du travail », résume Paul Weber. La gestion de la « temporalité » des actions à mener constitue l’une des difficultés majeures dans ce type de processus. Certains horizons d’action sont calés sur le rythme électoral (cinq ans, en temps normal, pour les ministères et six pour les communes) quand d’autres sont davantage orientés à court terme. « Confronter directement les deux pose problème, reconnaît M. Weber. Mais mener des actions à court terme dans une optique de long terme peut contribuer à éviter des
conflits et des pertes d’énergie inutiles. Une bonne gestion, ce n’est pas l’un ou l’autre. Ce doit être l’un et l’autre. De même que chaque élément clé doit être mis sur un même pied d’égalité que les autres. Il ne faut pas que les critères économiques soient, par exemple, jugés plus importants que la sécurité ou bien la qualité plus importante que le social. Cela évite ainsi les combats internes qui empêchent de parvenir à l’excellence dans un projet. Les mesures quantitatives sont telles qu’il peut parfois arriver que l’on additionne des poires ou des pommes. Il faut alors savoir rester conscient que l’on a des pommes et des poires, pour ne pas les mélanger et tirer alors de fausses conclusions. » Mesure de la performance : tout reste ouvert
Après quelques années de mise en œuvre du modèle Caf, l’heure est, aujourd’hui, à l’établissement d’un bilan intermédiaire. Le CRP Henri Tudor a, ainsi, lancé une étude exploratoire sur l’état des lieux de la situation. « Nous en ressortirons les éléments identifiés par les administrations elles-mêmes sur la façon dont elles perçoivent leurs processus de modernisation, avec leurs freins et leurs leviers. Certains dossiers progressent évidemment plus vite que d’autres, observe Anne Rousseau. Un des éléments qui semble ressortir à l’heure actuelle est la question d’interfaçage entre les équipes et les réseaux intra- et inter-administrations, y compris au sein de la Grande Région et de l’Europe. » Les premiers résultats de cette étude exploratoire ne devraient pas être connus avant septembre 2014… Il sera notamment question de la mesure des résultats et des performances, pour laquelle aucun modèle ne s’est encore affirmé. « Cela reste ouvert, reconnaît Mme Rousseau. Cette idée de mesure de la performance recouvre des réalités et des facettes très diverses. Il y a tout un champ à investiguer, aussi bien en termes d’outillage que de compétences des acteurs qui travaillent autour de ces outils. Il s’agira aussi de définir l’impact sur les personnes et les besoins en nouvelles compétences qui en découleront. »
Non, les services publics ne sont pas tous des « mammouths » souffrant d’immobilisme. L’amélioration de leurs processus et de leur efficacité est au cœur d’un vaste plan d’action mis en œuvre ces dernières années. État des lieux à la veille d’un symposium international qui se tiendra au Luxembourg sur la gestion stratégique des administrations publiques.
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Dossiers chauds pour la Place textes Véronique Poujol, Alain Ducat Photos Christophe Olinger
Quand on évoque, avec des spécialistes de la question, les enjeux qui se présentent à la place financière du Luxembourg aujourd’hui, les réponses ont tendance à converger. En substance, tout le monde pense qu’il ne faut pas louper les tournants qui se présentent ! Or les dossiers chauds ne manquent pas. Le Luxembourg n’a plus, comme jadis, la main sur les leviers de décision qui ont pu faire la différence compétitive. La Place s’est construite sur des bases où le secret dominait. Beaucoup la considèrent encore comme une force aux côtés obscurs. D’autres l’exigent transparente. Entre les deux ensembles, l’intersection relève donc de l’actualité brûlante. Sont concernés, notamment, les fonds, les produits d’assurance-vie, les domiciliations de sociétés et groupes, l’établissement des bénéfices à remonter, bon nombre de subtilités fiscales, les négociations de rulings… Il y a des avantages concurrentiels à défendre, il y a aussi des pratiques à ramener hors de la marge, en tout cas à mettre en conformité avec des volontés internationales de nouvelle gouvernance. Entre les volontés de contrôle et les sempiternelles suspicions, le Luxembourg régulé dans la souplesse a encore des épines dans les pieds, mais aussi des épingles à tirer du jeu. Car si le pays n’a rien à cacher, il gagnera à le dire et à le démontrer. Le Grand-Duché n’a pas choisi sa période, dans la ligne du temps des crises économiques et financières, pour vivre sa crise institutionnelle. Maintenant que l’heure est à la reconstruction et à la stabilisation, le Luxembourg politique doit assumer l’héritage, le faire fructifier ou corriger le tir, selon ses volontés et les besoins. Les dossiers sont chauds et ils sont à manipuler avec précaution. Il ne faut pas s’y brûler. Et il faut se méfier autant des pétards mouillés que des bombes à retardement. Alors, autant bien connaître ce qui est à l’agenda, dans les pages et entre les lignes.
Alignements et quadrillages Pour illustrer cette coverstory, paperJam a confié une carte blanche au photographe Christophe Olinger. Sa réflexion, exprimée dans une série de diptyques, porte sur la dualité, sur les images d’hier et d’aujourd’hui qui ont la vie dure, sur les lignes de force qui confinent à l’alignement qu’il faut respecter et aux règlements qu’il faut quadriller.
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Quête de substance
Quelque chose en nous du Delaware ? La Place vit une transformation : les sociétés financières se diversifient et deviennent des centres de coordination. L’initiative de l’OCDE sur l’érosion de l’assiette fiscale et les transferts de bénéfices pose des questions existentielles à certaines structures. La Commission européenne recommande de lutter contre l’optimisation fiscale agressive. texte Véronique Poujol
Tout pour la quête de substance ? Le comité des affaires fiscales de l’OCDE a présenté en mai dernier sa feuille de route pour lutter contre l’érosion des bases taxables et le transfert des revenus de multinationales. Un plan connu sous l’acronyme de Beps (base erosion and profit shifting ou érosion de l’assiette fiscale et transferts de bénéfices). La Commission européenne a suivi le pas et présenté à son tour des recommandations en vue de lutter contre l’optimisation fiscale « agressive », un degré de planification fiscale intermédiaire entre les démarches légitimes d’optimisation et l’évasion fiscale, qui est, elle, punissable. Le concept Beps, encore à l’état de projet, avait pris corps après la forte médiatisation autour des montages juridiques complexes mis en place par des grandes entreprises de l’e-commerce dans différentes juridictions pour réduire de façon drastique, voire irraisonnable, leur base imposable. Le Luxembourg et l’Irlande étant sur la mappemonde de la planification fiscale des multinationales (notamment de l’internet), ces deux pays ont, forcément, été désignés à la vindicte.
Légalité, légitimité et règles du jeu Luc Frieden, le ministre des Finances sortant, avait répondu à ces attaques en rappelant que le Luxembourg défendait « u ne taxation effective (…) nécessaire pour une concurrence fiscale saine et transparente au sein de l’Union européenne ». « Il est essentiel, insistait-il, d’offrir aux groupes un siège de direction (headquarter) à partir duquel le groupe est géré, financé et développé. Le siège de
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direction doit avoir la substance nécessaire pour effectuer ses activités de holding, de financement, de gestion et de développement de marques et de brevets. » Dans une note explicative, le ministère des Finances soulignait que l’initiative Beps ne remettait pas en cause « l a légalité de ces structures, mais plutôt leur légitimité ». Les crises financière et de l’endettement ont fait monter sur les barricades certains États au bord du dépôt de bilan et ont remis au goût du jour les réflexes protectionnistes. La jurisprudence de la Cour de justice européenne avait pourtant, en 2006, trouvé une légitimité à la compétition fiscale dans un de ses célèbres arrêts (affaire Cadbury Schweppes, opposant Anglais et Irlandais), pour autant qu’il y ait de la substance économique derrière les montages passant par des pays à basse fiscalité. Les plans de l’OCDE sur l’érosion de la base taxable, soutenus par la Commission européenne, ont été présentés par certains observateurs comme un exercice de rattrapage des pays occidentaux, en perte de vitesse, pour tenter d’imposer leur vision de la fiscalité, leurs standards d’imposition des multinationales. Tout le monde n’est pas d’accord avec ces vues, et surtout pas le bloc des pays qui ne sont pas membres de l’organisation : ni la Chine, ni l’Inde, ni le Brésil n’en font partie. Jadis considérés comme pays « en développement » et victimes à divers degrés du « pillage » de leurs ressources par des multinationales qui ne leur rétrocédaient que des miettes (grâce précisément à des modèles de conventions fiscales labélisés OCDE et privilégiant clairement les pays occidentaux), ces trois blocs se sont hissés – ou
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sont en passe de le faire – vers la tête des économies les plus fortes de la planète. Les rapports de force s’étant inversés, les pays de l’OCDE, victimes de l’eglobalisation, seraient donc tentés de changer les règles du jeu à leur avantage… Dans tous les cas, Beps a relancé l’éternelle question de la « substance » des sociétés. Notamment celles ayant domicilié au Luxembourg soit leurs têtes de pont, soit le siège de certaines activités. « La substance, c’est le nerf de la guerre », résumait récemment Georges Bock, le patron de KPMG Luxembourg. Le débat n’est pas neuf au Grand-Duché, où la chasse aux sociétés « boîtes aux lettres » remonte au début des années 2000 : l’Administration des contributions directes, appuyée par le Parquet économique, a fait fermer des sociétés par centaines, après des contrôles de présence d’activité, notamment des sociétés de participations financières. Pour pouvoir profiter des avantages liés à leur statut, et entre autres de la directive « mère-filles » (une société mère et ses filiales à l’étranger) ainsi que des « rulings », il leur faut faire la démonstration qu’elles disposent au GrandDuché d’une gestion effective et donc de personnel, de locaux et d’administrateurs résidents.
Certificat de substance et « labour intensive » Certaines grandes officines de la « fiducie » affirment volontiers que 80 % des sociétés qu’elles domicilient disposent de la légitime substance. Sans que l’on sache sur quels critères s’appuient ces chiffres. La substance, c’est d’ailleurs le sens de deux circulaires que l’ACD a publiées en 2011, même si ces textes ne concernent que les Soparfi. Le fisc luxembourgeois exige par exemple que la moitié des administrateurs soient résidents au Luxembourg et que la gestion se fasse de manière effective sur place. Au risque de perdre le statut de résident fiscal. Depuis, la donne a changé et le paysage a évolué. En mieux. Face à la pression des fiscs étrangers et vu les standards de coopération entre les administrations fiscales en Europe, des têtes de pont de groupes étrangers ayant délocalisé certaines activités au Luxembourg demandent à l’ACD de leur délivrer des « certificats de substance », justifiant précisément la légitimité de leur présence dans le pays. Hier, le fisc luxembourgeois descendait sur les lieux pour fermer les boîtes aux lettres. Aujourd’hui, il va au siège des sociétés pour s’assurer qu’elles sont gérées au Luxembourg. Munis des certificats « de bonne conduite » ainsi délivrés, les dirigeants de sociétés peuvent alors les exhiber à la face des agents du fisc de leur pays d’origine pour démontrer leur bonne foi !
Collaboration internationale
Fatca n’attend pas
Parmi l’héritage non négociable que recevra le prochain ministre des Finances figure le fameux dossier Fatca (Foreign Account Tax Compliance Act), la loi américaine de lutte contre l’évasion fiscale. Il prévoit l’échange automatique d’informations entre administrations fiscales luxembourgeoise et américaine (IRS) sur des comptes détenus dans des banques au Luxembourg par des citoyens américains et les personnes résidant aux ÉtatsUnis, en principe à partir de l’année fiscale 2014. En mai dernier, Luc Frieden annonçait que le Luxembourg avait choisi le modèle 1 de collaboration, impliquant le tampon des administrations fiscales, là où le modèle 2 (choisi par la Suisse et le Japon) prévoit une communication directe des banques au fisc américain. Il reste encore quelques arbitrages techniques – des points de détail, assure-t-on. Il faut donc faire vite pour laisser le temps au marché de se préparer. En principe, la procédure d’enregistrement était prévue pour avril 2014. Fatca sera donc un dossier politique prioritaire. Vu le nombre et la complexité des dossiers à traiter sur le plan bilatéral (des accords spécifiques à prévoir entre les États-Unis et chacun des États contractants), il ne serait pas improbable que l’administration américaine accorde un report de six mois pour la mise en route de Fatca. La Suisse a déjà obtenu ce report, au 1er juillet 2014 désormais. V. P.
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La fiscalité a bien joué un rôle essentiel dans l’implantation de milliers de structures. Et cela continuera d’être l’argument imparable de leur présence. Mais l’évolution de l’environnement international, pour parler le jargon politiquement correct des fiscalistes, a obligé les groupes à se transformer, à renforcer et diversifier leurs activités, pour optimiser par exemple l’emploi du temps de leur personnel recruté sur place, souvent des gens aux CV à haute valeur ajoutée. « Le niveau de substance augmente tous les jours et les sociétés de financement se demandent comment mieux occuper les gens employés au Luxembourg ; elles essaient de créer de nouvelles fonctions », observe Michel Guilluy, associé du département de conseil fiscal chez Deloitte. Pour donner corps à des activités purement financières et justifier économiquement le passage des bénéfices au Luxembourg où ils jouissent d’une fiscalité compétitive, les groupes doivent ajouter des fonctions labour intensive à leurs structures. Elles se muent en centre de coordination, notamment pour gérer des centrales d’achat. « Ça donne du corps au positionnement du groupe au Luxembourg, et avec des activités stratégiques » , souligne le conseiller. Ainsi, plus ces activités locales sont stratégiques et à haut potentiel, plus justifiable est la remontée et l’allocation des bénéfices vers les structures financières luxembourgeoises.
Le temps des transferts Dans la publication début octobre de « Luxembourg : de 2012 à 2030 – Les scénarios revisités et les 12 défis actuels », la Fondation Alphonse Weicker préconisait de « développer les services para-financiers à haute valeur ajoutée en s’inspirant du modèle de l’État du Delaware aux États-Unis ». Il y a sans aucun doute quelque chose de provocant à comparer le Luxembourg avec un des États d’Amérique les moins vertueux en matière de substance : les entreprises choisissent précisément cette juridiction pour ses coquilles vides, mais fiscalement utiles. La référence au Delaware est d’autant plus surprenante que l’un des auteurs de la publication est Kik Schneider, membre du comité de direction de BGL BNP Paribas et intégré au groupe de travail sur les finances et la place financière mis en place par le formateur du gouvernement Xavier Bettel. Cela étant, la mue des sociétés coïncide aussi avec l’attention grandissante portée aux prix de transferts entre une société et ses filiales. « Le Luxembourg a pris du retard dans les prix de transferts », expliquait en octobre Claude Schmitz, le partner « Tax » d’EY lors de la présentation des résultats de la firme. Toujours est-il que, presqu’inexistants il y a encore six ans, les services dédiés aux prix de transferts dans les cabinets des Big Four se sont développés et ont engagé des experts étrangers. Les spécialistes disposent d’assez peu de repères pour évaluer la pertinence des transferts d’une société à l’autre. Les standards mis au point par l’OCDE pour éviter que ces canaux ouvrent les portes de l’évasion fiscale sont des
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« Le niveau de substance augmente tous les jours. » Michel Guilluy (Deloitte)
principes généraux. Aucune procédure n’a été établie. L’administration fiscale (qui a d’ailleurs sérieusement renforcé son département Prix de transferts du Bureau 6) doit donc jongler avec ces principes ; ses deux circulaires – de janvier et avril 2011 – couvrent uniquement les prix de transferts des sociétés financières.
Un autre business model Dans ce contexte, l’initiative Beps doit-elle faire peur aux opérateurs de la place financière ? C’est un grand sujet de discussion et de préoccupation pour les dirigeants de sociétés qui ont mis en place des structures luxembourgeoises. Car Beps vise particulièrement les financements dits « hybrides », qui peuvent profiter, dans des cas extrêmes de montages particulièrement raffinés, d’une non-taxation. Et a fortiori le Luxembourg, où ces arbitrages existent. Plus de 400 montages relevant de la « planification fiscale » dommageable, en termes de concurrence, ont été rayés de la carte de l’UE dans le sillage du code de conduite sur la fiscalité des entreprises de 1998. Dont les fameux holdings luxembourgeois relevant de la loi de 1929. L’OCDE entend pousser le pion encore plus loin dans la lutte contre toute forme d’évasion fiscale. Le feu vert de la communauté internationale a été donné en mai lors du sommet du G20 à Saint-Petersbourg. La lutte contre la « planification fiscale agressive » est aussi devenue une des priorités de la Commission européenne qui a publié des recommandations à ce sujet dans le sillage de l’OCDE. L’organisation travaille depuis lors à un plan d’action concernant l’érosion de la base fiscale et le transfert des bénéfices des entreprises pour faire en sorte que les multinationales paient l’impôt là où elles exercent effectivement leurs activités. Vaste programme et grand défi pour le Luxembourg. « Sur Beps, le Luxembourg a un certain nombre de questions à se poser. Il y a un pari à gagner dans cette mutation vers un autre business model », admet Claude Schmitz.
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Fiscalité des sociétés
Ruling : Bruxelles met le pointeur
La Commission européenne s’intéresse aux rulings, mais ses intentions ne sont pas claires. Sept pays sont dans le viseur, dont le Grand-Duché et le Royaume-Uni. Le secret fiscal empêche de publier les rulings. texte véronique poujol
Comme souvent, ce sont les Anglais qui ont tiré les premiers : mi-septembre, le Financial Times, le quotidien de la City peu connu pour ses positions en faveur de la place financière de Luxembourg, révèle le lancement par la Commission européenne d’une enquête préliminaire sur la pratique des rulings – ces accords négociés entre le fisc et les entreprises multinationales pour déterminer à l’avance le traitement « soft » d’une transaction – dans trois États membres : l’Irlande, les Pays-Bas et le Luxembourg. Quelques heures après cette révélation, JeanClaude Juncker confirme l’intérêt de Bruxelles, mais se déclare « confiant » sur la suite de l’affaire. Les dirigeants luxembourgeois disposent alors de peu d’informations sur les intentions de la Commission européenne. Luc Frieden, le ministre des Finances (pas encore sortant à ce moment) entonne son couplet habituel, en parlant de « jalousie » des pays à haute fiscalité vis-à-vis du Luxembourg. Pourtant, Luc Frieden lâchera aussi une petite phrase, n’ayant rien d’anodin, évoquant une « complication de la loi fiscale dans un cas concret ». Face au manque d’informations sur les intentions de la Commission européenne, la presse se perd en conjectures et les fiscalistes ne sont pas beaucoup plus avancés sur les intentions de Bruxelles. La Commission pourrait voir, dans le pire des cas, derrière les aménagements fiscaux qui se pratiquent – les allègements – des aides d’État illégales, donnant aux entreprises bénéficiaires des avantages sélectifs indus, par rapport à leurs concurrents, créant ainsi des distorsions de concurrence.
Une liste de « suspects », un cadre légal Claude Schmitz, le « patron » de la fiscalité chez EY, admettait récemment que, faute de disposer d’informations officielles sur la procédure (il parlait de « facts finding »), il avait été parler à la Commission européenne. Celle-ci a alors révélé que ses recherches portaient sur sept et non sur trois pays. Aux trois premiers « suspects » de la liste, il convenait
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d’inclure aussi la Hongrie, la Belgique, Chypre et, même, le Royaume-Uni. De plus, selon l’analyse interne brossée par EY, les rulings n’étaient pas des « exit tax » et donc « ne tombaient pas sous le régime des aides d’État ». « On ne négocie pas son taux d’imposition, un ruling n’est qu’une confirmation de la législation fiscale », affirmait Claude Schmitz ajoutant que « l’intérêt du fisc luxembourgeois n’est pas d’être restrictif » et qu’une interprétation « plus favorable de la marge de manœuvre » s’inscrivait dans le cadre légal. Selon le Financial Times, le Luxembourg est visé pour son mécanisme d’intérêts notionnels, permettant à des filiales financières sur place de minimiser l’impôt sur des capitaux reçus, à taux d’intérêt nul, d’une maison mère située dans un « paradis fiscal » et « reprêtés » ensuite à une entreprise dans un autre pays. En réalité, selon nos informations, personne au Luxembourg ne voit encore très clair dans le jeu de la Commission. C’est d’ailleurs ce qui inquiète les fiscalistes : « On ne sait même pas si l’on vise le principe même de ce qui est accordé par la voix des rulings », confie l’un d’entre eux. Bruxelles chercherait à en savoir plus sur les « applications pratiques » de ces accords, notamment pour vérifier si les engagements des entreprises vis-à-vis de l’Administration des contributions – le fameux bureau 6 au Luxembourg – ont bien été tenus. Cela expliquerait alors pourquoi la Commission cherche à se procurer les copies des correspondances entre les multinationales et l’ACD (contributions directes).
Anonymisation, impôt comparable et substance Une fuite massive d’informations vers la presse française et britannique, partie d’un probable vol chez PwC, avait permis, il y a deux ans, de lever le voile sur des cas concrets de rulings, notamment ceux qui avaient
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bénéficié au groupe français Wendel. Un des autres griefs de Bruxelles porte apparemment sur la nature jugée opaque des rulings. S’ils respectent la législation fiscale avec une certaine largeur de vue, ils n’en restent pas moins des boîtes noires de la finance. Car les accords passés entre les multinationales et l’ACD restent secrets… à moins de tomber dans les mains des journalistes. Le secret fiscal empêche, évidemment, la publication des accords de ruling. La solution vers une transparence accrue passerait par une anonymisation des documents, une piste étudiée assez sérieusement par l’administration fiscale. Une autre piste probable passerait par l’émission de notes de service et de circulaires spécifiques sur certaines opérations, comme cela se fait en Allemagne. Avec le risque de noyade sous le flux de documents que devrait produire pareille option, qui s’appuie sur la notion « d’impôt comparable ». Cette piste, la Chambre des députés l’avait d’ailleurs explorée, lors de l’abolition du régime des holdings 1929 (conformément au code de bonne conduite des entreprises en vigueur depuis 1998) et leur remplacement temporaire par des structures intermédiaires. Déjà à cette époque, la procédure des rulings avait été initialement visée par le code de conduite – non contraignant –, avant d’en être retirée. Dans l’intervalle, l’Administration des contributions a émis deux circulaires (janvier et avril 2011), notamment pour cadrer les prix de transferts et réglementer les marges appliquées sur les prêts back-to-back, lesquels étaient précédemment approuvés via des demandes de rulings sans véritable contrôle de ce qui se cachait derrière des montages. Le fisc avait alors posé de nouvelles conditions, exigeant des multinationales que leurs sociétés de participations financières basées au Luxembourg disposent d’une « substance suffisante ». Une substance mesurable, entre autres via la présence d’une majorité d’administrateurs résidents et par le fait que les décisions clés soient prises au Grand-Duché.
Bureau 6
L’après-Marius, dans un service remodelé Marius Kohl, dit « Monsieur Ruling », était le plus célèbre des préposés de l’Administration des contributions directes. Il est parti officiellement à la retraite le 1er octobre dernier. « Il faudrait ériger une statue à cet homme, tant il a contribué au développement de la place financière », témoigne ce fiscaliste qui a côtoyé cet agent de l’État particulièrement zélé et dévoué. « Ce type était un fonctionnaire exemplaire ! Il travaillait de 8 h à 21 h et ne se prenait qu’une petite pause déjeuner de 30 minutes, souvent pour se contenter de manger une banane. » La perspective de son départ, six mois avant la date fatidique, avait affolé l’univers des auditeurs, réviseurs et fiscalistes. Tous craignaient d’abord que la relève ne soit pas assurée. Et ensuite que cet expert parte avec ses secrets de fabrication, sans avoir le temps suffisant pour transmettre le relais à son ou ses successeurs. Après une période d’incertitude, de quelques mois, le ministère des Finances avait rassuré son monde en annonçant que la transition était en cours, qu’elle se
ferait en douceur et que le départ d’un homme ne remettait pas fondamentalement en question l’existence des « rulings » au Luxembourg. Marius Kohl ayant désormais pris la quille, le chef du bureau 6 chargé de l’imposition des sociétés financières et des multinationales qui lui a succédé s’appelle Jean-Claude Limpach et dirige le plus gros bureau des impôts du pays avec ses 48 agents. Il dirige la boutique avec cinq préposés adjoints, là où Marius Kohl a dû se contenter d’un adjoint et d’un seul préposé adjoint. L’ensemble du bureau a donc été non seulement renforcé, mais aussi réorganisé. Cependant, ces changements sont intervenus avant le départ du préposé des impôts, rendu célèbre par une émission de France 2, surtout parce que, à ce moment, il était introuvable ! Mais le remodelage du bureau 6 a surtout coïncidé avec la mise en place du nouveau régime fiscal applicable aux sociétés mères et filiales, inspiré d’une directive européenne sur les prix de transfert. V. P.
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Assurance vie
Petit répit avant le grand saut L’échange automatique d’informations fiscales se fera dès le 1er janvier 2014 sur certains produits. Les professionnels de l’assurance vie respirent et entendent profiter du sursis d’un an au moins. Les contrats souscrits au Luxembourg ont encore un déficit d’image à l’étranger. texte véronique poujol
La communauté des assureurs luxembourgeois respire. Au moins les professionnels gagneront-ils, a minima, une année de répit, en attendant que les 28 États membres trouvent un accord sur la réforme de la directive sur la fiscalité de l’épargne dans l’UE. Celle-ci devrait intégrer de nouveaux produits comme l’assurance vie, à côté des revenus d’intérêts. Le commissaire européen en charge de la fiscalité, Algirdas Semeta, espère boucler ce dossier sur le plan politique sous la présidence grecque au 1er semestre 2014, mais admet aussi que toute négociation dans le domaine fiscal « nécessite beaucoup de patience dans l’Union ». Ce répit d’un an, les assureurs l’avaient déjà inscrit comme un point focal sur leurs radars. Et ils en ont eu la confirmation, écrite et validée, peu avant la dissolution du gouvernement de Jean-Claude Juncker, avec le dépôt du projet de loi sur la coopération administrative dans le domaine fiscal, transposant une directive de 2011 que le Luxembourg n’avait que partiellement intégrée dans sa législation. « Nous disposons désormais de quelque chose de clair, avec une date butoir. Nous savons où nous allons », s’est félicité Christian Eilert, directeur de l’Association des compagnies d’assurances (Aca). C’est déjà ça, en attendant que les 28 s’entendent sur la réforme de la directive sur la fiscalité de l’épargne, un dossier qui serait techniquement au point, selon Algirdas Semeta. Concrètement, les assurances vie souscrites par les clients non résidents ne feront pas partie des produits pour lesquels un échange automatique d’informations fiscales se fera à partir du 1er janvier 2014. Et, s’il n’y aura pas d’échange systématique possible, c’est davantage pour des raisons techniques que philosophiques : en l’état actuel de la législation sur le secret professionnel, il n’existe pas de registre ni d’informations disponibles documentant et identifiant, au niveau de l’Administration des contributions directes, les clients, étrangers ou résidents, détenteurs d’un contrat d’assurance vie. Or, la directive de 2011, qui a renforcé la coopération fiscale
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entre les 28 et défini l’échange automatique, précise que le fisc luxembourgeois n’est tenu « d’échanger de manière automatique que les informations qui sont disponibles ». Ces informations n’existent donc pas, puisqu’elles ne sont répertoriées ni pour les clients des banques, ni pour ceux des compagnies d’assurance.
