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Économie Politique Entreprises Place financière
DÉCEMBRE 2012
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À qui appartient le Luxembourg ? Économie
Entreprises : entre lobby et promotion
Politique
Un budget en quête de cohérence
Entreprises
La démarche qualité comprise
Place Financière
Domiciliation et prix de transfert
ÉDITO
DÉCEMBRE 2012
par Alain Ducat, secrétaire de rédaction – paperJam
S
É T I R U C É
n en parle à tous les coins de rue, surtout quand on l’y sent absente. La sécurité est un peu mise à toutes les sauces. Mais l’assaisonnement laisse parfois à désirer. Ne parlons pas (trop) de la sécurité de l’emploi, par les temps qui courent. Des audits sondent de gros porteurs qui sentent venir le vent. Au mieux, d’une restructuration ; au pire, d’un plan social. Dans les faits, c’est aussi le vent du boulet, que traînent parfois les institutions qui se trouvent peut-être trop canon. Là ou ailleurs, les données du chômage, déjà volatiles, auront sans doute un peu de mou dans les prochaines courbes. Et ce sera une raison supplémentaire pour apprécier, sur le plan budgétaire, la marge de manœuvre dont se seront dotés les grands argentiers. Une marge de sécurité ? Ce ne sont pas les atermoiements et les artifices de coulisse, à caractère très politique (car la
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sécurité de l’emploi, pour un élu, passe par une réélection, laquelle se prépare avec un coup d’avance au moins, comme aux échecs) qui sont de nature à calmer les inquiétudes. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, diton. Il dépend aussi de ceux qui voient loin. Celui des générations futures reste teinté d’interrogations. Le modèle luxembourgeois avait mis en place des certitudes, qu’on a pu croire inébranlables. Mais les travailleurs d’aujourd’hui en sont venus à douter. Auront-ils une pension demain, quand sonnera l’heure de la retraite (à quel âge, au fait ?), et de quoi sera-t-elle faite ? Les jeunes, élèves ou étudiants, trouveront-ils davantage le chemin du travail, qui passe par la voie du labeur et mène à la sécurité des meilleurs lendemains ? C’est aussi une question d’éducation, pour ne pas dire d’habitudes. Et une source de réflexion. Pour l’enseignement notamment, pour l’esprit d’entreprise aussi. L’État providence mène-t-il
encore le bal, quand la valse des fonctionnaires se joue à tempo lent et que les profs y dansent ? Par ailleurs, la sécurité sociale est, en soi, une question qui, alors qu’elle ne taraude pas encore les responsables actuels dans une mesure trop préoccupante, titille néanmoins les augures et les prévisionnistes. Le pays a déjà traversé des moments plus festifs. Il ne s’agit évidemment pas de sombrer dans la déprime – la dépression est pour la météo, la dépréciation pour les avoirs cotés en Bourse –, mais, au contraire, d’inviter à l’action, volontariste, courageuse, au risque d’être impopulaire à court terme, mais productive à échéance plus éloignée. Reculer pour mieux sauter en quelque sorte, et ainsi se donner un nouvel élan. Cela ne fera peut-être pas disparaître, dans l’immédiat, le sentiment d’insécurité qui guette au coin de la rue. Mais cela rendra l’espoir dans une voie plus éclairée, plus rassurante, juste derrière. Décembre 2012 —
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SOMMAIRE
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ON EN PARLE
14 BUDGET
En panne de cohésion
Le projet de loi 6005 sur le budget 2013 des recettes et des dépenses de l’État a donné lieu à une belle cacophonie. De mauvais augure pour asseoir une politique de gestion de crise. & POLITIQU
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ÉCONOMIE
E
28 PROMOTION DES ENTREPRISES
Des VIP dans le lobby
Le pays ne manque pas de chambres, fédérations professionelles, associations patronales… Le Luxembourg a aussi ses agences pour sa promotion à l’étranger. Trop de monde au portillon ?
32 CONFÉRENCE
44
Ce n’est pas (toujours) la taille qui compte
La prochaine conférence de la Sacred Heart University, en partenariat avec paperJam, analysera le rôle du « petit » Luxembourg . L’eurodéputé Robert Goebbels témoigne.
36 MÉDIAS
Alia jacta est
La surveillance des médias fait l’objet de moyens variables, suivant les pays. Le Luxembourg, terreau historique du média privé en Europe, se dote d’une nouvelle instance, indépendante, et disposant du pouvoir de sanction. COVERS
TORY
46 HISTOIRE 44 ÉCONOMIE Destins et capitaux croisés
À QUI APPARTIENT LE LUXEMBOURG ?
Depuis l’avènement de l’industrie sidérurgique jusqu’aux derniers développements de la place financière, le pays a toujours su faire face aux changements économiques et / ou législatifs et trouver, bien souvent, des niches de souveraineté à exploiter pour en tirer avantage. Il a toujours jonglé entre la volonté de préserver intacts des intérêts nationaux bien ancrés et la volonté, d’autant plus forte qu’indispensable, d’attirer des intérêts étrangers pour soutenir le développement du pays. Au fil des derniers siècles, capitaux germaniques, français, belges et américains, notamment, ont permis au Luxembourg de briller à l’international. Contraint de faire le grand écart, le pays risque-t-il de vendre son âme au diable en pièces détachées ? Le Grand-Duché appartient-il encore au Luxembourg ?
Les capitaux étrangers ont toujours alimenté l’économie, bien avant les premiers hauts fourneaux. Terre de croisement, le Grand-Duché a su en tirer profit .
54 ÉTUDE DE CAS
De la terre aux étoiles
Arbed, RTL ou SES. Remonter le fil de l’histoire d’entreprises intimement liées au Luxembourg s’avère aussi curieux que révélateur d’influences. Et au milieu, coule l’État.
60 AUJOURD’HUI, LE QATAR
De la pétromonarchie à l’oligarchie ?
En 2011, le Qatar faisait une entrée fracassante dans le tissu économique luxembourgeois en prenant pied dans Cargolux, KBL et BIL. Une poignée de Luxembourgeois ont-ils soldé une partie de la souveraineté nationale pour leurs propres intérêts ? Décembre 2012 —
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SOMMAIRE
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82 E N T R E PR
ISES
69 EN BREF
L’actu
Communiqués, brèves, chiffres, le choix de la rédaction.
76 DÉMARCHE QUALITÉ
Boîte de Pandore ou corne d’abondance ?
Entreprendre une démarche qualité peut sembler long et éprouvant… Mais, outre la clarification des activités, cet engagement peut ouvrir la voie à de nouveaux avantages.
86 START-UP
Interfaces naturelles : entre recherche et développement
Malgré son très jeune âge, Inui Studio jouit d’une certaine renommée au Luxembourg, grâce notamment aux solutions spectaculaires qu’elle fournit. Sa direction ne développe pas encore le business model comme elle l’entend, mais souhaite se reconcentrer sur de nouveaux programmes pour lancer une fois pour toutes la vente de licences en masse.
USSI... À LIRE A
34 LES DIX VÉRITÉS DE… 80-84-88 PICTURE REPORTS Henri Grethen
Quatre-vingts bougies à trois
DuPont (50 ans), l’IFSB (10 ans) et l’INFPC (20 ans) ont rassemblé autour de leurs gâteaux. Retour en images.
L’ex-ministre et actuel membre luxembourgeois de la Cour des comptes européennes, en interview sur paperJam.TV.
130 OPINION 82 LES DIX VERITÉS DE… La longévité ? Ça se prépare !
Robert Dennewald
Le patron de la Fedil en interview sur paperJam.TV.
Par Marie-Hélène Massard.
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SOMMAIRE
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98 120 PLACE
F I NA N
CIÈRE
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90 EN BREF
L’actu
Chiffres, communiqués, brèves, le choix de la rédaction.
98 MANAGEMENT SERVICES
Avec domicile reconnu
À la fois porte d’entrée et créateur de valeur et d’emplois, le secteur est important. Bien au-delà de la domiciliation, il y a une galaxie de métiers de gestion, financière et corporate. Un savoir-faire réputé qui a des atouts pour toute la Place, européenne et internationale. État des lieux.
104 PRIX DE TRANSFERT
DÉ S I R S
111 CULTURE
Pour ne rien manquer
Les rendez-vous culturels à ne pas rater, les livres à lire, les personnalités à connaître…
Pas-de-polémique 113 NOUVEAUTÉS Pour ne manquer de rien
Les flux intragroupes sont souvent perçus comme un moyen d’esquiver l’impôt. Le Luxembourg fait figure de hub et reste, à ce titre, largement stigmatisé dans les médias. Entre discrétion et affairisme, le gouvernement peine à se situer alors que la Commission européenne met son grain de sel.
Toleps p5lus lus sur
bre cles des arti u 11 octo am.lu d 2 paperJ ovembre 201 au 15 n qataris
ts ux proje nouvea 1/ Deux u Luxembourg a fois lu 2.138 he sur KBL lanc insey p fois K c M / 2 lu 2.080 te Rothschild o quit éric Ott 5 fois d ré F / 3 lu 1.75 social le plan redoute 4/ KBL lu 1.622 fois ncore vestir e r veut in urg ta a Q e o 5/ L emb au Lux fois lu 1.589
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Les nouvelles adresses, les restaurants incontournables, les tendances du moment et les lieux où il faut se montrer.
120 INTERVIEW
L’assiette décortiquée
Martin Hablesreiter est, avec Sonja Stummerer, un spécialiste du Food Design. Il nous explique les tenants et aboutissants de ce que l’on trouve dans nos assiettes.
122 UN SOIR A L’OPÉRA
Style watch
Un événement passé à la loupe des chasseurs de style. Décembre 2012 —
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AGENDA
À suivre 0 26-31 /1
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PROMOTION
Mission économique en Chine
CONFERENCE
Les relations économiques entre la Chine et le Luxembourg se sont intensifiées depuis la dernière exposition universelle de Shanghai en 2010. Les récentes annonces de l’implantation de banques chinoises au Grand-Duché en attestent. Treize mois après leur dernière visite sur place, les décideurs économiques luxembourgeois retournent à Beijing-Tianjin, Chongqing et à Shanghai-Suzhou. La Chine est le deuxième plus gros partenaire économique hors-UE du Luxembourg et le premier en Asie. Contact : daniel.sahr@cc.lu.
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ENTREPRENEURIAT
Soirée Business Mentoring 2012 Lancement de la promotion 2012 du programme Business Mentoring, initié par le Business Support GIE et la Chambre de commerce. Elle sera parrainée par Georges Lentz, administrateur délégué de la Brasserie Nationale. Cette soirée sera l’occasion de passer en revue des success-stories entrepreneuriales et des bonnes pratiques en matière de transmission des savoirs en entreprise et entre les entrepreneurs. Il s’agira, ainsi, de mettre en avant les impacts et les avantages du mentorat, outil privilégié dans ces objectifs de transmission. Lieu : Chambre de commerce Infos et inscriptions : www.businessmentoring.lu
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de 9h 00 à 14h
10h
CONFÉRENCE
CONFÉRENCE
CONFÉRENCE
L’épopée Dexia : des leçons à tirer !
Le destin européen d’un petit pays
La CLC, droit devant !
Invité par Déi Gréng, le journaliste belge Pierre-Henri Thomas revient sur la débâcle du groupe bancaire franco-belge Dexia. Il revient sur ce désastre économique qui condense, à lui seul, une grande partie des maux accumulés ces dernières années dans le système financier. Lieu : Auditorium du Cercle Cité, place d’Armes Infos : www.greng.lu
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CONFÉRENCE
Les captives de réassurance
Conférence proposée par le chapitre luxembourgeois de l’Ifma, en collaboration avec Marsh. Les orateurs seront Edwin V. Meyer, general manager, Risk and Insurance (ArcelorMittal) et Frederick Gabriel, director (Marsh). Lieu : Casino 2000 à Mondorf Infos et inscriptions : http://www.ifma.lu/pages/events
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18h3
Photo : Olivier Minaire (archives)
Photo : Olivier Minaire (archives)
Photo : 2011 SIP / Charles Caratini
The State of Internal Audit
L’Institut des auditeurs internes à Luxembourg organise une « revue à 360° » des enjeux et des défis qui attendent les activités d’audit interne dans les prochaines années. Avec, parmi les orateurs, le ministre des Finances Luc Frieden, mais aussi Françoise Thoma (photo), Bruno Colmant, Victor Rod ou encore Patrick Zurstrassen. Lieu : Novotel Kirchberg Infos et inscriptions : iialux@pt.lu
Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg. Séminaires, conférences, séances académiques…
La Confédération luxembourgeoise du commerce, organisation patronale qui regroupe plus 11.000 entreprises employant plus de 60.000 salariés et représentant près d’un quart du PIB, présente sa nouvelle feuille de route pour le futur. À un an et demi des prochaines élections législatives, son président, Gary Kneip (photo), présentera le programme à venir de la CLC. Son intervention sera suivie par celle du Premier ministre Jean-Claude Juncker. Lieu : Hôtel Sofitel Kirchberg Infos et inscriptions : reception@clc.lu
Photo : Luc Deflorenne (archives)
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Photo : Luc Deflorenne (archives)
éenne
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Troisième soirée de conférences du cycle présenté par la Sacred Heart University, dans le cadre du cycle « Luxembourg – where we came from; where we are; where lies our possible future ? ». Le ministre d’État honoraire Jacques Santer (photo), ancien Premier ministre et ancien président de la Commission européenne, reviendra sur le rôle du Luxembourg dans la construction européenne. Mario Hirsch, visiting senior research fellow (Institut d’études de sécurité de l’Union européenne) et Wolfgang Lorig, professeur de sciences politiques à l’Université de Trèves, répertorieront les avantages à « être petit ». Lieu : Bâtiment Jean Monnet, Kirchberg Infos et inscriptions : club.paperjam.lu
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Photo : Luc Deflorenne (archives)
N ON ELE PAR
Ce n’est pas un feuilleton pour Chamber TV, et Jean-Claude Juncker n’en a pas été la vedette la plus mise en avant. Mais le projet de budget 2013 a déjà des airs de saga politico-économico-citoyenne.
En panne de cohésion Projet de budget de l’État 2013
Le dépôt du projet de loi 6005, concernant le budget des recettes et des dépenses de l’État pour l’exercice 2013, a donné lieu à une belle cacophonie. De mauvais augure pour asseoir une politique de gestion de crise. Texte Marc Gerges
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
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a recette pour le budget 2013 ? Prenez trois ministres, ajoutez deux chefs de file de la majorité parlementaire et un président de parti, malaxez le tout pendant quelques jours sans laisser reposer. Ajoutez un zeste de populisme, une pincée de fausse morale, beaucoup de déclarations à hue et à dia et faites cuire le tout à petit feu. Vous vous retrouverez avec un budget sans saveur politique, mais avec un arrière-goût amer, qui risque de provoquer encore quelques coliques. Normalement, lorsqu’on parle budget, on s’intéresse aux chiffres. Mais lorsque le budget donne lieu à un tel spectacle de passe d’armes politiques au sein de la coalition, voire des mêmes partis, ces chiffres ne font qu’exprimer un profond malaise et font s’interroger sur la capacité du gouvernement à s’occuper des affaires du pays. Dans un monde idéal, le budget est la transcription en moyens chiffrés du projet gouvernemental. Au Luxembourg, il semble que le projet de gouvernement découle du budget. Un cache-misère politique
Autrement dit, l’élaboration de l’exercice 2013 se situe quelque part entre la farce et la tragédie. Car l’instrument clef de stimulation économique et de façonnage politique a été
« Je suis abasourdi, choqué et déçu. » (lors de la présentation du premier projet de budget le 2 octobre 2012)
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Michel Wolter, président du CSV
détourné cette année à des fins bassement politiciennes. Les acteurs se sont davantage profilés par leurs jeux de pouvoir et des démonstrations de testostérone que par leur souci des véritables enjeux économiques et politiques. Le budget fait ainsi les frais des aspirations personnelles de quelques hommes politiques, permettant même, au-delà des partis, une alliance entre libéraux et syndicalistes. Tout d’abord, au sein du CSV, l’homme à abattre s’appelle Luc Frieden. Affaibli par l’épisode qatari, il a tenté un cavalier seul dans l’élaboration du budget, ignorant en partie les discussions de préparation lors du conclave en septembre. Il a ainsi prêté le flanc aux attaques de ses colistiers, qui à l’image de Michel Wolter, se placeraient volontiers en vue d’une succession hypothétique de Jean-Claude Juncker à la tête du gouvernement. Ensuite, le LSAP est tiraillé entre une approche syndicale de gauche, personnalisée par un Lucien Lux qui essaie, au passage, de redorer son blason après son échec électoral en 2009, et les adeptes de la Realpolitik qui, pour l’instant, gardent le silence. Le gouvernement, à part Nicolas Schmit qui tente de surfer sur la vague de gauche, semble étranger au débat, presque désintéressé. Cette absence de cohésion, ce manque de
Le budget 2013 en huit étapes
1
Début septembre, le gouvernement et les chefs des groupes parlementaires CSV et LSAP se réunissent en conclave à Senningen, pour discuter – sur fond de crise économique – des contours du budget 2013. À la fin de cette traditionnelle réunion, tout le monde se dit satisfait. D’aucuns iront même jusqu’à s’extasier sur la bonne entente entre les courants libéral et social au sein de la majorité.
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Le 2 octobre, le ministre des Finances et du Budget, Luc Frieden, dépose le projet de loi sur le budget 2013. En temps normaux, Luc Frieden adore ces moments où il peut briller devant un parterre de journalistes, et ne se prive pas de prolonger ses discours d’expert. Or, cette fois-ci, après une rapide énumération des principaux postes de dépenses et de recettes, et le rappel d’usage que la crise continue à sévir, c’est un grand argentier visiblement agacé qui met fin à ses explications.
3
L’opposition tient son rôle en critiquant le projet. À la surprise générale, elle est rejointe par des représentants de la majorité qui ne se privent pas non plus de faire savoir tout le mal qu’ils pensent de l’exercice. D’abord, Marc Spautz, président du groupe CSV, fait publiquement savoir que « ce n’est pas un bon budget ». Ensuite, son alter ego du LSAP, l’ancien ministre Lucien Lux, s’enfonce dans la même brèche en s’offusquant du manque de courage politique des auteurs du budget et des effets désastreux de ce dernier sur l’économie future du pays. Pour la petite histoire, Lucien Lux est aussi le rapporteur du budget 2013. Le pompon, c’est Michel Wolter, par ailleurs président du CSV, qui le décroche par la suite : « Je suis abasourdi, choqué et déçu » déclare-t-il, après avoir suivi la présentation de son collègue de parti Luc Frieden. Et il continue, citant l’exemple grec, en mettant le pays en garde sur les « dérives et aberrations » du projet déposé. Les groupes parlementaires annoncent qu’ils vont analyser le projet et proposer des amendements pour « économiser 200 à 250 millions d’euros de plus pour réduire le déficit » qui frôle 1,3 milliard d’euros.
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Le chef du gouvernement en personne, Jean-Claude Juncker, participe brièvement au débat. Tout d’abord, il convoque les ministres du CSV, ainsi que Spautz et Wolter, pour les tancer. Ensuite, devant la presse rassemblée, il défend le projet de budget et réfute les critiques émises par Spautz, Wolter et Lux avant de lancer un « concours des idées nobles afin de ne pas rater des opportunités pour économiser davantage ». Cet appel est repris à la lettre par certains médias, qui en appellent au peuple et se laissent parfois submerger par des idées farfelues, simplistes et, pour la plupart, populistes. Détail assez éloquent, Jean-Claude Juncker pratique depuis lors un silence radio au sujet du budget.
« Le gouvernement avait cru qu’il n’avait pas le soutien nécessaire pour économiser davantage. » (lors de la présentation du budget revu et corrigé le 6 novembre 2012)
Luc Frieden, ministre des Finances et du Budget (CSV)
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Le budget 2013 en huit étapes
Les montants d’économies budgétaires annoncées par le gouvernement en 2012 27 avril 2012
535 millions €
2 octobre 2012*
+ 176 millions €
(711 millions €)
2 octobre 2012**
+ 82 millions €
(617 millions €)
6 novembre 2012***
+ 241 millions €
(952 millions €)
6 novembre 2012****
+ 335 millions €
(952 millions €)
* selon déclaration du Premier ministre Jean-Claude Juncker ** selon les calculs du Statec *** en se basant sur la déclaration de Jean-Claude Juncker **** en se basant sur les calculs du Statec
maîtrise du gouvernement, n’est cependant pas une surprise lorsqu’on observe la politique budgétaire de ces dernières années. Après avoir introduit les mesures ’investissement, financées par les réserves de l’État et décidées pour stimuler l’économie lors de la crise des années 2008 / 2009, le gouvernement avait annoncé vouloir consolider le budget dès 2010. Mais le catalogue de mesures présenté à l’été 2010 par Luc Frieden avait été vilipendé au congrès du LSAP par son collègue ministériel Nicolas Schmit, déjà. Sur pression du parti socialiste, ledit catalogue de mesures a ensuite été revu, voire désossé.
« Avec ce budget la dette augmente mais le but est d’économiser. » (lors de la présentation du premier projet de budget le 2 octobre 2012)
Avant l’été 2011, Lucien Lux déclare « la fin de la crise » et, dans la foulée, le ministre de la Fonction publique François Biltgen conclut un accord salarial avec la fonction publique. Cet accord prévoit une prime unique pour les fonctionnaires en 2012 et une augmentation du
Le budget de l’État de 2011 à 2013 (En millions d’euros)
14.222
13.975
2011
1.293
1.648
997
14.152
12.929
12.327
11.736
2012*
* Prévision ** Prévision selon Projet du 2 octobre 2012 *** Prévision selon Projet du 6 novembre 2012
2013 a** Dépenses Recettes Endettement
— Décembre 2012
6
Pour éliminer tout doute quant à la véritable paternité des amendements au projet budgétaire, MM. Spautz et Lux organisent, eux aussi, une conférence de presse commune, afin d’expliquer les changements qu’ils ont apportés au budget. Les deux protagonistes annoncent ensuite la couleur au gouvernement : ils vont procéder, dès le printemps 2013, à une analyse minutieuse des dépenses de l’État « pour assurer la pérennité des finances publiques et retrouver l’équilibre budgétaire dès les exercices 2014 et 2015 ».
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À l’analyse des mesures supplémentaires, tant le patronat que les syndicats et les groupements d’intérêts des consommateurs se disent dépités et ce, pour la même raison : en lieu et place des économies supplémentaires annoncées, l’amélioration budgétaire est d’abord portée par une hausse des impôts. Aux 70 millions d’euros d’économies supplémentaires s’ajoutent 182 millions d’euros de recettes nouvelles, provenant principalement d’une hausse de divers impôts.
La faute à la crise
Lucien Lux, président du groupe parlementaire du LSAP
12.733
5
Luc Frieden retourne sur scène pour ce qu’il croit être l’acte final. Le 6 novembre, le ministre du Budget se présente devant la presse avec un projet remanié. « Le gouvernement avait cru qu’il n’avait pas le soutien nécessaire pour économiser davantage » lance-t-il, en forme de boutade pour justifier pourquoi il a accepté de revoir sa copie. « Et soyez en certains, avec ce deuxième projet, je suis beaucoup plus à l’aise qu’avec le premier. » Il annonce dans la foulée que le gouvernement et les groupes parlementaires se sont mis d’accord sur des mesures réduisant le déficit budgétaire de 1,29 à 1,04 milliard d’euros.
13.111
1.041
2013 b***
8
Dans une tribune libre paraissant dans le Tageblatt du 10 novembre, le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, est le premier membre du gouvernement, en dehors de Luc Frieden et de son chef, à s’exprimer publiquement sur le budget. Il dénonce, de manière assez directe, le défaitisme qui caractérise selon lui le document et explique les risques encourus si l’austérité budgétaire était par trop appliquée. Selon lui, le budget proposé va conduire le pays dans un cercle vicieux fait d’austérité, d’endettement et de récession. L’histoire en est là au moment de boucler la présente édition de paperJam. Elle n’est sans doute pas finie…
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
+146
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Impôt solidarité
Impôt sur le revenu
+50
+50
Impôt sur les sociétés
Taxe Soparfi
Le budget 2013 : revenus supplémentaires générés par la révision
+35
(dans une tribune libre du Tageblatt le 10 novembre 2012)
Accises sur tabac et carburant
Nicolas Schmit, ministre du Travail et de l’Emploi (LSAP)
(En millions d’euros)
point indiciaire dès l’année 2013. Mais, coincé entre l’indignation contre l’augmentation salariale dans la fonction publique et un déficit budgétaire dépassant d’un demi-milliard (et de plus de 40 %) les prévisions initiales, le gouvernement revoit sa copie et repousse la revalorisation salariale à 2015. Une autre concession faite au puissant syndicat de la fonction publique, qui ne sera pas revue, concerne la suppression de l’impôt de crise introduit en décembre 2010. Dès lors, la mise en place du budget 2013 n’est autre que l’aboutissement d’un manque de cohésion, non seulement au sein de la coalition gouvernementale, mais aussi au sein des partis de la majorité. Ce défaut de leadership laisse songeur, en ces temps de crise. Une lecture positive des événements pourrait amener à dire qu’un vrai débat au sujet de la politique budgétaire est enfin lancé, qu’il s’agit d’une « preuve du dynamisme de la démocratie parlementaire » pour citer le duo Lux-Spautz, et qu’il y a même une confrontation idéologique concernant l’avenir du pays. Mais ce débat n’a malheureusement pas lieu pour l’instant, et on reste loin d’une vision politique pour l’avenir du pays et la gestion efficace de la crise. Après les élections de 2009, le gouvernement avait annoncé vouloir repenser et restructurer de manière fondamentale sa politique budgétaire, avec pour buts de consolider et de garantir l’équilibre le budget de l’État. Mais à défaut d’une vision politique commune et, surtout, d’une volonté d’union qui aille au-delà du seul électorat national, le bricolage dont témoigne le budget 2013 risque de perdurer et d’imprégner l’action — Décembre 2012
« Les mesures fiscales et d’économie proposées par le gouvernement ont un impact récessif de 0,3 à 0,5 % sur l’économie nationale (…) Le risque que les objectifs de réduction du déficit ne soient pas atteints est réel. »
ÉCONOMIES ET RECETTES
La cote des impôts grimpe Côté économies, le gouvernement a prévu de réduire les prestations sociales de 103 millions d’euros – ceci concerne entre autres l’ajustement des pensions, le système des chèques-services, le forfait éducation et l’allocation scolaire, l’aide au réemploi et la pré-retraite solidarité. En ce qui concerne les investissements dans les infrastructures, le gouvernement entend y grappiller quelque 290 millions d’euros. Ensuite, le non-remplacement systématique des départs en retraite dans la fonction publique est présenté comme une autre mesure d’économie. Côté recettes, ce sont surtout les augmentations d’impôts qui tiennent la cote. La contribution des Soparfi sera multipliée par deux et les entreprises devront s’acquitter d’un nouvel impôt minimal, qui sera compris entre 500 et 20.000 euros. L’augmentation de l’impôt de solidarité concerne aussi bien les individus que les entreprises, tandis que les ménages connaîtront aussi, notamment, une augmentation du taux d’imposition maximal ou encore l’abolition du forfait kilométrique pour les quatre premiers kilomètres. M. G.
gouvernementale dans son ensemble. À l’aube des élections de 2014, pour lesquelles tout le monde est en train de se positionner, cette situation risque d’empirer. De mauvais augure en ces temps de crise pendant lesquels les niches, surtout fiscales, qui ont fait la prospérité de ces dernières décennies, tendent à s’éroder. Retrouvez le détail du budget 2013 et les avis divers sur paperJam.lu
La croissance par automatisme des dépenses 2012-2013 (En millions d’euros)
Fonds pour l’emploi
+ 92
Chèques-Services
+ 66
Traitements Fonction publique
+ 65
Pensions Fonction publique
+ 60
Assurance dépendance
+ 47
Assurance pension
+ 42
Fonds pour le climat
+ 40
Assurance maladie
+ 28
elle investit dans
Crédits photos : P. Bodez - Région Lorraine
Ma Lorraine,
l’avenir Arnaud, chercheur à Esch-sur-Alzette À chacun
sa Lorraine
AU CŒUR DE LA GRANDE RÉGION, NOS PROJETS DÉPASSENT LES FRONTIÈRES Retrouvez Arnaud sur
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ÉCONOMIE & POLITIQUE
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
JUSTICE
Le Barreau marque son territoire
Photo : David Laurent/Wide (archives)
Le mois d’octobre était celui de la rentrée du Barreau de Luxembourg. Le nouveau patron de l’Ordre des avocats, René Diederich (Linklaters), a profité de sa première conférence de presse pour faire part de ses priorités, à commencer par rappeler le rôle de chacun sur la place financière. Face à la concurrence croissante des cabinets de conseil, le bâtonnier a indiqué que l’avocat jouissait de « l’exclusivité de la consultation juridique ». Il s’est également félicité de l’association, l’année passée, de la profession au processus législatif, notamment sur les dossiers des family offices et de la dématérialisation des titres. Une collaboration qui sera, selon les vœux de Me Diederich, à réitérer. L’intéressé souhaite en fait pérenniser un secteur qui tourne à plein au Grand-Duché. Le nombre de membres du Barreau luxembourgeois a crû de 6,4 % en un an, passant de 1.851 à 1.970 avocats.
Selon une étude conduite par la BCL, le patrimoine des frontaliers, estimé à 240.000 euros, est trois fois inférieur à celui des résidents
SH
(700.000 euros). | Mi-octobre, l’Université du Luxembourg comptait 6.200 inscriptions d’étudiants, soit 9 % de plus qu’au semestre d’hiver dernier. | Mesurée à 2,9 % fin octobre, l’inflation pourrait retomber sous les 2 % à l’horizon 2013, selon les prévisions du Statec.
CONSOMMATION
CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU
La confiance plonge
Vote historique pour le Luxembourg
L’indicateur de confiance des consommateurs luxembourgeois, qui pointait encore à -9 en septembre, a chuté à -15 en octobre. Hormis la capacité d’épargner des ménages, en hausse sensible, les autres composantes de cet indicateur de confiance ont plongé, notamment les anticipations des ménages concernant la situation économique générale au Luxembourg et le chômage. Les anticipations des ménages relatives à leur situation financière se sont, quant à elles, détériorées pour le troisième mois consécutif.
Le vote est tombé le 18 octobre dernier : le Luxembourg aura son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’Onu à compter du 1er janvier. Il s’agit d’une première historique pour le pays qui a été choisi par l’Assemblée générale des Nations unies au détriment de la Finlande. Le Grand-Duché, représenté par le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn au moment de l’élection, siégera aux côtés de quatre autres nouveaux membres non permanents (la Corée du Sud, le Rwanda, l’Australie et l’Argentine) pour la période 2013-2014.
Photo : Jessica Theis (archives)
FRE
« La création d’un statut juridique propre pour les entreprises à caractère social est nécessaire. » Étienne Schneider, ministre de l’Économie, à l’occasion de la remise des prix du parcours 1,2,3 Go Social.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
FOIRE D’AUTOMNE
Un tiers payant
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La Foire d’automne s’est tenue à Luxexpo du 13 au 21 octobre dans un contexte économique difficile. L’événement était donc l’occasion pour de nombreuses entreprises, dont les artisans affiliés à la Chambre des métiers, de démontrer leur savoir-faire en vue d’attirer de nouveaux clients. La foire permet à certains entrepreneurs de réaliser jusqu’à près d’un tiers (30 %) de leur chiffre d’affaires. Une aubaine potentielle, alors que 500 emplois ont été supprimés dans l’artisanat en 2011. Cette tendance contraste avec les années précédentes qui ont connu jusqu’à un excédent de 3.000 postes.
Banque centrale européenne
Yves Mersch : épilogue Le Luxembourgeois était attendu comme l’homme de la situation. Mais dans le périple de son accession au directoire de la BCE, il est davantage, désormais, dans la situation de l’homme qu’on n’attend plus. Par Alain Ducat
IMPORT-EXPORT
Balance asiatique
-40 Mios
Selon Eurostat, les parts d’exportations de l’UE27 augmentent en direction des 19 pays partenaires de l’Asem (AsiaEurope Meeting). Pour le Luxembourg, si l’export de biens vers l’Asie progresse sensiblement (399 millions au 1er semestre 2012), le volume d’import gonfle jusqu’à 903 millions d’euros. Le déficit de la balance commerciale s’est encore accru, de 40 millions par rapport à la même période de 2011, pour atteindre 504 millions.
DÉMOGRAPHIE
Luxembourg, cosmopolis
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Depuis le mardi 23 octobre, la ville de Luxembourg est entrée dans le club des « grandes villes », en enregistrant son 100.000e habitant. La capitale comptait encore 96.750 habitants au 31 décembre 2011. Cosmopolite (153 nationalités), la capitale compte aujourd’hui deux tiers d’étrangers sur son sol, très majoritairement issus des pays européens. Depuis peu, ce sont les Français (plus de 14.100) qui forment la première communauté de la ville, devant les Portugais (14.000).
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Photo : Parlement européen
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Feu rouge pour Yves Mersch (à côté de Sharon Bowles, présidente britannique de la commission Econ) à Strasbourg.
Yves Mersch et la BCE ? Plus qu’un feuilleton, c’est devenu une saga. À l’heure de découvrir ce paperJam, c’est aussi – logiquement, puisque les précédentes échéances ont déjà été plusieurs fois reportées et qu’un conseil européen doit revenir sur la question – l’heure de l’épilogue. Ira ? Ira pas ? Dans la dernière ligne droite, les jeux d’influence et de coulisse ont fait leur œuvre… dans chaque camp. À son corps défendant, le banquier central luxembourgeois a cristallisé des combats dont les intérêts, dans tous les cas, ne vont pas nécessairement dans le sens de l’histoire, encore moins de l’urgence qui est d’avoir un directoire complet pour l’instrument clé de la politique en zone euro. Le frein à main a été tiré par l’Espagne, qui s’est opposée à la nomination d’Yves Mersch. Le pays, au bord de l’asphyxie financière, souhaitait un représentant national pour le poste. Alors, il a fait rempart contre la procédure qui était sur le point d’aboutir : une méthode accélérée, par procédure écrite, qui relevait du passage en force et de l’accord politique, la désignation du Luxembourgeois de
63 ans étant censée être officialisée par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union. Le coup d’arrêt (ou de Jarnac, selon certains) espagnol succédait ainsi aux oppositions exprimées par les eurodéputés. Leur combat à eux : si on nomme Mersch, aucune femme ne siégera au conseil des gouverneurs de la BCE jusqu’en 2018. À ce niveau, nul ne doute que le Luxembourgeois soit l’homme de la situation, sur un plan technique, s’entend. Mais il est trop homme pour la situation, sur le principe. La commission Econ (affaires économiques, au Parlement européen) d’abord – malgré une longue audition d’Yves Mersch –, les eurodéputés en séance plénière ensuite – à une courte majorité, 325 à 300, en faveur des opposant(e)s –, ont dit non et encore non pour Yves Mersch à la BCE. Les ministres n’étaient pas obligés de suivre cet avis, mais un contre-pied ferait désordre dans la démocratie communautaire. Yves Mersch, convoyeur de ressentis divers, attend. Il faudra bien en sortir, et si possible par le haut...
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TVA RÉDUITE
ASBL
Un avis motivé de Bruxelles
La promotion de la liberté
La Commission européenne a adressé une nouvelle mise en garde au Luxembourg, qui pratique un taux de 3 % sur les livres électroniques depuis le 1er janvier. Selon Bruxelles, le pays doit se conformer à la réglementation européenne et revenir à une TVA normale de 15 %. Faute de quoi, la Cour de justice de l’Union européenne sera saisie. La France, qui a opté pour un taux de 7 % sur les e-books, est l’objet des mêmes menaces.
Libertés asbl vient de voir le jour sous l’impulsion d’Henri Grethen, ancien ministre de l’Économie et membre de la Cour des comptes européenne. L’association qu’il préside, et dont plusieurs membres sont issus du DP (parti démocratique), a pour but de soutenir et de faire la promotion de la liberté au sens large, de se pencher sur des problèmes de société. Libertés a déjà organisé une table ronde sur le thème d’Internet et a rédigé un article sur l’intégration et la nationalité luxembourgeoise .
Photo : Cour grand-ducale / Christian Aschman
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MARIAGE PRINCIER
Les retombées commerciales Des milliers de visiteurs et une population rassemblés sous un soleil radieux. Les éléments étaient réunis pour permettre aux commerçants de profiter de retombées directes du mariage princier du 20 octobre dernier. Mais les commerçants espéraient avant tout profiter de retombées indirectes à long terme. Comme l’a précisé la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), le mariage fait partie intégrante du « branding » du Luxembourg, qui compte de plus en plus de clients de la Grande Région. Une étude menée en 2012 par TNS Ilres montre que 720.000 clients nonrésidents, habitant à moins de 30 km des frontières du pays, fréquentent le Luxembourg au moins une fois par mois. Soit une augmentation de 40 % par rapport à 2007.
ABSENTÉISME
300.000 jours de maladie en plus Photo : Christian Wilmes (archives)
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Mobilité
Un Smot avec la Wallonie Le ministre wallon de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité, Philippe Henry, doit signer avec son homologue luxembourgeois, Claude Wiseler, un protocole d’accord concernant la mobilité transfrontalière : un Smot (schéma stratégique pour la mobilité transfrontalière), comme il en existe un avec la Lorraine. Une étude va être commandée à un consultant externe, afin de servir de feuille de route à une coordination efficace entre les parties. Elle tiendra compte des documents de planification de l’espace régional wallon et des plans d’aménagement luxembourgeois. Un des objectifs est de permettre une augmentation progressive du transfert modal, de la voiture individuelle vers des moyens de transport alternatifs, avec les outils adaptés en soutien (transports publics, covoiturage, mobilité douce, parkings-relais, etc.).
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L’Observatoire de l’absentéisme, instauré en 2009 après l’introduction du statut unique, vient de rendre un rapport complet sur la situation de l’absentéisme pour cause de maladie en 2011 des salariés du secteur privé. Il est basé sur les chiffres officiels (émanant de la Sécurité sociale notamment) relatifs aux entreprises occupant plus de 10 salariés. Si près de la moitié des salariés (47,2 %) n’a pas connu la moindre période de maladie en 2011, le nombre « d’épisodes de maladie » reste en moyenne, pour les autres, le même en 2011 qu’en 2010, c’est-à-dire 2,5. La durée des périodes de maladie, en revanche, augmente, passant de 8,3 à 9,4 jours civils en moyenne. En données absolues, cela se traduit par une augmentation de 291.879 jours civils de maladie. Les éléments statistiques ne permettent toutefois pas d’imputer une responsabilité particulière à un statut socioprofessionnel, un lieu de résidence, un secteur d’activité, une tranche d’âge ou un sexe en particulier.
