Paperjam novembre 2020

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NUMÉRO 206

NOVEMBRE 2020

Business zu Lëtzebuerg

Sandrine Gashonga, le combat antiraciste 5 453000 074017 05 11 5€ 4€



Édito #Démocratie

Liberté de conscience L’émoi ne fut pas aussi vif qu’après les attentats du Bataclan ou de Charlie Hebdo survenus à Paris. Un tweet du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a tout de même brisé un quasi-silence gouvernemental côté luxembourgeois. L’assassinat, le 16 octobre dernier, du professeur Samuel Paty en région parisienne concerne certes un pays voisin et le contexte qui lui est propre, mais cet acte odieux nous rappelle combien notre époque est marquée par une violence souvent amplifiée par l’usage des réseaux sociaux. Des plateformes qui doivent prendre leurs responsabilités éditoriales et morales, en particulier lorsque le pire se produit. Les élus français ont quant à eux déjà promis des « mesures choc », mais les discours et les engagements politiques seront-ils toujours aussi forts lorsque l’émotion populaire suscitée légitimement par le décès de M. Paty sera retombée ? MFA Luxembourg

@MFA_Lu · 18 oct.

Jean #Asselborn: L’assassinat de l’enseignant de #Conflans nous a tous choqués. Le #Luxembourg est solidaire de la #France dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme et la défense des valeurs universelles. J’exprime nos condoléances aux proches de Samuel Paty

Ce terrible événement nous fait prendre conscience de la situation privilégiée – mais pas acquise – dans laquelle nous vivons au Luxembourg, un pays qui, sur fond de croissance économique élevée, peut se targuer d’un « multiculti » réussi, mais relatif, car la culture et la religion chrétiennes restent prédominantes. Il n’empêche, au travail ou à l’école, entre amis ou dans le cercle familial, en luxembourgeois ou dans une autre langue, le dialogue doit prévaloir comme meilleur remède aux écueils dont sont malheureusement victimes nos voisins. Des vidéos haineuses sur les réseaux sociaux aux clichés colportés sur des religions ou des cultures méconnues, l’intolérance ronge des sociétés déjà fragilisées par le sentiment d’abandon ressenti par ceux qui vivent en marge de la prospérité. Lorsqu’un enseignant est tué pour avoir ouvert un débat sur des caricatures à connotation religieuse, c’est l’esprit de la démocratie qui est attaqué. D’où l’importance de cours de « vie sociale » tels que ceux proposés aux écoliers du Grand-Duché, qui doivent être un cadre dans lequel les notions de liberté de conscience, de libre arbitre ou encore d’esprit critique peuvent et doivent être abordées sereinement. Pour faire des adultes de demain des citoyens éclairés par leur propre opinion.

Rédacteur en chef THIERRY RAIZER

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POST.LU/5G


Novembre 2020

Ristretto 10 #POLITIQUE 12 DAN BIANCALANA

« Nous devons mener une politique anticyclique » –

14 #ENTREPRISES 16 CORINNE LOZÉ

« Toutes les questions sur la 5G sont légitimes » –

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 JEANNE DUVOUX

« Nous disposons d’une expertise que nous pourrons mieux rentabiliser » Data Dada 22 #HÔPITAUX

À votre santé

p.  26 La présidente de la Fedil, Michèle Detaille, partage sa vision d’un secteur évoluant entre enjeux économiques et environnementaux.

Conversations 26 MICHÈLE DETAILLE

« Une entreprise qui ne gagne pas d’argent n’est pas durable » –

38 PIERRE AHLBORN

« Le rôle des banques a changé » –

44 JACQUES BRAUCH

« Nous construisons des appartements, pas des placements financiers » –

46 JACQUES PÜTZ

« L’open banking va commencer »

Photos

Andrés Lejona

48 SANDRINE GASHONGA

p.  4 8 Sandrine Gashonga, le combat antiraciste. Sans filtre.

« Le racisme structurel est bien présent » NOVEMBRE 2020

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Novembre 2020

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES PAR PILIER

100

58

Enjeux

Publicité télévision

80

À la recherche de la croissance perdue

Publicité radio Plateformes (diffusion de signal)

60

Activités digitales (par ex., streaming) Vente de contenus (Fremantle)

40

Autre

60 ÉTAT DES LIEUX ÉCONOMIQUE Des conditions fragiles mais déjà favorables à la relance

20

62 CONSEILS Dix règles d’or pour surfer sur la reprise

0

2015

2016

2017

2018

2019

p.  86 RTL Group poursuit son investissement dans les plateformes de contenus en ligne, en réponse à l’évolution de la consommation des médias.

64 CONSEILS

Changements à tous les étages

66 LE RÔLE DU CONSULTANT « Les entreprises ont besoin d’un regard externe »

Business case

98

Business Club

RTL Group au cœur de la guerre de l’attention

68 STRATÉGIES

Elles sont passées en mode « reboot »

74

86

Portfolio

Les enfants de Persépolis

Lifestyle p.  74 Paperjam est parti à la rencontre des représentants de la communauté iranienne au Luxembourg.

106 108 110 112 114 116

MA MAISON

120

La liste

MON ARGENT MON STYLE MA COLLECTION MA RECETTE MON MENTAL

10 jeunes avocats à suivre Débat public 08 MAX HAHN 54 GERRY WAGNER 96 CASSIE ADÉLAÏDE

Photos

Andrés Lejona

Advertoriaux 22 LALUX

Financer sa retraite dès aujourd’hui

p.  112 Sarah Zigrand conçoit et dessine des chaussures. Elle nous ouvre sa bibliothèque aux différentes pointures.

72 LUXINNOVATION

Accompagner les entreprises innovantes NOVEMBRE 2020

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Débat public Le manque de logements abordables au Luxembourg représente un défi majeur depuis de nombreuses années. La situation actuelle résulte du fait que la construction de logements a pris du retard sur les besoins réels depuis des décennies. S’il est vrai que de nombreuses mesures ont conduit à des améliorations sélectives, force est de constater que la situation sur le marché n'a guère progressée. Il est clair que la politique du logement est complexe. Néanmoins, il existe plusieurs pistes novatrices pour pallier la pénurie en question. Le Fonds du logement et la SNHBM ont intensifié leur cadence de construction ces dernières années. Sans doute, il est essentiel de continuer sur cette lancée afin d’augmenter le nombre d’unités construites par les deux promoteurs publics au cours des années à venir. À côté de ceux-ci, il est essentiel que les communes soient impliquées davantage. Le Pacte logement 2.0 rendra cela possible. Les communes seront encouragées à favoriser la construction pour augmenter l’offre d’unités abordables et durables, à mobiliser les terrains à bâtir et le potentiel existant et à améliorer la qualité de vie par un urbanisme adapté. Sans doute, le secteur privé devrait également être sollicité davantage dans la construction de logements sociaux afin

Max Hahn

Vice-président de la Commission du logement d’augmenter leur nombre plus rapidement. Parallèlement, les procédures fastidieuses devraient être simplifiées et raccourcies. Par ailleurs, il importe d’augmenter massivement l’offre de terrains à bâtir et l’accession à ces derniers. À cette fin, les contrats d’aménagement ont un rôle très important à jouer. Ils peuvent être définis comme solution à bon nombre de nos problèmes actuels. En conséquence, les communes disposeront d’un instrument qui leur permettra de procéder uniquement à des extensions de périmètre, avec la garantie que le nouveau terrain fera l’objet d’une construction dans un court laps de temps. Cette pratique aura également comme effet bénéfique de décourager la spéculation sur les terrains à bâtir. En outre, la poursuite de la décentralisation et la mise en place de nouveaux coworking spaces vont réduire la pression sur les prix du logement dans les communes autour de la capitale et permettre aux habitants des zones plus rurales de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Dans cette optique, il ne faut évidemment pas oublier le télétravail. La crise sanitaire a démontré à suffisance que le télétravail peut être une alternative, à condition toutefois que la composante sociale ne soit pas négligée.

Max Hahn est député (DP), premier échevin de la Commune de Dippach et vice-président de la Commission du logement Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. PHOTO ANDRÉS LEJONA

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Ristretto #Politique Sélectionné par CAMILLE FRATI et NICOLAS LÉONARD

OPTIMISTE

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« Il y a un engagement clair et sans équivoque de tout le gouvernement en faveur de l’installation d’un data center de Google à Bissen, construit selon les technologies à la pointe du progrès. » Le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) a souligné l’unité du gouvernement sur le dossier Google après le fiasco Fage, qui avait nourri des tensions entre ministres socialistes et Verts. SATISFAIT

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Le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a exprimé sa satisfaction suite à l’accord sur le télétravail survenu le 20 octobre entre les partenaires sociaux.  3

INCISIF

« Le niveau de la dette va peut-être osciller autour du seuil de 30 % durant quelques années, mais c’est une meilleure perspective que celle d’un programme d’austérité idéologique. » Le ministre des Finances Pierre Gramegna (DP) a devancé les éventuelles critiques à l’encontre d’un budget de l’État 2021 (déposé le 14 octobre) qui maintient les investissements et augmente les dépenses en pleine crise.  4

OBJECTIF

Lors d’une interview accordée à Paperjam, le député et chef de fraction LSAP Georges Engel a donné sa vision de l’industrie du futur. Et des qualités qu’elle devrait avoir pour s’établir au Luxembourg, sans se faire non plus trop d’illusions : à ses yeux, une industrie à 100 % propre n’existe nulle part.

Le nouveau député Fred Keup (ADR) a publié un message très clivant sur Facebook, deux jours après la mort de Samuel Paty, l’enseignant français décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet en cours. Il y dénonce une « double morale » entre l’écho qu’a eu la mort de George Floyd à travers le monde et celui de la mort de M. Paty, dans une comparaison hasardeuse entre deux drames aux racines distinctes.  6

IRONIQUE

« La Suède, pays merveilleux des sans-masques, compte trois fois plus de morts que le Grand-Duché. » Lors du débat à la Chambre des députés sur la prolongation des mesures anti-Covid organisé le 22 septembre, Sven Clement (Piraten) a ironisé sur le succès de la Suède et des Pays-Bas face à la pandémie, alors que Jeff Engelen (ADR) les érigeait en modèles.  7

PRUDENTS

Face à la recrudescence du nombre d’infections au Covid-19, le Premier ministre et la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), ont annoncé vendredi 23 octobre la mise en place, pour un mois, d’un couvre-feu de 23 h à 6 h et la limitation absolue des contacts à quatre personnes. De nouvelles mesures pour éviter un reconfinement, et surtout éviter une mise sous tension du système de santé.

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Marion Dessard (archives), Jan Hanrion (archives), Romain Gamba (archives)

EXPRESSIF

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Ristretto #Politique

« Nous devons mener une politique anticyclique » Député, bourgmestre de Dudelange, vice-président du LSAP et du Syvicol, Dan Biancalana (43 ans) a fait face à la crise sanitaire en étant présent à différents niveaux. Et a donc pu en évaluer au mieux les conséquences.

Lors du discours sur l’état de la Nation prononcé le 13 octobre dernier par le Premier ministre, il a beaucoup été question de l’action du gouvernement durant la crise. A-t-on assez parlé de ce qu’ont fait les communes ? Les communes ont, de manière générale, bien géré cette situation exceptionnelle. Elles ont été des partenaires très forts, très solidaires, très engagés. Si des décisions sont prises au niveau national, il faut qu’elles soient mises en œuvre au niveau local. Les communes ont été très sollicitées et ont fait preuve d’une maîtrise remarquable.

À quelle hauteur la crise va-t-elle détériorer les finances de votre commune ? D’après la circulaire reçue en mai, on devait s’attendre à 12,6 millions d’euros de dotation étatique en moins par an (le budget ordinaire de la commune se montait à 88 millions en 2020, et à 34 millions pour l’extraordinaire, ndlr). Les nouveaux chiffres, non encore parvenus, sont plus optimistes et sont, de ce que j’en sais, réduits de moitié. Avez-vous peur que les inégalités qui existaient déjà se creusent plus encore suite à la crise sanitaire ? On sait que lors d’une crise, ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont touchées en premier. C’est pour cela qu’il faut des mesures compensatoires à leur égard et c’est ce qui a été annoncé par le Premier ministre. Car les inégalités pourraient en effet se creuser.

Comment l’organisation s’est-elle mise en place à Dudelange ? On a très vite installé une cellule de crise qui incluait des responsables politiques, mais aussi les cadres de l’administration. Les réunions étaient régulières et on a donc su travailler vite, dur et bien.

Salaire social minimum, jour de congé légal en plus, révision de la fiscalité des FIS, des stock-options, des warrants... Le LSAP engrangerait-il des points au sein de la coalition au travers de ces éléments qui lui sont chers ? Tout cela est dans l’accord de coalition qui est un compromis entre trois partis. Mais, je vous l’accorde, cela montre que le LSAP a une véritable empreinte, une marque dans cette coalition.

Quel impact va avoir la crise sur les projets locaux et les investissements ? Nous allons avoir un regard beaucoup plus critique sur les finances communales. Mais nous devons aussi faire en sorte de maintenir nos investissements, car cela fait vivre l’économie. Il nous faut donc mener une politique anticyclique. Nous avons des projets qui sont prévus sur deux ou trois années budgétaires en ce qui concerne des infrastructures scolaires, sportives, la troisième phase du shared space... Et ce sont des investissements dont on ne peut pas se passer, qui sont vitaux. Donc ils se feront. Malgré des recettes en baisse ? La tentation serait en effet de dire qu’on va mettre un coup de frein à nos projets suite à la baisse de la dotation étatique. Mais je suis convaincu qu’on peut porter un regard critique sur nos futurs budgets sans pour autant ralentir les grands projets. Notre chance est qu’au cours des dernières années, nous n’avons pas mis en route de projets pharaoniques, mais taillés par rapport aux besoins réels des citoyens. Notre politique budgétaire était donc saine, équilibrée et cela nous permet, dans une situation de crise, de nous appuyer sur cet état de fait.

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L’ambiance reste bonne entre les partenaires (DP-LSAP-Déi Gréng), même si certains dossiers ont pu être le prétexte à des frictions ? Encore une fois : il y a un accord de coalition qui décrit les projets à mettre en place. Mais à côté du volet politique, il y a aussi un volet humain. Et une bonne relation n’est jamais acquise, il faut y travailler tous les jours. C’est comme dans une famille. On entend beaucoup que vous êtes l’homme qui monte au sein de votre parti... Vous pourrez vivre sereinement votre vie publique sans devenir ministre ? [Il rit]. Je n’ai pas de boule de cristal. Je me donne à fond dans ce que je dois faire, et c’est cela qui peut offrir d’autres opportunités.

Dan Biancalana, souligne l’importance de mesures compensatoires pour les plus démunis.

