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DÉCEMBRE 2015
« La mobilité, un facteur-clé
François Bausch
de compétitivité» 5 453000 074017 12 4€
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Éditorial Décembre 2015
ITINÉRAIRE ERRANCE
I
tinérance. Joli mot, très en vue depuis des années, plutôt rare, et donc réjouissant, d’entendre un ministre des bien que le plus souvent on l’appelle de son Finances parler, dans un discours de présentation budgépetit nom anglais, roaming. Celui-là même que, taire, de solidarité et même de « triple A social ». au fil d’un parcours du combattant épique, en C’est un itinéraire qu’emprunte le pays, qui n’oublie pas faveur des consommateurs de téléphonie pour autant ses habiletés – certains diront ses racines – mobile et contre les vents et marées des lobbies, financières, et encore moins son « triple A » tout court. les réglementations européennes annoncent Mais, en cette matière très délicate, le chemin de la transavoir supprimé. Il faudra voir ce que ça donnera sur le parence a cessé d’être celui de la discorde. Au moment terrain mais c’est plutôt une bonne nouvelle pour tous d’envoyer ces pages à l’imprimerie, le Forum mondial, les saute-frontières. sous le soleil supposé paradisiaque de la Barbade, s’apprêJoli mot, disait-on. Il pourrait être un de ces « mots-valises » tait à valider la nouvelle, déjà officialisée à Luxembourg : qui, de deux ou plusieurs idées emmêlées, en construisent le Grand-Duché est jugé totalement conforme, notamment une nouvelle. Itinéraire et errance. par rapport aux procédures codifiées d’échange d’inforL’errance renvoie notamment aux migrants et réfugiés, dont mations fiscales. Rayé de la liste, grise ou noire, des pratile sort continue d’inquiéter ou d’agiter. Notons avec plaisir quants de la fiscalité opaque et potentiellement frauduleuse, que, malgré quelques épisodiques expressions de haine du le pays à la place financière plus internationale que jamais (ca)niveau des réseaux sociaux populaires, le Luxembourg peut crier sur les toits qu’il est aussi biffé de la liste des parase sort très honorablement de sa mission humanitaire, dis fiscaux, terme honni par ici. gérant ses capacités d’accueil et assumant son rang euro- Ainsi, les choses se font différemment au Luxembourg, péen avec dignité et respect, sans que, ici ou là, les mani- mais elles avancent quand même. Certes, tout n’est pas rose. Mais les couleurs changent peu à peu, tantôt par festants débordent. Le Grand-Duché a laissé une place à ces personnes fuyant touches impressionnistes, tantôt par larges coups de les barbaries, jusque dans son budget de l’État. Lequel a brosse de peinture blanche. Le pays a pu errer, aux limites du mythe parfois. Il a retrouvé su aussi ouvrir davantage de une voie à suivre. Ce n’est pas le portes aux moins nantis de la Par Alain Ducat, cas partout. Qu’on se le dise société luxembourgeoise. Comme secrétaire de rédaction Paperjam (même par téléphone) au-delà le souligne justement le rapporteur E-mail : alain.ducat@maisonmoderne.com des frontières du pays. ◄ du projet de loi budgétaire, il est Twitter : @Ducat_paperjam
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Sommaire Décembre 2015
2012 : 27.000 (19.500 VP / 7.500 TC) PRÉVISIONS 2020 : 34.000
VP : PERSONNE AYANT FAIT SON TRAJET AVEC UNE VOITURE PARTICULIÈRE TC : PERSONNE AYANT FAIT SON TRAJET AVEC LES TRANSPORTS EN COMMUN
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BELGIQUE
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ALLEMAGNE
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FRANCE
+10% 2012 : 80.000 (60.000 VP / 20.000 TC) PRÉVISIONS 2020 : 88.000
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Grand entretien HENRI KOX
« Faire une analyse, rencontrer les acteurs » Le député Déi Gréng, premier Vert dans ce rôle, assure sa mission de rapporteur du budget avec zèle et enthousiasme. Il tient au travail d’équipe et à la compréhension des données, replacées dans leur contexte. Il espère faire passer l’idée du budget pluriannuel dans la logique parlementaire. Par Alain Ducat et Jean-Michel Lalieu
020 Les flux vers Luxembourg, à gérer autrement.
020
Coverstory 020
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CAS DE FIGURE
FRANÇOIS BAUSCH
EN VILLE
Efficacité, capacité, mobilité Se rendre du point A au point B. Tout bête ? Mais parfois si lent ! Après plusieurs décennies de règne sans partage, la voiture devrait peu à peu voir la place qui lui est accordée au Luxembourg se réduire. Le besoin est là, le multimodal arrive. Par Alain Ducat et Jean-Michel Hennebert
« La mobilité, c’est un facteur-clé de la compétitivité » Le ministre du Développement durable et des Infrastructures est convaincu et se veut convaincant : oui, le nouveau système va démontrer qu’il fonctionne. Les investissements routiers ne suffiront jamais à absorber le trafic, mais ils laisseront de la place aux transports en commun. Tram performant, trains améliorés, P+R en périphérie, interconnexion des pôles d’activité, tout ça fera gagner du temps.
Des modes complémentaires Sam Tanson, première échevine de la capitale, a repris la suite de François Bausch, parti au MDDI, en matière de mobilité. La vision globale de la jeune femme s’intègre dans les pas de son prédécesseur, mais diffère quelque peu dans l’approche.
032 ENTREPRISES
Solutions alternatives Les entreprises, surtout quand elles prennent de la place et occupent beaucoup de monde, sont des facteurs d’aménagement du territoire et des acteurs de la mobilité.
030 TRAM STORY
Il roulait à Luxembourg jusqu’en 1964. L’idée est revenue dans les années 90. On le verra tourner en 2017. Le tram est l’épine dorsale du futur réseau multimodal en ville.
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Sommaire Décembre 2015
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Les points-clés du budget et quelques éléments moins visibles au premier coup d’œil…
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Économie & Politique
058
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Entreprises
Place financière
040
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084
BUDGET 2016
PARTIS
PARAPHARMACIE
HÔPITAUX
FRAUDE
Dans les clous sans être marteau Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a présenté le projet de budget du gouvernement Bettel pour l’année 2016. Il s’annonce raisonnable et dans la ligne des exigences européennes. Par Camille Frati
048 ITM
Reconstruction en terrain miné Le vent du changement souffle sur l’Inspection du travail et des mines depuis l’arrivée de Marco Boly à la direction il y a un an. Il doit raviver une institution meurtrie par le manque de gouvernance et une organisation sclérosée. Par Camille Frati
Sur les plots pour 2017 Les partis de la coalition doivent se mettre en ordre de bataille en vue des prochaines échéances électorales. Les libéraux se cherchent un patron, le partenaire socialiste se déchire et les écologistes ne trouvent toujours pas leurs marques. Par Véronique Poujol
056 FINANCES
L’irremplaçable Monsieur Waringo Jeannot Waringo, le directeur de l’IGF, est un des hommes de l’ombre essentiels dans les rouages de l’État. Il pense à la retraite, mais ne l’a pas demandée ; il cumule les mandats et a su se rendre indispensable. Par Véronique Poujol
Recettes santé « made in Luxembourg » La société d’origine allemande PM-International s’est récemment installée à Schengen et y a transféré son siège social. Le spécialiste des compléments alimentaires et de la cosmétique vient d’y établir son centre de R & D, auparavant en Allemagne. Par Jean-Michel Lalieu
066 COACHING
Accompagner en vrai pro Le coaching est en pleine expansion mais il est peu encadré. Fédérations et certifications attestent aujourd’hui du sérieux et de l’expérience des professionnels affiliés. Par Florence Thibaut
Une fusion proche de la surtension Le rapprochement des hôpitaux Kirchberg, Bohler, Sainte-Zithe et Sainte-Marie traverse tempête après tempête. Le conseil médical de la Zithaklinik est rentré dans le rang après avoir obtenu des garanties sur la répartition des services. Par Camille Frati
074
Les geeks veulent l’amnistie Pendant 20 ans, des consultants informatiques ont touché une partie de leurs rémunérations « au noir ». L’ACD a lancé une vaste enquête pour traquer la fraude venant de firmes de portage salarial. Par Véronique Poujol
086 JUSTICE
Des robots ma non troppo Un emploi luxembourgeois sur deux pourrait être remplacé par des machines ou des ordinateurs. Une étude menée par ING à partir d’un modèle américain les a classés selon leur probabilité à être robotisés.
Au service de la vicomtesse Amicie de Spoelberch, riche Belge aujourd’hui décédée, accusait son avocate au Grand-Duché de l’avoir dépouillée de ses actions. L’escroquerie présumée à l’héritage a rebondi après la révélation des listes de clients luxembourgeois de HSBC.
Par Jean-Michel Lalieu
Par Véronique Poujol
EMPLOI
088 TRANSPARENCE FISCALE
Hors du gris La communauté internationale multiplie les actions pour une plus grande transparence fiscale. Le Luxembourg a pris des mesures importantes, reconnues par le Forum mondial. Par Jean-Michel Lalieu
090 ASSURANCES
Un leader global bien d’ici Les changements de gouvernance ont pu faire redouter une « américanisation » de Lombard International Assurance. Mais l’acteur bien luxembourgeois grandit et ses ambitions internationales aussi. Par Alain Ducat
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Sommaire Décembre 2015
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Désirs 098 CULTURE
Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.
099 ZOOM SUR…
Wild Project Gallery Renaud Bergonzo vient de fonder sa galerie à Luxembourg après avoir travaillé au Japon et à Paris. Avec un programme de cinq expositions par an, il entend défendre l’art contemporain et mettre le collectionneur au cœur de son projet. Par France Clarinval
100 SÉLECTIONS
Noël en marchés et en images Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de sélectionner trois marchés de Noël autour de chez nous qui valent le détour et de choisir cinq beaux livres à glisser sous le sapin.
102 SHOPPING
Version COS La marque de prêt-à-porter et d’accessoires COS arrive (enfin !) à Luxembourg. Des silhouettes architecturées, un style épuré, une forte attention au design et surtout des vêtements faits pour être portés et bouger aisément constituent les points forts de cette marque. Et l’actualité des boutiques de Luxembourg. Par Céline Coubray
104 GASTRONOMIE
Zoom sur Champagne Babé Patrick et Fabienne Babé lancent une marque luxembourgeoise de champagne français, avec les cuvées Grand-Duc et GrandeDuchesse. À lire aussi, l’actualité de la gastronomie avec quelques nouvelles adresses.
099 Renaud Bergonzo
Par France Clarinval
106 INTERVIEW
La paternité du créateur Après Le Prince l’année dernière, le metteur en scène Laurent Gutmann revient au Grand Théâtre avec Victor F., d’après le Frankenstein de Mary Shelley. Il nous parle de création et créateur, de filiation et paternité. Par France Clarinval
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Agenda ÉvÊnements à ne pas manquer dans les prochaines semaines
Ă€ SUIVRE 01 et 02/12
13, 18 et 27/11, 04, 09 et 16/12
CONFÉRENCE
Living City, intelligente et europĂŠenne
POLITIQUE
Le gouvernement en conseil
Le Royal Ă Luxembourg accueille la
European Smart & Living City Conference 2015. De retour pour une
11 et 12/11
12/11
16/11
19/11
TRANSPORT ROUTIER
INNOVATION CAMP
PARLEMENT EUROPÉEN
IMMOBILIER RETAIL
Dumping et infrastructures frontalières
Des idĂŠes par et pour les jeunes
Multinationales en sĂŠance de rattrapage
En vitrine Ă Cannes
Le ComitÊ Êconomique et social europÊen (CESE) et le Conseil Êconomique et social du Grand-DuchÊ de Luxembourg organisent une double confÊrence sur le thème du transport routier. L’accent sera mis sur, d’une part, le dumping social dans le secteur (après-midi du 11 novembre) et, d’autre part, sur les problèmes touchant les infrastructures transfrontalières (matin du 12 novembre). L’ÊvÊnement ambitionne de contribuer au dÊbat sur le train de mesures de la Commission europÊenne relatif au transport routier (dont la publication est prÊvue l’annÊe prochaine). Quant à la question des infrastructures, elle revêt une importance particulière pour le Luxembourg, qui est un pays de transit.
OrganisÊ par Jonk Entrepreneuren Luxembourg et le Luxembourg EcoInnovation Cluster, Innovation Camp se prÊsente comme un workshop. Pendant une journÊe, des Êlèves entre 16 et 19 ans sont rÊpartis en Êquipes mixtes et doivent trouver des solutions et propositions à un business challenge qui leur est posÊ par l’organisation partenaire. Ils travailleront au Technoport. Les solutions novatrices proposÊes par les jeunes seront de sortie pour la cÊrÊmonie officielle de cet Innovation Camp, en fin de journÊe, à la bien nommÊe Maison du savoir à Belval.
Les membres de la coordination de la
Vincent Bechet, administrateur du BLSC (Belgian Luxembourg Council of Shopping Centers) et reprÊsentant du Grand-DuchÊ pour cette association des acteurs immobiliers et des centres commerciaux, sera à Cannes. Le BLSC organise un ÊvÊnement  Retail Real Estate in Belgium and Luxembourg. Zoom on the next development projects  lors du Mapic, la bourse internationale de l’immobilier retail. Sept nouveaux projets seront prÊsentÊs, ayant tous reçu les autorisations nÊcessaires et dont les travaux sont à l’agenda. Cinq sont belges. Deux sont luxembourgeois et d’envergure : le Royal-Hamilius et la Cloche d’Or.
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― DÊcembre 2015
commission taxe du Parlement euro-
pÊen ont convoquÊ une nouvelle fois les reprÊsentants de multinationales pour une sÊance d’explication publique sur leurs pratiques d’optimisation fiscale. Ce sera le 16 novembre prochain. Il s’agit de partager leur point de vue entre autres sur les recommandations adoptÊes par le G20 et l’OCDE sur le plan Beps (Êrosion de la base fiscale et des bÊnÊfices). Voici la liste des multinationales devant être auditionnÊes : Amazon.co.uk Ltd, Amazon sà rl (Luxembourg), Anheuser-Busch InBev, Barclays Bank Group, Coca-Cola Company, Facebook, Fiat Chrysler, Google, HSBC Bank plc, Ikea, McDonald’s Corporation, Philip Morris, Walmart et Walt Disney Company.
PHOTOS : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES), JONK ENTREPRENEUREN, JESSICA THEIS (ARCHIVES), CODIC
Après le budget, les travaux s’accÊlèrent. Les ministres de Xavier Bettel se verront en conseil au moins six fois avant NoÍl. Le conseil de gouvernement se rÊunira, selon l’agenda officiel, les vendredi 13 novembre, mercredi 18 novembre et vendredi 27 novembre (date à laquelle est aussi prÊvue une rÊunion informelle consacrÊe à la  politique urbaine ). En dÊcembre, sont dÊjà annoncÊs des conseils de gouvernement pour le vendredi 4, le mercredi 9 et encore le mercredi 16.
PHOTO : CHARLES CARATINI (ARCHIVES)
3e Êdition, le cycle de confÊrences Living City prend une dimension europÊenne. Quels sont les projets les plus prometteurs en la matière ? Comment transformer des projets phares en modèles Êconomiques durables ? Il s’agira de mettre en lumière les projets  smart  existant aujourd’hui à Luxembourg et à l’Êtranger dans les domaines de l’ICT, de la formation professionnelle, du bâtiment et de la Living City. Au programme, des work– shops et sessions participatives animÊs par des entrepreneurs accomplis et des experts internationaux.
formerly known as
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Grand entretien Henri Kox ― Interview : Alain Ducat et Jean-Michel Lalieu ― Illustration : Anne Mélan
« Faire une analyse, rencontrer les acteurs » ► Le député Déi Gréng, premier Vert dans ce rôle, assure sa mission de rapporteur du budget avec zèle et enthousiasme. ► Il tient au travail d’équipe et à la compréhension des données, replacées dans leur contexte. ► Il espère faire passer l’idée du budget pluriannuel dans la logique parlementaire.
M
onsieur Kox, peut-on revenir sur votre travail de rapporteur du projet de loi budgétaire pour 2016 ? Comment êtes-vous arrivé à cette mission ? « La procédure est simple en soi. Dans la logique politique, les rapporteurs sont proposés aux fractions parlementaires, dans une répartition des rôles entre les composantes de la majorité. Il y avait cinq rapporteurs possibles. Dans la logique de représentation des trois partis formant la coalition gouvernementale, nous sommes le plus petit. Il y avait donc deux postes pour le DP, deux pour les socialistes et un rapporteur revenait à Déi Gréng. Nous avons eu le budget et on me l’a proposé. Je suis passionné par mon travail parlementaire mais je ne l’envisage pas autrement que comme un travail d’équipe. Ce n’est pas Henri Kox seul, ce sont les Verts. J’ai d’ailleurs beaucoup préparé et travaillé avec les autres, avec les services du mouvement, avec Viviane Loschetter… Symboliquement, le message est fort : c’est la première fois qu’un député Déi Gréng est rapporteur du budget. Quelle est la portée que vous en retenez ? « Oui, c’est vrai que nous sommes un peu entrés dans l’histoire du pays. Cela dit, c’est aussi la première fois que Déi Gréng est au gouvernement ! Mais c’est vrai que, avoir le budget, c’est un plus. Ce qui me plaît bien, c’est que nous avons montré que nous n’étions pas seulement un parti d’opposition. C’est souvent ce qu’on entend autour de nous : ‘Vous allez voir, être aux affaires, ce n’est pas pareil.’ Eh bien, nous sommes aux affaires et nous montrons que nous savons faire. Nous sommes comme les autres partis, avec d’autres idées mais avec autant de capacités. On l’a vu dans les communes que nous dirigeons, avec des coalitions et des partenaires différents. Nous apportons d’autres accents, nous travaillons collégialement. Personnellement, le budget de l’État me motive particulièrement. J’ai 10 ans de budget derrière moi, dans ma commune à Remich. Je ne suis pas un technicien des finances, mais mon côté ingénieur de formation, couplé à ce que je revendique être un bon sens paysan dans le noble sens du terme, cela aide.
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C’est quelque chose qu’on ne prend pas à la légère. J’ai beaucoup consulté et je consulte encore.
Henri Kox Illustration : Anne Mélan Peinture à l’huile 50 × 40 cm, 2015
Vous avez défini votre mission comme un travail d’équipe, ce qui colle bien à la tradition de travail collégial et participatif des écologistes, pas seulement au Luxembourg d’ailleurs. Aviez-vous aussi une mission politique en portant le budget devant vos pairs ? « Oui, c’est une façon de travailler que j’estime importante. Le budget de l’État est celui proposé par le ministre des Finances au nom du gouvernement, c’est aussi un travail de fourmi en amont de la part des fonctionnaires et de quantité de gens qui apportent des éclairages professionnels. C’est, au final, un travail parlementaire, sanctionné par un vote de projet de loi. C’est quelque chose qu’on ne prend pas à la légère. J’ai beaucoup consulté et je consulte encore. Il y a un vrai partage et je dirais même une émulation. Cela donne envie de faire bien, de faire mieux, de faire plus qu’un simple rapport du travail de quelqu’un d’autre. Je me suis donné une mission temporaire, de trois ou quatre mois, pour m’y impliquer à fond. Je faisais référence à mon mandat de bourgmestre à Remich et à mon expérience en matière de budget communal. Il faut apporter ce que chacun fait de mieux. Quand on travaille dans un bon collège, on peut tout faire et se donner les moyens, sans vouloir tout faire tout de suite, en se donnant des priorités. Mon approche collégiale du budget de l’État a été la même. Justement, ce budget 2016 de l’État est porteur de la politique d’une coalition à trois. C’est le fruit d’une sorte de compromis sur un programme commun, où chacun doit y apporter et en laisser. Y trouvez-vous les accents laissés par les Verts ? En d’autres mots, faites-vous vôtre ce projet de budget ? « Honnêtement oui, je suis satisfait, en particulier dans la présentation qu’en a faite le ministre des Finances devant la Chambre. Ce n’est évidemment pas parfait. Mais je me retrouve bien dans les grands axes mis en avant. Pierre Gramegna a proposé un discours dont les accents politiques me conviennent et rencontrent mes aspirations politiques principales. Il y a bien l’éternelle question de la croissance, qui reste à définir clairement, sur un terme donné et sur base de données fiables, que l’on pourra comparer et corriger au fil du temps. C’est toute la question luxembourgeoise : on a toujours connu la croissance et on n’a
Grand entretien Henri Kox
pas vu venir la fin de cette période faste. Dans les cinq points mis en avant dans son discours, Pierre Gramegna a parlé d’investissements aussi. Ils me semblent raisonnables et, surtout, ils se consacrent à des axes que l’on peut défendre, comme la mobilité ou le logement. Il y a aussi l’aspect social. Les analyses de revenus médians montrent que, au Luxembourg, le risque de pauvreté existe. Il y a un problème et il est pris en compte. Avant on était aveugles. Cela vaut aussi pour les questions climatiques. Elles ont été clairement soulevées dans la présentation du projet de budget 2016. Il y a aussi une prise de conscience et des moyens mis en œuvre. Dans le discours d’un ministre des Finances au Grand-Duché, cela me fait plaisir d’entendre parler de politique pour le climat, l’énergie ou le développement durable. Et puis le ministre libéral a aussi parlé de solidarité. Elle est nécessaire en tous points, que l’on soit au niveau local, national ou international, surtout dans le contexte actuel. Alors, oui, je me retrouve, en tant que député vert et militant de la cause environnementale, dans ces principaux accents. Vous avez notamment évoqué un budget « à l’ancienne », en « bon père de famille ». Est-ce que cela s’accommode de la « modernité » que l’exécutif entend prôner ou incarner ? « Oui, car depuis le début des années 2000 au moins, l’État misait tout sur la croissance. Celle-ci s’est érodée. Dans le passé, l’État a été trop généreux, en pensant que ce modèle de croissance serait éternel… C’est un problème luxembourgeois… En réalité, la dette s’est accumulée et la crise économique et financière n’a évidemment rien arrangé. Ce modèle-là ne pouvait pas durer. Il fallait donc revenir à un budget de raison, comme on peut le faire dans une famille ou une asbl. Avec une approche pragmatique des recettes et des dépenses. Quand je dis ‘à l’ancienne’, je pense plus à la façon traditionnelle de gérer un budget, en bon père de famille. Et pas sur des bases politiques ou des chiffres biaisés. Il suffit parfois de consulter la vérité des comptes par rapport aux prévisions budgétaires pour voir qu’être un grand calculateur financier ou un grand annonceur de beaux jours ne suffit pas. Être moderne, c’est aussi avoir les pieds sur terre.
Méthode
La logique de l’ingénieur et le bon sens vigneron « La croissance, c’est aussi celle de la population et de l’emploi. Quand vous avez les chiffres de la croissance économique, ils sont souvent révisés. On ne peut pas prévoir tous les impacts mais il faut être prudent. » Ingénieur de formation, Henri Kox en a la logique. « Quand vous devez régler une machine, on vous apprend à ne pas toucher à tous les leviers à la fois. Sinon, comment savoir lequel produit la réaction que vous constatez plus loin ? Il faut tester un par un. » Issu d’une famille nombreuse des bords de Moselle, Henri Kox revendique aussi le côté terrien des vignerons, qui savent jouer avec les contingences du sol, des choix de plantations ou de la météo. Et qui pensent à la transmission aux générations futures. « C’est ce qu’il faut suivre de plus près. Cette solidarité est un maître-mot pour l’approche nationale, européenne, entre générations, entre riches et pauvres. C’est ce qui peut faire évoluer l’approche climatique : penser à ce qu’on laissera. C’est aussi valable pour imaginer des logements que les moins nantis pourront s’offrir. C’est simple. Mais c’est logique. » A.D. ◄
Pour Henri Kox, le rapporteur a mission d’analyser et de proposer, sans pouvoir changer les chiffres.
sur base de données crédibles, transparentes et vérifiables. Après, cela permettrait de faire de la politique par objectifs, d’avancer sur un programme de coalition, qui se fait sur la durée d’un mandat. Ce serait l’idéal d’avoir un budget pluriannuel en parallèle de chaque programmation annuelle, pour avoir en tête le contexte et aller vers les objectifs que l’on s’est fixés. Il faut pérenniser les efforts pour ne pas rester ‘à politique inchangée’. Ici, nous sommes partis sur un budget de consolidation, avec le paquet d’avenir en tête. On doit réduire la dette, freiner les dépenses, investir juste, limiter la casse sur la perte de recettes fiscales, comme les fameux 630 millions issus du commerce électronique. Il y a de bons outils pour travailler, comme le rapport du Conseil national des finances publiques. Il faut une programmation et de la vision. Oui, je crois beaucoup, et mon parti aussi, dans cette politique de budget pluriannuel. Je compte proposer quelques idées de fond pour aller dans ce sens. Quelle sera la suite du travail parlementaire ? « La présentation a été faite mais les consultations continuent. Le projet de loi n’est pas voté. Cela ne veut pas dire que je remets les choses en question. Cela signifie que la fin du parcours, ce sera le 15 décembre, avec le vote. Et par la suite, le travail parlementaire en commission sera toujours important, pour le suivi. Notamment lorsqu’on aura les données révisées par le Statec, en début d’année 2016. Que restera-t-il de votre mission de rapporteur ? « Si le premier rapporteur vert pouvait laisser une trace dans l’histoire, ce serait sympathique… Plus sérieusement, je m’investis avec beaucoup d’enthousiasme. Et j’ai envie que mon travail serve à la collectivité. En ce qui me concerne, dans mes préparations et analyses, j’ai tenu à ressortir les rapports de mes prédécesseurs. J’ai relu Gilles Roth, Lucien Lux, Roger Negri, Franz Fayot. Il y avait beaucoup de rapports intéressants. Pour ma part, je serais content si quelques éléments proposés dans mon travail se retrouvaient dans le futur. Peut-être d’autres me liront-ils avec intérêt ?
Précisément, on sait que ce budget, sous cette majorité gouvernementale, se voit dans un cadre pluriannuel. Qu’en pensez-vous ? « J’aimerais effectivement convaincre d’aller plus loin dans ce sens. Proposer que l’on se penche vraiment sur un budget pluriannuel. On devrait faire un débat objectif sur l’optique pluriannuelle,
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PHOTO : SVEN BECKER
Vous avez beaucoup analysé les données et le travail de vos prédécesseurs ? « Oui et ce n’est pas terminé. J’ai tenu à rencontrer tous les acteurs, pour recueillir un maximum d’avis et de données objectives, de chiffres réalistes. Toutes les administrations sont consultées. J’essaie d’analyser, de faire des suggestions, je refais des tableaux. Avant, dans notre parti, c’était François Bausch qui s’occupait de la commission des Finances. Moi, c’est la première fois que je vois tous ces chiffres, ces projections. J’ai voulu me faire mon idée, me faire expliquer, aller à la rencontre des spécialistes. Le budget, c’est une vue que l’on a aujourd’hui, projetée dans le futur par des analyses réalistes. Sinon, on est dans la spéculation.
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Grand entretien Henri Kox
Quelle est votre opinion sur la réforme fiscale en cours, notamment sur le volet d’amnistie fiscale ? « Ah, il faut dire que, personnellement, je garde un goût un peu amer sur ce volet. Il faut être cohérent cependant. Nous avons toujours plaidé pour la transparence. Considérant que l’État doit avoir des moyens pour faire fonctionner ces politiques et, partant, ce qui est prévu dans le budget, il ne faut pas omettre que l’impôt est évidemment un moyen. Cette source de recettes est cependant à bien répartir. Il y a, dans ce cas-ci, une chance budgétaire de ramener de l’argent dans les caisses. C’est aussi une chance de se racheter pour ceux qui ont usé de ficelles fiscales à la marge. On ne peut pas valider une fraude mais c’est une opportunité de remettre les compteurs à zéro, sachant que, si la chance de l’amnistie fiscale n’est pas saisie, ceux qui persévéreront pourront s’en mordre les doigts car cela leur coûtera cher au final. Il faut aussi pour cela que l’administration fiscale ait les moyens de traquer les irrégularités. On doit mettre plus de moyens contre les fraudes, de tous types. Nous devons nous attaquer à ce phénomène. C’est une question d’équité et de solidarité. Est-ce un dialogue qui existe réellement dans la classe politique actuelle ? « Il faut parler vrai. Ne pas tout remettre en cause mais penser à l’avenir. Et donc le dialogue que l’on peut avoir aujourd’hui, sur l’impôt
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Le travail parlementaire n’est évidemment pas terminé autour du budget 2016. L’étape du vote, le 15décembre normalement, sera décisive.
Je crois beaucoup, et mon parti aussi, dans cette politique de budget pluriannuel.
notamment, ne peut plus ressembler à celui que l’on pouvait tenir au début des années 2000. Le contexte était alors bien différent. Le CSV a beau dire que la source des problèmes financiers remonte à la crise financière de 2007, quand on analyse l’historique, les tableaux et les courbes des recettes, des dépenses, de la dette de l’État, on voit que le dérapage avait commencé avant les crises en question. Les gouvernements successifs ont mangé la plus-value accumulée avant les années 2000… Le train de vie de l’État était déjà passé au-delà de ce que permettait la croissance attendue. Je le répète, le pays a été trop généreux. Le Luxembourg ne peut pas courir après les Trente glorieuses, il doit être plus raisonnable, plus prudent, retrouver le pragmatisme budgétaire. Et c’est en bonne voie. Aujourd’hui, personne ne peut se permettre de faire des cadeaux. Alors il faut gérer sur d’autres bases, bien réfléchies, durables, pour que le modèle luxembourgeois, la sécurité sociale, les pensions fonctionnent encore demain, avec de plus en plus d’habitants – pas nécessairement des électeurs, faut-il le rappeler – et de plus en plus d’emplois frontaliers. On est dans un autre régime désormais. » ◄ En résumé Henri Kox est devenu le premier député vert à assumer le rôle de rapporteur du budget. La mission est beaucoup plus que symbolique pour lui, très enthousiaste, et son parti, qui aime le travail d’équipe. Il y a notamment des enjeux durables et une logique pluriannuelle à faire passer.
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Je suis un habitant de la Nordstad. Je travaille à Diekirch et je dois aller en ville pour représenter mon entreprise sur une manifestation à Luxexpo, au Kirchberg.
TRAIN
BUS
DIEKIRCH
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FUN
TRAIN TRAIN
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KIRCHBERG-PFAFFENTHAL DOMMELDANGE-GARE (GARE PONT ROUGE)
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DOMMELDANGE-GARE
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N FUTRAM
BAN DE GASPERICH PARKING FOIRE
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KIRCHBERG – PONT ROUGE
STRASBOURG PFAFFENTHAL
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LUXEXPO BAN GASPERICH BAN DEDE GASPERICH
KIRCHBERG – PONT ROUGE KIRCHBERG GARE KIRCHBERG-PFAFFENTHAL (GARE PONT ROUGE)
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0h50
KIRCHBERG-PFAFFENTHAL (GARE PONT ROUGE)
PLATEAU PFAFFENTHAL PFAFFENTHAL DIEKIRCH
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GARE CENTRALE GARE
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BAN DE GASPERICH
BELVAL-UNIVERSITÉ BAN DE GASPERICH
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▼ Je suis une habitante du bas de la ville (Pfaffenthal). Je travaille dans une entreprise qui a déménagé au Ban de Gasperich. Mes enfants sont à l’école au Kirchberg STRASBOURG STRASBOURG et je dois les y déposer avant de gagner mon bureau.
STRASBOURG
Je suis professeur à Strasbourg. Et je me rends à l’Université du Luxembourg, sur le nouveau campus de Belval, pour y suivre une chaire interuniversitaire.
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TRAM
BAN DE GASPERICH
KIRCHBERG – PONT ROUGE
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BELVAL-UNIVERSITÉ BELVAL-UNIVERSITÉ
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Efficacité, capacité, mobilité Après plusieurs décennies de règne sans partage, la voiture devrait peu à peu voir la place qui lui est accordée au Luxembourg se réduire. D’ici à 2020, seule la moitié des déplacements individuels devrait se faire via ce moyen de transport, contre les trois quarts actuellement. Un changement profond de paradigme dans les habitudes au Grand-Duché lié non pas à une quelconque lubie d’hommes politiques, mais bel et bien à un besoin. Depuis 1985, date de mise en place des comptages du trafic sur le réseau routier, le nombre de véhicules a été multiplié par quatre... Les quelque 150 kilomètres d’autoroutes luxembourgeoises – aussi axes de transit pour le transport routier international et les transhumances de vacanciers, bien connus des stations de Berchem entre autres – sont en situation de quasi-saturation depuis 2010. Et les choses ne devraient pas s’arranger puisque, selon les prévisions du ministère du Développement durable et des Infrastructures, le trafic de « véhicules motorisés » devrait croître de 15 % d’ici à 2020 sur l’ensemble du territoire. La hausse devrait même atteindre 25 % au sein de la capitale et de son agglomération, en lien avec la progression attendue de la population résidente et de l’emploi frontalier. De 563.000 habitants recensés au 1er janvier 2015, le Grand-Duché devrait atteindre plus de 600.000 résidents à l’horizon 2030. Une croissance qui aura forcément des conséquences dans un pays au territoire restreint. Pour apporter une réponse à cette équation à multiples inconnues, les solutions ne peuvent plus
se contenter de reproduire les schémas actuellement en place. Elles doivent être originales et combinées, quitte à remettre en cause les habitudes. Se rendre d’un point A à un point B pourra – et devra – à l’avenir faire l’objet d’une réflexion globale sur ses besoins journaliers. Mais pour que la théorie devienne réalité, il faut non seulement du temps, mais aussi de réelles alternatives aux modes de transport actuels. La stratégie mise au point au Luxembourg vise une augmentation des capacités de transports collectifs et une combinaison efficace, par des points d’interconnexion judicieusement placés. Il faudra de nouvelles places de parking en périphérie des centres d’activité, mais aussi aux frontières. Pas moins de 14.000 nouveaux emplacements verront ainsi le jour d’ici 2021 pour permettre de rejoindre les centres via les transports en commun. À Luxembourg-ville, la mise en service du tram – dont le premier tronçon doit être actif dès 2017 – sera l’épine dorsale de la nouvelle mobilité urbaine. La ligne reliera directement d’ici à 2020-2021 le Findel à la Cloche d’Or. Deux zones séparées de 16 kilomètres appelées à voir leur population croître considérablement d’ici 2030 : +120 % pour la première, +156 % pour la seconde (par rapport aux dernières données disponibles, de 2012). Les entreprises incluent désormais la mobilité dans leurs priorités. Parce que la logique est aussi, voire avant tout, économique. Parce que la qualité de la vie et la qualité de la Ville vont de pair. Parce que, à terme, plus personne ne voudra d’un pays où l’on ne bouge plus...
Texte : Alain Ducat et Jean-Michel Hennebert – Infographies : Maison Moderne Studio
― Novembre Décembre 2015 ― 021
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François Bausch
« La mobilité, c’est un facteur-clé de la compétitivité » ► Le ministre du Développement durable et des Infrastructures est convaincu et se veut convaincant : oui, le multimodal va démontrer que le système fonctionne. ► Les investissements routiers ne suffiront jamais à absorber le trafic, mais plutôt à laisser de la place aux transports en commun. ► Tram performant, trains améliorés, P+R en périphérie, interconnexion des pôles urbains et périphériques, tout ça fera gagner du temps. Interview : Alain Ducat et Jean-Michel Hennebert
M
onsieur Bausch, selon les prévisions démographiques, la population devrait atteindre quelque 600.000 résidents et 200.000 frontaliers d’ici 2030. Qu’est-ce que cela signifie en termes de planification pour les infrastructures ? « Si je regarde tous les projets qui existent partout, on arrivera assez vite audelà de 600.000 habitants. Ce qui nous met devant le problème de l’aménagement du territoire pour commencer. Les plans sectoriels n’avancent pas aussi vite que ce qu’il faudrait. Je suis tout de même confiant dans le fait qu’ils passeront d’ici à la fin 2017. L’approche choisie implique directement les communes. Une meilleure planification est nécessaire pour éviter de renouveler les erreurs du passé. On créait des emplois puis on réfléchissait à la manière de résoudre les problèmes de mobilité. Mais je suis quelqu’un de positif. Nous pou-
tion. Tous les modes sont combinables, mais ça doit aller très vite et s’appuyer sur la meilleure information possible en temps réel. Ça doit être efficace et convivial. À la fin, j’ai peut-être changé deux ou trois fois de mode de transport, mais ça ne me dérange pas car ça fonctionne. Je n’ai pas de stress et j’ai une garantie sur la durée de mon trajet par rapport à aujourd’hui, où il est très difficile de savoir combien de temps il me faudra pour rejoindre le travail en voiture. Voilà l’objectif auquel il faut arriver. Et pour cela, il faut changer l’approche. Parlons investissement. Pour le moment, l’enveloppe débloquée est de l’ordre de 2,4 milliards d’euros... « Oui, on en est à 1,3 milliard pour les transports en commun et, si je fais le compte de toutes les infrastructures
envie de venir à cause d’heures de trajet, ce serait dramatique ! Il y a un élément majeur à prendre en compte, c’est la capacité. La ville compte 108.000 habitants. En soi, un système de bus y suffit. Mais en journée, il y a 250.000 personnes et trop de voitures. C’est donc une grande agglomération avec un besoin interne énorme que le système de bus ne permet plus de gérer de manière qualitative. On pourrait dire la même chose pour les autres éléments du concept général, que ce soit les P+R, les infrastructures routières ou le train. Quand on crée des quais en gare de Luxembourg, c’est évidemment pour augmenter la capacité d’accueil. Il faut regarder tous ces éléments ensemble. Et l’on ne peut pas investir dans un seul de ces éléments mais dans tous pour que cela fonctionne.
Question de capacité
► Combien de personnes dans les moyens de transport ? Le collectif gagne, et le tram l’emporte haut la main.
2
70
vons contrôler cette situation si on prend les bonnes décisions, si on arrive à un meilleur mélange des modes de transport, à regarder l’ensemble des possibilités pour offrir la mobilité à la population. L’idée, c’est de proposer un mix. Mais cela veut dire une performance et une qualité des réseaux qui autorisent les changements. Dès que je sors du train, très vite, sans avoir besoin de regarder un horaire, je dois avoir un tram qui m’amène à ma destina-
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― Décembre 2015
routières, c’est encore un milliard d’euros. C’est un investissement substantiel évidemment, mais il est vraiment important qu’on le fasse. C’est non seulement une question d’amélioration de la qualité de vie, mais c’est aussi une question de compétitivité économique. Car la mobilité, dans notre société, est un facteurclé de compétitivité. Le Luxembourg, un pôle économique important où rien ne bougerait plus, où les forces de travail n’auraient plus
Un tel système ne peut cependant fonctionner que si les usagers ne réalisent que de petites distances. Cela lie donc la mobilité à la question du logement. « C’est juste, et c’est la raison pour laquelle j’ai indiqué que l’aménagement du territoire est très important. Le plan sectoriel logement est en cours, mais il existe aussi des projets communs avec le ministère du Logement pour contrer le déficit entre emplois et logements. Luxembourg-
Coverstory
ville connaît une croissance foudroyante de sa population ; c’est l’inverse de ce qui se passait il y a 10 ans où il y avait un déficit dans la capitale et un surplus dans la campagne. Désormais, nous avons le même phénomène au Luxembourg que dans le reste de l’Europe et dans le monde, à savoir que de plus en plus de gens redécouvrent la vie dans les grandes agglomérations. La vie est plus facile en général. Sous condition évidemment que la qualité y soit, que l’urbanisme soit bien pensé.
de mode de transport. Ce projet sera finalisé en 2017 et sera un avantage non seulement pour les gens du nord, mais aussi ceux du sud, car les trains vont être prolongés jusqu’à Dommeldange. Si vous venez de Thionville et que vous allez au Kirchberg, plus besoin de changer à la gare centrale. C’est un gain de temps énorme. Et si on augmente encore un peu la capacité, ce qu’on fera l’année prochaine avec la SNCF, nous allons dégager les routes car le train sera encore plus efficace.
