Paperjam janvier 2022

Page 1

NUMÉRO 219

JANVIER 2022

Business zu Lëtzebuerg

François Tesch, aux racines du foyer moderne 5 453000 074017 12 5€


AG JEANS · AGOLDE JEANS · ALLUDE · AMI · A.P.C. · AUTRY · BELSTAFF · CANADA GOOSE CITIZENS OF HUMANITY · CLOSED · COPENHAGEN · DONDUP · ETRO · FTC CASHMERE G-LAB · JACOB COHËN · HARRIS WHARF · HERNO · IVI · ODEEH · LACOSTE · MONCLER RAG & BONE · ROBERTO COLLINA · SEE BY CHLOÉ · SEVEN FOR ALL MANKIND STONE ISLAND · TAGLIATORE · TIGER OF SWEDEN · TORY BURCH · WOOLRICH · VEJA AND MANY MORE


Édito #2022

La cohésion comme antidote Guirlandes lumineuses. Marchés de Noël. Cadeaux sous le sapin. Les apparences paraissent trompeuses en cette fin d’année marquée par une violence inédite sur les réseaux sociaux et dans les rues de la capitale, comme l’ont montré certains manifestants le 4 décembre, en guise de protestation contre les mesures prétendument liberticides décidées par les élus pour freiner la propagation du Covid-19. Alors que la crise bat son plein sur plusieurs fronts – sanitaire, politique, éco­ nomique, social et désormais sécuritaire –, l’ambiance des fêtes de fin d’année nous rappelle qu’une majorité, silencieuse celle-là, a choisi de continuer à vivre de façon apaisée, différemment, en s’adaptant, sans angélisme. Mais vivre tout de même. Presque deux ans après le début de la crise, les symptômes inquiétants quant à l’évolution du monde et de l’humanité n’ont jamais été aussi nombreux. Moins bruyants, les signes d’espoir et les actu­alités positives n’ont pas disparu, loin de là. À commencer par le dévouement du personnel soignant, pour lesquels il conviendra de mener une réflexion sur l’or­ganisation des hôpitaux et des moyens qui leur seront accordés dans un monde post-Covid. L’énergie dont continue à faire preuve l’« écosystème business » est aussi notable. La pandémie n’est venue à bout ni de l’esprit d’entre­prendre de tous les patrons, ni de celui d’« intraprendre »,

si l’on pense aux employé-e-s qui s’investis­ sent humblement pour permettre à leur entreprise de faire face aux difficultés du moment. Sans oublier les étudiant-e-s ou start-upper qui trouvent au Luxembourg un terreau favorable à leur projet international. Autant de bonnes raisons de préserver le modèle luxembourgeois, sans pour autant verser dans la béatitude ou une vision immuable. Un Grand-Duché qui doit s’outiller à la hauteur des problématiques actuelles, tout en amplifiant ses forces : le consensus politique, l’ouverture, le pragmatisme, la compétitivité, l’exploration de nouvelles opportunités économiques afin de péren­ niser un État social fort, indispensable pour affronter les prochaines crises. Car 2022 apportera son lot de défis à court, moyen et long terme. Or, sans la cohésion de la communauté de résidents et de frontaliers, la « success-story » risquerait de patiner. Citoyens et élus, Luxembourgeois et étrangers, employés et fonctionnaires… chacun pourra apporter sa pierre – taillée dans les valeurs démocratiques et progressistes – à l’édifice d’un pays qui reste envié en dehors de ses frontières. La cohésion nationale restera le meilleur antidote contre les épreuves du temps. Schéi Chrëschtdeeg an ee gudde Rutsch an d’Neit Joer! Rédacteur en chef THIERRY RAIZER

JANVIER 2022

3


www.atoz.lu

Your business is unique. Your tax advice should be too. Over 15 years of leadership.

Founder & Member of the world’s largest independent tax network


Janvier 2022

Ristretto

Conversations

10 #POLITIQUE 12 YVES CRUCHTEN

26 FRANÇOIS TESCH

« Nous avons changé avec le Luxembourg, nous avons bénéficié de la belle croissance du pays »

« La taxe Covid n’est pas aux oubliettes » –

14 #ENTREPRISES 16 CHARLES SCHROEDER

« La seule sortie de crise possible est la vaccination » –

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 ALESSANDRA SIMONELLI

« Ne pas louper le coche du dévelop­ pement durable »

38 MICHELLE GLORIEUX

p.  4 8 Reconnue par l’Onu et la BEI, l’étudiante ­Tahereh Pazouki est devenue chef d’entreprise avec Magrid, sa solution d’apprentissage des mathématiques qui se passe du langage.

Data Dada 24 #CNS

Le coût croissant de la santé du patient au Luxembourg

« Nous avons eu une incroyable année 2021 ! » –

44 CAROLE DIESCHBOURG

« Chacun est respon­sable de ses émissions de CO2 » –

48 TAHEREH PAZOUKI

« La victoire m’a donné des responsabilités » –

52 MICHEL-EDOUARD RUBEN ET JEAN-JACQUES ROMMES

« Pour affronter les crises à venir, il faut en prendre conscience » –

Paperjam Recovery Awards –

58 SOPHIE ENSEL « Je ne sais pas vivre sans créer »

60 ISIDRO LOPES « Ajouter la résilience aux modèles économiques »

Photos

Andrés Lejona, Guy Wolff

62 ERWAN LOQUET « Garder le ‘momentum’ digital »

64 MICHEL SCHUETZ « On parlera encore longtemps des masques » p.  6 4 Santé Services produit des masques depuis le début de la crise, comme l’explique le directeur de la filiale de la Fondation Hôpitaux Robert Schuman, Michel Schuetz.

JANVIER 2022

5


CAR APRÈS CES DERNIERS 18 MOIS, L A QUALITÉ DE VOS ÉVÉNEMENTS EST PLUS IMPORTANTE QUE JAMAIS

W W W. S T E F F E N T R A I T E U R . L U


Janvier 2022

8 %

QUEL RYTHME POUR LA CROISSANCE EN 2022 ? roissance du Luxembourg C Source Statec

4,9 4 %

Quel rythme pour la croissance en 2022 ?

roissance européenne C Source Zone euro

2,7

2,4

70 Enjeux

Croissance mondiale Source Banque mondiale et prévisions FMI

PRÉVISIONS DE CROISSANCE

0

-4 %

-8 %

72 LES DESSOUS DE

2012

LA CROISSANCE L’inévitable bifurcation

2016

2020

2024

p.  72 Portée par des politiques budgétaires et monétaires très « accommodantes », l’économie a plutôt bien résisté à la pandémie de Covid-19. Mais comment se comporterat-elle en 2022 ?

74 2022 POUR LES ENTREPRISES

La menace de la hausse des coûts

76 À SUIVRE SUR LES MARCHÉS « Prendre du risque sur les actions »

80 TECHNOLOGIES

Six tendances pour 2022… et au-delà

98

82 2022 DANS LE TEXTE

Business Club

Les mots-clés de l’année

86

Lifestyle

Portfolio

Marcher sur des œufs

p.  86 Annulations, adaptations et espoir se mêlent dans les cuisines et les esprits des traiteurs et restaurateurs collectifs. Une ambiance de « déjà-vu » forcément inquiétante...

106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION 114 MA RECETTE

116 MON MENTAL 120 La liste

7 élus qui auront fort à faire en 2022 Débat public 08 EMILE EICHER 66 LAURA ZUCCOLI

Advertoriaux 22 AKD

Une relation de partenariat avant tout

36 ROSPORT

Photos

Guy Wolff

Revaloriser les déchets à 100 %

68 COCOONUT

Une nouvelle conception de l’habitation

p.  106 Alina Fadeeva est l’actuelle résidente d’une maison troglodyte à Luxembourg-ville.

96 MAISON MODERNE

Aux petits soins pour sa tribu JANVIER 2022

7


Débat public J’entends partout que les communes doivent s’investir davan­tage dans la crise actuelle du logement. C’est vrai, car celle-ci con­cerne toutes les communes quelle que soit leur taille ou leur situation, mais il faut relativiser la marge de manœuvre dont elles disposent. D’une part, les élus communaux peuvent agir sur le périmètre d’agglo­mération et sur la densité des constructions via le plan d’amé­ nagement général (PAG). Si nous disposons aujourd’hui de quelque 3.750 ha de réserve foncière, c’est dû au fait que les communes ont, presque toutes, procédé à une refonte de leur PAG au cours de la dernière décennie et ont élargi les zones constructibles malgré les conditions très restrictives posées au niveau étatique. Évidemment, ce potentiel foncier doit maintenant être utilisé avant d’envisager de nouveaux élargissements. Nous pouvons bien sûr développer les terrains dont nous sommes propriétaires, ce qui représente 265 ha, soit 7,1 % de l’ensemble des réserves foncières, davantage que l’État et les fonds publics. Même si je me réjouis de constater que ce pourcentage évolue vers le haut, il reste marginal par rapport à la part des propriétaires privés. La route est cependant longue et sinueuse jusqu’à l’obtention de toutes les autorisations néces­ saires, et la procédure peut facilement durer entre deux et cinq ans par projet, voire plus. D’autre part, nous pouvons encourager la création de logements par l’initiative privée, en incitant les propriétaires à mettre en valeur leur patrimoine et à mobiliser leurs terrains pour la construction.

Emile Eicher Président du Syvicol

Les raisons pour lesquelles un terrain est vide de toute construction peuvent être très diverses, et notre outil principal est notre force de persuasion. J’ai bon espoir qu’avec le programme local d’action logement que nous adopterons dans le cadre du Pacte logement 2.0, les propriétaires verront que les communes établissent une véritable stratégie, concrète, en faveur du logement. S’ils comprennent où nous voulons aller, alors nous arriverons peut-être plus facilement à les convaincre ! À mon avis, un autre moyen de mobiliser rapidement des surfaces constructibles serait de développer des constructions modulaires démontables, offrant la garantie au propriétaire de retrouver son terrain à l’issue d’une période de mise à dis­position temporaire. Enfin, les communes peuvent également jouer le rôle de faci­ litateur en matière de location, pour la mise sur le marché de biens inoccupés. Une piste prometteuse dans ce domaine est la gestion locative sociale qui, comme la mise à disposition de terrains pour des constructions temporaires, est sans risque pour les propriétaires des logements. Bourgmestre (CSV) de la commune de Clervaux, Emile Eicher est le président du Syndicat des villes et communes luxembourgeoises, le Syvicol. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui une donne carte blanche aux élus. Photo MATIC ZORMAN

8

JANVIER 2022


NOVEMBRE MARS 2020 2021

9


Ristretto #Politique Sélectionné par IOANNA SCHIMIZZI

1

CHOQUÉ

PRUDENTS

2

« À moyen ou à long terme, nous ne pouvons pas garantir les autres opérations dans les hôpitaux, et nous ne voulons pas arriver à cela. » Le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a présenté à la fin du mois de novembre, avec la ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP), les nouvelles mesures sanitaires, dont la principale est le renforcement du régime CovidCheck.  3

ANNONCEUR

« Il n’est pas nécessaire d’agrandir les périmètres de construction. »

Claude Turmes (déi Gréng), le ministre de l’Aménagement du territoire commentait le 29 novembre les nouvelles notes du Liser sur la réserve foncière disponible dans le pays : 3.750 hectares, soit 142.000 unités de logement potentielles. 4

RÉALISTE

« J’ai remarqué moi-même que je n’étais plus à 100 %, et on ne peut pas faire ce métier de ministre si l’on n’est pas à 100 %. » Dan Kersch, vice-Premier ministre LSAP, ministre du Travail, de l’Emploi, de l’Économie sociale et solidaire et ministre des Sports, a annoncé à la fin du mois de novembre sa démission du gouvernement. Celle-ci étant effective à partir du mois de janvier, il redeviendra alors député.  5

PENSIONNÉ

« Après 41 années de cotisation, et 27 ans de carrière politique, j’ai envie de me consacrer aux miens. »

Tout comme son collègue Dan Kersch, le ministre LSAP de l’Agriculture, de la Viticulture, du Développement rural et ministre de la Sécurité sociale Romain Schneider a également annoncé sa démission avant la fin de son mandat. Il quittera son poste entre le 4 et le 10 janvier prochains.

« On le voit avec la croissance économique : le Luxembourg a bien géré la crise si l’on compare avec la zone euro. »

La loi sur le budget 2022, votée à la mi-décembre, est considérée comme la plus importante de l’année. Son rapporteur, le député Dan Biancalana (LSAP), a expliqué dans une interview accordée à Paperjam avoir choisi de présenter ce budget de reprise et de relance selon le prisme de la « sécurité existentielle ».

10

JANVIER 2022

Matic Zorman

DÉTERMINÉ

Photos

6


5,2 - 7,2 L / 100 KM • 136 - 162 G CO2/KM (selon les normes NEDC).

VOYEZ PLUS GRAND. Le nouveau Mercedes-Benz Citan. Avec ses dimensions extérieures compactes associées à un espace intérieur impressionnant, le Citan fourgon vous offre tout ce que vous attendez d’un utilitaire Mercedes-Benz. Design remarquable, haut niveau de sécurité et robustesse sans faille, tous les atouts de la marque sont au rendez-vous. Très accessible, le compartiment de chargement est doté d’un seuil bas. Charger et décharger votre véhicule n’aura jamais été aussi facile. De plus, le nouveau Citan propose de série de nombreux systèmes d’assistance et de sécurité dernier cri. Découvrez le nouveau Citan sur www.mercedes-benz.lu ou chez votre partenaire Merbag.

Essais disponibles dès maintenant. #VOYEZPLUSGRAND #nouveaucitan

Merbag S.A, Site Leudelange, 3, Rue Nicolas Brosius, 3372 Leudelange Merbag S.A, Site Roost, 2, route de Cruchten, 7759 Roost


Ristretto #Politique

« La taxe Covid n’est pas aux oubliettes » Président du LSAP et futur chef de fraction à la Chambre, Yves Cruchten évoque les dynamiques internes de son parti et ses grandes priorités. Sans encore trop penser aux élections de 2023.

Comment avez-vous vécu les départs du gouvernement de Dan Kersch et Romain Schneider ? De manière mitigée. D’un côté, cela me fait de la peine de voir deux très bons collègues se retirer. Mais, de l’autre, c’est aussi une chance de renouvellement pour notre parti. Comment les remplacer en vue des élections législatives de 2023 ? On ne remplace pas quelqu’un qui est ministre depuis une décennie. On ne peut pas trouver un clone et le mettre à la place. Donc, on se doit de chercher une personne avec les qualités nécessaires et, ensuite, la laisser tracer sa propre route. Avec le remplacement de Dan Kersch et Romain Schneider, on est déjà entré dans la campagne de 2023… [Il interrompt] Non. Notre parti n’est pas du tout dans une logique électorale. La gestion actuelle, et notamment celle de la crise sanitaire, nous prend énormément de temps et d’énergie. 2023, c’est encore loin. Pourtant, les changements au gouvernement ne donnent pas cette impression… Si Romain Schneider et Dan Kersch évoquent des raisons médicales et de bien-être en termes de santé pour expliquer leur départ, il me semble que cela élimine les considérations électorales. Un boulevard s’est ouvert pour Paulette Lenert. Quand vous vous taillez la barbe le matin, vous l’imaginez Première ministre en 2023 ? [Il hésite] Non… Puisque, comme je vous l’ai dit, on n’est pas encore en mode élections. Mais ce n’est pas quelque chose qui m’effraie. Elle est prête pour cette fonction-là ? On en reparlera dans un an… [sourire] Elle ferait une très bonne Première ministre. Mais, pour le moment, elle doit se concentrer sur le combat face au Covid-19. On doit lui laisser la chance de remporter cette bataille, avant de voir quels autres chantiers on pourra mener avec elle. Deviendra-t-elle, avant ça, la présidente du LSAP en 2022 ? Le travail d’une ministre de la Santé dans l’époque actuelle, couplé à celui d’une vice-Première ministre qu’elle a accepté de devenir pour remplacer Dan Kersch, voilà deux activités très chronophages…

12

JANVIER 2022

Quel est le profil du binôme qui vous succédera à la tête du LSAP en 2022 ? Il faudra des rassembleurs. Nous avons besoin d’un duo qui continuera à maintenir un bon échange entre les différentes composantes, à être à l’écoute de toutes les opinions. Il faut beaucoup discuter en interne avant de définir la ligne du parti. « Zesummen » (« ensemble », ndlr) ne doit pas être que notre slogan. Il faut qu’il vive en nous. Selon le récent sondage Sonndesfro, la coalition gouvernementale ne se maintiendrait pas en 2023. Comment lisez-vous ces résultats ? Cela ne nous rend guère nerveux. La situation était déjà la même durant la législature précédente. Tous les sondages disaient que nous n’avions plus de majorité et, au final, les électeurs ont réélu la même coalition. Et je suis assez confiant pour qu’il en soit encore de même cette fois. Vous vous voyez former une potentielle coalition avec les Pirates ou l’ADR, deux des gagnants de ce sondage ? J’exclus une coopération avec l’ADR. Et, avec les Pirates, elle serait très difficile. On ne sait pas vraiment quel est leur idéologie ou leur programme. Ils donnent le sentiment de pouvoir changer d’avis du matin au soir. C’est aussi un parti populiste. Pas populiste d’extrême droite, mais populiste quand même… La taxe Covid dont l’idée avait été lancée par Dan Kersch, elle est aux oubliettes ? Non. Nous aurons le débat sur la fiscalité à la Chambre au printemps et notre parti effectuera des propositions qui vont dans ce sens-là. L’idée me plaît de favoriser une certaine solidarité entre les entreprises. Ce n’est donc pas juste une question de taxer plus. Il pourrait s’agir de taxer moins certains.

Yves Cruchten ne croit pas à la vérité actuelle des sondages.

Interview JULIEN CARETTE Photo MATIC ZORMAN


Awake your senses. The electric KIA EV6.

Being creative takes time. Fortunately, thanks to its quick-charge technology, the Kia EV6 can be charged from 10 to 80 percent in just 18 minutes. That gives you more time to be creative. With up to 528 km of range, it will take you anywhere you want to go, while its generous interior space and advanced driver assistance systems will ensure you a great driving experience. The Kia EV6 also sets new standards in terms of safety and comfort. The Kia EV6 also scores points for businesses, as it benefits from a government bonus of €8,000(1). New Kia EV6: time to be creative.

58 kWh = 16.6 kWh/100 KM - 77.4 kWh = 16.6 - 17.2 kWh/100 km - 0 CO2/KM (WLTP) Contact your dealer for information on the taxation of your vehicle. Prioritize security. (1) Based on the legislation in force on 01/01/2021. Kia is not responsible for any changes in legislation. * 7 years warranty or 150,000 km (whichever comes first, no mileage limit for the first 3 years). ** The model shown in the photo is for illustrative purposes only. The final version of the product may differ.

Binsfeld Schifflange/Differdange 15, rue de Noertzange, L-3860 Schifflange 1, z.i. Hahneboesch, L-4562 Differdange T : (+352) 54 50 55 www.garage-binsfeld.lu


Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et THIERRY LABRO

1

ÉNERVÉ

« C’est le travail de la police ! »

L’ajout du contrôle d’identité en plus du CovidCheck est une charge supplémentaire, s’agaçait le 30 novembre le secrétaire général de l’Horesca, François Koepp, auprès de Paperjam. La problématique est identique depuis le début de la pandémie mais les restaurateurs vont devoir s’y mettre.  2

AMBITIEUX

« Nous avons un objectif de proximité : que chaque habitant au Luxembourg puisse avoir un Aldi dans les 15 à 20 minutes de route de chez lui et, éventuellement, un magasin dans le centre-ville de Luxembourg. » À l’occasion de ses 30 ans, Aldi offre un lifting progressif à ses 17 magasins, à commencer par le pionnier de Dudelange, comme l’a résumé Pierre-Alexandre Rocour, managing director de l’enseigne au Grand-Duché qui ambitionne d'ouvrir de nouvelle surfaces.  3

AMBITIEUX (BIS)

« De nombreuses études le montrent : le format de l’hypermarché est en difficulté, les clients veulent de la proximité, et nous nous positionnons sur un shopping alimentaire ‘plaisir’ plutôt que la corvée obligatoire. »

Cédric Gonnet, country manager de Delhaize Luxembourg, résumait le 27 novembre dernier la philosophie de l’enseigne de grande distribution à l’occasion de l’ouverture de son magasin de Capellen. Deux nouvelles implantations sont prévues en 2022, ce qui porterait leur nombre à 59, soit une de plus que Cactus.  4

PRAGMATIQUE

« Maintenant, le plus dur va commencer »

Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB, résumait le 2 décembre l’avancée du plan de maintien de l’emploi à venir au sein de Liberty Steel Dudelange. L’ancienne aciérie d’ArcelorMittal cédée en 2019 est confrontée à des problèmes de liquidités suite à la faillite de Greensill. Ses besoins en investissement sont estimés entre 10 et 20 millions d’euros.

« Camille a accompagné tous les jours la croissance de notre société, lui inculquant les valeurs que nous vivons au quotidien comme l’intégrité, la rigueur et la précision, essentielles pour nous. Il a œuvré à construire notre entreprise autour de l’idée de confiance comme pièce centrale. Confiance en nos capacités comme celles que nous inspirons encore aujourd’hui. »

Les familles actionnaires, le conseil d’administration, la direction générale et l’ensemble des salariés de CDCL ont fait part du décès de Camille Diederich, cofondateur et figure patriarcale du groupe de construction, le 28 novembre à l’âge de 97 ans. Après des études à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), d’où il sort diplômé en tant qu’ingénieur en génie civil, il commence sa carrière dans l’entreprise de son beau-père, qu’il reprend par la suite en 1951, avant de créer la société de construction Camille Diederich-Colas. Elle fusionne en 1979 avec Ardec et la société Pierre Bohler pour constituer la CDC – Compagnie de Construction, devenue depuis le groupe CDCL.

14

JANVIER 2022

CDCL, Romain Gamba (archives) et Matic Zorman (archives)

IN MEMORIAM

Photos

5


BIEN ENTOURÉ POUR RÉUSSIR VOS PROJETS Création Développement Conseils spécialisés Transmission À travers un ensemble complet de services gratuits et personnalisés, les conseillers YDÉ accompagnent les entreprises artisanales dans la réussite de leurs projets, selon leurs besoins et tout au long de leur cycle de vie.

Pour en savoir plus sur YDÉ et profiter de l’expertise de nos conseillers, rendez-vous sur www.yde.lu


Ristretto #Entreprises

« La seule sortie de crise possible est la vaccination » Pour la Luxembourg Event Association (LEA) présidée par Charles Schroeder, le régime 2G+ (vacciné ou guéri avec un test antigénique rapide) représente un gage de sécurité pour les événements.

Comment se porte l’événementiel ? Le secteur a bien redémarré l’été dernier, atteignant 80 % de ce qu’il avait connu en 2019 pour les mois de septembre et octobre. Mais, depuis décembre, l’activité a chuté dans une fourchette comprise entre 20 % et 30 % de la même période en 2019. La hausse des infections explique-t-elle cette retombée de l’activité ? Le problème, c’est l’incertitude. Décembre est traditionnellement le mois des célébrations de fin d’année pour les entreprises et nombreux sont les dirigeants à redouter que, quelques jours après la fête, un cluster soit déclaré et que la moitié de leurs salariés soit mise en quarantaine. Que préconisez-vous ? Tout notre secteur est d’accord pour dire qu’il faut serrer la vis, sinon on court le risque de revivre cela encore dans un an avec une énième vague de la pandémie. Le système 2G+, à savoir réserver l’accès aux personnes vaccinées ou guéries en combinaison avec un test antigénique rapide, apporte un deuxième filet de sécurité pour passer une soirée ensemble. Le CovidCheck n’est pas suffisant, selon vous ? Le CovidCheck a été l’instrument qu’il fallait pour redémarrer notre activité l’été dernier. Mais nous constatons que la seule sortie de crise possible est la vaccination. Le système 2G qui limite l’accès aux seules personnes vaccinées ou guéries est certes limitatif mais, de l’autre côté, organiser un concert dans une salle fermée avec des personnes non vaccinées représente aujourd’hui un véritable risque pour la santé publique. Qu’attendez-vous du gouvernement ? Qu’il nous tende la main pour remédier à la pandémie. Cela se traduit par le 2G voire l’obligation vaccinale que l’on observe se profiler dans certains pays. En septembre dernier, l’effacement graduel des aides était bien accepté vu la reprise. Mais étant donné le plongeon actuel des activités, le secteur a besoin d’aides financières du même niveau que l’hiver dernier. Quand anticipez-vous une reprise ? J’espère au printemps. À ce moment-là, la troisième dose de vaccin devrait avoir été injectée et les enfants auront été vaccinés, nous devrions

16

JANVIER 2022

retrouver un peu plus de tranquillité. Sur l’année 2022, nous espérons atteindre de 75 % à 80 % du volume de 2019. La demande de votre clientèle a-t-elle évolué suite à la crise sanitaire ? Les événements hybrides se sont ajoutés, à savoir des rendez-vous où une partie se déroule en présentiel et une autre partie avec un public connecté à distance. Mais l’événementiel en tant que tel ne pourra jamais être remplacé à 100 % par du digital parce que l’être humain est fait pour se rencontrer et échanger en chair et en os. Les événements phygitaux sont-ils partis pour durer ? Oui, certainement, du moins pour une partie du marché comme celui des conférences et présentations de nouvelles stratégies d’entreprises. En revanche, un concert ou un événement privé fonctionne moins bien en mode hybride. Quels sont les prochains défis de la Luxembourg Event Association (LEA) ? Le défi, c’est de garder notre main-d’œuvre car nous anticipons une reprise au plus tard à Pâques 2022, donc nous avons devant nous un creux avant une saison d’été où l’événementiel devrait tourner à fond. Pour les entreprises, c’est difficile à vivre aussi bien sur le plan financier que moral, pour garder les troupes. Et, pour 2022, que peut-on souhaiter à votre association ? Que la pandémie puisse être déclarée terminée. Pour cela, nous appelons à une politique qui s’adresse à la population et que celle-ci fasse preuve de confiance et suive cet acte de solidarité qu’est la vaccination. La sortie de crise tient à une solution : un taux de vaccination de 90 % et plus.

Charles Schroeder plaide pour des aides financières et un resserrement des règles.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo MATIC ZORMAN


Silencieuse et dotée d’une unité extérieure au design moderne, cette pompe à chaleur s’intègre tant dans des projets de nouvelle construction que de rénovation.

5 Garantie* Ans

* Conditions sur www.viessmann.lu

La pompe à chaleur air/eau Vitocal 200 se caractérise par: • Une unité extérieure très silencieuse (35 dB(A) à 3 mètres de distance) • Un rendement élevé : SCOP jusqu’à 4,64 (climat moyen, basse température 35°C) • Un dégivrage naturel • Des pompes de circulation à faible consommation électrique • Une commande aisée au moyen de votre smartphone grâce à l’app ViCare gratuite Pour de plus amples renseignements : www.viessmann.lu

Viessmann Luxembourg Rue J.F. Kennedy 35 L- 7327 Steinsel


Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par MARC FASSONE

1

SOULAGÉE, MAIS REMONTÉE

« On avait l’impression que, pour eux, le Luxembourg, ce n’était rien ou pas grand-chose, juste une place bancaire qui s’enrichit au détriment de je ne sais qui. »

Ce 17 novembre, la Cour de cassation française a rejeté les derniers pourvois de clients de Landsbanki Luxembourg, reprochant à cette banque de les avoir escroqués en leur vendant des prêts « toxiques ». De quoi soulager la liquidatrice, Yvette Hamilius, après 14 ans de procédure.  2

INQUIÈTE

« Les négociations avancent lentement et bon nombre d’interrogations restent ouvertes.

Sylvie Reuter, secrétaire centrale adjointe de l’OGBL, indiquait le 2 décembre négocier avec la direction de Natixis Wealth Management les contours du plan social qui devrait frapper 26 des 97 employés de la filiale luxembourgeoise.  3

FIER

« Nous sommes fiers d’être le partenaire européen exclusif d’administration de fonds de Nasdaq Fund Network. »

Enrique Sacau, directeur général de Kneip, annonçait le 22 novembre le partenariat entre son entreprise, spécialiste de la gestion des données de fonds et des solutions de reporting pour l’industrie de la gestion d’actifs, et le Nasdaq.  4

REVENDICATIF

« Un assemblage de règles incohérentes entre elles qui nuisent à la compétitivité et à l’agilité des entreprises. »

À l’occasion de la traditionnelle soirée académique de l’Aca (Association des compagnies d’assurances et de réassurances au Luxembourg), son président Marc Lauer – également CEO du groupe Foyer – s’est fait l’écho des inquiétudes des assureurs sur la prochaine mise en application de la directive Solvency 2. Il a plaidé pour « une réglementation forte, cohérente et efficace » à l’avenir.

« Nous parvenons à combiner technicité et business. »

EY a annoncé le 25 novembre une progression de 10,2 % de son chiffre d’affaires pour son exercice 2021. Une performance notamment due, pour le country managing partner Olivier Coekelbergs, à la croissance du secteur alternatif et aux multiples investissements faits en matière de technologie et dans leressources humaines.  6

ÉMUE

« Nous sommes fiers, et cela nous encourage, vraiment, à aller plus loin. Mais, dans ce type de mission, on n’arrive jamais à destination. »

Fonkoze Foundation, une institution haïtienne de microfinance spécialisée dans la délivrance de soins de santé aux plus démunis, a remporté le 18 novembre l’édition 2021 du Prix européen de la microfinance. Carine Roenen, executive director, a reçu une bourse de 100.000 euros qui permettra à la Fondation d’étendre son champ d’activité.

18

JANVIER 2022

Maison Moderne, Mike Zenari (archives) et Matic Zorman

SATISFAIT

Photos

5


INVESTISSEZ POUR LE FUTUR ÉCONOMISEZ MAINTENANT Tradez au meilleur coût avec le leader de l'investissement en ligne.

swissquote.lu

Les investissements comportent divers degrés de risque. Swissquote Bank Europe SA – RCS B78729. Banque basée au Luxembourg et régie par la CSSF.


Ristretto #PlaceFinancière

« Ne pas louper le coche du développement durable » Responsable développement durable à la BIL, Alessandra Simonelli en porte les valeurs côté pile et côté face. Avec en ligne de mire l’accélération de la demande des investisseurs dans des produits qui combinent rendement et « impact ».

Toutes les banques ont aujourd’hui l’obligation de tenir compte de critères durables dans leurs engagements. Dans ce processus, à quelle étape se situe la BIL ? C’est un sujet encore assez nouveau et qui demande à toutes les banques de monter en maturité pour bien comprendre ces réglementations. Considérer toutes ces obligations comme un fardeau serait une erreur. On est en phase d’outillage et de réflexion sur nos stratégies d’amélioration. Exercer un poste en finance durable, est-ce une opportunité ou un choix délibéré ? C’est clairement une opportunité, mais je dois dire qu’aujourd’hui je ne ferais plus rien d’autre. Une fois qu’on mesure le sens et l’impact de ce que l’on accomplit au quotidien, on ne peut plus s’en passer. La fameuse quête de sens… Je ne sais pas si je l’avais avant le Covid. Mais les planètes se sont alignées pour moi avec cette opportunité et je sens désormais que cela répond à une de mes aspirations profondes. Quel a été votre parcours avant cela ? Après mes études en sciences de gestion, j’ai fait un MBA à Ottawa. J’ai travaillé la plus grande partie de ma carrière chez BGL BNP Paribas, pendant 17 ans dans le retail, marketing et développement de produits et solutions digitales. En 2017, j’ai intégré la BIL sur des thématiques identiques. Il y a un an, j’ai accepté ce poste de responsable de développement durable. Vous vous occupez du développement durable des produits bancaires ou de la banque en tant qu’entreprise ? C’est un ensemble. Je m’occupe aussi bien de la valeur à l’intérieur de l’entreprise que de la responsabilité durable dans le développement de nos produits. La soutenabilité est-elle le levier privilégié des banques pour se développer ? Il y a une vraie tendance. Nos clients, entrepreneurs notamment, attendent de nous qu’on les accompagne dans leur transition vers un business model « durable », grâce aux financements que nous leur accordons. Ce qui est un sujet dans la vie des gens l’est aussi pour leur argent : les investisseurs veulent savoir où il va atterrir et s’il contribue à accompagner la transition du monde ! C’est un levier mais qui deviendra à mon sens la règle demain. Donc il ne faut pas louper le coche.

20

JANVIER 2022

Sur quels critères choisissez-vous les produits d’investissement ? On applique la méthode d’exclusion dans le choix de nos véhicules d’investissement. Par exemple avec les entreprises qui ont un comportement controversé (violation des droits de l’homme du Pacte de l’ONU…) et sur les violations graves (secteurs ou pays politiquement instables ou de gouvernance non viable). Que veulent les investisseurs ? 84 % de nos clients se disent ouverts à la finance durable. De plus en plus veulent avoir un impact positif et choisir en connaissance de cause les sociétés dans lesquelles leur argent est investi… Ils sont encore minoritaires aujourd’hui, la première question reste encore celle de la performance. Cela va prendre du temps… Je pense que ça va s’accélérer en août 2022 car nous aurons alors l’obligation de leur parler d’impact. Là où nous sommes aujourd’hui en mode réactif, nous allons devenir proactifs. Quels sont vos projets en 2022 ? Développer notre gamme de produits responsables (quatre fonds BIL ont déjà obtenu le label Luxflag), poursuivre l’intégration des critères ESG dans toutes nos activités et mieux gérer les risques. Former nos collaborateurs et mesurer l’impact de nos produits et stratégies. Quel manager êtes-vous ? Je suis passionnée. Toujours à 100 %. Je fais partie de mon équipe. Exigeante, mais d’abord avec moi-même. Bonne humeur obligatoire ! Qu’avez-vous changé dans votre vie citoyenne pour être cohérente avec les valeurs de durabilité que vous portez professionnellement ? Avant ce poste, c’était sur l’impulsion de mes enfants. Je roule en électrique, je prends moins l’avion. Désormais, je prends conscience que tout a un impact et de fait… je questionne toutes mes décisions ! Alessandra Simonelli est aussi chairman du comité de durabilité à l’ABBL.

Interview AURÉLIE BOOB Photo MATIC ZORMAN



BRAND VOICE

Une relation de partenariat avant tout Contenu sponsorisé par AKD

Le Luxembourg attire sur son territoire de nombreuses entreprises. Le droit des affaires y occupe par conséquent une place incontournable. Rencontre avec Ayzo van Eysinga, Basile Fémelat et Rutger Zaal, partners chez AKD Benelux Lawyers.

Le Grand-Duché est une place financière au centre de l’écosys­ tème européen. Il est donc essentiel de connaître toutes les articulations juridiques nécessaires à la protection des entreprises. Le droit des affaires y est international et son marché connaît une croissance exponentielle. Pouvoir compter sur un partenaire local Dans un environnement où plus de 70 % des études d’avocats luxembourgeoises proposent l’expertise du droit des affaires, il est important de se démar­ quer et de répondre aux attentes des parties prenantes. Dans ce contexte, l’étude d’avocats AKD offre un accompagnement « full service ». « Depuis 100 ans d’existence, AKD a su se rendre indispensable aux Pays-Bas en créant un véritable ancrage local auprès des collectivités et du Gouvernement », explique Ayzo van Eysinga. Dans cette

volonté de proposer un meilleur accompagnement, l’étude d’avocats a su étendre son impact en ne se limitant pas aux simples services légaux mais en créant un partenariat stratégique avec ses clients. Un contexte international nécessaire « À partir du moment où AKD a choisi d’embrasser le contexte international, il était inenvisageable de ne pas avoir de présence au Luxembourg », précise Basile Fémelat. AKD s’est stratégique­ ment implanté en Belgique puis au Grand-Duché afin de faire bénéficier in situ de son offre internationale BENELUX. Son expérience du droit aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg lui donne la possibilité de livrer des conseils croisés à la clientèle internatio­ nale sur les meilleures stratégies à adopter. AKD a créé le bureau local luxembourgeois avec l’objectif d’y développer sa stratégie internationale tout en souhaitant que celui-ci conserve une vraie indépendance vis-à-vis du réseau. « AKD s’est adapté aux évolutions. Plus qu’un support de prestataire de services, nous avons toujours choisi stratégiquement de favoriser un conseil intégral avec une vraie relation de partenaires », explique Basile Fémelat. Le droit des affaires nécessite de créer un lien de confiance et de l’écoute pour apporter une recommandation qui fera la différence. « Ce qui nous démarque particulièrement c’est notre disponibilité parce que, pour nous, il est important de garantir à nos clients qu’ils sont notre priorité », conclut Ayzo van Eysinga.

s vez plu Retrou ions sur rmat d’info

akd.eu

Photo

www.

Simon Verjus (Maison Moderne)

Droit des affaires

22

JANVIER 2022


International and digital borders are fading In this changing landscape, you need a thorough understanding of your opportunities, possibilities, restrictions and requirements. AKD Benelux lawyers can guide you through the complex legal world. We are a Benelux law firm with over 500 top-class lawyers, tax specialists and staff whose second nature is to explore beyond their own discipline. We combine our expertise in a wide range of legal fields with knowledge and experience of your business and sector. Our offices in the Netherlands, Belgium and Luxembourg, where we practice Dutch, Belgian and Luxembourg law, provide you with first-rate integrated, comprehensive, international legal services. More information? akd.eu or info@akd.eu


Data Dada #CNS

En millions d’euros 4.000

Le coût croissant de la santé du patient Luxembourg La Caisse nationale de santé (CNS) gère, dans son travail quotidien, les branches de l’assurance maladie-maternité et de la dépendance. Nous nous intéressons ici principalement à l’assurance maladiematernité. Le nombre d’assurés affiliés était de 896.548 personnes en 2020, dont 35,5% de non-résidents. Auteur IOANNA SCHIMIZZI

3.251,9

3.000

835.002

RECETTES COURANTES Cotisations forfaitaires de l’État et participation de tiers.

