guide de l’investisseur
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Investir à l’heure du Covid Édition 2021
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Les investissements comportent divers degrés de risque. Swissquote Bank Europe SA – RCS B78729. Banque basée au Luxembourg et régie par la CSSF.
S’informer pour performer En 2020, année de crise économico-sanitaire cumulée à une minitragédie à l’américaine, les investisseurs ont eu fort à faire pour garder le cap. Mais ce ne sont peut-être pas les plus à plaindre. En se montrant patient et en s’informant un minimum, préserver son capital, voire même parfois le faire fructifier, n’a jamais été « mission impossible ». Quelles leçons tirer des secousses de 2020 ? Premièrement, que chaque crise a ses gagnants. Au cours de cette année marquée par un long confinement, les plus grands bénéficiaires ont été les géants technologiques américains. Comme toujours, serait-on tenté de dire. Achats en ligne, vidéoconférences, films et séries à la demande... À croire, d’ailleurs, que leur modèle était programmé pour une planète à l’arrêt. Leurs ventes ont donc profité de la paralysie mondiale, et leurs cours boursiers ont gonflé de manière insolente. La seconde leçon, peut-être plus réjouissante, c’est le constat que les investissements durables, liés au social, résistent, eux aussi, particulièrement bien. Alors que les marchés financiers se sont effondrés au début du printemps, les investissements RSE ou d’impact ont offert de meilleurs rendements. On sentait l’amorce de cette tendance avant la crise, mais celle-ci l’a largement confirmée. Les investisseurs ne se sont donc pas retrouvés au pain sec et à l’eau, même si la recherche de performance a exigé une meilleure information. C’est d’ailleurs l’objet de ce Guide de l’investisseur : rendre votre parcours mieux balisé à l’aube d’une année qui, si elle s’annonce plus encourageante, demandera toujours autant de vigilance. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU
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Depuis 1989, AME Life Lux SA est une compagnie d’assurances-vie de droit luxembourgeois détenue à 100% par Covéa en France (Société de groupe d’Assurance Mutuelle réunissant GMF, MAAF et MMA). Notre vision à long terme nous mène à faire évoluer le concept de l’assurance-vie en tant qu’outil de prévoyance vers un outil de gestion et de planification financière, dans une logique de transmission de patrimoine. Les rendements du passé ne laissent en rien préjuger des rendements futurs. Consultez la Fiche d’Informations Financières du produit Multiflex sur www.amelife.lu. Pour plus d’informations sur nos produits, n’hésitez pas à visiter notre site internet www.amelife.lu. Vous pouvez également nous contacter par courriel à amelife@ame.lu ou par téléphone au +352 47 46 93. RCS Luxembourg B30566 - Entreprise d’assurances agréée le 22 décembre 1989.
Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.com téléphone : (+352) 20 70 70 e-mail : publishing@maisonmoderne.com courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg bureaux : 10, rue des Gaulois Luxembourg-Bonnevoie, fondateur Mike Koedinger CEO Geraldine Knudson directeur administratif et financier
Etienne Velasti
Rédaction téléphone (+352) 20 70 70-100 fax (+352) 29 66 19 e-mail press@paperjam.lu courrier BP 728, L-2017 Luxembourg directeur de la publication Mike Koedinger rédactrice en chef Nathalie Reuter secrétaire de rédaction Jennifer Graglia rédacteur Jean-Michel Lalieu free-lances Alex Barras,
Quentin Deuxant, Sébastien Lambotte, Michaël Peiffer, Jeanne Renauld illustratrice Ana Gaman correction Pauline Berg, Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Manon Méral, Elena Sebastiani Agence graphique directeur de l’agence Mathieu Mathelin directeur de la création Jeremy Leslie head of production
Sommaire 6
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Le jour où…
Investir à l’heure du Covid-19
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L’assurance-vie ne meurt jamais
Pierre précieuse
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Stéphanie Poras-Schwickerath
head of art direction Vinzenz Hölzl graphisme / layout Maison Moderne directeur artistique Marielle Voisin manufacturing manager Myriam Morbé mise en page Elina Luzerne, Sophie Melai Régie publicitaire téléphone (+352) 20 70 70-300 fax (+352) 26 29 66 20 e-mail regie@maisonmoderne.com courrier BP 728, L-2017 Luxembourg directeur associé Francis Gasparotto assistante commerciale Céline Bayle
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Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA — ISSN 2354-4619 Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Geraldine Knudson.
Toujours plus de private equity
Optimiser ses impôts grâce aux assurances
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Le guide du parfait retraité
Cartes blanches : 2021 à la loupe
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Investir dans une passion N
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L’illustration sur la couverture a été réalisée par la graphiste et illustratrice Ana Gaman, installée à Luxembourg.
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Le jour où…
… mon client est devenu très riche
À gauche, Romain Wolff, head of Luxem bourg market, et à droite, Kris De Souter, head of private banking.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
ce client devait se fixer de nouveaux objectifs, penser à la transmission, le tout en intégrant les enjeux fiscaux et légaux inhérents à la gestion d’une fortune conséquente. « L’accompagnement de notre client, au départ d’une compréhension globale de sa situation, se structure autour de trois axes : la gestion des investissements, la gouvernance familiale, et la structuration du patrimoine, poursuit Romain Wolff. En mobilisant une série d’expertises et d’outils, à travers un exercice complexe de planification, nous allons chercher à le guider parmi diverses options. » Le banquier privé va l’aider à définir un plan global pour lui permettre de profiter pleinement de son patrimoine. « La plupart du temps, le client ne s’imagine pas toutes les implications inhérentes à la gestion d’un tel patrimoine, conclut Kris De Souter. Notre rôle est d’être l’interlocuteur de confiance qui, aux côtés du client, lui permet d’aborder cela sereinement. Au-delà des compétences, c’est avant tout l’histoire d’une relation humaine, solide et durable. » Auteur S. L.
Photos
« Régulièrement, nous sommes amenés à accompagner des clients qui se retrouvent soudainement à la tête d’un patrimoine conséquent. Récemment, l’héritier d’un hôtel parisien, après avoir géré l’établissement pendant des années, a souhaité revendre son affaire », explique Romain Wolff, head of Luxembourg market au sein de Degroof Petercam Luxembourg. La banque l’a d’abord aidé à mener cette transaction, le conseillant dans la valorisation du fonds de commerce, d’une part, et de l’immobilier, d’autre part, pour 35 millions d’euros. « Une fois détenteur d’un tel patrimoine, un client doit déterminer comment le gérer, poursuit Kris De Souter, head of private banking de la banque. L’enjeu, en étant à son écoute, en cherchant à comprendre sa situation et ses envies, est alors de l’aider à structurer une approche à long terme. » À 58 ans,
Degroof Petercam
Responsables de la banque privée au sein de Degroof Petercam, Kris De Souter et Romain Wolff évoquent un client qui s’est retrouvé à la tête d’un patrimoine important.
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Voyez plus loin dans vos investissements. Risque de perte en capital. La valeur des investissements et le revenu en découlant peuvent baisser comme augmenter. Vous n’êtes dès lors pas assuré(e) de récupérer votre investissement initial. Jusqu’au 31 décembre 2020, publié par BlackRock Investment Management (UK) Limited, société agréée et réglementée par la Financial Conduct Authority (FCA), dont le siège social est situé au 12 Throgmorton Avenue, London, EC2N 2DL, Angleterre, Tél. +44 (0)20 7743 3000. Enregistré en Angleterre et au Pays de Galles sous le numéro 00796793. Pour votre protection, les conversations téléphoniques sont généralement enregistrées. BlackRock est un nom commercial de BlackRock Investment Management (UK) Limited. Veuillez-vous reporter au site Internet de la Financial Conduct Authority pour consulter la liste des activités autorisées menées par BlackRock. A partir du 1er janvier 2021, dans l’éventualité où le Royaume-Uni quitterait l’Union européenne sans conclure d’accord avec cette dernière autorisant les entreprises britanniques à proposer des services financiers au sein de l’UE (Brexit sans accord), l’émetteur du présent document serait : -BlackRock Investment Management (UK) Limited pour tous les pays hors de l’Espace économique européen ; et -BlackRock (Netherlands) B.V. dans l’Espace économique européen. BlackRock (Netherlands) B.V. est autorisée et réglementée par l'Autorité néerlandaise des marchés financiers. Siège social Amstelplein 1, 1096 HA, Amsterdam, Tél : 020 - 549 5200, Tél : 31-20-549-5200. Numéro de registre du commerce 17068311 Pour votre protection, les appels téléphoniques sont généralement enregistrés. Toutes les recherches présentées dans ce document ont été fournies et peuvent avoir été effectuées par BlackRock à ses propres fins. Les résultats de telles recherches ne sont communiqués qu’à titre accessoire. Les opinions exprimées ne constituent pas un conseil d’investissement ni un conseil de quelque autre nature que ce soit et sont susceptibles de changer. Elles ne reflètent pas nécessairement les opinions d’une société du Groupe BlackRock ou d’une partie de celui-ci et aucune garantie n’est donnée quant à leur exactitude. Le présent document est fourni à titre d’information uniquement. Il ne constitue pas une offre ni une invitation à quiconque d’investir dans tout fonds BlackRock et n’a pas été préparé dans le cadre d’une telle offre. © 2020 BlackRock, Inc. Tous droits réservés. 1376544.
Comportement
Investir à l’heure du Covid-19 €
p. 12 Le cœur et la raison verte
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
p. 14
Bien débuter en bourse
p. 18 Investir en évitant les pièges
Illustration
Comment investir en cette période troublée que nous traversons ? Quelles attitudes et stratégies doivent privilégier les investisseurs ? Comment et où aller chercher de la performance tout en maîtrisant les risques ?
Ana Gaman
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année 2020 aura été marquée par une grande incertitude. Pour l’investisseur, difficile de déterminer sur quel pied danser, que ce soit pour faire fructifier son patrimoine ou simplement le sécuriser. « Au-delà des secousses ressenties au printemps, l’impact principal à long terme découle des mesures exceptionnelles des banques centrales pour supporter les économies, commente Danielle Goedert, responsable Banque privée Luxembourg de la Banque de Luxembourg. L’environnement de taux extrêmement bas rend tout investissement dans les produits monétaires ou obligataires peu intéressant. Le pouvoir d’achat de l’investisseur défensif est dès lors plutôt compromis. »
Performance sur le long terme Les grandes incertitudes relatives aux volets sanitaire, macroéconomique et politique soulèvent de nombreuses interrogations sur le long terme. « Les décisions d’investissement ne sont plus nécessairement animées par les mêmes questions sousjacentes qu’il y a un an, explique Vanessa Müller, partner Banking and Capital markets au sein d’EY Luxembourg. Il existe certainement des valeurs refuges, qui permettent de se rassurer. Les résultats records de l’or en témoignent. À côté, certaines valeurs technologiques et dans le domaine de la santé ont largement contribué à un accroissement impressionnant du patrimoine d’entrepreneurs et investisseurs de ces domaines. D’autres, comme l’aéro‑ nautique ou le tourisme, ont évidemment subi des pertes importantes, mais sont susceptibles de redevenir de potentielles opportunités. » Privilégier la qualité Entre nouveaux risques et nouvelles opportunités, il semble que seuls les actions et les produits alternatifs soient dès lors susceptibles de créer de la valeur sur le long terme. « Il est essentiel d’investir dans des sociétés de qualité, bénéficiant d’avantages compétitifs durables, de bilans solides et disposant
d’une capacité à fixer les prix, explique Danielle Goedert. Une réelle intransigeance sur la qualité des investissements permet de ne pas prendre des risques démesurés sur les marchés financiers et de viser la performance à long terme. » La valeur de la responsabilité Au-delà des enjeux de performance, la crise aura révélé une volonté des investisseurs d’adopter une démarche plus responsable. « Il devient de plus en plus important pour les investisseurs de redonner du sens et de la valeur à leurs placements. Aborder la question des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance est une étape nécessaire du processus d’investissement aujourd’hui », assure Danielle Goedert. Selon une étude du cabinet EY, qui a sondé une quarantaine d’institutions financières majeures à l’international, 98 % estiment que le Covid-19 va changer l’attitude des clients vis-à-vis des investissements durables. « Si les investissements responsables d’un point de vue environnemental attirent les faveurs des investisseurs depuis quelques mois maintenant, le contexte du Covid-19 a aussi révélé la nécessité de prendre soin les uns des autres », assure Vanessa Müller. Le rôle du conseiller renforcé Dans ces moments de crise, l’importance de pouvoir s’appuyer sur la disponibilité et l’expertise des banquiers privés est renforcée. « Le banquier privé a plus que jamais un rôle unique à jouer, de personne de confiance, qui connaît l’ensemble des intérêts de son client et de sa famille, et qui les prend en compte pour supporter les investissements qui répondront le mieux à ses objectifs », explique Vanessa Müller. Et si, à l’ère numérique, les investisseurs s’attendent à pouvoir gérer leurs portefeuilles de manière digitale, ils souhaitent surtout pouvoir accéder à leur conseiller et à son expertise beaucoup plus facilement via les canaux de leur choix. Auteur S. L.
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Gagnants / perdants Avec une pandémie mondiale qui a touché de nombreux secteurs, comment différents marchés s’en sont-ils sortis ? Petit tour des gagnants et des perdants de cette année 2020 pas comme les autres.
+ 20 %
Le secteur des loisirs et du tourisme a été l’un des plus affectés par la crise. En témoigne l’évolution de l’indice Stoxx Europe 600 Travel & Leisure, qui a perdu près de 30 % de sa valeur au cours de cette année.
+ 23 %
÷ 2
Valeur refuge par excellence, l’or a vu son cours bondir de 23 % (au 2 novembre) depuis le début de l’année. Beaucoup d’investisseurs ont choisi de sécuriser leurs actifs dans le métal précieux.
+ 8 %
Le secteur des biotechnologies a également bien résisté à la crise et affiche, depuis le début de l’année, une croissance soutenue de plus de 8 %, selon l’indice Nasdaq Biotechnology Index, au 2 novembre.
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- 30 %
Sur l’ensemble de l’année, l’indice boursier américain spécialisé dans la tech, le Nasdaq, affichait fin octobre une hausse de plus de 20 %. Cette performance est bien supérieure à celle des autres indices boursiers.
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Au niveau des marchés, les valeurs des grands acteurs, comme Airbus ou Boeing, ont été contraintes à un atterrissage forcé et semblent durablement clouées au sol. Depuis le début de l’année, les actions de ces deux géants ont perdu la moitié de leur valeur.
- 50 %
Le secteur des énergies, et particulièrement celui des matières fossiles comme le pétrole et le gaz, a connu une chute vertigineuse de près de 50 % entre le 1er janvier et le début du mois de novembre, comme en témoigne l’indice CAC Pétrole et gaz.
Impact investing
Le cœur et la raison verte L’investissement vert n’est plus un choix fait au détriment du rendement. Les produits responsables ont mieux résisté aux récentes turbulences et affichent désormais des performances supérieures à celles du marché global.
