Paperjam1 Novembre 2015

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NOVEMBRE 2015

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D A N S L’ Œ I L D U F L  N E U R


Éditorial Novembre 2015

PLUS HAUT

D

’ici quelques jours, le Grand-Duché se On ose espérer que les discours seront suivis de faits et mettra à la nouvelle heure budgétaire. d’effets. Que les déclarations sauront sortir de l’ornière Le dépôt du projet de budget 2016 nombriliste pour prendre la hauteur nécessaire. Le pays posera un jalon de plus, dans l’élan poli- n’a guère le choix de grandir en habitants et en sagesse, tique que le gouvernement donnera, ou en intégration et en solidarité. Il lui en faut les moyens. pas, à son programme pluriannuel. Le Dans un pays riche, comme le Luxembourg ne peut pas se fait que, pour la première fois, un député plaindre d’être, il faut pouvoir diversifier l’économie, la écologiste – Henri Kox en l’occurrence – soit le porte-parole rendre plus transparente et lisible, tout en faisant entrer de ces pages de chiffres prévisionnels relève déjà du sym- des sous dans les caisses, dont il faut ensuite faire le meilbole. Après tout, une politique nationale se doit d’être leur usage distributif, selon les priorités judicieusement durable et de consommer les ressources avec la parcimonie choisies. C’est sans doute l’exercice politique théoriquement requise, en investissant néanmoins pour l’avenir. le plus simple, et pratiquement le plus compliqué. Au-delà de l’exercice comptable, le budget met les accents Les Finances publiques ne sont pas la Finance privée. L’État sur ce qui est à gérer aujourd’hui et, surtout, sur les n’est pas une entreprise, bien qu’il puisse s’inspirer de inflexions que les dirigeants veulent donner au pays, voire modèles économiques qui fonctionnent et qu’il ait des salaau monde. Il doit aussi s’appuyer sur les exercices précé- riés qui doivent fonctionner aussi. dents, ce qui ne garantit pas l’équilibre si l’on n’y prend pas Le défi n’est pas mince. C’est une série de choix à poser. Une forme d’investissement. Comme celui de miser sur suffisamment garde. L’analyse et le recul verront si la voie était la bonne. La la matière grise, de concentrer les efforts de recherche réforme fiscale se met en route timidement et, si toutes dans le sens de l’application concrète pour une producespèrent être épargnées, les entreprises ne guettent pas tion relocalisée, de jouer la carte des synergies et des toutes les mêmes pistes d’aménagement, selon leur taille partenariats ne s’arrêtant ni aux frontières du pays, ni à ou leur cercle d’influence économique. Les contribuables, celles de l’Europe, pas même à celles de la planète. qui ne sont pas tous des résidents ni des électeurs, ne voient C’est aussi le sens d’un Luxembourg qui joue les envoyés pas non plus arriver les réformes annoncées avec le même spatiaux et qui séduit les défricheurs d’univers. Il faut entrain de vie, selon leur situation. Mais chacun aura son voir grand et rester réaliste. Aller plus haut et repousser mot à dire, sa vision des choses. les limites, ce qui implique qu’on Et les débats feront rage, alimenles connaisse. Par Alain Ducat, C’est, en soi, un modèle. On y tés par les enthousiasmes, les secrétaire de rédaction Paperjam adhère ou pas. Mais il a le mérite appétits, les aigreurs et les frusE-mail : alain.ducat@maisonmoderne.com d’exister et de se défendre. ◄ Twitter : @Ducat_paperjam trations des uns ou des autres.

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Sommaire Novembre 2015

024 Au commencement, il y avait un opérateur de satellites. Il y a aujourd'hui toute une galaxie d’entreprises.

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Grand entretien JEAN-JACQUES ROMMES

« On est face à un mur idéologique » L’administrateur délégué de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) évoque les « frustrations » de certains chefs d’entreprise. Il déplore la dégradation du dialogue social à cause d’un fossé de vues de plus en plus marqué, façon « lutte des classes ». Sur la réforme fiscale, il plaide pour un taux compétitif et unique pour les entreprises.

024

Coverstory 026

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MARCHÉ

INFOGRAPHIE

ENTREPRISES

Ici, il y a de l’espace  Le Luxembourg, micro-point sur la carte, n’en est pas moins un acteur planétaire de la conquête spatiale, à plus d’un égard. Son succès va grandissant et attire de nouveaux acteurs et quantité de regards. Par Alain Ducat

Un réseau planétaire Les entreprises luxembourgeoises du secteur ont des partenaires d’affaires un peu partout.

Un pays, un continent, le monde SES a ouvert la voie. Derrière le leader mondial ou autour de lui, les entreprises ont créé un écosystème, un cluster, une plateforme de développement. Et l’Europe de l’ESA n’est pas une limite.

036 STRATÉGIE

Macro et micro-cosmos Le Grand-Duché veut s’appuyer sur le levier de croissance spatial. L’État a une ligne, civile et militaire, qui peut devenir un axe de développement. Par Alain Ducat et Jean-Michel Hennebert

Par Alain Ducat

Par Véronique Poujol et Alain Ducat

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Sommaire Novembre 2015

050 et 056

L’Uni fait partie intégrante du hub du savoir et de l’innovation rassemblé à Belval. Elle est aussi devenue une terre d’accueil pour les étudiants résidents, qui préfèrent encore l’étranger néanmoins.

038

Économie & Politique

062

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Entreprises

Place financière

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086

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RÉFORME FISCALE

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT

FAMILLE GRAND-DUCALE

RESTAURATION D’ENTREPRISE

BANQUE PRIVÉE

FAILLITE DE LEYNE STRAUSS-KAHN

Chantier cosmétique Le gouvernement entretient la confusion entre le taux d’affichage et le taux réel, jouant la carte du marketing de compétitivité pour l’extérieur. A priori, seul le taux d’impôt sur le revenu des collectivités va baisser, laissant un taux réel autour des 25 %.

Carrefour du savoir Belval, hub pour la recherche et l’innovation : l’ambitieux dessein prend corps avec le rassemblement réel des acteurs sur le site. Synergies entre disciplines et ponts vers les entreprises sont de mise.

Par Véronique Poujol

Par Florence Thibaut et Alain Ducat

044

052

DROIT DE LA CONSOMMATION

SÉCURITÉ AÉRIENNE

Essai clinique La nouvelle « clinique du droit de la consommation » va permettre aux étudiants en droit de l’Université du Luxembourg de se frotter à des litiges soumis par des consommateurs. Une pratique pédagogique innovante au niveau européen. Par Jean-Michel Lalieu

Les choix stratégiques de l’Ana La mise en place du ciel unique européen oblige l’Administration de la navigation aérienne à revoir sa copie : soustraitance de la surveillance de l’espace aérien, synergies, arbitrages, partages budgétaires et abandon d’activités. Par Véronique Poujol

Mutation en Cour Plusieurs départs successifs ont émaillé la vie de « l’entreprise » Cour grand-ducale. Depuis le printemps, elle a entrepris un chantier de transformation, qui commence par sa stratégie de communication. Par Véronique Poujol

072 CONSULTING ET AUDIT

Et si Arthur Andersen revenait ? Des consultants français veulent faire revivre l’ancien Big 5 sur le plan international. Idée séduisante ou simple coup de marketing ? Des anciens du réseau luxembourgeois livrent leurs premières impressions. Par Jean-Michel Lalieu

La quête de la recette parfaite Concurrencés par les chèques-repas et la restauration commerciale, les restaurants d’entreprise montent en gamme. Le temps d’une pause, le salarié doit pouvoir oublier qu’il est toujours dans les murs de son entreprise.

La course à l’Europe KBL epb poursuit sa quête pour créer un véritable groupe européen de banque privée. Le groupe pense encore à étendre son réseau – une petite galaxie déjà – avant la fin de l’année dans un de ses pays clés. Par Jean-Michel Lalieu

Par Jean-Michel Lalieu

088

080

ENTRE PARIS ET LUXEMBOURG

KETTERTHILL VS DOURSON

L’ombre de l’ex plane toujours Un an et demi après son limogeage de la direction de LLAM, Jean-Luc Dourson est toujours combatif. Une plainte pénale contre X a été déposée en juillet dernier, qui met en cause des opérations financières douteuses. Par Véronique Poujol

Le système des contrats vie Mise à nu d’une fraude fiscale qui a valu à une banque, un avocat fiscaliste et 14 cadres de Wendel une mise en examen. Le dispositif le plus agressif passait par le Luxembourg. Par Véronique Poujol

L’affaire rebondit à Paris Il y a un an, la société financière LSK déposait le bilan après avoir été condamnée à rembourser un de ses créanciers. Une plainte a été engagée en France par un investisseur ayant souscrit des actions quelques jours avant le naufrage. Par Véronique Poujol

092 GARANTIE DES DÉPÔTS

La CSSF, future autorité de résolution L’Union bancaire européenne induit un nouveau système de garantie des dépôts en cas de faillite d’une banque. Le Luxembourg est en retard de transposition de la directive mais le projet de réforme existe. Par Véronique Poujol

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formerly known as


Sommaire Novembre 2015

100

Désirs 100 CULTURE

Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.

101 ZOOM SUR…

Karolina Markiewicz et Pascal Piron Le duo d’artistes participera à la prochaine Biennale de Venise à l’invitation du Liechtenstein avec le projet Mos Stellarium, qui traite de l’exil et des jeunes adolescents sans papiers au Luxembourg. Par Céline Coubray

102 SÉLECTIONS

À manger et à écouter Pour célébrer la sortie du 21e guide Explorator, nous avons sélectionné cinq nouveaux restaurants qui nous ont séduits. Le Luxembourg Festival est un des rendez-vous de prestige au Grand Théâtre et à la Philharmonie, trois soirées sont mises en avant.

103 SHOPPING

La maison selon H&M Au Luxembourg, on connaît bien H&M pour sa mode à petits prix. Désormais, l’enseigne va également habiller vos intérieurs avec H&M Home. On pourra aussi découvrir le nouveau département beauté de la marque. Ainsi que l’actualité du commerce à Luxembourg.

106 Une vision du vide, selon Samuel Bollendorff.

Par Céline Coubray

104 GASTRONOMIE

Zoom sur Pains & Tradition Faire du pain comme il y a 50 ans en refusant exhausteurs, émulsifiants et autres « progrès », tel est le credo de Jean Kircher, dont les pains séduisent les tables étoilées du monde entier. À lire aussi, l’actualité de la gastronomie avec quelques nouvelles adresses.

106 INTERVIEW

Raconter le vide Exposée au Centre national de l’audiovisuel, la série Le Grand Incendie présente des lieux où des personnes se sont immolées. Le photographe franco-luxembourgeois, Samuel Bollendorff, nous parle d’engagement, de nouvelles écritures et d’humanisme. Par France Clarinval

Par France Clarinval

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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines

À SUIVRE 01 - 31/10

14/10

PROTECTION DES INTERNAUTES

FINANCES PUBLIQUES

Octobre, mois de la cybersécurité

Dépôt du budget 2016 de l’État

Au cœur d’une campagne de sensibilisation de l’UE soutenue par la DG Connect, la cybersécurité est un enjeu citoyen. Éduquer les internautes, notamment via l’échange de bonnes pratiques, et les aider à prendre conscience de l’augmentation des menaces font partie des objectifs directeurs. Au Luxembourg, c’est la plateforme Security madein.lu qui en est le relais.

Nommé rapporteur, Henri Kox, député Déi Gréng, a reçu la mission de présenter le rapport du projet de loi du budget de l’État de 2016 devant les membres de la Chambre des députés. C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un député issu des Verts se voit confier cet honneur. Henri Kox succède à Eugène Berger du DP et à Franz Fayot du LSAP. Le contenu du budget 2016 pourra ensuite être disséqué au Parlement.

04 - 10/10

15/10

20/10

05 - 06/11

MISSION ÉCONOMIQUE

R & D

JOURNÉE (INTER)NATIONALE

AFFAIRES INTERNATIONALES

Mexico et Bogota pour les fonds

Le design comme vecteur d’innovation

Des mots sur les chiffres

Collaboration Europe-Asie

Sous l’impulsion de la Chambre de commerce, une délégation d’entreprises luxembourgeoises se rendra à Mexico puis à Bogota, où elle participera à un séminaire de l’Alfi présidé par Pierre Gramegna, ministre des Finances. 11e plus grande économie au monde, le Mexique possède un marché domestique de près de 122,3 millions d’habitants. 3e économie d’Amérique du Sud, la Colombie fait face à une croissance estimée de 4,3 % pour cette année (lire en complément l’article p. 48).

Dans le contexte du projet Design for Europe, Luxinnovation a conçu une journée dédiée au design luxembourgeois, à son apport à l’économie locale et son potentiel pour les PME. Inauguré par Francine Closener, le programme se déroulera au Technoport de 9 h 30 à 17 h. Des acteurs comme le Mudam ou Wallonie Design viendront exposer leur vision.

Le 20 octobre aura lieu la Journée internationale de la statistique. Pour marquer l’événement, au Luxembourg, le Statec organisera avec Eurostat une journée de rencontre avec les utilisateurs de la statistique publique dès 9 h 45 au centre de conférence de la Chambre de commerce. Le thème du jour sera : Savoir pour agir, la statistique publique au service des citoyens. Table ronde, présentations et discussions seront au programme.

Dans le cadre de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l'UE, la 12e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Asia-Europe meeting se tiendra à Luxembourg sur deux jours, sous l’égide de Jean Asselborn. Créée en 1996, l’Asem est une plateforme de dialogue informelle et multidimensionnelle qui réunit les 28 membres de l’UE, ainsi que 21 pays asiatiques, dont la Chine, le Cambodge ou le Japon.

014 ―

― Novembre 2015


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Grand entretien Jean-Jacques Rommes ― Interview : Véronique Poujol et Alain Ducat ― Illustration : Anne Mélan

« On est face à un mur idéologique » ► Jean-Jacques Rommes, administrateur délégué de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), évoque les « frustrations » de certains chefs d’entreprise. ► Le représentant du patronat déplore la dégradation du dialogue social à cause d’une idéologie de plus en plus marquée, façon « lutte des classes ». ► Sur la réforme fiscale, il plaide pour un taux compétitif et unique pour les entreprises.

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onsieur Rommes, les représentants du patronat sont « trop sympas », selon le récent sondage TNS Ilres commandé par l’UEL. Qu’allez-vous faire de ce message qui vous a été adressé par les entreprises ? Quelles leçons en tirer ? « La question qui fut posée aux chefs d’entreprise était de déterminer si nous, représentants du patronat, étions trop consensuels ou trop agressifs. La tendance fut de dire que nous sommes plutôt trop consensuels. Il ne m’appartient pas de décider seul de la suite à donner à ce sondage. Nous devons d’abord en discuter en interne, ce que nous avons commencé à faire dans le cadre de la journée des élus (le 22 septembre dernier, ndlr). Nos arguments doivent être mieux entendus. Ce qui ne veut pas dire que nous devons être plus agressifs, mais sans doute plus présents et plus expressifs auprès de nos entreprises et faire en sorte que le public connaisse nos positions. C’est d’ailleurs vrai en interne aussi : nous devons d’abord être mieux entendus au sein des entreprises, qui ne connaissent pas assez nos positions. Je constate que les opinions du patronat en général sont souvent caricaturées. Si je demandais par exemple à un journaliste luxembourgeois quelle est notre position sur l’indexation, sujet le plus en vue, je ne crois pas qu’il serait en mesure de répondre directement. C’est notre faute.

Faut-il changer la gouvernance de l’UEL pour mieux coller à la réalité des entreprises ? « En matière de gouvernance, nous avons fait ce qu’il fallait, il y a un an et demi, lorsqu’on a créé la fonction que j’occupe depuis. Le comité exécutif des membres de l’UEL que je préside se réunit très régulièrement pour déterminer nos positions et nous permettre de réagir. Nous sommes devenus plus réactifs et plus pertinents. Je ne dois pas hésiter aussi longtemps qu’a dû le faire mon prédécesseur Pierre Bley, parce qu’aujourd’hui, la communication interne fonctionne bien mieux au quotidien. Michel Wurth, le président, Nicolas Henckes, le secrétaire général, et moimême avons fait du bon travail, je pense. La journée des élus nous a fait franchir un nouveau cap. Nos membres ont désormais une voix directe auprès de l’UEL, ce qui a été unanimement salué. Il me semble 016 ―

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Le gouver­ nement de 2009 à 2014 a brillé par son absence de décision.

Jean-Jacques Rommes Illustration : Anne Mélan Peinture à l’huile 50 × 40 cm, 2015

évident que cet événement doit devenir récurrent. Il s’agit désormais de faire sortir les messages de façon à ce qu’ils soient entendus par le grand public. C’est à ce niveau que les efforts doivent être faits. Le public n’est pas notre toute première cible, car nous ne sommes ni un parti politique ni un syndicat, ce qui nous différencie de nos interlocuteurs dans le dialogue social national.

Justement, le dialogue social est en panne, la tripartite ne fonctionne plus. Pourquoi ? « La tripartite est devenue un instrument de gestion au lieu d’être un instrument de crise. C’est ce qui l’a mise à mal. On peut l’exprimer différemment : peut-être allons-nous trop bien pour trouver des accords. Tout le monde semble pouvoir se permettre des échecs ou des absences de décision. Je rappelle que le gouvernement, surtout celui de 2009 à 2014, a brillé par son absence de décision ; c’était sans doute parce qu’il était possible de ne pas en prendre. Lorsque la tripartite est née dans les années 1970, nous ne pouvions pas nous permettre le luxe du statu quo. Je crois que c’est une des raisons faisant que l’esprit n’est plus là. Mais je suis là mal placé pour partager les responsabilités. En tout cas, les entreprises estiment que l’explication se trouve dans un blocage syndical. Depuis une dizaine d’années, nous constatons un clivage idéologique. Les faits ne sont plus pris en compte et il est devenu impossible de discuter la réalité des chiffres. Personne ne peut plus présenter de chiffres que l’autre ne conteste pas. Et si nous ne sommes pas d’accord sur les constats, comment voulez-vous que nous nous entendions sur les actions à suivre ? Actuellement, lorsque l’OCDE, la Commission européenne ou la Banque centrale européenne disent quelque chose, je lis partout qu’il s’agit de visions ‘néolibérales’. À partir de là, il devient difficile de discuter. Comment en sortir ? Est-ce une question d’hommes ? La présence de monsieur Roeltgen à la tête de l’OGBL vous complique-t-elle la tâche ? « Lorsque je parle d’hommes, je parle au pluriel. Nous avons l’impression d’être face à un mur idéologique. L’OGBL a sans doute une impression identique à notre égard. Il y a eu des rencontres, que la presse luxembourgeoise a d’ailleurs largement ignorées, sous l’égide du Conseil



Grand entretien Jean-Jacques Rommes

Cela ressemble à la lutte des classes, version 21e siècle… « Nous sommes accusés d’être des Néo-Libéraux, terme devenu très à la mode, évidemment à connotation péjorative. Si vous voulez dire du mal de quelqu’un, vous l’accusez d’être néo-libéral, disciple de Thatcher, de Reagan ou d’autres monétaristes des années 1980. On nous assure que cette approche détruit la cohésion sociale, l’environnement et le monde. Mais ce n’est pas du tout la vision qu’ont les entreprises luxembourgeoises de leur environnement. Ce fossé est difficile à surmonter. Entendrait-on davantage, au gouvernement, les arguments de la branche la plus à gauche du LSAP que l’on entend les voix des Libéraux ? « Les débats idéologiques au sein du LSAP font un peu mal. Prenons l’exemple de ‘l’impôt des riches’, qui serait une catastrophe pour un pays comme le Luxembourg. Il ne faut pas parler des choses de cette façon-là. Il se peut qu’il y ait un besoin de mettre sur la table la question du taux d’imposition maximal, bien que je ne plaide pas pour son relèvement puisqu’il l’a déjà été il y a quelques années. On peut parler de tout lorsqu’on engage une réforme fiscale, comme des taux, lorsqu’il est question de remanier un barème. Il est en revanche pervers de mener une bataille idéologique sur ‘l’impôt des riches’. J’espère que nous n’allons pas nous égarer avec ce genre de discussion, sur des riches devenant soi-disant de plus en plus riches et des pauvres soi-disant de plus en plus pauvres. Il ne faut pas faire croire à un certain nombre de gens qui nous font vivre que l’on va bientôt leur faire du mal. Si vous vendez des Rolls-Royce, vous ne dites pas qu’il est scandaleux que les gens achètent des grosses cylindrées. Cela ne doit pas forcément vous empêcher de parler de la pollution automobile. Il y a des choses dont on devrait discuter de façon pragmatique et non idéologique. C’est là que je vois le problème avec un syndicat en particulier et avec une frange du LSAP. Il faudrait que nous normalisions le dialogue. Je ne veux pas exagérer : lorsque je regarde ce qui se passe chez certains de nos voisins, je ne dis pas que nous avons déjà complètement perdu les pédales sur ces sujets. Mais évitons de tomber dans un dialogue de lutte des classes. Réorientons-nous plutôt vers les pays en Europe qui 018 ―

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Lutte contre l’absentéisme

Peu de contrôles

L’absentéisme suscite une certaine frustration chez les entrepreneurs qui le considèrent comme un des sujets importants. Mais l’UEL réfute vouloir « faire la chasse aux malades ». « Les gens malades doivent rester chez eux, car ils ne font que contaminer les autres, lance Jean-Jacques Rommes. Il est toutefois possible que certains « se débarrassent de difficultés à l’intérieur de l’entreprise en feignant d’être malades. Il y a relativement peu de contrôles. Et je ne dis pas qu’il faut engager des fonctionnaires pour les mener ! Il est vrai aussi que l’absentéisme général au Luxembourg n’est pas particulièrement élevé. Le ministre ne cesse de le répéter. Par contre, ce qu’il ne dit pas, c’est que depuis le statut unique, dont l’objectif était aussi de réduire l’absentéisme, il n’a pas arrêté de croître. » V. P. et A. D. ◄

Nicolas Henckes, le secrétaire général de l’UEL, fait partie intégrante du dispositif de gouvernance, avec le président Michel Wurth et l’administrateur délégué.

réussissent et qui ont des systèmes pour maintenir la cohésion sociale et la richesse. Qu’importe si ces pays sont à droite ou à gauche de l’échiquier politique. Il me semble plus important de savoir si ces pays se développent, si leurs économies réussissent et si les gens profitent ou non du développement économique. C’est à ce genre de débat que je voudrais que nous revenions dans notre pays.

Qu’attendez-vous du gouvernement ? « Le gouvernement n’a pas seulement un rôle à jouer, il est le joueur principal et il est aussi l’arbitre, ce qui est normal. J’attends du gouvernement qu’il entende les deux parties, les écoute et négocie si possible des paquets. Parce qu’avec des paquets, il est plus facile de donner tort à l’un et raison à l’autre de façon partagée et finalement de trancher, à défaut d’accords volontaires. Le gouvernement précédent n’a généralement pas tranché du tout. Et le gouvernement actuel a commencé par prendre des décisions sans consulter, ce qui a fait que ses débuts furent quelque peu chaotiques. Sur ce point au moins, notre analyse est partagée par les syndicats. Le gouvernement aurait été bien inspiré de faire des consultations. Ça aurait permis de mieux faire passer les choses. Au sujet de l’indexation, on aurait pu nous demander notre avis au préalable, même s’il était censé être connu, avant de nous faire avaler cette couleuvre majeure. L’indexation, le financement de la mutualité des employeurs, la loi sur le dialogue social dans les entreprises : toutes ces questions auraient du être mises sur la table commune. Or, on nous a placés devant le fait accompli. Idem pour l’accord sur la fonction publique.

PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)

économique et social autour du semestre européen. Y ont été prononcés des grands discours, par MM. Roeltgen et Wurth. Les deux hommes ont fait part de leurs visions de la situation économique et budgétaire. Lorsqu’on relit ces discours, on constate que les clivages sont fondamentaux, que la discussion ne peut plus se faire sur le détail et qu’apparaissent de vrais problèmes idéologiques. Le clivage se retrouve à plusieurs niveaux. D’ailleurs le parti socialiste me semble en souffrir de la même façon que le pays. Dans d’autres pays, tout proches, on ne voit aucune opposition entre une vision sociale-démocrate de la société et le bien-être des entreprises. Alors qu’il y a ici, venant pourtant du même bord politique, une vision qui est davantage idéologique et qui conteste le principe même de l’économie de marché.


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*Société Générale Private Banking, élue meilleure Banque Privée Européenne 2015 par WealthBriefing. Société Générale Private Banking est le nom commercial pour les entités de private banking de Société Générale et ses filiales à l’étranger. Société Générale est régulée et agréée par l’Autorité Française de Contrôle Prudentiel et de Résolution, l’Autorité des Marchés Financiers et par la Banque Centrale Européenne (BCE). Tous les produits et services offerts par Société Générale ne sont pas disponibles dans toutes les juridictions. Contactez votre bureau local pour plus de renseignements. SOCIETE GENERALE BANK & TRUST, société anonyme de droit luxembourgeois, dont le siège social est à Luxembourg, 11 Avenue Emile Reuter, L-2420 Luxembourg, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Luxembourg à la Section B, sous le numéro B 6061. © 2015 Société Générale Groupe et ses filiales. © Hugo Stenson. FRED & FARID


Grand entretien Jean-Jacques Rommes

Le gouvernement vous demande quand même votre avis sur la réforme fiscale, programmée pour 2017. « Effectivement, là, nous avons été entendus. Les ministres les plus importants de ce gouvernement ont dit très tôt que les entreprises ne seront pas chargées plus qu’elles l’étaient déjà. Le message était extrêmement important pour la confiance des entreprises dans le nouveau gouvernement. Cette réforme fiscale comportera des volets assez importants en matière de fiscalité des personnes morales en raison des changements internationaux qui feront que certains avantages classiques seront sans doute mis à mal. Il faut donc trouver un nouvel équilibre. Le fait de dire d’avance que tout sera fait pour que les entreprises ne souffrent pas par rapport à la situation antérieure a été un geste très important. Il y a une différence de traitement fiscal entre les petites entreprises, 95 % du tissu économique, et les multinationales, qui sont en mesure de négocier des rescrits avec l’administration. On ne discute pas la même réforme. Comment trouver l’équilibre ? « Les petites entreprises peuvent avoir cette impression à la lecture de la presse qui raconte que certains groupes internationaux présents au Luxembourg ne paient pas d’impôts, alors qu’ils y sont soumis. La réalité est que ces quelques multinationales qui sont au Luxembourg paient parfois peu d’impôts, mais permettent de financer l’État luxembourgeois. D’abord, il faut dire que si elles n’étaient pas là, les petites entreprises risqueraient d’être plus lourdement taxées et pas le contraire. Ensuite, il faut bien voir – et le compendium soumis par le ministère des Finances au Conseil économique et social, qui a fait l’objet d’une fuite, le montre bien – que l’impôt sur le revenu des collectivités est payé majoritairement par une cinquantaine de grandes entreprises nationales. Si vous baissez le taux et que vous élargissez la base imposable, vous vous retrouverez certainement dans une situation qui profitera à certains, mais dont d’autres souffriront. Nous allons surtout entendre ceux qui risquent de souffrir. Une des craintes majeures des petites mais aussi des grandes entreprises est que l’on touche aux bonifications d’impôt sur l’investissement, qui est un instrument utile et nécessaire. Il faudra négocier ce dossier extrêmement technique. Y a-t-il des tabous en matière d’abattements, auxquels le gouvernement ne devra pas toucher ? Comme par exemple le système des provisions des banques ? « Il n’est pas opportun de dresser une liste des tabous. À tout le moins, il est encore trop tôt pour le faire. Un certain nombre de phénomènes permettant de réduire la base imposable sont sectoriels, ce qui les sort des compétences directes de l’UEL. Je suis toutefois bien placé pour savoir que les banques ont de très bons arguments pour le provisionnement des risques tel qu’il est fait au Luxembourg. Je rappelle que c’est ce qui a fait énormément de bien à notre industrie financière au moment de la crise. 020 ―

― Novembre 2015

Reflet du terrain

Michel Wurth fait l’unanimité L’UEL est en quête de plus de visibilité. Cependant, son conseil d’administration est composé d’hommes et de Luxembourgeois uniquement, ce qui ne reflète pas la réalité économique du Grand-Duché. De plus, Michel Wurth, président de l’UEL et président de la Chambre de commerce, est un retraité de la sidérurgie. Peut-il encore vraiment incarner le monde de l’entreprise dans son ensemble ? Pour Jean-Jacques Rommes, il y a un renouvellement permanent. « Les présidents de la Confédération luxembourgeoise du commerce et de la Fédération des artisans sont nouveaux, celui de l’ABBL (une instance que M. Rommes connaît particulièrement bien puisqu’il en vient, ndlr) l’est relativement lui aussi et nous aurons un nouveau président de la Fedil. » On sait en effet que Nicolas Buck succédera à Robert Dennewald en 2016. « Les gens dont vous parlez, ce n’est pas moi qui les désigne, ce sont eux qui me désignent, poursuit Jean-Jacques Rommes. À eux de faire, chacun dans leur organisation professionnelle, leurs devoirs démocratiques. Ce n’est pas à l’UEL de les faire pour eux. » Pour lui, personne ne peut ignorer dans les instances de l’UEL que 95 % du tissu économique luxembourgeois sont des PME. « Si je venais à l’oublier, croyez-moi, il y aurait toujours quelqu’un, de la Chambre des métiers ou de la Fédération des artisans notamment, qui me le rappellerait. » Quant à Michel Wurth, « il existe un consensus qui veut que le président de la Chambre de commerce soit l’organisation qui met à disposition le président de l’UEL. Michel Wurth fait incontestablement l’unanimité auprès des membres du conseil. À partir de là, je ne saurais imaginer quelqu’un d’autre pour mieux faire ce travail plutôt ingrat. » V. P. et A. D. ◄

Il faudra toucher à un certain nombre d’abattements fiscaux, parce que nous pensons que le taux doit aller en direction des 15 %. Nous l’avons toujours dit et avons été heureux d’apprendre que le ministre des Finances le voyait aussi ainsi. Nous n’avons pas l’intention de ruiner l’État au passage. Il faudra trouver un nouvel équilibre.

Pierre Gramegna a dit son intention d’aller vers un taux de 15 %. Mais c’est seulement le taux de l’impôt sur le revenu des collectivités qui va bouger. Le taux de l’impôt commercial communal pourrait donc rester inchangé… « Il faut aller en direction d’un taux cumulé, c’est-à-dire l’impôt sur le revenu des collectivités et l’impôt commercial, de 15 %. Je ne fais pas dans le détail. Je trouve d’ailleurs que les entreprises devraient être soumises à un seul et unique impôt. Le maintien d’un impôt national et d’un impôt communal est inadapté. Je plaide donc pour l’abolition de l’impôt commercial communal. Je ne suis pas en train d’enlever de l’argent aux communes. Théoriquement, la clé de répartition peut être fixée soit au niveau de l’impôt soit au niveau des dépenses de l’État. Je propose de la fixer à ce dernier niveau. Pour la commercialisation du pays que MM. Schneider et Gramegna sont en train de faire à l’étranger, il est sacrément plus facile de dire aux investisseurs quel est le niveau unique d’impôts sur les sociétés que de leur raconter des histoires sur l’impôt de solidarité ou sur l’impôt communal et de rester ambigus à chaque fois qu’ils s’expriment. Si cette annonce d’une baisse des taux devait relever d’une opération de marketing politique, ce serait parfaitement malvenu, à l’heure où tout le monde réclame la simplicité et la transparence. Le ministre des Finances a en revanche clairement dit qu’il n’y aurait pas de tranche d’imposition plus élevée. « J’en suis très satisfait. Je ne suis pas le représentant des hauts revenus, ce n’est pas là mon souci. Ce qui nous intéresse à l’UEL, c’est la façon dont les entreprises sont imposées. Il faut quand même prendre en compte que beaucoup d’entrepreneurs travaillent sous le régime de l’imposition des revenus des personnes physiques. L’Administration des contributions directes veut limiter sa capacité de production des rescrits fiscaux. Le dialogue entre les sociétés et les bureaux d’imposition a changé depuis LuxLeaks. Constatez-vous aussi que l’administration est moins business friendly ? « D’un côté, il n’est pas surprenant qu’après ce qui est arrivé au bureau 6 et à l’Administration des contributions directes, ils se montrent désormais à la fois effrayés et prudents… D’un autre côté, j’espère qu’un nouvel équilibre sera trouvé, et il est nécessaire. De toute évidence, les rulings fiscaux sont la règle en Europe. C’est à l’avantage de tout le monde. Ce dont les entreprises ont le plus besoin, c’est de la prévisibilité. Personne ne peut prédire l’avenir et savoir, par exemple, comment ira la Chine dans cinq ans. Mais il doit être possible de faire des lois fiscales qui soient stables, transparentes et prévisibles pour les entreprises.


LES INGRÉDIENTS DE L’AMITIÉ (FAÇON REPAS LUXEMBOURGEOIS)

un feu de bois

un Judd mat Gaardebounen

une Diekirch Grand Cru


PHOTO : UEL

Grand entretien Jean-Jacques Rommes

La prise de pouls des entrepreneurs envers le gouvernement n’est pas positive dans le sondage de l’UEL. « Le résultat est mitigé. Beaucoup d’entreprises ont indiqué que le gouvernement n’agissait pas en leur faveur. Or, c’est le devoir d’un gouvernement de travailler dans le sens du développement des entreprises. Si une majorité d’entrepreneurs juge que notre gouvernement ne le fait pas, il faut l’interpréter comme une grande critique. Il faut toutefois faire observer que le gouvernement est actuellement mal apprécié par le public et les sondages en général. Les entrepreneurs voient le gouvernement de manière plus favorable que le reste du public. Les entrepreneurs ont aussi le sentiment que ce gouvernement leur est moins favorable que le gouvernement précédent. Ce constat est sans doute plus dangereux. En effet, les entrepreneurs considéraient que le précédent gouvernement avait été marqué par une inertie spectaculaire. À ce titre, c’est certes une condamnation du gouvernement actuel, mais ce n’est pas une condamnation sans appel à mon sens.  Simplification administrative, lutte contre l’absentéisme, organisation du travail, éducation, priorités définies par les chefs d’entreprise, quel volet 022 ―

― Novembre 2015

La conférence des membres de l’UEL a fait franchir un nouveau cap. Les membres ont désormais une voix directe auprès de l’UEL, ce qui a été unanimement salué.

Le maintien d’un impôt national et d’un impôt communal est inadapté.

faut-il d’abord traiter ? « On a parfois l’impression que le monde politique est fier de toutes les complications administratives qu’il crée. La vie des gens et des administrés devient de plus en plus complexe. Les législations deviennent contradictoires. Il faut par exemple combattre le blanchiment, mais parallèlement il faut mieux protéger les données personnelles. Le droit du travail est complexe, celui de la Sécurité sociale l’est tout autant. L’État lui-même ne respecte pas ses propres lois, parce que les fonctionnaires d’un ministère A ignorent les règles que le ministère B a inventées. Personne ne s’y retrouve. Mais on demande aux entreprises de s’y retrouver, sous peine parfois de prison. Il n’y a, à mon sens, aucune prise de conscience, au niveau politique européen, de ces difficultés. C’est ce qui s’exprime dans ce sondage. Avec le projet de loi omnibus, les choses s’améliorent, même si cela n’avance pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. » ◄ En résumé Après avoir pris le pouls des entreprises du pays, l’UEL veut dégager les priorités. La condamnation du travail gouvernemental n’est pas sans appel. À l’image de son administrateur délégué Jean-Jacques Rommes, l’UEL plaide pour un vrai dialogue social, basé sur des constats, au-delà du fossé idéologique. Le « patron » éclaire aussi le chemin de la réforme fiscale.


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― Novembre 2015


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STAR DE L’ESPACE Encore à la tête de l’agence spatiale européenne (ESA) dont il est membre depuis 10 ans, le Grand-Duché de Luxembourg est aussi devenu, 30 années après la naissance d’un géant des satellites sur son sol à l’espace étriqué, une véritable base de lancement. L’écosystème encouragé par l’État rassemble et attire encore des incontournables entreprises globales, des PME innovantes et étonnantes dans leur conquête, des centres de recherche appliquée, des producteurs industriels très pointus, une galaxie de services de support. Pour le Luxembourg, le ciel n’est plus la limite. Plongée dans un univers qui a la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre. Textes : Alain Ducat – Images : ESA

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Marché

ICI, IL Y A DE L’ESPACE ► Le Luxembourg, micro-point sur la carte, n’en est pas moins un acteur planétaire de la conquête spatiale, à plus d’un égard. ► Son succès va grandissant et attire de nouveaux acteurs et quantité de regards. Texte : Alain Ducat

ne star planétaire faisait le buzz éclair à Luxembourg. Le 23  septembre dernier, Elon Musk était un des invités vedettes de la conférence New energy technologies as business and investment opportunities for Europe, en marge d’une réunion informelle des ministres de l'Énergie, sous la houlette du ministre luxembourgeois de l’Économie, Étienne Schneider. Elon Musk ? Il est, entre autres, cofondateur de PayPal et de Tesla, patron aussi du lanceur de satellites SpaceX. Autant de domaines de prédilection d’un Luxembourg en diversification économique, mine de rien… Au demeurant, Musk n’a pas fait qu’une causerie ou un brin de tourisme. Il a échangé en marge avec les autorités locales, Xavier Bettel en tête, et rencontré quelques contacts business. Au fait, le Luxembourg abrite dans un de ses corporate and trust services une société SpaceX constituée dans les dernières heures de juillet… On prête en effet l’intention à l’entreprise d’Elon Musk de s’intéresser aux potentiels européens et de développer les activités de services en orbite, pour notamment réutiliser des satellites, repropulsés et replacés sur un autre spot utile pour une autre mission. Loin de la science-fiction, la compétition fait rage. Ainsi, début juin dernier, Airbus dévoilait son projet Adeline, concurrençant SpaceX sur le créneau des engins spatiaux réutilisables. Quelques jours plus tard, Elon Musk ouvrait un autre front depuis la banlieue de Los Angeles, invitant chercheurs et ingénieurs à tester chez lui leurs prototypes de « capsules » appelées à intégrer le système Hyperloop, des réseaux sécurisés faisant transiter les navetteurs à plus de 1.200  km/h. Les capsules seront en suspension dans des tunnels, propulsées à l’air comprimé, le tout étant alimenté par l'énergie solaire produite par des panneaux. SpaceX a également annoncé un prix pour les meilleurs concepts, universitaires et entreprises privées étant

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invitées à participer au concours… Le Luxembourg dans tout ça ? À tout le moins, les ingrédients convergents sont là. Recherche, développement, investissement, business… et spatial. Car le Grand-Duché, sans faire beaucoup de bruit, s’est placé intelligemment en orbite par rapport aux enjeux planétaires. Cela ne date pas d’hier mais, depuis l’installation de SES il y a 30 ans, l’écosystème a bigrement évolué, singulièrement ces dernières années (lire aussi page 32), avec une véritable explosion d’acteurs en tous genres, sur toute la chaîne de valeurs pilotée par l’aérien, le spatial ou les télécommunications, notamment, des idées à la sous-traitance, en passant par la production de pièces ou la pres­ tation de services.

