26 minute read

FRANZ FAYOT

«  L’avenir du Luxembourg réside dans une économie à haute valeur ajoutée, décarbonée et digitalisée »

L’économie luxembourgeoise, résiliente face à la crise, devrait connaître – si le Covid reste sous contrôle – une reprise parmi les plus dynamiques en Europe,

se réjouit le ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP). Ce qui lui permet de mettre l’accent sur sa priorité : la transition vers une économie verte et digitale. Interview PIERRE PAILLER Photo ANDRÉS LEJONA

Franz Fayot, s’il admet que des incertitudes subsistent quant à l’évolution du Covid, est confiant en ce qui concerne la rapidité de la reprise économique au Luxembourg.

Estimez-vous que le tissu économique luxembourgeois a bien résisté à la crise ? Nous avons globalement bien tenu le choc. Très peu de faillites ont eu lieu en comparaison avec les années précédentes. Et s’il y a eu un peu plus de liquidations volontaires, cela laisse supposer que certaines entreprises ont cessé leur activité – mais de manière volontaire.

De même, au niveau macroéconomique, nous avons une récession de 1,3 %, ce qui est très peu pour le choc que nous avons subi en comparaison européenne et internationale. En mars et avril, l’économie a tout de même été presque mise à l’arrêt quelques semaines. Nous nous sommes bien repris par la suite.

Les perspectives économiques de l’OCDE (voir encadré) sont positives, en particulier pour le Luxembourg. La sortie de crise est palpable ou on continue à marcher sur des œufs ? Selon les prévisions, il existe une perspective claire de reprise et de relance. Et le Luxembourg est parmi les plus rapides à s’en sortir dans la zone euro. Nous avons des nances publiques très saines, un endettement bas, des investissements publics élevés. Et nous avons maintenu notre niveau d’investissements : c’est notre meilleur atout pour redynamiser la reprise et la relance.

Mais nous marchons un peu sur des œufs, car l’incertitude subsiste à propos de la rapidité de la campagne de vaccination, des vaccins qui ne produiraient plus leurs e ets à cause des variants et du spectre d’une nouvelle vague à l’automne.

La structure de l’économie luxembourgeoise a-t-elle aidé à surmonter cette crise ? Être en grande partie une économie de services nous a bien sûr beaucoup aidés, au vu du recours très large au télétravail. Les services nanciers ont tourné normalement pendant le Covid. Mais aussi les services de digitali-

«  Après un an et demi de gestion de crise, nous avons les repères pour mieux gérer une nouvelle vague. »

BIO EXPRESS

Militant LSAP Né le 28 février 1972, Franz Fayot s’inscrit au LSAP en 1994. Il en devient le président en 2019.

Avocat d’a aires Il exerce à partir de 1997 en tant qu’avocat associé au sein du cabinet Elvinger Hoss & Prussen jusqu’en 2015, puis en tant qu’associé au sein du cabinet FischFayot jusqu’à son entrée au gouvernement.

Ministre Élu député en 2013 et en 2018, il arrive au gouvernement le 4 février 2020 en tant que ministre de l’Économie et ministre de la Coopération.

sation, qui ont très bien performé pendant la crise et ont compensé la perte de vitesse sur d’autres activités.

Les aides massives aux entreprises ont-elles eu l’e et escompté ? Nous avons très largement subventionné l’économie. On peut comparer cela à un incendie au-dessus duquel nous sommes passés avec un canadair : nous avons fait en sorte de l’éteindre avec des aides très larges. Notre dispositif a été le plus généreux en matière d’aides, avec une panoplie extrêmement vaste : du chômage partiel jusqu’aux délais de paiement, en passant par les aides directes aux entreprises. L’aide la plus massive ayant été le chômage partiel, puisque de nombreuses entreprises de tous les secteurs y ont eu recours. C’était le let de sauvetage pour toute l’économie.

Mais le recours à celles-ci a fortement varié d’un secteur à l’autre… Les secteurs les plus touchés – l’horeca et l’événementiel – ont eu un recours massif aux aides. Cela a également été le cas pour les indépendants ou les commerces, surtout durant les périodes où ils étaient fermés.

Mais d’autres y ont eu beaucoup moins recours : la construction, une fois sortie du premier con nement à la n du mois d’avril, a tourné normalement. Même chose pour les entreprises de services – les services nanciers, mais aussi les services au sens large, notamment ceux liés à la digitalisation.