813.124

2.627,6 793.042

773.061

756.185

RAPPORT RÉSERVE GLOBALE ET DÉPENSES COURANTES EN %

2.000 739.863

POPULATION PROTÉGÉE = assurés affiliés (en nombre de personne)

14 %

1.000 ≥ 80 ans 4 % 40-59 ans 29,1 %

20-39 ans 28,6 %

15.136

Structure d’âge de la population protégée résidente en 2020

C’est le nombre de personnes couvertes par l’assurance dépendance qui prend en charge les soins nécessaires aux assurés dépendants.

60-79 ans 16,1 % 0-19 ans 22,2 % 0

2012 24

JANVIER 2022

2013

2014

2015

2016

2017


40 %

ESTIMATIONS

879.932

+ 160,9 % Soins des autres professions de santé

896.548

(soins infirmiers, kinés, podologues, sages-femmes, etc.)

DÉPENSES COURANTES 858.357

31 %

La hausse des soins à la loupe Retour sur les principaux postes de soins de santé sollicités depuis 2012 et classés selon la hausse des dépenses (incluant les projections pour 2022).

+ 78 % Foyers de psychiatrie

Frais d’administration, prestations en nature et prestations en espèces.

30 %

+ 77,7 % Frais de voyage + 72,1 % Dispositifs médicaux + 69,4 % Laboratoires

25 %

+ 67,34 % Soins médicaux + 65,8 % Soins hospitaliers 21 %

+ 64 % Médecine préventive 20 %

Un mouvement structurel L’Inspection générale de la sécurité sociale explique, dans son rapport 2021 sur la situation finan­cière de l’assurance maladiematernité, que la crise sanitaire a été l’accé­lé­ rateur d’un mouvement structurel qui a démarré en 2017 et se caractérise par une progression des dépenses supérieure à celle des recettes.

+ 61,5 % Soins médico-dentaires

L’effet Covid La chute très prononcée de 31 % en 2019 à 25 % en 2020 est le fait des dépenses extraordinaires liées aux mesures antiCovid de 2020 prises en charge au niveau des dépenses et remboursées par l’État. En faisant abs­ traction de ces dépenses extraordi­naires, le rapport réserve globale / dépenses ­courantes nettes se serait élevé à 28,3 %, explique la CNS.

Sous surveillance « À moyen terme, si la ten­ dance des dépenses et recettes n’est pas inversée par des actions concrètes visant la contenance de dépenses structurelles et / ou par une croissance de l’emploi supérieure à celle retenue par le Statec, l’AMM devrait mon­ trer un déficit récur­rent et présenter un niveau de réserve proche du seuil légal de 10 % des dé­penses courantes en 2025 », explique la CNS.

+ 49,9 % Médicaments (extra-hospitaliers) + 47,5 % Prestations à l’étranger + 6 % Cures thérapeutiques et de convalescence

10 %

Soins des autres professions de santé

2019

2020

(infirmiers, kinés)

Médicaments

(extra-hospitaliers)

170,8 M €

248,9 M €

Prestations à l’étranger 464,5 M €

Source Budget 2022 de l’assurance maladie-maternité

2018

Répartition des principales dépenses de santé pour l’année 2020

2021

Soins médicaux 472,4 M €

0 %

2022

Soins hospitaliers 1.123 M €

Source

Rapport annuel 2020 de la CNS

JANVIER 2022

25


« L’assurance doit se moderniser et se remettre en cause pour demeurer compétitive », prévient François Tesch.


Conversation François Tesch

« Nous avons changé avec le Luxembourg, nous avons bénéficié de la belle croissance du pays » Interview THIERRY RAIZER

Photos GUY WOLFF

Quatre décennies passées à sa tête et une transformation des activités plus tard, François Tesch garde l’œil qui pétille en retraçant l’épopée de Foyer. En cette année de centenaire du groupe, le président de son conseil d’administration s’assure de placer les bons talents aux postes-clés et de l’avancée des chantiers stratégiques. En transmettant les valeurs fondatrices et l’esprit entrepreneurial, mais sans céder à une quelconque nostalgie.


Conversation

BIO EXPRESS François Tesch est né le 16 janvier 1951 à Steinsel. Formation Après des études en économie à l’Université d’Aix-en-Provence et un MBA à l’INSEAD Paris, il a passé six ans auprès du conglomérat W. R. Grace & Co à New York et à Paris.

Alain Kinsch, l’ancien managing partner d’EY, est récemment devenu un membre du conseil d’administration de Foyer, le groupe d’assurances. Est-ce le type de profil que vous évoquiez ? Quand on pense aux besoins et aux préroga­ tives d’un conseil d’administration, on pense aux qualités intrinsèques de ses membres, à leurs valeurs, mais aussi aux compétences : les finances, l’audit interne, par exemple. M. Kinsch dispose de toutes les compétences pour aborder ces questions. Nous pensons aussi aux aspects légaux qui nous concernent, d’où le fait que nous avons toujours eu un avocat au sein du conseil d’administration. Nous veillons aussi à disposer des connais­ sances actuarielles et liées aux assurances, et sommes attentifs aux aspects concernant les ressources humaines… La diversité des

L’appel de la famille Il entre chez Foyer en 1983 comme secrétaire général puis, en 1986, devient CEO du groupe familial. M. Tesch est le petit-fils du fondateur du groupe, Léon Laval. Nouvelle ère En avril 2014, Marc Lauer devient CEO du groupe, François Tesch prend la présidence du conseil d’administration. Depuis avril 2015, François Tesch est aussi président exécutif de Luxempart.

métiers qui se retrouve autour de cette table contribue à la qualité des débats.

C’est une volonté personnelle de limiter le nombre de représentants des familles, par souci de bonne gouvernance ? C’est en effet ma volonté. Par le passé, ce n’était pas une habitude de diversifier les profils et l’origine des administrateurs. À mon arrivée, on retrouvait aussi des proches au conseil. Ce n’était pas une bonne gouvernance, ça ne permettait pas d’attirer les meilleurs membres indépendants ni de recruter en dehors du cercle familial. Car la qualité des dialogues et les débats au sein d’un conseil d’administration sont extrêmement importants. Je ­recherche des débats toujours constructifs, mais aussi contradictoires.

Cela veut dire que le président que vous êtes ne doit pas avoir peur de ces débats… Recherchez-vous des compétences dans le digital ? Au contraire, je les provoque ! Un conseil qui Nous avons un administrateur qui fut consul­ se passerait dans une ambiance trop « sympa­ tant dans le digital. Sa présence au conseil de thique » ne serait pas un bon conseil. Je crois Foyer nous permet d’aborder de nouvelles qu’il faut tout le temps lancer de nouvelles questions ou de considérer certaines pro­ idées et se remettre en question. blématiques ou des processus sous un autre angle. C’est une personne qui nous permet Comment se sont organisées les de lancer de nouveaux débats. réunions du conseil d’administration depuis le début de la crise ? Et la diversité ? Comment l’abordez-vous ? Nous avons tous découvert que les réunions Nous avons déjà connu une diversité plus en visioconférence fonctionnaient bien ; on grande par le passé au sein de nos conseils y parlait plus rapidement des vrais sujets. d’administration. Il est vrai qu’il est parfois Cependant, tout ne peut pas passer par la difficile de composer un conseil d’adminis­ ­vidéo, nous avons aussi besoin de mener une tration qui tienne compte de toutes les com­ discussion sur certains sujets en présentiel. posantes. L’aspect familial est chez nous un Aujourd’hui, nous cherchons à affiner le mo­ élément important, car il représente l’action­ dèle de demain, qui sera très certainement un naire majoritaire du groupe. Je trouve cela mélange entre des réunions physiques et la tout à fait normal ; il s’agit de leur argent. J’ai participation au conseil d’administration de cependant toujours tenu à ce que le nombre membres qui seront à distance. Par le passé, d’administrateurs représentant la famille soit il était courant d’estimer qu’un administra­ limité. Aujourd’hui, trois des membres du teur qui n’était pas présent sur place n’était

100 ANS EN 10 DATES 1951 1922

1941

1981 1970

Création du groupe

L’épreuve de la guerre

Essor

Expansion

Nouveau siège

Le 28 octobre, la compagnie d’assurances Le Foyer, Compagnie Luxembourgeoise d’Assurances SA est consti­tuée par Léon Laval (photo), Max Lambert, Joseph Bach et Max Menager. Doté d’un capital de 5 millions de francs, Foyer obtient un an plus tard son premier agrément dans les branches Non-Vie et Vie.

Le pre­mier siège est situé au coin de la rue du Nord et de la rue du Casino. Jusqu’au début de la Deuxième Guerre mon­ diale, la société double le vo­ lume de son encaissement et s’établit en France, en Belgique et en Alle­magne. Dès le début du conflit, les affaires péricli­tent, et en 1941, l’occupant tente de dis­sou­dre Foyer. En vain.

Au sortir de la guerre, Foyer est porté par l’essor de l’économie. Le nouveau siège, au coin de l’avenue Guillaume et de la route d’Esch, est inauguré en 1951, et deux ans plus tard, l’encaissement des primes dépasse le cap des 100 millions de francs, plus de la moitié provenant du Luxembourg.

Pendant les années 50 et 60, le portefeuille s’accroît, porté par la Belgique et la France et par des acquisitions. Le chiffre d’affaires dépasse le cap du milliard de francs au cours de l’année 1970. Durant cette période, le conseil d’admi­nis­tration est présidé par Marc Lambert, en poste depuis 1957.

Foyer ouvre son actionnariat et la Compagnie de Réassurance de Zurich, premier réassureur européen, entre dans le capital du groupe en 1980. Un an plus tard, les équipes emména­gent dans un nouveau siège au Kirchberg. En 1982, les activités en France sont cédées à Le Secours.

28

JANVIER 2022

Foyer

Une salle équipée de webcams, d’écrans… un matériel très utilisé depuis le début de la crise… Nous avons en effet vécu une période de ­réunions à distance. Cela a bien fonctionné, notamment grâce à cet équipement techno­ logique. Ceci dit, l’élément le plus important reste la qualité des membres d’un conseil d’administration. Nous avons veillé depuis longtemps à intégrer une culture d’entreprise cotée, telle que Foyer l’a été à un moment, à une culture familiale dans le conseil d’admi­ nistration. La qualité, la complémentarité et l’indépendance des membres du conseil sont les garants d’une bonne gestion d’une société.

conseil d’administration représentent cha­ cun une famille qui descend de Léon Laval (grand-père de François Tesch, ndlr), qui a été le principal fondateur de Foyer en octobre 1922.

Photos

Cet entretien se déroule dans la salle du conseil d’administration de votre groupe. Que représente-t-elle ? C’est une salle qui représente bien la taille de notre groupe, sa modernité et son s­ ouci de s’intégrer dans cette belle nature dont nous avons la chance de disposer au Luxembourg et à laquelle il faudra faire de plus en plus attention.


François Tesch

pas un bon administrateur. Aujourd’hui, je la transformation des modèles opérationnels. ne me permettrais plus de dire cela. Un bon Aujourd’hui, nous utilisons le digital pour trans­ administrateur est d’abord un administrateur crire ce que nous faisons d’une autre manière. compétent. Or, les gens compétents sont très Mais nous ne pouvons pas encore parler de pris. Il faut aussi se mettre à leur place et les phénomène disruptif, lequel passera par une autoriser à intervenir en vidéo, à distance. autre approche des données de nos clients et La présence en vidéo d’un bon administra­ de notre entreprise, de telle sorte à changer teur sera toujours meilleure que son absence. fondamentalement notre mode de fonction­ nement. Pour nous préparer à ce mouvement de fond, nous avons décidé d’ouvrir notre Puisque nous évoquons les possibilités architecture sur le plan informatique. Cela offertes par les technologies digitales, nous permet de travailler avec d’autres sys­ quels sont les grands chantiers de Foyer tèmes, de décloisonner notre informatique dans ce domaine ? La digitalisation recouvre évidemment plu­ interne. Nous adaptons et enrichissons aussi sieurs éléments. Elle permet d’améliorer les nos bases de données pour mieux répondre processus de gestion d’une société, de gagner à nos clients, mieux comprendre leurs besoins en efficacité, de diminuer les coûts, d’améliorer et adapter nos produits. C’est de la qualité de l’interactivité des agents et le service au client. la donnée que dépendra finalement le métier Ce sont des aspects positifs sur lesquels nous de l’assurance de demain. travaillons. Ces chantiers, qui sont synonymes de changement, passent avant tout par une Est-ce aussi un moyen de vous prémunir évolution de la culture d’entreprise. Or nous de l’arrivée d’acteurs technologiques avons reconnu ce besoin de changer notre qui ne seraient pas des assureurs, culture d’entreprise il y a plusieurs années mais qui voudraient pénétrer votre marché ? déjà, ce qui se traduit par plus de délégation Aujourd’hui, nous observons en effet qu’un vi­ dans la prise de décision, plus de formation, vier de start-up et d’entrepreneurs pense pou­ plus d’ouverture d’esprit, plus de remise en voir révolutionner tous les secteurs d’activité. question de chacun. Nous sommes donc au Tout le monde est touché. Je n’irais pas jusqu’à cœur de la transformation de notre culture dire que tout le monde peut faire le métier d’as­ d’entreprise, ce qui, je pense, nous donne sureur. L’assurance garde ses spécificités, mais une longueur d’avance aujourd’hui. L’autre elle doit se moderniser et se remettre en cause volet qui risquera de toucher l’assurance est pour demeurer compétitive. Si nous parvenons

«  C’est peut-être superstitieux, mais quand vous pensez très fort à quelque chose, les choses arrivent et se font. »

1992

à intégrer les éléments de modernité tout en gardant nos valeurs et nos connaissances du métier – ce dont les start-up ne disposent pas au même degré –, nous pourrons assurer notre avenir. Je crois profondément à l’évolution de notre modèle pour lui permettre de résister aux modèles plus disruptifs, mais qui par ailleurs sont très consommateurs de cash et qui se sol­ deront pour beaucoup par un échec. Le signal en faveur de ces changements et de la digitalisation doit-il venir d’en haut, et donc, de la présidence du groupe ? On m’a déjà fait le reproche de n’être jamais content, ou d’être critique. C’est peut-être inné ou cela vient peut-être de l’enfance… Mais je suis ouvert à la critique constructive et vigilant quant à l’évolution du groupe. Donc je sou­ tiens beaucoup de projets, d’idées, comme le lancement d’une activité de couverture s­ anté transfrontalière à partir du Luxembourg, en tirant profit de l’expérience acquise avec le lancement, à l’époque, de l’assurance-vie en libre prestation de services, en 1996. Une ini­ tiative dont j’avais été le principal promoteur. C’est aujourd’hui l’un de nos plus impor­ tants vecteurs de croissance, qui ­occupe plus de 100 personnes (via Wealins aujourd’hui, ndlr). Il en a été de même avec la mise en place de services de gestion de fortune (via ­CapitalAtWork, ndlr). Consécutivement à la vente de nos activités d’assurance en France et en Belgique dans les années 80 et 90, et en réponse à un mouvement de consolidation dans le secteur, nous nous sommes r­ ecentrés de facto sur le Luxembourg. Ma première préoccupation était alors de retrouver de la croissance dans des métiers proches du nôtre, à savoir l’­assurance-vie ­transfrontalière – qui nécessite une force commerciale, des no­ tions financières et d’actuaire – et la gestion de ­fortune, que nous connaissions déjà via la ­gestion des actifs importants, qui sont les contre­parties des primes qui nous sont versées et qui doivent être gérés en bon père de famille.

2009 2006

2014

2022

Diversification

Déménagement et rebranding

Gestion de patrimoine

Succession

100 ans d’existence

Saisissant l'opportunité de la vente de BIL-Participations, Foyer Finance en acquiert une participation importante et la rebaptise Luxempart. Une diversifi­cation des activités par des investisse­ments, tout d’abord dans des entreprises luxem­bourgeoises, avant d’aborder une stratégie beau­ coup plus internationale.

Le groupe rassemble toutes ses activités en 2006 dans un nouveau siège à Leudelange, et la dénomination « Le Foyer » devient « Foyer », arborant une nouvelle identité visuelle et la signature client « Äert Vertrauen a sécheren Hänn », ainsi que la signature institutionnelle reflé­ tant ses activités « Assu­rances – Prévoyance – Patrimoine ».

Acquisition du groupe de gestion patrimoniale CapitalAtWork pour renforcer le pôle financier, « en bon père de famille ». En réunissant CapitalAtWork, CapitalAtWork Foyer Group voit le jour par la suite.

Marc Lauer succède à François Tesch au poste de CEO après avoir été chief operating officer. M. Tesch endosse le rôle de président du conseil d’administration du groupe et administrateur délégué de Luxempart.

Foyer a 100 ans et compte près de 1.500 collabo­rateurs et agents, contre 6 person­ nels adminis­tratifs en 1922. Ses racines demeurent dans l’assurance, mais son avenir sera diversifié. Le tout dirigé depuis Luxembourg, avec une ambi­tion transfrontalière.

JANVIER 2022

29


Conversation François Tesch

« Mon obsession est d’anticiper et de réagir à temps. »

Qu’en est-il de Luxempart, née au départ de BIL Participations ? Luxempart était une opportunité qui n’était pas planifiée. La vente de Foyer Belgique nous avait procuré des fonds importants et les ac­ tionnaires m’ont demandé, à l’époque, ce que nous allions en faire. Je leur ai demandé de me donner six mois pour trouver un réemploi. C’est peut-être superstitieux, mais quand vous pensez très fort à quelque chose, les choses ar­ rivent et se font. Quand vous devez chercher ce que vous pouvez faire, inconsciemment, vous regardez qui vous êtes. Et j’étais plus financier qu’assureur, de par mon expérience aux ÉtatsUnis. Durant les six mois qui ont précédé la reprise de BIL Participations, j’ai eu la chance d’être au conseil d’administration de cette so­ ciété où j’ai rencontré des gens de grande qua­ lité, qui m’ont beaucoup apporté et qui sont devenus proches de moi. Je pense notamment à Gaston Schwertzer et à André Elvinger. La chance a donc voulu que la BIL veuille se sé­ parer de BIL Participations, juste au moment où nous disposions de cash. On peut parler de combinaison de chances. Comme je suis aussi prudent et parfois même anxieux, j’ai recher­ ché des partenaires, que j’ai trouvés auprès de Gaston Schwertzer ou de la Sofina, qui nous ont suivis pour la reprise de Luxempart en 1992 et qui sont toujours nos partenaires au­ jourd’hui. Foyer Finance, créé deux ans plus tôt en tant que maison mère de notre groupe, détient donc Luxempart à côté de Foyer.

À ses débuts, Luxempart disposait plaisir à gagner de l’argent de la sorte, car je d’un portefeuille de participations essenn’aurais pas l’impression d’avoir ­apporté une tiellement dans des entreprises luxemcontribution réelle. bourgeoises. L’orientation est aujourd’hui beaucoup plus internationale et dans Des entreprises au Luxembourg restent des secteurs variés. Quel est désormais potentiellement sur votre radar ? le fil conducteur de la stratégie d’inves­ Absolument. À ce titre, notre plus grande par­ tissement de Luxempart ? ticipation au Luxembourg reste Foyer SA, dont Nous avions défini notre stratégie originelle Luxempart détient près d’un tiers du capital. À sur la base de notre ADN. Quel est-il ? Nous côté de Foyer, il est vrai que nous avons cédé sommes des entrepreneurs, nous sommes tout ou partie de nos participations dans des des industriels et, dans une moindre mesure, entreprises luxembourgeoises dans le cadre nous sommes des financiers. Nous restons au­ d’un mouvement de reprise de ces sociétés jourd’hui fidèles à cette approche, tout en vou­ par leur maison mère. Je pense aux banques lant contribuer au développement du pays qui ou à RTL. Il nous restait SES, de laquelle nous nous a rendu la pareille. Dans les faits, nous nous sommes entièrement désinvestis en 2020. prenons des participations à long terme et de façon durable dans des sociétés. Nous deve­ Quelle a été la raison de cette sortie, nons le partenaire du management de ces so­ qui avait été précédée par un allègement ciétés, pour leur permettre de se transformer, des actions dans la Société européenne d’évoluer et d’atteindre des objectifs ambi­ des satellites dès 2016 ? tieux. Luxempart n’est pas un fonds, mais un Je pense que nous n’étions plus le bon action­ partenaire actif dans des secteurs tangibles. Si naire pour SES. Elle se trouve aujourd’hui vous me demandez si je veux investir dans de dans une phase charnière de son histoire, la cryptomonnaie, je vais vous répondre non, où elle doit réinventer son business model, car cela ne m’intéresse pas. Je n’aurais aucun où toutes les options doivent être envisagées.

DE FOYER À FOYER FINANCE Foye r Vi e 100 SA

%

Foyer Finance

Assuranc en

%

F Distr oyer ibut io 100 n SA

100 %

Groupe Foyer (Foyer SA)

100 %

Wealins SA

Foyer Réassurance SA

As s

ie ce-v an ur

er Foy ces SA n ura Ass 00 %

A ie S nV ise iffe 51 % Ra

e -vi on

1

Ge stion d’actifs

C

ap ita lA tW 10 or 0 % kF oy er G rou p SA

30

JANVIER 2022

A

S 0 % rk 10 tWo

A ital Cap

57,57 %

Foyer SA

12,49 %

Luxempart SA

50,4 %

27,94 %

Groupe Foyer (Foyer SA)

Le Foyer, Compagnie Luxembourgeoise d’Assu­ rances SA, créé en octobre 1922, a connu une forte évolution de ses activités et de sa structure. Ce qui, au début, était une compagnie d’assurances, est aujour­d’hui devenu un groupe financier qui com­ porte non seulement l’assurance, mais également

2 %

Public & institutions

un pôle d’activité important dans le domaine de l’inves­ tis­sement. Ainsi, en 1990, la société d’origine s’est trans­formée en une holding financière qui porte le nom de Foyer Finance, qui con­ trôle à la fois le Groupe Foyer (Foyer SA) et Luxempart. Luxempart détient par ailleurs un tiers des actions de Foyer SA.

Foyer

100 %

Source

SA Avise

Fo ye r90 Arag  %

SA

A té S an r S  % e y 00 Fo 1


SAVING LIVES THROUGH RELIABLE AND INNOVATIVE TECHNOLOGY

Des solutions fiables pour la chaîne du froid médicale Pour le stockage et le transport sécurisés et fiables de tous les vaccins sensibles à la température, les prélèvements de sang et des composants sanguins, des préparations pharmaceutiques et des échantillons biologiques.

Réfrigérateurs & Congélateurs de Laboratoire | Réfrigérateurs de Pharmacie Réfrigérateurs de Banque de Sang | Congélateurs de Stockage de Plasma Congélateurs à Choc par Contact pour le Plasma Congélateurs Ultra-Basse Température | Systèmes de Transport

Découvrez comment nous pouvons vous aider à maintenir vos échantillons en toute sécurité à chaque étape de la chaîne du froid:

www.bmedicalsystems.com

B Medical Systems est un fabricant mondial de disposi�fs médicaux de qualité. www.bmedicalsystems.com

B Medical Systems S.à r.l

17, op der Hei, L-9809 Hosingen, Luxembourg Tel: +352 92 07 31 1 Email: info@bmedicalsystems.com


Conversation François Tesch

SES devrait devenir encore plus internatio­ Tout d’abord la cybersécurité, qui va nale que ce qu’elle n’a été, y compris au niveau de pair avec le digital. Comment appréde son actionnariat. Donc je ne voyais plus hendez-vous cette problématique ? vraiment la contribution que nous pouvions La cybersécurité est un risque réel, pour chacun apporter à cette entreprise. En tant qu’action­ d’entre nous. Il implique un besoin d’assurance naire, vous devez aussi parfois faire preuve de très important sur lequel nous travaillons. Cer­ réalisme. Il en est de même pour RTL. tains risques liés à la cybersécurité exprimés par nos clients – qui sont avant tout des PME Quelle marque de fabrique, au sein et des particuliers – pourront être couverts, du groupe et sur le groupe, voudriez-vous mais les grands risques des grands groupes laisser à la postérité ? nous échapperont. Il y a du reste beaucoup Je dois tout d’abord dire que je suis très de place pour un assureur local, proche de ses ­reconnaissant envers ma famille de m’avoir fait clients. Le fait que nous soyons l’assureur no1 confiance pour diriger le groupe au ­quotidien en termes de parts de marché est dû notam­ pendant de nombreuses années. 40 ans plus ment à la professionnalisation de notre réseau. tard, force est de constater que celui-ci s’est transformé. Une grande partie de son activité Autre « tendance » qui nous concerne tous : se situe aujourd’hui hors du domaine de l’assu­ la crise climatique. Cette crise re­présenterance : nous sommes beaucoup plus diversifiés, t-elle le prochain grand chapitre beaucoup plus internationalisés. L’environne­ de l’ensemble du secteur de l’assurance ? ment a beaucoup évolué, le pays aussi. Nous C’est un sujet sur lequel nous sommes évi­ avons changé avec le Luxembourg, nous avons demment sensibles. Il ne faut pas non plus bénéficié de la belle croissance du pays. On qu’il aboutisse à une panique incontrôlée en peut parler d’une très belle histoire pour nos estimant que l’on doit marginaliser tous ceux actionnaires, mais aussi pour tous nos parte­ qui polluent. Nous partons d’une situation A naires. Nous avons créé beaucoup d’emplois, et nous devons atteindre les objectifs de neu­ la société repose sur des bases ­financières très tralité carbone de 2050. C’est un long chemin. solides. Nous pouvons r­ ésister à des crises et On ne peut pas réaliser ce mouvement trop développer de nouveaux projets. Ce que je rapidement. Nous devons rester cohérents veux laisser, c’est un groupe avec à sa tête des et savoir ce que l’on peut faire, et de façon gens très compétents, très créatifs et capables ­ordonnée, sans nous tirer une balle dans le de façonner son avenir en fonction des défis pied. Nous devons aussi faire le nécessaire qui nous attendent. Les choses changent tel­ tout en évitant des contestations sociales. lement vite que je serais le dernier à dire com­ J’ajoute qu’il faut s’assurer qu’un certain lement l’assurance doit se faire dans 10 ou 20 ans. vel playing field soit respecté à l’échelle mon­ diale, pour que les Européens ne soient pas les seuls à avancer dans le sens d’une préser­ Est-ce que le futur de l’assurance passera exclusivement par nos devices  vation de l’environnement, alors que d’autres, ou un modèle hybride s’appliquera-t-il ? les Chinois par exemple, ne fourniraient pas La distribution va probablement se diversifier, les mêmes efforts. C’est un effort planétaire et les produits vont se transformer. Dans ce qui doit être cohérent et partagé. En tant que contexte, l’agent reste une pièce maîtresse de petit acteur de l’assurance, nous devons bien notre stratégie. Nous voulons lui donner tous entendu prendre notre part de responsabilité les outils digitaux pour lui permettre de faire et nous inscrire dans ce mouvement. le meilleur travail possible. Mais oui, il y aura beaucoup de changements, énormément de Les catastrophes naturelles changements, rien que sur la voiture, qui sera changeront-elles profondément les modèles de l’assurance ? un jour autonome… Le bon sens vous fait dire que certains risques Cela vous inquiète, en tant qu’assureur, sont inassurables pour une entreprise. C’est que les voitures deviennent autonomes, pour cela que vous lisez dans nos contrats d’as­ ou cela vous fait plutôt dire que surance que les guerres ou les catastrophes ce type de changement entraînera nucléaires sont exclues, vu le caractère sys­ d’autres opportunités ? témique de ces risques sur l’économie et les Avoir peur ne sert à rien. Chaque changement finances publiques. Il en va de même pour les est synonyme d’une opportunité et d’une pandémies. Faire porter ce risque sur le sec­ menace. Si vous vous mettez la tête dans le teur privé serait irresponsable. Nous pouvons sable, ce sont les événements qui vous dicte­ en revanche partager notre expertise avec les ront la manière dont vous devez agir et ce pouvoirs publics pour gérer au mieux ce genre sera trop tard. Mon obsession est d’anticiper de catastrophes. et de réagir à temps. Les pandémies et les risques climatiques seront toujours, de facto, Prenons deux tendances de fond sous exclus de votre champ ? l’angle de l’opportunité et de la menace.

32

JANVIER 2022

UNE AMBITION EUROPÉENNE À la croissance de Foyer sur le marché domestique est venue s’ajouter une expansion au-delà des frontières. Sous plusieurs formes. Un an après sa fondation en 1922, l’assureur s’installe dans la Sarre, puis en France en 1924 et en Belgique en 1925. Mais en 1929, les événements politiques forcent la compagnie à se retirer du mar­ ché allemand. Les implan­tations françaises et belges resteront porteuses, en particulier dans les années 50 et 60. Quelques décennies plus tard, le secteur se consolide et elles sont cédées respectivement à Le Secours en 1982 et à la Royale Belge en 1990. Autre forme d’ouverture sur l’étranger : celle du capital du groupe. En 1980, la Compagnie de Réassurance de Zurich devient actionnaire, participation qu’elle cédera à la britannique Guardian Royal Exchange Assurance, qui tomba sous le con­trôle d’Axa, contrainte ensuite de se libérer de Foyer pour respecter le droit de la concur­rence. L’occasion historique pour Foyer de repren­dre son destin en main en 1999 en rache­tant les actions d’Axa. À noter qu’entre 2000 et 2014, le groupe a été coté aux bourses de Bruxelles et Luxembourg. Ce caractère transfrontalier passe aussi par les produits et services en lien ou prolongement avec le métier historique d’assureur, en particulier à partir des années 90, dans l’assu­rance-vie et la gestion de patrimoine : Foyer International (1996) pour la libre prestation de services (LPS) en assurance-vie ; Foyer Patrimonium puis CapitalAtWork Foyer Group (2009) en gestion de patrimoine ; Foyer Global Health (2014), une assurance santé visant les travailleurs expatriés ; Wealins (2017), fruit de la fusion d’International Wealth Insurer (IWI) et de Foyer Interna­tional, rejoints en 2020 par GB Life Luxem­bourg.



Conversation François Tesch

Le risque climatique est peut-être plus maî­ trisable, et nous pouvons bénéficier de l’ex­ pertise des réassureurs. Nous allons certai­ nement vers une fréquence plus importante de sinistres liés à des inondations, des sé­ cheresses, mais nous ne devons pas tirer de conclusions trop hâtives. Il subsistera une cer­ taine volatilité. Nous devons nous concerter avec les autorités politiques, les réassureurs, pour trouver une solution d’ensemble. Nous aurons besoin du modèle luxembourgeois, et donc de nous parler en toute transparence pour trouver un consensus sur ces questions. Le modèle luxembourgeois fonctionne-t-il toujours ? Une démocratie veut qu’il y ait des avis contra­ dictoires, sinon il n’y a pas de démocratie ! Tous ceux qui vivent ici savent que nous naviguons sur une embarcation qui est assez légère, qui a ses limites, alors que les grands pays ont des li­ mites proportionnelles à leur taille. Mais nous disposons aussi de l’avantage de pouvoir changer de cap très rapidement, en raison de notre plus petite taille. Cette proximité restera un atout pour trouver des consensus sur les grands en­ jeux publics et économiques. Aussi longtemps que nous aurons des finances publiques qui resteront disciplinées, aussi longtemps que nous nous parlerons, que nous chercherons des solutions ensemble, je ne vois pas pour­ quoi le modèle national changerait. De plus, le Luxembourg est le pays en Europe qui est le plus avancé dans la dynamique d’intégration européenne, avec près de 50 % de sa popula­ tion qui est étrangère. C’est un succès qui se confirme. C’est aussi la preuve que l’Europe fonctionne. Le plus grand danger pour le pays serait d’ailleurs une désintégration potentielle de l’Europe, car elle représente notre premier marché et nous en bénéficions tous les jours.

meilleur actionnaire dans ce domaine ? ». Ma réponse est finalement : « Remettons-nous en cause, soyons agiles, innovons, pour justement rester le meilleur actionnaire. »

AUTOUR DE LA TABLE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION Le conseil d’administration du Groupe Foyer (qui se réunit dans la salle en photo ci-dessus) s’est ouvert à de nouveaux profils en dehors des représentants des familles actionnaires. Le nombre de ces derniers a été limité à trois, un par famille, selon le souhait de M. Tesch qui représente lui-même les Tesch, aux côtés de Philippe Worré (représentant les Lambert) et Michel Tilmant (mandaté par les Laval pour les représenter). PRÉSIDENT

François Tesch ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ

Marc Lauer MEMBRES

Romain Becker Andrée Billon Habib Guergachi Alain Huberty Eric Kleynen Alain Kinsch Olaf Kordes Michel Tilmant Philippe Worré SECRÉTAIRE DU CONSEIL

Peter Vermeulen

Si l’on applique ce raisonnement au pays, quelle voie serait à explorer pour péren­ niser sa croissance ? Plus que jamais, le Luxembourg devient un pays de services et je suis très confiant quant à l’avenir du pays dans cette voie. Le pays est à l’avant-garde dans la digitalisation. Il attire des talents et des entreprises dans ce domaine, entreprises qui pourront devenir très promet­ teuses. Je pense par exemple au space mining qui est un créneau dans lequel nous pouvons fonder beaucoup d’espoir. Grâce au bon sens national, à la discipline budgétaire et de ges­ tion, combinés à une certaine modestie, nous réunissons beaucoup d’atouts pour compter sur un succès pérenne. Aussi, on a souvent pro­ fité par le passé d’erreurs commises par nos voisins ou d’autres pays qui ne sont pas prévi­ sibles par essence. Ceci se vérifiera peut-être encore à l’avenir, par exemple avec le Brexit. Que représente finalement un centenaire pour une entreprise ? Être trop tourné vers le passé ne sert à rien, il faut plutôt se tourner vers l’avenir. Mais quand je pense aux entretiens d’embauche de certains candidats pour l'entreprise, auxquels j’assiste encore, je remarque que l’histoire de l’entreprise, la présence de familles dans son actionnariat, ses valeurs, les comportements auxquels ils peuvent s’identifier, en plus d’un bon track record, restent importants.

Que peut-on souhaiter pour 2022 ? Tout d’abord, la fin de cette pandémie, qui pèse beaucoup sur le moral de chacun. De faudra que les États acceptent de lâcher une pouvoir revivre pleinement, en voyageant, Êtes-vous optimiste sur ce point partie de leur souveraineté au profit d’une sans porter de masque. Je souhaiterais aus­ ou percevez-vous des signaux inquiéentité européenne supranationale. C’est pour si beaucoup de plaisir à chacun, notamment tants pour l’avenir de l’Europe ? cela que je plaide pour une politique com­ dans l’entreprise. Les moments difficiles m’ont Je reste optimiste sur le long terme, parce que mune, par exemple en matière de défense. toujours beaucoup enrichi, j’en garde un sou­ l’Europe est absolument nécessaire si nous Pourquoi ne pas avoir notre propre défense venir plus précis que les moments faciles. No voulons faire entendre notre voix et défendre européenne ? Sur d’autres matières, nous de­ pain, no gain, mais aujourd’hui, on mérite de nos valeurs face aux deux grands blocs que vrons laisser une certaine latitude aux pays, revivre un peu ! sont les États-Unis et la Chine. Or, si nous par exemple au niveau fiscal, pour que cer­ voulons peser autant que possible face à ceux- tains pays puissent compenser une forme Est-ce que vous serez encore dans ci, nous devons aller vers davantage d’intégra­ d’inégalité de taille ou géographique. Je suis le fauteuil de président pour les 110 ans tion européenne. Je remarque à cet égard que donc pour une approche différenciée, à l’image du groupe ? les citoyens européens ne sont malheureuse­ de ce qui existe par exemple aux États-Unis. Non, je ne pense pas. Vous pouvez encore ment pas encore prêts à faire des concessions ­apporter une contribution, mais il ne faut pas pour aller dans cette voie. Si nous ne voulons Est-ce que l’indépendance de Foyer s’éterniser. Chacun son tour ! pas nous marginaliser, nous devons renforcer est un paramètre acquis ? l’Europe politique. Je ne serai pas celui qui estime que tout est acquis pour les 100 prochaines années. Nous Quelle pourrait être la place singulière sommes dans une période marquée par des de l’Europe à côté de ces grands blocs ? changements colossaux, sans pour autant Nous avons tout de même plus de 400 mil­ que les modèles de demain soient totale­ Retrouvez cette lions de consommateurs, plus que les États- ment l­ isibles ou prévisibles. Nous devrons conversation en podcast Unis. La richesse économique est là, mais il toujours nous poser la question : « suis-je le sur le site paperjam.lu. 34

JANVIER 2022



BRAND VOICE

Recyclage

Revaloriser les déchets à 100 % Contenu sponsorisé par ROSPORT

S’attaquer au plastique et aux bouteilles à usage unique est un défi majeur. Rencontre avec Sophie Kirsch, Responsable Communication & Events chez Rosport.

Le recyclage et la réduction des plastiques représentent un défi pour le pays. Est-ce également le cas pour votre secteur ? En effet, il s’agit d’un défi majeur pour nous depuis 2011. Chaque année, nous sommes audités afin de trouver de nouvelles manières de nous améliorer d’un point de vue écoresponsable et social. Nous nous sommes notamment engagés dans notre charte d’entreprise pour la RSE. Celle-ci s’articule autour de quatre dimensions : écono­ mique, sociale, environnemen­ tale et enfin tout ce qui est lié à la société civile/vie sociale. Qu’avez-vous mis en place pour la réduction des plastiques ? Nous avons travaillé à diffé­ rents niveaux. Dans un premier temps, nous avons réduit le poids de nos bouteilles pour économiser des tonnes de plastique et avons privilégié le PET provenant d’une entreprise locale. Dans un deuxième temps, nous avons travaillé à réduire au maximum l’utilisa­

tion de plastique vierge, en augmentant, par étapes, le taux de PET recyclé ou en utilisant d’autres matières comme le BIO-PET, sans pour autant altérer la qualité de la bouteille. Nous avons réussi à ce que les bouteilles de nos eaux soient exemptes de plastique vierge. Les bouteilles Rosport Blue et Viva sont en PET 100 % recyclé. La Rosport Classic, quant à elle, est fabriquée avec 75 % de PET recyclé et 25 % de BIO-PET issu de la canne à sucre. Depuis 2014, nous avons construit un circuit fermé et luxembourgeois avec Valorlux et Plastipak LuxPET dans une optique d’économie circulaire. Valorlux est en charge de collecter nos bouteilles auprès des citoyens. Celles-ci sont triées par couleur et achemi­ nées vers l’entreprise de transformation. Plastipak LuxPET s’occupe alors de transformer les bouteilles en granulés de PET pour créer des préformes qui sont ensuite gonflées et transportées chez nous, à Rosport. Nous n’expor­ tons pas pour nous assurer que cette revalorisation reste locale.