` DE NOUVEAUX GEANTS Car le secteur lui-même est en explosion, comme secoué dans un accélérateur de particules (et de business). Les technologies évoluent à vitesse interstellaire, sur les voies des nouvelles énergies – la propulsion électrique notamment –, des matériaux, de la miniaturisation, des programmations, des lanceurs, des vols habités, des nanotechnologies, des transmissions de données… Une multitude d’acteurs, de la start-up au géant d’un empire contre-attaqué, gravitent dans une perspective globale. Et, de toute évidence, le Luxembourg, dans cette course dont le ciel n’est plus la limite depuis longtemps et où les frontières n’ont aucun sens, est bien placé. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu un saut qualitatif énorme et la volonté de diversifier et de faire la course à l’excellence, parce que la fusion des cerveaux, des laboratoires aux expertscomptables en passant par les instances gouvernementales, a eu vite fait de trouver les connexions au marché. Grosso modo, les spécialistes estiment que le « spatial » représente un marché global de quelque 150 à 180 milliards de dollars. Une centaine de milliards sont voués aux

`

` ` UN DEFI STRATEGIQUE ` Yves Elsen est president du ` FNR, president du Luxembourg Space Cluster et du GLAE, managing partner et CEO de ` Hitec et a 30 ans d’experience (Satlynx, SES, etc.).

« Le Luxembourg est devenu membre de l'ESA en 2005. Depuis, la politique du gouvernement a voulu soutenir la diversification des activités spatiales et leur impact positif sur de nombreux autres secteurs économiques (matériaux, TIC, technologies environnementales, etc.). Il est clair que la recherche et le développement technologiques dans le domaine spatial constituent un énorme défi stratégique. Au Luxembourg, la plupart des acteurs spécialisés se connaissent. Mais il est extrêmement important de mettre en valeur le secteur spatial du Luxembourg sur la scène internationale. En tant que président du Luxembourg Space Cluster et du Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace (GLAE), je soutiens fortement ce qui contribue à déployer le savoir-faire made in Luxembourg audelà de ses frontières nationales. »

opérateurs télécom, 60 milliards aux réseaux terrestres, une quinzaine aux fabricants de satellites, moins de 5 milliards aux lanceurs… Et tout ça est extrêmement dynamique, à deux doigts du mouvement perpétuel. Manifestement, le Grand-Duché est dans tous les coups. Et sa plateforme spatiale ne cesse de


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SPACEX A ÉTÉ CONSTITUÉE DANS LES DERNIÈRES HEURES DE JUILLET AU LUXEMBOURG.

s’enrichir. SpaceX y pose un vaisseau, on l’a vu, qui semble avoir d’autres ambitions que de servir de simple véhicule fiscal, quand bien même la société californienne peut être capitalisée à 20 milliards environ. Idem pour un autre géant, Deep Space Industries, qui a fait tout récemment le grand pont entre la Silicon Valley et la ville de Luxem­ bourg : il a arrimé sa base européenne rue de Bitbourg, le 30 avril dernier. Deep Space Industries fait partie intégrante du « New Space », sorti des logiques purement pilotées par les agences gouvernementales et entré dans l’ère entrepreneuriale à forte croissance, où s’entrecroisent les partenariats publics-privés et les inventions géniales pour une prospection allant vers l’infini et au-delà. Deep Space, acteur désormais luxembourgeois aussi, croit dans l’accès à « faible coût »,

révolutionnant l’espace, à l’instar de compagnies comme SpaceX, Blue Origin, Virgin Galactic, XCOR et d'autres. Des dizaines de sociétés fournissent des services spatiaux commerciaux. L'industrie se développe rapidement et de façon fiable, recueillant plusieurs milliards de dollars par an en investissements privés. Space Industries mise sur les nanosatellites, la robotique et l'exploitation minière (asteroid mining), véritable pierre philosophale des spationautes. L’actuelle chief scientist de Deep Space pour l’Europe, Amara Lynn Graps, astrophysicienne à la double nationalité américano-lituanienne, est clairement chargée, depuis mai dernier et depuis la base luxembourgeoise, de construire des équipes européennes et d’élaborer des scénarios et des missions de support pour l’exploitation minière d’astéroïdes.

LUXEMBOURG, THE SPACE TO BE ! Yves Feltes, ancien journaliste ` 25 ans chez qui a ensuite passe SES, est aujourd’hui consultant ` ` sa societe ` ` yComm. et a cree

« J’ai pour ambition d’aider les entreprises luxembourgeoises… Connaissant bien le secteur spatial international, la communication et les télécommunications, je pense qu’il y a un très grand rôle à jouer pour le pays et pour le business global. Il y a beaucoup de start-up qui ont des choses à dire et à montrer mais ne communiquent pas parce que ce n’est pas leur métier. Le Grand-Duché est au bon endroit au bon moment, c’est 'the space to be' ! Il faut faire passer le message, dans les deux sens : pour aider les entreprises luxembourgeoises dans leur mission globale vers les acteurs internationaux ; pour aider aussi à faire en sorte que les global players s’intéressent encore davantage au Luxembourg et à ses possibilités. »

` ` UNE REVOLUTION INDUSTRIELLE Walter Grzymlas est fondateur et CEO de Saturne Technology.

Saturne Technology, PME de ` Sandweiler, a séduit, par ses processus industriels pointus (découpe laser notamment), de grands noms de l’aéronautique et du spatial. Entre autres le géant français Safran, qui lui a attribué en mai dernier un Supplier Performance Award. ` Saturne assure de l’additive manufacturing et livre quelque 300.000 composants à l’avionneur, dont des pièces de moteur de plus en plus complexes, dans un standard exigé de « zéro défaut ».

« Nous devons êtres vigilants, réactifs et avoir une équipe ultra-­compétente, relève Walter Grzymlas, CEO et fondateur de Saturne. Il faut aller plus loin en investissant en permanence. Nous connaissons une réelle révolution industrielle. La technologie d'impression 3D métallique et céramique a littéralement transformé notre métier et va révolutionner l'ensemble de la chaîne de valeur au cœur de l'industrie. »

Et il se dit aussi que Planetary Resources, l’autre pionnier global de l’asteroid mining, pourrait être également sensible aux charmes de la communauté scientifico-business luxembourgeoise.

` ALIGNEMENT DE PLANETES Oui, clairement, il y a de l’espace au Luxembourg, de l’espace pour entreprendre et pour développer de nouveaux horizons, à l’échelle intergalactique !

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L’INTERNATIONAL SPACE UNIVERSITY, LOCALISÉE À STRASBOURG, VERRAIT BIEN UN FUTUR RÉSEAU ACADÉMIQUE PASSER PAR LUXEMBOURG.

Au demeurant, il n’y a pas que des nouveaux entrepreneurs ambitieux – un peu rêveurs penseront certains – qui s’intéressent au Grand-Duché. Concurrent historique de « notre » leader mondial SES, l’Américain Intelsat a exploré depuis longtemps l’espace financier luxembourgeois, c’est un secret de polichinelle. Il a logé au Kirchberg, depuis les années 2000, une petite vingtaine de sociétés, un vrai bouquet satellite. Mais désormais, il semble que l’opérateur ait mis en route un processus pour rendre sa présence globale, européenne et luxembourgeoise bien plus réelle, en activités incorporées et en effectifs. Un autre rapprochement à l’ordre du jour intéresse directement tous les acteurs de la recherche et du développement, éléments clés dans une logique de recherche appliquée et de partenariats fructueux entre pla-

teformes de R & D, prototypes à tester et mise à l’épreuve du marché. L’ISU (International Space University), localisée à Strasbourg, a lancé des lignes pour organiser un futur réseau transnational, qui pourrait passer notamment par Luxembourg. L’ISU est une école supérieure privée, créée par des personnalités anglo-saxonnes en 1987, une post-graduate school ouvrant les perspectives d’une sorte de MBA focalisé sur le management spatial. L’ISU n’a pas d’ancrage académique fort en France mais, dans une Europe universitaire en phase de concentration et de partenariats, l’école strasbourgeoise regarderait vers ses voisins, en Allemagne, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg. L’Université émergente, son orientation pragmatique, ses liens avec les organismes de recherche et avec le monde

` LE CHALLENGE DES SUCCES COMMERCIAUX Le Dr Patricia Conti est manager du Space Cluster ` ` ` a` Luxinnovation. integre

« Nous avons un réel panel d’entreprises et d’organismes qui placent le curseur sur le domaine spatial. Il y a de très grandes opportunités. Mais il y a des défis aussi. Notre challenge le plus important est de transformer un flagship R & D en projets porteurs de succès commerciaux. Nous avons enregistré de sérieux progrès, concrets, en particulier dans les microsatellites ou la propulsion électrique dédiée notamment au transfert d'orbite ou à la maintenance. Nos produits et services doivent continuer à progresser pour prendre pied fermement sur le marché mondial. Pour cela, avec le soutien officiel, nous devons montrer sans cesse que le secteur peut fournir des emplois et de nouvelles perspectives de croissance économique. »

DES PROJETS EXCEPTIONNELS

` Betzdorf. ultra-performants a

~

Jochen Harms, manager depuis dix ans de LuxSpace, ` ` d’origine allemande qui concoit des microsatellites societe

Installée sur la « zone SES », à Betzdorf (on notera que la rue a été baptisée Pierre Werner, le Premier ministre de l’époque ayant beaucoup fait pour l’implantation de SES), LuxSpace, filiale d’OHB, a bien fait son trou. Fin 2014, le managing director des origines, Jochen Harms, adressait un message aux troupes, signalant sa « prise de recul » pour prendre en charge la branche OHB Services spatiaux nouvellement mise en œuvre par la maison mère allemande. « Au cours des dix dernières

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années, LuxSpace a réalisé un grand nombre de projets exceptionnels », disait-il, citant entre autres la fabrication et le lancement de Vesselsat 1 et 2 ou une mission lunaire (4M) soutenue en octobre 2014. Il en profitait pour annoncer son successeur comme directeur général, le Dr Thomas Görlach, jusque-là directeur du programme OHB System télécommunications à Brême. Il a commencé sa mission en janvier 2015.

de l’entreprise, ajoutés au boom du spatial, en font un partenaire crédible. Au travers de ces quelques exemples, il est clair que l’histoire du Luxembourg spatial, entamée il y a trois décennies pourtant, ne fait que commencer. Base de lancement idéale, pas pour des fusées dévoreuses d’espace mais pour des projets porteurs pour l’espèce, ayant la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre, le Grand-Duché ressemble de plus en plus à une star, discrète encore, mais du bon côté de la force. ◄


Une révolution industrielle. Spécialisée dans l’impression 3D métallique, notre entreprise accompagne et révolutionne les domaines de l’aéronautique, du spatial, du médical, de l’automobile, de l’art ou encore de la joaillerie. Grâce à notre maîtrise de l’ingénierie et des technologies de pointe, nous sommes devenus partenaire de premier rang des plus grands noms de l’industrie à travers le monde.

Zone Industrielle de Rolach · Hall 2 · L -5280 SANDWEILER

www.saturne-technology.com


02 CYBERCULTUS

03 DIGITARIA

[ LIEU ] Esch/Alzette ` [ CREATION ] 1996

[ LIEU ] Esch/Alzette ` [ CREATION ] 1999

INTERNATIONAL

[ PARTENAIRES ]

[ PARTENAIRES ]

Luxair (LU), Cargolux (LU), Lux-Airport

[ PARTENAIRES ]

(LU), Cnes et Ariane Espace (Guyane

SES Astra (LU), ` Thomson Multimedia

ESA (Europe),

` de Liege ` Universite

francaise), Post Luxembourg (LU)…

(France), Philips

British Telecom

(Belgique),

(Pays-Bas),

(Grande-Bretagne),

Rigo & Partners

Geoville (Austria)…

Green Energy

(Belgique)

~

01 COFELY SOLELEC (ENGIE)

25 TELINDUS

04 DRONELAB ` [ LIEU ] Petange ` [ CREATION ] 2013

[ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 2012

[ PARTENAIRES ] List (LU),

Management

[ LIEU ] Strassen ` [ CREATION ] 1978

Systems (Italie et ` Etats-Unis)

[ PARTENAIRES ] ` ` ` ` Liste non precisee mais reference aux ` ` principales societes de la finance et des assurances, du commerce, de l’industrie, des services publics ou e-business. 24 SPACE4ENVIRONNEMENT [ LIEU ] Niederanven ` [ CREATION ] 2007 [ PARTENAIRES ] ` Commission europeenne (Europe), EEA (Belgique), ESA (Europe), Banque ` europeenne d’investissement (LU), ` ` ministere du Developpement durable ` et des Infrastructures (LU), Liser (LU), List (LU), Foersom (LU)

23 SES [ LIEU ] Betzdorf ` [ CREATION ] 1985 [ PARTENAIRES ]

` Canal+ (France), Viasat (Etats-Unis), Orange (Espagne), Telecom Italia (Italie), Swisscom (Suisse), Yahsat ` (Emirats arabes unis), ESA (Europe), ` Union europeenne (Europe), DLR (Alle-

08

` ` magne), ministere de la Defense (LU), Nordnet (France), Europasat (GrandeBretagne), Orbitcom (Allemagne)

17 23

23 05

22 SATURNE TECHNOLOGY 04

[ LIEU ] Sandweiler ` [ CREATION ] 2001

19 20

15

16 18

09 12

24

21 03 14 06 13 11 22

07 10 01

02

[ PARTENAIRES ] Safran (France)

21 POST LUXEMBOURG [ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 1842 [ PARTENAIRES ] Gouvernement luxembourgeois (LU), Institutions ` europeennes (Europe)

18 M-PLIFY [ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 2000 [ PARTENAIRES ]

20 MIRAD SYSTEMS

Cargolux (LU), Ferrero (LU), ^ Hopital universitaire de

[ LIEU ] Betzdorf ` [ CREATION ] 2014

` Strasbourg (France), Aero-

17 LUXSPACE

[ PARTENAIRES ]

ports de Paris (France),

ESA (Europe), SES (LU), SES ` TechCom (LU), HITEC (Etats-

ENGIE/GRTgaz (France),

[ LIEU ] Betzdorf ` [ CREATION ] 2004

Danone (Belgique), Commis` sion europeenne (Europe),

[ PARTENAIRES ]

Banque Raiffeisen (LU),

(Europe), OHB (Allemagne), Orbcomm Inc. (Etats-Unis),

[ PARTENAIRES ]

Banque internationale ` Luxembourg (LU), a

SES (LU)

Le Foyer (LU), ABBL (LU)

(France)

Unis), Vertex (Allemagne),

19 MEANSWHAT

Airbus Defence and Space, ` (Grande-Bretagne), ViaSat ` (Etats-Unis), Eutelsat

[ LIEU ] Betzdorf ` [ CREATION ] 2015

(France), DLR (Allemagne)

030 ―

― Novembre 2015

Eurostat (LU), ESA

Thales Alenia Space


05 EXSTREAM ENGINEERING

06 ELWING EUROPE

07 EMTRONIX

08 EURO-COMPOSITES

[ LIEU ] Hautcharage ` [ CREATION ] 2004

[ LIEU ]

[ LIEU ] Sanem ` [ CREATION ] 2001

[ LIEU ] Echternach ` [ CREATION ] 1984

[ PARTENAIRES ]

` … Liste non communiquee.

Luxembourg-Bonnevoie ` [ CREATION ] 2012

[ PARTENAIRES ]

[ PARTENAIRES ]

[ PARTENAIRES ] ` Nasa (Etats-Unis),

ESA (Europe), LuxSpace

ESA (Europe), QinetiQ Space (Grande-

(LU), Thales Alenia Space

Bretagne), OHB Systems (Allemagne),

` OHB Sweden (Suede),

Deutschland (Allemagne),

Airbus Defence and Space (France),

Onera (France),

SES-TechCom (LU),

Euro Heat Pipes (Belgique), Astro-

Princeton University ` (Etats-Unis)

QinetiQ (Grande-­

und Feinwerktechnik (Allemagne), MDA ` Corporation (Etats-Unis), Max-

Bretagne), NSPA (LU)

Planck-Institute for Extraterrestrial Physics (Allemagne)

09 FOERSOM [ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 2010 [ PARTENAIRES ] ` … Liste non communiquee.

10 FTA COMMUNICATION TECHNOLOGIES

UN RÉSEAU PLANÉTAIRE ► Les entreprises luxembourgeoises du secteur ont des partenaires d’affaires un peu partout.

[ LIEU ] Wecker ` [ CREATION ] 1999 [ PARTENAIRES ] SES (LU), Eutelsat (France), ` Viasat (Etats-Unis), Sky Italia

` (Italie), OSN (Egypte), Tata Sky (Inde), SBB (Suisse)

11 GRADEL TECHNOLOGIES [ LIEU ] Ellange ` [ CREATION ] 1995 [ PARTENAIRES ] ESA (Europe), OHB AG (Allemagne), Airbus Defence and Space (Grande-Bretagne), LuxSpace (LU)

12 HITEC LUXEMBOURG [ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 1986 [ PARTENAIRES ] ` Commission europeenne (Europe), ESA (Europe), SES (LU), Lockheed ` Martin (Etats-Unis), POST Group (LU)

13 INTOREL [ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 2001 [ PARTENAIRES ] BFM TV (France), Orange (France), Telekom Malaysia

16 LION SYSTEMS 15 ITRUST CONSULTING

(Malaisie), Otan (Belgique), ` Parlement europeen (Europe),

ArcelorMittal (LU),

[ LIEU ] Niederanven ` [ CREATION ] 2007

(Allemagne), Canal+ (France),

HITEC Luxembourg (LU),

[ PARTENAIRES ]

14 iPAYMO

Delphi (LU), Goodyear ` (LU), IEE (Etats-Unis),

Institutions ` europeennes

[ LIEU ] Luxembourg ` [ CREATION ] 2011

Saint-Gobain Solar

(Europe), ESA (Europe), ` ministeres luxembour-

[ PARTENAIRES ]

[ LIEU ] Strassen ` [ CREATION ] 2008 [ PARTENAIRES ]

Systems (LU), SELEX ` Galileo (Etats-Unis)

geois (LU)

SES (LU), Deutsche-Welle Al-Jazeera (Qatar)

… Liste non ` communiquee.

― Novembre 2015 ― 031


Coverstory

Entreprises

UN PAYS, UN CONTINENT, LE MONDE ► SES a ouvert la voie. Derrière le leader mondial ou autour de lui, les entreprises ont créé un écosystème, un cluster, une plateforme de développement. Et l’Europe de l’ESA n’est pas une limite. Texte : Alain Ducat

e 6 mars dernier, lors de sa visite officielle au Luxembourg, le président de la République française, François Hollande, accompagné de certains de ses ministres, s’est retrouvé à Betzdorf, à la Société européenne des satellites (SES), premier opérateur mondial de satellites et fleuron de l’industrie aérospatiale du Grand-Duché. Sans refaire l’histoire, qui remonte aux années 80, on peut rappeler que SES gère aujourd’hui une cinquantaine de satellites qui opèrent dans le domaine audiovisuel, pour les télécoms, mais aussi des clients corporate ou des gouvernements. Le groupe luxembourgeois travaille notamment en étroite collaboration avec Thales et Airbus Defence and Space, ainsi qu’avec le programme ArianeEspace pour le lancement des satellites européens. François Hollande, en VRP de la République, en avait profité pour parapher quelques contrats estampillés SES, avec ArianeEspace pour le 41e lancement du satellite tout électrique SES-15, et avec Airbus pour la réalisation d’un douzième satellite de télécommunication tout électrique, le SES-14 (le troisième contrat conclu par les deux sociétés en moins d’un an). Quelques semaines plus tard, à la mijuin, ces acteurs se retrouvaient en France, dans une vision élargie à beaucoup d’autres, dans le cadre du 51e Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, aux portes de Paris. Un incontournable du sec-

032 ―

― Novembre 2015

teur, où grouillent plus de 2.250 exposants internationaux occupant 330.000 m² de surface d’exposition, quelque 200.000 visiteurs et 285 délégations officielles venant de 102 pays. Le Grand-Duché y a conquis sa place depuis quelques années, mais les efforts de présence et de promotion y redoublent, à la mesure des ambitions luxembourgeoises. En 2015, c’était aussi l’occasion de marquer le coup, de signer, entre le ministre Étienne Schneider et le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain, un acte officiel pour le 10e anniversaire de l’adhésion du Grand-Duché à l’ESA. Accessoirement, le Luxembourg assure toujours la coprésidence de l’agence – avec la Suisse – jusque la fin de cette année. En tout cas, « un grand nombre de contacts avec des fournisseurs, clients et partenaires potentiels des acteurs luxembourgeois du spatial ont été initiés au Bourget », indique le Luxembourg Space Cluster.

SUCCESS-STORIES De fait, encouragé par les succès de SES et de ses satellites Astra, qui ont favorisé l’implantation d’entreprises dynamiques dans le secteur aérospatial, le Grand-Duché s'efforce d'attirer des PME autant que des grandes entreprises en leur apportant, comme on dit chez Luxinnovation (agence de promotion qui anime le cluster spatial), « un soutien résolu et des structures spécialisées ».

UNE CONCENTRATION IMPORTANTE ET DYNAMIQUE ` Etienne Schneider est vice-Premier ministre et ` ministre de l’Economie, ardent ` ` defenseur du domaine aero­ spatial.

« Il y a trois décennies, l’industrie spatiale n’existait pas encore au Luxembourg. Aujourd'hui, emmenée par l’opérateur historique qui a tout déclenché, le groupe de satellites SES, cette industrie est fermement établie comme l'un des piliers de notre économie. Le Grand-Duché est devenu une concentration importante d'entreprises dynamiques du secteur spatial, tandis que sur le plan académique, plusieurs organismes de recherche publics sont également impliqués dans la recherche spatiale. Avec les opportunités créées par le soutien du gouvernement engagé depuis 10 ans en tant que membre de l’Agence spatiale européenne – que le Luxembourg copréside avec la Suisse, État fondateur de l’ESA, depuis 2012 et jusqu’à la fin de cette année –, ces entreprises et organisations poursuivent un objectif commun : apporter des solutions et des technologies innovantes pour le secteur spatial. »



LE SECTEUR COMPTE QUELQUE 700 EMPLOIS SELON LE SPACE CLUSTER.

034 ―

― Novembre 2015

RECORD DU MONDE AU LUXEMBOURG ` Gregory Emsellem, CEO francais d’Elwing Corporation ` (propulseurs electriques), a sur sa carte de visite ~

Des structures comme le Groupement luxembourgeois de l'aéronautique et de l'espace (GLAE) ou le Luxembourg Space Cluster sont à la disposition des entreprises et centres de recherche pour les aider à trouver leurs marques dans le secteur aérospatial. Quelques success-stories ont éclos au fil des ans et s’écrivent encore en lettres d’or… et en bons chiffres. Le secteur dans son ensemble compte aujourd'hui une trentaine de sociétés et des organismes de recherche (quelque 700  emplois selon les données du cluster) qui couvrent des domaines très divers. Le segment aérospatial est axé sur la production de structures de satellites (Euro-Composites), l'intégration de micro-satellites (Luxspace) ou les systèmes de propulsion électrique (Elwing). Le segment terrestre s’appuie sur des stations terrestres (SES et Hitec Luxembourg), des équipements mécaniques et électriques de support terrestre (Gradel) ou des réseaux de communication (Post et Telindus). Le segment services va du téléport au haut débit par satellite en passant par des systèmes de sécurité ou de prévention des catastrophes naturelles notamment. Les organisations publiques de recherche ne sont pas en reste, avec un accent mis sur les partenariats publics-privés. Intégré désormais sur le campus de Belval, le List (Luxembourg Institute of Science and Technology) se veut pointu dans le domaine, entre autres via l’Erin (Environmental Research and Innovation), un département qui œuvre dans le management du risque environnemental via les données issues de l’observation satellitaire de la planète, ou le MRT (Materials Research & Technology), qui développe des technologies applicables à l’industrie spatiale. Voisin de hub innovant, le Snt (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) de l’Université du Luxembourg mène des activités de recherche dans les systèmes satelli-

Princeton et Bonnevoie.

« Elwing a rencontré le Luxembourg via SES, puis on a discuté avec les représentants de l’État, le cluster, les instituts de recherche. Nous sommes sur le modèle start-up mais on a des partenariats avec l’Université de Princeton, on teste avec la Nasa… Il y a ici au Luxembourg une concentration d’acteurs et d’intérêts tout à fait unique, un pragmatisme réel, qui crée tout un environnement, pour la R & D, les finances, la production, l’industrialisation, les services. Le PIB lié au spatial

taires, sous l’angle de l’application, des services, des réseaux hybrides, des technologies de transmission / réception, voire des défis légaux et réglementaires. L’interdisciplinarité et les synergies étant des composantes récurrentes du domaine spatial, le Luxembourg a, d’entrée de jeu collaboratif entre les instances officielles et les initiatives entrepreneuriales, joué cette carte. Le plus bel exemple, c’est évidemment le plus récent : LuxGovSat, joint-venture entre l’État luxembourgeois et SES. Le GrandDuché est en effet devenu un acteur majeur de la politique spatiale à usage économique et militaire, en programmant de lancer (en

est de l’ordre de 4 % ici. C’est sûrement un record du monde ! Or, les perspectives macroéconomiques sont en train d’exploser, notamment avec de nouveaux acteurs, de nouveaux services, des technologies qui passent à l’industrialisation des processus. Tout converge vers ce qui se fait ici… »

2017) son nouveau satellite, mû par cette co-entreprise. SES-16/GovSat est un satellite multimission utilisant des fréquences militaires et qui couvrira l'Europe, le MoyenOrient et l'Afrique. Une partie de la capacité sera dédiée au soutien de l’Otan, le reste étant mis à la disposition de clients gouvernementaux et institutionnels choisis, en mettant à l’écart les non-compliant au droit international ou les organisations suspectes. Dans la catégorie des joint-ventures, le Luxembourg avait déjà enregistré le programme EarthLabLuxembourg, qui unit dans un projet entrepreneurial d’envergure Post Luxembourg et Hitec aux acteurs franco-­


LES PME SONT RAREMENT ORGANISÉES POUR UN MARKETING AGRESSIF DE LEURS PRODUITS ET COMPÉTENCES.

italiens Telespazio et e-Geos, pour créer le premier centre européen dédié au monitoring des risques environnementaux et industriels, sur base d’observations satellitaires et autres captages terrestres.

` QUESTION D’OPPORTUNITES On ne peut évidemment pas vraiment dissocier les efforts luxembourgeois de ceux de l’Agence spatiale européenne. Cependant, le Luxembourg n’ayant pas d’agence spatiale nationale à proprement parler, c’est Luxinnovation qui est le point d’ancrage. L’agence pour l’innovation est aussi le moteur du Space Cluster. Certains membres du cluster, plutôt orientés vers des partenaires non européens mais sans exclusive aucune, se plaignent parfois des lenteurs, voire d’une dose de mauvaise volonté de la part de l’ESA lorsqu’il s’agit d’aider au financement de projets… qui feraient potentiellement de l’ombre à quelques gros porteurs du Vieux Continent. Le lobbying fait évidemment aussi partie de la galaxie du space business. Jusqu’ici, le Luxembourg louvoie dans ce contexte parfois délicat, aussi sûrement qu’un Falcon héroïque dans une salve de tirs ennemis. Le Luxembourg européen joue bien le jeu des programmes étoilés, Ariane ou Vega entre autres. Les activités spatiales exigent un accès indépendant à l’espace, c’est pourquoi maintenir un lanceur européen de prochaine génération est d’une importance capitale, selon l'ESA. Qui rappelle par exemple qu’Ariane 5 a conquis la majorité du marché commercial des services de lancement, puis produit plus de 50 milliards d’euros de bénéfices économiques directs pour l’Europe. Mais le marché mondial des services évolue rapidement, à la fois pour ce qui est de l’offre et de la demande. « It’s all about crea-

ting new opportunity », résumait en un slogan l’objectif principal de la mission économique menée, au printemps dernier (début avril), par le Space Cluster et le MRT, en compagnie de la Chambre de commerce, dans le sudouest des États-Unis. Les acteurs ont ainsi pu se rendre au cœur des centres névralgiques de l’aéronautique et du spatial en Californie ou en Arizona. L’opération permettait d’augmenter la visibilité sur la scène internationale et de favoriser la coopération. « Ceci est encore plus vital pour le secteur spatial, soulignait le cluster. Par sa haute technicité, il requiert des acteurs qu’ils soient connus et leurs compétences reconnues. Ce n’est pas un problème majeur pour les grandes entreprises, mais c’en est un pour les PME, rarement organisées pour un marketing agressif de leurs produits et de leurs compétences. » Ainsi, une poignée d’acteurs présents et actifs au Luxembourg sont allés se frotter, dans la Silicon Valley, à Los Angeles et à Phoenix, au prix d’un petit marathon de visites de sites et de contacts directs, à la grande mutation qui anime le secteur global made in America. En marge d’une vision déjà ancienne où l’excellence technique se paie au prix fort de programmes gouvernementaux, il y a désormais une prolifération d’infrastructures et d’initiatives, rendue possible par une approche d’optimisation des processus et des coûts. Ainsi, en avril dernier, les Luxembourgeois avaient croisé des grands donneurs d’ordre tels que Boeing, Lockheed Martin Space Systems ou Aerojet Rocketdyne, des grands de la recherche (Nasa, Université d’Arizona), mais également les météorites de la nouvelle ère, tels que SpaceX, Deep Space Industries, Planetary Resources, Boreal Space ou Interorbital Systems. Très vite, on a vu ces acteurs s’intéresser au Luxembourg au point de s’y implanter (lire en page 26) et des horizons différents s’ouvrir pour des acteurs européens en quête de partenariats transatlantiques. ◄

L’OCCUPATION DES SOLS VUE D’EN HAUT Stefan Kleeschulte est le mana` ` ging director de la societe luxembourgeoise Space4Environment, sortie du groupe autrichien Geoville.

Geoville avait installé une société au Luxembourg il y a huit ans pour réaliser des statistiques de l’occupation des sols, sur base de photos aériennes et vues satellites, pour le Ceps (Liser) et le ministère de l’Environnement. Preuve que l’innovation marche avec le business, le 22 juillet dernier, une séparation de corps a eu lieu, faisant naître Space4Environment (Niederanven). Geoville Environmental Services Luxembourg et Geoville Information Systems, Autriche, ont décidé de se scinder en deux entités indépendantes. La société basée à Luxembourg a été entièrement prise en charge par son actionnaire et directeur général, Stefan Kleeschulte, à l’issue d’un MBO (management buy-out) amical. « La séparation était devenue nécessaire, vu les intérêts d'affaires contradictoires bloquant mutuellement les entités dans leur développement », annonçait le communiqué en juillet.

― Novembre 2015 ― 035


Stratégie

MACRO ET MICRO-COSMOS ► Le Grand-Duché veut s’appuyer sur le levier de croissance spatial. ► L’État a une ligne, civile et militaire, qui peut devenir un axe de développement. Texte : Alain Ducat et Jean-Michel Hennebert

l peut y avoir beaucoup de choses autour des satellites. Beaucoup d’enjeux surtout. Le Grand-Duché a été mis en orbite par SES, c’est une évidence. Les planètes se sont, depuis, alignées, afin de mettre les entreprises et le marché sur le coup. « Il y a de très grandes entreprises et il y a des performances d’artisan. C’est aussi ce qui fait la flexibilité et l’intérêt d’être au Luxembourg, où l’on trouve des partenaires pour tout, de la recherche à la production de pièces spécifiques en passant par la gestion financière », résume fort justement le start-upper Gregory Emsellem (Elwing). Cette façon de faire se rejoindre la vision macroéconomique et l’approche microéconomique, c’est un peu la marque de fabrique du Grand-Duché dans d’autres domaines. Le secteur spatial s’appuie aussi, sans ambiguïté, sur ce levier de croissance. Autre caractéristique : l’implication de l’État qui trace une ligne cohérente qui pourra devenir un axe de développement. Ainsi, le ministre de l’Économie est aussi celui de la Défense et, quand il inaugure une station militaire d’ancrage satellitaire (c’était à Diekirch il y a quelques jours, le 29 septembre), il peut empiler les casquettes et préciser les ambitions du gouvernement dans la compétition mondiale autour de la communication satellitaire. Le pays entend développer une stratégie dans un domaine présenté comme « incontournable à l’avenir », celui de la communi-

I

036 ―

― Novembre 2015

cation militaire. Étienne Schneider souhaite investir, multiplier les projets militaires de haute technologie, donc former des personnels à haute valeur ajoutée, capables d’interagir ou d’intégrer le secteur satellitaire privé ou, plus globalement, le secteur spatial. Par exemple, l’usage à Diekirch du Wideband Global Satellite System (WGS) fait entrer le Luxembourg dans le cercle fermé des pays disposant de cette technologie américaine de pointe, dans le cadre d’accords avec l’Otan. Le pays confirme sa plateforme à moyen terme au moins. Car, disponible jusqu’en 2031 sur le site de Diekirch, le WGS sera associé, dès 2017, à la gestion du satellite de LuxGovSat, mû par le fameux partenariat public-privé ayant fait naître une société en joint-venture entre l’État et SES. Le satellite luxembourgeois pourra servir aux besoins de renseignement du gouvernement en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe ou en Asie, mais aussi être loué. Selon Étienne Schneider, beaucoup de pays ont déjà déclaré leur intérêt. Et pour lui, on est dans le « triple win » : « Ce satellite va permettre à l’État d’être gagnant grâce à la location de 80 % de ses capacités, il permettra à l’État actionnaire et receveur d’impôts de bénéficier des gains engrangés par SES et LuxGovSat. Nous avons calculé un retour direct sur investissement à plus ou moins 13 % », assure-t-il. Si le carnet de commandes se remplit rapidement, la possibilité de mettre en route un deuxième satellite pourra être envisagée.

Ce n’est qu’un exemple, mais il est aussi officiel que parlant. Au demeurant, la mixité entre le civil et le militaire fait partie du décor du secteur aérospatial, depuis toujours. Les grandes agences (américaine, européenne, chinoise…) dans la course sont liées à de grandes puissances économiques. Eutelsat et Intelsat, concurrents de SES, sont des organismes gouvernementaux à la base, qui ont vite compris les enjeux économiques et la logique du privé. Les clients, les fournisseurs, les constructeurs, les opérateurs, les lanceurs naviguent pratiquement tous entre les sphères privées et publiques. La stratégie et la diversification du secteur vont cependant de plus en plus dans le sens de la prestation de services et de partenariats. Et les entreprises ont tout intérêt à se placer en orbite autour de donneurs d’ordre ambitieux et innovants. C’est, aussi, le sens de la stratégie développée au Luxembourg. À l’image de la conquête et de la concurrence spatiales, l’on y a construit une fusée à plusieurs étages en même temps qu’un pas de tir vers des objectifs qu’il ne faudra plus des années-lumière pour atteindre. ◄


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Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Face à la vague de réfugiés, le gouvernement a décidé, lors du conseil de gouvernement du 11 septembre, de mettre à disposition trois nouveaux sites. Une aile de la maternité de Luxem­bourgville sera réservée à l’accueil d’une centaine de personnes, l’an­ci­ enne école de logopédie à Strassen pourra en recevoir 300 et deux bâtiments des vieilles casernes à Ettelbruck environ 140. Au total, ce sont donc 540 places supplémentaires qui viennent d’être débloquées. En cas de besoins, le hall 6 de Luxexpo au Kirchberg, d’une capacité d’accueil de 400 personnes, pourrait constituer un site supplémentaire, a encore indiqué le gouvernement. En plus de ces centres, des villages conteneurs seront aussi installés à Diekirch, Mamer et Steinfort. Assurant la présidence du Conseil de l’Union européenne, le Luxembourg a aussi montré sa détermination d’aboutir à un accord européen pour la répartition de 120.000 réfugiés sur le territoire de l’Union. Un accord a été adopté en ce sens lors d’une réunion extraordinaire des 28 ministres de la Justice et des Affaires intérieures le 23 septembre. Il n’a pu être obtenu qu’à la majorité qualifiée, quatre pays (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Roumanie) ayant voté contre.

038 ―

Depuis le début du mois de septembre, la sécurité a été rehaussée au tribunal d’arrondissement de Luxembourg, au cœur de la cité judiciaire, avec l’installation d’un système de contrôle des personnes via des portiques et des détecteurs manuels. Selon un plan en trois phases, le public, mais également les prévenus et les témoins (dans une phase verte), voire les fonctionnaires de la justice, les avocats (dans une phase orange) et les magistrats (dans une phase rouge), sont désormais contrôlés. En septembre, ING Group a réalisé une étude auprès de quelque 15.000 personnes – dont 500 résidents luxembourgeois des locataires – dans 15 pays, jugent le paiement dont une majodu loyer délicat. rité d’États membres de l’Union européenne. On y constate qu’au Luxembourg, 15 % des propriétaires et 28 % des locataires trouvent qu’il est difficile, voire très difficile, de rembourser son crédit ou de payer son loyer chaque mois. La moyenne européenne est de 26 % pour les propriétaires et de 24 % pour les locataires.

28 %

Des agriculteurs sont venus en tracteur depuis la Belgique pour faire entendre leur voix lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture, à Luxembourg, le 15 septembre.

― Novembre 2015

La veille, d’autres producteurs laitiers avaient déjà réussi à bloquer 15 ministres européens à Kalborn. Jugeant les mesures adoptées lors de la réunion extraordinaire de début septembre insuffisantes, les représentants du monde agricole souhaitent un ensemble de mesures destinées à réduire les coûts de production des producteurs de lait et de viande. Le lanceur d’alerte français Antoine Deltour, qui est à l’origine des révélations de l’affaire LuxLeaks, des centaines de documents provenant de la firme PwC sur des accords fiscaux confidentiels entre les multinationales et l’Administration des contributions directes, a été nominé le 10 septembre parmi huit autres personnes ou organisations, pour recevoir le prix Sakharov du Parlement européen. Ce prix pour la liberté de l’esprit, créé en 1988, honore « des personnalités collectives ou individuelles qui s’efforcent de défendre les droits de l’Homme et des libertés fondamentales ». Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, a confirmé à la mi-septembre, lors d’une interview sur RTL, que l’impôt de rééquilibrage budgétaire prélevé sur les salaires s’arrêterait au 1er janvier 2017. Cet impôt avait été mis en place dans le contexte du Zukunftspak et d’un accord négocié entre le gouvernement et les syndicats dans la foulée des mesures comprises dans ce paquet d’avenir.

