Paperjam Mai 2018

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PA P E R JA M . L U • M A I 2018

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rend  Pierre  ses  Gramegna  comptes POLITIQUE Les données vont-elles remplacer les tracts ?

ENTREPRISES Au travail, plus près des frontières

PLACE FINANCIÈRE L’ouverture des banques chinoises

ÉCONOMIE Récolte progressive dans les écotechnologies



ÉDITO

Thierry Raizer Rédacteur en chef

Le dessous des cartes A

u gré des récentes statistiques et autres communiqués d’annonce d’arrivée de sociétés, le Luxembourg a confirmé son statut de pôle d’attraction en Grande Région et, plus largement, en Europe. Le pays figure, par exemple, parmi les localisations préférées des acteurs de la City qui ne veulent pas couper le cordon avec le marché unique. Pour quelles retombées en matière d’emploi et de nouveaux habitants ? La réponse est attendue à moyen terme, mais les statistiques récentes du ­Statec­éclairent quant aux évolutions de la population du pays, qui a franchi le cap des 600.000 habitants, dont 48 % de non-Luxembourgeois. Avec une situation économique prospère et un État capable d’offrir un cadre de vie plus confortable qu’ailleurs, l’intégration et la cohabitation se passent généralement sans encombre. En l’espace de 10 ans, entre 2006 et 2016, les migrations nettes ont apporté 97.000 âmes supplémentaires au Luxembourg, déclarait récemment la Fondation Idea. Derrière ce chiffre se cache pourtant un « taux de mobilité » : 213.000 personnes sont arrivées, 116.000 sont parties. Plus inquiétant, un nouveau frontalier sur sept est Luxembourgeois. Cette statistique, peu commentée, illustre un véritable défi pour les candidats aux législatives, celui d’être capable de créer les conditions

nécessaires à un marché immobilier qui épouse véritablement la croissance du pays, et qui soit donc plus abordable. Paradoxe de l’histoire, ces nouveaux frontaliers participent aux encombrements quotidiens qui paralysent régulièrement le pays et qui représentent un facteur de risque pour l’économie. Séduits par la stabilité et les chemins courts du pays, les acteurs économiques n’en sont pas moins attentifs à la réalité du terrain. Lorsque les convois de fret sont bloqués par la circulation automobile ou que les infrastructures ne sont pas adaptées aux flux frontaliers, il faut tirer la sonnette d’alarme. Les élections d’octobre prochain devront apporter des réponses sur plusieurs fronts vitaux. Celui de la vision économique, tout d’abord. S’il est ques­tion d’une baisse du recours aux frontaliers sur le long terme ou d’une autre forme de croissance, les chiffres du Statec montrent que l’immigration – économique – est un ressort essentiel pour l’alimentation des caisses de l’État. Autre enjeu : les infrastructures. Les dépenses allouées par habitant par l’État se dirigent en premier lieu vers les soins de santé et le social. Mais ne faudrait-il pas lancer un véritable plan national pour les infrastructures après avoir rattrapé le retard durant la mandature en cours, d’une part, et de nou-

velles zones d’activité, d’autre part, plus proches des frontières ? Les plans et les intentions existent, mais l’État doit prendre la main pour accélérer les procédures et concevoir davantage de partenariats public / privé. Les premiers effets de la visite d’État en France passés, le Luxembourg doit enfin pouvoir réellement s’imposer comme capitale de sa région proche, celle d’une « Petite Région », à défaut de faire fonctionner une véritable « Grande Région ». Mobilité, zones d’activité économique, télétravail… La prochaine équipe au pouvoir a la possibilité de créer un modèle exemplaire en Europe, celui d’un État qui peut, grâce à son économie, bâtir une métropole en collaboration avec des régions pourtant étrangères. Un véritable plan d’intégration en soi.

La conversation continue en ligne :  @paperJam_lu Paperjam Paperjam Group

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THE DAY-DATE 40 The international symbol of performance and success, reinterpreted with a modernised design and a new-generation mechanical movement. It doesn’t just tell time. It tells history.


oyster perpetual day-date 40


BMW GOLF CUP INTERNATIONAL 2018 30TH EDITION

Le plaisir de conduire

SINGLE STABLEFORD

April 25

The National Golf Brussels

Private Tournament for: Jean-Michel Martin East and Jean-Michel Martin West

April 27

Royal Golf Club du Sart Tilman

Private Tournament for: Discar Liège, Verviers, Eupen and Malmedy

May 4

Kikuoka Country Club Luxembourg

Private Tournament for: Bilia-Emond Arlon, Libramont and Luxembourg

May 23

Golf & Country Club Palingbeek

Private Tournament for: Monserez Aalbeke, Ieper and Kortrijk

May 25

Naxhelet Golf Club

May 30

Kempense Golf Club

Private Tournament for: Beliën Neerpelt and Lommel

June 1

Golf de Falnuée

Private Tournament for: L. Louyet Charleroi, La Louvière, Mons and Sambreville

June 6

Winge Golf & Country Club

Private Tournament for: Juma Mechelen, Juma Leuven, Tanghe, Ottevaere and Patrick Smets

June 8

Antwerp International Golf & Country Club Rinkven

Private Tournament for: Centrauto Group

June 12

Royal Golf Club des Fagnes

Private Tournament for: Delbecq

June 20

Cleydael Golf & Country Club

Private Tournament for: Jorssen Noord and Jorssen Zuid

June 22

Royal Antwerp Golf Club

Private Tournament for: Meeusen and Sneyers

August 16

Golf Château de la Tournette

Private Tournament for: Gregoir Puurs and Dendermonde

August 17

Golf Château de la Tournette

Private Tournament for: Gregoir Jette

August 24

Koksijde Golf Ter Hille

Open Tournament for:

BMW Belux

August 30

The National Golf Brussels

Open Tournament for:

BMW Belux

September 5

Royal Limburg Golf

September 7

Royal Waterloo Golf Club

October 12

Cleydael Golf & Country Club

WANT TO DRIVE WITH US?

Private Tournament for: Bortolin Huy and Bortolin Hannut

Private Tournament for: van Osch Hasselt, Halen and Tienen Private Tournament for: Ginion Group (Wavre, Waterloo and Overijse)

BMW Golf Cup National Final

Participation uniquement sur invitation d’un concessionnaire BMW ou d’un partenaire de la BMW Golf Cup International 2018. Au moment de l’inscription, un don de € 40 devra être fait au profit de MAKE-A-WISH®. Une attestation fiscale sera délivrée automatiquement. Ces dates restent sous réserve de modification. Approbation Règle 4-2g RBGF/89/2018.


SOMMAIRE

Mai 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES

POLITIQUE

Le face-à-face 17

16 Législatives 2018 Terrain miné sur les réseaux sociaux

Carrières 20

Une circonscription unique ?

18 Analyse Une villa dans la petite prairie 20 Marché du travail Déjà atypique

ENTREPRISES

Elevator pitch 24 Datathings

22 Immobilier de bureaux Au travail le long des frontières

28 Technologies Saturne veut garder un temps d’avance

Saga 26

24 Burn out Le nouveau mal du siècle

30 Espace Small is bigger

Du challenge à la solution 28

26 Talents IT Chasseur de têtes par ricochet

Faciliter la mobilité interne

CEO selfie 30 Marc Kesch

Carrières 30

PLACE FINANCIÈRE 32 Banques L’éventail chinois s’élargit

36 Futur de la Place Un horizon à (ré)imaginer

34 Attractivité Coup de jeune pour la trésorerie

38 Paiements La nouvelle vie de Digicash

36 Bilan des banques Quand l’économie va…

38 Valeurs technologiques Gafa Gogo

ÉCONOMIE 40 prospective Idea veut dire cinq fois oui PHOTOS Geoportail.lu, Nader Ghavami

ANG, des ateliers centenaires

42 Perspectives À la recherche d’une croissance intelligente 44 Diversification Les écotech à l’épreuve du temps

Opinion 33

Quel avenir pour la fondation patrimoniale ?

Buzzword 34 Family office

Carrières 38

Luxembourg performance index 41 Droit du travail 42 Clause de non-concurrence

Carrières 44

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MON PATRIMOINE GÉRÉ PAR MA BANQUE PRIVÉE À LUXEMBOURG R MON PROJET IMMOBILIER À BRUXELLES R LE MBA DE MA FILLE À LONDRES R MA RÉSIDENCE SECONDAIRE À CANNES R LA START-UP DE MON FILS À MUNICH R MON VOILIER À MONACO

Réseau européen. Siège luxembourgeois.


SOMMAIRE

Mai 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Pierre Gramegna

« Nous sommes extrêmement actifs » Le ministre des Finances défend point par point le bilan d’une action contestée tantôt à l’étranger, tantôt par l’opposition, et parfois par les opérateurs de la Place.

PHOTOS Anthony Dehez, Nicholas Albrecht, Romain Gamba

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John Rauscher

« Aider le consommateur à être mieux servi » Pionnier de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur des services, le Franco-Américain dissèque les tenants et aboutissants d’une innovation qui n’en est qu’à ses débuts.

60

Peter Vandekerckhove

Reportage

Le nouveau group CEO de KBL epb Luxembourg compte sur son tempérament pour faire accélérer l’entreprise dans la course à la consolidation européenne.

Le terminal A de l’aérogare était inauguré en 2008. En une décennie, l’infrastructure a épousé un secteur en pleine croissance et a poursuivi sa mue.

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88

« Je n’aime pas perdre »

Le Findel à tire-d’aile

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VESTE

229,95 GILET

79,95


SOMMAIRE dossier digital 102 index 118 ours 120 celebrating luxembourg 122

Mai 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Argent comptant Tonika Hirdman

« J’ai un côté luthérien » « Ce n’est pas celui qui en a le plus qui est riche, mais celui qui en donne le plus. » Pour parler argent, la directrice de la Fondation de Luxembourg cite le psychologue allemand Erich Fromm.

106 Compétences Bien-être

Gérer son stress

Les managers sont en première ligne lorsqu’il s’agit de stress. Quelques clés pour le gérer.

108

Style Sortie

Frédéric Humbel et Vinciane Istace

Le coordinateur général de Fond-de-Gras et l’associée de PwC ont adopté un look spécial sortie.

110

Architecture Résidence secondaire

CULTURE BIENNALE DE VENISE

restaurant à table avec

Le bureau Architecture + Aménagement a transformé un appartement situé en bord de la mer du Nord.

Présentation de l’exposition The Architecture of the Common Ground, qui sera au pavillon luxembourgeois à la 16e Biennale d’architecture de Venise.

Rendez-vous au Bosque Fevi avec la récemment nommée directrice du Théâtre municipal d’Esch-sur-Alzette.

112

114

Avec vue sur la mer

Arsenal, nous voilà !

Carole Lorang

116

PHOTO Edouard Olszewski

IL Y EN A PLUS

Ce mois-ci avec Paperjam : le supplément Fonds d’investissement

ET AUSSI

La Clubletter Mai 2018 —

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BRAND VOICE

Jean-Lou Kremer

Olivier Coppieters

Emmanuel Gay

Sophie Hoste Denis Richelle Yves Robert

RESULTANCE

CONSEIL PRAGMATIQUE ET CULTURE DU RÉSULTAT Dans le monde des sociétés de conseil, Resultance occupe une place à part. Le cabinet défend en effet une identité et un positionnement inédit, allié à des méthodologies qui marquent par leur pragmatisme. Emmanuel Gay, associé, revient pour nous sur ce qui a fait le succès de Resultance et son actualité, notamment auprès des PME et sur la question de la transformation digitale.

Pouvez-vous nous présenter la société Resultance et son activité ?

Emmanuel gay : Resultance est née en 2002, pour des clients issus de l’industrie, puis, au fur et à mesure de son développement, la société a couvert de nombreux autres secteurs d’activité : l’automobile, les télécoms, la distribution mais aussi le secteur public ou les services financiers. Resultance compte aujourd’hui plus de 80 consultants qui ont mené avec succès plus de 350 projets en 15 ans d’existence. En une phrase, notre métier consiste en un accompagnement de nos clients dans l’amélioration de leur performance opérationnelle. 12 —

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En quoi Resultance se différencie-t-elle de ses concurrents ? Quelle est sa valeur ajoutée en terme de fonctionnement ?

C’est tout d’abord un modèle qui a fait le succès de la société : l’engagement sur résultats. Le principe est simple et se fait en deux phases. Nous restons dans l’entreprise de notre client entre six et huit semaines, pour établir un diagnostic tout d’abord. Nous analysons alors dans le détail la problématique pour laquelle nous avons été mandatés, dans le but de trouver des leviers d’amélioration et de les quantifier. Ce qui nous amène à la deuxième phase où nous proposons des objec-

tifs d’amélioration sur lesquels nous nous engageons, notamment financièrement, à travers des honoraires variables. Ces derniers ne seront facturés que si des résultats tangibles sont obtenus, résultats mesurés grâce à des indicateurs contractuels. Resultance, c’est aussi une identité singulière dans le monde du conseil, des valeurs fortes liant l’ensemble des consultants. L’équipe est composée de femmes et d’hommes extraordinaires : multiculturelle, polyglotte (12 langues parlées dans le cabinet) et très accessible. Enfin, nous sommes très attachés à une approche très pragmatique chez nos clients. Nous utilisons des méthodologies éprouvées mais ce qui est aussi essentiel pour nous, c’est « l’animation », une façon de conduire le changement sur le terrain, pour faire changer les mentalités en profondeur et améliorer la performance de manière pérenne. Pouvez-vous nous parler du programme Fit 4 Innovation que vous développez à destination des PME ?

C’est une belle success story. Codéveloppé il y a quatre ans avec Luxinnovation et le ministère de l’Économie, le point de départ est la question qui anime alors le débat : comment aider les PME à améliorer leurs performances et à dégager des ressources pour innover ? Le programme est ainsi mis au point et repose sur deux piliers. D’une part le modèle


BRAND VOICE

d’engagement sur résultats et un soutien du ministère de l’Économie d’autre part. En combinant ces deux éléments, le programme F4I parvient à lever les freins que rencontrent certains dirigeants de PME pour faire appel à du conseil externe. Ce programme a aujourd’hui plus de quatre ans et nous accompagnons une trentaine de PME avec qui nous entretenons des relations sur le long terme, qui se prolongent au delà du projet de départ dans le cadre du programme Fit 4 innovation. Ce programme, en plus d’être un succès, s’inscrit dans la volonté du gouvernement de diversifier l’économie et de s’appuyer sur les PME. Ces entreprises génèrent en effet de nombreuses créations d’emploi, elles sont un vrai relais de croissance pour l’économie et donc en améliorant leur compétitivité, c’est l’économie toute entière que l’on développe.

Nous venons de terminer, par exemple, une étude pour implémenter le BIM dans les 350 gares ferroviaires d’Île-de-France, en partenariat avec une filiale de la SNCF. Un autre exemple de notre offre de services, plutôt lié au monde des services et de la finance, c’est la robotisation des processus que nous combinons à une démarche « classique » de reengineering des processus (BPR). Dans les PME, nous avons démarré le mois dernier un premier projet, dans le cadre d’un programme de transformation digitale 360° dédié aux PME construit sur un modèle similaire au programme Fit 4 Innovation. Nous analysons toutes les fonctions de l’entreprise pour détecter celles qui pourraient être numérisées, robotisées ou automatisées afin de sélectionner et prioriser les projets digitaux pour optimiser la création de valeur dans la PME.

La transformation digitale est au cœur de l’actualité. Quelles solutions Resultance propose-t-elle à ce sujet ?

Vous êtes bien entendu présents au GDL, mais également en France et en Belgique. L’activité au Luxembourg est-elle très différente des autres pays ?

Le groupe Resultance est présent dans le digital depuis plus de 10 ans. En effet, aux côtés de Resultance, dédiée au conseil en management, nous avons développé Metrum, une société de services en ingénierie informatique (SSII). Nous combinons aujourd’hui les deux expertises pour proposer à nos client un accompagnement dans leur transformation digitale. Nous menons actuellement des projets autour de « l’industrie 4.0 », par exemple chez un équipementier automobile à Steinfort. Nous sommes aussi très présents dans la transformation numérique du secteur de la construction, à travers l’accompagnement de la mise en œuvre du BIM (« Building Information Modeling »), auprès d’acteurs majeurs présents au Luxembourg mais aussi à l’étranger.

Nous sommes une société luxembourgeoise depuis le début. Notre ancrage est donc assez fort, que ce soit auprès des PME comme des grands groupes internationaux. Nous sommes particulièrement attentifs à la notion de « delivery », c’est-à-dire au fait qu’une mission porte ses fruits, amène les résultats escomptés. Or, à l’échelle d’un pays comme le Luxembourg, où la réputation d’une entreprise se fait très rapidement, cette politique pragmatique nous a réussi. Là où, en France, il est d’abord nécessaire de convoquer de grands concepts et de s’appuyer sur de grandes théories méthodologiques, au Luxembourg et en Belgique, il faut plutôt délivrer des résultats, faire avancer les projets.

FOCUS

RESULTANCE EN CHIFFRES

15 ans d’existence au service de nos clients

80 consultants présents dans 3 pays

350 projets ont été menés avec succès

Et demain ? Quels sont les grands projets à venir pour Resultance ?

Les challenges liés au digital et à la transformation digitale sont déjà lancés, comme je vous le disais, et devraient nous occuper pendant un long moment. Sinon, c’est bien sûr continuer à développer notre présence au Luxembourg, en France, en Belgique et peut-être dans d’autres pays, toujours sur la base de ces modèles qui ont fait le succès de Resultance. 

ILS TÉMOIGNENT

« Resultance nous accompagne dans notre transformation, avec succès » Gérard Hoffmann CEO Telindus

« Le partenaire historique du groupe Ceratizit, qui nous a accompagné aux moments clés de notre développement » Jacques Lanners Président du directoire de Ceratizit

« Le pionnier dans l’amélioration des performances opérationnelles du secteur bancaire » Yves Lahaye General manager RBC Luxembourg

« L’approche pragmatique et le modèle d’engagement sur résultats : clés du succès de Resultance dans les PME » Michèle Detaille CEO groupe ALIPA

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espresso conversations envies

Des tracts traditionnels à l’utilisation des services de Cambridge Analytica, il y a un pas que les politiques luxembourgeois ne franchiront pas. Mais ils partagent en page 16 leurs réflexions sur l’usage des outils digitaux pour atteindre l’électeur. Un peu plus près des frontières. Les zones économiques péri­phériques se développent. Décryptage en page 22.

L’empire du Milieu attaque. Ses banques implantées au Luxem­bourg s’ouvrent désormais aux particuliers. Explications en page 32. Les élections d’octobre posent question. En page 40, la fon­ dation Idea partage les siennes en guise d’agenda 2023 pour le pays. Mai 2018 —

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POLITIQUE

politique Thin blue line Un policier est décédé le 14 avril dans une collision entre deux véhicules de la police, lors d’une course-poursuite dans le nord du pays. Une collègue du policier a subi de graves blessures. L’homme de 37 ans qui avait provoqué la course-poursuite a pour sa part été écroué et sera jugé pour homicide involontaire. Les jours suivants, de nombreux internautes ont affiché, sur les réseaux sociaux, leur soutien aux victimes en adoptant pour photo de profil une fine barre horizontale bleue. L’incident a donné lieu à des échanges indécents sur internet, lorsque certains individus reprochaient à des politiciens d’instrumentaliser la mort du policier pour des raisons électorales. Place aux « jeunes » À moins de six mois des législatives, Simone Asselborn-Bintz (LSAP) et Sam Tanson (Déi Gréng) prêtaient serment le 17 avril à la Chambre. Simone Asselborn-Bintz remplace Roger Negri, qui avait décidé de faire place aux jeunes en rendant son mandat avant la fin de la période législative, tandis que Sam Tanson remplace Claude Adam, qui démissionnait pour des raisons personnelles. Le député Marcel Oberweis (CSV), qui a déjà annoncé sa démission, ne cédera sa place à Claudine Konsbrück que le 30 juin.

Mudam La « Chapelle », l’une des œuvres emblématiques de la collection du Mudam, exposée depuis 2006, sera démontée le mois prochain, rapportait reporter.lu le 2 avril. Tandis que l’artiste Wim Delvoye se montrait extrêmement surpris de la décision de la directrice du Mudam, Suzanne Cotter, le ministre de la Culture Xavier Bettel (DP) expliquait que le gouvernement ne se mêlerait pas des décisions internes du musée. Better call Bettel Le DP publiait le 6 avril le premier épisode d’une série, Better call Bettel, où l’on assiste à des passants qui répondent à un téléphone bleu avec à l’autre bout du fil le Premier ministre, Xavier Bettel. Cette série s’inscrit dans une précampagne électorale rythmée davantage par la présence sur les réseaux sociaux plutôt que par des propositions concrètes, comme l’illustre aussi le compte Instagram du chef de file du CSV, Claude Wiseler. Outre son aspect très artificiel, des journalistes critiquaient une certaine glorification de l’avocat douteux et médiocre Saul Goodman de la série Breaking Bad, dont s’est inspirée la campagne du DP. D’autres se moquaient du fait que Xavier Bettel n’avait pas accepté la conversation avec Wim Delvoye.

À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.

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LÉGISLATIVES 2018

Terrain miné sur les réseaux sociaux Entre la montée en puissance des réseaux sociaux, la prochaine entrée en vigueur du RGPD et le scandale Cambridge Analytica, les partis politiques naviguent à vue.

Bettel au bout du fil Le DP a fait mouche avec une vidéo jouant sur la proximité du Premier ministre avec les citoyens.

À

chaque parti son style de communication sur les réseaux sociaux. D’un côté, Déi Lénk appelle les internautes à réfléchir sur la société actuelle et ses « présupposés érigés en lois naturelles » (compétitivité, con­ currence, etc.), explique David Wagner. De l’autre, le DP affole les compteurs avec sa vidéo virale « Better call Bettel ». « Le premier épisode a été visionné plus de 100.000 fois », se félicite Claude Lamberty, secrétaire général du DP. L’ADR revendique « de francs succès », comme son affiche sponsorisée sur les droits des animaux, glisse l’attaché parlementaire Roland Houtsch. Support incontournable, Facebook est aussi devenu un

terrain miné depuis la découverte du siphonnage des données de 87 millions d’utilisateurs par Cambridge Analytica à des fins politiques. « Nous faisons pas­ser sur Facebook des messages poli­ tiques authentifiés, clairs, qui correspondent à notre program­ ­m e », assure Claude Wiseler, tête de liste du CSV pour les élections législatives. Même affirmation vigoureuse chez les autres partis.

MESSAGES CIBLÉS

Avancer à visage découvert n’empêche pas d’utiliser les paramètres de ciblage de base offerts par Facebook pour « booster » une publicité. « Nous promouvons plus activement

PHOTO Capture d’écran Youtube

DIGEST


POLITIQUE

PHOTOS DR

L E FA C E -À- FA C E

certains messages vers un pu­­blic cible en fonction de l’âge, du sexe ou du facteur géogra­ phique », admet Dan Michels, s e c ré t a i re p a rl e m e n t a i re Déi Gréng. Le CSV évoque un ciblage géographique « pour ne pas em­­bêter les gens à Bruxelles ou Paris », résume M. Wiseler. « Nous verrons pendant la cam­ pagne si ce ciblage peut revêtir un intérêt pour certains sujets », in­dique Yves Cruchten, secrétaire général du LSAP, attaché à la « volonté de faire passer un message à tout le monde ». La plupart des partis s’accordent à dire que la taille du pays ne justifie pas de débourser des milliers d’euros pour cibler telle ou telle partie de la population. « Un risque théorique, mais en réa­ lité pratiquement nul », estime M. Lamberty. « Il faut qu’on soit capables nous-mêmes, par les sujets qu’on traite, de convaincre les gens », plaide M. Wagner. Et ce malgré les subtilités des réseaux sociaux. « Facebook change régu­ lièrement d’algorithme, et depuis peu, les pages de sociétés ou d’as­ sociations sont défavorisées, souligne le député de la Gauche. C’est une façon de les pousser à avoir davantage recours au sponsoring, mais celui-ci peut aussi agacer les gens. » Les partis se refusent également à jouer le jeu dangereux de la publicité masquée, « qui appa­ raît dans le fil sans qu’on puisse voir qui l’a payée et dans quel contexte la comprendre, explique M. Michels. Et en politique, le simple fait d’avoir vu une pub risque d’avoir une influence. » Pour autant, plusieurs sociétés, dont une basée au Luxem­bourg, ont offert leurs services aux différents partis, leur faisant miroiter l’accès à des bases de don­nées affinées. Tous les partis assurent avoir décliné ces propositions, même si les plus petits ne sont pas loin de penser que les plus grands seraient tentés d’accepter. Restent les listes électorales éditées par chaque commune avant un scrutin. « Les partis poli­ tiques peuvent y avoir accès en vertu de la loi électorale de 2003, confirme Thierry Lallemang,

UNE CIRCONSCRIPTION UNIQUE  ? POUR c l au d e b i v e r

« Correspondre à la réalité démographique »

CONTRE léo n g lo d e n

« Un déficit de représentation du pays »

L

L

Claude Biver Journaliste sur Radio 100,7

Léon Gloden Député du CSV

e système électoral luxembourgeois et la subdivision du territoire en quatre circonscriptions remontent au début du 20e siècle, l’objectif étant à l’époque d’assurer que les différentes régions soient représentées au Parlement. L’idée était d’établir une proximité entre les électeurs et la politique, or, à l’ère du digital, l’idée est dépassée. Désormais, ce sont les médias traditionnels et les réseaux sociaux qui assurent cette proximité. Les citoyens ne sont d’ailleurs plus aussi liés à une circonscription ou à un canton, car ils déménagent plus souvent ou travaillent souvent dans une autre circonscription. Les conséquences sont aussi politiques. En effet, ce sont les grands partis qui en profitent le plus en ayant plus de chances de remporter un « siège restant ». Les obstacles factuels pour obtenir un mandat sont plus grands. Une circonscription unique bénéficierait davantage aux petits partis : en 2013, le Parti pirate et le Pid auraient réussi leur entrée au Parlement, l’ADR aurait obtenu un mandat de plus, au détriment des CSV, DP et LSAP, qui auraient perdu un mandat chacun. Pour finir, le nombre de sièges par circonscription ne correspond plus à la réalité démographique. Dans le Nord, 4.800 électeurs ont un représentant, contre 3.200 électeurs dans le Centre. Une voix dans le Centre a donc plus de valeur qu’une voix dans le Nord. Si l’on souhaite garantir une représentativité démocratique, il faut introduire la circonscription unique.

idée d’une circonscription électorale unique lors des élections législatives n’est pas nouvelle. Elle a également été débattue lors des travaux relatifs à la nouvelle constitution, sans qu’il y ait eu d’enthousiasme véritable pour changer le système actuel. Des discussions de ce genre sont néanmoins légitimes et permettent d’évaluer à des intervalles réguliers si notre système électoral répond encore à nos prétentions démocratiques. Certes, cela permettrait à tous les électeurs de voter pour le candidat tête de liste aspirant à la fonction de Premier ministre. Le CSV reste toutefois attaché au système actuel, qui permet une représentation juste et équilibrée du pays et de ses régions avec leurs particularités socio-économiques. Sachant que la Chambre des députés représente tout le pays, il convient d’éviter que les régions, sur­ tout les plus petites, soient sous-représentées, voire, le cas échéant, plus du tout représentées. Ce risque est réel en cas de circonscription unique. En outre, le système électoral actuel, fortement ancré dans notre tradition, permet de voter à la fois pour un parti et/ou pour des person­ nes. Si on introduit une circonscription unique, il faudrait mener des réflexions approfondies sur le vote par « panachage » si cher à nos citoyens. J’estime que nous ne sommes pas prêts à abandonner le système du panachage. En conclusion, le système actuel est garant d’une juste représentativité du pays.

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POLITIQUE

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ANALYSE

UNE VILLA DANS LA PETITE PRAIRIE Les coûts nécessaires pour absorber une croissance que le pays peut et doit supporter devront être répartis de manière plus équitable.

A

u Grand-Duché, on est encore à des millions d’années-­ lumière des circonstances inégalitaires que l’on peut constater à Johannesbourg ou Karachi. Néanmoins, à l’image de deux nouvelles villas au Limpertsberg dans une ruelle qui a été transformée en cul-de-sac, des belles maisons sur l’Eicherfeld ou encore d’un manoir de 14 millions d’euros en construction à Holzem, tous loin des transports en commun ou des sites où pourraient s’implanter des usines jugées polluantes, une trajectoire se dessine. Le modèle économique du Luxembourg s’appuie principalement sur sa place financière et l’accueil d’UHNWI (individus à for­tune nette ultra élevée). Bien que la Chambre ait adopté il y a un an des critères légèrement plus stricts pour l’octroi du droit de séjour à des investisseurs, des acteurs de la Place vantent un Grand-Duché qui attire de plus en plus de fortunes. Heureu­sement, diversification oblige, le Luxem­ bourg s’efforce aussi d’attirer des talents. Dans un esprit de solidarité européenne, il convient néanmoins de soulever la question de la fuite de cerveaux d’États qui ont payé pour leur éducation. Ce sont ces talents et fortunes qui financent en grande partie un système social comparativement généreux et pour la majorité de la population résidente, un niveau de vie matériellement élevé. Les recettes fiscales réinvesties bénéficient à tous, mais particulièrement aux entrepreneurs, les recettes redistribuées surtout aux fonctionnaires des carrières supérieures, tandis que la hausse de la demande immobilière bénéficie surtout aux grands propriétaires. Aux frontaliers de se soumettre aux « mesures disciplinaires au niveau du transport », pour re-­ prendre les termes du Feierkrop, et aux résidents plus modestes ou moins qualifiés d’aller vivre là où

un logement est encore abordable, comme à Lamadelaine par ex­emple. Les inégalités continuent à se creuser, comme l’illustrent le risque de pauvreté qui augmente ou la part du budget des ménages dépensée pour le logement.

MIAM-MIAM

« Aujourd’hui déjà, la conception très spécifique du contrat social au Grand-Duché est remise en cause par de nombreux autoch­ tones, sous le couvert d’un débat sur la langue et sur la croissance. » Le con­seil­ler en communication Jürgen Stoldt analyse dans l’édito d’avril de Forum que la population locale était prête à accepter une transformation rapide de la société, car un secteur tertiaire très dynamique depuis les années 1980, combiné à un système social très développé, avait permis à la majorité de la population de prospérer. Avec la détérioration des conditions de vie des franges moins éduquées de la population, des prix immobiliers qui privent les nouvelles générations d’accéder au logement et le mantra de crise répété depuis 10 ans, la voie de développement n’était plus portée par tous, explique-t-il. Pour répondre au malaise, la politique fait du « vivre-ensemble » et de la « cohésion sociale » les grands enjeux des cinq prochaines

années. Or, à défaut de contenu et d’action concrète, et en attendant les programmes électoraux des différents partis, ces mots restent des coquilles vides. Pour rétablir le contrat social, la politique devra rappeler à tous la responsabilité de tous, tout en condamnant les agissements égoïstes. Toutefois, afin que la collectivité accepte ses responsabilités, le pouvoir public devra en revanche adopter une politique de tolérance zéro aussi bien envers les abus qu’envers les privilèges. Par ailleurs il faudra, au Luxem­ bourg comme partout dans le monde d’ailleurs, activer davantage les leviers de la sélectivité sociale en attendant que les effets d’une imposition progressive de l’héritage, du foncier, du capital et du patrimoine, aient réduit les inégalités. L’urbani­sation devra également rendre compte à l’intérêt général. À titre d’exemple : est-il juste d’évacuer des lycéens du Limper­tsberg à Gasperich pour soulager les habitants du Limpertsberg ? Ne faudrait-il pas plutôt augmenter les capacités de transport et de logement, voire même construire un pont reliant le Limpertsberg au Bridel ? Si le Luxembourg, proportionnellement l’un des États les plus riches et plus pollueurs au monde et dont l’empreinte écologique figure dans le top 3, ne parvient pas à devenir un laboratoire pour développer un mo­d èle sou­te­nable et une société cohésive, il ne pour­ra pas s’atten­dre à ce que des populations plus pau­v res renoncent à la même gourmandise luxembourgeoise. F. A.­

Cadastre Vue d’une partie du Limpertsberg, de Mühlenbach et de l’Eicherfeld. L’aménagement du territoire et le modèle économique devraient profiter à tous.

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membre de la Commission nationale pour la protection des données. Certains partis les ont utilisées lors du dernier scrutin afin de prospecter certains types d’électeurs, en particulier les étrangers, pour les amener à s’inscrire sur les listes, ainsi que les jeunes votant pour la pre­ mière fois. » Une utilisation très encadrée par la loi, avec notamment l’obligation de détruire les données après les élections. « Nous avons reçu un certain nombre de plaintes parce que les gens se demandaient comment les partis politiques étaient par­ venus à obtenir leur adresse, note M. Lallemang. Nous avons constaté qu’effectivement aucun parti n’avait respecté son obliga­ tion d’informer les personnes concernées. » La CNPD a par conséquent l’intention d’émettre des recommandations dans les prochaines semaines afin de sensibiliser les partis. Surtout que les élections législatives d’octobre seront les premières sous le régime du Règlement général sur la protection des données (RGPD), avec un changement de taille pour Facebook. « En ouvrant un compte aujourd’hui, vous devez accepter les conditions d’utilisation et la politique de vie privée. À l’avenir, il faudra que Facebook demande une certaine granularité de consentement à certaines choses, dont la prospection. Cela devrait être mis à jour le 25 mai. » C’est donc un double défi qui attend les partis dans les prochains mois : optimiser leur campagne sur les réseaux sociaux tout en rentrant dans les clous du RGPD. Ils ont en tout cas l’intention de repenser l’accord de campagne sur les réseaux sociaux ébauché en amont des communales. « Nous ne l’avions pas signé parce que nous le trou­ vions un peu hypocrite », rappelle M. Wagner. Un premier jet « à approfondir, avec des barrières morales », milite M. Cruchten, quand M. Houtsch fustige de son côté « la volonté de certains par­ tis de censurer internet ». La cam­­p agne a bel et bien commencé, sur Facebook comme sur le terrain. C. F.


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POLITIQUE

DÉJÀ ATYPIQUE Au Grand-Duché, un réel envol de l’économie de plateformes n’a pas encore eu lieu, mais l’emploi de free-lances ou micro-entrepreneurs demande d’ores et déjà des réponses.

A

lors que le processus Rifkin est en train de mijoter, Paper­ jam apprenait que l’étude sur le monde du travail de demain, annoncée en mars 2017, devrait être présentée au mois de mai. Une étude censée répondre aux nombreuses interrogations qui demeurent près d’un an et demi après la présentation de l’étude, dite Rifkin, sur l’encadrement d’un emploi de plus en plus atypique dans une économie de partage ou de plateformes. D’après les premiers échos, l’étude ne livrera pas de panacée aux nombreuses problématiques qui entourent cet emploi de plus en plus flexible né de la digitalisation, mais elle pourrait toutefois alimenter le débat. Cela dit, avant même que les chauffeurs d’Uber ou les livreurs de Deliveroo n’aient débarqué au Grand-Duché, certains savent déjà ce que c’est d’être free-lance, travailleur indépendant, franchisé ou micro-entrepreneur. D’après les offres d’emploi « free-lance », des entreprises comme Re/Max, Cours at Home, Hays ou encore RTL, cherchent des agents, des vendeurs, des enseignants, des journalistes, mais désormais de plus en plus de personnel informatique aussi. Les avantages et inconvénients sont connus : pour les entreprises,

les free-lances bénéficient d’un emploi du temps flexible et de la possibilité d’accumuler de l’expérience professionnelle. Par ailleurs, l’emploi de free-lances est perçu comme la possibilité pour des entreprises à court de budget d’embaucher plus. Les intéressés, eux, par crainte d’offusquer leurs em­ployeurs, sont prudents dans leurs appréciations, mais ils regrettent l’absence de congés payés, l’insécurité, la dépendance aux com­mandes, l’attente de paiement, les faibles tarifs ou encore les cotisations sociales élevées.

