NUMÉRO 209
FÉVRIER 2021
Business zu Lëtzebuerg
Antoine Clasen, la tradition moderne 5 453000 074017 05 02 5€ 4€
HURACÁN EVO. EVERY DAY AMPLIFIED.
LAMBORGHINI LUXEMBOURG Concessionaire exclusif au Luxembourg
Garage M. Losch S.à r.l. 1, boulevard F. W. Raiffeisen L-2411 Luxembourg Tel. +352 40 07 07 - 200 lamborghini-luxembourg.com
Consommation combinée: 13,7 l/100km. Émissions CO2: 332 g/km* * Valeurs déterminées suivant la méthode de mesure légale obligatoire. Vous trouverez de plus amples informations sur les différences entre les normes WLTP et NEDC sur www.dat.de ou auprès de votre conseiller de vente Lamborghini.
Édito #RéseauxSociaux
Sidération, modération Cherche femmes et hommes de bonne volonté. Mission : trouver une solution pour modérer les réseaux sociaux en temps réel. Urgent. Faire offre au gouvernement américain, à l’Union européenne et à tous les gouvernements de la planète qui n’exercent pas déjà un contrôle très strict d’internet, car le sujet est le même partout : les hérauts trop souvent anonymes de la haine – anti-Juifs, anti-Noirs, anti-Arabes, anti-Blancs, anti-femmes, anti-gays, anti-tout – ont de moins en moins de limites. Plus ils sont nombreux et plus ils s’expriment, moins les réseaux sociaux parviennent à les empêcher de nuire en temps réel, moins ils parviennent à répondre aux demandes d’action en réparation, et moins la justice peut suivre et réprimer. Car, au Luxembourg comme ailleurs, des textes existent, qui devraient protéger le citoyen lambda. L’article 24 de notre Constitution et les articles 442-2 (persécution obsessive), 443 à 452 (injures et diffamation publiques) et 454 à 457-4 (racisme, révisionnisme et autres discriminations) du Code pénal permettent régulièrement de sanctionner des dérapages.
Aux États-Unis, le spectaculaire – plus que courageux – bannissement de Donald Trump de Twitter intervient alors que le président américain est sur le départ, après quelques années de dérives et quatre ans de mandat, et alors que son successeur, Joe Biden, ne cache pas qu’il voudrait réformer en profondeur l’article 230 du Communications Decency Act de 1996. Actuellement, les réseaux sociaux y sont exonérés de responsabilité en cas de dérapage trop grave, à condition qu’ils collaborent avec la justice américaine. Les rendre responsables, comme les éditeurs de médias plus conventionnels, les ruinerait en frais de modération. Car l’intelligence artificielle n’est pas encore capable de les aider, et la décentralisation de la modération, confiée à de plus petits groupes au lieu de la modération à deux vitesses de Twitter, une pour vous et moi, et une autre pour les comptes politiques certifiés à plus de 100.000 followers, favorise l’extrême droite. Partout, la solution sera forcément plus complexe, savant équilibre entre la quête de justice sociale, la responsabi lisation des réseaux sociaux, les moyens alloués à une justice plus moderne et l’éducation dès le plus jeune âge aux droits et devoirs de l’utilisateur d’internet. Une mission impossible ? Journaliste THIERRY LABRO
FÉVRIER 2021
3
ACTIF Oui, vous pouvez imaginer l’avenir avec sérénité : innovant, audacieux même, ou simplement confiant. Oui, vous pouvez oser aller toujours plus loin ; au bout de vos projets et de vos rêves parce que vous êtes parfaitement bien accompagné par nos équipes d’experts. Des équipes dédiées qui prennent activement soin de votre patrimoine pour que demain vous appartienne. Vous souhaitez en savoir plus ? www.degroofpetercam.lu ou prenez rendez-vous au +352 45 35 45 42 19
Imagine Tomorrow since 1871
Banque Degroof Petercam Luxembourg S.A., 12, rue Eugène Ruppert - L-2453 Luxembourg, R.C.S. B25459.
Et vous, comment IMAGINEZVOUS l’avenir ?
Février 2021
Ristretto 10 #POLITIQUE 12 FERNAND KARTHEISER
« Il n’appartient pas au gouvernement de limiter la vie privée » –
14 #ENTREPRISES 16 CAROLE MULLER
« Il va falloir écouter les entreprises ! » –
18 #PLACEFINANCIÈRE 20 SERGE KRANCENBLUM
« Proposer l’offre de services la plus complète » Data Dada 22 #PRIVATEEQUITY
Une success-story luxembourgeoise
p. 26 Antoine Clasen (ici, avec son père Hubert) fait le point sur l’entreprise familiale BernardMassard, qui fête ses 100 ans.
Conversations 26 ANTOINE CLASEN
« Marier tradition et modernité, voilà tout le challenge » –
38 FRANÇOIS GROSDIDIER
« Le phénomène luxembourgeois est une formidable chance » –
44 NORA HAMMELMANN
« Activer les terrains dormants pour du logement » –
46 BRUNO COLMANT
ET BRUNO HOUDMONT
« Nous avons su préserver l’esprit entrepreneurial » –
52 TABLE RONDE RECOVERY
Les voies vers la nouvelle normalité
Photos
Andrés Lejona
–
56 PAULETTE LENERT
p. 4 4 L’architecte Nora Hammelmann plaide pour la location des terrains.
« Je n’aurais jamais osé accepter ce poste » FÉVRIER 2021
5
NOUS NE TRAVAILLERONS PLUS JAMAIS COMME AVANT
SALUONS L’AUTOMISATION DIGITALISER
STOCKER INTÉGRER
PARTAGER SÉCURISER
Il est temps de mettre en place une Gestion Electronique de Document (GED) La révolution digitale est en marche : au bureau, en déplacement, en télétravail. Archivez, partagez, sécurisez vos documents clés et automatisez vos processus avec des workflows... Quel que soit l’endroit oú vous vous trouvez. Nous avons la solution... Nous sommes à votre disposition pour toute démonstration
info@itec.lu - Tél.: +352 26 29 65 02 - www.itec.lu
Février 2021
66
Enjeux
Quand il vaut mieux prévenir que guérir –
68 SANTÉ PRÉVENTIVE
7 conseils pour vivre longtemps en bonne santé
–
70 VIE PROFESSIONNELLE Travail et santé mentale, un équilibre difficile en temps de crise
p. 80
–
Photographe et sportive de haut niveau, Sophie Margue nous propose des images de sa vie confinée.
72 LEXIQUE
Dans l’univers de la « médecine » non traditionnelle
–
74 EXPÉRIENCE
J’ai testé pour vous… le neurofeedback
–
76 ADDICTION
« Regarder la priorité qu’on donne aux écrans dans notre vie »
–
78 TECHNOLOGIES
Des applis pour prendre soin de sa santé
100% 80%
80
Portfolio
96
Business Club
Journal intime
CAUSE DES DÉCÈS AU LUXEMBOURG
37 %
DÉCÈS LIÉS À UNE MAUVAISE HYGIÈNE DE VIE
63 %
DÉCÈS LIÉS À D’AUTRES CAUSES
60% 40% 20% 0%
p. 66 Une bonne hygiène de vie permet de vivre plus vieux en bonne santé. Notre dossier Enjeux ouvre de nombreuses pistes pour vivre mieux.
Lifestyle 106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION 114 MA RECETTE 116 MON MENTAL 120 La liste
6 DJ qui bossent dans la finance Débat public
Photos
Andrés Lejona, Sophie Margue
08 SVEN CLEMENT 62 CHARLES MULLER 92 SYLVAIN COTTONG
Advertoriaux 24 AMROP LUXEMBOURG « Le leadership, ça se travaille ! »
p. 108 Joël Soheil-Sarmad, directeur de Cogeco, voit l’argent comme un outil, jamais comme un objectif.
FÉVRIER 2021
7
Débat public Parler de digitalisation, alors qu’une pandémie nous a cloués devant nos ordinateurs, que nos interactions sociales se sont réduites comme une peau de chagrin, que nous passons des heures à fixer des carreaux sur nos écrans – après avoir feuilleté Paperjam –, semble être une bonne recette pour témoigner de notre résilience. Mais au risque d’en décevoir plus d’un : la digitalisation au Luxembourg est encore loin d’être un succès. D’accord, fin 2019, il n’y avait plus que 5 % de la population sans accès à internet à leur domicile. Mais un débit moyen de 41,69 Mbit/s laisse franchement à désirer en présence de deux adultes en visioconférence et de leurs enfants appelés à suivre des cours à distance. Certes, nos indicateurs sont meilleurs que ceux de nos voisins, et la qualité de notre infrastructure nous fait passer pour un des pays les plus digitalisés d’Europe. Mais est-ce suffisant si l’on sait que, dans un pays riche comme le nôtre, il y a encore des enfants qui doivent suivre leurs cours et consulter des ouvrages sur smartphone parce que le matériel adéquat fait défaut à la maison ? Est-ce vraiment significatif, alors que la plupart des personnes connectées n’ont jamais appris à faire la distinction entre fake news et informations sérieuses ?
Sven Clement, député Piratepartei La digitalisation, c’est bien plus que la simple mise à disposition d’une infrastructure. Il faut être capable de l’utiliser et de générer cette fameuse plus-value qui nous permet de sortir du lot. Comment expliquer qu’une prise de rendez-vous pour un dépistage Covid-19 demande la saisie de données déjà connues par l’Administration ? Pourquoi cette démarche est bien plus compliquée que la réservation d’une chambre d’hôtel ou d’un vol ? L’Administration réfléchit encore beaucoup trop en termes de formulaires et tend à négliger des procédures vraiment intégrées. Un revirement est nécessaire si nous voulons utiliser notre infrastructure au mieux. L’accès à l’infrastructure est une chose, la formation nécessaire en est une autre. Elle est indis pensable pour pouvoir profiter des bienfaits de la digi talisation. C’est facile de blâmer les adeptes des fake news, mais est-ce que ces fausses nouvelles ne sont pas la preuve, justement, qu’un manque d’encadrement peut s’avérer néfaste pour la vie en société ? Pour que la digitalisation devienne un vrai succès, arrêtons de parler « geek » et mettons à la disposition de nos concitoyens des procédures intégrées et des moyens de formation adéquats ! Sven Clement demande une meilleure formation de la population luxembourgeoise aux outils digitaux. PHOTO ANDRÉS LEJONA
8
FÉVRIER 2021
NOVEMBRE DÉCEMBRE 2020
9
Ristretto #Politique Sélectionné par NICOLAS LÉONARD et PIERRE PAILLER
CATÉGORIQUE
1
« Le vaccin est la seule porte de sortie de crise. »
Le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit, se veut « très clair » quant à l’importance de la vaccination pour sortir de la crise sanitaire. Avec un accent mis sur « les personnes âgées et le personnel de santé ». SOLIDAIRE
2
À la suite des événements ayant eu lieu au Capitole, pris d’assaut par des manifestants pro-Trump qui voulaient empêcher que les grands électeurs ne confirment leur vote en faveur de Joe Biden, le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), a réagi dans la nuit à l’événement, « inquiet » face à cette « attaque contre la démocratie et la liberté de la presse ». 3
DÉFENSIF
« Les montres sont encore là en temps de crise, pas comme un papier de banque, comme on l’a vu pendant la crise financière de 2008-2009. Nous sommes des gens qui aimons le… le matériel ! » Lors du début de son procès pour abus de biens sociaux et blanchiment, l’homme d’affaires Flavio Becca s’est rendu au tribunal pour s’expliquer au sujet des 820 montres « de luxe » saisies lors d’une perquisition à son domicile en 2011, pour une valeur estimée à 18 millions d’euros. REPENTANTE
4
« J’ai été exigeante envers moi et mon équipe, ce qui a malheureusement créé des tensions insurmontables. » La députée européenne Monica Semedo (DP) a été sanctionnée par le Parlement européen pour harcèlement moral à l’encontre de ses anciens assistants parlementaires. Dans un communiqué, elle a expliqué accepter la décision et s’excuser pour son comportement.
« La culture est essentielle en cette période de crise. » Ravie que « les institutions culturelles puissent rouvrir et accueillir de nouveau leur public », la ministre de la Culture, Sam Tanson (Déi Gréng), a rappelé l’importance de la culture, tout particulièrement en période de crise. 6
CIRCONSPECT
« Je pense que, de toute façon, il faut que la police recrute.»
Le député et échevin de la ville de Luxembourg Laurent Mosar (CSV) réagissait au débat autour du recrutement de patrouilles d’agents de sécurité privés dans le quartier de la gare de Luxembourg-ville, en n’excluant pas de « prolonger la mission de cette société de gardiennage au-delà du 31 janvier », puisque le nombre de policiers reste insuffisant dans le quartier de la gare.
10
FÉVRIER 2021
Matic Zorman (Archives), Edouard Olszewski (Archives) et DR
SATISFAITE
Photos
5
22,3 - 24,9 kWh/100 KM • 0 - 0 G/KM CO2 (WLTP).
L’EQC Sport Edition à des conditions Autofestival ? Hey Mercedes, et si on se parlait ? Profitez de nos conditions Autofestival sur l’EQC Sport Edition. Parlez-en avec votre Concessionnaire Agréé Mercedes-Benz ou sur mercedes-benz.lu.
Sport Editions1
+
Wallbox & installation gratuite2
+
Renting 0,99 %3
1. Offre valable à l’achat d’une voiture particulière Mercedes-Benz neuve, du 11/01/2021 au 13/02/2021 inclus. Offre soumise à conditions, pour plus d’informations prenez contact avec votre Concessionnaire Agréé Mercedes-Benz. 2. Concerne la livraison et l’installation d’une EVBox Elvi avec une capacité de charge de 22 kW, un câble de charge fixe de 6 m et un support de câble, ainsi que la réinspection des modifications de l’installation électrique. L’installation est une installation murale standard, comprenant un câblage de 15 m et un seul perçage au sol ou au mur. L’installation est toujours exclusive des travaux d’excavation. La valeur client est de 1.770 € HT. Les éventuels frais supplémentaires qui dépasseraient 1.770 € sont toujours à la charge du client, tout comme l’abonnement mensuel obligatoire à EVBox pour 4 € HT pour le service de facturation en ce qui concerne le remboursement des frais de recharge à domicile. 3. [Select & Drive] Renting. 48 mois/60.000 km. Loyer prépayé : 15 % + TVA. Action valable du 11/01/2021 au 13/02/2021 inclus. Ce taux de 0,99 % est d’application sur les modèles suivants : Classe A (5d/Berline) – CLA (Sportsedan/Shooting Brake) – GLA – Classe B – GLB – Classe C (Berline/Break/Coupé/Cabriolet) – SLC – GLC (SUV/Coupé) – EQC. Pas d’application sur les motorisations AMG. Non cumulable avec les conditions star (4 & 5*). Sous réserve d’acceptation du dossier et de modification de tarif. Mercedes-Benz Financial Services Belux SA Succursale de Luxembourg - 55, rue de Bouillon L-1248 Luxembourg - TVA : LU 16464483 – R.C. Luxembourg B.52410.
Ristretto #Politique
« Il n’appartient pas au gouvernement de limiter la vie privée » Le député et chef de la fraction ADR à la Chambre, Fernand Kartheiser, revient sur les raisons qui ont poussé l’ADR à s’opposer aux lois Covid.
Les députés ADR ont voté contre la loi Covid lors du dernier vote à la Chambre… Oui, nous avons toujours voté contre les lois Covid, dès le début. Pas comme le CSV, qui est oscillant. Pourtant, vous aviez voté en faveur de l’état de crise… À l’époque, personne ne savait ce qui allait se passer. Le Premier ministre a présenté les risques, selon ce que l’on savait de la maladie à ce moment-là. Nous avions tous vu les images en Italie. Donc, toute la Chambre, à l’unanimité, a voté pour l’état de crise, faute d’expérience.
Que peuvent faire les entreprises, selon vous ? Les entreprises ont fait des efforts volontaires, mais il n’y en a pas eu de la part du gouvernement. À la place de recommandations, il aurait fallu des obligations pour favoriser la distanciation. Ne craignez-vous pas un impact trop important sur l’économie ? L’économie est notre troisième priorité. Nous défendons une approche qui permette de faire fonctionner l’économie. Le gouver nement ouvre, ferme, puis ouvre et ferme. Il navigue à vue.
Trois mois après, à la fin de l’état de crise, lors de la première loi Covid, votre position divergeait déjà de celle du gouvernement. Pourquoi ? Nous pensons que le premier défi est de renforcer le secteur hospitalier. Le gouvernement avait adopté en 2018 une loi diminuant le nombre de lits d’hôpital. Au vu de la démographie en hausse dans le pays, nous étions contre.
Quelles règles préconisez-vous ? Nous pensons qu’il ne faut pas fermer l’horeca. Avec des tables de quatre maximum, voire même de deux, mais sans fermeture. D’autant que le secteur a investi dans des cloisons de séparation. Donc, des règles de sécurité, oui, mais tout en permettant de fonctionner.
Vous utilisez souvent l’argument de l’atteinte aux libertés dans la sphère privée. Pouvez-vous nous expliquer cela ? C’est notre deuxième priorité. L’État peut prendre des mesures restrictives dans l’espace public, mais pas dans la sphère privée.
Et vous ne prendriez donc aucune mesure pour contrôler le nombre de personnes à domicile ? Nous nous limiterions à des recommandations. Il n’appartient pas au gouvernement de limiter la vie privée. Ce sont des droits constitutionnels.
Le gouvernement devrait donc se focaliser sur la sphère publique ? Il n’agit pas suffisamment dans les transports publics, dans les écoles, les maisons de retraite ou les entreprises. Là où la concentration de personnes est la plus importante et où il y a le plus de risques.
Que craignez-vous ? Ma crainte est qu’une fois cela accepté, les gens commencent à croire que c’est normal. Or, c’est tout à fait anormal. Nous le refusons par principe, en tout cas en temps de paix, sauf pour des cas extrêmement graves.
Comment agir davantage dans les transports publics ? Il faudrait augmenter le nombre et la fréquence des bus. Et encourager à prendre la voiture, notamment pour amener les enfants à l’école. Mais le gouvernement n’aime pas trop cela… Dans les écoles, que proposez-vous ? Nous sommes en faveur du home schooling, autant que possible, pour les élèves plus âgés, avec un accompagnement pour les élèves les plus fragiles.
12
FÉVRIER 2021
Et pour ceux qui doivent se rendre à l’école ? Nous voulons d’autres règles dans les écoles, comme forcer à aérer les classes, militer pour le port du masque, éviter les regroupements des élèves pendant les pauses…
Vous pensez que de telles mesures pourraient être prolongées au-delà de la crise sanitaire ? Certains disent déjà que la crise climatique nécessite davantage de mesures. Et il y aura toujours d’autres arguments pour les prolonger et céder à la tentation totalitaire.
Selon Fernand Kartheiser, il faut favoriser le recours à la voiture individuelle.
Interview PIERRE PAILLER Photo ROMAIN GAMBA
Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et MATHILDE OBERT
1
BRANCHÉ
« La majorité des consommateurs qui ont acheté un véhicule électrique rachètent un nouveau véhicule électrique ensuite. Il y a donc une perception plutôt positive. » Guido Savi, porte-parole de la Febiac. 2
DÉPITÉ
« Notre commerce vend le produit le plus important en cette période : la santé. Mais les normes actuelles ne nous permettent tout simplement pas d’offrir le service ni un bon déroulement à nos membres. »
Jos Horsmans, responsable de CK Fitness. Le responsable s’est exprimé suite à la réouverture des salles de sport, qui sont certes autorisées à rouvrir mais sous des conditions à ce point strictes que certains opérateurs préfèrent garder leurs portes closes. Dans le cas de CK Fitness, les règles en vigueur laissent la possibilité de pratiquer du sport pour à peine 3 % des quelque 9.000 membres. 3
OPPORTUNISTE
« La crise immobilière qui se profile fera des malheureux, mais aussi des heureux. Il y a une redistribution des cartes entre commerçants et bailleurs, qui devient importante. On reçoit des propositions de location à des cotes qui sont aujourd’hui audibles et qu’on accepte de regarder. » Eliran Hagège, directeur associé de Monoprix au Luxembourg. L’enseigne a ouvert, le 14 janvier dernier, un nouveau point de vente situé au Knuedler. OPTIMISTE
4
« L’important, c’est de redémarrer. » Christophe Eyssartier, national theatre manager de Kinepolis Luxembourg. Suite aux annonces du gouvernement, en début d’année, qui a décidé de la réouverture du secteur de la culture, les cinémas, heureux de cet assouplissement, ont pu rouvrir et accueillir de nouveau des spectateurs dans les salles obscures. En ayant, bien évidemment, mis en place un protocole sanitaire strict.
La Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), déçue de la décision du ministère des Classes moyennes de retirer l’autorisation d’ouvertures dominicales pendant la période des soldes d’hiver 2021. 6
PRÉDICTIF
« L’expiration des aides ‘corona’ sera décisive pour le développement des faillites en 2021. Toutefois, en raison de la vigueur du secteur des services, les augmentations seront probablement plus faibles que dans les pays voisins. » Herbert Eberhard, administrateur délégué de Creditreform Luxembourg SA, après avoir annoncé une baisse de 5,07 % du nombre de faillites en 2020, s’établissant à 1.199.
14
FÉVRIER 2021
Photos
« Nos commerçants doivent déstocker au plus vite pour récupérer des liquidités. Les dimanches permettent d’accélérer ce mouvement, et ce d’autant plus que la décision de ne commencer les soldes que le 20 janvier, contrairement à la demande de la CLC, mettra nos commerçants en concurrence directe avec leurs voisins dans cette course aux liquidités. »
Matic Zorman (archives) et Romain Gamba
CONTRARIÉE
5
GAMME FORD TRANSIT
VOTRE PROFESSION, VOTRE FORD TRANSIT DÉCOUVREZ NOS CONDITIONS FESTIVAL POUR VOTRE ENTREPRISE.
3,1-11,6 L/100 KM. 2,7-9,5 L/100 KM.
70-305 G/KM CO2. (WLTP) 60-250 G/KM CO2. (NEDC)
Informations environnementales (AR 19/03/2004) : www.ford.lu/environnement. Les chiffres de consommation et d’émission s’appliquent aux véhicules avec les pneus de série, comme décrit dans les équipements de série. Des pneus et/ou des jantes optionnels peuvent engendrer d’autres valeurs d’émission de CO2 et de consommation. Les véhicules affichés peuvent différer des spécifications réelles. Contactez votre distributeur Ford pour plus d’informations ou rendez-vous sur www.ford.lu DONNONS PRIORITÉ À LA SÉCURITÉ. ford.lu
ford.lu
Ristretto #Entreprises
« Il va falloir écouter les entreprises ! » Habituée à anticiper, la CEO de Fischer s’est adaptée depuis un an pour ouvrir ses points de vente. Les gens en télétravail « nous manquent », confie Carole Muller.
Quel regard portez-vous sur cette année si particulière ? On espérait tous que 2021 commencerait sans la misère ! Finalement, on sait qu’on va y être encore pendant un moment. Ça pèse sur les entreprises, ça pèse aussi beaucoup sur le moral des gens. Le pire, c’est l’imprévisibilité. Se demander si ça va durer deux semaines, deux mois, trois mois. C’est difficile à gérer pour soi, mais très compliqué pour une entreprise. Nous avons fait nos budgets en septembre, en se disant que septembre n’était pas si mauvais que cela, on a fait des budgets à la hausse. Mais on va recommencer les budgets pour cette année.
ou envers la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC). Avoir des pairs avec qui discuter et se dire qu’on n’est pas la seule confrontée aux mêmes problématiques. Je suis dans une situation qui n’est pas agréable, mais ils sont dans la même. On discutait des solutions trouvées par les uns et les autres. Comment entame-t-on 2021 ? Le plus dur de la crise sanitaire sera peut-être bientôt derrière nous, je l’espère, avec les vaccins. Le pire de la crise économique, j’espère qu’il ne sera pas trop fort.
Vous avez fermé à peu près un tiers de vos magasins au plus fort de la crise… Plus de 90 % de mes salariés sont des femmes. Nous ne voulions vraiment pas mettre de pression sur nos équipes, c’était important pour nous. Tous ceux qui voulaient invoquer des raisons familiales l’ont fait. La première raison de fermeture était que nous n’avions pas de personnel, ce n’était pas une question de volonté. Nous n’avions pas de clients non plus.
Que faudrait-il faire, selon vous ? Cela dépend du secteur d’activité. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres, comme les restaurants, les discothèques, la vie culturelle... Il faut les soutenir. La Confédération luxembourgeoise du commerce est en train de mettre en place – et c’était urgent de le faire – un numéro de téléphone à disposition des chefs d’entreprise qui auraient besoin d’une aide psychologique. Il faut des accompagnateurs économiques, surtout pour les petites entreprises. Pour leur montrer à quelles aides ils ont droit, comment les demander. Il faudra aller vers le cas par cas. Si on veut garder les emplois, il va falloir écouter les entreprises ! Le meilleur conseil que je pourrais donner est d’aller dans une fédération patronale, que ce soit la Fedil ou la CLC, ou d’autres, comme la Fédération des artisans (FDA). C’est là qu’ils trouveront de l’aide, des interlocuteurs, des pairs, des gens qui pourront leur donner des idées.
Ce n’est pas toujours évident d’avoir accès au matériel dont on a besoin, si ? Nos fournisseurs réguliers ont été très réactifs. Les masques viennent d’un atelier protégé à Luxembourg. Je suis absolument contre les masques jetables, même si je sais que c’est plus agréable et plus facile. Écologiquement, c’est un désastre absolu ! On ne se rend pas encore compte de l’impact que ça va avoir. Comment ont réagi vos clients, en dehors de la polémique sur la disparition de la monnaie dans vos magasins ? Les clients ont été d’une gentillesse incroyable avec nos vendeurs, en les remerciant parce que le magasin était ouvert, parce qu’ils continuaient à assurer ce service de proximité. Ce lien social, il ne faut pas l’oublier. Quant à la problématique de l’argent, la décision n’est pas venue de la direction, mais de mes équipes. À ce moment-là, on ne savait pas vraiment si le virus pouvait être propagé par l’argent ou pas. Qu’est-ce qui vous a aidé ? Mon implication dans la Fédération des jeunes dirigeants (FJD)
16
FÉVRIER 2021
Pour votre business, qu’est-ce que la crise a ralenti ? Nous subissons une sérieuse perte de chiffre d’affaires. Nous avons besoin d’une fréquentation autour de nos points de vente. Ces gens nous manquent aujourd’hui.
Carole Muller est prête à revoir les budgets pour l’exercice 2021.
Interview THIERRY LABRO Photo ROMAIN GAMBA
NOS CONDITIONS SPÉCIALES AUTOFESTIVAL
LES DÉTAILS QUI FONT LA DIFFÉRENCE Chez Lexus, les détails ne sont pas un détail, comme vous pouvez le voir en découvrant le UX 250h, notre crossover compact 100 % hybride, et tous nos autres SUV de luxe. Profitez de nos conditions spéciales Autofestival jusqu’au 13 février inclus.
LEXUS LUXEMBOURG – GGL Rue des Mérovingiens 6 (ZAI Bourmicht), L - 8070 Bertrange lexus@ggl.lu I T +352 45 57 15 -333
5,3 - 6,0 L/100 KM
120-137 G/KM
( WLTP)
Contactez votre concessionnaire pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule.
Modèle illustré avec options.
Donnons priorité à la sécurité.
Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par MARC FASSONE et JEAN-MICHEL LALIEU
PRUDENTE
1
« La vaste majorité de nos alertes visent des sites internet ou des sociétés fictives, et non pas des sociétés réellement existantes qui seraient établies au Luxembourg en y exerçant des activités sans agrément. » Depuis le début de l’année, la CSSF a multiplié les alertes par rapport à des escrocs qui tentent de se faire passer pour des sociétés financières installées au Grand-Duché. FATALISTE
2
« Une erreur tragique »
Le président de la BEI, Werner Hoyer, ne lésine pas sur les termes pour parler du départ des Britanniques de l’UE. Il précise que ce retrait ne met pas en danger la banque. La part du capital détenue par Londres, soit 17%, a été partagée entre les actionnaires actuels. Revers de la médaille, le Royaume-Uni n’est désormais plus éligible à recevoir des fonds de la BEI. Or, les engagements de la banque au Royaume-Uni atteignent actuellement 50 milliards d’euros. « De l’argent qui sera investi ailleurs. » 3
CONVAINCU
« L’objectif est de renforcer l’attractivité de notre cadre légal, de s’assurer que la Place reste compétitive, sans pour autant perdre de vue les risques de la blockchain. »
André Bauler (DP), président de la commission des finances de la Chambre des députés, lors du débat, début janvier, sur le projet de loi 7637, qui prévoit l’ouverture progressive de la place financière à la technologie de la blockchain. 4
PRÉCURSEUR
La Bourse de Luxembourg est la première institution financière du Luxembourg à passer au cloud, avec l’accord de la CSSF et l’appui de Microsoft. 5
DÉFENSIF
« Nous avons dit au ministre des Finances que, pour les assureurs, les pandémies sont inassurables. » ENTHOUSIASTE
« Notre mission est de nous assurer que la politique budgétaire de l’État est soutenable et durable. Une mission noble, d’intérêt public. »
Depuis ce 1er janvier, Marc Wagener, chief operating officer de la Chambre de commerce, est le nouveau président du Conseil national des finances publiques (CNFP). Il succède à ce poste à Romain Bausch, qui reste membre du Conseil. 7
VOLONTARISTE
Dans la foulée de ses résultats annuels, KPMG Luxembourg a annoncé son intention d’atteindre la neutralité carbone à la fin de cette année. Les énergies utilisées au niveau du bâtiment sont déjà 100 % renouvelables. « Les prochaines étapes viseront à pourvoir le parc automobile de voitures électriques, à revoir notre politique de voyages une fois le Covid derrière nous et à réduire l’ensemble des émissions liées à notre activité. Ce qui ne pourra pas être réalisé sera compensé en finançant différents projets environnementaux », détaille David Capocci, managing partner.
18
FÉVRIER 2021
Photos
6
Matic Zorman (archives), Anthony Dehez (archives) et KPMG
Directeur de l’Aca, l’association professionnelle des assureurs luxembourgeois, Marc Hengen porte l’argument des compagnies selon lequel elles n’ont pas les moyens de prendre en charge les indemnisations pour pertes d’exploitation des entreprises suite à la pandémie.
NOUVELLE F-PACE – CONDITIONS FESTIVAL
UNE SENSATION INOUBLIABLE
À PARTIR DE € 45.920 La Nouvelle F-PACE est un SUV exaltant qui ne s’oublie pas facilement. Son design assertif et ses nombreux équipements de série vous procurent cette sensation unique qui fait la réputation de Jaguar. La nouvelle F-PACE est désormais disponible aussi en version hybride rechargeable. Il y a déjà une nouvelle Jaguar F-PACE diesel (D165) entièrement équipée à partir de € 45.920 et un avantage client pouvant aller jusqu’à € 9.171. Découvrez toutes les conditions Festival sur l’ensemble de la gamme Jaguar dans notre showroom ou sur notre site web. Jaguar Luxembourg - by Arnold Kontz Group Route de Thionville 128, 2610 Luxembourg, +352 29.71.74, jaguarluxembourg.lu Route de Thionville 128, 2610 Luxembourg 9 Z.A.C. Haneboesch II, L-4563 Niederkorn, +352 27.61.60, jaguarsud.lu
2,2-12,2 L/100KM. CO2 : 49-275 G/KM (WLTP) Jaguar Care inclus. Contactez votre concessionnaire pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule. Donnons priorité à la sécurité. Offres obtenues grâce aux efforts communs entre les concessionnaires et Jaguar Land Rover Belux. Modèle illustré avec options.
Ristretto #PlaceFinancière
« Proposer l’offre de services la plus complète » Alors que IQ-EQ accroît son empreinte sur le marché américain par la croissance externe, son président exécutif, Serge Krancenblum, nous fait part de ses objectifs pour la croissance du groupe.
Vous venez d’acquérir Constellation Advisers aux États-Unis. Quel est l’objectif ? Le marché américain est celui qui connaît la plus forte croissance, particulièrement dans les services aux asset managers alternatifs.
Vous dites vouloir devenir le premier fournisseur indépendant de services aux investisseurs au niveau mondial. En clair, qu’est-ce que cela veut dire ? Nous employons le terme « indépendant » en nous comparant aux grandes banques, en tant qu’acteur spécialisé. Nous sommes aujourd’hui un des cinq premiers acteurs dans le domaine des services aux investisseurs (family offices, investisseurs institutionnels, fonds de pension, etc.). Nous voulons rester l’un des grands acteurs mondiaux, nous développer encore, être présents dans plus de zones géographiques et, surtout, proposer l’offre de services la plus complète.
D’où vient cette croissance ? Notamment de l’essor de la collecte de fonds au niveau de ces acteurs. Du fait, ensuite, que la sous-traitance sur le marché américain reste moins développée qu’en Europe et en Asie. Beaucoup d’acteurs se rendent désormais compte, sous la pression des investisseurs, qu’ils doivent avoir recours à des tiers.
Vous vous êtes fixé un objectif de temps ? Les objectifs que nous nous fixons valent pour des périodes de quatre à cinq ans. Nous sommes convaincus que la taille de notre groupe aura au minimum doublé dans quatre ans.
Pourquoi ce souci d’externalisation ? Les investisseurs veulent être certains que les choses sont bien telles qu’on leur annonce – la valorisation des fonds, par exemple – et, au niveau du reporting, qu’il y ait un tiers de confiance qui opère. Enfin, face à la complexité croissante, les gérants d’actifs alternatifs misent désormais sur des spécialistes, plus efficients, et qui peuvent même aider à réduire leurs coûts.
Ce qui exigera à nouveau de la croissance externe ? Cela ne pourra pas se faire sans acquisitions. Mais cela nécessitera aussi une croissance organique forte.
Il existe donc encore un gros potentiel sur le marché américain ? Oui, un potentiel très important. Début 2020, nous avons déjà acquis Blue River Partners, aux ÉtatsUnis. Nous voulions compléter notre offre de services et grandir sur ce marché, où nous connaissons déjà une forte croissance organique de 40 % d’une année à l’autre. Mais nous souhaitions pouvoir agir dans d’autres régions du pays et développer de nouveaux services, notamment de compliance.