Il y a un autre phénomène, c’est celui de Une des grosses difficultés, c’est que lorsque la voiture comme marqueur social. « Je suis l’investissement est réalisé, il correspond convaincu que les Luxembourgeois ne sont pas souvent à un besoin qui a déjà évolué entredifférents du reste du monde. Quand la qualité temps. « C’est pour cela qu’il faut réfléchir à long terme et bien programet l’offre des autres modes de mer. Quand la Ville de Luxemtransport seront bonnes, le mulbourg a voulu une gestion plus timodal fonctionnera, et chacun restrictive des stationnements, va l’adopter. Tout le monde va avec une place de parking pour se rendre compte qu’il aura à 125 m2 de surfaces de bureaux, y gagner. C’est la croissance moyenne C’est difficile de convaincre annuelle de la clientèle des CFL. de grosses entreprises ont la population par la pure théo- Pour François Bausch, c’est la changé de cap, certaines sont rie. Mais le vécu parle. Actuel- marque d’un changement de allées jusqu’à Munsbach pour lement, les gens ne veulent plus mentalité et de comportement avoir de la place. Sauf que Munvivre dans des villes à l’arrêt. Et qui résulte aussi des investisse- basch, comme d’autres, s’est c’est un mouvement global. À ments qui ont déjà été faits. retrouvée étouffée par les proShanghai, les autorités veulent blèmes de déplacement. Beauchanger radicalement les plans coup maintenant reviennent de mobilité, c’est colossal ce dans la cité, en misant sur le qu’ils veulent faire dans une mégapole de tram notamment. Voyez EY et KPMG qui se 25 millions d’habitants, avec création de trams, retrouvent au Kirchberg, ING qui revient de de métros, de boulevards cyclables. Howald pour s’installer à la gare centrale... On ressent que les jeunes mettent plus de valeur dans la mobilité que dans la voiture. La Il y aussi des raisons économiques, un phévoiture ne va pas disparaître, mais son rôle sera nomène connu des grandes villes. « Il y a bien très différent. évidemment des raisons d’organisation, mais c’est aussi une question de valeurs de terrain. Avec ce qui se prépare ici, sera-t-il réelle- Si vous devez construire ou installer de grandes ment plus rapide et efficace de se rendre à surfaces de parking, ça coûte très cher. Au lieu
6 à 8 %
Parmi les grands chantiers, celui du tram cristallise l’attention. Ce sera aussi l’occasion de réorganiser la circulation, voire la ville. « Pour le moment, nous travaillons sur la première partie, entre Luxexpo et Pont Rouge, mais nous avons des plans détaillés jusqu’à la place de l’Étoile. Cette partie de la ville va aussi bien se transformer ! Certains points seront plus délicats comme l’allée Scheffer ou le passage à côté du Théâtre, mais en général, le chantier du tram en tant que tel n’est pas si compliqué. Ce qui l’est, c’est le déplacement des réseaux. Mais, vu leur vétusté, il aurait fallu de toute façon en renouveler une bonne partie. Le piéton aura également sa place ? Pour le commerce notamment ? « Oui ! Prenez le Centre Hamilius, ça va dynamiser la ville. Tous les commerces vont en profiter. Ce sera un repère dans la cité, qui sera vivant toute la semaine, week-ends et soirées compris ! On va vivre le même phénomène que dans toutes les villes où il y a un tram moderne, c’est-àdire une amélioration de l’urbanisme et de la qualité de la vie. Ce n’est pas dans une ville étouffée par les voitures que les piétons ont envie de flâner et de consommer. Regardez ce qu’Alain Juppé a fait de Bordeaux : la ville a totalement changé de physionomie et c’est l’une des plus dynamiques de France. Il a fallu du courage politique pour décider tout cela, mais aujourd’hui plus personne n’aurait l’idée de revenir sur ce qui a été fait. Revenons à la stratégie d’interconnexion multimodale. Comment cela va-t-il s’organiser concrètement ? « Neuf points d’échange permettront de basculer entre la voiture, le bus, le vélo et / ou le tram. Ces pôles sont bien évidemment placés à des endroits stratégiques
300 son travail – que l’on soit résident ou frontalier – dans quelques années ? « Oui, absolument. Regardez : on a ouvert maintenant la route du Nord ; en venant d’Ettelbruck, on gagne 20 minutes. Formidable, mais ça ne résout pas le problème central : il y a trop de voitures, surtout aux heures de pointe où le trajet sera plus long. Demain, avec l’arrêt ferroviaire Pont Rouge, le train sera imbattable à toute heure. C’est vraiment un saut qualitatif : certains vont changer
de valoriser votre terrain, vous y immobilisez des voitures pendant des heures. C’est un gâchis économique terrible. Quand on regarde au niveau mondial quelles sont les villes qui sont à la pointe de la qualité de vie d’un côté et de la compétitivité de l’autre, on a Vancouver, Montréal, Copenhague ou Vienne. Ces villes ont changé complètement l’urbanisme et ont introduit des systèmes de mobilité dont nous, nous parlons encore.
du tracé du tram pour permettre d’entrer ou de ressortir de la ville. Autre point important, c’est de faire une liaison efficace entre les différents quartiers qui se développent fortement, comme le Kircherg et le Ban de Gasperich, et le centre. Par ailleurs, il doit être très facile d’échanger entre Luxembourg et Esch-Belval par exemple sans prendre la voiture. Si on regarde le Luxembourg, le centre et le sud
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Coverstory
L’afflux quotidien vers Luxembourg-ville
► D’ici à 2020, le nombre de personnes se rendant dans la capitale doit croître de manière spectaculaire. Et ce quel que soit le corridor d’accès utilisé ou les moyens de transport empruntés, principalement la voiture (VP) et les transports en commun (TC). 2012 : 27.000 (19.500 VP / 7.500 TC) PRÉVISIONS 2020 : 34.000
VP : PERSONNE AYANT FAIT SON TRAJET AVEC UNE VOITURE PARTICULIÈRE TC : PERSONNE AYANT FAIT SON TRAJET AVEC LES TRANSPORTS EN COMMUN
+26%
BELGIQUE
2012 : 37.000 (30.000 VP / 7.000 TC) PRÉVISIONS 2020 : 47.000
+27% 2012 : 63.000 (50.000 VP / 13.000 TC) PRÉVISIONS 2020 : 72.000
+14%
ALLEMAGNE
+21% FRANCE
2012 : 33.000 (26.500 VP / 6.500 TC) PRÉVISIONS 2020 : 40.000
+10% 2012 : 80.000 (60.000 VP / 20.000 TC) PRÉVISIONS 2020 : 88.000
de l’A3, c’est surtout pour le terminal multimodal à Bettembourg. Pour moi, le doublement de cette autoroute n’apporte rien aux frontaliers en termes de gain de temps de parcours, car le goulot d’étranglement est toujours là et il n’est pas possible de l’éliminer. Mais ces travaux sont importants pour avoir un transbordement des camions sur les rails et parce qu’il y a beaucoup de zones d’actiL’objectif d’atteindre 25 % des déplace- vité sur ce tronçon qui vont être agrandies. La ments quotidiens via la mobilité douce est- nouvelle N3, un projet très important, est faite il réaliste, alors que la plupart des déplace- d’abord pour désengorger le centre d’Hesperange. Sur cette nouvelle N3, ments se font encore en voiil y aura le tram, mais sur la ture ? « Oui ! Et pour y arriver route de Thionville, la chausau niveau national, il faut même sée sera rétrécie pour y mettre un modal split de 60/40 dans les des pistes cyclables, etc. agglomérations mêmes. À EschLes futurs boulevards de Belval par exemple, cette répar- C’est le nombre de places Merl et de Cessange seront tition était prévue dès la concep- du futur P+R, à la place faits pour laisser en dehors de tion. Pour la Cloche d’Or, idem. de la fourrière de la police, la ville les voitures qui doivent Quand tout sera construit, les près de la future gare rejoindre les deux extrémités de P+R, le tram, etc., je suis sûr que périphérique d’Howald. la ville et pour les usagers qui nous y serons. Mais encore une doivent se rendre à l’intérieur, fois, tout ce qui est prévu doit ce sont les transports en comêtre mise en place, sinon ça ne fonctionne pas. mun qui doivent être utilisés. sont comme une grande agglomération. Vu le développement urbain, une commune comme Leudelange est déjà presque rattachée à la capitale. C’est prévu dans les plans sectoriels, au-delà de 2030, de poursuivre la ligne de tram jusque-là. Même chose vers Bertrange, car il y a une grande demande. Je suis certain que ça va se développer.
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Mais le développement du réseau routier n’est pas pour autant oublié. « Ce qu’on augmente pour la route, on le fait pour avoir plus de place pour les transports en commun. C’est ça la grande différence. L’élargissement
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Selon les prévisions de vos services, la croissance du trafic sur les autoroutes du pays doit atteindre 15 % d’ici à 2020. Ce surplus pourra-t-il être absorbé ? « Sans changer de mode de transport, on ne réussira
jamais à désengorger les axes autoroutiers, qui servent aussi au transit européen. Sur les 10.000 emplois que nous créons chaque année, 8.000 viennent des régions frontalières. Si tous se déplacent en voiture, ça ne peut pas fonctionner. C’est pour ça que trois grands P+R seront mis aux frontières. Nous avons tout intérêt à les placer pour que le changement de mode de transport se fasse très tôt. Nous voulons aussi en créer de l’autre côté des frontières, mais cela avance doucement. Deux grands pôles d’échange seront aussi situés juste hors de la ville : le premier près de l’aéroport, le second à la Cloche d’Or. Quelle est votre vision du Luxembourg à l’horizon 2030 ? « Je pense que le Luxembourg aura beaucoup changé et de manière positive. Surtout avec un urbanisme et un aménagement du territoire bien meilleurs qu’aujourd’hui. Tous les projets, même privés, mettent l’accent sur cet aspect. Si on arrive à réaliser tout ça au cours des sept ou huit prochaines années, cela va transformer pour de bon tout le tissu. Le Grand-Duché sera plus attractif. Les gens ont peur du changement et ne voient pas les chances qui se cachent derrière ces nouvelles idées. Mais une fois qu’ils ont une image de ce à quoi ça peut ressembler, via notamment des exemples à l’étranger, la perception est plus aisée. Et cela fonctionne. » ◄
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KIRCHBERG
1
2012 : 34.000 PRÉVISIONS 2030 : 55.000
+62%
LUXEXPO
BUS P+R
VILLE HAUTE
2
TRAM
2012 : 35.000 PRÉVISIONS 2030 : 35.000
+0%
HÉIENHAFF BUS P+R
FINDEL
2
2012 : 10.500 PRÉVISIONS 2030 : 23.000
1
GARE
PONT ROUGE
2012 : 25.000 PRÉVISIONS 2030 : 31.000
ÉTOILE
+24%
+120%
3
BUS P+R
HAMILIUS
3
BUS TRAIN
BUS P+R
4
HOLLERICH
GARE CENTRALE
2012 : 9.000 PRÉVISIONS 2030 : 16.000
BUS TRAIN
P+R 4
+78%
GASPERICH HOWALD
LYCÉE BONNEVOIE
BUS P+R
2012 : 20.000 PRÉVISIONS 2030 : 34.000
+70%
5
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HOWALD 5
CLOCHE D’OR
BERTRANGE
2012 : 9.300 PRÉVISIONS 2030 : 13.500
+45%
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― Décembre 2015
BUS P+R
LEUDELANGE
2012 : 4.600 PRÉVISIONS 2030 : 11.800
+156%
BUS TRAIN
P+R
9 pôles d’échange ► À l’horizon 2020/2021, neuf pôles d’échange multimodaux seront situés le long de la ligne de tram. Ces derniers seront situés au Héienhaff (bus et P+R), à Luxexpo (bus et P+R), au Kirchberg-Pfaffenthal (train et bus), à la place de l’Étoile (bus et P+R), à Hamilius (bus et P+R), à la gare centrale (bus, train, P+R), au Lycée Bonnevoie (bus et P+R), à Howald (train, bus et P+R) et à la Cloche d’Or (bus et P+R). Il s’appuient sur les nouvelles infrastructures et desservent les quartiers en développement.
6
1
Réhabilitation du Pont Grande-Duchesse Charlotte
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Nouvelle Gare Pont Rouge
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Royal Hamilius
En ville
Des modes complémentaires ► Sam Tanson (Déi Gréng), première échevine de la capitale, a repris la suite de François Bausch, parti au MDDI, en matière de mobilité. La vision globale de la jeune femme s’intègre dans les pas de son prédécesseur, mais diffère quelque peu dans l’approche. Texte : Jean-Michel Hennebert
4 Réhabilitation du Pont Adolphe
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6
Ban de Gasperich
Stade national
I
nstallée depuis près de deux ans dans le fauteuil de première échevine, Sam Tanson s’affaire à gérer, aux côtés du budget, la question de la mobilité. Un thème central dans une ville, capitale européenne de surcroît, qui possède 108.000 habitants la nuit, mais où se croisent pas moins de 250.000 personnes le jour. Fidèle au projet politique entamé par son prédécesseur, l’actuel ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, la jeune femme entend poursuivre « l’action entamée en faveur de la mobilité douce ». Comprenez le développement des infrastructures liées au vélo et à la réorganisation du réseau de transport en commun, centré autour du tram. Et la tâche est vaste, tant les chantiers à mener pour parvenir aux objectifs de partage de la rue sont nombreux. Surtout dans une ville dont une partie est classée au patrimoine de l’Unesco, et donc protégée. Ce qui signifie que tous les aménagements nécessaires à la cohabitation entre tous les usagers ne sont pas réalisables. « On ne dispose actuellement pas de chiffres de base pour savoir quel pourcentage des trajets quotidiens effectués sont effectués à pied ou en vélo, mais nous sommes tellement bas que ça ne valait pas le coup de compter », estime la première échevine. Souhaitant marcher dans les pas de François Bausch à la Ville, Sam Tanson milite pour « la mise en place d’alternatives à la voiture », tout en reconnaissant « qu’il est trop facile de dire aux gens de le faire sans leur proposer d’autres solutions ». Un vaste plan comparé à « un puzzle avec différentes pièces qui sont mises en place depuis des années » qui doit aboutir, au final, à une nouvelle organisation de la
mobilité dans la capitale et sa périphérie. Dans cette organisation, la voiture ne sera plus l’élément central des déplacements, mais un complément à d’autres modes de transport.
« Le tram n’est pas une solution idéologique » Au cœur du futur dispositif : le tram. Discuté depuis plusieurs décennies, le projet a finalement été validé à la Chambre en juin 2014 et entre désormais dans une phase de réalisation avec le début officiel des travaux entre Luxexpo et le Pont Rouge. « Le tram n’est pas une solution idéologique, c’est une solution aux problèmes de transport que nous enregistrons dans la capitale », juge la première échevine qui désigne
LUXEXPO
2017 PONT ROUGE
2020-2021
― Décembre 2015 ― 027
Coverstory
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Au fil des projets
Dans les programmes officiels ou dans le fil d’idées associatives ou personnelles, on a vu d’autres projets évoqués. Sans comparer ni les auteurs ni l’état d’avancement atteint, il a été question d’un ascenseur horizontal entre le parking du Glacis et le centre européen du Kirchberg, d’un métro automatique entre le parking Bouillon et le plateau du Kirchberg, d’un tramway monorail, du Seelbunn, un téléphérique reliant le centre gare au Kirchberg, d’un métro partiellement souterrain. Hors de la ville, il a surtout été question d’alternatives ferroviaires, comme le train suspendu fantasmé sur la Lorraine ou le Pendolino, train pendulaire express souhaité pour relier Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg.
PHOTO : LUXTRAM
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L’allée Scheffer n’est pas le plus aisé des tronçons du tram à réaliser en ville. Mais, autour du Glacis, cela ressemblera à ceci, aux alentours de 2020.
les embouteillages quotidiens le long des différents axes menant à la capitale. « On ne va pas seulement amener le tram. Cela va amener une réorganisation des voies sur tout son tracé, ce qui est nécessaire. La circulation deviendra différente », puisque permettant de relier les différents pôles de la ville avec un seul et même mode de transport. Prévue pour circuler à partir de 2020/2021 entre le Findel et la Cloche d’Or avec des rames toutes les trois minutes aux heures de pointe, la future épine dorsale des transports en commun de Luxembourg-ville doit faciliter une nouvelle approche du déplacement urbain. À l’avenir, fini le passage obligé par la gare pour se rendre au Kirchberg ou pour rejoindre les différents quartiers de la capitale. Place aux neuf pôles d’échange situés le long du tracé du tram et destinés à permettre aux usagers de retrouver leur voiture garée sur un P+R, de prendre le bus ou le vélo pour relier les différents quartiers ou de prendre leur correspondance de train. « Notre but est d’amener les usagers à ne plus se mettre automatiquement derrière leur volant, ce qui va encore améliorer la qualité de vie en raison de la démultiplication de l’offre de transport », assure Sam Tanson. À la seule condition qu’« il n’y ait pas plus de trois changements pour éviter les blocages psychologiques » qui seraient contre-productifs. C’est la raison pour laquelle la ville se verra dotée, d’ici à 2020, d’un nombre bien plus important de places sur les P+R, de nouvelles
028 ―
― Décembre 2015
gares périphériques et d’une offre de train renforcée, tant en nombre de rames que de cadence horaire.
Urbanisme et logement en corollaire Tout ça aura un impact sur l’urbanisme de la capitale. Outre les modifications liées au passage même des voies du tram, une réflexion est en cours pour adapter et déplacer le mobilier urbain afin de « prendre en compte le point de vue du piéton qui est souvent oublié dans l’organisation des villes, alors que tout le monde est piéton au moins une fois par jour ». Mais pour que le concept global voulu par les autorités municipales fonctionne, d’autres éléments non directement liés à la mobilité doivent être pris en compte. C’est particulièrement le cas de la question du logement, présentée régulièrement comme « une priorité » par les responsables de Luxembourg-ville. « Le plus important, c’est de faire que les gens habitent près de leur lieu de travail. On peut faire toutes les politiques de mobilité qu’on veut, si les gens doivent parcourir 40 à 50 km par jour, ça risque de ne pas fonctionner », estime l’élue Déi Gréng qui milite pour la mise à disposition « d’une offre abordable pour le logement ». Autrement dit, la mise à disposition de nouveaux logements sur le territoire de la capitale. Que ce soit via des projets privés ou publics, comme ceux envisagés par le Fonds Kirchberg. ◄
Logements prioritaires
Pour François Bausch, la création de logements est prioritaire au Kirchberg. Le boulevard Kennedy en particulier possède un sérieux déficit. Les autorités ont donc voulu accélérer les choses. « Du sud au nord du plateau, du côté du ministère, il n’y aura presque que des logements, souligne le ministre. Ce à quoi s’ajoute une série de projets privés. Il faut que les gens qui travaillent au Kirchberg puissent avoir des logements au Kirchberg. Et il y a des projets partout ! » ►
Harmoniser les tarifs
Encourager les frontaliers à utiliser les transports en commun luxembourgeois passe par une harmonisation des tarifs avec les pays voisins. Pas simple. « Le futur P+R de Rodange sera aussi vite rempli que nous allons créer des emplois, car les frontaliers peuvent acheter côté luxembourgeois l’abonnement qui est à la moitié du prix vendu de l’autre côté de la frontière », déplore le ministre Bausch, qui ne désespère pas d’obtenir un tarif intéressant pour l’ensemble de la région transfrontalière. Mais c’est un long débat, mieux engagé des côtés allemand et français que du côté belge, où la volonté d’aboutir semble manquer du plus élémentaire réflexe coopératif. ►
800 bornes
L’État a annoncé le développement d’un réseau de 800 bornes électriques qui doit voir le jour d’ici à 2020. Mais on attend toujours l’avis du Conseil d’État. L’idée est que tous les pôles d’échange soient équipés de bornes de recharge, puis petit à petit les P+R, puis enfin l’espace public. Une fois l’avis du Conseil d’État reçu, le MDDI et le ministère de l’Économie (pour le volet énergie) mettront en place l’infrastructure où il sera possible d’utiliser une multicarte, fonctionnant pour tous les systèmes par abonnement.
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Tram story ►
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1964
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Jusque là, les trams ont parcouru la ville de Luxembourg. Puis les autobus ont pris la relève. ►
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1991
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1995
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1995–1999
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2009 2010
La crise est passée par là. Dans son discours sur l’état de la Nation, Jean-Claude Juncker annonce que le tram ne sera pas construit avant 2014. ►
2002
2012
Une réunion publique annonce la mise en service du tram pour septembre 2017. À la tribune : François Bausch, échevin de Luxembourg, Xavier Bettel, bourgmestre et le ministre Claude Wiseler.
Nouveau ministre des Transports, Henri Grethen présente « mobilitéit.lu », qui reprend certaines idées du BTB, et plaide pour un Esch-Luxembourg. ►
2007
Claude Wiseler est ministre du Développement durable et des Infrastructures. Le programme de l’équipe Juncker confirme le tram.
Multiples présentations et études. Dès 1998, les polémiques sapent l’idée. En mars 1999, Mady Delvaux annonce qu’elle ne pourra pas déposer son projet de loi à la Chambre. ►
Il est quasiment sûr qu’il y aura entre 10.000 et 15.000 nouveaux emplois dans les cinq à 10 prochaines années au Kirchberg. Il faudra qu’ils logent sur place ou qu’ils puissent circuler !
Création de LuxTram.
Le gouvernement décide de lancer un projet multimodal de train-tram-bus « BTB » (Bus-Tram-Bunn). ►
2006
MM. Lux et Helminger présentent les résultats du groupe de travail sur l’extension du réseau en ville. Le tram léger constitue le meilleur choix. Coût estimé : 581 millions d’euros.
Constitution de Tram asbl, association pour la propagation d’un tramway moderne à Luxembourg.
2005
►
Lucien Lux (ministre des Transports) et Paul Helminger (bourgmestre de Luxembourg) veulent mettre fin aux querelles qui avaient fait dérailler le BTB. Le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, fait une déclaration en faveur du tram. Le résultat des communales donne une majorité DP-Verts pour la Ville.
10 à 15.000
2014
Le 4 juin, la Chambre des députés donne son feu vert au financement du tram (⅔ État, ⅓ Ville de Luxembourg). 56 élus sur 60 disent « oui » à la construction de la première partie de la ligne, de la gare centrale à Luxexpo. Budget voté : 230.520.000 euros. Simultanément, on décide une nouvelle gare au Pont Rouge et un funiculaire pour accéder au Kirchberg. Pour 96.297.629 euros.
Temps de trajet des frontaliers
Combien met un frontalier pour rallier par exemple Luxexpo ? En 2015, selon Mobiliteit.lu, depuis Metz, l’utilisateur du train mettra 1 h 12 (44’ de train, 18’ de bus et 5’ à pied). Selon Google Maps, c’est 1 h en voiture... mais pas à toutes les heures. Un navetteur venu d’Arlon mettra 52’ (20’ de train, attente de 9’ et 23’ de bus). En théorie, cela ferait 40’ en voiture. Mais le trafic le permet rarement. Depuis Trèves, un frontalier allemand mettrait 1 h 09 (34’ de train, 2’ à pied, 13’ de bus et 5’ à pied). Pour 45’ en voiture, selon le calcul à vol d’oiseau de Google.
►
+15 %
C’est la hausse du trafic sur les autoroutes attendue jusqu’en 2020 selon les prévisions du ministère du Développement durable.
►
+25 %
C’est la hausse prévue du trafic motorisé d’ici 2020 sur l’ensemble du réseau de la ville de Luxembourg.
Les prochains arrêts du tram
► Rappel des grandes étapes contemporaines du dossier « tram léger pour Luxembourg-ville », depuis le vote à la Chambre jusqu’à la mise en service complète de la ligne.
Vote du projet de loi
par la Chambre des députés
Appel d’offres
pour les sections Cloche d’Or et Findel
pour le marché du matériel roulant par le conseil communal de la Ville de Luxembourg
Approbation
2015
2014
Préparation du terrain
du centre de remisage et de maintenance
Réception 1ère rame
Projet de loi
Début des travaux
du centre de remisage et de maintenance
Début des travaux de la ligne Kirchberg
2016
Mise en service de la ligne Pont Rouge Luxexpo
2017
Mise en service de la ligne de tram complète
2018
Finalisation gros œuvre centre de remisage et maintenance
Fin des travaux
de la ligne Kirchberg
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― Décembre 2015
2019
2020-21
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500 125
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TRAIN
125 500
COLMAR-BERG WASSERBILLIG /GARE
TRAIN TRAIN
WASSERBILLIG /GARE
TRAIN
► Deux gros pôles de parking en BUS BUS 0 périphérie. Et 213 une série d’espaces ETTELBRUCK WINDHOF 500 TRAIN 486 TRAIN créés ou agrandis, à proximité des points d’interconnexion, avec BUS 213 ETTELBRUCK 486 TRAINet/ou le train. le bus
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77
750 385
77 385
HÖHENHOF
2.500 PLACES À RÉALISER POUR 2020
+1.500 HÖHENHOF places +1.500 places
2.500 PLACES À RÉALISER POUR 2020
À RÉALISER POUR 2025
CLOCHE D'OR HÖHENHOF
HÖHENHOF
BUS BUS
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TRAIN TRAIN
TRAIN
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2500/ 4000
LES 1.632 PLACES (CAPACITÉ FINALE) NE SERONT MISES EN SERVICE QU'APRÈS LES 1.632 PLACES (CAPACITÉ FINALE) NE SERONT MISES EN SERVICE QU'APRÈS
CEINTURE RÉGIONALE
RODANGE
2020 2020
À RÉALISER POUR 2025
Entreprises
Solutions alternatives
► Les entreprises, surtout quand elles prennent de la place et occupent beaucoup de monde, sont des facteurs d’aménagement du territoire et des acteurs de la mobilité.
JUNGLINSTERBUS CONTOURNEMENT
2016
BUS
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BUS
MAMER
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QUATRE-VENTS
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WINDHOF
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Texte : Alain Ducat
L
― Décembre 2015
2017/ 2020
BUS
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RODANGE
WASSERBILLIG /GARE
TRAIN
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2017
KIRCHBERG/ LUXEXPO
2019
ETTELBRUCK
2021
PÉRIPHÉRIE URBAINE
CLOCHE D'OR
2020/ 2025
encourageons à utiliser les transports en commun via des M-Pass disponibles pour tous. Il y a eu une hausse d’utilisation de 512 % par rapport à 2013. Nous avons aussi réduit les émissions CO2 de notre flotte de voitures de société de 24 % ces sept dernières années », indique Karl Chisman, director facilities chez KPMG, qui a également développé la certification énergétique du bâtiment. En 2019, Deloitte Luxembourg déménagera vers son nouveau siège au Ban de Gasperich. La firme comptera probablement plus de 2.000 collaborateurs à ce moment. « Les thématiques autour de la mobilité et de l’accès à nos bureaux, déjà très présentes dans nos réflexions, le seront d’autant plus à l’avenir. Nous incitons par exemple chacune et chacun à utiliser les transports en commun, le covoiturage et la mobilité douce », explique Sophie Mitchell, partner, audit leader et responsable du projet de déménagement de la firme. Actuellement, les collaborateurs peuvent bénéficier du M-Pass avec une participation de l’employeur qui donne des avantages significatifs sur les tarifs des transports en commun. Deloitte soutient ceux qui optent pour le covoiturage. « Nous sommes en discussions avec le ministère du Développement durable et des Infrastructures et la Ville de Luxembourg pour envisager des solutions concernant la mobilité au Ban de Gasperich, afin de trouver les meilleures alternatives. Il faut impérativement que les engagements des collectivités soient mis en œuvre pour développer des liaisons efficaces avec les réseaux ferroviaires, du futur tram et les lignes d’autobus. Toutes ces infrastructures ne peuvent émerger instantanément, il faut donc un plan réaliste de mise à disposition de places de parking en nombre suffisant jusqu’à la mise à disposition des infrastructures de transports publics tant attendues. » ◄
2017
AUX FRONTIÈRES
es transports, pendulaires ou professionnels, représentent plus de 70 % de l’empreinte carbone de PwC Luxembourg. Face à ce constat, la firme, engagée dans la réduction de ses impacts environnementaux, a développé un programme de mobilité durable en 2012. My Commuting@PwC propose aux collaborateurs un panel de solutions de mobilité leur laissant le choix de la flexibilité. À la voiture de société s’ajoutent d’autres facilitations de modes de transport : la Jobkaart (bus) est offerte, le M-Pass (pour les usagers du rail français ou belge) est financé à 50 % par l’entreprise, qui encourage aussi le covoiturage et le car-sharing. L’auto-partage connaît un véritable succès auprès des employés (8.000 utilisations depuis 2013). Une flotte de 11 véhicules électriques ou à faible émission de CO2 est disponible pour leurs déplacements professionnels en journée ou privés en soirée ou le week-end. Le car-sharing est complémentaire pour ceux qui utilisent le bus, le train ou le covoiturage pour se rendre au bureau depuis leur domicile. KPMG s’est dotée d’une véritable politique de mobilité depuis plusieurs années, et d’autant plus depuis son emménagement au Kirchberg, où la firme mise sur le tram à venir. Louis Thomas (associé, responsable du secteur Automotive) explique : « En un an, nous avons réduit nos places de parking de 58 %. Nous étions limités dans le nombre prévu pour notre bâtiment. Mais nous voulons aussi penser à la mobilité de nos employés, dont une grande partie vient des trois pays limitrophes. » Il faut aussi compter les déplacements professionnels. KPMG a donc voulu offrir des solutions alternatives. Trois voitures électriques sont à disposition. Et six bornes de recharge sur le site. « Nous avons développé tout un plan mobilité dans lequel nous
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BUS
MERSCH
2017
FRISANGE COLMAR-BERG
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SCHWEBACHPONT MAMER
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FRISANGE
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Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite les sujets clés sélectionnés par la rédaction. La jeune Université du Luxembourg commence à se faire un nom au sein de la communauté académique internationale, comme en témoigne le dernier classement du Times Higher Education (THE), qui la place parmi les 200 meilleures universités au monde. L’Uni a obtenu une très belle 193e place au classement 2015-2016. Le gouvernement luxembourgeois a notifié à la Commission européenne l’interdiction au Grand-Duché de Luxembourg de la culture des organismes génétiquement modifiés MON810, 1507, BT11 et GA21. Une décision prise dans le contexte de la nouvelle directive datant de mars 2015 qui introduit la possibilité pour les États membres de restreindre ou d’interdire la culture d’organismes génétiquement modifiés sur leur territoire. Pour répondre à des besoins en eau potable sans cesse croissants, une nouvelle station de traitement et d’approvisionnement va être construite à Eschdorf, à côté du lac de la Haute-Sûre. Le coût du projet est estimé à 166 millions d’euros, dont 50 % seront financés par l’État. La nouvelle station offrira une capacité de 110.000 mètres cubes d’eau supplémentaires.
034 ―
Au Grand-Duché, un accident du travail mortel sur deux est lié à des accidents de circulation. Et ceux-ci représentent également 20 % du total des accidents du travail recensés dans le pays. Un taux qui a encore atteint 5,37 travailleurs à temps plein sur C’est le pourcentage des accidents 100 au cours de l’année 2014. du travail dus à la circulation. Pour tenter de faire baisser ces chiffres, l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et son Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) ont conclu, le 1er octobre, un accord de partenariat avec le gouvernement en matière de prévention des accidents de la route liés au travail.
20 %
Quelque 50.000 touristes luxembourgeois décident, chaque année, de passer une partie de leurs vacances le long du littoral belge. Selon les données de l’office du tourisme belge, ils dépensent « un peu plus de 140 euros par personne et par nuit ». Soit l’équivalent de quelque 30 millions d’euros annuels. Au total, les ressortissants du Grand-Duché génèrent chaque année quelque 330.000 nuitées, ce qui les place aux côtés des Néerlandais, des Allemands et des Français au palmarès des touristes les mieux représentés sur la côte belge.
― Décembre 2015
Le juge luxembourgeois et ancien ministre CSV, François Biltgen, a été renouvelé sans surprise pour un mandat de six ans à la Cour de justice de l’Union européenne. Il sera donc en place jusqu’en octobre 2021. Il aura alors 63 ans. François Biltgen avait repris le poste de juge en cours de route, en octobre 2013, prenant ainsi le relais des mains de Jean-Jacques Kasel, ancien diplomate et exmaréchal de la Cour grand-ducale. Après l’arrêt complet du trafic aérien, le samedi 3 octobre, suite à la découverte d’un trou sur la piste du Findel, les autorités luxembourgeoises ont pris les devants et annoncé la rénovation totale du tarmac de l’aéroport de Luxembourg. En raison de l’ampleur des travaux, un projet de loi sera nécessaire à leur réalisation et surtout leur financement. L’enveloppe financière à débloquer devrait être comprise entre 50 et 80 millions d’euros. Il s’agira de la première rénovation complète de la piste. En plus, les Ponts et Chaussées devront aussi changer les équipements électriques et électroniques et refaire l’ensemble du système d’écoulement des eaux. Le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est rendu en visite officielle en Russie au début du mois d’octobre. Il y a rencontré son homologue, Dmitri Medvedev, ainsi que le président russe Vladimir Poutine. En tant que représentant de la présidence du Conseil de l’Union européenne, Xavier Bettel a dû aborder la situation des conflits en Ukraine et en
Russie. Le 21 octobre, il a encore effectué un déplacement officiel à Kiev, la capitale de l’Ukraine. Le jeune juriste et activiste autrichien Max Schrems, en guerre contre Facebook et son utilisation des données personnelles de ses adhérents, a finalement obtenu gain de cause en date du 6 octobre. Le jugement rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) donne en effet raison au juriste en déclarant « invalide » le cadre juridique qui couvre le transfert de données personnelles de l’Union européenne vers les États-Unis. Selon ce jugement, les États-Unis ne sont plus un pays sûr en matière de données personnelles. L’invalidation de l’accord dit « Safe Harbor » a été saluée par la Commission nationale pour la protection des données. Dans une note sur la gestion du risque attaché à la sécurité numérique, l’OCDE a confirmé la stratégie Cybersécurité II du gouvernement luxembourgeois. L’organisation confirme la stratégie de longue date du ministère de l’Économie luxembourgeois, qui considère que la culture d’une sécurité informatique efficace se base sur la combinaison d’aspects à la fois comportementaux, organisationnels et techniques. Depuis 15 ans, la sensibilisation de l’utilisateur, la mise à disposition
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Économie & Politique Brèves
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d’outils organisationnels et l’assistance à la gestion d’incidents sont des priorités pour le ministère de l’Économie. L’organisation non gouvernementale Fairtrade International – qui milite pour un commerce
repositionnement, ces derniers temps, de certains acteurs du commerce électronique établis au Luxembourg, qui ont cessé leurs activités dans le pays où dont les ventes ne sont plus comptabilisées au Grand-Duché.
Fairtrade International et son président Jean-Louis Zeien rappellent les enjeux du commerce équitable au gouvernement luxembourgeois.
équitable – a salué l’adoption par les Nations unies des 17 Objectifs pour le développement durable (ODD). Mais elle s’est aussi adressée au gouvernement luxembourgeois pour qu’il agisse en faisant preuve de cohérence dans la mise en œuvre de ces objectifs. Son président, Jean-Louis Zeien, estime notamment que « les intérêts des petits producteurs et travailleurs doivent enfin être respectés au plus haut niveau par la politique et le commerce ». L’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (Olai) a mis en place la « Hotline bénévolat » pour faire ses propositions d’aide ou de dons matériels face à l’afflux de réfugiés. Cette hotline est issue d’une collaboration avec les partenaires de l’Olai, à savoir la Croix-Rouge luxembourgeoise, Caritas et l’Asti. Les chiffres d’Eurostat font état d’un recul de 12 % en un an du volume des ventes du commerce de détail au Luxembourg. Pour la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), ils ne sont pas conformes à la réalité. Ce résultat s’expliquerait par le
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Luxembourg-Ville dispose enfin d’un système de carsharing (partage de véhicules). Baptisé Carloh, il propose, dans un premier temps, une flotte de 10 voitures, réparties entre cinq stations. Carloh est un partenariat entre la Ville de Luxembourg – actionnaire à hauteur de 97 % de Carsharing Luxembourg SA, société en charge de la gestion du système –, l’Automobile Club Luxembourg et Cambio, société belge active dans le royaume, mais aussi en Allemagne et en Irlande. L’Université du Luxembourg a dressé un constat particulièrement critique de la réforme de 2008 de la formation professionnelle. Elle a souligné sa précipitation, l’impréparation de ses acteurs et surtout du ministère de l’Éducation nationale, son laisser-faire, ses revirements continuels, l’implication largement insuffisante du terrain, pointant essentiellement du doigt les lycées. Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a promis d’en tenir compte à travers une nouvelle réforme, en cours, qui pourrait entrer en vigueur dès la rentrée 2016.
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L’European Digital City Index classe le Grand-Duché 18e sur 35 en ce qui concerne l’attractivité pour les start-up en Europe. Le classement 2015 est dominé par Londres, Amsterdam et Stockholm.
L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a présenté son annuaire de la compétitivité du Luxembourg. Si le pays se distingue de ses voisins par une meilleure croissance, il reste exposé aux tumultes de l’économie globale et doit emprunter la voie de réformes nécessaires, a indiqué son administrateur délégué, Jean-Jacques Rommes. Il se montre notamment inquiet vis-àvis d’une productivité qui stagne sinon régresse depuis 2008 alors que les coûts salariaux tendent à augmenter. La Cour grand-ducale a finalisé son chantier de réorganisation qui passe par la mise en place d’un chef de cabinet du Grand-Duc, fonction qui sera assumée par Michel Heintz. Il sera en contact direct et quasi quotidien avec le Grand-Duc. Rien ne change au niveau de l’équilibre institutionnel. Aucun changement ne se profile non plus dans les relations
une transaction immobilière relative à un appartement, une distinction sera faite entre la valeur de l’appartement lui-même et celle de ses éventuelles annexes que peuvent être une cave ou un garage. Le but poursuivi est d’obtenir des prix plus affinés. Une aide au loyer sera introduite à partir du 1er janvier 2016 pour les ménages les plus modestes. Ils devraient être 19.000 ménages pourront à pouvoir en bénéfibénéficier d’une cier pour un montant aide au loyer annuel estimé à 29 milen 2016. lions d’euros. Cette subvention a été prévue pour venir en aide aux ménages les plus modestes, confrontés à des prix de location qui, en 10 ans, ont progressé de près de 43 % pour les appartements et de 29 % pour les maisons.
19.000
Le ministre de la Justice a présenté son avant-projet de loi sur l’accès à la nationalité.
entre le gouvernement et le Grand-Duc Henri. Il s’agit surtout pour la monarchie d’être plus proche de la société et de son temps. Dans le but d’une transparence améliorée du marché de l’immobilier, l’Observatoire de l’habitat a présenté une nouvelle méthodologie développée en partenariat avec le Liser. Elle vise à déterminer au plus juste le prix de vente d’un appartement. À l’avenir, dans
Le ministre de la Justice, Félix Braz, a présenté son avant-projet de loi réformant l’accès à la nationalité luxembourgeoise. Les exigences sont revues à la baisse : la condition de résidence passe de sept à cinq ans et le niveau de connaissance passive de la langue luxembourgeoise serait abaissé de B1 à A2. Par contre, les candidats devront suivre un cours de « vivre ensemble » de 24 heures.