TARIFS MÉDIOCRES

Le terme « free-lance » est absent du Code du travail et les sites des admi­n istrations publiques se réfèrent au statut d’indépendant, donc au même titre qu’un avocat, médecin, architecte ou artiste. Le free-lance devrait donc en principe obtenir l’autorisation respective pour exercer sa profession, ou au moins demander un numéro de TVA auprès de l’Administration de l’enregistrement et des do­maines, et s’assurer auprès de la Sécurité sociale, explique le Centre commun de la sécurité sociale (CCSS). Petit geste : lors de sa première affiliation, le free-lance ne cotise que sur base du salaire social minimum.

Chantier Le prochain gouvernement devra se pencher sur le phénomène du travail atypique, estime Nicolas Schmit.

20 —

­— Mai 2018

On devine, en revanche, les mauvaises surprises de certains qui, à défaut d’être con­ve­nable­ment déclarés, doivent rembourser des milliers d’euros, car le CCSS « con­ seille aux indépendants de faire adapter ce revenu provisoire au cas où il est différent du revenu réel. Une telle adaptation permet d’éviter un recalcul trop impor­ tant des cotisations après la dé­ termination définitive du reve­nu professionnel. » L’emploi de free-lances éveille par ailleurs le soupçon d’indépendance fictive. Car d’après le Code du travail, l’indépendant se distingue du salarié par le fait que pour ce dernier, il existe un « lien de subordination ». Or, comme le montrent certaines affaires juridiques compilées par la Chambre des salariés, ce lien n’est pas toujours si clair. Interrogé sur la question de savoir s’il connaît des cas d’indépendance fictive, le ministre du Travail, Nicolas Schmit (LSAP), hésite un peu avant de répondre « non ». En effet, l’insécurité des free-lances explique les réticences à entreprendre toute démarche juridique. Insécurité qui explique d’ailleurs aussi des tarifs jugés mé­­­ diocres, notamment par la ministre de la Famille, Corinne Cahen (DP), elle-même journaliste free-lance dans les années 90 « avec un revenu net inférieur au salaire social minimum non qualifié ».

qui bénéficie notamment du congé légal minimum. Introduire un nouveau statut ne fait néanmoins pas l’unanimité. D’une part, le directeur général de l’Union des entreprises luxembour­­­geoises, Jean-Jacques Rommes, met en garde devant trop de régulations qui risqueraient d’« étouf­ fer » de nouvelles opportunités économiques, tout en plaidant en re­­vanche pour une sé­curité sociale pour tous. D’autre part, le professeur Yves Jorens avertit dans le Bul­ letin de questions sociales (vo­lume 32) de l’Association lu­xem­­bour­ geoise des organismes de sécurité sociale que « la distinction entre les travailleurs et les indépendants ne peut pas automatiquement mener à une troisième catégorie moins chère ». Nicolas Schmit (LSAP) dé­clare que quoi qu’il en soit, « le prochain gouvernement devra se pencher sur le sujet ». En attendant une action politique, les free-lances – avec le renfort en vue des travailleurs de la gig economy – seront peut-être bientôt assez nombreux pour s’organiser également au Luxem­bourg. Il n’empêche que les autorités pourraient déjà améliorer la sensibilisation des free-lances et de leurs employeurs, quant à leurs droits et obligations. F.A.

SENSIBILISER DÉJÀ

carrières

Ces problèmes d’ordre social, la Commission européenne entend les appréhender avec la directive, « visant à accroître la transpa­ rence et la prévisibilité des condi­ tions de travail », présentée en décembre. Soucieuse de trouver un équilibre entre les travailleurs et les employeurs, Bruxelles ne recevait qu’un retour mitigé de la part des confédérations syndicales européennes. Certains pays n’ont pas attendu que la directive soit adoptée : au Danemark, par ex­emple, les free-lances peuvent bénéficier en partie de contrats collectifs. L’Allemagne a, elle, décidé qu’en cas d’indépendance fictive, un employeur doit rembourser des salaires, et elle a introduit une situation spécifique de « personne semblable à un em­ployé »

PRÉSENTÉES PAR

Christel Dumont, 48 ans, vient d’être nommée senior counsel au sein de l’étude d’avocats Dentons qu’elle a rejointe en 2004. Elle est spécialisée en droit immobilier, droit de la faillite et restructuration. ÉTUDES D’AVOCATS

Jean-Dominique Morelli, 40 ans, vient d’être nommé managing counsel au sein de la pratique Droit fiscal de Dentons à Luxembourg. Il a rejoint Dentons en 2016. ÉTUDES D’AVOCATS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ

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ENTREPRISES

DIGEST

100,7 À peine nommé au conseil d’administration de 100,7, Jean-Lou Siweck n’aura pas eu l’occasion d’y siéger, en étant choisi pour devenir le nouveau directeur général d’Editpress au 1er mai prochain. C’est le secrétaire général adjoint du conseil de gouvernement, Jacques Thill, qui le remplace au CA de la radio socioculturelle. Paperjam Club Julien Delpy (38 ans) a été nommé directeur du Paperjam Club, le club d’affaires le plus impor-

tant au Luxembourg. Cette arrivée s’inscrit dans la logique de l’accélération de la croissance de Maison Moderne – éditeur de Paperjam – en général, et du business club en particulier. En provenance de Paris, Julien Delpy dispose d’une expérience interna­tionale dans le groupe ­Emer­genza­ – société spécialisée dans l’événementiel et le service en B2C.

­— Mai 2018

Avec des réseaux de transport en surchauffe, il devient difficile de rejoindre son lieu de travail, en particulier à Luxembourg-ville. Les entreprises planchent sur des pistes pour faciliter la vie de leurs employés.

Médias Le mandat de deux ans de Paul Peckels (SaintPaul) arrivant à sa fin, la présidence du Conseil de presse a été attribuée à Ines Kurschat (Asso­ciation luxembourgeoise des journalistes professionnels, ALJP) suite à des élections internes. Sasha Baillie À l’heure de boucler ce magazine, Sasha Baillie était citée comme sé­rieuse prétendante à la succession de Jean-Paul Schuler au poste de CEO de Luxinnovation. Actuellement chef de cabinet adjoint du ministre de l’Économie Étienne Schneider, la diplomate dispose d’une expérience internationale, maîtrise le sujet de la promotion du pays, des atouts qui lui donnent les compétences nécessaires pour diriger l’agence de soutien à l’innovation, de promotion et de prospection économique.

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22 —

Au travail le long des frontières

Leudelange Proche de la capitale, avec un potentiel foncier intéressant.

R

etard, stress, les bouchons sur l’A31 rendent fou. Des heures perdues pour rejoindre son travail au Luxembourg, alors que rien ne se développe juste derrière la frontière. Pour le spécialiste de l’immobilier de bureaux CBRE, le potentiel du sud du pays est inexploité : « Si l’on remonte l’autoroute depuis la France, la dernière sor­ tie de l’A31 donne accès à un no man’s land administratif. Le fron­ talier français se voit obligé de pousser jusqu’à la Croix de Bettembourg, où l’on trouve des zones déjà développées pour d’autres usages, comme l’Euro­ hub, qui a par ailleurs déjà pris beaucoup de foncier. »

Les entreprises ont entamé plusieurs pistes de réflexion pour les employés frontaliers : « La ten­ dance va vers des bureaux satel­ lites, des espaces de travail près des frontières pour écourter le trajet aux heures de pointe et rejoindre le siège plus tard en journée, explique William Moulin, deputy head of office agency chez JLL. Les Big Four y réfléchissent. Des espaces de coworking pour­ raient se développer. » Se rendre à Bettembourg ou Dudelange pourrait être la solution la plus adaptée pour un frontalier français. Sauf qu’il aura déjà passé un bon moment dans les bouchons une fois arrivé à la Croix de Bettem­ bourg. Belval a, de fait, sa carte à

PHOTO Nader Ghavami

Rendez-vous à l’Arch Le centre d’innovation Tomorrow Street, créé par Vodafone au Luxem­ bourg, organise la première édition de l’Arch Summit. Un événement d’ampleur internationale réunissant des représentants politiques, des leaders du secteur techno­logique, des dirigeants de grandes sociétés et des start-up. Plusieurs milliers de visiteurs sont attendus à Luxexpo The Box les 3 et 4 mai prochains pour un événement qui vise à rassembler différents secteurs, tous concernés par les changements permis et induits par la techno­ logie. Des pitchs pour start-up figurent notamment au programme, avec des prix qui atteindront un total de 250.000 euros. Infos : archsummit.lu

IMMOBILIER DE BUREAUX


ENTREPRISES

jouer : « Son développement est indéniable. Belval est idéalement placée, les prix sont très raison­ nables par rapport à ce qui est pratiqué à Luxembourg-ville », poursuit M. Moulin. Même avis pour Julien Pillot, responsable du département Location de bureaux chez Inowai : « Vous y trouvez de plus en plus de restaurants, de bars, de salles de concert, tout pour atti­ rer les jeunes professionnels. Les constructeurs vendent et louent de plus en plus de petites structures. » Leude­lange pourrait également tirer son épingle du jeu : « Située en périphérie de Luxem­bourg, Leude­ lange a longtemps été en souf­ france. Mais aujour­d’hui le foncier est disponible, et les connexions de mobilité avec Luxembourg sont intéressantes. En outre, des com­ merces se sont développés pour proposer une offre le temps de midi, c’est un aspect très important qu’il ne faut pas sous-estimer. » La réflexion est globale : bu­­ reaux aux frontières ou développement du télétravail pour

désengorger les routes ? « Les entreprises sont un peu en at­tente concernant de nouvelles législations sur le télétravail, estime Julien Pillot. Si les fron­ taliers peuvent travailler plus de chez eux, les bureaux aux frontières ne seront plus vrai­ ment utiles. » Et puis, à quelles frontières ? Même si les frontaliers français sont de loin les plus nombreux, les em­p loyés des entreprises viennent de partout, il est difficile de désigner un endroit qui conviendra au plus grand nombre : « Il faut proposer des surfaces qui sont divi­sibles. Au Luxembourg, une location de bureau sur deux fait moins de 300 m2, 80 % des transac­tions concernent des surfaces de moins de 800 m2 », poursuit Julien Pillot. Si, du côté de la frontière belge, Capellen a vu des sociétés em­ployant des employés belges se multiplier, il s’agit principalement du secteur IT. Pour la France, en revanche, pas d’explication rationnelle sur le man­­que

IMMOBILIER DE BUREAUX

LE POTENTIEL DES PÉRIPHÉRIES Les projets immobiliers de bureaux se sont multipliés ces dernières années. On observe un pic en 2015 à Belval en raison de l’arrivée de l’Université du Luxembourg. m2 disponibles 100.000 95.000 90.000 85.000 80.000

86 C’est, en milliards d’euros, le montant de la bourde commise par un trader de la filiale Finance de Samsung en Corée du Sud qui a envoyé 1.000 nouvelles actions à chaque employé.

d’entreprises installées le long de la frontière, mais les raisons de rester à Luxembourg-ville n’ont rien à voir avec les em­ployés : « Cela fait partie de la stratégie d’une entre­

« Si les frontaliers peuvent travailler de chez eux, les bureaux aux frontières ne seront plus utiles. » Julien Pillot

60.000

Responsable du département Location de bureaux chez Inowai

50.000 45.000 40.000 35.000 30.000 25.000 20.000 15.000 10.000 5.000 0 2009* Bertrange

MAUVAISE MANIPULATION

2010**

Esch/Belval

2011 Aéroport

2012

2013

2014

2015

2016

2017***

Leudelange

* 2009 : données non disponibles pour le quartier de Leudelange. ** 2010 : données non disponibles pour le quartier d’Esch/Belval *** 2017 : données non disponibles pour le quartier de Bertrange.

SOURCE Inowai

attendent d’avoir des clients. » Le phénomène de zones de télétravail ne s’observe pas le long de la frontière avec la Belgique. À noter également qu’une nouvelle convention fiscale franco-­luxem­ bourgeoise a été signée lors de la visite d’État à Paris : du télétravail 29 jours par an maximum pour les frontaliers, tout en restant imposés au Luxembourg. Certes, cette nouvelle con­ vention encadre davantage ce phé­nomène de télétravail, mais 29 jours en une année représen­tentils une réelle opportunité dans le développement de projets immobiliers adaptés ? Cela pourrait notamment re­­mettre en cause les projets côté français si l’ac­cord n’est pas élargi. Du côté luxembourgeois, le gouvernement a lancé fin 2017 une grande enquête sur les besoins des entreprises en matière d’espace de co-travail dans les zones frontalières du pays, pour répartir les flux de mo­ bilité. Affaire à suivre. A. S.

prise d’y être installée, avec une TÉLÉTRAVAIL adresse prestigieuse. » En 2001, puis en 2007 / 2008, TEST GRANDEUR NATURE des projets immobiliers spécula- Une idée, relancée par le maire de tifs se sont développés du côté de Thionville, vise à valoriser l’aménagela frontière belge, alors que le ment d’espaces de coworking dans nord de la Moselle dans lesquels marché immobilier était en sur- le les entreprises luxembourgeoises chauffe. « À chaque fois, le mar­ seraient appelées à investir. Un dispoché a fini par se retourner, car il sitif plus sécurisant que le télétravail s’agissait de programmes à à domicile et qui permettrait de délesl’A31/A3 de quelque 10.000 voirisque, explique Julien Pillot. ter tures par jour. Le nouveau bâtiment, Westside Village, à Capellen, a qui sera entièrement dédié au télétraété considéré comme la Silicon vail ainsi qu’au coworking, a été Valley luxembourgeoise. Depuis, baptisé S-Hub. Il a pour objectif de désengorger les axes de circulation, les promoteurs ne s’engagent de plus en plus embouteillés. plus dans des projets à risque, ils Mai 2018 —

­ — 23


ENTREPRISES E L E VAT O R P I T C H

BURN OUT

Le nouveau mal du siècle Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn out, touche de plus en plus d’employés, sans qu’il soit officiellement reconnu. Si les causes sont multiples, les conséquences sont, elles, bien réelles pour la personne touchée ainsi que pour l’entreprise. La prévention et la sensibilisation se mettent en place.

L

e phénomène du burn out devient un sujet de préoccupation pour les DRH des entreprises. La problématique a pris place dans les discussions formelles. « Le burn out est pris en compte au sein du comité Res­ ponsabilité sociale des entre­ prises (RSE), explique Norman Fisch, secrétaire général de l’INDR (Ins­titut national pour le développement durable et la RSE). Cela fait huit ans que nous nous sommes attelés à mettre l’entre­ prise en lien avec l’as­pect préven­

reconnu au Luxembourg. Pour le Dr Patrizia Thiry, directrice de l’ASTF (As­sociation pour la santé au travail du secteur finan­cier), ce syndrome n’est pas lié au travail : « Il faut le voir comme un accident de parcours. » Les en­t reprises ont-elles pris conscience du phénomène ? « Disons qu’elles n’ont pas eu le choix, après un cas, deux cas, le burn out s’est imposé. » Sur les 36.000 employés couverts par l’ASTF, 200 cas ont été re­censés. « La digitalisation fait que nous sommes joignables 24 heures sur 24, c’est une grande FAIBLES STATISTIQUES partie du problème, ajoute le Dr Thiry. Il faut un droit à la déconnexion, car toutes ces nou­ velles formes de travail se font sans législation. » « Le burn out est parfois la résultante de plusieurs facteurs, Sur les 36.000 employés note Christophe Knebeler, secrécouverts par l’ASTF, 200 cas taire général adjoint LCGB. Mais de burn out ont été recensés. il faudrait une base légale pour Le Dr Thiry n’est pas optimiste. le considérer comme une mala­ die. Il faudrait pouvoir le détec­ tion et médecine du travail. Il y a ter en amont, mais difficile de de plus en plus de person­n es s’immiscer dans la vie des collè­ concernées, mais c’est aussi parce gues. » Le sujet a récemment fait qu’il est mieux décelé. Il est d’au­ l’objet d’un colloque organisé par tant plus dommageable à l’entre­ la Fondation Hopitaux Robert prise qu’il touche des employés Schuman. Son Gesondheets­ très motivés. La clé, c’est qu’un Zentrum a déployé une prise en employé qui vient à gérer une charge en ambulatoire via le proéquipe puisse bénéficier d’une for­ gramme Protea. A. S. mation. » Même constat pour Nora Back, secrétaire centrale pour l’OGBL : « Beaucoup de managers n’ont pas été formés, ils manquent d’empathie. C’est une des causes majeures du burn out, avec le stress, une charge de tra­ vail de plus en plus importante et un manque de personnel. »

200

« ACCIDENT DE PARCOURS »

Tous les acteurs soulignent que le burn out n’est pas officiel­lement

24 —

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À plat Le phénomène du burn out prend de l’ampleur.

DATATHINGS Ordonner les données

c

e sont, en quelque sorte, les façonneurs de l’industrie 4.0. Les quatre fondateurs de la start-up Datathings, Grégory Nain, Assaad Moawad, Thomas Hartmann et François Fouquet, ont développé Greycat, un outil capable d’ordonner l’amas d’informations obtenu par différents capteurs, en particulier ceux installés dans les usines, pour permettre leur analyse à la volée. « Il s’agit d’un stoc­ kage intelligent de données ayant une relation entre elles et évoluant dans le temps, explique Grégory Nain, le CEO de la jeune pousse. De cette façon, des algorithmes d’apprentissage peuvent y accéder très rapidement. » Très discrète durant sa première année, cette spinoff de l’université a annoncé au mois de mars plusieurs collaborations avec des « early adopters », dont le gestionnaire luxembourgeois des réseaux électrique et gazier Creos. Mais son champ d’action ne s’arrête pas à l’industrie puisque la start-up participe à un projet européen pour développer, avec la métropole de Lyon, un système intelligent de gestion de l’eau. De gros clients qui serviront de référence à Datathings pour lancer Greycat sur le marché.

start-up création Localisation Capital social Fondateurs Levée(s) de fonds Chiffre d’affaires Objectifs de croissance

DataThings janvier 2017 Paul Wurth InCub 12.550 euros Grégory Nain, Assaad Moawad, Thomas Hartmann et François Fouquet aucune 120.000 euros en 2017 Doubler le chiffre d’affaires en 2018 et passer de 2 à 6 collaborateurs


BRAND VOICE rming e brainsto ciblées d s s e té é vi ti id c s a e Des uire d t de prod s. permetten parfois inattendue et originales

FUJITSU

Co-creation Workshops

L

a digitalisation entre au cœur des entreprises, en changeant la façon dont elles travaillent, innovent, et évoluent. Pour la mise en place de nouveaux business models, il peut être intéressant de créer un espace de réflexion pluridisciplinaire, permettant de combiner l’expérience métier avec la maîtrise des nouvelles technologies. On pourrait également parler de créer une culture de l’innovation au sein des entreprises. Fujitsu a mis en œuvre une méthodologie de transformation digitale, qui démarre par des workshops de co-création. Ces sessions permettent la conception et la réalisation de nouvelles offres commerciales, et génèrent des avantages concurrentiels pour les entreprises. En 2017, une quinzaine d’entreprises, représentant quelque 240 personnes, ont participé à ce type de session dans les locaux de Fujitsu à Capellen. Mettre l’individu au centre de la transformation met en exergue la vision de Fujitsu d’une « Human Centric Intelligent Society ». 

« Grâce à une série d’ateliers collaboratifs, nous aidons nos clients à imaginer des solutions de transformation digitale. » Cédric Jadoul

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Mai 2018 —

— 31 25


ENTREPRISES SAGA

CHASSEUR DE TÊTES PAR RICOCHET Après avoir recruté près de 200 informaticiens ces trois dernières années, Docler Holding est passée de l’autre côté de la barrière pour proposer ses propres services de recrutement. Une initiative qui soulève déjà beaucoup d’intérêt… notamment de la part des agences de recrutement.

S

aisir les opportunités quand elles se présentent. Voici ce que pourrait être la devise de Docler Holding, connue pour sa technologie de partage de vidéos sur internet. Après avoir développé pour ses propres besoins tout un processus de recrutement spécialement dédié aux profils IT, le groupe propose depuis février son expertise à d’autres entreprises. « Depuis quatre ans, nous a v o n s e ss a y é d i ff é re n t e s méthodes pour trouver les candi­ dats dont nous avions besoin et nous avons constitué une base de données importante », explique Márton Fülöp, chief operating officer (COO) de Docler Holding. Depuis 2015, Docler Holding a recruté quelque 180 informaticiens, pour un effectif total de 280 employés, mais a dû survoler des

CANDIDATURES

15.000 Il s’agit du nombre de CV parcourus ces trois dernières années par le service RH de Docler Holding. L’entreprise n’en a engagé que 180.

dizaines de milliers de CV pour trouver les perles rares. Aujour­ d’hui, elle dispose dans son système de 15.000 profils de candidats plus ou moins qualifiés, dont certains prêts à venir au Luxembourg. « Pour une raison ou une autre, nous avons décidé de ne pas les retenir, mais cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas dignes d’intérêt », ajoute Valentina Brysina, responsable du recrutement chez Docler Holding. Trois entreprises locales se seraient montrées intéressées par ce nouveau service, dont une agence de recrutement. « Au Luxembourg, ces 26 —

­— Mai 2018

structures sont plutôt habituées à chasser des profils de financiers, de juristes ou d’auditeurs, mais le recrute­ment de spécialistes IT nécessite des méthodes très dif­ férentes », ajoute-t-elle.

OUBLIER LINKEDIN

« Les cabinets de recrutement se détournent de ce type de requêtes, car ils peinent à trouver des can­ didats, et leur investissement en temps est trop important », con­ firme l’entrepreneur Eric Busch, fin connaisseur de cette problé­ma­ tique. Après avoir fondé le cabinet Lancelot, spécialisé dans le recrutement d’informaticiens, il a lancé début avril la plateforme Nexten. i­o­­, qui propose un accès à une base de données paneuropéenne de profils IT. « Les spécialistes les plus qualifiés sont tellement sollicités qu’ils se ferment comme des huîtres. Il faut savoir les appro­ cher pour espérer les intéresser », continue Eric Busch. Un constat partagé par Docler Holding, qui avoue avoir tenté d’externaliser ses activités de recrutement, avant de se rendre compte que peu de sociétés sur le marché maîtrisaient ce secteur. « Ces développeurs n’ont pas de profil Linkedin et ne répondent pas aux e-mails, complète Márton Fülöp. Ensuite, il faut leur vendre le pays, ce qui est plus difficile que de leur vendre l’entreprise. » Quels sont les plans de Docler Holding pour cette nouvelle activité ? « Ils dépendront de la de­mande, nous répond-on. Nous misons pour le moment sur une croissance orga­ nique, mais nous avons l’objectif de faire grossir ce service, car nous pensons que le besoin au Luxem­ bourg est important. » Pour l’instant, seule Valentina Brysina travaille à plein temps sur ce nouveau service. Elle devrait être bientôt épaulée par deux nouvelles recrues. J.  M.

ANG , DES ATELIERS CENTENAIRES Atelier automobile historique du quartier Gare, les Ateliers Nic. Georges ont désormais bien grandi. Retour sur un siècle d’aventure familiale.

1918 Fondation de l’entreprise par Nic. Georges, qui travaillait alors à l’Arbed à Dommeldange. Le petit garage s’installe rue Adolphe Fischer dans le quartier de la gare.

1955 Son fils, Alphonse, achète un terrain à Bonnevoie, route de Thionville. Un champ sur lequel il construit un premier hall.

1984 Le dirigeant lance une nouvelle activité, en plus de celle de réfection des moteurs à essence et diesels : la nitruration ionique avec grille active.

1993 La direction des ANG est reprise par Jean-Nicolas. La nitruration ionique prend de l’ampleur, permettant de vendre des fours aux quatre coins du monde.

2014 L’entreprise, qui compte près d’une cinquantaine de personnes, fusionne avec le groupe Gradel, spécialisé en conception de pièces.

2015 Jules Georges, actuel dirigeant, reprend les rênes de l’entreprise familiale.

2016 L’activité est divisée en deux entités : ANG Automotive (révision des moteurs et voitures anciennes) et ANG sàrl (mécanique, conception et usinage de pièces).

2017 ANG sàrl, la deuxième entité, s’installe à Ellange au Triangle Vert. Elle partage les locaux avec le groupe Gradel.

2019 Actuellement située à Bonnevoie, rue d’Orchimont, ANG Automotive prendra ses nouveaux quartiers à Contern.

PHOTOS ANG, DR

TALENTS IT


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ENTREPRISES DU CHALLENGE À LA SOLUTION

TECHNOLOGIES

SATURNE VEUT GARDER UN TEMPS D’AVANCE Le champion luxembourgeois de l’impression 3D par laser poursuit ses investissements dans un secteur en pleine ébullition.

D

iscret, le siège de Saturne Technology à Sandweiler renferme pourtant un condensé de hautes technologies qui permet de créer des pièces de haute précision à destination du domaine médical ou de l’aéronautique, entre autres. Car les investissements consentis par la société fondée en 2001 autour des applications laser lui ont permis, grâce à une diversification entamée en 2009, de se placer parmi les fournisseurs reconnus par de grands noms, tels que Boeing, Airbus ou encore Safran, cette fois dans la fabrication additive – ou impression 3D – par laser.

BOUCHE À OREILLE IMPORTANT

« Nous nous battons sur trois cri­ tères : la qualité, le prix et le délai », résume le fondateur et CEO Walter Grzymlas. Rien qu’en 2017, l’entreprise a investi 2,5 millions d’euros en biens de production. « Nous proposons des produits complets, de la pièce à l’élément de moteur, prêts à être montés », précise Walter Grzymlas. Un processus qui s’effectue selon des cahiers des charges précis, en collaboration avec des clients de tous horizons géographiques, les industriels étant visiblement intrigués par la réputation de la structure, qui emploie une quinzaine de personnes. « Le bouche à oreille est important et notre réactivité y participe. » La fa­brication de pièces et accessoires par le procédé additif s’ouvre à des secteurs a priori inattendus, comme le luxe. Outre l’embauche récente d’un contrôleur de gestion, Sa­turne Technology se projette à nouveau sur les cinq prochaines années. « Si nous n’investissons pas, nous risquons de nous faire dépasser et de perdre nos mar­ chés », in­dique Walter Grzymlas. 28 —

­— Mai 2018

1,5 million est prévu cette année, à nouveau dans l’équipement.

DEUXIÈME SITE EN PROJET

C’est donc vers 2022 que le cap est fixé. Avant cette échéance, l’entreprise aura repris 600 mètres carrés à côté de son siège et aura, si les négociations aboutissent, un pied au sein du parc Luxite, situé sur le site de la Poudrerie de Luxem­bourg à Kockelscheuer. Dédiée aux écotechnologies, Saturne Technology peut aussi y trouver un écrin pour une partie de ses activités d’ici fin 2019 grâce à la construction d’un nouveau bâtiment. En 2020, le patron de Saturne Technology espère réceptionner une machine importante en provenance de son fournisseur et partenaire SLM Solutions à Hambourg. Cet outil permettra de fabriquer des pièces plus grandes et plus rapidement grâce à une multiplication des lasers, jusqu’à 10 contre 4 actuellement. « Nous ne nous fermons a priori à aucun secteur, mais nous voulons rester dans la technique. » Des implants médicaux aux pièces pour l’automobile ou l’aéro­ nautique, Saturne Technology dispose d’une large palette de possibilités qui a déjà attisé l’intérêt d’acteurs externes qui sont montés à bord en 2016, après une longue réflexion de Walter Grzymlas. Les apports de la société E ­ mer­tec, qui gère le Fonds européen des matériaux, et d’un partenaire industriel qu’est le français AD Industrie, spécialisé en ingénierie mécanique et hydraulique, avaient permis de lever un million d’euros et d’augmenter le capital de la société de 800.000 à 1,3 million. Une dynamique qui pourra se répéter à l’avenir, pourquoi pas avec d’autres partenaires, qui ont aussi repéré cette pépite représentative de l’industrie 4.0 que le Luxembourg veut promouvoir. T. R.

FACILITER LA MOBILITÉ INTERNE Entreprise Secteur d’activité Nombre d’employés

Sodexo Luxembourg Services aux entreprises et collectivités 2.010

CHALLENGE CRÉER DE LA MIXITÉ Une étude approfondie menée par le groupe Sodexo a révélé que les équipes managériales dirigées de manière équilibrée en termes de profils présentent de meilleures performances économiques et améliorent la satisfaction des clients et la fidélisation des collaborateurs. Au Luxembourg, Sodexo compte 42 nationalités différentes dans ses effectifs. Il était donc nécessaire de promouvoir une bonne mixité au sein de l’entreprise.

MÉTHODE CASSER LES STÉRÉOTYPES L’existence de silos entre les différents services entravait la communication et créait des préjugés. Par exemple, entre le siège et les activités sur sites ou alors entre les équipes du midi et celles du soir. Il fallait donc trouver un moyen pour que chacun ait la possibilité de découvrir les autres métiers de Sodexo, notamment au niveau des membres du comité de direction.

SOLUTION IMPLIQUER LES COLLABORATEURS Le concept de Vis ma vie @Sodexo permet à l’ensemble des collaborateurs, sur base de volontariat, d’interchanger leurs fonctions pendant une journée, sans contrainte de formation de base, d’ancienneté, d’âge, de genre ou de hiérarchie. Organisée pour la première fois en 2016, cette initiative se déroule aussi bien au siège de Sodexo Luxembourg que sur les sites des clients où l’entreprise preste ses services. Il s’agit d’une manière différente de faire du management de la diversité, en rendant les employés acteurs du changement.

ROI PLUS DE FORMATIONS Sodexo n’a pas eu de retour financier sur cet investissement, mais le taux de participation de 20 % la première année et l’enthousiasme avec lequel a été reçue l’annonce du renouvellement de la journée Vis ma vie @Sodexo montrent que l’intérêt est là. En parallèle, les demandes de formation ont significativement augmenté depuis 2015, ce qui permet d’améliorer la mobilité interne, tout en véhiculant des valeurs sociétales positives.


SERVICE DÉPANNAGE


Poids plume 6.200 satellites légers doivent être lancés d’ici 2030.

ENTREPRISES

ESPACE

SMALL IS BIGGER Le secteur spatial s’est lancé dans la course à la miniaturisation. L’exploration ou l’exploitation extraterrestres passeront désormais par l’utilisation de constellations de mini-satellites.

S

i pendant des décennies les acteurs du spatial ne juraient que par l’envoi de satellites aux dimensions XXL, la tendance inverse semble désormais faire école. Fini les engins de plusieurs tonnes envoyés au compte-gouttes, place aux mini-sats, nano-sats et autres pico-sats, pesant de quelques centaines de kilos à quelques grammes. L’infiniment petit au cœur de l’infiniment grand. Selon le dernier rapport de l’agence spécialisée Euroconsult, le phénomène doit se développer au cours de la décennie à venir, avec la mise sur orbite attendue de quelque 6.200 satellites de petite taille, représentant une valeur marchande de près de 25 milliards d’euros d’ici à l’horizon 2025. Soit trois fois plus que

le niveau enregistré au cours des 10 années écoulées. Résultat de l’amélioration des performances et de la baisse des coûts de mise en orbite, cette nouvelle donne n’a pas échappé aux acteurs présents au GrandDuché. Que ce soit pour SES via sa branche SES Networks ou les start-up récemment installées telles que Kleos Space, Gom­ Space ou Spire, sans oublier Planetary Resources. Car cette nouvelle course à l’espace con­ cerne avant tout le secteur privé, attiré par les opportunités offertes par le new space et l’exploitation des ressources spatiales. Si un seul mini-satellite ne peut emporter qu’une faible charge utile et ne possède qu’une capacité réduite de transmission

PRÉSENTÉES PAR

de données, l’exploitation d’une constellation de ces engins permet d’obtenir des résultats identiques, voire supérieurs à ceux d’une grosse mission. Le tout à moindre coût. Et les possibilités d’utilisation sont multiples, de la vente de renseignements géolocalisés à grande échelle au renforcement des services de cloud en passant par la cartographie des astéroïdes utile à l’initiative Spaceresources.lu. Sans surprise, la concurrence dans le secteur fait rage du fait de la présence d’acteurs dotés d’une tout autre force de frappe que ceux implantés au Luxem­ bourg. Début avril, SpaceX a reçu le feu vert pour l’envoi de 4.425 satellites pour sa future constellation dédiée à internet. Elle devrait en comptabiliser un total de 11.925 engins d’ici 2020. Le projet OneWeb, lui, prévoit d’envoyer 1.980 satellites dans le même horizon. Alors qu’au Grand-Duché, les chiffres avancés font état, dans le meilleur des cas, de l’envoi de quelques di­ zaines d’engins spatiaux. J.-M. H.

carrières Melanie Delannoy, 37 ans, vient de rejoindre GovSat en tant que responsable Marketing et Communication. Depuis cinq ans, elle était à son compte et a également été en charge pendant quatre ans des relations publiques et de la communication de Docler Holding. OPÉRATEURS

David Ducrocq, 46 ans, vient renforcer l’équipe commerciale d’Immotop.lu. Ses connaissances et son expérience dans le domaine immobilier ap­portent encore un peu plus de poids à l’équipe du deuxième portail immobilier du Luxembourg. INTERNET

Karine Galantini, 44 ans, a rejoint l’équipe de Saro Recruitment. Après plusieurs années d’expérience comme assistante au Luxembourg dans plusieurs secteurs, les multiples compétences de Karine Galantini seront essentielles au poste-clé d’office manager. RECRUTEMENTS ET SÉLECTIONS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ

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CEO SELFIE

MARC KESCH PROLINGUA 1 3 2

4

5 1 Carine Joyeux Assistante commerciale

3 Anne Schroeder Assistante de direction 4 Naouelle Tir Directrice commerciale 5 Marc Kesch Directeur

30 —

­— Mai 2018

PHOTO Marc Kesch

2 Carlos Andrade Assistant commercial


Une jeune pousse va éclore le 3 Mai...

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PLACE FINANCIÈRE

place financière Changement chez SGBT Le 11 juin prochain, Arnaud Jacquemin remplacera Véronique de la Bachelerie au poste de CEO de Société Générale Bank & Trust. Actuellement directeur délégué de la conformité Groupe, il est entré chez Société Générale en 1993. Il a occupé différents postes de direction dans le dépar­­tement Finance de la banque française. Entre 2015 et 2017, il en a été se­crétaire général adjoint. Il est également membre du comité de direction. Constellation élargie Centaur Fund Services, entreprise spécialisée dans les services aux fonds d’investissement, a annoncé mi-avril son intention de s’implanter au Luxem­bourg. Elle a ainsi acquis Luxembourg Capital Partners, une société d’administration qui fournit également des services d’administration à des fonds et des family offices. Centaur est déjà présente­à Dublin, Londres, aux Bermudes, aux îles Caïmans et aux États-Unis. Deutsche Bank Deux ans à peine après son arrivée à la tête de Deutsche Bank, le Britannique John Cryan est déjà prié de faire ses valises. Le conseil d’administration a décidé de son remplacement par Christian Sewing (47 ans). Le manager allemand a fait toutes ses classes chez Deutsche

Bank et est présent au comité exécutif du groupe depuis 2015. Il aura pour mission de restaurer l’image du groupe, qui a annoncé des pertes pour les trois derniers exercices. Hausses en vue Officiellement, la Banque centrale européenne maintient le niveau de ses principaux directeurs. Mais certains discours vont dans le sens d’une remontée progressive. Le 10 avril dernier, Ewald Nowotny, gouverneur de la Banque centrale d’Autriche et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé que remonter les taux ne serait bientôt plus un problème. Sans pointer d’échéance, il a parlé d’un relèvement de -0,4 % à -0,2 % du taux de dépôt auquel les banques placent leurs liquidités excédentaires auprès de la BCE. Ère Hoffmann Le président du comité de direction de la Banque Raiffeisen, Guy Hoffmann (53 ans), est le nouveau président de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL). Il remplace Yves Maas, le président du conseil d’administration de Credit Suisse, qui occupait le poste depuis quatre ans. Guy Hoffmann a entamé sa carrière chez BGL avant de rejoindre Raiffeisen en 2008. Il en est le patron depuis 2011.