L’ancien président du Fonds du logement, Daniel Miltgen, débarqué en mars dernier suite à une mésentente avec la ministre du Logement Maggy Nagel, a été muté au ministère de l’Éducation nationale. Il enseigne désormais au Lycée Josy Barthel, au sein de la section génie civil, construction et architecture. Une place qui correspond à sa formation d’ingénieur. Romain Diederich, un autre haut fonctionnaire et ancien Premier conseiller de gouvernement au ministère du Développement durable et des Infrastructures, s’est également reconverti dans l’enseignement secondaire. Diederich avait dirigé pendant 10 ans le département de l’Aménagement du territoire et était l’homme des plans sectoriels. Il officie désormais comme professeur de géographie au lycée Athénée de Luxembourg. Le lundi 14 septembre, 2.200 étudiants des facultés des Lettres, des Sciences humaines, des Arts et des Sciences de l’éducation ont vécu leur première rentrée sur le site de Belval – voire leur première rentrée à l’université pour les plus jeunes d’entre eux – où ils ont pu découvrir les toutes nouvelles installations universitaires. Le président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo, a cosigné le 14 septembre à Rome


Économie & Politique Brèves

26.670

Selon les données du Statec, c’est le nombre de fonctionnaires et d’employés de l’État enregistrés au 1er janvier 2015. L’État reste donc le premier employeur du pays.

une déclaration réclamant « plus d’Europe et non pas moins d’Europe » pour relever les défis qui se présentent à l’Union européenne. En compagnie de ses homologues italien, allemand et français – Laura Boldrini, Norbert Lammert et Claude Bartolone –, Mars Di Bartolomeo a relevé que l’Europe

Cultes, Xavier Bettel, s’est rendu en visite officielle au Vatican. Il a été reçu en audience privée au palais apostolique par le pape François. Le Premier ministre et le souverain de l’État de la Cité du Vatican ont eu un échange sur les relations bilatérales et l’actualité internationale. Les interlocuteurs

Le Premier ministre luxembourgeois, aussi en charge des Cultes, s’est rendu en visite officielle au Vatican.

était aujourd’hui confrontée à des « défis extraordinaires », évoquant notamment les flux de migrants et de réfugiés, le changement climatique, la croissance insuffisante, le chômage et le terrorisme. Observant aussi une désaffection croissante de l’intérêt pour l’Europe de la part de ses citoyens, les quatre signataires considèrent que le seul remède à ces maux est « une Union européenne plus forte et plus intégrée ». Dans le cadre de la réforme fiscale en préparation, l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) a demandé à ce que la pression qui pèse sur les petits et les moyens revenus soit allégée et compensée par une augmentation de la tranche maximale de l’impôt sur le revenu. Pour compenser les pertes de revenus que des mesures en ce sens engendreraient pour le budget public, l’ULC suggère une augmentation de la tranche maximale de l’impôt sur le revenu avec une progressivité correspondante. Le 17 septembre dernier, le Premier ministre et ministre des

ont notamment abordé les priorités de la présidence luxembour­ geoise du Conseil de l’Union européenne et la crise des réfugiés. Le 22 septembre dernier, le List (Luxembourg Institute of Science and Technology) a rejoint ses nouveaux bureaux sur le site de EschBelval. Désormais au cœur du Belval Innovation Hub comme le définit le CEO Gabriel Crean, il entend être un moteur très concret de l’innovation qui anime le développement et le redéploiement économiques. 300 des quelque 650 collaborateurs du List sont désormais dans les locaux de la Maison du savoir. Pour le sixième mois consécutif, le taux de chômage est resté figé à 6,9 % à la fin août, selon l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem). Au 31 août dernier, le pays comptait 17.150 demandeurs d’emploi, soit 424 personnes de moins (-2,4 %) qu’un an auparavant, lorsque ce taux de chômage affichait 7,2 %.

L’emploi salarié au Luxembourg a progressé de 0,7 % entre le premier et le deuxième trimestre de cette année, et de 2,6 % en un an, selon les chiffres du Statec. Entre les 30 juin 2014 et 2015, cette progression a surtout profité aux travailleurs frontaliers (+3,3 %) plutôt qu’aux résidents (+2,1 %). Chez ces derniers, elle a été plus importante chez les travailleurs issus de pays tiers (+5,9 %) par rapport à ceux issus de l’Union européenne (+2,9 %) et aux Luxembourgeois (+1,0 %). Toujours en comparaison annuelle, ce sont les activités spécialisées – principalement juridiques, comptables et de conseil – et celles de l’information et de la communication, à savoir le traitement et l’hébergement de données, qui ont été les plus dynamiques avec des hausses respectives de 6,1 % et 4,5 %.

l’étude des conditions de vie dans 71 villes réparties sur les cinq continents, démontre que le Grand-Duché tire en partie son épingle du jeu. Selon l’étude, New York apparaît comme la ville la plus chère du monde, devant Zurich et Genève. À revenus comparables, les New-Yorkais doivent ainsi débourser 8 % de plus de leur Se loger salaire au logeà Luxembourg ment que les est cher, Zurichois et 9 % mais il y a pire. de plus que les Genevois. Le Luxembourg, de son côté, se place à la 14e place de ce classement. Selon les calculs d’UBS, les résidents de la capitale grand-ducale paient 36 % de moins qu’à New York.

En l’absence de faculté de médecine au Luxembourg, les étudiants ayant réussi leur première année à l’Uni continueront à bénéficier de la possibilité de poursuivre leurs études en Belgique, a pu confirmer Marc Hansen (DP), secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, aux membres de la commission dédiée, le 21 septembre. Seule réserve, avoir passé le nouveau concours d’accès, instauré par les autorités belges au début de l’été pour tenter de limiter le nombre de ressortissants étrangers dans ses facultés.

Fin de cumul des mandats pour Xavier Bettel. En date du 23 septembre, le Premier ministre a annoncé son souhait de quitter son poste de président du parti. En poste depuis 2013, quelques mois avant les élections législatives anticipées, Xavier Bettel avait jusqu’à présent cumulé les casquettes, celles de chef de gouvernement et de chef de file des Libéraux.

L’enquête « Prix et salaires 2015 » de la banque suisse UBS, basée sur

14e

L’Américain Elon Musk, cofondateur de PayPal et de Tesla, patron aussi du lanceur de satellites SpaceX, était un des invités prestigieux d’un conseil informel des ministres européens de l’Énergie

Étienne Schneider n'a pas résisté à la photo-souvenir aux côtés d'Elon Musk.

― Novembre 2015 ― 039


Économie & Politique Brèves

43,3

C’est, en millions d’euros, le montant le plus élevé des recettes perçues par l’État liées aux droits de concession versés par les exploitants des stations-service sur les aires de Berchem et de Capellen.

le mercredi 23 septembre à Luxembourg. Et visiblement le milliardaire américain n’a laissé personne indifférent, les personnalités politiques luxembourgeoises jouant quasiment des coudes pour une photo aux côtés du businessman (lire aussi en page 26).

Société nationale des habitations à bon marché), 6.500 m2 de commerces et 6.800 m2 de bureaux. La tour de logements sera haute de 21 étages.

Le gouvernement luxembourgeois a fait le choix de s’entourer des conseils de Après une légère reprise en août, Jeremy Rifkin et le nombre d’entreprises luxemde son équipe bourgeoises ayant demandé à pour préparer sa pouvoir bénéficier du chômage C'est, en milliers troisième révolud'euros, l’enve­tion industrielle. partiel est resté stable en seploppe pour le tembre. Les 11 dossiers Le « visionnaire » consulting introduits auprès du américain est venu Rifkin. Comité de conjoncà Luxembourg pour ture ont tous été dévoiler sa vision acceptés. Sur les pour un avenir économique qui s’écrit d’ores et 1.285 personnes déjà avec les outils disponibles. employées dans ces sociétés, 586 Son assistance a été acquise pour un mandat de 450.000 euros ont donc, au cours du mois de répartis entre le gouvernement et la Chambre de commerce. « Ce septembre, bénéficié du chômage changement de business model ne partiel. Une mesure se fera pas du jour au lendemain, pour laquelle pas moins c’est un processus », a précisé de 594.000 euros ont été attriRifkin (lire aussi en page 60). bués au Fonds de l’emploi.

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Il l’avait dit en juillet et redit en août auprès de Paperjam.lu : le déclenchement de la prochaine indexation se fera à la fin 2015. Le 24 septembre, Étienne Schneider (LSAP), vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, a réaffirmé ses propos, dans une réponse parlementaire cette fois. Interrogé par le député Laurent Mosar (CSV), le ministre a indiqué que « le scénario central du Statec, publié le 5 août, prévoit le déclenchement de la tranche fin 2015 ». Et donc son versement le mois suivant. Le Fonds Kirchberg a annoncé le lauréat du concours organisé pour l’îlot mixte de la Porte de l’Europe au Kirchberg. Allfin Group, Cushman & Wakefield, Arquitectonica et M3 Architectes ont remporté le marché. C’est au pied de la Tour B de la Porte de l’Europe et en face de la Philharmonie que va se développer le nouvel îlot mixte comprenant bureaux, logements et commerces. Les 33.300 m2 du site se répartiront en 20.000 m2 de logements (dont 2.000 m2 pour la

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Le tronçon de 31,4 kilomètres de la Noordstrooss, reliant le Kirchberg à Ettelbruck, a été inauguré le mercredi 23 septembre en présence du Grand-Duc. Cette portion manquante aura nécessité de longues années de travaux et une enveloppe budgétaire bien plus élevée que prévu. La facture finale atteint quelque 700 millions d’euros, soit près du double de l’enveloppe initialement prévue. Le ministre de l’Économie Étienne Schneider a annoncé la fusion prochaine des équipes de Luxinnovation et de Luxembourg for Business pour redonner un élan à la promotion économique du pays. À l’origine, il était question de fusionner Luxembourg for Business (LFB) et Luxembourg for Finance (LFF), les deux agences de promotion du Luxembourg à l’étranger, mais cela ne s’est pas fait. Pour Étienne Schneider, « il serait bénéfique pour la promotion du pays de rassembler les équipes et les moyens pour faire une promotion économique qui mérite son nom ».

― Novembre 2015

La réforme envisagée par le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch (DP), sur les relations entre l’État et l’enseignement privé pourrait faire une différence entre les établissements qui mettraient en avant la langue nationale et les autres. Dans le cadre d’une réponse parlementaire, Claude Meisch a notamment envisagé de marquer la différence par le levier financier. Autrement dit, le versement d’aides étatiques plus élevées aux établissements privés mettant en place des cours de luxembourgeois et / ou en luxembourgeois. Comptant parmi les projets sur lesquels la Ville de Luxembourg travaille depuis de nombreuses années, le carsharing – ou système de partage de voitures – vient d’être lancé à travers la capitale. Dans un premier temps, 10 voitures sont réparties sur cinq stations. Elles peuvent être réservées à l’avance par téléphone ainsi que par internet. Après s’être dotées de locaux en commun en construisant le Forum da Vinci, l’Aliai (Asso­ ciation luxembourgeoise des ingénieurs, architectes et industriels), l’Ali (Association luxembourgeoise des ingénieurs) et Tema.lu (Technology managers Luxembourg) ont en effet officialisé lundi leur union au sein d’une seule et même structure : l’asbl da Vinci. La nouvelle association compte désormais 3.000 membres. Partenaires depuis près de 20 ans, l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) et les sociétés de travail intérimaire ont décidé de renforcer leurs liens pour permettre aux demandeurs d’emploi de bénéficier pleinement des opportunités d’insertion qu’offre le travail en intérim. Les salariés intérimaires représentent 2 % de l’ensemble des salariés du pays.

La zone du « Kiss & Go », située en face de l’entrée de la gare centrale de Luxembourg, sera désormais réservée aux 154 taxis portant une vignette de la Ville et la dépose des passagers se fera sur le parking latéral avec un temps de stationnement limité à 15 minutes, a décidé le conseil communal le 28 septembre. Les membres du conseil communal de Luxembourg-ville ont voté à l’unanimité pour la construction d’un nouveau centre de secours. Installé au Ban de Gasperich sur un site de 5,2 hectares, le bâtiment regroupera non seulement les pompiers de la capitale, mais aussi d’autres services de secours. D’une valeur globale de 121,6 millions d’euros, le futur ensemble s’étendra sur 39.000 m2. En progressant de deux places par rapport à 2014, Luxembourg se hisse dans le top 5 du classement E-REGI 2015 des 100 villes européennes qui présentent les meilleures perspectives économiques aux yeux des analystes de LaSalle Investment Management, et ce principalement dans le cadre de futurs investissements immobiliers. Pour prendre la cinquième place, la capitale grand-ducale a dépassé Oslo. Le Premier ministre luxembourgeois a rencontré, en marge de l’assemblée générale de l’Onu à New York, le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. C’est la seconde entrevue en six mois entre les deux hommes. La précédente avait eu lieu en mai dernier à Astana.


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Économie & Politique Réforme fiscale

01 Chantier cosmétique

― Texte : Véronique Poujol

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― Novembre 2015

Après des mois de jeu de cache-cache et de mystère planant sur les axes de la réforme fiscale qu’il concocte dans ses ateliers de la rue de la Congrégation, le ministre des Finances Pierre Gramegna est sorti de sa réserve, samedi 19 septembre, sur les antennes de RTL Radio, en annonçant son intention de faire passer graduellement le taux d’imposition nominal des entreprises et l’amener vers les 15 % pour aider, a-t-il dit, les entreprises luxembourgeoises « à rester concurrentielles dans un environnement international ». Personne ne s’est réjoui trop vite de cette (fausse bonne) nouvelle : derrière son emballage marketing, elle cache une réforme fiscale de 2017 au final peu ambitieuse. Le gouvernement, sept ans après la crise financière, n’a de toute façon pas les moyens de lancer un chantier qui ressemblerait à un pari fou : abaisser le taux d’imposition combiné des sociétés de son niveau actuel de 29,22 % à 15 % – soit sous celui de la Grande-Bretagne qui a réduit le sien à 18 % – et en même temps améliorer les caisses publiques.

▲ La réforme est en chantier, mais l’ouvrage restera limité. Pour les entreprises, la quote-part communale fera toujours gonfler la note fiscale bien au-delà du seuil des 20 %.

Peu d’informations filtrent les véritables intentions de Pierre Gramegna. Mais il programme uniquement de toucher au taux de l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) pour le ramener entre 18 % et 15 %, contre un niveau actuel de 22,47 %, si on tient compte de l’impôt de solidarité alimentant le fonds du chômage. Le ministère des Finances confirme que l’annonce de Pierre Gramegna ne portait que sur l’IRC. « Pour l’instant, le volet de l’impôt communal n’est pas touché par la discussion », a fait savoir un porte-parole du ministère. Or, les sociétés sont également redevables d’un impôt commercial communal (ICC), variable selon les communes. Son taux se situe dans une fourchette entre 6,75 % (pour Luxembourg-ville) et 9 %. Les entreprises sont également soumises à l’impôt sur la fortune (IF)

PHOTO : BENJAMIN CHAMPENOIS / MAISON MODERNE

► Le gouvernement entretient la confusion entre le taux d’affichage et le taux réel, jouant la carte du marketing de compétitivité pour l’extérieur. ► A priori, seul le taux d’impôt sur le revenu des collectivités va baisser, mais le taux réel devrait stationner autour des 25 %.


Économie & Politique Réforme fiscale de 0,5 %, avec un forfait minimal de 12.500 euros pour les sociétés anonymes et 5.000 euros pour les sociétés à responsabilité limitée. L’impôt sur la fortune des personnes physiques résidentes a été aboli en 2006. La réduction du taux devrait donc être symbolique et n’aurait « aucun effet de marché » sur les investisseurs susceptibles d’installer leurs véhicules au Grand-Duché, fait observer un fiscaliste de la Place. Pour autant, dans son projet de budget pluriannuel, le gouvernement tablait sur une augmentation des recettes de l’IRC de près d’un quart en 2018, par rapport à 2014. Effet levier de la réforme fiscale faisant venir de nouveaux entrepreneurs à la louche pour remplir les caisses publiques ? Au bout du compte, le taux combiné, tenant compte à la fois de l’IRC et de l’ICC, devrait encore stationner autour des 25 %, soit dans la moyenne des pays riches de l’OCDE. Le taux moyen d’impôt sur les sociétés y est passé de 32,6 % en 2000 à 27 % en 2007 et 25,3 % en 2014. On serait donc loin d’un flat rate rêvé par le patron du département fiscal de PwC, Wim Piot, pour un abaissement du taux d’imposition à 16 % ou 17 %. « Il faudra passer en dessous des 20 % », indiquait aussi Jean-Jacques Rommes, le directeur de l’UEL (lire le grand entretien en page 16), qui revendique la disparition de l’impôt communal. Vu les réticences de l’Administration des contributions directes à produire des rescrits fiscaux (un quota de 800 rulings maximum à partir de cette année), un taux restant plus élevé ne va probablement pas pousser les investisseurs vers le Luxembourg. « Nous perdons des dossiers », se lamente un opérateur de la place financière, évoquant la concurrence de l’Irlande ou de Londres. Pour l’heure, le taux d’imposition effectif sur le revenu des entreprises se situe entre 29,22 % (pour Luxembourg-ville) et 31,47 %.

Wim Piot

Le patron du département fiscal du cabinet PwC Luxembourg a plaidé pour un taux réel de 17 % à 18 %.

Mais, grâce aux mécanismes d’abattements, de bonifications et autres astuces des optimisateurs fiscaux, le taux moyen s’établit à 20 %, selon une étude de PwC International et de la Banque mondiale publiée fin 2013 : elle plaçait le Luxem­bourg au deuxième rang européen des taux les plus bas, derrière… la Croatie. Pierre Gramegna serait tenté de ne pas modifier le taux de 0,5 % de l’impôt sur la fortune, mais il pourrait mettre en place un plafond, 500 millions de fonds propres, audelà duquel l’impôt ne s’appliquera plus. Là encore, ce geste, s’il devait se traduire dans les faits à partir de 2017, devrait rester anecdotique dans le positionnement du GrandDuché dans la course au moins-disant fiscal. Le ministère des Finances n’a pas souhaité commenter un éventuel plafonnement de l’IF, évoquant une « simple rumeur ».

PRESQUE RIEN À DISTRIBUER Au nom du réalisme politique et sans doute aussi en raison de tiraillements internes, le gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng a donc pris l’option d’un taux d’affichage à la baisse qui se vend mieux lors des missions de prospection. Le ministre de l’Économie Étienne Schneider avait annoncé la couleur dans une interview au Jeudi parue le 27 août dernier. Il admettait d’abord que les finances de l’État luxembourgeois avaient un « vrai problème » et qu’il n’y avait « presque rien à distribuer ». Et il évoquait ensuite l’intention de baisser le taux d’affichage pour les entreprises parallèlement à une assiette d’imposition « plus grande », ayant un effet neutre sur le bulletin d’impôt des entreprises. « Le but, c’est que les entreprises paient la même chose – pas moins – mais que le taux d’affichage, qui est aujourd’hui beaucoup trop élevé par rapport à la concurrence internationale, baisse. »

Jean-Jacques Rommes Le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises assure qu’il faudra faire passer l’impôt cumulé des entreprises entre 15 % et 20 %.

L’idée sous-jacente de la réforme fiscale, qui devrait être finalisée au printemps prochain pour être votée avant la fin de l’année 2016 et s’appliquer le 1er janvier 2017, est donc une opération marketing permettant de rapprocher le taux d’affichage au taux réellement payé, grâce aux abattements et bonifications. « Au fond, c’est de la cosmétique pour pouvoir mieux se présenter sur le plan international », indiquait le ministre LSAP de l’Économie. Tout était dit. Pierre Gramegna, sur l’antenne de RTL, confirmait qu’il ne fallait pas s’attendre à une réforme « gigantesque ». Le ministre des Finances avait aussi confirmé la suppression pour 2017 de l’impôt d’équilibrage budgétaire de 0,5 % frappant depuis le 1er janvier 2015 les revenus des ménages. En revanche, il a balayé d’un revers de main un relèvement de la tranche d’imposition des ménages les plus aisés. Il ne faut pas davantage s’attendre à une adaptation des barèmes d’imposition en raison du coût trop élevé que cette opération engendrerait. La réforme sera low cost. « Neutre », avait d’emblée prévenu le Premier ministre et encore président du DP, Xavier Bettel. Ainsi, la baisse de la fiscalité des entreprises relèvera du branding de la Place à l’usage des VRP chargés de vendre le Luxembourg à l’autre bout de la planète. Sans fausse pudeur, avec un taux d’affichage qui ne correspondra pas à la réalité. Il n’est pas dit que le poisson mordra à l’hameçon, ni que ce sera la méthode la plus habile pour gagner la confiance à long terme des investisseurs. Bref, la baisse de la fiscalité des entreprises n’engagera que ceux qui y ont cru. ◄ En résumé Les entreprises ne doivent pas s’attendre à une baisse d’impôts spectaculaire. La réforme fiscale annoncée pour 2017 devrait se traduire par une baisse du taux d’impôt sur le revenu des collectivités qui sera ramené de 22 % à 18 % ou 15 %. Il s’agit d’une réforme cosmétique, tournée surtout vers la promotion. Car sur place, l’impôt communal fera encore rester la barre à 25 %.

Pierre Gramegna

Le ministre libéral des Finances a annoncé une baisse du taux d’imposition des entreprises, sur base d’un impôt sur le revenu des collectivités qui pourrait passer de 22 % à 18 %, voire 15 %.

Gilles Roth

Le député du CSV, expert du parti en matière de fiscalité, appelle à une baisse de l’impôt sur le revenu des ménages entre 15 % et 20 % et à un relèvement de l’abattement extraprofessionnel de son niveau actuel de 4.500 euros à 6.000 euros.

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Économie & Politique Droit de la consommation

02 Essai clinique ► Les étudiants en droit de l’Université du Luxembourg vont pouvoir sortir la tête de leurs codes pour se confronter à la réalité. ► La nouvelle « clinique du droit de la consommation » leur permettra de se frotter à des litiges soumis par des consommateurs. ► Une pratique pédagogique innovante au niveau européen qui devrait vite faire des petits. ― Texte : Jean-Michel Lalieu

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débordées. Finalement, les violons se sont accordés. Les étudiants ne géreront que les litiges inférieurs à 5.000 euros et ils seront assistés bénévolement, lors de chaque rencontre avec un consommateur, par un avocat, qui n’aura qu’un rôle d’observateur. « En plus, précise Élise Poillot, nous n’intervenons que dans les cas par rapport auxquels un texte du code luxembourgeois de la consommation peut s’appliquer. » Les consommateurs pourront soumettre leurs litiges via un formulaire qui sera disponible en ligne – le logo de la clinique apparaîtra sur la page d’accueil de l’université. Élise Poillot les recueillera et les soumettra à ses étudiants, c’est-à-dire à ceux qui ont choisi le master en droit privé européen. « Les étudiants seront vraiment confrontés à la réalité et plus à des cas inventés par des profs. Dans la vie réelle, il y a toujours l’élément auquel on ne s’attend pas », explique-t-elle. Dans les cas les plus simples, ceux-ci enverront une lettre à la personne qui a soumis le cas pour lui conseiller une voie à suivre. Mais ils peuvent aussi les recevoir si l’affaire exige une meilleure compréhension. Avec comme limite que, si la solution doit passer par un recours en justice, la clinique s’en déleste au profit d’un avocat ou d’une association de consommateurs. « Attention, rien ne sort de la clinique sans avoir été contrôlé par un professeur, insiste Élise Poillot. C’est notre assurance-qualité. »

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▲ À l’initiative du projet, Élise Poillot veut que les futurs juristes soient opérationnels dès la sortie de l’université.

Opérant selon le rythme universitaire, la clinique sera « ouverte » de novembre à décem­ bre et de février à mi-juin. Mais dès le mois d’octobre, les futurs juristes participeront à un atelier interactif où de faux consommateurs, joués par du personnel du service français de la répression des fraudes, leur donneront un avant-goût de ce qui pourrait les attendre. Ils seront aussi assistés d’un avocat et d’une psychologue pour apprendre à mieux gérer les situations. Une première étape nécessaire avant d’affronter des cas réels. En plus de faire en sorte que les étudiants soient plus opérationnels une fois dans le monde du travail, ces « travaux prati­ques » grandeur nature doivent aussi permettre aux professeurs de mettre le doigt sur les man­ques de la législation luxembourgeoise. « Ça fait partie de notre travail de chercheur. Il est d’ail­leurs prévu

que nous fournissions un rapport au gouvernement une fois par an. » C’est d’autant plus intéressant que le spectre est assez large puisqu’il couvre toute entreprise commerciale opérant sous le droit luxembourgeois, de la PME au géant multinational. Pour tirer un premier bilan, la juriste se donne deux ans. Mais il est déjà évident qu’au niveau du Vieux Continent, une telle clinique fait œuvre de pionnière. « Des universités europé­ ennes nous contactent afin que nous leur transférions nos compétences sur ce modèle », expliquet-elle. À terme, elle imagine la mise en place d’un réseau européen au sein duquel l’Uni jouerait un rôle de leader. ◄ En résumé La faculté de Droit de l’Université du Luxembourg ouvre une clinique du droit de la consommation à laquelle les consommateurs qui s’estiment lésés pourront faire appel pour tenter de résoudre leur litige. Au niveau européen, l’Uni fait œuvre de pionnière.

PHOTO : DR

À partir de cette année académique, les étudiants qui entament le master de droit à l’Uni auront l’occasion de participer à la nouvelle « clinique du droit de la consommation ». Officiellement lancée par la faculté de Droit, d’Économie et de Finance en mars dernier, elle permettra aux étudiants de se frotter à la pratique. Le but est en effet de faire traiter par des étudiants des litiges auxquels sont confrontés des consommateurs. Une technique d’étude déjà largement pratiquée aux États-Unis, mais qui n’en est qu’à ses balbutiements sur les campus européens. « J’ai été une étudiante frustrée, j’ai toujours estimé qu’il manquait la dimension pratique à ce qu’on nous faisait étudier », explique Élise Poillot, directrice du master 2 en droit privé européen. Elle a donc proposé l’idée de cette « clinique », projet bien accueilli par les instances aca­ démiques. En revanche, il s’est heurté à une forte résistance de la part des professionnels du secteur. Les discussions avec le barreau ont duré deux ans. Le futur service étant gratuit, la corporation des avocats a craint une concurrence déloyale. Or, la professeure de droit avait justement proposé une clinique par rapport au droit de la commission parce que les litiges moyens tournent autour de 350 euros et intéressent peu les avocats. Les consommateurs eux-mêmes ont d’ailleurs plutôt tendance à se tourner vers les associations qui, elles, sont


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Économie & Politique Philanthropie

03 Culture à instaurer ► La journée de la philanthropie du 17 octobre sera à marquer d’une pierre blanche. ► 12 lauréats choisis par un resource board parmi 142 projets seront présentés au public, dont six confirmés et six émergents. ― Texte : Florence Thibaut 17 octobre, journée de la philanthropie ! Le moteur de la journée, propulsée par la Banque de Luxem­bourg et qui se tiendra essentiellement place d’Armes, c’est de mettre en valeur les philanthropes luxembourgeois. Au travers d’une douzaine de projets – sélectionnés parmi plus de 140 initiatives –, il s’agit de donner un coup d’accélérateur au secteur dans son ensemble. Un livre blanc découpé en propositions concrètes sera remis aux autorités publiques dans la foulée. ◄

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Pour assister à l’événement, il suffit de s’inscrire par mail à l’adresse philanthropie@bdl.lu

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Économie & Politique Philanthropie

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Une entreprise peut être sociale

L’impact détermine notre satisfaction

Les sourires, la plus belle récompense

Cela renforce la cohésion sociale

1,2,3 Go Social

Né en 2011, 1,2,3 Go Social est un parcours d’accompagnement conçu par Nyuko pour les entrepreneurs solidaires. L’incubateur leur ouvre les portes de son réseau, avec formation, coaching et business plan « social » à la clé. « Nous voulons faire évoluer les mentalités et montrer qu’une entreprise peut être sociale tout en étant rentable », explique Frédérique Gueth.

Cette prise en charge veut sortir les porteurs de projet de l’isolement et réduire leur risque d’échec.

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Global Issues Network

Care in Luxembourg

DayCare a un double moteur : renforcer l’orientation professionnelle au Luxembourg et lutter contre la mortalité maternelle et infantile au Niger. Pendant une journée de stage, élèves et entreprises s’engagent pour un but commun : un avenir plus radieux pour les jeunes des deux continents. « C’est

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Eis Epicerie Zolwer

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Ouverte à tous depuis juin 2015, l’épicerie de quartier Eis Zolwer de Sanem propose 1.500 produits biologiques et régionaux. Ses clients ont l’assurance de savoir ce qu’ils mangent, tout en soutenant l’emploi local. « Notre poli-

L’ambition de devenir inutile

Atelier de réinsertion professionnelle, « Stëmm Caddy » confectionne 300 packs alimentaires distribués gratuitement tous les jours, grâce à une équipe de 20 demandeurs d’emploi. « Devenir un jour inutile et

Pour sortir de la misère

tique de prix a été développée pour que chacun ait accès à une alimentation saine, sans être stigmatisé », affirme

ont déjà répondu à l’appel.

Jos Piscitelli, à la tête de l’initiative. Troc de livres, bistrot, ateliers et zones de formation complètent l’espace.

09 Ton succès est en toi

Cycle de formation non formel, « Empowerment 4 employment » a pour vocation d’améliorer l’employabilité des jeunes grâce à un éventail de compétences directement utilisables sur le terrain. « Ton succès est en toi », c’est ce qu’affirme Laurence Hane aux demandeurs d’emploi. En moins d’un an, 24 jeunes de 16 à 30 ans ont déjà participé au parcours, qui leur permet de découvrir et développer des aptitu­ des valorisées par les employeurs.

Créé pour aider les personnes souffrant de solitude, le projet « Eng Hand fir déi Krank » de la Croix-Rouge vise particulièrement les citoyens malades, âgés ou en situation d’handicap. « Les liens intergénérationnels et

taires est redistribué à l’asbl.

l’impact qui détermine notre satisfaction, souligne Frédéric Haupert. Notre efficacité se traduit en nombre de vies sauvées. » Le salaire versé aux volon-

pallier l’incapacité des grandes institutions internationales à répondre à des enjeux comme le changement climatique ou la pénurie d’eau, nous voulons compter sur la vitalité de la jeune génération. » 500 écoles du monde entier

4 Motion

Croix-Rouge luxembourgeoise

Adossée à la Philharmonie, la Fondation EME mobilise 70 musiciens pour offrir un moment de plaisir musical à un public généralement exclu des institutions culturelles. « Voir les sourires des bénéficiaires est la plus belle récompense. Les retours positifs témoignent des bienfaits de la musique », constate Dominique Hansen. En moyenne, l’association organise 500 événements par an : ateliers de chant, cours de djembé, concerts dans des maisons de retraite…

Et si les étudiants La mixité sociale par changeaient le monde ? l’alimentation Mobiliser les plus jeunes citoyens pour changer le monde, telle est l’ambition du réseau international Global Issues Network conçu par l’International School of Luxembourg en 2003. Et Valérie Isbecque de cadrer : « Pour

Écouter pour mieux s’entendre

Stëmm vun der Strooss

superflu serait notre plus grande victoire », confie Alexandra Oxacelay.

interculturels qui se créent facilitent la compréhension de l’autre et renforcent la cohésion sociale », partage Claudia

Coimbra. Chaque semaine, une cinquantaine de bénévoles quadrillent le pays pour visiter les bénéficiaires durant près d’une heure.

Life Project 4 Youth

Le constat est alarmant : la population mondiale se compose de 1,2 milliard de jeunes âgés de 17 à 24 ans, dont la moitié souffre de violence ou de maladie. Depuis 2009, pour améliorer leur qualité de vie, le projet « Green Village » a développé 16 incubateurs de projet situés au cœur de bidonvilles en Inde, aux Philippines, en Indonésie ou au Vietnam. « 500 jeunes ont déjà

Faire d’une pierre deux coups, tel est le tour de force du projet, qui allie intégration sociale et aide aux défavorisés depuis février 2014.

pu être accompagnés, dont 100 ont gagné le monde professionnel », se

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Le suicide n’est pas une option

Soigner ceux qu’on oublie

Il suffit d’une heure ou deux

Jugendtreff Hesper

Pour toucher l’opinion publique, la Maison des jeunes d’Hesperange a organisé une première journée « prévention suicide » le 1er juillet dernier. « Face à un phénomène trop souvent passé sous silence, l’objectif final est de briser un tabou », soutient Romain

Juncker. Outre des ateliers, le temps fort aura été le tournage d’un court métrage écrit et joué par un groupe de volontaires, devenu depuis lors un outil de prévention.

Médecins du monde

Garantir un accès aux soins médicaux à tous, y compris aux personnes exclues du système de protection sociale, est la mission que s’est fixée le projet « Un médecin pour tous ». Des permanences sont ainsi organisées de manière hebdomadaire à Luxembourg et Esch-sur-Alzette. « Nos patients sont des hommes à

80 %, le plus souvent âgés de 20 à 69 ans, qui déclarent vivre dans la rue », témoigne Géry Meyers, qui

constate une demande croissante.

réjouit Jean-Marie Demeure.

Serve the city Luxembourg

Depuis septembre 2013, la plateforme d’échanges digitale Serve the City aide tous les bénévoles en herbe à se rendre utiles. Alix ReboulSalze explique : « L’idée n’est pas de

changer le monde du jour au lendemain, mais de faire la différence petit à petit grâce au soutien du plus grand nombre. » Blog, newsletters, page

Facebook, mais aussi événements se chargent de maintenir le lien entre associations et volontaires.

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Économie & Politique Missions économiques

► Chaque année, plusieurs missions économiques sont organisées par la Chambre de commerce et ses partenaires pour permettre aux entreprises de découvrir de nouveaux marchés à l’étranger. ► Israël, les Philippines, Taïwan et le Danemark sont encore au programme de 2015. ― Texte : Michaël Peiffer

Israël, les Philippines, Taïwan et le Danemark figurent encore à l’agenda des missions économiques que mènera la Chambre de commerce d’ici la fin de l’année. « Nous voulions également y ajouter le Sénégal et l’Éthiopie, mais le timing est trop serré. Ce sera pour début 2016 », confie Jeannot Erpelding, directeur du département des Affaires internationales au sein de la Chambre de commerce, maître d’œuvre de ces différents déplacements. « Il existe une grande variété de missions économiques, détaille Pierre Franck, chargé de la direction générale de la promotion du commerce extérieur et des investissements au sein du ministère de l’Économie. Au sommet de la pyramide, on trouve la mission qui s’inscrit dans le cadre d’une visite d’État ou encore les missions emmenées par le ministre de l’Économie et le Grand-Duc héritier. Il faut également distinguer les actions de promotion, que mène la Chambre de commerce en faveur de ses membres, des actions de prospection qui reviennent essentiellement au ministère de l’Économie. Dans la plupart des cas, chaque mission intègre ces deux volets. » Pour cette fin d’année, la Chambre de commerce du Grand-Duché de Luxembourg, en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie, a donc programmé une mission économique en Israël, du 24 au 28 octobre prochain. La mission se veut multisectorielle. « Elle s’articule toutefois autour des points forts de l’économie israélienne, qui sont aussi des secteurs clés de l’économie luxembourgeoise, comme l’ICT, les biotech­ nologies, la logistique ou les cleantech, reprend Jeannot Erpelding. En raison de la présidence

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luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, et vu les agendas encombrés, aucun ministre ne participera à ces missions, dont l’ambition première est, dans le chef de la Chambre de commerce, de permettre à des entreprises luxembourgeoises de découvrir de nouveaux marchés. » Les déplacements consécutifs aux Philippines, les 9 et 10 novem­ bre, et à Taïwan, du 11 au 13 novembre, sont aussi assez généralistes, même si l’accent sera mis sur l’ICT, la logistique et le développement de partenariats dans le secteur touristique. « Il est vrai

À Copenhague, il n’y a pas que la Petite Sirène. Il y a aussi les sirènes du business. ▼

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que nous essayons désormais d’orienter nos missions en fonction de secteurs particuliers, compte tenu des axes définis par le gouvernement, et ce en association avec les clusters luxembourgeois qui nous aident à mieux cerner les partenaires potentiels, commente Jeannot Erpelding. Mais lorsque nous annonçons une nouvelle mission, nous ne définissons pas immédiatement le scope final. Nous voyons d’abord quelles entreprises montrent de l’intérêt. Ensuite, nous pouvons orienter notre action de façon plus précise. Nous sommes des facilitateurs et nous devons avant tout rester pragmatiques. »

PROMOUVOIR LE GRAND-DUCHÉ AUSSI Fin novembre, du 24 au 26, c’est en collaboration avec l’ambassade du Luxembourg à Copenhague qu’une déléga­tion de PME s’envolera pour le Danemark. « Cette mission commerciale a pour but de renforcer les liens économiques bilatéraux entre le Luxembourg et le Danemark dans les domaines de la logistique, des affaires maritimes, des écotechnologies et des TIC, poursuit le directeur du

département des Affaires inter­ nationales. Nos membres auront notamment l’occasion de présenter leurs solutions et technologies innovantes et d’échanger avec les entreprises et les institutions locales. » À l’arrivée, chaque mission est le fruit d’un compromis entre les intérêts des uns − soutenir le développement interna­ tional des entreprises locales − et des autres − promouvoir le Grand-Duché comme étant la destination idéale pour développer ses activités sur le Vieux Continent. « Nous travaillons main dans la main, explique Pierre Franck, au ministère de l’Économie. Grâce à nos réseaux respectifs, notamment par le biais du réseau des Luxembourg Trade and Investment Offices, nous analysons les opportunités et définissons les destinations qui nous semblent les plus adéquates. Nous ciblons surtout des pays dans lesquels nous disposons de relais efficaces. Nouer une relation d’affaires prend du temps. » ◄ En résumé Israël, les Philippines, Taïwan ou le Danemark. Quatre destinations ciblées, d’ici à la fin de l’année, pour les ambassadeurs économiques du Luxembourg. Le ministère appuie là où il y a des relais efficaces.

PHOTO : COPENHAGUE BUSINESS SCHOOL

04 Voyages d’ouverture


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Économie & Politique Recherche et développement

05 Carrefour du savoir ► Belval, hub pour la recherche et l’innovation : l’ambitieux dessein prend corps avec les emménagements du FNR et du List, aux côtés de l’Uni, du Liser, du LIH ou du Technoport. ► Plus de synergies et de ponts entre les disciplines et vers les entreprises font partie des avantages collatéraux du rassemblement, physique et intellectuel, des acteurs. ― Texte : Florence Thibaut et Alain Ducat ― Photo : Sven Becker

▲ La Maison du savoir, au cœur du campus et d’une plateforme qui fait mieux que chercher.