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Économie & Politique Brèves
84 % Le directeur de la planification des politiques au département d’État américain et proche de John Kerry, David McKean, devient l’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg. Le poste était resté vacant depuis le départ en février dernier de Robert Mandell.
les a soumises au gouvernement à l’occasion de la Journée de la philanthropie le 17 octobre. Un cahier de réflexion, L’opportunité de la philanthropie, a été remis au Premier ministre. « Nous voulons attirer l’attention du gouvernement sur certains aspects d’incohérences administratives ou fiscales qui peuvent se résoudre par de petits aménagements », a expliqué Pierre Ahlborn, administrateur délégué de la Banque de Luxembourg. (lire aussi en p. 50) L’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) a dressé le bilan de son activité après un an et demi d’exisC’est le nombre tence. À peine 47 de dossiers dossiers ont été examinés en examinés depuis 18 mois d’Alia. la création de l’Autorité, dont 12 ne correspondant finalement pas à ses attributions. L’essentiel de ces dossiers (29) fait suite à des plaintes de particuliers ou d’associations et une partie (5) consiste en des autosaisines de l’Alia.
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Le Statec a publié les chiffres définitifs de la croissance pour 2014. Des chiffres qui se révèlent bien en deçà de ce qui avait été annoncé, à titre provisoire, au mois de juillet dernier, avec trois mois de retard sur le calendrier. Au 3e trimestre 2014, le PIB a crû de 3,6 % sur un an et non de 5,2 %, puis de 6,8 % au lieu de 8,5 % au 4e trimestre. Ces performances, moindres qu’annoncé, viennent grever l’évolution du PIB en volume sur l’année 2014, qui n’atteint plus que +4,1 % au lieu des +5,6 % précédemment calculés. L’année parlementaire a débuté le 13 octobre avec la clôture de la session ordinaire 2014-2015 et l’ouverture de la session 2015-2016. Pour le président de la Chambre, Mars Di Bartolomeo, l’année qui s’annonce ne sera pas de tout repos. « Nous allons nous pencher sur toute une série de réformes nouvelles dans les prochaines semaines et prochains mois », a-t-il indiqué à la veille de la reprise. La Banque de Luxembourg veut poursuivre le travail afin de saisir toutes les opportunités de la philanthropie. Après avoir réuni un groupe de travail pour dégager de nouvelles pistes concrètes, elle
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Marc Colas, administrateur général au ministère d’État, 60 ans, a quitté ses fonctions le 1er octobre, après avoir officié au ministère d’État pendant plus de 10 ans et être devenu l’homme de confiance de Jean-Claude Juncker, jusqu’au changement de majorité à l’hiver 2013. Lors de la présentation du budget 2016, le 14 octobre, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a annoncé devant les parlementaires une mesure d’amnistie fiscale pour les revenus des Luxembourgeois qui n’ont pas été déclarés. C’est la vraie surprise du budget. Il a aussi annoncé des investissements publics en hausse de 300 millions d’euros. (lire aussi en p. 14, 40 et 42) Selon un sondage commandé par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, 84 % des personnes interrogées estiment que
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de citoyens estiment que l’administration luxembourgeoise offre un service de qualité.
l’administration luxembourgeoise offre un service de qualité contre 77 % il y a sept ans. Ils sont 39 % à juger que les services publics se sont améliorés alors qu’ils sont restés au même niveau selon 43 %. Le dernier rapport « Travail et cohésion sociale » publié par le Statec met en avant une progression tant de l’emploi que des salaires au Luxembourg. Sans pour autant permettre un fléchissement de la courbe de l’évolution de la pauvreté qui, elle, stagne. Le taux d’emploi des femmes est passé de 53,8 % en l’an 2000 à 65,5 % en 2014. Cette progression en a engendré une autre, celle du taux d’emploi des résidents qui est passé, dans le même temps, de 67,5 % à 72,1 %. Après un été de rumeurs, de dissensions et d’attaques, un accord a finalement été signé le 19 octobre concernant la répartition des services médicaux entre la Zithaklinik et l’Hôpital Kirchberg. Le pôle locomoteur (médecine interne) sera au Kirchberg et le pôle oncologie-viscéral (traitement des cancers et des affections gastriques et abdominales) à la Zitha, qui garde aussi sa polyclinique. (lire aussi en p. 68-69) Le projet définitif du nouveau Centre national d’incendie et de secours (CNIS) a été présenté le 15 octobre. Le concept architectural est signé par BLK2 Böge Lindner K2 Architekten, en collaboration avec Architecture et Environnement, Schroeder et Associés, Jean Schmit Engineering et KPlan. Le coût total de cet équipement s’élève à 19,5 millions d’euros. Les travaux commenceront en septembre 2016, pour une livraison prévue en juin 2020.
Dans le cadre du plan social mis en place dans la capitale en 2005, le conseil communal de la Ville de Luxembourg a décidé d’implanter prochainement une nouvelle épicerie sociale dans le quartier de la gare. Il s’agira de la deuxième épicerie sociale qui prendra place sur le territoire de la ville, après celle ouverte à Beggen en août 2010. Après plusieurs années de tergiversations et d’études, le Luxembourg va accueillir une première coopérative d’habitation. La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, a officialisé le 19 octobre le lancement d’un projet-pilote au centre de Merl. La Chambre de commerce a accueilli le 21 octobre la réunion d’automne du comité quadripartite de l’assurance maladiematernité. Alors qu’elle avait été jugée « en équilibre fragile » lors de la réunion du comité quadripartite du printemps dernier, elle est aujourd’hui pleinement positive, affichant un excédent de 63 millions d’euros et une réserve de 111 millions d’euros. Une adaptation du taux de cotisation ne sera donc pas nécessaire. Après les pays scandinaves, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, le Luxembourg se maintient en sixième position dans le tableau de bord annuel de l’Observatoire de la compétitivité. On y constate aussi que les cinq nouveaux secteurs prioritaires de l’économie, les TIC, les technologies de l’espace, la logistique, les sciences de la santé et les écotechnologies représentent 9,6 % de la valeur ajoutée brute et cumulent près de 29.000 emplois dans plus de 2.600 entreprises.
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Économie & Politique Projet de budget 2016
01 Dans les clous sans être marteau
► Le ministre des Finances Pierre Gramegna a présenté le projet de budget du gouvernement Bettel pour l’année 2016. ► Il s’annonce raisonnable et dans la ligne des exigences européennes. ► L’objectif affiché est de relancer les investissements publics tout en redressant progressivement la situation financière de l’État à l’horizon 2018. ― Texte : Camille Frati ― Photos : Sven Becker
C’est le deuxième véritable budget de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng, le gouvernement ayant été élu trop tard en 2013 pour élaborer le budget 2014. « Un budget de la continuité, de la fiabilité et de la solidarité », assure Pierre Gramegna à la tribune de la Chambre. Pour le ministre des Finances, ce projet de budget apparaît en outre comme « perfekt an der Rei » – parfaitement dans les clous – avec les exigences européennes et il laisse au gouvernement le champ libre pour investir dans ses priorités. Voici quelques éléments clés à retenir, en plus de points plus discrets ou sensibles. (lire aussi p. 14, 42 et 44)
600 MILLIONS DE DÉFICIT Le gouvernement prévoit 16,7 milliards d’euros de dépenses, dont 2,2 milliards d’euros d’investissements, et 16,1 milliards d’euros de recettes pour 2016. Le déficit de l’administration centrale atteindra 633 millions d’euros mais sera réduit à 487 millions en 2019
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▲ Le budget 2016 tient sur une carte USB en bois en guise de symbole du développement durable et de la sobriété fiscale.
(-0,8 % du PIB) d’après les prévisions du gouvernement, qui compte sur le Paquet pour l’avenir pour recadrer les finances de l’État. D’autant qu’il faut compenser le manque à gagner dû à la chute des recettes de la TVA sur le commerce électronique – 654 millions d’euros de différence entre 2012 et 2016.
200 MILLIONS POUR LE LOGEMENT Face à la problématique croissante du logement au Luxembourg, le gouvernement prévoit d’« augmenter substantiellement l’offre de logements subventionnés », notamment en portant sa participation au programme
Économie & Politique Projet de budget 2016 « construction d’ensembles de logements subventionnés » à 50 % en 2016 et en augmentant le budget de l’Agence immobilière sociale de 77 %. L’année prochaine verra aussi l’entrée en vigueur de la loi introduisant une subvention de loyer. Le projet de loi déposé en février 2013 vient d’être adopté par la commission du Logement : il prévoit d’octroyer entre 124 et 273 euros aux ménages au revenu modeste (moins de 1.768 euros pour une personne seule, de 2.652 euros pour un ménage sans enfant et de 3.713 euros pour un ménage avec deux enfants) qui paient un loyer représentant plus du tiers de leur revenu. Cette mesure, qui devrait concerner 19.000 ménages, coûtera 28,8 millions d’euros pour la seule année 2016. Au final, le budget du ministère du Logement sera gonflé de 33 % en 2016 pour atteindre 201 millions d’euros.
FAMILLES VERSION TRIPLE A Le ministre des Finances Pierre Gramegna vise « un triple A financier mais aussi un triple A social » pour son budget. Ainsi les transferts sociaux constituent la moitié des 16,7 milliards de dépenses prévues l’an prochain. « Le gouvernement investit dans l’avenir », ajoute le ministre en rappelant la série de réformes en cours, de la refonte des prestations familiales au congé parental flexible en passant par les modifications apportées aux chèques-services. Ces derniers coûteront 313 millions d’euros l’an prochain (+12 % par rapport à 2015). Le gouvernement vise à lier plus étroitement leur attribution au revenu afin de renforcer la « sélectivité sociale ». Le renforcement du Samu néo-natal coûtera 3 millions d’euros, un peu moins que les campagnes de vaccination (3,6 millions). Et le Plan national cancer se verra allouer 1,2 million d’euros quand le programme « Démence prévention » recevra 500.000 euros par an jusqu’en 2020.
DIVERSIFICATION ACCÉLÉRÉE Le budget 2016 octroie une « enveloppe supplémentaire de 450.000 euros au profit de la diversification de la place financière, en particulier dans le domaine des fintech », a annoncé le ministre des Finances. Autre cible : les TIC (technologies de l’information et de la communication) via l’initiative Digital Lëtzebuerg qui va être dotée de 900.000 euros par an pendant les quatre prochaines années. Le programme « Nation Branding » se poursuivra, même si aucun chiffre n’a été précisé. La diversification passe aussi par des investissements dans la recherche. Le programme national « Luxembourg 2020 » prévoit que le Grand-Duché consacre entre 2,3 % et 2,6 % de son PIB aux investissements dans ce domaine, dont un tiers pour la recherche publique. L’État débloquera 35 millions d’euros entre 2016 et 2020 « pour renforcer le Luxembourg comme pôle R & D dans le secteur privé ».
Le gouvernement entamera en 2016 une restructuration du secteur touristique avec la constitution de l’Office national du tourisme en groupement d’intérêt économique. Au sein de ce GIE, les communes et syndicats d’initiative seront représentés par les Offices régionaux du tourisme (Ardennes, Mullerthal, Moselle, Sud et Centre-Ouest qui va voir le jour fin 2015), aux côtés de la Ville de Luxembourg et son office de tourisme, la Chambre de commerce et l’État.
RENFORT EN DÉFENSE Dans un environnement international de moins en moins sûr, le Luxembourg s’est engagé auprès de l’Otan à renforcer son effort budgétaire en matière de Défense de 0,4 % du PIB à 0,6 % en 2020. Les crédits à la Défense vont donc progresser dans les prochains budgets. Il s’agit de couvrir les frais de fonctionnement et d’investissement de la Défense luxembourgeoise ainsi que les contributions du Grand-Duché aux organisations internationales, comme l’Alliance atlantique et l’Union européenne, et à leurs missions de sécurité.
LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE Le gouvernement étant convaincu que « le financement a un rôle décisif dans la lutte contre le changement climatique pour atteindre des objectifs mondiaux contraignants », il a décidé de reverser 120 millions d’euros provenant du Fonds climat énergie jusqu’en 2020, soit 240 euros par habitant. Il s’inscrira dans l’engagement international à donner 100 milliards d’euros aux pays en développement afin de les aider à aborder le virage climatique et à investir pour en réduire les effets.
COOPÉRATION MAINTENUE À NIVEAU Le Luxembourg versera 343 millions d’euros en 2016 au titre de l’aide publique au développement. Le gouvernement de coalition s’était engagé en 2013 à maintenir cette aide à 1 % du revenu national brut du pays.
DOTATION POUR LES RÉFUGIÉS Crise des réfugiés oblige, le gouvernement a prévu des dotations plus fournies aux organes qui gèrent l’accueil et la prise en charge des nouveaux arrivants. « Je suis heureux qu’il y ait un consensus sur le fait que nous ne voulons pas construire un mur autour de notre pays mais faire preuve de solidarité avec les gens qui ont besoin de notre aide, a commenté Pierre Gramegna devant la Chambre. C’est un investissement à court terme mais l’intégration des réfugiés profitera au pays à long terme. » Le
▲ Pierre Gramegna a annoncé viser un triple A financier mais aussi un triple A social.
budget du Haut Commissariat à la protection nationale passe ainsi à 20 millions d’euros et l’Olai, l’Office luxembourgeois d’accueil et d’intégration, recevra 25,5 millions d’euros. « C’est une politique de solidarité et non de cœur froid », souligne le ministre.
FISCALITÉ Entre la directive sur l’échange automatique d’informations fiscales et Beps (lire aussi p. 88), le Luxembourg doit revoir sa fiscalité. Le gouvernement travaille depuis un an sur une base législative clarifiant l’utilisation de rescrits (rulings) et collabore avec ses voisins européens et l’OCDE mais veut s’assurer que tous les pays joueront sur un pied d’égalité (principe du level playing field). L’impôt sur la fortune devra également être révisé pour se conformer aux nouvelles règles européennes. Mais si « la base sur laquelle les impôts des entreprises sont calculés va être élargie (…), nous devons veiller à ce que notre économie reste compétitive », souligne le ministre des Finances. Considérant la tendance européenne à abaisser le taux nominal (21 % au Luxembourg contre 18 % au Royaume-Uni ou 12,5 % en Irlande), « il est évident que le Luxembourg doit faire quelque chose dans ce domaine ». À savoir « baisser le taux nominal pour les entreprises » – mais en contrepartie moins de déductions seront possibles. Le gouvernement n’a encore avancé aucun chiffre pour l’instant pour cette baisse « progressive » qui pourrait aller jusqu’à 15 %. ◄ En résumé Le projet de budget pour 2016, constitué de 16,7 milliards d’euros de dépenses et de 16,1 milliards d’euros de recettes, prévoit des investissements publics en hausse de 300 millions d’euros, tout en promettant une maîtrise du déficit d’ici 2019.
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Économie & Politique Fiscalité des brevets
02 La mort à petit feu ► Lors de la présentation du projet de budget 2016, la fin du régime d’exonération sur les droits de propriété intellectuelle a été annoncée. ► Le mécanisme du «50bis» survivra jusqu’en 2021, mais au prix d’un «régime de transparence renforcée».
Effet collatéral combiné des LuxLeaks, des travaux de l’OCDE sur l’érosion de la base fiscale et des bénéfices (Beps) et des enquêtes engagées par la Commission européenne et le Parlement européen sur les pratiques d’optimisation fiscale agressive des multinationales, le régime d’exonération sur les revenus des brevets (IP box) inscrit à l’article 50bis de la loi sur l’impôt sur le revenu (LIR) va disparaître. Le projet de loi sur le budget 2016 en a programmé la mort à petit feu, jusqu’en 2021. Adopté en 2007 sous l’impulsion du ministre de l’Économie de l’époque, Jeannot Krecké, et adapté pour permettre, entre autres, la prise en compte du business des logiciels et des noms de domaine, le 50bis sera enterré. Mesure parallèle, l’article 60bis de la loi modifiée de 1934 sur l’évaluation des biens et valeurs connaîtra un sort identique à compter du 1er janvier 2017. D’ici là, les amateurs d’un régime qui a permis à des multinationales de bénéficier d’une imposition frisant le taux zéro en jonglant avec des montages hybrides dans plusieurs juridictions accommodantes devront se hâter : un régime transitoire – à l’instar de l’atterrissage en douceur qui fut prévu pour les holdings en 1929 – et certaines « mesures de sauvegarde » vont être mises en place, démarrant le 1er juillet 2016 et expirant le 30 juin 2021. Les droits de propriété intellectuelle devront avoir été acquis ou constitués au 30 juin 2016 pour bénéficier
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de déduction à hauteur de 80 % du revenu imposable. Ainsi, pour un revenu de 100, la base imposable est de 20, taxée au taux de droit commun de 29 %, ce qui donne un taux effectif d’imposition des brevets de 5,8 % (il s’établit à 6,8 % en Belgique et 15 % en France). « En vertu de l’accord international, les régimes fiscaux de propriété intellectuelle qui ne sont pas en ligne avec cette nouvelle approche peuvent être maintenus de manière temporaire », note le projet de budget 2016, présenté par Pierre Gramegna. La « nouvelle approche » impose un lien direct entre les avantages fiscaux et les activités de recherche et développement sous-jacentes. Le régime actuel n’oblige pas une entreprise à localiser ses droits de propriété intellectuelle dans le pays où se font ses activités de R & D. À l’origine, le dispositif de 2007, entré en vigueur en 2008, dans le sillage de la « stratégie de Lisbonne » sur la société de la connaissance, avait été conçu pour attirer des entreprises étrangères, créer de l’emploi et susciter des compétences au Grand-Duché. Beaucoup de sociétés sans substance sont venues, en quête d’optimisation fiscale. Le régime a permis par exemple à McDonald’s de faire remonter à Luxembourg les royalties provenant de ses points de vente en Europe. La firme est dans le viseur, notamment, de syndicats des impôts européens pour avoir fait transiter ses revenus liés à la propriété
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▲ En 2008, Lex Kaufhold (Office de la propriété intellectuelle) précisait à Paperjam qu’« un des buts de la loi était d’attirer des entreprises étrangères ».
intellectuelle dans une filiale basée au Grand-Duché avec une branche suisse, réduisant ainsi son taux d’imposition sur les bénéfices à presque zéro. L’impact de l’arrivée de centaines de sociétés au Luxembourg n’a pas été chiffré. Aucune statistique n’existe non plus sur l’impact budgétaire pour l’État. Lorsque le projet de loi fut discuté au Parlement, il y a huit ans, les commentateurs assuraient : « La perte fiscale probable résultant à court terme de ces réaménagements fiscaux sera plus que compensée d’abord par une consolidation et, à moyen terme, par une extension des activités afférentes, par un renforcement de l’attrait du Luxembourg en tant que plateforme privilégiée pour les transactions commerciales et faire fructifier des investissements, par les nouveaux emplois créés et par les recettes fiscales supplémentaires en découlant. »
Comme pour les rulings, qui feront l’objet d’une communication automatique entre les administrations fiscales européennes à partir de 2017, les contribuables exonérés des droits d’IP seront soumis à « l’application d’un régime de transparence renforcée (…), à savoir un échange spontané concernant les nouveaux adhérents à partir du 6 février 2015 », précise le projet de loi budgétaire. Peu importe d’ailleurs si l’administration fiscale a émis ou non une « décision anticipée », leur identité sera transmise à l’étranger. L’Administration des contributions directes devra fournir des informations dans l’année suivant le dépôt de la déclaration fiscale des bénéficiaires du 50bis et endéans trois mois si les agents des impôts ont connaissance des informations avant la déclaration. C’est le prix du maintien du régime transitoire. Le texte ne dit pas si un ersatz au régime favorable aux brevets sera renégocié dans l’intervalle, via la réforme fiscale de 2017. ◄ En résumé Le gouvernement, pressé notamment par l’OCDE, renonce au régime d’exonération des revenus sur les droits de propriété intellectuelle. Ce sera une mort à petit feu: un régime transitoire est mis en place jusqu’en 2021, au prix de l’échange automatique entre administrations fiscales.
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― Texte : Véronique Poujol
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Économie & Politique Réforme des impôts
03 Discret cadeau aux géants et aux fortunés
► Le gouvernement va introduire des mesures fiscales favorables pour attirer les capitaux et les HNWI. ► L’impôt sur la fortune sera remodelé pour les sociétés au-dessus de 500 millions d’euros.
Le projet de loi sur la fondation patrimoniale est au frigo depuis les LuxLeaks et devrait y rester encore un peu, malgré les promesses du ministre des Finances de le ressortir entre octobre ou novembre 2015. Pour autant, le gouvernement ne renonce pas à améliorer son arsenal pour attirer, à l’aide de carottes fiscales, les personnes très fortunées au Grand-Duché. Pierre Gramegna a discrètement décidé de sortir du projet de loi déposé en juillet 2013 par son prédécesseur Luc Frieden une disposition qui va faciliter la vie aux High Net Worth Individuals (HNWI) ayant opté pour la résidence fiscale luxembourgeoise. Le dispositif, instaurant ce qu’on appelle dans le jargon des fiscalistes un step-up fiscal, arrêtant le curseur de la fortune en cas de changement de résidence de personnes physiques, a été glissé dans un projet de loi un peu fourre-tout, hautement technique, qui est surtout destiné à mettre le régime des sociétés mère-fille en conformité avec la réglementation européenne. Car la Commission s’est intéressée en septembre 2014 au régime et aurait vu des anomalies dans l’impôt sur le revenu des collectivités, à corriger pour éviter une procédure d’infraction « imminente ». Le ministre des Finances a donc profité de cette fenêtre de tir pour insérer des mesures favorables aux investisseurs : une première pour les immigrés fiscaux et une seconde pour les multinationales en « remodelant » l’impôt sur la fortune et encourager ainsi les « contribuables à développer leur recours à une capitalisation forte et croissante ». Des instruments financiers sophistiqués, comme les sociétés de titrisation, les Asseps (fonds de pension), ou les sociétés de capital risque (Sicar), à l’heure actuelle exemptés, seront soumis à l’impôt sur la fortune dès le 1er janvier ; il s’agira toutefois d’un IF minimum. Leur charge d’impôts restera toutefois inchangée, précise l’exposé des motifs du projet de loi, puisqu’en parallèle le gouvernement prévoit, pour ce type de véhicules, l’abrogation de l’impôt sur le revenu des collectivités minimum, lequel avait été introduit
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▲ Pierre Gramegna a sorti du projet de loi déposé par son prédécesseur Luc Frieden une disposition taillée pour les nantis. La commission Juncker applaudira-t-elle ?
en 2013 et était questionnable sur sa conformité avec le droit de l’UE. Le gouvernement fait par ailleurs un modeste cadeau aux multinationales : la tranche supérieure à 500 millions d’euros se verra imposée au tarif réduit de 0,5 pour mille au lieu de 0,5%. La mesure a reçu un accueil mitigé sur la Place, qui continue de revendiquer la suppression de l’IF, jugé anti-économique. Des aménagements sont également programmés pour les tranches sous les 500 millions d’euros, avec différents paliers. Les entreprises au total de bilan au-dessus de 30 millions paieront 32.100 euros (y compris l’impôt de solidarité), au lieu de 21.400 actuellement. Le minimum pour une entreprise avec un bilan inférieur ou égal à 350.000 euros s’établira à 535 euros ; 1.605 pour la tranche entre 350.000 et 2 millions, 5.350 euros entre 2 et 10 millions ; 10.700 entre 10 et 15 millions, 16.050 entre 15 et 20 millions, 21.400 entre 20 et 30 millions. « Dans le contexte de fiscalité internationale en mutation profonde et durable (…), le
gouvernement entend inciter les contribuables sur place ou en voie de sélection du GrandDuché comme terre de prédilection à fortement développer leur présence dans le pays », souligne le projet de loi. Bref, c’est une incitation à mettre de la substance dans des sociétés souvent peu présentes. Par ailleurs, pour faire venir les HNWI, le gouvernement va introduire le fameux stepup. Schématiquement, quand une personne physique fortunée choisit de venir habiter au Grand-Duché et vend avec plus-value ses titres de sociétés ou obligations, l’administration fiscale l’imposera sur la valeur estimée de ce patrimoine à partir du moment où il est devenu résident luxembourgeois. « Le Luxembourg, note le projet de loi, renonce ainsi à son droit d’imposer la partie de plusvalue de cession accumulée dans l’État de sortie. » Les impôts sont censés être déjà payés dans l’État de résidence antérieure. Le gouvernement a tablé dans son projet de budget 2016 sur une hausse de plus de 50 % des rentrées au titre de l’IF, à 430 millions d’euros, contre 285 millions inscrits au compte prévisionnel de 2015. ◄ En résumé Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a déposé à la Chambre des députés, en marge du projet de budget 2016, un texte de loi qui va « remodeler » l’impôt sur la fortune. Les Sicar ou les fonds de pension qui en étaient exonérés vont devoir le payer. En échange, l’impôt sur le revenu des collectivités minimum sera abrogé.
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
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Économie & Politique Horizon 2030
04 Plus loin que les idées ► Les initiatives citoyennes nées de la crise ont révélé une soif de changement pour préparer l’avenir du pays. ► Le défi est de faire vivre ces « boîtes à outils » pour qu’elles inspirent des actions concrètes.
La crise de 2008 a provoqué un véritable électrochoc dans la société civile, faisant éclater l’illusion de progrès perpétuel fondée sur trois décennies de croissance. De cette remise en question, deux initiatives citoyennes aux approches très différentes sont nées. « Luxembourg 2030 » émane de la Société luxembourgeoise de l’évaluation et de la prospective (Solep), asbl formée à l’issue de la conférence-débat de l’Observatoire de la compétitivité sur le « PIBien-être » en mars 2010. Au cœur de ce projet : une démarche prospective, qui consiste à « penser le long terme pour agir aujourd’hui et prendre des mesures », explique l’économiste FrançoisXavier Borsi, administrateur de la Solep. Il s’agit de favoriser une hypothèse « souhaitable » – une cohésion sociale réussie par exemple – ou d’éviter une « hypothèse redoutée » comme la pénurie de logements. Au fil des ateliers entre 85 personnes durant cinq ans, le consensus s’est forgé. Après évaluation (efficacité, facilité, coût), 33 propositions – comme la promotion de la mixité sociale, une simplification administrative accrue ou encore la formation au management des cadres du secteur public – ont émergé. Surtout, le rapport préconise de « publier les évaluations des politiques publiques ». Une autre initiative citoyenne vise le même horizon mais un public élargi. Retour en 2011 : les représentants des chambres professionnelles et des fédérations patronales s’inquiètent pour l’avenir, « alors que le gouvernement annonçait la fin de la crise », se souvient Marc Wagener, directeur aux affaires économiques à la Chambre de commerce. S’ensuit une soixantaine d’entretiens avec des personnalités de tous milieux : syndicalistes, patrons, actifs, retraités, jeunes, ONG, frontaliers « et même l’archevêque ». Tous relaient des défis mais avancent aussi des idées. La Chambre de commerce veut alors susciter un « grand débat public » et lance « 2030.lu – Ambition pour le futur ». Chacun peut soumettre une idée sur le site ou intervenir lors des ateliers thématiques organisés au printemps 2013. Élections anticipées obligent, « 2030.lu » organise une table ronde avec les quatre têtes de liste et publie son recueil
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― Décembre 2015
PHOTO : CHARLES CARATINI (ARCHIVES)
― Texte : Camille Frati
▲ « 2030.lu » avait été lancée en mars 2013, par des réunions et appels au grand public.
de 355 propositions en octobre. Au final, 1.600 personnes auront participé aux divers événements et plus de 40.000 auront visité le site. Selon le sondage Quest commandé par la Chambre de commerce, 94,8 % des répondants estiment que des changements s’imposent afin de préserver la qualité de vie et préparer les défis futurs. « Les citoyens ont beaucoup donné et dit aux politiques : il faut aborder le long terme », interprète Marc Wagener. Les propositions fusent autour de la langue, l’éducation, les énergies renouvelables ou encore l’équilibre budgétaire. « Maintenant ce recueil appartient à tout le monde », l’objectif restant de le voir sur le bureau des décideurs. « Nous ferons peut-être un suivi en 2020 », avance Marc Wagener. En attendant, la Chambre a lancé la Fondation Idea début 2014 avec les économistes Michel-Édouard Ruben, Muriel Bouchet et Jérôme Merker. « C’est un laboratoire d’idées permanent, pluridisciplinaire, autonome et ouvert, qui doit lancer des ballons d’essai et alimenter les politiques publiques. » La petite équipe multiplie les supports et publie chaque mois une nouvelle idée validée par le conseil scientifique. « Le
tableau de bord économique est téléchargé 800 à 1.000 fois », se réjouit Marc Wagener. Le site compte entre 2.000 et 3.000 visiteurs uniques par mois et 350 abonnés à sa newsletter. « Nous voulons devenir une référence dans le débat socio-économique. » Côté « Luxembourg 2030 », une nouvelle phase s’amorce depuis octobre. « Le rapport n’est pas un but en soi, notre mission reste de promouvoir la prospective comme outil au Luxembourg », précise Alexandra Guarda Rauchs, économiste et présidente de la Solep. L’asbl est invitée à présenter ses propositions devant plusieurs commissions parlementaires ou devant le Conseil économique et social de la Grande Région. « Nous adressons le rapport aux membres du gouvernement. Et pourquoi pas aller à la rencontre des lycéens », ajoute François-Xavier Borsi. Les deux initiatives se veulent « une boîte à outils et à idées » à la disposition de tous. Mais pour l’heure, les clivages demeurent. « Le pays est très corporatiste, souligne Marc Wagener, tout le monde a son lobby et cela devient vite statique. » Et le référendum a démontré qu’une partie des Luxembourgeois n’était pas prête aux grands changements sociétaux. Alexandra Guarda-Rauchs avertit : « Nous serons 600.000 au Luxembourg en 2018, il faut s’en rendre compte. » ◄
En résumé L’après-crise a vu émerger « 2030.lu » et « Luxembourg 2030 », deux initiatives incitant les citoyens à réfléchir à l’avenir du pays face aux défis croissants que sont la cohésion sociale, le logement ou encore la compétitivité. Leur héritage : près de 400 propositions et un laboratoire d’idées.
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Économie & Politique La délicate restructuration de l’ITM
05 Reconstruction en terrain miné
► Le vent du changement souffle sur l’Inspection du travail et des mines depuis l’arrivée de Marco Boly à la direction il y a un an. ► Il doit raviver une institution meurtrie par le manque de gouvernance et une organisation sclérosée. ► Son ambition : faire de cette administration un outil performant de contrôle, mais aussi d’accompagnement des entreprises. ― Texte : Camille Frati ― Photos : Jessica Theis
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― Décembre 2015
Marco Boly est un homme pressé. Le calendrier se bouscule pour celui qui doit mener à bien la restructuration complexe de l’Inspection du travail et des mines, animer des séances de travail au niveau européen au titre de la présidence luxembourgeoise et préparer la mise en œuvre de la loi sur le dialogue social. Quand cet ingénieur civil débarque à la direction adjointe de l’ITM en octobre 2014, il découvre un nouvel univers – la fonction publique, lui qui n’a connu que le privé hormis six semaines aux Ponts et Chaussées avant d’intégrer l’ITM. « Pour être honnête, je n’étais pas conscient que le droit du travail était un terrain aussi large et difficile dans tous les domaines : les mines et les carrières, les établissements classés, l’exposition des salariés aux agents chimiques et biologiques... » Et il ne trouve aucun schéma clair sur les compétences de l’ITM à son arrivée. « Il n’y avait ni organigramme, ni procédures, chacun faisait du mieux qu’il pouvait. » Il se rend compte aussi que l’organisation de l’administration, élaborée à l’époque où elle ne comptait qu’une vingtaine d’agents, n’est plus viable pour un effectif cinq fois plus élevé. « Toutes les ficelles remontaient vers la direction, unique décisionnaire », découvret-il. En janvier 2015, l’audit d’EY dresse un constat accablant, pointant des lacunes et
▲ Marco Boly, ingénieur à la taille imposante, a un an pour restructurer une administration meurtrie par des années de laisser-aller.
des dysfonctionnements graves. Près de la moitié des employés de l’ITM ont soulevé « un manque de coordination », « un manque de hiérarchie » et « une attribution floue des tâches ». Robert Huberty, directeur de l’ITM depuis 2013, s’efface à quelques mois de son départ en retraite pour laisser à Marco Boly le soin de mener la restructuration réclamée par le ministre du Travail, Nicolas Schmit. Premier chantier : la réorganisation des services. Marco Boly impose une structure pyramidale clarifiant les compétences et la position de chacun dans l’organigramme. Et érige aussi le Help Center en véritable centre de ressources pour le public. « Il est capable de traiter lui-même 60 % des appels et de régler 99 % d’entre eux », libérant ainsi les inspecteurs. « Nous avons fermé les agences de Diekirch, Luxembourg et Esch-sur-Alzette, mais nous y avons gardé des guichets pour être au contact du public et nous avons allongé les heures d’ouverture. Nous avons d’excellents
Économie & Politique La délicate restructuration de l’ITM résultats, les visites aux guichets ont augmenté de 330 % et nous pouvons savoir qui appelle, pourquoi, et s’il a reçu satisfaction. » Deuxième chantier : la formation et le recrutement des inspecteurs. « Une vingtaine de personnes seront matures pour la retraite d’ici deux à trois ans », s’alarme Marco Boly, d’autant qu’un tiers des agents a plus de 50 ans. Il faut « trouver un modèle pour que les gens sortent doucement de la vie active pour laisser leur empreinte, leur know-how ». De l’autre côté de la pyramide des âges, les jeunes recrues sont trop peu nombreuses. Mais le mode de recrutement complique la tâche. La voie syndicale a été abandonnée depuis un moment car elle « posait certaines difficultés ». Pour autant, le recrutement via l’examen-concours de la fonction publique reste insuffisant, les lauréats ayant tendance à choisir des administrations « plus sexy ».
« J’ai brisé tous les tabous. » Marco Boly (ITM)
Surtout, un inspecteur du travail n’est pas un fonctionnaire comme les autres. « Il faut une composante droit du travail / sécurité et santé au travail et avoir une fibre sociale, puisque les inspecteurs interviennent sur des points chauds sociaux, comme des gens séquestrés. Vous ne trouvez pas ça sur le marché du travail. » Marco Boly rêve d’une carrière d’inspecteur du travail reconnue au même titre que celle d’inspecteur de police, une façon aussi de « valoriser » les inspecteurs. Et pourquoi pas d’un recrutement propre, même si « on touche aux fondamentaux de l’État »... En attendant, il pare au plus pressé avec le développement d’un programme de formation pour les nouveaux venus. À terme, l’objectif est de créer une « académie du savoir » comptant trois à six mois de cours avant d’intégrer le Help Center durant 6 à 12 mois sous la houlette d’un mentor – pourquoi pas un jeune retraité qui pourrait partager son expérience. Les recrues ainsi formées partiront ensuite sur le terrain ou pourront choisir un poste moins exposé comme dans le service des Autorisations. Quant aux inspecteurs en place, il s’agit de leur offrir la formation continue qu’ils n’ont jamais eue. « Les gens ont été laissés seuls avec leurs problèmes et tout ce qu’ils n’ont pas pu digérer mentalement. Aujourd’hui, ils ressentent une certaine frustration que je peux comprendre, surtout quand on sait l’historique » de l’ITM. « Nous avons des éléments excellents, mais le système a fait que ces gens n’ont pas les performances qu’ils devraient avoir. » C’est donc aussi pour « revaloriser » ces inspecteurs que Marco Boly veut établir pour eux des procédures bien définies et concrètes. Cela passera aussi par de nouveaux outils technologiques, comme une tablette avec des formulaires interactifs propres
à chaque secteur construction, horeca, etc.) afin de faciliter les contrôles sur le terrain. Le prototype devrait arriver à la fin de l’année. Et une nouvelle infrastructure informatique intégrée est attendue pour mi-2016. L’ITM sera alors enfin capable de publier des statistiques précises sur son activité. De l'équipement informatique au recrutement, ce sont autant de chantiers que l’ITM doit mener de front. « On ne peut pas fermer pour cause de rénovation », soupire Marco Boly, auquel Nicolas Schmit a donné un an pour restructurer l’ITM. « Nous avons besoin de temps, de patience et que l’on parle positivement de l’ITM, car nous avons abattu un boulot énorme en un an. Le passé est ce qu’il est, nous construisons le futur. » Quitte à bousculer une administration qui n’a pas l’habitude d’entendre parler d’obligation de résultats, de qualité ou de clients. Un noyau de résistance au sein de l’ITM voit d’un mauvais œil cet homme du privé bouleverser l’ordre établi. Réaction compréhensible pour la députée CSV Sylvie Andrich-Duval : « Si rien n’a été fait pendant des années et que le directeur passe avec un bulldozer... il faut procéder correctement ! » Quant à la CGFP, elle sera bientôt reçue par le ministre « pour évoquer la restructuration et surtout la manière dont elle se déroule » – mais réserve pour l’instant ses commentaires. « J’ai brisé tous les tabous », confirme Marco Boly, sans vantardise. Car son passé cadre mal avec l’image d’implacable transfuge du privé qu’on veut lui coller. Il revendique une fibre sociale, lui qui a quitté ArcelorMittal au bout de 15 ans pour rejoindre la direction des services généraux de la Croix-Rouge pendant un an. Il n’hésite pas à qualifier de « martyre » ce que les inspecteurs ont enduré dans le passé. « Quand le puzzle sera complet, les gens prendront plaisir et seront fiers de travailler à l’ITM. » Sûr de son fait, le directeur faisant fonction continue malgré les écueils. Parce qu’il « a trouvé une formule qui vaut le coup de se battre » et parce qu’il « n’a rien à perdre », même s’il n’est pas assuré d’être confirmé à son poste au mois de février. Pour l’instant, le ministre le soutient et a même renforcé les pouvoirs de sanction de l’ITM dans la loi sur le détachement des travailleurs. Reste à « convaincre que l’ITM sait de quoi elle parle », alors que des inspecteurs ont déjà vu des employeurs en tort leur rire au nez. « L’ITM peut donner des conseils, contrôler si on ne l’écoute pas et sanctionner jusqu’à fermer complètement une société. » À charge maintenant au ministre du Travail de donner à l’ITM les moyens de ses ambitions et notamment les moyens humains – Marco Boly préconise de passer de 90 à 200 fonctionnaires d’ici 10 ans pour faire de l’ITM un outil performant et reconnu comme tel. ◄ En résumé L’Inspection du travail et des mines, dont l’inefficacité a été pointée par un audit publié début 2015, vit une restructuration délicate avec aux commandes un ingénieur soucieux d’en faire un organe de qualité doté d’effectifs suffisants et bien formés. Marco Boly, le directeur faisant fonction, a un an pour convaincre.
Dumping social
Attendue au tournant
Patrons et salariés de la construction réclament une inspection plus réactive et plus décisive.
