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MARS 2016

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MARS 2016

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L’industrie luxembourgeoise du cinéma est à l’aube de nouveaux défis. Fictions ou documentaires (comme celui sur Jean Asselborn) : l’énergie créative est là. Mais les financements pas toujours autant.

ÉGLISE E T É TAT

STOCK-OPTIONS

COMMERCE

Tempête dans le bénitier

Stop ou encore ?

Le discount, vent en poupe

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ÉDITORIAL

Blue note

TH I ERRY RA I Z ER

O

ui ! Il est encore possible de se réjouir. Au lendemain de la victoire – une première – d’un artiste luxembourgeois aux Grammy Awards en la personne de Gast Waltzing, il y avait largement de quoi. Mais certaines voix se sont aussi élevées ou ont transpiré via quelques lignes pour remettre en cause un trop-plein de fierté, de patriotisme, exprimé par les félicitations et satisfecits de voir un enfant du pays figurer au même palmarès que les « grands » noms de la pop. Les relativistes de la réjouissance prétendent que la victoire était avant tout celle de la chanteuse béninoise Kidjo. Pourtant, les raisons qui expliquent les succès musicaux tiennent encore, hormis les calculs marketing établis pour

certaines compositions, à la fusion de talents. N’oublions pas celui de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg qui, sous la baguette de Waltzing, a participé au succès d’un opus triomphant dans la catégorie du meilleur album « World Music », le tout enregistré dans le cadre, reconnu internationalement de facto, de la Philharmonie. « Triple win! », aurait-on lancé dans le secteur financier. Cet award n’aurait-il été rendu possible que par un seul musicien luxembourgeois, qu’il aurait mérité notre attention. Oui, il est possible et légitime pour un petit pays de se montrer fier d’un de ses artistes et d’une de ses entreprises lorsque les notes sont portées haut et que le savoir-faire est récompensé sur les marchés internationaux, comme le célèbrent les Export Awards, bien luxembourgeois ceux-là. Le même état d’esprit doit nous animer pour les succès, passés et à venir, de

l’industrie cinématographique sur lequel ce numéro de Paperjam fait un zoom. Car à l’heure du nation branding et de la volonté affichée du gouvernement de recouvrer une certaine fierté et unité dans un pays en croissance (18.322 nouveaux résidents légaux en 2015 selon l’Asti), des événements comme la victoire tout en modestie d’un « Gast » national ne doit pas être boudée. Le symbole offert par le duo Waltzing / Kidjo est d’autant plus remarquable qu’il résume à lui seul l’ambition et la condition sine qua non du Luxembourg : valoriser ses talents en misant sur son ouverture sur le monde pour préserver sa croissance. Et puis que l’on soit – ou pas – amateur du style fusion de Waltzing et Kidjo, n’est-il pas temps de se mettre au diapason de cet élan d’enthousiasme ? Quelques notes de légèreté sont toujours les bienvenues dans un ciel pas toujours bleu. Mars 2016 —

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SOMMAIRE

Mars 2016

COVERSTORY

GRAND ENTRETIEN

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024 « On vit la fin du Schengen du cinéma » L’industrie luxembourgeoise du cinéma est à l’aube de nouveaux défis. L’énergie est là. Mais les financements pas toujours autant.

MEDIA AWARDS

« Un système de santé hautement qualitatif » Lydia Mutsch, ministre de la Santé, fait le point sur un secteur qui doit combiner maîtrise des dépenses et investissements nécessaires. BAVARDAGES

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Coulisses et récompenses

Étranges affaires étrangères

Retour sur le palmarès des Media Awards 2016. Mike Zenari a aussi promené son objectif dans les coulisses de l’événement pour le Reportage du mois.

Triple regard sur le film Foreign Affairs de Pasha Rafiy, qui a suivi Jean Asselborn dans l’exercice de ses fonctions. Le réalisateur s’est confié à Robert Goebbels et Enrico Lunghi. Mars 2016 —

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SOMMAIRE

039

087

ÉGLISE VS É TAT

42 Tout va très bien, Monsieur l’archevêque

105

COMMERCE

108 La loi de la sélectivité

MANAGEMENT

96 Remise en question pour Christian Strasser

BAUX COMMERCIAUX

LSAP

48 Fritures sur la ligne

EN AT TENDANT LE TR AM

50 Le casse-tête du Kirchberg

RADICALISME

52 Le sixième jihadiste

INDUSTRIE SPATIALE

LÉGISL ATION EUROPÉENNE

97 Nouveau paradigme pour les données

ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

98 Des entrepreneurs comme les autres

GUERRE DES TALENT S

54 Les astéroïdes comme horizon

100 Intégrer les jeunes générations

PÉNURIE DE LOGEMENTS

56 La hantise du vide

FONDS BELVA L

58 Un site à mieux relier à Esch

FISCALITÉ DES BONUS

92 Le deuxième temps du discount

46 Un projet contre-productif

RECYCLAGE

101 La roue tourne pour Andy Schleck

NOUVEAU MÉDIA

102 L’essentiel, en mode radio

TÉLÉPHONIE

104 Gérer l’après-roaming

TURBULENCES BOURSIÈRES

112 La Chine traverse des trous d’air

LIBYA N IN V E S T MEN T AU T HORIT Y

114 Désordre libyen dans l’immobilier luxembourgeois

RETOUR AUX SOURCES

116 Ancrage local, ambitions européennes

OP TIMISATION FISCALE

117 Un ruling, ça engage

S U I T E S D E L’ A F F A I R E

120 Nouvelles pièces accablantes pour DSK

INVESTISSEMENTS RESPONSABLES

121 Au-delà de la microfinance

CONFÉRENCE DE PRINTEMPS

122 L’Alfi veut se concentrer sur le business

COUR DES COMPTES

124 Un fonds qui se certifie conforme

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SOMMAIRE

LIFESTYLE

PAPERJAM CLUB

GASTRONOMIE LOCALE

152 Gudden Appetit !

CASINO LUXEMBOURG

AGENDA

148 20 ans de réflexion

133 Les événements à venir

LUXFILMFEST

150 Des films à voir absolument !

WORKSHOPS

135 Les 14 thèmes de mars

SERVICE

153 Ma voiture avec chauffeur

LA VIE DU CLUB

136 Retour sur le 10x6 Finance

LA VIE DU CLUB

138 Au cœur des événements DOSSIER DIGITAL

128 Carrières 130 Paperjam.Jobs 154 Paperjam.lu 156 The Owl 158 Index 161 Ours 162 Tableau de bord

1 thé et de matique s rép onse / 4 invité s s d’e xper ts :

L’ A P P R E N T I S S A G E E N P R A T I Q U E

126 La formation, proche du terrain

Doss ie une t rs digitau out x : expér e nouvelle ience sur Pap erja m.lu /dos sier

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ÉCONOMIE & POLITIQUE

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ÉCONOMIE & POLITIQUE

LE L SAP FACE AUX MILITANT S

Fritures sur la ligne CA M I L L E F R AT I |

M A R I O N D E S SA R D

Refroidie par le Zukunftspak et le fiasco du référendum, la base du LSAP attendait mieux de la coalition gouvernementale. La réforme fiscale s’avèrera décisive pour ceux qui appellent le parti à renouer avec les valeurs de la gauche.

I

V Œ U X ET P E T I T S FO URS Derrière les accolades et les applaudissements, les militants du Sud s’interrogent sur l’influence du LSAP sur le gouvernement.

l est 19 h 30. Ce qu’il reste des installations tout quand Alex Bodry réclame l’interdiction du port de d’ArcelorMittal à Differdange ronronne dans la burka. « Je ne suis pas d’accord avec ce discours qui peut la douceur surprenante de cette nuit de être pris pour raciste ou xénophobe et fait le jeu de la droite. février. Le parking du 1535° se remplit, la bras- On doit penser à ce que sont nos valeurs. » serie attire du monde, mais aussi, dans une salle De l’avis de tous, la réforme fiscale sera décisive. « C’est adjacente de béton et de tubes colorés, le pot de l’ami- la plus importante pour cette coalition, le LSAP doit s’occutié de début d’année de la section LSAP communale. per des gens qui ont un salaire modéré, averti Pierre Mines réjouies, accolades, premiers verres de blanc : Hobscheit. Il faut faire attention à la politique que l’on fait, la bonne humeur est de rigueur. Pierre Hobscheit, pré- surtout après des sondages qui ne sont pas trop favorables sident de la section socialiste de Differdange, et Zenia au LSAP ici dans le Sud. » Le Zukunftspak « fait mal », reconCharlé, présidente des Jonk Sozialisten locaux, naît Yves Cruchten, « mais on ne pouvait pas accepter de accueillent leurs pairs – et même les transférer nos problèmes budgétaires élus CSV, DP et Déi Gréng du conseil aux générations futures ». Et pour Fabio communal venus partager le pâté et les Spirinelli, « les subsides ont baissé ces dervœux. Sans oublier Yves Cruchten, nières années, surtout en défaveur des « Les militants et député et élu de la commune voisine couches moyennes qui font avancer l’écoles sympathisants de Käerjeng, et Lydia Mutsch, ministre nomie ». Mais le député du Sud se veut de la Santé et ancienne bourgmestre rassurant. « Pour le moment, j’ai l’impressont un peu d’Esch-sur-Alzette. « 2016 sera une année sion que cela va dans la bonne direction. » perdus, ils ne de transition puisque c’est la première En ce début d’année 2016, le LSAP sans élection ni référendum, note Pierre se cherche donc une ligne, entre l’action peuvent plus Hobscheit dans une courte allocution. gouvernementale et la vie propre du s’identifier à la Mais c’est une année importante pour la parti et ses différents courants. Ou les section, pour réfléchir à la campagne des politique du parti. » idées incarnées par ses personnalités, à élections communales de 2017. » l’instar du vice-Premier ministre Étienne Vite, oublier 2015. « J’ai été déçue par Schneider, devenu l’homme fort de la Pierre Hobscheit le résultat du référendum car c’est domformation politique et aux idées plutôt Président de la section mage que les étrangers ne puissent pas orientées vers un socialisme business LSAP et élu communal voter aux législatives, mais je pense que friendly. Le parti doit donc recréer du à Differdange les Luxembourgeois ont eu raison, il faut lien avec sa base, tout en la renouvelant s’intégrer », confie Edna, Capverdienne pour les prochaines échéances. À l’heure en cours de naturalisation. David Foka, militant socialiste du pot de nouvel an, il n’en reste pas moins que la fêlure dans la capitale, va plus loin : « Quelle société accepterait se ressent vivement dans le Sud, berceau du socialisme que les étrangers dominent dans son pays ? Il faut réduire luxembourgeois. « Les militants et les sympathisants sont la barrière de la langue » pour acquérir la nationalité et un peu perdus, ils ne peuvent plus s’identifier à la politique « faire baisser à 30 % » le taux d’étrangers dans le pays. du parti, souligne Pierre Hobscheit. Il faut retrouver le lien Pour le reste, « la coalition, c’est comme le mariage, il entre les simples électeurs et les députés. Les gens pensent faut faire des compromis », sourit David Foka. « Ils font que les politiques font ce qu’ils veulent. » de leur mieux, commente avec indulgence Giovanna, Une impression renforcée aussi par de fâcheuses militante depuis plus de 20 ans. Mais je ne sais pas s’ils maladresses de communication. « Un ministre annonce vont y arriver. » par un tweet que l’index va tomber et après M. Allegrezza (directeur du Statec, ndlr) dit que non... C’est normal que La réforme fiscale sera décisive les gens ne prennent pas les politiciens au sérieux. » Et on La question des réfugiés taraude toutefois Nico, jeune ne badine pas avec l’index, la mesure que les ménages retraité et militant depuis peu. « Tout le monde était content ressentent le plus directement. « Ils la voient dans leur quand on a ouvert les frontières, mais ça ne s’arrête plus et porte-monnaie ! » on laisse entrer les gens sans passeport », s’inquiète-t-il, EN RÉSUMÉ soulignant la nécessité pour les réfugiés de s’adapter à Le fossé se creuse entre les militants et sympathisants du LSAP leur pays d’accueil. La question divise. Fabio Spirinelli, du Sud, sa terre natale, et la frange représentée par le ministre des Jonk Sozialisten, voit un « danger » pour le LSAP « qui de l’Économie Étienne Schneider, plus proche des entreprises. commence à se placer de plus en plus vers la droite ». Sur- La réforme fiscale montrera de quel côté le LSAP voit son avenir. Mars 2016 —

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Radars

Fiscal

Mineurs

Les 10 premiers radars automatiques sont actuellement en phase de test. Démarrage le 16 mars prochain en ­différents endroits du pays.

26/04 Le discours sur l’état de la Nation sera prononcé le 26 avril par Xavier Bettel, avec une présentation des premiers accents de la réforme fiscale.

Le projet de loi portant création d’un centre de détention pour mineurs avance. L’ouverture de la structure début 2017 à Dreiborn est annoncée par le député DP Gilles Baum, rapporteur d’un projet de loi déposé en 2013.

Suisse

Centenaire

Renaissance

16/03

Luxembourg for Finance se rend en 15-16/03 Suisse pour une mission financière, les 15 et 16 mars. En présence du ministre des Finances Pierre Gramegna.

014 ­—

— Mars 2016

La Fête du travail aura un parfum 01/05 particulier cette année puisque l’OGBL célèbre son centenaire. Après le discours du 1er mai, des festivités seront organisées et un film d’Andy Bausch sur l’histoire du mouvement syndical au Luxembourg sera présenté.

2017

Le Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain rouvrira ses portes le 22 mars, après travaux de rénovation et aménagement pour lui donner une ­nouvelle âme. 22/03



GRAND ENTRETIEN

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GRAND ENTRETIEN

 G R A N D E N T R E T I E N - LY D I A M U T S C H MINISTRE DE LA SANTÉ

« Un système de santé hautement qualitatif et performant » CA M I L L E F R AT I E T V É R O N I Q U E P O U J O L |

MIKE ZENARI

La ministre socialiste de la Santé fait le point sur le secteur de la santé au Luxembourg, alors qu’un nouveau plan hospitalier est en phase de finalisation. L’amélioration des services et une plus grande transparence des coûts figurent au menu des réflexions. Au cœur des débats également : le statut du Laboratoire national de santé.

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GRAND ENTRETIEN

L

e Luxembourg a-t-il besoin d’un nouvel hôpital ? L y d i a M u t s c h La réponse est non. Nous avons quatre hôpitaux multi-sites de qualité. J’avais déjà anticipé dans le projet de règlement grand-ducal visant à établir le plan hospitalier qu’il n’y aurait pas d’infrastructures hospitalières supplémentaires pour notre pays. J’ai été obligée d’en fournir la preuve en m’appuyant sur des statistiques complètes et récentes pour pouvoir prévoir les besoins sanitaires futurs du pays. C’est ce que j’ai fait les huit derniers mois avec le Luxembourg Institute of Health, pour actualiser la carte sanitaire du pays et pouvoir justement dire que nous pensons ne pas avoir besoin d’une structure hospitalière supplémentaire pour les années à venir.

toire dans nos hôpitaux. Le taux de la prise en charge ambulatoire est largement supérieur chez nos voisins au taux applicable dans les hôpitaux luxembourgeois. Par exemple, en ophtalmologie, plus de 70 % des cataractes peuvent se faire sans séjour stationnaire dans les pays voisins, tandis que chez nous, presque l’intégralité des interventions se fait d’une manière stationnaire. Il en est de même dans le traitement ambulatoire de différentes formes de cancer. Nous voulons encourager ce virage ambulatoire par des incitatifs qui restent à établir avec la CNS. Nous avons également pris en compte la durée moyenne de séjour dans les hôpitaux, ainsi que la prise en charge par le nombre de médecins et de personnels afférents. Les partenaires sociaux se demandent souvent si nos réflexions sont guidées par le désir de faire des économies ou de limiter le nombre d’emSur quel horizon ce nouveau plan hospitaplois. Ce n’est pas le cas pour le ministère de la Santé. Il nous importe d’améliorer la qualité lier va-t-il porter ? Dans le passé, les plans hospitaliers portaient de la prise en charge, de ne pas obliger le patient à rester plus longen général sur une période de cinq ans. Le plan hospitatemps que nécessaire à l’hôlier établi par le règlement pital et d’affecter plus grand-ducal de 2009 aurait efficacement les ressources dû prendre fin en 2014. Mais disponibles. Le nombre de lits puisque le Conseil d’État m’a est suffisant pour obligée à rédiger un projet de La santé coûte-t-elle plus loi et à adapter la loi hospitacher au Luxembourg qu’ailrépondre lière de 1998, j’en ai profité leurs ? correctement à pour procéder à des modifiNotre système est hautement qualitatif et performant, c’est cations plus générales. C’est l’augmentation de important de le répéter. Il y a une loi qui ne porte pas sur la population et au le libre choix du médecin au une période prédéfinie et qui peut bien sûr être modifiée si flux migratoire que Luxembourg : le patient n'est pas obligé de passer par un nécessaire. Je devrais actualinous connaissons généraliste pour pouvoir ser la carte sanitaire tous les consulter ensuite un spéciadeux ans. La loi hospitalière actuellement. n'est valide et valable que liste, comme c'est le cas dans pour une douzaine d’années. beaucoup de pays. Un autre Le texte devra être adapté en principe est le conventionnecours de route, notamment en raison de ment obligatoire, l'accès universel et équitable l’augmentation de la population ou d’éléaux soins, un système de remboursement très performant que nous ne voulons pas ments du programme gouvernemental remettre en question. Tous ces impératifs comme le statut de médecin hospitalier. restent la base de notre système. La directive des soins transfrontaliers nous Le taux d’occupation des lits dans les hôpiimpose une meilleure transparence des coûts. taux a été élevé en janvier, au point que des Nous voulons à moyen et à long termes avoir lits ont dû être ajoutés dans certaines une meilleure information sur le coût de prise chambres. Est-ce temporaire ou cela reflèteen charge, y compris dans les hôpitaux. Actuelt-il un besoin supplémentaire ? Actuellement, nous pouvons avoir une lement, c’est compliqué en raison des deux réponse crédible à la question de savoir si le systèmes, difficilement compatibles, du médenombre de lits est suffisant pour répondre corcin salarié d’un côté et du médecin libéral de l'autre. La transparence est essentielle aussi rectement à l’augmentation de la population, pour le patient, qui veut savoir quel est le coût et peut-être aussi au flux migratoire que nous de sa prise en charge, quelle médecine est la connaissons actuellement. Et la réponse est oui. Lors de l’actualisation de la carte sanitaire, plus performante et quelle facture il recevra. La transparence des coûts hospitaliers est nous avions constaté une augmentation de la nécessaire pour pouvoir mieux comparer le population autour de 3,2 %. Le nombre actuel de lits est largement suffisant pour y répondre, coût de la médecine au Grand-Duché avec étant donné que le taux d’occupation, entre 70 celle des autres pays. Dans le passé, nous avons eu de très bons classements dans les et 76 %, est inférieur à la moyenne des autres comparaisons de l’OCDE, mais n’étions jamais pays européens qui est de 85 %. placés dans les trois ou cinq premiers pays, Une diminution des lits d'hospitalisation justement parce que cette transparence des aiguë est prévue, ce qui est largement justifié coûts nous faisait défaut. si nous voulons procéder à un virage ambula018 ­—

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BIOEXPRESS

29 ANS DE POLITIQUE 1961 Lydia Mutsch est née le 17 août 1961 à Dudelange. Après le lycée, elle part étudier les sciences politiques et sociales à Göttigen en Allemagne et revient diplômée en 1985. Elle travaille ensuite quelques années dans la communication et le journalisme. 1989 Deux ans après avoir rejoint le LSAP, elle est élue pour la première fois à la Chambre des députés dans la circonscription Sud. Elle sera reconduite lors de toutes les élections depuis lors. De 2009 à 2013, elle officie comme vice-présidente de la Chambre. Elle siège également au Parlement Benelux de 1989 à 2009 et aux Assemblées parlementaires de l’Otan et du Conseil de l’Europe jusqu’en 2013. 2000 Présente au conseil communal d’Esch-sur-Alzette depuis 1988, Lydia Mutsch accède au poste de bourgmestre en 2000, et sa liste est réélue lors des élections communales de 2011. Appelée au gouvernement à l’issue des élections législatives de 2013, elle cède sa place à Vera Spautz. 2013 Le DP, le LSAP et Déi Gréng forment un gouvernement de coalition après le scrutin du 20 octobre 2013. Celle qui a présidé la commission de la santé et de la sécurité sociale de 2004 à 2013 entre au gouvernement avec une double casquette de ministre de la Santé et de l’Égalité des chances.



GRAND ENTRETIEN

Le financement des hôpitaux par enveloppe globale va-t-il perdurer ? Le système actuel est justifié, mais ne nous rend pas heureux pour l’éternité. J’ai inscrit l'obligation de documenter les séjours hospitaliers dans la loi hospitalière. C’est un premier pas pour encourager les hôpitaux et les médecins à encoder et rassembler les données sur la prise en charge des patients, qui permettront de disposer à l’avenir d’une base solide pour des évaluations et d'effectuer un changement vers un système de tarification à l’activité. Dans un horizon pas très proche malheureusement. Plusieurs éléments doivent être respectés : d’un côté, l’interconnexion des différents acteurs, décideurs, pilotes, prestataires, patients, et d’un autre côté les garanties dont j'ai besoin en tant que ministre de la Santé pour assurer la qualité de la prise en charge et la pérennité d’un système mettant au centre le patient et non le coût du système.

Les Laboratoires réunis ont finalisé le rachat de l’activité extra-hospitalière du laboratoire de l’hôpital du Kirchberg. Est-ce acceptable, alors que l’État a financé ces installations ? Je n’ai pas été informée au préalable de cette vente et si je l’avais été, j’aurais fait connaître mon désaccord à la Fondation des hôpitaux Robert Schuman. Je me suis posé plusieurs questions en relation avec cette transaction. D’abord, est-elle juridiquement correcte ? Malheureusement oui ! La loi impose la mise en place d’un laboratoire hospitalier pour chaque établissement hospitalier. Or la vente de l'Hôpital Kirchberg concernait l'activité d'analyses effectuées à titre individuel, sans être patient de l’hôpital. La FHRS exploite toujours un laboratoire hospitalier. Donc elle est bel et bien en conformité avec la règlementation existante. Deuxième question : l’aliénation autorise-telle une demande de remboursement des aides étatiques ? La réponse est non, puisque les locaux dans lesquels sont réalisées les actiLe Luxembourg cherche à promouvoir une vités extrahospitalières cofinancées par le gestion des soins intégrée incitant tous les fonds hospitalier connaissent toujours une utiacteurs d’une problématique de santé à se lisation pour les activités hospitalières. Car coordonner. Le Plan national cancer donneune grande partie des activités de laboratoire t-il les résultats escomptés ? de la Zithaklinik a été partiellement transférée dans ces locaux. Je ne peux donc pas demanJe suis très satisfaite, car nous avons dans un temps record établi avec tous les acteurs du der un remboursement des subsides étatiques terrain un Plan national cancer qui est à mes pour les locaux cofinancés par le fonds hospiyeux le cadre idéal pour nous repositionner en talier à 80 % et à 20 % par la CNS. matière de cancer et assurer la meilleure prise Troisième question : y a-t-il un danger pour les en charge du patient, vu l’interdisciplinarité salariés ? Non, il n’y a eu ni changement de des différents acteurs. Il faut statut ni licenciement, car les une interconnexion à chapersonnes sont restées dans le laboratoire hospitalier ou cune des étapes : promotion ont été affectées dans d’autres d’un mode de vie sain, préLa mutualisation services hospitaliers de la vention, diagnostic précoce, des laboratoires FHRS. prise en charge optimale pluridisciplinaire, suivi du traitehospitaliers n’est ment, prise en charge Quelle est alors votre marge pas mise en psychologique du patient et de manœuvre ? de son entourage, réhabilitaJe me suis demandé comment question à cause éviter à l’avenir que d’autres tion, et le cas échéant prise en de l’aliénation services hospitaliers puissent charge palliative dans les être aliénés. J’ai profité de la hôpitaux et en milieu privé. des activités extramodification de la loi hospitaLa mise en place de l’Institut hospitalières national du cancer est un prelière pour inscrire des règles plus strictes, en imposant par mier succès qui permet de cendu Kirchberg. exemple des services de base traliser tous les éléments que tous les hôpitaux doivent nationaux et internationaux impérativement exploiter, importants pour une meilleure parmi lesquels figurent les activités de laboraprise en charge. C’est un instrument extrêmement performant et tous les acteurs sont impliqués : toire hospitalier, les soins palliatifs, les représentants des patients, médecins, hôpitaux, urgences, les soins viscéraux, la médecine agence eSanté pour les dossiers de soins partagés, interne ou les maternités. Je veux vraiment professionnels de santé, acteurs autour des soins que les quatre hôpitaux disposent de services palliatifs, etc. devant impérativement figurer dans chaque Pour certains cancers rares, la masse critique hôpital. Comme dans la logique d’un service pour assurer les meilleurs soins possibles au public. Luxembourg fait défaut. L’Institut national du canJ’ai également augmenté les attributions de la commission permanente pour le secteur cer rassemble toutes les données sur les maladies hospitalier devant aviser tous les projets hosrares pour pouvoir contacter les meilleurs prestataires possibles et aider le patient, qu’il se trouve au pitaliers financés ou cofinancés par l’État. Grand-Duché ou au-delà de nos frontières. II y a un Pour pouvoir bénéficier de ces aides étalien très étroit avec la CNS, et le patient reçoit la tiques, il faut respecter davantage certaines garantie de pouvoir bénéficier des meilleurs soins à règles et impératifs. J’en ai également profité l’étranger sans se soucier de leur prise en charge. pour augmenter les compétences du com020 ­—

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MODE D'EMPLOI Loi obligatoire Le nouveau plan hospitalier devait faire l’objet d’un règlement grand-ducal, comme les précédents. Mais le Conseil d’État a retoqué le projet présenté par la ministre de la Santé au motif qu’il fallait l’inscrire dans une loi, en raison d’exigences découlant à la fois de la législation européenne et de la Constitution. Un avant-projet de loi a été approuvé par le gouvernement en janvier.

Hospitalisation Le taux d’occupation des lits aigus (soins curatifs hors soins gériatriques et spécialisés) est passé de 73,4 % en 2010 à 71,6 % en 2014, avec un pic d’activité de 77,7 % en février. La durée moyenne d’un séjour hospitalier est passée de 7,5 jours en 2010 à 7,2 en 2014. Le nombre d’hospitalisations de jour est passé de 35.922 à 50.394 au cours de cette période.

Lits d'hôpitaux 2.667 lits sont disponibles en milieu hospitalier, dont 2.093 aigus.

Médiateur en rodage Institué par la loi du 24 juillet 2014 relative aux droits et obligations du patient, le Service national d’information et de médiation dans le domaine de la santé est ouvert au public depuis le 15 mai 2015. Sa mission première est d’informer les citoyens sur leurs droits et obligations et sur le système de santé. Le médiateur Mike Schwebag et son équipe ont ouvert environ 100 dossiers de plaintes et de médiation, dont certains ont donné lieu à une indemnisation du patient.



GRAND ENTRETIEN

missaire du gouvernement aux Hôpitaux, qui jusqu’à présent ne pouvait pas siéger au conseil d’administration de la Fondation des hôpitaux Robert Schuman. Il pourra à l’avenir faire valoir les intérêts de l’État en relation avec les aides étatiques. La loi sur les laboratoires impose de notifier les changements au ministre de la Santé. Or le fonds d’investissement PAI (actionnaire du laboratoire d’analyses Ketterthill) a pris une participation en 2014 dans une maison de soins, ce qui constitue un conflit d’intérêts entre un prescripteur et un prestataire. La FHRS aurait pour sa part pris une participation dans les Laboratoires réunis. Faut-il changer la loi sur les laboratoires ? La question s’est posée également en relation avec la mutualisation programmée. Les Hôpitaux ont prévu de fusionner leurs laboratoires hospitaliers en une structure unique et de ne conserver qu’une petite activité de laboratoire dans chaque hôpital. Le gouvernement antérieur avait prévu d’intégrer les activités extra-hospitalières dans cette mutualisation, mais malheureusement le Conseil d’État s'était opposé à la mutualisation des activités de laboratoire extra-hospitalier avec un tiers, considérant que ces laboratoires devraient rentrer dans le même champ d’application que les laboratoires privés. La mutualisation n’est pas mise en question à cause de l’aliénation des activités extrahospitalières du Kirchberg envers les Laboratoires réunis de Junglinster. C’est un prétexte. S’ils veulent mutualiser, ils sont libres de le faire. Si la FHRS a opté pour ce business, je n’ai pas de loi à ma disposition qui permettrait d'interdire cette activité. Et les autres théoriquement peuvent le faire aussi. C’est la solution qui semble se dessiner à Esch. Apparemment, il y a des négociations en cours.

DANS L’ E X P E C TAT I V E La ministre de la Santé est très claire : le Laboratoire national de santé doit se montrer irréprochable pour justifier son monopole.

les mécanismes nécessaires afin d'assurer le rôle que nous lui attribuons de par la loi et la position de monopole que nous sommes toujours prêts à lui attribuer. Nous sommes d’avis que, pour des raisons de masse critique, nous devons centraliser certaines analyses hautement spécialisées comme l’anatomo-pathologie. L’équipe d’anatomopathologie du LNS est récemJe suis en faveur Le projet de fusion des laboment passée de 6 à 13 patholode l’attribution ratoires hospitaliers est donc gistes et un lab manager a été en train de partir à vau-l’eau. engagé pour améliorer l’experd’un rôle S’il n’est plus à l’ordre du jour, tise technique et perfectionner d’excellence c’est qu’ils n’ont plus envie de le système qualité. le faire pour des raisons que Mais le cas qui a été très au LNS. j’ignore. Cette mutualisation médiatisé l’année dernière peut toujours se faire et doit (l’interversion de deux échantiltoujours se faire. Elle a déjà fait lons de biopsies ayant conduit à l’objet de discussions lors de deux quadriparl’opération indue d’un patient, ndlr) a vraiment constitué une rechute dans l’opinion publique. tites. La Fédération des hôpitaux n’a pas de raiCela ne nous a pas permis de mettre en valeur son de ne pas la mettre en œuvre. Le tous les progrès qui avaient été réalisés. gouvernement la désire et le programme gouEn 2015, nous avons mis en place de nouvernemental la préconise. Ce serait utile pour la coopération hospitalière, ainsi que pour la prise veaux mécanismes très performants, dont en charge des patients, également du point de l’identification par code barre pour éviter justevue de l’optimisation des ressources. ment que des échantillons soient intervertis. Ce Le gouvernement et toutes les parties implicas a tout remis en question et pesé sur la crédiquées ont assuré qu’il n’y aura pas de licenciebilité dont nous avons encore besoin pour mettre en évidence la qualité du travail presté ments. Je ne vois pas pourquoi alors cette au LNS. J’ai été obligée, après cet incident, de mutualisation ne pourrait pas se faire. demander par écrit un résumé de tous les criOù en est le Laboratoire national de santé ? tères contraignants qui me paraissent utiles : les délais de réponse, les systèmes d’assurance Le LNS a fait du très bon travail au cours des qualité, le nombre minimal d’examens à réaliannées 2014 et 2015 pour mettre en place tous 022 ­—

— Mars 2016

ser annuellement, les spécialités à couvrir obligatoirement, les cas spécifiques à sous-traiter dans des laboratoires spécialisés, la formation continue, le matériel, l’équipement, les analyses, les procédures, les mécanismes post-analytiques, etc. Je veux tous ces critères réunis d’ici la fin 2016 et si je n’ai pas d’assurance à 100 % sur toutes ces questions, je pense honnêtement qu’il sera très difficile de maintenir cette idée de monopole au profit du LNS. D’autant que certains poussent déjà pour monter un autre laboratoire d’anatomo-pathologie... Je suis en faveur de l’attribution d’un rôle d’excellence au LNS, il est là pour ça. D’ailleurs, en 2015, une expertise de l’Institut belge de pathologie et de génétique, une entité neutre, s’est prononcée absolument en faveur d’une centralisation des prélèvements. J’ai en ma possession tous les arguments pour justifier un monopole en anatomo-pathologie dans le contexte luxembourgeois. Ceci vaut aussi pour la biologie moléculaire et la génétique, mais je dois quand même également prendre en compte les démarches des autres acteurs qui sont prêts à prendre une part du marché. Je dois disposer de toutes les réponses dont j’ai besoin, sinon ce sera très difficile, d’un point de vue juridique, de maintenir cette position. Mais je suis confiante. NOTE

Retrouvez l’intégralité de cette interview sur le site www.paperjam.lu.



« ON VIT DU SCHENGEN 024 ­—

— Mars 2016


LA FIN

CINÉMA  » DU Après les 25 ans du Film Fund et les Assises du cinéma, et alors que se profile le 7e Lëtzebuerger Filmpräis début mars, les acteurs du secteur se retroussent les manches pour relever de nouveaux défis. F R A N C E C L A R I N VA L |

JULIEN BECKER

Mars 2016 —

— 025


COVERSTORY

YANN TONNAR

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU LARS

NOUS

POUVONS NOUS

CONCENTRER

SUR LES

CONTENUS

ET LA

CRÉATIVITÉ.

026


COVERSTORY

techniciens (Alta) ou les comédiens (Actors.lu), bien évidemment avec l’indispensable bailleur de fonds, le Film Fund, ainsi que le CNA. Les conclusions de ces Assises dressent des pistes qui doivent encore être appliquées, voire discutées. Le premier axe de développement – sur lequel tout le monde est d’accord – est la valorisation des talents locaux et le développement de projets initiés par des producteurs luxembourgeois. « Au lieu de se lamenter, il faut changer de braquet et aller de l’avant en développant nos propres projets, nos propres histoires », estime Claude Waringo, producteur chez Samsa Film depuis presque 30 ans et membre de l’Ulpa. « Nous sommes dans un moment charnière dans la production luxembourgeoise où nous pouvons nous concentrer sur les contenus et la créativité avec des projets luxembourgeois », confirme Yann Tonnar, secrétaire général du Lars. Il ne s’agit pas de mettre en place des quotas ou de ne valoriser que les sujets luxembourgeois, mais de permettre de développer et réaliser des films depuis le Luxembourg. « Il y a plusieurs dizaines de réalisateurs luxembourgeois qui sont sur les rangs pour faire des longs métrages », affirme Guy Daleiden. Si la qualité des scénarios reste le point le plus compliqué à faire évoluer, les moyens donnés à l’écriture et au développement ont connu une augmentation qui satisfait tout le monde. « Un bon scénario, ça prend du temps et ça demande un bon accompagnement artistique de la part du producteur  », estime Yann Tonnar. « Les coproductions de séries avec RTL permettent aux jeunes réalisateurs de travailler plus et de se faire la main », ajoute Guy Daleiden, qui se réjouit de voir une deuxième saison de routwäissgro se mettre en place, ainsi qu’un appel pour une nouvelle série.

WHO'S WHO Les visages du cinéma au Luxembourg

Rui Eduardo Abreu

Tom Alesch

Eugénie Anselin

Andy Bausch

Thierry Besseling, Loïc Tanson

Nicolas Blies, Marion Guth, Stéphane Hueber-Blies

Pol Cruchten

Assouplir les critères

industrie cinématographique au Luxembourg a très nettement évolué au fil des années et les systèmes d’aides pourvues par le Film Fund depuis 25 ans se sont adaptés à ces évolutions. Progressivement, le Luxembourg s’est affirmé sur la scène internationale en passant de prestataire de services à producteur minoritaire et entend désormais prendre du galon comme majoritaire. « Nous devons aujourd’hui passer des films que nous pouvons faire aux films que nous voulons faire », estime Guy Daleiden, le directeur du Film Fund. C’est pour dresser un état des lieux et surtout trouver de nouvelles pistes de développement que le secteur audiovisuel s’est réuni en Assises à la fin 2015. Assises préparées en amont par les différentes associations de professionnels : les producteurs (Ulpa), les réalisateurs (Lars), les Acteurs |

Deuxième axe, dicté par les circonstances du marché : réduire les plafonds d’aides par projet. « Le problème n’est pas qu’il y a moins d’argent, mais qu’il y a plus de projets, plus de sociétés de production, plus de réalisateurs, plus de techniciens », déplore Claude Waringo. Le gâteau, environ 30 millions d’euros par an, ne grossit pas et plutôt que de voir certains être devant une assiette vide, les producteurs ont proposé de réduire la taille des parts, soit baisser les montants maxima des aides par projet, de 10 % pour les productions majoritaires et de 20 % pour les productions minoritaires. Si les conclusions des Assises mentionnent que « cela devra se faire dans le respect des équilibres économiques et sociaux existants et dans le cadre d’une adaptation concertée des règles et critères en vigueur », les techniciens sont cependant inquiets. « Notre crainte est de devoir faire des films avec moins d’argent, donc sur moins de jours de tournage, avec des salaires moindres ou des équipes plus serrées », avance Carlo Thoss, président de l’Alta. Il est donc indispensable de continuer à trouver des sources de financement ailleurs. Maintenir des coproductions minoritaires permettra de rester présent sur la scène internationale, avec les succès que l’on a connus lors de fes-

Compositeurs |

Producteurs |

Réalisateurs |

Techniciens

Jeff Desom

André Dziezuk

Lilian Eche

Luc Feit

Alain Goniva

Jesus Gonzalez

David Grumbach

027


COVERSTORY Fabienne Hollwege

Max Jacoby

André Jung

Beryl Koltz

Vicky Krieps

Magdalena Labuz

Claude Lahr

Eric Lamhène

Marco Lorenzini

NOUS

DEVONS PASSERDES

FILMS QUE

NOUS

GUY DALEIDEN

QUE

DIRECTEUR DU FILM FUND

NOUS

POUVONS FAIRE

AUX FILMS

VOULONS FAIRE.

Govinda Van Maele

Karolina Markiewicz, Pascal Piron

Nilton Martins

Nicole Max

tivals et de cérémonies de prix. C’est également essentiel pour l’emploi dans le secteur. « Les 700 à 1.000 personnes qui y travaillent ne peuvent pas survivre avec trois ou quatre productions par an », estime Claude Waringo. Ce que Carlo Thoss confirme : « 2015 a été difficile pour les techniciens avec beaucoup de projets qui devaient avoir lieu en même temps, certains qui ont été repoussés. Heureusement que le système d’intermittence existe, mais avec deux films sur sept mois, c’est très juste. » Le président de l’Alta regrette que « la qualité du projet et le savoir-faire de la maison de production, notamment dans le respect des procédures et des conditions de travail de 028 ­—

— Mars 2016

l’ensemble des métiers, ne soient pas plus pris en compte dans l’attribution des aides. » « La crise est européenne, prévient Claude Waringo, les autres pays, surtout la France et la Belgique, se sont retirés dans leur coquille ; ils augmentent leurs moyens et rendent les conditions d’aides plus drastiques sur leur territoire. » Ainsi, les exigences sur les dépenses locales ou le nombre de jours de tournage se font concurrence entre les différents pays et systèmes d’aides. « On vit la fin du Schengen du cinéma », soupire-t-il. « Nous avons toujours réussi à nous adapter aux évolutions, mais il est hors de question de mener une course aux subventions en augmentant les aides », sou-

Bernard Michaux

Bady Minck

Jacques Molitor

Claudine Moureaud

PHOTOS : PATRICK MULLER, CHRISTOPHE OLINGER, RICARDO VAZ PALMA, JULIEN BECKER, SVEN BECKER, FRANCIS VERQUIN, JULIETTE FILMS, JERZY PALACZ, FABRIZIO MALTESE, SAMSA FILM, IRIS PRODUCTIONS, ARCHIVES MAISON MODERNE | ICONS : FLATICON

Amine Jaber



Myriam Muller

Désirée Nosbusch

Gintare Parulyte

Elsa Rauchs

Jako Raybaut

Katja Reinert

Stephan Roelants

Donato Rotunno

Christina Schaffer

Luc Schiltz

Raoul Schlechter

Laura Schroeder

Julie Schroell

Jean-Louis Schuller

Jean-Luc Simon

Pitt Simon

Uli Simon

Hervé Sogne

30

ligne Guy Daleiden, qui espère plutôt que le Luxembourg réussira à « être inventif pour garder les mêmes retours culturels, économiques et sociaux en combinant nos aides avec les autres. » En tout état de cause, il ne s’agit pas de changer la loi, mais « d’évoluer dans le cadre de la législation actuelle ». De leur côté, les producteurs plaident pour un assouplissement des règles d’attribution des aides. « On accepte de recevoir moins d’argent, il faut que ce soit avec des critères plus souples sur le nombre de jours de tournage ou de postproduction », insiste le patron de Samsa Film. C’est ainsi qu’est née l’idée d’introduire une aide financière limitée à un maximum de 250.000 euros qui permettrait aux producteurs de s’engager sur des coproductions internationales low budget sans devoir passer par les critères actuels des aides financières sélectives. Les courts métrages aussi pourraient bénéficier, parallèlement aux aides existantes, d’aides limitées (30.000 euros) avec une flexibilité adaptée au niveau des critères. Une idée bien accueillie, tant du côté des réalisateurs que par les techniciens, « si c’est dans un équilibre avec d’autres productions ».