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a crise sanitaire a donné à réfléchir à de nombreux citoyens. Le confinement, au printemps dernier, a permis à beaucoup de prendre du recul sur nos modes de vie, de consommation, notre rapport au travail, ou encore à l’argent. « La crise du Covid-19 est venue renforcer la prise de conscience des investisseurs, notamment que l’on ne pouvait plus continuer comme avant, qu’il fallait reconstruire sur de meilleures bases, en faisant davantage preuve de responsabilité », commente Robert Scharfe, CEO de la Bourse de Luxembourg. Si la crise climatique, avec un sentiment d’urgence qui s’est cristallisé avec l’accord de Paris ou encore les objectifs de développement durable des Nations unies, a soutenu le développement de la finance responsable, aujourd’hui, on constate une volonté plus grande des citoyens de donner du sens à leurs investissements. « Qu’est-ce qui différencie les produits financiers estampillés ‘durables’ des autres ?, interroge Robert Scharfe. C’est principalement le fait que l’investisseur sait désormais à quelle fin le capital est investi. Il peut dès lors investir en connaissance de cause en faveur de projets qui lui tiennent à cœur, qu’il juge cohérents avec ses valeurs. Cela paraît anodin, mais cela change fondamentalement la manière d’investir. Quelqu’un qui ne connaît pas grand-chose à la finance peut désormais trouver un réel intérêt à
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
investir dans des produits, en identifiant clairement l’impact de ses placements. » Des risques mieux maîtrisés Le segment de la finance durable s’est considérablement élargi en quelques années, avec l’émission d’obligations vertes ou socialement responsables d’une part, et la multiplication des produits d’investissement intégrant des critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG) d’autre part. « Il est intéressant de constater que l’intégration de ces critères participe à une meilleure gestion des risques au sein d’un portefeuille, assure Julien Ganter, partner au sein de KPMG Luxembourg. Investir aujourd’hui implique de tenir compte des risques environnementaux ou sociaux, dans la mesure où ceux-ci vont avoir un impact de plus en plus important sur les résultats des entreprises. » Comment un acteur comme Coca-Cola, par exemple, intègre-t-il les problé matiques d’accès à l’eau potable ? Quelles sont les infrastructures exposées à un risque d’incendie ? Comment s’assurer que la société investie fonctionne en mettant en œuvre les bonnes pratiques, ou en se prémunissant de malversations ? « En outre, ces enjeux sont de plus en plus intégrés par les donneurs d’ordre et pris en considération dans le choix des partenaires business, poursuit Julien Ganter. Un acteur qui ne les prend pas en compte court le risque de se couper du marché. »
Des valeurs qui performent Au-delà de la gestion du risque, si l’on s’attarde sur la performance financière, on constate aujourd’huique ces investissements durables offrent des résultats au moins à la hauteur des placements dans des produits traditionnels. « Il est par exemple intéressant de comparer l’évolution du MSCI World Index, qui mesure la performance des marchés boursiers des pays écono‑ miquement développés, avec celle du MSCI World SRI, qui reprend uniquement les produits durables », commente Robert Scharfe. Entre le 1er janvier et le 30 septembre, le premier a connu une croissance de 2,12 %, tandis que le second a performé à 7,19 %. Sur les trois et les cinq dernières années, on constate que les performances des actions durables sont respectivement supérieures de 3 et de 2 % par rapport à l’ensemble du marché. « On peut en déduire que, de manière consistante, les sociétés se comportant de manière responsable performent mieux que les autres, poursuit le CEO de la Bourse de Luxembourg. D’autre part, si l’on s’attarde uniquement sur l’année 2020, les actions, comme les obligations durables, sont moins sensibles à la volatilité des marchés, et ce en raison d’un risque associé qui est moindre. » Un choix de raison Aujourd’hui, l’investisseur n’a donc plus à choisir entre un investissement associé aux valeurs qu’il défend et un autre qui lui assurera un rendement optimal. « Ce mythe appartient désormais au passé », assure Robert Scharfe. « Au-delà des performances du passé, on peut dire sans crainte que, sur le long terme, l’investissement durable offrira de meilleurs rendements que d’autres produits, poursuit Julien Ganter. Aujourd’hui, le choix des valeurs qui nous animent ne se fait plus au détriment de la performance, comme cela a pu être le cas il y a quelques années. Aujourd’hui, opter pour des produits durables constitue un choix de raison… »
PLATEFORME VERTE
Luxembourg Green Exchange Fondée en 2016 par Julie Becker dans la foulée de l’accord de Paris de 2015, cette « plateforme verte », leader dans son domaine, est une bourse entièrement dédiée aux titres verts, sociaux et durables. Le LGX compte aujourd’hui 800 titres sur la plateforme, pour une valeur cumulée de 300 milliards d’euros. Le Luxembourg Green Exchange a aussi vocation à protéger et informer l’investisseur en proposant le LGX DataHub, une base centralisée de données structurées et pertinentes accessible gratuitement.
Dynamique de développement Les critères ESG s’imposent dès lors naturellement au cœur de la grille de lecture de l’investisseur. Cette évolution devrait encore s’accentuer à l’avenir en raison des changements réglementaires attendus, et qui constituent des réponses à des préoccupations environnementales et sociales largement partagées par la population. D’autre part, les ambitions des autorités en matière de transition participent aussi à la dynamique. « Le marché des obligations environnementales ou sociales, s’il est encore marginal, se développe. On constate d’ailleurs que la demande pour ces produits est bien supérieure à l’offre, avec des obligations vertes largement sursouscrites au niveau du marché primaire, explique Robert Scharfe. Un des enjeux est de permettre à l’investisseur de pouvoir acheter directement ces obligations, ces dernières étant jusqu’à présent essentiellement accessibles à des institutionnels. » Dans cette optique, la Bourse de Luxembourg est aujourd’hui la seule plateforme d’échange qui permet à des particuliers d’acquérir des obligations durables, parmi les 160 proposées. Auteur S. L.
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Démarrage
Bien débuter en bourse Accéder aux produits boursiers est aujourd’hui extrêmement aisé. Toutefois, chaque investisseur est différent. Et avant de s’improviser trader, mieux vaut intégrer quelques principes de base.
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l n’a jamais été aussi facile d’investir en bourse, d’acheter des actions ou des obligations avec l’espoir de voir fructifier son épargne à travers elles. Aujourd’hui, les plateformes en ligne vous permettent d’ouvrir facilement un compte et d’accéder, en quelques clics, à de très nombreux produits d’investissement. Investir n’est toutefois pas sans risque. Des précautions d’usage s’imposent si l’on ne veut pas voir toute son épargne partir en fumée à travers des investissements malvenus. « Quand on investit seul, il est important de prendre un temps pour évaluer sa situation financière, ses capacités d’investissement, ainsi que les plateformes bancaires et de courtage en ligne, explique Dave Sparvell, CEO de Swissquote Bank Europe. Cela doit permettre, avant tout, d’établir la part de votre épargne que vous souhaitez voir évoluer à travers des produits, qu’il s’agisse d’actions ou d’obligations. » Fixer un objectif Dès le départ, il est important d’associer sa démarche d’investissement à un objectif poursuivi. À chaque investisseur de déterminer pourquoi il décide de placer son argent et à quel moment il souhaite pouvoir le récupérer. « Des jeunes parents vont placer de l’argent avec la volonté de financer les études de leurs enfants. D’autres souhaiteront faire fructifier leur épargne pour en profiter au moment de leur retraite », précise Dave Sparvell.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Dans tous les cas, investir en bourse implique d’avoir un peu de temps devant soi. « Quand on commence en bourse, il faut partir du principe que l’on n’aura pas besoin de l’argent investi pendant une période d’au moins cinq ans, précise Fabien Vrignon, CEO de Keytrade Bank Luxembourg, autre acteur bancaire de la Place offrant la possibilité à ses clients d’accéder directement à de nombreux produits d’investissement. En s’inscrivant dans une approche à long terme, on limite le risque lié à une chute soudaine des marchés. » Si l’investisseur a besoin de l’argent investi à court terme, il s’expose au risque de devoir récupérer ses actifs au plus mauvais moment. Diversification, profil de risque, stratégie Une fois l’horizon de placement établi, il faut encore considérer quelques grands principes importants. Le premier a trait à la diversification du portefeuille d’investissement. « Quelqu’un qui, au début de cette année, a tout investi dans le secteur aérien se retrouve aujourd’hui dans une situation délicate, commente Fabien Vrignon. Par contre, celui qui a réparti ses avoirs entre l’aérien, les entreprises technologiques et les acteurs pharmaceutiques s’en est mieux sorti. La diversification peut s’envisager au niveau sectoriel, mais aussi au niveau géographique, en investissant entre l’Europe, les États-Unis ou encore l’Asie. » Mieux vaut ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier.
La définition d’une stratégie va essentiellement dépendre de l’appétit au risque de chacun. « Certains vont adopter une approche conservatrice, avec la volonté de sécuriser au maximum la valeur des actifs ; d’autres souhaiteront avant tout aller chercher du rendement et, pour cela, accepteront davantage de risques, commente Dave Sparvell. Entre les deux, la plupart des investisseurs vont opter pour une approche équilibrée en fonction de leur appétit pour le risque. » Avoir confiance en ses choix Une fois lancé en bourse, il est important que l’investisseur garde son sang-froid. « Il faut pouvoir rester calme. Il est possible, en bourse, d’assister à des pertes de valeur de 35 % en un mois avant de les voir remonter de 20 % en deux semaines, explique Fabien Vrignon. Sur le long terme, il faut avoir confiance dans les choix que l’on a faits en connaissance de cause. » L’histoire montre que les marchés continuent de croître sur la durée. Face à la volatilité, à moins d’un investissement dans un secteur ou une structure sans avenir, la meilleure attitude reste de maintenir ses investissements contre vents et marées. Tout le défi, pour l’investisseur novice, est dès lors de parvenir à faire les bons choix au départ. La gamme de produits directement accessibles via des plateformes de trading est vaste. Chacun pourra, librement, investir directement dans des entreprises cotées, souscrire à des obligations, acheter des parts de fonds thématiques ou encore indiciels, tous présentant des avantages ou des inconvénients. « Investir soi-même implique de s’intéresser au marché. L’information est capitale. Il faut pouvoir analyser le potentiel de croissance des entreprises ou des secteurs dans lesquels on souhaite investir, explique Fabien Vrignon. L’information est aujourd’hui facilement accessible, directement sur le net, ou via les plateformes d’échange. » Ces dernières, en effet, offrent pour la plupart à leurs
clients un accès à des analyses avancées de l’évolution des marchés afin de leur permettre de se forger des opinions sur des arguments solides. Passif ou actif Les stratégies envisagées vont dépendre de chaque investisseur. Certains vont souhaiter avoir un rôle actif et vouloir boursicoter, acheter et vendre au rythme des variations des marchés. D’autres adopteront une attitude passive, en laissant évoluer leurs investissements et en opérant des ajustements de portefeuille à des intervalles relativement espacés. « La manière la plus simple de faire est encore d’opter pour une solution de portefeuille automatisée, qui reflète différents profils de risque – défensif, équilibré ou dynamique – ou encore allie des considérations environnementales et sociales, poursuit Dave Sparvell. Le gestionnaire veillera à la juste diversification des actifs et au rééquilibrage du portefeuille dans le temps. » S’inscrivant dans une telle dynamique, l’investisseur pourra, au-delà du montant de départ, investir à
ET AVEC LE COVID-19 ?
Une première obligation sociale de l’UE La Bourse de Luxembourg a lancé, fin octobre, la première obligation sociale de la Commission européenne. D’une valeur de 17 milliards d’euros, elle s’intègre dans le programme Sure, visant à soutenir les efforts des États dans la lutte contre le Covid-19. Cette obligation se décompose en deux tranches : une première de 10 milliards d’euros d’une maturité de 10 ans et une seconde de 7 milliards d’euros d’une maturité de 20 ans. Intégré au plan d’urgence de 540 milliards d’euros, le programme Sure vise à fournir des prêts aux États membres pour un montant total de 100 milliards d’euros afin de donner les moyens à ces pays de mettre en place des mesures pour protéger l’emploi ou des mesures en matière de santé.
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« Il faut développer un regard sur les événements susceptibles d’affecter les valeurs pour bien anticiper. » ABIEN VRIGNON F CEO, Keytrade Bank
son rythme dans le temps. « Si l’on injecte de l’argent progressivement dans le temps, plutôt que tout en une fois, la performance globale va normalement et naturellement s’améliorer, commente Fabien Vrignon. En étalant son placement sur plusieurs mois, on évite notamment de tout investir au mauvais moment. » L’investisseur peut aussi, à sa guise, choisir d’investir directement dans un ou plusieurs fonds et constituer de la sorte son propre portefeuille diversifié. On peut distinguer des fonds de diverses natures. Les fonds indiciels, ou ETF, vont chercher à reproduire le rendement d’un indice boursier. Le grand avantage de tels produits réside dans des frais de gestion moindres. La gestion de ces produits est toutefois passive. Les performances ne seront dès lors pas supérieures à celles du marché. « À côté de cela, on trouve aussi un large éventail de fonds thématiques, qui sont, eux, gérés activement. En optant pour ces produits, l’investisseur adhère à la conviction du gérant, spécialiste dans un secteur ou dans un domaine bien déterminé », assure Fabien Vrignon. On peut, de cette manière, investir dans les nouvelles technologies, l’eau, le renouvelable, les infrastructures de la nouvelle route de la soie, etc. Les enjeux du boursicoteur-trader Un des enjeux essentiels est d’opter pour des produits que l’on comprend et que l’on connaît. Cela 16
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est vrai en général, mais est plus important encore si l’on entend investir directement dans un ensemble de sociétés cotées plutôt que de confier la gestion des placements à des tiers. « Chacun peut construire un portefeuille lui-même, en intégrant des fonds indiciels, des fonds thématiques et en achetant des actions d’entreprises de son choix, assure Dave Sparvell. Aujourd’hui, il est possible pour tout un chacun d’acquérir directement des parts d’Apple ou de Facebook, si l’on juge que c’est un bon investissement. Les décisions prises, cependant, doivent être éclairées. » Investir en jouant un rôle actif, tel un vrai boursicoteur, va exiger une plus grande implication. Échanger sur le court terme implique du temps et une certaine maturité technique. « Adopter une approche de trader consiste à créer de la valeur en jouant avec la volatilité des marchés, en achetant des produits quand ils sont attractifs pour les revendre au meilleur moment, commente Fabien Vrignon. Il faut donc développer un regard sur les événements susceptibles d’affecter les valeurs pour bien anticiper. » Dans une telle démarche, il est aussi crucial d’intégrer les coûts liés à l’activité de trading, et notamment les commissions liées à l’achat ou à la vente de titres. « De manière générale, l’investisseur a aujourd’hui la possibilité de comparer facilement les coûts liés à son activité, à la souscription dans un produit ou un autre, poursuit Dave Sparvell. Dans cet univers de plus en plus transparent, le niveau de coût est directement associé à la performance. Plus les coûts seront élevés, plus il sera difficile d’obtenir un retour. » Un investisseur averti en vaut deux. Dès lors, en tenant compte de tous ces éléments, vous devriez être en mesure de bien débuter en bourse.
Auteur S. L.
Asset Management Wealth Management Asset Services Alternative Investments
Une économie responsable. Le contraire n’est plus viable.
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Pictet & Cie (Europe) SA 15 Avenue John F. Kennedy 1855 Luxembourg +352 46 71 711 groupe.pictet
Conseils
Investir en évitant les pièges… Pour Olivier Goemans, head of investment services and innovation à la BIL, adopter la bonne attitude est un enjeu essentiel.
CONSEIL 1
Ne pas essayer de prévoir l’avenir Investir, c’est d’abord faire preuve d’humilité. Personne ne peut dire avec certitude ce qui va se passer demain. Au contraire, le prix à payer pour investir réside dans la volatilité et l’incertitude. L’important n’est pas d’avoir raison, il faut encore que le marché soit du même avis. Une fois que l’on a conscience de cela, on peut imaginer des scénarios, envisager des tendances, identifier les risques pour définir une approche d’investissement qui permette de naviguer dans cet environ nement incertain. La diversification est une stratégie d’investissement qui résiste à l’épreuve du temps.
CONSEIL 2
Discipline et patience Perdre ou gagner de l’argent déclenche des émotions. Celles-ci ne sont pas bonnes conseillères. Elles sont notamment déterminées par certains biais cognitifs. Par exemple, le biais de l’aversion au risque veut que la douleur provoquée par une perte soit ressentie de manière plus intense que le plaisir d’engranger un gain. S’en détacher implique de faire preuve d’une certaine discipline et de patience.
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Le succès en investissement repose plus sur le comportement que sur le talent. Mieux vaut ne pas se précipiter. La plupart des erreurs surviennent lorsque l’on essaie de courir un marathon en une heure.
