Paperjam janvier 2022

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DĂ©bat public   L’actualitĂ© parle sans cesse des flux de migrants ou de rĂ©fugiĂ©s dĂ©sirant s’installer dans un pays de l’Union europĂ©enne. Les motifs de migration varient selon que les personnes veulent demander l’asile – car elles sont persĂ©cutĂ©es dans leur pays – ou qu’elles migrent pour le travail, pour rejoindre leur famille, Ă©tudier ou encore chercher de meilleures perspectives de vie. L’augmentation des flux migratoires et la pression de l’opinion publique font que les dĂ©cideurs politiques disent vouloir mieux contrĂŽler leurs frontiĂšres pour limiter l’accĂšs des migrants Ă  leurs territoires. Or, le marchĂ© du travail a besoin de travailleurs supplé­ mentaires. La Commission europĂ©enne considĂšre la migration limitĂ©e dans le temps comme un moyen pour les États membres de l’Union de satisfaire ce besoin. Les pays d’origine profiteraient ainsi des transferts d’argent des migrants Ă  leurs familles, importants pour le dĂ©veloppement local, et la migration rĂ©pondrait Ă  la nĂ©cessitĂ© des pays d’origine de bĂ©nĂ©ficier de transferts de compĂ©tences et d’atté­nuer les consĂ©quences de la fuite des cerveaux. La Commission europĂ©enne la dĂ©signe comme « une forme de migration gĂ©rĂ©e de façon Ă  permettre un certain degrĂ© de mobilitĂ© licite, dans les deux sens, entre deux pays ». Au Luxembourg, la Chambre des dĂ©putĂ©s a votĂ©, en 2015, une loi qui crĂ©e des rĂšgles de mobilitĂ© rĂ©ciproques entre le Luxem­ bourg et le Cap-Vert. Ce dispositif de migration circulaire cible les personnes « hautement qualifiĂ©es » comme les avocats, les hommes d’affaires ou les fonctionnaires d’État, ainsi que les jeunes.

Laura Zuccoli PrĂ©sidente de l’Asti

Il est regrettable que les travailleurs non qualifiĂ©s – qui consti­tuent le gros de l’immigration capverdienne au Luxem­bourg – soient les grands oubliĂ©s de cet accord. Six ans aprĂšs, aucune Ă©valuation du texte n’a Ă©tĂ© faite. Pourquoi ne serait-il pas possible de s’installer temporairement dans le pays de son choix, que l’on soit issu d’un pays de l’OCDE ou d’un pays en voie de dĂ©veloppement ? Vivre et tra­vailler dans un autre pays, y partager et renforcer ses compĂ©tences, Ă©largir son rĂ©seau de contacts, puis retourner dans son pays d’origine permet­­trait de profiter des plus-values de l’expĂ©rience migra­toire. Ceci est courant pour des professions hautement qualifiĂ©es, surtout entre pays dĂ©veloppĂ©s, mais reste inaccessible au plus grand nombre. Proposer des voies d’entrĂ©e lĂ©gale aux migrants au sein de pro­ grammes de dĂ©veloppement du ministĂšre de la Coopé­ra­tion lierait immigration et dĂ©veloppement. CrĂ©er une migration circulaire par l’accĂšs Ă  l’expĂ©rience profes­ sionnelle dans nos entreprises, tout en prĂ©voyant pour le migrant qui retourne aprĂšs un certain temps dans son pays une perspective d’emploi dans le cadre d’un projet Ă©conomique ou de dĂ©veloppement, serait profitable pour tous.

Ce dĂ©bat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne une carte blanche aux reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile. Si vous voulez tĂ©moigner, contactez la rĂ©daction de Paperjam Ă  l’adresse suivante: temoignage@paperjam.lu. Photo MATIC ZORMAN

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