Financer les talents et les cultiver

Toujours en matière de développement, l’introduction d’un slate funding, c’est-à-dire une aide pour un package de trois à cinq projets, permettra de consolider, voire stabiliser, les structures des sociétés de production. « Il faut reconnaître que certaines maisons se posent des questions sur la dimension de leur effectif permanent et que ces aides globales permettront de maintenir des structures. Cela permet aussi de mettre en évidence les choix éditoriaux des sociétés de production », renchérit Claude Waringo. Serpent de mer, la création d’un « fonds structurel » est appelée de leurs vœux par le gouvernement (c’est écrit dans l’accord de coalition : « Analysera la possibilité de créer un fonds structurel »), les producteurs et le Film Fund. L’idée est d’intéresser des investisseurs privés dans des productions audiovisuelles en leur proposant un avantage fiscal pour diminuer le risque. « Nous ne cherchons pas à remettre en place un système comme celui des certificats, mais à attirer des investisseurs privés dont le risque serait de l’ordre de 70 % », plaide Claude Waringo. « Les propositions sont actuellement à l’étude auprès du ministère des Finances et de la SNCI », affirme Guy Daleiden. Reste différents terrains de bataille où les idées fusent et ne demandent qu’à se concrétiser. Les réalisateurs voudraient que les films soient mieux distribués : « On ne s’occupe pas assez de la carrière des films » et une piste s’ouvre en envisageant une collaboration du Luxembourg avec le réseau Arte. Pas facile puisque c’est un réseau de télévisions publiques, ce que nous n’avons pas. Le développement d’une plateforme VOD sous l’initiative de la Filmakademie est une réponse intéressante aux questions de distribution. On y trouvera prochainement un millier de films européens et donc luxembourgeois grâce à un partenariat pour débloquer les droits au Luxembourg.

À CHAQUE PAYS SON SOUTIEN Les pays voisins, avec lesquels le Luxembourg coproduit principalement, ont tous développé des systèmes d’aides au cinéma.

France

Le crédit d’impôt cinéma a été modifié au début de cette année après la menace du cinéaste Luc Besson de ne plus tourner en France. Le système est désormais accessible pour tous les films, alors qu’il était réservé à un budget inférieur à 7 millions d’euros. Le taux s’uniformise aussi à 30 %, alors qu’avant les films dont le budget se situait entre 4 et 7 millions ne bénéficiaient que d’un crédit d’impôt de 20 %. Cet avantage fiscal s’adresse aux œuvres en langue française, réalisées principalement sur le territoire français et qui contribuent au développement de la création cinématographique française et européenne. La France a aussi mis en place un système d’avances sur recettes qui concerne les premières productions et le cinéma indépendant.

Belgique

Le gouvernement fédéral belge a instauré en 2004 le tax shelter, un système qui permet à des entreprises soumises à l’impôt de financer des productions contre des avantages fiscaux. Remanié en janvier 2015, le système prévoit pour l’investisseur une exonération fiscale de 310 % sur le montant versé. Cette exonération est permise à hauteur de 50 % des bénéfices imposables de la période avec un plafond de 750.000 euros. Depuis la révision, le tax shelter ne s’adresse plus seulement aux œuvres audiovisuelles belges, mais aux œuvres européennes dans leur ensemble. Selon le montant versé, le bénéficiaire des investissements sera parfois contraint de dépenser jusqu’à 90 % des montants obtenus en production ou distribution sur le territoire belge.

Allemagne

Le cinéma germanique bénéficie d’un double système de soutien. Au niveau fédéral, la FFA (Filmförderungsanstalt) dispose d’un budget issu d’une taxe sur les tickets d’entrée, les services de télévision et les ventes vidéo. Elle peut soutenir des projets en fonction du succès public et des critiques du film précédent. À côté de cela, le German Federal Film Fund octroie des aides en fonction de critères de localisation, de coproduction et de distribution. Au niveau régional, les Länder ont aussi prévu des systèmes d’aides qui dépendent des investissements prévus dans la région.


COVERSTORY

NOTRE

CRAINTE DE

EST

DEVOIR

FAIRE DES

FILMS AVEC MOINS

CARLO THOSS

D’ARGENT.

PRÉSIDENT DE L’ALTA Mars 2016 —

— 31


COVERSTORY

Nicolas Steil

Michel Tereba

Carlo Thiel

Jani Thiltges

Paul Thiltges

Carlo Thoss

Yann Tonnar

Brigitte Urhausen

Jérôme Varanfrain

AU LIEU DE SE

Christophe Wagner

LAMENTER,

IL FAUT EN NOS

ALLER DE L’AVANT

Gast Waltzing

CLAUDE WARINGO

DÉVELOPPANT

PROPRES HISTOIRES.

Claude Waringo

PRODUCTEUR CHEZ SAMSA FILM Jeanne Werner

Les formations, pour l’instant au niveau BTS, pourraient se développer. L’animation pourrait ainsi devenir un bachelor, après accord avec l’université. L’intégration d’écriture de scénarios pourrait aussi se développer à Diekirch où il existe déjà un BTS en écritures appliquées. Cette discipline pour des films et formats tous genres avec un focus sur les séries est un élément important dans la formation de nouveaux talents qui viendront renforcer le secteur de l’audiovisuel luxembourgeois. Enfin, la mise en place d’un contrat-cadre est espérée par les techniciens qui veulent se voir garantir « des conditions de travail qui res032 ­—

— Mars 2016

pectent les heures et minimisent les risques d’accident », plaide Carlo Thoss, qui voudrait que les techniciens travaillant sous CDD et ceux vivant sous le régime de l’intermittence puissent bénéficier d’un cadre fixe pour tous. « Nous sommes curieux de l’avenir et espérons être invités aux discussions », conclut-il.  EN RÉSUMÉ

Le secteur de l’audiovisuel luxembourgeois a connu une évolution remarquable et doit maintenant solidifier ses acquis en tenant compte des enjeux du futur. Développement de projets locaux, abaissement des plafonds des aides, formation, distribution, fonds structurel, cadre légal… autant de pistes à ne pas négliger.

Jules Werner

Wolfgang Wesemann

Jean-François Wolff



« POPULARISER SANS RINGARDISER » COVERSTORY

Longtemps voué à une carrière académique, Paul Lesch vient de prendre la direction du Centre national de l’audiovisuel. Il entend y valoriser les archives et la formation et y développer des partenariats avec d’autres institutions. F R A N C E C L A R I N VA L |

PA U L L E S C H est photographié dans les archives du Centre national de l’audiovisuel.

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— Mars 2016

JULIEN BECKER


COVERSTORY

annonces, des images… Le CNA était l’endroit rêvé pour cette deuxième partie de vie professionnelle.

S’il est trop tôt pour dévoiler un programme précis, quels sont les axes que vous avez envie de développer ? Le CNA est une institution qui fonctionne avec une équipe motivée, professionnelle qui a, pour une bonne partie, fait œuvre de pionnier dans le secteur audiovisuel au Luxembourg. Je ne suis pas de nature révolutionnaire, je ne vais pas tout changer. Mais je vais pouvoir mettre l’accent sur des aspects qui me tiennent à cœur et où mon expérience peut être utile. Il s’agit d’abord de la formation. De nombreuses propositions existent déjà pour les enfants, pour les lycéens, pour les professionnels. Je voudrais développer la formation continue vis-à-vis des enseignants pour les sensibiliser à l’éducation à l’image et aux médias, à leur histoire, à la manière de l’enseigner… Je cherche à développer un matériel didactique qu’on pourrait mettre à leur disposition. Quels sont les autres chantiers que vous allez mettre en œuvre ? Un des gros dossiers en cours est la digitalisation des contenus qui nous sont confiés : images télévisées, cinématographiques, photographies, radio. Le travail est en cours, il y a des défis techniques à résoudre, mais ça avance. L’idée est d’avoir une base de données accessible à tout le monde, avec des mots-clés pour découvrir les archives, à la manière de ce qu’a fait l’Ina en France. C’est un outil formidable pour valoriser notre fonds et intéresser le grand public. Le monde des archives n’est pas forcément très glamour, mais une fois mises en valeur, triées, encadrées, c’est passionnant et je suis sûr que ça intéressera beaucoup de monde.

u’est-ce qui vous a donné envie de postuler à la direction du Centre national de l’audiovisuel ? p a u l l e s c h C’est une institution culturelle que je connais bien puisque j’y collabore depuis sa création, en 1988. J’ai travaillé sur une de leurs toutes premières publications, Le cinéma et la télévision au Luxembourg, et depuis, la collaboration a été régulière avec de nombreuses conférences et publications. J’ai donc noué des liens étroits avec le département Films. Depuis lors, j’ai travaillé comme enseignant, j’ai écrit de nombreux livres et encore plus d’articles, organisé et participé à des colloques… Sans totalement avoir fait le tour de la question, ma motivation universitaire était en baisse et c’était le bon moment pour réorienter ma carrière. L’audiovisuel sous tous ses aspects me passionne depuis toujours et la notion d’archive me tient à cœur à tel point que j’ai chez moi des dizaines de classeurs et de tiroirs avec des coupures de presse, des catalogues, des

Par quel moyen faire connaître ce fonds ? Il y a déjà eu des expositions, des sélections en vue de projection, édition de DVD… Beaucoup de documentaires (Heim ins Reich, Léif Lëtzebuerger ou Stol) qui se penchent sur des aspects historiques du Luxembourg ont utilisé les archives du CNA. Pour aller plus loin, je voudrais développer des collaborations avec l’université et avec des universités étrangères pour encourager des recherches avec nos archives. La collaboration avec d’autres institutions culturelles du Luxembourg peut aussi amener à mettre en lumière des trésors. Je connais bien les différents instituts culturels et je suis sûr que ces collaborations seraient possibles. Je pense à une exposition autour des affiches de cinéma (avec la BNL), un travail autour de Evy Friedrich qui a été critique de cinéma et a réalisé plusieurs documentaires (avec le CNL), une recherche autour des scénarios sur le luxembourgeois à la radio… Ce ne sont que des idées, le champ des possibles est énorme. Je collabore par exemple avec le Natur Musée en travaillant sur les orchidées au cinéma. En plus des bourses aux projets de

photos, je voudrais mettre en place des bourses pour des chercheurs.

Justement, à propos de la photo, le CNA est connu pour ses expositions, ses catalogues, ses Portfolio Night, et bien sûr ses expositions autour d’Edward Steichen. Avez-vous des pistes d’évolution dans ce domaine ? Le soutien aux photographes luxembourgeois (à travers les bourses, les acquisitions, les expositions…) fait partie intégrante des missions du CNA et je ne remets absolument pas cela en question. Il faut continuer à travailler ces aspects contemporains. J’ai été impressionné par le nombre de personnes qui assistent aux événements qui sont organisés ici. Que ce soit les expositions ou les séances de cinéma, notamment les séances spéciales (pour enfants, avec le Royal Opera House, open air…). On doit poursuivre tout cela, populariser sans ringardiser. Le CNA a produit plusieurs films documentaires. Qu’en sera-t-il ? Il y a plusieurs films en préparation, comme Histoire de femmes ou 208 sur le programme anglais de RTL. C’est le rôle du CNA de soutenir ces projets et de les accompagner, mais nous n’avons plus de budget de production. Nous pouvons aider au lancement de projets, au développement de sujets, surtout s’ils sont patrimoniaux, documentaires, mais après, l’aide à la production, c’est l’affaire du Film Fund et des producteurs. Je suis ouvert à collaborer avec eux et j’entends rencontrer le Film Fund très bientôt. Un des aspects qui me semblent essentiels à renforcer est celui du dépôt légal. Cela fait partie de nos attributions, mais ce n’est pas encore tout à fait automatique de la part des producteurs. Il faut que ça rentre dans les mœurs. Vous êtes un observateur attentif du cinéma luxembourgeois. Comment voyezvous son évolution et surtout son avenir ? La professionnalisation du secteur est évidente, que ce soit du côté des producteurs, qui ont fait leurs preuves sur la scène internationale, ou des techniciens, qui sont de plus en plus demandés. Il y a de nouvelles générations qui arrivent, dans tous les aspects du cinéma et qui ont de plus en plus l’occasion de se faire la main, notamment à travers des projets comme routwäissgro. La petite taille du pays, et donc l’absence de masse critique, fait que les scénarios sont encore le parent pauvre du cinéma. La formation, les livres, les techniques ne suffisent pas. Il faut avoir le temps et les moyens pour développer, ré­écrire, retravailler et être accompagné, encadré. C’est de plus en plus rendu possible avec les aides au développement que je salue.  EN RÉSUMÉ

Le nouveau directeur du CNA ne veut pas faire table rase du passé, mais veut surtout développer certains aspects et missions. La valorisation des archives, la formation et le travail de recherche sont au cœur de ses préoccupations.

Mars 2016 —

— 35


COVERSTORY

D’FILMAK ADEMIE

LE FILMPRÄIS À LA LOUPE Organisée tous les deux ans, la 7e cérémonie des Filmpräis du cinéma luxembourgeois se tiendra le 5 mars. Les prix seront remis dans huit catégories selon les votes des pro­ fessionnels de l’industrie du cinéma membres de la Filmakademie. Après cinq éditions organisées par le Film Fund, le Filmpräis est désormais coorganisé par la Filmakademie, née fin 2012 pour rassembler les professionnels du cinéma et mettre en commun leurs forces afin de promouvoir la production luxembourgeoise. À l’image de ce qui se fait dans d’autres pays, l’académie rassemble les associations professionnelles ainsi que le CNA et le Film Fund. Pour cette 7e édition du Filmpräis, neuf courts métrages de fiction, 16 coproductions, quatre longs métrages luxembourgeois, neuf documentaires, trois longs métrages et trois courts métrages d’animation seront en lice pour remporter un trophée. Au total, l’académie a retenu 14 nominations pour le Prix de la meilleure contribution artistique et 16 pour le Prix de la meilleure contribution technique. Quatre films concourront dans la catégorie Meilleur long métrage luxembourgeois de fiction : Baby(a)lone de Donato Rotunno, Eng nei Zäit de Christophe Wagner, Les Brigands de Pol Cruchten et Frank Hoffmann, et Mammejong de Jacques Molitor. Avec 11 nominations, notamment pour le Meilleur film, Eng nei Zäit est certainement le grand favori. Mais nombre de ces nominations se concurrencent elles-mêmes dans les mêmes catégories, notamment les contributions techniques – costumes, image, maquillage, montage et son – et artistiques, où le travail de trois acteurs, un compositeur et les scénaristes est salué. On notera le grand nombre de nominations également pour André Dziezuk, nommé comme compositeur sur quatre films, ou Carlo Thoss, ingénieur du son sur trois films. En dehors des membres des associations, tous les intervenants du cinéma et de l’audiovisuel, à savoir les responsables des instituts culturels du cinéma, les enseignants spécialisés, les critiques de cinéma, les responsables de festival, les exploitants de cinéma, ont à tout moment la possibilité de rejoindre l’académie. Ce sont donc plus de 400 personnes qui ont voté pour élire les meilleurs films luxembourgeois de ces deux dernières années. 

36 ­—

— Mars 2016

LE CINÉMA LUXEMBOURGEOIS EN CHIFFRES

= 1 unité

651 ŒUVRES AUDIOVISUELLES SOUTENUES

1 CÉSAR 2013 (ERNEST ET CÉLESTINE)

1990-2014 | 2015

1 OSCAR 2014 (MR HUBLOT)

74 ENTREPRISES

ASSOCIATIONS MEMBRES DE LA FILMAKADEMIE

110

40 sociétés de production 15 sociétés de postproduction, studios son, image, SFX / VFX 15 sociétés de prestation de services liées directement au secteur 4 studios d’animation

Alta : Association luxembourgeoise des techniciens en audiovisuel Fondée en 2008

58

80

Actors.lu : Association des comédiens Fondée en 2010

58

Lars : Association luxembourgeoise des réalisateurs et scénaristes Fondée en 1999

22

Flac : Fédération luxembourgeoise des auteurs et compositeurs Fondée en 2014

Ulpa : Union luxembourgeoise de la production audiovisuelle Fondée en 1991

ILS TRAVAILLENT DANS LE SECTEUR AUDIOVISUEL

700 techniciens ( 200 en animation) | 40 réalisateurs | 50/60 acteurs professionnels | 10 compositeurs de musique

MONTANTS DISTRIBUÉS (1990-2015)

442.891.561 €

33.300.000 € (2015)




J E S S I CA T H E I S

ÉCONOMIE & POLITIQUE

FLASHES

Les 10 premiers radars automatiques du pays sont entrés en fonction pour une première phase de test, sans ­verbaliser. Dès le 16 mars, les engins commenceront à fonctionner pleinement. Encore une bonne raison de lever le pied. Mars 2016 —

— 039


ÉCONOMIE & POLITIQUE

25.000

C’est le nombre d’emplacements dont devraient être dotés les P+R du pays d’ici 2020, soit le double de la capacité actuelle. Cinq nouveaux parkings devront aussi compléter la soixantaine existante à cette même échéance.

VULNÉRABILITÉ

Un salarié sur cinq éprouvait « un ­s­entiment de vulnérabilité » au niveau professionnel en 2013, selon les conclusions d’une étude du Liser publiée fin janvier 2016. Menée sur internet entre mars et juin 2013, l’étude montre toutefois que la situation des travailleurs résidents « est plus favorable » que celle des pays voisins. Elle indique également que le sentiment de vulnérabilité des salariés est lié non seulement « aux caractéristiques socio-démographiques et au contexte économique » dans lesquels ils évoluent, mais aussi aux « pratiques managériales des entreprises ».

À BELVAL

Projeté depuis plus de 10 ans mais plusieurs fois reporté, le déménagement des Archives nationales du plateau du Saint-Esprit vers le site de Belval est à nouveau d’actualité. Comptant parmi les priorités du ministère de la Culture, ce projet, dont le coût est estimé à 65 millions d’euros pour la construction d’un nouveau bâtiment, serait étroitement lié au vote du projet de loi sur l’archivage, déposé à la Chambre fin 2015. Selon le Fonds Belval et la direction des Archives nationales, une décision pourrait tomber prochainement.

GROSSES COUPURES

Selon le Financial Times, le Luxembourg serait un des plus gros « producteurs » de billets de 500 euros de l’Eurozone, évoquant en parallèle une étude qui renseigne sur le rôle crucial que ces grosses coupures joueraient dans le financement du crime et du terrorisme. Le député LSAP Franz Fayot s’est saisi du sujet via une question parlementaire au ministre des Finances, Pierre Gramegna, pour connaître les raisons de cet important volume et savoir s’il comptait intervenir au niveau européen pour limiter, voire supprimer, ces billets.

« L’INDUSTRIE SERA TOUJOURS EN DANGER. » Robert Dennewald, lors de son dernier discours en tant que président de la Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil), a plaidé pour une ­compétitivité assurée à moyen terme pour soutenir l’industrie dont le coût salarial unitaire – qui représente 30 % des coûts dans ce secteur – a augmenté de 30 % entre 2004 et 2014, contre 10 % en Allemagne.

MEILLEURE

Le Statec estime que la croissance en 2015 pourrait largement dépasser les 3,2 % escomptés en novembre dernier pour atteindre 4,8 %. L’économie luxembourgeoise s’est en effet bien comportée au 3e trimestre 2015, avec un PIB en progression de 0,9 %, ce qui porte à +5,5 % son évolution sur un an. Une « bonne surprise », note le Statec, qui souligne la contribution du secteur financier « malgré un été tempétueux sur les marchés financiers ». Les services de transport, les services aux entreprises et la construction ont également fait preuve de dynamisme.

9 MILLIONS

C’est le montant débloqué par le Film Fund pour soutenir 13 projets cinématographiques dont deux importants projets menés par Iris Productions qui se voient notamment attribuer chacun 60.000 euros au titre de l’aide financière sélective à l’écriture et au développement : Justice Dot Net de Thom Richardson, qui sera réalisé par Pol Cruchten, et 18, une série de docufictions. Au chapitre de l’aide financière sélective à la production, deux jeunes réalisateurs luxembourgeois obtiendront des aides substantielles pour leur premier long métrage, dont Jeff Desom, qui signera Dead Noon, projet ambitieux dont on sait seulement qu’il s’agit d’un western, pour lequel Samsa Film se voit attribuer 2,95 millions d’euros.

CAMÉRA CACHÉE

Début février, la police grand-ducale a saisi une caméra dissimulée dans les toilettes du vestiaire pour dames d’un bâtiment de l’aéroport de Luxembourg, occupé par Luxair. Une plainte a été déposée et une enquête aussitôt ouverte. Le ou les auteur(s) de cette installation encourent une amende et/ou une peine de prison pour non-respect de la vie privée.

ASILE

2.447 C'est le nombre de demandeurs d'asile en 2015.

Selon des chiffres diffusés par le ministère des Affaires étrangères, l’année 2015 a été marquée par une recrudescence spectaculaire du nombre de demandeurs d’asile au Grand-Duché. Alors que 1.091 demandes avaient été introduites en 2014, il y en a eu au total 2.447 l’an dernier. Pour la première fois, les personnes originaires des Balkans ont été moins nombreuses à demander refuge au Luxembourg, devancées par les Syriens, les Irakiens et les Afghans. voir aussi en page  162

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— Mars 2016


ÉCONOMIE & POLITIQUE

SILLON LORRAIN

À compter du 3 avril, selon un nouveau cadencement prévu par la SNCF, davantage de trains circuleront sur le sillon lorrain, entre Nancy et Luxembourg. Concrètement, cela va se traduire par plusieurs mesures, dont la plus emblématique tient dans la hausse du nombre de trains en circulation aux heures de pointe entre Thionville et Luxembourg. De quatre actuellement, leur nombre passera à six. De leur côté, les CFL ont également engagé des travaux qui devraient, à moyen terme, faciliter le trafic ferroviaire entre le Luxembourg et la France.

INQUIÉTUDE

Élue présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) en janvier 2014, Anne Brasseur vient de céder le flambeau à l’Espagnol Pedro Agramunt. De son mandat, elle retient « une expérience très intense et très intéressante », mais également des moments difficiles liés aux tensions entre la Russie et l’Ukraine, à la crise migratoire et au terrorisme. Elle dit aussi avoir pu observer une montée du populisme dans tous les pays du Vieux Continent – « fondé sur l’intolérance, le rejet et la haine » – qui l’inquiète.

GILLEN SORT, FRIEDEN ENTRE

La démission de l’ancien vicaire général, Erny Gillen, de toutes ses fonctions au sein de l’Archevêché a amené un jeu de chaises musicales au sein de l’institution. Le poste de président du conseil d’administration du Groupe Saint-Paul, éditeur du Luxemburger Wort, a été réattribué à Luc Frieden, ancien ministre des Finances de JeanClaude Juncker et actuel vice-­ président de la Deutsche Bank à Londres. La direction de la société Lafayette SA, en charge de la gestion du portefeuille immobilier de l’Église, elle, a été confiée à Pit Hentgen, président du conseil d’administration de La Luxembourgeoise.

PRINCESSE

Le conseil de gouvernement a approuvé la composition du nouveau conseil d’administration du Musée d’art moderne GrandDuc Jean (Mudam), dorénavant présidé par la Princesse Stéphanie. Dans une équipe réduite de moitié par rapport à la précédente, on y retrouve aussi l’avocat Philippe Dupont,

la journaliste Josée Hansen, le directeur de l’Atelier Laurent Loschetter, la jusriste de la Banque de Luxembourg Florence Reckinger, l’ancien diplomate Hubert Wurth et la directrice des Musées de la Ville de Luxembourg Danièle Wagener.

SAFE HARBOR 2.0

La Commission européenne et les autorités américaines ont franchi un premier pas lundi vers un accord pour la création d’un nouveau cadre de protection des données transitant de l’Europe vers les États-Unis. Baptisé EU-US Privacy Shield, l’accord est censé donner plus de droits aux utilisateurs. Reste à en définir les modalités précises.

À LA CARTE

Nicolas Schmit (LSAP), ministre du Travail, a détaillé le projet de réforme des congés pour raisons familiales. Le texte vise à « flexibiliser » le système actuel en mettant 12 jours à disposition des parents, répartis sur les trois premières années de vie de chacun de leurs enfants, qu’ils pourront utiliser ­individuellement lors de maladie des tout-petits. Les jours éventuellement non utilisés durant cette période pourront être reportés d’une année à l’autre, dans la limite de ces trois ans. Pour les enfants âgés entre 3 et 12 ans, la réforme prévoit deux jours de congés légaux annuels, soit 18 jours sur neuf ans et cinq jours pour les adolescents malades entre 12 et 18 ans. Le s­ ystème actuel prévoit deux jours annuels, quel que soit l’âge de l­ ’enfant, impossibles à reporter d’une année à l’autre. Les

syndicats saluent la mesure, le patronat entend obtenir une compensation via un geste du gouvernement concernant la flexibilisation du temps de travail.

« JE NE SUIS PAS ANTI-EUROPÉEN ; JE SUIS PRO-­ EUROPÉEN ! » Nigel Farage, membre britannique du Parlement européen, était à Luxembourg à l’invitation de la British Chamber of Commerce pour tenter d’expliquer la position de sa formation politique : l’Independence Party britannique.

CATHERINE LARUE

Alors que la procédure légale de recherche d’un nouveau patron est en cours pour succéder à Jean-Claude Schmit (nommé à la direction de la Santé), c’est Catherine Larue qui a été désignée directrice générale ad interim du LIH. Ancienne directrice générale de l’IBBL (Integrated BioBank of Luxembourg) qui a été intégrée fin 2015 au LIH, elle est l’une des porte-voix de la recherche scientifique luxembourgeoise au niveau international. Mars 2016 —

— 041


ÉCONOMIE & POLITIQUE

J EAN-C LAU DE HOLLE RIC H Dans la nouvelle configuration de l'Église, l'archevêque risque d'être mis échec et mat.

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— Mars 2016


ÉCONOMIE & POLITIQUE

L E S B U G S D E L A S É P A R A T I O N D E L’ É G L I S E E T D E L’ É T A T

Tout va très bien, Monsieur l’archevêque VÉRONIQUE POUJOL

La majorité veut faire passer en force le projet de loi interdisant aux communes de financer les fabriques d’église. Les catholiques de la base ont perdu leurs repères et le syndicat des fabriques d’église emploie les grands mots : spoliations.

OLIVIER MINAIRE

L'

archevêque va très bien et il n’est pas démotivé, a assuré sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg le vicaire général Léo Wagener, alors que quelques mois plus tôt, Son Excellence Jean-Claude Hollerich avait envoyé de la fumée noire à Rome en présentant sa démission « pour des raisons de santé ». Le pape n’aurait pas accepté son départ et pour faciliter la tâche de l’archevêque, il a été convenu de lui trouver un évêque auxiliaire au sein de l’archidiocèse de Luxembourg. Le « tout va très bien » résonne un peu comme dans la chanson de la marquise autiste autour de laquelle le château brûle. Aussitôt connue, l’information du recrutement prochain d’un « archevêque bis » a suscité des réactions au sein de la classe politique. Au LSAP, qui pousse à l’accélération du processus de séparation de l’Église et de l’État sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Dan Kersch, athée revendiqué, les députés Taina Bofferding et Georges Engel ont demandé au ministre des Cultes, via une question parlementaire, qui paierait son salaire. Xavier Bettel leur a répondu que la nomination d’un évêque auxiliaire relevait de la cuisine interne de l’archidiocèse et que, de ce fait, elle n’était pas soumise à l’accord préalable du gouvernement. « Je note, explique le ministre des Cultes, que la fonction d’évêque auxiliaire n’est pas énumérée parmi les fonctions de ‘ministre du Culte’ » dans la loi fixant le traitement des fonctionnaires. C’est donc sur le denier des paroissiens que le salaire du prélat sera prélevé. Le fait que Jean-Claude Hollerich ait mis son poste en jeu est révélateur du malaise et des dissensions qui tiraillent les catholiques du pays, moins d’ailleurs pour des questions idéologiques que financières. Cette « fausse capitulation »

fait suite à la vraie démission en février 2015 du vicaire général Erny Gillen, remplacé par Léo Wagener, tout en touchant pendant six mois son ancienne rémunération, soit le deuxième salaire le plus élevé de l’Église, avant de redevenir simple curé. Gillen avait ensuite pris le large l’été dernier au Boston College pour reprendre des études de bioéthique et y enseigner. Après avoir écrit un ouvrage sur les « Maux de la curie romaine », il avait essuyé un revers dans sa carrière, le poste de président de l’ONG catholique Caritas International à Rome – qu’il lorgnait depuis longtemps et pour lequel il croyait être favori –, lui ayant échappé. De retour à Luxembourg en janvier dernier, il a choisi de couper les ponts avec l’archevêché « pour des raisons personnelles » et de revenir à la vie civile, sans faire d’ailleurs de « coming out ».

Paroissiens en perte de repères

Dans le même temps et plutôt logiquement, la présidence du Groupe SaintPaul, propriété de l’évêché, ne lui est pas revenue. Il avait d’ailleurs confié à une secrétaire le soin d’avertir les membres du conseil d’administration de cette nouvelle. Le choix de son successeur a surpris. Alors que la « tradition » veut que le vicaire général en exercice siège à la tête du conseil d’administration de l’éditeur du Luxemburger Wort, le choix s’est porté sur un faux retraité de la politique, l’ancien ministre des Finances Luc Frieden. Cette nomination marque clairement l’intention de Frieden, en exil à Londres en tant que vice-président de la Deutsche Bank, de revenir sur l’échiquier politique et de trouver une place à sa mesure au CSV. Certains voient déjà dans l’ancien ministre des Finances le prochain Premier ministre. À bientôt 53 ans, Frieden

devra tenter son va-tout aux échéances de 2018, au risque d’apparaître un peu trop vieux au tour suivant. Dans l’immédiat, la question est de savoir si le quotidien appartenant à l’évêché, qui s’est émancipé du parti chrétien-social, ne va pas être affecté par l’arrivée de l’ancien dauphin de Juncker et si ce dernier ne sera pas tenté de se servir de ce relais médiatique pour promouvoir sa propre carrière. La reddition ratée de Jean-Claude Hollerich et le départ pour de vrai d’Erny Gillen – qui malgré ses défauts, son ego surdimensionné et son goût prononcé pour l’intrigue, incarnait la puissance centralisatrice de l’évêché –, ont un peu déboussolé les paroissiens lambda. Ils ont fait apparaître des luttes de « Par un tel projet, clans au sein même d’une Église le gouvernement affaiblie par ses dissensions, après la signature en janvier actuel risque de 2015 de l’acte de séparation diviser les citoyens avec l’État, sous l’aiguillon du LSAP qui en rêvait depuis long- croyants ou non temps. croyants jusqu’à Le divorce entre Église et État semblait encore faire l’intérieur de l’Église consensus en janvier 2015, procatholique et contri­ bablement parce que la perspective de perdre sa rente de bue à gangréner la situation – avec la mise dans un paix sociale dans pot commun du patrimoine foncier des différentes églises à tra- notre pays. » vers la création d’un fonds spécial centralisé par l’Arche- Le Syfel vêché – paraissait lointaine. Or, en mai dernier, le ministre LSAP de l’Intérieur, Dan Kersch, abat son jeu et accélère le rythme de la rupture. Il dépose à la Chambre des députés un projet de loi interdisant à l’avenir aux communes de financer les déficits des fabriques d’église, à l’exception des Mars 2016 —

— 043


ÉCONOMIE & POLITIQUE

gros travaux. Plus question non plus de payer pour les presbytères. Kersch a touché ici au nerf de la guerre, l’argent des fabriques d’église, alimentées par les dons et legs des Luxembourgeois. Mais l’argent ne rentrerait plus comme avant. C’est le branle-bas de combat chez les catholiques de la base. Trois mois après le dépôt du texte controversé, le « 15 août 2015, jour de l’Assomption de la Vierge Marie », le syndicat des fabriques d’église (Syfel) se fond d’un avis de 65  pages qui est une déclaration de guerre contre le gouvernement actuel, accusé de vouloir les « tuer » et de semer la zizanie entre croyants et non-croyants. « Par un tel projet, souligne le Syfel dans son avis, le gouvernement actuel risque de diviser les citoyens croyants ou non croyants jusqu’à l’intérieur de l’Église catholique et contribue à gangréner la paix sociale dans notre pays. » Toiletter le texte de 1809, passé par décret et fruit du régime autoritaire de Napoléon Ier, « oui », soutient le syndicat des fabriques, mais pas touche au droit de propriété. « L’histoire nous enseigne

que seuls des régimes despotiques et autoritaires se sont attaqués aux fabriques d’église par le passé », signalent les rédacteurs de l’avis du 15 août, en faisant référence aux nationalisations des biens des fabriques sous la Révolution française et aux « exactions du régime nazi sous l’occupation allemande ». LIEUX DE CULT E Un inventaire des lieux cultuels à préserver devrait être terminé en 2017.

DES CHIFFRES NON FIABLES ?

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— Mars 2016

92 .21 4 €

8 €

Source : ministère de l’Intérieur

2015

13 .5

11. 741 .29

2014

2013

9.8 3

2.4 0

4 €

Intervention des communes pour éponger les déficits des fabriques d’église.

Des nationalisations de la Révolution française aux exactions nazies

Sur 65 pages et beaucoup de répétitions, le Syfel voit le projet du ministre de l’Intérieur comme une confiscation des biens de l’Église et une spoliation de « l’art sacré luxembourgeois et les biens cultuels ». Le syndicat se dit demandeur d’une « réforme globale de la législation des fabriques d’église qui soit moderne, innovatrice et cohérente, mais qui (les) maintient dans leur rôle de gérer les lieux de culte ». Or, les fabriques d’église, c’est un peu comme les bureaux de poste ou les commissariats de proximité, il y en a trop : 285 pour un peu plus de 400 lieux de culte, pour beaucoup délaissés par les croyants. La réduction de l’enveloppe que l’État allouera chaque année au culte catholique de son niveau actuel de 23  millions d’euros à 6,7 millions obligera à des arbitrages sur le maintien de certains lieux de culte et leur désacralisation. Faute de transparence des comptes, il y a une « mystification des finances des fabriques d’église », reconnaît le Syfel luimême, en contestant les chiffres avancés par le ministre de l’Intérieur sur les montants de l’intervention des communes pour combler le déficit des fabriques : 13,5 millions en 2015. Il y aurait « désinformation ». Le syndicat admet quand même l’absence de « chiffres fiables et vérifiables ». « Admettre une intervention communale de 13,5 millions d’euros pour cette année (2015, ndlr) pour les fabriques relève de la pure fantaisie d’un ministre », souligne-t-il. Paradoxalement, il soutient aussi que « malgré la non-vérifiabilité des chiffres avancés, on peut dire que ces montants ne sont pas disproportionnés par rapport aux retombées pour les communes et pour le commerce ». Histoire de dire que la messe du dimanche, les communions et les confessions apportent de l’eau bénite au moulin du commerce de proximité, des cafés du coin aux boulangeries.

La majorité a balayé d’un revers les considérations du Syfel, sans trop s’attarder sur les menaces de recours qu’il fait planer. Claude Haagen, président du LSAP et rapporteur du projet de loi, a survolé ces critiques. Pour lui, l’important, c’est que le parti socialiste, après des années de frustration à ronger son frein lorsqu’il gouvernait avec le CSV, a réussi – sous la coalition Gambie – à faire passer la première étape du divorce avec l’Église, l’étape ultime devant déboucher sur un semblant d’État laïc, à tout le moins d’une « neutralité absolue » en matière religieuse. EN RÉSUMÉ

Les communes ne vont plus devoir financer les déficits des fabriques d’église. Les catholiques de la base ont perdu leurs repères et le syndicat des fabriques d’église emploie les grands mots pour dénoncer les « spoliations » des lieux de culte. Le Syfel les compare aux nationalisations sous la Révolution française et aux exactions sous l’occupation allemande. Les grands mots pour de grands maux.



ÉCONOMIE & POLITIQUE

PROJET DE LOI SUR LES BAUX COMMERCIAUX

Contre-productif VÉRONIQUE POUJOL

L’interdiction des « pas-de-porte » risque de produire des effets pervers et peser encore sur le niveau des loyers.

SURVEILLANCE DES PRIX

UN OBSERVATOIRE Le projet de loi ne touche pas aux loyers et n’impose pas de système d’indexation ni de plafonnement, ce dont se félicite le patronat, pour lequel la simplification et l’accélération des procédures de mise sur le marché de nouveaux biens doit suffire à stabiliser les prix sur le marché locatif des locaux commerciaux. En cas de dérapage des prix, le ministre de l’Économie peut toujours adopter un règlement grand-ducal sur la loi de 2011 sur la concurrence pour plafonner les loyers. Pour surveiller les effets de la réforme, la Chambre de commerce propose, dans son avis sur le projet de loi, de créer un Observatoire des baux commerciaux (comme il en existe déjà un pour l’habitat), qui surveille l’évolution générale du secteur et formule des propositions en cas de dysfonctionnement.

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our la deuxième fois en deux mois, le Conseil de la concurrence fait la démonstration de son émancipation et retoque pour leur caractère liberticide des projets de loi en provenance directe du ministère de l’Économie, son ministère de tutelle. La première lame sabra en décembre dernier le projet de loi sur l’organisation des professions d’architectes et d’ingénieurs-conseils, dont il dégomma l’idée de maintenir les barèmes tarifaires. La seconde lame a touché, le 16 février, le projet de loi sur les baux commerciaux. Le ministre Étienne Schneider avait ressorti, à la rentrée de septembre 2015, des cartons du ministère des Classes moyennes, un texte rédigé par les services de l’ex-ministre CSV Françoise Hetto­-Gaasch, après les faillites retentissantes de la société FCPE des deux hommes d’affaires français Fred Castera et Pascal Einhorn deux ans plus tôt. La démarche du ministre relève du clientélisme, l’objectif affiché étant de combler un vide juridique pour protéger les locataires de locaux commerciaux, interdisant entre autres la pratique des « pas-de-porte » versés aux bailleurs. Le Conseil de la concurrence voit ce projet de loi un peu comme un Ovni règlementaire dans le paysage : « Si le projet de loi s’abstient de fixer carrément les prix du marché, écrit-il, certaines des mesures envisagées sont aussi contraignantes qu’un tel régime et elles entravent le fonctionnement normal des mécanismes de concurrence au sein d’une économie de marché et ne se justifieraient que dans des situations exceptionnelles. » Si une intervention du législateur pourrait encore se comprendre dans le domaine des baux à usage d’habitation, pour pallier une situation de pénurie de logements, cette incursion n’a pas lieu d’être sur le marché des baux commerciaux où les règles de la concurrence sont la norme : « Les bailleurs sont en concurrence pour trouver un locataire, les preneurs se font concurrence pour trouver un local », résume le Conseil de la concurrence. Le Luxembourg a-t-il vraiment besoin d’une nouvelle loi pour protéger le commerce traditionnel, soumettant les baux commerciaux à « un formalisme très poussé », s’interrogent les gardiens de la

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concurrence ? D’autant que les chiffres officiels ne confirment pas de baisse du nombre de commerces de détail (+2,9 % de taux de croissance annuel entre 2009 et 2015), qu’il existe peu de surfaces commerciales vacantes à Luxembourg et que les disparitions de certaines boutiques n’ont pas eu d’impact sur l’emploi. La Confédération luxembourgeoise du commerce jugeait elle-même, dans son avis, qu’il arrivait trop tard : c’est « un projet qui veut régler demain les problèmes d’hier ». Le Conseil de la concurrence craint que les « mesures intrusives » du texte aient un effet contre-productif, en protégeant les preneurs existants au détriment à la fois des bailleurs et des nouveaux entrants, « exclus d’un marché très cloisonné du fait de l’existence de barrières à l’entrée de type règlementaire ». Rien, économiquement, ne justifie la protection des preneurs existants et l’argument avancé dans l’exposé des motifs de mettre des barrières aux nouveaux entrants sous le prétexte qu’ils cherchent à s’installer « dans des lieux occupés pendant des générations par un preneur qui avait toujours honoré ses engagements » sonne curieusement dans la bouche d’un ministre de l’Économie qui pousse son pays à exploiter les ressources des astéroïdes.

EN RÉSUMÉ

Le Conseil de la concurrence demande au législateur de revoir la copie du projet de loi sur les baux commerciaux. L’interdiction des pas-de-porte risque de produire des effets pervers et renchérir le niveau des loyers.

GRAND -R UE Le projet de loi sur les baux commerciaux a été initié à la suite de la faillite de la société FCPE en septembre 2013.

J E S S I CA T H E I S

P

Le projet de loi sur les baux commerciaux relèverait d’une démarche déma­ go­gique, selon le Conseil de la concurrence.

Il est illusoire de croire qu’une loi, visant essentiellement le centre-ville de Luxembourg et son offre immobilière limitée, pourrait à la fois faciliter l’installation de nouveaux commerces et, dans le même temps, sécuriser les commerces déjà établis. « Pour cela, ironise le Conseil, il serait nécessaire de procéder à une extension de la Grand-Rue. » L’interdiction du pas-de-porte, versé au bailleur ou à un intermédiaire lors de la conclusion d’un contrat de bail, risque de produire des « effets pervers sous la forme d’une accélération de la hausse des loyers ». Le Conseil préconise d’ailleurs au gouvernement d’y renoncer. S’il n’a pas d’opinion sur le montant correct d’un plafond de la garantie locative (il est prévu de le limiter à trois mois), il accueille plutôt favorablement l’interdiction des mandats exclusifs accordés aux intermédiaires, mesure qui va, à ses yeux, ouvrir le marché et renforcer la concurrence. Il n’est pas persuadé, en revanche, de la pertinence de l’interdiction de la sous-location que l’exposé des motifs décrit comme une pratique abusive, voire « parasitaire », renchérissant les loyers des commerces. « En supprimant la sous-location, le projet supprimerait également une partie de l’offre sur ce marché et les bailleurs augmenteraient encore leur emprise. De ce fait, la sous-location est un facteur modérateur plutôt qu’un facteur de renchérissement des loyers ».