Trois catégories de revenus Il n’a donc pas été nécessaire que les dirigeants luxembourgeois usent de la salive pour défendre le droit au respect de la vie privée et la légitimité du secret professionnel luxembourgeois. Ce sont d’ailleurs aux Anglais que l’on doit l’ajout de cette restriction bienvenue. Le Luxembourg se contentera donc de fournir des informations, à compter de la période d’imposition de 2014, sur trois catégories spécifiques de revenus : les salaires, les tantièmes et les pensions et rentes, pour lesquels les informations existent auprès de l’Administration des contributions directes. Luc Frieden, le ministre des Finances sortant, avait lui-même annoncé cette donne, dès le 7 décembre 2010, après un Conseil des ministres des Finances de l’UE et un accord politique sur le resserrement d’un cran de la coopération administrative dans le domaine fiscal. L’accord politique se limitait alors à cinq catégories de revenus et de capital « à condition que l’information soit disponible » : revenus de l’emploi, tantièmes et jetons de présence, produits d’assurance vie, pensions et propriété, ainsi que revenus de biens immobiliers. Le Luxembourg pouvait faire son marché parmi ces cinq catégories et devait en retenir trois. Et le gouvernement a fait une bonne pioche, en optant pour des produits financiers ayant un impact limité sur l’industrie de la gestion privée, dont les contrats d’assurance vie sont un des fers de lance. Le vent a quand même un peu tourné, à partir du second
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trimestre 2013, sans doute sous l’effet de l’annonce par le Luxembourg du passage à l’échange automatique d’informations fiscales à partir du 1er janvier 2015, et ce sans conditions. Jusque-là, les assureurs vie luxembourgeois gagnent donc un sursis d’un an, avant de faire le grand saut dans l’inconnu. L’option de souscrire un contrat au GrandDuché, du fait du passage à l’échange systématique d’informations, se jouera alors sur la seule qualité du produit et non plus sur des considérations fiscales ou de discrétion patrimoniale.
Véhicules de structuration Les derniers chiffres fournis par le Commissariat aux assurances évoquent un brusque retournement des affaires à partir du second trimestre 2013, avec des primes toutes branches confondues en recul de plus de 10 %. Le régulateur se gardait bien de donner le détail du « retournement » au 2e trimestre, ne fournissant que les chiffres agrégés des six premiers mois. Comme s’il fallait chercher à édulcorer la situation. Du reste, l’assurance vie luxembourgeoise n’a pas spécialement bonne presse hors des frontières, où l’on voit de possibles véhicules de structuration à vocation élusive. L’attention sur l’assurance vie luxembourgeoise avait été notamment attirée par les révélations devant le Sénat français de l’ex-banquier de Reyl & Cie en Suisse, Pierre Condamin-Gerbier, selon lesquelles « la plupart des très grandes structurations de réinvestissement de l’argent non déclaré en France se font au travers de l’assurance vie luxembourgeoise ». Vus de l’étranger, ces produits sont donc encore volontiers montrés comme un des leviers de l’évasion fiscale, et ce même si plusieurs pays de l’UE ont mis en place une disposition de reporting fiscal des contrats souscrits par leurs résidents à l’étranger.
Big Four
Réinventer des modèles
En ouvrant quelques dossiers chauds, paperJam a voulu savoir en parallèle quels thèmes auraient traité les Big Four. Globalement, les experts ont une vision similaire. Chez Deloitte par exemple, plusieurs partners soulignent l’enjeu de positionner le pays pour les Fonds d’investissement alternatifs (FIA), afin de les attirer en plus de la palette des fonds Ucits. Le contexte post-directive est propice. JeanMichel Pacaud (EY) pense qu’il faut notamment « capitaliser sur les forces du Luxembourg en matière de distribution transfrontalière » et que le pays doit surtout « continuer à être précurseur en matière d'application des nouvelles réglementations européennes pour garder un avantage compétitif sur les autres domiciles ». Le maintien d’un environnement comparable aux autres places financières (le fameux « same level playing field ») est aussi mis en avant par Alain Picquet et d’autres partners KPMG. Dans un environnement de finance internationale extrêmement mobile, « la place financière est particulièrement sensible à la fiscalité des opérations ». D’où le besoin politique de défendre des positions « qui ne soient pas plus pénalisantes pour l’Europe en général et le Luxembourg en particulier par rapport aux places financières situées en dehors de l’Europe ». Le bon exemple en la matière avait été montré dans le cadre de la taxe sur les opérations financières (FTT). Or l’agenda règlementaire (AIFMD, Emir, Fatca, AML, Ucits, etc.) est systématiquement mis en avant. Notamment par PwC où Didier Mouget pointe aussi, en matière de fiscalité, les initiatives sur l’assiette fiscale (BEPS) ou sur le « tax ruling system ». Si tous voient l'échange automatique d'informations comme un passage critique, le pays aura des opportunités à faire valoir, des atouts de Place, pas uniquement d’ordre fiscal, liés aux compétences, à la gestion du reporting, au calcul de la VNI, à la maîtrise de compliance… Il faudra néanmoins réinventer des modèles. A. D.
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gouvernance financière
Le choix le plus opportun pour sauver l’anonymat Le Luxembourg veut garder son régime des actions au porteur, malgré la pression internationale. Un registre des actionnaires est prévu auprès de dépositaires. De nombreux pays ont toutefois abandonné un régime similaire. texte véronique poujol
Ce fut, avec le projet de loi sur l’échange automatique d’informations limité à certains produits, notamment les pensions, l’un des derniers actes posés par le ministre des Finances sortant Luc Frieden (CSV). Sous la pression combinée du Groupe d’action financière (Gafi) et du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales, le Luxembourg a été obligé de revoir son régime des actions aux porteurs pour rendre l’accès à l’information sur les actionnaires possible aux autorités judiciaires et fiscales et plus rapidement. C’était ça ou la suppression pure et simple du régime. Luc Frieden a déposé un projet de loi le 4 octobre 2013, après l’avoir fait approuver par le Conseil de gouvernement, trois jours avant la dissolution de la Chambre des députés. L’exposé des motifs rappelle les exigences posées par le Gafi, dont la recommandation 24, sur les 40 à transposer au risque de passer pour une juridiction non coopérative et figurer sur la liste grise : elle demande la mise en place d’un registre des actionnaires devant être disponible afin de garantir aux autorités un accès à l’information, en temps opportun. Du côté des raisons qui faisaient recourir aux actions au porteur, on trouve la simplicité de transmission, mais surtout l’anonymat de l’actionnaire vis-à-vis de la société. Et c’est bien là ce qui pose problème.
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Le Gafi laisse un peu de marge aux États, entre l’interdiction des actions aux porteurs, un chemin qu’ont pris des pays comme le Japon, le Canada et même les Pays-Bas dans une certaine mesure, et des solutions intermédiaires moins brutales comme la dématérialisation des actions ou l’immobilisation des actions auprès d’un intermédiaire réglementé. Luc Frieden a choisi cette dernière solution et il y a peu de risque que le nouveau gouvernement, soucieux de poursuivre une politique de développement de la place financière, revienne sur ce choix, malgré les cris d’orfraie que le CSV pousse pour jeter le soupçon sur l’impuissance supposée de la future coalition entre les libéraux, les socialistes et les verts, à poursuivre la ligne tracée par le gouvernement sortant.
Un pas vers la transparence « L e Luxembourg a fait un pas supplémentaire vers la transparence », a commenté sur le site internet de l’étude BSP dont il est associé, l’avocat Pierre-Alexandre Degehet. En fait, c’était le minimum que le GrandDuché pouvait faire, les standards européens ne lui laissant pas d’autre choix. Le rapport d’évaluation du Gafi du 19 février 2010 recommandait au Luxembourg de mettre en œuvre des « mesures appropriées afin
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d’assurer la transparence de l’actionnariat des sociétés anonymes et des sociétés en commandite par actions ayant émis des actions au porteur ». « D’un point de vue pratique, l’immobilisation des actions au porteur auprès d’une institution financière ou d’un intermédiaire professionnel réglementé doit être considérée comme l’option la plus opportune », rappelaient les auteurs du projet de loi dans l’exposé des motifs. Il fallait une solution « à la luxembourgeoise » permettant de ménager à la fois la chèvre et le chou, c’est-à-dire assurer « l a disponibilité, à tout moment, des informations relatives à l’identité des actionnaires au porteur et ( faciliter) l’accès à ces informations par les autorités judiciaires et fiscales tout en préservant la confidentialité des données vis-à-vis des tiers et des autres associés de la société émettrice ». Les actions au porteur seront ainsi immobilisées auprès d’un dépositaire professionnel soumis aux obligations antiblanchiment (banques, gérants de fortune, distributeurs de parts d’OPC, PSF, notaires, réviseurs, avocats, experts comptables). Ce dépositaire, tenu au secret professionnel, devra tenir un registre comportant toutes les informations nécessaires à l’identification des actionnaires au porteur. Toutes les actions seront concernées, des sociétés anonymes aux fonds d’investissement, ce qui permettra ainsi au Luxembourg de se mettre en conformité avec les exigences de la législation américaine Fatca (pour Foreign Account Tax Compliance Act) imposées aux institutions financières, à partir de l’année prochaine. On ne plaisantera pas avec le registre des actionnaires au porteur. Ceux qui failliraient à la tenue d’un registre pourront être punis d’une amende de 5.000 à 125.000 euros. Des sanctions identiques seront également introduites en matière de registres des actions nominatives tenus par les sociétés.
Hors champ Les actions au porteur admises à la cotation resteront hors du champ d’application du projet de loi, considérant qu’il existe d’autres mécanismes d’information, dont ceux issus de la loi modifiée du 11 janvier 2008 relative aux obligations de transparence concernant l’information sur les émetteurs dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur un marché réglementé. « Parmi les incidences majeures du Projet 6625, souligne l’avocat Pierre-Alexandre Degehet, il faut noter que la
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cession des actions au porteur ne s’opérera plus par la simple tradition du titre, mais par une déclaration de transfert inscrite sur le même registre, datée et signée par le cédant et le cessionnaire, ainsi que suivant les règles en matière de notification, établies par l’article 1690 du Code civil. La propriété des titres au porteur ne s’opérera plus par la simple possession mais par une inscription en compte au registre. » Reste à savoir si le Luxembourg pourra maintenir encore longtemps un régime hybride, alors que ses concurrents ont parfois été bien plus loin dans la transparence. Certaines juridictions, ayant mis en place un système comparable, ont déjà fait, peu ou prou, machine arrière.
Données
Actions, réactions
On chercherait en vain des statistiques sur la part des actions aux porteurs des sociétés luxembourgeoises par rapport aux actions nominatives. Il n’existe pas de statistiques. Et ailleurs ? Un rapport du département fédéral des finances de la Confédération helvétique de février 2013 fournit des indications intéressantes. Ainsi, sur les 195.000 sociétés anonymes en Suisse inscrites au registre du commerce, 50.000 avaient émis des actions au porteur. L’Allemagne et l’Autriche seraient les seuls pays à disposer de statistiques sur le nombre de sociétés recourant aux actions au porteur. Un sondage non officiel de 2011 avait établi qu’un tiers au moins des sociétés anonymes en Allemagne possédaient des actions au porteur, soit 5.700 sociétés. En Autriche, 1.650 sociétés anonymes non cotées en bourse et sociétés européennes disposaient exclusivement ou partiellement des actions au porteur. Aux Pays-Bas, toujours selon le rapport suisse, sur les 1.530.741 actions au porteur non dématérialisées identifiées en 2008, il n’en restait plus que 486.259 en mai 2009, grâce à la dématérialisation. Le Japon a aboli les actions aux porteurs en 1990 et, au Canada (Québec), l’émission d’actions au porteur est interdite. En Italie, pour des raisons fiscales, l’émission des actions au porteur sont réservées aux « azioni di risparmo » et aux actions d’une « societa di intermediazione finanziara a capitale variabile » soumises à certaines restrictions. Au Danemark, les « private limited companies » (sociétés à responsabilité limitée) peuvent en émettre. Idem aux PaysBas, où seules les « naamloze vennootschappen » (sociétés anonymes) peuvent le faire. En Autriche, la réforme de 2011 sur les sociétés anonymes n’autorise plus que l’émission d’actions nominatives pour les sociétés non cotées en Bourse. L’Afrique du Sud a gelé depuis mai 2011 les actions aux porteurs. Les anciennes peuvent subsister. Hong Kong prévoit leur suppression. Panama aussi. V. P.
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VuE de l’extérieur
La face cachée de l’économie contemporaine Un rapport du Sénat français sur l’évasion fiscale fournit des éléments chiffrés sur la finance offshore. Les engagements des banques françaises au Luxembourg ont progressé de 9 %, alors qu’ils ont régressé en Belgique et aux Pays-Bas. Le Grand-Duché régulé s’exclut lui-même du périmètre mal délimité que recouvre l’offshore. texte véronique poujol
C’est encore un rapport sur l’évasion fiscale vue par la lorgnette de la classe politique française. Il est donc fortement coloré par les clichés les plus grossiers pour présenter les centres offshore, et a fortiori la place financière de Luxembourg ? Oui et non… Le rapport d’enquête, sur plus de 300 pages, du sénateur Éric Bocquet (groupe CRC, apparenté aux communistes) sur le « rôle des banques et acteurs financiers dans l’évasion des ressources financières en ses conséquences fiscales et sur les équilibres économiques ainsi que sur l’efficacité du dispositif législatif, juridique et administratif destiné à la combattre » n’est pas un document à mettre systématiquement à la poubelle ni à regarder comme le pur produit d’un romantique de gauche. Le texte est assez bien documenté et évite les leçons de morale et les poncifs ordinairement servis sur la finance offshore et les risques qu’elle fait peser sur la stabilité financière mondiale, pour retenir des faits et des chiffres parfois inédits. Le rapport n’en reste pas moins un acte militant d’un sénateur français qui déplore l’approche « t rop neutre et hésitante » de certaines organisations internationales et critique la disparition des « listes noires ou grises » désignant les juridictions non coopératives dans la lutte contre l’évasion fiscale. « L a déréliction de la pratique du ‘blaming and shaming’ qu’incarnait l’inscription sur des listes », y lit-on, doit « être regrettée ». Le rapport Bocquet essaie de percer les circuits financiers internationaux, de l’optimisation à
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l’abus de droit jusqu’aux pratiques frauduleuses, et met en exergue les difficultés de la communauté internationale à se mettre d’accord sur le périmètre que recouvre la finance offshore, dont le Luxembourg s’exclut d’ailleurs lui-même. Le pays en a cependant toutes les caractéristiques, notamment en raison de son secteur financier surdéveloppé, voire déconnecté, de l’économie réelle, et du secret bancaire – à tout le moins jusque fin 2014. Globalement, les centres offshore supportent mal la critique. Éric Bocquet parle de « résistance culturelle » : « Aux yeux de certains, écrit-il, il n’est même pas question d’envisager que des centres offshore très développés puissent être critiqués. Leur importance financière suffit à leur conférer une légitimité sans faille. » Il y aurait une « ambivalence » de l’Union européenne à reconnaître que certains de ses États membres puissent être jugés non coopératifs. « Or, souligne le sénateur, plusieurs pays européens posent d’évidents problèmes sous cet angle. »
Un pays singulier dans un cadre propice Et le Luxembourg ? Selon les termes utilisés, il « ne saurait être juridiquement qualifié de paradis fiscal par un pays de l’UE, et moins encore être traité avec les conséquences qui peuvent s’attacher à cette qualification, les traités interdisant formellement de telles options ». Il n’en reste pas moins vrai, poursuit le rapport, « q ue le
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Luxembourg s’est longtemps refusé à s’obliger à tout échange sérieux d’informations dans le champ fiscal » et qu’il « offre toujours un cadre propice à l’utilisation du système financier à des fins d’évasion de capitaux ». Cela étant, si le rapport sénatorial vaut le détour, ce n’est pas pour ce genre d’assertions, mais pour certains chiffres assez inédits qu’il fournit.
Décalage ou trou noir Sur les 6.341,7 milliards de dollars d’inves tissements transnationaux à destination des « pays singuliers » (les centres offshore), le Luxembourg occupe, avec 1.885,2 milliards de dollars, le top 3, derrière les Îles Caïmans (1.906,2 milliards), mais devant l’Irlande (1.090,9 milliards). À eux trois, ces centres d’accueil des investissements financiers dépassent l’Allemagne et la France réunies comme destination d’investissements internationaux. Cette situation correspond, selon le rapporteur, « à une structuration internationale des capitaux qui épouse les contours d’une fiscalité fortement différenciée et peut être influencée par des arbitrages réglementaires souvent douteux ». À noter que le caractère douteux s’applique essentiellement aux Îles Caïmans. Mais Éric Bocquet pointe une anomalie : ces pays exportent une masse encore plus considérable de capitaux, en l’occurrence 7.324,6 milliards de dollars, dont 2.670,5 milliards en provenance du Luxembourg.
« Le Luxembourg ne saurait être juridiquement qualifié de paradis fiscal par un pays de l’UE. » Éric Bocquet (sénateur français)
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Les pays singuliers détiennent une « masse considérable » des passifs financiers de la France, soit 516,1 milliards. Le Grand-Duché figure en tête de peloton (260,4 milliards), suivi par l’Irlande (100 milliards) et la Suisse 92,4 milliards de dollars. Le sénateur identifie un « d écalage » entre les positions actives et passives : la France détient moins d’actifs sur les pays singuliers que ceux-ci n’en détiennent en France. Le Luxembourg arrive (encore) en tête des investissements transnationaux de la France avec des actifs de 144,4 milliards de dollars (chiffre de 2011). L’écart trouverait son explication dans la « sousdéclaration » des actifs détenus à l’étranger. Car, aux yeux du rapporteur, l’explication couramment avancée selon laquelle la différence structurelle entre les actifs et les passifs tiendrait aux effets sur leur valorisation respective est insuffisante pour le justifier. Et Éric Bocquet de relever que la France « est surtout débitrice nette pour les dettes obligataires, le Luxembourg portant près de 10 % des dettes obligataires ». Si le total des passifs excède celui des actifs, ça voudrait donc dire que les déclarants assujettis aux enquêtes admettent moins de richesse que de dettes. Pour Éric Bocquet, c’est un « trou noir » s’expliquant par la faiblesse des statistiques au niveau international et de la méthodologie, qui aboutit à ce que des comptes offshore (des particuliers) ne sont répertoriés nulle part. Le rapporteur refuse en tout cas de se laisser mystifier par les acteurs financiers qui avancent les avantages juridiques offerts par les territoires offshore : « L e rôle du motif fiscal est minimisé ainsi que les risques fiscaux de cette situation », assure-t-il. Et il relativise ainsi le témoignage d’un banquier privé vantant les mérites d’une implantation à Luxembourg, « non pour des raisons fiscales, mais parce que la réglementation en matière de gestion d’actifs y est particulièrement souple ».
Ferrari contre Clio Le rapport relativise aussi la pression qui serait mise sur l’offshore et dont le poids ne ferait en fait que se déplacer. Les Îles Caïmans se sont renforcées entre 2002 et 2011 ; la Suisse aussi, mais dans une moindre mesure. Il n’y a, en revanche (et c’est dommage) aucune indication sur le Luxembourg. Le rapport regrette donc que les beaux jours de l’offshore ne soient pas finis. Il redoute une « négligence générale en matière de réglementation et de contrôle » qui serait une des causes de son renforcement. Une image se détache. « Le gendarme n’est pas assez armé », avait admis face au sénateur l’ancien patron
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du FMI Dominique Strauss-Kahn. « Quand une Ferrari dépasse les limitations de vitesse, on ne lance pas les gendarmes à ses trousses en Clio. De même, les surveillants doivent avoir les mêmes compétences techniques que ceux qu’ils surveillent. Comment faire, quand de l’autre côté de la barrière, on gagne 100 à 200 fois plus que ce que la puissance publique est capable d’offrir ? Résultat, les gendarmes rament loin derrière. » Depuis, DSK, publiquement déchu et redevenu businessman, a pris la tête d’une banque d’affaires… au Luxembourg.
Engagements internationaux
En hausse au Luxembourg
Selon le rapport Bocquet, les engagements internationaux des 10 premiers groupes bancaires français ont atteint 614,6 milliards d’euros en décembre 2012, soit 8,1 % de leur bilan, contre 636,4 milliards fin 2011. Les pays du Benelux ont représenté les principaux engagements, mais avec une part croissante au Luxembourg : la Belgique représentait 202,2 milliards d’euros en 2012 (-8 % par rapport à 2011), les Pays-Bas 104,5 milliards (-4 %) et le Grand-Duché 83,3 milliards (+9 %). Par ailleurs, le rapporteur mentionne le cas d’une banque française dont l’internationalisation des activités va de pair avec une expansion de ses profits dans les pays d’implantation, engendrant une décrue structurelle de son taux d’imposition. Ainsi, son résultat de 1,280 milliard, réalisé en Belgique, était taxé au taux effectif de 14,1 %, ses 708 millions de profit au Luxembourg étaient imposés à 16,3 % et son taux d’imposition dans les territoires à statut particulier de la Couronne britannique se limitait à 1,4 % pour des bénéfices de 140 millions d’euros. En Suisse, le taux pointait à 17,6 % et à 16,1 % pour Singapour. V. P.
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Franz Fayot
« Une Place qu’il faut diversifier et consolider » Pour le jeune député LSAP, membre du groupe de travail « Finances », les divergences ne sont pas insurmontables pour rétablir les finances publiques. Il y a consensus pour développer et diversifier la place financière. « Si Alain Kinsch voulait briguer un poste ministériel, il aurait dû se présenter aux élections. » Interview véronique poujol
Monsieur Fayot, un groupe de travail a été mis en place par le formateur et les délégations des partis libéral, socialiste et vert pour plancher sur les Finances et la place financière. Vous en faites partie. À ce stade, peut-on déjà voir se dessiner des lignes d’action de la future coalition ? « Les travaux de ce groupe ont commencé les 7 et 12 novembre. Ses membres, qui ne font pas forcément partie de la délégation plénière, reçoivent de celle-ci les informations provenant des différentes administrations et institutions comme le Trésor, l’Inspection générale des finances, la Banque centrale ou le Statec. C’est sur cette base que nous discutons des réformes fiscales, mais aussi des réformes de la place financière, en partant évidemment des programmes des trois partis et sur la base des premières discussions qui ont eu lieu tout de suite après les élections. De là, nous essaierons de faire converger les pistes pour une réforme fiscale, mais aussi pour conduire une politique pour la place financière. Vous vous êtes montré particulièrement critique à l’égard du ministre des Finances sortant Luc Frieden, considérant qu’une véritable stratégie pour la place financière lui avait fait défaut. Quelles sont vos propositions ? « On peut améliorer la politique en faveur de la place financière. Un premier constat s’impose que tout le monde partage, c’est l’importance du secteur financier qui représente un tiers du PIB. C’est donc un des piliers de l’économie luxembourgeoise qu’il faut continuer à développer et à sauvegarder. C’est un message que doit faire passer le nouveau gouvernement à l’égard des acteurs de la Place et vis-à-vis de l’international pour bien signaler que c’est un axe de l’économie luxembourgeoise que nous voulons continuer à développer. En deuxième lieu, la place financière est en train de changer en raison des développements internationaux en matière fiscale
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et de l’emprise grandissante de la surveillance bancaire par des organismes internationaux. Des pans de l’industrie financière vont probablement disparaître ou seront profondément modifiés. Je pense notamment à la banque privée. C’est une place qu’il faut diversifier et consolider. Quant à la politique qui a été menée par le précédent ministre des Finances, il y a du bon et évidemment du moins bon. Ce que nous pourrons déjà améliorer se fera au niveau des institutions. Le rôle de certaines d’entre elles mérite d’être clarifié. Je pense ici à la répartition des rôles entre la BCL et la CSSF en matière notamment de surveillance prudentielle, au niveau macro prudentiel et de la surveillance des liquidités. Il y a ici une clarification à faire. Je pense aussi au ministère des Finances lui-même, qui n’est pas suffisamment outillé pour faire face à tous les enjeux internationaux. Ce ministère compte 25 à 26 personnes tandis que d’autres, relativement moins importants pour le pays, en ont proportionnellement bien plus. Dans l’intérêt du pays, il faudra faire un sérieux effort de recrutement pour le renforcer. Il y a également des efforts à faire dans la coordination des politiques et des positions de négociation du Luxembourg à l’international entre les différents ministères et administrations. Je pense entre autres à l’Administration des contributions, à la BCL et à la CSSF. Il serait intéressant de prévoir un endroit où toutes ces politiques et ces positions seraient accordées et coordonnées. Ça pourrait être au ministère des Finances, comme ça pourrait être ailleurs. Vous pensez à un secrétariat d’État ou à un super ministère ? « Ça peut en effet être un secrétariat d’État ou bien une cellule au sein du ministère des Finances. Tout dépendra de la répartition des ressorts entre les différents partis. Ça pourrait être un secrétariat
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d’État au sein du ministère des Finances ou au ministère du Trésor et du Budget, si jamais il devait être scindé, qui serait dédié à la place financière, sachant que le ministère des Finances aura fort à faire sur la gestion et l’équilibrage du budget. C’est là un chantier tout à fait primordial pour le prochain gouvernement. Une réglementation de plus en plus exigeante s’impose en matière de gestion des finances publiques. Le gouvernement sortant a déposé en février le projet de loi sur la règle d’or pour limiter les déficits publics et les mesures doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2014. Plus rien ne bouge. Comment aborder cette épineuse question de l’équilibre des finances publiques, alors que la population demande une sortie de crise ? « Les premières consultations avec le formateur et les délégations des trois partis ont montré que la situation des finances publiques n’était pas bonne, avec un déficit public trop important et des dépenses de l’État qui ne sont plus maîtrisées. Nous vivons donc au-dessus de nos moyens. Le constat a été thématisé pendant la campagne électorale et il est clair pour tout le monde. Ça relève de la politique de l’arrosoir, qui fut longtemps pratiquée et qui touche maintenant à ses limites. Au reste, nous comptons toujours parmi les bons élèves de l’UE et le déficit s’inscrit encore dans les limites du pacte de stabilité. Il est tout aussi clair que pour 2014, le budget sera tout simplement reconduit, car nous n’aurons pas le temps, au vu du calendrier électoral et de la formation du gouvernement, de faire un nouveau budget d’ici à la fin de l’année. Comme nous l’avons dit au cours de la campagne, un ‘screening’ des dépenses est nécessaire pour identifier des postes budgétaires où il faudra épargner et où nous pourrons introduire des éléments de sélectivité sociale, notamment au ministère de la Famille.