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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/freeport14112012 LANCEMENT OFFICIEL
Demain, le port franc Le 14 novembre, un imposant parterre de personnalités politiques et économiques a donné le premier coup de pelle du futur freeport au Findel, mû par Natural Le Coultre.
01. Jean-Marc Kieffer (CDCL) 02. David Arendt (NLC, port franc de Luxembourg) et Luc Frieden (ministre des Finances) 03. Hjoerdis Stahl (Luxair Cargo) et Paul Helminger (Luxair) 04. Laurent Mosar (Chambre des députés) et Jean-Jacques Rommes (ABBL)
Photos Olivier Minaire
05. Werner Weynand (Ernst & Young) et Freddy Bracke (Cobelfret)
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06. Etienne Reuter (ministère des Finances) et Fernand Brisbois (Lux-Airport)
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07. Octavie. Modert (ministre de la Culture), Etienne Schneider (ministre de l’Économie), son prédécesseur Jeannot Krecké et Yves Bouvier (NLC) 08. Philippe Beissel (LuxConsult), Serge Thurm et François Folmer (Banque de Luxembourg)
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Promotion des entreprises
Des VIP dans le lobby Le pays ne manque pas de chambres, fédérations, associations patronales ou unions professionnelles, représentant tous les métiers, toute l’économie. Le Luxembourg a aussi ses délégations pour sa promotion à l’étranger. Trop de monde au portillon ? Entre lobbying et séduction, le Grand-Duché a des porte-parole écoutés. Texte Alain Ducat
Photos : Olivier Minaire (arhives)
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La salle de conférences de la Chambre de commerce accueille des grands-messes, rassembleuses de forces vives. Ici, c’était à l’occasion d’une manifestation jaugeant la façon dont le Luxembourg est vu et devrait l’être depuis l’étranger. Rien d’anodin pour l’image du pays.
maginons un instant un homme d’affaires étranger posant ses valises au Luxembourg. Il débarque, découvre la presse qui, en cette période budgétaire, est bombardée des avis les plus variés, en provenance de toutes les composantes socio-économiques du pays, sur les mesures prônées par le gouvernement en 2013. Après avoir bien pesé la question, notre businessman décide de s’intégrer dans la communauté économique du pays, de fréquenter les personnes incontournables, de se montrer dans les cercles de décideurs… Il va alors se trouver face à des choix, voire à un certain embarras. Car ce ne sont pas les organes qui manquent. Chambre de commerce, des métiers, des salariés ; UEL et Fedil, fédérations professionnelles, syndicats, associations diverses, clusters, agences de promotion, etc. Ils ont chacun leur vie propre et se recoupent parfois, voire souvent… Ne peut-on se demander si, pour l’efficacité et la clarté du message, il n’y a pas un peu trop d’organes représentatifs ? Ce questionnement a-t-il déjà eu lieu, au sein des instances dirigeantes ? Ou dans les coulisses ? Il est évident que ce n’est pas dans les discours officiels ou sous les casquettes présidentielles que l’on va trouver la réponse. « C’est assez logique qu’il y ait beaucoup de fédérations et associations d’intérêt, commente un observateur privilégié de l’économie
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du pays et de ses rouages publics et privés. Chaque branche a ses propres besoins et ses propres exigences. Un peu comme chaque ministre veut se mettre en vitrine, parce qu’il a envie d’être réélu. » On retrouve donc, agrégés, tous les sous-secteurs, quasiment tous les corps de métier. Comme l’Industrie luxembourgeoise de la technologie du métal (ILTM), le Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace (GLAE), le Groupement des fabricants de matériaux de construction ou celui des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics, ou encore le (savoureux) GPL (Groupement pétrolier luxembourgeois), puisés dans une liste qui est – vraiment très – loin d’un début d’exhaustivité. Des personnages-clés
Le premier distinguo est établi entre ce qui relève des deniers publics et les initiatives émanant du secteur privé. Même si elles se superposent parfois. « Par exemple, reprend cet interlocuteur, qui préfère demeurer discret, la Chambre de commerce, clairement un vecteur public, joue dans le même groupe que la Fedil. L’UEL, moins institutionnelle, regroupe les fédérations actives et les représentants du patronat, tout en ayant un discours de terrain très proche de celui de la Fedil ». Et pour cause. Aux intersections de grands organes dirigeants se
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Photos : Olivier Minaire (arhives)
La plupart des chambres, fédérations et groupements sont bien ancrés dans le paysage, depuis longtemps. La Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) a, par exemple, fêté son centenaire en 2009. Quant aux clusters et autres organes de promotion sectorielle, comme Luxinnovation, ils sont aussi des foyers de réseautage.
trouvent des personnages-clés. Ainsi, Robert Dennewald, président de la Fedil, est aussi vice-président de la Chambre de commerce et administrateur de l’UEL. Et Michel Wurth, président de l’UEL, est aussi président de la Chambre de commerce et vice-président de la Fedil… « Le conseil d’administration de l’UEL reflète les secteurs économiques qui sont couverts par la mission de l’association », précise le site web de l’Union des entreprises. Et de fait, on y retrouve la Chambre des métiers, la Chambre de commerce, la Fedil, la Fédération des artisans, la CLC (Confédération du commerce), la construction, l’ABBL (banques), l’Aca (compagnies d’assurances) ou l’Horesca. Bien qu’elle soit très inscrite dans le paysage comme faîtière du patronat, l’UEL n’a que 12 ans : elle succédait, en 2000, à un informel comité de liaison patronal… Hors du secteur primaire, l’UEL représente quelque 24.000 entreprises, occupant plus de 80 % de l’emploi intérieur total et contribuant pour environ 85 % au PIB. Cela fait de l’UEL une sorte de héraut de la compétitivité de l’économie nationale, dont les « propositions et initiatives concrètes visent à augmenter l’attractivité du Luxembourg comme terre d’accueil de nouvelles activités économiques tout en encourageant la mise en place d’un environnement législatif et réglementaire favorable aux entreprises existantes. Elle élabore
les positions des entreprises sur des sujets interprofessionnels, les défend auprès des pouvoirs publics et des syndicats et les présente aux médias. » Parler de lobby ne relève pas de l’abus de langage, d’autant que l’UEL « s’engage activement dans le débat sociopolitique ». La Fedil plonge ses racines plus profondément, dans le sol industriel. Fondée en 1918, celle qui s’ajoute le patronyme plus international de Business federation Luxembourg est aujourd’hui « une fédération d’entreprises multisectorielle représentative des secteurs de l’industrie, de la construction et des services aux entreprises. » Ses membres pèsent 25 % de la valeur ajoutée, 30 % de l’emploi intérieur et environ 8 milliards d’euros par an en exportations. C’est d’ailleurs un cheval de bataille affirmé que de jouer la double carte, nationale et internationale. La Fedil est affiliée à BusinessEurope, dispose d’un bureau de représentation à Bruxelles et collabore aux activités de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à Genève. Membre de l’Organisation internationale des employeurs (OIE) ainsi que du comité consultatif auprès de l’OCDE, elle participe également à de nombreuses missions économiques à l’étranger. La Fedil est donc, aussi, une machine de guerre, « é troitement associée à la préparation des décisions en matière économique et sociale par sa représentation dans de nombreux organes consultatifs institués par les pouvoirs publics » et se présente encore comme un organe « entretenant un contact régulier aux niveaux national et européen avec les représentants politiques, les pouvoirs publics, les milieux économiques et les syndicats, qui s’efforce d’infléchir les décisions politiques et administratives dans l’intérêt de la libre entreprise ». La fonction de lobbying est donc, ici aussi, clairement assumée. Les défis et les courts chemins
Dès lors, le pouvoir en place fait-il face à une forme de pression permanente ? « Je ne parlerais pas de lobbying, explique Étienne Schneider, mais il ne fait aucun doute que le ministre en charge de l’Économie et du Commerce extérieur doit être à l’écoute des besoins des entreprises et de l’ensemble des acteurs économiques. Je ne laisserai pas seules les entreprises lorsqu’elles devront affronter les défis qui se posent dans une économie de plus en plus interconnectée. Je m’engage à les soutenir par tous les moyens qui sont à ma disposition. D’ailleurs, il faut le souligner : en négligeant les besoins des entreprises, on met en péril l’emploi des salariés. » La Fedil, pour sa part, s’est associée à des partenaires privés et publics, dans des domaines spécifiques et selon les intérêts. On la retrouve aux côtés de l’Agence luxembourgeoise pour la coopération au développement, de Business Initiative et du réseau 123Go, du fonds de formation sectoriel pour l’intérim, dans le Mouvement Décembre 2012 —
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dialogue social, un promoteur du changement ». Donc, un lobby… On retrouve parfois les mêmes personnes portant des casquettes différentes, dans les organes de divers groupements. Et cela ne se résume pas aux grandes chambres professionnelles. Pour exemple, Jean-Claude Reding est à la tête du syndicat de gauche OGBL, de la Chambre des salariés et du conseil d’administration d’Editpress. On pourrait trouver beaucoup d’autres danseurs au bal des cumuls. Et, au demeurant, cela rejoint la vision de ce témoin privilégié, très proche des décideurs économiques et politiques : « Moi, je n’ai pas de souci avec la multiplicité des casquettes, en tout cas pas lorsqu’il s’agit d’initiatives privées, n’engageant pas de fonds publics. Que des personnes soient un peu dans tout et aient plus d’importance que d’autres est dû au fait que le Luxembourg est un petit pays, où l’on retrouve souvent les mêmes. » Cela donne, du même coup, une autre vision du lobbying à la luxembourgeoise : « C’est d’abord un effet de la proximité. En fait, plus que les fédérations ou les groupements, ce sont les gens qui comptent. On approche le ministre facilement. Les cercles de réseautage sont restreints. C’est la fameuse logique des courts chemins. » Une approche efficace de la promotion
luxembourgeois pour la qualité, Luxinnovation ou encore Luxembourg for business… Dans un registre très similaire, la Chambre de commerce est une autre incontournable, avec plus de 50.000 ressortissants, occupant 75 % du total de l’emploi salarié et représentant 80 % du PIB. En outre, cet organe public fonctionne dans une autonomie financière essentiellement nourrie par les cotisations de ses membres. La Chambre de commerce trouve aussi sa légitimité dans sa longévité : en 1841, le Roi Grand-Duc Guillaume II lançait l’institution, première manifestation de l’autonomie d’un État appelé à la gestion de ses propres affaires… Aujourd’hui, la Chambre de commerce est composée de cinq départements et de son propre organe formateur, la LSC (Luxembourg school for commerce). « En tant que chambre professionnelle et établissement public, regroupant les entreprises de tous les secteurs économiques – hormis l’artisanat et l’agriculture – la Chambre de commerce conçoit sa raison d’être et son rôle dans la défense des intérêts des entreprises affiliées. Elles constituent un ensemble hétéroclite avec des intérêts sectoriels souvent divergents, la Chambre de commerce conçoit sa mission primaire dans l’articulation, la représentation et la défense des intérêts de l’ensemble de ses ressortissants. Elle peut également défendre des intérêts sectoriels à condition que ceux-ci ne soient pas préjudiciables à ceux de l’ensemble de ses ressortissants ». Cette auto-présentation de la Chambre de commerce pose bien les jalons. La CLC (Confédération luxembourgeoise du commerce) est encore une autre organisation patronale dédiée à l’entreprise privée, « au coeur de l’économie et de l’histoire du pays », y précise-t-on. Elle couvre 58 fédérations et des entrepreneurs indépendants, issus du commerce, des transports ou des services. La CLC représente plus de 11.000 entreprises, générant quelque 22 % du PIB et employant 60.000 salariés. La CLC se définit aussi comme « un organe de représentation auprès des décideurs et des pouvoirs publics, un acteur du — Décembre 2012
Dans tous les cas, pour Étienne Schneider, il faut assurer, en interne certes, mais surtout vis-à-vis de l’extérieur. « La promotion du Luxembourg et de ses entreprises est une activité centrale du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur. Il faut présenter notre pays à l’étranger et attirer de nouveaux investisseurs. » Pour le ministre, les exigences de la crise n’ont fait qu’accentuer ce besoin. « Personnellement, je suis convaincu de l’output qui résulte des missions économiques que nous organisons régulièrement. J’avoue que, contrairement à ce que j’avais prévu en début de mon mandat, je suis amené à me déplacer souvent vers les quatre coins du monde, et je m’aperçois que ces efforts portent leurs fruits. Pourtant, une mission économique est seulement le début ; après, il faut garantir le suivi des visites officielles. Parfois, il s’agit d’une première entreprise d’un certain secteur, qui pourra faire tache d’huile, amener d’autres entreprises à considérer le Luxembourg comme site d’implantation. » Plus que jamais, le Luxembourg doit mettre en place, poursuit M. Schneider, « une approche efficace pour la promotion des intérêts économiques de notre pays avec toutes ses particularités et sous toutes ses facettes. Cette volonté nous a conduits, en 2008, à regrouper la plupart des acteurs publics et privés dans la plate-forme commune que constitue Luxembourg for business. Depuis sa création, elle s’est avérée le vecteur de transmission par excellence pour la promotion de l’économie luxembourgeoise, en dehors du secteur financier. » La nuance est d’importance. Comme le glisse un haut fonctionnaire qui a bien connu l’ère Krecké avant l’ère Schneider, « il a fallu composer avec deux agences, Luxembourg for finance et Luxembourg for business, là où une agence avec deux branches aurait sans doute été plus efficace. Parfois, chacun veut sa plaine de jeux… » Selon cet interlocuteur, Jeannot Krecké pensait qu’il y avait trop de monde sur le terrain de la promotion à l’étranger, au risque de donner une image brouillée. En son temps, la volonté de se montrer groupé avait enfanté un comité de coordination pour le commerce extérieur. « Tout le monde était autour de la table. Et beaucoup
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La Chambre des métiers fait aussi partie des acteurs incontournables, plus proche du terrain artisanal a priori.
jouaient leur propre rôle, voire leur propre carte », se souvient Chacun conserve son pré carré. Et actionne ses propres ce témoin de coulisses. leviers. L’objectif, que l’on soit fédération professionnelle L’idée gagnante, c’est un logo, une cohérence, un discours, ou syndicat par exemple, reste toujours de capter pour un même « club » … C’est, en grande partie, réussi. l’attention des responsables, d’avoir l’oreille attentive « Nous continuerons à décliner la marque Luxembourg for business de la bonne personne, au bon endroit. dans d’autres secteurs d’activités qui s’ajouteront à ceux qui sont Les groupes de pression ont d’autant plus de poids quand déjà couverts, de façon à ce que l’approche cohérente et coordonnée ils ont pour figure emblématique un personnage-clé. que nous poursuivons, ainsi que la clarté des messages que nous Et si ce personnage est actif dans plusieurs lobbies, véhiculons à l’étranger, soient renforcées davantage, s’engage le il prend d’autant plus de poids. ministre Schneider. Je ne pense pas qu’il y ait double emploi des On ne négligera pas, dans cette vision, le pouvoir des divers organismes et institutions. Les acteurs constituent plutôt un administrations, « où quelques fonctionnaires aiment à se ensemble, un network horizontal, où chacun possède ses propres rendre indispensables et veulent tout contrôler, avoir de l’argent spécificités et stratégies pour mener à bien le développement à dépenser et des copains à embaucher », ajoute, perfide, un envisagé, et où l’échange d’idées ou d’informations est partie interlocuteur, au fait des arcanes du pays. Il cite pour intégrante de l’objectif final : promouvoir le site luxembourgeois. Je exemple, dans le domaine des transports, la société crois qu’il est essentiel dans ce contexte que tous les acteurs gardent de promotion de l’aéroport, « dont les responsables sont la liberté de leurs opérations. Pour moi, tous les partenaires ont une déconnectés des réalités économiques du secteur ». grande valeur ajoutée dans la création d’une image de marque C’est vrai que, au sein du « super ministère » de Claude commune pour le Luxembourg. Les expériences et connaissances Wiseler, où l’on a rassemblé des compétences proches, des différents organismes sont d’un soutien essentiel dans la création pour la mobilité et les infrastructures notamment, se d’un branding adéquat. L’image de marque du Luxembourg ne retrouve la politique aérienne, « alors que Cargolux et Luxair doit ni se baser sur des stéréotypes, ni être centrée sur la devraient être du ressort de l’Économie. » compétitivité. Elle doit aussi transmettre qu’il fait bon y vivre ». Mais ceci est encore une autre histoire, qui se répète Pour le ministre, au-delà de la compétitivité du pays, il dans différents ministères : « Il y a l’Économie est primordial d’en défendre l’attractivité. « Il ne s’agit et les Classes moyennes, souligne encore un pas seulement de convaincre de nouvelles entreprises observateur avisé, alors qu’il y a une même réalité d’investir dans notre économie, mais également « En négligeant économique. 95 % du tissu, constitué de PME, est d’attirer des personnes hautement qualifiées qui donc mis hors de l’Économie ? Un seul ministère les besoins des alimentent l’économie avec leur savoir-faire. » entreprises, on met aux compétences larges aurait sans doute suffi. Classes moyennes et Économie ne sont même en péril l’emploi Question de poids pas dans le même bâtiment. bâtiment. » des salariés. » On touche là à une autre réalité, Si la question de l’éventuel trop-plein de éminemment politique celle-là, qui Étienne Schneider, délégués s’est posée pour l’image du pays ne s’avère pas si éloignée de la relative ministre de l’Économie et du Commerce extérieur à l’extérieur, elle n’entre manifestement pas union des forces vives, coordonnée en réflexion à l’intérieur des frontières. par quelques VIP. Décembre 2012 —
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Luxembourg
Ce n’est pas (toujours) la taille qui compte La prochaine conférence organisée par la Sacred Heart University, en partenariat avec paperJam, permettra d’analyser le rôle que peut jouer le « petit » Luxembourg au milieu des « grands » de ce monde. Et en la matière, le Grand-Duché ne manque pas d’atouts. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Charles Caratini
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’était au début des années 90. Robert Goebbels, un accord sur le sujet. » Avec le recul du temps et le caractère alors ministre socialiste dans le gouvernement moyennement crucial du sujet, l’anecdote peut, aujourd’hui, luxembourgeois, présidait un conseil européen faire sourire. Mais elle est assurément très révélatrice du de ministres des Transports. Celui au cours rôle charnière que le Luxembourg est, parfois, susceptible duquel fut trouvé un accord concernant le « premier paquet de jouer pour débloquer des situations pouvant paraître ferroviaire », au terme de longues discussions. « Il restait compromises. Un rôle grandement facilité par la taille encore à l’ordre du jour une obscure question, relative aux voies « physique » du pays. « Grand » par le nom, petit par ses navigables intérieures, et qui ne concernait le Luxembourg que dimensions. de loin, se souvient M. Goebbels. Il y avait beaucoup de Avec ses 2.586 km2 de superficie, 82 km de « haut », 57 km de « large » et un demi-million d’habitants, blocages un peu partout et, satisfait d’avoir ficelé le le Luxembourg a même été, jusqu’en 2004, paquet ferroviaire, j’avais proposé de mettre ce point le plus petit État de l’Union européenne, à l’ordre du jour de la présidence suivante. Il y « Le Luxembourg seulement devancé, depuis, par Malte avait alors eu une interruption de séance, et les a assuré d’excellentes (316 km2 et 400.000 habitants). ministres anglais, allemands et français présidences Un « statut » qui, sous certains aspects, étaient venus me voir, en me demandant de a pu se révéler être un avantage, régler ce point-là également, car la du Conseil de l’Union mais pas toujours… Car tout État présidence suivante était néerlandaise, et européenne, car fondateur de l’Union européenne qu’ils redoutaient que sa position sur la dans de nombreux qu’il est, le Luxembourg ne bénéficie question leur soit défavorable. J’ai accepté, domaines, il n’avait pas pour autant d’un traitement en leur demandant, dans ces conditions, de pas d’intérêt direct. » particulier. S’il est, d’un côté, on l’a vu, se monter un peu plus souple dans leurs Robert Goebbels, apprécié pour sa neutralité, il est aussi, propres positions. Et lorsque la séance a repris, député européen en contrepartie, une cible plus facile pour en moins de deux heures, nous avions aussi trouvé — Décembre 2012
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les critiques et les attaques, venues des quatre coins du Vieux Continent. C’est entre ces deux eaux que le pays a appris à naviguer depuis bien longtemps, et plus encore depuis la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, devenue Communauté économique européenne, puis Union européenne. Et il l’a généralement fait avec succès. Place des grands hommes
N’est-ce pas justement en raison d’une certaine neutralité, doublée – certes – d’une compétence largement reconnue, que la présidence du comité, qui jeta en 1970 les bases de la réalisation graduelle d’une union économique et monétaire, fut confiée à Pierre Werner, alors président du gouvernement luxembourgeois et ministre des Finances ? N’est-ce pas nanti des mêmes qualités que JeanClaude Juncker, alors Premier ministre, ministre des Finances et ministre du Travail et de l’Emploi, réussit, en décembre 1996, à réconcilier, autour du pacte de stabilité accompagnant l’Union économique et monétaire, le chancelier allemand Helmut Kohl et le président français Jacques Chirac ? Et n’est-ce pas parce qu’il représentait, quelque part, le plus petit dénominateur commun des « grands d’Europe », que Jacques Santer a été préféré à Jean-Luc Dehaene, pour prendre la succession de Jacques Delors à la présidence de la Commission européenne en 1995 ? « Le Luxembourg a également assuré d’excellentes présidences du Conseil de l’Union européenne (11 entre 1960 et 2005, ndlr.), car dans de nombreux domaines, il n’avait pas d’intérêt direct, constate M. Goebbels. On nous faisait donc confiance et cela nous a généralement permis de trouver les bons équilibres et les bons compromis. » Les personnalités luxembourgeoises « haut placées » en Europe n’ont pas manqué. Avant le chrétien social Jacques Santer, le libéral Gaston Thorn présida également la Commission européenne (entre 1981 et 1985), et fut le seul Luxembourgeois à avoir jamais présidé une session de l’Assemblée générale des Nations Unies (en l’occurrence la 30e, en 1974). JeanClaude Juncker, lui, préside depuis 2005 l’Eurogroupe, qui regroupe les ministres des Finances des États membres de la zone euro. Quant à Luc Frieden, il vient d’être élu prochain président du conseil des gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale, pour l’année 2013, à Washington. Un peu plus loin dans le temps, il est aussi possible de citer Mathias Hinterscheid, qui fut pendant de longues années (de 1976 à 1991) secrétaire général de la confédération européenne des syndicats. Mais les Hommes, aussi grands soient-ils, ne peuvent pas, à eux seuls, porter une nation tout entière au firmament. « On voit très bien que le fait que M. Juncker exerce une responsabilité primordiale
au sein de l’Eurogroupe ne nous épargne pas des attaques incessantes contre la place financière de la part des grandes capitales. Dans ce cas précis, être petit, ça n’aide pas trop », constate Robert Goebbels, qui vit également la situation dans son quotidien de député européen. Avec six députés luxembourgeois sur un total de 754 parlementaires, la statistique pure ne plaide évidemment pas en la faveur du Grand-Duché. « Pour peser au parlement, il faut bien connaître ses dossiers. Si les députés luxembourgeois s’attèlent tout d’abord à bien les étudier, et à faire des propositions plus ou moins intelligentes, ils pèsent… mais jusqu’à un certain degré ! Charles Goerens (DP) est quelqu’un que l’on écoute, notamment en matière de politique de développement. Claude Turmes a un poids certain au sein du groupe Vert. Il lui arrive d’être rapporteur apprécié de directives importantes. Mais cela a ses limites. J’ai été, pendant dix ans, vice-président du groupe socialiste au parlement européen. Mais, dès qu’il y avait des questions litigieuses et que je cherchais à défendre les intérêts luxembourgeois, j’étais vite balayé par les ‘grandes divisions’ – pour reprendre le terme de Staline au sujet du pape – des grands États. » Si le Luxembourg pouvait, naturellement, davantage « peser » — toutes proportions gardées – dans une Europe à six, puis à neuf, 10, voire 12, cela est sans doute moins le cas, aujourd’hui à 27, et ce d’autant plus que le centre de gravité économique de l’Union européenne, position que le Luxembourg a longtemps revendiquée à juste titre, s’est largement déplacé plus à l’Est. Autocensure
Mais le pays n’est pas, pour autant, complètement noyé dans les arcanes des institutions internationales. En octobre dernier, son entrée, pour la première fois de son histoire, au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (Onu), pour la période 2013-2014, n’a pas manqué de remettre le sujet à l’ordre du jour. Préféré à la Finlande, dans la triangulaire finale qui l’a finalement désigné aux côtés de l’Australie, pour occuper les deux sièges du groupe régional des États d’Europe occidentale et d’autres États, le Grand-Duché – qui était déjà le plus petit des 51 États membres fondateurs de l’Onu en 1945
– s’offre une reconnaissance internationale supplémentaire qui ne pourra pas lui faire de mal. Le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, s’est réjoui, à cette occasion, de la possibilité offerte au GrandDuché « de démontrer au plus haut niveau sa solidarité et son expérience avérée comme ‘honnête courtier’ sans arrière-pensées, sensible aux préoccupations des autres États membres. » On notera tout de même, au passage, et pour l’anecdote, que le Luxembourg est « physiquement » présent depuis près d’un quart de siècle au pied même du siège des Nations unies à New York, puisque le Revolver noué, réplique de l’œuvre de l’artiste suédois Carl Fredrik Reuterswärd (dont l’original se trouve à Malmö), fut offert en 1988 par le gouvernement luxembourgeois à l’institution internationale. Il n’y aurait donc, en théorie, pas spécialement matière à rougir de cette petite taille. Mais vu de « l’intérieur », le ressenti peut être tout autre. Robert Goebbels peut en témoigner. « Un peu avant un conseil ‘marché intérieur’ que je devais présider, je me souviens d’une réunion que j’avais eue, avec tous les fonctionnaires préparant les dossiers dans les différentes commissions. Je me suis aperçu qu’il y avait pas mal de fonctionnaires qui y allaient pour ne rien y faire et ne rien y dire, car eux-mêmes se sentaient trop peu importants. » Et de rappeler, dans le même ordre d’idée, la réplique de Jean Wagner, prononcée lors du dîner organisé en son honneur, lorsqu’il quitta ses fonctions de représentant permanent du Luxembourg auprès de l’Otan, en 1986. À Lord Peter Carrington, alors secrétaire général de l’organisation, qui venait de faire son éloge, mettant en avant son rôle clé joué au sein de l’Otan, M. Wagner lui a répondu : « Je vous remercie d’avoir si bien interprété mes silences. » À l’échelle nationale, la petitesse des circuits décisionnels fait partie des atouts largement mis en avant par les différents ministres, amenés à faire la promotion du Luxembourg à l’étranger. « Cela faisait toujours un effet terrible quand je disais à mes interlocuteurs étrangers qu’ils pouvaient trouver mon numéro de téléphone personnel dans l’annuaire », s’amuse encore aujourd’hui M. Goebbels. Ce qui ne dispense évidemment pas le Luxembourg de redoubler d’efforts pour ne pas figurer aux abonnés absents au-delà de ses frontières.
CONFÉRENCE
Épisode 3 « Le destin européen d’un petit pays » sera le thème de la 3e conférence organisée par la Sacred Heart University, en partenariat avec paperJam, dans le cadre du cycle « Luxembourg — where we came from ; where we are ; where lies our possible future ? », qui se déroulera jusqu’au mois de juin 2013. Ce troisième volet aura lieu le 13 décembre, dans le bâtiment Jean Monnet au Kirchberg. Le ministre d’État honoraire
Jacques Santer, ancien Premier ministre et ancien président de la commission européenne, reviendra sur le rôle du Luxembourg dans la construction européenne. Mario Hirsch (visiting senior research fellow à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne) et Wolfgang Lorig (Université de Trèves), répertorieront les avantages à « être petit ». Infos et inscriptions sur www.club.paperjam.lu
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Regardez la vidéo de Henri Grethen sur paperJam.TV
« Dans toute leur histoire, les Luxembourgeois ont toujours fait preuve de courage. Ils sont difficiles à mettre en mouvement. Mais une fois qu’ils le sont, rien ne les arrête. » 3
LES DIX VÉRITÉS DE
« J’ai le sentiment qu’encore trop de gens n’ont pas reconnu la gravité de la situation. »
Henri Grethen Interviewé sur paperJam.TV, l’ancien ministre de l’Économie, aujourd’hui membre de la Cour des comptes européenne, ne peut que constater la gravité de la situation économique actuelle, mais ne doute pas de la capacité des Luxembourgeois à y faire face. Interview Jean-Michel Gaudron
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« Les actionnaires qataris et luxembourgeois de Cargolux doivent se mettre autour d’une table et développer une stratégie commune. Cela risque aussi d’avoir des conséquences pour Luxair. »
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« J’ai toujours été contre un fonds souverain, mais j’ai toujours été pour un rôle actif de l’État dans les sociétés où il détient des participations. »
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« Au niveau des responsables syndicaux, on est en train de faire la politique de l’autruche. »
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« La pire des choses qui pourrait arriver en Europe serait une fiscalité commune. Car, connaissant les politiques, les taux seraient tirés vers le haut. »
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« Nous n’avons pas le budget de Coca-Cola pour vendre l’image du Luxembourg. Cela ne ferait de toute façon pas sens. »
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« Croire que l’on peut toujours travailler moins et gagner plus est une illusion. » 8
« Je crains que nous ne soyons pas cinq minutes avant midi, mais que nous ayons déjà dépassé l’heure de midi. »
« Au début de l’Europe, le Luxembourg était le ‘petit’ qu’on aidait en cas de problème. Aujourd’hui, on nous dit ‘Qu’est-ce que vous voulez ? Vous êtes les plus riches et vous voulez encore des régimes particuliers ?’ C’est difficile à expliquer au niveau européen. »
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Médias
Alia jacta est À l’ère du tout numérique, la surveillance des médias fait l’objet de moyens variables, suivant les pays. Le Luxembourg, terreau historique du média privé en Europe, veut se doter d’une nouvelle instance compétente, disposant du pouvoir de sanction. L’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel franchit le Rubicon. Texte Thierry Raizer Photos Jessica Theis
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out est une question de nuance dans la législation. « Nous voulons surveiller, mais pas contrôler », a dit François Biltgen, ministre des Communications et des Médias, lors de la récente présentation officielle de la future Alia, l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel. Tout un programme, pour un projet qui marque un changement important dans la surveillance des médias établis au Luxembourg : disposer d’une seule autorité de tutelle (qui aura le statut d’établissement public), et qui rassemblera (presque) toutes les compétences existantes. Sans employer le terme de régulation, le gouvernement entend moderniser ses outils de supervision médiatique. Le système en vigueur jusqu’ici – fixé par la loi sur les médias électroniques datée de C’est le nombre de plaintes 1991, établissant les modalités d’émission enregistrées par le CNP en 2011 (dont 11 en auto-saisine). de programmes radios et télévisés depuis 3 sanctions ont été exprimées. le Luxembourg (hertziens, câblés ou encore satellitaires) – ne manque en effet pas de sophistication. Il est composé de trois entités : le Service des médias et des communications, la Commission indépendante de la radiodiffusion (CIR) et le Conseil national des programmes (CNP). Le premier dépend directement du ministre des Communications et des Médias, en lien étroit avec le Ministère d’État. Il contrôle la publicité à la télévision. Tandis que le CNP est mandaté pour effectuer un contrôle indépendant des programmes des chaînes télévisées, émettant à partir du Grand-Duché, ainsi que ceux des radios à « haute puissance » (RTL et 100, 7). La CIR est chargée des réseaux de radios : DNR, Ara, Latina, Eldoradio.
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53 chaînes via Luxembourg
Lors de sa mise en place, ce dispositif était une réponse à la directive européenne « Télévision sans frontières » de 1989 – amendée en 1997 –, censée harmoniser un marché européen libéralisé, selon les vœux communautaires. C’était une harmonisation a minima : l’Europe se chargeait de fixer des règles communes de protection des mineurs et des consommateurs, de promotion de la production indépendante et européenne, ainsi que sur le droit de réponse. À charge de chaque État, ensuite, de retranscrire la directive, et de se doter éventuellement de règles plus strictes. Le projet d’Alia a donc été mis sur les rails. Peut-être un peu trop rapidement dans sa dernière ligne droite. « Nous avons été consultés à certains moments du processus, mais plus dans les dernières étapes », regrette Tom Krieps, — Décembre 2012
président du CNP, qui salue toutefois le principe de l’initiative.Le CNP pourrait être comparé, pour une partie de ses prérogatives, aux CSA belge et français, avec lesquels il siège au sein de l’EPRA (European platform of regulatory authorities). « À l’époque, la directive européenne ne prévoyait pas de création de ce type d’autorité en termes explicites, mais cela s’est fait partout en Europe » ajoute M. Krieps, qui préside un conseil d’administration de 24 membres, censé représenter la société luxembourgeoise : on y retrouve des partis politiques, des syndicats, des Chambres (commerce,
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La petite équipe du CNP voit se profiler une autorité nouvelle, dans une mouture élargie. « Nous n’avons pas été consultés dans les dernières étapes », souligne Tom Krieps, président du CNP.
HISTOIRE
La télévision en Europe en 5 dates 1989 : adoption de la directive « Télévision sans frontières » : création des conditions de libéralisation du marché télévisuel (sauf la VOD). 1991 : vote de la loi sur les médias électroniques au Luxembourg 1997 : révision de la directive européenne : introduction du principe de lieu d’établissement et de programmation, pour déterminer la juridiction compétente. 2007 : directive sur les services de médias audiovisuels remplaçant celle de 1989 : élargissement du concept à la VOD et modernisation des règles en matière de pub. 2012 : adaptation de la loi luxembourgeoise de 1991 aux nouvelles dispositions européennes. T. R.
métiers…), divers organes ou associations (comme le Claé – comité de liaison des associations d’étrangers au Luxembourg - ou Action Familiale et Populaire). La future Alia sera aussi dotée d’un conseil d’administration, de cinq personnes cette fois, et complètement dépolitisé, selon les vœux du ministre. Ses membres ne pourront exercer aucun mandat public. L’esprit du CNP actuel se retrouvera, quant à lui, dans une assemblée consultative, adossée à l’Alia, où siègeront 25 membres. D’un point de vue opérationnel, le CNP compte sur l’aide de deux collaboratrices. Un nombre
relatif, au regard des53 chaînes de télévision qui battent pavillon luxembourgeois. Or, l’une des principales règles découlant de la directive « Télévision sans frontières » est celle de la compétence du pays d’origine (siège social ou, le cas échant, utilisation de la liaison montante) de la chaîne. On retrouve ainsi sur la liste de programmes surveillés par le CNP des chaînes en provenance de pays de l’Est (Serbie, Ukraine) ou encore d’Afrique (Côte d’Ivoire, Burkina Faso). Outre ces chaînes « exotiques », RTL, groupe historique et leader, Décembre 2012 —
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En cas de réclamation, les auditeurs de RTL, première radio de France mais qui est de concession luxembourgeoise, doivent donc également s’adresser au CNP grand-ducal.
concentre l’émission de 18 chaînes, depuis son pays natal. Le CNP est aussi compétent pour trois de ses stations radio : RTL Radio Lëtzebuerg, RTL Radio (programme en langue allemande) et RTL (le programme de la Rue Bayard, à Paris). Corollaire : les auditeurs de la première radio de France doivent donc également s’adresser au CNP luxembourgeois, en cas de réclamation sur les programmes diffusés. Cette déferlante de programmes n’effraie pas l’équipe du CNP. De facto, on ne peut évidemment tout y contrôler en direct. « Nous pensons qu’un bon contrôle externalisé peut être tout aussi efficace ». Le conseil compte ainsi, outre la « pige » légale demandée aux chaînes, sur des freelances chargés de prélever des échantillons de programmes. Autant de morceaux de programmes, aux parfums aussi variés que la diversité de chaînes possédant une concession luxembourgeoise. A priori, l’inquiétude du CNP face à l’Alia se situe plutôt du côté des nouvelles obligations induites par le statut d’établissement public. « Nous craignons que le travail sur le contenu soit un peu négligé. Nous doublerons nos effectifs, mais nous ne serons que cinq », déclare Carole Kickert, secrétaire du CNP. Un gendarme des médias, une bataille de l’image
Les deux employées du CNP seront effectivement de la nouvelle aventure. Il restera, en plus de deux autres collaborateurs, à trouver — Décembre 2012
« Nous sommes demandeurs d’une autorité professionnelle de supervision des médias » Alain Berwick (RTL)
JOURNALISTES
Le traitement de l’info Le CNP analyse le contenu des programmes sans toutefois se pencher sur le sort de l’information. « On ne s’immisce pas dans le métier des journalistes. Ce n’est d’ailleurs pas là que le bât blesse », dit Carole Kickert, secrétaire du CNP. Le Conseil de Presse, organe d’autorégulation des journalistes actifs au Luxembourg et qui a dans ses attributions la compétence de surveillance, ne se prononce pas pour l’instant, en attendant un débat en interne, en décembre 2012. T. R.
un directeur. Avec un profil plutôt juridique comme l’indiquait le ministère des Communications et des Médias, lors de la présentation du projet. « Nous pensons que les postes à pourvoir doivent être liés aux compétences nécessaires, souligne Alain Berwick, CEO de RTL Radio et Télé Lëtzebuerg. Il faudra que ces personnes connaissent le rôle ou le fonctionnement des médias, pour éviter tout parti pris. pris. » L’autre volonté de François Biltgen est de doter la future Alia d’un pouvoir de sanction, allant ainsi au-delà des prérogatives du CNP, qui en est quelque peu démuni. L’Alia pourra concrètement prononcer un blâme et, surtout, infliger des amendes, pouvant aller de 250 à 250.000 euros. « Nous espérons que les sanctions appliquées ne nous ruineront pas, réagit Alain Berwick. Cela pourrait se faire au détriment des programmes ». Si l’on peut compter sur la bonne gouvernance des chaînes du Boulevard Pierre Frieden, se pose par ailleurs la question de l’application de sanctions pour des chaînes utilisant le Luxembourg comme base de lancement, mais dont les responsables sont à l’étranger. Les retraits de permission (radio) ou de concession (TV), dont pourrait disposer l’Alia comme arme ultime, resteront, pour majeure partie, entre les mains du ministre. Seules les radios locales ou de réseau pourront être directement suspendues par le gendarme des médias. En dehors du champ des sanctions, il reste une bataille majeure pour le Grand-Duché : celle de l’image. « Le Luxembourg continue d’être vu par certains comme un pays, où les télévisions
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53 chaînes depuis le Luxembourg, mais pas toutes luxembourgeoises
qui ne sont pas autorisées ailleurs viennent s’établir », déclare Tom Krieps. Il cite l’exemple d’un projet de chaîne consacrée au vin – qui n’a toujours par vu le jour — impulsée par des promoteurs français, Edonys. « Les CSA, notamment belge et hollandais, pensent que les chaînes qui battent pavillon luxembourgeois veulent échapper à certaines obligations légales en vigueur dans leur pays », ajoute Alain Berwick. Ce sont des « procès » menés sur base de l’interprétation, plus libérale que d’autres, qu’aurait le Luxembourg des directives européennes, dont celle sur les médias. Forcément un brin démagogique ou opportuniste, ce type de procès n’est pas dénué de tout sens non plus. La loi de 1991, au contraire de législations promulguées dans d’autres pays, est moins contraignante pour les médias basés à Luxembourg. « En tant que groupe, nous sommes donc demandeurs d’une autorité professionnelle de supervision des médias », dit l’homme de RTL. Déjà caduc ?