ÉCONOMIE & POLITIQUE

EN AT TENDANT LE TR AM

Casse-tête automobile au Kirchberg CA M I L L E F R AT I |

SV E N B E C K E R

Le tram, dont le premier tronçon entre Luxexpo et le Pont Rouge est attendu pour le 2e semestre 2017, concentre tous les espoirs d’amélioration de la mobilité sur le Kirchberg. D’ici là, la voiture reste le principal mode de transport, alors que les infrastructures routières atteignent leurs limites.

935.000

mètres carrés de bureaux, soit un tiers de la surface en bureaux du pays entier.

1966

L’année de l’inauguration du Pont Rouge et du Héichhaus, la tour de 22 étages du secrétariat du Parlement européen.

62.000

salariés sont attendus à long terme sur le ­plateau de Kirchberg.

365

hectares, la surface ­officielle du plateau de Kirchberg.

050 ­—

L

a métamorphose du plateau de Kirchberg s’est accélérée ces dernières années. Des entreprises aux institutions européennes, extensions et nouveaux bâtiments se succèdent, de la 3e tour de la Cour de justice de l’UE à la Bibliothèque nationale en passant par le nouveau bâtiment Konrad Adenauer. Près de 35.000 personnes travaillent sur le Plateau aujourd’hui. Elles pourraient être 44.000 en 2020, selon les prévisions du Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg. Pour autant, si les surfaces de bureaux se multiplient, les espaces de stationnement ne suivent pas. Le ratio d’une place pour 125 m2 de bureaux n’est pas négociable. Ainsi KPMG, qui emploie environ 1.400 personnes, n’a pu aménager que 134 emplacements sous son bâtiment. « Dans l’idéal, il nous en aurait fallu 220 ou 230 », concède Patrick Wies, head of public sector department chez KPMG. Idem chez EY, qui vient d’inaugurer son siège sur l’avenue Kennedy avec 100  emplacements pour 1.200 salariés. Les entreprises se tournent par conséquent vers les parkings publics pour compenser le manque de stationnements attitrés. « Nous louons des places sous la Philharmonie, à la Coque 2, à Auchan et aussi quelques emplacements dans une zone résidentielle », détaille Karl Chisman, head of facilities chez KPMG. Les places sont si disputées dans certains parkings de grandes entreprises que des salariés frontaliers arrivent à 4 h du matin et terminent leur nuit dans leur voiture pour être sûrs de trouver une place, tout en évitant les heures de pointe. Les salariés d’entreprises moins imposantes doivent, eux, composer avec le stationnement sur la voirie ou des parkings pris d’assaut. « Le parking Trois Glands (523 places) est quasiment saturé en permanence et le parking place de l’Europe (1.324 places) est de plus en plus occupé », indique le gestionnaire de parkings Indigo, avec « une nette augmentation depuis ces derniers mois. » Un peu plus loin, la Coque se sent aussi à l’étroit avec les 190 places du parking d’Coque  1, « largement insuffisant pour les 2.000 personnes qui visitent la Coque chaque jour », soupire Benoît Santiquian, chargé de

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UNE TRANSI TI ON D ÉLI CATE La mobilité douce règnera en maîtresse après 2017, mais d'ici là les salariés motorisés doivent prendre leur mal en patience.

communication de la société. D’autant que beaucoup d’entre eux ne peuvent venir en transports en commun, « qu’il s’agisse des utilisateurs de la fosse de plongée qui doivent transporter leurs bonbonnes, des sportifs et entraîneurs de haut niveau qui doivent emporter du matériel spécifique encombrant, des parents qui fréquentent les cours des bébés nageurs (plus de 200 par semaine). » Quant au parking d’Coque 2, il dispose de 395 emplacements occupés à 85-90 %. Parkolux ne communique pas le nombre de places louées à des entreprises, mais confirme l’existence d’une liste d’attente.

Serra, le (rond-)point noir

Plus à l’ouest, le parking Adenauer et ses 438 places affiche complet. Tout comme le stationnement situé sous le centre commercial Auchan, pourtant généreux avec ses 2.700 places. « Le taux d’occupation va de 85 à 100 % » avec des pics en période de soldes ou en fin d’année, indique Sophie Morlé, assistante de direction d’Auchan Kirchberg. « Nous n’honorons plus aucune demande » émanant d’entreprises – les rares stationnements réservés l’ont été en vertu de contrats anciens. En revanche, Luxexpo travaillerait sur un agrandissement de son parc de 900 places. Et le P+R Kirchberg passera dans les prochaines années de 250 à 500 places.

Le trafic est un autre sujet de préoccupation avec 30.000 véhicules qui débarquent chaque jour sur le Plateau… et qui en repartent. Le by-pass reliant le Kirchberg à l’autoroute A1 direction France et Belgique a soulagé quelque peu le trafic, mais toutes les attentes se concentrent sur la finalisation du rondpoint turbo avec des voies dédiées. Pas avant le mois de mai, indique le ministère du Développement durable et des Infrastructures. Tenir jusqu’en 2017 et l’arrivée du tram, voilà l’idée. La voiture ne sera plus reine sur le Plateau – et les mentalités changent déjà. Ainsi 900 des 1.400 salariés de KPMG bénéficient du mPass (un abonnement annuel destiné aux salariés et commercialisé directement par le Verkéiersverbond auprès des entreprises), tout comme 90 % des salariés d’EY. Les deux entreprises ont organisé la réflexion autour de la mobilité bien avant leur déménagement. « Nos collaborateurs sont plutôt jeunes et le fait d’utiliser leur propre voiture commence à avoir une autre connotation », remarque Patrick Wies. EY, de son côté, met des vélos à disposition. Quant à BGL BNP Paribas, elle a aménagé un parking avec douches pour les cyclistes et finance des navettes vers la gare et le P+R Sud. L’âge d’or de l’automobile a déjà commencé à pâlir sur le Kirchberg. EN RÉSUMÉ

La période de transition avant l’arrivée du tram s’avère délicate au Kirchberg, entre des capacités de stationnement saturées et un trafic infernal aux heures de pointe. Le virage vers la mobilité douce est déjà entamé.



ÉCONOMIE & POLITIQUE

ce travail de renseignement est « bien normal ». Mais il s’empresse aussitôt de préciser que Duarte et tous les autres n’ont rien à voir avec l’Islam. « Si c’est nous qu’ils étaient venus trouver, on leur aurait botté les fesses », affirme-t-il, rappelant – comme l’avaient déjà fait les imams des associations membres de la Shoura en décembre 2014 – que le véritable jihad « est la lutte pour l’excellence dans l’éducation, le travail et le bon comportement ». Du côté de l’administration judiciaire, on souligne que le cas de Steve Duarte fait l’objet d’un suivi depuis qu’il a quitté le territoire grand-ducal il y a deux ans. Et que, bien que de nationalité portugaise, il pourrait être poursuivi au Luxembourg pour ses activités terroristes, en tant que résident.

SURVEILLER LES ÉLÉMENTS

Le sixième jihadiste F R É D É R I C A N T ZO R N

Steve Duarte, un jeune Luxem­bourgeois d’origine portugaise, pour­rait compter parmi des membres de Daech mêlés à une exé­cu­tion dont les images ont été diffusées fin janvier. Il serait le sixième résident luxembour­geois à avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Radicalisé à Esch, il est dans le collimateur de la justice, vis-à-vis de laquelle il risque gros.

D

eux ans après avoir été filmé dans une rue de Luxembourg occupé à distribuer des exemplaires du Coran, Steve Duarte – un jeune Luxembourgeois d’origine portugaise – serait aujourd’hui l’homme qui, dans une vidéo diffusée le 31 janvier par Daech, menacerait l’Europe de nouveaux attentats terroristes. Il est donc déjà loin le temps où ce jeune homme de 27 ans domicilié un temps à Meispelt, dans la commune de Kehlen, vantait les mérites de l’Islam – y compris au futur Premier ministre Xavier Bettel qui l’avait croisé – au beau milieu de la Grand-Rue, vêtu de noir et arborant une longue barbe, entouré d’une poignée d’amis. Converti à l’Islam lors d’un voyage en Algérie en 2010, Steve Duarte a rejoint la Syrie courant 2014 et semble avoir gravi depuis lors quelques échelons au sein de l’État islamique, dont il assurerait aujourd’hui la communication,

cagoulé – dans la vidéo dans laquelle il apparaît – et comptant parmi les tueurs de cinq prisonniers en tenue orange présentés comme des « espions ». Où et comment Abu Al Muhadjir Purtughali – le nom de guerre qu’il porte dans cette vidéo – s’est-il radicalisé ? Nul ne le sait avec certitude aujourd’hui, même si une mosquée eschoise, l’Association multiculturelle de l’ouest (Amco), est pointée du doigt. Elle aurait déjà servi de relai entre l’État islamique et des candidats luxembourgeois au jihad, dont cinq au moins – parmi lesquels deux sont morts en Syrie – ont précédé Steve Duarte. Les services de renseignement luxembourgeois s’y sont déjà intéressés, comme ils surveillent de près les activités d’autres associations et des 11 lieux de culte enseignant l’Islam à travers le pays. « Oui, nous avons des contacts avec la police ou la justice », reconnaît un responsable associatif musulman, selon lequel

Pas de déchéance de nationalité

« Si c’est nous qu’ils étaient venus trouver, on leur aurait botté les fesses. » Un responsable associatif musulman

STEVE D UAR TE Le jihadiste luxembourgeois, qui aurait été identifié sur cette photo, aurait aujourd'hui pour nom de guerre Abu Al Muhadjir Purtughali.

Au Luxembourg, selon la loi du 13 août 2003, le simple fait de faire partie d’un groupe terroriste est punissable – même si la personne n’a pas l’intention de commettre une infraction ni de s’y associer comme auteur ou complice – d’une peine de 1 à 8 ans de prison. Et s’il s’agit de crimes, des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité peuvent être prononcées pour des actes commis sur le territoire national ou celui de n’importe quel autre État. Pour autant, alors que le débat a suscité de vives réactions en France il y a peu, un terroriste luxembourgeois ou résident peut-il être déchu de la nationalité luxembourgeoise ? « La déchéance de la nationalité ne figure pas dans notre Constitution », affirme Jeannot Berg, conseiller de gouvernement au ministère de la Justice, soulignant qu’elle est seulement régie par les articles 15 à 18 de la loi sur la nationalité, en cours de réforme et qui ne sera pas modifiée sur ce point. Pour les Luxembourgeois, elle ne peutêtre prononcée « car prohibée dans toutes les hypothèses à l’apatridie », précise Jeannot Berg. Pour les binationaux, cette déchéance ne peut intervenir que si la nationalité a été obtenue de manière frauduleuse. Autrement dit sur la base d’une fausse affirmation, une fraude ou une dissimulation de faits importants, sur celle d’un faux ou d’un usage de faux, ou de l’usurpation d’un nom, en complément d’une reconnaissance de culpabilité par un tribunal en dernière instance, ce qui n’a plus été le cas depuis plus de 10 ans, note encore le conseiller au ministère de la Justice.

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YO U T U B E

EN RÉSUMÉ

Steve Duarte, un jeune Luxembourgeois d’origine portugaise, a été repéré sur une vidéo de propagande mortifère diffusée par Daech. S’il ne risque pas la déchéance de nationalité – une mesure qui n’existe pas au Luxembourg – il encourt au minimum une peine de un à huit ans de prison.



ÉCONOMIE & POLITIQUE

INDUSTRIE SPATIALE

Les astéroïdes comme nouvel horizon JEAN - MICHEL HENNEBERT

La volonté du Luxembourg de se lancer dans l’exploitation de ressources spatiales, annoncée par Étienne Schneider, a été une surprise sur le plan international. Outre les métaux précieux, les enjeux portent également sur l’exploitation de l’eau présente dans l’espace. Les astéroïdes pouvant servir de «station-service» pour les fusées. Les retombées potentielles de cette nouvelle industrie s’élèvent à plusieurs milliers de milliards de dollars, mais sans certitudes tant les défis à relever restent de taille.

L

es ambitions économiques du Luxembourg n’ont plus de limites. Pas même celles de l’espace. » C’est en ces termes qu’a été interprété par la presse internationale le projet dévoilé début février par Étienne Schneider, ministre de l’Économie. Le Grand-Duché entend donc écrire un chapitre encore inédit de l’histoire de son industrie spatiale, en passant du stade de l’exploration du système solaire à celui de son exploitation. Devancé de quelques mois par Barack Obama et son « Space Act » qui accorde à tout Américain ou société américaine l’usage commercial des matériaux issus de la Lune ou de corps célestes, le Luxembourg veut profiter à la fois de son expérience et de sa flexibilité pour briller dans l’économie céleste. Cela passera tout d’abord par la mise en place d’« un cadre législatif adapté ». Cet ensemble à venir de lois uniques en Europe devra non seulement garantir la propriété des matériaux collectés au secteur privé, mais se devra aussi d’être suffisamment attractif pour faire venir au Luxembourg les acteurs tentés par cette nouvelle activité. Un défi confié à la chaire de droit de l’Uni, qui s’avère d’autant plus ambitieux que le gouvernement s’est engagé à ne pas avoir recours à des mesures d’incitation fiscale pour accélérer le mouvement. Les experts de participent donc à l’élaboration d’un plan d’action destiné à faire émerger une activité de forage et d’exploitation des ressources des astéroïdes qui, de l’aveu même du ministre, est estimée à plusieurs milliers de milliards de dollars.

Du concret dans les 15 prochaines années

Les autorités espèrent ainsi que cette manne financière puisse fructifier sur le territoire luxembourgeois. Non seulement via l’implantation d’entreprises de pointe du secteur, mais aussi par la prise de participation directe de l’État dans les sociétés les plus prometteuses ou par des investissements dans les projets les plus novateurs. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle mise en place autour du futur satellite de communications gouvernementale et militaire 054 ­—

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LuxGovSat, développé en joint venture avec le pionnier du spatial luxembourgeois : SES. « L’objectif premier est d’attirer les activités de recherche et développement et de faire le lien avec les sociétés déjà implantées au Luxembourg », assure Paul Zenners, porte-parole du ministère de l’Économie. Et les premiers échos semblent positifs, puisque depuis l’annonce officielle, « plusieurs dizaines » de candidatures, issues tant de sociétés que de fonds d’investissements, sont parvenues à l’administration du boulevard Royal. Mais les défis à relever avant de toucher au nouveau Graal spatial restent encore nombreux. Pour y parvenir, le gouvernement a choisi de s’entourer d’experts du secteur pour les relever, dont le premier à être rendu public n’est autre que Jean-Jacques Dordain, ancien directeur de l’Agence spatiale européenne. Huit mois après avoir quitté ses fonctions, il est devenu l’un des conseillers spéciaux luxembourgeois, prenant part au board de spaceresources.lu, nom de code du projet luxembourgeois. Joint par

Paperjam, M. Dordain estime que « chacune de ces étapes est à portée de main techniquement », même si l’exploitation de nickel, de platine ou d’eau n’est pas attendue dans l’immédiat. « Les premières réalisations concrètes pourraient intervenir au cours des 15 prochaines années », estime pour sa part Yves Elsen, président du Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace. Jean-Jacques Dordain, lui, se veut plus optimiste en assurant que « des synergies pourraient être trouvées avec d’autres industries à court terme », en pensant notamment à l’industrie des forages sous-marins. « Les techniques utilisées sont les mêmes, seul le voyage change », assure-t-il.

L’eau, ce véritable enjeu

Se poser sur un astéroïde, exploiter sa surface et éventuellement ramener les matériaux obtenus sur Terre nécessite non seulement le développement de nouvelles technologies, mais aussi la mise en place de techniques de détection pous-


ÉCONOMIE & POLITIQUE

SCHÉMA D’EXPLOITATION MINIÈRE POSSIBLE Comme proposé par Deep Space Industries

1. Prospection Équipés de sondes de 30 cm de long, les engins de forage seront envoyés sur des astéroïdes spécifiques, analysés en amont.

2. Récolte Des engins robotisés recueilleront les matériaux collectés avant de les envoyer sur une base, située en orbite terrestre.

3. Traitement Le vaisseau spatial placé autour de la Terre traite les matériaux bruts et les stocke.

4. Fabrication

S O U R C E  : B RYA N V E R S T E EG  /  D E E P S PAC E S I N D U S T R I E S

Utilisant les propriétés de l’apesanteur, différents objets sont créés à partir des matériaux collectés. L’impression 3D devrait jouer un rôle majeur dans ce processus.

sées des cibles à explorer. Sur les 700.000 astéroïdes identifiés à ce jour, seuls 10.000 seraient à une distance raisonnable de la Terre, et donc potentiellement exploitables « rapidement ». En revanche, aucune donnée scientifique ne permet pour le moment d’assurer que chacun d’entre eux possède des matériaux intéressants, encore moins en quantité suffisante pour justifier une telle opération minière. « Il y a effectivement un énorme travail de cartographie à réaliser, sans compter la nécessité d’obtenir encore plus de données sur l’analyse de la composition des astéroïdes pour déterminer quelles seront les ressources exploitables », reconnaît Yves Elsen. Même si la présence avérée de minéraux a un intérêt économique évident, l’exploitation de l’eau présente sur ces corps célestes serait toutefois le véritable enjeu de cette nouvelle aventure spatiale. Composée de molécules d’oxygène et d’hydrogène, elle pourrait servir non seulement d’élément vital pour permettre la vie dans le cadre de l’exploration spatiale, mais aussi

d’élément moteur pour cette dernière, l’hydrogène servant de comburant aux engins spatiaux qui pourraient ainsi dépasser les limites actuelles en se servant des astéroïdes comme de stations-service.

Une stratégie menée étape par étape

Selon Chris Lewicki, président de Planetary Resources, société américaine spécialisée dans les techniques spatiales d’exploitation minière, la valeur de ce marché potentiel est estimée à un billion de dollars. Soit un million de millions de dollars. Pas étonnant dans ce contexte que plusieurs acteurs majeurs aient d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour le projet luxembourgeois. Outre Planetary Resources, l’américaine Deep Space Industries, implantée depuis l’été dernier au Grand-Duché avec son quartier général européen, se trouve également sur les rangs. Deux acteurs à la pointe de l’innovation qui ont réussi certaines étapes indispensables aux ambitions grand-ducales, comme l’utilisation de miné-

raux d’astéroïdes ou la réalisation d’une manœuvre orbitale entre deux satellites sans intervention humaine. Deux premières mondiales qui devraient avoir leurs conséquences appliquées, sous une forme ou sous une autre, au projet luxembourgeois. Présenté comme « une stratégie qui ne pourra être menée qu’étape par étape » et qui devra « nécessiter bon nombre de ressources », le projet ne devrait cependant pas générer un nombre spectaculaire d’emplois. Quelques centaines dans le meilleur des cas. De quoi peut-être faire franchir, dans les années à venir, le cap des 1.000 personnes travaillant dans un secteur qui en compte actuellement 750, réparties dans deux instituts de recherche et une vingtaine de sociétés. EN RÉSUMÉ

En se positionnant comme un pionnier de l’exploitation spatiale, le Luxembourg entend développer une nouvelle activité de son industrie. Objectif : refaire le pari réussi de SES et confirmer son statut de pays novateur.

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ÉCONOMIE & POLITIQUE

PÉNURIE DE LOGEMENTS

Hantise du vide CA M I L L E F R AT I

Déi Lénk a lancé une initiative controversée, invitant tout un chacun à signaler les habitations vides ou abandonnées. Derrière ce coup d’éclat se cache une question cruciale dans la problématique du logement au Luxembourg : comment inciter les propriétaires à mettre leurs biens inoccupés en location ou en vente ?

U

ne carte du Grand-Duché, des points bleus, rouges et jaunes, un slogan percutant – « Hei ass nach Plaz » (Il y a encore de la place ici) : le parti Déi Lénk jette un pavé dans la mare avec sa page internet wunnen.déi-lénk.lu. « Chacun(e) est appelé(e) à nous envoyer des exemples de logements qui sont vides depuis un bon moment et de terrains servant à la spéculation, ainsi que des exemples de prix immobiliers exorbitants et de logements de luxe », explique ladite page, qui appelle « les communes et le gouvernement à enfin prendre leurs responsabilités ». On se rappelle qu’à l’été 2014, le site allemand leerstandsmelder.de avait publié une carte similaire pour le Grand-Duché, pointant et détaillant une soixantaine de logements vacants. Une initiative qui ne dura que quelques jours, un échange avec la ministre du Logement de l’époque – Maggy Nagel – ayant convaincu le collectif citoyen à l’origine de cette carte de son caractère contre-productif. « C’est une belle blague, mais en pratique ça ne peut pas fonctionner, réagit aujourd’hui Marc Lies, député-bourgmestre CSV d’Hesperange, devant la page de Déi Lénk. D’où proviennent toutes ces données ? Car déjà dans ma commune de 15.000 habitants, nous avons du mal à détecter les logements qui ne sont pas habités. » De son côté, le député LSAP Yves Cruchten y voit, derrière une idée « à première vue sympathique, un appel à dénoncer d’autres citoyens ». Sans oublier la protection de la vie privée alors que la caméra de Google Street View avait été mal accueillie dans le pays il y a quelques années. « J’ai eu un appel d’une personne furieuse, car la maison dans laquelle elle fait des travaux est signalée sur le site et quelqu’un est venu la cambrioler. » Pour l’ADR, c’est « le retour de la DDR » (l’Allemagne de l’Est). « La situation privée des propriétaires est souvent beaucoup plus complexe que ces affirmations grossières », rappelle aussi Marc Ruppert, secrétaire général du DP. Ce peut être une personne 056 ­—

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âgée partie vivre en maison de retraite, mais qui espère toujours retourner chez elle. Ou le logement peut être habité malgré son apparence décatie. Il n’en reste pas moins que les communes et l’État peinent effectivement à ramener les biens non exploités sur le marché. Il y aurait ainsi

« Il faut sensibiliser les propriétaires pour qu’ils remettent leur bien sur le marché. » Yves Cruchten député LSAP

10.000 à 20.000 logements vides dans le pays. Déi Lénk préconise de frapper au porte-monnaie avec une taxation doublée chaque année pour les logements sortis du marché locatif comme pour les terrains en friche, sous peine d’expropriation.

Des propriétaires à convaincre

L’ADR s’en tient à la loi de l’offre et de la demande. « S’il y a assez de logements, les loyers et les prix de vente vont revenir à des niveaux raisonnables. » Et à Luxembourg, « il y a un phénomène de passage car 10 % de la population se renouvelle chaque année », les nouveaux arrivants quittant la capitale au bout d’un an au vu des loyers exorbitants. L’ADR appelle enfin à une réduction drastique de la durée des procédures de construction. Le DP juge aussi qu’il faut lever certains obstacles, comme des études environnementales trop contraignantes. Pour le reste, certaines

recettes ont fait leurs preuves, comme le programme « Baulücken », qui a identifié 995 hectares de terrains à viabiliser. « Or ces emplacements sont pour 82 % en main privée », souligne Marc Ruppert. Une initiative similaire dans le Land de Bade-Wurtemberg avait permis de rendre 20 % des terrains à la construction, après discussions entre les autorités et les propriétaires. « Il faut sensibiliser les propriétaires pour qu’ils remettent leur bien sur le marché, renchérit Yves Cruchten. Dans une deuxième phase, il faudra réfléchir à des taxes communales » - comme celles déjà en vigueur à Eschsur-Alzette et Diekirch. De son côté, le CSV ne soutient pas la taxation des propriétaires, pointant une insécurité juridique – il préférerait des incitatifs fiscaux. « Il vaut mieux accélérer le retour des logements sur le marché, estime Marc Lies. Il faut donner plus de moyens financiers à l’agence immobilière sociale qui garantit aux propriétaires que le logement soit loué et rendu dans un état propre et convenable. » C’est dans cette même optique que les communes de Differdange, Käerjeng, Pétange et Sanem ont créé une agence immobilière sociale commune en 2014. « En huit mois, elle a trouvé 40 appartements ou maisons vides » qui sont maintenant habités, se réjouit Roberto Traversini, député-bourgmestre Déi Gréng de Differdange. « Beaucoup de propriétaires avaient eu de mauvaises expériences. Nous les appelons personnellement ou leur envoyons une lettre et ça marche. » La coopération semble donc la bonne voie pour libérer des terrains ou des habitations inexploités. Mais ce ne peut être qu’une des clés pour régler durablement la crise du logement au Grand-Duché. EN RÉSUMÉ

L’appel de Déi Lénk à signaler les habitations vides souligne la difficulté pour l’État et les communes de convaincre les propriétaires de remettre leurs biens sur le marché, alors que la pénurie de logements fait flamber les prix de vente et les loyers.



ÉCONOMIE & POLITIQUE

11 C’est le nombre de projets réalisés par le Fonds Belval pour donner vie à la Cité des sciences et la terrasse des hauts fourneaux. Le nombre grimpe à 14 si on y ajoute le Lycée Belval, le pavillon Skip et le List.

FONDS BELVA L

« Davantage relier le site à Esch » F R É D É R I C A N T ZO R N |

ERIC CHENAL

Luc Dhamen, directeur du Fonds Belval depuis juillet 2015, évoque la masse de projets déjà réalisée, ceux en cours et d’autres en gestation. Pour que le site ne reste pas isolé, il plaide pour une liaison urbanistique à réaliser avec la Métropole du fer.

V

ous avez été nommé en juillet dernier à la tête du Fonds Belval pour prendre l a s u c c e s s i o n d ’A l ex Fixmer. Quel a été votre parcours auparavant ? l u c d h a m e n Je suis architecte de formation. J’ai intégré en 1994 l’Administration des bâtiments publics jusqu’à en devenir le directeur adjoint. J’ai notamment œuvré pour la division des travaux neufs où nous avons mené pas mal de projets innovants, comme la construction de l’Atert-Lycée, premier lycée de la nouvelle génération. Qu’est-ce qui vous a motivé à postuler à la direction du Fonds Belval ? Avant toute chose, j’estime que chaque changement ou chaque challenge est toujours intéressant. Celui du Fonds l’est 058 ­—

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d’autant plus que Belval est un site phare dont on n’a pas encore complètement usé du potentiel, si je peux le dire comme ça !

Petit rappel utile… Quelles étaient a u p a r av a n t e t q u e l l e s s o n t aujourd’hui les missions du Fonds Belval ? Sa mission initiale, telle que précisée en 2002 lorsque le Fonds a été institué, est de construire sur la friche industrielle de Belval, appartenant à l’État, les équipements et les infrastructures d’un nouveau quartier. Cela a débuté par la construction de la Rockhal, il y a 10 ans, puis du Lycée Belval, ainsi que des bâtiments sur la terrasse des hauts fourneaux, dont les trois principaux sont la Maison du savoir, la Maison de l’innovation et la Maison des

LUC D HAM EN Architecte de formation, l’ancien directeur adjoint de l’Administration des bâtiments publics dirige depuis juillet 2015 le Fonds Belval.

sciences humaines (occupées par l’Université, ndlr). Depuis la loi votée à l’automne dernier, cette mission a été étendue à l’entretien, à la maintenance et à l’exploitation des bâtiments réalisés, y compris les parkings, les deux centrales de froid et la grande salle du centre de conférence de la Maison du savoir.

Quels sont les projets en cours ? Pour ceux en cours de réalisation, il y en a cinq pour l’Université : les deux laboratoires – les Maisons des matériaux I et II –, la Maison du nombre, celle des arts et des étudiants, ainsi que la bibliothèque de l’Université qui sera la Maison du livre. En tout, cela représente près d’un milliard d’euros investis depuis le début. Sur quels chantiers vous projetez-vous désormais ? Nous allons lancer cette année les études concernant trois nouveaux projets. Il s’agit de deux nouveaux bâtiments qui devraient prendre place du côté nord de la Maison du savoir – qui seront la Maison de l’environnement I et II – et d’un troisième qui sera un centre sportif régional destiné à l’Université et au Lycée Belval, mais aussi à d’autres lycées et à des clubs sportifs de la région, selon les besoins. Et au-delà ? Plus loin, du point de vue de ce quartier de ville qui a été créé et qui ne doit pas rester une île – et après que le lien avec Belvaux a été réalisé avec le parc, le lycée et les constructions de logements –, il va falloir songer à plus long terme à ce qu’il soit relié aussi à Esch-sur-Alzette. Le train, à un rythme d’un toutes les 15 minutes, qui équivaut presque à celui d’un tram, remplit déjà cette fonction. Mais d’un point de vue urbanistique, il est nécessaire de poursuivre le développement du site vers Esch. S’agissant des bâtiments, les Archives nationales pourraient rejoindre Belval, selon une décision qui ne devrait plus trop tarder. Et on songe aussi à un bâtiment phare en matière de développement durable. Il permettrait d’exposer vers l’extérieur ce que nous savons faire en matière de construction durable – philosophie qui anime le site – et, au-delà de son utilisation, pourrait aussi servir de laboratoire pour l’Université et les centres de recherche. En tant que centre d’excellence, ce serait aussi une opportunité pour l’artisanat. Et pour l’emploi en général. EN RÉSUMÉ

Architecte de formation, Luc Dhamen trouve à Belval une friche sur laquelle il reste encore de nombreuses opportunités. À la direction du Fonds Belval, il entend insuffler la dynamique nécessaire à ce site symbolique.



MEDIA AWARDS

MEDIA AWARDS 2016

De l’idée à la consécration T H I E R RY R A I Z E R |

JA N H A N R I O N E T PAT R I C IA P I T S C H

Les 3e Media Awards ont mis à l’honneur la créativité publicitaire made in Luxembourg. 850 personnes : la communauté de la communication et de nombreux annonceurs ont rejoint la Rockhal le 3 février. Carton plein pour « The Legend », la campagne imaginée par Nvision pour les Sources Rosport, qui remporte le Gold en Radio, TV / Cinéma et Cross-Media.

C'

est dans une Rockhal une fois de plus métamorphosée que les professionnels de la communication, dont de nombreuses agences, ainsi que les annonceurs se sont retrouvés le 3 février pour l’édition 2016 des Media Awards. Une troisième cérémonie du genre concoctée par Maison Moderne et RTL qui a, comme le veut son principe, récompensé les meilleures créations publicitaires « above the line ». Des pubs made in Luxembourg qui ont été départagées par un jury (voir p. 70) présidé cette année par Eric Hollander, fondateur de l’agence bruxelloise Air Brussels. Revivez dans les pages suivantes les moments forts de la soirée avec la présentation des gagnants, du jury et de son coup de cœur. Clients et agences échangent également sur les recettes pour parvenir à une affiche qui percute, à un spot qui fait mouche. (voir p. 72) Enfin, notre photographe et collaborateur Mike Zenari a promené son objectif pour immortaliser la vie et la genèse d’un événement unique en son genre et qui met aussi à l’honneur l’expertise de partenaires fidèles du secteur événementiel (p. 76-85). Toutes les publicités du palmarès 2016 sont publiées sur le site www.media-awards.lu 060 ­—

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MEDIA AWARDS

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MEDIA AWARDS

CROSS MEDIA GOLD

Annonceur Sources Rosport Projet  The Legend Agence  Nvision

Crédits  Nvision (brand universe, brand image, communication concept and digital platform). Lucil Film (movie production).

Annonceur Médecins Sans Frontières

SILVER

Projet  Accès aux soins Agence  Bizart Crédits  Nelly Schell. Danielle Dichter.

Annonceur Fedam

BRONZE

Projet  Miwwelfestival 2014 Enterrement de vos meubles Agence  Moskito Crédits  Peter Becker (creative director). Tom Retter (concept). Carole Retter (project manager).

BRONZE

Annonceur ING Luxembourg Projet  App Finger ING Agence  Ierace | Dechmann + Partners Crédits  Samy Guenane (DC, copywriter). Fanély Gouguet (account manager, copywriter). Pietro Namèche (DA). Etienne Delorme et Didier Chandelon (webdesign).

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MEDIA AWARDS

INTERNET Annonceur Autocenter Goedert Projet  Car Wash

GOLD & PUBLIC

Agence  Binsfeld Crédits  Julien Renault (senior art director). Heiko Riemann (video producer). Nathalie Nunes (account manager).

Annonceur Chambre des métiers

BRONZE

Projet  Home & Living Expo 2015 Agence  Vous Crédits  André Hesse, François Leclerc & David Solito (direction). Ghislain Giraudet (directeur artistique). Frank Kaiser (content manager). Fiona Pierlot (strategic planner). Annonceur Luxair

SILVER

Projet  Rich Media Agence  Vous Crédits  André Hesse, François Leclerc & David Solito (direction). Aurélien Luiselli (responsable marketing). Ghislain Giraudet (directeur artistique). Frank Kaiser (content manager). Fiona Pierlot (strategic planner). Joke Vandersteen (motion designer).

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MEDIA AWARDS

RADIO Annonceur Sources Rosport Projet  The Legend

GOLD & PUBLIC

Agence  Nvision

„Ech sinn d’Quell vum Liewen! Ech si Waasser!“

Crédits  Nvision (brand universe, brand image, communication concept and digital platform). Lucil Film (movie production).

SILVER

„Mir kréien elo grad matgedeelt dat de Boxemännchen an d’Boxemeedchen Zwillinge kréien!“

Annonceur Fischer Projet  La grossesse de Boxemeedchen Agence  Mikado Publicis Crédits  Matthieu Dusart (creative director). Vincent Finck & Lionel Scholtes (art directors). Vincent Jeunejean (digital media manager). Vanessa Buquet (senior account manager). Maxime Di Pietrantonio (cross media consultant).

Annonceur Boonchu

BRONZE

Projet  Campagne de lancement 2015 - « fed-up ? » Agence  Addedvalue Crédits  Frantz d’Huart (concept). Andrea Arpetti (production et composition musicale).

„Eischt Phase Casual Konzept ‘Made by Luxembourg’.“

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MEDIA AWARDS

TV CINÉMA Annonceur Sources Rosport Projet  The Legend

GOLD & PUBLIC

Agence  Nvision Crédits  Nvision (brand universe, brand image, communication concept and digital platform). Lucil Film (movie production).

Annonceur Grain de Sable

BRONZE

Projet  Time to stop time Agence  IP(!)PRODUCTIONS Crédits  Frédéric Thill (IP(!)PRODUCTIONS) (concept, direction artistique, production). Jean-Louis Billard (digital golem – réalisation 3D).

SILVER

Annonceur Ministère de l’Égalité des chances Projet  Il est urgent d’évoluer

Agence  Ierace | Dechmann + Partners Crédits  Samy Guenane (DC). Fanély Gouguet (copywriter, strategic planning). Jean-Marie Weitzel (adaptations LU). Etienne Delorme (DA, photographie).

Annonceur Fedam

BRONZE

Projet  Miwwelfestival 2014 – Enterrement de vos meubles Agence  Moskito Crédits  Peter Becker (creative director). Tom Retter (concept). Carole Retter (project manager).

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MEDIA AWARDS

PRESSE BRONZE

Annonceur SecurityMadeIn.lu Projet  Trophées de chasse Agence  Lola communication Crédits  Paulo Tomas (creative director). Laurent Graas (strategic director). Filipe Oliveira (project coordination).

Annonceur Voyages Emile weber

BRONZE

Projet  L’art de vous faire voyager Agence  Comed Crédits  Team Comed.

Annonceur Musée national d’Histoire et d’Art

PUBLIC

Projet  No more excuses Agence  101 Studios Crédits  Marc Laroche & Daniel Clarens (creative directors). Claire Thill (junior art director).

Annonceur Médecins Sans Frontières

SILVER

Projet  Accès aux soins Agence  Bizart Crédits  Nelly Schell. Danielle Dichter.

Annonceur ING Luxembourg

GOLD

Projet  Trois lettres qui font toute la différence Agence  Ierace | Dechmann + Partners Crédits  Samy Guenane (DC). Pietro Namèche (DA). Fanély Gouguet (copywriter). Frédéric Cousin (ING Luxembourg - marketing).

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MEDIA AWARDS

PRESSE B2B

Annonceur Telindus Telecom

BRONZE

Projet  U-touch

Agence  Comed

Crédits  Didier Leclercq (directeur de création). Jérôme Rudoni (copywriter).

Crédits  Team Comed.

GOLD

Projet  Manger sainement Agence  Ierace | Dechmann + Partners Crédits  Samy Guenane (DC, copywriter). Pietro Namèche (DA). Fanély Gouguet (copywriter). Camille Soumoy (account manager).

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SILVER

Projet  Changement de nom

Agence  Concept Factory

Annonceur Grosbusch Marcel & Fils

Annonceur Inowai

LE JURY 2016 Le jury de cette année était formé d'Astrid Agustsson (Ville de Luxembourg), Yves de Voeght (Coca-Cola Services – Belgium), Johan Vandepoel (ACC Belgium), Danielle Igniti (Centre culturel et d’art visuel de la Ville de Dudelange), Guy Daleiden (Film Fund Luxembourg), Eric Hollander (président du jury, Air Brussels), et Will Kreutz (Atypical, Solarwood).



MEDIA AWARDS

SECRETS DE PUB

Un Award, ça se prépare ! T H I E R RY R A I Z E R |

MAISON MODERNE

Les raisons qui conduisent au succès d’une publicité sont multiples, mais ne doivent rien au hasard. De l’idée de base à la déclinaison sur différents canaux, les professionnels se sont prêtés au jeu de la livraison des recettes d’un succès.

P

ourquoi certaines pubs demeurent-elles dans la mémoire collective ? Pourquoi certains slogans sont-ils entrés dans la vie quotidienne de tout un chacun ? Si l’émotion déclenchée auprès des consommateurs, qu’ils soient auditeurs, lecteurs, spectateurs ou internautes, est l’une des clés du passage de la publicité lambda à une création unique, les raisons du succès vont au-delà. À la lumière du palmarès des Media Awards 2016, Paperjam est retourné auprès des créatifs pour tenter de connaître leurs secrets de fabrication qui font mouche. Pour Laurent Graas, partner et strategic director de l’agence Lola, il s’agit avant tout de délivrer un « message clair, percutant », grâce à un « ton de communication, audacieux, interpellant », sans oublier une « touche d’humour ». Un « lien concret avec la cible est aussi nécessaire », de même, dans une société inondée par les messages visuels, qu’une attention à un « design clair », ainsi qu’une « typo lisible, adaptée au visuel ». L’agence Lola a remporté un Bronze avec la campagne presse Trophées de chasse réalisée pour Security Made in Lëtzebuerg.

Simplicité, avant tout

Cette référence au design clair et lisible est le signe que la simplicité demeure un code essentiel de la communication. « Un consommateur n’achète ni un magazine, ni un quotidien pour lire les publicités, constate Luc Bolsius, partner et business & media manager au sein de l’agence Ierace | Dechmann + Partners (IDP). L’aspect le plus important est le côté 072 ­—

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informatif et interpellant d’une annonce. En deuxième position vient le ton de communication : son audace, son humour, la sensibilisation. Ensuite, il faut avoir une idée simple, qui casse les codes classiques de la communication. Plus une idée est simple, plus elle est percutante ! » Une idée qui devra ensuite être prolongée et réalisée sur le plan graphique. Un aspect rigolo pour attirer l’attention ; une mise en avant « de nos atouts » en effectuant un comparatif avec des produits non sains ; un concept « très figuratif et donc facile à comprendre » ont présidé à la campagne Fruit@Office de l’entreprise Marcel Grosbusch & Fils, leader de la distribution de fruits et légumes au Luxembourg et en Grande Région. Le but de la campagne, conçue par IDP et qui a reçu un Gold en Presse B2B, était de promouvoir davantage la nourriture saine sur le lieu de travail. « L’idée de cette conception est venue pendant un petit-déjeuner lors d’un workshop ; on ne proposait que des viennoiseries ! De là est née l’idée de la campagne… », se rappelle Goy Grosbusch, responsable marketing & développement de l’entreprise familiale. Exercice plus difficile, mais ô combien gratifiant pour l’agence en cas de réussite, la campagne cross-media nécessite une approche globale dès le départ. « Une bonne campagne cross-media débute normalement avec une bonne idée s’axant sur un seul support », note Carole Retter, CEO de Moskito, qui a remporté deux Bronzes (TV / Cinéma et Cross-Media) pour la campagne Miwwelfestival 2014 – L’enterrement de vos meubles.

T V/C I N É M A

QUESTION DE MÉTHODE Carole Retter, CEO de Moskito, partage les éléments clés pour un bon spot TV / Cinéma. - Définir le but de la campagne (vente, notoriété, image...) ; - Établir la cible et ses besoins, coutumes, etc. ; - Brainstormer intensément en agence ; - Retenir des scénarios qui arrivent à toucher les émotions de la cible ; - Prendre soin du casting (acteurs, voix off) et de la location search ; - Collaborer étroitement avec le client ; - S’appuyer sur une postproduction élaborée ; - Ne pas oublier l’importance du son !