36

JANVIER 2022

lus avoir p d’en s essus ? ie v n E c tre pro code sur no R Q le z e Scann

Photo

Sophie Kirsch, Responsable Communication & Events chez Rosport.

Edouard Olszewski

Quelles sont vos ambitions pour le futur ? Nous nous interrogeons en permanence sur les embal­ lages que nous créons en tant qu’entreprise. Ces derniers sont aussi importants que l’eau minérale qu’ils contiennent. Année après année, nous cherchons à aller plus loin en ce qui concerne l’énergie, le recyclage et les nouvelles technologies afin de revaloriser ces emballages le mieux possible.



Michelle Glorieux se félicite d’un partenariat avec le plus gros réseau de librairies aux États-Unis, Barnes & Noble.


Start-up Stories 2021 Michelle Glorieux

« Nous avons eu une incroyable année 2021 ! » La Belgo-Américaine Michelle Glorieux, CEO de Ta-Da!, a remporté la troisième édition des Start-up Stories organisées par Paperjam, en devenant la Start-up de l’année. Une récompense décernée le 15 décembre et qui vient couronner une année de succès pour sa solution d’apprentissage du langage à partir de papier interactif sonore. Interview THIERRY LABRO

Michelle, commençons par le début : que fait votre start-up, hébergée au Luxembourg-City Incubator ? Nous développons des livres intelligents, des livres et, depuis peu, des dictionnaires, mais aussi d’autres supports, grâce auxquels les très jeunes enfants peuvent apprendre le langage par le son. Ils touchent le livre qui émet le son, et ça les entraîne. On vous voit beaucoup sur les réseaux sociaux, mais assez peu dans des événements ou des concours. Vous êtes focus sur le développement ? Je n’ai pas le temps. C’est la vie des entrepre­ neurs du monde des start-up. Nous avons, par exemple, ouvert une campagne sur ­Kickstarter (où la start-up a déjà largement dépassé son objectif initial de récolter 12.000 dollars, avec une collecte de 18.395 dollars de la part de 173 contributeurs, ndlr). Et nous voulons lever 2 millions d’euros. En fait, le ministère de ­l’Économie nous apportera une subvention d’un million si nous levons un million ­d’euros par nous-mêmes. C’est pour un projet spé­ cial sur lequel nous commençons tout juste à ­travailler. Quel est ce projet ? Peut-on en savoir un tout petit peu plus ? Nous travaillons sur l’intelligence artificielle et la reconnaissance vocale. Nous avons déjà des prototypes qui fonctionnent très, très bien. À quoi cela va-t-il servir, pour vos dictionnaires audio, riches de 1.000 mots, déclinés en 23 voix différentes ? Cela amènera un autre moyen d’accéder à la joie de se lancer dans l’aventure du langage

Photo GUY WOLFF

et de la culture sans écran. Et, ce qui nous excite encore bien davantage, c’est la possibi­ lité d’avoir un outil de reporting beaucoup plus évolué dans le cadre de l’apprentissage. Prenez le dictionnaire, par exemple. Cela ­permettra d’envoyer un rapport, la nuit, au professeur, pour lui indiquer ce que l’enfant maîtrise vraiment bien ou pas, afin de vrai­ ment customiser, personnaliser l’expérience d’apprentissage. C’est pour cela que nous n’avons pas participé à beaucoup d’événe­ ments. Nous avons eu une année très intense, avec de nombreux succès.

BIO EXPRESS Journaliste d’investigation Michelle Glorieux a commencé sa carrière comme journaliste d’investigation pour une télévision de Nashville (États-Unis), où son enquête Tired Trucks : Cristiana a failli lui rapporter un Emmy Award. Triple casquette Professeur de langue globe-trotteuse, mère de famille multilingue, Michelle Glorieux a ajouté corde à son arc, en 2018, en devenant la fondatrice et CEO de Ta-Da! Language Productions. Vitaminée « Make it happen », « Enjoy the ride », « Never give up ». Tous ceux qui approchent l’entrepreneure prennent une dose de vitamines pour un mois. Elle a conservé un tempérament américain qui bouscule les codes… et ouvre les portes.

Le livre sans contact – touchless, en anglais – a une spécificité… Oui, il n’existe aucun produit sur le marché pour apprendre le langage aux enfants de moins de 5 ans. Or, c’est le moment où les enfants sont les plus réceptifs à l’apprentissage des langues. Sans compter qu’être trop « collé » aux écrans, à cet âge, n’est pas bon pour la santé. Pour ceux qui n’auraient pas suivi cette fantastique année, pourriez-vous nous en résumer les points principaux ? Ça ne tient plus sur deux slides ! Mais allons-y ! Nous avons recruté un directeur opération­ nel au Luxembourg, Del Lloyd, un directeur technique dans la Silicon Valley, Alex Freed, et un chief revenue officer à New York, Tim McCall, et des étudiants de l’Université du Luxembourg. Nous avons levé 400.000 euros auprès de neuf investisseurs pour imprimer nos six premiers titres, avec lesquels nous sommes allés sur le marché, en avril. Depuis, nous avons vendu 11.000 exemplaires sans le moindre effort de marketing. ... L’effet de cet incroyable accord avec la chaîne Barnes & Noble, aux États-Unis ? Oui, ce sont 700 librairies dans tous les ÉtatsUnis, le plus gros réseau de librairies. Mais nous avons aussi eu la possibilité de vendre nos livres chez Ernster, au Pall Center, chez Sichel Home, à la librairie Bicherhaischen, au magasin de jouets Holzhaischen, dans les pharmacies locales, à la librairie Du Tiers et Du Quart – et bientôt chez Abitare Kids. Nous avons aussi élargi notre gamme de livres de six à onze. Dix autres seront bientôt prêts. Ces livres sont disponibles en français, en allemand, en espagnol, en anglais (pour les États-Unis), en mandarin, et nous JANVIER 2022

39


Start-up Stories 2021 Michelle Glorieux Diane Tea

Qu’est-ce que vous avez dans les tuyaux, comme on dit, en dehors du premier livre en luxembourgeois ? Nous sommes en discussion avec le système scolaire américain à Tampa, en Floride, pour intégrer notre série The Language Adventures, qu’ils ont découverte chez Barnes & Noble. Le ­premier dictionnaire parlant en anglais, déve­ loppé par un linguiste de Harvard, Jesse Lewis, qui a reçu quatre Grammy Awards pour Yo-Yo Ma, doit sortir sous peu. Nous sommes à quelques semaines de finaliser à la fois le dictionnaire parlant en allemand avec l’École internationale allemande de la Silicon Valley, et le dictionnaire parlant en espagnol avec l’Université autonome de Mexico et le triple lauréat des Latin Grammy Awards, Andres Landinez.

LES CHOIX DU JURY Après Ilana Devillers et Food4All contre le gaspillage alimentaire en 2019 ; Nicolas Legay et Aurélien Dobbels dans le coliving avec Cocoonut en 2020, le jury des Start-up Stories a choisi l’éducation avec Ta-Da! pour l’édition 2021 du concours organisé par le Paperjam + Delano Club. Le jury qui a décerné le grand prix du concours et le Coup de cœur à WEO était cette fois composé de Diane Tea (LBAN), José Soares (SnT) et Jérôme Wittamer (Expon Capital). Même si Ta-Da! a encore de nom­breux défis devant elle, l’énergie déployée par sa fondatrice, les contrats signés avec d’importantes maisons et les résultats d’ores et déjà obtenus à l’international ont séduit le jury. Des signaux prometteurs auxquels s’ajoute un apport concret aux problématiques d’éducation et d’inclusion dans des pays tels que le Luxembourg, puisque ses livres d’apprentissage s’adressent à des enfants de différentes cultures.

Autre fait amusant : au moment où le Luxembourg complète son dispositif pour en train de voir comment organiser un événe­ développer les start-up de l’espace et, ment avec un casting de voix d’enfants locaux. de manière générale, l’économie de Nous avons aussi déjà établi des partenariats, l’espace, vous aussi, dans ce domaine au Luxembourg, pour lancer un programme de l’éducation par des livres sonores et préscolaire sur du papier tactile autour de la interactifs, vous avez un projet « spatial »… phonétique, des jeunes lecteurs et d’affichages Oui. Disons que nous nous intéressons à l­’espace pour la classe. comme sujet. Nous venons de terminer le qua­ trième titre de la série The Language Adventures, Tout est sur d’impressionnants rails. Space, avec la même équipe primée. La semaine C’en est même étonnant ! dernière, nous nous sommes associés à Brian Nous n’avons pas de problème. Seulement de May, le guitariste de Queen et astrophysicien belles choses à apporter.Notre seul souci, cepen­ de l’Asteroid Foundation, pour assurer la richesse dant, est que nous avons besoin d’argent. De pédagogique de ce sujet très pertinent et appor­ beaucoup d’argent, parce que nous sommes un ter également le vocabulaire de l’espace dans acteur global. Aujourd’hui, nous avons beau­ une variété de langues différentes à nos enfants coup de marques d’intérêt pour notre techno­ de 0 à 5 ans et plus, dans le monde entier. L’as­ logie de la part de très nombreux pays, et nous tronaute de la Nasa, Nicole Stott, nous a donné sommes obligés de refuser, de dire non, de ­rester son accord pour être l’invitée vedette de la ver­ concentrés pour lever un million d’euros, de sion anglaise de Space. Nous travaillerons aussi manière à toucher un autre million d’euros, à à des expositions interactives pour la J­ ournée savoir la subvention de Luxinnovation. mondiale des astéroïdes dans deux musées, un dans la Silicon Valley et l’autre au Luxembourg. Un million, ce n’est pas tant que cela, Nous serons également présents aux côtés de en ce moment, avec vos développements, l’Asteroid Foundation, lors de cette journée, qui aussi bien en termes de ventes que de partenariats ou de projets, si ? a traditionnellement lieu en juin. De ce côté-ci de l’Atlantique, quand même… Depuis le début – et c’est probablement Le Luxembourg, c’est ma communauté. C’est une bonne approche parce que le marché ici que l’on m’a apporté tout le soutien dont luxembourgeois est petit par nature –, vous j’avais besoin. Nous devons avancer. Si nous ne le faisons pas, quelqu’un d’autre va le faire. revendiquez être une société globale… sans renoncer à votre attachement Le confinement a montré l’impact de la tech­ au Luxembourg, n’est-ce pas ? nologie sur l’apprentissage, mais nous avons Oui. Cette année, comme nous l’avons vu, nous besoin de davantage de technologies. Tous avons développé nos relations avec les États- les jours, je participe à des séminaires où les Unis, à différents niveaux. Tout le monde est gens disent avoir besoin de solutions. Et tous très investi dans le projet. Mais le Luxembourg les jours, je réponds que j’ai ces solutions. reste définitivement the place to be. Nous sommes 40

JANVIER 2022

WEO veut prendre encore plus de hauteur La start-up luxembourgeoise WEO a reçu le Coup de cœur du jury des Start-up Stories 2021, en guise d’encouragement. Elle réalise des analyses environnementales sur la base de données spatiales. Une niche qui cible une clientèle large et aux besoins variés. Explications avec sa fondatrice et dirigeante, Imeshi Weerasinghe. Qu’est-ce que les Start-up Stories peuvent vous apporter ? L’élément principal, c’est le networking et la couverture médiatique. WEO est encore à un stade précoce, puisque nous avons démarré en mars 2020. Mais nous sommes à la recherche d’une potentielle augmen­ tation de capital dans un futur proche, car nous pensons que si nous voulons croître, cela doit se faire avec davantage de clients. Combien de clients compte WEO ? Notre start-up a déjà convaincu deux clients de souscrire un abonnement, et nous avons actuellement sept autres clients pilotes qui, eux, n’ont, à ce stade, pas souscrit d’abonnement. Quels sont vos prochains défis ? Attirer davantage de clients étrangers, en particulier à l’échelle du Benelux, de l’Europe, puis du monde. Nous ciblons les municipalités, les entreprises privées, les autorités régionales, les opérateurs de réseaux ferroviaires, les cabinets d’ingénieurs, mais aussi les gestionnaires d’actifs axés sur la finance verte, puisque nous proposons des outils qui évaluent les indicateurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance, ndlr). Comment gérez-vous l’exploitation de données spatiales pour réaliser des analyses environnementales ? Nous utilisons des données ouvertes (open data) de l’ESA (European Space Agency) pour en extraire des données environnementales pour nos clients. Avec cette source, nous pouvons proposer un tarif abordable et rendre le service accessible au plus grand nombre. Notre valeur ajoutée est de parvenir à extraire les données pertinentes d’une masse ouverte et de les proposer à nos clients. L’été dernier, des inondations d’envergure ont frappé l’Europe. Ces événements ont-ils boosté votre activité ? Pour les inondations, nous collaborons avec la start-up RSS-Hydro, qui travaille avec des drones pour des observations proches. WEO travaille avec des données d’observations effectuées depuis l’espace pour des prédictions environnementales. Les deux start-up sont complémentaires. Auteur CATHERINE KURZAWA

Maison Moderne

avons notre premier livre en luxembourgeois qui attend d’être imprimé. Nous avons aussi développé 18 ebooks pour Apple. Un de nos livres est entré pour la première fois en 16e posi­ tion dans la liste des best-sellers d’Amazon aux États-Unis, encore une fois sans marketing.

José Soares

Photos

Jérôme Wittamer



Start-up Stories 2021

UNE ANNÉE DE ROUNDS ET DE PITCHS Les Start-up Stories se déroulent en quatre phases, sous forme de rounds qui permettent à plusieurs start-up de pitcher et de tenter de convaincre le jury du potentiel de leur projet. Avant de décerner le prix de Start-up de l’année et le prix Coup de cœur, le jury a déterminé différents finalistes par round, que voici :

24 février 2021

ROUND 1 Matteo Ressa, ChefPassport Michelle Glorieux, Ta-Da! Zied Tayeb, Myelin-H

1er avril 2021

ROUND 2 Casius Morea, EmailTree Farzam Molkara, EmoHack Alan Ames, Vingineers

8 juin 2021

ROUND 3 Weerasinghe, WEO Dan Romescu, Xcope

ROUND 4 Filip

Westerlund, Our Choice – Circular Fashion Rushank Bardolia, Green Earth Trading Joe Sapienza et Sergio Sionis, Schilz 42

JANVIER 2022

Photos

26 octobre 2021

Simon Verjus, Matic Zorman

Imeshi


L’Université du Luxembourg recrute. L’Université du Luxembourg est multilingue, internationale et centrée sur la recherche. L’Université du Luxembourg, au travers de sa Faculté des sciences, des technologies et de médecine vise l’excellence en recherche et en formation biomédicale. Dans ce contexte, l’Université recrute :

Professeur de médecine clinique oncologie médicale (Professeur ordinaire ou Professeur adjoint en prétitularisation conditionnelle).

• Type de contrat : Contrat à durée indéterminée • Temps de travail : Temps plein 40 heures par semaine • Localisation : Belval • Référence de l’annonce : UOL04190 La/le titulaire aura une activité clinique significative dans l’un des quatre hôpitaux. La répartition liée à l’enseignement académique et à l’activité clinique sera discutée et adaptée au besoin du candidat et de son projet. L’ambition est de créer un centre national de référence dans une surspécialisation à déterminer. La partie universitaire se répartira entre charge d’enseignement et charge de recherche.

Votre profil : Le/la professeur/e ordinaire engagé/e à l’Université répondra aux critères suivants : • Titulaire d’un grade de docteur (MD ou MD-PhD) et disposant d’une réputation et d’une expertise de recherche internationalement reconnues et objectivées par des publications internationales. • Dans le cas d’un engagement en tant que professeur/e adjoint/e en prétitularisation conditionnelle : Titulaire d’un grade de docteur (MD ou MDPhD) et disposant d’une réputation fondée sur la qualité de ses travaux de recherche objectivée par des publications internationales. Une promotion au titre de professeur/e ordinaire est possible après cinq ans dans le respect des dispositions légales. • Expérience d’enseignement à tous les niveaux de la formation médicale. • Profil de recherche en onco-immunologie avec expérience de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique. • Surspécialisation dans un domaine clinique de l’oncologie et volonté de s’intégrer à un groupe hospitalier. • Réputation et expertise de recherche internationalement reconnues sur base de la qualité de ses recherches dans des publications internationales. • Connexion à des réseaux européens d’essais thérapeutiques et/ou à l’industrie pharmaceutique. • Responsabilités dans les sociétés savantes Européennes. • Profil linguistique : L’Université du Luxembourg est située dans un contexte multilingue. La personne choisie à ce poste doit maîtriser la langue anglaise ainsi qu’une des deux langues suivantes : le français ou l’allemand. Une préférence est cependant donnée à la langue française. L’Université encourage son personnel à apprendre l’autre langue et fournit un accès à des cours de langue à cette fin.

Professeur de médecine générale (Professeur ordinaire ou Professeur adjoint en prétitularisation conditionnelle).

• Type de contrat : Contrat à durée indéterminée • Temps de travail : Temps plein 40 heures par semaine • Localisation : Belval • Référence de l’annonce : UOL04191 La partie universitaire se répartira entre charge d’enseignement et charge de recherche. La/le titulaire pratiquera de manière significative la médecine générale au Luxembourg, soit seul/e, soit en association de groupe dans un centre médical, et interviendra personnellement en tant que maître de stage. La répartition entre les différentes activités (académique/recherche et professionnelle) sera adaptée en fonction du profil de la/du titulaire.

Votre profil : Le/la candidat/e idéal/e engagé/e à l’Université est un/e enseignant-chercheur/ enseignante/chercheuse qui répondra aux critères suivants : • Titulaire d’un grade de docteur (MD ou MD-PhD) et disposant d’une réputation et d’une expertise de recherche internationalement reconnues sur base de la qualité de ses travaux de recherche objectivée par des publications internationales. • Dans le cas d’un engagement en tant que professeur/e adjoint/e en prétitularisation conditionnelle : Titulaire d’un grade de docteur (MD ou MDPhD) et disposant d’une réputation fondée sur la qualité de ses travaux de recherche dans objectivée par des publications internationales. Une promotion au titre de professeur/e ordinaire est possible après cinq ans dans le respect des dispositions légales. • Expérience de terrain dans la formation de spécialiste en médecine générale, concernant l’enseignement théorique et l’encadrement de stagiaires. • Expérience de la recherche en médecine générale et la supervision de recherche ou de thèse de doctorat. • Connexion à des départements de formation en médecine générale dans les universités à l’étranger. • Responsabilités dans les sociétés savantes européennes de médecine générale. • Profil linguistique : L’Université du Luxembourg est située dans un contexte multilingue. La personne choisie à ce poste doit maîtriser la langue anglaise ainsi que deux des trois langues suivantes : français, allemand, luxembourgeois. L’Université encourage son personnel à apprendre la troisième langue et fournit un accès à des cours de langue à cette fin.

Un de ces profils vous intéresse ? Postulez en scannant le QR-code ci-dessus. Nous encourageons à ne pas tarder à postuler. Afin d’assurer une considération complète des candidatures, merci de postuler avant le 15 janvier 2022. Les candidatures doivent comprendre : Curriculum vitae détaillé / Lettre de motivation / Bilan des travaux de recherches / Bilan d’expérience en enseignement / Liste complète des publications et au moins 4 noms d’experts pouvant produire des lettres de référence sur demande de la faculté. Pour plus de renseignements, veuillez-vous adresser au Professeur Gilbert Massard, Directeur des Etudes Médicales gilbert.massard@uni.lu. L’Université du Luxembourg considère l’inclusion et la diversité comme des valeurs clés. Nous nous engageons pleinement à supprimer toute barrière discriminatoire.


« Cette décennie sera décisive », résume la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg.


Conversation Carole Dieschbourg

« Chacun est responsable de ses émissions de CO2 » Il ne reste que huit ans au Luxembourg pour atteindre son premier grand objectif climatique : réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre. Le chemin est encore long mais la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (déi Gréng), maintient le cap en comptant sur une approche concertée avec les acteurs du terrain. Interview PIERRE PAILLER

Le Luxembourg doit diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005 selon la loi modifiée du 15 décembre 2020 relative au climat. Le transport représente le plus grand poste d’émissions du pays, avec 61,1 %. Le secteur doit aboutir à une réduction de 57 % d’ici 2030. Quelle est la stratégie pour y parvenir ? En 2019, 70 % des ventes totales de carburant étaient exportées. Ce sont les carburants ven­ dus sur le territoire national mais utilisés hors de nos frontières, notamment par la circula­ tion de transit et les frontaliers. C’est ce qu’on appelle le « tourisme à la pompe ». Les 30 % restants sont consommés par la flotte natio­ nale. Parmi cette dernière, on estime à 20 % la part des camions et bus, celle des camion­ nettes à près de 10 %, le reste, près de 70 %, revenant aux ­voitures. Donc d’un côté, il y a ce tourisme à la pompe et, de l’autre côté, ce problème du transport au Luxembourg. Il faut viser les deux. Pour cela, d’une part, un groupe de travail, qui réunit les ministères de l’Environnement, de l’Énergie, des Finances et de l’Économie, réalise un monitoring des ventes de carburants. D’autre part, nous avons des initiatives au niveau national pour changer le parc automobile et réduire les déplacements intérieurs. Ainsi, depuis des années, le ministre de la Mobilité, François Bausch (déi Gréng), investit à un niveau très élevé dans le transport public, qui est désormais gratuit, dans le tram, le train, ainsi que la mobi­ lité douce. Mais aussi dans un réseau de pistes cyclables plus sécurisé. Concernant le tourisme à la pompe, la fiscalité est un levier important.

Photo ANDRÉS LEJONA

La taxe carbone prévoit de porter le prix du carbone à 30 euros la tonne en 2023. Cette hausse est-elle amenée à se renforcer ? Un des éléments importants est déjà de bien prendre garde de ne pas alourdir avec cette taxe la vie des plus vulnérables. Le crédit d’im­ pôt et l’allocation de vie chère ont ainsi permis de couvrir les surcoûts. D’où ce ­système qui augmente peu à peu afin d’être sûr d’avoir ce rééquilibrage et de ne pas perdre une partie de la population. D’autant plus que, la transi­ tion se faisant de manière dynamique, dans les prochaines années, une multitude de gens vont remplacer leur chauffage, ou acheter une voiture électrique et ils ne seront donc plus touchés par cette taxe CO2. Il faut donc laisser du temps. Mais, si on écoute la science, il fau­

BIO EXPRESS Conseillère communale Née en 1977 à Ettelbruck, Carole Dieschbourg suit des études supérieures en sciences historiques ainsi qu’en langue et littérature allemandes à l’université de Trèves, où elle obtient un master of arts en 2005. Elle fait partie de la direction de l’entreprise familiale Moulin J.P. Dieschbourg et devient membre du conseil communal d’Echternach à partir de 2011. Ministre Elle quitte ces deux fonctions lors de sa nomination au gouvernement en décembre 2013, à la suite des élections légis­ latives. Elle est réélue en 2018 et reconduite à son poste.

dra augmenter peu à peu cette taxe. Tout en nous alignant sur ce que nos pays voisins font. L’électromobilité semble une des solutions principales pour réduire l’empreinte carbone du secteur. Le Plan national énergie et climat (PNEC) vise 49 % de voitures 100 % électriques d’ici 2030. Mais, à ce jour, leur part de marché représente seulement 1,9 % du parc automobile. Comment arrive-t-on à un tel résultat ? L’électrification n’est pas la seule solution. Il s’agit aussi d’avoir moins de trafic dans nos rues, avec la mobilité douce et le transport public. Mais atteindre 49 % en 2030 repré­ sente en effet un effort important. Le turno­ ver du parc automobile national se situe entre 5 et 6 ans. La plupart des gens vont donc, entre maintenant et 2030, acheter au moins une nouvelle voiture. Et l’évolution des nou­ velles immatriculations est encourageante: 9,1 % des voitures nouvellement immatricu­ lées durant les 10 premiers mois de 2021 sont 100 % ­électriques. Nous poussons, avec les primes, au choix d’une voiture complètement électrique (les aides Clever Fueren sont disponibles jusqu’au 31 mars 2022, ndlr). Mais nous faisons la dif­ férence entre les voitures les plus chères et celles plus modestes. Nous donnons toujours 8.000 euros pour ces dernières, tandis que nous réduisons les primes pour les autres – de fait, si quelqu’un achète une voiture au-delà d’un certain prix, c’est que le prix ne fait pas la différence. Le produit en lui-même est aussi très convain­ cant. Chaque personne qui a déjà roulé dans une voiture électrique connaît bien le plaisir qu’il y a à conduire cette voiture qui fait moins JANVIER 2022

45


Conversation

de bruit, qui pollue moins et qui a une trans­ mission bien plus directe. Les ministres de l’Énergie, Claude Turmes (déi Gréng), et de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), ont lancé récemment une colla­ boration avec le secteur privé au niveau des infrastructures de recharge. Celles-ci se développent-elles suffisamment vite pour réaliser les objectifs ? Le Luxembourg est le deuxième pays en Europe en termes de développement de ses infrastruc­ tures de recharge publique. Cela va très vite. Et il y a donc aussi la collaboration avec le sec­ teur privé. Nous avons également lancé avec celui-ci, en mars dernier, l’initiative de sensi­ bilisation Stroum Beweegt, qui réunit les socié­ tés de leasing, les fournisseurs de voitures, le retailing, les grandes entreprises de logistique et de mobilité au Luxembourg, pour concevoir une feuille de route pour l’électromobilité. En outre, dans beaucoup de communes, des infrastructures de recharge existent près des commerces ou des centres culturels, ce qui peut inciter les gens, puisque, ainsi, la recharge peut se faire à la fois chez soi, à la maison, mais aussi au travail, ou encore le temps d’une pièce de théâtre ou d’un musée. Nous augmentons donc les possibilités de recharge avec tous les parte­ naires, les communes comme le secteur privé. Les infrastructures en place aujourd’hui sont-elles suffisantes pour convaincre d’acheter une voiture électrique ? De par ma propre expérience, je constate qu’il y a déjà beaucoup de possibilités pour rouler avec une voiture électrique. Avec les infrastruc­ tures de recharge actuelles, personne ne doit avoir peur de ne pas pouvoir rouler là où il

veut. C’est un sentiment qui, de nos jours, n’est plus connecté à la réalité, d’autant plus que la plupart des voitures électriques ont désormais beaucoup plus d’autonomie. Mais le phase-out dépend vraiment du niveau européen. La législation européenne doit être plus ambitieuse que celle contenue dans le paquet Fit for 55, avec une date plus proche que 2035 pour l’arrêt de la vente de véhicules à émissions d’origine fossile. ­D’autant que, pour être honnête, c’est au niveau du transport que nous n’avons pas réussi à réduire suffisam­ ment les émissions de gaz à effet de serre, que ce soit au niveau global ou au niveau européen. Évoquons un autre secteur à décarboner, à savoir l’industrie. Quelle est la feuille de route en la matière ? Certains grands acteurs ont déjà adopté leur propre roadmap et ont annoncé leur stratégie pour atteindre la neutralité d’ici 2050. De notre côté, nous nous sommes mis ensemble, avec les ministères de l’Énergie et de l’Économie, pour établir une feuille de route pour l’indus­ trie. L’objectif de cette feuille de route est de la soutenir dans ses efforts, notamment en déterminant – avec le secteur – les mesures stratégiques nécessaires pour réaliser les poten­ tiels de décarbonation. La mise en œuvre de ces mesures devra faciliter la transformation du secteur industriel. Les travaux se feront principalement au sein du Haut Comité pour le développement de l’industrie et plus précisément dans un sous-groupe de travail dédié au climat. Mais si cela fait du sens d’accompagner l’industrie, c’est elle-même qui met en œuvre sa feuille de route. Nous établissons juste les objectifs sectoriels, avec une méthode qui prend la

ÉVOLUTION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE Industrie Source

Transport

Bâtiment

Agriculture

Déchets et eaux usées

Ministère de l’Environnement

10.000

PRÉVISIONS 9.096 8.582 7.864

8.000

7.777 6.971 6.164

6.000

5.358 4.552

4.000

2.000

0 2015

46

2016

2017

2018

2019

JANVIER 2022

2020

2021

2022

2023

2024

2025

2026

2027

2028

2029

2030

« Nous travaillons sur l'idée d'un pacte climat avec les entreprises.  » forme d’un budget carbone, et nous suivons le processus. Nous avons en tout cas rencon­ tré beaucoup d’acteurs ces derniers jours et ce n’est pas quelque chose qui est contesté : grands comme petits acteurs, tout le monde veut faire cet effort. Comment cela se traduira-t-il concrètement ? Nous ne pouvons pas être plus concrets parce que les discussions viennent de démarrer. Mais il y a un éventail de possibilités. Nous sommes notamment en train de travailler sur l’idée d’un Pacte climat avec les entreprises, qui s’adressera notamment aux PME, à l’image du Pacte climat avec les communes. Le sou­ tien prendra essentiellement la forme d’un accompagnement des entreprises à partir d’un catalogue de mesures pragmatiques, de conseils de base et spécifiques, notamment en les orien­ tant vers les programmes d’aides financières existants, ainsi que de la mise à disposition d’instruments. Avec un tel pacte pour les entreprises, nous pourrions vraiment être dans le lead. Même si, côté réglementaire, il est plus facile de le mettre en place avec les communes qu’avec les entreprises. Car selon la réglementation européenne en matière d’aides d’État, le minis­ tère de l’Environnement n’a en effet pas le droit d’aider une entreprise : il pourrait s’agir de concurrence déloyale… Le secteur du bâtiment est celui pour lequel la demande de réduction est la plus élevée, avec une baisse de 64 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2005. Or, entre 2005 et 2020, les émissions n’ont que très peu baissé. Comment atteindre un tel objectif en si peu de temps ? La situation a quand même évolué. Il y a plus d’habitants aujourd’hui qu’en 2005 et beau­ coup de maisons ont été construites. La réduc­ tion est donc globalement faible, mais rapporté


Carole Dieschbourg

DES ÉMISSIONS QUI NE DISENT PAS TOUT…

par habitant, cela représente une baisse de 30 %. La raison est que, depuis 2017, les mai­ sons privées construites sont très efficientes. Mais, pour réduire l’ensemble de l’em­ preinte carbone liée aux bâtiments, il faut, en plus du bâtiment lui-même, veiller à ce que les matériaux utilisés soient circulaires. Dans cet ordre d’idées, tous les grands bâtiments ont ainsi l’obligation d’avoir des bases de don­ nées sur les matériaux utilisés. D’autre part, pour les bâtiments qui existent déjà, il faut bien remplir les objectifs de réno­ vation fixés par le ministère de l’Énergie. Il faudra essayer plusieurs pistes afin de réno­ ver à plus grande échelle les bâtiments, beau­ coup de choses étant encore à ajuster. Dans l’ensemble, nous avons calculé que ce serait possible. Nous connaissons déjà les techno­ logies, nous avons les énergies renouvelables, nous savons bâtir de manière intelligente. Donc qu’est-ce qui s’y oppose ? Chaque secteur doit atteindre un objectif annuel de baisse des émissions. Comment est effectué le suivi ? Un comité interministériel fait le monitoring chaque année des émissions par secteur. Et, dans la loi climat, nous avons instauré une plateforme de discussion sur le climat consti­ tuée d’acteurs de la société civile, du monde des entreprises et du monde politique, ainsi qu’un observatoire scientifique, au sein duquel sont nommés les acteurs luxembourgeois de la recherche, mais aussi des acteurs interna­ tionaux. Ils réaliseront aussi un rapport annuel, présenté lors de la KlimaExpo, dont la pre­ mière édition a eu lieu cette année et qui est à considérer comme une pré-COP. Ce seront ces différents comités qui discuteront d’éven­ tuelles mesures supplémentaires si un secteur n’est pas cohérent avec son budget carbone. Mais aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect des objectifs de baisse d’émissions par secteur chaque année. Comment donc être certain que ces objectifs vont bien être réalisés ? L’absence de système de sanctions est criti­ quée par les ONG. Mais si vous avez un règle­ ment avec des objectifs sectoriels bien définis, cela crée malgré tout un cadre contraignant. Tout en nous donnant la possibilité, si nos ambitions ne suffisent pas, de les augmenter beaucoup plus facilement que dans un cadre législatif. Dans la plupart des pays, seul un objectif global est à atteindre… Et qui serait responsable ? À qui infliger ces sanctions ? Les ministères concernés ? Pour moi, il s’agit d’un débat virtuel. Nous voulons dynamiser la transition dans chaque secteur et montrer que tous les acteurs, pas seulement le ministère concerné, sont responsables de leurs émissions. En quoi des sanctions pé­ cuniaires aideraient-elles à cela ?

Les émissions de gaz à effet de serre comptabilisées au Luxembourg (tout comme dans les autres pays) le sont toujours en excluant les émissions couvertes par le système ETS (emission trading scheme), un mécanisme de droits d’émissions de gaz à effet de serre mis en œuvre au sein de l’Union européenne. Ainsi, les émissions du secteur des transports au niveau national incluent principalement le transport routier, les émissions du secteur de l’aviation étant exclues. Elles sont comptabilisées soit dans le cadre du système ETS pour les vols intra­européens, soit au sein du système Corsia (carbon offsetting and reduction scheme for international aviation) pour les vols internationaux. Idem pour l’industrie : 22 installations industrielles implantées sur le territoire national sont couvertes par le système ETS, notamment les sites d’ArcelorMittal, de Karp-Kneip, de Cimalux, de DuPont de Nemours, de Guardian ou encore de Kronospan.

pour les très grandes entreprises tradition­ nelles du Sud. Un certain pourcentage du mix national contient donc des traces de nucléaire (selon l’ILR, en 2020, le mix national se composait de 64,3 % d’énergies renouvelables, de 26,9 % d’énergies fossiles, de 7,3 % d’énergie nucléaire et de 1,5% d’autres sources non identifiables, ndlr). Nous investissons aussi massivement dans les offshores aux Pays-Bas, en Belgique ou au Danemark, à travers des deals bilatéraux. Avec l’objectif de nous assurer qu’à l’avenir nous atteindrons 100 % d’énergies renouvelables.

Lors de la COP26, vous avez fait une annonce, avec cinq autres pays, pour ne pas inclure le nucléaire dans la taxonomie verte que prépare la Commission européenne. Pourtant, Leurs émissions sont « surveillées, le nucléaire est une énergie décarbonée, vérifiées par des con­trôleurs donc efficace pour atteindre les objectifs indépendants », explique le ministère de l’Environnement, de l’accord de Paris… et déclarées conformément aux L’argument est totalement absurde. Le nucléaire lignes directrices de la réglementation est plus un obstacle qu’une aide à la lutte contre de l’UE. Les rapports afférents sont ensuite transmis au niveau national la crise climatique. Tout d’abord, il est trop à l’autorité compétente en la matière, risqué, que ce soit au niveau du transport, des à savoir l’administration attaques terroristes ou encore des déchets, de l’environnement. pour lesquels il n’existe pas de solution pour l’instant – donc on déplace le risque vers les générations futures. Sans parler du risque de catastrophe environnementale type Fukushima. D’autant que le Luxembourg n’est pas un Pendant combien d’années le terrain est-il électron libre, il existe au sein d’un contexte alors inutilisable ? Imaginez cela en Europe… global et européen. Les sanctions sont déjà En outre, le nucléaire est trop cher et trop inscrites dans le marché par une pénalisation lent. Si vous regardez les derniers projets en termes de compétitivité. Si les fonction­ d’EPR, par exemple Flamanville, cela ne fonc­ nements ne sont pas adaptés au profit d’une tionne pas : il devait fonctionner en 2004, et intelligence CO2 et climatique, c’est à leur nous sommes en 2021. Cela devait coûter désavantage, en termes d’image, de coût… Et, 3 milliards, cela en coûte maintenant près de politiquement, pour les États membres qui 20… Et la technologie pour les mini-centrales ne respectent pas leurs émissions, il existe un nucléaires n’existe pas encore… Or, pour limiter le réchauffement clima­ système européen de mise en demeure. tique, il faut agir vite. Et du côté des énergies La part du renouvelable a beaucoup renouvelables, les technologies existent. Cela augmenté dans la production d’électricité n’est ni lent ni dangereux et il n’y a pas de luxembourgeoise. Mais le pays importe problèmes avec les matériaux utilisés puisqu’on la majeure partie de son électricité, peut les utiliser de manière circulaire. 80,7 % en 2020, surtout d’Allemagne, dont la production est en grande partie Que répondez-vous à la jeune issue du charbon. Comment s’assurer génération qui accuse les politiciens qu’il s’agit d’une électricité verte lorsqu’on de ne faire que du blabla ? importe autant ? J’admire énormément le travail des jeunes. Au niveau des administrations publiques, nous Des acteurs comme les Fridays for Future ont faisons attention à investir dans le renouve­ fait avancer les discussions des adultes en lable. Pour tout ce qui est bâtiment public, nous rappelant nos responsabilités. Toutefois, nous excluons le nucléaire. De même que il ne faut pas réduire les conférences climat pour les ménages. Aucune école n’a un chauf­ à du blabla, parce qu’il s’agit de bien plus. Les fage à base de nucléaire ou de charbon. discussions sont importantes et les décisions Mais, comme c’est un marché libre et une prises à la COP26 représentent quand même économie ouverte, nous ne pouvons pas com­ un grand pas en avant. Sans cadre politique, plètement exclure le charbon ou le nucléaire, cela n’avance pas non plus. ni imposer aux entreprises de ne pas prendre du nucléaire. Or, le nucléaire français, moins cher de quelques centimes, reste intéressant JANVIER 2022

47


Les États-Unis représentent un premier grand marché test pour Tahereh Pazouki.