Comment allez-vous organiser la sortie de ces subventions ? La première phase vient e ectivement à son terme. Il faut désormais en sortir et revenir à un rythme de croisière. Nos dispositifs d’aide restent certes accessibles jusqu’en octobre, mais ils sont beaucoup plus ciblés : le chômage partiel est ainsi terminé, sauf pour les secteurs encore concernés par des mesures de fermeture ou de restriction de leur activité – en premier lieu l’horeca et l’événementiel.

D’autres aides, comme celles du programme Neistart Lëtzebuerg, sont par ailleurs déjà orientées vers la relance… Cet instrument a eu un succès formidable ! Ce sont des aides à l’investissement, dans le cadre du dispositif européen, qui ont un niveau de soutien plus élevé en matière de digitalisation, d’environnement ou d’économie circulaire. Cela permet de béné cier de subventions qui dépassent les niveaux admis sous le règlement Block Exemption de Bruxelles, sur lequel sont basés nos régimes d’aide à l’investissement.

Donc si nous sommes dans une période de phasing out des aides, nous sommes aussi déjà dans un esprit de relance et nous appliquons ces aides de manière à ce qu’elles encouragent les entreprises à aller dans la direction que nous souhaitons, à savoir une économie plus durable et plus consciente des enjeux environnementaux et digitaux.

Ce système d’aides est-il amené à évoluer ? Nous allons observer ce qui se fait à Bruxelles pour voir de quelle manière nous allons organiser nos aides à l’investissement et de quelle marge de manœuvre nous disposons : un nouveau cadre sera prochainement xé par Bruxelles en ce qui concerne les aides d’État Covid.

J’ai d’ailleurs plaidé dernièrement au sein du conseil compétitivité à Bruxelles a n que la Commission adapte le règlement Block Exemption à une relance axée sur la double transition digitale et environnementale. Car c’est le cas du plan de relance et de résilience et du plan « Next Generation EU », mais il faut aussi que nos instruments « Block Exemption » soient dirigés vers ces mêmes priorités.

Les entreprises, déjà ébranlées par une année de crise, seraient-elles en capacité de résister à une vague à l’automne ? Après un an et demi de gestion de crise, nous avons les repères pour mieux gérer une nouvelle vague. Si jamais nous y étions confrontés, nous avons désormais le « kit Covid » : notre programme d’aides, notre manière de gérer la crise sanitaire. Et celle-ci était bien plus granulaire que dans beaucoup d’autres pays : nous avons moins fermé, de manière moins stricte, nos couvre-feux étaient plus permissifs qu’ailleurs. Et les entreprises elles-mêmes savent mieux comment s’organiser. Je suis donc assez con ant en ce qui concerne notre capacité à résister à une nouvelle vague.

Qu’avez-vous appris de l’économie luxembourgeoise pendant cette crise ? D’abord, notre économie est résiliente face à une telle crise, avec une excellente infrastructure digitale, assurée par le très fort réseau de Post, presque unique en Europe, qui a permis le télétravail à très large échelle.

Une leçon un peu moins réjouissante a concerné les limitations et les défaillances des libertés de circulation en temps de pandémie : en tant que petit pays enclavé, très ouvert et très dépendant de la main-d’œuvre étrangère,

et surtout frontalière, nous avons soudain redécouvert la présence des frontières, parfois à nos dépens, ce qui était très stressant.

Des vulnérabilités au niveau des chaînes de valeur ont aussi été manifestes, de même que notre dépendance vis-à-vis de la Chine quant aux produits de santé, masques et respirateurs. D’où la nécessité de se réindustrialiser au niveau européen et de relocaliser certaines chaînes de valeur stratégiques, ce qui est maintenant un des axes d’action de la Commission européenne.

L’Europe veut se réindustrialiser. C’est aussi le cas du Luxembourg ? Il faut rester un pays industriel. Notre industrie est forte. Certes, elle est classique – sidérurgie, verre, ciment, plasturgie –, mais elle devient de plus en plus technologique et faible en émissions de CO2. Nous allons ainsi dans la direction d’une industrie et d’une économie de plus en plus durables, vertes et digitales.