MEDIA AWARDS

CASE STUDY

UNE PUBLICITÉ DÉJÀ « LÉGENDAIRE »

« Pour que la campagne marche ensuite sur d’autres médias, une adaptation s’impose, relève Carole Retter. Par exemple, la plupart des campagnes nécessitent un texte différent pour un spot radio et pour un spot TV – les images parlent différemment que l’audio. Même chose pour le print. » L’efficacité de l’adaptation tient donc à la capacité du public à reconnaître immédiatement la campagne sur l’entièreté des supports. « L’idée à la base doit se décliner aisément en TV / cinéma, radio, presse, web et affichage, ajoute Luc Bolsius. À l’instar de la plomberie, il faut que tous les touchpoints soient connectés entre eux. Quand on y arrive, on affine le message de la campagne et la direction artistique selon le média, afin que la campagne ait le plus d’impact possible. » Cet impact tient parfois à peu de choses, en fonction du média, dépendant aussi de l’annonceur et de l’industrie ou du secteur dans lequel il est actif. Préférant mettre en avant sa réputation et son branding plutôt qu’un produit, la banque ING a, pour son activité private banking, opté pour un jeu de mots. Ou plutôt de lettres. Avec la campagne Trois lettres qui font la différence. « L’objectif était de promouvoir notre activité private banking en donnant une identité propre à ce métier, tout en ‘restant ING’, explique Bárbara Daroca, head of marketing & 074 ­—

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direct channels chez ING Luxembourg. Nous avons demandé une campagne qui incite les consommateurs et qui les interpelle. Une mission très difficile, mais qu’on a bien réussie, je pense ! » La campagne a d’ailleurs reçu le prix Gold en catégorie Presse. Même collaboration avec l’agence Ierace | Dechmann + Partners, sur le canal Internet cette fois, afin de présenter App Finger. « Communiquer sur l’appli mobile ING, surtout quand on a l’appli bancaire la mieux notée, est pour nous une opportunité d’utiliser un style de communication plus décalé », ajoute Bárbara Daroca. « La publicité ne doit pas être vue comme une dépense, mais un investissement », rappelait le Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel, lors de son intervention durant les Media Awards. Les investissements publicitaires ont justement fait l’objet d’une étude poussée en Belgique par le cabinet local de Deloitte. Il en ressort qu’un euro dépensé en publicité génère en moyenne cinq euros de retombées pour l’économie, soit autant d’emplois directs et indirects qui dépendent du secteur. « La publicité peut jouer un rôle essentiel dans l’accélération de la croissance de nouvelles entreprises et des idées », estime l’étude. Dépense ou investissement, c’est selon, et c'est à mesurer avant concrétisation.

« Souvenez-vous, c’était un certain jeudi de novembre, en 2014. Un étalon noir était lâché sur nos écrans de cinéma, de télé et de téléphone. Très vite, ce cheval estampillé Sources Rosport, sorti tout droit du logo restylé de la marque et lancé au galop dans un décor désaturé, allait alors devenir une image culte dans notre ‘inconscient publicitaire’ collectif, indiquait Jérôme Rudoni, du blog adada.lu, consacré à la publicité. Une image d’autant plus forte qu’elle apparaît dans un paysage trop rarement surprenant, submergé par les productions low cost et ‘IPéesque’. » Cette publicité, de 1’30’’ et tournée en cinémascope, a véritablement été plébiscitée par le jury des Media Awards qui lui a attribué trois prix Gold (Radio, TV / Cinéma et Cross-Media), mais aussi par le public, qui lui a décerné deux prix (Radio et TV / Cinéma). « On s’était déjà rendu compte avant la soirée que quelque chose d’exceptionnel se préparait », indiquait Max Weber, directeur des Sources Rosport. Il faut dire que le projet revêtait en soi un caractère exceptionnel : un cheval majestueux en personnage principal, la voix de Désirée Nosbusch… Le tout sous l’objectif de Jeff Desom et Bernard Michaux à la production. « Nous venons davantage du digital, c’est une chance pour nous qu’un client nous ait suivis », reconnaît Mike Sergonne, fondateur de l’agence Nvision. Selon Éric Hollander, président du jury des Media Awards 2016, le secret pour une bonne publicité réside avant tout dans une idée qui fonctionne, mais aussi dans les moyens qui lui sont alloués. Sans dévoiler le budget du projet The Legend, l’investissement de Rosport a visiblement été à la hauteur du résultat escompté. Avec, rien que pour les statistiques, un making of qui comptabilise plus de 70.000 vues sur Vimeo et YouTube. Et 800.000 pour le spot.



MEDIA AWARDS

BACKSTAGE

Fourmilière de talents Véritable entreprise, la création des Media Awards a nécessité l’alliance de plusieurs corps de métiers. Pour accueillir 850 invités, 260 heures de travail ont été nécessaires.

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MEDIA AWARDS

PARTENARIAT Organisés par Maison Moderne et RTL, les Media Awards sont le fruit d’une collaboration entre plusieurs partenaires et autant de professionnels du secteur événementiel : Toolbox (production exécutive), Steffen Traiteur (catering), Party Rent (mobilier), Apex (moyens techniques) et la Rockhal (lieu et logistique).

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MEDIA AWARDS

23

C’est la longueur, en kilomètres, des câbles déroulés par Apex.

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MEDIA AWARDS

423

C’est le nombre de mètres de structures déployées pour transformer la Rockhal.

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MEDIA AWARDS

4.500

C’est le nombre de couverts nécessaires pour servir un menu préparé par l’équipe du traiteur Steffen formée de 80 personnes : chauffeurs, maîtres d’hôtel, serveurs, traiteurs, pâtissiers et staff.

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MEDIA AWARDS

CHARME La réussite d’une soirée se mesure aussi à la qualité de l’accueil. Pas moins d’une demi-douzaine d'hôtesses, encadrées par six régisseurs de Toolbox, ont brillamment relevé le défi.

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MEDIA AWARDS

POI D S LOUR D S Il a fallu pas moins de trois camions pour transporter tout le matériel du traiteur Steffen.

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MEDIA AWARDS

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MEDIA AWARDS

LES VED ETTES Pas tout à fait majorettes mais complètement artistes, Les Vedettes, le groupe qui a notamment accompagné le non moins génialement décalé Philippe Katerine, ont apporté couleur et fraîcheur à la soirée.

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ENTREPRISES

À LA RECHERCHE…

Amazon, qui occupe déjà un millier d’emplois au Luxembourg, continue de recruter pour les besoins de ses équipes européennes. Quelque 300 postes ont été ouverts début d’année. Des recrutements gérés par une équipe basée aux rives de Clausen, accueillant des candidats en provenance de toute l’Europe. Mars 2016 —

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ENTREPRISES

VENTE ET REPRISE

FÉDÉRER

Ce 4 février a eu lieu la première assemblée constituante de la toute jeune fédération des professionnels du recrutement « Recruitment, search and selection », dans les cartons depuis 18 mois. Ses membres, des cabinets de recrutement pour la plupart, se sont fixé des lignes directrices pour l’année à venir. Née au sein de la Fedil, la fédération planchera en priorité sur un code de déontologie commun et un label de qualité.

RECONVERSION

Geert De Bruyne a récemment quitté la tête de Degroof Luxembourg. Il a, en fait, rejoint l’ancien chief economist de la banque, le Belge Étienne de Callataÿ, qui envisage de lancer une société de gestion de fortune au Luxembourg. L’ancien chief economist de Degroof avait été remercié en août dernier, parce qu’il s’était exprimé de manière dubitative sur le projet de fusion avec Petercam, qui vient d’aboutir à la création du groupe Degroof Petercam.

NOUVELLE ÈRE

ArcelorMittal a confié à la société de développement Agora la réalisation d’une étude de faisabilité concernant la reconversion des terrains du site de Schifflange. Le sidérurgiste signifie ainsi la fin définitive du site qui avait été mis sous cocon depuis 2011, mais dont il refusait d’annoncer la fermeture définitive. Agora mènera une étude sur un ensemble foncier de 62 hectares qui regroupe les terrains du site de Schifflange et certaines parcelles de Schlassgoart, ainsi que des terrains apportés par l’État via le Fonds du rail.

ASSOCIÉS

Nico Steinmetz et Arnaud de Meyer ont choisi de faire évoluer le système de gouvernance de leur bureau et accueillent trois nouveaux associés. Il s’agit de Muriel Vereecken, Dominique Bouche et Aurore Deheneffe. 088 ­—

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Double actualité pour l’Imprimerie Faber, déclarée en faillite fin octobre. Alors que la majorité des 75 salariés sur le carreau ont retrouvé un emploi, les outils qu’ils ont utilisés ont été mis aux enchères le 26 janvier. L’objectif était de liquider du matériel à l’abandon et de « permettre au groupe Faber de recevoir de l’argent », selon Pit Schreiner, représentant de l’OGBL. Le 10 février, on apprenait que Myriam Faber, petite-fille du fondateur de l’imprimerie, a racheté FDS, sa filiale à 100 % spécialisée dans l’impression digitale, pour un montant qui n’a pas été communiqué.

EN KIT

Fast-Track Diagnostics a été récompensée du premier prix (15.000 euros) lors des Export Awards 2015-2016 remis par la Chambre de commerce et l’Office du Ducroire. L’entreprise qui commercialise des kits de diagnostics médicaux a été créée en 2006 et est basée à Esch-sur-Alzette. En quelques années, elle est devenue l’un des principaux fournisseurs dans son créneau, grâce à un réseau de distribution formé par 40 partenaires. L’expor­ tation de l’entreprise qui emploie 44 salariés s’élève d’ailleurs à 92 %.

LUXE À ARLON

La première pierre de l’Hôtel Van der Valk Luxembourg-Arlon a été posée le 22 janvier. Le sixième établissement de cette société familiale en Wallonie représente un investissement de 16 millions d’euros. 120 chambres seront construites, ainsi que 11 salles de conférences, deux restaurants et deux bars. paperjam.lu/news/un-hotel-de-luxe-a-arlon

DÉPLOYÉES

Luxaviation poursuit son développement en s’offrant un nouveau FBO (fournisseur de services au sol), European Business Aviation Services, installé dans l’aéroport de Munich. Une belle prise pour le groupe luxembourgeois puisque l’Allemagne est le plus important marché d’aviation d’affaires en Europe. Lux­aviation emploie aujourd’hui plus de 1.500 personnes et opère quelque 250 appareils.

IMMOBILIER

Le Luxembourg continue d’être un terreau fertile pour attirer les investisseurs immobiliers, à l’instar du Belge Eaglestone qui a indiqué le 2 février qu’il allait développer ses activités au Luxembourg. Premier chantier de la société dont les activités luxembourgeoises sont coordonnées par Xavier Hauboldt : le Steinfort Parc. Il s’agit d’un projet, mixte – composé de six bureaux ou commerces et de 22 logements –, situé rue Collart, au cœur de la localité. L’ensemble, confié à l’architecte luxembourgeois Romain Schmiz, devrait être livré d’ici juin 2018.

DATA

SES a lancé de nouvelles offres en matière de transmission de données, en partenariat avec O3b Networks, dont il est aussi l’un des principaux actionnaires. Un nouveau réseau de données par satellite, SES Plus, a été établi en ce sens. Parallèlement, les investissements au niveau de l’infrastructure terrestre sont maintenus pour assurer une accessibilité facile à l’espace.



ENTREPRISES

une position de prestataire global sur le marché, en confirmant le créneau d’une « manufacture de la communication ».

INNOVATION

Plus vraiment start-up, mais bel et bien toujours dans la mouvance de l’innovation. Inui Studio, basée à Foetz, a renforcé sa collaboration à l’international avec Samsung en présentant la troisième version de sa technologie d’écran offrant les possibilités du tactile, sans contact : AIRxTOUCH.

LOCATION

La société américaine Enterprise Rent-A-Car, via trois marques franchisées dont la gestion sera confiée à RentMe, va ouvrir de nouveaux comptoirs de location de véhicules au Grand-Duché, dont deux à Luxembourg et un à Diekirch.

PERQUISITION

CONCURRENCE

Alors que le marché du contrôle technique a été libéralisé le 1er février, Dekra et TÜV manifestent leur intérêt pour implanter plusieurs centres sur le territoire. Selon les informations de Paperjam, le leader européen du secteur et l’organisme de référence en Allemagne comptent déposer un dossier de candidature auprès du ministère du Développement durable et des Infrastructures dans les semaines à venir. Face à cette concurrence potentielle, la SNCT entend « développer son offre de services », ainsi que « renforcer les activités auprès de ses partenaires externes ».

MAD ABOUT

De la création en 1997 de l’agence Dété Publicité par Dan Thill, rejoint dès le début par Christophe Royen (associé depuis 2004), à l’arrivée sur le marché de l’atelier D’Co en 2003, puis à l’élargissement de la direction en 2012 avec l’intégration de la structure mad about soul de Claude Nesser, l’aventure de ces trois passionnés de la com n’a cessé de progresser, en affirmant une singularité. Dernière étape en date et non des moindres, l’adoption d’une seule marque : mad bout. Un choix opéré pour accentuer

L’enquête judiciaire ouverte à la suite d’une plainte contre X de l’ancien dirigeant de Ketterthill, Jean-Luc Dourson, semble avancer. Six mois après son dépôt auprès du juge d’instruction, des officiers de police judiciaire ont perquisitionné le 26 janvier le siège de l’entreprise à Belval, et plus précisément deux départements : les finances et les ressources humaines. Une opération est à mettre en relation avec la plainte que Jean-Luc Dourson avait déposée en juillet 2015 auprès du juge d’instruction directeur Ernest Nilles pour des faits d’abus de biens sociaux présumés et de recel.

FIN D’ACTIVITÉ

Le groupe Mathis Prost à Sandweiler a annoncé le 1er février la fin de ses activités de grossiste en produits pharmaceutiques, faute de rentabilité. Un plan social va être mis en place pour les 36 salariés qu’il employait jusqu’ici.

OFFENSIVE

De deux agences ouvertes fin 2014, Century 21 veut se doter d’un véritable réseau au Grand-Duché, avec pour ambition d’ouvrir 14 établissements sur tout le pays d’ici la fin 2016. Bernard Elvinger, administrateur chez Century 21 Benelux, annonce que « d’énormes efforts ont été réalisés pour se conformer au marché local, avec une approche désormais nettement plus professionnelle et nettement plus diplomatique en raison des spécificités de l’immobilier au Grand-Duché ». 090 ­—

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« NOUS DEVONS NOUS ASSURER QUE NOUS NE PERDONS PAS EN COMPÉTITIVITÉ FISCALE. » Paul Schonenberg, CEO et président de l’Amcham, milite pour des efforts de transparence, en s’assurant que  « nous ne perdions pas en compétitivité fiscale, notamment pour attirer de nouvelles sociétés ».



BOU DE W IJ N VAN DE N BRAN D Pour le directeur de Lidl Belgique-Luxembourg, Lidl est devenu un smart-discounter.

ENTREPRISES

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ENTREPRISES

COMMERCE ALIMENTAIRE

Le deuxième temps du discount JEAN - MICHEL LALIEU |

SV E N B E C K E R

Après une longue phase d’observation, Lidl se lance en force sur le marché alimentaire luxembourgeois. Le discount alimentaire se porte bien au Luxembourg où le Belge Colruyt réfléchit aussi à de nouveaux projets.

H

uit… et bientôt neuf ! En l’espace d’un mois, l’enseigne Lidl aura ajouté deux points de vente à son réseau luxembourgeois. Elle a en effet ouvert un magasin de 1.000 m 2 à Strassen, le 16 février dernier, et en ouvrira un autre le 23 mars prochain à Beggen. Pour le groupe allemand, présent sur le sol luxembourgeois depuis 2001, mais avec seulement sept succursales, c’est une réelle accélération. Et elle ne devrait pas s’arrêter. « À partir de cette année, nous ouvrirons deux nouveaux points de vente par an pour arriver à un réseau de 19 magasins en 2023 », a ainsi expliqué Boudewijn van den Brand, le directeur général de Lidl Belgique-Luxembourg, lors de l’inauguration du magasin de Strassen. Une stratégie ambitieuse dans laquelle le groupe injectera pas moins de 100 millions d’euros. « Nous avons progressé pas à pas et analysé le comportement du consommateur luxembourgeois, explique Julien Wathieu, porte-parole de la division Belgique-Luxembourg. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que nous pouvons aller plus vite. » Mais, non content d’accélérer le mouvement, Lidl change aussi de look. Le magasin ouvert en février est le premier d’une nouvelle formule qui se veut plus agréable pour le client. Des rayons plus aérés, des grandes baies vitrées pour assurer la luminosité et une décoration moins spartiate. La fin du concept discount ? « Non, pas du tout, les prix bas restent

notre ADN, insiste le porte-parole. Mais nous avons voulu que l’enveloppe autour soit plus jolie. »

Le choix ou les prix bas

Depuis quelques années, l’enseigne, historiquement perçue comme un quasi-jumeau d’Aldi, a cependant bien évolué. Elle a effectivement soigné son look, mais aussi ouvert la porte aux grandes marques internationales que les clients s’étonnaient de ne pas trouver dans leur point de vente. En 10 ans, Lidl a donc largement augmenté le nombre de références pour arriver à 1.800, produits frais compris. C’est beaucoup dans le cas d’un hard-discounter, la catégorie dans laquelle se positionnait l’enseigne il y a une décennie. Mais un supermarché classique en comprend au moins quatre fois plus et un hyper démarre à 50.000 références. « Chez nous, vous ne trouverez pas 10 sortes de confitures aux fraises, nous n’avons qu’une référence par produit, explique Julien Wathieu. Parce que ces 10 marques différentes demandent du temps au niveau du placement en rayon. Ce gain en temps, et donc en argent, nous pouvons le réinvestir dans le prix. » Lidl maintient donc fermement sa politique des prix bas. Mais se présente désormais comme un smart-discounter. Il insiste notamment sur la qualité des produits et sur son souci du frais. « Nous cuisons notre pain sur place et développons un îlot pour le poisson », pointe Boudewijn van den Brand, à titre d’exemple du nouveau positionnement. Est-ce suffisant pour convaincre les

« Les prix bas restent notre ADN. » Julien Wathieu porte-parole de Lidl Belgique-Luxembourg

consommateurs luxembourgeois qui, selon le classement GFK, affichent un des revenus disponibles par habitant les plus élevés d’Europe – le quatrième après le Liechtenstein, la Suisse et la Norvège (voir page 94) – et disposent déjà d’un million de m2 dédiés au commerce sur l’ensemble du territoire ? « Selon nos études, le concept semble leur plaire, observe Julien Wathieu. Nos chiffres sont bons, même si nous devrons encore faire un effort sur les produits locaux pour les satisfaire encore plus. » Selon le porte-parole de la division Belux, le Luxembourgeois a d’autant moins de problèmes à s’adapter à une enseigne discount comme Lidl qu’il est proche de l’Allemagne, pays d’Aldi et Lidl. Outre-Moselle, le consommateur est totalement décomplexé par ce type de commerce, alors que dans d’autres pays européens il est parfois encore regardé avec inquiétude, voire dédain. Aldi ne s’y est d’ailleurs pas trompé et dispose déjà sur le territoire grand-ducal de 13 points de vente bien ancrés dans le paysage. Avec un concept qui reste, lui, plus proche du hard-discount : moins de références, des produits uniquement à sa marque et des rayonnages austères. Mais il évolue aussi. Troisième exemple, enfin, celui du Belge Colruyt que l’on classe généralement dans la catégorie des soft-discounters. Entré au Luxembourg, via une première implantation à Mersch, en 2008, il a récemment grandi avec deux nouvelles succursales depuis 2013. Mars 2016 —

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ENTREPRISES

En Europe, Colruyt reste un modèle à part. Il joue la carte du « meilleur prix », mais laisse la porte ouverte aux marques nationales et internationales. Pour réaliser un maximum d’économies, la chaîne familiale rogne sur tous les postes : des bâtiments hyperfonctionnels, des congélateurs fermés pour consommer moins d’électricité, une politique marketing réduite au minimum et des passages en caisse avec changement de chariot pour limiter les vols. Grâce à cela, l’enseigne se positionne comme celle qui offre le meilleur prix. Depuis ses débuts en Belgique, elle poursuit sa politique de « prix rouges » : elle épluche quotidiennement les folders des concurrents, envoie ses « espions » dans les autres magasins pour repérer leurs prix et adapte les siens à la baisse en permanence, pour rester la moins chère.

Guerre des folders

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ÉCO N O MIES Le leitmotiv de Colruyt est de rogner sur tous les coûts inutiles pour proposer les meilleurs prix.

« Les offres promotionnelles sont très agressives. » Pascal Bernimont responsable régional Colruyt pour le Luxembourg

L’ambition de ces discounters risquet-elle de donner du fil à retordre aux chaînes plus traditionnelles ? Oui et non. Même si leur poids augmente lentement, leur part de marché est loin de celles dans les marchés voisins. En Allemagne, berceau du hard-discount, Aldi et Lidl flirtent avec les 40 % de part de marché. En Belgique, ils sont à 17 %, mais, en regroupant hard et soft (Colruyt), la part du discount atteint 43 % fin 2014, selon les chiffres Nielsen. Au Luxembourg, aucun chiffre officiel n’existe, mais, en chiffres bruts, les enseignes discount ne représentent que 24 points de vente sur plus de 140 pour l’ensemble du commerce alimentaire. Pas de panique en tout cas chez Delhaize où on ne compte pas casser ses prix pour se défendre. « Notre stratégie est de miser sur le meilleur rapport qualité / prix », explique Florence Maniquet, porte-parole du groupe en voie de fusion avec le Néerlandais Ahold. Pour se différencier des discounters, l’enseigne belge mise sur sa marque propre, qui se positionne 30 % à 40 % moins cher que les marques nationales, et sur sa marque de premiers prix 365. « Nous investissons aussi dans les prix, poursuit la porte-parole. Nous proposons 200 produits en promotion par semaine. » Ceci dit, le gâteau du commerce lux­ embourgeois ne gonfle pas aussi vite que l’offre de magasins. Le déclenchement des hostilités n’est peut-être pas aussi lointain qu’on pourrait l’imaginer. EN RÉSUMÉ

Les consommateurs luxembourgeois semblent apprécier le concept du discount alimentaire. Lidl entend en tout cas passer de 7 à 19 points de vente d’ici 2023 et Colruyt estime que sa formule originale a été bien acceptée.

REVENU DISPONIBLE PAR HABITANT (après déduction des taxes et dons, y inclus les aides de l’État) Source : GFK Purchasing Power 2015/2016

28.775 € Luxembourg

21.449 € Allemagne

19.182 € Belgique

19.076 € France

15.948 € UE 28

J E S S I CA T H E I S

« Au Luxembourg, nous pratiquons exactement la même politique de prix qu’en Belgique, note Pascal Bernimont, responsable régional Colruyt pour le Luxembourg. Mais nous devons encore communiquer davantage pour faire connaître notre façon de fonctionner. » Ici aussi, le distributeur travaille avec trois niveaux de marques : Everyday pour jouer la carte des prix bas, Boni en marque propre et l’ensemble des marques des grands fabricants. Et il dispose d’une équipe de cinq collaborateurs qui traquent les prix moins chers. « Nous ne voyons pas de différence de comportement de la part du consommateur luxembourgeois par rapport au belge en matière de prix », poursuit le responsable. Une adaptation qui ne se fait pas aussi facilement du côté des fournisseurs, moins habitués à une stratégie de prix aussi incisive. « Certains fournisseurs ne sont pas présents dans nos rayons. Nous avons une politique de prix qui peut faire peur et déranger, admet Pascal Bernimont. Mais nous n’en changerons pas pour autant. » Selon le responsable de l’enseigne de soft-discount, les résultats enregistrés au Luxembourg sont « très satisfaisants ». Mais le marché luxembourgeois, il l’admet, n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire. « C’est un marché extrêmement concurrentiel, on ne peut pas parler de véritable guerre des prix, mais la bagarre se fait au niveau des folders. Les offres promotionnelles sont très agressives. » Preuve qu’il est satisfait de sa présence, le groupe belge entend poursuivre son développement au travers de nouveaux points de vente. Même s’il se montre discret sur la question : « Nous avons de nouveaux projets, convient Éric Verstraete, responsable pour l’expansion. Nous cherchons des sites qui nous conviennent, mais ce n’est pas simple. Nous étudions différents dossiers. »



ENTREPRISES

MANAGEMENT

Remise en question et nouveau départ T H I E R RY R A I Z E R |

C H R I S TO P H E O L I N G E R

Le nouveau DG de LaLux a pris ses fonctions le 1er janvier, après un été et un automne studieux. Sur son agenda : un nouveau plan pluriannuel de développement de l’entreprise. Christian Strasser arrive de la Bil avec une expé­ rience dans l’assurance et un sérieux bagage dans les ressour­ ces humaines.

5 DATES 1971 : Naissance à Ettelbruck 1994 : Maîtrise en sciences économiques, filière monnaie-finance à Nancy II. Entrée à la Banque internationale à Luxembourg (Bil). 2009 : Responsabilité transversale de l’approche personal banking. 2012 : Head of retail banking – responsable réseau des agences. 2015 : Arrivée à LaLux au 1er juillet, suite à son départ de la Bil en avril de la même année.

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C

hristian Strasser nous reçoit dans son bureau au siège de LaLux à Leudelange. Sur sa table de travail et les appuis de fenêtre trônent de nombreux classeurs et autant de dossiers, signe d’une activité intense. Et surtout d’une prise de connaissance voulue rapide des rouages d’une entreprise qui semble d’ores et déjà le passionner. Depuis son arrivée l’été dernier, le nouveau directeur général de la compagnie d'assurances a souhaité se mettre au plus vite dans le bain. « Il m’avait tenu à cœur de commencer le plus vite possible. C’est pourquoi j’ai profité de l’été, période traditionnellement plus calme en activité, pour découvrir un ensemble de dossiers et être le plus prêt possible lors de mon entrée en fonction », explique-t-il. Son départ, en avril 2015, de la Banque internationale à Luxembourg dont il était membre du comité de direction avait surpris la Place. Avec le pari de LaLux, l’entreprise est nouvelle, mais les produits ne sont pas tout à fait inconnus. Durant les 21 ans qu’il a passés à la Bil, Christian Strasser a pris sous sa responsabilité, entre autres, les solutions d’assurance de la banque. « J’ai un intérêt sérieux pour le domaine de l’assurance. La mission que l’on m’a proposée m’a séduit notamment parce qu'elle me permet de me remettre en cause dans un secteur proche, mais en même temps différent. » Optant davantage pour le costume de leader ou de meneur d’équipe que de dirigeant stricto sensu, Christian ­Strasser a sur son agenda la finalisation d’un plan de développement pluriannuel qui se construira au cours du premier semestre 2016. « Nous agissons sur base d’un processus qui implique l’ensemble du management afin de définir ce plan d’action sur trois ans, en fonction des attentes du client. Nous avons identifié neuf domaines d’action majeurs qui concernent tant les produits, les services, ou encore des sujets internes, indique Christian Strasser. Le volet des ressources humaines est aussi un sujet important, qu’il s’agisse de nos équipes, de nos agents ou de nos partenaires à la Spuerkeess qui doivent proposer un service de qualité pour faire la différence. » Cet aspect des ressources

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COM PLÉM ENTAI R E Christian Strasser regarde devant lui pour tracer l'agenda de LaLux. Son expérience à la Bil devrait l'aider.

humaines intéresse particulièrement l’ancien responsable RH de la Bil. Sa feuille de route, LaLux la trace pour continuer à évoluer au sein d’un marché local composé de quatre grands acteurs qui se côtoient régulièrement, en restant pourtant des concurrents. « La configuration d’un marché mature tel que le nôtre permet à chacun de ­proposer ses services en fonction de sa typologie de clientèle, ajoute Christian Strasser. Les vrais défis sont plutôt du côté des taux d’intérêt bas ou encore du tsunami réglementaire. » Comme réglementaire rime avec Solvency II dans le secteur de l’assurance, Christian S ­ trasser partage le discours mi-figue, miraisin de ses confrères pour qualifier cette problématique. À commencer par l’opportunité de revoir des règles internes ou de faire un inventaire des

risques, non sans regretter le volume que représentent les obligations et autres reportings liés à la directive. Un impact administratif non négligeable avec lequel les dirigeants doivent aussi apprendre à composer. Avec autant de matières à aborder de front, Christian Strasser ne cesse de consulter, depuis son arrivée, tant les dossiers que les hommes qui l’entourent. À commencer par Pit Hentgen, qui lui a cédé sa place et a pris du recul avec l’opérationnel. Depuis le 1er janvier, il est devenu le président du conseil d’administration de La Luxembourgeoise, la société faîtière du groupe LaLux. EN RÉSUMÉ

Christian Strasser prend ses marques à la tête de LaLux. Succédant à Pit Hentgen en tant que directeur général de l’assureur, il entend jouer collectif.


ENTREPRISES

ARSENAL LÉGISL ATIF EUROPÉEN

Nouveau paradigme pour la sécurité des données F LO R E N C E T H I BAU T

En décembre 2015, un accord politique sur le paquet « protection des données » a émergé après quatre ans de discussions. Intégrant la révolution numérique et durcissant les sanctions, le GDPR amène une transparence accrue et un droit à l’oubli. Une étape de plus dans la constitution du marché unique digital.

MAISON MODERNE

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e 15 décembre 2015, la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE est parvenue à décrocher un accord informel sur une matière très sensible et vivement débattue au sein du Parlement européen : la protection des données à caractère personnel. Le general data protection regulation, ou GDPR, est l’aboutissement d’une longue réflexion initiée par la Commission dès 2012 pour remplacer une législation vieille de 30 ans. Attendu de longue date, cet accord donnera naissance à un nouveau cadre pour tout ce qui a trait au respect de la vie privée à l’ère numérique. Le paquet « protection des données » comprend deux parties : un règlement général sur la protection des données, qui veut permettre aux citoyens d’avoir plus de contrôle sur ce qui est fait de leurs informations sensibles, et une directive concernant la police et la justice. Si l’accord de principe est voté par le Parlement européen, les nouvelles règles seront d’application dans les deux ans. « On s’attend à une mise en application au premier semestre 2018, confirme Catherine Di Lorenzo, senior associate chez Allen & Overy. Actuellement, on est au stade des vérifications techniques et de l’approbation formelle. » Concernant le volet protection des données, le choix de l’instrument juridique n’est pas neutre. Plus souple et directement applicable sans transposition, un règlement laisse une plus

FA CTEUR HUM AI N L’utilisateur reste la principale cause de fuites de données.

grande marge d’appréciation aux pays membres. « Sur certains points, les États ont la possibilité de légiférer davantage. Ils peuvent, par exemple, choisir d’ajouter des sanctions pénales aux amendes. Il n’y aura pas d’harmonisation totale. » Le lobbying intense des géants du web couplé aux intérêts économiques en jeu, certaines questions délicates ont été gardées pour plus tard afin d’accélérer le consensus, rendant la copie quelque peu édulcorée. « Il y a eu énormément de modifications entre la première vers i o n e t l a ve rs i o n actuelle du texte. Si le projet est moins ambitieux, il demeure que la sécurité des données ne sera plus une option. Les enjeux en présence sont tels que c’est aujourd’hui un sujet qui doit se discuter au sein des conseils d’administration », complète Catherine Di Lorenzo. Certaines avancées sont bel et bien réelles, comme l’inscription en toutes lettres du droit à la rectification, à l’effacement et à l’oubli, qui devrait favoriser la confiance des consommateurs en l’économie numérique, mais aussi l’obligation pour les organisations de documenter l’ensemble de leurs efforts en matière de sécurité. Le texte définit également, pour la première fois, des notions comme le profilage en ligne. Autre tournant, dans le cas de transferts de données transnationaux, le texte s’applique sur l’ensemble des prestataires actifs sur le territoire de l’UE, y compris ceux opérant depuis l’étranger, ce qui est inédit.

Pour se conformer aux nouvelles dispositions, les entreprises, désormais obligées de solliciter le consentement explicite de leurs clients pour toute conservation de données les concernant, ont du pain sur la planche pour adapter leurs processus. Parmi les changements phares : l’adoption d’une philosophie de privacy by design ; une notion resserrée du consentement de l’utilisateur ; une obligation de notification à l’agence de surveillance nationale dans les 72 heures en cas de brèche ou encore des sanctions pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires d’une entreprise. « Le plus important est de créer des processus transparents et connus de tous, afin que chaque faille soit détectée et notifiée à temps. Il s’agit ensuite de sensibiliser ses équipes aux nouvelles obligations et de progressivement diffuser une culture du monitoring. Fondamentale, la notion de privacy by design sous-entend d’intégrer la protection des données dès la conception d’un projet et non plus seulement a posteriori. C’est un vrai renversement de perspective, qui permet d’être conforme, mais aussi de disposer d’un avantage comparatif sur ses concurrents. »

Clarifier les responsabilités

Il faudra documenter les mesures comme le contrôle de son infrastructure, le cryptage des données ou encore les accès à ses systèmes, et surtout réévaluer régulièrement les choix posés. Dans le sillage du règlement, le rôle dévolu aux instances de contrôle comme la CNPD est amené à évoluer. « Il ne faut, par exemple, déjà plus notifier tout traitement de données. Cette obligation vient de tomber. Le volet purement administratif va laisser place à davantage d’investigation et de coopération à l’échelle européenne. » La création d’un European data protection board, composé de tous les organes de surveillance des États membres pour remplacer l’actuel groupe des 29, fait également partie des changements annoncés dans le texte. « Il s’agit d’un autre nom, mais aussi d’une nouvelle étendue des compétences, note Catherine Di Lorenzo. Cette instance pourra trancher des litiges et guider les organes nationaux dans l’inévitable interprétation du règlement. » Son action sera renforcée par la mise en place d’un guichet unique pour tout le territoire européen qui traitera de toutes les questions et réclamations liées à l’usage de données personnelles. EN RÉSUMÉ

Très médiatique, l’épineuse question de la préservation de la vie privée des citoyens de l’UE vient de prendre un nouveau tour avec un premier accord politique traitant de la réforme de la protection des données sous la présidence luxembourgeoise du Conseil.

Mars 2016 —

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ENTREPRISES

ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

Des entrepreneurs comme les autres CA M I L L E F R AT I |

J E S S I CA T H E I S

La quatrième édition du programme 1, 2, 3 Go Social s’est clôturée le 16 février. Les entrepreneurs des neuf projets suivis pendant un an par Nyuko doivent mainte­nant voler de leurs propres ailes.

L

ancé en 2011 par Business Initiative – aujourd’hui Nyuko –, le programme 1, 2, 3 Go Social répond aux besoins d’un secteur en pleine expansion : l’économie sociale et solidaire. Car si les idées ne manquent pas, la réalisation d’un projet s’apparente à un parcours du combattant. Le programme consiste donc à accompagner les entrepreneurs en herbe à travers des formations, mais aussi du coaching personnalisé. Sur les 24 projets déposés début 2015, 10 ont été retenus et 9 ont été officiellement présentés lors de la séance de clôture le 16 février. Exit le concours des premières éditions, il s’agit de braquer les projecteurs sur les projets afin de les faire connaître du grand public et des investisseurs. Car au-delà de l’aspect social ou sociétal de chaque projet, le tout est de le rendre viable. « Nous ne cherchons absolument pas à faire du profit, mais à être rentable – et si nous faisons du profit, nous le réinjecterons dans le projet », témoigne Myriam Cecchetti, cofondatrice d’Eis Epicerie Zolwer (Notre épicerie à Soleuvre) avec Jos Piscitelli,

président de l’Office social de Sanem et conseiller communal. Le programme 1, 2, 3 Go Social les a notamment aidés à retravailler leur business plan. Cette idée d’épicerie solidaire, un des neuf projets présentés, l’échevine de Sanem la porte depuis « une dizaine d’années ». « Je pensais à une épicerie solidaire où l’on ne stigmatise pas les gens qui ont du mal à joindre les deux bouts, où ils pourraient faire leurs courses comme tout autre consommateur. » À la différence d’une épicerie sociale, réservée aux personnes dans le besoin, l’épicerie solidaire est ouverte à tous. L’idée étant également de réinsérer des personnes par le travail, c’est finalement vers une double structure que se tournent Myriam Cecchetti et Jos Piscitelli. Avec d’un côté une asbl pour avoir accès au marché du travail aidé, et de l’autre une coopérative, autorisée, contrairement aux asbl, à gagner de l’argent. Un an après le dépôt des statuts de l’asbl et de la coopérative, Eis Epicerie Zolwer – la première épicerie solidaire au Luxembourg – a finalement vu le jour

UNE ÉPI CER I E D E QUAR TI ER Rien ne différencie en apparence Eis Epicerie d’un commerce classique ouvert à tous.

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en juin 2015 dans un ancien local des pompiers. L’endroit est accueillant et même charmant. Les étagères en bois clair amènent simplicité et authenticité. Au rayon frais, une ardoise annonce fièrement « Eis Geméis vu Suessem » (nos légumes de Sanem). Des colonnes en libre-service offrent céréales, légumineuses, riz ou café en vrac – l’épicerie promeut le « sans emballage ». Les produits les plus exotiques proviennent du commerce équitable. D’autres sont bio.

7,8 %

Couteau suisse collaboratif

12 %

Mais ce n’est pas tout. Myriam Cecchetti et Jos Piscitelli ont pensé Eis Epicerie comme un vrai couteau suisse collaboratif. Un espace est dédié à la vente de produits artisanaux issus des ateliers protégés du pays et de Boutiques du monde. Dans sa chasse au gaspillage, l’épicerie s’est aussi dotée d’un bistro qui propose chaque jour deux menus utilisant ses produits. La formule fonctionne : le bistro sert jusqu’à 30 menus chaque jour, notamment pour les salariés des environs. Le cuisinier se fait aussi traiteur. Et les locaux sont mis à la disposition des associations qui le désirent en échange d’une participation – par exemple les cours de cuisine doivent s’accompagner de l’achat de produits de l’épicerie. « Nous avons une soixantaine de clients par jour, se réjouit Myriam Cecchetti. Mais ça ne suffit pas encore. » Car l’Office social a beau rembourser le prix d’achat des produits vendus aux personnes ayant peu de revenus, la TVA reste à la charge de l’épicerie. Sans compter le loyer, les frais divers et les salaires des sept employés – tous ne sont pas sous contrat aidé. La commune a donné cinq ans à l’épicerie pour rembourser son préfinancement de 687.000 euros (dont 534.000 euros pour l’aménagement et l’équipement des locaux et moins de 160.000 euros pour les dépenses courantes d’une année). C’est donc l’horizon de l’équilibre pour Myriam Cecchetti, même si elle préfère viser trois ans, « comme tout autre commerce ». D’autres collaborations sont en cours : l’épicerie alimente déjà les maisons relais de Sanem en casse-croûte et vise à livrer leurs cuisines. Un projet de centrale d’achat est aussi à l’étude afin de mutualiser les coûts auprès des fournisseurs locaux. Il est par ailleurs question, dans un avenir plus lointain, de proposer des vêtements de seconde main ou encore une laverie. Pour l’heure, Eis Epicerie a surtout besoin de visibilité. EN RÉSUMÉ

Le programme 1, 2, 3 Go Social accompagne les entrepreneurs souhaitant réaliser un projet dans l’économie sociale et solidaire. Parmi les neuf projets retenus en 2015, Eis Epicerie Zolwer, la première épicerie solidaire du pays.

des actifs étaient employés par des ­entreprises sociales et solidaires au Luxembourg en 2012.

3,2 %

des entreprises œuvraient dans l’éco­nomie sociale et solidaire en 2012.

est le taux de croissance de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire entre 2000 et 2012.

1.500

produits sont proposés par Eis Epicerie Zolwer.

« On ne stigmatise pas les gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. » Myriam Cecchetti Cofondatrice Eis Epicerie Zolwer



ENTREPRISES

GUERRE DES TALENT S

Intégrer les jeunes générations F LO R E N C E T H I BAU T |

Composé à 60 % de collaborateurs de moins de 30 ans, le cabinet Linklaters a dû répondre aux attentes des Yers. Co-bureaux, dossiers mixtes, formations ciblées ou mobilité internationale font partie des facteurs d’attraction prisés par les juniors.

G É N É RAT I O N Y Pour attirer de jeunes talents, le cabinet a notamment développé une attractive politique de mobilité internationale et interne.