Cet attirail devrait éloigner les soupçons venus de l’étranger. Même si ceux-ci ne datent pas d’hier, à l’encontre d’un Luxembourg perçu comme un « paradis cathodique ». L’initiative même d’une radio privée à portée internationale (celle qui allait devenir RTL) établie au Luxembourg faisait déjà débat au début des années 30…Média et politique sont — Décembre 2012
PROGRAMMES
Les curiosités du petit écran Vous zappez et vous tombez sur une chaîne en Serbe ou en Ukrainien ? Vous regardez peut-être une chaîne luxembourgeoise ! La libéralisation du marché de l’audiovisuel a donné lieu à quelques particularités, parmi lesquelles la possibilité pour une chaîne de s’établir ou d’émettre depuis un pays étranger au public visé. Le CNP est donc de facto compétent pour 53 chaînes, dont certaines aux origines africaines ou des pays de l’Est. Plus proche, Air TV, aux capitaux français, profite de l’émetteur historique de Dudelange pour diffuser sur les trois frontières. Question thématiques, la grille des programmes diffusés via Luxembourg vise des publics très divers : amateurs de poker (Lucky Jack), de golf, de luxe, de programmes légers (Libido) et plus récemment de sports de combat (KombatSport). Ces dernières, souvent accessibles en VOD, ne posent pas forcément de souci au CNP. Le public sait à quoi s’attendre et se montre moins critique qu’à l’égard d’un programme inadapté sur une chaîne généraliste. Mais face à cette myriade de programmes sous concession luxembourgeoise, l’Alia devra aussi montrer – pour se crédibiliser – qu’elle garde un œil sur leur contenu. T. R.
deux mondes qui se croisent souvent, entre intérêts communs et rapports de force. Chacun sachant, qu’à un moment donné, il aura besoin de l’autre. L’Alia verra ses pouvoirs concentrés et coordonnés par rapport aux structures existantes, mais un pan de la politique médiatique du pays reste entre les mains du gouvernement : l’attribution des fréquences pour les radios (sauf locales ou de réseau), ainsi que les concessions de télévision. Les fréquences sont un bien souverain et précieux pour un État comme le Luxembourg, qui a bâti deux industries (médiatique et spatiale) en exploitant ce filon. Renvoyé début novembre en commission parlementaire, le texte créant l’Alia – et changeant par ricochet la loi de 1991 pourrait toutefois rapidement s’avérer caduc. Focalisée sur les radios et la TV, la mission de l’Alia, sur les contenus par voie électronique, reste floue à l’heure où le crossmédia et la consommation mobile de l’information sont devenus quotidiens. Pour couronner le tout, l’Alia s’apprête aussi à reprendre, en sus, le travail confié jusqu’à présent à la Commission de surveillance de la classification des films (CSCF), qui catégorise les films projetés en salles, en fonction de leur contenu. Il y a du travail garanti, au moins jusqu’aux prochaines évolutions technologiques, pour les responsables de la future Alia.
Sans mémoire, l’Europe c’est du vent.
Le CVCE félicite l’Union européenne pour le prix Nobel de la Paix Depuis ses origines, l’Union européenne a parcouru beaucoup de chemin avec des hauts et des bas. Mais dès sa création elle a été le garant de la paix en Europe. Le 10 décembre 2012, le prix Nobel de la paix sera remis à l’Union européenne pour avoir su faire passer l’Europe d’un continent en guerre à un continent en paix. Le CVCE vous invite à retracer les fondements de la construction européenne sur son site www.cvce.eu • L’idée européenne après-guerre et les premiers mouvements européens (1945-1949) • Le congrès de l’Europe à La Haye (7-10 mai 1948) • Des origines du plan Schuman au traité CECA • La genèse des traités de Rome (1955-1958)…
www.cvce.eu Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe, Luxembourg
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Regardez la vidéo de Jacques Santer sur paperJam.TV
« À Bruxelles, vous êtes dans une tour d’ivoire, assez éloignée des préoccupations des citoyens. C’est cette proximité avec la population qui m’a un peu manqué, lorsque j’y étais. » 3
LES DIX VÉRITÉS DE
« L’identité luxembourgeoise ne se conçoit pas sans une participation de l’identité française et de l’identité allemande. »
Jacques Santer L’ancien Premier ministre et ancien président de la Commission européenne, interviewé sur paperJam.TV, regrette l’absence d’union politique au sein de l’Union européenne. Interview Jean-Michel Gaudron
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« Il faut revenir au modèle qui a été échafaudé, avec beaucoup de soins, pour la création de l’euro au 1er janvier 1999 : une orthodoxie, une stabilité financière dans chacun de nos pays, doublées par une politique visant la croissance. »
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« On a oublié de parfaire l’Europe, telle qu’ on l’avait voulue après la chute du mur de Berlin, en créant une union politique. Ce n’était pas encore le moment pour le faire. Maintenant, ça l’est. »
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« On a sous-estimé, en 2007, l’impact de la crise sur l’aspect conjoncturel et économique. Les marchés se sont irrités. »
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« Comme l’a dit Walter Hallstein, le premier président de la Commission européenne, ce job est le plus impossible qui soit. »
« Le lendemain de la chute du mur de Berlin, il y a eu beaucoup de ‘Trabis’ qui sont venues à Luxembourg pour voir RTL, la radio ‘ennemie’, interdite par la RDA. »
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« Je ne connais pas un pays qui a autant changé, en si peu de temps – à peine une génération –, que le Luxembourg. »
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« En 1995, personne ne pariait qu’Airbus puisse concurrencer Boeing. Aujourd’hui, c’est fait, notamment grâce à l’euro. »
« La réforme des pensions que j’avais introduite en 1983 devait seulement avoir une longévité de sept ans. Elle existe toujours ! Cela veut dire que c’était une bonne réforme, mais il faut la reprendre sur le métier, et l’adapter aux circonstances sociologiques actuelles. »
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À qui appartient le Luxembourg ? — Décembre 2012
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En ayant pris, en l’espace de quelques mois, le contrôle de deux banques de la Place, et en étant devenu le premier actionnaire « privé » de la compagnie Cargolux, les investisseurs qataris ont pour le moins bouleversé la donne sur l’échiquier social du pays. En particulier lorsque Akbar Al Baker, CEO de Qatar Airways (actionnaire à 35 % de Cargolux), lie les investissements futurs du Qatar à une profonde modification, voire à l’abolition pure et simple du modèle social luxembourgeois, pilier majeur de l’économie depuis des décennies. Faut-il y voir se profiler les prémices d’un crime de lèse-majesté, ou, bien plus sûrement, d’un changement radical de paradigme politique pour faire face à cette nouvelle donne ? Ce ne serait, en tous les cas, pas la première fois que le Luxembourg aurait à s’adapter. Depuis l’avènement de l’industrie sidérurgique jusqu’aux derniers développements de la place financière, le paysa toujours su faire face aux changements économiques et/ou législatifs et trouver, bien souvent, des niches de souveraineté à exploiter pour en tirer avantage.
Photo: Christophe Olinger
Il a, pour y parvenir, toujours jonglé entre la volonté de préserver intacts des intérêts nationaux bien ancrés – à commencer par un tant soit peu de pouvoir et d’autonomie politique sans cesse rognés par le « tout harmonisé » voulu par Bruxelles et l’ambition, d’autant plus forte qu’indispensable, d’attirer des intérêts étrangers pour soutenir le développement du pays. Au fil des derniers siècles, capitaux germaniques, français, belges, américains ou russes, notamment, ont permis au Luxembourg de briller à l’international. Contraint de faire, en permanence, le grand écart entre le souci de satisfaire les exigences des investisseurs étrangers (la législation sur le travail de nuit ne fut-elle pas autorisée sous la pression de Goodyear, qui souhaitait faire tourner son site de Colmar-Berg sur le rythme des 3x8 ?) et de ne pas mécontenter les acteurs locaux, électeurs potentiels, le pays n’en perd-il pas, du même coup, une partie de son identité, comme s’il vendait son âme au diable en pièces détachées ? Se poser la question de savoir si le Grand-Duché appartient encore au Luxembourg – si tant est que ce fut le cas un jour – est, quelque part, déjà une façon d’apporter un élément de réponse…
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COVERSTORY
DESTINS ET CAPITAUX CROISÉS Histoire
Qu’ils soient allemands, belges, français, américains ou qataris, les capitaux étrangers ont toujours alimenté l’économie luxembourgeoise, bien avant les premiers hauts-fourneaux. Terre de croisement par excellence, le Grand-Duché a toujours su tirer profit de ces apports financiers pour se développer, parfois au-delà de toute espérance. Quitte à en perdre un peu de son identité propre…
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TEXTES JEAN-MICHEL GAUDRON
’été 2010 venait à peine de commencer. Comme annoncé 15 mois plus tôt, le site de production de faïenceries de Villeroy & Boch au Rollingergrund cessa définitivement toute activité le 30 juin, laissant sur le carreau quelque 230 personnes. Un peu moins de deux ans après le séisme provoqué par la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers et l’onde de choc baptisée « crise économique et financière » qui ont suivi, cet événement eut une portée symbolique et émotionnelle qui dépassa largement celle des autres « mauvaises nouvelles » dont la place fut alors régulièrement témoin. Car avec la disparition de l’usine de Villeroy & Boch – seule l’activité commerciale étant préservée à deux pas du château de Septfontaines – c’est tout un pan de l’histoire industrielle et, au-delà, de l’économie du Luxembourg qui est touché. Il faut dire que plus de 240 ans plus tôt, en 1767, la faïencerie, créée par François Boch et alors dirigée par ses fils Pierre-Joseph et Jean-François, se vit décerner le titre de « Manufacture impériale et royale » par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (le Luxembourg étant à cette époque intégré dans les Pays-Bas autrichiens). Industrie historique donc, mais qui n’a de luxembourgeois que la localisation géographique. François Boch était français, établi à Audun-le-Tiche. Et Nicolas Villeroy, avec qui il créa, en 1836, l’enseigne qui porte leurs noms, était également français, né à Metz.
Cet exemple, parmi les plus anciens dans l’histoire du pays, illustre à merveille le contexte économique forcément particulier d’un Luxembourg dont l’histoire est très jeune – le pays, une première fois dessiné par le Congrès de Vienne de 1815, n’est devenu indépendant que suite au Traité de Londres en 1839 – et la géographie très exigüe (deux fois et demie plus petit que le département de la Moselle, par exemple). En proie, tout au long des siècles précédents, à de nombreuses convoitises politico-militaires et trimballé entre les royaumes au fil des alliances et des mariages, le Grand-Duché a également su attirer, dès ses premières années d’existence, les capitaux lui permettant de se lancer de plain-pied dans l’ère moderne. Car au milieu du 19e siècle, le Luxembourg est un pays à très forte dominance agricole et relativement sous-développé par rapport à ses proches voisins. C’est une des raisons qui amena, d’ailleurs, plus d’un tiers de la population à émigrer hors du pays – principalement vers le continent américain – pour fuir cette pauvreté générale. C’est tout d’abord d’outre-Moselle que les premiers investisseurs sont venus. Et pour cause : dès 1842, le Grand-Duc
En 1914, près des 2/3 de l’appareil sidérurgique sont allemands.
Photos : industrie.lu ; archives paperJam ; Biographie nationale du Pays de Luxembourg.
1767 1764 Fondation de la Brasserie Funck-Bricher à Luxembourg.
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L’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche accorde à la Faïencerie Boch (créée par le français François Boch à Audun-le-Tiche) à Septfontaines le titre de « Manufacture impériale et royale ».
1768
Antoine Pescatore, négociant à Luxembourg, reçoit une autorisation pour l’exploitation de mines de cuivre à Stolzembourg.
1771
Création de la Brasserie par actions de Diekirch.
1781
Dissolution de la brasserie par Actions de Diekirch et reprise par la société anonyme de L’Union industrielle des Deux-Luxembourg, établie à Arlon.
1811
Création de la Zuckerrübenfabrik Fabert à Grevenmacher, par Léopold Joseph Fabert (Nancy).
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Guillaume 1er intégra le Zollverein, l’union douanière allemande mise en place huit ans plus tôt. Si l’une des toutes premières banques de la Place, la Maison de Commerce et de Banque Wagner & Schoeman, avait ses origines à Trèves, la création de la Banque internationale à Luxembourg, en 1856 (la même année que la Banque et Caisse d’Épargne de l’État, 100 % nationale), marqua un tournant dans le paysage.
Jules-Joseph-Antoine Pescatore (1711-1792)
AFFINITÉS GERMANIQUES Calquée sur le modèle de la banque allemande de Saxe-Weimar, l’« Internationale Bank in Luxemburg » fut ainsi portée sur les fonts baptismaux le 8 mars 1856 avec un capital de 40 millions de francs détenu principalement par Raphaël Erlanger, banquier à Francfort (40 %), Abraham Oppenheim et Schaaffhausen’scher Bankverein à Cologne (16 % chacun). Elle fut rapidement un élément clé de l’économie luxembourgeoise, accordant des crédits à de nombreuses entreprises du pays, soutenant ainsi leur développement, et contribuant à l’expansion du réseau ferroviaire du pays, dont la Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg fut l’un des pionniers. Les premières lignes furent inaugurées en 1859.L’adhésion du Luxembourg au Zollverein permit également à de nombreuses firmes belges ou françaises d’établir au Luxembourg une tête de pont pour attaquer les marchés germaniques. Parmi les plus remarquables, on peut citer la marque de liqueur Cointreau ou encore les champagnes Mercier qui installèrent des caves dans le quartier gare.
INTÉRÊTS BELGES Le développement de la sidérurgie fut également porté par des capitaux internationaux, majoritairement allemands (surtout après 1871), venus de la Ruhr. Des sociétés telles que La DeutschLuxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG ou encore la Gelsenkirchener Bergwerks AG ont fortement influencé les développements technologiques de pointe. À la veille de la Première Guerre mondiale, près des deux tiers de l’appareil productif sidérurgique sont contrôlés par des sociétés allemandes. Les investisseurs français et surtout belges ne furent certes pas en reste, mais leur importance passa généralement au second plan. Les racines de l’actuel groupe Paul Wurth, par exemple, sont belges (Eugène Muller, qui fonda la chaudronnerie du même nom, était originaire du Hainaut). Il en va de même pour la future Arbed où, aux côtés des Luxembourgeois Metz, Servais et autres
1815
Congrès de Vienne qui crée le GrandDuché et l’attribue à Guillaume Ier, roi des Pays-Bas.
1838
Création de la Société des Forges d’Eich, par les familles luxembourgeoises Metz, Le Gallais et Laeis.
1839
Traité de Londres : indépendance du Grand-Duché, avec sa forme géographique actuelle, soit sans la partie occidentale, devenue le Luxembourg belge.
PESCATORE : UNE RICHE LIGNÉE Arrivé du Tessin au Luxembourg en 1736, Jules-Joseph-Antoine Pescatore (1711-1792), commerçant et industriel, est à la tête d’une très riche lignée, directe et indirecte. L’un des plus connus est son petit-fils, JeanPierre (1793-1855), philanthrope et homme d’affaires qui a surtout fait fortune en France, mais légua une grande partie de sa fortune à la Ville de Luxembourg. Deux de ses frères, Guillaume (1798-1875) et Théodore (1802-1878) créèrent ou acquirent pour leur part plusieurs industries (faïences, forges, banque) et jouèrent un rôle politique. Deux générations plus loin, Madeleine (1864-1941) épousa HenriOwen Tudor, l’inventeur de l’accumulateur au plomb. Sa fille, Anne, épousa Léon Laval, investisseur dans de nombreuses entreprises et affaires industrielles, administrateur à l’Arbed et fondateur du Foyer. Madeleine et Thérèse, les deux filles d’Anne, épousèrent respectivement Marc Lambert (qui prit la direction du Foyer) et Emmanuel Tesch (qui présida
1840 Début d’un vague d’émigration massive. Jusqu’en 1890, quelque 72.000 Luxembourgeois (sur une population totale de 212.000 en 1891) s’expatrient, fuyant la pauvreté, les catastrophes climatiques, les famines et les oppressions.
1842
l’Arbed), le père de François, l’actuel CEO du Foyer et l’oncle de Daniel, directeur de l’ACL. Des sept frères et sœurs de Madeleine, on retiendra Elisabeth (1866-1941), qui épousa le Dr Louis Wehenkel, père d’Antoine Wehenkel (futur ministre) et grand-père de Claude, qui dirigea le CRP... Henri Tudor ; Antoine (18681927), qui fut également ministre et Ferdinand (1884-1966), dont on suivra surtout les enfants : sa fille aînée Marguerite est en effet la mère de Robert Dennewald, l’actuel président de la Fedil ; sa deuxième fille, Henriette, épousa en 1939, Pierre Werner, futur Premier ministre ; son premier fils, Pierre, fut un éminent juriste (il fut juge à la Cour de Justice des communautés européennes) et joua un rôle actif dans la création de la Ceca et du Marché commun ; et un autre fils, Claude (décédé au printemps dernier), fut un haut dirigeant de l’Arbed et participa à la mise en place des mesures de restructuration du secteur de la sidérurgie au milieu des années 70.
Entrée en vigueur du Zollverein, l’union économique avec la Prusse. • Découverte des premiers gisements miniers dans le sud du pays. • Fondation de la Brasserie Bofferding par Jean-Baptiste Bofferding.
1852
Victor Buck rachète auprès de Jacques Lamort son imprimerie et crée l’Imprimerie Victor Buck.
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Mayrisch, des grands industriels belges, tels Victor Tesch ou Gaston Barbanson, ont joué un rôle dirigeant stratégique. De même, la Société industrielle du Grand-Duché de Luxembourg, établie en 1873 et qui, 10 ans plus tard, fut transformée en la Société de Mines et Hauts-fourneaux de Differdange, fut fondée, à l’origine, par la Banque de Belgique. La Première Guerre mondiale va, évidemment, provoquer une brutale rupture dans le paysage économique du Luxembourg, qui sera occupé durant quatre années par l’Empire allemand. À la libération, il n’est évidemment plus question de Zollverein et les biens allemands sont revendus. La Gelsenkirchener Bergwerks, par exemple, passe entre les mains d’un consortium luxembourgobelgo-français, où l’on retrouve l’Arbed, la Banque de Bruxelles ou encore Schneider-Creusot. La Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG, elle, est rachetée par la Société Générale de Belgique et la Société lorraine des Aciéries de Rombas, qui en font une nouvelle société : Hadir (Hauts-fourneaux et aciéries de Differdange – St-Ingert – Rumelange). En coulisse, France et Belgique discutent d’une éventuelle mainmise d’un pays au cœur duquel éclate une grave crise institutionnelle allant jusqu’à la remise en cause de la monarchie, au point que la Grande-Duchesse Marie-Adelaïde abdiqua au profit de sa sœur Charlotte. La défiance alla si loin que libéraux et socialistes proclamèrent même une république aux premiers jours de 1919…
Guetschlick Godchaux (1798-1873) Simon Godchaux (1811-1887)
GODCHAUX : LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE La famille Godchaux est à l’origine du développement de l’industrie textile dans la vallée de l’Alzette. En 1827, Guetschlick Godchaux (1798-1873) crée un premier atelier de tissage. Il est rejoint trois ans plus tard par son frère Samson (18111887). Ils fondent la draperie de Schleifmühl. Leur action ne se limite pas aux seuls métiers du textile, puisqu’ils sont aussi impliqués dans le financement des premiers chemins de fer au Luxembourg. Paul Godchaux (1844-1888), fils de Guetschlick, fut influent dans la création de la commune de Hamm, dont il a été bourgmestre entre 1874 et 1888. Son cousin Jules (1845-1917),
1856 Création de la Banque Internationale à Luxembourg (BIL) avec des capitaux allemands (Oppenheim, Erlanger, Schaaffhausen’scher Bankverein, Krewinkel) . • Création de la Banque et Caisse d’Épargne de l’État.
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fils de Samson, qui fut directeur de la filature d’Ettelbruck et membre du conseil municipal d’Ettelbruck, lui succéda à Hamm jusqu’en 1917. Un autre fils de Samson, Louis (1844-1920), industriel, fut un des fondateurs de la Poudrerie de Luxembourg et de la Société Anonyme de la Brasserie de Diekirch. Il fit faillite au début du 20e siècle. Maurice Godchaux (1873-1935), fils de Jules, fut également le directeur des Industries sidérurgiques à Luxembourg. Les locaux de la manufacture de draps et tricots de Pulvermühle, créée en 1882, seront repris à la fin des années 50 par la société Secalt.
DU ZOLLVEREIN À L’UEBL Il faudra un référendum populaire, en septembre de cette année-là, pour asseoir de nouveau la légitimité de la monarchie, dont le maintien est approuvé par 80 % de la population. À l’occasion du même scrutin, les Luxembourgeois expriment le souhait de l’instauration d’une union économique avec la France. Mais celle-ci, en 1920, décida de ne pas y donner suite et poussa le Grand-Duché à se tourner vers l’autre grand voisin belge. C’est ainsi que fut établi, après un an de difficiles négociations, l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL), établi pour une durée initiale de 50 ans, que d’aucuns considérèrent à l’époque comme un premier pas vers une intégration pure et simple du Grand-Duché au sein de la Belgique. D’ailleurs, parmi les décisions prises côté belge, il y eut cette volonté d’assimiler « en tous points » les Luxembourgeois aux
1869
1859 Inauguration des premières lignes de chemin de fer au Luxembourg.
1862
Création de la Société des Mines du Luxembourg et des Forges de Sarrebruck, principalement détenues par le ministre d’État belge Victor Tesch.
1868 Adoption de la constitution du Luxembourg par le roi Grand-Duc Guillaume III.
Création de la Zuckerfabrik Fortschritt à Diekirch, avec 48 actionnaires, le principal (un tiers des parts) étant le baron Felix de Blochausen (alors député et futur président du gouvernement). Autres actionnaires de renom : Anton Dominik Pescatore, Léon Metz ou encore Auguste Laval.
1870 Construction des premières usines sidérurgiques dans le bassin minier. • Fondation de la Chaudronnerie Eugène Muller-Buck (qui deviendra la Société en commandite par actions Paul Wurth en 1907), par un ingénieur originaire de Belgique.
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Émile Metz (1835-1904)
LES METZ : AUX SOURCES DE LA SIDÉRURGIE Jean Metz (1763-1815), fondateur d’une distillerie en 1795, eut neuf enfants, parmi lesquels Norbert (1811-1885), maître des forges, mais aussi fondateur de la S.A. des Bains de Mondorf, et Auguste (1812-1854). Ce dernier créa la Société en commandite Auguste Metz et Cie en 1838 qui construisit un haut-fourneau à Eich en 1845. La société devint la Société en Commandite des Forges d’Eich Metz et Cie en 1865, puis d’Eich Le Gallais – Metz et Cie en 1885 (Edmond Le Gallais était l’époux de Léonie Metz, une nièce de Norbert et Auguste), société « mère » de l’Arbed en 1911, dont la plupart des membres de la famille Metz furent actionnaires et dirigeants à sa création.
1882 1872
Création de la Poudrerie de Kockelscheuer.
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Émile Metz (1835-1904), fils de Norbert, fut, entre autres, président de la Chambre de commerce et administrateur général des Finances à la fin du 19e siècle. Son épouse était Edmée Tesch, fille du politicien belge Victor Tesch. Léon (1842-1928), fils d’Auguste, fut l’un des fondateurs de la manufacture de draps et tricots de Pulvermühle, en 1882. Il dirigea aussi l’usine d’Eich au moment de la fusion donnant naissance à l’Arbed. Plus tard, Norbert (1918-1993), petitfils de Léon, s’illustra en mettant au point un procédé de fabrication d’acier à l’oxygène. Plusieurs membres de la famille ont également siégé à la Chambre des députés.
Création de la Société Anonyme des HautsFourneaux et Forges de Dudelange, avec comme principal actionnaire le ministre d’État belge Victor Tesch.
1885
Création de la fabrique de champagne Mercier à LuxembourgGare, en tant que succursale pour les pays faisant partie du Zollverein. • Début de la production d’acier à Dudelange.
Belges dans les services administratifs et judiciaires de la colonie belge du Congo… Plusieurs dizaines de Luxembourgeois y devinrent d’ailleurs fonctionnaires, non sans avoir dû se faire naturaliser belge au préalable. Cette UEBL établit également un système monétaire « mixte » pour le Luxembourg, où coexistent un franc luxembourgeois et un franc belge, ce dernier s’installant progressivement dans l’économie luxembourgeoise. C’est également au lendemain de la Première Guerre mondiale qu’une autre « grande » banque de la place voit le jour : la Banque Générale du Luxembourg, créée en 1919 par la Société Générale de Belgique, en partenariat avec des associés belges et luxembourgeois. Son siège social se trouva d’abord à Arlon et le bureau central à Luxembourg. Ce n’est qu’en 1935 qu’elle « déménagea » au Grand-Duché. Cette période est également marquée de quelques étapes clés dans le développement économique du pays, avec la création des deux principales compagnies d’assurances du pays, La Luxembourgeoise (1921) et Foyer (1922) ; l’avènement de la Cegedel (1928), qui prit en charge le vaste chantier d’électrification du pays ; celui de la Bourse de Luxembourg (1929) ou encore la création de la Société luxembourgeoise d’études radiophoniques (1929), ancêtre de la CLT instituée deux années plus tard. La dépression des années 30 toucha évidemment le pays, mais son secteur sidérurgique, désormais principalement contrôlé par des capitaux belges et français, est globalement bénéficiaire. En 1937, les activités sidérurgiques, catalyseur du décollage économique du pays au 19e siècle, représentaient plus d’un quart de la valeur nationale du pays, soit le plus fort « contributeur » de cette richesse nationale. Ce sera encore le cas au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au sortir de laquelle l’économie nationale est plutôt mal en point. Dans les années 60, le Luxembourg est encore le 7e producteur mondial d’acier.
L’ÉLAN AMÉRICAIN On peut aisément imaginer que l’élan qui guida la reconstruction du pays favorisa l’émergence d’une nouvelle approche économique, notamment tournée outre-Atlantique. Goodyear fut la première firme made in USA à s’établir au Luxembourg à la fin des années 40 et commença l’exploitation sur le site des anciennes forges de Colmar-Berg. L’entreprise prit une telle importance qu’il
1889
Faillite de l’Union Industrielle des DeuxLuxembourg et constitution de la Brasserie de Diekirch, Société anonyme hollandaise, par Louis Godchaux (Luxembourg, 1.700 actions), Michel Cahen (Bruxelles, 150 actions) et Robert Pornitz (Bruxelles, 150 actions).
1907 1890 Avènement au trône du Grand-Duc Adolphe de Nassau-Weilburg.
Le Luxembourg passe la barre des 250.000 habitants. Le secteur de l’agriculture représente 43,2 % de la population active.
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Dans les années 60, le Luxembourg est le 7e producteur mondial d’acier.
Paul Wurth (1863-1945)
devint le deuxième employeur privé du pays après l’Arbed. Peu importe si c’est « par défaut » que le manufacturier américain choisit de s’établir au Luxembourg, seul pays qui n’avait pas d’industrie pneumatique « locale » à préserver, comme la France avec Michelin, la Grande-Bretagne avec Dunlop, les Pays-Bas avec Vredestein, l’Allemagne avec Continental ou l’Italie avec Pirelli. Cette implantation marqua, symboliquement, le point de départ d’une politique de diversification économique qui mit pourtant une dizaine d’années avant de prendre une tournure concrète par la création en 1959 du Board of industrial development (BID), spécifiquement créé pour attirer des investissements et des activités industrielles américaines à Luxembourg. Son succès sera immédiat, puisqu’on lui doit les arrivées, pêle-mêle, de DuPont de Nemours, Monsanto, Bay State et bien d’autres… Durant les trois années de son existence, le BID initia la création de plus de 10.000 emplois dans le pays. Une « flambée » qui inquiéta quelques acteurs « locaux », à commencer par l’Arbed, dénonçant le danger d’un assèchement de la source de maind’œuvre et, par effet mécanique, d’une flambée des salaires. Un raisonnement qui eut raison du BID dès 1962. Pendant ce temps-là, la place financière, qui ne portait pas encore vraiment ce nom, ne comptait qu’une vingtaine de banques. Mais elle aussi se trouvait au commencement d’une formidable expansion qui a dépassé toutes les attentes, au point de faire du Luxembourg un centre financier international de premier plan, au bénéfice de quelques opportunités bien saisies. À commencer par la création d’un marché euro-obligataire au milieu des années 60, suite à la décision des Américains de taxer les titres obligataires étrangers achetés par les résidents. L’absence de banque centrale nationale au Luxembourg attira rapidement bon nombre « d’euro-banques » internationales. En 1975, la Place comptait alors plus de 75 établissements au moment où frappa la crise sidérur-
WURTH : LA SIDÉRURGIE… MAIS PAS UNIQUEMENT François Xavier Wurth Paquet (1801-1885) fut président du Conseil d’État (1870-1871) et de la Cour supérieure de Justice. Il fut également administrateur général de la Justice au gouvernement entre 1853 et 1858. Son fils, Léon Wurth (1828-1897), avocat, fut également directeur de la Bil. Il eut six enfants, parmi lesquels Joseph (1861-1946), lui aussi directeur de la Bil à la suite de son père et président du conseil d’administration de l’Arbed ; André (1864-1944), qui présida le conseil d’administration de la Société des Mines et Métallurgique de Rodange et Paul (1863-1945), ingénieur, fondateur du groupe qui porte son
1921
1911
Création de l’Arbed (Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange), par la fusion de la Société Anonyme des Hauts Fourneaux et Forges de Dudelange, de la Société des Forges d’Eich, Le Gallais, Metz & Cie et de la Société des Mines du Luxembourg et des Forges de Sarrebruck.
nom aujourd’hui. Ce dernier fut un haut dirigeant de la sidérurgie et fut notamment l’initiateur du fameux laminoir Grey à Differdange. Il fonda également la Fedil au lendemain de la Première Guerre mondiale et fut membre du premier conseil d’administration de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Il fut aussi l’acquéreur en 1895 de la première voiture à avoir jamais été immatriculée au Luxembourg. Paul Wurth est l’arrière-grand-père de Michel (1954), l’actuel membre du comité de direction d’ArcelorMittal et président de l’UEL et de la Chambre de commerce. Il est également le président du conseil d’administration de BIP Investment Partners.
1914 La sidérurgie représente près des deux tiers de l’emploi industriel total du pays.
1920 Création de la S.A. des Anciens Établissements Paul Wurth avec, comme actionnaires, Arbed, la BIL et Paul Wurth. La société ne deviendra Paul Wurth S.A. qu’en 1977.
Création de l’Union économique belgoluxembourgeoise (UEBL). Adoption par le Luxembourg du franc belge comme monnaie. • Création de la compagnie d’assurances la Luxembourgeoise, principalement par des propriétaires terriens luxembourgeois.
1922 Création de la compagnie d’assurances Foyer, par des familles luxembourgeoises.
1928
Création de la Bourse de Luxembourg. La première séance de cotation aura lieu le 6 mai 1929. • Création de la Cegedel.
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Philippe Servais (1810-1890)
DES NOMS QUI MARQUENT À côté des Pescatore, Godchaux, Metz et autres Wurth, bon nombre de patronymes ont marqué l’histoire du Luxembourg. Ce ne sont pas les plaques de rues qui manquent pour le rappeler. Outre les grands propriétaires terriens (non évoqués ici), la plupart de ces familles gravitent autour de l’industrie sidérurgique. Les Servais, par exemple, que l’on retrouve dans la plupart des créations d’entreprises de la fin du 19e siècle (Philippe, Paul, puis Émile), mais aussi au plus haut sommet de l’État (Emmanuel fut ministre d’État). Les Collard ont évidemment droit de cité. Depuis Charles Joseph, à la fin du 18e siècle, jusqu’à Charles et Jules au début du 20e, ils sont nombreux à avoir été maîtres des forges. Leur chemin croise celui des Wurth et des Metz, au gré des mariages. Il en est de même pour les Laval (Auguste et Léon), qui font partie des fondateurs et / ou dirigeants de nombreuses sociétés (Arbed, Foyer, Ceodeux, Ciments luxembourgeois, etc.).
1929
1931
Adoption de la loi sur les sociétés holding, au régime fiscal très avantageux. Cette loi sera surtout exploitée à partir de 1970 et contribuera à l’essor de la place financière.
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D’autres sagas, d’autres secteurs : dans la famille Lamort, d’origine française, on a notamment développé les métiers de l’imprimerie. Jacques introduisit la première presse mécanique dans le pays. Sa société fut rachetée en 1852 par Victor Buck. Son fils, Léon (époux d’une Pescatore) fut, quant à lui, l’un des fondateurs de la Société des Hautsfourneaux de Luxembourg. Victor Buck ? Outre son métier d’imprimeur, il fut aussi membre du conseil d’administration de la BCEE à sa création et présida plus tard la Chambre de commerce. Dans le secteur financier, les Lambert ont également beaucoup compté. Auguste créa la Banque Werling, Lambert et Cie en 1882 ; son fils Max fut l’un des fondateurs du Foyer. La liste est forcément non exhaustive, tant entrer dans le détail de chacune des familles ayant, à un moment donné, joué un rôle économique majeur nécessiterait, en tant que tel, un ouvrage complet, sans doute en plusieurs tomes…
Création de la Société luxembourgeoise de Radiodiffusion, qui deviendra ensuite RTL, avec des actionnaires majoritairement belges et français (Havas, Paribas, Banque industrielle belge). • Création de Ceramétal à Walferdange.
1935 Le poids de l’agriculture dans la population active tombe à 30,2 %.
gique, qui fit définitivement basculer l’économie nationale dans l’ère tertiaire. Presque tous étaient des filiales ou des succursales d’établissements étrangers, les banques « luxembourgeoises » se comptant sur les doigts d’une main (BCEE, Raiffeisen, Fortuna). L’institut national de statistiques, le Statec, recensait 1.213 « sociétés de services aux entreprises » occupant 6.000 personnes en 1985. Elles étaient plus de 8.000 en 2008 employant près de 55.000 personnes. Vint ensuite l’essor de la banque privée et, parallèlement, de l’activité de fonds d’investissement – le Luxembourg ayant été, en 1988, le premier État de l’Union à transposer en droit national la directive européenne OPCVM (sur les organismes de placement collectif à valeur mobilière) qui « boosta » encore davantage le secteur. Au milieu des années 90, plus de 220 banques étaient recensées au Luxembourg, mais aussi plus de 13.000 sociétés régies par le statut holding créé en… 1929, qui alimentèrent autant l’économie de services (avocats, fiduciaires, cabinets de conseil et d’audit) que les fantasmes et les critiques venus des pays étrangers.
UNE DÉCENNIE VERTIGINEUSE C’est également la crise sidérurgique du milieu des années 1970 qui poussa le gouvernement à faire « renaître » le BID, sous la forme d’un « Board of economic development », aux ambitions internationales plus larges que les seuls investisseurs américains. Présidé par le Grand-Duc héritier (d’abord Henri à sa création en 1975, puis Guillaume depuis 2000), il n’a eu de cesse, depuis, de tenter de convaincre les grands groupes internationaux étrangers – et principalement d’autres continents – d’établir au Luxembourg leur tête de pont européenne. Une politique largement payante, en particulier ces dernières années dans le domaine des technologies de l’information et des communications (eBay, Amazon, etc.). Cette dernière décennie a, du reste, été particulièrement animée, avec un certain nombre de changements capitalistiques majeurs qui ont touché quelques-uns des acteurs clés de l’économie : la Bil devient franco-belge (groupe Dexia) et la centrale de règlement-livraisons Cedel, créée au début des années 1970 par un consortium international de banques, passe sous pavillon allemand en étant intégrée dans Deutsche Börse Group (2000) ; RTL subit le même sort en 2001, sous le contrôle du groupe Bertelsman ; la SES (Société européenne de satellites), créée en 1986 avec neuf investisseurs privés européens et deux établissements publics luxembourgeois (la BCEE et la SNCI), prend une dimension globale en absorbant l’opérateur américain GE Americom (2001) ; Arbed fusionne avec les Espagnols d’Aceralia et les Fran-
1944 Instauration du salaire social minimum.
1947 Ratification de la convention Benelux, union douanière entre la Belgique, les PaysBas et le Luxembourg.
1948
Création de la Luxembourg Airlines Company, détenue à 60 % par Scottish Aviation, le reste entre les mains de la BIL, de l’État et de quelques actionnaires privés.
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Peu importe si c’est « par défaut » que Goodyear s’est établi au Luxembourg. çais d’Usinor pour devenir Arcelor (2002), avant qu’Arcelor ne fusionne avec les Indo-Néerlandais de Mittal Steel pour devenir ArcelorMittal (2006) ; la BGL passe dans le giron du groupe belgonéerlandais Fortis (2005)… La liste n’est pas exhaustive, loin de là. Dans le même temps, un fleuron historique de l’industrie « 100 % luxembourgeoise », l’imprimerie Victor Buck, devenue Qatena en 2008, annonce la fermeture de son site historique de Leudelange en 2009, ne conservant plus qu’un site en... Slovaquie.
CAPITAUX MAISON L’économie est mondialisée, globalisée. Le Luxembourg l’est aussi. Si le drapeau tricolore flotte encore sur bon nombre de frontispices et si le portrait du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse trône encore fièrement dans certaines salles d’accueil, l’influence des décideurs économiques et politiques luxembourgeois est allée en s’amenuisant en même temps que s’est bâtie la richesse exceptionnelle d’un pays dont les taux de croissance dans les années 1990-2000 ont eu de quoi rendre jaloux les États voisins. Il reste bien ça et là quelques investisseurs nationaux soucieux de préserver la richesse économique du pays – et, accessoirement, y trouver un intérêt financier – comme le groupe d’investisseurs Saphir capital partners qui a « sauvé » le site de la Brasserie Diekirch ou encore des investisseurs de type private equity (Sting, Luxempart, Rollinger, Mangrove…). Mais les centres de décision sont de moins en moins souvent in house et la dépendance de l’économie nationale vis-à-vis des investisseurs étrangers n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. Trop, peut-être ? En faisant main basse sur les banques KBL et Bil et en prenant 35 % du capital de la compagnie de fret Cargolux, le tout en l’espace de moins de deux ans, les investisseurs qataris ont fait une entrée fracassante dans l’économie nationale et pourraient bien ne pas en rester là. Mais ils n’ont fait que surfer sur la vague d’un mouvement perpétuel de flux de capitaux vieux de plus de deux siècles. Seule ne change, finalement, que l’origine de ces flux.