À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.

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BANQUES

L’éventail chinois s’élargit Les banques chinoises sont venues en Europe pour soutenir les grandes manœuvres de leurs entreprises à l’étranger. Désormais, elles s’ouvrent à la clientèle locale.

Élargissement Les banques chinoises installées au Luxembourg veulent désormais offrir des services à l’ensemble des résidents.

D

epuis septembre 2017 et l’implantation du quartier général européen de la China Ever­­bright Bank au Luxembourg, la Place compte sept banques chinoises. Un véritable hub qui s’est développé depuis le GrandDuché pour diffuser l’activité bancaire sur l’ensemble du continent européen. C’est en juin 1979 déjà que Bank of China (BOC) ouvre une succursale dans notre capitale. L’événement est loin d’être banal. « Il s’agissait de la première fois que Bank of China ouvrait un bureau hors du continent asiatique. La déci­ sion a été prise suite à la volonté du président Deng Xiaoping de tenter une première ouverture du pays », ex­p lique Amanda Yeung, res­ponsable du Chi­nese Business Services chez EY Luxembourg.

Mais la véritable ouverture date du début de l’actuelle décennie. Lorsque la China Cons­ truction Bank fait son entrée en 2013, seule l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) était venue s’ajouter – en 1998 – à la présence de la BOC. Depuis, la Place a encore accueilli l’Agricultural Bank of China (2015), la China Merchants Bank (2015), la Bank of Communication (2015) et enfin, comme dit plus haut, la China Everbright Bank (2017). « C’est lors du douzième plan quinquennal, entré en vigueur en 2011, que le gouvernement chinois a encouragé les grandes sociétés chinoises à s’exporter dans le monde, rappelle Amanda Yeung. Les banques les ont suivies dans ces développements pour les sou­ tenir financièrement dans les grandes opérations de fusion et

PHOTO Nader Ghavami

DIGEST


PLACE FINANCIÈRE OPINION

acquisition et ont donc commencé à s’implanter un peu partout dans le monde, dont l’Europe. »

SERVICE LOCAL

Dans un premier temps, les banques chinoises installées au Luxembourg ont donc eu pour mission essentielle de suivre leurs clients dans leurs conquêtes étrangères. « À leur arrivée, elles se sont concentrées sur le trade financing et le project finan­cing, explique Dirk Dewitte, président de Chinalux, la chambre de commerce Chine-Luxem­ bourg. Elles se concentraient donc sur des clients chinois et leur personnel lui-même était en grande majorité composé de Chinois expatriés. » Aujourd’hui, ça reste le cas pour les grandes fonctions de direction, mais elles se sont aussi mises à débaucher des experts auprès des autres banques et dans la communauté locale. « C’est que, de plus en plus, ces institutions développent des activités au niveau du pays où elles sont implantées et visent l’ensemble de la communauté et plus seulement les acteurs chinois. Elles se positionnent désormais comme concurrentes des banques traditionnelles », poursuit Dirk Dewitte. Elles ont donc quitté le domaine du business corporate pour tenter d’attirer des clients luxembourgeois dans des domaines tels que le private banking et l’as­ set management. « Elles démarrent petit à petit, mais Bank of China propose désormais des crédits hypothécaires sur le marché luxem­bourgeois », note le président de Chinalux. Il n’y a d’ailleurs pas qu’au Luxem­bourg qu’elles agissent ainsi. « Elles s’installent au Luxem­bourg afin d’obtenir un passeport européen, mais elles ouvrent ensuite des succursales dans différents pays européens pour développer le business et essaient de répondre à diffé­rents besoins », observe Jörg Ackermann, partner et spécialiste des banques chinoises chez PwC Luxembourg. Mais pour lui, le fait qu’elles soient déjà sept sur la Place luxembourgeoise est un atout pour leur développement. « On ressent un im­por­tant niveau d’interactions

entre elles. Elles s’entraident, par­ tagent leurs expériences et apprennent l’une de l’autre. Elles tentent ainsi, ensemble, de mieux maîtriser l’environnement régle­ mentaire qui est assez nouveau pour elles. »

TAPIS ROUGE

La question est donc de savoir pourquoi c’est le Luxembourg qu’elles ont choisi pour développer ce « Chinatown de la finance ». Pour Jörg Ackermann, les premiers éléments d’explication sont d’ordre politique. « Luxembourg for Finance et le gouvernement ont exercé un excellent lobbying. Le Luxembourg est aussi consi­ déré comme un excellent parte­ naire et sa neutralité politique est vue de manière positive. » Il pointe aussi la réputation de la CSSF qui, malgré son rôle de gendarme financier, est jugée très internationale – tout peut se régler en anglais – et capable de comprendre le modèle d’activité de ces banques venues d’Extrême-Orient. Elles profitent aussi de particularités comme la finance verte, dont la Place a fait l’un de ses atouts. Un acteur comme la Bourse de Luxembourg a notamment servi d’intermédiaire, dès juillet 2016, pour l’introduction des premières obligations vertes émises par Bank of China et les premières d’une banque chinoise en Europe. En 2014, la BOC avait déjà innové en émettant la première obligation en renminbi dans la zone euro. Dirk Dewitte retient la flexibilité légale et fiscale dont a su faire preuve le pays pour accueillir les institutions chinoises. « Le Luxem­ bourg a notamment accepté que la société mère basée en Chine soit garante de la substance finan­ cière de l’entité luxembourgeoise. C’est un élément qui a vraiment rendu l’installation au Luxem­ bourg plus attractive. » Autre explication, selon lui, le développement de la Place en tant que hub pour l’internationalisation du renminbi et le fait que les premières banques installées ont fait part de leurs impressions aux autres. Visiblement en vantant les atouts de la place financière grand-ducale. J.-M. L.

Quel avenir pour la fondation patrimoniale ?  « UN CLAIR-OBSCUR » KHEIRA MEBREK Tax advisor, Loyens & Loeff Luxembourg

Présentée en 2013 dans un projet de loi novateur, la fondation patrimoniale semble aujourd’hui reléguée dans les abîmes parlementaires. Eu égard aux nouveaux standards européens relatifs à la transparence (registre centralisé des bénéficiaires effectifs, directives anti-blanchiment), l’adoption du projet tel qu’il avait été pensé nous paraît désormais compromise. Des ajustements seraient donc nécessaires si le gouvernement décidait finalement de ne pas renoncer à la mise en place de cet outil de planification patri­ moniale et successorale intéressant. Ce nouveau véhicule pourrait alors renforcer la compétitivité du Luxembourg et constituerait un adversaire de taille face à la fondation privée belge ou encore la Stichting néerlandaise. À l’heure actuelle, l’avenir de la fondation patrimoniale est cerné d’incertitudes, toutefois, si elle venait à voir le jour, nous lui prédisons sans aucun doute un avenir prometteur.

« LA SACRO-SAINTE DISCRÉTION » DENIS-EMMANUEL PHILIPPE Avocat associé, Bloom Law

L’introduction de la fondation patrimoniale devait permettre aux banquiers luxembourgeois de proposer à leur clientèle fortunée un véhicule « pure souche » dédié à la gestion d’un patrimoine au profit de bénéficiaires. Qu’est-ce qui fait son charme ? Son régime fiscal de faveur, sans aucun doute. On a aussi – et surtout – loué sa discrétion. Ainsi, le projet de loi de 2013 prévoit que certaines données sensibles (identité du fondateur et des bénéficiaires, montant de la dotation, comptes annuels) ne doivent pas être publiées. Pourquoi n’a-t-elle toujours pas vu le jour ? L’explication réside à mon avis dans les nouveaux impératifs de transparence sur la scène internationale, notamment la création du registre des bénéficiaires effectifs (UBO) et les échanges automatiques d’informations financières (CRS) : ne battent-ils pas en brèche le critère sacro-saint de discrétion ? Découvrez la version intégrale sur paperjam.lu

Mai 2018 —

­ — 33


PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D

ATTRACTIVITÉ

COUP DE JEUNE POUR LA TRÉSORERIE Avancées technologiques et mutations mondiales ont fait évoluer ce maillon mal connu de la Place en atout-clé pour son attractivité.

M

oins valorisé que le directeur financier, le trésorier joue pourtant un rôle crucial au sein d’une entreprise. « Le tréso­ rier est devenu le banquier in­ terne de l’entreprise, compare François Masquelier, président de l’Atel, l’association professionnelle du secteur créée au Luxembourg en 1994. Il a un rôle à jouer dans la gestion de l’en­ semble des risques financiers, col­ lectant l’ensemble des paiements entrants et sortants, ce qui per­ met de gagner en efficacité et de diminuer les risques comme les coûts. Il endosse maintenant un rôle beaucoup plus stratégique que dans le passé. » Une mutation héritée à la fois de la crise de 2008 « qui a com­ plètement modifié les règles fis­ cales, notamment via Fatca et Mifid », souligne M. Masquelier, et d’un changement de braquet technologique. « Nous le sentons depuis trois ou quatre ans », confie M. Masquelier. « Le véri­ table accélérateur, à savoir la robotisation, date de 2017, estime de son côté Brice Lecoustey, associé chez EY responsable des activités de consultance et de trésorerie. Les tâches manuelles comme la réconciliation bancaire peuvent maintenant être traitées par des robots intelligents et les trésoriers se concentrent davan­ tage sur l’analyse, la stratégie – des tâches qui requièrent plus de compétences. » Le développement de nouveaux algorithmes a également ouvert la possibilité de dresser des prévisions, d’anticiper l’évolution d’un cours de change ou de taux, ce qui relevait de la « science-fiction financière » auparavant, souligne M. Masquelier.

CAP SUR LES COMPÉTENCES

Une montée en gamme qui explique l’essor singulier de ce 34 —

­— Mai 2018

métier au Luxembourg. D’une cinquantaine de membres à sa création en 1994, l’Atel est passé à 350 environ cette année, comptant à la fois des membres corporate et des professionnels en leur nom. S’il manque une comptabilité précise de cette discrète communauté sur la Place, l’Atel estime à une dizaine le nombre de centres de trésorerie qui s’installent chaque année au Luxembourg, qu’il s’agisse de nouveaux acteurs ou non. « La première tendance sur le marché, c’est que les acteurs présents cherchent à renforcer leur substance et à continuer de grandir en intégrant d’autres activités », glisse M. Lecoustey. Avec des synergies toutes trouvées entre la trésorerie et les achats ou les flux logistiques. Comme le reste de la Place, la trésorerie se heurte toutefois à des difficultés de recrutement – l’Atel part même à la chasse dans les universités françaises et belges. Et appelle à un changement de mentalité aussi au niveau des stratégies pour attirer des compé­ tences au Luxembourg. « Aujour­ d’hui, la sophistication de la ges­tion de fonds, du secteur bancaire ou des activités corporate pré­ sente des similitudes, considère M. Masquelier. Le plus grand défi est finalement d’attirer les talents au Luxembourg et de leur donner des compétences – Singapour est très fort là-dessus. » C’est pourquoi le secteur de la trésorerie attend surtout, au delà de son intégration systématique dans les missions économiques et de promotion de la Place, des me­ sures en faveur de la reconversion ou de la mise à niveau de la maind’œuvre du secteur financier. « Il faut casser l’image traditionnelle du Grand-Duché au profit d’une différenciation par les compéten­ ces », plaide Brice Lecoustey. C. F.

Family office

[ˈfæmɪlɪ ɒfɪs] noun Un family office est une structure composée de spécialistes outillés pour gérer tous les aspects du patrimoine des grandes familles fortunées.

L

e monde compte de plus en plus de grandes familles fortunées qui, pour certaines, ont comme caractéristique d’être très souvent éparpillées aux quatre coins de la planète. On est donc désormais bien loin du notaire local administrant les biens d’un clan nanti pour assurer la pérennité et la transmission du patrimoine. Face à ces enjeux complexes, on a vu se développer, principalement en Europe, des family offices, des sociétés qui se présentent comme des experts dans l’administration des biens, l’ingénierie patrimoniale, l’investissement ou la fiscalité. En principe, ils proposent les services les plus larges pour assister les grandes fortunes. La plupart du temps, ils se concentrent sur les aspects liés au patrimoine – investissements, structuration fiscale, héritage – mais, à la demande, certains iront jusqu’à gérer des biens immobiliers, un yacht ou trouver les meilleures écoles pour les enfants en cas de déménagement à l’étranger. Chaque service a bien entendu un coût. Une structure de family office a donc une mission plus large qu’une banque privée qui, elle, limite son rôle à faire fructifier le capital qu’on lui aura confié. Mais ici aussi la frontière est ténue, beaucoup de banques en venant à élargir leur sphère d’activités pour pouvoir répondre à des besoins plus étendus. Le « droit d’entrée » dans ce genre de structure est donc souvent très élevé, comptez au minimum six zéros. Certaines se concentrant sur les biens d’une seule famille, on parle alors de « mono-family office », mais dans de nombreux cas ces sociétés gèrent les biens de différentes familles – « multi-family office ». Leur capacité à satisfaire leurs clients est uniquement liée à l’expertise humaine qu’elles peuvent proposer.



PLACE FINANCIÈRE

Quand l’économie va… Quatre des principales banques du pays ont rendu leurs résultats 2017 avec une satisfaction générale, malgré les frais généraux et le contexte de taux bas.

L

es résultats 2017 publiés par quatre banques au cours des dernières semaines reflètent, d’une part, une activité économique locale dynamique et, d’autre part, l’attractivité du Luxembourg en tant que hub de banque privée. Première à ouvrir le bal des rencontres avec la presse, la banque coopérative Raiffeisen

« Cette progression est surtout liée aux prêts immobiliers et au financement des entreprises et des PME. » Guy Hoffmann

Président du comité de direction, Raiffeisen

a annoncé le 21 mars un résultat net pour 2017 en croissance, de plus de 10 %. « Il dépasse 18 mil­ lions » d’euros, selon le président du comité de direction, Guy Hoffmann, qui doit attendre l’assemblée générale de mai pour livrer des chiffres précis. Deux éléments sous-tendent ce bilan : la progression des crédits (+6 %) et la hausse d’activité en banque privée. « Cette progression est surtout liée aux prêts immobiliers et au financement des entreprises et des PME », ajoutait Guy Hoffmann devant les journalistes. 36 —

­— Mai 2018

C’est le 29 mars que la Bil dévoilait son bulletin, avec une augmentation de 5,7 % du résultat net après impôts à 117 millions d’euros (110 millions en 2016). Au siège de la route d’Esch, les prêts à la clientèle (toutes activités confondues) se chiffrent à 13,3 milliards d’euros, contre 12 milliards d’euros fin 2016, « ce qui montre une fois encore tout le sou­ tien que la Bil apporte à l’écono­ mie luxembourgeoise et aux entre­preneurs locaux », déclare la banque dans son communiqué. Pas de conférence de presse non plus, comme à son habitude, pour la Banque et caisse d’épar­ gne de l’État, dont le bénéfice net a augmenté de 0,1 % à 240,8 millions d’euros (240,5 millions fin 2016) au terme d’une année où des projets stratégiques ont été menés, des frais de personnel consentis et les fonds propres renforcés. À noter que la banque détenue par l’État a vu l’encours des prêts et créances à la clientèle progresser de 5,5 % en un an. Et de citer à près de 5.000 le nombre de clients qui ont contracté un crédit logement. L’immobilier dopé par la bonne santé économique du pays se répercute aussi sur les résultats de BGL BNP Paribas, qui dévoilait son bilan le 5 avril. Son résultat net s’élève à 365,8 millions d’euros, en recul de 9 % par rapport à 2016, mais la vente du bâtiment Royal-Monterey avait alors apporté une plus-value de 44 millions d’euros. On notera aussi l’attrait de la clientèle étrangère pour les activités de leasing international ou de wealth management. Ce pilier affiche une croissance de 9 % des actifs sous gestion. « Les marchés européens ainsi que ceux du Moyen-Orient et d’Amérique latine enregistrent les plus im­portants apports nets de capi­ taux », souligne BGL BNP Paribas, qui ne se ferme pas à une autre opération dans la banque privée, telle que la reprise annoncée le 20 février dernier des activités d’ABN Amro au Lu­xem­­­­b ourg. Reste à attendre les résultats d’ING et de la Banque de Luxem­ bourg. Ceux de KBL epb sont annoncés pour le 8 mai. T. R.

FUTUR DE LA PLACE

UN HORIZON À (RÉ)IMAGINER La huitième édition de la conférence « Horizon » de Deloitte se déroule le 3 mai, dans un contexte où le secteur financier doit regarder en sa périphérie pour se réinventer.

D

e réglementaire ou porté sur les métiers traditionnels, le programme de la conférence « Horizon » organisée chaque année par Deloitte a évolué vers des matières nouvelles. Qu’il s’agisse du digital ou du space mining, les organisateurs ont progressivement élargi le champ des thématiques, de même que le pedigree des orateurs. « Tous les speakers ne provien­ nent pas du Luxembourg à dessein, ils partageront une image macroéconomique pour susciter la réflexion », déclare Pascal Martino, partner et Ban­king & Deloitte Digital Luxem­­bourg leader. Un futurologue, un cadre de Saxo Payments, qui viennent de choisir le Luxembourg comme port d’attache, ou encore l’ancien président du Conseil européen en la personne d’Herman Van Rompuy, autant de points de vue qui permettent de « réimaginer l’horizon » du secteur financier, selon l’intitulé de la huitième édition de la conférence se déroulant à nouveau à la Philharmonie. « Nous voulions nous projeter vers 2020 à l’origine, nous voulons désormais nous projeter vers 2030 », ajoute Pascal Martino. Un exercice périlleux, mais nécessaire pour envisager les scénarios qui peuvent se présenter, en tenant

compte du passé récent. « La Place a déjà relevé certains challenges ces dernières années, comme le virage de l’abandon du secret ban­ caire. Il faut maintenant imaginer quelle sera notre place dans un monde globalisé, comment être compétitifs dans ce monde digital. » À titre personnel, l’associé de Deloitte estime que l’or du futur sera la donnée. « Pourrait-on ima­ giner une Place de banques de don­ nées ? », s’interroge Pascal Martino. Un exemple parmi d’autres qui illustre l’arrivée de nouveaux paradigmes qui influencent, directement ou indirectement, le secteur financier. « Nous souhaitons appor­ ter notre pierre à la réflexion sur cet avenir et les chemins potentiels pour la Place et le pays, car lors­ qu’on parle d’horizon, il doit con­ cerner toute la société. » Après la dernière introduction d’Yves Francis en tant que mana­ ging partner de Deloitte Luxem­ bourg – quittant ses fonctions le 31 mai –, c’est justement le ministre des Finances, Pierre Gramegna, qui sera le premier orateur invité de la conférence, selon la tradition. Un discours d’autant plus attendu dans ce contexte mouvant qu’il coïncide avec la fin de la mandature et le partage éventuel d’une vision pour la Place post-élections législatives. T. R.

Réflexion Les speakers de la conférence seront tous externes au Luxembourg et partageront une vision macroéconomique pour engager la réflexion.

PHOTO Sébastien Goossens (archives)

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PLACE FINANCIÈRE

un seul système. « Nous intégre­ Le 27 mars dernier, Payconiq rons les meilleures fonctionnali­ Belgique – l’entité belge, donc – a tés de Digicash dans Payconiq », annoncé sa fusion avec la société poursuit Duke Prins. Il précise Bancontact, le leader belge des ainsi que le système de paiement systèmes de paiement, pour élarde factures via smartphone déve- gir son réseau. Avec quelles loppé par la jeune société grand- conséquences pour les clients Huit mois après le rachat de la start-up luxembourgeoise ducale sera intégré dans Payconiq Digicash ? « Une meilleure accep­ Digicash, la société belge au niveau global. Quant à la migra- tation du système mobile lors de Payconiq est en phase d’intétion vers la plateforme Payconiq, déplacements sur le territoire « elle permettra aux utilisateurs belge et un nombre plus étendu gration des technologies pour créer un leader du paiement de la solution Digicash d’effectuer de clients belges qui pourront uti­ mobile au niveau du Benelux. des paiements hors des frontières, liser l’application », note le CEO, Avant l’Europe. alors que les commerçants luxem­ qui insiste sur les ambitions eurobourgeois pourront, eux, accepter péennes dans le paiement mobile râce au développement de les clients Payconiq venus de sécurisé. Un domaine dans lequel Digicash Payments, les l’étranger ». De Belgique et des il est important de ne pas se laisLuxembourgeois savent que, Pays-Bas, pour l’instant. ser distancer. J.-M. L. depuis quelques années déjà, on peut payer ses achats en magasin grâce à son smartphone. La fintech, VALEURS TECHNOLOGIQUES créée en 2012 à la suite d’un projet de recherche et développement soutenu par le gouvernement dès mars 2010, a depuis convaincu la plupart des grandes banques de Adulés, copiés, enviés, les géants technologiques américains ont la Place d’adopter son système. fini par se croire intouchables. Mais des erreurs récentes risquent, Mais comme les choses vont extrê- à moyen terme, de leur coûter des plumes sur les marchés boursiers. mement vite dans le domaine du paiement, plutôt que de s’attaquer a course pour être le premier Facebook, a estimé que rendre le en solo aux marchés internatioà atteindre les 1.000 mil­liards modèle plus sûr nécessiterait des naux, elle a uni ses forces avec l’en- de dollars de capitalisation bour- années. Devant le Congrès, début treprise belge Payconiq en août sière, que se font les grandes avril, il a ensuite reconnu du bout 2017. Plus récente, cette initiative entreprises technologiques amé- des lèvres qu’il serait sans doute de paiement mobile, sortie du ricaines, est devenue un par­- bon de mieux réguler l’utilisation centre d’innovation d’ING en 2014 cours d’obstacles. En l’espace de des données privées, vantant et contrôlée par les banques quelques semaines, les Gafa – même les vertus du nouveau Belfius, ING et KBC, a rapidement Google, Apple, Facebook et modèle européen, le RGPD. Enfin, toutes ces vedettes du pris ses marques en Belgique et Amazon – ont multiplié les revers envisageait de se développer aux et risquent de vivre des mois dif- Nasdaq sont aujourd’hui pointées Pays-Bas au moment du rachat ficiles. Enfin, tout est relatif… du doigt pour leur habilité à évide Digicash. Premier à devoir faire profil bas : ter l’impôt. Suite à la réforme fis« L’acquisition de Digicash Apple. En début d’année, le géant cale de Donald Trump, Apple a nous a assuré une large présence de Cupertino a admis que les ainsi annoncé, en janvier, qu’elle sur le marché du Benelux et avait mises à jour installées sur ses pro- paierait 38 milliards de dollars de aussi pour but d’établir un par­ duits permettaient de réduire taxes en lien avec le rapatriement tenariat fort avec les banques et leur durée de vie. Depuis, la firme de fonds aux USA. En Europe, commerçants luxembourgeois », est sur le coup de plaintes en jus- plusieurs pays imaginent pré­lever explique Duke Prins, le CEO de tice pour obsolescence program- une taxe de 3 % directement sur Payconiq, qui voit la technologie mée. Amazon subit, lui, les coups le chiffre d’affaires des Gafa, afin Digicash comme « l’une des confi­ de boutoir du président améri- de court-circuiter le transfert des gurations de paiement mobile les cain Donald Trump, qui lui bénéfices dans des juridictions plus avancées en Europe ». Depuis, reproche de tuer le petit com- favorables. Le consensus sera la société a d’ailleurs déplacé son merce mais qui vise surtout son sans doute difficile à trouver, quartier général au Luxembourg patron, Jeff Bezos, en tant que mais ces nouvelles idées prouvent et entend en faire un véritable propriétaire du Washington Post. que ces sociétés, montrées longhub pour partir à l’assaut du Mais le plus affecté reste temps en exemple, sont à l’âge où marché européen. Facebook, miné par l’affaire il faut rendre des comptes et Huit mois plus tard, la fusion Cambridge Analytica et le vol de prendre ses responsabilités. Régulations, taxes… Les marentre les deux entités est en chan- données privées de grande tier. Elle concerne la transforma- ampleur. Admet­tant, dans un pre- chés n’apprécient guère ce genre tion de Digicash en Payconiq et mier temps, une faille de sécurité, de termes et commencent, eux l’intégration des technologies en Mark Zuckerberg, le patron de aussi, à mettre en doute la capacité PAIEMENTS

La nouvelle vie de Digicash

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GAFA GOGO (*)

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38 —

­— Mai 2018

de ces géants à faire encore évoluer leurs cours. Entre le 1er février et le 12 avril, le cours de Facebook a ainsi chuté de 192,8 à 166 USD, et sa capitalisation est tombée de 560 milliards USD à 483 milliards. Déclin ou crise temporaire ? « Les analystes à ce jour n’ont pas fon­ damentalement revu leurs esti­ mations sur les Gafa, observe Jacques Chahine, président de Chahine Capital. Ce groupe pour­ suit sa route à un niveau de crois­ sance exceptionnel. Sur 3 ans, de 2016 à 2019, la croissance moyenne annuelle des bénéfices des Gafa est de 17 %, contre 14 % pour le Nasdaq 100. » On parlera donc plutôt d’un trou d’air que d’une crise. Mais les premiers mois de 2018 laisseront inévitablement des traces dans l’histoire des nouvelles icônes de l’économie américaine. J.-M. L. (*) En hommage à Gaston Lagaffe

PRÉSENTÉES PAR

carrières Ngoc Phung Lu, 37 ans, a rejoint Pandomus en tant que director – business integration. Elle a travaillé en tant qu’investor relationship mana­ ger chez Brown Brothers Harriman Luxembourg pendant plus de 10 ans. PSF SPÉCIALISÉS

Riccardo Millich, 42 ans, a été nommé sales director au sein de HSBC Secu­ rities Services (HSS). Il sera en charge de l’élaboration de la stratégie commerciale de HSS Luxem­ bourg, afin d’en soutenir la croissance dans le cadre de projets d’OPCVM ou de fonds d’investissement alternatifs. BANQUE SANS GUICHET

Gwenaël Gavray, 39 ans, est associé de Sia Partners Luxem­bourg qu’il a rejoint en avril 2018. Il a débuté sa carrière au Luxembourg en 2002 et cumule 16 années d’expérience dans le secteur bancaire et l’industrie des fonds d’investissement. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ

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ÉCONOMIE

économie DIGEST

Toujours plus cher Le prix moyen des logements dans la zone euro a pris 4,2 % en un an, selon Eurostat. Au Luxem­bourg, les dernières données disponibles établissaient une hausse de 4,9 % au troisième trimestre 2017, par rapport à la même période de l’année précédente. AAA ! Après DBRS et Standard & Poor’s au mois de mars, c’est au tour de Fitch de maintenir sa note maximale pour le Grand-Duché. L’agence accompagne cette appréciation d’une perspective stable et prévoit une accélération de la croissance à 3,3 % en 2018, laquelle se stabiliserait autour de 3 % à moyen terme. Frémissement La Banque centrale européenne serait prête à remonter ses taux directeurs, selon un membre du directoire de l’institution. Ewald Nowotny a estimé que les conditions écono-

miques actuelles de l’UE justifiaient une éventuelle décision dans ce sens. Des propos « qui ne représentent pas l’opinion du Conseil des gouver­neurs », a rapidement précisé la BCE.

­— Mai 2018

Le think tank a rendu le 11 avril son avis annuel sur le pays, l’occasion de dévoiler cinq questions de politique générale auxquelles il espère répondre par « oui » en 2023.

Du wifi dans le ciel L’Autorité européenne de régulation des communications électroniques et des postes a donné son accord pour permettre aux opérateurs des télécommunications d’offrir des services de connectivité en vol. Les avions de la British Airways seront les premiers à bénéficier de ce service, qui existe par ailleurs depuis de nombreuses années sur le continent américain. Le numérique au cœur de l’emploi Un salarié luxembourgeois sur deux (55 %), résident ou frontalier, estime être concerné « dans une forte mesure » par la numérisation du travail, selon le Pano­ rama social 2018 de la Chambre des salariés, publié le 16 avril. Atlanta en tête Pour la 20e année consécutive, l’aéroport Hartsfield-Jackson d’Atlanta (Géorgie, ÉtatsUnis) est resté le plus important du monde en termes de trafic, selon les chiffres 2017 de l’Airport Council International. Avec 104 millions de passagers, il devance ceux de Pékin (96 millions) et de Dubaï (88 millions).

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40 —

Idea veut dire cinq fois oui

Objectif croissance Selon Marc Wagener (2e en partant de la droite), la croissance est le moteur de l’ambition du pays.

I

l y avait déjà un air de bilan pour la Fondation Idea le 11 avril dernier. Celui de l’évolution du pays durant l’année écoulée et durant la mandature qui se termine avec les législatives d’octobre prochain. En présentant son avis annuel, baromètre de l’économie, la Fondation Idea a établi une photographie apolitique de la situation du pays, soulignant globalement la bonne performance de la croissance luxembourgeoise, qui continue de dépasser celle de la zone euro, avec une moyenne annuelle de 3,5 % entre 2013 et 2017. Outre les chiffres relatifs à cette période de « félicité économique », Idea a posé cinq questions aux prochains gouvernants, auxquelles elle espère répondre « Cinq fois oui !  / Fënnef mol Jo ! » en 2023. « On trouve dans ces ques­tions les relais de croissance, car la

croissance est le moteur de nos ambitions, on trouve l’innovation, car le Luxembourg, s’il ne peut pas innover, ne sera plus au niveau où il est actuellement, on parle aussi d’adapter les infrastructures par rapport aux évolutions démogra­ phiques au Luxembourg », déclare Marc Wagener, directeur chargé des affaires courantes. La Fondation Idea publiera dans les prochaines semaines des cahiers thématiques à destination des candidats aux prochaines élections.

CINQ QUESTIONS POUR L’AVENIR

Voici les cinq questions soulevées par Idea et un extrait de chaque réflexion correspondante. L’économie luxembourgeoise a-t-elle trouvé de nouvelles niches de croissance ?

« La prochaine législature aura-telle été celle qui pourra et saura

PHOTO Lala La Photo

Données très recherchées 2,5 milliards de dossiers informatiques ont été volés en 2017, selon le Breach Level Index, une base de données qui localise et analyse les failles informatiques du monde entier. Une augmentation de 88 % par rapport à 2016, même si le nombre d’incidents a diminué de 11 % sur la même période.

PROSPECTIVE


ÉCONOMIE

« Étant donné que les mutations en cours dépassent le seul cadre de l’entreprise, le gouvernement aura-t-il mis en place une stratégie d’innovation dans le secteur public vers un ‘État 4.0 ’ ? » Le « modèle socioéconomique » est-il adapté aux enjeux de la croissance démographique ?

« Compte tenu de la ‘saturation’ progressive de la capitale, d’autres pôles d’activité auront-ils été planifiés sur la mandature afin de mieux répartir la croissance de l’emploi ? Un deuxième ‘Belval’, un troisième ‘Kirchberg’ seront-ils lancés sur un nouveau modèle qui rapproche les fonctions ‘productives’ et ‘présentielles’ ? »

BALANCE DES PAIEMENTS +2% EN 2017

INFLATION DANS LES CLOUS

Le compte courant de l’État a confirmé sa bonne santé en 2017 en enregistrant un surplus de près de 2,8 milliards d’euros, ont indiqué début avril la Banque centrale du Luxembourg (BCL) et le Statec. Cela correspond à une croissance de 2 % par rapport à 2016, lorsque ce chiffre avait été de 2,7 milliards d’euros.

Le taux d’inflation annuel a retrouvé son niveau du mois de janvier, après une légère baisse en février. Ce sont les prix des biens et services qui ont tiré cette hausse. Les prix des produits pétroliers, eux, ont continué de reculer. Ceux-ci restent toutefois supérieurs de 1,2 % par rapport au mois de mars 2017, précise le Statec.

En millions d’euros

0

« L’économie circulaire, ‘aidée’ par un développement de l’économie de la fonctionnalité qui privilégie ‘l’usage à la propriété’, sera-t-elle devenue une réalité significative avec un impact progressif sur l’indicateur de productivité des ressources du Luxem­­bourg ? Des changements législatifs aurontils été pris pour soutenir cette transition ? » T.  R. Retrouvez la version in extenso de ces réflexions sur paperjam.lu.

1,69 %

100.000

200.000

300.000

200.000

300.000

1,5 %

271.237

Débit

1,1 %

267.222 0

100.000 2.698

Solde

0,5 %

2.755 0

1 %

1.000 Compte courant 2016 Compte courant 2017

2.000

3.000 0 %

SOURCES BCL, Statec

M ‘17

J

J

A

S

O

N

D

J

F

M ‘18

SOURCE Statec

CROISSANCE EN DESSOUS DES PRÉVISIONS

5,8 %

6 %

Les premières estimations du Statec quant à la croissance économique du pays pour 2017 annoncent une hausse du PIB de 2,3 %. C’est moins que celle enregistrée en 2016 (3,1 %), mais aussi largement en dessous de la dernière prévision du bureau statistique luxembourgeois, qui tablait sur une hausse de 3,4 % du PIB pour l’année dernière. Ce résultat est en partie dû à un quatrième trimestre en « quasi-stagnation », qui a connu une croissance négative de -0,1 % par rapport au trimestre précédent.

5 % 4 % 3 %

2,3 %*

2 % 1 % 0 %

2008 2009

2010 2011

-1 %

2012

2013 2014 2015 2016 2017

-2 % -3 % -4 %

-4,4 %

-5 %

Croissance du PIB luxembourgeois en pourcentage

SOURCE Statec

* Première estimation

FAILLITES UN MOIS DE MARS NUAGEUX

FONDS COUP DE MOU

Le nombre de faillites enregistrées au Grand-Duché durant le mois de mars a connu un pic qui est difficile à expliquer. Celles-ci ont toutefois été beaucoup plus nombreuses dans le sud du pays. En effet, le tribunal de Luxembourg a enregistré 113 déconfitures, et celui de Diekirch seulement 13.

Les actifs nets des organismes de placement (OPC) ont diminué au mois de février, une première depuis le mois de juin 2017. Au 28 février, la CSSF comptabilisait 4.187 milliards d’euros sous gestion au Luxembourg, soit une diminution de 0,63 % en un mois.

Nombre de faillites 125

100

En milliards d’euros 5

4

4.187

3.860

76

La transition écologique « à la luxembourgeoise » est-elle définie et engagée ?

2 %

269.977

Croissance inclusive : les inégalités ont-elles baissé tant sur le plan social qu’économique ?