CONSEIL 3
Être un optimiste réaliste Dans une démarche d’investissement, il faut pouvoir se détacher des informations relayées par les médias, souvent sensationnelles et anxiogènes. Il faut se méfier de l’arbre qui cache la forêt. Les événements ponctuels, s’apparentant souvent à des tragédies, conduisent à des perspectives pessimistes. Or, les grandes évolutions positives de nos sociétés se produisent rarement en 24 heures. Mieux vaut donc privilégier une attitude optimiste, mais réaliste, en relativisant les événements, en prenant de la hauteur, en s’informant avec une perspective qui dépasse les aléas quotidiens.
CONSEIL 4
On ne peut pas tout contrôler Nous n’avons jamais eu autant d’informations à portée de main ou de clic. Il est dès lors facile de se laisser distraire.
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
’investisseur doit donc se concentrer L sur ce qu’il peut contrôler, le reste n’étant qu’accessoire, et majoritairement du bruit parasite. Trier ce bruit est important pour son avenir financier, mais aussi pour sa santé mentale. Lorsqu’on investit, cela revient à se concentrer sur ses objectifs et la manière dont on alloue ses actifs au sein d’un portefeuille, et non pas à essayer de savoir qui sera le nouveau président des États-Unis, et si celui-ci est compatible avec vos valeurs.
CONSEIL 5
Il n’y a pas de bon moment L’idée qu’il y ait un bon moment pour investir sur les marchés est une chimère. On ne peut simplement pas déterminer le meilleur instant pour acheter ou vendre. Essayer de prédire le cours de la bourse au jour le jour revient à jouer à pile ou face. Prendre une décision de vente sur un ressenti, et donc interrompre son cheminement vers l’objectif poursuivi, c’est multiplier les risques de faire des mauvais choix : celui de vendre au mauvais moment et, sa conséquence, celui de réinvestir au mauvais moment. Il est préférable de s’accorder un horizon suffisant et de procéder dans le temps à des rééquilibrages stratégiques de son portefeuille ou, mieux encore, d’investir régulièrement.
Investir pour le long terme avec une entreprise présente localement pour le long terme.
Fondée en 1931 aux Etats-Unis, Capital Group est une société de gestion d’actifs parmi les plus importantes au monde. Tout au long de notre histoire, notre seul objectif a été de livrer des résultats consistents aux investisseurs de long terme. Capital Group est présente en Europe depuis 1962 et dispose d’un bureau au Luxembourg. Par cette présence, nous témoignons: • d’une vision à très long terme: plus de 80 années d’expérience en matière d’investissement sur tous types de cycles. • d’une approche véritablement globale: avec plus de 300 gérants de portefeuilles et analystes répartis dans le monde entier, notre capacité à appréhender les dernières tendances est inégalée. Pour en apprendre plus sur l’approche de Capital Group en matière d’investissement, visitez www.capitalgroup.com/lu/fr La valeur des placements et le revenu qu’ils génèrent peuvent fluctuer à la hausse comme à la baisse et vous pourriez perdre une partie ou la totalité de votre placement initial. Le présent document publié par Capital International Management Company Sàrl (« CIMC »), 37A avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg, est fourni à titre d’information uniquement. CIMC est régie par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (la « CSSF ») et est filiale de Capital Group Companies, Inc. (Capital Group). La société Capital Group s’efforce d’obtenir des informations de sources tierces qu’elle croit fiables, toutefois, elle ne peut certifier ni garantir leur exactitude, leur fiabilité ou encore leur caractère exhaustif. Le présent document n’a pas vocation à être complet ni à fournir un conseil d’investissement, fiscal ou autre. © 2020 Capital Group. Tous droits réservés.
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Investir les arts Investir une partie de son patrimoine dans l’art est aussi passionnant que pertinent. Mais c’est un choix qui nécessite d’être bien accompagné. C’est justement ce que propose la banque privée Degroof Petercam à ses clients. Entretien avec Hubert d’Ursel, Head of Art Advisory, et Alexandre Schmitz, Head of Business Development. Contenu sponsorisé DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Pouvez-vous nous présenter le service exclusif Art Collections, que vous proposez ? HU Nous avons monté une équipe composée de 3 experts, dont 2 pointures de l’art du 20 e siècle, Sabine Taevernier
ALEXANDRE SCHMITZ Head of Business Development, Degroof Petercam Luxembourg
David Plas, Laurent Antonelli
En quoi l’art est-il un véhicule d’investissement pertinent ? AS Il est d’abord important de préciser qu’il ne faut pas voir l’art comme un pur produit d’inves-
tissement. C’est avant tout une passion, l’expression d’un goût. Investir dans l’art, c’est investir dans l’émotion. L’achat d’une œuvre ne doit pas être exclusivement motivé par la possibilité de faire une affaire. Ce type de motivation amène d’ailleurs souvent à se tromper. En revanche, je crois que, dans un patrimoine familial diversifié, l’art est un investissement pertinent, prestigieux, qui permet d’entrer dans un nouveau monde, de rencontrer des gens passionnés et passionnants, de découvrir des lieux exceptionnels, et puis, bien sûr, de pouvoir profiter chez soi d’un bien tangible, à haute valeur ajoutée. On considère donc qu’il est tout à fait raisonnable de consacrer 5 à 10 % de son patrimoine à l’art.
Photos
Comment le Luxembourg se positionne-t-il vis-à-vis du marché de l’art actuellement ? HUBERT D’URSEL Je suis le marché de l’art depuis 30 ans dans la zone Benelux, et j’ai remarqué que, depuis une dizaine d’années, le Luxembourg a pris une envergure nouvelle. La création du Freeport a été un moment fort qui a remis le Luxembourg dans la lumière, tout comme la création du Mudam et l’apparition de très belles galeries. N’oublions pas non plus Luxembourg Art Week, la foire d’art contemporain qui, pour sa 6e édition, compte 65 galeries exposantes. Il y a donc une réelle montée en puissance du Grand-Duché sur la carte mondiale du marché de l’art. ALEXANDRE SCHMITZ L’arrivée de nouveaux résidents très intéressés par l’art et dotés d’un patrimoine important a permis de créer une réelle effervescence autour du marché, avec l’apparition d’une offre artistique et culturelle beaucoup plus importante que par le passé. La banque, par exemple, organise chaque année une exposition consacrée à l’art, la dernière en date avec Isabelle de Borchgrave, la reine du papier.
Brand Voice
experts mènent des expertises pointues et sont totalement indépendants. Lorsque nos clients souhaitent investir dans l’art, la crainte de se tromper ou d’être trompé apparaît souvent. Ces experts rassurent nos clients par leur analyse, ou les challengent, mais en aucun point ne les remplacent !
Sabine Taevernier, consultante indépendante en art moderne et d’après-guerre, et Anne Pontégnie, consultante indépendante en art contemporain et émergent, ont rejoint Hubert d’Ursel au sein du comité d’experts Art Collections chez Degroof Petercam.
et Anne Pontégnie, qui ont plus de 25 ans d’expérience dans le marché. Elles ont un accès extraordinaire aux principales salles de vente à Londres, New York ou Paris, et disposent de nombreux contacts avec les courtiers et les marchands du monde entier. Elles connaissent également de nombreux collectionneurs. Ce qui démarque notre approche du courtier solitaire, c’est l’échange constant à propos des œuvres, leur prix ou leur histoire, par exemple, en plus du monitoring de la banque, qui donne une sécurité et une confiance à nos clients. C’est un service qui existe déjà à Londres et à New York, mais il n’est jamais relié à aucune banque. En Europe, les indépendants sont nombreux, mais ils ont une vue moins large, et il faut pouvoir leur faire confiance. AS Nous faisons dans le domaine artistique ce que nous faisons déjà avec des portefeuilles. Nous ajoutons une dimension pertinente et rigoureuse dans la création et la gestion des collections. Nos
Ce service concerne-t-il l’amateur qui débute une collection, le collectionneur confirmé, ou bien les deux ? HU Ce sont les deux, toujours en accord avec les souhaits particuliers de chacun de nos clients, de leur expérience. Dans le cas d’un collectionneur aguerri, il arrive très souvent que cette personne remette en question les choix qu’elle a faits il y a 20 ans et qu’elle souhaite se repositionner sur d’autres courants artistiques ou améliorer certains points. Ce collectionneur a donc, lui aussi, besoin d’être conseillé. Dans l’autre cas, pour une personne ou une famille qui souhaiterait investir dans l’art, avoir accès à un service comme Art Collections est un privilège énorme. AS Ce service permet en outre de fédérer les goûts des familles et de faire converger certains points de vue sur tel ou tel courant artistique, au-delà des affinités personnelles, dans une visée d’investissement pertinent.
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Marché
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Illustration
Le secteur de l’assurance-vie vient de vivre quelques années marquées par une forte croissance. Si la crise du Covid-19 a freiné cette dynamique, les assureurs restent confiants par rapport à l’évolution du marché.
Ana Gaman
L’assurance-vie ne meurt jamais
L ’
année 2019 a été exceptionnelle pour le secteur de l’assurance-vie. Selon les chiffres du Commissariat aux assurances (CAA), les encaissements ont en effet augmenté de 18,61 % par rapport à 2018. Selon l’Association professionnelle des assureurs et réassureurs établis au Luxembourg, le total des actifs d’assurance-vie sous administration a augmenté de 15 % en 2019 (203 milliards). La crise du Covid-19 a toutefois rebattu les cartes. « Sur les six premiers mois de l’exercice 2020, l’encaissement global enregistre une décroissance de 20,04 % avec des primes en recul de 33,78 % dans les branches de l’assurance-vie », a ainsi communiqué le Commissariat aux assurances en août dernier.
Le dynamisme de certains contrats « On observe effectivement un ralentissement de la croissance plus marqué ces derniers mois, confirme Florent Albert, managing director Europe et group CFO de Lombard International Assurance. Mais on constate une importante différence entre l’assurance-vie investie dans les fonds généraux, sous forte pression notamment en raison de la baisse continue des taux d’intérêt, et celle en unités de compte, dont les chiffres sont restés plutôt bons. » Ce constat est partagé par l’ensemble des assureurs spécialisés. « La crise n’a pas eu d’impact de notre côté. Au contraire, on constate plutôt une croissance par rapport à l’an passé », explique par exemple Luc Rasschaert, CEO de Wealins. Antonio Corpas, CEO de OneLife, abonde dans le même sens et avance quelques pistes d’explication. « D’une part, la crise a suscité l’intérêt des investisseurs pour l’assurance-vie de droit luxembourgeois et la protection qu’elle leur offre. De l’autre, nos partenaires – courtiers, banquiers, etc. – ont sans doute été plus disponibles et nous ont fait remonter de nombreuses demandes de solutions. »
Préparer demain La crise a également servi d’accélérateur de transformation digitale pour certains acteurs. « Wealins étant le produit d’une fusion survenue il y a trois ans, nous avons d’abord veillé à unifier notre système informatique. Depuis quelques mois, un important travail est effectué, notamment pour permettre à l’ensemble de nos partenaires de réaliser des opérations en ligne à partir d’une plateforme unique », détaille Luc Rasschaert. Dans un secteur où le conseil reste primordial et où les produits sont souvent construits sur mesure, il n’est pas possible d’industrialiser entièrement le processus. « Il est toutefois indispensable d’automatiser une série d’opérations simples, comme l’analyse du profil de risque ou des éléments de KYC, ou encore les ouvertures de comptes afin de gagner en efficacité opérationnelle », indique David Liebmann, director – head of distribution & sales innovation chez Lombard International Assurance. Dans un monde où les contacts physiques sont amenés à se réduire, l’assureur doit en outre pouvoir assumer un rôle nouveau, celui de « connecteur ». « Nous sommes la plateforme – le hub – au carrefour entre les maisons de fonds, les banques dépositaires, les asset managers, les courtiers… Nous devons faire en sorte que tous ces acteurs puissent communiquer de façon fluide et optimale. Et le digital joue un rôle essentiel pour cela », estime Antonio Corpas. La fin du privilège fiscal ? Les investissements durables ont le vent en poupe et sont appelés à nourrir la croissance du secteur au cours des prochaines années. Mais alors, l’assurance-vie est-elle réellement inarrêtable ? « Je crains qu’en raison de l’impact de la crise du Covid-19 sur les finances publiques, le statut fiscal privilégié de l’assurance-vie soit revu dans certains pays. Ceci, évidemment, pourrait impacter sérieusement notre secteur », conclut Luc Rasschaert. Auteur Q. D.
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Outil
Les visages de l’assurance-vie Le terme « assurance-vie » recouvre des réalités diverses. Pour savoir dans quoi vous vous lancez, il est indispensable de bien comprendre ses différents visages avant de souscrire un contrat.
D
epuis plusieurs années, l’assurance-vie de droit luxembourgeois a le vent en poupe. Mais parler d’assurance-vie, au singulier, est sans doute réducteur pour évoquer les différentes facettes de ce produit, qui, tantôt, sert à protéger ses proches ou soi-même en cas de décès ou d’invalidité, tantôt, permet d’épargner et d’investir. « C’est en effet là la première distinction qu’il s’agit d’opérer quand on parle d’assurance-vie : on trouve, d’un côté, les contrats de prévoyance et, de l’autre, ceux d’épargne et d’investissement, explique Magali Zuber, directrice Marketing, offre, distribution et service client chez AXA Luxembourg. Dans le premier cas, les primes sont dues pour couvrir le risque de décès ou d’invalidité. En cas de non-paiement, la couverture d’assurance cesse ou est adaptée. »
Un produit d’épargne et d’investissement avant tout Aujourd’hui, l’assurance-vie de droit luxembourgeois est surtout utilisée comme un outil permettant l’épargne et l’investissement, car elle offre des avantages fiscaux tout en garantissant une certaine sécurité par rapport au capital investi, notamment grâce au fameux triangle de sécurité offert par le Luxembourg. Le principe est toutefois toujours le même : il s’agit d’un contrat à travers lequel l’assureur s’engage, contre paiement de primes, à verser un capital ou une rente au 24
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bénéficiaire, soit en cas de décès du souscripteur, soit à une date déterminée, s’il est toujours en vie. Sur ce principe de base se construit une grande variété de contrats. Ils varient notamment en ce qui concerne les modalités de versement des primes. « Dans l’assurance-vie, ‘the sky is the limit’, résume Véronique Simonin, head of sales & strategic key partner management chez Swiss Life. Si on dispose de revenus assez importants et que l’on souhaite épargner, on optera par exemple pour des versements réguliers. Si on a hérité d’une forte somme, on préférera payer une prime unique plus importante, sans exclure l’apport de primes complémentaires par la suite. Le produit s’adapte en réalité aux besoins de chacun. » Une grande flexibilité Au-delà de la fréquence des versements, de nombreux autres éléments du contrat peuvent varier. L’assurance-vie, même si elle est de droit luxembourgeois, s’adaptera ainsi à la juridiction du lieu de résidence du souscripteur, afin d’être optimisée aux niveaux juridique et fiscal. La devise du contrat pourra aussi différer : euro, dollar, livre, franc suisse… La durée sera également assez flexible. « Le client a le choix des garanties et de la durée du contrat. Il a aussi la possibilité d’effectuer des rachats et de choisir les supports d’investissement dans lesquels il souhaite que ses primes soient placées : produits à taux garanti et/ou fonds en
unités de compte », détaille Véronique Simonin. Ces deux éléments – les possibilités de rachat en cours de contrat et les types de fonds dans lesquels les primes sont investies – sont particulièrement importants. En ce qui concerne le premier point, tout d’abord, l’assurance-vie offre la possibilité de racheter partiellement, de façon libre ou programmée, le contrat souscrit. Attention toutefois à respecter les contraintes fiscales liées à la réception des sommes qui seront libérées suite à cette opération. Rendement et risque Pour espérer des rendements intéressants à travers une assurance-vie aujourd’hui, il est de plus en plus tentant de délaisser les produits à rendements garantis pour se tourner vers un contrat en unités de compte, c’est-à-dire investir ses primes dans des actifs boursiers. « Il n’y a pas de miracle à attendre des rendements liés aux taux garantis, car ceux-ci dépendent, comme pour les produits bancaires, des marchés financiers, et plus particulièrement des taux d’intérêt. Or, les taux d’intérêt sont historiquement bas – voire négatifs –, et ceci de manière durable, confirme Véronique Simonin. L’investissement à taux garanti rapporte beaucoup moins que l’inflation pour le client, sans parler des frais de gestion appliqués au contrat. C’est pourquoi le meilleur moyen d’obtenir un rendement positif est de se tourner vers les fonds en unités de compte. » Ceux-ci présentent toutefois l’inconvénient d’être plus risqués pour le souscripteur. Autrement dit, ils ne protègent pas d’une perte du capital investi. « Bien entendu, le risque est plus élevé. Cependant, un horizon d’investissement assez long et des versements réguliers permettent d’atténuer et de lisser ce risque. Enfin, lorsque nous parlons de fonds d’investissement, il faut se rappeler que tous n’ont pas le même niveau de risque. D’où l’importance du devoir de conseil ! », estime Magali Zuber.