1951 1949
Le Luxembourg adhère à l’Otan. • Établissement de Goodyear (États-Unis) à Colmar-Berg.
Signature du Traité de Paris créant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), dont le Luxembourg est membre fondateur. • Début de la production de Goodyear à Colmar Berg, sur le site des anciennes forges.
Gaston Schwertzer (Né en 1932)
UNE AUTRE GÉNÉRATION Les investisseurs d’aujourd’hui n’ont plus le profil des grands capitaines d’industrie d’hier. Gaston Schwertzer (président de Luxempart), qui a fait fortune dans le secteur de la distribution de gaz, est l’un des derniers à avoir été actif sur le terrain industriel. À l’image de l’évolution globale de l’économie, c’est évidemment dans le secteur tertiaire que l’on retrouve les investisseurs privés, généralement via des structures d’investissement de type private equity : Sting (avec notamment Jean-Claude Bintz, Norbert Becker, Laurent Muller, ou encore John Penning), Saphir Capital Partners (avec entre autres John Penning et Patrick Hansen), Rollinger Venture Capital (Serge Rollinger, également président du Luxembourg Business Angel
00 0 . 0 30
1953
Le Luxembourg passe la barre des 300.000 habitants.
1955
Network), Genii Group (Éric Lux, Gerard Lopez) ou encore les sociétés de certains promoteurs immobiliers tels Marc Giorgetti ou Flavio Becca. Á côté de cela, on retrouve des sociétés d’investissements cotées en Bourse (BIP Investment Partners, créée en 2000 à l’initiative de la BGL et un groupe d’investisseurs privés rejoints par la Compagnie Financière La Luxembourgeoise) ou l’ayant été (Luxempart, créé dans le giron de la BIL, passé depuis dans celui du Foyer). À une autre échelle, Mangrove Capital Partners est un venturecapitalist est également établi au Luxembourg (Gerard Lopez), mais dont le portefeuille, très orienté « nouvelles technologies », n’est pratiquement pas investi au Luxembourg.
Création de la Compagnie luxembourgeoise de Télédiffusion (CLT).
1957 Signature du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).
Décembre 2012 —
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COVERSTORY
Étude de cas
DE LA TERRE AUX ÉTOILES
Arbed, RTL, SES. Remonter le fil de l’histoire d’entreprises, intimement liées au Luxembourg, s’avère être aussi curieux que révélateur d’influences, tantôt centrifuges, tantôt conflictuelles. Et au milieu, coule l’État. TEXTE THIERRY RAIZER
ARBED : UN GÉANT AUX RACINES LUXEMBOURGEOISES
Arbed Les Luxembourgeois restent liés à leur sidérurgie, même mondialisée, comme le montre le récent audit sur la possibilité de maintenir Schifflange et Rodange.
Avant de participer à la naissance du premier producteur mondial d’acier, la sidérurgie luxembourgeoise était une histoire de famille. Quelques noms figurent au panthéon d’un secteur qui allait façonner l’économie, le climat social et politique d’un pays agricole au lendemain de son indépendance. Parmi ceux-ci, les familles Metz et Tesch créent les premiers hauts-fourneaux dès 1846. On les retrouve en 1882, par l’entremise de Jean-Norbert Metz et Victor Tesch, à la création de la Société anonyme des hauts-fourneaux et forges de Dudelange. En 1911, une première fusion — déjà — intervient. Sous l’impulsion d’Émile Mayrisch (descendant de la famille Metz) et du Belge Gaston Brabanson, les trois aciéries de Burbach, Eich et Dudelange se regroupent. L’Arbed est née. Son expansion sera notamment possible grâce aux constructions routières, entreprises par le gouvernement quelques années plus tôt, et l’adhésion du pays (en 1842) au Zollverein (union douanière des États de la Confédération germanique). Au sein des actionnaires-fondateurs de l’Arbed (Aciéries réunies de Burbach-Eich-Dudelange), figure la Banque internationale à Luxembourg (BIL), créée en 1856 pour participer à l’essor de la sidérurgie et des chemins de fer. Léon Laval – qui fondera Foyer en 1922 — fait aussi partie de cette liste (aux côtés de Belges et de Français), de même que Joseph Wurth, créateur, avec ses frères, des ateliers de construction Paul Wurth. L’Arbed prendra très tôt une prise de participation dans cette société, utilisant ses productions pour ses réalisations.
Photos ArcelorMittal, paperJam (archives)
54
En quelques décennies, le pays est devenu l’un des plus riches d’Europe, grâce à la sidérurgie et aux bonnes relations entre l’Arbed de l’État. Certains industriels, influents, sont par ailleurs également actifs dans les rangs politiques, à l’instar d’Émile Mayrisch (également député libéral). Exemple de cette entente, en 1919, l’Arbed acquiert grâce à l’État un terrain, avenue de la Liberté, où sera érigé son siège social. L’intervention du pouvoir politique atteint son apogée avec la crise de 1975. Une surproduction mondiale de l’acier met l’Arbed — qui occupe un salarié sur cinq — dans une situation délicate. Le gouvernement doit venir à sa rescousse, à la fois économiquement et socialement. On voit ainsi apparaître des mesures de pré-retraite ou d’accompagnement des salariés issues d’une nouvelle forme de dialogue : la tripartite,
officialisée en 1977. On notera que les syndicats OGBL et LCGB voient leurs origines remonter aux premières périodes de difficultés sur le front de l’emploi, suite à la Première Guerre mondiale. Au niveau économique, l’État intervient par l’intermédiaire de la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), et détiendra 42,9 % du capital de la société à la fin des années 70. Le pays tout entier participera aussi à l’effort collectif, au travers d’un impôt spécifique. Le développement d’un marché global va accélérer la tendance de regroupement, jusqu’en 2002 et la création d’Arcelor (Aceralia, Arbed et Usinor). L’État luxembourgeois en était le plus gros actionnaire avec…5,62 %. Une dispersion qui va permettre au groupe indien Mittal Steel de réussir son OPA sur Arcelor, en 2006. Les autorités luxembourgeoises, et le pays lui-même,
Photos : industrie.lu ; archives paperJam ; Biographie nationale du Pays de Luxembourg.
1960
1959
Création du Board of Industrial Development au Luxembourg, dont le but premier est d’attirer des investissements et des activités industrielles américaines au Grand-Duché.
— Décembre 2012
Implantation de Yates Industries (États-Unis) à Wiltz. • La part de l’agriculture dans l’emploi intérieur passe sous les 20 %. • La Place compte 15 banques
1961
La Luxembourg Airlines Company devient Luxair, détenu par la BIL et la BGL (48 % à eux deux), l’État luxembourgeois (27 %) et l’Arbed (25 %). • Dissolution du Board of Industrial Development, « victime » de son succès (une vingtaine d’entreprises américaines amenées, plusieurs milliers d’emplois créés).
1962 Entrée en vigueur de la loi du 2 juin 1962 dite « loi-cadre d’expansion économique », prévoyant une série d’instruments financiers et fiscaux pour rendre le pays plus attractif aux investisseurs.
1963
Implantation de DuPont de Nemours (États-Unis) à Contern et de Monsanto (ÉtatsUnis) à Echternach
1969 Création des premiers emprunts internationaux dans la devise d’émission.
COVERSTORY
Photos : RTL, paperJam (archives)
s’en émeuvent, sans pouvoir toutefois endiguer le mouvement. En 100 ans, des usines ont disparu, mais les villes qui ont grandi autour, elles, sont toujours bien présentes. Et les noms de leurs habitants nous rappellent que feu l’Arbed a généré une importante immigration. ArcelorMittal demeure le premier employeur privé du pays (5.900 personnes), mais son ancrage est relatif comparé à celui des patrons historiques – quoique paternalistes – qui avaient fondé toute une société (hôpital, magasins, casino etc.) autour des usines. Les membres de la « nouvelle famille » dirigeante, les Mittal, n’habitent d’ailleurs pas à Luxembourg, et préfèrent régler leurs décisions depuis Londres. Le seul Luxembourgeois présent au comité de direction du groupe est Michel Wurth. L’influence luxembourgeoise se fait un peu plus sentir – bien que relativement – au sein du conseil d’administration, où siègent l’ancien ministre de l’Économie Jeannot Krecké, ainsi que le prince Guillaume de Luxembourg. Du côté de l’actionnariat, Mittal détient une majorité d’actions (40,9 %), face à de nombreux autres actionnaires aux intérêts variés, dont l’État luxembourgeois (2,5 %).
RTL : LE PARTENAIRE FIDÈLE Si l’on devait associer le Luxembourg à une marque internationale, trois lettres pourraient suffire : RTL. Derrière un emblème, qui regroupe 53 chaînes de télévision et 29 radios dans neuf pays, se cache une aventure qui a débuté en 1923, à l’initiative des frères Anen installant un premier émetteur à l’étage de leur maison, rue Beaumont. Cet engouement suivait celui suscité dans toute l’Europe par la radio. L’absence d’exploitation de station d’envergure, la position géographique du pays et l’inexistence de législation auront pour effet d’attirer rapidement de nombreux capitaux étrangers au Luxembourg, français dans un premier temps. Un projet voit le jour en 1930, sous le nom de Société luxembourgeoise d’études radiophoniques (SLER). Elle signe un premier contrat de concession (pour 25 ans !) avec le gouvernement qui, entretemps, a cerné les avantages qu’il pourrait retirer de l’aventure radio. En contrepartie de cette concession, la SLER devra respecter le cahier des charges du gouvernement — prévoyant déjà la télévision — et lui
RTL Le gouvernement va mettre en place le CSA à la luxembourgeoise, l’ALIA, pour montrer que RTL respecte des règles dans son pays d’origine.
reverser 30 % de ses bénéfices. Un an plus tard, le 30 mai 1931, la Compagnie luxembourgeoise de radiodiffusion (CLR) est fondée, sur base de la SLER. Elle sera présidée par un Luxembourgeois, comme exigé par le gouvernement : Émile Reuter, président de la Chambre des députés. Une configuration presque rêvée pour le gouvernement, qui disposera rapidement d’un poste radio performant et profitable, émettant en plusieurs langues, dans toute l’Europe, sans consentir à d’importants investissements. Alors que les postes privés sont progressivement nationalisés en France, le capital français s’élève à 90 % au sein de la CLR (CSF, Compagnies des
1970
La part des services dans l’emploi intérieur (47,7 %) dépasse pour la première fois de l’Histoire celle de l’industrie (46,2 %) • Création de Cargolux. Les actionnaires sont Luxair, Luxair, Salen Shipping Company (Suède) et Loftleidir (Islande) • Création de la Centrale de livraison de valeurs mobilières (Cedel) par un consortium de banques internationales. • La Place compte 37 banques.
35
0 0 0 . 0
1971
1973
La part de l’agriculture dans l’emploi intérieur passe sous les 10 %.
Le Luxembourg passe la barre des 350.000 habitants.
1975
compteurs, BPPB). Presque 70 ans plus tard, le capital sera détenu à 90 % par un actionnaire allemand (Bertelsmann). Une ironie du sort, lorsqu’on sait que le poste privé luxembourgeois était perçu par les postes allemands des années 30 comme une éventuelle menace. Outre ceux liés à la technique, il s’agit-là de l’un des nombreux problèmes diplomatiques que l’entreprise, perçue également comme invasive par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, rencontrera au fil de sa croissance. Au lendemain de la guerre, la CLR entame son aventure audiovisuelle et donne naissance, en 1954, à la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT). Télé Luxembourg diffuse alors ses premiers programmes depuis l’émetteur de Dudelange pour la Grande Région, ce qui ne fait qu’aiguiser l’appétit des investisseurs et de l’État français qui, en 1965, veut y acquérir une participation. Le gouvernement luxembourgeois s’y oppose. Mais l’opération sera réitérée, sous une autre forme, en 1974. À la suite d’une opération menée au plus haut niveau de l’État, Havas (proche du pouvoir hexagonal) et IP rejoignent le Groupe Bruxelles-Lambert (GBL), dirigé par le Belge Albert Frère au sein la holding Audiofina. Des intérêts privés français et belges s’unissent ainsi contre d’autres intérêts français (Paribas, Schlumberger, Hachette). Cette fois, le gouvernement luxembourgeois y est favorable, notamment pour maintenir les bonnes relations avec le GBL, par ailleurs impliqué dans la sidérurgie. À la fin de cette opération, Audiofina concentrera 54,63 % de la CLT, y conférant une influence belgofrançaise, après plusieurs années de domination française. Mais dans les années 90, la réalité économique prend le pas sur les stratégies politiques. La création de la CLT-UFA, en 1997, marquera le début d’un axe belgo-allemand. Bertelsmann, propriétaire de UFA et la CLT prennent chacun une participation dans la société partenaire pour former un acteur majeur en Europe. Le Britannique Pearson TV les rejoint en 2000. RTL Group est né. En 2001, place à la domination allemande avec une prise de participation – progressive – majoritaire de la part de Bertelsmann, pour en détenir à l’heure actuelle 92,3 %. Grâce au précieux contrat de concession – dont les détails sont jalousement gardés – RTL dispose de son fonds de commerce : les fréquences,
Création du Board of Economic Development, présidé par le grand-duc héritier. • Élargissement du mécanisme de l’indexation automatique et intégrale, jusqu’alors régi par des conventions collectives, à tous les salariés. • Naissance de la Brasserie Nationale, issue de la fusion des Brasseries Funck-Bricher et Bofferding.
1977 La part des services dans l’emploi intérieur passe au-dessus des 50 % (51,4 %). • Création de la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI). • La loi du 24 décembre institutionnalise le comité de coordination tripartite.
Décembre 2012 —
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COVERSTORY
propriété souveraine de l’État luxembourgeois. Un nouvel accord, signé en 2007, lie d’ailleurs les deux parties, jusqu’en 2020, et mentionne que le siège d’RTL doit rester au Kirchberg au moins pendant cette période. L’un des points de l’accord stipule, en outre, que le gouvernement luxembourgeois doit disposer d’un commissaire auprès du groupe. Il s’agit actuellement de l’ancien premier ministre, Jacques Santer.
Photos : paperJam (archives)
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SES : LE LUXEMBOURG ET L’ESPACE Il s’en est fallu de peu pour que l’épopée de la Société européenne des satellites (SES) ne tourne court. Sans l’intervention de l’État, l’entreprise ne serait pas devenue un leader mondial, possédant 52 satellites et relayant plus de 5.200 télévisions, dans 258 millions de foyers à travers le monde. L’intervention gouvernementale débute à la fin des années 70, à l’époque du déclin de la sidérurgie. Les actionnaires de Télé Luxembourg (la CLT, future composante du groupe RTL) envisageaient de lui donner une dimension européenne, au travers du programme « Luxsat », celui-ci s’appuyant sur les fréquences satellitaires dont ils disposaient via concession gouvernementale. Mais le projet a fait long feu. Pour des raisons techniques (satellites inadaptés), mais surtout politiques. Les gouvernements étrangers, français en tête, voyaient en effet d’un mauvais œil l’émergence de satellites luxembourgeois concurrents. Les actionnaires français de la CLT (parmi lesquels le groupe Havas, proche de l’État) vont prendre leurs distances avec Luxsat, et opter pour le programme franco-allemand TDV/TVSat. Mais Pierre Werner, Premier ministre en poste, demeure convaincu de l’intérêt de disposer de satellites et conduit des prospections, qui le mènent vers un partenaire stratégique : l’Américain Clay Whitehead, directeur de Hugues Communications, et préalablement conseiller du président Nixon. Whitehead produisait des satellites plus petits que ceux de TDV/TVSat et présentant de nombreux avantages, dont la possibilité de disposer de plus de transpondeurs, clés de la retransmission satellitaire. Fort de l’aide de ce spécialiste, le gouvernement donne un nouveau nom de code au projet en 1983 :
SES Le gouvernement veut capitaliser sur l’expérience SES pour approfondir ses investissements dans le secteur spatial.
G.D.L. Whitehaed arrive alors au Luxembourg, avec sa société Coronet, pour exploiter la concession que l’État lui a accordée. Si Coronet est synonyme de know-how technique, elle cristallise de nombreuses réactions virulentes, tant au Luxembourg qu’à l’étranger, en étant perçue comme un cheval de Troie, destiné à propager la culture américaine en Europe. Ce débat s’invite dans la campagne électorale de 1984. Nouveau Premier ministre à l’issu du scrutin, Jacques Santer va alors redoubler d’efforts pour financer le projet, car les investisseurs, échaudés, ne se bousculent pas au portillon. Un an après sa mise en place, les plans de la société Coronet vont d’ailleurs s’effondrer, faute de moyens financiers. L’État reprend alors la main sur base des travaux préliminaires de Clay Whitehead, et SES voit le jour le 1er mars 1985, devenant le premier opérateur privé du genre en Europe. L’impulsion du nouveau Premier ministre est placée sous le signe de l’Europe. En convainquant des institutionnels (SNCI et BCEE) de mettre la main à la poche, des banquiers allemands (Dresdner et Deutsche Bank), ainsi que le groupe Kinnevik répondent présent. 1,5 million d’euros sont réunis. Mais l’État va encore plus loin, en se portant garant successivement jusqu’à 3.500 millions, puis 5.000 millions de francs, jusqu’en 1990. Ce rôle est d’autant plus important que le programme Ariane rencontre des difficultés, et que les assureurs sont
prêts à tout assurer, sauf la première seconde de lancement d’Astra. Un moment qui arrive le 9 décembre 1988, devant le tout Luxembourg, réuni pour une soirée spéciale à la Villa Louvigny. Faux départ. Des ennuis techniques entraînent un second décollage le lendemain, réussi cette fois. Un nouvel échec aurait été fatal pour le projet… et les responsables de l’époque, même si après coup Jacques Santer déclarait que « cela valait la peine de risquer sa carrière politique ». Il faut dire que, dès juin 1988, Rupert Murdoch avait réservé des transpondeurs pour SKY TV. La destruction d’un satellite en 2002 n’aura pas entamé la croissance de la société, devenue SES Global un an plus tôt, via (pied de nez à l’histoire) l’acquisition de l’Américain GE Americom. SES emploie aujourd’hui 500 personnes à Luxembourg, et affiche un chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 1.300 millions d’euros, soit une progression de 6,1 % par rapport à 2011. Son actionnariat se compose d’une part de « petits actionnaires », dont la société de participation Luxempart, Nouvelle Santander Telecommunications S.A., le groupe belge Sofina (où l’on retrouve la famille Boël, autrefois active dans la sidérurgie). D’autre part, l’État continue d’y jouer un rôle ultra-majoritaire, via des participations directes ou indirectes (SNCI et BCEE), poursuivant ainsi la politique de Pierre Werner en faveur de la diversification de l’économie du pays.
1983
1979 Monsanto arrête sa production au Luxembourg
— Décembre 2012
1980
La Place compte 111 banques.
1981 Fermeture de la dernière mine de fer du pays.
La loi du 25 août crée, pour la première fois, une base juridique stable pour les organismes de placement collectif (OPC) luxembourgeois, en donnant un statut juridique spécifique aux fonds communs de placement et en créant la société d’investissement à capital variable (sicav).
1985
1984 Création du label « Made in Luxembourg ».
Création de la Société européenne de satellites (SES), avec neuf investisseurs privés européens et deux établissements publics luxembourgeois (SNCI et BCEE).
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INFLUENCES INTERNATIONALES Top 20 des plus gros employeurs
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GROUPE ARCELORMITTAL 5.960 salariés Transformation des métaux multinationale, siège à Luxembourg depuis 2006, avant Arbed, depuis 1911 et Arcelor depuis 2005 Actionnaires de référence : Le trust (Nuavam Investements et Lumen Investments), dont la famille Mittal est bénéficiaire. Origines : Inde, Luxembourg. Dirigeant n°1 : Lakshmi Mittal (CEO) Inde, Grande-Bretagne Décideurs luxembourgeois : Michel Wurth Centres de décisions : Londres (GB), Paris (F), Rotterdam (NL-PB), Luxembourg
Selon les dernières données disponibles au Statec, voici la liste des plus gros employeurs du pays. Il y a l’État, la Ville et quelques institutions publiques, de santé surtout (lire ci-contre). Les plus intéressantes sont des entreprises privées, la plupart internationales, ayant souvent leur siège européen au Luxembourg. Mais les centres de décision y sont-ils ? Qui sont les actionnaires de référence et où sont prises les décisions réelles ? Les décideurs locaux sont-ils Luxembourgeois, de la Grande Région ? En un coup d’œil, on peut avoir un aperçu des origines des décisions qui influent directement sur les plus grosses machines économiques du pays, en termes d’emplois en tout cas. Et le constat est clair : en dehors des entreprises directement liées à l’État, les capitaux de référence et les décisions ne sont pas souvent made in Luxembourg, même quand l’ancrage économique est de longue date. TEXTE ALAIN DUCAT
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2 BGL BNP PARIBAS 4.110 salariés Services bancaires et financiers, siège à Luxemboug depuis 2009, avant BGL depuis 1919, puis Fortis en 2005 Actionnaire de référence : BNP Paribas (France) Dirigeant n°1 : Eric Martin (CEO) France Décideurs luxembourgeois : Carlo Thill (co-président comité de direction), Gaston Reinesch (président CA) Le comité de direction compte 10 membres, dont une moitié de Luxembourgeois Centres de décision : Paris (F), Luxembourg
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Sources : Statec + sites et plates-formes web
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3 GROUPE CACTUS 3.920 salariés Commerce et grande distribution, siège au Luxembourg depuis 1900 Actionnaire de référence : Famille Leesch, descendants des fondateurs Dirigeant n°1 : Laurent Schonckert (administrateur-directeur) Autres décideurs luxembourgeois : Max Leesch, etc. Centre de décision : Luxembourg
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GROUPE CFL
DUSSMANN LUXEMBOURG
RBC
GROUPE GUARDIAN
3.810 salariés Exploitation ferroviaire, siège au Luxembourg depuis 1946 Actionnaire de référence : État luxembourgeois Dirigeant n°1 : Alex Kremer (directeur général) Autres décideurs luxembourgeois : Jeannot Waringo (président du CA), etc. Centre de décision : Luxembourg
2.790 salariés Services aux entreprises, entretien, restauration, groupe international d’origine familiale, allemand, présence au Luxembourg depuis 1978 (Pedus) Actionnaire de référence : Famille Peter Dusmann (Allemagne) Dirigeants : Jean-Paul Neu et Angelo Rossi Autres décideurs luxembourgeois : Non Centre de décision : Luxembourg - Berlin (D)
1.580 salariés Secteur financier, services aux investisseurs, fonds, au Luxembourg depuis 2006 (RBC Dexia, puis RBC seul depuis 2012) Actionnaire de référence Royal Bank of Canada (Canada) Dirigeant n°1 : Frank Van Hoornweder (président du comité de direction), Belge Décideurs luxembourgeois : Aucun dans le board Centre de décision : Luxembourg, Canada
1.230 salariés Production verrière, secteur automobile ou bâtiment, groupe international américain, depuis 1980 au Luxembourg (Bascharage, puis Grevenmacher et Dudelange) Actionnaires de référence : Groupe familial autour de William Davidson, fondateur (USA) Dirigeant n°1 : José Miguel Villacorta Dirigeants luxembourgeois : Non Centre de décision : Auburn Hills (Michigan, USA) Luxembourg
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ENTREPRISE DES P & T 3.800 salariés Services postaux et télécommunications, siège au Luxembourg depuis 1842 (Administration des Postes), ou 1992 (P & TLuxembourg, entreprise publique) Actionnaire de référence : État luxembourgeois (actionnaire unique) Dirigeant N°1 : Claude Strasser (directeur général) Autres décideurs luxembourgeois : Gaston Reinesch (représentant de l’État) préside un conseil d’administration d’une quinzaine de membres luxembourgeois. Centre de décision : Luxembourg
LUXAIR SA 2.400 salariés Compagnie aérienne luxembourgeoise, cargo, tour-operator, depuis 1948 Actionnaire de référence : État luxembougeois Dirigeant n°1 : Adrien Ney (comité de direction) Autres décideurs luxembourgeois : Paul Helminger (président CA), etc. Centre de décision : Luxembourg
9 PWC
6 GOODYEAR DUNLOP 3.080 salariés Développement et fabrication de pneumatiques, multinationale américaine, présence au Luxembourg depuis 1949 (Colmar-Berg) Actionnaire de référence : Goodyear (États-Unis) Dirigeant n°1 : Jean-Pierre Jeussette Décideurs luxembourgeois : 3 représentants du personnel au C.A. Centre de décision : Akron – Ohio (USA)
2.110 salariés Réseau international de conseil et audit, depuis 1977 (Coopers & Lybrand) au Luxembourg (PricewaterhouseCoopers depuis 1990) Actionnaire de référence : Partnership local (Luxembourg) Dirigeant n°1 : Didier Mouget (Belgique) Décideur luxembourgeois : Luc Henzig est le seul Luxembourgeois parmi les sept autres membres du comité de direction de PwC Luxembourg Centre de décision : Luxembourg (même si la tête de réseau est aux États-Unis)
10 BIL
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2.100 salariés Secteur bancaire, depuis 1856 Actionnaire de référence : Precision Capital (Qatar) Dirigeant n°1 : François Pauly (Administrateur délégué, préside le Comité de direction) Décideurs luxembourgeois : 3 membres du comité de direction sur 7. Centre de décision : Luxembourg – Doha (Qatar)
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13 SODEXO LUXEMBOURG 1.480 salariés Restauration, services aux personnes et aux entreprises, groupe international, d’origine française, au Luxembourg depuis 1980 Actionnaire de référence : Groupe familial français Dirigeant n°1 : Marc Poncé (directeur général, Belge) Autres dirigeants luxembourgeois : Deux directeurs opérationnels Centre de décision : Luxembourg – France
14 COMPASS GROUP LUXEMBOURG 1.400 salariés Restauration, services à la personne et aux entreprises, groupe mondial, au Luxembourg depuis 1982 (via Eurest, créé par Nestlé, puis chez Accor avant entrée dans Compass PLC, groupe britannique) Actionnaires de référence : Black Rock (GB) + majorité flottante Dirigeant n°1 : Jean-Marc Demerdjian (directeur général) Français Autres dirigeants luxembourgeois : non Centre de décision : Luxembourg – Angleterre
15 CARGOLUX 1.230 salariés Fret aérien, logistique, depuis 1970 Actionnaires de référence : État luxembourgeois (mais l’actionnaire minoritaire Qatar Airways prend de la place) Dirigeant n°1 : Richard Forson (CEO ad interim) États-Unis Dirigeants luxembourgeois : Albert Wildgen préside le C.A. Les trois autres directeurs-vice présidents sont néerlandais ou allemand Centre de décision : Luxembourg
BANQUE ET CAISSE D’ÉPARGNE DE L’ÉTAT 1.770 salariés Secteur bancaire, depuis 1856 Actionnaire de référence : État luxembourgeois Dirigeant n°1 : Jean-Claude Finck (directeur général) Décideurs luxembourgeois : Tous les administrateurs et directeurs Centre de décision : Luxembourg
17 DELOITTE LUXEMBOURG 1.230 salariés Réseau international d’audit et conseil, à Luxembourg depuis 1982 (Touche Ross Luxembourg) puis 1991 (Deloitte & Touche Consulting) Actionnaires de référence : partnership local Dirigeant n°1 : Yves Francis (CEO) Belge Dirigeants luxembourgeois : 2 des 6 autres senior-partners Centre de décision : Luxembourg
18 G4S SECURITY SOLUTIONS SARL 1.190 salariés Sécurité-gardiennage, au Luxembourg depuis 1971 (Securitas, origine sudédoise). Aujourd’hui G4S (GB) Actionnaires de référence : Investisseurs institutionnels internationaux Dirigeant n°1 : Jean-Claude Juchem (managing director) Luxembourgeois Dirigeants luxembourgeois : Patrick Hames, etc. Centre de décision : Luxembourg, Londres
19 DUPONT LUXEMBOURG 1.160 salariés Industrie chimique, plasturgie, groupe international au Luxembourg depuis 1962 (duPont de Nemours) Actionnaires de référence : Investisseurs institutionnels et privés internationaux Dirigeant n°1 : Arsène Schiltz (Luxembourgeois) Autre dirigeant luxembourgeois : Paul Arend Centre de décision : Luxembourg – États-Unis
20 KBL EUROPEAN PRIVATE BANKERS 1.100 salariés Banque privée, groupe européen d’origine belge, au Luxembourg depuis 1949 (Kredietbank), KBL cédée à un fonds qatari en 2012 Actionnaire de référence : Precision Capital (Qatar) Dirigeant n°1 : Jacques Peters (Belge) Autres dirigeants luxembourgeois : 9 administrateurs Centre de décision : Luxembourg – Bruxelles - Qatar
EMPLOYEURS PUBLICS L’État et la santé Voici, pour compléter la liste des plus gros employeurs du Grand-Duché, la liste d’« entreprises » 100 % luxembourgeoises, des entreprises du secteur public ou non marchand subventionné. État 25.278 Ville de Luxembourg 3.680 Centre Hospitalier de Luxembourg 2.060 Centre Hospitalier Emile Mayrisch 1.870 Fondation Stëftung Hëllef Doheem 1.760 Centres, Foyers et Services pour Personnes Agées (SERVIOR) 1.570 Elisabeth 1.480 Fondation François-Elisabeth 1.250
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COVERSTORY
DE LA PÉTROMONARCHIE À L’OLIGARCHIE ? Aujourd’hui, le Qatar
En 2011, le Qatar, petit émirat enrichi grâce à la vente d’hydrocarbure, faisait une entrée fracassante dans le tissu économique luxembourgeois en prenant des participations dans trois entreprises majeures : Cargolux, KBL et BIL. Une poignée de Luxembourgeois ont alors été accusés de solder une partie de la souveraineté nationale pour leurs propres intérêts. L’année écoulée permet d’attester que l’appât du gaz fait encore tourner bien des têtes.
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TEXTE PIERRE SORLUT
n janvier 2006, l’annonce de l’offre publique d’achat du sidérurgiste Arcelor par son concurrent indien Mittal avait réveillé les ardeurs patriotiques luxembourgeoises. Un fleuron de l’économie nationale, un monument historique, se retrouvait gobé par une entreprise originaire d’un pays émergent. L’État laissait alors le pied dans la porte, en restant au capital de l’entreprise, pour éviter que celle-ci ne tourne définitivement le dos au Grand-Duché. Sur ces quelques points, le rachat de la BIL (Banque internationale à Luxembourg) à Dexia, finalisé le 5 octobre dernier, s’apparente à la transaction qui avait impliqué en son temps les deux géants de l’acier. Precision Capital, société d’investissement appartenant aux dirigeants qataris, a acquis 90 % du capital d’une banque systémique luxembourgeoise, dont l’État a tout de même voulu garder un capital symbolique (10 %) pour apaiser les esprits… se retrouvant, du coup, actionnaire des trois principales banques de détail du pays (avec 34 % de BGL BNP Paribas, et 100 % de la Banque et Caisse d’Épargne de l’État). Et cette opération impliquant des actionnaires de la petite pétromonarchie du Golfe n’était pas la première, puisqu’elle suivait l’acquisition de 35 % des parts de la compagnie de fret aérien Cargolux (pour 117,5 millions de dollars), et précédait celle de la banque privée du boulevard Royal, KBL European Private Bankers (pour 1,05 milliard d’euros). Des bijoux économiques nationaux filaient entre des mains étrangères.
Face, souvent, au représentant de l’émirat, Cheikh Hamad bin Jassim bin Jabr Al Thani, Premier ministre, membre de la famille princière et administrateur de Precision Capital, trois Luxembourgeois charismatiques ont personnalisé les prises de participation des Qataris. Bien que leurs montants aient été communiqués (ils l’auraient de toute façon été dans les rapports annuels de KBC et de Dexia, deux groupes cotés), celles-ci se sont caractérisées par une réelle opacité, propice à alimenter toute une série de fantasmes sur ces personnages. Encore une fois, à tort ou à raison. D’abord Albert Wildgen, membre des conseils d’administration de Cargolux (président) et de KBL « versions qataries ». Il est, depuis de nombreuses années, l’homme de confiance au Luxembourg de la famille royale Al Thani. Doit-on alors considérer, selon la perspective, qu’il a fait entrer le loup dans la bergerie ou qu’il est le sauveur d’une économie luxembourgeoise en voie d’encroutement ? S’il est proche du Grand-Duc, puisqu’il en est l’administrateur des biens, il l’est moins du monde politique. Or, le gouvernement semblait seul à la barre dans le rachat de la BIL et des parts de Cargolux. Celui qu’on surnomme dorénavant « Monsieur Qatar » – appellation qu’il rejette avec force – est plutôt un franc-tireur, un avocat d’affaires international, émancipé du cabinet éponyme qu’il a dirigé pendant une vingtaine d’années. Dans cette histoire, il était le facilitateur, l’oreille attentive et le conseiller des investisseurs du Proche-Orient. Et s’il se
Photos : industrie.lu ; archives paperJam ; Biographie nationale du Pays de Luxembourg.
1988
Le Luxembourg est le premier État à transposer la directive européenne Ucits, donnant à la place financière la base du succès pour le secteur des fonds d’investissement.
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1991 Le groupe japonais TDK établit son quartier général européen au Luxembourg.
1992
Le nombre d’OPC domiciliés au Luxembourg dépasse les 1.000. • Le nombre de banques de la Place dépasse les 200 (213 au 31 décembre).
1998
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1993
Consécration, dans l’article 41, la loi du 5 avril, du principe de secret professionnel pour le secteur bancaire.
1994
Le Luxembourg passe la barre des 400.000 habitants. • Le nombre de banques de la Place atteint le chiffre record de 222.
1997
Arrêt du dernier haut fourneau luxembourgeois. • Création de CLT-UFA par la fusion entre la CLT et le groupe audiovisuel allemand UFA.
La part des services dans l’emploi intérieur passe au-dessus des 70 % (70,1 %). • 10.000e ligne de cotation d’une obligation en Bourse de Luxembourg. • En 20 années d’existence, la SNCI a cumulé un total de 79,58 milliards de francs (1,97 milliard d’euros) d’opérations financières dans l’économie luxembourgeoise, dont 5,8 milliards de francs (144 millions d’euros) de prêts participatifs et prises de participation.
COVERSTORY
Photos : archives paperJam
Cheikh Hamad Bin Jassim Al Thani, Premier ministre du Qatar, membre de la famille princière et administrateur de Precision Capital, face à ses contreparties luxembourgeoises : Luc Frieden, Albert Wildgen et François Pauly.
plaît davantage dans l’ombre, son exposition médiatique tient moins à ses fonctions d’administrateur qu’à ses relations professionnelles. Car, outre la famille Al Thani, il compte comme clients les frères Schleck. La conduite des opérations était en effet menée par le gouvernement, et notamment par Luc Frieden, que l’opposition accuse, par la voix de Serge Urbany (Déi Lenk), d’avoir « négocié en secret, et avec un partenaire privilégié, des pans entiers de l’économie luxembourgeoise ». Devant les troubles actuels (pertes répétées, dénonciation de la convention collective et exacerbation des tensions) connus au sein de Cargolux, entreprise ayant autrefois flatté la fierté nationale, le ministre explique que « toute coopération avec un nouvel actionnaire (ici Qatar Airways, ndlr.) est toujours difficile au début, mais que les Qataris rappellent un certain nombre de choses qui doivent très probablement être modifiées ». Pour d’autres, la phase de négociation a été bâclée. Aucune stratégie de long terme n’y aurait été élaborée, alors que l’ambition était de développer des synergies avec un partenaire industriel. Une source proche du dossier indique même que les Luxembourgeois ont « cédé sur l’ensemble des demandes qataries ». Et à l’approche de l’augmentation de capital de Cargolux, on s’inquiète que les représentants de la compagnie du Golfe utilisent leur manne financière comme levier d’un chantage pour imposer leurs décisions, à commencer par des changements dans la flotte qui risqueraient de générer une dépendance à leur égard. Face à eux, l’État n’affiche pas l’ambition d’aller où que ce soit, et propose, tout au plus, des ajustements a minima pour préserver l’emploi. Dans le cas de KBL, vendue à Precision Capital par le groupe belge KBC sous la pression de la Commission européenne, le ministre des Finances précise que « l’État n’a jamais été impliqué ». D’aucuns le soupçonnent pourtant d’avoir indiqué aux Qataris que la banque était toujours à vendre, et que la question serait plutôt de savoir quand le héraut avait effectué son office : avant, à Doha en février 2011, ou après le refus de la
2000
Création de RTL Group par la fusion de CLT-UFA, Pearson Television (GrandeBretagne) et Audiofina (Begique). • La BIL est intégrée au groupe franco-belge Dexia et devient Dexia BIL. • Depuis 1985, l’emploi total national est passé de 161.000 à 264.800, soit un taux de croissance moyen annuel de 3,4%. • Fusion de Cedel avec Deutsche Börse Clearing (filiale de Deutsche Börse Group), pour donner naissance à Clearstream. • Création de la Brasserie de Luxembourg-Mousel Diekirch ; Rachat des Brasseries Mousel et Diekirch par le groupe belge Interbrew.
2001 SES devient SES Global à la suite de l’acquisition à 100″% de GE Americom (États-Unis). • Le nombre de banques de la Place repasse sous les 200 unités (189 au 31 décembre)
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2002
Introduction de l’euro. • Fusion d’Arbed avec Aceralia (Espagne) et Usinor (France) pour donner naissance à Arcelor. • Création de Ceratizit, acteur mondial dans le domaine des matériaux durs, par la fusion entre Cerametal (Luxembourg) et Plansee Tizit (Autriche).
2004 2003 20.000e ligne de cotation d’une obligation en Bourse de Luxembourg.
Le Luxembourg passe la barre des 450.000 habitants. • Les actifs nets des OPC luxembourgeois atteignent 1.000 milliards d’euros. • Le distributeur américain Amazon établit son quartier général européen au Luxembourg.
2005
2005 BGL devient Fortis Banque Luxembourg, au sein du groupe belge Fortis. • Le nombre d’OPC domiciliés au Luxembourg dépasse les 2.000.
Fusion d’Arcelor avec Mittal Steel (Inde) pour créer le 1er groupe sidérurgique mondial ArcelorMittal. • Fermeture de l‘usine de production de CD et DVD de TDK à Bascharage. • La plate-forme de ventes aux enchères online américaine eBay établit son quartier général européen au Luxembourg.