Conversation Tahereh Pazouki

« La victoire m’a donné des responsabilités » Lauréate des World Summit Awards de l’Onu, du Prix européen de l’inno­ vation sociale de la BEI et du concours Cyel (Creative Young Entrepreneur Luxembourg) de JCI Luxembourg, Tahereh Pazouki l’étudiante est devenue chef d’entreprise avec Magrid, sa solution d’apprentissage des mathématiques qui se passe du langage. Itinéraire d’une entrepreneuse déterminée. Interview THIERRY LABRO

Photo GUY WOLFF

Comment ont-ils accueilli ce projet ? Vous n’y êtes pas allée de main morte, Quelques-uns ont été très ouverts, d’autres mi-octobre au Luxembourg, avec le comavaient davantage de réserves. Mais nous avons missaire européen au Marché intérieur, organisé des sessions par groupes de 20 pro­ Thierry Breton, lors du premier hackathon de jeunes entrepreneurs, en lui demanfesseurs, auxquelles ont participé 300 d’entre dant de faire sauter certaines barrières eux. Deux sessions de deux heures étaient sous peine de devoir se contenter de espacées de six à huit semaines et ils revenaient citoyens-employés... avec leur feed-back. Pour eux, évidemment, C’était trop ? Depuis l’estrade, j’ai vu que le Pre­ c’était du travail supplémentaire, mais après mier ministre, Xavier Bettel (DP), continuait les huit semaines, ils étaient très positifs. De à sourire, alors que le visage de M. ­Breton s’est 20 à 30 % d’entre eux sont même devenus des crispé… L’idée n’était pas de crisper qui que pionniers, avec des idées, l’envie de tester. En ce soit. Simplement d’insister, auprès de ceux septembre, j’ai postulé aux World Summit qui en ont le pouvoir, sur la nécessité de faire Awards de l’Onu (récompensant les innovations sauter ce qui empêche de jeunes Européens digitales locales pour améliorer la société, ndlr), d’embrasser une carrière d’entrepreneur ! d’abord sur le plan national. Magrid a été rete­ nue comme la solution digitale la plus inno­ C’est précisément ce que vous faites. vante. J’ai été sélectionnée parmi les 40 projets Passer d’un statut d’étudiante pour la finale en lien avec les objectifs de déve­ de l’Uni­versité du Luxembourg à celui loppement durable. C’était la première fois de chef d’entreprise avec une idée : qu’une société luxembourgeoise arrivait jusque-là. permettre d’apprendre les mathématiques sans que la langue soit un frein éventuel. Oui, en septembre 2020, j’ai quitté l’Université BIO EXPRESS pour créer ma société, LetzMath. Je suis allée suivre le programme de formation à la London Tahereh Pazouki Née le 6 mai 1991 à Téhéran (Iran). Business School, ce que j’ai trouvé vraiment très utile. La terminologie, la manière de regar­ De l’Iran au Luxembourg Elle quitte l’Iran avec un bachelor der les choses, tout cela, c’était un programme en computer science pour obtenir estival très intensif ! Je connaissais Jeff Skinner, son master en 2012 à l’Université le directeur du programme, qui était dans le du Luxembourg et enchaîne avec un PhD en psychologie. groupe qui a étudié mon proof of concept et qui m’a invitée à suivre son programme. En mars, Étudiante-CEO Elle obtient sa thèse, j’ai officiellement lancé Magrid dans toutes les « Magrid, from developing écoles publiques du Luxembourg. C’était un a language-neutral learning événement en ligne organisé par le directeur application to predictive learning analytics », avant de créer, du Script (Service de coordination de la recherche le 1er septembre 2020, et de l’innovation pédagogiques et technolo­ une société à responsabilité giques) avec 600 professeurs. limitée simplifiée, LetzMath.

En mars, ils nous ont réunis, tous les 40, pour annoncer le vainqueur global, dans le secteur de l’éducation. Je ne m’y attendais tellement pas que je ne suis pas allée à la cérémonie. Quand ils m’ont appelée, je n’étais pas là… Est-ce que cela ouvre des portes ? À quoi sert ce prix dont, franchement, ici, on n’entend jamais parler ? Des investisseurs ou des mentors sont venus me dire qu’ils voulaient participer d’une manière ou d’une autre au développement du projet. J’ai postulé au concours d’innovation sociale de la Banque européenne d’investissement (BEI). En mars, j’ai passé le premier entretien, et Magrid est devenue le seul projet européen à être retenu parmi les finalistes. J’ai suivi leur programme estival, parfois en ligne, parfois en présentiel, trois fois à Vienne. C’est la plus belle expérience que j’ai faite. C’était très bien organisé. Ils sont même capables de vous dire de combien de temps vous avez besoin pour chaque chose. Depuis le premier jour, ils vous disent les dates que vous devrez bloquer, etc. On m’a dit que vous étiez très structurée ! Que vous étiez capable de vous astreindre à une intense préparation à chaque fois que vous deviez présenter votre projet, que ce soit pour un concours ou pour un investisseur ? J’ai besoin de structure, sinon ça me rend dingue ! Même pour la finale à Lisbonne, ils nous ont fait venir deux jours avant pour répéter, y com­ pris en conditions réelles ! Ils voulaient que tout soit parfait ! Seule une autre entreprise luxembourgeois a atteint la finale, LuxAI (avec son robot pour communiquer avec les enfants autistes ou atteints de troubles de la communiJANVIER 2022

49


Conversation

cation, ndlr). Après le prix, la BEI m’a dit son intérêt à investir dans le projet. En parallèle de cette formation à Londres, de ces deux concours et du Fit4Start, l’équipe s’est enrichie. Nous sommes huit, deux personnes qui tra­ vaillent à temps plein, deux à mi-temps et quatre plus ponctuellement. Qu’avez-vous ressenti quand la BEI a annoncé votre victoire ? Vous vous êtes sentie fière, bien sûr. Mais comme une ambassadrice du Luxembourg, vous qui venez d’Iran, mais qui êtes parfaitement intégrée aujourd’hui ? J’étais si « choquée » ! Je pensais que je serais parmi les finalistes, mais pas le vainqueur. Quand ils ont annoncé le troisième, puis le deuxième, je me suis dit : « O.K., je ne suis pas sur le podium. » Ça m’a pris quelques secondes pour réaliser. Pour moi, être parmi les finalistes, quand j’ai vu la qualité des autres projets, c’était déjà bien. Mais vous avez gagné ! Je me suis sentie fière. Mais, plus que ça, je me suis sentie investie de davantage de res­ ponsabilités. La victoire m’a donné des res­ ponsabilités. Si des gens comme la BEI considèrent que mon projet est important, je dois y faire très attention. La dimension matérielle, ce n’est qu’une question de temps. Si vous parvenez à apporter une solution au problème de millions d’enfants et parfois d’adultes, ce sera une incroyable récompense. Oui, mais pour y parvenir, il faut convaincre les enfants. Il faut convaincre les parents. Ce n’est pas seulement ma mission. Ceux qui décident doivent avoir le même état d’esprit. Est-ce que c’est le cas ? Parmi ceux que vous rencontrez un peu partout sur la planète, de l’Inde aux États-Unis en passant par le Brésil, l’Afrique ou l’Europe ? Oui, bien sûr ! Mais ils commencent par me dire qu’ils n’ont pas besoin de quelque chose de supplémentaire dans le cadre de leur ensei­ gnement. Sauf si c’est gratuit, à la limite. Aux États-Unis, j’ai donné trois accès. Les trois clients ont demandé à s’abonner à la solution. L’étudiante Tahereh est devenue la CEO Tahereh ? Est-ce que vous vous sentez challengée sur cette question-là ?

LES MATHS SANS LA LANGUE S’appuyant sur cinq années de recherches avec le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (Script) et le FNR, Magrid est une méthode d’appren­ tissage des mathématiques pour des enfants de 4 à 8 ans via une application qui compte 2.500 activités et un livret, qui permet de suivre les progrès de l’enfant (démos disponibles sur le site : magrid.education). Le matériel est intuitif, il s’appuie sur des visualisations et est interactif. Même la connexion a été pensée pour se passer de toute langue : à l’inscription de l’enfant dans le système, il reçoit un QR code qu’il utilise avec sa tablette pour commencer à travailler.

Il arrive à certains de me proposer de trouver un CEO pour le mettre à la tête de ma société, parce qu’ils ne me voient pas CEO. Je ne sais pas s’ils essaient seulement de me challenger, mais ils se trompent : si cela est un point blo­ quant pour tout le projet, la question de ma petite personne n’est pas importante. Surtout, aucun d’entre eux n’a jamais d’argument pour défendre cette idée… Ce n’est pas agréable… mais c’est un formidable exercice d’être confronté à l’adversité à ce stade. De savoir qu’un jour, face à vous, vous n’aurez pas des gens qui vous regardent avec des étoiles plein les yeux… Quand j’étais enfant, je n’étais pas très douée en dictée. Mon père était très strict. Quand il me faisait la dictée, si j’avais une seule erreur, je devais réécrire toute la dictée. Parfois, cela prenait plusieurs heures. J’aurais pu deman­ der à ma mère ou à ma sœur de m’aider, mais je continuais à demander à mon père. Parce que je savais que le lendemain, à l’école, j’au­ rai une bonne note ! Quelle est la prochaine étape, maintenant, pour Magrid ? Les États-Unis ? Il y a plusieurs dimensions. D’abord, nous continuons à développer notre produit, à par­ tir des feed-back des professeurs et de nou­ veaux besoins qui apparaissent.

« Je ne cherche pas des investisseurs seulement pour leurs capitaux. » 50

JANVIER 2022

Comme quoi, par exemple ? Le produit est fini. Il y a une base et des dépen­ dances, disons. La base, une solution d’entraî­ nement, est finie. Mais, par exemple, maintenant, les professeurs demandent un dashboard qui permette de voir ce que les enfants font, com­ ment ils avancent, où ils coincent… Ensuite, nous allons par exemple à l’École européenne et à l’école Vauban, où l’on peut peut-être me demander d’ajouter l’intelligence artificielle au produit. Pour que ce ne soit plus au professeur de dire à l’enfant ce qu’il doit faire, mais que le système fasse ses propres recommandations. C’est une chose que nous entendons beaucoup du côté des utilisateurs et que nous allons donc améliorer. La deuxième dimension est le mar­ ché. Nous avons 100 % du marché luxembour­ geois. Nous essayons de pénétrer les marchés belge et britannique en plus du marché améri­ cain. Pour cela, nous avons besoin de continuer à recruter. Nous avons beaucoup de demandes des États-Unis, où nous avons une personne qui est notre contact local. Au Royaume-Uni, nous avons un commercial, et en Belgique, nous y travaillons, y compris via des partenariats. Comment imaginez-vous pouvoir croître beaucoup plus vite aux États-Unis ? Parce qu’un contact local pour un si grand marché, ça ne paraît pas très impressionnant… Jusqu’à présent, les clients que nous avons aux États-Unis sont venus tout seuls. Ils nous ont trouvés parce qu’il y a plus de 80.000 solutions d’éducation, mais moins de dix qui s’intéressent aux élèves qui ont des besoins particuliers. Si quelqu’un a un besoin particulier, il doit trou­ ver parmi les dix. Et même parmi les dix qui existent, Magrid est une solution qui est véri­ fiée et testée. Et pas juste une solution qui affirme qu’elle est une solution. Il y a des écoles spécialisées qui nous ont contactés et qui ont essayé Magrid. Il y a deux manières d’attaquer le marché américain. La première est d’aller d’école en école. La seconde est d’aller de dis­ trict scolaire en district scolaire. Et il y a aussi le niveau national. Pour éviter de devoir aller d’une école à une autre, nous irons vers les districts ou vers le niveau national. Nous en avons contacté quelques-uns qui disent tous la même chose : ils veulent que l’étude que nous avons menée soit répliquée aux États-Unis. Nous travaillons avec un psychologue de l’Uni­ versité de Caroline du Nord pour répliquer les études que nous avons menées ici. Il y a des décideurs qui vont regarder si l’étude améri­ caine est alignée sur les résultats de nos études en Europe. Et donc ensuite intégrer votre solution directement au niveau national… Ce serait une sorte de jackpot… Ça serait chouette. Mais ce sont des études universitaires, cela prend du temps.


Tahereh Pazouki

Que va mesurer l’Université de Caroline du Nord ? Elle va mesurer la performance des enfants. L’évolution de différents groupes d’enfants. Ils sont aussi face à beaucoup de diversité de langages et n’ont pas de solution pour des enfants qui ont des besoins particuliers. Des développements qui sont synonymes de besoin d’argent frais pour aller chercher de nouveaux clients ? Oui, en janvier, nous lèverons des fonds. Nous avons des marques d’intérêt d’investisseurs assez nettes, mais je ne cherche pas des inves­ tisseurs seulement pour avoir des capitaux. J’aimerais qu’ils apportent davantage que de l’argent. Qu’ils aient envie de développer le projet, qu’ils connaissent le marché. Où est-ce que vous vous voyez dans deux ans ? C’est court, deux ans, je préfère 10 ans habituellement… Je ne sais pas. Aller là ou là, tout est une option. Il y a aujourd’hui des demandes pour à peu près partout. Du Brésil, d’Afrique du Sud, du Nigéria, du Sénégal, de Malte, d’Iran, d’Inde, de Turquie. Je dois rester concentrée. Concentrée sur un marché ? Oui. Il ne faut pas croire que si je vois une opportunité, je vais sauter dessus. Je veux res­ ter concentrée. Étape après étape. Une solu­ tion digitale qui s’affranchit du langage n’a pas de limite géographique. Mais je com­ prends ceux qui insistent pour que nous res­ tions concentrés sur un marché. Ce n’est pas seulement une question de solution, il vous faut des commerciaux, du marketing, de l’as­ sistance. Entre 5 % de 20 marchés et 40 % d’un grand marché, le choix est clair. Surtout si le grand marché, ce sont les États-Unis… Oui, bien sûr. Même si c’est compliqué de dire à des clients qui vous courent derrière que vous n’allez pas leur vendre votre solu­ tion… C’est un choix délicat. Est-ce que Magrid, solution pour les mathématiques, pourrait être dupliquée pour l’apprentissage d’autres matières ? Techniquement, rien ne s’y oppose. Mais les mathématiques sont, comme les échecs, un langage en soi. Les joueurs d’échecs posent leurs pièces sur le damier et n’ont pas besoin de se parler pour jouer. Si 60 % de la popula­ tion comprend mieux à partir de visualisation, l’exercice est loin d’être si facile.

Avec Pranjul Shah

Ce nid d’où s’envolent des aigles Si Tahereh Pazouki a été une pionnière, le « nid », comme son directeur, Pranjul Shah, a surnommé l’incubateur de l’Université du Luxembourg, abrite plus de 70 « aiglons ». On imagine aisément que Magrid, née de l’idée de Tahereh Pazouki, restera un projet particulier dans le cœur du responsable du jeune incubateur de l’Université du Luxembourg que vous êtes ? Tahereh est une jeune femme très très intelligente, qui s’accroche quoi que vous lui disiez et qui reviendra toujours bien préparée, là où d’autres auraient abandonné depuis longtemps. Elle a mené de front les programmes d’accélération du Fit4Start et de la Banque européenne d’investissement (BEI), ce qui lui a pris tout le temps dont elle disposait. Il faut souligner non seulement sa volonté, mais aussi le soutien exceptionnel du Fonds national de la recherche (FNR) dont elle a bénéficié. Le Luxembourg n’est pas un pays facile pour ces étudiants-entrepreneurs qui doivent trouver de l’argent pour vivre et mener leurs combats sur deux fronts. Aujourd’hui, entre les reconnaissances officielles et le fait qu’elle a pris 100 % du marché luxembourgeois, elle a largement entamé sa mue vers une chef d’entreprise. Elle sait qu’elle n’est plus une

PRANJUL SHAH Directeur de l’incubateur de l’Université du Luxembourg

« C ’est intéressant de voir l’université ‘rendre de la valeur économique’ à la société luxembourgeoise. »

étudiante et qu’elle doit faire le business. Mais elle est toujours à l’écoute. Elle et d’autres projets – on pense à LuxAI et son robot contre l’autisme – ont suscité des vocations… Nous recevons à peu près deux projets par semaine. Ce qui fait que l’incubateur accueille aujourd’hui, avec ses moyens, six personnes et trois stagiaires, 70 projets qui ont déjà donné lieu à la création d’une quarantaine de sociétés enregistrées au Registre du commerce. Ce sont autant d’aiglons que l’on doit nourrir pour qu’ils s’envolent du nid ! C’est intéressant de voir l’Université « rendre de la valeur économique » à la société luxembourgeoise, des idées, des emplois et des artisans de changements de la société. Parce que si l’on parle beaucoup de Magrid, des projets comme Our Choice (une marque de chaus­ sures de sport en peau de poisson entiè­rement durable, ndlr), digitalUs (un outil de KYC pour les banques et les fintech, ndlr) et Nium (une plateforme de recommandations alimentaires basées sur le métabo­ lisme unique de chacun, ndlr) sont eux aussi sur de très bons rails. On les voit dans les concours comme les hackathons et concours de start-up, ou dans les appels à projets du ministère de l’Économie ou du FNR. On assiste même à une sorte de mouvement d’alumni, non ? Oui, ces étudiants qui ont un PhD sont très brillants, inspirants, avec de belles idées, modernes. Après sept ou huit ans, certains reviennent parce qu’ils ont entendu parler de l’incubateur et qu’ils pensent que nous sommes les mieux à même de les guider !

JANVIER 2022

51


Michel-Edouard Ruben et Jean-Jacques Rommes ont croisé leurs expertises et expériences au service d’un ouvrage sur les crises.


Conversation Jean-Jacques Rommes et Michel-Edouard Ruben

« Pour affronter les crises à venir, il faut en prendre conscience » Férus de faits, passionnés par la chose économique et publique, Jean-Jacques Rommes et Michel-Edouard Ruben signent Le Temps des crises. Un ouvrage destiné notamment à une jeunesse qui va devoir prendre ses responsabilités pour affronter les « quatre cavaliers de l’apocalypse ». Interview THIERRY RAIZER

Photo GUY WOLFF

Même si cette crise n’est pas encore termi- est primordiale. C’est aussi en ce sens que nous née, quels grands enseignements vous avons souhaité rédiger cet ouvrage. livre-t-elle après avoir rédigé cet ouvrage ? JEAN-JACQUES ROMMES (J.-J. R.) Pour le Luxem­ Vous évoquez longuement la question bourg, le grand enseignement c’est : « on l’a énergétique dans l’ouvrage. échappé belle ! ». Et pour le monde dans son Avec notamment une potentielle crise ensemble, je dirais que la messe n’est pas en­- de la transition énergétique… core dite. J.-J. R. La transition énergétique est ame­ MICHEL-EDOUARD RUBEN (M.-E. R.) Cette crise rap­ née dans le débat public comme si l’on pouvait pelle combien il est difficile de connaître l’après, se débarrasser des énergies fossiles du jour au que la linéarité de notre avenir n’est pas un lendemain. Si nous prenions cette option radi­ acquis et que la prévision est un art complexe cale, nous retournerions littéralement au Moyen où l’on se trompe souvent. On l’a échappé belle Âge. Nous devons agir progressivement et rai­ au 1er décembre, fin de rédaction de l’ouvrage, sonnablement sur la transformation énergé­ mais le futur reste incertain. tique – d’urgence certes –, sinon nous devrons faire face à des crises énergétiques. J’observe Paradoxalement, on perçoit clairement les risques et les crises majeures à venir – contrairement à cette crise inattendue –, mais la concertation à l’échelle planétaire s’avère périlleuse… R&R J.-J. R. Nous n’avons pas couvert les risques Michel-Edouard Ruben (36 ans) géopolitiques, qui ne constituent pas le sujet est diplômé d’un magistère d’économie de l’Université de du livre. La seule vérité géopolitique que nous Bordeaux. Originaire des Caraïbes, avons décrite – et qui est une totale évidence – est il a rejoint le Luxembourg la montée en puissance de la Chine. C’est aussi et l’équipe de la Fondation Idea à sa création, en 2014. Jamais un fait économique. Nous évoquons en revanche avare d’un bon mot et surtout les « quatre cavaliers de l’apocalypse », à savoir d’un franc-parler provoquant la les risques environnementaux, les risques tech­ réflexion voire le débat, ses travaux portent sur le marché du travail, nologiques, les risques sociaux – les inégali­ le logement et l’entrepreneuriat. tés – et les risques sociétaux. Et, par rapport Jean-Jacques Rommes (64 ans) à ces risques, nous ne savons pas à quel saint fait partie des voix écoutées sur nous vouer actuellement. les enjeux du pays. Il a été durant M.-E. R. On ne sait pas encore quand ni com­ 10 ans à la tête de l’ABBL, a dirigé l’UEL (2013-2018) et a présidé ment, mais on sait que de prochaines crises le Conseil économique et social vont arriver. Sachant qu’il existe une probabi­ (CES) de 2019 à 2021. Sous ce lité non nulle que ces quatre risques majeurs mandat fut produit un rapport sur le télétravail, salué de toutes parts. se manifestent, la question est de savoir com­ Il reste membre du conseil ment on s’y prépare. Nous avançons quelques d’administration de l’UEL pistes qui permettraient d’y faire face, mais, et représente le patronat en tant que vice-président du CES. avant même d’y faire face, la prise de conscience

d’ailleurs que des problèmes de livraison d’éner­ gie apparaissent d’ores et déjà. À quel niveau le Luxembourg peut-il et doit-il se préparer ? M.-E. R. J’ai pris conscience en écrivant ce livre que le Luxembourg est membre du G20, puisque l’Union européenne en est membre. C’est un détail, mais le petit Luxembourg a toute sa place dans les affaires du monde et est bien représenté à l’échelle internationale. Être attaché à un grand bloc qu’il a contribué à fon­ der et avec lequel il partage des valeurs et un destin permet de dépasser son poids relatif. J.-J. R. Le salut passera par la coopération, même si elle n’est pas évidente au niveau mon­ dial. Nous pensons qu’il est indispensable de trouver un législateur commun à l’espace que l’on doit organiser. Cet espace devient finale­ ment mondial. La globalisation ne peut pas être remise en question quant à son mouvement, on ne peut pas revenir sur la globalisation. C'est ce qui est pourtant évoqué depuis le début de la crise… J.-J. R. Ce qui est absurde. Le vaccin ne serait pas disponible massivement si le monde n’était pas globalisé. La menace de cette crise était globale, sa solution est globale. Il nous faut donc organiser cet espace global. On ne peut pas organiser des espaces plus petits que les enjeux auxquels nous sommes confrontés. Cela n’est pas nouveau. Nous avons pu voir par le passé que lorsque les accidents ou les tragé­ dies surviennent, par exemple les grandes guerres du 20e siècle, les responsables publics se ressaisissent et mettent en place des orga­ nismes pour tenter d’éviter que de pareils désastres se reproduisent. Or nous pourrions aussi créer ces organismes ad hoc avant que les prochaines crises n’interviennent, d’autant JANVIER 2022

53


Conversation Jean-Jacques Rommes et Michel-Edouard Ruben ROMMES Jean-Jacques rd RUBEN Michel-Edoua

S DES LE TEMP CRISES

Economie

plus que nous sommes relativement certains de la nature des crises à venir. Cette coopé­ ration sera fonction d’un personnel politique de qualité. Nous ne sommes pas persuadés d’en disposer actuellement, en particulier sur les problématiques relatives aux crises qui se profilent. Comment disposer d’un « personnel politique de qualité » ? M.-E. R. Jean-Jacques Rommes croit beaucoup plus que moi en ces nouvelles générations aux­ quelles nous nous adressons dans l’ouvrage. Il croit que les générations montantes sont plus conscientes de certains sujets, de certains dan­ gers, et qu’il y aura un sursaut dans la gestion des affaires du monde en raison, justement, du changement générationnel qui s’opérera parmi les responsables publics. Il est vrai que les chan­ gements notables et profonds dans l’Histoire ont été plus souvent le fait de gens qui ont changé que de gens qui ont changé leur manière de faire ou de voir le monde. J.-J. R. M. Ruben a raison, même si je doute que la génération montante dispose de la science et de l’éducation nécessaires face aux défis qui l’attendent. En revanche, les jeunes ont sans aucun doute développé une conscience vis-à-vis des problématiques glo­ bales. À noter que la génération la plus décriée aujourd’hui quant à la gestion du monde, la consommation, la pollution… est celle des boomers qui avait pourtant été à l’origine du mouvement Flower Power pour la paix dans le monde, le refus du racisme, une prise de conscience de la protection de l’environ­ nement… Avec le recul, on peut considérer que la génération qui a connu mai 68 a véri­ tablement vécu dans le bonheur. C’est une génération qui a eu toutes les facilités, contrai­ rement à la jeunesse actuelle… Une jeunesse qui arrive dans un monde faisant face à des défis colossaux, mais un monde qui aura tout de même connu d’importantes avancées quant au niveau et aux conditions de vie… J.-J. R. C’est pour cela que je mentionne la science et l’éducation pour permettre aux jeunes d’aujourd’hui de se rendre compte qu’ils se trouvent vraiment au top. Leur pes­ simisme vis-à-vis du futur est normal, mais il peut aussi être relativisé quant au jugement effectué à l’égard des boomers. M.-E. R. Je me permets de souligner qu’à l’époque où les boomers étaient jeunes et

UNE SYNTHÈSE ET DES PISTES DE SORTIE En rédigeant à titre personnel Le Temps des crises, les deux auteurs révèlent leurs constats communs à partir d’approches souvent différentes. « Nous avons aussi appris l’un de l’autre, sur notre façon de réfléchir, de procéder, et cela nous a mutuel­lement instruits », résume Jean-Jacques Rommes. « Nous étions, in fine, plus souvent d’accord que ce que l’on voulait bien se dire », ajoute Michel-Edouard Ruben. Les 194 pages publiées par l’Institut Grand-Ducal constituent une riche synthèse des symptômes, des causes et des leçons livrées par les crises passées. Et ce que nous devrions d’ores et déjà avoir en tête pour bien nous préparer aux prochaines. Un ouvrage qui ne vire pas au pessimisme absolu, mais qui propose plutôt de regarder la réalité du monde en face, tant qu’il en est encore temps. « Nous avons écrit le livre en pensant aux jeunes et à leur réalité future, indique Michel-Edouard Ruben. Car les prochaines crises devront être gérées par la jeunesse d’aujourd’hui. » Le Temps des crises, 20 €, édité par l’Institut Grand-Ducal. Commandes auprès des auteurs : samuel.ruben@outlook.fr.

avaient de longs cheveux, ils étaient remplis de bonnes intentions, dont beaucoup sont res­ tées de simples intentions. J’ai tendance à croire qu’avec les millennials, ce sera pareil, en pire. Sur ce sujet, nous avons une différence de points de vue, Jean-Jacques Rommes et moi. Vous traitez donc de l’importance de la Chine sur le plan mondial, importance qui avait été remise en cause au début de la crise. Comment percevez-vous cette dépendance ? M.-E. R. Nous parlons plutôt d’interdépen­ dance. Les uns se disent dépendants de la Chine, mais elle est aussi dépendante des autres. Il y a une raison pour que les entreprises chinoises achètent les entreprises étrangères. Cette réalité ne changera pas fondamentale­ ment. D’où la question de l’organisation de ces interdépendances. Nous ne devons pas nous cantonner à les mesurer, mais nous poser la question de leur organisation. Car cette danse mondiale va se poursuivre. Comment trouver le bon tempo, la bonne mesure pour organiser cette danse mondiale ?

« Cette crise est un fiasco sur les inégalités. » 54

JANVIER 2022

M.-E. R. Théoriquement, on peut faire des choses. Reste à passer de la théorie à la pra­ tique en fonction des décideurs, de l’immi­ nence du danger… J.-J. R. Nous insistons beaucoup sur le fait que tout est là, tout existe. Les solutions tech­ nologiques sont là, les solutions institutionnelles sont là, les systèmes économiques également, mais il faut décider, agir, imposer, coopérer. Ce n’est pas le moment de rejeter la globalisation, le capitalisme, l’interdépendance entre les États… Au contraire, sans ces éléments, nous n’abou­ tirons pas à des solutions globales. Renier ces éléments serait contre-productif. Cela dit, on peut dire tout le mal que l’on veut d’une COP26, mais son aboutissement – même douloureux – est plus collaboratif qu’une éventuelle loi luxem­ bourgeoise sur les droits de l’Homme dans les chaînes d’approvisionnement.

Est-ce que l’intervention financière massive des États au plus fort de la crise avec le « quoi qu’il en coûte » représente une ébauche d’espoir de passer de la théorie à la pratique ? M.-E. R. Comme le disait Jean-Jacques Rommes, tout est là, y compris les capacités financières pour faire des choses qui ne peuvent que c ­ oûter. L’épargne mondiale est là, les super­structures sont là, les chercheurs sont là… L’intelligence du « faire » manque, car une certaine rationa­ lité limitée et les cycles politiques poussent à ne rien faire. Comme dans le dilemme du pri­ sonnier, l’intelligence invite à la coopération, mais les États trouvent des raisons de céder aux sirènes d’une approche individualiste. L’is­ sue des COP est l’illustration de cette tension entre intelligence et rationalité. J.-J. R. Les défis et la préparation aux pro­ chaines crises vont nous coûter. Notre pays ne peut pas figurer parmi ceux dénombrant les citoyens les plus riches de la planète, rêver de plus d’égalité sur la planète et croire que notre pouvoir d’achat va être préservé, voire va conti­ nuer à croître. Il ne faut pas rêver. Et, en même temps, vous battez en brèche le mythe de la décroissance qui serait salvatrice… J.-J. R. Ceux qui parlent le plus de décrois­ sance sont curieusement ceux qui sont assis sur la plus grosse montagne de richesse. M.-E. R. Ce livre a été écrit par quelqu’un qui est né dans l’un des pays les plus riches au monde (Jean-Jacques Rommes, ndlr) et quelqu’un qui est né dans l’un des pays les plus pauvres au monde (Michel-Edouard Ruben, ndlr). La décrois­ sance – c’est l’un de nos premiers accords – n’est pas éthique, mais profondément machiavélique dans le sens où ce sont des gens qui, arrivés en haut de l’échelle, estiment que l’on devrait frei­ ner la croissance. La décroissance, c’est le meil­ leur moyen pour que les riches restent riches et que les pauvres restent pauvres.


Personnalisez votre maison avec des produits d’exception

PORTES DE GARAGE PORTES DʼENTRÉE BLINDÉES PORTES DʼINTÉRIEUR PORTES COCHÈRES

SHOWROOM 5, RUE DE LIMPACH L-3932 MONDERCANGE T. 26 57 94 1 / TREMALUX.LU

DISTRIBUTEUR EXCLUSIF


Conversation Jean-Jacques Rommes et Michel-Edouard Ruben

L’un des autres mots-clés de la crise en cours restera sans nul doute le télétravail. Vous avez tenu à remettre en perspective son usage et surtout les dangers collatéraux qu’il implique… J.-J. R. Nous sommes en effet un peu polé­ miques sur le sujet, car ce qui est en train de se discuter comme pratique possible du télé­ travail est irresponsable. Nous alertons sur les conséquences économiques du télétravail qui ne sont pas neutres pour des secteurs comme la restauration qui vivent en partie de la clientèle de bureau. Pensons aussi aux conséquences sociales : on ne peut pas pré­ tendre combattre les inégalités en sachant que 50 % de la population peut télétravailler, mais pas l’autre partie. Le modèle économique luxembourgeois consiste à faire prospérer un petit territoire en allant chercher des compé­ tences partout dans le monde, à les rassem­ bler ici et à créer ici de la richesse dont profite largement l’État luxembourgeois, et donc les résidents et les autres travailleurs. F ­ audrait-il désormais considérer que l’on peut renvoyer une grande partie des travailleurs en dehors du pays via le télétravail… ? Il y aura problème si nous allons dans cette voie extrême.

sement de la population, mais pas le plus dif­ ficile à gérer. Pensez qu’à l’horizon 2030, le pays comptera plus de seniors de 65 ans que de jeunes de moins de 15 ans. Cela dit quelque chose d’une population. Le confinement du printemps 2020 nous avait fait (re)découvrir l’importance des travailleurs dits « essentiels ». Désormais, on n’applaudit plus aux fenêtres en guise de soutien ou l’on n’attend plus le livreur de colis avec le sourire… M.-E. R. Nous rappelons dans l’ouvrage qui ils sont, ou plutôt qui elles sont puisque cette problématique concerne avant tout des femmes. N’a-t-on pas déjà oublié l’existence sociale de ces gens ? J.-J. R. Il est inapproprié de croire que cer­ tains sont essentiels et d’autres non dans une économie, mais ce que nous voulions rappeler, c’est que certains sont en bas de l’échelle. On qualifie ces personnes de « travailleurs essen­ tiels », mais elles sont en réalité les oubliées de notre société.

La crise de 2008, qui n’est pas comparable à l’actuelle, avait débouché Que préconiseriez-vous pour sur un tsunami réglementaire. cette catégorie de travailleuses ? Craignez-vous que cette réponse M.-E. R. Je formulerais plutôt un souhait. Que survienne aussi dans les prochains mois ? les enfants de ces personnes ne se retrouvent J.-J. R. Le tsunami réglementaire post-2008 pas systématiquement dans la même position n’a pas cessé ! [rires] sociale que leurs parents. Bref, que leurs enfants M.-E. R. Cette crise étant singulière, il n’est S’ajoute à ce débat sur le mode bénéficient de l’ascenseur social. pas du tout évident de savoir sur quelles épaules de travail la gestion du vieillissement J.-J. R. L’osmose classique qui se produisait on devrait faire peser quelles nouvelles régle­ de la population qui – outre l’alimentation vers le haut semble perturbée. Il y a beaucoup mentations en lien direct avec la crise ! Les de la caisse des pensions – va nécessiter de facteurs à cela, dont l’éducation – qui passe touristes ? Les carnivores ? Cette crise devrait une main-d’œuvre et des investissements par la maîtrise des langues –, pour n’en citer qu’un. plutôt être l’occasion de considérer que des pour la prise en charge des seniors… déboires technologiques, sociétaux ou envi­ J.-J. R. Nous avons été assez gentils pour ronnementaux incroyables peuvent survenir faire l’impasse sur les pensions ! [rires] Si l’on Comme vous l’écrivez, le Luxembourg à l’instar de la crise sanitaire. Les choix qui ne nie pas le vieillissement de la population, a donc encore beaucoup d’autres chats en découlent ne seront pas gratuits, tant sur il y a énormément de choses qui en découlent. à fouetter. L’un de ces défis est-il sousestimé actuellement ? le plan économique ou budgétaire qu’­électoral… Encore faut-il les voir jusqu’au bout. J.-J. R. Les choix nécessaires, nous les ferons, M.-E. R. Les pensions ne sont qu’un aspect M.-E. R. Je répondrais par une autre question : nous devrons les faire. Si nous les considérons – le plus médiatisé – de la gestion du vieillis­ « quel chat à fouetter n’avons-nous pas traité dans l’ouvrage ? ». Je ne suis au Luxembourg que depuis sept ans, mais j’ai l’impression que l’on va de plus en plus parler de sécurité (cette interview a été réalisée avant les événements L’EFFET DU COVID SUR LA PAUVRETÉ violents survenus en marge d’une manifestation Alors que la baisse globale de la pauvreté se poursuivait depuis près d’un siècle, le Covid-19 organisée le 4 décembre à Luxembourg-ville, est venu freiner cette tendance, soulignent Jean-Jacques Rommes et Michel-Edouard Ruben dans leur ouvrage. Le Covid aurait ainsi fait tomber dans la pauvreté 97 millions de gens. ndlr). J’ajouterais que je trouve le taux de fécondité curieusement bas. Je trouve étrange 100 % qu’il y ait si peu d’enfants par ménage dans une société telle que le Luxembourg. PART DE LA POPULATION 80 % MONDIALE HORS J.-J. R. Nous avons aussi discuté l’identité 66 % EXTRÊME PAUVRETÉ 63 % luxembourgeoise, que nous avons effleurée, 54 % 60 % car c’est un sujet difficile qui dépasse le simple 48 % 43 % cadre économique. Nous restons néanmoins 36 % d’accord pour considérer qu’il ne faut pas lais­ 40 % 26 % ser ce sujet à une frange politique plus extrême. PART DE LA POPULATION 16 % Retrouvez la version in extenso de cette inter20 % MONDIALE DANS 9 % 8 % view sur paperjam.lu. L’EXTRÊME PAUVRETÉ 0 1929

56

1950

1960

JANVIER 2022

1970

1980

1990

2000

2010

2019

2020

Banque mondiale

aujourd’hui, nous pouvons encore déterminer qui doit faire quoi et quand.

Source

L’ouvrage vous a-t-il confortés dans l’idée que la crise a accru les inégalités ? M.-E. R. Les inégalités représentent un sujet compliqué. Comment les considérer ? Elles sont, par nature, relatives à la réalité de chacun. Ce que nous mettons en avant dans le livre – au-delà de l’idée que l’on se fait généralement des iné­ galités –, c’est qu’il y a au Luxembourg certaines inégalités qui sont des injustices propres à cer­ taines spécificités du fonctionnement du pays. Je pense notamment aux questions linguistiques dans le système éducatif. J.-J. R. Je me dois de souligner que les iné­ galités s’étaient considérablement rétrécies depuis 30 ans et que, sous l’effet de la crise actuelle, nous observons un mouvement de retour en arrière. Ce qui est un fiasco. On parle ici de faim dans le monde, de véritable misère en Asie et en Afrique, pas d’inégalités entre des modèles de voiture à Luxembourg. C’est probablement le fait le plus saillant de cette crise, mais que l’on ne retrouve que très rare­ ment traité dans la presse.


©Jason-Briscoe

Votre rêve

Notre objectif. 22, rue du Commerce | Esch-sur-Alzette Tél.: 00352 27 07 59 10 • info@immosp.lu • www.immosp.lu


Paperjam Recovery Awards

« Je ne sais pas vivre sans créer »

Designer et graphiste, Sophie Ensel fonde So Graphiste en 2014, après une expérience de free-lance. En 2019, le studio s’établit à Esch-Belval et compte aujourd’hui deux employés. Le 2 décembre dernier, il remporte le Prix de la solidarité aux Recovery Awards organisés par le Paperjam + Delano Club.