Avoir un bon fonds Le choix du type de fonds dans lequel on souhaite investir à travers ses primes est dès lors très important, car il aura un impact direct sur les rendements que vous pouvez espérer. Chaque assureur propose tout d’abord un fonds général qui correspond à l’actif propre de la compagnie. Il permet de garantir votre capital durant toute la durée du contrat. Les assureurs offrent également la possibilité d’investir dans des fonds en unités de compte. Il peut s’agir de fonds externes, de fonds internes collectifs (FIC), d’un fonds d’assurance spécialisé (FAS) ou d’un fonds interne dédié (FID). Le FIC fonctionne comme un fonds OPCVM. Il est accessible à un groupe d’investisseurs qui n’ont pas forcément de liens familiaux. La gestion du fonds, de prudente à équilibrée, peut évoluer
RÉPARTITION
La qualité de gestion chez les assureurs-vie luxembourgeois en % Forte
Moyenne
41 19
8
Sans opinion 20
59
3
23
52
3
39
44
13
1
25
53
15 7
Faible 38
2
46 46
2 3
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Les assureurs-vie luxembourgeois sont appréciés pour leur capacité à gérer plusieurs systèmes fiscaux, leur aptitude à envisager des cas complexes et la qualité des données, selon l’étude du cabinet de conseil Périclès. Source
Périclès Group (2019)
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« Tous les fonds d’investissement n’ont pas le même niveau de risque. D’où l’importance du conseil ! » AGALI ZUBER M Directrice Marketing AXA Luxembourg
tout au long de la durée de vie du contrat. Spécificité luxembourgeoise, le FID donne accès à une large gamme d’actifs : obligations, actions, hedge funds, fonds de private equity, etc. Avec le FID, le souscripteur peut choisir librement le mandataire, le gestionnaire et le dépositaire du fonds. Le FAS est, quant à lui, une création plus récente (2015). Il donne la possibilité d’investir dans des titres vifs – détenus en direct – sans avoir recours à un gestionnaire financier. Le souscripteur décide lui-même de la composition du fonds, lors du versement de la prime initiale ou complémentaire, ou lors d’un arbitrage. « Le FID et le FAS sont des sortes de sous-enveloppes de l’assurance-vie, dans lesquelles se trouvent des actifs spécifiques », précise Antonio Corpas, CEO de OneLife. La question de la gestion Cette grande variété de fonds disponibles permet de soulever la question de la gestion de l’assurance-vie, qui, comme on vient de le voir, peut être envisagée de façon très différente d’un contrat à l’autre. Vous pouvez tout d’abord choisir d’opter pour une gestion libre. Dans ce cas, vous répartissez vous-même votre épargne entre les différents supports d’investissement qui figurent dans votre contrat d’assurance-vie. Vous évaluez alors de façon libre vos objectifs de rentabilité et votre appétence 26
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
au risque. Une autre possibilité est d’opter pour une gestion conseillée, qui vous permet de bénéficier des conseils d’experts de votre société d’assurances, tout en gardant la main sur la gestion. Enfin, il est possible de choisir un mode de gestion personnalisé, particulièrement pour les FID. Celui-ci peut reposer sur un profil déterminé (prudent, modéré, dynamique, etc.) ou sur des critères sur mesure définis par le souscripteur. Les options de sortie Dernier élément important qui permet de différencier les contrats d’assurance-vie : les options de sortie. Tout d’abord, il est possible que le souscripteur souhaite, par lui-même, clôturer son contrat d’assurance-vie. Il s’agit alors d’effectuer un rachat total de son contrat, qui permet de récupérer la valeur investie. Si la sortie s’effectue de façon plus classique, deux possibilités s’offrent généralement au souscripteur : toucher son capital en une fois ou bénéficier d’une rente. Dans ce dernier cas, le montant dû vous est versé régulièrement (par mensualités, bien souvent), ce qui vous permet de bénéficier d’une sorte de revenu supplémentaire durant votre retraite. Notez toutefois que le fait d’opter pour la rente viagère présente des inconvénients. Tout d’abord, elle annule la possibilité de transmettre le capital. Celui-ci est perdu pour les héritiers. Enfin, les rentes sont imposées. D’un point de vue fiscal, cette formule n’est sans doute pas la plus avantageuse. On le voit, l’assurance-vie de droit luxembourgeois est donc un produit aux multiples facettes. Parvenir à les appréhender est une condition de base pour pouvoir profiter de ses avantages en adaptant parfaitement le produit à sa situation et ses besoins. À ce titre, il est donc pour le moins conseillé de faire appel à un professionnel pour se faire aiguiller dans l’univers très fourni de l’assurance-vie. Auteur Q. D.
Atouts
Une assurance si différente Si l’assurance-vie de droit luxembourgeois tire si bien son épingle du jeu, c’est parce qu’elle cumule les atouts, surtout lorsqu’elle est utilisée comme un outil d’investissement. Nous vous détaillons quatre de ses avantages majeurs.
L
e succès de l’assurance-vie s’explique facilement par les nombreux avantages qu’elle offre à ses souscripteurs : une fiscalité douce, une grande sécurité, la possibilité de gérer son patrimoine et sa succession. À ces éléments, il faut sans doute encore ajouter la portabilité, grand atout de l’assurance-vie de droit luxembourgeois.
Fiscalité L’assurance-vie de droit luxembourgeois se caractérise par sa neutralité fiscale. « Seule la fiscalité de votre pays de résidence sera applicable. Or, celle-ci est généralement très avantageuse pour les produits d’assurance-vie », précise Antonio Corpas, CEO de OneLife. Sécurité Les garanties offertes par le triangle de sécurité à toutes les personnes qui souscrivent une assurance-vie au Luxembourg constituent sans conteste un atout majeur. « Avec ce mécanisme, le Commissariat aux assurances valide le dépôt des actifs dans une banque dépositaire et, par cette opération, fait en sorte que ces actifs, quel qu’en soit le montant, soient cantonnés et deviennent insaisissables en cas de faillite de la banque, explique Antonio Corpas. Même en cas de faillite de l’assureur, le souscripteur dispose d’un ‘super privilège’ : il primera sur d’éventuels 28
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
créanciers institutionnels. » Une réelle tranquillité d’esprit, en somme. Gestion de patrimoine et de succession Avec l’assurance-vie luxembourgeoise, l’investisseur accède aussi à « une gamme d’actifs innovants et sophistiqués, souvent plus large que celle auto risée dans son pays de résidence », indique Luc Rasschaert, CEO de Wealins. Cela fait du contrat d’assurance-vie un outil flexible, qui est d’une utilité précieuse pour la planification patrimoniale. « Dans une perspective de planification patrimoniale à long terme, l’assurance-vie est parfaitement adaptée. Pour nos clients plus fortunés, dont les besoins sont de plus en plus sophistiqués, c’est devenu une évidence », estime Florent Albert, managing director Europe et group CFO de Lombard International Assurance. Portabilité Dernier atout majeur : sa portabilité. « Ce terme signifie qu’on peut facilement adapter le contrat si le souscripteur change de pays de résidence. Comme il s’agit d’un investissement sur le long terme, le fait que cette possibilité existe est rassurant car la situation personnelle ou professionnelle d’un investisseur peut largement évoluer en l’espace de 10 ou 20 ans », conclut Florent Albert. Auteur Q. D.
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Rendements
Qu’a-t-on à y gagner ? Alors que l’épargne bancaire classique coûte plus qu’elle ne rapporte, l’assurance-vie apparaît comme une planche de salut pour de nombreux épargnants. Mais ce n’est le cas que si l’on accepte de prendre des risques…
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importe quel courtier d’assurances ou gestionnaire de fortune vous affirmera que l’intérêt de l’assurance-vie réside dans sa capacité à offrir des rendements plus généreux que ceux obtenus grâce à une épargne classique. Ce postulat n’est certes pas faux, mais il faut bien avoir conscience de ce qu’implique le gonflement des rendements proposés par votre contrat d’assurance-vie.
Fonds euros et fonds en unités de compte La plupart des assureurs proposent de placer vos primes d’assurance-vie dans deux types de fonds. Si vous ne souhaitez prendre aucun risque, vous pouvez privilégier le « fonds euros », qui correspond aux actifs propres de l’assureur. Une telle formule vous permet de garantir votre capital. Elle vous offre toutefois des rendements très faibles, de l’ordre de 1,5 % en 2019. Avec une inflation évaluée par le Statec à 1,6 % pour 2021, on se rend rapidement compte que le choix d’un tel contrat d’assurance-vie constitue, au mieux, une opération blanche. La grande majorité des épargnants qui optent aujourd’hui pour l’assurance-vie choisissent dès lors une formule mixte : une partie des primes est investie dans le fonds euros, avec capital garanti ; l’autre dans des fonds en unités de compte. Ces dernières sont des supports financiers composés d’obligations, d’actions, d’actifs immobiliers, etc., qui n’offrent aucune garantie 30
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de restitution du capital. En optant à 100 % pour ces unités de compte, les rendements deviennent bien plus juteux : de 3 à 7, voire 10 %. De nombreux facteurs d’influence De 3 à 10 %, il y a toutefois un monde. Alors, comment passe-t-on d’un chiffre à l’autre ? En réalité, toute une série de facteurs influencent les rendements, sans compter les facteurs macroéconomiques. Parmi ces différents facteurs figure tout d’abord la répartition que vous avez choisi d’effectuer entre les unités de compte et les fonds euros. Plus la part de vos primes investie dans les unités de compte sera importante, plus les rendements pourront être élevés. Ceci étant dit, en faisant pencher la balance du côté des unités de compte, vous prendrez également plus de risque de voir disparaître votre capital en cas de crise ou de mauvaise inspiration du gestionnaire de vos actifs. Votre aversion au risque jouera donc un rôle direct dans les rendements que vous pouvez espérer. La durée d’investissement est également importante, surtout si vous privilégiez les unités de compte. Plus la période d’investissement est longue, plus vos actifs auront le temps de se remettre d’une éventuelle crise boursière. En outre, la composition des fonds dans lesquels vous investissez a également une importance. Mieux vaut le savoir avant de se lancer !
Auteur Q. D.
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Comparatif
10 assurances-vie au banc d’essai En donnant la possibilité de placer vos capitaux dans une série de fonds, l’assurance-vie offre des rendements plus intéressants aux investisseurs disposant de moyens conséquents. Nous avons passé 10 contrats au banc d’essai.
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ous avons comparé, en nous basant sur différents critères, les offres de Lombard (Liberté), Generali (Espace Lux), Bâloise (ProFolio), Swiss Life (Premium Lux), Cardif Lux Vie (Liberty 2 Invest), Wealins (Wealins Life), AXA Wealth Europe (Lifinity Europe), Allianz (Global Invest Evolution), AG2R La Mondiale (Life Mobility Evolution) et OneLife. Analyse.
Ticket d’entrée Pour souscrire à ces formules d’assurance-vie, il faut commencer par verser une prime. La prime moyenne s’élève à 250.000 € (Lombard, Swiss Life, Cardif, Wealins et Allianz), mais elle est parfois plus haute (300.000 € chez AXA) ou plus basse (100.000 € chez OneLife, AG2R et Generali).
AG2R et Wealins – négociables chez ce dernier). Ils peuvent toutefois être moins élevés (4,5 % chez Lombard, Generali et Swiss Life). Les frais de gestion pour les supports en unités de compte s’élèvent de 1 % maximum (Lombard, AG2R, Cardif, AXA) à 2 % maximum (Swiss Life). Des packages sont généralement prévus pour les frais d’arbitrage : une ou deux opérations gratuites par an, et environ 0,5 % de frais au-delà. Ratio de solvabilité Le ratio de solvabilité exprime, en pourcent, le rapport entre les fonds possédés par l’assureur et ceux détenus par des tiers. Plus il est élevé, plus le produit de l’assureur est réputé solide. Pour notre sélection, voici les derniers chiffres : Lombard (135 %), OneLife (140 %), Cardif (151 %), Wealins (155 %), Swiss Life (175 %), AXA (180 %), Allianz (200 %), AG2R (221 %), Generali (224 %), Bâloise (242 %).
Types de fonds proposés Fonds en euros, fonds multidevises, placements mobiliers ou immobiliers… Les différents contrats permettent d’investir dans une large gamme de fonds. La plupart offrent des possibilités similaires. Relevons toutefois que Bâloise, Wealins et OneLife ne proposent pas de fonds en euros. La possibilité d’investir dans des organismes de placement collectif en immobilier est offerte par l’ensemble des assureurs.
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Frais Les frais d’entrée tournent, en général, autour de 5 % maximum (Allianz, AXA, Cardif, Bâloise,
Auteur Q. D.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Me Sabrina HAJEK - Avocat à la Cour auprès du Barreau de Luxembourg L’Etude intervient essentiellement en matière de structuration patrimoniale et de planification successorale, tant en amont qu’en matière de contentieux y relatifs. Cela concerne notamment : Droit des successions Droit des donations et libéralités Droit des sociétés Droit des contrats Fiscalité du patrimoine Régimes matrimoniaux
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Immobilier
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Illustration
Alors que les prix de l’immobilier ne cessent de flamber ces dernières années et que la crise sanitaire du coronavirus ne semble pas les faire faiblir, fait-il toujours aussi bon investir dans la pierre au Luxembourg ?
Ana Gaman
Pierre précieuse
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eux qui ont acquis un appartement ou une maison il y a quelques années au Luxembourg se frottent les mains… Entre 2008 et 2018, le prix de l’immobilier résidentiel y a en effet augmenté de 5 % en moyenne chaque année, selon l’Observatoire de l’habitat. Cette tendance à la hausse s’est encore accélérée ces deux dernières années, avec des croissances à deux chiffres pour les appartements neufs. Pour l’heure, la crise sanitaire ne semble pas affecter les prix. « On a vu, après le confinement, certains ménages reconsidérer leurs critères et se tourner davantage vers des propriétés moins chères car moins centriques, mais plus spacieuses et dotées de davantage d’espace extérieur. Mais en aucun cas nous n’avons vu les prix flancher, au contraire », explique Paul Fabeck, owner & founder de Bricks Solutions Immobilières. Au deuxième trimestre 2020, le prix des appartements a ainsi augmenté de 15,7 % (anciens) à 16,7 % (neufs) par rapport à l’année précédente. Alors, est-il toujours intéressant de placer une partie de son capital dans l’immobilier ? « Aujourd’hui, le rendement brut moyen généralement accepté par les investisseurs dans le résidentiel est d’environ 3 %, confie Paul Fabeck. C’est, certes, un rendement inférieur à celui de 5 % perçu il n’y a encore que 4 à 5 ans, mais il reste très intéressant au vu des taux d’intérêt historiquement bas. » L’équation se complète par la plus- value que le bien acheté prendra au fil des ans. L’immobilier constitue ainsi un investissement de prévoyance vieillesse et un outil de transmission de patrimoine très intéressants. La localisation et le neuf, des critères essentiels Dans quel type de bien est-il recommandé d’investir ? Le particulier a pour habitude de se tourner vers le résidentiel. L’immobilier de bureaux ou de commerce, car il répond à d’autres enjeux, est en effet davantage réservé à des groupements d’investisseurs ou des fonds.