Et notre industrie propose de plus en plus de produits à forte valeur ajoutée : des entreprises comme Ceratizit, Rotarex ou ArcelorMittal produisent des choses qui sont à la pointe dans leur secteur. Nous voulons absolument préserver cela, voire le développer, notamment en fonctionnant en partenariat avec la recherche : la liaison entre l’industrie et la RDI est de plus en plus forte. Nous avons une très belle carte à jouer avec tous ces instruments d’innovation et les collaborations avec des instituts de recherche, que ce soit le List, le LIH en matière de santé, l’Université du Luxembourg ou le FNR.

Les cas de Fage et Knauf, deux échecs, ont montré des réticences, notamment concernant l’impact sur l’environnement… Fage et Knauf étaient deux dossiers particuliers, à partir desquels il ne faut pas extrapoler : le Luxembourg n’est pas un pays hostile à l’industrie. Il y a un grand intérêt pour le Luxembourg en tant que pays d’accueil de nouvelles activités, avec des dossiers très prometteurs dans le pipeline qui, je l’espère, vont se concrétiser dans les années à venir. Et il y a aussi des acteurs industriels qui sont déjà ici et qui veulent y développer leur activité. Ce qui me rend optimiste concernant l’avenir de l’industrie luxembourgeoise.

Mais il faut déterminer quel type d’activités nous voulons. Car nous ne pouvons pas tout faire : notre territoire est limité et ne permet pas de construire une usine Tesla de 200 hectares. Le développement économique doit se faire dans certains créneaux.

Collaborez-vous avec le ministère de l’Environnement pour choisir les entreprises susceptibles de s’installer au Luxembourg ? La prospection et l’analyse des dossiers de nouveaux assesseurs se font au ministère de l’Économie, c’est un de ses grands rôles. Mais en ce

UNE REPRISE PROMETTEUSE AU LUXEMBOURG

Les perspectives de l’économie mondiale s’éclaircissent, assure l’OCDE dans ses Perspectives économiques publiées en mai 2021. La croissance économique mondiale devrait ainsi atteindre 5,8 % en 2021 – soit bien davantage que les 4,2 % envisagés par l’OCDE en décembre 2020 – et 4,4 % en 2022.

Mais cette reprise n’est pas ordinaire, prévient l’OCDE. De fait, elle risque d’être très inégale entre les pays. Pour retrouver des niveaux de revenu par habitant pré-pandémie,

certains pays (Corée du Sud, ÉtatsUnis) attendront 18 mois, d’autres (Mexique, Afrique du Sud) cinq ans. L’Europe devrait quant à elle attendre trois ans en moyenne.

Mais le Luxembourg tire bien son épingle du jeu : le pays devrait retrouver son niveau de PIB par habitant d’avant la crise d’ici la fin de l’année 2021, dans le courant du quatrième trimestre. Mieux que l’Allemagne, qui devra attendre début 2022. Et surtout bien mieux que la France, qui ne retrouvera pas un tel niveau avant le quatrième trimestre 2022, ou la Belgique, condamnée, selon les projections, à attendre début 2023.

Ainsi, après une « légère contraction » de l’économie luxembourgeoise en 2020 (-1,3 %), la croissance devrait atteindre 4,8 % en 2021 et 2,8 % en 2022. Le taux de chômage devrait atteindre un pic de 6,6 % au troisième trimestre 2021, avant de redescendre à 6,1 % à la fin de l’année 2022, selon l’OCDE.

Ces modélisations sont bien sûr sujettes à caution. Di érents facteurs pourraient perturber la reprise ou,

dans le sens inverse, l’accélérer. Les nouveaux variants menacent et une quatrième vague à l’automne pourrait assombrir à nouveau l’avenir économique.

Pour contrer cela, la campagne de vaccination en cours doit aboutir « aussi vite que possible » pour assurer le contrôle de la pandémie, ce qui aurait par ailleurs le mérite de renforcer le rebond de la consommation et des investissements. Une prolongation des mesures d’aide aux entreprises au-delà de 2021 doit aussi être envisagée pour les secteurs les plus touchés par la crise.