Interview NICOLAS LÉONARD Photo ROMAIN GAMBA


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Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA

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RÉALISTE

Michel Reckinger deviendra, le 1er janvier 2021, le nouveau président de l’UEL. L’actuel président de la Fédération des artisans succède ainsi à Nicolas Buck, qui n’a pas souhaité renouveler son mandat entamé en février 2019. Le directeur de la fintech Seqvoia entend se consacrer au projet Summit dédié à la gestion de données dans l’industrie financière.  2

PERSUASIF

« Nous voulons montrer qu’on essaie toujours de travailler de la façon la plus verte possible, sachant que notre secteur n’a pas la meilleure image de propreté, parce qu’on roule au diesel. »

Ben Frin, directeur financier du transporteur Arthur Welter. Il a inauguré, mi-octobre, une installation de 8.150 panneaux photovoltaïques sur le toit de son hall dans le parc logistique de l’Eurohub Sud à Dudelange. Ce projet, en partenariat avec Enovos, permet de fournir l’équivalent des besoins en électricité de 500 foyers.  3

STRATÈGE

« L’effectif qui marche bien au Losc aujourd’hui est un mélange de jeunes joueurs de talent et de joueurs expérimentés. Alors, on a créé un peu la même structure à Boavista. » Gerard Lopez a racheté le club de football de Boavista à Porto, sa 3e acquisition dans le secteur après Lille (Losc) et Mouscron en Belgique.  4

ENTHOUSIASTE

« Fit4Start permet un véritable échange et une collaboration entre les uns et les autres, tout en agissant comme un outil très efficace de marketing/branding du Luxembourg à l’international. » Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation En 5 ans d’existence, le programme de soutien dédié aux start-up a permis à 78 jeunes pousses d’être accompagnées dans leur accélération, dont 32 issues du Luxembourg.

« Le centre Royal-Hamilius va aspirer les surfaces commerciales du centre-ville de Luxembourg. »

Jean-Luc Calonger Calonger, professeur en géomarketing et en géographie du commerce de détail au sujet de la multiplication des centres commerciaux au Luxembourg et en Europe.  6

AMBITIEUX

« Il y a encore 300.000 m² à construire. » Flavio Becca, administrateur délégué de Promobe, au sujet du développement du quartier de la Cloche d’Or, dont la moitié des constructions est à ce jour sortie de terre.

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Laurent Antonelli pour l’UEL, Romain Gamba

PRÉDICTIF

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Ristretto #Entreprises

« Toutes les questions sur la 5G sont légitimes » Les opérateurs téléphoniques se sont lancés dans la course au déploiement de la 5G. Sauf Orange Luxembourg, qui consolide son réseau, explique sa CEO, Corinne Lozé. Et qui promet d’autres produits.

À la différence de vos concurrents, vous ne semblez pas très pressés de déployer la 5G ? Ce n’est pas que nous soyons moins ou plus pressés. Nous déployons la 4G en même temps, en renforçant certains sites, notamment ceux qui sont saturés. Nous ne communiquons que quand nous sommes prêts. Nous y sommes très vigilants, pour privilégier la qualité. Les discussions sur l’intérêt de la 5G vous perturbent-elles ? Il y a plus de questions. On ne doit pas prendre de retard avec les autorisations. Or, il y a pas mal de demandes. Une certaine incertitude se fait sentir auprès des communes. Le gouvernement nous aide. Comprenez-vous les craintes d’une partie de la population par rapport à la 5G ? Toutes les questions sont légitimes, et nous devons absolument prendre le temps d’y répondre, de dire ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons. Ce qui est important, c’est d’y répondre même plusieurs fois. Le plan de déploiement est prévu par le gouvernement. Nous avons des obligations. Nous la déployons. Cela ne nous affranchit pas de répondre aux questions. Comment défendez-vous la 5G auprès des clients ? Les usages changent. Pour répondre à ces usages, il faut des technologies qui évoluent. Nous sommes dans l’obligation d’anticiper, mais nous restons à l’écoute des analyses sur la santé ou la sécurité, comme nous l’avons été avec la 3G et la 4G. Le marché est-il assez grand pour trois ou quatre opérateurs ? Les marges diminuent et le coût d’investissement dans les infrastructures augmente… Nous devons rester très vigilants là-dessus. Notre activité commerciale doit nous permettre de réinvestir, notamment dans les réseaux et les technologies du futur pour l’expérience client. L’avantage est qu’à 150, nous sommes légers et agiles et que nous avons la force du groupe Orange derrière nous. Les équipes sont extrêmement motivées. Où est votre élément différenciateur ? Nous sommes assez rapides à déployer et à nous adapter aux besoins du client. Pendant le confinement, nous n’avons mis que 24 heures à monter le drive

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Orange et à fermer nos boutiques. Nous avons mis en place la livraison gratuite à la porte du client, même pour les réparations. De quoi vous donner l’idée de fermer les stores physiques ? Non. C’est important que nos clients puissent discuter avec quelqu’un. À notre service client, nous avons intégré de l’intelligence artificielle avec EmailTree, pour mieux répondre aux attentes. Notamment dans la vente en ligne, qui a beaucoup évolué avec le Covid. Comment vos clients ont-ils accueilli le lancement de la carte eSim, qui permet d’avoir plusieurs numéros et profils sur un même téléphone ? Très bien. Nous l’avons lancée pendant le Covid pour équiper nos clients sans qu’ils aient besoin de se déplacer. Au Luxembourg, de nombreuses personnes voyagent beaucoup, et cette population internationale est assez sensible à cette possibilité. Au Luxembourg 4.0, celui de la donnée, de Rifkin, la clientèle industrielle a aussi des besoins, n’est-ce pas ? Qui est votre clientèle privilégiée ? Nous ne privilégions ni l’une ni l’autre. Nous travaillons beaucoup main dans la main avec Orange Belgique, pour adresser des clients qui sont déjà sur les deux territoires et mutualiser les réponses que nous pouvons amener. EmailTree, c’est aussi le signe que vous travaillez avec les start-up ? On va intensifier ces relations avec les start-up, acheter leurs solutions. Elles ont besoin d’un client qui paie et de s’entraîner sur une base de clients, sur un réseau, selon leurs thématiques. Cela nous amène du dynamisme et une vision extérieure.

Corinne Lozé et Orange sont obligés d’anticiper les changements des usages des consommateurs.

Interview THIERRY LABRO Photo ROMAIN GAMBA


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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par JEAN-MICHEL LALIEU

SATISFAIT

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« On peut affirmer que l’internationalisation de la Place est désormais parachevée dans tous les secteurs. »

Le Brexit a contribué à étoffer le secteur de l’assurance non-vie au Luxembourg. Le bilan 2019 du secteur, présenté par le Commissariat aux assurances, montre effectivement un triplement des primes non-vie en un an. Un motif de satisfaction pour Claude Wirion,, qui quittera son poste de directeur général du CAA en fin d’année. Il sera remplacé par Thierry Flamand, actuellement partner chez Deloitte Luxembourg. 2

INQUIET

« La question de la capitalisation sera essentielle pour les banques au moment de la reprise, de même que la diversification de la base de leurs revenus. » John Garvey, global financial services leader chez PwC, était de passage au Luxembourg le 30 septembre dernier pour le 19e forum de PwC consacré au secteur financier. 3

COMBATIF

Un ancien CEO du pétrolier russe Rosneft, Sergey Bogdanchikov, a déposé une nouvelle plainte devant la Cour suprême de New York, après avoir fait de même en Suisse et au Luxembourg. Il dit avoir mis le doigt sur une affaire de rétrocommissions qui met en cause la banque Edmond de Rothschild au Luxembourg. Il lui réclame 100 millions de dollars. VOLONTARISTE

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« C’est une situation qui nous force à quitter notre zone de confort et à devenir plus intelligents. »

À l’occasion du Diversity Day, le 6 octobre, Aberdeen Standard Investments Luxembourg a signé la Charte de la diversité Lëtzebuerg. L’entreprise se félicite de compter déjà de nombreuses nationalités parmi son personnel, mais veut encore renforcer les efforts dans ce sens. 5

PÉDAGOGUE

« Nous souhaitions par cette initiative apporter notre contribution à la recherche scientifique sur le développement historique de la réglementation financière, mais également à une meilleure connaissance et compréhension de la place financière du Luxembourg et de ses évolutions. »

La CSSF vient d’éditer un ouvrage qui retrace 75 ans de surveillance financière au Luxembourg. Son directeur général, Claude Marx,, explique l’intérêt de l’opération, qui s’accompagne également de la création d’un documentaire.

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RÉDUCTEUR

« Donald Trump soutenait le départ de Boris Johnson de l’Union européenne, et le Luxembourg bénéficie en fait du Brexit. » L’analyste de la banque originaire du Liechtenstein, présente au Luxembourg depuis 1988, observe que plus de 70 entités financières se sont installées au Luxembourg dans le contexte du Brexit. Et que le pays profite donc de la politique de Donald Trump.

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Luc Deflorenne (archives) et Romain Gamba

ENCOURAGEANT

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Ristretto #PlaceFinancière

« Nous disposons d’une expertise que nous pourrons mieux rentabiliser » Jeanne Duvoux est entrée chez Amundi Luxembourg en début d’année en tant qu’administratrice déléguée, après cinq années en tant que responsable des activités de banque privée de Société Générale. Elle nous dévoile ses premiers projets.

Quels types d’activités ? Premièrement, je veux développer le fund hosting, l’hébergement de fonds pour compte de tiers. Nous voulons offrir notre expérience de gestionnaire de fonds à des asset managers qui souhaitent se développer au Luxembourg, mais qui n’ont pas les moyens d’investir dans une infrastructure de management company. Nous disposons d’une expertise que nous pourrons, à l’avenir, mieux rentabiliser.

Vous passez de la banque privée à la gestion d’actifs. Qu’est-ce qui vous a attirée ? J’ai effectivement travaillé les cinq dernières années dans la banque privée, mais avant cela j’ai longtemps travaillé dans des métiers autour de l’asset management et de l’asset servicing. C’est donc un milieu qui ne m’était pas étranger. C’est le projet d’Amundi qui vous a convaincue de franchir à nouveau le pas ? Oui, c’est une société que je connais bien. Amundi est une société cotée qui appartient à près de 70 % au Crédit Agricole, la société est née en 2010 de la fusion de Crédit Agricole Asset Management et de la filiale de gestion d’actifs de la Société Générale, où je viens de passer 23 ans. Amundi est un leader européen d’origine française très dynamique à l’international et qui affiche de l’ambition au Luxembourg. C’est pour toutes ces raisons que j’ai franchi le pas.

Vous vous préparez à recruter ? Oui, à la marge. Mais l’idée de départ est de se dire que ce que nous pouvons faire pour gérer nos 180 milliards d’actifs, nous pouvons aussi le faire pour d’autres clients. Lancer un nouveau service en période de crise, c’est toujours délicat... En fait, cette période a permis à certains acteurs de dégager du temps pour réfléchir à ce nouveau genre d’organisation. Au final, les premiers contacts se sont très bien passés, nous sommes d’ailleurs au-delà de nos plans actuellement.

Vous passez donc d’un groupe français à un autre. Hasard ou culture d’entreprise qui vous attire ? Ce n’est pas un hasard. En changeant d’employeur après 30 ans de carrière, j’ai fait le choix d’une société où je pensais pouvoir m’adapter très rapidement à la culture. C’est d’ailleurs le cas. Je suis chez Amundi depuis le 1er janvier et j’ai l’impression d’y avoir toujours travaillé. Il existe bel et bien une culture d’entreprise française que je comprends. Face à la proposition d’un groupe chinois, américain ou japonais, je n’aurais pas pris la même décision. Ceci dit, de mon côté, je leur apporte mon expérience internationale. J’ai travaillé neuf ans à Milan et cinq ans au Luxembourg.

C’est donc votre grand projet pour cette année ? Nous développons aussi la filiale Fund Channel. Il s’agit d’une plateforme de distribution de fonds business to business, une activité qu’Amundi considère primordiale pour notre industrie. Nous voulons enrichir cette plateforme pour couvrir tous les besoins des investisseurs, des distributeurs et des asset managers. Nous sommes actuellement la quatrième plateforme mondiale et notre ambition est de devenir un des leaders dans ce secteur.

Vous avez finalement eu peu de temps pour vous adapter avant le confinement... Oui, mon intégration a été particulière. Mais, en même temps, ce contexte a été un accélérateur phénoménal. J’ai rapidement été mise en contact avec les autres acteurs de la place financière à travers des conference calls toutes les semaines.

Quelle est la particularité d’Amundi Luxembourg par rapport au groupe ? Amundi est présente avec des équipes locales dans près de 40 pays dans le monde. La filiale luxembourgeoise a une place un peu à part, elle est LA plateforme de distribution cross-border pour le groupe. Elle est le passage obligé pour distribuer les produits à l’international.

Vous parliez de l’ambition d’Amundi au Luxembourg… Avec un total de 180 milliards d’euros d’actifs fin 2019, Amundi est la troisième management company au Luxembourg. Pourtant, on en parle peu. On m’a demandé de faire en sorte qu’elle devienne plus visible. Cela passe par le développement de nouvelles activités.

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NOVEMBRE 2020

Interview JEAN-MICHEL LALIEU Photo ROMAIN GAMBA Jeanne Duvoux a pour ambition de rendre Amundi plus visible au Luxembourg.


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Déductibilité Vos primes sont déductibles fiscalement en fonction de votre statut et contrat.

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Ouvert à tous Les salariés, les employeurs pour leurs salariés et les indépendants peuvent aujourd’hui souscrire à un régime complémentaire de pension adaptée à leurs situations.

Assurance

Financer sa retraite dès aujourd’hui

22

NOVEMBRE 2020

L’information revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique : d’ici quelques années, l’État ne devrait plus être en mesure de payer nos pensions sans en changer les paramètres. Loin d’être une chimère, cette menace sur nos retraites est bien réelle. « Les dernières projections de l’IGSS (Inspection Générale de la Sécurité Sociale) montrent que les réserves des pensions légales commencent à décroître à partir de 2024 pour être épuisées entièrement vers 2043 et devenir négatives par la suite », confirme Claudia Halmes-Cou-

mont, directrice de LALUXVIE. Si une pension sera sans doute encore versée à long terme, elle ne pourra en tout cas plus être du même niveau que celui que nous avons connu depuis des décennies. » Selon la directrice de la branche Vie de la compagnie d’assurances, en moyenne, un pensionné reçoit aujourd’hui le double en tant que prestation de ce qu’il a cotisé pour lui. On comprend donc facilement que la situation n’est pas tenable à long terme. « Jusqu’à présent, le paiement des pensions a pu être maintenu grâce à une importante progression du nombre de

salariés cotisants au Luxembourg. Mais on ne sait pas jusqu’à quand cette croissance va se maintenir, poursuit Claudia Halmes-Coumont. Et même si on continuait au rythme actuel, en 2300, il faudrait que le Luxembourg accueille l’équivalent de la population de la Chine pour pouvoir payer les pensions… » S’appuyer sur le troisième pilier… Pour préparer l’inéluctable réduction de nos retraites, il faut s’appuyer sur ce qui est qualifié de « troisième pilier »

Photo

À long terme, le maintien d’un régime de pension équivalent à celui que nous connaissons aujourd’hui n’est pas tenable. Pour vivre une retraite sereine, il faut donc prendre les devants.