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MIKE ZENARI

ussi appelés millennials, les Yers sont les fameux digital natives, nés entre 1980 et 2000. Ils ont grandi, pour la plupart, avec l’explosion du web, des smartphones et des réseaux sociaux. Sur le marché du travail depuis quelques années pour une bonne partie d’entre eux, ils ont des aspirations différentes de celles de leurs aînés. Dans son « Data Story Millennials » , Goldman Sachs Global Investment Research y décrit une génération qui se nourrit de feedback réguliers et de contacts sociaux. D’après « The Millennials Survey » , une étude de Deloitte, les valeurs de l’organisation, son engagement sociétal et son éthique pèsent de plus en plus lourd dans la balance. Chez Linklaters, on a bien conscience de l’importance d’atteindre les Yers et de les fidéliser. « Ce sont les leaders de demain , cadre Muriel Vanhoren, HR Manager chez Linklaters Luxembourg. Les former fait partie de nos responsabilités. » Employant 120 personnes, dont 75 avocats, le cabinet luxembourgeois recrute en moyenne une vingtaine de nouveaux talents chaque année, dont une majorité de juniors. Pour les engager, son équipe RH se montre créative. Composée d’avocats comme de spécialistes RH, elle a mis au point une stratégie de recrutement proactive, notamment sur les réseaux sociaux où ses recruteurs postent toutes les offres. « C’est à l’entreprise d’aller chercher les candidats et non plus l’inverse, partage Nicki Kayser, associé chez Linklaters depuis avril 2006 et RH Partners. Il faut les convaincre. » La quarantaine de stagiaires qui passent de quelques semaines à quelques mois chaque année au sein du cabinet forment une excellente base de recrutement. « Notre niveau d’exigence et d’attention est le même pour tous. Chaque candidat est vu par un duo RH / avocat. Nos stagiaires connaissent le cabinet de l’intérieur et ont été en contact avec nos équipes. Nous les avons vu évoluer, c’est une réserve précieuse », précise Muriel Vanhoren. La qualité des processus RH peut faire partie des facteurs décisifs pour séduire un talent. « La transparence sur les pro-

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cédures et la rapidité dans les réponses sont très appréciées. » Les RH de Linklaters ont ainsi récemment publié une nouvelle brochure à destination des candidats pour résumer l’ADN du cabinet en quelques pages.

Donner des perspectives

Près de 60 % des avocats de Linklaters représentent aujourd’hui la génération Y. Perçue comme exigeante, ayant soif de nouveauté et ambitieuse, celle-ci amène créativité et nouvelles idées dans son sillage. « Engager des juniors dès leur sortie de l’université nous permet de les doter rapidement de compétences dont ils auront besoin pour s’épanouir chez nous, soutient Nicki Kayser. Afin de les fidéliser, il faut créer un environnement où la communication est à double sens et où les feedback sont honnêtes. Par ailleurs, les millennials ont un besoin accru de reconnaissance et ils apprécient de savoir ce qu’on pense de leurs performances, afin d’avoir une idée précise quant à leur progression. » Parmi les autres arguments qui contribuent à l’attractivité du cabinet : des formations pointues, dont certaines se donnent à Londres, et des possibilités de mobilité interna-

tionale dans une des 29 villes où le cabinet Linklaters est présent, de Paris à São Paulo. « Cela permet d’expérimenter d’autres manières de travailler, mais aussi d’étendre son réseau », ajoute Nicki Kayser, ayant lui-même passé quelques mois à Londres dans ce cadre. « Les Y sont beaucoup plus mobiles et demandent de passer du temps à l’étranger. Aussi proposons-nous des opportunités de détachement auprès d’un autre bureau ou auprès d'un de nos clients. La mobilité se manifeste aussi au Luxembourg : les jeunes avocats peuvent passer plusieurs mois dans différents départements pour élargir leurs horizons », poursuit Muriel Vanhoren. Depuis une quinzaine d’années, pour faciliter l’apprentissage de terrain et le learning on the job, un système de co-bureaux a été mis en place et favorise l’échange entre collaborateurs d’anciennetés différentes. « Nos jeunes diplômés ont un excellent niveau technique, mais doivent également comprendre comment gérer un client. Ils apprennent énormément de choses rien qu’en observant leurs collègues expérimentés. In fine, cela dope leur employabilité. Ils n’entrent plus dans un cabinet pour y rester jusqu’à la retraite comme leurs aînés. Nous mettons un point d’honneur à développer leurs compétences, même si, parfois, ils décident d’opter pour d’autres orientations dans la suite de leur carrière », conclut Nicki Kayser. EN RÉSUMÉ

Comme de nombreux cabinets d’avocats, Linklaters emploie une majorité de juniors. Issus de la génération Y pour la plupart, ils ont soif d’apprentissage et de mobilité internationale. Répondre à leurs attentes est décisif pour remporter la guerre des talents.


ENTREPRISES

RECYCLAGE

La roue tourne Andy Schleck entame une nouvelle vie. Le champion cycliste a ouvert un magasin de vélos à Itzig. Un espace auquel il donne autant son temps que son nom.

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n an et demi à peine après avoir abandonné le cyclisme professionnel, Andy Schleck (31 ans en juin prochain) revient aux affaires. Début février, il a ouvert un magasin de vélos dans le petit village d’Itzig. Mais plus que d’une boutique, c’est d’un véritable concept qu’il s’agit. Établi sur trois étages dans une ancienne grange totalement reconfigurée, l’espace accorde une place importante à la découverte. Un peu comme un musée dédié aux passionnés qui voudraient se rendre compte des dernières évolutions technologiques au rayon vélos. Entre des « machines » disponibles pour le quidam, on peut ainsi voir le vélo le plus léger du monde et celui qui bénéficie du meilleur quotient d’aérodynamisme. Pour garantir la visite, Andy Schleck a aussi exposé les trophées qui lui tiennent le plus à cœur dans une galerie de verre : son maillot jaune de 2010, le vélo qui l’a porté le premier en haut du Galibier et celui de la victoire à LiègeBastogne-Liège en 2009, le vase de Sèvres remis à chaque vainqueur de la grande boucle et… un casque de Lance Armstrong. « Mais celui-là, c’est juste pour rire », se défend-il. Enfin, la visite, comme dans un vrai musée, se termine dans un coffee corner au cœur du magasin. « J’ai vu beaucoup de magasins de vélos et souvent je me suis demandé comment ça pouvait fonctionner. J’ai donc gardé tous ces mauvais exemples pour être sûr de ne pas les reproduire », sourit le champion luxembourgeois. Mais, en fin de compte, ça reste un magasin. Dans lequel la société Andy Schleck CyclesDelvaux-Schleck Associates – qu’il contrôle à parts égales avec son beau-père Jeannot Delvaux – a investi plus d’un million d’euros et emploie une équipe de six personnes. La prochaine étape, il ne la connaît pas encore. Mais il y pense. Il pourrait développer une marque de cycles à son nom ou développer d’autres points de vente. Même si « la concurrence est déjà importante sur le territoire luxembourgeois et des espaces comme celui-ci ne sont pas faciles à trouver ». En attendant, avec sa compagne Jil Delvaux, il entend faire tourner le magasin et fournir ses conseils de pro à tous les amoureux de la petite reine.

J.- M. LALIEU

S T E V E E AS T WO O D

Mars 2016 —

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ENTREPRISES

NOUVEAU MÉDIA

L’essentiel s’attaque aux ondes JEAN - MICHEL HENNEBERT |

M A R I O N D E S SA R D

Huit ans après sa naissance, le quotidien gratuit a inauguré sa déclinaison radio, en alliance avec les anciens actionnaires Must FM et RTL. Une équipe de moins de 10 personnes a pour mission de faire vivre l’antenne de 6 à 20 heures en semaine. Objectif : séduire les auditeurs francophones via une formule destinée à « les informer et les divertir ».

A

près un peu moins de deux ans de silence, l’une des fréquences auparavant exploitées par DNR a repris du service. Attribué en mai 2015 par le gouvernement au projet porté par Radiolux, le 107,7 FM souhaite apporter un son nouveau dans les médias luxembourgeois. Tant sur le fond que sur la forme. Finis donc les programmes en luxembourgeois orchestrés par le groupe SaintPaul, place à un mélange d’information et de divertissement à la sauce L’essentiel, et en français. Une première depuis la mort d’Europe 2. Revendiquant son statut de « radio luxembourgeoise », le nouvel arrivé dans le paysage médiatique assure « s’adresser d’abord aux résidents, même si les frontaliers vont aussi nous écouter », assure Julien Pinon, directeur des programmes de L’essentiel Radio. Entièrement financée par la publicité, sur le modèle de L’essentiel, la déclinaison radio entend donc séduire non seulement les auditeurs « jeunes, urbains, actifs » mais aussi logiquement les annonceurs du marché luxembourgeois. Et par là même se tailler une part du gâteau publicitaire, largement acca-

paré à l’heure actuelle par RTL. Selon la dernière étude TNS Ilres, le groupe du Kirchberg recueille 68,7 % de parts de marché en cumulant les audiences de RTL Radio Lëtzebuerg, d’Eldoradio et du programme en allemand RTL Radio.

Des concepts repris du journal

Pour parvenir à son objectif, L’essentiel Radio mise donc sur des recettes qui ont fait leurs preuves depuis 2007 et l’arrivée du premier quotidien gratuit. « Nous avons développé plusieurs concepts issus de la ligne éditoriale du journal, à savoir ‘droit au but’, indique le directeur des programmes. Des rubriques courtes, rapides qui s’adressent à tout le monde. » La jeune équipe compte également tirer profit des « synergies » présentes au sein du titre. Installée dans la rédaction de L’essentiel, située dans les locaux du 1535° de Differdange, la direction de la radio mise sur la proximité avec les journalistes print et web pour alimenter l’antenne. En ce qui concerne l’actualité tout du moins. Les deux journalistes embauchés pour présenter les flashes, diffusés à chaque heure pile et à « h+30 » sur les plages horaires du 6-10 h, 12-14 h et

ACTIONNARIAT

LE « SLEEPING PARTNER »

Le projet retenu par le ministre des Médias et des Communications, Xavier Bettel, est le fruit d’une alliance entre Edita – société éditrice du quotidien gratuit, détenue à 50 % par Editpress et à 50 % par le groupe suisse Tamedia –, les anciens actionnaires de Must FM – radio belge de la province de Luxembourg – et RTL, arrivée sur le tard en tant que sleeping partner. L’Alia a tenté de ménager l’objectif de pluralité sur les ondes à l’origine du projet de radio francophone et le souhait de RTL de ne pas perdre totalement le marché francophone, suite au projet retoqué de RTL2 en 2014. Le mariage a donc pu avoir lieu mais le groupe du Kirchberg ne devra pas avoir d’influence dans la gestion quotidienne de la radio.

16-20 h, devraient ainsi « profiter du fait que les journalistes couvrent les conférences de presse afin qu’ils posent quelques questions en français aux différents responsables et nous les transmettent », annonce Julien Pinon. Un mode cross-média et low cost de gestion de l’information, poussé à l’extrême, qui n’est toutefois pas sans laisser dubitatifs les journalistes de la rédaction qui doivent déjà alimenter rapidement et en continu le site, mais aussi les colonnes du journal du lendemain. En ce qui concerne le reste du temps d’antenne, occupée en direct entre 6 h et 20 h « dans un premier temps », il fait place à un mélange de programmation musicale, orientée « pop rock-électro », et d’émissions d’animation. Cinq personnes, dont une en charge du week-end, se relayeront pour « informer et divertir les auditeurs ». Des rubriques spécifiques, comme l’info trafic, la météo ou une séquence d’apprentissage du luxembourgeois, sont au programme. Comme l’ensemble de ses consœurs, L’essentiel Radio devra respecter les règles de l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) qui limitent le nombre de publicités à 144 minutes par 24 heures. Soit une moyenne de six minutes par heure, qui peut être augmentée à huit minutes aux heures de grande écoute. À condition de diminuer le volume de publicités lors des heures creuses… EN RÉSUMÉ

JULI EN PI NON L’ancien chargé de projet RTL2 a pris les rênes de L’essentiel Radio.

Afin de toucher l’ensemble du public francophone, L’essentiel se décline désormais en version radio. Une équipe d’une dizaine de personnes sera en charge d’occuper l’antenne entre 6 h et 20 h, du lundi au vendredi. Des émissions enregistrées seront diffusées le week-end, « dans un premier temps ».



ENTREPRISES

TÉLÉPHONIE

Gérer l’après-roaming JEAN - MICHEL LALIEU

La fin des frais d’itinérance, attendue par les consommateurs européens pour juin 2017, vivra une étape intermédiaire dès le 30 avril prochain.

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vant la fin définitive des frais d’itinérance, programmée au sein de l’Union européenne pour juin 2017, une mesure provisoire entrera en vigueur le 30 avril prochain. Après le vote du Parlement européen d’octobre 2015, des plafonds tarifaires ont été décrétés pour limiter les coûts facturés aux consommateurs lorsqu’ils utilisent des réseaux étrangers. Une excellente chose pour les utilisateurs d’appareils mobiles que nous sommes tous, mais qui fait moins sourire les opérateurs. Parce qu’ils devront toujours régler la facture auprès de leurs confrères étrangers sans pouvoir la retourner vers leurs clients. Selon une étude menée par Juniper Research, les revenus du roaming atteindront 52 milliards de dollars en 2017. Une baisse de 7 % à l’échelle mondiale, mais de 28 % pour les « 28 ». « Au niveau du chiffre d’affaires, ça représente effectivement une perte substantielle, admet Jean-François Willame, directeur général de l’opérateur Tango. Sur le long terme, il faudra pouvoir la compenser. Mais ça risque cependant d’impacter notre capacité à investir dans les infrastructures. » Et ce sera encore plus compliqué pour un acteur luxembourgeois puisque, vu l’étroitesse du territoire, les citoyens grand-­ ducaux passent fréquemment les frontières. « Le citoyen luxembourgeois est, au niveau de l’Europe, celui qui voyage le plus, note le responsable de Tango. Il est à l’étranger 27 jours par an en moyenne alors qu’un Français, par exemple, n’y est que 5 jours. » En allant vers le sud de l’Europe, les acteurs de téléphonie 104 ­—

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mobile profiteront aussi du marché touristique, ce qui est aussi beaucoup moins important au Grand-Duché. Ceci dit, l’accord européen n’est pas encore coulé dans le marbre. Parmi les points importants à régler, il reste notamment la négociation des prix de gros, ceux appliqués entre opérateurs. « On ne peut pas, d’un côté, faire baisser le prix de revente au consommateur et, de l’autre, ne pas revoir les prix de gros », estime Marc Rosenfeld, directeur général de Post Telecom. Un problème également compliqué pour les entreprises luxembourgeoises de télécommunications, parce que, si ces tarifs pour l’utilisation des réseaux se discutent commercialement, la taille des opérateurs du pays ne leur donne pas un important pouvoir de négociation. Autre point qui reste en suspens, celui du principe de l’« usage raisonnable », par lequel un consommateur qui ferait un usage trop intensif de son portable à l’étranger pourrait ne pas bénéficier de la fin du roaming. « Ça pourrait être le cas pour les clients frontaliers », observe Jean-François Willame.

Développer des alternatives

Dans sa récente étude, Juniper estime que les coûts liés à la fin du roaming devraient assez facilement être compensés par l’augmentation des communications, notamment de la part des consommateurs qui hésitaient à téléphoner hors des frontières de peur de voir leur facture exploser. « C’est un raisonnement qui a ses

limites, estime pour sa part Marc Rosenfeld. Quand vous n’avez plus faim, le buffet a beau être bien garni, vous n’y retournez plus. » Il pointe en plus que la clientèle luxembourgeoise est majoritairement professionnelle et que ce n’est donc pas vraiment elle qui fait attention à son usage à l’étranger. Les acteurs luxembourgeois n’en sont pas au point de paniquer, mais ils sont bien conscients qu’il va falloir trouver des solutions. « Nous avons la chance d’être un opérateur alternatif, commente le patron de Tango. Nous venons du mobile et il nous reste à explorer différents segments de marchés pour développer notre croissance. » Il imagine notamment la téléphonie fixe ou le service aux entreprises. « Nous allons nous orienter vers le multiproduit, mais ça nous demandera d’importants changements. » Chez Post, l’heure est aussi à la réflexion. « Il n’est en tout cas pas question d’augmenter les prix pour compenser la perte. Étant donné la concurrence, ce ne serait pas une bonne idée, insiste Marc Rosenfeld. Il faudra donc réduire nos coûts, mais il semble évident qu’on ne pourra pas compenser à 100 % cette perte de chiffre d’affaires. » Pour reboucher ce « trou », Post Telecom entend en tout cas miser sur le service pour tenter de faire la différence. EN RÉSUMÉ

La fin du roaming est programmée pour juin 2017, avec une étape intermédiaire dès le mois de mai prochain. Les entreprises luxembourgeoises de téléphonie s’y préparent, mais craignent de ne pas pouvoir ­compenser la perte.

A P P L E / SA M S U N G

Les opérateurs luxembourgeois s’y préparent, et estiment ne pas être les mieux lotis parmi les acteurs européens.


PLACE FINANCIÈRE

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SANS CONTACT

Le Luxembourg entre dans le cercle de la quarantaine de pays où le paiement sans contact est possible. MasterCard, Maestro et Visa ont annoncé l’introduction de la technologie Near Field Communication (NFC), qui utilise des ondes à courte portée entre la carte et le terminal pour éviter l’usage du code PIN. MasterCard et Maestro envisagent ce mode de paiement comme un standard à l’échéance de 2020. Mars 2016 —

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PLACE FINANCIÈRE

DEVOIR

Un arrêt du 21 janvier 2016 de la Cour de cassation a annulé un arrêt de la Cour d’appel de janvier 2015 qui avait condamné une administratrice de deux sociétés dans le bâtiment (Isotherm Vente et Isotherm Calorifugeage) – ayant fait faillite en 2010 et 2011. Celle-ci avait donné une garantie financière auprès d’une banque pour un emprunt de 1,3 million, en l’occurrence BGL BNP Paribas. Par son annulation, la Cour de cassation estime que les banques ont aussi un devoir de conseil et d’information aux cautions.

EN KIT

Le groupe parlementaire européen des Verts a mis la pression le 12 février sur Ikea en publiant un rapport – 34 pages – sur l’usage du géant de l’ameublement des mécanismes – légaux – d’optimisation fiscale. En démontant ces rouages, les Verts ont pointé trois centres de gravité en Europe : les PaysBas, le Liechtenstein et le Luxembourg. Un sujet qui avait déjà fait l’objet de discussions lors des travaux de la commission taxe du Parlement européen, installée dans la foulée de LuxLeaks. Selon le rapport, l’optimisation fiscale d’Ikea aurait permis à l’entreprise d’économiser environ 1 milliard d’euros d’impôts entre 2009 et 2014.

ADVISER

L’ABBL veut aussi tirer profit des opportunités de la révolution digitale. En nommant un fintech adviser, les banquiers luxembourgeois veulent se donner toutes les chances de réussir la transition digitale. Et ce après avoir récemment mis en place un cluster fintech. C’est Andrey Martovoy, anciennement chercheur au List, qui a été

choisi pour devenir, depuis le 1er février, le fintech adviser de l’ABBL. Il prendra ses fonctions le 1er février prochain et travaillera sous le contrôle de Marc Hemmerling, responsable de la gestion quotidienne du cluster. « Ses premières tâches consisteront à la définition d’un plan d’action afin de voir quelles sont les actions qui peuvent apporter quelque chose à nos membres en vue de développer leur business », explique Marc Hemmerling.

ARBITRAIRE

Un investisseur belge a mis en cause la prétendue inaction de la CSSF ainsi que son « arbitraire » dans un litige l’opposant, ainsi que d’autres investisseurs, au gestionnaire de quatre fonds d’investissement, Petercam Luxembourg. Après qu’il eut fait part, en 2010, de sa volonté de ne pas abandonner la partie, il a refait surface le 26 janvier devant les juges du tribunal administratif pour attaquer le silence de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Ce silence valant refus de la part du régulateur de vouloir jouer les arbitres, comme l’y oblige pourtant la réglementation et notamment la circulaire 02/77 de la CSSF, il serait donc attaquable en justice. Le gestionnaire n’aurait pas observé les règles d’investissement pour quatre fonds gérés par Petercam Luxembourg. L’investisseur en aurait subi un préjudice financier important, mais pas chiffré.

PROMOTION

Luxembourg for Finance a mis en ligne une deuxième vidéo d’une série présentant le savoir-faire de la Place, avec une volonté certaine de rendre accessible l’expertise locale. Ce second film, à nouveau confié à Kevin McCrae, replace la place financière

luxembourgeoise dans le contexte du marché unique européen. Parmi les arguments avancés pour expliquer le savoir-faire luxembourgeois, la vidéo rappelle, à juste titre, que l’Europe se vit au quotidien au Luxembourg en raison de la composition de sa population.

50BIS BIS

Jugé incompatible avec les règles de l’OCDE sur la substance, le régime d’exonération sur les droits de propriété intellectuelle prévoyant une exonération sur les revenus des brevets via le fameux article 50bis a été remisé à l’automne dernier par Pierre Gramegna. Ses services travaillent sur un plan B. Ce n’est pas gagné d’avance. Le ministre cherche à identifier « une nouvelle forme d’encouragement en faveur de la création de la propriété intellectuelle » conforme au projet Beps de l’OCDE sur la lutte contre la fraude fiscale.

1 KM

C’est la distance cumulée des archives de la Commission de surveillance du secteur financier qui sont désormais consultables aux Archives nationales. Des centaines de milliers de documents qui constituent l’histoire des banques et de la place financière de Luxembourg, dont les plus anciens remontent aux années 1920 et jusqu’au début des années 2000.

OPTIMISTE

Tirant le bilan de l’année 2015 dans l’industrie des fonds, Denise Voss, la présidente de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), parle d’une « bonne année ». Le montant total 106 ­—

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PLACE FINANCIÈRE

des actifs sous gestion est en progression de 13,29 % avec un total, fin 2015, de 3.506 milliards d’euros. En net, les investissements ont également progressé de 298 millions. De quoi se montrer optimiste. Au niveau réglementaire, outre les normes européennes jugées lourdes, l’Alfi rappelle au gouvernement son souhait de ne pas voir la taxe d’abonnement augmenter. Parmi les créneaux d’avenir, l’Alfi souhaite investir dans des fonds environnementaux ou socialement responsables.

LHOFT

En ouverture du 15e PwC Banking Day, Pierre Gramegna a demandé à l’assistance pour arbitrer le nom de la future House of Fintech qui été présentée le 18 février : c’est donc le Lhoft qui a été choisi plutôt que FinTech Garden. Le lieu doit permettre de fédérer les énergies locales autour de cette thématique, de service d’incubateur pour les start-up dédiées et de relais pour des actions internationales.

REPORT

La Commission européenne a proposé d’accorder aux autorités nationales et aux acteurs du marché une année supplémentaire pour se conformer aux dispositions de la directive concernant les marchés d’instruments financiers (Mifid II). Et ce en raison de la complexité des infrastructures techniques à mettre en place pour permettre à ses dispositions de produire tous leurs effets. L’application de Mifid II implique que l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) devra collecter des données sur une quinzaine de millions d’instruments financiers auprès de quelque 300 plateformes de négociation, ce que cette dernière n’était pas en mesure de réaliser pour le 3 janvier 2017. D’où le délai supplémentaire accordé.

INTÉRIM

Après le départ de Geert de Bruyne et dans l’attente de la désignation d’un nouveau CEO, Philippe Masset vient d’être désigné à la tête de la Banque Degroof Luxembourg. Degroof Petercam a également nommé John Pauly – CEO de l’Asset Services pour le Luxembourg – membre du groupe management committee et de l’international network committee du groupe.

À BRUXELLES

Lombard International Assurance va ouvrir une succursale à Bruxelles au cours du deuxième trimestre de 2016. Après la reprise des

activités en banque privée de Zurich Eurolife au Luxembourg, en tout début d’année, cette décision confirme la stratégie de croissance internationale du groupe luxembourgeois dans le domaine des solutions de structuration patrimoniale.

BEAU FIXE

Au 31 décembre 2015, les organismes de gestion de fonds au Grand-Duché ont géré un patrimoine global net de 3.506,201 milliards d’euros, en progression de 13,3 % sur un an. Sur les cinq dernières années, la hausse atteint 59,4 %. Graphiques : http://paperjam.lu/rendez-vous/ la-gestion-de-fonds-ne-connait-pas-la-crise Data : Jean-Michel Hennebert

CLÉMENCE

Les juges de la 18e chambre du tribunal de Luxembourg siégeant en matière correctionnelle ont prononcé, le 4 février, une peine minimum avec sursis, assortie d’une amende de 10.000 euros, pour les quatre anciens associés de Deloitte. Le substitut du procureur d’État, Marc Schiltz, avait requis en janvier 12 mois de prison et ne s’opposait pas à un sursis contre celui qui apparaissait alors comme le chef de bande. Il n’est pas impossible que l’affaire « Unipol » dans sa version luxembourgeoise, jugée 14 ans après les faits, s’arrête là, sans que le Parquet fasse appel de la décision, ni les prévenus,

puisqu’ils ne s’en tirent pas trop mal. En 2002, à la demande du cabinet d’avocats italiens, Zulli & Tabanelli, Deloitte Luxembourg avait été approché pour réaliser un montage financier complexe pour le compte des dirigeants de l’assureur Unipol afin de rapatrier des fonds de Monaco, via le Luxembourg, et leur faire bénéficier des conditions de la première amnistie fiscale italienne de 2001 prévoyant des pénalités de 2,5 % sur les actifs et surtout n’obligeant pas les détenteurs d’avoirs à justifier leur origine. Or, comme la justice italienne le détermina ensuite, les fonds venaient d’un délit d’initiés. Une seconde amnistie intervint en 2002 à des conditions moins avantageuses. Deloitte avait bouclé l’opération que tout le monde pensait enterrée. Mais l’affaire fut exhumée en 2005 à la faveur d’une enquête judiciaire en Italie, relayée par la presse. Ce qui obligea le cabinet d’audit à faire une déclaration de soupçons à la Cellule anti-blanchiment du Parquet. Une enquête fut déclenchée au Luxem­ bourg pour faux et usage de faux, visant les quatre associés.

BERLIN EN TÊTE

L’édition 2016 de l’étude Emerging Trends in Real Estate Europe de PwC, réalisée avec l’Urban Land Institute, qui balaie les grandes tendances du secteur immobilier, des actifs prisés aux villes qui concentrent l’intérêt des investisseurs, a placé Berlin en tête des cinq villes quant à leurs perspectives d’investissement pour 2016. Mars 2016 —

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PLACE FINANCIÈRE

B ASE LÉ G ALE DISC U TABLE À deux mois du discours sur l’état de la Nation, le gouvernement se teste encore sur l’opportunité de maintenir un régime qui ne s’appuie sur aucune loi fiscale spécifique.

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PLACE FINANCIÈRE

FISCALITÉ DES BONUS

Stock-options : la loi de la sélectivité VÉRONIQUE POUJOL

Abrogera ou n’abrogera pas la circulaire qui octroie des avantages fiscaux exorbitants à des salariés de haut vol ? Le cœur du ministre des Finances DP balance encore, mais il pourrait laisser le marché décider et s’autoréguler.

M A R I O N D E S SA R D

P

ierre Gramegna serait encore très hésitant sur le sort à réserver au régime fiscal des stock-options pour les salariés, tiraillé entre ses amis du DP qui lui demandent de ne plus les octroyer qu’à la crème de l’élite et les voix de la rue qui réclament l’abrogation, ou à tout le moins l’ajustement d’un des mécanismes les plus injustes de la toolbox luxembourgeoise pour attirer les cerveaux et les entrepreneurs et les conserver. La Banque centrale du Luxembourg a réclamé l’année dernière, sans avoir l’air de se mêler de ce qui ne la regarde pas, un inventaire des catégories de revenus n’entrant pas dans le revenu imposable soumis au tarif progressif de l’impôt, comme les stockoptions ou les versements au bénéfice des régimes de pension complémentaire. Les deux principaux « outils de défiscalisation » des revenus du travail, selon la Chambre des salariés. Le 5 février dernier, dans une réponse très attendue à une question parlementaire des CSV Diane Adehm et Gilles Roth, le ministre des Finances a pris une position emberlificotée en évoquant de possibles « ajustements » du régime fiscal des stock-options une fois son recensement accompli par les agents de l’Administration des contributions directes (ACD). Un mois plus tôt, en réponse cette fois au député LSAP Claude Haagen qui l’interrogeait sur la nécessité de réformer l’imposition des plans warrants, autre appellation des stockoptions, Pierre Gramegna s’était montré tout aussi évasif sur ses intentions.

Alors, abrogera ou n’abrogera pas ? Dans les coulisses du pouvoir, certains opérateurs de plans warrants – ils se comptent sur les doigts des mains – le poussent à conserver le système intact, mais au prix d’une autorégulation qui passerait par l’introduction implicite – mais difficilement avouable, tant il est porteur d’inégalité – d’un seuil de rémunération annuel en dessous duquel un plan warrant pour un salarié ne pourrait plus descendre. La barre serait fixée à 350.000 euros par an pour un salarié. Ce seuil pourrait tomber à 250.000 euros, selon les derniers marchandages. Le montant de 350.000 euros n’a pas été trouvé par hasard et correspond, en tenant compte très généreusement de l’inflation, au chiffre qui avait été avancé au début des années 2010 lors des discussions avec le prédécesseur de Pierre Gramegna au ministère des Finances, soit 300.000 euros. Luc Frieden est présenté comme l’inspirateur d’une circulaire du 20 décembre 2012 de l’ACD ayant donné le coup d’envoi à une fabrication de plans warrants de masse, ayant très largement démocratisé l’usage de l’outil. La circulaire administrative fut complétée par une « note de service » de l’administration fiscale plafonnant l’usage des plans de stock-option à 50 % de la rémunération des salariés. Pour schématiser, la moitié d’une rémunération pouvait ainsi être taxée à un taux autour de 10 %, l’autre moitié étant imposée au tarif conventionnel du barème de l’impôt qui grimpe jusqu’à 43 % en incluant tous les prélève-

ments spéciaux. Ce seuil de 50 % avait suscité pas mal d’émoi, surtout chez ceux qui étaient exclus du régime, comme les hauts fonctionnaires. Il faudrait toutefois y voir une initiative pour imposer des limites aux « exagérateurs habituels » qui se servaient jusqu’à 70 % de leurs rémunérations en plans warrants. Inventé en 2002 par Jean-Claude Juncker dans le but d’attirer les entrepreneurs de l’économie numérique, le modèle s’est écarté de son objectif initial pour d’abord rentrer dans les firmes des Big Four et les grands cabinets d’avocats avant de se démocratiser à Une réunion s’est d’autres salariés de la place tenue en janvier financière. « L’utilisation des stock-options comme outil de dans un grand hôtel défiscalisation qui se substitue à pour tenter de une augmentation salariale classique est une véritable perversion fédérer les intérêts vis-à-vis de l’objectif initial qui lui du marché et a été attribué », écrivait à l’automne dernier dans son avis sur réserver le bénéfice le projet de budget 2016 la des plans warrants Chambre des salariés.

100 millions d’euros par an

à quelques privilégiés.

L’ancien chef du département fiscal de KPMG, Roger Molitor, a avancé dans un entretien au Lëtzebuerger Land, un coût des plans warrants avoisinant les 100 millions d’euros par an pour l’État. Ça vaut bien donc un débat public au nom de l’équité fiscale, qui est censée guider la réforme fiscale programmée par le gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng pour 2017.

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PLACE FINANCIÈRE

STOC K-OPTION S SU R LA SE LLE TTE Le ministre des Finances risque d’avoir un sérieux problème de cohérence avec lui-même et son discours sur la transparence fiscale.

« La limite de 350.000 euros par an est le résultat d’un souhait d’éviter que la coiffeuse et la garagiste du coin en profitent également. À défaut de limi­ta­tion du nombre de personnes éligibles, la crainte était que le modèle lui-même soit abrogé. »

Dans l’immédiat, et sans doute parce qu’il n’a pas vraiment l’intention de changer le régime, Pierre Gramegna juge que l’obligation imposée depuis le 1er janvier dernier aux employeurs de communiquer « dans les meilleurs délais » les noms des salariés ayant droit à des plans de stock-options ainsi que les montants en jeu permettra à l’administration fiscale « d’amplifier les contrôles ». Et donc de lutter contre les pratiques abusives d’actionnaires indélicats en « position dominante » utilisant les stock-options plutôt que de se servir des dividendes pour tenter d’optimiser leurs revenus. Pour ces dirigeants, la requalification en distribution cachée de bénéfices n’est pas loin. Le maintien du dispositif pourrait donc passer par une autorégulation des opérateurs de plans warrants entre eux. Une réunion a eu lieu à huis clos au début du mois de janvier dernier dans un grand hôtel de la capitale pour tenter de fédérer les intérêts et réserver le bénéfice des plans warrants à quelques privilégiés, ayant des rémunérations au-delà de 350.000 euros par an. « La limite de 350.000 euros est le résultat d’un souhait d’éviter que la coiffeuse et la garagiste du coin en profitent également. À défaut de limitation du nombre de personnes éligibles, la crainte était que le modèle lui-même soit abrogé », explique un avocat de la Place qui ne regretterait pas sa disparition. La réunion de janvier, qui avait des allures d’une conjuration, devait mettre tout le monde d’accord sur une stratégie marketing future et des vues malthusiennes du produit dans un cadre juridique inchangé, que le revenu soit 110 ­—

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C H A R L E S CA R AT I N I

Un avocat fiscaliste

UN RÉGIME INTRODUIT PAR CIRCULAIRES

UNE INVENTION DU CSV

Le régime applicable aux stock-options remonte à la réforme fiscale de 2002, rappelle Pierre Gramegna. C’est donc une « invention » du CSV et de son ancien leader Jean-Claude Juncker. Le système ne se rattache à aucune loi fiscale spécifique et trouve sa justification dans « l’exposé des motifs du projet de loi n° 4855, déposé le 12 octobre 2001 » précisant que l’encadrement fiscal du mécanisme sera précisé par circulaire du directeur de l’Administration des contributions directes. Une première circulaire est publiée le 11 janvier 2002 et une seconde 10 ans plus tard. Une « note de service » de l’ACD a officialisé le seuil maximum de 50 % d’une rémunération pouvant faire l’objet d’un traitement de faveur au titre d’un plan warrant. Une troisième circulaire du 28  décembre 2015 oblige les employeurs à notifier à l’administration l’octroi de stock-options avec copie du plan et liste des salariés bénéficiaires.

au-dessus ou en dessous de la barre des 350k. « Le message qui nous a été donné est que si nous n’appliquions pas cette règle des 350.000 euros, il continuerait à y avoir des abus et le gouvernement abolirait le régime. C’était à prendre ou à laisser », résume un des participants ayant accepté de témoigner sous couvert d’anonymat.

Un usage trop large

Les banquiers présents à cette réunion et contactés par Paperjam ont refusé de faire le moindre commentaire. Or, à l’heure où les grands établissements réalisent les évaluations de leurs cadres et s’apprêtent à leur distribuer des bonus, certaines banques ont délivré à leurs clients des avertissements tenant compte des nouveaux seuils des plans warrants. Un associé d’une grande firme d’audit assume, mais lui aussi sous le couvert d’anonymat, la justification du minima donnant droit à un plan warrant et la nécessité de faire une sorte de sélectivité sociale de ses bénéficiaires, sans que la règle puisse être écrite : « On a utilisé le système de manière trop large, au-delà de ses objectifs initiaux. Or, il doit être réservé à des hauts dirigeants ayant un pouvoir de décision et pouvant débloquer des investissements de plusieurs millions d’euros , dit-il. Certains acteurs de la Place se sont fixé des limites internes. Si un client demande un plan warrant pour des montants très élevés, on accepte, sinon on lui dit ‘désolés, on n’offre pas ce genre de services’ ». Tout le monde ne partage pas ses vues. Il le reconnaît et le regrette : « Il n’y a pas aujourd’hui de consensus sur la Place et il n’y en aura probablement jamais. Il y

a des gens qui font des plans warrants pour des salariés gagnant 100.000 euros par an et il y en aura toujours pour le faire. » S’il n’abroge pas la circulaire de 2012 et cherche à échapper au déballage public de l’efficacité des plans warrants pour l’économie luxembourgeoise et l’emploi, Pierre Gramegna aura un sérieux problème d’incohérence avec lui-même et avec son époque. Le ministre, qui aime à se présenter comme le héraut de la transparence fiscale et en a appelé récemment à la « responsabilité globale » de tous les acteurs de la Place, peut-il échapper à un débat sur l’efficacité des plans warrants sur la présence d’entrepreneurs au Grand-Duché, la création d’emploi et de substance ? Les chiffres que l’Administration des contributions directes est en train de rassembler le diront-ils avant que les travaux de la réforme fiscale soient achevés ? Le maintien d’un régime d’imposition sur les revenus du travail de quelques privilégiés à un taux presque comparable à celui qui a longtemps prévalu pour les multinationales et le choix d’en laisser l’encadrement au marché luimême est-il encore acceptable à l’heure de la traque des pratiques d’optimisation fiscale agressives ? EN RÉSUMÉ

À deux mois du discours sur l’état de la Nation qui devrait dévoiler les grandes lignes de la réforme fiscale de 2017, le gouvernement se tâte encore pour savoir si le régime actuel sur les plans de stock-options sera maintenu. Le marché tente de convaincre le ministre des Finances de l’efficacité du système et cherche à limiter le nombre de bénéficiaires en plaçant la barre à 350.000 euros par an de rémunération pour avoir droit à une défiscalisation de ses revenus du travail.



PLACE FINANCIÈRE

la consommation des ménages. « L’économie chinoise atteint un certain seuil de maturité et doit donc traverser certaines épreuves », poursuit Stéphane Karolczuk. Depuis maintenant sept ans qu’il dirige le bureau de Hong Kong, il a acquis une expérience suffisante pour sentir vers où les autorités chinoises veulent aller. « Selon moi, un de leurs grands objectifs est d’assurer leur connexion au reste du monde. Et en tant que cabinet d’avocats présent en Asie, nous voulons les aider à se tourner vers l’extérieur, accéder à de nouveaux marchés, diversifier leurs investissements, développer leur know-how et leur technologie afin de pouvoir les redéployer en Chine et favoriser une économie plus axée sur la consommation interne, les services ou la production de biens à plus forte valeur ajoutée. »

TURBULENCES BOURSIÈRES

La Chine traverse des trous d’air JEAN - MICHEL LALIEU

En tant que responsable du bureau de Hong Kong d’Arendt & Medernach, Stéphane Karolczuk offre un regard privilégié sur la santé de l’économie chinoise. Il nous apporte son analyse sur les récents soubresauts boursiers de Shanghai et Shenzhen et sur les relations entre le Grand-Duché et l’empire du Milieu.

L

es économistes de la planète veillent sur la santé de la Chine. Le moteur de la croissance mondiale a donné des signes de fatigue et, depuis l’été dernier, ses deux grandes places boursières ont connu de véritables chutes de tension. Les premiers symptômes datent de l’an dernier. Entre juin et août, l’indice CSI 300, qui regroupe les grandes valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen, a perdu 40 % de sa valeur. Et au cours de la première semaine de 2016, les échanges ont dû être bloqués deux fois à cause des nouveaux mécanismes prévoyant un arrêt automatique lorsque la chute dépasse les 7 % sur la séance. En 2015, la croissance chinoise a atteint 6,9 %. C’est le moins bon résultat des dernières années. Mérite-t-il pour autant l’inquiétude ressentie par les investisseurs ? « C’est un marché qui peut être influencé par la large proportion d’investisseurs individuels qui y participent, dont la sophistication est moindre et les réactions sont donc moins rationnelles que celles des investisseurs institutionnels. Ceci peut entraîner une importante vola-

tilité », analyse Stéphane Karolczuk, associé au sein du cabinet Arendt & Medernach et responsable du bureau de Hong Kong. Mais il observe aussi que, si le marché a connu une correction significative, celle-ci reste moins importante que les hausses conséquentes enregistrées au cours des dernières années. « À part ceux qui sont entrés assez tard, parfois malheureusement en s’endettant, les investisseurs restent largement gagnants », note-t-il.

Sur deux jambes

Pour cet observateur aux avant-postes, la Chine a atteint un rythme tout simplement normal. Maintenir des croissances à deux chiffres n’est plus aussi évident à partir d’un certain stade de développement. « L’économie chinoise a longtemps fonctionné sur une seule jambe, basée sur les faibles coûts de production et l’exportation. La volonté est désormais d’orienter la production vers la consommation intérieure, ce qui est déjà largement le cas dans les zones côtières. » Les responsables mènent donc de vastes campagnes d’urbanisation et misent sur

Les forces du Luxembourg

« Le pays a choisi de se montrer favorable au business. » Stéphane Karolczuk

TUR B ULENCES Les Bourses de Shanghai et Shenzhen ont connu d’importants remous depuis l’été 2015.

L’INDICE CSI 300 SHANGHAI SHENZHEN

2015 Mars

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

2016 Jan.

Fév.

4.500

Par rapport à ces objectifs, le Luxembourg a clairement un rôle à jouer, estime-t-il. Les relations entre les deux pays sont très bonnes et, vu de Hong Kong, le rôle du pays en tant que porte d’entrée vers le continent européen est bien compris. « Ils ont bien perçu les forces du Luxembourg en termes de structuration, d’activités bancaires, de fonds d’investissement et ils apprécient que nous soyons une juridiction onshore, qui agit dans le respect des règles internationales et européennes, mais qui a su rester ouverte d’esprit en termes de nouvelles idées et stratégies dans le cadre de cette réglementation. Bref, un pays qui a choisi de se montrer favorable au business, contrairement à d’autres juridictions. » Le Grand-Duché n’est donc pas un inconnu dans les milieux chinois initiés et, pour le responsable d’Arendt & Medernach, la collaboration entre les deux pays ne peut que s’intensifier. Le géant asiatique a permis au pays de développer une réelle compétence dans le renminbi. Chaque fois que les autorités chinoises ont fait un pas en avant, le Luxembourg l’a fait également pour reconnaître la réglementation chinoise et faire en sorte que le Grand-Duché soit considéré par ce partenaire oriental comme l’écosystème idéal pour développer ses activités. « Et ça produit ses effets, conclut Stéphane Karolczuk. De plus en plus d’acteurs chinois, dans le domaine bancaire et de la finance, mais pas uniquement, choisissent le Luxembourg pour leurs premiers pas européens. »

4.000 3.500 3.000

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U N S P L AS H

EN RÉSUMÉ

L’économie chinoise vit des moments perturbés, liés à la transformation de son modèle. Mais pour Stéphane Karolczuk, responsable du bureau de Hong Kong d'Arendt & Medernach, il n’y a pas de quoi s’affoler. Selon lui, les relations entre la Chine et le Grand-Duché vont encore s’intensifier.