Une reprise plus rapide que prévue au Luxembourg Projection novembre 2019 Projection décembre 2020 Projection actuelle

Selon un indice base 100

120 Source OCDE

100 104,7 106,5

100,5

80 2019-Q4 2020-Q1 2020-Q2 2020-Q3 2020-Q4 2021-Q1 2021-Q2 2021-Q3 2021-Q4 2022-Q1 2022-Q2 2022-Q3 2022-Q4

Fin 2022 Combien de temps avant un retour à un PIB / habitant pré-pandémie

Irlande 1,5 an Source OCDE

Allemagne 2 ans Pays-Bas 2,5 ans

Luxembourg 1,75 an Royaume-Uni 2,5 ans Autriche 2,75 ans France 2,75 ans

Belgique 3 ans

Lituanie 1,25 an

Fin 2020 États-Unis 1,5 an Espagne 3,5 ans

Fin 2019

qui concerne les cleantech ou les énergies renouvelables, nous sommes tout à fait ouverts au dialogue.

Mais, pour éviter de nouveaux dossiers Fage et Knauf à l’avenir, nous mettons en place un examen de durabilité dans le but de véri er la compatibilité des nouveaux projets industriels avec les normes environnementales – les plafonds d’émission, l’usage du terrain, le niveau d’eau qui est requis – a n de voir si un projet est dans les cordes lors d’un premier examen.

Le modèle économique luxembourgeois exerce une forte pression sur l’environnement. Est-il viable ? Croyez-vous à la possibilité d’une croissance verte ? Je crois à la nécessité d’avoir une croissance. Je ne fais pas partie de cette école de pensée de la décroissance. Mais il faut une croissance intelligente. L’avenir d’un pays comme le Luxembourg – un pays très développé, riche, doté d’une politique sociale à laquelle je souscris entièrement – réside dans une économie à haute valeur ajoutée, décarbonée, qui va de plus en plus investir dans la digitalisation, occuper des créneaux d’avenir dans la recherche, dans une économie de la connaissance, mais aussi du savoir-faire, que ce soit dans les TIC, l’économie circulaire ou la nance.

Des instances comme le FMI ou l’OCDE préviennent que les inégalités sociales risquent d’exploser suite à la crise. Cela vous inquiète-t-il ? Les inégalités sont un sujet pour toutes les sociétés. Chez nous aussi. Il faut s’en inquiéter et essayer d’y remédier. Heureusement, l’État providence est fort au Luxembourg, avec des mécanismes d’ajustement et de transferts sociaux qui protègent les gens contre les inégalités extrêmes.

1.189

En 2020, 1.189 faillites d’entreprises ont eu lieu, selon le ministère de l’Économie. Soit un peu moins que l’année précédente : on dénombrait 1.234 faillites en 2019. Les liquidations volontaires ont, quant à elles, augmenté : 966 ont eu lieu en 2020, bien plus que les 577 de 2019.

Et, pendant la pandémie, le chômage partiel a été étendu à quasiment toute l’économie, ce qui a protégé la plupart des salariés contre une perte totale de revenus – ce qui était loin d’être le cas partout.

Mais, chez nous aussi, des inégalités se creusent. Di érents facteurs sont en cause, notamment l’immobilier et un système scal qui pourrait être restructuré.

Pensez-vous à une taxation des successions ou de la fortune, comme le recommandent le FMI et l’OCDE ? Cela n’est pas à l’ordre du jour de cette coalition. Mais ce sera sans doute une discussion dans le cadre des prochaines élections législatives. Chaque parti devra se positionner.

Pour mon parti, le LSAP, une question se pose clairement : l’imposition des grandes fortunes. Celles-ci, qu’elles soient mobilières ou immobilières, sont peu imposées par rapport au travail : il n’y a pas d’imposition sur la propriété et une assez faible imposition sur les revenus immobiliers, alors qu’il y a une forte imposition sur le travail. Pour moi, il est clair que, dans le cadre de la pandémie, il faut s’attaquer à ces questions-là. Et nous allons, au niveau du LSAP, présenter en temps utile notre programme sur ce sujet. La fiscalité est aussi un levier auquel recourir pour résoudre la crise du logement ? De manière générale, la scalité sur l’immobilier incite encore à des investissements spéculatifs et à de la rente foncière, qui ne sont pas des investissements de primo-arrivants – ce qui n’est bien sûr pas dans l’intérêt d’une accalmie du marché. Or, si l’on veut calmer cette chau e sur le marché immobilier, la scalité est un levier important.

Certaines choses ont déjà été faites lors de la dernière petite réforme fiscale dans le contexte du dernier budget, comme l’abaissement de l’amortissement accéléré à cinq ans ou l’abrogation des FIS immobilières.