Julian Pierrot (Maison Moderne)

Contenu sponsorisé par LALUX


4 FOIS PLUS D’AVANTAGES FISCAUX de la pension. Sous cette appellation se glissent toutes les formules de pension individuelle qui offrent un certain rendement tout en donnant droit à une déduction fiscale. L’assurance-vie fait partie de ces formules. « En souscrivant une assurance-vie, on peut faire deux choix différents. Tout d’abord, on peut investir ses primes mensuelles ou annuelles dans un produit classique offrant un rendement garanti sur le long terme. Celui-ci n’est aujourd’hui que de 0 %, mais c’est tout de même plus attractif que les rendements négatifs que les banques pourraient bientôt proposer. Nous pouvons aussi verser un bonus en cas de bonne année. L’autre option est d’investir ses primes dans des fonds, ce qui offre potentiellement des rendements plus élevés, mais expose aussi plus au risque », détaille Claudia Halmes-Coumont. Le principal avantage de ces formules est la possibilité qu’elles offrent de déduire fiscalement les primes qui sont versées. « Comme le prévoit l’article 111 bis de la loi concernant l’impôt sur le revenu, chaque année, jusqu’à 3.200 euros (par contribuable) peuvent être déduits en tant que dépenses spéciales, précise la directrice de LALUX-VIE. Au terme du contrat, l’épargnant touche son capital, soit en une fois, soit sous la forme d’une

rente mensuelle. Ce capital est imposé au demi-taux global. » La formule easyLIFE Pension proposée par LALUX-VIE est également particulièrement flexible. Un contrat peut ainsi être ouvert dès 25 euros par mois, et le montant des primes peut être facilement ajusté. Notez enfin que vous pouvez souscrire aux assurances-vie chez LALUX à l’aide d’un agent, grâce à un processus 100 % digitalisé. … ou opter pour le deuxième Si le premier pilier permettant de financer nos retraites n’est autre que la pension légale versée par l’État, et que le troisième est constitué des formules de pension individuelle, il ne faut pas non plus oublier le deuxième pilier : le régime complémentaire de pension. Il est généralement alimenté par l’employeur, qui verse un pourcentage du salaire de son collaborateur dans un produit dédié. « L’atout de notre produit lalux-Staff Protect est qu’on peut proposer une gamme de fonds beaucoup plus étendue dans lesquels investir, explique Claudia Halmes-Coumont. Nous pouvons notamment proposer de nombreux fonds de type sustainable (ESG), qui rencontrent aujourd’hui un succès croissant. En outre, l’employeur peut déduire ces primes et l’impôt forfaitaire y afférent tant qu’ils

« Si une pension sera sans doute encore versée à long terme, elle ne pourra en tout cas plus être du même niveau. »

restent en dessous de la limite fiscale. Les prestations sont nettes d’impôt sur le revenu au Luxembourg. » Lorsque l’employeur met en place un régime complémentaire de pension, chaque affilié pourra avoir la possibilité de cotiser personnellement jusqu’à concurrence de 1.200 euros par an. Ces cotisations sont déductibles en tant que dépenses spéciales et les prestations sont également nettes d’impôt sur le revenu au Luxembourg. En 2019, un changement important est intervenu dans ce deuxième pilier : les travailleurs indépendants peuvent aujourd’hui eux aussi contribuer à un régime complémentaire de pension. Pour cette catégorie d’épargnants, LALUX a créé lalux-Safe Future. « Le cadre fiscal est tout aussi attrayant pour eux, puisque les primes versées peuvent être déduites comme dépenses spéciales tant qu’elles ne s’élèvent pas au-dessus de 20 % des revenus annuels », indique Claudia HalmesCoumont. Autre avantage important fourni par le contrat lalux-Safe Future : la flexibilité. « La prime versée peut être adaptée chaque année, à la hausse comme à la baisse. Elle peut même être mise en pause en cas d’année très difficile. Cette possibilité est particulièrement intéressante dans le contexte de crise dans lequel nous nous trouvons », conclut la directrice de LALUX-VIE.

1.200 €

jusqu’à de déductibilité par an de cotisations personnelles investies par le salarié dans le cadre d’un régime complémentaire de pension mis en place par son employeur (2e pilier)

20 %

jusqu’à de déductibilité du revenu annuel dans le cadre d’un régime complémentaire de pension pour les indépendants et pour les salariés (2e pilier)

3.200 €

jusqu’à de déductibilité par an de primes versées dans le cadre d‘un contrat de prévoyance-retraite (3e pilier)

45 %

L’avantage fiscal peut atteindre jusqu’à 45 % de la prime investie en fonction des revenus.

vrez Décou pargne é s e rvic les se oyance sur v é et pr

u

lalux.l

Claudia Halmes-Coumont Directrice, LALUX-VIE

NOVEMBRE 2020

23


Data Dada #Hôpitaux

À votre santé Organisé par une nouvelle loi depuis 2018, le secteur hospitalier tourne à plein régime pour prendre en charge une population à la fois en croissance accélérée et vieillissante. Aux quatre centres hospitaliers s’ajoutent sept établissements spécialisés voués à répondre aux besoins spécifiques des patients. Auteur CAMILLE FRATI Centre hospitalier de Luxembourg (CHL)

HRS

PRÉSIDENT DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE

CHEM

Paul Mousel

NT A

DIRECTEUR GÉNÉRAL

S ER

FR O

Dr Romain Nati

LI

HR S CH EM

49  %

DE

2.706

PERSONNEL

SERVICE NATIONAL

PATIENTS CHdN

CH dN

S HR M E CH

Chirurgie pédiatrique, hémato-oncologie, immuno-allergologie, maladies infectieuses, néonatologie intensive, neurochirurgie, pédiatrie spécialisée, procréation médicalement assistée, psychiatrie infantile, soins intensifs pédiatriques, Stroke Unit niveau 2, urgences pédiatriques

dN CH

577.792 ambulatoires 30.272 hospitalisations

dN CH

INVESTISSEMENTS

608.064

ADMISSIONS

CHL

579 LITS

EM CH

S HR

CH EM

CH dN

Nouveau bâtiment Centre : 500 Mios € ; autres bâtiments : 30 Mios € ; investissement courant : 5 Mios €

81.713

URGENCES 41.292 adultes 40.421 enfants

PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

14.492

INTERVENTIONS CHIRURGICALES

Georges Mischo

DIRECTEUR GÉNÉRAL

HR S

Centre hospitalier Emile Mayrisch (CHEM)

172.668

1.500 soignants 216 médecins 990 autres

CHdN

ENTITÉS DU GROUPE

Centre, Eich, Maternité Grande-Duchesse Charlotte, Kannerklinik

HRS

Daniel Cardao (f.f.) ENTITÉS DU GROUPE

Esch-sur-Azette, Dudelange, Niederkorn SERVICE NATIONAL

CHEM

Oxygénothérapie, médecine de l’environnement

CHL

INVESTISSEMENTS

9,07 Mios € hors Sudspidol, dont 3,6 Mios € de matériel médical, Sudspidol 2024

HRS

S HR

PATIENTS

PERSONNEL 1.230 soignants 265 médecins 704 autres

PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Jean-Louis Schiltz

CHdN

CH dN

S HR

DIRECTEUR GÉNÉRAL

L CH

44  %

CH L

144.600

2.199

DE

ACTIONNAIRE

Fondation Hôpitaux Robert Schuman

L TA

S

FR O

N

Hôpitaux Robert Schuman (HRS)

R IE

Dr Claude Schummer ENTITÉS DU GROUPE

dN CH

Zithaklinik, Hôpital Kirchberg, Clinique Bohler, Clinique Sainte-Marie SERVICE NATIONAL

CHEM

629 LITS

Psychiatrie juvénile, ophtalmologie spécialisée

349.250 ambulatoires 38.600 hospitalisations

INVESTISSEMENTS

dN CH

Tour Kirchberg 2023, Déi néi Zitha

CH dN

Prof Dr Hans-Joachim Schubert ENTITÉS DU GROUPE

L CH

S HR

86.500

URGENCES

17.350

HRS

Ettelbruck, Wiltz SERVICE NATIONAL

Néphrologie

CHL

24

NOVEMBRE 2020

INTERVENTIONS CHIRURGICALES

HR S

DIRECTEUR GÉNÉRAL

CHdN

PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

L CH

Centre hospitalier du Nord (CHdN) Jean Feith

387.850

ADMISSIONS


Évolution de l’activité hospitalière

Comment lire ce graphique Chaque cercle représente l’un des quatre grands établissements hospitaliers du Grand-Duché et est découpé en six catégories (personnel, patients, admissions, interventions chirurgicales, urgences et lits). Dans chaque catégorie, la partie colorée permet de comparer les chiffres de l’hôpital concerné avec ceux des autres hôpitaux.

ENVELOPPE BUDGÉTAIRE GLOBALE EN MIOS €

SECTEUR HOSPITALIER

POPULATION

613.894 563.000

1.127,7 863,1

2015

INTERVENTIONS CHIRURGICALES

63.642

70.506

2019

ACCOUCHEMENTS

5.647 5.849

PASSAGES EN POLICLINIQUE

EMPLOIS

1.268.785 1.087.040

7.543

8.246

ÉTABLISSEMENTS SPÉCIALISÉS

INCCI

N

L TA

IE

RS

L CH

Cardiologie interventionnelle et chirurgie cardiaque PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

2.576

Dr Romain Nati ADMISSIONS 5.035 LITS 33 PERSONNEL 142 BUDGET 26,5 Mios €

153.648

PERSONNEL

PATIENTS

1.518 soignants 306 médecins 752 autres

CH EM

50 ,4  %

SPÉCIALITÉS

CHEM

DE

FR O

CH L

CHdN

Centre François Baclesse EM CH

CH dN

SPÉCIALITÉ

703 LITS

CHL

dN CH

413.038

HRS

ADMISSIONS 383.985 ambulatoires 29.053 hospitalisations

Dr Michel Nathan ADMISSIONS 1.474 LITS 2 PERSONNEL 69 BUDGET 11,5 Mios €

Centre hospitalier neuro-psychiatrique

dN CH

SPÉCIALITÉ

Réhabilitation psychiatrique PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

Dr Michel Nathan ADMISSIONS 421 LITS 247 PERSONNEL 486 BUDGET 57,5 Mios €

CH EM

CH dN

L CH

EM CH L CH

Radiothérapie

PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

65.168

URGENCES 48.744 adultes 16.424 enfants

30.918

CHdN

INTERVENTIONS CHIRURGICALES

Rehazenter SPÉCIALITÉ

Rééducation fonctionnelle PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

Laurent Mertz ADMISSIONS 499 patients sortis en hospitalisation + 2.173 ambulatoires LITS 76 PERSONNEL 300 BUDGET 34,9 Mios €

CHL

CHEM CHL HRS

Hôpital intercommunal de Steinfort

CHEM

SPÉCIALITÉ

Rééducation gériatrique

1.196

PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

731 soignants 148 médecins 317 autres

DE

FR

ER S

68.000

PATIENTS

S HR M E CH

22 ,4 2

%

I TAL ON

L CH

HR S  CH EM

CH L

PERSONNEL

Guy Pettinger ADMISSIONS 356 patients stationnaires, 10.277 journées d’hospitalisation LITS 30 PERSONNEL 209 BUDGET 6,98 Mios €

Centre de réhabilitation du Château de Colpach SPÉCIALITÉS

211.751

CHdN

357 LITS

ADMISSIONS 197.590 ambulatoires 14.161 hospitalisations

EM CH L CH

URGENCES

INTERVENTIONS CHIRURGICALES

PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

Dr Sonja Hoffmann (Fondation Emile Mayrisch – Croix-Rouge) ADMISSIONS 714 PERSONNEL 108 LITS 60 BUDGET 2019 était la première année pleine de fonctionnement du Centre créé en 2018

Haus Omega HR S

14.219

SPÉCIALITÉ

Soins palliatifs

PDT CONSEIL D’ADMINISTRATION

Diane Dhur

ADMISSIONS HRS

LITS

117

15

PERSONNEL 61 salariés + 70 bénévoles BUDGET 6,32 Mios €

CHL

CHEM

S HR

CH EM

CH L

49.629

Réhabilitation physique et post-oncologique

NOVEMBRE 2020

25


Conversation Michèle Detaille

«  Une entreprise qui ne gagne pas d’argent n’est pas durable » Interview CATHERINE KURZAWA

Portrait ANDRÉS LEJONA

Des leçons de l’échec Fage à la stratégie industrielle du Luxembourg, la présidente de la Fedil, Michèle Detaille, se penche sur l’attractivité d’un secteur pris en tenaille entre intérêts économiques et enjeux climatiques. 26

NOVEMBRE 2020


Michèle Detaille, au cœur de son entreprise à Wiltz, spécialisée dans le levage et l’emballage industriel. Ici, dans l’entité de No-Nail Boxes.

NOVEMBRE 2020

27


Conversation Michèle Detaille

UN PARCOURS, PLUSIEURS VIES

Ces dernières semaines ont été marquées par l’abandon de l’industriel grec Fage d’installer une usine de yaourt à Bettembourg. Une décision prise sur fond de lenteur administrative du dossier et qui ravive le souvenir du départ du projet Knauf vers la France. Le Luxembourg risquerait-il de ne plus être attractif pour les entreprises industrielles ? En soi, le Luxembourg n’est pas extrêmement attractif. C’est un petit pays, donc un petit marché, un pays où il n’y a pas de ressources naturelles – à part l’eau –, c’est un pays qui tente de se positionner entre de grands voisins, qui est situé en Europe où la croissance n’est pas vraiment au rendez-vous. Le fait que des entreprises viennent ici, c’est parce qu’il y a des démarches de prospection : c’est un vrai job qui est difficile, qui prend du temps. Je n’ai pas dit que le Luxembourg n’a pas d’atouts, mais il faut les mettre en valeur. Quels sont ces atouts ? Pour les entreprises industrielles, les atouts sont d’abord la sécurité juridique, et pour certains marchés, la position centrale en Europe et le fait qu’il y ait un vrai écosystème. L’industrie a besoin de personnel qualifié, mais aussi de centres de recherche, de circuits courts (l’accès rapide à la bonne information et aux décisionnaires), c’est aussi ça, la stabilité politique. Même si le Luxembourg n’est pas, sur un certain laps de temps, plus compétitif en matière d’aides à la R&D par exemple, sur le long terme, on sait qu’ici, normalement, un nouveau gouvernement qui arrive n’a pas pour première mission de défaire ce que le précédent a fait, ce qui arrive trop souvent dans certains pays voisins.