« Un plan de lutte contre les ‘déter­ minismes socio-économiques’ aura-t-il été mis en place pour mieux faire fonctionner ‘l’ascenseur social’ dans le système scolaire luxembourgeois ? »

273.935

Crédit

126

Le pays se classe-t-il parmi les « leaders de l’innovation » européens ?

AVRIL 2018

95

récolter les jolis et juteux fruits des fleurs de la start-up nation actuellement en pleine structuration ? Un nouveau SES ou un nouveau Skype sera-t-il sorti du chapeau du programme Space­resources, ou du futur Tech Fund ? Cela revenant à se demander si l’État stratège aura eu la main heureuse. »

75

3

50

2

25

1

0 M ‘17 A

0 M

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J

SOURCE Creditreform Luxembourg

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M ‘18

F ‘17

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J

A

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F ‘18

SOURCE CSSF

Mai 2018 —

­ — 41


ÉCONOMIE D RO I T D U T R AVA I L

À la recherche d’une croissance intelligente Il s’agit d’un Graal pour le gouvernement luxembourgeois, qui doit continuer à faire avancer l’économie nationale en évitant la surchauffe. Mais comment y parvenir ?

C

’est un débat récurrent qui

passionne, voire divise, mais qui part d’un constat accepté par tous : le modèle de croissance luxembourgeois doit changer. Écono­mistes, chefs d’entreprise et politiques étaient là pour en discuter, le 22 mars dernier, lors de la Journée de l’économie, un événement dont Paperjam est partenaire. « Les entreprises doivent continuellement augmenter leur productivité et leur profitabilité, a rappelé le CEO de Ceratizit, Jacques Lanners. La croissance est obligatoire pour rester sur pied dans le contexte économique ac­ tuel, mais il est possible de la pen­ser autrement. » Pour le chef d’entre­prise, conjuguer productivité et durabilité est possible. Mais cela passe par des investis­ sements massifs, notamment dans de nouvelles machines et processus de production qui consomment moins d’énergie et per­­met­tent de maximiser le recyclage. Or ces investissements ne pourront être financés que si les entreprises font des marges.

ÉDUCATION ET MOBILITÉ

« Pour avoir une croissance verte, le Luxembourg ne pourra pas accepter tous les investisseurs », estimait pour sa part l’eurodéputé

Vert Claude Turmes, en référence à la polémique sur l’opportunité d’accueillir une usine de la société Knauf, jugée trop polluante par certains. Et d’ajouter : « Des inves­ tissements doivent être faits pour créer de nouvelles opportunités, en particulier pour les jeunes. » Car c’est aussi le rôle de l’État de diriger ce changement de paradigme économique. C’est en tout cas l’avis de l’économiste allemand Marcel Fratzscher, président de l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW Berlin). « Les inves­ tissements publics diminuent un peu partout en Europe, en parti­ culier dans l’éducation », a-t-il rappelé. Selon lui, il est essentiel de s’occuper de la classe moyenne européenne. Tout d’abord en reconnaissant le risque que les nouvelles technologies peuvent créer des laissés-pour-compte. Ensuite en favorisant la mobilité sociale. Et enfin en créant de l’équité et de l’égalité pour tous les Européens dans l’éducation et sur le marché de l’emploi. « Nous sommes en plein dans une transi­ tion économique majeure et nous ne voyons pas encore le bout du tunnel, a reconnu le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. Nous devons donc parler ouverte­ ment de tout cela. » J. M.

CLAUSE DE NON-CONCURRENCE CONSTAT La clause de non-concurrence interdit au salarié d’exercer, après la rupture de son contrat de travail, une activité professionnelle concurrente à celle de son ancien employeur en exploitant une entreprise personnelle suivant les dispositions de l’article L.125-8 du Code du travail. Elle doit être écrite et satisfaire cumulativement à des conditions de limitation sectorielle, temporelle et géographique. Dans les faits, elle n’empêche pas le salarié de travailler auprès d’un concurrent dès lors qu’il est placé sous un lien de subordination. Face à cette inefficacité factuelle, une pratique s’est développée à l’instar du modèle français, consistant à élargir le champ d’application de la clause moyennant une contrepartie financière au profit du salarié.

CE QUE DEVRAIT DIRE LA LOI Les dispositions actuelles du Code du travail devenues désuètes devraient être modifiées. La clause de non-­ con­currence, strictement limitée, à ce jour, à l’exploitation d’une entreprise personnelle, devrait être étendue à l’activité salariée et prévoir une contrepartie financière pour répondre aux exigences actuelles des employeurs portant notamment sur la gestion des salariés à haut potentiel.

QUE FAIRE ? La clause de non-concurrence peut conventionnellement être étendue à l’activité salariée, en tenant compte des spécificités de l’emploi occupé, de l’intérêt légitime de la société et de l’allocation d’une contrepartie pécuniaire proportionnée. L’employeur peut donc, par le biais d’un dispositif contractuel spécifique, protéger les intérêts légitimes de son entreprise sous certaines conditions et pour certains postes.

AVIS Lors de la rédaction de la clause, l’employeur doit veiller au subtil dosage entre intérêts légitimes de son entreprise et liberté de travail du salarié. Il doit veiller à l’équilibre des parties sous peine que le juge saisi en cas de litige ne restreigne l’application de la clause en limitant l’effet dans le temps, l’espace ou ses autres modalités.

Transition Étienne Schneider reconnaît que le pays est « en plein dans une transition économique majeure ».

42 —

­— Mai 2018

Catherine Graff Avocat à la Cour et counsel au sein du cabinet d’avocats Collin Maréchal, elle est spécialisée en droit du travail, droit de la sécurité sociale et protection des données.

PHOTOS Arnaud de Villenfagne, DR

PERSPECTIVES


TANT DE PAYS SI PEU DE TEMPS

Grand Canyon, USA


ÉCONOMIE

LES ÉCOTECH À L’ÉPREUVE DU TEMPS Moins spectaculaires que leurs cousines du secteur de la finance ou de l’ICT, elles arrivent à faire leur trou au Luxembourg, mais à un rythme plus lent. Tour d’horizon de l’écosystème qui s’est construit autour de ces technologies au service de l’écologie.

D

eux ministres ont fait le déplacement et tout le gratin de l’industrie luxembourgeoise est là. En ce vendredi 16 mars, Étienne Schneider, ministre de l’Économie, est aux côtés de François Bausch, ministre du Dévelop­p ement durable, pour couper le ruban de Luxite One, un bâtiment construit selon les dernières normes écologiques et qui doit accueillir des entreprises de l’écotechnologie. Développé par la Poudrerie de Luxembourg, entreprise centenaire, Luxite One est le premier élément d’un zoning qui doit devenir une « mini-Silicon Valley ». Un loca­ taire est déjà connu. Il s’agit du cons­tructeur hollandais BAM, très actif dans le secteur. Mais des start-up sont également encore attendues. « Cela prend du temps », explique sim­plement Venant Krier, le responsable du projet.

nous en sommes encore aux bal­ butiements en ce qui concerne la construction, recon­naît CharlesAlbert Florentin, son directeur. Beaucoup d’efforts sont faits pour faciliter les activités de recherche et développement entre les entre­ prises, l’Université et le Luxem­ bourg Institute of Science and Technology (List). C’est au niveau du business model ou des pres­ tations que peuvent venir les vraies innovations. »

TERRAIN DE JEU

Wiltz et à Dudelange. Le premier prévoit 750 unités de logement et le second 950. Un terrain de jeu idéal pour les entrepreneurs in­novants, qui ne sont toutefois pas si nombreux à pouvoir ré­pondre aux défis posés par de tels chantiers. « Nous déposons fré­ quemment des appels d’offres européens pour certaines ques­ tions, ce qui nous permet d’accé­ der à de l’expertise internationale, explique Em­manuel Erard, coordinateur du service Construction au Fonds du logement. Les spé­ cialistes de la construction ne manquent pas, mais nous avons dû faire appel à une équipe alle­ mande pour avoir une vue d’en­ semble sur la circularité du projet de Wiltz. » « L’at­trait de start-up actives dans l’écotechnologie autour du projet serait un gain de qualité », ajoute David Koch, l’architecte de la Ville de Wiltz. Une idée qui a germé à Dudelange, où la mairie a créé un incubateur dédié aux écotechnologies et rattaché au projet de l’écoquartier. Les premières jeunes pousses s’y sont installées début janvier.

L’économie circulaire est une vraie préoccupation au Luxembourg. Thématique récurrente dans les discours des politiques, elle a beaucoup été mise en avant dans le cadre de la stratégie Rifkin, commanditée par le gouvernement et qui doit servir de réflexion de base GRANDEUR NATURE pour la transformation écono- En termes d’accompagnement des mique à laquelle aspire le pays. idées innovantes, Neobuild est L’entreprise Contern est l’un toutefois l’exemple le plus signiBALBUTIEMENTS Le temps est en effet l’un des des acteurs locaux à la pointe dans ficatif au Luxembourg. Créé en aspects essentiels du secteur des ce domaine. Elle propose par 2011 par l’asbl qui regroupe les écotechnologies. Le rythme d’in- exemple depuis peu à ses clients professionnels de la construction, novation y est bien plus lent que des pavés réutilisables en loca­ le Conseil pour le développement dans l’ICT, où il suffit parfois de tion. Deux « mégaprojets » autour économique de la construction quelques mois à des programma- de la construction durable et de (CDEC), cet incubateur offre un teurs avisés pour créer de nouvelles l’économie circulaire sont par ail- espace modulable réfléchi pour solutions. Considérées comme l’un leurs en cours au Luxembourg. Il les spécificités de l’innovation du des six secteurs prioritaires dans la s’agit des écoquartiers prévus à secteur. Son concept de living lab stratégie de diversification de l’économie établie en 2013, les technologies environnementales ont le double objectif de renforcer la structure économique du GrandDuché « tout en améliorant son développement durable au niveau local et national ». Luxinnovation est en charge de coordonner les instruments d’aide mis en place par le gouvernement. Parmi eux, le cluster EcoInnovation, qui existe depuis 2009 et rassemble aujour­ d’hui 270 entreprises. « Le Luxem­ bourg compte quelques belles PME et TPE qui développent des solu­ tions de traitement de l’eau très Living Lab Situé à Bettembourg, l’incubateur Neobuild offre à ses occupants intéressantes et innovantes, mais un espace modulable leur permettant de tester en conditions réelles leur produit. 44 —

­— Mai 2018

permet aux porteurs de projet ou start-up de tester en conditions réelles leur produit. Murs, revêtements de sol, systèmes d’aération, toiture… tout peut être installé ou construit sur des surfaces importantes et étudié sur le long terme. Les start-up Leko Homes et Footbot ont d’ailleurs fait leurs premières gam­ mes à Neobuild avant d’être transférées vers le Technoport. « Dans la construction, l’une des clés est de pouvoir toucher phy­ siquement l’innovation, note Francis Schwall, le directeur de l’incubateur. La principale dif­ ficulté dans le secteur des éco­ technologies est de trouver des investisseurs qui soient prêts à financer des projets sur le long terme. » Face à une économie de plus en plus alerte, où la rapidité est pour bon nombre de secteurs un élément de compétitivité stratégique, les écotechnologies ont donc irrémé­diablement besoin de temps. Une ressource pourtant tellement rare aujourd’hui. J. M.

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carrières Panagiotis Doukas, 36 ans, a rejoint Saro Recruitment. Fort d’une expérience en département Recrutement et ressources humaines dans de grandes multinationales en Grèce, Panagiotis Doukas vient renforcer l’équipe des consultants pour la partie banques et assurances. RECRUTEMENTS ET SÉLECTIONS

Thomas Gintzburger, 36 ans, vient de rejoindre le Groupe Steffen en tant que directeur financier. Après des débuts en audit financier, il a acquis une solide expérience en management financier et gestion de sociétés commerciales chez LuxNetwork, OC International et Grands Moulins de Paris. CATERING

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PHOTO Nader Ghavami

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espresso conversations envies Diplomate et désormais politique, Pierre Gramegna a définitivement troqué son ancien habit et défend âprement, en page 48, son bilan. Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ? John Rauscher apporte ses réponses en page 60 à une question qui va marquer l’économie pour les prochaines décennies. KBL epb consolide ses bases et envisage d’étendre son modèle. Son nouveau group CEO, Peter Vandekerckhove, explique ses priorités en page 74. 2008-2018. En 10 ans, le nouveau terminal du Findel a vu ses activités s’envoler. Reportage sur et hors des pistes en page 88. Mai 2018 —

­ — 47


« En voiture » Entre ses nombreux déplacements à l’étranger et ses dossiers politiques allant du budget de l’État à la gestion de la Place, l’emploi du temps d’un ministre des Finances est particulièrement chargé.

Auteurs

François Aulner avec Thierry Raizer Photographe

Anthony dehez 48 —

­ — Mai 2018


« Nous sommes extrêmement actifs »

En quatre ans passés à la tête du ministère des Finances, Pierre Gramegna (DP) aura connu son premier test de réalité politique. L’ancien directeur général de la Chambre de commerce défend point par point le bilan d’une action contestée tantôt à l’étranger, tantôt par l’opposition et parfois par les opérateurs de la Place.

Mai 2018 —

­ — 49


Monsieur Gramegna, En mars dernier, les journaux belges De Tijd et Le Soir publiaient leur enquête « LuxFiles ». Selon celle-ci, les Belges les plus fortunés auraient créé des sociétés au Luxembourg avec des actifs à hauteur de 48 milliards d’euros. Dans l’immédiat, vous n’avez pas réagi. Pourquoi ?

BIO Né le 22 avril 1958 à Esch-sur-Alzette, Pierre Gramegna fait ses études universitaires à Paris. À peine terminées, Pierre Gramegna rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1983. Cinq ans plus tard, en 1988, il est nommé conseiller en affaires politiques et économiques à l’ambassade du Grand-Duché de Luxembourg à Paris. Quatre ans plus tard, il s’envole pour San Francisco où il devient consul général et directeur du board of econo­ mic development. Après son périple à l’Ouest, Pierre Gramegna s’en va au pays du Soleil levant. De 1996 à 2002, il est ambassadeur du Luxembourg au Japon et en Corée du Sud. De retour au Luxembourg, il assure pendant un an la direction des relations économiques internationales au ministère des Affaires étrangères et, en 2003, il devient directeur général de la Chambre de commerce. Il occupera ce poste jusqu’en 2013. À l’issue des élections du 20 octobre, lorsque le DP, le LSAP et Déi Gréng décident de former un gouvernement (sans le CSV), il accepte l’invitation des libéraux et devient ministre des Finances.

50 —

Je n’ai pas réagi dans l’immédiat parce qu’il n’y avait aucune urgence à réagir devant des informations qui sont d’une grande banalité. Banalité, car il s’agit d’informations qui figurent dans le Registre de commerce et des sociétés et qui sont donc accessibles au public. Dès lors, nous ne nous trouvons pas dans un contexte qui devrait donner lieu à une polémique. Dans l’Union européenne, nous avons la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. Ce sont des grands principes et acquis de la construction européenne. Ces articles de presse semblent vouloir remettre en cause le bien-fondé de ces principes. Grâce à ces quatre libertés, toute personne ou entreprise peut ouvrir un compte ou établir une société dans un autre État membre de l’Union européenne, sans que cela ne doive éveiller quelque soupçon que ce soit. Évidemment, il importe que chacun soit en règle avec le fisc dans son pays de résidence. C’est évident. J’ajouterais que depuis plusieurs années, le Luxembourg a abandonné le secret bancaire et nous sommes parmi les pays qui adoptent le plus rapidement les standards internationaux, ensemble avec les autres États membres. Il y a donc un échange d’informations automatiques, sur demande ou spontané, avec les autorités belges, avec les autres États membres de l’UE et avec de très nombreux autres pays dans le monde, de l’OCDE et au-delà. Est-ce que ce type d’article reflète un combat perdu d’avance ?

Je pense que les médias ressassent beaucoup d’anciennes histoires. Ici, les données remontent à 2016. Beaucoup d’initiatives ont été mises en œuvre en 2015, 2016 et 2017, donc nous sommes dans une phase de transition. Le fait, par exemple, d’avoir signé un accord de non-double imposition, tout nouveau, avec la France, prouve que les pays reconnaissent nos efforts

­ — Mai 2018

et, contrairement au passé, nous à commenter ou à confirmer des noms sommes désormais très rarement cri- d’entreprises, parce que les demandes tiqués par nos pays partenaires. d’informations ne débouchent pas touPartagez-vous l’avis de votre col- jours – heureusement d’ailleurs – sur lègue, le ministre de l’Économie, l’ouverture d’une affaire. Étienne Schneider (LSAP), selon lequel le Luxembourg ne ferait plus la promotion du modèle économique, dit des « boîtes aux lettres », même s’il reconnaît qu’il en existe encore ? Ou iriez-vous jusqu’à rejoindre le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn (LSAP), qui disait qu’il n’y en aurait plus ?

Comment interprétez-vous ces demandes ? Y a-t-il un agenda politique du commissaire Pierre Moscovici qui a relancé récemment ces discussions autour des pratiques fiscales de certains pays, dont le Luxembourg ?

Je pense que les déclarations du commissaire Moscovici ne contribuent pas à la sérénité et ne correspondent pas à la réalité. Elles sont, à mon avis, arbitraires et je n’arrive pas à en suivre la logique. Le Luxembourg coopère avec la Commission et les États membres dans des projets à venir dans le domaine de la fiscalité. Nous respectons toutes les règles que l’Europe s’est données. Point à la ligne. Nous aurions pu bloquer beaucoup de choses, car dans le domaine de la fiscalité, il faut l’unanimité. Nous ne l’avons pas fait. Nous mettons les règles en œuvre, donc cette remarque est totalement injustifiée. Les sept pays qui ont été montrés du doigt le lui ont dit d’ailleurs. Pour moi, le débat est clos.

C’est un sujet qu’il faut bien expliquer. Pour commencer, une société de participations n’est pas une société « boîte aux lettres ». C’est une société qui a une activité : celle de détenir des participations, et il en existe sur toute la terre. Il existe d’autres sociétés qui sont des coquilles vides, de véritables sociétés « boîtes aux lettres » qui, dans le passé, pouvaient servir à quelque chose, mais qui, aujourd’hui, avec les nouvelles règles de l’OCDE et de l’Union européenne, ne servent plus à rien. Alors, il en existe encore, elles n’ont pas toutes été fermées, vraisemblablement. Mais elles ne servent plus à rien. En ce qui concerne Amazon et

Selon Bloomberg, Volkswagen serait dans le viseur de la Commission européenne en matière d’aide d’État illégale. Avez-vous reçu des demandes d’informations de Bruxelles ?

Nous coopérons toujours avec la Commission européenne quand elle nous demande des informations sur des entreprises. Nous n’avons pas tendance

Fiat, vous avez fait appel. Mais ne se situe-t-on pas là dans la fameuse « zone grise », et les juges pourraient trancher dans un sens comme dans l’autre ?

Absolument, et c’est pourquoi je regrette que dans la première affaire qui remonte à trois ans, l’appel n’ait toujours pas été prononcé. Le gouvernement luxembourgeois avait,


à l’époque, demandé l’urgence, car nous sommes tout à fait conscients qu’il faut clarifier cela. Nous avons coopéré dans les deux affaires, et la Commission l’a reconnu. Mais nous ne sommes pas d’accord avec la conclusion de la Commission qu’il y aurait « aide d’État ». Les juges européens sont là pour cela. Donnonsleur enfin la possibilité de s’exprimer. Ce sera bien pour la sécurité juridique dont les entreprises ont besoin.

Pierre Gramegna Diplomate politique

Compte tenu des règles qui sont celles de 2018 et des changements que le Luxembourg a adoptés, quelle est votre définition de cette « taxation juste » ?

Il est extrêmement difficile de la définir puisque c’est un terme moral ou éthique. Si on devait se baser sur des concepts aussi vagues, on pourrait remettre en question la fiscalité du monde entier. Sur le principe, nous sommes tous d’accord. Certaines choses dans la fiscalité, de manière générale, peuvent aboutir à des résultats choquants, mais qui sont légaux. Mais ce n’est pas une question d’éthique qui se pose, c’est une question de légalité. Si l’on veut pour des raisons éthiques changer les choses, eh bien il faut s’attaquer à la législation. C’est ce que fait l’UE, elle met le programme Beps en œuvre. Elle est pionnière en la matière et le Luxembourg accompagne le processus. C’est cela réagir à ce qui n’est pas « fair » ou « juste ».

Puisqu’on parle de justice fiscale, vous employez beaucoup le terme « level playing field ». Compte tenu des, disons,

« Restera, restera pas ? » Le scrutin du 14 octobre décidera si Pierre Gramegna peut rester dans le bureau qu’occupaient jadis Jean-Claude Juncker et Pierre Werner.

Mai 2018 —

­ — 51


économies d’échelle des grands groupes internationaux qui diminuaient la facture fiscale à un tel niveau, est-ce juste envers une PME locale qui ne peut pas faire de telles économies d’échelle ?

Vous innovez beaucoup en employant ce terme ainsi. Nous avançons là dans une discussion philosophique, indépendamment de la fiscalité. Des sociétés internationales font des économies d’échelle, et grâce à cela, elles peuvent produire des produits et des services moins chers que des PME. C’est une réalité. Mais c’est pourquoi nous avons des mesures pour favoriser les PME et pour compenser un désavantage qui peut exister dans certains cas. Mais dans la fiscalité, les règles sont là pour les petites, les moyennes et les grandes entreprises. Je ne partage pas votre analyse que le level playing field doit être vu à travers la taille de l’entreprise. Nous avons, par exemple, un taux de 15 % au Luxembourg qui s’applique aux PME, au lieu des 18 % d’impôt sur le revenu des collectivités. On peut trouver des exemples inverses, mais plutôt dans un sens positif. L’expression « level playing field » doit être comprise de la manière suivante : il faut que les règles du jeu soient les mêmes dans tous les pays,

du moins du monde développé, afin d’éviter qu’il y ait des distorsions de concurrence à cause de la fiscalité. En dehors du ruling, ne devrait-on pas soutenir davantage les PME ?

Je suis d’avis qu’il faut favoriser les PME, et cela ne passe pas que par la fiscalité, même si l’on peut agir ponctuellement à ce niveau-là. Je compte bien, ensemble avec mon parti, réfléchir à des mesures pour la prochaine législature. Il faut réfléchir à l’innovation, l’accès au financement, l’accompagnement des PME tout au long de leur vie, leur offrir des possibilités de s’internationaliser… toute une série de moyens qui pourraient aider les PME à se développer. Cela a déjà été fait en partie. Ce gouvernement et, en particulier, le ministre de l’Économie ont déjà fait une partie, et nous aussi au ministère des Finances à travers les fintech. Nous avons lancé la Luxembourg House of Fintech qui a attiré une douzaine d’entreprises. Nous avons plusieurs douzaines de demandes supplémentaires. On voit d’ailleurs que ces entreprises très modernes sont dans une dynamique très différente. C’est une économie de partage, elles aiment bien échanger avec d’autres entreprises dans des incubateurs et dans des accélérateurs. C’est un autre monde.

« LES ATTAQUES »

CONTRE LE GRAND-DUCHÉ

La CSSF, Commission de surveillance du secteur financier

En ce qui concerne les ICO, initial coin offerings, la France envisage de légiférer, est-ce que vous entendez faire de même ou partagez-vous les avertissements des autorités européennes et de la CSSF ?

Je ne sais pas dans quelle direction ira la législation française, donc je

Panama Papers – En se basant sur des documents de la société panaméenne Mossack Fonseca, l’ICIJ publie cette fois-ci une base de données qui permet de retracer les liens entre des sociétés « offshore » via notamment le Luxembourg. Pierre Gramegna défend notamment Claude Marx, le directeur de la CSSF, qui figure dans les documents pour des activités passées auprès de HSBC.

LuxLeaks – Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) révèle des rescrits fiscaux ou « rulings » élaborés par PwC et accordés par le bureau numéro 6 de l’Administration des contributions directes. D’après les documents qui font le tour du monde, certaines multinationales pouvaient réduire leur facture fiscale à moins de 1 %. Le gouvernement réagit en soulignant la légalité de ces pratiques tout en reconnaissant que la légitimité de ces pratiques est remise en question.

2015

« Les levées de fonds par appel public sous forme de dites initial coin offerings (ICO) ne sont pas soumises à une réglementation spécifique et ne jouissent d’aucune garantie ou autre forme de protection réglementaire. Il s’agit d’investissements hautement spéculatifs, comportant un certain nombre de risques, y compris une perte totale de l’investissement. »

Avril 2016

Novembre 2014

­ — Mai 2018

LUXEMBOURG, LE 14 MARS 2018

Échange automatique d’informations sur la fiscalité des revenus et de l’épargne – La fin du secret bancaire devient réalité. À noter que la voie était déjà engagée dès le début des négociations en 2012 sur l’accord « Fatca » (Foreign Account Tax Compliance Act) imposé par les États-Unis.

Fiat – La commissaire européenne en charge de la concurrence, Margrethe Vestager, annonce une enquête contre la filiale de Fiat au Luxembourg, soupçonnant la société d’avoir bénéficié d’aides d’État illégales sous forme de rulings accordés par le Luxembourg. En octobre, la Commission ouvre une enquête contre Amazon.

52 —

Je crois que le Luxembourg est très bien placé dans ce contexte, grâce à son agilité et sa rapidité de réaction. Je peux prendre l’exemple des crypto­ monnaies, des monnaies virtuelles pour lesquelles nous avons été le premier pays à soumettre des activités des entreprises dans ce domaine à la directive des paiements. C’était une manière originale de réglementer les monnaies virtuelles et c’est pourquoi, par exemple, l’entreprise japonaise Bitflyer a choisi le Luxembourg. On pourrait citer d’autres exemples. C’est surtout cette agilité qui nous permet – au cas où il y aurait des difficultés ou des problèmes législatifs – d’agir plus vite que les autres pays.

STATEMENT

Janvier 2015

Juin 2014

2014

Comment la politique perçoitelle ce monde ? On voit qu’il y a des demandes d’adaptation de la législation. Il s’agit d’un monde qui change très rapidement en opposition au processus politique…

« Leak ! » Pierre Gramegna aux côtés du Premier ministre, Xavier Bettel, et des ministres Étienne Schneider et Félix Braz, au lendemain des révélations LuxLeaks. Même s’ils clamaient la légalité des rulings, la tension était palpable.

Octobre 2015 Fiat – La Commission européenne a tranché dans l’affaire Fiat. Selon elle, les autorités luxembourgeoises doivent récupérer 20 à 30 millions d’euros de Fiat. Grâce à des mesures d’optimisation fiscale, la société aurait réduit artificiellement sa facture fiscale. Le gouvernement luxembourgeois fera appel. La Cour de justice de l’Union européenne doit encore prendre une décision.

2016


vais répondre de manière générale. Ma première réponse est qu’il ne faut pas faire cavalier seul, il faut innover, mais dans un cadre européen. La deuxième chose est que nous allons observer ce que va faire le G20, car une initiative franco-allemande pose quatre questions sur comment appréhender les monnaies virtuelles. J’imagine et je souhaite que l’UE suive cela de près, et dès que cela va se décanter et qu’il y aura une certaine régulation, nous allons bien sûr encourager cela et l’adopter. Dans les monnaies virtuelles, je vois des opportunités et des risques. La CSSF a émis le 14 mars deux recommandations mettant en garde le grand public sur les risques de ces instruments et de ces actifs. Par ailleurs, on voit que la technologie sous-jacente, à savoir la blockchain, permet de concevoir des systèmes de paiement très rapides et utiles. Dans un autre registre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, estime aussi que l’UE pourrait créer un standard mondial : l’imposition de certaines activités des multinationales du numérique, souvent réduites aux Gafa. Pierre Moscovici a présenté les propositions au mois de mars. Quelle est

la position du Luxembourg concernant les propositions à court et long termes ?

CADRE RÉGLEMENTAIRE EUROPÉEN

Que pensez-vous de cette sorte de TVA de 3 %, cette imposition sur l’utilisation et revente des données ?

* En novembre 2015, le G20 adoptait le plan d’action Beps de l’OCDE visant à lutter contre l’érosion de la base et le transfert des profits ou, en d’autres termes, une optimisation fiscale jugée trop agressive. Beps est l’abréviation du terme anglais « base erosion and profit shifting ».

LEVEL PLAYING FIELD

Elle est simple et très claire. Toutes les sociétés, qu’elles soient dans le numérique ou dans l’économie traditionnelle, doivent payer des impôts si elles font des profits. En anglais, « pay their fair share of taxes ». Je crois qu’un consensus est établi, que ces entreprises qui s’appuient sur le monde digital, qui sont globalisées et très grandes, échappent en très grande partie à la taxation ou ne sont que faiblement imposées. C’est une faiblesse incontestable, que le Luxembourg reconnaît, et nous sommes d’accord qu’il faut agir. Le point numéro deux, c’est que nous estimons qu’il faut agir au niveau de l’OCDE ou du G20. Sinon on crée des détournements de flux commerciaux et l’on ne réussira pas à appréhender le problème dans sa globalité. Il faut que les mesures que l’Europe envisage soient compatibles avec ce qu’envisage l’OCDE.

Je reviens au second point, il faudra vraiment analyser sa compatibilité avec l’OCDE, et le Luxembourg ne

Septembre 2016 La Commission européenne ouvre une enquête approfondie concernant le traitement fiscal du groupe énergétique français, GDF Suez, rebaptisé Engie.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, lors de l’annonce de la décision de Bruxelles concernant Amazon.

Juin 2017 Le Luxembourg signe l’« instrument multilatéral » visant à mettre en œuvre les mesures du plan d’action, dit « Beps », de l’OCDE et du G20.

Mars 2018 Selon l’agence Bloomberg, Volkswagen serait dans le viseur de la Commission européenne. Cinq mois plus tôt, le magazine Der Spiegel avait révélé que cinq employés de Volkswagen Finance Luxembourg géraient un bilan de 15 milliards d’euros et que l’entreprise n’aurait payé que 0,05 % d’impôts sur les bénéfices planqués au Grand-Duché.

Le gouvernement luxembourgeois déclare régulièrement être en faveur de la transparence fiscale et d’une imposition juste. En revanche, il réclame tout aussi régulièrement que le cadre réglementaire soit le même pour tout le monde, afin d’éviter de nuire à la compétitivité de l’Union européenne. Lors de la cérémonie de signature de l’accord multilatéral entre autorités compétentes portant sur l’échange des déclarations « pays par pays » le 27 janvier 2016, Pierre Gramegna résumait la position du Grand-Duché en rappelant « la rapidité avec laquelle le projet Beps* a pu aboutir et le rôle constructif joué à cet égard par l’Union européenne sous présidence luxembourgeoise. Il a insisté par ailleurs sur l’importance d’une mise en œuvre effective de Beps au niveau mondial, dans l’esprit du level playing field. » Par ailleurs, Pierre Gramegna s’est félicité que le Luxembourg compte parmi les 31 early adopters de l’accord multilatéral, tout comme c’était déjà le cas pour la déclaration de Berlin, par laquelle le Luxembourg avait rejoint le premier groupe des pays appliquant l’échange d’informations selon le common reporting standard de l’OCDE à partir de 2017.

RULINGS

SOCIÉTÉS 6 Le bureau Sociétés 6 de l’Administration des contributions directes avait attiré l’attention du monde entier lors de l’affaire LuxLeaks. Pendant des années, quelques agents validaient les généreux dossiers de dizaines de sociétés multinationales. Depuis LuxLeaks, les effectifs ont fortement augmenté, tandis que le nombre de rescrits fiscaux (ou rulings) est en baisse. 2015

2016

452

Octobre 2017 Décembre 2016 McDonald’s annonce la relocalisation de son siège européen du Luxembourg au Royaume-Uni. Cela ne dérange pas Pierre Gramegna qui demande aux sociétés implantées au Luxembourg d’y développer de la substance.

C’est au tour d’Amazon d’être fixé sur son sort. Margrethe Vestager réclame que le Luxembourg récupère 250 millions d’euros d’impôts impayés. Le Luxembourg fait une nouvelle fois appel de la décision de Bruxelles. L’argent est néanmoins remboursé par Amazon et placé sur un compte bloqué.

Avis favorables 390

231

204

2017

2018 Avis défavorables 62

27


Gouvernement Juncker-Asselborn I

Capacité / besoin de financement des administrations publiques*

2007 1.543.400.000

2005 2006

Gouvernement Juncker-Asselborn II

2008 2009 2010 2011

Gouvernement Bettel-Schneider

Élections législatives (2018)

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 1.500.000.000

DÉFICIT-SURPLUS

575.000.000

-416.000.000 -667.000.000

-500.000.000

-887.000.000

-1.062.000.000

-1.042.000.000

-889.000.000

-702.100.000 -943.600.000

-923.900.000

500.000.000

343.000.000

171.000.000

120.000.000 -263.300.000

-173.400.000

-464.900.000

-264.500.000

-249.500.000

835.000.000

740.500.000

690.000.000 152.200.000

221.400.000

18.700.000 -8.300.000

449.000.000

519.400.000

654.500.000 23.000.000 -320.200.000

844.800.000

Capacité / besoin de financement de l’Administration centrale**

1.000.000.000

-214.900.000

1.265.800.000

LES COMPTES DU BUDGET DE L’ÉTAT

-1.000.000.000

* Solde des administrations publiques, c’est-à-dire l’Administration centrale, la sécurité sociale et les communes. ** L’Administration centrale comprend tous les organismes administratifs de l’État et autres organismes centraux dont la compétence s’étend normalement sur la totalité du territoire économique, à l’exception des administrations de sécurité sociale.

-1.500.000.000

Crise financière

54 —

­ — Mai 2018

Affaire du Srel Élections anticipées

Réforme fiscale du 1er janvier 2017


SOURCES Statec & Programme de stabilité et de croissance (2017-2021)

veut pas s’avancer tout seul dans un sujet si complexe. Attendons les analyses des uns et des autres et peut-être le prochain Écofin (conseil des ministres européens des Finances et de l’Économie, ndlr) pour en discuter. On sent qu’il y a un progrès dans la réflexion. Maintenant, la taxation de la publicité, la base imposable, le montant, comment cela s’agence-t-il avec l’OCDE : tout cela doit être analysé.

Nous sommes extrêmement actifs LOIS et je voudrais d’ailleurs tirer mon chapeau à la petite équipe au ministère des Finances qui, ensemble avec notre représentation permanente à Bruxelles, Les deux propositions a fait un travail formidable. législatives proposées

TAXE(S) DIGITALE(S)

Le ministère est-il suffisamment doté d’effectifs, compte tenu de ces vastes prérogatives ?