Mais une discussion doit avoir lieu sur un deuxième impôt foncier, en plus de celui perçu par les communes. Ainsi que sur un impôt sur la rétention foncière, qui doit être activé pour les terrains constructibles mais non construits pour cause de rétention foncière – un peu de la même manière que pour la taxation des logements vides.

Votre collègue au gouvernement et membre du LSAP, le ministre Dan Kersch, a proposé d’imposer davantage les entreprises « gagnantes de la crise ». Qu’en pensez-vous ? Une distinction doit être faite entre les entreprises qui ont innové, qui ont réussi à être agiles et ont bien tiré leur épingle du jeu en respectant les règles, et celles qui l’ont un peu moins fait. On a fait l’analogie avec les pro ts de guerre et l’imposition sur les pro ts de guerre…

Mais il s’agit d’une discussion complexe, délicate, et je préfère de loin en avoir une plus fondamentale sur l’imposition des grandes fortunes, et en particulier sur le capital non productif. Car une distinction fondamentale existe, selon moi, entre les rentes perçues sur les propriétés et le travail productif ou le capital productif.

AIDES ACCORDÉES AUX ENTREPRISES PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19

200 millions d’euros

Indemnité d’urgence pour les micro et petites entreprises 68 mios

Indemnité d’urgence pour les entreprises qui emploient entre 10 et 20 personnes 8,4 mios

Fonds de relance et de solidarité pour les entreprises particulièrement touchées par la pandémie 73,1 mios

Aide spécifique pour commerce de détail en magasin 9,6 mios Aide coûts non couverts 81,5 mios

Indemnité d’urgence pour les indépendants 34,1 mios

Aide de compensation (salaire social minimum) 0,4 mio

Avance remboursable 166,9 mios

Aide pour la lutte contre le Covid-19 37,3 mios

Aide pour investissements durables dans l’ère du Covid-19 66,2 mios

« Nous appliquons les aides de manière à ce qu’elles encouragent les entreprises à aller dans la direction que nous souhaitons. »

Ministère de l’Économie Source

Hello accélérateur de business. Hello 5G.

La 5G incluse dans nos forfaits mobiles Pro et Business offre un débit jusqu’à dix fois plus rapide et garantit une latence réduite comme jamais.

#Hello5G

La fiscalité fait aussi l’objet de discussions à l’international, notamment le projet de taxation minimale des entreprises à 15 %. Cela vous semble aller dans la bonne direction ? Je l’accueille favorablement. C’est l’histoire en marche : on ne peut pas indé niment soutenir un système où les multinationales sont taxées à 1, 2 ou 3 % parce qu’elles arrivent à structurer leurs recettes au niveau mondial, alors que d’autres, des PME locales, ou à plus forte raison des gens qui travaillent, sont taxés au taux plein. Cela sape tous les principes de justice scale, de même que la crédibilité des États, donc c’est une mesure qui est bonne. Et cela crée aussi un level playing eld international dans lequel le Luxembourg n’a pas de problème : si tout le monde est au moins à 15 %, nous pouvons très bien vivre avec.

Une étude de l’Observatoire européen de la fiscalité (voir encadré) montre qu’une taxation minimale des entreprises pénaliserait à terme le Luxembourg… J’ai aussi lu cette étude de l’Observatoire européen de la scalité, qui est dirigé par Gabriel Zucman. Il y est également dit que le Luxembourg serait gagnant à court terme car il pourrait imposer plus fortement ces entreprises. À moyen terme, la question est de savoir si quelques multinationales – on n’en a pas non plus 50 – resteraient ici ou se délocaliseraient ailleurs. C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Et je pense que personne n’a la réponse à cela. La scalité n’est pas le seul facteur, et si le terrain de jeu est semblable pour tous les pays, il n’y a pas de raison qu’elles s’en aillent de prime abord.