La politique Diplômée en sciences politiques au début des années 80, Michèle Detaille devient, à 25 ans, la plus jeune bourgmestre de Belgique. Cette native de Bastogne règne sur Vaux-sur-Sûre pendant 17 ans, jonglant avec d’autres engagements comme celui de députée à la Chambre, de 1985 à 1987. L’entreprise À la fin des années 80, Michèle Detaille devient directrice commerciale de la société de services Edenred, puis se réoriente une décennie plus tard vers l’industrie en devenant administratrice déléguée d’Alipa Group, spécialisé dans le levage et l’emballage industriel avec six sociétés réparties sur le Luxembourg, la Belgique et la France.

de frappe importante, mais il manque souvent l’agilité et la rapidité des décisions. Il n’y a pas grand-chose à faire de mieux, compte tenu aussi de la taille du pays. Imaginez que demain, il y ait tous les jours 120 entreprises qui frappent à la porte, on ne voit pas comment on ferait. L’outil est bon. C’est juste que tout le monde ne rêve pas de venir s’installer au Luxembourg pour les raisons qu’on a dites.

Vous avez dénoncé dernièrement «l’abus de pouvoir » de la part de la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (Déi Gréng) et de l’Administration de l’environnement autour du projet Fage. Estimez-vous que des organisations comme la Fedil n’ont pas suffisamment Les mandats leur mot à dire ? De la vice-présidence du parti Non. Je voudrais clarifier deux choses. En parlibéral belge PRL dans les années 90 à l’Université Catholique lant d’abus de pouvoir, ce que j’ai surtout voulu de Louvain où elle a étudié dire, c’est que la ministre a instrumentalisé les les sciences politiques en passant lois pour arriver à ses fins. Elle avait déclaré par la Banque nationale de Belgique, Michèle Detaille s’est qu’elle ne voulait pas de ce projet à titre perimpliquée dans de nombreuses sonnel et elle a utilisé des moyens légaux qui organisations côté belge. étaient à disposition pour aboutir à sa volonté Désormais active au Luxembourg, la sexagénaire siège à l’ILA personnelle. Voilà ce que j’ai dit. Peut-être (Institut luxembourgeois des qu’abus de pouvoir n’était pas le bon mot, d’un administrateurs), chez Luxempart point de vue juridique. Ensuite, la Fedil n’a pas et à la Fedil, dont elle a pris la vice-présidence en 2018 vocation à s’occuper des cas individuels. Mais avant d’accéder à la présidence nous sommes écoutés et avons des contacts un an plus tard, succédant avec beaucoup d’administrations. Bien enà Nicolas Buck. Une première pour une femme, non tendu, toutes ne suivent pas l’ensemble de nos luxembourgeoise qui plus est. recommandations, c’est normal. Il y a certes deux projets qui ont beaucoup fait parler d’eux, mais il ne faut pas oublier que de nouvelles entreprises dont l’arrivée n’est pas aussi médiatisée s’installent et que des industries en place entreprise ne peut pas s’installer à un certain s’agrandissent ou se transforment. endroit mais qu’elle doit se décaler de 30 km, Qu’est-ce que les voisins trois fois sur quatre, elle sera en dehors du pays. La polémique étant retombée, du Luxembourg ont et qui manque ici Alors que si vous êtes en France, vous restez quelles leçons tirez-vous de l’abandon du projet Fage ? pour développer le tissu industriel ? toujours dans votre pays. D’abord, la taille. Ici, la plupart des industries C’est sûr que, pour nous, c’est un échec, c’est exportent forcément puisque le marché est très En matière d’outils de prospection, un très mauvais signal à la fois pour les investisseurs étrangers et pour les entreprises petit. Il y a aussi les outils puissants dont dis- comment faire de la prospection et de posent nos voisins : ce sont de grands pays avec la promotion par les temps qui courent ? industrielles qui sont dans le pays. Nous poude grandes administrations et des moyens pour L’outil de prospection est bien adapté, le tra- vons en tirer plusieurs leçons. Tout d’abord, prospecter, pour faire venir les gens. De plus, il vail se fait avec des gens qui sont compétents nous devrions parler des dossiers en cours y a l’accès à la mer, les grands espaces. Si une et agiles. Dans les grands pays, il y a une force dans les enceintes concernées, mais pas sur la place publique. Deuxièmement, donnons des autorisations dans des délais courts. Le fait d’aller vite ne veut pas dire de mal faire les choses. On l’a vu pendant la crise du Covid, l’administration et la politique ont été extrêmement réactives. Et les mesures qui ont été mises en place ont été bonnes. Donc on peut très bien, dans des délais raisonnables, donner des autorisations qui ne sont pas bradées. En appelant à ne pas parler des dossiers en cours en public, cela fait penser à Google pour lequel, dès 2016, celui qui est désormais ancien ministre de l’Économie, Étienne Schneider (LSAP),

« Créer de l’emploi n’est pas le but en soi d’une entreprise. » 28

NOVEMBRE 2020


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Conversation

« Ce que les industriels peuvent apprendre aux politiques, c’est de dire ‘marché connu, marché foutu’. » 30

NOVEMBRE 2020

L’abandon du projet Fage est pour, Michèle Detaille, « un échec et un mauvais signal auprès des investisseurs étrangers ».


Michèle Detaille

avait déjà annoncé dans un tweet un grand projet de data center à Bissen. En Belgique, les autorités locales ont tu son identité jusqu’à l’inauguration officielle. Une erreur stratégique, selon vous ? Je pense qu’en tout cas, il y a eu une maladresse. Il faut, ceci dit, remettre l’histoire dans son contexte. Vous savez qu’en période électorale, les hommes politiques sont fébriles, et à juste titre puisqu’ils jouent leur avenir. Ce que les industriels peuvent apprendre aux politiques, c’est de dire « marché connu, marché foutu ». Vous espérez, comme Franz Fayot (LSAP), que le projet se réalisera ? Bien entendu. Et bien entendu que la Fedil est favorable à l’installation d’une industrie aussi emblématique et aussi importante, parce qu’on a beaucoup parlé de la transformation énergétique, mais on doit aussi parler de la digitalisation de l’entreprise qui est justement l’un des facteurs qui vont permettre d’avoir une industrie plus verte. Pour revenir à Fage, le vice-Premier ministre François Bausch (Déi Gréng) a déclaré que le but ne devait pas être uniquement de créer des emplois qui échoiraient aux frontaliers.

N°2

pour le pays, créer de l’emploi n’est pas le but en soi d’une entreprise. Une entreprise est là pour créer de la valeur et elle a besoin de salariés pour réaliser son objectif.

L’industrie constitue le deuxième plus gros consommateur final d’énergie au Luxembourg, avec 631.000 tonnes équivalent pétrole, selon les données du Statec. Le secteur se place juste derrière le transport, premier utilisateur avec 2,7 millions de tonnes équivalent pétrole et 62,8% du total. Les ménages complètent le trio de tête avec une part de 11,5% et 502.000 tonnes équivalent pétrole.

Avez-vous écho d’autres industriels qui se retrouvent, eux aussi, rebutés ou découragés dans leur implantation ou leur extension ? Je peux vous raconter une expérience personnelle : on est installé à Wiltz, dans une zone industrielle, et ce n’est pas l’endroit le mieux situé pour les transports en commun. Donc la plupart des gens viennent travailler en voiture. Toutes les entreprises grandissent et ont besoin de plus d’espace. On a eu l’idée de créer un parking commun en ligne avec des principes d’économie circulaire et d’infrastructures partagées. En bon accord avec la commune, on a trouvé, juste Êtes-vous d’accord avec cela ? J’ai un peu de mal quand on fait trop la dis- à côté de la zone, un endroit qui s’y prêtait. tinction entre les frontaliers et les résidents. La commune a dit ok, le ministère de l’ÉcoSans les frontaliers, le pays ne vit pas. Sans le nomie a vu ça d’un bon œil et puis, une fois, pays, les frontaliers vivraient sûrement moins quelqu’un a dit : « Juste à côté de la zone, il y bien. Je suis aussi bien placée pour le savoir a un biotop, c’est sûr que ça ne va pas marpuisque la commune où j’habitais en province cher ou que ça va prendre des années ». Voilà de Luxembourg est une commune qui bénéfi- un exemple frappant des effets pervers que cie beaucoup du ruissellement de la richesse produit la gestion de certains dossiers quand du Grand-Duché. Même si c’est important on devient trop orthodoxe.

ÉVOLUTION DE LA PART DE LA VALEUR AJOUTÉE BRUTE DE L’INDUSTRIE DANS L’ÉCONOMIE LUXEMBOURGEOISE

18 %

Données exprimées en pourcentage de la valeur ajoutée brute exprimée aux prix de base par branche (à prix courants)

16 %

15 %

14 %

14 %

37.000

13 % 12 %

12 %

C’est le nombre de salariés qu’emploie l’industrie au Luxembourg, selon le ministre de l’Économie, Franz Fayot. Un secteur qui génère 14,5 mrds d’euros de chiffre d’affaires, soit 5,7 % de la richesse nationale.

12 % 11 %

11%

10 %

8 %

7 %

7 %

7 %

7 %

7 % 6 %

6 %

4 %

Source

Statec

2 %

0 % 1995

1997

1999

2001

2003

2005

2007

2009

2011

2013

2015

NOVEMBRE 2020

2017

2019

31


Conversation Michèle Detaille

Ces derniers mois, nombreuses sont les entreprises industrielles à annoncer des plans visant à atteindre la neutralité carbone dans 10, 20 ou parfois 30 ans. Ces programmes sont-ils réalistes ? Ils sont réalistes quand ils sont annoncés par les industries. Pourquoi ? Parce que c’est un travail qui est en cours depuis longtemps déjà. Et les industries annoncent des nouveautés quand elles savent que ça va vraiment venir. C’est sûr que c’est une volonté d’abord poussée par l’Europe, mais finalement, il arrive qu’économie et écologie dans l’entreprise se rejoignent. À condition que la technique soit aboutie. Pour parvenir à ces objectifs, le recours à l’achat d’électricité verte semble privilégié par beaucoup d’acteurs, avec des programmes de compensation comprenant des projets durables menés à l’autre bout du globe, voire l’usage de quotas d’émissions polluantes. Est-ce selon vous la recette vers ce que certains appellent la croissance durable ? Il faut utiliser les moyens qui sont à disposition et l’achat de quotas en fait sûrement partie. La croissance durable, il y a deux mots là-dedans : croissance, clairement on sait ce que c’est. Et puis il y a durable. Et comme je le dis toujours, la première durabilité d’une entreprise, c’est de

Quelle est votre définition d’une industrie durable ? C’est d’abord une industrie bénéficiaire, une industrie qui non seulement respecte ses collaborateurs, mais les aide aussi à grandir et les accompagne dans leur développement. Et j’ajouterais une industrie respectueuse de l’environnement, avec les meilleures techniques disponibles et sans être fétichiste. Donc je pense que c’est vraiment cela les trois piliers de l’entreprise durable. Est-il néanmoins possible d’avoir une croissance verte au Luxembourg ? C’est déjà le cas. Si par « verte » on entend « respectueuse de l’environnement », utilisant le moins de ressources naturelles non renouvelables possible, c’est sûrement faisable. Et pour le Luxembourg, c’est d’autant plus une option que si on veut vraiment se développer, il faut aller vers des industries de niche en raison de la taille du pays et des ressources en personnel. Est-ce qu’il y a des technologies réalistes pour parvenir à cette industrie verte ? Oui. Ce que je sais de Fage, c’est qu’ils étaient arrivés à avoir un traitement de l’eau d’une grande qualité et qui était vraiment le top dans ce qui existe au niveau de la technologie disponible et fiable. Tout cela est d’abord une affaire de science, de technique et puis d’industrie.

PLUS D’UN SIÈCLE D’HISTOIRE La Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) a évolué au fil des ans, à l’image du tissu industriel du pays.

1918

Paul Wurth (photo) fonde la Fedil avec 54 industriels. Deux ans plus tard, le premier numéro de l’Écho de l’industrie, la publication de l’organisation, paraît.

1958

Naissance de l’Union des industries de la communauté européenne, cofondée par la Fedil. Cette organisation s’appelle aujourd’hui BusinessEurope.

1975

La Fedil compte 220 membres.

1982

Le Prix de l’innovation est créé.

1988

Le Prix de l’environnement est créé.

1993

La Fedil compte 350 membres.

1994

Le Service de santé au travail de l’industrie est créé.

1996

Le premier accord volontaire pour l’efficacité énergétique est signé.

2003

La Fedil ouvre son bureau à Bruxelles, devenant la première représentation patronale luxembourgeoise à collaborer avec les institutions européennes.

« Aujourd’hui, il y a plein d’industries qui n’ont plus de cheminée. » 32

NOVEMBRE 2020

2018

La Fedil compte 585 membres et se diversifie avec des services aux start-up.

2019

La Fedil compte 660 membres.

Collection Nicolas Barthel pour la Fedil « Tous les défis du monde »

27 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 150 salariés répartis dans trois pays : Alipa Group fabrique des solutions de levage et d’emballage industriel. À Wiltz, No-Nail Boxes produit des caisses pliantes en bois contreplaqué pour l’industrie, AllPack Services fournit des emballages industriels, Codipro fabrique des anneaux de levage articulés et Lifteurop du matériel et des équipements de levage. À Liège, WaluPack Services se concentre sur les emballages industriels et en région parisienne, STAS est dédié aux accessoires de levage.

créer de la valeur. Une entreprise qui ne gagne pas d’argent, par définition, n’est pas durable et on oublie tout le reste. Elle est morte avant de commencer. La croissance durable sera faite de plusieurs éléments : des moyens de production qui seront plus propres et des produits qui seront eux-mêmes plus respectueux de l’environnement. Quand on parle de l’industrie verte, c’est presque un concept qui n’existe pas. À part quelques sociétés qui fabriquent des produits typiques de l’énergie renouvelable. Mais l’industrie verte, c’est un petit peu comme l’industrie digitale : ce sont des processus transversaux que l’on retrouve dans toutes les industries.