Investir dans le neuf, plus spécifiquement, ermet de profiter de certains avantages fiscaux. p « Lorsque l’investisseur achète sur plan, il ne paie des frais d’enregistrement que sur ce qui est matérialisé – quote-part terrain et éventuelles constructions déjà réalisées – à la date de la signature de l’acte, donc, généralement, sur une valeur bien inférieure au prix global d’une acquisition », précise Paul Fabeck. De plus, l’amortissement de 6 % sur 6 ans de la valeur hors terrain pour les logements locatifs neufs continuera à séduire les investisseurs. Par ailleurs, la situation du bien semble plus importante à prendre en compte que la qualité de la construction. « C’est en effet la localisation du logement qui conditionne sa valeur et qui, même à prix fort, l’emporte dans les critères de la plupart des investisseurs. » Le centre du pays reste particulièrement sûr. « Cette zone est la plus chère. Le risque de dévalorisation y est également le plus faible. Même si les prix de l’immobilier venaient à stagner ou à baisser, c’est un segment de marché qui se montrera résilient. » Un investissement plus difficile, mais sûr Face à la croissance des prix, le marché risque cependant d’être de plus en plus compliqué à atteindre pour les ménages lambda et les investisseurs. « On atteint des niveaux de prix qui les inquiètent. La pression est plus forte pour trouver un locataire capable de payer un loyer qui réponde aux objectifs de rendement fixés, constate Paul Fabeck. Et la crise sanitaire contribue à ralentir le marché locatif. Les expatriés sont moins nombreux, les processus de transfert plus longs. » Or, la fin de la pandémie n’est pas encore déterminée, ni même son impact précis sur l’économie. Dans ce contexte incertain, la pierre continue à jouer pleinement son rôle d’investissement durable à faible risque et de valeur refuge. Auteur J. R.
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Immobilier
Les fonds attirent toujours plus Si le nombre de fonds immobiliers luxembourgeois a tendance à peu évoluer ces dernières années, les actifs sous gestion les concernant, eux, connaissent une nette progression. Leurs atouts séduisent de plus en plus d’investisseurs.
S
elon les dernières données disponibles auprès de la CSSF, on comptait, au 30 septembre 2020, 326 fonds immobiliers luxembourgeois, pour 90,883 milliards d’euros d’actifs sous gestion. « Au cours de ces cinq dernières années, les actifs sous gestion dans les fonds immobiliers ont donc enregistré, en moyenne, une croissance annuelle d’environ 20 % », commente Julie Honoré, partner, Real Estate au sein d’EY Luxembourg. Plusieurs éléments ont contribué à cette progression. « Au fil des ans, l’immobilier s’est institutionnalisé comme une classe d’actifs à part entière, faisant l’objet d’une gestion spécifique, analyse Julie Honoré. En outre, le Luxembourg propose une diversité de produits – Sif, Raif, SCSp, etc. – aux gestionnaires, qui ont ainsi la possibilité de répondre à un grand nombre de demandes des investisseurs. » Par ailleurs, l’investissement dans l’immobilier peut comprendre une part de levier financier importante. « Dans le contexte actuel, avec des taux d’intérêt particulièrement bas, l’accès à ce type de placement est grandement facilité. » Les investisseurs institutionnels séduits Tirant profit de ces avantages, les gestionnaires intègrent de plus en plus les fonds immobiliers dans leurs stratégies d’investissement. Selon l’étude annuelle de l’Alfi, les fonds immobiliers représentent en effet 2,8 % des fonds gérés par
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les gestionnaires de fonds d’investissement (GFI) autorisés par la CSSF, et 3,1 % des fonds gérés par les autres GFI. Ces dernières années, ce sont les investisseurs institutionnels qui lèvent majoritairement des capitaux dans l’immobilier. Les fonds domiciliés au Luxembourg sont principalement utilisés par de petits groupes, 87 % d’entre eux ayant 25 investisseurs ou moins. « Ces derniers recherchent un rendement stable. Et les fonds immobiliers offrent des rendements fixes, particulièrement intéressants au regard de ceux du marché obligataire », explique Julie Honoré. Des risques lissés Les fonds immobiliers luxembourgeois investissent dans des projets diversifiés, tant en matière de secteur (immeubles de bureaux, bâtiments résidentiels, parcs logistiques, commerces, etc.) que de localisation. « Une telle approche permet de mutualiser les risques, notamment face aux divers événements qui peuvent se produire, tels que ceux que nous connaissons actuellement. » Il est encore difficile de prédire quel sera l’impact de la crise sanitaire sur les fonds immobiliers. « Il pourrait y avoir une diminution des valorisations, mais les transactions continuent, et de nouveaux fonds sont lancés. Pour l’heure, les fonds luxembourgeois se montrent assez résilients », rassure Julie Honoré. Auteur J. R.
Capital-investissement
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Illustration
Le marché du private equity connaît un essor sans précédent, attirant au Luxembourg les sociétés de gestion et des investisseurs sophistiqués à la recherche de performance à long terme.
Ana Gaman
Toujours plus de private equity
«
C
omment se porte le marché du private equity au Luxembourg ? Bien ! », confie Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA). En l’absence de données consolidées et officielles, il est relativement compliqué de chiffrer avec précision la taille réelle du private equity (PE) et du venture capital dans la galaxie globale des fonds, toutes structures confondues. Il est cependant certain que cette classe d’actifs alternatifs connaît un succès croissant et que la place financière luxembourgeoise a réussi à tirer son épingle du jeu. « Selon les données de l’étude produite par notre membre Deloitte et nos partenaires de l’Alfi, le private equity a connu une croissance robuste de l’ordre de 19 % en 2019, portant le total des avoirs sous gestion (AuM) à 148 milliards d’euros, suivant la méthodologie appliquée à cette étude, qui s’est focalisée sur certaines structures, poursuit Stéphane Pesch. D’autres estimations font plutôt état du double d’actifs à Luxembourg. Dans le private equity, on retrouve des fonds régulés et aussi des structures non supervisées par la CSSF, ce qui ne facilite pas l’obtention de chiffres consolidés. » Par exemple, les fonds structurés sous le régime du Raif ou en société en commandite non réglementée ont fortement augmenté depuis 2018 et représentaient 51 % de tous les fonds de private equity luxembourgeois en 2019. Des fonds toujours plus grands Les actifs sous gestion d’un fonds de PE moyen domicilié au Luxembourg ont augmenté de 50 % depuis 2018, révèle la récente étude de Deloitte. La taille moyenne des fonds s’élève désormais à 200,6 millions d’euros, tandis que le Luxembourg représente 4,3 % du secteur mondial des fonds de PE d’après les derniers chiffres de McKinsey. Par ailleurs, les plus grandes maisons du private equity sont aujourd’hui présentes au Luxembourg,
et la LPEA voit le nombre de ses membres exploser. Les gérants d’actifs qui choisissent le Luxembourg comme domicile de choix pour leurs gammes de fonds sont séduits par le degré de sophistication de sa boîte à outils juridique, la diversité de son écosystème et son expertise en distribution transfrontalière. Contrairement à d’autres juridictions, les fonds alternatifs luxembourgeois investissent généralement dans une multitude de juridictions et, dépendant des gestionnaires, sont également distribués en dehors du Luxembourg. Autre donnée intéressante, 9 des 10 premières maisons de PE établies au Luxembourg ont renforcé leur présence en employant des professionnels de la conformité et des risques, ce qui n’était pas le cas en 2018. « Le Luxembourg monte dans la chaîne de valeur. Le besoin de substance augmente, et les profils recherchés sont de plus en plus sophistiqués. » Le recrutement, la rétention et le développement de talents restent cependant des préoccupations majeures que la LPEA s’attèle à solutionner. La croissance des classes d’actifs alternatifs est indéniable. Cette catégorie de fonds s’intègre bien dans les plans de la Commission européenne pour une Union des marchés des capitaux (UMC), étant donné que l’un des objectifs est de financer les PME, l’économie réelle et l’innovation par ce biais, en plus du financement bancaire classique. Le PE s’inscrit également dans la tendance actuelle des fonds ESG. « De manière générale, de plus en plus de fonds se préparent à intégrer la taxonomie européenne. Ils s’intéressent entre autres à des solutions de labellisation comme celle de Luxflag, et les investisseurs ont clairement un rôle à jouer en favorisant les fonds soucieux de produire un impact positif sur la société », continue Stéphane Pesch. Fort de son expérience indéniable, le Luxembourg surfe pleinement sur la vague des fonds alternatifs. Et cela lui réussit bien. Auteur M. P.
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Mode de financement
Pourquoi le private equity ? Le private equity concentre l’attention de nombreux investisseurs prêts à prendre davantage de risques pour obtenir plus de rendement. Mais pourquoi et comment accéder à cet univers encore très fermé ?
M
ode de financement des entreprises non cotées à différents stades de leur existence, le private equity, ou capital-investissement, est réputé pour sa capacité à dégager de la performance à long terme. « Sur 10 ou 20 ans, le private equity présente 2 à 3 points de rendement supérieur par rapport aux actions. Cela peut varier d’une région à l’autre. Sur ces 10 dernières années, le marché coté américain, poussé notamment par la technologie, affiche des performances en ligne avec le private equity. Par contre, en Europe et en Asie- Pacifique, le capital-investissement a surperformé les actions », analyse David Seban-Jeantet, chief investment officer de Société Générale Private Wealth Management. Dans un environnement de taux d’intérêt très bas qui s’inscrit dans la durée, il est dès lors logique que de plus en plus d’investisseurs en quête de rendement s’intéressent à ce placement alternatif. Dans l’espoir d’atteindre cette performance plus élevée, l’investisseur doit toutefois accepter de prendre davantage de risques et d’immobiliser son épargne pour une longue période. « Si on revient aux principes de base, le triangle de l’investisseur comprend trois dimensions que sont le rendement, le risque et les liquidités. À chacun de se situer entre ces trois sommets quand on souhaite placer son argent en fonction de ses attentes de rentabilité, de son aversion au risque et de son 40
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
horizon de placement, explique Sébastien Collard, head of relationship management Europe d’Alter Domus. Dans le cas du private equity, on trouve un rendement intéressant, supérieur à celui du marché boursier. Les candidats sont donc davantage prêts à prendre des risques, en connaissance de cause. Il s’agit par ailleurs, la plupart du temps, de fonds fermés, dont on ne peut sortir qu’à des horizons d’investissement de 5 à 7 ans. La liquidité est pratiquement absente de l’équation. » Une diversification importante Les fonds de private equity ont l’avantage d’être décorrélés du marché coté. Là où une élection, une crise sanitaire ou des turbulences géopolitiques peuvent faire chuter la bourse, le capital- investissement permet de soutenir au quotidien des entreprises non cotées, dans une perspective de croissance pérenne. « On assiste par ailleurs à un alignement idéal des intérêts entre l’investisseur, le gestionnaire de fonds et la société dans laquelle l’argent est investi, précise Sébastien Collard. Le gérant de fonds alternatifs est rémunéré par des management fees. Si le fonds atteint un certain niveau de performance, des performance fees viennent s’ajouter. À l’autre bout de la chaîne, l’entreprise profite des capitaux et p arfois du savoir-faire d’investisseurs pour construire et financer sa croissance. » À l’arrivée, tout le monde y gagne.
Le private equity est à considérer comme une piste de diversification au sein d’un portefeuille d’investissement qui contient des actifs liquides comme des actions et des obligations. Cela implique cependant que l’investisseur dispose d’une surface financière suffisante pour allouer une part de ses investissements dans ces actifs plus risqués et illiquides. « Il faut comprendre que, bien qu’abandonnant l’aspect liquidité, l’investisseur réduit toutefois le risque total qui pèse sur son portefeuille, tout simplement parce qu’il joue la carte de la diversification, précise David Seban-Jeantet. Un fond de private equity se déploie habituellement sur une période de trois ans, ce qui permet tout d’abord une diversification en termes de millésime. Mais le capital-investissement couvre aussi beaucoup de réalités différentes, avec le venture capital et son soutien aux jeunes sociétés, le développement des entreprises en croissance, les solutions aux problématiques de changement d’actionnariat, notamment dans le cadre de la transmission des entreprises patrimoniales (LBO). Chaque proposition de valeur est différente et permet de varier son exposition au risque. » L’investisseur peut encore miser sur des entreprises situées dans différentes régions du monde et actives dans des secteurs très variés. Il existe différentes manières de s’engager dans le private equity. L’investissement peut se faire en ligne directe, en prenant des parts dans une société privée. « Nous avons par exemple des clients qui ont cédé leur entreprise familiale, mais qui gardent l’envie de rester impliqués dans la gestion d’une société, d’apporter leurs connaissances et leurs idées et qui disposent donc d’un portefeuille de sociétés. Cela demande toutefois énormément d’implication de leur part pour accompagner le management et participer aux comités de direction », relate David Seban-Jeantet. Il existe bien d’autres stades d’implication, moins contraignants. L’investissement dans un fond dont la gestion est confiée à un tiers est le plus courant.
À qui s’adresse le marché ? Les fonds de private equity ont la particularité d’être des fonds fermés affichant des tickets d’entrée très élevés, autour de 250.000 euros minimum. Ils ne sont donc pas accessibles à toutes les bourses, et les petits épargnants en sont exclus. « À l’origine, cette classe d’actifs s’adresse à une clientèle institutionnelle, professionnelle, aux high net worth individuals qualifiés, dont l’expertise est établie, parce qu’il faut d’abord comprendre dans quoi on investit », reprend Sébastien Collard. Si l’accès est plutôt réservé, l’industrie entre dans une phase de maturation. « À l’image de ce que le Luxembourg a connu avec les fonds Ucits, on assiste à un phénomène de standardisation dans le domaine des investissements alternatifs. L’automatisation accrue et les gains d’efficience dans les processus conduisent à une réduction des coûts opérationnels, ce dont profite directement l’inves-
RÉPARTITION
Taille des fonds en private equity en euros au Luxembourg, en 2019 AU-DESSUS DE 1 MILLIARD 3%
ENTRE 500 MILLIONS ET 1 MILLIARD 4%
ENTRE 100 MILLIONS ET 500 MILLIONS 23% EN DESSOUS DE 100 MILLIONS 69%
La taille moyenne des fonds au Luxembourg est passée à 200,6 millions d’euros en 2019 (soit une augmentation de 50% par rapport à 2018). Source
Deloitte, Is sky the limit?, novembre 2019
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tisseur. Plus la classe d’actifs se développe, plus la gamme s’élargit, plus le produit se démocratise. » Les promoteurs et les gestionnaires de fonds alternatifs trouvent aujourd’hui au Luxembourg tous les outils nécessaires pour construire des fonds de private equity qui répondent aux attentes très variées du marché. De leur côté, les banques privées, les family offices et les investisseurs privés regardent avec davantage d’intérêt le monde du private equity. « Le Luxembourg a prouvé à maintes reprises sa capacité à anticiper et à s ’adapter aux besoins du marché. Tout a commencé avec la société d’investissement en capital à risque (Sicar), véhicule lancé en 2004. Elle a été suivie par le fonds d’investissement spécialisé (Fis) ou specialised investment fund (Sif) en 2007. En 2013, c’est la société en commandite spéciale (SCSp) qui a fait son apparition, avant la création du fonds d’investissement alternatif réservé (Raif) en 2016, véhicule flexible et indirectement régulé au travers de sa société de gestion, détaille Sébastien Collard. Ce dernier véhicule connaît un large succès avec plus de 1.250 fonds Raif répertoriés aujourd’hui. » Ce type de fonds répond en partie à l’ouverture du marché vers d’autres investisseurs, moins fortunés. « Il demande toutefois la capacité de placer 125.000 euros au minimum, ce qui n’est pas encore à la portée de tout le monde», précise le head of relationship management Europe d’Alter Domus. Vers des fonds plus liquides ? D’autres véhicules d’investissement, un temps oubliés, reviennent sur le devant de la scène aujourd’hui. « C’est notamment le cas de l’European long-term investment fund, ou ELTIF, qui existe au Luxembourg depuis 2015. On ne compte que 27 fonds ELTIF en Europe, dont moins de 10 au Luxembourg. On peut donc parler de faux départ, mais cela évolue, et on constate un regain d’intérêt pour ce label. Le seuil d’entrée n’y est que de 10.000 euros. L’accès est donc plus facile. On 42
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
se rapproche davantage des fonds Ucits, la notion de protection de l’investisseur est plus forte, tout comme la diversification des assets » poursuit Sébastien Collard. La tendance est donc à l’ouverture. Les fonds de fonds, tout comme les fonds nourriciers (feeder funds) attirent notamment les banques privées et les family offices. Dans ce modèle, les asset managers ou les banques créent un fonds qui va investir uniquement dans d’autres fonds de private equity. L’autre défi est d’augmenter la liquidité des fonds dédiés au private equity, en prévoyant des clauses de sortie plus courte, à trois ou cinq ans par exemple, pour s’adresser à une clientèle moins fortunée. « Il est clair que l’un des axes de croissance des fonds de private equity est d’élargir le panel d’investisseurs privés qui peuvent y participer. Nous sommes toutefois encore très loin d’un produit retail accessible à tous. Le régulateur est là pour protéger les petits investisseurs privés, et les réglementations sont trop contraignantes pour permettre une ouverture rapide », termine Sébastien Collard. Nous restons encore aujourd’hui sur la notion d’investisseurs qualifiés disposant d’une surface financière très importante et capables de faire face à d’éventuelles pertes. « Nous voyons d’ailleurs une très forte demande des fonds institutionnels avec des levées de fonds records sur de très longs horizons de placement, précise David Seban-Jeantet. Les promoteurs n’ont souvent pas besoin de l’apport d’investisseurs moins fortunés. » À l’avenir, le succès du private equity résidera notamment dans la capacité de ses promoteurs à réduire le ticket d’entrée pour élargir la clientèle en mesure d’offrir une nouvelle rentabilité à ses économies, avec un risque mesuré. Un véritable challenge pour toute l’industrie des fonds alternatifs. Auteur M.P.