Les reins de IQ-EQ sont-ils suffisamment solides au niveau financier ? Nous avons encore des capacités financières importantes et une volonté commune, au niveau des actionnaires et du management, de continuer à agir comme un des principaux consolidateurs de notre métier.
D’où le rapprochement avec Constellation Advisers ? Oui, leurs segments de services et les régions où ils étaient implantés nous intéressaient. Il s’agit aussi d’une équipe reconnue de plus de 100 personnes, qui travaille pour beaucoup d’acteurs américains et qui a réussi à percer grâce à des services extrêmement personnalisés. Visez-vous d’autres cibles sur le marché américain ? Les 300 personnes que nous employons là-bas ne représentent toujours que 10 % du personnel du groupe. Nous voulons une présence locale beaucoup plus importante dans le futur.
20
FÉVRIER 2021
Le président exécutif de IQ-EQ, Serge Krancenblum, est déjà à la recherche de nouvelles cibles.
Quelle est la prochaine étape ? En tant que président exécutif du groupe et en charge des acquisitions, je suis très occupé ! Un autre acteur luxembourgeois, Alter Domus, a annoncé une acquisition aux États-Unis. C’est une course depuis Luxembourg ? Si d’autres la suivent, c’est avant tout la preuve que notre stratégie est la bonne. Nous pouvons donc être fiers, pour le Grand-Duché, de voir deux acteurs locaux qui se développent énormément à l’international, et en particulier aux États-Unis. Interview JEAN-MICHEL LALIEU Photo ROMAIN GAMBA
your legal, tax and business services firm in Luxembourg
120 experts covering the full spectrum of Private Equity arendt.com
Data Dada #PrivateEquity
Une success-story luxembourgeoise En se dotant, en quelques années, d’une boîte à outils complète et répondant aux besoins des gestionnaires, le Luxembourg est devenu la Place de référence en Europe pour le private equity. La preuve ? 90 % des fonds européens y sont désormais domiciliés. Et les avoirs Auteur MARC FASSONE sous gestion ont fortement progressé.
+ 101 26 − 100
15 %
3 %
1 − 5
39 %
NOMBRE D’INVESTISSEURS PAR FONDS 6 − 25
LES EMPLOIS À L’ÉCHELLE EUROPÉENNE
44 %
Chiffres européens publiés en septembre 2020 pour l’année 2018
10,5 millions
de personnes travaillent dans des entreprises financées / soutenues par des fonds de private equity. Ce qui représente 4,5 % de la force de travail européenne (force de travail estimée à 234 millions de personnes).
MONTANT DES ACTIFS SOUS GESTION – FIN SEPTEMBRE 2018 (Étude Alfi / Deloitte 2018)
88,5
22.659
milliards d’euros pour 640 fonds régulés, soit une progression de 20 % sur un an
compagnies en Europe, dont 14.500 PME employant 874.481 personnes, ont recours à ce type de financement.
173.124
ENCOURS COMPRIS ENTRE 500 MILLIONS ET 1 MILLIARD
3 %
emplois ont été créés dans les entreprises soutenues par le private equity. Soit une progression sur un an de 5,5 %. À titre de comparaison, la croissance du marché de l’emploi en Europe sur la même période a été de 1,1 %.
AMÉRIQUE DU NORD
AUTRES
ENCOURS SUPÉRIEURS AU MILLIARD D’EUROS
1 %
2 %
7 %
PAYS D’ORIGINE DES GESTIONNAIRES DE FONDS
ENCOURS COMPRIS ENTRE 100 MILLIONS ET 500 MILLIONS ESPACE ÉCONOMIQUE EUROPÉEN (EEE) ET SUISSE
14 %
STRUCTURE DES FONDS SUR LA PLACE
92 %
LES LOIS QUI ONT CRÉÉ LA « BOÎTE À OUTILS » DU SECTEUR Loi du 15 juin 2004 créant la sicar (société d’investissement en capital à risque). Le coup d’envoi. L’idée est de faciliter les levées de fonds et de jeter un pont entre les OPCVM ouverts au grand public et les soparfi non réglementées. Loi du 13 février 2007 créant le FIS (fonds d’investisse ment spécialisé). On peut y voir une anticipation de la directive AIFM sur les fonds d’investissement alternatifs.
8 juin 2011 : adoption de la directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers). La proposition de la Commission remonte à avril 2009.
ENCOURS INFÉRIEURS À 100 MILLIONS
81 %
Loi du 12 juillet 2013 transposant la directive AIFM au Luxembourg. Le législateur luxembour geois profite de ce texte pour introduire en droit la société en commandite simple (SCS), véhicule très prisé par les profes sionnels des investis sements alternatifs. (Remarque : 83 % des fonds luxembourgeois de private equity sont régis par l’AIFMD).
Loi du 23 juillet 2016 créant le Raif (fonds d’investis sement alternatif réservé). (Remarque : ce sont en pratique des FIS et des sicar, mais non supervisés par la Commission de surveillance du secteur financier). On peut dater la croissance exponentielle du secteur à 2017. (Autrement dit : avec le Raif, la boîte à outils était complète).
+ 20 % D’ACTIFS SOUS GESTION
2004
22
2006
2008
FÉVRIER 2021
2010
2012
2014
2016
SEPT. 2017
JAN. 2018
QUI SONT LES
ESTIMATION DES ACTIFS SOUS GESTION – FIN SEPTEMBRE 2019
INVESTISSEURS ?
77 %
(Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association – LPEA)
�400
des investisseurs dans les fonds luxembourgeois sont des investisseurs institutionnels. Viennent ensuite les banques privées, les family offices, les HNWI (high net worth individuals) et le marché retail.
milliards d’euros
+ 101
1 %
Pourquoi cette différence ?
26 − 100
D’abord, le poids des structures non régulées, qui, par définition, ne publient pas de chiffres.
72 %
Ensuite, la pratique dite « de l’engagement ». Les gestionnaires n’appellent pas l’argent des investisseurs en une seule fois, mais au « fil de l’eau ». Autrement dit, il existe une différence entre taille théorique et taille réelle.
des fonds ont moins de 26 investisseurs. Le modèle luxembourgeois de private equity reste un modèle dit de « clients privés ».
1 − 5
27 %
31 %
NOMBRE D’INVESTISSEURS PAR FONDS
STRUCTURE DES FONDS SUR LA PLACE
6 − 25
41 %
En matière de taille, on note que les fonds d’une taille inférieure à 100 millions restent les plus nombreux. Même si leur poids relatif diminue d’année en année. À l’autre bout de l’échelle, les fonds dont les encours sont supérieurs au milliard d’euros sont plus nombreux chaque année.
MONTANT DES ACTIFS SOUS GESTION – FIN SEPTEMBRE 2019
200,6 millions
(Étude Alfi / Deloitte 2019)
148
La taille moyenne d’un fonds est actuellement de 200,6 millions d’euros (+50 % sur un an).
milliards d’euros pour 625 fonds régulés, soit une progression de 19 % sur un an
ENCOURS COMPRIS ENTRE 500 MILLIONS ET 1 MILLIARD
4 %
AMÉRIQUE DU NORD
AUTRES
ENCOURS SUPÉRIEURS AU MILLIARD D’EUROS
5 %
3 %
8 %
ENCOURS COMPRIS ENTRE 100 MILLIONS ET 500 MILLIONS
23 %
PAYS D’ORIGINE DES GESTIONNAIRES DE FONDS
STRUCTURE DES FONDS SUR LA PLACE
ENCOURS INFÉRIEURS À 100 MILLIONS
ESPACE ÉCONOMIQUE EUROPÉEN (EEE) ET SUISSE
69 %
87 %
Fin 2019, on comptait 2.400 SCSP, 1.517 FIS, 618 Raif et 271 sicar (régulés) actifs sur la Place.
+ 19 % D’ACTIFS SOUS GESTION
SEPT. 2018
JAN. 2019
SEPT. 2019
JAN. 2020
FÉVRIER 2021
23
Ristretto #Entreprises BRAND VOICE
« Le leadership, ça se travaille ! » Contenu sponsorisé par Amrop
« Dans le monde post-pandémie, nous aurons besoin, à tous les niveaux, de dirigeants qui inspirent », selon Gabriela Nguyen-Groza, Managing Partner de Amrop Luxembourg.
Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir Amrop Luxembourg en pleine crise ? 2020 a été l’année de la crise, 2021 sera l’année de sortie de crise. Avec la vaccination, l’économie sortira progressivement de cette situation d’incerti tude, et je vois 2021 comme une année de profonds changements et d’opportunités. Nos clients, qui sont des sociétés internationales ou locales, ont besoin de recruter des dirigeants ou d’amélio rer les capacités de leadership des équipes dirigeantes en place pour le monde de l’après-pandémie. Que fait Amrop ? Amrop est un des principaux réseaux internationaux de recrutement de cadres de haut niveau et d’administrateurs indé pendants pour des conseils d’adminis tration, avec 60 bureaux dans le monde. Nous fournissons également des services de conseil à des comités de direction et conseils d’administration sur divers sujets liés à différents volets : Leadership Assess ment & Development, Succession Planning, Board Effectiveness et Diversity & Inclusion. Travaillez-vous uniquement au Luxembourg, ou aussi à l’international ? Notre bureau luxembourgeois, détenu et géré localement, sert des clients basés à Luxembourg mais aussi à l’étranger. Nous collaborons étroitement au niveau international avec les autres bureaux du réseau. Nous combinons la profonde connaissance de nos marchés locaux respectifs avec la force d’un réseau inter national, ce qui nous permet de satisfaire nos clients dans un monde globalisé. Comment la COVID a-t-elle changé le monde des entreprises ? De nombreux changements sont apparus : le tra vail à distance, la consommation en ligne, les achats sans contact, ou bien une meilleure agilité et collaboration (entre employés, mais aussi entre entreprises différentes). Nous avons également vu l’empathie s’imposer comme une valeur clé. Quel que soit notre statut familial, social ou professionnel, nous sommes tous des êtres humains, nous sommes tous vulnérables face à certains événements (maladie, par exemple).
24
FÉVRIER 2021
Et les dirigeants d’entreprise ? Comment ont-ils changé pendant cette période ? La crise a engendré une situation d’urgence, qui a poussé à plus de courage dans la prise de décisions, les dirigeants étant obligés de décider rapidement, dans une situation d’incertitude. Cela a mené à plus de confiance en soi, en son équipe, et a souvent soudé les gens face à l’adversité. Beaucoup de dirigeants sont devenus plus agiles dans la prise de décisions, se sont tournés vers des solutions nouvelles ou vers des collaborations avec d’autres entreprises (dans la fabrication de masques ou de respirateurs, par exemple). Ils ont également développé leurs capacités d’empathie, et souvent, les employés l’ont bien ressenti lors de réunions virtuelles où ils ont pu voir une facette plus « humaine » de leur direction. Comment les dirigeants s’adapteront-ils au monde d’après-COVID ? Les investisseurs et les experts s’accordent à dire que les comités de direction et les conseils d’administration auront un rôle crucial dans la sortie de crise. Leur capacité d’anti cipation sera essentielle pour pouvoir créer des opportunités, prendre des décisions rapides et montrer une direction claire à leurs troupes. Cela va de pair avec des idées innovantes et une agilité dans leur mise en place. Qu’en est-il d’un élément fondamental comme la motivation ? La pandémie a conduit de nombreuses personnes à réfléchir à leurs priorités dans la vie, dans le travail. Il est fondamental, pour un dirigeant, de donner du sens à son travail et au travail de ses collègues pour les motiver et leur donner confiance dans l’avenir. Cela passe par le fait de partager un projet commun, de faire confiance aux gens, d’entamer une plus grande collaboration entre les différentes fonctions et les dif férents niveaux hiérarchiques. Dans le monde post-pan démie, nous avons besoin, à tous les niveaux, de dirigeants qui inspirent. Gabriela Nguyen-Groza, Managing Partner de Amrop Luxembourg. Photo JULIAN PIERROT
LES FAITS
Exceptional times demand exceptional leaders We advise the world’s most dynamic, agile organizations on identifying and positioning Leaders For What’s Next: outstanding professionals, working across borders to deliver sustainable performance. We connect the heart of Luxembourg to 60 locations around the world.
Executive Search
Leadership Advisory
Board Services
We identify and attract the C-suite executives that are equipped to create long-term value for your organisation, successfully shaping your future, starting today.
We activate the full potential of leaders. From leadership assessment and development, succession planning and executive onboarding, to diversity and inclusion.
We help transform processdriven boards into behaviourdriven boards, beyond basic compliance to a highperforming, strategic and future-ready asset.
+352 26 49 79 32 15 www.amrop.com/office/luxembourg Amrop Luxembourg | 32-36 blvd. d'Avranches | L-1160 Luxembourg | Grand Duchy of Luxembourg OCTOBRE 2020
25
Conversation
« Marier
tradition et modernité, voilà tout le challenge » 26
FÉVRIER 2021
Antoine Clasen
À la tête de la société familiale, Antoine Clasen tente de trouver le bon équilibre entre tradition et méthodes de vente les plus avancées.
Photo ANDRÉS LEJONA
Interview JULIEN CARETTE
L’été prochain, les Caves Bernard-Massard fêteront leurs 100 ans d’existence. Une longue tradition qu’Antoine Clasen, directeur général à 38 ans, compte bien faire perdurer dans la lignée de son père Hubert, toujours président. Tout en continuant à y apporter une touche de modernisme. FÉVRIER 2021
27
Conversation
BIO EXPRESS Naissance De nationalité luxembourgeoise, Antoine Clasen est né le 16 décembre 1982.
Et le reste du secteur viticole ? Il se dit qu’à l’image de votre société, il a globalement moins souffert qu’on pouvait le craindre… C’est assez disparate à mon sens. Cela dépend beaucoup de la segmentation des clients des vignerons. Nous sommes assez diversifiés dans nos canaux de distribution. 50 % de notre volume de production part à l’export. Le marché luxembourgeois représente l’autre moitié :
Première vie Il a fait ses premiers pas au sein de la banque privée Pictet à Genève, avant de rejoindre PwC Luxembourg dans le domaine de la fusion-acquisition. Le retour chez Bernard-Massard En 2011, il revient dans le giron de Bernard-Massard en occupant le poste de brand manager chez Vasco–Carlsberg, l’importateur belge de BernardMassard. Avant de retrouver la maison mère en 2013 en tant que directeur commercial, puis directeur général depuis 2017. Il est également membre du conseil du Fonds de solidarité viticole et du comité de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise de Luxembourg ainsi que président de la Fédération luxembourgeoise des vins et spiritueux.
un tiers au niveau de la grande distribution, un autre concerne les particuliers, et le dernier la restauration. Du coup, quand un secteur spécifique souffre, on le sent, mais sans que cela mette notre survie en péril. Notre diversification nous a sauvés cette année ! Par contre, ceux dont le business model est de ne t ravailler qu’avec la restauration ont forcément s ouffert… Pour vous donner une idée, chez nous, l’horeca, c’est -40 % en 2020 ! Heureusement, au Luxembourg, il y a un lien assez direct entre le vigneron et le consommateur. Cela a pu aider à trouver d’autres débouchés. Mais au début de la crise sanitaire, c’était catastrophique. On parlait de -40 %, -60 % ! Il y a quatre ou
Vous avez senti des changements dans les habitudes de consommation du public ? Globalement, les gens boivent moins qu’avant. Sur la dernière décennie, la consommation d’alcool a baissé d’environ 20 % au Luxembourg. Je vois plutôt ça d’un bon œil. Nous sommes pour une consommation modérée. Notre clientèle est plutôt tournée vers le qualitatif : buvons moins, mais buvons mieux. Et c’est en ce sens que la situation a évolué ces derniers mois. Beaucoup ont, semble-t-il, eu le temps d’aller faire un tour dans leur cave, d’en faire l’inventaire… et de décider de la compléter. J’ai ressenti une sorte de solidarité de la part d’un public qui a dû se dire que notre secteur était en souffrance. On a ainsi explosé les ventes aux particuliers sur le deuxième mois de confinement. Et tout en faisant du bien autour d’eux, les gens se sont fait plaisir. Ainsi, en avril, on était à +8 % au niveau du chiffre d’affaires, mais à -20 % en termes de volumes. Les prix n’ayant pas vraiment évolué, on a donc vendu des bouteilles de catégories supérieures en 2020 par rapport à 2019. Et cela s’est confirmé sur la suite de l’année. Notre positionnement, que je qualifierais d’un peu « bâtard », nous a aussi aidés. Nous ne sommes pas situés dans le très haut de gamme. Ni dans le bas de gamme. On se range dans le « haut du milieu de gamme ». Et du coup, on se situe dans ce segment où les gens se disent qu’ils peuvent se faire plaisir en prenant une bouteille peut-être un peu supérieure sans se ruiner. Et c’est ce qu’ils ont fait.
UN SIÈCLE DE BULLES
LUXEMBOURG
1921
1925
1931
1947
1965
1971
1979
1982
1986
Fondation de BernardMassard par Jean Bernard (époux de Mme Anne Massard) et quelques amis, dont Bernard Clasen.
Premières bouteilles exportées en Belgique, présence à la Foire de Bruxelles.
BernardMassard devient fournisseur officiel de la Cour grand-ducale.
Carlo Clasen, fils de Joseph, rejoint l’entreprise et participe à la reconstruction après la guerre.
Grosses rénovations du bâtiment, investissements en termes d’équipements.
50e anniversaire et lancement de l’emblématique Cuvée de l’Écusson.
Hubert Clasen, fils de Carlo, rejoint BernardMassard.
Reconstruction du Domaine Clos des Rochers.
Reprise du Domaine Thill–Château de Schengen.
28
Jean Bernard décède. Reprise de la direction par la famille Clasen, dont Joseph Clasen, le fils de Bernard.
FÉVRIER 2021
Bernard-Massard
Et sur l’année complète ? On est à -8 %. Vous m’auriez dit ça au début de la crise, je ne vous aurais pas cru… Ce n’était pas vraiment le premier scénario qu’on envisageait. On voyait déjà notre chiffre d’affaires s’écrouler, alors qu’on a des frais fixes assez élevés… Au final, on se situe en meilleure situation que le scénario le plus optimiste qu’on imaginait. Néanmoins, quand je reviens un an en arrière, je me souviens d’une année 2020 qui se profilait dans une douce euphorie, avec tous les signaux au vert, des prévisions très bonnes au niveau des marchés étrangers, un exercice s’annonçant excellent en matière de restauration…
cinq grands événements (des foires, salons…) et des « moments » de l’année (les mariages, les fêtes d’entreprises…) qui n’ont pas pu avoir lieu et qui ne se rattrapent jamais sur le plan financier. En cumulé, cela représente beaucoup de bouteilles non vendues…
Grandes écoles Bachelier en management de HEC Lausanne, il a ensuite obtenu un master en finance à HEC Paris.
Photos
La période des fêtes de fin d’année n’est pas très loin derrière nous. On imagine que c’est un moment important de votre exercice. Avez-vous déjà une idée des tendances ? Les trois derniers mois de l’année représentent, en effet, 30 % de notre chiffre d’affaires annuel. Ici, octobre a été moyen, novembre plutôt mauvais, et décembre bien meilleur puisque l’on affiche +15 %. Ce qui s’explique en partie par nos nombreuses exportations. Mais en tout, sur ce trimestre, on affiche une baisse de 5 % par rapport à 2019. On a donc plutôt bien bossé compte tenu des circonstances. Et limité un peu la casse.
Antoine Clasen
« On a explosé les ventes aux particuliers sur le deuxième mois de confinement. » Qu’est-ce qui a le mieux marché sur ces douze derniers mois ? La majorité de notre production, ce sont les « bulles », les vins effervescents. Et à ce niveau-là, on a moins souffert qu’on le pensait. B eaucoup de gens en ont apparemment acheté, même s’ils n’étaient que deux à la maison. Ce qui a moins bien fonctionné, par contre, ce sont nos vins « tranquilles » luxembourgeois, non effer vescents donc. Parce qu’on en livre é normément au niveau de la restauration et que nous ne sommes pas parvenus à rattraper ça ailleurs. Ensuite, il reste notre autre métier, celui d’importateur de vins étrangers. Nous représentons 300 domaines, notamment via notre autre société, Europe-Vins. Dont des maisons étrangères très prestigieuses. Et dans ce secteur-là, nous avons progressé malgré la crise. Cet été, vous fêterez vos 100 ans d’existence. Réussir à marier cette tradition avec la modernité doit être crucial dans un monde comme celui des « bulles » ? Voilà tout notre challenge ! Cette continuité sur un siècle, elle est là, et nous en sommes fiers. Le tout est de parvenir en même temps à rester au goût du jour. C’est une question quotidienne quand on a une cible aussi large que la nôtre. Un vrai work in progress auquel je m’attelle depuis 10 ans. Et c’est typiquement ce à quoi nous avons été confrontés sur
qu’aujourd’hui. Plus concrètement, nous avons sollicité une agence anglaise afin de faire évoluer nos étiquettes. Lors du briefing, nous avions émis le souhait de garder nos bases, de manière à être reconnus, tout en voulant davantage de modernité. En somme, ce que tout le monde demande mais que personne n’obtient vraiment [sourire]. Nos codes étaient ultra-traditionnels. C’était ceux du champagne : de l’or, des arabesques, etc. On avait notre plus grand marché étranger, la Belgique, en tête quelque chose de plus sobre, plus où nous avions une image de la boisson bue minimaliste. Quand on nous a présenté les par la grand-mère. étiquettes, on s’est dit : c’est révolutionnaire ! Les clients, eux, l’ont à peine remarqué [rires]. Comment avez-vous changé Enfin, au Luxembourg. Parce que sur deux cette image vieillissante ? de nos marchés étrangers principaux, le Canada On a fait appel à une agence pour une cam- et la Finlande, nous avons fait respectivement pagne de relooking. Et nous avons beaucoup +20 % et -20 % ! Ce qui nous a poussés à réacommuniqué, notamment sur des réseaux liser une étude pour voir les raisons de ce sociaux qui n’étaient pas alors aussi développés recul en Scandinavie. Et il est apparu que les Finlandais préféraient un côté un peu plus « chic ». Cela nous a fait peur. Notre importateur en est même venu alors à nous demander de revenir aux anciennes étiquettes, mais DEUX CUVÉES nous avons tenu bon. Et aujourd’hui, tout est « ANNIVERSAIRE » revenu à la normale. Assez logiquement, la crise sanitaire a chamboulé les festivités programmées pour le 100e anniversaire de BernardMassard. Un grand événement prévu dans les caves de Grevenmacher a ainsi dû être reporté. Celui-ci aura peut-être lieu à la fin de cette année si les conditions le permettent, ou alors l’an prochain. Et il en va de même pour une série de manifestations qui devaient se dérouler avec les partenaires de la marque. Par contre, deux cuvées spéciales « anniversaire » vont voir le jour. La « 1921 », soit l’année de naissance de BernardMassard, et également une cuvée prestige qui n’a pas été baptisée, mais qui sera limitée à 1.500 bouteilles. Le tout accompagné d’une campagne marketing plus spéciale qu’à l’accoutumée. Le budget a d’ailleurs été revu un peu à la hausse.
Et en matière de communication ? Cela a fort changé. Quelques personnes d’un certain âge me disent parfois qu’on ne nous voit pas assez. C’est juste qu’on travaille aujourd’hui différemment. En étant plus sur le digital et moins dans les médias traditionnels. Même si nous fêtons nos 100 ans, nous avons toujours essayé d’être au goût du jour au niveau des nouvelles technologies. À côté de cela, notre style a changé aussi. Jusqu’à la fin des années 2000, nous restions dans des codes très traditionnels en matière de publicité : un couple qui s’aime, notre nom dans un coin… On ne voyait même pas la bouteille. C’était la tendance à l’époque. Aujourd’hui,
1990
1996
1998
2008
2011
2012
2017
2018
2021
Construction de la cuverie inox et automatisation du remuage.
Rachat du Château Fontesteau à Bordeaux.
Création du Jardin des Papillons.
Reprise d’Europe-Vins, importateur de vins de prestige.
Antoine Clasen, fils de Hubert, rejoint BernardMassard.
Premières exportations vers la Russie et les Pays-Bas.
La revue Decanter décerne la médaille de Best in Show à la Cuvée de l’Ecusson.
D’importants investissements sont réalisés dans la chaîne de production.
Lancement des cuvées spéciales des 100 ans.
Premières bouteilles exportées au Canada.
Premières bouteilles exportées en Finlande.
FÉVRIER 2021
29
Conversation Antoine Clasen
PAS VRAIMENT UN « FILS DE » La première fois qu’Antoine Clasen s’est dit qu’il travaillerait bien un jour dans l’entreprise familiale, il devait avoir 6 ou 7 ans. « On m’avait pris comme modèle pour une pub de notre jus de raisin Raisinor, une autre de nos marques histo riques », sourit l’entrepreneur de 38 ans. Mais de son propre aveu, il n’y a pas vraiment eu de « conditionnement » afin de pousser son frère Frédéric (aujourd’hui avocat) ou lui à la tête du groupe. Antoine Clasen a d’ailleurs fait ses armes dans la finance, avant de se rendre compte que ce n’était pas pour lui. Et de retrouver alors l’entreprise familiale.
si le mood est resté, le focus est davantage porté sur le produit. Sur sa modernité. La forme de certaines bouteilles a changé également. Nous avons aussi arrêté de mettre en place des campagnes nationales propres à chaque pays pour nous recentrer sur une version commune à tous. On finissait par partir dans tous les sens pour essayer de coller au public cible.
Qu’est-ce que cela représente chez vous ? 3 %. Cela reste marginal, mais en 2019, nous étions à 0,001 %. Donc, c’est une augmentation qui est tout sauf négligeable. Nous avons consenti à faire beaucoup d’efforts, et de mars
L’évolution, ces dernières années, dans le digital est-elle aussi importante que l’on peut l’imaginer ? Voici cinq ans, cela représentait 15 % de mon budget marketing. Aujourd’hui, on est monté à 65 % ! Au départ, je m’occupais moi-même des réseaux sociaux. Désormais, je passe par une agence qui ne fait que ça. C’était trop chronophage. Je répondais moi-même à tous les messages... Nous sommes actifs sur F acebook, Youtube ou Instagram, où il est davantage possible de transmettre aux jeunes l’ambiance que nous souhaitons véhiculer. Avant, nous nous occupions beaucoup de notre image, nous organisions des concours… mais cette année, nous avons « switché » à Luxembourg, en pensant que le public nous connaissait désormais. Nous avons décidé de mettre l’accent sur la vente. Ce qui nous ramène à un canal de distribution dans lequel nous avions pas mal investi sans parvenir jusqu’ici
à décembre 2020, 500 nouveaux clients nous ont rejoints par ce canal. À notre échelle d’entreprise que je considère toujours comme familiale, avec 85 salariés, c’est assez incroyable ! J’ai le sentiment que certains, au Luxembourg, ne se rendent pas encore bien compte des incroyables atouts de ce canal lié à internet. Et surtout du changement de mentalité opéré par la population. Depuis quatre ou cinq ans, il y a une réelle acceptation à acheter sur le net. Même chez d’anciens grands récalcitrants.
« Voici cinq ans, le digital représentait 15 % de mon budget marketing. Aujourd’hui, on est monté à 65 % ! »
Quand on est une société viticole luxembourgeoise, on peut rêver voir grand à l’exportation, ou bien on est vite ramené à la petitesse de notre territoire et de ses vignes ? C’est une excellente question, qui occupe d’ailleurs souvent mon esprit. La plupart des producteurs chez nous vendent tout leur stock sur le marché domestique. L’exportation, c’est l’exception. Parce que vendre du vin luxembourgeois à l’étranger, c’est très dur. Notre pays ne dit rien aux gens, sauf peut-être en matière de finance. Cependant, chez Bernard- Massard, l’export est un point crucial. Cela fait partie de notre stratégie d’entreprise, et ce, depuis notre création voici un siècle. Nos fondateurs avaient cette vision que le Luxembourg était trop petit, qu’il fallait s’ouvrir.
30
FÉVRIER 2021
à décoller : la vente sur internet. Mais aujour d’hui, cela marche très bien !
Photo
Gestionnaire d’exception et visionnaire, voilà comment Antoine définit son père.
Andrés Lejona
« On ne m’a jamais fait ressentir que j’étais là parce que j’étais le fils du patron. Sans doute que mon parcours a aidé à ça. Et aussi le fait d’avoir travaillé trois ans pour notre importateur belge, avant de retrouver mon père à Grevenmacher et de devenir directeur général en 2017, explique-t-il. Mon père, aujourd’hui président du conseil, m’a laissé une ‘mariée’ exceptionnelle. Et ce, alors qu’il a vécu des années compliquées, des crises, des dettes… Lui vous dira qu’il a moins bien réussi que ses prédécesseurs. La vérité est qu’il a été un gestionnaire d’exception, un visionnaire aussi. Avec ma mère, toujours présente à ses côtés. Ils m’ont laissé une entreprise plus solide que jamais financièrement et disposant d’un outil de production au top. Je peux vous l’avouer, il m’arrive de me réveiller la nuit en me disant que je ne pourrai pas faire aussi bien que mon papa… »
de
L UX
à
T OU S
L E S
MA R C H É S Investissez sur 22 bourses, à partir de € 14.95 par transaction. Offre spéciale : transférez votre compte chez Swissquote Bank Europe et nous vous remboursons vos frais de transfert jusqu'à € 2'500.
En savoir plus : swissquote.lu/luxembourg-broker +352 2603 2003
Les investissements comportent divers degrés de risque. Swissquote Bank Europe SA – RCS B78729. Banque basée au Luxembourg et régie par la CSSF.
Conversation Antoine Clasen
Ils sortaient du Zollverein (l’union douanière et commerciale entre États allemands auquel appartenait le Luxembourg jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, ndlr) et l’Union économique belgo-luxembourgeoise venait de se créer. Et pour s’ouvrir au marché belge, ils ont fait appel à des actionnaires de ce même pays, dont, par exemple, le grand-père de l’écrivaine Amélie Nothomb. Une famille importante dans le sud du Luxembourg belge. Désormais, c’est son cousin qui a repris les parts. Longtemps, la Belgique est restée notre seul marché d’export. Et aujourd’hui, il figure toujours au sommet dans la liste de nos exportations. Vous vous êtes ouverts, dans la deuxième moitié des années 1990, à d’autres marchés. Comment cela s’est-il passé ? Dans les années 1980 et 1990, mon père a considéré qu’il fallait se diversifier. Ou au moins tenter de le faire. Nous essayons d’avoir une stratégie de développement, mais il faut être réaliste, on dépend souvent de concours de circonstances. Il faut tomber sur les bonnes personnes, celles qui croient en nous. Comme je le disais, on ne peut pas vraiment compter sur le fait d’être luxembourgeois pour se faire connaître. On essaie donc plutôt d’instaurer une marque synonyme d’une certaine qua lité. Au Luxembourg, on nous connaît. On nous aime ou non, c’est généralement assez tranché. Nul n’est prophète en son pays, comme on dit… Hors de nos frontières, la concur rence n’est pas la même. Et nous avons, quelque part, réussi à convaincre beaucoup de gens que notre produit, comparativement à beau coup d’autres, est d’une qualité vraiment excellente. Et ça, même en venant d’un pays qui leur est inconnu, tout comme notre appellation. C’est ce qui s’est passé, en 1996, quand vous avez commencé à exporter au Canada ? Il faut savoir que le Québec est un marché vraiment très réglementé. C’est un monopole, et seul l’État peut vendre de l’alcool aux parti culiers. Si on a accédé à ce marché-là en 1996, c’est grâce à un concours. Les bouteilles récol tant une médaille d’or obtenaient le droit
W-BOX, LE VIN QUI VIENT À VOUS La box découverte mensuelle livrée tous les mois chez vous, voilà un produit de plus en plus en vogue. « Mais qui, assez bizarrement, n’avait pas encore vraiment été associée chez nous au vin. Or, j’y pensais depuis un petit temps. Et on s’est lancé voici quelques mois », explique Antoine Clasen. La W-box, pour « wine box », est disponible en deux formules : le Petit Vigneron (24,90 euros par mois) et le Maître de Chai (54 euros par mois). Avec des abonnements d’un mois, six mois ou un an. « La petite box, c’est presque de l’éducation, avec à chaque fois deux bouteilles typiques d’un cépage ou d’une région. La grande est réservée à des vins plus pointus. Luxembourgeois ou étrangers. On prépare tout nous-mêmes, à la main. Il s’en est écoulé 200 durant la dernière période des fêtes. On n’en est qu’aux balbutiements, mais j’y vois un grand potentiel », conclut le directeur général de Bernard-Massard.
d’être distribuées. Et la Cuvée de l’Écusson, notre produit phare, l’a remportée. On s’est donc retrouvé avec 1.000 bouteilles en maga sins… qui ont disparu en un clin d’œil ! Un importateur s’est alors manifesté pour nous représenter sur ce territoire. L’année suivante, on est monté à 2.000 bouteilles, puis encore un an plus tard, à 4.000. Et aujourd’hui, on en écoule un demi-million là-bas ! On se situe dans le top 3 des « bulles » les plus vendues au Québec en termes de chiffre d’affaires. Et tout ça grâce à un importateur qui a cru en nous et une très bonne presse. Je n’ai pas des budgets marketing comme LVMH, je ne peux pas faire une campagne de pub avec Brad Pitt. Notre argument de vente, c’est la qualité (très constante) de nos produits. Aujourd’hui, une nouvelle opportunité arrive sur ce marché puisque notre importa teur a été racheté par le n°1 du pays. Ce qui va nous ouvrir les portes de beaucoup d’autres provinces canadiennes ! C’est un marché énorme. S’ils commandent 300.000 bouteilles en plus, nous allons vite atteindre nos limites.
« Notre croissance doit venir de l’export. En 2020, malgré tout ce que l’on a vécu, nos exportations ont connu une hausse de 5 %. » 32
FÉVRIER 2021
Et la Finlande ? Là aussi, il y a eu des circonstances particu lières, liées à l’entrée de ce pays dans l’Union européenne en 1995. Les Finlandais, qui fonc tionnent également avec un système de mono pole, voulaient un vin de chaque pays de l’Union. Nous avons démarré avec 3.000 bouteilles, et nous en sommes aujourd’hui à 250.000 ! Depuis 2012, nous sommes également présents en Russie. Là, cela a pu se faire grâce à l’ambas sadeur du Luxembourg. C’était m arginal au début, mais on est monté à 40.000 bouteilles. Et le potentiel me semble là pour nous permettre de monter jusqu’à 100.000. Vous connaissez des croissances plutôt lentes à l’export… Une entreprise comme la nôtre a besoin d’une dizaine d’années pour voir les premiers fruits de son travail apparaître. Nous l’avons constaté à diverses reprises : sur un marché étranger, nous observons une évolution lente assez longue, avant de passer d’un coup à la vitesse supérieure. Cela peut être assez frustrant. Mais on est installé dans un marché mature. En termes de chiffres d’affaires, on ne fait pas des progressions fulgurantes, à du +10 % chaque année par exemple. On se situe plutôt à +2 %. Je sais qu’au Luxembourg, même si je réalise tous les efforts du monde, je ne doublerai pas mes chiffres. On table plutôt sur des crois sances de 3 % à 3,5 % sur ce marché domes tique. La croissance doit donc venir de l’export. D’ailleurs, en 2020, malgré tout ce que l’on a vécu, nos exportations ont connu une hausse de 5 %. Sur quels marchés souhaitez-vous vraiment émerger aujourd’hui ? Nous sommes présents dans une trentaine de pays. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Irlande, les Seychelles, l’Estonie, le Japon, la Norvège, les États-Unis, la Lituanie, le Brésil… Nous commençons même à nous ouvrir à l’Afrique. Tout cela est souvent marginal, même si, mis bout à bout, ça commence à compter… Pour en venir à votre question, on voudrait percer en Russie, au Danemark, en Suède et au Japon. Des pays qui ne sont pas produc teurs de vin et dont le marché est mature. Et où en êtes-vous actuellement sur ces territoires ? Plus avancé en Russie que dans les trois autres, où nos chiffres sont encore mineurs. Mais, comme je l’ai déjà dit précédemment, l’important est toujours de trouver le bon interlocu teur, le partenaire qui nous c omprend. Et je pense que dans ces quatre pays, nous l’avons trouvé à chaque fois. À côté de tout ça, on garde également en tête qu’il peut y avoir des conséquences de la crise que le monde connaît actuellement. On ne verra sans doute ces der nières que dans un an. Mais il est possible
• Seamless and smart onboarding of your investors. • Dedicated Private Asset transfer agency, accounting and consolidation solutions. • Automated flows for capital calls, distributions... • Tailor made operational reporting. • Integrated regulatory reporting (CRS, FATCA, RBO...).
www.efa.eu/PERE
At EFA, our specialists have created the solution they wish had existed when working for Private Asset structures.
• Seamless and smart onboarding of your investors. • Dedicated Private Asset transfer agency, accounting and consolidation solutions. • Automated flows for capital calls, distributions... • Tailor made operational reporting. • Integrated regulatory reporting (CRS, FATCA, RBO...).
www.efa.eu/PERE
At EFA, our specialists have created the solution they wish had existed when working for Private Asset structures.
More than a fund company
Conversation Antoine Clasen
4,5
Vous avez parlé de la Cuvée de l’Écusson, votre produit phare. Mais les connaisseurs au Luxembourg vantent surtout les crus de vos domaines, le Clos des Rochers et le Château de Schengen… Ce sont des approches totalement différentes. La Cuvée de l’Écusson, c’est notre fer de lance. Au départ, c’est une édition limitée que nous avions créée pour notre 50e anniversaire. Et aujourd’hui, c’est devenu la cuvée que l’on
Actuellement, Bernard-Massard produit chaque année environ 3 millions de bouteilles. L’objectif à 10 ans est de passer à une production de 4,5 millions de bouteilles.
vend le plus. Celle qui nous a aussi permis d’être présents à l’export. Un vin qui plaît au plus grand nombre. Et sans lequel on ne pourrait pas faire tout le reste. L’Écusson nous offre une stabilité, une garantie. Celle qui nous permet de pouvoir faire des tests et des erreurs par ailleurs. Maintenant, à côté, vous retrouvez le Clos des Rochers, notre domaine familial, et le Château de Schengen pour lesquels l’approche est beaucoup plus « élitiste ». Avec eux, on ne se dit pas qu’on fait du vin. On fait un très bon vin ! Souvent, les gens ne comprennent pas pourquoi certains crus sont plus chers ici au Grand-Duché. C’est simplement parce que des domaines comme le Clos des Rochers mais aussi Alice Hartmann, Abi Duhr… ont la philosophie de faire du très haut de gamme. Ce qui engendre des rende-
Les bouteilles du Clos des Rochers ou du Château de Schengen ont tendance à s’arracher. Parfois, il se dit qu’elles sont parties avant même d’être produites. Pourquoi ne pas intensifier cette partie de la production ? Le public pour ces vins est moins important que pour les « bulles ». Ces dernières représentent 95 % de ce qu’on vend à l’export. Et puis, il y a une balance à trouver. Si je veux produire plus de ces vins, je dois le faire différemment. Chaque terroir a une certaine taille, et la parcelle d’à côté n’est pas la même. Je fais parfois l’exercice de prendre deux rieslings, un du Clos des Rochers, à Grevenmacher, où la terre est plus calcaire. L’autre de Schengen, plus au sud, où c’est davantage argileux. Je les fais déguster. Et je m’amuse de voir les réactions des gens sur les différences dans leurs verres. Et ça,
ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES DE BERNARD-MASSARD
30 MILLIONS D’EUROS
LA FAMILLE POSSÈDE 70 % DES PARTS
(hors activités de Bernard-Massard Allemagne) 25
20.300.000
20.000.000
20
16.000.000
17.000.000
15 CHIFFRE D’AFFAIRES À L’EXPORT
PARTICIPATIONS ET DOMAINES
10
CHIFFRE D’AFFAIRES AU LUXEMBOURG 5
0 2012
34
2013
2014
FÉVRIER 2021
2015
2016
Depuis le rachat dans les années 2000 de 20 % des parts qui étaient jusque-là la propriété de Fourcroy, leur ancien importateur belge, la famille Clasen possède 70 % des parts de la société Bernard-Massard. On peut sub diviser celle-ci en deux branches, d’un côté Hubert (le père d’Antoine) et Françoise Clasen. De l’autre, leur cousin Bernard Clasen. À côté, la famille Immelnkemper, gérante de la branche allemande de Bernard-Massard, possède quant à elle une participation de 15 %. Les 15 derniers pourcents sont, eux, la propriété d’une centaine d’actionnaires mino ritaires. Personne ne dépasse 2 % des parts.
2017
2018
2019
Prévisions 2020
Prévisions 2021
Bernard-Massard détient à 100 % BernardMassard Allemagne et son chiffre d’affaires d’une dizaine de millions d’euros. Mais aussi le négociant en vin Europe-Vins, importateur de certains des meilleurs domaines au monde (chiffre d’affaires de 1 million d’euros). Enfin, il possède aussi l’entièreté des parts dans la vinothèque Cave des Halles, qui commercialise notamment sa W-box. Différents domaines rentrent également dans son giron, comme le Château Fontesteau en Gironde ou, au Luxembourg, le Château de Schengen et le Domaine Thill. Ces deux derniers appartiennent à 50 % à BernardMassard. Les 50 autres pourcents sont la propriété personnelle d’Antoine Clasen.
Bernard-Massard
Vous parliez des marchés étrangers. Qu’en est-il des États-Unis ? C’est un pays que j’avais un peu mis de côté ces quatre dernières années. Son marché est assez replié sur lui-même, protectionniste, avec les taxes sur les vins européens… Mais je pense que cela va un peu se rouvrir avec le changement de présidence. Et que certains vont avoir envie de redécouvrir les vins étrangers. Il peut y avoir des opportunités. Dans mon métier, je passe quatre mois par an à l’étranger, sur nos différents marchés. Et les États-Unis feront donc partie de mes prochaines destinations.
ments très faibles, voire microscopiques pour certaines cuvées, des investissements lourds au niveau des machines et de l’intensité en termes de vinification. Du temps de mon grand-père, on prenait une grande cuve et on mettait tout le raisin dedans. Et vous obteniez un riesling. Aujourd’hui, on en produit 12 ! Parce que tout est devenu parcellaire, individualisé. Nous avons une approche vraiment vigneronne.
MILLIONS DE BOUTEILLES
Source
qu’une belle opportunité se présente à nous : reprendre un domaine, un importateur… Quand on sort d’une telle crise sans dettes et en ayant gardé un petit trésor de guerre, des opportunités, il y en a souvent.
À L’OCCASION DE L’AUTOFESTIVAL, VENEZ DÉCOUVRIR VOTRE NOUVEAU STORE MULTIMARQUE À LEUDELANGE
AUTOFESTIVAL DU 25 JANVIER AU 13 FÉVRIER
PROFITEZ DE CE MOMENT POUR VISITER ÉGALEMENT LE CENTRE DE VÉHICULES D’OCCASION AVEC PLUS DE 200 MODÈLES TOUTES MARQUES DISPONIBLES IMMÉDIATEMENT COVID-19 PRENEZ RENDEZ-VOUS EN SCANNANT CE LIEN
187, rue de Belvaux | ESCH-SUR-ALZETTE
1, rue de l’Industrie | FOETZ
CITROËN
PEUGEOT
4, rue Nicolas Brosius | LEUDELANGE | CITROËN | DS AUTOMOBILES | OPEL
PEUGEOT
Conversation Antoine Clasen
« Le réchauffement climatique ? Voici dix ans, on vendangeait le 25 septembre. Aujourd’hui, cela se fait deux à trois semaines plus tôt. »
dans les 10 prochaines années. Par contre, le chardonnay ou le pinot noir pourraient se montrer très intéressants dans le futur. À côté de ça, un cépage comme le pinot gris, très apprécié chez nous, risque à terme de connaître des jours difficiles, voire de ne plus être adapté à nos terres. Parce qu’il produit beaucoup de sucre rapidement, et donc il contiendra beaucoup d’alcool. Et je ne pense pas que les gens voudront d’un vin blanc à 15 ou 16 degrés…
alors que les traitements ont été similaires au niveau des vignes, dans la cave… C’est là qu’on voit la différence de terroirs. À mes yeux, parvenir à faire ressortir encore davantage ceux-ci, à être encore plus précis sur les vinifications et la viticulture, c’est le futur au niveau des domaines. Et ça me passionne ! On veut que nos vins aient véritablement une âme. Quelles sont les influences du réchauffement climatique sur le monde du vin ? Assez égoïstement, je dirais qu’il est assez bénéfique pour nous. Parce qu’historiquement, il a toujours fait un petit peu trop froid chez nous pour obtenir une bonne maturité des raisins. Mais une fois qu’on a mis cela de côté, comment ne pas penser que la situation est préoccupante. Il ne faut pas confondre un cycle climatique et un événement météorologique comme peut l’être de la grêle, par exemple. Des événements météorologiques, on en a toujours connu. Mais aujourd’hui, on constate des choses beaucoup plus extrêmes. C’est-à-dire des fortes chaleurs, des gelées tardives avec des printemps précoces… Voici 10 ans, on vendangeait le 25 septembre. Aujourd’hui, cela se fait deux à trois semaines plus tôt ! Donc le réchauffement climatique a un impact concret sur nous. C’est pour cela que je réfléchis avec d’autres vignerons, locaux ou étrangers, à ce qu’il faut planter. Quand on lance une vigne, on le fait pour la génération suivante. Le premier vin, on l’obtient après cinq ans de culture. Après 10 ans, il est pas mal. Mais pour avoir la qualité que l’on veut, il faut attendre 15 ou 20 ans ! Il est donc crucial de réfléchir aux cépages de demain. Je ne pense pas que l’on va planter du merlot, de la syrah ou du mourvèdre à Luxembourg 36
FÉVRIER 2021
FAST & CURIOUS Brut ou demi-sec ? Brut. ‘Red Red Wine’ (UB40) ou ‘Champagne Supernova’ (Oasis) ? Oasis. Producteur ou financier ? Producteur. Cordon bleu ou caviar ? Cordon bleu. Apéro ou after ? Apero. Sideways (2004, A. Payne) ou Saint Amour (2016, B. Delépine et G. Kervern) ? Sideways. Facebook ou Instagram ? Les deux. Un mojito ou une Bofferding ? Une Bofferding. « In vino veritas » ou « mettre de l’eau dans son vin » ? « In vino veritas ». Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious d’Antoine Clasen sur paperjam.lu.
Vous poussez pour un tourisme viticole plus développé au Luxembourg… Il ne l’est pas assez ! Comme je le disais, je voyage beaucoup pour vendre ou acheter des vins. Et dans toutes les régions productrices de vins, je vois un large public qui vient découvrir les crus, la gastronomie, l’hôtellerie locale… Chez nous, ce n’est pas assez développé. Or, le potentiel est énorme. Vous savez quel pays à l’œnotourisme le plus développé au monde ? L’Autriche ! Ce n’est pas celui dont les vins sont les plus connus. Mais les Autrichiens ont réussi à attirer les gens grâce à leurs infrastructures, la qualité de l’accueil… Je ne dis pas qu’il faut tenter de séduire des visiteurs venus de l’autre bout du monde. Non, rien que la Grande Région déjà, ce serait bien. On possède quelques bons restaurants, quelques hôtels, mais globalement, on manque d’infra structures. On ne se met pas non plus assez en avant. Quand vous débarquez au Luxembourg, rien ne vous signale que vous êtes dans un pays producteur. Lorsque vous allez au restaurant dans certaines régions françaises, la carte des vins commence par huit pages de productions locales. Chez nous, certains jouent le jeu, mais le plus souvent, vous avez huit pages de vins étrangers avant de voir du luxembourgeois. J’encourage d’ailleurs souvent les restaurateurs qui se fournissent chez moi à aller voir ailleurs aussi. Afin de montrer la diversité des vins, des cépages, des goûts, qui est une réalité sur nos terres luxembourgeoises. Comment changer les choses ? Il nous manque une dynamique globale, des locomotives. J’irais même jusqu’à dire qu’il nous faudrait un restaurant étoilé dans chaque village de la Moselle. Il faudrait une task force qui prenne ce dossier du tourisme viticole en main. Parce qu’actuellement, à mon sens, il y a un peu trop d’organismes censés s’en occuper : l’ORT (Office régional du tourisme), le Fonds de solidarité viticole, les ministères… Tout le monde travaille, mais chacun un peu trop dans son coin. On aurait besoin d’une approche plus globale.
IL CHERCHAIT LA QUALITÉ D’UNE ALLEMANDE PUIS IL A COMPARÉ
AUTOFESTIVAL DU 25.01 AU 13.02 UNE COROLLA HYBRIDE AU PRIX D’UNE COROLLA ESSENCE*
TOYOTA. PENSEZ-Y. 4,5-5,3 L / 100 KM
|
101-121 G / KM (WLTP)
Véhicule illustré avec options ou accessoires. * Corolla 5 portes et Corolla Touring Sports – la version Hybride au prix de la version Essence équivalente (par exemple : Corolla TS 1.8 Dynamic au prix de la Corolla TS 1.2 Dynamic) : off re qui correspond à une remise de 2.850 € (calculée sur base du prix catalogue recommandé) sur les versions hybrides. Off res optionnelles, non cumulables et disponibles uniquement pour les clients particuliers, non obligatoires et soumises à conditions. Off res valables du 01.01.2021 au 13.02.2021, à l'achat d'une nouvelle Corolla Hybride chez les concessionnaires participants du réseau Toyota agréé au Grand-Duché de Luxembourg. Pour plus d’informations sur cette promotion, consultez votre distributeur Toyota ou notre site www.toyota.lu.
Le maire de Metz, François Grosdidier, veut plus de collaborations que de rétrocessions avec le Luxembourg.
38
FÉVRIER 2021
Conversation François Grosdidier
« Le phénomène luxembourgeois est une formidable chance » Le nouveau maire (LR) de Metz, François Grosdidier, ne dira plus le gros mot le plus détesté des Luxembourgeois. À « rétrocession fiscale », l’ex-sénateur préfère « partenariat », notamment sur les volets transports et formation professionnelle. Auteur THIERRY LABRO
Indifférente au Covid-19, la cathédrale SaintÉtienne veille en silence sur le bureau du maire, faute de marché de Noël sur la place d’Armes. Avant son premier débat d’orientation budgétaire, mi-décembre, François Grosdidier range son smartphone. Rompu à l’exercice d’un mandat politique. Décrivez-moi « votre » Luxembourg, la manière dont vous voyez votre voisin. C’est marrant, j’ai deux visions. Originaire d’une vieille famille messine, j’ai grandi à Hagondange, parce que mon père travaillait dans la sidérurgie. Enfant, nous allions au Luxembourg, le dimanche. Nous passions la frontière, c’était un symbole très fort, et ça nous plaisait parce que nous avions l’impression d’être vraiment ailleurs. Aujourd’hui, le Luxembourg est devenu le fort pôle de développement économique d’une même métropole. C’est banalisé. C’est comme si les frontaliers habitaient dans la grande couronne parisienne et qu’ils allaient travailler à la Défense. Le Messin que vous êtes depuis toujours regrette-t-il cette situation ? Que Metz soit devenue le satellite de Luxembourg ? Non. On a toujours un peu la nostalgie de son enfance. Aujourd’hui, il y a moins de différences entre nos continents qu’il y en avait autrefois entre nos régions. Cela s’est joué en une ou deux générations. Le phénomène luxembourgeois est une formidable chance pour Metz et la Moselle, même si je suis aussi de la génération qui a vécu la prospérité de la sidérurgie. J’étais fier de dire à mes cousins parisiens que j’habitais dans le Texas français. On se considérait plutôt comme plus riches qu’eux. Puis, nous avons eu les années 1970-1980 où, tout d’un coup, nous étions les plus déshérités...
Photo ANDRÉS LEJONA
Que manquait-il pour comprendre que cela allait se produire, et prendre un virage ? Nous avons connu un surdéveloppement pendant la révolution industrielle, puisqu’on avait même une population venue de l’extérieur en nombre, d’abord d’autres pays d’Europe ( Italie, Pologne), puis des pays d’outre-Méditerranée… L’industrie a petit à petit disparu, et l’activité secondaire ne pouvait pas compenser. Si on voulait éviter la paupérisation et l’exode que connaissent certaines régions, on avait besoin d’une nouvelle dynamique économique. Globalement, nous avons perdu 100.000 emplois dans nos industries lourdes en une génération et demie, et au moins autant d’emplois induits. Nous avons retrouvé 100.000
BIO Politique À 15 ans, il adhère au CNI, petit parti conservateur et libéral, avant de mener sa première campagne, en 1973, avec le député-maire d’Amnéville, Jean Kiffer. Il exerce tous les mandats, sauf celui de ministre. Vert Assurément de droite, le maire de Metz a été initié à la défense de l’environnement par Jean-Marie Pelt. Avant de défendre la charte de l’environnement, de voter contre la loi sur les OGM de son ami Fillon ou d’écrire un livre en 2008 pour alerter, Tuons-nous les uns les autres : qu’avons-nous retenu des grandes catastrophes sanitaires ? Hyper-maire Vainqueur de toutes les élections en 2020, il est partout. Ce qui lui vaut le surnom d’« hyper-maire ».
emplois dans le travail frontalier et 40.000 à 50.000 emplois dans la logistique et le transport. Sans le phénomène luxembourgeois, la Moselle et la Lorraine seraient en état de paupérisation. Elles auraient toujours un tissu économique, mais pas au niveau de leur population. La dynamique luxembourgeoise, surtout à partir des années 1990-2000, nous a permis de rebondir. Vous vous inscrivez exactement à l’opposé de votre prédécesseur, Dominique Gros, qui a terminé son mandat en multipliant les exigences d’une rétrocession fiscale du Luxembourg. La rétrocession fiscale, ce n’est pas le sujet ? Non ! Je n’ai pas moins d’impôts locaux ni de dotation de l’État parce que mes administrés travaillent au Luxembourg plutôt qu’à Metz. Cela ne change rien à mes recettes ! Les dotations de l’État sont assises sur la population et les impôts locaux. Dès lors qu’ils habitent là, ils paient la même chose. Cette histoire de rétrocession d’impôts d’État n’est pas le sujet. On peut toujours se sentir frustré de ne pas avoir l’impôt sur le revenu. En revanche, tant que les frontaliers habitent et consomment en France, l’État perçoit quand même la TVA, qui constitue une recette plus importante dans ses caisses que l’impôt sur le revenu. Quels sont vos sujets, alors ? C’est une chance que beaucoup de mes administrés travaillent au Luxembourg, tout en habitant et en consommant ici. Ils apportent leur force de travail au Luxembourg, ils en tirent des revenus qu’ils dépensent ici. C’est du gagnant- gagnant. Je ne comprends pas que mon prédécesseur n’ait jamais compris que c’était une chance et qu’il demande des cofinancements FÉVRIER 2021
39
Conversation François Grosdidier
comme on demande une indemnité en tant que Metz-Luxembourg au motif de cette difficulté réparation pour un préjudice. Il reste deux défis fiscale, alors même qu’il l’encouragerait sur la fondamentaux : les transports et la formation métropole parisienne ou lyonnaise. professionnelle. Il faut que les transports soient fluides entre la métropole de Metz, Thionville Vous êtes entendu, sur cette question, et le Luxembourg. On ne peut pas passer deux à Paris ? heures par jour le matin et deux heures le soir À Bercy, ils n’ont pas tous cette vision, mais entre son lieu de résidence et son lieu de travail. j’en ai parlé avec différents membres du gouIl faut aussi qu’on assure la formation. Là encore, vernement. Et je compte en parler avec Bruno certains, comme mon prédécesseur et une par- Le Maire (le ministre de l’Économie français, tie du patronat mosellan, pourfendent ces Luxem- ndlr). Notre métropole, pas juridique, mais bourgeois qui piquent la main-d’œuvre qualifiée. physique, démographique, a encore plus de Quand on est dans une agglomération qui se problèmes de transport que les autres, parce situe dans la moyenne nationale du chômage que les pouvoirs publics n’ont pas pensé les (pas loin de 10 %), qu’on est même à trois ou transports en commun comme ils l’auraient quatre fois ce taux dans certains quartiers, mon fait ailleurs. Metz-Luxembourg ne peut pas sujet n’est pas d’en vouloir à celui qui emploie être encore plus bloquée dans le télétravail un certain nombre de mes administrés, mais pour cette raison. Si on prend les flux actuels, plutôt de me demander pourquoi, quand j’ai les projets autoroutiers et ferroviaires apporune offre d’emploi non satisfaite, les chômeurs teraient des améliorations à moyen terme... qui ne trouvent pas de boulot ne peuvent être employés par les entreprises locales qui ont des Qu’entend-on par « moyen terme » ? emplois. Je me pose la question du problème Quatre ou cinq ans, je pense. Le ferroviaire de la motivation, de l’orientation, de la forma- devrait aller assez vite. Au niveau de l’A31 bis, tion, de la qualification, tant pour les emplois j’espère qu’on aura des résultats d’ici cinq ans. destinés au Luxembourg que pour les emplois Il faut s’inscrire dans le plus long terme. On a locaux. Si, à un moment, nous sommes confron- d’autres facteurs d’augmentation du trafic, tels tés à une insuffisance de formation et qu’il faut que l’augmentation du nombre des emplois qui qu’on forme ensemble, on doit pouvoir en dis- s’offriront aux frontaliers au Luxembourg. On cuter avec nos partenaires luxembourgeois, évoque les chiffres de 50.000 à 70.000. C’était définir des objectifs de formation, cofinancer peut-être avant le Covid, qui ralentit forcément des infrastructures ou des actions de formation, le phénomène, mais il y a quand même de fortes comme il faut certainement qu’on cofinance chances que cela reprenne. À Bettembourg, les de nouvelles infrastructures de transport, parce investissements logistiques sont en place. Je constate amèrement que la route de la soie que tout le monde a tout à y gagner. arrive à Rotterdam ou à Anvers, mais, hélas, pas Séparons ces sujets. Sur les transports, dans les ports français, alors qu’on a la plus belle le ministre responsable de ce domaine, façade maritime d’Europe. Mais on a les ports François Bausch (Déi Gréng), dit souvent les moins accueillants et les moins organisés. qu’il est prêt à discuter de cofinancements, Ça descend par le rail à Bettembourg, et ça part mais que les Lorrains ne lui présentent en camion... On avait annoncé à grands cris, il pas de projets... à part un P+R de temps y a 15 ans, cette autoroute ferroviaire Bettembourgen temps. Perpignan. Or, ça ne fonctionne pas, ou mal, et C’est gentil, mais cela ne règle pas le problème, on constate en plus un vrai engorgement feril a raison. Nous avons une insuffisance auto- roviaire dans la vallée du Rhône. Aujourd’hui, soit, malgré les insuffisances routière. La faute aux Lorrains : nous avons loupé l’A32 il y a 20 ans. Le projet d’A31 bis est foncières, il faut trouver le moyen d’augmenun pâle palliatif de l’A32, mais on n’a pas le ter l’infrastructure ferroviaire pour doubler les choix. On sait que cela ne suffira pas. Nous devons augmenter les capacités ferroviaires. Or, nous sommes au maximum des possibilités de l’infrastructure. La Région développe du matériel ferroviaire et est en train d’acquéL’ÉCOTAXE QUI POURRAIT PESER SUR L’A31 rir des rames plus longues, à deux étages, allonge Les deux départements d’Alsace même les quais des gares TER pour absorber ont obtenu un accord, début janvier, ces capacités. Même ça, cela ne suffira pas. pour la création d’une collectivité Ces deux solutions amélioreraient la situation européenne unique… qui pourrait poser un problème au Luxembourg : avec les flux actuels. Cela nous apporterait une écotaxe en discussion peut-être une certaine fluidité si on ajoute un à Strasbourg détournerait le trafic développement du covoiturage et du télétrade l’A35 sur l’A31. « Nous n’avons pas obtenu, au Parlement – j’étais sénateur vail. Avec cette difficulté sur le télétravail, face et j’ai amendé le texte –, la même auquel l’État, pour des raisons fiscales, est rétif. chose sur des autres axes. C’est une Je ne voudrais pas que l’État pose des restricmenace de plus », redoute le maire de Metz, François Grosdidier. tions au télétravail au sein de la métropole 40
FÉVRIER 2021
« Nous ne savons pas où mettre de nouveaux rails. » voies ferrées, soit nous devons utiliser un type de transport en complément, du type monorail, comme le font de grandes métropoles du monde où il y a un problème de foncier. C’est cher, non ? La première à en parler, la maire de Thionville aujourd’hui décédée, Anne Grommerch, s’était attiré les moqueries en 2015... Entre 500 millions et 1 milliard d’euros. L’hypothèse est-elle toujours sur la table ? Il n’y en a pas d’autres. Je sais que ce n’est pas la préférence du Luxembourg, qui a énormément investi dans son réseau ferroviaire, mais nous ne savons pas où mettre des rails supplémentaires. Je ne crois pas qu’on puisse régler notre problème sans infrastructure supplémentaire – un débat que j’ai avec l’État et la Région, et qui n’a aujourd’hui que des réponses en termes d’optimisation, de mutualisation, pour éviter le sujet de nouvelles infrastructures. Même si on les exploite mieux sur le Sillon lorrain et sur les petites veinules, les autres petites liaisons, ça ne joue qu’à la marge. Évidemment, on est sur du temps long, au moins une décennie. Peut-être que ce sera du ferroviaire, mais ça sera plus coûteux parce qu’il faudra démolir. Faire de la place. Les monorails qui existent ne sont pas si longs, si ? Quelles villes devraient-ils relier ? Metz à Luxembourg ! Il faut que ce soit connecté au réseau de transport urbain de la métropole et que ça parte jusqu’à Luxembourg. L’A31 n’apporte pas les réponses qu’il faudrait apporter, notamment sur le segment messin. L’autre grand dossier, c’est la formation. Il y a quelques semaines, le président du Département de la Moselle, Patrick Weiten, reprenait à son compte une idée émise par le ministre des Finances luxembourgeois,
RENAULT ZOE
100% électrique
8.000 € de prime gouvernementale** découvrez nos conditions Autofestival et profitez de 4 ans d’entretien offerts* dans tout le réseau RENAULT et sur renault.lu 0 L/100 KM. 0 G/KM CO2 (WLTP)
2021
contactez votre concessionnaire pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule. * offre EASYcare valable maximum 48 mois/40.000 km sur toute la gamme Renault, sauf Twingo - Twingo Electric - Twizy et la gamme des Véhicules Utilitaires. offre non cumulable avec la prime complémentaire, et non obligatoire. offre et contrat soumis à conditions, valables du du 11/01/2021 au 13/02/2021 ou jusqu’à épuisement des stocks. réservée aux clients particuliers, pour l’achat d’une nouvelle voiture chez les concessionnaires participants du réseau agréé Renault Belgique Luxembourg pendant les dates de l’offre. le contrat EASYcare comprend : a. les entretiens, réparations et main-d’oeuvre : entretien selon les prescriptions du constructeur, remplacement de pièces d’usure comme les plaquettes de frein, balais d’essuie-glace (hors pneus). b. les réparations de type mécanique ou électrique en cas de panne. les frais de carrosserie ne sont pas compris. c. l’assistance en cas de panne. plus d’informations chez votre concessionnaire. sous réserve d’erreur d’impression. le contrat EASYcare est un service vendu par RCI Financial Services. annonceur : Renault Belgique-Luxembourg S.A. (importateur), chaussée de Mons 281, 1070 Bruxelles, RPM Bruxelles, TVA BE 0403 463 679 - IBAN BE76 0017 8828 2195 RPM Bruxelles. ** plus d’infos pour la procédure de remboursement de la prime surclever-fueren.lu.
renault.lu renault.lu
Conversation François Grosdidier
Comment fait-on, alors, pour répondre aux besoins en main-d’œuvre ? Il n’y a aucun problème, à Metz ou à Thionville, à doubler ou tripler la formation des infirmiers ou des aides-soignants. On a la ressource humaine. Qui voulons-nous former ? Si on veut former des habitants de Moselle ou de Lorraine Nord, autant les former au plus près de là où ils habitent, même s’ils vont travailler plus loin. Pourquoi aller chercher plus au sud ou plus à l’ouest des lieux complètement nouveaux qui n’ont pas de sens ? Former près du Luxembourg, cela peut avoir un sens. Un infirmier au Luxembourg, en France ou en Sarre, c’est la même chose ! Nous ne demandons pas aux infirmiers que nous formons de s’engager à travailler en France, même si on a du mal à recruter. De la même façon, on devrait pouvoir cofinancer ceux qu’on forme demain et qui seraient même formés avec le concours du Luxembourg. Au début de leur carrière, ils vont plus facilement au Luxembourg. Ils peuvent vouloir se poser et revenir en France. Ils auront forcément un peu de mobilité professionnelle. Ils ne sont pas figés.
Pierre Cuny
UNE CONSTELLATION POLITIQUE FAVORABLE Si le Luxembourg parle avec le gouvernement français, la situation se décante de l’autre côté de la frontière : le maire de Metz est de la même sensibilité politique que le patron de la Région Grand Est, Jean Rottner, que celui du Département, Patrick Weiten, et que le maire de Thionville, Pierre Cuny. De plus, assure-t-il, « depuis un mois, le préfet de la Moselle a compétence pour discuter de l’ensemble des problèmes au nom de l’État français ».
Il n’y a pas de concurrence là-dedans, le marché du travail est transfrontalier, on doit former avec cette caractéristique. Sauf qu’il faut financer cette formation... Quand les financeurs, que ce soit le patronat ou la Région, disent qu’on forme pour les autres, ils font une erreur. La formation n’est pas attachée à l’employeur, mais à l’individu. Je préfère former un infirmier qui va habiter Metz et travailler au Luxembourg, plutôt qu’un psychosociologue qui sera à Pôle Emploi. Je n’ai pas l’impression que, parce qu’il est employé au Luxembourg, mais qu’il habite ici, je me sois fait rouler par les Luxembourgeois.
Pourquoi ces sujets-là n’ont-ils jamais été abordés de cette manière-là ? Je ne sais pas. Ça a toujours été mon discours. J’ai commencé très jeune, dans les années 1990, comme vice-président de la Région, en charge de la formation, et j’avais déjà le même discours. La collectivité doit proposer à chaque individu une formation qui lui permette de vivre de son travail. C’est vrai que c’est moins évident pour les financeurs professionnels. Quand on est sur des financeurs publics, les lycées professionnels, technologiques ou l’Université, il n’y a pas de problème. Plus les entreCela ne vous a pas choqué, prises financent, plus elles disent : « Halte-là ! depuis le début de la crise du Covid, Moi, je forme des gens qui ne viendront pas chez que l’on accuse le Luxembourg de piller moi. » La Région est un financeur public. Les les personnels de santé lorrains à coups infirmiers ne sont pas financés par l’État, mais de milliers d’euros ? par la formation professionnelle. Si on n’a pas Ce n’est pas lié à la crise. Cela montre que nous assez de soignants, on n’a qu’à en former plus ! ne formons pas assez pour répondre aux besoins Les hôpitaux ne demandent que ça ! Au CHR de tout notre bassin d’emploi, dont je consi- de Metz-Thionville, on peut sans problème dère qu’il est le même en France et au Luxem- doubler la formation des infirmiers. Former bourg, de Metz à Luxembourg. C’est évident en fonction des besoins est une nécessité pour qu’en raison des différences de salaire net, les les entreprises et dans l’intérêt des jeunes et employeurs luxembourgeois embauchent plus des salariés. facilement. Pour moi, la réponse, ce n’est pas de dire : « Salauds de Luxembourgeois qui nous Qui décide, par exemple, de doubler piquent nos employés ». Mais de dire que, quand la formation, dans le mille-feuille instituon a encore 10 % de chômeurs, on n’a qu’à for- tionnel français ? mer assez pour pourvoir aux deux ! C’est ça, la C’est compliqué ! L’État, via l’Éducation natioréponse ! Nous devons intégrer la demande nale, quand on est dans l’enseignement proluxembourgeoise à nos besoins de formation. fessionnel ou technique. C’est ou c’était en
42
FÉVRIER 2021
partie la Région sur la formation professionnelle qui, dans la dernière réforme, a renvoyé en grande partie cette compétence aux branches professionnelles. Nous n’avons pas une vision assez cohérente. Cela a été un des drames français : nous avons fermé des lycées professionnels parce qu’ils peinaient à recruter dans des métiers de l’industrie ou du BTP, alors qu’ils plaçaient 95 % des jeunes. Et on a ouvert des sections de lycée professionnel tertiaire, qui ne manquent pas de candidats, mais dont le taux d’insertion à la sortie est très faible. Comment le Luxembourg pourrait-il apporter cette participation à ce volet, qui s’est révélé fondamental pendant la crise ? Restons sur l’exemple des infirmiers. Je rêverais d’un partenariat entre le CHR et le Luxembourg pour augmenter fortement le nombre d’infirmiers et d’aides-soignants. Et on a plein d’autres métiers, dans le service à la personne, notamment. Ceux qui parlent sans arrêt de rétro cession fiscale avancent, à juste titre, un modèle suisse qui fonctionne... Oui... Mais si on est capable d’aller voir nos partenaires luxembourgeois, non pas en demandant une restitution d’impôt pour réparer l’injustice qu’ils commettraient, mais en leur expliquant qu’on a besoin d’eux là-dessus, parce qu’on forme déjà 120 % des gens qu’on emploie dans telle ou telle branche; si on leur explique que, « dans votre intérêt, on aimerait former davantage, mais pourriez-vous accompagner cette démarche en cofinancement ? », je ne suis pas sûr qu’on se heurte à une fin de non-recevoir. Notre approche du marché doit être globale, même si les règles ne sont pas les mêmes, les revenus ne sont pas les mêmes, les formations ne sont pas les mêmes. L’organisation institutionnelle non plus. Nos ministres parlent à Paris, d’État à État. Ce n’est pas insurmontable. En France, c’est un peu plus compliqué, mais on peut parler d’une seule voix entre la Ville, la Métropole, le Département, la Région et l’État... Ce sera plus facile avec moi qu’avec mon prédécesseur !
paperjam.lu (archives)
Pierre Gramegna (DP), celle d’un centre de formation commun aux deux pays dans certains domaines, comme le secteur hospitalier. Ce serait comme créer une ville nouvelle. Nous aurions totalement tort de nous dire que nous allons reconstituer une ville nouvelle, alors que nous avons, dans le Sillon lorrain (Épinal, Nancy, Metz, Thionville), et avec le Luxembourg, une armature urbaine, des villes qui ont des services, des centres de formation, des compétences. Cela n’a pas de sens de créer des villes ou des zones nouvelles, parce que nous ne serions pas capables de traiter les problèmes. À quoi bon sortir de l’activité économique et du logement, de la formation, en créant des unités urbaines totalement nouvelles, comme Marne-la-Vallée, mais qui n’auraient jamais ni identité, ni services culturels, ni équipements ?
Patrick Weiten
Photos
Jean Rottner
Vous avez un projet immobilier? Confiez - moi votre bien les yeux fermĂŠs. Achat - Vente- Location Nouveaux projets
Natacha OMBRI Agent immobilier certifiĂŠ L-3470 Dudelange natacha@ombri-immo.com tel: +352 661 34 99 34
Conversation
« Activer les terrains dormants pour du logement »
Nora Hammelmann prône l’occupation temporaire des terrains.
L’architecte Nora Hammelmann s’est intéressée au logement abordable au Luxembourg pour son mémoire universitaire. Elle propose une occupation temporaire des terrains qui permettrait de créer 94.000 unités d’habitation. Interview CÉLINE COUBRAY
44
FÉVRIER 2021
Photo ANDRÉS LEJONA
Nora Hammelmann
BIO
Votre mémoire de master en architecture à l’Université du Luxembourg s’intéresse à la question du logement abordable au Grand-Duché. Pouvez-vous nous expliquer votre approche ? La question du logement abordable est au cœur de notre actualité depuis plusieurs années maintenant. Pourtant, malgré les efforts du gouvernement, nous ne parvenons pas à endiguer le problème. Par ailleurs, pendant le confinement, j’ai eu l’occasion de me promener beaucoup et de me rendre compte concrètement du nombre de terrains non viabilisés, que ce soit dans mon quartier ou ailleurs. Cela m’a donné l’idée d’activer ces terrains dormants en y proposant une occupation temporaire pour développer des logements. Quelle surface l’ensemble de ces terrains non construits représente-t-il ? Au total, dans tout le pays, il y a 2.850 hectares disponibles et déjà destinés à un programme de logements. Il faut savoir que 89 % de ces terrains sont entre les mains de privés, la main publique n’en possède que 11 %. Dans cet ensemble, si l’on ne considère que les Baulücken, qui sont des terrains déjà viabilisés et directement constructibles moyennant une autorisation de construction, cela représente déjà 950 hectares.
Études Diplômée en architecture à la Technische Universität Wien en 2013, Nora Hammelmann a choisi de reprendre ses études pour finaliser son master à l’Université du Luxembourg, où elle a présenté son mémoire en juillet 2020. Vie professionnelle Revenue au Luxembourg en 2015, Nora Hammelmann a rejoint l’équipe du bureau WW+, d’abord dans le domaine de l’exécution de projets, puis dans le déve loppement et le pilotage de projets urbains et d’études de faisabilité. Aujourd’hui, elle travaille pour le bureau d’ingénieurs-conseils Schroeder & Associés dans le service Project Management, et plus particulièrement dans le domaine de la programmation.
À qui s’adresseraient ces logements ? Ces logements pourraient s’adresser en priorité aux jeunes qui débutent leur carrière, aux couples qui démarrent, mais aussi aux parents célibataires, aux familles qui arrivent de l’étranger, à ceux qui doivent se loger temporairement au Luxembourg pour une mission professionnelle, ou même aux seniors qui souhaitent vivre au sein d’une petite communauté. D’une manière générale, ils s’adressent à tous ceux à qui ce mode de vie pourrait convenir.
Que proposez-vous de faire avec ces terrains ? L’idée est d’y installer temporairement des unités d’habitation composées de modules flexibles, pouvant être combinés entre eux, préfabriqués et recyclables, répondant aux besoins d’un logement. Ils seraient déposés sur ces terrains libres, qui seraient loués à leurs propriétaires pour une durée minimale de 7,5 ans, renouvelable autant de fois que souhaité. La plupart du temps, ces terrains ne sont pas vendus pour la construction, soit parce que les propriétaires veulent spéculer, soit parce qu’ils veulent simplement les garder comme patrimoine. La solution que je p ropose permet aux propriétaires de conserver la p ropriété du terrain, tout en percevant en plus un bénéfice pour une occupation temporaire de celui-ci, et d’activer du foncier pour la construction de logements.
À quoi ressembleraient les habitations ? Il s’agit de modules en bois de 16 m2 chacun, qui peuvent être combinés entre eux, à la fois en largeur, en longueur et en hauteur. Ces modules peuvent être aménagés avec toutes les fonctions nécessaires pour une maison : salon, cuisine, chambre, bureau, salle de bains… Ils permettent de répondre aux différents changements et évolutions que l’on traverse dans la vie, en ajoutant facilement une chambre lors de la naissance d’un enfant, par exemple, ou en réadaptant la taille de son foyer lors d’une séparation. Par ailleurs, beaucoup de personnes cherchent actuellement à vivre au sein d’une communauté, d’un voisinage agréable et dynamique, plutôt que dans une maison isolée au milieu d’une prairie. L’idée de p artager des équipements est aussi tout à fait possible. Un local à vélos, un atelier, une salle de sport pourraient être mis en commun, par exemple. Ces modules permettent de répondre à l’évolution de nos modes de vie.
Par quel moyen les propriétaires seraient-ils rémunérés ? Les propriétaires qui acceptent une occupation temporaire de leur terrain pourraient ne pas être soumis aux nouvelles mesures qui seront mises en place dans le cadre du Baulandvertrag. Par ailleurs, ils pourraient en plus percevoir un loyer, qui leur serait versé dans le cadre d’un bail emphytéotique. L’État ou les Communes seraient les intermédiaires pour le terrain entre les propriétaires et les futurs occupants.
Combien serait-il possible d’en construire ? Si l’on considère une densité de 75 m2 d ’emprise au sol pour 100 m2, rien que pour les Baulücken, il serait possible de construire 51.000 unités d’habitation de 140 m2. Pour la ville de Luxembourg, cela représenterait plus de 18.000 unités d’habitation. Au total, j’estime qu’il est possible de réaliser 94.000 unités d’habitation en utilisant l’ensemble des terrains disponibles dans le pays. Actuellement, la demande de nouveaux logements est de 5.600 unités par an, et nous parvenons à en construire 4.500.
Avec cette proposition d’occupation temporaire d’un terrain et de construction modulaire, qui est, par son mode de construction, rapide à mettre en œuvre, nous pourrions avoir une réponse rapide et concrète à ce grand besoin de logements abordables qui n’est pas assouvi. J’imagine qu’il reste encore toutefois quelques obstacles à soulever… Oui, il faut effectivement régler la question de l’autorisation de l’occupation des terrains. Et la question du stockage d’unités qui ne seraient pas utilisées. Dans mon approche, les logements seraient plutôt mis à la vente, mais cela pourrait aussi fonctionner pour des locations de logements, qui appartiendraient alors à l’État ou aux Communes. Il peut y avoir plusieurs options. Combien coûterait ce type de logements ? J’ai estimé que les frais de construction et d’installation s’élèveraient à 2.000 euros par mètre carré. Ainsi, un logement de 96 m2 reviendrait à 192.000 euros. Les frais d’un déménagement d’une telle structure seraient de 55.000 euros. Une déconstruction serait de l’ordre de 30.000 euros. Avec ce niveau de dépenses, je pense qu’une personne qui sort des études, par exemple, et qui chercherait à avoir son premier logement pourrait l’envisager. C’est quand même autre chose que de s’engager dans un crédit sur 30 ans. Steve Krack a également proposé la même approche récemment. Le saviez-vous ? Oui, nous nous sommes entretenus à ce sujet. Il envisage cette même approche, mais sur un terrain très spécifique et dans une démarche liée à la préservation d’un patrimoine. Il faut croire que cette idée répond vraiment à un besoin et semble pouvoir devenir une réalité puisque nous sommes plusieurs à la soutenir. Cette solution existe-t-elle déjà à l’étranger ? Pas pour de l’habitat, mais les Suisses l’utilisent déjà pour répondre à des besoins de salles de classe. Mais en proposant ce type de logements, ne fait-on pas que repousser le problème et ne précariserait-on pas cette population ? Non, je ne pense pas. Cela permettrait de déstresser le marché et donc de faire baisser la pression sur les biens plus traditionnels. Cela permettrait d’absorber une partie de la demande qui ne trouve pas réellement d’offre correspondante sur le marché classique. En moyenne, on occupe un logement pendant cinq ans. Cela ne ferait donc que répondre aux modes de vie actuels.
FÉVRIER 2021
45
Bruno Houdmont et Bruno Colmant expliquent une part du succès de la banque par son modèle intégré.
46
FÉVRIER 2021
Conversation Bruno Colmant et Bruno Houdmont
« Nous avons su préserver l’esprit entrepreneurial » La banque belge Degroof Petercam, présente au Luxembourg depuis plus de 30 ans, a 150 ans. L’occasion de faire le point sur cette institution toujours aux mains de ses actionnaires historiques, avec son CEO, Bruno Colmant, et le CEO pour le Luxembourg, Bruno Houdmont. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU
La banque Degroof Petercam fête ses 150 ans cette année. Quelles ont été, en quelques dates, les grandes étapes de son développement ? BRUNO COLMANT (B. C.) Cette banque a été créée au milieu de la révolution industrielle, à une époque de bouleversements très importants vu que les années 1870-71 ont été marquées par la première guerre franco-allemande. La banque Degroof née en 1871 a, tout comme la société de bourse Petercam, dont les o rigines remontent à 1919, accompagné tout le développement industriel de la Belgique. Elle a traversé deux guerres et a failli disparaître au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle a gardé son cœur de métier de banque d’investissement, mais, depuis les années 1980, elle a développé la gestion privée et la gestion collective jusqu’à en devenir le principal acteur en Belgique. C’est une banque qui a plusieurs implantations géographiques et plusieurs métiers. Nous proposons donc un modèle intégré, qui comprend le private banking, la gestion collective via Degroof Petercam Asset Management (DPAM), l’activité asset services, présente au Luxembourg, et l’investment banking, essentiellement présent en Belgique et en France. La présence à l’étranger est-elle ancienne également ? B. C. Ce n’est pas un développement ancestral, mais relativement ancien quand même. Nous sommes au Luxembourg depuis 1987, et en France depuis une trentaine d’années également. La logique, qui prévalait dans les années 1980, d’avoir des relais en matière de courtage d’actions dans différents pays et des implantations de private banking, a été suivie. C’est une implantation qui a suivi un courant, mais aussi la clientèle. En ce qui concerne notre entité de gestion institutionnelle, DPAM, celle-ci a développé, au cours de la dernière décennie, huit pôles commerciaux pour écouler ses fonds d’investissement et ses expertises de gestion
Photo ANDRÉS LEJONA
de mandats, sachant que la recherche intel lectuelle et la gestion des fonds restent centralisées en Belgique et en France. BRUNO HOUDMONT (B. H.) Au Luxembourg, la banque a commencé ses activités en 1987, il y a donc 34 ans, dans un petit bâtiment, place d’Armes, avec seulement deux personnes. Avec pas loin de 400 personnes aujourd’hui, le chemin parcouru est donc important. Il s’agit du pôle du groupe le plus important après la Belgique. Il a également été développé sur base du business model intégré, même si, dans les années 1980, la priorité avait été donnée à l’activité de banque privée. Depuis, nous avons mis un fort accent
150 ANS D’HISTOIRE 1871 Fondation de la (future) banque Degroof par Franz Philippson, qui se spécialise dans l’émission d’emprunts de villes après la guerre franco-allemande. 1940 La famille Philippson doit fuir l’invasion allemande, la banque est alors gérée par un duo dans lequel on trouve Jean Degroof. De garçon de courses, il deviendra le principal actionnaire. 1968 Les familles Peterbroeck et Van Campenhout, au départ agents de change, fusionnent pour créer Petercam. 1987 Ouverture d’une filiale à Luxem bourg par la banque Degroof, dans un petit bureau situé place d’Armes. 2015 Fusion entre les banques belges Degroof et Petercam pour former un groupe, qui compte actuel lement environ 1.400 personnes.
sur le développement de l’industrie des fonds et les métiers liés à l’administration de fonds et à la banque dépositaire. Nous les avions développés pour servir le groupe, mais nous les développons aussi pour le compte de tiers. En 2020, nous avons d’ailleurs atteint le chiffre record d’actifs sous administration de 50 milliards d’euros. Si vous deviez citer une particularité de la banque qui a été préservée à travers le temps, quelle serait-elle ? B. C. Nous avons su préserver l’esprit entrepreneurial. La multiplicité des métiers fait que nous n’avons pas développé de modèle industriel. Chaque métier dispose de son autonomie malgré une certaine intégration, et cela crée une émulation interne. Comme chaque métier est le point de départ et d’arrivée d’un autre, tout doit fonctionner simultanément. Aujourd’hui, qu’est-ce qui différencie Degroof Petercam des autres banques ? B. C. Pour le private banking, la grande évolution observée est que, dans le sillage des mutations démographiques et donc de l’accès à la retraite de la classe moyenne, les concurrents d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Ce sont des banques de détail, entre autres, et cela conduit donc les banques privées à développer des modèles plus denses en termes de produits, moins industriels. Cette concurrence accentue la nécessité du caractère artisanal du private banking à travers un ensemble de solutions que les banques de détail ne peuvent pas offrir, comme des conseils en matière d’art, du private equity ou des activités de family office. Nous nous sommes déplacés de l’asset management vers le wealth management. B. H. On peut aussi résumer ça par l’« e xpertise ». Une banque comme la nôtre doit être beaucoup plus pointue et spécifique sur tous les développements que l’on connaît dans le domaine de la gestion patrimoniale. FÉVRIER 2021
47
Conversation Bruno Colmant et Bruno Houdmont
48
FÉVRIER 2021
Photo
Matic Zorman (archives)
« Il y a eu des rumeurs de rachat. [...] Elles ont d’ailleurs été déstabilisatrices. »
Il y a eu, ces dernières années, L’implication des familles historiques des rumeurs de rachat concernant dans l’actionnariat joue-t-elle un rôle Degroof Petercam, que vous avez important dans l’évolution de la banque ? B. C. Oui, c’est fondamental. Il est très rare démenties. Votre banque a-t-elle de voir une entreprise où les familles fonda- les reins suffisamment solides pour trices sont toujours présentes dans l’actionna- poursuivre sa route en toute autonomie ? riat et dans la gestion de l’entreprise depuis B. C. Oui, très largement. Le niveau de 150 ans. Mais cela a permis de maintenir des capitalisation réglementaire de la banque dépasse valeurs, telles que l’entrepreneuriat et l’écoute 20 %. Nous sommes une banque extrêmement des clients. C’est extrêmement rassurant de liquide, qui affiche un petit bilan consolidé, voir une entreprise où les familles ont gardé entre 8 et 9 milliards d’euros, mais parfaiteleur patrimoine au sein de leur propre insti- ment sécurisé. Il y a effectivement eu des rumeurs tution. Elles associent leur propre gestion de rachat, mais qui n’ont jamais émané de financière à celle de la banque. À titre person- l’entreprise elle-même. Elles ont d’ailleurs été nel, j’y suis extrêmement sensible. C’est sécu- déstabilisatrices. Elles ont été bien plus nuisibles risant pour les clients et le personnel de voir en termes d’incertitudes auprès de la clientèle que le flambeau se transmet en maintenant que les problèmes de compliance – documendes valeurs morales éminemment respectables. tation des comptes – auxquels nous avons aussi B. H. La pérennité de l’ancrage familial été confrontés il y a deux ans en Belgique. BRUNO COLMANT CEO, Degroof Petercam au sein du groupe reflète aussi le caractère Ce problème-là a pu être géré assez facilement humain au cœur de nos valeurs. en y mettant les moyens. Celui lié aux rumeurs de rachat montre donc bien que la clientèle Pour continuer à performer au cours est intrinsèquement attachée à la stabilité des 20 prochaines années, à quoi devrezactionnariale. vous être particulièrement attentifs ? l’avons expliqué précédemment. Il est fondamental, et c’est un gage de confiance quant à B. C. À garder un niveau de moralité, La fusion entre Degroof et Petercam d’écoute entrepreneuriale et d’intelligence a cinq ans. Quel bilan en tirez-vous ? la pérennité de l’entreprise. Nous nous attelons supérieur. À rester centrés sur le client, autant B. C. C’est une fusion efficacement réus- aussi à la remédiation en termes de documenque nous le sommes actuellement, et à conti- sie. À ce niveau, je dois rendre hommage à tation des comptes. Cela va encore nous occunuer la migration vers les services financiers mon prédécesseur, Philippe Masset, qui est per pendant toute l’année 2021. Notre priorité particuliers destinés à une tranche de clien- parvenu à très rapidement réaliser cette fusion. vise à renforcer l’entreprise de manière interne, tèle qui cherche une véritable banque privée. Elle a été favorisée par la très bonne osmose et ce n’est dans la volonté d’aucun organe de Au niveau du private banking, nous devrions entre les familles fondatrices des deux entités, gestion de procéder à l’une ou l’autre acquisidevenir le family office des clients en propo- mais il a su assurer cette fusion de manière très tion, même si tout dossier mérite d’être vu. sant une multiplicité de services. Nous le rapide, tant en termes de business que d’équipes. sommes déjà en partie. Pour être clair, depuis des années déjà, je n’en- Les grandes fortunes sont de plus B. H. Le type de clientèle très particulier tends jamais personne qualifier un autre employé en plus éloignées d’Europe. Faut-il créer qui est le cœur de notre groupe est en attente d’« ex-Degroof » ou d’« ex-Petercam ». Nous de nouvelles structures sur d’autres de cette expertise qui doit proposer une avons assisté à une convergence assez rapide. continents pour aller les séduire ? approche la plus large possible, dépassant le Chacun a apporté ses atouts. Il s’agit vraiment B. C. Notre modèle traditionnel de private pur aspect financier, même s’il reste i mportant. du « meilleur des deux mondes ». banking reste centré sur la Belgique, la France, Par ailleurs, nous devons aussi être capables le Luxembourg et la Suisse. Si une expansion de gérer en même temps l’évolution du cadre D’autres fusions sont-elles envisageables doit se produire, elle concernera avant tout la réglementaire et de l’environnement dans à moyen terme ? gestion institutionnelle et de fonds. DPAM lequel on évolue en tant que banque privée au B. C. Ce qui nous occupe avant tout, c’est dispose déjà d’une présence importante en sens large. Il faudra pouvoir relever ce défi de le développement informatique, comme nous Europe continentale et poursuit son développement en Scandinavie. manière à se maintenir dans des positions de solidité et de viabilité qui ne soient pas affecB. H. Nous disposons aussi d’un petit tées par l’ampleur que cette demande réglebureau au Canada – à Montréal. Il s’agit d’une mentaire exige aujourd’hui. L’accélération opportunité qui s’est réalisée dans la prolongation d’une joint-venture, en 2013, avec un subie au cours des 20 dernières années, s urtout Bruno Colmant partenaire canadien en termes de private depuis la crise de 2008, est un choc pour le equity. Nous constatons que certains de nos secteur et pour une institution comme la nôtre. Les changements en deux décennies ont été clients européens souhaitent trouver des soluBIO EXPRESS bien plus rapides qu’au cours des 130 premières tions de diversification d’actifs dans d’autres Économiste de haut vol, le Bruxellois années du groupe. zones géographiques et que le Canada peut Bruno Colmant (59 ans) est, depuis Enfin, pour assurer cette pérennité, nous répondre à cet attrait. Nous voulons donc septembre 2019, le CEO de la banque accompagner certains de nos clients sur ce avons pris des décisions d’investissement signibelge Degroof Petercam. Il y est entré en octobre 2015 en tant que marché, mais plus à la manière d’un family ficatives pour le futur, notamment en matière head of macro research, une étape office. En sens inverse, nous observons aussi d’informatique. Dans le courant de l’année au sein d’une longue carrière de financier, un intérêt de la part de certains résidents 2020, le groupe a lancé un investissement de professeur et d’expert en finance, comptabilité et fiscalité. Il a publié plus canadiens par rapport aux types de services conséquent pour une nouvelle plateforme de 80 livres. Parmi ses nombreuses informatique, qui sera déterminante pour et d’expertises qu’un groupe comme le nôtre fonctions, notons qu’il a été, dans l’avenir de nos activités. peut apporter. les années 1990, CEO d’ING Luxembourg.
New Flying Spur V8. This is modern alchemy.
Start your extraordinary journey at BentleyMotors.com/NewFlyingSpur Discover more at www.luxembourg.bentleymotors.com or visit Bentley Luxembourg, Garage M. Losch S.à r.l., 1 boulevard F. W. Raiffeisen, L-2411 Luxembourg-Gasperich, T. +352 40 07 07 - 200 New Flying Spur V8 WLTP drive cycle: Combined fuel consumption, 12,7 l/100km Combined CO₂ – 288 g/km Values determined according to the mandatory statutory measurement method. For further information about the differences between WLTP and NEDC please refer to www.dat.de or contact your local Bentley retailer. The name ‘Bentley’ and the ‘B’ in wings device are registered trademarks. © 2020 Bentley Motors Limited. Model shown: New Flying Spur V8.
BENTLEY LUXEMBOURG
Conversation Bruno Colmant et Bruno Houdmont
Bruno Houdmont
« La pérennité de l’ancrage familial reflète le caractère humain au cœur de nos valeurs. » BRUNO HOUDMONT CEO, Degroof Petercam Luxembourg
50
FÉVRIER 2021
partie, par une forte croissance en gestion institutionnelle et par une activité très performante des salles de marchés financiers. Le modèle intégré a donné un résultat d’une chimie différente de ce qui avait été anticipé, mais, au final, l’exercice 2020 est assez satisfaisant. Nous n’avons pas à rougir, les chocs financier et sanitaire ont été absorbés de manière assez efficace. Vos différentes activités vous ont-elles amenés à prendre des risques particuliers par rapport à la crise sanitaire ? B. C. Non, au contraire. Nous avons apporté une attention extrême à la sécurisation du bilan des actifs. Nous avons opté pour une gestion très prudente et nous n’avons connu aucune perte de crédit pendant toute cette période. Je pense, par contre, que les banques traditionnelles, qui affichent un bilan imposant, vont connaître plus de problèmes. Qui va payer la facture du coronavirus au cours des prochaines années ? B. C. La dilution du coût se fera au cours des prochaines générations, parce qu’aujourd’hui, la facture est financée par la Banque centrale européenne, et on a la chance de vivre dans un monde très peu inflationniste. Une très légère inflation érodera néanmoins la valeur des dettes au cours des prochaines années. Elle s’érode d’ailleurs déjà aujourd’hui avec les taux d ’intérêt négatifs. Tout cela se fera donc par un appau vrissement de la valeur de la dette publique. Quelles sont vos principales perspectives pour l’année qui démarre ? B. C. Il s’agira d’une année caractérisée par la continuation du refinancement des dettes publiques par les banques centrales. La géométrie économique est totalement transformée. Contrairement à la situation d’il y a 15 ou 20 ans, moment où la dette publique devait être financée par de l’épargne existante, aujourd’hui, elle est financée indirectement par la création monétaire. À côté de ce soutien monétaire, les États vont poursuivre leur soutien budgétaire. Nous sommes donc dans une configuration tout à fait différente : les États et les banques centrales se rapprochent et marquent
un tournant important dans l ’histoire de la finance d’après-guerre. L’année 2020 a été une année charnière entre certains dogmes monétaires en matière d’endettement et une réalité qui nous a tous submergés. Cela conduira au fait que l’épargne sans risque sera probablement érodée par l’inflation. Quelqu’un qui veut préserver son patrimoine doit donc se constituer un portefeuille très diversifié. Au niveau des banques, les taux bas restent-ils très pénalisants ? B. C. Pour Degroof Petercam, cette situation n’est pas problématique, nous sommes neutres par rapport aux taux d’intérêt. Par contre, une augmentation serait la bienvenue pour les banques de détail. Elles bénéficient du fait que les dépôts ne coûtent rien, mais elles placent leurs liquidités aussi à des taux extrêmement bas. Une augmentation des taux d’intérêt qui ne se répercuterait pas dans l’augmentation des coûts des dépôts serait favorable aux banques. Mais on n’en est pas encore là. Dans quoi conseilleriez-vous d’investir en 2021 ? B. C. Il faut avoir une vision holistique de son patrimoine. Il faut aussi avoir sécurisé son immobilier et disposer d’un portefeuille très diversifié d’actions multisecteurs et multi régions. C’est la seule façon de pouvoir absorber tous les chocs conjoncturels qui peuvent toucher l’économie. Pour les marchés boursiers, la crise semble déjà oubliée. À quoi un tel optimisme est-il lié ? B. C. Les marchés sont optimistes parce qu’ils regardent devant eux. Aujourd’hui, ils sont positifs grâce à une conviction raisonnable et partagée du fait que les taux d’intérêt seront maintenus bas autant que possible par les banques centrales. On pourrait connaître des augmentations de taux d’intérêt, notamment aux États-Unis, mais il existe un mouvement d’ensemble selon lequel les taux d’intérêt doivent rester bas pour permettre d’absorber l’augmentation des dettes publiques par une rémunération qui, après inflation, est négative. L’UE discute toujours d’une taxe sur les transactions financières. Comment vous positionnez-vous par rapport à cette idée ? B. C. Je ne pense pas qu’elle connaîtra un grand succès : toute taxe fera que les flux financiers se déplaceront vers d’autres régions. Selon moi, c’est une taxe qui n’a pas lieu d’être dans la mesure où elle ne taxe pas un enrichissement ou une valeur ajoutée, contrairement aux principes du droit fiscal. Taxer une transaction financière revient à simplement taxer la mutation d’un capital. Cela ne crée pas de richesse. Taxer un flux n’a, selon moi, pas beaucoup de sens.
Matic Zorman (archives)
Quel bilan global tirez-vous de l’exercice 2020, année de pandémie, pour l’ensemble de vos activités ? B. C. Il y a différentes leçons à tirer. Outre le fait que nous n’avons pas eu une minute d’accroc informatique lors du basculement en télétravail, cette période a montré que notre personnel est dans une relation de confiance, ce qui a permis à l’entreprise de continuer à travailler dans une communauté d’intérêts et de comportements parfaitement alignés. La taille réduite de notre banque a prouvé sa valeur dans ce cas précis. Les collaborateurs se connaissent et ont pu agir en toute confiance malgré la distance. Cette crise a aussi montré la force de notre modèle intégré. Si nous avons connu des mo ments plus difficiles dans notre département Private Banking, cela a pu être compensé, en
BIO EXPRESS À la tête de Degroof Petercam Luxembourg depuis décembre 2016, le Belge Bruno Houdmont (60 ans) affiche une carrière de banquier de 36 ans, dont 32 au sein du groupe ING. Entré à la Banque Bruxelles Lambert en 1985, devenue depuis ING Belgique, il est rapidement parti pour l’Asie, où il a passé 15 ans entre Singapour, Hong Kong et Pékin. Il a également géré ING France et était à Genève depuis 2009, avant de rejoindre le Luxembourg.
Photo
Quelle est l’implication de Degroof Petercam par rapport à la finance durable ? B. H. C’est un thème sur lequel nous sommes positionnés depuis longtemps, surtout au sein de notre pôle de gestion collective, DPAM. Il a clairement été parmi les pionniers de l’investissement durable, qui fait désormais partie du cœur de son univers d’investissement. Cette conviction s’est étendue à l’ensemble des autres activités du groupe, dont la banque privée, pour progressivement arriver à un univers d’investissement qui réponde de plus en plus aux enjeux de la durabilité. Tout d’abord, parce que nous sommes convaincus que cela correspond à l’évolution du monde et de l’environ nement dans lesquels nous opérons. Il y va de notre responsabilité sociétale. Mais, de plus en plus, cela correspond aussi aux attentes de nos clients qui veulent s’assurer d’une approche durable dans la gestion financière de leurs biens.
Robert Roux - CEO System Solutions
System Solutions couronnée « HPE Platinum Partner » Premier acteur IT à décrocher le statut HPE Platinum Partner à Luxembourg et en Belgique francophone, System Solutions est particulièrement fier de se voir décerner le plus haut niveau de certification HPE. Cette reconnaissance souligne la qualité des services rendus et l’expertise technique de System Solutions qui fête, cette année, ses 25 ans d’existence.
SYSTEM SOLUTIONS | LUXEMBOURG | PARC D’ACTIVITÉS 36 - L-8308 CAPELLEN | +352 31 40 40 1
Table ronde
Les voies vers la nouvelle normalité 2021 est le moment de réfléchir aux solutions pour se réinventer après la crise. Quatre personnalités ont répondu à notre invitation : Pierre Ahlborn, administrateur délégué de la Banque de Luxembourg ; Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation ; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce ; et Jean-Marc Ueberecken, managing partner d’Arendt & Medernach. Texte MARC FASSONE
Commençons par un état des lieux. Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les différents secteurs de l’économie ? CARLO THELEN (C. T.) L’année 2020 n’a pas été aussi négative que prévu. Alors qu’on anticipait une récession de 7 %, on aura, au final, un recul de -2 % à -4 %. Si notre situation est moins grave que celle d’autres pays, certains secteurs sont gravement touchés, ceux dont le plan d’affaires repose sur le rassemblement de personnes. Aussi longtemps que la vaccination ne sera pas généralisée, ces secteurs resteront durement touchés. Il est important de les soutenir pour maintenir la substance physique et les emplois. D’autres secteurs sont beaucoup plus résilients. Je pense que si les bases sont bonnes, lorsque la confiance et la prévisibilité seront là, on connaîtra aussi une relance rapide. Les secteurs bancaire et financier font sûrement partie de ceux qui s’en sont le mieux sortis lors de cette crise. Pour quelles raisons ? PIERRE AHLBORN (P. A.) Deux facteurs majeurs expliquent la résilience du secteur financier. D’abord, le basculement rapide vers le télétravail, qui a évité l’interruption de l’activité. Puis, la valorisation des marchés boursiers. Malgré une grande volatilité, les bourses ont fini l’année avec des valorisations correctes. Pour le cas particulier des fintech, celles qui sont actives dans le paiement ont profité du boom de l’e-commerce. Globalement, ce secteur a bien 52
FÉVRIER 2021
résisté, même si quelques petites sociétés ont souffert parce que certains acteurs de l’économie, avec les incertitudes environnantes, ont décidé de postposer certaines décisions d’investissement et de partenariat. Les démarches d’innovation des entreprises ont-elles souffert de la pandémie ? SASHA BAILLIE (S. B.) Dans une situation de crise, les entreprises ont un besoin immédiat de liquidités et ne pensent pas nécessairement à l’innovation. Des études montrent que les entreprises qui, en situation de crise, continuent de mettre l’accent sur l’innovation sont celles qui, en sortie de crise, sont les plus performantes. C’est très important pour la relance. En tant qu’agence de l’innovation, nous avons incité les entreprises à voir plus loin que la crise. C’est pourquoi nous avons créé le programme Fit4Resilience. Pour permettre aux entreprises de prendre un moment de réflexion afin de voir ce qui se passe chez elles et autour d’elles, et ce qui va changer. Quelles sont les différences principales entre la crise de 2008 et celle que nous vivons actuellement ? JEAN-MARC UEBERECKEN (J.-M. U.) Les deux crises sont très différentes. La crise de 2008 était interne au système financier. C’était l’implosion d’un système qui avait touché ses limites. Ici, l’économie n’était pas malade, c’est un élément extérieur qui est à l’origine de la crise :
la protection de la santé des citoyens. La euxième différence, c’est qu’en 2008, perd sonne, sauf les spécialistes de credit default swaps, ne comprenait ce qui se passait. Aujourd’hui, tout le monde comprend ce qui se passe. Et c’est très important, pour la reprise, que tout le monde voit quand l’épreuve a été surmontée. En 2008, c’est la demande qui s’est arrêtée parce que les entreprises et les citoyens ne savaient pas ce qui se passait ni quand cela allait prendre fin. Aujourd’hui, c’est l’inverse : nous souhaitons tous consommer plus, mais nous ne pouvons pas, car l’offre n’est pas là. Cet aspect de compréhension est fondamental pour la reprise économique. Ce sont les aides étatiques qui ont permis de faire face. Ont-elles été suffisantes, selon vous ? C. T. Tous les gouvernements ont rapidement mis en place des mesures pour protéger l’économie, sa substance et, surtout, les emplois. D’abord rapides et générales, ces aides ont été ensuite plus ciblées. Est-ce que cela suffit? Il faut voir les personnes qui sont encore impactées par la crise. Je pense notamment aux indépendants. Au début, ils étaient exclus de ces aides. Maintenant, on fait un petit peu plus pour eux. Je crois qu’il faudrait faire plus à l’avenir et travailler sur la question de leur statut. Les petits indépendants ont fortement souffert de la crise et n’ont pas pu profiter du chômage partiel alors qu’ils cotisent comme les salariés. Il faut trouver
Recovery
«Les banques ont une obligation de ne financer que les entreprises qui ont une vraie chance de survie. »
« Il faut trouver une convergence au niveau des statuts des indépendants et des salariés. » CARLO THELEN Directeur général Chambre de commerce
PIERRE AHLBORN Administrateur délégué Président du Comité exécutif Banque de Luxembourg
une convergence au niveau des statuts des indépendants et des salariés aussi rapidement que possible, car il n’y a pas de raison qu’existe cette dichotomie entre les deux statuts.
Photos
Andrés Lejona, Nader Ghavami (Archives)
Malgré la crise, le nombre des faillites n’a pas augmenté en 2020. Pensez-vous que la situation va changer ? C. T. En 2020, la progression des faillites n’est que de 2 %. Il faut s’attendre à ce que ce chiffre augmente en 2021. Je ne crois pas que ce seront des faillites qui auront un gros impact macroéconomique et fiscal. Évidemment, c’est toujours une tragédie pour les personnes concernées. C’est pour cela que nous sommes partisans d’une modification du régime des faillites, pour offrir aux entrepreneurs une deuxième chance. On s’attend à ce que les conséquences de la crise se répercutent sur le bilan des banques en 2022. Comment se préparent-elles à cela ? P. A. Espérons que non ! Il y a effectivement un débat mondial sur le fait de savoir s’il y aura une crise financière après la pandémie à cause des faillites d’entreprises. Depuis 2008, surtout en Europe du Nord, les bilans des banques sont sains, et la maîtrise du risque est meilleure. Surtout, on constate que peu d’entreprises sont en difficulté par rapport à la pandémie. Elles ont été soutenues par les États et accompagnées par les banques qui leur ont fourni des liquidités. Il y a une communion d’intérêt, et le banquier fera tout pour aider les entreprises. Mais n’oublions pas que les banquiers, pour éviter qu’il y ait une crise
financière demain, ont des obligations très fortes en matière de contrôle des risques. La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et la Banque centrale européenne (BCE) veulent s’assurer que le secteur bancaire ne sera pas le problème des années à venir. Nous avons une obligation de ne financer que les entreprises qui ont une vraie chance de survie. Si, pour l’instant, cela a bien fonctionné, il ne faut pas se leurrer. Dans les quatre années à venir, des entreprises vont connaître des difficultés parce qu’elles r essortent affaiblies de la crise.
RECOVERY, RESILIENCE, REBOOT Trois mots-clés que Paperjam va mettre en avant durant toute cette année 2021 afin de participer à l’effort de réflexion sur la reprise post-Covid et juger de la capacité de retourner à une normalité, qui sera probablement nouvelle. C’est ce que l’on nomme le new normal – comprendre une normalité différente, innovatrice et donc potentiellement meilleure. La table ronde de ce 14 janvier retranscrite ci-contre était la première étape de ce travail de réflexion. Rendez-vous dans le numéro d’été de Paperjam où seront contées les plus belles histoires entrepreneuriales que nous aurons dénichées. N’hésitez pas à nous en rapporter via l’adresse temoignage@paperjam.lu. Les expériences et initiatives les plus innovantes et résilientes seront récom pensées lors des Paperjam Recovery Awards, le 2 décembre prochain.
Les besoins des entreprises qui se sont adressées à Luxinnovation ont-ils évolué avec la crise ? S. B. Au-delà des besoins immédiats qui ont été pris en charge par le ministère de l’Économie, les entreprises ont commencé à adapter leur business model en intégrant les changements de l’environnement. Celles qui ont pu s’adapter rapidement ont vraiment su saisir de nouvelles opportunités. C’est une importante leçon à tirer. Nous avons beaucoup accompagné ces entreprises en les aidant à se poser de bonnes questions, à investir dans le repositionnement de leurs ressources en interne pour qu’elles puissent être p erformantes et connaître un succès dans cette nouvelle normalité. Tout le monde souligne l’importance de la digitalisation dans la résilience des entreprises. Est-elle une réalité dans tous les secteurs ? Pourquoi autant d’entreprises expriment-elles des diffi cultés à effectuer cette transition ? J.-M. U. Cela dépend de la taille des entreprises. Je pense qu’aujourd’hui, les entreprises qui sont le plus concernées par cette crise sont toutes celles qui rapprochent les personnes : les restaurants, les voyagistes, les hôtels… Ce sont des entreprises qui n’étaient pas nécessairement digitalisées. Ce qui s’est initié en 2020, c’est un transfert de la relation avec le client sur des plateformes. C’est un élément qui va rester. Le consommateur va vouloir conserver cette flexibilité à laquelle il s’est habitué et aller vers des entreprises qui auront réussi à ajouter des plateformes digitales, FÉVRIER 2021
53
Table ronde Recovery
« Les secteurs les plus touchés par la crise sont ceux qui rapprochent les personnes. » JEAN-MARC UEBERECKEN Managing partner Arendt & Medernach
« Les entreprises qui, en situation de crise, continuent de mettre l’accent sur l’innovation sont celles qui en sortent les plus performantes. »
Je pense que les facteurs psychologiques sont importants. Une crise est un cercle vicieux qui démarre avec un choc quelconque. Ensuite, la psychologie des entreprises et des ménages prend le relais. Pour sortir de la crise, il faut un cercle vertueux. Nous avons un énorme avantage par rapport à 2008 qui est que les ménages ont énormément thésaurisé en 2020. Pour moi, la sortie de crise passe par le fait de redonner cette confiance à la fois aux e ntreprises, pour qu’elles réinvestissent, et aux ménages, pour qu’ils se fassent plaisir, et qu’ils investissent – les deux idéalement – et donc tirent de manière globale l’économie vers le haut.
J.-M. U.
Quelles devraient être les priorités de l’État ? C. T. Je pense que la politique anticyclique qui a permis un haut niveau d’investissement public a été une bonne chose et qu’il faut continuer en ce sens. Les efforts en matière de digitalisation doivent être également poursuivis. Il y a aussi beaucoup d’efforts à faire en matière de gouvernance. Nous plaidons depuis longtemps pour la simplification administrative et la suppression des procédures administratives inutiles. Je crois que la simplification a dministrative et la digitalisation seront deux éléments-clés de la relance. Le Luxembourg doit maintenir son environnement pro-business. Nous avons toujours été le pays des chemins courts. Il faut vraiment le rester.
Tournons-nous vers l’avenir. Comment l’économie va-t-elle se relever ? P. A. Je tire trois leçons de la crise actuelle. Elle a d’abord accéléré les tendances sousjacentes, notamment en matière de digitalisation de l’économie. Ensuite, cette crise nous a obligés à découvrir de nouveaux modèles de travail, notamment à distance, qui sont des facteurs de productivité. Enfin, je crois que nous allons vivre, après cette crise, une formidable poussée dans la productivité des entreprises parce que, justement, elles ont dû réfléchir à leur façon de travailler et de délivrer Quelles leçons retenir de cette crise ? leurs services. Peut-être que cette crise va P. A. D’abord, cette crise n’a été la faute de déclencher une forte poussée dans la produc- personne et a été très injuste pour les Hommes tivité tant attendue depuis si longtemps. et les entreprises. Il fallait être solidaire. Et dans 54
FÉVRIER 2021
notre modèle de société, c’est l’État qui est le premier vecteur de solidarité. Nous avons dû nous endetter pour faire jouer cette solidarité. J’espère que la répartition des efforts pour résorber cet endettement se fera de manière juste. On peut aussi espérer que cette crise sera un point de rupture sur le plan environnemental, et pas seulement sur le plan digital. Cela prendra du temps, mais c’est aussi un bon moyen de relancer l’investissement que d’investir dans ces infrastructures dont nous avons tous besoin. C. T. Le Luxembourg doit tout faire pour garder son triple A. Si on garde la confiance des marchés, on sera capable de rembourser cette dette. Si la stratégie de vaccination permet de revenir un peu à une vie normale, je pense qu’on pourra rétablir relativement vite l’équilibre et reconstituer les réserves. C’est d’autant plus important que le Luxembourg risque d’avoir des problèmes de financement de ses régimes sociaux à cause du vieillissement de la population. Il faut dès maintenant réfléchir aux moyens de mettre de l’ordre dans la politique des pensions. Il ne faudrait pas que la crise actuelle relègue ce problème au second plan pour les politiques. Je crois qu’il faudra aussi mettre l’accent sur le système de santé. Je pense qu’au Luxembourg, il y a le potentiel pour créer une medical valley. S. B. On a beaucoup de chance d’avoir un État réactif, à l’écoute des entreprises et qui a su faire preuve d’agilité et de flexibilité. L’interaction entre le public et le privé est très importante.
Photos
en plus de la façon habituelle de rendre leurs services. Ce sera un vrai défi pour les PME. Tout cela ne doit pas nous faire perdre de vue un élément essentiel : c’est la résilience financière qui prime. Il faut pouvoir payer ses factures. Le système dit que le cash est roi. C’est, pour moi, une vision à trop court terme. On favorise le cash par rapport à des actifs offrant moins de retours sur investissement aux actionnaires, mais permettant une meilleure résistance financière. Plus vous avez d’actifs qui, en cas de chocs économiques, peuvent vous aider, moins bien vous êtes noté par la bourse ou les analystes financiers. C’est un vrai sujet. C’est une réflexion à mener que de permettre aux entreprises d’avoir des actifs qui soient valorisés d’une manière différente par rapport à la résilience, et non par rapport au rendement immédiat qu’ils peuvent avoir.
Gaël Lesure, Anthony Dehez (archives)
SASHA BAILLIE CEO, Luxinnovation
Paulette Lenert s’est retrouvée face à une crise sans précédent peu de temps après sa prise de poste.
56
FÉVRIER 2021
Conversation Paulette Lenert
« Je n’aurais jamais osé accepter ce poste » Ministre de la Santé depuis désormais un an, juste avant que le Covid-19 ne frappe l’Europe et le Luxembourg, Paulette Lenert (LSAP) n’a eu que très peu de temps pour s’adapter à son nouveau portefeuille. Elle revient sur cette année très intense. Auteur PIERRE PAILLER
Vous êtes entrée au ministère de la Santé voici presque un an, juste avant l’arrivée du Covid-19 en Europe et au Luxembourg. Quand avez-vous pris conscience de la gravité de la situation ? En écoutant les informations internationales, avec les premiers cas en Europe. En voyant les images brutales en Italie, nous avons réalisé que quelque chose de grave se passait. Et que cela allait arriver chez nous en peu de temps. Quelles ont été vos impressions ? C’était inimaginable : jamais je n’aurais imaginé qu’en Europe on puisse en arriver là aussi rapidement, au point de ne plus pouvoir admettre de gens à l’hôpital, avec des urgences débordées, des chaînes de corbillards. Ce sont des images qui m’ont vraiment marquée. Au début de cette crise, je me suis souvent réveillée en me demandant si c’était un mauvais rêve. Quand le ministère de la Santé a-t-il commencé à se préparer ? Les préparatifs ont commencé dès le mois de décembre, mais en coulisses. Pour moi qui découvrais tous les dossiers, dans les premiers temps, il ne s’agissait que d’un parmi d’autres. La priorité était plutôt de savoir comment on allait avancer avec la nouvelle ministre sur le Gesondheetsdësch. L’urgence du Covid s’est accentuée seulement ensuite. Le confinement a été décidé dès la mi-mars. Comment en arrive-t-on à prendre une telle mesure ? Ce sont des décisions surréalistes. On entend que les premiers cas arrivent, qu’il faut agir vite, et c’est très difficile, vraiment. Prendre la décision de mettre en place un lockdown dans son pays, c’était très lourd, presque irréel aussi. Une telle responsabilité n’est-elle pas trop écrasante ? Une crise sanitaire est une crise nationale. Le Premier ministre en est en charge avec le Haut-
Photo ANDRÉS LEJONA
Commissariat à la protection nationale et le ministre de ressort. Nous sommes donc devenus un tandem très rapidement. Et c’est très réconfortant de travailler en équipe. Sans cela, je ne sais pas comment j’aurais pu gérer. Avez-vous reçu du soutien ? J’ai eu le soutien des autres collègues, surtout au niveau des ressources humaines. Et quand nous avons dû faire des achats en Asie ou ailleurs, des gens du secteur privé nous ont rejoints. Ils passaient la nuit au ministère pour effectuer des commandes. C’était de la solidarité spontanée. Avec la Fonction publique, nous avons réussi à gérer cela de manière très flexible, afin d’obtenir des contrats le jour même. Il ne s’agissait pas du tout de la lourdeur administrative qu’on imagine en temps normal. Le choc de la crise a créé une unanimité derrière l’action du gouvernement. Mais des critiques sont venues par la suite…
BIO EXPRESS Née le 31 mai 1968 à Luxembourgville, Paulette Lenert fait ses études secondaires à l’Athénée de Luxembourg. Juriste de formation Après des études de droit en France et en Grande-Bretagne, elle devient avocate au Barreau de Luxembourg en 1992, puis est nommée premier juge au tribunal administratif en 1997. Politique sur le tard Premier conseiller de gou vernement au sein du ministère délégué à l’Économie solidaire en 2013, puis au sein du ministère de la Fonction publique, elle entre au gouvernement en 2018, sous l’étiquette LSAP, comme ministre de la Coopération et de la Protection des consommateurs. Avant de devenir ministre de la Santé en février 2020.
C’est vrai que, au début, cet état de choc a aidé à se montrer rapide dans l’action. Par la suite, les choses ont été beaucoup plus débattues et discutées. Certains veulent que des secteurs d’activité restent ouverts, d’autres sonnent l’alerte pour des mesures plus fortes. Le plus difficile est de pouvoir faire abstraction des polarisations, de trouver sa propre conviction. En quoi cette polarisation est-elle difficile à gérer ? Les gens qui essaient de vous convaincre viennent avec des émotions fortes : vous allez provoquer des faillites, des suicides. Dans les maisons de retraite, la situation était très dure, les résidents sont restés isolés de longues semaines. Vous entendez dire que vous êtes cruelle, inhumaine… Ce sont des adjectifs très forts. En même temps, ce sont des réalités. Et savoir prendre de la distance reste compliqué. La science est un critère majeur dans la prise de décisions, mais d’autres facteurs sont à prendre en considération. Comment faites-vous la part des choses ? On nous demande souvent : où sont les bases ? Mais nous n’avons tout simplement pas de bases scientifiques par rapport à de nombreux paramètres. Mais alors, qu’est-ce qu’on fait ? Rien ? Ce n’est pas possible. L’essentiel tient à l’évaluation des risques, ce qui a trait à la gestion de manière générale. Ce sont des compétences qui sont indépendantes du fait que l’on soit médecin ou expert. Il faut savoir prendre des décisions, avoir sa propre façon de les prendre. Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, est médecin, comme son homologue belge, Maggie De Block, dans le précédent gouvernement fédéral. Vous ne l’êtes pas. Est-ce un handicap ? Pas vraiment. Gérer une crise demande une multitude de compétences. Or, je connais très bien le secteur public pour y avoir passé FÉVRIER 2021
57
Conversation Paulette Lenert
« Décider de mettre en place un lockdown, c’est lourd, presque irréel. » toute ma carrière. C’est un grand avantage aussi de savoir comment fonctionne l’État et de disposer du réseau qui va avec. Un ministre médecin serait sans doute plus tributaire d’experts organisationnels autour de lui, alors que, moi, je suis tributaire de l’expertise médicale. Mais je me sens en confiance. J’ai beaucoup de médecins autour de moi. Et j’ai la chance d’avoir le docteur Jean-Claude Schmit, un expert en maladies infectieuses, qui joue son rôle en tant que directeur de la Santé. Enfin, mon métier de magistrat m’a beaucoup aidée… De quelle manière ? C’est un métier où, par nature, on est toujours confronté à deux positions. Il y a des émotions, c’est polarisé. Ce qui fait que les gens se retrouvent devant un tribunal. On apprend donc à savoir prendre de la distance, à se créer sa propre opinion par rapport à une problématique. Dans cette crise, toute décision a un prix… Ce qui est lourd à gérer. Parce qu’il n’y a pas de solutions faciles. Si on agit trop tard, on crée des dégâts d’un point de vue sanitaire, avec peut-être des confinements plus longs que si l’on avait agi plus vite. Mais si on réagit trop tôt, on crée un impact sur l’économie ou sur l’enseignement et bien d’autres aspects sociétaux. On vous reproche souvent un manque de cohérence dans vos décisions… Et je sais que ça ne peut pas être cohérent ! Comment voulez-vous que des mesures de lutte contre une pandémie soient cohérentes ? On doit faire des choix. Si on cherche à être cohérent sur tous les plans, soit on ferme tout, soit on ouvre tout. Parce qu’il y a toujours une limite et quelqu’un qui va vous dire : mais pourquoi moi ? Pris individuellement, chaque restaurateur vous dira qu’il a pris toutes les dispositions de sécurité. Et c’est vrai, ils ont fait beaucoup 58
FÉVRIER 2021
à ce niveau. Mais le problème n’est pas là. Il est dans le fait que les gens soient en interaction. C’est un dommage collatéral, personne n’est coupable. Il faut faire des choix et ce ne sera jamais équitable à 100 %. Ça ne peut pas l’être. Doutez-vous souvent ? Tout le temps, tous les jours. Mais je suis quelqu’un qui sait prendre des décisions et les assumer. Je ne ressasse pas. Les décisions ne peuvent pas être parfaites, c’est normal dans ce contexte. Je cherche toujours à être en phase par rapport à ce que je peux assumer. Ça a toujours été le cas jusqu’à maintenant. Vous ne regrettez aucune décision ? Si vous pouviez retourner dans le passé, qu’est-ce que vous changeriez ? Au moment où elles ont été prises, je pense qu’il s’agissait des meilleures décisions possible. Maintenant, si je pouvais retourner en arrière, nous aurions peut-être fermé plus tôt, en octobre. Nous voulions nous donner une chance de réussir avec des mesures moins restrictives. Mais on ne peut pas tout savoir à l’avance. C’est compliqué.
le passage soit encore possible le lendemain matin. Au cours de la nuit, avec le centre informatique, nous avons mis en place les laissez- passer. Il a ensuite fallu les distribuer aux patrons pour qu’ils les donnent aux employés. Nous avons vécu un moment de stress vraiment infernal. Mais sans cela, nous n’aurions plus été en capacité de fonctionner. Pouvait-on imaginer une telle situation ? Personne n’aurait pu imaginer cette fermeture des frontières. J’habite à la frontière, à Remich, je me promène tous les jours de l’autre côté. Je n’ai jamais imaginé que les frontières puissent fermer à nouveau en Europe… C’était du jamais-vu. Ce risque existe-t-il toujours ? Cela reste une crainte, même si maintenant je pense – j’espère – que l’on n’en arrivera plus là. Mais cela nous ramène à la problématique du pays : nous sommes tributaires de la main-d’œuvre transfrontalière. Le personnel reste le stress majeur.
Cela fait partie des faiblesses que la crise a mises à jour. La Medical School Quels sont vos souvenirs les plus stressants ? est une des solutions apportées… C’est de voir les hôpitaux se remplir. Au Luxem- Actuellement, une grande partie du personbourg, nous avons quatre hôpitaux. S’ils sont nel de santé va se former à l’étranger. Nous pleins, ils sont pleins : nous n’avons pas la avons démarré récemment cette Medical possibilité d’envoyer les gens dans une autre School et, pour l’instant, nous avançons bien ville ou une autre région. Donc nous attei- sur l’offre de formations au Luxembourg. En gnons très vite la limite de capacité. Un autre proposant des formations attractives sur place, moment très difficile a été cette crainte que non seulement les étudiants luxembourgeois les frontières ferment et que le personnel resteront dans le pays, mais cela augmentera hospitalier ne puisse plus venir travailler. les chances qu’ils y passent leur vie ensuite. Nous aurions été échec et mat… Il faut donc vraiment développer cette piste, parmi d’autres… À un moment, l’Allemagne a fermé unilatéralement sa frontière. Comment avez-vous Quelles sont les autres pistes ? évité le blocage des frontaliers ? Je suis convaincue que l’innovation, notamment Nous avons reçu l’annonce de la fermeture des la digitalisation, peut apporter beaucoup de frontières de l’Allemagne à 17 h, sans avoir été progrès grâce à la prise en charge des patients prévenus. Nous avons alors négocié pour que à distance. La crise a donné un coup d’accélérateur à la téléconsultation. Mais il faut aussi attaquer le problème à la racine et miser très fortement sur la prévention. Si les coûts sont élevés pour la prise en charge de la maladie, UN LARGE DÉBAT cela vaut la peine d’investir un maximum, afin SUR LA SANTÉ d’empêcher le développement de maladies Lancé en février 2020, chroniques. Certains pays sont beaucoup plus le Gesondheetsdësch vise à définir performants que nous sur ce point. des mesures destinées à améliorer l’efficacité du système de santé, en tenant compte des besoins de la population, de l’évolution des techniques médicales et des ressources dont dispose le pays. Il se veut être un « échange participatif » en incluant toutes les parties prenantes : partenaires sociaux, Association des médecins et médecins-dentistes, Fédération des hôpitaux luxembourgeois, ministères de la Santé et de la Sécurité sociale, sans oublier les acteurs de terrain.
Cette crise marque-t-elle le début de l’Europe de la santé ? Oui, il s’agit d’une prise de conscience énorme. On critique la politique de vaccination de la Commission, mais j’estime que c’est un premier grand succès, car nous avons réussi à agir ensemble. Et, même si la santé peut rester une compétence nationale, il faut davantage de politiques communes, davantage de concertations, avoir des plans de vigilance, de réaction, de crise, plus
Winning Intellectual Property Strategies We provide in-depth advice and service to vigorously protect our clients’ rights and interests, at European and worldwide levels. Our philosophy is that IP rights are tools, which must be able to furnish a return on investment.
Office Freylinger SA European Patent and Trademar k Attorneys 234, route d’Arlon • P.O. Box 48 L-8001 Strassen • Luxembourg Tel.: +352 313 830-1 office@freylinger.com www.freylinger.com
Conversation Paulette Lenert
développés, qui institutionnaliseront ce que nous avons fait dans l’urgence, comme transférer des patients. Avez-vous eu des journées libres depuis le début de la crise ? Je suis partie en France en été, et j’ai dû avoir trois ou quatre jours sans interruption. Le reste des vacances, j’ai travaillé via Webex. Pendant les fêtes de fin d’année, j’ai travaillé tous les jours. Qu’est-ce qui vous manque le plus ? Les loisirs. Je n’en ai pratiquement plus. C’est vraiment boulot-dodo. J’essaie de faire une coupure le soir, de dormir. J’ai besoin de mes heures de sommeil, c’est réparateur, c’est ce qui me tient en vie. Mais beaucoup de choses me manquent, comme aller au cinéma ou se retrouver en terrasse avec des amis. Mais c’est le cas pour tout le monde. On me reproche de fermer l’horeca, mais je suis la première à le regretter. Aller avec mon mari au restaurant, même à deux, c’était la seule occasion de se changer les idées en sortant de chez soi… Quel est votre planning de la journée ? Je commence à travailler au lever du lit, avec les premiers coups de fil. Je commence très tôt à regarder ma boîte mail, afin de voir s’il y a des urgences – et il y en a presque tous les jours. Beaucoup de questions sont à trancher. Après j’enchaîne les rendez-vous. Et le soir, je lis ce qu’il y a à lire. Il y a encore souvent des décisions à prendre. Enfin, j’essaie de faire une coupure. Normalement, je promène mes chiens au moins une heure. Et je regarde les infos – mais même cette plage horaire me ramène souvent au coronavirus. Il devient donc de plus en plus difficile de s’octroyer ces petites parenthèses intellectuelles et physiques. Si vous aviez su ce qui vous attendait, auriez-vous accepté ce ministère ? Si j’avais pu lire dans le marc de café ce qui allait arriver, j’aurais dit : « Jamais de ma vie, je ne serai
« Ces six prochains mois seront très difficiles à gérer. » 60
FÉVRIER 2021
UNE VASTE CAMPAGNE DE VACCINATION La distribution des doses de vaccin s’établissant au prorata de la population de chaque pays, le Luxembourg obtiendra 0,14 % des commandes effectuées par l’Union européenne. Ce qui correspond – théoriquement – à 415.048 doses du vaccin d’AstraZeneca, 276.156 de Janssen, 675.290 de Pfizer-BioNTech, 329.399 de CureVac et 110.000 de Moderna. Ce qui pourrait permettre de vacciner 1.251.256 personnes. Reste à savoir à quel rythme ces doses seront livrées.
à même de gérer ça ! » Je n’aurais jamais osé accepter ce poste. Mais j’étais là et c’est arrivé. Dans ce cas de figure, il faut gérer, ne pas se poser de questions et faire de son mieux. Avez-vous été surprise d’être désignée personnalité politique préférée ? Oui, avant cette crise, je n’étais pas du tout un personnage public. Je ne sais pas à quoi cela tient. Mais cela fait du bien : les décisions sont très difficiles, je me rends compte à quel point elles impactent tout le monde. Et les critiques sont fréquentes : ce n’est pas clair, ce n’est pas cohérent... Au bout du compte, je commence à le croire aussi. Donc c’est rassurant, cela fait du bien moralement de voir qu’il y a beaucoup de gens qui sont derrière cette politique-là. Est-ce que cela fait naître d’autres ambitions pour la suite ? On me pose souvent la question, mais j’évite d’y réfléchir en ce moment. Pour moi, la vie politique est actuellement une expérience dure. J’adore le métier, la gestion de crise et le ressort de la santé, mais j’ai plus de mal à m’accommoder du volet politique. Tous ces débats, ce côté théâtral, ces grands effets de manche… Je suis habituée à travailler de manière plus factuelle et neutre. Il y a des semaines où je passe beaucoup plus de temps à expliquer ce que je fais qu’à travailler… Alors qu’avec la crise, il faut être surtout dans l’action. Mais je m’impose de ne pas faire de jugements actuellement. Je sais que l’expérience est brutale à cause de cette crise et de l’exposition que j’ai. Ce n’est sans doute pas la normalité politique. Il faut avoir du recul pour en juger réellement. Donc j’y réfléchirai une fois que cette crise sera derrière nous. En période de crise, un des enjeux majeurs est la communication. Quelle est votre méthode ? Une règle majeure est de rester transparent et honnête. J’estime que je n’ai jamais embelli les choses. S’il y a des choses que j’ignore, je
le dis. Et j’annonce des choses quand je dispose des informations nécessaires. Pour les vaccins, par exemple, nous avons passé énormément de commandes. Maintenant, est-ce que la production va suivre ? Je ne sais pas. Et je ne vais pas m’exprimer, alors que je suis consciente que, vu le nombre de variables en jeu, ce serait de la pure spéculation. Je préfère dire aux gens que l’on fournira des détails lorsque l’on aura plus d’informations. C’est malsain de créer des illusions par rapport à des choses qui risquent d’être complètement remises en question par la suite. Les vaccins sont-ils la solution ultime ? Oui, aussi longtemps que l’on n’aura pas un médicament efficace pour diminuer le taux de mortalité, le vaccin est le grand espoir. Une date de sortie de crise est-elle envisageable ? C’est très difficile à dire parce que l’on ne connaît pas les quantités de vaccins qui vont arriver. Je suis assez confiante parce que nous commençons par les personnes plus âgées. Si elles sont vaccinées rapidement, le taux de mortalité diminuera. Et l’adhésion est grande : dans les maisons de soins, presque 90 % des gens sont prêts à se faire vacciner, ce qui est un bon signe. Cela ne va pas résoudre le problème pour toute la population, mais cela aide. Malgré les vaccins, un confinement est-il toujours envisageable ? On ne peut pas l’exclure. Les mois à venir seront très critiques, car même si les vaccins arrivent rapidement, on ne pourra jamais réussir à sécuriser les mois de janvier, février et mars. Et, très franchement, quand on voit ce qui se passe au Royaume-Uni et en Irlande, on ne peut rien exclure. Je crois que c’est le message que les gens doivent comprendre : si nous ne sommes pas très prudents, avec cette nouvelle souche du virus, le risque est grand. Comment envisagez-vous les six prochains mois ? Cela va continuer comme cela a commencé, je le crains. Il y aura du stress logistique avec les vaccins. Et la nécessité de maintenir les efforts par rapport aux gestes barrières. Avec, en plus, celle de maintenir le moral des gens parce que la crise dure : cela fait déjà un an et on le ressent. Donc ce sera vraiment un défi pour la communication et pour l’information du public. Je ne me fais pas trop d’illusions, ces six prochains mois seront très difficiles à gérer. Je crois même que ce seront les mois les plus difficiles.
PUBLIREPORTAGE
Easydrafting,
Modéliser ses contrats et ses actes juridiques de manière sécurisée en toute simplicité En décembre dernier, les utilisateurs de la base de données juridique Strada lex Luxembourg ont pu découvrir une interface entièrement modernisée. La plate-forme accueille par ailleurs un nouvel onglet, Easydrafting, qui ne passe pas inaperçu. Rencontre avec Nicolas Cassart, Legal Publishing Manager de Larcier Luxembourg. La base de données Strada lex Luxembourg s’est récemment enrichie du nouvel outil Easydrafting. De quoi s’agit-il ? Nicolas Cassart : Soucieux de contribuer à améliorer l’efficacité et l’organisation du travail de nos utilisateurs, nous proposons à présent, au sein de l’environnement Strada lex Luxembourg, un nouveau service de modélisation et d’automatisation de contrats, d’actes juridiques et de courriers. Avec l’outil Easydrafting, notre objectif est de simplifier les tâches quotidiennes de nos utilisateurs juristes et de la sorte améliorer leur performance. Ils pourront ainsi se débarrasser des actions répétitives et fastidieuses pour se consacrer davantage à leur cœur de métier et mettre à profit leur expertise, celle du « juriste augmenté ». L’outil Easydrafting permet non seulement aux utilisateurs d’exploiter les modèles standards qui y sont présents, mais aussi de déposer leurs propres modèles afin de les reproduire en interne. En centralisant leurs documents de la sorte, les utilisateurs simplifient la collaboration interne et optimisent le partage des connaissances et les bonnes pratiques contractuelles au sein de leur structure. Pour les directions juridiques, cette centralisation a également comme avantage de mieux maitriser les engagements contractuels et les risques de l’entreprise.
Droit des sociétés
Droit commercial
Droit IP/IT
Dans le même esprit que la nouvelle interface simple et rapide de Strada lex Luxembourg, l’outil Easydrafting se veut d’une expérience utilisateur exemplaire. Ainsi, après avoir choisi sa langue (le français ou l’anglais) et un modèle parmi l’un des quatre domaines couverts (sociétés, commerce, travail ou IP/IT), l’utilisateur est naturellement guidé étape par étape dans la rédaction automatisée de son contrat sur mesure à l’aide d’un système interactif de questions. Les modèles sont rédigés, préparés et mis à jour par une équipe d’auteurs spécialisés parfaitement accoutumés à la pratique du droit. Enfin, l’outil Easydrafting garantit formellement la protection des données contractuelles qu’il héberge et leur confidentialité. Dématérialiser ses contrats ne veut pas dire perdre en sécurité, que du contraire. En tant qu’acteur de l’économie de la connaissance, la protection des données, au-delà de notre priorité, est devenue notre métier. Nous connaissons le caractère mouvant du monde de la Legaltech au sens large. Quelles seront les évolutions futures pour Easydrafting ?
Nicolas Cassart Legal Publishing Manager Larcier Luxembourg
Droit du travail
Easydrafting compte aujourd’hui une quarantaine de modèles intelligents et en comptera à terme une centaine. Au-delà de son enrichissement en modèles, de leur mise à jour perma-
nente et du perfectionnement continu de son système de guidance, nous souhaiterions développer encore davantage l’aspect automatisation contractuelle pour être en phase avec la transformation digitale des activités juridiques, notamment en termes de statistiques exploitables, de rappels des échéances, de processus d’approbation et de signature électronique. Les non-abonnés à Strada lex Luxembourg ont-ils également accès à Easydrafting ? Oui. Easydrafting se trouve dans l’environnement gratuit de Strada lex Luxembourg, mais ne nécessite pas pour autant un abonnement à la partie sécurisée de Strada lex Luxembourg pour y accéder. Néanmoins, la mise en perspective est toujours utile en droit. Vous souhaitez plus d’infos sur Easydrafting ou une démonstration gratuite ? Contactez-nous au +352 27 86 07 30, à info@stradalex.lu ou directement en ligne sur www.stradalex.lu.
Larcier Luxembourg 7, route des Trois Cantons • L-8399 Windhof T : 352 49 24 20 • F : 352 49 24 20 50
Débat public Entre COP et Covid, quels seront les effets à long terme des crises actuelles ? Pour la Commission européenne, une réponse réside dans le terme de « gouvernance durable » et devrait modifier à long terme et en profon deur la façon dont les entreprises sont gérées. La Commission a commandité deux études pour analyser quels étaient les effets de la gouvernance d’entreprise actuelle. Elle en retient qu’au cours des 30 dernières années, les entreprises cotées en bourse ont eu tendance à se concentrer sur les profits à court terme des actionnaires, au détriment des intérêts à long terme de l’entreprise et des intérêts sociétaux au sens large. La Commission consulte maintenant sur le contenu d’une nouvelle proposition de directive exigeant la mise en place d’une « diligence raisonnée » qui « désigne l’obligation légale pour les entreprises d’établir et de mettre en œuvre des procédures adéquates en vue de prévenir, d’atténuer et de prendre en considération les incidences sur les droits de l’Homme (y compris les droits du travail et les conditions de travail), la santé et l’environnement, […] tant dans le cadre des activités que dans la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise ». La chaîne d’approvisionnement est inter prétée dans le sens large des « relations commerciales »,
Charles Muller Président de Finance and Human Rights asbl ce qui inclut donc, pour le secteur financier, l’ensemble des investissements et des financements. Utopique ? Non. L’initiative bénéficie du soutien du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne, qui ont tous deux, encore au mois de décembre, encouragé la Commission à présenter le texte au cours de cette année 2021. La Commission table sur les administrateurs de sociétés comme pierre angulaire pour mettre en œuvre ce nouveau principe. Il y est question de responsabilité, de contrôles (judiciaires), de compétences, de limitations de rémunération… Là encore, elle est soutenue par le Parlement européen, qui estime que « les obligations des dirigeants ne peuvent être interprétées, à tort, comme équivalant à la maximisation à court terme de la valeur actionnariale, mais qu’elles incluent au contraire l’intérêt à long terme de l’entreprise et de la société dans son ensemble, ainsi que celui des travailleurs et des autres parties prenantes ». Une (r)évolution qui devrait d’autant plus intéresser le Luxembourg que les acteurs de son secteur financier se retrouveront en première ligne des changements à venir. Charles Muller pointe les futures responsabilités des administrateurs envers la société dans son ensemble. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. PHOTO ANDRÉS LEJONA
62
FÉVRIER 2021
NOVEMBRE DÉCEMBRE 2020
63
Luxembourg in English since 2011
Open up and learn #Luxembourg #Politics #Business #Finance #Culture #Lifestyle
Daily news on www.delano.lu — Published by Maison Moderne
On newsstands 4€
GET A FREE DELANO SUBSCRIPTION WHILE WORKING FROM HOME
Enjeux
Quand il vaut mieux prévenir que guérir La crise sanitaire vient nous rappeler l’importance d’une bonne hygiène de vie pour lutter contre virus et maladies. Stress, malnutrition et addictions viennent affaiblir notre système immunitaire. Si bien que plus d’un tiers des décès enregistrés en 2017 au Grand-Duché peuvent être imputés à de mauvaises habitudes. Dans ce dossier, des experts nous livrent des conseils préventifs pour une meilleure santé. Qui pourraient peut-être même permettre quelques économies à l’État, dont les dépenses de santé par habitant s’élevaient à 4.538 euros en 2019. Un chiffre en légère augmentation par rapport aux années précédentes. Alors, il n’est pas trop tard pour prendre de nouvelles résolutions. 66
FÉVRIER 2021
DÉCÈS LIÉS À D’AUTRES CAUSES
DÉCÈS LIÉS À UNE MAUVAISE HYGIÈNE DE VIE
63 % 37 % CAUSE DES DÉCÈS AU LUXEMBOURG En 2017, 37 % des décès au Luxem bourg pouvaient être imputés à une mauvaise hygiène de vie, selon l’OCDE, qui reprend des données de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). La pire habitude semble être le tabac, à l’origine de 16 % des décès. Viennent ensuite une mauvaise nutrition (14 %), la consommation d’alcool (9 %) et le manque d’activité physique (2 %). Des facteurs de risque souvent liés aux principales causes de décès au Grand-Duché, à savoir les mala dies cardiovasculaires et les cancers. Source
OCDE
1 7 conseils pour vivre longtemps en bonne santé Le médecin, cardiologue et nutritionniste Frédéric Saldmann partage ses conseils pour prendre soin de sa santé. p. 68
2 Travail et santé
mentale, un équilibre difficile en temps de crise Analyse de ces maux liés au travail et qui impactent de plus en plus de salariés. p. 70
3 Dans l’univers
de la « médecine » non traditionnelle Hypnose, reiki, aromathérapie... petite mise en lumière de ces méthodes « différentes » de la médecine traditionnelle.
4 J’ai testé pour vous... le neurofeedback Test de cette méthode de soin qui vise à réguler l’activité neuronale en envoyant des signaux au cerveau. p. 74
5 « Regarder
la priorité qu’on donne aux écrans dans notre vie » Interview avec le directeur de l’association Ausgespillt/ Game Over, Andreas König. p. 76
6 Des applis
pour prendre soin de sa santé La santé préventive est aussi accessible via un smartphone. Tour d’horizon des applications disponibles. p. 78
p. 72
FÉVRIER 2021
67
1
1
30 minutes de sport par jour
Santé préventive
7 conseils pour vivre longtemps en bonne santé
« Réalisez au minimum 30 minutes d’exercice physique continu quotidiennement. Les 20 premières minutes, vous brûlerez du sucre. Ensuite, on commence à brûler des mauvaises graisses. Surtout, on a découvert qu’on libère 1.004 molécules protectrices, un vrai bouclier. Quand les gens font au moins 30 minutes de sport par jour en transpirant un petit peu, ils diminuent de 40 % les risques de souffrir de cancers, de maladies cardiovasculaires et d’Alzheimer (plusieurs études font état d’un lien entre pratique sportive et baisse des risques de cancers, maladies cardiovasculaires et d’Alzheimer, sans forcément donner le chiffre de 40 %, ndlr). On sécrète en même temps une enzyme qu’on appelle EcSOD, qui a une action anti-Covid (des études montrent qu’elle aide à lutter contre la détresse respiratoire, ndlr).» Et ce, peu importe le sport : « On peut faire de la marche rapide, de la natation, de la bicyclette, à l’extérieur ou en appartement. Beaucoup disent qu’ils n’ont pas le temps, mais je suis sûr qu’ils passent au moins tous les jours une demi-heure sur internet. »
Médecin, cardiologue et nutritionniste français, Frédéric Saldmann connaît bien le principe de santé préventive, sur lequel il a écrit plusieurs ouvrages. En respectant tous ses conseils, « on peut gagner 20 ans de vie en bonne santé », prétend-il. « Nous avons des moyens d’autoguérison extrêmement puissants, détaille-t-il. On s’en aperçoit beaucoup en période de pandémie. Plus les gens sont âgés, plus ils sont à risque. Parce que, plus on avance en âge, plus notre système immunitaire s’affaiblit. Il n’y a pas de médicament aujourd’hui pour le booster, mais le mode de vie va être fondamental. » Cela passe par sept aspects, de l’activité physique à la gymnastique cérébrale.
2 Prendre des douches froides Maintenir sa santé passe aussi par le bien-être. Le sexe peut aider : « 12 rapports par mois augmentent de 10 ans l’espérance de vie. Cela crée un cocktail d’hormones : dopamine, sérotonine, endorphines… qui provoquent une formidable relaxation. Et on sait que le stress est pourvoyeur de maladies », explique Frédéric Saldmann. Autre technique : la douche froide, qui « crée un cocktail d’endorphines ». Il ajoute : « Tout ce qui peut réduire le stress, j’y suis favorable, que ce soit la méditation ou les massages. »
Auteur MATHILDE OBERT
Quand se faire dépister?
68
À partir de 25 ans
FÉVRIER 2021
Un frottis cervico-vaginal, destiné à dépister le cancer du col de l’utérus, que l’on conseille de renouveler tous les trois ans.
La palpation mammaire, pour dépister le cancer du sein.
À partir de 40 ans
Les maladies des yeux, telles que la cataracte, le glaucome, la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) .
Le diabète, si vous avez un facteur de risque (anté cédents familiaux, obésité). De type 2, il se déclare généralement après cet âge .
3
5
Dormir dans le noir complet, au frais
Se limiter à deux repas quotidiens
Chacun peut avoir besoin de plus ou moins d’heures de sommeil, mais le Dr Saldmann recommande « sept à huit heures par nuit ». Pour qu’il soit réparateur, « il faut le noir complet dans la chambre. Une toute petite diode lumineuse perturbe le sommeil. Comme avoir regardé trop longtemps un écran avant de se coucher. Je propose de ne pas mettre de chauffage dans la chambre à coucher, et de dormir nu. »
« Je conseille le jeûne séquentiel, s’il n’y a pas de contre-indication du médecin traitant. Cela veut dire que, tous les jours, pendant 14 heures minimum, idéalement 16 heures, on arrête de manger. Par contre, on boit abondamment de l’eau, du thé, des tisanes. On peut même prendre un peu de café, le tout sans sucre. Cela correspond à faire deux repas au lieu de trois. Pour ma part, je ne prends jamais de petit-déjeuner. J’ai arrêté le repas à 21 h hier soir, et je déjeune à 13 h. »
4 Soigner son hygiène, jusqu’au bout des ongles Même avant l’arrivée du Covid-19, Frédéric Saldmann rappelait dans ses livres l’importance des règles d’hygiène. « Les gens ont oublié que bien se laver les mains, c’est aussi se brosser sous les ongles tous les soirs. [Il faut également] penser à laver ses bijoux, sinon les microbes s’accrochent. En rentrant dans la maison, [il faut] enlever ses chaussures. Laver son réfrigérateur deux fois par mois empêche qu’une bactérie, qui s’appelle listeria, ne se développe, qui peut provoquer des méningites. Si on veut manger du poisson cru, il faut penser à le congeler trois jours avant pour tuer un petit ver qui s’appelle anisakis, et qui provoque des perforations intestinales. De même, si on mange du tartare de bœuf, [il faut penser à] le congeler plusieurs jours avant pour éviter le ver solitaire. » Une autre recommandation : baisser le couvercle des WC avant de tirer la chasse d’eau. « Des études ont montré que cela crée des aérosols », moyen de propagation des microbes. Mais trop se protéger n’affaiblit-il pas notre système immunitaire ? « Il faut du bon sens. Par exemple, ne pas se laver les mains toute la journée, mais avant de passer à table, après être allé aux toilettes et en rentrant dans la maison. »
Les problèmes cardiaques et de tension.
À partir de 50 ans
6
« Chaque seconde, nous produisons plusieurs millions de cellules pour remplacer celles usées ou mortes. Le risque d’erreurs de copie augmente avec l’âge, donnant lieu, par exemple, à des cancers. » Une idée qui peut paraître surprenante, alors qu’on nous répète depuis des années que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée. « C’est vrai pour les enfants et les femmes enceintes, qui ont besoin de plus d’énergie. Mais sinon, cela n’a pas de support scientifique. Par contre, il y a des supports marketing importants, parce qu’il y a beaucoup de produits qui ne se consomment que le matin », répond à cela Frédéric Saldmann, médecin, cardiologue et nutritionniste français. Il explique : « Chaque seconde, nous produisons plusieurs millions de cellules pour remplacer celles usées ou mortes. Le risque d’erreurs de copie augmente avec l’âge, donnant lieu, par exemple, à des cancers. Quand on fait ce jeûne séquentiel, on fait moins d’erreurs de copie. Notre énergie, au lieu d’être utilisée à digérer, l’est pour se réparer. »
Une hémoculture est conseillée tous les deux ans pour le dépistage du cancer colorectal.
Une mammographie est recommandée tous les deux ans, pour détecter un éventuel cancer du sein.
Privilégier l’avocat Il y a « quand » on mange, et « ce » qu’on mange. « 30 % de calories en moins, c’est 20 % de vie en plus en bonne santé, estime-t-il. Malheureusement, dans le cas du Covid, on voit que les gens obèses sont en première ligne. Bien gérer sa nutrition fait partie des points-clés. Le repas idéal, c’est d’abord manger diversifié et varié. L’avocat, par exemple, est un aliment passionnant. Si vous prenez un burger-frites-bacon avec un avocat, vous aurez 40 % d’infections digestives en moins. » Plusieurs articles mentionnent les vertus de cet aliment pour le système digestif, comme pour le cœur. « Ensuite, mangez des légumes, du poisson, de la viande... des choses simples », énumère le nutritionniste. Pour bannir le sucre, tout est question d’habitude. « Si vous prenez pendant trois semaines votre café sans sucre, au début, ce n’est pas bon. Après, quand quelqu’un y ajoute du sucre, vous trouvez cela écœurant. Vous devez baisser votre seuil sucré au niveau du cerveau. » Un peu plus surprenant, il vante l’effet coupe-faim du gâteau au chocolat, qui permet un « dérapage contrôlé ». Ou celui relaxant de l’alcool, en petite quantité : « Si on prend un verre cinq jours par semaine, il n’y a pas de problème, et ça détend. »
7 Apprendre de nouvelles choses « Il est également important d’avoir une activité intellectuelle. En trois semaines de vacances, on perd 20 points de QI », dit-il, citant une étude allemande. « Le plus important, c’est d’éviter la répétition. Il faut se lancer tout le temps dans de nouvelles activités. Apprenez une langue étrangère, un instrument de musique, goûtez de nouvelles cuisines. La routine détruit les réseaux neuronaux ; la nouveauté et l’apprentissage en construisent d’autres. »
Après la ménopause, le risque d’ostéoporose augmente, et on recommande de faire une ostéodensitométrie (examen radiologique).
À partir de 50 ans, un toucher rectal est conseillé chaque année, pour dépister le cancer de la prostate.
FÉVRIER 2021
69
2 Vie professionnelle
Travail et santé mentale, un équilibre difficile en temps de crise Surcharge de travail, manque de déconnexion, ennui, perte de sens… Ces phénomènes liés à l’évolution de notre société se multiplient en temps de crise. Psychologues et entreprises proposent leurs solutions. Un salarié sur 10 en Europe est concerné par le syndrome d’épuisement professionnel – ou burn-out –, selon le GesondheetsZentrum, centre dédié à la médecine de dépistage et de prévention au Luxembourg. Il ajoute que 20 % des salariés se sentent stressés par leur travail au Grand-Duché, alors que le stress chronique est le principal facteur de risque du burn-out. Et si la crise sanitaire liée au Covid-19 a mis de nombreux secteurs à l’arrêt, le phénomène ne semble pas s’être atténué, bien au contraire. « En ce moment, je n’ai quasiment que ça », témoigne Céline Molitor, psychologue au Grand-Duché. Le nombre de cas a « carrément doublé », calcule-t-elle. « Les gens ne trouvent plus le moyen de se recharger. En temps normal, ils ont d’autres activités pour s’en sortir, mais il n’y en a plus. » Au-delà du bien connu burn-out, d’autres maux liés au travail sont apparus ces dernières années : le bore-out, ou « épuisement par l’ennui » ; le brown-out, qui renvoie plutôt au manque de sens ; et le blurring, ou blurout, qui concerne la frontière trop floue entre vie privée et professionnelle. Eux aussi ont été accentués par la crise. « Aujourd’hui, il y a un mix de tout avec le télétravail, parce qu’il n’a pas été anticipé, explique Céline Molitor. L’épuisement des gens qui n’arrêtent pas de travailler amène à des effets de burn-out ou de blurring quand le PC est au milieu du salon. La crise fait réfléchir, ce qui crée des effets de brown-out et de bore-out. » Pour éviter de tels phénomènes en télétravail, elle conseille plus 70
FÉVRIER 2021
d’anticipation. « Avoir un lieu de travail et des horaires identifiés, et s’y tenir », insiste-t-elle. Les cadres, plus touchés Accentués par la crise, ces phénomènes ne sont, bien sûr, pas nouveaux. « On en parle de plus en plus, parce qu’on est dans une société où les besoins primaires sont satisfaits, argumente la psychologue. Les gens ont besoin de se réaliser, ils vont surinvestir une activité. Il peut s’agir d’un hobby, ou de la sphère professionnelle. Soit ils en font trop et finissent en burn-out, soit ils se rendent compte qu’ils s’ennuient ou ne sont pas épanouis, en cas de bore-out ou brown-out. » Un problème de luxe, donc ? « On peut aussi faire un burn-out sans satisfaire ses besoins primaires, quand on accumule des jobs pour gagner sa vie. Mais on va plus parler d’‘épuisement’. Dans le burn-out, il y a cette notion de déséquilibre, de consulter ses e-mails en dehors des heures, de prendre les dossiers de ses collègues… » Une étude de la Chambre des salariés montre un lien évident entre burn-out et exigences émotionnelles (la nécessité de maîtriser ses propres émotions sur le lieu de travail afin de répondre aux attentes de l’organisation, ndlr), ces dernières ayant augmenté entre 2016 et 2020, avec un pic en 2019. Elle souligne alors que les travailleurs exerçant une fonction d’encadrement présentent un niveau moyen d’exigences émotionnelles supérieur.
Des mots sur ces maux BURN-OUT L’ITM le définit comme « un état d’épui sement mental, physique et émotionnel grave qui touche l’être humain. Il sur vient après de longs mois ou années d’exposition à des situations de stress intense. » Elle met en avant trois symptômes : une fatigue physique et intellectuelle extrême, une déshumanisation, et une perte d’enthousiasme pour le travail. BORE-OUT Ici, l’épuisement n’est pas dû à une surcharge de travail, mais, au contraire, à une sous-charge, créant de l’ennui. Les effets sont alors multiples : perte de sens, honte, culpabilité… Cela peut s’expliquer par un décalage entre compétences et niveau d’exigence, ou bien par le développement des bullshit jobs, conceptualisés par l’anthropologue David Graeber. Selon lui, le progrès technique, au lieu d’aboutir à une baisse du temps de travail, a donné naissance à une multitude d’emplois n’ayant pas toujours de sens. BROWN-OUT Proche de la notion précédente, celle-ci se rapporte plus à la question du sens qu’à la charge de travail. Elle concerne des salariés effectuant des tâches répétitives ou qu’ils jugent dénuées de sens, et non adaptées à leurs compétences. BLUR-OUT Dans ce cas, on note un manque de frontière entre la vie privée et la vie professionnelle. Un phénomène boosté par les nouvelles technologies, quand il devient difficile de ne pas vérifier ses e-mails en rentrant du travail.
À chaque problème, sa solution Comment éviter d’en arriver là ? Première chose, « s’en rendre compte », analyse Céline Molitor. La responsabilité va tant à l’individu qu’à son manager. « Ce sont souvent des profils similaires : des personnes perfectionnistes, ou Conscientes des risques, certaines entreprises ayant un besoin de reconnaissance », décrit-elle. mettent en place des processus spécifiques. Ensuite, se fixer des règles, distinguer l’urgent C’est le cas de SD Worx, société de ressources et l’important. L’Inspection du travail et des humaines qui emploie 70 personnes au Luxemmines (ITM) souligne « l’existence d’une rela- bourg. « D’abord, nous mettons l’accent sur la tion entre des styles managériaux à caractère sensibilisation », détaille Sébastien Genesca, abusif, irrespectueux, menaçant, hostile, har- managing director. Cela passe par des formacelant, dépourvus de signes de reconnaissance tions, par exemple pour apprendre à gérer son et le risque accru des maladies précitées parmi perfectionnisme. L’entreprise réalise aussi des les collaborateurs ». enquêtes de satisfaction trimestrielles anoQuand des questions de sens se posent, plu nymes, pour suivre le bien-être des salariés. sieurs options se présentent. « On peut ouvrir En cas de problème, un consultant externe le dialogue avec le manager si on manque de peut être appelé. Les employés ont accès à un challenge. Faire une pause pour réfléchir. Chan- coach externe par téléphone. Et lorsque ce ger sa vision du travail, du métier, du poste », n’est pas assez, un parcours de réintégration précise la psychologue. Ou, si cela ne suffit est prévu pour l’après-burn-out. En trois ans, pas, changer d’entreprise ou de voie. En tout le managing director assure n’avoir eu à gérer cas, après un burn-out, « on ne peut pas retour- qu’un seul cas de surmenage. ner travailler dans un environnement qui nous a rendus malades ». Auteur MATHILDE OBERT
SEUL(E), À DEUX OU À PLUSIEURS. RIEN NE CHANGE 20,67 POUR VOUS. POUR TOU L A FA M IL LT E E
Votre cotisation CMCM n‘augmente pas, même si votre situation familiale change.
Envie de devenir membre? Plus s‘infos sur www.cmcm.lu
cmcm_luxembourg
@cmcm_lu
CMCM Luxembourg
cmcm_lu
App
3 Lexique
Dans l’univers de la « médecine » non traditionnelle Entre les applications de méditation, les confé rences en ligne, les livres de développement personnel, les séances d’hypnose sur Youtube et les cabinets de sophrologues… un réel business s’est développé autour du bien-être. Pour réduire le stress ou soulager les douleurs, beaucoup se tournent vers des méthodes « différentes » de la médecine traditionnelle. Les études à leur sujet divisent bien souvent la communauté scien tifique. Mais pour certains patients, « ça marche ». Alors, à chacun de se faire son avis, en prenant garde aux possibles arnaques ou dérives sectaires. Pour ce faire, voici un lexique non exhaustif des méthodes les plus connues.
72
FÉVRIER 2021
Les techniques de détente… La méditation Installez-vous confortablement. Inspirez, expirez… Et voilà, vous êtes en train de méditer. La pratique existe depuis de nombreuses années et s’inscrit dans plusieurs traditions religieuses, mais elle s’est laïcisée au 21e siècle, notamment avec la notion de pleine conscience. Il suffit de fixer son attention sur l’instant présent, en suivant son souffle, par exemple, ou les sensations de son propre corps. On entend souvent parler de MBSR, pour mindfulness-based stress reduction (réduction du stress basée sur la pleine conscience), en référence à un programme développé par le professeur de médecine Jon Kabat-Zinn en 1979. Selon plusieurs études, sa pratique permet de réduire ruminations et stress, et donc tous les risques qui y sont liés. On peut aussi bien la pratiquer de manière guidée, avec un audio, ou seul, en se concentrant juste sur sa respiration pendant plusieurs minutes, de préférence avec un chronomètre, pour ne pas s’inquiéter du temps. La sophrologie La sophrologie ressemble un peu à la méditation, mais ajoutez-y des exercices de relaxation et décontraction musculaire, ainsi que de visualisation positive. On parle là aussi de réduction de la douleur, d’amélioration du bien-être, ou encore de libération d’addictions, mais les études divisent et, en France, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) l’inscrit dans son lexique des méthodes non conventionnelles qui, outre leur dangerosité potentielle pour certains, « permettent à leurs concepteurs d’obtenir des revenus très confortables ». L’hypnose L’hypnose correspond à un état « modifié » de la conscience, qui se situe entre la veille et le sommeil. On l’utilise de manière thérapeutique pour envoyer des messages au cerveau, qui les intérioriserait mieux que lorsqu’il est dans un état conscient. Les suggestions mentales sont alors diverses, pouvant aller d’une meilleure confiance en soi à un arrêt du tabac. Certains hôpitaux l’utilisent aussi auprès de leurs patients pour réduire la douleur. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en France, estime que les études montrent son intérêt en anesthésie peropératoire ou dans la colopathie fonctionnelle (côlon irritable), mais que ces dernières sont insuffisantes concernant d’autres bienfaits, comme le sevrage tabagique, par exemple. En apprenant les différentes étapes permettant d’entrer dans cet état, on peut également pratiquer l’autohypnose. Entre respirations profondes et détente du corps, elles ressemblent beaucoup à celles de la méditation.
L’acupuncture Comme l’hypnose, l’acupuncture fait partie des techniques non conventionnelles que l’on peut retrouver dans plusieurs établissements de soins traditionnels pour apaiser la douleur ou diminuer les effets secondaires d’un trai tement. La pratique puise ses origines dans la tradition médicale chinoise. Lors d’une séance, le praticien stimule avec des aiguilles certaines zones précises, appelées points d’acu puncture. On en aurait chacun 361 au total. Et ce, pour rétablir la circulation de l’énergie dans le corps au travers des différents méridiens, ou canaux d’énergie.
L’homéopathie Arnica, Oscillococcinum, Rhinallergy… les « m édicaments homéopathiques » sont connus. On en vend en pharmacie, et certains sont même pris en charge par la Caisse natio nale de santé (CNS). Pourtant, différentes études parlent plutôt d’un effet placebo. Le principe consiste à soigner un patient en diluant fortement des substances qui, si elles étaient concentrées, provoqueraient les mêmes symptômes que ceux qu’il rencontre.
La lithothérapie Autres médicaments alternatifs : les pierres. La lithothérapie prône les bienfaits de cristaux Le biofeedback pour soigner différents maux, physiques ou Entraîner son cerveau à mieux se concentrer mentaux, par leur résonance, chacun ayant des ou son rythme cardiaque à ralentir afin d’être propriétés différentes. Si certains vantent leurs plus détendu, c’est ce que propose le biofeed effets bénéfiques, là encore, on parle surtout back. Dans le premier cas, il s’agit de neurofeed d’effet placebo. back ; dans le second, de cohérence cardiaque. Les deux ont pour but de mesurer des fonctions L’aromathérapie organiques afin de les contrôler pour améliorer Si certains aiment leur odeur, les effets des d’une manière ou d’une autre sa santé. Par huiles essentielles pour se relaxer ou soigner exemple, lors d’une séance de neurofeedback, certains maux ne mettent pas tout le monde un exercice consiste à regarder un film dont la d’accord. Extraites de plantes et distillées, qualité varie selon le niveau de stress, ce qui est donnant une version liquide hautement censé agir comme un système de punition / récom concentrée, elles peuvent même être nuisibles pense pour le cerveau. En cohérence cardiaque, si elles sont mal utilisées, voire entrer en on respire à un certain rythme pendant cinq contradiction avec certains traitements. Il est minutes, pour rééquilibrer son rythme cardiaque donc recommandé de consulter son médecin au cours des heures suivantes. au préalable. Le reiki D’origine japonaise, le reiki (pour « énergie de l’esprit ») mêle méditation, relaxation et rééqui librage des énergies par le toucher. Il vise ainsi à améliorer le bien-être et à apaiser certaines douleurs. Les dangers de dérives sectaires qui y sont liés inquiètent la Miviludes.
Les fleurs de Bach Au nombre de 38, chaque fleur de Bach est censée remédier à un problème différent : manque d’énergie, sentiment de solitude… Il s’agit, selon leurs concepteurs, de fleurs par ticulières (issues du jardin de leur fondateur, Edward Bach) qui sont ajoutées à de l’eau de
98
100
79
80
60
45 40
25 20
0 1999
2005
2012
2018
ÉTATS MEMBRES AYANT INSTAURÉ UNE POLITIQUE EN MATIÈRE DE MÉDECINE TRADITIONNELLE ET COMPLÉMENTAIRE Sur 179 membres de l’Organisation mondiale de la santé ayant répondu à une enquête – le Luxembourg faisant partie des 15 qui n’ont pas participé –, 98 disaient, en 2018, avoir mis en place une politique en matière de médecine tradi tionnelle et complémentaire, soit plus de la moitié. Un chiffre qui montre l’importance que prennent ces sujets dans la société, puisque, en 1999, ils n’étaient que 25.
15.000 UTILISATEURS
C’est le nombre moyen d’utilisateurs par jour qu’aurait enregistré l’application de méditation de pleine conscience Petit Bambou lors du confinement, contre 5.000 en temps normal.
source, traitées par solarisation ou ébullition, mélangées avec du brandy, puis diluées. Encore une fois, on note surtout un effet placebo. La luminothérapie Les petites baisses de moral en hiver peuvent s’expliquer par le manque de lumière du soleil, qui semble chaque jour se coucher trop tôt. Pour remédier à la dépression saisonnière, plusieurs études vantent les mérites de la lumi nothérapie, une thérapie par la lumière. Il s’agit d’exposer quotidiennement ses yeux à un écran ou une lampe de luminothérapie, générale ment pendant 30 minutes, diffusant une lumière blanche dont l’intensité (environ 10.000 lux), différente selon les modèles, s’apparente à celle du soleil. L’objectif étant de synchroniser les rythmes biologiques. On peut se procurer ce genre d’appareil dans certaines pharmacies ou des magasins d’électroménager, ou consulter un luminothérapeute. Les sports axés sur le bien-être Le sport peut également servir d’outil pour amé liorer sa santé. De la course à pied au tennis, tous ont leurs bienfaits, physiques, mais aussi moraux, par la libération de dopamine, l’hor mone du plaisir. Certains se veulent particuliè rement axés sur la détente et le bien-être. C’est le cas du yoga, qui trouve ses origines en Inde. En Occident, on le pratique en suivant diffé rentes postures associées à des exercices de respiration. À ne pas confondre avec les pilates, inventés au début du 20e siècle par Joseph Pilates. Il s’agit d’une série d’exercices pour améliorer la posture et la souplesse, tout en renforçant les muscles, où l’on se concentre plus sur le côté physique que spirituel. Autre exemple, le qi gong est une gymnastique tradi tionnelle chinoise où l’on associe sa respiration à des mouvements lents et doux. OMS
Et des outils différents…
Source
Des praticiens différents…
Auteur MATHILDE OBERT
FÉVRIER 2021
73
4
Parmi les méthodes non traditionnelles, le neuro feedback vise à réguler l’activité neuronale pour soigner certains troubles, ou améliorer son bien-être. Afin de mieux comprendre de quoi il s’agit, François Altwies nous a accueillis pour un test. Le cabinet Neurofeedback Luxembourg se cache à l’intérieur du Centre médical Rollingergrund, à Luxembourg-ville. Une petite pièce coincée entre les Laboratoires Réunis et le Centre de psychologie. Au milieu, un bureau. Dessus, une sorte de casque formé d’électrodes, que le praticien en neurofeedback, François Altwies, commence par déposer sur ma tête, après les avoir imbibées d’eau salée. Devant mon regard un peu inquiet, il me rassure, en souriant : « Je ne lis pas dans les pensées, contrairement à ce que beaucoup pensent. » C’est au moment où il vérifie une par une que les 24 électrodes sont bien fixées que ses patients lui confient habituellement la raison pour laquelle ils le consultent. « Les raisons principales, c’est l’insomnie, le stress ou la gestion des émotions », révèle-t-il. Soit en prévention, soit après avoir « tout essayé ». Ici, en tant que testeuse, je n’évoque rien et le laisse analyser
librement mon cerveau. Il m’explique qu’il va effectuer un électro-encéphalogramme. « On mesure l’activité électrique du cerveau. Pour cela, on va enregistrer la tête au repos, 5-6 minutes les yeux ouverts, et 5-6 minutes les yeux fermés. Au repos, parce qu’il y a toutes les informations qu’il faut pour prédire ce qui marche dans le cerveau ou pas. » Comment ? « J’ai l’habitude de lire le signal, et j’ai des bases de données avec lesquelles on effectue des ‘matches’ », simplifie-t-il. « Votre mission est donc de rester là et de ne pas trop réfléchir. » Je m’exécute. Quelques minutes plus tard, il m’interrompt dans mes pensées pour m’indiquer que le temps est écoulé. Je m’attendais à un diagnostic classique : vous êtes stressée, etc. Pourtant, il me demande : « Est-ce que vous pratiquez la méditation ? » Je confirme, même si je n’ai pas spécialement médité pendant l’analyse. Il me montre à l’écran le graphique des ondes de mon cerveau (appelé « brain map »), qui diminuent après quelques secondes. « Quelqu’un qui n’a pas appris les techniques de méditation ne sait pas le faire. » Autre surprise : il remarque que j’ai subi un choc à la tête. En effet, je m’étais cognée la veille, mais ce n’était pas visible. À part cela, il soulève des détails plutôt vrais, mais aussi communs, liés au stress.
LE CERVEAU DÉCRYPTÉ PAR LE NEUROFEEDBACK Résultats de l’électro-encéphalogramme : comparaison des niveaux d’activation des différentes ondes du cerveau à un panel de statistiques correspondant à la «norme» de la population, en suivant une courbe de Gauss.
Courbe de Gauss -3
-2
-1
0
1
2
Ondes
Delta
Theta
Alpha
Beta
High beta
Fonctions
Sommeil profond
Hypnose, créativité, rêve
Relaxation, méditation
Concentration en pleine activité
Hypervigilance
État normal
Anxiété
3
Du burn-out aux troubles de l’attention Normalement, la première séance s’arrête après l’enregistrement. Le patient reçoit ensuite par mail une évaluation cognitive à réaliser chez lui, qui ressemble à un test de QI, mais n’en est pas un. Puis, François Altwies présente les résultats lors d’une seconde séance, où l’on peut choisir de suivre ou non les entraînements. Pour cet article, j’ai pu directement les effectuer, en accéléré. D’abord, il y a la neurostimulation. En plus des électrodes sur ma tête, le praticien en ajoute derrière mes oreilles – qui chatouillent – pour stimuler mon nerf vague et aider à la détente. Il me demande aussi de poser un appareil chaud sur mon ventre pour stimuler la production de sérotonine, souvent appelée hormone du bonheur. Et ce, pendant une dizaine de minutes. Vient ensuite le neurofeedback. Toujours assise sur ma chaise, je visionne le début d’un film, dont le son et la luminosité varient en fonction des ondes de mon cerveau. En gros, la qualité diminue quand je suis stressée pour que mon cerveau apprenne à se détendre. Neurostimulation et neurofeedback sont liés. Avec la première, « j’envoie une information au cerveau par des ondes électriques ou magnétiques. Si vous n’arrivez pas à dormir parce que vous avez trop d’ondes rapides, je vous stimule le cerveau avec une onde relaxante, et il aura beaucoup plus de facilité à se mettre dans cet état, puisqu’il y aura déjà été. » Alors qu’avec le neuro feedback, « je lui apprends à le faire lui-même. Le but est que le cerveau retrouve sa capacité d’autorégulation. » Ainsi, « la neurostimulation décuple les effets du neurofeedback ». Je m’interroge alors sur la possibilité, si l’outil tombe entre les mains d’une personne malveillante, de stimuler le cerveau de manière négative. « Non, cela n’existe pas. J’utilise des bases de données qui viennent de logiciels », répond François Altwies. Finalement, je sors de la séance avec un léger mal de tête. Difficile de savoir en si peu de temps si les exercices ont fonctionné, mais je peux dire que le diagnostic semble exact. Avec 1.300 cerveaux analysés depuis ses débuts en 2015, François Altwies assure en tout cas : « J’aide les gens à aller mieux », que ce soit dans le cadre d’un burn-out, de troubles de l’attention, ou encore de l’apprentissage chez les enfants. Une séance de neurofeedback coûte 130 euros et n’est pas remboursée par la CNS. Il faut généralement s’engager sur au moins 10 séances. Auteur MATHILDE OBERT
74
FÉVRIER 2021
Photo
J’ai testé pour vous… le neurofeedback
Jan Hanrion (archives)
Expérience
3 RAISONS DE SE FAIRE TESTER MALGRÉ LA BAISSE DU NOMBRE DE NOUVEAUX CAS :
1
2
MÊME SANS SYMPTÔMES
VOUS POUVEZ ÊTRE CONTAGIEUX POUR LES AUTRES.
EN SE FAISANT TESTER
ON CONTRIBUE À MAÎTRISER LA PANDÉMIE, ET CELA NOUS AIDE À DÉTECTER L’ARRIVÉE DE NOUVELLES VARIANTES DU VIRUS.
LE DÉPISTAGE PROTÈGE DES VIES :
3
EN CAS DE RÉSULTAT POSITIF, DES MESURES IMMÉDIATES PEUVENT ÊTRE PRISES : POUR VOUS PROTÉGER ET PROTÉGER LA VIE DE CEUX QUI VOUS SONT CHERS.
www.covid19.lu
5 Addiction
Comment le Luxembourg se situe-t-il par rapport à d’autres pays ? La dernière étude représentative au Luxembourg date de 2015 et n’a inclus que des adolescents. À cette époque, on note 3,4 % d’addiction et 6,7 % d’utilisation problématique d’internet. Et pour les jeux informatiques, 2,2 % d’addiction et 4,8 % de cas problématiques. Des chiffres similaires à ceux des autres pays. De 2017 à 2019, les demandes dans notre asbl ont triplé, ce qui, à mon avis, est dû à une plus grande prise de conscience. En revanche, elles 76
FÉVRIER 2021
Les jeunes sont-ils les seuls concernés ? La dépendance aux écrans affecte les personnes de tous les groupes d’âge, la tranche 14-24 ans étant cependant significativement plus forte, avec un pic de prévalence clair à 15-16 ans. Y a-t-il des dépendances aux écrans plus difficiles à soigner que d’autres ? La « dépendance aux écrans » n’existe pas officiellement en tant que maladie. L’OMS parle seulement de « trouble du jeu vidéo ». Mais les médias sociaux sont également utilisés par certains d’une manière qui pourrait être qualifiée d’addictive. La déficience fonctionnelle la plus forte dans la vie quotidienne se trouve dans le trouble du jeu vidéo en ligne. Jouer peut en fait répondre à des besoins psychologiques de base comme la reconnaissance, l’expérience d’auto-efficacité et l’estime de soi. Quelles sont les autres conséquences de l’addiction aux écrans ? Le manque d’exercice, d’hygiène et les dommages au niveau de la posture sont des problèmes courants sur le plan physique. L’usage excessif non addictif est associé à un risque plus élevé d’obésité et de diabète en raison du mode de vie sédentaire. En cas de manque de
3,4 % L’addiction des adolescents luxembourgeois à internet atteignait 3,4 % en 2015, et l’utilisation problématique 6,7 %, selon l’association Ausgespillt / Game Over.
Peut-on comparer l’addiction aux écrans à d’autres, comme à l’alcool ou aux drogues ? Bien que les processus de développement de la dépendance dans le cerveau soient compa rables, les symptômes de sevrage purement physiques dans les troubles du comportement sont naturellement moins prononcés, tout comme le potentiel de préjudice physique direct. Cependant, la prévalence dans la population générale est plus élevée que dans le cas des drogues illicites et à peine inférieure au niveau de dépendance et d’abus d’alcool. La perception est aussi plus compliquée : on réagit différemment en remarquant que son enfant consomme de l’alcool seul dans sa chambre que par rapport à ses comportements sur Instagram. Pour se libérer d’addictions, on prône souvent l’abstinence. Comment cela se passe-t-il pour les écrans, omniprésents ? On tente de renforcer le contrôle des impulsions et l’autogestion, et de trouver un équilibre avec les autres espaces de la vie. La recherche d’activités alternatives suffisamment attractives joue un rôle majeur. En particulier celles qui, sans écran, peuvent satisfaire des besoins psychologiques de base comme la reconnaissance, la réussite, l’estime de soi. Quelle limite ne pas dépasser derrière un écran ? Ils sont déconseillés aux enfants de moins de 3 ans. Il est ensuite important de voir comment ce temps est utilisé. Chez les ados, à partir de deux heures d’utilisation après l’école, la qualité du sommeil diminue. Auteur MATHILDE OBERT
Ausgespillt / Game Over
99 % des adolescents se connectent quotidiennement à internet au Luxembourg, selon le Statec. Des études internationales font état de 5 heures passées chaque jour en moyenne derrière les écrans, d’autres parlent du double… À partir de quand parlet-on de dépendance ? Le temps que les enfants et adolescents passent quotidiennement sur des médias numériques a doublé entre 2007 et 2017, et reste à un niveau élevé. Une durée d’utilisation croissante est en corrélation avec un risque de dépendance croissant, mais il n’y a aucune base scientifique pour tracer une ligne à un nombre d’heures donné. Il faut surtout regarder le contrôle qu’on a sur ces comportements d’utilisation et la priorité qu’on donne aux écrans dans notre vie par rapport à d’autres domaines, comme l’école, le travail, la santé, l’hygiène, la vie sociale et familiale. Si ces derniers se retrouvent fortement affectés pendant une période longue, la notion d’addiction peut être considérée.
ont chuté avec la crise du Covid-19, en lien sans doute avec le travail et les cours en ligne.
sommeil, les capacités de concentration sont affectées et, à long terme, le risque de maladie augmente. Quand l’école et le travail sont négligés, on fait face à une perte d’emploi ou d’opportunités futures. La négligence des autres activités et des contacts sociaux réels conduit de plus en plus à l’isolement. Le centre de récompense dans le cerveau se modifie peu à peu, de sorte que d’autres activités deviennent de moins en moins attrayantes et qu’un cercle vicieux se forme. Les impacts peuvent aussi être financiers. Une jeune femme est venue chez nous parce qu’elle avait dépensé 19.000 euros dans des jeux vidéo sur mobile. Enfin, des décès se sont déjà produits en Asie pour cause de déshydratation et d’épuisement. Ces joueurs avaient aussi pris des amphétamines.
Photo
Comme d’autres addicts, ceux qui sont accros aux écrans ont leurs interlocuteurs. Au Luxembourg, on peut se tourner vers l’association Ausgespillt / Game Over, qui s’occupe aussi des problèmes d’addiction aux jeux, liés aux écrans. Le point sur ce fléau parfois difficile à reconnaître avec son directeur, Andreas König.
« Regarder la priorité qu’on donne aux écrans dans notre vie »
Collaborative Culture By building strong teams that draw on our combined experience, expertise and contacts across the world, we deliver the best possible search results.
odgersberndtson.com
6 Technologies
Des applis pour prendre soin de sa santé Méditation, nutrition, analyse du sommeil… Pour rendre vos heures passées derrière les écrans plus bénéfiques pour votre santé, voici une liste d’applications dédiées.
3 4
Auteur MATHILDE OBERT
1
2
78
Méditer avec Petit Bambou « Choisissez la position qui vous semble la plus confortable. Prenez une grande inspiration par le nez, et expirez doucement par la bouche. » Des séances d’initiation à la méditation de pleine conscience, dont certaines réalisées par le célèbre psychiatre français Christophe André, à celles axées sur des thématiques comme le sommeil ou le travail, l’application Petit Bambou, basée au Luxembourg, propose plusieurs programmes. L’accès aux bases est gratuit, mais il faudra prendre un abonnement d’environ 5 euros par mois pour profiter de toutes les méditations. D’autres applis proposent des programmes similaires, comme Meditopia ou Calm. Respirer avec RespiRelax+ Modifier son rythme cardiaque pour réduire le stress, c’est le principe de la cohérence cardiaque. Pour ce faire, il faudrait, selon les concepteurs de l’application, effectuer six cycles de respiration par minute pendant cinq minutes, dans l’idéal trois fois par jour. Cela permet en tout cas de s’accorder une pause pour souffler plusieurs fois dans la journée. Pour suivre le bon rythme, des applications proposent de synchroniser sa respiration à un objet qui se déplace de haut en bas, comme RespiRelax+, développée par les thermes d’Allevard, en France.
FÉVRIER 2021
5
Faire le point avec Mon Sherpa L’application Mon Sherpa se présente comme une sorte de psychologue virtuel. On peut « discuter » avec le sherpa de ses problèmes, tenir un suivi quotidien de son humeur et de la qualité de son sommeil, ou effectuer des exercices thématiques selon ses objectifs – moins d’anxiété, plus de bonheur... Autre possibilité : programmer des rappels au moment de prendre ses médicaments, qu’ils aient rapport ou non avec les sujets ci-dessus. Mieux manger, des courses à l’assiette, avec Yuka et Foodvisor Il n’est plus rare de voir des clients scanner des produits de magasin avec leur smartphone. L’application Yuka donne une note sur 100 aux aliments, ainsi que des détails sur le niveau de calories, sucres ou graisses et propose également un produit alternatif avec un meilleur score. Et pour un suivi plus précis, l’application Foodvisor permet de scanner chaque repas et de calculer le nombre de calories apportées par rapport aux doses recommandées.
Surveiller son état avec Santé L’application Santé de l’iPhone permet un suivi plutôt complet de son état de santé : du nombre de pas effectués par jour aux heures de sommeil, avec un rappel au moment de se coucher pour respecter ses objectifs. Avec l’Apple Watch, on peut aussi suivre son rythme cardiaque. Et pour ceux qui ne sont pas équipés de la marque à la pomme, les autres acteurs (Samsung, Huawei...) ont éga lement et très souvent leur propre application de santé, qui peut être combinée à une montre connectée. Des applications individuelles sur les différents stores comme Sleep Cycle ou Podomètre proposent des fonctionnalités similaires.
La santé préventive peu remboursée Prendre soin de sa santé de manière préventive a un coût. Dans le cas où ces actions auraient un effet bénéfique, elles permettraient même d’alléger les dépenses de la Caisse nationale de santé (CNS). Interrogée à ce sujet, elle assure pourtant que « les soins comme l’hypnose, la sophrologie ou l’acupuncture ne sont pas pris en charge ». Seulement « certains médicaments homéopathiques le sont ». Ils sont une vingtaine, listés sur le site internet. « Les prestations à charge de l’assurance-maladie accordées à la suite des pres criptions et ordonnances mé dicales doivent correspondre au mieux à l’état de santé des assurés. Elles ne peuvent dépasser l’utile et le nécessaire, et doivent être faites dans la plus stricte économie com
patible avec l’efficacité du traitement et être conformes aux données acquises par la science et à la déontologie médicale », justifie alors la CNS. Verra-t-on apparaître, à terme, le remboursement de soins non traditionnels ? « La prévention est un des six thèmes principaux élaborés dans le cadre du Gesondheetsdësch (plan national de santé, ndlr) », répond seulement le ministère de la Santé. Concernant le remboursement des soins des psychothérapeutes, prévu par la loi, la Fapsylux, qui représente le métier, dénonce des contraintes im portantes, comme l’obligation d’une ordonnance du méde cin traitant. Suite à un avis du Conseil d’État, le ministère de la Santé a assuré être en train d’adapter le règlement.
1 1
Profile analysis By analysing a combination of behaviour, Profile analysis
Job profile By evaluating candidate against the Jobtheprofile
attitudes and values, obtain an impartial picture By analysing a combination of behaviour, of your candidate and his ideal attitudes and values, obtain an impartial picture environment. of yourwork candidate and his ideal
jobBy profile, gain athe comprehensive assessment evaluating candidate against the of their dissensions and compatibilities to job profile, gain a comprehensive assessment make an informed hiring decision. of their dissensions and compatibilities to
work environment.
make an informed hiring decision.
3 3
4 4
Stress quotient By identifying individual and workplace stress Stress quotient in identifying seven indexindividual factors, learn to address By and how workplace stress and influence collective productivity instress seven index factors, learn how to address andinfluence workplace satisfaction. stress and collective productivity and workplace satisfaction.
*Lilith *Lilith Project Project uses uses exclusively exclusively 4 TTI4success TTI success insights, insights, HR management HR management toolstools
2 2
Innovative solutions for Human Ressources. Lilith Projectsolutions provides HR forRessources. companies, Innovative forservices Human selecting, evaluating and training their employees. Lilith Project provides HR services for companies, Based on products from TTI Success Insights*, Lilith Project selecting, evaluating and training their employees. allows the leader to streamline the recruitement Based on products from TTI Success Insights*, Lilith and Project achieve a maximum productivity. allows the leader to streamline the recruitement and achieve a maximum productivity.
Emotional Quotient By empowering an individual to comprehend Emotional Quotient hisempowering emotional intelligence, develop improved By an individual to comprehend acumen & insight to facilitate collaboration his emotional intelligence, develop improved and & adaptability in the workplace. acumen insight to facilitate collaboration and adaptability in the workplace.
The Lilith Project SĂ rl 71,The avenue Gaston Diderich Lilith Project SĂ rl L-1420 Luxembourg 71, avenue Gaston Diderich www.lilith.lu L-1420 Luxembourg www.lilith.lu
Portfolio
Journal intime
80
FÉVRIER 2021
Photographe et auteur SOPHIE MARGUE
Photographe et sportive de haut niveau, Sophie Margue partage ses réflexions et émotions par rapport à une année pas comme les autres. Alors qu’en temps normal, une semaine peut contenir jusqu’à près de 20 heures d’entraînement, Sophie s’est retrouvée enfermée dans son appartement de 100 m2 au printemps dernier. Pour s’occuper, elle décide de réaliser un autoportrait par jour jusqu’à la fin du confinement… puis elle découvre, entre autres, que nager sur place, attachée à une lanière dans une toute petite piscine, une heure durant, représente l’ultime liberté. Depuis sa première course en 1996, alors qu’elle avait six ans, Sophie enchaîne les courses à l’international. En 2020, la triathlète avait prévu de réaliser son premier Ironman, alors que la dernière course de l’année, au Portugal, a finalement été annulée. Celle qui démarre sa journée par la pratique du yoga nous livre des extraits de son journal intime de mars à octobre 2020. Récit en plusieurs langues. M. K.
22.03.2020 Call it influenza, call it Corona, call it whatever you want – one thing’s for sure, the last six days have been quite horrible. I’m finally feeling slightly better today and I’ve got a ‘musette’ full of motivation for the upcoming weeks in quarantine – because, hey, my quarantine area has just been extended from a 140cm bed to a whole 100sqm apartment with a balcony! FÉVRIER 2021
81
24.03.2020 I start to realise that – job-wise – I probably won’t touch my camera for the next few weeks or even months. “Toute activité artisanale hors atelier est interdite à partir du 20 mars 2020 à 17 h.” “Toutes les activités commerciales et artisanales qui accueillent un public sont interdites.” I take my camera with me for my first 20-minute walk outside.
82
FÉVRIER 2021
30.03.2020 First, I photographed flowers – that was fun for exactly ten minutes. Then, I photographed our ‘ghost city’ – that was fun for another two days. Next, I didn’t photograph any thing at all – that was depressing for the following three days. During these days, I realised what I actually missed in my pictures: people. So, I started thinking about a new project that could keep me busy for more than three days, which includes at least one human being, is feasible in my apartment and with no direct social contact. In the end, I came up with this very personal challenge: one self-portrait a day, until I’m free to work again.
FÉVRIER 2021
83
01.04.2020 Ech doe mäi Maillot un, pake mäi Schwammkuerf, krope mir mäi Buedmantel a ruffe „bis dono!“. Ënnen am Keller maachen ech de Lastik op där enger Säit un der Leeder an op där anerer Säit ronderëm menger Hëft fest, doe meng Kopfhörer un a sprangen an d‘Waasser. 1h schwammen. Op der Plaz. Ugestréckt. An normalen Zäiten onvirstellbar, am Moment fillt et sech u wéi Fräiheet.
84
FÉVRIER 2021
FÉVRIER 2021
85
04.04.2020 It’s only day 6 of my isolation project and I’m already tired of photographing myself every day. Today, I just don’t feel like showing my face. I decide to create a more metaphorical portrait, depicting my current mood – and give myself a break.
21.04.2020 Ich bin doch eigentlich eine sehr fröhliche Person, stets darauf bedacht mein Leuchten mit den Menschen um mich herum zu teilen. Doch mein uner müdliches Licht ist nun wie eingefangen, tief in mir drin. Ich darf es nicht mehr zeigen, nicht mehr weitergeben, nicht mehr leben. Ich halte es mit beiden Händen fest, um es nicht zu verlieren. Aufbewahrt für später, wenn sich die Türen wieder öffnen.
86
FÉVRIER 2021
10.05.2020 Today’s the last day of my quarantine project. From 11 May onwards, I am free to work again. For my last self-portrait, I draw a black line above my nose. Now, this is what you’ll see on my photographs in the future. Ears, eyes, eyebrows, forehead, hair.
29.07.2020 Ech sinn ënnerwee fir ee vun de wéinegen Jobbe vum Summer. Eng PortraitSeance zu Esch-Belval. Et ass e sonnegen, waarmen Dag.
FÉVRIER 2021
87
26.08.2020 Et ass Summer. Keng Jobben, keng Courssen, mä eng Vakanz, déi sech (bal) normal ufillt an Hoffnung gëtt. Hei fannen ech mech domat of näischt ze maachen. D‘Vakanzass jo dofir do. Ech ootmen op a sammelen Energie fir déi nächst Méint.
88
FÉVRIER 2021
08.10.2020 Zënter dem 01. September hat ech keen D ag méi fräi. Aus „keng Aarbecht“ ass „ze vill Aarbecht“ ginn. Ech schaffe wéi geckeg, gesi keen Enn méi an den Fotoen. Ech si midd. Ech sti moies op a sëtze mech mat menger Müslisschossel virun de Computer, et ass nach däischter dobaussen. Ech well Paus, mä ka mir keng erlaben. Ze vill hunn ech wärend dem Confinement verluer a virun allem - wie weess wéi et déi nächst Méint weidergeet, op rëm alles vu vir ufänkt?
FÉVRIER 2021
89
90
FÉVRIER 2021
22.10.2020 So, this is it for now. The Ironman in Portugal was cancelled, too. This is the first year without any competition since I started racing in 1996 at the age of 6. However, looking back at the last two months, I must admit that there still have been some wonderful sporting highlights: four fun days of cycling with friends in the Vosges, seven days of open water swimming in the most beautiful lake of the Alps, a wonderful 3rd edition of climbing the Passo dello Stelvio with my family, a surprisingly fun and fast 1st edition of running 42.2km and – maybe my biggest win this year – only two sessions at the physiotherapist. I felt good, fast and strong over the last two months and that’s worth quite a lot in these uncertain times. We must have done a lot of things right.
FÉVRIER 2021
91
Débat public Among many other issues that human civilisation is facing at the beginning of the 21st century – and that have been made visible through a magnifying glass during the pandemic – so-called monocultures are being deeply challenged in many respects. The industrial era has been characterised by seeking ever more efficiency through streamlining our economic, social and natural systems. The result is that we built multilevel intertwined monocultures that proved to be very efficient by boosting productivity in the short run. But a condition for that short-run optimisation to last is that nothing substantially changes in the environment we operate in and that we can comfortably make predictions based on our (biased) linear understanding of evolution. In reality, however, we already know for some time that in many areas such monocultures, in the constant sake for the extra penny to be saved, also present some substantial pitfalls: in the long run, they are much more vulnerable to exogenous shocks like the pandemic than so-called permacultures, a concept originating from agriculture. In fact, monocultures don’t integrate complexity and uncertainty into their planning philosophy and don’t take into account all possible, known and unknown interactions of all elements of a system over time. There are many examples of this vulnerability of monocultures: globalised and specialised just-in-time supply chains have been considerably hit by the pandemic; the large dependence on
Sylvain Cottong Economist and futurist cross-border workers of the Luxembourg economy and especially the health sector have put Luxembourg in a very delicate position during the pandemic; shrinking biodiversity is one of the major reasons for the potential increase of zoonoses and the resulting pandemics; in agriculture, permaculture is certainly less yielding, but therefore self-regenerative without needing the tons of chemicals and integral yearly replanting/reseeding (and watering) like in traditional agriculture; economies that rely only on a few sectors may benefit in the short run from high yields but are highly vulnerable if the environment changes; in IT, distributed mesh networks are less vulnerable to disruption than traditional client-server infrastructure; mammals naturally seek genetic mixing in their reproduction behaviour to make their descendants more resistant to natural, biological and social threats. The main learning: in times of increased complexity and uncertainty, where the unexpected is happening at an ever-higher pace, monocultures become a real threat to our civilisation by weakening our resilience against this increasing number of systemic shocks and challenges.
Increasing complexity and growing uncertainty push our governance and operating models towards more diversity & redundancy, says economist Sylvain Cottong. PHOTO ANDRÉS LEJONA
92
FÉVRIER 2021
NOVEMBRE DÉCEMBRE 2020
93
Paperjam Week-end C’est le moment détente, découverte et plaisir de la semaine avec des bons plans évasion, des conseils bien-être et le podcast du week-end.
La famille Paperjam Paperjam Running Cette nouvelle newsletter mensuelle présente l’actualité running, les meilleurs parcours, ainsi que des conseils sportifs et pratiques.
Paperjam Green Le rendez-vous mensuel des particuliers et des professionnels confrontés à la transition écologique.
s’agrandit ! Paperjam Finance L’incontournable du mois pour le secteur financier au Luxembourg.
Abonnez-vous à nos nouvelles newsletters sur :
Bienvenue au Club ! 96
Business club
Chers lecteurs, L’année 2021 débute sous le signe du changement et de la nouveauté au Paperjam Club. Tout d’abord, notre nom change : soucieux d’intégrer encore mieux la communauté internationale d’affaires du Luxembourg et de la Grande Région, le Paperjam Club adapte son offre et devient Paperjam + Delano Club. Ce New Deal, lancé récemment, est né suite aux besoins exprimés par nos membres et propose une valeur ajoutée plus importante encore. Ainsi, les nouveaux modules permettront à nos membres d’échanger et de développer leur réseau d’affaires en plus petits cercles, avec un programme dédié aussi bien aux collaborateurs qu’aux dirigeants, administrateurs et actionnaires. Par ailleurs, Julien Delpy, notre directeur, s’envole vers de nouveaux horizons. Au nom de toute l’équipe, je salue la vision et l’énergie qu’il a mises au service du développement du Club. En espérant bientôt vous rencontrer personnellement, je vous invite à visiter notre site pour plus d’informations sur le New Deal et nos futurs événements. Prenez soin de vous,
FÉVRIER 2021
ANA WISCOUR-CONTER Ana est la nouvelle deputy director du Paperjam + Delano Club. Elle est revenue au Grand-Duché, où elle a grandi et commencé sa carrière.
1
Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou interna-tionaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.
Learn Offrez à vos colla borateurs un programme de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispensées sur neuf journées par les experts membres du Club.
2
Le Club en chiffres
Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club
1.300 SOCIÉTÉS
C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.
18.000 PERSONNES
Jan Hanrion (archives)
C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.
Photos
383
ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 400 événements par an auxquels vous pouvez participer.
500 HEURES
Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup plémentaire pour vos employés.
Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !
COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ? Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.
Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.
3
4
1 Andrea Jagicza (JAD Luxembourg Interior Design) 2 Darron Haylock (Foster + Partners) 3 Martin Guérin (Luxembourg-City Incubator) 4 Marie Schaeffer (Zap)
FÉVRIER 2021
97
Ne manquez pas
Business club Février
Mercredi 10 février
Jeudi 25 février
CLUB TALK
Décider en temps de crise
La décision est précédée de phases incontournables soumises à l’impact de biais cognitifs qui sont autant de pièges prêts à se refermer sur le décideur. Patrick Desjardins (ancien général de l’Otan) développera les différentes caractéristiques de la prise de décision en situation de crise, les méthodes d’application, ainsi que les obstacles rencontrés et les possibles solutions à appliquer. Inscrivez-vous
PROGRAMME 18:30 – 19:30 Livestream
10�6
Women : 10(0) femmes pour diriger
Même si, en théorie, la diversité est reconnue comme une force pour les organisations, en pratique, les comités de direction restent encore très, trop, masculins. Après le succès de son numéro de mars 2020 consacré à « 100 femmes pour votre conseil d’administration », le magazine Paperjam vous présentera, dans son édition de mars 2021, 100 profils de femmes qualifiées, à considérer pour votre comex. Lors de ce 10 × 6, 10 d'entre elles prendront la parole sur scène. Inscrivez-vous PROGRAMME 18:30 – 22:30 LIEU Athénée de Luxembourg SPONSOR
Jeudi 18 mars CEO & ENTREPRENEURS COCKTAIL
État des lieux postCovid-19 des finances de l’État et l’impact sur la fiscalité Pour le premier CEO Cocktail de l’année, le Paperjam + Delano Club vous propose un débat sur la situation et l’impact économique et fiscal du Covid-19, avec Michèle Detaille (No-Nail Boxes – Groupe Alipa), n°1 du Paperjam Top 100, ainsi que Nicolas Henckes (CLC).
Inscrivez-vous
PROGRAMME 18:30 – 22:30 LIEU European Convention Center Luxembourg (ECCL) SPONSOR
98
FÉVRIER 2021
Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Notre place financière, c’est nous tous.
Notre place financière emploie plus de 50 000 personnes, allant des banquiers, gestionnaires d’actifs, assureurs, juristes, comptables, auditeurs, économistes, aux informaticiens, graphistes, cuisiniers, Déi chauffeurs, Lëtzebuergerpersonnel Finanzplaz,de FinTemoluptati nimo que ea sécurité et temperis bien d‘autres encore. commolor mi, susae vit omnis doluptio. Itaturde autnotre etur?place Ibus, ulles qui Découvrez qui contribue à la diversité financière derisur cum voluptatet et ullabor atur, qui ra dolores ciumquas ium que www.eisfinanzplaz.lu laut velenis cillab ius dolorro por pratestet, op www.eisfinanzplaz.lu
Le programme
Business Club Février
Mardi 2 février
Mardi 9 février
Delano Breakfast Talk: Talents for the financial centre of tomorrow
Mardi 23 février FORMATIONS AVANCÉES
Boostez votre middle management : maîtriser les fondamentaux du management
HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Sofitel Le Grand Ducal SPONSOR Luxembourg for Finance
HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés
Mercredi 3 février WORKSHOPS
Mercredi 24 février
Journée de formations HORAIRE 09:30 – 17:15 LIEU Abbaye de Neumünster Mercredi 10 février CLUB TALK
Décider en temps de crise HORAIRE 18:30 – 19:30 Livestream
WEBINAR
Transfer fund shares seamlessly with blockchain HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream Jeudi 4 février
EVENTS SERIES
Vendredi 12 février
Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Novotel Luxembourg Centre
Start-up Stories Round 1 HORAIRE 18:00 – 20:00 LIEU À venir Jeudi 25 février 10×6
Mercredi 17 février
Women : 10(0) femmes pour diriger HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Athénée de Luxembourg SPONSOR Enovos Vendredi 26 février
Marketing Breakfast : Augmenter la croissance des entreprises grâce au marketing HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Silversquare Vendredi 5 février
Breakfast New Members HORAIRE 09:00 – 09:45 Livestream
WEBINAR
Anticiper les risques, l’une des clés de la réussite d’une transmission d’entreprise HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream
Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 09:00 – 09:45 Livestream
Retrouvez le programme complet
100
FÉVRIER 2021
Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
10(0) femmes pour diriger
TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED
JEUDI
Même si en théorie la diversité est reconnue comme une force pour les organisations, en pratique, les comités de direction restent encore très, trop masculins. Après le succès de son numéro de mars 2020, 100 femmes pour votre conseil d’administration, le magazine Paperjam vous présentera, dans son édition de mars 2021, 100 profils de femmes qualifiées à considérer pour votre comex. Lors de ce 10×6, 10 d'entre elles prendront la parole sur scène.
Avec la participation, entre autres, de : Béatrice Belorgey, BGL BNP Paribas Luxembourg Corinne Lozé, Orange Luxembourg Charlotte Pedersen, Luxaviation Pascale Toussing, Administration des contributions directes Laurence Zenner, CFL Cargo
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB
25 FÉVRIER
18H30
Flashback
1
“What is actually industry 5.0?” Thomas Musiolik Managing director & CTO
4
3
5
7
6
Vos événements : 8
Le Paperjam Club a fini l’année 2020 avec les événements suivants. Le 26 novembre, pour son dernier 10×6 de la saison, le secteur numérique et, plus particulièrement, les smart factories étaient à l’honneur, représentés, entre autres, par 5 Ralf Hustadt (Telindus) et 2 Thomas Musiolik (Accenture). Ce fut aussi l’occasion de dévoiler les grands gagnants des Start-up Stories 2020 : 1 Aurélien Dobbels et Nicolas Legay (Cocoonut). Nous remercions encore le SnT, Telindus et Smile, partenaires de cet événement. Et c’est la grande cérémonie du Paperjam Top 100 qui est venu clôturer cette année dans les locaux de PwC au Crystal Park. Cette année si particulière aura donné un nouveau challenge aux équipes du Club : réaliser ce grand show en livestream, simultanément en anglais et en français. 9
102
FÉVRIER 2021
2
CEO & Entrepreneurs Cocktail : Winter Edition Pour le premier CEO & Entrepreneurs Cocktail de l’année, le Paperjam + Delano Club vous propose de faire un état des lieux post-Covid-19 des finances de l’État et de son impact sur la fiscalité. Autant d’enjeux abordés le temps d’une table ronde animée par la rédaction de Paperjam.
Avec la participation de : Michèle Detaille, Fedil Nicolas Henckes, CLC
TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED
JEUDI
18 M A RS
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB
18H30
Événement réservé aux CEO/entrepreneurs ou titre équivalent, membres du Paperjam + Delano Club - sur invitation uniquement.
Flashback
10
1
11
12
13
Chose réussie, les membres du Paperjam + Delano Club ont pu assister à la célébration de notre top 10, qui n’est autre que 3 Nora Back (CSL), 4 Philippe Dupont (Arendt), 6 Marcel Leyers (BIL), 9 Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance), 11 Sasha Baillie (Luxinnovation), 12 Fernand Ernster (Ernster), 13 Laurent Schonckert (Cactus), 15 Nicolas Buck (Seqvoia), 16 Françoise Thoma (Spuerkeess), ainsi que notre top 1, 17 Michèle Detaille (No-Nail Boxes), première femme de l’histoire en tête de ce classement, lors de ce show animé par 7 Nathalie Reuter et 10 Jim Kent (Maison Moderne). Nous remercions encore 8 John Parkhouse (PwC) et Colette Dierick (ING), représentants partenaires du Paperjam Top 100, qui ont été interviewés à cette occasion, ainsi que 14 Aude Lemogne (Link Management), présidente du jury, et tous les jurés de ce classement.
15 16
14
« On est sans doute au début de la fin de cette crise, car il y a un vaccin… Et le vaccin, c’est l’industrie. » Michèle Detaille Chef d’entreprise
17
104
FÉVRIER 2021
SAISON 13 2021
Les temps forts Selected highlights
JEUDI
25 FÉVRIER
avec Charlotte Pedersen, Laurence Zenner, Corinne Lozé, Pascale Toussing, Béatrice Belorgey et ...
10×6 Women 10(0) femmes pour votre comex
CEO & Entrepreneurs Winter Cocktail Table ronde : Finances de l’État et fiscalité
avec Nicolas Henckes et Michèle Detaille
13
avec Christian Monjou
Art & Leadership
AV R I L
10×6 Surprise
18 M A RS
Club Talk
MARDI
JEUDI
JEUDI
27
avec Ann-Elise Delbecq
MAI
Club Talk
JEUDI
17
Tackling bias in artificial intelligence, and eventually in humans
JUIN
Paperjam’s Real Estate Seated Dinner Party avec François Trausch
M E RC R E D I
20
O CTO B R E
Table ronde Crise du logement
avec Eric Lux, Olivier Bastin et Jacques Brauch
Paperjam Recovery Awards JEUDI
16
D ÉC E M B R E
Start-up Stories Awards PLUS D’ÉVÉNEMENTS SUR PAPERJAM.CLUB
JEUDI
2
D ÉC E M B R E
MARDI
28
SEPTEMBRE
Ma maison
2
C’est au Cents que Richard Schmid et sa famille de quatre enfants ont élu domicile. Une maison à flanc de roche, ouverte et chaleureuse, construite en bois.
1
« J’habite le quartier depuis 1967. D’abord, j’ai vécu avec mes parents dans une ancienne ferme restaurée, puis j’ai fait construire la maison qui se trouve à côté de celle que j’habite actuellement, et qui est désormais occupée par ma sœur. Et depuis 2012, je vis dans cette maison, dont j’ai dessiné les plans, avec l’aide de Stefano Moreno pour l’autori sation à bâtir, et de Mauro Doro
par la suite », explique Richard Schmid. Une maison préfabriquée, en ossature bois, reposant sur un sous-bassement en béton. « Nous nous trouvons entre la rue et la roche. Le terrain n’est pas très aisé, avec un dénivelé de 9 mètres. Aussi, j’ai choisi d’installer les chambres au rez-de- chaussée, et l’espace de vie à l’étage. Avec cette répartition, nous pouvons pleinement profiter de la liaison avec la terrasse et les extérieurs. » À l’intérieur, il n’y a que très peu de portes, et quand elles existent, elles sont coulissantes. « Pour moi, une pièce est fermée quand la lumière est éteinte », s’amuse-t-il à préciser. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA
ÉCOLOGIQUE 106
FÉVRIER 2021
4
3 1 Au rez-de-chaussée, un espace à l’esprit minimaliste sert de pièce multifonctionnelle. Derrière des parois coulissantes d’inspiration japonaise se dissimulent buanderie, chambres des enfants, placards…
5
2 L’espace à vivre est une seule et grande pièce : un salon avec « un foyer, qui est réellement le cœur de notre maison », une cuisine ouverte et un espace repas. 3 Çà et là, on trouve des objets rapportés de voyages : sculptures dogon, bijoux berbères… Pour le mobilier, quelques icônes du design, mais aussi des meubles chinés chez des antiquaires. 4 Une des niches du salon est habillée par une porte dogon. Une pièce que possédait le propriétaire avant d’emménager dans cette maison, et qui trouve ici une place de choix. 5 Cette enseigne en bois est le vestige du contrôle des routes réalisé au Cents pendant la Seconde Guerre mondiale.
ET CONVIVIALE FÉVRIER 2021
107
Mon argent
Joël Soheil-Sarmad, directeur de la société de construction Cogeco, investit uniquement à travers sa société. Pour lui, il rêve de temps pour assouvir ses envies créatives. Avez-vous une devise par rapport à l’argent ? « L’argent n’est qu’un outil et en aucun cas un objectif. » C’est une phrase que j’aime répéter à mes enfants. Elle sous-entend que, forcément, l’argent ne fait pas le bonheur. Un souvenir du montant de votre premier salaire ? Engagé en tant que stagiaire, j’ai reçu 2.000 euros brut dans un bureau d’ingénieurs-architectes à Bruxelles. À l’époque, pour Bruxelles, en 1997, il s’agissait d’un salaire important. Comme j’étais retourné habiter chez mes parents, j’avais vu en un mois mon argent de poche décupler. Ça me semblait donc énorme. Je pouvais vraiment me faire plaisir. Vous en avez profité pour vous offrir quelque chose de spécial ? Oui, je me suis réservé un voyage d’un mois au Canada. C’était pour moi un rêve de gosse. Je voulais découvrir cette nature, ces grandes étendues, la faune locale et aussi voir des baleines. En fait, l’idée de départ était avant tout de découvrir l’Amérique dans sa version européenne. Avez-vous encore un rêve irréalisable, faute de moyens ? Globalement, mes rêves ne sont pas constitués de choses que l’on puisse toujours acheter. Ils visent plutôt certaines activités que je souhaiterais pouvoir pratiquer. J’aimerais, par exemple, pouvoir devenir un très bon menuisier, ou encore détenir ma propre fabrique de vêtements prêt-à-porter. En fait, tout cela se
Joël Soheil-Sarmad aimerait accumuler du temps pour assouvir ses envies de création.
résume à la possibilité d’avoir le temps de réaliser quelque chose de créatif. Par contre, je ne rêve pas d’un jet privé ou d’un yacht… Y a-t-il un objet dont vous ne pourriez pas vous séparer ? Un petit briquet très vieux et très moche qui appartenait à ma grand-mère, que j’ai perdue quand j’avais 12 ans. Je le garde dans ma table de nuit et il m’accompagne partout. Le plus mauvais achat que vous ayez jamais fait ? Les voitures, c’est le pire des investissements [rires]. Avez-vous des passions coûteuses ? Non, si ce n’est le bon vin, que j’aime partager avec des amis. Des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense ?
Quand je suis au restaurant. En plus d’aimer le bon vin, j’aime surtout bien manger. Donc, face à la carte des plats, mon choix ne se fait jamais en fonction des prix affichés. Et ça vaut pour mes enfants. J’estime que quand on se met à table, on peut se permettre certaines libertés. Un « achat plaisir » récent que vous avez fait ? Probablement des vêtements. J’aime les vêtements, même si je m’habille très classique : jean, chemise, veston… Un achat que vous avez estimé trop coûteux, mais que vous ne regrettez pas ? Notre espace de travail professionnel, au centre de la capitale. Il s’agissait effectivement d’un investissement très important, mais c’est devenu un espace de plaisir. Il offre, à mes collègues et à moi-même, des conditions
de travail très confortables. Je n’ai donc aucun regret. Gardez-vous encore beaucoup d’argent liquide sur vous ? J’ai toujours avec moi un billet de 50 euros ou deux billets de 20 euros pour pouvoir faire face aux imprévus, tels qu’un enfant qui aurait besoin d’argent pour l’école. Mais jamais plus. Et je paie rarement en liquide. Investissez-vous de manière importante ? Oui, mais jamais à titre personnel. Je le fais toujours à travers mon entreprise. Je veux investir dans l’avenir, en infrastructures ou en immobilier professionnel pour le développement de l’entreprise. Il s’agit toujours de plans d’investissement à long terme.
Auteur JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA
Rêves de temps et de création 108
FÉVRIER 2021
Trader confirmé ou débutant investissez 100% en ligne 0€ de droits de garde Dès14,95€ seulement par transaction Ouvrez un compte gratuitement sur keytradebank.lu
keytradebank.lu Contactez-nous au +352 45 04 39 du lundi au vendredi de 9h00 à 17h30
Virginie Carvalho CEO, Ideabox Comment définir votre style ? Je dirais « barrée chic » ! Barrée, car j’ai un côté « folie » en moi qui reflète ma créativité ; et chic, parce que je m’intéresse de près aux tendances et que je pense être une chic fille ! Avec quel styliste aimeriez-vous dîner ? Law Roach. Il n’a pas vraiment de style propre… ou de signe distinctif comme peuvent en avoir Gaultier ou Lagerfeld… Il a du style, point ! Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? Quelle est son histoire ? Je ne suis pas du genre à avoir des reliques… Et il y a un an, j’ai en quelque sorte fait un grand feu de joie avec mes anciennes fringues pour laisser transparaître toute ma vraie personnalité ! Quel est votre dernier achat mode ? Une longue jupe rock et fleurie, avec son pull cachemire orange de chez IKKS. Qui vous a donné le sens du style ? Ma maman a toujours bien accordé ses vêtements, les couleurs entre elles… mais j’ai toujours et très vite choisi mes tenues toute seule. Enfant, j’adorais créer, dessiner mes tenues. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre ? Mon perfecto, sans hésitation ! Comment exprimez-vous votre côté rock’n’roll dans vos tenues ? Via des pièces telles que mes vestes en cuir ou mes vestes style army, mais aussi via des broches à messages ou au design rock…
08_legende de cette photo où l’on apprend qu’Anna porte Virginie Carvalho un manteau en fausse fourrure a été photographiée de chez Zara, des escaprins au Um Plateau, Versace, un jean Reiko et un sac Julien Lambert àetmain Gucci. à Silversquare.
130 - 160 signes
London calling 110
FÉVRIER 2021
Mon style
Julien Lambert Head of risk management & compliance, ESO Management Luxembourg Comment définir votre style ? Dandysme, clairement. Dandy moderne : élégance et raffinement. C’est l’impertinence du style, du mélange des genres, avec une vue de l’esprit décalée et excentrique. Quel est votre plus vieux souvenir lié à la mode ? Ce n’est pas hyper mode, mais c’est mon jersey Michael Jordan des Bulls de 1992, je l’ai toujours et je le porte. Je l’ai décroché du mur à partir du moment où il a été à la bonne taille. Quel est votre dernier achat mode ? Une veste en tartan écossais bleu / vert. Quel faux pas ne pas commettre ? Les chaussettes apparentes, trop courtes ou blanches de tennis… Et le marcel sous la chemise, ce n’est pas possible, non, s’il vous plait… Comment exprimez-vous votre côté rock’n’roll dans vos tenues ? Du cuir, du velours, des skulls sur les revers de veste. Tout cela s’accorde bien avec les motifs prince-de-galles, pied-de-poule et autres tweed / tartan que j’affectionne particulièrement… Que portez-vous le week-end ? Je laisse tomber le pantalon ou le chino habillé pour mixer le blazer avec un jean slim plus trash. Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? Alazio a de très belles pièces ! Je peux m’éclater à y mélanger pois, carreaux et rayures ou toutes sortes de tweeds. Les anciennes boutiques de la rue du Marché-aux-Herbes sont très inspirantes ! Auteur FABIEN RODRIGUES Photos MIKE ZENARI
FÉVRIER 2021
111
Depuis son plus jeune âge, Melanie Delannoy, responsable Communication et marketing, est très sportive. Natation, course à pied, basket, athlétisme, vélo… Elle pratique tous ces sports et possède les tenues spécifiques. Issue d’une famille très sportive, Melanie Delannoy pratique le sport depuis toute petite. « J’ai commencé la natation à 5 ans. À 8 ans, m’a mère m’emmenait courir. » Puis, ce fut un essai à la planche à voile, au judo, à la danse… Mais ce qui lui plait, c’est la natation. Au collège, elle opte pour le cursus sportétudes et suit des entraînements intensifs. Pourtant, à 12 ans, elle se découvre une nouvelle passion pour le basket et atteint, en seulement cinq ans, le niveau de Nationale 3. En parallèle, elle continue à nager, à faire de l’athlétisme, du volley. Elle songe à faire de cette passion son métier, mais une mauvaise blessure la freine dans son élan. Exit la carrière professionnelle. Elle décide alors de faire des études de marcom en Écosse, puis décroche son premier job au Luxembourg. Depuis, elle pratique toujours autant le sport, mais pour les loisirs. « Aujourd’hui, je cours trois à quatre fois par semaine, je joue avec l’équipe de basket de SES, et je me suis mise au vélo. » Sans jamais oublier la natation. Aussi, dans son armoire, il y a plus de vêtements de sport que de tenues de ville. « En vivant dans notre région, il faut prévoir des tenues pour toutes les saisons. Cela multiplie aussi l’équipement, reconnaît-elle, en souriant. Et chaque sport demande un équipement spécifique. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA
112
FÉVRIER 2021
Ma collection be de pte rde-ro nnoy com rt La ga e D la e spo d ie s n t n la e Me vĂŞtem e ville. e d s d plu es e tenu que d
Tous les sports de ma vie FÉVRIER 2021
113
Ma recette
Le jour, Philippe Wery dirige la filiale de conseil stratégique et en gestion du groupe Arendt. Le soir, il dé laisse volontiers son costume au profit de son tablier pour régaler famille et amis... Pour 4 à 6 personnes Préparation : 40 minutes INGRÉDIENTS 2 langoustines par personne 3 à 4 Saint-Jacques parées (sans corail ni peau) par personne 1 /4 d’un petit chou-fleur blanc 1 /2 citron vert G raines de grenade 1 /4 de botte de coriandre F leur de sel P oivre Voatsiperifery H uile d’olive POUR LA VINAIGRETTE 1 /2 citron vert L e jus d’une grenade 3 càs de vinaigre de riz 4 càs d’huile d’olive U ne pincée de piment d’Espelette S el POUR LE VIN Chardonnay élevé en fût de chêne, Anselmet 2016 (Valle d’Aosta)
Tout d’abord, s’attaquer aux langoustines. Décortiquer les langoustines, retirer les intestins et les têtes, et découper en deux les filets. Mettre deux langoustines (quatre filets) par personne dans un sac de congélation légèrement arrosé d’huile d’olive. Aplatir les langoustines en mode carpaccio dans chaque sac et faire prendre légèrement au congélateur. réparer la vinaigrette : P presser une petite grenade et filtrer le jus. Presser un demi-citron vert. Émulsionner tous les ingrédients et rectifier l’assaisonnement et l’acidité si nécessaire. Pour le dressage : sortir le carpaccio de langoustines 15 minutes avant le service. Le façonner en rond avec un emporte-pièce. Détailler les Saint-Jacques en carpaccio, les installer autour des langoustines et assaisonner d’un peu de fleur de sel et de poivre (Voatsiperifery, si possible). Tailler le chou-fleur à la mandoline ainsi que la cori andre fraîche. Récupérer une dizaine de graines de grenade et quelques petits quartiers de citron vert par personne et parsemer sur et autour des Saint-Jacques. Mettre un filet d’huile d’olive de qualité sur les langoustines et compléter le dressage avec des filets de vinaigrette. Bon appétit ! « Et pour la suite du repas, je recommande un plat de bonnes pâtes, par exemple des calamarata alla bella, avec une bonne sauce maison à base de passata nature, de champignons bruns et de saucisse italienne au fenouil ! »
Langoustines et Saint-Jacques en bataille 114
FÉVRIER 2021
Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA
EMBRACING THE FINEST WINES & SPIRITS
DRINK RESPONSIBLY
Caves Wengler S.A. 2 Rue Neuve, L-6581 Rosport
Mon mental
Cela faisait plusieurs années qu’Yves Becker souffrait de stress en permanence. Après deux violents blocages de dos, il décide de prendre les choses en main et découvre le yoga et la méditation. « Depuis mon adolescence, je souffre de stress. Je le subissais en permanence, je me sentais comme traqué. » Ce n’est qu’une fois adulte qu’Yves Becker prend réellement conscience de cet état de fait. « J’ai essayé de diminuer les sources de stress extérieures comme je le pouvais, là où je parvenais à en identifier. Mais cela ne suffisait pas. Plus j’essayais de l’éloigner, moins je devenais résistant… Jusqu’au jour où mon corps m’a fait comprendre qu’il fallait que je change vraiment quelque chose : je me suis
Yves Becker explique que la découverte du yoga et de la méditation lui a permis de mieux vivre avec son corps et ses pensées.
retrouvé complètement bloqué du dos, et ce à deux reprises. » Le déclic À partir de ce moment-là, Yves Becker comprend qu’il souffre d’un mal psychoso matique et qu’il doit opérer un changement important dans sa vie pour gérer ce stress autrement. D’autant plus que cela arrive à un moment où, dans sa carrière professionnelle, de nouveaux challenges et responsabilités se présentent à lui et qu’il a très envie de les relever. « Plutôt que d’écarter ce problème, je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à le canaliser, à travailler avec cette
énergie pour qu’elle ne devienne pas négative. » Il s’intéresse alors à la pratique du yoga. « J’ai toujours eu un intérêt pour la culture des pays asiatiques et leurs philosophies. J’aimais beaucoup la figure du yogi, sa tranquillité. La force et le grand calme qu’il communique me fascinent. J’ai toujours été très sportif, et je pratique beaucoup le vélo. Mais si j’ai travaillé mon endurance et ma force musculaire, je ne me suis jamais intéressé auparavant au stretching. Or, je ressentais que je n’étais plus à l’aise dans mon corps, que mes muscles étaient comme raccourcis, trop serrés. C’est comme cela que m’est venue l’idée de
pratiquer le yoga. » Comme personne ne pratiquait cette discipline autour de lui, il a simplement cherché une école à proximité de chez lui. Ce qu’il trouve, et s’y inscrit. « Au début, mon corps était rigide, dur. Impossible pour moi de faire les différentes asanas (postures de yoga, ndlr). J’ai dû apprendre à refaire connaissance avec mon corps. C’était une pratique très différente du vélo. » Au fur et à mesure, Yves Becker sent que son corps commence à changer. Il apprend à être plus à son écoute. Sa pratique lui faitaussi rencontrer d’autres personnes qu’il apprécie. Il se documente et lit un peu de littérature
Contrôler ses pensées 116
FÉVRIER 2021
« Le yoga a comme complété ma personne. »
spécialisée, comme Autobiographie eines Yogi de Paramahansa Yogananda, ou les livres de Sadhguru et Deepak Chopra. « Je me suis toujours intéressé à la psychologie, mais le yoga a comme complété ma personne, a apporté des réponses à des questions que je me posais. En y ajoutant la méditation, cela me permet de beaucoup mieux maîtriser mes pensées. C’est par ce cheminement et ces apprentissages que je me suis aperçu que mon stress n’était en fait pas lié à des facteurs extérieurs, mais à mes propres pensées, que je n’arrivais pas à canaliser. C’est ce que l’on appelle le monkey mind, des pensées incessantes qui deviennent envahissantes. » Avec de la persévérance, il apprend à canaliser ces signaux, à maîtriser leur flux. « En fait, nous sommes ce que nous pensons. Avec la méditation, il est plus facile d’observer nos pensées et de les relativiser, d’en mettre certaines de côté. Et lorsqu’on arrive à arrêter de penser, le corps se détend. » Un apprentissage bénéfique Aujourd’hui, Yves Becker pra tique régulièrement le yoga, au studio Grace, notamment.
Mais il en fait aussi chez lui, en suivant des cours en vidéo conférence. « Quand je ressens des contractions ou des tensions, j’augmente le rythme de ma pratique. Mais pour une bonne ‘maintenance’, c’est au moins une heure par semaine », s’amuse-t-il à préciser. Par ailleurs, il a toujours fait attention à son alimentation, à cuisiner à la maison. Mais avec la pratique du yoga, cette atten tion à la nutrition a encore aug menté. « Je mange encore plus de légumes et moins de viande qu’avant, et nous avons commencé à cultiver notre propre potager. J’aime ce rapport au sol, au temps. J’ai désormais une relation autre avec les aliments. J’ai plus de gratitude, je suis plus reconnaissant. » Ce rapport à la nature a également eu des influences dans sa vie profes sionnelle, et, lui qui est issu du monde technique, est devenu plus attentif à l’écologie et établit désormais des certifi cations environnementales pour le monde de l’aviation, son sec teur d’activité. Depuis peu, Yves Becker est papa d’un jeune enfant, et sa compagne attend
un second bébé. Il pratique aussi le yoga en famille. « Je suis persuadé que la pratique du yoga et de la méditation va devenir de plus en plus courante dans les années à venir, et que cela va être aussi naturel que d’aller faire un footing. Avec la perte de confiance dans les religions traditionnelles, nous avons une carence spirituelle. Or, nous avons aussi besoin de cette dimension, qui peut éviter la dépression et le burn-out. La méditation pallie ce manque ; du moins, pour moi. » Aujourd’hui, Yves Becker arrive à affirmer qu’il est heureux. « Nous devons absolument réévaluer nos standards de vie. Vu de l’extérieur, j’avais tout pour être heureux : j’avais une bonne position professionnelle, une famille, une maison, une certaine aisance matérielle. Mais cela ne suffit pas, et ce n’est pas cela qui apporte le bonheur. À présent, je me sens plus complet, et j’ai compris où se trouvent les boutons à activer quand cela ne va plus. J’ai appris à trouver mon équilibre. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA
FÉVRIER 2021
117
FO N
0 PAR MIKE K 200 OE
DI N ER G
EN DÉ
ÉDITION FÉVRIER 2021
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Mike Koedinger
Rédaction
DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX
Téléphone 20 70 70-100 E-mail press@paperjam.lu
RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL
Nathalie Reuter
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Nicolas Léonard
POLITIQUE ET INSTITUTIONS
Brand Studio
Jennifer Graglia (-108)
Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104)
ENTREPRISES ET STRATÉGIES
Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Mathilde Obert (-114) Ioanna Schimizzi PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS
Marc Fassone (-157) Jean-Michel Lalieu (-107) Thomas Mangin (-156) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE
Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) RÉSEAUX SOCIAUX
Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA
Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)
RELECTURE ET FACT-CHECKING
Pauline Berg Lisa Cacciatore Sarah Lambolez Manon Méral Elena Sebastiani WEBPUBLISHING
Téléphone 20 70 70-300 E-mail regie@maisonmoderne.com STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR
Francis Gasparotto (-301)
HEAD OF SALES OPERATIONS AND PEOPLE
Lionel Scaloni (-302)
HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS
Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE
Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA
Stéphanie Cregut (-385) Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Virginie Laurent (-322) Aline Puget (-323) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) DIRECTEUR DE CRÉATION
Jeremy Leslie
HEAD OF PRODUCTION
Stéphanie Poras-Schwickerath HEAD OF ART DIRECTION
Vinzenz Hölzl ART DIRECTOR
Marielle Voisin MISE EN PAGE
Megane Kambala Corentin Picat
Elina Luzerne Charlène Pouthier
PHOTOGRAPHES
MANUFACTURING MANAGER
Andrés Lejona (Maison Moderne) Romain Gamba (Maison Moderne) Sophie Margue, Mike Zenari Matic Zorman (Maison Moderne)
Myriam Morbé
Éditeur
www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR
Mike Koedinger CEO
Geraldine Knudson DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER
Etienne Velasti
Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Mike Koedinger et Etienne Velasti. CONSEIL D’ADMINISTRATION
Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTEUR PUBLISHING
Mike Koedinger
STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR
Francis Gasparotto
DEPUTY DIRECTOR BUSINESS CLUB
Ana Wiscour-Conter CHIEF DIGITAL OFFICER
Viktor Dick HR MANAGERS
Anaïs Bouillet et Sylvie Notarnicola RESPONSABLE ADMINISTRATIVE
Sylvia Leplang
DIGITAL PROJECT MANAGER
Meryem Alamy
RESPONSABLE DIFFUSION
Kévin Thirion RESPONSABLE IT
Matthew Dixon S’abonner au magazine
Pour contacter nos collaborateurs ENVOYER UN E-MAIL SELON LE MODÈLE prenom.nom@maisonmoderne.com
Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619
COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10 et 26, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie
118
FÉVRIER 2021
natureOffice.com | DE-261-JYACEBD
Maison Moderne s’engage à réduire son empreinte écologique. Le magazine Paperjam a bénéficié d’une impression neutre en CO2, d’un papier recyclé Blauer Engel pour sa couverture et d’un papier intérieur durable, tous deux certifiés Ecolabel et FSC�. Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !
Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Geraldine Knudson.
Mensuel Abonnez-vous sur www.eshop.maisonmoderne.lu
Paperjam Hors-Série
Suppléments
11 numéros par an.
Booklet, Classique, Journal
Architecture + Real Estate
Les suppléments de Paperjam se déclinent en trois formats distincts et adaptés en fonction de leur usage, de leur contenu, de leur diffusion.
Publication annuelle de plus de 300 pages reprenant une sélection de projets architecturaux intéressants. PROCHAINE PARUTION : 21 OCTOBRE 2021
Paperjam Guide 2.300 biographies et 6.900 entreprises + institutions sur www.paperjam.lu/guide
Paperjam.lu L’actualité business et politique non-stop.
Générateur de business depuis plus de 20 ans. Publiez ou mettez à jour votre biographie en ligne. Publiez ou mettez à jour votre fiche d’entreprise en ligne. DISPONIBLE DEPUIS LE 26 JANVIER 2021
Écosystème
Paperjam Club
Newsletters Abonnez-vous sur www.subscription.maisonmoderne.com
Découvrez le programme sur www.paperjam.lu/club
Newsletter biquotidienne (8h - 16h) Foodzilla (jeudi) Trendin’ (vendredi) Architecture + Real Estate (bimensuelle) Week-end (mensuelle, le samedi) Finance (mensuelle, le mardi) Green (mensuelle, le mercredi) Running (mensuelle, le jeudi)
Le premier club d’affaires au Luxembourg en live et en digital. Paperjam Cercles, Academy, Talks, Shows, Activation, Social, Communication, Assistance. Devenir membre Devenir intervenant Devenir sponsor
Podcasts Paperjam.jobs Rendez-vous sur www.paperjam.jobs
À écouter sur www.paperjam.lu/list/podcasts
Grands Dossiers
Candidats, trouvez votre prochain poste. Recruteurs, publiez vos offres.
Écoutez ou réécoutez les nombreux podcasts proposés par Paperjam. De nombreux thèmes sont abordés avec un panel d’experts et de décideurs qui font l’actualité.
À lire sur www.paperjam.lu/dossiers Retrouvez les derniers : Tax & Legal, Innovation & Nouvelles technologies, AI, Data & Cybersécurité, Private equity Participez aux prochains : Digital banking & Payment systems, Funds, Digital transformation
Social Paperjam
@Paperjam_lu
Paperjam Foodzilla Paperjam Club
Paperjam
Paperjam
Paperjam Architecture + Real Estate
@paperjam_lu
@paperjam_architecture
PaperjamFoodzilla @Paperjam_Club
@paperjam_foodzilla Paperjam Club
FÉVRIER 2021
119
6
La liste
DJ qui bossent dans la finance
Formés à la finance, ces profils originaux sont devenus des professionnels aguerris sur la Place luxembourgeoise. Mais passionnés de musique, elles et ils ont un jour décidé de passer derrière les platines. Paperjam vous propose de découvrir six personnalités Auteur FABIEN RODRIGUES qui savent conjuguer chiffres et bons sons…
2
The Brunettes, presque au complet…
SON MORCEAU DE 2020 : ‘SHOW OUT’ DE KID CUDI
Shanu, la référence house
SON MORCEAU DE 2020 : ‘CALIENTE’ DE CURRENTS & JESUSDAPNK
Jusqu’en 2012, Shanu a électrisé les dancefloors du tout-Luxembourg dans les bars, les soirées corporate et privées les plus exclusives ou encore lors de la Fête nationale… Avant tout cela, il était « dans la finance ». Il y est depuis retourné en tant que head of investor relations dans le secteur des fonds d’investissement. S’il ne mixe à présent qu’à de rares occasions pour ses amis, l’amour pour la musique et le lien entre les gens qu’elle stimule sont toujours bien ancrés dans le cœur de ce DJ emblématique d’une génération, qui a commencé à jouer à 18 ans à peine au Casablanca, dans les années 90, et qui a par la suite imposé sa patte sur la scène house locale aux côtés de ses amis, mais aussi de Martin Solveig ou Defected Records… Pour son premier mix post-Covid, celui qui est membre du comité de l’Indian Association Luxembourg depuis près de 10 ans a un seul endroit en tête : les platines du Dipso, où il aime retrouver ses proches…
120
FÉVRIER 2021
The Brunettes
3
Shato Bajac, l’atout pointu des pistes de danse
SON MORCEAU DE 2020 : ‘SMERZ’ DE BELIEVER
Jean-Philippe est loin d’être étranger à la communauté Paperjam, non seulement en tant que professionnel de l’investissement institutionnel, mais aussi en tant que DJ qui s’est occupé avec maestria de l’animation musicale de nombreux événements du Paperjam + Delano Club. Deux atouts pour ce trentenaire au look toujours impeccable : la passion de la musique et un goût aussi pointu qu’assumé. Il faut dire qu’il est allé voir Bowie et Moby à Werchter à 10 ans à peine et que depuis, ce sont au moins deux concerts par semaine qui se retrouvent à son agenda. Pour ses premières prestations aux côtés de Hans Fellner au Dqliq, il s’inspire des Belges de 2ManyDjs et met un point d’honneur à construire un vrai set éclectique, « qui fait passer d’un univers à l’autre mais avec cohérence et progression ». En 2015, il a l’occasion de mettre ce credo en application pendant plus de 8 heures lors d’un set marathon pour l’ouverture des Rotondes. À la Biennale de Venise, c’est avec l’artiste Philippe Markiewicz qu’il élabore son set pour la soirée d’ouverture du pavillon luxembourgeois… Une chose est sûre, on pourra compter sur Shato Bajac lorsque les DJ pourront ressortir les platines !
Maison Moderne (Archives), Matic Zorman, Andrés Lejona
1
Shato Bajac
Photos
Shanu
Émilie est une des deux Brunettes, duo chic et enjoué de DJettes qu’elle compose avec une amie de longue date et lancé en 2016 dans le cadre du projet La Buvette des Amateurs, aux Rotondes de Bonnevoie. C’est à l’époque l’occasion qui a fait le larron : « Nous avions une envie de passer derrière les platines depuis un moment, et c’était l’occasion parfaite. » Ce sont surtout la pop britannique et le rock qui ont influencé le répertoire d’Émilie, mais aussi le R’n’B des années 90 lors des années lycée. Les accomplissements créatifs dont elle est le plus fière ? « Animer en tant que ‘Brunette’ un événement Silent Disco au Mudam, mais aussi être chargée de la première partie du concert caritatif que nous organisons régulièrement chez Swiss Life ! » Une société où elle travaille en tant que partner management. Des projets, notamment à dimension culturelle et sociale, auxquels la souriante DJette aimerait beaucoup participer à nouveau dès que cela sera possible…
4
6
DJ Jean Maron, le producteur pionnier
A Boy Named Seb, l’hyperactivité récompensée
SON MORCEAU DE 2020 : ‘WHAT YOU KNOW BOUT LOVE’ DE POP SMOKE
SON MORCEAU DE 2020 : ‘I DON’T BELONG’ DE FONTAINES D.C.
Si David travaille depuis 13 ans dans une banque de la Place, il est également un des DJ et producteurs à la réputation la plus solide au Luxembourg et dans la Grande Région. C’est à l’époque de l’université, à Nancy, qu’il commence à « bidouiller », à composer et à polir sa technique de DJ. La jeune scène rap d’alors lui permet de mettre en application les différentes facettes du rôle de DJ de groupe, mais aussi de mixer ses premières mixtapes R’n’B à une époque où ce style est encore très confidentiel en club. « Je me rappelle du morceau ‘People Everyday’ d’Arrested Development ou de Ja Rule, qui marchaient très bien ! » Son meilleur souvenir ? « Être booké dans un festival en Croatie aux côtés de Sean Paul, Young Thug et French Montana. Un souvenir dingue ! » Ces dernières années, Jean Maron a délaissé les résidences au profit de projets one shot où il se retrouve artistiquement, notamment en festival ou encore l’été dernier aux Rotondes. Enfin, ce papa d’un garçon de 10 ans accorde une grande importance à la transmission de son expérience. « Inspirer la jeune génération et pouvoir dire que certains ont commencé grâce à mon travail est une grande satisfaction. »
S’il s’est formé en école de commerce et gravit les échelons en tant que consultant dans un grand cabinet de conseil depuis des années, Sébastien, originaire d’Arlon, n’a jamais laissé sa créativité de côté, et ce par le biais de plusieurs talents. Incontournable sur la scène culturelle de la Grande Région, il alterne les casquettes de photographe encensé, de programmateur du festival des Aralunaires et de DJ. Influencé par la scène rock et grunge américaine « à une époque où il fallait écouter la radio et regarder MTV pour entendre Nirvana ou les Smashing Pumpkins », il fonde, en 2004, le collectif Elektrash avec ses amis Dié et Jean-Yves et joue pour la première fois au Péché Mignon, à Luxembourg. En 2005, il clôture le célèbre festival de Dour et, en 2015, il est en charge des platines lors de la soirée de fermeture du CarréRotondes. Mais c’est dans son premier lieu d’accueil, devenu aujourd’hui De Gudde Wëllen et qu’il apprécie pour son ambiance intime et sa clientèle mélomane, qu’il aimerait faire son premier set de reprise. Le public pourra s’attendre à un set techno et house pointu, ou bien 100 % rock, en fonction de son humeur…
DJ Jean Maron
Steffou
5
Steffou, la bonne humeur, toujours !
SON MORCEAU DE 2020 : ‘UTONUT’’ DE MOLCHAT DOMA
C’est certainement la grand-mère de Stéphanie qui est à l’origine de sa passion pour la musique, elle qui lui a offert son premier walkman avec l’album Thriller de Michael Jackson et son premier Discman sur lequel elle se laisse bercer tantôt par Depeche Mode, tantôt par Technotronic… Mais pour celle qui exerce sur la scène financière luxembourgeoise depuis une bonne quinzaine d’années, et plus spécifiquement dans l’asset mana gement depuis cinq ans, c’est finalement par capillarité et au contact des soirées Luxuriant, organisées à l’époque par son conjoint Sébastien Vécrin, que l’envie lui vient de passer derrière la table de mix. « Je me suis rendu compte que je faisais tout ce qu’il ne faut pas faire à un DJ, c’est à dire des demandes incessantes ! Je me suis dit qu’il était temps de tenter de faire plaisir à celles et ceux qui partagent mes goûts. » C’est notamment au Ënnert de Steiler que Steffou pourra le faire au fil des années, mais aussi à l’Atelier qui lui confie un set countdown seule sur scène pour son événement de Nouvel An. « Je suis aussi très fière en tant que grande fan de mode d’avoir été choisie par la marque vol(t)age pour son premier défilé ! »
A Boy Named Seb
FÉVRIER 2021
121
122
FÉVRIER 2021
Crédits
Cet été, les Caves Bernard-Massard célébreront leur 100e anniversaire. Le directeur de l’entreprise, Antoine Clasen, descendant direct des fondateurs, nous raconte le parcours d’une des marques luxembourgeoises les plus populaires en dehors des frontières. Produites dans le respect de la tradition séculaire, les « bulles » de l’entreprise de Grevenmacher ont adopté les standards de communication du 21e siècle – via les réseaux – pour se faire connaître du plus grand nombre. Une histoire d’Hommes et de vin à lire en page 26 Paulette Lenert (LSAP) a été propulsée au poste de ministre de la Santé il y a tout juste un an, soit au moment de l’arrivée des premiers cas de contamination au Covid-19 en Europe. Dans une interview vérité, elle revient sur cette longue année, ses nombreuses décisions lourdes de conséquences, le poids de sa tâche, mais aussi la reconnaissance qu’elle lui a apportée, elle qui est désormais la personnalité politique préférée des Luxembourgeois. Un bilan de crise à lire en page 56 Présente au Luxembourg depuis plus de 30 ans, la banque belge Degroof Petercam fête, cette année, ses 150 ans d’existence. Son CEO, Bruno Colmant, et le CEO de la filiale luxembourgeoise, Bruno Houdmont, sont revenus pour Paperjam sur le passé, mais aussi les défis du futur de la banque. Interview en page 46 Le private equity attire de plus en plus les investisseurs européens. Au niveau de la place financière luxembourgeoise, c’est un des secteurs qui connaît la plus forte croissance, comme le montrent les chiffres que nous avons pu récolter et décortiquer, et dont les résultats sont à retrouver en page 22 « Mieux vaut prévenir que guérir. » L’adage est ancien. Et pourtant, nos habitudes de vie font que nous ne nous inquiétons de notre corps que lorsqu’il lance des signaux d’alerte. Notre dossier Enjeux, en page 66, vous donnera cette fois une multitude de bons conseils pour une meilleure hygiène de vie, pour résister aux addictions et, pourquoi pas, sortir à l’occasion des voies de la médecine classique. Photographe et sportive de haut niveau, Sophie Margue n’a pas toujours bien vécu la vie en lockdown. Pour vaincre la lassitude, elle a réalisé une série de portraits de son quotidien en confinement dont elle nous propose une partie dans le portfolio que nous lui consacrons en page 82 En rubrique Mon Mental, enfin, Yves Becker nous explique comment le yoga a changé sa vie. À lire en page 116.
Andrés Lejona, Bernard-Massard, Sophie Margue et Matic Zorman (Archives)
Clin d’œil
OBTENIR LE MEILLEUR PRIX POUR LA VENTE DE VOTRE PROPRIÉTÉ ?
NE COMPTEZ PAS SUR LA CHANCE !
ESTIMATION
GRATUITE *
CONFIEZ-NOUS VOTRE BIEN, VOUS APPRÉCIEREZ LA DIFFÉRENCE ! MAINTENANT, 3 ADRESSES POUR MIEUX VOUS GUIDER FARE CITY BRANCH 1 Rue du Verger L-2665 Luxembourg
FARE EAST BRANCH 2, Massewee L-6186 Gonderange
(+352) 26 897 897 - www.fare.lu *Uniquement valable à la signature d’un mandat exclusif d’une durée de 8 mois.
FARE SOUTH BRANCH 1 Rue de l’Alzette L-4011 Esch-sur-Alzette
myenergy Luxembourg
YOU GOT THE POWER! Déplacements, borne de charge, empreinte écologique et aides, faites-vous accompagner par votre conseiller myenergy pour passer à l’électrique
Vous êtes l’acteur principal de la transition énergétique
www.myenergy.lu myenergy