J’ai renforcé le staff du ministère de 24 % en cinq ans. C’est encore insufUn petit point sur les inquiétudes fisant. Nous avions un retard colossal de l’industrie des fonds provoà rattraper. Il est vrai aussi qu’avec la quées par les propositions de la crise financière, la globalisation et la Commission européenne de trans- digitalisation, les défis sont nomférer la supervision de certaines breux. Un dossier comme l’union activités à l’autorité européenne, bancaire ou l’union des marchés des l’Esma, à Paris. Les propositions capitaux exige un suivi phénoménal, sont négociées en groupes de tramais nous le faisons. Nous le faisons vail au niveau européen, mais déjà bien, je crois, avec une petite équipe la France serait seule avec les extrêmement efficace. Pays-Bas à soutenir la démarche, L’avantage des fonctionnaires apprenait-on en décembre. Plus luxembourgeois, c’est qu’ils ont des besoin de s’inquiéter ? connaissances extrêmement larges Nous avons été extrêmement actifs et par rapport à leurs homologues à nous avons réussi à convaincre un très l’étranger qui sont très spécialisés. grand nombre de pays que cette pro- Cela nous permet de faire des corréposition, sous sa forme actuelle, est lations et des liens entre différents contre-productive pour l’Europe. dossiers. Cela se révèle très utile. On rendrait les produits, les fonds Quelle serait votre priorité pour alternatifs, les Ucits moins attractifs. le secteur des fonds pour après En fait, la mise sur le marché de cet 2018 ? instrument utilisé dans le monde Je dirais que la priorité est de faire en entier deviendrait plus lente et plus sorte que la proposition de règlement bureaucratique. Tout le monde recon- sur les autorités de surveillance soit naît que ce n’est pas souhaitable. transformée de telle manière qu’elle Il faudra amender beaucoup d’as- soit avantageuse pour l’Europe. Ça, pects de ce règlement. Les secteurs c’est la priorité à court terme. concernés ont majoritairement À moyen terme, je crois qu’il faut confirmé notre analyse. Tout cela fait continuer à innover sur la place finanréfléchir l’Esma et la Commission, cière. Nous l’avons beaucoup fait. Je avec qui j’ai eu des contacts. Nous pense notamment aux fonds verts, aux sommes dans une phase de « rééva- fonds soutenables, qui contribuent à luation » de ce qu’il faut faire. lutter contre le changement climatique Comment se fait-il que Viviane ou la responsabilité sociale. Nous Reding, l’eurodéputée de la sommes déjà leader mondial : un tiers famille politique de Jean-Claude des fonds de microfinance et des fonds Juncker, ait critiqué une certaine socialement responsables du monde absence ou inactivité du entier est déjà chez nous. Mais il faut Luxembourg pour défendre ses continuer dans cette direction et innointérêts à Bruxelles ? ver lorsque c’est nécessaire. Je ne le comprends pas, et en fait, c’est En termes d’innovation, vous le contraire qui est vrai. Nous avons avez créé en 2016 les fonds d’ince dossier-là et un autre au sujet de vestissement alternatifs réservés, l’union bancaire où nous avons forgé les Fiar. Il en existe déjà 320. des alliances et sommes le porte- Quel bilan en tirez-vous ? parole d’une vingtaine d’États. Il s’agit Les Fiar sont un succès, c’est la plus notamment de la question de la sta- grande innovation des deux dernières bilité financière et des rôles et res- années, mais sur quatre ans, en fait, il ponsabilités des maisons mères et des faut regarder les fonds alternatifs qui filiales, « home host » en anglais. C’est se sont développés depuis la directive le Luxembourg qui coordonne ce dos- d’il y a cinq ans. Dans ce domaine, nous sier de manière informelle pour sommes dans le top 2 ou 3 européen. Dans les Fiar, on est très bons, et défendre la position des États si je regarde les actifs sous gestion membres « host ».

par la Commission le 21 mars :

La première initiative vise à réformer les règles relatives à l’imposition des sociétés, de telle sorte que les bénéfices soient enregistrés et taxés là où les entreprises ont une interaction importante avec les utilisateurs par l’intermédiaire de canaux numériques. Cette option constitue la solution à long terme privilégiée par la Commission. La seconde proposition répond à la demande de plusieurs États membres en faveur d’une taxe provisoire, portant sur les principales activités numériques qui échappent actuellement à toute forme d’imposition dans l’UE.

pour l’industrie des fonds dans son ensemble, on a battu tous les records et on se situe à peu près à 4.200 milliards d’euros ou 5.000 milliards de dollars. On constate que la croissance est continue, et d’ailleurs avec aussi une part de marché qui reste très importante avec des nouveaux arrivants. Je ne vois rien d’alarmiste en ce moment et nous avons une stratégie pour essayer d’inclure les fonds d’investissement dans nos traités de nondouble imposition. Sur nos 80 traités, il y en a la moitié dans lesquels ils figurent, ce qui permet d’avoir des retenues d’impôt plus basses sur les revenus et les dividendes. Je suis très content d’avoir pu intégrer les fonds dans notre nouveau traité avec la France au mois de mars. Voilà aussi une manière d’innover ou de rendre le site plus attractif. Au sujet des Fiar, la supervision n’est pas faite au niveau des activités ou des opérations, mais au niveau des professionnels en charge. La CSSF donne des agréments aux professionnels, mais outre l’audit en fin d’année, comment peut-on être sûr que les

« Épanoui » Même s’il lui est arrivé d’être agacé, notamment à cause des LuxLeaks, il aime son boulot rue de la Congrégation. Pierre Gramegna déclare qu’il ne peut que souhaiter continuer ainsi.

Mai 2018 —

­ — 55


« En fin de compte, il appartient au gouvernement et au ministère des Finances d’être la plume. »

Oui, nous avons des règles qui encadrent les fondations et je n’envisage pas de changer la loi. Si les règles permettent d’utiliser ces structures, cela peut être fait, mais ce n’est pas de Quelle a été votre approche en termes de communication avec les l’innovation.

PLACE LUXEMBOURGEOISE

Il y a peut-être eu moins de discussions au sujet de l’article 41 de la loi sur le secteur financier, qui concerne l’externalisation de données au sein d’un groupe, car la première version avait suscité des émotions sur la Place. Est-ce là un exemple où vous avez pris vos responsabilités sans aller au-delà d’une première consultation ?

5.000

Avec plus de 4.000 organismes de placement collectif (OPC) et plus de 4.100 milliards d’euros sous gestion, l’industrie des fonds d’investissement luxembourgeoise est deuxième au monde, derrière les États-Unis, et première en Europe.

4.000

3.000

­ — Mai 2018

Actifs sous gestion en milliards d’euros

1.000

Un autre sujet qui intéresse la Place, c’est bien sûr le Brexit. En marge de la récente visite d’État, le gouvernement luxembourgeois persuadait la France de soutenir la demande d’intégrer les « services financiers » dans les orientations des négociations en vue d’un futur accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. On évoque ici les équivalences améliorées pour les échanges entre la City de Londres et le marché unique. Monsieur Gramegna, vous expliquiez à la presse que, selon vous, si l’on coupe l’autoroute entre Londres et le continent, il faudrait songer à une passerelle au lieu de rien. Pourquoi ?

C’est une belle image qui illustre très bien la situation. Nous avons, ensemble avec la France, défendu la position au Conseil des affaires générales, qui est en fait le Conseil compétent, selon laquelle il faut évoquer les « services

2.000

17

0 20

56 —

OPC actifs

15

Ma ligne de conduite, en général, est de toujours consulter le secteur. De manière structurée et régulière, et parfois sporadique. Mais en fin de compte, il appartient au gouvernement et au ministère des Finances, dans le cas présent, d’être la plume. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai renforcé les effectifs du ministère.

L’ÉVOLUTION DES FONDS

09

La situation est très simple : ceux qui avaient une IP Box avant 2017 peuvent garder une IP Box jusqu’en 2021. Cela ne pose aucun problème et ça a été agréé au niveau de l’OCDE. La loi votée récemment a donné lieu à des échanges de vues très intéressants, dans la mesure où nous avons opté pour une approche pragmatique et prudente, alors que certains membres de l’opposition auraient souhaité une approche plus agressive. Nous n’avons pas voulu aller au-delà de ce qui était relativement clair dans le rapport Beps de l’OCDE, qui est de protéger les brevets, d’une part, et les logiciels, de l’autre. Mais nous ne sommes pas allés aussi loin que de prévoir la protection d’éléments qui ne sont pas clairement identifiables et pour lesquels il aurait fallu une entité qui les certifie. N’ayant pas une telle

acteurs de la Place ? D’une part, vous êtes à l’écoute de leurs attentes et, d’autre part, il y a la tradition de votre prédécesseur de les impliquer très fortement dans la rédaction de certains textes.

Ces discussions n’étaient pas faciles. Cela dit, la consultation a été multiple et répétée. C’est la méthode luxembourgeoise : si un secteur ou une branche a un problème, la moindre des choses, c’est de l’écouter. Après, si la solution que nous retenons leur déplaît énormément, alors nous en discutons, mais à un moment il faut décider. Je pense que le texte que nous avons finalement adopté est équilibré. Il a pour vocation principale que l’on puisse partager les données dans un groupe ou les externaliser en toute sécurité juridique. Cette modernisation des règles était vitale pour notre Place. Certains acteurs vont subir un contrecoup parce que leur business model était basé sur le secret bancaire. Il fallait changer cela.

20

Venons-en à la nouvelle IP Box. Est-ce que la phase de transition se déroule bien ?

13

Autres types de fondations, les fondations actionnaires. Êtesvous favorable à ce type de structure qui peut aider des entreprises familiales à perdurer ?

20

Les règles sur la transparence, les règles fiscales, les règles sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, et le sujet de la publicité des registres ont tellement évolué au cours des dernières années que je pense qu’il est légitime de se demander si cet instrument, tel que projeté, est réellement encore conforme aux exigences, ou même nécessaire.

Je ne vais pas me prononcer sur le nombre de notaires parce que c’est un sujet assez difficile à cerner et où il est difficile d’avoir des comparaisons avec l’étranger, car nous avons au Luxembourg des activités très internationales. Je dirais sur les notaires et sur tous les intermédiaires qu’ils doivent être de plus en plus vigilants, car il existe de plus en plus de règles anti-blanchiment et relatives à la lutte contre le terrorisme. Ces contraintes augmentent régulièrement à juste titre, car ces thèmes sont rassembleurs. Je ne peux qu’encourager les notaires et tous les intermédiaires à suivre cela de près et à le prendre très au sérieux. Je ne le dis pas parce que je suis inquiet, mais simplement parce que c’est un état de fait et qu’il faut en être conscient.

20

Pourquoi ?

11

Il est actuellement gelé. C’est bien formulé ainsi.

place financière et du nombre énorme de sociétés, comment voyez-vous ce métier évoluer et ne faudrait-il pas augmenter le nombre limité actuellement à 36 ?

20

Qu’en est-il du projet de votre prédécesseur Luc Frieden (CSV) au sujet des « fondations patrimoniales » ? Est-il définitivement gelé ?

SOURCE CSSF

autorité, nous n’avons pas souhaité prendre cette voie, et d’autres États Le gestionnaire du Fiar est soumis à membres font de même. agrément et surveillance dans son Nous voulons nous donner le temps pays d’origine. Nous devons ainsi faire de voir comment cela va fonctionner. confiance au régulateur britannique, Si cela donne lieu à des contestations, français ou allemand, de la même le Luxembourg n’a pas besoin d’un manière que nous nous attendons à régime qui suscite une levée de source que le régulateur allemand, fran- cils. Nous voulons être dans la norme çais ou britannique fasse confiance et ne pas jouer avec le feu. au régulateur luxembourgeois. C’est Un mot sur le notariat. Compte tenu du développement de la comme ça que ça marche. professionnels suivent à la lettre les règles ?


financiers » dans les négociations. Nous n’avons rien atteint de plus, mais au moins, ils sont cités. En revanche, ils ne figurent pas dans les orientations adoptées par le Conseil européen. Nuance. Juste pour être clair, ce que le Luxembourg et la France ont obtenu nous permet de revenir sur le sujet à un moment donné. C’était très important, car si les services financiers étaient ignorés, on aurait risqué un vide total à la fin des négociations. Cela n’aurait pas été sage, et notre remarque dans le Conseil des affaires générales, c’est qu’il faudrait analyser la possibilité d’introduire un système d’équivalences amélioré.

est la plus grande place financière du monde et se situe géographiquement dans l’Europe. Nous avons intérêt à ce que cette Place continue à bien se développer, car il y a la proximité, la langue, des gens qu’on connaît, des acteurs établis, et il faut construire là-dessus. Passons à un autre chapitre, celui des finances publiques. Après un effort collectif avec le paquet d’avenir qui contenait des mesures d’économies, vous avez ensuite redistribué collectivement par le biais de la réforme fiscale. Revendiquez-vous son caractère social ?

D’habitude, on ajuste les barèmes et c’est ce qu’il y a de plus injuste au monde. Quand vous ajustez le barème, ça va de manière linéaire comme cela Je suis un peu seul dans le désert. de 0 à 100. Ceux qui en bénéficient le Un peu moins maintenant. En fait, plus sont les plus riches et quand ils c’est le bon sens, car si nous n’avions sont encore plus riches, ils en bénéfiabsolument rien prévu, Londres cient encore plus. Voilà ce qu’on a toudeviendrait un pays tiers et cer- jours fait dans ce pays. taines mesures Esma pénaliseraient Moi, je me suis cassé la tête pour très fortement Londres. Nous ne trouver un système – et ce n’était pas pensons pas que c’est dans l’intérêt facile – qui favorise les bas salaires et de l’Union européenne, car Londres les moyens salaires. Il fallait trouver Vous avez toujours défendu cette position, qui est de préserver ce lien avec Londres.

« Ode à la joie » Alors que le GrandDuché aime être un élève exemplaire et aime rappeler ses racines profondément européennes, les intentions de Bruxelles ne sont pas toujours dans l’intérêt du gouvernement luxembourgeois.

un système. Nous en avons trouvé un, et j’en suis très fier. Je connais tous les chiffres par cœur et je le répète : c’est la réforme fiscale la plus juste qui ait jamais été faite. Et les petits inconvénients qu’on trouve, car aucun système n’est parfait, je les accepte et je les assume. Ce sont des petites gouttes d’eau. Je tiens à ajouter que 99 % des gens ont bénéficié de la réforme fiscale. Est-ce que cela dérange vos adversaires qu’un ministre libéral fasse des réformes sociales ?

Bien sûr ! Bien sûr que cela les dérange et cela dérange même certains dans mon parti qui jugeaient que la réforme aurait été peut-être trop sociale. Mais je l’assume complètement. Le CSV a régulièrement critiqué une politique budgétaire imprudente du gouvernement. Quel bilan faites-vous ?

Écoutez, c’est bien simple, nous avions en 2013 un double défi : un déficit budgétaire auquel s’ajoutait une perte de recettes à venir d’un milliard d’euros à cause des nouvelles règles communautaires relatives à la TVA du commerce électronique. Mai 2018 —

­ — 57


35.000

Face à cela, il a fallu agir et nous avons élaboré le paquet d’avenir qui n’était certainement pas populaire. Sans cela, nous n’aurions pas réussi à redresser la barre. Nous avons, bien entendu, eu l’aide d’une conjoncture meilleure que prévu, mais c’est la combinaison des deux qui nous a permis d’arriver à la situation actuelle. Les finances publiques sont équilibrées malgré les allègements fiscaux de 2017 et les investissements maintenus à un niveau record. Je trouve que c’est un résultat satisfaisant.

IMPOSITION

LA RÉFORME FISCALE LA PLUS SOCIALE

25.000

Salaire brut mensuel

30.000

La réforme fiscale de 2017 était, selon le gouvernement, « pour les gens, les familles, les enfants et tous ceux qui habitent et travaillent au Luxembourg. Elle remplace la compétitivité et augmente la marge de manœuvre des entreprises. » Le graphique ci-dessous illustre l’effet de la réforme sur l’imposition des personnes physiques de la « classe d’impôt 1 », donc les célibataires.

96,21

180,21

20.000

une approche budgétaire à la norvégienne en séparant certaines recettes exceptionnelles du budget, forçant ainsi davantage de rigueur ?

Effet net par rapport au barème actuel

12,21

15.000 37,10 1.922,96 52,92 2.307,56 82,29 3.000 116,39 4.000 114,79 5.000 104,89 6.000 99,79 7.000 104,79 8.000 109,79 9.000 114,89 10.000 125,19 71,79

Un : le Luxembourg a besoin de croissance s’il veut préserver son niveau de vie élevé et son système social qui est le plus généreux en Europe, et même au monde. Deux : nous avons vu entre 2008 et 2013 en test réel ce que cela donne quand le Luxembourg n’a pas de croissance. Notre dette a triplé, nos salaires ont stagné et les équations de l’économie ne fonctionnaient plus. Donc, il faut de la croissance. Cette croissance, bien sûr, elle doit être qualitative, mais cela dépend des Compte tenu que, selon d’aucuns, définitions. l’on se rapproche d’une fin de D’ailleurs, je signale que nous cycle économique et compte vivons dans une économie de marché tenu du vieillissement de la et que l’Union européenne prévoit la population programmé, ne pensez- libre circulation des biens, des gens vous pas qu’il faudrait encore et des capitaux. Donc si un investismieux préparer l’avenir ? seur ou une personne veut venir au Que voulez-vous dire ? Luxembourg et qu’il remplit toutes Eh bien, vous avez créé le fonds les conditions, eh bien, il est le bienintergénérationnel, mais ne venu. Heureusement d’ailleurs, car serait-ce pas judicieux de mettre c’est ce qui a fait la richesse et l’attracdavantage de côté ou d’adopter tivité de notre pays.

Vous voulez faire plus d’économies. Eh bien justement, nous avons créé le fonds souverain alimenté à hauteur de 50 millions d’euros par an. Nous en sommes actuellement à environ 240 millions d’euros. Je le dis clairement : c’est insuffisant. Mais c’est un début. Nous ne pouvions pas faire plus en 2014 lorsque les finances publiques se portaient mal. Maintenant, vu qu’on a consolidé les finances publiques, il faudrait envisager d’augmenter la dotation annuelle dans les prochaines années. La deuxième chose, c’est que nous avons le fonds de compensation (fonds qui gère les réserves de pen­ sion, ndlr) qui a 16 ou 17 milliards d’euros et qui augmente actuellement d’un milliard par an, puisque notre économie tourne bien. Donc nous mettons de côté pour les générations futures. Quelle est votre position dans ce débat actuel au sujet de la croissance ? Lors du débat sur la réforme du secteur financier, vous expliquiez que si, d’une part, certains emplois peu qualifiés risquaient de disparaître, la réforme attirerait davantage de personnes hautement qualifiées. Vous déclariez que c’est cela la croissance qualitative.

Le député et secrétaire général du CSV, Laurent Zeimet, avait évoqué sur RTL le terme « nouvelle modération ». Faut-il serrer la ceinture ?

Tout d’abord, je voudrais dire qu’entre 1985 et 2007, en 22 ans, nous avions 5 % de croissance par an en moyenne, et durant toutes ces années, le CSV était au pouvoir. Cette croissance est supérieure à celle qu’on a depuis 2014. Vouloir se faire l’apôtre d’une croissance moindre, alors qu’on a fait le contraire pendant trois décennies, n’est pas très crédible. En revanche, je suis tout à fait d’accord qu’il faut discuter de la qualité. La place financière est le meilleur exemple de la croissance qualitative. Un quart de la croissance est généré par 11 % de la main-d’œuvre. Voilà la croissance qualitative et voilà pourquoi il faut continuer à diversifier ce secteur. Le grand nombre de piliers différents, comme c’est le cas pour les fintech ou la finance verte – et je tiens à rappeler que nous avons été désignés deuxième place financière verte au monde par le Global Green Finance Index –, c’est l’essence même de la croissance qualitative. Deux sous-questions : le besoin d’importer de la main-d’œuvre et la productivité qui stagne. Comment réagencer cette équation ?

Très bonne question, mais il faut dire que notre productivité au Luxembourg est parmi les plus hautes au monde.


« Le Luxembourg a besoin de croissance s’il veut préserver son niveau de vie élevé et son système social. »

AU MINISTÈRE

« ÉVOLUTION DES EFFECTIFS » Malgré des hausses d’effectifs, le ministère des Finances manquerait de personnel expérimenté à des postes-clés, selon reporter.lu.

SOURCE Rapport d’activité 2017 du ministère des Finances

On me dit souvent qu’on ne gagne pas des élections avec seulement un bon bilan, mais je pense qu’il est Pour commencer, j’ai succédé à Luc encore plus dur de gagner si on n’a Frieden et à Jean-Claude Juncker, car pas de bon bilan. monsieur Juncker a toujours gardé Je me réjouis du débat d’idées et un pied dans le ministère des Finances. je me donnerai à fond. J’ai d’ailleurs pris son bureau, qui était Estimez-vous que ce gouvernement aura bel et bien « ouvert aussi celui de Pierre Werner. Sur quoi me suis-je démarqué ? grand les fenêtres » ? L’abandon du secret bancaire, la trans- Beaucoup de réformes sociétales ont parence fiscale, la rénovation et l’inno- vu le jour au cours des quatre dervation sur la place financière. Les fintech, nières années. Nous avons mis en par exemple, personne n’en parlait œuvre une autre gestion des finances avant. Vous direz que cela a évolué, mais publiques et de la fiscalité, et nous on aurait pu en parler avant déjà. avons concilié davantage le travail Je dirais aussi le rétablissement des et la vie familiale avec le congé finances publiques tout en reconnais- parental et la garde des enfants mulDans cette position, il est plus difficile sant qu’entre 2008 et 2013, il n’y avait tilingue et gratuite. Je dirais que ce d’avoir une forte croissance de la pas de croissance, et c’était donc sont les « marqueurs » des dernières productivité. beaucoup plus difficile. Mais au lieu années, et les réformes vont, à mon Il faut néanmoins essayer de favo- de tripler la dette, on aurait pu avis, rester, à moins que le plus grand riser les gains de productivité, tant prendre des mesures, même si elles parti d’opposition ne souhaite les du côté industriel que dans d’autres n’auraient pas été populaires. Nous, remettre en cause. domaines. Je pense que l’intelligence nous l’avons fait. Il reste encore six mois de travail artificielle et le robo-advising dans Et enfin, la réforme fiscale, avec et je travaillerai jusqu’à la dernière le domaine bancaire, ainsi que son côté social, marque une rupture minute, mais je pense que cette période législative originale, car trois d’autres nouvelles technologies avec les méthodes d’avant. comme la blockchain, vont accélé- Maintenant, vous participez à partis formaient le gouvernement, votre première campagne rer la productivité. laissera une marque indélébile. Le défi sera, à mon avis, de réussir électorale… En septembre, vous disiez à Paperjam que vous ne pourriez à trouver des débouchés pour tous Oui ! « que souhaiter continuer ainsi », ceux qui perdront leur emploi. Nous Comment la vivez-vous ? sommes là dans un processus de Je sens dans le pays un peu de ferveur donc avec le LSAP et Déi Gréng. transformation extrêmement impor- et cela me fait très plaisir, parce que Est-ce toujours vrai ? tant, dont il faut être conscient. Et la politique, c’est un combat d’idées. Je ne ferai pas de pronostics, mais je l’État doit l’accompagner. Avoir un bilan qui est tout de même suis très heureux dans la constellaMonsieur Gramegna, après avoir largement positif, c’est très encou- tion actuelle. Je suis tout à fait prêt passé plus de quatre ans au rageant pour entrer dans la joute et à continuer à travailler ainsi, si l’élecministère des Finances, coméchanger des arguments. teur nous le permet.  ment estimez-vous vous être démarqué de votre prédécesseur Luc Frieden ?

Administration des contributions directes (100 postes prévus pour 2018) Ministère (hors personnel détaché) Inspection générale des finances Trésorerie de l’État

25 27 23 24

24 24

24 27

66 712

55

54

59

651

657

663

24 29 68 759

« Campagne » Ministre depuis 2013, ce n’est que depuis quelques mois que Pierre Gramegna fait ses premiers pas de politicien. Il savoure sa première campagne électorale, affirme-t-il.

Mai 2018 —

­ — 59


« l’ia va aider le consommateur à être mieux servi » Auteur

Jonas Mercier Photographe

Nicholas Albrecht 60 —

­ — Mai 2018


Pionnier de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur des services, le Franco-Américain John Rauscher dissèque les tenants technologiques et les aboutissants économiques d’une innovation qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

Mai 2018 —

­ — 61


Au-delà du réel « Soucoupe volante » et « Vaudou » étaient les noms de code donnés par les entreprises aux premiers projets d’intelligence artificielle menés par Yseop, la troisième entreprise de John Rauscher, 62 — dans les années ­ —2000. Mai 2018

« La machine va pouvoir aujourd’hui remplacer des travailleurs intellectuels, et donc industrialiser une partie du secteur des services. »


John Rauscher Entrepreneur et visionnaire

Monsieur Rauscher, faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle (IA) ?

EN 5 DATES

Que répondez-vous à ceux qui en ont peur ?

d’une mère américaine et d’un père français.

Non. J’ai les mains dans le cambouis tous les jours, ■ 1962 Franco-américain et je sais qu’on est très loin de ce que l’on voit dans Naissance le 13 avril les films de science-fiction. à Pontoise (France)

Je pense que c’est une peur irrationnelle. Les économistes disent qu’on a toujours tendance à exagérer les effets d’une nouvelle technologie sur le court terme et à les sous-estimer sur le long terme. Nous nous trouvons typiquement dans ce schéma. Je comprends que certaines personnes aient peur de l’IA, mais pour d’autres raisons. Par exemple, parce que leurs tâches vont être automatisées. Mais qu’on ait peur de l’IA comme on a peur d’un scénario catastrophe, où les robots deviennent plus intelligents que les Hommes, ça non ! Je suis expert en IA et je peux vous dire que c’est beaucoup plus facile d’annoncer le déluge pour faire parler de soi, que d’avoir une démarche plus raisonnable en expliquant que cela n’a rien d’effrayant.

Elon Musk, le patron de Tesla et de SpaceX, a pourtant affirmé qu’il fallait s’en inquiéter…

Elon Musk est un inventeur, et donc quelqu’un de passionné. Et comme toute personne passionnée, il peut parfois devenir un peu fanatique. Peut-être connaît-il des choses que je ne connais pas, certes. Mais d’après les innovations que je vois tous les jours, qu’elles viennent d’IBM, de Google ou d’autres grands acteurs, je peux vous dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire.

Vous avez été l’un des premiers à parler du retour de l’IA en 2007, lorsque vous avez cofondé Yseop. Comment regardait-on cette technologie à l’époque ?

Si aujourd’hui nous pouvons acheter des voitures à moins de 10.000 euros et d’une fiabilité incroyable, c’est grâce à l’IA. Cette technologie est utilisée dans l’industrie depuis longtemps, elle n’est pas nouvelle, loin de là. En 2007, on me disait : « Surtout ne parle pas d’intelligence artificielle, mais seulement d’ap­ plications business, car cela va faire peur. » On pensait qu’il s’agissait d’une nouvelle supercherie technique comme il y en a eu plusieurs dans les années 1980. Les noms qui ont été donnés par mes clients aux deux premiers projets que j’ai menés étaient « Soucoupe volante » et « Vaudou ». Voilà ce que pensaient de l’IA les grands groupes dans le secteur des services il y a 10 ans. Personne n’y croyait.

Concrètement, que recouvre le terme d’intelligence artificielle ?

Il s’agit des techniques qui permettent aux machines de simuler l’intelligence humaine. Nous

■ 1989 Touche-à-tout En parallèle à sa carrière professionnelle, qu’il débute très jeune, il devient expert-comptable, ingénieur informatique et spécialiste en marketing. ■ 1999 Écrivain entrepreneur Quatre ans après avoir créé sa première entreprise, Cyrano, il publie un premier livre – À la conquête de la Silicon Valley. Suivront une seconde entreprise et un second ouvrage. ■ 2006 Repéré par les grands

voyons, nous écoutons, nous parlons, nous raisonnons… Tous ces domaines font l’objet de l’IA. Ma société Yseop, par exemple, essaie de faire parler et rédiger une machine comme un être humain. Sauf que notre logiciel est capable de rédiger 2.000 pages à la seconde. Les champs de l’IA sont-ils donc infinis ?

Elle peut permettre de voir à une précision supérieure à celle de l’être humain et ainsi d’aider à la détection de défauts sur des pièces détachées, par exemple. Demain, chez les loueurs de voitures comme Hertz ou Avis, le véhicule que vous louerez passera sous un portique qui verra la plus petite éraflure possible. Quand vous ramènerez la voiture, vous passerez sous le même portique, et la machine vous dira si tout est OK. L’IA, c’est aussi écouter et comprendre. Prenez l’exemple des logiciels de reconnaissance vocale, comme Siri chez Apple. Ce n’est pas encore parfait, mais des progrès considérables ont été faits. Vous avez aussi la technologie qui permet de rédiger, donc de parler et de dialoguer avec un être humain. Mon entreprise travaille avec des agences de notation internationales qui utilisent l’IA pour rédiger des notes sur les entreprises, les villes et même les pays de façon complètement automatisée. Encore une fois, chacun des sens de l’être humain constitue un champ d’application de l’IA.

L’éditeur américain de logiciels Oracle rachète Sunopsis, la deuxième société de John Rauscher. On parle aussi beaucoup de machine learning. L’outil d’intégration des Est-ce un synonyme de l’IA ? données qu’elle a Machine learning développé devien- Il s’agit de l’un des Le  machine learning  ou  deep learning  dra l’un des prochamps de l’intelligence est l’un des secteurs de l’IA qui ne se artificielle qui tente de duits phares du concentre ni sur la voix, ni sur l’écoute, ni reproduire le raisonnegéant américain. sur la vue, mais sur le raisonnement. Pour

2017 Bien dans ses bottes ■

Il quitte Yseop, une compagnie spécialisée dans le traitement automatique du langage naturel, dont il était le CEO et qu’il avait co-créée en 2008.

ment humain. En analysant un très grand nombre de données sur une thématique précise, la machine va ainsi être capable de résoudre ellemême un problème. Mais l’erreur reste possible.

Deep learning C’est une méthode d’apprentissage automatique qui se base sur des réseaux de neurones artificiels ou couches successives d’analyse d’un même élément. Ce type de technologie permet à la machine d’apprendre « en profondeur ». Le deep learning est aujourd’hui très utilisé dans des outils de reconnaissance graphique ou orale.

bien comprendre, il faut savoir que le monde des logiciels se partage en trois grandes familles : les programmes d’infrastructures (ceux qui font fonctionner les réseaux de communication, par exemple), les applications business ou progiciels, et les plateformes (les technologies qui vous permettent de créer les applications business ; l’intelligence artificielle est une plateforme). Dans cette seconde partie, le machine learning va permettre l’élaboration d’une logique de raisonnement. L’enjeu est de devenir capable d’automatiser la production d’algorithmes de développement. En d’autres termes, le machine learning, c’est l’automatisation du travail des informaticiens qui créent des applications business. Mai 2018 —

­ — 63


Module de raisonnement Il s’agit du processus informatique qui permet à un logiciel de prendre des décisions de manière autonome, en se basant sur les données qui lui sont transmises.

Je m’explique. L’infor­ matique des 30 dernières années s’est basée sur le calcul. On retrouve ce schéma dans Excel ou sur un logiciel de gestion de paie, par exemple. Les développeurs parvenaient également à introduire dans ces programmes certains algorithmes de raisonnement, mais de façon très limitée. Avec le machine learning, c’est la machine qui produit le code, presque instantanément, tout en étant capable de l’adapter à l’évolution de circonstances extérieures, dont elle prend conscience grâce aux données qu’elle reçoit. Elle est donc capable de générer des millions de  modules de raisonnement . On peut donner comme exemple les thermostats super intelligents, qui adaptent le fonctionnement du chauffage en fonction de l’évolution de données extérieures pour atteindre la température désirée à l’heure programmée.

Q u e s t i o n d ’a l l u m a g e

L’INNOVATION DANS LES GÈNES Si John Rauscher a toujours eu le goût des découvertes technologiques, c’est peutêtre grâce à son père, Bertrand Rauscher. SaintCyrien, il servira l’armée, mais restera un inventeur dans l’âme. C’est lui qui mettra notamment au point l’allumage électronique pour les moteurs à combustion. Le constructeur Matra remportera les 24 heures du Mans en 1972 avec cette invention sous le capot.

Les machines apprennent-elles de la même façon que l’être humain ?

Pas tout à fait. Dans l’IA, il y a deux grandes approches. La première, utilisée par les systèmes informatiques des années 1980, était une  approche déterministe , qui im­plique des résultats 100 % exacts. Dans ce cas-là, la logique sera répétitive. La deuxième grande approche est statistique. Elle définit le résultat en fonction d’une moyenne. Le machine learning est une approche de type statistique, car il se base sur des réseaux de neurones. Le meilleur taux de réussite qu’il peut obtenir est de 95 %, ce qui est ennuyeux pour certaines applications qui ont Approche besoin d’exactitudes et non pas déterministe C’est un type de prod’approximations. grammation d’intelliBeaucoup diront qu’il s’agit tougence artificielle qui tefois d’un résultat bien supérieur consiste à introduire des commandes infor- à ce que peut faire l’Homme, qui matiques strictes perarrive péniblement à un taux de mettant à la machine réalisation de 60 % à 80 %. Si vous de réagir de façon demandez à un être humain de vériprévisionnelle, en fonction des données fier la qualité de production de qu’elle analyse. pièces détachées, certains défauts

« Il faut réguler l’intelligence artificielle de la même façon qu’on a régulé le nucléaire. » 64 —

­ — Mai 2018

pourront lui échapper. Le machine learning offrira des résultats bien meilleurs… Mais pas suffisants par rapport à ce que les Hommes attendent d’un ordinateur. Car, jusqu’à aujourd’hui, on a toujours eu l’habitude d’avoir une informatique exacte. Quand vous recevez votre relevé de banque ou votre bulletin de paie, vous ne prenez pas la calculatrice pour vérifier que le compte est bon. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une approche déterministe, et donc 100 % exacte. L’approche de type statistique entraîne un taux de déchets, et c’est très important d’en avoir conscience quand on s’intéresse à l’intelligence artificielle de type machine learning ou deep learning. La principale conséquence est que plusieurs marchés resteront fermés à cette technologie, comme la finance, l’aviation, l’automobile où l’électroménager. Personne ne va mettre du machine learning pour piloter un avion qui se tromperait de temps en temps. La finance ne sera donc pas touchée par le machine learning ?

En tout cas, pas pour des applications de production. Beaucoup d’acteurs disent que le machine learning sert à découvrir des comportements ou des tendances. Si j’ai besoin de connaître le taux de fraude sur des millions d’utilisateurs, cette technologie m’apporte une réponse. Ce ne sera pas 100 % exact, mais ce sera toujours mieux que ce que je pouvais faire avant. Mais si je veux faire de la recommandation de produits financiers, je ne peux pas laisser faire une machine et risquer qu’elle se trompe. Aucun département juridique n’acceptera de prendre ce risque. Moteur de règles C’est le mécanisme par lequel une ou plusieurs règle(s) introduite(s) dans un logiciel s’active(nt) au moment où les conditions sont réunies. On en trouve, par exemple, dans les logiciels de comptabilité. Il fait partie de l’approche déterministe de l’intelligence artificielle.

Il existe pourtant déjà des robots-conseillers…

Oui, mais ils ne sont pas autorisés comme outils de recommandation aux consommateurs. Et puis, il y a beaucoup de robotsconseillers qui sont basés sur des règles, donc de type déterministe, et pas sur du machine learning. C’est assez complexe, mais il est important de bien faire la différence. Quand quelqu’un me dit : « J’ai de l’IA dans mon application », ma première question est de demander s’il s’agit d’un  moteur de règles  ou de machine learning. Il y a ces deux approches bien distinctes. Celui qui réussira à proposer dans son logiciel du machine learning sur un modèle déterministe rencontrera un énorme succès.

Le monde de l’IA est donc binaire…

Exactement. Mais il faut rappeler qu’on se place là dans le domaine du raistatistique sonnement. Car l’IA est Approche C’est une programmation basée aussi la simulation des sur des méthodes statistiques, autres sens de l’être humain. que l’on retrouve dans le machine En ce moment, il y a beau- learning et qui raisonne de manière aléatoire, en fonction de coup de passion autour la quantité de données déjà anadu deep learning. Des pro- lysées. L’erreur est donc posgrès considérables ont été sible, à l’inverse de l’approche faits et ne doivent pas être déterministe.