Sur les 63 inspecteurs que compte l’ITM, seule une dizaine effectue des contrôles sur le terrain. Pas de quoi effrayer les employeurs en tort. « Il manque des contrôles réguliers surtout après 16 h et le week-end à travers tout le pays », juge Roland Kuhn, président de la Chambre des métiers et patron dans la construction. Surtout, les actions coup de poing que l’ITM ancienne version privilégiait, mobilisant douaniers, policiers et inspecteurs en nombre, n’avaient que peu d’effet. « Il faut plutôt contrôler les petits chantiers et médiatiser cela », préconise Roland Kuhn. L’OGBL dénonce aussi le manque de réactivité de l’ITM par rapport au dumping social. « C’est arrivé plusieurs fois que nous ayons une information sur un chantier qui payait les ouvriers 5 euros de l’heure », raconte le secrétaire central Jean-Luc De Matteis. « Nous avons téléphoné à l’ITM, envoyé un courriel avec toutes les informations et on nous dit qu’on ne peut pas contrôler car il y a une action coup de poing dans deux jours puis un symposium à l’étranger... » Et lorsque l’ITM intervient enfin, le chantier est terminé et l’employeur reparti. « C’est un grand problème, car l’ITM n’a pas assez de capacités pour contrôler cela, il faut lui donner les moyens et la possibilité de sanctionner », réagit Roland Kuhn. Idem pour le badge social, mis en place pour lutter contre le travail illégal mais peu contrôlé. L’OGBL préconise la constitution de petites équipes de contrôle spécialisées. Une formule impossible à mettre en œuvre pour le moment, car de nouveaux inspecteurs doivent être formés pour compenser les départs. En attendant, l’OGBL dénonce la fermeture des agences régionales au profit de guichets, mobilisant des inspecteurs qui pourraient être sur le terrain. C. F. ◄
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Économie & Politique Philanthropie
06 Inculquer une culture du don
► Ombrelle pour une brochette de projets philanthropiques, la Fondation de Luxembourg a fait des émules et engendré 58 fondations, en majorité de dotation, depuis sa création. ► Dans son sillage, les acteurs de la culture se sont aussi mis à la chasse aux dons privés, facteurs de survie. ► Encadrant l’activité des asbl, la loi de 1928 est amenée à être réactualisée pour plus de souplesse. ― Texte : Florence Thibaut ― Photo : Mike Zenari
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― Décembre 2015
Née fin 2008 de la volonté du gouvernement luxembourgeois, la Fondation de Luxembourg a depuis donné naissance à 58 fondations abritées. Deux projets supplémentaires, en cours de constitution, verront le jour d’ici fin 2015. « En moyenne, nous avons pu accompagner 10 fondateurs par an. Avant notre création, ce chiffre tournait autour de deux ou trois. Cette progression illustre un vrai intérêt pour la philanthropie au Grand-Duché, cadre Tonika Hirdman, directrice générale de la Fondation, qui se positionne comme une plateforme dédiée et un facilitateur. Savoir comment donner et à qui est loin d’être facile. Dans cette logique, notre rôle est d’être un guide, de rassurer et trouver les bons partenaires sur le terrain. Nous en avons actuellement une centaine. » Bien que fondée peu de temps après le début de la crise, elle a su créer un effet d’entraînement. « Si au départ, nous avons eu une dominance de projets à vocation sociale, en particulier dans l’éducation, depuis deux ans, nous assistons à une augmentation des initiatives culturelles. Par exemple, portée par un couple de Parisiens, la jeune Fondation de Loo & Lou a notamment soutenu le projet ‘Art Freak’ qui vise à stimuler la rencontre des jeunes avec l’art et finance l’exposition actuelle du Mudam. D’autres
▲ Pour Tonika Hirdman, directrice générale de la Fondation de Luxembourg, la philanthropie prend tout son sens quand elle parvient à lier réflexion en amont, gestion du financement et suivi de la vie des projets.
aident des musées dans l’acquisition d’œuvres d’art. Je pense que nous verrons ces exemples se multiplier. » Et Jo Kox, président du Fonds culturel national, de renchérir : « Les budgets culturels publics ont légèrement diminué. On n’atteint plus le fameux 1 % du PIB. Il nous faut une alternative. D’où l’intérêt de pouvoir compter sur des relais privés. En ce sens, on voit clairement un effet ‘Fondation de Luxembourg’. Sa création a donné une impulsion salutaire. » Aujourd’hui, l’ombrelle couvre les domaines de la préservation du patrimoine culturel, de la santé, de l’éducation, de l’aide au développement ou encore de l’écologie. Il existe actuellement deux grands modèles de fondation au Luxembourg : la fondation à dotation, qui reçoit un capital de départ dont les intérêts servent à financer les activités, et la fondation de flux, qui reçoit
Économie & Politique Philanthropie des fonds à périodicité fixe pour un laps de temps déterminé et renouvelable ensuite. Et Tonika Hirdman de partager : « Quel que soit le modèle, notre accompagnement vise le long terme et permet aux fondateurs de se libérer des contraintes administratives. À mes yeux, la philanthropie prend tout son sens quand elle parvient à lier réflexion en amont, gestion du financement et suivi de la vie des projets. » De nombreux fondateurs cherchent ainsi à s’adosser à une structure qui sera encore là après leur décès. « La plupart se sont adressés à nous suite à un entretien avec leur conseiller financier. Nous collaborons avec une vingtaine de grandes banques de la Place en ce sens. » S’il y a autant de profils de fondateurs que de fondations créées, ils ont tous pour trait de s’engager pour le bien commun. « C’est à la fois l’expression d’un devoir moral et d’un intérêt personnel », constate Tonika Hirdman, à la tête d’une équipe de six personnes. Dans la pratique, ces mécènes sont à 80 % des particuliers, à 50 % non-résidents, qui veulent soutenir une cause qui leur est chère, de leur vivant ou sous forme de legs. Les 20 % restants sont des entreprises souhaitant professionnaliser leur démarche de RSE. « Le déclencheur est très variable. Une famille d’entrepreneurs, par exemple, va choisir de soutenir l’accompagnement d’entrepreneurs sociaux. Certains se contentent de verser des fonds, d’autres offrent aussi leurs compétences et s’impliquent auprès des associations », pointe-t-elle encore. Chaque fois, la Fondation procède à une due diligence et supervise le déroulement des projets.
RECEVOIR ET GÉRER, APPRENDRE ET SOUTENIR
PHOTO: DAVID LAURENT (ARCHIVES)
Parmi les 58 fondations abritées, on retrouve, par exemple, la Fondation Atoz, active sur le terrain de l’éducation ; Esska, qui finance des projets liés à l’orthopédie ; ou Lily et Francy, qui vient en aide aux enfants orphelins et abandonnés. Datant de 1928, la loi qui régit le champ associatif est en cours de toilettage et devrait permettre d’autres cas de figure.
▲ Jo Kox souligne le besoin vital d’une alternative pour aider au financement culturel.
« Permettre aux fondations de recevoir et gérer des immeubles, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, serait un vrai plus pour financer les projets des fondateurs », mentionne la directrice générale de la Fondation. Deux autres pistes seraient de supprimer entièrement les droits de succession et de donation, et d’assimiler les dons en nature aux dons en numéraire dans l’optique de les rendre déductibles. Fondé en 1982, le Fonds culturel national est un des acteurs clés quand on s’intéresse au mécénat culturel. Publique, la structure se positionne comme un facilitateur. « Un de nos rôles phares est d’être un trait d’union entre le monde culturel et celui de l’entreprise. Si le financement d’associations actives sur le terrain social est bien ancré dans les mœurs, soutenir les artistes l’est beaucoup moins. Il y a encore beaucoup de sensibilisation à effectuer dans ce domaine », explique Jo Kox, son président. Outre la promotion de la jeune garde, le Fonds s’est également fixé pour mission d’aider les asbl culturelles à structurer leurs appels aux dons. Et Jo Kox d’expliquer : « Une fois un agrément temporaire obtenu, ces dernières peuvent initier des campagnes de récoltes de fonds pour des projets déterminés. Notre équipe perçoit ces sommes et les reverse. Pour les particuliers, grâce à une nouvelle version de l’arrêté grand-ducal concernant les dons en espèce, l’intérêt est de pouvoir bénéficier d’une déduction fiscale dès 50 euros. L’idée est bien de conscientiser M. et Mme Toutlemonde. » Également aux manettes du Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain depuis plus de 20 ans, Jo Kox a obtenu l’agrément nécessaire en 2014 afin d’étendre ses rentrées dans le cadre de son projet de transformation à l’horizon 2016. « Il faut savoir qu’en moyenne, les établissements culturels subsidiés disposent d’entre 5 et 10 % de ressources qui leur sont propres grâce à leurs tickets, publications ou autres locations de salles. À cinq euros l’entrée, il faut être créatif. » Flexible, le processus choisi par le Casino Luxembourg, mais aussi bientôt utilisé par le Musée national d’histoire et d’art ou la Fabrique d’Églises d’Eschdorf ne fixe pas de plafond maximum. « La palette est très variée. Il faut que l’idée soit déjà aboutie et construite. Dans le cas d’une tournée ou d’une saison théâtrale, par exemple, on aura besoin du planning, des lieux envisagés, etc. » Si la philanthropie gagne du terrain, ce qui manque encore à l’appel ce sont des capitaines de l’industrie se mettant publiquement au service de la culture. « Chaque bataille gagnée nous fait avancer, achève Jo Kox. On a besoin de grands mécènes privés qui pourraient en inspirer d’autres, un peu à l’image d’un François Pinault ou d’un Bernard Arnaud en France. Il nous faudra encore une ou deux générations pour y parvenir et en faire une habitude. » ◄
Toucher le grand public
Faire évoluer les mœurs
En attendant une réforme de la loi de 1928 sur les asbl, les acteurs de la philanthropie s’organisent pour faire progresser le secteur et dynamiser l’engagement de la société civile. Parmi les priorités : l’éducation des plus jeunes et le développement d’une recherche dédiée. Sous l’égide de la Banque de Luxembourg, organisatrice de la médiatique journée « La philanthropie, ça marche ! », un groupe de travail composé de professionnels issus du terrain, a abouti à un cahier de réflexion remis au cabinet du Premier ministre. « Le secteur privé doit plus que jamais prendre ses responsabilités et contribuer aux efforts publics », cadre Pierre Ahlborn, administrateur délégué de la Banque de Luxembourg. Quatre axes forts ont émergé de ces travaux inspirés des best practices de l’étranger. Le premier concerne l’éducation avec la volonté de conscientiser, dès le plus jeune âge, les petits Luxembourgeois dans le cadre de leur scolarité. La deuxième idée serait de faire du pays une terre de philanthropie à travers la création d’un centre d’excellence universitaire spécialisé dans la thématique. « C’est tout un écosystème dont nous avons besoin, des entreprises aux universités, en passant par les écoles et les asbl », explique Philippe Depoorter, secrétaire général de la Banque. Ensuite, créer une Maison de la philanthropie, à l’image de la Philanthropy House implantée dans le quartier européen à Bruxelles, permettrait de créer un one-stop shop, ainsi qu’une expertise globale et centralisée pour tous les acteurs du secteur. Enfin, la dernière proposition vise à pousser les associations à se fédérer et apprendre les unes des autres. Mis bout à bout, ces quatre vœux devraient contribuer à promouvoir la philanthropie à tous les échelons de la société civile, condition sine qua non de sa démocratisation. F. T. ◄
En résumé Encore émergente au Luxembourg, la philanthropie privée y prend de multiples formes. Dopé par la naissance de la Fondation de Luxembourg, le secteur voit émerger de nouveaux types de bénéficiaires, les acteurs du monde culturel en tête.
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Économie & Politique Transparence de la justice
07 Un accès au dossier à la discrétion du juge PHOTO : PAPERJAM / FA / DR
► Les avocats pénalistes regroupés dans l’Alap dénoncent les restrictions du projet de loi sur l’accès au dossier pénal. ► Ils craignent de ne pas pouvoir disposer des copies des dossiers pour les consulter librement. ― Texte : Véronique Poujol C’est un bureau étroit, au 3e étage du Palais de justice : les inculpés, avocats et parties civiles peuvent ici venir consulter les dossiers. Les notes sont permises, pas les photocopies. Certains se risquent parfois à dégainer le smartphone, craignant à tout moment l’irruption d’un attaché de justice. L’accès au dossier pénal, limité et seulement possible pendant les heures de bureau, va-t-il relever du passé ? Rien n’est moins évident. Le 23 décembre 2014, le ministre de la Justice Félix Braz a déposé un projet de loi transposant une directive de mai 2012, pour reconnaître les décisions pénales d’un État membre de l’UE à l’autre, ce qui suppose aussi une harmonisation des procédures sur l’accès au dossier pénal. Le texte aurait déjà dû être transposé en juin 2014. Le dispositif ne donne pas entière satisfaction aux avocats pénalistes. Ils l’ont fait savoir lors d’une conférence de leur association, l’Alap, le 14 octobre dernier. « Tout n’est pas mauvais dans le texte, mais nous sommes toujours dans cette situation où l’on pourra nous dire : tu te mets là dans la petite salle, tu prends ton crayon et tu notes », déplore Me Frank Rollinger. Il pointe du doigt les restrictions inscrites dans le projet de loi 6758 sur l’accès aux pièces. « Ce que nous voulons, renchérit
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Me Philippe Penning, président de l’Alap, c’est qu’on nous envoie le dossier. C’est ce dont nous avons besoin pour pouvoir travailler correctement, comme le Parquet, sans restriction. Nous aurons alors un vrai débat contradictoire et les avocats n’auront plus d’excuses. » Or, le projet de loi prévoit la consultation sur place mais laisse à la discrétion du juge d’instruction le choix de refuser la transmission des pièces (voire d’en prendre connaissance) pour permettre aux avocats de les examiner dans leur cabinet au lieu de se déplacer à la Cité judiciaire. D’autant que, dans les grosses affaires, les pièces souvent volumineuses rendent l’épluchage des dossiers quasi impossible. Frank Rollinger évoque par exemple les 27 classeurs du procès sur le meurtre en 2010 d’un septuagénaire qui s’était soldé par l’acquittement des trois prévenus en appel, après leur condamnation à des peines à perpétuité en première instance. Les magistrats avaient considéré que les 10 consultations qu’avait faites l’avocat au Palais de justice lui avaient permis « de préparer utilement sa défense »… Le projet de loi présenté comme « révolutionnaire » au Luxembourg va combler un vide théorique. Il n’existe aucun texte pour encadrer l’accès aux pièces. Cependant, sous l’aiguillon des arrêts de la Cour européenne des
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▲ Pour les pénalistes, la consultation des dossiers devrait se faire en leur cabinet, pour bien préparer un procès dans le respect du débat contradictoire.
droits de l’homme, l’accès et la transmission du dossier pénal se pratiquent, mais selon des modalités différentes en fonction des arrondissements. Diekirch serait plus enclin à la transmission des dossiers que la juridiction de Luxembourg. L’article 85 du projet de loi dispose qu’« avant le premier interrogatoire, la personne à interroger, la partie civile et leurs avocats peuvent consulter, sans déplacement, le dossier, à l’exception de ce qui se rapporte à des devoirs en cours d’exécution ». Au stade ultérieur de la procédure, la consultation pourra se faire trois jours avant chaque interrogatoire, sans déplacement ni possibilité d’enregistrement ou de reproduction. Le texte autorise en outre le juge d’instruction, via une « ordonnance motivée », à restreindre la consultation des pièces. Des dispositions qui font enrager les représentants de l’Alap, même si, en guise de lot de consolation, le
projet de loi donnera aux avocats de l’inculpé et des parties civiles le droit de « demander, par voie de requête sur papier libre, au juge d’instruction la communication de la copie de tout ou partie des pièces et actes du dossier ». Là encore sous conditions, car le juge d’instruction « décide du bien-fondé de cette requête par une ordonnance susceptible de faire l’objet d’un appel ». Les représentants de l’Alap espèrent donc des amendements au projet de loi. « Si le juge peut refuser la communication du dossier, signale Me Penning, ce n’est pas vraiment un progrès. L’essentiel aura été loupé. » ◄ En résumé La transmission des copies d’un dossier pénal est pratiquée, mais n’est pas encadrée par un texte législatif. Le Luxembourg va transposer, avec retard, une directive de 2012, sur la reconnaissance des décisions de justice dans l’UE. Le texte ne va pas assez loin, jugent les avocats pénalistes, en dénonçant le pouvoir octroyé au juge d’instruction de refuser l’accès au dossier et sa transmission aux avocats.
Cette information n’est pas un avis juridique et ne saurait engager la responsabilité de ses auteurs
« Votre profil nous intéresse ! Une dernière question : Êtes-vous enceinte ? »
« Vous n’avez pas le droit de me poser cette question ! »
L’EMPLOYEUR PEUT-IL INTERROGER UNE CANDIDATE SUR SON ÉTAT DE GROSSESSE LORS D’UN RECRUTEMENT ? Lors de l’entretien d’embauche, les questions aux candidats doivent se limiter à vérifier si le candidat a les qualités professionnelles et personnelles requises pour le poste à pourvoir. En raison des principes de protection de la vie privée et de non-discrimination, le recruteur ne peut pas interroger la candidate sur son état de grossesse. La Cour d’appel a eu l’occasion de rappeler dans un arrêt récent que « lors d’un entretien d’embauche, la femme enceinte n’a pas l’obligation de révéler son état de grossesse ». CASTEGNARO-Ius Laboris Luxembourg est le plus grand cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail au Luxembourg, conseillant et défendant exclusivement les employeurs. CASTEGNARO est fondateur et membre de Ius Laboris, une alliance internationale composée des cabinets d’avocats spécialisés en droit du travail les mieux cotés dans leur pays respectif.
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Économie & Politique Partis du gouvernement
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
08 Sur les plots pour 2017
► Les partis de la coalition doivent se mettre en ordre de bataille en vue des prochaines échéances électorales, les communales pour commencer. ► Les libéraux se cherchent un patron, probablement une patronne. Corinne Cahen est bien placée dans la « primaire ». ► Le partenaire socialiste se déchire entre les « bobos » du Centre et la faction ouvriériste du Sud. ► Les écologistes sont toujours en quête de leurs marques. ― Texte : Véronique Poujol
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Malmenés par les sondages après deux ans de pouvoir et l’échec cinglant du référendum, les trois partis de la coalition doivent se mettre en ordre de bataille pour affronter le prochain rendez-vous avec les électeurs : les communales d’octobre 2017. Revue des troupes…
▲ Des partis et des hommes. Le LSAP d’Étienne Schneider fait face à sa gauche. Les verts de Félix Braz se cherchent une identité en ligne avec le pouvoir. Les libéraux de Claude Meisch et Xavier Bettel doivent confirmer et renouveler leur figure de proue.
DP Le 28 novembre, le DP tiendra un congrès extraordinaire pour y élire son nouveau président ou sa nouvelle présidente, Xavier Bettel ayant jeté l’éponge face à l’impossibilité d’assumer son rôle de Premier ministre qui assure la présidence de l’UE jusqu’à la fin de l’année, et celui de chef des libéraux. Il s’était lui-même assez bien accommodé de cette double responsabilité, mais ses participations épisodiques aux réunions du DP ont mis de la distance avec les organes du parti. Le « non » massif au référendum du 7 juin dernier, où Xavier Bettel avait beaucoup payé de sa personne, a convaincu définitivement le parti qu’il lui fallait un nouveau chef de train, une autre gouvernance.
La question qui agite la sphère libérale est de savoir qui pourrait remplacer le charismatique Xavier Bettel dans un parti qui s’appuie très largement sur la personnalité de ses dirigeants. Une « primaire informelle » se jouait en octobre dans les coulisses libérales et le suspense devrait encore planer jusqu’à la dernière minute. Eugène Berger, le président de la fraction libérale à la Chambre des députés, indiquait à la mi-octobre au Jeudi que 10 candidats avaient déjà manifesté leur intérêt : « Nous avons plein de candidats potentiels », disait-il. Pour autant, il y en a peu à tenir la rampe pour incarner le rajeunissement du parti et le conduire aux prochains rendez-vous électoraux.
Économie & Politique Partis du gouvernement Côté hommes, les noms du secrétaire d’État Marc Hansen et celui du très transparent député de l’Est et secrétaire général Gilles Baum ont été cités, mais ce serait là un choix par défaut. Car, même s’ils sont issus de la nouvelle génération, ils sont loin d’être susceptibles à la fois de soulever l’enthousiasme des foules mais aussi de fédérer les troupes à l’intérieur pour tenter de renouer avec la victoire, comme à l’automne 2013. L’arrivée de Déi Liberal, branche « dure » du libéralisme prônant le moins d’État possible, est là pour rappeler à l’ordre le Premier ministre contre toute tentation de « gauchisation ».
Corinne Cahen est un peu le Xavier Bettel au féminin, omniprésente dans les médias, drainant un gros capital sympathie auprès de la population. Chez les femmes, trois personnalités se sont dégagées : l’avocate pénaliste Claudia Monti, vice-présidente du parti, Joëlle Elvinger, avocate elle aussi mais plutôt d’affaires, et Corinne Cahen, la très en vue ministre de la Famille et de l’Intégration. Cette dernière est un peu un Xavier Bettel au féminin, omniprésente dans les médias, drainant un énorme capital sympathie auprès de la population et passant un peu entre les gouttes de la défiance des électeurs envers les partis de la majorité. La bourgmestre et ancienne ministre Lydie Polfer, encore populaire mais sans doute peu à même d’incarner le renouveau, est d’office exclue car elle a déjà présidé le parti et les statuts ne l’autorisent pas à briguer un nouveau mandat.
LSAP Au parti socialiste, on essaie de renouer le dialogue entre la faction « libérale » du Centre, emmenée par le vice-président du gouvernement Étienne Schneider, et la branche bien à gauche du Sud ouvriériste ayant l’appui d’un président de l’OGBL incontrôlable, André Roeltgen, qui réactualise la lutte des classes à l’heure de la société digitale. L’été dernier, le syndicaliste et ancien président de la puissante fédération des cheminots, la FNCTTFEL, Nico Wennmacher, a lancé, dans un franc-parler, un rappel à l’ordre aux dirigeants du LSAP pour leur rappeler leurs origines. Il a adressé une lettre ouverte aux camarades puis s’était expliqué dans les médias : « Nous voulons, déclarait-il dans une interview au Quotidien, un parti socialiste fort, mais un parti qui doit prendre au sérieux ses
engagements, un parti qui doit prendre en charge les problèmes des couches laborieuses. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. » Nico Wennmacher incarne cette base qui a le sentiment de ne plus être entendue par les dirigeants et les élus socialistes en perte de repères depuis l’alliance avec le DP et les verts pour se maintenir au gouvernement. À l’université d’été du LSAP, les frondeurs et la nomenklatura ont promis de « mieux se parler ». Du coup, Étienne Schneider a soigné ses messages pour se rapprocher des préoccupations du peuple. « Le ministre libéral n’est pas aussi libéral qu’on veut bien dire », lâchait-il dans une interview au Jeudi. Pour faire « vraie gauche » et se donner l’air d’être à la disposition du parti, comme le fut toute une génération de sociaux-démocrates avant lui, Étienne Schneider a multiplié les postures, parfois maladroitement. Sur l’indexation, il annonce au milieu de l’été qu’une tranche interviendra avant la fin de l’année, mais il se fait immédiatement contredire par le ministre des Finances, puis le Statec et enfin la Banque centrale, qui voient plutôt le saut d’index dans le courant du 1er trimestre 2016. Sur les antennes de RTL, le ministre de l’Économie marche sur les plates-bandes de son confrère libéral des Finances Pierre Gramegna et anticipe la fin de l’impôt de 0,5 % servant à remettre à l’équilibre les finances publiques.
Pour l’ancien Jacques Poos, « le LSAP se redressera des coups de pied injustement encaissés ». Étienne Schneider doit aussi encaisser les coups de la vieille génération. Dans une tribune au Wort, celui qui n’est jamais devenu ministre, Ben Fayot, sort son venin en reprochant au LSAP de ne pas avoir revendiqué le leadership au gouvernement à l’issue du scrutin de l’automne 2013, alors que le parti avait recueilli 0,14 % de voix de plus que le DP. Fayot père critiqua par ailleurs la stratégie du parti de marginaliser le Sud ouvrier pour privilégier le Centre bobo. Un second vieux Sage, l’ancien vice-président du gouvernement Jacques Poos, est toutefois venu éteindre l’incendie, considérant les frondeurs comme un épiphénomène. « Le LSAP, a-t-il pronostiqué dans un entretien à Paperjam, se redressera des coups de pied injustement encaissés. »
DÉI GRÉNG Rangé derrière Félix Braz, qui assure désormais le leadership – le leader historique François Bausch étant en fin de carrière –, le parti écologiste est toujours en quête d’une posture, toujours pas habitué à son statut de parti de la majorité. Fidèle à sa réputation de
loup solitaire, le ministre de la Justice est loin d’être la personnalité idoine pour fédérer le parti. Pour autant, les ministres verts de la coalition ont plutôt bonne presse si on compare leurs cotes de popularité à celles de leurs collègues DP et LSAP, au plus bas dans les sondages.
Sur des dossiers sensibles comme la protection de la vie privée ou la réforme du Srel, c’est un peu comme si les verts avaient mis leurs idées en sourdine. Les positions de la fraction parlementaire, dirigée par Viviane Loschetter (qui semble avoir oublié son engagement oral de lâcher son mandat d’échevin au plus tard en décembre 2014, au nom du non-cumul des mandats), cachent un peu celles, effacées, d’un parti rajeuni coprésidé par Sam Tanson, qui a pris un peu de hauteur depuis son entrée au Conseil d’État, et Christian Kmiotek. Sur les dossiers chauds du moment comme les rulings fiscaux ou plus globalement l’affaire LuxLeaks, qui, s’ils n’avaient pas fait partie de la coalition, auraient été du pain bénit, Déi Gréng reste étonnement silencieux. La sanction, le 21 octobre dernier, du Luxembourg par la Commission européenne pour le traitement de faveur accordé au groupe Fiat a fait réagir Kmiotek… à la radio allemande. Aucun message n’a été livré à l’électorat écologiste qui a du mal à reconnaître ses valeurs dans le Luxembourg de l’optimisation fiscale qui s’étale à la une des médias européens. Sur d’autres dossiers sensibles comme la protection de la vie privée et la surveillance de masse (affaire Schrems, accords avec les États-Unis sur la transmission d’informations) ou la réforme du Service de renseignement de l’État, c’est un peu comme si les verts avaient mis leurs idées en sourdine pour ne pas gêner le concert des grands frères au gouvernement qui, eux, doivent accorder leurs instruments avec ceux des affairistes du DP. Que les verts aient retenu la thématique accommodante du changement climatique pour leur congrès de ce mois de novembre témoigne de leur volonté de mettre le frein à main sur certaines de leurs valeurs. Or, il leur faudra dessiner un profil politique plus courageux pour leur prochain rendez-vous avec leurs électeurs en octobre 2017. ◄ En résumé Comment vont les partis du gouvernement ? Le DP se cherche un nouveau patron, ou une nouvelle patronne. Il y a ensuite le LSAP qui se déchire entre la tendance imposée par ceux du Centre, incarnée par Étienne Schneider, et les frondeurs à la culture ouvriériste du Sud. Et l’on trouve enfin Déi Gréng, pas encore dans leurs bottes de parti gouvernemental.
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Économie & Politique Inspection générale des finances
09 L’irremplaçable Monsieur Waringo ► Le directeur de l’IGF est un des hommes de l’ombre essentiels dans les rouages de l’État. ► Jeannot Waringo pense à la retraite, mais ne l’a pas demandée ; il cumule les mandats, inspire la détestation mais a su se rendre indispensable.
Il est l’un des hauts fonctionnaires à cumuler le plus de mandats dans les conseils d’administration de sociétés dans lesquelles l’État détient des participations. Jeannot Waringo, directeur de l’Inspection générale des finances (IGF), siège aux CFL (il en est le président), à Lux-Airport (présidé par un autre cumulard et ex-agent de l’IGF, Tom Weisgerber), LuxDevelopment, ArcelorMittal, SEO ou au CCRN. Il est l’homme clef pour la confection des projets de budget depuis plus d’une décennie, bien qu’il se soit montré discret cette fois. C’est un homme d’influence et de réseau qui a su, à 63 ans et après deux AVC, se rendre indispensable dans les rouages de l’appareil d’État. Le changement de majorité en décembre 2013 n’a pas entamé ses pouvoirs, alors qu’il n’avoue pas de sympathie pour les gauchistes, malgré le surnom de « bolchévique » que lui collent ses adversaires. Les départs coup sur coup de Georges Heinrich (direction du Trésor), de Sarah Khabirpour et d’Alphonse Berns (direction de la Fiscalité) au ministère des Finances ont contribué à renforcer la position de celui qui dément rouler pour le CSV et se dit écologiste, fût-il de droite. Le budget, c’est avec lui. La recherche, c’est aussi lui. La culture, c’est encore lui. Il aurait d’ailleurs le don d’ubiquité, au point de siéger au
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même moment au conseil d’administration des CFL et à celui de Neimënster. Il n’a pas assisté pendant près d’un an aux réunions du centre culturel de l’Abbaye, mais a touché ses indemnités d’administrateur. Il se montre discret depuis les révélations de ses intrigues autour de la succession, en 2013, de Claude Frisoni à la direction de ce qui allait devenir Neimënster. Waringo avait baissé le pouce à l’arrivée de Marc Limpach, jugé trop à gauche. Mais qui oserait toucher à ce haut fonctionnaire qui a les mains sur le portefeuille du pays du Luxembourg et dont l’influence auprès de la nomenklatura reste insondable ? Sous des allures de paisible grand-père, l’homme est redoutable, y compris pour la classe politique qu’il toise. « Waringo a su, à travers les décennies, se rendre indispensable. Il dispose du savoir sur les mécanismes de fonctionnement propres à l’État luxembourgeois », raconte un autre haut fonctionnaire. Sous les gouvernements Juncker, le patron de l’IGF était l’homme clef pour apprécier par exemple les réserves occultes et anticiper les rentrées d’argent. Aucune réforme de la fiscalité ne pouvait se faire sans lui. Mais survivra-t-il à la réforme programmée l’année prochaine ? Lors des négociations de coalition à l’automne 2013, alors que les partenaires évoquaient une gestion plus durable des finances
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▲ Jeannot Waringo est un « prince de l’ombre » qui éclaire les budgets, notamment.
publiques et ébauchaient ce qui deviendrait le Conseil national des finances publiques, Waringo, sur le qui-vive, craignait que le nouveau pouvoir, avec ses idées de transparence, n’égratigne certaines de ses prérogatives. D’aucuns ont vu sa main dans le fait que le CNFP n’ait pas pu aviser le projet de budget 2015 et son train de mesures pour le « paquet d’avenir » dans les délais. « Il a bloqué des projets et tenté d’en faire avorter », affirme un proche du pouvoir. En 2014, lorsque le gouvernement a voulu faire passer la taxe de 0,5 % sur l’équilibrage budgétaire. Waringo trouva l’initiative discutable, alors qu’elle venait d’être validée par le conseil de gouvernement. Il remit même son opportunité en question lors d’une réunion technique. Ses détracteurs racontent qu’il aurait même été jusqu’à inspirer un membre influent du Conseil d’État qui obligea le gouvernement à retoquer l'un de ses projets phares. Il n’en conserve pas
moins le soutien de Pierre Gramegna. Jeannot Waringo ne goûterait que modérément l’idée d’introduire l’individualisation de la fiscalité des personnes physiques, faisant savoir qu’elle serait irréalisable. « C’est une conception curieuse de sa fonction de serviteur de l’État », fait-on remarquer. Malgré toute la détestation que son personnage inspire, il reste un phare de l’administration luxembourgeoise. Son départ, au stade actuel, poserait de sérieux problèmes, d’autant que la question de sa succession n’aurait pas encore été réglée. Waringo entretient lui-même le mystère : « Je vous dis très clairement que je n’ai pas demandé ma retraite à ce jour. Je ne sais pas quand je le ferai. Je sais seulement que je ne projette pas de rester jusqu’à 65 ans », confiait-il à Paperjam, fin septembre dernier. « Je persiste néanmoins à trouver que j’ai un métier passionnant. Si j’étais journaliste, je demanderais qui sera mon successeur. Moi, je l’ignore. » ◄ En résumé Jeannot Waringo, le patron de l’Inspection générale des finances, est un des hommes clefs de l’administration, capable de bloquer des projets, même validés par le gouvernement. Il cumule aussi les jetons dans de nombreux conseils d’administration, même s’il n’y est pas très assidu.
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite les sujets clés sélectionnés par la rédaction. Les produits Jailbird, manufacturés au centre pénitentiaire de Givenich, sont accessibles en ligne depuis début octobre. L’association Défi-job, qui encadre et forme par le travail des détenus en passe de retrouver la liberté, a développé un nouveau site pour l’occasion.
Creos Luxembourg et Fluxys Belgique ont mis en place le premier marché commun – ou intégré – du gaz entre deux États membres. Les droits d’accès d’entrée et de sortie entre les deux pays sont abolis et le hub Zeebrugge Trading Point (ZTP) est désormais le point d’échange de gaz de toute la zone pour laquelle un système d’équilibrage commun a été mis en place. Ce rapprochement s’est fait sur base de la volonté de l’Union européenne de construire un marché gazier intérieur sans frontière.
Alors que Cargolux China, joint-venture entre la compagnie aérienne luxembourgeoise et HNCA, doit voir le jour Sur les trois premiers fin 2016 trimestres de 2015, la à Zhengzhou, le fréquentation du CEO de Cargolux, Mudam, le musée Dirk Reich, a réafd’art contempofirmé son intention rain de ne pas impacter les de Luxembourg, emplois au Findel. Dans une a progressé de interview au Wort, il a confirmé Le Mudam près de 8 % par que la maintenance ne serait pas connaît une belle rapport à la délocalisée en Chine. progression même période en en 2015. 2014, dépassant 56.000 véhicules du groupe actuellement les Volkswagen immatriculés au 60.000 visiteurs. Le seul Grand-Duché sont dotés du logiciel trimestre d’été (juillet-aoûtpermettant de réduire artificielleseptembre), qui coïncide avec l’exment le taux de pollution, selon position à la fois populaire, origiles chiffres donnés par le ministère nale et de très du Développement durable début bon niveau Eppur si muove, atteint octobre. Un chiffre qui équivaut même une progression de 11 %. à 27,4 % des voitures particulières enregistrées au Grand-Duché, La radio socioculturelle 100,7, selon les données du Statec. S’il qui exploite comme son nom l’inest aussi élevé, c’est parce que, dique la fréquence 100,7 MHz, depuis 2006, les marques du va enfin avoir droit à une seconde groupe allemand dominent les fréquence, le 95,9 MHz. ventes au Grand-Duché. Quant L’attribution de cette fréquence au groupe Losch, distributeur pour le groupe VW au Luxembourg, va permettre à la radio publique d’améliorer sa couverture du nord il a fait les comptes. Il se prépare à rappeler 34.218 véhicules équi- du pays. pés du logiciel problématique. Les modèles visés datent de 2008 Le groupe manufacturier Heintz à 2015 et sont équipés uniquevan Landewyck, spécialisé dans ment des moteurs diesel type les produits issus du tabac, a EA 189. Il s’agit principalement annoncé un investissement de de Volkswagen (18.219 voitures), quelque 60 millions d’euros dans suivies par des Audi (9.823), des un nouveau site de production qui Skoda (3.570) et des Seat (2.606). s’étendra sur une surface équivalente à 12 terrains de football, sur
+8 %
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la zone du « Zano » au Fridhaff, près de Diekirch. Les deux sites de production, l’historique à Hollerich et celui d’Ettelbruck, migreront donc dans la Nordstad d’ici 2021 en deux phases, l’ensemble du site devant être opérationnel à l’échéance de 2022 pour les 175 ans du groupe familial. (lire aussi en p. 76-77)
prochaines années en Europe, évoqué des investissements dans l’innovation, mais est resté discret sur le volet luxembourgeois où l’heure semble plutôt aux désinvestissements. Il estime que la consommation d’acier devrait augmenter de 6 % en Europe en 2015. Le groupe Smets, spécialisé dans le retail de luxe, vient d’équiper
À Strassen, Smets dispose désormais d’une borne de livraison externe.
Field Sicar et Marc Neuen quittent le capital de Sympass, créé en 2003. L’arrivée des fonds français Siparex Proximité Innovation et Re-Sources ouvre de nouvelles voies, aux côtés de la dirigeante Valérie Crauser. La carte de fidélité Sympass, qui offre aux employés des sociétés clientes des réductions chez des partenaires commerçants, a séduit de nombreuses entreprises au Luxembourg. Elle compte quelque 65.000 membres au sein des principaux employeurs du pays. ArcelorMittal a annoncé, lors d’une grand-messe parisienne, un renforcement de la stratégie du groupe, basé à Luxembourg, sur ses activités européennes. Le géant sidérurgique mondial a prévu l’embauche de quelque 3.600 personnes sur les trois
son concept store de Strassen d’une borne de livraison externe conçue par BPM. Dans un contexte d’explosion du e-commerce, ce nouveau canal contribue à supprimer les contraintes des ventes physiques. Le gestionnaire de l’aéroport de Luxembourg, Lux-Airport, a amélioré le record de date du franchissement du cap des 2 millions de passagers au Findel. Il est désormais acté à la mi-septembre. Ce cap avait été franchi pour la première fois en décembre 2013, puis en octobre l’an dernier. Cette évolution témoigne d’une fréquentation toujours plus importante de l’aéroport de Luxembourg. Le site de vente en ligne de lingerie Glamuse.com fait passer son
67 %
Entreprises Brèves
Les PME, qui représentent 99,5 % des entreprises et 68 % du PIB luxembourgeois, assurent aussi 67 % de l’emploi intérieur.
siège de Nancy à Luxembourg. Le nouveau président et principal actionnaire (depuis l’été dernier) de Glamuse, Patrice Legrand, parle d’une « implantation stratégique » motivée par l’ambition d’exporter la marque et « le glamour à la française » beaucoup plus largement.
Le service gratuit d’e-mails « Tango.lu » a été victime d’un « dysfonctionnement technique » en date du 8 octobre. Une panne qui s’est traduite par un ralentissement de l’envoi et de la réception des e-mails, générant un « time out » et, en conséquence, un message d’erreur au moment de la connexion au service. Elle a concerné au moins 3.000
Cargolux Italia opère deux vols hebdomadaires vers Zhengzhou qui transitent par Novossibirsk.
La filiale italienne de Cargolux, Cargolux Italia, est au cœur d’un processus devant mener à un partenariat avec la compagnie de fret Nippon Cargo Airlines. Si l’accord se concrétise, Cargolux Italia partagerait des vols pour NCA depuis l’aéroport de Milan Malpensa vers les aéroports internationaux du Kansai et de Narita au Japon. Quatre mois après la mise en place d’une première liaison vers la Chine, Cargolux Italia opère aussi désormais un second vol hebdomadaire en direction du hub de Zhengzhou, via Novossibirsk, en Russie. Ces deux vols devraient permettre aux manufacturiers italiens de consolider leur présence en Chine vers laquelle ils exportent des articles de mode, des machines et des pièces de rechange mécaniques. Après avoir ouvert une filiale en Belgique l’an dernier, Doctena, la plateforme destinée à la prise de rendez-vous médicaux en ligne, vient d’en inaugurer une autre à Amsterdam, aux Pays-Bas. Elle lorgne désormais sur d’autres marchés, dont la Suisse.
utilisateurs et a contraint la firme à déployer de nouveaux équipements techniques. Davantage active sur les destinations nordiques dès cet hiver grâce à de nouvelles liaisons vers Stockholm et Copenhague, Luxair va également desservir l’est de l’Europe à compter du printemps prochain en ajoutant Prague à son catalogue de destinations. Selon les données annuelles présentées par le Statec, 17 % de la population résidente ont effectué un voyage d’affaires de plusieurs jours l’an dernier, contre 21 % en 2013. Au total, ce sont 80.000 voyageurs d’affaires qui ont effectué 304.000 voyages de plusieurs jours l’an dernier pour un budget total de 845 millions d’euros. Afin de donner la possibilité aux entreprises du nord du pays de se développer, une nouvelle zone d’activité, située au « Fridhaff », à proximité de Diekirch, sortira de terre d’ici 2017. Prévue sur 45 hectares, elle devrait accueillir quelque 30 sociétés et avec la
possibilité de créer de 800 à 1.200 emplois, selon les estimations de Francine Closener (LSAP), secrétaire d’État à l’Économie. La société luxembourgeoise SES et six autres opérateurs de satellites (Eutelsat, Intelsat, Hispasat, Inmarsat, Thuraya et Yahsat) ont signé une charte de connectivité de crise avec le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU et le Cluster des télécommunications de crise (ETC). Au cœur de cet accord, l’organisation des interventions lors de crises humanitaires. Une étude du Conseil économique et social (CES) a démontré que le commerce de détail n’a pas suivi l’évolution de la société luxembourgeoise ces 15 dernières années. La progression du chiffre d’affaires en volume dans le commerce de détail n’a pas suivi la dynamique de l’évolution démographique, surtout après 2008. L’étude constate que, l’offre n’ayant pas suivi et la perception étant celle de prix élevés au Luxembourg, les résidents se tournent de plus en plus vers les commerces de la Grande Région. Le Centre de musiques amplifiées, gestionnaire de la Rockhal, a fêté son dixième anniversaire à la mioctobre. Avec un concert tous les trois jours en moyenne, la plus
grande salle du pays affiche un agenda bien rempli sur ses 10 années d’existence. Cela ne fait rien de moins que 1.500 concerts et surtout 1,5 million de spectateurs ( jusqu’en août 2015 inclus). Le nombre d’événements a été globalement croissant passant de 65 en 2006 à 160 l’année dernière. Après avoir été confirmée pour 10 ans au niveau de la concession de Berchem, Shell entame les travaux de modernisation de la station-service. La marque proposera un site réaménagé début 2016, avec l’arrivée de deux enseignes de la restauration rapide : McDonald’s et Starbucks. L’enseigne de café américaine n’est pas encore présente sur le territoire luxembourgeois mais prévoit aussi d’ouvrir un établissement au Findel. Luxtrust s’apprête à lancer Luxtrust Mobile pour scanner un QR code et valider une opération bancaire en ligne, afin de répondre aux besoins de mobilité des usagers. Mais le token actuel sera maintenu. Limogé en mars dernier de la direction de la chaîne hongroise RTL Klub, filiale de RTL Group, Dirk Gerkens a retrouvé du travail chez TV2, concurrente directe de RTL Klub.