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L’exemple IQ-EQ Le private equity soutient le développement d’entreprises à travers le monde. Au Luxembourg aussi, des sociétés profitent de ce mode de financement alternatif. Exemple avec IQ-EQ.
« IQ-EQ est une entreprise d’origine luxembourgeoise dont nous avons fait l’acquisition en 1998. L’entité rachetée appartenait alors à Kredietbank (KBL) et comptait une quarantaine de collaborateurs. Aujourd’hui, nous sommes devenus un groupe de 3.000 personnes présent dans 23 pays. Si notre quartier général est toujours au Luxembourg, ce pays n’est qu’une des plateformes à partir desquelles nous servons notre clientèle composée de fonds alternatifs, de grands family offices et d’entreprises internationales. En 20 ans, nous sommes passés de la taille d’un petit acteur local au cercle restreint des cinq premiers groupes mondiaux de services aux investisseurs. Cette croissance ne s’est évidemment pas faite en un jour. Tout cela n’a été possible qu’à partir du moment où nous avons eu les moyens de 44
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Nous nous sommes rapidement aperçus que nos clients avaient des besoins dans d’autres pays européens, notamment aux Pays-Bas. Nous avons donc décidé de nous y implanter, alors que d’autres concurrents hollandais faisaient le chemin inverse. Nous avons commencé avec une petite équipe, mais il a rapidement fallu atteindre une taille critique et en 2012, nous avons fait deux acquisitions de taille sur le territoire hollandais. Ce premier déploiement à l’international a été soutenu par la société d’investissement Cobepa. En 2015, nous avons pris la décision d’implémenter la dernière phase de notre vision stratégique et de créer
Eric Chenal (archives)
Membre du conseil d’administration, chairman, IQ-EQ
Photo
SERGE KRANCENBLUM
la financer. En 2005, nous avons décidé de faire entrer une banque au capital car nous trouvions alors intéressant de poursuivre notre croissance en étant détenus par un groupe privé. Nous avons commencé à prospecter sur le marché luxembourgeois, mais nos ambitions européennes nous ont conduits à choisir la voie du private equity. Étant au service de cette industrie et connaissant ses acteurs, il était logique d’y avoir recours à notre tour. Nous avons alors racheté le groupe en 2010, avec le soutien de BIP Investment Partners, qui a été notre premier partenaire en private equity.
l’un des grands acteurs mondiaux de notre industrie. Nous nous sommes dès lors adossés à Astorg Partners. À mes yeux, les fonds de private equity sont avant toute chose des accélérateurs de croissance. Au-delà de l’apport purement financier, les fonds contribuent à la création de valeur, notamment dans le domaine des fusions et acquisitions. Ils apportent une excellence dans les process. Ils sont un soutien et un support de chaque instant pour prendre les bonnes décisions, notamment en matière de recrutement. En grandissant de la sorte, il est clair que nous avons dû ajouter de nouveaux talents à l’entreprise. Beaucoup de personnes nous ont rejoints dans le cadre des acquisitions successives, des entrepreneurs sont restés avec nous parce qu’ils avaient envie de grandir à nos côtés, mais il a aussi fallu assurer un recrutement de très haut niveau. La motivation des équipes est un point important de la réussite du projet.
« Au-delà de l’apport purement financier, les fonds contribuent à la création de valeur, notamment dans le domaine des fusions et acquisitions. »
Aujourd’hui, près de 300 salariés du groupe sont actionnaires aux côtés d’Astorg, ce qui permet un vrai alignement d’intérêt. Les entrepreneurs qui nous ont vendu leur groupe ont tous réinvesti dans la société. Ils sont donc aussi motivés que nous à l’idée de faire croître le business. L’avenir ? Notre entreprise est encore de taille modeste dans l’écosystème des services financiers. La concurrence est de plus en plus importante, notamment de la part des grandes banques dépositaires. Nous souhaitons donc atteindre une taille encore plus grande. Nous étudions d’autres implantations géographiques pour servir nos industries cibles. Nous réfléchissons à créer d’autres services pour nos clients. Notre activité permet de produire un revenu récurrent, et nous faisons preuve d’une forte résilience, même en temps de crise. Nous avons également un potentiel de consolidation et de croissance important. Nous sommes donc très courtisés par les fonds de private equity. Il est primordial, pour une entreprise, de choisir les bons partenaires. Il faut absolument que ceux-ci adhèrent à votre vision stratégique. Nous avons su choisir des fonds dont la première ambition était de miser sur la croissance plutôt que de couper dans les coûts. Nous avons toujours trouvé une bonne entente avec nos partenaires financiers, et c’est ce qui a fait notre succès. Jusqu’à présent, nous avons fait le choix délibéré du private equity pour accélérer notre croissance plutôt qu’une introduction en bourse. Mais qui sait de quoi l’avenir sera fait ? » Auteur M. P.
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Investissement
Ma vie de business angel Christophe Bianco est cofondateur et managing partner d’Excellium Services au Luxembourg. Fort de son expérience d’entrepreneur, il endosse depuis quelques mois la casquette de business angel. Retour d’expérience.
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oici huit ans, Christophe Bianco et son associé, Xavier Vincens, fondaient Excellium Services, société active dans le domaine de la cybersécurité. « Excellium a bien grandi. Nous avons fait entrer de nouveaux investisseurs dans notre board et je me suis dit que le moment était venu pour moi de passer un peu de temps en tant que business angel », explique-t-il. Depuis quelques mois, Christophe Bianco a investi dans six start-up, essentiellement au feeling. « Au début, j’y suis allé seul. Plutôt que d’acheter une nouvelle voiture, dont je n’avais pas besoin, j’ai décidé d’aider une ou deux boîtes qui voulaient lever des fonds. Maintenant, avec un petit groupe au sein du Luxembourg Business Angel Network (LBAN), on se recommande des investissements. J’apprécie cette idée d’investir à plusieurs. Je commence à connaître mes camarades, et chacun apporte sa compétence. On investit avec des tickets entre 10.000 et 50.000 euros. Je ne suis pas à la recherche de la future licorne, j’aime bien l’idée de soutenir l’équipe d’entrepreneurs qui va créer 10 jobs pérennes avec un impact sur la communauté locale. » Christophe Bianco avoue ne pas avoir de stratégie d’investissement bien arrêtée. Sa décision d’investir ou non se base essentiellement sur l’équipe qui porte le projet. « Est-ce que je vais pouvoir les aider ? Ont-ils besoin de moi ? Sont-ils tout simplement réceptifs ? Est-ce que le domaine
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
d’investissement me parle ? Fort de mon expérience, je veux être là quand les entrepreneurs que j’accompagne ont besoin de moi. Je veux les connecter, leur donner l’opportunité de rencontrer des prospects, les conseiller sur des aspects très concrets, simplement leur faire gagner du temps ! Si l’écosystème start-up est très développé au Luxembourg, l’accompagnement opérationnel fait trop souvent défaut. En tant que business angel avec une expérience d’entrepreneur, je considère que l’on est là aussi pour ça. » Souvent, la start-up en quête de financements se demande comment entrer en contact avec un business angel. « Il faut être clair, j’ai peu de temps et ne fréquente pas tous les événements start-up. Je suis par contre attentif à ce que fait Luxinnovation avec son programme Fit4start, je suis membre du réseau Angelsquare, j’ai rejoint le LBAN. Je réponds aussi aux sollicitations du fait de mon réseau ou de mes camarades investisseurs. Si je devais donner un conseil à un entrepreneur en quête de fonds, c’est de faire preuve d’humilité et de franchise face à des investisseurs. Une idée ne suffit pas, l’exécution est clé. Notre rôle est parfois de dire non, mais, à l’opposé, c’est aussi d’être présents pour soutenir les projets qui ont du potentiel. Aussi, j’encourage les investisseurs à rejoindre le LBAN et les start-up à nous solliciter ! » Auteur M. P.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
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Bien préparer sa déclaration fiscale, c’est commencer par tenter de l’optimiser. Pour cela, le Luxembourg propose un grand nombre d’assurances fiscalement déductibles. Petit tour d’horizon.
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325 400 734
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e nombreuses assurances peuvent vous permettre d’alléger vos impôts. La première grande catégorie de produits intéressants concerne ceux repris dans l’article 111 de la loi concernant l’impôt sur le revenu (LIR). « Il s’agit des assurances invalidité, accident, responsabilité civile, maladie, décès et vie », détaille Christophe Legrand, inspecteur au sein de Lalux. Pour ces assurances, vous pouvez déduire les primes versées au cours de l’année d’imposition jusqu’à un montant de 672 € par personne composant votre ménage. « Un couple avec deux enfants pourra donc déduire au maximum 2.688 € », précise Giuseppe Consoli, senior manager sales Vie au sein du Groupe Foyer. Dans ce même article se retrouve également l’assurance solde restant dû qui vous couvre pour le prêt immobilier lié à l’acquisition de votre résidence principale. « Si vous payez cette assurance en prime unique, vous pouvez déduire jusqu’à 6.000 €, indique Christophe Legrand. À partir de l’âge de 30 ans, ce plafond est encore majoré selon votre âge et votre situation familiale. »
Réduire ses impôts en préparant sa retraite Autre produit particulièrement avantageux : les assurances pension, et reprises sous l’article 111 bis. Il s’agit, plus communément, de ce que l’on appelle le troisième pilier de la pension. « Dans ce cas, le plafond déductible est de 3.200 € par contribuable et le contrat doit être individuel, souligne Giuseppe Consoli. Un couple avec deux enfants pourra donc déduire 6.400 € au maximum. » Dans cette catégorie, on retrouve deux types de produits sur le marché. D’une part, les assurances à taux garanti qui offrent un capital déterminé à la fin du contrat, mais un rendement moindre. D’autre part, les produits qui investissent dans des sicav. Le capital n’est pas garanti mais suit le cours boursier, et peut donc apporter un rendement plus élevé.
Employés et indépendants concernés L’article 110 concerne quant à lui les plans de pension mis en place par l’employeur. « Si vous travaillez au sein d’une entreprise privée et que votre employeur met à votre disposition un contrat d’assurance-vie groupe, vous avez le choix de cotiser personnellement jusqu’à 100 € par mois, soit 1.200 € par an, indique Christophe Legrand. Ce montant réduit directement votre revenu imposable mensuel. Vous profitez donc immédiatement de la réduction d’impôt. » Dans le même cadre se retrouve le régime complémentaire pour les indépendants et les professions libérales (RCPI). Mis en place depuis le 1er janvier 2019, celui-ci leur permet de déduire les primes liées à un contrat d’assurance-vie à concurrence, au maximum, de 20 % de leur revenu annuel brut. Un avantage fiscal au cas par cas En fonction de votre situation personnelle et familiale, des besoins que vous désirez couvrir et des objectifs d’optimisation fiscale que vous souhaitez atteindre, il peut donc être intéressant de souscrire à l’une ou l’autre de ces assurances. « Ces produits présentent cet avantage d’être fiscalement intéressants et de combler un besoin. Par ces déductions fiscales possibles, le législateur encourage chaque contribuable à mieux se protéger financièrement », souligne Giuseppe Consoli. « Il est important de se faire conseiller par un spécialiste afin de déterminer le bénéfice financier que l’on peut attendre, poursuit Christophe Legrand. Le gain d’impôt peut ainsi aller jusqu’à 45 % des primes versées annuellement. » Vous avez jusqu’au 31 décembre de l’exercice comptable pour souscrire une assurance et déduire les primes versées. Afin de vous aider à remplir votre déclaration d’impôts, vous recevez, pour toutes vos assurances fiscalement déductibles, un certificat reprenant l’ensemble des montants que vous pouvez déduire. Auteur J. R.
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Déclaration
Réduire ses impôts facilement Au-delà des primes liées à vos divers contrats d’assurance, bien d’autres dépenses et charges peuvent être déduites dans votre déclaration et faire baisser le montant de vos impôts. En voici un aperçu, non exhaustif.
CONSEIL 1
CONSEIL 3
L’épargne-logement
Les dons
Pour préparer un achat immobilier, vous pouvez souscrire à une épargne-logement. Les cotisations versées dans ce cadre ainsi que les intérêts créditeurs liés sont déductibles. Le montant maximum pouvant être déduit dépend de l’âge du plus jeune des souscripteurs au contrat : il est de 1.344 € entre 18 et 41 ans accomplis, et de 672 € au-delà de 41 ans accomplis. Ce plafond peut être majoré de son propre montant si vous et votre conjoint êtes imposables collectivement, ainsi que pour chaque enfant pour lequel vous obtenez une modération d’impôt.
Vous faites un don à une bonne cause ? Sachez que certains dons ou libéralités versés à des fondations et organismes sont déductibles fiscalement. Pour être déduits, le montant total de vos dons doit être de 120 € minimum sur l’année. À l’inverse, il ne peut dépasser 20 % du total de vos revenus nets ni un montant d’un million d’euros.
CONSEIL 2
Le crédit immobilier Si vous achetez ou construisez votre habitation principale, au Luxembourg ou à l’étranger, vous pouvez déduire les frais de financement qui y sont liés. Les intérêts débiteurs du prêt souscrit pour financer votre logement en font partie. Ils sont intégralement déductibles tant que vous n’occupez pas votre habitation. Ils sont ensuite déductibles à concurrence de 2.000 € pour les six premières années de l’occupation, de 1.500 € pour les cinq années suivantes, puis de 1.000 € au-delà. Ces plafonds sont majorés aux mêmes conditions que l’épargne-logement.
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CONSEIL 4
Les charges extraordinaires
d’un véhicule neuf 100 % électrique, d’une voiture électrique hybride rechargeable ou encore d’un vélo classique ou électrique neuf. Les abattements sont respectivement de 5.000 €, 2.500 € et 300 €. CONSEIL 6
Les rentes versées à votre ex-conjoint Si vous êtes divorcé, vous pouvez également déduire les rentes payées à votre conjoint durant l’année en tant que dépenses spéciales à concurrence d’un montant annuel de 24.000 €. À noter que ces rentes sont imposables du côté de l’ex-époux qui en bénéficie.