Il existe toute une série de choses que l’on peut faire, mais il faut les faire. C’est en cela que le prochain ministre des Finances ne va probablement pas être le ministre le plus populaire, mais je pense que le pays est conscient qu’on a touché aux limites et qu’il faut faire cet effort de réduction des dépenses avant même d’envisager d’augmenter les impôts. Peut-on ne pas augmenter les impôts ? La BCL juge indispensable de revoir la progressivité des taux d’imposition pour les rendre plus équitables… « Il existe ce qu’on appelle en luxembourgeois le ‘Mëttelstandsbockel’, la ‘bosse des classes moyennes’, qui, du fait de la progressivité rapide des taux d’imposition sur le revenu, ont une charge fiscale assez importante et rapide. Il y a là une réforme à faire au niveau de la progressivité, qui devra être moins rapide. C’est une première chose. La seconde doit intervenir au niveau des subventions et des déductibilités. Il y a une superposition de déductions et de subventions qui fait qu’on arrive à des situations absurdes où l’on subventionne parfois deux fois la même chose. C’est vrai par exemple dans le logement. Il s’agit d’auditer certains postes et, le cas échéant, de les supprimer. Le constat est connu, mais il faudra avoir du courage politique pour le transposer. C’est pour moi tout le sujet pour le nouveau gouvernement, celui du courage politique. Le constat commun des trois partis qui vont former le prochain gouvernement est que la situation financière est telle qu’on ne pourra pas vivre sur le même pied qu’avant et que compte tenu des contraintes budgétaires, il n’y a rien à distribuer. On est au pied du mur de ce point de vue là. Vos adversaires se sont gaussés de certaines incompatibilités des programmes respectifs des bleus, rouges et verts au
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sujet de la taxe sur les transactions financières ou TTF. Les différences de vue sont-elles aussi insurmontables ? « La taxe sur les transactions financières n’est pas une option réaliste pour le Luxembourg, car son introduction tuerait l’industrie des fonds d’investissement et serait dès lors désastreuse. Il faut que les Verts le comprennent et je suis sûr qu’ils le comprendront. On ne peut pas prendre des mesures qui conduiraient à détruire le fleuron de notre place financière. Y a-t-il d’autres sujets financiers ou fiscaux peu consensuels ? « Les premières discussions qui ont eu lieu tout de suite après les élections ont justement eu pour but de débroussailler le terrain et d’identifier les éventuelles incompatibilités insurmontables, auquel cas on aurait tout de suite arrêté les frais. Ces discussions ont notamment porté sur la réforme fiscale, la FTT, sur l’ISF, et ce qu’on a appelé dans notre programme ‘l’impôt des riches’. Outre l’impact potentiel de ces impôts sur la place financière, je crois que cette dernière n’a pas été un sujet dans ces discussions, ce qui montre qu’il y a un consensus sur ce point. Tout le monde comprend son importance. Il y a certaines choses dans les programmes électoraux qui font de l’effet, mais qui relèvent du romantisme social. On les retrouve d’ailleurs à foison dans le programme de la gauche. Tout le monde sait que ce n’est pas réaliste d’introduire de telles mesures sans prendre en compte le contexte national et international. Y a-t-il un espoir que les trois partis se mettent d’accord sur la réintroduction d’une sorte d’ISF pour les ménages riches ? « Au stade actuel, je ne peux pas dire où en sont les négociations sur ce point. Le DP n’avait pas mentionné la réintroduction de l’ISF pour les personnes physiques dans son programme, le LSAP l’avait. Je suis optimiste sur le fait que nous trouverons un terrain d’entente qui sera connu au moment où le programme de coalition sera publié. L’ISF pour les personnes physiques avait été supprimé pour attirer des personnes fortunées au Luxembourg. Il s’agit d’une politique de compétitivité de la place financière et nous sommes, je pense, toujours inscrits dans cette optique-là. Vous êtes vous-même, comme Luc Frieden, issu d’une grande étude d’avocat. Qu’est-ce qui vous différencie ? « Il est vrai que Luc Frieden était un avocat d’affaires quand il est entré en politique comme je le suis aussi. Il y a entre nous une différence de sensibilité politique. Elle est chez moi très marquée à gauche. J’ai le souci de la justice sociale, dans tous les domaines. Je reste persuadé que la politique de la place financière doit être menée dans l’intérêt du pays et non pas dans l’intérêt de certains acteurs de la place financière. C’est, je pense, dans une large mesure ce qui fait la différence entre nous. La présence d’Alain Kinsch, le patron d’EY, dans la délégation du DP sur des négociations de coalition suscite des craintes. Les partagez-vous ? « Le DP veut impliquer Alain Kinsch dans les négociations, c’est évidemment son bon droit et il faut le respecter. Cela dit, je trouverais très dommageable pour ce gouvernement qu’une personnalité externe, issue de la place financière et non élue, occupe, si jamais tel était le cas, le poste de ministre des Finances. D’abord parce que c’est un des postes les plus importants du gouvernement. Ce serait quelque part un aveu d’incompétence
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« Le pays a besoin de politiciens compétents et courageux, pas de technocrates. » Franz Fayot (LSAP)
et d’impuissance de la nouvelle coalition. Et ce serait aussi mettre une personnalité exposée à de possibles conflits d’intérêts à ce poste. Ce serait enfin en conflit avec ce souci de l’intérêt commun qui doit prévaloir dans la gestion de la place financière. Quoi qu’il arrive, M. Kinsch ne risque-t-il pas le conflit d’intérêts ? S’il retourne chez EY, il disposera d’informations précieuses que ses concurrents aimeraient sans doute aussi avoir… « Je ne veux pas spéculer sur la personne de Monsieur Kinsch. La seule chose à dire est que s’il avait l’intention d’entrer en politique ou de briguer un poste ministériel d’une importance telle que le ministère des Finances, il aurait dû se présenter aux élections. Il dispose d’informations, oui. J’espère qu’il saura faire la part des choses. Qu’il s’agisse de Monsieur Kinsch où d’un autre, je serais personnellement très déçu si on mettait quelqu’un d’externe au ministère des Finances. Je considérerais cela comme un mauvais départ pour cette coalition historique et pour la chance qui nous est offerte de réformer le pays. Surtout pour un gouvernement réformateur qui doit remettre le pays sur les rails ! Même s’il est très compétent, ce n’est pas un poste pour un technicien, ni pour un lobbyiste. C’est un poste politique qui exige du courage ! Le pays a besoin de politiciens courageux et compétents, pas de technocrates. »
Élu député pour le LSAP (centre), avocat d’affaires et fils de Ben, l’une des figures les plus respectées du parti socialiste, Franz Fayot trace sa propre route. S’il n’intégrait pas le prochain gouvernement (il y a une forte concurrence, le partage des postes, la nécessité de faire de la place aux femmes…), il devrait être l’un des hommes clés de la scène politique luxembourgeoise dans les années à venir. Son message ? La coalition bleue, rouge et verte veut développer le secteur financier et remettre le pays sur les rails. Pas avec des technocrates, mais avec des politiciens compétents et courageux. Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.paperjam.lu.
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Chaud, devant ! post-scriptum
texte Alain ducat
Ucits IV, V, voire VI, AIFM, Emir, Fatca, Mifid II, sans parler de Beps, par exemple. Ce n’est pas une bataille d’acronymes ou de sigles, mais c’est une guerre économique sans pitié ! Le Luxembourg est confronté à tout cela, et à bien d’autres enjeux encore. La place financière du pays, incontournable, indispensable, est aussi l’objet, souvent, de bien des attentions extérieures. À vrai dire, dans une économie plus que jamais globalisée, mais surveillée, et face à une volonté croissante des diverses autorités internationales de réguler, de superviser, de contrôler et de prévenir les dérives, les carrefours de bons plans financiers sont plus que jamais à la croisée des chemins. Au Grand-Duché, personne n’ignore les virages à ne pas rater. Mais ouvre-t-on tous les livres ? Il faut bien avouer que la tradition du pays, plutôt faite de discrétion cultivée et de secrets gardés (certains évoquent des vices cachés), ne pousse pas beaucoup au déballage coopératif. C’est d’autant plus vrai que les dossiers chauds du moment sont reçus, en héritage non négociable, par de plus que probables nouveaux gouvernants. L’équipe qui se constitue, en trois couleurs, autour du formateur Bettel semble avoir bien compris le challenge à relever et le fait qu’il faut se méfier, parfois, des spectres dans les placards. La Place, sous l’œil aiguisé d’observateurs étrangers souvent critiques, rarement objectifs (car il y a une solide compétition entre places, même à l’intérieur de l’Union), doit convaincre. L’image est à peaufiner, parfois même à construire encore. Que verra-t-on derrière le passage à l’échange automatique d’informations ? Comment réagiront des pans comme les assurances dont les produits vie sont épiés ? Pourra-t-on convaincre les gros patrimoines et belles fortunes de passer par les produits de gestion made in Luxembourg ? Qu’adviendra-t-il des célèbres rulings, pas propres au Luxembourg, mais dont le pays s’était fait un champion apprécié ? La légitime quête de substance s’imposera-t-elle sur les tentations exotiques ? Entre poncifs et réalités, le Luxembourg joue son avenir. Dans tous les cas, stratèges et décideurs devront poser les bons choix. Pour s’adapter aux réglementations actuelles, anticiper les prochaines, rester dans la course. Il faudra réfléchir, investir, assumer les risques. Et passer le cap. Chaud, devant !
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Hogan Lovells Luxembourg, en selle pour l’échappée Hogan Lovells, cabinet d’avocats d’envergure internationale, a annoncé l’ouverture, le 1er août dernier, d’un bureau au Grand-Duché de Luxembourg. Né en 2010 de la fusion du cabinet américain Hogan & Hartson et du cabinet britannique Lovells, Hogan Lovells constitue aujourd’hui l’un des plus importants acteurs du marché. Cette ouverture s’inscrit dans la stratégie de développement du cabinet, notamment de ses pratiques en fonds d’investissement et droit fiscal. Quelles sont les raisons de cette implantation et quels sont les enjeux pour l’avenir ? Entretien avec les trois associés fondateurs du bureau, Gérard Neiens, Pierre Reuter et Jean-Michel Schmit.
Comment s’est décidée l’implantation de Hogan Lovells au Luxembourg ? Jean-Michel Schmit : Hogan Lovells est un cabinet d’avocats international proposant une offre transatlantique unique et de qualité. Il est présent sur les plus importantes places financières du monde mais le Luxembourg manquait encore à l’appel… L’implantation au Grand-Duché n’était donc qu’une question de temps. Pierre Reuter : Hogan Lovells a une pratique en fonds d’investissement solide, notamment dans le domaine des fonds immobiliers et d’infrastructure, que le cabinet entend développer davantage. Compte tenu de l’importance du Luxembourg dans ce domaine – le pays est le premier centre de fonds d’investissement en Europe ; le deuxième au niveau mondial après les États-Unis – Hogan Lovells se devait d’avoir un bureau dans cette juridiction. Le nouveau bureau luxembourgeois constituera également un atout pour d’autres pratiques du cabinet telles que le corporate et le private equity, les finances, l’immobilier et le droit fiscal. Décision dont vous êtes les initiateurs ? Jean-Michel Schmit : Il se trouve qu’avec Hogan Lovells, nous avons pu saisir la bonne opportunité au bon moment. Hogan Lovells a trouvé avec nous l’équipe expérimentée qu’il recherchait pour son implantation au Luxembourg, tandis que nous avons trouvé le cabinet que nous souhaitions intégrer : un cabinet d’excellente réputation avec une envergure mondiale. Au-delà de la réputation et l’implantation internationales de l’étude, quels sont les principaux atouts de Hogan Lovells qui vous ont séduits ? Gérard Neiens : Un atout indéniable de Hogan Lovells est d’être profondément enraciné dans les marchés les plus importants et les mieux développés des États-Unis et d’Europe, suite
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à la fusion sans précédent en 2010 de deux cabinets aux compétences internationales. En plus, contrairement à d’autres grands cabinets internationaux, qui ont plutôt adopté le modèle de franchise, Hogan Lovells est une véritable association dans laquelle tous les associés ont un intérêt direct à ce que l’ensemble des bureaux et des associés individuellement soient performants. Cela entraîne une véritable solidarité entre associés à travers le globe. Cette ambiance et ce dynamisme sont très importants pour nous. Comment est née l’équipe de départ ? Jean-Michel Schmit : Dès le début du projet, nous étions d’accord avec Hogan Lovells sur le fait qu’il fallait réunir des experts dans les domaines clés pour le Luxembourg que sont le droit des sociétés avec le droit des finances, les fonds d’investissement et le droit fiscal. Le trio de base a donc été vite constitué. Pierre Reuter : Nous nous connaissions déjà avant de nous lancer dans cette aventure et notre entente amicale en est le fondement. Nous avons tous les trois une ambition commune, faire de ce projet un véritable succès en établissant Hogan Lovells parmi les meilleurs cabinets au Luxembourg, tout en gardant au sein de notre équipe une ambiance amicale et soudée. Et quels sont les points forts de cette association au Luxembourg ? Gérard Neiens : Nous concentrons au sein du bureau luxembourgeois de Hogan Lovells deux atouts majeurs : un réseau international combiné à une équipe locale, composée d’experts dans leur domaine, proches du marché luxembourgeois. Nous pouvons en outre allier l’esprit et la flexibilité d’une start-up avec le support, l’expertise et la renommée d’un grand cabinet comme Hogan Lovells. Ceci nous semble être une excellente combinaison.
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Gérard Neiens, Pierre Reuter et Jean-Michel Schmit allient l’esprit, la flexibilité et le service personnalisé d’une start-up avec le support, l’expertise et la renommée d’un grand cabinet comme Hogan Lovells.
Pierre Reuter : Nous avons, par ailleurs, eu la chance de pouvoir nous entourer d’une équipe de grande qualité, dont la majorité des membres travaillaient déjà ensemble avant ce projet. Un accent particulier a également été mis sur la diversité linguistique : l’équipe rassemble des avocats pouvant s’exprimer non seulement en anglais, allemand et français, mais également en luxembourgeois, italien et russe. Comment ont réagi vos clients existants à l’annonce que vous rejoigniez ce grand cabinet ? Jean-Michel Schmit : Nous avons toujours mis l’accent sur un service très personnalisé, ce qui nous a permis d’établir une relation de confiance avec nos clients. Ceci ne changera pas chez Hogan Lovells. Désormais, nous pouvons également leur offrir les ressources et les compétences du réseau Hogan Lovells. En nous suivant, les clients nous ont témoigné leur confiance en ce projet. Pierre Reuter : La clientèle institutionnelle que nous conseillons a l’habitude des grands cabinets internationaux. Nos clients ont très vite compris les avantages de travailler avec Hogan Lovells.
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De quelle manière le bureau luxembourgeois de Hogan Lovells se démarque-t-il de ses concurrents ? Gérard Neiens : Il nous semble important que les dossiers soient gérés par des collaborateurs expérimentés et que les associés restent proches de leurs clients et des dossiers. Avec actuellement trois associés et cinq collaborateurs seniors, nous présentons tous les atouts permettant d’assurer un service personnalisé de grande qualité. Pierre Reuter : Ces dernières années, le monde a évolué, et par conséquent, les attentes des clients également. Les cabinets d’avocats doivent s’y adapter. Nous avons la chance de pouvoir aujourd’hui créer un cabinet qui correspond parfaitement aux attentes de nos clients. « Lean and mean », disent les anglophones… Quels sont vos objectifs pour l’avenir ? Jean-Michel Schmit : En tant que bureau du prestigieux cabinet Hogan Lovells, nous avons l’ambition de nous affirmer très rapidement sur la Place. Le défi sera de garder le service personnalisé qui nous caractérise, tout en grandissant.
HOGAN LOVELLS EN QUELQUES CHIFFRES : Né de la fusion de Hogan & Hartson et Lovells le 1er mai 2010, Hogan Lovells représente aujourd’hui : plus de 2.500 avocats dont 820 associés plus de 40 bureaux à travers le monde un chiffre d’affaires de 1,6 milliard USD en 2012.
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Entreprises
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Post Luxembourg
Gaston Bohnenberger, le cinquième élément Le départ de Paul Peckels pour Saint-Paul a été compensé par la nomination du directeur de Post Technologies. Une plus large ouverture de l’organe dirigeant de l’entreprise publique sera au menu du prochain gouvernement. Le comité de direction de Post Luxembourg est, pour l’heure, toujours composé de cinq membres.
Photo : Andrés Lejona (archives)
ministère a aussi dans ses ressorts l’Administration des ponts et chaussées. La responsabilité de Post Group pourrait aussi bien être transférée au ministère de l’Intérieur, ce qui permettait à l’entreprise de mieux travailler avec les communes. Le gros du menu du prochain gouvernement consistera aussi à accompagner le développement et la transformation de Post Group jusqu’en 2020 dans un environnement très concurrentiel. 2013, annus horribilis
Gaston Bohnenberger a été nommé, à 51 ans, membre du comité de direction de Post Luxembourg (l’Entreprise des Postes et Télécommunications reste son nom « légal »). Cette nomination a été validée par un règlement grand-ducal du 18 octobre paru le 6 novembre au Mémorial B. La place de Paul Peckels, passé récemment directeur général du groupe SaintPaul, ayant été libérée, Gaston Bohnenberger, qui avait été promu au printemps dernier directeur de la branche Post Technologies, a pu briguer le poste laissé vacant. Sa collègue Hjoerdis Stahl, 47 ans (ex-Luxair Cargo et ex-Lufthansa) aurait pu, elle aussi, prétendre à la fonction. Elle avait été débauchée de la compagnie aérienne nationale pour devenir la patronne de la branche postale de Post Luxembourg en même temps que M. Bohnenberger fut lui-même promu. Mais dans la gouvernance de l’entreprise publique, c’est encore l’ancienneté qui prime. Et avec ses 22 ans de maison, Gaston Bohnenberger était tout désigné pour faire sa rentrée dans le comité de direction. Il avait aussi l’avantage d’être à la fois fonctionnaire et
luxembourgeois. Née à Puerto Rico, État associé des États-Unis, Mme Stahl a, pour sa part, la double nationalité allemande et américaine, ce qui ne plaidait pas en sa faveur. De cinq à sept
La question de l’ouverture du comité de direction de cinq à sept personnes, pour y faire notamment entrer les chefs de l’ensemble des métiers du groupe, sera forcément au menu du prochain gouvernement. Car il faut une loi pour changer la législation modifiée de 1992, fondatrice de l’EPT actuelle en établissement public, qui a fixé à cinq le nombre de membres du comité. L’un des autres dossiers brûlants du nouveau pouvoir sera de savoir à quel ministère Post Luxembourg sera rattaché. Traditionnellement, il était placé dans le giron du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur. Mais il pourrait par exemple basculer au sein du Développement durable et des Infrastructures. Cela ferait du sens pour faciliter le déploiement du réseau de la fibre optique, du fait que ce
Le gouvernement sortant avait plutôt conforté l’entreprise dans son rôle de prestataire de services universels (postaux, financiers postaux et même télécommunications) et avait appuyé de grands projets d’investissement et d’infrastructures comme la fibre optique pour couvrir l’ensemble du territoire à une connexion internet à très haut débit ou la construction de data centers afin de séduire les investisseurs étrangers à s’installer au Grand-Duché. Le groupe public, qui est aussi le troisième employeur du pays, a mis en place une stratégie, dans son Agenda 2020, pour « réajuster son modèle économique » et garantir sa pérennité financière. Or, comme le signalait dans Postfax, la publication du syndicat des P&T, Jean-Marie Heyder, responsable du risk management et qualité dans la branche Post Technologies, et membre du conseil d’administration, l’entreprise devrait présenter en 2013 son pire résultat depuis qu’elle a été transformée en établissement public (1er janvier 1993), avec une stagnation du chiffre d’affaires dans le métier télécom et ICT et un recul dans le métier postal et celui de la banque postale. V. P.
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L’actualité en chiffres :
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Monoprix au Luxembourg
Une stratégie à long terme Au premier trimestre 2014, le quartier Gare de la capitale accueillera le premier magasin Monoprix au Grand-Duché. Une ouverture qui devrait en appeler d’autres dans le pays.
C’est le montant attribué au Centre de recherche public Gabriel Lippmann dans le cadre du programme « Pearl » mis en place par le Fonds national de la recherche. Une subvention qui permettra au CRP de financer la mise en place d’une équipe de haut niveau dans le domaine des matériaux multiferroïques pilotée par le Prof. Jens Kreisel, directeur du département Science et Analyse des matériaux du Centre.
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C’est la progression du chiffre d’affaires global du cabinet de conseils et d’audit PwC Luxembourg pour l’exercice 20122013 clôturé le 30 septembre dernier. À 288 millions d’euros, ce chiffre d’affaires a plus que triplé sur les 10 dernières années. Il est principalement alimenté par les activités d’audit (148 millions d’euros, en hausse de 7 % en un an).
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C’est le montant de l’amende infligée par le Conseil luxembourgeois de la concurrence à deux entreprises allemandes impliquées dans une sorte de cartel en matière de production et de vente d’aiguillages. Une troisième entreprise, luxembourgeoise (Kihn) était également concernée dans cette affaire, mais a bénéficié de la clémence du Conseil pour avoir dénoncé la situation d’entente illégale qu’elle avait développée avec ses concurrents allemands entre 2005 et 2011.
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Photo : Luc Deflorenne
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« Nous ouvrons un magasin au Luxembourg pour les Luxembourgeois. » Eliran Hagège (Monoprix Luxembourg)
Le compte à rebours a commencé pour Monoprix. C’est en effet en février 2014 que le premier magasin de l’enseigne de distribution d’origine française ouvrira ses portes à Luxembourg-ville, quartier Gare. Le gros œuvre est désormais terminé et le magasin reprendra, sur quelque 1.500 m2 , l’espace jadis occupé par un autre acteur du secteur, Alima, rue du Fort Bourbon. Dans les rayons : textiles (hommes, femmes, enfants, bébés), sous-vêtements, parfumerie, cosmétique, maquillage et une grande partie alimentaire. L’investissement de base est de l’ordre de 5 millions d’euros, avec une trentaine d’emplois à la clé. Un investissement qui en appelle d’autres, puisque les deux entrepreneurs français
à l’origine du projet, Eliran Hagège (35 ans) et Jacob Erik Amiel (51 ans), franchisés de Monoprix, prévoient dans les mois suivants l’ouverture d’une adresse au centre-ville sous l’enseigne Monop, c’est-à-dire exclusivement dédiée à l’alimentation et à la petite consommation de type « snack ». Plus tard, l’ouverture d’un autre Monoprix sur Esch-sur-Alzette est envisagée, tout comme le développement d’une enseigne de vente de produits bio (sur le même modèle que Naturalia, une marque du groupe Monoprix, mais qui prendra ici un autre nom). « La demande de produits bio au Luxembourg est bien plus importante que ce qu’on peut avoir en France, témoigne Eliran Hagège. Le pays a certainement cinq années d’avance en ce qui
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concerne la prise de conscience de l’importance de tels produits. Mais pour l’heure, si l’offre existe, elle n’est pas forcément adaptée et surtout elle reste très chère. »
Les deux associés lorgnent depuis plus d’un an le Luxembourg, un pays que M. Hagège connaît et apprécie. « J’ai eu l’occasion, ces dernières années, de venir au moins une fois par mois, parfois plus, au Luxembourg, pour fournir des vêtements enfants et bébés au magasin Auchan, explique-t-il. J’ai commencé vraiment à m’y intéresser et à trouver la culture et l’environnement captivants. Il y a ici une espèce de calme et d’équilibre qu’on ne trouve pas en France, mais aussi du respect et de la tolérance. Des gens qui respectent les feux rouges, ça en dit long, parfois… Et cela se ressent à tous les niveaux, y compris celui des services administratifs. » En même temps qu’ils ont lancé l’ouverture de magasins à Paris, ils sont donc partis à la recherche d’un local adapté au Luxembourg, tout en devant, eux-mêmes, s’adapter à la législation nationale, notamment concernant les baux commerciaux, qui n’a rien à voir avec ce qui se fait en France en la matière. Très rapidement, un contact solide a été noué avec la société de participations Lafayette, qui gère l’ensemble du patrimoine immobilier de l’Archevêché et qui a bien compris que l’intention des deux associés était de construire sur du long terme. « Nous ne sommes pas des investisseurs qui vendront à la première occasion une fois que nous serons rentables, prévient M. Hagège. Nous savons très bien qu’il y a eu des problèmes récemment en ville avec des investisseurs français (référence à la faillite des commerces du centre-ville gérés par le groupe F.C.P.E., ndlr). Nous sommes des petits épiciers, nous créons des magasins, nous recrutons des équipes jeunes et dynamiques et nous voulons développer nos activités ici. Pour des petits épiciers comme nous, il y a tellement à faire ici. » Les deux associés ont, concrètement, créé la société ML 01 en mai dernier, dotée d’un capital social de 31.000 euros. Si le breakeven est planifié d’ici quatre à cinq ans, les projets en tête, eux, sortiront bien avant : mise en place de navettes à partir de certains lieux stratégiques de la ville, service « drive-in » et même de voiturier… tout sera fait pour faciliter la vie d’une clientèle qui ne sera pas du tout ciblée vers les Français – frontaliers et résidents – qui connaissent déjà l’enseigne Monoprix. « Pour nous, c’est clair : nous ouvrons un magasin au Luxembourg pour les Luxembourgeois. »
Photo : Luxinnovation
Lafayette, les voilà
Luxinnovation
Plus qu’une nouvelle image L’Agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche vient de se doter d’un nouveau logo. Mais il s’agit aussi de dévoiler de nouvelles ambitions pour se repositionner dans l’aide qu’elle apporte aux PME, au-delà de ses seules obligations inscrites dans le contrat de performance qui définit ses objectifs pour la période 2014-2017. « À nous de nous faire connaître auprès des entreprises pour qu’elles comprennent que nous parlons aussi leur langage, celui de l’innovation accessible à tous », indique ainsi Jean-Paul Schuler, qui a pris en main la direction de Luxinnovation en septembre dernier.
Expansion
Développement
Kaufhof vise le Luxembourg
Pall Center aux portes de la ville
Interviewé dans le magazine allemand Wirtschaftswoche, Lovro Mandac, le grand patron de la chaîne allemande de magasins Kaufhof, envisage l’implantation d’une filiale au Luxembourg à l’horizon 2015. Tous les regards se tournent évidemment vers le futur nouveau Centre Hamilius, qui est toujours à la recherche de quelques enseignes « locomotives ». Rien n’est encore cependant officiellement annoncé. Kaufhof dispose en Allemagne de 105 grands magasins (sous les enseignes Galeria Kaufhof et Kaufhof) ainsi que 17 enseignes de sport, dans plus de 80 villes outre-Moselle. Le groupe, qui compte également 15 succursales en Belgique (Galeria Inno) et emploie quelque 23.000 personnes au total, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires global de 3,1 milliards d’euros.
Déjà bien implanté à l’ouest du pays, Pall Center se rapproche de la capitale. Le groupe, historiquement établi à Oberpallen, et qui emploie désormais quelque 320 personnes, vient d’ouvrir une nouvelle surface commerciale (sa sixième au total) à Strassen, intégrant une boucherie (Kirsch) et une boulangerie (Fischer). Au 237 route d’Arlon, le groupe y a investi un million d’euros et y emploiera 21 personnes. « Notre volonté est de revaloriser le concept d’épicerie de village. Nous sommes persuadés que, au Luxembourg, à côté des grands acteurs de la grande distribution, il reste une place pour ce type de commerce », explique Christiane Wickler, la directrice du groupe. Le bâtiment, à la façade verdoyante immanquable, propose également 17 appartements à louer.
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Skeed
Monétisation
EY
Le Luxembourg d’abord, l’Europe ensuite
DNXCorp sous le charme du Luxembourg
Focus sur le conseil
La société japonaise Skeed, spécialisée dans la fourniture de services informatiques et de distribution, a annoncé l’ouverture d’un bureau au Luxembourg. Il ne s’agit là que de la première étape d’une extension plus vaste programmée sur le vieux continent. Skeed a prévu d’embaucher 20 personnes d’ici la fin de l’année 2014 et s’attend à étendre son chiffre d’affaires à plus de 70 millions d’euros au cours des cinq prochaines années.
DNXCorp, spécialiste français du commerce en ligne lié au charme (rencontres, webcams sexy, etc.) va transférer son siège social au Luxembourg. Ainsi en ont décidé à la quasi-unanimité (99,7 %) les actionnaires réunis en AG extraordinaire le 10 octobre dernier. Le groupe, déjà présent au GrandDuché depuis 2008 via sa filiale DNX Network, emploie plus de 110 collaborateurs en Europe pour un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros en 2012.
Le cabinet de conseil et d’audit a réalisé, pour son dernier exercice clôturé au 30 juin 2012, un chiffre d’affaires de 147,3 millions d’euros (+12 % sur un an), notamment porté par la forte hausse des activités fiscales, qui représentent un tiers des revenus. La branche « Conseils », encore marginale (moins de 10 % du total), devrait connaître un bond au cours des prochains exercices, notamment dans le conseil informatique. EY entend s’y imposer comme « un des leaders du marché luxembourgeois » aux dires d’Olivier Maréchal, qui dirige cette ligne de métier. « Le conseil sera le troisième moteur de la fusée EY qui va s’allumer. »
« Nous voulons porter l’entreprise vers une ‘mini-major’ européenne. » Le producteur luxembourgeois David Grumbach nourrit de grandes ambitions après le rachat – avec d’autres investisseurs français et européens – de Bac Films Distribution, qui était jusqu’ici aux mains de Bac Majestic (coté sur Euronext Paris).
Photo : Julien Becker (archives)
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Jean-François Terminaux (Unify) : « Nous allons révolutionner la manière de communiquer de demain. »
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Unify
Une vision d’avenir Depuis le 15 octobre, Siemens Enterprise Communications s’appelle Unify, étape finale d’un processus de rebranding en gestation depuis près de trois ans, et qui concerne un mastodonte des services ICT, fort de quelque 11.000 personnes à travers le monde, dans 65 pays. Au Luxembourg, Unify compte une quarantaine d’employés, dont les deux tiers sont dédiés aux activités de services. L’entreprise revendique, au Grand-Duché, une part de marché de 55 % dans le vaste domaine des « communications ». Le « cluster » créé avec l’entité belge représente, quant à lui, quelque 180 employés. Car au-delà de ce nouveau nom, c’est toute la stratégie d’entreprise qui a été chamboulée. « Je pense sincèrement que nous allons révolutionner la manière de communiquer de demain », prédit le CEO Jean-François Terminaux. Cette stratégie « révolutionnaire » s’appuie sur une vision, baptisée pour l’heure « Ansible », développée à partir des besoins exprimés par les utilisateurs finaux, et bâtie autour de la notion de communications unifiées. Le but est de permettre à n’importe quel utilisateur d’utiliser n’importe quel support technologique pour gérer ses communications. Au Luxembourg, le portefeuille client d’Unify compte quelque 2.300 sociétés, dont 2.000 TPE et PME.