La Rockhal est devenue un point de référence en Grande Région pour les artistes internationaux (ici les Chemical Brothers).
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Entreprises Brèves
2 %
Selon le Retel, à peine 2 % des salariés travaillant au Luxembourg occupent un emploi intérimaire.
La marque automobile Tesla, spécialisée dans les véhicules électriques haut de gamme, a confirmé l’ouverture d’un premier magasin au Grand-Duché début 2016. La vitrine de la marque fondée par le milliardaire américain Elon Musk sera située route de Thionville, à Luxembourg-ville.
Le Mémorial B a signalé dans son édition du mardi 27 octobre la nomination de John Santurbano comme directeur de l’Administration de la navigation aérienne (ANA). Il assurait l’intérim depuis janvier 2013 à la suite du départ d’Ender Ulcun. Il a été nommé pour un mandat de sept ans. L’Ana devrait devenir l’Administration de l’aérodrome et de la navigation
De nouveaux moyens pour la brasserie luxembourgeoise, incluse dans AB InBev mais liée à des investisseurs locaux.
La brasserie de Luxembourg, à Diekirch, a obtenu des garanties pour son avenir. La filiale grandducale du premier groupe brassicole mondial, AB InBev, bénéficiera même d’un investissement de 25 millions d’euros pour de nouvelles installations. La nouvelle brasserie sera dotée d’équipements ultramodernes et aura une capacité de brassage de 200.000 hectos. La Diekirch et la Mousel continueront donc à être fabriquées sur le territoire national et le site pourra, à l’occasion, brasser également d’autres productions du groupe. La nouvelle entité sera aussi à la base d’un nouveau quartier, baptisé Draïeck Dikrech. Pour EY Luxembourg, l’année fiscale qui s’est clôturée fin juin a été la deuxième meilleure depuis 2010. L’entité luxembourgeoise de la société de conseil et d’audit a enregistré une croissance de 8 %, soit le double de l’an dernier, pour atteindre un chiffre d’affaires de 165,5 millions d’euros. (lire aussi p. 72)
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aérienne (ANSP). Elle assurera donc d’un rôle de gestionnaire technique de l’aérodrome qu’elle assume de façon informelle, à côté de sa mission officielle de prestataire de services de la navigation aérienne certifié au Luxembourg. Dans le but de renforcer sa visibilité – tant en interne qu’en externe –, et d’offrir de nouveaux services à ses membres, le Cluster for Logistics (C4L) a remanié son site web. Le site du Cluster for Logistics propose désormais notamment des offres d’emploi et d’apprentissage. Les espaces de bureaux restent très recherchés sur le territoire luxembourgeois. Selon les calculs de JLL, les investissements devraient dépasser le milliard d’euros alors que la location bénéficie temporairement d’une offre un peu plus fournie. Selon les chiffres fournis par JLL, le volume d’investissement s’élève à 825 millions d’euros au terme du troisième trimestre, un chiffre déjà proche du total de 2014 (889 millions d’euros). Le marché de la location de
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bureaux, lui, s’est donné un peu d’air. De nouveaux produits et des immeubles de seconde main sont venus compléter l’offre qui est actuellement de 156.000 m2 disponibles. Il y a trois mois, selon JLL, elle n’était que de 138.000 m2. Le taux de vacance est donc légèrement remonté à 4,2 %. Le Parlement européen a voté fin octobre un paquet législatif relatif aux télécommunications. Il sonne la fin des frais d’itinérance pour l’utilisation des téléphones mobiles à l’étranger à partir de juin 2017. Une étape intermédiaire est prévue dès le 30 avril 2016 avec des frais de roaming déjà réduits. Face aux difficultés rencontrées par les jeunes entreprises, un programme d’encadrement et de soutien spécifique, baptisé «Fit4Start», a été mis sur pied. Son objectif est de favoriser l’émergence de nouvelles entités capables de valoriser le Luxembourg à l’international. D’une durée de quatre mois, le programme, créé par le ministère de l’Économie, Luxinnovation et le Technoport, vise les start-up constituées il y a moins de 12 mois et comprenant au moins deux personnes. Il offre une aide financière de 50.000 euros et permet un mentoring et un coaching de la part d’entrepreneurs confirmés. La société Dometic Medical Systems, basée à Hosingen, vient de changer de nom après son rachat – intervenu un peu plus tôt dans l’année – par Navis Capital Partners. Désormais dénommée B Medical Systems, elle est active dans la fabrication et la distribution d’équipements de réfrigération des vaccins, notamment à destination des zones les plus reculées. Elle fonctionnait auparavant en tant que département réfrigération d’Electrolux.
Post Luxembourg a pris une participation de 35 % dans une société créée par des chercheurs du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) de l’Université du Luxembourg. La nouvelle entreprise, Information Technology for Transnational Medecine (ITTM), est spécialisée dans la préparation et l’analyse de données provenant d’essais cliniques. Outre une participation financière acquise via Post Capital, Post veut jouer le rôle de partenaire technologique par son offre de data center. À l’occasion de son demi-siècle de présence au Luxembourg, Manpower Luxembourg, dirigée par Anne Leclerq, a mené une enquête auprès des employeurs sur leurs priorités face aux évolutions futures du marché du travail. Il en ressort que 66 % des employeurs luxembourgeois disent éprouver des difficultés à pourvoir aux postes vacants en raison de la pénurie de talents. Une moyenne nettement plus élevée que la moyenne internationale qui est de 38 %. Selon les entreprises interrogées, cette pénurie est liée au manque de candidats disponibles, mais aussi au manque de compétences techniques et d’expérience. Le tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale a placé l’Imprimerie Faber en faillite le 30 octobre dernier. Ses deux actionnaires, Myriam et Eliane Faber, qui détiennent les deux tiers du capital social de l’entreprise de Mersch, ont jeté l’éponge, se décidant au dépôt de bilan après l’échec des négociations sur un plan de sauvetage avec les syndicats qui duraient depuis plusieurs semaines.
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Entreprises Parapharmacie
01 Bientôt des recettes de santé « made in Luxembourg »
► La société d’origine allemande PM-International s’est récemment installée à Schengen et y a transféré son siège social. ► Le spécialiste des compléments alimentaires et de la cosmétique vient d’y établir son centre de R & D, auparavant en Allemagne. ► Le groupe est déjà implanté dans 35 pays et se base sur un réseau de vente directe. ― Texte : Jean-Michel Lalieu ― Photos : Mike Zenari
En mai dernier, c’est en toute discrétion que la société PM-International, spécialisée dans la cosmétique et les compléments alimentaires, a installé son nouveau quartier général à Schengen. Pourquoi Schengen ? Parce qu’elle assure la plus grande proximité avec la France et l’Allemagne et qu’elle jouit d’une réputation internationale. Or, installée quasiment à flanc de coteau sur la « route du vin », cette entreprise de droit luxembourgeois, mais originaire d’Allemagne, n’envisage rien d’autre que de devenir le leader mondial dans la production « premium » de compléments pour le bien-être, la santé et la beauté. « C’est notre plus grande ambition et, dès lors, tous les projets que nous développons sont en ligne avec cette volonté, convient Alexander Plath, public relations manager et membre du comité de direction. Mais bien entendu, il y a encore beaucoup de chemin à faire. » Créée en 1993 par l’Allemand Rolf Sorg – aujourd’hui citoyen luxembourgeois –, d’abord implantée en Allemagne avant de déménager son siège social à Luxembourg-ville au milieu des années 1990, PM-International a profité de ce récent déménagement pour concentrer ses forces sur le territoire grand-ducal. Depuis le printemps, en effet, son département de recherche et développement est venu de l’ancien siège allemand, situé près de Mannheim, compléter l’équipe basée à Schengen. Une entité de 15 personnes qui travaille en partenariat avec des chercheurs indépendants partout en Europe et des universités.
FRAPPES CHIRURGICALES ▲ PM-International vient de s’installer dans un bâtiment flambant neuf à Schengen.
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L’innovation, c’est la base du succès des produits de PM-International. « Nous avons axé la plus-value de nos produits sur le transport de
Entreprises Parapharmacie nutriments », explique Alexander Plath. En démarrant sa production à toute petite échelle, Rolf Sorg s’est d’abord focalisé sur les produits cosmétiques. Avant de se rendre compte du pouvoir de certains produits naturels sur la santé. Et, très vite, il a découvert une méthode pour faire en sorte que les nutriments arrivent au niveau des cellules du corps « au bon endroit et au bon moment ». Depuis, toutes les gammes de produits de PM-International, les poudres pour boissons comme les soins pour la peau, sont estampillées NTC pour « Nutrient Transport Concept ». Elles doivent atteindre leur but par un meilleur ciblage qui permet notamment, en retour, un dosage plus limité. « Nous ne sommes sans doute pas les plus grands en Europe, mais au niveau technologique, nous sommes certainement les plus avancés », pointe le responsable de PM-International. La firme détient déjà une vingtaine de brevets et pas mal d’autres secrets de cuisine également logés dans la société luxembourgeoise. Pour peaufiner le portrait par quelques chiffres, notons que la société est présente dans 35 pays, principalement en Europe mais aussi en Amérique du Nord et en Asie, et a réalisé un chiffre d’affaires de 313 millions de dollars en 2014. Elle revendique une croissance annuelle supérieure à 10 % au cours des derniers exercices. Au Japon, elle est actuellement de 300 %. Le siège luxembourgeois héberge 50 personnes – l’administration internationale, les finances, le marketing et, depuis peu, la R & D. 150 personnes sont aussi employées en Allemagne, la plupart au centre logistique de Speyer et, au total, PM-International compte plus de 400 salariés. L’actionnariat est aussi en grande majorité entre les mains de la famille Sorg. Le fondateur, toujours à la tête de l’entreprise, n’a visiblement aucune envie de voir les spéculateurs tournoyer autour de ses activités et ne veut donc pas entendre parler d’entrée en Bourse. PM-International a développé deux gammes de produits basées sur le principe NTC. Une ligne de compléments pour la santé au quotidien et pour les sportifs – elle revendique d’ailleurs une liste de plus
▲ La société originaire d’Allemagne développera désormais ses nouveaux produits depuis son siège luxembourgeois.
de 500 athlètes de haut niveau qui lui font confiance –, commercialisée sous la marque FitLine. En cosmétique, elle s’est surtout axée sur les produits pour la peau et rassemble la gamme sous la marque BeautyLine. « En moyenne annuelle, nous vendons 300 millions de produits, calcule Alexander Plath. Et rien que le fait de pouvoir vendre des compléments alimentaires dans plus d’une trentaine de pays, qui ont tous des législations différentes concernant ce type de produits, est un gage de sérieux. » Pour des soucis de qualité, justement, la firme a jusqu’à présent fait le choix de soustraiter la production en Allemagne auprès de firmes de standard pharmaceutique. « Nous préférons nous concentrer sur le développement, note encore le responsable. D’ailleurs, même pour un produit déjà commercialisé, nous regardons chaque année comment encore l’améliorer. » PM-International se targue ainsi d’avoir été la première société en Europe à utiliser le stévia, en lieu et place du sucre, une fois qu’il a été légalisé.
PHOTO : DR
150.000 VENDEURS
▲ Le fondateur et PDG Rolf Sorg est lui aussi citoyen de Schengen.
Ceci dit, ne cherchez pas ces produits lors de votre prochain passage en pharmacie, dans une droguerie ou un magasin de sport. Pour leur distribution, l’entreprise a fait le choix de la vente directe. Elle a donc développé un réseau de revendeurs indépendants dans les pays où elle est établie. En tout, ce sont donc quelque 150.000 personnes qui en font la promotion dans des cercles restreints ou des clubs sportifs. « Il s’agit de produits bien particuliers dont il faut pouvoir expliquer les spécificités, argumente Alexander Plath. Les
placer dans des rayons et attendre que le client passe n’aurait servi à rien. Il valait mieux agir par recommandations. » Un tel système permet d’éviter d’injecter des budgets colossaux en publicité. Chez PM-International, le budget marketing est concentré sur le réseau de distribution. Tout passe par lui, même les ventes réalisées via le site internet qui sont renvoyées vers le revendeur local. Mais son porte-parole l’admet, un tel système n’est possible que parce que PM-International ne s’est pas aventurée dans le domaine des compléments alimentaires à usage thérapeutique. Il n’aurait, dans ce cas, pas été possible de les laisser vendre par un réseau de non-professionnels. Soucieuse de sa réputation, la jeune société assure ses arrières d’un bout à l’autre de la chaîne. Notamment dans le domaine des produits pour sportifs où une grande prudence s’impose par rapport aux risques de dopage. Tous les produits sont donc testés et placés sur la « liste de Cologne », ce qui veut dire qu’ils sont contrôlés par les experts les plus renommés de l’antidopage. Elle a également tenu à faire valider son système de vente directe afin de ne pas prendre le risque d’être assimilée aux réseaux de vente pyramidale qui sévissent dans le secteur. La légalité de son système de rémunération a été validée en 2011 par la Cour d’appel de Francfort et, en 2013, il a obtenu la garantie d’un organisme de certification allemand. De quoi s’assurer une réputation sans tache, ce qui jusqu’à présent porte ses fruits. En Allemagne, la société vient de recevoir pour la douzième fois consécutive le label de qualité « Top 100 » qui signifie qu’elle est considérée parmi les 100 entreprises de taille moyenne les plus innovantes d’Allemagne. ◄ En résumé Récemment installée à Schengen, la jeune société d’origine allemande PM-International mise sur la technologie pour s’imposer dans les secteurs de la cosmétique et des compléments alimentaires. Elle vient de transférer son équipe de R & D d’Allemagne vers le Luxembourg.
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Entreprises Hellas Telecom
02 Le procès de l’exception ► À montant exceptionnel, procès exceptionnel devant le tribunal de commerce : le remboursement d’un milliard d’euros. ► Des montages complexes de refinancement et d’optimisation fiscale sont au cœur du litige. ― Texte : Véronique Poujol
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son concurrent Q-Telecom. Leur mise de fonds sera de 390 millions, le reste ayant été financé par de la dette. Le groupe grec s’était restructuré à partir de trois holdings au Luxembourg, Hellas II, Hellas I et Hellas, lesquels avaient fait appel au marché des capitaux pour se refinancer. En dépit de son endettement colossal, ses deux « actionnaires » ultimes (appelés les « sponsors ») ont retiré 974 millions d’euros de dividendes sur une entité luxembourgeoise avant de revendre l’ensemble du groupe à un investisseur égyptien, Weather, pour 3,4 milliards d’euros. La dette ayant été importante, le prix encaissé fut de 500 millions d’euros. En ajoutant le milliard d’euros prélevé au Luxembourg, qui est au cœur du litige, le rendement pour les fonds fut de 246 %. « Les normes du marché », selon un avocat à l’audience. Le groupe de télécommunications ne se releva jamais et se déclara en faillite en 2009. Cette opération de transfert de fonds fut rendue possible grâce à l’utilisation d’instruments financiers hybrides, des certificats d’actions convertibles de droit luxembourgeois dit CPEC, très prisés par les fonds de capital risque pour des raisons d’optimisation fiscale (remonter des dividendes en minimisant les impôts à payer). Les CPEC furent émis par Hellas Telecom II en 2006 sur une durée de 30 ans pour un montant de 27 millions d’euros. Mais le holding, transformé trois
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▲ L’opérateur grec disparu affole malgré lui les compteurs du redressement fiscal.
jours avant l’opération en société en commandite simple, fut obligé de les racheter, peu après les avoir émis, à une valeur 36 fois supérieure (947 millions d’euros). L’affaire bouclée, la structure luxembourgeoise fut délocalisée à Londres afin d’y profiter du régime allégé des faillites. Toutefois, les juges anglais refusèrent à Hellas ce régime et la société fut placée en liquidation judiciaire. Et le liquidateur anglais, alerté par les créanciers, a mis son nez dans le montage... Il est à l’origine des poursuites engagées au Luxembourg en 2011, ainsi qu’aux États-Unis et à Londres contre les deux fonds et les gérants d’Hellas. Le rachat du CPEC avait été assorti en 2006 d’un accord avec l’Administration des contributions directes (ACD) au GrandDuché pour le traitement fiscal des dividendes. Toutefois, en mars 2015, l’administration fiscale est revenue sur son accord, considérant que la transaction n’avait pas respecté les conditions du rescrit fiscal en raison de l’absence de substance.
Jugeant qu’il s’agissait de dividendes déguisés, l’ACD réclame désormais le remboursement de 225 millions d’euros d’impôts aux holdings Hellas luxembourgeois. Il s’agit d’un redressement fiscal massif inédit au Luxembourg. Mais il n’en fut pas question devant le tribunal. Les juges luxembourgeois doivent déterminer s’il était possible ou non de distribuer des dividendes aux actionnaires Apax Partners et TGP alors que Hellas II ne disposait pas de réserves distribuables pour le faire. Cette distribution de près d’un milliard d’euros contrevient à la loi sur les sociétés commerciales et relève de la « fraude », selon Me Geiben, mandaté par le liquidateur anglais. Le jugement est attendu pour le 23 décembre prochain. ◄ En résumé Un procès exceptionnel devant le tribunal de commerce à Luxembourg. Il évoque le remboursement de près d’un milliard d’euros prélevés indirectement par deux fonds d’investissement sur la société qui contrôlait l’ancien opérateur grec de téléphonie Wind Hellas. Au cœur du litige, des opérations complexes de refinancement et d’optimisation fiscale.
PHOTO : HELLAS TELECOM (ARCHIVES)
Un procès exceptionnel en remboursement de près d’un milliard d’euros prélevés indirectement par deux fonds d’investissement, Apax et TPG, sur la société holding Hellas Telecom II, qui contrôlait l’ancien opérateur grec de téléphonie Wind Hellas, alors que ce groupe était déjà au bord de l’asphyxie financière, s’est enfin tenu fin octobre devant le tribunal de commerce de Luxembourg. L’assignation remontait à décembre 2011 et l’extrême complexité de l’affaire, le nombre de parties en cause et probablement aussi la personnalité de certains des acteurs (parmi lesquels l’ancien bâtonnier Guy Harles, qui fut gérant d’entités Hellas au Luxembourg) ont fait que c’est seulement quatre ans plus tard que tout le monde s’est retrouvé pour le dernier round des plaidoiries devant la 15e chambre présidée par Jean-Paul Hoffmann. L’avocat Claude Geiben, qui représente les intérêts de la société Hellas Telecom II, à l’origine de l’assignation, a détaillé ce qu’il avait décrit dans ses conclusions comme une « monstrueuse opération » de haute voltige financière ayant permis à des fonds de private equity de « se servir dans les caisses » de Wind Hellas, alors qu’elles étaient vides et que le holding luxembourgeois était loin de présenter « une solvabilité absolue ». Les fonds anglais Apax Partners LPP et américain TPG avaient acheté, pour un peu moins de 2 milliards d’euros, le troisième opérateur grec de téléphonie mobile Tim Hellas et
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Entreprises Coaching
PHOTO : MAISON MODERNE STUDIO
03 Accompagner en vrai pro
► Ni nounou, ni gourou, le coach est un conseiller pragmatique et orienté solutions. ► Le métier est en pleine expansion mais il est peu encadré. ► Fédérations et certifications attestent aujourd’hui du sérieux et de l’expérience des professionnels affiliés. ― Texte : Florence Thibaut
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Coachs santé, de remise en forme, sportifs, préparant les figures politiques, orientés relations de couple, spécialisés dans l’emploi ou en management… Ils poussent comme des champignons dans toute la Grande Région. Pour s’y retrouver dans ce paysage foisonnant, il faut d’abord bien réfléchir aux objectifs que l’on poursuit. « Le coaching vise l’accompagnement d’une personne. Il facilite son dialogue interne. C’est une approche de petits pas qui pousse à explorer de nouvelles voies et envisager des pistes auxquelles elle n’aurait pas pensé. C’est le coaché qui détient les réponses. Le coach se limite à les faire émerger », introduit Salvatore Genovese, président de la Fédération internationale de coaching qui fêtera ses 20 ans cette année. Avec un nombre estimé à une centaine de coaches au Luxembourg, le marché est plutôt dynamique, et s’est fortement professionnalisé ces dernières années. Formations dédiées, par exemple, le certificat en management et développement des hommes de la Chambre des métiers et les certifications de coach professionnel de la LSC ont fait leur apparition. « Il y a une quinzaine d’années, c’était un peu la jungle, se remémore Laurent Goldstein, responsable pédagogique du diplôme de coach professionnel à l’ICN Business School. Ensuite dans les années 2000, c’était l’effervescence généralisée. J’ai assisté à l’émergence et à
▲ Laurent Goldstein et Salvatore Genovese prônent un coaching pragmatique et réaliste.
la maturité d’un système. À mes yeux, le coaching ne peut pas être mis à toutes les sauces. Ce n’est ni de la magie ni du marketing. C’est une pratique de terrain et une démarche rationnelle soumise à des objectifs. »
L’ART DU QUESTIONNEMENT Transformation holistique, mindfulness, yoga, rebirth, les nouvelles méthodes proposées se multiplient dans le sillage de l’explosion du développement personnel, sans toutefois qu’on en cerne bien les contours. Pour aider la personne à se poser les bonnes questions, élément essentiel du coaching, l’expert, s’il est bien formé, dispose de différents outils dans sa sacoche. À chacun de faire son marché selon son terrain de jeu et ses affinités personnelles. « Accompagner une personne selon un seul prisme serait inopportun, relève Salvatore Genovese. À l’inverse, recourir à une multitude de techniques serait tout aussi contre-productif. Au coach de croiser les approches. Une chose est sûre, son rôle n’est
Entreprises Coaching
certainement pas d’imposer quoi que ce soit. Il doit accueillir son interlocuteur et lui laisser de l’espace. C’est le coaché qui fixe le rythme. » En raison de sa diversité d’action, le portraitrobot du coach est difficile à dessiner. Un point commun à tous : la posture est faite de respect et d’écoute active. Sa première vertu est sa capacité à se remettre en question et bousculer ses certitudes. Une autre de ses qualités est la patience. « Il y a une grande méconnaissance de ce qu’est réellement le coaching et de ce qu’il peut apporter. Le coach n’est pas un gourou, c’est un pair. Il doit être au moins au niveau de celui qu’il conseille et proposer un haut niveau d’expertise. Même si, bien sûr, il n’est sûrement pas omniscient », complète Laurent Goldstein, également actif sur le créneau du coaching en management et en réorganisation des entreprises.
« Le coaching n’est pas la panacée. Ce n’est pas la réponse à tous les problèmes. » Laurent Goldstein (ICN Business School)
Pour nos deux experts, le fil rouge de l’action doit être l’autonomie afin que la personne aidée ait tous les outils en main après quelques séances, entre 8 et 12 en moyenne. Et Salvatore Genovese de pointer : « Ce n’est pas un traitement au long cours, le but est de répondre à un défi efficacement et dans un délai imparti. » Pour choisir le bon accompagnateur, plusieurs éléments doivent être pris en compte. « Il faut qu’il ait suivi une formation digne de ce nom, qu’il dispose d’une certification validant son expérience, que ses tarifs soient dans la norme, mais aussi qu’il soit luimême encadré par un coach expérimenté, indique Laurent Goldstein. Passer par une fédération offre toute une palette de garanties. » Le marché luxembourgeois étant assez petit, la réputation joue aussi un rôle clé comme facteur de choix. La personnalité du coach ainsi que son parcours dans la spécialité qu’il a choisie feront aussi la différence. On estime qu’il faut généralement en rencontrer trois pour choisir le bon.
SUPERVISION MUTUELLE Pragmatique, toute entreprise de coaching démarre par un diagnostic. Les deux interlocuteurs s’engagent ensuite dans le cadre d’un contrat, moral et écrit, qu’ils signent tous les deux. « Ce sont deux partenaires qui s’accordent pour cheminer ensemble, appuie
Salvatore Genovese. Le contrat permet de cadrer la relation en toute transparence et de partir sur une base de confiance. Il peut, bien sûr, être adapté en permanence. L’égalité est le fondement du processus. » « C’est un métier où il faut être modeste, confie Laurent Goldstein. Ce sont nos clients qui nous choisissent et ce sont eux qui font que le coaching fonctionne. Le succès leur revient. » Sans acceptation et volonté de leur part, par exemple dans le cas où l’entreprise l’impose à ses managers, le coaching est voué à l’échec et peut créer des blocages.
« C’est le coaché qui détient les réponses. Le coach se limite à les faire émerger. » Salvatore Genovese (ICF)
À l’instar des psychothérapeutes ou des psychologues, les coachs se font euxmêmes suivre par d’autres coachs dans l’idée de confronter leur approche et prendre du recul. Pour Laurent Goldstein, c’est impératif. « Pour être légitime, il doit avoir un vécu et une bonne connaissance de l’entreprise et de ses mécanismes, s’il a choisi ce domaine. Comment accompagner si l’on a soi-même jamais expérimenté d’échecs ? Sa plus grande expertise doit être celle de décrypter le comportement humain. Cela explique que l’âge moyen chez les coachs tourne autour de 47 ans. En se faisant soi-même coacher, on apprend à prendre de la distance. » Pour être à même de conseiller les autres, le professionnel du coaching doit en parallèle avoir effectué un travail sur lui-même. « L’introspection est inévitable. Il faut avoir balayé devant sa porte et bien se connaître, insiste Salvatore Genovese. Ensuite, comme un musicien qui fait ses gammes, il faut s’entraîner et adapter sa posture. » Un coach consciencieux doit également pouvoir refuser certaines missions. Et Laurent Goldstein d’affirmer : « Le coaching n’est pas la panacée. Ce n’est pas la réponse à tous les problèmes. Parfois, notre rôle doit être de renvoyer une proposition à d’autres corps de métier ou à des coachs spécialisés dans d’autres disciplines. » Et Salvatore Genovese d’achever : « Dans l’entreprise, on a tendance à réprimer les émotions. Le coaching peut aider à réinjecter du sens. C’est un rôle éminemment humain. » ◄
Surveillance
Encadrer les pratiques Chargées de traiter les plaintes en cas d’abus et d’offrir des formations dédiées, les fédérations sont aussi un interlocuteur de choix pour qui cherche un coach dans sa région. Il leur incombe de vulgariser la discipline, encore victime de nombreux malentendus.
Au nombre de deux au Luxembourg, les fédérations – la Fédération internationale de coaching (ICF) et l’European Mentoring and Coaching Council (EMCC), réseaux internationaux formés au tournant des années 1990 – ont un important rôle de diffusion de l’information. « Elles assurent des fondamentaux et une notion d’art du coaching partagé, mentionne Laurent Goldstein. Ces dernières ont permis d’harmoniser des principes directeurs. La base de compétences est la même, quelle que soit la branche, ce sont les finalités qui varient. » Elles définissent chacune une dizaine d’actions phares. Par exemple, pour l’ICF, respecter les normes professionnelles, établir une communication directe ou gérer les progrès et la responsabilité. Rédactrices de codes de déontologie, elles garantissent en outre une éthique du métier qui a permis au marché d’accéder à une certaine maturité. « En cas de plainte vis-à-vis d’un coach, une enquête est réalisée par un comité d’experts indépendants. Je dois dire que c’est très rare. La sanction ultime serait la radiation de la fédération. Les arnaques sont peu nombreuses », constate le président de l’ICF Luxembourg. Dans le cas de coachs non liés à des fédérations, le recours doit être juridictionnel. Au niveau des certifications, le niveau ACC est attribué dès 100 heures d’exercice rémunéré. Pour être PCC, il en faut 750 et pour passer MCC, soit maître-coach certifié, il faut en attester 2.500. « Le métier n’étant pas protégé, tout le monde peut se proclamer coach. Ce sont la pratique et les outils qui enrichissent le métier, soutient Salvatore Genovese. Il faut des milliers d’heures pour apprendre de ses erreurs, toucher à l’essentiel et dépasser la subjectivité inhérente à tout être humain. » F. T. ◄
En résumé Foisonnant, le secteur du coaching s’est fédéré avec les années. L’ICF fêtera ainsi ses 20 ans cette année. Pour célébrer l’événement, Alain Cardon donnera une conférence le 19 novembre prochain dès 19 h à la BGL BNP Paribas Kirchberg sur le thème : « Le coaching à l’ère de l’entreprise digitale ».
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Entreprises La guerre des hôpitaux n’aura pas lieu
04 Une fusion proche de la surtension
► Le rapprochement de l’hôpital du Kirchberg et des cliniques Bohler, Sainte-Zithe et Sainte-Marie traverse tempête après tempête. ► Le conseil médical de la Zithaklinik est finalement rentré dans le rang après avoir obtenu des garanties sur la répartition des services entre les deux sites de Luxembourg. ► L’externalisation des activités non hospitalières du laboratoire du Kirchberg provoque encore des remous. ― Texte : Camille Frati ― Photo : Mike Zenari
Un an et demi après l’officialisation de la fusion de l’hôpital du Kirchberg et des cliniques Bohler, Sainte-Zithe et Sainte-Marie, le processus avance à pas comptés. Dernier accroc majeur en date : la répartition des services dans le cadre du « scénario 2+ » validé par le conseil d’administration en juillet 2014. Pas de souci pour les cliniques Bohler et SainteMarie qui conservent leurs spécialités respectives – la femme et l’enfant pour la première, la gériatrie pour la seconde. Les frictions concernent la Zithaklinik et l’hôpital du Kirchberg. Il faut dire que, par souci d’optimisation, la Fondation des hôpitaux Robert Schuman (FHRS) traque les doublons. Et les deux sites ont en commun la médecine interne (cardiologues, pneumologues, neurologues, etc.), le pôle dit « locomoteur » (chirurgie de la main et du dos, traumatologie, etc.) et le pôle « viscéral-oncologie », regroupant la gastroentérologie, la chirurgie viscérale et vasculaire, l’urologie et l’oncologie médicale (traitement du cancer). Des pôles qui seront à terme « regroupés par sites grâce à un ambitieux projet de création de services à forte masse critique et disposant d’infrastructures adaptées et dédiées ». Les négociations sont ardues et le sort de la clinique Sainte-Zithe inquiète, au point que le collège échevinal de la Ville de Luxembourg se fend d’une motion en décembre 2014, soulignant son attachement à la clinique du quartier de la gare, « un hôpital de pointe au cœur de la ville, fort apprécié de la population depuis des générations ». En outre, le projet de loi entérinant le financement par l’État des 55 millions d’euros de travaux de modernisation de la clinique a été voté à l’unanimité des députés de la Chambre le 18 mars dernier.
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Entreprises La guerre des hôpitaux n’aura pas lieu Au mois de juillet, la concorde officielle se fissure : le Dr Philippe Turk, ancien directeur de la Zitha et directeur général de la FHRS depuis la fusion, démissionne « à l’amiable ». Quelques jours plus tard, l’orage éclate. Le collège médical de la clinique claque la porte des négociations, accusant la direction de la fondation d’envisager un « plan bis » très éloigné du « scénario 2+ ». Selon ce plan, la clinique Sainte-Zithe verrait ses services de médecine aiguë transférés au Kirchberg et se concentrerait sur la gériatrie, l’ophtalmologie, les chirurgies dentaire et plastique et la psychiatrie rapatriée du Kirchberg. Exit le pôle « onco-viscéral ». « Ce plan est mené selon une approche purement économique », s’insurge le docteur Bernard Faber, secrétaire du conseil médical de la Zitha. « Le gouvernement ne peut pas accepter que les choses soient modifiées unilatéralement », martèle Xavier Bettel. De son côté, le conseil d’administration du groupe Hôpitaux Robert Schuman assure par communiqué que « la décision de 2014 n’est pas mise en question, aucun autre scénario n’a été ni discuté, ni validé au sein du conseil d’administration depuis lors ».
Laboratoire
Un rachat qui inquiète
La Fondation des hôpitaux Robert Schuman négocie en coulisses pour céder les activités ambulatoires du laboratoire de l’hôpital du Kirchberg. Les rumeurs se sont confirmées fin septembre, sans plus de précisions du côté de la direction qui « communiquera lorsqu’elle aura une solution définitive ». Au personnel, elle a lâché que « l’activité est déficitaire », indique Nora Back, de l’OGBL. La réforme du système de soins a retiré les activités ambulatoires des laboratoires du budget des hôpitaux au profit d’un financement au forfait. La Cour de justice de l’Union européenne a pointé une concurrence déloyale des labos hospitaliers par rapport au privé. Et « les tarifs ont diminué de 20 % depuis janvier 2015 », ajoute Sylvie Jansa, présidente de la délégation du personnel de la Zithaklinik. « Cela accentue la concurrence entre les laboratoires au niveau de la rémunération » puisque les salariés du privé ne sont pas soumis à la convention collective sectorielle. De fait, les deux régimes se côtoieront à l’avenir dans le même laboratoire. Au total, 15 salariés sont concernés. « Beaucoup d’infirmières avaient été reclassées
parce qu’elles ne pouvaient plus travailler dans les étages. On se demande aussi où mettre les laborantins. » Le changement risque aussi de perturber les patients qui « ne seront pas suivis par le même laboratoire à leur sortie ». Les Laboratoires réunis, acquéreurs pressentis, restent muets pour l’instant. La vente pourrait être conclue dès le mois de décembre. Mais le gouvernement veille. Dans un entretien à Paperjam.lu en octobre, la ministre de la Santé Lydia Mutsch avertissait la FHRS que « se posera[it] la question du sort d’une partie des subventions publiques qui ont été versées pour l’installation et l’équipement de son laboratoire hospitalier ». Elle caresse aussi l’idée d’être représentée au conseil d’administration de la fondation « étant donné que 80 % des infrastructures hospitalières sont financées par le biais du fonds hospitalier et que les 20 % restants émanent de la CNS ». C. F. ◄
UN CASQUE BLEU CHEZ LES BLOUSES BLANCHES Fin septembre, la direction du groupe nomme François Pauly, président du conseil d’administration de la Bil, au poste d’administrateur-directeur chargé de mettre en œuvre le plan « Privatspideeler 2020 » couvrant la réorganisation du groupe. Dans ce nouveau schéma, la FHRS jouera la rôle d’entité faîtière et d’actionnaire au-dessus de trois filiales : Clinique Bohler SA, PrivatKliniken SA (regroupant les trois autres sites) et Santé Services SA (activités non hospitalières comme la restauration). La direction nie toujours l’existence d’un « plan bis » – tout comme les médecins du Kirchberg – alors que les discussions ont repris. Le gouvernement suit l’affaire de près. Si la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, « félicite » le président du conseil d’administration de la reprise des discussions, elle souligne que le concept médical présenté en 2014 est « une condition préalable pour attribuer les aides par le biais du fonds hospitalier pour rénover la Zitha » et appelle la direction à « clarifier la situation ». La partie se joue dans les coulisses avec, dans le rôle du casque bleu, Jean-Louis Schiltz, administrateur de la FHRS. Son mandat de « facilitateur » ne sera ébruité qu’à la signature d’un accord de cinq pages le 19 octobre. Il aura fallu une série d’entretiens individuels et quatre réunions plénières pour arriver à un consensus qui satisfasse tous les participants. « Il n’y avait rien d’insurmontable », sourit l’ancien ministre CSV. Premier point cher au personnel de la Zitha : l’accord pérennise le pôle « onco-viscéral » dans le quartier de la gare, pôle qui
passe de 70 à 140 lits. « Historiquement, la Zitha a développé un centre de chirurgie tumorale multidisciplinaire qui a effectué un travail de pionnier », se réjouit le docteur Marco Hirsch, président du conseil médical de la Zithaklinik. En contrepartie, le pôle « locomoteur » sera concentré sur le site de l’hôpital du Kirchberg. La Zitha conserve également son activité de polyclinique : elle continuera d’accueillir les patients pour les petites urgences de 7 h à 19 h. Après 19 h, les urgences seront assurées par le seul hôpital du Kirchberg à partir du 1er janvier 2016. « C’est une feuille de route, précise JeanLouis Schiltz, il reste encore des questions techniques d’ordre médical à résoudre, mais là, la politique n’y peut rien. » Une solution a été trouvée pour régler l’épineuse question des transports de patients entre les deux sites, par exemple pour un patient accueilli aux urgences au Kirchberg mais dont la pathologie relève d’un service situé à la Zitha. « On doit assurer la continuité des soins, indique Jean-Louis Schiltz, qui a invité les urgentistes à établir un protocole. Un patient pourra être transporté à condition qu’il soit stabilisé, donc après 48 à 72 h, avec son accord et celui de son médecin. » Mais pour cela il appelle à assortir le transport hospitalier d’une « obligation de moyens ». Et exhorte également le gouvernement à soutenir financièrement le « développement de deux pôles forts et modernes » au Kirchberg et à la gare. L’accord semble miraculeux après un été de vaisselle cassée. « La culture du dialogue qui existait auparavant était certainement
perfectible », élude le facilitateur. « Je ne veux pas dire que tout est extraordinaire, mais nous sommes contents d’être là pour défendre les intérêts du personnel », glisse Sylvie Jansa, présidente de la délégation du personnel de la Zithaklinik. Pour le docteur Philippe Wilmes, président du conseil médical de l’hôpital du Kirchberg, « il est temps de travailler sur des projets communs ». Le docteur Marco Hirsch revient sur cet été orageux : « Nous avons eu une réaction forte et dure mais elle était aussi juste et elle a abouti au dialogue. » Et la collaboration est passée à la vitesse supérieure : une liste des médecins disponibles par spécialité doit être élaborée d’ici au 1er novembre afin d’optimiser les assignations de patients. Les 250 médecins et 2.200 salariés devront apprendre à se connaître. « C’est surtout cela le potentiel de la fusion : à plusieurs, on a l’opportunité de discuter des cas difficiles et cela favorise la prise en charge des patients », confirme le docteur Marco Hirsch. En attendant, plusieurs mois de transferts et de changements attendent les deux sites. « L’information du public et des gens qui y travaillent est très importante, il faut qu’elle soit rapide et claire si on ne veut plus de quiproquos ou de rumeurs. » Une leçon à retenir pour la FHRS, qui avait pourtant reçu en 2014 le Luxembourg HR Award de la meilleure… communication interne. ◄ En résumé Le processus de fusion des Hôpitaux Robert Schuman n’est pas de tout repos. Le conseil médical de la Zithaklinik est finalement rentré dans le rang. L’externalisation d’activités du laboratoire du Kirchberg inquiète encore.