PLACE FINANCIÈRE

LIBYA N IN V E S T MEN T AU T HORIT Y

Le désordre libyen dans l’immobilier luxembourgeois VÉRONIQUE POUJOL |

Dans le chaos libyen, les investis­ sements du fonds souverain LIA et de ses satellites se poursuivent, y compris au Luxem­ bourg par l’entre­ mise de la Bil. Le Parlement ­européen loue, un peu malgré lui, un immeuble appartenant indi­ rectement à la Libyan Foreign Bank.

LE GO L D B E L L À LA CLOCHE D'OR Appartenant à Wagner Management et loué au Parlement européen, le bâtiment a été vendu aux investisseurs libyens.

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C H R I S TO P H E O L I N G E R

D

ans la Libye en guerre civile, les factions s’affrontent jusque devant les tribunaux britanniques et même luxembourgeois pour récupérer le trésor que l’ancien dictateur Mouammar Khadafi avait placé à l’étranger avec l’argent des pétrodollars à travers plusieurs fonds souverains. Le plus important, Libyan Investment Authority (LIA), et ses milliards de dollars, constitué en 2006, fit l’objet d’un embargo de l’Onu en 2011, après la mort du colonel Khadafi et l’état chaotique du pays. À l’image d’une Libye divisée, avec d’un côté le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale (à l’exception de la Turquie, du Soudan et du Qatar) et d’autre part le gouvernement de Tripoli, proche idéologiquement des Frères musulmans, LIA est aussi en proie à des intérêts rivaux. Le fonds souverain, qui revendique désormais, après une gestion controversée par ses anciens dirigeants, une gouvernance aussi exemplaire que celle du fonds souverain norvégien, présenté comme le « géant de l’éthique », continue d’investir à travers ses filiales qui sont hors du champ de l’embargo onusien. Selon son site internet « officiel », LIA détient 67 milliards de dollars d’actifs (chiffre arrêté fin 2012 par le cabinet Deloitte) et contrôle plusieurs filiales : la Société étrangère libyenne d’investissement (Lafico), le Libya Africa Investment Portfolio (LAP), le portefeuille à long terme (LTP), le Groupe Oilinvest et le fonds « local » LLIDF. Malgré la crise politique et le fait qu’une partie importante de ses actifs reste gelée en raison des sanctions du conseil de sécurité de l’Onu, LIA trouve encore des ressources pour investir en Europe. Et le Luxembourg, caractérisé par des prix toujours haussiers, figure sur son terrain de chasse. L’été dernier, LIA a mis dans ses filets un immeuble de 4.000 mètres carrés de Capellen, l’Ivy Building, qui était une copropriété du Luxembourgeois Nicolas Buck et de

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son partenaire historique, le Belge Renaud Jamar de Bolsée. La vente de l’immeuble aux Libyens, passée par la société Ivy Investments (deux mois après l’achat, elle fut absorbée par Lux Re Securitization, société de titrisation ayant son siège chez Experta, filiale de la Banque internationale à Luxembourg) a pu être réalisée grâce à la Bil, qui avait joué les bons offices entre l’acheteur de LIA (ou de ses satellites) et les vendeurs. « Les Libyens ne seraient jamais tombés sur nous sans la banque », confirme Nicolas Buck à Paperjam qui salue leur sens « remarquable au niveau du business (…) en dépit d’un État en déconfiture. » L’homme qui fut au cœur de cette transaction s’appelle Abdulfatah Enaâmi. Âgé de 52 ans, originaire de Tripoli, il est présenté comme le responsable des investissements immobiliers européens de LIA, bien que son rattachement direct au fonds souverain fasse planer des incertitudes. Cadre historique de LIA dont il avait pris les rênes des portefeuilles en 2008, ex-directeur des investissements de la Libyan Arab Foreign Bank (filiale de la banque centrale libyenne), Enaâmi est décrit comme un proche d’Abdulmagid Breish avec lequel il avait travaillé à la First Energy Bank, banque du Barheïn aux capitaux partiellement libyens.

Breish, c’est surtout celui qui a dirigé LIA à partir de juin 2013, lorsque la Libye n’avait encore qu’un seul gouvernement. La proximité de Breish et d’Enaâmi aurait permis à ce dernier de sauver son poste début 2014 après la mise en cause de la gestion du fonds libyen par des traders de banques internationales comme Goldmann Sachs ou la Société Générale, qui auraient vendu des produits financiers toxiques et fait perdre des milliards de dollars à LIA, encore du temps de Khadafi. En novembre 2014, selon son site internet « officiel », où le nom d’Enaâmi n’apparaît pas, pas plus que celui de Breish, LIA a relocalisé ses opérations administratives et d’investissement « vers un siège temporaire à Malte ». L’été dernier, deux clans rivaux revendiquaient encore le contrôle de LIA, alors que le contrat avec Ivy était signé, et s’affrontaient par presse interposée, mais aussi devant les tribunaux, notamment à Londres. L’un lié au « gouvernement de Tobrouk », à l’Est du pays, composé d’anti-islamistes, d’anciens khadafistes et de libéraux ; et l’autre, à l’ouest, appartenant au « gouvernement de Tripoli », dominé par les Frères musulmans et soutenu par le Qatar, actionnaire à 90 % de la Bil, aux côtés de l’État luxembourgeois, détenteur des 10 % restants.


PLACE FINANCIÈRE

L A L E T T R E D E MA R T IN S CH ULZ Le 22 janvier, le président du Parlement écrit au député Fabio de Masi au sujet de la vente du Goldbell et des inquiétudes sur l’identité de son nouveau propriétaire.

Nommé par Tobrouk à la tête du fonds, Hassan Bouhadi, un ingénieur quadragénaire formé à Londres, se présentait en août dernier dans le magazine Forbes comme le « vrai patron de LIA ». Son rival Abdulmajid Breish lui contestait sa légitimité. Il avait été nommé en juin 2013, puis suspendu en raison de sa collaboration supposée avec le gouvernement de Khadafi, mais il avait contesté son éviction et avait eu gain de cause lors d’un procès en appel. Il fut alors rétabli à son ancien poste, occupé entretemps par Bouhadi. Car dans l’intervalle, le pays avait été coupé en deux. La confusion au sein de la gouvernance du fonds libyen est donc à la mesure de celle qui règne dans le pays avec ses deux gouvernements parallèles. Cette confusion se retrouve aussi au Luxembourg, où une autre transaction immobilière est intervenue au printemps 2014 et dans laquelle on retrouve à peu près les mêmes acteurs : la Bil, pour l’intermédiation et Abdulfatah Enaâmi. Le champ de tir du Libyen s’est déplacé sur le quartier montant de la

périphérie de la capitale, la Cloche d’Or et son bâtiment Goldbell. Ce dernier abritait depuis 2003 et jusqu’à récemment le Parlement européen avant qu’il n’emménage au Kirchberg en attendant la livraison du BAK. Mais le contrat de bail à la Cloche d’Or court jusqu’en 2017. Le Goldbell fut jusqu’il y a deux ans la propriété de Wagner Management, une société de la famille d’Aloyse Wagner, fondateur du groupe éponyme et gros client de la Bil. La détention passait par la société Sunningdale Properties 2 à Luxembourg. Le Parlement européen a versé en 2013 à cette société, selon la liste publique des « Marchés immobiliers attribués », un montant de 13,645 millions d’euros au titre de la « négociation (d’un) avenant N.2 au contrat de bail bâtiment Goldbell ». En 2014, avant que la Banque centrale européenne n’entame ses stress tests des banques systémiques en Europe dont la Bil fait partie, Sunningdale passe dans les mains de la société Lux Real Estate Income 1. On retrouve le nom d’Enaâmi à la présidence de ces deux

sociétés. Il n’est pas clair toutefois que ce soit lui qui ait négocié directement avec les dirigeants de Wagner la vente de l’immeuble de la Cloche d’Or. Interrogé par Paperjam, un des proches de la transaction assure avoir vendu à une société liée à la Bil, ignorant tout de l’acheteur libyen. Contactée à son tour par Paperjam, la banque n’a pas souhaité commenter la transaction ni ses détails, mais assure ne pas en être le proriétaire. L’eurodéputé allemand Fabio De Masi, un des bouillonnants membres de la commission taxe, va s’intéresser au deal avec les Libyens de LIA, sous embargo onusien, en novembre 2015, en interrogeant le bureau des questeurs sur l’identité du propriétaire auquel le Parlement verse des millions d’euros par an. Il est baladé pendant des mois dans les méandres de l’administration européenne, avant de recevoir le 22 janvier dernier une lettre signée par Martin Schulz, le président du Parlement européen, que Paperjam révèle en exclusivité. Schulz y explique qu’en 2014, la direction générale des infra­structures et de la logistique (DG INLO) est informée du changement de propriétaire. Le Parlement européen attendra toutefois jusqu’en juillet 2015 pour s’enquérir de l’identité des propriétaires derrière Lux Real Estate Income (LREI). La société d’investissement aurait sa propre structure de gouvernance et aurait émis une obligation souscrite par la Libyan Foreign Bank (à ne pas confondre avec la LIA) sur la liste des sanctions de l’Onu, précise Martin Schulz dans sa lettre. On retrouve un emprunt non convertible de 20,955 millions d’euros dans le bilan de LREI clôturé au 6 mars 2015. « La transaction, signale une source proche du dossier, fut rocambolesque et a été faite dans des conditions moins qu’idéales alors que la banque tenait trois rôles pas vraiment compatibles : prêteur de longue date du vendeur, prêteur de la banque acheteuse, qui était un nouveau client, et arrangeur de la transaction. Potentiel évident de commissions multiples et de conflit d’intérêts. » Ça, c’était avant les stress tests et avant que n’éclate au grand jour la lutte d’influence pour mettre la main sur le trésor de guerre de l’ancien dictateur libyen… EN RÉSUMÉ

La Libye est un pays chaotique et compliqué et ce désordre transparaît au Luxembourg où un homme, Abdulfatah Enaâmi, est pris de fièvre acheteuse par l’entremise de la Bil, à l’actionnariat qatari. Le Qatar est un des trois pays, avec la Turquie et le Soudan, à ne pas avoir reconnu l’année dernière le gouvernement libéral et anti-islamiste de Tobrouk, pourtant reconnu par la communauté internationale.

GOUVERNANCE

DEUX PRÉSIDENTS POUR LE CONTRÔLE DE LIA

Gouvernement de Tobrouk

Hassan Bouhadi, le « légitime » Nommé en octobre 2014 par le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale (sauf la Turquie, le Qatar et le Soudan).

Gouvernement de Tripoli

Abdulmagid Breish, le rival Nommé en juin 2013, à l’époque où il n’y avait qu’un seul gouvernement libyen. Démis de son poste en avril 2014.

IMMOBILIER DE BUREAUX ET FIÈVRE ACHETEUSE DU MOYEN-ORIENT L’immobilier non résidentiel au Luxembourg, après avoir été la proie des investisseurs belges, puis allemands et français, intéresse désormais des clients plus lointains. La fièvre acheteuse s’est emparée du Moyen-Orient pour la pierre grandducale. Le courtier JLL signalait en janvier dernier que 27 % des transactions dans l’immobilier de bureaux en 2015 avaient pour origine des capitaux du MoyenOrient, contre 5 % entre 2010 et 2014. Les chiffres 2015 sont un peu biaisés, puisqu’ils tiennent compte du méga projet Royal-Hamilius au centre-ville, acheté par le fonds souverain d’Abu Dhabi.

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PLACE FINANCIÈRE

RETOUR AUX SOURCES

Ancrage local, ambition européenne T H I E R RY R A I Z E R |

J E S S I CA T H E I S

Crédit Agricole Private Banking a repris le blason historique Indosuez, en y accolant le wealth management. L’entité luxembourgeoise tient le rôle de centre de compétence au sein du groupe pour l’ingénierie fiscale. Tête de pont européenne, l’entité marche résolument vers la croissance.

BIO Olivier Chatain, 48 ans, a pris le relais le 1er octobre 2015 de ­Jean-François Abadie au poste d’administrateur délégué d’Indosuez Wealth Management. Diplômé de l’École ­supérieure de gestion de Paris et titulaire d’un DESS de gestion de patrimoine, Olivier Chatain a rejoint Crédit Agricole Luxembourg en 2009 pour prendre la direction du pôle Banque privée, tout en intégrant le comité de direction.

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D

ifficile exercice qu’est celui du rebranding d’une entreprise, a fortiori dans le secteur financier. Pour affirmer son image tout en uniformisant sa carte de visite, Crédit Agricole Private Banking s’est dévoilée, le 27 janvier dernier, sous un autre jour : en retournant aux racines de la banque. C’est en effet la marque Indosuez Wealth Management qui a été choisie pour matérialiser la nouvelle organisation mondiale des activités de gestion de fortune du groupe Crédit Agricole, et ce en Europe, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique et aux Amériques. « Nous avons choisi de marquer le wealth management, car les besoins de nos clients concernent l’ensemble de leur patrimoine et pas uniquement leurs actifs », déclare Olivier Chatain, directeur général d’Indosuez Wealth Management Luxembourg. Les entrepreneurs, avec un profil international, sont désormais clairement le cœur de cible de la banque qui compte miser sur une approche groupe pour proposer les meilleures compétences, là où elles sont situées. « L’entité luxembourgeoise joue le rôle de centre d’excellence pour les solutions d’ingénierie patrimoniale sur l’ensemble de notre groupe », ajoute Olivier Chatain. Une place dans l’organisation qui se justifie par l’expertise et la boîte à outils luxembourgeoises. « Nous effectuons une coordination avec nos collègues du réseau, ce qui permet d’optimiser la manière dont nous servons nos clients. » Car le changement de nom est l’aboutissement pour la banque d’une transformation engagée depuis 2012 pour « aligner » les filiales dédiées à la gestion de fortune qui sont présentes dans 14 pays, soit 30 implantations dont celle du Glacis, siège au Luxembourg d’Indosuez Wealth Management. Mais pas uniquement. Car le domicile luxembourgeois a été choisi par le groupe Crédit Agricole pour coordonner et déployer différentes succursales au sein de l’Union européenne. C’est donc la structure Indosuez Wealth Management Europe, également pilotée par Olivier Chatain, qui a ouvert l’été dernier une succursale en Italie, après celles dans différentes villes espagnoles ainsi qu’en Belgique (Bruxelles et Liège). « Hor-

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D OUB LE R EGAR D Patron au Luxembourg, Olivier Chatain l’est aussi – hors France – sur l’Union européenne pour le wealth management de Crédit Agricole.

mis la France qui demeure sous le contrôle direct de notre siège, tout développement sur le territoire de l’Union européenne s’effectuera à partir du Luxembourg », ajoute Olivier Chatain. Si l’agenda ne peut pas encore être dévoilé, l’ambition est clairement de gagner de nouveaux marchés via une présence physique proche des entrepreneurs et donc des clients. Plus discrète que ses concurrentes, Indosuez Wealth Management représente pourtant un réseau européen loin d’être négligeable. Soit 110 milliards d’actifs sous gestion et 400 personnes employées au siège luxembourgeois. Et lorsque nous lui posons la question de l’avenir et de la confiance qu’il a justement dans le secteur financier luxem-

bourgeois, Olivier Chatain répond d’emblée « colossales » quant aux opportunités à venir. « Nous sommes entrés dans un monde de transparence qui nous permet de nous positionner encore plus comme porte d’entrée sur le marché européen pour une clientèle internationale », estime-t-il. Restera à attirer les talents capables d’appréhender les changements de la banque privée.

EN RÉSUMÉ

Ne dites plus Crédit Agricole Private Banking, mais Indosuez Wealth Management. Un retour aux sources qui s’accompagne d’une réelle stratégie de développement à l’international, pilotée depuis la place du Glacis à Luxembourg-ville.


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PR ATIQUES D’OP TIMISATION FISCALE

Un ruling, ça engage VÉRONIQUE POUJOL

C H R I S TO P H E O L I N G E R

Le « regretté » Marius Kohl, préposé du Bureau 6 de l’Administra­tion des contribu­tions directes, a vu un de ses rulings retoqué par sa propre administration.

L

e départ à la retraite de Marius Kohl le 1er octobre 2013 fut vécu comme un soulagement pour ses collègues du Bureau 6 des sociétés de l’Administration des contributions directes : une page se fermait sur une époque de production de rulings à une échelle industrielle et, surtout, sans filet de protection ni vérification de la part de l’administration. Preuve qu’il était devenu un électron libre au cœur de l’ACD, Marius Kohl, une Le tribunal fois parti à la retraite, vit certaines de admi­nis­tratif a ses décisions borderline remises en toutefois considéré cause par la nouvelle équipe mise en que les agents place. Un scénario que le rapport Krecké des impôts ne sur la fraude fiscale avait anticipé et pouvaient pas craint en 1997, recommandant d’assorrevenir sur une tir les rulings « d’un maximum de garandécision anticipée. ties », pour éviter l’inconfort d’une situation où Marius Kohl disait « oui » à un montage et l’administration fiscale le retoquait ensuite pour non-conformité. C’est ce qui s’est passé 16 ans Les agents des plus tard avec un ruling conclu un expert belge en assuimpôts ont vu la par rance et réassurance, qui avait « restructuration » été PDG de Dexia Ingénierie en France. Marius Kohl de DJB comme Sociale lui avait tamponné le 28 janvier un montage de 2013 un accord lui permettant procéder à l’apport de son structure artificielle de savoir-faire, considéré comme dont le seul but est un actif incorporel et valorisé à titre. L’opération consistait d’éviter l’impôt. ce à le retirer de sa structure belge pour le mettre dans sa nouvelle société luxembourgeoise d’exploitation de la propriété intellectuelle, DJB International, en permettant ainsi une imposition particulièrement légère. Un montage d’optimisation fiscale, celui des apports cachés, vu par la presse flamande comme un avatar des rulings pour les particuliers, qui fut utilisé via le Grand-Duché par des centaines d’entrepreneurs plus ou moins importants, des coiffeuses aux professions libérales. DJB International fut constituée le 13 juin 2012 et eut son siège initial à Pétange, avant de déménager à Schifflange, puis à Windhof, en y louant R U L I N GS E N MA S S E Marius Kohl produisait des bureaux, mais sans employer de des décisions anticipées personnel. Le 15 juin, sa fiduciaire écrit les yeux fermés. au Bureau 6 son intention de constituer Ses collègues de l’ACD une société (elle l’avait déjà été) pour y en ont retoqué certaines.

apporter son savoir-faire et le voir considéré comme apport de capital caché correspondant à 80 % du bénéfice commercial avant impôts. Exagéré ? La reconnaissance par l’ACD de l’apport caché devait en tout cas entraîner l’exonération de 80 % des profits de l’entité luxembourgeoise, avec un amortissement sur 10 ans. Le schéma fut approuvé le 28 janvier 2013 les yeux fermés : « Je confirme (…) que les conséquences fiscales mentionnées dans votre courrier sont conformes à la législation fiscale et à la position administrative en vigueur », écrivait le célèbre préposé. Or, le 22 novembre 2013, après que DJB eut envoyé sa déclaration fiscale pour 2012, l’ACD revient sur l’accord préalable, refusant de reconnaître l’apport caché « en l’absence d’une étude de valorisation du savoir-faire ». Les agents des impôts ont vu la « restructuration » de DJB comme un montage de structure artificielle dont le seul but est d’éviter l’impôt. Ils n’ont pas accepté non plus la pertinence de deux rapports établis par la fiduciaire sur la valorisation du know-how de l’expert « hautement qualifié », les jugeant peu pertinents. Or, selon l’expert, la valorisation s’est appuyée sur les méthodes de l’OCDE consignées dans un ouvrage de 2011 sur la propriété intellectuelle.

Cette décision fut contestée devant le directeur de l’ACD, qui ne répondit pas, d’où la saisine du tribunal administratif le 21 novembre 2014, quelques jours après LuxLeaks. Devant les juges, les débats s’articulèrent autour de deux arguments : la justification de l’apport caché, construction prétendument faite pour des raisons patrimoniales de sécurisation des activités de l’expert et de limitation de sa responsabilité ; et le fait que l’accord préalable du 28 janvier, formulé sans réserves particulières, lie l’ACD. Le tribunal administratif a botté en touche en n’examinant pas vraiment le fond du dossier, évitant ainsi de condamner des pratiques d’optimisation fiscale liées à la législation sur la propriété intellectuelle. Le gouvernement a reconnu les abus de droit, puisque, sous la pression internationale, le dispositif a été abrogé. « L’apport caché, on s’en fiche, l’objet du jugement a été de réaffirmer de façon très claire qu’une décision de l’administration fiscale l’engageait », résume un proche du dossier. « À défaut d’avoir formulé une quelconque réserve dans l’accord du 28 janvier 2013, plus particulièrement par rapport à l’évaluation, que ce soit quant au principe d’une évaluation forfaitaire ou que ce soit quant au pourcentage retenu, le bureau d’imposition ne saurait plus revenir sur sa position », ont pour leur part dit les juges. L’État a fait appel de leur décision devant la Cour administrative. EN RÉSUMÉ

Le tribunal administratif avait été saisi en 2014 d’un recours d’un entrepreneur belge qui avait vu son ruling de janvier 2013 retoqué par l’administration sous prétexte d’un montage fiscal destiné à éviter l’impôt. Les juges administratifs ont considéré qu’une décision anticipée liait l’administration des contributions directes. Il y a appel devant la Cour administrative.

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PLACE FINANCIÈRE

L E S S U I T E S D E L’ A F F A I R E

Nouvelles pièces accablantes pour LSK VÉRONIQUE POUJOL

Un couple de Français a porté plainte contre la société financière LSK pour escro­ querie en bande organisée. Leur avocat juge « fantaisiste » la ligne de défense de Dominique Strauss-Kahn, qui persiste à plaider l’ignorance des agissements des dirigeants.

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L

es époux Urbach ont été les derniers investisseurs à mettre de l’argent dans ce qui devait être une banque d’affaires. Ils ont porté plainte le 18 novembre 2015 pour escroquerie en bande organisée, abus de confiance et diffusion ou tentative de diffusion d’informations fausses et trompeuses contre les administrateurs de la société Leyne StraussKahn au Luxembourg. Parmi eux figure l’ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Avec un passif de 100 millions d’euros, LSK fut déclarée en faillite le 7 novembre 2014, quelques jours après le suicide de son fondateur Thierry Leyne. La plainte a été déposée devant le Parquet financier de Paris par l’avocat Yohan Attal du Barreau de Marseille, pour le compte d’Alain Urbach et de son épouse. L’affaire a été révélée par Les Echos, après que Me Attal eut adressé le 29 janvier dernier une lettre au Parquet de Paris, ajoutant à sa plainte initiale de « nouvelles pièces accablantes » au dossier. Une des « pièces maîtresses » de l’affaire, selon l’avocat marseillais, est un procès verbal du conseil d’administration de

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LSK du 29 août 2014, alors que la société financière et sa filiale Assya Asset Management avaient été assignées le 1er août par l’assureur Bâloise à Luxembourg pour rembourser sans délai une dette de 2 millions d’euros. Une première comparution devait intervenir le 6 août. C’est plus tard, le 29 août, que fut « consacrée » la prise de participation des Urbach dans le capital de LSK. Une autre plainte, similaire à celle du couple Urbach, avait été initiée en juin 2015 pour escroquerie et abus de bien sociaux devant le TGI de Paris par l’homme d’affaires français Jean-François Ott, qui avait investi 500.000 euros dans une augmentation de capital de Leyne Strauss-Kahn en juillet 2014, alors que la société financière était déjà au bord de l’asphyxie. « Au moment où les époux Urbach donnaient suite aux sollicitations de LSK et plaçaient l’intégralité de leur épargne patrimoniale, les administrateurs de la société LSK et leur président savaient que la ‘banque d’affaires’ était en faillite », écrit Me Yohan Attal dans sa lettre du 29 janvier que Paperjam a pu consulter. L’avocat accuse les administrateurs de la société financière de l’avoir présen-

tée à ses clients comme une structure prospère. Il en veut pour preuve « le montant abyssal » de la prime d’émission : 940.000 euros sur les 1,140 million investis par les époux Urbach dans LSK, « soit 82 % de la valeur des titres ». « La prime d’émission a été fabriquée de toutes pièces par les dirigeants de LSK », signalait Me Attal dans sa plainte de novembre 2015. Alain Urbach acheta 200.000 actions de LSK au prix unitaire de 5,7 euros. Ses administrateurs faisaient alors valoir un cours de bourse de l’action cotée sur le marché Euronext Paris supérieur à 8 euros. Or, en 2013, LSK avait enregistré une perte de 17 millions d’euros. Le réviseur d’entreprises Ernst & Young émit des réserves sur les comptes et démissionna en décembre 2013. Ce n’est qu’en juillet 2014 que celui-ci fut officiellement remplacé. Lorsqu’elle fit son entrée en bourse en mars 2013, LSK fut valorisée à 50,24 millions d’euros. Dominique Strauss-Kahn souscrivit alors ses titres pour 0,25 euro l’unité. La question tourne autour de son degré de connaissance des augmentations de capital présentées comme frauduleuses. Me Attal considère qu’il ne pouvait pas, comme il le prétend, ignorer les « agissements frauduleux » des autres administrateurs. « Il importe de souligner que les publications du ‘Mémorial’ (…) sont accessibles par toute personne et à tout moment sur internet. Les opérations d’augmentation de capital furent donc en leurs temps connues de tous », écrit-il dans sa lettre du 29 janvier. « Dans ces conditions, poursuit-il, comment le président du conseil d’administration de la société qui porte son nom peut-il persister dans une ligne de défense aussi fantaisiste ? » L’avocat est d’avis que le président de LSK avait connaissance de l’ensemble des procès verbaux et que le doute n’est pas permis sur son rôle actif dans le scandale LSK, au même titre que les autres administrateurs d’un holding financier que l’ex-directeur général du FMI rêvait, sur un horizon de cinq ans, de faire devenir plus gros que la Banque Lazard. Dans une lettre (révélée par L’Obs) qu’il avait adressée le 4 novembre 2014, soit trois jours avant la faillite de LSK, au substitut du procureur d’État Gabriel Seixas, DSK indiquait pourtant que les réunions du conseil d’administration qu’il a présidé « ne laissaient aucunement transparaître de difficultés sérieuses ». EN RÉSUMÉ

Encore une plainte contre la société financière LSK, un an et demi après sa disparition. Elle émane d’un couple de Français qui a vu ses économies englouties dans une augmentation de capital de LSK, qui aurait dû devenir une banque d’affaires plus grande que la Banque Lazard. Les époux Urbach accusent les dirigeants d’escroquerie en bande organisée.

LICENCE CC

D OM I NI QUE STRAUSS-KAHN L’ancien président de LSK assurait en novembre 2014 que les réunions du conseil d’administration n’avaient pas laissé transparaître de difficultés sérieuses de la société financière.


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INVESTISSEMENTS RESPONSABLES

Au-delà de la microfinance T H I E R RY R A I Z E R

LuxFlag fête ses 10 ans cette année, sur fond d’appétit croissant du marché pour la matière responsable. Si la microfinance, niche fondatrice, est un succès, il reste une certaine marge dans les autres créneaux.

P

S O U R C E  : K P M G / A L F I E U R O P E A N R E S P O N S I B L E I N V E S T I N G F U N D S U RV E Y 2 0 1 5

asser du stade d’une classe d’actifs de niche vers une classe d’actifs courante. Les parties prenantes militant pour le développement des investissements qualifiés de « responsables » caressent de fortes ambitions. Motivées par la volonté des investisseurs de ne plus uniquement lorgner le rendement financier, mais aussi de contribuer à des retombées – positives – pour l’environnement et la société au sens large, elles estiment à quelque 1.000 milliards d’euros d’actifs le volume que pourraient atteindre les fonds responsables en Europe d’ici 2030. Alors que le niveau, fin 2014, s’élevait à 372 milliards d’euros. Un vœu pieux ? Les besoins sociétaux, environnementaux et autres enjeux démographiques sont de puissants moteurs du développement de ce créneau qui a débuté dans la microfinance, appuyant le financement de projets d’entrepreneurs dans des pays moins favorisés par l’intermédiaire du microcrédit. L’activité a pris son envol en 2007 sur la Place, qui a voulu, à l’instar du créneau mainstream, se positionner comme hub européen. Cette même année fut créé le premier « label microfinance » de LuxFlag, l’agence de labellisation des fonds d’investissement spécialisée dans la sphère responsable, née un an auparavant.

LES ACTIFS SOUS GESTION DES FONDS RESPONSABLES EN EUROPE

Grâce à l’alliance du secteur privé et des institutions publiques, LuxFlag s’est profilée comme garante pour les investisseurs à la recherche, par philosophie ou par opportunité, d’un investissement à impact. L’exonération de la taxe d’abonnement n’a pas été étrangère à cet engouement des promoteurs et des investisseurs de respectivement baser un fonds microfinance au Luxembourg et d’y participer. Après cette première décennie, l’agence de labellisation est confrontée au défi d’élargir sa portée, au-delà de la microfinance qui a permis de labelliser 28 MIV, les véhicules financiers ad hoc. « Nous voulons gagner en visibilité, indique Annemarie Arens, general manager de LuxFlag. L’investissement responsable est à l’agenda des grandes conférences auxquelles nous voulons le plus participer. Nous recevons aussi des demandes de la part des ministères pour donner un soutien pour l’après Cop21. » La conférence pour le changement climatique de Paris n’a fait que souligner davantage le besoin de financer les projets capables de juguler les changements climatiques. Et pourtant, comme le relèvent les spécialistes, les investissements responsables souffrent encore du paradoxe d’une grande disponibilité d’argent contre peu, ou pas assez, de produits capables d’absorber ces investissements.

LES ACTIFS SOUS GESTION PAR DOMICILE

1.000 mds

35 % Luxembourg

Eur 200 mds

Eur 238 mds

16 % France

Eur 372 mds

10 % Norvège 7 % Suède

2010

2012

2014

2030

6 % Royaume-Uni

Mais si le label luxembourgeois de microfinance a pu s’imposer tel un passeport européen, les deux autres, nés respectivement en 2011 (label environnement) et en 2014 (ESG pour Environmental, Social and Governance), devront encore faire leurs preuves sur le long terme. Probablement parce que les pays européens agissent en ordre dispersé sur ces deux dernières thématiques, chacun voulant lancer son propre label dans des matières qui attisent aussi les opportunismes. Pour autant, LuxFlag continue d’y croire et a visiblement de bonnes raisons, selon l’étude menée conjointement l’année dernière par KPMG et l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), scrutant les tendances du marché européen de l’investissement responsable. Transparence, simplicité, honnêteté et intégrité : en se concentrant sur ces axes, l’investissement responsable aurait d’ores et déjà une longueur d’avance pour anticiper les souhaits de l’investisseur de demain, note le document. Marqué par une prépondérance des investisseurs institutionnels – des assureurs ou des fonds de pension – le marché devrait s’ouvrir à terme aux « plus petits » investisseurs. « Il devrait ainsi attirer l’investisseur de demain, plus conscient des enjeux environnementaux et sociaux », notait Anouk Agnes, directrice générale adjointe de l’Alfi lors de la présentation de l’étude qui précisait que, entre 2012 et 2014, les actifs sous gestion des fonds d’investissement responsables européens avaient augmenté de 25 % en moyenne. 35 % d’entre eux sont localisés au Luxembourg. Une proportion suffisamment importante pour qu’une nouvelle dynamique soit insufflée via LuxFlag pour la prochaine décennie. En espérant qu’une définition claire et généralement acceptée de l’investissement responsable puisse être fixée, avec les reportings adaptés. EN RÉSUMÉ

Vers 1.000 milliards d’euros d’actifs. L’investissement responsable pourrait atteindre ce cap d’ici 2030, estiment les spécialistes. Dans ce contexte, LuxFlag, l’agence de labellisation de la Place, a une carte non négligeable à jouer pour sa deuxième décennie d’existence.

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A N O U K A G N È S ( D E P U T Y D I R E C T O R G E N E R A L D E L'A L F I )

« Se concentrer à nouveau sur les affaires » FA B R I C E BA R B IA N

Les dernières éditions de l’Alfi Spring Confe­rence ont largement été consacrées à la réglementation. La prochaine édition, début mars, invite les professionnels des fonds d’investis­ sement à se projeter dans l’avenir.

Impossible d'évoquer l'avenir de l'industrie des fonds sans évoquer les évolutions technologiques. Les fintech seront-elles, à ce titre, à nouveau au rendez-vous ? Ce sera la troisième fois que nous offrons à une douzaine de start-up actives dans les fintech la possibilité de rencontrer des clients potentiels. Un rendez-vous qu’elles nous disent apprécier. Compte tenu de ce vent nouveau qui souffle, il était logique qu’elles soient présentes et bénéficient d’une tribune pour présenter leurs activités et solutions. Les fintech 122 ­—

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seront également évoquées via la présentation d’une étude qui porte sur la façon dont elles peuvent favoriser la distribution internationale des fonds. Un sujet qui intéresse tout particulièrement l’industrie luxembourgeoise, dont les fonds sont distribués dans plus de 70 pays.

F I NTECH Les fintech seront aussi au programme de la conférence de l'Alfi.

La blockchain fait également l'objet d'une intervention. C'est un sujet particulièrement complexe. Quel est l'intérêt d'une telle présentation ? À l’image de ce que nous faisons avec les fintech, l’ambition avec cette conférence sur la blockchain est avant tout d’expliquer ce qui se joue avec les évolutions technologiques afin de démystifier, de bien appréhender les impacts potentiels, mais aussi et surtout de voir comment l’industrie peut pleinement exploiter ces technologies disruptives pour gagner encore en efficience et en compétitivité, en réduisant les charges et les coûts, par exemple. Et puis, il est clair aussi que les millennials entretiennent un rapport avec la technologie que nous ne pouvons pas ignorer. La place des femmes dans l'industrie des fonds figure également au programme. Une volonté de votre présidente, Denise Voss ? C’est effectivement un sujet qui tient à cœur à notre présidente, mais c’est surtout un sujet d’actualité. Différents articles de presse ont été publiés ces derniers mois sur la place des femmes dans

l’industrie des fonds d’investissement. Et force est de constater qu’elles ne sont pas nombreuses, encore moins que dans l’ensemble de la place financière. Le sujet mérite donc d’être abordé, ne serait-ce que parce qu’il ne fait aucun doute qu’un conseil d’administration diversifié est assurément plus performant. La diversité passe, notamment, par la présence de plus de femmes qui souhaitent aller de l’avant, dans un monde qui change tant sur le plan économique, que technologique, social ou environnemental. L'industrie des fonds d'investissement semble bénéficier d'un retour en grâce de la part notamment de la Commission européenne. C'est également votre sentiment ? Oui. La Commission européenne se tourne vers l’avenir et affiche sa volonté de relancer la croissance et l’emploi. L’industrie des fonds d’investissement a un rôle à jouer en la matière, comme le confirme sa place au sein du plan ­Juncker. Au-delà de participer au financement de l’économie, les fonds offrent aussi des solutions dans le domaine du financement des retraites, sujet qui préoccupe bon nombre de pays. EN RÉSUMÉ

D I VER SI TÉ Pour Anouk Agnès, la diversité a une place legitime aux conférences de l'Alfi.

L’Alfi prépare sa traditionnelle conférence de printemps pour les 8 et 9 mars. Des sujets d’avenir et néanmoins d’actualité seront évoqués, comme les fintech, la diversité… sans oublier les enjeux réglementaires.

S T E V E E AS T WO O D

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a prochaine Alfi Spring Conference, programmée les 8 et 9 mars, se focalise moins sur les questions liées à la réglementation pour se concentrer sur l'avenir. Cela traduit-il un changement d'état d'esprit ? A n o u k A g n è s Ces dernières années ont été marquées par de nombreuses évolutions réglementaires, il était donc normal que l’on aborde ces changements. Ce sera encore le cas en mars prochain, mais, effectivement, dans une moindre mesure. Comme le souligne l’intitulé Future Perfect du prochain rendez-vous, le temps est venu de se concentrer à nouveau sur les affaires et à leur développement, conformément d’ailleurs au programme Ambition 2020 que l’Alfi a dévoilé l’an dernier et qui précise sa feuille de route pour les quatre ans à venir.



PLACE FINANCIÈRE

Un fonds qui se certifie conforme VÉRONIQUE POUJOL

Le Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité et son actif de 19 millions distribuerait-il l’argent sans regarder ? La Cour de comptes lui fait un faux procès, selon son président Jean-Luc Kamphaus.

L

a Cour des comptes a épinglé pour la première fois de sa courte histoire la gestion entre 2010 et 2012 du Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité. Ce fonds a été alimenté à l’origine par les confiscations d’argent provenant du trafic des stupéfiants, et désormais par les avoirs venant de toutes autres formes de criminalité. Il a été institué sous la forme d’un établissement public en 1992, après l’affaire « Jurado », du nom d’un financier d’un cartel colombien de la drogue. Il pourrait d’ailleurs être amené, lorsque la 4e directive sur le blanchiment entrera en vigueur (l’année prochaine), à recueillir l’argent de la fraude fiscale. À voir. Les critiques de la Cour des comptes, qui n’avait jusqu’alors rien trouvé à redire sur sa gestion, ont surpris les membres de son comité directeur, à commencer par son président Jean-Luc Kamphaus, du ministère des Finances : « Je ne suis pas fâché, mais étonné », ditt-il à Paperjam. En dépit de ses actifs qui atteignaient un peu plus de 19 millions d’euros à la fin de 2014 et de son statut d’établisse-

ment public, le Fonds de lutte est resté une structure réduite à sa plus simple expression, sans personnel propre ni bureaux. Les choses ne devraient pas changer de sitôt. La gestion courante est assurée par un agent du ministère des Finances, faisant office de secrétaire travaillant sous le contrôle de Jean-Luc Kamphaus. La Cour des comptes a pointé un certain désordre dans l’administration du Fonds et son suivi de projets, notamment le fait que les réunions du comité directeur se fassent principalement par courriels. « Il existe une inadéquation entre les exigences découlant des missions fixées par la loi modifiée de 1992 et les ressources en personnel du Fonds », signale la Cour des comptes. Autres critiques, l’absence de rapports semestriels remis au conseil de gouvernement entre 2011 et 2012, comme le prévoit sa loi fondatrice, et la non-­ remise des comptes annuels depuis 2008 au Registre de commerce et des sociétés. C’est après avoir reçu une lettre de la Cour des comptes en décembre 2014 que les bilans de 2009 à 2014 ont été déposés comme la législation l’impose.

LE FONDS EN CHIFFRES (€) Affectation à des projets 2012 203.534 2013 1,814 Mios 2014 717.184 Alimentation via les confiscations 2012 540.412 2013 480.453 2014 5,270 Mios Actif net 2012 2013 2014

16,048 Mios 14,687 Mios 19,265 Mios

EN ASI E D U SUD -EST Le Fonds de lutte finance des projets au Laos dans le cadre du programme de l’agence UNODC des Nations unies à Vienne.

Le grief principal porte sur le contrôle et le suivi des projets financés par le Fonds, à l’international (par l’intermédiaire d’ONG ou d’organisations internationales comme l’Onu ou le Conseil de l’Europe) et au plan national. « Je tiens à réagir à quelques phrases qui, à tort, pourraient laisser sous-entendre qu’il n’y aurait pas de suivi des projets », écrivait en janvier dernier le président du Fonds en réaction aux « recommandations » de la Cour des comptes, critiquant l’absence « de structure adéquate » pour assurer lui-même le suivi des projets subventionnés. Au Laos, un projet à un million d’euros initié en 2009 par l’Unicri, une des agences des Nations unies basées en Italie avec laquelle le Fonds de lutte travaillait pour la première fois, a tourné court. Le programme portait sur l’amélioration du système judiciaire et l’entraînement des autorités judiciaires pour la lutte contre la criminalité dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Or, la première tranche de 453.000 euros versée par le Luxembourg n’a servi qu’à payer les loyers d’un bâtiment sur place, et les consultants, sans qu’un centime n’ait alimenté le projet proprement dit. « C’était la première et la dernière fois que nous avons travaillé avec l’Unicri », explique Jean-Luc ­Kamphaus. La seconde tranche de financement n’a pas été payée (malgré les pressions de l’agence onusienne), mais la première ne peut pas être récupérée « ni en droit ni dans les faits », précise-t-il. Jean-Luc Kamphaus devait se rendre à la mi-février au Laos pour s’assurer lui-même de la mise en œuvre et de la bonne exécution des programmes initiés par une autre agence des Nations unies, l’UNODC, basée quant à elle à Vienne et ayant « une bonne réputation  ». Au niveau national, le Fonds de lutte subventionne essentiellement des achats de matériel ou le financement de projets de la Police, de la Cellule de renseignement financier ou d’associations luxembourgeoises s’occupant du suivi des consommateurs de drogue et de la lutte contre la dépendance aux psychotropes. L’arrosage ne porte pas sur des frais récurrents (comme des loyers d’ONG ou les salaires de ses agents), le Fonds ayant une approche prudente en raison de l’irrégularité de ses « revenus » provenant des fonds confisqués. En 2014, la « pêche » fut bonne avec une entrée de plus de cinq millions d’euros provenant d’une « grosse affaire » criminelle. EN RÉSUMÉ

Avec des actifs de plus de 19 millions d’euros, le Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité distribuerait l’argent sans regarder ni contrôler les projets subventionnés, selon un rapport de la Cour des comptes sur les établissements publics. Le Fonds s'en défend.