Lëtzebuerger Buchpräis
Maison Moderne trois fois nommée Trois livres édités par Maison Moderne figurent dans la short list des 16 titres (sur un total de 37 au départ) en compétition pour l’édition 2013 du Lëtzebuerger Buchpräis. Il s’agit de Luxembourg Collecting (dans la catégorie « beaux livres »), Home Sweet Home et Family Guide (dans la catégorie « ouvrages pratiques »). Ils ont été sélectionnés par Angelika Bräutigam (Mierscher Lieshaus), Laurence Hilger (libraire), Jeff Schmitz (CNL), Patrick Versall (journaliste) et Frank Weber (photographe). C’est le public qui a été amené à voter (via internet). Verdict ce jeudi 14 novembre.
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dayCare
Tele Columbus
S’engager, c’est participer
Destin germanoluxembourgeois
Maison Moderne s’est associée au programme dayCare et a accueilli, début novembre, des lycéens pour une journée « découverte ». Témoignage.
Dayli
L’espoir demeure
Photo : Maison Moderne Studio
Le câblo-opérateur régional allemand Tele Columbus, qui dispose de bases de gestion au Luxembourg (via Tele Columbus Holdings et Tele Columbus Management, créées en 2010) est en passe d’être vendu à des fonds d’investissement. L’édition allemande du Wall Street Journal évoque une opération de 600 millions d’euros menée par Cinven et CVC Capital Partners, également tous deux fortement implantés au Grand-Duché. On prête aussi à ces investisseurs une opération similaire sur un autre câblo-opérateur allemand, Primacom, également présent au Luxembourg depuis le début de l’année via PrimaCom Finance (Lux).
Pour les jeunes participants, l'opération a permis une immersion dans le monde concret de l'entreprise.
À l’heure où nous clôturions cette édition, le sort des 28 enseignes luxembourgeoises des magasins Dayli (ex-Schlecker) n’était toujours pas scellé, un espoir de reprise demeurant pour les 120 salariés concernés. Des négociations étaient alors en cours, entre autres avec des repreneurs potentiels luxembourgeois, pour la reprise des seuls magasins établis au Grand-Duché.
ACL
Daniel Tesch débarqué de l’ACL Le directeur de l’Automobile Club du Luxembourg, Daniel Tesch, a finalement été limogé. Candidat – battu – pour le DP à l’occasion des dernières élections législatives, il n’a pas été mis à l’écart pour Daniel Tesch des raisons politiques. La décision, prise par le conseil d’administration de l’ACL dès le 10 octobre, mais seulement dévoilée le 21, au lendemain du scrutin, aurait notamment été motivée par une « perte de confiance » d’une partie du conseil envers son directeur.
Dans le cadre du programme dayCare au Luxembourg, différentes entreprises ont accueilli des lycéens pour un stage d’un jour. Le salaire des étudiants a été versé à une association qui mène un projet éducatif pour des jeunes réfugiés au Kenya. Cette journée a non seulement renforcé l’engagement social de l’entreprise et des stagiaires, mais a aussi permis de rendre le marché du travail plus compréhensible aux adolescents. Grâce à leur engagement, les participants ont contribué à un meilleur avenir pour les jeunes, tant au Luxembourg qu’en Afrique. « D’une pierre trois coups »
Maison Moderne a ainsi donné à six jeunes la possibilité d’explorer les métiers dans les domaines du journalisme, de l’édition, de la diffusion, de l’organisation d’événements et du graphisme. Ils ont été encadrés par des
responsables au sein de l’entreprise. Choisir la première entreprise média indépendante du Luxembourg comme lieu de stage pour cette journée signifiait, pour les étudiants, découvrir, de façon active, le fonctionnement et le déroulement du travail dans une société de renommée internationale. « Personnellement, j’ai eu un aperçu du métier de graphiste, ce qui m’aidera à décider si ces études ou ce métier peuvent correspondre à mes idées, témoigne Mira Schmitz, du Lycée classique de Diekirch. Le dayCare m’a fait avancer dans ma quête professionnelle, et m’a permis dans le même temps de m’engager pour de jeunes Africains. » « Pour Maison Moderne, dayCare, c’est faire d’une pierre trois coups : un acte de solidarité envers les jeunes Kenyans, un coup de pouce aux élèves luxembourgeois et, pourquoi pas, une réserve de recrutement de demain pour l’entreprise », confirme Thierry van Ingelgom, DRH de Maison Moderne. (Cet article a été rédigé par Lisa Lorang, du Lycée Aline Mayrisch, participante à cette journée.)
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Remise de prix
100 % entrepreneurs… et entreprenants ! Après Nicolas Buck, Abbas Rafii et Jacques Lanners, qui sera le 4e « Entrepreneur de l’année », selon EY ? Issus de secteurs variés, les finalistes n’hésitent pas à se remettre en question. Le gagnant, qui sera connu le 2 décembre, défendra les couleurs luxembourgeoises à Monaco en juin 2014. Textes Frédérique Moser et Thierry Raizer
Olivier et Ada Amengual (Aero) Négoce automobile
Olivier et Ada Amengual
René Elvinger (Cebi International) Composants pour l’industrie automobile, l’électroménager et applications industrielles Photo : Cebi International
Photo : Aero
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« La dynamique d’un homme et d’une femme »
Engagé pour l’industrie
L’un des six finalistes du concours est un duo, au bureau comme à la ville. Ada (30 ans) et Olivier Amengual (43 ans) forment un couple d’entrepreneurs plutôt discret, qui s’est lancé sur le marché de l’automobile au Luxembourg en 1997, avec la création de la société Aero (Automobile européenne récente d’occasion), une centrale d’achat de véhicules neufs ou d’occasion opérant sur plusieurs pays européens. Olivier, administrateur délégué de la société, n’en est alors pas à son coup d’essai. Diplômé d’une école de commerce, ce Français qui a débuté sa carrière comme attaché d’ambassade en Argentine puis contrôleur de gestion dans un groupe de distribution en Espagne, avait créé en 1993 la société TDS, en Belgique, un mandataire européen d’achat de véhicules neufs et d’occasion. Quatre ans plus tard, il monte Aero au Luxembourg, avec un capital de départ de 4 millions d’euros. Le créneau est porteur et la société atteint, en 2012, un chiffre d’affaires de 107 millions d’euros. C’est en 2005 que sa femme Ada, « une Luxembourgeoise d’origine allemande », avait abandonné ses études de droit pour le rejoindre dans l’aventure, « un projet qui, à l’époque, était loin d’être certain ». La société connaît alors une croissance considérable et entame une implantation européenne : l’Espagne (Aero Spain) en 2008, qui permet un « approvisionnement rapide du marché du Sud de l’Europe », puis Procar Remarketing à Saarbrücken, une filiale opérant sur le marché allemand, qui réalise dès 2012 un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. En parallèle à cette expansion européenne, Ada et Olivier Amengual souhaitent renforcer leur activité et augmenter les ventes sur le territoire national. En 2013, ils ouvrent une concession Honda au centre de Luxembourg et reprennent une concession du même constructeur à Foetz. « Nous tenons beaucoup au pays, car il nous a donné cette chance de réussir un projet de vie, de couple et d’entreprise », explique l’administratrice déléguée. Soucieux de gagner en visibilité et de pouvoir nouer de précieuses relations économiques dans le pays, M. et Mme Amengual ont tenu à porter leur candidature à quatre mains : « Rarement, on a vu un couple sélectionné… Pourtant, tellement de sociétés réussissent aujourd’hui grâce à la dynamique d’une femme et d’un homme », constatent-ils.
Présent dès la première pierre d’Elth (fondée en 1976 à Steinsel), René Elvinger, 62 ans, y a gravi les échelons jusqu’à la position de CEO. En 2011, il s’est vu proposer par l’actionnaire historique de devenir le propriétaire de toutes les sociétés – jusqu’alors relativement indépendantes – gravitant autour d’Elth. L’occasion de pérenniser une activité dédiée aux équipements pour la voiture et l’électroménager tout en créant un groupe intégré : Cebi international. Si le groupe luxembourgeois est relativement discret dans les médias, ses activités rayonnent à travers le monde et ses productions sont utilisées par de très grandes marques. Cebi occupe ainsi 2.600 collaborateurs à travers le monde et a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de plus de 354 millions : 70 % sont issus du marché européen, 21 % d’Amérique et 9 % d’Asie. Les quatre produits les plus vendus parmi sa gamme sont les systèmes de lavage avec pompes (lave-glace et lave phare), les moteurs de régulation de sièges pour voiture, les capteurs de température et les serrures pour coffres de voiture. Tout en déclarant son amour pour un secteur dans lequel il a effectué toute sa carrière. René Elvinger est en effet passé chez Goodyear avant l’aventure Elth. « Je reste profondément convaincu qu’il est possible de maintenir une production industrielle au Luxembourg et en Europe de l’Ouest. J’aimerais montrer, notamment aux jeunes, qu’il y a des créations d’emploi dans le secteur de l’industrie, tant dans la production que dans la recherche, et qu’elle apporte toujours une énorme richesse à notre pays. » Un message encourageant qu’il délivre certainement à ses enfants (dont son fils Paul) qui préparent avec lui la succession au sein de l’entreprise. Comme un succès n’arrive jamais par hasard, Cebi dédie 10 % de ses effectifs à la recherche et au développement dans l’un des sept départements dédiés. « Notre but doit être d’améliorer de façon continue la compétitivité des entreprises existantes en termes de performance et du respect d’un environnement durable, mais également d’attirer de nouvelles industries au Luxembourg », ajoute celui qui est – entre autres – membre du tout nouveau Haut Comité pour le soutien, le développement et la promotion de l’industrie.
L’avis du jury : « Le mariage heureux d’un immigrant français avec une Luxembourgeoise. Leur succès est à la mesure de leur discrétion, puisque c’est leur participation à ce prix qui leur confèrera leurs lettres de noblesse d’entrepreneurs chevronnés luxembourgeois . »
L’avis du jury : « Une réussite impressionnante pour un homme d’affaires qui a eu le courage de se ‘payer’ le management buy out d’un groupe mondial à un âge où d’autres gens penseraient à partir à la retraite… »
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René Elvinger
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Investis dans le commerce ou dans l’industrie, entrepreneurs chevronnés, hommes ou femmes d’affaires, les finalistes du concours « Entrepreneur de l’année » présentent plusieurs points communs malgré leurs différents secteurs d’activités. Dont la volonté de se remettre en question. Il s’agit probablement de l’une des caractéristiques qui a convaincu le jury du concours organisé par EY et présidé par le président de la Fedil, lui-même entrepreneur via son groupe Eurobéton, Robert Dennewald. Durant une soirée réunissant les décideurs économiques luxembourgeois, le nom du nouveau lauréat sera dévoilé le 2 décembre prochain à Mondorf-les-Bains.
Photo : archives paperJam
Norbert Friob (Abi consult, Friob participations et Gestion) Matériaux de construction, prise de participations
Norbert Friob
Répandre le virus du « serial entrepreneur »
L’avis du jury : « Un entrepreneur qui prêche par l’exemple qu’il a donné tout au long de sa carrière avec ses innombrables succès. Mais il a su aussi trouver pendant de nombreuses années le temps et l’énergie pour défendre les intérêts de ses pairs. »
Photo : archives paperJam
Celui qui célèbrera l’an prochain le trentenaire de son accession à la nationalité luxembourgeoise est né de l’autre côté de la frontière belge, à Wolkrange, en 1941. Ancrée dans ses gênes, la notion de Grande Région a émaillé la carrière de Norbert Friob et continue de l’animer. Il assume actuellement la fonction de gouverneur du Rotary Club pour le Luxembourg et plusieurs provinces belges. Au-delà du titre honorifique, il a accepté de remplir ce rôle pour transmettre sa passion, presqu’une vocation, pour l’entrepreneuriat aux plus jeunes. « Je me suis engagé à mettre l’accent sur la jeunesse et plus particulièrement l’esprit d’entreprise en lançant un programme d’action baptisé ‘Devoir – Esprit d’entreprendre Leadership’ », précise Norbert Friob. Riche d’une carrière de plus de 30 ans, il s’est lancé en tant que self-made-man dans des aventures professionnelles diverses, principalement dans le secteur du négoce de matériaux, bâtissant une aventure entrepreneuriale qu’il est difficile de résumer en quelques lignes. L’une des pièces marquantes est certainement la création en 1972 de Prefalux, l’un des leaders de la construction en bois et le parachèvement intérieur qui a donné naissance, ultérieurement, au groupe FNP. Il est aussi l’initiateur, en 1989, d’Euromat, le plus important groupement européen de négociants en matériaux dont le siège est à Luxembourg. On lui doit aussi, entre autres, la reprise et le développement de l’enseigne Abitare (avec son fils Pierre) ou encore le lancement des centres commerciaux Laangwiss à Junglinster. Toute cette expérience, Norbert Friob continue à la faire partager aux passionnés de commerce, cinq ans après la sortie de son deuxième tome consacré au secteur au Luxembourg… et en Grande Région : (Re)Parlons commerce ! Il est l’invité régulier de conférences et interventions en public, tout en continuant à siéger auprès de diverses instances professionnelles et européennes. Il fut même, l’année dernière, le parrain de la promotion 2012-2013 du programme « Business mentoring » de la Chambre de commerce. « S’indigner c’est bien, s’engager c’est mieux », résume-t-il.
René Grosbusch (Marcel Grosbuch & Fils) Importation et distribution en gros de fruits et légumes
René Grosbusch
Un goût « insatiable » pour la qualité « Démontrer que l’on peut être entrepreneur luxembourgeois, au Luxembourg, sans être financier ou banquier. » Soucieux de perpétuer une passion familiale et de défendre une marque 100 % grand-ducale, René Grosbusch n’hésite jamais à mettre en avant l’ancrage de sa société et la passion qui l’anime pour la diriger, depuis plus de 35 ans. « Même s’il y a une histoire familiale, nous avons redémarré à zéro en 1978, avec mon frère André », expliquait-il dans un entretien à paperJam en décembre 2010. Sous l’impulsion du tandem, le petit commerce de fruits et légumes (dont les origines remontent à 1917 à Differdange) est devenu une entreprise de 130 personnes ayant étendu son activité à toute la Grande Région, avec quelque 500 livraisons quotidiennes assurées par une trentaine de camions frigorifiques. Depuis 2005, le chiffre d’affaires de Marcel Grosbusch & Fils a plus que doublé, pour avoisiner les 30 millions d’euros. La clé de ce succès, dans un marché qui a vu disparaître l’un après l’autre ses grossistes ? L’audace entrepreneuriale et une vision à 360°. « Lorsque nous étions 12,
nous avions tous peur de voir débarquer les grossistes de l’étranger. Aujourd’hui, c’est nous qui avons pris des parts de marché en France, en Belgique ou en Allemagne. Nous avons transformé notre crainte en opportunité. L’outil principal qui nous a permis ce succès, je pense, c’est notre flexibilité. » Organisée pour fonctionner 24 h/24, la société a également fait évoluer sa gouvernance, avec la mise en place d’un comité de direction de cinq personnes. L’installation sur un nouveau site, à Ellange en 2005, a permis d’améliorer la gestion des stocks et la distribution, d’obtenir des certifications de qualité et d’inscrire l’entreprise dans un processus d’amélioration continue. René Grosbusch, un entrepreneur « insatiable » de 59 ans, prolixe sur sa passion pour les fruits et légumes et sa passion pour les Hommes, est soucieux de partager son expérience. Et ce, tant au sein de l’entreprise – où la quatrième génération, représentée par sa fille Lynn, vient de prendre pied – qu’à l’extérieur, dans le cadre du programme Business Mentoring de la Chambre de commerce où M. Grosbusch officie en tant que mentor.
L’avis du jury : « Un conte de fées qui est loin d’être terminé, parti d’un stand au marché de la Ville de Luxembourg. Il a développé ses activités ces dernières années avec de nouvelles localisations et un projet d’agrandir et doubler sa surface commerciale. »
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actualité Économie & politique
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Ferdinand Hein et Pierre Thein
Photo : Olivier Minaire (archives)
Deux leaders, une même vision
Pierre Thein et Ferdinan Hein (Fours Hein) Fours et techniques du froid pour boulangerie et pâtisserie
« Oui, une PME luxembourgeoise peut jouer un rôle important sur le marché mondial. » Avec cette affirmation, les deux gérants de la société Hein, Ferdinand Hein (directeur général) et Pierre Thein (directeur) affichent une motivation à toute épreuve. Créés en 1882, les fours Hein sont aujourd’hui gérés par la 5e génération descendante du fondateur Nicolas Hein. Quatrième producteur mondial (la quasi-totalité de sa production est exportée) de fours à destination des boulangeries et des pâtisseries. Depuis 2002, les deux entrepreneurs ont investi dans un nouveau secteur d’activité : le froid de boulangerie. Ils ont aussi reçu, en 2010, le prix de l’Innovation dans l’artisanat pour le projet « StoneRoll » : un four intégrant une nouvelle technique de chauffe. Et ce n’est pas l’incendie intervenu dans
leurs locaux en juin 2012 qui a remis en cause leur motivation. Cette candidature au concours d’EY permet d’ailleurs d’illustrer la gestion bicéphale d’une entreprise leader dans un secteur de niche. Outre une répartition géographique, les deux patrons employant 200 personnes se sont réparti les tâches au siège de Strassen. Le management de la production et les aspects financiers pour M. Hein ; les RH et l’administration pour M. Thein. Le volet R&D, lui, est géré collégialement. « Nous sommes positionnés sur des produits haut de gamme, pour des clients exigeants, qui proposent du pain et de la pâtisserie dans leurs propres boutiques. Les très grands producteurs ne sont pas notre clientèle. Pour simplifier, nous faisons des systèmes pour ceux qui vendent des baguettes
à 1,80 euro, pas à 70 centimes… et dont le prix reflète la qualité », déclarait Ferdinand Hein à paperJam en 2012, en guise de résumé du positionnement de son entreprise. Leader au Benelux, Hein se développe aussi dans toute l’Europe, mais aussi au Japon ou encore aux États-Unis, grâce à un réseau de partenaires. « Nous devons nous poser des questions, collectivement, afin de travailler avec d’autres acteurs de la Place, pour que le Luxembourg conserve un attrait industriel. Il y a aussi des éléments du débat qui ne sont pas correctement pris en compte. On parle toujours des coûts, mais il y a également la question des mentalités, du goût du travail et de l’effort, qui a souffert », notait pour sa part Pierre Thein. Tout un programme à partager avec les dirigeants politiques actuels… et à venir.
L’avis du jury : « Leur sens de l’innovation et leur détermination leur ont conféré un rôle de leader dans leur secteur, même dans des conditions difficiles, telles que cet incendie qui a détruit récemment une partie importante de leurs installations. »
Christiane Wickler
Photo : Jessica Theis (archives)
« Le bon sens de la terre »
Christiane Wickler (Pall Center) Commerce et distribution
L’incroyable succès du groupe dirigé depuis une trentaine d’années par Christiane Wickler, 53 ans, est celui des petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Peu de gens ignorent désormais l’histoire entrepreneuriale de cette fille d’entrepreneur de l’ouest du pays, en perpétuelle quête d’innovation et de services à sa clientèle, qui a transformé une petite affaire de station-service à Oberpallen en un groupe commercial et transfrontalier employant plus de 300 personnes, dans 32 métiers (supermarché, prêt-à-porter, restaurants, fleuriste, bijouteries, coiffeur, institut de beauté…). La vision économique qui donne à la patronne des Pall Center (également présidente de la Fédération des femmes cheffes d’entreprises) sa réactivité, pour répondre aux nouveaux besoins de sa clientèle tout en cultivant un esprit de simplicité et de proximité, a été couronnée à plusieurs reprises. Par le prix Dexia Business Woman of the Year, notamment, mais aussi, en 2012, par trois prix récompensant
l’engagement environnemental de l’entreprise. Cela ne fait que souligner la volonté affichée par celle qui fut également candidate (malheureuse) à la députation sur une liste Déi Greng (au Nord), de réduire l’impact écologique de ses activités. Début octobre, c’est en périphérie de la capitale, à Strassen, que s’est ouvert le cinquième Pall Center du pays, qui propose « un assortiment qui correspond aux attentes de la clientèle locale, mais permet également à des producteurs luxembourgeois de proposer leurs produits », a expliqué Mme Wickler, soulignant le caractère « familial » de son entreprise. Car c’est dans les valeurs du travail et « du bon sens de la terre », héritées de ses parents, que la candidate inscrit son parcours d’entrepreneuse. « Apprendre à être dirigée par la nature veut dire respecter chaque individu d’après ses talents et compétences », explique celle qui œuvre à redonner « ses lettres de noblesse au travail » pour « transmettre une entreprise saine et durable aux générations qui nous suivent ».
L’avis du jury : « Son activité professionnelle impressionnante ne l’a pas empêchée de faire un beau score aux élections législatives sur la liste des verts. C’est une femme qui reste fidèle à ses principes, notamment en mettant en évidence un maximum de produits locaux. »
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Paiements mobiles
Flashiz : start-up locale, groupe mondial, trip global La solution développée au Grand-Duché est désormais intégrée au groupe irlandais Fexco, avec l’appui de BNP Paribas Personal Finance. La nouvelle société Flashiz International garde un véritable ancrage luxembourgeois et promet de solides développements. « Nous avons de l’ambition et nous avons de nouveaux moyens », résume Alexandre Rochegude, fondateur et CEO de Flashiz. Texte Alain Ducat Photos Charles Caratini
C
’est une belle histoire de start-up luxembourgeoise qui grandit et se développe avec des ambitions planétaires portées par l’intérêt d’investisseurs internationaux. Par certains aspects, le story-board n’est pas sans rappeler l’aventure Skype. Cependant, si on est bien dans le domaine de la technologie au service du quotidien de millions d’utilisateurs potentiels, le volet luxembourgeois conserve un ancrage stratégique et une prégnance importante, qu’a perdus Skype au fil du temps. Le « héros » ici, c’est Flashiz, solution de paiement mobile qui a eu le mérite, outre de naître au Grand-Duché en 2011, d’aborder le marché par le côté pratique et de se donner une avance significative, au moment où une flopée d’autres solutions et sociétés du créneau convergeaient (et convergent encore) vers le Luxembourg de la finance et de l’ICT réunis… Flashiz a, depuis peu, changé d’ère, sans changer de cap. Cela ne ressortait pas franchement du communiqué officiel transmis depuis Paris, un matin d’octobre. On y apprenait, en gros, que Flashiz se trouvait acquise par le groupe irlandais Fexco, avec le partenariat financier du groupe BNP Paribas, via sa branche Personal Finance. En fait, Flashiz, à la base, était surtout une marque, lancée par la société luxembourgeoise Mobey. Flashiz n’était pas une société, jusqu’il y a très peu de temps. Flashiz International est née début septembre dernier seulement. Avant d’être rachetée par Fexco et BNP Paribas, Flashiz International a été créée, par les actionnaires et fondateurs historiques, pour asseoir l’ancrage grand-ducal. Le ministère de l’Économie a été tenu au courant de la stratégie, guidée par l’intérêt d’importants investisseurs internationaux, en l’occurrence
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les Irlandais de Fexco, qui ont été présentés au ministère en bout de négociations. « On a tenu tout le monde informé et on a fait du networking », souligne Alexandre Rochegude, cofondateur originel de Mobey et Flashiz, toujours aux manettes dans la nouvelle configuration. « Fondamentalement, rien n’a changé. Sauf que nous sommes une start-up luxembourgeoise intégrée dans un groupe international qui croit en notre projet et nous soutient dans nos ambitions en donnant de nouveaux moyens de développement. » Fexco n’était manifestement pas seul sur les rangs. D’autres groupes importants étaient intéressés. « On a pu avoir un certain choix et aller vers un partenariat win-win dans une communion d’idées », résume Alexandre Rochegude. À l’origine, Flashiz cherchait une levée de fonds, proposait une augmentation de capital via le système classique des obligations convertibles. La mise a augmenté jusqu’au rachat complet des parts auprès des actionnaires luxembourgeois. Une première tranche de plus de 2 millions d’euros a été libérée et il est semble-t-il prévu que le total passe progressivement à quelque 5 millions d’euros. Une belle plante
La portée luxembourgeoise n’a pas disparu, elle s’est légèrement transformée… Flashiz International englobe les sociétés Mobey – le socle historique de la solution, sortie du PwC’s Accelerator – et Fidelity Street, société sœur axée sur le développement commercial international. Alexandre Rochegude et Frédéric Stiernon en avaient été les principaux animateurs. Pour un montant non divulgué (mais que l’on dit confortable pour tout le monde) Flashiz International est donc intégralement rachetée par Fexco et le groupe
BNP Paribas, qui prolonge sa logique d’investissement. BGL BNP Paribas était entrée dans le capital de Mobey en 2012, après que la start-up eut trouvé des locaux de départ – toujours d’actualité – dans le Future Lab, la pépinière d’entreprises portée par la BGL, au cœur de la rue Aldringen. On notera que Mobey a changé. Dans un premier temps, les mandats d’administrateurs ont été renouvelés fin septembre. Puis modifiés de fond en comble le 3 octobre. Seul Alexandre Rochegude reste. Exit Marc Aguilar (COO de BGL), Paul Helminger (administrateur de HotCity qui opère avec la ville de Luxembourg), Patrick Muller (gérant de Fischer), Daniel Chatelain (fondateur français et directeur du BayPay Forum en Californie), Stéphane Tostain (représentant de BNP Paribas France) et Patrick Austern (CEO suisse de Mobey). Il n’y a guère de remous du côté des sortants, sans doute au vu de l’importance de la transaction. Les « entrepreneurs locaux » ont cédé la place à deux administrateurs irlandais, Gavin O’Neill et Gerard Murphy. Par ailleurs, Alexandre Rochegude reste CEO et administrateur de la nouvelle société Flashiz International, sous l’égide du groupe Fexco. Qui est ce repreneur ? « Parmi les arguments séduisants, il y a le fait que Fexco demeure un groupe quasi familial, en tout cas d’actionnaires impliqués dans le développement de l’entreprise. Ce ne sont pas juste des financiers », explique M. Rochegude. Société de services financiers née en 1981, Fexco emploie quelque 1.800 personnes pour l’ensemble de ses activités en Irlande, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Asie-Pacifique, au MoyenOrient, en Australie. Elle s’est installée en acteur important des paiements
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internationaux, des opérations de change, du traitement de transactions, des solutions de services gérés pour les entreprises et l’externalisation. Ce profil avait tout pour l’amener vers le Luxembourg et sa plateforme bénie pour les développements digitaux et les solutions financières, portée par la vague des paiements mobiles. « Oui, l’environnement de la plateforme d’affaires luxembourgeoise nous séduit », opine Adrian Mulvihill, qui passe dernièrement beaucoup de temps à Luxembourg, en tant que délégué de Fexco faisant un lien permanent avec la start-up. « C’est un argument de plus, mais ce n’est pas l’argument de départ. Nous croyons dans le paiement mobile comme à une évidence planétaire. Nous devons en être parce que cela fait partie intégrante de notre métier. Et Flashiz est une solution multicanal exceptionnelle. Nous aurions aimé l’inventer, mais eux l’ont faite ici. Alors nous travaillons en partenariat étroit. Le business est à faire, les services sont à développer, le crossboarder payment pose des challenges fabuleux. Nous voulons, avec Flashiz qui nous apporte un
atout technique majeur et à qui nous apportons support financier et expérience, être des leaders sur ces marchés. » Du marché pilote à la prospection internationale
À vrai dire, on perçoit l’enthousiasme derrière le discours corporate. Et c’est sans doute cette « start-up touch » qui conserve et qui fait avancer. Concrètement, l’équipe de Flashiz maintient et développe son ancrage, pour la R&D, pour la gestion de la stratégie commerciale et l’administration centrale. « Nous étions une quinzaine à l’été 2012, observe Alexandre Rochegude. Nous sommes près de 30 personnes, avec les quelques postes orientés sur le développement stratégique et commercial à l’étranger, notamment en Espagne et en France. Nous avons un plan de recrutement en cours et serons 20 à 30 de plus dans les mois à venir. » Déjà, Chris Marcilla est venu récemment renforcer l’équipe luxembourgeoise en tant que managing director. Cet expert des nouvelles technologies et du business developpement a
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notamment occupé les fonctions de COO chez P&T Consulting et a en particulier SeeZam dans son développement (la société est aujourd’hui en cours d’intégration chez Systemat). « Ici, on voit très vite le potentiel de croissance, dit-il. C’est exponentiel. Partie de rien, la solution a mué en société dont le business model a un avenir colossal. Le paiement mobile, tout le monde y vient ou y viendra. La bonne solution, les commerçants convaincus et le bon retour des utilisateurs comme des opérateurs financiers, c’est assez évident comme environnement favorable ! » Flashiz a misé sur le Luxembourg comme marché pilote. Sans bruit, le système de code à flasher sur son téléphone a conquis des acteurs importants, comme Vinci Park (32 parkings), le réseau Fischer (45.000 personnes en clientèle quotidienne), les cinémas Utopolis… Flashiz Espagne a ferré de gros poissons, comme depuis peu la fédération des restaurants et cafés (pas négligeable dans un pays à gros vecteur touristique !) ou un réseau de librairies. Flashiz France devrait annoncer prochainement des contrats porteurs avec de gros acteurs de la grande distribution et de la restauration. Décembre 2013 —
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Étude
En ligne avec le « smart commerce » Le « smart (ou smarter) commerce » (commerce intelligent) fait beaucoup s’agiter les sphères de l’ICT et des finances, au travers des nouvelles tendances du shopping digital. EY a effectué une étude (« Smart Commerce – Bank battle for customers at the frontline of digital retail »), après sondage de dirigeants de sociétés actives dans la banque ou les TMT (télécommunications, médias et technologie). Quatre sondés sur dix voient ce phénomène devenir de masse dans les deux prochaines années. Il ressort aussi, observe Gaël Denis (partner EY Luxembourg), qu’une « vaste majorité des acteurs bancaires craignent de perdre le contrôle de la relation client » s’ils ne s’intègrent pas au smart commerce. 62 % veulent se positionner comme « fournisseurs de solutions intégrées », paiement mobile « mais aussi d’autres services liés au processus transactionnel d’achat ». Ils prévoient le lancement de solutions dans les deux ans. 80 % croient en la capacité des banques à supporter des opérations promotionnelles digitales pour le compte des commerçants. Trois challenges seront à relever : « S’adapter à une culture interne souvent conservatrice, sélectionner la meilleure solution disponible sur le marché et travailler en étroite collaboration avec les régulateurs afin que ceux-ci intègrent le smart commerce dans leur approche. » « Cela nous amène à penser que les craintes des acteurs bancaires sont justifiées, explique Gaël Denis. Mais qu’ils peuvent aussi trouver dans le smart commerce des opportunités pour étendre leurs services jusque dans l’acte d’achat, le ‘couponing’ ou autres programmes promotionnels numériques. » Aspects juridiques internationaux Par ailleurs, l’AIJA (Association internationale des jeunes avocats) s’intéressera aux « astuces et pièges à éviter » dans l’e-commerce. Un séminaire (www.aija.org) se tiendra dans le cadre d’un événement organisé par les membres luxembourgeois, les 21 et 22 novembre à l’hôtel Le Royal. Les questions autour de l’e-shop se concentreront sur la localisation territoriale, les bases légales, fiscales, la gestion, la sécurité… A. D.