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« Nécessaire de développer notre économie. » Luc Frieden, ministre des Finances
INTERVIEW LUC FRIEDEN
L’ÉTAT ENTREMETTEUR Monsieur Frieden, des contacts politiques sont noués avec le Qatar depuis 2004, mais rien ne s’était concrétisé jusqu’à 2011. Comment expliquez-vous cette accélération des événements ? « Je ne considère pas que les événements se sont accélérés. Dans le dossier Cargolux, il y avait eu, pendant des années, des contacts à différents niveaux, mais ils n’avaient jamais conduit à la conclusion d’un accord. Dans toute transaction, il y a des opposants. Il est tout à fait normal que les gens ne partagent pas la même opinion. Il ne faut pas s’en inquiéter. Lors de ma visite à Doha (en février 2011, ndlr.), un accord de principe a pu être trouvé. J’ai estimé que, étant donné le blocage de la société Swissair (en faillite) et au regard des difficultés de Cargolux, il fallait trouver un investisseur industriel rapidement. De nombreux investissements qataris ont été réalisés au GrandDuché. Y-a-t-il dorénavant une sorte d’allégeance envers le Qatar ? « Pour moi, il est essentiel que le Luxembourg attire des investisseurs étrangers. Le Qatar n’est pas différent
d’autres pays qui disposent de moyens et qui ont l’intention d’investir. Nous n’avons pas choisi d’aller vers un pays plutôt qu’un autre. Nous devons aller vers toutes les régions émergentes. Je me suis rendu en Chine, au Qatar, aux Émirats arabes unis ou encore, plus récemment, au Brésil et au Mexique. Nous cherchons à attirer les investisseurs des pays qui connaissent une croissance plus forte que la nôtre (le PIB du Qatar a crû de 19 % en 2011 pour atteindre 142 milliards d’euros, ndlr.). C’est nécessaire pour développer notre économie. Pourquoi l’État s’est-il porté acquéreur de 10% du capital de la BIL ? « Il était difficile pour Dexia de trouver quelqu’un pour racheter intégralement la banque. L’enquête de la Commission européenne a d’ailleurs prouvé qu’il n’y avait aucun autre candidat. Et les Qataris étaient prêts. L’État luxembourgeois a estimé qu’il était opportun, dans un moment de crise extrême, de montrer qu’il était présent. Nous voulions prouver à la clientèle que les pouvoirs publics suivent cela de très près. » P.S.
2009
2007
Les actifs nets des OPC luxembourgeois atteignent 2.000 milliards d’euros. 30.000 obligations sont cotées en Bourse de Luxembourg. • Le système de paiement online américain PayPal, filiale d’e-Bay, obtient une licence bancaire au Luxembourg et y installe son quartier général européen.
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2008 Le groupe français BNP Paribas acquiert 66 % du capital de Fortis Banque Luxembourg, qui redevient BGL suite au démantèlement du groupe Fortis. • Le nombre d’OPC domiciliés au Luxembourg dépasse les 3.000. • L’Imprimerie Victor Buck change de nom et devient Qatena.
Annonce de la fusion de BGL et de BNP Paribas au Luxembourg, pour donner naissance à BGL BNP Paribas. • Le nombre de banques de la Place passe sous les 150 unités (149 au 31 décembre). • Fermeture du site luxembourgeois de Qatena. • Fusion de Cegedel, Soteg et Saar Ferngas (All.) pour donner naissance au producteur d’énergie Enovos.
CSSF (Commission de surveillance du secteur financier) le 15 mars, de voir le groupe Hinduja prendre les commandes de la banque privée du boulevard Royal ? De même, interrogé sur l’objet de la réunion du 29 juillet 2011, au siège de la BIL en compagnie notamment de Pierre Mariani, CEO de Dexia, et de François Pauly, alors futur président du comité de direction de Dexia BIL, Luc Frieden nie avoir évoqué à ce moment l’émancipation de la banque de la route d’Esch. « Nous avons cherché quelqu’un qui pouvait sortir la BIL du groupe Dexia beaucoup plus tard », affirme-t-il. François Pauly ne dit pas le contraire. Qui l’eût cru ? Celui qui fut employé par le groupe Hinduja, alors qu’il était en passe d’acquérir KBL, de septembre 2010 à mars 2011, pouvait certainement, jusqu’à cette date, être pressenti pour prendre la tête de ladite banque privée. Mais le deal fut rejeté, et M. Pauly prit la direction opérationnelle de BIP Investment Partners jusqu’à la fin du mois de juin… alors qu’il revenait en odeur de sainteté à la BIL où il avait gravi, très vite, les échelons, dès ses débuts professionnels. Proche du ministre des Finances depuis l’enfance, il n’est donc jamais très loin du pouvoir. Est-ce pour autant anormal ? Personne n’a jamais remis en cause ses compétences. Le Luxembourg n’est pas non plus bien grand et ses élites pléthoriques. Sur le fond, il est également difficile de reprocher à un avocat d’affaires de faire des affaires, et à un gouvernement de faciliter le renflouement des sociétés nationales. D’ailleurs, au Moyen-Orient, Luc Frieden n’a fait que marcher dans les pas de Jeannot Krecké. D’une manière générale, l’économie luxembourgeoise a toujours été très ouverte sur l’étranger et a bâti sa richesse sur une conjugaison de l’exportation de sa production avec l’importation de ses facteurs de production. Aujourd’hui, quelques-uns se retrouvent surexposés du fait de l’absence totale de communication des actionnaires qataris. Même Luc Frieden, plutôt avare de reproches à leur égard, admet qu’il « serait sans nul doute dans leur intérêt de communiquer ». On continue cependant d’envisager leur soutien pour financer des projets, en espérant que les conséquences profitent à tous, et non plus à une poignée.
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2010
Le Luxembourg passe la barre des 500.000 habitants. • Fermeture de l’usine de production de Villeroy & Boch au Rollingergrund. • Annonce de la fermeture du site de la Brasserie de Diekirch et de la délocalisation de la production en Belgique. Un fond d’investissement luxembourgeois, Saphir Capital, rachète les installations et préserve l’outil industriel sur place.
2011 Précision Capital (Qatar) et l’État luxembourgeois acquièrent la BIL auprès du groupe Dexia, en cours de démantèlement. • Qatar Airways acquiert 35% du capital de Cargolux auprès de Luxair, de l’État luxembourgeois et de BIP Investment Partners.
2012 Le groupe belge KBC cède 100 % de la banque KBL à Precision Capital (Qatar). • La BIL redevient la BIL et passe officiellement sous le contrôle du fonds qatari Precision Capital (90 %). • ArcelorMittal (48,1 %) et Luxempart (11 %) cèdent leur participation dans Paul Wurth au groupe allemand SMS.
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ENJEUX CAPITAUX PAR JEAN-MICHEL GAUDRON
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l fut un temps où la France, à défaut de pétrole, avait des idées. Du pétrole, le Luxembourg n’en a jamais eu. Comme aucune autre matière première fossile, à l’exception de la minette, dont l’exploitation, pendant près d’un siècle, a fait de la sidérurgie du pays l’une des plus fortes du monde. Des idées, le Grand-Duché n’en a pas manqué non plus pour, ensuite, parvenir à migrer vers une société de services où la matière première est grise. Une ressource « naturelle » qui, elle, n’est a priori pas menacée d’épuisement, quand bien même elle reste parfois difficile à trouver. Des capitaux, le pays en est plutôt bien pourvu. Qu’elle soit luxembourgeoise ou pas, la structure financière de l’économie nationale lui a permis de passer, en moins d’un siècle, d’un monde rural et agricole à un monde sophistiqué et à haute valeur ajoutée. Au même titre que son marché du travail est dominé par la main-d’œuvre frontalière, la structure capitalistique du Grand-Duché est fortement influencée par les apports étrangers. Avant même que les concepts de globalisation et de mondialisation n’entrent dans les dictionnaires d’économie, le Luxembourg a toujours su attirer les investisseurs au mieux de ses intérêts. Dans les pays voisins jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ; plus loin, au-delà des océans, ensuite. Pour y parvenir, il a parfois fallu consentir à des mariages savants, parfois contre nature, pour par-
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venir à préserver quelque chose qui ressemble un peu à de la souveraineté nationale, même si ce concept a aujourd’hui perdu de sa puissance sur l’échiquier économique du pays. Dans un pays où, par le jeu des relations et de la généalogie, les intérêts privés et publics s’entremêlent souvent, sur fond de pensées électoralistes et de soif de pouvoir et d’influence, même l’idée d’un fonds souverain fait long feu. Ardemment défendu par certains – dont la Chambre de commerce – afin d’envisager une utilisation plus efficace des actifs de l’État, ce concept ne rencontre pas l’adhésion du pouvoir politique. Celui-ci préfère la voie de l’investissement direct dans l’économie nationale, aussi bien par l’alimentation constante des fonds spéciaux de l’État que par la prise de participations stratégiques. S’émouvoir sur la dilution des capitaux « purement » luxembourgeois (le terme « purement » restant encore, dans l’absolu, à définir) fait sans doute, au fil du temps, de moins en moins sens. Le pays fonctionnera-t-il moins bien avec deux banques majeures contrôlées par des fonds qataris ? Il reste évidemment le danger ultime d’un exode soudain de tous ces investisseurs étrangers qui seraient, un beau matin, davantage attirés par une herbe plus verte, au-delà des frontières du pays. Tous les enjeux, capitaux, seront alors de préserver «le « meilleur » du mariage, peu importe la couleur de l’argent, étant établi que la réalité économique n’a généralement que faire du « pire ».
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ENTREPRISES
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
AVIATION
Luxair tangue à son tour
Photo : Julien Becker (archives)
Tout comme pour Cargolux, la convention collective de Luxair a été dénoncée pour des raisons économiques. Selon un document interne circulant dans la presse, l’activité Airline du groupe devrait afficher une perte de 20 millions d’euros à la fin de l’année, la manutention 2,5 millions d’euros. Le tour opérateur devrait lui rester bénéficiaire. Mais pas assez pour compenser. En 2011, pour renflouer, la compagnie avait vendu ses slots à l’aéroport d’Heathrow, pour une valeur de 50 millions d’euros. Comme chez Cargolux, un cabinet de consultants – ici, Roland Berger – a été chargé d’analyser la structure de coûts et l’orientation de l’activité Airline. Ses conclusions devraient être rendues fin novembre. Parallèlement, la direction attend des partenaires sociaux « de s’engager formellement à prendre en considération des concessions relatives à des sujets clés, tels que le temps de travail, la flexibilité au travail ou encore la composante salariale ».
Pour les neuf premiers mois de l’année, RTL Group améliore son chiffre d’affaires de 4 à 4,11 milliards d’euros,
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mais avec un résultat opérationnel en repli de près de 10 % à 671 millions d’euros. | LuxCloud s’est associée à The Jatis Group en vue de délivrer des services de cloud computing dans le Sud-Est asiatique.
INDUSTRIE
Mauvais plans Le coréen Hyosung, repreneur de la Wire Plant de Goodyear, a signé un plan social pour les 200 salariés de ColmarBerg. De son côté, DuPont, autre fleuron historique de l’industrie locale, souffre aussi de décisions prises à l’échelle planétaire. Un plan de restructuration mondial prévoit la suppression de 1.500 postes. L’impact sur le site de Contern ? Vingt-cinq à 30 positions de nature administrative disparaîtront. Les craintes grandissent aussi chez Luxguard. Des investissements sont mis en balance avec des efforts demandés au personnel. Enjeu : la pérennité du site de Dudelange, où travaillent encore 290 personnes. Le ministre Schneider, après une rencontre avec la maison mère Guardian, lors d’une mission sur la côte est des États-Unis, parle du maintien de 240 emplois sur le site du producteur de verre. Mais, selon l’OGBL, la direction de Luxguard continue d’exercer une forte pression sur les salariés.
MÉDIAS
Saint-Paul pour un nouveau départ « We are Luxembourg ! » Tel est le nouveau leitmotiv présenté par le groupe de presse Saint-Paul (Wort, Point 24, Télécran…), à l’aube de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie basée sur quatre piliers (multimédia, contenus multilingues, rédaction centralisée et nouvelle identité). Un mouvement qui passe aussi par un plan de restructuration qui devrait toucher 15 à 20 % des effectifs sur les quelque 500 employés que compte actuellement le groupe. Parmi les annonces les plus marquantes : celle de la cessation définitive de la parution du gratuit Point 24, à compter du 21 décembre prochain. « Les ressources du Point 24 pourront être utilisées pour mieux nous positionner dans le digital et pour renforcer le Wort », précise Paul Lenert, directeur général du groupe, précisant que les départs concernent, en premier lieu, les services de support qui seront mutualisés. Des changements sont également attendus du côté de Télécran et de la radio DNR.
Photo : Luc Deflorenne (archives)
FRE
« Tout un chacun peut créer une chaîne de télévision. » Luc Welter, responsable du marketing chez P&T Luxembourg, à l’occasion du lancement du service P&T Media Cloud.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
BOURSE
RTL sur le départ ?
Photo : Charles Caratini (archives)
Les actions RTL Group pourraient être retirées des Bourses de Luxembourg et de Bruxelles, par la maison mère Bertelsmann, qui détient 92,3 % du capital. Un retrait rendu possible par l’entrée en vigueur, le 1er octobre, de la loi relative au retrait obligatoire et au rachat obligatoire de titres. Le texte dote le pays d’un cadre législatif concernant les actionnaires minoritaires pour le rachat de leurs titres, dès lors que leur participation dépasse les 5 % d’une entreprise.
COMMERCE
Hifi International aux mains de Krëffel L’enseigne Hifi International vient d’être rachetée par le groupe belge Krëffel, actif dans la même gamme de produits audio, vidéo et électro. Cette opération intervient alors que le propriétaire précédent, Spector Photo Group, éprouve des difficultés financières. Hifi International emploie 130 collaborateurs au Grand-Duché.
ArcelorMittal voit la confiance s’éroder autour de lui, après chaque annonce.
ArcelorMittal
Le rouge est mis ! Le sidérurgiste annonce des résultats aussi inquiétants que récurrents. La confiance s’érode. Le scénario vire au film catastrophe. Et si ça tournait mal ? Par Alain Ducat
PWC
Photo : Étienne Delorme (archives)
Priorité à l’emploi « Privilégier des relations de confiance à long terme. » DIDIER MOUGET Le cabinet d’audit et de conseil PwC, qui emploie plus de 2.000 personnes, affiche une croissance au 30 juin dernier de 2 % (contre 13 % l’an dernier), avec un chiffre d’affaires au-delà de 260 millions d’euros. Le fort recul des activités de conseil (-14 %) a été compensé par la bonne santé de l’audit (+15 %). Pas de quoi altérer la vision à long terme de la firme qui maintient sa politique de recrutement. Son managing partner, Didier Mouget, a d’ailleurs annoncé l’arrivée de 200 nouveaux collaborateurs. « Nous avons accentué nos efforts pour accompagner les sociétés dans le cadre de relations de confiance à long terme. Nous avons également privilégié, cette année, des investissements destinés au nécessaire redéploiement économique du pays », a-t-il indiqué.
— Décembre 2012
ArcelorMittal reste, au Luxembourg et alentours, un sujet de conversation. Et d’inquiétude. Car le numéro un mondial de la sidérurgie a enregistré une perte nette de 709 millions de dollars au troisième trimestre. Sur les neuf premiers mois de 2012, son profit net se réduit à 261 millions de dollars (contre 3,3 milliards sur la même période de 2011). Les chiffres sont en chute, aussi libre que le marché sur lequel ArcelorMittal n’entrevoit pas d’éclaircie. Et pour ne rien arranger, l’endettement du groupe a encore augmenté, malgré un objectif affiché d’assainissement. « Dans ce contexte, la société se concentre sur la réalisation de son plan d’optimisation des actifs, sur la réduction de la dette nette, ainsi que sur les améliorations de productivité et d’efficacité », a commenté Lakshmi Mittal, le CEO du groupe. Ce plan d’ « optimisation des actifs » se matérialise sur le terrain par la fermeture des hauts fourneaux de Liège en Wallonie et de Florange en Lorraine. Et du Luxembourg ? ArcelorMittal met régulièrement en avant les lourdes pertes des sites de Rodange et Schifflange, pour justifier la « fermeture temporaire à durée déterminée » de l’essentiel des activités. Et le laminoir de Schifflange sera arrêté au 1er janvier 2013. Survivre, avec ou sans Mittal ? Les syndicats croient à la viabilité du site. Et une étude de Laplace Conseil, un cabinet de conseil en stratégie et en gestion opérationnelle, commanditée par le gouvernement, ne les dément pas. Mais on est loin du compte. En attendant, ArcelorMittal voit la confiance s’éroder autour de lui, après chaque annonce. Le conseil d’administration propose d’abaisser le versement de dividende 2013 à 0,20 dollar par action (contre 0,75 en 2012). Et le groupe est relégué dans la catégorie des émetteurs spéculatifs chez Standard & Poors et Moody’s. De quoi inquiéter les investisseurs et compliquer le refinancement du groupe sidérurgique. Or la dette du groupe se monte à près de 24 milliards de dollars (18,75 milliards d’euros), soit plus que la valeur de l’entreprise en Bourse (18,5 milliards d’euros). Quand on sait que Aperam, la spin-off du groupe ArcelorMittal, accuse aussi une lourde perte au troisième trimestre 2012, on se dit qu’un mauvais plan se dessine. Si le rouge est mis sur les comptes, on peut redouter le silence qui précède le tournage. Et, vu le scénario catastrophe, craindre le mauvais film.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Fret
Les disputes de ces deux derniers mois ont finalement donné lieu à une séparation. Le 16 novembre, Akbar Al Baker, CEO de la compagnie du Golfe, claquait la porte qu’il avait entrouverte à l’été 2011, laissant le champion national du fret aérien en plein désarroi. Par Pierre Sorlut
Photo: Charles Caratini (archives)
Note: l’annonce de Qatar Airways de se retirer du capital de la compagnie aérienne Cargolux est intervenue après que nous ayons clôturé toute la Coverstory de cette édition (page 45 et suivantes).
Cargolux – Qatar Airways : le divorce consommé
AVIATION
Vueling atterrit à Luxembourg
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À partir du 17 mai 2013, la compagnie espagnole Vueling proposera quatre rotations hebdomadaires sur Barcelone. Une nouvelle concurrence pour Luxair, diront les uns. Une nouvelle piste d’attraction pour le Findel, diront les autres. Pour l’instant, la compagnie nationale dessert Barcelone, avec un vol direct par jour, à partir de 149 euros (tarif Primo). Vueling annonce une offre disponible dès avril, autour de 75 euros, avec un objectif de compter 50 % de clientèle affaires à la fin de l’année prochaine.
SES
Commandes record
DS R M 7,2 L’opérateur de satellites SES annonce, au terme du 3e trimestre 2012, des renouvellements et des nouveaux contrats qui portent son carnet de commandes à un niveau record de 7,2 milliards d’euros.
— Décembre 2012
Le 23 octobre, Albert Wildgen, Richard Forson et Henning zur Hausen, trois représentants de la compagnie Cargolux, prise dans la tempête.
Qatar Airways a annoncé le 16 novembre vouloir quitter la compagnie luxembourgeoise de fret aérien, Cargolux, avec qui elle s’était mariée à l’été 2011. Après deux mois de tensions intenses entre les actionnaires de l’émirat arabe, détenant 35 % du capital, et ceux du Grand-Duché, c’est un désaccord sur le nom du futur CEO qui a finalement scellé le sort d’une union forcée. Car les divergences étaient perceptibles depuis le premier conseil d’administration de Cargolux sous « l’ère » qatarie, en septembre 2011. Les actionnaires luxembourgeois voyaient alors leur train-train quotidien bousculé par des pièces rapportées par le gouvernement. Jeannot Krecké, alors ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, puis Luc Frieden, celui des Finances, pensaient pouvoir capitaliser sur leur succès dans la recherche d’un partenaire industriel. Il fallait reprendre les parts de la compagnie de fret ayant autrefois appartenu à Swissair, tombée en faillite. La greffe n’a en fait jamais pris. Les désaccords se sont d’abord fait sentir au niveau de la direction. Celui qui occupait sa plus haute marche, Frank Reimen, haut
fonctionnaire fidèle à l’État, n’a jamais vraiment pu s’imposer face aux nouveaux actionnaires. Il a dû laisser sa place en août à Richard Forson, directeur financier à peine placé par Qatar Airways qui avait auparavant occupé les mêmes fonctions au sein de la compagnie du Golfe persique. Au sortir de l’été 2012, il avait endossé le rôle de CEO par intérim pour redresser la barre. Cargolux avait bouclé l’exercice précédent avec un déficit de 18,3 millions de dollars et enchaînait en 2012 sur les mêmes bases, si bien qu’une capitalisation devenait inéluctable. Avant d’en définir les termes et les participants, un cabinet de conseil, Oliver Wyman, avait été mandaté pour remettre à plat le business model. Mais la présentation de son rapport, prévue lors du conseil d’administration du 30 novembre, a été précédée par des jeux politiques visant à tester l’opposition avant le jour J. La rumeur d’une délocalisation de la maintenance des avions et la dénonciation de la convention collective ont pu permettre à la direction de jauger sa marge de manœuvre. En face,
les syndicats ont tout de suite réagi et interpelé le gouvernement, lequel a mis du temps à se positionner. Son interventionnisme dans le dossier Cargolux lui avait alors valu des remontrances de la part des actionnaires qataris. Un choix politique s’est imposé et il s’est opposé aux Qataris. Certains ministres en ont alors profité pour attirer la lumière vers eux, notamment Claude Wiseler, en charge des Transports. D’autres, à trop vouloir s’approcher du soleil, se sont brulé les ailes. Depuis la parution d’un article publié fin octobre par le Lëtzebuerger Land, Luc Frieden, ministre ayant conduit la cession des parts de Cargolux à Qatar Airways, est accusé d’avoir agi, si ce n’est en marge de la loi, dans la précipitation et aux dépens des intérêts de la compagnie. Mais aujourd’hui, celle-ci est au plus mal. Elle est en train de perdre l’actionnaire sur lequel elle pouvait le plus compter pour injecter de l’argent frais. Et le président du conseil d’administration, Albert Wildgen, proche des Qataris, lui a emboîté le pas. Le divorce laisse ainsi la place à l’incertitude la plus totale pour un poids lourd de l’économie nationale.
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
INDUSTRIE
ExxonMobil vend son plastique
Photo : Idélux
Le groupe industriel américain ExxonMobil a cédé son usine de Latour-Virton (province de Luxembourg belge) au géant indien Jindal Poly Films, spécialisé dans les films plastiques d’emballage en polypropylène orienté. Ce site, aux côtés de ceux de Brindisi (Italie) et de Kerkrade (Pays-Bas), était administré au départ de Luxembourg. Le futur des 450 employés de Virton semble pérenne, au moins pour une durée d’un an. Celui du siège de Luxembourg semble plus flou.
Le bureau d’architectes luxembourgeois Architecture + Aménagement
FRE
SH
a remporté un concours international, pour la construction d’un établissement pénitentiaire à Genève .
LAVOREL
Success story à Luxembourg ? En 1989, Jean-Claude Lavorel créait en France LVL Medical, une société de prestation de services de la santé. Vendue fin août à Air Liquide 90 % au-dessus de sa valeur boursière, elle est un symbole de réussite industrielle. En 2012, le fils, Stanislas (photo), tente de reproduire l’aventure entrepreneuriale depuis Luxembourg où il a installé sa holding, Lavorel Medicare. Celle-ci a déjà acquis pour 82,3 millions d’euros Bonitas, leader du marché allemand des soins à domicile avec quelque 3.000 employés. STANISLAS LAVOREL
— Décembre 2012
DÉCÈS
Marc Linster nous a quittés L’ancien rédacteur en chef de RTL Radio Lëtzebuerg et de 100komma7, Marc Linster, est décédé le 10 octobre dernier, à l’âge de 53 ans. Il avait commencé sa carrière en tant que journaliste sur RTL Radio Lëtzebuerg, d’abord aux sports, puis au service politique. LOTUS F1 TEAM
Enfin la victoire ! Au Grand Prix d’Abu Dhabi, début novembre, Lotus F1 Team s’est imposée avec Kimi Räikkönen. C’est la première victoire de l’écurie depuis l’investissement de Genii Capital, fonds d’investissement luxembourgeois de Gerard Lopez et Eric Lux.
5 LAURÉATS
L’entrepreneuriat social en fête Initié il y a un an par Business Initiative, le parcours d’affaires 1, 2, 3 Go Social, dédié aux créateurs d’entreprises à finalité sociale ou solidaire, a rendu son verdict. Sur les 32 projets soumis, 24 ont été retenus et huit sont allés au bout du parcours, dans les temps impartis. Quatre d’entre eux ont été primés par le jury (Agape, Cell, Ecocity et Seabiscuit) alors qu’un cinquième (Sozial Affair) s’est vu décerner le prix « Coup de cœur du jury ». Présent à la cérémonie de remise des prix, devant près de 200 personnes, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Etienne Schneider, a plaidé pour la mise en place d’une méthodologie devant permettre de mesurer et de suivre l’évolution du poids que représente l’économie sociale et solidaire. « La création d’un statut juridique propre pour les entreprises à caractère social est nécessaire », a-t-il par ailleurs indiqué.
L’INDR FÉLICITE 60 ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES POUR LEUR ENGAGEMENT DANS UNE VÉRITABLE DÉMARCHE DE RESPONSABILITÉ SOCIALE. EN SE LABELLISANT ESR, ELLES FORMALISENT LEURS EFFORTS ET CHOISISSENT D’INTÉGRER LES CONCEPTS DE RESPONSABILITÉ SOCIALE DANS LEUR STRATÉGIE ET DANS LEUR CULTURE D’ENTREPRISE AFIN DE CRÉER DE LA VALEUR PARTAGÉE AVEC LA SOCIÉTÉ. AGIR ANTICIPER DURABLEMENT ■ ALD AUTOMOTIVE ■ ARAL LUXEMBOURG ■ ARCELORMITTAL LUXEMBOURG ■ ALL-PACK SERVICES ■ ARGEST ■ ASSOCIATION DES BANQUES & BANQUIERS LUXEMBOURG ■ AVIVA INVESTORS LUXEMBOURG ■ BANQUE ET CAISSE D’EPARGNE DE L’ETAT ■ BEBOP ■ BGL BNP PARIBAS ■ BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES ■ CACEIS BANK LUXEMBOURG ■ CENTRE CULTUREL RENCONTRE ABBAYE DE NEUMUNSTER ■ CENTRE HOSPITALIER DE LUXEMBOURG ■ CETREL ■ CK ■ CODIPROLUX ■ CO-LABOR ■ COMES & CIE ■ CONFEDERATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE ■ COSTANTINI ■ CSD ■ DELOITTE ■ DUSSMANN GROUP LUXEMBOURG ■ E-BUSINESS & RESILIENCE CENTRE ■ FASTNET LUXEMBOURG ■ FIDUCIAIRE GENERALE DE LUXEMBOURG ■ FOYER ■ GOBLET LAVANDIER & ASSOCIES ■ GOERES HORLOGERIE ■ HITEC LUXEMBOURG ■ ING LUXEMBOURG ■ KIDSCARE ■ LEASEPLAN LUXEMBOURG ■ LEGERE PREMIUM HOTEL LUXEMBOURG ■ LIFTEUROPE ■ LINKLATERS ■ LOTERIE NATIONALE ■ LUXPLAN ■ MEDIATION ■ NO-NAIL BOXES ■ OCEAL RESSOURCES HUMAINES ■ OCEAL RESSOURCES MANAGEMENT ■ PLAN-K ■ P.M.C. AGENCE TEXTILE ■ PROGROUP GEIE ■ PROJECT ■ PRONEWTECK ■ PROPOZE ■ RBC INVESTOR SERVICES BANK ■ SALES-LENTZ PARTICIPATIONS ■ SIEMENS ■ SOCIETE ELECTRIQUE DE L’OUR ■ SODEXO LUXEMBOURG ■ SOURCES ROSPORT ■ STEFFEN HOLZBAU ■ SUPERDRECKSKESCHT ■ TRALUX ■ VECTIS PSF
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Démarche qualité
Boîte de Pandore ou corne d’abondance ? Mettre son entreprise sur la voie de la qualité peut sembler une démarche éprouvante, de longue haleine… Mais, outre la clarification des activités, cet engagement peut ouvrir la voie à de nouveaux avantages. Texte Frédérique Moser Photos Jessica Theis et David Laurent / Wide
es documents à n’en plus finir, des procédures lourdes, des contraintes nouvelles… Lorsque la « qualité » fait son entrée dans l’entreprise, les esprits le plus rationnels s’affolent. « Les démarches qualité sont encore vues, parfois, comme de véritables usines à gaz ! », déplore Jos Gloden, secrétaire général du Mouvement Luxembourgeois pour la Qualité (MLQ). L’asbl œuvre sans relâche pour battre en brèche ce préjugé. « La norme ISO 9001, qui comprend les exigences relatives à la mise en place d’un système de management de la qualité (SMQ,) a été réformée en profondeur en 2008. La nouvelle version simplifie considérablement le système documentaire et s’articule autour six grandes procédures », indique M. Gloden. Adieu, donc, les rangées de classeurs bondés de lourdes fiches techniques ! Dans ses versions originales, la série des normes ISO 9000 reposait sur beaucoup de supports documentaires : il s’agissait de définir par écrit ce que l’on devait faire ; faire ce que l’on avait écrit ; et prouver que l’on avait bien fait ce qui était écrit… Avec, pour conséquence, un système qualité très administratif et fortement centralisé. Désormais, l’approche documentaire est allégée : elle consiste, pour l’essentiel, à définir le niveau de qualification ou de compétences nécessaires pour tenir un poste et à organiser, au besoin, des formations. L’analyse doit être régulièrement renouvelée, dans un objectif d’amélioration continue. La documentation obligatoire s’en trouve considérablement allégée : l’entreprise doit établir un « manuel qualité », présentant la politique en la matière définie par la direction, ainsi que des procédures pour six activités : la maîtrise des documents, des enregistrements, du produit non conforme ; l’audit interne ; et, enfin, les actions correctives et les actions préventives.
D
La méthode KISS
« Ces six procédures peuvent être décrites de façon très simple et très brève. On ne vous demande pas d’écrire un roman ! Pour moi, une seule page par procédure, c’est le maximum », assure Jos Gloden. Le — Décembre 2012
secrétaire général du MLQ cite à l’envi cet aphorisme : « If you need more than one page to explain, that means that you failed » (« s’il vous faut plus d’une page pour vous faire comprendre, c’est que vous avez échoué », ndlr.). Il lui préfère le fameux KISS (Keep it simple and stupid), qui s’adapterait parfaitement à la démarche. Une recommandation qui résonne d’autant plus fort que M. Gloden est bien conscient que la volonté de faire certifier un SMQ peut engendrer des coûts importants pour les entreprises. À ce niveau également, le MLQ peut délivrer de précieux conseils, et orienter les entreprises pour éviter que « des tierces parties gonflent le dossier pour faire augmenter la note ! » Ainsi, à partir de 10.000 euros environ, une PME doit pouvoir obtenir sa certification, assure le secrétaire général. En plus de la simplification documentaire, la version 2008 de la norme intègre une dimension quelque peu survolée dans les précédentes
versions : la satisfaction de l’utilisateur final. « C’est elle qui donne du sens à l’ensemble de la démarche qualité », souligne M. Gloden. Cette mesure essentielle ne peut être faite avec des questionnaires classiques. « Quand vous envoyez un tel questionnaire à vos clients, que se passe-t-il ? Vous en expédiez 100 et en recevez 30 en retour, ce qui est un bon score. Mais les répondants sont alors de deux types : les ‘très contents’ et les ‘très fâchés’. Où est la réalité ? », interroge-t-il. Pour cerner précisément la satisfaction de l’utilisateur final, le MLQ a développé un outil destiné à recueillir l’opinion des clients, mais aussi celle des collaborateurs de l’entreprise, membres de la direction compris. « Nous offrons ce service dans le cadre de notre Cercle des bonnes pratiques. Une dizaine de nos membres y participent régulièrement. Les résultats sont ensuite comparés, dans une démarche confidentielle. » L’objectif avoué n’étant pas de jeter l’opprobre sur ceux qui
PRIX LUXEMBOURGEOIS DE LA QUALITÉ
3 lauréats et 3 émules La Semaine luxembourgeoise de la qualité s’achève traditionnellement sur l’événement phare de ce rendez-vous annuel, la remise des trophées aux entreprises méritantes. Six d’entre elles ont été distinguées le 16 novembre. Les lauréats 2012 : Muller & Wegener (catégorie PME) Les points forts relevés par le jury concernent, entre autres, l’efficacité des tableaux d’indicateurs et leur traduction dans le plan-qualité, la responsabilisation du personnel, le bon climat social et l’organisation d’une réunion mensuelle « qualité » ainsi que l’effet positif sur l’image de marque de l’entreprise.
Doheem Versuergt – Service des aides et soins de la Croix-Rouge (catégorie grand organisme d’utilité publique) Parmi les points forts relevés, la qualité du dossier patient, l’application adaptée au contexte de la norme Afnor X050-56 (relative aux services aux personnes à domicile), la communication et la formation ainsi que l’engagement des collaborateurs et l’engagement sociétal.
Société Générale Securities Services (catégorie grande entreprise) Parmi les points forts relevés, l’approche structurée de management Lean 6 Sigma, le management visuel, le bien-être du personnel et la multiplicité des outils et des méthodologies employés pour chercher l’excellence.
Les entreprises « sur la voie de l’excellence » ( mention d’encouragement ) Ballini, Pitt & Partners Architectes Urbanistes, (catégorie petite entreprise), Mediation (catégorie petite entreprise) et Motorway Luxembourg (catégorie grande entreprise) F. M.
Jos Gloden (MLQ) « Les six procédures de la norme peuvent être décrites de façon très simple et très brève. Une page suffit ! »
enregistrent des résultats décevants, mais, au contraire, de les encourager à améliorer leurs performances et à s’inspirer, pour cela, de l’expérience de ceux qui témoignent de leurs résultats positifs.