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Principal bailleur de fonds de la recherche publique grand-ducale, le FNR a pris possession de ses nouveaux locaux au huitième étage de la tour de la Maison du savoir, sur le campus de Belval, le 25 septembre dernier. Cette installation au cœur de l’ancienne place forte de la sidérurgie permet à ses 26 collaborateurs de se rapprocher physiquement de leurs partenaires au sein des Luxembourg Institute of Science and Techno­ logy (List) et Luxembourg Institute of SocioEconomic Research (Liser), parmi les premiers arrivés sur le site, sans oublier l’Université évidemment. « Comme acteur central, nous sommes connectés à tous les centres de recherche. Nous ne pouvions pas être absents du tableau, cadre Marc Schiltz, executive head et secrétaire général du Fonds national de la recherche depuis février 2011. Ces 10 dernières années, la recherche a connu un essor impressionnant. Énormément de ressources ont été investies, le nombre de chercheurs a explosé. Nous entrons à présent dans une nouvelle phase, qui n’est plus celle des pionniers, mais celle du regroupement. La recherche est devenue adulte. Il faut montrer que c’est ici que tout se passe. Nous vivons un moment unique, c’est passionnant. » Après l’arrivée des étudiants de l’Uni, les rentrées se suivent sur le site sorti des friches, créant une émulation collective. « Il faut déjà voyager très loin pour trouver un autre campus de ce niveau, affirme Hilmar Schneider, aux commandes du Liser, qui gagnera la Maison des sciences humaines à la fin du mois d’octobre après quatre années passées sur le campus déjà, mais dans le bâtiment de la Bil, rue de la Fonderie. À ma connaissance, il n’a pas d’équivalent en Europe, peut-être aux ÉtatsUnis. L’architecture en place et les vestiges des hauts fourneaux symbolisent à la fois le passé industriel et le futur du pays, c’est très inspirant d’y travailler et d’observer les change­


Économie & Politique Recherche et développement

ments du paysage. J’ai été entièrement contaminé par le projet. » Pour le List, positionné comme un connecteur entre l’industrie et la science, dans la plus pure acception de la « recherche appliquée », c’est aussi une nouvelle page qui se tourne. La transition (regroupement des CRP Lippmann et Tudor) est bel et bien terminée.

DES CHERCHEURS QUI TROUVENT « Nous repartons d’une page blanche et nous avons beaucoup de lignes à écrire, symbolisait le CEO Gabriel Crean, en préambule à l’inauguration officielle des nouveaux espaces de l’Institut à la Maison du savoir. Il y a de nouvelles bases, de nouveaux contrats, de grands challenges pour notre research & technology organisation (RTO) et pour l’économie en général. Il faut produire ici. Et développer ici, pour permettre cette production, sur base de technologies innovantes, rentables. Si vous perdez la production, vous perdez à terme la R & D. Voilà le challenge. Nous sommes là pour ça. »   Plus qu’un siège et un espace de travail (350 collaborateurs sur 600, les autres étant tout près, à Belvaux) et de rencontre, le List se veut aussi une vitrine, matérialisée par un showroom exposant les réalisations concrètes. Gabriel Crean insiste sur ce volet : « C’est notre stratégie, poussée par celle du gouvernement. Et c’est un core business : faire du transfert de technologies intelligent, acquérir le savoir, l’appliquer en développant, créer des produits technologiques innovants, créer des prototypes et, avec nos partenaires industriels, les tester et les mettre en œuvre sur le marché. » Exemples concrets, parmi d’autres ? De la recherche agro-industrielle sont nées des plantes cultivées pour la richesse de leurs fibres, dont on fait un matériau durable, transformé en blocs d’écoconstruction par Chaux de Contern. Ou encore de nouvelles propriétés d’alliage, appliquées à des fils et carcasses métalliques de pneus, mises en œuvre pour Goodyear.

CROISEMENTS BIENVENUS Pour Rainer Klump, recteur de l’Université, acteur phare du site, ce voisinage devrait permettre d’améliorer encore la qualité et faire émerger de nouveaux projets de recherche, talents et expertises, au bénéfice de tous les acteurs. Ressources partagées, professeurs invités, workshops communs ou projets coréa­ lisés et cofinancés sont déjà au programme. « Pour nos doctorants, avoir un accès facilité aux scientifiques du List ou du Liser est plus que précieux. Tout un écosystème est en train de se mettre en place autour de l’Uni, du Fab Lab et du Technoport. Nous n’en sommes qu’au

début. » Rainer Klump, arrivé début 2015, Gabriel Crean, CEO du List depuis mai 2015, et Hilmar Schneider, en poste depuis avril 2013, apportent un regard neuf sur les pistes de collaboration. Si à leurs débuts, l’Uni et les centres de recherche ont connu quelques épisodes de tension, le climat se veut aujourd’hui constructif. « On est dans une tout autre dynamique. Il y a quelques années, on sentait une méfiance réciproque entre les acteurs, témoigne Hilmar Schneider, également professeur à l’Université du Luxembourg depuis la rentrée académique précédente. On voit aujourd’hui une volonté d’avancer ensemble. Chacun s’ouvre à l’autre, quel que soit son passé. Nous réfléchissons, par exemple, à un projet de data warehouse commun avec le LIH (Luxembourg Institute of Health, lui-même à Belval et né du rapprochement de l’ex-CRP Santé et de l’IBBL – biobanque –, ndlr). Si la sauce prend, Belval sera au top de la recherche mondiale. Bien sûr, cela prendra encore un peu de temps, comme tout investissement. » Même sentiment du côté du FNR, qui pousse pour plus de collaborations dans les projets financés. L’effet de hub peut être très fructueux. « Belval est bien plus qu’un campus universitaire, poursuit Marc Schiltz. Grâce au List, au Liser, à Luxinnovation ou au Technoport, toutes les briques s’agencent enfin. Les contacts vont se nouer plus facilement, au détour d’un couloir ou à la cafétéria. C’est comme ça que germent les meilleures idées. » Si les projets transdisciplinaires sont généralement difficiles à mettre en place, la jeunesse des institutions pourrait être un atout pour davantage de croisements. « Nous avons la chance d’avoir gardé la flexibilité de nos débuts. Nous fonctionnons, sans doute, de manière moins cloisonnée que d’autres institutions. » Parfois sceptiques ou effrayés par les investissements consentis, les visiteurs de Belval, surtout étrangers, sont bien souvent favorablement surpris par la réussite du projet. « Il y a énormément de potentiel ici, il suffit de se promener pour le voir », appuie Hilmar Schneider. La prochaine étape sera d’attirer plus d’entreprises, des start-up aux acteurs du financement. « Symbole de nos succès passés, Belval est aussi un moteur pour notre prospérité de demain, conclut Marc Schiltz. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure, cette implantation va nous aider à placer le Luxembourg sur l’échiquier mondial. C’est une carte de visite commune extraordinaire. » ◄ En résumé En chantier durant des années, le campus de Belval prend désormais forme. Présent depuis 2012 dans le bâtiment de la Bil, le Liser a été rejoint cette année par l’Uni, le FNR et le List. Pépinière de talents, le site sera aussi une belle vitrine sur ce qui fait l’excellence de la recherche luxembourgeoise.

« La recherche est devenue adulte. Il faut montrer que c’est ici que tout se passe. » Marc Schiltz (FNR)

« Si la sauce prend, Belval sera au top de la recherche mondiale. » Hilmar Schneider (Liser)

« Il faut produire ici. Si vous perdez la production, vous perdez à terme la R & D. » Gabriel Crean (List)

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Économie & Politique Sécurité aérienne

06 Les choix stratégiques de l’Ana ► La mise en place du ciel unique européen oblige l’Administration de la navigation aérienne à revoir sa copie. ► Accord de sous-traitance de la surveillance de l’espace aérien, synergies, arbitrages et abandon d’activités sont au menu. ― Texte : Véronique Poujol

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▲ Le Luxembourg fait partie, avec l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas et la Suisse, du Fabec (Functional Airspace Block Europe Central).

Le pari de la certification en 2017 et d’un modèle d’affaires où les coûts seront déterminants (un règlement de la Commission établit un système commun de tarification des servi­ ces de navigation aérienne) ne se fera qu’au prix de certains arbitrages. Un plan stratégique sur quatre ans a été présenté, qui prévoit une réduction de l’administration et une augmentation de la performance des services. François Bausch, le ministre du Dévelop­pe­ ment durable et des Infrastructures, ne souhaite pas encore prendre position. Il fera ses arbitrages à la fin de l’année. Ce qui passera soit par un abandon de certaines activités ou leur sous-traitance, soit par la reprise en main de missions à valeur ajoutée. Le premier niveau de changement se situe à la tour de contrôle (ATC) et a soulevé les réticences des aiguilleurs du ciel qui crient à l’abandon de la souveraineté luxembourgeoise. L’idée serait de confier les services d’approche à Belgocontrol, les contrôleurs aériens belges recevant le support de leurs homologues luxembourgeois. Le radar sol – bientôt en fonction – oblige l’Ana à créer un service de contrôle au sol (y compris les aires de parking, talon d’Achille

du Findel) : les ressources de l’ATC, rendues disponibles après la sous-traitance vers Belgo­control ou les Allemands, pourraient y être affectées. Le service Meteolux, géré et financé entièrement par l’Ana – via les redevances –, alors qu’elle n’est pas le principal utilisateur, demande un rééquilibrage, une part étant à prendre en charge par différentes administrations. Son budget annuel est de 4 millions d’euros. Le service d’incendie et de sauvetage (une cinquantaine de pompiers dépendant de l’Ana) devrait être intégré dans le futur service de secours au niveau national, que le ministre de l’Intérieur Dan Kersch est en passe de réorganiser. « Si les axes stratégiques proposés sont appliqués, souligne John Santurbano, l’Ana pourra profiter des ressources et compétences actuelles sans devoir recruter un grand nombre d’agents supplémentaires pour répondre au cadre réglementaire national et international. » ◄ En résumé Le conseil de gouvernement a donné son feu vert cet été au projet de loi qui va préciser le rôle et les missions de l’Administration de la navigation aérienne. Son directeur John Santurbano a élaboré un plan stratégique jusqu’en 2019 pour diversifier l’administration.

PHOTO : DR / PAPERJAM

Les acteurs de l’aérien sont eux aussi confrontés à des exigences réglementaires. Il leur faut repenser leur organisation en vue du ciel européen unique, qui gomme les frontières nationales. En contrepartie, chaque aérodrome devra répondre à des exigences de qualité et de sécurité définies dans les règlements européens, à transposer au plus tard le 31 décembre 2017. L’aéroport de Luxembourg devra être certifié conforme. C’est le rôle dévolu à l’Administration de la navigation aérienne, qui va devenir l’Administration de l’aérodrome et de la navigation aérienne. Un changement de nom pour formaliser le fait qu’outre être le prestataire de service de la navigation aérienne (ANSP) certifié au Luxembourg, l’Ana assure aussi le rôle de gestionnaire technique du Findel. Des tâches qui occupent aujourd’hui 35 % de ses ressources. Or, il est nécessaire de clarifier les activités et d’en partager les coûts. Le conseil de gouvernement a donné son feu vert en juillet au projet de loi qui va mieux définir les missions de l’Ana et transposer le paquet législatif « Ciel unique européen » de 2009, avec sa cinquantaine de décisions de la Commission. L’Ana compte aujourd’hui près de 220 personnes. Le projet de loi autorisera aussi l’administration à déléguer certaines missions du contrôle de l’espace aérien à des partenaires étrangers. L’accord de Gaichel entre la Belgique, le Luxembourg et le Fadec (bloc aérien de l’Europe centrale) permet cette sous-traitance. John Santurbano, directeur faisant fonction, souhaite voir formalisées les responsa­ bilités supplémentaires. Il s’emploie aussi à faire bouger les lignes de son administration en vue de l’horizon 2019. Il s’agit surtout d’assurer la transition de l’aéroport dans la nouvelle architecture européenne, le rendre à la fois sûr et performant. « L’Ana, dit-il, doit se préparer à répondre à l’environnement concurrentiel du transport aérien. » « La nouvelle réglementation présente des risques et des opportunités », analyse-t-il, pointant notamment le morcellement des activités entre les différents acteurs (LuxAirport, Ponts et Chaussées, ministre du Développement durable et des Infrastructures).



Économie & Politique Archivage

07 Coffre-fort numérique ► D’application dès novembre prochain, la loi relative à l’archivage électronique du 25 juillet fixe définitivement la recevabilité de la preuve numérisée. ► En créant le statut de prestataire de services de dématérialisation ou de conservation (PSDC), elle donne naissance à tout un écosystème. ► L’Olas nommera des certificateurs accrédités et l’Ilnas sera le surveillant du secteur. ― Texte : Florence Thibaut

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Inédite, la loi fixe également les conditions d’exercice de deux nouveaux métiers, à l’image du (très envié) statut PSF : prestataire de services de dématérialisation – celui qui scannera les documents à traiter – et prestataire de services de conservation – qui se chargera de les stocker à longue durée. « La nouvelle loi clarifie de nombreux points, indique Jean Racine, chief business development officer de Labgroup, mem­ bre de Fedisa. Ces deux statuts offrent de solides garanties de fia­ bilité et d’intégrité. C’est un atout énorme pour la Place. Un PSDC sera comme une banque qui stocke de l’information, par paquets. Les clients seront assurés de récupérer 100 % de leurs avoirs. La réversibilité et l’ouverture des formats seront totalement garanties. » Contrôlées en amont, notamment sur leur stabilité financière, ces deux familles de métiers apporteront un niveau de sécurité labellisé aux acteurs souhaitant stocker leurs données au Luxem­ bourg. Lucas Colet précise : « Sont aussi prévus les cas de figure de faillites ou de ruptures de contrat. Une copie des archives doit impérativement appartenir au prestataire et ne pourra en aucun cas être prise en otage par des créanciers. Il existe des garde-fous, même s’il reste encore à régler la question des transferts entre prestataires. » Suite à une communication de l’Ilnas, qui sera chargé de la surveillance du secteur, on sait

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▲ Pour Lucas Colet, ce nouvel élément va modifier le paysage IT au Luxembourg. Et ouvrir de nouvelles portes à la Place.

déjà que la norme internationale ISO 27001 servira de référentiel. Les entreprises certifiées ont déjà fait 80 % du travail et seront auditées différemment. L’exercice n’est pas neutre, comme l’expli­ que Jean Racine : « Nous avons choisi de nous faire certifier il y a deux ans. Cette démarche coûte beaucoup de temps et d’argent. Elle impose notamment d’engager des auditeurs internes, un compliance officer, etc. Il s’agit de mettre en place toute une palette d’actions préventives et correctives. Nous avons investi en ce sens, ce qui nous donne une certaine avance pour devenir PSDC. » L’État luxembourgeois est le premier gouvernement européen à produire une telle législation, marquant une étape de plus dans son souhait de faire du pays un hub digital. L’Olas (organisme national chargé de l’accréditation) doit encore sélectionner et nommer des certificateurs professionnels pour démarrer l’attribution des nouveaux statuts. « Il manque encore une brique, affirme le président de Fedisa. Aucun acteur n’a confirmé sa volonté de

devenir certificateur. » Sur le plan législatif, autre avancée, le règlement européen 910/2014 eIDAS attendu pour le 1er juillet 2016 s’inscrira dans la même lignée que la loi grand-ducale sur le plan de la charge de la preuve. « Ce n’est sans doute pas un hasard si cette loi a été bouclée dans le cadre de la présidence européenne, souligne Lucas Colet. On sent une vraie volonté politique d’imposer le Luxembourg comme une smart nation, d’aller plus vite que d’autres pays. C’est très positif pour l’économie dans son ensemble. » Jean Racine conclut : « En s’équipant d’une connectivité performante puis de centres de données de pointe, l’État avait déjà construit les deux premiers étages de la fusée. Il faut désormais aller chercher des données du monde entier afin que le pays devienne un vrai coffre-fort électronique pour l’Europe. » ◄ En résumé En chantier depuis des années, la loi sur l’archivage numérique, datée de juillet et en application dès novembre, donne naissance à tout un écosystème en créant le label de PSDC, gage de fiabilité dans la conservation des documents.

PHOTO : FEDISA / DR

Attendue depuis près de huit ans, la loi sur l’archivage électronique, datée du 25 juillet dernier, vient modifier durablement l’actuel cadre juridique créé en 1986. Changement majeur : un renver­ sement de la charge de la preuve assorti d’une présomption de conformité. « À certaines conditions, un support numérique sera d’emblée présumé aussi valide qu’une preuve écrite lors d’un litige. Il appartiendra à la partie adverse de démontrer sa non-con­for­mité. La loi impose aussi des exigences très précises en termes de fiabilité des systèmes, de conservation et d’authenticité afin que le document reste intègre à travers le temps », explique Lucas Colet, président de Fedisa Luxembourg, la fédération des professionnels du secteur, qui défend la loi ardemment. Celle-ci sera en vigueur dès le début du mois de novembre. Dans un premier temps, ce texte visera les actes sous seing privé, signature manuscrite ou électronique, et les documents frappés d’une obligation de conservation commerciale ou comptable. « C’est un très beau package ! Ce nouvel élément va modifier le paysage IT au Luxembourg. Le patrimoine informationnel étant devenu un des biens les plus précieux des entreprises, l’archivage concerne tout le monde. » Les actes authentiques, administratifs et autres documents à valeur légale devraient faire l’objet d’un projet de loi ultérieur.



Économie & Politique Étudiants

08 Dispersion des cerveaux ► Les Luxembourgeois continuent à étudier à l’étranger, même si l’Uni est à présent bien entrée dans la danse. ► Pour les résidents, le top des desti­ nations reste Bruxelles, Liège et Trèves.

Réformé en juillet 2014, le système d’aides financières pour les étudiants entend offrir aux jeunes citoyens un égal accès aux études supérieures. Si le nombre d’étudiants bénéficiant d’une bourse n’a fait qu’augmenter depuis la rentrée 2003-2004, passant de 13.324 en 2010 à 15.587 en 2012, puis 25.594 en 2014, le volume global des aides versées a diminué pour la première fois l’année passée. Le montant avait augmenté dès 2003, avec une enveloppe de 8.224.205 euros, jusqu’en 2013 où il atteignait 154.360.825. En 2014, ce chiffre a diminué de 63 millions, pour atteindre les 91.350.494. « Comme l’a démontré l’étude TNS Ilres, ces aides restent suffisantes pour permettre à chaque jeune d’étudier », tempérait Marc Hansen, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur lors du bilan de la rentrée universitaire précédente. Autre mécanisme, les prêts ont, quant à eux, continué leur progression de 102.544.510 euros en 2012 à 176.988.106 euros l’an passé, dont 118.547.515 proposés à des résidents. Au niveau des disciplines choisies par les étudiants aidés, on constate une nette préférence pour les matières économiques, qui ont séduit 5.435 candidats. Avec 2.269 étudiants boursiers, les professions liées à la santé, puis les sciences naturelles avec 1.871 étudiants, complètent le podium. Suivent le droit (1.802) et les lettres et langues (1.434). 17.103 étudiants boursiers sont en bachelor (dont 11.264 résidents) et 4.829 en master (3.531 résidents). Ils étaient, en 2014, 1.215 en BTS et 539 en doctorat. Prêts et bourses de mobilité permettent aux étudiants du pays d’étudier à l’étranger. Les bourses Erasmus+ connaissent ainsi un succès jamais démenti. Amenés de génération en

3.572 3.237 3.469

étudiants résidents boursiers ont choisi l’Allemagne.

sont allés en Belgique.

ont choisi de rester au Luxembourg.

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▲ Un peu plus d’un étudiant sur sept boursiers résidant au Luxembourg a choisi d’y rester pour étudier. Les autres vont majoritairement vers l’Allemagne ou la Belgique.

génération à étudier ailleurs, les Luxem­bour­ geois choisissent toujours de s’expatrier en priorité dans les pays voisins. L’année passée, il étaient 3.572 à choisir l’Allemagne, en particulier Trèves, Cologne ou Munich ; 3.237 étaient en Belgique, surtout à Bruxelles, Liège et Louvain-la-Neuve. 3.469 avaient quand même opté pour des études au Luxembourg. On notera que du côté des boursiers non résidents, majoritairement en provenance de l’UE, la des­tination privilégiée a été la France (4.010 bourses), puis la Belgique (3.436) et l’Allemagne (1.126). Seuls 161 avaient choisi un cursus grandducal. Les autres destinations prisées des résidents sont le Royaume-Uni (1.214), l’Autriche (785), la Suisse (503) et les Pays-Bas (351), moins populaires auprès de leurs camarades non résidents. Le Portugal, avec 363 bourses pour les résidents et 130 pour les non-résidents, est globalement apprécié de tous. Interlocuteur de référence pour les étudiants qui font leur cursus à l’étranger, l’Unel (Union nationale des étudiants luxembourgeois) se charge de diffuser les bonnes infor­ mations aux étudiants et de les aider dans leurs démarches administratives. Les demandes d’information, généralement envoyées via la page Facebook de l’association,

ont été très nombreuses l’année passée. « Il est clair que les étudiants ne savent pas toujours à qui s’adresser pour en savoir plus sur les aides. La matière est évolutive et difficile à suivre, partage Sarah Diederich, porte-parole de l’Unel. C’est la raison pour laquelle nous référençons toutes les bourses existantes ainsi que leurs con­ ditions d’accès. Les changements apportés au système l’année passée ont créé un peu d’inquiétude. Nous avions reçu environ 200 messages. La reconnaissance des diplômes et les modalités d’inscription à l’étranger sont les autres grands dossiers sur lesquels nous travaillons. Ce sont des sujets qui peuvent intéresser tous les étudiants. » Pour plus d’efficacité et d’interactivité avec le Cedies, l’organisme qui administre les aides de l’État, les étudiants intéressés peuvent demander une aide en ligne depuis le 1er juillet et remplir différents formulaires sur le site du Guichet. La seule condition : disposer d’un certificat Luxtrust. Un calculateur en ligne permet, en outre, à chacun de connaître en temps réel le montant auquel il peut prétendre. De l’autre côté du spectre, la jeune Université du Luxembourg attire chaque année une moisson importante d’étudiants d’origine étrangère. L’année passée, 109 pays d’origine étaient ainsi représentés dans les 6.287 étudiants inscrits. Son enseignement multilingue et ses modiques coûts d’inscription contribuent à son attractivité. Le campus de Belval devrait faire le reste. ◄ En résumé Les étudiants luxembourgeois se tournent traditionnellement vers l’étranger pour choisir une université. Les pays les plus populaires restent la Belgique, la France et l’Allemagne.

PHOTO : LALA LA PHOTO

― Texte : Florence Thibaut



Paperjam Advertorial BRAM

« La bonne tenue souligne votre personnalité. »

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Paperjam Advertorial BRAM

BRAM : L’alliance entre la culture et la mode ► La maison BRAM continue de se réinventer pour rester la référence de la mode business au Luxembourg. Ici, on aime l’élégance, les détails subtils, les matières nobles : tout ce qui caractérise la tenue parfaite de l’homme d’affaires. Et ses dernières nouveautés confirment la règle : BRAM est définitivement une adresse tendance ! BRAM CONTEMPORARY BUSINESS : LES TENDANCES HOMMES

La maison BRAM, située au City Concorde de Bertrange, est la première adresse luxembourgeoise qui offre des articles de mode inspirés des dernières tendances. Très orientés business, les Styles Coaches formés régulièrement garantissent un conseil personnalisé à leurs clients pour garantir un look sans fautes, première arme dans le milieu des affaires. BRAM est engagée pour la qualité, le conseil et le service haut de gamme. Un savoir-faire que le magasin a su accentuer depuis ses débuts, il y a 40 ans. Car ici, plus que jamais, on considère « la mode comme une forme d’art exprimant une personnalité ».

RETOUR DU CLASSIQUE CHEZ L’HOMME

Le dernier-né de la boutique haut de gamme est son magazine BRAM Contemporary. Celui-ci met en scène la mode et l’art, à travers la composition d’œuvres singulières. BRAM présente la collection automne / hiver actuelle sous toutes ses coutures. Des étiquettes originales, un sens du détail pointu, une composition parfaite des différents styles tendance font l’originalité du support. Et cette année, le scandinavian style est à l’honneur : la gent masculine arbore un look épuré, simple et moderne, dans des matières en laine aux structures différentes, notamment de couleur grise combinée à une chemise dans le même ton et des accessoires bordeaux.

Le secret des nouveaux costumes réside dans la combinaison exceptionnelle du trio tissu, couleur et forme. Du Prince de Galles aux chevrons en passant par le pepita et le pied-depoule, les textures tissées traditionnelles caractérisent l’homme moderne dans des tons sombres. Avec une veste croisée ou en costume troispièces, la mode joue sur les détails et les coupes slim fit, d’inspiration italienne. Et le must de cet hiver revient au manteau en laine brute, pièce maîtresse du businessman : porté plus court avec des poches appliquées comme attrape-œil, il achève la tenue trois-pièces. En tweed, poivre et sel, herringbone et Prince de Galles, tous ces tissus confèrent à celui qui le porte une élégance absolue.

LA MODE : UN ART, UNE CULTURE À PART ENTIÈRE

Finalement chez BRAM, la mode s’étudie, se personnalise et se vit.

On l’a dit : la mode est un art que l’on aime cultiver, c’est pourquoi la mode et l’art s’inspirent mutuellement. Plus encore, la mode est un prolongement de la personnalité. Une chose est encore plus frappante aujourd’hui qu’il y a quelques années : les hommes attachent beaucoup d’importance à la qualité et à l’esthétisme de leur tenue. Il faut donc des articles dotés d’une conception minutieuse pour un résultat final à la hauteur des espérances du client. En cela, BRAM peut se targuer d’exceller en la matière. Et pour la nouvelle saison, la garde-robe masculine rime avec tradition et décontraction.

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Labels

Tiger of Sweden Drykorn BOSS HUGO Z Zegna Tommy Hilifiger JOOP! Strellson

« Ultra-classique dans le détail, mais d’une élégante décontraction. » Le plus grand shop BOSS du Luxembourg Un nouveau shop BOSS, plus vaste (plus de 200 m2) et plus fourni vient d’être inauguré au BRAM. Il s’agit du plus grand shop BOSS de tout le Luxembourg. La maison s’empare ainsi de l’élégance souveraine : l’ADN type de BOSS. La marque Premium BOSS renvoie au chic urbain : classique, avec une juste dose de raffinement et de détail. BRAM Zweigniederlassung der KONEN Bekleidungshaus KG – Shopping Center City Concorde 80, route de Longwy L-8060 Bertrange Lundi-jeudi 9 h – 20 h, Vendredi 9 h – 21 h, Samedi 9 h – 19 h

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Économie & Politique Laboratoires / Rifkin consultant

09 Durcir la loi de 2011 ► Les tribulations du secteur des laboratoires d’analyses médicales pourraient se répercuter sur la législation. détenant, directement ou indirectement, une fraction du capital social, certifiant qu’elles ne sont pas frappées d’une des incompatibilités prévues par la loi de 1984. Aujourd’hui, deux pistes s’offrent en vue d’une réforme de la législation. Une première, inspirée de la réglementation française (de 2013), consisterait à octroyer un droit prioritaire de rachat au biologiste médical en cas de cession du laboratoire qui l’emploie. La seconde option serait de prévoir une limitation de la participation des « nonmédicaux » à 49,9 % du capital et des droits de vote. Reste à savoir si, politiquement parlant, un gouvernement dominé par le parti libéral trouvera la volonté de réformer les laboratoires privés dans ce sens. V. P. ◄

PHOTO : DAVID LAURENT (ARCHIVES)

La loi du 26 janvier 2011 sur les laboratoires d’analyses médicales, qui a permis l’exploitation par des sociétés de capitaux (chose impossible précédemment avec la loi de 1984), doit-elle évoluer, dans un contexte de globalisation du secteur de la biologie médicale, en faveur de l’indépendance des laboratoires par rapport aux fonds d’investissement qui en ont pris le contrôle ? La question se pose au moins pour un des acteurs les plus importants du Luxembourg, Ketterthill LLAM, détenu indirectement par le fonds français PAI Partners (lire l’article en page 80). Cette ouverture aux financiers privés avait été voulue par les acteurs du secteur à l’époque. Le ministère de la Santé se contente d’une déclaration sur l’honneur des personnes directement et indirectement associées ou

10 La théorie à l’étude

▲ Michel Wurth participe, mais doute. Étienne Schneider est convaincu par le travail de Jeremy Rifkin.

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Faire du Luxembourg « un laboratoire pour introduire un nouveau modèle économique » basé sur la communication, la mobilité et l’énergie. L’économiste américain Jeremy Rifkin est venu exposer sa vision stratégique aux Rotondes et est aussi venu commencer sa mission de consultant auprès du ministère de l’Économie. L’exécutif luxembourgeois a de fait décidé de s’entourer des conseils de Rifkin et son équipe (à l’image d’Angela Merkel, qui a aussi bénéficié des visions du prospectiviste), pour 450.000 euros répartis entre le gouvernement et la Chambre de commerce. Une étude doit débuter sous peu dans ce cadre, avec une première phase de collecte des données auprès des sociétés luxembourgeoises. Dans l’intervalle, les forces vives s’in-

terrogent. « Les théories de M. Rifkin sont intéressantes », estime Michel Wurth, président de la Chambre de commerce, qui sursaute quand même quand il entend plaider pour une croissance ralentie. « Un tel modèle est-il applicable au Luxembourg où une croissance annuelle de 4 à 5 % est nécessaire pour le maintien du modèle social ? » De son côté, Roland Kuhn, président de la Chambre des métiers, reconnaît qu’« un expert étranger peut apporter un autre regard », mais il redoute un peu que « à trop regarder les détails, on perde la vision générale ». « Nous sommes dans une phase de transition vers une sharing economy où l’on investira moins dans les objets que dans les services qu’ils peuvent rendre », déclare pour sa part Étienne Schneider. A. D. ◄

PHOTO : SVEN BECKER

► Jeremy Rifkin met ses visions et conseils au service du pays. Il faudra convaincre.


Actions Positives Promouvoir l’égalité entre femmes et hommes constitue aujourd’hui un atout majeur pour l’entreprise en quête d’une meilleure qualité du travail, d’une motivation accrue du personnel, ainsi que d’une meilleure performance et compétitivité. Dans cette optique le ministère de l’Égalité des chances propose aux entreprises un programme de financement et de soutien qui leur permet d’améliorer l’environnement de travail au niveau de l’égalité entre femmes et hommes. LE PROGRAMME DES « ACTIONS POSITIVES » › une enquête de satisfaction en interne qui porte sur l’égalité de traitement des femmes et des hommes sous différents aspects dont notamment l’organisation de travail › l’évolution de carrière › la prise de décision › la conciliation de la vie professionnelle et privée L’entreprise ayant participé avec succès au programme peut obtenir un agrément ministériel et le label « Actions positives » du ministère de l’Égalité des chances. L’entreprise Deloitte constitue un tel exemple de bonne pratique ! Afin de promouvoir l’égalité entre femmes et hommes Deloitte a mis en place un plan en trois points : L’EGALITE DES FEMMES ET DES HOMMES DANS LA PRISE DE DÉCISION › Mêmes prérogatives, mêmes pouvoirs et mêmes responsabilités liés au grade du salarie (m/f) › Série d’événements à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme › Mise en avant de femmes démontrant la qualité de leadership, de stratégie, de prises de décision ou encore de gestion

L’EGALITE DES FEMMES ET DES HOMMES DANS LA CONCILIATION DE LA VIE PROFESSIONNELLE ET PRIVÉE › Aménagement du temps de travail (temps partiel, rachat du 13e mois…) › Offre de formations spécifiques par l’École des Parents Janusz Korczak › Accès à des services (restauration, etc.) directement sur le lieu de travail afin de gagner du temps L’EGALITE DE TRAITEMENT DES FEMMES ET DES HOMMES › Tableau de bord pour un contrôle de l’égalité des genres dans l’entreprise › « WIN Dashboard » mesure régulièrement les équilibres de genre par grade, par service, en termes de responsabilités comme de salaires

Découvrez plusieurs projets de bonnes pratiques d’entreprises participantes sous : www.mega.public.lu Suivez le bon exemple ! Engagez-vous à réaliser pour votre entreprise l’égalité des chances !


Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 8 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Le concept Moovenails n’a pas tenu le choc des ressources financières. Alexandra Gosse, esthéticienne de formation, avait mis sur pied un nouveau concept de « bar à ongles ». L’ambition pour 2015 et 2016 était d’ouvrir une dizaine de Moovenails au Luxembourg, en France et Belgique. Mais après quelques mois d’exploitation, une implantation à Strassen et une autre dans le centre commercial de Pommerloch, elle a dû mettre sa société en faillite à la mi-septembre suite à « des difficultés avec ses associés ». Des consultants français ambitionnent de créer un nouveau réseau international de consultance sous le nom d’Arthur Andersen. La firme américaine de consultance avait disparu des écrans radars après la chute vertigineuse du négociant en énergie Enron, en 2002. Pour rétablir un réseau international digne de ce nom, les consultants multiplient les contacts avec différentes structures de consultants dans différents pays. Beaucoup d’anciens du groupe américain se proposeraient de les rejoin­dre. La présence au Luxembourg ne fait pas partie des priorités. (lire aussi en page 72) En rachetant la majorité des parts de Cobra Carbide India, le groupe luxembourgeois Ceratizit renforce sa présence sur le marché indien de l’outillage haut de gamme. Le groupe Ceratizit, dont le siège est implanté à Mamer, a indiqué avoir racheté 67 % des parts du fabricant indien d’outils en carbure monobloc Cobra Carbide India. La société, qui compte 45 salariés, est un fabricant d’outils haut de gamme implanté à Bangalore, à un jet de

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pierre d’un des 23 sites de production dont dispose Ceratizit dans le monde.

Après quatre mois de travaux, l’enseigne australienne Cash Converters a ouvert son premier magasin au Grand-Duché. Installée dans la zone indusFleuron aéronautique trielle de Foetz, dans les de la Place, SES vient locaux d’une ancienne de décrocher un gros carrosserie, l’enseigne contrat auprès de la spécialisée dans Nasa, l’agence spal’achat et la vente tiale américaine. de produits d’occaLe satellite SES sion souhaite faire Son satellite AMC-18 pour la Nasa évoluer le marché diffusera une nouvelle chaîne ultra HD luxembourgeois. Le magasin de Foetz produite par la société entend appliquer la de services vidéo recette qui fonctionne dans Harmonic dès le 1er novembre. SES a remporté la les quelque 800 établissements mise grâce à sa plateforme pionrépartis dans 28 pays : payer direcnière dévoilée en avril dernier. tement en liquide les personnes Son écosystème est, aujourd’hui, ayant déposé leur produit. le seul au monde à pouvoir diffuser par câble du contenu HD en live. (lire aussi la coverstory Sortie de l’iPhone 6s et 6s Plus, de ce magazine, page 24 et iPad Pro, Apple Watch ou toute suivantes) nouvelle Apple TV, le dernier keynote du géant américain Apple a de nouveau captivé Le géant mondial de l’acier des millions de consommateurs. ArcelorMittal cessera sa proAu Luxembourg, les produits de duction de fils de sciage sur son la marque à la pomme ont toujours le vent en poupe. site de Bettembourg d’ici juin 2016. Le sidérurgiste évoque des problèmes de rentabilité. Le portefeuille client sera repris par l’en- Yves Francis, managing partner treprise autrichienne Voestalpine de Deloitte Luxembourg (lire aussi tandis que le bâtiment abritant les en page 74) depuis 2010, a intégré le conseil d’administration lignes de production passera aux mains de Sam Hwa, une « automo- global du Big Four, assurant le tive » sud-coréenne. La soixandéveloppement du réseau de taine de salariés devraient pouvoir firmes présent dans 150 pays. Un mandat en complément de être reclassés sur d’autres sites. ses responsabilités locales. Les (lire aussi en page 70) membres du board global sont chargés d’assurer la bonne mise CMD, service provider bien connu en marche de la stratégie 2020 du réseau qui emploie quelque des années 1990, est de retour. Le mardi 15 septembre, le groupe 210.000 collaborateurs dans Wagner a lancé sa nouvelle socié­té 150 pays. Cloud Managed Data sous le label CMD.solutions. CMD.solutions Procap, une entreprise familiale héberge un éventail de solutions spécialisée dans les bouchons en cloud immédiatement opérationnelles et personnalisables à tout plastique, annonce une nouvelle moment, en temps réel. Il vise stratégie de croissance et se surtout le marché des PME. renomme United Caps. Surfant sur l’expertise reconnue de son ancêtre, le nouvel acteur veut devenir la référence mondiale

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AMC-18

pour son secteur. Basée à Wiltz, employant 490 personnes et forte de sept usines de production, l’entreprise familiale se positionne depuis 75 ans comme un partenaire fiable pour les marques internationales. Plus de 550.000 passagers ont transité cet été par l’aéroport du Findel, qui a pour l’occasion battu un nouveau record de fréquentation. Sur les huit premiers mois de l’année, le cumul des passagers affiche une hausse de 7 %. Les deux principaux groupes de presse du pays, Saint-Paul et Editpress, ont décidé de s’unir pour un mariage de raison sur le marché belge en créant une jointventure: Luxmediahouse. La SA de droit luxembourgeois, détenue à parts égales par les deux groupes, aura pour objet de commercialiser dans le royaume voisin, dès le 1er janvier prochain, les différents titres : Luxemburger Wort, L’essentiel, Tageblatt, Le Quotidien, Le Jeudi, Télécran, etc. Le président du CA de la Bil, François Pauly, passe à l’opérationnel pour la mise en place du


Entreprises Brèves

Parkings en temps réel, programmes de cinéma, fil de l’actualité sur Twitter ou blogs des décideurs et institutions sont désormais disponibles sur Paperjam.lu.

plan « Privatspideeler 2020 » entre l’Hôpital Kirchberg, la Zithaklinik, la Clinique Bohler et la Clinique Sainte-Marie à Esch. M. Pauly, qui siégeait déjà aux CA de la Zithaklinik et de la Clinique Bohler, est en effet nommé administrateur-directeur de la Fondation des Hôpitaux Robert Schuman (FHRS). Il est assisté par Christian Oberlé, directeur adjoint de la fondation, en charge – notamment – des finances. Les Journées portes ouvertes luxembourgeoises ont enregistré des chiffres record à l’occasion de cette année anniversaire. Pour leur 10e édition, tous les records ont été battus avec 43 entreprises

41 % des entreprises interrogées jugent aussi les représentants patronaux trop gentils avec les syndicats et 27 % jugent l’attitude du gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng plus mauvaise que celle du précédent. (lire aussi le Grand Entretien avec Jean-Jacques Rommes – UEL – en page 16) Déjà présente en Allemagne, en Belgique et en France, Action, l’enseigne spécialisée dans le discount non alimentaire, inaugure un premier magasin à Mersch. Objectif : poursuivre la croissance internationale du groupe. Fondée en 1993 aux Pays-Bas, l’enseigne a inauguré son premier magasin le 24 septembre, dans la zone

l’international et de bâtir un véritable pont entre la Chine et l’Europe. La fédération luxembourgeoise eCOM.lu, née au début de l’année, a été acceptée en tant que 18e membre d’Ecommerce Europe. Une porte ouverte qui lui permet d’être un acteur à part entière dans ce secteur si important pour son économie. Le rapprochement est d’autant plus important que les thématiques à l’ordre du jour

orientation ICT à l’organisme qui réunira les équipes en formation professionnelle continue de la Luxembourg School for Com­ merce (organe de formation de la Chambre de commerce) et de l’IFBL – l’Institut (destiné au secteur bancaire et financier). Dans un contexte mondial marqué par la dégradation des résultats de l’économie chinoise et du maintien du statu quo pour les taux américains, l’opinion des

La confiance des industriels a tendance à évoluer à la baisse.