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— Mars 2016

RTM.ORG.LA

APRÈS LE R APPORT DE L A COUR DES COMP TES SUR LES É TABLISSEMENT S PUBLICS



DIGITAL

s vité  : / 4 in ts ique d’exper t a m 1 thé éponses sr et de

: itaux g i d s lle ier Doss ute nouve o une t rience sur expé sier /dos .lu rjam pape

FORMATION

M E T T R E L’A P P R E N T I S S AG E E N P R AT I Q U E

La formation proche du terrain Éléments d’attraction et de rétention hors pair, les formations, qu’elles soient classiques avec un duo professeur-élève ou en ligne seul devant son écran d’ordinateur, se font désormais concurrencer par le coaching personnalisé et l’apprentissage plus informel aux côtés de confrères plus expérimentés. La pratique est décisive, c’est ce que constatent au quotidien les experts rencontrés en table ronde. Sociétés d’utilité publique, cabinets d’avocats, organes publics ou Big Four, rares sont aujourd’hui les structures qui peuvent se passer de plans de formation structurés. Pour les métiers juridiques ou techniques, il en va de l’exercice du métier ou de la validation des

acquis. En parallèle à l’explosion des TIC démultipliant les possibilités d’e-learning et d’accès à distance aux meilleurs universités ou spécialistes internationaux, l’apprentissage se fait aussi et surtout sur le terrain, et s’accompagne de storytelling et d’expériences à vivre.

Q Comment tirer profit de l’évolution des nouveaux outils ? « e-learning, a strategic decision »

PHILIPPE SALOMON Director, Berlitz Languages and Business Seminars

BRUNO RENDERS Administrateur délégué, IFSB / ImSim

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Technology is constantly changing and new technological developments have profound effects on education. The current speed of change means that employees need to be trained continuously in order for companies to avoid the dangers of being out-thought and out-manœuvered by competitors.

« L’apprenant au centre de la formation 2.0 » DOMINIQUE PIERRET Chef de projet, IUIL

Longtemps, la formation a été assimilée à de la transmission de savoirs. Le dispositif pédagogique était clair : aligner les participants en rangs d’oignons pour qu’ils apprennent et écoutent le formateur « savant » sur le devant de la scène. Les TIC l’ont fait voler en éclats.

« La technologie au service des applications pédagogiques »

« La formation connectée : où je veux et quand je veux »

Nous assistons à une forme de révolution rendue possible grâce à l’émergence de nouveaux outils pédagogiques. Il n’est pas illusoire de développer une stratégie sur base du jeu vidéo, de jeux en ligne ou encore de la réalité virtuelle dans le domaine de la formation, en particulier dans un secteur tel que la construction.

E-learning, MOOC (Massive Open Online Courses) ou encore PDP (plan de développement personnel), ces outils évoluent dans l’ère des nouvelles technologies et de la « génération connectée » et feront bientôt partie intégrante des modes de formation des collaborateurs.

—Mars 2016

LAURENT CHAPELLE General manager, RH Expert


DIGITAL

MAGALI MAILLOT Allen & Overy

GABY WAGNER LUC SCHEER

VINCIANE ISTACE

Croix-Rouge luxembourgeoise

PwC

Adem

Q Le ROI d’un plan de formation peut-il se mesurer ? « Écouter son client pour une formation gagnante »

MAGALI BURTARD

Former ses collaborateurs, c’est favoriser l’épanouissement de son personnel, se donner les moyens de fidéliser ses équipes, mais également renforcer la

productivité et la compétitivité de l’entreprise. La formation constitue donc un investissement qui doit générer une ­ plus-value en termes de productivité.

Tax & legal senior consultant, SD Worx

Q Comment choisir les bons formateurs ? « Bien structurer son organisation améliore le recrutement » FERNAND WOLTER Directeur, Prolingua

Recruter un bon formateur ou un bon professeur n’est pas une mission facile. Nous utilisons les moyens classiques d’annonces sur notre site, mais recourons également à des portails comme Les Frontaliers ou Moovijob. Nous mettons à profit toutes les ressources de notre réseau professionnel en parallèle.

« Sans programme de qualité, pas de miracle » ANTOINE RECH Directeur administratif, Sacred Heart University

Les professeurs font partie intégrante d’un système de qualité. S’il est évident qu’ils doivent être performants, il en va de même pour les étudiants. Mais ces deux éléments ne se suffisent pas à eux-mêmes. Ils ont besoin d’un programme de qualité sur lequel s’appuyer.

« Des professionnels aguerris qui partagent leur savoir » VINCENT RUCK Head of programming, Paperjam Club

Pour recruter et choisir des formateurs, il faut réussir à faire s’accorder deux exigences. La première est de s’assurer que les sujets retenus intéressent les entreprises, et que donc nous aurons des participants. La seconde est que les formateurs soient compétents dans leur domaine.

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CARRIÈRES

Nicholas Solbreux, 31 ans, a rejoint Agile Partner en tant que consultant junior en octobre 2015. Après huit ans passés dans le bâtiment, il a décidé de réorienter sa carrière dans le domaine de l’IT et a donc suivi de 2009 à 2013 des cours du soir en informatique. ICT

Jean Rollin, 26 ans, a rejoint Charles Russell Speechlys en tant qu’associate au sein du département Investment Management & Funds. Membre du Barreau de Luxembourg depuis 2015, il a précédemment travaillé au sein d’un cabinet d’avocats à Luxembourg dans le domaine des fonds d’investissement. Business Administration, Finance & Legal

Loïc Schmitz, 23 ans, a rejoint Agile Partner en tant que consultant IT en août 2015. Il est diplômé en informatique de gestion à l’IESN de Namur.

Jaime Lohrke a rejoint CMD. solutions en tant qu’account manager. Il a précédemment travaillé au sein d’Obbo GmbH ou encore alpha – Manfred Wenzel GmbH & Co.

ICT

Pierre Dubru, 50 ans, a récemment rejoint le groupe Bâloise Assurances à Luxembourg en tant que directeur vie entreprises. Il était auparavant responsable de l’activité corporate clients chez Swiss Life.

ICT

Céline Dupuy, 38 ans, a rejoint CTG Luxembourg PSF en tant qu’account manager. Avant, elle a travaillé chez Computacenter, CBC Informatique et Xerox Luxembourg.

Assurances ICT

Jordane Yao, 27 ans, a rejoint Charles Russell Speechlys en tant qu’associate au sein du département Corporate / Banking & Finance. Il a précédemment travaillé au sein de Schneider Electric France, ainsi que dans un cabinet de fusions et acquisitions. Business Administration, Finance & Legal

Arthur Petit, 27 ans, a rejoint Charles Russell Speechlys en tant qu’associate. Auparavant, il a travaillé au sein de cabinets d’avocats à Paris et à Jersey, ainsi qu’au sein du département juridique Afrique & Moyen-Orient du groupe Total. Business Administration, Finance & Legal

Cédric Leunis, 36 ans, a rejoint CTG Luxembourg PSF en tant qu’account manager. Il possède 11 ans d’expérience concernant les activités commerciales et le recrutement. Il a récemment travaillé au sein d’Accenture et Sogeti. ICT

Après 13 ans de carrière chez Clearstream, Olivier Destenay a rejoint en janvier la société CTG Luxembourg PSF au poste de business line manager test. Un retour aux sources, puisqu’il y a déjà travaillé entre 1999 et 2003 en tant que software engineer, avant de poursuivre sa carrière chez Clearstream. ICT

Anne Humbert, 45 ans, a été nommée country manager sales au sein de Data4 Luxembourg. Elle compte plus de 20 ans d’expérience en management et développement commercial (chez Ausy, RBC IS ou Numen). ICT

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Cinq nouveaux associés chez Arendt & Medernach Business Administration, Finance & Legal

Marc Mouton au sein du département Banking & Financial Services. Il conseille les institutions financières. Il a rejoint le cabinet en 2006. Pierre-Michaël de Waersegger au sein du département Insurance & Reinsurance Law et du département Banking & Financial Services. Jan Neugebauer au sein du département Tax Law. Il est spécialisé dans la structuration fiscale nationale et internationale des entreprises et des fonds d’investissement privés. Il a rejoint le cabinet en 2010. Stéphane Karolczuk au sein du département Investment Manage­ment. Il dirige le bureau de Hong Kong et conseille les clients internationaux sur tous les sujets liés aux fonds d’investissement luxembourgeois. Philippe Schmit au sein du département Employment Law, Pensions & Benefits. Il conseille les employeurs du secteur financier et de l’industrie sur tous les aspects liés à la relation de travail. Il a rejoint le cabinet en 2006.


CARRIÈRES Créez ou actualisez gratuitement votre biographie sur www.guide.paperjam.lu. Recherchez parmi plus de 10.000 références et un millier de biographies, classées par catégorie. Services aux entreprises Place financière Public, Associatif et Santé Activités industrielles

Stéphanie Pautot a rejoint Elvinger Hoss Prussen en tant que counsel. Elle est spécialisée en droit des sociétés et intervient dans les différents types d’opérations d’investissement, structuration, restructuration, fusions et acquisitions. Business Administration, Finance & Legal

Jérôme Honnay, 27 ans, jusqu’alors senior auditor chez EY Luxem­bourg, a rejoint le département Audit de HRT, membre du réseau international PKF, en tant que senior auditor. Business Administration, Finance & Legal

IF Group annonce la nomination d’Étienne Pigeon en tant que nouvel associé au sein de l’expertise comptable. Fort de son expérience acquise au sein d’Interfiduciaire, devenue IF Group en 2009, il accompagne et conseille les clients et plus particulièrement les sociétés commerciales luxembourgeoises. Business Administration, Finance & Legal

Marc Pirotte, 38 ans, a récemment rejoint les Laboratoires Ketterthill en tant que manager du service Prélèvements. Il a auparavant exercé le poste d’operations manager chez ISS Facility Services et diverses fonctions opérationnelles au sein de Manpower. Soins et Santé

Géraldine Kadret Augier vient d’être nommée manager de la division Finance, Tax & Legal de Michael Page. Elle a débuté sa carrière en tant qu’auditrice externe chez PwC au GrandDuché en 2009 où elle a fait ses marques avant de rejoindre Michael Page en 2011.

François Déom a été nommé consultant senior de la division Finance, Tax & Legal du cabinet de conseil en recrutement Michael Page. Il a commencé sa carrière en tant que tax consultant chez Deloitte Luxembourg avant de rejoindre PageGroup en 2014. Ressources humaines

Nadia Bouzebra a été promue au poste de manager de la division Sales & Marketing de Michael Page. Diplômée de l’Université de Liège, elle a débuté sa carrière chez ING à Bruxelles avant de rejoindre Allen & Overy en 2010 et PageGroup en 2011. Ressources humaines

Manuela Dias Marques a rejoint MNKS dans le département Droit immobilier en tant que senior manager. Elle est diplômée en droit international de l’Université de Strasbourg. Business Administration, Finance & Legal

Charles Roemers, cofondateur du cabinet d’avocats RTP, vient de rejoindre MNKS en tant que of counsel dans le département Droit immobilier. Sa carrière l’a notamment mené chez PwC Luxem­bourg, Clifford Chance et Oostvogels Pfister Roemers. Business Administration, Finance & Legal

Alain Ducat, 51 ans, a rejoint Noosphere Brand Strategy au poste nouvellement créé de creative content manager, en charge de la conception éditoriale et de la rédaction de contenus. Fort de 25 ans d’expérience dans le journalisme, il était auparavant journaliste et secrétaire de rédaction de Paperjam. Communication & Marketing

Un nouveau talent est venu compléter l’équipe de Noosphere Brand Strategy. Amélie Staquet, 28 ans, est assistante marketing. Elle a déjà « voyagé » dans la communication au Luxembourg, chez IP, chez Mikado Publicis et à l’agence Vous. Communication & Marketing

Virginie Gonella a été promue managing associate au sein du cabinet Ogier. Membre du Barreau de Luxembourg depuis 2007, elle a rejoint le cabinet Ogier à Luxembourg à sa création en 2012. Business Administration, Finance & Legal

Aurélie Filoche, 29 ans, est réceptionnaire après-vente chez Rodenbourg concessionnaire Peugeot. Avant cela, elle a travaillé chez Citroën Trigo à Metz. Transports

MNKS annonce l’arrivée de Jean-François Trapp, cofondateur du cabinet d’avocats RTP, à la tête du département Droit immobilier. Il a commencé sa carrière chez PwC, a ensuite rejoint le cabinet Clifford Chance et enfin Oostvogels Pfister Roemers. Business Administration, Finance & Legal

Stéphanie Dewez, 36 ans, a pris ses nouvelles fonctions au sein de la société Travel Pro le 1er décembre 2015. En tant que head of Mice, elle gère avec son équipe l’organisation d’événements et de voyages de groupe pour les clients sociétés ou associatifs. Transports

Ressources humaines

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BIENVENUE

CLUB

OCTOBRE 2015, 10X6 FINTECH Un nouveau pilier, Centre culturel Tramsschapp, Luxembourg-Limpertsberg

DES HISTOIRES INSPIRANTES C’est aussi ça, le Club


LES ÉVÉNEMENTS DES SEMAINES À VENIR

JEUDI 10.03.2016

CLUB

J E U D I 0 7. 0 4 . 2 0 1 6

Delano turns 5: Miami Beach Party

Let’s taste: Surprises vinicoles

J E U D I 1 7. 0 3 . 2 0 1 6

Dîner au whisky

MERCREDI 13.04.2016 MARDI 15.03.2016

MERCREDI 23.03.2016

14 workshops sur une journée

10x6 Export Champions : à l’assaut du monde

10x6 Architecture : ces bâtiments que vous ne verrez jamais…

MERCREDI 23.03.2016

10×6 Export Champions : à l’assaut du monde L’économie luxembourgeoise est très profondément interconnectée avec l’Europe et le monde. Du fait d’un marché intérieur de taille modeste, les entreprises souhaitant se développer de manière forte se tournent rapidement vers l’étranger pour

accroître leur activité. Les défis posés sont alors multiples : culture, stratégie, communication, financement, compétences, logistique, innovation... Nous avons proposé à dix dirigeants d’entreprise d’exposer la recette de leur succès au-delà des frontières du pays.

Oliver Brück

Yves Elsen

Maurice Léonard

Christophe Losange

Waagner-Biro

Hitec

Wood Optic Diffusion

Codipro

Marie-Christine Mariani MCM Steel

Waagner-Biro propose des systèmes de contrôle de processus, des infrastructures scéniques, ainsi qu’un service d’ingénierie virtuelle.

Hitec offre des solutions dans des domaines variés, tels que la technologie satellitaire terrestre, l’ingénierie, le développement de logiciels ou la gestion de projets.

Wood Optic Diffusion est une entreprise spécialisée dans le domaine de l’industrie optique.

Codipro conçoit et fabrique des anneaux de levage articulés, brevetés et conformes aux normes de sécurité les plus strictes.

MCM Steel propose des solutions en matière de déroulage à dimensions, de refendage et de vente en l’état.

Dirk Martin

Olivier Raulot

Pierre Thein

John Wirtz

Michel Witte

Apateq

Inui Studio

Hein

Pains & Tradition

IEE

Apateq propose des systèmes spécialement conçus pour les opérateurs pétroliers et les usines de traitement des eaux usées.

Inui Studio développe de nouvelles solutions logicielles pour simplifier l’informatique de l’entreprise et replacer l’être humain au coeur du processus décisionnel.

Hein développe, fabrique et distribue des fours de boulangerie et de pâtisserie dont la cuisson donne la plus grande satisfaction aux boulangers-pâtissiers artisans et industriels.

Pains & Tradition est une entreprise de boulangerie dont les principes de qualité reposent sur les ingrédients, les méthodes de travail, l’hygiène, la sécurité et la qualité.

IEE est un leader mondial du développement et de la fabrication de technologies de détection spécialisées.

GOLD SPONSOR

INFOS Lieu : Tramsschapp (Luxembourg-Limpertsberg). Accueil à partir de 18:30. Inscription obligatoire sur www.paperjam.club.

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LES ÉVÉNEMENTS DES SEMAINES À VENIR

CLUB

T HURSDAY 10.0 3. 20 16

Delano turns 5: Miami Beach Party

I

n February 2011 Maison Moderne launched Delano. Through its monthly magazine, its news and services website, its weekly newsletter and its tablet and mobile applications, Delano targets nearly 50,000 English-speaking, international expatriates, whose professional career currently involves a stint in Luxembourg. Duncan Roberts, editor in chief, proudly states that “Delano goes inside the stories that matter most to Luxembourg’s international community.” To celebrate Delano’s 5th anniversary, we are inviting you to celebrate in true sexy chic Miami style, the theme we chose to have fun together in reference to the iconic Miami Beach hotel of the same name. Prepare to party in Latin American flavoured Miami style. When the sun sets, the fun begins. Let your hair down, move your feet and dance until dawn. Open bar from 6:30 p.m. to 8:30 p.m. with light finger food and a killer DJ set. You’ll be welcomed by a red-carpet style photo shoot to catch your best smiles in true Miami fashion. See you there!

PARTNERS

SPONSORS

Venue: Melusina (Luxembourg-Clausen) Welcome starts at 6:30 p.m.

J E U D I 1 7. 0 3 . 2 0 1 6

Dîner au whisky Est-il possible de boire du whisky en mangeant ? Selon la Française Martine Nouet, grande spécialiste du whisky et surnommée la « reine de l’alambic », beaucoup de producteurs disaient que leurs single malt étaient des digestifs et rien d’autre. N’ayant pas froid aux yeux, elle leur a fait voir qu’il était possible de boire du whisky en mangeant. Nous sommes aussi convaincus que la richesse aromatique de cette eau-de-vie de grain rend tout à fait possible la construction d’un accord mets et whisky différente à chaque plat. Un dîner au whisky est vraiment une expérience unique et une première dans l’histoire du Paperjam Club. En collaboration avec le Whisky Club Luxembourg, nous vous invitons donc à venir partager une soirée mémorable autour du mariage entre différents whiskies et différents mets, salés comme sucrés.

Lieu : Kaempff-Kohler (Munsbach). Accueil à partir de 18:30.

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LES 14 WORKSHOPS DU MARDI 15 MARS 2016

COMMUNICATION, MARKETING  & SALES

09:30 12:30 14:00 17:15

Yannick Bruck (Yes Management)

Pedro Castilho (Verbalius)

09:30 12:30

Frédéric Anspach

14:00 17:15

Antoine Fortier

FINANCE & LEGAL

09:30 12:30

(XLPS)

(Loyens & Loeff)

Ariane Claverie (Castegnaro Cabinet d’avocats)

CLUB

La meilleure technique pour négocier avec un client ? Éviter d’avoir à négocier. Les 10 règles pour bien networker Que doivent connaître les acheteurs dans le domaine juridique ? Company financing – Analysis of certain standard clauses, documentation and legal issues Jurisprudence en matière de droit du travail (2/2)

HUMAN RESOURCES 14:00 17:15

INFORMATION MANAGEMENT  & ENTERPRISE 2.0

LEADERSHIP  & MANAGEMENT

PERSONAL DEVELOPMENT

STRATEGY  & OPERATIONS

09:30 12:30 14:00 17:15 09:30 12:30

Joseph Stevens (Arcad)

Antoine Detante (InTech)

Tommy Lenhert (SAS) Marie-Laurence Demousselle (R. J. Claessens & Partners )

14:00 17:15

Rafika Khouil & Didier Reinach

09:30 12:30

Corinne Migueres

14:00 17:15 09:30 12:30 14:00 17:15

(Human Vision)

(Atout Image Conseil)

Dirk Evenpoel (2 The Audience)

Vincent Raucroix (IBM)

Jean-Marc Fandel (Meraki Management)

Comment bien réussir son e-training ? Introduction au Machine Learning. Comment votre activité peut-elle tirer parti des nouvelles solutions d’intelligence artificielle ? How analytics will transform your business Réussir sa transition d’expert à manager

Motivation et changement Quelle meilleure carte de visite que votre image ? Inspirer et convaincre l’audience, la prise de parole dans tous ses aspects ! Comment ses données peuvent-t-elles participer à la réflexion stratégique ? Leadership Control: comment piloter l’exécution d’une stratégie en bonne intelligence Mars 2016 —

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LA VIE DU CLUB

CLUB

MERCREDI 27 JANVIER

10×6 Finance : réussir le virage du digital JA N H A N R I O N

Crises à répétition, avalanche réglementaire ou fin du secret bancaire ont redessiné le paysage financier grand-ducal. Déjà aux portes de l’assurance, des fonds ou encore de la banque privée, la révolution digitale est le prochain tournant à prendre pour répondre aux exigences des clients de demain.

Retrouvez toutes ces présentations en vidéo et les photos de cet événement sur www.paperjam.lu.

« Intelligence artificielle, outils connectés ou imprimantes 3D réinventent déjà la chaîne de valeur. » Véronique de La Bachelerie Société Générale Bank & Trust Luxembourg

« Chacun doit se poser la question de comment améliorer son écosystème et, plus largement, la condition humaine. » Edouard Bokuetenge Fund Platform Group

« Le profit seul ne suffit pas et n’est plus acceptable. »

« La Place doit se concentrer sur ses points forts et les réinventer. »

Robert Scharfe Bourse de Luxembourg

Steen Foldberg Julius Baer Investment Services

« Les fintech ont une créativité que n’auront jamais les banques. Pourquoi ne pas collaborer ? » Hugues Delcourt Bil

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LA VIE DU CLUB

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« L’innovation bancaire est importante pour l’ensemble de l’économie. » Damien Degros ING Luxembourg

« L’éducation financière est une responsabilité collective et un enjeu démocratique. » Denise Voss Alfi

« Les entreprises ont besoin de sécurité juridique. C’est une des raisons qui les poussent à s’implanter ici. » Guy Harles Arendt & Medernach

« Le Luxembourg dispose d’une expertise qui n’existe nulle part ailleurs. » Sébastien Danloy RBC Investor & Treasury Services

« Diversifier nos équipes est une des réponses pour apporter un regard neuf à notre industrie. » Marie-Hélène Massard Axa

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Retrouvez toutes ces photos de ces événements sur www.paperjam.lu.

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MERCREDI 20.01.2016 – BANQUE DEGROOF

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C E O - O NLY P R E D I C T I O N EVENING:ONE FUTURE, THREE VISIONS JA N H A N R I O N

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1 Fabrice Croiseaux (InTech), Daniel Oudrar (Trustcorp) 2 Thibault De Barsy (Key Trade) et Stéphane Coruble (IP Network) 3 Corinne Migueres (Atout Image Conseil), Axel Pierard (Kozalys) et Nathalie Thunus (SFC Conseil) 4 Fred T. Martyn (Ubi Banca International) et Bob Delbecque (BOB Best of Belgium) 5 Guy Benzeno (Paperjam Club), Bob Delbecque (BOB Best of Belgium), Stefanie Paluch (RWTH Aachen University) et Emmanuel Vivier (Hub Institute) 6 Marie-Hélène Massard (AXA Luxembourg) 7 Nicolas Pouilleux (Paperjam Club), Barbara Brecko (Ginkgo Solutions), Thierry Delperdange (Communication Coaching & Developments) 8 Francis Gasparotto (Maison Moderne), Odette Tonnaer (Yoaké The Ultimate Spa) et Patrick Niessen (Niessen)

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MARDI 16.02.2016 – CAFÉ DES CAPUCINS

DÉJEUNER CARROUSEL 6

B E N JA M I N C H A M P E N O I S

1 Yasen Sarelakos (Composil) 2 Aurélien George (Antidote) 3 Sylvain Kirsch (Claudia Eustergerling Design) 4 Bao Nguyen (ING Luxembourg), Dan Kohnen (Secolux), Florence Lemeer-Wintgens (Look@Work) et Odette Tonnaer (Yoaké The Ultimate Spa) 5 Alain Esquirol (Skandia Life) 6 Volodymyr Andrianov (UFG Wealth Management) 7 Nathalie Mege (Ares & Co)

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M E R C R E D I 2 7. 0 1 . 2 0 1 6 – C E N T R E CULT UREL T R A M S S C H A PP

1 0 X 6 F I N A N C E  : L E F U T U R DE LA PLACE FINANCIÈRE PAR 10 DIR IGE AN T S JA N H A N R I O N

1 Anne-Claire Delval (Hoani), Jean-Pierre Hirtz (OST) et Patrick Lesage (Takaneo Consulting) 2 Virginie Scuvée (Kumquat) et Jean-Marie Gillessen (Pictet) 3 Mike Koedinger (Maison Moderne) et Jeannot Krecké (East West United Bank) 4 Véronique de La Bachelerie (Société Générale Bank & Trust) et Sébastien Danloy (RBC Investor Services Bank) 5 Sonia Gea (CVC Communication), Gianni de Tommaso (Tango) et Sandrine Boutez (CBC Communication) 6 Carlo Mouschang (Bourse de Luxembourg), Harold Helard et Martine Van Peer (ESOFAC) 7 Xavier Kieffer (DHL Express) et Simone van Schouwenburg (ING)

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JEUDI 11.02.20 16 – HÔTEL CR AVAT

LET’S TASTE: RHUM POUR DÉBUTANTS JA N H A N R I O N

1 Arnaud Soetermans (LeasePlan) 2 Thibaut Delaye (ING) 3 Luc Tillieux (Banque Degroof ) et Laura Mathieu (Do Apps) 4 Guillaume Carballo (SmartProtect) 5 Benoît Bail (Saint James)

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LA VIE DU CLUB

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OLIVIER SCHWEIZER olivier.schweizer@maisonmoderne.com



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BAVARDAGES

 FOREIGN AFFAIRS

Étranges affaires étrangères F R A N C E C L A R I N VA L |

JULIEN BECKER

 Le réalisateur Pasha Rafiy a suivi Jean Asselborn,

le ministre des Affaires étrangères, pendant 18 mois.

 Le film passe du personnage public à la sphère

privée et nous montre les coulisses des grandes réunions internationales.

 Nous avons montré le film à Robert Goebbels et Enrico Lunghi, qui se sont entretenus avec le réalisateur.

I

l tutoie Laurent Fabius et John Kerry, passe de Mahmoud Abbas à Benyamin Netanyahou et… peste sur sa tondeuse qui a du mal à démarrer. Foreign Affairs de Pasha Rafiy suit un Jean Asselborn qui redevient « de Jang » dès que possible. Un ministre qui parcourt le monde à la rencontre de ses dirigeants les plus puissants, tout en s’offrant une montée du Saint-Bernard à vélo. C’est le premier attrait du film de Pasha Rafiy : nous montrer les coulisses de la vie de cet « Homo politicus » qu’est le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. « La première chose que je retiens, c’est la vie laborieuse d’un ministre des Affaires étrangères. Et la nécessité de se ressourcer quand c’est possible », constate Robert Goebbels à l’issue de la projection. Lui-même secrétaire d’État aux Affaires étrangères, au Commerce extérieur et à la Coopération à partir de 1984 avant de devenir ministre de l’Économie de 1989 à 1999, il connaît bien le rythme harassant des voyages officiels, les réunions sans fin, les hôtels impersonnels et le décalage horaire. « Même si j’ai exercé à une époque où le monde était très différent et où, notamment, le Mur n’était pas encore tombé. » Mars 2016 —

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BAVARDAGES

Le film Foreign Affairs est produit par Les Films Fauves. Il est présenté le 26 février aux Rotondes dans le cadre du Luxem­bourg City Film Festival.

Même constat pour Enrico Lunghi, directeur du Mudam depuis 2009 : « Le film montre à quel point Jean Asselborn est engagé, comment il connaît tout le monde et réussit, visiblement avec beaucoup de naturel, à faire entendre la voix du Luxembourg dans le concert des nations. » Et l’ancien directeur du Casino Luxembourg de poursuivre : « Nous avons bien de la chance d’avoir un tel ministre. » Alors Foreign Affairs est-il un panégyrique autour de la personnalité de Jean Asselborn ? Pasha Rafiy s’en défend : « J’ai porté un regard neutre sur cet univers. Je n’avais aucune intention de le glorifier ou de le rendre sympathique. Il est comme ça. Pas plus grand qu’on le voit à l’écran. Pas moins important non plus. » Travaillant comme directeur de création pour le journal autrichien Die Presse, Pasha Rafiy a adopté une démarche journalistique, même s’il sait que la présence de la caméra n’est jamais totalement neutre. Il a choisi Asselborn après avoir hésité. On se souvient de la photographie qu’il avait faite de Jean-Claude Juncker ( Selbstportrait mit Pasha Rafyi, 2007) et la tentation était grande de lui proposer ce portrait filmé. « Mais mon attention s’est portée sur la carrière politique de Jean Asselborn, qui est le doyen des ministres des Affaires étrangères en Europe. » Ce personnage permettait de prendre pied au cœur de la diplomatie internationale. « C’est mon cheval de Troie, je n’aurais jamais pu être si proche du processus politique et de ses acteurs sans lui. » L’idée est de capter les rituels et les à-côtés du monde de la politique internationale à travers « un portrait filmé de Jean Asselborn, dans une perspective ‘eat, sleep, work’, c’est-à-dire une position dans laquelle nous sommes confrontés aux banalités de la vie d’un homme politique en fonction. » De banal et de quotidien, on voit quelques scènes qui touchent à l’intime de la vie domestique : le petit-déjeuner, le jardinage, le vélo. « Ce sont des scènes presque humoristiques, mais qui ne le rendent pas ridicule pour 144 ­—

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« L’organisation, le protocole, les poignées de main orchestrées, l’entourage… tout ça n’a pas changé depuis mon époque. »

autant », souligne Enrico Pourtant, le premier Robert Goebbels Lunghi, encore amusé voyage d'affaires que Ancien secrétaire d'État aux Affaires par la tenue aux couleurs Pasha Rafiy a suivi était étrangères et ministre de l'Économie du drapeau luxembouren Iran. Une situation à (1984-1999) geois que le ministre très forte portée symboarbore pour tondre sa lique pour le réalisateur, pelouse. « Je ne sais pas puisque c’est son pays de s’il a fait exprès », insiste le réalisateur qui voit naissance et qu’il n’y était pas retourné depuis ces scènes comme des « respirations ». 1985, date de son arrivée au Luxembourg avec ses parents. « Je ne pense pas qu’il le savait. C’était Imprimer un rythme là pour moi un moment très fort. Je blaguais en « La manière dont on montre l’organisation, le disant retourner au pays avec mon nouveau protocole, les drapeaux qui flottent, les poignées ministre des Affaires étrangères, avec une escorte de main orchestrées, les journalistes, l’entourage, policière. » les sirènes… finalement tout ça n’a pas changé On s’étonne alors d’une certaine candeur depuis mon époque », s’amuse Robert Goebbels, de la part du ministre qui demande à son guide, qui souligne « l’importance des relations le maire d’Ispahan, « les sunnites et les chiites, humaines que Jean sait si bien construire ». ils ne sont pas vraiment copains ? » L’ancien Le film commence à New York, à l’Onu, avec ministre lui vient en aide : « Dans ces visites, surun Jean Asselborn chaleureux (il serre la main tout quand la presse est là, il faut parler, remplir des vigiles, ce que ne font probablement pas et faire parler les autres. C’est pour cela qu’il pose tous les ministres), et attentif aux discours sur cette question dont il connaît parfaitement la la sécurité et le terrorisme. On est plongé dedans réponse. » d’emblée. « Les premières images situent parfaiSuivront, dans le désordre, Le Caire, tement l’époque contemporaine, le contexte bouil- Bruxelles, Berlin, François Hollande à Luxemlonnant. Mais la scène suivante, c’est le bourg, la Russie, l’Irak, Israël – en tout une quinpetit-déjeuner, à la maison, très calme. Ce rythme zaine de pays parcourus – et toujours la maison est une des grandes qualités du film », estime de Steinfort comme un refuge, une parenthèse. Enrico Lunghi. Le bureau à Luxembourg aussi, avec les conseil-


BAVARDAGES

« On voit des scènes presque humoris­ tiques, mais qui ne le rendent pas ridicule pour autant. »

vements sont lents, voire lers qui le suivent partout : absents, l’image est calme, « Eux aussi ont dû accepter symétrique, très ciné­ la caméra et l’équipe, parce Enrico Lunghi m a t o g r a p h i q u e , t rè s qu’eux aussi, ils sont sur le Directeur du Mudam construite. « Quand il y front », explique le réalisaavait moyen de prendre le teur. « On voit des conseiltemps de poser la caméra, lers muets », s’étonne Robert Goebbels. « Pour des raisons de confi- je voulais que ce soit propre et beau. » Nourri dentialité, on les entend assez peu en effet », d’images, il cite Depardon ou Eggleston, mais ne cherche pas à bluffer par l’effet. rétorque Pasha Rafiy. C’est Jean-Louis Schuller qui est à la Un caméraman et un preneur de son accompagnent le réalisateur dans les déplacements caméra, et on connaît l’application du chef du ministre. « C’est une petite équipe, pour être opérateur pour réaliser des images parfaites. souple et proche du sujet, mais d’habitude, pour Ces images calmes contrastent avec les mes photos, je travaille seul. » Ses photos sont quelques moments où la caméra est portée à toujours construites de la même façon : une l’épaule, suivant la horde de journalistes, se personne seule, en pied, dans un plan large qui frayant un passage dans les nuques des gardes symbolise son environnement, sa vie, son tra- du corps.En tout état de cause, le réalisateur, vail. De la même façon, il construit les images qui a travaillé plusieurs mois au montage, a du film avec un grand intérêt pour l’entourage, concentré son récit de 85 minutes pour préles signes de l’époque. « J’ai une approche directe senter un monde complexe et souvent loinet instinctive, c’est-à-dire que je ne prépare pas tain. Il échappe la plupart du temps aux mes sessions de portraits. Ça a été un avantage images maintes fois vues et revues aux informations et ne livre pas de codes précis. « Je pour notre manière de filmer. » n’ai mis aucune date, ni de lieu précis, mais les téléphones portables, les voitures donnent Image composée Pour autant, Pasha Rafiy soigne une photo et des indications évidentes de l’époque. » Il ne un cadre à l’opposé du rythme frénétique de la veut en effet pas trop faciliter le regard du vie du ministre. La plupart du temps, les mou- spectateur.

LE PERSONNAGE PRINCIPAL Jean Asselborn, qui aura 67 ans en avril, est une figure de la scène politique luxembourgeoise et européenne depuis plus de 30 ans. Membre du parti socialiste depuis 1972, qu’il a présidé de 1997 à 2004, il a été député entre 1984 et 2004, alors qu’il était également maire de la commune de Steinfort. Il rejoint le gouvernement pour la première fois en tant que vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration en 2004. Il conserve ses fonctions dans les gouvernements de coalition CSV-LSAP jusqu’en 2013. Il conserve encore son portefeuille diplomatique à la suite des élections législatives anticipées d’octobre 2013, au sein de la coalition tricolore formée par le DP, le LSAP et Déi Gréng. Asselborn représente maintenant le gouvernement luxembourgeois au Conseil des ministres de l’Union européenne dans ses configurations Affaires étrangères et Affaires générales. Jean Asselborn est actuellement le ministre le plus ancien parmi ses pairs au sein de l’Union européenne. En octobre 2012, à son instigation, le Luxembourg a été élu à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies en 2013-2014 pour la première fois.

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BAVARDAGES

« C’est mon cheval de Troie, je n’aurais jamais pu être si proche du processus politique et ses acteurs sans lui. »

Goebbels en souriant, et « C'est peut-être la c’est vrai qu’une modestie limite du film. Il faut être transparaît dans le perbien informé pour comsonnage de Jean Asselprendre qui sont les gens, b o r n , «  u n h o m m e quels sont les enjeux des Pasha Rafiy discussions et le contexte authentique  ». « Cela Réalisateur montre aussi la tristesse politique global », regrette de la mondialisation où Robert Goebbels. « Les commentaires sont soutous ces hôtels se resvent dans la tête du réalisateur, avec une voix off semblent partout dans le monde », complète qui explique ce qu’il pense de ce qu’il voit, qui Enrico Lunghi. Malgré cette modestie, peut-être sont les gens… Je ne voulais pas m’inclure, mais grâce à elle en fait, Asselborn peut se faire plutôt donner une impression, comme un entendre sur la grande scène de la politique monpatchwork de moments qui tissent finalement diale et représenter avec succès son pays. La leçon du film qui passe sans cesse du public au un portrait », explique Rafiy. Dans le même ordre d’idées, il refuse toute privé, puis à l’intime et qui joue justement sur musique additionnelle et se contente des sons ces différentes échelles de lecture. Le protagoniste principal n’a pas vu le film. réels – y compris une improbable, mais bien réelle Chevauchée des Walkyries de Wagner, que Il a accepté en effet de ne visionner ni les rushes, le ministre écoute au petit-déjeuner. « Ce serait ni le montage. « On était d’accord dès le départ trop facile, trop souligné de mettre du violon que c’était mieux qu’il ne le voit pas avant la sorquand Asselborn est seul ou fatigué. » La proxi- tie. C’est une belle preuve de confiance. »  mité avec le sujet est d’autant plus forte qu’on EN RÉSUMÉ reste parfois dans le silence de ses pensées. Parce que la solitude est aussi l’apanage du pouvoir et Pendant 18 mois, Pasha Rafiy a suivi le ministre des étrangères, Jean Asselborn. Il dresse un porqu’après la tempête médiatique vient le temps Affaires trait filmé d’une personnalité politique forte qui se livre de la chambre d’hôtel et de l’apaisement. ici sans fard et sans filtre, que ce soit dans l’exercice de « En tout cas, il ne gaspille pas les deniers ses fonctions ou dans sa vie privée. Une manière de publics à coup d’hôtels de luxe », constate Robert mieux saisir les rouages de la politique et de la diplomatie. 146 ­—

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LE RÉALISATEUR Pasha Rafiy est réalisateur et photographe. Né en 1980 à Téhéran (Iran), il quitte sa terre natale en 1985 pour le Luxembourg. Diplômé de l’Université de Vienne, il vit actuellement dans la capitale autrichienne où il travaille en tant que directeur de création pour le journal Die Presse. Nombre de ses œuvres photographiques font partie de la collection du Mudam. Foreign Affairs est son premier documentaire.

UNE EXPOSITION Pasha Rafiy est aussi et d’abord photographe. À l’occasion de la projection de son film, et pendant la durée du Luxembourg City Film Festival, une exposition de visuels que le réalisateur a pris durant le tournage du film est proposée aux Rotondes. Une table ronde est également proposée le 3  mars, toujours aux Rotondes. Dates : exposition ouverte du samedi 27 février au jeudi 3 mars de 16 h à 20 h.



LIFESTYLE

CASINO LUXEMBOURG, ENTRE BILAN ET PERSPECTIVES

20 ans de réflexion Le 23 mars, le Casino Luxembourg fête ses 20 ans et rouvre ses portes. L’occasion de dresser un bilan avec Kevin Muhlen, directeur artistique et Jo Kox, directeur administratif sortant. C É L I N E C O U B R AY E T F R A N C E C L A R I N VA L |

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our commencer, quels sont pour vous les éléments marquants du Casino Luxembourg au cours de ses 20 premières années ? jo kox Le plus grand succès est d’avoir réussi à créer une institution culturelle phare au Luxem­ bourg sans qu’il n’y ait eu auparavant ni projet de loi ni volonté politique, mais dans la mouvance du succès de la première année culturelle, avec toute l’énergie de l’équipe en place et la complicité du président et du conseil d’administration. Grâce à un jeu politique, beaucoup de travail, le soutien des artistes, du public et des critiques, le Casino a réussi à créer sa place, en parallèle et au-delà de l’ouverture du Mudam. Et pourtant, ce n’était pas gagné ! j. k. Non, et ça ne l’est toujours pas aujourd’hui. Mais, il faut reconnaître que la biennale Manifesta en 1998 a eu un impact direct et positif sur l’évolution du Casino. La reconnaissance internationale a été forte et perdure encore aujourd’hui, comme a pu le constater Mme Nagel (l'ex-ministre de la Culture, ndlr) lors de 148 ­—

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SV E N B E C K E R

sa dernière visite aux Giardini de Venise, où Enrico Lunghi (le directeur du Mudam, ndlr) n’a cessé d’être salué. kevin muhlen Organiser Manifesta était aussi un choix stratégique pour le Casino. Cela a permis d’ancrer dès ses débuts le centre d’art dans un contexte et un circuit internationaux. j. k. Il faut aussi avouer que nous avons eu beaucoup de chance, car en plus d’un choix d’artistes de très haut niveau, l’année de Manifesta, il n’y avait pas d’autres biennales d’importance. La crème de la crème de l’art contemporain est alors passée au Casino à cette occasion. Localement, quelle exposition a le plus marqué le public d’après vous ? j. k. Certainement Light Pieces en 1999. Et je me souviens que le week-end après le démontage, le Grand-Duc était venu visiter l’exposition dont tout le monde parlait… k. m. Cette exposition qui a permis à un large public d’avoir accès à l’art contemporain, sur une thématique populaire, avec un effet d’émerveillement.