― Décembre 2015 ― 069
Entreprises Linc / Super guichet
05 Ascenseur pour projets ► Triggr et Simpleet complètent le panel de start-up et spin-off soutenues par Linc. Quelques mois après son lancement, Linc, articulÊe sur la plateforme Yellow.lu, affiche des rÊsultats plus qu’encourageants. La sociÊtÊ de Marc Neuen (photo) se dÊfinit comme un  accÊlÊrateur de projets , à la fois entreprise dÊveloppant ses propres concepts web et jouant le rôle de pÊpinière, voire de sociÊtÊ de participations pour des projets innovants, montÊs en synergie avec l’existant. La base, c’est donc Yellow.lu, qui bÊnÊficie d’un solide effet de leviers et de consultations en hausses spectaculaires. Foostix, plateforme pour commander et se faire livrer de vrais petits plats de restaurants partenaires, trouve son public et se dÊveloppe. Deux autres projets sont dans l’ascenseur dÊsormais. Triggr, spin-off de Yellow.lu, a
pour ambition de combler les besoins spÊcifiques ou domestiques d’utilisateurs, dont la question est aussitôt transmise à une sÊrie de professionnels à proximitÊ, capables d’y rÊpondre vite. Pour l’instant, le modèle n’a pas vocation à gagner de l’argent mais les pistes de monÊtisation existent et l’ambition internationale devrait les booster. Linc, qui a crÊÊ une nouvelle sociÊtÊ avec les deux dÊveloppeurs IT à la base du concept, intègre aussi Simpleet, plateforme de prise de rendez-vous et de gestion d’agenda, accessible en permanence. Elle avance vers un modèle plus vertical, avec au moins deux thÊmatiques en poche, Cocooning pour les services bien-être et beautÊ ou Doctable pour les services mÊdicaux et paramÊdicaux. A. D. ◄
06 Une maison pour les entrepreneurs La prÊsentation de la première Êdition de l’Entrepreneur’s Day, consacrÊ à la crÊation, au dÊveloppement et à la reprise d’entreprises, a aussi ÊtÊ l’occasion d’annoncer l’ouverture d’un futur mÊga guichet unique pour tous les entrepreneurs, à deux pas de la Chambre de commerce. Co-organisÊ le 12 novembre par la Chambre de commerce et la Chambre des mÊtiers, avec le soutien du ministère de l’Économie et l’Enterprise Europe Network, l’Entrepreneur’s Day proposera, en un seul lieu, une multitude d’acteurs clÊs, des
◄ L’Espace entreprises fera partie de la nouvelle maison.
070 ―
― DÊcembre 2015
banques aux ministères, utiles pour les entrepreneurs dans leurs dÊmarches. Parallèlement, la Chambre de commerce a donc fait une autre annonce. Alors que la House of Training sera officiellement prÊsentÊe ce 16 novembre, est lancÊe la House of Entrepreneurship. Qu’il s’agisse d’une recherche de financement ou d’une question administrative, l’idÊe est, via un partenariat public-privÊ, de proposer toute la chaÎne d’aide à l’entrepreneuriat en un seul lieu. On devrait ainsi y retrouver l’Espace entreprises de la Chambre de commerce, des reprÊsentants de business angels ou encore la structure nyuko. Le Guichet unique PME sera de l’aventure et on Êvoque une permanence de l’ITM. Le tout sera logÊ dans les bâtiments libÊrÊs par Arendt & Medernach, au Kirchberg. T. R. ◄
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES) / CHAMBRE DE COMMERCE
► La House of Entrepreneurship regroupera les services aux PME au Kirchberg, près de la House of Training à venir et de la House of Finance.
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Entreprises Audit et conseil
07 L’éternel âge d’or des Big Four ► L’activité des Big Four poursuit sa marche en avant sur la Place luxembourgeoise. ► Mais s’ils vivent des défis posés aux acteurs économiques, ils vont eux aussi devoir en relever. ― Texte : Jean-Michel Lalieu Luxembourg, qui abrite des collaborateurs de 85 nationalités. Et il faut aussi recruter énormément pour assurer la croissance… et le turnover. En 2014, PwC a engagé pas moins de 850 personnes pour faire grimper ses équipes de 2.450 à 2.600 personnes. Chez EY, on parle de 400 personnes par an alors que la liste du personnel ne gonfle que de quelques dizaines de collaborateurs. « Nous connaissons depuis trois ans un turnover d’environ 25 % », admet Olivier Lemaire, partner. Ce qui est considéré par le management comme un signe que l’économie luxembourgeoise est dynamique. Quand elle ralentit, le pourcentage de départs se situe plutôt entre 15 et 20 %. PwC, placé sur le devant de la scène avec l’affaire LuxLeaks qui a pris sa source dans son antre, s’en sort bien. Avec une année de recul, son boss estime la perte beaucoup plus grande en termes de temps que d’image. Mais le premier a sans doute été
Le début de l’automne correspond traditionnellement à la communication des résultats des Big Four. Enfin de trois d’entre eux : PwC, EY et Deloitte. KPMG clôture, de son côté, ses comptes au 30 septembre et ne les rend publics qu’en janvier de l’année suivante. Et, exceptionnellement, cette année, Deloitte s’est montré très discret. Les seuls chiffres disponibles – le chiffre d’affaires et sa répartition – ont donc été tirés de son rapport de transparence. Il n’empêche que la tendance globale est claire : comme c’est le cas depuis le début de la décennie, les grands du service aux entreprises poursuivent une progression ininterrompue. À eux quatre, ils emploient quelque 6.500 personnes. Un personnel hautement qualifié qui, ils l’admettent, doit venir d’horizons de plus en plus lointains. « Il ne suffit plus d’aller chercher des experts au niveau local ou frontalier », confirme John Parkhouse, CEO de PwC
Chiffre d’affaires (en millions d’euros)
EY Luxembourg
PwC Luxembourg
Deloitte Luxembourg
KPMG Luxembourg
072 ―
Ventilation des revenus (en %)
165,5
2014-2015 2013-2014
153,3
2012-2013
147,3
Audit 57,4
337
2014-2015
315
2013-2014
288
2012-2013
240,2
2014-2015 2013-2014
228,2
2012-2013
213,1
2013-2014 2012-2013
Audit 41 Conseil 24
Audit 23 Conseil 39
152,4 137,5
2011-2012 132,3
― Décembre 2015
Audit 53,6
majoritairement consacré à sauver la deuxième. Quoi qu’il en soit, les nouvelles règles de transparence qui s’imposent lentement mais sûrement au niveau de la fiscalité internationale assurent encore à leurs experts de nombreuses journées de travail. « Le paysage fiscal luxembourgeois n’est déjà plus le même qu’il y a deux ans et ne sera déjà plus le même dans deux ans », note Marc Schmitz, responsable du département de conseil en fiscalité. Mais les Big Four se préparent eux aussi à des bouleversements. À partir de 2016 entrera en vigueur la « directive Barnier », du nom de l’ex-commissaire au Marché intérieur et aux Services. Il en découlera que leur mandat d’auditeur auprès des sociétés financières et des entreprises cotées sera limité à 10 ans, avec la possibilité d’être renouvelé une fois pour la même période. La bagarre risque donc d’être rude pour les nouveaux contrats. ◄
Croissance (en %)
Fiscalité 31,5 Conseil 11,1
Autre 5 Fiscalité 30
Autre 7 Fiscalité 30
Fiscalité 25,8 Conseil 20,6
Personnel
8
2014-2015 2013-2014
1.150 juin 2015
4,1
7
2014-2015 2013-2014
2014-2015
10
5
2013-2014
2012-2013
1.600 sept. 2015
9
10,8
2013-2014 4,5
2.600 juin 2015
1.255 sept. 2015
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Entreprises Emploi
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08 Des robots ma non troppo
► Un emploi sur deux de résidents luxembourgeois pourrait être remplacé par des machines ou des ordinateurs. ► Une étude menée par ING à partir d’un modèle américain les a classés selon leur probabilité à être robotisés. ► Pour Philippe Ledent, économiste, il s’agit d’une opportunité plus que d’une menace. ― Texte : Jean-Michel Lalieu
« Le souci principal est notre capacité à assimiler le progrès technologique. » Philippe Ledent (ING Belgique et Luxembourg)
074 ―
― Décembre 2015
Selon une récente enquête publiée par ING Luxembourg, plus d’un emploi sur deux pourrait être remplacé par des machines, des algorithmes ou des robots. Ça ressemble à de la science-fiction, mais les calculs de la banque sont tout ce qu’il y a de plus terre à terre : sur les 190.709 emplois de résidents luxembourgeois recensés en 2011, 99.807 d’entre eux sont appelés à être supprimés par l’évolution technologique. 52 % du total... « Ce sont évidemment des chiffres aptes à faire peur, reconnaît Philippe Ledent, senior economist d’ING Belgique et Luxembourg. Mais c’est le principe de la destruction créatrice, ça a toujours existé. » Selon l’économiste, à certains moments, poussés par le progrès, des emplois disparaissent et sont remplacés par d’autres. Il n’empêche qu’il l’admet : « Un tel bouleversement ça se gère, notamment au niveau du politique. » Pour calculer ce chiffre, les économistes de la banque orange se sont basés sur une étude américaine, réalisée en 2013 par l’économiste Carl Frey et l’ingénieur Michael Osborne. Les deux scientifiques avaient analysé les probabilités de robotisation des différents métiers aux États-Unis en découpant chaque métier en tâches simples et en évaluant la possibilité que chacune de ces tâches soit remplacée par une machine ou un
▲ Le robot qui assure la réception, jusque dans le service sur commande tactile aux invités, c'est déjà une réalité.
logiciel. Une évaluation basée sur trois critères : le niveau de complexité de la tâche, le degré de créativité et l’importance de la gestion des liens sociaux. C’est ainsi qu’ils aboutissent à un classement dans lequel on voit, par exemple, qu’un vendeur par téléphone a une probabilité de 99 % de voir son emploi disparaître, un employé de bureau assurant des tâches générales est à 97 %, un cuisinier à 73 % alors qu’un architecte n’est qu’à 2 %, un taux de probabilité très faible que l’on retrouve aussi pour la plupart des fonctions médicales et de management global.
LES JOBS ADMINISTRATIFS EN PREMIÈRE LIGNE Pour opérer la transposition du calcul au niveau de l’économie grand-ducale, l’équipe d’ING a repris ces probabilités en assurant leur compatibilité avec des mesures européennes et a obtenu du Statec, l’organisme
Entreprises Emploi
N’AYEZ PAS PEUR ! Faut-il craindre le futur ? En guise de préambule à cette réponse, Philippe Ledent rappelle qu’au 19e siècle en Grande-Bretagne, au début de la révolution industrielle, de véritables
Les types de professions les plus exposées au Luxembourg
Fonctionnaire des impôts
0,5 %
Directeur des ressources humaines
96 % Réceptionniste
Emplois robotisables
Probabilité moyenne
Managers
12.995
1.593
13 %
Professions intellectuelles, scientifiques et artistiques
44.184
7.536
17 %
Professions intermédaires
27.915
13.791
49 %
Conducteurs d'installations et de machines et ouvriers de l'assemblage
9.251
5.802
63 %
23.420
15.525
66 %
4.178
2.765
66 %
Professions élémentaires
23.899
16.075
67 %
Métiers qualifiés de l'artisanat et de l'industrie
20.119
13.691
68 %
Employés de type administratif
24.748
23.029
93 %
Personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche
commandos démolissaient les premiers métiers à tisser par crainte des conséquences pour l’emploi. « Ces chiffres des emplois robotisables pourraient être perçus de manière très négative, convient-il. Ils représentent pourtant plus une opportunité qu’une menace. » Premièrement, parce que cette robotisation de l'économie est elle-même porteuse de nouveaux créneaux, le secteur de la robotisation étant en forte expansion. Elle va aussi entraîner une réorganisation de l’économie, permettant de développer de nouveaux secteurs pour répondre à d’autres besoins. Enfin, note l’étude, l’économie du Luxembourg étant en voie de vieillissement, « la robotisation pourrait contrer les effets d'une telle évolution en compensant le manque de jeunes travailleurs ». La peur du changement étant profondément enracinée dans la nature humaine, cer-
Le risque de robotisation par métier
93 %
Emplois
Classe de fonction
SOURCE : ING LUXEMBOURG
luxembourgeois chargé de la statistique, les chiffres de l’emploi métier par métier. En classant, par la suite, les 388 métiers répertoriés en neuf catégories (voir tableau), on voit que les emplois de type administratif devraient être les premiers à subir les effets de cette nouvelle révolution technologique. Avec une probabilité moyenne de robotisation de 93 %, ce ne sont pas moins de 23.000 postes sur un peu moins de 25.000 qui pourraient passer à la trappe. À quelle échéance ? « L’étude de Frey & Osborne ne fixe pas de délai, explique Philippe Ledent. Rien ne dit d’ailleurs que cette transformation se fera avec un tel impact sur l’emploi. Les technologies sont disponibles, mais leur adoption dépendra des coûts et donc de la rentabilité du remplacement d’un homme par une machine, de l’envie de le faire, des craintes et des phénomènes de rejet. » L’économiste pointe qu’aux États-Unis certains « petits métiers » n’ont pas été rayés de la carte parce que les salaires payés pour ces emplois sont faibles. Mais de manière générale, on voit que les métiers faiblement ou moyennement qualifiés, et présentant de nombreuses tâches répétitives, sont les plus exposés à la robotisation. Des secteurs tels que l’administration, la vente, le nettoyage ou l’entretien sont donc particulièrement visés. « L’étude montre d’ailleurs une dichotomie entre les métiers, expose l’économiste d’ING. La plupart ont une forte ou une faible probabilité de robotisation. » Peu de professions restent au milieu du gué.
3,5 % Avocat
1,5 % Chief executive officer
0,4 % Dentiste
86 %
Agent immobilier
98 % Aide comptable
98 % Mannequin
35 % Plombier
tains seront donc tentés de freiner le progrès pour sauver les acquis. Une erreur, selon l’économiste, qui rappelle l’échec de la Wallonie à franchir le pas à la suite du ralentissement de la sidérurgie dans les années 70. Elle en paie toujours l’addition. « On ne peut pas lutter contre le progrès technique, insistet-il. La meilleure chose à faire est donc d’aller de l’avant, de relever les nouveaux défis. » Ce qui ne se fera évidemment pas sans mal ni sans casse... Le principal défi est donc celui de l’éducation : de faire en sorte que les futures générations aient les acquis pour remplir les tâches de demain. En attendant, il faudra aussi s’assurer de pouvoir mettre à niveau le personnel et d’accompagner ceux dont le métier est devenu obsolète en les réorientant vers de nouvelles fonctions. « Le souci principal est notre capacité à assimiler le progrès technologique », reconnaît Philippe Ledent. Mais l’étude qu’il a conduite sur le Luxembourg mène cependant à la conclusion que le pays devrait pouvoir absorber les chocs perturbateurs que la révolution technologique risque d’engendrer. Elle note que « le Luxembourg a une bonne capacité d’adaptation aux changements technologiques : il se classe au 9e rang mondial dans le Network Readiness Index, qui mesure la propension d’un pays à utiliser les technologies de l’information et de la communication. » Elle pointe enfin « de nombreux efforts » mis en œuvre pour accompagner le progrès technologique, tels que les clusters, qui permettent une transition en douceur vers la nouvelle ère technologique qui s'annonce. ◄ En résumé Une étude d’ING sur la robotisation des métiers a calculé que 52 % des emplois pourraient disparaître à terme de l’économie grand-ducale. Si le phénomène est bien géré, ils pourraient être remplacés par d’autres.
― Décembre 2015 ― 075
Entreprises Investissements dans l’industrie du tabac
09 Le nouveau centre du monde de HVL
► Heintz van Landewyck va aller produire hors de Hollerich, son ancrage historique, sur la zone de Fridhaff près de Diekirch. ► Le groupe familial luxembourgeois, qui fournit une cigarette sur 800 au niveau mondial, a entrepris une stratégie de niche pour mieux résister et pérenniser ses activités. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Sven Becker
076 ―
― Décembre 2015
« Plus l’éléphant est gros, plus il y a de la place dans les coins ! » : Christian Greiveldinger, directeur général de Heintz van Landewyck, a le sens de la formule lorsqu’on l’interroge sur la place du producteur luxembourgeois face aux géants du secteur. Désormais premier pays producteur au monde, la Chine reflète l’évolution d’un marché qui s’est tassé puis a baissé dans les pays dits développés face à une demande en hausse dans les régions émergentes. Un contexte de marché en mutation conjugué à un changement de perception de la cigarette et à sa mauvaise image qui ont poussé les producteurs à adapter leur stratégie. A fortiori lorsqu’on figure parmi les usines à taille humaine et de surcroît indépendantes d’un groupe comme l’est l’entreprise familiale luxembourgeoise Heintz van Landewyck. Ses origines remontent à 1847, lorsque Jean-Pierre Heintz et Joséphine van Landewyck ont ouvert la première manufacture de tabac.
▲ Christian Greiveldinger, directeur général en place, et la nouvelle génération familiale, avec Charles Krombach, préparent la transition vers le nouveau site.
Dire que l’entreprise a bien évolué entretemps est un euphémisme puisque le groupe est désormais présent sur cinq sites de production en Europe : un en Hongrie, un en Allemagne, un en Belgique et deux au Luxembourg, à Hollerich et Ettelbruck. Une cigarette sur 800 au niveau mondial est estampillée HVL. La statistique a le mérite de livrer une idée de proportion. Mais, pour que le chiffre soit plus parlant, le groupe a entrepris une stratégie de niche pour mieux résister et pérenniser ses activités. En s’aventurant sur des segments, des marchés ou des services – dont le tabac à rouler – que les
Entreprises Investissements dans l’industrie du tabac
géants n’affectionnent pas pour des raisons de distribution mainstream. « Africaine », « Golden Midway », « Splendid »… En tout, 15 labels régionaux cohabitent avec sept marques internationales. L’idée est aussi de considérer le branding du paquet de cigarettes sous un autre jour, en travaillant, autant que la législation le permette, sur le look, la marque et les couleurs. Le dernier succès en date revendiqué par le producteur est le lancement de la « Maya » – garantie sans additifs – en Australie.
Dans le nord
Horizon 2021
Étendu sur une surface équivalente à 12 terrains de football, le futur site de production du Fridhaff, près de Diekirch, permettra à Heintz van Landewyck de développer de nouveaux produits, toujours de niche, pour les marchés visés, notamment en Asie. La fin des travaux est annoncée pour l’horizon 2021.
RENTABILITÉ INDISPENSABLE Mais cette stratégie qui a permis à Heintz van Landewyck de servir 40 marchés actuellement, contre huit en 2000, est contrebalancée par un besoin de flexibilité et de productivité. Axé sur les marques génériques, le producteur doit en maîtriser les variations de prix en optimisant sa chaîne de production dont une partie est établie au cœur du quartier de Hollerich depuis 1897. « Nous sommes une entreprise familiale, avec une longue tradition sur le plan national. Le Luxembourg est dans les gènes de Heintz van Landewyck, il est donc normal que nous investissions dans notre avenir au GrandDuché », explique Georges Krombach, directeur marketing international de Heintz van Landewyck, représentant de la sixième génération familiale. Car l’entreprise qui revendique son appartenance au patrimoine industriel national veut garder sa souplesse face aux grands et maintenir sa liberté d’action lorsqu’il faut entreprendre les investissements. Idéalement au bon moment, au bon endroit.
VILLE ET INDUSTRIE NON COMPATIBLES Le dernier investissement en date, dévoilé le 5 octobre dernier lors d’une conférence de presse très courue, s’élève à 60 millions d’euros pour une nouvelle usine de production située sur le site du Fridhaff, aux portes de la Nordstad. Le gouvernement veut en faire une nouvelle zone d’activités économiques, HVL y sera l’un des premiers occupants d’ici 2021, selon le planning estimatif des travaux. Hormis les services administratifs, les locaux historiques de la rue de Hollerich seront donc vidés. Fini le parfum caractéristique de tabac humé par les piétons. Place à une nouvelle chaîne de production correspondant aux standards actuels. « Il n’y a pas d’avenir pour la production industrielle dans un cadre urbain », estiment
Ce qui n’est pas chiffré encore, c’est le contingent de personnel nécessaire. Ce que l’on sait, c’est que cet outil de production, plus automatisé, nécessitera moins de monde pour faire fonctionner la machine. Il n’est toutefois pas question de licenciements ou de suppression de postes, assure la direction, mais plutôt d’une gestion des ressources avec les départs en pension. T. R. ◄
les représentants de l’entreprise. Bien au-delà des opportunistes éléments de communication externe, ce projet est aussi un véritable exercice de change management pour les collaborateurs qui devront déplacer leur site de travail. Les 520 salariés de HVL au Luxembourg (sur 1.900 que compte le groupe au total) sont ainsi parties prenantes de ce déménagement, dont la deuxième phase coïncidera avec les 175 ans de l’entreprise. D’où le nom de code choisi pour le projet : « Jos.lu », en référence au dirigeant Joseph Heintz, fils du fondateur Jean-Pierre, qui développa la vision industrielle de HVL. « Pour réussir dans chaque nouveau marché, nous devons recruter les bonnes personnes, autant au Luxembourg qu’à l’étranger », ajoute Christian Greiveldinger, qui précise aussi que la majorité des effectifs (65 %) sont des femmes. Outillé pour préparer son avenir, HVL regarde d’ores et déjà vers de nouveaux marchés. « Nous voulons nous adapter à la
demande, tout en développant nos têtes de pont en Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique », prévoit Charles Krombach, annoncé pour reprendre à terme la direction de l’ensemble des activités d’un groupe qui a déjà su diversifier ses activités de longue date. Le patrimoine immobilier de Hollerich, dont il est propriétaire, fait partie de ses actifs importants et est repris dans les futures zones mixtes « Porte de Hollerich » et « Aciérie-Industrie », des nouveaux quartiers de la ville qui concernent aussi le site de Paul Wurth. Un signe de plus que patrimoines industriel et immobilier sont souvent étroitement liés. ◄ En résumé Bientôt fini l’odeur de tabac frais à Hollerich. Heintz van Landewyck va déménager sa production aux portes de la Nordstad. Le patrimoine immobilier aura un autre destin. Le groupe luxembourgeois, lui, se modernisera et se cherche de nouveaux débouchés sur le marché mondial où sa taille humaine ne l’empêche pas d’exister sur des niches et avec des produits savamment étudiés.
― Décembre 2015 ― 077
Entreprises Start-up
MIEUX CERNER L’INVESTISSEUR ► Neurodecision place un algorithme issu d’études en finance comportementale au service du profilage des clients investisseurs. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire
Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Neurodecision Ses cofondateurs et associés : Tiphaine Saltini et Julien Revelle (photo)
LE CONCEPT Neurodecision a développé une application qui permet, en répondant à quelques questions, de définir le profil de risque d’un investisseur. « Cette solution s’adresse particulièrement aux conseillers en investissement qui, considérant les nouvelles réglementations, et notamment Mifid II, sont contraints de mieux documenter le profil d’investisseur de leurs clients, explique Julien Revelle, l’un des deux associés. Au-delà, l’outil et les résultats qu’elle propose permettent de délivrer un meilleur conseil et un service de qualité, en étant mieux informé des attentes du client. » Le modèle s’appuie sur de nombreuses recherches scientifiques menées en finance comportementale, et notamment sur les travaux dirigés par la co-fondatrice de la start-up, Tiphaine Saltini, qui conclut une thèse en la matière. « L’algorithme mis au point permet d’obtenir des résultats fins et fiables à partir d’un test prenant quatre à cinq minutes, nettement plus acceptable pour le client qu’un questionnaire long et fastidieux. »
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LE DÉVELOPPEMENT L’entreprise est donc née de l’association d’une doctorante en finance comportementale et d’un technicien, adepte des problématiques statistiques. « Ensemble, nous avons voulu transformer les résultats de la recherche en une application concrète, au profit des acteurs économiques confrontés à de nouveaux enjeux réglementaires et de compétitivité », commente M. Revelle. La start-up a intégré l’incubateur de KPMG Luxembourg, le Khube, en juillet dernier. Il a fallu travailler sur un algorithme complexe, pour apporter une solution simple d’utilisation, friendly pour les clients. Un site a aussi été mis en ligne, qui permet de passer le test, histoire de se faire une idée. « Le test ne restera pas éternellement en ligne. Deux développeurs améliorent la solution. L’objectif est de pouvoir l’intégrer au cœur des systèmes des institutions financières, afin qu’elles puissent améliorer leurs services et leurs conseils, tout en restant compliant. »
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LE MARCHÉ Si l’entreprise s’adresse en priorité à des asset managers, à des conseillers financiers, à des banques privées ou de détail, elle exploite d’autres applications, dans le domaine du micro-crédit par exemple. Au-delà de sa solution logicielle, elle accompagne les organisations à mieux appréhender ces problématiques de profilage des clients vis-à-vis des divers enjeux. La start-up, très jeune et en phase de développement, s’appuie sur les réseaux des fondateurs qui, de New York à Hong Kong en passant par la Suisse et le Luxembourg, prêchent la bonne parole sur les possibilités offertes par la finance comportementale en matière de profilage des investisseurs. « Les exigences européennes de connaissance des clients s’appliquent à travers le monde. La recherche en sciences cognitives appliquée à la finance est porteuse de nombreuses opportunités. Elles n’ont pas encore souvent fait l’objet d’un intérêt pour une application concrète. Mais les choses sont en train de changer », poursuit l’associé de Neurodecision.
LES PERSPECTIVES Récemment intégrée au programme proposé par KPMG Luxembourg, Neurodecision espère pouvoir conclure un partenariat avec une institution financière dans les tout prochains mois. « Pour nous, le Luxembourg, en tant que principal centre financier inscrit dans l’Union européenne, est intéressant pour appuyer notre développement, ajoute Julien Revelle. Mais nous discutons aussi avec des acteurs hors de la Place, notamment en Suisse. » Un premier partenariat permettra d’affiner le concept à l’épreuve du réel, mais aussi de lui octroyer du crédit et de la visibilité. « Nous nouons actuellement beaucoup de contacts et espérons, prochainement, pouvoir démontrer concrètement la plus-value de notre solution. » En attendant, l’équipe continue à affiner la solution et à proposer d’autres services, histoire d’assurer son fonctionnement. « Dans le courant de l’année prochaine, nous espérons pouvoir profiter d’une levée de fonds », poursuit le cofondateur.
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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite les sujets clés sélectionnés par la rédaction. Évoquée depuis le début de l’année, puis actée le 20 mai dernier via un accord définitif, la fusion de la Banque Degroof et de la société de bourse Petercam est devenue officielle le 1er octobre. Les assemblées générales des deux entités ont en effet validé l’union des deux structures. Le nouveau groupe s’appelle désormais Groupe Degroof Petercam, avec une répartition de l’actionnariat à 70 % du côté de Degroof et 30 % pour Petercam. L’OCDE (Pascal Saint-Amans en photo) a présenté le 5 octobre son plan d’action final contre l’optimisation fiscale, une série de 15 mesures dans le cadre de la lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, connu sous l’acronyme de Beps. Le plan porte sur 15 actions qui vont obliger les entreprises à payer leurs impôts sur le bénéfice, là où elles sont réellement actives. Une réunion des ministres des Finances du G20 les a validées le 8 octobre à Lima. Elles devront encore faire l’objet d’un accord mi-novembre au niveau des chefs d’État et de gouvernement du G20 à Antalya, en Turquie. (lire aussi en p. 88) Réunis à Luxembourg, les ministres des Finances européens ont adopté le 6 octobre un accord qualifié d’historique en vue d’accéder à la transparence et
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à l’échange d’informations sur les rulings. Cette décision donne aux États membres jusqu’à la fin de l’année 2016 pour transposer ces nouvelles dispositions dans leur droit national. L’entrée en vigueur de la directive est programmée au 1er janvier 2017. La directive prévoit aussi une rétroactivité de cinq ans pour le transfert des informations aux autres membres. L’entreprise de San Francisco Snapswap, spécialisée dans les nouveaux canaux de paiement électronique, a choisi de se développer sur le marché européen, depuis le Luxembourg. La société, cofondée en 2012 par Denis Kiselev, est spécialisée dans les nouveaux services de paiement, de transmission de fonds ou encore d’échange de monnaie par le biais des techniques cryptographiques de pointe. Snapswap dispose d’un agrément du ministère des Finances luxembourgeois en tant qu’établissement de paiement, avec un début des activités proprement dites à partir de janvier 2016. Désireux d’étendre à la fois son offre et sa présence au Luxembourg, le groupe de services financiers JTC vient d’acquérir Signes, un cabinet d’experts actif dans la comptabilité, l’administration et la conformité fiscale à destination d’investisseurs institutionnels. Signes a été rebaptisé JTC Signes et opère comme une société sœur de JTC Luxembourg. Toute l’équipe de JTC Luxembourg a rejoint les bureaux que Signes occupait jusqu’ici, boulevard de la Pétrusse.
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L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) a mené une mission d’information en Amérique latine début octobre. Colombie, Pérou et Chili forment la cordillère des opportunités pour l’industrie luxembourgeoise des fonds. La Chambre de commerce, accompagnée du ministre des Finances Pierre Gramegna, a aussi mis le cap sur le sous-continent latino-américain, au même moment, en passant par la Colombie et le Mexique. PwC a connu une croissance de 7 % du chiffre d’affaires au cours de l’exercice clôturé le 30 juin dernier. Une PwC Luxembourg année mouvementée, mais a connu une dont le spéciacroissance liste mondial du légèrement conseil aux entreen baisse. prises estime s’être sorti sans trop d’égratignures. « LuxLeaks nous a surtout coûté en temps à rassurer nos clients et nos équipes », a commenté John Parkhouse, aujourd’hui que le plus gros de la tempête semble derrière. Et la meilleure preuve que la confiance n’a pas été ébranlée est, pour lui, le fait que les chiffres montrent à nouveau un résultat en croissance. (lire aussi en p. 72)
7 %
La plainte pour escroquerie que le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev (photo) a initiée à Monaco contre Yves Bouvier, marchand d’art, fondateur et actionnaire des ports francs de Genève, Singapour et
Luxembourg, serait motivée par l’intention du premier de lancer, avec le soutien de Moscou et dans le cadre d’un partenariat publicprivé (PPP), un projet concurrent à Vladivostok, à l’extrême est du territoire russe. Une enquête de Mediapart met cette hypothèse en avant en citant des sources proches d’Yves Bouvier, alors que l’entourage de Rybolovlev dément catégoriquement tout lien d’intérêt avec le projet de port franc en Russie. Le projet de Vladivostok est destiné au stockage d’objets de luxe, œuvres d’art et antiquités pour attirer les grands collectionneurs russes, chinois et coréens et faire concurrence aux centres existants. Le 12 octobre, la division générale Taxe de la Commission européenne (DG Taxud) a ouvert à la consultation de certains eurodéputés des documents relatifs aux travaux du groupe de conduite sur la fiscalité. Mais les conditions de consultation se sont avérées draconiennes et ont soulevé des questions d’équilibre des pouvoirs entre le Parlement européen et l’exécutif. Après une semaine de palabres, la prise de notes a été autorisée et l’épluchage des documents n’a plus connu de limite de temps, pour autant qu’il se fasse pendant les heures de bureau. Son travail s’est terminé le 23 octobre.
KEYNOTE SPEECH: HOW TO DISAPPEAR THURSDAY 12.11.2015
“It may shock the hell out of you. It did me… I couldn’t put this book down, finding out all of the ways anyone could get their hands on information about any of us. You’re more vulnerable than you may think.” - Tammy Chase, Chicago Sun-Times Frank M. Ahearn built his first career by finding people who didn’t want to be found, from philandering celebrities to a certain White House intern (Monica Lewinsky) before anybody had heard of her, as well as countless cheaters, frauds, and bad guys. Using the “skip tracer” techniques he developed in the process, Ahearn embarked on a second career counseling those who wanted not to be found. In this lecture, Frank Ahearn will provide field-tested tips, tools, and techniques for maintaining privacy, as well as strategies for protecting personal information and preventing identity theft.
AGENDA 18:30 WELCOME COCKTAIL
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Place financière Brèves Le CEO de Precision Capital, George Nasra, interrogé dans le Journal, estime que la Bil, dont il détient 90 % du capital, doit devenir la meilleure banque d’Europe.
Le groupe KBL European Private Bankers, basé à Luxembourg, a été nommé parmi les « Outstanding Private Banks in Europe » lors de la cérémonie des Private Banker International Global Wealth Awards 2015, à Singapour. Les récompenses décernées par Private Banker International ont pour objectif de reconnaître les institutions aux meilleures pratiques, notamment celles qui ont été les plus actives l’année passée pour promouvoir et renforcer le secteur de la gestion de patrimoine. Pour être sélectionnées, les organisations doivent faire preuve d’une stratégie de croissance claire et unique, tout en consolidant et en élargissant la portée de leur marque. On a appris à la mi-octobre que Dominique Strauss-Kahn avait introduit en juin dernier un recours devant le tribunal administratif de Luxembourg. Il conteste le remboursement des impôts impayés pour quelque 75.000 euros que l’Administration des contributions directes lui réclame au titre d’ancien administrateur de la société financière LSK. Les autres membres du conseil d’administration ont également engagé des recours. La banque ING proposera aux entrepreneurs de financer partiellement leurs besoins via Seedrs et KissKissBankBank, deux plateformes de financement participatif, à côté d’un crédit bancaire classique. Promettant une « procédure accélérée », ING met l’entrepreneur en contact avec l’une des deux plateformes qui soumet alors, en moins de 48 heures, une première idée de la faisabilité du projet ainsi que des chances de réussite.
Les 14 multinationales qui avaient boudé les auditions devant la commission taxe du Parlement européen ont été à nouveau convoquées. Le rendez-vous est pris pour le 16 novembre prochain à Bruxelles. Plusieurs multinationales, notamment celles dont les pratiques d’optimisation fiscale agressives avaient été mises au jour dans l’affaire des LuxLeaks, avaient été convoquées une première fois au printemps, mais seules deux d’entre elles avaient répondu présent. La Commission européenne, par la voix de la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, a rendu son verdict concernant les accords fiscaux conclus par Fiat Finance and Trade avec le Luxembourg et par Starbucks avec les Pays-Bas. Dans les deux cas, la Commission a conclu à des avantages fiscaux sélectifs illégaux au regard des règles de l’UE en matière d’aides d’État. L’exécutif européen impose donc aux gouvernements luxembourgeois et néerlandais de récupérer l’impôt non payé par les deux sociétés pour supprimer l’avantage concurrentiel injustifié dont elles ont bénéficié. Elle estime les montants à récupérer entre 20 et 30 millions d’euros dans les deux cas.
Le road show de Luxembourg for Finance a fait salle comble à Paris. Près de 300 personnes se sont déplacées pour une dense matinée organisée par LFF au palais Brongniart. L’objectif était triple : faire œuvre pédagogique pour expliquer la Place, consolider un important marché de proximité et vendre les produits et services « made in Luxembourg ». (lire aussi en p. 94)
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Le groupe financier Belfius, La liquidatrice de la banque contrôlé par l’État belge, a décidé Landsbanki Luxembourg a asside se retirer en tant qu’actiongné le 15 octobre un couple de naire principal de l’assureurretraités, domicilié dans les vie Iwi, dont il était l’acBouches-du-Rhône tionnaire majoritaire. Il (France), devant le tria cédé ses parts à bunal de Luxembourg Valor Group, basé siégeant en matière aux Bermudes. Créée commerciale. Une La liquidatrice de en 1992 dans le giron action qui brise la Landsbanki Luxembourg réclame 2,5 millions de la Bil qui en reste trêve imposée par d’euros à un couple le renvoi de la banque actionnaire symbode retraités. lique (0,0005 %), Iwi a devant les juges correcentamé une phase d’extionnels français. pansion vers des marchés La liquidatrice réclame par internationaux. La société gère contrainte judiciaire le rembourplus de 3 milliards d’euros d’actifs. sement d’un montant de plus de Belfius souhaitait se recentrer sur 2,5 millions d’euros, après avoir le marché belge tandis que Valor échoué par des méthodes plus était à la recherche d’opportunités « douces » restées sans réponse. sur le plan international. (lire aussi en p. 96)
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En pleine transformation depuis la crise, l’industrie du wealth management doit composer avec des mégatendances, dont une digitalisation galopante de ses activités, selon un rapport publié par Deloitte. Dans son rapport 10 disruptive trends in wealth management, an industry in change, le
La Cour de justice de l’Union européenne a rendu un avis favorable à l’exonération de la TVA lors de l’échange de devises traditionnelles avec une devise virtuelle. L’enjeu provenait d’un citoyen suédois qui souhaitait offrir des services de change entre devise classique et virtuelle.
La CJUE a rendu un avis important pour l’avenir du bitcoin.
cabinet passe en revue 10 tendances qui vont bouleverser la gestion de patrimoine. Parmi celles-ci, l’investisseur reconnecté, la démocratisation des classes d’actifs, le coût du risque et le poids de la régulation ou encore le vieillissement des conseillers et le transfert de richesse entre générations à venir. (lire aussi en p. 96)
À sa demande, la CJUE a donc tranché le cas de figure. La Cour a estimé « que des opérations d’échange de devises traditionnelles contre des unités de la devise virtuelle ‘bitcoin’ (et inversement) constituent des prestations de services fournies à titre onéreux au sens de la directive ». Elles peuvent donc être exonérées de TVA.
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Place financière Escroquerie fiscale présumée
PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)
01 Les geeks veulent l’amnistie
► Pendant 20 ans, des consultants informatiques ont touché une partie de leurs rémunérations « au noir ». ► L’Administration des contributions directes a lancé une gigantesque enquête pour traquer la fraude venant de firmes de portage salarial. ― Texte : Véronique Poujol
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Les marchands de consultants informatiques – pratiquant le « portage salarial » en langage politiquement correct – survivront-ils à la traque à la fraude fiscale que les autorités luxembourgeoises ont engagée fin 2009 ? Sans doute, mais avec des pratiques assainies. Connexion, qui fut l’un des plus gros body shoppers, avec jusqu’à 700 consultants dans son écurie luxembourgeoise, a jeté l’éponge en 2009. La société spécialisée dans le portage salarial, c’est-à-dire la fourniture de consultants free-lance à des entreprises luxembourgeoises ou des institutions européennes pour des missions pointues, est en faillite. Son dirigeant sud-africain reste pratiquement intouchable et certains informaticiens pris dans la masse ont fui en Australie. La justice luxembourgeoise a ouvert une enquête pour, entre autres, escroquerie fiscale, faux et usage de faux après avoir été saisie d’une commission rogatoire internationale venant de Belgique, puis d’une plainte de la direction de l’Administration des contributions directes (ACD).
▲ Il existait deux contrats de travail. Un officiel et un autre contenant une clause discrète dans laquelle les consultants reconnaissaient se faire payer une partie au noir.