Le discounter Action a ouvert à Mersch.

de la confédération européenne (logistique, législation, paiements et TVA) sont celles privilégiées par eCOM.lu.

participantes et 23.500 visiteurs. Au cours des 10 années d’existence, un total de 176.500 visiteurs a pu découvrir la diversité des entreprises grand-ducales. Les patrons luxembourgeois ont livré leurs états d’âme dans le cadre d’un sondage réalisé par l’institut TNS Ilres pour le compte de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). 87 % des patrons interrogés considèrent que le dialogue social est bon chez eux. En revanche, il n’en reste plus que 25 % pour le juger bon au niveau national ; 64 % des entrepreneurs le décrivant « moyen » ou « mauvais », principalement avec les syndicats.

industrielle Um Mierscherbierg. Un point de vente pour lequel une équipe de 12 personnes a été recrutée. KPMG Luxembourg a profité de la mission de Luxembourg for Finance en Chine pour signer un accord de collaboration avec le plus important parc d’entreprises high-tech de Chine. Le Haidian Science Park de Pékin est considéré comme la « Silicon Valley chinoise ». Il accueille près de 10 % des entreprises high-tech de l’empire du Milieu, soit plus de 5.500 sociétés de haut niveau. KPMG Luxembourg a notamment pour mission de soutenir ces sociétés de pointe dans leur passage vers

La séance de rentrée du comité de sélection du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle a été généreuse et a attribué plus de 6,7 millions d’euros d’aides sélectives. L’aide financière sélective à l’écriture et / ou au développement représente un montant total de 265.000 euros tandis que le soutien à la production atteint un montant total de 6.464.993 euros. 22 projets qui sollicitaient de l’aide pour 10.019.528 euros ont été analysés. 15 ont été retenus. La Chambre de commerce et l’ABBL ont choisi Nico Binsfeld pour endosser le rôle de dirigeant de la House of Training. L’ancien responsable de Post Telecom PSF entend notamment donner une

industriels luxembourgeois se détériorerait, selon la dernière analyse du Statec. L’Institut national de la statistique et des études économiques fait état d’« une évolution plutôt décevante » au deuxième trimestre 2015, marquée notamment par « une baisse de la production de 1,4 % ». Le Statec note aussi que les opinions des industriels ont tendance à légèrement se détériorer. Le nouvel outil de communication Kliber, qui permet de visualiser dans une courte vidéo la présentation d’un candidat qui sollicite un poste dans une entreprise, a convaincu la direction des ressources humaines de Cactus. Le groupe de distribution estime que l’application développée par la start-up éponyme lui apporte un gain de temps précieux vu qu’il est régulièrement à la recherche de profils juniors.

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Entreprises Brèves

Début septembre, la direction d’Eqos-Energie Luxembourg a annoncé un licenciement collectif de 16 personnes sur les 140 employées par la société basée à Foetz. En date du 24 septembre 2015, les syndicats OGBL et LCGB ainsi que la délégation du personnel ont finalement signé un plan social avec la direction de l’entreprise spécialisée dans la modernisation des réseaux à haute tension et des installations de distribution. Grâce à la négociation d’un plan de départ volontaire (prévoyant une prime de 15.000 euros), le nombre de licenciements a pu être réduit de 16 à 12 personnes. La compagnie aérienne française Chalair propose une nouvelle ligne au départ de Lyon et dessert Luxembourg depuis le lundi 28 septembre 2015, à raison de 10 vols directs hebdomadaires. Le site spécialisé dans l’univers de la mode Business of Fashion vient de rendre public pour la troisième année consécutive son top 500 des personnes les plus influentes dans le milieu. Parmi les grands noms tels que Karl Lagerfeld, Kendall Jenner et d’autres nouveaux venus comme Amal Clooney (la femme de George) ou Kevin Systrom (cofondateur d’Instagram), on retrouve Pascaline Smets, directrice créative des multimarques Smets au Luxembourg et en Belgique. Outre son travail au sein du groupe

familial, Pascaline Smets défile aussi régulièrement sur les podiums. Dans le sillage de la nouvelle loi sur l’archivage électronique, NG Partners / Xerox, spécialisée dans la dématérialisation des documents, et Labgroup, active dans l’archivage et le stockage, ont choisi de combiner leurs compétences pour offrir une palette commune de solutions de numérisation intégrées. Pour les deux partenaires, les bénéfices à attendre du mariage peuvent être nombreux : un gain de temps dans la recherche de l’information, une meilleure productivité ou encore une compliance de meilleure qualité. Le constructeur automobile allemand Volkswagen est en pleine tourmente depuis la révélation d’une vaste fraude aux tests antipollution aux États-Unis. Pour répondre positivement aux normes d’émission, le constructeur avait placé un logiciel sur ses véhicules qui parvenait à fausser les tests. Au stade actuel, on estime que 11 millions de véhicules, parmi les différentes mar­ ques du groupe, auraient été équipés du système en cause. Le patron de VW, Martin Winterkorn, a présenté sa démission et a été remplacé par le patron de Porsche, Matthias Müller.

La directrice créative des multimarques Smets figure parmi les 500 VIP de Business of Fashion.

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Le Zulu blanc, premier « bar tribal » du pays, a été inauguré sur les Rives de Clausen fin septembre. Après l’ouverture de son capital au public en avril, il compte aujourd’hui quelque 150 actionnaires propriétaires. L’initiative du groupe 1Com était une première dans le genre. En avril dernier, le groupe avait décidé d’ouvrir au public 40 % du capital du Zulu blanc au public, mettant en vente 4.000 des 10.000 parts de l’établissement, à un prix de 37,50 euros l’unité. Le constructeur automobile français Renault a signé, lundi 28 septembre, une lettre d’intention destinée au rachat de l’écurie Lotus F1, détenue par Gerard Lopez, via Gravity Motorsports, filiale de Genii Capital. L’accord définitif devrait intervenir « dans les prochaines semaines ». Selon la presse spécialisée, Renault prendrait 65 % des parts de la future entité, tandis que Genii Capital en conserverait 25 %. Les 10 % restants pourraient, pour leur part, être acquis par le quadruple champion du monde de F1, Alain Prost. Cette opération marquerait le retour d’une écurie Renault en F1 dès janvier 2016. À l’occasion de son 45e anniversaire, la compagnie aérienne luxembourgeoise Cargolux a réceptionné fin septembre un nouvel appareil en provenance de Seattle. Baptisé « City of Redange-sur-Attert », le Boeing 747-8F – le 13e de la flotte – possède la particularité de bénéficier d’une décoration originale, puisque réalisée par le dessinateur belge Philippe Cruyt. Après que le conseil des médecins de la Zithaklinik a fait part il y a quelques semaines d’inquiétudes pour le futur de l’établissement – pourtant en phase de rénovation – dans le cadre de la stratégie de répartition des services au sein des Hôpitaux Robert Schuman, le conseil médical de l’Hôpital

Kirchberg a demandé, fin septembre, de poursuivre le travail de réflexion et d’analyse sur la répartition des soins entre les hôpitaux de la Fondation Robert Schuman. Quel est le vrai ranking de la compétitivité des entreprises du pays ? Les classements se suivent mais ne se ressemblent pas. Présenté en mai dernier comme la sixième économie mondiale par l’Institut international du développement (IMD), le Luxembourg figure au 20e rang de celui du WEF (World Economic Forum), publié le 30 septembre. Soit une perte d’une place par rapport à 2014. Coordonnées toutes les deux pour le volet luxembourgeois par la Chambre de commerce, les études tirent des conclusions opposées. Selon Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, l’écart entre les deux études provient « principalement » de la méthodologie, mais aussi du décalage dans le temps entre les deux publications. « Le décalage qui existe est similaire à celui observé entre les estimations de croissance du FMI ou de l’OCDE », indique-t-il. Il y a un nouveau Luxembourgeois au CA des CFL. Un élu du Luxem­ bourg belge plus précisément. Benoît Piedboeuf, député fédéral libéral, bourgmestre de la commune de Tintigny et président du MR Luxembourg, est devenu administrateur, le 28 septembre, lors de l’assemblée générale extraordinaire de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois. Benoît Piedboeuf y représentera le gouvernement fédéral belge. Le conseil d’administration de la CFL est composé de 15 membres, dont 13 Luxembourgeois, un Belge et un Français. Les administrateurs y sont nommés pour six ans renouvelables.



Entreprises Famille grand-ducale

PHOTO : SIP / CHARLES CARATINI (ARCHIVES)

01 Mutation en Cour

► Plusieurs départs successifs ont émaillé la vie de « l’entreprise » tournant autour de la famille régnante. ► Plus qu’un malaise au Palais, ces départs recouvrent des réalités différentes et contrastées. ► La Cour a entrepris, depuis le printemps, un chantier de transformation, qui commence par sa stratégie de communication. ― Texte : Véronique Poujol

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La Cour grand-ducale a vu trois départs en l’espace de quelques semaines, donnant ainsi le sentiment que quelque chose ne tournait pas vraiment rond au Palais et dans l’entourage du couple de souverains. Les trois départs, coup sur coup, de Pierre Bley, le maréchal de la Cour, de Christian Billon, le secrétaire général de l’Administration des biens du Grand-Duc, et d’Isabelle Faber, la responsable du service Presse et Commu­ nication du Palais, n’auraient pourtant pas de liens directs entre eux. Christian Billon, conseiller économique, recruté en janvier 2014 comme secrétaire général de l’Administration des biens, a quitté son poste, après 18 mois de services, mais ce départ était programmé à l’avance. Il avait en effet accepté le mandat à durée déterminée, signalant lors de son recrutement qu’il suivrait son épouse, directrice à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), après que celle-ci a obtenu la retraite. Il ne faudrait donc pas voir anguille sous roche dans l’annonce de recrutement pour lui trouver un remplacement, annonce qui remonte d’ailleurs au mois de juillet dernier. Le poste demande de l’expérience, des compétences pointues et une bonne dose de diplomatie, un profil qui ne court pas les rues.

▲ Toutes les activités de la Cour, d’un dîner de gala (ici au printemps dernier, en l’honneur de François Hollande) aux sorties officielles ou privées des membres de la famille régnante, concernent les employés du Palais et les collaborateurs de l’ombre.

L’embauche de Christian Billon, proche des 65 ans, s’était faite dans la discrétion, la Cour n’ayant communiqué que plusieurs mois après qu’il eut signé son contrat. Il faut dire qu’il avait succédé à ce poste à un des cousins du Grand-Duc Henri, Istvan von Habsburg, le petit-fils de l’empereur Charles 1er d’Autriche, remercié discrètement pour des raisons que l’on ignore. Le départ de Pierre Bley du maréchalat de la Cour, fonction qu’il occupait depuis le mois de septembre 2013, est plus inattendu. Il conserve cependant des fonctions à la Cour, qui ne le mettront plus en première ligne et qui sauvent les apparences. Pierre Bley, ancien directeur de l’Union des entreprises


Entreprises Famille grand-ducale

luxembourgeoises (UEL), est un homme connu pour son infinie patience. Ceux qui le connaissent assurent qu’il a rarement perdu son sang-froid, pas même devant les syndicalistes les plus intransigeants. Son emploi à la Cour aurait mis ses nerfs en pelote. Les relations de Bley avec Isabelle Faber, la directrice du service Presse du Palais, devenue rapidement après son recrutement en 2010 une des plus proches collaboratrices de la Grande-Duchesse Maria Teresa (peut-être la plus dévouée), n’étaient pas des meilleures. Isabelle Faber n’a pas non plus entretenu des relations au beau fixe avec son prédécesseur Pierre Mores. La souveraine est connue pour avoir un caractère « bien trempé » qui a mis à l’épreuve une série d’employés du Palais, des conseillers (Simone Beck, figure de la scène culturelle luxembourgeoise, a tenu six mois en poste) aux aides de camp en passant par les femmes de chambre. Isabelle Faber a su passer entre les gouttes.

UNE FEMME AU MARÉCHALAT ? Quoi qu’il en soit, la Cour n’avait pas communiqué, à l’heure où nous mettions cette édition sous presse, le nom du successeur de Pierre Bley. Selon le site RTL.lu, un nom circule, celui de Marc Colas, administrateur général au ministère d’État et ancien homme fort de l’Hôtel de Bourgogne jusqu’à l’arrivée de Xavier Bettel en décembre 2013.

Le choix aurait pu se porter sur une femme – démonstration de modernité –, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. La Cour ne semble pas pressée de choisir un nouveau visage pour occuper ce poste sans doute un peu désuet pour une monar­ chie qui veut incarner la modernité. Or, depuis l’accession au trône d’Henri en octobre 2000, mis à part des changements de têtes et du sang neuf au sein de la Maison du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse ainsi qu’un peu de modernité et de touche « people » apportées par Jean-Jacques Kasel, maréchal de la Cour entre 2002 et 2007, les lignes ont peu bougé dans l’organisation et le fonctionnement de l’administration de la Cour, qui occupe une centaine de per­ son­nes, depuis les 15 ans de règne d’Henri et de Maria Teresa. Le poste de maréchal pourrait ainsi devenir plus modeste dans l’architecture future de la Cour grand-ducale. Cette administration pourra d’ailleurs dif­fi cilement faire l’économie du changement à l’image de la monarchie belge (le pouvoir du monarque belge est à peu près similaire à celui du Grand-Duc, qui ne sanctionne plus les lois, mais se contente de les promulguer) et de la Maison du roi organisées autour du « cabinet du roi », pour assister le monarque dans les domaines politique, judiciaire, législatif et administratif, dans la communication et les relations avec les médias et dans le

Maréchal de la Cour

Un conseiller, pas un Raspoutine Dans un entretien au Quotidien en 2004, Jean-Jacques Kasel traçait les lignes de sa fonction de maréchal de la Cour qu’il décrivait « d’abord comme le chef d’une maison qui compte une centaine d’agents », mais aussi comme le coordinateur de l’agenda et des engagements du couple grand-ducal. « Je suis le con­ seiller de Leurs Altesses royales, je ne suis certes pas le confident. Le temps de Raspoutine est bel et bien révolu », soulignait l’ancien ambassadeur. V. P. ◄

Maréchal de la Cour, poste un peu désuet pour une monarchie voulant incarner la modernité ?

Henri Ahlborn

Jean-Jacques Kasel

Pierre Mores

Pierre Bley

Il est entré dans le 21e siècle avec la Cour. Il a aussi assuré un intérim de quelques mois, jusqu’au 30 septembre 2007, après le départ de M. Kasel pour la Cour de justice de l’UE.

Docteur en droit et spécialiste en droit administratif, il a été maréchal de la Cour et chef de cabinet du Grand-Duc. Il a ensuite gagné la Cour de justice de l’UE.

Juriste de formation, il était auparavant président du Conseil d’État et président du comité directeur de la Caisse de pension des employés privés. Il a fait valoir ses droits à la retraite en quittant la Cour.

Il était directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) quand il a été appelé au maréchalat.

(2000-2002 + 2007)

(2002-2007)

(2007-2013)

(septembre 2013 – septembre 2015)

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Entreprises Famille grand-ducale

CHANGEMENT DE STYLE Tout laisse cependant à penser que cette démission a été forcée. Les termes du communiqué du 16 septembre de la Cour grandducale ne laissent planer aucun doute à ce sujet : les « travaux » de réorganisation, « sur le point d’aboutir », entrepris par le maréchal de la Cour et « les principaux collaborateurs de Leurs Altesses royales », ne faisaient pas de place à Isabelle Faber et son style de communication assez « people ». Le Palais est en train de définir une « orientation stratégique » de sa communication « plus institu­tion­nelle  ». Et c’est dans ce contexte de redéfinition qu’il faut placer le départ d’Isabelle Faber, trouvé « d’un commun accord ». Le communiqué ne formule aucun remerciement pour « bons et loyaux services » rendus par la responsable de la communication, comme c’est normalement d’usage lors des

Isabelle Faber est partie à l’issue d’un « audit » sous l’égide de la psychosocio­logue Chantal Selva. 068 ―

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PHOTO : SIP / CHARLES CARATINI (ARCHIVES)

domaine des relations diplomatiques du chef de l’État. La monarchie belge fonctionne en outre avec un secrétariat général, à côté de la Maison militaire, de la liste civile du roi et d’un secrétariat de la reine. Reste à voir si ce modèle pourrait inspirer la réorganisation de la Cour grand-ducale. Son service Presse et Communication indique, dans un communiqué du 16 septembre faisant suite au départ la veille d’Isabelle Faber, que le Grand-Duc Henri a engagé il y a quelques mois « un profond chantier de réorganisation de la Cour ». Le vocabulaire avait été bien pesé, pour sonner fort et probablement aussi mettre fin à la rumeur que le Tageblatt avait véhiculée le même jour sur son site en ligne, faisant état d’une divergence de vues entre la directrice du service Presse et la Grande-Duchesse Maria Teresa. Officiellement, en raison de la clause de confidentialité qui lie les employés et anciens employés de la Cour à la discrétion la plus absolue, il est impossible de connaître les détails du départ, lui aussi précipité, d’Isabelle Faber, qui avait pris ses fonctions il y a cinq ans, après avoir dirigé le service Communication de PwC Luxembourg. ▲ L’image des Altesses royales reste bonne à l’étranger (ici le Grand-Duc Henri en mission au Cap-Vert).

départs des hauts cadres de la Cour. Le travail qu’elle a fourni pendant cinq ans est décrit comme un « service assidu ». Isabelle Faber n’a en effet pas compté ses heures au service de la Cour, mais le choix du vocabulaire n’est pas franchement à son avantage. Elle n’aura pas survécu à l’audit que la Cour a commandé au printemps dernier et qui va prochainement s’achever auprès de la psychosociologue et consultante française, Chantal Selva, pour réorganiser et recentrer toute sa communication, jugée trop « peo­ple », façon Stéphane Bern, le journaliste de télévision qui avait ses entrées au Palais, après avoir perdu la confiance des souverains peu après le début du règne d’Henri, lors du déballage public des riva­­ lités entre Maria Teresa et feu sa belle-mère, Joséphine-Charlotte. Professeur à l’ENA, directrice associée de Spirale Développement, société de con­ seil et de formation en ressources humaines, Chantal Selva est présentée comme une experte dans les outils de la communication opérationnelle, comme la programmation neurolinguistique ou l’analyse transactionnelle, et anime, selon la biographie qu’en

donne son éditeur ESF, de nombreux séminaires en management et communication pour des entreprises et organisations. Toujours selon cette source, elle exerce une activité de « conseil en efficacité personnelle auprès de dirigeants et de managers » et s’est spécialisée dans le management et la con­ duite du changement. Avant le saut stratégique dans la modernité et le changement, la Cour grand-ducale devra passer une épreuve dont elle aurait volontiers fait l’économie : le 5 octobre, alors que cette édition était mise sous presse, devait se tenir devant le tribunal arbitral du travail une audience opposant une ancienne femme de chambre de la GrandeDuchesse à la Cour pour un licenciement abusif. Selon Me Pascal Peuvrel, l’avocat de l’employée renvoyée pour insubordination et harcèlement moral envers une de ses collègues, après 14 années de services au château de Colmar-Berg, ce procès devrait faire se déplacer pas mal de médias « people » pour entendre, si l’audience devait être maintenue, les confidences d’une femme de cham­ bre. L’ex-employée a par ailleurs indiqué ses intentions de publier un livre sur les dessous de la monarchie grand-ducale. ◄ En résumé La Cour grand-ducale est au bord d’un profond changement qui passera d’abord par un changement d’axe stratégique dans sa communication, plus institutionnelle. D’autres changements devraient se profiler dans l’organisation de l’administration de la Cour, peut-être sur le modèle de la monarchie belge.



Entreprises ArcelorMittal

02 Le fil à couperet ► En dépit des investissements réalisés au début de la décennie, la nouvelle orientation de la tréfilerie de Bettembourg n’a jamais décollé. ► L’usine, spécialisée dans les produits liés au photovoltaïque, s’est fait rattraper par la concurrence.

Début janvier 2015, lors des vœux à la presse luxembourgeoise – une tradition maintenue après l’arrivée de la famille Mittal aux commandes du groupe sidérurgique –, Alex Nick, le « patron » de l’activité luxembourgeoise avait prévenu : « Bettembourg reste extrêmement fragile. » C’était un euphémisme… Car il précisait que l’activité du site, auquel on avait pourtant donné une chance de se redéployer puis de se développer, y avait déjà « quasiment disparu ». La branche ne comptait que quatre clients significatifs mais, à ce moment, la décision de fermer l’usine spécialisée dans la fabrication de fils à découper les panneaux solaires n’avait toujours pas été prise. Le couperet est tombé le 15 septembre, dans un communiqué du groupe faisant suite à une réunion des délégués du personnel. ArcelorMittal Bettembourg, jugé « non rentable », fermera ses portes. « L’activité actuelle de production de fil de sciage ( fil destiné à couper la silice utilisée dans les cellules photovoltaïques), dont la rentabilité n’est plus assurée depuis des années, sera poursuivie jusqu’en juin 2016 par ArcelorMittal afin d’honorer le carnet de commandes », soulignait le communiqué de presse. « Depuis plusieurs années, précise le texte, le site de Bettembourg enregistre des pertes récurrentes malgré un plan d’action agressif et ambitieux mis en œuvre dès septembre 2014. »

KISWIRE ET SAM HWA Le redéploiement commercial et l’évolution des prix de vente n’ont pas permis « de retrouver le chemin de la rentabilité » sur un marché du fil de découpe qui s’est délo­ calisé vers l’Asie, là où se trouvent ses prin­ cipaux débouchés pour l’industrie photo­ voltaïque et les semi-conducteurs. « Les conditions de marché auxquelles nous sommes confrontés depuis la crise de 2009 restent très difficiles et ne laissent pas entrevoir de perspectives satisfaisantes à moyen terme », signale Jean-François Haumonté, le directeur des sites ArcelorMittal Bissen & Bettembourg. Le portefeuille de (derniers) clients de l’usine de Bettem­bourg sera repris par un

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▲ Les fils de Bettembourg sont passés à la découpe. Le site va passer à une autre vie.

partenaire autrichien du groupe sidérurgique, l’équipementier automobile Voestalpine. Le bâtiment accueillant le site de production de Bettembourg sera, lui, racheté par une société sud-coréenne, Sam Hwa, intervenant sur le marché automobile. Cette entreprise « prévoit d’investir de façon significative sur le site pour développer son activité », précise ArcelorMittal. Les locaux administratifs, actuellement occupés par une filiale de l’équipementier sud-coréen, Kiswire, seront rachetés par cette société qui y conservera ainsi ses bureaux au Grand-Duché. Quant à la soixantaine de salariés de l’usine de Bettembourg, ils se verront pro­ poser un « emploi d’avenir », soit dans l’un des autres sites de production d’Arcelor­ Mittal au Luxembourg, soit chez Sam Hwa, le repreneur du site de production. Les espoirs de voir tourner à plein régime le site de Bettembourg, ainsi que ceux de Rodange et de Schifflange, les trois usines les moins rentables du groupe au Grand-Duché, s’étaient effondrés en 2012, alors que des investissements avaient été faits, notamment dans les (nouvelles) technologies du photovoltaïque. Depuis 1972, le site produisait des bobines de fil pour armatures pneumatiques. Les dernières

bobines pour les clients Bridgestone et Goodyear étaient sorties de l’usine en janvier 2010. ArcelorMittal s’était fait « rattraper par la concurrence », constatait au printemps 2012 le ministre de l’Économie d’alors Jeannot Krecké, en reconnaissant que Bettembourg causait quelques « soucis au gouvernement ». L’usine, rappelle le bulletin syndical Stolinfo de 2010, avec ses 150 machines, avait investi « dans le développement de nouvelles générations de fils hautement résistants et très fins en collaboration avec le centre de recherche d’ArcelorMittal à Gandrange (France) ». L’objectif d’alors était une production annuelle de 4.000 tonnes « pour reconquérir profit et parts de marchés en Europe, Asie et USA ». En mars 2012, le principal syndicat de la maison, l’OGBL, dénonçait le transfert de 40 machines de la tréfilerie de Bettembourg vers un site en Hongrie, produisant du fil d’acier pour armatures pneumatiques, une ancienne spécialité du site luxembourgeois. La direction d’ArcelorMittal avait alors assuré qu’il n’y avait pas de plan de fermeture des installations à Bettembourg, en dépit de l’effondrement spectaculaire de la demande de l’industrie photovoltaïque depuis le début de l’année 2011. ◄ En résumé Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a annoncé le 15 septembre dernier son intention de fermer son site de production de fil de découpe pour les panneaux photo­ voltaïques d’ici juin 2016. Sans trop de casse sociale.

PHOTO : AACA (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol


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Entreprises Consulting et audit

03 Et si Arthur Andersen revenait ?

► Des consultants français veulent faire revivre l’ancien Big 5 sur le plan international. ► Idée séduisante ou simple coup de marketing ? Des anciens du réseau luxembourgeois livrent leurs premières impressions. ― Texte : Jean-Michel Lalieu Treize ans après la fin du géant mondial de l’audit et de la consultance, des consultants français ont décidé de faire renaître Arthur Andersen de ses cendres. Le CEO de « The New Arthur Andersen », Stéphane LaffontRéveilhac, explique avoir acquis les droits au niveau mondial sur les marques historiques Arthur Andersen et Andersen et entend désormais rétablir un réseau international « digne de ce nom ». Pour le constituer, les consultants ont entrepris des contacts avec différentes structures de consultants dans plusieurs pays. Selon les consultants français, des spécialistes

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du conseil stratégique en entreprise au Moyen-Orient et en Inde ont déjà marqué leur intérêt pour rejoindre le réseau dès son lancement. Ils expliquent aussi que de très nombreux anciens d’« Arthur » les ont consultés pour envisager la possibilité de les rejoindre. Toujours nostalgiques d’une époque, les anciens d’Arthur Andersen ? Paperjam a posé la question à deux des chevilles ouvrières luxembourgeoises de l’ex-« Big Five », Norbert Becker, fondateur de la structure luxembourgeoise, et Raymond Schadeck, qui en a été un des associés. Pour remettre les choses dans le contexte, rappelons qu’Arthur Andersen a créé la société dès 1913 et en a fait un des géants mondiaux de l’audit et de la consultance. Au Grand-Duché, la structure a été mise en place en 1979 par Norbert Becker, qui naviguait déjà au sein du groupe. Membre à part entière du réseau mondial Andersen, l’entité luxembourgeoise était structurellement et légalement indépendante. Au début des années 2000, « Arthur » faisait toujours partie des « Big Five » aux côtés de PricewaterhouseCoopers (PwC), Deloitte,

Ernst & Young (EY) et KPMG. Mais, en 2001, la chute aussi vertigineuse que frauduleuse du courtier américain en énergie Enron, dont Arthur Andersen certifiait les comptes, a emporté le réseau dans la tourmente. « Dans un métier où l’image et la notoriété sont vitales, la mise en examen d’Andersen LPP a immanquablement conduit à la destruction d’une marque centenaire et, par conséquent, de son réseau mondial. La responsabilité de quelques personnes a été rendue collective », commentait en avril 2002, via communiqué, Arthur Andersen Luxembourg pour expliquer la fin de l’aventure. Arthur Andersen Luxembourg, qui comptait 550 employés dans ses rangs à l’heure de l’implosion, a alors négocié sa fusion avec la division luxembourgeoise d’Ernst & Young. Jusqu’à réapparaître dans la place via la nouvelle construction qui se met en place ? « La marque a été déposée pour l’ensemble du territoire européen, mais actuellement le Luxembourg ne fait pas partie de nos prio­ rités », nous a précisé Isabelle Epp, porteparole de la nouvelle structure. À suivre en tout cas. ◄

ILLUSTRATIONS : RTL TÉLÉ LËTZEBUERG, MAISON MODERNE STUDIO

▲ Ces documents d’archives sont tirés d’un reportage de RTL Télé Lëtzebuerg, sur la présentation du bilan 2000 de la firme, en ses locaux du Kirchberg. On y voit notamment Raymond Schadeck et Alex Sulkowski.


Entreprises Consulting et audit

« Une vaste supercherie ! »

« Et pourquoi pas ? »

Norbert Becker (fondateur d’Arthur Andersen Luxembourg)

Raymond Schadeck (ancien CEO d’Arthur Andersen Luxembourg)

Norbert Becker a rejoint Arthur Andersen via son bureau bruxellois en 1979, il en connaît tous les rouages. En 1980, c’est lui qui fonde Arthur Andersen Luxembourg. Il obtiendra par la suite des responsabilités internationales au sein du groupe, notamment global managing part­ner, infrastructure et administration. En juillet 2002, il négocie la fusion de 56 cabinets nationaux d’Andersen avec Ernst & Young, dont il deviendra CFO et membre du conseil d’administration mondial.

« Reprendre tout simplement le nom est très loin de faire revivre la marque. » Le moins que l’on puisse dire est que le « retour » d’Arthur Andersen sur la place publique le laisse sceptique. Il se dit avant tout « très surpris par le blitz médiatique orchestré pour annoncer la renaissance d’Arthur Andersen » avec l’ambition de recréer une firme mondiale de services professionnels. « J’ai malheureusement la conviction que cette campagne n’est qu’une vaste supercherie, destinée à capter l’héritage Arthur Andersen pour servir les intérêts de certaines

personnes. Que des anciens, et d’autres, de cette grande maison aient l’ambition de faire renaître la marque est une entreprise hasardeuse. Il a fallu plus d’un siècle pour créer une firme mondiale intégrée. Reprendre tout simplement le nom est très loin de faire revivre la marque. » Pour l’ancien homme fort d’Arthur Andersen Luxembourg, aucune comparaison ne sera probablement possible. « Je pense d’ailleurs, pour autant que je comprenne le projet, qu’il s’agit d’une offre de services limitée dans son étendue et sa géographie. » Les nouveaux responsables disent vouloir se limiter à deux pôles d’expertise : le conseil et le contentieux-transaction. « Ce projet n’a rien à voir avec le vrai Arthur Andersen, un cabinet unique dont la mise en examen du cabinet américain a été jugée sans fondement par la Cour suprême des États-Unis. Trop tard cependant pour réhabiliter la firme », rappelle-t-il. Quant à l’option de voir la nouvelle entité s’établir au Luxembourg, il n’en voit pas non plus l’intérêt. « Les anciens Arthuriens se sont organisés depuis 2002, soit chez EY soit chez Atoz. D’autres ont créé leur propre affaire ou ont changé de métier, avec beaucoup de succès par ailleurs pour la plupart. Je n’en vois aucun ayant envie de rejoindre une mauvaise copie de l’original. » ◄

Autre ancien Arthurien, Raymond Schadeck a rejoint l’entité luxembourgeoise en 1981. Il en a été promu au titre d’associé en 1993 et en est devenu le CEO en 1998, jusqu’à la fermeture des portes en 2002. De son côté, il voit d’un bon œil l’initiative de recréer un réseau Arthur Andersen. Un nouveau réseau international sous ce nom ? « Et pourquoi pas ?, interroge-t-il. Cela reste une référence de qualité pour les anciens employés, mais aussi pour pas mal de clients. Même aux États-Unis ! » Pour l’ancien responsable de l’entité grand-ducale, la spécificité d’Arthur Andersen provient notamment de son esprit visionnaire et d’un esprit de « grande famille » à vie créant des liens « très très forts, bien au-delà du lieu de travail » et générant « une très grande fierté d’avoir travaillé pour Arthur Andersen ». Raymond Schadeck ne doute pas que ce « nouvel Arthur » puisse revenir au niveau des grands acteurs mondiaux de la consultance. Pour lui, la reprise de la marque

pourrait lui être favorable dans la mesure où le nom reste lié à « qualité, dynamisme, créativité, visionnaire, pragmatisme, international / global… Bref, commente-t-il, tous les atouts pour lesquels une société de consultance de pointe veut encore aujourd’hui être reconnue. »

« Pour développer un réseau inter­ national sans faille, le Luxem­ bourg aurait nécessaire­ment un rôle à jouer. » Quant au fait de ne pas voir le Luxembourg parmi les premières priorités, il ne s’en formalise pas, tout en précisant que « pour devenir une référence internationale, il faudra développer un réseau international sans faille, dans lequel le Luxembourg aura nécessairement un rôle très important à jouer ». ◄

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Entreprises 65 ans

04 De L’Agence à la firme ► C’est en 1950 qu’a débuté l’histoire luxembourgeoise de ce qui allait devenir Deloitte. ► Tour d’horizon de l’entreprise avec son managing partner, Yves Francis. ― Interview : Fabrice Barbian

Que reste-t-il aujourd’hui de l’entreprise originelle ? « Les trois fondateurs avaient un leitmotiv, ils ne voulaient pas travailler pour l’Arbed ou pour l’État. C’est pour cela qu’ils ont créé leur entreprise. Cet état d’esprit d’entrepreneur fait aujourd’hui encore partie de nos valeurs. Dans un registre différent, l’audit

Même avec 240 millions de CA, rien n’est acquis. 074 ―

et l’expertise comptable, qui composent notre métier historique, sont aujourd’hui encore au cœur de nos activités, même si la palette de nos services s’est étoffée au fil du temps.

Quels sont aujourd’hui vos métiers ? « En plus de l’audit, nous sommes actifs dans l’advisory, la fiscalité et, depuis une vingtaine d’années maintenant, dans le consulting. Ce dernier métier, qui recoupe différents services liés à la gestion du risque ou à l’implémentation de nouvelles technologies, s’est fortement développé. Nous som­ mes aujourd’hui leader dans ce domaine, au Luxembourg. En 2014, Deloitte Luxem­ bourg a enregistré une nouvelle hausse de son chiffre d’affaires de 9 %. Comment vous y prenez-vous ? « Cela fait quatre ou cinq ans que nous sommes sur ce rythme. La diversité et la complémentarité de nos activités font que nous ne sommes pas uniquement dépendants de la situation économi­ que. Avec la crise, nous avons accompagné moins d’entreprises dans leur installation mais nous avons davantage été sollicités par celles qui avaient besoin de conseils et d’accompagnement pour se réorganiser ou se repositionner. Si notre marché est le Luxembourg, au sein du réseau Deloitte, nous sommes également identifiés comme étant les ‘experts de la finance’, à l’échelon mondial. Nos équipes sont amenées à régulièrement travailler à l’étranger, pour d’autres

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▲ Deloitte jubilaire mais Deloitte visionnaire… La firme regarde vers le futur qui passera, en 2019 normalement, par un rassemblement des forces au Ban de Gasperich.

entreprises du groupe. Ces demandes, qui sont en croissance, génèrent aujourd’hui 10 % de notre chiffre d’affaires. Il n’y a pas de secret, nous nous adaptons à un environnement en évolution constante et répondons aux besoins du marché.

actuellement à l’intégration de 230 jeunes diplômés, aux nationalités et profils différents. La moyenne d’âge chez Deloitte, qui compte 1.740 collaborateurs, est de 32 ans. Nos jeunes collaborateurs ont du talent et portent un regard neuf sur le monde. Il est fondamental pour une entreprise comme la nôtre, dont le métier est aussi d’anticiper l’évolution des marchés, de s’interroger sur ses pratiques et d’innover. Deloitte a créé des innovation labs pour ce faire. Même avec un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros, rien n’est acquis.

Quel regard portez-vous sur l’économie du pays et son avenir ? « La force du Luxem­bourg réside notamment dans une proximité forte entre les acteurs politiques et économiques. Cela se traduit par un souci constant de créer les conditions les meilleures pour l’activité économique ainsi qu’une grande réactivité. Les efforts consentis par la Place et le gouvernement pour promouvoir le pays portent également leurs fruits, tout comme la diversification de l’économie dans le biomédical ou les fintech. Au registre des tendances de fond, il y a une volonté, dans de nombreux secteurs, de vouloir se concentrer sur des services à forte valeur ajoutée en se focalisant sur les activités les plus rémunératrices. Il y a donc matière à être confiant pour le futur.

On parle d’un possible retour d’Arthur Andersen. Un commentaire ? « On verra bien mais je crois que Paris tient la corde. Personnel­lement, je trouve que ce serait un clin d’œil plutôt sympathique. L’équipe de Deloitte Luxembourg compte d’ailleurs quelques anciens d’Arthur Andersen dans ses rangs.

Cela implique d’attirer de jeunes talents. Quelle est votre approche en la matière ? « Nous procédons

En résumé Deloitte Luxembourg a 65 ans. En 1950, on était loin des Big Four. L’aventure a été jalonnée mais rien n’est jamais acquis. Le managing partner Yves Francis repasse le film, pas les plats.

Un anniversaire, ça se fête. Quel est le programme ? « Une première soirée réunit d’anciens associés et employés de la firme à l’occasion d’un dîner et d’un concert, à l’Atelier, le 12 octobre. Le lendemain, l’ensemble des collaborateurs actuels ont rendez-vous à la Philharmonie. Au programme : présentation des résultats et de la nouvelle stratégie puis soirée festive. La famille se réunit… » ◄

ILLUSTRATION : GROSSFELD PAP / DELOITTE

Monsieur Francis, Deloitte Luxembourg a 65 ans. Quelles sont les dates clés de son histoire ? « L’entreprise a été créée en 1950 par trois associés : Rodolphe Gerbes, Georges Kioes et René Schmitter. Elle portait alors le nom L’Agence, avant de devenir la Fiduciaire générale de Luxembourg, en 1968. Dix ans plus tard, l’entreprise rejoint le groupe Touche Ross, devenu Deloitte en 2003.


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Entreprises Immobilier résidentiel / Formation

05 Trouver la Perl rare ► Le nouveau concept emmené par Gary Kneip veut être un remède au déficit chronique de logements. connaît le Luxembourg, a fortiori dans des fourchettes de prix abordables. En mobilisant les capitaux disponibles pour financer leur construction, une nouvelle dynamique pourrait ainsi voir le jour pour participer au quota de 6.500 unités par an (seules 2.800 arrivent sur le marché en moyenne), nécessaire pour faire face à l’augmentation de la population résidente. Les promoteurs de l’initiative espèrent que l’écoute favorable reçue de la part du gouvernement pourra se transformer rapidement en une adaptation de l’arsenal législatif afin qu’il puisse coller à cette nouvelle formule immobilière. T. R. ◄

PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)

Perl rassemble en France, depuis 2005, investisseurs privés et bailleurs institutionnels ou sociaux autour de projets de logements abordables à destination des particuliers. 950 millions d’euros ont été mobilisés depuis 10 ans et 5.300 logements construits avec un principe central : séparer – sur une durée moyenne de 15 ans – le droit d’usage d’un logement (son « usufruit »), conféré à un exploitant professionnel gestionnaire pour une durée déterminée, et sa nue-propriété, prise en charge par des investisseurs qui y trou­ vent un placement immobilier sécurisé. Importé au Luxembourg et propulsé par l’entrepreneur Gary Kneip et ses associés, le concept de Perl est présenté comme un élément de réponse au déficit chronique de logements que

► L’entrepreneur Gary Kneip s’attaque au problème du logement abordable.