Toute une série de charges dites extraordinaires peuvent être déduites sous forme d’un abattement. On peut notamment citer l’abattement forfaitaire, plafonné à 5.400 €, qui permet de déduire les frais de domesticité, de garde d’enfant, ainsi que d’aide et de soin.
CONSEIL 5
La mobilité verte Afin d’encourager le recours à des moyens de transport plus durables, le gouvernement luxembourgeois vous permet de bénéficier d’un abattement fiscal pour l’achat
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
CONSEIL 7
Le prêt personnel Dans le même ordre d’idées, les intérêts débiteurs payés sur vos cartes de crédit ou comptes bancaires ainsi que ceux liés à un prêt personnel pour financer l’achat d’une voiture, de meubles privés ou de tout autre type de dépenses sont déduc tibles fiscalement à hauteur de 672 €. Une majoration est possible pour votre con joint si vous êtes imposés collectivement et pour chaque enfant faisant partie de votre ménage. Auteur J. R.
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Pensions
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
Illustration
À 20 ou 60 ans, il n’est jamais trop tôt (ou trop tard) pour préparer sa retraite. Pour vous aider à y voir plus clair et profiter le plus sereinement possible de vos vieux jours, suivez le guide !
Ana Gaman
Le guide du parfait retraité
C
ela fait maintenant plusieurs années qu’on le sait : le système actuel des retraites a atteint ses limites. Dans moins de 10 ans, faute de fonds suffisants, la majorité des gouvernements ne pourront plus garantir les mêmes pensions qu’actuellement. La pension légale, le premier des trois piliers, est en effet vouée à disparaître – ou tout du moins à être sacrément rabotée – dans un avenir proche. Si l’on souhaite disposer d’un pécule confortable pour finir ses vieux jours, il est donc nécessaire d’activer le plus tôt possible d’autres leviers d’épargne. « D’une manière générale, le fossé entre les différentes catégories de la population risque de se creuser, rappelle Georg Joucken, head of private banking chez Banque Raiffeisen. On retrouve, d’un côté, les personnes qui gagnent bien leur vie, qui toucheront une ‘belle’ pension, et qui, en plus, ont les moyens de se constituer un complément de revenus pour l’âge de la retraite. Et de l’autre, on aura les personnes qui auront une ‘petite’ retraite et qui, de surcroît, auront peu de ressources pour se créer une réelle épargne. » 20 ans : épargner, un réflexe à adopter Lorsqu’on a 20 ans, mettre de l’argent de côté en prévision de sa retraite est loin d’être une préoccupation première. Toutefois, comme le rappelle Claude Hirtzig, senior vice-president et head of department Retail & Private Banking à la BCEE, il est nécessaire de commencer dès la majorité. « Il est capital de faire comprendre aux jeunes que l’épargne, sous toutes ses formes, doit être un réflexe à adopter le plus tôt possible, explique-t-il. Notre rôle, et celui de la famille, est de faire, dès le plus jeune âge, de l’éducation financière. Il faut leur apprendre le vocabulaire et leur expliquer qu’en mettant de l’argent de côté pour leur retraite, ils pourront, en plus, bénéficier d’avantages fiscaux. » Un avis partagé par Georg Joucken, de Banque Raiffeisen. « Même de petits montants, épargnés tous les mois, peuvent au final constituer une belle épargne au moment de prendre sa retraite. »
Il existe de nombreux produits pour ses vieux jours. C’est le cas, notamment, du plan d’épargne- retraite, pilier à part entière du système des pensions au Luxembourg. Il s’agit d’un contrat qui offre des rendements variables en fonction des risques que l’on est prêt à prendre. Le capital est bloqué au minimum 10 ans et ne peut être récupéré avant 60 ans (et jusqu’à 75 ans). Depuis 2017, ce produit est d’autant plus intéressant qu’il bénéficie d’un incitant fiscal particulièrement attractif. Jusqu’à 3.200 euros peuvent en effet être déduits. « En souscrivant à ce type de contrat à 20 ans, à hauteur de 3.200 euros par an et avec un rendement de 2 %, vous bénéficierez à 60 ans d’un capital de 200.352 euros. Avec un rendement de 4 %, on arrive à un capital de 319.444 euros. Cette formule d’épargne est donc très intéressante pour pouvoir maintenir son rythme de vie à l’âge de la retraite », explique Georg Joucken. Au moment d’entrer dans la vie active, il est également conseillé d’opter pour une entreprise qui propose une assurance groupe. Le principe est simple : votre employeur verse tous les mois une cotisation à une compagnie d’assurances en vue de vous constituer une pension complémentaire pour votre retraite. 30 ans : l’âge du premier achat Vous arrivez à la trentaine et vous vous rendez compte que vous n’avez pas encore mis en place un système d’épargne pour votre pension ? « Mieux vaut tard que jamais », rappelle Claude Hirtzig. 30 ans, c’est aussi un âge auquel on a déjà pu mettre un peu d’argent de côté en prévision de l’achat de son premier bien immobilier. Si l’accès à la pierre n’est pas une mince affaire au Luxembourg en raison des prix élevés, cela reste une étape incontournable dans sa quête d’épargne personnelle. Pour vous permettre d’acheter plus facilement, il est également possible de mettre en place une épargne-logement. En plus des conditions avantageuses sur un prêt hypothécaire, ce produit permet aussi d’obtenir des avantages fiscaux. 53
« Il est capital de faire comprendre aux jeunes que l’épargne, sous toutes ses formes, doit être un réflexe à adopter le plus tôt possible. » LAUDE HIRTZIG C Senior vice-president et head of department Retail & Private Banking à la BCEE
40 ans : l’heure de la stabilité À 40 ans, on a généralement acquis une certaine stabilité. C’est à cette période qu’il est nécessaire d’aller plus loin dans son épargne. « À cet égard, nous mettons l’accent depuis plusieurs années sur les plans d’investissement en fonds, explique Claude Hirtzig. Nous avons aussi été la première banque retail au Luxembourg à lancer un robo- advisor. Cela permet à tout un chacun d’investir à son propre rythme, depuis son mobile. C’est très simple et très ludique pour préparer sa retraite ou financer un autre projet immobilier. » Vous pourriez également profiter de cette stabilité professionnelle pour participer à la croissance de votre entreprise grâce à des plans de participation financière. Ceux-ci permettent à une société d’accorder à ses salariés des actions de l’entreprise ou des stock-options. 50 ans : le moment d’investir à nouveau À 50 ans, lorsque l’on jouit d’un meilleur salaire, que les enfants ont éventuellement quitté le foyer et que certains crédits ont été remboursés, il est possible de se retrouver avec un excédent de liquidités. Dans ce cas, peut-être serait-il judicieux de le réinvestir. Et pourquoi pas dans un deuxième bien immobilier ? Au-delà du rendement locatif, 54
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
il s’agit d’un investissement qui pourrait vous rapporter une belle plus-value. Appartement en centre-ville, maison à la campagne, espace de coworking ou de coliving… : les solutions sont nombreuses et peuvent proposer des rendements intéressants. La cinquantaine révolue peut aussi vous pousser à sécuriser le capital accumulé lors des années précédentes. Si vous aviez opté pour des plans d’investissement en fonds, peut-être est-il temps d’opter pour une stratégie moins offensive afin d’éviter toute mésaventure. 60 ans : continuer à épargner À 60 ans, l’heure de la retraite approche. Il est toutefois toujours possible d’épargner. À 55 ou 60 ans, vous pouvez en effet facilement contracter une nouvelle épargne-retraite, dont vous pourrez récolter les fruits 10 ans plus tard, tout en continuant à profiter d’une déductibilité fiscale de maximum 3.200 euros par an. Par ailleurs, « on voit de plus en plus de ménages constitués de personnes célibataires sans enfant. Dans le futur, on pourrait donc compter davantage de ventes viagères au Luxembourg. D’un côté, la personne dispose toujours de son logement, et, de l’autre, elle perçoit un complément de revenus mensuels. C’est une tendance qui se dessine déjà dans certains pays », explique Georg Joucken. Rien ne vous empêche également de travailler au-delà de 65 ans, afin d’augmenter le montant de votre pension. En résumé, si l’on souhaite vivre une retraite paisible, il faut faire preuve d’anticipation. « Mais chaque situation est différente. Il y a d’abord lieu de se poser les bonnes questions. Quel est le montant visé à la retraite ? Quel est mon profil de risque ? Pour réaliser un diagnostic complet, il est recommandé de se faire conseiller par un professionnel qui pourra faire une simulation concrète », conclut Georg Joucken. À vous les joies de la pension ! Auteur A. B.
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Carte blanche
Quel rendement sur le long terme ? Prévoir les fluctuations à court terme des marchés boursiers est un exercice futile. Ces fluctuations étant souvent aléatoires et impossibles à prévoir avec succès de manière récurrente. Pour un investisseur disposant d’un horizon plus lointain, il est par contre possible d’ancrer ses attentes de rendement sur des paramètres beaucoup plus concrets.
L
a décennie écoulée a été particulièrement favorable pour les actions. À titre d’exemple, l’indice S&P 500 aux États-Unis a enregistré un rendement annualisé de 13,6 % sur cette période. On constate que le chiffre d’affaires des 500 entreprises faisant partie de l’indice S&P 500 a, en moyenne, progressé de 3,9 %. Sur la même période, ces entreprises ont réussi à fortement élargir leur marge bénéficiaire, de sorte que leur bénéfice a progressé nettement plus que leur chiffre d’affaires (7,4 %). Ces mêmes entreprises ont, par ailleurs, relativement peu investi et elles ont donc pu utiliser une partie importante de leur cash-flow pour racheter leurs actions. Le niveau bas des taux d’intérêt fut un autre élément propice à ce phénomène des rachats de titres. Le nombre d’actions en circulation ayant dès lors diminué, le bénéfice par action a plus progressé que le bénéfice (8,9 %). Si, fin 2019, les investisseurs avaient payé le même multiple pour ces bénéfices que fin 2009, l’histoire se serait arrêtée là. Le rendement des actions se serait établi à ces 8,9 %, auxquels il faudrait encore ajouter les dividendes. Toutefois, un autre élément favorable est venu s’ajouter avec la hausse des multiples. En d’autres mots, fin 2019, les investisseurs ont été prêts à payer davantage pour ces bénéfices, ce qui a encore ajouté 2,2 % au rendement annualisé.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
L’intérêt de cet exercice de décomposition du rendement n’est toutefois pas de regarder en arrière, mais de fournir un cadre et une discipline pour ancrer ses attentes quant aux rendements futurs. Pour chacune des composantes, un investisseur devrait ainsi prendre conscience des hypothèses suivantes : L’évolution du chiffre d’affaires L’évolution du chiffre d’affaires pour les entreprises dans leur ensemble est en grande partie liée à celle de la conjoncture mondiale. La croissance de l’économie mondiale s’est structurellement ralentie depuis la crise financière. Derrière ce ralentissement, on trouve une multitude de facteurs, qui vont d’un niveau d’endettement trop élevé à l’augmentation des inégalités sociales, en passant par les tendances démographiques et une réglementation excessive. Le choc du Covid-19 semble encore avoir accéléré certains de ces facteurs. Il se pourrait évidemment que des mesures plus favorables à la croissance soient mises en place, mais le dysfonctionnement politique actuel et la montée du populisme ne nous rendent pas très optimistes à ce sujet. Un autre point à prendre en considération est que, et ce pour des raisons mathématiques, la croissance du chiffre d’affaires des principales sociétés de l’indice (les sociétés du secteur de la technologie) devra tôt ou tard ralentir.
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Banque de Luxembourg Investments
L’évolution des marges bénéficiaires Ces marges peuvent-elles encore augmenter, alors qu’elles sont déjà très élevées ? Cela signifierait que, pour utiliser des termes marxistes, les fruits de la croissance continuent d’aller majoritairement au facteur « capital », plutôt qu’au facteur « travail ». Un élément qui plaide en cette faveur est la poursuite du développement technologique (au sens large, donc incluant des tendances telles que la robotisation). À nouveau, le choc du Covid-19 pourrait accélérer certaines tendances à cet égard (recours accru à la technologie, réduction des effectifs…). Par ailleurs, il y a une prise de conscience que les inégalités sociales sont devenues trop importantes, et la montée du populisme qui pourrait inciter les autorités à poursuivre des politiques moins favorables aux marges bénéficiaires des entreprises. Celles-ci pourraient également être impactées par la montée en puissance de l’investissement socialement responsable. Les rachats de titres L’engouement pour les rachats de titres va-t-il continuer ? Cela dépendra en grande partie des opportunités d’investissement des entreprises. Si ces opportunités augmentent, il restera moins de cash-flow disponible pour les rachats de titres. Dans le cas contraire, ces rachats devraient continuer, surtout dans les pays anglo-saxons, où le principe de la shareholder value reste important. Pour certaines industries, les rachats de titres deviendront toutefois politiquement beaucoup plus délicats. L’exemple des compagnies aériennes américaines qui ont versé, au cours des dernières années, l’entièreté de leur cash-flow à leurs actionnaires, pour ensuite faire appel à l’aide de l’État lors de la crise, est à cet égard édifiant. L’évolution des multiples Il s’agit là peut-être de la composante la plus difficile à prévoir, dans la mesure où elle est en partie influencée par des facteurs psychologiques.
L’histoire financière montre que les marchés traversent des périodes où une sorte d’optimisme collectif fait que les actions se paient plus cher, suivies de périodes de pessimisme collectif avec des multiples beaucoup plus bas. Ceci étant dit, il y a des éléments rationnels qui influencent ces multiples, à commencer par le niveau des taux d’intérêt. Des taux bas augmentent la valeur présente de revenus futurs (100 euros à recevoir en 2025 valent plus aujourd’hui si on les actualise à 5 % que si on les actualise à 10 %). De plus, des taux bas diminuent l’attrait des placements à revenu fixe, principaux concurrents des actions. À l’heure actuelle, les multiples sont relativement élevés, et un retour vers leur moyenne à long terme pèserait sur le rendement des actions. Si le rendement des actions sur la décennie 20002009 a été décevant, c’est aussi parce que les multiples étaient particulièrement élevés fin 1999. Par ailleurs, en l’absence d’une remontée des taux d’intérêt, ces multiples pourraient rester élevés, voire augmenter encore davantage. Dans les propos qui précèdent, j’ai essayé de livrer quelques pistes de réflexion au sujet de chacune des composantes à l’origine du rendement à long terme des actions. Chaque investisseur aura ses propres idées / opinions là-dessus. Les avis peuvent aller du très positif (poursuite d’augmentation des marges bénéficiaires et des multiples de valorisation) au très négatif (combinaison d’une baisse des bénéfices et des multiples), mais un investisseur devrait au moins être conscient des hypothèses inhérentes à ses prévisions.
GUY WAGNER Administrateur-directeur, Banque de Luxembourg Investments
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Carte blanche
Quelle année, cette année-là ! L’année 2020 continue de jouer avec nos nerfs, et pourtant, il nous faut déjà penser à 2021 ! Il est effectivement crucial d’inscrire nos investissements sur un horizon long.
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GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
FRÉDÉRIC ROLLIN Senior investment advisor Pictet Asset Management
Pictet Asset Management
la Chine. Ceci sera favorable aux obligations émergentes, largement composées d’émetteurs de la région. Notons par ailleurs que la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale facilite les financements en dollars, si importants pour les pays en voie de développement. L’or, enfin, reste un investissement de choix pour le long terme. Les économies développées ne se relèveront que très progressivement, les taux resteront bas en 2021. Et, cerise sur le gâteau, lorsque l’inflation reviendra, il y a fort à parier que les banques centrales attendront avant de resserrer leur politique. Taux au plancher, hausse de l’inflation, le métal jaune appréciera.
