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LAURA ZUCCOLI
L’actualité parle sans cesse des flux de migrants ou de réfugiés désirant s’installer dans un pays de l’Union européenne. Les motifs de migration varient selon que les personnes veulent demander l’asile – car elles sont persécutées dans leur pays – ou qu’elles migrent pour le travail, pour rejoindre leur famille, étudier ou encore chercher de meilleures perspectives de vie.
L’augmentation des flux migratoires et la pression de l’opinion publique font que les décideurs politiques disent vouloir mieux contrôler leurs frontières pour limiter l’accès des migrants à leurs territoires. Or, le marché du travail a besoin de travailleurs supplémentaires. La Commission européenne considère la migration limitée dans le temps comme un moyen pour les États membres de l’Union de satisfaire ce besoin. Les pays d’origine profiteraient ainsi des transferts d’argent des migrants à leurs familles, importants pour le développement local, et la migration répondrait à la nécessité des pays d’origine de bénéficier de transferts de compétences et d’atténuer les conséquences de la fuite des cerveaux. La Commission européenne la désigne comme « une forme de migration gérée de façon à permettre un certain degré de mobilité licite, dans les deux sens, entre deux pays ». Au Luxembourg, la Chambre des députés a voté, en 2015, une loi qui crée des règles de mobilité réciproques entre le Luxembourg et le CapVert. Ce dispositif de migration circulaire cible les personnes « hautement qualifiées » comme les avocats, les hommes d’affaires ou les fonctionnaires d’État, ainsi que les jeunes. Laura Zuccoli Présidente de l’Asti
Il est regrettable que les travailleurs non qualifiés – qui constituent le gros de l’immigration capverdienne au Luxembourg – soient les grands oubliés de cet accord. Six ans après, aucune évaluation du texte n’a été faite. Pourquoi ne seraitil pas possible de s’installer temporairement dans le pays de son choix, que l’on soit issu d’un pays de l’OCDE ou d’un pays en voie de développement ? Vivre et travailler dans un autre pays, y partager et renforcer ses compétences, élargir son réseau de contacts, puis retourner dans son pays d’origine permettrait de profiter des plusvalues de l’expérience migratoire. Ceci est courant pour des professions hautement qualifiées, surtout entre pays développés, mais reste inaccessible au plus grand nombre. Proposer des voies d’entrée légale aux migrants au sein de programmes de développement du ministère de la Coopération lierait immigration et développement.
Créer une migration circulaire par l’accès à l’expérience professionnelle dans nos entreprises, tout en prévoyant pour le migrant qui retourne après un certain temps dans son pays une perspective d’emploi dans le cadre d’un projet économique ou de développement, serait profitable pour tous.
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