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Effet boîte noire Les réseaux de neurones artificiels permettent à la machine de faire ses propres connexions après un processus d’apprentissage basé sur une quantité importante de raisonnements déjà effectués, par exemple la reconnaissance d’un chat sur des photos. Si l’on connaît les données introduites, on est encore incapable d’expliquer comment la machine construit ses raisonnements.

niés. Mais cela restera une  approche statistique , qui ne pourra jamais être sûre à 100 %. En d’autres termes, le machine lear­ ning et le deep learning ne permettront pas d’automatiser certaines tâches répétitives qui demandent une certaine précision, comme dans les secteurs réglementés, et donc la finance.

En plus de ne pas produire des résultats exacts, il est impossible d’expliquer le raisonnement des algorithmes du machine learning. Cette question ne soulève-t-elle pas un problème éthique non négligeable ?

Il s’agit de l’ effet boîte noire . À l’heure actuelle, on ne sait pas expliquer, dans un  réseau de neurones , le raisonnement de la machine. Et là, je suis d’accord avec Elon Musk pour dire que le deep learning peut être dévastateur s’il est utilisé pour autre chose que des activités de découverte.

donc réguler de la même façon l’intelligence artificielle pour certains usages. Les pouvoirs politiques ont-ils cons­cience de l’enjeu de cette technologie ?

C’est, en effet, un sujet hautement stratégique. Et certaines positions ne prennent pas en compte l’ampleur des enjeux. Je ne pense pas directement à l’IA, mais aux données. En Europe, nous préparons une législation qui va globalement nous empêcher de collecter des données, et ça ne va pas dans le bon sens dans l’état actuel des textes.

Vous parlez du règlement général sur la protection des données (RGPD) ?

Réseau de neurones artificiels Il s’agit d’un système informatique inspiré du fonctionnement du cerveau humain. Celui-ci permet à la machine de faire des connexions entre différents modules de raisonnement, et ainsi d’apprendre par expérience.

Quel est le domaine où l’IA est la plus présente aujourd’hui ?

Faut-il réguler cette partie de l’IA ?

Pour moi, oui. Et de la même façon qu’on a régulé le nucléaire. Le nucléaire permet de faire des IRM, et donc de sauver des vies. Il permet aussi de faire des bombes atomiques. On a régulé l’usage de l’énergie nucléaire à des fins atomiques. Il faut

L’ e f f e t b o î t e n o i r e

« Nous devons expliquer pourquoi ces algorithmes prennent telle ou telle décision. Si une entreprise ne peut pas le faire, ses produits ne devraient pas être sur le marché. » 66 —

­ — Mai 2018

Absolument. On a oublié que les données, c’est comme la neige en montagne. S’il n’y a pas de neige, il n’y a pas de sports d’hiver. Si on nous interdit de collecter les données, on peut oublier le développement du deep learning. Les données sont à cette technologie ce qu’est la neige à la station de ski. L’IA, en général, et le deep learning, en particulier, demandent des quantités impressionnantes de données. Aujourd’hui, les activités de lobbies se concentrent sur l’accès aux données. C’est stratégique, et le monde entier Système expert est en compétition. C’est l’ensemble de la program-

Virginia Rometty, la CEO d’IBM, a appelé, dans une tribune publiée à l’occasion du Forum économique mondial de Davos en janvier, les sociétés actives dans l’intelligence artificielle à adopter des principes de bonne gérance des données et de transparence de leur utilisation.

mation informatique qui va permettre à une machine de raisonner selon des données extérieures. Il se base sur une approche déterministe, en la combinant à des moteurs de règles. Il se différencie, par con­ séquent, du machine learning.

Historiquement, c’est dans l’industrie qu’elle est la plus présente. Elle a commencé à s’y développer dès les années 1980 à travers la robotisation et l’automatisation. Mais il s’agit majoritairement de  systèmes   experts , et donc d’une approche déterministe. L’arrivée du machine learning offre maintenant de nouvelles applications, comme la détection de défauts sur les pièces détachées. Dans l’industrie, l’aspect répétitif des tâches est important. Les secteurs de l’automobile et de l’électronique sont hautement automatisés pour des raisons de qualité. On y trouve de l’IA partout. Dans le domaine des services, c’est la fintech qui est la plus impactée. L’IA a besoin de données et elle en trouve beaucoup dans le domaine financier. Ensuite vient la cybersécurité, qui doit s’adapter en continu à l’évolution des cybermenaces. L’agriculture est également très touchée. L’avenir de la production bio passe par des drones qui surveilleront les champs en permanence et détecteront mieux que l’Homme l’apparition de maladies, qui pourront alors être traitées localement avant qu’elles ne contaminent le reste de la plantation. Plus globalement, on peut dire que l’IA touche tous les secteurs.

Les multinationales de l’ICT ont-elles toutes la même approche en ce qui concerne l’IA ?

Il y a des stratégies différentes. Ce qui intéresse Facebook et Amazon, par exemple, c’est avant tout le deep learning, car ils possèdent des quantités énormes de données. Ils souhaitent ainsi avoir la capacité de les monétiser grâce à des applications commerciales. Pour vous donner un


« L’Europe va très vite revenir sur le RGPD tel qu’il est rédigé.»

Extension Historiquement, l’intelligence artificielle s’est développée dans le secteur industriel. L’arrivée du machine learning lui permet aujourd’hui de s’attaquer aux services.

Mai 2018 —

­ — 67


exemple, Facebook a remarqué aux États-Unis qu’un Américain qui venait d’acheter une nouvelle maison et qui postait sur le réseau social une photo sur laquelle on voyait un bout de jardin était forcément intéressé par l’achat d’une tondeuse à gazon. Cette découverte a été faite grâce au machine learning et permet de pousser une publicité de tondeuses à gazon à ce moment-là. Amazon a aussi été un pionnier du machine learning avec ses propositions d’achats complémentaires, basées sur ce qui a également intéressé les clients qui ont acheté le même livre ou le même DVD. Il s’agit d’une approche statistique qui convient parfaitement à cette application. Des entreprises comme Google, en revanche, ont des ambitions beaucoup plus grandes. Elles croient très clairement dans le transhumanisme, c’est-à-dire la capacité des machines à améliorer les performances humaines, et donc la vie. En Europe, nous sommes pour l’instant absents des radars. Mais nos entreprises ont des complexes qui n’ont pas lieu d’être. Les sociétés américaines sont très fortes en communication et en marketing. Elles ont certes des atouts techniques, mais nous aussi. Il faut qu’on se batte. L’Europe a donc une carte à jouer dans le domaine de l’IA ?

Sans aucun doute. Nous avons de très bons mathématiciens, de très bons ingénieurs et un système éducatif presque gratuit qui permet à des gens sans moyens financiers de percer. Ce n’est pas le cas aux États-Unis. L’Europe a donc tous les ingrédients de la réussite.

DES STRATÉGIES DIFFÉRENTES   L e s É m i r at s a r a b e s u n i s m o n t r e n t l’ e x e m p l e

Si leurs sous-sols sont remplis de pétrole, leur surface pourrait bientôt être truffée d’intelligence artificielle. Les Émirats arabes unis font en effet figure de pionniers en la matière. En octobre, ils ont nommé un ministre de l’Intelligence artificielle. Une première. Cette politique volontariste, qui prévoit notamment des investissements de   L a F r a n c e p r o m e t 1 , 5 m i l l i a r d d ’ e u r o s

Lancée en grande pompe fin mars, la stratégie autour de l’intelligence artificielle voulue par la France sera assortie d’un budget de 1,5 milliard d’euros. La recherche devrait en être le principal bénéficiaire. L’un des principaux objectifs sera de doubler les capacités de formation dans ce domaine, notamment par la création d’« instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle ». Parmi les autres annonces,

C’est un discours qui n’existe pas en Europe ?

Non, pas toujours. Ici, une bonne affaire est souvent synonyme d’une affaire où on a étranglé financièrement son fournisseur. Quel qu’il soit.

Comment faut-il faire pour changer les mentalités ?

Les gouvernements doivent conditionner les subventions à l’innovation et à la recherche, dont bé­né­ficient majoritairement les grands groupes, pour que les achats aux PME se fassent à des conditions

68 —

­ — Mai 2018

on trouve la création de plateformes sectorielles ouvertes pour une mise à disposition de certaines données de grandes entreprises « à des fins d’intérêt général ». Enfin, l’Hexagone réfléchit à l’adaptation de son cadre législatif pour autoriser les expérimentations, notamment dans les domaines de la santé et de la conduite autonome. En parallèle, un groupe d’experts sur les questions éthiques sera créé.

L e L u x e m b o u r g pa r l e d ’ i n n o vat i o n

Il n’existe pas de stratégie de l’intelligence artificielle en tant que telle au Luxembourg. Le gouvernement parle plutôt d’innovation. Une innovation technologique encouragée dans la stratégie Rifkin, mais également promue Ne pensez-vous pas que l’arrivée de l’IA à travers différents mécanismes, comme peut creuser les inégalités entre les géants les aides à la recherche et l’innovation internationaux, qui investissent en masse pour les entreprises, la création de dans cette technologie, et les PME ? clusters, ou encore les programmes de Je constate une chose. Aux États-Unis, le ga­gnant-­ développement tels que Fit4Innovation, gagnant existe dans le business. La raison pour Fit4Digital ou Fit4Circularity. Toutes

laquelle les PME innovantes qui sont devenues des géants de l’innovation ont percé, c’est parce que les grands groupes n’ont pas hésité à payer le juste prix quand ils ont fait appel à leurs services. J’ai récemment eu une négociation avec une entreprise internationale. Au téléphone, ils ont voulu un discount de 20 %, et nous avons fini par accepter leur offre. Cinq minutes après la fin de l’appel, le responsable des achats de cette même entreprise m’a rappelé en me disant qu’ils voulaient revenir sur leur décision et préféraient payer le prix fort, car la technologie que nous lui vendions était stratégique dans leur développement. Ils avaient donc tout intérêt à ce que nous grandissions avec eux.

près de 9 milliards de dollars (environ 7,3 milliards d’euros), doit servir de grandes ambitions. Le petit État du Golfe veut faire de cette nouvelle technologie l’une des bases de sa croissance. Selon une étude de PwC, l’intelligence artificielle pourrait contribuer à 13,6 % de son PIB en 2030, le plus haut niveau de la région.

ces initiatives se retrouvent dans la stratégie de spécialisation intelligente du ministère de l’Économie, qui entre dans un programme européen. En parallèle, le Luxembourg a décidé d’investir dans la construction d’un high performance computing (HPC), qui permettra de proposer une infra­ structure de recherche performante aux entreprises qui souhaitent développer de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle.

financières avantageuses pour ces dernières. Il faut responsabiliser nos grandes entreprises visà-vis des start-up innovantes. Et nous pourrons facilement avoir des géants, car nous avons de très belles technologies. Ce serait le conseil que vous donneriez au Luxembourg pour se placer sur la carte de l’IA ?

Oui. Le second serait d’éviter de disséminer les aides. En général, on donne un peu à tout le monde. Ce n’est pas la bonne stratégie. Il faut prendre des risques en pariant sur les plus gros potentiels. Il y aura des échecs, mais il y aura de grandes réussites aussi.

Fondamentalement, qu’est-ce que l’IA apporte à l’économie ?

L’IA apporte trois choses. L’auto­matisation des tâches ou des activités répétitives, l’évolution des processus de business – je pense, par exemple, aux contrats intelligents qui vont certainement faire disparaître le métier des tiers de confiance – et l’apparition de nouveaux business models. Aux États-Unis, l’IA conduira bientôt les camions de marchandises sur les autoroutes. Les chauffeurs chargeront et


L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU BANC D’ESSAI 2026 2036 2046 2056 2066 2076 2086 2096 2106 2116 2126 2136 2146 Nombre d'années 2016 à pa r t i r d e 2 0 1 6 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130

2 24 1 2 24 1

Automatiser toute forme de travail Mener des recher­ches en intelligence artificielle Mener des recherches en mathématiques Remplacer un chirurgien Écrire un best-seller Assurer la vente au détail Faire une course de 5 km en ville Conduire un camion Produire un tube de musique pop classé dans les charts Expliquer ses propres actions au cours d’un jeu Écrire une rédaction de niveau lycée Lire un texte à haute voix (synthèse vocale) Assembler des legos

Les universités d’Oxford et de Yale, ainsi que l’organisation AI Impacts ont questionné plus de 350 chercheurs du monde entier pour créer ce calendrier plus ou moins précis des progressions capacités de l’IA.

Assurer un service bancaire téléphonique Retranscrire un discours à l’écrit

SOURCES Oxford University, Yale University, AI Impacts

Jouer à StarCraft

Période d’apparition avec 25 à 75 % de probabilités Année d’apparition avec 50 % de probabilités

Plier le linge Remporter les championnats de poker Gagner à Angry Birds

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Retour vers le futur En permettant aux machines de dialoguer, l’IA va relancer le déve­ loppement des robots humanoïdes, selon John Rauscher. 70 —

­ — Mai 2018

« L’Europe a tous les ingrédients de la réussite. »


L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE EN ACTION AU LUXEMBOURG ■

Bâloise assurances

Aiva Start-up

DHL logistique

Sesamm Start-up

Solution

Solution

Solution

Solution

Automatiser la gestion des courriers clients

Composer des partitions de musique symphonique

Capter l’humeur des marchés financiers

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

Adaptation automatique des adresses et des heures de livraison T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

Deep learning

Machine learning O r i g i n e d e s d o n n é e s

Communications postales entrantes

Deep learning

O r i g i n e d e s d o n n é e s

Machine learning

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e O r i g i n e d e s d o n n é e s

15.000 partitions des plus grands compositeurs

O r i g i n e d e s d o n n é e s

Échecs de livraison recensés

Articles, commentaires et posts de 120.000 sites internet

É tat

É tat

É tat

É tat

En étude

Opérationnel

En étude

Opérationnel

BGL BNP Paribas Finance

Cebi Industrie

Clearstream Finance

Supermiro Start-up

Solution

Solution

Solution

Solution

Automatiser les recommandations autour des standards de sécurité

Établir un espace virtuel de commu­nication pour les machines de l’usine

Vérifier la conformité de logiciels par rapport aux besoins des utilisateurs

Suggérer des sorties cultu­ relles, sportives ou sociales

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e

Machine learning

O r i g i n e d e s d o n n é e s

O r i g i n e d e s d o n n é e s

Machine learning

Machine learning

Traitement automatique du langage naturel

T e c h n o l o g i e u t i l i s é e O r i g i n e d e s d o n n é e s

Capteurs placés sur les machines

O r i g i n e d e s d o n n é e s

Cahiers des charges

Sites internet culturels et événe­mentiels et données d’utilisateurs

É tat

É tat

É tat

É tat

En étude

En étude

En étude

Opérationnel

Projets sur le même thème menés par le passé

déchargeront simplement les colis en début et en fin de course. Le modèle d’affaires de l’industrie de la livraison s’en verra complètement réinventé. En quelque sorte, l’IA va industrialiser le secteur des services…

Comme je l’ai précédemment évoqué, l’industrie utilise depuis longtemps l’IA. Pourquoi ? Parce que les chaînes de montage sont composées de robots, et les robots n’ont pas besoin de se parler. Ils s’échangent simplement des données et ça marche très bien. La révolution qu’est en train d’apporter l’IA se rapporte au monde des services. Les cadres de n’importe quelle entreprise savent faire trois choses. Ils raisonnent sur la base de ce qu’ils ont appris à l’école et de leur propre expérience – ces choses-là, on savait déjà les informatiser avec les systèmes experts, mais pas les adapter à l’évolution du contexte. Ensuite, les cadres dialoguent. Ils posent des questions pour cerner une demande et parvenir à y répondre de la façon la plus juste possible. L’IA introduit la notion de dialogue intelligent, qui permet à la machine d’acquérir une expertise en posant des questions pertinentes. La troisième chose que fait un cadre dans sa journée, c’est exprimer son raisonnement dans un langage naturel, qu’il soit parlé ou écrit. L’IA est désormais capable de répondre dans un langage humain. En étant capable de raisonner, de dialoguer et de s’exprimer, la machine sait dès aujourd’hui automatiser une partie des tâches qu’effectuent les travailleurs intellectuels, et donc industrialiser une partie du secteur des services. Or, ce secteur représente 80 % du PIB d’un pays développé. L’impact est donc énorme.

Ceux qui disent que l’IA supprimera beaucoup d’emplois ont donc raison…

Certes, mais il faut tout de même rappeler que le secteur des services est encore au Moyen Âge. Tous ceux qui viennent du monde de l’industrie sont choqués quand ils découvrent le monde des services. Si vous allez voir trois avocats avec le même dossier, vous aurez trois points de vue différents. Trois médecins, trois diagnostics. Trois commerciaux, trois avis. Et à chaque fois, le service est facturé très cher. L’IA va aider le consommateur à mieux acheter et à être mieux servi. Elle va permettre de démocratiser et réduire le prix des conseils. Et je suis persuadé qu’avant de mourir, je pourrai avoir un conseil juridique validé et certifié pour moins d’un euro, grâce à l’intelligence artificielle. C’est ce qui s’appelle l’industrialisation des services. Et de nouveaux métiers vont apparaître.

Y a-t-il une géopolitique de l’IA qui se dessine ?

Bien sûr. La guerre ne se joue plus sur les champs de bataille, mais au niveau économique. Et l’enjeu de l’industrialisation des services est tel, que les pays qui réussiront cette transformation attireront beaucoup plus d’investisseurs. C’est donc une nouvelle occasion pour l’Europe de se démarquer, à condition qu’on n’empêche pas les entreprises d’accéder aux données.

Justement, comment percevez-vous la position de l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine ?

En ce qui concerne les données, les Américains jouent la carte du privé, donc imposent peu de règles. Les Chinois suivent les directives de leur gouvernement. C’est un peu l’anarchie totale, Mai 2018 —

­ — 71


u n pa r i f i n a n c i e r

« LE VRAI CHALLENGE EST DE SAVOIR COMMENT LES ENTREPRISES VONT S’EMPARER DE L’IA »

Jacques-Aurélien Marcireau, gestionnaire du fonds EDR Fund Big Data de la banque Edmond de Rothschild

Monsieur Marcireau, quelle est la particularité du fonds EDR Fund Big Data ? Il s’agit d’un fonds d’action international qui a investi 50 % de ses actifs dans des valeurs technologiques liées au big data et 50 % dans des sociétés de secteurs traditionnels, mais qui ont compris l’intérêt de l’utilisation des données et qui sont en train de se moderniser pour capter leur valeur ajoutée. Avec ce fonds, vous pariez donc directement sur l’intelligence artificielle ? En interne, nous avons plutôt

coutume d’utiliser le terme de conviction. Une conviction que nous n’avons pas pour la blockchain ou les cryptodevises, des technologies sur lesquelles nous sommes plus mesurés. Maintenant, ce qui compte le plus pour nous, c’est la manière dont les acteurs économiques vont marier l’intelligence artifi­­­­cielle avec leur expertise métier. Le vrai challenge est donc de savoir comment les entreprises vont s’emparer de cette technologie. Et les différences peuvent être très marquées entre les acteurs d’un même secteur.

Les investisseurs sontils intéressés ? L’EDR Fund Big Data est un fonds moyen, mais qui a connu une forte croissance. Il valait 50 millions d’euros au 1er janvier 2016, et deux fois plus un an plus tard. Aujourd’hui, il gère 290 millions d’euros d’actifs. Il y a énormé­ment d’intérêt pour ce produit. La question des données n’est pas forcément facile à appréhender, mais tout le monde sent qu’il se passe quelque chose.

et il s’agit là d’un excès inverse à celui de l’Europe. Aux États-Unis, on sait que 145 millions de numéros de sécurité sociale ont été volés ces dernières années, soit quasiment ceux de la moitié de la population. Or, là-bas, ce numéro permet de faire énormément de choses. Entre le protectionnisme européen et l’anarchie des données américaines, il existe un énorme fossé. Mais je pense que ­l’Europe­va très vite revenir sur le RGPD tel qu’il est rédigé. Bruxelles se rendra compte de l’importance capitale des données pour avoir un secteur des services compétitif. La présence d’infrastructures de calcul telles que le high performance computing (HPC) est-elle nécessaire au développement de l’IA ?

Bien sûr qu’elle est importante. Mais il faut quand même admettre que la puissance des machines est une façon de pallier les déficiences des logiciels. Or, au fil de leur évolution, ceux-ci parviennent à faire plus avec moins de ressources. La puissance de calcul n’est donc nécessaire qu’au début du développement d’une nouvelle technologie.

L’intelligence artificielle prendra-t-elle la forme de robots humanoïdes dans le futur ?

J’en suis persuadé. Pourquoi les robots humanoïdes n’ont-ils pas percé jusqu’à maintenant ? Parce qu’ils ne savaient pas dialoguer. L’IA est donc la pièce manquante à leur développement. C’est ma conviction.

Comment imaginez-vous la société dans laquelle vivront vos petits-enfants ? Êtes-vous optimiste ?

Je suis optimiste, car je vois l’IA comme un assistant permanent et personnel. Dans le futur, nous paierons pour accéder à de l’expertise individualisée, comme nous payons aujourd’hui pour avoir des applications sur notre téléphone. On va vers le monde du coaching et de l’assistant personnel permanent. C’est comme ça que je vois l’IA. Mais je ne pense pas qu’elle pourra répondre aux problèmes de créativité ou qu’elle réussira à avoir de l’empathie et du bon sens. L’Homme restera donc in­contournable.

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« JE N’AIME PAS

PERDRE »

Peter Vandekerckhove a quitté son poste de numéro trois chez BNP Paribas Fortis en Belgique pour prendre les commandes du groupe KBL epb au Luxembourg au début de cette année. Sans modifier la stratégie définie par l’actionnaire qatari, il compte sur son tempérament pour faire accélérer l’entreprise dans la course à la consolidation européenne.

Auteur

Photos

Jean-Michel Lalieu

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Romain Gamba


Peter Vandekerckhove est venu au Luxembourg pour relever un nouveau défi.

Mai 2018 —

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C V E X P R E SS

Peter Vandekerckhove La banque dans le sang

ÉTAT C I V I L Né à Roulers, en Belgique néerlandophone, en 1959, Peter Vandekerckhove est marié et a deux enfants. Il est domicilié à Anvers. P R E M I E R S PA S Pressé de se lancer dans la vie active, il intègre la banque Ippa, se forme chez des agents de change et devient journaliste financier. D’abord pour l’hebdomadaire néerlandophone Trends, puis pour le quotidien économique De Tijd.

Monsieur Vandekerckhove, vous êtes au Luxembourg depuis quelques mois, quelles sont vos premières impressions ?

actif dans le retail que le corporate, alors qu’ici, je suis concentré sur le client en banque privée. Quels sont les éléments qui ont motivé

Je dois dire que c’est une ville très agréable. La votre choix ? capitale a bien évolué au cours des 10 ou 15 derJ’étais très content chez BNP Paribas Fortis, nous nières années. C’est vraiment une cité moderne. nous sommes d’ailleurs quittés dans les meilleurs En plus, les gens y sont accueillants. C’est un envitermes, mais j’avais 58 ans et je me disais depuis ronnement que j’apprécie. C’est vrai qu’au niveau quelque temps que si une opportunité intéressante des relations professionnelles, les gens sont plus se présentait, je serais prêt à la saisir. J’avais envie réservés. Ce n’est ni la culture belge, ni la française, de pouvoir faire quelque chose de différent, une pas l’allemande non plus, c’est un mix de tout cela. activité plus entrepreneuriale. Et cette opportuDonc, je m’amuse bien. nité est venue. Mais si ça n’avait pas été le cas, ça Et vos impressions sur vos nouvelles fonctions ? n’aurait pas été un problème, je serais resté dans Il s’agit toujours d’une fonction dans le secteur mes précédentes fonctions. Il ne s’agissait pas d’un financier dans lequel je navigue depuis de nombesoin existentiel, j’ai simplement pensé que ce breuses années. Le secteur de la banque privée, serait sans doute le dernier nouvel emploi dans que je connais bien également, est en pleine transma carrière. formation, mais c’était aussi le cas dans mon tra- Concrètement, comment votre recrutement vail précédent. Ce nouveau poste est donc en s’est-il passé ? Vous connaissiez déjà George continuité avec ce que je faisais auparavant, mais Nasra, le CE0 de l’actionnaire Precision Capital ? il est aussi très différent. KBL epb est une plus petite Oui, je le connaissais, mais je n’avais plus été en société. Elle est moins internationale, mais est à la contact avec lui depuis deux ans. Lorsqu’il m’a fois bien implantée au Luxembourg et dans quatre contacté, j’avais cette idée de changement qui me autres marchés étrangers, avec également une trottait dans la tête, ça s’est donc fait assez naturelprésence en Espagne. C’est une spécificité que l’on lement. J’étais prêt pour ce nouveau challenge. retrouve peu sur ce marché. Des banques locales Vous recentrer sur la banque privée, également présentes à l’étranger, à part la Bil et ça vous convient bien ? nous, je n’en vois pas. C’est un modèle totalement Oui, je vois déjà beaucoup de clients au Luxembourg différent d’une banque allemande qui dispose d’un et à l’étranger, c’est un aspect du métier qui me bureau ici, ça rend le job très intéressant. plaît beaucoup. Je rencontre des clients toutes les C’est donc quand même assez différent de semaines, j’ai toujours fait cela. vos anciens postes…

Oui, ne serait-ce que parce que les collaborateurs sont nettement moins nombreux, il faut envisager une autre manière de travailler avec les gens, de créer des compétences. Le regard sur le client est également différent. Auparavant, j’étais autant

76 —

­ — Mai 2018

Comment définissez-vous votre style de management ?

Je pense être quelqu’un d’assez direct, accessible, mais qui n’a pas beaucoup de patience. Je suis très orienté client, je suis convaincu que rien ne peut se faire sans lui. Mais j’attache aussi beaucoup

BANQUE PRIVÉE En 1992, il prend la direction de la banque Pierson, Heldring & Pierson Belgique, qui deviendra rapidement MeesPierson après fusion. Il en deviendra group CEO et gérera l’institution depuis son siège aux Pays-Bas. Il y a croisé Yves Stein, son prédécesseur chez KBL, qui a également occupé des fonctions managériales chez MeesPierson. L’ É P O Q U E F O RT I S En 1996, MeesPierson est acquise par le groupe bancaire belge Fortis. Il rejoint alors le comité exécutif de Fortis Private Banking. En 2004, il entre au comité de direction de Fortis, puis devient CEO des divisions Retail, Private banking et Entreprises. Il occupera ces responsabilités jusqu’en novembre 2017, qui en faisaient le numéro trois de BNP Paribas Fortis. HORS DES MURS Peter Vandekerckhove a été administrateur d’AG Insurance pendant 12 ans (2005-2017) et membre du conseil de BNP Paribas Asset Management (2010-2017).


« POUR MOI, IL Y A UN AVANT

Le banquier belge a dû affronter la crise Fortis au premier rang. Un événement qui l’a fortement marqué.

ET UN APRÈS-CRISE BANCAIRE.» Mai 2018 —

­ — 77


d’importance aux collaborateurs, j’aime être à leur contact. Pour être un bon manager, il faut faire preuve de caractère, être orienté vers le client, se montrer clair dans sa stratégie et la communiquer en permanence. Il faut que les décisions soient claires pour tout le monde. Il est important de communiquer, d’expliquer. Il faut encore se montrer agile, décider rapidement. Mais j’aime aussi innover, il faut que les choses bougent rapidement. Enfin, même si je n’en donne pas toujours l’impression, j’écoute beaucoup et j’utilise les idées des autres. Je ne peux pas tout inventer tout seul. Voilà, que dire de plus ? Ah oui : je n’aime pas perdre ! Vous êtes aussi quelqu’un qui est parti de la base, qui a gravi les échelons sans passer par la case université. Est-ce qu’à notre époque, vous seriez vous-même encore prêt à recruter des gens qui ont ce type de profil ?

Oui, tout de suite ! Je n’ai jamais demandé son diplôme à quelqu’un. Je n’ai aucune idée de ce que mes collaborateurs ont étudié. Ça ne m’intéresse pas. Ce que je veux, ce sont des gens qui affichent du caractère, de la passion pour ce qu’ils font.

Vous affichez un parcours qui est loin d’être banal puisque vous avez quasiment démarré comme journaliste…

En fait, j’ai démarré auprès de la banque Ippa comme secrétaire, puis je suis passé chez un agent de change bruxellois. J’étais, à l’époque, beaucoup impliqué dans l’analyse. J’ai pas mal pratiqué l’analyse technique et l’analyse fondamentale. À partir de là, j’ai donc effectivement commencé à écrire. J’ai démarré dans le magazine économique Trends (édition en néerlandais, ndlr) grâce à un journaliste qui m’avait repéré lors de différentes présentations. En 1987, j’ai été engagé pour le quotidien économique De Tijd, où j’ai notamment pris la direction de la lettre L’investisseur / De Belegger. J’ai fait ça pendant cinq ans, puis, comme récemment, j’ai ressenti un besoin de changement.

Un peu d’histoire

D E L A B E L G I Q U E AU QATA R 19 49

KBL fait un premier pas à l’étranger en prenant une participation dans Brown Shipley Holdings, une banque renommée à la City de Londres.

Une vaste enquête pour fraude fiscale est ouverte en Belgique et vise directement KB-Lux. Son patron de l’époque, le Belge Damien Vigny, sera arrêté lors d’un retour en Belgique en novembre 1997 et passera trois semaines en prison. Mais après 13 ans d’instruction, le procès tourne au fiasco. En cause, le dossier était basé sur des documents volés, des preuves jugées irrecevables par la justice belge.

19 8 6 19 9 0

2003

Nouvelle acquisition avec la reprise de l’institution belge Puilaetco Dewaay Private Bankers.

2004

En mars, KBC, contraint de réduire la voilure après la crise de 2008, annonce la vente de KBL au holding Precision Capital, représentant des intérêts qataris, pour 1,05 milliard d’euros. En mars 2011, un accord de cession avait été signé avec le groupe indien Hinduja, mais la CSSF s’était opposée à la transaction.

2012

78 —

­ — Mai 2018

En décembre, KBL cède ses activités françaises, estimant ne pas pouvoir atteindre la taille critique sur ce marché.

KBL décide de faire du private banking un des axes de sa stratégie.

19 9 6

2005

Et ça s’est fait… ?

Oui, à peine quelques semaines plus tard, j’ai été contacté par les responsables de la banque néerlandaise Pierson, Heldring & Pierson qui m’avaient repéré et m’ont demandé de lancer la banque sur le marché belge. Mais j’étais là depuis moins d’un mois quand ils ont fusionné avec un autre acteur pour créer MeesPierson, que j’ai donc développé sur la Belgique. En 1996, à la demande du président de la banque, j’ai rejoint le comité de direction et je suis parti vivre aux Pays-Bas, où j’ai intégré le département Asset management. Quelques mois plus tard encore, ABN Amro nous a vendus à Fortis et, de mon côté, j’ai commencé à m’occuper de banque privée tout en restant dans le comité de direction de MeesPierson. Au gré des fusions au sein du groupe Fortis, j’ai dû créer le pôle de banque privée en intégrant les divisions de la Générale de Banque dans 23 pays. Enfin, après avoir fait le tour du métier de banquier privé, on m’a confié l’activité Retail de Fortis. Ce que j’ai assuré de 2004 à fin 2017.

La banque privée KBL est officiellement constituée le 23 mai 1949 sous le contrôle du holding financier belge Almanij, également actionnaire de contrôle de Kredietbank en Belgique. Ses premiers guichets ouvrent quelques mois plus tard. Installée rue Notre-Dame, la banque ne compte que cinq personnes aux premières heures. Sa mission est d’apporter son concours financier à l’industrie, au commerce et au secteur public du Grand-Duché.

Acquisition de la banque privée néerlandaise Theodoor Gilissen.

En février, le holding Almanij finalise une OPA, qui consistait à reprendre l’ensemble des parts sociales de KBL. À partir de ce moment, KBL devient une filiale du groupe bancaire belge KBC.

2013

KBL devient KBL European Private Bankers pour souligner à la fois les racines locales de la banque et sa vision paneuropéenne.

2015

Au cours des dernières années, le groupe de banque privée a multiplié les acquisitions. Fin 2014, il reprend les activités d’UBS Belgique ; en juillet 2015, il acquiert Hampton Dean au Royaume-Uni ; en avril 2016, Insinger de Beaufort aux Pays-Bas et, en novembre 2017, les activités du suisse Lombard Odier, toujours aux Pays-Bas.

2 0 17


15&16 ARTIFICIAL INTELLIGENCE

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C’est aussi au cours de cette époque qu’est arrivée la grande crise financière qui a fortement secoué Fortis…

Oui, lorsque la crise s’est produite, à l’automne 2008, je faisais partie du comité de direction de Fortis.

Comment avez-vous vécu ces années de crise bancaire ?

de jouer un rôle dans ce mouvement de consolidation. J’ai aussi pu constater que dans chaque pays, les collaborateurs sont de grande qualité, nous pouvons à ce niveau rivaliser avec tous nos concurrents. Notre volonté est de grandir, nous sommes capables de le faire et nous allons y veiller dans chacun des cinq pays où nous sommes présents.

Pour moi, il y a un avant et un après-crise bancaire. Que voyez-vous comme grands défis à relever ? Ce sera comme cela pour toute ma vie. Cette crise Nous vivons dans un marché qui a ses défis, que ce m’a fortement marqué. Nous devions sauver la soit au niveau de la digitalisation, de la révision des banque, mais tout le monde était parti au niveau process, de la différenciation, de la compliance, ou encore au niveau fiscal. Nous avons l’avantage d’être du conseil de direction. Nous étions donc cinq ou six responsables à devoir rétablir la situation. Ça plus petits, donc plus agiles pour bouger plus vite. Mais nous avons aussi le challenge de devoir grana été très dur, je ne veux plus revivre cela. Nous sommes parvenus à stabiliser l’activité, les emplois, dir et d’atteindre un certain volume d’activité dans tous les pays. Ceci dit, si je compare notre situation mais j’ai subi des dégâts au niveau des relations, aux défis des plus grands acteurs en matière de des amitiés. Il fallait toujours avancer, même si digitalisation et d’adaptation à la clientèle, nous chaque fois qu’on ouvrait une porte, on découvrait n’avons pas à rougir de notre situation. une nouvelle tuile. Au final, nous avons eu beauComment voyez-vous le développement de coup de chance de tomber sur BNP Paribas.

Étiez-vous partisan de la reprise par le groupe français ?

Oui, j’étais dans le camp des gens qui étaient favorables à une vente à BNP Paribas. Nous avons pu faire ce deal qui, à mon avis, était le meilleur possible pour le groupe. C’est d’ailleurs la meilleure fusion que j’ai jamais réalisée.

À l’époque, cet accord a pourtant été pas mal critiqué.

Oui, mais malgré tout ce qui a été dit, je maintiens que signer le rachat de Fortis à cette époque, il fallait oser. La vente a été réalisée le 6 mars 2009. Il faut se souvenir de l’état des bourses et du monde le jour de cette signature.

KBL à moyen terme ?

Au niveau de l’entreprise elle-même, nous nous focalisons en premier lieu sur la valeur à apporter à la clientèle. Nous devons améliorer le service grâce à des outils digitaux. Ensuite, nous voulons préserver la grande proximité que nous entretenons avec notre clientèle grâce à nos différentes enseignes toutes bien implantées dans leurs marchés respectifs. Enfin, nous misons toujours sur la croissance externe, nous restons acheteurs de porte­feuilles, afin de gagner en volumes tout en développant une plateforme informatique qui reliera nos différentes entités, mais en leur laissant l’opportunité d’agir localement.