Photos : Jessica Theis
Photos : David Laurent / Wide
ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Monique Gammaitoni (Muller & Wegener) « Le SMQ nous a permis de favoriser la polyvalence de nos collaborateurs et de maintenir l’emploi. »
Castor Aguilera (Croix-Rouge luxembourgeoise) « Notre principal outil de mesure de la qualité, c’est le degré de satisfaction de nos clients. »
EFQM
Une démarche cohérente FACTEURS
RESULTATS
Cercle vertueux Résultats Personnel 10 %
Personnel 10 %
Leadership 10 %
Politique et Stratégie 10 %
Processus 10 %
Partenarait et Ressources 10 %
Résultats Clients 15 %
Résultats Collectivité 10 %
Résultats des Performances clés 15 %
Source : www.efqm.org / www.afnor.org
Un cercle vertueux, en somme, qui a séduit Monique Gammaitoni, directeur administratif et ressources humaines chez Muller & Wegener. « On découvre de nouvelles façons de travailler, de nouveaux outils… On sort de notre bulle, quoi ! Les échanges permettent aussi de savoir dans quel domaine on est vraiment bons, par rapport aux autres, et ceux où nous devons encore nous améliorer. » Spécialiste des emballages et des fournitures de bureau, la PME familiale de 90 salariés s’est engagée sur la voie de la certification qualité en 2008, au début de la crise. « Des craintes de licenciements se faisaient jour parmi le personnel. J’ai réussi à convaincre ma direction d’entamer une démarche qualité, pour rassurer les salariés, leur montrer que nous croyions en l’entreprise et en ses gens, et que nous étions déterminés à continuer d’investir et innover. Notre activité est très axée sur la satisfaction de nos clients et la réponse à leurs besoins particuliers ; miser sur la qualité semblait donc naturel. » Lorsqu’elle commence le processus, Mme Gammaitoni pense, comme beaucoup à cette époque, que la crise durera deux ans. « La certification qualité, c’était aussi pour nous donner un avantage compétitif à la sortie. En octobre 2010, nous l’avons obtenue. » Pour un budget global d’environ 50.000 euros. Même si la crise a joué les prolongations, Muller & Wegener a tiré son épingle du jeu avec cette stratégie. Elle est devenue la seule entreprise du secteur, dans le pays, à détenir ce label, de plus en plus demandé dans les appels d’offres. « Le SMQ nous a permis de revoir notre mode de fonctionnement. En favorisant la polyvalence de nos employés, nous avons maintenu l’emploi », se félicite le DRH. Concrètement, l’entreprise a choisi de se faire accompagner par Luxcontrol et a développé des procédures « maison ». « L’ISO, je le voulais léger. Nous avons donc décrit chaque métier de l’entreprise,
INNOVATION ET APPRENTISSAGE
La méthode EFQM est un outil aidant à la mise en place et à l’évaluation des systèmes de management de la qualité. Il s’est imposé comme une référence au niveau européen. Il s’articule sur neuf critères : cinq contributifs (qui couvrent ce que fait l’organisation – à gauche sur le schéma) et quatre critères ‘résultats’. Grâce à un système de pondération de ces critères, il permet de mesurer la performance de l’entreprise à différents niveaux, pour s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue. Le Prix luxembourgeois de la Qualité reprend l’ensemble des critères de l’EFQM, avec des adaptations au marché luxembourgeois et des pondérations différentes (440 points sur 1.000 pour les pratiques, 560 points pour les résultats). Il intègre également un volet « mystery shopping » (client mystère) qui permet de tester l’accueil, le site internet, l’engagement des collaborateurs, etc.
avec les savoir-faire à mettre en œuvre dans chaque fonction, sous forme de logigrammes. Cela facilite énormément la transmission des compétences. » Résultat : des fiches techniques très visuelles, disponibles en permanence sur la base de données de l’entreprise et accessibles à tous. « Notre SMQ vit tous les jours, assure Mme Gammaitoni. Nous avons conçu des tableaux de bord qui favorisent le suivi et permettent d’apporter des correctifs, quand cela est nécessaire. Nous organisons aussi une réunion qualité mensuelle, avec une rotation des participants, afin que tous les métiers de l’entreprise
soient représentés et puissent faire remonter leurs idées. » Cette démarche qualité en continu permet d’adapter, en temps réel, tous les processus. « Nous avions mis en place des choses sur lesquelles nous sommes rapidement revenus. L’intérêt d’un SMQ n’est certainement pas de rendre les choses plus compliquées ! Notre façon de procéder, en maintenant un SMQ très vivant, nous permet de faire évoluer nos procédures régulièrement, évitant ainsi que ce soit lors des inspections annuelles, réalisées par l’organisme de certification, que nous découvrions les soucis. » Sans aller jusqu’à décrire son entreprise comme Décembre 2012 —
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
ROUE DE DEMING
Amélioration Continue
Plan
Act
Do
La méthode PDCA (Plan-Do-Check-Act ou Planifier-DévelopperContrôler-Ajuster) est une démarche d’amélioration qui consiste, à la fin de chaque cycle, à remettre en question toutes les actions précédemment menées afin de les améliorer. Elle est également connue sous l’appellation Roue de Deming. Source : www.p dca-security.org
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Check « un monde de Bisounours » (« il y a toujours des personnes qui n’adhèrent pas à ce type de démarche et qui s’en vont »), le DRH constate que le SMQ a créé une dynamique très intéressante. « Ce qui est important, véritablement au centre de la démarche, c’est la confiance et la transparence. Si la communication fonctionne bien, si la direction est à l’écoute et accepte les idées de ses salariés, alors on peut très bien avancer, tous ensemble. Et des salariés satisfaits sont des salariés qui travaillent bien. Tout naturellement. » Une étape après l’autre
Une affirmation qui ne repose pas sur une simple hypothèse. Muller & Wegener a réalisé une enquête de satisfaction, avec le soutien du MLQ, et obtenu des résultats très encourageants. « Notre ambition, c’est la satisfaction client. Mais dans une définition au sens large. Nos clients, ce sont aussi nos collaborateurs: le service comptabilité est client du service informatique… Tout le monde doit être satisfait de nos prestations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise. » La participation de Muller & Wegener au Prix Luxembourgeois de la Qualité vise à encourager les collaborateurs et à les remercier de leurs efforts, ainsi qu’à assoir l’image de marque de la société, qui détient déjà le label « vert » du Superdreckskëscht. Mais Mme Gammaitoni n’entend pas s’arrêter là. Elle a d’ores et déjà pris contact avec l’INDR (Institut national pour le développement durable), et suivi une formation, afin de préparer son entreprise au label d’entreprise socialement responsable (ESR). « Une démarche qualité et une démarche RSE ne s’opposent pas, bien au contraire, soutient Jos Gloden. Dans une démarche qualité où l’on s’emploie à réduire la production de déchets, par exemple, on agit en faveur de l’environnement, qui est un des piliers du développement durable, et donc de la RSE. Il en va de même quand on veille au bien-être de ses salariés — Décembre 2012
« D’ici mai 2013, toute la documentation soignante des patients sera disponible sur support informatique. Quand le ministère de la Santé lancera le dossier de ‘soins partagés’, nous serons prêts. » Catherine Gapenne Doheem Versuergt
par des conditions de travail adaptées aux tâches et que l’on encourage la communication. » Le MLQ organise ainsi des événements pour sensibiliser les entreprises à la RSE et, d’une façon générale, a largement élargi son action de promotion à d’autres normes que celles relatives à la qualité stricto sensu. « Les opportunités sont énormes au Luxembourg. Il y a tellement de possibilités d’amélioration ! », expliquet-il. « Si vous faites de la qualité, vous touchez à tous les aspects pour faire fonctionner une société : augmentation des rendements, optimisation des ressources… Une société qui se développe bien a mis en place 80 % des exigences de la norme ISO 9001, sans le savoir. » Il est donc aisé, selon lui, de franchir ce premier pas, s’engager sur la voie de l’amélioration continue et obtenir d’autres certifications. « Beaucoup de normes récentes sont calquées sur la norme qualité d’origine, la 9001. On y trouve les mêmes principes d’engagement de la direction, d’audits réguliers, de mise à disposition des ressources nécessaires, de maîtrise documentaire… Si l’on commence par ISO 9001, on peut combiner les audits pour les certifications suivantes. La suite logique, c’est ISO 14001, puis OHSAS 18001… » (voir encadré). Pour autant, Jos Gloden ne milite pas pour la certification à tout prix. « Dans certaines activités, c’est un avantage concurrentiel indéniable. Mais il ne faut pas rechercher le trophée ! S’engager durablement, c’est être convaincu de vouloir s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue. La RSE, d’ailleurs, n’est pas certifiable. Et il n’est absolument pas nécessaire d’être certifié ISO 9001 pour présenter sa candidature au Prix Luxembourgeois de la Qualité ». Un constat qui sied justement à l’un des lauréats 2012, Doheem Versuergt, le Service des aides et soins de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Engagé dans une démarche qualité très active – renforcée par l’embauche d’un spécialiste en 2005 –, l’organisme, qui emploie près d’un millier de collaborateurs et qui assure prise en charge à domicile et services divers de 10.000 patients, n’a pas cherché à obtenir de certification. « Ce qui ne signifie pas que nous n’utilisons pas les outils et les référentiels reconnus, précise Castor Aguilera, coordinateur qualité. Pour nos interventions à domicile, nous travaillons selon les principes de la norme AFNOR X050-56, nous nous inspirons d’outils tels que le PDCA, l’EFQM (voir graphiques), des normes ISO… Mais, en fait, tout cela ne dit rien à nos clients. Notre principal outil de mesure de la qualité de nos services, c’est donc leur degré de satisfaction ». Doheem Versuergt s’intègre, avec le réseau HELP dont il fait partie, à un sondage national réalisé par TNS-Ilres auprès des bénéficiaires des prestations. Le questionnaire se base sur une norme qualité et sur la méthode TRIM de l’institut de sondage. Cette dernière permet « non seulement de dresser la satisfaction en pourcentage, mais aussi de mesurer la loyauté et
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
Innovations numériques
« Nous avons obtenu des résultats remarquables, avec 85 % des interviewés qui s’estiment au moins ‘très satisfaits’ en 2010, indique Catherine Gapenne, directrice de Doheem Versuergt. De plus, les résultats positifs progressent d’année en année, ce qui indique que nous allons dans le bon sens. » L’organisme social, qui détient environ 40 % du marché national, s’est fixé trois grands objectifs stratégiques : « Enchanter nos clients — c’est notre slogan pour nos actions qualité — avec des solutions individuelles et adaptées aux besoins des patients, qui vont bien au-delà de ce que prévoient l’assurance dépendance et l’assurance maladie ; devenir une structure légère et efficace, avec des outils performants et interactifs ; et enfin, devenir un organisme de référence pour toutes nos parties prenantes », explique Castor Aguilera. Être une organisation poids lourd du secteur de la santé n’exclut pas la recherche de l’innovation. Outre la mise en place de divers services (gestion des plaintes, sécuriphone, activités extérieures au domicile, etc.), elle investit dans la mise en place de systèmes numériques de pointe, afin d’alléger la documentation papier. Les infirmières sont dotées d’applications mobiles sur leurs téléphones portables qui leur permettent de gérer les soins de chaque patient. « Nous avons
monté, avec nos équipes pluridisciplinaires, un projet pour et avec chaque bénéficiaire, afin de créer un dossier patient individuel, explique Mme Gapenne. D’ici mai 2013, toute la documentation soignante des patients de nos 19 antennes locales sera disponible sur support informatique. » Dans le viseur de Doheem Versuergt, le fameux « dossier patient partagé », en chantier depuis plus d’une décennie au ministère de la Santé. « Nous suivons ces travaux au plus près. Quand le ministère sera prêt, nous le serons aussi ! » L’organisme social place ses collaborateurs au centre de cette démarche. Les actions en faveur de leur bien-être, la qualité de la communication et des formations continues ont séduit le MLQ, qui a également souligné « l’engagement sociétal » de Doheem Versuergt. Outre ses actions environnementales (label Superdreckskëscht, et parc automobile de 130 véhicules hybrides qui sera mis en circulation d’ici la fin de l’année, notamment), le Service des aides et soins de la Croix-Rouge favorise en effet l’égalité des chances : « 80 % de notre comité de direction est composé de femmes », souligne Catherine Gapenne. L’édition 2012 du Prix Luxembourgeois de la Qualité démontre que la qualité ne saurait se résumer à un empilage de règles normatives et de fiches techniques. Comme toute démarche visant à l’amélioration continue au sein des entreprises, elle intègre une dimension transversale qui va bien au-delà des mécanismes réglementaires.
CERTIFICATIONS
L’accréditation est une attestation de la compétence d’un organisme ou d’un individu à effectuer une activité, par rapport à un standard ou à une norme. Au Luxembourg, c’est l’Office luxembourgeois d’accréditation et de surveillance (Olas) qui délivre ces certificats (www.olas.public.lu) La norme ISO/CEI 17020
Les normes ISO/CEI 17025 et ISO 15189
Elle définit les critères généraux pour le fonctionnement de différents types d’organismes procédant à l’inspection. 5 organismes accrédités (AIB-Vinçotte Luxembourg, LC Luxcontrol, Société Nationale de Contrôle Technique, Secolux et Socotec).
Elles définissent, d’une part, les prescriptions générales concernant la compétence des laboratoires d’étalonnages et d’essais (notamment pour l’analyse de la qualité de l’eau et les centres de R&D) et, d’autre part, les exigences particulières concernant la qualité et la compétence des laboratoires d’analyses de biologie médicale. 23 entreprises et laboratoires accrédités.
Elle définit des exigences rigoureuses pour la compétence et l’impartialité des organismes qui proposent l’audit et la certification, notamment selon des normes ISO 9001:2000 (management de la qualité) et ISO 14001:2004 (management environnemental). 3 organismes accrédités (ESCEM - European Society for Certification of Management Systems, LQMS Luxembourg et SNCH - Société Nationale de Certification et d’Homologation).
Le MLQ effectue une veille pour recenser les entreprises et les organismes accrédités et certifiés au Luxembourg, selon différents critères (www.mlq.lu). Les chiffres indiqués sont valables au 1er novembre 2012, et concernent les principales normes en vigueur. La certification accordée par une tierce partie, doit être renouvelée à intervalles réguliers, sur la base d’inspections. La norme ISO 9001 La certification selon ISO 9001 atteste qu’une entreprise a mis en place un système de management de la qualité (SMQ), fondé sur l’approche processus et l’amélioration continue du système. Ce SMQ vise à garantir l’aptitude de l’entreprise à fournir un produit ou un service conforme aux exigences des clients et aux exigences réglementaires. 308 entreprises certifiées. La norme ISO/TS 16949 La certification selon ISO/TS 16949 atteste qu’une entreprise a mis en place un système de management de la qualité, tel qu’ISO 9001 le demande, mais avec des exigences particulières relatives aux constructeurs et équipementiers automobiles. 14 entreprises certifiées.
La norme ISO 14001 La certification atteste qu’une entreprise a mis en place un système de management environnemental (SME). Ce SME assure que l’entreprise a mis en œuvre une politique et des objectifs environnementaux, dans le but de maîtriser les impacts environnementaux de ses activités, de ses services et de ses produits et d›améliorer ses performances environnementales. Il garantit également sa conformité aux exigences légales et réglementaires. 81 entreprises certifiées. La spécification OHSAS 18001 La certification atteste qu’une entreprise a mis en place un système de management de la santé et de la sécurité au travail. Ce système assure que l’entreprise a mis en œuvre une politique et des objectifs de gestion des risques en sécurité et qu’elle s’assure de sa conformité par rapport aux exigences légales et réglementaires. L’entreprise doit établir un programme de réduction des accidents du travail. 61 entreprises certifiées. La norme ISO 22000 La certification atteste de la mise en place d’un système de management de la sécurité des denrées alimentaires. 6 entreprises certifiées.
Sous accréditation
La norme ISO/CEI 17021
VEILLE
La qualité s’affiche
La norme EN 45011
Elle définit les exigences générales relatives aux organismes procédant à la certification de produits. 4 organismes accrédités. (Administration des Ponts et Chaussées (laboratoire), LC Luxcontrol, LQMS Luxembourg et SNCH). F. M.
Photos : Jessica Theis
l’engagement des collaborateurs et, donc, de soutenir le management stratégique, dans tous les domaines. »
La norme ISO 27001 La certification atteste de la mise en place d’un système de management de la sécurité de l’information (SMSI). 5 entreprises certifiées. La norme ISO/CEI 20000 La certification atteste qu’une entreprise a mis en place un système de management de ses services informatiques. La norme intègre l’approche processus, le PDCA (plan-docheck-act - ou roue de Deming) et l’amélioration continue du système. 2 entreprises certifiées. La norme ISO 26000 L’ISO 26000 (plus de détails dans paperJam novembre 2012, page 80) présente des lignes directrices, pour tout type d’organisation cherchant à assumer la responsabilité des impacts de ses décisions et de ses activités, et soucieuse d’en rendre compte. Il s’agit de la référence internationale, en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Cette norme, dite de 4e type, ne permet pas d’obtenir une certification. Il est donc impossible de connaître le nombre d’entreprises au Luxembourg qui suivent ses lignes directrices. La norme ISO 50001 D’application volontaire, cette norme récente spécifie les exigences applicables aux systèmes de management de l’énergie et vise à réduire les consommations. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, elle pourrait avoir un impact sur 60% de la demande d’énergie mondiale. F . M.
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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/ Dupont07112012 INDUSTRIE
Les 50 ans de DuPont
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Le mercredi 7 novembre, le groupe industriel a fêté, à la Philharmonie, un demi-siècle de présence au Luxembourg.
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Photos Jessica Theis 01. Arsène Schiltz (DuPont Luxembourg) 02. Le Grand-Duc Henri 03. Étienne Schneider (ministre de l’Économie) 04. René Elvinger (Elth) 05. Rolf Tarrach (Université du Luxembourg)
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06. Jean Lucius (Enovos) et Jeannot Krecké (ancien ministre de l’Économie)
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07. Michel Glaesener (Glaesener-Betz) 08. Rolf Alter (Eurocomposites)
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09. Marc Schiltz (FNR) 06
Quand le Palais grand-ducal sera vendu au Qatar... vous l´apprendrez par L´essentiel
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Regardez la vidéo de Robert Dennewald sur paperJam.TV
« Donner de la flexibilisation à la législation sur le Travail pourrait donner du lest aux entreprises, sans pour autant mettre en péril la paix sociale ni l’économie du pays. » 3
LES DIX VÉRITÉS DE
« Le discours de promotion de l’esprit d’entreprise doit commencer non pas dans les écoles, mais dans les familles. »
Robert Dennewald Interviewé sur paperJam.TV, le président de la Fedil revient sur les difficultés rencontrées par l’industrie luxembourgeoise et attend du gouvernement qu’il prenne les bonnes décisions structurelles. Interview Jean-Michel Gaudron
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« J’ai vécu une expérience assez traumatisante il y a deux semaines à l’occasion de la remise des prix 1, 2, 3 Go : nous avions un éventail de projets impressionnants. Parmi les 10 projets primés, il n’y avait pas un seul projet luxembourgeois. »
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« Il ne faut pas désespérer. C’est maintenant qu’il faut jouer sur le créneau de l’innovation et ne surtout pas se résigner. »
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« Il faudra sérieusement réfléchir à des outils sur le plan financier, pour aider les futurs créateurs d’entreprise à oser franchir le pas. »
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« La politique européenne, en matière de compétitivité, n’est pas toujours très cohérente. La politique climatique va tout à fait dans l’autre sens de celui du développement des entreprises. »
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« En même temps que j’ai pris le contrôle de ma société en 2010, j’ai sauvé 170 emplois. »
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« La réalité montre qu’avec la structure de coûts que nous avons dans nos entreprises, ça ne passe plus. »
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« Administrateur d’une banque, ce n’est pas une sinécure pour quelqu’un qui vient du monde industriel. C’est un métier en soi, que j’ai découvert et que j’ai dû apprendre. »
« Il faudrait faire comme en Allemagne et établir un tissu économique de PME. Le Mittelstand allemand est un modèle qui rend moins vulnérable en temps d’économie de crise. On en est encore très loin. »
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Les 10 ans de l’IFSB
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Le 17 octobre, l’Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment a soufflé ses 10 bougies, en présence des ministres Nicolas Schmit et Claude Wiseler.
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Photos Olivier Minaire 01. Christian Thiry (Karp-Kneip Construction) et Roland Kuhn (Ets. Kuhn) 02. Pol Goetzinger (Sustain) et Guy Urbany (commune de Mondercange) 03. Nicolas Schmit (ministre du Travail et de l’Emploi) 04. Éric Kluckers (Chaux de Contern) 05. Théo Hollerich (Fiduciaire des PME)
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06. Gilbert Thein (Bonaria Frères) et Claude Wiseler (ministre du Développement durable et des Infrastructures)
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07. Bruno Renders (IFSB) et Romain Schmit (Fédération des Artisans) 08. Jean-Pierre Mullenders (Randstad Interim) et Christian Scharff (IMS Luxembourg) 09. Andrea de Cillia (Inca) et Robert Jeworowski (Schroeder)
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Photo: © Olivier Minaire
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Interfaces naturelles
RTA T S UP
Entre recherche et développement Malgré son très jeune âge, Inui Studio jouit d’une certaine renommée au Luxembourg, grâce notamment aux solutions spectaculaires qu’elle fournit dans le domaine des interfaces naturelles. Sa direction ne développe pas encore le business model comme elle l’entend, mais souhaite se reconcentrer sur de nouveaux programmes pour lancer, une fois pour toutes, la vente de licences en masse. Texte Pierre Sorlut Photos Olivier Minaire
Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Inui Studio
FICHE TECHNIQUE
CV
EMPLACEMENT
Inui Studio
Liberté de mouvement
Un toit pour les start-up
Olivier Raulot, 39 ans, a troqué le confort d’un poste de manager chez Getronics, un groupe international employant plus de 4.000 personnes, pour le risque inhérent à l’aventure entrepreneuriale. Le Lorrain, titulaire d’un master en sciences économiques et informatiques, a privilégié la liberté d’action pour créer sa start-up, aux côtés d’Augusta Guernier et de Mathieu Lozinguez.
Le centre d’entreprise et d’innovation Ecostart accueille, depuis 2003, des start-up innovantes sur 8.000 m2, à Foetz. Inui Studio y loge depuis sa création et y restera encore quelques années. Le loyer y est bon marché et les locaux vastes et faciles d’accès.
Objet : Développement de logiciels d’exploitation d’interfaces naturelles Création : Octobre 2010 Chiffre d’affaires 2012 (prévisionnel) : 650.000 euros 6 salariés, bientôt 8
Sociétés actives dans le secteur Intuilab Développement d’interfaces naturelles Créée en 2002 France
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After-mouse Développement d’applications tactiles Créée en janvier 2009 France
PQLabs Production hardware et software Créée en 2004 Shanghai puis États-Unis
Nuiteq Développement hardware et software Créée en 2007 Suède
Leap Motion Production hardware basé sur le mouvement de la main Créée en 2010 États-Unis
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errière un jargon et une technologie d’apparence élitistes, les interfaces naturelles (natural user interface) sont en passe de révolutionner l’informatique. Adieu souris et claviers. Le contact avec la machine s’effectuera bientôt exclusivement via des gestes, la parole ou encore des regards. Olivier Raulot, CEO et fondateur d’Inui Studio, souhaiterait exploiter ce qu’il aime à qualifier d’événement « disruptif », de bouleversement majeur sur le marché. L’ambition consiste à accompagner l’arrivée de cette technologie au moyen d’applications, de solutions verticales dédiées aux affaires. « Nous bénéficions de l’effet ‘wow’ qui marque les esprits, dit-il, mais nous offrons, en plus, une vraie fonctionnalité. La technologie ne fait pas seule le business. » La direction de la start-up a dégagé deux créneaux. Le premier consiste à produire des logiciels permettant d’intégrer la reconnaissance de geste dans l’informatique, au quotidien. Les supports matériels sont produits par les marques partenaires, Microsoft et Samsung. Les programmes sont, quant à eux, distribués via un réseau de revendeurs. L’objectif est d’inonder le marché européen. Pour l’instant, seuls trois partenaires commerciaux distribuent le produit au Luxembourg (RealDynamics), en France (2iu) et en Belgique (Create multimedia). Le deuxième générateur de cash-flow est le développement d’un logiciel et d’une structure, adaptés à une demande propre. Ce marché a bien pris au Luxembourg, où la start-up a joui d’une couverture médiatique importante, notamment grâce au prix obtenu par son fondateur au concours Creative Young Entrepreneur Luxembourg (Cyel). Du coup, les commandes se sont multipliées. La Banque et Caisse d’Épargne de l’État (BCEE) a d’abord fait l’acquisition (pour un montant de 200.000 euros) d’une vitrine interactive pour son agence du centre commercial la Belle Étoile. Cet été, la société Hitec, spécialisée dans la communication satellite, a commandé un logiciel de control room sur écran tactile grand format. Et les exemples se multiplient. Cette activité constitue, par conséquent, 65 % du revenu de la société — qui atteindra le seuil de rentabilité en fin d’année — alors que l’objectif serait plutôt de 20 %. Olivier Raulot désire en fait, avec une équipe restreinte, « générer un gros chiffre d’affaires » par son positionnement d’éditeur de logiciel. La vente de licences permettant de dégager plus de marge, elle est le business privilégié par la direction. Par là même, elle tirerait parti du régime luxembourgeois de la propriété intellectuelle. Au rayon réglementaire encore, la loi du 5 juin 2009, sur la recherche et l’innovation, a également permis à la start-up d’obtenir un soutien financier de l’État qui l’a accueillie. Son CEO avait prospecté dans la Grande Région, pour décider où l’installation serait la plus propice. « Nous avons regardé en France. C’est incomparable. En Belgique, c’est un peu mieux.
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Analyse SWOT FORCES
FAIBLESSES
– Position de pionnier – Partenariats solides
– Petite taille – Tissu de distribution trop limité
- Reconnaissance de gestes dans le mobilier urbain - Reconnaissance de gestes dans le domaine hospitalier
– Nouveaux entrants de grande envergure – Rupture technologique manquée
OPPORTUNITÉS
MENACES
« Nous devons conserver notre avance technologique. » Olivier Raulot
FINANCEMENT
Venture Capital Les fondateurs de la start-up se sont davantage creusé la tête pour la recherche de financement que pour l’élaboration du business plan. Après avoir prospecté auprès des banques, de l’État et des business angels, les associés ont opté pour une combinaison des deux dernières solutions, en sus d’une partie de fonds propres. Et grâce au mécanisme de primes d’émission, ils ont pu ne pas trop céder de pouvoir à Rollinger Venture Capital, finalement détenteur de 13 % d’Inui. P. S.
Au Luxembourg, nous bénéficions d’une vraie proximité avec les décideurs. Il s’agit d’un milieu idéal pour démarrer et, d’ailleurs, je me demande même pourquoi le réseau de start-up innovantes n’est pas davantage étoffé », confie Olivier Raulot. Il serait exagéré de dire que l’Ecostart sonne creux. Neuf sociétés profitent des structures de Foetz. Leur potentiel n’est cependant pas assez exploité aux yeux de l’entrepreneur. Mais pas de temps à perdre dans des considérations économico-politiques. La jeune pousse doit avancer et, notamment, travailler sur la recherche, pour conserver son avance technologique. Deux ingénieurs supplémentaires sont en passe d’être recrutés pour remplir cette tâche. Ils ne manqueront pas de travail, car les idées fourmillent dans les têtes du trio d’associés (Augusta Guernier est en charge du project delivery, Mathieu Lozinguez de la partie technique). Une technique de digital signage 2.0 est en cours d’élaboration. Il ne s’agira plus seulement d’un affichage dynamique, mais d’un écran qui prendra des renseignements sur son utilisateur, pour lui apporter l’information adaptée à son profil. Imaginons qu’une vitrineécran de grande enseigne du prêt-à-porter propose les vêtements qui conviennent au genre et à la taille de l’utilisateur. Des logiciels répondant à une demande de différents secteurs d’activité sont également dans les cartons. Le domaine hospitalier, avec de la domotique guidée par la voix ou les gestes, ou celui du loisir, avec des applications ludiques, renvoyant l’usager dans l’univers de la marque. Le mobilier urbain fait également partie des créneaux visés. Le groupe JCDecaux a mandaté Inui Studio pour développer le premier abribus commandé par le geste. Nul doute qu’une ville comme Luxembourg s’équipera un jour de ce type d’infrastructure de communication qui, de surcroît, contourne les problèmes de transmission microbienne… Les débouchés sont très nombreux, et le potentiel de développement de la start-up proportionnel. Le défi consiste donc pour elle à gérer son succès, à juguler le foisonnement de solutions sur mesure, pour se consacrer à la conception de programmes génériques d’exploitation des interfaces naturelles. Il lui faudra également lutter avec la concurrence, le cas échéant. Pour l’instant, Olivier Raulot ne s’en inquiète pas outre mesure. Il est vrai que les concurrents directs, dans le secteur des logiciels destinés aux entreprises, sont peu nombreux. Il n’est cependant pas exclu qu’un acteur majeur du secteur se lance sur ce créneau. Auquel cas, Inui préfèrerait certainement être embarqué à bord, plutôt que de passer sous les roues. L’avènement d’une nouvelle technologie disruptive représente également une menace. Le boîtier de LeapMotion, voué à remplacer la souris, en constitue un exemple. Inui Studio ne se disperse pas pour autant, et indique faire au mieux ce qu’elle sait faire. Décembre 2012 —
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Les 20 ans de l’INFPC
02. Julien Hugo et Valérie Daems (Nerea)
L’Institut national pour le développement de la formation professionnelle continue a soufflé 20 bougies le 13 novembre au Casino Luxembourg, en présence de nombreux invités et de sa ministre de tutelle Mady Delvaux-Stehres. Photos Olivier Minaire
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03. Marc Bissen et Blanche Lamesch (Chambre des métiers) 04. Jean Junck (Chambre de commerce) et Nico Hoffeld (Mindforest) 05. Isabelle et Joël Baehr (Securybat)
07. Isabelle Brandebourg (IF Group) et Christoph Lemke (PwC’s Academy) 08. Dominique Matera (INFPC), la ministre Mady Delvaux-Stehres et Michel Lanners (ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle)
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09. Guy Achten (Mastercraft), Jean-Pierre Piersanti (Inlingua) et Arnaud Lecoeur (Mastercraft) 10. Stéphanie Michels, Micky Grulms et Dominique De Sousa (BIL)
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06. Jean-Marie Haensel (ministère des Finances) et Jo Kox (Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain)
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01. Marc Hostert (Cour des comptes européenne) et Robert Bohnert (Chambre des fonctionnaires et employés de l’État)
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
PLACE FINANCIÈRE
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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE
RESTRUCTURATIONS
Les banques suisses sèment le trouble
Photo : archives paperJam
Les deux principales banques helvètes, UBS et Credit Suisse, ont profité de la publication de leurs résultats du troisième trimestre pour annoncer leurs mesures d’économie pour les trois prochaines années. Leurs filiales luxembourgeoises sont dans l’expectative. Tout d’abord au siège d’UBS, au Kirchberg, où les 673 salariés attendent de savoir si le régime draconien imposé par la maison mère les affectera. Près de 10.000 salariés sur 63.745 seront licenciés d’ici 2015. L’optimisme est cependant de mise puisque la cure d’amincissement devrait essentiellement concerner la banque d’affaires, une activité peu pratiquée au Grand-Duché. Au Credit Suisse, en revanche, l’annonce des 4 milliards de francs suisses (3,3 milliards d’euros) d’économie sur les trois prochaines années a eu des répercussions immédiates au Luxembourg. Cinq salariés y ont été licenciés.
Société Générale Private Banking a été élue « Meilleure banque privée au Luxembourg » par Professional Wealth Management
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et The Banker, deux publications du groupe Financial Times. | Le Luxembourg a été désigné comme place de domiciliation préférée (par les Européens) et troisième meilleure place mondiale (vote global) selon le Hedge Fund Review Service Provider Rankings 2012.
BANQUE PRIVÉE
BIL, KBL
Rothschild change de tête
Vers plus de spécialisation
Marc Ambroisien est nommé directeur général et président du comité exécutif de la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe. La décision fait suite à la démission de Frédéric Otto, qui a décidé de créer sa propre structure de family office. Le nouveau patron de l’établissement est âgé de 50 ans. Il a démarré sa carrière dans l’administration fiscale française et travaille au Luxembourg depuis 1989. Marc Ambroisien avait rejoint la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe en 1997, pour y créer l’activité d’ingénierie financière et patrimoniale. Dans le même temps, Marie-Jeanne Chèvremont, qui occupait les fonctions de conseiller permanent de M. Otto, a décidé de l’accompagner dans sa nouvelle entreprise.
« Là où McKinsey passe, l’emploi trépasse. » La triste maxime circule actuellement avec insistance dans les couloirs de KBL. Convaincu de l’imminence d’un deuxième plan social, le personnel attend avec impatience la communication de la direction, censée intervenir début décembre. Celle-ci aura alors pris connaissance des travaux du cabinet-conseil McKinsey, qui planche sur la stratégie de KBL et de la BIL, désormais sous contrôle du même actionnaire qatari, Precision Capital. McKinsey devrait orienter les deux établissements vers un recentrage stratégique et une spécialisation sur leur cœur de métier. Les deux banques pourraient alors continuer leur vie en solo, en limitant les doublons et en réduisant la concurrence sur les mêmes activités. Selon toute vraisemblance, KBL se concentrerait sur la banque privée, tandis que la BIL se focaliserait plutôt sur la banque de détail et le crédit aux entreprises.
Photo : Université du Luxembourg
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« Le cadre légal n’est pas assez stable pour empêcher le contournement des règles. » Stefan Braum, nouveau doyen de la Faculté de Droit, d’Économie et de Finance de l’Université du Luxembourg au sujet du secteur financier.
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CLEARSTREAM
Un cap pour Vestima
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Vestima, la plate-forme de cotation des fonds d’investissement de Clearstream, a franchi le cap symbolique des 100.000 véhicules financiers cotés. Dans le même temps, la filiale de Deutsche Börse étend son activité en termes géographiques, par le biais d’accords noués avec la Hong Kong Monetary Authority, pour fournir une gestion du collatéral, et la Standard Chartered Bank aux Philippines, pour y offrir son activité de règlement-livraison.
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Photo : Jessica Theis (archives)
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BANQUE PRIVÉE
Nouveau record
Banque de Luxembourg reprend Lloyds
S 2.314,45 MRD Après le léger tassement observé en août, le patrimoine global net des organismes de placement collectif (OPC) et des fonds d’investissement spécialisés (FIS) luxembourgeois est reparti à la hausse en septembre. Avec un total, au 30 septembre, de 2.314,45 milliards d’euros, la progression en un mois est de 0,83 % et de 13,90 % en un an. C’est la 3e fois, cette année, qu’un tel record est battu.
Deuxième opération de croissance en 18 mois pour la Banque de Luxembourg. Après le rachat des activités de banque privée de l’établissement allemand HSH Nordbank, en mai 2011, la banque du boulevard Royal vient de reprendre le fonds de commerce de Lloyds TSB Bank au Grand-Duché. L’établissement britannique ferme ainsi la petite unité dont il disposait encore au Grand-Duché, après avoir cédé son activité fonds d’investissement à State Street il y a quelques années. Une trentaine de salariés sont concernés par un plan social chez Lloyds, même si la moitié de l’effectif pourrait suivre les activités, reprises par Banque de Luxembourg. Avec cette nouvelle transaction, la filiale du groupe français Crédit Mutuel (Banque CIC Est à 72,37 %, BFCM à 27,63 %) poursuit la diversification géographique de son portefeuille de clients. D’autres opérations pourraient d’ailleurs avoir lieu. « La croissance externe est l’un des moyens que nous avons retenus pour poursuivre notre développement. Nous restons, à ce titre, à l’écoute des propositions qui nous sont régulièrement faites, mais restons très sélectifs dans nos choix », précise Pierre Ahlborn, administrateur délégué de la Banque de Luxembourg.
ÉTUDE KPMG
Les bonus fondent
LA PLUPART DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES ADOPTENT UNE APPROCHE PRUDENTE EN MATIÈRE DE FRAIS DE PERSONNEL
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À tous les niveaux hiérarchiques, la part des bonus recule dans la rémunération des professionnels de la place financière. C’est ce qui ressort de la dernière Remuneration Survey de KPMG Luxembourg. L’édition 2012 de cette enquête a été réalisée auprès de 47 institutions financières (36 % de banques, 15 % de compagnies d’assurance et 47 % d’administrateurs de fonds). Elle concerne 12.768 « postes de travail », répartis en 372 cadres dirigeants, 3.989 cadres moyens et 8.407 employés. Cette baisse de la part des bonus dans les salaires financiers tient à plusieurs
facteurs, selon le cabinet de conseil et d’audit : « La situation est évidemment liée à une situation économique difficile en Europe et dans le monde, où la plupart des institutions financières adoptent une approche prudente en matière de frais de personnel. » Mais KPMG avance également un argument d’ordre réglementaire, alors que les autorités de surveillance recommandent un meilleur équilibre entre rémunérations fixes et variables. Depuis février 2010, la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier) a émis quatre circulaires relatives aux émoluments versés dans le secteur financier.
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MADOFF
UBS Luxembourg montrée du doigt à Paris
Photo : Charles Caratini (archives)
Photo : David Laurent/Wide (archives)
Dans l’affaire Madoff, le parquet de Paris a demandé au juge d’instruction, chargé du volet français de l’affaire, de mettre en examen UBS Luxembourg. Celle-ci s’estime cependant victime et s’est constituée partie civile. L’organe suisse commercialisait des sicav luxembourgeoises, censées être des valeurs sûres, mais qui étaient liées aux fonds de l’escroc américain. Il n’est pas certain que ces demandes du parquet soient suivies par le juge d’instruction, qui avait déjà refusé une première demande d’actes précédemment, avant de se voir contredire par la cour d’appel. Près de quatre ans après la révélation de l’escroquerie, les liquidateurs de Herald (Lux), une des trois sicav luxembourgeoises touchées, ont par ailleurs indiqué dans un communiqué avoir franchi une étape importante dans les démarches visant à faire reconnaître la créance aux États-Unis. Cette créance s’élève à 255 millions de dollars.
FONDS D’INVESTISSEMENT
Seqvoia, le nouveau défi de Buck Le nouveau projet de Nicolas Buck s’appelle Seqvoia. En partance de la direction opérationnelle de Victor Buck Services (VBS) et en quête d’un nouveau défi entrepreneurial, il lance cette entreprise qu’il dirige avec Renaud Jamar de Bolsée, son associé dans la création de VBS il y a 12 ans. Les deux hommes détiennent 66 % du capital (via la structure R&N Invest), aux côtés de VBS (34 %). « Seqvoia est une société de fabrication de logiciels pour les fonds d’investissement », explique Nicolas Buck. Les liens avec VBS, spécialisée dans la diffusion d’informations financières et établie dans le même immeuble à Capellen, restent très étroits. Les futurs huit salariés de Seqvoia, opérationnels à partir de début novembre, sont des employés de VBS.
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PROMOTION
ABLV
Luc Frieden mène la danse en Amérique latine
Une banque lettone au Luxembourg
Mi-octobre, le ministre des Finances a mené la caravane luxembourgeoise sur les sentiers poussiéreux du Mexique et du Brésil. Poussiéreux ? Pas tant que ça. Les deux pays connaissent depuis plusieurs années des taux de croissance à faire pâlir d’envie la vieille Europe, avec par exemple, respectivement, 5,4 % et 7,5 % d’augmentation du PIB en 2010. Pas étonnant donc que de nombreux avocats, banquiers, auditeurs et même industriels aient traversé l’Atlantique… DÉVELOPPEMENT
Bienvenue aux banques chinoises Selon la presse britannique, les établissements de l’ex-empire du Milieu cherchent à déplacer une partie de leurs activités de Londres vers le Grand-Duché pour fuir une réglementation trop contraignante. ICBC, Bank of China et China Construction Bank (qui prévoit de s’implanter au Luxembourg) apprécient de pouvoir créer à la fois une filiale et une succursale au Grand-Duché.
ABLV Bank devient la première banque lettone et des pays baltes à ouvrir une filiale au Grand-Duché. L’entité luxembourgeoise est dotée d’un capital de 20 millions d’euros, apporté par la maison mère, unique actionnaire. ABLV Bank Luxembourg est domiciliée au 26a, boulevard Royal. Elle démarrera ses activités dans les mois à venir. « Le Luxembourg est un centre financier très développé, avec une très forte expertise en gestion de fortune et une note de crédit des plus élevées », souligne Ernests Bernis, président et CEO d’ABLV Bank. La direction est confiée à Benoît Wtterwulghe (transfuge de CBP Quilvest), qui devient CEO, et à Andris Riekstins, son adjoint. Les deux hommes ont géré tous les préparatifs de cette implantation.
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Visions de demain
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Banque Degroof Luxembourg a récompensé, le 12 novembre, trois étudiants ayant présenté une perception originale de l’innovation.
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Photos Charles Caratini 01. Patrick Wagenaar (Banque Degroof Luxembourg) , Gary Kneip (Secure IT) et son épouse 02. Michèle Detaille (No-Nail Boxes) 03. Robert Scharfe (Bourse de Luxembourg) et Fanny Schlesser (lauréate) 04. Marc Werner (Bureau d’architectes Werner)
05. Francesco Gastaldi (lauréat) et Michel Wurth (ArcelorMittal)
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06. Dr Mario Dicato (CHL) 07. Les 3 lauréats avec Geert De Bruyne (Banque Degroof Luxembourg) 08. Julie Conrad, lauréate
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09. Geert De Bruyne (Banque Degroof Luxembourg)
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Pierre Etienne Managing Director, Pictet & Cie (Europe) S.A.
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Avec domicile reconnu À la fois porte d’entrée et créateur de valeur et d’emplois, le secteur est important. Bien au-delà de la domiciliation, il y a toute une galaxie, à la réputation établie, de métiers de gestion, financière et corporate. Un savoir-faire qui a des atouts, pour toute la place luxembourgeoise, européenne et internationale. État des lieux. Texte Alain Ducat
uand un domiciliataire déménage, il doit penser à tout pour emmener avec lui, dans les meilleures conditions et sans préjudice pour eux, ses clients. « Car il déménage peut-être des dizaines, voire des centaines, de sociétés du même coup. S’il sort de la commune par exemple, il va devoir faire passer toutes les sociétés qu’il héberge chez le notaire, pour faire acter le changement de siège social de chacune d’entre elles. » L’exemple est cité par un expert-comptable de la Place. Simple anecdote. Mais une illustration, parmi bien d’autres, de la responsabilité qui incombe au domiciliataire. « C’est un métier à part entière, souligne Denis Colin (partner de LPG, pour Luxembourg-Paris-Genève, fiduciaire aussi présente en Roumanie ou en Bulgarie), témoin d’un marché international qui a beaucoup évolué ces dernières années. Le domiciliataire doit avoir une expérience significative, des habitudes éprouvées, une organisation et des réflexes spécifiques, pour se prémunir des risques face à des activités potentiellement dangereuses. Il faut être attentif et prudent dans le choix du client et le suivi du service, dans une relation qui est très personnelle. Car le domiciliataire est en première ligne. Il ne peut pas être juste un cheval de Troie. »
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Photo : Julien Becker (archives)
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Une croissance à 14 %
Adoubé par une loi de 1999, qui reconnaît et balise les contours de la profession, le domiciliataire, sous toutes ses formes (expertcomptable, banquier, avocat, notaire…), a pris une ampleur considérable, quoique discrète dans ses manifestations extérieures. C’est pourtant tout un « secteur de la domiciliation » – comme l’avait énoncé dans l’une de ses premières sorties le ministre de l’Économie Étienne Schneider – qui s’est développé… et qui ne demande qu’à poursuivre sa progression. « Ce secteur contribue pour 630 millions d’euros aux recettes fiscales de l’État », souligne Carlo Schlesser, entre autres CEO de SGG et président de la Limsa (Luxembourg International Management Services Association), qui rassemble les principaux acteurs du pays. Pour la première fois, grâce à un travail préparé par Deloitte Luxembourg, pour le compte de la Limsa, une étude chiffrée (sur base de données — Décembre 2012
à fin 2011) jette un coup de projecteur sur ce pan d’économie, trop nourri de noncommunication depuis des années. « Étant donné l’envergure du secteur, il est important de rendre le monde politique attentif », poursuit Carlo Schlesser. « La domiciliation, c’est réducteur. Je dirais même que c’est fini, en tant que tel. En tout cas, ce n’est plus représentatif, lance Olivier Dorier, partner chez MAS International. Nous sommes des acteurs complets, dont les métiers ont évolué et sont aussi multiples que ciblés. Nous sommes dans les services de management, dans la gestion globale. On est très loin aujourd’hui des coquilles vides, ou des boîtes aux lettres ! Nous sommes partie intégrante des entreprises. Et en particulier pour les grands acteurs corporate européens, qui jouent sur le terrain international.