« L’Histoire s’enchaîne » a vu le jour durant le premier confinement. Le livre pour enfants imaginé par les internautes, permet de soutenir des associations. Sophie Ensel revient sur cette démarche solidaire. Interview MATHILDE OBERT

58

JANVIER 2022

Photo ANDRÉS LEJONA


Sophie Ensel (So Graphiste)

Comment la crise a-t-elle touché les activités de votre entreprise de communication ? La crise a eu un impact mineur, lors du confi­ nement en mars 2020. Le temps que les clients se retournent, les projets ont été mis en stand-by. Nous sommes une petite agence avec un rythme habituellement soutenu, alors nous avons eu quelques semaines de non-activité, durant lesquelles nous avons décidé de créer ce pro­ jet de Léon, du nom du caméléon qui est au centre de l’histoire présentée dans le livre. Paradoxalement, la crise nous a apporté d’autres clients, ou d’autres projets que les entreprises avaient laissés dans les placards jusque-là et qu’elles ont pris le temps de ressortir. La crise a donc eu un impact mineur, lors du confi­ nement en mars 2020. Quelle est la situation aujourd’hui ? Elle est redevenue normale car nous avons beaucoup de clients dans les institutions ou le domaine bancaire : la communication y est restée forte depuis le début de la crise pour dire qu’ils étaient présents, différemment. À quel moment la chef d’entreprise que vous êtes a pris des mesures de recovery ? Nous nous sommes mis à travailler à distance. Pour ne pas laisser l’entreprise dans une situa­ tion de flou, où l’on a moins de travail et où l’on se demande ce qu’il se passe, j’ai eu cette idée de créer un livre. Ce projet a permis de s’occuper l’esprit, de rester dynamique, mais aussi de continuer à faire travailler nos four­ nisseurs et de rendre service aux gens de manière générale.

Photo

Simon Verjus

Vous travaillez aussi avec des free-lances ? Non, nous travaillons principalement en interne mais faisons appel occasionnellement à des prestataires externes pour des besoins en photo ou en vidéo. La crise a-t-elle changé votre manière de gérer l’entreprise ? Nous avions déjà une certaine flexibilité. Nous faisions du télétravail depuis longtemps. Aujourd’hui, nous sommes de retour en pré­ sentiel, mais si des collaborateurs préfèrent rester à la maison pour une raison X ou Y, ils le peuvent. La crise a cependant permis de prendre conscience que les choses peuvent être bous­ culées du jour au lendemain et qu’il faut savoir rebondir. Quand je repense au projet créé, aux rencontres générées, à ses conséquences à plusieurs niveaux, je dirais que, malgré tout, la crise a aussi eu un impact positif. Seriez-vous demandeuse d’un soutien du gouvernement pour la relance ? Pour l’instant, non. Nous avons une clientèle qui a tenu, mais si elle avait été dans les secteurs

LE FEED-BACK DU JURY « Ce projet dépasse la catégorie Solidarité. C’est aussi une manière d’être résilient, d’innover et de digitaliser avec la promotion sur les réseaux sociaux. Nous avons eu un coup de cœur au niveau du jury en regardant l’effort par rapport à la taille de l’entre­ prise. Et puis l’impact, avec la remise des fonds à des associations. ‘L’Histoire s’enchaîne’ et son personnage central Léon le caméléon sont une superbe illustration de ce que l’on peut faire dans les entreprises en termes de respon­sabilité sociétale des entre­ prises. » Le jury des Recovery Awards était composé de Barbara Grau (head of corporate R&D and innovation support, Luxinnovation, présidente du jury), Emmanuel Gay (partner, Resultance), Laurent Lucius (project manager, Go Digital, House of Entrepreneurship) et Nobby Brausch (assistant vice-CEO corporate banking, Spuerkeess).

plus sensibles, cela aurait été différent. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Nous ne crions pas victoire non plus. Évidemment, je trouve cela légitime et intéressant d’avoir des aides pour les secteurs qui en ont besoin.

pas un choix facile, le feeling est aussi bien passé avec Natur&Ëmwelt. Pour le deuxième, nous voulions faire intervenir les enfants et nous avons eu une bonne relation avec SOS Villages d’Enfants. Vous avez réalisé le premier tome alors que l’activité avait chuté. Comment avez-vous travaillé sur le second ? Nous avons fait appel à un club d’écriture pour imaginer la suite de l’histoire. Pendant 13 semaines, les participants avaient, à chaque fois, une semaine pour écrire une nouvelle scène. Nous prenions ensuite sur notre temps pour l’illustrer, le midi ou le soir. Vous avez vendu les 300 exemplaires du premier. Et pour le second ? Nous sommes à une cinquantaine d’exem­ plaires vendus (sur 300 imprimés, ndlr). SOS Villages d’Enfants le commercialise sur son site, nous aussi. Nous y allons petit à petit car c’est quelque chose que nous gérons à côté de notre activité principale. Nous avons aussi réimprimé 50 exemplaires français et 50 exem­ plaires luxembourgeois du tome 1 pour un client qui a réalisé un livre éducatif pour enfants. À l’intérieur se trouve un jeu-concours et la récompense sera un livre de Léon.

Quels sont vos projets pour 2022 ? Embaucher une troisième personne à temps Les 300 exemplaires du tome 2 plein, qui travaille actuellement avec nous en vous ont-ils coûté, comme pour le premier, parallèle de ses études. Ensuite, nous serons 15.000 euros ? au complet : nous avons la volonté de rester Oui. Cela comprend les impressions, la pro­ une petite structure. Nous allons continuer tection des images, l’enregistrement en for­ avec notre clientèle, de nouveaux projets nous mat audio, la promotion… sont donnés avec du digital, de la vidéo. Et Que vous apporte cette démarche ? puis faire perdurer notre projet de Léon. Le tome 2 est sorti fin octobre, les fonds Nous avons des retombées en termes de noto­ récoltés seront reversés à SOS Villages d’En­ riété, certains nouveaux clients me parlent de fants Monde. Nous allons aussi le décliner sous Léon. Et puis, cela peut paraître cliché, mais forme de cartes de vœux, à la demande de l’as­ c’est sincère, ça vient du cœur. Nous le faisons sociation. Nous les lui fournirons toujours à surtout parce que le projet nous éclate. Je ne titre gratuit. Le premier tome parle de nature, sais pas vivre sans créer. Nous ne pensions pas alors nous avons choisi de verser la totalité des faire de tome 2, ce sont les participants au fonds à une association en lien avec l’environ­ tome 1 qui nous l’ont demandé. Le but carita­ nement, à savoir Natur&Ëmwelt. Dans le deu­ tif porte les gens, leur apporte du sens. xième, nous faisons intervenir un enfant dans un village, en accord avec l’association à qui En tant que chef d’entreprise, sont remis les fonds. Nous voudrions aussi lan­ comment définissez-vous la solidarité ? cer une version audio, avec la voix d’un enfant, C’est une notion qui doit être bien présente pour qu’il raconte l’histoire à un autre enfant. à la base. En interne, dans les projets, en nous Pour le tome 3 aussi, l’histoire aura un lien avec soutenant les uns les autres dans les challen­ ce que défend l’association choisie. J’espère ges quotidiens. Mais aussi envers nos four­ qu’il pourra se concrétiser avant mai 2022, tou­ nisseurs et clients. Nous l’avons senti pendant jours bénévolement. cette crise, les choses se sont faites différem­ ment, avec plus de compréhension. Comment avez-vous choisi les thèmes et les associations soutenues ? Pour le premier, nous avions la volonté d’une association luxembourgeoise. Le thème de l’environnement nous a touchés, peut-être parce que pendant cette période de confine­ ment, la nature a repris ses droits. Ce n’était JANVIER 2022

59


Paperjam Recovery Awards

« Ajouter la résilience aux modèles économiques »

Fondée en 1987 par Michel Greco, l’entreprise a progressivement été intégrée au groupe Post dès 2001. Le logisticien a forte­ment été sollicité pendant la crise pour toutes sortes d’acheminements. Michel Greco a reçu le prix de la résilience lors des Recovery Awards organisés le 2 décembre dernier par le Paperjam + Delano Club.

Le confinement et la crise ont apporté leur lot de nouvelles demandes de livraisons chez Michel Greco. Son directeur, Isidro Lopes, revient sur la réorganisation qui a permis un tour de force… qui se poursuit. Interview MATHILDE OBERT

60

JANVIER 2022

Photo ANDRÉS LEJONA


Isidro Lopes (Michel Greco)

Comment vous êtes-vous organisés pour faire face aux nouvelles demandes exprimées pendant la crise ? Les entreprises n’étaient plus capables de rece­ voir nos coursiers parce que le personnel était en télétravail. Nous avons donc dû réorganiser nos tournées dans l’urgence pour qu’elles se fassent à domicile. Avec un étalement dans tout le pays. D’autres tournées ont été mises en place dans le cadre de nouveaux services nés de la crise, comme la distribution de maté­ riel médical et de denrées alimentaires. Il a fallu adapter notre structure avec la création du service Fresh, qui a nécessité l’acquisition d’une dizaine de camions frigorifiques et d’une unité réfrigérée pour le stockage. Nous avons réalisé toutes les livraisons de Letzshop.lu et continuons à le faire. Nous avons également livré en masques ou en tests antigéniques le ministère de la Santé. Tout cela nécessitait un service 24 heures sur 24, sept jours sur sept, alors que nous avions l’habitude de travailler entre 6 heures et 19 heures.

LE FEED-BACK DU JURY « L’entreprise Michel Greco a changé de business model, avec toute une série de livraisons, investissant dans des camions pour les denrées. Elle a réussi la mise en place du tracking, dans une phase compliquée, tout en maintenant son service de livraison. Ce n’était techniquement pas facile. Elle a tenu le cap tout en servant une nouvelle clientèle, avec plus de particuliers que de B2B. Nous voulions aussi féliciter le secteur du transport. C’est grâce aux livreurs que nous avons pu consommer. » Le jury des Recovery Awards était composé de Barbara Grau (head of corporate R&D and innovation support, Luxinnovation, présidente du jury), Emmanuel Gay (partner, Resultance), Laurent Lucius (project manager, Go Digital, House of Entrepreneurship) et Nobby Brausch (assistant vice-CEO corporate banking, Spuerkeess).

Des embauches ont été nécessaires ? Sur des pics urgents, le personnel administra­ Qu’en est-il de Michel Greco ? tif est venu en aide, par exemple pour la pré­ La population desservie concerne de plus en paration de lots. Nous avons eu aussi recours plus les particuliers (ceux-ci ne font pas partie à de l’intérim et nous avons embauché une de la clientèle directe de Michel Greco, qui les quinzaine de personnes. Elles sont toujours là. livre pour le compte de ses clients professionEt 15, ce n’est que le début. Parce que le ser­ nels, ndlr), qui désirent savoir où est leur colis vice ne s’est pas arrêté. Il y a une forte demande et quand ils vont le recevoir, beaucoup plus sur la livraison de produits frais. Nous déve­ que les professionnels. Notre système ne le loppons cela avec un grand supermarché, non permettait pas, nous avons donc développé luxembourgeois mais sur le territoire, que je en urgence le tracking pour suivre le colis du ne citerai pas. Et d’autres acteurs de plus petite pick-up jusqu’à la livraison grâce à un QR taille comme Ladurée, Amarine… code. C’était un projet que nous avions à long terme, il s’est accéléré sous l’effet de la crise. Quel a été l’impact de la crise sanitaire Et nous continuons de le développer. sur vos autres activités ? Le métier de coursier est devenu inexistant. Pour quel investissement ? Les services de bagagerie à l’aéroport aussi. Plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Photo

Simon Verjus

Comment ont-elles évolué aujourd’hui ? Nous avons une petite reprise, mais pas au niveau où elles étaient avant. Le transport international a aussi chuté énormément à cause du Covid-19, mais aussi du Brexit. Globalement, sortez-vous gagnants ou perdants, au niveau de votre chiffre d’affaires ? Malgré la forte diminution dans certaines acti­ vités, les nouvelles ont permis de récupérer les pertes. La demande nationale a tellement augmenté qu’elle a su absorber le manque des activités internationales. Le chiffre d’affaires ne baisse pas et reste quasiment identique en 2020, à 16 millions d’euros. En 2021, il reste stable aussi, avec une petite augmentation qu’on constate toujours d’année en année. Il a été question de digitalisation des entreprises durant la crise.

Qu’avez-vous appris de la crise sur la façon de gérer l’entreprise ? Nous avons appris que les sociétés doivent ajouter dans leur modèle économique la rési­ lience. Qu’il est important de savoir réagir, mais qu’il faut aussi rester proactif. Nous par­ lions, lors d’une réunion de direction, d’ima­ giner comment anticiper une vague plus destructrice encore que les précédentes ou encore une autre difficulté. À force d’avancer, on trouve un chemin. Au niveau de l’activité de l’entreprise, nous avons remarqué que le consommateur était demandeur d’informations et de services sup­ plémentaires comme le tracking, ce qui nous amènera à en imaginer de nouveaux. La demande en produits nationaux a également augmenté, et cela ne s’arrêtera pas avec la crise. Il y a un changement de mentalité, surtout dans la population la plus jeune. Nous avons aidé la mini-entreprise FrëschKëscht qui propose des

paniers frais et locaux, dont la demande a explosé. Nous avons aussi remarqué un fort besoin de digitalisation en général au Luxem­ bourg. Surtout pour les petits commerçants dont les portes ont fermé du jour au lendemain sans solution d’e-commerce. Comment définiriez-vous cette résilience importante pour les entreprises ? Cela signifie faire face à la crise, grâce à une équipe dynamique, en valorisant les atouts internes et en réinventant les modes opéra­ toires et les services afin de garantir l’emploi et la continuité des activités, en restant pro­ ductif et rentable. Quels sont vos autres projets ? Nous avons imaginé une livraison orientée sur les produits médicaux. Un système met­ tant en lien les pharmacies et les médecins pour récupérer médicaments ou matériels (déambulateur, chaise roulante…). Mais aussi, si besoin, la reprise de ce matériel quand il n’est plus nécessaire. Nous allons travailler là-dessus sérieusement en 2022. La logistique se veut aussi de plus en plus verte. Comment comptez-vous prendre ce virage ? Nous avons commencé à investir dans des véhicules de livraison électriques. C’est le cas des deux véhicules pour la partie concernant les coursiers. Nous sommes en test avec des constructeurs pour la branche dédiée aux colis avec trois véhicules actuellement. L’offre de ce côté reste limitée. Nous sommes aussi en train de réfléchir à des bornes de recharge au plus près des secteurs desservis. Le soutien populaire aux salariés en première ligne comme les livreurs s’est-il essoufflé ? Effectivement, il y avait un énorme soutien. Quand les livreurs passaient, les gens les remer­ ciaient, ils se réjouissaient d’avoir quelqu’un qui sonne à leur porte avec un colis. Aujourd’hui, les gens ne font plus « waouh » quand le chauf­ feur arrive.

JANVIER 2022

61


Paperjam Recovery Awards

« Garder le ‘momentum’ digital » Les racines de BDO au Luxembourg remontent à 1950. Le cabinet emploie plus de 500 personnes. Dès le début de la crise, une grande partie de ses processus ont été digitalisés. BDO a reçu le prix de la digitalisation lors des Recovery Awards organi­sés le 2 décembre dernier par le Paperjam + Delano Club.

Si la digitalisation faisait partie de l’agenda de transformation de BDO avant la crise, cette dernière a rebattu les priorités, comme l’explique Erwan Loquet, associé en charge de la digitalisation au sein du cabinet. Interview MATHILDE OBERT

62

JANVIER 2022

Photo ANDRÉS LEJONA


Erwan Loquet (BDO)

Quelle était votre approche de la digitalisation avant la crise ? Nous étions à un stade de réflexion, nous avions mené certains chantiers vers le paperless dans certains départements, mais ce n’était que des initiatives éparses, plus ou moins avancées. Il y avait aussi, comme dans toute entreprise de cette taille (500 salariés, ndlr) une résistance au changement. Le Covid a été un catalyseur.

Photo

Simon Verjus

Avec, tout d’abord, un changement dans les relations humaines… La crise a en effet chamboulé la relation que nous avions avec nos équipes et avec nos clients. Nous recevions ces derniers dans nos bureaux, nous leur donnions des dossiers papier. Nous vivions dans un monde qui nous paraît aujourd’hui l’ancien monde, alors qu’il date de moins de deux ans. Aujourd’hui, BDO ne ressemble plus à cela et la digitalisation nous a permis de continuer à travailler de manière efficace et à maintenir des relations privilé­ giées avec nos équipes et nos clients.

LE FEED-BACK DU JURY « Nous nous sommes donné trois critères pour évaluer les dossiers : le degré de digitalisation, l’impact sur la relation client et sur l’efficience interne. BDO couvre tous ces aspects. Il a réussi à maintenir les équipes, en mettant le client au centre des préoc­cupations et en optimisant les processus. Son dossier ne représentait pas un projet de digitalisation, mais plusieurs. Avec un point majeur, le change management. C’est un long chemin pour que tout le monde monte à bord : il faut éduquer, former, persuader, rassurer. » Le jury des Recovery Awards était composé de Barbara Grau (head of corporate R&D and innovation support, Luxinnovation, présidente du jury), Emmanuel Gay (partner, Resultance), Laurent Lucius (project manager, Go Digital, House of Entrepreneurship) et Nobby Brausch (assistant vice-CEO corporate banking, Spuerkeess).

électronique. J’adore les beaux stylos, mais je les ai rangés dans un tiroir.

La crise a-t-elle fait naître de nouvelles Combien avez-vous investi dans idées de digitalisation, ou s’agissait-il cette digitalisation ? de chantiers déjà envisagés ? Un certain nombre de choses étaient prévues, Aux alentours de 2 millions d’euros sur une mais de manière plus étalée dans le temps. période très courte. D’autres initiatives avaient été repoussées parce qu’elles représentaient des investisse­ Pour plusieurs projets, vous avez utilisé ments importants, qui se sont révélés néces­ des solutions existantes. Lesquelles ont nécessité un développement de votre part ? saires dans un délai très court. Nous avons la chance d’avoir notre propre société informatique chez BDO. Nous avons Votre digitalisation se poursuit. un logiciel en charge de la gestion KYC / AML Quels sont les projets ? Nous sommes en train de mettre en place (réglementations visant à vérifier l’identité des une nouvelle solution de gestion électronique clients ou fournisseurs, ndlr), que je n’inclus pas des documents. Un projet très important, car dans le coût de l’investissement. Nous l’avons le flux documentaire dans une entreprise développé en interne avant de le commercia­ comme la nôtre représente le cœur de notre liser. Nous avons aussi un logiciel de planifica­ métier. Nous nous sommes également lancés tion des travaux entièrement développé en dans la mise en place d’un nouvel ERP (‘entre- interne. Les coûts sont difficiles à estimer. prise resource planning’, ou progiciel de gestion intégré, qui permet de gérer l’ensemble des La digitalisation est souvent présentée informations et services opérationnels d’une comme un moyen d’industrialiser entreprise, ndlr). Nous allons lancer un appel des tâches à faible valeur ajoutée. Comment en tirer profit ? d’offres très prochainement sur ce sujet. Nous avons beaucoup d’initiatives pour auto­ Pensez-vous déployer ces solutions aussi matiser certaines tâches, faites précédemment rapidement qu’au cœur de la crise ? par des gens très qualifiés, mais qui étaient J’espère que nous allons garder le momentum. chronophages. Nous sommes parvenus à Et que nous allons même, sur certains chan­ convertir cela en temps utilisé de manière plus intelligente. Le personnel se consacre à tiers, accélérer. la relation client et à l’analyse plutôt qu’à l’en­ Vous utilisez par exemple une nouvelle codage. Le but n’est pas de diminuer notre organisation digitale pour l’échange de masse salariale, mais de travailler de manière documents ou la signature électronique. plus intelligente et de répondre à une problé­ Cette organisation se poursuit-elle ou êtesmatique que nous avons : la chasse aux talents. vous revenus en arrière sur certains points ? Aujourd’hui, 65 % de la facturation se fait Quel rôle l’intelligence artificielle électroniquement. Ce chiffre va continuer joue-t-elle ? d’augmenter et tout va passer en facturation Beaucoup d’outils que nous utilisons y font électronique. De même pour la signature appel. Par exemple, dans la reconnaissance

automatisée des documents comptables ou fiscaux. On parle de métiers qui seront bous­ culés. Je pense que l’humain a encore un rôle à jouer. Une machine fera certainement mieux que moi des recherches fiscales ou le lien entre deux arrêts de jurisprudence et un texte fiscal. Mais ce que je ferai mieux qu’elle, c’est expli­ quer et interpréter ce résultat au client. Je vais gagner en efficacité, mais mon rôle ne va pas disparaître. Je crois que le profil des personnes devra changer. Il va falloir se montrer flexible et curieux. Ne pas se reposer sur ses acquis. Quelles sont les principales demandes des clients en cette phase de relance ? Ils souhaitent beaucoup d’accompagnement. C’est peut-être aussi pour cela que notre chiffre d’affaires a augmenté. Beaucoup nous ont demandé de les aider sur les impacts salariaux. D’autres, au contraire, ont connu une certaine croissance. Nous sommes dans une période où les investisseurs ont beaucoup de cash dis­ ponible. De ce fait, nous accompagnons cer­ tains projets de transformation ou d’achat / revente d’entreprises. À quoi le gouvernement devrait-il être attentif pour accompagner les entreprises dans leur relance ? Je vois qu’il reste des entreprises en difficulté qui ont besoin d’aide soit sous forme de finan­ cement, soit sous forme d’accompagnement humain. Beaucoup de cadres existent, mais je pense qu’il ne faut pas relâcher l’effort. D’un point de vue économique, quel a été l’impact de la crise sur vos activités ? Nous avons eu un ralentissement à un certain moment, comme tout le monde. La digitali­ sation nous permet d’ailleurs d’avoir un tableau de bord régulier de nos activités. Mais nous avons pu maintenir un niveau d’activité satis­ faisant. Notre chiffre d’affaires s’élève à 64,3 millions d’euros en 2021, comparé à 60,3 millions d’euros en 2020. Quel regard portez-vous sur la recovery du pays ? J’admire sa capacité d’adaptation. J’ai tendance à dire que le Luxembourg est géré avec une stratégie d’entreprise, qui parfois peut sur­ prendre, être en contradiction avec celle des pays voisins, mais qui s’est révélée historique­ ment tout à fait fondée. Aujourd’hui, nous démontrons, avec la santé financière du Luxem­ bourg, que cette stratégie est la bonne. À chaque fracture dans l’histoire, que ce soit le passage entre les mondes agricole et industriel, ou entre les mondes industriel et tertiaire, cela a été abordé avec beaucoup de vision, et j’espère que cela va continuer.

JANVIER 2022

63


Paperjam Recovery Awards

« On parlera encore longtemps des masques »

Filiale de la Fondation Hôpitaux Robert Schuman, Santé Services a été fondée en 2001.​ Son activité s’est diver­ sifiée pendant la crise avec la production de masques. Elle a reçu le Prix de l’innova­tion lors des Recovery Awards organisés le 2 décembre par le Paperjam + Delano Club.

Santé Services a monté une chaîne de fabrication de masques pendant la pandémie, dont certains dits « virucides ». Son directeur, Michel Schuetz, revient sur cette initiative rimant avec innovation locale. Interview MATHILDE OBERT

64

JANVIER 2022

Photo ANDRÉS LEJONA


Michel Schuetz (Santé Services)

Comment votre définition de l’innovation a-t-elle évolué avec la crise ? Il y a l’innovation graduelle : les améliorations des processus existants. Et celle disruptive, qui change fondamentalement la donne. Avant, nous étions toujours à la recherche des deux. Pendant la crise, la nécessité devient la mère de l’innovation. Dans des situations de grave pénurie, auxquelles nous n’avions jamais été confrontés, il a fallu être créatif. Tout le monde manquait de gel, nous avons étudié comment en produire. Ce n’est peut-être pas innovant en soi, mais ça l’est pour un hôpital qui se fiait à 100 % à ses fournisseurs. Puis il y a eu les masques, dont ceux virucides. Comment s’est passée la collaboration avec Molecular Plasma Group (MPG), qui fournit les machines ? J’ai lu une interview de Marc Jacobs, CEO de MPG, qui émettait l’idée d’utiliser sa techno­ logie pour créer des barrières virucides sur les masques. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé cet homme que je ne connaissais pas avant. J’avais les masques ; lui, la technologie. Nous avons développé la technologie, conçu le produit et nous l’avons fait enregistrer comme dispositif médical en 11 mois.

Photo

Simon Verjus

Comment assurer une production industrielle de masques en Europe, concurrencée par les produits asiatiques, à faible coût ? Je paie des charges au niveau local, donc il est clair que sur les coûts, je ne peux me comparer à des Indiens ou des Chinois. Même chose pour les matières premières qui, chez nous, viennent d’Europe, sinon cela ne réglerait pas la ques­ tion de la dépendance. Si un producteur euro­ péen ou luxembourgeois avait une chance de remporter un marché public, nous nous en sor­ tirions bien. Nous avons essayé à plusieurs reprises, sans succès, parce que l’État regarde le prix. Les masques que nous proposons à 16 centimes (30 sur le site de Letzshop en date de l’interview, le 12 novembre 2021, ndlr) n’ont aucune chance par rapport aux chinois à 6 cen­ times. Peut-être que le prix est plus élevé, mais si on regarde la valeur ajoutée au système cir­ culaire de l’économie, je suis sûr qu’il y a un gros avantage à se fournir localement. Car je paie des salaires, des taxes, un loyer, un impri­ meur luxembourgeois, qui lui-même occupe des gens. Vous avez investi 677.000 euros rien que pour la machine à masques chirurgicaux et celle à masques FFP2, pris en charge à 80 % par des aides de l’État. La production est-elle rentable ? Nous n’avons jamais gagné un sou sur les près de 13 millions de masques produits. Nous enre­ gistrons même une perte de près de 150.000 euros. Mais c’est la chose à faire. Notre maison mère est une fondation avec une vocation de santé

LE FEED-BACK DU JURY « Nous avons évalué les projets selon le degré d’innovation par rapport à l’état de l’art, l’impact au niveau de la crise sanitaire et la création de substance au Luxembourg. Il s’agit du premier masque virucide 100 % luxembourgeois, avec beaucoup de tests pour vérifier son confort. Ils ont réagi très rapidement en lançant cette business line dès avril 2020, ont travaillé avec plusieurs entreprises luxembourgeoises et créé des emplois. » Le jury des Recovery Awards était composé de Barbara Grau (head of corporate R&D and innovation support, Luxinnovation, présidente du jury), Emmanuel Gay (partner, Resultance), Laurent Lucius (project manager, Go Digital, House of Entrepreneurship) et Nobby Brausch (assistant vice-CEO corporate banking, Spuerkeess).

publique, elle est prête à absorber cette perte. Je n’ai pas la même pression qu’un acteur 100 % économique.

Sont-elles revenues à la normale ? Depuis septembre, l’hôpital est plein, en rai­ son des opérations décalées pendant la crise. Au niveau de l’activité, c’est peut-être revenu à la normale, mais dans la tête des gens, je ne pense pas. Beaucoup considèrent l’hôpital comme un nid où on risque de choper le Covid. En plus des masques, comment avez-vous comblé le manque à gagner, pour atteindre 20,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, contre 13,9 millions en 2019 ? Nos fournisseurs habituels nous ont laissé tom­ ber, nous avons commencé à nous approvision­ ner nous-mêmes et à le faire pour d’autres acteurs. En créant notre business MedLogistics, qui fait du trading de différents articles. Santé Services a aussi été un sous-traitant des Laboratoires Réunis dans le large scale testing. Avez-vous dû embaucher de nouvelles personnes ? Nous avons créé 12 emplois à temps plein. Nous comptons entre 65 et 70 employés.

Doit-on reconsidérer les moyens à attribuer au secteur hospitalier ? Cette activité se poursuivra-t-elle Quand vous êtes infirmier, vous portez pan­ après la crise ? Nous estimons quand même le besoin hors talon et blouse plus un costume en Tyvek, des crise à plus de 5 millions de masques par an en gants, des bottes, un masque FFP2, des lunettes provenance des hôpitaux, dentistes, profes­ de sécurité et un bonnet, pendant 12 heures. sionnels de santé, vétérinaires… Je suis convaincu Vous devez retourner toutes les quatre heures qu’on parlera encore longtemps des masques. des patients qui font parfois le double de votre En Asie, avant la crise, les gens portaient des poids. Au début de la crise, on a applaudi les masques. Est-ce que ce modèle se transposera infirmiers, ce n’est plus le cas et je trouve cela en Europe ? Je ne pense pas. Mais les choses malheureux. Les hôpitaux ont besoin d’aide. ont changé dans la tête des gens, et il ne va pas Ils ont perdu de l’argent pendant la crise. disparaître. Est-ce qu’on a eu une vague de grippe en 2020 ? Non, parce que tout le monde Quelles leçons en tirez-vous ? portait le masque. Et a appris à se laver les mains. Dans une crise, il n’y a pas de place pour l’égoïsme. Le Luxembourg est trop petit pour que les quatre MPG s’est associé à d’autres entreprises hôpitaux ne travaillent pas ensemble. Il faut et prévoit même l’utilisation de son aussi du leadership, prendre des décisions, et produit virucide sur d’autres surfaces vite. On a pu voir que tout le monde a son rôle que les masques. Avez-vous aussi à jouer, du directeur à l’agent d’entretien. La d’autres débouchés ? leçon la plus importante, c’est notre dépen­ Nous avons une liste de projets. Par exemple, dance à l’Asie. Nous avons créé un système où remplacer les systèmes de filtration des salles on pousse tout vers des pays à bas coût et faible d’opération par des filtres virucides. On pour­ qualité. Moi-même, j’en fais partie, j’ai construit rait imaginer la même chose sur les blouses trois usines en Chine. J’essaie aujourd’hui de jetables. ramener une production au Luxembourg. Je ne dis pas de repartir 100 % en arrière, mais il y a À quel point ces idées des choses pour lesquelles nous sommes trop sont-elles avancées ? dépendants. Une chose après l’autre. Nous en sommes à la mise à l’échelle industrielle pour les masques Quels sont vos projets pour 2022 ? virucides. Nous allons lancer, avec un partenaire, un laboratoire de certification luxembourgeois. En dehors des masques, comment la crise Nous sommes également en train de mettre a-t-elle touché vos activités traditionnelles ? en place un système utilisant la technologie Nous produisons des repas pour les hôpitaux. de la blockchain pour vérifier l’authenticité Pendant plusieurs mois, ils ont été fermés des certificats ou des laboratoires. (aux opérations non prioritaires, ndlr). Nous avons considérablement souffert. JANVIER 2022

65


Débat public   L’actualité parle sans cesse des flux de migrants ou de réfugiés désirant s’installer dans un pays de l’Union européenne. Les motifs de migration varient selon que les personnes veulent demander l’asile – car elles sont persécutées dans leur pays – ou qu’elles migrent pour le travail, pour rejoindre leur famille, étudier ou encore chercher de meilleures perspectives de vie. L’augmentation des flux migratoires et la pression de l’opinion publique font que les décideurs politiques disent vouloir mieux contrôler leurs frontières pour limiter l’accès des migrants à leurs territoires. Or, le marché du travail a besoin de travailleurs supplé­ mentaires. La Commission européenne considère la migration limitée dans le temps comme un moyen pour les États membres de l’Union de satisfaire ce besoin. Les pays d’origine profiteraient ainsi des transferts d’argent des migrants à leurs familles, importants pour le développement local, et la migration répondrait à la nécessité des pays d’origine de bénéficier de transferts de compétences et d’atté­nuer les conséquences de la fuite des cerveaux. La Commission européenne la désigne comme « une forme de migration gérée de façon à permettre un certain degré de mobilité licite, dans les deux sens, entre deux pays ». Au Luxembourg, la Chambre des députés a voté, en 2015, une loi qui crée des règles de mobilité réciproques entre le Luxem­ bourg et le Cap-Vert. Ce dispositif de migration circulaire cible les personnes « hautement qualifiées » comme les avocats, les hommes d’affaires ou les fonctionnaires d’État, ainsi que les jeunes.

Laura Zuccoli Présidente de l’Asti

Il est regrettable que les travailleurs non qualifiés – qui consti­tuent le gros de l’immigration capverdienne au Luxem­bourg – soient les grands oubliés de cet accord. Six ans après, aucune évaluation du texte n’a été faite. Pourquoi ne serait-il pas possible de s’installer temporairement dans le pays de son choix, que l’on soit issu d’un pays de l’OCDE ou d’un pays en voie de développement ? Vivre et tra­vailler dans un autre pays, y partager et renforcer ses compétences, élargir son réseau de contacts, puis retourner dans son pays d’origine permet­­trait de profiter des plus-values de l’expérience migra­toire. Ceci est courant pour des professions hautement qualifiées, surtout entre pays développés, mais reste inaccessible au plus grand nombre. Proposer des voies d’entrée légale aux migrants au sein de pro­ grammes de développement du ministère de la Coopé­ra­tion lierait immigration et développement. Créer une migration circulaire par l’accès à l’expérience profes­ sionnelle dans nos entreprises, tout en prévoyant pour le migrant qui retourne après un certain temps dans son pays une perspective d’emploi dans le cadre d’un projet économique ou de développement, serait profitable pour tous.

Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne une carte blanche aux représentants de la société civile. Si vous voulez témoigner, contactez la rédaction de Paperjam à l’adresse suivante: temoignage@paperjam.lu. Photo MATIC ZORMAN

66

JANVIER 2022


NOVEMBRE MARS 2020 2021

67


BRAND VOICE

Aurélien Dobbels et Nicolas Legay, cofondateurs de la start-up Cocoonut.

Contenu sponsorisé par COCOONUT

Proposer des espaces de vie de qualité et des baux flexibles tout en favorisant l’aspect communautaire est la promesse de Cocoonut. Cette dernière propose un concept innovant au Luxembourg : le coliving. Un modèle de partage de ressources amené à s’étendre. 68

JANVIER 2022

Favoriser le vivre-ensemble La particularité du coliving est de favoriser l’aspect communautaire en misant sur le partage de grands espaces communs à la décoration soignée et de caractère tout

en profitant d’espaces privatifs (chambres de 20 m2 environ avec salles de bains et WC privatifs), mais aussi de baux flexibles en termes de durée et de modalités de sortie. « Le découpage en tribus est très important à nos yeux. Si nous prenons l’exemple d’un immeuble de 50 chambres, l’idée n’est pas de proposer un séjour ainsi qu’une cuisine pour tous les colivers mais de recréer de petites familles de dix personnes autour d’espaces communs et de reproduire ce modèle plusieurs fois », annonce Nicolas Legay. Ce modèle de location financièrement intéressant est fortement recherché pas des usagers venant tout droit de l’étranger, souhaitant s’installer au Luxembourg, y trouver un logement pratique, idéalement situé (proche des hubs de transport et des quartiers d’affaires) et ainsi

Photo

Une nouvelle conception de l’habitation

Selon l’étude One Shared House 2030, nous serons, d’ici quelques années, plus de 70 % à résider en agglomération et autant à nous tourner vers le coliving au sens large, c’est-àdire le partage de ressources (en termes de transport, d’habitat ou de travail). « Le coliving, au sens résidentiel, s’appuie lui aussi sur ce principe de collaboration. Nous nous dirigeons de plus en plus vers une société urbanisée et densifiée, et le partage de ressources s’inscrit véritablement dans cette optique. Ce modèle va continuer à se développer, c’est notre conviction », explique Nicolas Legay, cofondateur de Cocoonut.