La question de la fréquentation est un des critères, parfois ambigus, du succès. À quoi mesurez-vous le succès d’une institution comme le Casino ? j. k. Un des baromètres pour moi est le livre d’or. Au début, nous n’avions que des commentaires de déception ou de doute par rapport à ce qu’est l’art contemporain. Maintenant, nous avons des commentaires sur la qualité des expositions. Nous avons réussi à maintenir le nombre de visiteurs d’année en année, c’est-à-dire autour de 15.000 visiteurs par an, mais le degré de satisfaction du public a augmenté. Par ailleurs, nous faisons désormais partie du paysage des institutions culturelles et nous avons réussi à la fois à garder les premiers ­visiteurs, tout en réussissant à gagner un ­nouveau public. k. m. La reconnaissance internationale est aussi un bon baromètre. Beaucoup de professionnels et amateurs d’art internationaux nous témoignent leur attention portée à la programmation du Casino.


LIFESTYLE

Et au niveau de la pédagogie, 20 ans, c’est presque une génération. Est-ce que vous avez pu récolter les fruits de votre travail mené auprès du jeune public ? k. m. Oui, car nous avons maintenant des jeunes et des étudiants en art qui ont été « biberonnés » par la programmation du Casino. j. k. Et pour les élèves qui sont inscrits en section E ou autre, il est tout à fait normal de fréquenter le Casino. Tout comme pour les jeunes artistes, le Casino est une étape naturelle pour eux. Une autre exposition qui a marqué l’histoire du Casino est Sous les ponts, le long de la rivière… Qu’en retenez-vous ? j. k. C’est la première fois que l’art était présenté dans l’espace public, de manière frontale, avec de l’émerveillement, comme pour Balls de Ilona Nemeth. Mais l’art dans un espace public, c’est aussi le risque de la confrontation avec Lady Rosa de Sanja Ivekovic (l'artiste croate avait créé une réplique de la Gëlle Fra, la représentant enceinte, ndlr). Avec le recul, cette expérience de Lady Rosa reste-t-elle un revers, ou est-ce que cela a été l’occasion d’affirmer la position du Casino ? j. k. Lady Rosa reste un événement clé dans l’histoire du discours sur l’espace public. Tout le monde en parlait et avait un avis. Il y avait une controverse dans la société. Cela nous a fait réfléchir sur la médiation et les moyens de la mettre en œuvre. Est-ce que vous ressentez un aspect « militant » dans le fait d’évoluer dans le milieu de l’art contemporain ? j. k. Je crois qu’il faut batailler davantage maintenant qu’il y a 20 ans. k. m. Il faut beaucoup justifier notre travail. L’art contemporain n’est pas un terrain facile, car pour beaucoup de personnes, il est encore difficile d’accès. On essaie de s’ouvrir le plus possible au public tout en restant pertinents et ambitieux dans nos choix. j. k. Nous avons plus d’opposition actuellement qu’il y a 10 ou 15 ans. Mais nous continuons à défendre le propos des artistes et leur liberté d’expression. k. m. C’est aussi la force d’une institution de ne pas prêter attention au qu’en-dira-t-on et de pouvoir montrer des œuvres qui interpellent, provoquent, posent des questions et qui ne sont pas forcément faciles d’accès. Est-ce qu’il y a des choses que vous vous interdisez ? k. m. Non, il n’y a pas eu cette question. En interne, nous avons des discussions avec l’équipe pour savoir comment adapter au mieux la médiation, mais jamais sur la censure. C’est stimulant au contraire de pouvoir travailler sur des thématiques qui ne sont pas évidentes au premier abord. j. k. Je crois que l’exposition qui a le plus provoqué en interne a été Making of, car nous n’avions pas l’habitude de travailler sans œuvres finies. Mais trois mois après, on regrettait que ces artistes s’en aillent.

Qu’est-ce qu’implique la présence des artistes dans votre travail ? k. m. C’est une tout autre dynamique qui se met en place lorsqu’on travaille directement avec un artiste que de choisir une œuvre et d’en faire une demande de prêt. Dans le premier cas, on est dans une relation humaine plus intense. C’est une des raisons pour lesquelles je privilégie les monographies, car je peux construire une relation forte avec les artistes. Et c’est aussi souvent un moment important pour eux, parfois leur première exposition monographique. j. k. On les suit davantage et pour les monographies, nous faisons un catalogue qui est 20 ANS EN souvent leur premier livre. Leur passage au Casino est un jalon pour beaucoup d’entre eux. Parlons un peu d’avenir, comment le Casino va-t-il évoluer dans les mois et les années qui viennent ? k. m. C’est un défi que d’entamer les 20 prochaines années. Il faut se redéfinir, mélanger à nouveau les cartes pour redonner un nouveau souffle. Pour cela, nous avons choisi de travailler autrement avec le rez-de-chaussée et de changer les salles d’exposition à l’étage. Nous ajoutons un espace entièrement dédié à la programmation vidéo. En décloisonnant les espaces à l’étage, nous faisons à la fois redécouvrir le lieu et changeons la relation exposition / espace en modifiant les habitudes de parcours. Nous avons désormais de nouvelles possibilités en termes de dimensions d’installation, de production d’œuvres spécialement pour le lieu. Cela va aussi certainement changer ma prospection pour le programme artistique. Nous sommes en train de construire un nouvel outil de travail en même temps que nous repensons notre manière de communiquer, d’organiser, d’accueillir le public. j. k. On recommence à nouveau, sans démarrer à zéro.

curatoriaux. Maintenant, il va s’agir de concurrencer cette conception spatiale d’Urs Raussmüller qui était d’un très bon niveau.

Monsieur Muhlen, vous êtes à la direction artistique depuis 2009. Est-ce que ces changements sont l’occasion de pouvoir « enfin » imprimer votre marque ? k. m. Concrètement, peut-être, oui. Mais je pense surtout que cette évolution se fait par paliers. Ces travaux et changements vont créer une nouvelle inflexion dans cette trajectoire qui permet de définir encore plus. C’est surtout le bon moment. Opérer des changements si importants CHIFFRES au moment de mon arrivée aurait été perçu comme un putsch et il me semblait aussi plus intéressant de pouvoir m’approprier les lieux tels qu’ils expositions et projets d’artistes étaient pour pouvoir les redéfinir par la suite.

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publications

1.017 artistes

309.000 visiteurs

300.000 € Exposition la plus chère : Wim Delvoye

15.017 visiteurs

Exposition la plus fréquentée : Making of

52 %

d’entrées payantes

22 personnes Équipe

2 Mios € Budget annuel

Est-ce que cela signifie que le White Cube est un mode de monstration qui est devenu obsolète ? k. m. À grande échelle, je ne pense pas. C’est que dans notre contexte, nous ressentions la limite physique de ces cubes qui avaient 20 ans et qui demandaient aussi à être refaits. Donc la question s’est aussi posée dans ce contexte : est-ce qu’on les refait ou est-ce qu’on les enlève ? Le fait d’enlever ces boîtes me permet aussi de sortir de mes automatismes

Est-ce que cette réappropriation des lieux est aussi liée à des impératifs budgétaires ? j. k. Non, pas du tout. Parce que ces travaux ne diminueront pas les coûts. k. m. Nous n’avons pas pensé ces changements en termes de budget, mais plutôt en fonction de ce que nous voulions développer. Que voulons-nous offrir à notre public ? Quelle est la plus-value que nous pouvons apporter ? Qu’en est-il de l’apport de fonds privés ? j. k. & k. m. C’est laborieux ! j. k. Le crowdfunding pour la réouverture a plutôt bien fonctionné puisque, au 31 décembre, nous avons reçu 57.200 euros. Ce qui est intéressant, c’est que ce sont des donateurs auxquels nous ne nous attendions pas. Ceux qui sont réputés pour être de la bourgeoisie financière ou déclarés amateurs d’art sont absents. Avec les changements, nous aurons aussi peut-être d’autres entreprises qui seront sensibles à nos prestations.

Cela signifie que la privatisation des lieux est une nouvelle ligne de financement de l’institution ? k. m. Nous n’avons pas créé ces espaces pour les privatiser. C’est plutôt une conséquence de la proposition architecturale de Claudine Kaell. En ouvrant les espaces et en ajoutant le Ca(fé)sino et sa cuisine, cela nous offre des possibilités de réception plus confortables. Mais la privatisation des espaces n’est pas dans notre business plan.  Mars 2016 —

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LIFESTYLE

LUXEMBOURG CIT Y FILM FESTIVAL

Des films à voir absolument ! Le Luxembourg City Film Festival présente une impressionnante sélection de films du 25 février au 6 mars. Claude Bertemes, conservateur de la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg et membre du comité artistique, nous livre cinq coups de cœur. C É L I N E C O U B R AY

CLAUDE BERTEMES NEON BULL

WILD

« Talent émergent du cinéma brésilien, le réalisateur Gabriel Mascoro interroge avec fougue, sensualité et humour un univers qui, a priori, devrait suer la testostérone : celui du traditionnel rodéo ‘vaquejada’ où deux hommes à cheval tentent d’attraper un taureau par la queue. Une subversion touchante et jouissive des stéréotypes masculins et féminins, brillamment mise en scène avec une dose de réalisme magique et une belle touche indé. »

« Une histoire d’amour fou entre une jeune femme (un chouïa borderline…) et un loup. C’est viscéral, c’est par moments d’un cru hallucinant et jusqu’au-boutiste. Sans pour autant tomber dans le piège du geste trop facile de l’épatement des bourgeois, ceci grâce notamment aux touches d’humour pince-sans-rire que l’actrice principale – épatante ! – a su instiller dans ce conte sauvage du 21e siècle. »

FRENZY

COUPLE IN A HOLE

MALLORY

« Un film en résonance vibrante avec les temps géopolitiques qui courent, et notamment avec la menace du terrorisme global. Le sommeil de la raison engendre des monstres, s’appelle une gravure de Goya. Localisé dans un Istanbul entre réalisme et onirisme, ce thriller paranoïaque s’enfonce de plus en plus dans une spirale cauchemardesque pour faire imploser vertigineusement les lois de la raison. Prix spécial du jury au Festival de Venise. »

« Dans la dernière scène d’À bout de souffle, Jean Seberg demande à Jean-Paul Belmondo, en citant William Faulkner : ‘Between grief and nothingness, I will take grief. Et toi ? Tu choisirais quoi ?’ Dans ce film, un couple a opté pour le chagrin en choisissant de vivre dans un trou quelque part dans une forêt des HautesPyrénées. Nul plotspoiler pour ce saisissant drame psychologique à la Haneke qui a reçu le ‘Hitchcock d’Or’ au Festival du film britannique. »

« Un documentaire qui explore les vicissitudes d’une ex-héroïnomane au chômage, dépressive, sans domicile fixe et vivant dans sa voiture. Ce qui, à premier coup d’œil, pourrait paraître comme la caricature même du documentaire social misérabiliste, se révèle être le fascinant portrait d’une mère courage de nos temps. Film tchèque réalisé sur le long terme incroyable de 13 ans, Mallory pointe malicieusement l’absurde kafkaïen de la bureaucratie sociale. »

d’Emin Alper

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de Gabriel Mascardo

de Tom Geens

— Mars 2016

de Nicolette Krebitz

d’Helena Trestikova

T H I E R RY M A R T I N , M E M E N TO F I L M S I N T E R N AT I O N A L , H E I M AT F I L M , T H E M ATC H FAC TO RY, D R

« Le comité artistique se compose de neuf personnes, qui sont en charge de réaliser la sélection des films présentés lors du Luxembourg City Film Festival. Notre sélection porte sur des films qui nous sont proposés et sur d’autres issus de notre prospection. Le choix final ne se fait pas par vote à la majorité des membres du 'com’ art’', mais suite à des discussions nourries et raisonnées. L’objectif premier est bien de proposer de la très haute qualité. Après une première sélection, nous visionnons l’ensemble de ces films. Pour environ 10 films visionnés, nous en retiendrons finalement un pour le festival. »



LIFESTYLE

GASTRONOMIE LOCALE

Gudden Appetit! Pour que les Feierstengszalot, Gromperekichelcher, Bouneschlupp, Kuddelfleck, Paschteit, Judd mat Gaardebounen, Träipen, Rieslingspaschteit, Kachkéis et autres Kniddelen n’aient plus de secrets, nous avons sélectionné un plat, un lieu, un livre. F R A N C E C L A R I N VA L |

MIKE ZENARI

UN LIVRE

UN LIEU

Ce n’est pas seulement un livre de recettes, avec des astuces de chefs. E Maufel Lëtzebuerg, vient des souvenirs d’enfance de l'auteur, Maischi Tibesart, qui ponctue l’ouvrage d’anecdotes éclairantes sur la culture culinaire du Luxembourg. Elle ne veut pas léguer son savoir-faire uniquement à ses quatre filles, mais à tous ceux et celles qui se passionnent pour la cuisine locale, dans ses acceptations les plus larges. De nombreuses photos de plats et d’ambiances rendent la lecture agréable.

On a l’impression que les Luxem­ bourgeois redécouvrent leur cuisine grâce aux étrangers qui s’intéressent aux traditions de leur pays d’accueil. Aussi, de plus en plus de restaurants mettent des spécialités locales à leur carte. S’il est un restaurant qui n’a pas attendu que la mode s’installe, c’est la Mousel’s Cantine, installée à Clausen, l’ancien quartier brassicole de la ville où nous accueille Edmond Libens. Des murs tapissés de bois, un solide mobilier, des vues anciennes du quartier donnent déjà le ton. La carte confirme avec des assiet­ tes généreuses qui font la part belle aux pièces de viande. On n’oubliera pas d’y goûter la Clausel, brassée sur place, de préférence en version « Gezwickelten », c’est-à-dire non filtrée.

AUX ÉDITIONS GUY BINSFELD, EN FRANÇAIS ET EN ALLEMAND

MOUSEL’S CANTINE 46, MONTÉE DE CLAUSEN TÉL. : 47 01 98

UN PLAT Sans doute le plat le plus emblématique de la cuisine luxembourgeoise, même si on le trouve dans d’autres cuisines, le Judd mat Gaardebounen est réalisé avec du collet de porc fumé, coupé en tranches fines. Il est servi avec des fèves des marais et des pommes de terre au lard. On sait peu de choses sur l’origine du mot Judd, qu’il ne faut pas prendre ici au sens de « juif ». Il pourrait venir de l’espagnol judía qui désigne les haricots. On retrouve d’ailleurs un plat de porc aux haricots en Galicie qui s’appelle Judia et qui aurait pu être apporté au Luxembourg par les troupes espagnoles au 16e siècle.

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LIFESTYLE

SERVICE

Ma voiture avec chauffeur Entre boire ou conduire, il faut choisir. Mais il est désormais possible de boire ET de rentrer quand même chez soi avec sa propre voiture, grâce au service d’un chauffeur. C É L I N E C O U B R AY |

D

epuis quelques mois, un nouveau service permet de profiter pleinement de ses soirées. Plus besoin de surveiller son taux d’alcoolémie si on veut rentrer avec sa propre voiture, puisque des entreprises offrent désormais un service de chauffeur en toute sécurité. Le principe est simple : deux chauffeurs se rendent sur le lieu de la fête avec une voiture de la société. Un chauffeur ramène le client à la maison avec son véhicule, le second chauffeur les suit et ramène ensuite le premier chauffeur qui aura préalablement garé la voiture et rendu les clés au client. « Si les passagers ont des amis à déposer sur le chemin, cela est aussi possible », précise Michel Kmiotek de QUELQUES Drink and Drive. « J’ai travaillé plusieurs années aux Pays-Bas STATISTIQUES où ce service existe depuis Âge moyen des clients : ­longtemps, explique 27-45 ans le jeune entrepreneur. (souvent des hommes) Lorsque je suis rentré au Top des points de départ : Luxembourg, j’ai commencé Clausen et Hollerich à travailler comme chauffeur Top des points pour le monde du cinéma, de dépose : puis j’ai choisi de lancer au (hors ville) Mamer, Luxembourg ce service de Hesperange, voiturage qui n’existait pas Esch-sur-Alzette, encore. » Depuis septembre, Foetz, Kayl Drink and Drive offre un serJours de rush : vice tout à fait fiable. « Nos du mercredi au dimanche chauffeurs professionnels soir, beaucoup le vendredi soir sont assurés pour conduire les véhicules des clients. Ils ont également comme consigne d’avoir une conduite avec un minimum d’à-coups et d’être le plus discret possible. » L’entreprise de transport ServiceLux s’est également lancée sur ce marché avec « You drink and we drive ». « Nous sommes une société de transports. L’activité de chauffeur est un des services que nous proposons, en plus du transport international, des déménagements et de la location de voitures, explique Nikolay Canov. Au Luxembourg, beaucoup de personnes possèdent de belles voitures et aiment s’en servir. Mais quand il s’agit de faire la fête, l’alcool est souvent au rendez-vous. Nous sommes vraiment là pour aider les clients et faire en sorte qu’ils rentrent chez eux en toute sécurité, sans perdre leur permis ni mettre leur vie ou celle d’autrui en danger. » Il en coûte, en moyenne entre 30 et 60 euros pour une prise en charge Luxembourg-ville/Esch. 

1

2

MAISON MODERNE

La fête touche à sa fin.

3

Vous commandez un chauffeur.

Le chauffeur arrive avec un collègue.

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Le chauffeur conduit votre voiture, son collègue vous suit.

5

Les clés vous sont remises.

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Vous êtes à la maison, avec votre voiture, sain et sauf.

WWW.DRINKANDDRIVE.LU / WWW.SERVICELUX.EU

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EN LIGNE

Chaque jour, retrouvez toute l’actualité business et accédez à de nombreux services en ligne sur paperjam.lu. Plus de 23.000 lectrices et lecteurs sont déjà abonnés à la newsletter biquotidienne, et vous ?

FACT CHECKING  Hausse des réfugiés en 2015

CITATION « Au final, le Luxembourg n’est certainement pas audessus des critiques, mais il vaut mieux que sa réputation et que le dédain mêlé de jalousie dont il fait l’objet. » David Brunat

L'année 2015 a été marquée par une hausse du nombre de demandes d'asile par rapport à 2014, mais proche du niveau global enregistré en 2011. Plus d'infos sur bit.ly/1QVAQMJ Chaque lundi sur paperjam.lu/fact-checking

TWEET

Dans un article publié dans les pages Opinions du Figaro, le consultant tente de comprendre les raisons de la réussite du Grand-Duché à un moment où l'économie française peine à sortir de la crise.

CHIFFRE

DÉFINITION Pre-roll video  •  n. m. Format d’affchage des publicités vidéo sur internet qui consiste à afficher un spot publicitaire pendant quelques secondes avant de pouvoir visualiser le contenu de la vidéo. Découvrez toutes les solutions de communication sur paperjam.lu et sa newsletter, contactez :

663 C’est le nombre de projets innovants soutenus par le ministère de l’Économie entre 2009 et 2015, pour un montant d’aides à l’investissement de 402,7 millions d’euros. Retrouvez tous les chiffres du jour sur paperjam.lu/chiffre

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Les points à vérifier avant d’envoyer vos communiqués de presse :

a. 775.934 b. 875.935 c. 975.936

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La bonne réponse  : b. 875.935 pages vues

Les sorties, le Top 10, les films prochai­nement à l’affiche... L’actualité du cinéma est disponible en un coup d’œil sur paperjam.lu/services/cinema

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Un titre de 50 signes max. Un contenu en français (si possible) Une photo de bonne qualité Et bien sûr… une info pertinente Envoyez vos actualités d’entreprise à press@paperjam.lu


EN LIGNE

TOP 3

PHOTO DU MOIS

Articles les plus lus du 19 janvier au 10 février 2016 sur paperjam.lu 1. XAVI ER B ETTEL R ÉP ON D À SA FAÇ ON À M AR I NE LE PEN

Lors de la présentation du bilan de la présidence luxembourgeoise le 19 janvier devant le Parlement européen, le Premier ministre a livré un ensemble d’arguments à la présidente du Front national, faisant le bonheur des internautes et du Petit Journal de Canal+.

2. LE F UNI CULAI R E D U PFAF F E N THAL SE D ÉVOI LE EN VI DÉ O

Dans le cadre des travaux du tram, les CFL ont mis en ligne le 8 février une séquence présentant le fonctionnement de la future gare située au pied du pont et son interaction avec le tram. 3. JOUR NALI STES ESPAG N OLS IN TE RPE LLÉ S Deux journalistes espagnols ont été interpellés le 21 janvier boulevard Royal après leur signalement pour comportement suspect, en lien avec un dossier en cours sur une affaire de corruption présumée.

Alors que les travaux préparatoires d’installation des rails de la future épine dorsale des transports en commun de la capitale ont débuté, de nouvelles images du tracé du tram et des infrastructures qui seront installées ont été rendues publiques.

LE MOT

TRAFIC

GRANDE RÉGION

« Record » Résultat, niveau supérieur à tous ceux obtenus antérieurement. Il est des records réjouissants, comme celui atteint sur le marché immobilier locatif au Luxembourg en 2015 (+15 % de prises en occupation par rapport à 2014 avec 231.000 m2, selon JLL).

Pendant ce temps-là à Arlon, Ferrero investit 21 millions d'euros

Chaque vendredi, un mot d’actualité est analysé sur paperjam.lu/le-mot-du-vendredi

Chaque mardi, un zoom sur la Grande Région sur paperjam.lu/grande-region

Les nouveaux radars fixes installés à travers le pays ont commencé à flasher, mais sont en phase de test jusqu’au 16 mars. Jusque-là, les automobilistes ne seront pas sanctionnés. Avant de prendre la route, pensez à contrôler l’état du trafic routier sur paperjam.lu Et tant que vous y êtes, jetez un œil à la météo.

APP

PICTURE REPORT

Téléchargez l’application tablette et smartphone et accédez à l’ensemble des informations et des services de paperjam.lu, où que vous soyez : apple.co/21OUJLJ

La Fedil a rassemblé un grand nombre de décideurs et responsables d'entreprises pour sa réception de Nouvel An. Quelque 900 personnes ont rejoint Luxexpo le 25 janvier. Découvrez toutes les photos de l’événement sur paperjam.lu/picture-report

Votre entreprise célèbre un événement marquant ? Envoyez votre picture report à press@paperjam.lu

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AFTERWORK

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AFTERWORK

THE OWL

Mollusques et dorures FA B I E N R O D R I G U E S |

HYDER RAZVI

Gare aux micros cachés ! Chaque mois, notre collaborateur Fabien Rodrigues laisse traîner ses oreilles dans les afterworks les plus animés de la capitale pour nous offrir un condensé des ambiances les plus intenses et des thèmes qui font débat.

et organisant très sérieusement – en apparence du moins et dans ce même lieu – ce qui devrait ressembler au grand renouveau de la scène gay luxembourgeoise. Les deux amis sont persuadés que leur moment est venu, que leurs efforts vont enfin porter leurs fruits, surtout qu’il ne reste aucun bar homo en centre-ville. « Alors, si on a 300 personnes, trois serveurs devraient suffire, non ? - Oui, carrément ! » Une première décision douteuse suivie de bien d’autres, dont le choix d’un DJ probablement originaire de La Grande Motte ou bien de 1997 si on se fie à sa playlist, l’instauration d’une entrée payante et la promotion de David au rang de gogo dancer en chef, parce que « bon, il faut bien des avantages quand on est organisateur de soirées »… Le renouveau gay, ce sera pour plus tard, un prix donc largement mérité ! n ce début d’année, afterwork rime clairement avec reprise des mondanités grand-ducales… Quelle est l’exposition à ne pas louper ? Quelle institution fête le passage à 2016 à grand renfort de toasts et de crémant bas de gamme à volonté ? Qui aurait une invitation pour l’ouverture de ce nouveau bar super branché de l’avenue JFK ? Autant de questions brûlantes et relativement primordiales qui n’ont cependant pas fait le poids devant l’interrogation majeure de ces dernières semaines : « Qui aura le Gold ? »… Car ce sont en effet les Media Awards, désormais plus courus qu’une visite de Pamela Anderson dans un hémicycle, qui se sont placés sur la plus haute marche du podium « Là où il faut être vu » de cette saison ! L’occasion de découvrir trois Golds plus inattendus…

Gold de l’Échec cuisant annoncé...

Décerné à David et Jordan, accoudés au bar d’une ancienne gloire du quartier de Hollerich

Gold du Coquillage en goguette...

Remis avec les félicitations du jury à Vanessa, la reine des raccourcis hasardeux. Exception­ nellement de sortie en semaine, car elle habite à plus d’une heure de voiture de la capitale, la quadragénaire qui aimerait en faire 10 de moins – ou au moins cinq, ce qui expliquerait facilement cet abus de mèches décolorées, de french manucure et de strass aux oreilles – a bizarrement décidé de discuter politique migratoire avec sa copine / sosie Élodie. Ainsi, tout d’abord, « ce n’est pas en accueillant toute la misère du monde que ça va arranger les choses ». Tremble Christine Ockrent, la relève est là ! Et c’est avec les acquiescements ostentatoires de sa collègue / réplique en cire que la demoiselle s’emporte tout particulièrement contre le laisser-aller des forces de police face à l’afflux toujours plus important de personnes d’origine étrangère dans le quartier de la gare : « Je suis allée danser au Maximum samedi dernier, laisse tomber ! Je me suis faite

(sic) agresser tous les 10 mètres dans la rue ! Et puis ils ne s’appelaient pas Pierre si tu vois ce que je veux dire… » Élodie, apparemment aussi experte en sociologie luxembourgeoise qu’en balayage californien clôt alors la conversation en argumentant que ces malotrus s’étaient probablement échappés de la « Frixestouffe ». Dans un de ses ouvrages, Laurent Baffie s’interroge : « Vu la popularité des bars à huîtres et des bars à hôtesses, ne faudrait-il pas songer à créer des bars à moules ? » Il semble ici que Luxembourg, tout autant que pour récompenser ses meilleurs campagnes publicitaires, ait pris de l’avance sur ses voisins en termes de rassemblement de créatures marines…

Gold du Hangover joyeux...

Attribué à Maxence, d’humeur particulièrement joyeuse au lendemain de la fameuse cérémonie. Maxence est allé aux Media Awards avec « l’envie de s’amuser plus que de raison » et, entouré d’un groupe d’amies volubiles dans ce pub emblématique de la rue de la Boucherie, il raconte avec beaucoup d’entrain et quelques mojitos la folle soirée qu’il a visiblement passée, invité par un sponsor aussi Gold que les premiers prix remis ce soir-là. Il a bien mangé, mais surtout bien bu, trop fumé, un peu flirté et tenté de danser sur le bar, sans grand succès. Le clou du spectacle est l’hilarité générale déclenchée par le récit du réveil douloureux de Maxence, dans une chambre de l’hôtel situé juste en face du lieu des festivités, en costume et en compagnie « d’une charmante créature dont je ne me souviens absolument pas du prénom ! » Maxence est un peu goujat, mais ses joues encore un peu rouges de la veille, son œil pétillant et son rire communicatif lui valent de remporter ce Gold haut la main…  Mars 2016 —

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INDEX

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce magazine.

A

B

Abadie Jean-François 116 ABBL 106 Actors.lu 27 Adada 72 Adehm Diane 108 Administration des bâtiments publics 58 Administration des contributions directes 108, 117 ADR 56 Agence spatiale européenne 54 Agile Partner 128 Agnes Anouk 121, 122 Agora 88 Agramunt Pedro 40 Aldi 92 Alfi 106, 121, 122, 136 Alia 102 Allen & Overy 88, 97 Alper Emin 150 Alta 27 Amazon 87 Amcham 90 Andy Schleck associates 101 Andy Schleck cycles 101 Apex 86 ArcelorMittal 48, 88 Arendt & Medernach 112, 128, 136 Arens Annemarie 121 Asselborn Jean 142 Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe 40 Association multiculturelle de l’Ouest 52 Assya Asset Management 120 Atoz 51, 113 Attal Yohan 120 Auchan 50 Autorité européenne des marchés financiers 106 Axa 136

Banque centrale du Luxembourg 108 Banque de Luxembourg 111 Banque Lazard 120 Baum Gilles 14 Bausch Andy 14 Berg Jeannot 52 Berlitz 126 Bernimont Pascal 92 Bertemes Claude 150 Besson Luc 30 Bettel Xavier 14, 42, 52, 72, 102 BGL BNP Paribas 29, 50, 106 Bibliothèque nationale 50 Bil 96, 114, 136 Blau Justine 88 Bock Georges 90 Bofferding Taina 42 Bokuetenge Edouard 136 Bolsius Luc 72 Boston College 42 Bouche Dominique 88 Bouhadi Hassan 114 Bourse de Luxembourg 136 Bouzebra Nadia 128 Brasseur Anne 40 Breish Abdulmagid 114 British Chamber of Commerce 40 Buck Nicolas 114 Burtard Magali 127

C Canov Nikolay Caritas International Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain Cecchetti Myriam Cellule de renseignement financier Century 21 Cervin de Cristal Cetrel CFL Chambre de commerce Chambre des députés Chambre des salariés Chapelle Laurent Charle Zenia

153 42 14 98 124 90 123 10 40 90 16 108 126 48

Charles Russell Speechlys 128 Chatain Olivier 116 Chisman Karl 50 Citroën 19 Clearstream 128 CLI 89 CMD.solutions 128 CNA 34 CNPD 97 Colruyt 92 Commission européenne 40, 97, 106 Conseil d’État 16 Conseil de l’Europe 16 Conseil de sécurité des Nations unies 114 Cour de justice de l’Union européenne 50 Cour des comptes 124 Crédit Agricole Luxembourg 116 Crédit Agricole Private Banking 116 Cruchten Pol 35, 40 Cruchten Yves 48, 56 CSSF 106 CSV 56 CTG Luxembourg PSF 128 D'Coque 50

D Daech 52 Dhamen Luc 58 Daleiden Guy 27 Danloy Sébastien 136 Daroca Bárbara 72 Data4 Luxembourg 128 de Bolsée Renaud Jamar 114 De Bruyne Geert 88, 106 de Callataÿ Étienne 88 de la Bachelerie Véronique 136 de Masi Fabio 114 de Meyer Arnaud 88 de Waersegger Pierre-Michaël 128 Deep Space Industries 54 Degroof Luxembourg 88, 106 Degros Damien 136 Deheneffe Aurore 88 Déi Gréng 16, 56 Déi Lénk 56 Dekra 88 Delcourt Hugues 136 Delhaize 92

"Sécurisez vos systèmes avec l'intégration sur IP" Security & Building Technologies

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— Mars 2016

www.cel.lu

Deloitte Delvaux Jeannot Delvaux Jil Dennewald Robert Déom François Desom Jeff Destenay Olivier Dété Publicité Deutsche Bank Dewez Stéphanie Dexia Ingéniérie Sociale Di Lorenzo Catherine Do Recruitment Advisors Dordain Jean-Jacques Dourson Jean-Luc DP Drink & Drive Duarte Steve Dupont Philippe Dupuy Céline Dziezuk André

72, 106, 114 101 101 40 128 40, 72 128 90 40, 42 128 117 97 91 54 90 56 153 52 40 128 35

E Eaglestone 90 Edita 102 Editpress 102 EFA 45 Eis Epicerie Zolwer 98 Elsen Yves 54 Elvinger Bernard 90 Enaâmi Abdulfatah 114 Engel Georges 42 Enterprise Rent-A-Car 90 European Business Aviation Services 88 Elvinger Hoss Prussen 128 EY 12, 50


INDEX

F

H

K

Faber Digital Solutions 71 Faber Myriam 90 Farage Nigel 40 Fast-Track Diagnostics 90 Fayot Franz 40 FDS 90 Fedam 72 Fedil 40 yFilmförderungsanstalt 30 Filmakademie 27, 36 Film Fund 27, 34, 40 Filoche Aurélie 128 Financial Times 40 First Energy Bank 114 Fixmer Alex 58 Foka David 48 Foldberg Steen 136 Fondation des Hôpitaux Robert Schuman 16 Fonds Belval 40, 58 Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité 124 Fonds du rail 88 Forbes 114 Ford 21 Frieden Luc 40, 42, 108 Friedrich Evy 34 Fund Platform Group 136

Haagen Claude 42, 108 Hansen Josée 40 Harles Guy 136 Hauboldt Xavier 90 Hemmerling Marc 106 Hentgen Pit 40, 96 Hermes 4, 5 Hitch 151 Hobscheit Pierre 48 Hoffmann Frank 35 Hollande François 142 Hollander Éric 72 Hollerich Jean-Claude 42 Honnay Jérôme 128 House of Training 163 HRT 128 Humbert Anne 128

Kadret Augier Géraldine Kamphaus Jean-Luc Karolczuk Stéphane Kayser Nicki Kersch Dan Ketterthill Khadafi Mouammar Kia Kmiotek Michel Kohl Marius Kox Jo Kox Vera KPMG Krebitz Nicolette Krecké Jeannot

G Garage Intini 23 Gatsby 118, 119 Geens Tom 150 German Federal Film Fund 30 GFK 92 Gillen Erny 40, 42 Goebbels Robert 142 Gonella Virginie 128 Graas Laurent 72 Gramegna Pierre 14, 40, 106, 108 Grosbusch Marcel & Fils 72 Grossmann Julien 88 Groupe CK 73 Groupe Saint-Paul 40, 42, 102 Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace 54

banner135x26mmHD.pdf

1

I IDP 71 Ierace | Dechmann + Partners 72 IF Group 128 IFSB/IMsiM 126 Ikea 106 Imprimerie Faber 90 Indigo 50 Indosuez Wealth Management 116 ING Luxembourg 72, 136 Institut belge de pathologie et de génétique 16 International DJB 117 Inui Studio 90 Iris Productions 40 Isotherm 106 IUIL 126 Ivy Investments 114

J Jonk Sozialisten Julius Baer Investment Services Juncker Jean-Claude Jung Sophie Juniper Research

15/12/14

15:41

48 136 108, 142 88 104

128 124 112, 128 100 42 16, 90, 128 114 8 153 117 148 88 2, 50, 90, 121 150 117

L Lars 27 L’essentiel 102 L’essentiel Radio 102 La Luxembourgeoise 96 Laboratoires réunis 16 Lafayette 40 LaLux 96 Larue Catherine 40 Leap 88 Lesch Paul 34 Leunis Cédric 128 Lewicki Chris 54 Leyne Thierry 120 Libens Edmond 152 Libyan Foreign Bank 114 Libyan Investment Authority 114 Lidl 92 Lies Marc 56 LIH 40 Lilith Project 6, 7 Linklaters 100 Liser 40 List 58 Lohrke Jaime 128 Lola communication 72 Lombard International Assurance 106 Loschetter Laurent 40 LSAP 16, 40, 42, 48, 56 LSK 120 LTCO 53 Lunghi Enrico 142 Lux Re Securitization 114 Lux Real Estate Income 114 Luxair 40 Luxaviation 88

Luxembourg for Finance Luxembourg Institute of Health Luxemburger Wort Luxexpo Luxflag LuxGovSat Luxhotels Lycée Belval

14, 106 16 42 50 121 54 103 58

M mad bout 90 Maestro 105 Maniquet Florence 92 Martovoy Andrey 106 Mascardo Gabriel 150 Massard Marie-Hélène 136 Masset Philippe 106 MasterCard 105 Mathis Prost 90 McCrae Kevin 106 Media Marketing 65 Michael Page 128 Michaux Bernard 72 Ministère de l’Économie 54 Ministère de l’Intérieur 42 Ministère de la Culture 40 Ministère des Affaires étrangères 40, 142 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 50 Molitor Jacques 35 Morlé Sophie 50 Moskito 72 Mouton Marc 128 Muhlen Kevin 148 Must FM 102 Mutsch Lydia 16, 48

N Nations unies Nesser Claude Neugebauer Jan Nielsen Nilles Ernest Nvision Nyuko

Mars 2016 —

124, 142 90 128 92 90 63, 72 59, 98

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INDEX

O O3b Networks Obama Barack OCDE Office du Ducroire OGBL Ogier Onu Otan Ott Jean-François

R 90 54 106 90 14, 9 128 114 16 120

P PAI 16 Paperjam Club 127 Parkolux 50 Parlement Benelux 16 Pauly John 106 Pautot Stéphanie 128 Petercam 88, 106 Petit Arthur 128 Philips 99 Pictet 106 Pierret Dominique 126 Pigeon Étienne 128 Pinon Julien 102 Pirotte Marc 128 Piscitelli Jos 98 Pit Schreiner 90 Planetary Resources 54 Police grand-ducale 52, 124 Post Telecom 104, 164 57, 127 Prolingua PwC 106 PwC Academy 125

Rafiy Pasha 142 RBC Investor & Treasury Services 136 Reckinger Florence 40 Recruitment, search and selection 88 Renders Bruno 126 Retter Carole 72 RH Expert 126 Richardson Thom 40 Rodenbourg concessionnaire Peugeot 128 Rollin Jean 128 Rosenfeld Marc 104 Roth Gilles 108 Rotunno Donato 35 Rotondes 37 Royen Christophe 90 RTL 42, 102 Ruck Vincent 127 Rudoni Jérôme 72 Ruppert Marc 56

S Sacred Heart University 127 Salomon Philippe 126 Samsa Film 27, 40 Samsung 90 Santiquian Benoît 50 Scharfe Robert 136 Schiltz Marc 106 Schleck Andy 101 Schmit Jean-Claude 40 Schmit Nicolas 40 Schmit Philippe 128 Schmitz Loïc 128 Schneider Étienne 48, 54 Schonenberg Paul 90 Schultz Martin 114 SD Worx 127 Security Made In Lëtzebuerg 72 Sergonne Mike 72 ServiceLux 153 SES 54 Shoura 52 Sifi 47 Skip 58 SNCF 40 SNCT 88 Société Générale Bank & Trust Luxembourg 136

Solbreux Nicholas Sources Rosport spaceresources.lu Spautz Vera Spirinelli Fabio Statec Steinmetz Nico Stéphanie, Grande-Duchesse héritière Strasser Christian Strauss-Kahn Dominique Sunningdale Properties 2 Syfel

160 ­—

— Mars 2016

40 96 120 114 42

T

W Wagener Danièle Wagner Christophe Wagener Léo Wagner Management Waringo Claude Wathieu Julien Weber Max Wies Patrick Willame Jean-François Wolter Fernand Wurth Hubert

40 35 42 114 27 92 72 50 104 127 40

Y, Z

Tamedia Tango Thill Dan Thoss Carlo Thibesart Maischi TNS-Ilres Tonnar Yann Toolbox Traiteur Niessen Travel Pro Traversini Roberto Trestikova Helena TÜV

102 104 90 27, 35 152 102 27 69 147 128 56 150 88

U Ulpa 27 Unicri 124 Union européenne 142 Université du Luxembourg 54, 58 UNODC 124 Urbach Alain 120 Urban Land Institute 106 Utopia 33

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Etienne Velasti Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger Rudy Lafontaine et Etienne Velasti. Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).

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Mars 2016 —

— 161


TABLEAU DE BORD

239

214

ÉVOLUTION DU NOMBRE TOTAL DE DEMANDES D'ASILE (Données en valeur absolue entre 2010 et 2015)

ALBANIE

AFGHANISTAN

539

KOSOVO

669

IRAK

SYRIE

TOP 5 DES PAYS D'ORIGINE OU DE PROVENANCE DES DEMANDEURS D'ASILE EN 2015

2012

2013

2014

2.057

1.070

2015

153 1.091

2.447

44.751 EMPLOI DU SECTEUR FINANCIER AU 3 E TRIMESTRE 2015 TABLE AU DE BORD

(hors assurance)

Données en stock

18.907 emplois dans les autres secteurs

57,75% 42,25%

6,7%

Luxembourg, terre d'accueil … Alors que l'économie du pays affiche de bonnes statistiques, des flux migratoires nouveaux s'invitent dans le paysage.

TAUX DE CHÔMAGE (en décembre 2015)

25.844 emplois dans le secteur bancaire

5

OPC

(en milliards d’euros)

PIB EN VOLUME

1

(évolution en %)

0 -1

-0.8 2012

D éc .1 Ja 4 n. 1 Fé 5 v. M 15 ar s A 15 vr il 1 M 5 ai 1 Ju 5 in 1 Ju 5 il. A 15 oû t Se 15 pt .1 O 5 ct .1 N 5 ov .1 Ja 5 n. 16

173.284 travailleurs frontaliers

2014

90

72 58 62

86

— Mars 2016

n. Ja

v. Fé

2016

s ar M

ril Av

ai M

in Ju

TE S

89

99

92 62

47 38

2528

20

162 ­—

81

63 60

40

0

2015

NO MB RE DE FA IL LI 86

80 60

2013

2014 2015 2016

120 100

Source s: Statec, CSSF, Direction de l’immigration

3.4

3.2

2

57,93%

42,07%

4.1

3

3.506,201

3.589,67

3.366,83

3.513,39

3.422,99

3.528,13

3.583,11

3.538,59

3.601,53

3.403,87

(en décembre 2015)

3.524,79

3.094,99

EMPLOI TOTAL INTÉRIEUR

3.227,01

411.912

4.3

4

71

71

58

52 56

64 65 62

30

il. Ju

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t. Oc

v. No

c. Dé

n. Ja




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