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« On voit très vite le potentiel de croissance. C'est exponentiel ! »
« On a pu aller vers un partenariat win-win, dans une communion d'idées. »
Chris Marcilla (Flashiz)
Alexandre Rochegude (Flashiz)
On notera, à ce stade, que l’apport de BNP Paribas n’est pas anodin dans le paysage, puisque, dans les fers de lance du groupe bancaire, il y a par exemple le réseau Cetelem. Fexco, au passage, se dit ravi de porter son marché vers les pays francophones, ainsi que germaniques, au carrefour desquels le Luxembourg apporte une maîtrise culturelle bienvenue… Mais la plateforme luxembourgeoise et ses nouveaux propriétaires aux moyens étendus voient beaucoup plus loin que l’échelle européenne. « Nous sommes bien présents aux États-Unis depuis six mois, sourit Alexandre Rochegude, devenu missionnaire, globetrotter et VRP efficace d’un système sur lequel même la Silicon Valley a flashé. L’Australie est « on » désormais. Singapour est sur la carte « e t nous signons avec un important pays d’Asie », dévoile le CEO de Flashiz International.
a sa propre appli pour smartphone (qui ne fonctionne pas hors du continent américain) grâce à laquelle, aujourd’hui, un café sur 10 est payé. C’est dire la marge à capter… Avec les nouveaux moyens arrivés pour l’an 3 de Flashiz, 2014 s’annonce comme l’année du déploiement accéléré et de la croissance bilantaire. Les prévisions ? Une croissance à deux chiffres évidemment, 2 à 4 nouveaux pays couverts en Europe, au moins un de plus sur l’Asie. Et une ambition ciblée. « On a vu grand dès le départ, mais sans faire de bruit avant d’avoir convaincu sur le terrain, témoigne Alexandre Rochegude. On ne s’arrête pas et on veut innover encore. Nous aurons une nouvelle appli bientôt, par exemple. Les marchés sont là, les concurrents continuent d’arriver. À nous de garder l’avance. » Flashiz veut devenir un acteur global, sur une planète du e-payment encore fragmentée. Les partenaires industriels et financiers ont bien compris la démarche. Le voyage, à bord du vaisseau luxembourgeois, ne fait sans doute que commencer.
Une marge à conquérir
La prospection aux États-Unis s’intensifie. Une paire d’exemples suffisent à mesurer l’intérêt de ce marché américain qui émerge seulement aux alternatives à la bonne vieille carte de crédit. « Le responsable d’une chaîne de magasins me confiait, raconte M. Rochegude, que pour eux, chaque seconde gagnée en caisse, représente 3 millions de dollars de plus en fin d’année. » Or Flashiz permet de combiner, en un seul acte, le paiement, la carte de fidélité et les coupons de réduction par exemple. L’autre exemple vient des Starbucks : le réseau
Flashiz, solution de paiement mobile née au Luxembourg en 2011, grandit vite et bien. Le développement est international, aux ÉtatsUnis, en Asie, avec de gros porteurs en Europe. La plateforme grand-ducale est désormais intégrée au groupe irlandais Fexco, avec le partenariat de BNP Paribas. Changement ? L'ancrage demeure. Les perspectives augmentent.
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Telecom Luxembourg Private Operator
Le lion rugit toujours Nouveaux locaux, nouveaux services, nouveaux partenariats… L’opérateur télécoms termine l’année 2013 en fanfare. « Cette année 2013 aura montré la justesse de notre business model », indique le CEO, Jérôme Grandidier. Début 2014, l’opérateur lancera un portail d’accès unique à l’ensemble de ses services. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Charles Caratini
L
’année 2013 est, pour Telecom Luxembourg Private Operator (TLPO), un cru particulièrement riche en termes de développements et de renforcement de son activité d’opérateur télécoms. Avec, en point d’orgue, le déménagement de la société dans de nouveaux locaux à la Cloche d’Or. Adieu Capellen, où elle avait pris ses quartiers en 2007, alors qu’elle s’appelait encore SIT PSF. Et bonjour Drosbach, où l’opérateur occupe désormais quelque 800 m2 de bureaux (avec un premier bail de cinq années) pour y loger son nouveau siège social et une trentaine de personnes. Un « t ransfert » qui ne concerne pas les deux autres présences existantes par ailleurs à Bettembourg et à Roost (fort d’une dizaine de techniciens), directement liées aux sites des data centers de LuxConnect, dont Telecom Luxembourg est l’un des plus importants clients. Mais en plus de l’aspect purement « administratif », ce déménagement aux portes de la capitale donne aussi l’occasion à l’opérateur d’ouvrir un « Campus ICT » destiné à ses clients, une sorte de business center équipé hi-tech et en connexion directe, via fibre optique, avec ces deux data centers. 15 pays visités en 2013
La société Stream Nation est la première à s’y établir, deux autres étant par ailleurs en négociations bien avancées pour prendre une petite place sur les 500 m2 disponibles. « Quatre années après notre lancement audacieux, on peut dire que le pari est réussi », résume Jérôme Grandidier, le CEO de Telecom Luxembourg. Car cela ne fait en effet « que » quatre ans que la société dispose du statut d’opérateur sous la surveillance de l’Institut luxembourgeois de régulation, après avoir agi, pendant plus de 10 ans, dans le domaine de l’intégration ICT et de l’outsourcing. C’est lors de l’été 2009 que SIT PSF est devenu, dans un premier temps, Luxembourg Telecom.
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On se rappelle que ce nom suscita l’ire de l’opérateur historique public – qui s’appelait alors encore l’Entreprise des P&T – lequel porta l’affaire devant les tribunaux. Il estimait qu’il pouvait y avoir concurrence déloyale et publicité trompeuse dans l’utilisation d’une telle raison sociale qui, en l’occurrence, était également son nom commercial.
Un argument qui avait convaincu les tribunaux, puisque Luxembourg Telecom fut contraint, en avril 2011, de changer de nom en... Telecom Luxembourg, avant d’épouser sa dénomination actuelle (Telecom Luxembourg Private Operator) en août 2012. Entre-temps, il semble que les relations entre les deux acteurs se soient « normalisées »,
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Luxembourg Telecom Private Operator a investi 800 m2 dans de nouveaux bureaux à la Cloche d’Or, où il propose désormais un « Campus ICT » à ses clients.
alors que l’opérateur historique a subi une cure de jeunesse avec l’arrivée, en mai 2012, de Claude Strasser à la tête de ce qui est, aujourd’hui, Post Luxembourg. C’est également lors de l’été 2009 que l’opérateur a reçu un soutien financier de choix : celui de BIP Investment Partners. La société d’investissement luxembourgeoise, qui fut un
des actionnaires de référence lors du lancement, en 2004, de l’opérateur de téléphonie mobile Voxmobile (devenu Orange Luxembourg depuis), y a d’abord injecté 3,9 millions d’euros pour prendre 35 % du capital. Elle a, au fil des ans, renforcé sa participation, qui est à l’heure actuelle de 49,9 % pour un montant total engagé (apport en capital et prêt) de plus de 9 millions d’euros. En 2009, le chiffre d’affaires de Luxembourg Telecom avoisinait les 7 millions d’euros. Il devrait se trouver dans une fourchette de 11 à 12 millions pour 2013, soit plus de 70 % de progression. Entre temps, TLPO, s’appuyant sur le réseau de LuxConnect, a déployé plus de 2.000 km de connexions par fibre optique (dont 400 km environ dans le pays) et a mis en place son propre ring d’interconnexion de tous les data centers du Luxembourg. Telecom Luxembourg s’est également pleinement recentré sur son activité d’opérateur B2B global en procédant, notamment, en septembre dernier, à la cession de son business de téléphonie traditionnelle, désormais entre les mains d’un de ses partenaires de longue date, Tenotel. « Avoir en interne notre propre activité de téléphonie nous empêchait de fournir des services de connectivité aux autres opérateurs. Nous, notre métier de base, c’est de vendre des lignes, pas des centraux téléphoniques, avait alors expliqué Jérôme Grandidier, au moment de l’opération. Nous avons mis quatre
ans pour passer de statut d’intégrateur à celui d’opérateur complet et entrer dans le cercle vertueux des opérateurs télécoms. Cela nous offre désormais de nouvelles perspectives. » Ces « nouvelles perspectives » sont appuyées par les chiffres. TLPO revendique, aujourd’hui, la position de premier opérateur privé alliant à la fois la connectivité et les activités de data centers. « Cette année 2013 aura montré la justesse de notre business model, se réjouit M. Grandidier. Nous allons réaliser un résultat d’exploitation (Ebitda) supérieur à 1 million d’euros, avec une croissance de nos activités de cœur de métier de plus de 30 %. Nous tablons, d’ailleurs, pour ce qui est des data centers et de la connectivité, pour une croissance à deux chiffres en 2014. » Il faut dire que l’opérateur n’a pas ménagé ses efforts ces deux dernières années, bâton de pèlerin en main, pour aller vendre ses compétences et celles de l’ensemble de l’écosystème ICT luxembourgeois loin des rives de la Pétrusse. Direction San Francisco
Rien qu’en 2013, Telecom Luxembourg a occupé le terrain sur 15 pays, que ce soit en Europe (Belgique, France, Angleterre, Pays-Bas, Suisse, Allemagne, Espagne), mais aussi au-delà (ÉtatsUnis, Corée du Sud, Chine, Taiwan, Japon, Émirats, Maroc ou encore Afrique du Sud) dans Décembre 2013 —
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Croissances des nouvelles activités
Croissance de l’Ebitda
Mios euros 12
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20
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15
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5
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0
%
(Source : LTPO)
80
-5 2010
2011
Connectivité
2012 Data center
2013*
2014* * Estimation
le cadre de missions économiques nationales, de salons professionnels ou de simples missions de prospection et de suivi client. Dernier exemple en date : la signature, le 7 novembre dernier, à Taipei, d’un accord de coopération bilatéral avec l’opérateur historique taiwanais Chunghwa Telecom, qui va permettre à TLPO d’accroître ses possibilités de desservir les pays asiatiques via une interconnexion de ses réseaux dans un point d’échange sur place. « En contrepartie, nous aiderons également Chunghwa à pénétrer le marché européen en leur permettant, notamment, de réaliser le déploiement de boucles locales pour eux », indique Vincent Nicolay, chief operating officer de l’opérateur luxembourgeois. Telecom Luxembourg a, en outre, directement été impliqué dans l’arrivée de quelques-uns des acteurs ICT internationaux les plus marquants de ces derniers temps (Onlive en juin 2011, Rakuten en août 2012, Stream Nation en juin dernier) et le sera encore très prochainement pour quelques autres qui sont « dans les tuyaux ». « Notre collaboration avec les consuls, le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, l’Office du Ducroire ou encore Luxembourg for Business, nous aide considérablement dans nos démarches. Nous finalisons d’ailleurs l’ouverture d’un bureau à San Francisco en janvier prochain », annonce M. Grandidier. Ce ne sont pas les seules « nouveautés » qui se profilent pour Telecom Luxembourg. Car le déménagement dans ses nouveaux locaux de la Cloche d’Or donne aussi l’occasion à l’opérateur d’élargir son offre et de peaufiner une stratégie commerciale qui devra lui permettre, justement, d’atteindre cette
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croissance à deux chiffres annoncée. À commencer par la création d’un portail d’accès unique permettant une offre à la carte pour toute entreprise à la recherche de services en termes d’ICT. « Nous proposerons directement la partie connectivité et data center et le reste via des partenariats. Cela fonctionnera un peu comme une sorte d’Appstore professionnel où les clients pourront choisir parmi les offres d’un à trois de nos partenaires, par type de solution. Ils ne recevront ainsi qu’une seule facture et un seul contact pour tous les services ICT qu’ils désirent, avec des solutions que nous avons sélectionnées et approuvées pour lui. » Une demi-douzaine de recrutements planifiés en 2014
Le premier de ces partenariats est déjà connu, puisque depuis juin 2012, Telecom Luxembourg développe l’offre VoiceCloud avec Unify (qui s’appelait encore Siemens Enterprise Communications jusqu’au 15 octobre dernier) : un système complet de téléphonie d’entreprise dans cloud, pour lequel près d’un million d’euros a déjà été investi par TLPO « pour permettre à toutes les sociétés de proposer des solutions cloud sans pour autant être opérateur eux-mêmes », détaille Jérôme Grandidier. Le catalogue complet – évidemment évolutif – de ces différents partenariats est prévu d’être présenté début 2014. Autres nouveautés annoncées : la création d’un contrat de revendeur des solutions de connectivité et de data center proposées par l’opérateur, pour élargir davantage sa présence sur le marché B2B ; le lancement de nouvelles offres de téléphonie mobile – enfin ! – pour
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professionnels, avec des services associés ou encore le lancement d’offre de serveurs « à la demande » dédiée, principalement, aux clients « gaming ». « Cela se fait dans d’autres pays, explique M. Grandidier. Quand un jeu est lancé, le nombre de serveurs peut évoluer en flèche, pour ensuite retomber puis remonter progressivement jusqu’au prochain lancement ou la prochaine évolution d’un jeu. » Confiant dans l’avenir, alors que le marché apparaît comme de nouveau très porteur à l’international depuis quelques mois, Telecom Luxembourg Private Operator table sur le recrutement d’une demi-douzaine de personnes supplémentaires pour l’année à venir et travaille sur d’autres investissements, notamment en termes d’infrastructures de data centers. L’opérateur prévoit d’ores et déjà la prise en possession d’une nouvelle salle de data center auprès du Luxembourg Freeport, avec par la même occasion l’interconnexion complète en fibre avec le futur port franc qui devrait commencer ses activités à l’été 2014. Dans le même temps, quatre nouvelles boucles optiques sur Luxembourg sont sur le point d’être créées au premier trimestre 2014, avec l’interconnexion de 50 nouveaux bâtiments.
Quatre ans après avoir décroché sa licence auprès de l’Institut luxembourgeois de régulation, Telecom Luxembourg Private Operator a pris une position forte sur le marché luxembourgeois. Impliquée dans la venue, au Grand-Duché, de certains grands acteurs ICT internationaux, la société nourrit des ambitions sans cesse grandissantes sur base de partenariats.
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actualité Économie & politique
entreprises place financière
tr a st p u
Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain.
Social impact investing
Aider les stars de demain — Décembre 2013
Ce mois-ci : Sportunity
Sportunity veut permettre à des enfants issus de régions défavorisées de développer leurs talents sportifs pour devenir de futurs athlètes professionnels. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire
actualité Économie & politique
D
étecter des talents sportifs au cœur de régions pauvres ou de pays émergents, les aider à s’épanouir, les accompagner avec l’espoir qu’ils puissent devenir de vrais professionnels, tel est le vœu que fait Sportunity, start-up luxembourgeoise créée au début de cette année. Seul lauréat luxembourgeois du dernier parcours 1, 2, 3 Go, Sportunity développe son activité en s’appuyant sur les principes du social impact investing, l’engagement sociétal des citoyens et des entreprises, et du crowdfunding (financement participatif). « L’objectif que nous nous fixons est de repérer de jeunes talents parmi des enfants issus de milieux défavorisés. Puis de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour leur permettre de développer ces talents sportifs, grâce à des programmes d’entraînement sur mesure. L’espoir est qu’ils puissent un jour briller à l’échelle internationale, et en tout cas devenir des athlètes professionnels », précise Irina Aleksandrova, initiatrice de ce projet. À l’heure actuelle, Sportunity opère en tant qu’asbl et est exclusivement gérée par des bénévoles. Toutefois, elle nourrit l’ambition de revêtir le statut de société d’impact – forme organisationnelle dont la création est envisagée par le législateur –, une fois celui-ci introduit au Grand-Duché de Luxembourg. Pour financer les programmes d’accompagnement des jeunes, que Sportunity espère pouvoir mettre en œuvre avec l’aide de partenaires issus des milieux sportifs, l’association mise sur la générosité des entreprises et du grand public, via des programmes de parrainage, de sponsoring, de dons ou encore grâce à une plateforme de crowdfunding. « Chacun est libre de donner pour permettre à ces enfants doués de vivre leur rêve, d’exploiter leurs potentialités », poursuit Irina Aleksandrova. Créer de l’espoir et des retombées
L’initiatrice du projet n’est pas une athlète de haut niveau. Mais elle a eu cette idée au moment où elle travaillait pour une fédération sportive internationale en tant que consultante en stratégie, business development et communication. « J’ai pu me rendre compte, à cette époque, des décalages qu’il pouvait y avoir d’un pays à l’autre entre les besoins des athlètes et les moyens mis à leur disposition. Des jeunes athlètes, dans des régions économiquement aisées, disposent de programmes et d’équipements complets, alors que d’autres sportifs pourtant bons, mais issus de pays sans richesse, n’ont tout simplement pas la possibilité de pratiquer leur discipline. Le sport, qui se veut pourtant rassembleur, n’est pas épargné par l’exclusion sociale. Cette
expérience m’a permis de me rendre compte de la quantité de talents perdus, faute de moyens. » Irina Aleksandrova, en créant Sportunity, a souhaité remédier à cette problématique. En misant sur l’explosion de futurs pros, des quatre coins du monde, sur la scène internationale, elle espère aussi générer des retombées positives pour les régions dont ils sont issus. « Le succès d’un sportif peut constituer une belle source de motivation et de développement pour ses compatriotes. Cela montre concrètement que, depuis une zone dite défavorisée, il est possible de réussir. On peut changer la vision d’une population, créer de l’espoir. Nombreux sont les sportifs à succès qui n’ont pas hésité à réinvestir une partie de leurs gains dans leur région natale. » Actuellement, Sportunity se construit un réseau de partenaires à travers le monde, qui doivent aider la structure à déceler les jeunes présentant un haut potentiel de développement, à valider ce potentiel et enfin à développer ces talents en construisant des programmes d’entraînement individuel. Sportunity se met donc en lien avec des fédérations, des professionnels de l’accompagnement sportif dans diverses disciplines. « S elon le cas de figure, nous pouvons imaginer mettre en place des programmes de suivi sur plusieurs années », précise l’initiatrice, qui travaille sur un projet pilote. L’asbl a identifié, en Russie, une jeune fille qui pratique le sport équestre. Des professionnels de la discipline, en Belgique, ont pu confirmer qu’il y avait de belles possibilités pour cette écuyère, si on pouvait lui donner plus de technique. Un coaching adapté, sur mesure et sur trois ans, à suivre au cœur de l’Europe, va lui être proposé, tout en veillant à la continuité de son éducation. Coût envisagé de l’opération : 150.000 euros. Sportunity, à l’issue de ce projet pilote, souhaite permettre à d’autres sportifs en herbe de se développer en s’appuyant sur ses programmes. « Toutefois, l’objectif est toujours de privilégier la qualité à la quantité », commente Irina Aleksandrova. Implantée au Luxembourg, Sportunity espère pouvoir aider des jeunes un peu partout dans le monde – avec un focus particulier sur les pays émergents – et aller chercher des fonds un peu partout aussi… « Le sport peut constituer un réel vecteur de développement. Et je pense qu’il peut y avoir un réel intérêt, de la part d’entreprises désireuses d’améliorer leur impact sociétal, et de tous les citoyens aussi, à parrainer les stars sportives de demain. » Sportunity devrait, tout prochainement, lancer un appel aux dons à partir de son site internet www.sportunity.org.
entreprises place financière
Analyse SWOT Strengths (= forces)
Weaknesses (= faiblesses)
– Un positionnement sur l’impact investing, qui suscite un attrait grandissant – Des partenaires de qualité
– L’éloignement du Luxembourg des pays en voie de développement – La difficulté à convaincre une famille des potentialités de leur enfant
– Le nombre de talents à découvrir et à développer – La volonté d’entreprises de s’associer à l’émergence de jeunes talents
– Les risques inhérents à la pratique du sport (blessures) – Ne pas trouver assez de parrains pour le démarrage d’un projet
Opportunities (= opportunités)
Threats (= menaces)
CV
À bon escient Irina Aleksandrova a débuté sa carrière dans la communication, le marketing et les médias en Russie. En 2007, elle s’installe en France, puis au Luxembourg, où elle travaille sur plusieurs projets en tant que conseillère en business strategy development. Aujourd’hui, la jeune femme propose ses conseils aux fonds d’investissement à travers Global Finance Consult.
Fiche technique
Sportunity Objet : Développer le talent sportif d’enfants issus de milieux défavorisés pour leur permettre de s’épanouir à un niveau professionnel par le financement et la mise en place de programmes d’entraînement adaptés. Création : Sportunity a été créée en avril-mai 2013. Emploi : La start-up est encore une asbl et espère un statut selon l’évolution législative. Elle ne compte pas encore d’employés. Son conseil d’administration est composé d’Irina Aleksandrova, Uli Grabenwarter et Hedda Pahlson-Moller.
Des concurrents
Des idées généreuses qui se développent SOS Villages d’enfants Pays : Luxembourg Création : 1974
Un enfant par la main Pays : France Création : 1990
Sport sans frontières Pays : France Création : 1999
Partage Pays : France Création : 1973
Plan International Création : 1937
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actualité Économie & politique entreprises
place financière
Place financière
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actualité Économie & politique entreprises
place financière
Classement des 10 juridictions les plus secrètes
LE Luxembourg, le « cheval noir » de l’offshore Le réseau international Tax Justice a publié son indice des places financières ayant le secret bancaire le plus bétonné. Le Luxembourg y occupe la 2e place derrière la Suisse.
1. Suisse 2. Luxembourg 3. Hong Kong 4. Îles Caïmans 5. Singapour 6. États-Unis 7. Liban 8. Allemagne 9. Jersey 10. Japon
(Source : Tax Justice)
Tax Justice
Photo : Ekkehart Schmidt-Fink / Etika
John Christensen (Tax Justice) en 2009, lors d’une conférence à Luxembourg sur l’opacité financière.
Dans le classement des 10 juridictions les plus « secrètes » de la planète (Financial Secrecy Index) que le réseau Tax Justice a publié le 7 novembre, le Luxembourg occupe le deuxième rang derrière la Suisse (en 2011, la confédération occupait également cette place), mais devant Hong Kong, les îles Caïmans et Singapour. En dépit des progrès accomplis en matière de transparence financière avec le nouveau modèle de convention fiscale de l’OCDE, la directive sur la fiscalité de l’épargne et les accords Facta des États-Unis contre l’évasion fiscale, l’indice de l’organisation montre que « le secret bancaire demeure partout bien vivant ». Le constat de Tax Justice est sans concession, tant sur la Suisse, désignée comme un trublion ayant fait « dérailler » des initiatives sur la transparence financière, que sur le Luxembourg décrit comme le « cheval noir » du monde de l’offshore, offrant « un cocktail toxique de secrets », champion des niches fiscales et présentant une régulation financière « laxiste ».
Jean-Claude Juncker en prend pour son grade
Avec la Suisse comme alliée, le pays a lui aussi contribué à faire échouer les initiatives européennes luttant contre l’opacité financière. « S on appartenance à l’Union européenne le maintient hors de la liste noire des paradis fiscaux et lui donne une position de puissant lobbying dans le plus grand bloc économique du monde », insiste l’organisation dans un communiqué, en saluant toutefois les quelques progrès du pays. Le Luxembourg est accusé de mener une « danse politique » pour « saboter » la réforme de la directive sur la fiscalité de l’épargne visant à colmater les failles du premier texte de 2003 en étendant son champ d’application à d’autres produits que les seuls revenus d’intérêt. Le Premier ministre sortant, Jean-Claude Juncker, en prend aussi pour son grade. L’ONG cite ses affinités pour les réunions secrètes et les débats européens dans les chambres noires et
dénonce l’arrogance des propos qu’il avait tenus lors de son dernier conseil des ministres européen contre la transparence. Le classement du Luxembourg s’appuie sur la combinaison de son niveau de secret et d’une pondération liée à sa part du marché mondial des services financiers offshore, dont il détiendrait 12 %, selon l’ONG. John Christensen, le très charismatique président de Tax Justice, n’hésite pas à sortir les clichés, dans la monographie qui est consacrée au cas grand-ducal, désignant le pays comme « l’étoile de la mort » du secret bancaire en Europe en raison de son rôle dominant dans le partenariat avec la Suisse et l’Autriche, dans le combat contre l’échange d’informations en Europe. La City de Londres dans le viseur
Néanmoins, dans le communiqué, c’est la Grande-Bretagne qui est la plus visée et qui se voit décerner une mention spéciale de l’indice des juridictions secrètes : « La City de Londres, assure le président de Tax Justice, utilise le réseau de juridictions pratiquant le secret bancaire et basé sur des territoires dépendants de la couronne britannique et les territoires d’outre-mer pour canaliser de gigantesques flux financiers illicites pour alimenter le boom de l’immobilier de Londres. » Et de dénoncer le peu de pugnacité du Premier ministre David Cameron à mettre de l’ordre dans la « ménagerie » des trusts, fondations, sociétés écrans, niches fiscales et autres subterfuges du système s’appuyant sur le secret bancaire. V. P.