Connexion a laissé un passif de 1,6 million d’euros, dont 600.000 d’avances du fonds de l’emploi de l’Adem. Ce n’est pas le portage salarial qui est ici en cause (l’activité n’est pas spécifiquement réglementée, mais requiert une autorisation de commerce des Classes moyennes), mais la déviation qui en a été faite par certains « ingénieurs » de la place financière, via des schémas industriels d’évasion fiscale destinés à convaincre des consultants étrangers aux profils très spécialisés, donc très chers sur le marché du travail, de venir travailler au GrandDuché. Le gouvernement s’est bien essayé à mettre en place des niches fiscales destinées
Place financière Escroquerie fiscale présumée
aux expatriés en permettant des déductions par leurs employeurs de leurs frais d’installation, notamment sur les dépenses en appareils électroménagers et frais de scolarité des enfants. Des mesures assurément peu convaincantes pour booster la démographie des salariés haut de gamme au Grand-Duché. Les charges sociales moins élevées au Luxembourg ne furent pas non plus suffisantes pour attirer cette population de geeks. L’affaire a été révélée le 18 septembre dernier par l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land qui relatait l’envoi massif par l’ACD en avril dernier de courriers à un demi-millier de consultants qui « se font rattraper par les montages fiscaux qui des décennies durant étaient la norme dans le secteur : une moitié claire et émergée, une moitié obscure et immergée ». « Un salaire de base flat-rate fut déclaré et mis en vitrine sur la retenue de l’impôt tandis qu’une rémunération parallèle et défiscalisée transita par des comptes offshore ou atterrit sur des cartes Visa prépayées », poursuit le Land. Informations confirmées à Paperjam. Des schémas reproduits à une échelle de masse et une fraude fiscale standard pendant 20 ans sans que ça ne pose de problème, ni aux utilisateurs, des grandes banques et institutions européennes, ni aux firmes de portage qui ne déclaraient au fisc qu’une petite partie des rémunérations et faisaient passer la belle part par l’île Maurice (accommodante pour cartes Visa), les îles Vierges britanniques ou Panama. Il s’agissait du plus gros opérateur du secteur des umbrella companies, mais pas le seul puisque notre enquête a montré que deux autres sociétés luxembourgeoises ont pratiqué le système : les consultants qui pointaient pour Keywest International et Claremont ont également reçu des lettres des services de révision de l’administration fiscale, redressements à la clef pour des gens « considérés comme des indépendants ». « Le système était institutionnalisé et il s’est étalé sur deux décennies », raconte l’avocat d’une consultante.
COMPTES OFFSHORE ET DOUBLE CONTRAT Un contrôle des activités de Connexion en Belgique a déclenché le séisme, selon un autre avocat. Un juge belge adresse une commission rogatoire internationale à Luxembourg en 2011 et la machine s’emballe. Le dirigeant de Connexion est auditionné à l’été 2014. Des perquisitions sont effectuées au siège de l’entreprise à Ellange, sa comptabilité passée au crible et ses comptes en banque gelés (d’où la faillite). Les enquêteurs remontent les flux financiers injustifiables sur des comptes offshore où entre 30 et 70 % des salaires étaient versés.
La liste des noms de tous les consultants informatiques tombe dans l’escarcelle de la justice qui transmet le dossier au fisc, lequel s’attaque non pas aux firmes et à leurs responsables, qui n’ont pas respecté leur devoir déclaratif des retenues de salaires, mais directement aux consultants free-lance, convoqués les uns après les autres. Deux agents des impôts travailleront à plein temps sur ces dossiers. Après avoir recueilli leurs aveux, l’administration les mit devant un choix cornélien : soit faire une « déclaration fiscale spontanée », qui va jusqu’à 10 ans en arrière, soit encourir des poursuites du service de révision de l’ACD. Certains prennent la fuite, ou paient l’addition sans rien dire, d’autres optent pour l’affrontement en lançant des recours gracieux d’abord. Le directeur de l’administration leur oppose une fin de non recevoir.
Ce n’est pas le principe du portage salarial qui est ici en cause, mais la déviation qui en a été faite par certains « ingénieurs » de la Place, via des schémas industriels d’évasion fiscale. Des dossiers non encore prescrits devraient se retrouver devant le tribunal administratif, ce qui donnera une publicité supplémentaire à ces pratiques. Lorsque les ennuis commencèrent pour Connexion, les consultants migrèrent pour l’essentiel chez Keywest, témoigne l’un d’eux à Paperjam. Il existait deux contrats de travail. Un officiel et un autre contenant une clause discrète dans laquelle les consultants reconnaissaient se faire payer une partie de leur rémunération au noir et qu’il leur appartenait de la déclarer eux-mêmes aux impôts. À tout le moins, les contrats signés sous l’empire de Connexion. Certains consultants, arrivés plus récemment, nient avoir signé de telles dispositions lors de leur embauche. C’est le cas d’une jeune informaticienne autrichienne, qui a travaillé dans les locaux de la Commission européenne à Luxembourg en passant par Claremont Consulting Services. Son salaire officiel était de 3.000 euros pour un contrat de 40 heures par semaine avec un lien de subordination évident avec son employeur, excluant de facto l’exercice d’une profession libérale. La partie immergée de son 2e salaire, 3.000 euros également, était versée sur un compte à ING au nom de la société offshore OSM Limited, selon le dossier
consulté par Paperjam. Son avocat a adressé, il y a quelques jours, un recours gracieux à Guy Heintz, le directeur de l’ACD, et saisira les juridictions administratives en cas de refus de ce dernier d’effacer ou réduire la facture qui s’élève actuellement à près de 165.000 euros. Le redressement couvre les années 2005 à 2014. « Les personnes doivent supporter toute la charge en laissant leurs ‘employeurs’ indemnes », déplore l’avocat en s’interrogeant sur l’application de la TVA liée aux prestations de services informatiques. Y a-t-il eu exonération de TVA pour les body shoppers et au nom de quelle réglementation ? « Dans ce métier, il n’y a aucune autre chance dans des projets informatiques que de faire appel à des intermédiaires », poursuit-il. Contacté par Paperjam, un des anciens administrateurs et actionnaire de Claremont (il a revendu récemment ses parts) dément le paiement par la firme « de revenus supplémentaires ». « L’Administration fiscale est venue en 2015 dans les bureaux et n’a rien trouvé du tout dans les bilans faisant penser que la société a fait autre chose (calcul de salaire et aide les consultants à faire des démarches administratives, ndlr). Le fisc a passé en revue les dossiers dans le moindre détail et en a conclu que Claremont n’avait rien à se reprocher », explique-t-il. Un autre consultant, ancien de Connexion, qui a travaillé et travaille toujours pour une des plus grandes banques de la Place, a accepté, lui, de payer 100.000 euros de redressement au taux maximal de 40 % sur presque deux ans d’activité pour un salaire mensuel de 15.000 euros, dont 10.000 en black. « Nous avons eu la double peine, explique t-il, parce qu’il ne nous a pas été possible de déduire nos charges. (…) Connexion touchait 7 à 8 % de marge de la part de la banque » qui l’employait comme consultant. « Je n’ai jamais eu l’intention de frauder le fisc luxembourgeois », souligne-t-il. Devant l’utilisation massive de ce système et la durée des pratiques, on comprend mal comment les autorités n’ont pas détecté la fraude plus tôt et qu’il a fallu attendre une commission rogatoire belge pour mettre fin à ce qui paraissait borderline, mais tout de même légal. Il est peut-être temps, dans le nouveau Luxembourg de la transparence fiscale, d’encadrer le portage salarial, la pratique de fiscaliste aussi. En attendant, les consultants IT aimeraient bien une amnistie fiscale. ◄ En résumé Des pratiques de défiscalisation de salaires ont été mises au jour à la suite d’une commission rogatoire internationale venant de Belgique. Entre 30 et 70 % des rémunérations de consultants informatiques travaillant pour la Commission européenne ou des grandes banques passaient par des structures offshore. L’administration des contributions a fait des redressements et la justice enquête.
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Place financière Le mystère du compte suisse
02 Au service de la vicomtesse ► Amicie de Spoelberch, riche et noble Belge aujourd’hui décédée, accusait son avocate au Grand-Duché de l’avoir dépouillée de ses actions brassicoles. ► L’affaire va de Bruxelles à Luxembourg en passant par Genève et les Îles Vierges. ► L’escroquerie présumée à l’héritage a pris un jour nouveau après la révélation des listes de clients luxembourgeois de HSBC en Suisse.
▲ Vu la taille du paquet, il avait fallu déménager les actions au porteur d’un coffre luxembourgeois à l’autre. Au final, 800.000 actions ont disparu, presque sans laisser de trace.
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Le procès de l’ex-avocate du Barreau de Luxembourg, Farida Chorfi, qui s’est ouvert début octobre, fait faire un saut en arrière de 10 ans, avant la crise financière, dans les coulisses d’un Luxembourg des pratiques opaques, de certains avocats et banquiers peu regardants. À l’heure du bouclage de cette édition, le verdict de la 16e chambre correctionnelle n’était pas tombé. Sans faire à l’avance le procès de Farida Chorfi, peu d’éléments plaidaient en faveur de son ingénuité dans une affaire la mettant au cœur d’une présumée tentative d’escroquerie à l’héritage d’une vieille dame issue d’une des familles les plus riches de Belgique, les de Spoelberch. Toutefois, des éléments font présumer que la prévenue n’agissait pas seule. L’enquête policière n’a pas exploré la piste d’une manipulation de la riche héritière par son entourage familial ni les facéties de la vieille dame. La vicomtesse Amicie de Spoelberch était immensément riche, âgée (née en 1922), veuve et affaiblie. Elle avait dans son patrimoine un paquet de 8.179.600 actions de la société brassicole Interbrew Belgium, valorisées, lorsqu’elle porta plainte en février 2006, à 320 millions d’euros. Ces actions au porteur avaient été initialement déposées sur un compte à la banque Natixis à Luxembourg au nom d’Apal First. Cette société de participations luxembourgeoise avait été constituée en juin 2004 à part égales (chacun des deux actionaires mettant plus de 450.000 actions Interbrew en apport en nature) par la vicomtesse, alors âgée de 82 ans, et son époux, Luka Bailo, alors 68 ans, un Serbe naturalisé en Belgique, réputé volage et amateur de casino, selon la presse belge. Farida Chorfi, avocate de la famille Bailo-de Spoelberch, apparaît alors comme administratrice d’Apal First. Elle était payée 10.000 euros par mois pour rendre des conseils juridiques à la famille. Elle avait été présentée à la riche héritière des brasseries Interbrew (aujourd’hui
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
Place financière Le mystère du compte suisse
AB Inbev, premier groupe brassicole mondial) en 2000 par Luka Bailo. 75 % des titres Apal First servirent par ailleurs à financer la constitution en 2005 d’une seconde société, Interpal Holding, dans laquelle siégeaient également Farida Chorfi, un autre avocat de son étude, Patrick Weinacht, ainsi que la vicomtesse, actionnaire à plus de 99 %. La vieille dame a raconté aux enquêteurs que les deux premières structures, puis une troisième, Oldcab Investments Ltd, dans les Îles Vierges britanniques, avaient été créées à l’initiative de l’avocate, sans que sa propriétaire connaisse très bien les buts de ces montages. Il fut aussi question d’une fondation au Liechtenstein.
UN NOTAIRE VIGILANT En janvier 2006, alors que les relations entre les deux femmes s’étaient dégradées, Amicie de Spoelberch était démise de ses fonctions d’administratrice déléguée de Apal et Interpal. Elle mit plus tard en cause l’authenticité des procès verbaux des réunions l’ayant écartée. Et affirma, comme cela ressort du jugement de 2014, avoir été « dépouillée d’une grande partie de ses actions ». Une grosse partie de ses titres Interbrew – 7.280.424 actions – fut transférée le 29 septembre 2004 sur l’offshore Oldcap à Tortola pour un prix de vente de 50.000 euros, en vertu d’un contrat entre les époux Bailo-de Spoelberch. Un courrier à la Natixis demandait de tenir ces titres « à disposition » et de les transférer d’Apal à Oldcap. Le couple, marié sous le régime de la communauté universelle, s’était installé officiellement au Grand-Duché après le mariage en 2001, mais gardait un pied-à-terre dans la banlieue chic de Bruxelles. Les deux fils majeurs de Luka Bailo furent adoptés en 2003 par jugement du tribunal de Luxembourg.
L’enquête à Luxembourg sur la disparition de plus de 800.000 actions a piétiné pendant des années. Au décès du mari, le 19 octobre 2004, Farida Chorfi se serait occupée de tout, payant les notes d’hôtel et les dépenses de la vie courante, selon les informations fournies par le premier jugement du 5 novembre 2014, ayant condamné l’avocate par défaut à 30 mois de prison ferme et 5.000 euros d’amende pour faux et usage de faux et tentative d’escroquerie. Le tribunal, manquant de preuves
– notamment la trace du magot disparu – avait appuyé son jugement sur l’intime conviction. Oldcap fut cédée aux deux fils, 10 jours après le décès de M. Bailo, moyennant 50.000 euros, pour plus de 7 millions de titres Interbrew ! Ce n’est que le 8 février 2006 (plus de 15 mois après le décès) que le document instituant les fils Bailo comme bénéficiaires économiques fut transmis à Natixis. La vicomtesse mit en cause devant le juge d’instruction l’authenticité des documents de transfert à ses enfants adoptifs. Elle affirma être toujours assise sur ses titres Interbrew/Ambev, démentant avoir jamais signé un contrat leur cédant ses biens de son vivant. Les expertises attestèrent cependant de l’authenticité de sa signature. Une autre demande de transfert, de 915.000 actions au porteur, d’Oldcap à Natixis pour les tenir là encore à disposition, constitue le second grief de l’accusation pesant sur Farida Chorfi, qui se serait servie sur la fortune de sa cliente. Elle aurait tenté de se faire reconnaître comme légataire universelle des biens de la vieille dame et vidé un coffre à la banque. Lorsque les deux femmes se rendirent chez le notaire Jean-Joseph Wagner pour faire authentifier un testament manuscrit, celui-ci rendit attentif la riche Belge à la portée de l’acte qu’elle allait signer : « Je lègue tous mes biens à Farida Chorfi, née le 20 janvier 1962, matricule 19620120025, que j’institue ma légataire universelle. Chorfi Farida aura l’obligation d’exécuter les legs particuliers suivants (…) », avait écrit Amicie de Spoelberch. Elle pensait acter une disposition qui aurait permis, à sa mort, de léguer une partie de sa fortune (la part qui n’irait pas à ses fils) à une fondation. Après la séance d’explication avec le notaire, elle se ravisa. Seuls les legs particuliers furent alors actés. Dans un testament ultérieur, qu’elle rédigea deux mois avant sa mort chez un notaire belge, la vieille dame institua légataire universel la fondation Roger de Spoelberch. Elle mourut le 21 mai 2008 à Bruxelles. Trois ans auparavant, Chorfi aurait vidé le coffre no 92 à la Natixis ouvert au nom de Oldcap – elle agissait en qualité de trustee pour les fils Bailo –, contenant les 915.000 actions au porteur ainsi que des bijoux de famille. Les registres de la banque ont fait état de deux visites du coffre : une première de l’avocate le 1er décembre 2004 et une seconde le 8 février 2006, de l’un des fils Bailo. Lors de la perquisition en avril 2006 à la banque, les enquêteurs tomberont sur un coffre vide. Devant le juge d’instruction luxembourgeois qui l’interrogeait, Chorfi assura ne pas avoir retiré « à titre personnel et directement 915.000 actions » et dira être intervenue parce qu’elle avait mandat de le faire. Le directeur de la banque indiqua aux policiers
que le fils Bailo avait retiré des documents du coffre, mais pas des documents correspondant à l’épaisseur du paquet d’actions.
LEVER LE SECRET BANCAIRE SUISSE ? Les premiers juges eurent la conviction que la prise de possession des actions par Farida Chorfi « a dû intervenir lors de sa visite du coffre en date du 1er décembre 2004 ». L’avocate restitua par la suite 100.000 ac– tions aux héritiers de la vicomtesse. Le mystère demeure sur le sort des 815.000 titres restants.
Amicie de Spoelberch avait dans son patrimoine un paquet de 8.179.600 actions valorisées à 320 millions d’euros en 2006. Selon l’avocat de la partie civile Oldcap, Me Fabio Trevisan, la conseillère aurait pu dissimuler le magot en Suisse, avant de se faire rattraper par les SwissLeaks. Le nom de l’exavocate âgée de 53 ans apparaît en effet sur une liste des « clients luxembourgeois » de HSBC à Genève, volée par l’informaticien Hervé Falciani et révélée par Le Jeudi. Elle serait bénéficiaire d’un compte de quelque 40 millions de dollars. L’enquête à Luxembourg sur la disparition de plus de 800.000 actions, pouvant représenter cette somme, a piétiné pendant des années. Oldcab a donc formulé une demande de réouverture de l’instruction, afin de pousser le juge d’instruction luxembourgeois à lancer une commission rogatoire internationale, pour remonter à l’origine des fonds logés chez HSBC. Un fait inconnu des enquêteurs à l’époque de l’instruction ayant mené au premier jugement (novembre 2014) contre lequel Chorfi a fait opposition. D’où un nouveau procès à Luxembourg. Me Lydie Lorang, défendant Farida Chorfi, a indiqué à l’audience que les millions de dollars découverts sur le compte suisse ont été détenus par sa cliente à titre fiduciaire pour le compte des héritiers d’Amicie de Spoelberch. Il serait donc indiqué que les juges renvoient le dossier au cabinet d’instruction pour lever le secret bancaire suisse et, partant, le mystère du compte à la HSBC. ◄ En résumé Le procès d’une ex-avocate du Barreau de Luxembourg s’est ouvert début octobre. Il suit le fil d’un dossier de 10 ans d’âge, où se croisent notamment une vicomtesse belge, son mari tardif, ses deux fils adoptifs, des coffres vidés et un mystérieux magot suisse.
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Place financière Fiscalité internationale
03 Les efforts de transparence
PHOTOS : LICENCE CC / CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES) / COMMISSION EUROPÉENNE - LICENCE CC
ont enfin payé
► La communauté internationale multiplie les actions pour une plus grande transparence fiscale. ► Le Luxembourg reste souvent pointé du doigt mais a pourtant déjà pris des mesures importantes allant dans ce sens. ► Des mesures reconnues par le Forum mondial sur la transparence qui l’a sorti de sa liste grise. ― Texte : Jean-Michel Lalieu
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C’est une excellente nouvelle pour l’image de la place financière. Réuni à la Barbade ces 29 et 30 octobre, le Forum mondial sur la transparence a biffé le Luxembourg de sa « liste grise » dans laquelle il l’avait intégré il y a deux ans. Officiellement, le Grand-Duché n’est donc plus un paradis fiscal. Cet automne s’avère particulièrement chaud au niveau des débats pour une fiscalité internationale plus juste. En l’espace de quatre jours, début octobre, il avait déjà connu une triple avancée. Le lundi 5 octobre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté la version finale du plan Beps (base erosion and profit shifting) qui prévoit 15 actions pour lutter contre l’optimisation fiscale. Le lendemain, les ministres de l’Économie et des Finances de l’Union européenne, réunis à Luxembourg, ont adopté à l’unanimité un accord sur l’échange automatique d’informations concernant les rulings fiscaux transfrontières
▲ Le siège parisien de l’OCDE. Un des endroits les plus fermés de la planète pour une finance transparente.
C’est sous présidence luxembourgeoise que les 28 se sont mis d’accord pour se transmettre de manière automatique l’ensemble des rescrits fiscaux cross-border.
Place financière Fiscalité internationale entre les États membres à partir de janvier 2017. Le 8 octobre, ce sont les ministres des Finances du G20, à la base de l’initiative Beps, qui ont adopté les nouvelles règles proposées par l’OCDE. Un premier aval qui devrait être suivi par l’approbation de ce plan d’action au niveau des chefs d’État et de gouvernement du G20 lors du sommet d’Antalya, en Turquie, les 15 et 16 novembre prochains. Après avoir contribué à dessiner les règles du futur, la Commission européenne, histoire de maintenir la pression, a fait un grand retour sur le passé, le 21 octobre, en condamnant les rulings conclus entre Fiat Finance & Trade et l’Administration des contributions luxembourgeoise depuis 2012 et ceux signés entre la compagnie américaine Starbucks et l’État néerlandais. Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, les deux firmes ont bénéficié d’accords illégaux, assimilés à des aides d’État. Le Luxembourg et les Pays-Bas devront dès lors s’acquitter de la tâche de récupérer les montants trop peu perçus pour des sommes estimées entre 20 et 30 millions d’euros. Pour le Luxembourg, la situation n’est pas simple. Alors qu’il s’empresse de montrer tous les signes de bonne volonté pour se dédouaner d’une image de paradis fiscal qui lui colle à la peau, il ne parvient pas à empêcher les décisions du passé de remonter à la surface. En novembre 2014, LuxLeaks a provoqué une tache quasi indélébile, sur laquelle la « condamnation » de Fiat a remis une couche. Pourtant, en l’espace de 30 mois, le Grand-Duché a produit de grands efforts pour se mettre en conformité avec la lame de fond internationale qui vise à plus de transparence fiscale. Petit retour sur les étapes clés du grand nettoyage fiscal. La fin du secret bancaire. En avril 2013, Jean-Claude Juncker, alors Premier ministre, annonce le passage à l’échange automatique d’informations pour le 1er janvier 2015. Un
▲ José Ángel Gurría, secrétaire général de l’OCDE, ne réprimande plus le Luxembourg, mais ne lui donne pas encore un blanc-seing.
choix qui met fin à la période transitoire qui permettait encore au Luxembourg de pratiquer la retenue à la source. La nouvelle majorité ne remet pas l’idée en question et, le 20 mars 2014, elle marque son accord pour la révision de la directive sur la fiscalité de l’épargne. Le champ d’application est donc élargi aux revenus similaires aux intérêts et tirés d’investissements effectués dans divers produits financiers innovants ainsi que dans certains produits d’assurance-vie. Échange d’informations selon la norme OCDE. Le 10 octobre 2014, le pays adopte la directive sur la coopération administrative qui amende celle de 2011. Elle vient élargir à nouveau le spectre de la directive sur la fiscalité de l’épargne en imposant qu’à partir du 1er janvier 2017, les États membres de l’UE s’échangent, sur base automatique, des informations sur les intérêts, les dividendes et autres revenus financiers, mais aussi sur les soldes des comptes et produits de ventes d’actifs financiers détenus par des épargnants résidents d’un autre État de l’Union. Ces nouvelles règles utiliseront le nouveau standard défini par l’OCDE en matière d’échange d’informations fiscales. Les « early adopters » de l’échange automatique. Le 29 octobre 2014, le Luxembourg a signé à Berlin l’Accord multilatéral entre autorités compétentes concernant l’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers. En étant parmi les premiers signataires, avec 50 autres pays, de cet accord négocié dans le cadre du Forum mondial sur la transparence, le pays a clairement voulu marquer un signe de sa bonne volonté face à la communauté internationale. Un projet de loi respectant très clairement les nouvelles normes de l’OCDE – le common reporting standard – a ainsi été déposé le 14 août dernier par le ministre des Finances. Il prévoit qu’à partir du 1er janvier 2017, l’ensemble des institutions financières de la place luxembourgeoise devront fournir tous les renseignements concernant leurs clients non résidents aux autres pays signataires. Actuellement, une soixantaine d’États ont signé l’accord de Berlin. L’accord Fatca, le précurseur. Le 31 août dernier, les institutions financières basées au Grand-Duché ont clôturé le premier échange annuel d’informations à l’intention de l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain. L’accord avait été signé en mars 2014 entre le Luxembourg et les ÉtatsUnis. Il prévoit l’échange automatique d’informations sur les avoirs détenus par des citoyens américains et des résidents aux États-Unis auprès d’institutions financières au Luxembourg. Le Luxembourg, disciple de Beps. Le 5 octobre dernier, l’OCDE a dévoilé les rapports finaux concernant les 15 actions préconisées pour mettre fin aux pratiques d’optimisation fiscale internationales agressives. Concrètement, l’objectif est de vérifier la
▲ Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, Fiat a bénéficié d’accords illégaux, assimilés à des aides d’État, au Luxembourg.
substance économique des entités afin que les impôts sur le bénéfice soient payés là où elles sont vraiment actives et de faire en sorte que les prix de transfert intragroupes correspondent à des prix de saine concurrence, donc identiques à ceux pratiqués avec des tiers. Dès septembre 2014, le Grand-Duché a affirmé son soutien aux travaux de Beps. Or la balle est désormais dans le camp des États, qui doivent transposer cet ensemble de recommandations très ambitieuses en droit national. Le Luxembourg devrait le faire dans le cadre de la réforme fiscale prévue pour 2017. Une étape a déjà été franchie en janvier de cette année avec l’adoption d’une nouvelle loi concernant les prix de transfert. Elle impose aux multinationales de fournir une documentation plus détaillée en matière de flux intragroupe. En cas d’insuffisance, il est prévu un retournement de la charge de la preuve en faveur de l’Administration fiscale. Transparence sur les rulings. Le 6 octobre, les ministres européens des Finances ont adopté un accord qualifié d’« historique ». Un an après l’affaire LuxLeaks, c’est sous présidence luxembourgeoise que les « 28 » se sont mis d’accord pour se transmettre de manière automatique l’ensemble des rescrits fiscaux transfrontières. Soit tous ceux pris par l’administration fiscale d’un pays, mais qui pourraient avoir des conséquences sur l’assiette fiscale d’un autre. La transparence sera aussi de mise rétrospectivement pour l’ensemble des rulings adoptés au cours des cinq dernières années. L’accord doit être effectif pour le 1er janvier 2017, ce qui laisse un peu plus d’un an pour le transposer en droit national. ◄ En résumé Même si l’image de paradis fiscal lui colle toujours à la peau, le Luxembourg multiplie les actions pour être considéré comme un bon élève en matière de transparence fiscale internationale. Retour sur les différentes actions prises dans ce sens.
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Place financière Lombard International Assurance
04 Un leader global bien d’ici ► Les changements de gouvernance ont pu faire redouter une « américanisation » de Lombard, mais l’acteur luxembourgeois grandit et ses ambitions internationales aussi. ► Norbert Becker n’est plus président à Luxembourg, mais l’administrateur indépendant est chargé de missions très stratégiques du groupe, y compris aux États-Unis. ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Luc Deflorenne Norbert Becker n’est plus président de Lombard… L’information a pu surprendre et faire écho à la sortie de scène de Claude Marx, encore confirmé en tant que CEO en juin 2014. Quelque chose couvait-il dans la maison Lombard depuis la fin septembre ? Fallait-il y voir un effet collatéral de la prise de contrôle par Blackstone ? A priori, non. D’abord parce que Blackstone est décrit de l’intérieur comme un actionnaire « motivé et impliqué », n’ayant pas peur d’investir et très enclin à faire bénéficier le groupe luxembourgeois des opportunités du marché global.
Ainsi, l’acquisition de Philadelphia Financial, incorporé et rebaptisé par le groupe Lombard, fait désormais rayonner outreAtlantique Lombard United States. Plus que symbolique ! Du coup, Lombard International Assurance monte encore en puissance sur la planète, dans le domaine très prisé de la gestion
Norbert Becker et John Van der Wielen, un administrateur et un CEO sur la même longueur d’ondes. À l’image de Lombard et de son actionnaire Blackstone. ▼
et structuration de fortune crossborder pour les high – et même ultra high net worth individuals (HNWI). Concrètement, Lombard affiche quelque 75 milliards de dollars d’actifs sous gestion, pour le compte non pas de clients directs, mais essentiellement de banquiers privés opérant sur la planète. Au 30 juin, 59 % des assets viennent d’Amérique du Nord, pour 32 % d’Europe occidentale par exemple. C’est dire le jalon posé, via Blackstone, en reprenant Philadelphia. « Être physiquement présent sur le marché américain, sous le nom de Lombard United States, c’est un pas important. Qui ouvre des perspectives énormes sur le marché continental américain. Nous créons un pont entre les deux continents, chacun des marchés intéressant l’autre », note John Van der Wielen, qui était déjà dans le board depuis plus de quatre ans et est monté sur le siège de CEO ad interim de Lombard International fin septembre dernier, en remplacement de Claude Marx – le départ de ce dernier se serait fait d’un commun accord et sans souci, assure-t-on. Pour Lombard, l’ambition de croissance et de profit est au programme, même si les dirigeants ne claironnent pas publiquement leurs objectifs chiffrés. « Mais il est évident que le groupe a des possibilités d’expansion. Et que toutes les opportunités pour affirmer l’ancrage sur des marchés forts seront examinées », enchaîne Norbert Becker. Ce dernier n’est donc plus le président du conseil d’administration ( John K. Hillman est
executive chairman du board américain et du board européen), c’est vrai, mais l’administrateur luxembourgeois est en revanche chargé de missions très stratégiques au sein des instances du groupe. Il assume ainsi le rôle de lead director qui, dans la gouvernance américaine, est un poste clé, celui de chef de file des administrateurs indépendants. On retrouve Norbert Becker siégeant comme administrateur, dans le board américain et dans le holding de tête ; et il préside en outre des comités stratégiques au sein du groupe, notamment les rémunérations ou le risque. À noter que, sur les sept administrateurs de la société mère à Luxembourg, trois viennent de Blackstone, les quatre autres étant des indépendants… « Lombard International est leader mondial dans ce créneau très spécifique des solutions d’assurance-vie structurées pour la gestion de fortune », souligne au passage Norbert Becker, l’administrateur du groupe plus que jamais luxembourgeois. « La réputation de Luxembourg en tant que Place internationale n’est plus à faire, ajoute John Van der Wielen. Le savoir-faire et l’excellence des solutions sont des cartes connues. Pour notre clientèle private banking internationale, le passeport européen, le fameux triangle de sécurité ou les garanties apportées par une régulation certifiée – toutes les solutions sont validées par le Commissariat aux assurances – sont des atouts considérables. » Surtout aux États-Unis, où les investisseurs privés ont été sérieusement secoués par les crises financières, et ce même à l’heure de Fatca. Pour Norbert Becker, le savoirfaire made in Luxembourg n’a pas fini de rayonner sur le monde financier. « Lombard a 20 ans d’expérience, une réputation sans tache et a été un des pionniers de la charte de qualité de l’assurancevie », rappelle-t-il. Et les ambitions globales de l’entreprise (qui emploie quelque 500 personnes, dont 400 au Luxembourg) siégeant aux portes du Findel semblent bien s’affirmer. « D’ailleurs, nous avons une trentaine de postes à pourvoir ici, glisse le CEO, et nous recrutons aussi aux États-Unis. » ◄ En résumé Piloté par Blackstone, Lombard International continue à grandir depuis Luxembourg, et ses ambitions internationales aussi. L’administrateur indépendant Norbert Becker est chargé de missions stratégiques du groupe, y compris aux États-Unis.
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Place financière Banque internationale à Luxembourg
05 Construire du solide qui dure ► Hugues Delcourt, CEO du groupe Bil depuis octobre 2014, pilote la stratégie Bil 2020. ► Les objectifs demeurent, entre ancrage local et banque privée à l’international. ► La banque se tourne aussi vers les entreprises qui innovent. ― Interview : Fabrice Barbian ― Photo : Mike Zenari
Monsieur Delcourt, depuis un an, qu’avez-vous mis en place dans le cadre de Bil 2020 au Grand-Duché ? « Au Luxembourg, l’ambition est de devenir la banque vers laquelle se tournent prioritairement les particuliers, les entreprises et les institutionnels. En ce qui concerne l’activité retail, nous avons revu les formats de nos agences. Afin d’être davantage disponibles pour nos clients, nous avons adapté les horaires d’ouverture et avons développé le cashless pour favoriser le conseil et l’accompagnement. Les agences, ou en tout cas une partie d’entre elles, sont complémentaires des canaux digitaux que nous développons. Nous avons aussi innové en matière de web banking pour que nos clients disposent des mêmes informations et des mêmes fonctionnalités, qu’ils utilisent un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Et sur les autres marchés locaux ? « Dans le domaine du corporate et de l’institutionnel, le mot-clé est diversification vers des secteurs innovants. L’une des priorités est de nous positionner comme la banque de ceux qui innovent. À ce titre, nous avons été les premiers signataires d’Innovfin (fonds d’investissement européen visant à financer des projets novateurs), dans le cadre du plan Juncker. Nous avons aussi créé Bil Start, un dispositif au travers duquel nous 092 ―
conseillons, accompagnons et finançons, avec des produits spécifiquement élaborés pour eux, les jeunes dirigeants d’entreprises innovantes. Au registre des nouveautés, nous avons lancé, en collaboration avec PwC Luxembourg, le Bil Immo Index, une vue ‘objective’ sur le marché de l’immobilier résidentiel national qui génère toujours beaucoup de questions. Pour la banque privée, notre ambition est d’augmenter notre part de marché. Pour ce faire, nous avons renforcé notre équipe dédiée et veillé à ce qu’elle gagne en visibilité. Il est encore un peu tôt pour tirer un bilan comptable de tous ces dispositifs, mais les actifs sous gestion ont progressé d’un peu plus de 6 % au premier semestre 2015.
Peut-on rappeler les grands axes de la stratégie à l’international ? « À l’international, nous sommes actifs sur un unique métier, celui de la banque privée. Il est fondamental dans ce domaine de disposer d’une masse critique afin d’être pertinents et d’offrir des solutions et services à valeur ajoutée. C’est impossible de le faire sur l’ensemble de la planète. Nous avons donc choisi de nous focaliser sur trois zones géographiques : le Moyen-Orient, l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est. Pour atteindre la bonne masse critique, mais également gagner en visibilité, Bil Suisse a racheté KBL Suisse avec pour ambition de
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fusionner en une seule banque privée, à savoir la Bil Suisse, plus importante et plus solide. Nous avons aussi déjà renforcé notre présence au Moyen-Orient avec l’ouverture d’un bureau à Dubaï. Hans-Peter Borgh, notre nouveau head of wealth management, a pour mission de développer nos activités, au Luxembourg comme à l’international.
Vous avez aussi fermé votre bureau de Singapour. « L’Asie est un marché extrêmement compétitif, nous ne disposons pas de la masse critique nécessaire. Nous avons donc décidé de fermer ce bureau. C’est une décision très rationnelle que l’équipe en place a parfaitement comprise. Certains des 23 collaborateurs ont d’ores et déjà été replacés ailleurs tandis que les autres organisent encore la fermeture du bureau. Quitter l’Asie, un crève-cœur à titre personnel, non ? « Je connais bien l’Asie pour y avoir travaillé pendant plus de 15 ans. J’y ai beaucoup d’amis. J’aurais aimé profiter de déplacements professionnels pour les voir plus souvent. Mais la priorité, ce sont les intérêts de la banque. C’est d’ailleurs, aussi, parce que je
connais bien ce marché que je suis convaincu de la pertinence de notre décision de nous focaliser sur d’autres zones géographiques.
Quelles relations la Bil entretient-elle avec la KBL et avec Precision Capital, actionnaire commun aux deux banques ? « Les deux banques ont des stratégies et des positionnements très différents. Le deal suisse précité, mais également l’acquisition de Bil en Belgique par Puilaetco Dewaay, la filiale belge de KBL epb, confirment nos bonnes relations et notre souci commun d’acquérir cette masse critique qui nous permet d’aller de l’avant, chacune sur ses marchés, et en toute indépendance. Avec Precision Capital, les rapports sont également bons. Il y a une confiance réciproque entre les actionnaires et le management. Depuis 2012, la priorité a été de replacer la Bil sur de bons rails. Cela a été fait. Aujourd’hui, l’ambition est d’investir pour construire une banque solide, dans la durée. » ◄ En résumé Après un an de CEO à la Bil, quel bilan tire Hugues Delcourt ? Il voit les choses avancer en ligne avec les objectifs. Et se réjouit du bon climat avec l’actionnaire qatari Precision Capital, autant qu’avec la consœur KBL.
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Place financière France-Luxembourg
06 Paris déjà gagnés ► Luxembourg for Finance fait œuvre pédagogique et communicante dans l’Hexagone, où la Place attire. ► Les échanges se multiplient, les investisseurs se manifestent, le courant passe. ― Texte : Alain Ducat
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▲ La Place a fait salle comble sous les ors du palais Brongniard.
temps. « Bien entendu, la France représente un gros marché pour le Luxembourg. Et il y a de très grands acteurs français très solidement ancrés sur la Place, y compris à la Bourse de Luxembourg, poursuit Nicolas Mackel. Notre stratégie est aussi de consolider l’existant. Et il est parfois utile de démythifier le Luxembourg également, pour éviter les malentendus. » La Place et LFF ont mis tous les atouts de leur côté, en réunissant un casting de choix. Parrainé par deux Big Four, un cabinet juridique international et un solide corporate services, le séminaire s’est offert Pierre Gramegna en tête de gondole, le ministre évoquant la « compétitivité des services financiers européens ». La carte internationale par la carte européenne : un classique luxembourgeois qui plaît toujours ! Le panel des tables rondes, conférences et ateliers a mis en avant les « forces qui construisent l’avenir » de la place financière luxembourgeoise, le paysage des fonds d’investissement et du private equity, le portait d’une « plateforme dynamique et attrayante », par quelques partners de Big Four, avocats d’affaires, banquiers spécialisés dans le
wealth management, les investissements ou la gestion d’actifs, conseillers en structuration internationale de sociétés ou fines lames de l’assurance-vie… Peu après coup, difficile de dire si le séminaire a fait mouche en bords de Seine au point de faire remonter le poisson ferré jusqu’à l’Alzette. Le networking a bien fonctionné sur place, c’est sûr. L’intérêt était de la partie. Et peut-être un avocat d’affaires signalera-t-il, d’ici quelques mois, l’arrivée d’un nouveau prestataire français dans le secteur des fonds, par exemple. « On n’est pas dans une logique de prospection, rappelle Nicolas Mackel. Nos meilleurs ambassadeurs, ce sont les acteurs qui, depuis longtemps, font confiance au Luxembourg, s’y développent et contribuent au rayonnement international de la Place. » Raison pour laquelle, aussi, la communication de LFF entretient des contacts réguliers, non claironnés, mais utiles, avec la presse française, histoire notamment de servir de source fiable et de base d’explications sectorielle, afin d’éviter que, hors des professionnels de la finance, l’Hexagone – citoyen, médiatique ou politique – regarde le Luxembourg d’un air soupçonneux au lieu d’avoir pour lui les yeux de Chimène. ◄ En résumé Luxembourg for Finance s’est montrée sous son meilleur jour à Paris. La Place attire la France, peut-être plus que jamais. En tout cas, les échanges se multiplient et les investisseurs se manifestent.