06 Compétences féminines Pendant plusieurs semaines, les 15 participantes âgées de 27 à 52 ans et issues de parcours très différents, ont donc pu s’initier à la programmation, au référencement web, au web design, à la communication sur les réseaux sociaux et au web marketing, voire avancer sur leurs projets de création d’entreprise et de recherche d’emploi au sein de groupes de travail interactifs. Les premières initiatives entrepreneuriales devraient se concrétiser. Une seconde édition du programme est déjà annoncée pour 2016. « Nous avons reçu plus de 30 candidatures pour la première session, les participantes étaient toutes très motivées. Une dizaine de femmes sont déjà intéressées par la prochaine édition », précise ◄ Nyuko met aussi ses espaces de co-working Marina Andrieu, coordinatrice du projet chez Nyuko. au service de la formation et de l’esprit A. D. ◄ d’entreprise, par exemple au féminin. L’événement de clôture de la première édition du programme eSkills for Women s’est tenu en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, Nicolas Schmit. Compétences digitales, emploi des femmes et entrepreneuriat ont été les thématiques de cette initiative pilote, organisée par Nyuko dans le cadre du programme européen eSkills for Jobs, et soutenue par la Fon­da­ tion JPMorgan Chase et l’Adem. L’idée était de répondre aux besoins actuels sur le marché luxembourgeois, mais aussi de contribuer à l’égalité des chances et au rayonnement du Luxembourg à l’international, en stimulant son secteur digital, l’ICT et l’e-commerce.

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PHOTO : ARCHIDUC (ARCHIVES)

► Orchestrée par Nyuko, la première session du programme eSkills for Women a mis le doigt sur le numérique et les idées entrepreneuriales.


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Entreprises Restauration d’entreprise

07 La quête de la recette parfaite

― Texte : Jean-Michel Lalieu

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Ne dites plus cantine, mais bien restaurant d’entreprise. Pour rester concurrentiels face à l’offre de plus en plus large de solutions proposées par la restauration commerciale pour le repas de midi, les spécialistes de la restauration de collectivités mènent une réflexion permanente sur l’évolution de leur offre. Qu’il s’agisse du cadre dans lequel ils accueillent les employés des entreprises sous contrat ou de l’offre qu’ils souhaitent leur proposer. Et ce n’est pas simple. Les modes, les horaires, l’avènement d’une société multiculturelle, les exigences de qualité, voire l’accroissement des intolérances alimentaires obligent ces professionnels à transformer la pause déjeuner en équation à multiples inconnues. Au Luxembourg, la professionnalisation du secteur de la restauration en entreprise date du début des années 1980. De fait, en l’espace de trois ans, on a enregistré l’arrivée sur le territoire grand-ducal des futurs grands du secteur : le Français Sodexo en 1980, l’Allemand Dussmann en 1981 et Eurest Interna­tional, aujourd’hui filiale du Britannique Compass,

▲ Au prix du mètre carré à Luxembourgville, un restaurant d’entreprise (ici chez PwC) coûte très cher. Mais il peut être considéré comme un avantage pour attirer de nouveaux collaborateurs.

en 1982. Les grands débuts sont avant tout liés à des contrats signés avec les institutions européennes présentes dans la capitale, avant de s’étendre aux entreprises actives dans la production, puis au secteur financier.

SIX MILLIONS DE REPAS Aujourd’hui, selon les chiffres fournis par Sodexo, on recense sur le territoire national quelque 125 restaurants d’entreprise : une quarantaine dans le secteur bancaire, une trentaine dans les administrations nationales

PHOTO : PWC LUXEMBOURG

► Concurrencés par les chèquesrepas et la restauration commerciale, les restaurants d’entreprise montent en gamme. ► Dans leur offre, les sociétés de restauration de collectivités ne se limitent plus au traditionnel plat du jour. ► Le temps d’un repas, l’employé doit pouvoir oublier qu’il est toujours dans les murs de son entreprise.


Entreprises Restauration d’entreprise

ou européennes et le reste dans les différents pans de l’industrie. On servirait par jour ouvrable 25.000 repas, ce qui fait grimper les chiffres à 6 millions par an. Avec une moyenne par restaurant de 200 passages quotidiens. « Si on considère un ticket moyen de 10 euros par repas, le chiffre d’affaires potentiel du secteur est de 60 millions d’euros », calcule Marc Poncé, directeur général de Sodexo Luxembourg. Selon lui, il y a 10 ans, le marché n’était que de 40 millions d’euros. « Nous avons donc connu une augmentation de 50 % alors que le secteur a quand même un peu souffert au cœur de la crise financière. »

RAPIDE MAIS TRADITIONNEL Si le responsable de Sodexo Luxembourg précise qu’il se crée entre trois et quatre nouveaux restaurants d’entreprise chaque année, le directeur général de Dussmann Catering Luxembourg, Angelo Rossi, estime de son côté que, en entreprise particulièrement, la restauration vit des années de stagnation. « Le prix du mètre carré est beaucoup trop important pour qu’une entreprise accepte encore d’investir dans son propre restaurant », note-t-il. Ce qui est certain, en tout cas, c’est qu’en l’espace de quelques années, l’offre a considérablement changé. « Nous sommes en concurrence directe avec le chèque-repas, poursuit le directeur de Dussmann Catering. La clientèle qui fréquente nos établissements demande donc que notre offre soit comparable à la restauration commerciale. » Lorsqu’une société prend la décision de mettre sur pied un restaurant interne, c’est qu’elle estime que son attractivité par rapport aux talents qu’elle recherche passe par la case cuisine et / ou qu’elle compte sur cet espace « intra-muros » pour éviter de voir son personnel s’égailler dans la ville. Quelle que soit la raison, dans la plupart des cas, on est désormais bien loin du traditionnel menu unique « entrée – plat du jour – dessert ». « Si j’avais continué à proposer cela, je n’aurais plus un seul client », confirme Marc Poncé. Aujourd’hui, un restaurant commercial doit pouvoir faire jeu égal avec des sandwicheries, des bars à soupes, des food trucks ou des steak houses. « Notre métier est de faire en sorte que le consommateur ait réellement l’impression de ne plus être dans l’entreprise », explique Jean-Marc Demerdjian, administrateur délégué de Compass Group Luxembourg (Eurest). Un effort qui passe également par l’agencement des lieux qui sont désormais parfois comparables à de véritables tavernes, la carte des vins et des bières en moins. Mode ou malbouffe aidant, un sous-traitant en entreprise doit aussi pouvoir proposer des menus végétariens, bio et gérer le phénomène de plus en plus marqué des

intoléran­ces alimentaires. « Le souci de la qualité est encore plus fort au Luxembourg qu’ailleurs, note le patron d’Eurest. C’est un des rares pays où on ne cuisine les produits ni de la quatrième gamme (produits prédécoupés) ni de la cinquième (plats préparés). Le marché reste très traditionnel avec une priorité donnée aux produits frais crus. » Unanimement, les responsables de sociétés de restauration de collectivités insistent aussi sur la priorité à donner aux produits locaux. S’il est devenu exigeant, l’employéconsommateur est aussi de moins en moins enclin à passer du temps à table. Parce qu’il est submergé ou qu’il préfère terminer sa journée plus tôt. Parmi les plus jeunes générations, la tendance est aussi à ne plus respecter les horaires classiques de la journée de travail, ce qui perturbe le rythme des repas. « Actuellement, on estime que 30 % de la clientèle cherchent plutôt une offre en sandwiches, salades et boissons à emporter, constate encore Jean-Marc Demerdjian. Il faut donc être capable de proposer à la fois du chaud et du froid. » Et comme le client est désormais pressé, la technologie viendra bientôt à son secours. Eurest France mène ainsi des tests qui permettent d’avertir en direct les employés du temps d’attente au comptoir. D’autres innovations sont apparues pour permettre le paiement avec son smartphone ou son badge d’entrée. « La restauration d’entreprise, ce n’est plus non plus uniquement le repas de midi », fait remarquer Marc Poncé. La déstructuration des horaires, et donc des repas, fait que des sociétés prévoient désormais une offre de petite restauration (sandwiches, pâtisseries, salades) tout au long de la journée (voir l’exemple du nouveau siège de PwC dans l’encadré). « Et ça peut même aller jusqu’à des repas à emporter chez soi le soir », observe encore le directeur de Sodexo Luxembourg. Mais face à ces nouvelles exigences de choix et de qualité, le patron de Dussmann Catering en vient à craindre un véritable problème de ressources humaines. « Comment faire pour recruter du personnel qualifié pour garantir des repas de qualité, s’interroge-t-il. Pour Angelo Rossi, il faudra rapidement songer à communiquer et à valoriser le métier de cuisinier. « Sinon, à long terme, le risque est que nous soyons tous obligés de nous orienter vers la convenience food », menace-t-il. Ce qui ne colle visiblement pas avec les exigences du personnel des entreprises luxembourgeoises. ◄

Du petit-déj’ à l’afterwork

Pour tous les goûts et tous les horaires

En déménageant dans des locaux flambant neufs, PwC s’est offert un concept de restauration dans l’air du temps, avec un espace ouvert toute la journée. En rejoignant le Crystal Park, au ban de Gasperich, à l’automne 2014, les quelque 2.500 employés de PwC Luxembourg ont découvert la restauration en entreprise du futur. Géré par Sodexo, le site prévoit en effet deux espaces bien distincts : un restaurant classique pour la pause déjeuner (400 places et une terrasse de 180 places) et un « bar » installé au milieu du patio et ouvert toute la journée. Deux sites qui, ensemble, emploient plus de 20 personnes. Pour les plus matinaux, le restaurant ouvre déjà ses portes de 7 h à 9 h 30 pour le petit-déjeuner et, plus classiquement de 11 h 45 à 13 h 45. « Il assure 1.200 repas par jour et propose une offre très diversifiée qui va du plat du jour à la cuisine du monde », précise Patrice Waltzing, associé et responsable des opérations chez PwC Luxembourg. Quant au « bar », conçu avant tout comme un espace de convivialité pour les employés, voire pour les clients de passage, il se veut à la fois espace de détente, de rencontres informelles ou de travail. « Il permet de proposer de la petite restauration en dehors des heures d’ouverture du restaurant, explique Patrice Waltzing, mais il est fréquent que des collaborateurs s’y retrouvent le soir autour d’un verre. » Un concept qui se développe : avec le regroupement de l’ensemble de son personnel sur le site du Kirchberg, en 2016, BGL BNP Paribas, également en collaboration avec Sodexo, prévoira aussi une offre de restauration permanente. En plus d’une brasserie où les collaborateurs seront servis à table. J.-M. L. ◄

En résumé Le temps de midi des entreprises et des collaborateurs a bien changé. Le marché a évolué, poussé notamment par la généralisation des chèques-repas. Les restaurants d’entreprise et sociétés de restauration collective montent en gamme. L’heure est au bien-être, à la pause choisie et à l’afterwork.

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Entreprises Ketterthill vs Dourson

08 L’ombre de l’ex plane toujours ► Un an et demi après son limogeage de la direction de LLAM, Jean-Luc Dourson est toujours combatif. ► Une plainte pénale contre X a été déposée en juillet dernier qui met en cause des opérations financières douteuses.

La vente programmée du groupe français Cerba European Lab (CEL), maison mère des laboratoires d’analyses médicales Ketterthill LLAM, par le fonds d’investissement PAI Partners – pour un prix compris entre 800 millions et 1 milliard d’euros – pourrait être impactée par la plainte pénale que Jean-Luc Dourson a initiée au Luxem­ bourg, début juillet, auprès du juge d’instruction directeur, Ernest Nilles. L’ex-patron de Ketterthill, limogé en janvier 2014, ne désespère pas de remettre un jour la main sur le trésor perdu il y a 18 mois. Il aurait même fait une proposition pour la reprise du labo­ ratoire, sans que les discussions aboutissent jusqu’à présent. Une des conditions que posait le groupe français était la suspension des actions judiciaires. CEL dément pourtant avoir eu « quelques discussions que ce soit avec M. Dourson ». Sanctionné pour avoir été témoin entre 2013 et début 2014 de faits à ses yeux constitutifs d’abus de biens sociaux (ABS), recel d’ABS et faux commis par CEL et ses dirigeants au préjudice de la filiale luxembourgeoise, dont il était le représentant légal, Jean-Luc Dourson met en cause un système organisé de siphonnage de fonds au détriment du Luxembourg. Sa première plainte – décembre 2014, devant le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Pontoise – a été classée sans suite. Le parquet a considéré que les faits relevaient de la compétence territoriale du Luxembourg. Le procureur s’est toutefois avancé sur le fonds de l’affaire, mentionnant que la plainte faisait suite à un litige à caractère commercial ayant pour origine des différences d’interprétation du protocole d’accord signé entre Dourson et CEL en 2011 pour la vente de Ketterthill. Pour autant, face à une plainte détaillant méthodiquement des infractions pénales supposées, on comprend mal pourquoi le magistrat n’a pas instruit davantage le dossier, passé au début du mois de juillet au Luxembourg. Me Lydie Lorang, avocate de Dourson pour le volet pénal de l’affaire – l’aspect commercial étant géré par Me André Lutgen –, confirme

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PHOTO : MIKE ZENARI (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol


Entreprises Ketterthill vs Dourson

que la plainte a bien été enregistrée par le cabinet d’instruction. Il est toutefois délicat de s’avancer sur la suite de la procédure. L’avocate présente le cas comme d’intérêt public : en pompant, comme il en est accusé, dans la trésorerie de Ketterthill, et en facturant des frais sans justification économique, le groupe CEL n’a-t-il pas fait peser un risque certain au Grand-Duché ? « Le bon fonctionnement du système de santé luxembourgeois pourrait être mis en cause », assure-t-elle. Parallèlement à la procédure pénale, qui freine le processus de vente de CEL, une tentative de médiation avec l’ancien administrateur délégué de Ketterthill s’est dessinée avant d’être enterrée aussi vite. Il n’y aura pas de règlement à l’amicale assure la direction de CEL. L’affaire luxembourgeoise s’appuie sur une série de documents et le témoignage d’un ancien directeur financier de Ketterthill LLAM, décrivant les relations avec la maison mère. Son éclairage confirme les accusations que Dourson avait lui-même portées contre ses anciens partenaires. On parle ici de soupçons de fausses factures émises par CEL envers Ketterthill au titre de prestations de services réalisées pour le compte de sa filiale, d’un pays à l’autre sans justification, sans contrepartie ni contrat, et sur base de documents antidatés. Les enquêteurs – voire l’administration fiscale, très sensible désormais sur les prix de transfert intragroupe – pourraient ainsi s’intéresser à des factures d’un montant de plus de 585.000 euros. Dourson, dans le bras de fer qu’il engagea avec sa maison mère, avait déjà mis en cause la légalité de ces opérations et avait menacé de les signaler à l’auditeur. Il n’eut pas le loisir de le faire, son contrat de travail ayant été dénoncé dans l’intervalle, pour faute grave.

CONTRATS ET DISSIMULATIONS Des factures suscitèrent aussi des doutes en interne, comme le raconte un ancien du service comptable de Ketterthill. La direction du groupe parisien adressa une première fois, le 15 avril 2013, des factures devant être enregistrées rétroactivement sur l’exercice de 2012 et celui de 2011, alors déjà clos. Au Luxembourg, on s’interrogea sur l’objet des factures, on réclama une justification économique et la production du contrat de prestation de services intragroupe. Les commissaires aux comptes de chez PwC Luxem­ bourg avaient eux aussi pointé l’absence de contrat et avaient requis la documentation pour leur prochain audit. Ces documents ont-ils été fabriqués par la suite ? No comment chez CEL qui a jugé nos questions, sur ces opérations, « inappropriées ».

En juin 2013, le directeur financier de Ketterthill relança la hiérarchie en France. Il se fit répondre que le contrat était toujours en cours d’élaboration par les avocats. En décembre pourtant, un changement de ton intervint : il se fit contacter par la direction de CEL pour fouiller dans les courriels de Dourson. Curieusement, on lui demanda de prouver que l’administrateur délégué à Luxembourg, déjà en disgrâce après les accusations formulées, avait donné son accord sur les factures litigieuses. Un document fut alors exhumé, montrant que le dirigeant avait bien validé un relevé de plusieurs factures dans lequel se trouvait un dû pour prestation de services du groupe. Toutefois, rien ne stipulait qu’il s’agissait de commissions de gestion. Pour Me Lydie Lorang, ces manœuvres font la démonstration que CEL a bien tenté de dissimuler a posteriori des transferts financiers peu orthodoxes. Une autre tentative se produisit pour faire passer rétroactivement le transfert de trésorerie. Le 16 janvier 2014, quelques jours après le licenciement de Dourson, un mail du directeur comptable de CEL circula au siège de Ketter­thill, avec en pièce jointe une convention de trésorerie entre la maison mère et sa filiale pour couvrir les remontées d’argent qui posaient problèmes. Une seconde pièce montrait une convention de management fees pour l’exercice 2013. La convention antidatée au 31 décembre 2013 fut finalement signée pour le compte de CEL et de Ketterthill par les dirigeants qui avaient pris la place de Jean-Luc Dourson. C’était deux jours après son limogeage. L’administrateur délégué avait ouvertement contesté à la direction parisienne la pertinence d’une opération de refinancement portant sur plus de 24 millions d’euros. Dans l’hypothèse où une enquête judiciaire devait être ouverte à Luxembourg, le juge d’instruction devra impérativement entendre les auditeurs de PwC Luxembourg et France sur ce qui s’est passé dans les bureaux de Ketterthill le 16 janvier 2014, lors d’une conférence téléphonique. « J’ai été choqué, raconte un témoin de la scène, d’entendre une des responsables de PwC France conseiller au directeur comptable groupe d’établir un document antidaté pouvant couvrir les périodes en cause. » Toujours selon ce témoin, les auditeurs locaux n’auraient pas émis le moindre commentaire. « La justice est saisie et nous lui faisons une totale confiance pour mener à bien son travail » a fait savoir Catherine Courboillet, présidente du directoire de CEL. ◄

Mue juridique

Incompatibilités En 2011, Ketterthill LLAM se transforma en une société de capitaux avec l’accord du ministre de la Santé de l’époque, Mars Di Bartolomeo. Il avait posé, dans des courriers de mai puis de juillet 2011, des conditions à cette mue juridique, entre autres l’obligation de déclaration de toute modification ayant trait au chan­ gement de responsable du laboratoire ainsi que de son activité. Il s’agissait surtout pour les autorités de déceler une éventuelle incompatibilité entre l’exploitation d’un laboratoire d’analyses médicales privé et d’autres activités, comme la détention et/ou la gestion de maisons de retraite. Faire les deux ensemble n’étant pas possible. L’actionnaire ultime de Ketterthill LLAM, le fonds d’investissement PAI, est-il dans le péché ? Petit rappel de la structure du laboratoire : son actionnaire direct est LBS, structure de laboratoire belge, ellemême détenue par le groupe français CEL dont le capital est détenu par PAI Partners, lequel détient depuis 2014 des maisons de soins, DomusVi. Présenté comme le 3e groupe d’accueil des personnes âgées en France. Comme PAI a mis CEL en vente pour un prix entre 800 millions et 1 milliard d’euros, la question de la compatibilité devrait être résolue. Toutefois, en cas de cession du groupe français, le ministère luxembourgeois de la Santé devrait, à interpréter les courriers d’il y a quatre ans, avoir son mot à dire, en validant au préalable le nom du futur acquéreur ou actionnaire de Ketterthill LLAM. V. P. ◄

En résumé Après un classement sans suite à Paris, Jean-Luc Dourson, ancien administrateur délégué de Ketterthill LLAM, rouvre une page sombre de l’histoire du laboratoire d’analyses médicales, racheté par le groupe français CEL, mais qui serait aujourd’hui en vente.

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Entreprises Start-up

TOUT POUR L’ACCUEIL DES PETITS ► Logidev facilite tous les aspects de gestion d’une activité d’accueil de la petite enfance, de l’administration au suivi personnalisé des enfants, grâce à un seul logiciel. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire

Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Logidev Sa fondatrice : Fabiana Caruso

LE CONCEPT Créée par Fabiana Caruso avec l’aide d’experts en informatique et en comptabilité, Logidev intègre, dans un seul logiciel, les processus métier et tous les éléments de la gestion d’une structure d’accueil, « du suivi RH à la gestion des fournisseurs en passant par la comptabilité, la facturation, la vérification des paiements ou encore la planification des activités, l’inscription des enfants, leur suivi et leur développement, commente la gérante. Nous avons créé un outil qui répond à l’ensemble des besoins spécifiques de l’accueil de la petite enfance. » Aide à la décision, l’application fournit les informations en temps réel et dans une ergonomie dynamique. Elle allège les fonctions contraignantes pour les crèches, les maisons relais ou encore les orphelinats… « L’outil permet aux équipes de gagner en efficacité et, surtout, de se concentrer sur le plus important : les enfants, leur développement et la relation avec leurs parents. »

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LE DÉVELOPPEMENT C’est son expérience de gérante de plusieurs crèches au Luxembourg qui a amené Fabiana Caruso à penser ce logiciel. « J’ai constaté que des nombreu­ ses tâches administratives pesaient sur notre quotidien et nous empêchaient parfois de nous focaliser sur l’essentiel de notre métier : la qualité de l’accueil », explique-t-elle. Il a fallu trois ans pour créer une solution informatique complète permettant d’optimiser les processus métier, de maîtriser les dépenses et d’améliorer la communication et la gestion du temps. « Au final, elle améliore la gouvernance, facilite la gestion administrative et le suivi pédagogique mais aussi la communication avec les équipes. La stabilité avant tout, c’est la base d’une éducation solide », précise la gérante.

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LE MARCHÉ Le produit s’adresse aux institutions chargées de l’accueil d’enfants, quelle que soit leur taille. « Elle permet de mieux répondre aux attentes des parents, de garantir toujours un accueil de qualité aux enfants, de motiver les employés, de mieux investir dans la formation continue et de répondre aux principes normatifs qui prévalent au Luxembourg en matière d’hygiène et de sécurité », précise Fabiana Caruso. On y retrouve par exemple des interfaces permettant de faciliter l’application et le suivi des procédures d’hygiène et de sécurité : le relevé des températures des réfrigérateurs, l’inspection des extincteurs ou encore le registre de sécurité. « L’info est stockée, centralisée et peut aisément être partagée. » La gestion simplifiée de l’encodage des prestations accueil via le système des chèques-service est aussi intégrée au logiciel, ainsi que la facturation digitale, le suivi des paiements ou les relances.

LES PERSPECTIVES Après trois ans de développement et de test de sa solution, Logidev débute sa commercialisation. La première sortie officielle est prévue ce 22 octobre. À moyen terme, la start-up répondra à des attentes diversifiées. « La solution sera adaptée aux besoins des acteurs au service des seniors, comme les maisons de retraite ou les soins à domicile », commente Fabiana Caruso. C’est actuellement une des pistes envisagées. À plus long terme, Logidev projette d’exporter le produit adapté aux marchés voisins. « Mais nous ne voulons pas aller trop vite. Le développement se fera progressivement, afin de nous permet­tre, notamment, d’assurer une bonne intégration de notre outil en fonction des divers besoins de nos clients, en nous appuyant sur les bonnes ressources et des partenaires de qualité. »



Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite neuf sujets clés sélectionnés par la rédaction. Le groupe Cobepa a cédé le contrôle de SGG à Astorg Partners pour un montant non précisé. Cobepa était entré dans le capital il y a cinq ans. SGG, dont le siège est à Luxembourg, est un prestataire de services fiduciaires au Luxembourg, aux Pays-Bas et à Curaçao. Il compte un effectif de 550 personnes. Le nouvel actionnaire, Astorg, est une société de capital-investissement française indépendante. Elle gère plus de 4 milliards d’euros et investit dans des entreprises européennes industrielles ou de services, souvent familiales, et à fort potentiel de croissance. Elle est déjà associée à l’équipe de direction de SGG. Au niveau de SGG, on parle donc « d’un changement dans la continuité » (lire page 96). Deux ans après sa création, Gatsby&White, courtier et conseiller indépendant axé sur une clientèle internationale fortunée, franchit une nouvelle étape. La fonction de CEO, qui était pour l’instant inexistante, a été créée et confiée à Patrick Schols, visage connu sur la Place et à l’étranger. CEO entre 2008 et décembre 2014 de Dexia Life & Pensions, devenue Iwi (International Wealth Insurer), Patrick Schols bénéficie d’une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine de l’assurance.

084 ―

En 2016, Luxembourg for Finance obtiendra une enveloppe budgétaire supplémentaire de 500.000 euros pour ses activités de promotion de la place financière à l’étranger. Son budget total atteindra donc 5 millions d’euros. L’an prochain, LFF ira faire la promotion de la Place dans les différents continents, notamment en Australie, au Japon, en Chine et à Dubaï. Avec l’ambition, pour cette dernière destination, d’attirer une banque islamique au Grand-Duché. Le Crédit Mutuel Arkéa a acquis 86 % du groupe Leetchi, à l’origine de la solution de paiement Mangopay du groupe Leetchi basée au est aux mains Luxembourg. du Crédit Mutuel. Les 14 autres pour cent restent dans les mains des actionnaires de la société. Créé en 2009, Leetchi est spécialisé dans les solutions de paiement en ligne pour particuliers et entreprises, avec son enseigne phare leetchi.com comptabilisant 4 millions de clients, ce qui en fait le leader de la cagnotte en ligne en Europe. Via Leetchi Corp., le groupe s’est installé au Luxembourg en décembre 2012 pour proposer une solution à destination des plateformes d’économie collaborative.

86 %

Jean-Claude Juncker a passé son oral le 17 septembre devant les membres des commissions « taxe » et « économique et

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monétaire » du Parlement européen. Le président de la Commission a demandé aux eurodéputés de changer leur terminologie et de préférer « EULeaks » à « LuxLeaks ». Une manière de dire qu’il refuse de porter à lui seul le fardeau, martelant que la pratique des rulings était loin d’être une spécialité luxembourgeoise et qu’elle s’étendait à l’ensemble des États membres de l’UE. Quelques jours plus tard, c’était le tour du ministre des Finances et président du Conseil Ecofin, Pierre Gramegna, qui a demandé « que le Luxembourg ne soit pas jugé sur son passé » étant donné les efforts de transparence qu’il menait actuellement. Jean-Claude Junker a fini par remettre la page manquante du « rapport Krecké » au député européen Fabio De Masi (Die Linke) le 30 septembre. Lors de son audition du 17 du même mois devant la commission « taxe » du Parlement européen, le président de la Commission avait indiqué ne pas avoir eu connaissance de la page manquante du rapport qui évoquerait les activités du bureau 6 de l’administration fiscale chargée des rescrits fiscaux. Rendue publique par Paperjam.lu le même jour, la page du rapport que Jeannot Krecké, alors député du LSAP, avait rédigé en 1997 était bien censée alerter le Premier ministre et ministre des Finances de l’époque, Jean-Claude Juncker, sur la perversion du système des rulings qui peut amener à des situations de non-imposition de sociétés multinationales.

Le nouveau bâtiment de la Com­ mission de surveillance du secteur financier (CSSF) a été livré à la mi-septembre et ses occupants peuvent désormais prendre possession des lieux. L’immeuble situé route d’Arlon à Luxembourg représente près de 17.000 m2 hors sol et 3.000 m2 de sous-sol. Le groupe bancaire du Liechtenstein VP Bank est à la recherche d’opportunités d’achats et regardera s’il y a des possibilités en ce sens au Luxembourg. C’est en tout cas ce qu’a déclaré son PDG, Alfred Moeckli, au magazine Finanz und Wirtschaft. La banque fait le pari d’avoir pour 50 milliards de francs suisses (environ 46 milliards d’euros) d’actifs sous gestion d’ici 2020. Pour cela, elle entend grandir par croissance externe dans ses terres, mais aussi en Suisse et au Luxembourg. VP Bank SA, filiale de VP Bank, est déjà présente au Grand-Duché depuis 1988. Elle emploie plus de 70 personnes. Elle est essentiellement active dans la banque privée et la gestion d’actifs.


Place financière Brèves

Le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke.

Lombard International Assurance s’est doté d’une nouvelle identité visuelle, symbolisant de nouvelles ambitions sur les continents européen et américain depuis la reprise par Blackstone l’an dernier. Lombard International Assurance entend imprimer sa marque et l’emblème du lion « relifté » dans son organisation globale qui passe par la Suisse, l’Italie, Guernesey, les Bermudes, mais aussi et surtout le Luxembourg et les États-Unis, depuis la reprise en juin dernier de Philadelphia. La société basée en Pennsylvanie, qui s’adresse aussi à une clientèle fortunée pour des produits de placement, devient ainsi sa tête de pont sur le marché américain (voir aussi en page 98).

Standard & Poor’s a confirmé la note « AAA » attribuée au GrandDuché, avec une perspective jugée « stable » et une croissance anticipée qui est estimée supérieure à la moyenne de la zone euro. Une mise à jour positive dont s’est réjoui le ministre des Finances, d’autant que l’agence confirme le rôle du Zukunftspak en faveur de la réduction du déficit de l’État. Le Luxembourg continue donc de bénéficier de la meilleure notation auprès des trois principales agences, S&P, Moody’s et Fitch. La Fondation La Luxembourgeoise avait pris en 2013 la décision de participer à la création de logements pour étudiants à prix abordables en finançant l’achat d’un terrain

en faillite Landsbanki devant le tribunal correctionnel pour escroquerie et abus de confiance. L’ordonnance a été signée le 24 septembre et communiquée aux parties civiles, parmi lesquelles le chanteur Enrico Macias, le lendemain. Banque Raiffeisen poursuit sa route sur une tendance positive. Le total des avoirs sous gestion a affiché une croissance de 6,2 % au cours des six premiers mois de l’année et les dépôts de la clientèle, tant particulière que professionnelle, ont augmenté de 6,7 %. Après l’annonce, l’été dernier, d’une prise de participation de 10 % de Post Luxembourg dans son capital, la banque coopérative attend la réponse de la Banque centrale européenne pour le printemps 2016. L’industrie des fonds a connu, au mois d’août, son premier recul depuis longtemps. Selon les chiffres fournis par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), le patrimoine global

La fusion entre la Banque Degroof et la société de Bourse Petercam est officielle depuis le 1er octobre. À une heure d’intervalle, les assemblées générales des deux sociétés ont en effet approuvé le projet en chantier depuis un an. Le nouveau groupe belge s’appellera désormais Groupe Degroof Petercam. Il entend devenir le premier acteur en banque privée en Belgique. La fusion aura aussi des conséquences sur la Place luxembourgeoise, où les deux sociétés sont également représentées. En toute logique, ce sont les équipes de Petercam qui déménageront dans les bureaux de Degroof. L’année 2015 ne s’annonce pas bonne sur les marchés boursiers mondiaux. Le troisième trimestre qui vient de se clôturer a été le deuxième trimestre successif de baisse. La plupart des Bourses mondiales ont encore connu un recul important au cours des trois derniers mois. En Europe, par exemple, l’indice Stoxx600 a connu une chute de 8,8 %. Les

L’élan philanthro­ pique bénéficie aux étudiants, qui auront des logements à Belval-Nord.

Le Conseil d’État, en guise de rentrée, a rendu son avis sur le projet de loi autorisant le Luxembourg à entrer dans le capital de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Le pays interviendra pour un montant de 69,70 millions de dollars, dont 20 % sont à libérer à la constitution de l’organisme. Les Sages ne s’y opposent pas, mais font néanmoins remarquer que l’adoption du texte devra se faire, comme ce fut le cas des traités européens, à la majorité qualifiée des deux tiers des membres de la Chambre des députés.

et la construction de logements pour 45 étudiants dans le quartier de Belval-Nord. Encouragée au niveau national, cette démarche s’inscrit dans l’élan philanthropique auquel participent plusieurs grandes entreprises luxembourgeoises (lire aussi en page 46). Les nouveaux logements étant prêts pour la nouvelle session, l’inauguration officielle de l’immeuble a pu être programmée pour ce 8 octobre. Le juge d’instruction français Renaud Van Ruymbeke a, neuf mois après le réquisitoire du Parquet, rendu son ordonnance qui renvoie neuf personnes et la banque luxembourgeoise

L’Alfi et ceux qui suivent l’évolution des fonds n’ont pas été très surpris d’un premier recul des actifs.

net des organismes de placement collectif (OPC) et des fonds d’investissement spécialisés (FIS) a connu une diminution de 4,47 % sur un mois. Le total a été calculé à 3.422,987  milliards d’euros, une variation négative de 160,123  milliards par rapport à fin juillet. Cette diminution est liée à l’évolution défavorable des marchés financiers, notamment en Chine.

marchés ont notamment connu un mouvement de quasi panique après la décision surprise du gouvernement chinois de dévaluer le yuan, le 10 août. Sur le trimestre, la Bourse de Shanghai a fondu de 30,5 %.

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Place financière Banque privée

01 La course à l’Europe ► KBL epb poursuit sa quête pour créer un véritable groupe européen de banque privée. ► Soutenu par son actionnaire qatari, il reste à l’affût des acquisitions potentielles. ► Le groupe pense encore à étendre son réseau avant la fin de l’année dans un de ses pays clés. ― Texte : Jean-Michel Lalieu

« Mifid II va accélérer le mouvement de cessions. » Yves Stein (KBL epb)

Yves Stein n’en démord pas : KBL European Private Bankers doit poursuivre sa croissance à l’extérieur des frontières grand-ducales. Pour le Group CEO, l’ambition est de devenir un acteur reconnu dans tous les pays où la banque privée est déjà présente. « Pour y parvenir, l’enjeu actuellement est d’atteindre une masse critique d’actifs sous gestion de 5 mil­liards d’euros par pays », admet-il. C’est ainsi que, depuis le début de l’année, il a déjà annoncé l’intégration d’UBS Belgique par sa filiale belge Puilaetco Dewaay – annoncée en novembre 2014, l’opération a été clôturée en mai – et l’acquisition en Grande-Bretagne de la société Hampton Dean (début juillet). « Et nous espérons bien pouvoir encore clôturer un des dossiers d’acquisition que nous regardons avant la fin de cette année », poursuit-il. Sans plus de précision sur le territoire visé, sauf que le groupe veut continuer à se renforcer exclusivement dans les territoires où il est déjà installé. Boulimique, la banque privée luxembourgeoise ? « Notre taille actuelle nous permet de réaliser une acquisition de grande taille et une ou deux plus petites par exercice », précise Yves Stein. Mais s’il tient tant à grandir, c’est que le métier a changé et que ses acteurs ont des besoins en capitaux plus importants qu’avant. « Historiquement, explique-t-il, la gestion de fortune a été peu consommatrice de capitaux par rapport aux banques commerciales. » De nombreux acteurs, souvent familiaux, se sont donc lancés dans le métier et, jusqu’au début des années 2000, on a vu peu de mouvements de concentration. Notam­­ment parce que ces banques privées, qui restaient avant tout des métiers d’hom­mes, développaient des cul­tu­res d’entreprise fort différentes qu’il aurait été hasardeux de vouloir les faire vivre ensemble. « Mais la situation a changé, poursuit le patron de KBL epb. Les coûts, liés aux plateformes informatiques et aux nouvelles

50 villes en Europe

100 millions

2.200 employés

réglementations, ont augmenté, alors que les marges sont en permanence sous pression. » Différences culturelles ou pas, l’heure est donc à la consolidation. L’objectif de la banque, soutenu par la société de holding qatarie Precision Capital, son actionnaire à 99,9 % depuis 2012, est de bâtir un réseau fort pour être solidement ancré dans les pays dont sont originaires ses clients. Parce qu’au Luxembourg, la grande partie de la clientèle est non résidente et qu’au fil du temps les grandes familles s’internationalisent. Et dans chacun de ces pays, la banque luxembourgeoise veut être dans le Top 3 de la banque privée. Quitte à désinvestir si elle perçoit qu’elle n’atteindra pas la taille souhaitée. C’est ce qu’elle a fait en Suisse en cédant KBL (Switzerland) Ltd – l’opération doit encore être approuvée par les autorités de régulation – à la Bil. « Beaucoup de monde a cru à une opération d’optimisation entre entités détenues par Precision Capital, mais très honnêtement nous ne détenions pas la masse critique en Suisse », insiste Yves Stein. Le problème pour le groupe bancaire, c’est que s’il est toujours prêt à appuyer sur la détente lorsqu’une belle occasion se présente, les marchés qu’il juge le plus urgent de renforcer, la France et l’Espagne, n’en offrent guère. La France, où il est présent via KBL Richelieu, est un marché stratégique où le management affirme déployer toutes ses antennes. Mais jusqu’à présent, les transactions y sont rares. Selon Yves Stein, toutefois, l’entrée en vigueur des normes Mifid II, en janvier 2017, va contraindre beaucoup d’acteurs financiers à se poser la question de leur avenir. « Ça va accélérer le mouvement de cessions, estime le patron de KBL epb. Dans la mesure où notre actionnaire a une vision à long terme, nous allons attendre et voir si le marché s’ouvre. » En Espagne, non plus, l’heure n’est pas au découragement : « Nous regardons

d’actifs sous gestion

400+ banquiers privés

086 ―

― Novembre 2015


Place financière Banque privée

La galaxie européenne de KBL epb KBL European Private Bankers

Puilaetco Dewaay Luxembourg

5

35

20

85

50

Vitis Life

Brown Shipley

N/A

20 60

15

15

80

15

KBL Richelieu

25 Theodoor Gilissen

55

15

65

50

30

KBL España

5

30

25

Puilaetco Dewaay

30 60

KBL Monaco

5

90

20

15

Merck Finck & Co KBL Swiss Private Banking

35 95

10

130

30

20

Banquiers privés (inclus certains postes de front-office) Conseillés en investissement

ce que nous pouvons faire sur ce marché, mais là non plus il n’y a pas d’urgence. » La France, explique encore Yves Stein, est un marché où le produit patrimonial par excellence reste l’assurance vie. Un choix lié à la culture du pays, mais qui a pour conséquence de rendre le marché peu mobile. Il y est donc très difficile de recruter des banquiers privés pour étendre son activité. La croissance externe est alors la seule solution envisageable pour grandir. Par cet exemple, le Group CEO de KBL epb veut préciser que les acquisitions ne sont pas le seul modèle de développement qu’il préconise. La taille adéquate peut aussi s’obtenir de manière semiorganique par le recrutement de banquiers

privés au sein des structures existan­tes. « Notre métier est très intensif en moyens humains, un banquier privé ne peut absorber qu’un nombre limité de clients, explique-t-il. Pour acquérir des clients supplémentaires, il faut donc recruter plus de personnel qualifié. » C’est en suivant cette voie que s’est développée la filiale allemande, où la marque Merck Finck & Co. jouit d’une très bonne réputation. Dans ce contexte, difficile de savoir actuellement dans quelle zone le groupe parviendra encore à se renforcer d’ici la fin de l’année. La France et l’Espagne seraient les plus logiques, mais peut-être pas les plus évidents. « Nous avons plusieurs dossiers entre les mains, insiste Yves Stein, et actuellement nous ne

savons pas lequel a le plus de chances d’aboutir ni à quelle vitesse. Mais l’échéance de fin 2015 nous semble réaliste. » Pour la suite, le groupe se donne trois ans pour créer une véritable banque privée européenne dont le quartier général sera basé à Luxembourg. Avant cela, il n’entend pas se disperser hors du périmè­ tre défini. « Nous sommes engagés dans un marathon, pas dans un sprint », conclut le CEO de KBL epb. Même si les sprints inter­ médiaires ne manquent pas. ◄ En résumé Le groupe de banque privée luxembourgeois KBL epb reste en quête de nouvelles opportunités pour renforcer son poids dans les pays d’Europe où il est déjà présent. Une nécessité, selon son PDG, alors que, jusque-là, le secteur ne s’était jamais lancé dans la course à la consolidation.