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Trois questions à Bernard Mommens (Bil Belgique)
Banques
« Une véritable banque privée belge »
Des résultats en hausse de 13 % La CSSF évalue le résultat avant provisions du secteur bancaire luxembourgeois à 4.273 millions d’euros au 30 septembre 2013. Cela représente une augmentation de 13 % par rapport aux neuf premiers mois de 2012 et ce, en dépit d’une marge d’intérêts qui reste baissière en comparaison annuelle (-7,6 %), due à la réduction des bilans bancaires et le niveau très bas des taux d’intérêt. Le produit bancaire, lui, progresse de près de 8 % sur 12 mois.
La Bil inaugure une succursale à Bruxelles sous le nom de Bil Belgique. La banque privée est ciblée, en espérant retrouver les clients présents au Luxembourg et tentés de rapatrier leurs avoirs d’ici 2015.
Raiffeisen
Le lendemain des élections législatives, Jean-Claude Juncker et Luc Frieden inauguraient le nouveau siège social de la banque Raiffeisen à Leudelange : un bâtiment de plus de 10.000 m2, conçu par le bureau d’architectes architecture & urbanisme 21, Worré & Schiltz, que la banque occupe depuis cet été avec quelque 300 employés. Dans le même temps, Raiffeisen a dévoilé un nouveau logo, « plus moderne et plus visible », assorti du slogan « Naturellement ma banque ».
SGBT
Un banquier privé récompensé Société Générale Private Banking a reçu pas moins de cinq prix lors de la cérémonie des Global Wealth Awards 2013 organisés par la publication Private Banker International à Singapour. Parmi ces récompenses, celle attribuée à Gonzague de Cerval, au titre de « meilleur jeune banquier privé » au Luxembourg. Il a été désigné parmi plus de 50 candidats et reconnu pour la connaissance fine de sa clientèle et la compréhension approfondie de ses besoins, ainsi que pour la qualité de son parcours.
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Photo : Bil
Photo : Luc Deflorenne
Nouveau siège, nouveau logo
Bernard Mommens : « D’ici à la fin de l’année, nous espérons comptabiliser plus de 500 millions d’euros d’actifs sous gestion. »
Monsieur Mommens, l’ouverture de cette succursale vous permet-elle de vous positionner à l’égard d’une clientèle tentée de rapatrier ses avoirs en raison de la fin du secret bancaire ? « Cette ouverture se replace tout d’abord dans le contexte de l’indépendance retrouvée de la Bil en octobre 2012 à l’égard du groupe Dexia. Le conseil d’administration de notre banque a validé depuis lors un plan stratégique d’expansion à l’étranger dont notre succursale bruxelloise fait partie. La décision de s’implanter en Belgique a été avalisée dès fin 2012 et nous avons obtenu les autorisations des autorités belges compétentes en moins d’un an, en juillet dernier. Nous ambitionnons naturellement de toucher les clients actuels de la Bil au
Luxembourg et qui seraient tentés de rapatrier leur argent en toute transparence, dans le cadre du vaste mouvement ‘onshore’ induit par la fin du secret bancaire pour 2015. Quels sont vos premiers objectifs concrets ? « L’un de nos premiers objectifs est déjà concrétisé, en l’occurrence la mise en place d’une banque de plein exercice en Belgique qui s’appuie largement sur le savoir-faire acquis sur la place financière luxembourgeoise. Pour le réussir, nous disposons d’une équipe de 10 personnes dont des collaborateurs seniors en provenance de Luxembourg. D’ici à la fin de l’année, nous espérons comptabiliser plus de 500 millions d’euros d’actifs sous gestion. Au-delà, nous voulons, d’ici deux voire trois ans, être considérés
comme une véritable banque privée belge, notamment dans le chef des entrepreneurs qui souhaitent structurer leur patrimoine. Les besoins de la clientèle privée belge diffèrent-ils de celle présente à Luxembourg ? « Nous remarquons que le client, peu importe sa localisation, est demandeur d’une approche individualisée nécessitant avant tout une écoute de la part du banquier. Outre la notion de proximité, la transparence quant à la politique tarifaire et de produits des institutions financières telle que la nôtre est aussi importante. Les clients privés veulent en effet comprendre les produits que leur propose leur partenaire financier. Nous voulons donc présenter une politique de ‘bon père de famille’ en alliant sécurité et simplicité. »
actualité Économie & politique entreprises
place financière
Clearstream
Yves Baguet est parti
Yves Baguet, membre du comité de direction de Clearstream et chief information officer (CIO) a quitté ses fonctions. L’information n’a fait l’objet que d’un simple communiqué de la société, qui annonce son remplacement par Richard Green, lequel se voit également confier la fonction de directeur IT de la maison mère Deutsche Börse. Yves Baguet qui va poursuivre « de nouveaux défis », selon la formule consacrée, était entré chez Clearstream en 1994 et en était devenu le directeur informatique en 2000. Statistiques
Photo : Christophe Olinger ( archives )
Toujours plus de réviseurs
Gaston Reinesch n'a pas manqué de dresser un état des lieux économique sans complaisance devant les partis en charge de former le prochain gouvernement.
BCL
La « vue d’ensemble » de Gaston Reinesch Le gouverneur de la BCL n’a pas manqué d’évoquer quelques sujets qui fâchent avec les délégations des partis en charge de former le prochain gouvernement.
Après l’écrit, l’oral. Le dernier bulletin de la BCL avait, début octobre, livré un tableau « sévère » de la situation financière du pays. Quelques semaines plus tard, Gaston Reinesch a eu le loisir d’exposer ses vues devant les formateurs du futur gouvernement. Il a notamment pu évoquer la question de la TVA et d’une réflexion à mener quant à son régime actuel, appelant à trouver une solution « la plus appropriée en termes économiques et sociaux ». Quant à l’index, la BCL rappelle qu’entre 2000 et 2012, le mécanisme a alimenté près de 80 % de la variation cumulée du coût salarial nominal moyen. Et de demander au prochain gouvernement de prendre des mesures pour « pallier cette situation ». « Il est inexact d’affirmer que l’indexation n’a pas d’impact préjudiciable sur la compétitivité, indiquait le Bulletin, tout en se gardant bien couper des têtes. Il ne résulte cependant pas forcément de ce constat qu’il faille abolir le mécanisme d’indexation. »
Les données publiées fin octobre dans le Memorial B indiquent que le Luxembourg compte pas moins de 1.086 réviseurs d’entreprise opérant comme personnes physiques, soit 47 professionnels de plus qu’en 2012. Elles sont 480 à opérer en tant que personnes morales (20 de plus qu’en 2012), allant des Big Four, avec leurs milliers d’employés, aux petites fiduciaires indépendantes qui se résument souvent à une ou deux personnes. Promotion
Philipp von Restorff prend du galon Philipp von Restorff, head of communication à l’ABBL et, depuis juillet dernier, conseiller auprès du comité de direction, vient d’être élu – pour un mandat de deux ans – à la présidence du comité « Communication » de la Fédération bancaire européenne.
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Avec un patrimoine global de 2.539,200 milliards d’euros, les fonds luxembourgeois repartent à la hausse (+1,62 % sur un mois)
EXPR
ESS
fin septembre. | Après huit années à la présidence d’Investas, l’association luxembourgeoise des investisseurs privés, Raymond Goebbels cède la place à Jean Medernach. | La BCL a relevé d’un point de base (à 1,96 %) le taux d’intérêt variable sur les crédits immobiliers accordés aux ménages.
Assurance groupe
Vingt ans après
IWI passe chez Foyer
BCCI : des créanciers veulent rouvrir le dossier
Foyer Vie a repris le portefeuille « employee benefits » de International Wealth Insurer (IWI), représentant quelque 40 millions d’euros, en provisions techniques sur des produits d’assurance groupe essentiellement. « Il s’agit pour nous d’un recentrage stratégique, tel qu’il avait été annoncé et entamé », explique Sarah Kneib, responsable product development & marketing chez IWI. La firme mise sur un core business clairement positionné sur l’assurance vie individuelle, en particulier sur les produits ciblant la clientèle patrimoniale et les high net worth individuals. Le transfert du portefeuille d’assurance sera effectif au premier trimestre 2014.
Une « class action » vient d’être engagée à Luxembourg pour demander la réouverture de la faillite de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), qui date de 1992. Ils sont 10 créanciers à avoir assigné la banque, son liquidateur, ainsi que la CSSF devant le tribunal commercial de Luxembourg, pour avoir autorisé la clôture de la faillite en juillet dernier, alors qu’il était encore possible de récupérer 326 millions de dollars en Arabie saoudite. Le meneur de cette action est l’homme d’affaires américain Adil Elias qui évoque une décision « illégale » du tribunal de Luxembourg, estimant que ni le juge-commissaire, ni même la CSSF ou le liquidateur ne sont habilités à prendre une telle décision.
« Nous jouons notre rôle en minimisant tout risque systémique d’une nouvelle crise économique et financière. » Marc Gem, à la tête du département Business Management & Strategy de Clearstream, se dit ravi de l’opportunité, pour sa banque, de faire partie du panel des « Top Banks » étudiées à la loupe par la Banque centrale européenne.
BGL BNP Paribas
200 millions pour de nouveaux bâtiments
Visuel : m3 Architectes
À l’horizon 2016, le groupe BNP Paribas regroupera au Kirchberg, l’ensemble de ses 4.000 collaborateurs actuellement dispersés sur plusieurs bâtiments (hors agences de BGL). La première pierre de deux futurs immeubles, qui viendront compléter l’actuel siège de la banque, a été posée à la mi-octobre. Le premier bâtiment, blanc, comportera 14 étages et sera relié à un second, noir, et plus petit (six étages). L’ensemble représentera une surface totale de 51.500 m2, avec une option pour un 3e bâtiment d’une surface de 18.000 m2. Déjà détenteur de la certification HQE Excellent, le groupe vise, pour ses bâtiments, une triple certification environnementale à dimension européenne (DGNB, Breeam, HQE). Conçu par M3 Architectes et le bureau d’études Goblet Lavandier, le projet représente un investissement de l’ordre de 200 millions d’euros.
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Blanchiment
Photo : Bil
Plus de 11.000 dossiers ouverts en 2012
Notation
Fitch aime toujours la Bil L’agence de notation franco-anglaise vient de réaffirmer sa note « A- » sur la banque luxembourgeoise et revient sur une de ses précédentes appréciations sur le soutien de l’État.
Presqu’un an après avoir jugé que l’émancipation de la Bil du groupe Dexia et le rachat de 90 % de son capital par les Qataris de Precision Capital (le solde des 10 % étant passé dans les mains de l’État luxembourgeois), présentait certains risques pour la banque luxembourgeoise, l’agence de notation Fitch revient sur son appréciation. L’émancipation des trois États (France, Belgique et Luxembourg) ayant sauvé le groupe
franco-belge de la faillite s’est finalement révélée une bénédiction pour la doyenne des banques luxembourgeoises. Fitch, lui, maintient sa note « A- » sur la dette à long terme. Fitch juge par ailleurs que la participation de 10 % de l’État luxembourgeois, l’un des rares États européens à bénéficier d’une note triple A constitue un bon point et qu’en cas de besoin, nul doute que l’État viendrait à la rescousse.
La cellule de renseignement financier du parquet de Luxembourg, dans son rapport annuel, indique avoir ouvert 11.423 dossiers de soupçon de blanchiment et / ou de financement de terrorisme en 2012, contre 8.681 en 2011 (+31,5 %) et 5.171 en 2010, selon son rapport annuel publié ce jeudi. Les avoirs visés ont atteint 1,842 milliard d’euros, contre 1,333 milliards un an plus tôt. Le parquet indique en outre avoir procédé à 31 blocages de fonds – une mesure assez exceptionnelle – pour un montant de 75,8 millions d’euros. L’augmentation spectaculaire du nombre de dossiers repose, selon le rapport de la CRF, sur la conjonction de trois facteurs : d’abord l’impact de Paypal, qui représente plus de 85 % des déclarations de soupçon ; ensuite une coopération accrue des professionnels et enfin la multiplication des contrôles sur place de la part des autorités de surveillance et d’autorégulation, notamment la CSSF.
PSF de support
Leur destin en main
« Fournir un service de qualité. » Thierry Seignert (Association des PSF de support)
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À l’occasion de la conférence annuelle de PSF de support qui s’est tenue à la mi-octobre, la circulaire 12/544 émise par la CSSF relative à l’approche des risques (risk-based approach) a évidemment été au cœur des débats. « Beaucoup de PSF considèrent les termes de cette circulaire comme une contrainte et source de travail supplémentaire pour être en conformité. Il s’agit pourtant d’un avantage compétitif de connaître, à l’avance, le niveau de risque qu’il est possible de faire courir à un client et d’envisager, avec lui, les meilleures façons de procéder en vue de lui fournir un service de qualité », estime pourtant Thierry Seignert, président de l’association des PSF de support. Depuis son intronisation, en avril dernier,
Thierry Seignert aime à répéter que les PSF de support arrivent à un moment clé de leur (courte) histoire (le statut avait été créé par la loi du 2 août 2003 et le premier PSF agréé – Victor Buck Services – le fut le 3 octobre de la même année). « Il faut vraiment que les PSF se rendent compte de l’intérêt d’un tel cadre juridique. Et, à partir de là, qu’ils prennent leur destin en main pour développer leur business, y compris hors des frontières. C’est comme cela que l’on progressera. » Selon la CSSF, le nombre de PSF de support actifs au Luxembourg est actuellement de 84, représentant un total de bilan de 904 millions d’euros et un résultat net provisoire (au 31 juillet) de près de 30 millions d’euros.
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BIP Investment Partners
Le silence des petits actionnaires
BIP Investment Partners va disparaître des écrans de la Bourse de Luxembourg, non sans quelques discrets grincements de dents. En interne, il y a une « forte adhésion au projet ». En dehors, certains se disent « abusés ». L’opération de retrait touche à sa fin, le prix de sortie surprend et la décote inquiète.
Texte Véronique Poujol Photo Luc Deflorenne
I
l n’y a pas eu de vraie contestation contre l’offre publique que la société luxembourgeoise de participations BIP Investment Partners a lancée, le 21 octobre dernier, pour retirer les actions de la Bourse de Luxembourg, où elle était cotée depuis plus de 13 ans. L’offre était toujours en cours au moment où cette édition de paperJam partait sous presse. Mis à part un communiqué adressé par l’asbl Investas, qui défend les intérêts des petits actionnaires, pour s’interroger sur le sens de ce retrait et les méthodes de valorisation jugées inappropriées, il n’y a pas eu grand monde, du moins publiquement, pour remettre en cause le projet de retrait de BIP. Cette sortie sonne pourtant comme un échec du petit capitalisme à la luxembourgeoise, faute de voir de manière évidente où sont les investisseurs privés et où est le caractère « luxembourgeois » des investissements ? Cela étant, certains investisseurs espéraient encore un geste de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), afin que le régulateur, comme c’est son rôle, corrige le tir en se prononçant sur le caractère « adéquat » ou non du prix offert aux actionnaires pour sortir de la société. Selon Michel Wurth, président du CA de BIP, personne ne s’était manifesté lors de l’assemblée générale extraordinaire du 18 octobre quand furent adoptées, une à une, les résolutions validant le rachat des actions en circulation avant leur retrait programmé de la cote officielle. Il y a pourtant eu deux voix dissonantes de l’AGE. Mais les taux d’adhésion des actionnaires ont largement dépassé les 90 % sur certains points, à la grande satisfaction d’ailleurs de Michel Wurth. Ce dernier saluait, dans un entretien à paperJam.lu, l’« écrasante majorité » reflétant, à ses yeux, « la forte adhésion au projet ». « Plus de 96 % des actions ont voté en faveur de chacune des résolutions » à l’ordre du jour de
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cette assemblée, se félicitait BIP par ailleurs – le lundi 21 octobre dans un communiqué. Dans le même temps, le prix de rachat était annoncé. C’était aussi le signal de lancement de l’offre publique de retrait : 62,01 euros par action, soit une grosse décote par rapport à la valeur nette d’inventaire de BIP. Une grosse déception pour certains actionnaires qui ne comprennent toujours pas pourquoi le prix de rachat ne correspond pas à la valeur nette d’inventaire. Une sorte de « family office »
L’issue de l’assemblée générale extraordinaire faisait peu de doute. Les petits actionnaires n’ayant aucune chance de bloquer le projet de retrait, soit ils ne se sont pas déplacés, soit ils ont observé, impuissants, le jeu des grands actionnaires. Or, et c’est un paradoxe, BIP fut toujours aux avant-postes de la défense des petits actionnaires. On l’a vu d’ailleurs dans le dossier de RTL Group où les dirigeants se sont battus, contre la maison mère Bertelsmann, pour être traités de la même manière que les gros actionnaires. « Il était clair, résume un petit investisseur sous couvert de l’anonymat, que la résolution allait passer, puisqu’elle reflète la volonté des quelques institutionnels ainsi que des familles représentées au conseil d’administration. Ceux-ci contrôlent la grande majorité du capital et peuvent se féliciter de pouvoir racheter à 62,01 euros ce qu’ils estiment à 84,03 euros. » La décision de retrait ne serait donc, à l’entendre, « ni consensuelle, ni inclusive » ! Rappelons que la Compagnie financière La Luxembourgeoise détenait 17,84 % de BIP au 30 juin dernier et BGL BNP Paribas 10,41 %. Il existe, depuis le sauvetage de l’ancienne filiale luxembourgeoise de Fortis à l’automne 2008 et son rachat par le groupe BNP Paribas et l’État luxembourgeois (qui détient 34 % de la banque),
une clause octroyant à ce dernier un droit de véto en cas de vente de BIP, cette société étant considérée comme une participation importante de la banque. Constituée à l’origine pour soutenir l’économie luxembourgeoise en encourageant l’actionnariat « populaire », BIP est aujourd’hui devenue une sorte de « family office » de certaines grandes familles luxembourgeoises. On a par ailleurs vite fait le tour de l’inventaire du patrimoine « purement luxembourgeois » dans son portefeuille. La plupart des bijoux de famille hérités de la vénérable Banque générale du Luxembourg ont presque tous été vendus. À commencer par la participation dans la compagnie de fret Cargolux. Aucun représentant de l’État ne siège au conseil d’administration de BIP, alors qu’ils sont légion dans celui de BGL BNP Paribas. On sait que des propositions de rachat avaient été formulées à la banque et qu’elles furent chaque fois déclinées, précisément en raison de ce droit de véto. Ceci dit, le gouvernement sortant a clairement annoncé son intention de vendre sa participation dans BGL BNP Paribas, si les conditions de marché étaient réunies. L’offre publique de retrait de BIP s’étend, sur un total de quatre semaines, jusqu’au 15 novembre. Le prix de 62,01 euros par titre a été présenté comme un « cadeau » aux actionnaires, le communiqué évoquant « une prime de 24 % par rapport au cours de bourse du 13 septembre dernier » – la date de l’annonce de l’offre – et « de 9 % par rapport au cours de Bourse du 18 octobre 2013 » – dernier cours avant le début de l’offre. Interrogations sur le prix…
Tout dépend de la perception de la réalité que l’on a, ou de quel côté du miroir l’on se place. Si les dirigeants de BIP, qui manifestement voudraient bien faire sortir les petits actionnaires,
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place financière
BIP est devenue une sorte de family office. Son siège au Kirchberg a des allures de demeure patriomoniale.
parlent de prime, d’autres appellent l’écart entre le prix offert et la valeur nette d’inventaire (VNI), une décote. Le prix actuel (62,01 / action) représente 18 % de moins que lorsque le titre fut introduit en Bourse en juin 2000 (75 euros). Dans l’intervalle, la société a certes distribué un dividende dépassant 20 euros. Il y a 13 ans, on était dans un autre film, avec une VNI inférieure au prix en bourse. Lors de l’IPO (l’offre publique de vente) de BIP en juin 2000, l’action avait été vendue à 75 euros, alors que la VNI s’élevait à 73,50 euros, soit une surcote de 2 %. Aujourd’hui, à l’inverse, la société vaut un quart de plus que son prix « public ». « Malgré le fait que les décotes de holding ont toujours existé, signale un actionnaire, BIP a placé les titres auprès des investisseurs avec une surcote de 2 % au moment de l’introduction en Bourse en 2000. Donc, ce n’est que logique si les actionnaires exigent les mêmes conditions au moment du retrait. » C’est un constat que dresse également Raymond Goebbels, ancien président d’Investas en mettant en cause la valorisation de BIP et le prix trop bas de l’offre publique de retrait. Quant au nouveau président de l’association de défense des petits actionnaires, Jean Medernach, il est un peu coincé pour monter sur les barricades et jouer son rôle : il fut un des dirigeants de BIP et on peut présumer qu’il est tenu à une clause de confidentialité l’empêchant de s’exprimer sur son employeur de jadis. Les petits actionnaires sont trop peu et leur masse critique est trop insignifiante pour organiser une vraie parade. Ont-ils dès lors d’autre choix que de vendre leurs titres ? Pas vraiment, selon le témoignage de l’un d’eux : « Le petit actionnaire se retrouve de fait dans la situation d’un retrait et rachat obligatoire de ses titres, s’il veut éviter un investissement dans une société non cotée, placement qu’il n’a jamais choisi. Cela devrait amener la CSSF à regarder si le prix
proposé aux petits actionnaires est adéquat, assuret-il. Cela serait cohérent, poursuit-il, avec l’esprit de la loi du 21 juillet 2012 relative au retrait obligatoire de titres de sociétés admis à la négociation sur un marché réglementé. » « Je ne comprends pas le prix de rachat de 62,01 euros qui est proposé aux actionnaires , affirme encore ce petit investisseur. Mardi 22 octobre, le prix pointait à 84,03 euros, ce qui mettait la décote à 26 %, faisait-il remarquer. En quoi ces primes devraientelles intéresser les actionnaires ? Ce qui importe, c’est que le prix proposé est à un tel pourcentage de décote. À 84,03 euros, c’est aussi la valeur comptable des capitaux propres de BIP, évaluation établie selon les normes IFRS internationalement reconnues. » Une des questions pertinentes est donc de savoir si le niveau du prix auquel la société veut racheter ses titres est justifié ou non, par rapport à la quote-part réelle que les minoritaires détiennent dans les actifs de la société, sachant qu’une prime payée aux actionnaires majoritaires fait partie des habitudes… Le prospectus publié pour l’offre de retrait justifie sur plusieurs pages les méthodes de valorisation ayant abouti au prix de 62,01 euros en comparant le prix de l’action BIP à d’autres holdings « similaires » sur les marchés belge, français, luxembourgeois et suisse. L’échantillon porte sur 11 sociétés dont BIP (voir graphique), avec une moyenne de décote de 27,7 %. Comme le souligne le prospectus, la valeur
estimée par action est passée de 83,71 euros au 31 décembre 2012 à 80,12 euros au 30 juin 2013, soit une diminution de 3,59 euros, mais après qu’un dividende de 2,40 euros ait été payé. En tenant compte du paiement de ce dividende, la baisse de valeur des six premiers mois de 2013 a été limitée à 1,4 %. « Historiquement, le cours de Bourse de l’action BIP a affiché une décote par rapport à la VNI de l’action BIP », rappelle encore le prospectus. La décote ne reflète pas, aux yeux du conseil d’administration, la qualité des actifs de la société (340 millions d’euros d’actifs financiers), ni ses performances. Mais les comparaisons avec d’autres holdings sont loin de faire l’unanimité chez certains petits porteurs qui rappellent par exemple que les titres de sicav sont rachetés au prix de la VNI et « pas à un prix quelconque déterminé par les gérants ». … et sur les méthodes de valorisation
Les méthodes de valorisation appliquées à certains holdings étrangers ne seraient pas valables dans le cas de BIP. « Une décote de holding existe quand il y a des inquiétudes quant à la composition et l’évolution future du portefeuille de la société et quand il y a des doutes quant aux capacités du management de générer des plus-values futures sur ce portefeuille », résume un investisseur. Or, note-t-il, « pour les actionnaires minoritaires qui Décembre 2013 —
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valorisation
Décotes des sociétés holding comparables à BIP (au 30 juin 2013) age auv ina is s Sof Bo
BIP
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« Ce n’est que logique si les actionnaires exigent les mêmes conditions au moment du retrait. » Raymond Goebbels (ex-président d’Investas)
« Plus de 96 % des actions ont voté en faveur de chacune des résolutions. » Michel Wurth (président de BIP)
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Le prospectus publié pour l’offre de retrait justifie sur plusieurs pages les méthodes de valorisation ayant abouti au prix de 62,01 euros en comparant le prix de l’action BIP à d’autres holdings « similaires » sur les marchés belge, français, luxembourgeois et suisse. L’échantillon porte sur 11 sociétés dont BIP, avec une moyenne de décote de 27,7 %.
apportent leurs titres au rachat, l’histoire BIP s’arrête là et il n’y aucune incertitude quant au portefeuille de référence ». La décote serait « incompréhensible » à ses yeux et relèverait d’une « tromperie » sur la juste valeur. Pour lui, c’est comme si les actionnaires minoritaires acceptaient de se faire racheter à une décote de 26 % par rapport à la valeur estimée de l’action et donnaient l’option aux actionnaires restant dans le capital de « potentiellement commencer à liquider le portefeuille » une fois l’offre clôturée, avec la perspective pour eux de réaliser un prix qui sera à la VNI ou proche de la VNI… C’est donc loin d’être ésotérique. Un autre grief des « petits porteurs » concerne la décote générale de 11 %, supposée refléter – selon le prospectus –, la valeur actualisée des frais de structure de BIP. Comme l’indique le document, la cotation coûtait cher et les échanges en Bourse presque insignifiants ne pouvaient en justifier le maintien. Moins de 2 % du capital de BIP ont été échangés en 2011 et en 2012. Et ce chiffre tient compte des rachats de ses propres titres effectués par la société. En 2012, il est arrivé que rien ne se passe sur l’action pendant 57 jours consécutifs… Toujours selon le prospectus, le total des charges opérationnelles s’élevait à 4,4 millions d’euros en 2012, soit 1,2 % des actifs nets. 500.000 euros étaient directement ou indirectement liés à la cotation, soit 11 % des charges opérationnelles de BIP. « Certains avantages fiscaux qui ont pu, du moins en partie, motiver la cotation des actions de BIP, notamment le régime fiscal instauré par la ‘loi Rau’, ont fortement diminué, voire disparu », souligne le prospectus. « Il n’y a aucune raison d’appliquer maintenant
la décote aux actionnaires qui sont obligés de vendre. Cette décote n’a jamais été évoquée lors de l’introduction en Bourse et est donc clairement dénuée de pertinence maintenant aussi », rétorque un minoritaire. Pour lui, les frais de gestion du passé ont déjà été répercutés sur les comptes de la société. Pourquoi les actionnaires sortants devraient-ils être concernés par les frais de structure futurs ? « Au lieu de vouloir appliquer une décote générale de 11 %, une prime à la VNI serait judicieuse, vue l’épargne des frais de cotation annuels estimée par BIP publiquement à 500.000 euros ! », assure-t-il encore. Tant les sicav en valeurs mobilières « traditionnelles » que les hedge funds, qui ont des structures de frais assez lourdes et des frais de gestion importants en plus des frais de performance, exécutent des rachats au prix de la VNI. Alors une VNI à -11 %, comme c’est le cas de l’offre BIP, peut sembler décalée…
BIP Investment Partners a lancé, le 21 octobre dernier, une offre publique pour retirer les actions de la Bourse de Luxembourg, où elle était cotée depuis plus de 13 ans. Des interrogations portent sur le sens de ce retrait, les méthodes de valorisation ou le prix offert à la sortie aux petits actionnaires. S’il n’y a pas eu grand monde pour remettre en cause le retrait de cotation, la sortie de BIP sonne pourtant comme un échec du petit capitalisme à la luxembourgeoise, faute de voir de manière évidente où sont les investisseurs privés et où est le caractère local des investissements.