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Conversation Michèle Detaille

-47%

Attendez-vous des incentives du gouvernement dans cette approche de développement durable de l’industrie ? Si on nous encourage avec de la monnaie sonnante et trébuchante, pourquoi pas. C’est un peu une boutade, mais il y a un moment où on a vraiment besoin d’être aidé : c’est au moment où on n’est pas encore sûr que ça va marcher. Une fois que le processus est bien établi, ça devient payable pour tout le monde.

la carte internationale, et c’est évidemment le cas quand des grands acteurs s’intéressent à notre pays. Pour le reste, c’est à la politique de décider quels moyens on met en place pour arriver à avoir les ressources dont on a besoin, C’est l’impact estimé de la crise du parce que je dis aussi souvent aux hommes Covid-19 sur l’industrie au Luxembourg, selon le Statec, dans une situation de politiques : il ne suffit pas de dire « on a des confinement et comparable à celle de fin problèmes d’eau, d’électricité ». mars-début avril et par rapport au niveau Les ministres, ils sont là pour quoi ? Ils sont d’activité normal. L’institut de statistiques estime que le secteur a perdu 3,6 points là pour gérer, donc gérer, cela veut dire aussi de pourcentage dans sa valeur ajoutée assurer un approvisionnement. Imaginez si brute à l’économie. La réelle plus-value d’une industrie, pendant la crise du Covid-19, la ministre de la elle se trouve à quel niveau ? Celui de l’emSanté (Paulette Lenert, LSAP, ndlr) avait dit : ploi ou des retombées économiques ? « On n’a pas de masques, quel dommage.» Ce Je pense que l’industrie génère beaucoup d’ac- n’a pas beaucoup de terrains, pas beaucoup n’est pas ce qui a été fait. Elle s’est débrouillée tivité, pas seulement de service, mais elle crée de personnes, il faut qu’on ait une industrie pour avoir des masques et des respirateurs. des emplois dans l’artisanat et dans les services, qui n’est pas intensive en main-d’œuvre, mais Donc c’est la gestion et c’est aussi de prévoir ce qu’on appelle les sous-traitants. Je pense qui dégage des résultats financiers importants, de dire que « dans 15 ans, j’en serai où avec aussi que l’industrie ne doit pas être concen- donc la réparation n’est sûrement pas l’acti- mes ressources, mon approvisionnement en trée nécessairement au même endroit. Surtout vité qui répond le plus à ce critère. électricité ? ». C’est l’une des fonctions essentielles des représentants politiques qui qu’aujourd’hui il y a plein d’industries qui n’ont sont au pouvoir. plus de cheminée, on n’est plus dans l’industrie Le Luxembourg produit à peine 16 % de telle qu’on la connaissait on début du 20e siècle. l’électricité qu’il consomme. Le pays a-t-il Les industries sont propres, il y a des produc- selon vous les ressources de ses ambitions ? Quelles sont les contraintes les plus tions qui se font en chambre blanche, et il y On vit en Europe, on a des voisins : je ne suis fréquentes auxquelles les industriels font a des tas d’industries qui n’ont aucun aspect pas sûre qu’il faille une production nationale face au Grand-Duché ? dérangeant pour le voisinage, et au contraire, ni pour l’eau, ni pour l’électricité, ni pour le Chaque industrie a ses propres contraintes et ça permet une mixité de la population. gaz. Nous sommes dans une zone géogra- ses propres difficultés. De manière globale, il phique et on dépend de nos voisins, c’est sûr, y a pour le moment une grande méfiance chez Le président du Conseil supérieur pour et on en dépendra toujours. les industriels par rapport à l’acceptation de un développement durable (CSDD), Rol’industrie par le ministère de l’Environnemain Poulles, l’assure : « Il existe énorméGoogle a admis en novembre 2019 ment et notamment par l’Administration de ment d’industries qu’on peut attirer que l’infrastructure électrique la nature et des forêts. Je vais vous donner un au Luxembourg et qui sont compatibles du Luxembourg est suffisante pour exemple : il y a des zones industrielles reconavec l’économie verte. » Vous semblez la première phase du data center projeté nues. Et quand quelqu’un va s’y installer, on y croire finalement ? à Bissen, mais pas pour la deuxième. lui dit : « Tu dois compenser. » Mais si c’est une Oui, tout à fait. Mais il y a une chose que je À côté des défis en matière d’aménazone industrielle, on ne doit pas compenser. Quand on implante une activité hors de ces voudrais dire : j’entends dire « il faut développer gement du territoire se pose donc clairel’industrie du repair». Le repair n’a pas de va- ment le défi des ressources. Quel regard zones, qu’il y ait une compensation, d’accord. leur ajoutée économique. C’est sympathique, porte la Fedil sur ce cas Google ? Mais pas quand on implante sur une zone inmais ce n’est pas une industrie à haute valeur De nouveau, on ne parle pas de cas particuliers. dustrielle. Elle a vocation à être industrielle, ajoutée. Or, ici, on va y revenir, comme on On est content quand le Luxembourg est sur respectons cette destination.

UN SECTEUR DE PME

AU CŒUR DE L’ATTENTION POLITIQUE 90 187

205

50 – 249 salariés 250 et + salariés

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NOVEMBRE 2020

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Statec

dudelangeois d’ArcelorMittal à la seconde usine de pneus Goodyear, les exemples ne manquent pas. Mais le secteur connaît aussi des tensions, en témoigne le plan de licenciements en octobre de 49 salariés – sur 450 – chez Guardian Luxguard, annoncé moins de deux mois après la conclusion d’un plan de maintien de l’emploi. Quant à ArcelorMittal, il entend supprimer 15 % de sa masse salariale au Luxembourg, soit 570 postes, sur fond de dégradation du marché et de guerre des prix.

Source

Digitalisation, innovation, industrie 4.0 ou encore réduction des émissions polluantes : telle est la réalité « toujours plus grande » des entreprises industrielles, a souligné le 20 octobre Franz Fayot (LSAP) lors d’une intervention à la Chambre en réponse à une question du député André Bauler (DP). « L’industrie est en renouvellement permanent », résume le ministre de l’Économie. De la confirmation par son repreneur Liberty Steel de la modernisation de l’ancien site

Matic Zorman

1 – 4 salariés 20 – 49 salariés

lement permanent »

FRANZ FAYOT, ministre de l’Économie

Sans salariés 5 – 19 salariés

« L’industrie est en renouvel-

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Si des noms internationaux ou des entreprises de grande taille viennent spontanément à l’esprit, la nomenclature du secteur industriel issue des données du Statec laisse apparaître une forte présence des PME, principalement des entreprises (205) occupant 103 entre 5 et 19 salariés. Seules 26 entreprises emploient plus de 250 salariés.

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Conversation Michèle Detaille

Que préconisez-vous pour lever ces contraintes ? Pour ces contraintes-là, c’est simple : donnons un sens aux plans sectoriels ! De façon générale, ce que la Fedil fait, c’est qu’elle s’emploie à mettre son expertise au service de ceux qui le veulent : on organise des visites d’entreprises, on explique pour que le monde politique comprenne, qui sont les parties prenantes à des décisions. On croit aussi beaucoup à un projet qu’on aimerait voir se développer rapidement, c’est le parc technologique en liaison avec l’université, où on veut montrer qu’on peut attirer au Luxembourg des entreprises qui ont besoin tous les jours des ressources intellectuelles et scientifiques de l’université, des centres de recherche. On a vraiment envie d’avoir un parc technologique comme il en existe dans pas mal d’autres pays avec des industries à la pointe. Nous voulons des entreprises qui veulent tirer parti de la matière grise de l’université. Cette idée commence à faire son chemin, la plupart des ministres concernés nous on dit qu’ils étaient intéressés. On a dit « action ! » et on essaie de concrétiser cette idée en disant que ça va être une belle image pour l’industrie dans le pays. L’accord de coalition revient sur la stratégie de troisième révolution industrielle préconisée par Jeremy Rifkin en 2016 avec le développement de secteurs prioritaires. Le premier cité est l’industrie, devant les écotechnologies et les technologies de la santé et de l’espace. Deux ans après la parution de l’accord, estimez-vous que l’industrie est toujours en tête des priorités du gouvernement ? Je pense que oui. On a eu un très mauvais signal avec Fage, mais par ailleurs, l’industrie avance. On ne voit pas toujours ce qu’il se passe dans l’industrie parce que les entreprises qui ne sont pas dans le B2C n’ont pas non plus vocation à montrer toujours tout ce qu’elles font. L’industrie reste une priorité parce que la plupart des responsables politiques ont compris qu’on ne peut pas se développer sur un seul pilier, aussi solide soit-il. Faut-il un nouveau plan Rifkin ou autre ? Les grandes messes, ce n’est pas trop mon truc, à titre personnel et à la Fedil. On est plutôt dans le faire. Cela ne veut pas dire qu’on ne réfléchit pas et qu’on n’a pas de stratégie. Mais je pense que Rifkin est assez récent. Il faut arrêter de toujours vouloir parler et à un moment donné, il faut y aller. Comment comptez-vous faire entendre la voix de l’industrie luxembourgeoise ces prochains mois ? Nous voulons faire entendre notre spécificité, montrer les contraintes qui sont les nôtres 36

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et faire connaître nos souhaits aux décideurs politiques, mais aussi aux gens de l’administration. C’est sûr que si on était aux manettes, on réagirait sans doute différemment, mais globalement, nous sommes assez contents de ce qui s’est fait durant cette crise, qui était vraiment une crise existentielle. Bien entendu, de temps en temps, on peut se fâcher, mais globalement, le gouvernement a bien entendu les souhaits et les demandes de l’industrie luxembourgeoise pour passer cette crise et pour se relancer rapidement. On est dans l’après-Covid. Qu’attendez-vous comme plan de relance à plus long terme de la part du gouvernement ? Je ne pense pas que ce soit le gouvernement qui puisse, sur le long terme, relancer l’économie. Elle va reprendre, mais ne me demandez pas quand, et à ce moment-là ce sera le fait des acteurs économiques. Et donc le gouvernement doit faire en sorte que les conditions normales par rapport aux pays voisins, par rapport à la politique européenne, soient en place. Accélérer les projets d’investissements privés sur les chantiers d’avenir que sont le logement, l’industrie, la télécommunication ou la digitalisation constituerait déjà une mesure de relance facile sans frais pour l’État.

FAST & CURIOUS Politique ou entrepreneuriat ? Les deux sont compatibles, la politique est le plus beau métier du monde. Yves Mattagne ou Léa Linster ? Léa Linster. Plutôt roman ou presse ? Roman. Spirou ou Superjhemp ? Superjhemp. Orval ou Bofferding ? Vin rouge. Week-end à la côte belge ou dans le Mullerthal ? Pour le week-end, le Mullerthal. Théâtre ou opéra ? Oh, les deux… théâtre. Comédie ou tragédie ? Comédie. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Michèle Detaille sur paperjam.lu.

Vous êtes présidente de la Fedil (depuis 2019 suite à la fin du mandat de Nicolas Buck, ndlr), est-ce un mandat difficile, ingrat ? Il n’est pas ingrat, il est très valorisant parce que j’ai vraiment l’impression de me battre pour quelque chose d’important auquel je crois, qui est la présence profitable de l’industrie au Luxembourg. Il est difficile, surtout avec ce qu’on a vécu avec cette crise : l’aspect économique, le fait de devoir expliquer les difficultés que rencontre l’entreprise, il est aussi difficile par rapport à l’un des aspects de la Fedil : c’est une communauté, on a besoin de se rencontrer. Et là, depuis des mois, on ne se voit plus que par écrans interposés. Sinon c’est passionnant, parce qu’on apprend énormément de choses, à la fois des membres, de l’environnement politique et de l’environnement européen. C’est une tâche qui est très prenante, et c’est une tâche bénévole qu’on fait à côté de son entreprise. Au départ, j’avais dit que ça allait me prendre un jour par semaine maximum. Ça m’en a pris beaucoup plus. Quand j’ai accepté d’être présidente, je savais aussi ce que je faisais. Mais c’est un mandat qu’on ne peut pas faire, me semble-t-il, pendant des décennies.



« Les banques sont plus résilientes, mieux préparées et mieux dotées en capitaux que lors de la crise financière de 2008 », souligne Pierre Ahlborn.


Conversation Pierre Ahlborn

« Le rôle des banques a changé » Née en période de grippe espagnole, la Banque de Luxembourg fête ses 100 ans en pleine épidémie de Covid. Le passage du siècle se fait donc en mode mineur. C’est l’occasion, cependant, de faire le point avec son CEO, Pierre Ahlborn, qui a vécu de l’intérieur ses développements au cours des trois dernières décennies. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

Six mois après le confinement, quel bilan tirez-vous de la situation économique du Luxembourg ? On peut observer la très bonne résilience de l’industrie financière dans son ensemble, le secteur le plus important du pays. C’est une industrie de services, qui a pu facilement passer en mode télétravail. Elle n’a donc pas cessé de travailler, et les clients ont parfois eu plus besoin de conseils ou de financements, dans le cas des entreprises. C’est une chance pour le pays que tous ces acteurs de la finance aient pu maintenir leur niveau d’activité. Celle-ci a été très saine et très forte durant tous ces mois, ce qui devrait permettre à l’économie luxembourgeoise de mieux résister, aussi parce que beaucoup d’autres secteurs dépendent du secteur financier. Entre les mois de mai et d’août, le Luxembourg affiche d’ailleurs une création nette d’emplois, ce qui peut quand même étonner. Mais l’image générale est évidemment plus contrastée. Certains secteurs ont été lourdement touchés, et leur fragilisation aura des effets au niveau des bilans des banques au cours des prochaines années. Certaines entreprises ne pourront pas survivre, d’autres connaîtront des difficultés pour rembourser leurs crédits. Nous risquons ainsi de voir des provisions en augmentation, et donc la matérialisation de pertes au niveau des bilans des banques. Existe-t-il malgré tout un risque que cette crise touche le secteur financier ? Les banques sont plus résilientes, mieux préparées et mieux dotées en capitaux que lors de la crise financière de 2008. A priori, il n’y a donc pas de raisons de craindre une crise trop marquée. Elles pourront absorber une partie importante des pertes réelles liées à cette crise sans entrer en difficulté à leur tour. Au

Portrait ANDRÉS LEJONA

Luxembourg, une demi-douzaine de banques seulement, dont la nôtre, sont actives dans les crédits aux entreprises. Mes confrères et moimême sommes d’accord pour dire que les impacts restent peu visibles actuellement, dans la mesure où les entreprises sont toujours « sous perfusion ». Probablement que la matérialisation des défauts ne s’observera qu’à partir de fin 2021. L’étalement des effets dans le temps sera une bonne chose afin de pouvoir mieux absorber le choc. Robert Reckinger

Pierre Ahlborn

BIO EXPRESS Origines Né le 6 juin 1962, Pierre Ahlborn est économiste et détenteur d’une maîtrise en sciences et géographie. Fidélité Entré à la Banque de Luxembourg en 1988, dès la fin de ses études, il intègre le comité exécutif en 1998. Le troisième homme En 2000, il est nommé CEO. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’est que la troisième personne à occuper cette fonction, après Marcel Reckinger, à qui a succédé son fils, Robert Reckinger. Top 100 En 2014, il arrive en tête du Paperjam Top 100 des décideurs économiques les plus influents au Luxembourg, un classement effectué par un jury indépendant de la rédaction de Paperjam, et dont une nouvelle édition sera dévoilée le 16 décembre prochain.