Simon Verjus

Commerce


EN CHIFFRES accéder à une communauté pour éviter d’être seuls. C’est pour répondre à cette demande croissante que Cocoonut s’est lancée dans l’aventure du coliving. « Nous avons trois centres d’intérêt communs : l’innovation, l’immobilier et le design. Nous avons constaté que le coliving se trouvait à la frontière de ceux-ci. Expatriés, nous avons nous aussi fait face aux problèmes de logement. C’est pourquoi nous avons décidé de nous orienter vers cette activité », déclare Aurélien Dobbels. Un interlocuteur unique pour les propriétaires et investisseurs Aujourd’hui, les deux fondateurs ont pour ambition d’étendre ce modèle de partage des ressources à des dimensions plus larges que le résidentiel : celles du travail avec des espaces de coworking de taille limitée, mais aussi de la restauration et des loisirs, avec un concept de Food court réunissant plusieurs restaurateurs. « En échangeant avec les promoteurs, investi­sseurs et développeurs, nous nous sommes aperçus de façon récurrente que tous étaient à la recherche d’un opérateur unique pour ces différents types d’espaces », soulignent Aurélien Dobbels et Nicolas Legay. Si la demande est importante, les avantages pour ces propriétaires ne sont pas

« Nous souhaitons déployer ce modèle et ces différentes offres sur une unité de type immeuble afin de créer des synergies entre les usagers. » Aurélien Dobbels

+ 100

unités de coliving sous contrat à ce jour

~ 300

unités de coliving en projet de développement

+ 1.000 m2

d’espaces de bureaux / coworking

+ 2.000 m2

d’espaces de food & beverage sont à l’étude

négligeables. En se diversifiant, ces derniers s’assurent d’avoir affaire à un opérateur unique pour l’ensemble de l’immeuble. La gestion des locataires et des éventuels problèmes est ici déléguée à cet opérateur qui devient alors la personne de référence. L’investisseur / promoteur bénéficie en outre d’un rendement plus élevé, de rentrées mensuelles fixes et d’une vacance locative plus faible. Faciliter la création de synergies au sein d’un quartier S’ils souhaitaient jusqu’à présent aménager des loge­ ments dans lesquels ils auraient souhaité vivre, les deux opérateurs ambitionnent à présent de concevoir des espaces conviviaux dans lesquels ils souhaiteraient installer leurs bureaux ou se divertir. Il est important de noter que cette diversification s’applique exclusivement aux projets de grande taille (c’est-à-dire un minimum de 1.000 m2), excluant par conséquent les maisons individuelles et maisons de maître d’une superficie de 300-400 m2. « Nous souhaitons déployer ce modèle et ces différentes offres sur une unité de type immeuble afin de créer des synergies entre les usagers de chaque espace », confie Aurélien Dobbels. En effet, les colivers pourront par exemple utiliser les espaces de coworking lorsqu’ils souhaitent télétravailler. « Nous voulons offrir un espace de travail confortable aux résidents, mais aussi permettre aux colivers

et coworkers, ainsi qu’au voisinage, de profiter des espaces de restauration. Effectivement, des synergies voient également le jour avec les résidents du quartier », précise Nicolas Legay. Des échanges et accès qui seront facilités et renforcés grâce à l’aspect technologique et l’application sur lesquels travaille actuellement Cocoonut. Pour proposer ce nouveau modèle, Cocoonut a jeté son dévolu sur un immeuble situé rue du Curé, en plein cœur de Luxembourg-Ville, et composé

« Nous nous dirigeons de plus en plus vers une société urbanisée et densifiée, et le partage de ressources s’inscrit véritablement dans cette optique. » Nicolas Legay

d’un rez-de-chaussée et de cinq étages. Son défi : répondre aux contraintes urbanistiques en amenant du logement, du bureau et du commerce. « Les niveaux supérieurs sont généralement destinés au coliving tandis que les étages intermédiaires accueillent des espaces de coworking. Au rez-de-chaussée, nous retrouvons des socles qu’il faut animer pour les résidents, mais également pour les personnes habitant à proximité. Nous parlons souvent d’eatertainment », ajoute Aurélien Dobbels. En complément, les sous-sols sont dédiés à des espaces de laverie, des salles

de fitness ou de projection, tandis que des espaces extra communs comme des rooftops sont accessibles pour l’ensemble de ces utilisateurs. Offrir des espaces premium aux usagers Si ce type d’immeuble convient aussi bien à des constructions neuves qu’à des biens existants, opter pour une transformation demande à l’opérateur de s’adapter et de se montrer créatif. « Quand il s’agit d’immeubles neufs, nous partons de zéro, ce qui est relativement simple. En ce qui concerne l’existant, des contraintes sont à prévoir : les issues de secours, les arrivées d’eau, les évacuations, notamment. Il faut parfois tout repenser », confie Nicolas Legay. Il est en effet indispensable de faire appel aux services de l’urbanisme, du logement, de l’hygiène ou encore aux pompiers. Des démarches nécessaires pour garantir que l’immeuble est aux normes et proposer aux usagers une offre premium. Les projets à venir Dans les six prochains mois, Cocoonut a pour ambition de créer une cinquantaine de chambres ainsi que des espaces de coworking. Plusieurs projets d’immeubles « mixtes » sont d’ores et déjà en route. À partir du premier trimestre 2022, trois immeubles verront le jour : un à Belval, un deuxième situé place de l’Étoile sera également adapté à ce modèle de partage de ressources, sans oublier l’immeuble de la rue du Curé.

s ? projet ar nos p s r é u s s s ous Intére ctez-n Conta m

he

JANVIER 2022

t.co

coonu

veco llo@li

69


Enjeux

6 %

Quel rythme pour la croissance en 2022 ? 5

4 %

2,7

2 % 1,6

0

-2 %

-4 %

-6 %

CROISSANCE DU LUXEMBOURG

CROISSANCE EUROPÉENNE

-0,01

S’il est déjà acquis que la croissance exceptionnelle de 2021 ne sera pas de la partie, 2022 s’annonce comme une année pleine d’imprévus. Mais quels seront les thèmes, les motsclés qui nous accompagne­ ront les 12 prochains mois ? Paperjam a posé cette question à trois obser­vateurs de la vie économique. L’occasion d’un tour d’horizon prospectif.

1 L’inévi­table bifurcation

Pierre Mangers, CEO et fondateur du cabinet Manghini Consulting, décortique les dessous de la croissance. p. 72

2 La menace de

la hausse des coûts

Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, dresse les enjeux de l’année pour les entreprises. p. 74

3 « Prendre du risque sur les actions » Interview avec Vincent Juvyns, de J.P. Morgan Asset Management, sur les oppor­ tunités à saisir sur les marchés en 2022. p. 76

4 Six tendances

pour 2022... et au-delà Zoom sur les technologies disruptives à suivre. p. 80

5 Les mots-clés

de l’année

Ces différents termes seront sur toutes les lèvres. Explications. p. 82

-8 % 2012 70

JANVIER 2022

2013

2014

2015

2016

2017


6 5,9

5

4,9

2,7 2,4

CROISSANCE MONDIALE

PRÉVISIONS DE CROISSANCE

UNE CROISSANCE INCERTAINE Portée par des politiques budgétaires et moné­ taires très « accommodantes », l’économie a plutôt bien résisté à la pandémie de Covid-19 et son rebond a été spectaculaire. Les prévi­ sions pour les deux années à venir présagent un retour à la moyenne observée ces 10 dernières années. Deux inconnues ajoutent cependant une certaine dose d’incertitude : l’évolu­tion de la situation sanitaire et l’évolution de ces mêmes politiques budgétaires et monétaires face au retour de l’inflation.

-3,5

Source Statec Source Zone euro Source Banque mondiale et prévisions FMI

-6,4

2018

2019

2020

2021

2022

2023 JANVIER 2022

2024 71


1 Les dessous de la croissance

L'inévitable bifurcation Version modifiée de l’article au 20 décembre 2021.

Pour Pierre Mangers, CEO et fondateur du cabinet Manghini Consulting, 2022 préfigurera la bifurcation de l’économie globale, portée par des tendances macroéconomiques et démographiques structurelles. Qu’il convient d’appréhender dans leur ensemble. Actuellement, le paysage économique est fortement marqué par une volonté post-pandémique de dépenser, ce qui porte la croissance. « Mais cette croissance est-elle soutenable et quel en sera le coût ? », s’interroge Pierre Mangers, CEO et fondateur du cabinet de conseil en stratégie et en management, Manghini Consulting. L’inflation est actuellement la plus grande menace – résurgence de la pandémie mise à part – qui pèse sur la croissance. Et tout le débat est de savoir si celle-ci est transitoire ou si ses causes sont plus structurelles que conjoncturelles, et s’il va donc falloir réapprendre à les gérer. Pierre Mangers a choisi son camp. Pour lui, la crise financière de 2008 n’est pas encore digérée. Une crise qui, via la production massive d’argent par les banques centrales – un argent qui ne trouve pas forcément où s’investir –, a planté les graines de l’inflation d’aujourd’hui, amenée à se renforcer et que la conjoncture seule ne suffit plus à expliquer. « Dans les grandes économies du monde, ÉtatsUnis, Allemagne, l’inflation tourne autour de 5 à 6 %, un taux bien plus élevé que par le passé et trop élevé pour perdurer sans contrôle des banques centrales », constate l’ingénieur et économiste. Conclusion : « Au-delà de la conjoncture liée au redémarrage d’une économie freinée par des 72

JANVIER 2022

goulots d’étranglement de la capacité de production, cette inflation est la résultante de plusieurs composantes plus structurelles qui constituent autant de défis à relever pour les États. » Les conséquences d’une forme de « déglobalisation » Au premier rang figure, selon lui, le changement structurel de l’offre alimentée par la réindustrialisation. « Beaucoup de pays sont en train de rapatrier certains actifs de production dans des secteurs comme l’automobile, les semi-conducteurs, la pharmacie. Ces pays veulent reprendre une certaine autonomie dans des secteurs jugés clés. Mais développer de telles capacités en interne va faire augmenter les prix de revient. » Ce mouvement de « déglobalisation » ne permet en effet plus d’importer d’Asie ou d’Europe de l’Est une faible inflation. La « déglobalisation » risque également de modifier le tissu économique. Pierre Mangers voit en effet émerger des clusters économiques régionaux en phase avec la « très forte » volonté des États et des entreprises de limiter leur empreinte carbone. « Transporter des produits de l’hémisphère Nord vers l’hémisphère Sud n’est plus dans le Zeitgeist. Nous allons vers une régionalisation de la demande et une plus grande autosuffisance des centres de consom-

mation transfrontaliers. Ce modèle de développement sera à mon sens plus durable et plus acceptable par la société. » Cette éventuelle « déglobalisation » – et donc le fait que les économies deviennent plus autosuffisantes – ne se fera pas du jour au lendemain. « C’est un thème à 10 ans. » C’est aussi un thème qui demande une grande implication. Des entreprises, d’abord, qui doivent repenser toute leur stratégie de production et produire au plus près les biens et services essentiels au bon fonctionnement de leur économie. Elles doivent penser national, mais aussi régional, voire suprarégional. « C’est tout particulièrement vrai pour le Luxembourg, qui se trouve au centre d’une zone transfrontalière rassemblant 12 millions de personnes. Cette zone sera demain la zone de prédilection du commerce luxembourgeois. » Mais les États auront également leur rôle à jouer : « Réindustrialiser un pays signifie recréer des ressources et un savoirfaire qui ont disparu ces 20 dernières années. Il y a beaucoup de métiers et de compétences qui n’existent simplement plus. Comme en matière de production de semi-conducteurs. » Pour recréer ces compétences, il faudra investir aussi bien dans la digitalisation que dans la formation, voire l’éducation. Un challenge d’ailleurs partagé avec les entreprises. « La formation sera un défi et un sujet récurrents », insiste-t-il. Un tournant de l’offre et de la demande de main-d’œuvre Si la « déglobalisation » peut avoir un effet positif sur l’évolution du chômage et l’empreinte carbone, la digitalisation de l’économie agit dans le sens contraire, indique Pierre Mangers. En effet, l’expert estime qu’elle supprime plus d’emplois qu’elle n’en crée et fait augmenter la consommation électrique des centres d’hébergement des données massives est en croissance exponentielle. Les emplois nouvellement créés seront réservés presque exclusivement aux profils très qualifiés. La question se pose de savoir comment s’occuper des autres qui se trouveront déclassés. « Les États vont devoir se mobiliser pour former, voire reconvertir ces gens vers d’autres débouchés ayant besoin de main-d’œuvre. » L’évolution de l’offre et de la demande de main-d’œuvre est justement la deuxième composante économique structurante des mois et années à venir, selon Pierre Mangers. Des années de 1980 jusqu’aux années 2000, l’offre des travailleurs était supérieure à la demande grâce aux baby-boomers et à l’entrée massive des femmes sur le marché du travail avec une forte résultante déflationniste alimentée par la globalisation. Aujourd’hui, observe Pierre Mangers, le nombre de travailleurs baisse dans toutes les économies avancées. « Si d’un côté il n’y a pas assez de gens pour produire, mais que de l’autre il y a une demande solvable pour acheter plus de biens et de services, cela crée un déséquilibre économique colossal ayant comme consé-


Matic Zorman Photo

la santé. « Et la mauvaise nouvelle, c’est que les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle n’ont pas le potentiel dans ce secteur pour PIERRE MANGERS CEO de Manghini se substituer à un être humain. L’empathie d’une intelligence artificielle est de zéro. » Pour le CEO de Manghini, l’État doit d’urgence s’interroger sur l’évolution de ses besoins de main-d’œuvre à long terme. « Avec nos faibles taux de natalité, résoudre ces problèmes ne sera possible qu’en réorientant les travailleurs licenciés à cause de la digitalisation, et par une immigration sélective et ethniquement responsable. » Ce défi en matière de formation va de pair avec un effort à faire en termes d’éducation. « Le niveau d’éducation générale est en chute libre. La pandémie a montré une véritable incompréhension des faits scientifiques et des statistiques par la population. On ne sait plus lire des histoquence une hausse des prix face à la pénurie de grammes », constate, amer, Pierre Mangers pour l’offre. Et dès que les partenaires sociaux et les qui les mathématiques sont la branche du savoir patrons s’attendent à une inflation, une prophé- la plus importante du 21e siècle. « Pour qu’un tie autoréalisatrice se met en marche avec un pays soit souverain en matière de décisions relaeffet auto-allumant. Il ne faut pas oublier l’His- tives aux nouvelles technologies numériques, il toire. » Cette pénurie de main-d’œuvre due au faut que la population, ou du moins les décideurs, vieillissement de la population est de plus maîtrisent les mathématiques et soient capables aggravée par l’essor des maladies neurodégé- d’interpréter les données, l’or noir de ce siècle. » nératives. « Alors que le nombre de travailleurs décroît, ceux-ci doivent en prime s’occuper de Des besoins aigus de financement leurs proches touchés par ces maladies. Regar- Ces deux tendances, à savoir la « déglobalidez ce qui se passe au Japon où 10 % de la popu- sation » et le manque de main-d’œuvre, créent lation active doit s’occuper de ses ascendants. Si des tensions inflationnistes structurelles à ce travail n’est pas qualifié de productif par les même de contrarier les politiques de taux bas économistes, il doit cependant être fait », observe des banques centrales. Une inflation que Pierre Mangers voit se Pierre Mangers pour qui la gestion des personnes âgées est un défi avec des besoins de stabiliser à un niveau oscillant entre 5 % et 6 %. prise en charge croissants et un impact sur le « Qu’est-ce que cela implique ? Que les banques financement de la sécurité sociale. Et ils devraient centrales n’auront d’autres choix que d’augmencroître sous l’effet de la pandémie et de l’ex- ter les taux directeurs ! ». Et même si cette remonplosion des cas de Covid long, « un Covid long tée se fait de manière probablement très prudente qui touche entre 10 % et 14 % de la population et très progressive, elle augmentera mécaniactive. C’est comme si vous donniez un coup de quement le poids de la dette des États, des marteau à une population entière qui vieillit ménages et des entreprises. Et automatiqued’un coup. Un phénomène encore sous les radars ». ment une hausse des faillites et des inégalités Pierre Mangers parle d’une crise du secteur de sociales. « Des inégalités sociales qu’il faudra

«  Peu importe la forme que prendra ce tour de vis fiscal, hausse de la TVA, hausse des impôts fonciers ou n’importe quoi d’autre. Il est inévitable. »

PRÉVISIONS D’INFLATION Scénario central du Statec pour le Luxembourg Scénario du FMI pour le monde

Scénario de la BCE pour la zone euro

5 % 4,30 % 4 % 3,20 % 2,80 %

Sources

Statec, BCE et FMI

3 %

2,50 %

2,30 %

1,90 %

2 %

1 %

2,50 %

0,80 %

Nouvelle donne immobilière Pour Pierre Mangers, la prévisible hausse des taux d’intérêt aura un effet sur le marché immobilier national comme international. « Je suis fermement con­ vaincu que l’immobilier est un objet de spéculation pour les gens qui n’osent pas aller sur les marchés financiers ou qui y sont déjà fortement investis ainsi que pour les investisseurs internationaux qui ont mis le Luxembourg sur leur radar. » Il voit se profiler à terme une évolution majeure : une reconfiguration des surfaces de bureaux « libérées » par l’essor du télétravail ainsi que par une importance accrue du recours à l’offshoring et aux technologies digitales et d’intelligence artificielle. « Un grand cabinet international de services n’a pas besoin de recruter tout son personnel au Luxem­ bourg pour être productif. Poussée par le Covid, la réflex­ion sur ce qu’il est clé d’avoir au Luxembourg au niveau des fonctions de production pour pouvoir fonctionner est d’ores et déjà à l’agenda des décideurs économiques », poursuit-il. Cette réflex­ion, combinée à la hausse des taux, lui semble annoncer un changement de la donne : l’inflation et la remontée des taux vont avoir un effet correcteur de 10 % à 15 %, selon la BCE, sur les niveaux de prix qui deviendront « plus abordables pour les ménages ».

corriger par un recours accru à la solidarité et donc une augmentation des dépenses sociales – allocations de chômage, allocation de vie chère… » L’économiste s’attend à une hausse « drastique » de la charge fiscale, car « des besoins aigus de financement se profilent ». « Peu importe la forme que prendra ce tour de vis fiscal, hausse de la TVA, hausse des impôts fonciers ou n’importe quoi d’autre. Il est inévitable. Il faut être réaliste : l’État va devoir honorer le service de ses dettes tout en soutenant le tissu industriel et en investissant dans le numérique et dans la formation. » Une dernière tendance structurante ne doit pas être oubliée : celle de la transition vers une énergie décarbonée. Chose qui ne va pas de soi, comme en témoignent les actuelles discussions sur la taxonomie européenne, et qui opposent d’un côté, les partisans d’un classement du nucléaire comme énergie propre – et donc susceptible de recevoir des investissements – et de l’autre, les Luxembourgeois pour qui le nucléaire n’est pas une énergie d’avenir et qui privilégient le gaz pour sortir du charbon, en attendant l’éolien. Finalement, il faut juste que la politique s’empare de cette formidable opportunité qu’offre 2022 pour réconcilier le développement économique vert avec la cohésion sociale, en créant un nouveau cadre légal accompagnant la transition vers une économie à tendance plus inflationniste d’ici 2030.

0,30 % 0 %

2020

2021

2022

Auteur MARC FASSONE

JANVIER 2022

73


2 Sur le radar des entreprises

La menace de la hausse des coûts Pour Carlo Thelen, si les sujets d’inquiétude sont nombreux pour les entreprises, la hausse des coûts semble fédérer tous les autres. Dans le contexte actuel, il faut éviter avant tout « d’étouffer la relance » en mettant tout en œuvre pour ne pas malmener la rentabilité des entreprises et la compétitivité du pays, estime le directeur général de la Chambre de commerce.

À la sortie de l’été, tous les clignotants étaient au vert pour les entreprises. « La reprise était quasi généralisée. Et elle était particulièrement marquée au Luxembourg, avec une hausse du PIB de l’ordre de 6 %. Les finances publiques ont bien résisté avec des recettes plus élevées que prévu, des déficits moins importants que ce que l’on craignait encore fin 2020. La vague des faillites n’est pas encore venue, grâce notamment aux aides étatiques », résume Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce. Depuis, « alors que la relance était forte et l’optimisme élevé », les nuages macro­économiques se sont accumulés. Des nuages qui laissent pré­ sager une hausse des coûts avec ses corollaires, tels que la baisse du chiffre d’affaires et de la rentabilité. La hausse généralisée des coûts des matières premières et de l’énergie ainsi que la multiplication des problèmes d’approvision­ nement sont à l’origine d’une reprise de l’infla­ tion qui inquiète d’autant plus Carlo Thelen qu’au Luxembourg, « elle déclenche les automatismes sous-jacents au système de l’échelle mobile 74

JANVIER 2022

BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE La Chambre de commerce vient de publier son traditionnel Baromètre de l’économie, qui mesure notamment le climat des affaires.

62,1

C’est le niveau atteint par le baro­mètre, le plus haut depuis 2019. Mesuré avant la reprise de la pandémie, il témoigne d’un certain retour de la confiance envers l’avenir de la part des dirigeants d’entreprise.

48 %

C’est le pourcentage des entrepreneurs qui s’attendent à ce que leur activité reste stable pendant les 6 mois à venir. C’est 2 % de plus qu’il y a 6 mois.

30 %

C’est le pourcentage d’entreprises souhaitant augmenter leurs effectifs. 8 % envisagent une réduction.

des salaires, communément appelée ‘indexation’. Celle-ci pénalise doublement la plupart des entreprises : premièrement, du fait du renchérissement des coûts de production, et deuxièmement, à travers une hausse imposée des salaires de 2,5 % après chaque déclenchement d’une tranche indiciaire ». La querelle d’école entre ceux pour qui la hausse des prix sera transitoire – et de citer la Commission européenne, qui considère que la reprise de la pandémie va freiner la relance, donc résorber les goulots d’étranglement et assécher les tendances inflationnistes – et ceux qui estiment qu’elle ne le sera pas, lui apparaît presque comme secondaire. De nouvelles idées pour « désindexer » Ses craintes sont plus dirigées vers les consé­ quences pour l’économie nationale d’un « impact de second tour » dû à l’indexation. Comprendre : une spirale auto-entretenue d’augmentation des prix, puis des salaires, puis des prix, ren­ forçant d’autant l’inflation. Un phénomène auquel le Luxembourg est particulièrement sensible. « Dans une économie de services comme la nôtre, répercuter sur le consommateur la hausse des prix est facile », insiste le directeur général de la Chambre de commerce. Qui complète : « Sauf pour les services soumis à la concurrence internationale comme les services financiers. » Dans ce cas, l’in­ tégralité de la hausse due à l’indexation ne pourra pas être répercutée sur le consomma­ teur final. « L’indexation impactera alors directement la rentabilité. Une situation difficile à expliquer à des maisons mères. Les grandes entreprises de services financiers sont souvent des filiales d’entreprises étrangères qui ne comprennent pas ce système. » Face à cet effet « boule de neige » prévisible, qui place le pays en situation de désavantage « par rapport à d’autres pays qui n’ont pas ce système », la Chambre de commerce va faire de nouvelles propositions « pour rendre le système de l’indexation automatique et intégrale des salaires plus compatible avec les hausses inflationnistes dans une des économies les plus ouvertes au monde, tout en conservant la composante sociale à la base du système ». L’inflation ?« Si, dans d’autres pays, l’inflation pourrait se calmer sans doute à la fin de 2022, elle va s’installer durablement au Luxembourg. Et ça, c’est quelque chose qui est hautement dommageable pour une économie comme la nôtre, qui vit de ses exportations », ajoute Carlo Thelen. Avec à la clé une perte de compétitivité. Voire d’attractivité de « l’adresse Luxembourg ». Pénurie de main-d’œuvre L’autre source majeure d’inquiétude pour les entreprises est le manque de main-d’œuvre. Un manque « traditionnel » qui va en s’amplifiant. « Lorsque l’on parle aujourd’hui avec les entreprises, le manque de main-d’œuvre est un grave problème au quotidien. Par exemple, on n’a plus


Loi Rau, le retour ? CARLO THELEN Directeur général Chambre de commerce

Photo

Andrés Lejona (archives)

«  Beaucoup de juridic­ tions font des efforts pour être attractives, alors que nous, nous restons quelque peu conservateurs. »

Si l’on peut considérer la fiscalité comme un coût pour les entreprises, elle peut – elle doit – aussi avoir un côté incitatif. Carlo Thelen pointe un manque, celui d’un levier pour que les ménages et les personnes privées investissent dans les entreprises locales. Une sorte de « loi Rau » qui permettrait d’orienter les actuels excédents d’épargne des ménages – estimés à plus de 2 milliards d’euros – ailleurs que vers le secteur immobilier. Carlo Thelen explique : « Selon la Commis­ sion européenne, le secteur immobilier, est le plus surévalué en Europe. Je crois que ce secteur attire déjà suffisamment d’argent et que rendre les investissements dans la pierre un peu moins attractifs pour orienter des fonds vers l’entrepreneuriat serait une bonne chose pour l’économie. » De tels systèmes existent en Europe, en Belgique, en France ou encore en Allemagne, notamment. On pourrait s’en inspirer, estime le directeur général de la Chambre de commerce. Qui regrette l’absence d’un tel dispositif dans la boîte à outils luxembourgeoise. Celui-ci pourrait profiter aux apporteurs de fonds propres dans des entreprises bien ciblées, comme les start-up. « C’est quelque chose qui pourrait stimuler l’entrepreneuriat. » Un tel dispositif a déjà existé dans le droit luxembourgeois. Les plus anciens se rappellent, souvent avec émotion, de la loi Rau, du nom de son auteur, le député CSV Fernand Rau. Adoptée en 1984 et largement modi­ fiée en 1993, la loi entendait favoriser l’investissement dans les entreprises nationales dans l’intérêt du développement économique du pays, en exonérant une partie des montants investis, en direct ou via des fonds, si ceux-là plaçaient au moins 75 % de leur capital dans lesdites entités. Les fonds d’investissement « loi Rau » ont vite trouvé leur public, le plus

de chauffeurs, les camions restent en stationnement et les entreprises ont de plus en plus de mal à livrer leurs produits. Il y en a qui cherchent depuis des mois du personnel peu ou pas qualifié et qui n’en trouvent pas. Et c’est la même situation pour du personnel hautement qualifié où une vraie guerre des talents se déroule au niveau européen, sans oublier la concurrence de l’État où les salaires d’entrée sont toujours très élevés. Mais même eux ont manifestement des problèmes de recrutement. » « Cette disponibilité insuffisante de maind’œuvre au Luxembourg, dans un contexte également marqué par des flux transfrontaliers, dont le développement fulgurant des dernières décennies semble toucher à sa fin, porte en elle une pression supplémentaire sur les coûts de production pour les entreprises. » Un sujet qui amènera la Chambre de commerce à lancer un groupe de travail dans le courant de l’année pour ana­ lyser les sources du problème et trouver des solutions. La digitalisation figure peut-être par­ commerce a fait des propositions sur les chan­ mi les pistes à explorer. « Si, il y a une dizaine gements à court terme bénéfiques aux entre­ d’années, les gens avaient peur de la digitalisa- prises qu’il conviendrait d’apporter au système, tion parce qu’ils pensaient que cela allait détruire « afin de le rendre plus simple, plus transparent des emplois, aujourd’hui on est bien content qu’elle et plus facile pour les entreprises avec le moins existe car elle soulage la tension sur le marché de déchet fiscal possible ». Sans retour pour l’ins­ du travail et contribue à contenir l’inflation. La tant. Sur le front national, une hausse des impôts digitalisation soutient le développement écono- semble inévitable d’un point de vue macroé­ mique et je crois qu’on peut aller encore plus loin conomique. Cette perspective hérisse Carlo en industrialisant davantage des processus pour Thelen : « Ce serait la pire des choses pour les transférer des ressources des tâches répétitives entreprises » pour qui, en matière de taux moyen vers des secteurs où le recours à la digitalisation global d’imposition des sociétés, « le Luxemest moins possible. Le grand défi est de pouvoir bourg n’est plus du tout compétitif ». Et le patron orienter les gens, notamment en recourant à la de la Chambre de commerce de plaider pour formation, vers des postes où l’humain prime. » une baisse de la fiscalité pour les entreprises et pour un système qui permettrait d’attirer ces Menaces fiscales talents dont l’économie semble manquer. D’autres menaces pèsent encore sur l’évo­ Une autre menace plane sur le couple coût-com­ pétitivité : l’évolution de la fiscalité. lution des coûts des entreprises, comme la tran­ Les tendances internationales « tracassent » sition énergétique et la fiscalité associée – dont Carlo Thelen. « Beaucoup de juridictions font la taxe carbone – ou la reprise de la pandémie. des efforts pour être attractives alors que nous, Au-delà du manque à gagner qui se dessine pour nous restons quelque peu conservateurs. » les secteurs de la restauration, de l’événemen­ Alors que la réforme fiscale est reportée sine tiel et des voyages d’affaires « qui ont déjà beaudie pour cause de pandémie, la Chambre de coup souffert », le directeur général de la Chambre

célèbre étant Lux-Avantage, un produit de Spuerkeess. Des sociétés spécialisées dans l’investissement non coté, comme BIP Investment Partners et ­Luxempart ont également profité du dispositif. Malgré son impact positif sur l’éco­ nomie réelle, le texte a disparu en 2005 pour cause de non-conformité avec le droit européen. La disposition qui conditionnait l’obtention de l’avantage fiscal au fait d’investir dans une entreprise locale a été jugée comme contrevenant au principe de libre circulation des capitaux au sein de l’Union européenne. Son retour a plusieurs fois été évoqué, sous une forme plus compatible avec les dispositions européennes, en contournant le critère géographique. Notamment en 2015 par Pierre Gramegna (DP), ministre des Finances, qui, au moment de présenter un paquet de mesures fiscales, ne s’était pas montré hostile à une réintroduction du dispositif. À l’heure où le secteur du non-coté attire les investisseurs à la recherche de rendement (que les produits boursiers classiques leur procureront moins à l’avenir), où les besoins de financement de la transition énergétique se font plus pesants, et où une épargne peine à s’investir, un tel dispositif aurait une réelle utilité. Ce serait peut-être l’occasion pour Yuriko Backes (DP), future ministre des Finances, de se faire un nom.

de commerce s’inquiète des coûts que va géné­ rer la politique de CovidCheck 3G (3G pour « geimpft, genesen, negativ getestet », soit « vacci­ né, guéri, testé »). « Même si les tests ne sont pas à la charge des entreprises, il faut les organiser. Et beaucoup d’entreprises vont devoir avoir recours à des sociétés tierces pour le faire. » Pour les mois qui viennent, Carlo Thelen espère que « nous pourrons éviter d’étouffer la relance sous l’effet des différentes pressions sur les coûts de production des entreprises. Nombreuses sont celles qui sont malmenées par les multiples impacts de la crise. Il faut se féliciter de la prolongation des régimes d’aides en faveur des entreprises les plus touchées et de leurs salariés, alors que le grand défi à moyen terme consiste à améliorer constamment et concrètement l’attractivité de notre économie, ainsi que la compétitivité et la rentabilité de nos entreprises. Il s’agit là du meilleur remède pour garantir la cohésion sociale. »

Auteur MARC FASSONE

JANVIER 2022

75


3 À suivre sur les marchés

Pour Vincent Juvyns, executive director et global market strategist chez J. P. Morgan Asset Manage­ ment, l’économie mondiale est désormais sur de bons rails grâce à des mesures de relance. Malgré les attentes limitées en termes de performances sur les marchés, de nom­breuses opportunités subsistent.

« Prendre du risque sur les actions »

Tout d’abord, une remontée des taux n’est pas a priori quelque chose de positif pour les marchés actions, qui seront déjà freinés par leurs valorisations et par la baisse attendue des croissances bénéficiaires qui, portées en 2021 par des effets de base postpandémiques importants, vont passer de 50 % cette année à un niveau compris entre 8 % et 10 % l’an prochain. Un niveau qui reste quand même légèrement supérieur à ce qu’on a pu voir ces 10 dernières années. Si le potentiel de hausse est limité, les actions devraient quand même performer positivement. Historiquement, on observe que la hausse Quelles seront les grandes tendances sur les marchés pour l’année prochaine des taux longs ne serait un problème que si ceuxet au-delà ? ci dépassaient les 3,5 %. On en est encore loin. La première chose, en prise directe avec les Quant à l’inflation, les actions en sont mieux évolutions macroéconomiques, c’est que nous protégées que le cash et les obligations, car allons assister à une remontée des taux longs l’évolution des prix à la consommation est due en 2022 et 2023. Cela a déjà commencé. Nous pour une large part aux prix de vente des entre­ nous attendons, d’ici à la fin de l’année 2022, prises, d’où une certaine protection des chiffres à ce que le 10 ans américain se situe entre d’affaires des entreprises à l’inflation. 2 % et 2,5 % et à ce que le 10 ans allemand soit devenu positif. Les taux courts eux, a priori, Donc il faut s’attendre à une baisse devraient rester à leurs niveaux d’aujourd’hui du rendement des actions ? jusqu’à la fin 2022. Il y a une pentification de Il faut moins attendre des marchés actions la courbe qui s’opère alors que les grandes en 2022 qu’en 2021. Ce que l’on a vécu ces banques centrales se désengagent du marché deux dernières années était exceptionnel. obligataire graduellement en ralentissant l’ex­ En 2020, les actions sont devenues plus chères pansion de leurs bilans. Pour les investisseurs et les épargnants, sur la partie « sans risque » de leur portefeuille, 2022 sera une annus horribilis. Cela fait 10 ans que l’on se plaint des taux zéro. Mais l’inflation était en même temps aux alentours de 1 %. L’ac­ tuelle remontée est synonyme pour les épar­ gnants d’une substantielle perte de pouvoir d’achat. 2022 sera sûrement, de ce point de vue, l’une des pires années de la décennie.

7.500

Coincés entre des taux courts bas et des taux longs qui remontent – tout comme l’inflation –, que peuvent faire les épargnants ? Pour les investisseurs, il n’y a pas beaucoup d’autres choix que d’aller prendre du risque sur les marchés actions. Quelles sont les perspectives de ces marchés ?

76

JANVIER 2022

C’est le niveau que pourrait atteindre, voire dépasser, l’indice CAC 40 d’ici 2022, selon différentes analyses. Ce qui serait un record pour l’indice phare de la Place de Paris qui a atteint un sommet historique à 7.227 points le 16 novembre avant de dévisser avec l’apparition du variant Omicron. La pandémie n’a pas dit son dernier mot sur les marchés boursiers.

dans l’espoir que 2021 apporterait une certaine normalisation économique. Cette année, on a eu cette normalisation écono­ mique qui s’est traduite par une croissance bénéficiaire qui devrait atteindre 50 % d’ici la fin de l’année. L’année prochaine sera une année de retour à la normale dans laquelle des éléments comme le dividende seront plus importants dans la contribution au rendement total des actions. Si les marchés actions devaient avoir une croissance bénéficiaire de 10 %, compte tenu de leur relative cherté, la performance sera une fraction de cette croissance bénéficiaire. Pour 10 % de croissance bénéficiaire, la performance des marchés actions tournera autour de 5 % à 6 %. Dans ces conditions, l’essor du marché non coté est-il à même d’offrir aux investisseurs les niveaux du rendement auquel ils ont été habitués ces dernières années ? Il est clair qu’un portefeuille diversifié – 60 % actions, 40 % obligations – aujourd’hui devrait donner moins de rendement dans les 10 années à venir que ces 10 dernières années. Chez J.P. Morgan AM, on pense que le rendement annuel moyen de ce type de portefeuille dans les 10 à 15 ans sera de 2,8 %. C’est évidemment bien maigre comme perspectives. Il est cer­ tain que les classes d’actifs réels et les classes d’actifs privés ont quelque chose à apporter dans la construction des portefeuilles. Alors que nous revoyons nos perspectives de rendement des actifs des marchés publics à la baisse, nos perspectives de rendement des marchés privés et des marchés alternatifs sont revues à la hausse. Par exemple, toujours sur 10 à 15 ans sur le private equity, on table sur un rendement annuel en euros de 6,8 %, de 5,6 % sur le direct lending et de 4,8 % sur le core real estate. Notre message, c’est que les alternatifs per­ mettent d’augmenter l’espérance de rendement et/ou de réduire la volatilité d’un portefeuille diversifié. Ce qui était quelque chose d’option­ nel par le passé est devenu quelque chose de nécessaire aujourd’hui. Outre l’alternatif, quelles autres thématiques d’investissement devraient retenir l’attention des investisseurs ? La Chine me semble être une bonne option. Ce marché représente aujourd’hui 17,5 % du PIB mondial, pourtant la Chine ne représente encore qu’une très faible part des marchés d’actions et obligataires mondiaux. Respec­ tivement 7,5 % et 10 % au total. Donc ce sont des marchés qui vont encore se développer.



Enjeux Prévisions 2022

Ajouter de la Chine à un portefeuille permet réellement d’augmenter l’espérance de rende­ ment sans détériorer la volatilité de ce porte­ feuille. Dans tous les cas de figure, ajouter jusqu’à 10 % de Chine augmente significative­ ment l’espérance de rendement d’un portefeuille sans en augmenter la volatilité. Au vu du contexte politique et économique, notamment lorsque l’on voit les pénuries d’énergies qui ont récemment touché ce pays, mettre de la Chine dans son portefeuille ne revient-il pas aussi à augmenter le profil de risque ? Non. La croissance de la Chine va baisser, c’est une certitude. Nous nous attendons pour les 10 à 15 prochaines années à 4,2 % de crois­ sance annuelle, donc une baisse substantielle par rapport à ce qu’on a pu connaître ces der­ nières années. Mais la Chine monte en gamme dans la chaîne de valeur. La composition sectorielle des indices chinois a changé. L’époque des entreprises paraétatiques inefficientes est révolue. Les entreprises chinoises aujourd’hui sont productives, innovantes et performantes. Dans le même temps, la Chine développe son marché intérieur pour en faire un élément de développement. Avec succès. Le Single Day de début novembre a dépassé les 85 milliards de ventes. Plus que les Black Friday, Cyber Monday et autres. La société de consomma­ tion chinoise est bien présente. En ce qui nous concerne, la croissance ralen­ tit, mais sa qualité augmente. Nous sommes assez à l’aise avec cette dynamique sous-jacente. C’est vrai, aujourd’hui la Chine paye ses choix énergétiques. Elle essaie de se désenga­ ger petit à petit du charbon, ce qui a donné lieu aux différentes pénuries énergétiques récentes. Je voudrais quand même rappeler que la Chine, même si c’est le plus gros pollueur au niveau mondial, est sans doute l’un des pays qui béné­ ficieront le plus de la transition énergétique.

VINCENT JUVYNS Executive director et global market strategist J. P. Morgan Asset Management

«  L’ESG est moins un thème d’investissement qu’une tendance de fond. » 78

JANVIER 2022

Pourquoi ? Parce que c’est le pays qui pro­ duit l’essentiel des batteries utilisées dans les véhicules électriques, l’essentiel des panneaux solaires. C’est aussi un pays qui s’est engagé à la neutralité carbone d’ici 2060 et qui investit énormément. En 2020, la Chine a créé plus de capacités éoliennes que le monde réuni dans son ensemble. Enfin, l’élément central qui fait que la Chine n’ajoute finalement pas de risque dans un por­ tefeuille est que ce marché n’est quasiment pas détenu par des investisseurs étrangers. Autre­ ment dit, la Chine est décorrélée des autres grands marchés. Et qu’en est-il des thématiques ESG ? C’est une thématique de plus en plus présente. On constate que la moitié des flux financiers – au moins déjà en Europe – se dirigent vers des fonds ESG. Le marché des obligations vertes a dépassé les 1.000 milliards de capi­ talisations. Et la transition énergétique accé­ lère le mouvement. Pour moi, l’ESG est moins un thème d’in­ vestissement qu’une tendance de fond. Face à un tel engouement, n’y a-t-il pas un risque de bulle ? Je ne le crois pas. Sur la partie spécifiquement liée au climat, toutes les entreprises appor­ tant des solutions climatiques à la transition énergétique ont vu leurs cours s’envoler ces dernières années tant la demande et les besoins d’investissements sont grands. Mais si les valorisations sont élevées – le MSCI Global Renewable s’échange à un price earning d’à peu près 30 –, on reste loin des niveaux stra­ tosphériques atteints au début des années 2000 dans le secteur IT. Sur l’ESG de manière plus large, la tendance de fond ne peut pas s’arrêter. Ce n’est pas quelque chose qui est décidé par l’industrie financière, c’est quelque chose qui est déter­ miné par la société dans son ensemble. Aujourd’hui, Monsieur et Madame Tout-leMonde sont plus sensibles aux thématiques ESG, globalement. Monsieur et Madame Consommateurs privilégient des produits et des services qui répondent à ces critères. Mon­ sieur et Madame Tout-le-Monde électeurs privilégient les partis politiques qui tiennent compte de ces critères. Et Monsieur et Madame Tout-le-Monde investisseurs privilégient les produits financiers responsables. Donc, pour l’industrie financière, c’est un no-brainer. Bien sûr, la situation est imparfaite, notam­ ment par rapport au manque d’harmonisa­ tion des législations de par le monde. Mais l’engouement va continuer à forcer le chan­ gement en termes de régulation et d’homo­ généisation de celle-ci. Quels sont vos conseils aux investisseurs pour les mois qui viennent ?