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Diversification économique
Le RMB donne le tempo La place financière veut croire en la monnaie chinoise pour poursuivre sa diversification. Un potentiel qui dépend en partie de l’agrément des autorités chinoises. CCB : des initiales qui donnent beaucoup d’espoir au sein de la Place. Texte Thierry Raizer Photos Luc Deflorenne
L
’Europe va-t-elle dépasser l’Asie en matière de règlements commerciaux en renminbi ? », s’interrogeait, fin octobre, Swift, la société coopérative spécialisée dans l’échange d’informations financières standardisées. A priori antinomique sur le plan géographique, cette question trouve un élément de réponse dans les données de Swift. Les paiements de clients en renminbi (RMB) en Europe ont en effet grimpé de 163 % au cours de la dernière année, contre 109 % en Asie (à l’exception de la Chine et Hong Kong) sur la même période. Une croissance impressionnante pour une monnaie qui, jusqu’il y a peu, était essentiellement utilisée au sein des frontières de la République populaire de Chine. L’ouverture vers l’extérieur et l’internationalisation du RMB, voulues par le pouvoir de Beijing, rebattent donc progressivement les cartes sur le marché mondial des devises et, plus généralement, sur les places financières. « Nous observons depuis 2010 la concrétisation des résultats voulus par la politique chinoise, déclare Patrick de Courcy, deputy chief executive et head of markets & initiatives Asie Pacifique chez Swift. Les différents centres financiers essaient donc de se positionner dans cette nouvelle donne. » Et donc de tirer profit de l’essor de cette nouvelle monnaie, à l’image du développement économique chinois. Car l’internationalisation du RMB n’en serait qu’à ses débuts. « Les principaux partenaires commerciaux de la Chine en Europe adoptent le RMB pour le règlement des transactions. C’est le ‘niveau un’ pour ces banques, puisque toutes n’adhèrent pas au même niveau à l’émergence du RMB », ajoute Patrick de Courcy. Dans cette mouvance où Hong Kong, Londres et Singapour (pour ne citer que ces places) jouent un rôle non négligeable, les acteurs de la place luxembourgeoise veulent « mettre le pays sur la carte », selon l’expression consacrée. Une démarche qui a débuté il y a deux ans. Depuis, le Luxembourg a pu attirer des intérêts RMB et quelques chiffres donneraient raison au Grand-Duché qui veut devenir le plus
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important centre RMB au sein de la zone euro. Selon Swift (août 2013), le Luxembourg est désormais le deuxième pays de la zone euro en termes de paiements en RMB. Luxembourg for Finance communique aussi plusieurs données pour mettre en avant le caractère sinophile de la Place. Près de 220 milliards de RMB (près de 27 milliards d’euros) seraient, entre autres, investis dans les fonds domiciliés au Grand-Duché. « Il s’agit d’une nouvelle preuve de la diversité de notre place financière, de sa capacité d’innovation, de son caractère global ainsi que de son expertise sur des questions très pointues », se réjouit Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. L’agence de promotion de la place financière a d’ailleurs créé un site internet dédié au RMB (www.rmb-business.com) pour encore mieux marquer la volonté politicoéconomique du Luxembourg. Et l’arrivée le 29 octobre dernier (photo) d’une troisième banque chinoise, la China Construction Bank – CCB – (après la Bank of China et l’ICBC) au 1, boulevard Royal est perçue comme un autre signal positif pour
la Place. D’autant que la deuxième banque mondiale en termes de capitalisation boursière a, comme ses consœurs, choisi le pays pour rayonner sur le marché européen – dans ce cas via son entité CCB Europe. Sans préciser ses plans d’engagements, CCB compterait, selon son président, occuper les 3.000 m2 de son nouveau siège européen et de sa branche luxembourgeoise. Positionnement de fond
« La position géographique du pays, au cœur de l’Europe, nous a naturellement séduits », déclarait Wang Hongzhang, président de la China Construction Bank à paperJam.lu. Parmi l’équipe dirigeante de CCB Europe, on retrouve l’ancien ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké. Il occupe un siège de directeur indépendant au conseil d’administration de l’entité. Et le dirigeant global de la banque d’ajouter : « Nous avons aussi trouvé une écoute attentive de la part du gouvernement, le tout supporté par des
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place financière
Promotion et stratégie
L’autre face de l’offshore
« Le développement du RMB au Luxembourg ne se limite pas aux fonds d’investissement. » Dariush Yazdani (PwC Luxembourg)
« Nous observons la concrétisation des résultats espérés par la politique chinoise. »
L’image des places financières prend de plus en plus les couleurs du RMB. Hong Kong ayant été le partenaire historique, l’ouverture à l’égard de Singapour et Londres a été accueillie par leurs autorités locales comme le signe d’une reconnaissance. Dans le cas londonien, des acteurs tels que HSBC n’avaient pas hésité à se positionner publiquement lors d’une campagne de séduction menée au niveau de la Place depuis avril 2012. Il en est de même pour le Luxembourg qui ambitionne, via le RMB, d’attirer de nouveaux investisseurs pour sa place financière en mutation. Les trois banques chinoises au Luxembourg n’hésitent d’ailleurs pas à se rallier publiquement à cette cause. Si Londres s’est montrée ouverte pour accueillir des banques chinoises (suite à l’obtention de la part des autorités de Beijing de quotas pour investir dans le RMB offshore), le travail réalisé par le Luxembourg devrait porter ses fruits en ce sens. La nouvelle Chambre de commerce « Chinalux » veut donner, dans ce contexte, l’ambition de favoriser les échanges d’affaires entre les deux pays. Il restera au prochain gouvernement à marquer son empreinte dans les relations sino-luxembourgeoises, sachant que les acteurs chinois accordent de l’importance à la confiance sur le long terme. Le formateur et probable futur Premier ministre Xavier Bettel a posé un premier geste en ce sens en rendant visite à Wang Hongzhang, président de la CCB lors de la soirée de lancement le 29 octobre dernier. T. R.
Patrick de Courcy (Swift)
procédures et une réglementation transparentes, efficientes et ouvertes à l’égard de nos activités. » Un écho presque parfait aux arguments de vente du pays à l’étranger. De quoi donner le sourire à Luc Frieden, ministre des Finances sortant (CSV) qui a fait, en collaboration avec le Premier ministre Jean-Claude Juncker, de l’établissement de la CCB l’un de ses derniers dossiers importants. Le tout dans un timing serré pour un établissement de ce genre : un peu plus d’un an, depuis les premiers contacts pris en septembre 2012. Trois mois ont par ailleurs suffi à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) pour valider le dossier de la banque. C’est que pour le GrandDuché, il est question d’un investissement espéré sur le long terme et de gains fiscaux supplémentaires bien nécessaires à l’aune de la fin du secret bancaire (et donc du départ de petits porteurs) mais aussi du changement de perception de la TVA dans le commerce électronique, le tout en 2015. « Le développement du RMB au Luxembourg ne se limite pas aux fonds d’investissement, il aura aussi
un impact positif sur les banques et les sociétés, déclare Dariush Yazdani, associé chez PwC Luxembourg. Une approche coordonnée, comme le groupe de travail mis en place par le ministère des Finances, permet au Luxembourg de tirer profit de son statut de centre financier européen majeur pour attirer des opportunités liées au RMB. » Et le discours du président de la CCB confirmerait cette perspective, en ajoutant des éléments presque rêvés pour les acteurs du secteur bancaire recherchant les (plus) grosses fortunes. « Nous pensons que l’expertise du Luxembourg en matière de fonds d’investissement nous permettra de développer nos services de banque privée, de gestion de fortune ainsi que des services liés aux fonds depuis le Grand-Duché, en l’utilisant comme plateforme pour pénétrer les marchés européens », précisait Wang Hongzhang lors de la cérémonie de lancement de CCB, à l’hôtel Le Royal. L’arrivée de la CCB se produit deux semaines après l’autorisation délivrée par les autorités chinoises aux acteurs du secteur financier londonien d’acheter pour plus de 80 milliards
de RMB (9,7 milliards d’euros) en dépôts, actions et instruments monétaires. Un quota délivré dans le cadre du programme « RQFII » (Renminbi Qualified Foreign Institutional Investors) lancé fin 2011, soit une sorte de certification pour les institutions financières étrangères qui peuvent, de façon contrôlée, utiliser le RMB offshore pour l’utiliser et l’investir en Chine. Levée de barrières
« Cette autorisation pourrait également bénéficier à la place financière luxembourgeoise qui peut accueillir les institutions financières basées à Londres voulant y domicilier leurs fonds en utilisant leur quota RQFII », ajoute Dariush Yazdani. Grâce à la marque Ucits, intimement liée à la place luxembourgeoise, qui a joué un rôle important dans le développement de l’industrie des fonds asiatique, le Grand-Duché dispose d’un atout majeur pour récolter les fruits du RMB. « Luxembourg est la plateforme qui nous donne la possibilité de créer des produits au Décembre 2013 —
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Taille comparative des marchés RMB offshore (octobre 2013)
(Source : PwC)
Produits RMB
Luxembourg Londres Paris Francfort Hong Kong Singapour
Dépôts*
40
12
10
-
730
140
Prêts*
62
-
-
-
88
-
Obligations cotees*
40
9
3
0
74
55
Fonds communs en RMB
220
-
-
-
431
-
2
e ays t le 2 p s e g r o embou Le Lux e la zone eur RMB. n d e ment s e i a p s : Swift) pour le (S ource
* en milliards de RMB 1 uniquement les fonds libellés en RMB - chiffres non disponibles de manière publique / officielle
départ d’une juridiction reconnue par les investisseurs et qui offre une régulation protectrice et raisonnable », déclarait Peng Wah Choy, CEO du gestionnaire d’actifs Harvest Global Investments basé à Hong Kong, lors d’un podcast enregistré par l’Alfi. Mais au-delà des retombées indirectes espérées, le tapis rouge déroulé aux banques chinoises et les efforts diplomatiques entrepris par le gouvernement ont aussi pour ambition de recevoir, après Hong Kong, Londres ou Singapour, ces précieux quotas pour les acteurs luxembourgeois. La croissance des affaires en RMB au Luxembourg, tout comme pour d’autres places, reste donc soumise à la volonté des autorités chinoises. En ouvrant les portes de son marché sur un mode progressif, la Chine joue habilement sur la loi de l’offre et de la demande, elle devra cependant éviter de rebuter certains types d’investisseurs, dubitatifs par l’aspect limitatif des quotas. Les acteurs luxembourgeois veulent, quoi qu’il arrive, croire en leurs chances, à la lumière des développements annoncés pour une monnaie qui n’est même pas encore tout à fait convertible. « L’arrivée de banques chinoises au Luxembourg doit nous permettre de nous positionner à l’égard des sociétés chinoises qui veulent réaliser des affaires en Europe, ajoute Nicolas Mackel. L’activité RMB de la Place n’est pas uniquement tournée vers la Chine, elle concerne aussi des clients potentiels du monde entier s’intéressant à la croissance chinoise et à l’appréciation du RMB, dont les grands
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gestionnaires qui lancent des fonds RMB depuis le Luxembourg ou les multinationales qui lancent des emprunts obligataires cotés à la Bourse de Luxembourg. » En attendant les quotas, la fameuse boîte à outils luxembourgeoise sera mise en avant, face aux pays voisins qui affichent aussi une stratégie de « Gateway ». Soit autant de portes d’entrée en Europe pour les investisseurs chinois amenés à utiliser de plus en plus leur monnaie nationale pour leurs affaires actuellement traitées en dollars. Une récente étude indique d’ailleurs que d’ici 2020, 30 % des échanges commerciaux mondiaux de la Chine seront effectués via le RMB. La monnaie doit aussi, dans un avenir proche, devenir une référence pour les réserves. Le gâteau de la croissance chinoise s’agrandissant, chacun espère – notamment en Europe – y trouver sa part. Alors que l’économie du Vieux Continent affiche une santé modérée, le gouvernement chinois ambitionne toujours d’atteindre 7,5 % de croissance en fin d’année.
Dans sa recherche de diversification économique, le Luxembourg veut aussi miser sur le renouvellement de sa place financière, au-delà des échéances de 2015. Et la récente annonce de l’arrivée d’une troisième banque chinoise sur le sol grand-ducal réjouit les responsables de la promotion d’un secteur qui compte beaucoup sur l’émergence du RMB comme l’une des principales devises mondiales.
« L’arrivée de banques chinoises au Luxembourg doit nous permettre de nous positionner à l’égard des sociétés chinoises qui veulent réaliser des affaires en Europe. » Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance)
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Réception
Cocktail Intertrust
Plus de 400 personnes ont assisté, le 9 octobre, à l’événement organisé en vue de célébrer l’intégration future du groupe ATC au groupe Intertrust. Photos Charles Caratini
Johan Dejans (ATC Luxembourg)
Tara Nestor (Bonn & Schmitt) et Stefan Alexandru Cernat (PwC)
Eliseo Peroni (Midas Gestion), Pietro Longo (Intertrust Luxembourg) et Anja Grenner (EY)
Inauguration Le nouveau siège de Raiffeisen
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En présence du Premier ministre Jean-Claude Juncker et du ministre des Finances Luc Frieden sortants, la banque luxembourgeoise a reçu, le 21 octobre, plusieurs centaines de personnes pour l’inauguration de son nouveau siège à Leudelange. Photos Luc Deflorenne
Marc Hemmerling et Fernand Grulms (ABBL)
Luc Frieden (ministre des Finances sortant) et Frank Zeimet (Brain & More)
Norbert Geisen (Fédération des artisans) et Félix Eischen (député)
Guy Hoffman, John Bour et Ernest Cravatte (Raiffeisen) accueillent le Premier ministre sortant Jean-Claude Juncker
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Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.
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La chorégraphe dresse des passerelles entre danse et cinéma. Hors-Champ en repousse les limites. Les 22 et 23 novembre au GTL
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C’est un des piliers du folk, qui a influencé des générations de musiciens, qui revient avec son album Tempest. Le 16 novembre à la Rockhal
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Résumer l’art contemporain au Luxembourg en 75 minutes n’est pas chose aisée. C’est pourtant le défi que Yann Tonnar a relevé avec Atelier Luxembourg, un documentaire produit par Samsa Film sous l’impulsion du Casino Luxembourg. Le réalisateur ayant déjà signé les capsules documentaires sur les artistes qui interviennent au centre d’art, c’est naturellement vers lui que l’institution s’est tournée quand il s’est agi de dresser un portrait plus vaste de la scène contemporaine du pays « du point de vue des artistes ». « Le projet a vite pris une telle ampleur qu’un producteur professionnel s’est avéré indispensable. » Samsa ayant, il y a près de 20 ans, produit une quinzaine de portraits d’artistes luxembourgeois, le film a pu se faire. « J’ai volontairement réduit la liste des artistes pour avoir
le temps de les suivre dans leur travail et dans leur vie », explique le réalisateur qui a choisi de se focaliser sur Marco Godinho, Tina Gillen, Catherine Lorent et Jean-Marie Biwer. Ces quatre artistes de générations et de pratiques artistiques différentes lui permettent d’évoquer le marché de l’art, le rapport à la peinture et à l’histoire de l’art, le montage d’une exposition, la place de Luxembourg dans le contexte international… Yann Tonnar constate : « Mes autres documentaires (Weilerbach, Mir Wëllen Net Bleiwen, Schrebergaart) s’attachent tous à un milieu déterminé pendant une certaine durée. Le monde de l’art ne fait pas exception. » Après avoir réalisé quelques épisodes de la sitcom Weemseesdet, il ne rechignerait pas à tourner une fiction, s’il trouve un « bon sujet, ancré dans la société ».
« Atelier Luxembourg » sera notamment présenté le 6 décembre à la Cinémathèque de Luxembourg.
Installations sous forme d’accumulation, cette œuvre séduit et intrigue par son côté kitch et rétro. Jusqu’au 1er décembre au Casino Luxembourg
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Carole Bouquet interprète les poèmes lyriques de Marina Tsvetaïeva. Le 15 novembre au TNL Décembre 2013 —
Photos : Sergine Laloux, Éric Chenal
Yann Tonnar
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Sonic Visions
Du bon son Le festival Sonic Visions a trouvé son créneau avec non seulement des concerts, mais aussi des conférences et showcases pour mettre en relation les artistes et l’industrie. Cette sixième édition ne fera pas exception avec une belle programmation, mêlant pointures et découvertes internationales et bonnes livraisons locales. Petite sélection. Les 22 et 23 novembre à la Rockhal
www.sonicvisions.lu
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Sigur Rós
Le groupe éthéré d’Islande est de retour pour un spectacle à l’atmosphère si particulière, inspirée de ses terres. En 2013, Sigur Rós est en tournée dans le monde entier avec un nouveau show, des visuels époustouflants, un groupe composé de 11 personnes et des nouveaux morceaux à côté de leurs classiques.
Hurts
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Synthesis
Avec Exile, un premier album épique, le duo de synth-pop de Manchester a pris une direction plus marquée, sombre et nuancée de manière subtile. On pense à Soft Cell ou à Depeche Mode vers la fin des années 1980 avec ce qu’il faut de splendeur et de rythmes pop.
Le groupe d’indie pop belge, créé en 2000, constitue un mélange riche de pop néo-psychédélique et de rock alternatif. Après deux albums atmosphériques, un brin pop, un chouïa nostalgique, leur single Misses annonce une belle continuation.
Imaginez deux grands pianos et une batterie, réunis sur la même scène, en train d’improviser sans cesse des rythmes funky, des notes révoltantes en déformant sans relâche musique classique, jazz et électro. C’est ce que font Francesco Tristano (Luxembourg), Rami Khalifé (Liban) et Aymeric Westrich (France).
Ce jeune duo de trip-pop luxembourgeois se compose de Deborah Lehnen et Michael Galetto. Ils s’inspirent en particulier du son des années 80, du hiphop, de la soul et de la musique électronique ; ils ont créé leur propre univers en mixant des beats furieux avec des samples et un chant plein de soul.
Le 23 novembre
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C’est de saison
DVD à la dinde Alors que Halloween a envahi la culture européenne, Thanksgiving n’est pas encore entré dans nos mœurs. Remerciant le ciel pour les moissons abondantes, cette fête marque le calendrier américain, le quatrième jeudi de novembre, le 28 cette année. Le cinéma est friand de ce genre de tradition qui nourrit quelques scénarios parce qu’elle cristallise toutes les attentions et sert à faire rebondir les scénarios. Quelques DVD pour l’illustrer.
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Soir de Thanksgiving 1973, dans une petite ville du Connecticut, le temps est à la tempête. Chez les Hood, l’atmosphère est loin d’être à la fête, chacun traversant à sa manière une crise existentielle. Un portrait au vitriol d’une bourgeoisie en mal de repère. De Ang Lee, avec Kevin Kline, Sigourney Weaver…, 1997, MK2 Diffusion
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April est fâchée contre sa mère, mais fait preuve de bonne volonté en se proposant d’accueillir la famille pour le dîner de Thanksgiving, dans l’appartement new-yorkais qu’elle partage avec son petit ami. Mais son four est aussi cassé que la famille est en morceau. De Peter Hedges, avec Katie Holmes, Oliver Platt…, 2005, MGM
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Claudia Larson voit arriver avec une forte appréhension Thanksgiving. Pour affronter cette réunion et sa famille, Claudia fait appel à son frère Tommy, qui doit la rejoindre à Baltimore chez leurs parents. Mais ce qui s’annonce comme une corvée apportera finalement à Claudia une délivrance inespérée. De Jodie Foster, avec Anne Bancroft, Robert Downey Jr…, 1997, UA Studio
Photos : Fabien Breuil, Sven Becker
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Photo : Luc Deflorenne
Luxe et vintage
Passionnée de décoration et de mode, Malika a ouvert Luxuries, un dépôt-vente pour des accessoires, sacs et maroquinerie haut de gamme. Dans une ambiance baroque, on vient chiner un Vuitton vintage, vendre la fourrure de tata ou simplement prendre un thé, un verre ou un gâteau. Tous les articles vendus ont des certificats d’origine. Luxuries – 13, rue du Fort Élisabeth à Luxembourg (Gare) www.luxuries.lu
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Christian Aschman
À louer Chambres design C’est en lieu et place de l’ancienne Hostellerie du Grunewald que Steve Krack et Steffi Fisch ont développé un nouveau concept de location. Stayrooms rassemble 31 chambres d’une superficie de 16 à 60 m2. Toutes sont meublées et bénéficient d’un design soigné et d’une salle de bain. Les plus grandes comprennent un coin-cuisine. Pour les locataires, une grande cuisine commune est à disposition avec une armoire et un frigo pour chacun. Le parking leur est également réservé ainsi qu’un original jardin d’hiver. « Nous visons une clientèle de cadres étrangers, d’étudiants ou même de locaux entre deux adresses », explique le promoteur qui loue les chambres sous contrats hôteliers, pour des durées à partir d’un mois. Les prix varient entre 950 et 2.300 euros. Les services de linge, de nettoyage, le wifi et la télévision sont compris. Stayrooms – 10, route d’Echternach à Luxembourg (Dommeldange) www.stayrooms.lu
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C’est une photographie tout en délicatesse et en subtilité que Christian Aschman réalise. Ne changeant pas ses bonnes et talentueuses habitudes, il a répondu à la commande de Maison Moderne pour participer au livre Lëtzebuerg Moderne. Partant du constat que la capitale a beaucoup changé au cours des années 1930-1970, tournant le dos à l’historicisme pour s’ouvrir à la modernité, cette publication dévoile un parcours inédit dans la ville, s’arrêtant sur des projets architecturaux encore existants ou parfois déjà disparus. Christian Aschman signe toutes les photographies contemporaines de l’ouvrage, les photos d’archives provenant de la Photothèque de la Ville de Luxembourg. Il est accompagné dans cette aventure par l’historien Robert L. Philippart pour les textes du livre et la graphiste Joanna Grodecki, avec qui il a travaillé sur la direction artistique de l’ouvrage et le choix des lieux, sur les conseils également de M. Philippart. À eux trois, inconditionnels amoureux de cet espace urbain, ils nous montrent un Luxembourg tel qu’on le regarde peu. « J’ai grandi dans le quartier de la gare dans les années 1970. Je connais donc très bien Luxembourg, ses rues, ses bâtiments, ses espaces
publics. J’ai été témoin de son évolution urbaine. De plus, j’ai toujours été sensible à l’architecture moderne qu’on regarde peu et qui n’est pas estimée à sa juste valeur. » Plutôt que de procéder de manière systématique, Christian Aschman organise ses balades photographiques de manière intuitive. « J’ai été guidé par l’orientation du soleil, une attirance pour certains matériaux, comme le béton préfabriqué ou des dalles de verre, des mosaïques dessinées par des artistes, que l’on retrouve à plusieurs endroits de la ville. J’ai également aimé souligner le fait que l’on retrouve certaines formes à plusieurs endroits, telle la forme hexagonale qui est très présente dans les années 1970. » À l’occasion de la sortie du livre, Christian Aschman expose une sélection de ses photos (celles du livre et d’autres) à la Fondation de l’architecture et de l’ingénierie. Telles des traces visuelles, une photographie d’auteur ou encore des données d’archives pour le futur, son travail montre un regard sensible et poétique, attentif à la beauté du « banal », de ces petits riens que nous ne remarquons pas au premier regard, mais que le photographe sait capturer dans une construction de l’éphémère, de l’instant présent.
« Lëtzebuerg Moderne », env. 360 pages, 24 x 30 cm, paraît en deux éditions linguistiques distinctes (français / allemand), www.moderne.maisonmoderne.lu
Exposition « Lëtzebuerg Moderne » jusqu’au 18 décembre à la Fondation de l’architecture et de l’ingénierie, en partenariat avec Maison Moderne et la galerie Nosbaum & Reding Présentation du livre « Lëtzebuerg Moderne » au Walfer Bicherdeeg, les 16 et 17 novembre, www.bicherdeeg.lu Présence des auteurs lors du Marché des créateurs au Mudam, du 4 au 8 décembre, www.mudam.lu Conférence de Robert L. Philippart au CarréRotondes, le 16 décembre
Photo : Luc Deflorenne
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Soins L’efficacité de la simplicité Le soin 901 Fluide Vital de Maria Galland est un soin spécialement conçu pour les hommes. Simple d’utilisation, il vivifie et rafraîchit la peau le matin et apporte confort et protection (SPF 15) tout au long de la journée. L’huile de sésame et la vitamine E hydratent et protègent, tandis que l’aloe vera, le sodium PCA et la camomille apportent vitalité et bien-être. Il pénètre facilement et ne brille pas. Ligne Homme Galland, disponible, entre autres, à l’Institut Françoise au City Concorde à Bertrange
Nouveauté Mediskin Un nouvel espace esthétique et anti-âge a ouvert ses portes, mais celui-ci est plus médicalisé : dermatologues, nutritionnistes sont là pour accompagner les clients. Les soins sont pratiqués pour le visage et le corps. On peut y demander, par exemple, des soins anticellulite (radiofréquence et champs magnétiques pulsés), antivergetures (Mostleds) ou un programme d’amincissement personnalisé. Des soins ciblés peuvent être pratiqués comme des soins contre les taches UV ou la porphyrie. Les messieurs trouvent également des soins et services répondant à leurs besoins (anti-âge, alopécie).
Beauté Bonne mine pour les nulles Avec la boîte Get Started de BareMinerals, impossible de rater sa base de maquillage pour avoir un teint parfait. Une base pour garantir la tenue, un fond de teint en poudre (quatre carnations) qui, appliqué au pinceau, fait l’effet d’une crème soyeuse, et un blush pour la bonne mine composent cette boîte magique qui comprend aussi les pinceaux et un DVD de démonstration pour les trucs et astuces. 65 euros, en exclusivité chez Sephora
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Les traitements longévité de Yoaké Redynamiser l’organisme pour mieux se jouer du temps qui passe tout en savourant des parenthèses de bien-être et de plénitude. C’est le concept longévité développé par Yoaké, The Ultimate Spa. Il ne s’agit ni de pilules, ni d’injections, mais de « stimuler la désactivation du vieillissement », comme l’explique Odette Tonnaer, la maîtresse des lieux. La séance commence par une coupure avec le monde extérieur : le passage symbolique au dessus de l’eau et nous voilà dans un univers zen et feng shui propice à la détente. Une douche plus tard, c’est dans un salon que l’on est reçu avec une tasse de tisane, un massage des pieds puis un questionnaire où l’on fait le point sur son mode de vie. On passe ensuite à la salle de massage, pour une détente parfaite. C’est le soin visage qui va pouvoir ensuite être appliqué. Ces soins transmettent de l’énergie à la cellule de la peau et l’aident ainsi à se renouveler et à se réparer d’elle-même, à se régénérer en produisant le collagène, l’élastine et toutes les protéines dont elle a besoin. Yoaké – 98, boulevard de la Pétrusse à Luxembourg (Gare) www.yoake.lu
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– une approche personnalisée et holistique, – des produits exclusivement aux extraits de plantes, – une sensation réellement apaisante, drainante, où l’on sent immédiatement l’effet antifatigue et antigonflement, – des conseils pour continuer les soins chez soi.
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– le temps nécessaire pour un soin (plus d’une heure avec la douche), – la qualité des prestations a un prix : autour de 120 euros par heure, – la localisation ne laisse pas présager de ce que l’on trouve à l’intérieur.
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Dégustation
De l’importance du verre Les vendanges sont terminées, le vin nouveau arrive donc sur les étals. Comme chaque année, le Beaujolais nouveau s’installera sur nos tables à partir du troisième jeudi de novembre, le 20. Nous avons choisi cinq verres parfaits pour le déguster (avec modération).
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Jasper Morrisson propose un service de table complet au design basique mais soigné. La collection Glass Family se caractérise par une forme unique, pure et essentielle, déclinée en trois tailles pour le vin rouge, le vin blanc et l’eau.
Le trio Claesson Koivisto Rune a dessiné la gamme Tiburòn, avec des lignes au design net, des détails techniques comme la piqûre profonde, une ampleur de coupe, et une technologie de pointe pour la pâte de verre.
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Les verres larges de la collection Cheers sont parfaitement adaptés à la dégustation et permettent aux différentes variétés d’exprimer pleinement leurs arômes… Ces verres d’une transparence absolue laissent apparaître la robe du vin, ses reflets et ses mille nuances.