En mai dernier, dans nos colonnes, vous vous étiez montré pessimiste, estimant qu’une partie saine du tissu économique serait détruite à cause de la crise sanitaire... C’est effectivement le cas. Je ne dispose pas de statistiques au niveau européen, mais aux États-Unis, elles montrent par exemple qu’un quart des restaurants sont en faillite déjà maintenant et qu’ils ne rouvriront pas. Dans le secteur du voyage, les chiffres sont encore plus dramatiques. L’impact du Covid est bien réel, on ne peut pas le nier, même si, au Luxembourg, nous avons la chance de connaître une bonne résilience grâce au secteur des services. Vous avez connu beaucoup de cas difficiles parmi vos clients ? Non. En ce qui nous concerne, nous leur avons toujours fait la promesse d’être proches d’eux tout au long du cycle de vie. Nous nous sommes donc montrés à l’écoute et très réactifs. Nous avons tout mis en œuvre pour pouvoir les aider rapidement à travers des moratoires ou la mise à disposition de lignes de liquidités. Le fait que nous soyons axés surtout sur les entreprises familiales, qui, d’un point de vue patrimonial, ont un comportement plus prudent, a sans doute permis d’éviter certaines difficultés. Les prêts garantis par l’État ont-ils rencontré une forte demande ? L’ensemble des mesures décidées par l’État ont été très utiles, très appréciées, et en partie consommées. On constate actuellement que la consommation des aides est inférieure aux budgets votés. Cela me semble normal  : le gouvernement a tout simplement dédié des enveloppes suffisamment larges, ne sachant pas combien de temps la crise allait durer. Des moments diffiNOVEMBRE 2020

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Conversation Pierre Ahlborn

ciles pourraient encore survenir à l’avenir, et ces aides seront donc les bienvenues. Au vu de la situation actuelle, de nouveaux outils devraient-ils être mis en place ? C’est difficile à dire actuellement, mais l’arsenal mis en place couvre déjà pas mal de besoins pour permettre aux entreprises de traverser la crise. Certaines aides spécifiques pourraient encore venir en aide aux secteurs les plus affectés. Vous avez entamé votre carrière à la Banque de Luxembourg il y a plus de 30 ans. Qu’est-ce qui explique cette fidélité ? J’ai d’emblée trouvé dans cette banque un esprit qui me correspondait. Et il n’a fait que se renforcer au cours de ces nombreuses années. Cette institution est une banque très humaine dans son approche. Les employés y sont très bien soignés. C’est pour nous une mission essentielle. Lorsque les employés sont bien considérés, bien traités et bien accompagnés, ils travaillent bien ensemble, et le client le ressent et en profite. Le succès commercial se renforce et, en fin de compte, l’actionnaire en profite. Ce cercle vertueux était déjà bien établi dans cette maison bien avant mon arrivée. Si on retourne un siècle en arrière, quel était le cœur de métier de la banque ? Avant tout, il est intéressant de noter que la banque s’est établie à Luxembourg en 1920, alors que la grippe espagnole sévissait. À l’époque, la banque était installée en Lorraine et cherchait à s’étendre. Elle a donc créé une succursale disposant de guichets à Luxembourg. Le CIAL (Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine),

« Nous avions oublié à quel point notre santé et la planète sur laquelle nous vivons sont fragiles. » 40

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UN SIÈCLE CHAHUTÉ Un groupe français Au sortir de la Première Guerre mondiale, en pleine pandémie de grippe espagnole, la Banque d’Alsace et de Lorraine crée une succursale à Luxembourg en 1920. Une banque locale En 1969, l’actionnaire, renommé Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine, prend 30 % de la banque luxembourgeoise Mathieu Frères, créée en 1937, pour bénéficier d’une assise locale. En 1978, elle change son nom en « Banque de Luxembourg ». Crédit Mutuel De 1977 à 2002, la Banque de Luxembourg est sous le contrôle de Deutsche Bank. Elle est ensuite rachetée par le groupe français CIC, intégré au Crédit Mutuel.

son actionnaire basé à Strasbourg, a alors développé un réseau d’agences bancaires dans le pays, surtout dans le sud. Cette banque n’avait pas de spécialisation particulière. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, l’actionnaire a souhaité se recentrer sur la clientèle de Luxembourg-ville et ne plus rouvrir de guichets à travers le pays. Un changement stratégique ? L’objectif était de minimiser le risque, après deux guerres rapprochées. La banque a donc dû trouver d’autres opportunités de croissance et a passé les frontières pour attirer de nouveaux clients. Notre banque a donc bien su accompagner le développement de la Place : très tôt, nous avons été actifs sur le marché belge, ensuite en Allemagne et dans le reste de l’Europe. Nous avons aussi commencé à nous intéresser très tôt aux fonds d’investissement, l’autre grande branche de l’industrie financière luxembourgeoise. L’histoire de notre banque et celle de la place financière sont donc intimement liées. Mais si, au sortir de la guerre, perdre son réseau avait été vu comme un gros handicap, aujourd’hui, internet et les technologies modernes ont tout modifié. Ne pas avoir de réseau n’est plus vraiment perçu comme un problème.

de change à Bruxelles. Le fait que nous n’étions pas sous le contrôle d’un actionnaire belge et présents à Luxembourg les intéressait particulièrement, nous sommes donc devenus le partenaire de nombreux agents de change belges au cours des années 1950-1960. C’est aussi grâce à cela que la banque a acquis peu à peu sa notoriété en Belgique. Quand je suis arrivé à la fin des années 1980, près de la moitié du fonds de commerce était d’origine belge. Ensuite, avec la disparition du secret fiscal, nous avons décidé de nous rapprocher de notre clientèle. Depuis 10 ans que nous y sommes établis, nous connaissons une forte croissance et attirons beaucoup de nouveaux clients. Mais vous n’envisagez pas de scénarios similaires dans d’autres pays ? Non, notre priorité est de nous développer dans notre bassin culturel, au Luxembourg et en Belgique. Nous avons aussi une importante clientèle d’origine allemande, mais nous ne prévoyons pas de nous établir dans le pays, premièrement, parce que les moyens de communication modernes permettent de rester en contact à distance avec les clients ; deuxièmement, parce que c’est un marché beaucoup trop vaste pour que nous puissions le couvrir entièrement. En France, nous avons récemment développé un fonds de commerce également, avec l’aide de notre actionnaire, le Crédit MutuelCIC, qui fait appel à nous dans le cas où des clients font face à une problématique transfrontalière, s’ils veulent s’internationaliser. Être intégré dans un groupe bancaire français, c’est un plus pour une banque luxembourgeoise ? Notre actionnaire a deux particularités : c’est d’abord une banque mutualiste qui appartient à ses clients. Elle bénéficie ensuite d’un fort ancrage régional. Elle propose donc un mode de fonctionnement décentralisé et tient compte des particularismes des différentes régions géographiques. Notre maison mère a toujours respecté ceux du Luxembourg et continue à nous accorder sa confiance. Notre banque a ainsi su se développer d’elle-même au cours des décennies tout en entretenant certaines coopérations très utiles avec sa maison mère. La volonté du Luxembourg de développer une place financière dans les années 1970 a-t-elle eu un impact fort sur le développement de la Banque de Luxembourg ? Notre banque est restée de taille relativement raisonnable jusqu’à ce que la banque privée se développe et, plus tard, l’industrie des fonds. Notre forte croissance a donc démarré dans les années 1980-1990.

Vous êtes présent au Luxembourg et en Belgique, à travers deux implantations. Avez-vous déjà envisagé de partir à la conquête de clients plus lointains ? En Belgique, nous sommes à Bruxelles et à Gand, pour être en relation avec nos clients francophones et flamands. Mais nous n’avons pas de projets dans d’autres pays. Si nous sommes bien implantés en Belgique, c’est que Marcel Reckin- Avec le début des Ucits ? ger – directeur de la banque après 1945 – a Les Ucits ont représenté une source de croisdéveloppé de bonnes relations avec des agents sance, mais nous ne nous sommes jamais


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Conversation Pierre Ahlborn

positionnés sur ce segment en tant qu’acteur majeur, notamment en l’absence de volumes apportés par notre maison mère. Nous ne pouvions pas concurrencer les Américains, les Britanniques ou les Suisses, mais nous sommes encore aujourd’hui un acteur de niche reconnu pour son savoir-faire. Nos clients sont des gestionnaires d’actifs, des promoteurs de fonds innovants, dont les projets sont, pour la plupart, naissants. Nous sommes souvent le partenaire en phase de démarrage, et, la chance nous ayant souri, nos clients se sont très bien développés au cours des décennies. Comment voyez-vous l’évolution de l’institution bancaire en général au cours de cette décennie ? Tout d’abord, je pense que le pays dispose de tous les ingrédients du succès, je suis donc bien optimiste pour l’avenir de la banque au Grand-Duché. J’estime que le virage que nous avons entamé en abandonnant le secret fiscal et en faisant en sorte que nos banques soient conformes aux standards internationaux et aux changements sociétaux a été la condition essentielle du repositionnement de notre secteur au Luxembourg. Aujourd’hui, les banques jouent un rôle très utile pour aider à combattre le blanchiment d’argent, identifier les flux suspects et aider à la perception des impôts. Elles assurent donc de nouvelles responsabilités qui aident les États à mieux fonctionner. Ceci est, en quelque sorte, logique, dans la mesure où les banques sont des intermédiaires par qui passent les flux. La réputation de notre centre financier a ainsi bénéficié des réformes initiées, ce qui pose les bases d’un futur développement favorable. Vous envisagez un nouveau rôle pour les banques ? Nous disposons des bases d’un renouveau du secteur bancaire luxembourgeois. Les banques

L’AVENTURE BELGE Si les relations avec la clientèle belge se sont intensifiées dans les années 1950, c’est en 2010, à Arlon, que la Banque de Luxembourg (BDL) a ouvert sa première succursale à l’étranger. Un pas rendu possible grâce au changement de plateforme informatique qui a permis de répliquer une entité hors du siège central. En 2012, la BDL pousse l’aventure jusqu’à Bruxelles et, en 2015, à Gand. Le bureau d’Arlon a alors été fermé, la clientèle francophone pouvant se tourner vers Bruxelles ou Luxembourg. La clientèle francophone, qui reste majoritaire, étant donné les liens plus étroits avec le Luxembourg, est plutôt composée de familles fortunées de souche ancienne, alors qu’en Flandre, elle vient surtout du milieu des affaires.

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doivent non seulement aider à financer l’économie réelle, comme elles l’ont fait au cœur de la crise sanitaire, mais elles peuvent également aider le monde réel à mieux se développer, en facilitant la marche vers la finance durable. Selon moi, la justification de l’existence d’acteurs économiques dépend de leur utilité réelle. Il s’avère que le secteur financier dans son ensemble a connu des excès dans les années 2000 en se préoccupant plus de lui-même que du monde réel. Mais le rôle des banques a changé, condition nécessaire pour assurer leur développement au cours des années à venir. Le maintien des taux d’intérêt à des niveaux très bas a aussi demandé des adaptations aux acteurs bancaires. Le profit doit être cherché ailleurs que dans le rapport entre crédits et épargne... Oui, effectivement. Les taux d’intérêt, qui sont parfois négatifs, restent le vrai défi de l’époque. Mais nous observons que la rentabilité des acteurs de l’industrie financière reste résiliente, notamment au Luxembourg, parce que, à côté des revenus provenant des intérêts, une partie croissante des revenus provient des commissions liées à des prestations. Au cours des dernières années, nous avons assisté à une diminution de plus de 50 % des revenus d’intérêt, mais à une augmentation équivalente des commissions.

« Je suis optimiste pour l’avenir de la banque au GrandDuché. » sujets, comme la juste répartition des ressources et la solidarité, sont importants. Aujourd’hui, chaque pays doit évidemment songer à éponger ses dettes liées à cette crise, mais il faut garder à l’esprit que le réchauffement climatique représente une menace encore bien plus grave. Si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, les hommes et les femmes de cette planète courront un danger important. La principale leçon à tirer de cette crise sanitaire, c’est donc celle de la fragilité de l’espèce humaine et de la biodiversité. Nous devons tout mettre en œuvre pour contrecarrer ce qui est en train de se produire.

Aujourd’hui, on parle de plus en plus d’open banking, de partage des données avec d’autres acteurs. Ça vous fait peur ? Il faut donc, plus que jamais, mettre Pas du tout. Nous sommes une des premières en exergue les investissements durables ? banques au Luxembourg à pouvoir offrir la À la Banque de Luxembourg, nous avons choisi consolidation des comptes et des portefeuilles. de faire de l’investissement responsable et des L’open banking est une belle opportunité de comportements durables un élément central pouvoir mieux accompagner nos clients. Je vois de notre stratégie d’avenir. Tout ce que nous donc cela plutôt comme une opportunité. Nos entreprendrons désormais sera mesuré en clients sont souvent des familles multibancari- fonction des objectifs de développement durable sées. Si nous voulons les accompagner aux des Nations unies (ODD). Notre banque obtientniveaux familial et patrimonial, le fait d’avoir elle un meilleur bilan énergétique, amélioreune vue sur l’ensemble de leur patrimoine nous t-elle année après année son bilan d’émissions aide à mieux répondre à leurs besoins. de gaz à effet de serre, s’occupe-t-elle correctement de ses employés, etc. ? Tous nos fonds La crise du Covid-19 risque de perdurer sont labellisés UNPRI – United Nations Prindans les prochains mois. Quelles traces ciples for Responsible Investment (principes laissera-t-elle dans la société ? pour l’investissement responsable des Nations Comme je le disais au début de notre entretien, unies) –, et nous visons par ailleurs toute une il y a tout juste un siècle, le monde était confronté série de labels ISR. Mais les deux grands leviers à l’épidémie de grippe espagnole. Depuis lors, sur lesquels une banque a le plus d’impact sont le monde n’avait plus connu une crise sanitaire l’épargne et le crédit. Nous pouvons orienter de cette envergure, ou du moins, il avait su les le client qui veut investir ses capitaux vers des éviter. Nous avions oublié à quel point notre projets plus responsables, mais aussi refuser santé et la planète sur laquelle nous vivons sont certains financements sous l’angle des critères fragiles. C’est la plus grande leçon : l’humilité. de durabilité. Sur ces deux leviers, nous nous En quelques mois, la planète entière s’est rendu positionnons comme un acteur qui prend en compte que l’on ne pouvait pas faire n’importe compte prioritairement les critères RSE. quoi avec notre environnement, nos ressources et notre santé. J’espère que cela nous permettra de prendre conscience que beaucoup d’autres


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Conversation

« Nous construisons des appartements, pas des placements financiers »

Jacques Brauch plaide pour une nouvelle approche urbanistique de la part des communes.