De la stagflation au tapering Pour Vincent Juvyns, certains motsclés vont rythmer les conversations ces prochains mois. Le premier d’entre eux est « Covid ». L’économiste se dit désagréablement surpris par l’évolution récente de la situation. « Peu de spécialistes dans leurs perspectives de 2022 ont inté­gré le fait que la pandémie devienne endémique. » Pour lui, les restrictions sanitaires vont se renforcer, c’est inévitable. « Nous ne sommes pas débarrassés du mot-clé ‘Covid-19’ à l’entame de 2022. » Le deuxième de ces mots est « marge ». « Partout en Europe et dans le monde, on voit monter une contes­tation sociale. Les travailleurs demandent des augmentations salariales. Il est à parier que l’impact sur les marges de ces augmentations de salaire sera un thème fort sur les marchés l’an prochain. » Le troisième est « stagflation », la summa divisio des analystes en ce moment. Vincent Juvyns se range dans le camp de ceux qui ne croient pas à ce scénario. S’il s’attend à une infla­tion forte en 2022, il espère également une forte croissance qui viendra sou­tenir la conjoncture et donc éviter ce scénario emblématique des années 70. « Et n’oublions pas le tapering. 2022 sera l’année du tapering (réduction progressive de la politique d’assouplissement monétaire, ndlr) aux États-Unis et on en parlera évidemment beaucoup. »

D’abord d’éviter les faux amis que sont cash et obligations souveraines, qui sont vraiment des classes d’actifs qui, avec certitude, vont détruire du pouvoir d’achat. Ensuite, le courage : il existe mille et une raisons de reporter ou d’hésiter par rapport à un investissement sur les marchés finan­ ciers – les interrogations par rapport aux valorisations, à l’inflation, aux marges et à la pandémie pour ne citer qu’elles. Mais l’infla­ tion et la hausse des taux étant là, ce sont les actifs risqués qui offrent la meilleure protec­ tion. Il faut donc bien diversifier sa prise de risque sur les marchés. Et puis, si 2021 fut une année « facile » à bon nombre d’égards – les marchés affichaient de fortes performances avec peu de volati­ lité –, je m’attends pour 2022 à l’inverse, à des marchés qui apportent moins de per­ formances et plus de volatilité. Il faudra donc du courage pour aller sur les marchés, mais le voyage en vaut la peine parce que c’est la seule manière d’éviter de perdre assurément de l’argent avec des actifs sans risque.

Interview MARC FASSONE


NOS FORMATIONS, VOTRE ATOUT !

PROGRAMME 2022 FORMATIONS UNIVERSITAIRES

FORMATIONS SPÉCIALISÉES

• Master Contrôle de Gestion et Audit Organisationnel | janvier 2022

• Cours d’initiation à la langue luxembourgeoise A1.1 et A1.2. | janvier et mars 2022

• Master Financial Analysis and Strategy (English) |

• Diplôme Gestion de Patrimoine* | avril 2022

January 2022

• Master Banque, Finance, Assurance - parcours Fonds et Gestion Privée | septembre 2022 • Master Management et Administration des Entreprises | septembre 2022 • Licence Métiers de la Gestion et Comptabilité, parcours Contrôle de Gestion - parcours Révision Comptable | septembre 2022 • Bachelor in Applied Information Technology | October 2022

• Diplôme Universitaire (DU) Yoga* NEW | janvier 2022

• Diplôme Risk Management* | avril 2022 • Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU-A) Option Littéraire | septembre 2022 • Certificat Contrôle Interne / Certified Internal* Control Specialist (CICS) | octobre 2022 • Formation Commerce Électronique (E-Commerce) | automne 2022 LIEU ET HORAIRES : Toutes les formations se déroulent au Luxembourg, en horaire aménagé en soirée et/ou le samedi. CONDITION D’ADMISSION : Pour intégrer les formations universitaires proposées, il est possible de recourir à la validation des acquis professionnels au cas où l’intéressé ne possède pas les prérequis académiques (BAC+2 ou BAC+4).

Nos partenaires :

À VOS CÔTÉS DEPUIS 1971 250 000 inscrits :

MERCI

pour votre confiance !

* Les certificats et diplômes délivrés ne donnent pas lieu à une inscription au registre des titres au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Début : entre le

01.02 et 05.03.22

REPRISE DES

Découvrez toutes nos offres sur : www.LLLC.lu

COURS DU SOIR

SÉMINAIRES

282 MODULES

278 SÉMINAIRES

Différentes formules :

Différentes formules :

PRINTEMPS 2022

Cours présentiel Cours en blended learning Cours à distance • Durée : +/- 10 semaines (2-3h / sem.) • Lieux : Luxembourg, Mamer, Esch-sur-Alzette, Junglinster, Remich, Ettelbruck et Wiltz • Langues : FR, EN, DE, PT, LUX

TOUT AU LONG DE L’ANNÉE

Cours présentiel Cours à distance • Lieu : CSL/LLLC 2-4 rue Pierre Hentges Luxembourg • Langues : FR, EN, DE, PT, LUX

2-4 rue Pierre Hentges L-1726 Luxembourg T. (+352) 27 494 600 formation@LLLC.lu www.LLLC.lu


Enjeux Prévisions 2022

4 Technologies

Six tendances pour 2022… et au-delà

Le Covid-19 a dynamité les certitudes technologiques. Commerce, modes de travail hybride, cybersécurité, utilisation accrue des données pour faire face à la crise : aucun secteur n’est épargné et malheur à ceux qui n’avancent pas assez vite.

d’une offre numérique n’est plus une option, mais les données générées par ces nouveaux consommateurs pourraient être très précieuses. La différenciation viendra aussi de l’« expérience utilisateur », domaine trop souvent négligé. Dans la partie « paiement », beaucoup est attendu de l’open banking avec un double mouvement : des banques vers le lifestyle, et de nouveaux acteurs contre les banques.

3 4

Auteur THIERRY LABRO

1

2 80

L’hyper-automatisation professionnelle Selon une étude de la société Forrester, la crise a poussé 10 % des entreprises vers un modèle complètement à distance et 60 % vers un modèle hybride. Avec une triple difficulté : comment amé­liorer les expériences des équipes dans des contextes parfois très différents les uns des autres ; comment améliorer la productivité, y compris des 30 % d’entreprises qui veulent rester en présentiel ; comment suivre le travail de ses employés sans basculer dans un flicage qui sera de plus en plus condamné. Jusqu’à 3,3 milliards d’euros seront dépensés par les entreprises européennes pour l’automatisation des procédés robotisés (+33 % d’investissements attendus) et des procédés numériques (+13 %). Le cabinet de conseil Gartner prévoit que, d’ici à 2023, 75 % des entreprises concernées verront leurs revenus augmenter 25 % plus vite que leurs concurrents. La virtualisation du commerce Les entreprises qui ont abandonné les mesures transitoires mises en œuvre depuis le début de la crise commettent une grave erreur stratégique, assure Forrester : de 50 % à 65 % des consommateurs ont changé de comportements d’achat, « consommation médicale » comprise. Non seulement la présence

JANVIER 2022

5

6

Le « cloud native » Finis les centres de données dans la cave d’une entreprise. Aujourd’hui, ceux qui optent pour une architecture cloud native sont de plus en plus nombreux. Gartner prévoit que les plateformes natives du cloud serviront de base à plus de 95 % des nouvelles initiatives numériques d’ici à 2025, contre moins de 40 % en 2021. Les « digital twins » et « métavers » Près de 20 ans après Second Life, Mark Zuckerberg n’est pas le seul à vanter les charmes du métavers, cet univers parallèle virtuel dans laquelle quiconque peut endosser n’importe quel costume. Cisco, Ericsson, Microsoft ont eux aussi lancé leurs technologies, finalement pas très loin des digital twins, les jumeaux numériques qui pourraient permettre aux politiques de prendre les bonnes décisions. Deux mouvements intégrés par Gartner dans la « Total Experience » (TX). La cybersécurité « maillée » Le basculement de la réalité à la virtualité pour cause de Covid s’est accompagné d’une explosion des cyberattaques : un ransomware surgit toutes les 11 secondes et les demandes d’extorsion ont augmenté de plus de 300 %, ce qui a fait monter les primes de cyberassurance de près de 30 %. Si l’humain est le point faible, l’adoption de nou­velles technologies brouille les réflexes traditionnels. L’architecture « maillée » de la cybersécurité est une approche évolutive qui étend les contrôles de sécurité aux actifs distribués en dissociant l’application des politiques des actifs à protéger. Les entreprises pourront « plus facilement » renforcer la sécurité là où cela s’avère nécessaire. D’ici 2024, celles qui passeront à ce nouveau mode réduiront l’impact des cyberattaques de 90 % en moyenne, assure Gartner.

Les datas, « datalake » et IA Tendance en 2019, tendance en 2020, tendance en 2021, la donnée, sa gestion et les algorithmes qui se développent à partir des données disponibles continueront d’être au premier plan pendant de nombreuses années. Gartner va un cran plus loin en plaçant l’intelligence « générative » aux avant-postes : cette forme d’intelligence artificielle (IA) capable de s’autodévelopper permettra aux 10 % des entreprises qui s’y engouffrent de générer trois fois plus de valeur que les 90 % restants.


PUBLIREPORTAGE

Cloud P2P Automation. Easy. Powerful. Smart.


Enjeux Prévisions 2022

5 2022 dans le texte

Les mots-clés de l’année

on l’a déjà constatée sur les taux longs. Des taux dont les fluctuations ne dépendent pas des banques centrales, mais des anticipations des agents économiques. La main-d’œuvre Le contexte est à la pénurie au Luxembourg. Et dans toutes les économies développées confrontées au défi du vieillissement de la population. Comment régler ce déficit géné­rateur de tension économique ? Avec la digitalisation, la formation et la réorientation des travailleurs les moins bien formés vers des secteurs plus tournés vers l’humain, et aussi par le recours à l’immigration. Sujet sensible.

Les opportunités Voici une liste des mots que l’on entendra le plus dans les mois qui viennent en parlant d’économie. Des thèmes structurants qui sont autant de défis à relever que d’opportunités sur lesquelles rebondir. Auteur MARC FASSONE

Les défis La pandémie On la croyait derrière nous. Du moins jusqu’à cette cinquième vague liée au variant Omicron. Quels seront les effets de ce variant sur l’économie ? Cela reste dur à dire. Si Omicron semble plus contagieux que le variant Delta – qui reste loin d’être vaincu –, les vaccins le rendraient moins fatal. Mais l’économie, c’est une histoire de confiance. Et sur ce point, rien n’est acquis.

La déglobalisation La pandémie et la crise climatique vont-elles sonner le glas de l’économie mondialisée ? C’est trop tôt pour l’affirmer, mais, dans les mois qui viennent, on pourrait assister à la matérialisation de la volonté des États européens de reprendre la main sur la production de certains biens jugés stratégiques pour leur bon fonctionnement. Le paysage économique à venir pourrait accorder une plus large part à lwa régionalisation (voir l’interview de Pierre Mangers en page 72). L’immobilier Le secteur immobilier luxembourgeois est le plus surévalué en Europe, selon la Commission européenne. Et il inquiète. Une remontée des taux d’intérêt fragiliserait des ménages dont les emprunts sont majoritai­rement à taux variable. Si bulle immo­bilière il y a, elle sera d’abord sociale. L’essor du télétravail libérera-t-il des espaces de bureaux réaffectés ensuite en logements ?

L’inflation La fin d’une longue absence. Pendant presque une décennie, on n’entendait plus parler d’elle. Pour de multiples raisons : des politiques budgétaires et monétaires ultra-accommodantes et des tendances déflationnistes lourdes dans les économies occidentales. La reprise économique post-pandémie l’a remise sur le devant de la scène. Toute la question est de savoir si elle sera transitoire ou pérenne.

La fiscalité Fait marquant de 2021 : un accord sur la taxation interna­tionale des profits des multinationales. Mais ces rentrées fiscales « imprévues » – estimées à 5,8 milliards d’euros pour le Grand-Duché – ne suffiront ni à payer les dettes accumulées, ni à investir dans la digitalisation et la réindustrialisation. Même si le gouvernement a annoncé reporter une réforme en tant que telle en raison de la pandémie, la forme que prendra un inévitable tour de vis fiscal reste à déterminer. Un chantier de taille pour la nouvelle ministre des Finances, Yuriko Backes (DP).

L’indexation L’indexation des salaires et des pensions a fait son retour dans l’actualité politique à cause de – ou grâce à – l’inflation. La dernière tranche indiciaire tombée le 1er octobre relance le débat de son impact sur la compétitivité du pays. Résolument hostile au processus, la Chambre de commerce entend faire ces prochains mois des propositions pour, sinon l’abolir, du moins la plafonner (voir l’interview de Carlo Thelen en page 74).

La Chine Controversée pour ses choix politiques et économiques, la Chine reste une source potentielle de rendement pour les investisseurs. Si sa croissance est appelée à diminuer, le pays monte en gamme dans la chaîne de valeur internationale. À ce potentiel de croissance s’ajoute un élément qui ne laisse pas les investisseurs indifférents : les valeurs chinoises restent encore largement décorrélées des actifs classiques que sont les actions et les obligations.

Les taux d’intérêt Leur remontée semble inévitable. Face aux tensions infla­ tionnistes, les banques centrales vont devoir remonter leur taux directeur. Progressivement, afin de ne pas compromettre la reprise et ne pas soumettre les marchés financiers et immobiliers à de trop fortes pressions. Cette remontée,

La transition énergétique Plus qu’un thème économique et financier, la transition énergétique est un thème sociétal qui va façonner les modes de vie. Opportunité d’investissements, coût pour les entreprises, coût pour les ménages… Cela est finalement très secondaire : on n’y échappera pas.

82

JANVIER 2022


PUBLIREPORTAGE

2022 : « Annus horribilis » pour les épargnants ! A l’heure de s’interroger sur les perspectives économiques et financières pour 2022 une chose semble certaine, c’est que le calvaire des épargnants devrait perdurer et que 2022 pourrait même être un véritable « annus horribilis » pour ces derniers. En effet, en 2022 cela fera 10 ans que pour lutter contre la déflation, la BCE a abaissé son taux de dépôt à 0 % (et 8 ans que celui-ci est négatif) obligeant les banques commerciales de la zone euro à refléter cette réalité dans la rémunération des dépôts de leurs clients. Si ces dernières années la faiblesse de la rémunération de l’épargne était pénible dans l’absolu, celle-ci s’inscrivait néanmoins dans un contexte de faible inflation (1 % en moyenne), ce qui a limité l’impact en termes réels pour les épargnants. L’an prochain, la situation devrait malheureusement se détériorer puisque d’une part, de plus en plus de banques commerciales appliquent des taux négatifs sur les dépôts de leurs clients et que d’autre part, l’inflation devrait dépasser les 2 % pendant la majeure partie de l’année. Dans ce contexte, pour éviter de voir l’inflation et les taux négatifs grignoter notre pouvoir d’achat, il faudra plus que jamais diversifier son épargne en 2022. C’est bien entendu plus vite dit que fait puisqu’en quittant le relatif confort d’un dépôt à court terme, on s’expose aux incertitudes économiques et financières, qui sont comme toujours nombreuses à l’aube d’une nouvelle année.

Perspectives économiques et financières D’un point de vue économique, après une année 2021 marquée par un fort rebond de la croissance économique mondiale dans le sillage de la levée des restrictions sanitaires, 2022 s’annonce a priori sous les meilleurs auspices même si quelques nuages se profilent à l’horizon. La croissance économique mondiale devrait certes ralentir, en raison de l’impact conjugué d’effets de base moins favorables, d’une pandémie qui devient endémique et de la suppression progressive de certaines mesures d’urgence déployées par les banques centrales et les gouvernements, mais elle devrait néanmoins demeurer soutenue grâce au maintien de politiques budgétaires expansionnistes pour financer notamment notre transition vers une économie bas carbone. Cette croissance soutenue conjuguée à la persistance des disruptions logistiques, à la hausse du prix des

«

La croissance bénéficiaire devrait continuer à soutenir les marchés d’actions en 2022

«

Vincent Juvyns, Global Market Strategist, J.P. Morgan Asset Management

matières premières et des tensions sur les marchés du travail devrait toutefois maintenir l’inflation au-delà de l’objectif des banques centrales en 2022. C’est pourquoi, certaines d’entre elles, à l’instar de la Fed, devraient normaliser graduellement leur politique monétaire l’an prochain, essentiellement par un ralentissement de l’expansion de leur bilan. Sur les marchés obligataires, nous pensons que la hausse des taux courts devrait être limitée, voire inexistante en Europe, mais que les taux longs devraient en revanche continuer à augmenter graduellement dans le courant de 2022. Nous anticipons ainsi un taux à 10 ans supérieur à 2 % aux Etats-Unis et légèrement positif en Allemagne d’ici Septembre 2022. Cette hausse des taux devrait peser sur les marchés obligataires et nous privilégions donc les obligations à haut rendement et les obligations convertibles qui affichent des maturités plus courtes et des rendements plus élevés que les obligations souveraines. Nous privilégions également la dette gouvernementale chinoise libellée en renminbi. Sur les marchés actions, l’année 2021 a été marquée par des performances à deux chiffres sur la plupart des places boursières, grâce à la

réouverture de nos économies et à des effets de bases favorables qui ont entrainé un fort rebond de la croissance bénéficiaire des entreprises, qui s’est élevée en moyenne à 50 %. En 2022, celle-ci devrait toutefois retomber à un niveau de 8-10 %, ce qui reste légèrement supérieur à la moyenne de ces dix dernières années. La croissance bénéficiaire devrait ainsi continuer à soutenir les marchés d’actions en 2022 mais comme en 2021, leur performance devrait être légèrement inférieure à la croissance bénéficiaire, ce qui leur permettrait d’afficher une performance positive tout en voyant leur valorisation baisser. Nous restons donc positifs sur les marchés d’actions pour 2022 et ce d’autant plus que ceux-ci permettent de contrecarrer la remontée de l’inflation.

Conclusion A l’aube de l’année 2022, il est donc important de ne pas se laisser aveugler par les nombreuses incertitudes qui entourent les perspectives économiques et financières. Si l’inflation et la remontée des taux longs devraient peser sur les rendements réels du cash et des obligations souveraines, nous estimons en revanche que les perspectives de croissance économique et bénéficiaire devraient soutenir les marchés d’actions et de crédit en 2022.

Source : J.P. Morgan Asset Management au 20 nov 2021. Cette communication commerciale et les opinions qu’elle contient ne constituent en aucun cas un conseil ou une recommandation en vue d’acheter ou de céder un quelconque investissement ou intérêt y afférent. Il est à noter par ailleurs que la valeur d’un investissement et les revenus qui en découlent peuvent évoluer en fonction des conditions de marché et que les investisseurs ne sont pas assurés de recouvrer l’intégralité du montant investi. La performance et les rendements passés ne préjugent pas des résultats présents ou futurs. Aucune certitude n’existe quant à la réalisation des prévisions. J.P. Morgan Asset Management est le nom commercial de la division de gestion d’actifs de JPMorgan Chase & Co et son réseau mondial d’affiliés. La Politique de confidentialité est disponible sur le site www.jpmorgan.com/emeaprivacypolicy. Publié en Europe par: JPMorgan Asset Management (Europe) S.à r.l. LV-JPM53446 | 11/21 | 09k9212411093548


Since 2011

Luxembourg


www.delano.lu

in English €4 at newsstands

SUBSCRIBE FOR FREE while working from home


Portfolio

Marcher sur des œufs Photos GUY WOLFF

Annulations, adaptations et espoir d’une reprise durable se mêlent dans les cuisines et les esprits des traiteurs et restaurateurs collectifs. Une ambiance de « déjà-vu » forcément inquiétante... Auteur FABIEN RODRIGUES

86

JANVIER 2022


Fanch Delanoë

Chef de production chez Kaempff-Kohler depuis 4 ans « On marche sur des œufs ! La situation est tendue, car d’une part les événements sont annulés, mais d’autre part ils se transforment en de nombreuses livraisons de coffrets et paniers gourmands. Cela nous permet de maintenir une bonne activité, mais les gens ne se réveillent que maintenant, ce qui fait que le rythme est très soutenu et que les approvisionnements en produits de saison sont parfois compliqués. Une chance dans tout ça, c’est mon équipe fidèle qui est avec moi depuis le début, mais les nouveaux ont plus de mal à suivre la cadence ! Trouver du personnel compétent est devenu un vrai défi. » JANVIER 2022

87


Xavier Karwicki

Directeur de la production salée depuis 6 ans et cuisinier depuis 11 ans au sein de la maison Oberweis « Les temps sont durs et un climat d’incertitude ne cesse de peser sur notre restauration et nos événements catering. Nos équipes ont été sévèrement impactées et nombreux sont ceux qui ont revu leurs ambitions professionnelles dans un autre secteur... Nous allons renforcer nos activités complémentaires, telles que notre gamme comptoir-traiteur dans nos boutiques, afin de rééquilibrer au mieux les services les plus durement touchés. Nous croisons les doigts et espérons un retour à la normale de la situation au début de l’année prochaine. » 88

JANVIER 2022


Hervé Ciufoletti

Chef exécutif de Steffen Traiteur depuis bientôt 10 ans « La reprise se présentait sous les meilleurs auspices, et rebelote, nouvelles annulations ! Par bonheur, certains de nos clients ont maintenu leurs événements et nous les accompagnons aussi sur certains événements digitaux, pour des coffrets cadeaux, des livraisons de produits... Le partage à travers la gastronomie, c’est ce qui nous tient à cœur. Par contre, il faut évidemment être très réactif, quitte à modifier nos dressages et nos produits en dernière minute. Pour moi, c’est cette réactivité, cette flexibilité et l’ouverture d’esprit de nos équipes qui sont les maîtres-mots de cette période... » JANVIER 2022

89


Paul Eischen

À la tête de l’enseigne éponyme depuis 21 ans « Ces nouvelles annulations d’événements sont vraiment handicapantes pour notre activité, mais on commence à avoir l’habitude. Nous avions par exemple investi dans des chalets en bois pour une grosse fête de société. Et, finalement, elle n’aura pas lieu... Heureusement, notre fonctionnement propre, notamment avec la plateforme en ligne Easy Cooking, qui est une des plus importantes de la Grande Région et particulièrement adaptée aux temps actuels, nous permet de continuer notre activité et de ne pas être trop dépendants ni démoralisés. » 90

JANVIER 2022


Joël Schreiner

Chef exécutif Ansamble du Club de la Banque internationale à Luxembourg depuis 3 ans « Après une reprise d’activité encourageante, nous subissons de plein fouet cette énième vague, avec des conséquences lourdes sur la fréquentation des restaurants. C’est l’ascenseur émotionnel pour les équipes qui sont dévouées à leurs missions. À cette crise sanitaire vient s’ajouter l’inflation des denrées alimentaires, qui représente un risque considérable pour les entreprises de restauration collective. Le leitmotiv du moment, c’est de garder la motivation des équipes et de trouver des solutions pérennes avec nos clients. » JANVIER 2022

91


Jeremy de Andrade

Chef de cuisine chez Namur depuis 3 ans, dans la maison depuis 6 ans « C’est assez triste de voir à nouveau les banquets et événements de société annulés un par un... Mais je remarque aussi avec toute l’équipe que nous avons une augmentation de la demande à emporter pour les particuliers depuis le premier confinement. Nous adaptons notre activité en fonction, en mettant toujours le produit frais et de saison à l’honneur. Nous cherchons même à embaucher, mais les candidatures sérieuses se font malheureusement rares... » 92

JANVIER 2022


Jean-Jacques Ravelli

Chef exécutif chez le traiteur Julien Cliquet « Les annulations de banquets de fin d’année ont évidemment un impact important sur notre activité, mais deux chances nous permettent de rester motivés et concentrés en cette période. Tout d’abord, une partie des banquets se transforment en box à livrer dans les entreprises, qui veulent tout de même faire plaisir à leurs employés ; puis nous avons une équipe au top, qui redouble de motivation et maintient une excellente ambiance. Tout cela amène à un travail considérable et au maintien de notre viabilité. Sans oublier l’équipe de production dédiée à la boutique traiteur Olivia Cliquet ! » JANVIER 2022

93


Dominique Dewalque

Chef de cuisine chez Niessen depuis 15 ans « L’ambiance est malheureusement très tendue en ce moment... Sur les 75 événements prévus en décembre, nous n’allons en réaliser qu’une bonne quinzaine, si tout va bien. Et le peu d’aides étatiques reçues jusque-là, et qui ne concernent que le chômage partiel, ne suffit pas. Un autre problème est l’augmentation des prix et des délais de production : rien que pour nos packagings, nous avons une augmentation de 35 % et nos fournisseurs nous livrent avec des retards de plusieurs mois. Nous proposons tout de même notre gamme ‘Les secrets gourmands’ et ‘La table en fête’ à emporter pour une clientèle privée et professionnelle. Au moins, nos casseroles ne rouillent pas ! » 94

JANVIER 2022


Christophe Jacquet

Chef exécutif Sodexo à l’European Convention Center Luxembourg depuis 13 ans « Les annulations en cascade et les reports d’événements sont malheureusement au menu de cette fin d’année ! La réaction des organisateurs d’événements est guidée par une extrême prudence, même si, chez Sodexo, nous sommes en mesure de garantir des événements catering respectant le protocole 2G et rassemblant toutes les mesures de sécurité. Nous continuons, sans baisser les bras, à proposer des offres personnalisées et un service adapté, ainsi qu’une mise en place toujours plus aérée... Nous nous attendons malheureusement à un début d’année 2022 très calme et au retour des événements mixtes avec un peu de présentiel et beaucoup de digital. » JANVIER 2022

95


Maison Moderne a œuvré à mieux connaître ses lecteurs, ses membres et ses clients afin de comprendre ce qui peut les unir, en s’intéressant à leurs valeurs, leurs engagements et leurs aspirations.

Contenu sponsorisé par MAISON MODERNE

En vue d’anticiper les attentes de ses lecteurs, membres et clients, Maison Moderne, première entreprise média indépendante du pays, a amorcé un travail de fond. Son but ? Mieux comprendre la dynamique qui anime cette communauté dont elle veut être toujours plus proche.

96

JANVIER 2022

Que de chemin parcouru en un peu plus d’un quart de siècle, depuis la sortie, à l’automne 1994, du tout premier Explorator ! L’aventure entrepreneuriale d’un éditeur « self-made man » a débouché sur l’établissement de la première entreprise média indépendante du Luxembourg, forte aujourd’hui de plus de 130 collaborateurs. Portée notamment par ses marques médias phares que sont Paperjam et Delano, Maison Moderne a ainsi développé au fil des ans un

Photo

Aux petits soins pour sa tribu

écosystème d’information et de communication indépendant et influent. Elle a également misé sur un engagement de chaque instant en vue d’apporter sa pierre à l’édifice du Luxembourg, d’aujourd’hui et surtout de demain, avec une vue à long terme. « Nous voulons contribuer, d’une part, au changement sociétal, en accompagnant tout développement politique, social et culturel de manière critique et constructive, et, d’autre part, au rayonnement international du pays », explique Mike Koedinger, le fondateur et président du conseil d’adminis­ tration de Maison Moderne. C’est justement parce que le monde change et évolue rapidement que Maison Moderne a souhaité écouter et mieux connaître tout son entourage : ses lecteurs, bien évidemment, mais aussi ses clients, ainsi que les membres du Paperjam + Delano Club.

Eva Krins

Médias


BRAND VOICE

Celui-ci représente aujourd’hui le plus grand club d’affaires généraliste du Luxembourg (plus de 1.100 entreprises adhérentes).

« Nous voulons contribuer Faire évoluer les relations vers au changement une autre temporalité Cette approche ne s’est pas sociétal et limitée à un sondage ou une simple enquête de satisfaction. au rayonnement Elle a été mûrement réfléchie et voulue comme une démarche international visant à comprendre les du pays. » aspirations et les valeurs des

Photos

Maison Moderne (archives)

uns et des autres aujourd’hui, au-delà des seuls profils socioprofessionnels. L’objectif est de faire évoluer dans une autre temporalité les relations existantes entre Maison Moderne et ses parties prenantes, en prolongeant, et surtout en renforçant, le rapport de confiance qui s’est établi depuis plus de 25 ans. Celui-ci consiste à se retrouver autour de valeurs et d’aspirations communes à un moment où le monde se divise, à penser stratégie plutôt que tactique, et enfin

« En vue de nous investir davantage dans la relation avec nos différents partenaires, nous unifions et intégrons tout ce qui les concerne. » Geraldine Knudson CEO, Maison Moderne

Mike Koedinger Chairman, Maison Moderne

à viser aussi le long terme, et pas seulement l’intérêt immédiat. Pour cet ambitieux projet, Maison Moderne a pu compter sur l’expertise et la collabora­ tion du Dr Abdu Gnaba. La mission de l’anthropologue a été d’observer, puis de définir, cette « tribu » propre à Maison Moderne afin de comprendre au mieux tout ce qui (ré)unit ses lecteurs, ses membres et ses clients. Cette tribu, le Dr Gnaba l’a définie comme étant celle des « Évolutionnaires ». « D’esprit critique, la tribu des Évolutionnaires s’enquiert de différents points de vue pour se poser les bonnes questions et nourrir sa réflexion », résume-t-il, avant d’ajouter : « Contre le discours anxiogène des populistes ou le prêt-à-penser des non-engagés, elle recherche une diversité raisonnée, des idées éclairantes et des exemples d’actions. » Cette tribu réunit autour de caractéristiques communes divers profils : humanistes et progressistes, confiants et agiles, inclusifs et responsables… Tous ces individus souhaitent mieux comprendre le monde et participer à sa transformation. « L’Évolutionnaire, c’est celui qui, avant de vouloir changer le monde, travaille sur lui-même, précise le Dr Gnaba. Nous participons tous à l’évolution de la société. L’Évolutionnaire est capable de saisir des

opportunités, d’anticiper le coup suivant, de modeler les acquis du passé, etc. » Une proposition de valeur adaptée L’identification de cette tribu s’inscrit dans un manifeste que l’on peut visionner en scannant le QR code ci-contre. Elle s’accompagne également d’une profonde réflexion interne en vue de faire évoluer sa propre proposition de valeur, d’investir du temps dans ses relations, se donner les moyens de comprendre les enjeux de ses partenaires, de partager des conseils authen­ tiques et pensés dans la durée. « En vue de nous investir davantage dans la relation avec nos différents partenaires, nous faisons en sorte d’unifier et d’intégrer tout ce qui les concerne. Pour cela, nous avons renforcé l’équipe de nos stratégistes », précise Geraldine Knudson, la CEO de Maison Moderne. Construire une relation très personnelle, basée sur la confiance et l’attention, est devenu une priorité. « Aujourd’hui, pour faire la différence auprès des marques, il faut savoir écouter, comprendre et ensuite venir avec des recommandations stratégiques qui vont au-delà d’un plan média bien pensé, complète Mike Koedinger. C’est pour cela que nous avons créé un Brand Studio, en fusionnant les activités de l’agence et de la régie. » Ce Brand Studio constitue désormais un des trois piliers de l’organisation de Maison Moderne, aux côtés de la Publishing House, offrant un journalisme indépendant et de qualité à ses lecteurs, et du Business Club, qui inspire, forme et met en relation tous ses membres.

LES ACTEURS DE LA STRATÉGIE DE MAISON MODERNE

Abdu Gnaba Pour accompagner Maison Moderne dans sa démarche, l’anthropologue Abdu Gnaba a relevé une mission, celle d’écouter la tribu propre à Maison Moderne pour comprendre ce qui rassemble et lie ses lecteurs, membres et clients. Le Dr Abdu Gnaba présente la tribu des Évolutionnaires (vidéo).

Youcef Damardji et Bérengère Beffort Respectivement à la tête du Brand Studio et de la Publishing House, ces deux directeurs ont pour objectif de rester à l’écoute des enjeux des lecteurs et des clients afin de leur offrir un journalisme indépendant de qualité et de les accompagner dans leurs stratégies de communication axées sur le contenu. Interview avec Bérengère Beffort et Youcef Damardji (vidéo).

!

-nous

s Parlon

ardji f.dam m youce oderne.co m n o is @ma

JANVIER 2022

97


Bienvenue au Club ! 98

Business Club

Chers membres, Après une année 2021 placée sous le signe de la résilience, de la solidarité et de l’inventivité, que nous réserve 2022 ? Au Paperjam + Delano Club, nous essayons de vous apporter un brin d’optimisme en continuant à vous proposer des formations ainsi que des événements informatifs et inspirants. Le 25 janvier prochain, venez assister au 10×6 Luxembourg– Financial centre 2030, avec des orateurs d’exception comme Nicolas Mackel (LFF) ou encore Nicolas Buck (Seqvoia) et écoutons leur vision sur le potentiel de développement de la place financière luxembourgeoise. N’oubliez pas aussi de vous inscrire aux modules de formation avancée que nous organisons sur les thèmes « Booster son middle management », « Leadership et management transversal » et « Réussir la digitalisation de votre entreprise ». C’est un format qui a été très apprécié cette année et qui sera rapidement au complet, les places étant limitées. Donc ne tardez pas à vous inscrire. D’ailleurs, pour suivre et vous inscrire facilement à nos events, nous vous invitons à télécharger notre application sur l’Apple Store ou Google Play. En attendant de vous retrouver à l’un de nos prochains événements, nous vous souhaitons une excellente année 2022 remplie de succès, de croissance et de réussite. Stay safe! ARTUR SOSNA Paperjam + Delano Club Director ANA WISCOUR-CONTER Paperjam + Delano Club Deputy Director

JANVIER 2022

2 1

Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club

1.100 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

18.000 PERSONNES

Jan Hanrion

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

383

ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 400 événements par an auxquels vous pouvez participer.

500 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

4

3

Odile Pugin (La Mondiale Europartner)  Jean-Pierre Dornier (YES – Sales & Management) 1

2

3 4

Nicoleta Puscasu (JLL)  Jérôme Wiwinius (Lalux)

JANVIER 2022

99


Ne manquez pas

Business Club Janvier / Février 2022

Mardi 25 janvier

Mercredi 26 janvier

10×6 FINANCE

Luxembourg –  Financial centre 2030

Le secteur financier est aujourd’hui encore le principal pilier de l’économie luxembourgeoise. Mais les nouvelles attentes du marché, la concurrence internationale, de nouvelles régulations et de nouvelles technologies viennent révolutionner des pans entiers de cette industrie. Ce 10×6 a pour ambition de proposer une perspective d’avenir pour la place financière, Inscrivez-vous avec des orateurs se projetant dans cet avenir. PROGRAMME 18:30 – 22:30 LIEU Athénée de Luxembourg

TALK

Apéro Talk with Nathalie Reuter – Cars Pour la sortie de Paperjam Drive, Nathalie Reuter invite Carlo Kissen (Quest) et Gerry Wagner (House of Automobile) sur scène pour révéler les résultats d’une étude de marché exclusive sur la mobilité, les intentions d’achat et le futur de l’électromobilité au Luxembourg. PROGRAMME 18:30 – 21:00 LIEU The Car’tell

Jeudi 10 février

Delano Live + Meet the community

Members and expat communities are invited to join the Club and Delano teams and their guests. Just how “smart” can our lives become? How will the Internet of Things revolutionise our homes, our mobility, our relationships? We will hear from two leading voices on the subject. As usual, this will be followed by networking and drinks and exceptionally we will be welcoming members of the Nordic community. SCHEDULE 18:30 – 21:30 LOCATION Knokke Out

100

JANVIER 2022

Subscribe

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Inscrivez-vous



Le programme

Business Club Janvier / Février 2022

Vendredi 14 janvier

Mercredi 26 janvier TALK

Mardi 22 février 10×6 WOMEN

Apéro Talk with Nathalie Reuter – Cars HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU The Car’Tell

Jeudi 03 février

Déjeuner Carrousel

Networking Circle

HORAIRE 12:00 – 14:00

HORAIRE 18:30 – 21:30

LIEU Knokke Out

LIEU Centre culturel Mamer – Kinneksbond

Mardi 18 janvier

Mardi 08 février

Entrepreneur  – Role models HORAIRE 18:30 – 22:30

Journée de workshops

Jeudi 24 février

HORAIRE 09:30 – 12:45

Journée de workshops

LIEU Abbaye de Neumünster

HORAIRE 09:30 – 12:45 LIEU Abbaye de Neumünster

Mercredi 19 janvier TALK

FORMATION AVANCÉE

Leadership + management transversal HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés

Networking Circle HORAIRE 18:30 – 21:30

Jeudi 10 février

LIEU Subtile

Delano Live + Meet the community

Apéro Talk with Nathalie Reuter – Mipim

HORAIRE 18:30 – 21:30

HORAIRE 18:30 – 21:00

LIEU Knokke Out

LIEU Mudam (Musée d’art moderne Grand-Duc Jean)

Mardi 25 janvier 10×6 FINANCE

Luxembourg –  Financial centre 2030

SPONSOR ING Luxembourg

HORAIRE 18:30 – 22:30

Mardi 22 février

LIEU Athénée de Luxembourg

FORMATION AVANCÉE

Booster son middle management

Vendredi 25 février

Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU INNSiDE by Meliá Luxembourg

HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés

Retrouvez le programme complet

102

JANVIER 2022

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


FR/EN

10�6 LUXEMBOURG FINANCIAL CENTRE 2030

25.01.22

Mardi 18h30

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Flashback

2 1

4

3

5

« Les réseaux criminels ont trouvé un nouvel eldorado : le monde cyber. » Christophe Bianco Excellium

104

JANVIER 2022


Vos événements Une fin d’année riche en événements a été offerte aux membres du Club. Ce sont les crypto-assets et la NFT qui étaient au centre de notre dernier Club Talk de la saison. Quatre experts, dont 3  Nadia Manzari, 1  Nasir Zubairi, 4  Laurent Kratz et 2  Luc Falempin ont donné leur avis sur la manière dont nous pouvons réglementer les actifs sans étouffer le cœur de l’innovation qu’ils représentent. Nous avons eu l’honneur d’accueillir 5  Virginie Delalande, première avocate sourde de naissance en France et une des 40 femmes les plus inspirantes de l’Hexagone, selon Forbes. Ce fut un discours ­poignant sur son parcours remarquable d’avocate et de conférencière qui a séduit notre public au sein de la banque Degroof Petercam Luxembourg. Trois piliers étaient au cœur de sa prestation : persévérer, avoir confiance en soi, et savoir demander de l’aide quand on en a besoin. Une ligne de conduite qui a permis à notre invitée de faire de son handicap une force. Plus de 200 personnes étaient réunies lors du dernier 10×6 de l’année, ayant pour thème la cybersécurité. Comment appréhender et implémenter le progrès digital tout en préservant la sécurité de l’entreprise et des employés ? En cas de cyberattaque, quelles stratégies mettre en œuvre ? Neuf experts ont présenté leur vision afin de donner de nouvelles clés de réflexion à notre audience. Nous remercions encore Cubic et Post Luxembourg pour leur soutien lors de cet événement. Enfin, il fut temps de récompenser la résilience des entreprises du Grand-Duché avec les Paperjam Recovery Awards. Événement auquel le ministre de l’Économie 6  Franz Fayot a pris part. Sur les 52 entre­ prises ayant candidaté, quatre ont reçu un prix. Nous remercions encore la Chambre de commerce du Luxembourg, Resultance, Spuerkeess ainsi que notre jury pour leur soutien ainsi que leur implication.