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Cette collection de verres à vin a été pensée avec des œnologues pour rendre la dégustation plus intense. Point commun à toute la ligne : le bord biseauté imaginé pour mettre en valeur les arômes du vin selon le côté où l’on boit.
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Dessinée par Alfredo Häberli, la gamme Essence exprime un remarquable sens de l’équilibre, la tige et la base étant de la même taille. Un verre qu’on prend plaisir à manipuler et qui sublime l’éclat du vin.
Concours Deux pour une place René Kertz et Damien Klein seront les deux concurrents pour la sélection nationale luxembourgeoise du Bocuse d’Or. Si le premier, âgé de plus de 50 ans, a établi un parcours international dans diverses cuisines et dirige aujourd’hui celles du Wax à Pétange, le second, de 20 ans son cadet, s’est fait connaître sur les écrans de télévision, avec une cuisine avant-gardiste, déconstruite et osée. Un choc des générations à suivre le 3 décembre au Lycée technique hôtelier Alexis Heck, avant que le gagnant aille défendre les couleurs du Luxembourg à Stockholm en mai 2014 pour une qualification européenne avant le concours mondial en 2015 à Lyon.
Ouverture Grande surface Déjà présente à travers quatre points de vente, l’entreprise familiale Pall Center vient d’ouvrir sa nouvelle Grande Épicerie à Strassen. Les habitants du quartier, les personnes qui y travaillent et les frontaliers qui passent en nombre devant tous les jours bénéficient ainsi d’un bel assortiment de produits essentiellement locaux. L’enseigne a en effet fait le pari d’une gamme de produits luxembourgeois, dont du bio, avec quelques excursions vers les pays scandinaves, asiatiques ou anglo-saxons, expats obligent. On y trouve aussi une boucherie (Kirsch) et une boulangerie (Fischer).
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Grande Épicerie du Pall Center – 237, route d’Arlon à Strassen
Vie de quartier En direct des Pouilles À la fois épicerie et petit restaurant, l’Atelier del Gusto vient d’ouvrir à Bonnevoie. Chaque semaine, l’entreprise familiale voit arriver un camion de leur région d’origine, les Pouilles, dans le sud de l’Italie, et peut dès lors régaler ses clients de ces produits ensoleillés. Madame s’active en cuisine pendant que Monsieur sert à table et que le fils coupe le fromage et la charcuterie… C’est simple, goûteux, bon enfant et bon marché (8,50 euros le menu du midi). Atelier del Gusto – 26, rue Deny Schlechter à Luxembourg (Bonnevoie) www.atelierdelgusto.lu
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Rencontres Les « petites mains » d’Hermès
Photo : Tabea Vogel
La maison Hermès présente à Luxembourg une exposition itinérante qui révèle tous les savoir-faire liés à la fabrication de ses produits. Jour après jour, les artisans expriment à travers leurs gestes et leur travail des talents qui donnent vie aux objets d’exception d’Hermès. Le parcours dévoile neuf étapes, sublimées par une mise en scène signée par la designer italienne Paola Navone, et nous emmène à la rencontre de ces « petites mains » qui sont présentes pour répondre à toutes les questions des visiteurs et expliquer leur métier. Les visiteurs découvrent ainsi comment les sacs, carrés, selles, bijoux et autres objets de la maison sont réalisés et le savoir-faire et l’exigence qu’ils nécessitent. Festival des métiers – du 4 au 8 décembre de 12 h à 20 h, au Cercle Cité (Centre-ville)
Festival Les Journées de la passion Les Journées de la passion sont l’occasion pour tous les amoureux des belles montres de découvrir à Luxembourg les derniers modèles et de rencontrer ceux qui les fabriquent. En plus des montres, les visiteurs pourront également admirer une sélection de beaux bijoux. Au cours du week-end, il sera possible de participer à des ateliers d’initiation à l’horlogerie (montage et démontage d’un mouvement mécanique), démonstrations de sertissage, gravage, peinture sur émail, etc. 15, 16 et 17 novembre, au Cercle Cité (Centre-ville)
Superfast chrono en or rose de Chopard Ce modèle est un modèle sportif à la présence incontournable au poignet, voire imposante. Le boîtier dévoile une personnalité affirmée avec un design contemporain et des finitions luxueuses. Les amateurs apprécieront le fond transparent qui permet d’observer le mouvement d’une réserve de marche de 60 heures. Cette montre est présentée sur le stand de Kayser-Reinert.
www.lesjourneesdelapassion.lu
Royal Oak Offshore 44 mm d’Audemars Piguet La légendaire montre sport se décline en version extrême. Ses composants sont résistants aux ondes magnétiques. La carrure, la lunette, la couronne et les poussoirs sont en céramique, seuls le fond muni d’un verre saphir et les plots d’ancrage du bracelet ont été produits en titane et les vis de la lunette en acier. Ce qui distingue ce modèle est son motif « méga tapisserie ». Le mouvement est celui d’un chronographe mécanique à remontage automatique. Cette montre est présentée sur le stand de Molitor.
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Liens de Chaumet La nouvelle montre de Chaumet est une ode à la sobriété. Son boîtier rond est d’une grande simplicité esthétique, une épure qui rend ce modèle très élégant et qui gagne en profondeur grâce au lien graphique qui croise le profil et crée deux anses pour mieux le rehausser. La collection se décline en six modèles, tous destinés aux femmes. Cette montre est présentée sur le stand de Kass.
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Interview
De l’or en verre
L’art de la dégustation a le vent en poupe et celle des whiskies ne fait pas exception. Depuis 2007, le Whisky Club Luxembourg organise des dîners et des voyages pour faire découvrir l’univers de cette boisson raffinée et élégante qui n’hésite plus à sortir des clubs pour Anglais aristocratiques. Rencontre avec Herman van de Keer, son président. Interview France Clarinval Photo David Laurent
Monsieur van de Keer, vous avez été à l’origine de la création du Whisky Club Luxembourg. Quels en étaient les buts au départ ?« On était un petit groupe à se rencontrer en 2007 après une dégustation organisée par un supermarché. Et nous avons voulu faire partager notre passion du whisky. L’idée du club n’est pas d’avoir un endroit fermé, sélectif, mais au contraire de l’ouvrir à tous les intéressés. Le whisky n’est plus réservé à une élite aristocratique et âgée, il y a de bons whiskies pour toutes les bourses, à partir de 30 ou 40 euros la bouteille. Comment avez-vous découvert cet univers ?« J’ai beaucoup travaillé dans la restauration, y compris dans de grandes maisons. Quand on est jeune, on ne connaît que les marques de whisky communes et on le boit avec du cola… Plus tard, j’ai voulu aller plus loin, j’ai commencé par les cognacs, mais je trouvais cela trop monotone. Le whisky offre une beaucoup plus grande variété d’arômes.
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C’est dû à sa fabrication. Quelles en sont les grandes étapes ?« Pour caricaturer, disons que le whisky, c’est une bière sans houblon qui a été distillée. Pour détailler un peu plus, la base du whisky, c’est de l’orge qui est maltée. L’orge est soumise à plusieurs phases d’humidification et d’oxygénation afin d’activer l’embryon en sommeil. Après quelques jours, l’orge humide est répandue sur des aires de maltage. L’amidon se transforme en une sorte de farine dont les sucres seront extraits au moment du brassage. La chaleur engendrée par la croissance de l’embryon nécessite de retourner régulièrement la masse d’orge. Traditionnellement, cela est réalisé par le biais de pelles en bois (shiels) ou de râteaux. L’orge, à ce stade, est appelée malt vert. Celui-ci est transféré au four (kiln) pour séchage. Autrefois, le séchage (kilning) s’effectuait exclusivement à l’aide de tourbe, de charbon ou de coke. Désormais, les malteries sont équipées de fours, utilisés pour le feu de tourbe, mais aussi de brûleurs qui insufflent de l’air chaud.
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«Pour caricaturer, disons que le whisky, c’est une bière sans houblon qui a été distillée. »
La variété des whiskies est énorme tant dans les provenances que les âges, les options de fabrication et de vieillissement. Il importe de savoir lire les étiquettes pour savoir ce que l'on déguste.
On n’en est encore qu’au stade du grain. Il y a déjà des différences qui peuvent apparaître ? « Oui. Il y a d’abord diverses variétés d’orge. Ensuite, le maltage. Pourtant, selon le combustible utilisé au cours du séchage, le profil aromatique du malt se révélera différent. Séché à l’air chaud, il se dote de notes biscuitées, toastées et torréfiées. Séché sur un feu de tourbe, il développe alors des notes rôties, fumées et médicinales que l’on retrouve après la distillation. La distillation apporte-t-elle aussi des différences ?« En effet, la forme de l’alambic va être déterminante parce qu’elle permet plus ou moins de retombées, ce qui donnera un produit plus ou moins raffiné. L’onion shape et le boil ball à compartiment sphérique sont les plus répandus. L’utilisation du cuivre dans la confection des alambics n’est pas le fruit du hasard. C’est un matériau malléable qui agit en tant que catalyseur et permet d’éliminer des substances sulfurées indésirables. Le nombre de distillations est aussi important. En Écosse, la plupart des distilleries pratiquent une double distillation, même si certaines ont adopté la triple distillation, procédé traditionnel en Irlande. Les single malts distillés trois fois se révèlent plus légers et marqués par d’élégantes notes florales et fruitées. On parle généralement de l’âge pour désigner un whisky… Le vieillissement est donc également important. « Le whisky va vieillir dans des fûts de chêne qui peuvent être de plusieurs provenances et de plusieurs contenances. Les fûts de petite taille favorisent un développement plus rapide des arômes, en raison d’un ratio bois / alcool en faveur du bois. L’essentiel de la production est réalisé en fûts de bourbon, de 180 litres. Tous ces fûts peuvent être utilisés en l’état ou subir différents types de traitement, dont le wine seasoning (le fût est loué aux bodegas pour l’élevage du xérès puis rendu aux distilleries pour le vieillissement du whisky) ou le charring (l’intérieur du fût est brûlé de façon plus ou moins intensive afin de concentrer en surface les composés aromatiques du chêne). La tendance est aux affinages. Il s’agit de finir le vieillissement dans des fûts ayant contenu du madère, du porto, du sauternes, du bordeaux, du calvados, etc., ce qui augmente la palette des arômes. La lecture des étiquettes peut être complexe. Pouvez-vous nous éclairer sur les différentes appellations ? « C’est un domaine très vaste, mais très réglementé. On parle d’un blended whisky quand il s’agit d’un mélange de whiskies issus de différentes distilleries. Un single malt est un whisky pur malt (élaboré à partir de 100 % d’orge maltée) provenant d’une seule distillerie. Il résulte de l’assemblage de dizaines de fûts de natures et d’âge différents. C’est le plus jeune whisky entrant dans le mélange qui donne son âge au single malt. Un single cask désigne un whisky provenant d’un seul fût. Il représente la quintessence en la matière. Il y a encore le rye whiskey, élaboré à partir d’un mélange de céréales contenant au minimum 51 % de seigle. Il se révèle généralement plus sec et plus fruité que le bourbon. Le Whisky Club Luxembourg organise des repas où le whisky remplace le vin. Comment les accords sont-ils pensés ? « C’est en effet assez surprenant. Mais comme les vins ont chacun leurs caractéris-
tiques qui s’accordent plus ou moins avec les aliments, nous travaillons en collaboration avec les chefs pour trouver les plats qui iront avec les whiskies. Parfois, il s’agit d’adapter un peu les sauces pour qu’elles s’accordent au mieux avec les arômes de ceux-ci. Par exemple, les whiskies côtiers ou des îles possèdent un caractère marin, salé et iodé qui ira très bien avec des Saint-Jacques ou du saumon. On a pu ainsi aller déguster aux Roses à Mondorf, à La Distillerie à Bourglinster ou au Oro e Argento au Kirchberg… Mais on a aussi fait une soirée américaine avec barbecue, une dégustation de bourbons et un concert de rock. Vous allez régulièrement sur place pour déguster les whiskies. À quoi faut-il faire attention pour bien déguster ? « Il faut le bon verre, pas un tumbler de large diamètre qui laisse échapper les arômes, mais un verre à vin en forme de tulipe qui concentre les arômes. On n’ajoute évidemment pas de glace et on sert à température ambiante. Il peut être intéressant d’ajouter une goutte d’eau qui permet au whisky de s’ouvrir. Comme pour le vin, on s’attachera à observer la couleur, l’étendue de la palette olfactive (le nez), les saveurs (la bouche) sans oublier la longueur du whisky (la finale). Il existe deux grandes familles d’arômes, ceux provenant des différentes étapes de l’élaboration et ceux issus du vieillissement. L’attaque en bouche correspond aux premières impressions gustatives. La texture du whisky peut être sèche (tranchant, vif, charpenté, ferme) ou grasse (crémeux, soyeux, onctueux, moelleux, doux). La finale constitue le point d’orgue de la dégustation. Selon son intensité, elle peut s’avérer courte, moyenne ou longue. Intervient ensuite la rétro-olfaction, entre l’olfactif et le gustatif, un retour aromatique du nez vers la bouche. D’autres activités à signaler ? « Nous achetons également directement un fût (ou une partie de fût) qui nous sera réservé et que l’on pourra sortir sous notre propre étiquette. Nous avons par exemple sorti tout récemment un Tomatin 25 ans d’âge. Il a été distillé en 1988, mis en bouteille en 2013. C’est un first fill bourbon, c’est-à-dire un fût de bourbon qui a été rempli pour la première fois. C’est un whisky très fruité, assez léger, avec des arômes de mangue ou d’ananas. Celui-ci, nous l’avons choisi sur échantillon, juste avant la mise en bouteille. » www.whiskyclublux.com
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Photos : Olivier Minaire
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Pauline porte une veste By Malene Birger,
Caroline porte une robe Caché, VALÉRIE du Sandro
celle de MATTHIEU vient de Scyg et celle de Pucky de chez Époque
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LUc a une chemise Kenzo, HéLèNE une robe DvF et JéRôME un jean Lee
et JEFF un jean Nudie
christian porte une chemise Boss, SéBASTIEN un sweat Palace
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décembre 2013 Paru le 14 novembre 2013
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Directeur de la publication Mike Koedinger Directeur de la rédaction, rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Directeur artistique Maxime Pintadu
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Prochain numéro : 12 décembre 2013 Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !
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ISSN 1992-4275
— Décembre 2013
sortira le 28 novembre 2013
Photo: Photothèque de la Ville de Luxembourg
Déclaration d’amour à la capitale
En collaboration avec LËTZEBUERG MODERNE Déclaration d’amour à la capitale Deux éditions: FR, DE Env. 360 pages 59 € ISBN FR : 978-99959-33-05-0 ISBN DE : 978-99959-33-07-4
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index
Index A
376 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier.
D
Abbaye de Neumünster 25 ABBL 87, 100 Aberdeen Asset Management 17 Abitare 71 Aca 48 ACL 68 Administration des contributions directes 48 Administration des ponts et chaussées 65 ADR 14 Aero 70 Aero Spain 70 AFP 14 Aguilar Marc 74 AIJA (Association internationale des jeunes avocats) 74 Aleksandrova Irina 82 Alexandru Cernat Stefan 100 Alfi 96 Alima 66 Amengual Ada 70 Amengual Olivier 70 Amiel Jacob Erik 66 Archevêché du Luxembourg 67 Association des PSF de support 90 ATC Luxembourg 100 Atenor 27 Auchan 67 Austern Patrick 74
B Bac Films Distribution 68 Bac Majestic 68 Baguet Yves 87 Bank of China 96 Banque de Luxembourg 99 Banque mondiale 24 Bausch François 14, 20, 24 BayPay Forum 74 BCCI 88 BCL 58, 87, 88 Bdo Tax & Accounting 57 Beim Figaro 28 Beissel Simone 14 Bertelsmann 92 Bettel Xavier 12, 14, 20, 42, 96 BGL 88 BGL BNP Paribas 42, 74, 88, 92 BIL 86, 90, 123 Biltgen François 30, 36 BIP Investment Partners 12, 78, 92 BMW 19 BNP Paribas 88 BNP Paribas Personal Finance 74 Bock Georges 42 Bocquet Éric 54
— Décembre 2013
Bodry Alex 20 Bohnenberger Gaston 65 Bonn & Schmitt 100 Boulangerie Kirsch 67 Bour John 100 Brain & More 100 Bureau d’architectes architecture & urbanisme 21, Worré & Schiltz 86 Business Initiative 101
C Cahen Corinne 14 Cameron David 85 Castera Fred 28 CCB Europe 96 Cebi International 70 Cellule de renseignement financier 90 Cetelem 74 CGFP 36 Chambre de commerce 71, 72 Chambre des députés 12 Chambre des salariés 12 Chatelain Daniel 74 Chaussures Léon 14 China Construction Bank 96 Chinalux 96 Christensen John 85 Chunghwa Telecom 78 Cinven 68 Clearstream 87, 88 CNL 68 CNPD 30 Commission européenne 46 Compagnie financière 89, 92 La Luxembourgeoise Comptoir des Cotonniers 28 Condamin-Gerbier Pierre 48 Conseil de la concurrence 66 Cour de justice de l’Union européenne 30 Cravatte Ernest 100 CRP Gabriel Lippmann 66 CRP Henri Tudor 36 Cruchten Yves 14 CSSF 58, 86, 88, 90 CSV 14, 20, 30, 96 CTIE 30 CVC Capital Partners 68
Dan Beck 8 Dayli 68, 69 de Cerval Gonzague 86 de Courcy Patrick 96 Degehet Pierre-Alexandre 50 Déi Gréng 12, 14, 20, 72 Déi Lénk 14 Dejans Johan 100 Dekra 70 Delles Lex 14 Delles Roland 14 Deloitte Luxembourg 42 Denis Gaël 74 Deutsche Börse 87 Dexia 86 DNX Corp 68 DNX Network 68 DO Recruitment Advisors 73 DP 12, 14, 20, 30
E Eilert Christian 48 Einhorn Pascal 28 Eischen Félix 100 El Mundo 24 Elias Adil 88 Elth 70 Elvinger Paul 70 Elvinger René 70 Entreprise des P&T 65, 78 Euromat 71 Euronext Paris 68 Eurostat 24 EY 14, 42, 46, 68, 72, 74, 77, 100
F F.C.P.E. 67 Fayot Franz 14, 58 Fédération des Artisans 100 Fedil 36, 72 Ferber 105 Fexco 74 Fidelity Street 74 Fischer 67, 74 Fitch 90 Flashiz International 74 FMI 54 FNP 71 Fondation Alphonse Weicker 42 Fours Hein 72 Foyer 12 Foyer Vie 88 Frieden Luc 20, 30, 42, 46, 48, 50, 86, 96, 100 Friob Norbert 71 Friob Pierre 71
G Galeria Inno 67 Galeria Kaufhof 67 Gaydamak Arcadie 23 Geisen Norbert 100 Gem Marc 88 Geox 28 Gérard Darel 28 Giorgetti Marc 26 Global Finance Consult 82 Goblet Lavandier 88 Goebbels Raymond 88, 92 Goerens Charles 14 Goeres 4, 5 Goodyear 70 Graas Gusty 14 Grandidier Jérôme 78 Green Richard 87 Grenner Anja 100 Grosbusch André 71 Grosbusch Lynn 71 Grosbusch René 71 Groupe d’action financière 50 Groupe Saint-Paul 65 Grulms Fernand 100 Grumbach David 68 Gucci 28 Guilluy Michel 42
H Haag Émile 36 Hagège Eliran 66 Hamilius Yvette 28 Hansen Martine 14 Hapoalim Trust Company 23 Harvest Global Investments 96 Hein Ferdinand 72 Helminger Paul 74 Hemmerling Marc 100 Hermes 13 Hoffman Guy 100 Hogan Lovells 62, 63 Honda 70 Hongzhang Wang 96 HotCity 74 HSBC 96
I ICBC 96 Ice Watch 21 Imprimerie centrale 30 Imprimeries Victor Buck 30 Intertrust Luxembourg 100 Investas 88 ITM 36 IWI 12, 88
J JDL 14 Juncker Jean-Claude 14, 20, 24, 85, 86, 100
K Kaufhof 67 Kersch Dan 14 Kihn 66 Kinsch Alain 14, 58 Kneib Sarah 88 Kohl Marius 46 KPMG Luxembourg 6, 42 Krecké Jeannot 14, 96 Kreisel Jens 66 Kreutz Fabrice 28 Kuhn Roland 26
index
L Laangwiss 71 Ladurée 28 Lafayette 67 LCGB 14 Legitech 30 Lëtzebuerger Journal 14 Limpach Jean-Claude 46 Longo Pietro 100 Lorang Lisa 68 Louis Vuitton 124 LSAP 12, 14, 20 Lucien Schweitzer 111 Lufthansa 65 Luxair Cargo 65 LuxConnect 78 Luxembourg for Business 78 Luxembourg for Finance 96 Luxembourg Freeport 78 Luxembourg School for Finance 91 Luxemburger Wort 20 Luxempart 12 Luxexpo 24 Luxinnovation 67 Lycée Aline Mayrisch 68 Lycée classique de Diekirch 68
M M3 Architectes 88 Mackel Nicolas 96 Maison Moderne 45, 68, 69, 119 Mandac Lovro 67 Marc by Marc Jacobs 28 Marcel Grosbusch & Fils 71 Marcilla Chris 74 Maréchal Olivier 68 Medernach Jean 88, 92 Meisch Claude 20 Midas Gestion 100 Mierscher Lieshaus 68 Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur 65, 78 Ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative 36 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 65 Ministère du Travail et de l’Emploi 28 Miret 23 ML 01 67 Mobey 74 Modert Octavie 30, 36 Mommens Bernard 86 Monoprix 66 Mousel Paul 14 Muller Patrick 74 Mulvihill Adrian 74 Murphy Gerard 74
N Nagel Maggy 14 Naturalia 66 Nestor Tara 100 Nicolay Vincent 78 NSA 24
O OCDE 42, 85 Office du Ducroire 78 OGBL 12 O’Neill Gavin 74 Onlive 78 Orange Luxembourg 78
P P&T Consulting 74 P&V Assurances 39 Pall Center 67, 72 paperJam.lu 96 Parquet de Luxembourg 90 Paypal 90 Peckels Paul 65 Peroni Eliseo 100 Post Luxembourg 65, 78 Post Telecom 2 Prefalux 71 Primacom 68 PrimaCom Finance (Lux) 68 Procar Remarketing 70 PwC 46, 100 PwC Luxembourg 66, 96 PwC’s Accelerator 74
R Raiffeisen 86, 100 Rakuten 78 Raphael Laurence 30 Reckinger Michel 26 Reckinger Paul 26 Reding Roy 14 Registre de commerce et des sociétés Luxembourg 30 Registre électronique des sociétés et associations 30 Reinesch Gaston 87 Reyl & Cie 48 Rochegude Alexandre 74 Rotary Club Luxembourg 71 Rousseau Anne 36 RTL 14 RTL Group 12, 92 RTL Radio Lëtzebuerg 20
T Tarrach Rolf 24 Tax Justice 85 TDS 70 Tele Columbus Holdings 68 Tele Columbus Management 68 Telecom Luxembourg Private Operator 78 Tenotel 78 Terminaux Jean-François 68 Tesch Daniel 68, 69 Thein Pierre 72 Theis Max 20 Tostain Stéphane 74 Tribunal de Luxembourg 26 Turpel Justin 14
U S Schlecker 68 Schmitz Claude 42, 46 Schmitz Mira 68 Schneider Étienne 14, 20 Schneider Kik 42 Schuler Jean-Paul 67 Seezam 74 Seignert Thierry 90 Sella Bank 23 Semeta Algirdas 48 Senangol 23 SES 12 SGBT 86 SGG 45 Shebusa 74 Siemens Enterprise Communications 68, 78 Sigma Conso 81 SIT PSF 78 Skeed 68 Skype 74 Solarix 26 Sonia by Sonia Rykiel 28 Sportunity 82 Srel 24 Stahl Hjordis 65 Starbucks 74 Statec 24, 28, 36, 58 Stiernon Frédéric 74 Strauss-Kahn Dominique 54 Stream Nation 78 Swift 96 Syndicat des P&T 65
UCVL 14 UEL 24 Unify 68, 78 Université du Luxembourg 24
W Wah Choy Peng 96 Wall Street Journal 68 Weber Paul 36 Wendel 46 Wickler Christiane 67, 72 Wirtschaftswoche 67 Wolter Michel 20 Wurth Michel 24, 92
Y Yazdani Dariush
96
Z Zeimet Frank Zeimet Laurent Zenners Paul
V Value Partners 53 van de Keer Herman 112 van Ingelgom Thierry 69 Victor Buck Services 90 Villeroy & Boch 109 Vinci 74 von Restorff Philipp 87 Voxmobile 78
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
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opinion
io n i p o
n
Photo : Fabrizio Maltese (archives)
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J
Jean-Jacques Rommes CEO, Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL)
Banques : rétablissons la vérité
e lis souvent dans la presse que les banques agissent à nouveau comme s’il n’y avait jamais eu de crise, qu’il est plus que temps d’introduire des règles plus strictes, que la finance doit devenir éthique – quoi que cela puisse signifier – et que, pour contribuer à un monde meilleur, il faut absolument introduire une taxe sur les transactions financières. En lisant de tels propos, je dois admettre que les auteurs ne vivent pas dans le même monde que les professionnels financiers. Avant la crise financière de 2008, le secteur bancaire était déjà un des secteurs économiques les plus réglementés au monde. Il n’y avait pas eu de dérèglementation majeure, comme d’aucuns le prétendent. En réalité, ce qui faisait défaut, c’était un cadre réglementaire global dans un monde de plus en plus globalisé dans lequel les capitaux pouvaient circuler librement. Ce problème reste malheureusement toujours d’actualité. Il est tout aussi vrai qu’aucun secteur économique n’a connu un tel bouleversement réglementaire en si peu de temps que le secteur financier au cours de ces cinq dernières années. Pendant cette période, la Commission européenne a créé plus
— Décembre 2013
de 60.000 pages de nouvelles réglementations. Résultat : les banques sont aujourd’hui plus sûres, mieux capitalisées et moins susceptibles de prendre des risques inutiles. Pendant cette même période et malgré la crise, les banques européennes ont prêté 15 % de plus d’argent aux États. Je ne sais pas si c’était une bonne idée, mais je voudrais bien voir celui qui en fera le reproche aux banques. Dans le même temps, les crédits immobiliers ont augmenté de 12 %. D’un autre côté, les banques européennes ont, en moyenne, quasiment doublé leurs fonds propres. Elles ne sont donc pas seulement devenues plus sûres qu’avant la crise, elles ont en même temps continué à financer les États et les ménages dans un contexte économique extrêmement difficile. Cet exercice n’a pas été indolore. Cinq ans après la crise, le nombre de banques en Europe a diminué de 10 % et 220.000 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur. Aujourd’hui, la création de nouveaux postes se limite presque exclusivement aux fonctions de contrôle interne dans les banques. Par ailleurs, il est faux de dire que les banques et leurs lobbies s’opposent aux réformes. Contrairement à certains gouvernements en Europe, les banques
européennes apportent leur soutien intégral à la création d’une union bancaire, comprenant une supervision européenne centralisée, un mécanisme de résolution unique et un système de garantie de dépôts commun. D’ailleurs, si elles le font, c’est parce qu’elles privilégient une vue à long terme, car à court terme, ces réformes seront extrêmement douloureuses. Dire qu’en dépit de la crise le secteur bancaire n’a pas changé est donc plus qu’absurde pour ceux qui sont confrontés au quotidien à tous ces dossiers réglementaires. On peut cependant se demander si tous ceux qui réclament le retour immédiat vers une finance de toutes les vertus le souhaitent réellement. Après tout : qui peut bien vouloir sortir de la dangereuse politique des taux bas créant ainsi des millions de chômeurs en plus ? Qui peut bien vouloir que les banques réduisent leurs risques dans l’immobilier avec comme conséquence que la majorité des ménages n’aient plus les moyens de devenir propriétaires ? Qui peut réellement vouloir que les banques évaluent les risques des dettes souveraines de manière réaliste et mettent ainsi la moitié de l’Europe en faillite ? Pas ceux en tout cas qui pèsent leurs responsabilités dans une crise structurelle sans pareille.
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