Juillet 2020, les membres de la direction de Soludec rachètent l’entièreté des parts de l’entreprise à son propriétaire. Un nouveau chapitre pour cet acteur de la construction, dont la direction générale est assurée par Jacques Brauch. Interview CÉLINE COUBRAY

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Portrait ANDRÉS LEJONA


Jacques Brauch

BIO

Comment Soludec traverse-t-elle cette période marquée par la crise sanitaire ? La fermeture des chantiers a entraîné une grande désorganisation, que nous avons dû rétablir les semaines suivantes, à force de beaucoup de travail. Toutefois, il est très difficile de revenir au même niveau qu’avant la pandémie, car nous ne parvenons pas à retrouver les mêmes effectifs sur les chantiers et que la productivité est entravée. Mais le carnet de commandes, qui était déjà bon avant, est encore bon maintenant. Notre défi est d’arriver à l’honorer, car il y a des petits freins partout, à différents niveaux. On remarque aussi qu’il y a peu de soumissions actuellement sur le marché, ce qui pourrait entraîner un creux, peut-être vers mars 2021. Mais l’activité de la construction reste haute. À ce jour, on ne peut pas parler de crise. Soludec est active à la fois dans le domaine de la construction et dans le secteur de la promotion immobilière. Avez-vous remarqué des changements dans ce dernier domaine ? Pour la promotion résidentielle, la demande reste très forte, car la situation n’a pas changé. Nous avons toutefois constaté qu’il y a plus de refus de prêts bancaires que précédemment. Mais la promotion est moins liée au Covid qu’au fait que l’immobilier est devenu un pur produit d’investissement, une valeur refuge. Ceux qui achètent aujourd’hui des appartements sont ceux qui achetaient hier des placements financiers. Pour une certaine frange de nos clients, le problème n’est pas tant une question de prix, mais plutôt de disponibilité de biens. Trouvez-vous cette situation acceptable ? D’un côté, c’est difficile pour moi de dire que ceci n’est pas acceptable, car notre entreprise gagne de l’argent dans ces transactions. Mais, d’un autre côté, cela me questionne, car nous construisons des appartements, pas des placements financiers. Ce phénomène s’est même accru ces derniers temps. Ce n’est pas sain. Le projet Soho, par exemple, se revend seulement deux ans après les premières livraisons avec une plus-value d’environ 40 % par rapport au premier prix d’achat. Mais pour Soludec, le centre de gravité reste la construction et non la promotion. Ces revenus immobiliers représentent un élément de pérennité et de stabilité pour l’entreprise face aux chantiers qui sont une activité à risque. C’est une forme de compensation, et je ne me fais pas de reproches quant au fait de gagner de l’argent avec la promotion, car elle nous offre une sécurité. Par contre, ce qui me déplaît, ce sont les questions urbanistiques qui y sont liées. Pouvez-vous préciser ? L’urbanisme aujourd’hui sert principalement à régler les comptes en banque des propriétaires fonciers. Les politiciens s’offusquent

Débuts Né en 1962, Jacques Brauch a suivi des études d’ingénieur civil. Il commence sa carrière en Allemagne auprès de Lahmeyer et Dywidag. Retour au pays En 1992, il entre chez Soludec et participe à de nombreux grands projets, comme le pont Haubané, le Mudam, le Cargo Center, le Cipa Niederanven, ou de grands ensembles bancaires au Kirchberg. Concurrence Il a également travaillé comme directeur des travaux chez Félix Giorgetti, et comme directeur des opérations chez Promobe. Soludec, le retour En 2012, il revient chez Soludec comme directeur général. En juillet 2020, il devient co-actionnaire de l’entreprise avec sept autres membres de la direction : Sophie Haag, Frank Halmes, Manfred Thielen, Gregory Becker, Alex Borel, Laurent Keser et Laurent Gorini.

sieurs reprises, mais les riverains se sont régulièrement opposés au projet. Le 13 juillet dernier, le tribunal administratif a même annulé le PAG en argumentant que la valeur écologique du site n’a pas été correctement prise en compte, ni les objections des riverains. Mais je peux vous assurer que nous avons réalisé chaque étude qui nous a été demandée de faire. Les riverains utilisent l’argument de la protection environnementale pour garder leur confort et ne pas avoir de voisins. Cela ne nous concerne plus aujourd’hui, puisque le terrain ne nous appartient plus et le développement sera désormais réalisé par Immobel et BPI.

Ce terrain ne vous appartient plus parce qu’en juillet dernier, la direction a procédé au rachat de 100 % des actions de Soludec à son précédent propriétaire, Nasir Abid, et n’a pas conservé ce terrain dans son portefeuille. Pouvez-vous nous expliquer cette action de management buyout (MBO), qui concerne l’entreprise de du manque de logements, mais ils sont aussi construction et les filiales immobilières ? à la source du problème puisque cela se décide Soludec, qui a 70 ans, a été détenue pendant en partie dans les communes. Quand on décide 35 ans par les Blaton, puis 35 ans par le groupe de ne pas agrandir le périmètre de la ville de General Mediterranean Holding (GMH), détenu Luxembourg, par exemple, après des dizaines par Nadhmi Auchi et Nasir Abid. Monsieur d’années de croissance, ni d’avoir une approche Auchi, qui a 85 ans, a cédé en juin 2019 ses parts favorable à la construction en hauteur, il ne à monsieur Abid avec l’objectif de retrouver un faut pas s’étonner d’avoir des tensions. acquéreur, ce qui a été fait. Dans un premier Les politiques, d’une manière générale, sont temps, des groupes étrangers se sont manifesà la recherche des votes qui, en simplifiant, sont tés. L’éventualité de devoir travailler avec d’autres luxembourgeois. Beaucoup d’entre eux sont de contraintes que celles que nous avions connues petits propriétaires fonciers ou de biens immo- jusqu’à présent s’est profilée, et l’idée de rachebiliers. Pour les propriétaires fonciers, les com- ter nous-mêmes les actions a alors germé. Nous munes augmentent le coefficient d’utilisation avons donc entamé les discussions dans ce sens. du sol (CUS), qui est directement proportionnel Il a fallu trouver des solutions pour un certain au patrimoine du propriétaire. Puis elles essaient nombre de points, dont Schoettermarial, dont également de satisfaire les propriétaires de nous avons dû nous séparer. Mais je trouve que biens immobiliers, qui généralement n’aiment la solution adoptée est la bonne, car les projets pas qu’il y ait de nouveaux voisins autour d’eux. actifs sont restés dans notre giron, tout comme Donc elles diminuent la densité de logements quelques projets immobiliers auxquels nous (DL) par hectare. On se retrouve donc avec tenions. Il y a aussi eu une certaine générosité beaucoup de mètres carrés à construire, mais et empathie de la part de note ancien actionun nombre de logements faible. La conséquence naire, qui a choisi la pérennité du groupe Soludec est le développement de grands logements, ce plutôt que la vente en petits morceaux, ce qui qui permet de contrôler deux choses : le nombre aurait pourtant été plus lucratif. de nouvelles personnes qui arrivent sur le territoire et le niveau de fortune de ces personnes. Comment avez-vous réussi à mobiliser Une barrière sociale s’installe naturellement. les forces vives nécessaires au rachat C’est aussi à cause de questions urbanistiques que Soludec n’est pas parvenue à développer le Schoettermarial au Kirchberg… Le problème du Schoettermarial est lié au phénomène du « not in my backyard ». Les politiques clament haut et fort leur volonté de créer plus de logements au Kirchberg, mais cela faisait 30 ans que Soludec se battait pour réaliser les habitations prévues sur ces huit hectares. Nous avons réalisé de très nombreuses études environnementales, refait le PAP à plu-

du groupe ? Il a fallu agir sur trois fronts : tout d’abord, faire comprendre la démarche à nos anciens actionnaires, puis fédérer les gens à l’intérieur de l’entreprise et obtenir la bonne négociation, et, enfin, rassembler l’argent en fonds propres et compléter avec un prêt que nous avons contracté auprès de la BIL. Aujourd’hui, la société Soludec MBO sàrl regroupe huit actionnaires et est la société qui détient Soludec SA. C’est un changement dans la continuité.

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Conversation

« L’open banking va commencer »

Jacques Pütz raisonne à l’échelle européenne pour le développement de Luxhub.

29 mois après sa création, Luxhub va de succès en succès. Après l’accord avec Six, son CEO, Jacques Pütz, annonce le début de l’ère de l’open banking au Luxembourg. Une révolution. Interview THIERRY LABRO

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Portrait ANDRÉS LEJONA


Jacques Pütz

BIO Formation Jacques Pütz est diplômé de l’université de Trèves dans le domaine de la technologie.

De 4 personnes à 40, d’un marché domestique à une présence multipliée par 10 grâce à l’international : depuis moins de trois ans, Luxhub avance à la vitesse d’une comète, entre ses quatre actionnaires (Spuerkeess, BGL BNP Paribas, Raiffeisen et Post Luxembourg) et ses nouveaux clients, tous convaincus par la technologie développée « par une incroyable équipe », dit son CEO, Jacques Pütz (40 ans). Pouvez-vous nous rappeler comment Luxhub a démarré ? Le 2 mai 2018, la société a été créée pour la compliance avec la deuxième directive européenne sur les services de paiement, en restant ouverte aux évolutions futures de l’open banking. L’idée était de mutualiser les coûts pour avoir un service à valeur ajoutée via un acteur luxembourgeois qui va pouvoir sortir des frontières. Ça donne plus de sens en termes de coûts, d’efficacité et de savoirfaire au lieu de développer une solution en interne et par banque. Pour ceux qui n’y connaissent rien, comment comprendre de quoi vous parlez ? Les banques ont l’obligation légale d’exposer des interfaces techniques permettant à des tiers de récupérer les données bancaires d’un client avec son consentement et de les donner à un tiers lui aussi réglementé. Les banques ont le droit d’agréger les comptes bancaires d’autres banques. À la Spuerkeess, par exemple, on peut agréger les comptes de Raiffeisen et de Post. Dans les prochains jours ou semaines, la révolution de l’open banking va commencer au Luxembourg. Une banque de la Place va commencer l’agrégation de tous les comptes bancaires de toute la Place. Enfin ! Ça a pris un peu plus de temps que prévu à cause du Covid-19. Pourquoi est-ce important d’agréger les comptes ? Un client pourra utiliser un seul e-banking pour gérer tous ses comptes bancaires. Du coup, les banques vont se livrer à une intense compétition pour savoir qui a la meilleure expérience client dans la gestion des paiements. Crédits immobiliers ou automobiles compris ? Non, juste les paiements pour l’instant. Mais dans les comptes de paiement, il y a beaucoup d’informations très intéressantes, comme le remboursement du prêt. Pour un client, si on reste du côté du client, qu’est-ce que ça change ? Dans l’e-banking de BGL BNP Paribas, on pourra initier un paiement à partir du compte de la BIL vers un compte de la Spuerkeess. Le client peut aller de n’importe quel endroit vers n’importe qui. On passe d’un monde d’agences à un monde digitalisé, de leurs produits bancaires dans l’e-

Carrière Avant de créer Luxhub, il a passé un peu plus de 10 ans à la Spuerkeess. Il est également executive board member du Payments Cluster au sein de l’ABBL. Young Talent of the Year En 2012, alors en poste au sein de la Spuerkeess comme responsable de la PSD2, il reçoit le prix du Young Tech Talent of the Year remis par ICT Luxembourg.

banking vers un transfert de la relation client vers l’e-banking. Le grand risque qui existe pour les institutions financières est que l’e-banking va être moins utilisé dans le futur. Dans ce cas, elles vont perdre complètement le contact client. C’est l’enjeu, ne pas perdre le contact avec le client. Nous, nous ne sommes pas en compétition avec les banques, mais Luxhub crée des outils qui leur permettent d’innover de façon plus rapide en mutualisant l’effort technique et opérationnel. La partie opérationnelle est toujours très importante, parce qu’il y a beaucoup de changements et qu’il faut surveiller les différentes interfaces. Notre équipe est spécialisée là-dedans et connaît très bien la matière. Que vont devoir faire les banques pour garder leurs clients ? Se demander qui va offrir les meilleurs services à valeur ajoutée ! À quoi pensez-vous ? La meilleure expérience client dans l’e-banking, une méthode d’authentification plus facile à utiliser jusqu’à l’application mobile la plus facile. D’autres services, des collaborations avec des partenaires, vont arriver. Si on pouvait ajouter un Crédit Mutuel, une Sparkasse de Trèves ou un Belfius dans l’e-banking d’une banque ou d’une autre, ce serait une grande valeur ajoutée. Une grande opportunité. De quoi offrir de meilleurs services client aux 200.000 frontaliers, un marché où on peut grandir. Les frontaliers deviennent un nouveau marché pour les banques luxembourgeoises ? Oui ! C’est une grosse opportunité… qui s’ajoute au fait qu’au Luxembourg, les résidents sont souvent multibancarisés. Ce qui va se passer sera très intéressant. Les banques françaises, belges ou allemandes pourront aussi venir chercher de nouveaux clients. Si une banque veut avoir des données d’une autre banque, elle ne doit plus demander, c’est une obligation légale ! La PSD2 ne s’applique qu’à des banques qui ont des comptes de paiement, les banques dépositaires sont exclues, mais… Mais il va y avoir l’e-banking, non plus seu-

lement de clients privés, mais de sociétés. Là aussi, une compétition va avoir lieu. Qui reste le propriétaire de quelle donnée ? Le RGPD le définit bien : c’est le client. Il doit y avoir un consentement entre celui qui va avoir les données et celui qui est propriétaire des données. Si les deux trouvent un consentement, ils le passent à la banque et livrent les données au destinataire. Il n’y a pas d’échange de données du client sans le consentement formel, validé par une authentification forte. Il faut protéger le client final. Le client donne son accord une fois pour toutes ? Chaque fois que vous avez un compte, vous devrez donner cet accord et le renouveler tous les 90 jours. L’idée est qu’un tiers réglementé qui veut faire de la compétition aux banques peut le faire, mais avec les mêmes règles que les banques. La banque ne peut pas créer d’obstacles. La Commission de surveillance du secteur financier va exercer une surveillance prudentielle sur ce sujet. Ni la BIL ni ING ne sont parmi les actionnaires de Luxhub : qu’est-ce que cela vous inspire ? C’est une question stratégique. Chaque banque décide pour elle-même. J’aimerais bien, dans la poursuite de nos projets, que les différents acteurs de la Place – et cela ne se limite pas à ces deux-là – nous rejoignent à différents projets. Pour la Place. Comment fait-on pour passer au niveau européen ? Ça fonctionne ! On ne vend pas du rêve, mais du concret ! Ici, nous avons réussi. Tout le monde est d’accord, pays par pays, mais personne ne trouve d’accord pour le faire. C’est pour ça qu’on est souvent invité à des forums en Europe : les gens ont envie de comprendre pourquoi ça fonctionne. Quels sont les défis, plutôt à court terme ? Le vrai moment où ça va changer, c’est quand on va s’intéresser à d’autres types de comptes, comme les comptes dépôts-titres. Il y a aussi vraiment quelque chose à faire dans la standardisation des échanges d’informations. Que ce soit entre les banques, dans le reporting, ou des API entre prestataires pour le reporting légal ou les analyses de données à partir de data lakes avec des données anonymisées. Il y a aussi l’assurance, qui est également confrontée à des défis et qui a besoin de plateformes pour exposer ses produits. Les gens me demandent toujours où je me vois dans un an. Je ne sais même pas où nous serons dans six mois. Tout évolue tellement vite. Il faut rester agile et garantir une plateforme stable et sécurisée. NOVEMBRE 2020

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Sandrine Gashonga regrette le manque de dĂŠbat sur le racisme.

