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YVES CRUCHTEN

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« La taxe Covid n’est pas aux oubliettes »

Président du LSAP et futur chef de fraction à la Chambre, Yves Cruchten évoque les dynamiques internes de son parti et ses grandes priorités. Sans encore trop penser aux élections de 2023.

Comment avez-vous vécu les départs du gouvernement de Dan Kersch et Romain Schneider ? De manière mitigée. D’un côté, cela me fait de la peine de voir deux très bons collègues se retirer. Mais, de l’autre, c’est aussi une chance de renouvellement pour notre parti.

Comment les remplacer en vue des élections législatives de 2023 ? On ne remplace pas quelqu’un qui est ministre depuis une décennie. On ne peut pas trouver un clone et le mettre à la place. Donc, on se doit de chercher une personne avec les qualités nécessaires et, ensuite, la laisser tracer sa propre route.

Avec le remplacement de Dan Kersch et Romain Schneider, on est déjà entré dans la campagne de 2023… [Il interrompt] Non. Notre parti n’est pas du tout dans une logique électorale. La gestion actuelle, et notamment celle de la crise sanitaire, nous prend énormément de temps et d’énergie. 2023, c’est encore loin.

Pourtant, les changements au gouvernement ne donnent pas cette impression… Si Romain Schneider et Dan Kersch évoquent des raisons médicales et de bien-être en termes de santé pour expliquer leur départ, il me semble que cela élimine les considérations électorales.

Un boulevard s’est ouvert pour Paulette Lenert. Quand vous vous taillez la barbe le matin, vous l’imaginez Première ministre en 2023 ? [Il hésite] Non… Puisque, comme je vous l’ai dit, on n’est pas encore en mode élections. Mais ce n’est pas quelque chose qui m’effraie.

Elle est prête pour cette fonction-là ? On en reparlera dans un an… [sourire] Elle ferait une très bonne Première ministre. Mais, pour le moment, elle doit se concentrer sur le combat face au Covid-19. On doit lui laisser la chance de remporter cette bataille, avant de voir quels autres chantiers on pourra mener avec elle.

Deviendra-t-elle, avant ça, la présidente du LSAP en 2022 ? Le travail d’une ministre de la Santé dans l’époque actuelle, couplé à celui d’une vice-Première ministre qu’elle a accepté de devenir pour remplacer Dan Kersch, voilà deux activités très chronophages… Quel est le profil du binôme qui vous succédera à la tête du LSAP en 2022 ? Il faudra des rassembleurs. Nous avons besoin d’un duo qui continuera à maintenir un bon échange entre les différentes composantes, à être à l’écoute de toutes les opinions. Il faut beaucoup discuter en interne avant de définir la ligne du parti. « Zesummen » (« ensemble », ndlr) ne doit pas être que notre slogan. Il faut qu’il vive en nous.

Selon le récent sondage Sonndesfro, la coalition gouvernementale ne se maintiendrait pas en 2023.

Comment lisez-vous ces résultats ?

Cela ne nous rend guère nerveux.

La situation était déjà la même durant la législature précédente. Tous les sondages disaient que nous n’avions plus de majorité et, au final, les électeurs ont réélu la même coalition. Et je suis assez confiant pour qu’il en soit encore de même cette fois.

Vous vous voyez former une potentielle coalition avec les Pirates ou l’ADR, deux des gagnants de ce sondage ?

J’exclus une coopération avec l’ADR. Et, avec les Pirates, elle serait très difficile. On ne sait pas vraiment quel est leur idéologie ou leur programme. Ils donnent le sentiment de pouvoir changer d’avis du matin au soir. C’est aussi un parti populiste. Pas populiste d’extrême droite, mais populiste quand même…

La taxe Covid dont l’idée avait été lancée par Dan Kersch, elle est aux oubliettes ? Non. Nous aurons le débat sur la fiscalité à la Chambre au printemps et notre parti effectuera des propositions qui vont dans ce sens-là. L’idée me plaît de favoriser une certaine solidarité entre les entreprises. Ce n’est donc pas juste une question de taxer plus. Il pourrait s’agir de taxer moins certains.

Yves Cruchten ne croit pas à la vérité actuelle des sondages.

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