UNE FEUILLE DE ROUTE POUR L’AVENIR DE L’ÉCONOMIE

La feuille de route Ons Wirtschaft vu muer (« Notre économie pour demain ») s’articule autour de six composantes-clés :

 1 Numérisation au profit de la société.

 2 Transition vers l’économie circulaire par le numérique.

 3 Chaînes de valeur stratégiques résilientes et durables.

 4 Transition sûre et fiable de l’économie des données.

 5 Transition numérique économe en énergie et durable.

 6 Stratégie d’investissement durable cohérente et instruments permettant d’atteindre une durabilité tout en restant compétitif. À cela s’ajoutent cinq autres projets pilotes à moyen terme et six actions pilotes concrètes à court terme (plateforme de services d’échange de données, concrétisation d’une Product Circularity Data Sheet, open cloud luxembourgeois…).

Elles n’auraient plus non plus de raisons de venir s’installer au Luxembourg… Il n’y aurait pas de raisons intrinsèquement liées à de la structuration scale, ce qui n’est pas une mauvaise chose à mes yeux. Notre modèle d’avenir ne réside pas dans la structuration scale. Car cela s’accompagne toujours d’un risque de réputation pour un pays – on l’a bien vu ces dernières années avec les di érentes révélations LuxLeaks, Panama Papers et autres.

Mais le levier scal n’est plus, depuis assez longtemps déjà, un attrait. Nous sommes loin de l’époque où une entreprise venait ici et recevait un bon ruling ou un terrain lorsque, au plus fort des années 80 et 90, nous pratiquions des modèles de structuration scale agressifs. C’est un passé que nous ne pouvons pas nier, mais nous ne vivons plus dans ce lm où le Luxembourg est un paradis scal. C’est une chimère encore très vivante, mais qui ne correspond plus à la réalité. Car ce qu’il est possible de faire ici en termes de structuration, notamment pour les multinationales, il est possible de le faire un peu partout en Europe et dans le monde. Ce sont des mécanismes internationaux – que de nouveaux trains de mesures visent justement à contrecarrer avec, d’une part, le pilier de la scalité minimale et, d’autre part, celui de l’imposition dans la base de réalisation des opérations.

En outre, depuis sept ans, le gouvernement joue pleinement le jeu de la transparence. Nous sommes désormais dans un autre système. Nous ne sommes plus dépendants de cette niche de structuration scale.

Comment garantir et améliorer l’attractivité du Luxembourg au sein de ce nouveau système ? Nous avons des atouts plus traditionnels. Notre positionnement géographique, notre stabilité politique, notre système juridique stable et exible, un environnement qui favorise l’investissement, une approche peu bureaucratique des dossiers, un environnement scal pour le moins neutre.

Et nous ré échissons désormais au genre d’activités économiques que nous voulons, à la manière de consolider les secteurs économiques forts et bien développés, d’accompagner les acteurs qui sont sur place dans leur expansion et d’en attirer de nouveaux dans les créneaux de diversi cation identi és.

LE LUXEMBOURG, GAGNANT PROVISOIRE D’UNE TAXE MINIMALE SUR LES ENTREPRISES

Si un taux minimal mondial d’imposition à 25 % sur les entreprises était instauré en 2021, les recettes de l’impôt sur les sociétés (IS) perçues par les pays de l’UE gonfleraient de plus de 50 % en moyenne, selon un rapport de l’Observatoire européen de la fiscalité publié début juin. Ces recettes augmenteraient de 340 milliards d’euros perçus avec la fiscalité actuelle à environ 510 milliards – soit 170 milliards de gains sur une année. Et le grand gagnant d’une telle augmentation serait le Luxembourg. Celui-ci percevrait 7,9 milliards d’euros d’IS en plus en 2021. Ce qui correspondrait à une hausse de 282,3 %, loin devant le deuxième « bénéficiaire », l’Irlande (+168 %). Mais le « bénéfice » à court terme de pays comme l’Irlande ou le Luxem - bourg est en trompe-l’œil. Un tel constat « laisse suggérer que les paradis fiscaux de l’UE bénéficieraient beaucoup d’une taxe minimum de 25 %. Cependant, ces résultats sont liés à la supposition que ces pays garderaient les sièges d’entreprises qu’ils ont attirées jusque-là en o rant des taux faibles d’IS, précise l’Observatoire. En réalité, avec un accord international sur une taxe minimum, les sièges pourraient être déplacés dans des pays à haut taux d’imposition, ce qui signifie que les paradis fiscaux en bénéficieraient moins que ce que nous évaluons (et que d’autres pays en bénéficieraient davantage). »

Hausse des recettes de l’impôt sur les sociétés en cas de taxe minimale de 25 % sur les entreprises En 2021 et en %