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Place financière Entre Paris et Luxembourg

02 Le système des contrats vie ► Mise à nu d’une fraude fiscale qui a valu à une banque, un avocat fiscaliste et 14 cadres de Wendel une mise en examen. ► Le dispositif le plus agressif passait par le Luxembourg.

Olivier fait partie des hauts cadres de la société d’investissement Wendel ayant été mis en examen par des juges parisiens pour fraude fiscale, aux côtés de l’ex-président du Medef, le patron des patrons en France, Ernest-Antoine Seillière. La justice française a enquêté sur les dessous d’un montage qui a permis d’éluder 110 millions d’euros d’impôts, selon le site Mediapart.fr, qui a eu accès au dossier judiciaire. Les juges financiers Serge Tournaire et Guillaume Daïef ont bouclé leur enquête qui a débouché sur les inculpations de la filiale française de JPMorgan Chase Bank et de 14 dirigeants ou ex-dirigeants de Wendel. L’histoire remonte à 2007 et montre que l’optimisation fiscale dans une de ses versions les plus agressives passait par des contrats d’assurance vie luxembourgeois, qui échappaient à la directive sur la fiscalité de l’épargne, assurant ainsi opacité et anonymat à ses détenteurs. L’utilisation de contrats d’assurance vie luxembourgeois était présentée comme l’option la plus avantageuse pour faire des économies d’impôts. Parallèlement, le fisc français, à l’origine de plaintes pour fraude, a fait des redressements : 212 millions d’euros au total, en tenant compte des pénalités infligées aux dirigeants. Certains de ces cadres ont contesté les sanctions devant les juridictions civiles, en se retournant notamment contre JPMorgan Chase. L’avocat fiscaliste PierrePascal Bruneau a également été mis en examen pour avoir conçu le montage pour 662.000 euros. Au départ de l’opération, il y a eu l’intention de Wendel, en phase de restructuration, de forcer ses cadres à toucher leurs intéressements non pas en cash, mais en souscrivant des actions de leur société via des sociétés civiles. Le but était d’alléger la facture fiscale sur les plus-values, de réduire le taux de taxation de 40 % à 27 % et d’éviter que le fisc y voit malice. Le dispositif à plusieurs tiroirs, avec plus ou moins d’optimisation fiscale, avait été conçu par JPMorgan Chase et par le cabinet juridique Debevoise & Plimpton. Pour sa défense, la banque a soutenu être intervenue, à l’issue d’un appel d’offres, uniquement

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PHOTO : LICENCE CC

― Texte : Véronique Poujol

▲ JPMorgan Chase a pignon sur la place Vendôme à Paris.

pour présenter des propositions de financement sur des montages imaginés au départ par les dirigeants du groupe Wendel. Certains dirigeants ont protesté, d’autres – deux « chiens fous » dit-on – ont appuyé la démarche, allant jusqu’à réclamer un montage plus agressif encore. À fiscalité zéro. Paperjam a analysé le recours d’Olivier, un des cadres de Wendel, contre JPMorgan. La Cour de cassation française a rejeté début juillet sa demande, qui derrière une certaine technicité, place le projecteur sur « l’option optimale » permettant la plus forte « création de valeur » et une « flexibilité de gestion », celle qui passait par un contrat d’assurance vie chez Fortis Vie Luxembourg (aujourd’hui Cardif Lux Vie, groupe BNP Paribas), ainsi qu’un prêt de la banque. Il s’agissait, détaille un document de la procédure, « de financer l’acquisition de titres par un crédit remboursé par les gains escomptés du placement de ces titres sur un contrat d’assurance vie en profitant des avantages offerts par ce contrat ». Olivier avait ouvert deux comptes à JPMorgan fin avril 2007, dont un compte d’instruments financiers. Il avait souscrit fin

novembre un contrat d’assurance auprès de Fortis Vie Luxembourg, alimenté par son compte courant. La banque lui a consenti une convention de prêt (quatre ans) sous la forme d’un découvert en compte, qui lui servit à acheter des actions Wendel. Il était devenu titulaire de plus de 72.000 actions par le biais de sa société civile, laquelle lui avait cédé pour 5,888 millions d’euros. La société investit dans un portefeuille d’OPCVM sur un contrat de capitalisation chez Fortis Vie Luxembourg. Olivier paie cette acquisition par un découvert en compte accordé par JPMorgan. Il loge ses actions sur son propre contrat d’assurance (huit ans) souscrit également auprès de Fortis qu’il paie avec son découvert. Il y fait un versement de 6,25  millions d’euros. Si Olivier a assigné sa banque, c’est qu’elle lui réclamait le remboursement des intérêts et frais payés au titre du crédit, après que le montage se révéla financièrement désastreux pour lui. Ce mécanisme d’optimisation avait pourtant été présenté comme « irréprochable ». Aujourd’hui, les cadres risquent un renvoi en correctionnelle. Et jusqu’à cinq ans de prison pour fraude fiscale. ◄ En résumé JPMorgan Chase et les dirigeants de la société d’investissement Wendel ont mis sur pied un dispositif complexe de fraude fiscale destiné aux managers. La solution la plus optimale fiscalement passait par un contrat d’assurance vie auprès de Fortis Vie Luxembourg, aujourd’hui Cardif Lux Vie. La justice française a procédé à 16 inculpations.



Place financière Faillite de Leyne Strauss-Kahn

PHOTO : LICENCE CC / GP

03 L’affaire rebondit à Paris

► Il y a un an, la société financière LSK déposait le bilan après avoir été condamnée à rembourser un de ses créanciers. ► Une plainte a été engagée en France par un investisseur ayant souscrit des actions quelques jours avant le naufrage. ► Il met en cause la responsabilité de Thierry Leyne, mais aussi de DSK. ― Texte : Véronique Poujol

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Dominique Strauss-Kahn, l’ancien directeur général du FMI, est de retour sur la scène médiatique. Si l’homme a survécu jusqu’à présent à ses ennuis judiciaires, ceux-ci se prolongent dans le dossier de la société financière LSK, dont il était le président. À Paris, une plainte pénale est pendante devant le Parquet. À Luxembourg, les lignes pourraient bouger dans le courant de l’automne, avec une nouvelle assignation pour faute de gestion, qui s’ajoute à une première procédure pour… absence de gestion dans le chef des dirigeants de LSK. À notre connaissance, il n’y a pas (encore) eu de plainte pénale au Grand-Duché. DSK livre des avis sur tout ou presque : la Grèce, la politique du gouvernement de Manuel Valls, dont il aurait dit dans un forum avec des blogueurs début septembre qu’il « navigue à vue », le parti socialiste, décrit comme « un astre mort », ou le couple francoallemand, jugé « trop faible ». Il est plus silencieux sur son aventure luxembourgeoise avec Leyne Strauss-Kahn (LSK), liquidée il y a un an avec un passif atteignant les 100 millions d’euros. La liste des créanciers, que Paperjam a pu consulter, est impressionnante et met en exergue beaucoup de « petits » investisseurs, en France, en Belgique et principalement en Israël. Certains ont fait appel à un avocat

▲ DSK livre des avis sur tout ou presque. Il est plus silencieux sur son aventure luxembourgeoise.

pour effectuer leurs déclarations de créances, ce qui laisse supposer leurs intentions d’aller plus loin dans la procédure s’ils ne devaient pas recouvrer leurs fonds. En attendant, c’est au niveau du procureur de la République à Paris que l’attention se concentre. On attend en effet de connaître le sort que le Parquet va réserver à la plainte pour escroquerie et abus de biens sociaux que l’homme d’affaires français Jean-François Ott (il a fait fortune dans l’immobilier avec sa société Orco Property, basée initialement au Luxembourg) et sa société chypriote Roxannia Enterprises Company Ltd ont engagée fin juin 2015 à l’encontre des anciens dirigeants de LSK. Quatre dirigeants sont visés dans la plainte (qui cite d’ailleurs des articles de Paperjam.lu sur l’affaire) : DSK, qui fut le président du conseil d’administration de LSK et en démissionna quelques jours avant le suicide du fondateur Thierry Leyne, Michel


Place financière Faillite de Leyne Strauss-Kahn Jollant, qui lui succéda et eut la direction opérationnelle du groupe au Luxembourg, Philippe Hervé, associé historique de Leyne, et Céline Moulineau, qui fut jusqu’à la fin l’assistante de Thierry Leyne.

VALORISATION DE DÉPART À 50,24 MILLIONS

PHOTO : EUROBUSINESS MEDIA / YOUTUBE

Jean-François Ott a investi en juillet 2014 à un prix très largement surestimé un montant de 500.000 euros dans une augmentation de capital de LSK, alors que le groupe était déjà au bord du gouffre. Sa plainte détaille la chronologie d’un naufrage financier lorsque Thierry Leyne et DSK s’associent en 2013 et que LSK, présentée comme une banque d’affaires en devenir, fait son entrée à la Bourse de Paris avec une valorisation de 50,24 millions d’euros. Lorsqu’il rentre dans le capital de la société luxembourgeoise (il détenait 20,23 % du capital et Leyne 30,23 %), l’ancien directeur du FMI souscrit par l’intermédiaire de sa société au Maroc, Parnasse International, 412.000 actions au prix de 0,25 euro l’action pour un montant de 103.000 euros. « Le prix très réduit de souscription valorisait LSK à environ 2 millions d’euros seulement, une décote incroyable de 25 fois par rapport à la cotation boursière et un discount gigantesque par rapport à l’actif net reporté fin 2012 », signale l’avocat de Ott, Me Mathieu Croizet. Lorsque les discussions s’ouvrent entre DSK, Leyne et Ott, la société LSK remet à ce dernier plusieurs documents qui mentiront sur son bulletin de santé. L’un d’eux valorise la société luxembourgeoise à 32,5 millions d’euros, alors que techniquement, elle était déjà en état de cessation de paiement. Rien pourtant ne mentionne les réserves du réviseur Ernst & Young le 2 octobre 2013, ni sa démission le 13 décembre suivant. Ce n’est d’ailleurs qu’en juillet 2014 que le réviseur sera officiellement remplacé.

La plainte du 29 juin évoque des « évaluations complètement surévaluées d’un certain nombre de participations » et signale que ces évaluations n’auraient jamais « pu/dû être validées par un commissaire aux comptes et / ou un réviseur ». Les participations auraient dû être évaluées dans une hypothèse de liquidation et non, comme cela fut fait, sous l’option de la continuité d’exploitation, poursuit l’avocat. Le business plan de LSK (non consolidé) pour 2013, 2014 et suivantes, qui fut présenté à l’investisseur, se révéla tout aussi trompeur. Le document date du 3 juin 2014 et fut établi par Michel Jollant, le directeur général. Preuve pour le plaignant qu’on ne peut pas imputer la tromperie sur les chiffres de LSK « au seul feu Thierry Leyne ». Un document intéressant capitalise l’implication de DSK dans la société financière en termes de plus-value (5,7 millions d’euros pour 2014) : « Il paraît approprié de refléter la valeur présente de cette implication future. Afin de refléter ceci, la valeur des bénéfices nets des conseils économiques et de la gestion du fonds d’investissement pour la prochaine année a été capitalisée. » Sur la base d’une documentation « truquée » et « mensongère », Jean-François Ott souscrit 500.000 euros pour un prix de 5,70 euros l’action. Dans un mail du 16 juillet 2014 à son « cher Jeff » (diminutif du prénom de Jean-François Ott), Thierry Leyne lui indique qu’il bénéficie d’une option de vente sur ses titres LSK achetés à 5,70 euros l’unité au prix d’exercice de 7 euros à la fin octobre 2014. C’est le moment

« Jeff » Ott, à travers sa société Roxannia, était devenu actionnaire de LSK. Il n’a pas pu introduire de déclaration de créances dans le cadre des faillites des différentes entités du groupe. Il a fait le choix de la juridiction française, plutôt qu’une saisie des juges luxembourgeois. ▼

que le fondateur de la société luxembourgeoise choisira pour se défenestrer d’une tour de Tel-Aviv. Il avait tant promis !

PRIX SURESTIMÉ Difficile dans ces circonstances de plaider l’ignorance, comme les dirigeants de LSK l’ont fait après la mort le 23 octobre 2014 de Thierry Leyne, en lui attribuant la responsabilité des engagements excessifs du groupe et en feignant de découvrir l’ampleur de l’endettement. « Les administrateurs et notamment Jollant, Strauss-Kahn et Leyne (…), note l’avocat Croizet, ont validé cet investissement qui confinait à l’escroquerie puisque réalisé à un prix complètement surestimé eu égard, premièrement, aux réserves du réviseur sur la véracité des comptes (…) et, deuxièmement, au prix auquel monsieur Strauss-Kahn avait lui-même récemment investi dans la société. » Quelques jours après la mort de son associé et sa démission de la présidence du conseil d’administration de LSK, qui l’avait précédée, DSK assurait n’avoir découvert les difficultés financières que tardivement et avoir pris dès lors « ses distances » avec Leyne. La plainte de Ott balaie les arguments de l’ex-patron du FMI auquel il reproche de ne jamais avoir émis « le moindre commentaire » sur les difficultés du groupe financier et cautionné ainsi « par son silence, les agissements du groupe ». Le 1er octobre 2014, Roxannia reçoit livraison de ses titres LSK. Un mois plus tard, la société dépose le bilan. Sa faillite fut prononcée le 7 novembre par le Tribunal de Luxem­ bourg siégeant en matière commerciale. La date de cessation de paiement est fixée au 7 mai 2014, six mois en arrière, comme le veut la législation, alors que le business plan qui présentait élogieusement la société luxembourgeoise avait été confectionné le 3 juin 2014. Les vrais chiffres tombent alors : une perte de 17 millions d’euros en 2013 et un passif avoisinant les 100 millions d’euros. Pour l’homme d’affaires français, il est « manifeste » que Leyne, Jollant, DSK et Moulineau du groupe LSK ont participé « directement ou indirectement à une fraude de grande ampleur » et que leurs agissements sont « incontestablement équipollents à des manœuvres frauduleuses ». Ott, à travers sa société Roxannia, étant devenu actionnaire de LSK, n’a pas pu introduire de déclaration de créances dans le cadre des faillites des différentes entités du groupe. Il a fait le choix de la juridiction française, plutôt qu’une saisie des juges luxembourgeois, en raison de la résidence des anciens dirigeants en France. ◄

En résumé Le retour de Dominique Strauss-Kahn sur la scène médiatique ne signifie pas la fin des ennuis judiciaires pour l’ancien patron du FMI. Il est visé par une plainte pénale pour escroquerie et ABS à Paris qui met en cause sa responsabilité directe dans le naufrage de la société luxembourgeoise LSK.

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Place financière Garantie des dépôts

04 La CSSF, future autorité de résolution

► Dans le cadre de l’Union bancaire européenne, un nouveau système de garantie des dépôts en cas de faillite d’une banque sera mis en place. ► Le Luxembourg est en retard de transposition de la directive. Pierre Gramegna a seulement déposé son projet de réforme début septembre.

Le ministre des Finances Pierre Gramegna a finalisé début septembre la réforme de la garantie des dépôts bancaires, conformément aux dispositions de la directive du 14 mai 2014 relatives aux mesures de redres­ sement et de résolution des banques et entreprises d’investissement. Le tout dans le cadre de l’Union bancaire européenne, née de la crise financière. Le texte aurait dû être adopté pour le 3 juillet dernier, mais la sen­ sibilité du sujet des garanties de dépôt pour une place financière dont une bonne part de la clientèle n’est pas résidente n’a pas contribué à accélérer la discussion entre le ministère, les régulateurs et les opérateurs. Pour autant, le problème n’est pas nouveau et il n’était pas, au niveau de l’UE, une priorité dans la mise en place de l’Union bancaire dont il est l’un des piliers, avec le mécanisme de supervision unique des grands établissements. Il existe, en attendant le Fonds de garantie des dépôts Luxembourg (FGDL), un système de protection des déposants, via l’Association pour la garantie des dépôts (AGDL), géré et financé par les banques et sociétés d’investissement. Le système intervient ex post, une fois que le mal est fait. Il a servi lors des défaillances des banques aux capitaux islandais, Kaupthing, Glitnir et Landsbanki. Le 8 juin dernier, pour anticiper partiellement la transposition de la directive, le conseil d’administration de l’AGDL a revu ses statuts. Le mécanisme du FGDL sera, lui, public, et financé ex ante. Les opérateurs du secteur financier ont déjà provisionné le fonds qui montera progressivement en puissance et devrait intervenir rapidement en cas de défaillance d’un établissement. Le projet de loi déposé le 3 septembre par Pierre Gramegna ne comporte pas de fiche financière. Cependant, la mise en place du nouveau système, s’agissant d’une entité dotée d’une personnalité juridique (mais pas d’un établissement public, jugé trop cher à mettre en place), aura un coût. Il devra recevoir une

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PHOTO : PAPERJAM / DR

― Texte : Véronique Poujol

▲ Le nouveau système devra protéger les déposants et ne pas créer de conflit d’intérêts au niveau de la résolution.

dotation qui rassure les clients de la Place sur sa solidité et son degré de protection. Dans l’exposé des motifs du projet de presque 400 pages, qui remanie la loi-cadre de 1993, le ministère des Finances détaille le mécanisme du Fonds de garantie. Il sera raccroché, pour une question de coûts, à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), tout en restant une entité distincte du régulateur afin de ne pas mélanger les genres. Leurs patrimoines respectifs seront séparés pour éviter, en cas de défaut d’une banque, que la CSSF soit obligée de faire face aux engagements du FGDL et doive rembourser les déposants. La CSSF est établie comme « autorité de résolution » au Luxembourg, mais pour prévenir tout conflit d’intérêts entre les fonctions de surveillance et de résolution, l’exercice sera confié à un nouvel organe interne de la CSSF dénommé « conseil de résolution ». Il s’appuiera au quotidien sur le service « résolution » fonctionnant sous l’égide de la CSSF. Pour marquer la différence, le service de résolution sera dirigé par « un directeur à part » disposant d’un budget spécifique et

du pouvoir de recruter. Il ne fera pas partie du comité de direction de la CSSF, mais il aura le statut d’observateur dans les réunions de la direction auxquelles il pourra assister. Le nouveau système sera alimenté par les contributions annuelles des établissements de crédit adhérents. Le fonds de garantie atteindra son niveau « cible » dès le 31 décembre 2018. Ses moyens seront renforcés par un « coussin » supplémentaire auquel les banques contribueront également pendant une période de huit ans. Son niveau cible dépen­ dra de la conjoncture économique. « Le Luxembourg, en tant que place financière internationale de renom, doit disposer d’un système de protection des dépôts crédible, doté d’assises financières solides », assure l’exposé des motifs du projet de loi. Le régime de protection « élevé » permettra aux déposants d’être protégés à concurrence de 2,5 millions d’euros pendant un an lorsque les dépôts proviennent d’un héritage, de la vente d’un immeuble ou d’un arrangement dans le cadre d’un divorce. Le chapitre financement du futur fonds public pour la garantie des dépôts reste assez mal défini, tout comme son niveau cible qui est fonction du niveau des dépôts. La CSSF avait lancé cet été auprès de ses administrés un recensement des dépôts garantis. ◄ En résumé Le Luxembourg devait transposer pour le mois de juillet la directive sur le redressement et la résolution des banques et entreprises d’investissement. Le ministre des Finances a déposé le projet de loi début septembre. Un nouveau système, public, verra le jour sous l’égide de la CSSF.


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Place financière Edmond de Rothschild

05 Les services du hub ► Edmond de Rothschild (Europe) a mis en place son nouveau comité de direction piloté par Marc Grabowski. ► Philippe Jouard, directeur général adjoint, est chargé des activités de banque privée, au sein d’une maison qui entend combiner valeurs historiques et changements nécessaires. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Christophe Olinger

Les entités du groupe Edmond de Rothschild (Europe) se réorganisent au Luxembourg. Le groupe vient de mettre en place un nouveau comité exécutif, piloté par Marc Grabowski. Il a succédé fin août dernier à Marc Ambroisien au poste de CEO d’Edmond de Rothschild (Europe). Il était déjà directeur financier de la banque luxembourgeoise. Cet ancien d’Arthur Andersen avait rejoint le groupe familial en 1997. Il est secondé par Philippe Jouard, qui a été promu fin août au poste de directeur général adjoint et responsable de la banque privée. Il avait rejoint le groupe en juin, en tant que responsable du private merchant banking à Londres, mais il connaît bien le Luxembourg pour avoir été membre du comité de direction de la Bil et responsable banque privée pour l’ensemble de feu Dexia. Entre autres postes, la fonction de secrétaire général a aussi été créée et attribuée à Sandrine Roux. Elle aura pour mission de coordonner les différentes activités du groupe présentes au Luxembourg.

INITIATIVES DE PLACE « Nous nous plaçons à un moment clé de l’histoire de la maison. On ne parle pas de rupture, mais d’accélération de nos activités, sur base d’un plus haut montant historique de nos encours avec 54 milliards d’actifs sous gestion, note Marc Grabowski. Accélération ne veut donc pas dire redémarrage, mais poursuite du développement commercial, puisque nous sommes en mesure d’offrir nos services et les compétences du hub luxembourgeois à notre clientèle au Luxembourg, mais aussi à nos collègues des entités à l’étranger. » Philippe Jouard poursuit : « Il n’y a pas de profil géographique. Nous plaçons nos priorités sur un type de clientèle, peu importe la localisation. Le Luxembourg a des atouts qui attirent une clientèle à la recherche de solutions en private banking et en fonds d’investissement. Nous parlons donc des grandes familles ou des entrepreneurs que nous approchons en Europe, dans d’autres régions aussi. »

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▲ Marc Grabowski et Philippe Jouard veulent participer à l’essor du groupe et de la Place.

Entre valeurs historiques et évolutions dues au contexte, notamment réglementaires, la banque privée s’adapte. « Il y a 10 ans, le banquier privé jouait un rôle majeur lorsque des fortunes étaient en transition entre le monde industriel, de l’entreprise et le monde financier en cas de cession, observe M. Jouard. Avec la multiplication des canaux d’information et l’arrivée d’une nouvelle génération, nous côtoyons des clients qui génèrent plus de liquidités, qu’ils veulent réinvestir dans différentes activités : immobilier, private equity, hightech… » Du coup, parfois, les solutions conçues pour un usage familial ont pu être commercialisées à des tiers.  Cette clientèle fortunée perçoit-elle le Luxembourg comme un lieu de résidence ? « La sécurité et la modernité de la Place sont de véritables atouts pour cette clientèle. Dans ce cas aussi, nous voyons que les choses bougent, en bénéficiant parfois d’effets indirects des réglementations de l’OCDE en matière d’échange d’informations. Celles-ci impliquent

une certaine diffusion de l’information dans des pays où la sécurité physique des personnes les plus fortunées n’est pas forcément garantie. Londres ou le Luxembourg pourraient devenir des pôles d’attraction pour celles-ci », en conclut Philippe Jouard. Pour Marc Grabowski, beaucoup d’initiatives de Place vont dans le bon sens. Mais il imagine le rôle accru que pourrait jouer l’Université « dans l’émergence d’une véritable business school qui puisse concurrencer celles présentes en Grande Région, voire à Paris ou Londres. Il est dommage qu’avec l’expertise disponible sur la Place, le pays ne soit pas encore doté d’un tel centre universitaire de référence ». Ce qui permettrait d’accueillir des étudiants qui deviendraient de potentiels collaborateurs, et ouvrirait la voie à des travaux de recherche porteurs d’innovations en faveur du secteur financier. Ancré dans le secteur et dans le pays, Edmond de Rothschild se voit bien apporter sa pierre à l’édifice de la promotion et du branding. « Nous étions plutôt discrets ces dernières années, mais nous allons à l’avenir participer – de manière sélective – à des actions de Place, promet Marc Grabowski. Nous allons être plus présents pour partager nos expériences et contribuer à l’essor. » ◄ En résumé Edmond de Rothschild (Europe) a mis en place son nouveau comité de direction. Le banquier privé voit évoluer le métier, les contraintes et les clients. Et le groupe a des idées pour la Place.


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Place financière SGG

06 Partenaires français à la barre

― Texte : Jean-Michel Lalieu

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Le prestataire de services corporate basé à Luxembourg, SGG, a vu son actionnaire belge de contrôle, Cobepa, céder les manettes à Astorg Partners, société française de capitalinvestissement. Le montant de la transaction n’a pas été précisé. Cobepa était entré dans le capital il y a cinq ans. Le groupe est centré sur le Luxembourg et est présent aux Pays-Bas et à Curaçao. Il compte un effectif de 550 personnes. Au moment de l’annonce officielle, en septembre dernier, le nouvel actionnaire se trouvait déjà associé à l’équipe de direction de SGG. Pour son directeur général, Serge Krancenblum, il ne faut rien voir d’autre qu’un « changement dans la continuité ». En tout état de cause, la part détenue par le management, aux alentours des 25 %, devrait rester sensiblement la même dans la nouvelle configuration. Dans son communiqué, SGG observe que, avec Cobepa, il a pu connaître une croissance rapide « grâce à l’effet conjugué d’une croissance organique et d’une fructueuse stratégie de build-up » : SGG a plus que doublé son chiffre d’affaires au cours des cinq dernières années. À noter encore que c’est le management luxem­bourgeois qui a cherché et trouvé le nouveau partenaire financier, conformément à un mandat confié par Cobepa.

▲ Pour le management luxembourgeois, le changement est à voir « dans la continuité ».

Astorg est une société française indépendante de capital-investissement. Elle gère plus de 4 milliards d’euros et investit « dans des entreprises européennes industrielles ou de services, souvent familiales, et à fort potentiel de croissance ». Astorg est basée à Paris, à Londres et à Luxembourg. François de Mitry, associé d’Astorg Partners, explique que le groupe a été « particulièrement impressionné par l’évolution de SGG au cours des dernières années », et reste engagé dans la mise en œuvre de « la nouvelle stratégie de croissance ». C’est donc une étape de plus pour SGG, qui avait encore, en juin dernier, conclu l’acquisition d’une société de services comptables et fiscaux en Belgique, Actefi. Serge Krancenblum expliquait à l’époque que « la Belgique est un marché important et (que) SGG y sert tant des clients locaux que des sociétés internationales ». L’actionnaire belge Cobepa n’en a pas moins passé le relais aux investisseurs français d’Astorg. SGG poursuit toutefois sa stratégie de réseau, via ses représentations et bureaux – le dernier en date étant celui de Dubaï – sur cinq continents. ◄

PHOTO : DAVID LAURENT (ARCHIVES)

► Cobepa cède le contrôle de SGG à Astorg Partners. ► La part détenue par le management luxembourgeois devrait encore tourner autour des 25 %.



Place financière Transparence / Assurance vie

07 Pas de contrôle des concentrations ► Les acquisitions de participations minoritaires chatouillent un peu la Commission. Le Luxembourg n’a pas de législation en la matière. constatent, dans une réponse à une interrogation du député Franz Fayot, qu’aucune proposition législative n’est sur la table et que le programme de travail de la Commission n’en prévoit pas. Dans tous les cas, ajoutent-ils, « il va de soi que la solution retenue devra se limiter aux seules opérations qui peuvent entraîner des restrictions de concurrence » dans le marché intérieur, et que le contrôle « relèvera toujours du droit interne des États mem­bres ». De quoi rappeler aussi que « le Luxembourg ne dispose pas de législation relative au contrôle des concentrations ». A. D. ◄

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

La Commission européenne a publié en juillet 2014 un livre blanc intitulé Vers un contrôle plus efficace des concentrations dans l’UE. Il y est notamment indiqué que « dans certains cas, l’acquisition d’une participation minoritaire non contrôlante peut nuire à la concurrence ». Il suggère un « système de transparence ‘ciblé’ » sur les opérations potentiellement problématiques en repérant celles qui créent un « lien significatif d’un point de vue con­currentiel » entre l’activité de l’acquéreur et celle de sa cible, dans un même marché par exemple. L’affaire pourrait ainsi concerner les fonds d’investissement ou le private equity. Les ministres Pierre Gramegna (Finances) et Étienne Schneider (Économie),

► Selon Pierre Gramegna, sans législation, point de surveillance de mise.

08 Lombard au patrimoine mondial Lombard International Assurance a lancé officiellement son activité mondiale de gestion patrimoniale basée sur des produits d’assurance vie, dans la suite de l’intégration de Philadelphia Financial, société américaine. Rebaptisée Lombard International, la nouvelle entreprise se pose comme un des principaux fournisseurs mondiaux de solutions de gestion patrimoniale, pour cibler le marché des (très) grandes fortunes. Les fonds d’investissement de Blackstone avaient acquis Philadelphia en juillet dernier, après avoir repris Lombard International Assurance en octobre 2014. Dès septembre 2015, la nouvelle entité comptait ◄ L’investissement de Blackstone a fait entrer Lombard dans une nouvelle dimension.

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un volume d’actifs sous administration de 75 milliards de dollars (68 milliards d’euros). Lombard International est un leader global et s’appuie sur des réseaux de partenaires en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine, par l’émission de polices d’assurance vie et de placements depuis le Luxembourg, les États-Unis, Guernesey et les Bermudes. « Blackstone a considérablement soutenu nos ambitions de croissance régionale et mondiale en nous aidant, sous notre nouvelle dénomination, à réaliser notre objectif : apporter à nos clients, partout dans le monde, des solutions de planification patrimoniale globales de qualité supérieure », a commenté dans un communiqué John Hillman, président du comité exécutif de Lombard International. A. D. ◄

PHOTO : BLACKSTONE

► Après intégration d’une société américaine, Lombard International a lancé depuis Luxembourg son activité mondiale sur des produits d’assurance vie.


Place financière RBS-BNP-Blackfin

Des Frenchies en relais

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► Après avoir choisi BNP Paribas pour « banque de référence », RBS Luxembourg a conclu avec un partenaire « fonds », le private equity Blackfin Capital Partners. ― Texte : Thierry Raizer et Alain Ducat ― Photo : Mike Zenari

PHOTO : BLACKFIN CAPITAL PARTNERS

L’été a été propice à la fin de partie luxembourgeoise pour la Royal Bank of Scotland. Fin juillet, RBS avait annoncé avoir choisi le groupe BNP Paribas pour être la « banque de référence » de ses clients cash management et trade finance (issus de CIB). C’était la suite logique de la décision prise par l’institution écossaise de recentrer ses services sur ses marchés domestiques au Royaume-Uni et en Irlande, et donc de quitter le Grand-Duché progressivement. BGL BNP Paribas a donc pris le relais luxembourgeois pour encadrer les clients corporate qui le souhaitent, avec son équipe locale de la banque des entreprises. Elle entend aussi faire jouer l’effet de groupe, notamment grâce à son dispositif « One Bank for Corporates », basé sur un réseau de quelque 220 business centres répartis dans le monde et plus de 1.700 chargés de clientèle. En août, RBS Luxembourg (28,5 milliards d’euros d’actifs sous gestion à la fin 2014) indiquait avoir vendu – pour un montant évidemment tenu secret – l’activité fonds à Blackfin Capital Partners, société de gestion de

capital-investissement indépendante basée à Paris. Laurent Bouyoux, président de Blackfin Capital Partners, annonçait dans le communiqué officiel : « L’am­ bition de Blackfin est de positionner RBSL, pour le long terme, en tant que société leader en Europe pour la gestion pour compte de tiers. » La finalisation de l’opération n’attend plus que la validation formelle par la CSSF. Dans un contexte de levée de fonds et d’acquisitions via sa société Neoxam, spécialisée dans les logiciels pour la gestion d’actifs, Blackfin, déjà présente à Bruxelles, fait son entrée sur la Place luxembourgeoise. PwC Luxembourg et Linklaters LLP ont encadré le processus, tandis que le cabinet Arendt & Medernach conseillait Blackfin Capital Partners. Private equity ambitieux, Blackfin Capital Partners compte

Blackfin Capital Partners est dirigée par ses quatre fondateurs : Laurent Bouyoux, Eric May, Paul Mizrahi et Bruno Rostain (de gauche à droite). ▼

▲ À Luxembourg, aux confins de Hesperange et de Gasperich, la nouvelle équipe de RBSL se met en place.

notamment dans son portefeuille le groupe Comparadise, éditeur de plusieurs comparateurs d’assurances en France. Suite au premier closing réalisé pour son deuxième fonds dédié au secteur des services financiers en Europe (160 millions d’euros avaient été collectés au premier closing en janvier), Blackfin prévoit de conclure sa levée en fin d’année 2015 au niveau de 400 millions d’euros. Les engagements actuels, tant de la part des investisseurs initiaux que de nouveaux investisseurs institutionnels (dont le Fonds européen d’investis­ sement), dépassent déjà les 300 millions d’euros. Blackfin, lancée il y a cinq ans, se concentre au sein des services financiers sur des métiers peu consommateurs de fonds pro­ pres, à travers l’Europe continentale : gestion d’actifs, intermédiation, distribution et courtage de produits d’assurance ou bancai­ res, recouvrement et gestion de créances, administration de fonds, paiements, externalisation, gestion pour compte de tiers ou fintech. Un package complet…

Via Blackfin Financial Services Fund (levé en 2011), l’équipe a déjà investi en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse, principalement dans le cadre d’opérations primaires et faiblement intermédiées. Selon sa stratégie affichée, l’équipe parisienne (une douzaine de personnes) veut poursuivre avec son deu­ xième fonds, « en apportant son soutien à des équipes de management performantes, en vue de permettre à leurs sociétés de franchir des étapes importantes de développement ». Blackfin Capital Partners est dirigée par ses quatre fondateurs, Laurent Bouyoux, Eric May, Paul Mizrahi et Bruno Rostain, qui ont une solide expérience commune de managers dans l’industrie financière depuis plusieurs décennies. À Luxembourg, une nouvelle équipe internationale avait été mise en place chez RBS, pour lancer une nouvelle ère de gestion d’actifs. Elle a fait connaissance avec les managers français, qui ont déjà leurs habitudes dans la maison de la rue de Gasperich à Hesperange. ◄ En résumé Royal Bank of Scotland, suppléée par BGL BNP Paribas pour le volet corporate banking, a conclu avec un partenaire « fonds », le private equity Blackfin Capital Partners. Les Français prolongent leur stratégie et débarquent au Luxembourg avec des ambitions et l’envie de pousser une nouvelle entité indépendante et performante.

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Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview

3,8 À partir de 2016, le pianiste Jean Muller (à gauche sur la photo) succédera à David Reiland à la tête de l’Orchestre de chambre du Luxembourg. En résidence au Kinneksbond de Mamer, l’OCL a déjà élargi son répertoire pour s’intéresser aux compositions de Bach à nos jours. Le nouveau directeur musical entend créer un prix pour jeunes musiciens qui portera le nom d’Anne et Françoise Groben.

The Pirates of Penzance est un opéra-comique britannique en deux actes composé par Arthur Sullivan sur un livret de William S. Gilbert. L’intrigue se focalise sur le personnage de Frédéric qui est placé par erreur en apprentissage auprès d’une bande de pirates et sur les rebondissements de sa vie d’adulte. La pièce comporte de nombreux airs très populaires dans la culture anglo-saxonne, notamment la chanson du général de brigade, qui a été reprise et parodiée de nombreuses fois.

C’est le budget, en millions d’euros, du film Eng nei Zäit, réalisé par Christophe Wagner et produit par Samsa Film. « 39 jours de tournage, 10 mois de postproduction, qui s’organise notamment autour d’effets spéciaux importants, les meilleurs et très nombreux comédiens, tout cela explique que nous avons tourné le film luxembourgeois le plus cher de l’histoire », détaille Claude Waringo, le producteur.

Les 16 et 18 octobre au Grand Théâtre de Luxembourg

À voir en salle à partir du 14 octobre www.engneizait.lu

Le photographe Christian Aschman vient d’éditer The Space in Between chez Théophile’s Papers. Il rassemble des photos que l’artiste a prises lors de sa résidence artistique au Youkobo Art Space à Tokyo en mars et avril 2014. Plus qu’une photographie d’architecture, c’est un travail sur le regard, le cadrage, l’équilibre, la multiplicité dans la simplicité. Un voyage au cœur de Tokyo, loin des clichés habituels.