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E
t sur une longue période, les actions devraient une fois de plus se retrouver gagnantes. Les obligations européennes n’offrent quasiment plus de rendement. Les actions, quant à elles, distribuent de généreux dividendes, et leur cours de bourse bénéficiera du retour de la croissance mondiale l’année prochaine. Confinement, déconfinement, reconfinement… les bourses continueront de nous donner des sueurs froides, mais le jeu en vaut la chandelle. Et n’oublions pas que 2021 devrait voir l’arrivée d’un vaccin. Aujourd’hui, 11 vaccins sont en test à grande échelle, et les annonces de Pfizer sont très encourageantes. Les actions asiatiques devraient tirer leur épingle du jeu. Alors que l’Europe et l’Amérique patinent, la Chine signe une reprise économique en V majuscule, et ses avancées technologiques impressionnent. Les situations sanitaire et économique sont certes préoccupantes en Inde, mais à long terme, ce pays recèle un immense potentiel. Jeunesse, éducation technique dynamique et production par habitant très faible… le pays concentre les avantages. Le Japon, délaissé des investisseurs internationaux, devrait revenir en grâce. La pandémie y est bien contrôlée, et le pays bénéficiera du dynamisme de ses voisins. La bonne tenue de l’Asie portera le secteur des matières premières. Les pays d’Amérique latine en bénéficieront. Le premier client du Brésil est
Carte blanche
Envisager 2021 avec prudence Si l’année 2020 nous a apporté son lot de surprises, avec la crise sanitaire planétaire, la première mise à l’arrêt de l’économie mondiale décrétée, la dégringolade des marchés boursiers et une récession digne de celle des années 30, le tout dans un contexte social et géopolitique sans précédent, qu’en sera-t-il de 2021 ?
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Quintet Private Bank
S
ous les feux de l’actualité, la pandémie de Covid-19 fait de l’ombre à un élément macroéconomique très important : nous nous trouvons actuellement dans la phase initiale d’un nouveau cycle économique. Épidémie mise à part, nous serions déjà dans une phase de boom, soutenue, d’une part, par l’assouplissement discrétionnaire des politiques budgétaires, et, d’autre part, par l’assouplissement monétaire conventionnel et les outils non conventionnels tels que les achats d’actifs et les mesures d’assouplissement du crédit. Alors que la dynamique de la crise que nous traversons suit une trajectoire plutôt traditionnelle, la sortie de crise comporte une grande particularité : au fur et à mesure que le temps passe, les perspectives économiques s’éclaircissent, grâce, notamment, à la découverte prochaine d’un vaccin contre le Covid-19 et de traitements plus efficaces. Dans ce contexte, notre scénario de reprise en forme de « U » à plusieurs vitesses reste intact et nous incite à regarder 2021 avec un optimisme prudent quant aux opportunités d’investissements. Les marchés actions resteront très intéressants. Nous continuerons de privilégier les pays émergents, avec un intérêt particulier pour l’Asie, et, de manière générale, les sociétés structurellement robustes, et de surpondérer les segments de la technologie et de la santé dans nos allo-
cations d’actifs. Toutefois, nous nous intéresserons également à la prochaine vague de gagnants sur les marchés, à savoir les sociétés possédant une croissance structurelle et un bilan solide, mais se trouvant actuellement dans une impasse en raison du secteur d’activité dans lequel elles opèrent. Ainsi, des sociétés actives dans les infrastructures ou la consommation liée au tourisme et aux loisirs nous semblent receler du potentiel. Et comme lors de toutes les phases initiales d’un nouveau cycle économique, nous nous pencherons, à un certain moment, sur des segments plus cycliques. En outre, l’investissement durable va devenir un des piliers de nos portefeuilles. C’est pourquoi nous ciblerons particulièrement les obligations vertes et les sociétés intégrant véritablement les critères ESG dans leur stratégie. Enfin, il restera primordial de diversifier son portefeuille en 2021, et l’or présentera, selon nous, un potentiel d’appréciation notable.
ILARIO ATTASI Group head of investment advisers Quintet Private Bank
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Carte blanche
Les perspectives pour 2021 2021 devrait, selon toute vraisemblance, être l’année d’une certaine normalisation de l’activité économique post-Covid, en raison de la découverte d’un ou plusieurs vaccin(s) efficace(s). Les mesures de restriction strictes qui heurtent l’économie, ne seront dès lors plus nécessaires lors des résurgences futures du virus.
L
e degré de support des autorités monétaires et fiscales fut inédit et d’une importance majeure dans cette crise. Ces aides fiscales aux ménages (principalement sous forme d’allocations de chômage) et aux entreprises les plus impactées devraient perdurer en 2021. De même, les politiques monétaires extrêmement souples des banques centrales resteront d’application l’année prochaine. Ces deux éléments sont primordiaux pour la pérennité de la reprise économique. Un retrait précoce des aides fiscales et monétaires risquerait de mettre en péril le redressement économique actuel.
Les actions : la pierre angulaire des portefeuilles La volatilité élevée des actions peut freiner certaines personnes, mais elle est une caractéristique intrinsèque de cette classe d’actifs incontournable dans les portefeuilles. La crise récente aura une fois encore montré le risque de sortir complètement des marchés, dont l’envie coïncide souvent avec un sentiment déprimé des investisseurs. Aujourd’hui, un grand nombre de classes d’actifs offrent des perspectives de rendement négatif après inflation. Malgré leurs gains récents, les actions sont l’une des rares catégories d’investissement qui permettent encore d’espérer un sur62
GUIDE DE L’INVESTISSEUR 2021
plus de rendement par rapport aux attentes d’inflation sur les 10 prochaines années. La prime de risque d’un investissement en actions est relativement élevée actuellement, ce qui signifie qu’un investissement en actions devrait rapporter plus que l’investissement sans risque (cash, obligations sûres) sur le long terme. Cette prime de risque peut être mesurée en soustrayant le rendement obligataire sans risque du rendement bénéficiaire attendu sur les 12 prochains mois. Le rendement d’un compte épargne et des obligations d’État sans risque de crédit ne permettra pas de compenser la perte de pouvoir d’achat de la monnaie des prochaines années. L’épargnant s’appauvrira, donc. Cet environnement de taux bas, voire négatifs, pousse à la prise de risque et à la recherche d’un rendement positif. Et ce contexte de taux bas restera avec nous durant de nombreuses années. L’interventionnisme des banques centrales (baisses de taux, achat d’actifs) a déprimé non seulement les taux d’intérêt sur les obligations d’État, mais également ceux des obligations d’entreprise. Les bénéfices des entreprises cotées en bourse devraient continuer de se redresser au fil de la reprise de l’activité économique. Concernant l’Europe, plusieurs initiatives positives ont vu le jour ces derniers mois. Ainsi, l’Union européenne
est parvenue à élaborer un plan de soutien budgétaire au niveau européen, une émission conjointe d’obligations et un plan à long terme pour la transition énergétique (Green Deal). Ces initiatives de solidarité européenne redonnent une certaine attractivité aux bourses européennes.
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Degroof Petercam
Garder des actifs de diversification Par souci de diversification, et afin d’amortir le choc sur la poche risquée du portefeuille en cas de regain d’inquiétude sur les marchés, il est conseillé de conserver en portefeuille des actifs tels que des obligations d’État, de l’or et des devises refuges comme le yen japonais et le franc suisse. Dans cette optique, les obligations d’État américaines sont plus intéressantes que les obligations d’État allemandes, dont le rendement est fortement négatif, et le potentiel d’appréciation limité. Des échéances relativement longues sur les obligations d’État américaines doivent être privilégiées afin de profiter de l’effet « valeur refuge » des bons du Trésor. Les obligations d’État indexées à l’inflation offrent une couverture contre les risques d’inflation imprévus. Dans la plupart des pays, le taux d’inflation attendu par les marchés pour les prochaines années reste très faible. À plus long terme, ces attentes s’avéreront probablement trop pessimistes, surtout dans un scénario où l’arrivée d’un vaccin normalisera l’activité économique, alors que les mesures monétaires et fiscales continueront de déployer leurs effets. Le phénomène de déglobalisation pourrait, à terme, également contribuer à pousser l’inflation à la hausse. L’or reste attractif La politique monétaire des banques centrales restera globalement très accommodante, et des actions supplémentaires devraient suivre, notamment en ce qui concerne l’expansion des programmes d’achat d’obligations. Un autre élément favorable à l’or est la redéfinition de l’objectif
d’inflation de la Réserve fédérale, qui marque un tournant important dans la politique monétaire américaine. Désormais, la banque centrale vise une inflation moyenne de 2 % sur une période non définie. Étant donné que l’inflation américaine passée a été trop souvent inférieure à cet objectif de 2 %, la Fed a explicitement déclaré qu’elle tolérera (et visera) pendant un certain temps une inflation sensiblement plus élevée que sa cible de 2 %. Par conséquent, la Fed laissera son taux directeur au niveau plancher actuel lorsque l’inflation réapparaîtra. Il est donc probable que les taux d’intérêt ajustés par l’inflation restent en territoire négatif pendant de nombreuses années. Cet environnement devrait rester favorable pour l’or. Plus prudents sur le dollar américain Depuis le début du troisième trimestre, le dollar s’est affaibli. Les rendements obligataires américains se sont effondrés, ce qui a drastiquement réduit le surplus de rendements dont bénéficiait la devise américaine par rapport à un investissement obligataire en euros, réduisant ainsi l’attractivité du dollar. En outre, le sentiment des investisseurs vis-à-vis de l’Europe s’est nettement amélioré grâce au fonds de relance de la Commission européenne. Dans un contexte où la valorisation du dollar reste élevée, tout porte à croire que le dollar devrait continuer à se déprécier par rapport à la devise commune à moyen terme.
ALEXANDRE GAUTHY Macroéconomiste Degroof Petercam Luxembourg
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Diversification
Investir dans une passion Combiner passion et diversification de ses investissements ? C’est possible grâce aux objets de collection comme les voitures, les œuvres d’art, les montres ou le vin. Cet univers de niche reste toutefois très risqué et exige une grande expertise. Décryptage.
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ace à la faiblesse des taux d’intérêt et aux performances toujours aléatoires des actions et autres fonds d’investissement, diversifier ses placements est aujourd’hui devenu un impératif absolu. Pour certains, cette diversification passe par l’assouvissement d’une passion. Cela peut consister en l’achat d’œuvres d’art, de voitures de collection, de montres ou de bijoux. Certains objets deviennent rares et prennent de la valeur avec le temps. Ils permettent donc de stabiliser un patrimoine, de le protéger des crises, voire de s’enrichir, à condition de faire les bons choix.
Des chiffres qui font parfois rêver En février 2019, une Alfa Romeo 8C 2900B Touring Berlinetta de 1939 était vendue 16,7 millions d’euros à Paris lors d’une vente aux enchères. Un peu plus tard, en août, c’est une McLaren F1 affichant seulement 21.500 km au compteur qui changeait de propriétaire pour 19,8 millions de dollars en Californie, soit le nouveau record de vente pour ce modèle. Derrière ces ventes records se cache toutefois un marché disparate, qui a connu un coup d’arrêt brutal avec la crise sanitaire. « L’investissement passion est un sujet dont on parle plutôt quand l’économie se porte bien. Les investisseurs regardent alors au-delà des stratégies traditionnelles et osent plus facilement s’aventurer dans certaines niches d’investissement, 64
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relève Gilles Dusemon, avocat associé chez Arendt & Medernach. Cela reste un placement de niche, très spécialisé. Son principal avantage est d’être, en principe, décorrélé des marchés financiers. Si le cours des actions s’effondre demain, une voiture de collection devrait a priori pouvoir conserver sa valeur, voire s’apprécier.» Selon le Knight Frank Luxury Investment Index 2020, après une forte surperformance entre 2012 et 2016, l’indice international HAGI Top – principal indice relatif aux voitures de collection, qui rassemble un ensemble très large d’informations provenant directement des vendeurs – a chuté de 6,69 % en 2019. « Le débat environnemental et les changements juridiques potentiels ont conduit à l’incertitude chez les acheteurs, même si les collectionneurs avec une allocation d’actifs dans ce secteur ont continué d’acquérir des exemplaires de grande qualité », relève le rapport, qui précise aussi qu’un grand nombre de voitures sont restées invendues l’an dernier. Une réalité à ne pas négliger Un placement passion se veut à l’origine anticyclique. Il joue sur la rareté, l’exclusivité. « Souvent, un tel investisseur se place dans une optique de préservation et de transmission future d’un capital unique, explique Gilles Dusemon. On le voit aujourd’hui, ces actifs ne sont toutefois pas décorrélés de toute influence extérieure. Beaucoup de
voitures de collection ne sont pas là pour rester dans un garage fermé à double tour. Il faut les montrer, leur permettre de rouler sur route ou sur circuit, les exposer lors d’événements spécialisés. Or, aujourd’hui, tout est bouclé, et les principaux rendez-vous annuels sont annulés. Ceci dit, le premier objectif de l’acheteur n’est pas le rendement. À part la préservation et l’augmentation de valeur, l’investisseur se soucie aussi de préserver la mémoire du temps, de voir à l’œuvre des mécaniques incroyables, voire de pouvoir prendre le volant, ce que permettent certains fonds alternatifs dans ce secteur. C’est la même dynamique quand il s’agit d’acquérir une œuvre d’art, une montre ou un diamant. C’est aussi pourquoi ce type de placement, au regard du risque encouru, doit sans doute venir après tous les autres. » Si l’investissement plaisir ne connaît pas de limites, il doit être mûrement réfléchi. « Il faut toutefois qu’il existe un marché avec une offre et une demande, précise l’associé d’Arendt & Medernach. Un grand point d’interrogation réside dans l’évaluation de ces actifs en cette période très compliquée. Une œuvre d’art doit pouvoir circuler, être accessible, exposée. Quand les musées
LUXURY INVESTMENT INDEX
Un marché du luxe disparate Chaque année, Knight Frank publie son Luxury Investment Index permettant de découvrir les articles de luxe les plus convoités de par le monde. En 2019, la plus forte augmentation de valeur constatée concerne les sacs à main, notamment de marque Hermès, avec 13 % de croissance. Viennent ensuite les timbres de collection (+6 %), l’art (+6 %) et les whiskys rares (+ 5 %). Les voitures de collection sont par contre en perte de vitesse (-7 %) tout comme les bijoux (-7). Sur une période de 10 ans, c’est le whisky qui a connu la plus forte progression dans l’index, avec une croissance de 594 %, devant les voitures (194 %) et l’art (141 %).
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sont fermés et les expositions impossibles voire interdites, la valorisation peut devenir un sujet très compliqué. » Un véritable défi pour les fonds Il existe bien sûr des fonds spécialisés dans des investissements de niche, mais de tels produits sont assez rares, essentiellement en raison de l’aspect réglementaire très contraignant qui les entoure. « Le secteur de la gestion des fonds d’investissement alternatifs est un segment réglementé. Un des objectifs de la réglementation est la protection des investisseurs. Déjà, en temps normal, mettre en place et commercialiser un fonds spécialisé dans le vin ou les voitures constitue un véritable défi. Souvent, les projets échouent parce que l’expertise reconnue du promoteur ou du gestionnaire du fonds dans l’une ou l’autre niche d’investissement n’est pas à la hauteur des exigences réglementaires génériques ou que les promoteurs n’ont pas vraiment la volonté de se soumettre aux réglementations considérées comme contraignantes pour des fonds si spécialisés et souvent de petite taille », constate Gilles Dusemon. Si l’on se penche sur d’autres actifs, en 2019, et toujours selon l’index publié par Knight Frank, le marché des vins fins a enregistré une croissance de seulement 1 %. La situation dans son ensemble reste toutefois plutôt positive : l’indice Knight Frank Fine Wine Icons a augmenté de 120 % au cours de la dernière décennie. Dans le secteur de l’art, 2019 est la quatrième année consécutive au cours de laquelle les records d’artistes individuels ont chuté, alors que des sommes records ont été payées pour des œuvres d’artistes vivants – comme Rabbit, une œuvre en acier inoxydable de Jeff Koons, qui s’est vendue 91 millions de dollars en mai. Avec une hausse d’environ 6 % l’an dernier, le marché de l’art continue de bien résister. Mais là encore, tous les placements ne se valent pas, et seule l’expertise de l’acheteur peut faire la différence. Auteur M. P.
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