Luxembourg est une place forte, de bonne réputation, qui a un rôle stratégique et transparent à jouer dans ce cadre. Et il faut le rappeler sans cesse, parce que la concurrence est de plus en plus rude. » Le secteur de la domiciliation – ou des management services pour coller effectivement davantage à la réalité – a un poids certain, désormais quantifiable (en nombre d’acteurs, de structures, de valeurs ou d’emplois, voir infographie page 101), et un rôle évident : point de structures corporate d’envergure internationale avec ancrage local, point de sociétés financières ou de filières patrimoniales savamment construites, sans les bases, apportées par ces spécialistes de la bonne organisation installée au bon endroit. En créant et gérant des milliers de structures,
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De grands noms du trust and management services éclairent le Luxembourg d’un jour nouveau, pour quantité de groupes corporate ou de sociétés financières. Mais il faut garder la main, car la concurrence internationale est rude.
Photo : Charles Caratini (archives)
Poser une base solide est bénéfique au groupe concerné, comme à l’ensemble du pays, et pas seulement à ses recettes fiscales.
ces acteurs-clés apportent leur écot direct : sur les 630 millions d’euros de recettes fiscales évoquées plus haut, 330 millions sont issus de l’IRC – impôt sur le revenu des collectivités – alimenté notamment par l’ensemble des sociétés. Et ils poussent, indirectement, mais franchement, d’autres acteurs de la Place, dans le secteur bancaire, l’assurance, l’immobilier, les services divers aux entreprises et aux personnes, l’hôtellerie, le commerce… En outre, l’exercice est profitable, dans une progression linéaire. Selon l’étude Le secteur de la domiciliation de Deloitte, l’activité a généré un chiffre d’affaires (en 2011) estimé à 450 millions d’euros. Les acteurs de la Limsa y contribuent pour 56 %. « Et surtout, appuie M. Schlesser, la croissance annuelle est de 14 % en
moyenne, sur les années 2007 à 2011 ». Auteur de l’étude et partner corporate finance chez Deloitte Luxembourg, Pierre Masset observe : « Cette croissance remarquable vient du fait que l’on vend de plus en plus de services à valeur ajoutée. Il y a un know-how reconnu au Luxembourg, une maind’œuvre aux compétences multiples, de plus en plus qualifiée, polyglotte et largement ouverte à l’international. » L’importance des partenariats extérieurs et des réseaux, pour des opérations d’envergure, ajoute à l’excellence revendiquée par la Place. Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Oui et non. Pas encore dans toutes les parties du monde, pour commencer. La Limsa estime disposer d’un portefeuille de quelque 18.000 clients, un peu partout sur la
planète. 67 % d’entre eux sont issus de l’Union européenne. Il reste un tiers de clients hors Europe. Et beaucoup de cibles à toucher. « Il faudrait que cette part d’investissements hors UE aille croissant. C’est là qu’il y a un effort à faire », appuie Carlo Schlesser. Pour Olivier Dorier, le Luxembourg doit néanmoins revendiquer sa place dans le concert européen : « On doit arrêter l’hypocrisie que certains de nos voisins entretiennent volontiers à notre égard. Nous avons la régulation et la transparence pour nous. Le Luxembourg a sa place dans les structurations de groupes européens, qui ne sont pas là pour éluder les obligations fiscales, mais pour en reporter l’impact. Mais in fine, ils s’acquittent d’impôts quelque part sur le continent. On reste dans une logique intra-européenne, qui s’oppose aux évasions Décembre 2012 —
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Photo : JJessica Theis (archives)
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vers des places off-shore exotiques. On doit encore faire accepter cette réalité au sein de l’Union européenne. Nous avons des personnages politiques de premier plan, et le Grand-Duché n’a sans doute jamais été aussi bien représenté dans des instances importantes, en Europe, et dans le monde. Il faut que le message passe, car la guerre économique est là, et la concurrence est rude. » Le Luxembourg doit défendre sa réputation. Et sa réactivité de petit État l’aide à jouer avec le coup d’avance, qui peut dribbler la concurrence. « Pas toujours, observe cependant Carlo Schlesser. Pour la directive AIFM, les PaysBas ont été plus rapides, et ce sont nos principaux concurrents.» « Nous avons des clients qui se délocalisent, vers Amsterdam notamment, confie un gestionnaire avisé. Pour les aspects commerciaux, ils se rapprochent des ports, qui les alimentent, et des administrations, qui leur font les yeux doux. » Hors de la zone euro, et avec un franc séducteur, la Suisse est aussi bien plus qu’une alternative. Un leadership à reprendre, en substance
En revanche, le Grand-Duché a un leadership à défendre, sur des créneaux retaillés sur mesure, le limited partnership ou les carried interests provisions, des instruments financiers aussi prisés qu’efficaces. Grâce à un régime fiscal privilégié, le pays peut rivaliser avec les — Décembre 2012
grands du off-shore, tout en étant on-shore, au cœur de l’Europe institutionnelle, et dans un pays présentant un taux de contrôle largement au-dessus de la moyenne mondiale. Denis Colin, entre profession de foi, et foi dans la profession, observe : « L’intérêt d’être présent au Luxembourg vaut surtout, aujourd’hui, pour des groupes, pas nécessairement gigantesques, mais
familiaux et dynamiques, où il y a du mouvement, un patrimoine, des rachats de sociétés, ainsi que des liens forts avec des marques, des brevets ou la recherche par exemple. » Pour plusieurs professionnels, globalement, l’intérêt se restreint. « Il y a encore les Soparfi, Sicar et autres holdings, pour les gestions patrimoniales, insiste M. Colin. Pour les sociétés commerciales, la
RÉGLEMENTATION
Des textes qui s’adaptent Le développement du business made in Luxembourg ne peut s’appuyer que sur des outils juridiques appropriés. La Limsa rappelle parfois qu’elle a fait avancer quelques dossiers sensibles, au cours des dernières années. Exemple : les cotisations de la Chambre de Commerce, avant la « sensibilisation » exercée par le secteur de la domiciliation, pesaient dans les comptes de sociétés financières réalisant de gros chiffres, mais n’ayant cure des opérations commerciales. « Avant 2010, certaines sociétés en ont eu pour 300.000 euros de cotisations », témoigne un fiscaliste avisé de la Place. Depuis la révision des conditions, le barème prévoit un forfait plafonné à 350 euros, pour les Soparfi et autres sociétés financières, ce qui n’empêche pas la Chambre de Commerce d’y trouver son compte au final, vu le développement du
nombre de cotisants… Les ‘trust and management services’ ont aussi capté l’oreille du législateur, afin qu’il reprenne sa copie sur les fondations patrimoniales. Un texte, sauce luxembourgeoise, était prêt dès 2008, mais l’onde propagée depuis le Liechtenstein (au printemps 2008, une affaire avait notamment fait du bruit, Paris détenant, par quelques chemins détournés, des listes de centaines de noms de Français concernés par la fraude fiscale dans cette principauté entre Suisse et Autriche) l’avait fait remiser. A présent, le texte a non seulement été remis en route par le gouvernement, mais le projet de loi devrait être déposé prochainement au Parlement. Sans doute dans le même laps de temps que le projet de loi sur le trust et les amendements aux textes sur le contrat fiduciaire. A.D.
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Le secteur de la domiciliation au Luxembourg en quelques chiffres
2.400
330
acteurs au Luxembourg, dont 88 PSF
personnes employées
21 sociétés membres de la LIMSA
(Luxembourg international management services association)
1.370
personnes employées par les acteurs LIMSA
40.000 sociétés financières (type Soparfi)
1.340
887
FIS (Fonds d’investissement specialisés)
sociétés de titrisation
271
Sicar (société d’investissement en capital à risque)
1.250
SPF (société de gestion de patrimoine familial)
Niches d’interêt
Les exemples ne manquent pas dans l’actualité. Le groupe Ardagh, leader mondial du verre et du contenant métallique alimentaire, a choisi de quitter son Irlande natale pour se consolider au Grand-Duché, via une société fort peu substantielle, mais bien guidée par un important domiciliataire aux coudées internationales, et un tout aussi cosmopolite cabinet d’avocats d’affaires. Plus récemment encore, l’économie globalisée a commenté l’annonce de l’acquisition de TNK-BP par Rosneft. La valeur de la transaction, entre le deuxième producteur de pétrole mondial et le troisième producteur russe, se chiffre à 61 milliards de dollars (47, 03 milliards d’euros). L’acquéreur détient quatre sociétés au Grand-Duché (Rosneft
BAROMÈTRE
Perspectives optimistes L’étude Deloitte / Limsa ne manque pas d’éclairages. « Nous avons notamment voulu sonder les décideurs du secteur, pour obtenir une sorte de baromètre, note Pierre Masset (Deloitte). Et il s’avère qu’il y a un certain optimisme ambiant. » Ainsi, 60 % des acteurs s’attendent à recruter dans les douze mois. 40 % évoquent un statu quo pour leurs ressources. Personne ne parle de dégraisser donc…
55 % des domiciliataires interrogés se disent plus optimistes qu’il y a un an, par rapport aux perspectives de leur secteur d’activité. Et, à la question de savoir s’ils envisagent de délocaliser tout ou partie de leurs forces du Luxembourg, ils sont 75 % à répondre non, « malgré les coûts du travail », précise Pierre Masset. 20 % n’excluent pas la chose, plus ou moins à l’étude. A. D
Décembre 2012 —
Source : Rapport LIMSA/Deloitte (chiffres fin 2011)
structuration de groupe reste un atout, mais il n’y a pas que le Luxembourg pour installer un quartier général européen. » Une menace sur le secteur ? « On a peut-être trop verrouillé les choses, analyse Denis Colin. En réglementant de façon drastique, pour de bonnes raisons à la base, on effectue un tri sélectif à l’entrée. Mais on a créé des handicaps, en générant un parcours d’obstacles. Quand vous avez un entrepreneur américain en ligne, intéressé de prime abord par une implantation luxembourgeoise pour ses activités européennes, il ne comprend pas les contraintes, comme l’obligation d’avoir 20 m2 de bureaux, ou l’autorisation d’établissement dont il doit attendre l’instruction par les services compétents du pays. Lui, il a une vision anglosaxonne, de service immédiat, façon do it yourself. Aux États-Unis, il s’adresse au Delaware et il a aussitôt accès à une société avantageuse. Alors, il recule et va chercher des solutions moins contraignantes ailleurs. En Suisse par exemple, où l’entrée est largement plus facile. » Mais la corporate US aime aussi le ruling, accordé au Luxembourg (lire encadré p. 102), qui lui permet d’abaisser l’assiette pour le calcul de son impôt par l’Oncle Sam. Dans tous les cas, Olivier Dorier observe que « le métier a bien évolué en vingt ans ». Pour lui, le tournant n’a pas été la loi réglementant la profession de domiciliataire, mais bien la disparition de la holding 29. « On est entré dans une autre approche, dans un monde plus transparent. Et on doit le rappeler sans cesse. Pour toute la dimension corporate et ses structures, de plus en plus complexes, il y a un bénéficiaire économique connu. Il y a une réputation de la Place et de ses acteurs. » Les aspects de substance ont pris d’autant plus d’ampleur. « C’est l’une des clés de la structuration, via le Luxembourg, poursuit M. Dorier, un endroit idéal pour des groupes d’envergure qui souhaitent établir une vraie base. » Ou y poser des valises comptables susceptibles d’être allégées.
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Carlo Schlesser (SGG) : « Ce secteur contribue pour 630 millions d’euros aux recettes fiscales de l’État. »
Pierre Masset (Deloitte) : « Il y a un know-how reconnu au Luxembourg, une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, polyglotte et largement ouverte à l’international. »
Capital, Rosneft Holdings, Rosneft JV Partners et Rosneft Overseas) et la cible une (TNK-BP Finance). TNK et BP, prises individuellement, en amoncellent d’autres. Cette présence n’a rien d’anecdotique : elle souligne l’importance du Luxembourg dans sa vocation à faire transiter les flux financiers entre différentes sociétés d’un groupe international et d’en gérer les acquisitions. Les sociétés luxembourgeoises ont, dans ce cas-ci, été créées pour limiter les frottements fiscaux dans les distributions de flux intra-groupes, le tout dans un environnement politiquement stable. Aux secteurs visés par la politique gouvernementale et les lois adéquates – avec la biomédecine, l’ICT et la R&D en tête de liste –, s’ajoutent des niches, discrètes, mais souvent très efficaces (en sociétés de gestion, en titrisation, en gestion de type family office, ou dans le private equity) comme les biens de luxe, l’immobilier d’envergure, ou encore le management sportif. La F1, la moto GP, des équipes entières, les intérêts de footballeurs ou de stars du tennis, des droits de diffusion télé, des marques, etc. ont élu domicile au Luxembourg, et la tendance est plutôt à la hausse dans ce domaine. Un effet boule de neige
Les management et trust services ont néanmoins un rôle accru à jouer dans le développement d’une substance locale. « Nous offrons toute une gamme de services et nous avons le savoir-faire international pour les mener à bien », plaide notamment Carlo Schlesser. « Et aussi parce que nous assumons des mandats administratifs dans les conseils d’administration des établissements luxembourgeois de groupes d’envergure, poursuit M. Dorier. Cela exige de la disponibilité, de la clairvoyance, des employés de plus en plus qualifiés et une vraie culture de l’entreprise de nos clients, — Décembre 2012
Denis Colin (LPG) : « En réglementant de façon drastique, pour de bonnes raisons à la base, on effectue un tri sélectif à l’entrée. Mais on a créé des handicaps. »
RULING
L’inconnue du bureau 6 Bien connu des gestionnaires de business international, le bureau d’imposition « Sociétés 6 » est compétent pour les sociétés financières résidentes et non résidentes (établissements de crédit, PSF, Soparfi, sociétés de titrisation, Sicar, sociétés investissant à titre principal dans des droits intellectuels), pour les sociétés d’épargne-pension à capital variable (Sepcav), ainsi que pour les OPC (organismes de placement collectif), constitués sous forme de Sicav ou de Sicaf (capital variable ou fixe) ou de fonds d’Investissement spécialisé (FIS)… C’est là, surtout, que l’on peut fixer l’impôt sur tantièmes et s’adresser pour l’établissement des certificats de résidence, requis pour bénéficier des dispositions conventionnelles. C’est un lieu incontournable pour le ruling, l’approbation de l’administration fiscale pour des montages financiers avantageux. La pratique, conforme au droit européen, se rencontre aussi en France ou aux Pays-Bas par exemple. Mais à Luxembourg, ce bureau devait beaucoup à son préposé, Marius Kohl. « Or, témoigne un professionnel habitué de ce type de démarches, M. Kohl quitte ses fonctions. L’administration fiscale a mis un comité en place, pour veiller à l’application des règles. On espère que l’on pourra bénéficier de gens aussi réactifs que l’était M. Kohl par le passé. Il serait dommageable d’entrer dans une démarche trop lourde, au risque de perdre de la souplesse et de l’accessibilité. » A. D.
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Olivier Dorier (MAS International) : « Le Luxembourg a sa place dans les structurations de groupes européens, qui ne sont pas là pour éluder les obligations fiscales, mais pour en reporter l’impact. Il faut que le message passe, car la guerre économique est là, et la concurrence est rude. »
qu’il faut représenter en connaissance de leurs intérêts et de leurs métiers. » On l’a vu avec Amazon ; on l’avait déjà observé par ailleurs, avec la réassurance par exemple : après la réglementation ad hoc, adoptée à la fin du 20e siècle encore, les premières holdings de grands groupes sont apparues, puis des sociétés de courtage, et, enfin, des entreprises aux reins solides. Plusieurs domiciliataires notent : « Il faudrait peut-être, non pas abolir les contraintes et le contrôle réglementaire, mais les isoler de la phase d’amorçage. Une société commerciale peut avoir besoin de s’installer, de poser son business. On pourrait très bien imaginer une liberté d’établissement qui soit soumise à des contrôles a posteriori, un an ou 18 mois après le lancement de l’activité. » Poser une base solide, permet ensuite un effet boule de neige, bénéfique au groupe concerné, comme à l’ensemble du pays, et pas seulement à ses recettes fiscales. Une croissance à 14 %
Cela doit, indéniablement aux yeux de tous les acteurs de la domiciliation rencontrés, être un argument dans la promotion du pays, dans la façon de travailler en interne, dans une forme de remise en cause permanente (certains pensent même que le secret bancaire gagnerait à être supprimé, pour éviter de brouiller l’image du pays, tout en étant compensé par une position renforcée au cœur de l’espace européen), et dans la lutte contre l’hypocrisie de voisins (français, notamment) toujours prompts à dégainer contre le Grand-Duché, en oubliant leurs propres arrangements locaux… Bref, le secteur de la gestion globale pour compte d’autrui a tout à gagner dans une progression transparente, volontariste et réactive. Comme le résume volontiers Olivier Dorier : « le succès de la Place sera collectif ».
Philharmonie Luxembourg
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PARIS
FRANKFURT
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Prix de transfert
Pas-de-polémique Les flux intragroupes sont souvent perçus comme un moyen d’esquiver l’impôt. Or, le Luxembourg fait figure de hub dans leur distribution transfrontalière et reste, à ce titre, largement stigmatisé dans les médias. Entre discrétion et affairisme, le gouvernement peine à se situer alors que la Commission européenne met son grain de sel. Texte Pierre Sorlut
E
n mai, l’émission Cash investigation diffusée sur une chaîne publique française suivait la trace de grands groupes internationaux dans plusieurs juridictions en les accusant « d’évasion fiscale ». Sous les feux bien malgré elle, la maison d’édition britannique Pearson, publiant notamment The Economist ou le Financial Times, y était soupçonnée d’avoir monté des sociétés sans substance au Luxembourg pour alléger sa feuille d’impôts. Est-il cependant réellement possible aujourd’hui de faire transiter impunément d’importants volumes financiers par-delà les frontières afin d’annihiler l’assiette imposable des sociétés ? La « Luxco » ne peut-elle avoir qu’une boîte aux lettres pour substance ? Il faut bien reconnaître que la presse tombe aisément dans la caricature. Car la réalité des transferts intragroupe s’avère plus complexe (voir encadré page 108). À commencer par la terminologie y relative selon laquelle l’évitement fiscal serait légal, l’évasion non. Dans les milieux d’affaires, on a tranché en choisissant l’expression plus pudique d’optimisation fiscale. Au-delà des questions de rhétorique, la problématique revêt un intérêt majeur dans le cadre de la globalisation de l’économie et de l’internationalisation des sociétés. Il est bien sûr permis à ces dernières de répartir sur la planète leurs centres de profits. Ceux-là même sont ensuite distribués en fonction des besoins. Pour agir ainsi, les groupes procèdent généralement à des cessions de biens ou de services entre leurs filiales et succursales. Et ils ne lésinent pas sur les quantités puisqu’on considère que deux tiers des échanges mondiaux sont réalisés en leur sein. Or, voilà le point crucial. Il faut décider d’un prix de transfert (voir encadré page 106) entre les différentes entités. Et pour que les entreprises ne déplacent pas abusivement les profits réalisés dans des États fortement taxés vers des juridictions à l’impôt léger, il convient de fixer une tarification juste de la transaction sous-jacente. Dans cette perspective, la convention modèle de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) fait valoir le principe de pleine concurrence, plus connu sous sa formulation anglophone de arm’s length principle. Évidemment, cette notion éminemment théorique
La notion de prix de transfert, éminemment théorique, implique son lot de zones grises.
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implique son lot de zones grises. Le transfert d’actifs intangibles, les restructurations d’affaires, les pertes inexplicables ou une charge de dette excessive constituent des risques à surveiller pour certains, des niches à exploiter pour d’autres… et ces incertitudes nourrissent toute une population dans les cabinets juridiques ou de conseil. Cerise sur le gâteau
Si une cartographie de ces flux, plus ou moins virtuels, pouvait être réalisée, elle révèlerait que le Luxembourg en attire une bonne partie. D’abord parce que le regroupement des pertes et profits en un même centre de trésorerie permet d’avoir une vue d’ensemble de la
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Photo: Olivier Minaire (Archives)
Luc Frieden, déjà fragilisé sur la question des prix de transfert, a dorénavant mis le doigt sur le problème.
position financière du groupe avant de répartir et réorganiser leur allocation. « Le but est avant tout de maximiser l’aspect financier. L’aspect fiscal constitue la cerise sur le gâteau », indique François Masquelier, président de l’Atel (Association des trésoriers d’entreprise à Luxembourg). Par pudeur, les acteurs du Grand-Duché font en premier lieu valoir la stabilité politique et juridique du pays. Elle est d’autant plus appréciée du monde des affaires quand les gouvernements périphériques s’apparentent davantage à des girouettes dont l’orientation varie à la moindre élection venue. Il n’en reste pas moins que le système luxembourgeois présente indéniablement de nombreux atouts fiscaux. Une TVA avantageuse, un régime de la propriété intellectuelle attractif, des crédits d’impôt
sur les investissements et la création d’entreprises, un vaste réseau de conventions de non double imposition, etc. Et la liste n’est pas exhaustive. Cela explique pourquoi les groupes pharmaceutiques, les sociétés high-tech ou encore les maisons d’édition voient un avantage à créer des structures au Grand-Duché pour leur céder les actifs incorporels. Glaxo Smith Kline ou encore Pearson ne se sont pas retrouvés dans le reportage de France 2 par hasard. Ces sociétés avaient été conseillées dans leur planification fiscale par PwC dont les documents de travail, dilvugués par une source encore inconnue, avaient servi de base à l’enquête du journaliste. Dans ladite firme, on mesure pourtant bien les potentiels économiques et polémiques de l’optimisation fiscale, Décembre 2012 —
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Photo : Commission euro péenne
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Avec la taxe sur les transactions financières et l’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés, le commissaire chargé de la fiscalité, Algirdas Šemeta, fait figure d’épouvantail au Grand-Duché.
dont la maîtrise des prix de transfert est un élément clé. Dans une brochure publiée par le réseau, les enjeux sont pesés : « La question de la substance économique est complexe et demande une approche sur mesure », dit-on. Une spécialiste des prix de transfert y indique même « que le marché exige constamment une attention particulière au taux d’imposition effectif, mais prévient : il est évident qu’il faut limiter parallèlement les risques inhérents aux ajustements fiscaux et surtout ne pas se retrouver brocardé dans les médias ».
« La question de la substance économique demande une approche sur mesure. » Brochure PwC Transfer pricing perspectives
La tactique du salami appliquée au revenu
Car la problématique des prix de transfert se fait de plus en plus pressante dans le débat et l’agenda politiques. Le contexte de crise y est pour quelque chose. Après avoir recapitalisé les banques, les États, notamment européens, en demandent toujours plus aux contribuables particuliers alors que les grandes entreprises contournent les règles fiscales nationales. En France, une étude de la direction du Trésor, publiée en 2011, soulignait que le taux d’imposition atteignait à peine 19 % pour les entreprises de plus de 5.000 salariés alors qu’il s’élevait à 39 % pour les PME de 100 à 250 salariés. Pis encore, le taux d’imposition moyen des sociétés du CAC40 se limitait en 2011 à 8 %. L’impôt est donc dévoyé dans — Décembre 2012
DÉFINITION
Qu’est-ce qu’un prix de transfert ? Un prix de transfert est le coût auquel une entité cède un bien ou un service à une autre entité du même groupe située dans une autre juridiction. Il s’applique à l’achat ou la vente de biens et de services, mais aussi de redevances, d’intérêts, de garanties ou d’honoraires, et la cession ou la concession de biens incorporels tels que des marques, des brevets ou du savoir-faire. P. S.
sa vocation à redistribuer les richesses. Pour autant, ces pratiques peuvent être exercées dans le cadre de la loi, moyennant les services de quelqu’un qui la connaît bien, justement. Et toutes ces sociétés peuvent évidemment s’offrir et s’ouvrir la voie la moins imposée. Car en l’absence d’harmonisation fiscale, la moindre divergence de taux dégage une possibilité d’arbitrage. L’idéal consiste à déduire la charge d’intérêt dans le pays où l’impôt est très élevé et à ramener le bénéfice dans le pays où la taxation est plus faible. Les profits sont normalement taxés au titre de l’impôt sur le revenu dans les pays où ils sont générés, mais après avoir été rassemblés, il est possible de saucissonner le bénéfice consolidé et de l’allouer, part à part, à des filiales placées dans des juridictions aux règles adaptées. Mais le passage du flux à la frontière se négocie avec les administrations fiscales concernées qui, pour définir l’assiette de taxation, doivent trouver le juste prix d’une transaction entre entités appartenant à des juridictions différentes. Dans un marché unique tel que celui voulu par l’Union européenne, il est impossible de bloquer la voie la moins taxée. Il est en revanche envisageable d’encadrer le montant des intérêts perçus d’une manière acceptable. Le cas échéant, il est plus prudent de valider les opérations au moyen d’accords de prix préalables ((advance pricing agreements, APA). « On conseille toujours de définir des accords-
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cadres entre filiales pour s’assurer que tous les paiements transfrontaliers se font en vertu du principe de pleine concurrence », souligne M. Masquelier. Il peut cependant arriver qu’un accord ne soit pas perçu de la même manière des deux côtés de la frontière. Le 27 octobre, la presse belge révélait que l’Inspection spéciale des impôts (ISI) s’opposait à un accord passé entre le groupe GDF Suez, détenteur d’Electrabel, et l’administration fiscale luxembourgeoise. Selon le texte en question, les filiales luxembourgeoises n’auraient été soumises, entre 2003 et 2008, qu’à un impôt de 1,8 %. « Le but était de payer le moins d’impôts au Luxembourg, mais également de soustraire des montants imposables au fisc belge », soulignait-il alors. Dans un contexte général de disparition des frontières, c’est l’absence d’union fiscale qui rappelle qu’elles existent encore. Mauvaise presse
Depuis toujours, l’État d’où part le flux veille en effet tout particulièrement à ne pas voir ses potentielles recettes s’échapper indûment. Et, devant l’ampleur et la longueur de la crise actuelle, leurs représentants ne lâchent pas le morceau. Le Luxembourg est pourtant signataire de la convention modèle de l’OCDE encadrant les prix de transfert, et se soumet de facto à ses principes. En janvier 2011, le gouvernement modifiait même sa loi sur l’impôt sur le revenu pour encadrer les prix de transfert relatifs aux transactions de financement. Ce faisant, le Grand-Duché cessait d’être la seule juridiction de l’Union européenne à ne pas jouir d’une loi bien établie sur le sujet. Ainsi, selon deux collaborateurs de KPMG, la nouvelle loi confère une meilleure image à la Place et permet au pays de ne plus être considéré comme un paradis fiscal. Dans le cas d’un financement intragroupe depuis le Grand-Duché, il faut maintenant apporter une épaisse documentation (une analyse du risque sur base de données proposées par les agences de notation) au bureau 6 de l’imposition sur les sociétés, cela pour justifier le prix et prouver que la marge brute réalisée par la société de financement respecte le principe de pleine concurrence. Pas sûr cependant que les quelque 46 fonctionnaires du service concerné soient en mesure d’éplucher l’ensemble de la documentation fournie à chaque transaction. Sollicité sur la charge de travail croissante, notamment consécutive à la mise en œuvre de la circulaire, le directeur de l’administration des contributions directes, Guy Heintz, a — Décembre 2012
FAITS BRUTS
Le nez dans les comptes de Pearson L’examen factuel de certaines parties du rapport financier 2010 (sur lequel aurait pu se baser le journaliste de France 2) de la société britannique Pearson donne un aperçu de la marge de manœuvre laissée aux firmes multinationales pour organiser artificiellement, mais légalement, leur flux intragroupe. Le compte de résultat consolidé de la maison d’édition fait état d’un revenu avant impôt de 670 millions de livres en 2010 (836 millions d’euros). 146 millions d’entre elles sont taxées au titre de l’impôt sur le revenu, soit 21,8 % alors que taux d’imposition britannique aurait été de 28 %. Mais le groupe ne s’en cache pas. Bien au contraire, le document indique très clairement que l’utilisation de systèmes étrangers d’imposition permet un gain annuel de 40 millions de livres. Mais la teneur agressive de la solution fiscale choisie réside en réalité davantage dans le fait que Pearson n’a payé que 28 millions de livres de taxes dans son pays d’origine, au Royaume-Uni, où sont logées l’essentiel de ses filiales. Elle en a payé 118 à l’étranger. Par ailleurs, un rapide coup d’œil jeté sur le Mémorial C et les statuts publiés lors de la constitution, en 2004, d’une holding luxembourgeoise de Pearson (parmi d’autres) permet de noter que les actifs de ladite société – n’existant que par un seul contrat de fiducie – s’élevaient à 1,461 milliard de dollars (1,227 milliard d’euros selon le taux de change du 28 avril 2004) et étaient constitués par des créances envers des filiales de la maison d’édition. Le 15 décembre 2009, la même société disposait d’un capital social de 3,7 milliards de dollars ! Ceci explique partiellement pourquoi les comptes annuels de Pearson révèlent un montant de 7,1 milliards de livres de dettes (courantes ou non) contractées auprès des filiales. Les actifs intangibles non courants ont eux une valeur de 5,467 milliards de livres, dont 4,568 milliards de goodwill, possiblement logés dans les filiales grand-ducales. Pour autant, le Luxembourg n’est jamais cité dans le rapport annuel. P. S.
préféré passer la patate chaude à son ministre de tutelle. Luc Frieden a donc pris note de « l’accroissement du nombre de dossiers et de leur complexification ces dernières années ». Il a ainsi entrepris de renforcer l’administration générale, et plus particulièrement « la structure qui traite les décisions individuelles, pour faire en sorte qu’elles ne dépendent pas d’une seule personne ». L’émission Cash investigation avait en effet associé le bureau 6 à son premier préposé, Marius Kohl, et avait ainsi piégé le ministre des Finances. On ne l’y reprendra plus : « Nous allons continuer à professionnaliser les décisions prises. C’est essentiel pour notre pays », dit-il. C’est en tout cas la moindre des choses. Le Luxembourg reste vilipendé dans la presse généraliste internationale. Le mois dernier, Reuters démontrait que Starbucks avait légalement diminué sa facture fiscale au moyen de prêts intragroupes, en payant des droits d’auteurs et en allouant des sommes engrangées au Royaume-Uni à d’autres entités. Et que dire de la pression exercée « Professionnaliser sur le gouvernement les décisions lors des conseils est essentiel européens ? pour le pays. » Si les questions de fiscalité requièrent Luc Frieden l’unanimité des États membres, le Luxembourg ne peut se permettre de bloquer toutes les directives et propositions fiscales avancées par la Commission. Il s’oppose déjà à la taxe sur les transactions financières et bloque, avec l’Autriche, l’application de la directive « épargne », plus particulièrement l’échange automatique d’informations au nom du secret bancaire. Sa position sera très attendue en décembre, quand la direction générale fiscalité et union douanière annoncera son plan d’action contre les paradis fiscaux et la planification fiscale agressive. Algirdas Šemeta, commissaire en charge de ce secteur, a déjà commencé à muscler son discours à l’adresse du gouvernement luxembourgeois. Et l’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés, dans les cartons de la commission depuis presque 10 ans, pourrait en sortir de manière imminente, et ainsi constituer un autre stress test. Le prix de transfert n’est donc pas seulement un pas-de-porte, tel un droit d’entrée dans le registre du commerce luxembourgeois. Il est aussi un sujet particulièrement polémique pouvant potentiellement fragiliser l’édifice.
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Désirs
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DÉSIRS
Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.
ROSAS
Anne Teresa De Keersmaeker propose un retour aux sources de son langage chorégraphique, avec quatre pièces historiques datant de 1982 à 1987. Les 24 et 27 novembre au Grand Théâtre de Luxembourg
SONIC
VISION
S
LUC SCHILTZ
On a tendance à utiliser le qualificatif « multifacettes » à tort et à travers. Mais s’il y a bien un comédien à qui ce terme convient, c’est Luc Schiltz. Tantôt à Bruxelles, tantôt à Luxembourg. Parfois au cinéma, souvent au théâtre et, même, dans des musées. Occasionnellement seul en scène, avec pourtant un très fort esprit de troupe. En français, en luxembourgeois ou en allemand : il n’est jamais là où on l’attend. « Je n’aime pas l’idée de rester en place, et de tourner en rond », avoue-t-il. Formé au Conservatoire de Liège, réputé plus engagé, plus brechtien que Bruxelles, Luc Schiltz a toujours joué de part et d’autre de la frontière. On a pu découvrir l’amplitude de ses capacités dans le solo Monocle, son talent d’improvisateur dans ses « visites guidées » au Casino Luxembourg, sa justesse dans D’Symetrie vum Päiperleck au cinéma, ou, au théâtre, dans L’homme qui ne trouvait plus son pays.
Membre fondateur de la compagnie Vivarium Tremens, il apprécie le travail collectif, l’expérimentation et la rencontre des genres. « Notre collectif est né de l’envie d’une collaboration entre des comédiens et des musiciens. La scène est l’endroit parfait pour cela. » À la recherche d’un langage commun, ils considèrent que la musique ne doit pas seulement être la bandeson d’une pièce. Aussi, après Phasme (s), en 2007, c’est avec la même troupe qu’il revient pour Les Langues étrangères, écrit et mis en scène par François de Saint-Georges. L’histoire est celle de Diana Arenski, une compositrice, exubérante et fantaisiste, charismatique et iconoclaste. Elle réunit quelques amis pour leur faire jouer sa dernière composition. Sur scène : cinq comédiens, trois musiciens et un funambule offrent un moment inédit aux spectateurs qui ne savent pas à quel saint se vouer.
Les Langues étrangères : Les 8 et 11 décembre à 20 h au Studio du Grand Théâtre de Luxembourg.
C
M MUDA TION C E OLL
L’exposition « Dieu est un fumeur de havanes » s’intéresse aux notions de croyance et de fétichisme, parmi les œuvres de la collection, inaugurée en 2012. Candice Breitz, Manuel Ocampo, Pascale Marthine Tayou ou Damien Deroubaix sont du nombre. Jusqu’au 16 juin 2013 au Mudam
DE LEÇ ON A CINÉM
Après l’introduction et le plan, c’est au montage que sera consacrée cette leçon de cinéma. Stéphane Goudet y présentera des extraits de films pour mieux faire comprendre l’importance du découpage et du montage. La Ligne générale de Sergueï Eisenstein illustrera son propos. Le 26 novembre à la Cinémathèque
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Photo : Galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg, Herman Sorgeloos
ZOOM SUR
Photo : Christophe Olinger
Conférences et concerts sont au programme de ce festival avec à l’affiche, cette année, The XX, C2C, Elektro Guzzi, Thomas Azier ou Francis International airport, sans oublier les locaux : Monophona ou Synthesis. Les 23 et 24 novembre à la Rockhal.
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CADEAUX
LECTURES FESTIVES Dans la hotte de Saint-Nicolas ou sous le sapin de Noël, les livres sont des cadeaux qui durent. Drôles ou éducatifs et toujours richement illustrés, voici une sélection proposée par Pascale Wolf, responsable de petitweb.lu, site incontournable pour les enfants, comme pour les parents. www.petitweb.lu
Mon livre d’activités avec Mimi Lucy Cousins, Albin Michel Jeunesse « Les petits ne s’ennuient jamais avec ce personnage. De bons moments en perspective, grâce aux nombreuses activités proposées. »
365 monstres Étienne Strubbe, Hemma « Des monstres rigolos, imaginés par l’auteur. Il y en a un pour chaque jour de l’année. Un bel album, pour toute la famille. »
DORK Diaries, Band 04 Rachel Renée Russell, Schneiderbuch « Une série incontournable pour les filles de 10 à 12 ans. Le quatrième volet vient de sortir en allemand alors qu’en français, seul le premier est publié sous le titre Journal d’une grosse nouille. »
Die 10 besten Brettspiele der Welt Angels Navarro, Velber Buchverlag « À la découverte des 10 meilleurs jeux de société, venus du monde entier, avec des planches intégrées au livre pour pouvoir jouer. »
Les merveilles du monde racontées aux enfants Élisabeth Dumont-Le Cornec, De La Martinière Jeunesse « Pour le plaisir de parcourir le monde, depuis son salon, à la découverte des sites et monuments classés par l’Unesco. Une véritable invitation au voyage... »
3 IDÉES POUR…
Un dimanche pluvieux avec les enfants Il pleut, et vous êtes à court d’idées pour occuper les enfants. Voici une sélection d’adresses, où les parents pourront aussi prendre du bon temps.
Photos : Jessica Theis, CNA Romain Girtgen
MUDAM
Au Mudam, les enfants découvrent l’art contemporain de manière intéressante et ludique, grâce à la visite guidée organisée tous les dimanches à 14 h (pour les enfants à partir de 6 ans), ou de manière autonome avec l’aide de la brochure Mudam GO !. Avant la visite, toute la famille aura pu se restaurer autour d’un délicieux brunch, compose de produits du terroir et bio. Les parents pourront terminer par un petit tour au Mudam Shop et y trouver, entre autres objets pour toute la famille, une sélection dˇarticles pour enfants, pointue et tendance, de qualité et amusante. www.mudam.lu
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CHÂTEAU D’EAU
LES THERMES Les Thermes est certainement la piscine la plus théâtrale du pays, avec ses murs rouges capitonnés qui en font un endroit inoubliable et spectaculaire. Lˇéquipement est très complet: bassin de natation, piscine à vagues, pataugeoire avec de nombreux jeux d’eau, bassin dˇapprentissage avec hauteur de sol réglable, toboggan de 80 m et massages à bulles. Il y a aussi une aire de jeu sur mezzanine. Parents et enfants à partir de 5 ans pourront également profiter de l’espace wellness. Le restaurant propose une formule brunch, à partir de 11 h 30. www.lesthermes.net
À Dudelange, le château d’eau réhabilité accueille l’exposition d’Edward Steichen, The Bitter Years. À travers plus de 200 photographies, elle illustre les conditions de vie d’hommes, de femmes et d’enfants du milieu agricole américain, pendant la crise des années 1930. Lorsqu’on emprunte l’ascenseur pour monter dans la cuve, on accède à une vue panoramique sur Dudelange et ses environs. Impressionnant ! Une sortie, qui mêle visite d’une exposition riche en enseignements pour les enfants, découverte architecturale atypique et sensations fortes. www.cna.lu
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ALDRING
EN
C’EST TENDANCE !