Le Luxembourg Corner au sein de la boutique du Mudam est consacré à By Siebenaler. Sa collection d’écharpes Motions trouve son inspi­ ration dans la photographie de murs usés, de pierres ou d’objets retrouvés en combinaison avec des dessins à l’aquarelle, des illustrations et des traits d’encre de Chine qui semblent former des branches. Jusqu’au 11 janvier au Mudam

La Galerie Hervé Lancelin a initié le Luxembourg Art Prize pour récompenser des artistes émergents. L’Allemand Albert Janzen s’est vu récompensé pour cette première édition. Il remporte un chèque de 10.000 € et une exposition personnelle à la galerie. Après un envoi de 131 candidatures, 12 nominés avaient été sélectionnés pour une exposition collective, parmi lesquels un jury a choisi le grand gagnant. Exposition jusqu’au 31 octobre à la Galerie Hervé Lancelin 7, rue Michel Rodange à Luxembourg (gare)

12-14/11

Comme chaque année, le festival Sonic Visions combine pendant deux jours des conférences et workshops pour les musiciens émergents et des concerts de belle facture. Au programme cette année : Aaron, Alabama Shakes, Son Lux ou Jack Garratt mais aussi les locaux Napoleon Gold, Mutiny on the Bounty ou Ice in my Eyes. www.sonicvisions.lu

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PHOTOS : PAOLO LOBO, ALBERT JANZEN, TRISTRAM KENTON, CHRISTIAN ASCHMAN

www.ocl.lu


Désirs Culture

ZOOM SUR…

KAROLINA MARKIEWICZ ET PASCAL PIRON ― Texte : Céline Coubray ― Photo : Sven Becker

Le duo d’artistes représentera le Liechtenstein à la prochaine Biennale de Venise avec le projet Mos Stellarium. Leur première collaboration remonte à 2013, lorsque Karolina Markiewicz, membre de l’Aica, invite Pascal Piron pour réaliser un Kiosk avec le projet Everybody should have the right to die in an expensive car. « Nous avons eu envie de continuer le travail et de réaliser des projets ensemble », explique Pascal Piron. « Nous nous sommes rejoints sur des sujets communs comme l’exil », poursuit Karolina. Une thématique que ces enseignants ont eu tous deux l’occasion d’expérimenter à travers leurs élèves. Karolina : « Dans chacune de nos classes, depuis plusieurs années, nous avons au moins deux à trois élèves sans papiers. Nous récoltions leurs histoires, leurs témoignages, et au bout d’un moment, est venu le désir d’en faire quelque chose qui pourrait être présenté à un plus large public. C’est ainsi qu’est née Les Formidables, vidéo présentée dans l’exposition Angste Povera au CarréRotondes. » Ce film leur a servi en quelque sorte d’esquisse au projet qui sera présenté à la Biennale de Venise : Mos Stellarium. Pour ce projet, qui traite également de l’exil et de ces jeunes adolescents sans papiers, ils se sont entourés d’une équipe

professionnelle. Ils ont trouvé l’appui de Tarantula à la production, et le soutien financier du Film Fund. « La productrice Élise André a su constituer une très belle équipe autour de nous, dont Jako Raybaut comme chef opérateur. Le tournage s’est déroulé au Luxembourg et au Monténégro », précise Karolina. « Notre envie à travers ce projet n’est pas de faire un objet revendicatif, mais de montrer les personnes humaines derrière les chiffres », souligne Pascal. Ce sont donc six portraits qui donnent à voir « les trajectoires de ces adolescents et les constellations qui les entourent ». Mais pourquoi le Liechtenstein ? « C’est simplement suite à une exposition organisée au Liechtenstein et à laquelle nous avons participé sur invitation du Casino Luxembourg que la Liechtenstein Art Association Kunstverein Schichtwechsel nous a invités à participer à la Biennale de Venise », explique Karolina. « Ce sera une double première : la première fois que le Liechtenstein participera à la Biennale de Venise, et la première fois que des artistes luxembourgeois représenteront un autre pays que le Luxembourg », conclut Karolina.

Les artistes présentent également actuellement Philoktet à opderschmelz (24.10) et au Cape (26-27.11), www.tarantula.lu/film/mos-stellarium

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Désirs Sélections Sélection gastronomique du guide Explorator

NOUVEAUTÉS DANS L’ASSIETTE

À l’occasion de la sortie de la 21e édition du guide Explorator le 22 octobre, nous vous livrons en avant-première une sélection de cinq restaurants ouverts dans l’année.

BRIGITTE

Dans un cadre contemporain chic sans être tape-à-l’œil avec ses carrelages noirs et son marbre gris, on remet au goût du jour les classiques de la cuisine luxembourgeoise et française à travers une gamme de plats authentiques et raffinés. Le fait maison est la règle d’or de l’endroit qui bénéficie d’une terrasse magnifique.

70, route d’Esch (Hollerich)

10, route d’Echternach (Dommeldange)

Tél. : 621 140 483

DIVINO

Au sein de la vinothèque Vinissimo, un espace de restauration a été aménagé autour d’un comptoir où fleurissent jambons et fromages. Que ce soit pour une petite planche à déguster, pour un plat de pâtes, une viande ou un risotto, on se laisse charmer par l’authenticité des produits. 1, boulevard F.W. Raiffeisen (Gasperich)

À TABLE !

Tout en gardant le grand espace qui fourmille tous les midis, le Red Beef est passé À Table ! La carte s’est élargie pour laisser plus de place aux salades, plats traditionnels et poissons. Les viandes ont toujours une place de choix avec des carpaccios, des burgers et toujours les grillades au four à charbon végétal.

OSIER

12D, rue Guillaume Kroll (Gasperich)

Dès l’entrée, on comprend qu’on n’est pas dans un banal restaurant chinois... Pas de chat qui remue le bras, pas de dragon ou de poisson : un cadre sobre, moderne et lumineux. L’accueil contribue à la bonne impression. L’assiette finit de nous convaincre : c’est frais, avec des plats raffinés issus de la région de Shanghai, d’où vient le chef.

www.a-table.lu

17, rue de Diekirch (Walferdange)

www.divino.lu

www.brigitte-brasserie.lu

www.osier.lu

PHOTOS : MIKE ZENARI

COME À LA MAISON

Le nom, avec son petit clin d’œil italien, est parfaitement juste, tant on se sent ici comme chez soi : un cadre qui prend des airs de brocante et des plats à l’esprit italien, simples et justes. Une assiette de charcuterie ou fromage est déjà un joli voyage et les suggestions du jour font rouler les « r ».

Sélection sur deux scènes

PRESTIGE AU FESTIVAL

Le Luxembourg Festival, qui se déroule en octobre et novembre, regroupe des productions exceptionnelles présentées au Grand Théâtre de Luxembourg et à la Philharmonie. Pour cette 9e édition, nous proposons une sélection dans les deux lieux.

London Symphony Orchestra

Retour à Berratham

Mariza

Le directeur musical du LSO, Valery Gergiev, dirige le prestigieux ensemble dans un programme en hommage à la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte et dédié à Béla Bartók avec Suite de danses, Concerto pour piano et orchestre n° 3, avec Yefim Bronfman comme soliste, et Concerto pour orchestre.

Angelin Preljocaj continue sa collaboration avec l’auteur Laurent Mauvignier en poussant sa recherche sur la relation entre le texte et le mouvement. Il crée une tragédie épique en nous emmenant sur les pas d’un jeune homme à la recherche de la femme qu’il aime dans la ville de son enfance, meurtrie par la guerre.

Pour son « Heart Tour », la chanteuse portugaise spécialiste du fado livre sa légendaire saudade (mélancolie) mimée avec sensualité, sur de ferventes vocalises. Gageons que la salle portera avec enthousiasme cette voix d’exception qui propulse Amália Rodrigues parmi les meilleures chanteuses de fado.

Le 14 octobre à 20 h à la Philharmonie

Les 29 et 30 octobre à 20 h au Grand Théâtre

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Le 14 novembre à 20 h à la Philharmonie

PHOTOS : ALEXANDER SHAPUNOV, JEAN-CLAUDE CARBONNE / DR

Tout le programme sur www.luxembourgfestival.lu


Désirs Shopping Sélections

LA MAISON SELON H&M Au Luxembourg, on connaît bien H&M pour sa mode à petits prix. Désormais, l’enseigne va également habiller vos intérieurs avec H&M Home. On pourra aussi découvrir le nouveau département beauté de la marque. Ouverture le 31 octobre – 83, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville)

ACCESSOIRES DE SAISON Noël approche, l’occasion de préparer les petits cadeaux à offrir pendant l’avent aux enfants. 17,99 €

TEXTILE DE MAISON Rien d’étonnant de retrouver de nombreux textiles dans la collection Home, comme ce tapis au motif géométrique dans l’air du temps. 34,99 €

DÉCORATION Les petits objets de décoration font partie des articles proposés. Pour coller à l’ambiance automnale, cette petite boîte en forme de gland sera parfaite. 12,99 €

SALLE DE BAIN La salle de bain n’échappe pas au relooking. Rien de tel que la forêt tropicale pour les ambiances humides. 24,99 €

VAISSELLE Jouant de la superposition, ces tasses feront mouche sur la table du petit-déjeuner. 7,99 €

Le grand retour

Beauté professionnelle

Jeune première

Les afficionados de la marque s’en réjouiront. Sandro est de retour à Luxembourg avec une nouvelle boutique qui reprend les collections urbaines, à la fois chic et décontractées, pour femmes mais aussi pour ces messieurs. Une collection d’accessoires complète l’offre. Idéal pour votre garde-robe de cet automne.

Après un petit incident technique, la marque de maquillage M.A.C. devrait ouvrir à la fin du mois d’octobre son premier magasin à Luxembourg. Il sera possible d’y découvrir tout l’univers de cette marque dédiée à la mise en beauté, reconnue pour la qualité de ses produits et largement utilisée par les professionnels. De nombreuses collaborations temporaires avec des stars (en photo : avec Guo Pei), des rouges à lèvres en veux-tu en voilà, sans oublier les fonds de teint, blushs et autres…

On vous l’avait présentée il y a quelques mois dans nos pages. La jeune créatrice de la marque de prêt-àporter luxembourgeoise Yileste ouvre sa première boutique à Luxembourg. Plus d’excuse pour ne pas profiter de cette mode « made in Luxembourg » fabriquée en Europe, avec de belles matières, des coupes atemporelles et quelques modèles plus mode.

4-6, avenue de la Porte Neuve à Luxembourg (Centre-ville)

8, côte d’Eich à Luxembourg (Centre-ville)

79, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville)

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PHOTOS : BENJAMIN CHAMPENOIS

Ouvertures


Désirs Gastronomie

BEER & BURGERS

Voilà de quoi allécher les gourmands et attirer une faune à la testostérone élevée. La proposition de Snooze va au-delà de son sous-titre avec une vraie bonne carte de burgers, des sauces maison et des frites excellentes, un bar en sous-sol et un écran géant pour les soirs de match. 27, rue Philippe II à Luxembourg (Centre-ville) www.snooze.pub

ZOOM SUR

427, route de Thionville à Alzingen www.oggi-domani.lu

FAST FOOD ASIATIQUE

La zone d’activité de Bertrange élargit son offre de restauration avec Boonchu. Un grand espace très zen, très lumineux, où l’on se fait fort de servir une cuisine asiatique, thaïe en particulier, fraîche, franche et juste. Le tout en un temps record, grâce à une carte réduite et bien pensée. 30A, rue de l’Industrie à Bertrange www.boonchu.lu

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PAINS & TRADITION Faire du pain comme il y a 50 ans en refusant exhausteurs, émulsifiants et autres « progrès », tel est le credo de Jean Kircher, dont les pains séduisent les tables étoilées du monde entier. Le pain, ce n’est que de la farine, de l’eau, du sel et du levain (et/ou de la levure). C’est surtout le travail du boulanger. « Nous faisons le pain comme on le faisait il y a 50 ans, sans additifs ou exhausteurs qui servent à accélérer la fabrication pour augmenter les quantités », explique Jean Kircher, à la tête de Pains & Tradition, qu’il a installée à Bascharage en 2012. Originaire d’Alsace et d’une famille de meuniers, l’homme est intarissable sur la fabrication du pain. Les meilleures farines, dont une partie bio, très peu de levure (0,3 % alors que l’industrie en met 10 fois plus), un levain maison, éventuellement des ingrédients pour les pains spéciaux (graines de courge ou de sarrasin) et de l’eau, beaucoup d’eau. « Les boulangeries industrielles hydratent peu leur farine, autour de 50 à 55 %. Là où nous allons de 67 à 72 %. Cela donne des pâtes souples et douces. » Le temps est l’ingrédient essentiel : un pétrissage lent (600 brassées) pour ne pas agresser les ingrédients, une fermentation longue pour une activité enzymatique

maximale. Après une première poussée d’une heure, la pâte est rabattue pour réintroduire de l’oxygène. Au total, la fermentation durera au moins 4 h. Ensuite, la pâte est divisée en pâtons de plusieurs kilos qui sont encore divisés de manière régulière selon le volume de pain souhaité. Une fois façonné, le pain fermentera encore sur une toile de lin avant de passer au four, à 250 °C. La technique de Pains & Tradition est de s’arrêter aux deux tiers de la cuisson, quand il ne reste plus que la croûte à former. Les pains sont ensuite surgelés à -35 °C et peuvent ainsi se conserver longtemps et être expédiés dans le monde entier (jusqu’au Japon, en Russie ou dans les pays du Golfe). « Nous livrons environ 80 restaurants qui affichent des étoiles au guide Michelin. » Les clients, restaurants, grandes surfaces, épiceries fines ou même particuliers n’ont plus qu’à terminer la cuisson.

www.pains-tradition.com

PHOTOS : MIKE ZENARI, FRANK WEBER, GAEL LESURE

L’ITALIE AU CŒUR

Les bouddhas ont été remisés pour laisser place à du verre de couleur et des citations sur fond noir. Oggi & Domani a remplacé l’Opium avec une carte italienne et méditerranéenne, des produits de très bon niveau et des suggestions fraîches régulièrement renouvelées. Le take-away (pizzas, sandwichs, épicerie fine) fait le bonheur des personnes alentour.


16 > 18 octobrei

Jens Düppe Georg Ruby / Michel Pilz / Daniel D-Flat Weber Karnas Formula Włodek Pawlik Trio Paco Renteria Bremer Stadmusikanten Perhaps Contraption Sigurður Flosason Project Underkarl

jail.lu neimenster.lu Coorganisateur

Partenaire institutionnel

Partenaire privilégié du festival

Partenaires officiels

concerts

Autumn Leaves Jazz Festival


Désirs Interview – Culture une personne s’est immolée par le feu sur la place publique tous les 15 jours. Les statistiques sur les immolations n’existaient pas. Pour la plupart, ces drames n’avaient fait l’objet d’aucun traitement dans la presse. Le geste de Remy Louvradoux en avril 2011 à France Télécom a pointé un phénomène qui est très peu médiatisé, qui fait peur et qui est rarement traité pour ce qu’il est : un sacrifice public, un message au collectif. Nous n’avons pas travaillé sur des suicides, mais sur ce message que nous n’avons pas entendu. Les photos et les textes qui les accompagnent montrent que la plupart des immolations en France se sont déroulées devant des lieux représentant les services publics. Qu’est-ce que ça nous dit ? « France Télécom, Pôle Emploi, EDF, un lycée, la Caisse d’allocation familiale… sont ou devraient être des lieux de service public. Or ce sont aussi des machines à broyer, avec des individus qui ne trouvent plus aucune raison de vivre dans un système qui ne correspond plus à ce pourquoi ils sont là. Ils sont isolés, ne servent à rien. Mais, en France, les responsables de ces institutions ou entreprises ont systématiquement tenté de minimiser la portée contestataire des immolations, en se réfugiant derrière la ‘fragilité psychique’ de celui ou de celle qui était passé à l’acte. Nous avons travaillé longuement à rencontrer les proches, les familles, les collègues et nous avons pu mesurer le déni, l’impossibilité d’en parler de la part des institutions qui enferment les témoins sous une chape de plomb. Alors que, quand ça se passe ailleurs, au Tibet ou en Tunisie, on admet parfaitement qu’il s’agit là d’un acte de rébellion, de dénonciation.

RACONTER LE VIDE Exposée au Centre national de l’audiovisuel, sa série Le Grand Incendie présente des lieux où des personnes se sont immolées. Le photographe franco-luxembourgeois nous parle d’engagement, de nouvelles écritures et d’humanisme. ― Interview : France Clarinval

Monsieur Bollendorff, les services hospitaliers en France, les oubliés de la croissance en Chine, le pétrole en Angola ou, ici, les immolations par le feu… Quel est le fil rouge que vous tissez dans votre travail ? « La continuité, c’est l’humain. Mon travail de photographe documentaire – on disait ‘photo-reporter’ dans le temps – est de rendre compte, de montrer et de prendre le temps de mettre l’homme au cœur de ma démarche. Il ne s’agit pas de travaux sur le vif, dépêchés par l’actualité, mais d’enquêtes au long court. Dans toutes mes séries passées, il y avait des hommes et des femmes sur les photos. Pour Le Grand Incendie, c’est leur

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absence que je montre. Il n’y a pas de stèle, pas de fleurs, pas de trace. Mon propos est ici de raconter le vide, ces cris vains. On n’a pas besoin de voir les flammes pour comprendre la violence de ces actes et le désespoir des personnes. Ces lieux sont terriblement banals et ordinaires, mais une fois que l’on sait ce qu’il s’y est produit, on ne les regarde plus de la même manière. Ce travail a nécessité trois ans d’enquête. Comment êtes-vous arrivé à vous intéresser à ce sujet ? « Nous avons, Olivia Colo, avec qui je travaille, et moi découvert un peu par hasard ce nombre incroyable : en France, entre 2011 et 2013,

D’où l’intérêt de compléter la série avec des images prises à l’étranger… « En 2011, les chiffres des immolations par le feu d’une France démocratique ont été comparables à ceux d’un Tibet occupé par la Chine. En Tunisie, Mohamed Bouazizi s’est immolé devant le siège du gouvernorat qu’il estimait corrompu, posant un premier jalon au printemps arabe ; en Grèce, Apostolos Polyzonis s’est immolé devant la banque tenue pour responsable de sa faillite… Mettre ces lieux-là aussi en regard permet de prendre conscience de la portée de ces gestes. Ces hommes et ces femmes avaient des convictions pour lesquelles ils étaient prêts à prendre le risque de la mort. Ils avaient manifestement le sentiment de n’avoir plus d’autre choix pour se faire entendre. Quelles ont été les réactions face à cette série ? « Il n’y a pas de réaction du côté politique ni de la part des institutions pointées par ce projet. Comment les gens voient les photos ou le documentaire, c’est plus difficile à mesurer. Je pense qu’on a réussi à toucher les gens qui l’ont vu. Faire la une du Monde avec les chiffres de notre enquête montre bien la pertinence du sujet. Cependant, on ne fait pas de la photographie pour changer le monde, même si on espère faire bouger les lignes.

PHOTOS : SAMUEL BOLLENDORFF

SAMUEL BOLLENDORFF


Désirs Interview – Culture Vous étiez un des fondateurs de l’Œil Public, une agence indépendante de photojournalistes. Comment voyez-vous l’évolution de ce secteur ? « À la fin des années 1990, c’est déjà la crise de la presse qui nous a poussés à nous réunir en collectif. L’Œil Public, ce n’était pas le moyen d’être indépendants, mais de ne pas être seuls. Nous avons été les premiers à publier nos travaux en ligne, mais cette agence était tournée vers la presse et la presse ne peut plus être productrice de nos projets. Les journaux et magazines ne peuvent plus produire des séries documentaires de cette envergure ; au mieux, ils les diffusent. Pour rester libres, nous avons fermé l’Œil Public et je constate que tous les photographes qui en sont issus vont bien. Alors, face à la crise que subit la photographie documentaire, il faut être mobile, flexible, s’adapter, louvoyer… Avant, la photographie privée était celle rangée dans des albums et des cartons et la photo professionnelle était celle que l’on voyait. Maintenant, c’est l’inverse, on voit les images privées sur les réseaux sociaux et les photographes professionnels ont bien du mal à montrer leurs photos. Le travail de fond, d’enquête, doit trouver une place et donc avoir quelque chose à dire. Le photographe doit donc avoir un discours ? « Oui, le photographe doit être capable de faire émerger une problématique, de raconter quelque chose. Cela prend du temps, cela demande du recul et donc des financements. C’est comme cela que je me suis tourné vers d’autres écritures comme le web-documentaire, destiné aux écrans, attirant d’autres producteurs. Pour Le Grand Incendie, j’ai pu trouver un financement avec les ‘nouvelles écritures’ de France Télévisions. Je travaille donc une photographie audiovisuelle, une photographie augmentée, avec du son, parfois de la vidéo, mais surtout des mouvements de caméra au sein d’une image fixe. Cela suppose des collaborations avec d’autres personnes, comme avec Olivia Colo ou Mehdi Ahoudig. On pourrait dire que c’est de la photographie parlée. Le dialogue entre l’image fixe et le son est passionnant, il permet de rentrer dans une écriture audiovisuelle en s’appuyant sur de la photographie. Ce sont des champs d’expérimentation très larges. Outre la photographie, vous avez une for­ mation aux Beaux-Arts ; comment articulezvous les différents supports ? « Le point de départ, la base, est toujours le matériel photographique. Après, il peut être utilisé en webdocumentaire, tiré en grand format pour faire une exposition, comme ici, édité en livre, publié dans la presse. Tous ces redéploiements se servent les uns les autres, se renforcent et permettent au projet de prendre une épaisseur, une écoute, un public plus large et des financements plus variés. Je ne veux pas seulement appuyer sur ‘rec’ et filmer ce qui se passe ; je revendique le travail photographique en tant que tel. Pour Le Grand Incendie, j’aurais pu travailler au Leica, comme avant, mais j’ai fait des

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« Le photographe doit être capable de faire émerger une problématique, de raconter quelque chose et cela prend du temps. »

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1. Éric C. 14 mai 2011 GDF-Suez Saint-Clair-du-Rhône ‒ France 2. Mohamed Bouazizi 17 décembre 2010 Siège du gouvernorat Sidi Bouzid ‒ Tunisie 3. Remy Louvradoux 26 avril 2011 France Télécom / Orange Mérignac ‒ France

quelles sont les images qui marchent, comment se forment nos clichés… En abordant un sujet, je cherche comment faire un pas de côté pour proposer un autre point de vue et comment diffuser les images pour qu’elles soient vues. Mon but est évidemment que mes photographies touchent, affectent ceux qui les voient, voire les engagent. Dans le dialogue avec le texte, dans cette exposition, j’essaie de faire en sorte que ce ne soit pas l’image qui soit violente ou crue, mais de fabriquer un contexte visuel qui favorise l’écoute, l’attention, l’affectation, la mobilisation.

images en chambre, pour leur donner une dimension plus forte, plus objective. Je me suis aussi beaucoup impliqué dans la scénographie pour qu’elle soit au service du propos, c’est un outil pour faire passer un message. Le photographe tel que je le conçois doit toujours pouvoir revendiquer son rôle d’auteur. J’ai à cœur de trouver des expressions, de choisir les meilleures formes dans lesquelles je peux continuer à faire de la photographie sociale et politique pour qu’elle soit entendue.

Vous êtes d’origine luxembourgeoise. Quel regard portez-vous sur la photographie grandducale ? « Je suis attaché au Luxembourg et j’y viens régulièrement, même si je ne peux vivre que dans une grande ville, dont Paris serait la limite inférieure… Je connais mal la photographie luxembourgeoise, mais je trouve formidable qu’une institution comme le CNA la soutienne, à travers bourses, expositions, acquisitions. C’est cela qui permet aux photographes de se concentrer sur des sujets de fond. Malgré tout, je constate que ce n’est pas plus facile pour les photographes ici qu’ailleurs. Or, l’information et la perception du monde sont des enjeux de démocratie. »

Justement, quelles réactions attendez-vous du public ? « Je regarde énormément d’images et j’essaie toujours de savoir quels sont les usages,

Jusqu’au 13 décembre au CNA www.cna.public.lu Voir le web-documentaire : www.legrandincendie.fr

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327 personnalités & entreprises ont été citées dans les 116 pages de Paperjam1.

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier

INDEX 1, 2, 3

C

1,2,3 Go Social 4 Motion

46 46

A ABBL 31 Actefi 96 Adem 76 Administration de la navigation aérienne 52 Administration des ponts et chaussées 52 Aerojet Rocketdyne 32 Aéroports de Paris 31 Airbus Defence and Space 26, 30, 32 Al-Jazeera 31 Ambroisien Marc 94 Andrieu Marina 76 ArcelorMittal 31, 70 Arendt & Medernach 99 ArianeEspace 32 Arthur Andersen 72, 94 Asselborn Jean 24 Association pour la garantie des dépôts Luxembourg 92 Astorg Partners 96

Cahen Corinne Canal+ Care in Luxembourg Cargolux Caruso Fabian Cedies CEL Chambre de commerce Chambre des métiers CIB CLC Closener Francine Cobepa Codex Cofely Solelec Coimbra Claudia Colet Lucas Commission européenne Comparadize Compass Group Conseil économique et social Conti Patricia Continents Insolites Crean Gabriel Croix-Rouge Luxembourg CSSF CyberCultus

24 31 46 31 82 56 80 16, 32, 48, 60 16, 60 99 16 24 96 41 30 46 54 30, 52 99 78 16 28 37 50 46 92 30

B Banque de Luxembourg Banque mondiale Banque Raiffeisen Baudry Alex Bauler André Bausch François Beck Simone Becker Norbert BEI Bern Stéphane Bettel Xavier BGL BNP Paribas Bil Billon Christian Blackfin Capital Partners Blackstone Bley Pierre Blue Origin BMW BNP Paribas Boeing Bollendorff Samuel Boreal Space Bouyoux Laurent Bram Bridgestone British Telecom

46, 77 42 31 24 24 52 66 72 31 66 26, 42 78, 93, 99 31, 86, 94 66 99 98 66 26 4, 5 99 32 106 32 99 58, 59 70 30

Mars Di Bartolomeo Chambre des députés

D Danone de Mitry François Deep Space Industries Déi Gréng Deloitte Delphi Demerdjian Jean-Marc Demeure Jean-Marie Deutsche-Welle Dexia-Bil Di Bartolomeo Mars Diederich Sarah Diekirch Dieschbourg Carole Digitaria International DLR Do Recruitement Advisors DomusVi Dourson Jean-Luc DP Dronelab Dussmann Catering

annonce paperjam vinoteca 1.4.pdf

in the center of the city

G-H

E

1

6/8/15

31 96 26, 32 42 72, 74 31 78 46 31 94 80 56 21 24 30 31 109 80 80 42 30 78

e-Geos EarthLab Ecosol Sanem Écouter pour mieux s’entendre Edmond de Rothschild (Europe) Elsen Yves Elwing Emsellem Grégory EmTroniX Engie Epp Isabelle Erpelding Jeannot Esa Eurest International Euro Heat Pipes Euro-Composites Eurostat Eutelsat eXstream engineering EY

Yves Feltes yComm

F Faber Isabelle 66 Fab Lab 50 Fédération des artisans 16 Fedisa 54 Feltes Yves 27 Ferrero 31 FNR 26, 50 Foersom 30 Fondation JPMorgan Chase 76 Fonds de garantie des dépôts Luxembourg 92 Forworx 65 Foyer 31 Francis Yves 74 Franck Pierre 48 FTA Communication Technologies 30

and Angelina Jolie

12, Côte d’Eich - Place du Théâtre • L-2229 Luxembourg • Tel : 26 68 38 43

108 ―

― Novembre 2015

Garage Intini 33 GeoVille Environmental Services Luxembourg 35 Geoville Information Systems 35 Gerbes Rodolphe 74 Glitnir Bank 92 Global Issues Network 46 Goodyear 31, 70 Görlach Thomas 28 Grabowski Marc 94 Gradel 30, 32 Gramegna Pierre 16, 24, 42, 92 Green Energy Management Systems 30 Groupe CK 55 Groupement luxembourgeois de l'aéronautique et de l'espace (GLAE) 26, 32 Grzylmas Walter 27 Gueth Frédérique 46 Haagen Claude 24 Hane Laurence 46 Hansen Dominique 46 Hansen Marc 24, 56 Harms Jochen 28 Haumonté Jean-François 70 Haupert Frédéric 46 Henckes Nicolas 16 Henri Grand-Duc 66 Hermes 2, 8 Hillman John 98 Hitec Luxembourg 26, 30, 32

I IEE Ilnas Intelsat International Space University (ISU) Interorbital Systems Intorel iPaymoItrust consulting Isbecque Valérie

31 54 26, 36 26 32 31 31 46

J-K

4:58 PM

Château Miraval by Brad Pitt

32 32 46 46 94 26 30, 32, 36 34, 36 30 30 72 48 30, 32 78 30 30, 32 31 30, 36 30 72

Jobs.lu Jouard Philippe Jugendtreff Hesper Juncker Romain Kasel Jean-Jacques Kaupthing Bank KBL epb KBL Swiss Private banking Kersch Dan Ketterthill LLAM Kioes Georges Kis Wire Kleeschulte Stefan Klump Rainer Kneip Gary Kohl Marius KPMG Krancenblum Serge Krecké Jeannot Kuhn Roland

53 94 46 46 66 92 86, 115 86 52 80 74 70 35 50 76 42 72 96 24, 70 60



327 personnalités & entreprises ont été citées dans les 116 pages de Paperjam1.

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier

INDEX L 54 72 92 45 50 99 31 31, 35, 50 30, 32, 50 30, 32 82 98 80 46 42 52 49 26, 32 32, 36 28, 32, 50 28, 32, 50 56 26

M M-Plify Maria Teresa Grande-Duchesse Max-Planck-Institute for Extraterrestrial Physics May Eric MDA Corporation Meanswhat Médecins du monde Mercedes Merck Finck & Co Merkel Angela Meyers Gery Ministère de l'Égalité des chances Ministère du Développement durable et des Infrastructures Mirad Systems Mizrahi Paul Mores Pierre Musk Elon

110 ―

R

N

Labgroup Laffont-Réveilhac Stéphane Landsbanki Luxembourg Law Firm Collin Maréchal LIH Linklaters LLP Lion Systems Liser List Lockheed Martin Space Systems Logidev Lombard International Lorang Lydie LP4Y LSAP LuxAirport Luxembourg Online Luxembourg Space Cluster LuxGovSat Luxinnovation LuxSpace Luxtrust Lynn Graps Amara

31 66 30 99 30 31 46 23 86 60 46 61

Nasa NCI Business Center neimënster Neoxam Nick Alex NN Life Nordnet NSPA Nyuko

30, 32, 34 89 57 99 70 12 31 30 46, 76

O-P-Q OGBL OHB Olas Orange Orbcomm Inc. Otan Oxacelay Alexandra PAI Partners Parlement européen PayPal Perl Peuvrel Pascal Phillips Piot Wim Piscitelli Jos Planetary Resources Poillot Élise Poncé Marc Post Group Post Luxembourg Precision Capital Princeton University PwC QinetiQ Space

52 31 99 66 26

― Novembre 2015

16, 70 28 54 31 31 31, 36 46 80 31 26 76 66 30 42 46 26, 32 44 78 31, 32 31 86 30, 34 42, 72, 78, 99 30

Racine Jean RBS Luxembourg Reboul-Salze Alix Renault Rifkin Jeremy Rigo & Partners Roeltgen André Rommes Jean-Jacques Rossi Angelo Rostain Bruno Roth Gilles Roux Sandrine Royal Bank of Scotland

T-U 54 99 46 10 60 30 16 16, 42 78 99 42 94 99

S Safran 27, 31 Saint-Gobain Solar Systems 31 Sam Hwa 70 Santurbano John 52 Satlynx 26 Saturne Technology 27, 29, 31 Schadeck Raymond 72 Schiltz Marc 50 Schmit Nicolas 76 Schmitter René 74 Schneider Etienne 16, 24, 26, 36, 42, 60 Schneider Hilmar 50 Selex Galileo 31 Selva Chantal 66 Serve the city Luxembourg 46 SES 26, 27, 30, 31, 32, 34, 36 SES Astra 30 SES-TechCom 30 SGG 96 SNCI 95 Société Générale 15, 19 Sodexo 71, 78 Space Cluster 28 Space4Environment 31, 35 SpaceX 26, 32 Stein Yves 86 Stëmm vun der Strooss 46 Swisscom 31

Tango Technoport Telekom Malaysia Telespazio Telindus Tesla Thales Alenia Space The New Arthur Andersen Thomson Multimedia Traiteurs Loriers UEL Unel Université de Liège Université du Luxembourg

116 50 31 32 31, 32 26 30, 32 72 30 105 16 56 30 32, 44, 50, 56

V Viasat Virgin Galactic Vision IT Voestalpine Voyages Emile Weber

30 26 75 70 83

Michel Wurth Chambre de commerce

W Waltzing Patrice Wecker Werner Pierre Wurth Michel

78 30 28 16, 60

X-Y-Z XCOR Yahsat yComm

26 31 27


DAN NEVEN, DIRECTEUR DE L’AGENCE APART, A DÉCROCHÉ LE GOLD AUX MEDIA AWARDS 2014.

#QuiauraleGold LE 3 FÉVRIER 2016, N O U S L E S AU R O N S . AGENCES, ANNONCEURS, SOUMET TEZ LIGNE SUR MEDIA-AWARDS.LU VOS MEIL LEURS PRO JETS DIRECTEMEN T EN 17H00. TOBRE 2015, C O 19 I D N LU JUSQU ’AU

MEDIA AWARDS

#QUIAURALEGOLD


Novembre 2015 Paru le 8 octobre 2015

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION WWW.PAPERJAM.LU

NOVEMBRE 2015

PROCHAIN NUMÉRO

:

PROCHAIN NUMÉRO

:

5 novembre 2015

Mike Koedinger

RÉDACTEUR EN CHEF

Jean-Michel Gaudron

22 octobre 2015

COVER

Stephanie Post 5 453000 074017 11 4€

ABONNEMENTS

RÉDACTION Téléphone (+352) 20 70 70-100 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg @paperjam_lu Jean-Michel Gaudron (J.-M. G.) Rédacteur en chef jean-michel.gaudron@maisonmoderne.com @jmgaudron Alain Ducat (A. D.) Secrétaire de rédaction alain.ducat@maisonmoderne.com @Ducat_paperjam Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.com @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.com @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.com @celinecoubray

RÉGIE PUBLICITAIRE

STUDIO GRAPHIQUE

Rédacteurs Fabrice Barbian Sébastien Lambotte Michaël Peiffer

Téléphone (+352) 20 70 70-300 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail regie@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Directeur associé Guido Kröger

Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Marion Dessard Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari

Directeur associé Francis Gasparotto (-301)

Studio manager Stéphanie Poras

Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Sarah Lambolez Cynthia Schreiber

Directrice commerciale Luciana Restivo (-302) Assistantes Tania Henriques (-304) Nathalie Sohn (-305) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-316) Laurent Goffin (-315) Assistante commerciale Céline Bayle (-303)

Directeur de la création Jeremy Leslie

Florence Thibaut (F. T.) florence.thibaut@maisonmoderne.com

112 ―

Formule corporate 3 × 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

UNIVERS PAPERJAM Paperjam.lu www.paperjam.lu

Design original Maxime Pintadu

Newsletter biquotidienne abonnement sur www.paperjam.lu

Mise en page Stéphane Cognioul (Coordination), Monique Bernard, Bernard Gissinger, Jan Hanrion

Administration Isabelle Ney (-014)

Applications iPhone + iPad

Applications Android smartphone + tablette

Paperjam.TV www.paperjam.TV

IMPRESSION Imprimerie Centrale

Paperjam Guide guide.paperjam.lu EU Ecolabel : FI/11/001

Paperjam.Jobs www.paperjam.Jobs Paperjam Club www.club.paperjam.lu ISSN 2354-4619

ÉDITEUR

Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Véronique Poujol (V. P.) veronique.poujol@maisonmoderne.com @vpoujol Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.com @traizer1

Formule standard 1 × 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros

Directeur artistique Stephanie Post

Jean-Michel Hennebert (J.-M. H.) jean-michel.hennebert@maisonmoderne.com @jmhennebert Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.com

Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Pour vos souscriptions, merci de vous rendre sur notre site www.maisonmoderne.com/eshop/

Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.com Téléphone (+352) 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie

― Novembre 2015

Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Etienne Velasti

Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger et Rudy Lafontaine. Conseil d’administration : Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxem­bourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.


MARC HAAS, DIRECTEUR AU SEIN DE L’AGENCE BINSFELD, A DÉCROCHÉ LE GOLD AUX MEDIA AWARDS 2014.

#QuiauraleGold LE 3 FÉVRIER 2016, N O U S L E S AU R O N S . AGENCES, ANNONCEURS, SOUMET TEZ LIGNE SUR MEDIA-AWARDS.LU VOS MEIL LEURS PRO JETS DIRECTEMEN T EN 17H00. TOBRE 2015, C O 19 I D N LU JUSQU ’AU

MEDIA AWARDS

#QUIAURALEGOLD


Le Luxembourg en chiffres

TABLEAU DE BORD 2.586 km

Population totale (au 1er janvier 2015)

3.583,11

3.601,53

3.528,13

3.538,59

258.679 étrangers

PIB en volume (évolution en %) 2,9

3.422,99

3.094,99

3.083,35

3.034,46

2.970,52

71 58

62

3.006,76

89 81

46 %

2,2

2

1,9

47

56 55 65 58 62

60

63 60

70 66 71 69

72

86

80

90 86

100

3.524,79

2015

108

2014

3.403,87

2014

3.227,01

2013

54 %

Luxembourgeois

OPC (en milliards d'euros)

Nombre de faillites 120

304.279

562.958

2

20

30

25 28

38

40

-0,2

Taux d'inflation (en %)

Nouvelles immatriculations

6.000

0

3.000

15 20

14 20

20 13

23,2 %

AVRIL 2015 : 5.046

0,5

OCT. 2014 : 4.522

JUIN 15 : +0,68

4.000

0,5 5

DÉC. 14 : -0,61

1

12

Dette publique (en % du PIB)

1,5

5.000

20

11 20

Ao û Se t 14 pt . Oc 14 t. No 14 v. Dé 14 c. Ja 14 n. 1 Fé 5 v. Ma 15 rs Av 15 ril 1 Ma 5 i Ju 15 in Ju 15 il . Ao 15 ût 15

Ao ût Se pt .

Ju il .

Ju in

Ma i

Av ril

Fé v. Ma rs

Oc

Se pt

.

t. No v. Dé c. Ja n.

0

SOURCES : BARREAU DE LUXEMBOURG, CSSF ET STATEC

Superficie

(2014) -1,7 % par rapport à 2013

2.6

36

2.000 1.000

Se 14 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 15 Ma rs 1 Av 5 ril 15 Ma i1 5 Ju in 15 Ju il. 1 Ao 5 ût 15

ût

T4 2014

T1 2015

T2 2015

2.872 2.989 T1 2014

6,9 %

471

(en août 2015) 7,2 % en août 2014

T3 2014

T4 2014

T1 2015

44.315

404.744

Emploi total intérieur en août 2015

42,26 % 57,74 %

dont 171.051 travailleurs frontaliers

Emploi du secteur financier au 2e trimestre 2015 (hors assurance)

25.669

emplois dans le secteur bancaire 114 ―

Taux de chômage

1.408 939

1.227 504

981 1.098

495

T2 2014

143

― Novembre 2015

42,08 % 57,92 %

18.646

emplois dans les autres secteurs

SOURCES : STATEC ET CSSF

T3 2014

Nombre de banques

(au 14 septembre 2015) 149 au 15 septembre 2014

VOLUME (milliers de m2)

1.958

2.274 1.280 531

T2 2014

LOGEMENT

5.432 4.434,21

5.308,50

4.350,71

5.571,66

4.437,62

4.916,75

4.344,15

4.276

BÂTIMENT

NEUF

5.311

ANCIEN

Autorisations de bâtir

1.072

Prix moyen au mètre carré (en euros)

Ao

Oc

t. 1 No 4 v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 1 Ma 5 rs 15 Av ril 15 Ma i1 5 Ju in 15 Ju il. 1 Ao 5 ût 15

4 .1

ût Ao

Se

pt

14

0

SOURCES : STATEC ET CSSF

-0,5


MON PATRIMOINE GÉRÉ PAR MA BANQUE PRIVÉE À LUXEMBOURG R MON PROJET IMMOBILIER À BRUXELLES R LE MBA DE MA FILLE À LONDRES R MA RÉSIDENCE SECONDAIRE À CANNES R LA START-UP DE MON FILS À MUNICH R MON VOILIER À MONACO

Réseau européen. Siège luxembourgeois.


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