À la suite de cette crise, les banquiers ont été particulièrement visés. Beaucoup de citoyens se sont révoltés contre le fait de devoir payer par leurs impôts les erreurs des banques. Comment réagissez-vous à ces accusations ?

Vous êtes donc toujours à la recherche de nouvelles opportunités ?

Vous êtes donc désormais à la tête de KBL epb. Comment estimez-vous l’état de santé du groupe dont vous venez de prendre les commandes ?

Quelles sont les grandes missions qui vous ont été données par l’actionnaire à votre arrivée ?

Je les comprends. Je dis d’ailleurs toujours qu’il s’agit d’un métier uniquement basé sur la confiance. Et pour pouvoir obtenir cette confiance des gens, il faut démontrer son sérieux. Il faut être transparent, honnête dans la relation avec le client. Si l’on se comporte de cette manière, les gens sauront à nouveau se montrer confiants.

C’est une bonne banque qui est en pleine transformation. Énormément d’investissements ont été consentis dans de nouveaux systèmes informatiques, ainsi que dans la croissance des entités à l’étranger. Le groupe KBL est actif dans cinq pays avec de très belles marques. Nous sommes bien implantés. Il faut cependant bien observer qu’il s’agit d’un marché en pleine consolidation. Une vague de consolidation est en marche dans le haut du marché et une autre se produit entre les plus petites banques. Dans ce second mouvement, nous sommes un joueur important. Quand je vois ce qui a déjà été réalisé aux Pays-Bas et en Belgique, nous sommes capables

80 —

­ — Mai 2018

Oui, mais nous ne recherchons pas des acquisitions de 20 ou 30 milliards d’euros. Nous devons gérer une croissance raisonnable. Je n’ai pas pour objectif de doubler la part de marché, mais bien de renforcer chacune de nos enseignes par voie de consolidation. Nous cherchons donc des opportunités de taille raisonnable. Il n’y a pas de raison que ça ne marche pas ! Sur les marchés où nous sommes présents, nous disposons déjà de véritables entreprises locales. Maintenant, nous devons jouer sur les volumes.

On m’a simplement dit : « Prenez bien soin de cette banque ! »

Lors de la vente de la Bil, Precision Capital a annoncé que l’argent gagné permettrait d’assurer le développement de KBL epb. Cela vous donne-t-il les moyens de vos ambitions ?

Comme je viens de le dire, nous sommes acheteurs dans les marchés où nous sommes présents. Nous sommes à la recherche d’opportunités qui correspondent à notre modèle et grâce auxquelles nous pourrons nous développer.

Uniquement dans les marchés où vous êtes déjà présents ?

Il ne faut jamais dire jamais… Mais il faut bien voir que certains marchés, comme la France par


«  NOUS DÉVELOPPONS UN MODÈLE INTERNATIONAL,

L E G RO U P E K B L E N EU RO P E

ROYAU M E -U N I Brown Shipley Entrée : 1992

378 employés

6 succursales

PAYS - B A S InsingerGilissen (après fusion entre Theodoor Gilissen et Insinger de Beaufort) Entrée : 2003

334 7

BELGIQUE Puilaetco Dewaay Entrée : 2004

234 8

A L L E M AG N E Merck Finck Entrée : 1999

321 16

737

26*

LUX E M B O U RG KBL epb, Puilaetco Dewaay*

2

37 5

E S PAG N E KBL España Entrée : 2010

MAIS QUI LAISSE DE LA PLACE AUX SPÉCIFICITÉS LOCALES. » Mai 2018 —

­ — 81


exemple, sont déjà très consolidés. Nous ne voulons pas non plus trop nous éloigner de nos bases, nous sommes une société qui veut avant tout rester proche de ses clients dans un environnement où le niveau de richesse reste important. Au niveau des résultats, l’année 2016 avait vu une chute importante du bénéfice. La tendance reste-t-elle la même pour 2017 ?

Ce sera un meilleur exercice. Au cours des dernières années, nous avons procédé à d’importantes restructurations, nous avons investi de manière conséquente dans de nouveaux systèmes et dans le remodelage et la redéfinition de la stratégie de la société. Mais, aujourd’hui, quand je regarde l’activité dans les différents pays, j’observe de la croissance partout.

Dans une interview qu’il nous a récemment accordée, George Nasra expliquait que le minimum d’actifs sous gestion nécessaire par pays se situait désormais autour de 10 milliards d’euros. Jusque-là, vous parliez de 5 milliards…

La taille nécessaire pour assurer la rentabilité est en perpétuelle augmentation. Il faut toujours être un peu plus grand. Actuellement, pour l’ensemble du groupe, nous sommes aux alentours de 70 milliards d’euros d’actifs sous gestion, c’est donc relativement confortable.

Travail en équipe

L A GA R D E R A P P RO C H É E P ET E R VA N D E K E RC K H OV E G RO U P C EO

CA R L O F R I O B C EO Peter Vandekerckhove et Carlo Friob se sont déjà croisés auparavant. Il a notamment été general manager private banking chez BGL BNP Paribas. Il est entré chez KBL epb en mars 2014 pour gérer les activités luxembourgeoises, qui restent les plus importantes.

Et quels sont alors les marchés à développer prioritairement ?

Ceux dans lesquels nous sommes présents. Désolé, je ne peux pas en dire plus.

Vous ne ressentez pas de problème pour attirer du personnel compétent ?

Ce n’est pas un problème, même si on ressent parfois des tensions. La banque privée est devenue une activité assez populaire et tout le monde se bat pour trouver des talents. Mais j’observe que nous avons du personnel de qualité, que nous parvenons à fidéliser, et que des gens qui nous avaient quittés finissent par revenir. Il y a une atmosphère et une spécialisation qu’ils n’ont pas trouvées ailleurs.

La digitalisation, est-ce un grand défi pour une banque comme KBL epb ?

C’est effectivement un défi pour la banque privée. C’est important à la fois pour le support de la relation, le support de l’information ou de la connaissance, mais c’est aussi devenu indispensable dans la mesure où certains clients réclament désormais un accès entièrement digitalisé à leur banque. Notre avantage est que l’on ne doit pas tout digitaliser et qu’on n’a pas l’obligation d’être les premiers. Mais il faut quand même être un suiveur très réactif. Il faut voir ce qui marche et l’adopter. C’est différent d’une grande banque retail qui doit toujours prévoir un coup d’avance sur la concurrence. Nous pouvons donc assurer cette transformation à un coût inférieur et, à notre niveau, travailler avec des partenaires et développer des projets en commun. Notre agilité fait que nous pouvons bouger plus vite que d’autres.

Quel regard portez-vous sur le développement des robo-advisors ?

Avec les développements technologiques que nous connaissons, de nouveaux services vont se déve-

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­ — Mai 2018

N I C H O L A S H A RV EY D E P U T Y C EO (prochainement en poste) Deputy CEO au sein de Precision Capital depuis 2013, il devrait rejoindre KBL epb dans les prochaines semaines en tant que deputy CEO. Futur bras droit de Peter Vandekerckhove, il gérera notamment les futures opérations de fusions-acquisitions comme il l’a fait chez Precision Capital.

R AC H E L H A M E N G RO U P C F O Elle est entrée dans le groupe en février 2016 en tant que group CFO. Elle était auparavant CFO Continental Europe pour State Street Bank à Luxembourg.

B RU N O L È B R E G RO U P C H I E F O F W E A LT H M A NAG E M E N T S O LU T I O N S Il a rejoint la banque en 2017, en provenance de Société Générale Private Banking où il était membre du comité exécutif.

PAU L S C H O LT E N G RO U P C O O Formé chez ABN Amro, il a été chief operating officer chez Theodoor Gilissen, filiale néerlandaise de KBL epb, entre 2014 et 2016, avant de rejoindre la maison mère en septembre 2016.

SIEGFRIED MARISSENS S EC R ÉTA I R E G É N É R A L C O M P L I A N C E ET R EG U L AT O RY A F FA I R S Actif depuis 25 ans chez KBL, il a ajouté en janvier dernier les responsabilités Compliance et Regulatory affairs à ses fonctions de secrétaire général. Il a aussi rejoint le comité exécutif au début de cette année. Il a occupé différentes fonctions de dimension européenne dans le groupe.

A N T H O N Y SW I N G S G RO U P C H I E F R I S K O F F I C E R Il a rejoint KBL epb en 2002. Anciennement group head of risk, il a été nommé group chief risk officer au début de cette année et a également rejoint le comité exécutif.


Le nouveau patron de KBL epb veut encore élargir les horizons de la banque.

« JE VEUX DES GENS QUI AFFICHENT DU CARACTÈRE, DE LA PASSION POUR CE QU’ILS FONT. » Mai 2018 —

­ — 83


lopper à destination de la clientèle. Les robo-­ advisors vont s’améliorer et devenir un outil performant. Ce qu’on voit pour l’instant un peu partout dans le monde, c’est que sans vraiment avoir un pied dans le marché physique, ces modèles connaissent des difficultés à décoller. Les gens ont encore besoin de la confiance dans une marque, dans des conseillers. Mais à terme, le marché va devenir totalement hybride. De mon point de vue, à l’avenir, on verra plus de banques développer le robo-advising que des robo-advi­ sors se transformer en véritables banques. C’est donc la machine qui va s’intégrer dans la banque. Mais je ne pense pas que ce soit au niveau de ce type de concept que la robotisation aura le plus d’impact. La véritable révolution, elle se passera au niveau du remodelage des produits, des processus, de l’expérience consommateur en lien avec la robotisation. Toutes les banques seront impactées de cette manière et, j’ose le dire, dans cinq ans, les services offerts par les banques seront bien meilleurs qu’actuellement. Les systèmes seront plus légers, plus rapides, plus accessibles. Même le service humain sera meilleur dans un environnement digital que dans un environnement physique.

EN CHIFFRES ÉVO LU T I O N D U R É S U LTAT N ET D E K B L E P B (en millions d’euros) 90 80 70 60

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2016

Ce sont donc des évolutions importantes…

On ne peut plus gérer une banque comme on le faisait il y a à peine cinq ans. Premièrement, parce que le secteur est devenu beaucoup plus réglementé. Mais ensuite, parce que la nouvelle génération qui arrive, les millennials, veut travailler dans un environnement moins hiérarchisé, plus transparent et où les gens peuvent s’exprimer différemment. Pour le secteur, ce sont d’importants changements qui ne sont pas évidents à gérer. Il faut les assimiler tout en continuant à se montrer performant. Mais c’est la manière dont le monde est en train d’évoluer. Il ne faut donc absolument pas imaginer que l’on n’est pas concerné par ces évolutions. Le changement sera profond en permanence, ce n’est pas près de s’arrêter. Mais les gens qui sauront s’adapter aux clients, rester proches d’eux et leur offrir les meilleurs services possible s’en sortiront.

Comment expliquez-vous cela ?

C’est comme ça ! Des études montrent que la satisfaction des consommateurs est bien meilleure par rapport à une machine qu’à un contact humain. Mais, en revanche, les mêmes personnes n’admettent pas que l’on supprime le contact humain. Et bientôt, elles ne voudront plus non plus que l’on retire la machine. De là découle la direction que l’on prend vers un modèle hybride. Celui qui n’a pas compris cela a du souci à se faire.

À partir de cette analyse, comment définiriez-vous les atouts et faiblesses d’une banque comme KBL epb ?

KBL epb travaille-t-elle aussi à ces transformations ?

Oui, sinon je ne serais pas là.

Avez-vous des affinités particulières pour les nouvelles technologies ?

Je me suis toujours intéressé à l’impact des technologies sur l’économie en général et donc forcément dans le domaine bancaire. D’autant que, dans mes anciennes fonctions, vu la masse importante de clientèles, il fallait être à la pointe.

D’après vos premières observations, les banques luxembourgeoises sont dans le bon train de la digitalisation, elles n’accusent pas de retard ?

C’est difficile de répondre, je ne regarde pas vraiment où en sont les autres. Ce que l’on observe, c’est que les filiales d’une banque avancent dans le processus de digitalisation selon la vitesse donnée par la maison mère. La digitalisation avance à plus grands pas au Danemark qu’en Italie, une banque danoise au Luxembourg sera donc plus en avance dans le processus qu’une succursale de banque italienne.

AVO I R S S O U S G E ST I O N E N P R I VAT E B A N K I N G (en milliards d’euros) 55 50 45 40

Comment décririez-vous l’évolution du métier de banquier privé ?

L’évolution technologique au niveau mondial fait que tout est en train de changer. Nos vies changent,

84 —

­ — Mai 2018

les systèmes politiques changent, les moyens de déplacement changent, donc la banque change aussi. C’est inévitable. Nous baignons dans cette phase de transformation comme tous les autres acteurs. Il faudra donc devenir suffisamment spécialisé, accessible et également responsable, donner l’image d’une banque honnête. De manière générale, les gens ne veulent plus avoir affaire à des sociétés qui font la une des médias pour un scandale ou l’autre. Ils veulent appartenir à une communauté, il faudra pouvoir leur proposer. Éviter le clinquant et de dépenser de l’argent à tort et à travers.

2013

2014

2015

2016

SOURCE Rapport annuel 2016 KBL epb

Nous sommes vraiment un ensemble de banques locales présentes sur leurs marchés respectifs. Nous ne sommes donc pas dans le cas d’une banque qui serait sortie de ses frontières pour s’implanter sur d’autres territoires. Nous avons racheté des sociétés qui étaient vraiment imbriquées dans la communauté de leur pays. C’est un modèle tout à fait différent de tout ce que je connais sur la Place grand-ducale. C’est un premier atout. Ensuite, nous avons une histoire déjà ancienne dans tous ces pays, nous avons l’agilité et des modèles de services que nous pouvons développer sur les marchés locaux. Au niveau des enjeux digitaux, nous nous positionnons comme un fast follower qui peut proposer des applications intéressantes à ses clients à un niveau de coûts raisonnable, dans la mesure où nous travaillons avec des partenaires extérieurs. Enfin, nous disposons dans chaque pays d’un personnel extrêmement qualifié et qui affiche un grand engagement par rapport à notre modèle.

Vous essayez de préserver des modèles culturels différents selon le pays ?

Nous essayons d’obtenir le meilleur des deux mondes. Nous développons un modèle international, mais qui laisse de la place aux spécificités locales. Qu’il s’agisse des développements technologiques ou du personnel, nous voulons pouvoir


«  NOUS SOMMES CAPABLES DE JOUER UN RÔLE DANS

Le group CEO estime avoir les moyens financiers et les équipes pour assurer la mission qui lui est confiée.

CE MOUVEMENT DE CONSOLIDATION.» Mai 2018 —

­ — 85


former un groupe de 2.000 personnes dans 50 villes d’Europe, qui partagent la culture d’entreprise et les compétences technologiques. Le meilleur exemple est sans doute notre plateforme informatique qui sera bientôt implantée dans les différents pays. Mais, en même temps, nous accordons une latitude importante aux entités nationales. Et les clients, eux, sont-ils prêts à prendre plus de risques aujourd’hui ?

Il faut effectivement bien expliquer aux gens que l’on ne peut rien obtenir sans risque. Mais mon rôle n’est pas de pousser les gens à prendre des risques. Il est de leur expliquer comment faire pour préserver et développer leur capital à un niveau de risque raisonnable. Nous sommes prudents, mais nous pouvons aussi nous montrer innovants par rapport aux possibilités d’investissements tout en respectant les normes réglementaires.

« DANS CINQ ANS, LES SERVICES OFFERTS PAR LES BANQUES

En Belgique, BNP Paribas Fortis a annoncé en mars son intention de faire payer ses conseils aux fortunes intermédiaires (entre 80.000 et 250.000 euros). C’est apparemment une tendance qui se développe. Risque-t-elle d’atteindre le Luxembourg ?

Avec l’environnement de taux bas que nous connaissons, les banques vont devoir se rémunérer d’une autre façon. Si elles veulent continuer à payer leur personnel, rémunérer leurs clients et offrir des dividendes à leurs actionnaires, elles doivent pouvoir obtenir une rémunération correcte pour leurs services. Mais, au final, c’est le marché qui arbitrera entre ceux qui doivent mettre en place de telles règles et ceux qui n’en ont pas besoin.

Une question plus philosophique pour conclure : vous vous occupez des intérêts des 10 % de la population la plus riche dans un monde où les inégalités se creusent. Vous sentez-vous interpellé par cet aspect de votre métier ?

Si on fait les choses correctement, je n’y vois pas de problème. Nous sommes passés d’un monde où beaucoup de choses pouvaient se faire à un autre où tout n’est plus permis. Vous pourrez voir dans ce que j’écris, comme dans les conférences que je donne, que je prêche toujours pour une banque responsable et qui se conforme aux règles en vigueur. Ces règles ne sont pas juste mises en place par un régulateur, elles émanent d’une demande de la société. Pour obtenir la confiance des gens, il faut agir de la manière dont la société attend que vous le fassiez. Il faut donc se montrer correct. Mais une fois qu’on respecte ces principes, prendre en charge le capital que quelqu’un a gagné ou hérité et veut transmettre à ses enfants est un métier tout à fait honorable. Si on ne le faisait pas bien, ce ne serait évidemment pas le cas. De ma propre expérience, j’estime que la situation s’est assez bien améliorée en 20 ans.

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SERONT BIEN MEILLEURS QU’ACTUELLEMENT.»


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Auteur

Thierry Raizer Photographe

Anthony Dehez


LE FINDEL À TIRE-D’AILE Le terminal A de l’aérogare était inauguré il y a 10 ans. En une décennie, l’infrastructure a épousé un secteur en pleine croissance et a poursuivi sa mue.

Pilier Malgré l’arrivée de nouvelles compagnies, Luxair reste le pilier de l’aéroport, tant en matière de vols que de services.

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230 Mieux connue sous le nom de Lux-Airport, la Société de l’aéroport de Luxembourg, détenue par l’État, est l’opérateur du site. Un employeur aussi, pour quelque 230 collaborateurs.

1946 Après avoir servi de terrain de jeu dès les années 30 pour les passionnés d’aviation, un premier bâtiment de bois faisant office de terminal a été inauguré en 1946. L’aéroport de Luxembourg voyait le jour.

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1962 Reprenant le flambeau de Luxembourg Airlines, Luxair décolle pour la première fois vers Paris. Au Fokker inaugural se sont succédé différents appareils au fil des ans. La compagnie aérienne en possède actuellement 18 de marques Boeing (6) et Bombardier (12).

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Double croissance En 2017, Luxair a transporté 7 % de passagers supplémentaires « en airline » et 9 % de plus avec Luxairtours, soit près de deux millions de passagers.

Business La clientèle d’affaires représente une part importante des activités du Findel, estimée par ses responsables à 50 %. Un taux élevé qui pousse les responsables du site à penser leur approche autour de la qualité.


Certification L’Administration de la navigation aérienne (Ana) vient d’obtenir une reconnaissance, ISO 14001, pour les efforts réalisés depuis 2013 par rapport à « la lutte contre les nuisances sonores, la qualité de l’eau et du sol, le tri des déchets, la qualité de l’air, la gestion de la flore et de la faune, l’impact sur le climat et les émissions de CO2 ».


Missions À Lux-Airport l’exploitation du terminal, à l’Ana de gérer les paramètres qui permettent aux avions de décoller et d’atterrir grâce à ses quelque 200 collaborateurs.

Espace aérien Sans compter la surveillance des avions qui empruntent l’espace aérien luxembourgeois, l’Ana doit gérer les mouvements de la quinzaine de compagnies aériennes qui opèrent depuis le Findel vers 79 destinations.

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Vision Depuis les prémisses de l’Ana en 1949 par le vote d’une loi, l’administration poursuit sans cesse sa modernisation et son intégration dans la vie du pays. Après la certification ISO 14001, l’Ana souhaite obtenir la certification européenne Eco-management and Audit Scheme (Emas) traitant l’environ­nement. Les trajectoires de vol et l’espace aérien vont être adaptés pour plus d’efficacité. Signe des efforts, du miel « made in Findel » sera produit en partenariat avec Lux-Airport.

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Célébration C’est le 25 avril 2008 que la fin des travaux a officiellement été célébrée, avec la cérémonie d’inauguration du nouveau terminal, en présence de la famille grand-ducale, des responsables politiques au grand complet et de nombreux invités du monde institutionnel et des entreprises. La mise en service a eu lieu le 21 mai suivant.

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Objectifs Le coup d’envoi des travaux menant à la construction du nouveau terminal a été donné le 17 décembre 2003 par la pose de la première pierre. Le communiqué du gouvernement indiquait à l’époque que le bâtiment conçu par Architectes Paczowski et Fritsch devait répondre à quatre exigences majeures: fonctionnalité, sécurité, sûreté et design. En 2017, le site a accueilli 3,6 millions de passagers, une augmentation de près de 600.000 unités sur un an.


Commerce Le début de l’année 2016 était marqué par une moder­ nisation de l’offre com­ mer­ciale de l’aéro­port. De nouveaux contrats de baux étaient signés l’été précédent avec Lagardère Travel Retail, SSP et Valora Luxembourg, un premier Starbucks et un Press & Books avaient ouvert leurs portes dans le hall public et un Aelia Duty Free dans l’espace d’embarquement. Plus largement, le Findel représente 5,1 % du PIB national.

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Avenir Doté depuis 10 ans d’un nouvel outil de travail auquel est venue s’ajouter la remise en service du terminal B, la prochaine vision de développement du site s’appelle « Airport City ». En exploitant les terrains autour des terminaux, des infrastructures hôtelières, des centres d’affaires et des services verront le jour dans une dizaine d’années.

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DOSSIER DIGITAL

Stratégies

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1 CONTRIBUTIONS

LES FACTEURS-CLÉS DE SUCCÈS D’UNE TRANSMISSION/REPRISE D’ENTREPRISE Pascal Rapallino (group family 100 office leader & executive committee member, SGG)

MAX

Gouvernance : les clés d’une 80 MAX transmission réussie

Laura Ferber Junior partner (Ferber Hair & Style)

Gérard Szele Chef propriétaire (Le Fin Gourmand)

Antoine Clasen Directeur général (Caves Bernard-Massard)

TABLE RONDE FAMILY BUSINESS

Paul Irthum (head of family business services, Degroof Petercam Luxembourg)

Reprendre le flambeau familial

Trois recommanda­ tions aux entreprises familiales

La transmission d’une entreprise familiale est toujours une aventure chargée en émotions. C’est pourquoi elle doit être suffisamment bien préparée, afin que chacun trouve sa place, sans heurts, et que les idées puissent mieux s’exprimer. Il en va de la pérennité de l’entreprise.

I

ls ont choisi de reprendre l’entreprise familiale à la suite de leurs parents ou envisagent de la céder aux membres de la génération suivante. Emile Weber, représentant de la cinquième génération de dirigeants à la tête de l’entreprise familiale de transport qui porte son nom, se retrouve dans chacune de ces situations. « Quand je suis entré dans l’entre­ prise, elle était gérée par mon père et mon oncle. Aujourd’hui, nous sommes quatre gérants, issus des deux branches, et nous sommes en train de préparer la génération suivante à prendre la relève. » La transmission d’entreprise ne s’improvise pas. Il faut tenir compte des nombreux enjeux, des collaborateurs historiques, des habitudes en place, des liens forts qui existent vis-à-vis de l’entreprise. « Parachuter un enfant à la tête de l’entreprise, ça ne marche pas, confirme Antoine Clasen, qui a repris la direction des Caves Bernard-Massard à la suite de son père. Quand on arrive, il faut y trou­ ver sa place et se faire accepter. » 102 —

­— Mai 2018

Dans les cuisines du Fin Gourmand, Gérard Szele et son fils Nicolas travaillent désormais ensemble. Le père s’occupe de la gestion administrative, et le fils des commandes. C’est en cuisine qu’ils se retrouvent tous les jours. « Mon fils m’a rejoint après avoir appris auprès de grands chefs européens. Ce n’était pas forcé­ ment mon souhait, mais ça a été son choix, explique Gérard Szele. Le plus difficile a été de le faire accepter. Après qu’il m’a rejoint, 50 % du personnel a fait le choix de partir. Pour les autres, il a fallu composer avec. Il est essentiel que chacun trouve sa place. » Laura Ferber se souvient aussi de son arrivée et de celle de son frère à la tête du réseau de salons Ferber Hair & Style. « Nous avons adopté un mode de gestion collégial, mon père, ma mère, mon frère et moi. À notre arri­ vée, il a fallu établir de nouvelles règles. Les gérants ont été bousculés dans leur zone de confort. Il a fallu un peu de temps pour apla­ nir les choses et mettre en place une nouvelle dynamique. » S. L.

1. Planifiez la transmission en détail et sans retard. 2. Formulez une vision partagée des propriétaires en dirigeant avant tout la famille. 3. Administrez l’entreprise en faisant appel à des externes dans le conseil consultatif/conseil d’administration.

2 CONTRIBUTION

CARTE BLANCHE Yves Even (associé & responsable du secteur commercial et privé, EY)

Le digital, un potentiel stratégique à explorer

Si les entreprises familiales ne peuvent plus se permettre d’attendre, elles ne doivent pas pour autant se précipiter. Une stratégie méticuleusement préparée et bien orientée, conciliant les besoins et particularités de l’entreprise avec les exigences du marché, constitue une base essentielle…

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)

Emile Weber Gérant-associé (Voyages Emile Weber)

Dans le cas d’une entreprise familiale cédée à un tiers, mais dont une partie des actifs du fondateur fera 150 MAX l’objet d’une donation au profit des enfants qui n’ont pas souhaité reprendre l’entreprise, la question de la capacité des enfants à gérer cette somme d’argent, souvent très conséquente, va se poser.


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010110011101101110011000010110110100100000011000010110110001101001011100010111 011000010110110100100000011100010111010101100001011001010111001001100001011101000 EXPLIQUE 010000001110110011011110110 0111010101110000011101000110000101110100011001010110110100101110001000000101010101110100001000000110010101101110011010 1011010010000001100001011001000010000001101101011010010110111001101001011011010110000100100000011101100110010101101110 1001011000010110110100101100001000000111000101110101011010010111001100100000011011100110111101110011011101000111001001 0101101101001000000110010101111000011001010111001001100011011010010111010001100001011101000110100101101111011011100110 0110110100100000011101010110110001101100011000010110110100100000011000110110111101110010011100000110111101110010011010 1100110010000001110011011101010111001101100011011010010111000001101001011101000010000001101100011000010110001001101111 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espresso conversations envies Elle permet à l’argent des uns de bénéficier aux autres. En page 106, Tonika Hirdman explique son rapport à son propre argent. Aider les managers à gérer leur stress. Quelques clés en page 108. En sortie, Frédéric Humbel et Vinciane Istace ne laissent rien au hasard. Surtout pas leur style, en page 110. Une bouffée d’air frais pour un appartement en bord de mer du Nord, en page 112. À l’Arsenal lors de la Biennale, découvrez en page 114 la présence du Luxembourg à Venise. Au Bosque Fevi et en page 116, Carole Lorang, présidente de la Theater Federatioun, partage ses objectifs. Mai 2018 —

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ARGENT COMPTANT TONIKA HIRDMAN

« J’ai un côté luthérien » Donner, c’est donner

Votre devise en matière d’argent ? « Ce n’est pas celui qui en a le plus qui est riche, mais celui qui en donne le plus. » Il s’agit d’une citation du psychologue allemand Erich Fromm. J’aime cette phrase parce que je constate que, de plus en plus, l’argent est utilisé comme un moyen de mesurer le succès personnel. C’est très regrettable. Si la liste des 500 plus grandes fortunes de Forbes était remplacée par celle des plus grands donateurs, le monde serait très différent. Et vous, pour quelles causes pourriez-vous vous montrer la plus généreuse ? Celles qui travaillent pour les enfants vulnérables, notamment ceux qui sont victimes de conflits. Ce sont des êtres innocents et qui représentent le futur. Vous pratiquez vousmême le bénévolat ? Je donne de l’argent pour certaines causes, mais j’ai aussi dédié ma vie professionnelle à faciliter la philanthropie en canalisant des fonds pour des causes qui en ont besoin. Je considère donc que plus je donne de mon temps dans mon travail, plus j’aurai un impact.

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Luthérienne

Des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense ? Il n’y en a pas vraiment. J’ai un côté luthérien, je réfléchis donc sérieusement avant de passer à l’achat.

Gaspillage

Un exemple de dépense « stupide », selon vous ? Il y en a beaucoup, mais je regrette avant tout le gaspillage alimentaire. Toutes ces dépenses qui finissent à la poubelle alors qu’il y a tant de gens dans le besoin. Je suis moi-même coupable, on achète tous trop et on laisse passer les dates de validité. Et une qui énerve, mais à laquelle on n’échappe pas ? Il y a quelque chose qui m’énerve vraiment, c’est ce matériel électronique qui cesse de fonctionner après deux ans et qu’il faut constamment remplacer. Je n’aime pas l’idée que l’on se soit habitué à jeter les choses plutôt qu’à les réparer. Or, c’est de plus en plus le cas.

Avez-vous déjà connu des problèmes financiers ? Non, pas vraiment, mes parents étaient tous les deux fonctionnaires. Nous n’avons donc jamais été très riches, mais nous n’avons jamais connu de problèmes financiers non plus. En plus, je suis plutôt économe, je ne vis jamais au-dessus de mes moyens. Est-ce que vous budgétez vos dépenses mensuelles ? Jusqu’à un certain point, oui. Avec mon mari, nous partageons la gestion de nos dépenses privées. Nous planifions les dépenses pour pouvoir mettre de l’argent de côté afin de réaliser des voyages. Toujours ce côté luthérien… [rires]. Les gens d’Europe du Nord sont bien organisés, structurés.

CV EXPRESS Venue de Suède il y a 12 ans, Tonika Hirdman (52 ans) dirige la Fondation de Luxembourg depuis sa création en 2009. D’abord active pour les Affaires étrangères dans son pays, elle rejoint la banque ABN Amro en Suède en 2000. En 2006, elle s’installe au ­Luxembourg en tant que country executive pour ABN Amro. Depuis son départ, il y a neuf ans, elle en est aussi la présidente du comité de direction.


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Soutien à l’art Tonika Hirdman prend la pose au Mudam, soutenu par différentes entités de la Fondation de Luxembourg.

Craquer… ou pas

Pour quel luxe sacrifiezvous occasionnellement de l’argent ? Pour voyager. Pas plus tard que ce dimanche, je pars à Cuba, pour une traversée du pays (l’interview a été réalisée à la fin mars, ndlr). J’ai souvent voyagé, c’est un peu dans mes gènes. J’aime voir des choses différentes. Votre dernier achat plaisir ? J’ai récemment craqué pour une aquarelle dans une galerie au centre de Luxembourg. C’était vraiment un achat spontané et qui me donne beaucoup de plaisir. Je ne suis pas du tout collectionneuse d’art, mais celle-là a vraiment attiré mon attention.

Plus actions que fonds

Investissez-vous à titre personnel ? Un peu, oui, pour assurer de l’épargne. Et quand je le fais, j’investis plutôt dans des actions que dans les fonds, que je trouve assez coûteux. Le dernier investissement que j’ai fait était assez particulier, j’ai acheté des actions d’une plantation de noix de pécan en Argen­ tine. C’est un projet mené par un ami. Je crois beaucoup en ce projet, la noix de pécan est un aliment très nutritif, il peut donc apporter de la valeur dans différentes directions. Chaque fois que j’investis, je regarde d’ailleurs l’impact de la société dans laquelle je le fais. Vous suivez régulièrement vos investissements ? Oui, mais pas autant qu’il ne faudrait. Ceci dit, je suis au conseil d’administration du fonds de pension public suédois, où l’on discute beaucoup d’investissements, surtout des investissements durables, ce n’est donc pas quelque chose qui m’est étranger.

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TEXTE Jean-Michel Lalieu PHOTO Edouard Olszewski

Le cadeau que vous vous êtes offert avec votre premier salaire ? Étudiante, je travaillais le week-end dans un supermarché à Stockholm. J’ai donc pu m’offrir un nouveau vélo. Aujourd’hui encore, je reste passionnée de vélo, mais toujours en tant que moyen de transport.


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COMPÉTENCES BIEN-ÊTRE

Gérer son stress Il touche tout le monde et peut devenir contre-productif, voire nocif. Les managers doivent apprendre à le gérer, mais ils ont également un rôle central pour le faire diminuer au sein de l’entreprise.

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La responsabilité des managers Le manager a en effet un rôle central pour diminuer le stress négatif dans son équipe. Soumis à des pressions de sa hiérarchie, il peut parfois avoir tendance à reporter cette tension sur les employés sans rôle décisionnel. « L’entreprise doit prendre conscience de sa responsabilité dans le phénomène du stress, estime le psychiatre Patrick Légeron, fondateur du cabinet Stimulus, basé à Paris. Pour ce faire, elle doit en définir les causes et chercher à en réduire les sources pour ses employés. » Six contextes différents pouvant générer du stress ont été répertoriés par les spécialistes : l’intensité du travail, l’exposition aux émotions fortes (métiers du social), le manque d’autonomie, le rapport humain avec son manager, l’absence 108 —

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MARC JACOBY Médecin du travail, ArcelorMittal « Nous sommes engagés sur la pro­ blématique du stress depuis plus de huit ans. Nous avons développé un ensemble d’actions ciblant tous les niveaux de prévention, que nous faisons évoluer en continu. La force de notre programme est d’agir non seulement sur la prévention secon­daire du stress, qui vise entre autres

de sens de son activité et l’insécurité liée au changement. « Le manager est l’une des clés de la réduction du stress au tra­ vail, ajoute Patrick Légeron. De nom­ breuses études montrent que dans des contextes d’organisation du travail iden­ tiques, le stress peut être plus ou moins

à améliorer la résilience de chacun face au stress, mais également en amont, sur ses causes. Lors des visites médicales périodiques, nous effectuons systématiquement une évaluation de la perception du stress, ce qui nous permet d’avoir une bonne vue sur l’impact de ces mesures et de pouvoir intervenir de façon très personnalisée. »

élevé en fonction du management prati­ qué. » Et d’ajouter : « La formation des managers est aujourd’hui concentrée sur la notion de performance, alors qu’il est également nécessaire de bien savoir manager de l’humain pour faire croître une entreprise. » J. M.

PHOTOS DR

our certains, c’est un moteur. Pour d’autres, un frein. Le stress est une constante chez les managers, qui doivent apprendre à le gérer. Il est le fruit d’une réaction face à une situation considérée comme une menace. « Il s’agit d’une émo­ tion, d’un instinct et donc d’une énergie qui peut devenir une ressource si on arrive à la maîtriser », explique le coach Thierry Delperdange. Par contre, s’il s’inscrit dans le temps et se traduit par un état latent de tension et de fatigue, il peut mener à l’épuisement, puis au burn out. « Conscientiser son stress et en chercher ses causes est une première étape qui va permettre de le fluidifier, précise Thierry Delperdange. Pour le manager, il s’agit souvent de mettre des mots sur son mode de fonctionnement et de comprendre en quoi il diffère par rap­ port à ceux avec qui il entretient des rap­ ports conflictuels. » Cette étape permettra non seulement d’apaiser le chef d’équipe, mais aussi ses collaborateurs, qui se laissent bien souvent contaminer par le stress de leur supérieur.