Photos

Simon Verjus, Eva Krins

Plus de photos sur

6

paperjam.lu

“ The biggest problem is that too much of our data is overshared. ” Beltran Borja Fiz Pontiveros DigitalUs JANVIER 2022

105


Ma maison

2

3

Alina Fadeeva est l’actuelle résidente d’une maison troglodyte à Luxembourg. C’est « au cœur de la montagne », comme elle le dit elle-même, qu’Alina Fadeeva a choisi ­d’habiter au sein de la capitale. ­Installée ici depuis maintenant trois ans, cette artiste peintre a trouvé dans cette maison atypique l’énergie qu’elle recherchait. « Quand on est à l’intérieur de la maison, les sensations sont vraiment différentes.

1

HABITER 106

JANVIER 2022

On a l’impression que la maison respire avec nous. Il s’en dégage une énergie très singulière que j’apprécie. Les bruits sont aussi très différents. » Tandis qu’elle cherchait à s’installer en ville, ce bien ­atypique a répondu à toutes ses attentes. Proche de toutes les commo­dités, la maison ­dispose de suffisamment d’espace pour y installer son atelier et pratiquer sa peinture en toute liberté. « Le jardin est aussi très important pour moi. C’était un critère important, car j’ai un chien et c’est en plus un véritable balcon sur la ville, avec une vue magnifique. De plus, il y a une cuisine tout en aluminium, comme les professionnels. Cette maison est vraiment un endroit exceptionnel. »

Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF


4

1 Depuis l’extérieur, le caractère troglodyte de la maison n’est pas perceptible. 2 Alina Fadeeva, qui est artiste peintre, a pu installer son atelier chez elle. 3 Le jardin bénéficie d’une vue sur la vieille ville, un cadre privilégié pour se ressourcer au quotidien. 4 Dans le salon, tech­nologie et roche se marient dans un espace chaleureux. 5 La salle de bain a été aménagée dans un esprit marocain par le propriétaire de la maison.

5

LE ROCHER JANVIER 2022

107


Mon argent

La CEO d’Orange Luxembourg Corinne Lozé conserve un rapport prudent à l’argent, qu’elle utilise avant tout de façon dématérialisée. Avez-vous une devise ou un principe par rapport à l’argent ? Aucun. Je réfléchis toujours et je ne suis pas dépensière. À un certain niveau de res­ ponsabilité, l’argent permet de s’octroyer des petits extras qui font plaisir tout de même… Il ne faut pas forcément de l’argent pour se faire plaisir. J’ai par exemple le plaisir de me réunir en famille autour d’une table. Vous souvenez-vous de votre premier salaire et de ce que vous en avez fait ? Oui, c’était à l’époque où je ­travaillais à l’ambassade d’Égypte au Mali (où Mme Lozé a grandi, ndlr), je devais avoir 19 ans environ. J’ai acheté un billet d’avion pour la Grèce, c’était mon premier voyage et j’en garde un beau souvenir, c’était génial. Votre rapport à l’argent a-t-il évolué avec votre carrière ? Pas au fil de ma carrière, mais plutôt de ma famille. Lorsque vous avez des enfants et des petits-enfants, vous commencez à vous poser la question de comment les aider et les rassurer, c’est plutôt cela mon angle de réflexion : m’assurer qu’ils ne manquent de rien. Leur inculquez-vous certaines valeurs autour de l’argent ? Oui, d’abord je leur apprends que l’argent nécessite de l’investissement dans le travail, que ce n’est pas très facile d’avoir beaucoup d’argent. J’essaie de leur apprendre qu’ils ont de la chance : ils vivent à Paris, et je compare avec ­Bangui

Corinne Lozé ne se sépare jamais de sa veste en daim pour voyager.

(la capitale de la République centrafricaine, ndlr), où les en­ fants ont ­beaucoup plus de mal. J’essaie de leur faire percevoir ce décalage qui existe dans le monde. Vous avez voyagé dans votre carrière entre l’Europe et l’Afrique. Y a-t-il un objet dont vous ne vous êtes jamais séparée ? Oui, je ne peux pas prendre l’avion sans la même veste en daim qu’il y a 20 ans. Cela ne s’explique pas. Elle m’a été offerte et, à mes yeux, c’est quelque chose qui me protège. Qu’a-t-elle de si particulier ? Rien de spécial. C’est une belle veste en daim beige magnifique. Vous avez lancé Orange Money en Centrafrique, la solution de transfert d’argent sur mobile d’Orange en 2016.

Vous êtes pro-monnaie dématérialisée ? Je n’ai que ça ! J’utilise des transferts d’argent, Payconiq et je n’ai jamais de cash sur moi, à l’exception de quelques pièces jaunes pour prendre mon café au distributeur. En Europe, il semble que l’adoption du paiement mobile soit moins rapide qu’en Asie ou en Afrique. Que vous inspire ce décalage ? L’Europe a des habitudes ancrées alors qu’en Afrique, les solutions de paiement mobile répondent vraiment à un besoin et un enjeu. Le taux de bancarisation est largement plus faible, les distances et les difficultés de transport font que ces formules mobiles sont tout à fait adaptées, sans oublier que, pour les commerçants, cela leur évite d’avoir de l’argent sur eux.

Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ? Pas mal de choses. Pour moi, la seule chose qui importe dans l’argent, c’est que cela peut donner le choix : j’accorde une certaine importance dans le fait d’avoir le choix, le fait d’avoir une certaine liberté. L’argent est-il tabou ? Non, pas du tout. L’argent n’est pas quelque chose qui m’a ­guidée dans ma vie. Ce qui m’a guidée, c’est plutôt le fait d’apprendre des choses et de découvrir des cultures. J’évolue dans un secteur et un métier que j’adore et, au fond, c’est toujours cela qui m’a guidée plus que l’argent.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo ANDRÉS LEJONA

Sagesse sans frontières 108

JANVIER 2022


Assurez votre appart’ en 3 clics

GoodStart.lu L’assurance appartement qui simplifie la vie. www.goodstart.lu

RES & I A T A C O L IRE S A T É I R P O PR


Céline Ancelin Contrôleuse de gestion, Luxlait Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Au lycée, je me prédestinais déjà à une carrière dans la finance. À 18 ans, j’étais miss tailleur et talons hauts. Avec l’âge, je ne suis plus un rôle dans un costume, mais une personnalité qui s’affirme. Quel a été votre premier achat mode significatif ? Une paire de talons Calvin Klein, première pièce de valeur. J’aurais pu les garder pour dormir ! Comment mettre un peu d’énergie dans votre style, pour cette nouvelle année ? Une touche artistique avec une paire de sneakers très originale. Que porterez-vous pour les 12 coups de minuit ? Je ne suis pas trop robe à paillettes. J’adore me déguiser. Je reste sur une robe droite, noire, que j’accessoirise de diverses manières durant la soirée. Vers minuit, ça sent toujours un peu le collier à fleurs ! Votre no-go absolu ? Les chaussures de randonnée hors forêt : le pratique et le confort ont leurs limites… Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Un petit sac Dior bien vintage, héritage de ma grand-mère. Je le garde bien au chaud pour ma nièce Jade. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Le concept store Bagatelle dans le quartier Gare de Luxembourg, avec un petit coup de cœur pour des broches fun et colorées que j’imagine très bien sur des robes plus classiques.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

130 - 160 signes

Un peu de peps pour 2022 110

JANVIER 2022


Mon style

Dany Coimbra Coelho Front-end developer, Lola Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Je considère la mode comme un art, c’est un véritable moyen d’expression. Tout comme l’art, dans la mode, chaque person­ ne trouve une pièce ou un style qui le définit au mieux et qui lui parle. Quel a été votre premier achat mode significatif ? Ma première veste de costume que j’ai achetée il y a 5 ans chez Henry Poole & Co. C’était un premier pas dans l’affirmation de mon style. Comment mettre un peu d’énergie dans votre style pour cette nouvelle année ? En chinant. Les vêtements vin­tage et de seconde main peuvent être de vrais trésors si l’on sait les choisir et les associer avec de bonnes pièces, plus neuves. Cela donne un vrai plus. Que porterez-vous pour les 12 coups de minuit ? Je suis plutôt original : j’adore rester chez moi et regarder les feux d’artifice un peu partout dans le monde. Du coup, je dirais un beau pyjama ! Votre no-go absolu ? Personnellement, je ne suis pas très fan des vêtements trop criards, avec des imprimés de la marque partout. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Une montre Patek Philippe que j’ai héritée de mon père. Je ne la porte jamais mais j’aimerais la léguer à mon futur enfant.

130 - 160 signes Céline Ancelin a été photographiée à La Belle Aventure et Dany Coimbra Coelho au Bâtiment IV à Esch-sur-Alzette.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? En ce moment, j’ai vraiment un coup de cœur pour Scotch & Soda. Sinon j’aime aller chez Vincent Verlaine, j’y trouve toujours mon bonheur. Interview FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA

JANVIER 2022

111


Ma collection

écie j appr Dana ns o ti Alba a é les cr elli, aussi ello Cucin i n u r Fend s de B n o llecti rfeld les co s de Lage iana. p P du tem re de Loro co ou en

Du luxe, avec une histoire 112

JANVIER 2022


Depuis toute petite, Alba Danaj aime la mode et apprécie de la porter. Aujourd’hui, elle recherche avant tout des tenues qui lui donnent confiance en elle et qui ont une histoire. Originaire d’Albanie, Alba Danaj a subi une forme de mise à l’écart en arrivant au Luxembourg en 2001, n’ayant pas la possibilité de travailler à cause de sa nationalité. « Ces refus m’ont poussée à me montrer encore plus, à croire en moi, et la mode a été un des moyens de m’exprimer, de m’affirmer », explique-t-elle. Aujourd’hui, en plus de gérer activement sa page Instagram, elle fait équipe avec son mari et s’occupe des relations publiques de leur entreprise. Son niveau de vie lui permet d’avoir accès aux maisons de luxe qu’elle ad­mire, comme Chanel ou Dior. « J’ai grandi avec beaucoup d’in­ fluence italienne, mais c’est la mode française qui m’intéresse le plus. Ces maisons de couture ont des histoires incroyables, avec des personnalités fortes et engagées. » Chez Coco Chanel, elle admire son engagement féministe. « Je ne suis pas intéres­ sée par le fait de porter un logo, mais plutôt des vêtements qui ont une histoire. » Pour ses accessoires, la démarche est autre. « En ce qui concerne les sacs à main, je vois cela vraiment comme un investissement. C’est pour cela que j’ai dans mon vestiaire des sacs Hermès ou Chanel, car ce sont des objets qui prennent de la valeur et que je pourrai transmettre à ma fille. » Pour les bijoux et les montres, elle accepte de se faire gâter par son mari qui prête beaucoup d’attention au savoir-faire et à la manière dont ces créations sont fabri­quées. Auteur CÉLINE COUBRAY Photo GUY WOLFF

JANVIER 2022

113


Ma recette

Norbert Brakonier est un fou de cuisines, dans son atelier de menuiserie et chez lui. Illustration avec sa recette de sushis et sashimis. Pour 4 personnes Préparation : 1 h 30 Cuisson : 20 minutes POUR LE RIZ À SUSHI : 2 tasses de riz collant japonais 2,5 tasses d’eau 10 x 10 cm d’algues ­kombu (algues séchées) 4 cuillères à soupe de saké (vin de riz sec japonais) POUR LA MARINADE : 7 cuillères à soupe de vinaigre de riz 3 cuillères à soupe rases de sucre 2 cuillères à soupe de Mirin (vin sucré japonais) ½ cuillère à soupe de sel POUR LA GARNITURE : 1 filet de saumon sans peau, bio de préférence, qualité sashimi 1 steak de thon en qualité sashimi 3-4 noix de SaintJacques extra-fraîches sans corail 6 bâtonnets de surimi Wasabi POUR LE SAKÉ : I WA 5 de Richard Geoffroy, chez Craft et Compagnie

Sushis et sashimis home-made 114

JANVIER 2022

Préparation du riz : Rincer le riz plusieurs fois à l’eau froide, jusqu’à ce que l’eau reste claire et ne présente plus de résidus, bien égoutter et laisser gonfler 10 minutes. Pendant ce temps, déposer les feuilles de kombu séchées dans une casserole, recouvrir d’eau à hauteur et verser le saké. Une fois les feuilles bien réhydratées, ajouter le riz et laisser cuire à couvert. Diminuer le feu au minimum et laisser mijoter jusqu’à ce que le riz ait absorbé toute l’eau (environ 15-20 minutes). Pendant la cuisson, mélanger les ingrédients pour la marinade, jusqu’à obtention d’une sauce homogène sans grains de sel ou de sucre. Laisser le riz s’évaporer à l’air libre et retirer les feuilles de kombu, puis mélanger le riz dans un bol avec la marinade épicée et le remuer réguliè­ rement avec une cuillère en bois pour qu’il refroidisse uniformément. Préparation des nigiris : Former des bouchées de riz refroidi avec la main droite et en faire une forme allongée dans le creux de la main gauche. Étaler une pointe de wasabi sur la boulette de riz formée, puis y déposer la garniture. Les nigiris doivent idéalement pouvoir être consommés en une seule bouchée ; ils doivent donc être plutôt petits et compacts. Préparation des sashimis : Détailler le poisson extra-frais en fines lamelles de la taille d’une bouchée et les disposer de manière décorative sur un plat (si disponible, les disposer de préférence sur une feuille de shiso). Dégustation : Déguster les nigiris et les sashimis avec de la sauce soja, du wasabi et du gingembre mariné. À noter qu’un dosage subtil révélera toute leur saveur (peu de wasabi et très peu de gingembre). Auteur FABIEN RODRIGUES Photos GUY WOLFF



Mon mental

Yannick Schumacher vit aujourd’hui pleinement sa masculinité avec une bonne touche de féminité. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. « Quand j’étais enfant, les gens dans la rue ou chez les com­ merçants m’appelaient souvent ‘mademoiselle’ », se souvient Yannick Schumacher. Peut-être était-ce à cause de sa coupe « champignon », de ses yeux bleu clair et de ses longs cils, se demande-t-il. Dès son plus jeune âge, il ressent comme un décalage, une différence qu’il n’identifie pas vraiment au début, bien entendu. « Mes parents ont divorcé quand j’avais 8 ans, et mon père est alors sorti de ma vie. C’est ma mère qui m’a élevé et qui a pris soin de moi tout

Yannick Schumacher s’est aujourd’hui affirmé et accepté.

au long de mon enfance. Elle a toujours été à mes côtés, m’a soutenu dans ma personnalité, mes choix et m’a montré que ce que je faisais était bien. » Mais, vers 10-12 ans, Yannick traverse une crise d’identité un peu plus profonde. « Cette situa­ tion me crispait, et j’avais honte de qui j’étais, car je ressentais bien que quelque chose n’allait pas, que je n’étais pas comme les autres garçons de mon âge. Mais ma mère m’a toujours ras­ suré et réconforté. Elle devait pourtant subir des questions narquoises, comme ‘Et Yannick, il a une petite copine ?’ » Une manière de dire les choses sans oser les dire directement.

Au lycée, la situation ne s’améliore pas. Yannick se fait régulièrement insulter et subit des réflexions déplacées, y compris de la part des adultes. Il se sent seul et ne rencontre pas d’autres adolescents dans sa situation. « En aucun cas je ne voulais donner raison à ceux qui m’in­ sultaient et me montraient du doigt. Je ne voulais pas être gay, et faisais tout pour donner une autre apparence, mais au fond de moi, je sentais bien que j’étais homosexuel et que je ne m’iden­ tifiais pas du tout à l’attitude des autres garçons. » Avec l’âge, il apprend à accepter qui il est et ne refoule plus son homosexualité et sa

­ ifférence. Ce qui a pour c d ­ on­séquence que certaines personnes l’évitent. « Je n’ai jamais eu d’ami qui me soutienne à 100 %, qui soit toujours à mes côtés ou qui prenne ma défense. Je me sentais isolé. » Mais en affirmant qui il est, il se sent désormais libre. Et cette affir­ mation a définitivement enlevé les points d’interrogation qu’il lisait autrefois dans les yeux des personnes qu’il rencontrait. Il n’hésite alors plus à porter tous les vêtements qu’il souhaite, y compris des vêtements « de femme », il ose se maquiller, se mettre du vernis sur les ongles. « À la maison, cela ne posait pas de problème.

S’aimer tel que l’on est 116

JANVIER 2022


Ma mère m’a toujours dit qu’elle m’aimait tel que je suis. »

«  Je suis un homme, mais j’aime aussi mettre du gloss. »

Assumer sa féminité En s’affirmant ainsi, il poursuit ses études et est aujourd’hui graphiste dans le domaine de la presse. Si sa personnalité et sa féminité assumée n’ont jamais posé problème dans son milieu professionnel, il doit bien reconnaître que, dans la vie de tous les jours, il continue d’entendre des chuchotements autour de lui. « Quand j’entre dans un café, je sens bien ces regards qui me dévisagent sans vouloir se faire remarquer, ou les discussions dans lesquelles, tout d’un coup, un geste de la main me désigne ou pointe dans ma direction. Les gens pensent être discrets, mais je vois et entends bien évidem­ ment tout cela. » Parfois, quand il se sent en forme, Yannick s’en amuse et joue un peu la provocation. « Je suis un homme, mais j’aime aussi mettre du vernis, du gloss et de l’eye-liner. Je n’ai pas de double personnalité pour autant. C’est juste que j’en ai envie et que je m’autorise à le faire. » Mais la différence fait peur

et provoque parfois des réactions violentes. « J’ai souvent peur de me faire attaquer. Quand je vois ce qui se passe en Pologne, par exemple, je me dis que cela pourrait arriver jusqu’ici. Il m’est impos­sible d’ignorer ce qui se passe à notre porte. Même si l’homosexualité est acceptée au Luxembourg, certaines choses ne sont pas comprises. Cela se traduit par la fameuse phrase ‘Je ne suis pas contre, mais…’ », et l’affirmation d’une masculinité féminine en fait partie. Surmonter les difficultés Pour l’accompagner dans cette acceptation de soi, Yannick rencontre régulièrement une psychologue. « Cela m’apporte beaucoup. J’ai eu une période où je voyais tout en noir, mais aujourd’hui, je sens qu’un chan­ gement est en train de s’opérer. Il ne faut pas croire que c’est facile tous les jours. Quand les autres vous renvoient une image négative de vous-même, vous finissez par y croire et vous perdez confiance en vous. » Pour regagner cette confiance, il se force à faire des choses qui lui semblent bien et essaie de se convaincre

de son succès. Une posture qui a fonctionné et l’a aidé à retrouver foi en qui il est. Âgé de 34 ans, Yannick Schumacher fait partie de la génération pour qui internet et les réseaux sociaux sont une évidence. C’est donc ­natu­rellement qu’il alimente un compte Instagram. « Quand j’étais petit, je voulais être acteur. Me mettre en scène sur les réseaux sociaux est donc une partie de plaisir pour moi. Une manière de jouer un rôle, ce qui me plaît beaucoup. » Il poste des images de lui mimant des postures-types d’influenceuses, n’hésite pas à forcer un peu le trait et à se moquer de lui-même, jouant un rôle d’entertainer. « C’est important de partager mon expérience. C’est aussi pour cela que j’accepte d’intervenir dans les lycées ou lors de ren­ contres publiques pour expli­ quer mon parcours. Il y a une phrase que j’aime dire aux autres : ‘Ce n’est pas parce que tu peux supporter la douleur que tu la mérites.’ »

Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA

JANVIER 2022

117


FO N

0 PAR MIKE K 200 OE

DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION JANVIER 2022

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Bérengère Beffort

Rédaction

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF PRINT

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104) Ioanna Schimizzi (-120)

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Lisa Cacciatore (-176) Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Manon Méral (-173) Mathilde Obert (-114) Thierry Raizer (-108) Jérémy Zabatta (-106) PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Aurélie Boob (-121) Marc Fassone (-157)

LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Céline Coubray (-162) Sarah Lambolez (-174) Fabien Rodrigues (-161) Elena Sebastiani (-175) RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

Nathalie Reuter Thierry Raizer

RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL

Nicolas Léonard

Brand Studio Téléphone 20 70 70-300 DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

Francis Gasparotto (-301)

HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS

Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA

Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Virginie Laurent (-322) Aline Puget (-323) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) HEAD OF CONTENT STRATEGY

Emmanuelle Thivollard DIRECTEUR DE CRÉATION

Jeremy Leslie

STUDIO MANAGER

Sandrine Papadopoulos ART DIRECTOR

Laura Fort, Nathalie Rachline (Maison Moderne)

Marielle Voisin

WEBPUBLISHING

Elina Luzerne (coordination) Charlène Pouthier

Didier Hiégel

MISE EN PAGE

PHOTOGRAPHES

Andrés Lejona (Maison Moderne) Romain Gamba (Maison Moderne) Guy Wolff (Maison Moderne) Matic Zorman (Maison Moderne)

Éditeur

www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR

Mike Koedinger CEO

Geraldine Knudson DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER

Etienne Velasti

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTRICE PUBLISHING HOUSE

Bérengère Beffort

STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

Francis Gasparotto

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

DIRECTOR BUSINESS CLUB

Artur Sosna

CHIEF DIGITAL OFFICER

Viktor Dick HR MANAGER

Sylvie Notarnicola RESPONSABLE ADMINISTRATIVE

Sylvia Leplang

DIGITAL PROJECT MANAGERS

Meryem Alamy Antonello Di Pinto

RESPONSABLE DIFFUSION

Kévin Thirion

S’abonner au magazine

RESPONSABLE IT

Matthew Dixon

Pour contacter nos collaborateurs ENVOYER UN E-MAIL SELON LE MODÈLE prenom.nom@maisonmoderne.com

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619

COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie 10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare

118

JANVIER 2022

natureOffice.com | DE-261-JYACEBD

Maison Moderne s’engage à réduire son empreinte écologique. Le magazine Paperjam a bénéficié d’une impression neutre en CO2, d’un papier recyclé Blauer Engel pour sa couverture et d’un papier intérieur durable, tous deux certifiés Ecolabel et FSC�. Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Geraldine Knudson.


Mensuel Abonnez-vous sur www.eshop.maisonmoderne.lu

Paperjam Hors-série

Suppléments

11 numéros par an.

Booklet, Classique, Journal

Architecture + Real Estate

Les suppléments de Paperjam se déclinent en trois formats distincts et adaptés en fonction de leur usage, de leur contenu, de leur diffusion.

Publication annuelle de plus de 300 pages reprenant une sélection de projets architecturaux intéressants. DISPONIBLE DEPUIS LE : 18 NOVEMBRE 2021

Paperjam Guide  2.600 biographies et 7.000 entreprises + institutions sur www.paperjam.lu/guide

Paperjam.lu

Générateur de business depuis plus de 20 ans. Publiez ou mettez à jour votre biographie en ligne. Publiez ou mettez à jour votre fiche d’entreprise en ligne.

L’actualité business et politique non-stop.

PROCHAINE PARUTION : 17 JANVIER 2022

Écosystème

Paperjam + Delano Club

Newsletters Abonnez-vous sur www.subscription.maisonmoderne.com

Découvrez le programme sur www.paperjam.lu/club

Newsletter biquotidienne (8h - 16h) Foodzilla (jeudi) Trendin’ (vendredi) Architecture + Real Estate (bimensuelle, le lundi) Finance (mensuelle, le mardi) Green (mensuelle, le mercredi)

Le premier club d’affaires au Luxembourg en live et en digital. Paperjam Cercles, Academy, Talks, Shows, Activation, Social, Communication, Assistance. Devenir membre Devenir intervenant Devenir sponsor

Podcasts Paperjam.jobs

À écouter sur www.paperjam.lu/list/podcasts

Grands Dossiers

Rendez-vous sur www.paperjam.jobs Candidats, trouvez votre prochain poste. Recruteurs, publiez vos offres.

Écoutez ou réécoutez les nombreux podcasts proposés par Paperjam. De nombreux thèmes sont abordés avec un panel d’experts et de décideurs qui font l’actualité.

À lire sur www.paperjam.lu/dossiers Retrouvez les derniers : Tax & Legal Digital innovation Cybersécurité Participez aux prochains : Autofestival Fintech Fonds d’investissement

Social Paperjam

@Paperjam_lu

Paperjam Foodzilla

Paperjam

Paperjam

Paperjam Architecture + Real Estate

PaperjamFoodzilla

Paperjam + Delano Club

@paperjam_lu

@paperjam_architecture @paperjam_foodzilla

@Paperjam_Club

Paperjam Club

JANVIER 2022

119


7

La liste

élus qui auront fort à faire en 2022

La nouvelle année s’annonce chargée pour ces sept élus et responsables politiques de premier plan. Tour d’horizon de leur agenda et de leurs défis... Auteurs IOANNA SCHIMIZZI & JULIEN CARETTE

2

Xavier Bettel (DP)

PREMIER MINISTRE

Paulette Lenert (LSAP)

MINISTRE DE LA SANTÉ

Paulette Lenert (53 ans) pourrait-elle devenir, en 2023, la première femme Premier ministre du Luxembourg ? L’idée commence à faire tout doucement son chemin dans bien des têtes, l’actuelle ministre LSAP de la Santé continuant à caracoler en tête de tous les sondages. Une constante depuis que sa gestion de la crise sanitaire l’a mise en lumière en mars 2020, quelques semaines après qu'elle ait pris le relais d'Etienne Schneider. 2022 sera-t-elle l’année où elle parviendra à s’imposer durablement comme la figure de proue de son parti ? « Elle ferait un très bon Premier ministre », déclare en filigrane Yves Cruchten, le président du LSAP. Mais on sent bien une envie de ne pas mettre trop de pression, pour l’heure, sur les épaules de l’ancienne juge et haut fonctionnaire. Car, à ses trois portefeuilles ministériels (Santé, Protection des consommateurs, ministre déléguée à la Sécurité sociale) s’ajoutera bientôt un rôle de vice-Première ministre, suite au départ de Dan Kersch.

120

JANVIER 2022

Xavier Bettel

3

Claude Haagen (LSAP)

FUTUR MINISTRE DE L’AGRICULTURE, DE LA VITICULTURE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL ; FUTUR MINISTRE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

Quand il a été question de remplacer les ministres Dan Kersch et Romain Schneider, suite aux pas de côté annoncés par ces derniers fin novembre, on a choisi au LSAP de respecter la volonté des électeurs. Et d’aller chercher leurs successeurs parmi ceux qui les suivaient dans leur circonscription en termes de voix recueillies aux élections législatives de 2018. C’est ainsi que Romain Schneider, leader incontestable du LSAP dans le Nord, va remettre sa double casquette ministérielle (l’agriculture, la viticulture et le développement rural d’un côté ; la sécurité sociale de l’autre) à celui qui était son dauphin : Claude Haagen (59 ans). À charge pour ce dernier de tenter de combler, dans les deux ans à venir, un écart de 5.000 voix qui le séparait de son futur ex-collègue. Économiste de formation, jusqu’ici député-bourgmestre de Diekirch et ancien président du LSAP (2014-2019), Haagen est défini par ses proches du parti comme un « vrai passe-­ partout ». De là à avoir un rôle-clé au LSAP pour les prochaines grandes échéances…

Andrés Lejona, LSAP, Mike Zenari, Romain Gamba (Archives)

1

Claude Haagen

Photos

Paulette Lenert

Outre les récentes violences exprimées dans les rues de la capitale et jusqu’à son domicile, Xavier Bettel (48 ans) a vécu une fin d’année 2021 en demi-teinte sur le plan politique. Il a tout d’abord dû faire face à un nouveau remaniement gouvernemental, pas vraiment souhaité. Le troisième en un tout petit peu plus de deux ans – après ceux provoqués par le malaise cardiaque de Felix Braz (déi Gréng) en août 2019 et le départ d’Étienne Schneider en février 2020. Cette fois, ce sont Dan Kersch (LSAP), Romain Schneider (LSAP) et, certainement le plus important à ses yeux, Pierre Gramegna (DP) qui ont quitté le navire. Dans les prochains mois, Xavier Bettel, qui est aussi en première ligne pour gérer la crise sanitaire, devra garder le cap pour contrecarrer des sondages qui donnent l’alliance DP-LSAP-déi Gréng en perte de vitesse. Mais en fin stratège, il ne boudait pas son plaisir de présenter le 3 décembre dernier un nouvel atout surprise pour le gouvernement, et surtout pour son parti : Yuriko Backes en tant que future ministre des Finances.


5

Claude Wiseler (CSV)

PRÉSIDENT DU CSV

Georges Préno Nom Engel

4

Georges Engel (LSAP)

FUTUR MINISTRE DES SPORTS ; FUTUR MINISTRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DE L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

« Georges Engel a du pain sur la planche. » Ces mots sont ceux de Dan Kersch. Dans cette petite phrase tirée d’une interview début décembre dans Le Quotidien, le ministre sur le départ évoque donc celui qui sera son successeur. Mais n’allez pas croire que ces propos sont prononcés avec une quelconque animosité. Les deux hommes s’entendent bien. Et Kersch, comme les principaux décideurs du LSAP, semble convaincu que Georges Engel (53 ans) – éga­ lement originaire du Sud – est le mieux placé pour prendre sa suite. Depuis huit ans, l’ancien bourgmestre de Sanem est, en effet, président de la commission du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale. « Il connaît tous les dossiers et a été pratiquement à chaque fois rapporteur de ceux touchant au travail. Bref, il connaît ce qui a été fait, ce qui est dans les tuyaux et, même, ceux qui suivront », explique un proche. The right man at the right place ? Georges Engel cèdera à Yves Cruchten la présidence du groupe parlementaire.

Le président du CSV, Claude Wiseler (61 ans), a un chantier énorme devant lui. Sa mission : ramener ses couleurs au pouvoir lors des élections législatives de 2023, après deux législatures dans les rangs de l’opposition. Sur le papier, cela n’a rien d’impossible pour le premier parti du pays. Dans les faits, c’est une autre histoire… Depuis le scrutin de 2018, le CSV semble en chute libre, sondage après sondage. C’est toute une dynamique qu’il faut réussir à (re)mettre en place. Le challenge est d’autant plus important qu’il va falloir tenter de rendre moins voyantes les nombreuses querelles internes qui parasitent la ligne officielle du parti. Celui qui fut tête de liste nationale aux élections de 2018 assume. Le plan de bataille des chrétiens-sociaux sera décidé six mois avant le scrutin de 2023. C’est dire si 2022 s’annonce cruciale…

7

Henri Kox (déi Gréng)

MINISTRE DU LOGEMENT ; MINISTRE DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE

Claude Wiseler

6

Yuriko Backes (DP)

FUTURE MINISTRE DES FINANCES

Yuriko Backes

Henri Kox

Le budget 2022 de l’État voté, Pierre Gramegna (DP) laissera les clés du ministère des Finances à une autre diplomate, Yuriko Backes (51 ans), au début de l’année. Conseil­ lère diplomatique des Premiers ministres Jean-Claude Juncker (CSV) et Xavier Bettel (DP) entre 2010 et 2016, elle est reconnue pour sa maîtrise des dossiers et son écoute. Lorsqu’on lui a proposé le poste, elle a pris le temps de sonder « proches et famille, car c’est tout de même un grand changement dans une vie ». Yuriko Backes deviendra la première femme ministre des Finances du pays. Une primeur... qui n’est pas sa première, puisqu’elle fut aussi la première maréchale de la Cour grand-ducale, et la première chef de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg.

Devenu ministre du Logement en 2019 puis de la Sécurité intérieure en août 2020, Henri Kox a dû se confronter à la réalité de deux dossiers au long cours et pour lesquels les solutions paraissent aussi évidentes que périlleuses : la crise du logement et la sécurité dans le quartier Gare. Tant l’oppo­sition que les citoyens concernés ne manquent jamais de lui demander des actions... et des résultats. Alors qu’à 60 ans, il pourrait se ranger des affaires comme Dan Kersch ou Romain Schneider, lui, « se sent en forme. Je fais du sport et de la relaxation. Ce qui est important, c’est d’avoir cette distance par rapport à nos postes et de ne pas garder les choses pour soi, mais d’en parler à nos proches », explique le triathlète. En 2022, côté logement, il devra concrétiser la réforme de l’impôt foncier promise pour la fin de l’année. Mais la gestion des manifestations en tout genre contre les mesures sanitaires prises dans le cadre de la crise du Covid pourrait être un test quant à sa capacité à maintenir l’ordre public dans un contexte inédit.

JANVIER 2022

121


122

JANVIER 2022

Photos

S’il revient volontiers sur l’épopée du groupe centenaire, le président du conseil d’administration de Foyer préfère regar­ der devant lui. François Tesch livre en page 26 une conver­ sation sur les enjeux de l’assurance, des entreprises, du Luxembourg et de l’Europe Troisième lauréate des Start-up Stories du Paperjam + Delano Club, Michelle Glorieux a déjà séduit de grands noms à l’étranger avec Ta-Da!, sa solution d’apprentissage destinée aux enfants. Présentation en page 38 À qui la responsabilité de réduire ses émissions de CO2 ? La ministre de l’Environ­ nement, Carole Dieschbourg (déi Gréng), détaille en page 44 son approche par­ ticipative pour réduire de 55 % les émissions à l’échelle du pays d’ici 2030 Auréolée de plusieurs prix (dont deux inter­ nationaux), Iranienne d’origine et diplômée de l’Uni, Tahereh Pazouki, veut éradiquer le frein du lan­ gage dans l’apprentissage des maths avec Magrid. Résolution de cette équation en page 48 Pandémie, climat, cyberattaque… et ensuite ? Dans leur ouvrage Le Temps des crises, Jean-Jacques Rommes et Michel-Édouard Ruben sensibilisent le lecteur, en page 52, aux probables scenarii à venir auxquels il convient de se pré­ parer En cette période compliquée pour les entreprises, Paperjam a souhaité mettre à l’honneur quatre d’entre elles avec les Recovery Awards. Solidarité avec Sophie Ensel (So Graphiste) en page 58, résilience avec Isidro Lopes (Michel Greco) en page 60, digitalisation avec Erwan Loquet (BDO Luxembourg) en page 62 et innovation avec Michel Schuetz (Santé Services) en page 64. Retour sur les projets nés au cœur de la crise… et qui vont perdurer Rares sont ceux qui se livrent à un pronostic exact de l’évolution économique en 2022, au vu de l’incertitude ambiante. Mais plusieurs tendances de fond nous accompagneront durant les 12 prochains mois, comme l’illustrent les experts interrogés dans le dossier Enjeux en page 70 La rubrique Data Dada – en page 24 – est cette fois consacrée aux dépenses de santé (croissantes) du patient au Luxembourg Espoir de sortie de crise, livraisons de repas et motivation des équipes contreba­ lancent les annulations en série vécues en cette fin d’année par 9 chefs exerçant chez des traiteurs et restaurateurs collectifs dont l’humeur – pas tout à fait terne – est saisie en images, en page 86 Des leçons de vie que partage aussi Yannick Schumacher en page 116 dans la rubrique Mon Mental, lui qui vit aujourd’hui pleinement sa mascu­ linité avec une bonne dose de féminité.

Andrés Lejona, Guy Wolff

Clin d’œil



Banque de Luxembourg, société anonyme – 14, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg – R.C.S. B5310

“L’avenir économique est incertain. Notre expertise ne l’est pas.” L’environnement économique et financier actuel est particulièrement complexe. Prendre les bonnes décisions pour la gestion de votre patrimoine ne s’improvise pas. Depuis 100 ans au Luxembourg, nos experts vous accompagnent dans la préservation, la valorisation et la transmission de votre patrimoine. Faites le point sur vos investissements. Tél. : 48 14 14

www.banquedeluxembourg.com/votrepatrimoine


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.