300 % Luxembourg 282,3 %

250 %

200 %

150 %

100 %

50 %

0 % Irlande 167,9 % France 50,9 %

Belgique 114,8 %

Moyenne UE 52,3 % Allemagne 41,5 % Observatoire européen de la fiscalité Source

Vers quoi tend cette diversification ? Nous avons une chance de diversi er notre économie en direction de l’artisanat : tout ce qui est relatif aux PME artisanales représente un pilier très fort de notre économie. Nous allons développer les activités dans les secteurs identi és il y a quelques années comme secteurs d’avenir, que ce soit les technologies de la santé, tout ce qui est cleantech, économie circulaire, logistique – qui va de plus en plus en direction de la gestion des chaînes de valeur – ou encore de l’espace. Et évidemment la nance, qui reste le secteur dominant.

La digitalisation est un domaine-clé dans lequel le Luxembourg a beaucoup investi ces dernières années… Et nous continuons à le faire, notamment dans les infrastructures : notre ordinateur à haute puissance a été inauguré, nos data centers sont au niveau technologique le plus avancé. Beaucoup de choses ont aussi été réalisées en matière de cybersécurité et nous nous investissons dans les projets européens comme Gaia-X ou le cloud européen.

Or cet environnement est très précieux pour tous les domaines de l’économie, y compris pour développer l’industrie 4.0 et encourager des productions plus pointues. C’est donc un atout majeur du Luxembourg.

Mais le développement de la digitali sation o re une image contrastée au Luxembourg. Comment accélérer le processus ? Au niveau de la digitalisation de l’administration publique, des di érences existent en effet entre les ministères et les administrations, c’est très clair. Mais avec le Covid, d’énormes progrès ont eu lieu.

L’autre partie concerne la digitalisation des entreprises, et le ministère de l’Économie est responsable de la création des conditions et des instruments a n d’en promouvoir le développement. Dans notre feuille de route Ons Wirtschaft vu muer – « Notre économie de demain » – (voir encadré, ndlr), une des actions pilotes à court terme est de construire une plateforme d’échange de données très novatrice, a n de collecter des données, de les anonymiser, de les rendre interopérables et de les mettre à disposition des entreprises pour qu’elles puissent mener leurs expériences sur de nouveaux modèles d’IA, sur des algorithmes, sur le deep learning, aujourd’hui nécessaires pour faire évoluer son entreprise. Là-dedans, nous sommes très bons. De même en cybersécurité.

Vous n’avez pas pu voyager lors de la pandémie. Cela a-t-il impacté votre capacité à mener à bien les missions économiques ? Le constat que rien n’a été fait en matière de missions économiques sur les 15 derniers mois doit être nuancé. La promotion économique s’est aussi fortement réinventée. Cela ne rem-

FAST & CURIOUS

République ou monarchie ? En tant que socialiste, république. Mais, au Luxembourg, nous nous accordons très bien avec notre monarchie. CovidCheck ou autotest ? CovidCheck. Le Luxembourg est un pays digital, qui avance dans cette direction. Et c’est une très bonne appli. Crémant ou champagne ? J’aime beaucoup les vins locaux, donc crémant. Rockhal ou Atelier ? J’aime bien le côté intimiste de l’Atelier. L’ambiance y est formidable. Presse en ligne ou papier ? Presse papier. Sport ou lecture ? J’aime beaucoup le sport et j’adore lire. place pas tout à fait une mission économique à l’étranger, mais beaucoup ont eu lieu de manière digitalisée, nous avons passé beaucoup de temps à faire des vidéos, des webinaires… Et tous les acteurs de la prospection, au premier chef nos LTIO, ont continué à travailler. Mais avec la possibilité de voyager à nouveau, je compte bien sûr reprendre cela. J’étais à Dubaï il y a un mois et, à partir d’octobre, je vais y aller régulièrement pour participer à l’Expo 2020. Et d’autres voyages vont être préparés.

Avez-vous dû sacrifier des priorités que vous vous étiez fixées en arrivant au ministère de l’Économie ? Étrangement, parmi mes priorités politiques, aucune n’a été contrariée par le Covid. C’est plutôt le contraire… Je suis arrivé en disant que je voulais accélérer le développement vers une économie plus durable, plus verte, et tout cela sur un fort fondement de digitalisation et de modernisation de l’économie. Et ces deux points essentiels se sont trouvés renforcés par la pandémie. Donc la direction n’a pas fondamentalement changé, elle a même été con rmée.