DU GRAFFITI AVANT DÉMOLITION
Photos : Christophe Olinger
Après l’expérience réussie du Good Bye Monopol à Differdange, fleurissent plusieurs projets d’espaces en passe d’être démolis ou transformés, qui accueillent des graffeurs et autres artistes pour des événements plus ou moins éphémères. Ainsi la Ville de Luxembourg a-t-elle invité différents artistes graffeurs à investir le haut lieu de la street culture de Luxembourg qu’est le passage souterrain du centre Aldringen, avant sa démolition en vue du projet Royal Hamilius. C’est l’artiste Sumo, curateur de la manifestation, qui a convié une bonne vingtaine de ses confrères luxembourgeois et étrangers. Plus temporaire et moins officiel, The Fleeting Project allie mode, art urbain, cinéma et musique, pendant deux semaines, dans un immeuble de bureaux qui va être transformé. Les murs ont été livrés à la créativité de plusieurs artistes de graffiti. En outre, une boutique éphémère propose des vêtements vintage, une soirée est dédiée aux courts métrages luxembourgeois, une autre aux groupes musicaux émergents, et un bar régale les noctambules.
T HE FL
Exposition « Aldringen » à voir jusqu’à la démolition des lieux et sur www.aldringen.lu. The Fleeting Project – Walls of wonder : ouvert jusqu’au 1er décembre, du mardi au samedi de 11 h à 1 h, au 16, avenue de la Liberté à Luxembourg (Gare).
EE T ING
PROJEC
T
NUMÉRIQUE
www.centrepompidou.fr,
www.numen.fr
Photo : L.C.F Soncinéma
POMPIDOU VIRTUEL
C’est un projet titanesque que l’antenne luxembourgeoise de la société experte en travaux documentaires Numen a pris en charge : le Centre Georges Pompidou leur a demandé d’indexer et de référencer plus de 82.000 documents numériques, en vue de leur publication sur le site centrepompidou.fr. Cette indexation est indispensable pour que les utilisateurs puissent naviguer par le sens, à l’aide de mots-clés, ou même par concept. Numen Digital a ainsi créé, ou enrichi, l’indexation des ressources, issues de fonds divers : fonds audiovisuels (production audio et vidéo du Centre Pompidou depuis 1977), fonds des œuvres de la collection du Centre Pompidou, fonds des archives, fonds Agenda (constitué de la base de données des manifestations). Dix documentalistes se sont attelés à ce travail, qui nécessite des connaissances en histoire de l’art et une sensibilité artistique, tout respectant les listes d’autorité et les ontologies fixées par l’établissement. Une expérience remarquable qui peut être déclinée pour d’autres musées, et pourquoi pas pour des musées au Grand-Duché.
TECHNOLOGIE
TOUTE LA MAISON AU DOIGT ET À L’ŒIL
La domotique évolue sans cesse au gré des évolutions technologiques. La société Soncinéma a la particularité de proposer des systèmes complets et intégrés qui mêlent le Home cinéma à la gestion intelligente de la maison. « Nos systèmes permettent de programmer et d’activer toute une série d’actions depuis un iPad », détaille Fabien Maret, le créateur de cette société. La gestion des lumières, du chauffage, des volets, de la sécurité et de tout l’ensemble des médias (musique, films, TV, radio, etc.) de la maison est ainsi regroupée en une application. Que ce soit pour une pièce de la maison dédiée au cinéma, ou une installation dans un salon ou une chambre, les systèmes peuvent être intégrés sans modifier l’esthétique ou le cadre de la pièce. « Notre bureau d’étude, comprenant un architecte et un acousticien, travaille au cas par cas, sur mesure », poursuit-il. Fabien Maret a également développé des panneaux acoustiques très faciles à poser et avec une grande variété de décors pour s’adapter aux environnements existants. Show room Soncinéma: 38, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville).
www.soncinema.com Décembre 2012 —
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GASTRONOMIE LA RE CETT E DE LA MA ISO N LE FÈVR E
vrir dans une maison de Cette nouvelle adresse vient d’ou e nant du 20 siècle par maître eschoise, construite au tour ne du côté lorg e cart La vre. l’entrepreneur belge Alfred Lefè la brasserie. bon ent fleur qui ttes rece des de la tradition avec ets pour secr ses nous livre Le chef Jean-Jacques Kervadec mpagné acco ute, min osse d’Éc on réaliser un tartare de saum de sa crème de raifort. petits cubes au couteau. Tranchez le filet de saumon en très reuse. Préparez ensuite géné ion port Comptez 120 g pour une cez très finement la ciboulette une brunoise de concombre. Émin sez un citron dans un bol, Pres . fraîche et les échalotes. Réservez tez la brunoise de Ajou . ngez Méla ve. ajoutez-y l’huile d’oli ite le saumon frais ensu tez concombre et ses fines herbes. Ajou goût. Ajoutez votre n selo rez, poiv et mélangez bien. Salez et e de raifort, crèm la Pour tte. pele d’Es nt pime une pincée de e fraîche crèm de cl 50 montez une chantilly au fouet avec tranches deux avec ez Serv pot. en rt et 50 g de crème de raifo de bon pain, toastés minute. edy à Esch-sur-Alzette.
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Photo : Olivier Minaire
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C’EST NOUVEAU
RED BEEF
Le quartier de la Cloche d’or était jusqu’ici plutôt pauvre en matière de restaurants. Les gens qui y travaillent s’en plaignent assez. C’est là que Stéphanie Jauquet et Salva Barberio ont décidé d’ouvrir le Red Beef. Comme son nom l’indique, c’est autour de la viande qu’est orientée la carte, avec un mode de cuisson spécial au four à charbon bio qui, avec ses 600°, permet une cuisson rapide et saine. La promesse d’une viande tendre et savoureuse est parfaitement tenue. Servies avec des frites et une salade, les viandes sont aussi accompagnées de sauces maison. D’autres plats sont proposés à la carte : des salades généreuses, des burgers copieux et une sélection de produits de la mer, également grillés au four. Du lundi au vendredi, de 11h30 à 14h30. 12D, rue Guillaume Kroll à Luxembourg (Gasperich)
ROUGE, BLANC, ROSÉ
OÙ BOIRE DU VIN AU VERRE ?
Beaucoup de restaurants ont augmenté leur carte de vins au verre pour satisfaire une clientèle qui craint les contrôles d’alcoolémie et qui fait attention à son portefeuille. Parallèlement, bars à vin, cavistes, sommeliers ou cafés d’amateurs rivalisent d’inventivité pour sélectionner une offre de vins variée, originale ou audacieuse. Les nouveaux modes de conservation permettent à ces établissements de proposer une large gamme de crus à des prix raisonnables. Accompagnés d’une assiette de charcuterie, de fromage ou de tapas, ils réjouissent les amateurs et les novices qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’œnologie. Petite sélection des meilleures adresses en ville.
BAR À VIN
31, rue des Capucins (centre-ville)
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CHIGGERI
15, rue du Nord (vieille ville)
LES CAVES DU LENTZEN ECK
1, rue du Marché-aux-Herbes (vieille ville)
CAFÉ BEL AIR
VINOTECA
99, Val Sainte-Croix (Belair)
6, rue Wiltheim (vieille ville)
ENJOY YOUR WORK
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DÉMÉNAGEMENT
NOUVELLE BOUTIQUE POUR EVA FERRANTI Le tailleur Eva Ferranti poursuit sa conquête du marché luxembourgeois et déménage pour s’installer dans une ancienne draperie au 15, place du Théâtre à Luxembourg. Le rez-de-chaussée est entièrement dédié à la mode féminine, et l’étage est réservé à ces messieurs. Le savoir-faire est le même et l’attention portée à chaque client reste le maître mot de la maison, que ce soit pour la fabrication sur mesure et demi-mesure de vestes, costumes, pantalons ou de robes. www.evaferranti.lu
Photo : Olivier Minaire
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IN CL EIL D ’O
ZOOM SUR PRETTY FOREST
De la Forteresse au diamant
NOUVELLE MATIÈRE
ULTRA-LUXE En plus de la soie, le bambou, le lin, le coton, le soja, et le cachemire,la marque Les Ateliers de la Maille lance une nouvelle matière ultraluxueuse et extrêmement fine : la laine de vigogne, animal vivant sur les hauts plateaux du Népal. Les Incas la considéraient déjà comme « la fibre des Dieux » et la tondaient pour fabriquer les vêtements royaux. Elle est travaillée, pour l’occasion, en écharpes, chaque modèle étant numéroté et certifié. Disponible en deux modèles (165x30 cm et 184x70 cm) et présentée dans un coffret en cèdre. 40, rue Philippe II à Luxembourg
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Luxembourg a la chance d’accueillir de nombreux talents sur son territoire et Linda Bos en fait partie. Avec son diplôme de la Design Academy de Eindhoven en poche, elle quitte les Pays-Bas, pour rejoindre, au Luxembourg, celui qui est aujourd’hui devenu son mari et « parce que, quitte à commencer quelque part, pourquoi ne pas le faire ici ». Elle fait ses armes dans différentes agences, et se lance, dès 2010, en tant qu’indépendante. Pour son nom, elle trouve une solution toute simple : Linda signifie jolie en espagnol et Bos signifie forêt en néerlandais. Elle transpose le tout en anglais et obtient « Pretty Forest » ! Linda s’est particulièrement fait remarquer grâce à ses illustrations, notamment avec son poster de la ville de Luxembourg. Mêlant géographie réelle et inventaire à la Prévert, elle superpose des éléments architecturaux et sculpturaux emblé-
matiques de la ville, obtenant une image de Luxembourg « qui pourrait rentrer dans une coquille de noix ». Ce travail lui a valu d’être sollicitée par P&T Luxembourg pour réaliser deux timbres sur ce même principe, l’un plus orienté vers l’architecture patrimoniale, l’autre vers l’architecture contemporaine. On la retrouve également dans le monde culturel, au Casino Luxembourg avec la création du nouveau logo des actions pédagogiques « klik », ou au Musée National d’Art et d’Histoire, pour qui elle a pris en charge la création graphique des expositions sur l’argenterie grand-ducale et les Trésors de Kamigata. Mais Linda Bos ne se cantonne pas au monde culturel, puisque sa dernière création n’est autre que l’identité visuelle du centre commercial Belval Plaza, jouant sur la forme du diamant et prenant en compte l’histoire singulière du site.
Retrouvez Linda Bos, ainsi que d’autres créateurs, à l’occasion du X-Mas Design Delights 2012 au Konrad Café les 8 et 9 décembre.
Photo: © Julien Becker
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MODE
POUR AFFRONTER L’HIVER
La double marque néerlandaise Scotch & Soda (pour hommes) et Maison Scotch (pour femmes) vient de débarquer à Luxembourg, dans une grande boutique, où l’on trouvera de quoi affrontrer les rigueurs climatiques, pour elle comme pour lui, et même pour eux (les enfants). Cynthia Morosi nous présente une sélection, haute en couleurs. Scotch and Soda – 17, rue des Bains à Luxembourg (Centre-ville)
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LES MAQUILLAGES DE FÊTE À l’approche des fêtes de fin d’année, les marques de cosmétiques lancent de nouveaux produits, tous plus glamour les uns des autres : paillettes, brillance, or et scintillements sont au rendez-vous. France Clarinval a testé trois looks, et vous livre ses coups de cœur ainsi que ses réserves.
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Peter Philips, directeur de la création maquillage, s’empare du mythique rouge noir et l’enrichit d’or et de bronze, pour décliner sa modernité en maquillage du soir. La palette d’ombres à paupières joue de nuances fumées, taupe et rose, associées à un rouge violine. Les lèvres se parent d’un rouge noir intense, coordonné au vernis à ongles brillant. Une gamme cohérente, d’une, grande classe,
Le + très soir, notamment le vernis qui affiche
des reflets brillants. Le -
Les ombres à paupières manquent un peu d’intensité, à l’instar du beige doré, qui vire trop au jaune.
Regard Harmonie du soir : 52 € Rouge à lèvres L’Impatiente : 32 € Vernis Malice : 23 €
La collection Christmas 2012 revisite le thème des grands bals, élégants et impertinents à la fois, qui ont rythmé la vie de monsieur Dior. Une poudre dorée pare la peau d’un voile brillant et parfumé, tandis que le gloss, à poser sur un rouge à lèvres, assure un côté lamé, très sensuel. Les faux cils, ornés de strass donnent un regard lumineux. Coup de cœur pour le gloss, qui donne un
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Les faux cils sont assez difficiles à poser.
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Diorskin Poudre libre Gold Dust : 47,50 € Faux cils Grand bal : 28,23 € Dior Addict Ultra Gloss Or Lamé : 28,05 €
Tous les prix indiqués dans ce banc d’essai sont les prix conseillés. — Décembre 2012
C’est en référence au parfum Liu, que Olivier Échaudemaison orchestre la collection de fêtes, hommage à l’extrême féminité des héroïnes d’Asie. La palette combine l’essentiel d’un maquillage pour mettre en valeur les expressions du regard et du sourire. Les classiques Météorites se déclinent en six teintes de billes, dans un camaïeu soutenu et irisé. Vernis et rouge à lèvres sont coordonnés en prune ou en or. La palette est astucieusement pensée, avec
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poudrés. Le liner mat est facile à utiliser. Le -
Les perles sont très belles, mais ne se démar démarquent pas assez des éditions précédentes.
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INTERVIEW
Les dessous de l’assiette
Architecte, à la tête du studio Honey & Bunny, Martin Hablesreiter se passionne pour les dessous de l’industrie alimentaire. Avec Sonja Stummerer, il a publié deux livres sur le « food design », a réalisé un documentaire et plusieurs expositions. Avant sa conférence à Luxembourg, il nous livre quelques pistes de réflexion. Interview France Clarinval
Photo : Ulrike Kœb
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D’ABORD ARCHITECTES, MARTIN HABLESREITER ET SONJA STUMMERER SE SONT PASSIONNÉS POUR LE FOOD DESIGN DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES.
Martin Hablesreiter, vous avez une formation d’architecte et vous travaillez comme tel. Comment vous êtes-vous intéressé au food design ? « Avec Sonja Stummerer, nous concevons notre travail d’architectes et de designers comme un travail de réflexion sur la société et ses transformations. À ce titre, la nourriture est un aspect essentiel. L’université de Vienne nous a demandé d’intervenir sur ce sujet, et nous nous sommes documentés pour nous rendre compte qu’il n’y avait pas de littérature scientifique sur le sujet. Progressivement, à force de nous renseigner, de rencontrer des spécialistes, de chercher à en comprendre les enjeux, nous sommes devenus des références sur le food design. Nous avons édité un livre, qui a connu un grand succès, réalisé un documentaire pour Arte, puis des expositions, et maintenant un deuxième livre. — Décembre 2012
Ce qui vous intéresse, ce n’est pas la qualité esthétique du design culinaire, mais son aspect social… « Travailler pour des photographes ou des stars de la gastronomie ne m’intéresse pas. L’enjeu est d’expliquer à chacun les processus et les décisions qui déterminent ce qu’il a dans son assiette, de manière quotidienne. L’homme fait du design alimentaire depuis la nuit des temps. C’est même ce qui le distingue de l’animal. Il ne se contente pas de consommer la nourriture telle qu’il la trouve, il la transforme, la coupe, la cuit, la mélange, la conserve, la transporte, la stocke… Depuis des milliers d’années, l’homme est un designer alimentaire : on ne mange pas des protéines ou des lipides, on mange des plats. Tous ces processus nécessitent de la création, et ce sont ces processus qui ont permis un certain nombre d’avancées, à l’instar du développement
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Photos : Stummerer/ Hablesreiter / Lœckinger
LES COULEURS ET LES FORMES DES PRODUITS ALIMENTAIRES SERVENT DE MARQUEURS QUANT À LEUR GOÛT OU LEUR USAGE.
« La transformation de l’aliment est ce qui distingue l’homme de l’animal. » des villes ou des transports. On a oublié tout cela aujourd’hui parce que, désormais, ce sont les grandes entreprises industrielles qui font ce travail, pour nous.
On fait donc du design alimentaire sans le savoir ? « Regardez la forme des pâtes. Ce n’est pas un délire de designer, cela correspond à des traditions régionales, ainsi qu’à des usages particuliers. Par exemple, les rainures sur les penne permettent de garder plus de sauce, les orecchiette fonctionnent comme des petites cuillères. Les spaghettis sont longs, parce qu’ils séchaient sur des cordes… Il en va de même pour l’origine de la pizza, qui vient de l’ancêtre de l’assiette, faite en pain dur ou de celle des meules de fromage, faciles à rouler, donc à transporter. La démarche de nos recherches est de donner plus de transparence et d’ouverture à ces processus, pour offrir un débat démocratique et public sur la question. Comment naissent les nouveaux produits alimentaires ? « L’homme n’appréhende pas sa nourriture selon des critères objectifs, mais selon les sentiments dégagés par les plats. Chaque année en Europe, 10.000 nouveaux produits alimentaires sont lancés sur le marché. Dans toutes les entreprises agroalimentaires, la recherche est l’un des domaines les plus développés, à travers des sondages, des tests, des essais… Il peut s’agir d’innovations techniques (plus facile à ouvrir, à partager, à conserver) ou gustatives, visuelles… les cinq sens sont concernés. Les chips doivent être croustillantes, la bière doit être fraîche… Pourtant, seul un nouveau produit sur 20 restera plus de deux ans sur le marché. C’est une affaire de mode ? « Il y a des tendances et des modes, liées au marketing ou aux innovations industrielles. Globalement, on assiste, dans la cuisine, comme dans le reste – la musique ou les vêtements – à un transfert entre les classes élevées, qui cherchent la distinction avec de nouveaux produits, vers les classes populaires qui se les approprient et les banalisent. Ce fut le cas de la tomate-mozzarella, ou des sushis, qui se sont vulgarisés.
Certains produits ont mis du temps à s’imposer sur le marché et sont, pourtant, désormais incontournables. Donnez-nous quelques exemples « L’un des exemples les plus intéressants est celui des bâtons de poisson. Clarence Birdseye est un biologiste, qui a notamment voyagé dans le Grand Nord américain, dès 1910. Il y a découvert la technique traditionnelle de conservation du poisson par les Inuits, qui le laissent se congeler naturellement, de manière très rapide. Il a créé ensuite une usine de congélation, mais le produit n’a pas reçu l’accueil espéré. C’est seulement en 1927, qu’il relance une usine, en Grande-Bretagne cette fois. Il commercialise ses fish finger, auprès d’une population qui ne consomme habituellement pas de poisson. C’est en effet du poisson qui ne ressemble pas du tout au poisson. On pourrait évoquer aussi les capsules Nespresso, pour lesquelles un brevet avait déjà été déposé en 1978, mais qui ont dû attendre un engouement pour les cafés expresso (peut être lié au développement de Starbucks) pour devenir un grand succès commercial. L’industrie joue avec les couleurs et les renforce. Pourquoi ? « Très jeune, on est conditionné par une série de codes. Le rouge est lié au sucré, le noir à l’amer. Le bleu n’existe pas naturellement, il représente une sorte d’interdit, lié à la pourriture, donc au danger. Seuls les enfants acceptent les aliments bleus (bonbons, glaces…), d’abord parce qu’ils n’ont pas intégré ces codes, mais aussi parce qu’ils aiment ce que les adultes rejettent. Cela ne date pas d’hier, dans la vieille Angleterre, on ajoutait du jus de carotte au cheddar pour lui donner un aspect plus gras, et donc plus goûteux. Il en va des couleurs comme des odeurs, des sons ou de la consistance. L’industrie fait des recherches en permanence, pour améliorer ces aspects et correspondre aux attentes des consommateurs. Vous vous intéressez aussi à l’acte du repas. « Oui, cela fera l’objet d’un prochain livre. Non plus sur le food design, mais sur le eat design : non seulement les attitudes, mais aussi les objets, les meubles, les lieux que l’on met en œuvre au moment de manger.» Sonja Stummerer et Martin Hablesreiter ont été invités par Design Friends pour une conférence autour du food design, le 28 novembre à 18h30, au Mudam. www.honeyandbunny.com
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DÉSIRS
e l y St ch t a w
urg mb o e e x u de L mb r éâtre et 9 nove Blow. h T rand ohn les 8 Le G ueillait, onis de J mment acc s & Ad voir co ur o e Vénu casion d habille p a. ’ c r s L’o opé bl ic le pu ister à un ass
MARIE-JOSÉE ODILE portent des créations Idalina LÉGENDE NOMetXXXX XXXX
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LÉGENDE JÉRÔME porte NOM unXXXX costume XXXXHugo Boss
LÉGENDE XXXX XXXX DAVID ET NOM ESTHER
LÉGENDE CHARLES NOM XXXX XXXX
Photos : Olivier Minaire
SERGEY porte un costume Calvin Klein et NELLY uneNOM robeXXXX Comptoir LÉGENDE XXXXdes Cotonniers
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DÉSIRS
MONIQUE porte un ensemble Zara et MARIETTE un foulard chinois.
EMMA porte un pantalon Pepe Jeans et CHARLÈNE une veste Ralph Lauren
RUGGERO porte une veste Jules
CHRISTINE porte des bottes Giesswein
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WALTRAUD porte un ancien costume de théâtre
PHILIPPE porte une veste Redskins
ÉLOÏSE porte des bottes Ugg
CRISTA porte un top Cassis et ATTILA une chemise Zara
Photos : Olivier Minaire
DÉSIRS
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Prochain numéro : 13 DÉCEMBRE 2012
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Management & Stratégie Les Big Four s’adressent aux ministres au sujet de la situation économique du pays.
INDEX
INDEX 2 2iu
86
A ABBL 26, 28 ABLV Bank Luxembourg 94 ACA 28 Aceralia 46, 54 Achten Guy 88 Administration des contributions directes 104 Aéroport d’Heathrow 69 Afnor 76 Agape 74 Agence luxembourgeoise pour la coopération au développement 28 Aguilera Castor 76 Ahlborn Pierre 92 AIB-Vinçotte Luxembourg 77 Air Liquide 74 Airbus 42 Al Thani Hamad bin Jassim bin Jabr 60 Alfi 65 Alter Rolf 80 Amazon 46, 98 Ambroisien Marc 91 Amundi 6 Andris Riekstins 94 Aperam 70 Arbed 46, 54 Arcelor 46, 60 ArcelorMittal 12, 46, 54, 70, 96 Ardagh 98 Arendt David 26 Atel 104 Audiofina 54 Autorité luxembourgeoise indépendante de l’Audiovisuel (Alia) 36
B Baehr Joël 88 Ballini, Pitt & Partners Architectes Urbanistes 76 Bank of China 94 Banque CIC Est 92 Banque de Belgique 46 Banque de Bruxelles 46 Banque de Luxembourg 26, 92, 109 Banque Degroof Luxembourg 96 Banque mondiale 32 Banque Privée Edmond de Rotschild Europe 91 Barbanson Gaston 46 Barreau de Luxembourg 21 Bay State 46 BCEE 46, 54, 60, 86, 93 BCL 21 Beissel Philippe 26 Bernis Ernest 94 Bertelsmann 46, 54, 70 Berwick Alain 36 BFCM 92
BGL 46 BGL BNP Paribas 60 BIL 46, 60, 88, 91 Biltgen François 14, 36 BIP Investment Partners 60, 72 Bissen Marc 88 Board of Economic Development 46 Board of Industrial Development 46 Boch François 46 Boch Jean-François 46 Boch Pierre-Joseph 46 Boeing 42 Bohnert Robert 88 Bonaria Frères 84 Bonitas 74 Bose 23 Bourse de Bruxelles 70 Bourse de Luxembourg 46, 70 Bourse Luxembourg 96 Bouvier Yves 26 Bowles Sharon 22 Brabanson Gaston 54 Bracke Freddy 26 Brandebourg Isabelle 88 Brasserie Diekirch 46 Brasserie Nationale 12 Braum Stefan 91 Brisbois Fernand 26 Buck Nicolas 94 Bureau d’architecte Werner 96 Business Initiative 28, 74, 107 Business Support GIE 12
C Cargolux 34, 46, 69, 72, 60 Carington Peter 32 Casino Luxembourg Forum d’art contemporain 88 Castegnaro 12 Castegnaro Guy 12 CBP Quilvest 94 CDCL 26 Cedel 46 Cegedel 46 Cell 74 Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe 41 Chambre de commerce 12, 28, 88 Chambre des députés 26 Chambre des fonctionnaires et employés de l’Etat 88 Chambre des métiers 22, 28, 88 Chambre des salariés 28 Charlotte Grande-Duchesse 46 Chaux de Contern 84 Chèvremont Marie-Jeanne 91 China Construction Bank 94 CHL 96 CJUE 24 CLC 12, 24, 28 Clearstream 92 Clearstream Services 77 CLT 46 CLT-UFA 54 Cobelfret 26 Cointreau 46 Colin Denis 98 Colmant Bruno 12 Commission de surveillance de la classification des films 36 Commission européenne 12, 24, 42, 72 Commission indépendante de la radiodiffusion 36
536 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
Commune de Mondercange 84 Compagnie luxembourgeoise de radiodiffusion 54 Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion 54 Conseil de presse 36 Conseil national des programmes 36 Coronet 54 Cour des comptes européenne 24, 34, 88 Create multimedia 86 Crédit Mutuel 92 Credit Suisse 91 Croix-Rouge 76 Croix-Rouge luxembourgeoise 76 CSSF 92, 60 CSV 14 CTG 71 Cyel 86
D Daems Valérie 88 de Bolsée Renaud Jamar 94 De Bruyne Geert 96 de Cillia Andrea 84 De Sousa Dominique 88 Déi Gréng 12 Deloitte Luxembourg 98 Delors Jacques 32 Delvaux-Stehres Mady 88 Dennewald Robert 82 Dessange 25 Detaille Michèle 96 Deutsche Bank 54 Deutsche Börse 92 Deutsche Börse Group 46 Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG 46 Dexia 12, 46, 60 Dicato Mario 96 D’Letzebuerger Journal 57 DNR 36, 69 Doheem Versuergt 76 Domaine de Vins Moselle 39 Dorier Olivier 98 DP 24 DuPont 69, 80 DuPont de Nemours 46
E eBay EBRC Ecocity Editpress Editus Edonys Eldoradio Electrabel Elth Elvinger René Enovos Entreprise des P&T Erlanger Raphaël Ernst & Young ESCEM Ets. Kuhn Eurocomposites Eurogroupe Eurostat Eva Ferranti ExxonMobil
46 77 74 28 107 36 36 104 80 80 80, 89 69 46 26 77 84 80 32 22 49 74
F Faculté de Droit, d’Economie et de Finance 91 Fédération des artisans 28, 84 Fédération Horesca 28 Fedil 28, 82 Fiduciaire des PME 84 Financial Times 104 Financial Tmes 91 FMI 32 FNR 80 Folmer François 26 Fonds de formation sectoriel pour l’intérim 28 Forson Richard 72 Fortis 12, 46 Fortuna 46 France 2 104 Fredrik Reuterswärd Carl 32 Frère Albert 54 Frieden Luc 26, 12, 14, 32, 60, 72, 94, 104
G Gabriel Frederick 12 Gammaitoni Monique 76 Gapenne Catherine 76 GDF Suez 104 GE Americom 46 Gelsenkirchener Bergwerks AG 46 Genii Capital 74 Glaesener Michel 80 Glaesener-Betz 80 Glaxo Smith Kline 104 Gloden Jos 76 Goebbels Robert 32 Goerens Charles 32 Goeres 4, 5 Goetzinger Pol 84 Goodyear 46, 69 Gouvernement du Luxembourg 70 Grethen Henri 24, 34 Group Saint-Paul 69 Groupe Bruxelles-Lambert 54 Groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics 28 Groupement des fabricants de matériaux de construction 28 Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace 28 Groupement pétrolier luxembourgeois 28 Grulms Micky 88 Guardian 69 Guernier Augusta 86 Guillaume, prince de Luxembourg 54
H Hachette 54 Hadir 46 Haensel Jean-Marie 88 Hallstein Walter 42 Havas 54 Heintz Guy 104 Helminger Paul 26 Help 76 Henri Grand-Duc 80 Hermes 66, 67 Hifi International 70 Hinduja 60 Hinterscheid Mathias 32 Hirsch Mario 12 Hitec 86 Hoffeld Nico 88 Hollerich Théo 84 Home Interiors 117 Hong Kong Monetary Authority 92 Hostert Marc 88 HSH Nordbank 92 Hugo Julien 88 Hyosung 69
I ICBC 94 IF Group 88 Ifma 12 IFSB 84 Ilnas 12 Imprimerie Victor Buck 46 IMS Luxembourg 84 Inca 84 INDR 75, 76 Industrie luxembourgeoise de la technologie du métal 28 INFPC 88 Inlingua 88 Institut d’études de sécurité de l’Union européenne 12 Institut des auditeurs internes 12 Inui Studio 86 IP 54
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier. Décembre 2012 —
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INDEX
INDEX J JC Decaux 86 Jean Asselborn 21 Jeworowski Robert 84 Jindal Poly Films 74 Junck Jean 88 Juncker Jean-Claude 12, 14, 32
K Karp-Kneip Construction 84 KBC 60 KBL 46, 91 KBL European Private Bankers 60 Kickert Carole 36 Kieffer Jean-Marc 26 Kinnevik 54 Kluckers Eric 84 Kneip Gary 12, 96 Kox Jo 88 KPMG 104 KPMG Luxembourg 92 Krecké Jeannot 26, 54, 60, 80 Krëffel 70 Krieps Tom 36 Kuhn Roland 84
L La Luxembourgeoise 46 Lamesch Blanche 88 Lanners Michel 88 Laplace Conseil 70 Latina 36 Laval Léon 54 Lavorel Jean-Claude 74 Lavorel Medicare 74 Lavorel Stanislas 74 LC Luxcontrol 77 Le Foyer 46 LeapMotion 86 Lecoeur Arnaud 88 Lehman Brothers 46 Lemke Christophe 88 Lenert Paul 69 Lentz Georges 12 L’Essentiel 81 Lëtzebuerger Land (ital) 72 Libertés asbl 24 Linklaters 21 Linster Marc 74 Lloyds TSB Bank 92 Lopez Gerard 74 Lorig Wolfgang 12 Lotus F1 Team 74 Louis Vuitton 132 Lozinguez Mathieu 86 LPG Fiduciaire 98 LQMS Luxembourg 77 LSAP 14 Luc Welter 69 Lucet Élise 104 Lucius Jean 80 Lux Eric 74 Lux Lucien 14 Luxair 26, 34, 69, 72 Luxair Cargo 26 Lux-Airport 26 Luxavantage 72 LuxCloud 69 LuxConsult 26 Luxcontrol 76
Luxembourg for business 28 Luxembourg international management services association 98 Luxembourg school for commerce 28 Luxembourg School for Finance 97 Luxembourger Wort 69 Luxempart 46, 54 Luxepo 22 LuxGSM 2 Luxguard 69 Luxinnovation 28 LVL Medical 74
M Madoff Bernard 94 Maison de Commerce et de Banque Wagner & Schoeman 46 Mangrove Capital Partners 46 Mariani Pierre 60 Marie-Adelaïde GrandeDuchesse 46 Marsh 12 MAS 103 MAS International 98 Masquelier François 104 Masset Pierre 98 Mastercraft 88 Matera Dominique 88 Mayrisch Emile 54 McKinsey 91 Mediation 76 Meetincs 12 Mercier 46 Mersch Yves 22 Metz Jean-Norbert 54 Meyer Edwin V. 12 Michels Stéphanie 88 Microsoft 86 Mindforest 88 Mini 17 Ministère de la Santé 76 Ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle 88 Ministère des Finances 88 Mittal Lakshmi 70 Mittal Steel 60, 46, 54 MLQ 28, 76, 77 Modert Octavie. 26 Monsanto 46 Moody’s 70 Mosar Laurent 26 Motorway Luxembourg 76 Mouget Didier 70 Mullenders Jean-Pierre 84 Muller & Wegener 76 Muller Eugène 46 Murdoch Rupert 54
N Nerea 88 Nespresso 115 NLC, port franc de Luxembourg 26 No-Nail Boxes 96
536 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
O
S
Observatoire de l’absentéisme 24 OCDE 104 OGBL 28, 69 Oliver Wyman 72 ONU 21 Oppenheim Abraham 46 Ordre des avocats 21 OTAN 32 Otto Frédéric 91
P Paribas Parlement européen Parquet de Paris Paul Wurth Pauly François Pearson Piersanti Jean-Pierre Point 24 Precision Capital Professional Wealth Management PwC PwC Luxembourg PwC’s Academy
54 22, 32 94 46 60 104 88 69 60, 91 91 104 70 88
Q Qatar Airways Qatena
60, 72 46
R R&N Invest 94 Radio Ara 36 Raiffeisen 46 Räikkönen Kimi 74 Randstad Interim 84 Raulot Olivier 86 RealDynamics 86 Région Lorraine 19 Renders Bruno 84 Repères Communication 119 Reuter Etienne 26 Reuters 104 Rod Victor 12 Roland Berger 69 Rollinger 46 Rommes Jean-Jacques 26 Rosneft 98 RTL 36, 42, 46, 54 RTL Group 54, 69, 70 RTL Radio Lëtzebuerg 74 RTL Tele Lëtzebuerg 36
Sacred Heart University 12 Samsung 86 Santer Jacques 12, 32, 42, 54 Saphir Capital Partners 46 Schaaffhausen’scher Bankverein 46 Scharfe Robert 96 Scharff Christian 84 Schiltz Arsène 80 Schiltz Marc 80 Schleck Andy 60 Schleck Fränk 60 Schlesser Carlo 98 Schlumberger 54 Schmit Nicolas 14, 84 Schmit Romain 84 Schneider Etienne 26 Schneider Étienne 21, 69, 74, 80, 98 Schneider-Creusot 46 Schroeder 84 Seabiscuit 74 Secolux 77 Secure IT 96 Securybat 88 _emeta Algirdas 104 Seqvoia 94 SES 46, 54, 72 SES Global 54 SGG 98 SNCH 77 SNCI 46, 54 SNCT 77 Société de Mines et Hauts Fourneaux de Differdange 46 Société Générale de Belgique 46 Société Générale Private 27, 91 Banking Société Générale Securities Services 76 Société industrielle du Grand-Duché de Luxembourg 46 Société Lorraine des Aciéries de Rombas 46 Société Luxembourgeoise d’Etudes Radiophoniques 46 Socotec 77 Sofina 54 Sozial Affair 74 Spautz Marc 14 Spector Photo Group 70 Stahl Hjoerdis 26 Standard & Poors 70 Standard Chartered Bank 92 Starbucks 104 State Street 92 Statec 21, 46 Sting 46 Superdreckskëscht 76 Sustain 84 Swissair 60
T Tarrach Rolf Telecom Luxembourg Telecran (ital) Tesch Victor The Banker The Economist The Jatis Group Thein Gilbert Thiry Christian Thoma Françoise Thomas Pierre-Henri Thorn Gaston Thurm Serge TNK-BP TNS-Ilres Total Turmes Claude
80 73 69 46, 54 91 104 69 84 84 12 12 32 26 98 24, 76 131 32
U UBS 91 UBS Luxembourg 94 UE 22 UEL 28 Université de Trèves 12 Université du Luxembourg 21, 80, 91 Urbany Guy 84 Urbany Serge 60 Usinor 46, 54
V Vestima Victor Buck Services Ville de Luxembourg Villeroy & Boch Villeroy Nicolas Vueling
92 94 22 46 46 72
W Wagenaar Patrick Wagner Jean Werner Marc Werner Pierre Weynand Werner Whitehead Clay Wildgen Albert Wiseler Claude Wolter Michel Wtterwulghe Benoît Wurth Joseph Wurth Michel Wurth Paul
96 32 96 32, 54 26 54 60, 72 84 14 94 54 54, 96 54
Z zur Hausen Henning Zurstrassen Patrick
72 12
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.
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Photo: © Jessica Theis
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OPINION
I OPI N
ON
Photo : David Laurent/Wide
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Marie-Hélène Massard • 39 ans, • Directeur général, Administrateur délégué d’Axa Luxembourg
LA LONGÉVITÉ ? ÇA SE PRÉPARE ! C
’est un fait, notre longévité ne cesse de croître. Au Luxembourg, l’espérance de vie à la naissance a ainsi encore augmenté de trois ans depuis 2001, pour atteindre 81 ans. Elle continue de progresser d’un trimestre par an. Souvent associé à la question épineuse du financement des retraites et de la dépendance, ce phénomène est perçu comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Mais, si cet accroissement de la longévité crée, certes, des défis économiques et sociaux significatifs, il représente aussi une formidable opportunité pour le développement de notre société. La longévité est un bienfait, si l’on considère qu’elle a pour conséquences de maintenir plus longtemps les personnes dites « âgées » dans une logique de projets de vie (loisirs, vie sentimentale, formation) et de prolonger le temps de l’activité (travail, monde associatif, entraide privée). À titre individuel, cela soulève pour tous la question cruciale du « bien vieillir » — Septembre-Octobre Décembre 2012 2012
physiquement, mais aussi financièrement, et ce, jusqu’à un âge avancé. Au-delà de la simple espérance de vie, c’est l’espérance de vie en bonne santé et doté de bonnes conditions matérielles, qui fait la différence. Il faut donc se préparer à vivre plus longtemps et, dès lors, gérer son capital santé et financier en conséquence : la prévention santé, la constitution de l’épargne à long terme et la préparation à la dépendance ne peuvent plus passer au second plan. La longévité devient alors une chance d’explorer de nouveaux modèles de relations intergénérationnelles, les personnes âgées étant une ressource vitale, notamment en matière d’apport d’expériences et d’entraide familiale. En outre, de nouveaux potentiels de croissance économique sont offerts par le marché des seniors et par des besoins grandissants de services. Aux jeunes générations, la longévité pose cet extraordinaire défi du temps de vie gagné.
Selon une étude récente conduite par le démographe James Vaupel, la moitié des bébés, nés depuis 2007, dépasseront les 100 ans en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis et au Japon. Cela va bouleverser nos choix et nos chemins personnels à tous les âges de la vie. De nouveaux parcours deviennent possibles, moins linéaires. À l’avenir, les temps de l’activité, de la formation et des loisirs se conjugueront différemment, pour nous permettre de vivre plusieurs vies en une. La crise financière et économique actuelle nous fait davantage prendre conscience que nous vivons dans un monde dont le futur est de plus en plus complexe à anticiper. Mais l’augmentation continue de la longévité, elle, est une évolution avérée. Et si nos politiques ne prennent pas toujours les décisions qui s’imposent pour transformer ce défi en opportunité, nous devons nous-mêmes nous y préparer au plus tôt !
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