PHOTO : LFF
C’est plutôt évident, les rencontres et échanges s’accélèrent depuis peu entre Hexagone et Grand-Duché, notamment sous l’égide du jeune Business Club FranceLuxembourg. Mais pas seulement car, de manière pointue, la place financière fait manifestement de plus en plus briller les yeux de spécialistes français. Pour puiser dans l’actualité récente, les nouveaux actionnaires des corporate services SGG, Astorg Partners, ont pris le contrôle du prestataire fiduciaire luxembourgeois, avec des ambitions de croissance intactes, voire plus élevées. Autre exemple du même acabit, ce sont des Français, issus du private equity, qui ont repris l’activité fonds laissée à Luxembourg par Royal Bank of Scotland. BlackFin a bien l’intention de jouer la carte d’une « manco » avisée dans le paysage financier grand-ducal, par nature européen, voire global. Il n’y a pas de lien de cause à effet mais, de son côté, Luxembourg for Finance a pris la mesure depuis longtemps du fait que les acteurs français du secteur apprécient la Place. « Elle est attractive et les professionnels l’ont toujours su », note Nicolas Mackel, CEO de LFF. L’organe de promotion du secteur financier luxembourgeois ne ménage pas ses efforts, réguliers, parfois discrets, parfois plus ostensibles, pour s’adresser au marché français. Il y a peu, une très dense matinée organisée par LFF au palais Brongniard à Paris a vu se succéder de prestigieux représentants du monde financier luxembourgeois dans des conférences et ateliers, formant un « séminaire financier » à l’intitulé évocateur : « Luxembourg, votre partenaire international ». C’était sold out, avec près de 300 personnes dans la salle. « Là comme ailleurs, nous voulons montrer notre valeur ajoutée. Repositionner le Luxembourg sur la scène internationale et en tant que leader européen, voire mondial dans certains domaines, souligne Nicolas Mackel. Il s’agit de faire œuvre pédagogique, pour expliquer ou réexpliquer la Place dans son contexte d’aujourd’hui. Il s’agit aussi de mieux vendre nos produits et services. » Le marché français a pourtant déjà compris les charmes du pays depuis bien long-
THE OXFORD UNION DEBATE ECONOMIC CRISIS: KEYNES WAS RIGHT! MERCREDI 02.12.2015
John Maynard Keynes (1883-1946) was a British economist and is widely considered to be one of the founders of modern macroeconomics. According to Keynesian economic policies, in the short run, economic output is strongly influenced by total spending in the economy, especially during recessions
AGENDA 18:30 WELCOME COCKTAIL
19:00 START OF THE DEBATE
I N FO
L I EU
PA RK ING
Registration required : www.Paperjam.club
BIL 69, route d’Esch Luxembourg
Car park on site
AGAINST
FOR
Marc WAGENER Director of economic affairs
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20:30 WALKING & NETWORKING DINNER
Carlo KLEIN Faculty member Miami University Luxembourg Campus
Hilmar SCHNEIDER Managing director Liser (formerly CEPS/INSTEAD)
Christos KOULOVATIANOS Professor of Economics University of Luxembourg
13:44 30/10/15 16:42
Place financière Wealth management / Landsbanki
07 Tendances disruptives ► Deloitte identifie les défis à relever par les gestionnaires de patrimoine. secteur vont adopter rapidement le canal numérique en complément des autres canaux pour interagir avec leurs clients et transformer leur expérience », note Pascal Martino, partner et digital leader chez Deloitte Luxembourg. Place axée sur l’international, le Luxembourg doit s’adapter rapidement, voire se positionner comme leader dans certains de ces domaines, alors que, par exemple, de nouveaux entrants s’attaquent au marché traditionnel bancaire par le créneau des fintech. T. R. ◄
PHOTO : LICENCE CC / EUROMONEYBLOG
Confrontée depuis 2008 à de nombreux changements, l’industrie de la gestion de fortune doit faire face à de nouveaux défis majeurs qui poussent à adapter les business models. Dans son rapport 10 disruptive trends in wealth management, an industry in change, le cabinet décrit trois axes : l’évolution des besoins des investisseurs, la transformation digitale et un environnement de marché toujours plus complexe. Le rapport du cabinet met ainsi en exergue des exemples comme les « conseillers-robots » (lire aussi page 74), l’usage du big data ou l’analyse des données. Autant de changements qui redéfinissent la relation entre les client et les investisseurs ou leurs conseillers. « De nouvelles formes de conseil vont apparaître. Les acteurs du
► Adopter rapidement le canal numérique en complément des autres canaux pour interagir avec les clients est un impératif.
08 Les contradictions d’une liquidation La liquidatrice de Landsbanki Luxembourg a assigné d’anciens clients de la banque devant le tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale, brisant ainsi la trêve des confiseurs imposée par le renvoi de la banque aux capitaux islandais devant les juges correctionnels français. Un procès va en effet bientôt s’ouvrir en France. Alors que les procédures de saisie des biens immobiliers situés en France sont gelées par le juge Renaud Van Ruymbeke, Me Yvette Hamilius semble espérer récupérer de l’argent en faisant exécuter, au nom de la reconnaissance des décisions de justice d’un État membre
◄ Me Yvette Hamilius tente de faire exercer des saisies de biens immobiliers en France.
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à l’autre de l’UE, les saisies en France. La liquidatrice réclame par contrainte judiciaire le remboursement des prêts qui se montent à plusieurs millions d’euros de la part des anciens clients de Landsbanki. Dans les assignations que Paperjam a pu consulter, la liquidation de Landsbanki défend la compétence des tribunaux luxembourgeois dans le cadre de la procédure, le contrat ayant stipulé leur compétence exclusive. Il y a « lieu de constater que le crédit octroyé par la demanderesse a été utilisé par le défendeur par le débit de son compte tenu au Luxembourg par Landsbanki Luxembourg ». « Un vrai drame », s’offusque un des avocats luxembourgeois de victimes. En 2009, Me Hamilius avait plaidé la compétence des tribunaux français. V. P. ◄
PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)
► Fin de trêve : Me Hamilius cherche à récupérer des biens en France.
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Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview
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Pina Bausch a été une étape essentielle dans l’évolution de la danse : son Tanztheater a bouleversé ce qui existait et continue d’influencer les chorégraphes actuels. Disparue en 2009, son esprit continue d’inspirer les danseurs du Tanztheater Wuppertal. Masurca Fogo est une œuvre dynamique et sensuelle qui nous plonge dans une atmosphère musicale de fados, tangos, jazz…
C’est le nombre de visiteurs qui ont fréquenté la Nuit des musées. Cette 15e édition enregistre ainsi une augmentation de 18,15 % par rapport à l’année précédente, due à un rajeunissement du public. C’était aussi la dernière organisée par Jo Kox en tant que coordinateur du groupement d’stater muséeën. Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine, le 8 octobre 2016.
Conçue par Serge Ecker qui avait remporté le concours en 2013, l’œuvre Melusina a été installée en face de l’Abbaye de Neumünster, au bord de l’Alzette. Il est parti d’un scan 3D d’une femme pour recomposer digitalement ce personnage légendaire. En pyrogranite violet, elle est posée sur un socle en béton blanc invitant le passant à s’asseoir à côté.
Après de nombreuses années à la tête de l’association, Marie-Françoise Glaesener quitte la présidence des Amis des musées et en devient présidente d’honneur. C’est Florence Reckinger qui lui succède. Forte de 1.700 membres, l’association tisse des liens étroits avec les musées de Luxembourg, organise et accompagne de très nombreux visites et voyages et fait l’acquisition d’œuvres pour enrichir les collections des musées.
Pour la 7e édition du Prix luxembourgeois d’architecture, pas moins de 140 projets ont été remis. Les lauréats, dans cinq catégories, seront annoncés le 12 novembre. Ces prix distinguent l’excellence dans le domaine de l’architecture et témoignent de la vitalité et de la qualité de la création contemporaine au Luxembourg. Tous les candidats seront présentés lors d’une exposition. Du 13 novembre au 17 décembre à la Maison de l’innovation à Belval.
4711 est le titre du joli petit livre édité à compte d’auteur par Anne Schmitt et Moritz Ney. Pour cette troisième collaboration, l’auteur y fait parler un chat, Katerkarlo, qui raconte les souvenirs, réels ou fantasmés, de sa vie de famille, comme autant de signes culturels et sociaux. Le peintre les illustre avec son trait franc et coloré. En vente chez Alinéa, Diedrich, Mudam et Neimënster.
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Le Salon du livre des Walfer Bicherdeeg est un des événements marquants pour les éditeurs, les auteurs et bien sûr les lecteurs. Tous les passionnés du livre s’y retrouvent autour de nombreux stands ainsi que diverses animations, dont la célèbre dictée en luxembourgeois et la remise des Prix du livre luxembourgeois. Le thème de cette année est l’Europe. www.bicherdeeg.lu
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PHOTOS : ZERRIN AYDIN-HERWEGH, LALA LA PHOTO (ARCHIVES), LUCA
Du 2 au 4 décembre au Grand Théâtre de Luxembourg.
PHOTO : SVEN BECKER
Désirs Culture
ZOOM SUR...
WILD PROJECT GALLERY Renaud Bergonzo vient de fonder sa galerie à Luxembourg. Avec un programme de cinq expositions par an, il entend défendre l’art contemporain et mettre le collectionneur au cœur de son projet Pendant plus de 10 ans, Renaud Bergonzo a travaillé au service de la Fondation Yoshii au Japon, grimpant du stagiaire à l’assistant du président. « Ses collections et expositions sont consacrées à l’art moderne. Il y a un moment où j’ai voulu travailler avec des artistes vivants », s’amuse-t-il. C’est ainsi qu’en 1999, le galeriste ouvre Acte2 à Paris qu’il voue à la photographie. Il y expose et produit des pointures de la photographie comme Jock Sturges, Mark Seliger, Eikoh Hosoe, Albert Watson, John Stewart ou encore Peter Lindbergh et Ellen von Unwerth. « On a travaillé durement pour ‘éduquer’ les collectionneurs à la valeur de la photographie, à une époque où ce marché était à peu près inexistant. » Constatant que la galerie de photographie ne peut pas réellement exposer autre chose, il décide de développer un nouveau projet. Après avoir hésité avec Bruxelles, c’est finalement à Luxembourg qu’il s’installe. « C’est une ville culturellement dynamique où personne ne nous attend et où il y a encore peu
de galeries. » Son credo est de présenter tous les moyens d’expression artistiques, vidéos, installations, peintures ou photographies et de « mettre en avant la richesse et la diversité de la création contemporaine ». La Wild Project Gallery doit son nom à l’envie de liberté de son propriétaire, qui prévoit cinq expositions par an. Trois seront consacrées à des expositions solo d’artistes de la galerie, dont Sabine Pigalle pour l’instant et jusqu’au 21 novembre, les deux autres auront des formats un peu particuliers : autour d’un curateur qui présente des artistes d’un pays peu connu (le Kazakhstan sera le premier) et autour d’un collectionneur qui confrontera des œuvres de sa collection à des œuvres récentes d’autres artistes. « Je veux redonner une place centrale aux collectionneurs, car ce sont eux qui défendent les artistes et s’engagent au jour le jour. » 22, rue Louvigny à Luxembourg www.wildprojectgallery.com
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Désirs Sélections Cadeaux
BELLES PAGES À l’occasion des fêtes de fin d’année et de ses traditionnels cadeaux, nous avons demandé à la librairie Alinéa de sélectionner cinq beaux livres à offrir. 5, rue Beaumont à Luxembourg
ONCE IN A LIFETIME – PLACES TO GO FOR TRAVEL AND LEISURE (GESTALTEN), 41,90 €
JARDINS DE JARDINIERS (PHAIDON), 65 €
Ce livre regroupe une sélection de lieux de séjour exceptionnels, mais accessibles, à différents budgets, pour se créer des moment inoubliables à travers le monde. L’attention est portée sur un service hautement personnalisé et une architecture et une décoration qui contribuent au charme de chacune de ces destinations.
Une source d’inspiration pour tous les paysagistes et jardiniers, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Plus de 1.200 photographies de lieux historiques, contemporains, privés et publics pour trouver des idées et l’inspiration pour aménager votre jardin. Les textes explicatifs sont écrits par d’éminents experts en jardinage et horticulture.
SEBASTIÃO SALGADO, TERRES DE CAFÉ (KNESEBECK), 62 €
Une présentation photographique des lieux de collecte des grains de café dans le monde : Tanzanie, Éthiopie, Inde, Chine, Brésil, Guatemala, etc. Le photographe a visité des exploitations privilégiant des échanges et une croissance équitables. Il souhaite transmettre l’idée que pour ces cultivateurs, l’art du café relève de rituels profondément ancrés dans la tradition.
GUITEMIE MALDONADO, NICOLAS DE STAËL (CITADELLES & MAZENOD), 235 €
Portrait du peintre français dont l’œuvre a marqué les années après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa mort en 1955 : ses voyages, ses rencontres, ses idées, ses peintures et gravures, ses concepts, etc. Cette biographie dessine également l’époque dans laquelle s’inscrivent les créations de l’artiste.
JIMMY NELSON, BEFORE THEY PASS AWAY (TENEUES), 140 €
Un hommage aux cultures tribales de par le monde par le photographe, qui a capté dans les moindres détails des coutumes, des artefacts et des portraits de peuples qui sont les gardiens d’une culture qu’ils espèrent transmettre. L’artiste a parcouru les continents pour immortaliser ces ethnies avant que le monde moderne ne les rattrape.
Escapades
POUR FAIRE SON MARCHÉ
STRASBOURG
COLOGNE
LIÈGE
Élu deux années consécutives meilleur marché de Noël par European Best Destinations, le marché de Noël de Strasbourg est le plus réputé de France, voire d’Europe. De plus, cette année, le Luxembourg est le pays invité à présenter ses traditions et sa culture. Une bonne raison supplémentaire de découvrir ce marché traditionnel.
Certainement un des plus beaux marchés de Noël en Allemagne. Plusieurs places sont investies avec des marchés aux différentes ambiances : traditionnel autour de la cathédrale, festif entre Rudolfplatz et Schaafenstraße, maritime près du Musée du Chocolat le long du Rhin.
Le marché de Noël de Liège est le plus ancien de Belgique, et le plus grand. Outre les stands traditionnels, le marché de Liège se distingue par son ambiance festive. Plus qu’un marché, il s’agit d’un véritable village qui a son maire, ses habitants, une disposition en ruelles animées par des placettes. On y trouve même un écrivain public pour écrire ses cartes de vœux en wallon liégeois.
Du 27 novembre au 31 décembre, www.noel.strasbourg.eu
Du 23 novembre au 23 décembre, www.cologne-tourism.com
Du 27 novembre au 30 décembre, www.villagedenoel.be
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PHOTOS : GENEVIÈVE ENGEL - CUS / DIETER JACOBI - KÖLNTOURISMUS GMBH
Les fêtes de fin d’année sont l’occasion d’organiser des escapades thématiques. Paperjam a sélectionné trois marchés de Noël autour de chez nous qui valent le détour.
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XMAS
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Désirs Shopping Sélection
VERSION COS
La marque de prêt-à-porter et d’accessoires COS arrive (enfin !) à Luxembourg. Des silhouettes architecturées, un style épuré, une forte attention au design et surtout des vêtements faits pour être portés et bouger aisément constituent les points forts de cette marque. 2, rue Philippe II - centre Rosenstiel à Luxembourg (Centre-ville)
Top réversible Kimono ouvert dans le dos
Sautoir avec cercle et balle
Sandales avec lanière élastique
Jupe-culotte en laine
Le charme fonctionnel
1 + 1 = 3
Belle à l’italienne
Dans la continuité des ouvertures de boutiques cool et branchées, voici la dernière arrivée : American Vintage, qui malgré son nom est bien une marque française. Ce prêt-à-porter se décline pour hommes et femmes avec un style simple, facile à porter, dans un esprit minimaliste et sportswear. Donc beaucoup de coton, des laines douces, des coupes amples, des tissus unis aux couleurs sourdes avec quelques pointes plus vives. Bref, une mode simple et urbaine.
Et de trois Monoprix ouverts à Luxembourg. Après la moyenne surface de la gare, Monoprix a ouvert deux Monop’, l’un au Limpertsberg et l’autre au centreville. Ce concept est un concentré de l’offre Monoprix avec des rayons répondant aux besoins du quotidien tels que l’épicerie, l’alimentation, l’hygiène, la maison et le snacking.
La marque de lingerie italienne Intimissimi a ouvert sa première boutique au Grand-Duché dans la galerie commerciale de la Belle Etoile. On y trouve des collections de lingerie pour femmes, en soie et en coton. Les hommes ne sont pas oubliés et disposent également de collections en coton élastique d’un style décontracté. Sont également proposés quelques articles de prêt-à-porter et des vêtements de nuit.
67, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville)
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8, avenue Pasteur (Limpertsberg) et 14, rue Chimay (Centre-ville) à Luxembourg
Shopping Center Belle Etoile à Bertrange
PHOTOS : OLIVIER MINAIRE
Ouvertures
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Désirs Gastronomie
RENOUVEAU AU FORUM
On est longtemps passé devant sans s’y arrêter. Le Forum revit : après avoir changé de cadre, il change de chef. Paul-Henri Chahmerian, l’ancien chef du Skol, est arrivé avec de belles ambitions et livre chaque midi un plat du jour, généreux et frais, et un plat diététique, bien pensé et savoureux. Tout ça d’inspiration plutôt française qui ne refuse pas quelques influences. Les sandwichs et salades sont d’excellente qualité et les jus sont pressés à la minute pour faire le plein de vitamines. En plus, à l’apéro, on partage la planche gourmande qui va bien. 16, rue des Bains à Luxembourg (Centre-ville) Tél. : 22 24 18
ZOOM SUR...
CHAMPAGNE BABÉ
BORN IN THE USA
Nouvelle étoile dans la galaxie latino-américaine à la tête du Chimi Churri ou de la Däiwelskichen, le JFK vient d’ouvrir au Kirchberg. Comme son nom l’indique, l’inspiration est ici clairement américaine, avec un décor très « New York industriel » tout en longueur. Du bois et du métal, sur deux étages, des inscriptions sur les murs et un écran géant sont parfaitement dans le thème. La carte va dans le même sens, avec les inévitables burgers (réalisés avec du bœuf wagyu), des ribs (au pata negra) et quelques plats qui rappellent les autres établissements du groupe, comme la salade Batucada. Happy hour pour attirer les sorties de bureau et grignotages pour se lécher les doigts. 37, avenue J. F. Kennedy à Luxembourg (Kirchberg) www.thejfk.lu
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Issu d’une famille de viticulteurs champenois, Patrick Babé en représente la quatrième génération. Après avoir pendant des années vendu son raisin aux grandes maisons de champagne, il a décidé de créer sa propre marque. Une rencontre avec Jean-Philippe Sartore, entrepreneur à Luxembourg, les autorisations et démarches administratives plus tard, voilà la marque déposée au Grand-Duché. « Le champagne étant le roi des vins, je voulais le distribuer dans un pays où la noblesse a du sens. De plus, l’écusson de ma famille représente deux lions… le Luxembourg s’imposait », explique Patrick Babé. Les parcelles de la famille Babé se situent dans des zones de grands crus et de premiers crus, ce qui permet d’élaborer des bouteilles de très bon niveau. Le travail œnologique est effectué par la coopérative Avize, qui réalise les assemblages pour assurer une stabilité de goûts et une différenciation
entre les cuvées. Elles sont conservées entre trois et quatre ans avant commercialisation. Ainsi, la cuvée Grand-Duc est élaborée uniquement avec du chardonnay. Ce blanc de blancs affiche des reflets d’or brillant et des bulles très fine. Il est marqué par la fraîcheur d’arômes de tilleul et d’agrumes. La GrandeDuchesse se veut un champagne féminin et est élaboré avec une moitié de chardonnay, une moitié de pinot noir dont la moitié est elle-même vinifiée en vin rouge. C’est donc un rosé élégant et fruité au nez de petits fruits rouges (griottes, framboises). Enfin, la cuvée Tradition provient à 73 % de chardonnay et 27 % de pinot noir. Plus rond, ce champagne est très équilibré, avec des arômes de fruits compotés. En vente chez Nature Éléments www.patrick-babe.com
PHOTOS : SVEN BECKER, LALA LA PHOTO, DR
Patrick et Fabienne Babé lancent une marque luxembourgeoise de champagne français, avec les cuvées Grand-Duc et Grande-Duchesse.
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« Alors, le walking dinner ? » est sans doute la question la plus répandue le lendemain d’un événement d’entreprise.
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Désirs Interview – Culture
« La créature ne lui reproche pas d’être née, mais de ne pas la reconnaître comme son fils. »
LAURENT GUTMANN
LA PATERNITÉ DU CRÉATEUR
Après Le Prince l’année dernière, le metteur en scène revient au Grand Théâtre avec Victor F., d’après le Frankenstein de Mary Shelley. Il nous parle de création et créateur, de filiation et de paternité. ― Interview : France Clarinval ― Portrait : Danica Bijeljac
Monsieur Gutmann, qu’est-ce qui vous a intéressé dans le personnage de Victor Frankenstein ? « Curieusement, je ne connaissais pas le roman de Mary Shelley jusqu’il y a deux ans. Je l’ai découvert quand je travaillais sur le thème des monstres dans une école de théâtre. J’ai d’abord été surpris par la grande qualité littéraire de ce livre écrit en 1818. Mais surtout, il abordait un thème qui m’est cher et que j’explore depuis de nombreuses années, celui du golem. C’est-à-dire un être créé de toute pièce et qui échappe à son créateur qui se voit alors contraint de s’en débarrasser. 106 ―
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Contrairement à ce que beaucoup croient, Frankenstein est le nom du savant, non de la créature. D’où vient cette confusion ? « Cela vient en premier lieu du fait que la créature n’est pas nommée. C’est d’ailleurs tout son problème : sans nom, elle ne peut pas être reconnue, elle n’a pas de lien avec son créateur. Dans la filiation, c’est une des premières choses que l’on fait : on nomme son enfant. Ensuite, les images des adaptations cinématographiques, en particulier celle avec Boris Karloff dans les années 30, ont été tellement fortes que la mythologie est passée par là. Dans la tête de beaucoup de gens, Frankenstein, c’est Karloff.
Victor F. se prend pour Dieu en essayant de créer la vie. C’est ce démiurge qui vous intéresse ? « En effet, Victor veut créer de la vie à partir de matière inerte, morte. Mais au départ, il ne voit pas ça comme une transgression, mais comme une évolution scientifique. Ce n’est que plus tard, quand sa créature vient lui demander des comptes et qu’il est incapable de paternité, que Victor évoque là Dieu et la désobéissance qu’il a commise. C’est une échappatoire pour lui. La créature ne lui reproche pas d’être née, mais de ne pas la reconnaître comme son fils. C’est une faute réparable, mais Victor ne s’y résout pas. C’est ça la vraie question du spectacle. Cette notion de paternité est importante pour vous ? « C’est un constat a posteriori. Ces derniers temps en effet, j’ai vu que c’était un fil rouge de mon travail depuis mes débuts. La question qui taraude concerne la responsabilité du créateur vis-à-vis de sa créature. J’ai toujours été un fils, maintenant je suis aussi un père. Un aspect sous-jacent dans l’ambition de Frankenstein est de créer un homme nouveau et avec lui une morale nouvelle, où l’homme serait détaché des questions de filiation. C’est un questionnement intéressant dans les débats actuels autour de la procréation médicalement assistée, de la gestation pour autrui.
Désirs Interview – Culture
1. Victor F. se situe dans une époque contemporaine et tient compte de l’état de la science aujourd’hui. 2. Laurent Gutmann a réinventé le personnage de la femme de Victor pour lui donner plus de substance.
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PHOTOS : PIERRE GROSBOIS
Justement, qu’est-ce que cette pièce dit de nous, d’aujourd’hui, à une époque où les questions de manipulation du vivant sont en débat ? « Ce que Mary Shelley invente pour son roman était totalement absurde et impossible à imaginer à son époque. Aujourd’hui, il est possible de créer une cellule artificielle ou de cloner des êtres vivants. On n’est pas encore à la création d’un humain à partir de matière inerte, mais les progrès sont tels qu’on ne peut pas ne pas en tenir compte. Voulant situer la pièce à l’époque contemporaine, j’ai dû adapter le propos à l’état des possibilités et connaissances scientifiques d’aujourd’hui. Les questions de manipulation du vivant, de fécondation, de filiation hors de la biologique sont aujourd’hui posées en termes religieux et moraux. Je pense que ce sont des questions qui se posent et qui vont se poser d’homme à homme, intimement dans les relations entre parents et enfants. C’est le sens que je donne à la pièce. Vous avez pris le parti d’adapter le texte à aujourd’hui. Outre les aspects scientifiques, cela a un impact sur la mise en scène… « Je me suis concentré sur le roman et j’ai oublié les interprétations cinématographiques qui en ont été faites. Ceux qui connaissent le livre seront surpris des correspondances actuelles que j’ai mises en place, car j’ai gardé une grande liberté dans l’adaptation des différents personnages. J’ai abandonné toute une partie du récit, notamment l’exploration polaire de Robert Walton qui est celui qui raconte l’histoire dans le roman. La structure narrative du récit donnant naissance à un autre récit, lui-même engendrant une autre histoire peut être vue comme le miroir ou métaphore du contenu lui-même sur la création. Mais théâtralement, ça ne fonctionne pas. J’ai aussi renforcé le personnage de la femme de Victor qui est assez falot dans le livre pour lui donner plus de consistance et l’inscrire dans le monde contemporain. À quoi ressemble votre créature ? « Cette créature, c’est un véritable défi ! Je ne veux pas trop en dire. Il est clair que l’aspect de la créature est lié à la manière dont elle est fabriquée.
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Son procédé créatif dicte son apparence. Aussi, ma créature n’étant pas créée à partir de bouts de cadavres, elle n’aura pas l’aspect effrayant des films. Je me suis souvenu de l’actualité récente autour des prothèses mammaires PIP. On retrouve dans cet épisode quelque chose de très proche de la thématique qui m’occupe : la volonté de créer un être plus beau, sousentendu plus puissant, plus résistant, plus performant, plus proche du parfait…
Vous travaillez avec deux comédiens du Luxembourg. Comment les avez-vous rencontrés et distribués ? « L’idée d’une coproduction, comme c’est le cas ici entre Le Granit – Scène nationale de Belfort et les Théâtres de la Ville de Luxembourg, ce n’est pas seulement de partager le portefeuille, mais aussi les dimensions artistiques. Rencontrer des comédiens d’ici allait donc de soi. J’avais vu Luc Schiltz quand je montais Le Prince, pour lequel j’avais finalement choisi Pitt Simon. C’est lui qui joue la créature. Je connais Serge Wolf depuis longtemps et je l’ai choisi pour incarner l’ami de Victor, qui est aveugle – contraction de deux personnages du roman. C’est Éric Petitjean qui joue Victor. Les spectateurs luxembourgeois l’ont déjà vu dans la pièce d’Hanoch Levin que Carole Lorang avait mise en scène. Enfin, Cassandre Vittu de Kerraoul est la femme de Victor.
C’est difficile de travailler avec des acteurs qui ne se connaissent pas, qui ne vous connaissent pas ? « Je n’ai pas du tout l’esprit de troupe ou de famille. Cela me convient donc très bien d’avoir régulièrement des nouvelles têtes avec qui travailler. Cela nous évite à tous de ronronner et nous oblige à sortir de notre zone de confort pour s’autoriser la surprise, aller au-delà des habitudes. Après Le Prince d’après Machiavel, voilà Victor F. d’après Mary Shelley. Pourquoi des textes anciens et pourquoi pas des textes dramatiques, écrits pour le théâtre ? « Depuis cinq ans, j’ai fait le choix de ne pas être uniquement ‘metteur en scène’, mais ‘auteur de spectacles’. J’avais déjà tendance à intervenir sur les textes et je peux désormais m’en sentir libre. Plutôt que de partir de rien, je pars de textes existants qui sont alors des références communes pour les comédiens et moi. C’est la production du langage qui m’intéresse. Le texte s’écrit au fur et à mesure de la création et parfois jusqu’au soir de la première. C’est un travail difficile et exigeant pour les comédiens, mais ils ne sont jamais coupés du contexte, ils comprennent chaque mot et les intentions qui les sous-tendent. » Les 11, 12 et 13 novembre au Grand Théâtre de Luxembourg www.theatres.lu
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270 personnalités & entreprises ont été citées sur les 116 pages de Paperjam1.
INDEX 1, 2, 3 2030.lu
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A Accenture 93 ACL 34 Adem 84 Administration des contributions directes 42, 44, 64, 84 Ahlborn Pierre 34, 50 Alia 34 Amazon 12 Apal First 86 Apax Partners LPP 64 ArcelorMittal 56 Architecture et Environnement 34 Arendt & Medernach 70 Association luxembourgeoise des avocats pénalistes (Alap) 52 Astorg Partners 94 Atoz 45
B Back Nora 68 Bailo Luka 86 Banque de Luxembourg 34, 50 Bausch François 14, 22, 54 BDO Luxembourg 37 Bechet Vincent 12 Becker Norbert 90 Berger Eugène 54 Berns Alphonse 56 Bettel Xavier 12, 34, 40, 54, 68 BGL BNP Paribas 83 Bil 68, 92 Biltgen François 34 BlackFin 94 Blackstone 90 BLSC 12 Boly Marco 48 Borgh Hans-Peter 92 Borsi François-Xavier 46 Bouchet Muriel 46 Braz Félix 52, 54 Business Club France-Luxembourg 94
C
F
I
Cahen Corinne 54 Cambio 34 Carloh 34 Carsharing Luxembourg 34 Casino Luxembourg 50 Castegnaro 47 CESGR 46 CFL 33, 56 Chambre de commerce 46, 70 Chambre des métiers 48, 70 Chorfi Farida 86 Chrisman Karl 32 CJUE 34 Claremont Consulting Services 84 CLC 34 Clinique Bohler 68 CNFP 56 CNIS 34 Codex 53, 81 Colas Marc 34 Collette Benjamin 96 Commissariat aux assurances 90 Commission européenne 42 Connexion 84 Cour européenne des droits de l’homme 52 Cour grand-ducale 34 CSV 14, 56
Faber Bernard 68 Facebook 34 Fairtrade International 34 Falciani Hervé 86 Fayot Ben 54 Fayot Franz 14 Fédération internationale de coaching 66 Feltes Yves 23 Fiat Finance & Trade 54, 88 FNCTTFEL 54 Fondation Atoz 50 Fondation de Luxembourg 50 Fondation des hôpitaux Robert Schuman 68 Fondation Roger de Spoelberch 86 Fonds culturel national 50 Foostix 70 Frey Carl 74 Frieden Luc 44 Frisoni Claude 56 Fujitsu 65 Fundglobam 35
ICN Business School INDR ING ING Luxembourg InnovFin Inspection générale des finances Interbrew Interpal Holding IRS ITM
Philippe Depoorter Banque de Luxembourg
D de Spoelberch Amicie Déi Gréng Delcourt Hugues Deloitte Depoorter Philippe Di Bartolomeo Mars Do Recruitment Advisors Domaine Vinsmoselle DP
86 14, 54 92 32, 96 50 34 57 101 14, 54
E Elvinger Joëlle 54 European mentoring and coaching council 66 Eurostat 34 EY 22
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in the center of the city
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G Geiben Claude Genovese Salvatore Goeres Goldstein Laurent Gramegna Pierre
64 66 4, 5 66 14, 34, 40, 42, 44, 56, 88, 94 Greiveldinger Christian 76 Grzylmas Walter 23 Guarda-Rauchs Alexandra 46
H Hamilius Yvette Harles Guy Heinrich Georges Heintz Guy Heintz Jean-Pierre Heintz Joseph Heintz Michel Heintz van Landewyck Hellas Telecom Henri Grand-Duc Hermes Hirdman Tonika Hirsch Marco Hoffmann Jean-Paul Hôpital Kirchberg HSBC Hyundai
4:58 PM
Château Miraval by Brad Pitt
and Angelina Jolie
12, Côte d’Eich - Place du Théâtre • L-2229 Luxembourg • Tel : 26 68 38 43
108 ―
― Décembre 2015
96 64 56 84 76 76 34 76 64 34 6, 8 50 68 64 34, 68 86 25
66 34 22, 74, 84 39 92 56 86 86 88 48, 70
Jean-Claude Juncker Commission européenne
J Jansa Sylvie Jean Schmit Engineering Jonk Entrepreneuren Juncker Jean-Claude Juppé Alain
68 34 12 34, 56, 88 22
K K. Hillman John Kasel Jean-Jacques Kaufhold Lex KBL KBL epb Keywest Khabirpour Sarah Kmiotek Christian Kox Henri Kox Jo KPlan KPMG Krecké Jeannot Krombach Charles Kuhn Roland
90 34 42 116 92 84 56 54 14 50 34 22, 32, 78 42 76 48
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Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier
INDEX N
L Landsbanki Luxembourg Ledent Philippe Linc Linklaters Lombard International Assurance Lorang Lydie Loschetter Viviane LSAP LTCO Lux Events Lux Lucien Lux-Development Lux-Airport Luxembourg 2030 Luxembourg EcoInnovation Cluster Luxembourg for Finance Luxembourg School for Commerce Luxembourg School of Finance Lyxxor
96 74 70 115 90 86 14, 54 14, 54 61 103 14 56 56 46 12 94 66 43, 91 19
Robert Mandell Ambassade des USA
M Mackel Nicolas Mandell Robert Martino Pascal Marx Claude McDonald’s McKean David Medvedev Dmitri Meisch Claude Memola Merker Jérôme Ministère du Développement durable et des Infrastructures Mitchell Sophie Monti Claudia Mutsch Lydia
94 34 96 90 42 34 34 34 10 46 22, 29 32 54 68
Natixis Negri Roger Neimënster Neuen Marc Neurodecision Nissan NN Life Nyuko
S 86 14 56 70 78 17 13 70
O -P - Q Observatoire de l’habitat 34 OCDE 34, 42, 88 Œuvre nationale de secours GrandeDuchesse Charlotte 50 OGBL 48 Olai 34 Oldcap Investment 86 Osborne Michael 74 OSM Limited 84 Paul Wurth 76 Pauly François 68 Penning Philippe 52 Philadelphia Financial 90 Plath Alexander 62 PM-International 62 Polfer Lydie 34, 54 Poos Jacques 54 Post Telecom 2 Poutine Vladimir 34 Precision Capital 92 PrivatKliniken 68 PwC Luxembourg 32, 92 Quest 46
94 78 71 52 34 14 97 46
V Van der Wielen John van Landewyck Joséphine Van Ruymbeke Renaud Verkeiers Verbond Vestager Margrethe
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― Décembre 2015
26, 54 32 105 86 70 68 34 88 34
John Van der Wielen Lombard
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110 ―
23 78 68 23 68 54 34 34 56 23 94 70 73 79 46 62 88 74
T-U Tanson Sam Thomas Louis Traiteur Niessen Trevisan Fabio Triggr Turk Philippe UEL Union européenne Université du Luxembourg
R RBS Luxembourg Revelle Julien Ricoh Rollinger Frank Rommes Jean-Jacques Roth Gilles RSM Ruben Michel-Édouard
W
Safran Saltini Tiphaine Santé Services Saturne Technology Schiltz Jean-Louis Schneider Étienne Schrems Max Schroeder et associés SEO SES SGG Simpleet SNCI Sodexo Solep Sorg Rolf Starbucks Statec
90 76 96 31 88
Wagener Marc Wagner Jean-Joseph Waringo Jeannot Weather Weinacht Patrick Weisgerber Tom Wennmacher Nico Wilmes Philippe Wind Hellas
46 86 56 64 86 56 54 68 64
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Décembre 2015 Paru le 5 novembre 2015
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DÉCEMBRE 2015
PROCHAIN NUMÉRO
16 décembre 2015
Mike Koedinger
:
RÉDACTEUR EN CHEF
Jean-Michel Gaudron
PROCHAIN NUMÉRO
26 novembre 2015
COVER
Stéphanie Post
:
« La mobilité, un facteur-clé
François Bausch
de compétitivité» 5 453000 074017 12 4€
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RÉDACTION Téléphone (+352) 20 70 70-100 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg @paperjam_lu Jean-Michel Gaudron (J.-M. G.) Rédacteur en chef jean-michel.gaudron@maisonmoderne.com @jmgaudron Alain Ducat (A. D.) Secrétaire de rédaction alain.ducat@maisonmoderne.com @Ducat_paperjam Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.com @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.com @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.com @celinecoubray
RÉGIE PUBLICITAIRE
STUDIO GRAPHIQUE
Rédacteurs Fabrice Barbian Sébastien Lambotte Michaël Peiffer
Téléphone (+352) 20 70 70-300 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail regie@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg
Directeur associé Guido Kröger
Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Marion Dessard Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari
Directeur associé Francis Gasparotto (-301)
Studio manager Stéphanie Poras
Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Sarah Lambolez Cynthia Schreiber
Directrice commerciale Luciana Restivo (-302) Assistantes Tania Henriques (-304) Nathalie Sohn (-305) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-316) Laurent Goffin (-315)
Directeur de la création Jeremy Leslie
Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.com @traizer1 Florence Thibaut (F. T.) florence.thibaut@maisonmoderne.com
112 ―
Formule corporate 3 × 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros
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ÉDITEUR
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Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.com Véronique Poujol (V. P.) veronique.poujol@maisonmoderne.com @vpoujol
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Directeur artistique Stephanie Post
Camille Frati (C. F.) camille.frati@maisonmoderne.com Jean-Michel Hennebert (J.-M. H.) jean-michel.hennebert@maisonmoderne.com @jmhennebert
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Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.com Téléphone (+352) 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie
― Décembre 2015
Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Etienne Velasti
Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger et Rudy Lafontaine. Conseil d’administration : Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).
Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.
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Le Luxembourg en chiffres
TABLEAU DE BORD 2.586 km
Population totale (au 1er janvier 2015)
étrangers
2,9
3.366,83
3.583,11
3.601,53
3.528,13
3.538,59
258.679
PIB en volume (évolution en %)
3.422,99
3.094,99
3.083,35
71 58
62
3.034,46
3.006,76
89 81
46 %
2,2
2
1,9
47
56 55 65 58 62
60
63 60
70 66 71 69
72
86
80
90 86
100
3.524,79
2015
108
2014
3.403,87
2014
3.227,01
2013
54 %
Luxembourgeois
OPC (en milliards d'euros)
Nombre de faillites 120
304.279
562.958
2
20
30
25 28
38
40
-0,2
Taux d'inflation (en %)
Nouvelles immatriculations
6.000
0,4 8
0
AVRIL 2015 : 5.046
0,5
OCT. 2014 : 4.522
JUIN 15 : +0,68
4.000
DÉC. 14 : -0,61
1
3.000
15 20
14 20
20 13
12
Dette publique (en % du PIB)
1,5
5.000
20
11 20
Se
pt . Oc 14 t. No 14 v. Dé 14 c. Ja 14 n. 1 Fé 5 v. Ma 15 rs Av 15 ril 1 Ma 5 i Ju 15 in Ju 15 il . Ao 15 ût Se 15 pt .1 5
Ao ût Se pt .
Ju il .
Ju in
Ma i
Av ril
Fé v. Ma rs
t. No v. Dé c. Ja n.
Oc
Se pt
.
0
SOURCES : BARREAU DE LUXEMBOURG, CSSF ET STATEC
Superficie
3.3
76
23,2 % (2014) -1,7 % par rapport à 2013
2.000 1.000
t. 1 No 4 v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 1 Ma 5 rs 1 Av 5 ril 15 Ma i1 5 Ju in 15 Ju il. 1 Ao 5 ût 1 Se 5 pt .1 5
4 .1
Oc
pt
T4 2014
T1 2015
T2 2015
2.872 2.989 T1 2014
6,7 %
471
(en septembre 2015) 7,2 % en septembre 2014
T3 2014
T4 2014
T1 2015
44.315
409.353
Emploi total intérieur en septembre 2015
42,10 % 57,90 %
dont 172.349 travailleurs frontaliers
Emploi du secteur financier au 2e trimestre 2015 (hors assurance)
25.669
emplois dans le secteur bancaire 114 ―
Taux de chômage
1.408 939
1.227 504
981 1.098
495
T2 2014
143
― Décembre 2015
42,08 % 57,92 %
18.646
emplois dans les autres secteurs
SOURCES : STATEC ET CSSF
T3 2014
Nombre de banques
(au 12 octobre 2015) 149 au 13 octobre 2014
VOLUME (milliers de m2)
1.958
2.274 1.280 531
T2 2014
LOGEMENT
5.432 4.434,21
5.308,50
4.350,71
5.571,66
4.437,62
4.916,75
4.344,15
4.276
BÂTIMENT
NEUF
5.311
ANCIEN
Autorisations de bâtir
1.072
Prix moyen au mètre carré (en euros)
Se
Se
pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 1 Ma 5 rs 15 Av ril 15 Ma i1 5 Ju in 15 Ju il. 1 Ao 5 ût 15 Se pt .1 5
0
SOURCES : STATEC ET CSSF
-0,5
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