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MÉTIER DU FUTUR SUPPLY CHAIN ANALYTICS SPECIALIST

PATRICK ITTAH Partner, cabinet de consultance informatique Up « Nous sommes une petite structure d’une quinzaine de personnes et la réponse la plus évidente que nous avons trouvée pour diminuer le stress de nos employés, notamment durant les périodes de remise de rapports, a été de changer de locaux. Cela a représenté un gros

investissement pour nous, mais en choisissant des bureaux plus grands, en repensant les espaces à la fois individuels et collectifs, mais aussi en se plaçant dans une zone très bien connectée en termes de mobilité, nous avons observé des améliorations très nettes. »

La logistique dans son ensemble est devenue une pièce essentielle dans la compétitivité des entreprises. L’ère du big data offre de nouvelles perspectives au secteur.

Que fait-il ? Il recueille et analyse les données générées dans l’ensemble de la filière logistique pour améliorer la gestion des achats et des flux de matières premières et de marchandises. Il doit trouver le bon compromis entre différents critères de performance. À un niveau supérieur, il conçoit et améliore l’efficacité et l’efficience des processus logistiques et de la chaîne d’approvisionnement.

Quelles sont ses compétences ? Il a besoin d’avoir une vision analytique claire pour élaborer les bons modèles nécessaires à l’analyse de processus aussi complexes. Une compétence primordiale est la capacité à manipuler, gérer et traiter les données, qui sont bien souvent non structurées.

Quelle est sa formation ? Au Luxembourg, l’université propose un master en logistique et gestion de la chaîne d’approvisionnement, disponible au Luxembourg Centre for Logistics and Supply Chain Management (LCL). Cette formation lui permet d’accéder à des postes-clés au sein de l’organisation.

Combien gagne-t-il ? Il peut gagner entre 70.000 et 100.000 euros brut par an selon son expérience.

Une qualité-clé ?

Avis d’expert ? POUR ALLER PLUS LOIN Le stress au travail – Un enjeu de santé, septembre 2009, Éditions Odile Jacob, 23,90 euros. Pour qui s’intéresse à la question du stress en entreprise, ce livre est incontournable. Le psychiatre français 08 _ LEGENDE-TITRE Patrick Légeron, l’un des pionniers dans l’étude ce phénomène, 08_legende et de estrunteni inverup y parcourt les différentes facettestature, de cette « formidable mécanique offic te pos eniscie nimu­ qui devrait être un moteur d’action, estquis devenue vrai risque sanmais discid a demuninctotate pour la santé ». Il rappelle également le coût économique global ab intibusdae. causé par le stress.

« La filière logistique s’est transformée de façon spectaculaire au cours des dernières années, en grande partie en raison de la prévalence des systèmes de données et d’information. Les entreprises qui comprennent comment tirer parti de leurs chaînes d’approvisionnement sont celles qui réussissent. » Benny Mantin, directeur du LCL.

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ILLUSTRATION Hadi Saadaldeen (Maison Modzrne)

Être capable de diriger et d’organiser des projets en impliquant plusieurs personnes, car la collaboration humaine reste au cœur des métiers de la logistique.


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STYLE SORTIE

Comment définissezvous votre style ? « Très classique, d’obédience anglaise ‘country wear’. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Le costume trois-pièces de mariage d’un arrièregrand-père de mon épouse, qui date de 1935 environ. »

« C’est le grand drame de ma vie : mon fils n’aime pas les costumes en tweed. »

Avec quel styliste pourriez-vous vous pacser ? « Le légendaire Hardy Amies (Karl Lagerfeld me fait trop peur). »

Quel est votre dernier achat mode ? « Une casquette confec­ tionnée dans la même étoffe qu’un costume que j’avais déjà. »

Quel faux pas à ne pas commettre ? « Avoir cravate et pochette dans le même tissu. »

Que porter pour une soirée de gala ? « Chemise blanche, nœud papillon noir, veston en velvet dark navy, pantalon motif tartan, montre noire. »

Qui vous a donné le sens du style ? « Sebastian Flyte (Anthony Andrews dans la série Brideshead revisited, d’après le roman éponyme d’Evelyn Waugh). »

Quelle pièce voulezvous transmettre ? « C’est le grand drame de ma vie : mon fils n’aime pas les costumes en tweed. »

Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? « Basics and Bespoke (2, rue du Marchéaux-Herbes). »

Frédéric Humbel

Coordinateur général, Fond-de-Gras

TEXTES France Clarinval

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Avec quel styliste pourriezvous vous pacser ? « Je suis fidèle au stylisme italien, car la coupe fait le vêtement et ils ont encore le sens des courbes et des formes. J’aime Roberto Cavalli et je regrette qu’il soit si difficile de trouver Prada à Luxembourg, à moins d’être diabolique… »

Quelle pièce voulezvous transmettre ? « Le choix ne m’appartient pas. Il y aura sûrement l’un ou l’autre perfecto de cuir à tête de mort, qui ne sont ni plus ni moins que le retour de ces fameuses vanités. »

Comment définissezvous votre style ? « Inattendu ou imprévisible… Je suis hors des sentiers battus et des dogmes. Éclectique, je laisse souvent mon humeur et l’énergie du jour dicter ma tenue. L’habit révèle plus qu’il ne cache. »

Quel est votre dernier achat mode ? « Un manteau long en laine couleur fraise de Patrizia Pepe, pour sortir de la morosité hivernale et des nez qui coulent. »

Qui vous a donné le sens du style ? « Le goût de vivre, l’ingéniosité des créateurs qui sont de vrais artisans des ma­ tières et assemblages et explorateurs de silhouettes. La provocation de Vivienne Westwood aussi. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Une veste en lapin rasé teinté bleu Majorelle YSL. Je l’ai achetée il y a sans doute 30 ans dans une braderie à Namur. Aucune occasion de la porter à l’horizon, et pourtant je l’ai achetée… et je l’ai toujours. C’était la veste du premier pas dans l’audace et la couleur. »

Quel faux pas à ne pas commettre ? « S’habiller en dépit de sa silhouette. Le coupe doit suivre le corps et non l’inverse. »

« Je laisse souvent mon humeur et l’énergie du jour dicter ma tenue. » Que porter pour une soirée de gala ? « Je mise toujours sur un élément phare, soit une couleur intense, soit un accessoire audacieux, comme des chaussures dont la beauté dépasse le confort, mais qui seront le hit de la soirée. »

Vinciane Istace Associée, PwC

PHOTOS Mike Zenari

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ARCHITECTURE RÉSIDENCE SECONDAIRE

Avec vue sur la mer 1

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

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ARCHITECTE Architecture + Aménagement LOCALISATION Belgique SURFACE 89 m2 LIVRAISON 2017

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L

es propriétaires de cet appartement ont transformé ce bien situé dans une résidence face à la mer du Nord en Belgique. Afin de profiter pleinement de cette situation privilégiée, ils ont souhaité réaménager le plan de ce logement à deux chambres. Traditionnellement, ces appartements bénéficient d’une double orientation, avec un salon-salle à manger complété par une terrasse donnant vers la plage et deux chambres à coucher à l’arrière avec balcon. La cuisine et la salle de bains sont considérées comme des pièces fonctionnelles, aussi elles ne disposent pas de fenêtre et sont plutôt étroites. Partant de cet état des lieux, les propriétaires ont souhaité développer en collaboration avec l’architecte un nouvel espace qui permette une perspective à travers tout l’appartement, tout en conservant la possibilité de refermer les espaces pour préserver

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l’intimité, grâce à un système de cloisons coulissantes. Plutôt que de conserver deux chambres et une petite salle de bains, les maîtres d’ouvrage ont souhaité avoir une plus grande chambre avec dressing et salle de bains ouverte donnant sur un balcon. La cuisine est aussi largement transformée pour devenir ouverte sur l’espace à vivre, qui gagne ainsi en luminosité et en générosité d’espace. Ces modifications ont nécessité des travaux lourds de structure, puisque les murs porteurs et quelques colonnes ont dû être abattus. Ils ont été partiellement remplacés par des poutres directement intégrées dans les nouveaux faux plafonds. Les installations électrique, sanitaire et de chauffage ont été refaites à neuf. Du point de vue des matériaux, les tons clairs et les matières chaleureuses sont privilégiés. On trouve du chêne blanchi pour le parquet, du Corian dans la cuisine et la salle de bains. Les meubles de rangement sont réalisés sur mesure en bois laqué mat blanc, ce qui crée une ambiance lumineuse et douce. Des claustras en bois viennent structurer l’espace sans le refermer complètement. Ces lamelles verticales permettent ainsi de délimiter une zone d’entrée entre la cuisine et le salon, et l’espace de la salle de bains à l’arrière. C. C.

1 2 3 4

L’appartement a été réaménagé afin d’ouvrir généreusement l’espace vers la mer. Grâce à un aménagement sur mesure, l’espace de la chambre est optimisé. L’espace de vie s’ouvre généreusement entre le salon, la salle à manger et la cuisine. Les claustras structurent l’espace de la salle de bains sans le refermer.

4

PHOTOS Liesbeth Goudenhooft

Le bureau Architecture + Aménagement a réalisé pour un maître d’ouvrage privé la transformation d’un appartement situé en bord de mer, faisant basculer un bien désuet en un lieu de villégiature moderne et confortable.


POST Golf Circuit 2018 05 - 06.05 09 - 10.06 23.06 08 - 09.09

Golf de Belenhaff à Junglinster Golf de Preisch Golf de Clervaux Golf Club Kikuoka à Canach

Réservé aux membres et invités. Formule de jeu : Stableford, Hcp 0-54


ENVIES

CULTURE BIENNALE DE VENISE

Arsenal, nous voilà ! Comme au Musée d’art de São Paulo, le sol peut être utilisé pour des fonctions publiques.

LA BIENNALE DE NOS VOISINS En plus de l’exposition internationale Freespace, il est possible de découvrir les expositions des pavillons nationaux.

PAVILLON ALLEMAND Cela fait 28 ans que l’Allemagne a été réunifiée, autant d’années que le mur de Berlin a existé. À cette occasion, les commissaires ont voulu tisser des liens entre les questions actuelles, la thématique générale du freespace et le processus de guérison en tant que phénomène spatial dynamique. Pour cela, ils ont examiné la zone de l’ancienne frontière, un vide spatial sans précédent.

PAVILLON BELGE

le luca

– luxembourg center for architecture présente, en collaboration avec le master

d’architecture de l’université du luxembourg, l’exposition the architecture of the common ground, au pavillon luxembourgeois à la

T

ous les deux ans, le monde de l’architecture se donne rendez-vous à Venise pour la Biennale. Mais cette année aura une saveur particulière pour le Luxembourg, car pour la première fois, le pavillon du Grand-Duché se trouve dans les espaces « officiels », à savoir dans la salle d’armes de l’Arsenal, et accède par là à une visibilité supérieure. Les commissaires, Florian Hertweck et Andrea Rumpf, ont choisi de porter plus loin la réflexion amorcée en 2016 autour du logement et se penchent sur « la probléma­ tique du foncier, de son accès, ainsi que de l’usage qui est en fait au cœur du problème du logement au Luxembourg », explique Andrea Rumpf. « La pression du foncier a pour conséquence que le prix du terrain devient souvent plus important que le prix de la construction. C’est un débat avec une forte dimension politique, mais les archi­ tectes ont aussi un rôle à jouer », précise Florian Hertweck. Aussi, les commissaires proposent de découvrir leurs recherches qui 114 —

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16e biennale d’architecture de venise.

les ont menés « dans l’histoire de l’architec­ ture pour identifier des projets qui, impli­ citement, répondaient à cette question de l’accès du public au terrain, même s’il s’agit d’un terrain privé », détaille Andrea Rumpf. À partir de ces recherches, ils ont élaboré « un atlas de projets qui ont l’ambition de réagir à cette question du sol, une sorte de relecture de l’histoire de l’architecture plus engagée, explique Florian Hertweck. Car même si les terrains ne sont pas publics, il est possible de concevoir des projets qui offrent de l’espace accessible et poreux à des usages publics. » Par ailleurs, le propos est enrichi par des expérimentations de projets génériques développés dans le cadre d’un projet de recherche avec des ingénieurs. « Bien sûr, cette exposition n’est pas un mode d’emploi pour fabriquer la ville, mais un manifeste pour une architecture plus engagée dans un contexte de surprivatisation urbaine », conclut Florian Hertweck. C. C. Du 26 mai au 25 novembre, www.architecturebiennale.lu

PAVILLON FRANÇAIS L’équipe d’Encore Heureux présente dans Lieux infinis des pratiques où le concept de « freespace peut être un lieu d’opportunités, un espace démocratique, non programmé et libre, pour des utilisations encore non définies ». Elle a ainsi repéré « des lieux pionniers qui, à leur façon, explorent de nouvelles pistes grâce à des processus tactiques et audacieux ».

PHOTO Lina Bo Bardi

La clé est dans le sol

Avec Eurotopie, les commissaires du pavillon belge mettent en perspective le quartier européen à Bruxelles, un quartier qui, dans le vocabulaire international, est devenu le siège de la prise de décision, mais qui, pour les Bruxellois, est un quartier qui impose le partage d’espace. Aussi, le pavillon belge propose de recréer un espace de discussion, de débat et d’engagement, de découvrir comment les architectes peuvent contribuer à bâtir l’espace démocratique européen.



ENVIES

RESTAURANT À TABLE AVEC

Carole Lorang SAINT-JACQUES ET TOMATES. Le deuxième service arrive et con­ firme l’impression du premier plat : le chef aime le mélange d’influences et a choisi de belles assiet­ tes, blanches mais originales dans leur forme. Servir la Saint-Jacques snackée sur une mozzarella avec arole Lorang a fait des études de des tomates concassées, pignons mise en scène à Bruxelles et se de pin, raisins secs et pesto, c’est voyait déjà « diriger un lieu où audacieux. Pour la directrice, il être metteur en scène de la pro­ est important que le théâtre grammation ». Elle a grimpé les « s’inscrive dans la région et en échelons d’assistante à metteuse en scène, soit le reflet ». Elle veut ainsi veila créé sa propre compagnie, le Grand Boube, ler à proposer une programmaet s’est impliquée dans la politique culturelle tion qui soit complémentaire de à la Theater Federatioun. Elle considère son ce qui existe déjà ailleurs, y comarrivée à la tête du Théâtre d’Esch comme pris à Luxembourg. « Les spécifi­ « une évolution normale de mon travail ». cités d’Esch, comme son passé MÉTROPOLE DU SUD . Arrivée au Théâtre sidérurgique, sa forte immigra­ d’Esch le 1er mars, elle est déjà très impliquée tion, la présence de l’université dans la scène locale et voulait donc déjeuner et de centres de recherche doivent dans l’un des restaurants de la ville. Au cœur être prises en compte. » Au rang du parc Gaalgebierg, le Bosque Fevi était le des nouveautés qu’elle apportera, lieu idéal, avec sa carte aux saveurs méditer- on peut compter sur une nouvelle ranéennes. Nous choisissons le menu du midi, identité graphique et un nouveau qui commence avec un amuse-gueule au sau- site internet d’ici une grosse année. PRODUCTION NATIONALE. Arrive mon, avant de poursuivre avec une soupe crémeuse de poireau et coco, scampi, cou- le plat : du riz façon paëlla avec teaux, moules, couenne de calamar. « Être filets de rouget, haricots verts à directrice me permet de comprendre des la ciboulette et aïoli, plus clasrouages dont je n’avais pas idée quand je sique. Un autre aspect que Carole Lorang veut collaborais avec l’un ou l’autre théâtre », mettre en avant est celui des auteurs, metexplique Carole Lorang, à la tête d’une équipe teurs en scène et créateurs locaux. Elle ambid’une quarantaine de personnes, bientôt ren- tionne aussi de faire évoluer les manières de forcée d’un chargé de communication et d’un travailler pour « mener des projets à long médiateur scolaire. terme, plutôt que les éternelles pièces à trois personnages, montées en six semaines pour trois ou quatre bosque fevi représentations ». Ainsi, elle 50, Gaalgebierg envisage des résidences qui Esch-sur-Alzette laissent le temps aux projets Tél. : 50 02 28 d’être développés. Direction Violant Tarrach Le dessert fait aussi preuve Chef Fernando Andreu d’inventivité avec un biscuit au Son 76 dB thé matcha avec sorbet à la betTempérature 23° C terave et orange. Si la saison Couverts 50 prochaine est largement programmée par son prédécesseur, Addition du jour Charles Muller, Carole Lorang a quand même mis son grain de 2 verres de vin 13,00 € sel en lançant des propositions 2 menus 70,00 € pour la jeunesse et des projets 2 eaux 7,00 € Total 90,00 € participatifs. F. C.

Metteuse en scène et présidente de la Theater Federatioun, Carole Lorang vient d’arriver à la tête du Théâtre municipal d’Esch-sur-Alzette. L’occasion de parler de sa vision pour l’institution autour d’un repas au Bosque Fevi.

C

116 —

­ — Mai 2018

MAIS AUSSI MA SPÉCIALITÉ EN CUISINE « J’aime cuisiner les spécialités asiatiques et j’adore les soupes. Cela donne des soupes vietnamiennes comme des pho. »

MA CANTINE À ESCH « Je vais volontiers à La Fiorentina, qui sert une cuisine italienne familiale, sans prétention, mais toujours généreuse et fraîche. »

PHOTOS Mike Zenari

UN RESTO POUR CÉLÉBRER « Un de mes coups de cœur est le Bonifas à Nospelt. La cuisine est inventive et originale, le personnel est très sympa et l’ambiance est conviviale. »


It’s BBQ o’Clock!

JAM BBQ

CATERING WINDSOR Notre BBQ pour vos events d’été

Live Cooking & DJ Set

Atelier de découverte autour du BBQ OFYR

MEAT KING

RESTAURANT L’ATELIER DU WINDSOR & SERVICE CATERING WINDSOR 5, rue des Mérovingiens • Bertrange Tél: +352 26 39 93 • www.atelierwindsor.lu Contactez-nous au +352263993 ou à restaurant@windsor.lu


INDEX

ENTREPRISES PERSONNES PUBLICITÉS

1 100,7 16, 22 A ABBL 32 ABN AMRO 36, 108 ACKERMANN JORG 32 AD INDUSTRIE 28 ADAM CLAUDE 16 ADMINISTRATION DE L’ENREGISTREMENT ET DES DOMAINES 20 ADMINISTRATION DE LA NAVIGATION AÉRIENNE 88 ADMINISTRATION DES CONTRIBUTIONS DIRECTES 48 ADR 16 AELIA DUTY FREE 102 AG INSURANCE 74 AGAAJANI SHAHRAM 122 AGRICULTURAL BANK OF CHINA 32 AIRBUS 28 AIRPORT COUNCIL INTERNATIONAL 40 ALMANIJ 74 AMAZON 38, 48, 74 ANDRADE CARLOS 30 APPLE 38, 60 ARCELORMITTAL 108 ARCHITECTES PACZOWSKI ET FRITSCH 88 ARCHITECTURE + AMÉNAGEMENT 114 ASSELBORN JEAN 48 ASSELBORN-BINTZ SIMONE 16 ASSOCIATION LUXEMBOURGEOISE DES JOURNALISTES PROFESSIONNELS 22 ASSOCIATION LUXEMBOURGEOISE DES ORGANISMES DE SÉCURITÉ SOCIALE 20 ASSOCIATION POUR LA SANTÉ AU TRAVAIL DU SECTEUR FINANCIER 24 ATEL 34 ATELIER WINDSOR 117 AUTORITÉ EUROPÉENNE DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 40 AVIS 60

B BACK NORA

24 BAILLIE SASHA 22 BAM 44

118 —

­ — Mai 2018

BANCONTACT 38 BANK OF CHINA 32 BANQUE CENTRALE D’AUTRICHE 32 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 40 BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE 32, 40 BANQUE DE LUXEMBOURG 36 BANQUE ET CAISSE D’ÉPARGNE DE L’ÉTAT 36 BANQUE INTERNATIONALE À LUXEMBOURG 21, 36, 74 BAUSCH FRANÇOIS 44 BELFIUS 38 BETTEL XAVIER 16 BEZOS JEFF 38 BGL BNP PARIBAS 36, 74 BITFLYER 48 BIVER CLAUDE 16 BLOOMBERG 48 BMW 6 BOEING 28 BONIFAS 122 BOSQUE FEVI 116 BOURSE DE LUXEMBOURG 32 BRAM 10 BRITISH AIRWAYS 40 BROWN BROTHERS HARRIMAN 38 BRYSINA VALENTINA 26 BUSCH ÉRIC 26

C

CABINET COLLIN MARÉCHAL 42 CABINET STIMULUS 110 CAHEN CORINNE 20 CAMBRIDGE ANALYTICA 16, 38 CAVES BERNARD-MASSARD 102 CBRE 22 CEGECOM 73 CENTAUR FUNDS SERVICES 32 CENTRE COMMUN DE LA SÉCURITÉ SOCIALE 20 CERATIZIT 42 CHAHINE CAPITAL 38 CHAHINE JACQUES 38 CHAMBRE DES DÉPUTÉS 16, 18 CHAMBRE DES SALARIÉS 20, 40 CHINA CONSTRUCTION BANK 32 CHINA EVERBRIGHT BANK 32 CHINA MERCHANTS BANK 32 CHINALUX 32 CLUSTER ECOINNOVATION 44 COMMISSION EUROPÉENNE 20, 48 COMMISSION NATIONALE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES 16 CONSEIL DE PRESSE 22

CONSEIL POUR LE DÉVELOP­ PEMENT ÉCONOMIQUE DE LA CONSTRUCTION 44 CONSORTIUM INTERNATIONAL DE JOURNALISTES D’INVESTIGATION 48 CONTERN 44 COTTER SUZANNE 16 COUR DE JUSTICE DE L’UNION EUROPÉENNE 48 COURS AT HOME 20 CREDIT SUISSE 32 CREDITREFORM LUXEMBOURG 40 CREOS 26 CRUCHTEN YVES 16 CRYAN JOHN 32 CSSF 32, 40, 48, 74 CSV 16

D

DATACENTER 45 DATATHINGS 26 DBRS 40 DE LA BACHELERIE VÉRONIQUE 32 DE TIJD 48 DEGROOF PETERCAM 102 DÉI GRÉNG 16, 48 DÉI LÉNK 16 DELANNOY MÉLANIE 30 DELIVEROO 20 DELOITTE 36 DELPERDANGE THIERRY 108 DELPY JULIEN 22 DELVOYE WIM 16 DENTONS 20 DER SPIEGEL 60 DESTENAY GAUTHIER 122 DEUTSCHE BANK 32 DEWITTE DIRK 32 DIGICASH PAYMENTS 38 DIW BERLIN 42 DOCLER 26, 30, 123 DOUKAS PANAGIOTIS 44 DP 16, 20, 48 DUCROCQ DAVID 30 DUMONT CHRISTEL 20

E

EDITPRESS 22 EDITUS 115 EDMOND DE ROTHSCHILD 60 EDR FUND BIG DATA 60 EMERGENZA 22 EMERTEC 28 ENTREPRISES STREFF 29 ÉRARD EMMANUEL 44 ESMA 48 EUROCONSULT 30 EUROSTAT 40

EVEN YVES 102 EWALD NOWOTNY 40 EY 106

F

FACEBOOK 16, 38, 74 FEIERKROP 18 FERBER HAIR & STYLE 102 FERBER LAURA 102 FIAT 48 FIN GOURMAND 102 FISCH NORMAN 24 FITCH 40 FLORENTIN CHARLES-ALBERT 44 FOND-DE-GRAS 112 FONDATION DE L’ARCHITECTURE 122 FONDATION DE LUXEMBOURG 108 FONDATION IDEA 40 FONDS DU LOGEMENT 44 FOOTBOT 44 FORTIS 74 FORUM 18 FOUQUET FRANÇOIS 26 FRANCIS YVES 36 FRATSCHER MARCEL 42 FRIEDEN LUC 48 FRIOB CARLO 74 FUJITSU 25 FÜLÖP MÁRTON 26

G

GALANTINI KARINE 30 GAVRAY GWENAËL 38 GINTZBURGER THOMAS 44 GLODEN LÉON 16 GOLDEN I 46 GOMSPACE 30 GOOGLE 38, 60 GOVSAT 30 GRAFF CATHERINE 42 GRAMEGNA PIERRE 36, 48 GRANDS MOULINS DE PARIS 44 GROUPE LOSCH 48 GROUPE STEFFEN 2, 44 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

GRZYMLAS WALTER

28

HAMEN RACHEL HAMPTON DEAN HARTMANN THOMAS HARVEY NICOLAS HAYS

74 74 26 74 20

H


INDEX

HERTWECK FLORIAN HERTZ HINDUJA HOFFMANN GUY HOUSE OF START-UPS HOUTSCH ROLAND HSBC HSS HUMBEL FRÉDÉRIC

I

114 60 74 32, 36 22 16 38, 48 38 110

IBM 60 ICT SPRINGS 79 IMMOTOP.LU 30 INDUSTRIAL AND COMMERCIAL BANK OF CHINA 32 ING 36,37, 38 INOWAI 22 INSINGER DE BEAUFORT 88 INSTITUT NATIONAL POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LA RSE 24 IPPA 74 IRTHUM PAUL 102 ISTACE VINCIANE 110 ITTAH PATRICK 108

J, K

JACOBY MARC 108 JACQUEMIN ARNAUD 32 JLL 22 JORENS YVES 20 JOYEUX CARINE 30 JUNCKER JEAN-CLAUDE 48 KBC 38, 74 KBL EPB 8, 36 KESCH MARC 30 KIA 19 KNEBELER CHRISTOPHE 24 KLEOS SPACE 30 KNAUF 44 KOCH DAVID 44 KONSBRÜCK CLAUDINE 16 KREDIETKANK 74 KURSCHAT INES 22

L

LA CAMBRE 122 LA FIORENTINA 122 LAGARDÈRE TRAVEL RETAIL 88 LALLEMANG THIERRY 16 LAMBERTY CLAUDE 16 LANCELOT 26 LANNERS JACQUES 42 LCGB 24 LE SOIR 48 LÈBRE BRUNO 74 LECOUSTEY BRICE 34 LÉGERON PATRICK 108 LEKO HOMES 44 LES JARDINS D’ANAIS 31 LINKEDIN 26 LOMBARD ODIER 88 LORANG CAROLE 116 LSAP 16, 20, 48 LUX-AIRPORT 88 LUXAIR 88

LUXAIRTOURS 88 LUXEMBOURG CAPITAL PARTNERS 32 LUXEMBOURG CENTER FOR ARCHITECTURE 116 LUXEMBOURG CENTRE FOR LOGISTICS AND SUPPLY CHAIN MANAGEMENT 108 LUXEMBOURG FOR FINANCE 32 LUXEMBOURG HOUSE OF FINTECH 48 LUXEMBOURG INSTITUTE OF SCIENCE AND TECHNOLOGY (LIST) 44 LUXEXPO THE BOX 22 LUXINNOVATION 22, 44 LUXITE ONE 44 LUXNETWORK 44

M

MAAS YVES 32 MCDONALD’S 48 MAISON MODERNE 22 MANTIN BENNY 108 MARCIREAU JACQUESAURÉLIEN 60 MARISSENS SIEGFRIED 74 MARKS & CLERKS 65 MARTINO PASCAL 36 MARX CLAUDE 48 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

MASQUELIER FRANÇOIS 34 MEESPIERSON 74 METAFORM ARCHITECTS 122 MICHELS DAN 16 MILLICH RICCARDO 38 MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE 22 MOAWAD ASSAAD 26 MORELLI JEAN-DOMINIQUE 20 MOSCOVICI PIERRE 48 MOSSACK FONSECA 48 MOULIN WILLIAM 22 MULLER CHARLES 116 MUSÉE D’ART MODERNE DE LUXEMBOURG 16 MUSK ELON 60 MUTSCH LYDIA 16

N, O, P

NAIN GRÉGORY 26 NASDAQ 38 NASRA GEORGE 74 NEGRI ROGER 16 NEOBUILD 44 NEXTEN.IO 26, 101, 103 NOWOTNY EWALD 32 OBERWEIS MARCEL 16 OC INTERNATIONAL 44 OCDE 48 OGBL 24 PANDOMUS 38 PAPERJAM CLUB 22

PARTI PIRATE 16 PAYCONIQ 38 PECKELS PAUL 22 PHILHARMONIE 36 PHUNG LU NGOC 38 PID 16 PIERSON, HELDRING & PIERSON 74 PILLOT JULIEN 22 PLANETARY RESOURCES 30 POST 113, 124 POUDRERIE DE LUXEMBOURG 28, 44 PRECISION CAPITAL 74 PRESS & BOOKS 102 PRINS DUKE 38 PROLINGUA 30 PUILAETCO DEWAAY 74 PWC 32, 48, 87, 114

R

RAIFFEISEN 32, 36 RAPALLINO PASCAL 102 RAUSCHER JEAN 60 REDING VIVIANE 48 REMAX 20 RESULTANCE 12, 13 RIFKIN JEREMY 20 ROLEX 4, 5 ROMMES JEAN-JACQUES 20 RTL 20, 48 RUMPF ANDREA 114

S

SAFRAN 28 SAINT-PAUL 22 SAMSUNG 22 SARO RECRUITMENT 30, 44 SATURNE TECHNOLOGY 28 SAXO PAYMENTS 36 SCHMIT NICOLAS 20 SCHNEIDER ÉTIENNE 22, 42, 44, 48 SCHOLTEN PAUL 74 SCHROEDER ANNE 30 SCHULER JEAN-PAUL 22 SCHWALL FRANCIS 44 SES 30, 42 SEWING CHRISTIAN 32 SGG 102 SHIPLEY HOLDINGS 74 SIA PARTNERS LUXEMBOURG 38 SIWECK JEAN-LOU 22 SKYPE 40 SLM SOLUTIONS 28 SNCI 39 SOCIÉTÉ DE L’AÉROPORT DE LUXEMBOURG 88 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 32, 74 SOCIÉTÉ LUXEMBOURGEOISE DU RANGEMENT 27 SODEXO 28 SPACEX 30, 60 SPIRE 30 SSP 88 STANDARD & POOR’S 40 STARBUCKS 88

STATE STREET BANK 74 STATEC 40 STEIN YVES 74 STOLDT JÜRGEN 18 SWINGS ANTHONY 74 SZELE GÉRARD 102 SZELE NICOLAS 102

T

TANSON SAM 16 TECHNOPORT 48 TESLA 38, 60 THEATER FEDERATIOUN 116 THÉÂTRE MUNICIPAL D’ESCH-SUR-ALZETTE 116 THEODOOR GILISSEN 74 THILL JACQUES 22 THIRY PATRIZIA 24 TIR NAOUELLE 30 TOMORROW STREET 22 TRIBUNAL DE LUXEMBOURG 40 TRUMP DONALD 38 TURKISCH AIRLINES 43 TURMES CLAUDE 42

U, V, W, Y, Z

UBER 20, 38 UBS BELGIQUE 74 UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES 20 UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG 116 UP’ 110 VALORA LUXEMBOURG 88 VAN ROMPUY HERMAN 36 VANDEKERCKHOVE PETER 74 VENANT KRIER 44 VESTAGER MARGRETHE 48 VODAFONE 22 VOLKSWAGEN 48 VOYAGES EMILE WEBER 106 WAGENER MARC 40 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

WAGNER DAVID 16 WASHINGTON POST 38 WEBER EMILE 102 WERNER PIERRE 48 WISELER CLAUDE 16 YEUNG AMANDA 32 YOAKÉ 35 YSEOP 60 ZEIMET LAURENT 48 ZUCKERBERG MARK 38

Mai 2018 —

­ — 119


OURS

Mai 2018 dir ecteur de la publication

Richard Karacian r édacteur en chef

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­— Mai 2018

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m r e t d i m u.s.

s n o i t c ele r eg istr at i o r eq n uir ed pa p at er j am. clu b

e t a b de

8 AY 2 01 Y 17 M A D S R THU

A series of electoral contests will play out in different states on Tuesday 6 November 2018. What would the consequences of these elections be for Europe and Luxembourg? Behind the candidates and the parties, what are the positions and policies? This debate will oppose representatives of Democrats Abroad Luxembourg and Republicans Overseas Luxembourg. This event will be a chance for US expats as well as global citizens who are eager to make sense of the direction America is taking to hear first-hand both sides of the issues that will determine the outcome of these upcoming midterms.

VENUE Arendt House 41 avenue JF Kennedy L-2082 Luxembourg

AGENDA 18:30 Welcome cocktail 19:00 Welcome speech 19:10 Debate 20:30 Networking cocktail

PARTNERS

JAMES O’NEAL Republicans Overseas Luxembourg

NATHALIE BACHIRI Democrats Abroad Luxembourg


CELEBRATING LUXEMBOURG SHAHRAM AGAAJANI

« Donner la chance à tout le monde de s’épanouir »

EN BREF Modèle d’intégration Né en 1976 en Iran, arrivé au Luxembourg en décembre 1989. En 2001, Shahram Agaajani obtient son diplôme d’architecture avec magna cum laude (grande distinction) à La Cambre, Bruxelles. En 2003, il cofonde Metaform Architects.

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­ — Mai 2018

autres. C’est à travers le développement de ces infrastructures que les architectes luxembourgeois ont, pour certains, eu la chance de se positionner sur le plan européen, voire international. Aussi faut-il insister sur les effets positifs des réglementations européennes en termes d’appels à candidatures pour le secteur public, mais également du travail de l’Ordre des architectes en matière d’encadrement et de suivi de ces concours. Ensuite, on ne peut pas le nier, la spéculation joue un rôle important. En effet, le secteur privé a très vite compris que miser sur une architecture de qualité pourrait s’avérer plus lucratif. Ces principales raisons font qu’aujourd’hui, l’architecture luxembourgeoise n’a pas à se cacher, et le développement de notre pays laisse des envieux au delà de nos frontières. Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg ? Si, pendant une certaine période, le Luxem­ bourg était estampillé comme étant essentiellement un paradis fiscal, il faut dire

En 2012, il devient président de l’asbl Opinions.

aujourd’hui que les avancées sociétales et le développement des nouveaux secteurs d’activité attirent beaucoup plus d’intérêt à l’international. Quand avez-vous été particulièrement fier du Luxembourg ? J’ai ressenti une grande fierté lorsque j’ai découvert la photo de Gauthier Destenay, sur laquelle il posait tout sourire lors d’un G7 aux côtés des épouses des plus grands de ce monde… Quel contraste ! Quelle ouverture d’esprit ! Quelle chance ! Voilà un des atouts de notre pays, à savoir donner la chance à tout le monde de pouvoir s’épanouir librement sans stigmatisation.   T. R. Retrouvez la version intégrale de cet entretien sur maisonmoderne.com/celebratingluxembourg

PHOTO Gaël Lesure ILLUSTRATION Metaform

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aison Moderne continue à mettre en avant les ambassadeurs du pays au travers de Celebrating Luxembourg. Shahram Agaajani et ses associés sont reconnus internationalement avec le bureau Metaform Architects, fondé en 2003. Ils ont été choisis pour signer le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle à Dubaï en 2020. Un chantier excep­­tionnel qui les a poussés à ouvrir récemment un bureau sur place. Monsieur Agaajani, comment se positionne l’architecture luxembourgeoise à l’international ? Nous vivons un moment historique. Jamais dans notre pays l’architecture n’a été au centre des débats et concours (publics et privés) avec autant d’intérêt. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, notre pays n’a pas connu de véritable crise économique au cours de ces dernières années. L’État a continué en effet à investir dans les infrastructures scolaires, médicales, logistiques et

Il a été membre du comité de direction de la Fondation de l’architecture en 2008-2009 puis membre du conseil d’administration en 2010-2011.



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