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ALESSANDRA SIMONELLI
« Ne pas louper le coche du développement durable »
Responsable développement durable à la BIL, Alessandra Simonelli en porte les valeurs côté pile et côté face. Avec en ligne de mire l’accélération de la demande des investisseurs dans des produits qui combinent rendement et « impact ».
Toutes les banques ont aujourd’hui l’obligation de tenir compte de critères durables dans leurs engagements. Dans ce processus, à quelle étape se situe la BIL ? C’est un sujet encore assez nouveau et qui demande à toutes les banques de monter en maturité pour bien comprendre ces réglementations. Considérer toutes ces obligations comme un fardeau serait une erreur. On est en phase d’outillage et de réflexion sur nos stratégies d’amélioration.
Exercer un poste en finance durable, est-ce une opportunité ou un choix délibéré ? C’est clairement une opportunité, mais je dois dire qu’aujourd’hui je ne ferais plus rien d’autre. Une fois qu’on mesure le sens et l’impact de ce que l’on accomplit au quotidien, on ne peut plus s’en passer.
La fameuse quête de sens… Je ne sais pas si je l’avais avant le Covid. Mais les planètes se sont alignées pour moi avec cette opportunité et je sens désormais que cela répond à une de mes aspirations profondes.
Quel a été votre parcours avant cela ? Après mes études en sciences de gestion, j’ai fait un MBA à Ottawa. J’ai travaillé la plus grande partie de ma carrière chez BGL BNP Paribas, pendant 17 ans dans le retail, marketing et développement de produits et solutions digitales. En 2017, j’ai intégré la BIL sur des thématiques identiques. Il y a un an, j’ai accepté ce poste de responsable de développement durable.
Vous vous occupez du développement durable des produits bancaires ou de la banque en tant qu’entreprise ? C’est un ensemble. Je m’occupe aussi bien de la valeur à l’intérieur de l’entreprise que de la responsabilité durable dans le développement de nos produits.
La soutenabilité est-elle le levier privilégié des banques pour se développer ? Il y a une vraie tendance. Nos clients, entrepreneurs notamment, attendent de nous qu’on les accompagne dans leur transition vers un business model « durable », grâce aux financements que nous leur accordons. Ce qui est un sujet dans la vie des gens l’est aussi pour leur argent : les investisseurs veulent savoir où il va atterrir et s’il contribue à accompagner la transition du monde ! C’est un levier mais qui deviendra à mon sens la règle demain. Donc il ne faut pas louper le coche. Sur quels critères choisissez-vous les produits d’investissement ? On applique la méthode d’exclusion dans le choix de nos véhicules d’investissement. Par exemple avec les entreprises qui ont un comportement controversé (violation des droits de l’homme du Pacte de l’ONU…) et sur les violations graves (secteurs ou pays politiquement instables ou de gouvernance non viable).
Que veulent les investisseurs ? 84 % de nos clients se disent ouverts à la finance durable. De plus en plus veulent avoir un impact positif et choisir en connaissance de cause les sociétés dans lesquelles leur argent est investi… Ils sont encore minoritaires aujourd’hui, la première question reste encore celle de la performance.
Cela va prendre du temps… Je pense que ça va s’accélérer en août 2022 car nous aurons alors l’obligation de leur parler d’impact. Là où nous sommes aujourd’hui en mode réactif, nous allons devenir proactifs.
Quels sont vos projets en 2022 ? Développer notre gamme de produits responsables (quatre fonds BIL ont déjà obtenu le label Luxflag), poursuivre l’intégration des critères ESG dans toutes nos activités et mieux gérer les risques. Former nos collaborateurs et mesurer l’impact de nos produits et stratégies.
Quel manager êtes-vous ? Je suis passionnée. Toujours à 100 %. Je fais partie de mon équipe. Exigeante, mais d’abord avec moi-même. Bonne humeur obligatoire !
Qu’avez-vous changé dans votre vie citoyenne pour être cohérente avec les valeurs de durabilité que vous portez professionnellement ? Avant ce poste, c’était sur l’impulsion de mes enfants. Je roule en électrique, je prends moins l’avion. Désormais, je prends conscience que tout a un impact et de fait… je questionne toutes mes décisions !
Alessandra Simonelli est aussi chairman du comité de durabilité à l’ABBL.