Maintenant, il est clair que, depuis mon entrée en fonction, j’ai surtout géré cette crise au niveau économique afin de préserver le tissu économique luxembourgeois. Mais nous avons, en parallèle, commencé à ré échir au monde d’après, a n de voir comment nous pourrions tirer pro t de cette crise pour aller encore plus dans le sens d’une économie décarbonée et pro ter de ce boost qu’a reçu la digitalisation. À cet égard, ce n’était donc pas une année perdue.

Quelles sont les priorités de la suite de votre mandat ? Nous continuerons déjà à suivre et à gérer de très près cette crise qui n’est pas terminée. Et puis, la feuille de route Ons Wirtschaft vu muer xe une vision à court terme, pour 2025, avec six piliers et un certain nombre d’actions pilotes très concrètes autour de la transformation de l’économie vers un modèle plus vert et durable, sous une impulsion digitale forte.

Nous avons aussi trois grands projets d’infrastructures : un parc technologique – une zone d’activité où vont être rassemblées des entreprises qui seront très demandeuses en termes de RDI –, une autre zone, sous forme de campus, pour les technologies de la santé, et une zone d’activité dédiée à l’espace, avec de la recherche et un incubateur.

Un certain nombre de projets concerneront l’encadrement réglementaire de l’activité économique. La réforme du Conseil de la concurrence est aussi en cours à la Chambre. Et les dossiers sur le devoir de vigilance par rapport aux droits de l’Homme dans les grandes entreprises me tiennent à cœur. Donc nous avons du pain sur la planche pour les deux prochaines années.

Cédric Weisse, Head of Individuals, Banque Internationale à Luxembourg

Accessibilité et expertise du Private Banking

Les ingrédients d’une relation client prospère, résident aujourd’hui dans l’équilibre entre la confiance, l’expertise et la disponibilité. Le niveau d’expertise requis ne cesse de croître et l’accessibilité multicanale est devenue un impératif.

Face à un monde en constante évolution et à des clients en droit d’attendre un niveau de service élevé, nous devons être capables d’acquérir sans cesse de nouveaux savoirs et d’élargir le spectre de nos compétences. Les situations à gérer sont de plus en plus variées et les sujets à traiter de plus en plus pointus. Afin d’offrir la plus grande sérénité à nos clients, nous prenons soin de déployer les efforts requis pour garantir notre conformité à une réglementation toujours plus exigeante, tout en restant réactifs et capables d’apporter rapidement les solutions attendues. La confiance du client est un élément indispensable dans l’exercice de notre métier. Pour cela, nous sommes en contact permanent avec nos clients quelle que soit la situation. Avec la crise, nous nous sommes adaptés pour garantir cette disponibilité. Nous sommes passés d’une relation basée quasi intégralement sur du présentiel à une relation hybride où tous les canaux de communication sont utilisés en fonction des besoins de nos clients. L’utilisation de ces nouveaux moyens de communication nous permet une meilleure réactivité selon l’actualité et les besoins de nos clients. Nous garantissons ainsi la proximité nécessaire pour une gestion optimale et des conseils personnalisés. Nous accompagnons les clients sur le long terme, avec leur réussite pour objectif. Nous distribuons un maximum d’informations pertinentes (notamment via notre site my-life.lu et www.bilinvestmentinsights.com), et nous avons également étendu le champ d’action de nos Banquiers Privés. Ils sont entourés d’experts internationaux très pointus notamment dans les domaines de la gestion de patrimoine et des solutions d’investissements et de crédits. Les solutions digitales mises à disposition de nos clients constituent aussi un avantage pour leur autonomie et la gestion quotidienne de leurs comptes. Le tout en assurant les garanties de sécurité nécessaires, tant sur le plan de la confidentialité que sur le plan sanitaire. L’ensemble de ces engagements combinés nous permet d’établir une relation privilégiée avec nos clients et de mettre sur pied des solutions sur mesure pour répondre à leur situation et à leurs projets.

Banque Internationale à Luxembourg SA

69 route d’Esch, L-2953 Luxembourg pblux@bil.com - (+352) 2459-5900 www.bil.com/private-banking

This article is from: