NUMÉRO 211
AVRIL 2021
Business zu Lëtzebuerg
Robert Scharfe, la bourse et la vie 5 453000 074017 05 04 5€ 4€
Édito #JeSuisRestaurateurEtJeSuisÀPoil
Rhabillés pour l’été ? 200. C’est le nombre exact de jours de fermeture auxquels se seront soumis, au 2 avril inclus, les établissements de l’horeca luxembourgeois suite aux restrictions sanitaires, lors du premier confinement, et depuis le 26 novembre dernier. Une situation qui a poussé un secteur économique entier – synonyme de plaisir, de tissu social, mais aussi de passion et de résilience – à s’indigner parfois, à s’adapter souvent, à s’unir toujours.
Photo
Matic Zorman (archives)
L’indignation, d’abord, parce qu’on a demandé aux restaurateurs et aux cafetiers de s’organiser autrement et d’investir en matériel pour pouvoir continuer à accueillir leur clientèle pendant l’été, avant de leur dire que ce n’était pas suffisant, qu’il fallait refermer. Les patrons des établissements ne sont pas dupes : oui, lorsque l’on sort au restaurant ou dans un bar, l’enthousiasme de se retrouver et de trinquer ensemble peut affecter la vigilance nécessaire. Mais eux qui ont l’habitude des procédures d’hygiène veulent faire partie de la solution, et non du problème. Cependant, le sentiment de ne pas être écoutés et représentés à juste titre par les instances nationales idoines
pousse les uns et les autres à former des collectifs de soutien et de revendication. Pas de leader charismatique, mais un éventail de groupes plus ou moins représentatifs sur les réseaux sociaux et des hashtags ad hoc : #DontForgetUs, #LightsOn, ou encore #JeSuisRestaurateurEtJeSuisÀPoil… Des manifestations fédératrices de ces mouvements et du reste de la profession, très médiatisées, attirent la lumière sur leurs revendications, mais sans jamais influer de manière concrète sur les décisions des pouvoirs publics. La grogne s’essouffle, il ne reste qu’à encaisser et à se « réinventer », notamment grâce au take-away et à la livraison, en s’improvisant épiciers haut de gamme, ou encore guest stars gastronomiques en food trucks… Mais tous n’ont qu’une idée en tête : qu’on les laisse à nouveau travailler. Pendant ces 200 jours, Paperjam a mis un point d’honneur à raconter les belles histoires, les décisions difficiles et les initiatives pleines de courage de ces professionnels qui n’en manquent jamais, malgré le peu de perspectives et quelques tristes nouvelles. Ils vont devoir compter sur les beaux jours à venir pour pouvoir se rhabiller… FABIEN RODRIGUES Journaliste Paperjam Foodzilla
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Avril 2021
Ristretto 10 #POLITIQUE 12 SVEN CLEMENT
« Nous avons gardé trop de stocks de vaccins » –
14 #ENTREPRISES 16 NICOLAS DE ANGELIS
« Intégrer le top 3 de la sécurité dans les cinq ans » –
18 #PLACEFINANCIÈRE 20 ROBERTO MENDOLIA
« C’est ce que j’appelle une bombe à retardement » Data Dada 22 #CORONAVIRUS
Les libertés au rythme du Covid
p. 42 Stéphan Roelants, le CEO de Mélusine Productions, détaille le succès de la société de production luxembourgeoise dans un monde du cinéma d’animation tiré par des géants.
Conversations 26 ROBERT SCHARFE
« Il fallait oser la finance durable » –
38 ELMIRA ET AVA NAJAFI
« Nous investissons dans notre futur » –
42 STÉPHAN ROELANTS
« L’Oscar serait la reconnaissance ultime » –
48 KELLY HEBERT
« La demande pour l’ESG vient de partout » –
Photos
Andrés Lejona
50 FRÉDÉRIC DE RADIGUÈS ET MAX WEBER
p. 38 Elmira et Ava Najafi ont racheté la librairie Alinéa, dans la capitale, et ont des projets pour la développer.
Lodyss-Rosport : l’eau comme source de profit AVRIL 2021
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Avril 2021
ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET DE L’EBITDA CA EBITDA Part de l’EBITDA dans le CA
58 ENJEUX
Le private equity se prépare au monde de demain –
1.000 millions d’euros
30 %
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25 %
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20 %
400
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10 %
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60 LE POINT DE VUE
2014
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2016
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0 %
p. 86 Passés au scanner, les chiffres de Post Luxembourg montrent un acteur solide, mais en pleine transformation.
DE L’ÉCONOMISTE Vertus et perspectives du private equity
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Business case
Un secteur en pleine expansion sur la Place
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Business club
66 LES INVESTISSEURS
Lifestyle
Post, entre activités historiques et défis futurs
–
62 PLACE INCONTOURNABLE L’Alfi avance ses atouts
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64 PRIVATE EQUITY
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EN PRIVATE EQUITY « Nous sommes du carburant pour fusée. On cherche des fusées. »
106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION 114 MA RECETTE 116 MON MENTAL
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68 L’AVIS DES INVESTIS
Avant tout une question de confiance
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70 POUR RÉSUMER
Le pour et le contre du private equity
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Portfolio
Les gardiens de l’ombre
120 La liste p. 74 Hommes de l’ombre, les grands experts en cybersécurité du pays se dévoilent dans notre portfolio.
8 artistes luxembourgeois les mieux cotés Débat public 08 DAN KERSCH 54 REYHAN GULEC 94 MICHEL RECKINGER
Advertoriaux 56 SPUERKEESS
Un secteur financier plus durable
72 BÂLOISE
Photos
Andrés Lejona
Le besoin client, priorité de l’assureur
84 GROUPE CRÉDIT AGRICOLE Paroles de milléniaux : l’entreprise de demain p. 106 Passionné d’art, Gérard Valerius nous présente sa maison et les collections qu’elle abrite.
104 WENGLER CHÂTEAUX & DOMAINES Wengler Châteaux & Domaines : La passion au cœur de notre expertise AVRIL 2021
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Débat public Depuis un an, la pandémie de Sars-CoV-2 a bouleversé notre quotidien. Elle a obligé le gouvernement à prendre des déci sions rapides, à la hauteur des défis. Au niveau économique, la gestion de la crise s’est basée sur deux grands piliers : le soutien direct aux entreprises et aux entrepreneurs et la sécurisation de l’emploi. Garantir les emplois de milliers de salariés, touchés par les fermetures décidées par le gouvernement, était primordial pour garantir que cette main-d’œuvre, compétente, soit encore disponible lors de la reprise. Afin de sauvegarder notre tissu économique, il était tout aussi essentiel de soutenir les entreprises et les indépendants grâce à des aides financières ciblées et des aménagements légaux et administratifs. Le chômage partiel est certainement l’instrument le plus efficace pour maintenir les emplois. 600 millions d’euros ont été versés dès le début de la crise aux entreprises, sous forme d’indemnités. Le gouvernement a également fait le choix judicieux de relever le plancher de cette indemnité de 80 % à 100 % du salaire social minimum. Un choix qui a très certai nement contribué à éviter une précarisation de nombreux ménages et à maintenir leur pouvoir d’achat. Afin de soutenir les entreprises et les entrepreneurs indépendants, le gouvernement a introduit des aides non
Dan Kersch
Vice-Premier ministre et ministre du Travail remboursables pour les indépendants. 32 millions d’euros leur ont été versés au titre des différents régimes de soutien. Par ailleurs, des subventions spécifiques ont également été introduites pour les entreprises, par exemple dans le cadre du paquet de relance « Neistart Lëtzebuerg », leur permettant de fonctionner malgré la crise. Pour moi, en tant que ministre du Travail, les premières conclusions de cette crise sont évidentes. Le Luxembourg, par rapport aux autres pays européens, a plutôt bien résisté au choc. Le pire a pu être évité sur le plan sanitaire et économique, avec une contraction du PIB de l’ordre de -1,3 % en 2020 (source : Statec). Sur le plan social, le taux de chômage s’est stabilisé autour de 6,4 % l’été dernier, le Luxembourg étant l’un des très rares pays à avoir continué à créer des emplois. Nous pouvons être fiers de notre système social et politique. Une fois le retour à la normale, une analyse approfondie de ces mesures sera nécessaire. Une analyse qui, selon moi, devra se faire dans le dialogue avec tous les partenaires concernés. Ce n’est qu’en respectant les grands principes du dialogue social que l’on pourra tirer les bonnes conclusions de cette période et préparer au mieux notre pays à de pareils scénarios. Dan Kersch est vice-Premier ministre et ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Photo ANTHONY DEHEZ (Archives)
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NOVEMBRE FÉVRIER 2020 2021
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Ristretto #Politique Sélectionné par JULIEN CARETTE et PIERRE PAILLER
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INQUIET
« Quand la décision de suspendre le déguerpissement a été prise, la situation était dure. Mais elle est toujours difficile, et même peut-être pire désormais. » Le député David Wagner (déi Lénk) réagit à la décision du gouvernement de ne pas prolonger la suspension des mesures de déguerpissement en matière de bail à usage d’habitation au-delà du 31 mars. Pour rappel, elle était d’application depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020. 2
SOCIAL
« On ne peut plus tolérer les écarts sur un plan européen. Le salaire minimum en est un exemple : on en est à un écart de 1 à 7, entre le Luxembourg, où il est le plus élevé, et un pays comme la Bulgarie. Il faut travailler sur la convergence sociale, comme on travaille sur la convergence économique ; les deux sont d’ailleurs liées. » Nicolas Schmit, commissaire européen aux Affaires sociales, qui œuvre pour la mise en place d’un socle européen des droits sociaux adapté aux réalités actuelles. 3
ENTHOUSIASTE
Le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), se réjouit du succès du film Deux, qui a remporté le César du meilleur premier film.
« Depuis le mois d’octobre, nous sommes presque pleins chaque jour. Toutes les semaines, nous testons 10 % de la population, ce qui ne se fait pas ailleurs. » Thomas Dentzer, virologue travaillant à la Direction de la santé et coordinateur d’un large scale testing qui a bien fonctionné au Luxembourg. 5
AMBITIEUSE
« Mon but est de doter le Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS), à travers le plan national d’organisation des secours (PNOS), de moyens lui permettant dans le futur d’intervenir endéans 15 minutes partout dans le pays en cas d’urgence. » La ministre de l’Intérieur Taina Bofferding (LSAP) a présenté le nouveau plan national d’organisation des secours. Avec un objectif clair : réduire encore le temps d’intervention en cas d’urgence. Avec les moyens nécessaires pour que cela devienne une réalité.
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Romain Gamba, Anthony Dehez (archives) et Maison Moderne (archives)
ÉLOGIEUX
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Ristretto #Politique
« Nous avons gardé trop de stocks de vaccins » Le député Sven Clement (Piratepartei) regrette une campagne de vaccination lente, conséquence d’une trop grande prudence.
Que pensez-vous de l’organisation de la campagne de vaccination ? C’est le chaos total. Mais si vous confiez la responsa bilité d’une campagne de vaccination à des juristes, il faut s’attendre à une campagne de juristes, et pas à une campagne de santé publique… Qu’entendez-vous par là ? La ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), est une juriste, tout comme le directeur du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN), Luc Feller… Quelles en sont les conséquences ? Une tendance à être trop prudent. Nous avons gardé trop de stocks de vaccins et, ainsi, nous n’avons ni invité à vacciner ni vacciné assez rapidement. Nous sommes avant-derniers quant au taux de vaccins administrés…
Que redoutez-vous ? Pour un petit gain politique, on détruit la confiance que l’on accorde aux vaccins. Comment expliquer aux gens déjà méfiants qu’on arrête, et puis qu’on recommence ? On a un vaccin qui fonctionne même contre les mutations, et on augmente les inquiétudes à son égard… Quelle aurait été la bonne réaction ? Laisser ouvertes les vaccinations avec AstraZeneca pour les volontaires… Je déplore d’ailleurs le fait qu’il n’y ait pas de système d’inscriptions volontaires pour l’octroi des doses restantes. Actuellement, le coordinateur du centre de vaccination doit lui-même contacter des personnes, et donc opérer un tri manuel. Que proposez-vous comme approche ? D’avoir un système informatisé, où les gens qui le souhaitent peuvent s’inscrire pour l’octroi volontaire d’une dose. Qu’on ait au moins un système neutre et transparent dans ce cadre. Vous avez saisi la justice pour la vaccination de membres du conseil d’administration Sven Clement des Hôpitaux Robert Schuman (HRS). voudrait un système AVRIL 2021
De quoi cette polémique est-elle le symptôme ? Ce self-service vaccinal est le symptôme d’une culture dangereuse au sein des HRS, d’une idéologie purement privatisée. Les députés du Piratepartei se sont opposés aux lois Covid. Pourquoi ? À cause du couvre-feu. Si les bars et les restaurants étaient ouverts, une telle mesure pourrait se discuter. Mais il ne sert aujourd’hui qu’au contrôle policier d’autres mesures.
L’arrêt des injections du vaccin Astra Zeneca vous a-t-il aussi semblé trop prudent ? C’est une décision politique, et une mauvaise décision. L’Agence européenne des médicaments estime elle-même qu’il n’y a pas de problèmes substantiels (elle l’a confirmé « sûr et efficace » le 18 mars, ndlr).
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Est-ce un défaut de transparence, selon vous ? C’est incroyable, c’est dingue ! On négocie des phases de vaccination, et puis des friqués se mettent au premier plan. Comment expliquer aux gens que l’accès au vaccin est réservé aux personnes qui en ont besoin, alors que certains qui n’en ont pas besoin se servent quand même ?
d’inscriptions volontaires pour l’octroi des doses de vaccin restantes.
Lesquelles ? Le couvre-feu est là pour contrôler la limitation du nombre de personnes à domicile. Ce qui creuse les inégalités, car seuls ceux qui ont une grande maison peuvent permettre à des invités de rester chez eux. Ce n’est pas le cas quand on vit dans un studio… Le nombre de personnes à domicile ne devrait pas être limité ? L’État réglemente le domaine le plus privé, mais pas là où c’est le plus réalisable, comme dans les écoles ou les entreprises. Il juge que le risque le plus important est autour d’une table dans les restaurants ou à domicile… Le risque serait à table, mais les cantines scolaires restent ouvertes – comment expliquer cette hypocrisie ? Une parfaite cohérence réglementaire n’est-elle pas inatteignable ? Après un an de pandémie, n’aurait-on pas pu mitiger ces incohérences ? Une loi se doit d’être cohérente et compréhensible. Il faudrait au moins légiférer avec plus de sensibilité. En ne comptant pas les enfants en dessous d’un certain âge, par exemple…
Interview PIERRE PAILLER Photo MATIC ZORMAN
Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et MATHILDE OBERT
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ÉVOLUTIF
« Aujourd’hui, les événements sont de plus petite dimension, et la plus grosse demande se porte sur des événements hybrides. »
Patrick Hoffnung, directeur général de l’European Convention Center Luxembourg. Le centre de congrès basé au Kirchberg a vu le nombre d’événements organisés en son sein diminuer de 22 % en 2020, « ce qui est très peu par rapport à la chute du chiffre d’affaires que l’on a subie », assure son directeur. 2
RÉSILIENT
Le chiffre d’affaires de RTL Group, de 6,017 milliards d’euros, a diminué de 9,5 % en 2020. 3
RÉSIGNÉ
« On n’a pas le choix (en tant que cafetier, ndlr). On se retrouve face à la brasserie qui vient avec un contrat préimprimé, et on signe ou on ne signe pas. Si on ne signe pas, on n’est pas exploitant. » Maître Frank Rollinger, avocat de Don’t Forget Us, l’asbl de défense des restaurateurs et cafetiers, au sujet des contrats de brasserie qui lient les exploitants aux groupes brassicoles. CONQUÉRANT
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« Nous avons toujours évité le marché américain, et le moment est venu d’y entrer. » Patrick Hansen, CEO de Luxaviation. 5
IMPATIENT
« Je pense qu’il y aurait un moyen d’aider le gouvernement, au travers des entreprises, pour accélérer la cadence. »
INVENTIVE
« Bien que d’autres fournisseurs existent sur le marché, les principaux d’entre eux opèrent des services monolithiques, imposant aux utilisateurs d’être rattachés à une seule entreprise et, par conséquent, soumis à l’évolution de ses propres conditions générales. » La Trustworthy Initiative regroupe une trentaine d’acteurs des technologies qui demandent la création d’un WhatsApp luxembourgeois. 7
AMBITIEUX
« L’objectif, à terme, pour atHome, est de fournir une expérience complète : trouver, financer, aider au déménagement et, plus tard, assurer le bien. » Soufiane Saadi, CEO d’atHome Group. Le site web d’annonces immobilières souffle ses 20 bougies cette année.
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Matic Zorman (Archives), Romain Gamba et Mike Zenari (Archives)
Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce, estime que plusieurs entreprises ont les capacités logistiques pour aider à la campagne de vaccination.
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Informations environnementales : bmw.lu
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Ristretto #Entreprises
« Intégrer le top 3 de la sécurité dans les cinq ans » La société Protection Unit a remporté le contrat de sécurisation des gares luxembourgeoises auprès des CFL. Nicolas De Angelis, son deputy CEO, avoue avoir de grandes ambitions pour les années à venir.
Entreprise belge, Protection Unit est un nouveau venu dans le secteur de la sécurité privée au Luxem bourg. Comment cette arrivée s’est-elle opérée ? Voici un peu plus d’un an, Protection Unit, dans le cadre de sa croissance et de son développement, a acquis une autre entreprise de sécurité privée, Fact Group, qui disposait, depuis 2012, d’une filiale luxembourgeoise, Fact Security Luxembourg. C’était une acquisition idéale pour nous développer au Luxembourg, puisque Fact y était déjà bien implantée et disposait d’une réelle expertise du marché. Cette étiquette belge ne sera-t-elle pas un désavantage ? Avoir une étiquette d’entreprise belge n’est pas négatif, bien au contraire. Non seulement nous pouvons justifier une expertise et une reconnaissance en Belgique, où le cadre réglementaire est très strict, mais à côté de cela, nous pouvons compter sur une connaissance des réalités de terrain grâce à la présence ancienne de Fact au Luxembourg.
Quelle est votre ambition pour Protection Unit au Luxembourg ? Nous voulons très vite entrer dans le top 5 des entreprises du secteur, et intégrer le top 3 dans les cinq ans.
Le secteur de la sécurité y est cependant très compétitif, et plusieurs opérateurs « historiques » sont en place... C’est un challenge qui nous motive, et on estime avoir une carte à jouer en proposant des solutions qualitatives, une offre très compétitive et un réel savoir-faire. Le fait d’avoir été choisis par les CFL pour la sécurité des gares vous a donné une grande visibilité. Et cela a sans doute dû surprendre vos concurrents... Peut-être... C’est surtout un marché très important, car c’est un très grand service aux citoyens. Cela a aussi été un beau coup financier... Le chiffre d’affaires double d’un seul coup au Luxembourg : on passe de 3,5 millions à 7 millions d’euros Nicolas De Angelis annuellement. Ce dont je suis surtout satisfait,
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Continuez-vous à vous considérer comme un challenger sur le marché ? Nous n’avons l’intention ni d’arriver en terrain conquis, ni de bousculer quoi que ce soit. Par contre, nous avons notre management spécifique, une vision claire et des valeurs qui font partie de notre ADN, et cela risque en effet de venir changer les habitudes ou insuffler un vent nouveau dans le secteur, ce qui est toujours profitable, surtout aux prospects et futurs clients. Pour vous installer au Luxembourg, la tentation pourrait être de casser les prix... D’une part, nous sommes déjà installés au Luxembourg. D’autre part, ce serait une très mauvaise idée, un mauvais calcul, et ce ne sera pas le cas, même si nous resterons compétitifs. Casser les prix, c’est négliger la qualité du service. Et puis après ? Nous, nous voulons être pérennes.
Pourquoi vouloir vous développer au Luxembourg plutôt qu’ailleurs ? Il y a évidemment la proximité avec la Belgique et la langue française, qui est commune. De plus, le recours aux entreprises de gardiennage et de sécurité privée est une démarche plus ancrée et systématique au Luxembourg, on le voit bien au nombre d’agents : même en tenant compte des frontaliers qui viennent travailler au Luxembourg, les agents de gardiennage sont deux fois plus nombreux par habitant qu’en Belgique.
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c’est que nous ayons su être prêts très rapidement, intégrer le personnel qui était repris... Le contrat avec les CFL a démontré notre agilité et nos facultés d’adaptation.
se félicite de voir le chiffre d’affaires doubler au Luxembourg, grâce au contrat avec les CFL.
Un débat en cours, au Luxembourg, est celui autour des missions dévolues à la police et aux sociétés privées. Quelle est votre position par rapport à cela ? Ce n’est pas un débat réservé au Luxembourg : il a lieu dans toute l’Europe. Je suis tout à fait à l’aise avec ce sujet, car, selon moi, il ne faut pas opposer la police et les agents privés. Nous, nous sommes des observateurs, des constatateurs... La Belgique a parfaitement défini cela dans sa loi en nous confiant cette mission de prévention. Le répressif est du domaine de la police, sans contestation possible. Mais la réalité est que, quand la combinaison des deux se passe bien, on arrive à une vraie sécurité intégrée qui profite aux citoyens.
Interview NICOLAS LÉONARD Photo THOMAS VAN ASS
RE RE RE RECYCL ABLE
L’aluminium de nos capsules est 100% recyclable. Nous avons pour ambition que nos capsules soient fabriquées avec un minimum de 80% d’aluminium recyclé d’ici fin 2021 pour notre gamme Original et d’ici 2022 pour notre gamme Vertuo.
AG I R AVA N T T O U T
Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par JEAN-MICHEL LALIEU
OPTIMISTE
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« Au Luxembourg, plus de 5 % des détenteurs actifs de cartes Visa qui n’effectuaient pas d’achats en ligne avant le Covid-19 effectuent désormais des transactions e-commerce. » Jean-Marie de Crayencour, country manager de Visa Belgique-Luxembourg 2
VOLONTARISTE
ÉCŒURÉS
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« Macabre leader de plans sociaux successifs. »
RBC Investor & Treasury Services se prépare à mener son troisième plan social depuis 2013. 243 emplois sont à nouveau menacés, constatent les syndicats, alors que le second plan social, signé en 2019, n’est pas encore arrivé à son terme. LÉGALISTE
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« À partir du moment où quelqu’un faisait une réclamation sur la question de la représentativité de l’ALEBA, je devais appliquer la loi et me conformer à ses critères. Ce que j’ai fait, après avoir demandé un avis circonstancié de l’ITM. » Dan Kersch, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, justifie, à Paperjam, le fait d’avoir retiré à l’ALEBA sa représentativité sectorielle à la demande des syndicats OGBL et LCGB. COMBATIVE
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« Notre stratégie est clairement d’encourager la transition climatique auprès des entreprises dans lesquelles nos clients sont actionnaires. » Gisèle Dueñas Leiva, sales & head of retail Luxembourg chez BlackRock
« La SPAC est une société dont l’objectif est de rassembler les fonds d’investisseurs privés. Mais à la différence d’un fonds d’investissement traditionnel, l’objectif d’investissement n’est pas déterminé. Il reste abstrait. » Jacques Graas et Paul Péporté, associés au sein de la firme juridique Allen & Overy, définissent ce que sont les special purpose acquisition companies, ces nouveaux véhicules d’investissement venus des États-Unis. 7
MÉFIANT
« Si l’UE tente de fragiliser la City pour en récupérer quelques activités, le risque est de perdre la présence en Europe d’une place financière de premier rang qu’est encore la City, et donc de voir se réduire ses coopérations avec les autres Places du continent. » Maître de conférences HDR à l’Université de Lorraine (Nancy), Vincent Fromentin estime que l’UE doit jouer serré avec les Britanniques au cours des négociations actuelles sur le volet financier du Brexit.
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BlackRock, DR et Visa Belgique-Luxembourg
PÉDAGOGIQUES
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LUCIENNE ANDRING
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Ristretto #PlaceFinancière
« C’est ce que j’appelle une bombe à retardement » Le président de l’ALEBA, Roberto Mendolia, s’inquiète du climat délétère entre les syndicats, alors que la place financière est plongée dans l’incertitude.
Quelques jours après la décision du ministre du Travail de vous retirer la représentativité sectorielle, l’avez-vous digérée ? Quelque part, on s’attendait à une telle décision. Cela nous pendait au nez depuis 2019. La question est de savoir ce qui a fait que quelqu’un s’intéresse à ce sujet. Et qu’est-ce qui a fait que quelqu’un s’y est intéressé ? Il faut un intérêt né et actuel pour pouvoir saisir une loi, que je considère fratricide, permettant à des syndicats concurrents de saisir le ministre pour décider du droit de vie ou de mort du syndicat sectoriel. C’est ce qui a été fait par nos « frères » syndicaux. L’intérêt né et actuel est une soi-disant signature d’un accord entre l’ALEBA, l’ABBL et l’Aca. Vous dites « soi-disant signature ». Pourtant, vous aviez un « accord » de principe… Nous n’avons rien signé. Nous nous sommes inquiétés de plusieurs licenciements dans différentes sociétés ne voulant pas respecter le doublement du préavis, comme le stipule la convention collective. Nous avons donc appelé l’ABBL pour discuter de ce sujet. L’ABBL, de son côté, mettait en avant la crise actuelle. On s’inquiète de la situation et, avec un dialogue sain, nous arrivons sur le sujet de la convention collective qui arrive à échéance. Durant cette discussion avec l’ABBL, avez-vous trouvé des points communs pour améliorer la convention collective ? L’ABBL a souligné qu’il y avait une crise. Il y a une crise sanitaire incroyable. Mais nous n’allons rien concéder. Il faut comprendre que les effets de la crise sur le secteur financier peuvent être décalés. C’est ce que j’appelle une bombe à retardement. Dès lors, allez-vous réduire vos revendications syndicales ? On peut concevoir que nous pouvons limiter nos desiderata à au moins ce que nous avons dans la convention collective du travail (CCT), mais on ne demandera pas moins. Par contre, il y a des corrections nécessaires à faire dans cette CCT. Lesquelles ? Par exemple, la question du 26e jour de congé a été très mal interprétée dans pas mal de banques de la Place,
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ou encore le fait de faire valoir les droits de la CCT sur le paiement des jours fériés légaux. Comment décririez-vous l’ambiance au sein du secteur financier ? Il y a des incertitudes, et on sait qu’il y a des provisions qui sont faites par les banquiers pour couvrir les éventuels défauts de paiement. Moi, je vois que les chiffres de certaines sociétés ne sont pas aussi bons que prévu. C’est assez simple : quand les résultats sont en baisse, on joue sur le pilier des effectifs. Autrement dit, on envisage un plan social. On parle déjà d’annus horribilis pour la place financière... Je ne suis pas devin, ni le grand économiste qui va dire ce qui va se passer, mais en 2021, tout le monde freine. La crise sanitaire touche également la place financière, mais avec un décalage. C’est une bombe à retardement. Quand cette bombe va-t-elle exploser ? Je le répète, je ne suis pas devin. Par contre, des éléments factuels, il y en a. Lesquels ? Des plans sociaux qui explosent, des chiffres de prévisions de croissance en baisse. La mauvaise entente entre les syndicats ne va pas arranger les choses, alors que l’année s’annonce déjà difficile pour les salariés... Ce que je regrette, surtout, c’est de voir des syndicats qui font du syndicalisme politique. Mais outre ce regret, il est certain que j’ai une grande inquiétude pour les intérêts des salariés. Du syndicalisme politique... c’est-à-dire ? J’ai tendu la main pour que l’on parle de la renégociation de la convention collective, bien avant que cela ne sorte dans la presse. J’ai essayé de parler avec les autres syndicats, qui ne m’ont pas donné audience, tous ont décliné ma main tendue. Ils ont décidé de crier au scandale pour montrer du doigt l’ALEBA. C’était une tactique politique de leur part.
Roberto Mendolia, président de l’ALEBA, observe des signes d’inquiétude pour le secteur bancaire.
Interview JEREMY ZABATTA Photo ROMAIN GAMBA
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Molecular Plasma Group au service de l’industrie et de la santé grâce à la BIL Ayant mis au point une technologie de pointe permettant de traiter les surfaces, Molecular Plasma Group (MPG) a permis aux secteurs de l’automobile et de l’aéronautique d’innover. Grâce à sa capacité à s’adapter, l’entreprise a décidé, en pleine crise sanitaire, de rendre cette technologie compatible avec la production industrielle de masques chirurgicaux.
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Garantie InnovFin En 2020, en pleine crise sanitaire, Molecular Plasma Group se lance un nouveau défi et se met « En tant que banque des entrepreau service des hôpitaux luxembourgeois et enneurs, la BIL apporte son support aux treprises en développant une technologie basée sociétés innovantes et aux start-ups sur l’utilisation des plasmas pour optimiser la comme Molecular Plasma Group protection des masques respiratoires « Made in grâce à la signature du programme Luxembourg », créant ainsi des surfaces virucides. InnovFin. Nous avons été convaincus C’est une première. « Nous avons mené un projet par l’idée développée par l’entreprise, de développement avec le LIST et avons montré ses connaissances et ses porteurs de Pour moi, il était naturel la faisabilité du projet avec des performances inprojet et avons souhaité lui faire croyables », ajoute le CEO de MPG. « Aujourd’hui, profiter de l’outil InnovFin. Depuis d’aller frapper à la porte l’entreprise se montre confiante pour proposer une quatre ans, nous avons pu l’aider à de la BIL car nous avons solution commerciale. Plusieurs sociétés belges et se développer grâce aux différents luxembourgeoises ont d’ores et déjà commandé des financements mis en place. C’est toujours eu une bonne machines équipées de cette technologie. Des achats pour nous une success-story. » qui permettront d’augmenter le chiffre d’affaires. relation. Philippe Weisen Les investissements et les risques qui ont été pris Head of Start-ups à la BIL Marc Jacobs paient. Nous avons aujourd’hui des solutions indusCEO de Molecular Plasma Group trielles à proposer à une large panoplie d’industries substrats sensibles, comme les fibres naturelles et pouvons traiter n’importe quel substrat. » relation. Les actionnaires disposaient de 250.000 ou la cellulose. « Nous sommes en mesure de fixer euros pour démarrer la société et la BIL nous a acdes fonctionnalités sur tous types de surfaces et Un développement porté cordé un paquet de financements d’un peu plus d’un agissons dans des domaines difficiles comme l’au- par un soutien financier million d’euros. Une enveloppe progressivement tomobile ou l’aéronautique », explique Marc Jacobs, Pour mener à bien son évolution et le développe- augmentée et restructurée qui nous a permis de CEO de Molecular Plasma Group qui, intéressé par ment de ses activités, MPG a pu compter sur le nous lancer », ajoute le CEO. l’entrepreneuriat, a souhaité contribuer au tissu soutien de la Banque Internationale à Luxembourg (BIL). Déjà partenaire de Marc Jacobs et de sa Convaincue par l’idée, les connaissances, le proéconomique luxembourgeois. précédente société, la banque a pris le risque de le duit et l’enthousiasme des porteurs du projet, la suivre dans sa nouvelle aventure entrepreneuriale. BIL a apporté son soutien à MPG dès le début. Une importante avancée « Pour moi, il était naturel d’aller frapper à la porte L’entreprise innovante a, dans un premier temps, dans un contexte Covid Après avoir mis cette technologie au service de de la BIL car nous avons toujours eu une bonne pu compter sur deux financements InnovFin (un l’industrie, MPG s’intéresse depuis 2018 au secprêt et un crédit de caisse) offrant une garantie teur Healthcare. « Nous sommes entrés en contact bancaire représentant 50 % des investissements. avec l’IMEC (centre de recherche interuniversitaire À la fin de ces derniers, un nouveau financement sur la microélectronique en Belgique), qui nous a avec le support de l’Office du Ducroire a été octroyé demandé si nous étions capables de greffer des pour favoriser l’expansion à l’international, suivi en anticorps sur leur électronique. Nous avons mené 2020 par un prêt garanti par l’État dans un contexte C’est le nombre de machines équipées de la technologie de Molecular Plasma Group commandées par un projet de développement avec l’Université de sanitaire compliqué. Au final, divers financements Louvain et cela a fonctionné », poursuit Marc Jacobs. des entreprises luxembourgeoises et belges et livrées d’ici et institutions ont donc permis à l’entreprise de la fin du mois de mars. Sur base de ce travail, l’équipe intègre la 1re édition croître, d’élargir son offre et d’atteindre son niveau du Fit4Start Heal Tech, fin 2018-début 2019, acactuel dans un climat de confiance, constructif et quérant ainsi davantage d’expérience et d’expertise. de transparence. Spin-off du LIST et de l’Institution flamande pour la recherche technologique VITO, hébergée au Technoport, Molecular Plasma Group a développé depuis 2016 une technologie spéciale « MolecularGRIP TM » assurant une parfaite adhérence sur des surfaces inertes, comme le téflon, la fibre de carbone, mais aussi des
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Banque Internationale à Luxembourg SA, 69 route d'Esch, L-2953 Luxembourg, RCS Luxembourg B-6307 - T: 4590-1 www.bil.com
1. Philippe Weisen (à gauche), Head of Start-ups à la BIL, et Marc Jacobs (à droite), CEO de Molecular Plasma Group. 2. Pierre-Olivier Rotheval, Head of Marketing & Innovation à la BIL. 3. La bobine de matière première (couche externe du masque) est déroulée et traitée dans la machine avec une très fine couche d’acide citrique.
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4. Une fois la surface traitée, la matière première ressort de la machine pour être une nouvelle fois enroulée et placée sur une machine de production de masques. 5. La technologie « MolecularGRIPTM » permet de traiter différentes surfaces dans ce type de machines en y attachant des molécules en combinaison avec du plasma. 6. L’équipe de MPG travaille au quotidien sur le traitement des surfaces à l’aide de produits les moins nocifs possibles. 7. Le volet R&D est important pour l’entreprise. Des pièces de support sont régulièrement dessinées et imprimées en 3D pour améliorer son fonctionnement.
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Avec l’aide d’experts connaissant parfaitement votre marché, nous nous engageons à concevoir pour vous des produits élaborés et à développer des solutions novatrices répondant aux besoins des grandes entreprises, PME, professions libérales et indépendants. 7
Vous avant tout Mars 2021
Data Dada #Coronavirus
Les libertés au rythme du Covid Cela fait désormais plus d’un an que nos libertés sont restreintes pour endiguer la circulation du Covid-19. Le retour à la normale n’a toujours pas eu lieu. Mais les contraintes ont évolué au rythme de la courbe des infections quotidiennes et de celle des hospitalisations pour tenter de s’adapter Auteur PIERRE PAILLER à un virus qui, lui, ne se lasse pas. 10/06/2020 Rassemblements publics de plus de 20 personnes interdits, sauf si places assises, distance de deux mètres ou port du masque obligatoire Jusqu’à 10 personnes par table dans les cafés et restaurants
700
20/04/2020 Réouverture des chantiers Port du masque (ou foulard) obligatoire dans les transports et les commerces
600
12/03/2020 Fermeture des écoles 500
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16/07/2020 Rassemblements publics et privés de plus de 20 personnes interdits, sauf si places assises, distance de deux mètres ou port du masque obligatoire
04/05/2020 R éouverture de l’enseignement supérieur
15/03/2020 Circulation interdite sur la voie publique, sauf pour des raisons liées au travail, à la santé, à l’alimentation, en cas de force majeure ou pour des loisirs extérieurs, mais avec une distance de deux mètres Fermeture des cafés et restaurants Fermeture des commerces non essentiels Fermeture des lieux culturels (musées, cinémas, théâtres)
22/06/2020 F in de l’état de crise P as de limitation du nombre de personnes à domicile, mais pas plus de 20 personnes recommandé
11/05/2020 R éouverture des lycées Réouverture des commerces non essentiels Rassemblements publics en extérieur autorisés jusqu’à 20 personnes Pas plus de 6 personnes à domicile en plus des personnes du foyer Réouverture des musées
23/07/2020 R assemblements publics et privés de plus de 10 personnes interdits, sauf si places assises, distance de deux mètres ou port du masque obligatoire
18/03/2020 Début de l’état de crise 300
20/03/2020 Fermeture des chantiers 25/05/2020 Réouverture des écoles 215 28/05/2020 Réouverture des cafés et restaurants avec 4 personnes par table et fermeture à minuit Réouverture des cinémas et théâtres
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1er cas le 29 fév. 2020 0 MARS 2020
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25/11/2020 Fermeture des cafés et restaurants Pas plus de 2 personnes à domicile en plus des personnes du foyer Fermeture des lieux culturels (cinémas, théâtres), sauf les musées
LÉGENDE Mesures plus contraignantes Mesures d’allègement Nombre de cas positifs par jour Moyenne mobile du nombre de cas positifs sur 7 jours
24/12/2020 Fermeture des commerces non essentiels Fermeture des écoles Couvre-feu à 21 h
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29/10/2020 Rassemblements publics de plus de 4 personnes interdits, sauf si places assises, distance de deux mètres ou port du masque obligatoire Pas plus de 4 person nes à domicile en plus des personnes du foyer Pas plus de 4 person nes par table dans les cafés et restaurants Couvre-feu à 23 h
Nombre d’hospitalisations en soins intensifs 700
Nombre d’hospitalisations en soins normaux
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08/01/2021 Réouverture des commerces non essentiels Réouverture des écoles Couvre-feu à 23 h Réouverture des lieux culturels (cinémas, théâtres)
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* La dernière mise à jour des données a eu lieu le 17 mars avec la publication des statistiques du 16 mars. Source
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Ministère de la Santé
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« I l fallait oser la finance durable » Conversation Robert Scharfe
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Interview JEAN-MICHEL LALIEU
Photo ANDRÉS LEJONA
Robert Scharfe quitte la Bourse de Luxembourg après neuf années à en avoir fait une institution moderne et prête à résister à la concurrence. Reconnue au niveau international comme locomotive de la finance durable et au niveau européen comme porte d’entrée vers les marchés chinois, elle doit désormais servir de modèle à l’ensemble de la Place. « Nous devons nous orienter vers des activités dont nous pourrons être fiers », insiste le CEO, estimant qu’il faut en finir définitivement avec certaines pratiques du passé. AVRIL 2021
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Conversation
BIO EXPRESS Naissance 26 novembre 1953 à Luxembourg 35 années de banque Il rejoint la Banque générale du Luxembourg en 1977, après des études d’économie à l’université de Nancy, et obtient des postes de direction dans différents services. Il a vécu la crise Fortis et la transformation de la banque en BGL BNP Paribas. Au moment de son départ, il était membre du comité de direction.
La Bourse est-elle désormais entre de bonnes mains ? Elle est entre d’excellentes mains pour aborder tous les défis de l’avenir. Nous avons pu organiser la succession en interne (Julie Becker, CEO adjointe, sera la nouvelle CEO en avril, ndlr). Il faut aussi remarquer qu’en plus d’avoir choisi la personne la plus compétente, c’est aussi la première fois, en plus de 90 ans, qu’une femme occupera le poste de CEO.
Autres mandats Depuis 2012, il est membre des conseils d’administration de l’ABBL, de Luxflag et de l’ILA, et est observateur au sein du conseil de l’Alfi. Depuis 2015, il est aussi président du comité de nomination de la World Federation of Exchanges.
pour faire en sorte que nous puissions fonctionner correctement. Mais, plus concrètement, je voudrais pouvoir partager mes connaissances, mon expérience et mes contacts par rapport à des sujets qui m’intéressent, et donc, en premier lieu, tout ce qui a trait à la durabilité, mais aussi à une gestion durable.
Vous avez travaillé jusqu’à 67 ans. Êtes-vous pour l’allongement de la vie active au-delà de 65 ans ? Si j’ai poursuivi mes activités au-delà des Avez-vous déjà élaboré des pistes 40 années qui constituent une carrière comconcrètes d’action ? Elles se concrétisent peu à peu. Mais je serai plète, c’est parce qu’au niveau de la Bourse, encore très occupé professionnellement jusqu’à nous étions lancés dans un projet de dévemon dernier jour à la Bourse de Luxembourg loppement intéressant, qui m’a motivé à pour(le 21 avril, ndlr). La crise sanitaire a compli- suivre mon activité au-delà de la limite d’âge qué les choses et exige beaucoup d’attention officielle. J’étais embarqué au sein d’une équipe
Vous avez pris la direction de la Bourse à un âge où certains pensent déjà à prendre leur retraite. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce poste ? J’ai quitté le secteur bancaire quelques années après la crise financière de 2008, qui m’a fondamentalement marqué. Je me posais beaucoup de questions personnelles sur l’utilité réelle de la finance et son lien avec l’économie réelle. J’ai essayé de comprendre les outrances qui ont provoqué cette crise. J’étais sur le point de passer à autre chose et, comme mon épouse voulait continuer à travailler jusqu’à la retraite officielle, je me suis dit qu’il fallait que je me trouve une activité sérieuse [rires]. C’est à ce moment que s’est présentée l’opportunité du poste de CEO de la Bourse de Luxembourg. Dans quel état de santé était l’institution au sortir de cette crise ? Elle a connu des soubresauts et a été i mpactée. Le ralentissement substantiel des activités des marchés de capitaux a pesé sur la santé de la Bourse. En plus de cela, de nouveaux concurrents sont apparus dans le domaine de la cotation, et ça, c’était nouveau. Jusque-là, il s’agissait quasiment d’une chasse réservée à la Bourse de Luxembourg. Cette nouvelle situation était notamment liée à la crise, d’autres
2012
NEUF ANS POUR TRANSFORMER LA BOURSE
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AVRIL 2021
2015
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Le grand déménagement
Création de Fundsquare
Une nouvelle culture
L’ouverture au marché chinois
Trois mois après son arrivée, le nouveau CEO propose un déménagement des activités, réparties dans deux immeubles, dans le futur bâtiment Aurora (4.300 m2), plus efficient et qui assurera une meilleure visibilité. « La Bourse se cachait derrière sa fameuse porte de l’avenue de la Porte-Neuve, on ne savait pas grand-chose de ses activités. »
La filiale Fundsquare est un opérateur devenu très important pour le secteur des fonds d’investissement. Elle organise l’échange d’informations entre les gestionnaires des produits, les régulateurs dans 40 pays différents et les distributeurs. « Aujourd’hui, elle représente plus d’un tiers du chiffre d’affaires du groupe et un tiers du résultat net de la Bourse. »
Le projet de transformation culturelle se structure avec, en pointe, la création d’une culture commerciale. L’organi sation change fondamentale ment et procède à de nouveaux engagements pour abandonner son image d’administration. « Il était devenu nécessaire d’aller chercher les affaires. Cette nouvelle culture a vraiment transformé la société. »
Les relations s’intensifient entre la Bourse de Luxembourg et la Chine. Pékin s’ouvre vers l’international, et des firmes chinoises envisagent des développements hors des frontières. La Bourse a senti qu’elle pouvait jouer un rôle, « mais, pour cela, il fallait tisser des liens importants ».
Bourse de Luxembourg
20 ans à la Bourse S’il a rejoint la Bourse en avril 2012 en tant que CEO pour succéder à Michel Maquil, il connaissait bien l’institution dont il avait intégré le conseil d’administration en 2001. Il en a exercé le mandat de vice-président pendant plusieurs années.
Votre vraie passion, c’est la finance internationale ? J’ai fait toute ma carrière dans la finance internationale, lors de laquelle j’ai eu la chance de pouvoir toucher à tout ce que l’on appelle aujourd’hui l’investment banking : activités de salle de marché, corporate finance, montage d’opérations de financement, asset management, compliance et risk management. Il s’agit là d’un éventail extrêmement large d’activités, qui m’a conduit aux quatre coins du monde. C’est donc cette combinaison de know-how et de contacts internationaux qui ont marqué ma carrière et qui vont garder leur importance dans les années à venir. Vous avez donc visiblement des projets clairs pour l’avenir proche… J’observe qu’au cours des dernières années, la finance durable a vraiment été le thème en pointe dans la finance internationale. C’est un sujet qui concerne tout le monde, sur tous les continents. Notre place financière, à vocation internationale, se focalise aussi davantage sur ce thème, tout comme les États-Unis et l’Asie, d’ailleurs. C’est donc cette thématique qui m’occupera pour les années à venir.
extrêmement dynamique qui comptait sur mon expérience.
Photos
À quelques semaines de la retraite, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Je me sens positif et motivé. Après une carrière de 44 ans dans la finance internationale, j’ai toujours autant d’énergie pour aborder ces sujets, qui continuent à m’intéresser et que je pourrais d’ailleurs aborder dans d’autres environnements et d’autres contextes.
Robert Scharfe
« J e me posais beaucoup de questions personnelles sur l’utilité réelle de la finance et son lien avec l’économie réelle. »
Aux alentours de 2015, la Chine, deuxième économie mondiale, avait donné des signes d’ouverture de son système financier vers l’international. Nous avons perçu que des milliers de sociétés chinoises allaient, tôt ou tard, se tourner vers les marchés de capitaux internationaux pour financer leurs projets. La création de liens avec la Chine nous a beaucoup occupés, avec un point culminant en 2017, année lors de laquelle je me suis rendu six fois en Chine. C’était important de le faire. La Chine était perçue comme un immense challenge, voire comme un danger. La Bourse, elle, s’est montrée ouverte à ce qu’il se passait. Aujourd’hui, je considère toujours que nous avons intérêt à coopérer avec la Chine, à bien comprendre ce pays très différent. Mais, pour cela, il faut s’investir, créer des liens, constituer des bases de confiance. Tout cela nous a très bien réussi.
acteurs ayant la volonté de développer de Quelle a été votre première nouvelles sources de revenus. Mais elle était grande décision ? aussi due à l’introduction de la directive Mifid, Après trois mois de présence, en 2012, j’ai qui a fondamentalement changé le monde proposé au conseil d’administration un déméboursier. À partir de 2007, Mifid a aboli les nagement des activités. Nous étions répartis monopoles de traitement des valeurs mobi- dans plusieurs bâtiments dans des bureaux lières sur les plateformes boursières et a libé- mal agencés, où, personnellement, j’étouffais. ralisé le système. De nouvelles plateformes Les gens ne savaient pas communiquer correc ont donc vu le jour un peu partout. tement entre eux, et l’institution manquait clairement de visibilité vers l’extérieur. Aujour C’est donc dans ce nouvel environnement d’hui, on voit que la Bourse est une institution concurrentiel que vous êtes remarquable et remarquée. Ce nouvel environ entré en fonction ? nement, plus agréable, a également permis Effectivement. La Bourse de Luxembourg un changement de culture. Nous avons pu était reconnue comme une place de cotation nous regarder dans le miroir et voir qui nous très importante, surtout pour le volet obliga- voulions être en tant qu’institution. taire international. Mais, à l’époque, il s’agissait plutôt d’une « administration » pour la La Bourse de Luxembourg a tissé des liens cotation. Le plus grand challenge a été d’en étroits avec les bourses chinoises. faire un prestataire de services innovateur, à Qu’est-ce qui a motivé ce choix stratégique ? l’écoute des marchés et des clients, pour conso- Rapidement, nous avons analysé le déveloplider sa position. C’est donc à cela que je me pement potentiel de la Bourse en regardant suis attelé au cours de ces neuf années. d’où pouvaient provenir les émetteurs de demain.
2016
Mais que recherchez-vous concrètement en collaborant avec les grandes bourses chinoises ? Pour nous, la situation était claire : un certain nombre de grandes institutions chinoises opéraient déjà sur le marché international. Les grandes banques commerciales qui se sont installées au Luxembourg entre-temps, mais aussi un certain nombre de sociétés chinoises qui étaient cotées sur différentes bourses européennes. Notre démarche était d’utiliser les banques comme des vecteurs d’introduction auprès de leurs clients corporate. Par ailleurs, ce qui nous distingue des autres bourses, c’est la mise à disposition gratuite, auprès des investisseurs, de toutes les informations relatives aux valeurs mobilières que nous cotons. C’est un élément important, notamment quand vous investissez dans des titres de sociétés moins connues. L’objectif était donc clairement d’attirer des investisseurs de tous types au Luxembourg, convaincus que c’est à la Bourse de Luxembourg qu’ils seraient les mieux servis.
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La Bourse passe au vert
Un expert pour l’UE
Le Green Bond Channel
Le projet LuxXPrime
Création de FundsDLT
La création du Luxembourg Green Exchange (LGX), première plateforme mondiale pour la cotation des obligations vertes, met en lumière l’importance de la finance durable après la conférence de Paris sur le climat et propose un nouveau pôle de développement de la Place. « Nous étions convaincus que ce n’était pas qu’une mode, qu’il fallait agir rapidement. »
Grâce à son expertise en finance verte, la Bourse de Luxembourg est sélectionnée parmi les 20 experts de l’Union européenne chargés de définir le plan d’action de la finance durable de l’UE. C’est Julie Becker, la future CEO, qui a obtenu le mandat. « Cette sélection a rendu la finance durable beaucoup plus visible sur la place financière. »
Établissement du Green Bond Channel, un canal d’information sur les valeurs mobilières vertes entre Shanghai et Luxembourg. C’est le point culminant des efforts de percée sur le marché chinois. « Dans la foulée, nous avons signé un nombre important d’accords de coopération avec les grandes institutions bancaires et les infrastructures des marchés de capitaux chinois. »
Réalisation du projet LuxXPrime, en collaboration avec la Bourse de Stuttgart, un segment de trading liquide d’obligations pour les investis seurs privés. « Une des grandes faiblesses de la Bourse de Luxembourg, c’est qu’elle était avant tout un lieu de cotation et non un lieu de négoce. »
En début de confinement, création de la filiale FundsDLT, en collaboration avec Natixis Asset Management, Clearstream et Credit Suisse Asset Management. Elle prévoit l’utilisation de la blockchain dans la mise en place et la gestion de nouveaux fonds d’investissement. « Cela permet la réduction des coûts, du temps de traitement et des risques. »
AVRIL 2021
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Conversation Robert Scharfe
Cela nous a bien réussi. Je suis convaincu que la Chine a encore un énorme potentiel. La bourse verte, ou LGX, a d’ailleurs contribué à attirer nombre de ces émetteurs, dans la mesure où la Chine était active dans la finance verte bien avant que l’UE mette en place son plan d’action. Nous avions l’instrument adapté pour leur donner de la visibilité sur les marchés internationaux. Avec comme effet secondaire que la visibilité de la Bourse a rayonné sur la place financière dans son ensemble. Et si la Bourse de Shanghai avait un jour marqué de l’intérêt pour la Bourse de Luxembourg, petite institution indépendante ? Pour l’instant, elle a pu prendre une participation dans Astana International Exchange au Kazakhstan, mais n’est pas encore arrivée jusqu’en Europe [rires]. Plus sérieusement, il faut reconnaître l’importance de notre institution pour la place financière dans son ensemble. J’ai souvent dit que « si la Bourse de Luxembourg va bien, la moitié du Kirchberg va bien », dans la mesure où nous apportons des affaires qui nécessitent l’intervention de spécialistes de tous types (consultants, a vocats, etc.). C’est évidemment aux actionnaires de décider quel est le meilleur sort pour cette Bourse, mais je crois que nous devons rester ouverts et regarder toutes les opportunités et toutes les situations qui pourraient se poser, tout en gardant toujours à l’esprit ce que doit être l’intérêt du Luxembourg. L’indépendance de la Bourse est sans doute un gage de dévelop pement économique pour le pays. Récemment, vous avez pris des parts dans des start-up. Avec quels objectifs ? À partir de l’année 2019, nous nous sommes rapprochés des fintech. Nous estimions qu’il
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notamment via des prises de participation dans des sociétés qui auraient pu compléter l’éventail de nos activités, mais sans succès. De grands acteurs autour de nous ont des moyens nettement plus importants et surveillent de près ce que nous faisons. Faut-il avoir des regrets ? Pas forcément, cela nous a permis de redoubler d’efforts pour pouvoir faire mieux par la suite. C’est d’ailleurs une des choses qui caractérisent cette institution : elle n’est pas seulement innovatrice, elle est efficace, de petite taille, avec un esprit d’équipe développé, et chaque soi-disant échec a contribué à souder cette équipe.
MILLIARDS D’EUROS
À la fin du mois de février dernier, le Luxembourg Green Exchange avait listé 900 obligations durables pour un total de 440 milliards d’euros. Un montant qui lui confère une part de marché mondiale d’environ 50 %, quatre ans et demi après son lancement. Le LGX a déjà accueilli 162 émetteurs en provenance de 36 pays.
était possible de combiner des business bien établis avec les développements de ces jeunes pousses et d’offrir un terrain d’exercice bénéfique aux deux parties. En même temps, cela nous permettait d’accélérer notre processus de digitalisation. Nous nous sommes surtout intéressés à des fintech qui ont une solution à proposer par rapport à des défis que nous avions identifiés. Nous avons donc investi dans la plateforme d’origination d’emprunts Origin, basée à Londres, dans StarTalers, une plateforme luxembourgeoise destinée aux investisseuses, et, tout récemment, dans Tetrao, qui extrait des données sur une base industrielle selon les principes de l’intelligence artificielle. Ce sont des sujets qui nous intéressent énormément et qui nous font avancer beaucoup plus rapidement. Avez-vous le souvenir de choses que vous avez tentées et qui n’ont pas abouti ? Dans les grandes lignes, nous avons réussi nos projets. Ceci dit, nous avons essayé de nous développer davantage à l’international,
La création du Luxembourg Green Exchange (LGX) est, par contre, sans doute le plus grand succès ? Effectivement. Il s’agit d’une success-story sans pareille réalisée avec des investissements relativement modestes. Après la conférence de Paris sur le climat, nous avons perçu qu’une économie plus durable allait susciter des financements énormes. À l’époque, beaucoup de gens nous ont demandé ce que nous voulions vraiment faire. Nous étions déterminés, et le conseil nous a suivis. C’est clair qu’il fallait oser la finance durable. Le LGX nous a vraiment aidés à renforcer notre image de marque sur le marché international et, alors que nous sommes entrés dans sa cinquième année de fonctionnement et malgré une concurrence qui vient désormais de tous les grands opérateurs, nous gardons une part de marché mondiale de 50 % au niveau des obligations vertes, sociales et durables. Cette grande innovation nous a aussi rapporté de nombreux prix et reconnaissances. Le magazine Environmental Finance, une référence dans la finance durable, nous a décerné cinq fois d’affilée le prix Bourse de l’année
LA BONNE SANTÉ DE LA BOURSE DE LUXEMBOURG
60 MILLIONS D’EUROS Chiffre d’affaires 50
Bénéfice net
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47,5
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Source
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Bourse de Luxembourg
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Conversation Robert Scharfe
ces cinq dernières années. C’est quelque chose d’impensable. Mais c’est lié au fait que cette plateforme a su évoluer chaque année. Nous avons aussi reçu, en 2020, le Global Climate Action Award des Nations unies, remis à 13 institutions du monde entier. Nous avons reçu ce prix dans la catégorie Financing for Climate Friendly Investment, et nous sommes la seule institution financière à être reconnue. C’est la preuve que nous avons fait les bons choix. Ces dernières années, la Bourse s’est révélée être un grand ambassadeur de la finance verte au Luxembourg. Comment est né cet intérêt ? Il faut se rappeler que la Bourse a déjà coté le premier emprunt vert en 2007. Il avait été émis par la Banque européenne d ’investissement. Ces émissions vertes sont ensuite arrivées au compte-gouttes au cours des années suivantes. Mais, à l’époque, en pleine crise financière suivie de la crise de la dette souveraine, elles n’étaient pas vraiment sur le radar. Pour nous, le véritable déclencheur est survenu en 2015 avec l’accord de Paris sur le climat et la promotion des 17 objectifs de développement durable des Nations unies. Nous nous sommes alors posé la question de savoir ce que nous pouvions faire pour contribuer au développement de ce marché, sachant que nous avions déjà été en contact avec ces instruments depuis 2007. Par la suite, la visibilité du travail que nous avons effectué par rapport à la finance verte a fait prendre conscience à pas mal de gens sur la place financière que quelque chose de fondamental était en train de naître. L’État, qui figure parmi nos actionnaires, a également pu observer qu’il s’agissait d’un phénomène capital pour le développement du centre financier dans son ensemble.
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AVRIL 2021
de rêve pour la place financière luxembourgeoise de se réorienter. Notamment parce que la finance durable n’a pas ce problème d’image que d’autres activités peuvent avoir. C’est l’avenir de la Place ? Personnellement, j’en suis convaincu. Pour la Place de Luxembourg, il ne peut pas uniquement s’agir d’un effet de mode. C’est clairement une opportunité unique de nous spécialiser, de devenir un leader, dans le sens de celui qui est convaincu et tire les initiatives, et d’oser aller plus loin que ce qui est exigé sur le moment. Le Luxembourg a été assez bien critiqué au niveau international ces dernières années, pas plus tard encore qu’il y a quelques semaines avec le dossier OpenLux.
La Bourse de Luxembourg possède une impressionnante collection de marteaux en bois. Chaque nouveau client de marque, chaque grand événement est l’occasion de procéder à la « cérémonie de la cloche ». De nouveaux marteaux sont gravés. N’allez cependant pas croire que la cloche de la Bourse grand-ducale a un passé aussi glorieux qu’à New York, Paris ou Bruxelles, où elles ont servi, pendant des décennies, à ouvrir les échanges du jour. Celle de Luxembourg est née d’une idée de son CEO, en 2014, qui cherchait un symbole pour faire rayonner l’image de l’institution grand-ducale. Les photos de ces fameuses cérémonies sont aujour d’hui largement partagées par les invités sur les réseaux sociaux, leur donnant un tintement international.
Andrés Lejona (Maison Moderne)
LA CLOCHE, UN JOLI COUP DE MARKETING
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Que reste-t-il à faire pour assurer ce développement ? Malgré les importants progrès déjà réalisés, la finance durable représente, en volume, une faible partie de l’ensemble. Elle est évidemment en croissance, et la pandémie y a contribué, mais, et cela a souvent été dit, il faut encore aller beaucoup plus loin et plus rapidement. La finance durable est vraiment la finance d’avenir. C’est une finance propre, transparente, directement liée à l’économie réelle. Elle opère selon des standards et des normes internationalement reconnus, et elle acquiert progressivement une base scientifique pour déterminer ce qui est durable. Elle se traduit à travers des projets ou des comportements de sociétés qui ont des objectifs très clairs, mesurables et surtout compréhensibles par tout le monde. Les acteurs de l’économie sont en train de modifier leurs comportements en faveur de plus de durabilité. Et cette nouvelle économie durable nécessite une finance durable pour la supporter. Il existe donc là une opportunité
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Conversation Robert Scharfe
UNE SUCCESSION SANS SURPRISE Le 21 avril prochain, Julie Becker (45 ans) sera nommée CEO de la Bourse de Luxembourg au terme de l’assemblée générale. Un poste pour lequel elle se prépare depuis de longs mois déjà. Impliquée dans la finance au Luxembourg depuis une vingtaine d’années, elle a rejoint la Bourse de Luxembourg en 2013 et a intégré le comité exécutif en 2015. En 2016, c’est elle qui a concrétisé la mise sur pied du Luxembourg Green Exchange. Fortement impliquée dans la promotion de la finance durable, au Luxembourg comme à l’international, elle a été appelée, en 2016, à rejoindre le groupe d’experts de l’Union européenne pour la finance durable.
peut-être utiliser ces attaques comme une opportunité de remettre en question certaines pratiques et de prendre les mesures qui seront profitables à long terme. Il faut faire ce qui est nécessaire pour pouvoir être fier de ce que la Place luxembourgeoise réalise.
Vous ne ressentez plus cette fierté ? Il existe un sentiment ambivalent dans la société luxembourgeoise par rapport à sa place financière. On en a besoin pour soutenir le développement économique, mais on ne la soutient pas vraiment. À Londres, par exemple, on voit l’effet inverse. Alors qu’elle est chahutée par le Brexit, tout est mis en Y a-t-il encore du travail à faire pour répondre aux standards internationaux ? œuvre pour que la City garde son rayonnement Les fondements de cette Place sont extrême- international dans une approche businessment solides, mais par rapport à certains cré- oriented et très pragmatique de l’ensemble neaux, il convient de se poser la question de des acteurs, y compris les autorités nationales. savoir si nous voulons encore faire reposer Le Luxembourg doit faire des choix pour notre évolution sur ces activités. Plutôt que qu’on puisse défendre sa Place en son âme et de vouloir se défendre à tout prix, il faudrait conscience. Et être fier de montrer la mission
« L e LGX est une successstory sans pareille réalisée avec des investissements relativement modestes. » 34
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Et cela passe par la concentration d’une part de l’activité sur la finance durable plutôt que sur d’anciennes pratiques… ? Des enquêtes récentes montrent que les métiers du secteur financier ne font plus partie des préférences des jeunes aujourd’hui. La finance durable a le potentiel pour faire changer ce sentiment. Les jeunes cherchent une raison d’être à leur travail et demandent à voir l’impact de ce qu’ils font. Il faut construire m assivement là-dessus. Et il ne suffit pas de dire que « nous sommes une place financière durable », il faut agir à tous les niveaux et se montrer encore beaucoup plus proactifs. Cela devrait faire taire les critiques ? Le poids de l’activité de la place financière par rapport à la taille du pays entraînera encore des critiques, même si ce n’est pas un argument valable. Ce n’est pas la critique de la taille qui devrait nous occuper, nous devrions plutôt mettre l’accent sur le fait que tout ce qui se pratique ici a du sens dans l’intérêt de la société au sens le plus large. Nous devons mettre en évidence qu’une grande part des capitaux gérés depuis le Luxembourg sont déployés dans des projets hors de nos frontières. C’est cela qu’il faut mettre en exergue. Risquer sa réputation pour quelques activités ou clients connexes n’en vaut pas la peine. Il faut se montrer exigeant. La fin du secret bancaire, par exemple, comment l’avez-vous vécue ? On pourrait encore faire le parallèle avec le développement de la finance durable au Luxembourg. Soit je suis passif et j’attends que l’on m’impose certains comportements et des obligations de reporting, soit je fais le choix d’être le « meilleur de la classe » et je construis moi-même l’avenir. La situation était la même avec le secret bancaire. Il ne servait à rien de vouloir s’attacher à quelque chose qui, in fine, était de toute manière condamné. On a donc bien fait de l’abolir de notre propre initiative. On peut regretter de ne pas l’avoir fait un peu plus tôt, mais construire une place financière sur des standards qui ne sont pas acceptables sur le plan international est en tout cas une mauvaise stratégie. Comment analysez-vous l’évolution des médias économiques au cours de votre carrière ? Les médias économiques et financiers jouent aujourd’hui, beaucoup plus que dans le passé, un rôle d’investigation critique. C’est très important que les médias ne se limitent pas seulement à rapporter et informer, mais bien qu’ils prennent des attitudes critiques et questionnent. C’est indispensable : ils assurent
Bourse de Luxembourg
Y a-t-il, selon vous, une réflexion à avoir sur le futur de la Place ? Oui, il faut s’interroger sur la manière dont on doit positionner cette Place, en se montrant conforme par rapport aux standards internationaux et, là où c’est possible, en allant même une étape plus loin, tout en assurant une approche pragmatique entre les diffé rents acteurs et le régulateur pour maintenir l’attractivité de la Place dans les activités qui importent.
qu’elle remplit en matière de financements internationaux.
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Y a-t-il eu des moments lors desquels vous avez douté de la pratique des affaires instituée sur la Place luxembourgeoise ? La place financière luxembourgeoise a, pendant très longtemps, agi sous l’influence de réglementations locales. Le cadre réglementaire est, au fil des années, devenu de plus en plus européen, voire international. Parallèlement, l’essor fulgurant de la place financière, qui représente aujourd’hui plus d’un tiers du PIB du pays, a fait que les activités se sont diversifiées. Aujourd’hui, le moment me semble opportun pour se poser des questions sur les choix futurs à faire pour pouvoir continuer à faire croître cette Place, mais dans un cadre de transparence et de durabilité. Il faut recréer des liens étroits avec l’économie réelle. Cela entraînera certains choix qu’il faudra assumer. Mais notre expérience et notre ouverture très importante vers l’international sont les outils idéaux pour assurer la croissance de cette place financière dans un contexte de modification des normes et des standards internationaux.
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Conversation Robert Scharfe
le fait que les dirigeants se posent les bonnes questions par rapport à leurs comportements.
au niveau du groupe. Elles étaient réparties sur quatre continents dans 17 pays. Évidemment, la fin a été moins heureuse avec le déclenchement de la crise financière. Fortis a malheureusement été une des premières institutions financières à avoir été touchées. Mais, comme toute expérience dans la vie, celle-là m’a marqué et m’a permis de c ontribuer au développement de la finance i nternationale, ce que j’ai fait au cours des 10 dernières années. J’avais pris conscience qu’il y avait des choses à changer globalement dans la finance.
Revenons à votre parcours. À la sortie des études, qu’est-ce qui vous a attiré vers le monde de la finance ? En tant que détenteur d’une maîtrise en sciences économiques, j’avais surtout fait des études théoriques et je voulais comprendre à quoi cela servait. J’ai donc rejoint la Banque générale du Luxembourg. J’ai eu directement l’oppor tunité de rejoindre un département naissant, celui des opérations financières internationales. Il s’agissait à l’époque d’une toute petite entité au sein de la banque, mais qui, au cours des années, s’est développée de manière substantielle. Nous avons participé au développement de la place financière en touchant à tout, mais, en même temps, en devant tout construire. C’est justement cela qui était intéressant.
Vous nous avez parlé de vos projets futurs dans la finance durable. Vous en caressez d’autres pour les prochaines années ? Outre la finance durable, où beaucoup de choses restent à faire, je me suis toujours intéressé à l’univers des jeunes pousses, fintech, greentech, etc. Je crois beaucoup en la combi naison des activités déjà établies avec les plus innovantes. Enfin, j’espère encore pouvoir contribuer à développer les ressources humaines. J’ai eu la grande chance, tout au long de ma carrière, de travailler avec des gens très différents et qui m’ont beaucoup inspiré. Aujour d’hui, on a besoin d’une nouvelle race de dirigeants qui incarnent les aspects de durabilité et qui soient capables de reconnaître l’impact que cela peut avoir sur la société. Concrètement, j’aimerais pouvoir guider un certain nombre de personnes dans le développement de leur carrière.
Si vous n’aviez pas fait cette carrière, qu’auriez-vous fait ? Étant jeune, j’étais très attaché à la nature et aux animaux. Une carrière de garde forestier aurait pu me tenter. Quels ont été les moments les plus forts de votre vie professionnelle ? Les moments les plus forts ont chaque fois été ceux où l’on réalisait des projets pour lesquels on s’interrogeait réellement sur la manière de procéder pour pouvoir en venir à bout. Il y en a eu autant à l’époque BGL que pendant la période Fortis ou encore à la Bourse. Nous avions beaucoup de défis à relever. Mais les réussir nous offrait une grande satisfaction et nous donnait la motivation pour continuer et persévérer. Si vous deviez citer un exemple… ? Au début des années 1990, à la banque, nous étions parvenus à positionner le franc luxembourgeois en tant que quatrième monnaie la plus utilisée dans les financements d’emprunts internationaux. Cela veut dire que nous avions développé un marché luxembourgeois qui prenait une dimension très importante. La BGL était l’opérateur numéro un dans ce domaine, ce qui nous a valu des mentions dans la presse spécialisée internationale. Vous vous êtes aussi retrouvé chez Fortis Belgique à un moment délicat de son parcours. Une période difficile à gérer ? L’expérience Fortis, depuis l’année 2000, fut une expérience très intéressante et riche. Nous opérions à un niveau beaucoup plus important que le noyau luxembourgeois. Cela a aussi été le moment où j’ai pu le plus mettre en valeur mon ouverture envers d’autres cultures et d’autres pays, ce qui m’a permis de reprendre la responsabilité de toutes les salles de marché 36
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FAST & CURIOUS Jardin ou voyages lointains ? Voyages lointains. Sport ou lecture ? Sport : vélo et course. Argent liquide ou sans contact ? Sans contact. Bière ou vin ? Vin, autant rouge que blanc. La bourse ou la vie ? La vie. La Bourse m’a déjà pris beaucoup de temps. Musique classique ou rock ? Hard rock ! Épargner ou investir ? Investir. Sud ou Nord ? Sud l’été, Nord l’hiver. Rome ou New York ? New York. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Robert Scharfe sur paperjam.lu.
Où voyez-vous la Bourse de Luxembourg dans 10 ans ? Les marchés financiers sont en train de changer fondamentalement. Je ne cesse de le dire depuis 40 ans, mais tout s’est nettement a ccéléré aujourd’hui. Ce qui est désormais impératif pour tout opérateur dans ce domaine, c’est de garder une ouverture d’esprit et un sens de l’innovation. Il existe en fait de nombreuses opportunités, mais il faut savoir les repérer et avoir le courage d’agir. Si la Bourse de Luxembourg maintient cette ouverture d’esprit et cette capacité d’innovation, malgré un environnement qui continuera à évoluer, elle pourra rester bien positionnée pour offrir de la valeur supplémentaire à ses clients et aux opérateurs sur les marchés. Or, aussi longtemps que l’on apporte de la valeur ajoutée, on garde toute notre raison d’être et une perspective de pérennité.
Conversation
« Nous investissons dans notre futur »
Au premier plan, Elmira Najafi, et au second plan, sa sœur Ava.
La librairie Alinéa à Luxembourg connaît un nouveau tournant, avec le rachat des parts de la coopérative qui gérait ce commerce par Elmira Najafi, son mari et sa sœur Ava. Une success-story qui s’écrit désormais en famille. Interview CÉLINE COUBRAY
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Photo ANDRÉS LEJONA
Elmira et Ava Najafi
BIO EXPRESS D’ELMIRA NAJAFI
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ? ELMIRA NAJAFI (E. N.) Nous sommes sœurs, notre famille est d’origine iranienne, mais nous avons grandi au Luxembourg. J’ai fait des études d’économie, mais je suis complètement fascinée par le monde des livres. J’ai eu l’occasion de travailler à plusieurs reprises avec monsieur Donnersbach, qui est le fondateur de la librairie Alinéa à Luxembourg, jusqu’à ce que j’en reprenne la direction en 2019. AVA NAJAFI (A. N.) Pour ma part, j’ai cherché pendant quelque temps ma voie, mais j’ai toujours aspiré à exercer un métier en lien avec la littérature. Après le lycée, que j’ai fini en 2016, j’ai commencé par des études en histoire. J’ai ensuite voulu devenir institutrice, puis fonctionnaire d’État. Entre-temps, j’ai suivi d’autres formations, à la Chambre de commerce, notamment, et effectué d’autres jobs temporaires, dont un chez Alinéa. À ce moment-là, j’étais persuadée que je n’allais pas rester, mais ma sœur est tombée enceinte, et elle m’a demandé de venir la remplacer à la librairie, ce que j’ai accepté. Aujourd’hui, je travaille à la librairie aux côtés d’Elmira, et j’en suis absolument ravie. Revenons un peu sur l’histoire d’Alinéa. En mai 2017, Edmond Donnersbach, le fondateur de la librairie, annonce qu’il doit fermer pour difficultés financières et faute de repreneur. E. N. Je me souviens très bien de ce momentlà. J’étais à Téhéran, et c’est une amie qui m’a prévenue. C’était horrible, j’étais catastrophée. Je ne pouvais pas imaginer Luxembourg sans Alinéa. J’ai même demandé à ma mère d’aller à la banque et de faire un prêt pour que je rachète la librairie. Ça ne pouvait pas se passer ainsi. Heureusement, des clients et amis de la librairie ont eu l’idée de créer une coopérative pour qu’elle ne ferme pas. Cette coopérative était composée de 12 membres, dont Raymond Straus, Louis Robert, Norbert Becker, Michel Molitor, Daniel Schneider (également membre du CA de Maison Moderne, ndlr)… Ils ont apporté un soutien financier à la librairie et ont épaulé Edmond Donnersbach dans la gestion. Jusqu’en mars 2019, où vous en reprenez la direction. E. N. Effectivement, j’avais alors décidé de revenir vivre au Luxembourg et je me suis investie complètement dans la succession de la librairie. J’y avais déjà travaillé à plusieurs reprises, et, avec monsieur Donnersbach, nous avions une relation professionnelle très forte. J’ai donc accepté ce nouveau défi. Comment la collaboration avec votre sœur a-t-elle débuté ? E. N. Quand je suis tombée enceinte, je souhaitais pouvoir transmettre la prise de déci-
Enfance Naissance à Téhéran (Iran) en 1983. Sa famille déménage à Luxembourg en 1989. Études Au Lycée technique de Bonnevoie. C’est à ce moment-là qu’elle commence à travailler chez Alinéa, puis part à Gießen (Allemagne) étudier l’économie à l’université. Vie professionnelle Travaille pour une radio en Allemagne, puis à la poste au Luxembourg, et dans l’entre prise familiale avec son père. Elle décide de retourner à Téhéran, et occupe le poste de chargée des relations publiques à l’école de l’ambassade d’Allemagne (2018). Alinéa, le retour En mars 2019, elle rentre au Luxembourg et prend la direction d’Alinéa. En février 2021, elle devient propriétaire de la librairie.
sion et la gestion de la librairie pour la durée de mon congé de maternité à une personne en qui j’avais totalement confiance. Je savais qu’avec Ava, je pouvais avoir cette relation de confiance. Nous sommes en permanence en contact l’une avec l’autre, et j’étais sûre que si elle acceptait cette mission, je pourrais partir rassurée en congé de maternité. Ava, de quel œil avez-vous vu cette proposition ? A. N. Auparavant, j’ai été vendeuse dans un magasin de vêtements, et j’avais détesté cette expérience. Mais travailler dans une librairie n’a rien à voir. La clientèle est très différente, et notre rôle n’est pas du tout celui d’un simple vendeur. Je dois reconnaître qu’après chaque jour passé à la librairie, j’aimais un peu plus mon métier. L’équipe est formidable, ils sont même devenus de nouveaux amis. Après cette expérience, je ne me voyais plus être assise dans un bureau 8 heures par jour. J’ai donc accepté d’accompagner ma sœur dans cette aventure, et chaque matin, je suis absolument ravie de venir travailler. E. N. Travailler en librairie est très différent de conseiller une taille de pantalon. Nous sommes des personnes qui conseillons des œuvres en littérature. Cela n’a rien à voir avec la vente ordinaire. Avant que je ne parte en congé de maternité, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, je lui ai appris ce que je savais, les tâches importantes pour accomplir le remplacement et assurer la transition en mon absence. Et pendant mon congé, j’ai toujours été là quand elle en avait besoin. Fin 2020, vous vous êtes lancé un nouveau défi : en plus d’assurer la direction de la librairie, vous avez choisi de racheter leurs parts aux membres de la coopérative.
E. N. Oui, et aujourd’hui, mon mari, ma sœur et moi sommes propriétaires de notre commerce. Avec la naissance de mes enfants et le fait qu’Ava nous rejoigne, c’est tout un contexte qui a changé. Avant l’arrivée d’Ava au sein de l’équipe, nous discutions déjà avec mon mari de la possibilité de reprendre la librairie comme commerce familial. Quand ma sœur nous a rejoints, l’idée s’est encore plus renforcée. Et même si cela se passait merveilleusement bien avec les membres de la coopérative, nous sommes maintenant pleinement décisionnaires de notre affaire. Nous investissons dans notre futur, dans celui de l’équipe, de la librairie, et pour l’amour des livres. Avoir son propre commerce, au Luxembourg, en ville, est une belle opportunité, que nous avons saisie.
Quel est le rôle de votre mari ? E. N. C’est un silent partner. Depuis toujours, il nourrissait le souhait de développer un projet avec son épouse, et l’idée un peu romantique de la librairie lui a plu. Mais il a sa propre entreprise de son côté, et n’intervient pas dans la gestion quotidienne de la librairie. Il est là pour réfléchir avec nous, discuter, donner son avis, nous épauler. Comment le rachat s’est-il fait ? E. N. Cela s’est passé sans difficulté. Le but d’une coopérative n’est pas le profit, et les membres ont tous joué le jeu, en acceptant simplement de récupérer leur investissement initial. Une de nos craintes était que certains coopérateurs demandent plus, ou même refusent de nous vendre leur part, mais cette situation ne s’est pas présentée, heureusement. Ils ont même été très encourageants et nous ont apporté leur soutien et leurs félicitations. Nous n’avons eu aucun stress de ce côté-là. Je sais que nous pouvons encore aujourd’hui, et à l’avenir, compter sur leur soutien et expérience si nous avons des questions ou des doutes sur notre stratégie. Jamais ils n’ont été intrusifs dans la gestion de la librairie ; au contraire, ils se sont toujours montrés à l’écoute, en nous conseillant et nous témoignant soutien et confiance. Le banquier semblait-il confiant ? E. N. Absolument, même si je dois reconnaître qu’au début, il était un peu sceptique. Mais après lui avoir montré notre bilan comptable, et aussi quand il a vu qui étaient les anciens membres de la coopérative, il n’a plus eu de doute. L’engagement de ces derniers nous a aidés, c’est certain. Quel type de clientèle avez-vous ? E. N. Nous avons la chance d’avoir une clientèle très fidèle d’habitués. Notre équipe, qui travaille ici depuis de nombreuses années, connaît très bien nos clients, leurs goûts. C’est un échange personnalisé que nous pouvons AVRIL 2021
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Conversation Elmira et Ava Najafi
avoir avec nombre d’entre eux. Et ils savent aussi que ce n’est pas si facile pour nous de venir après une figure telle que M. Donnersbach, avec ses lunettes de couleur et ses chemises bariolées. Nous, nous sommes toujours en noir… [rires] C’est autre chose, mais ce n’est pas impossible. Il m’a appris l’amour pour Alinéa, et m’a toujours introduite auprès des clients. Des clients qui étaient là quand j’ai fait mon premier stage il y a 15 ans, et qui sont toujours avec nous aujourd’hui. Il y a un sentiment familial, de communauté. Les clients ont leur personne de contact chez nous. Tout cela, vous ne pouvez pas le retrouver sur Amazon ou dans une grande chaîne de magasins. Je retrouve aussi, à la librairie, des clients de l’Interview, où j’ai travaillé pendant un temps. C’est comme une petite famille. Et ça fait du bien. C’est vraiment une clientèle formidable. A. N. J’ai aussi remarqué que, depuis que nous sommes là, de nouvelles personnes plus jeunes commencent aussi à fréquenter la librairie. E. N. C’est vrai que nous faisons des efforts pour attirer aussi une clientèle un peu plus jeune, car c’est le futur de notre commerce. Nous avons cette image de librairie un peu vieillotte, pas très moderne, mais ce charme est apprécié de tous, y compris des jeunes. En fait, nous avons cette image de « vraie » librairie, et cela, je tiens absolument à le conserver. Nous essayons d’améliorer l’offre et les services, mais sans changer le charme et le caractère d’Alinéa.
LES TROIS LIVRES PRÉFÉRÉS D’ELMIRA NAJAFI Siddhartha, de Hermann Hesse « C’est un livre que m’avait conseillé mon mari avant qu’il ne devienne mon époux. C’est un roman philosophique qui raconte un cheminement spirituel, assez proche du bouddhisme, parfait pour ceux qui sont à la recherche d’eux-mêmes. Il aide à trouver son chemin. » Harry Potter, de J. K. Rowling « Je suis une super fan d’Harry Potter ! Je suis admirative de l’imagination de J. K. Rowling, son amour du détail, la richesse du monde qu’elle a créé. En plus, c’est un véritable page-turner. Je l’ai lu en allemand et en anglais. » Onze minutes, Le Démon et mademoiselle Prym, Veronika décide de mourir, de Paulo Coelho « Moins connus dans la bibliographie de Coelho, ces trois livres sont de vraies leçons sur l’amour, la mort et la vie. Je les ai lus très jeune, et ils m’ont fait réfléchir sur des sujets importants. »
C’est nécessaire pour votre business d’avoir ces articles « non-book » ? E. N. Absolument. Nous avons une clientèle rien que pour cela. Personnellement, j’ai été surprise du succès des cartes. Il y a des jours où on en vend une centaine ! Nous vendons aussi quelques coffrets de la chocolaterie Genaveh, et cela fonctionne bien. La relation livre-chocolat est bonne ! A. N. Nous essayons aussi de travailler avec des entreprises locales et des jeunes pour les soutenir.
Quels changements avez-vous apportés ? E. N. Certains ont déjà été réalisés quand monsieur Donnersbach était encore là, comme la vente de vinyles, qui fonctionne très bien. A. N. Nous avons développé la vente d’articles « non-book », c’est-à-dire des produits Il y a une forme de solidarité, alors ? comme des cartes, des carnets de notes, des A. N. Oui. Pendant la période de Noël, par agendas, mais qui ont un style plutôt artistique, exemple, nous avons fait beaucoup de bons- qui sont produits de manière artisanale. Nous cadeaux pour des entreprises qui sont dirinégocions avec les marques de ces produits gées par des personnes de notre génération. l’exclusivité pour le Luxembourg, et nous les E. N. Et aussi des entreprises qui sont vendons très bien. Récemment, nous avons gérées par des sœurs ! Nous développons cet aussi introduit quelques jeux pour enfants, esprit et cette dynamique aussi avec les autres toujours dans ce même esprit de produits un commerçants de la rue. peu spéciaux, différents de ceux que l’on trouve A. N. Cela passe parfois par une simple story sur Instagram, mais nous essayons de au supermarché. E. N. Nous avons aussi réalisé des chan- croiser les clientèles. gements dans le magasin : Eric Mangen est venu faire des peintures murales, nous avons 2020 a été une année particulière, supprimé le rayon religion, qui ne marchait et beaucoup de libraires ont dit que c’était plus, et agrandi le rayon photo, architecture une bonne année pour eux. Est-ce que et littérature anglaise. Le rayon BD s’est étoffé cela a été le cas pour vous aussi ? Absolument. Cette année a été le aussi, tout comme celui de la littérature luxem- E. N. bourgeoise pour enfants. Et nous avons un temps de la renaissance de la littérature classique, le grand retour du livre, du plaisir de peu changé la disposition des rayons. A. N. Nous avons aussi fait quelques chan- lire sur papier. gements dans le choix des livres. Nous propo- A. N. Pendant le confinement, plusieurs sons désormais plus de livres sur le déve- clients nous ont dit s’être rapidement lassés de loppement personnel, ce qui n’existait pas la télévision ou de Netflix, et sont revenus vers avant, à la librairie. la littérature. Les livres pour enfants et les livres 40
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de cuisine ont également très bien fonctionné, tout comme le Guide auto-pédestre Luxembourg, le livre Lëtz Bike et les cartes routières en Europe. Par contre, nous avons retourné aux éditeurs la quasi-totalité des guides de voyage. Les ouvrages politiques et les essais n’ont pas eu beaucoup de succès non plus. E. N. Nous avons aussi profité de la fermeture des commerces dans les pays voisins. Nous avons vu arriver une nouvelle clientèle, en provenance d’Allemagne et de France, principalement, qui venait à Luxembourg parce que tout était fermé chez eux. Pour notre busi ness, le confinement dans les pays voisins a été un avantage. L’ouverture de la Fnac a-t-elle eu un impact sur votre activité ? E. N. Oui, cette ouverture nous a touchés. Mais c’est normal, il y a l’attrait de la nouveauté. Aujourd’hui, nous avons retrouvé le même niveau d’activité qu’auparavant. Ce n’est pas un souci. Notre équipe et les conseils qu’elle donne font la différence. A. N. Nous essayons toujours de nous améliorer, d’être à l’écoute des demandes. Nous sommes en relation constante avec les éditeurs pour connaître leurs nouveautés, nous observons ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour connaître les tendances. Avec le temps, on connaît aussi les goûts de nos clients, et, lorsqu’un fournisseur vient à nous, nous savons quels sont les ouvrages qui pourront bien se vendre ici, ou non. Ce qui n’empêche pas de prendre des risques et d’essayer de nouvelles choses, comme les jeux de société, pour lesquels nous ne savions pas si cela allait fonctionner. Avez-vous encore prévu des changements à venir ? E. N. Nous avons toujours de nouvelles idées, mais nous devons faire attention aux investissements. Il faut bien mesurer le risque. Mon deuxième rêve, après la librairie, est d’ouvrir un café. Si un jour nous arrivons à sortir de cette crise du Covid, j’aimerais développer la relation entre le café et le livre. Je suis déjà en train de réfléchir à cela, mais pour le moment, ce n’est pas possible. Sinon, dès que nous le pourrons, nous reprendrons les présentations avec les auteurs, et j’espère que nous arriverons aussi à organiser des lectures pour les enfants, des nuits Harry Potter ou Journal d’un dégonflé, par exemple. Ou encore des quiz littéraires. Mais rien de tout cela ne peut être fait pour le moment.
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Stéphan Roelants se bat dans un monde dominé par des majors comme Disney /Pixar.
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Conversation Stéphan Roelants
« L’Oscar serait la reconnaissance ultime » Stéphan Roelants, CEO de Mélusine Productions, collectionne avec ses équipes les prix et les récompenses dans le monde du cinéma d’animation. Leur dernier-né, la coproduction Wolfwalkers, est pointé parmi les favoris des prochains Oscars, le 25 avril prochain. Interview JULIEN CARETTE
Après Ernest et Célestine (2014), puis Song of the Sea (2015) et The Breadwinner (2018), Mélusine Productions est à nouveau nommée aux Oscars dans la catégorie Meilleur film d’animation grâce à Wolfwalkers… Avec Ernest et Célestine, on s’était pris en pleine figure le raz de marée La Reine des neiges. Il faut savoir que cette catégorie Meilleur film d’animation n’étant pas très vieille (elle a été créée en 2002, ndlr), Disney, qui n’avait alors pas encore fusionné avec Pixar, n’avait toujours pas été sacré pour une de ses productions. Et ils en avaient évidemment très envie… Donc, nous sommes passés assez loin de la statuette. Pareil avec Song of the Sea l’année suivante. Par contre, en 2018, lorsque nous avons présenté The Breadwinner, cela a été serré. C’est Coco, des studios Pixar, qui l’avait emporté… Oui. Un bon film, avec un thème intéressant dans lequel on peut sentir la problématique de l’immigration sous la présidence de Donald Trump. Après, je trouve qu’ils auraient pu aller un peu plus loin dans le traitement. C’est d’ailleurs globalement le sentiment qui m’anime sur les Pixar qui ont suivi : Inside Out, Soul... Le postulat de départ est excellent, mais, au final, je reste un peu sur ma faim. En 2018, la présence d’Angelina Jolie en tant que productrice exécutive de The Breadwinner vous avait rapprochés de la statuette ? Cela avait compté. Je suppose que tous ses amis avaient voté pour nous [il sourit]. Mais ce n’était pas la seule raison. À côté de la qualité du film, nous avons bénéficié du mouvement #MeToo lancé en 2017. Or, The Breadwinner était réalisé par une femme, l’Irlandaise Nora Twomey, et racontait l’histoire d’une petite
Photo ANDRÉS LEJONA
fille en Afghanistan, une résistante dans une société menée par les talibans. Il y avait donc une vision féministe qui collait parfaitement avec celle du monde. Ce film a été important à bien des égards. Il avait fait notamment un peu d’ombre à Disney / Pixar. Ces derniers avaient d’ailleurs mis une énorme pression sur les Annie Awards, des récompenses moins connues du grand public, mais qui sont un peu les Oscars du cinéma d’animation. Au point que leur règlement avait changé afin de scinder en deux le prix du meilleur film. Avec d’un côté une catégorie Meilleur film d’animation, qui ne reprend que les productions avec au moins 60 millions de dollars de budget. Et de l’autre, le Meilleur film d’animation indépendant. Comme ça, Disney / Pixar avait
BIO Un parcours de mercenaire Né à Mons (Belgique) en 1965, Stéphan Roelants a fait ses premiers pas dans le cinéma avant même la fin de ses études secondaires, écrivant des scénarios pour certains de ses amis, étudiants en cinéma. Il s’en est suivi un master en sciences économiques appliquées à la Fucam (Mons), puis un parcours « de mercenaire », comme il le définit lui-même. Jusqu’à son arrivée en 1996 chez Golden Screen – Digit 352 au Luxembourg. Six mois plus tard, il fondait Studio 352, puis Mélusine Productions. Un palmarès impressionnant Quatre nominations aux Oscars, deux aux Golden Globes, quatre aux European Film Awards et cinq aux César, dont une statuette remportée en 2013 pour la coproduction Ernest et Célestine. Sélections officielles à Cannes, Berlin, Toronto…
pu remporter la première catégorie et nous la deuxième. Vous avez l’habitude de dire que le plus important dans ces grandes cérémonies est d’être nommé. Cela paraît impensable de parvenir à battre les mastodontes américains que sont Disney / Pixar, Dreamworks, etc. ? L’animation est un secteur très américain où règne une major, à savoir Disney, qui détient certaines des licences les plus importantes du cinéma : Star Wars, Marvel, etc. Ce qui en fait, à mes yeux, sans doute la catégorie la plus difficile à remporter. Une nomination est donc déjà une victoire pour moi. Cela offre une légitimité mondiale. Après, c’est vrai qu’être nommé quatre fois aux Oscars sans jamais l’avoir emporté, cela aurait un petit côté Raymond Poulidor. Donc ce serait bien qu’on gagne une petite fois [sourire]. L’Oscar serait la reconnaissance ultime. On sait que Wolfwalkers a été racheté par Apple afin d’être diffusé sur sa plateforme, Apple TV+. Et que le géant américain pousse pour obtenir avec votre film ce qui serait une de ses premières grandes récompenses dans le cinéma. Vous vous dites que la possibilité de remporter cet Oscar n’a jamais été aussi grande que cette année ? C’est clairement notre plus belle chance ! Parce que la critique est incroyablement positive. Et ce alors que la presse attendait Apple au tournant après son arrivée récente dans le monde de l’audiovisuel. Pour le public américain, Wolfwalkers est un film Apple. Ce qui nous offre une visibilité beaucoup plus importante. Mais cela reste avant tout une production luxembourgo-irlandaise, entre Mélusine P roductions et nos partenaires de Cartoon Saloon. AVRIL 2021
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Conversation Stéphan Roelants
La puissance d’Apple, notamment financière, vous permet de regarder Disney / Pixar dans le blanc des yeux dans une cérémonie comme les Oscars ? Je ne suis pas sûr qu’ils les ouvrent beaucoup [rires]. Je plaisante. Tout cela n’a rien d’une croisade pour moi. Cette nomination est juste une reconnaissance. Ce que je regrette un peu, par contre, c’est de ressentir une sorte de banalisation au Luxembourg autour de ces nominations. En exagérant à peine, j’ai l’impression que certains considèrent comme normal que les productions Mélusine se retrouvent aux Oscars. Comme s’ils oubliaient que c’était une section écrasée par un géant qui domine la planète. À chaque fois, cela reste une performance ! Voici quelques semaines, la série Capitani a fait parler d’elle sur Netflix pendant que, de votre côté, Wolfwalkers est sur Apple TV+ et dans la course pour les Oscars. C’est juste le fruit du hasard ou bien cela dit quelque chose de plus profond sur la qualité de l’audiovisuel luxembourgeois ? La qualité augmente. Et pour les plateformes dont vous parlez, cette qualité est un critère essentiel. Je le vois avec Netflix, qui distribue certains de nos films. Christophe Wagner, qui est à la barre sur Capitani, est un vrai bon réalisateur. Quelqu’un qui a un authentique talent. Alors qu’à côté, il y a pléthore de gens qui se disent réalisateurs ou scénaristes sans en avoir les aptitudes... Pour en revenir au sujet des plateformes, je reste très prudent vis-à-vis d’elles. Pour l’instant, elles recherchent une crédibilité artistique. Surtout du côté de Netflix, qui s’est offert les services de Martin Scorsese, des frères Cohen, d’Alejandro Inarritu, de David
« Aujourd’hui, le Film Fund est à un virage. Il va falloir faire le tri, séparer le bon grain de l’ivraie. » 44
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MEMBRE DE L’ACADÉMIE DES OSCARS L’Academy of Motion Arts and Sciences (l’Académie des sciences et des arts du cinéma) est moins connue que la cérémonie qu’elle organise chaque année, les Oscars. Ce sont les membres de cette académie qui votent chaque année pour décerner les différents prix. S’il est difficile de savoir clairement de combien de membres elle est composée, on l’évalue aujourd’hui entre 9.000 et 10.000 personnes. Dont Stéphan Roelants ! Du coup, le producteur s’est « avalé » ces dernières semaines une quarantaine de longs métrages et environ 70 courts métrages, afin de voter en âme et conscience.
doit se faire aussi au niveau du fonds. Certains ont pris des habitudes un peu systématiques de recevoir des financements. Or, ces derniers sont des aides à un projet et non à une société. D’autant plus qu’il s’agit d’argent public. On ne peut pas le dilapider. Encore moins dans une période où le Covid est passé par là. Sous peine de se faire encore attaquer politiquement. On a déjà tellement entendu que le Film Fund Luxembourg distribuait de l’argent à fonds perdu. Ce qui est faux.
Cela doit d’autant plus vous ennuyer que ce n’est pas vraiment le cas de Mélusine Productions. Vous avez pratiquement remboursé la totalité des 1,9 million d’euros reçus pour Wolfwalkers… C’est vrai. On ne rappelle jamais qu’on a quatre nominations aux Oscars, cinq aux César, dont celui remporté avec Ernest et Célestine. Un film Fincher… Ce serait génial qu’ils continuent qui a fait deux millions d’entrées. On a pratiainsi à allier qualité cinématographique et quement rapporté quelque chose à chacune de grand public. Et certains signes, comme le nos productions, en termes de rayonnement pôle de création que Netflix a ouvert en Espagne ou de retour sur le plan financier. Mélusine par exemple, tentent à me faire penser que Productions est l’Eddy Merckx du cinéma luxemcela peut être le cas. Mais à côté de ça, il ne bourgeois à ce niveau-là ! Il n’y a pas de plus faut jamais oublier que tous ces grands opé- beau palmarès que le nôtre. Je ne dis pas cela rateurs américains sont avant tout là pour par gloriole, mais pour montrer qu’on travaille faire de l’argent. Cela reste le nerf de la guerre. bien. L’argent est un facteur important évidemEt s’ils pouvaient en gagner énormément avec ment. Une entreprise comme la mienne coûte des productions à trois francs six sous, ils le 180.000 euros de frais de fonctionnement par feraient sans hésiter. Pour l’instant, ils sont mois. Il faut les trouver. Mais ce qui est encore plutôt dans une phase où ils sortent le carnet plus capital, c’est ce qu’on fait de cet argent. Un de chèques, avec plusieurs milliards dépen- producteur doit assumer ses responsabilités et sés chaque année en production. Tant mieux. avoir une vraie vision. Et, sincèrement, je ne pense pas que ce soit le cas partout. Le plus Quelle est l’influence du Film Fund beau compliment à mes yeux, c’est le fait qu’on Luxembourg sur les productions vient désormais nous chercher depuis l’étranqu’on voit aujourd’hui ? ger pour la qualité de notre travail. Cette donL’augmentation de qualité dont je parlais, c’est née prime sur le reste. Le cofinancement que une volonté du Film Fund. C’est pour ça que nous pouvons apporter ne passe ainsi que dans cela a tendance à m’exaspérer quand on attaque un second temps. Nous avons réussi à inverser ce fonds. Tous les gens qui le font oublient que la tendance qui prévalait par le passé. Les prola culture, c’est ce qui fait une société ! C’est ducteurs me disent : « On a besoin de la vision grâce à celle-ci qu’il existe un développement de Mélusine sur notre film. » scientifique. Quand il n’y avait pas de culture pour tout le monde, au Moyen Âge ou à la Au Luxembourg, on parle toujours Renaissance, on brûlait les scientifiques sur la de coproduction. À force, place publique. Le Film Fund Luxembourg a cela ne chatouille pas un peu de ne cette volonté-là, de diffuser de la culture. Tout pas pouvoir faire son propre film ? le monde doit reconnaître qu’il faut une indus- Tout est une question d’ego. Avec à côté une trie du cinéma. On possède au Luxembourg réalité qui est assez implacable. En Europe, si quelques centaines de professionnels recon- l'on excepte les Anglais, qui ne sont plus vrainus mondialement. Proportionnellement à la ment là, l’Allemagne et la France, avec de grands taille du pays, un secteur qui regroupe ainsi studios comme Gaumont ou Pathé, il est désor500 personnes, c’est énorme ! mais impossible de monter une production seul. Mais aujourd’hui, le Film Fund est à un Cela n’existe plus ! Et c’est un constat encore virage. Il va falloir faire le tri, séparer le bon plus vrai dans un domaine comme l’animation, grain de l’ivraie. Définir une nouvelle ligne où les budgets sont plus élevés. Quand on n’est stratégique. On ne peut plus produire de films pas dans une major, il faut coproduire. Si je qui ne se voient pas. Le cinéma est en train de prends notre cas, on a monté quasiment tout changer, de se révolutionner. Techniquement, seuls le long métrage Extraordinary Tales, qui logistiquement, mais surtout en termes de raconte cinq nouvelles d’Edgar Allan Poe. Cela financement et de production. Et une réflexion nous a pris huit ans et cela a failli nous mettre
Conversation Stéphan Roelants
par terre trois fois. Parce qu’on est trop petits forme était incluse dès le départ dans le propour ça. Alors, quand on se pose la question de cessus de création. Il y a une logique, mais savoir ce qui est le mieux entre produire un cela peut s’avérer problématique. Parce que long métrage de qualité moyenne ou copro- je ressens le besoin que nos productions soient duire 10 films d’une très bonne facture, on opte des vecteurs d’éducation pour les enfants. pour la deuxième option. L’important, ce n’est Wolfwalkers, par exemple, évoque le pouvoir pas notre nom, mais la qualité du film. Et quand politique dictatorial, l’écologie, la déforestaon voit la liste des productions auxquelles nous tion… Et si demain on ne devait plus faire avons participé, nous pouvons être comblés. que du pur entertainment, entièrement tourné Et puis, les coproductions, cela permet aussi à l’attention du grand public, je vous le dis d’effectuer de belles rencontres. Prenez par tout net : j’arrête directement. Après, j’ai un autre projet en tête lié aux exemple le cas du dernier projet que je viens de déposer au Film Fund, une production bap- plateformes. J’aimerais proposer à Netflix tisée The Inventor. C’est Jim Capobianco qui d’installer ici, au Luxembourg, un pôle de est venu nous chercher. Ce n’est pas n’importe développement dédié spécialement à l’animaqui. Il bossait chez Pixar et a été le scénariste tion. Sur un modèle similaire à ce qui a été fait de Ratatouille. Tout en ayant bossé sur les scripts en Espagne pour les séries ou les films de genre. et story-boards du Monde de Némo, du Monde En leur montrant la qualité de ce qu’on réalise de Dory, de Monstres et Compagnie… chez nous, mais aussi la flexibilité dont nous pouvons faire preuve, nos bons studios et nos Quand un film auquel vous avez quelques producteurs valables. Le Luxembourg participé reçoit un prix, à vos yeux, possède une place de marque dans l’animation quelle part vous revient ? européenne. On est reconnus. Profitons-en ! Je ne réfléchis pas comme ça. Lorsque cela arrive, je me dis deux choses. Premièrement, Vous avez déjà parlé de votre projet qu’en tant que producteur, j’ai eu le nez fin. à Netflix ? Parce qu’on a décidé de bosser sur ce projet Non. Nous sommes en contact, mais pas là- lorsqu’il ne représentait que cinq lignes sur dessus. C’est une idée qui est en train de gerune feuille et qu’on n’avait qu’une vague idée mer. Il me semble que le moment est idéal de son graphisme. Deuxièmement, je me sens pour ce genre de projet, mais j’ai encore besoin fier pour mes équipes qui ont réalisé un bou- de back-up, de voir si on aurait les capacités lot apprécié à sa juste valeur. de répondre aux promesses que nous ferions. Parce que je sais à quel point c’est imporCes dernières semaines, la presse anglotant. Avant les activités qui nous occupent saxonne a beaucoup évoqué Wolfwalkers, aujourd’hui, nos studios ont eu une première mais en ne mettant l’accent pratiquement vie. Nous étions prestataires de services. C’était que sur Tomm Moore, le réalisateur de chez à nos débuts. Une période où je m’étais dit que, Cartoon Saloon. On ne parle pas vraiment pour éviter la concurrence de nos voisins allede Mélusine. Ce n’est pas frustrant ? mands ou français, il fallait aller chercher des À notre place, certains pourraient trouver ça contrats dans les studios qui font les plus gros frustrant, oui. Mais moi, cela ne me dérange pas chiffres d’affaires : c’est-à-dire chez les Amévraiment. J’aime être dans l’ombre. Ce qui m’in- ricains. J’avais pris mon petit cartable pour téresse, c’est de continuer à pouvoir produire aller toquer, au culot, aux portes de Disney, des choses intéressantes. Et chaque récompense, Warner… à Los Angeles. En jouant sur le fait chaque nomination, nous aide à ça. Pour le moment, qu’un programme qui coûtait 65.000 dollars on nous parle de Wolfwalkers. Mais pour moi, ce film est fini depuis un an et demi maintenant. Désormais, nous sommes sur d’autres projets. Là, on termine Le Sommet des Dieux, qui devrait LUXEMBOURGEOIS… sortir en fin d’année. Il s’agit de l’adaptation du DEPUIS L’AN PASSÉ manga de Jiro Taniguchi sur la conquête de l’EveNé en Belgique voici 55 ans, rest. Et puis derrière, il y aura Le Royaume de Stéphan Roelants est devenu citoyen Kensuké, adapté de Michael Morpurgo, l’homme luxembourgeois l’année passée. de Cheval de guerre. Il y a également le deuxième « Cela faisait plus de 20 ans que j’habitais ici et, en suivant quelques volet des aventures d’Ernest et Célestine… Un lien s’est-il créé avec Apple ? Vous pensez qu’il est possible de travailler avec eux à plus long terme ? C’est trop tôt pour le dire. Mais je l’espère. Un souci pourrait se poser au niveau de la ligne éditoriale. Tant qu’une plateforme achète un « produit fini », on garde la main sur le côté artistique. Ce serait moins le cas si cette plate46
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cours, j’ai pu acquérir la double nationalité, explique le producteur. Je vois ça comme une sorte de remerciement envers ce pays qui m’a accueilli. Cela montre que je suis reconnaissant de ce que le Luxembourg m’a permis de réaliser et d’être aujourd’hui. Et puis, dans un deuxième temps, cela m’a apporté également le droit de vote. Et donc, de ne plus seulement participer qu’à la vie économique du pays. »
« J’aimerais proposer à Netflix d’installer au Luxembourg un pôle de développe ment dédié à l’animation. » chez eux pouvait se produire à 45.000 dollars chez nous. On nous avait offert un petit contrat. Mais au bout de trois ans, on gérait tous les shows réalisés en Europe… Au final, vous préférez voir vos films sortir au cinéma ou sur une plateforme ? Cela reste du cinéma. Si on peut les voir dans un contexte d’échange, sur un grand écran, c’est toujours mieux. Et en règle générale, les plateformes ne sont pas contre sortir les films en salles sur certains territoires. Le plus important à mes yeux, c’est surtout que nos films soient vus ! Et dans une bonne qualité. Si c’est pour sortir des productions qui sont regardées sur des téléphones, j’arrête. Et financièrement, quelle est l’option la plus intéressante ? C’est un choix cornélien... Signer avec une plateforme sécurise. On sait où on va. Surtout dans une période comme celle que nous vivons actuellement. Vous recevez un forfait, et elle, une licence d’exploitation pour 10 ou 20 ans. Et vous êtes en contact avec des plateformes pour la sortie de vos prochaines productions ? Je ne peux rien dire… Ce qui laisse à penser qu’il y a bien des tractations en cours… … [Il hausse les épaules, sourire aux lèvres, avant de se lancer dans un grand éclat de rire]
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Conversation
« La demande pour l’ESG vient de partout »
Kelly Hebert explique que la nouvelle directive assure la comparabilité des différents produits.
Une directive européenne impose désormais aux gestionnaires de fonds de préciser leur implication dans la finance durable. Le point avec Kelly Hebert, country head Belux et directrice de la distribution ESG chez M&G Investments. Interview JEAN-MICHEL LALIEU
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Photo HERVÉ THOUROUDE
Kelly Hebert
BIO
L’entrée en vigueur de la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR), le 10 mars dernier, est-elle un événement important pour l’industrie des fonds d’investissement ? Oui, certainement. Elle concrétise une demande importante de la part des investisseurs, ces dernières années, d’obtenir plus de comparabilité, ce qui passe par plus de transparence. Nous avons vu la demande s’accroître fortement pour des solutions d’investissement plus durables. Or, si le thème était beaucoup discuté dans l’industrie financière, la finance durable n ’offrait pas de réels points de référence ni de comparabilité aux clients. Donc, si l’Union européenne veut concré tiser ses ambitions climatiques et durables, l’industrie financière a un rôle très important à jouer. Des montants de capitaux très importants y sont disponibles, elle a donc un pouvoir d’influence conséquent pour rediriger ces capitaux vers des projets et des entreprises qui permettront d’atteindre ces objectifs environnementaux et climatiques stratégiques. Qui dit nouvelle réglementation, dit inévitablement nouvelles contraintes. Qu’impose concrètement la SFDR aux gestionnaires de fonds ? Cette directive nous impose de divulguer de manière transparente un certain nombre de données sur notre approche de l’intégration des facteurs ESG et de catégoriser chacun de nos fonds sur nos documents marketing ou légaux. Elle donne un cadre de travail identique pour tout le monde. Si l’information fournie sur la durabilité devient donc comparable, la SFDR ne nous impose en aucun cas un standard minimum de comportement durable. Nous avons donc dû mettre à jour nos diffé rents documents contractuels (prospectus des fonds, sites internet, rapports marketing) qui, en fonction de la classification des fonds, doivent indiquer un certain nombre de données. Dans un second temps et d’ici fin 2022, la SFDR nous imposera davantage de granularité et d’indicateurs mesurables sur notre approche ESG au sein de chacun de nos fonds. Donc, une charge supplémentaire de travail ? Oui, absolument. Il s’agissait de données sur lesquelles on communiquait, mais pas de la manière dont l’exige la SFDR. Il a donc fallu dédier des ressources, des équipes ont travaillé nuit et jour, ces derniers mois, afin que nous soyons prêts à la date du 10 mars. C’est une directive qui a mis du temps à se mettre en place, jusqu’au moment où tout s’est accéléré. Mais c’est aussi une directive en plusieurs temps. Il a fallu bien comprendre ce qui devait être divulgué en mars 2021 et ce qui pouvait attendre 2022.
Parcours professionnel Elle rejoint le gestionnaire de fonds M&G en 2014 en tant que directrice commerciale Benelux. Elle avait acquis une expérience de 10 ans dans le secteur de l’inves tissement, chez AXA Investment Managers puis à La Financière de l’Échiquier. Formation Elle est titulaire d’un master of science en marketing international et dévelop pement commercial de la Skema Business School et d’une licence en administration des affaires de l’University of South Wales.
C’est donc une tendance faite pour durer… La demande n’est pas du tout retombée, effectivement. Tous les clients sont déjà en train de s’organiser par rapport à la nouvelle directive SFDR. L’ensemble de nos partenaires nous demandent des informations sur nos produits en rapport avec cette nouvelle directive. Au niveau des investisseurs institutionnels, la SFDR vient renforcer une tendance déjà bien installée. En Europe, on constate que 50 % de leurs investissements sont déjà gérés de manière durable. Mais ils vont désormais se concentrer de plus en plus sur l’investissement d’impact. Du côté retail, on assiste à un changement historique dans l’industrie. Les banques et compagnies d’assurances doivent revoir tous les produits qu’elles ont mis en avant par rapport à cette directive et vont certainement, elles aussi, devoir répondre à de nombreuses questions de leurs clients. Cela veut dire qu’on ne verra probablement bientôt plus de produits qui n’offrent pas une perspective durable, alors qu’il y en a d’accessibles. Les distributeurs vont revoir complètement leurs listes de produits en s’orientant vers plus de durabilité et d’impact investing.
Concrètement, quelles sont les obligations déjà en vigueur ? Depuis le 10 mars dernier, nous devons définir la classification des produits afin de pouvoir assurer de la comparabilité entre eux. Ceux-ci sont désormais divisés en trois catégories – article 6, article 8 et article 9 – selon le degré de durabilité que propose leur stratégie. Ces différents articles donnent aux investisseurs une indication sur le niveau d’intégration ESG, de durabilité ou d’impact Vu le succès, doit-on s’attendre dans la stratégie. Pour le 10 mars, tous les asset managers à un déséquilibre entre offre et demande devaient avoir déclaré, pour l’ensemble de de produits durables ? leurs produits, à quel article le produit corres Dans l’univers coté, un portefeuille 100 % pond. Dans un deuxième temps, en 2022, il durable et diversifié est désormais possible. faudra rentrer dans le détail et expliquer com- Au niveau des produits d’impact, en revanche, ment on peut affirmer que tel produit est c’est davantage accessible au travers d’actions, durable, d’impact ou intégré ESG. mais on observe plus de contraintes au niveau obligataire. Il y a une telle demande aujourd’hui Vous ressentez la pression pour les obligations vertes et sociales que le des investisseurs pour obtenir marché est peu liquide. La forte demande plus d’informations sur les produits ? fait aussi que ces produits ne sont pas tous Oui, c’est très clair. Depuis environ deux ans, très intéressants actuellement en termes de il n’y a quasiment plus un rendez-vous avec rendement et de prix et requièrent beaucoup un client où on ne nous interroge pas sur notre de sélectivité. On peut construire un portefeuille basé à politique en matière d’investissements s ocialement responsables ou sur la manière dont 100 % sur ces produits, mais c’est un marché qui doit encore grossir. Ce qu’il fait d’ailleurs on intègre l’ESG. La mise en place de ces directives a forte- de mois en mois. Les entreprises émettent de ment accéléré le phénomène, de même que plus en plus de ces obligations, au fur et à mesure la crise sanitaire qui sévit depuis un an. que la demande s’accroît. Les produits d’impact Les clients ont marqué leur envie d’avoir une sont au début de leur histoire, mais c’est la partie contribution environnementale et sociétale du marché qui grossit le plus vite et qui est la plus passionnante avec l’enjeu de mesurer via leurs investissements. la contribution nette de l’entreprise. Certains types de clientèle sont plus demandeurs ? La demande pour l’ESG vient de partout. Il y a une demande des clients finaux, mais aussi de la part des investisseurs institutionnels. Le assureurs, par exemple, vont avoir des respon sabilités de communiquer leur empreinte carbone et devront expliquer comment ils répondent aux enjeux climatiques par leurs investissements. 2020 a marqué un basculement, et 2021 verra la formalisation de ce phénomène. AVRIL 2021
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Conversation croisée
Lodyss-Rosport : l’eau comme source de profit
Frédéric de Radiguès constate un succès plus important qu’attendu pour la Lodyss après la première année.
Rosport et Lodyss se livrent bataille sur un marché de l’eau qui est de plus en plus concurrencé par les marques étrangères et par l’eau du robinet. Les deux concurrents défendent les atouts de leur liquide translucide. Interview JEREMY ZABATTA
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Photo ANDRÉS LEJONA
Frédéric de Radiguès et Max Weber
FRÉDÉRIC DE RADIGUÈS
Comment vos eaux se positionnent-elles sur le marché luxembourgeois ? MAX WEBER (M. W.) Sources Rosport a été fondée dans les années 50 et, depuis lors, R osport est devenue une marque incontournable du Grand-Duché, à l’instar d’autres marques iconiques, telles que Luxlait, Spuerkeess, Cactus, Luxair, etc. Il faut s’imaginer que, depuis tout ce temps, des générations de consommateurs ont pu apprécier exactement la même eau minérale, car la composition des sels minéraux est restée la même durant toutes ces années. Aujourd’hui, les eaux produites par Sources Rosport se positionnent comme les eaux minérales de référence du Grand-Duché, et nous sommes très fiers que Rosport soit la traduction luxembourgeoise d’« eau minérale » dans le dictionnaire édité par Actioun Lëtzebuergesch – Eis Sprooch. FRÉDÉRIC DE RADIGUÈS (F. R.) Lodyss est une eau luxembourgeoise. C’est la base de notre réflexion, dans un contexte où l’on essaie de minimiser notre empreinte sur l’environnement. À partir de là, je pense que c’est logique de commercialiser et favoriser Lodyss, plutôt que des eaux qui sont importées des quatre coins de l’Europe.
Formation Frédéric de Radiguès a été formé chez le numéro un mondial du secteur, AB InBev, mais qui n’était alors qu’un grand acteur belge.
a pas de transferts de parts de marché. Une marque locale se distingue par son historique Expériences et son ancrage dans la mémoire collective du Entré chez Interbrew pays. Sources Rosport a par exemple pris la au début des années 1990, il démarre dans le département décision de ne pas exporter ses produits, et c’est Marketing. Il grimpe les échelons un élément important de sa stratégie, qui n’est et prend, en 2002, la direction d’ailleurs pas partagé par les autres acteurs du générale du segment Belux. Il rejoint Munhowen en 2006. Grand-Duché. Nos marques se vendent donc exclusivement au Luxembourg, et c’est un des atouts que l’on met régulièrement en évidence. Chez Sources Rosport, on vit par et avec le consommateur. Notre service clientèle en est faire ses courses chez nous retrouve des marques d’ailleurs la preuve, et chaque remarque, sugqu’il connaît, du pays ou de la région où il a gestion ou réclamation est suivie avec la plus grandi. Les nouveaux résidents, quant à eux, grande attention afin de servir encore mieux qui bien souvent viennent de pays plus lointains, nos clients. Les innovations lancées ces ders’intéressent à la culture locale et aux produits nières années sont d’ailleurs toutes issues de du pays. Ces personnes sont des cibles intéres- demandes émanant de nos consommateurs, santes, car les études nous montrent que c’est que ce soit pour Pom’s, Rosport Mat, ou encore la toute première marque qui les touche lors de Rosport Sunny. En tant qu’acteur local, on a la leur arrivée au pays qui sera adoptée et qui les possibilité de réagir très rapidement à une suivra tout au long de leur séjour. La difficulté, demande spécifique sur un seul marché, et ainsi en tant que marque locale, réside dans le fait de conquérir d’autres segments sans devoir que les moyens de communication tradition- réfléchir en termes de marché global. nels sont plutôt inefficaces pour toucher cette F. R. Nous n’avons pas une politique qui cible ; il faut donc être créatif pour pouvoir les va nous mener à une guerre des prix. Ce n’est toucher et les fidéliser. clairement pas notre politique. Nous avons F. R. On ne sait pas qui sont nos consom- notre politique avec un fort parti pris, qui est Est-ce qu’il est juste de dire que mateurs. Nous ne pouvons pas dire que notre premièrement de vendre de l’eau en bouteilles le consommateur est souvent fidèle consommateur est un Portugais qui buvait de consignées. Ce qui n’est pas le cas des autres à sa marque d’eau ? la Pedras ou un Italien qui buvait de la San acteurs. Deuxièmement, nous vendons une eau M. W. Des études récentes nous ont confirmé Pellegrino. Ce que je sais, c’est que l’on pul- de grande qualité et, actuellement, il n’y a pas que, pour plus de 48 % des consommateurs, vérise nos objectifs, avec plus de 3 millions une seule eau importée qui possède les caracle choix de la marque d’eau est très ou extrê- de bouteilles de Lodyss en format 1 L. Ce qui téristiques de la Lodyss. Et donc, en fait, je mement important, tandis que seulement constitue plus de 30 % de parts de marché pense que l’on ne parle pas de la même chose. 23,3 % déclarent que la marque ne revêt que chez Cactus, qui représente la tendance de la Notre eau est une eau qui est clairement de peu ou pas d’importance. De là, nous pou- grande distribution. Pour répondre à la ques- qualité supérieure, et la qualité a un prix. vons conclure que les consommateurs qui tion, non, ce n’est donc pas trop compliqué. Avec une moyenne de 123 litres par achètent nos marques sont très fidèles et peu habitant, le Luxembourg est un grand enclins à changer. En ce qui concerne les Les eaux comme Cristaline, Vittel, consommateur d’eau, et 82 % des consommateurs qui ne prêtent pas attention Contrex, Evian et San Pellegrino possèdent résidents boivent de l’eau du robinet à une marque particulière, on suppose que le une force de frappe plus importante régulièrement. Est-ce que le particulier et peuvent jouer plus facilement sur le prix prix est le premier vecteur d’achat. est de plus en plus difficile à toucher ? F. R. Je pense que, comme pour d’autres et les volumes. Quels sont les atouts produits, il y a une fidélité importante du de l’eau luxembourgeoise ? M. W. L’eau de distribution et les eaux Effectivement, les eaux minérales minérales naturelles sont très différentes, et consommateur à partir du moment où il adopte M. W. un produit. Mais dans l’eau, plus que dans naturelles que vous citez sont propriété des pourtant complémentaires. À la différence n’importe quel autre secteur, les caractéris- groupes Nestlé et Danone. De vrais masto- de l’eau de distribution, qui doit être traitée tiques intrinsèques sont extrêmement impor- dontes, comparé à Rosport, avec un chiffre afin de la rendre potable, l’eau minérale natutantes. Le fait que l’on ait une eau qui est aussi d’affaires cumulé, en 2020, de 108 milliards relle ne peut subir aucun traitement et sort pure, avec zéro nitrate, pauvre en sodium, d’euros, à mettre en relation avec les 64 mil- donc parfaitement potable de la source. Soudonne un ensemble qualitatif incomparable liards de PIB du Luxembourg. Leur force de vent, on entend dire que l’eau de distribution permettant aux consommateurs d’adopter frappe est redoutable, et leur présence dans les est la denrée alimentaire la plus contrôlée qui Lodyss au lieu d’une autre eau. rayons des grandes surfaces ne laisse planer soit. Ce n’est pas étonnant, pourtant, car, aucun doute sur leurs investissements. Pourtant, depuis l’eau de surface du lac d’Esch-sur-Sûre, Est-ce que cela ne rend pas le marché à force de proposer des promotions agressives, ou encore provenant d’une source commuluxembourgeois particulièrement difficile, le capital d’une marque se voit systématique- nale, elle doit parcourir des dizaines de kiloavec un consommateur qui reste attaché ment et continuellement diminué, et les études mètres de conduites souterraines pour arriver à l’eau de son pays d’origine ? que l’on mène nous le prouvent. Quant à Cris- jusqu’à votre robinet – conduites qui, bien M. W. Oui et non. Le marché local présente taline, c’est une eau de source qui se positionne souvent, datent de plusieurs dizaines d’anla particularité qu’il est orienté pour servir aussi dans le segment des eaux bon marché, et qui a nées, voire plus. Tout au long de son parcours, bien les shoppers résidents que ceux qui viennent ainsi réussi à s’imposer dans beaucoup de mar- elle est exposée à de nombreux risques de des régions limitrophes. Il n’y a pas de mal à ce chés. Cependant, en tant qu’eau de source, elle contamination, et c’est pour cette raison qu’il qu’un acheteur d’une région frontalière venant se bat dans d’autres segments que nous, et il n’y faut la contrôler en permanence et, le cas AVRIL 2021
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Conversation croisée Frédéric de Radiguès et Max Weber
échéant, procéder à des désinfections pour la rendre à nouveau potable. Les eaux minérales naturelles sont, elles aussi, contrôlées en permanence, et aucune tolérance n’est permise lors des contrôles bactériologiques. La complémentarité des eaux naturelles et des eaux de distribution est évidente ; j’en prends pour preuve que, ce matin, j’ai pris ma douche avec de l’eau de distribution, me suis brossé les dents avec de l’eau de distribution, et ai mis de l’eau de distribution dans ma cafetière, avant de commencer la journée avec un verre de Rosport Blue, qui m’a procuré des sels minéraux, comme le calcium et le magnésium. On a la chance, au Grand- Duché, d’avoir une eau de distribution bactériologiquement saine, et Dieu sait que ce n’est pas le cas partout. Finalement, le choix final incombe au consommateur, et nous pouvons guider ses choix avec des arguments relatifs à la pureté originale de notre produit, à sa richesse en sels minéraux et en oligoéléments, ainsi qu’au plaisir gustatif qu’il procure. Ce sont nos atouts les plus importants. F. R. Je reviens à ce que je disais un peu plus tôt. Le particulier est intéressé par des produits dans lesquels il peut avoir confiance, car il a besoin de cette confiance. Et je crois que c’est ce que nous faisons avec la qualité de Lodyss. Je rappelle qu’il s’agit d’une eau millénaire. Elle est vraiment intacte et vierge de toute pollution. Et malheureusement, ce n’est pas le cas de l’eau du robinet. Je ne dis pas que l’eau du robinet est mauvaise, mais elle ne peut pas se targuer d’avoir les mêmes qualités. Je crois qu’il y a différentes catégories d’eau. Il y a l’eau du robinet, l’eau bon marché, et l’eau plus qualitative. Nous nous situons en haut de la pyramide. On comprend l’importance de l’horeca. Quel est l’impact de la fermeture du secteur sur vos ventes d’eau ?
« L’arrivée d’un nouveau collègue sur le marché est une source de motivation. » MAX WEBER Directeur des Sources Rosport
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MAX WEBER Formation Max Weber démarre sa carrière chez IBM, à Bruxelles, en 1995, puis rejoint le département Marketing de TDK, à Bascharage, en 1997. Carrière Il rejoint ensuite les Sources Rosport comme responsable Marketing, puis directeur Marketing en 2005. Cinq ans plus tard, il en devient directeur.
M. W. La fermeture de l’horeca a eu un grand impact sur nos ventes, on ne peut pas le nier. Nos ventes de bouteilles en verre de 25 cl et 50 cl sont tombées quasi à zéro. Lors de la deuxième fermeture, le phénomène a été un peu moins prononcé, mais c’est un épisode qui va nous marquer longtemps. Je voudrais relever le fait que nos amis dépositaires ont tout autant souffert, car une grande majorité se sont spécialisés dans la livraison à l’horeca, et, pour eux aussi, ça a été une année éprouvante. Heureusement pour nous, nos ventes en grande distribution ont été très correctes et, malgré les restrictions, nous avons pu limiter les dégâts. Malgré tout, on a dû, nous aussi, recourir au chômage partiel et repousser certains investissements à plus tard. Nous espérons vraiment que, dans quelques mois, la pandémie sera sous contrôle, et que nous pourrons à nouveau nous réunir autour d’un bon repas. F. R. L’impact est difficile à quantifier pour nous. Le jour du lancement de Lodyss, le 16 mars, est arrivé en même temps que le confinement et la fermeture de l’horeca. Mais on peut raisonnablement penser que l’horeca aurait représenté un peu plus de 50 % du volume de Lodyss, si le secteur avait tourné de manière normale. Ce qui correspondrait probablement à un volume tournant autour de 50.000 à 60.000 hectolitres, autrement dit entre 5 et 6 millions de bouteilles. C’est ce que je peux en déduire en regardant l’évolution de notre chiffre d’affaires actuel, avec la fermeture de l’horeca. Notre chiffre d’affaires sur toutes les autres catégories est impacté à hauteur de 50 %. Donc, je ne vois pas de raison pour que ça ne soit pas le cas pour Lodyss.
Lodyss a bousculé le marché national. Voyez-vous cette arrivée comme une motivation supplémentaire, ou comme un élément impactant ? M. W. En tant qu’unique acteur luxembourgeois opérant sur le marché des eaux minérales naturelles en bouteilles consignées jusqu’il y a peu, nous avions une position très confortable, bien que nous redoutions que, tôt ou tard, d’autres acteurs rejoignent ce segment. C’est chose faite maintenant, et on doit
y faire face avec sang-froid, tout en veillant à l’intérêt de nos parties prenantes. L’arrivée d’un nouveau collègue sur le marché est une source de motivation pour nous dépasser et encore mieux servir nos clients et consommateurs avec des produits de la plus grande qualité, tout en restant très vigilants par rapport aux tendances du marché. Rosport reste un acteur majeur sur le marché national. Est-ce motivant d’être face à une concurrence déjà installée, ou bien le but est-il seulement de se faire une petite place sans bousculer le marché ? F. R. Le but n’est jamais de se faire une petite place. Je veux dire que, si l’on est entrepreneur, le but est de se faire une grande place. Et je crois que le fait d’avoir un acteur fort face à soi est toujours quelque chose amenant du dynamisme sur le marché. Hier, Rosport était seul ; aujourd’hui, il y a deux grands acteurs sur ce marché. Cela va réveiller Rosport, tout en nous forçant à rester éveillés. Boire de l’eau luxembourgeoise, c’est un acte durable, ou juste du chauvinisme ? M. W. Boire un verre de Rosport est un acte qui allie plaisir des sens et soutien envers une entreprise luxembourgeoise non exportatrice de plus de 60 ans, experte dans le soutirage d’eaux minérales naturelles de la plus haute qualité. Être chauvin, à mon humble avis, c’est être au Luxembourg et acheter / commander consciemment une eau d’une multinationale suisse ou française sans réfléchir aux conséquences que ce geste banal peut entraîner. F. R. C’est un acte durable. Je pense que c’est vraiment quelque chose qui est de plus en plus présent chez nous, et que l’on va venir avec de grands projets au niveau de la Brasserie, notamment au niveau technique. Notre empreinte sur l’environnement est devenue fondamentale. On ne peut plus agir en tant qu’entrepreneur sans avoir en permanence à l’esprit la durabilité. Pour terminer, vous avez sûrement déjà goûté l’autre. Elle est comment ? M. W. No comment [sourire]. F. R. Chaque eau a ses caractéristiques. C’est quelque chose de particulier dans l’eau. On peut croire que l’eau a un goût neutre, mais, en fonction de ses caractéristiques, l’eau a un goût. Pour ma part, j’aime bien la Lodyss, car elle a un goût assez neutre. Je dirais que la buvabilité de la Lodyss est plus élevée que celle de la concurrence.
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PLUS D’INFORMATIONS ET INSCRIPTION SUR PAPERJAM.CLUB
Débat public In October 2020 the new Gender Equality Index of the European Union (EU) is published. In Luxembourg only 12.9% of the members of the boards in the largest quoted companies are women, compared to 12.7% in 2019. Luxembourg is only above EU countries such as Estonia, Romania, Lithuania, Slovakia, Malta, Greece or Cyprus. The figure for the financial services sector is only 6%, which is the most significant one for Luxembourg due to its ranking as the number one financial centre in the EU. The Gender Equality Index and different implementations in the best practice countries demonstrate the reason why Luxembourg is way behind the other EU member states. We see that we need more than the soft and optional solutions in the private sector! Taking into consideration the empirical evidence, we need comprehensive implementations to start the cultural change in society, battling unconscious bias and changing behaviours such as outdated workplace cultures, which require a complex reform that will not deliver results from today to tomorrow. But it will never come if we do not act on it in all areas comprehensively with a correct tailored strategy.
Reyhan Gulec
Member of the board composition committee of ILA We can no longer overlook the question of gender diversity on board level. The leaders in business will be those who bring diversity to every business discussion, when it’s embedded in the mindset, operations of business and, very importantly, embedded in the business and growth strategy. Also, policy makers are expected to make evidencebased policy for the private sector companies taking into consideration the best practices to keep up with the global changes to make Luxembourg a ‘unique’ financial centre as well. With my article, I aim to raise awareness of the actual status of Luxembourg, compare what France, Belgium and Germany have done to reach high targets without waiting for the EU to adopt legislation. Moreover, I briefly add what could be done to improve Luxem bourg’s stance and position as a progressive state on this matter to make it a unique financial centre, which is not only being appraised for its financial sector, but also for its advancement in gender diversity. Reyhan Gulec est également avocate dans le domaine de l’investissement. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Photo ANDRÉS LEJONA
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NOVEMBRE AVRIL 2020 2021
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BRAND VOICE
Sustainability
Un secteur financier plus durable Contenu sponsorisé par SPUERKEESS
La Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) est récemment entrée en vigueur, faisant évoluer le secteur du service financier.
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De quels risques parle-t-on concrètement ? L’objectif principal de la SFDR est de prendre en compte les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Les réglementations environnementales évoluent et les entreprises sont confrontées à des risques de transition tels que, par exemple, l’introduction de taxes carbone ou le Taxonomie La taxonomie européenne est un outil de classification fournissant aux acteurs financiers une compréhension globale de ce qui doit être considéré comme une activité verte ou durable.
Simon Verjus ( Maison Moderne )
Rudi Belli, Senior Vice President, Head of CSR / Sustainability de Spuerkeess.
Comment cette réglementation se traduit-elle sur le terrain ? Les créateurs de produits financiers et les conseillers en investissement sont obligés de publier (sur leur site, ou encore dans le prospectus
du produit financier) des informations sur les risques durables qu’ils intègrent au niveau de leur stratégie d’investissement. À partir du 30 juin 2021, le règlement exige la transparence sur les incidences négatives sur la durabilité. Lorsqu’un produit est classé « durable », les clients et les investisseurs ont le droit de connaître les critères. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais en appliquant la taxonomie européenne, je suis convaincu que le marché finira par adopter une définition uniforme de la durabilité.
Photo
La SFDR est entrée en vigueur ce 10 mars. En quoi consiste-t-elle ? Le secteur financier joue un rôle central dans le développement durable. Le règlement SFDR définit le cadre de la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur du service financier. Il constitue un élément central du Plan d’action de la Commission européenne pour une finance durable. Le règlement exige des acteurs financiers (ex. : banques, assurances, asset managers, etc.) qu’ils soient transparents sur la manière dont ils prennent en compte les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). De plus, il s’agit de tenir compte des incidences négatives en matière de durabilité des décisions d’investissement. Afin d’éviter le « greenwashing », la SFDR s’assure que les produits et services bancaires répondent à certaines normes avant de pouvoir être classés comme durables.
retard technologique, qui mènent à la dévalorisation de l’activité d’une entreprise. Les risques physiques concernent les dégâts causés, par exemple, par des inondations ou des sécheresses. Dans ce contexte, quels sont les défis pour le secteur ? À mes yeux, les principaux défis pour le secteur sont le développement des compétences ESG, l’existence de données ESG de qualité, ainsi que l’intégration de ces données dans les systèmes bancaires. En tant qu’acteur financier, nous sommes obligés de développer une expertise dans l’identification et l’évaluation des risques et des impacts ESG. La disponibilité de données extra-financières homogènes et qualitatives constitue le deuxième grand défi car, en l’absence d’un cadre normalisateur, elle entraîne de grandes incertitudes pour le secteur. Je suis sûr que le métier du banquier évoluera et les exigences réglementaires en seront le catalyseur. Quel rôle les banques vontelles être amenées à jouer ? Les banques feront du risque une opportunité. Notre rôle consistera à faciliter la transition en sensibilisant notre clientèle et en orientant les investissements vers une économie durable. Afin de créer des impacts mesurables en termes de durabilité, le secteur financier devra se rapprocher de la communauté scientifique pour développer son pôle d’expertise ESG. Comment la Spuerkeess se prépare-t-elle ? Nous sommes conscients du rôle important que la science a à jouer. En 2019, nous avons organisé la conférence « From Climate Risks to Credit Risks ». Notre but était de sensibiliser les acteurs de l’économie luxembourgeoise aux impacts du risque climatique sur l’économie et la finance. Nous sommes prêts
1
LES ÉLÉMENTS-CLÉS DE LA TAXONOMIE EUROPÉENNE
LES SECTEURS VISÉS PAR LA TAXONOMIE Le transport et la distribution • L’agriculture et la sylviculture • La fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et air conditionné • Industrie • Les eaux, égouts, déchets et assainissement • Le bâtiment • Les technologies de l’information et de la communication
2
LES OBJECTIFS ENVIRONNEMENTAUX DE LA TAXONOMIE Atténuation du changement climatique • Adaptation au changement climatique • Utilisation durable et protection des ressources marines • Transition vers une économie circulaire, prévention des déchets et recyclage • Protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes • Prévention et réduction de la pollution – ex. : production de technologies à faible intensité carbonique pour les véhicules
3
CONDITIONS À REMPLIR à relever les nombreux défis. Nos efforts seront consacrés à l’introduction de la taxonomie européenne et nous préparons l’introduction des standards techniques de la SFDR qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2022. Les différentes initiatives de la finance durable (SFDR, taxonomie, ECB Guidelines on climate-related and environmental risks, etc.) sont multiples et nous travaillons intensément pour respecter les délais et faire évoluer le métier du banquier. Nous accordons une grande importance à une transparence vis-à-vis de toutes nos parties prenantes.
Contribuer à l’un des 6 objectifs (respecter les critères de performance précis) • Ne pas nuire à l’un des autres objectifs • Respecter les garanties sociales minimales
t ffres e z les o e s r s v e u uerke Déco de Sp s e ic serv ss.lu
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spuer www.
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Enjeux
Le private equity se prépare au monde de demain
160 milliards d’euros
140
120
112
100 LEVÉE DE CAPITAUX
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80 72
83 79
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61
60
60
INVESTISSEMENTS 50 47
46 42
40 37
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STATISTIQUES DE L’INDUSTRIE DE 2004 À 2019 Le private equity est très dynamique. Selon Invest Europe, les levées de fonds ont progressé régulièrement ces der nières années. Malgré la crise du Covid19, Invest Europe ne voit pas la tendance de la progression s’inverser. Et du côté des investissements, la progression est constante depuis la fin de la crise de la dette de 2011. Et si les investissements ont chuté au premier semestre 2020, les spécialistes parlent non pas d’annu lation d’investissement, mais de report.
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Levée de capitaux Investissements
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En juin 2020, EY estimait que les actifs gérés en private equity atteignaient 3.800 milliards d’euros. Un quasi-doublement depuis la crise de 2008. Celle liée au Covid a épargné le secteur. Les levées de fonds continuent sur un rythme élevé, supérieur à celui des investissements. Autrement dit, l’industrie dispose de 1.700 milliards d’euros à investir. À un moment où les entre prises vont avoir besoin de capitaux propres et où la demande d’investissements durables explose, le private equity a un rôle citoyen à jouer. Et le Luxembourg, où 90 % des fonds européens de private equity sont basés, peut légitimement espérer créer une success-story comparable à celle des fonds Ucits. 109 103 97
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1 Vertus et perspectives du private equity
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Point de vue de l’éco nomiste Michel-Edouard Ruben avec un lexique pour comprendre tous les tenants du private equity.
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p. 60
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2 Le point
de vue de l’Alfi
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L’association entend bien rester avec le private equity une place financière incon tournable. p. 62
3 Un secteur
en pleine expansion sur la Place
État des lieux du secteur et de ses récents dévelop pements. p. 64
4 « Nous sommes du carburant pour les fusées. On cher che des fusées » Interview avec Jérôme Wittamer, fondateur de Expon Capital. p. 66
5 Avant tout
une question de confiance
Témoignages de deux sociétés qui ont récemment eu recours au private equity. p. 68
6 Le pour et le contre du private equity
Bilan en cinq points positifs et cinq points négatifs. p. 70
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1 Le point de vue de l’économiste
Vertus et perspectives du private equity Encore mal perçue par le grand public, cette caté gorie d’actifs s’avère séduisante. Pour ses défenseurs, elle présente l’avantage d’être un investissement simple à comprendre, qui contribue directement à l’économie réelle et à la promotion de l’innovation. Si des dérives peuvent être relevées, le private equity pourrait bien s’avérer être un atout pour la relance de l’économie dans le monde de demain. La première vertu que l’on prête au private equity est de remettre une notion de durée à long terme dans les perspectives d’investissement. Dans un monde boursier où la notion de court terme et la quête du rendement immédiat sont devenues la norme, cette affirmation est devenue un véritable slogan. Dont il faut se méfier. Car le private equity a de multiples facettes, comme le rappelle Michel-Edouard Ruben, économiste à la Fondation Idea. D’un côté, il y a le capital-développement et le capital- risque, et, de l’autre, le LBO (leverage buy-out). Cette dernière facette a plutôt mauvaise presse. On l’a même accusée de participer à la financiarisation du monde. Il est vrai que cette technique use – voire abuse – de l’effet de levier et endette souvent les entreprises ciblées par un investissement. Qui, par conséquent, voient souvent leur cash flow prioritairement réorienté vers le paiement des intérêts de la dette. Le LBO est également décrié parce qu’il participe souvent à des opérations de restructuration. Au nom de la compétitivité, certes, mais toujours avec un coût social. 60
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LES EMPLOIS À L’ÉCHELLE EUROPÉENNE Chiffres européens publiés en septembre 2020 pour l’année 2018
10,5 millions
de personnes travaillent dans des entreprises financées / soutenues par des fonds de private equity. Ce qui représente 4,5 % de la force de travail européenne (force de travail estimée à 234 millions de personnes).
22.659
sociétés en Europe, dont 14.500 PME employant 874.481 personnes, ont recours à ce type de financement.
173.124
emplois ont été créés dans les entreprises soutenues par le private equity. Soit une progression sur un an de 5,5 %. À titre de comparaison, la croissance du marché de l’emploi en Europe sur la même période a été de 1,1 %.
Si sa finalité reste la croissance, le private equity façon LBO n’est pas forcément très politiquement correct. Il a même été, au début des années 2000, vu comme une menace macro économique. On parlait alors d’un « mur de la dette ». Si le marché du LBO s’est effondré en 2008, cela n’a pas eu d’effet systémique, grâce surtout à la faiblesse récurrente des taux d’intérêt de ces dernières années. Une chance. Le niveau de dette lié au private equity redevient d’ailleurs un problème aujourd’hui. Selon un rapport de la firme américaine Bain, le capital stocké par les fonds de capital-inves tissement a franchi en 2020 un nouveau record, à 2.900 milliards de dollars (+ 11,5 %). Réputé pour ses rendements, le capital-investissement est un refuge pour les investisseurs qui fuient les taux bas. Mais cette abondance d’argent fait flamber les valorisations et, corrélativement, le montant de dette injecté pour racheter des entreprises. Les régulateurs des deux côtés de l’Atlantique n’excluent pas une nouvelle crise comme en 2008. Les financiers de l’innovation Mais le private equity, c’est également le capital- risque et le capital-investissement. « Des outils taillés sur mesure pour le financement de l’innovation », estime Michel-Edouard Ruben, pour qui le principal intérêt du private equity réside dans sa partie dévolution du capital vers des centaines d’entreprises, et plus particulièrement vers les start-up. Des entreprises qui, à cause de leur niveau de risque, sont assurées de ne trouver aucun financement du côté du secteur bancaire. « Le premier intérêt du capital- risque, c’est justement sa capacité d’aller repérer, accompagner et financer un certain niveau de risque, qui ne le sera pas par les banques. Le capital-risqueur va apporter des fonds propres, alors que le financement bancaire classique n’apportera que des dettes. » Pas idéal pour améliorer son bilan… Le private equity, via le capital-investissement, c’est aussi, pour les entreprises financées, un accompagnement, un actionnaire investi – au sens premier du terme. En résumé, le private equity finance aussi bien l’activité que le risque. Que du positif, a priori, pour l’investi. Attention, cependant : les intentions ne sont pas toujours bonnes dans le capital-investissement. C’est souvent le cas dans les activités des fonds de capital-investissement d’entreprises (corporate venture capital). Beaucoup d’entreprises établies possèdent leurs fonds de capital- investissement. Les banques, bien sûr, mais aussi des sociétés industrielles ou de services. Pour ces dernières, tout l’intérêt est de pouvoir se tenir au courant de ce qui se passe sur leurs marchés et de découvrir le futur compétiteur avant qu’il ne devienne dangereux. Pour MichelEdouard Ruben, on est dans ce cas de figure plus proche d’opérations de rachat que d’investissement. Voire d’étouffement de l’innovation.
MICHEL-EDOUARD RUBEN Économiste, Fondation Idea
« Le premier intérêt du capital-risque, c’est sa capacité d’aller repérer, accompagner et financer un certain niveau de risque qui ne le sera pas par les banques. »
Photo
Maison Moderne (archives)
L’exemple qui vient à l’esprit est celui des Gafam, très actifs sur ce créneau et qui rachètent à tour de bras des entreprises qui sont intégrées – noyées – dans des services préexistants. Avant, de temps en temps, de disparaître totalement. Les financiers de la croissance Ceci posé, le private equity joue un rôle en matière de croissance. Comme se plaît à le répéter Invest Europe, l’organisation représentative du secteur à Bruxelles, celui-ci « contribue à la mise en place d’activités qui réussissent. Les entreprises qui réussissent investissent davantage dans la croissance. Et la croissance mène à la création d’emplois. » Globalement, le lien fait entre private equity et croissance passe par trois canaux : l’innovation, la productivité et la compétitivité. « Le capital-investissement a été pensé justement pour financer la croissance des activités innovantes. Les entreprises qui font la quatrième révolution industrielle sont très souvent accompagnées par des fonds de capital-investissement dédiés ou des fonds de capital-investissement d’entreprises. » Une nouvelle opportunité semble s’ouvrir aujourd’hui pour le secteur : la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19 fait la part belle à la dette. « Les entreprises ont pu bénéficier de prêts garantis par l’État, d’avances remboursables, à tel point que leurs bilans vont être mis sous pression. Et le métier du capital- investissement, c’est aussi d’apporter des fonds propres. » Pour Michel-Edouard Ruben, le private equity peut être un instrument – il ne sera pas le seul – susceptible de permettre une bonne gestion de la sortie de crise. À au moins deux niveaux. D’abord, les professionnels du private equity ont, ces deux dernières années, collecté plus que ce qu’ils ont investi. On estime actuellement qu’à l’échelle mondiale, ce sont 1.700 milliards de dollars qui sont en attente d’investissement. On parle de dry money. Toute la difficulté sera de les investir dans les bonnes entreprises. Le marché pourra-t-il absorber ce flux ? Beaucoup en
Le lexique du private equity PRIVATE EQUITY Terme générique désignant l’opération par laquelle un investisseur achète des actions d’une société non cotée en bourse à la recherche de fonds propres. L’investissement s’effectue par l’achat de titres auprès d’actionnaires qui souhaitent sortir du capital de la société ou par le biais d’une augmentation de capital et de la souscription à des parts nouvel lement créées. Pour l’investisseur, qu’il soit une personne privée ou une société, l’avantage est de permettre d’acheter une entreprise pour la revendre à terme, tout en ayant remboursé une partie de l’emprunt contracté pour financer l’acquisition grâce aux bénéfices réalisés par la société. Pour l’entreprise, ce type de financement est une alternative au traditionnel financement par voies bancaires. On peut y recourir aussi bien au moment de la création et du lancement de la société que pour en financer le développement ou son redressement financier. PUBLIC EQUITY Terme générique désignant l’investis sement dans des sociétés cotées en bourse. Sur le terrain, on distingue plusieurs types d’investissements en private equity : Le capital-risque (venture capital) et le capital-investissement : Ce terme vise l’investissement dans des entreprises jeunes ou des start-up. Les fonds de venture capital sont souvent spécialisés dans une activité spécifique où ils ont développé une connaissance industrielle et commerciale favorisant une valeur ajoutée importante au niveau stratégique et opérationnel. Les fonds de capital-croissance (growth capital) : Ils interviennent auprès d’entreprises plus mûres en recherche de financements pour soutenir leurs projets de développement.
doutent. Sauf pour voir les valorisations flamber, et les investisseurs assouplir leurs critères de risque. Le secteur peut également aider à canaliser le surplus d’épargne issu de la crise. « On parle beaucoup du fait qu’en Europe, et singulièrement au Luxembourg, il y a une masse d’épargne supplémentaire. Cette épargne-là, on sait qu’elle peut très facilement se diriger de façon totalement naturelle vers l’immobilier. Si, au lieu d’aller vers l’immobilier, elle traversait le capital-investissement pour se retrouver dans les entreprises, ce serait une bonne chose. » Un appel est lancé. Et les investisseurs, dans tout ça ? De prime abord, investir dans des actifs non cotés contraint à une immobilisation longue des fonds – souvent plusieurs années –, alors que les marchés permettent à peu de frais d’arbitrer entre les différents titres de son portefeuille, voire de sortir complètement très rapidement. Mais en
Les fonds de buy-out : Il s’agit ici d’opérations de rachat de la totalité des actions d’une société. Si le fonds acheteur emprunte pour financer l’opération, on parle d’un leverage buy-out (LBO). Si la reprise s’effectue pour le compte du management de l’entreprise, on parle de management buy-out (MBO). LE CORPORATE VENTURE CAPITAL (CVC), OU CAPITAL-RISQUE D’ENTREPRISE Ce terme désigne l’investissement de fonds provenant d’une entreprise directement dans une entreprise extérieure souvent innovante et en phase de démarrage. Le CVC fournit une expertise en gestion et en marketing en contrepartie d’un avantage concurrentiel sur son marché. FONDS ALTERNATIFS Le développement du private equity est passé par sa démocratisation. Pour être mis à la portée de – presque – toutes les bourses, des fonds d’investissement « thématiques » se sont créés. Ces fonds dits de private equity, en référence à leur stratégie d’investissement, sont classés dans la grande famille des fonds alternatifs. Historiquement, le terme « fonds alternatif » renvoyait aux sulfureux hedge funds. Depuis la directive AIFM de 2011, les fonds alternatifs sont tous les fonds non régis par la directive Ucits. On trouve donc, dans cette catégorie, outre les fonds de private equity et les hedge funds, les fonds immobiliers, les fonds d’infrastructures et les fonds de dette privée. SHADOW BANKING Il s’agit de l’ensemble des activités et des acteurs contribuant au financement non bancaire de l’économie. Le private equity appartient à cette famille – une famille dont la mauvaise réputation est liée à la crise financière de 2008. Ses risques étaient importants : opacité, un effet de levier souvent démesuré, une structure de financement de type défaut pouvant faire l’objet de désengagements massifs brutaux et un niveau de risque systémique.
termes de rendement, les performances sont, sur une longue période, jusqu’à deux fois supérieures à celles des marchés actions. Avec, en prime, la satisfaction de participer au succès de jeunes pousses. Autre atout : la diversification des portefeuilles. Tous ces avantages ont très bien été compris par les investisseurs institutionnels. Et ils pourraient bientôt profiter aux investisseurs lambda. La tendance est à la démocratisation. Une tendance de fond. En attendant que les tickets d’entrée baissent dans ces fonds, certains établissements financiers jouent un rôle de grossiste en souscrivant à un fonds institutionnel à hauteur de plusieurs millions d’euros, cette participation étant apportée à un fonds nourricier dont les parts seront souscrites par ses clients. C’est un nouveau marché qui s’ouvre. Auteur MARC FASSONE
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Invest Europe (rapport d’activité 2020)
pilier de croissance. Et on a constaté que ces actifs ont connu un intérêt croissant auprès de la clientèle institutionnelle et privée qualifiée à la recherche d’un rendement ou de classes d’actifs générant un rendement attrayant. Avec, pour conséquence, un boom du secteur du private equity au niveau mondial. Fin 2020, l’encours total en matière d’investissements de à toute une série d’instruments plus ciblés et private equity s’élève à environ 5.100 milliards adaptés aux besoins spécifiques du secteur. de dollars. Compte tenu de l’environnement actuel Le premier a été la sicar (société d’investisse- et de l’intérêt de la clientèle, on estime que cet ment en capital à risque), créée par la loi encours total pourrait presque atteindre 9.000 mildu 15 juin 2004. Cet outil se voulait un faci- liards de dollars d’ici 2025. Donc, c’est un secteur litateur pour les levées de fonds destinées au qui est en très fort développement, et dans lequel capital-risque. Il remplissait un vide entre les le Luxembourg et notre industrie essaient de fonds Ucits, réglementés et ouverts au grand prendre une part de marché importante. » public, et les fonds non réglementés. Le deuBien sûr, il y a les éléments traditionnels de xième acte s’est joué le 13 février 2007, avec La boîte à outils va-t-elle encore s’étoffer ? l’attractivité luxembourgeoise : la stabilité politique l’adoption de la loi créant le FIS (fonds d’inves Pour Camille Thommes, moins que sur de et financière (le triple A), la culture de la recherche tissement spécialisé), une forme juridique nouveaux outils, c’est sur le développement du consensus sur les questions essentielles, réglementée destinée aux fonds alternatifs. des bonnes pratiques en matière de gouverl’attitude « pro-business » des gouvernements On peut y voir une anticipation de la directive nance et sur la gamme des services que les successifs et la force d’un secteur bancaire et AIFM (Alternative Investment Fund M anagers) efforts doivent porter pour le moment, ainsi financier bien installé. Mais aussi le passeport sur les fonds alternatifs, dont on commençait que sur l’implémentation des dernières mesures unique qui permet aux professionnels de à parler sérieusement du côté de Bruxelles. fiscales internationales et européennes, comme commercialiser leurs produits auprès des Cette directive verra le jour le 8 juin 2011 Atad 1 et Atad 2. La question du développeinvestisseurs professionnels dans l’ensemble et sera transposée en droit luxembourgeois par ment des talents est également jugée comme de l’Union européenne, voire au-delà. la loi du 12 juillet 2013. Et donnera naissance cruciale. L’Alfi travaille au développement Et puis, surtout, il y a la boîte à outils : une à la société en commandite spéciale (SCSp), d’une offre de formation pour les personnels panoplie d’instruments modernes répondant l’adaptation du partnership anglo-saxon. de back et de middle-office, qui prendra la forme aux besoins des professionnels. Un instrument réputé pour sa souplesse. d’un master orienté sur les activités de private La dernière pierre à l’édifice fut apportée equity et de real estate. « L’amélioration est un Si, au tout début, c’était la holding qui s ervait à gérer et à structurer ses participations, elle par la loi du 23 juillet 2016, avec la création du processus permanent. » a cédé la place, au début des années 2000, Raif (fonds d’investissement alternatif réservé). Le prochain chantier de l’Alfi, c’est la réforme Une synthèse combinant les caractéristiques en cours de la directive AIFM. Si l’on n’en est et la flexibilité de structuration des FIS et des encore qu’au stade de la consultation, l’assosicar, sans avoir besoin d’un agrément de la ciation se dit très attentive à tous les dévelopCSSF. Étant entendu que c’est le gestionnaire pements susceptibles de toucher la Place. LES PRINCIPAUX PAYS qui doit être agrémenté, et non le véhicule, dans Et tout particulièrement à la question du cadre EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENT Pour le 2e trimestre 2020 le schéma de la directive AIFM. C’est avec l’arrivée de la délégation de certaines activités. Une quesdu Raif que l’on peut dater le début de la crois- tion sensible. Et ce, d’autant plus avec le Brexit. Allemagne 23,4 % sance exponentielle du secteur. Maintenant que le Royaume-Uni – un acteur Pays-Bas 15,7 % incontournable dans le private equity – est 14,9 % Grande-Bretagne En attendant la réforme de la directive AIFM devenu un pays tiers, quid de la délégation Belgique 14,2 % Désormais, rappelle Camille Thommes, le direc- d’activités outre-Manche ? Camille Thommes Suisse 14,2 % teur général de l’Alfi, 15 à 18 % de l’ensemble pense tout particulièrement aux activités de France 12,6 % des actifs des fonds de la Place – soit 5.050 mil- gestion. Et quid, également, de la question de Espagne 12,3 % liards d’euros – se trouvent dans les classes la distribution des produits luxembourgeois d’actifs alternatives : le private equity, mais en Grande-Bretagne ? « Les activités financières Autriche 11,9 % aussi les fonds immobiliers, d’infrastructures n’étaient pas le sujet au moment des négociaItalie 11,9 % et de dette privée. « Le Luxembourg était tra- tions sur le divorce », regrette le directeur général Suède 10,7 % ditionnellement une Place pour des fonds Ucits. de l’Alfi, qui appelle à aller désormais de Danemark 10,7 % Avec l’arrivée de l’AIFMD, directive dont nous l’avant et à voir quels cadres de travail instauPortugal 10,7 % avons été les pionniers pour ce qui est de sa mise rer avec Londres. Finlande 9,6 % en œuvre, la Place a su profiter de son expérience Norvège 8,8 % accumulée dans le monde des fonds d’investisseLuxembourg 6,1 % ment pour se doter de l’ambition de faire de ce Irlande 5 % segment des produits alternatifs son deuxième Auteur MARC FASSONE
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Forte d’un environnement politique et social stable, d’une expérience accu mulée en matière financière et d’une boîte à outils dédiée, la Place est devenue incontournable dans le paysage du private equity. Et elle entend bien le rester, en continuant à innover.
L’Alfi avance ses atouts
pwc.lu/alternatives
Alternatives from a different angle Sustainable Finance: seize the opportunity to grow your business
#FinanceInFineHands Vincent Lebrun, Alternatives Leader
+352 49 48 48 3193 | vincent.lebrun@pwc.com
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Étude Alfi/Deloitte 2018 et 2019
Un secteur en pleine expansion sur la Place
1 fonds Ucits. Si tous ces fonds alternatifs ne sont pas des fonds de private equity, ils en représentent quand même la majorité. » Dans ce petit monde en pleine croissance, le Luxembourg est arrivé à occuper une place de choix : 90 % des fonds d’investissement européens sur ce segment d’activité sont domiciliés au Luxembourg. « La place financière est le centre au départ duquel la grande majorité des acteurs private equity globaux mènent des opérations en Europe. » Un succès que l’on doit à la « boîte à outils » luxembourgeoise, qui, depuis 2004 et la création de la sicar (société d’investissement en capital à risque), s’est étoffée, jusqu’à la création, en 2016, dans le sillage de la directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers Directive), du fonds d’investissement alternatif réservé (Raif). Une boîte à outils qui a su prendre le relais de la fiscalité. Il est vrai que le Luxembourg a d’abord été utilisé par les opérateurs comme lieu d’implantation de sociétés d’acquisition et de détention de portefeuilles afin de bénéficier des avantages de l’exonération des plus-values de cession en cas de vente de la société cible, ainsi que des Le constat laisse rêveur : en moins de deux décennies, possibilités de structurer le rapatriement des gains vers les investisseurs, y compris des invesle volume d’actifs sous gestion dans le domaine tisseurs situés dans des pays n’ayant pas de du private equity est passé de presque rien à plus traités de non double imposition avec le Luxembourg. Le tout avec peu de présence ou de de 400 milliards d’euros, selon les estimations de la LPEA. substance. Une époque révolue. Luxembourg domicilie 90 % des fonds d’investissement Conséquence logique : tous les grands noms de l’industrie du private equity sont désoreuropéens spécialisés dans cette technique financière. mais installés au Luxembourg. À des degrés divers. Il y a, bien sûr, des sociétés comme Mangrove Capital Partners ou Expon Capital, qui ont un lien historique avec le pays. Elles Une taille théorique, précise Stéphane Pesch, tembre 2019, de 149 milliards. Bien loin, donc, y sont nées, s’y sont développées et prennent le chief executive officer de la Luxembourg Pri- de la taille théorique de 400 milliards calcu- leurs décisions depuis le Luxembourg. D’autres vate Equity & Venture Capital Association lée par la LPEA, pour qui il faut prendre en sociétés ont choisi le Luxembourg pour déve(LPEA). « Théorique », parce que le secteur se compte les promesses pour se rendre compte lopper leurs activités vers l’Europe. compose, sur la Place, de fonds régulés – qui de l’importance de cette industrie. Ce qui sont donc tenus de faire des reportings régu- frappe, encore plus que la taille réelle ou supliers auprès de la Commission de surveillance posée, c’est la vitesse de la progression des du secteur financier (CSSF) – et de fonds non actifs sous gestion. En septembre 2017, Deloitte MONTANTS DES ACTIFS SOUS GESTION régulés, qui, en fonction de leur taille, peuvent estimait les actifs sous gestion à 73,75 milEn milliards d’euros vivre leur vie sans avoir à communiquer trop liards d’euros. Fin septembre 2019, deux ans de données. Sans compter le niveau « du des- plus tard, ce montant avait doublé. La pro148 150 sous », celui des sociétés holding privées. « Avoir gression, on la trouve également dans la taille une vision globale du secteur en fonction de ses moyenne d’un fonds, qui, de 2018 à 2019, a actifs est complexe. » Une complexité renforcée progressé de 50 %, à 200,6 millions. 120 par le mode de fonctionnement des fonds de Les raisons de cet attrait sont multiples. On 88,5 private equity : tout tourne autour de la promes citera bien sûr les atouts traditionnels du Luxem90 se (le commitment). L’investisseur, au moment bourg, mais aussi l’environnement du monde de rentrer dans un fonds, fait une promesse de l’investissement, marqué par le niveau toupar rapport à l’argent qu’il veut investir. Une jours historiquement bas des taux d’intérêt sur 60 promesse, car l’argent ne sera versé au fonds la décennie. D’où une attractivité qui ne se qu’au fur et à mesure que le gestionnaire pren- dément pas pour les produits alternatifs, dont 30 les rendements sont considérés comme supédra des participations. Pour estimer la taille du secteur, il convient rieurs à ceux des actions sur les marchés cotés. de se référer à l’étude annuelle lancée en 2017 Et pas forcément plus risqués. « C’est une vraie 0 Fin septembre 2018 Fin septembre 2019 par l’Alfi, Deloitte et la LPEA. Pour qui les tendance : le ratio de création de fonds sur la pour 640 pour 625 fonds régulés fonds régulés actifs sous gestion du secteur étaient, en sep- Place est actuellement de 4 fonds alternatifs pour
STÉPHANE PESCH CEO, LPEA
« C’est une vraie tendance : le ratio de création de fonds sur la Place est actuellement de 4 fonds alternatifs pour 1 fonds Ucits. » Ces arrivées ont permis le développement d’un véritable écosystème complet. Ou presque. En 10 ans, constate Stéphane Pesch, l’industrie s’est développée sur toute la chaîne de valeur. Les professionnels ont renforcé leur substance et sont à la recherche de profils de plus en plus pointus. Notamment dans les domaines de la gestion du risque et de la compliance. « D’une Place de back-office spécialisée dans la comptabilité, la tenue de registres et les transferts, on est passé à une Place de middle- office qui s’occupe de la gestion quotidienne des fonds AIFM. Le point sur lequel on doit s’améliorer, c’est le front-office. Il faut attirer les ‘Deals teams’, ces équipes qui décident de la stratégie d’investissement. » Les choses semblent aller en ce sens, relève Stéphane Pesch. Pour qui un cercle vertueux s’amorce : c’est en attirant les managers internationaux que les prestataires de services pourront continuer à croître. La LPEA compte actuellement un peu plus de 300 membres. La majorité est constituée
PAYS D’ORIGINE DES GESTIONNAIRES DE FONDS ET ÉVOLUTION DE 2018 À 2019 Espace économique européen (EEE) et Suisse
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Étude Alfi/Deloitte 2018 et 2019
Amérique du Nord
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de managers, d’investisseurs et de family Qui sont les offices. Le solde est constitué de prestataires investisseurs-types de services (firmes d’audit, de conseil, avodu private equity cats et banques dépositaires) et de membres luxembourgeois ? indépendants (des directeurs indépendants ou des start-up). Le marché luxembourgeois est d’abord un marché d’investisseurs Au-delà d’attirer les équipes de front-office, institutionnels. Ils pèsent pour 77 % d’autres défis se posent à l’écosystème du pride la clientèle. Viennent ensuite vate equity luxembourgeois. les banques privées, les family offices, les personnes très fortunées (les HNWI, Il y a bien sûr le classique des classiques : ou high net worth individuals) et le « s’adapter aux évolutions réglementaires ». La marché retail. La part de ces derniers directive AIFM – qui date de 2013 – est en devrait cependant croître dans les années à venir. Les spécialistes parlent cours de modification. La Commission en est ainsi de démocratisation. En attendant, à la phase de consultation des professionnels. le modèle luxembourgeois reste un modèle dit de « clients privés », Il y a aussi l’implémentation de la directive ce que révèle l’examen de la répartition SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regudu nombre de clients par fonds. lation), qui touche aux reportings des obliga72 % d’entre eux comptent moins de 26 investisseurs, 31 % n’en comptent tions liées à la finance durable. « Sans oublier même que 1 à 5, alors qu’à l’autre bout de regarder ce qui se fait ailleurs. Nos compéde l’échelle, on ne relève que 1 % titeurs ne dorment pas. S’il y a des choses intéde fonds ayant plus de 101 clients. ressantes dont on peut s’inspirer, que l’on peut implémenter par la suite, pourquoi ne pas le faire ? » Sur le fond, Stéphane Pesch voit dans la finance verte une réelle opportunité. Même si ses ouailles semblent s’y intéresser en ordre sur plusieurs niveaux. Chez les managers, dispersé. « Cela fait sens. Ce serait dommage d’abord : il fallait créer des portails pour que les de dire qu’il n’y avait pas moyen de faire autre- investisseurs puissent avoir accès aux reporment que de l’imposer quand même. » Sur le tings. Cela permettait de répondre à la critique terrain, la tendance dominante est la pression du manque de transparence du secteur, souvent mise par les investisseurs pour que les inves- comparé à celui des hedge funds. « Ils ont fait de tissements des fonds produisent des impacts gros efforts. Sous la pression des investisseurs. » positifs sur la société. Du coup, de plus en Du côté du back et du middle-office, Stéphane plus d’acteurs se préparent à intégrer la taxo- Pesch constate une industrialisation des pronomie européenne et s’intéressent à des solu- cessus, de plus en plus automatisés. Une consétions de labellisation comme Luxflag. quence logique de la recherche constante du La digitalisation est également un grand défi contrôle des coûts. pour un secteur « qui, de par sa structure, au Il relève aussi l’émergence de l’intelligence début, n’était pas très digital. Au tout début, cer- artificielle sur des opérations très ciblées, tains travaillaient encore avec des fichiers Excel. comme la présélection de projets. « Un gesCe qui était un peu primitif. » Stéphane Pesch tionnaire peut recevoir jusqu’à 200 projets de relève que les choses se sont grandement amé- start-up par jour. Avoir un programme qui liorées depuis. Une amélioration qui s’est jouée procéderait à une présélection sur la base de l’expérience acquise serait génial. » Globalement, digitaliser permettrait de mieux coordonner les différentes équipes, leurs analyses des business cases et la prise de décision validant la levée de fonds et leurs engagements, et d’aboutir à des processus harmonisés de recherche d’opportunités d’investissement. Le CEO de la LPEA voit également beau1 % coup d’attrait pour la technologie de la blockchain, notamment en termes de suivi des transactions et en matière de transfert d’actifs. « Tout le monde % en a beaucoup parlé, mais cela ne s’est pas encore mis en place comme on l’espérait. »
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Comment concevez-vous votre rôle une fois que vous avez investi dans une société ? Comme un tailleur. Notre accompagnement est du sur-mesure qui dépend du niveau de maturité de l’entreprise et qui évolue de façon très importante avec le temps. Plus on a affaire à une société jeune et à des fondateurs inexpérimentés, plus le besoin de support est élevé. Typiquement, on va les aider au début dans l’articulation de la stratégie. On va les challenger sur les différentes questions-clés à chaque étape de la progression de l’entreprise pour qu’ils puissent réussir à passer les caps. Et il y a toute l’assistance au moment de la sortie, où on les aide à gérer la vente.
Quels sont vos critères pour investir dans une société ? Des critères, il y en a à profusion : l’ambition, la maturité du projet, la qualité de l’idée… Mais il y en a un qui écrase tous les autres : l’humain. Quel est le dénominateur commun des sociétés qui réussissent ? La qualité de l’équipe en place. C’est cela qui fait que cela va réussir. Ce n’est pas quelque chose qui s’apprécie en analysant du reporting. Il faut aller voir les gens, passer du temps avec eux. La clé de la réussite en private equity, ce sont les gens. Outre la qualité d’un projet, nous cherchons des gens qui ont la bonne ambition, la bonne attitude. Nous sommes du carburant Justement, quand vous retirez-vous ? Quand pouvez-vous pour fusée. Donc, on cherche des fusées. Nous sommes à la recherche d’entrepreneurs dire « mission accomplie » ? ayant une très grande ambition, et, pour nos Le critère-clé, c’est la full execution of the investissements au Luxembourg, la volonté de business plan. Au moment d’investir dans une faire partie de l’écosystème local, de l’enrichir, société, on se fixe un objectif. Par exemple, de le nourrir à travers, notamment, du partage gagner 10 fois la mise. Ce qui induit des choses de connaissances et d’expériences. C’est fon- bien précises en termes de croissance de l’endamental afin que le terreau local continue de treprise, dont la durée de l’investissement. grandir et d’être fertile. Voilà pour la théorie. En pratique, les choses ne se passent jamais Quand intervenez-vous ? comme prévu. Il y a deux cas de figure. Soit Si nous accompagnons les entrepreneurs dans les choses se passent bien, et les propositions la phase d’amorçage, ce n’est pas à ce moment d’achat se multiplient – en général, avec l’acque nous investissons de l’argent. On peut les cord de l’équipe fondatrice, on les refuse -, guider, les conseiller, mais nous n’intervien- soit l’entreprise est en retard sur son plan de drons qu’à partir du moment où ils auront croissance. Si on nous fait une offre et que démontré que leur idée tient la route et qu’ils l’on arrive à sortir à 7, on y réfléchit. Toujours sont capables de la vendre. Même si les fron- avec l’accord de l’équipe fondatrice. À un tières ont tendance à devenir floues entre les moment, il faut pouvoir sortir pour aller invesattributions des uns et des autres, nous ne tir ailleurs. C’est comme ça que le système sommes pas des business angels. fonctionne. Ces bonnes personnes et ces bonnes idées, comment les trouvez-vous ? Qui démarche qui ? C’est un mix. Nous sommes fréquemment sollicités. Nous recevons une cinquantaine de dossiers par semaine. Mais nous allons aussi chercher les projets. Nous faisons beaucoup
Jan Hanrion (archives)
Comment devient-on investisseur en capital-investissement ? J’ai commencé à investir à titre personnel dans le secteur des technologies dans les années 1990. Comme un apprenti forgeron qui n’a jamais vu une enclume de sa vie. Et, à un moment donné, par le plus grand des hasards, je suis tombé sur une société plus jeune qui ne faisait même pas un million de dollars de chiffre d’affaires. Sans avoir conscience que c’était une start-up. Je me suis mis à investir dans des sociétés similaires de façon naturelle. Et, à force, je me suis rendu compte que c’était très intéressant. Comme l’entrepreneuriat me tentait, je me suis lancé dans ce créneau professionnellement. C’était au moment de la bulle internet. Mon aventure n’est pas allée à son terme… Pour moi, dans le secteur des technologies, la partie entrepreneuriat et la partie investissement sont les deux faces d’une même médaille. Et c’est pour ne pas devenir schizophrène que je suis devenu entrepreneur-investisseur en technologie. Au départ, au sein de Genii Capital, j’investissais dans des sociétés cotées ou non sans vraiment faire de distinction entre les deux. L’important était d’investir dans une société intéressante. J’avais la chance d’avoir carte blanche sur le type d’opportunités à aller chercher, et j’ai trouvé dans les deux mondes de très belles sociétés technologiques. Parfois, la frontière entre ces deux mondes était floue. Les Anglo-Saxons parlent de PIPE pour private investment in private equity. Certaines sociétés cotées avaient tellement peu de flottant qu’il fallait aller frapper physiquement à la porte des actionnaires des sociétés pour acqué-
rir des actions. Le gré à gré dans la prise de participation au capital, c’est la définition même du private equity. En 2015, j’ai franchi le pas et créé ma propre société, Expon Capital.
de recherches dans les secteurs qui nous intéressent et pour lesquels on pense qu’il y a beaucoup de potentiel. Chez Expon Capital, nous gérons deux fonds : un global et un local, luxembourgeois. Ici, nous intervenons en général plus tôt. Et le réseautage, le carnet d’adresses, est fondamental. Quand on regarde ce dans quoi on a investi, c’est à 80 % initié par le réseautage. Et ce sont souvent des projets de qualité.
Auteur MARC FASSONE
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Quel est le mode de fonc tionnement d’un investisseur en private equity, sa philo sophie ? Jérôme Wittamer, actif sur le segment du capital-investissement dans le secteur des technologies depuis près de 30 ans et fondateur d’Expon Capital, a accepté de partager son expérience et sa vision du métier.
« Nous sommes du carburant pour fusée. On cherche des fusées. »
Tackling bias in artificial Table ronde intelligence, and eventually Luxembourg Recovery in humans
Ann-Elise Delbecq AI Elite team EMEA (IBM)
TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED
T HJUERS U DDAY I Artificial intelligence awakens great hopes, by allowing us to make decisions more quickly and objectively than human judgments alone. While it holds out the promise of competitiveness, it also has a dark side, that of undesirable biases. AI is dependent on the social and cultural context of its designers and the data that feeds them. During this Club Talk, Ann-Elise Delbecq, AI Elite team EMEA at IBM, will discuss the emergence of tools and methodologies to deal with these new algorithmic biases.
REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB
17 14 UV NIEE R JAJN
18H30 18:30
5 L’avis des investis
Eric Busch et Kevin Muller sont deux serial entrepreneurs qui, pour la première fois de leur parcours, ont fait appel au capital-risque pour financer leur dernier projet. Ils partagent leur retour d’expérience. Eric Busch est un serial entrepreneur qui vient, pour la première fois, de recourir au capital- risque pour sa dernière entreprise, Nexten.io, une plateforme de recrutement 2.0 spécialisée dans les hauts profils en informatique. Ses précédentes sociétés, même si elles touchaient de près ou de loin au secteur des nouvelles technologies, étaient des entreprises classiques. Qu’il a financées « classiquement » ! En recourant d’ailleurs plus volontiers à des crédits personnels qu’à des prêts bancaires. Qu’est-ce qui lui a fait changer son fusil d’épaule ? «Après avoir vendu ma dernière entreprise, je me suis tourné vers l’innovation – une envie de toujours. Et j’ai créé Nexten.io. Une start-up, c’est vraiment une dynamique très différente des entreprises classiques que j’avais créées avant, des entreprises qui n’avaient pas besoin d’un gros capital de départ et qui pouvaient financer leur croissance avec les profits réalisés. Avec une start-up, il faut d’abord investir fortement. Et être conscient que les premières années, on va avoir des dettes. L’idée première n’est pas d’être rentable, mais de prendre des parts de marché. Personnellement, il m’a fallu un an pour me sentir à l’aise avec cette philosophie. » Gérer l’incertitude L’appel au capital-investissement, plutôt qu’à une banque? Incontournable, pour Eric Busch. « J’ai déjà beaucoup investi par moi-même pour démarrer l’activité. Mais pour passer aux étapes suivantes et pouvoir les financer, j’ai fait appel à du capital-risque. Il n’y avait pas vraiment d’autres choix. » Les banques ? « Elles ne comprennent pas comment fonctionnent les startup. Nous, les entrepreneurs, nous avons une vision. Nous savons où nous voulons aller, mais nous ne connaissons pas le chemin. Un capital- risqueur gère très bien cela. Il sait que rien ne se passe jamais comme prévu, et il va vraiment juger l’équipe davantage sur sa capacité à agir et à résoudre les problèmes plutôt qu’à rester 68
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Avant tout une question de confiance
à deux amis d’enfance de le rejoindre. Un déclic sans boussole, il le reconnaît: il sentait le besoin d’un tel produit pour les équipes digitales de n’importe quelle société sans appréhender le chemin de la commercialisation. Au fur et à mesure des versions, la dimension communautaire a grandi, le confortant dans ses convictions. C’est un utilisateur basé au Luxembourg qui a mis l’équipe des fondateurs en contact avec Luxinnovation. Qui les a directement orientés vers le programme Seed4Start, la plateforme transfrontalière de capital-risque de la Grande Région. C’est à ce moment que Passbolt devient un véritable produit commercial. Il faudra 18 mois d’expérimentations pour développer la version adaptée au marché. L’attraction communautaire a servi de tremplin pour la start-up.
sur le plan initial. C’est vraiment cette compréhension des problématiques et de la dynamique d’une start-up qui fait la différence par rapport à un établissement financier traditionnel. » Et d’ajouter: « La start-up, c’est l’incertitude, c’est arriver sur des territoires, dans des environnements qui n’ont pas encore été exploités par d’autres. » Une autre possibilité existe : se faire financer par un grand groupe via du corporate venture capital. « On prend le risque de perdre en indépendance. Un capital-risqueur n’a pas d’autres agendas en tête que le retour sur investissement. Alors que, si vous vous faites Un alignement de visions financer par des groupes qui sont déjà dans En arrière-cour, Expon Capital et le Digital l’industrie, il y aura forcément, à un moment Tech Fund ont soutenu les créateurs dans les différentes étapes de croissance de la société, donné, un conflit d’intérêts. » en organisant les levées de fonds, en ouvrant Un costume de partenaire des portes, en partageant leur carnet d’adresses Autre avantage mis en avant : le costume de et en les aidant à se structurer en tant qu’enpartenaire qu’endosse le capital-risqueur. « Ils treprise. « Tout ce que ne fait pas une banque. » siègent à notre conseil d’administration. C’est Pour Kevin Muller, le recours au capital-risque extrêmement intéressant parce qu’ils amènent est une bonne expérience. Qu’il conseille à avec eux leur expérience accumulée avec d’autres tout entrepreneur sur un créneau innovant, entreprises. Ils ont du recul face aux problèmes des entreprises qui essaient de résoudre un quotidiens que doit résoudre une entreprise inno- problème qui n’a pas été résolu avant. Mais il vante. C’est très enrichissant. Au début, j’étais insiste sur un point capital : « Comme dans un un peu hésitant. Et aujourd’hui, après un an, je mariage, il faut choisir le bon partenaire. Il faut regrette de ne pas avoir fait appel à eux avant. » être transparent dès le départ, il faut être sûr Dernier point : la confiance. « Je trouve que de se comprendre et d’avoir la même vision à ça rapporte énormément à une entreprise de notre long terme. Les capital-risqueurs veulent une type d’avoir un partenaire comme cela, qui a cette croissance exponentielle. Ils te demandent d’être expérience-là. » ambitieux. Si tu l’es, et si ta vision est alignée La confiance, c’est aussi un des mots-clés avec la leur, ils vont t’aider à y arriver. C’est mis en avant par Kevin Muller, cofondateur de plus de travail en matière de gouvernance et de Passbolt. reporting. Soudain, tu n’es plus seul à bord, et Ce Français originaire de Longwy a passé cela devient un vrai travail collaboratif. C’est 15 ans en Inde avant de s’installer au Luxem- pour cela qu’avoir la même vision est détermibourg. Ce « techno », comme il se définit, a nant. » Et il rappelle que le processus n’est pas toujours été entrepreneur. Il a géré plusieurs unilatéral : ce n’est pas plus le venture capitasociétés et produits avec succès. Passbolt est list qui choisit une entreprise que l’inverse. né durant cette période, en 2010 précisément, Pour qu’il soit réussi, le processus doit relever comme un projet annexe devant répondre à du consentement mutuel. une problématique : la gestion des mots de passe à destination des équipes techniques. Développé sans objectifs commerciaux et largement distribué aux partenaires, clients et autres développeurs, Passbolt a suscité un réel engouement, qui s’est traduit par la formation d’une véritable communauté d’utilisateurs. Le déclic, pour Kevin Muller, qui a demandé Auteur MARC FASSONE
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6 Pour résumer
Le pour et le contre du private equity
Un outil indispensable à la préservation de la souveraineté économique européenne Face aux fonds extra-européens, pourquoi ne pas favoriser l’émergence de fonds européens de private equity qui peuvent apporter des fonds propres dans les entreprises européennes dans le besoin, éventuellement pour financer leur développement ?
Inconvénients
Le private equity comme produit miracle qui redonne du sens à la finance et se met au service de l’économie et de la croissance ? Par nature, le produit miracle n’existe pas. Les bons côtés vont de pair avec les côtés plus sombres. Tout est une question de points de vue et de timing. Auteur MARC FASSONE
Avantages Pour les investisseurs : du potentiel… Le private equity offre une perspective de plus-value intéres sante à long terme et donne aux investisseurs l’opportunité de participer à la création d’entreprises innovantes ou à la croissance de celles-ci. Un plus pour les entrepreneurs dans l’âme. Pour les investisseurs : du rendement… En plus des atouts du private equity en termes de décorré lation, les professionnels mettent en avant la surperformance sur le long terme vis-à-vis des autres classes d’actifs. Jusqu’à deux ou trois points de rendement supérieurs par rapport aux actions. Pour les investis : un parfait alignement des planètes… Un des intérêts mis en avant par les tenants du private equity est le parfait alignement des intérêts des investisseurs, du gérant de fonds et de la société dans laquelle l’argent est investi. Les premiers se rémunèrent sur la performance de l’entreprise, alors que cette dernière bénéficie des capitaux, de l’expérience, voire du relationnel. Un outil indispensable à la croissance Le capital-investissement possède de solides arguments pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain : il est créateur d’innovations, garant de la pérennité des entreprises et accélérateur de croissance. Il est devenu un complément crédible aux marchés traditionnels.
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Pour les investisseurs : … mais aussi des risques Le principal risque étant de ne pas recevoir de retour sur investissement, ou de ne pas récupérer son capital en cas d’échec de l’entreprise soutenue. Ce qui, dans le cas de start-up et autres sociétés innovantes, n’est pas un cas d’école. D’où l’intérêt de s’assurer que l’équipe de gestion a les plus grandes chances d’être efficace. Il faut également mentionner l’illiquidité du secteur. Quand on y investit, c’est pour des années. Pour les investisseurs : … un rendement remis en question Une remise en question qui a fait du bruit dans le secteur et dont les conclusions divisent : selon Ludovic Phalippou, professeur d’économie financière à l’université d’Oxford, « les performances des fonds de capital-investissement sont équivalentes à celles des indices d’actions cotées depuis au moins 2006 ». Autour de 11 % par an. Dans son étude An Inconvenient Fact: Private Equity Returns & The Billionaire Factory, outre cette idée reçue, il remet en cause l’inflation des frais de gestion et des rémunérations des gérants outre-Atlantique. Pour les investis : … mais des interférences, parfois Dans la grande famille du private equity, on trouve également le LBO (leveraged buy-out). Ce type de financement s’adresse plutôt à des entreprises matures devant faire face à des problé matiques de transmission patrimoniale et de changement d’actionnaire. Ici, le système est basé sur l’endettement. Et l’effet de levier est tel que, bien souvent, le cash-flow dégagé par l’entreprise sert à financer les intérêts de la dette. Et les profes sionnels de cette branche sortent beaucoup plus rapidement du capital d’une société qu’un capital-risqueur. Ce qui met beau coup de pression à la société financée. L’optique est purement financière, et toute la dimension accompagnement disparaît. Un outil qui contribue à la financiarisation de l’économie Les questions que suscitent les pratiques des professionnels des LBO, qui favorisent la financiarisation des entreprises, entendue comme une modification de leurs stratégies, sont de plus en plus orientées vers les actionnaires au détriment des autres parties prenantes de la firme. Est-ce un hasard ? Les méchants dans les thrillers financiers hollywoodiens sont plutôt des adeptes du LBO que du capital-investissement. Une menace pour l’indépendance économique Il faudrait se méfier du private equity. Grâce à lui, beaucoup d’entreprises européennes – des pépites – passent sous le giron de compagnies américaines et chinoises. De fait, ces fonds ont une force de frappe supérieure aux fonds européens. Qui sont d’ailleurs le plus souvent des fonds nationaux, voire multinationaux.
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Romain Braas, Directeur Général de Bâloise Assurances Luxembourg
Assurance
Le besoin client, priorité de l’assureur Contenu sponsorisé par BÂLOISE
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tion de nouveaux risques (cyber, climatique…), ou encore l’affirmation d’un modèle phygital où le contact humain et le digital sont complémentaires. « Il y a aussi davantage de régulation dans le but de protéger le consommateur, grâce à la GDPR par exemple, mais aussi pour que le marché de l’assurance soit plus clair et transparent. En tant qu’assureur, cela impose certaines exigences, mais c’est surtout très positif car cela nous tire
LES DEUX MOMENTSCLÉS DANS LA RELATION CLIENT :
Souscription
Premier contact, la souscription engrange la confiance du client. L’assureur met tous ses efforts pour que l’accueil soit rapide et simple avec le bon niveau de conseil.
Sinistre
Étape cruciale qui permet de fidéliser le client, lui expliquer les prochaines étapes, lui proposer des solutions et lui offrir la même qualité de service, quel que soit le canal.
Simon Verjus (Maison Moderne)
S’il y a 20 ans, le monde de l’assurance comptait de nombreux acteurs, aujourd’hui, une concentration est observée dans le secteur, due notamment aux nombreuses régulations, mais aussi à la nécessité de recruter plus de postes de spécialistes. Le marché de l’assurance est en pleine évolution, marqué par divers changements, comme l’émergence de l’insurtech et de nouveaux acteurs offrant la promesse d’une expérience client plus moderne, l’appari-
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Si le marché de l’assurance a évolué ces dernières années, la relation avec le client a également changé et est davantage centrée sur les besoins de ce dernier.
BRAND VOICE
LE MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS EN QUELQUES CHIFFRES
UN BON ASSUREUR, C’EST CELUI QUI
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Les primes d’assurance directe représentaient, en 2019, 41 milliards € (28 milliards pour l’assurance-vie et 13 milliards pour l’assurance non-vie).
vous conseille selon votre profil, vos exigences, et qui a une connaissance parfaite de vos risques / de votre situation
est là dans les bons moments comme dans les moins bons, ce n’est pas celui qui referme son parapluie dès qu’il y a de l’orage
tous vers le haut », reconnaît Romain Braas, Directeur Général de Bâloise Assurances Luxembourg. En effet, la relation client est désormais redéfinie. « La digitalisation de nos processus avec la souscription en ligne est une véritable révolution culturelle dans l’assurance. En interne, cela demande un changement des profils des collaborateurs, plus pointus et technologiques. Nous sommes également davantage dans une logique de service et d’innovation pour devancer les besoins de nos clients et leur offrir la meilleure expérience possible. » Les besoins du client au cœur de la démarche Ce que recherchent aujourd’hui les clients ? De la simplification, de l’immédiateté, de la rapidité et du multicanal (phygital). « Il existe deux typologies de clients : celui qui veut être serein à 100 % et cherche les produits tout en un avec la meilleure protection possible quoi qu’il arrive
est un professionnel qui sait vous écouter
et celui plus attentif au prix et souhaitant composer luimême son produit en choisissant ses garanties. » Pour que le client se sente accompagné et en confiance, Bâloise place celui-ci au cœur de sa démarche. « Aujourd’hui, nous partons systématiquement du besoin client et non plus du produit. Nous avons, par exemple, un outil de déclaration des sinistres proposant une solution hybride avec d’une part le digital, pour la rapidité du suivi du sinistre, et d’autre part l’humain, pour le contact, l’écoute et l’empathie. Par exemple, lors d’une perte totale, nous prenons en charge le véhicule de notre client, nous lui proposons un véhicule de remplacement équivalent et, surtout, nous gérons pour lui la vente de l’épave. »
Pour lui faciliter la vie, Bâloise simplifie également ses procédures, ses produits et toute sa documentation pour plus de clarté, de transparence et de synthèse, avec un regroupement des signatures, par exemple ; le tout en restant conforme aux règles légales. Garantir la satisfaction des clients et collaborateurs Bâloise part toujours d’une équation simple : un collaborateur satisfait = un collaborateur productif = un client satisfait. « En tant qu’assureur, notre raison d’être est de simplifier la vie des clients et partenaires pour qu’ils se sentent le plus sereins possible. Nos collaborateurs ont tous un rôle à jouer dans cette mission. Toutes leurs actions ont un sens et nous leur démontrons au quotidien en communiquant régulièrement sur notre stratégie ! Clairement, pour moi, la communication est l’ingrédient essentiel pour créer ce climat de confiance qui permet de transformer notre métier ! »
1,947 / 1,1
L’assurance-vie au Luxembourg a augmenté, en 2019, de 14 %, représentant un total de 1,947 milliards €, tandis que l’assurance non-vie a grimpé de 8 % pour atteindre 1,1 milliard € en primes d’assurance directe.
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La branche automobile représente 3 % des primes totales au Luxembourg, mais 48 % des primes de l’assurance non-vie.
5,8 / 13,2
Les deux branches principales de l’assurance non-vie : produits automobile et immobilier ont augmenté de 5,8 % (516 millions €) et 13,2 % (326 millions €).
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Portfolio
Les gardiens de l’ombre
Koen Maris, cyber security leader chez PwC. Sa queue de cheval et le Cybersecurity Day en ont fait un personnage identifié et reconnu au Luxembourg. L’entreprise, répète-t-il à chaque occasion, doit à la fois mettre en place une stratégie de cyber sécurité et sensibiliser toutes ses équipes aux dangers, devenus encore plus nombreux depuis la crise.
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Mathieu Basile, head of Security Operation Center chez Post. Après 17 ans passés à la Sorbonne, chez Orange Business Services et chez EBRC, l’ingénieur sécurité rejoint le Security Operation Center de Post Luxembourg, une organisation de défense qui s’occupe tant des questions de télécom munications que d’IT. Un rôle complet au cœur de la Cyberforce de l’opérateur historique.
Photos
ANDRÉS LEJONA
Rarement au premier plan dans les médias, ils œuvrent discrètement et efficacement à la protection et à la sécurité digitale des institutions, des entreprises ou des particuliers. Ces experts en cybersécurité ont des cartes de visite impressionnantes face à des menaces grandissantes. 2020 aura été un cauchemar, tant Auteur THIERRY LABRO le Covid-19 a secoué les organisations, quelles qu’elles soient. AVRIL 2021
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Ercan Kocak, senior cybersecurity officer à l’Incert. Le jeune spécialiste en cyber sécurité a rejoint Telindus après 10 ans au Crédit immobilier de France. Depuis septembre à l’Incert, il a rejoint le pôle Cybersécurité, qui traite de sujets inter nes et métiers, notamment avec les hôpitaux, sur le darknet, ou avec l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies.
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Thomas Schmidt, manager technical department chez Cegecom. Plus de 20 ans après sa création, Cegecom a su se faire sa place d’opérateur de télécommunications alternatif au Luxembourg et dans la Grande Région, notam ment en Allemagne, depuis son regroupement sous la bannière Artelis. L’ingénieur allemand y est responsable de la mise en production des services aux clients et du backbone du groupe.
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Mathieu Rameau, ingénieur réseaux et sécurité chez Telkea. Diplômé du prestigieux Conservatoire national des arts et métiers, ce spécialiste des réseaux travaille depuis sept ans chez l’intégrateur de services numériques Telkea. Plus de 150 personnes (+66 % en trois ans) travaillent chez ce spécialiste du sur-mesure.
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Sheila Becker, head of network and information systems’ security (NISS) à l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Après cinq ans passés à travailler pour la mise en place de la stratégie de cyberdéfense du gouvernement luxembourgeois à l’armée, elle est revenue chez le régulateur des télécoms, l’ILR, où elle avait commencé comme ingénieur. Elle est aussi devenue, fin février, vice-présidente de la Women Cyber Force du Luxembourg.
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Anouar Adlani, CTO chez Ebrand Services. Chief technology officer chez EuroDNS puis chief information officer chez vyzVoice, le protégé de Xavier Buck a pris à nouveau la direction de la technologie chez Ebrand Services, spécia lisée dans la protection des marques et de la réputation des entreprises sur internet. Sa connaissance de l’opérationnel lui permet d’avoir une meilleure approche de ses nouvelles fonctions plus stratégiques.
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Jérôme Fritz, Incisco, responsable de la sécurité informatique – IN/CISO de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois. Probablement le plus discret des responsables de la sécurité informatique du pays. Pas étonnant, compte tenu de l’importance stratégique des CFL et ses 4.709 employés, ouvriers et cadres qui ont généré en 2019 plus de 910 millions d’euros de chiffre d’affaires.
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Jacques Federspiel, chief information security officer, ou responsable de la sécurité des systèmes d’information, des Hôpitaux Robert Schuman. 2020 aura probablement été une année particulière, parce que les hôpitaux ont dû gérer l’urgence de la pandémie et de ses développements et en même temps l’augmentation spectaculaire des cyberattaques.
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Alexandre Dulaunoy, incident manager and cybersecurity researcher au Circl. Le chercheur aura passé 20 ans dans les méandres des cyberattaques pour en démonter les ressorts et proposer inlassablement de revoir ses habitudes en matière de cyber sécurité. Aujourd’hui, il veille à ce que le busi ness redémarre le plus vite possible et dans les meilleures conditions pour le Circl.
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Banque
Paroles de milléniaux : l’entreprise de demain Contenu sponsorisé par le GROUPE CRÉDIT AGRICOLE
Les enjeux sociétaux et environnementaux, la course à l’innovation et à la digitalisation ainsi que, depuis un an, la situation sanitaire sont autant d’éléments qui ont poussé les sociétés du secteur de la banque et de l’assurance à s’adapter, à repenser leur manière de travailler et, dans certains cas, à se réinventer. Le groupe Crédit Agricole, qui a fêté son centenaire en 2020, donne à cette occasion la parole à des collaborateurs milléniaux qui partagent avec nous leur vision sur l’entreprise du futur.
Selon vous, à quoi ressemblera l’entreprise de demain ?
Fund Channel
L’entreprise de demain devra avant tout faire preuve de flexibilité et s’adapter aux évolutions du marché et de ses collaborateurs. Le télétravail que nous avons mis en place dès le premier confinement était une grande nouveauté pour nous. Au final, il a été bénéfique sur de nombreux aspects. Grâce à certains outils, comme les réunions en visioconférence, nous avons pu voir nos collègues dans leur quotidien. Cela a permis de détendre les relations entre collaborateurs. L’entreprise de demain devra également développer sa responsabilité sociétale.
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2 Mathieu Perfetti
CA Indosuez Wealth (Asset Management)
Les carrières ne sont plus linéaires, mais modulables et flexibles. L’entreprise de demain doit être engagée et afficher clairement ses valeurs en toute transparence. Elle doit également faire preuve, vis-à-vis des salariés, de respect mais aussi d’une certaine forme d’indépendance et de responsabilisation. Accompagner les collaborateurs de la société pour assurer leur développement personnel et professionnel est crucial. Le management évolue, il ne peut être imposé. Il faut donc développer des capacités de leadership et pouvoir se former sur divers outils (à l’image du questionnement, du feed-back, de la communication non violente…).
3 Arnaud Marchenay CACEIS
L’entreprise de demain doit vaincre l’ancien paradoxe : suis-je une entreprise digitalisée ou disposant d’une importante présence physique et matérielle ? Elle devra désormais faire la synthèse entre une part de digitalisation, allant de pair avec l’innovation (mise en place du télétravail, automatisation des process), et la proximité avec les collaborateurs et les clients. Ces derniers souhaitent bénéficier d’outils automatisés et de processus simplifiés pour la gestion opérationnelle de leurs activités tout en conservant un lien humain incarné notamment par leur chargé de relation.
Maison Moderne, le groupe Crédit Agricole
Sabrina Zolfo
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1
À votre avis, quelles seront les attentes principales des clients à l’avenir ?
4 Audrey Le Boïté CALI Europe
Dans le domaine de l’assurance, les clients demanderont de la rapidité pour une souscription ou l’obtention d’une réponse. Notre panel d’offres numériques et informatiques mais aussi d’objets connectés doit évoluer afin d’accéder plus rapidement aux demandes des clients. Ce que souhaitent ces derniers, c’est avoir des contacts au sein de la société et pouvoir discuter rapidement avec eux.
5 Alexandra Faux Amundi
Dans la gestion d’actifs, les attentes des clients porteront, selon moi, sur la transparence des produits, notamment en ce qui concerne l’investissement ESG. Les jeunes investisseurs sont à la recherche d’une épargne qui a du sens et, pour beaucoup d’entre eux, les produits financiers sont encore opaques et difficiles à comprendre. L’enjeu est donc d’améliorer leur compré hension et de les rendre plus accessibles. L’intégration ESG dans les politiques d’investissement sera notamment un élément déterminant. Une entreprise qui s’engage, avec des valeurs sociétales, est une entreprise citoyenne.
6 Amélie Madinier Le Village by CA
Les attentes de nos clients reposent sur deux volets : des outils digitaux efficaces permettant d’avoir la main sur des actions à peu de valeur ajoutée, d’une part, et, d’autre part, un interlocuteur à qui parler et disposant d’un vrai degré d’expertise. Ils souhaitent une épaule sur laquelle se reposer en situation de stress. Le banquier va, par exemple, aider à défendre le crédit devant le comité de crédit, il représente donc un vrai levier de négociation pour le client.
Dans le futur, que sera une entreprise proche de ses collaborateurs ? Grandir ensemble vers la banque et l’assurance de demain
7 Jonathan Niddam
CA Indosuez Wealth (Europe)
Les collaborateurs attendent tout d’abord un environnement de travail différent. Cette année, nous avons entièrement redessiné la manière de travailler. C’est impressionnant de voir à quel point une entreprise est capable de changer rapidement ses valeurs ancrées depuis des années. Les salariés souhaitent également que les managers octroient une certaine autonomie. Ce contexte doit permettre aux collaborateurs de se sentir bien au travail et de trouver plus de sens à leur métier.
8 Marine Schirtzinger CAMCA
La priorité, pour l’entreprise, sera d’être plus humaine et d’avoir de l’empathie. La société devra, à l’avenir, être capable de tirer profit des qualités des collaborateurs et de les faire évoluer dans un climat de confiance. Il s’agit également d’être à l’écoute de ces derniers et de les responsabiliser à hauteur de leurs capacités. Autrement dit, prendre le meilleur de chacun. Collaborer ensemble au sein de l’entité sera très important.
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Business case
Post, entre activités historiques et défis futurs Si le groupe Post peut compter sur des bases solides, les défis à relever seront nombreux à l’avenir. Évolution des marchés, changements dans la manière de consommer, lancement de nouvelles générations de technologies... la liste est longue. Enquête et analyse, avec le cabinet de conseil Deloitte, de ce qui attend le géant des services postaux et des télécoms.
Comme une lettre à la poste. Ou presque. Pour le moment, le groupe Post affiche de bon nes performances. Mais malgré un chiffre d’affaires s’établissant à 861,9 millions en 2019, en hausse de 25 % sur les quatre années précédentes, et un Ebitda – indicateur ô combien révélateur de la santé d’une entreprise – affichant, malgré une légère compression, une progression de 21 % sur la même période, Claude Strasser, directeur général et président du comité exécutif de Post, entame tout en nuances : « Je n’aurais pas tourné ma phrase en parlant de surperformance. Je dirais plutôt que le groupe se porte bien par rapport à nos confrères à l’étranger. » Un léger bond dans le passé est nécessaire pour expliquer les bonnes performances du groupe. Dans les années 1990, un certain nombre de pays européens décident de libéraliser et privatiser leurs services postaux ou de télécommunication. La décision du Luxembourg
la décision grand-ducale prête à penser, des décennies plus tard, que le pari de laisser les différents corps de métier historiques sous un même toit s’est avéré gagnant. « Nous avons conservé toutes nos activités historiques, et, après plus de 20 ans où la tendance était à la séparation, celle-ci tend à s’inverser. Nous pouvons voir, chez nos voisins, des acteurs postaux qui se lancent dans l’activité bancaire, comme Orange, en France, qui a racheté une banque, ou le principal opérateur postal autrichien, indépendant, qui se rapproche du principal opérateur de téléphonie local. Cela pourrait bien être une situation heureuse pour nous. Nous n’avons pas suivi le mouvement, et c’est une chance », estime le directeur général de Post.
de ne pas suivre l’exemple de ses voisins, comme la France ou la Belgique, et de laisser ces services entre les mains de l’État, avait d’ailleurs soulevé de nombreuses interrogations. Mais aujourd’hui, avec le recul,
Prudent, Claude Strasser, qui occupe ce poste depuis mai 2012 – et qui fut à la base du développement des services de logistique et de technologie de la communication au sein du groupe –, observe ces bons résultats tout en gardant à l’esprit les grands défis futurs. Parce qu’il y en aura. Les télécoms comme pièce maîtresse Avec près de 54 % – soit quelque 464 millions d’euros – de son chiffre d’affaires qui en sont issus, l’activité télécoms de Post pèse lourd dans la balance. L’opérateur historique a vu son chiffre d’affaires croître d’environ 10 % en la matière entre 2014 et 2019, quand le marché luxembourgeois progressait, lui, de 7 %. Sans parler des pays voisins. Sur la même
CHIFFRE D’AFFAIRES ET EBITDA Évolution en millions d’euros, de 2014 à 2019 CA
EBITDA
Part de l’EBITDA dans le CA
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827 800
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Les rapports financiers de Post Luxembourg ont été compilés par Deloitte Luxembourg et mis en page par Maison Moderne.
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Post
MARCHÉS NATIONAUX DES TÉLÉCOMMUNICATIONS Évolution globale des chiffres d’affaires des opérateurs, en pourcentage
10 % MÉTIER TÉLÉCOMS/ICT (POST TELECOM)
7 % LUXEMBOURG
4% BELGIQUE
FRANCE -6 %
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2 %
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Les rapports financiers de Post Luxembourg ont été compilés par Deloitte Luxembourg et mis en page par Maison Moderne.
période, le marché prenait 4 % en Belgique, alors que nos voisins français voyaient les chiffres d’affaires réalisés dans ce domaine chuter de 6 %. Mais si les signaux semblent majoritairement au vert pour Post, cela pourrait bien relever de l’image d’Épinal. En effet, si la hausse démographique profite au marché national, et de fait, à Post, celle-ci s’intègre également dans un environnement où la concurrence est de plus en plus forte, où les lignes fixes
CLAUDE STRASSER Directeur général et président du comité exécutif, Post
«Nous connais sons une concurrence très agressive dans le monde du mobile, mais nous avons trouvé l’équilibre.»
semblent de plus en plus délaissées et où une forte pression existe sur les prix. Alors que le groupe avait pignon sur rue lors du lancement des offres de téléphonie mobile en 1992, les choses ont bien changé depuis. « À l’époque du fixe, c’était une situation monopolistique. Avec le mobile, ça n'a jamais été totalement le cas, explique Claude Strasser. Nous connaissons une concurrence très agressive dans le monde du mobile, mais nous avons trouvé l’équilibre », reprend-il, tout en indiquant avoir misé sur la qualité des services et des infrastructures, quitte à proposer des offres parfois plus chères que la con currence. « Cet écart de prix se justifie, et nous souhaitons nous positionner sur le service global avec, notamment, une offre de contact center local, en cinq langues, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », développe M. Strasser. Quid, néanmoins, d’un élec trochoc comme l’ont connu nos voisins hexagonaux, avec l’arrivée d’un opérateur tel que Free, venant jeter un pavé dans la mare ? Le directeur général de Post ne l’exclut pas, mais estime que l’ampleur de l’investissement que cela représenterait, couplée à la taille du marché et aux difficultés inhérentes au lancement de ce type de projet,
confère à ce scénario un aspect complexe. Et quand bien même cela se produirait, cela ne provoquerait visiblement pas de craintes particulières dans les couloirs de Post. « Nous n’avons pas peur, le mieux que nous puissions faire, c’est d’être équipés. Ce que nous sommes », balaie rapidement Claude Strasser. Si le groupe est bien installé sur le marché résidentiel, il convient toutefois de nuancer sa position sur le secteur professionnel. Troquant sa tenue de leader pour le costume de challenger, Post tente d’être compétitif sur un marché où la concurrence est rude et où les acteurs déjà présents font office de spécialistes. En termes de solutions et de transformations digitales, « il convient d’apporter des nuances. Pour le B2C résidentiel, nous ne pouvons pas rivaliser face à Google ou Apple, qui proposent leurs propres solutions cloud, par exemple. Pour le B2B, nous nous retrouvons face à des géants comme IBM ou Atos. Nous nous axons donc plus sur des services accessoires pour solidifier et protéger nos activités, comme la cybersécurité, qui complète nos services existants », détaille le directeur général du groupe. Conscient de l’importance de ce secteur, le groupe estime même que la principale source de croissance en matière de télécommunications et d’ICT viendra du B2B. C’est d’ailleurs pourquoi le groupe a misé, au fil des années, sur la diversification de son portefeuille avec des entreprises comme Victor Buck (36,8 millions d’euros de CA en 2019), spécialisée dans les services informatiques, ou EBRC (67,2 millions d’euros en 2019), spécialisée dans le stockage de données et les solutions IT, et dont Post est actionnaire à hauteur de 100 %. Là encore, le choix s’est avéré judicieux, puisque ces deux entreprises pesaient, en 2019, quelque 104 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les 181,9 millions réalisés par l’ensemble des filiales. Outre le B2B, le développement de la 5G
CONSEIL D’ADMINISTRATION DE POST Le conseil d’administration de Post Luxembourg est composé de 16 membres, dont 8 représentants de l’État – propriétaire du capital de Post Luxembourg –, 6 représentants élus du personnel et 2 administrateurs indépendants. REPRÉSENTANTS DE L’ÉTAT SERGE ALLEGREZZA Président JEAN-LUC KAMPHAUS Vice-président SANDRA DENIS
JEFF FETTES
SYLVIE LUCAS
ANNE-CATHERINE RIES
MARIE-JOSÉE RIES
RICKY WOHL
REPRÉSENTANTS DU PERSONNEL PIERRE DA SILVA UDO FELL GILBERT GOERGEN JEAN-MARIE HEYDER RAYMOND JUCHEM GÜNTER MIRKES ADMINISTRATEURS INDÉPENDANTS HANS-ULRICH HÜGLI GINETTE JONES
sera également au centre des préoccupations du groupe Post pour les années à venir. Plus que son déploiement, c’est sur les nouveaux cas d’usage et nouvelles utilisations que se concentreront les efforts de l’entreprise. « Si vous êtes dans le monde des télécoms, vous êtes habitué aux nouvelles générations. Le suivi de l’évolution est notre métier. C’est une question de pouvoir innover. L’élément différenciateur se trouve dans l’offre de services. Concernant le résidentiel, il est beaucoup question de packaging, voire de marketing.
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Pour le B2B, il s’agit plus de la façon dont on construit et intègre un produit dans son infrastructure », résume le directeur général de Post. Pépites d’hier et de demain En l’espace de cinq ans – entre 2014 et 2019 –, le poids des filiales est passé, en termes de contribution totale au chiffre d’affaires de l’entreprise, de 3 % à 21 %. « Les filiales ont le vent en poupe, et les investissements passés de Post se sont avérés être des paris réussis », confirme Romaric Poussardin, senior manager chez Deloitte, qui a analysé, en équipe, les données collectées pour le compte de la rédaction de Paperjam. En la matière, la stratégie d’investissement et le mode de sélection des entreprises sont toujours restés les mêmes : une entrée au capital de manière minoritaire, une progression au fil du temps au sein de celui-ci, toujours auprès d’entités ayant déjà un certain degré de maturité, et un partage de compétences entre celles développées par Post et celles de l’entité en question. Jusqu’à en devenir actionnaire majoritaire – ou unique, dans certains cas.
Concernant les investissements dans ses start-up, le fond de la logique a changé. « Il y a quelques années, nous avions mis en place un véhicule d’investissement, Post Capital. Mais c’était difficile pour nous parce qu’il s’agit d’une activité d’investissement, et c’est un métier très différent du nôtre. Nous avons eu du mal à en dégager des succès. Nous continuons d’investir de manière directe dans des jeunes start-up, mais nous le faisons via des fonds spécialisés. Cela nous permet de limiter les risques. Nous ne faisons pas ça pour le rendement financier, mais pour le rendement industriel. Et ceci nous permet également d’avoir une présence au niveau du board de l’entreprise », résume Claude Strasser. À l’avenir, l’accent sera mis sur la consolidation des activités existantes, tranche le directeur de Post, pour qui « aucun besoin immédiat d’investissement » n’existe actuellement. Ce qui devrait impliquer des investissements via les métiers historiques de Post, comme ce fut le cas avec Eurosender, une sorte de Booking.com de la logistique. Post était entré au capital d’Eurosender, dont les activités sont basées au Luxembourg,
ROMARIC POUSSARDIN Senior manager - Corporate Finance - Performance, Deloitte Luxembourg
« Malgré les menaces pesant sur ses métiers historiques, la poste a réussi à diversifier ses activités, assurant la croissance du groupe pour l’avenir. »
LES PILIERS DU GROUPE POST Répartition, en pourcentage, du chiffre d’affaires des différentes branches entre 2014 et 2019 Part télécoms
Part postal/logistique
Part des filiales
Part finance
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alors que l’entreprise n’en était qu’à ses balbutiements. Près de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires plus tard, Post est désormais actionnaire de l’entreprise à hauteur de 17,12 %. L’activité des filiales du groupe postal ne s’arrête pas aux frontières grand-ducales. Mais à l’étranger, il est question de stratégies très ciblées, se concentrant principalement sur quelques domaines. Ainsi, outre l’activité de Post dans le domaine de la logistique, massivement tournée vers l’axe Europe-Asie, le groupe a également développé les activités inhérentes au secteur des télécoms, en travaillant notamment avec le géant français de l’automobile PSA sur la connectivité à bord des véhicules. Même chose concernant la cybersécurité ou le monitoring, domaines dans lesquels l’expertise du groupe a permis de convaincre des entreprises et administrations publiques à Oman, ou encore au Vietnam. L’entreprise luxembourgeoise se concentre par ailleurs désormais sur ses propres supports de big data. « C’est un domaine qui ne sera pas limité à une frontière, même s’il est encore trop tôt pour en parler », prévient le directeur général de Post. Moins de lettres, moins de bureaux, plus de colis Si Post a su se diversifier en misant sur des filiales triées sur le volet, tout en mettant l’accent sur la poule aux œufs d’or que représente le secteur des télécoms, le groupe a conservé sa mission première de service postal, profondément ancrée dans son ADN. Mais si le ciel est bleu dans bien des secteurs, c’est sur son activité historique que le bât blesse. Après un pic en 2012, et même si l’activité lancée en 1842 représentait toujours, 177 ans plus tard, près de 22% de son chiffre d’affaires (188,5 millions d’euros), les volumes de lettres ont eu tendance à baisser drastiquement. Et même si cette tendance devrait se confirmer dans les années à venir, il est impossible de la quantifier avec
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Business case Post
CROISSANCE DU VOLUME DE LETTRES ET COLIS Évolution du volume total, en millions d’objets exactitude, concède le directeur général de l’entreprise. « C’est difficile pour nous. Depuis 20102012, nous constatons une forte baisse. Quant à savoir si cette baisse sera, dans les années à venir, de 5, 10, 15 %… Certains services à l’étranger l’ont vécu. » Une équation d’autant plus complexe que, si une centaine de millions de lettres continuent d’être gérées par Post chaque année, notamment grâce aux acteurs institutionnels, les structures en place pour l’activité postale coûtent très cher. Pour un usage parfois discuta ble. Et cette donnée fait partie de la réflexion du groupe. En décembre 2015, le groupe avait dévoilé sa stratégie con cernant les bureaux de poste les moins utilisés. Une quarantaine ont fermé depuis, et, dans une dynamique visant à conserver la proximité avec les zones rurales, des points Post ont été installés. De la même manière, les espaces dédiés à l’activité d’envoi de lettres ont été modernisés dans la plupart des grandes surfaces. Mais cela ne règle pas le problème des bureaux de poste toujours opérationnels et largement sousutilisés. « La très grosse majorité des bureaux de poste sera cédée. La plupart des bureaux
TROIS CHIFFRES-CLÉS
30 %
La représentation féminine au conseil d’administration est de l’ordre de 30 %. Si la parité semble encore loin, la tendance est positive, puisque ce chiffre s’élevait à 11 % en 2014.
12 %
Le chiffre d’affaires global de Post reposait à 12 %, en 2019, sur EBRC et Victor Buck. Ces deux filiales ont, cette année-là, rapporté quelque 104 millions d’euros.
72 %
L’activité « lettres » représente encore 72 % du chiffre d'affaires du département logistique, colis et courrier.
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fermés ont été vendus aux communes, qui sont souvent demandeuses. Le Fonds du logement en a également repris six ou sept. C’est un gâchis d’occuper une propriété immobilière entière pour un bureau ouvert 2 à 3 heures par jour, alors qu’il y a pénurie de logements. » Reste que, face à ces différents enjeux et mutations, et sur fond de digitalisation sociétale, l’entreprise a dû repenser sa manière de travailler. Décision fut prise de mettre l’accent sur ce qui est devenu, depuis, le moteur de son activité postale initiale : la logistique. Lancée en mars 2017 avec l’importation de colis en provenance d’Asie, la transformation majeure de l’activité logistique de Post est intervenue fin 2018, avec l’acquisition de 100 % des parts de l’entreprise Michel Greco. Cette dernière a vu son chiffre d’affaires passer de 12,7 millions d’euros à 16,4 millions en l’espace de cinq ans, pour une croissance annuelle de 8 %. « Malgré les menaces pesant sur ses métiers historiques, la poste a réussi à diversifier ses activités, assurant la croissance du groupe pour l'avenir », juge Romaric Poussardin, du cabinet de con seil Deloitte. Seul souci, et non des moindres, le marché du transport de colis ne permet que de faibles marges, ne dépassant pas, dans les meilleurs cas, les 5 à 10 %. Pour les lettres, la marge plafonnait à une quarantaine de pourcents. La substitution progressive du chiffre d’affaires entraîne donc, dans son sillage, son lot de questions. Afin de développer son activité logistique, Post peut également compter sur son hub de 6.500 m2 au Findel, inauguré en grande pompe en 2017. À cette date, Post Logistics gérait quelque 4 millions de colis par an. Deux ans plus tard, ce chiffre avait plus que triplé, avec près de 13 millions de colis ayant transité par le hub du Findel. «Il faut encore que nous trouvions notre position, on vient de se lancer. La clé sera de monter dans la chaîne de valeur et de trouver notre rôle dans
Nombre de colis
Nombre de lettres
200
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125,9
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50
4
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Les rapports financiers de Post Luxembourg ont été compilés par Deloitte Luxembourg et mis en page par Maison Moderne.
« Les filiales ont le vent en poupe, et les investis sements passés de Post se sont avérés être des paris réussis. » ROMARIC POUSSARDIN Senior manager - Corporate Finance - Performance, Deloitte Luxembourg
la logistique pour générer des marges plus importantes », précise Claude Strasser. D’autant plus qu’avec l’essor de l’e-commerce, sur fond de crise sanitaire mondiale, la carte à jouer en matière de logistique pourrait s’avérer intéressante. Une autre stratégie, consistant à se tourner vers le secteur de la santé, pourrait également être une option pour Post. «Il s’agit d’un secteur que nous développons depuis un certain temps. Le secteur hospitalier externalise de plus en plus certaines parties de sa logistique. C’est encombrant pour eux, et ce n’est pas évident, parce qu’il faut avoir 100 % confiance en son partenaire. C’est sur cet aspect que la réputation et le fait d’être soutenu par un actionnaire public peuvent jouer », rapporte M. Strasser.
Restera également à régler d’autres questions, tant d’ordre micro que macro. Car, si la demande croissante à l’international fait les yeux doux aux services de logistique de l’entreprise, le directeur général reste lucide et pragmatique : «Ce que j’exclus, c’est de mettre un pied à l’étranger pour développer une activité purement logistique. On ne peut pas rentrer dans la cour des grands. Il y a déjà des géants comme Amazon, Alibaba, DHL ou GLS qui dominent le marché, ça n’aurait pas de sens. » D’autant plus que Post émet, à des milliers de kilomètres des grands centres asiatiques, l’envie de faire également profiter les commerces locaux de l’essor de son activité. Mais sur ce point, comme beaucoup de ses homologues dans le monde, c’est sur le modus operandi auquel avoir recours que le doute plane. Le bras financier, capital sans l’être Pesant 3 % du chiffre d’affaires du groupe – un chiffre stable depuis 2014 –, le bras financier de Post n’est pas la clé de voûte de l’entreprise. Ce qui ne signifie pas qu’il est délaissé pour autant. La Place luxembourgeoise est saturée, ce n’est un secret pour personne, mais Post est investie d’un rôle relevant, dans ce secteur, plus du social que de la course au profit. « Pour beaucoup, nous sommes
ROUND 2 T H U RS DAY
The Paperjam + Delano Club is pleased to invite you to the second round of the third edition of Start-up Stories, its series of events determining the Start-up of the year, in partnership with LBAN and with the support of Startup Luxembourg. 10 start-uppers will pitch in 3 minutes each the story of their start-up and the origin of their idea. They will be challenged live by our jury of experts, who deliver sharp and constructive criticism.
01 APRIL
18:00 SPONSOR
PARTNER
REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB
Business case Post
LA CONSTELLATION POST LUXEMBOURG L’activité de Post Luxembourg se divise en trois grands pôles : Post Courrier, Post Finance et Post Telecom. Chacun d’entre eux possède des parts – en partie ou en totalité – dans certaines entreprises.
Digora
i-Hub
66,16%
100 %
VBS Asia PTE Ltd
Ebrc 100 %
100 %
Post
finance
Victor Buck Services
Visual Online
Post
100 %
51 %
telecom 100%
Elgon 100 %
Post
Infomail SA
Post
courrier
55 %
technologies
Post
Ainos
capital
100 %
100%
Michel Greco 100 %
Editus
InTech 100 %
100 %
Les rapports financiers de Post Luxembourg ont été compilés par Deloitte Luxembourg et mis en page par Maison Moderne.
les garants qui permettent d’avoir accès à des services de paiement ou à des garanties bancaires. Et beaucoup de gens n’ont pour unique compte que le CCP. Nous n’en avions pas vraiment conscience par le passé, et c’est un point sur lequel nous travaillons », affirme le responsable de l’entreprise. Par ailleurs, si Post assure, assez logiquement, que le groupe ne dirigera pas ses activités vers le bancaire, l’entité n’en reste pas moins un inter médiaire privilégié d’un certain nombre de banques. Ici aussi, le poids de l’actionnariat public apporte une légitimité. « Nous sommes au cœur de l’activité de paiement. Beaucoup transitent par nous. Et sans cette activité financière, qui nous donne une meilleure compréhension du marché, nous ne serions pas devenus actionnaires
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dans i-Hub, VBS ou Luxtrust, qui jouent sur les utilities », résume M. Strasser.
« Quand nous investissons, nous ne le faisons pas pour le rendement financier, mais pour le rendement industriel. » CLAUDE STRASSER Directeur général et président du comité exécutif, Post
La botte secrète immobilière ? Aspect souvent oublié de l’entreprise, Post est également propriétaire, outre d’un nombre conséquent de bureaux de poste, de quelques bâtiments dont la superficie et l’emplacement feraient rêver n’importe quel magnat de l’immobilier. Hôtel des postes à Hamilius sur 8.600 m2, bâtiment Mercier sur 18.000 m2, futur siège social dans le quartier Gare sur quelque 27.000 m2... la liste est longue. Et sur le sujet, le débat est vite clos : la totalité du parc restera dans le giron de Post. « Nous n’avons pas vocation à faire de la location. Nous ne sommes pas dans la spéculation, dans l’optimisation fiscale, ça ne rime pas avec notre statut.
Et il y a d’autres acteurs et leviers dont l’État dispose », juge Claude Strasser, qui glisse néanmoins, tout en paradoxe, le fait que « ce qui ne sera pas nécessaire dans l’immédiat sera loué ». « On ne va pas se priver d’encaisser un loyer, mais ce ne sera pas une business unit à part entière », précise-t-il. Ce sera d’ailleurs le cas de l’actuel siège, où une institution européenne devrait, à terme, prendre ses quartiers. Impossible toutefois d’estimer avec précision le gain potentiel pour Post, tant les prix peuvent fluctuer selon de nombreux critères. Dans le domaine de l’immo bilier, une autre interrogation devrait finir par se poser à Post. Avec des bâtiments pouvant accueillir des milliers de personnes, alors que le contexte sanitaire tend plutôt à favoriser le travail à distance, la question de l’utilité d’immenses bâtiments de bureaux deviendra vite centrale. « Une partie des tâches en télétravail va peut-être encore perdurer, mais cela ne change pas notre configuration. Il y a, certes, un besoin un peu plus réduit, mais il y aura toujours une demande en termes de surfaces », précise M. Strasser. Néanmoins, Post n’est pas dans une situation de besoin absolu d’entrées d’argent par le biais de la location. En effet, le groupe possède plus de 1,167 milliard d’euros d’actifs circulants – incluant les dépôts en CCP des clients. Mais les réserves ne seront pas dépensées inutilement pour autant. « Nous sortons d’un cycle qui a duré une décennie. Nous avons consommé pas mal des réserves des années 1990 et 2000. Nous sommes toujours autofinancés aujourd’hui. Il y a de gros investissements qui s’annoncent, notamment pour la poursuite du développement de la 5G. Nous n’avons plus les mêmes réserves qu’à l’époque où il fallait trouver des affectations. Nous ne sommes pas à l’abri d’une dégradation, on ne va pas dépenser sans compter », conclut Claude Strasser. Auteur THOMAS MANGIN
ESG: all you need to know about the new regulation Julie Becker (Bourse de Luxembourg)
Olivier Carré (PwC Luxembourg)
Kelly Hebert (M&G Investments)
Claude Marx (CSSF)
T U E S DAY
ESG-related issues encompass some of the greatest threats to the existence of humans in the future and yet many discussions remain. When President Biden rejoined the Paris agreement many in Europe breathed a sigh of relief, but this is just the beginning. Whose responsibility is it to drive the ESG agenda forward: consumers, investors, regulators, corporates or the government? These issues are not new news in the Luxembourg financial sector. Whatever your role, whether in the financial sector or not, this affects you. So join us.
REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB
04 M AY
18:30 SPONSOR
Débat public Avec le début de la campagne de vaccination, le Luxembourg a une perspective concrète de sortie de crise, même si l’on s’attendait à un déploiement plus rapide. La gestion des attentes des uns et des autres est un élément central de cette pandémie et une source perpétuelle de malentendus. En tant que président de l’Union des entreprises luxem bourgeoises (UEL), je me soucie des attentes des parties prenantes vis-à-vis des entreprises et des employeurs. Dans le même temps, les entreprises et les indépendants ont des attentes quant aux conditions préalables qui doivent être remplies pour qu’ils puissent pleinement assumer leur rôle et répondre aux attentes du monde politique et de la société. La pandémie a renforcé et rendu plus visibles certains développements et tendances. Par exemple, notre dépen dance aux chaînes d’approvisionnement mondialisées, la croissance de la numérisation dans le monde du travail et la mise en réseau de la recherche et de l’innovation. Mais elle a également révélé la fragilité de nos sociétés. Nous savions que le secteur financier était fondamental pour notre bien-être sociétal ; sa résilience, en ces temps difficiles, nous en a fourni une preuve supplémentaire. Après la pandémie viendra le temps de dresser un bilan. Que nous a appris la crise du Covid-19 sur nous-mêmes et sur les relations que l’on entretient avec les autres ?
Michel Reckinger Président de l’UEL
Je pense que le moment est bien choisi pour passer collecti vement en revue nos positions, nos attentes et nos aspirations. Pour l’UEL, une économie forte et dynamique est la condition sine qua non pour disposer d’emplois de qualité, de finances publiques saines et de prestations sociales géné reuses. En revanche, il est aussi vrai qu’une économie comme la nôtre ne peut prospérer que si elle se met au service de la société et des gens qui la composent. Si l’on arrive à accepter le fait que les entreprises, les gens qui vivent et travaillent au Luxembourg et l’État dépendent les uns des autres et font partie de la même société, on aura peut-être une vue plus claire sur ce qui nous unit. Sur le fond, nous devons nous accorder sur une analyse de la situation pour nous entendre ensuite sur les objectifs à accomplir. En ce qui concerne la forme, je suis persuadé que nous avons tout à gagner en objectivant nos débats et en privilégiant une politique qui se base davantage sur les faits que sur les attitudes et idéologies des parties prenantes. Lessons learned ? Nous verrons bien. Après la crise sanitaire, l’heure sera au bilan. Michel Reckinger veut passer en revue les attentes et aspirations des acteurs de l’économie. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Photo ANDRÉS LEJONA
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NOVEMBRE FÉVRIER 2020 2021
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Bienvenue au Club ! 96
Business club
Chers membres, Le printemps est là, et avec la venue des beaux jours et la réouverture tant attendue des terrasses et des restaurants / bars, le Paperjam + Delano Club continue sa transformation. Un nouveau site, une nouvelle application, un savant mélange de présentiel et de virtuel, de nouveaux formats, des contenus et sujets toujours plus en lien avec vos attentes et les actualités du moment. Un exemple : l’événement phare du mois de mars, le 10�6 Finance présentant le Luxembourg post-Brexit. Le Club a récemment lancé des formations avancées et certifiantes sur le leadership en six modules, qui auront lieu tout au long de l’année. Nous vous invitons virtuellement, le 1er avril, lors du deuxième round des Start-up Stories, à faire connaissance avec de nouveaux talents et innovations. Le 21 avril, le 10�6 Architecture vous fera découvrir de nouvelles façons d’habiter l’espace, au-delà de la pression immobilière, ainsi que des formes de logement expérimentales dans l’air du temps. Voici un dernier mot adressé à l’équipe du Club, que je suis ravie de soutenir, aux côtés d’Ana Wiscour-Conter, et que je félicite pour sa résilience et son optimisme à toute épreuve. #staysafe MELANIE DELANNOY Directrice Paperjam + Delano Club
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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats ou encore keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire, propice aux échanges et au networking.
Learn Offrez à vos collaborateurs un programme de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, par métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispensées sur neuf journées par les experts membres du Club.
Le Club en chiffres
Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club
1.300 SOCIÉTÉS
C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.
18.000 PERSONNES
Jan Hanrion
C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez l’occasion d’interagir.
Photos
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ÉVÉNEMENTS C’est le nombre d’événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networking et workshops, ce sont presque 400 événements par an auxquels vous pouvez participer.
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Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !
COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?
C’est le nombre d’heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur supplémentaire pour vos employés.
Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.
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Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.
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Barbara Daroca (ING) Colette Dierick (ING) Jacques Wolter (Molitor Avocats) Tatiana Fabeck (Fabeck Architectes)
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Ne manquez pas
Business Club Avril 2021
Jeudi 1er avril
Mardi 13 avril
Start-up Stories 2021 : Round 2
Pour ce « round », 10 start-upper pitcheront en 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée. Ils seront challengés en live par notre jury d’experts, mordant et constructif, comprenant : Diane Tea (LBAN), Lily Wang (Expon Capital), José Soares (SnT), Marc Neuen (Linc) et Christophe Bianco (Excellium Services). Certaines de ces start-up ont été sélectionnées par le LBAN pour pitcher devant ses membres investisseurs. Inscrivez-vous
PROGRAMME 18:00 – 20:00, Livestream SPONSOR Startup Luxembourg PARTENAIRE LBAN
CLUB TALK
Art & Leadership
Saviez-vous que certaines des œuvres d’art les plus marquantes de l’histoire humaine recèlent des principes de leadership tout à fait contemporains ? Passionné par la compréhension des signes et symboles, Christian Monjou partagera ses analyses en matière de leadership, puisées dans certaines des productions artistiques les plus symboliques. Inscrivez-vous
PROGRAMME 18:30 – 22:30, Livestream PARTENAIRE Mudam
Mercredi 21 avril 10�6
Architecture : Les nouvelles façons d’habiter l’espace
Là où la pression immobilière est forte, les formes expérimentales d’habitats se généralisent et deviennent peu à peu la norme. Au-delà du logement, les manières d’habiter et d’occuper l’espace évoluent, entre maîtrise du développement urbain et réappropriation de l’espace public. Ce 10�6 mettra en lumière 10 tendances et projets qui participent à dessiner la ville (Luxembourgville ?) de demain.
Inscrivez-vous
PROGRAMME 18:30 – 22:30, Livestream SPONSORS Enovos, Prefalux
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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Art & Leadership
Christian Monjou Ancien enseignant-chercheur à Oxford
MARDI
Saviez-vous que certaines des œuvres d’art les plus marquantes de l’histoire humaine recèlent des principes de leadership tout à fait contemporains ? Passionné par la compréhension des signes et symboles, Christian Monjou partagera ses analyses en matière de leadership, puisées dans certaines des productions artistiques les plus symboliques. À propos de l’orateur : Ancien enseignant-chercheur à Oxford, longtemps professeur en khâgne au Lycée Henri-IV à Paris, Christian Monjou a formé des générations d’étudiants aujourd’hui devenus chefs d’entreprise ou dirigeants politiques.
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB
13 AV R I L
18H30 PARTENAIRE
Le programme
Business Club Avril 2021
Mercredi 31 mars
Mercredi 14 avril
FORMATIONS AVANCÉES
WEBINAR
Maîtriser les fondamentaux du management
Jeudi 22 avril WEBINAR
Pourquoi chaque employé deviendra-t-il le recruteur ou le commercial de votre entreprise ?
HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés
HORAIRE 17:00 – 18:00, Livestream SPONSOR Social Seeder
WEBINAR
Mercredi 28 avril
How can you integrate psychosocial risk prevention into your daily operations?
Comprendre et conduire le change management
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream
Vendredi 16 avril
Mardi 04 mai
Breakfast Nouveaux Membres
B2B, s’inspirer des startups pour acquérir des leads en ligne
WEBINAR
CLUB TALK
HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Hôtel Novotel Luxembourg Centre
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream Mardi 20 avril Jeudi 1 avril er
Start-up Stories 2021 : Round 2
ESG: all you need to know about the new regulation
HORAIRE 18:00 – 20:00, Livestream SPONSOR Startup Luxembourg PARTENAIRE LBAN
HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU À venir
Vendredi 2 avril
Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 17:15 LIEU Abbaye de Neumünster
Mercredi 21 avril 10�6
SPONSOR ING
Jeudi 20 mai
Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 17:15 LIEU Abbaye de Neumünster
Architecture : Les nouvelles façons d’habiter l’espace Breakfast New Members HORAIRE 09:00 – 09:45, Livestream
HORAIRE 18:30 – 20:00, Livestream SPONSORS Enovos, Prefalux
Mardi 13 avril CLUB TALK
Art & Leadership HORAIRE 18:30 – 19:30 LIEU Mudam Retrouvez le programme complet
PARTENAIRE Mudam
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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Architecture : les nouvelles façons d’habiter l’espace TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED
M E RC R E D I
21 AV R I L
18H30 Là où la pression immobilière est forte, les formes expérimentales d’habitats se généralisent et deviennent peu à peu la norme. Au-delà du logement, les manières d’habiter et d’occuper l’espace évoluent, entre maîtrise du développement urbain et réappropriation de l’espace public.
Avec la participation, entre autres, de : Claude Ballini, Ballinipitt architectes urbanistes Türkan Dagli, Dagli + Atelier d’Architecture Mathias Fritsch, Beiler François Fritsch Philippe Nathan, 2001 Norry Schneider, Cell
Ce 10�6 mettra en lumière 10 tendances et projets qui contribuent à dessiner la ville de demain.
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GOLD SPONSORS
SILVER SPONSOR
Flashback
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« Rester forte par rapport aux préjugés. » Isabelle Schlesser Adem
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Vos événements
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Lors du premier tour des Start-up Stories 2021, Ta-Da! ( 3 Michelle Glorieux), ChefPassport ( 5 Matteo Ressa) et MyelinH ( 4 Zied Tayeb) ont su convaincre notre jury avec leurs projets. Un événement organisé avec le soutien de Startup Luxembourg et en partenariat avec BGL BNP Paribas, Le Village by CA et le LBAN. Par ailleurs, en partenariat avec Enovos, IQ-EQ et KNEIP, nous avons touché au sujet sensible de la diversité lors du 10�6 Women : 10(0) femmes pour diriger. Nos oratrices ont partagé leur parcours ainsi que leurs expériences dans un monde du travail encore très masculin, dont 8 Isabelle Schlesser (Adem), 6 Béatrice Belorgey (BGL BNP Paribas), ou encore 7 Elodie Trojanowski (Luxinnovation). Faisant suite au Paperjam Top 100, PwC a reçu dans ses locaux 11 Laurent Schonckert (CEO de Cactus), qui a conversé avec 10 François Génaux (PwC) autour de la reconfiguration du secteur de l’agroalimentaire, entre autres sur la durabilité et la digitalisation. Nos membres ont continué à se former lors de notre journée de workshops mensuelle grâce à nos experts tels que 9 Joël de Marneffe (SD Worx), 2 Enrico Abitelli (Trustia Partners), ou encore 1 Julien Winkin (LuxGap), au travers de nos huit cycles de compétences. Enfin, avec le soutien d’ING, la table ronde CEO & Entrepreneurs a réuni 16 Michèle Detaille (Fedil), 15 Nicolas Henckes (CLC), 12 Alain Steichen (BSP) et 13 Gilles Roth (CSV). 17 Nicolas Léonard (Paperjam) et 14 Michel-Edouard Ruben (Fondation Idea) ont animé un débat sans langue de bois sur les conséquences de la crise sur les finances de l’État. Plus de photos sur
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« Ce qui est fait pour l’intérêt général doit être pris en charge par l’intérêt général. »
paperjam.lu
Alain Steichen BSP
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Verjus Simon
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« Le chômage partiel n’est pas seulement pour soutenir les entreprises, mais soutenir les gens pour qu’ils puissent vivre. » Gilles Roth CSV
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Entreprise familiale
Wengler Châteaux & Domaines : La passion au cœur de notre expertise Contenu sponsorisé par WENGLER CHÂTEAUX & DOMAINES
le terme n’existe ! Plus tard, dans les années 1960, mon père, Albert, et ses frères reprennent les rênes de la société et orientent l’entreprise vers une activité d’importation exclusive en vins et en spiritueux d’exception, toujours guidés par cette recherche de qualité. En fait, notre histoire familiale est fondée sur les plaisirs de la table, c’est-à-dire bien manger et bien boire !
Qu’est-ce qui définit l’identité Wengler aujourd’hui ? G. W. Depuis plus de 120 ans, notre société familiale a su tisser des liens forts avec plus de 360 domaines et vignobles du monde entier. Nous sommes aujourd’hui l’importateur exclusif des domaines les plus prestigieux, des vignobles les plus renommés et des maisons qui cultivent savoir-faire et excellence. Ce large portfolio de vins et spiritueux haut de
gamme, allié à notre expertise et à notre qualité de service, a fait la réputation de Wengler Châteaux & Domaines aujour- d’hui. Une attention toute particulière est aussi portée au transport et aux conditions de stockage des bouteilles. Du vigneron jusqu’au client, nous veillons au respect rigoureux de la manipulation des bouteilles, de la température et des conditions de conservation.
UNE ÉVOLUTION QUI MÊLE EXPERTISE ET PASSION 1897
Fondation par Pierre Wengler, bistrotierrestaurateur, distillateur et vigneron à Rosport.
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1919
Construction de la maison principale.
1960
Albert Wengler réoriente la société et se concentre sur l’importation et la distribution exclusive de marques de qualité.
1975
Gérard Wengler rejoint la société.
Photos
Comment s’est écrite l’histoire familiale de votre société depuis sa création ? GÉRARD WENGLER C’est une belle et longue histoire débutée en 1897, à l’initiative de mon arrière-grand-père, Pierre Wengler, bistrotier-restaurateur, distillateur et vigneron. Son fils Jean-Pierre lui succède et développe la production de vins et spiritueux de qualité et naturels ; autrement dit, des produits « bio », avant même que
Maison Moderne, Wengler Châteaux & Domaines
Wengler Châteaux & Domaines est une entreprise familiale importatrice de vins et spiritueux exclusifs au Luxembourg. Son large portefeuille est constitué de domaines prestigieux et de maisons emblématiques.
BRAND VOICE
sons, dans chaque millésime, sont également dégustés et évalués avec notre équipe.
Gérard Wengler, directeur général, et sa fille Charline, directrice marketing de Wengler Châteaux & Domaines, à Rosport.
Que vous soyez connaisseur ou simple amateur de bonnes bouteilles, la démarche d’excellence derrière chaque produit permet à chacun de se faire plaisir. Comment procédez-vous pour sélectionner si finement vos produits ? G. W. Un très grand soin est apporté au référencement, et chaque bouteille est méticuleusement sélectionnée. Notre objectif est de dénicher de très bons produits, même à prix modéré. Je suis passionné par le vin et la cuisine, et, forcément, je concentre mes lectures sur ces 2 domaines. En plus de se documenter, comme dans toute activité, il faut s’entraîner, c’est-à-dire beaucoup déguster. Il faut aussi rester humble, être à l’écoute et tenir compte des analyses gustatives des vignerons experts ou des critiques en œnologie. Ce qui est important aussi, c’est d’avoir un esprit très ouvert à toutes les régions viticoles et aux différents cépages. Heureusement, j’ai la chance d’avoir hérité d’un bon palais et d’un goût qui plaît à la majorité des consommateurs. Tous les vins que nous propo-
1990
Gérard Wengler développe le portfolio en vins avec des partenaires issus de pays européens, comme l’Italie et l’Autriche, ainsi que de pays du Nouveau Monde, comme la NouvelleZélande.
1999
Comment avez-vous gagné la confiance des grands Domaines, comme la Romanée- Conti, ou des grandes Maisons, comme Moët & Hennessy, par exemple ? G. W. Aujourd’hui, certains fournisseurs nous contactent sur recommandation, mais la plupart du temps, il faut prospecter, expliquer notre façon de travailler, pour convaincre de nous accorder la distribution exclusive des produits pour le Luxembourg. Nous devons également veiller au respect de leur image de marque et être à la hauteur de leurs attentes en termes de développement. Cet esprit visionnaire et de continuité familiale, ainsi que notre professionnalisme sur le terrain, a souvent été une caution pour nos partenaires. Je pense que « le fil conducteur d’une famille et de générations qui se succèdent, toujours guidées par le maintien de la qualité », est un atout dans notre métier. Est-ce – comme votre père – la passion du vin qui vous a donné envie de rejoindre l’entreprise ? CHARLINE WENGLER Comme le dit l’adage populaire , la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Je partage forcément cette passion pour les produits de qualité et d’excellence. Pour
Accord de distribution avec DIAGEO.
2004
Partenariat d’importateur exclusif du groupe Moët & Hennessy.
QUELLE EST VOTRE PLUS BELLE DÉGUSTATION À CHACUN, VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ?
Gérard Wengler La plus belle et la plus mémorable dégustation de ma carrière est une verticale de la Romanée-Conti. Au domaine lui-même, j’ai pu tester 10 millésimes remontant de 1971 à 1919. Un moment unique dans ma vie !
moi, la continuité des valeurs familiales est très importante. Cependant, je suis dans mon époque, et j’accorde donc naturellement aussi une grande importance à l’innovation. Et cette envie d’apporter une nouvelle perspective fraîche et innovante dans un domaine plutôt traditionnel m’a motivée à travailler dans l’entreprise. Je souhaite faire évoluer notre univers, non seulement dans le domaine du vin, mais aussi dans celui des spiritueux. J’adore les grands vins d’exception autant que les cocktails. En fait, c’est toute l’industrie « food & drinks » qui m’anime, avec ses tendances et innovations, même si, bien sûr, j’apprécie autant que mon père de partager une bonne bouteille de vin autour d’une belle table en bonne compagnie.
2018
Arrivée dans la société de Charline en tant que Head of Marketing.
Charline Wengler Pour ma part, mon plus beau souvenir est le Tertre Rotebœuf 1993 de François Mitjavile, que j’ai bu avec mon partenaire. Nous avons accompagné cette belle bouteille avec des toasts aux truffes, un délice ! Cette bouteille, mise de côté le jour de ma naissance, est un cadeau de mon père !
Votre nouvelle communication témoigne nettement de votre vision innovante… C. W. En effet, j’accorde beaucoup d’importance à la consistance entre notre activité et la façon dont nous communiquons. Depuis mon arrivée, nous travaillons sur une identité claire et qualitative qui correspond à notre recherche d’excellence. Notre nouvelle charte graphique, sobre, chic et élégante, reflète ainsi notre positionnement de marque, à l’instar du design de notre site web et de l’expérience utilisateur qu’il propose. Cette plateforme digitale intègre à présent un e-shop. Aujourd’hui, tous nos produits sont disponibles en ligne, avec des sélections et des coups de cœur, où tous nos clients peuvent trouver leur bonheur.
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Ma maison
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Pendant un temps, en tant que patron de boîtes de nuit, Gérard Valerius a été le roi de la nuit. Mais depuis toujours, il a un faible pour l’art, que ce soit les arts premiers ou l’art contemporain.
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Sa passion, qui est devenue aujourd’hui son activité professionnelle, à travers la Valerius Gallery, Gérard Valerius la vit au quotidien, chez lui, entouré
d’œuvres d’art. Il y a sept ans de cela, il s’est installé avec sa famille dans cette maison non loin de Junglinster. « Nous habitions, auparavant, dans une maison construite dans une ancienne grange, avec une hauteur sous plafond impressionnante, explique-t-il. Aussi, quand nous avons fait construire cette nouvelle maison, nous tenions à retrouver ce grand volume dans la pièce de séjour. » Une belle hauteur sous plafond, complétée par de grandes baies vitrées pour une vue s’ouvrant sur la campagne environnante. À l’intérieur, l’art est partout, mais, à l’image de son propriétaire, en toute décontraction. « J’ai commencé à collectionner l’art africain dès le lycée. Puis, je me suis intéressé à l’art contemporain. » Aujourd’hui, sa collection s’est largement agrandie et occupe chaque recoin de cette maison. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA
VIVRE ENTOURÉ 106
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1 Au sous-sol, une pièce est dédiée au stockage des œuvres, avec des rails coulissants. 2 Gérard Valérius collectionne le travail de Raymond Hains depuis des années.
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3 Dans la pièce à vivre, les œuvres d’Eric Mangen côtoient une œuvre de Zao Wou-Ki, ou encore une allumette brûlée de Raymond Hains, ainsi qu’un meuble asiatique et une sculpture en bois de Papouasie.
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4 Dans son bureau, qui sert aussi de salon de musique pour sa compagne, une grande bibliothèque rassemble des livres sur l’art et des statuettes d’art d’Extrême-Orient. 5 Dans l’entrée, les genres se mélangent sans aucun préjugé. 6 Un sol en galets et un généreux îlot en bois donnent le caractère de cette confortable salle de bains. Mais elle ne serait pas à l’image de son propriétaire sans œuvres d’art, dont un tableau de Bram Bogart, que Gérard Valerius affectionne tout particulièrement.
D’ART AVRIL 2021
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Mon argent
Cofondatrice de la start-up Startalers, Gaëlle Haag conseille les femmes en matière d’investissement. Cette fois, c’est elle qui nous confie son rapport à l’argent. Avez-vous une devise par rapport à l’argent ? « Dépense moins que ce que tu gagnes ! » L’argent est avant tout un moyen pour arriver à une liberté de choix, pas une fin en soi. Vous souvenez-vous du montant de votre premier salaire ? À 14 ans, je donnais des cours d’anglais dans l’école primaire de l’athénée d’Arlon, où j’étais inscrite. Je devais gagner environ 300 euros par mois au milieu des années 1990. Ça m’a plus marquée que mon premier salaire [rires]. Un souvenir spécial avec vos premiers « vrais » salaires ? La première année que nous travaillions, mon mari et moi, nous nous sommes offert un premier grand voyage aux États-Unis. Avez-vous des passions coûteuses ? Les voyages, évidemment. Surtout quand on voyage avec deux enfants. Il s’agit toujours d’un budget important. Pour le reste, je ne vois rien d’exubérant. Votre dernier coup de folie ? Un beau sac pour mes 35 ans. J’ai eu beaucoup de coups de folie quand je travaillais comme salariée, mais, depuis que j’ai lancé ma société, il y a 2 ans et demi, ils sont devenus plus rares. J’ai un projet professionnel, et deux filles qui grandissent… C’est donc une question de priorités à un autre stade de vie. Avez-vous un rêve irréalisable faute de moyens ?
Pour Gaëlle Haag, une saine gestion de ses finances passe par la réduction de ses dépenses.
Les rêves que j’ai, je travaille pour les atteindre et ils ne me semblent pas irréalisables. Je me suis beaucoup détachée de l’aspect matériel des choses ces dernières années. Le plus mauvais achat que vous ayez fait dans votre vie ? Je ne dirais pas que c’est un mauvais achat, mais nous avons acheté très tôt notre premier appartement, puis notre première maison. Aujourd’hui, je ressens cela comme une contrainte qui nous rend moins mobiles et moins « libres ». Nous avons été conditionnés culturellement par l’idée qu’il faut acquérir un bien immobilier et se mettre un poids sur la tête. Pour devenir riche, il faut... ? Épargner, gérer son budget et investir sur le long terme. L’objectif ne doit pas être de gagner plus, mais avant tout
de dépenser moins. Les gens adaptent leur train de vie aux revenus supérieurs et donc ne s’enrichissent pas. De combien d’argent liquide disposez-vous en moyenne sur vous ? Je n’en ai jamais sur moi, même pas 50 cents. Et, souvent, je n’ai même pas de carte. Je paie tout avec mon téléphone. Au Luxembourg, ça ne pose aucun problème. Les paiements élec troniques favorisent la transparence, et j’adhère à ce principe. Y a-t-il des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense ? Pour l’éducation au sens large de mes filles et pour une alimentation de qualité. Je leur refuse rarement l’achat d’un livre ou d’une revue qui va leur apprendre quelque chose, leur ouvrir l’esprit. Au niveau
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alimentaire, je regarde d’abord la provenance et la manière dont un produit a été fabriqué. Le prix de certaines choses vous dérange-t-il ? Les biens de première nécessité devraient être accessibles à tous et, pourtant, ils le sont de moins en moins. Savoir parler d’argent, c’est important ? C’est essentiel. Je vois, à travers mon métier, les dégâts que le tabou autour de l’argent crée dans notre société. L’éducation financière est nettement insuffisante. On devrait en parler dès l’école et on ne le fait pas du tout. Or, je vois avec mes filles qu’il existe de nombreux moyens d’amener cette discussion de manière saine et constructive. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA
ACTIF Oui, vous pouvez imaginer l’avenir avec sérénité : innovant, audacieux même, ou simplement confiant. Oui, vous pouvez oser aller toujours plus loin ; au bout de vos projets et de vos rêves parce que vous êtes parfaitement bien accompagné par nos équipes d’experts. Des équipes dédiées qui prennent activement soin de votre patrimoine pour que demain vous appartienne. Vous souhaitez en savoir plus ? www.degroofpetercam.lu ou prenez rendez-vous au +352 45 35 45 42 19
Imagine Tomorrow since 1871
Banque Degroof Petercam Luxembourg S.A., 12, rue Eugène Ruppert - L-2453 Luxembourg, R.C.S. B25459.
Et vous, comment IMAGINEZVOUS l’avenir ?
Jérémy Pastre Directeur d’exploitation Maison Mazelier Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? La mode, pour moi, définit ta personnalité, l’image que tu veux refléter de ton sens du style. Elle permet aussi de savoir rester à la page. Quelle serait une pièce forte de votre garde-robe, et que vous rappelle-t-elle ? Je dirais sans doute une belle chemise rouge à fleurs style surfeur, qui me rappelle mes vacances sur les plages du Mexique, en train de boire un cocktail... Les carreaux : où ? Quand ? Comment ? Les carreaux, dans mon cas, c’est surtout sur une chemise ouverte avec un t-shirt, de façon décontractée, en soirée avec des amis. Quelle serait une tenue type de vos journées en tant que directeur de restaurants ? Ma tenue de travail type est un pantalon coupe droite, un peu ample et légèrement retroussé, un t-shirt, une chemise col Mao légèrement ouverte et des sneakers. Quel est votre no-go absolu ? Un jean trop moulant, une chemise cintrée et des mocassins... Désolé pour les aficionados du genre ! Une adresse shopping coup de cœur à Luxembourg ? Un gros coup de cœur, depuis longtemps : Extrabold, dans le quartier Gare.
08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure Jérémy a été de chezPastre Zara, des escaprins pris en photo au Reiko et un sac Versace, un jean Comptoir Bohème, à main Gucci. et Laurren Prieur à Metz.
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Mon style
Laurren Prieur Artiste tatoueuse et propriétaire Fenêtre sur Cour Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? C’est une longue histoire d’amour : une école de mode parisienne, un job chez Azzaro, puis un autre chez Stella McCartney. Je vis ça comme un immense terrain de jeu. La règle est qu’il n’y a pas de règle ! Avec quel créateur aimeriez- vous dîner, et pourquoi ? Avec Isabel Marant. La définition même de la « French touch », de la désinvolture. Ce fémininmasculin aux allures effortless et stylées. Les carreaux : où ? Quand ? Comment ? Beaucoup, souvent et en toutes circonstances. Ils me permettent énormément de styles. J’aime à la fois le tartan, les chemises de bûcheron, la veste oversize et le côté British qu’ils peuvent apporter. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre ? Le jean, sans conteste. Je vis en jean ! Il donne énormément d’allure, est intemporel et adopté depuis près de deux siècles autant par les mineurs, les rock stars, Bardot et James Dean que par les activistes du Mouvement de libération des femmes pour exiger l’égalité des sexes. Et ça, ça me plaît. Quel est votre no-go absolu ? La clownerie. Le déguisement. La surenchère au nom de la mode. Ce besoin d’être unique, au risque d’être ridicule. En témoigne le bal des fashion weeks...
130 - 160 signes 08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.
Une adresse shopping coup de cœur en Grande Région ? Un vrai crush pour le conceptstore Manalena à Luxembourg !
Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA
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Ma collection
Passionnée de digital, Jennifer Boistelle accom pagne les marques dans la création de leur image, notamment sur les réseaux sociaux. Mais, à côté de cela, elle a un faible pour les chaussures et en possède désormais toute une collection. Professionnellement active sur les réseaux sociaux, Jennifer Boistelle passe beaucoup de temps sur Instagram. « Grâce à mon métier, je suis entourée de belles choses. Cela m’incite à être encore plus soignée et à porter de belles chaussures, introduit la jeune femme. Sur Instagram, je crée des collections d’étiquettes que je consulte régulièrement. Cela me fait rêver et m’aide à la décision d’achat. » Des achats qu’elle réalise principalement en boutique, « pour soutenir les commerçants locaux », mais aussi pour l’essayage, « car j’ai un fort cou-depied et ‘peu de cheville’ ». Dans son vestiaire, elle compte environ une cinquantaine de paires, avec une préférence pour les chaussures à talons. « Avant ma grossesse, j’avais une très haute tolérance à la souffrance des pieds. Aujourd’hui, je recherche des modèles qui sont plus confortables, tout en restant sexy. » Parmi ses préférées, une paire de Rupert Sanderson, « qui ressemble aux chaussures de Betty Boop », des mocassins Marmont de chez Gucci, reçus pour ses 30 ans, des chaussures à plateformes Stella McCartney ou des indémodables Slingback de Chanel. Ses marques coups de cœur sont Amina Muaddi, Stuart Weitzman, et The Attico. Sa dernière folie ? Une paire d’escarpins noirs Gucci avec une bride en strass à la cheville. Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA
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Soignée jusqu’au bout des pieds AVRIL 2021
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Ma recette
L’artiste Deborah Lehnen et son épouse Sandrine Mayer croisent woks et couteaux pour une recette mi-thaïe, mi-mauricienne, qui ravit autant leurs amis que leurs deux petits garçons. Pour 4 personnes Préparation : 45 minutes Cuisson : 45 minutes POUR LA RECETTE 4 00 g d’une belle pièce de bœuf 3 00 g de nouilles chinoises (aux œufs, si possible, pour la tenue) 1 oignon rouge 1 gousse d’ail o ignons nouveaux 3 carottes b rocoli h aricots mange-tout r adis 2 œufs 1 bâton de citronnelle 1 piment rouge c oriandre g ingembre frais s auce soja h uile de sésame n uoc-mam (quelques gouttes) h uile d’olive s el et poivre POUR LE VIN F ossiles 2016, Château Pauqué, Domaine Abi Duhr
Nouilles sautées au bœuf façon tataki 114
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Commencer par la découpe des légumes en lamelles. Dans un wok, faire revenir la moitié de l’oignon rouge et l’ail écrasé dans de l’huile de sésame. Y ajouter le brocoli, les mange-tout et les carottes. Une fois que les légumes sont cuits et encore croquants, les réserver. Pour la marinade, mélanger l’huile de sésame, l’huile d’olive, du gingembre écrasé, la citronnelle et le piment ciselés finement, du sel, du poivre et du zeste de citron vert (attention, ne pas ajouter de jus de citron pour éviter de cuire la viande davantage). Utiliser une poêle bien chaude. Y verser un peu d’huile. Assaisonner la viande sur les deux faces et la faire revenir trois minutes de chaque côté. On veut une belle caramé lisation ! La laisser reposer 5 minutes, puis découper de fines tranches qu’on laissera dans la marinade le temps de terminer le reste. Utiliser la même poêle pour faire une omelette très fine avec les deux œufs battus. Rouler l’omelette et couper des lamelles fines. Puis vient la cuisson des nouilles chinoises, dans un grand volume d’eau avec un peu de gros sel. Goûter au fur et à mesure pour déterminer votre consistance préférée. Dans le wok, mettre les nouilles cuites avec l’huile de sésame, la sauce soja et les légumes cuits plus tôt. Faire sauter le tout. Prendre une belle assiette creuse, disposer les nouilles sautées, les tranches de bœuf, les lamelles d’omelette, de la coriandre, des petites tranches de radis bien croquants, des zestes de citron et arroser avec un peu de jus de la marinade. Pour les gourmands, saupoudrer de cacahuètes concassées. Voilà ! Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ANDRÉS LEJONA
E ncore un peu de patience, rendez-vous très bientôt !
12-14 Place Guillaume II - L-1648 Luxembourg
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Mon mental
Après avoir subi d’impor tants traumatismes dans sa vie professionnelle, Marianne Reimann a parcouru un long chemin pour retrouver sa force et son dynamisme. « Cela prend du temps. Il ne faut pas perdre espoir, car c’est un long processus, et le temps est votre meilleur allié », prévient Marianne Reimann, ancienne chef de service en ressources humaines. « On pense que, parce qu’on travaille dans les ressources humaines, on est outillé pour faire face aux conflits, aux mensonges persistants, au stress, à la surcharge de travail et à la pression professionnelle. Or, c’est totalement faux ! », explique celle qui a subi une forme de violence mentale qui l’a mise à terre. Économiste de formation, son objectif était
Marianne Reimann a dû se résoudre à écouter les signaux que lui envoyait son corps.
de rendre son entreprise plus performante grâce à de bons recrutements, l’amélioration des processus et d’atteindre des key performance indicators. Très impliquée dans son travail, elle n’a jamais compté ses heures et a fait partie de ces salariés high performers. Pourtant, au fond d’elle, elle sentait qu’elle n’était pas en harmonie avec elle-même, et une mauvaise ambiance de travail l’avait marquée dès le premier jour. Toutefois, elle poursuit et continue de s’investir. Mais un jour, elle a très mal au pied. Elle va voir le médecin, sans succès. « Malgré tous les examens et traitements, impossible de me
défaire de cette douleur. Je ne pouvais plus marcher. En fait, c’était un signal que m’envoyait mon corps. Je dépassais mes limites. » Le diagnostic est multiple, avec, entre autres, un épuise ment professionnel. Elle accepte alors de se mettre en maladie, et prend conscience de l’étendue de son mal. « Je ne pouvais plus rien faire. Même lancer une machine à laver devenait une tâche trop importante. J’étais en état de choc, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Mon travail était ma passion, mais j’ai dû faire une rupture avec ma carrière pour m’en sortir. »
Un instinct de survie Le corps réagit au mental, c’est ce que comprend Marianne Reimann. « Si on néglige pendant trop longtemps ses besoins, ses valeurs, on se déconnecte de ses sentiments, et cela n’est pas bon. J’avais permis de mettre mon esprit dans une situation insuppor table. Le corps a eu un réflexe de survie. Il m’a obligée à m’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. » Consciente de cet état de fait, elle décide de mettre à profit les outils qu’elle utilisait dans sa vie professionnelle pour son propre bénéfice. « Au lieu de chercher des solutions pour les autres, j’ai cherché
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« J’ai dû faire une rupture avec ma carrière pour m’en sortir. »
des solutions pour moi-même. » Pour commencer, elle accepte de s’arrêter. « J’ai fait une grande pause et j’ai essayé de me remettre en forme. » Elle cherche alors de l’aide auprès de différents acteurs des métiers de la santé, suit divers coachings et formations, se rapproche d’associations… « Cela peut arriver à tout le monde, surtout à ceux qui sont intelligents, qui travaillent beaucoup et bien, qui cherchent toujours à faire plus, font des sacrifices personnels au profit de leur carrière. Il ne faut surtout pas en avoir honte, ni chercher de coupable, mais arriver à comprendre les raisons de ce mal. » Dans son cas, il y avait des facteurs externes et internes, comme le fait de ne pas savoir dire non au travail ou d’accompagner sa mère diagnostiquée d’un cancer et qui vit loin d’elle. « Le stress et le nombre de facteurs négatifs s’accumulent avec le temps, et un jour, on n’y arrive plus. » Elle regrette toutefois que l’écoute professionnelle ne soit pas toujours accessible, et il lui est arrivé de se sentir abandonnée dans des situations très difficiles.
Un long parcours Être malade n’est pas facile. « Il faut beaucoup de temps avant d’arriver à remonter la pente, il faut être courageux. » Elle a vu aussi certaines de ses fréquentations s’éloigner, « des personnes pour qui mon statut professionnel et social était plus important que ma personne. Mais heureusement, il m’a été possible aussi de rencontrer de nouvelles personnes formidables, et j’ai pu compter sur un soutien sans faille de la part de ma famille. » Elle s’aperçoit qu’être dans la nature lui procure du bien-être. Elle commence alors à faire de courtes promenades, qui, au fil du temps, deviennent de plus en plus longues. Elle s’intéresse aux herbes sauvages, un sujet sur lequel elle est même maintenant diplômée. « J’ai aussi adopté un chien, ce qui m’a beaucoup aidée. En parvenant à prendre soin de lui, j’apprenais à reprendre soin de moi. » À force de persévérance et de patience, elle parvient à retrouver ses forces. Grâce à des sessions de coaching financées par différents acteurs au Luxembourg et des rencontres faites dans le cadre du programme
Fit4Entrepreneurship, auquel participe l’Adem, elle commence à envisager une reconversion professionnelle. Elle redécouvre le sujet de la résilience, qu’elle avait déjà étudié, et surtout celui de la pleine conscience (mindfulness). « Avec la pleine cons cience, j’ai appris à être dans l’instant présent, à accepter un passé qu’on ne peut pas changer, et à me projeter dans un nouvel avenir. Il est possible aussi de développer son intelligence émotionnelle et de mieux comprendre le comportement d’autres personnes dans des situations difficiles, ce qui aide à pardonner. La pleine cons cience m’a tellement aidée que j’ai choisi de suivre un cursus pour devenir formatrice et pouvoir aider et orienter les autres à mon tour dans leurs périodes difficiles. » Aujourd’hui, Marianne Reimann affirme qu’elle a beaucoup plus gagné qu’elle n’a perdu, et qu’elle se sent plus forte que jamais. Elle a retrouvé le goût du travail et s’est lancée dans une nouvelle aventure professionnelle. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA
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FO N
0 PAR MIKE K 200 OE
DI N ER G
EN DÉ
ÉDITION AVRIL 2021
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Mike Koedinger
Rédaction
DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX
Téléphone 20 70 70-100 E-mail press@paperjam.lu
RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL
Nathalie Reuter
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Nicolas Léonard
POLITIQUE ET INSTITUTIONS
Brand Studio
Jennifer Graglia (-108)
Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Thomas Mangin (-156) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104)
ENTREPRISES ET STRATÉGIES
Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Mathilde Obert (-114) Ioanna Schimizzi Jeremy Zabatta (-106) PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS
Marc Fassone (-157) Jean-Michel Lalieu (-107) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE
Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) RÉSEAUX SOCIAUX
Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA
Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)
RELECTURE ET FACT-CHECKING
Pauline Berg, Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Manon Méral, Elena Sebastiani WEBPUBLISHING
Megane Kambala Corentin Picat
Téléphone 20 70 70-300 E-mail regie@maisonmoderne.com STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR
Francis Gasparotto (-301)
HEAD OF SALES OPERATIONS AND PEOPLE
Lionel Scaloni (-302)
HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS
Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE
Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA
Stéphanie Cregut (-385) Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Virginie Laurent (-322) Aline Puget (-323) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) DIRECTEUR DE CRÉATION
Jeremy Leslie ART DIRECTOR
Marielle Voisin MISE EN PAGE
Elina Luzerne Charlène Pouthier MANUFACTURING MANAGER
Myriam Morbé
www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR
Mike Koedinger CEO
Geraldine Knudson DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER
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Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Mike Koedinger et Etienne Velasti. CONSEIL D’ADMINISTRATION
Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTEUR PUBLISHING
Mike Koedinger
STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR
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DIRECTOR BUSINESS CLUB
Melanie Delannoy
DEPUTY DIRECTOR BUSINESS CLUB
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Éditeur
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Matthew Dixon
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Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619
COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10 et 26, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie
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La liste
artistes luxembourgeois les mieux cotés
Certains artistes réalisent des expositions dans des musées au Luxembourg ou à l’étranger, reçoivent des prix, participent à des biennales, ont des œuvres qui entrent dans des collections privées ou publiques d’importance… Top 8 des artistes luxembourgeois vivants les mieux cotés actuellement. Auteur CÉLINE COUBRAY
Su-Mei Tse
1 Su-Mei Tse
REPRÉSENTÉE PAR LA GALERIE NOSBAUM REDING
C’est certainement l’artiste luxem bourgeoise qui a reçu la plus haute reconnaissance interna tionale : le Lion d’or à la Biennale de Venise pour la Meilleure participation nationale en 2003. Mais depuis cette récompense, Su-Mei Tse n’a cessé de travailler et de progresser, développant un univers poétique, raffiné, teinté de questions philosophiques, mais aussi d’humour. Son œuvre cultive un caractère introspectif, un équilibre délicat entre l’espace, le temps et l’ouverture au monde. Violoncelliste aguerrie, la musique joue un rôle également très important dans son travail. Parmi ses nombreuses récompenses, et outre le Lion d’or, notons le Prix international d’art contemporain de Monaco (2009) et le Prix Edward Steichen (2005). En 2014, elle obtient une résidence à la prestigieuse Villa Médicis, à Rome. Ses œuvres figurent dans de prestigieuses collections publiques en Asie et en Europe. Le Mudam lui a consacré une exposition monographique en 2017.
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L’œuvre de cette artiste peintre ne cesse d’évoluer depuis les années 1990, mais Tina Gillen s’intéresse toujours à la frontière et à la tension qui se créent entre Jean Bechameil la figuration et l’abstraction, & Martine Feipel rendant compte des rapports complexes qui se tissent entre réalité et représentation. Souvent Jean Bechameil dépourvus de présence humaine, ses tableaux témoignent pourtant & Martine Feipel de l’activité humaine (maisons, REPRÉSENTÉS PAR routes), ainsi que d’éléments ZIDOUN-BOSSUYT GALLERY paysagers, le plus souvent stylisés Ce couple d’artistes collabore ou fragmentaires. S’ajoutent depuis une dizaine d’années des éléments géométriques, après avoir débuté, en solo, qui apportent un autre niveau de leur carrière. Leur pratique complexité dans la construction artistique traite des questions picturale. Récemment, elle s’est d’espace et cherche à montrer particulièrement intéressée aux « la complexité d’idées cachées phénomènes naturels qui échapdans la façon traditionnelle de pent au contrôle des Hommes, construire l’espace et le temps », qui sont à la fois une menace en ouvrant, de manière « destrucet une ressource, renvoyant tive », une perception alternative. en creux la question du climat. La question de la modernité, Son travail a fait l’objet de son lien avec l’architecture, nombreuses expositions personmais aussi la robotique sont nelles (Bozar, Mudam, M Leuven, des thèmes que les artistes etc.) et collectives. Elle représeninterrogent régulièrement. tera le Luxembourg à la 59e Récemment, la question de Biennale de Venise en 2022. la nature a pris plus de place dans leur réflexion. Ils ont représenté le Luxembourg à la Biennale de Venise en 2011 et ont été invités par de nombreuses institutions interna tionales (Kunstmuseum Bonn, Pavillon de l’Arsenal à Paris, Triennale de Beaufort, etc.). En 2017, le Casino Luxembourg leur a consacré une exposition monographique. Ils viennent Tina Gillen d’être sélectionnés pour concevoir une nouvelle œuvre pour le métro de Toulouse (2028).
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Ses œuvres picturales sont très appréciées et collectionnées par de nombreuses familles luxembourgeoises. Un travail long de quatre décennies, où s’exprime un regard attentif au monde qui l’entoure, et traversé par un questionnement sur le rôle de la peinture et sa relation au monde contemporain abreuvé d’images et gavé d’informations. À l’instar d’un moment méditatif, sa peinture s’éloigne du rythme de vie effréné, pour souligner l’intensité du moment, offrir un espace de contemplation. Dans l’exposition monographique que lui a consacrée le Mudam en 2020, on a pu découvrir une peinture aux multiples formats, souvent porteuse de plusieurs significations, d’une esthétique séduisante, mais qui s’avère aussi souvent plus menaçante. Sa carrière s’est principalement construite au Luxembourg, mais il a également exposé à l’international, notamment en 1993 à la Biennale de Venise avec Bertrand Ney.
Jean-Marie Biwer
René Rötheli, Geert Goiris, Tom Lucas, Julien Becker (Archives), C. Biwer, Patricia Pitsch (Archives), Anthony Dehez (Archives) et Dirty Monitor
4 Jean-Marie Biwer
REPRÉSENTÉE PAR LA GALERIE NOSBAUM REDING
Photos
2 Tina Gillen
6 Marco Godinho
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REPRÉSENTÉ PAR LA GALERIE ART ATTITUDE HERVÉ BIZE
Robert Brandy
5 Robert Brandy REPRÉSENTÉ PAR LA GALERIE CEYSSON & BÉNÉTIÈRE
La carrière de Robert Brandy se découpe en deux périodes : la première allant de 1980 à 1996, la seconde de 1996 à nos jours. Digne héritier de Supports / Surfaces (il a appris aux côtés de Vincent Bioulès), il fabrique lui-même ses pigments et toiles. Début des années 1970, il a été un des premiers artistes luxembourgeois à faire de sa passion pour la peinture sa profession. Il développe depuis 50 ans une peinture où la matérialité a toute son importance, et s’est créé un vocabulaire stylistique propre. En parallèle de ce travail, il produit des œuvres en rapport avec sa passion pour l’automobile. Son travail est présent dans plusieurs collections publiques, comme le Stedelijk Museum à Amsterdam, le musée d’art moderne à Birmingham ou le Musée cantonal des beauxarts de Lausanne. Le MNHA lui consacrera une exposition monographique rétrospective à partir d’avril 2021.
Porté par un esprit conceptualiste, Marco Godinho s’intéresse particulièrement à la perception subjective du temps et de l’espace, complétée par une réflexion traversée par la littérature, la philosophie et la poésie. Les notions d’errance, d’exil, de mémoire et de « temps vécu » sont autant de thèmes essentiels et récurrents dans son travail, sous-tendu par son expérience personnelle de vie nomade, posant la question du multiculturalisme. Ses œuvres prennent aussi bien la forme d’installations que d’accrochages ou de projections, impliquant la disposition d’objets modifiés, de films, d’images, etc. Il a représenté le Luxembourg à la Biennale de Venise en 2019. Des expositions monographiques lui ont été consacrées, entre autres, au Casino Luxembourg (2013), au Mamac à Nice (2016), à la Fondation Darling à Montréal (2018) ou encore au Parvis à Tarbes (2019). Ses œuvres sont dans de nombreuses collections publiques et privées au Luxembourg et à l’étranger (Frac, CNAP, MNHA, MNAC, Mudam, etc.).
Marco Godinho
Filip Markiewicz
7 Filip Markiewicz REPRÉSENTÉ PAR AEROPLASTICS
Artiste complet, Filip Markiewicz utilise différents supports (peinture, installation, performance, vidéo…), mais cultive une préférence pour le dessin. Au-delà de son aspect hybride et créatif, son travail possède une dimension sociale et politique. En quête perpétuelle d’explications sur notre vie quotidienne, il explore « l’omniprésence de l’image » en perspective avec les messages qu’elle véhicule. Il interroge certains aspects du mécontentement des populations européennes en prenant « la valeur de l’art comme reflet de la culture ». L’agenda politique et les conséquences de la société capitaliste nourrissent régulièrement son travail et sous-tendent des questionnements (migrations, guerres, religions, Europe...). Il a repré senté le Luxembourg à la 56e Biennale de Venise en 2015. Le Casino Luxembourg lui a organisé une exposition monographique en 2018. En 2020, il a eu un solo show au National Museum of Contemporary Art de Bucarest et a remporté le Prix Pierre Werner. En 2021, il a participé aux Rencontres internationales Paris/Berlin. Ses œuvres sont dans plusieurs collections publiques et privées (Mudam, MNHA, BPS22…).
David Brognon & Stéphanie Rollin
Ce duo d’artistes travaille ensemble depuis 2004 et a toujours gardé une grande liberté dans ses moyens d’expression : vidéo, sculpture, performance, dessin, installation… Leur travail est caractérisé par une approche sensible, empreinte d’empathie sur des sujets souvent durs, en marge de la société, tels que l’enfermement, le contrôle, les drogues… La directrice du Mamac de Nice, Hélène Guenin, les définit comme des « explorateurs des abysses » attentifs aux « petites épiphanies de la vie ». Un travail qui pointe « le poids des conventions et autres fauxsemblants de liberté ». Peu bavardes, leurs œuvres visent l’essentiel, cultivant un certain minimalisme qui sert d’autant plus la force de leurs propos. En 2014, ils ont reçu le prix Pirelli du Meilleur solo show à Art Brussels. En 2015, le Marina Abramovic Institute a présenté leur œuvre Cosmographia. En 2020, ils ont été invités par le Mac Val, en France, pour une exposition monographique. En février 2021, la Ville de Luxembourg a inauguré leur œuvre Première ligne installée sur le P+R Bouillon. On retrouve leurs œuvres dans les collections du Mac’s du Grand-Hornu, du Mudam, du CNAP, dans plusieurs Frac, au MNHA…
David Brognon & Stéphanie Rollin
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Après neuf ans de présence à la tête de la Bourse de Luxembourg, Robert Scharfe va prendre sa retraite et céder son poste de CEO à Julie Becker le 21 avril. Dans un long entretien, il revient sur son ambition d’avoir voulu transformer l’institution en acteur novateur. Il insiste aussi sur le rôle que devra jouer, à l’avenir, la finance durable sur la place financière pour que les Luxembourgeois puissent être totalement fiers de ce qu’elle apporte au pays et à la société dans son ensemble. Une interview bilan à lire en page 26. Pour son futur, la Place luxembourgeoise mise aussi sur le private equity. Un outil d’investissement particulièrement en vogue depuis la crise financière, qui apporte du soutien aux jeunes entreprises innovantes et du rendement aux investisseurs. Ses atouts, faiblesses et risques sont passés à la moulinette dans notre dossier Enjeux, en page 58. Le Covid-19 corsète le mode de vie des habitants de la planète entière depuis un an. Au Luxembourg, différentes mesures ont été prises de semaine en semaine pour tenter de restreindre sa propagation ou de relâcher la pression sur la population. Retour en graphique, en page 24, sur l’évolution de nos libertés pendant ces 12 mois pas comme les autres. pas trop mal Pour prouver que la culture ne se débrouille au Luxembourg, Elmira et Ava Najafi nous livrent leurs ambitions à propos de la librairie Alinéa, qu’elles ont reprise avec succès au cœur de la capitale – en page 38 –, et Stéphan Roelants dresse le bilan étoilé de Mélusine Productions, qui sera à nouveau en compétition pour les prochains Oscars fin avril avec la coproduction Wolfwalkers. À lire en page 42. Dans le coin culture, toujours, découvrez, en page 120, la liste des artistes luxembourgeois vivants les mieux cotés. Au sein des grandes entreprises ou institutions, les experts en cybersécurité agissent dans l’ombre pour assurer la protection digitale. Figures méconnues, mais devenues essentielles à la bonne marche des acteurs pour lesquels ils opèrent, ces experts ont accepté de se placer brièvement sous les projecteurs pour une séance photo grand format à voir en page 74. Derniers témoignages, enfin, celui de Gaëlle Haag, cofondatrice de Startalers et conseillère en finance, qui nous parle de son rapport personnel à l’argent – en page 108 –, et celui de Marianne Reimann, qui nous explique comment elle a pu retrouver force et dynamisme après un burn-out professionnel. Des conseils à méditer en page 116.
Andrés Lejona, Bourse de Luxembourg
Clin d’œil
SÉCURITÉ ET SANTÉ AU TRAVAIL
J’AI UN SUPER HÉROS, JE L’APPELLE PAPA. CHAQUE JOUR, IL SE SÉCURISE SUR SON LIEU DE TRAVAIL ET JE SUIS SÛRE DE LE REVOIR LE SOIR.
Les accidents survenus sur le lieu de travail sont encore trop nombreux. Si vous avez des questions sur les thématiques liées à la sécurité et santé au travail, n’hésitez pas à contacter l’ITM.
> SUR MON LIEU DE TRAVAIL, JE ME SÉCURISE. (+352) 247-76100
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MERCI
DE NIDDERKÄERJENG
PARTICIPATION ! GRÉIWEMACHER
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