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Conversation Sandrine Gashonga

« Le racisme structurel est bien présent » Réfugiée en provenance du Rwanda qu’elle a fui en 1994 avec sa famille, Sandrine Gashonga est devenue une citoyenne à part entière. Engagée dans la lutte contre ce sujet rampant mais tabou qu’est le racisme dans une société d’abondance, elle est devenue le visage du mouvement Black Lives Matter au Luxembourg. Auteur PIERRE PAILLER

Photo ANDRÉS LEJONA

annoncé ce trop-plein : cette femme à New Vous êtes présidente et cofondatrice de l’association féministe et antiraciste York, Amy Cooper, qui avait appelé la police Lëtz Rise Up créée en septembre 2019. parce qu’un homme noir lui demandait de Quelle est sa particularité ? tenir son chien en laisse. Puis ce joggeur tué Cela rentre dans le cadre d’une évolution du dans un quartier riche par un père et son fils militantisme antiraciste depuis les années blancs qui lui ont tiré dessus parce qu’ils 2000, et dont la base est le travail sur la recon- considéraient qu’il n’avait rien à faire là. Ces naissance des conséquences dramatiques de deux événements ajoutés à la mort de George la colonisation, notamment sur les descen- Floyd, c’était trop. Il y a toute cette charge dants des personnes qui ont été colonisées. raciale qu’on accumule pendant des semaines, Que ce soit en France, en Belgique ou en des mois, des années, et là on se dit : c’est trop. Allemagne, de plus en plus de mouvements sont composés de personnes qui subissent directement les discriminations. Avec un groupe d’amies racisées, nous voulions créer une association qui nous ressemble et nous BIO ne trouvions pas d’offres ici. Car les associations traditionnelles ne sont Départ forcé Sandrine Gashonga est née pas composées des personnes qui subissent en 1977 au Rwanda. En 1994, le racisme. Leurs stratégies ne peuvent donc la guerre l’oblige à fuir son pays. Elle arrive au Luxembourg avec pas correspondre aux besoins de celles-ci. sa famille en tant que réfugiée. Donc il fallait absolument créer une association qui soit composée de ces personnes. Parce Formatrice Après des études en philosophie que nous sommes les seules susceptibles de à Nancy puis à Lille, elle travaille trouver les solutions aux problèmes que nous dans la finance en tant rencontrons. que gestionnaire de sociétés. Lëtz Rise Up a organisé la manifestation Black Lives Matter en juin dernier devant l’ambassade des États-Unis. À quel point la mort de George Floyd vous a-t-elle affectée ? Quelqu’un m’a envoyé la vidéo et je n’ai pas pu la regarder jusqu’au bout. C’était trop violent. C’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Plusieurs événements avaient déjà

En parallèle, elle se forme à l’éducation à la communication interculturelle, domaine dans lequel elle exerce aujourd’hui.

Engagée Après quelques années au sein d’Amnesty International, elle fonde avec des amies l’association féministe et antiraciste Lëtz Rise Up en septembre 2019, à l’origine de la manifestation Black Lives Matter de juin dernier.

Beaucoup de personnes noires dans mon entourage ont eu le même sentiment que moi. C’était vraiment une sorte de dépression, comme après un choc, avec des symptômes de stress post-traumatique. Les mobilisations après la mort de George Floyd ont eu lieu aux États-Unis, mais aussi dans le monde entier, en Europe et même au Luxembourg, alors que la situation au sujet du racisme paraît très différente d’un continent à l’autre. Comment expliquez-vous cela ? Les conditions ne sont pas les mêmes, ce n’est pas la même violence, c’est sûr. Mais les conditions de possibilité d’une mort existent car le racisme structurel est bien présent. Ainsi, quand un Noir recherche un logement ici, il doit attendre plus longtemps qu’une personne blanche. Si on a une situation précaire, si on a un travail avec un salaire minimum, si on est une femme avec des enfants, c’est encore pire. Et alors que la situation économique générale au Luxembourg est plus favorable que dans les autres pays, par contre, au niveau du racisme ressenti, la situation n’est pas meilleure, voire pire. C’est ce que soulignait une étude européenne, Being Black in the EU, publiée il y a environ un an par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. Nous avons constaté un réel déni lors de la conférence sur cette étude, organisée par l’Asti en novembre 2019. La ministre de la Famille NOVEMBRE 2020

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Conversation Sandrine Gashonga

et de l’Intégration, Corinne Cahen (DP), est complètement tombée des nues face à ce qu’elle entendait. Mais elle a tout de même continué à minimiser les résultats de l’étude en prétendant que l’échantillon n’était pas assez représentatif, alors qu’il s’agit du même pour toutes les études européennes. Comment expliquez-vous la difficulté à aborder ce sujet ? Par le manque de débats sur la question. Par exemple, l’UE a demandé à chaque pays d’établir un plan d’action pluriannuel contre le racisme. Mais, au Luxembourg, ce plan d’action n’est pas contre le racisme, mais pour l’intégration. L’intitulé même pousse à ne pas voir l’existence du racisme dans la société... On parle toujours d’interculturalité, de différences culturelles, sans jamais parler de différences de conditions sociales, qui sont liées à la race. Et à travers l’interculturalité, on part du principe qu’il ne faut pas juger les comportements des personnes, mais toujours considérer qu’on les juge à partir de notre bagage culturel. En oubliant alors l’histoire de la colonisation, et par conséquent les rapports de force et de domination qui en découlent et qui sont toujours présents dans notre relation avec les autres. Tout cela fait qu’il y a un manque de conscience des problèmes que les personnes noires rencontrent ici. L’implication du Luxembourg dans la colonisation belge du Congo est-elle aussi un sujet tabou ? Oui, il existe un réel déni du passé colonial du Luxembourg, qui a pourtant participé à la colonisation belge. Le Luxembourg a accueilli deux expositions coloniales sur son territoire, des zoos humains – il y en a même eu un à la Schueberfouer. Tout cela s’est passé au Luxembourg, mais on n’en parle pas, la plupart des personnes ne sont pas au courant.

« Je ne pense pas qu’il n’y ait pas de violences policières au Luxembourg. » 50

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LA DURE RÉALITÉ DU RACISME Publiée en 2019, l’enquête Being Black in the EU a analysé les expériences vécues par près de 6.000 personnes d’ascendance africaine dans 12 pays de l’UE. Or, le Luxembourg fait partie des pays à problèmes. 7 personnes sur 10 disent ainsi avoir subi un acte de discrimination au cours des cinq dernières années. Le pire taux de l’UE. Et plus de la moitié affirment avoir fait l’objet de harcèlement raciste, contre moins d’un tiers à l’échelle de l’UE.

Selon vous, quelles mesures permettraient d’améliorer la situation générale face au racisme dans le pays ? Il faudrait commencer par l’éducation, en favorisant l’entrée dans le système éducatif, en tant que professeurs, de personnes afrodescendantes ou racisées. Une chose, facile à faire, serait de prévoir des programmes spéciaux à destination de cette communauté, comme au Québec. Parce que ce n’est pas que ses représentants ne veulent pas accéder à ces filières, mais ils ont parfois l’impression que cela ne leur est pas accessible. Puis, une fois à l’intérieur, il faut que l’atmosphère soit vivable. Ce qui passe par la sensibilisation des enseignants sur la question du racisme et la façon dont ils reproduisent des comportements qui sont gênants pour les personnes racisées. Lëtz Rise Up a d’ailleurs un projet, soutenu par le gouvernement, de formation sur le racisme à destination du personnel associatif, des enseignants et des travailleurs sociaux1.

Souvent, l’argument consiste à dire qu’il s’agissait d’initiatives privées, de personnes qui décidaient d’y aller par elles-mêmes. Mais il y avait quand même une promotion, des recrutements qui étaient faits pour que des personnes aillent au Congo belge. Ces personnes sont revenues avec une certaine image Et au niveau du programme éducatif ? du Noir. De même pour les personnes qui Que pourrait-on apprendre aux enfants ? À l’école, on évite le sujet du racisme. Les phiallaient visiter les zoos humains. losophes qui ont travaillé sur ces sujets ne sont Les violences racistes, policières pas étudiés. Il faudrait faire étudier l’histoire ou autres semblent épargner le pays coloniale du Luxembourg, qui n’est pas raconjusqu’à présent... tée aux enfants, et celle de la relation entre les Sincèrement, je ne pense pas qu’il n’y ait pas de peuples. Et aussi raconter l’histoire de l’Afrique violences policières au Luxembourg. Mais cela de façon positive, les avancées auxquelles les n’arrive pas aux oreilles du public. Des méca- personnes racisées ont contribué, ce qui n’est nismes sont présents qui font qu’on ne s’en saisit pas encore fait. pas, et que cela n’arrive pas dans le débat. L’apprentissage de la langue luxembourgeoise est-il un facteur Une des difficultés de la lutte essentiel d’intégration ? antiraciste n’est-elle pas que ces événements tragiques sont S’il y avait une cohérence dans les demandes souvent sujets à interprétation et d’apprentissage de la langue luxembourqu’il est difficile de les quantifier ? geoise, ce serait super ! Mais à qui adresseC’est amplifié par le fait qu’on ne puisse pas t-on cette exigence ? Aux classes populaires. faire de statistiques basées sur l’ethnie ou la On ne demande pas au directeur de la banque race. En Europe, je crois que seul le Royaume- untel d’apprendre le luxembourgeois, ni aux Uni le fait, et cela révèle des inégalités flagrantes. fonctionnaires européens. On demande touDes statistiques ethniques et des études sur jours aux personnes les plus fragiles et les le sujet sont nécessaires, parce qu’avant plus précaires. Pourtant, ce sont celles qui d’élaborer des stratégies, il faut savoir où sont sont le plus à même de participer à la vie les problèmes et où commencer à agir. politique et sociale. Donc j’ai toujours eu un problème avec cette exigence parce qu’elle Craignez-vous une aggravation s’adresse uniquement à certaines parties de de la situation ? la population. Il existe une aggravation sur certains aspects, notamment au niveau des lois sur le droit L’éducation est primordiale, d’asile, qui sont de plus en plus restrictives. mais ses effets se produisent sur Un exemple tout simple : le délai pour les le long terme. Que proposez-vous personnes en centre de rétention a été pro- pour les générations actuelles ? longé de 6 à 9 mois, ce qui en fait le plus long Par exemple, pour le logement ? de toute l’Europe. Quand vous avez des Il faudrait faire des testings pour voir quelles personnes qui doivent attendre encore plus sont les agences immobilières qui font des longtemps avant d’être libérées, cela peut sélections. Et mettre en place des sanctions augmenter les tensions dans les lieux de pour celles qui font des discriminations. Cela rétention. peut aussi passer par des mesures plus struc-


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Conversation Sandrine Gashonga

turelles, comme la mise en place d’un revenu universel, qui bénéficierait non seulement aux personnes racisées, qui représentent une grande part de la population précaire, mais aussi à toutes les personnes en situation de précarité. Et pour l’accès à l’emploi ? Des quotas dans les administrations et dans les entreprises devraient être mis en place. La Charte de la diversité existe, mais honnêtement, je n’y crois pas du tout, ce n’est pas contraignant. Or, l’aspect contraignant est nécessaire, avec par exemple des amendes si les quotas ne sont pas respectés. Les méthodes de recrutement pourraient être modifiées. Une option recommandée par l’Enar (European Network Against Racism) est de recruter en fonction de langues rares parlées : à compétences égales, embaucher la personne qui pratique une langue rare. C’est une façon de diversifier les recrutements. De même en ce qui concerne les promotions : des critères autres que la compétition pourraient être promus, par exemple la capacité à rassembler ou la sociabilité. Ce sont des aspects importants pour l’entreprise, mais qui ne sont pas mis en avant. La discrimination dans l’entreprise est-elle un problème majeur selon vous ? J’ai travaillé dans des sociétés où il y avait beaucoup de diversité. Mais celle-ci se limite toujours au niveau des employés. Quand on arrive aux fonctions managériales, il y en a beaucoup moins. Pourtant, j’ai rencontré des femmes et des hommes très talentueux, sans jamais les retrouver après dans les fonctions managériales. Mais je dois avouer que j’ai connu plus de racisme dans le milieu associatif que dans l’entreprise. Il y a beaucoup de pragmatisme au niveau des entreprises. Et peut-être aussi plus d’éducation sur ce sujet que dans les milieux associatifs dans lesquels j’ai évolué.

« Il existe un réel déni du passé colonial du pays. » 52

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LES DISCRIMINATIONS OUBLIÉES De 2010 à 2017, le Luxembourg avait mis en place un Plan d’action national pluriannuel d’intégration et de lutte contre les discriminations. Le nouveau plan adopté en 2018 ne fait plus mention de la lutte contre les discriminations et s’appelle désormais simplement Plan d’action national pluriannuel d’intégration. Il fournit « le cadre pour les programmes et outils en faveur de la cohésion sociale entre Luxembourgeois et nonLuxembourgeois », selon son intitulé.

À quand un décideur politique racisé ? Honnêtement, c’est important, mais ce n’est pas cela qu’il faut prioriser par rapport au reste. D’ailleurs, il y en a un ou deux qui sont présents à certains niveaux. Mais s’ils font des politiques qui sont défavorables aux personnes précaires, donc aussi aux personnes racisées, cela n’en vaut pas la peine. Vous pensez à la députée européenne Monica Semedo ? Sa présence n’est-elle pas positive ? Je ne la connais pas personnellement, donc je ne peux pas juger ce qu’elle fait de façon personnelle. Par contre, ce que je constate, c’est que son intérêt pour le racisme est né juste après le mouvement George Floyd. Elle ne militait pas contre le racisme auparavant, et je ne pense pas que le sujet l’intéressait. C’est bien qu’il y ait une prise de conscience si elle est authentique et réelle. Mais il y a d’autres personnes qui sont sur le terrain pour lutter contre le racisme.

Monter sa propre entreprise vous paraît-il une solution pour éviter de potentielles discriminations dans le monde du travail ? Il faut savoir que, toujours selon la même étude européenne, 40 % des femmes noires chercheuses d’emploi disent avoir été discri- Vous avez vous-même été candidate minées durant les six dernières années. Pour aux dernières élections européennes, ces femmes-là, une solution pour survivre est sur une liste du parti Déi Lénk. Allez-vous de devenir entrepreneur. Mais s’il y a des persévérer dans cet engagement ? exemples de réussite au Canada, aux États- Non, plus maintenant. C’est fini pour moi, la Unis et même en Afrique, il est difficile, pour politique. Il y a trop de concessions à faire. l’Europe, de voir ces modèles. Ils sont pré- Et sur les questions d’antiracisme et de justice sociale, pour vraiment pouvoir dire les sents, mais pas visibles. Comme au sein de Lëtz Rise Up nous choses telles qu’elles sont, on ne peut pas faire voulons faire de l’empowerment des personnes de la politique. Par contre, influencer des qui subissent le racisme, nous allons organi- stratégies politiques, oui, bien sûr. ser des master class avec des femmes entrepreneurs à succès, du Luxembourg et de Le milieu associatif vous paraît plus l’étranger, afin que celles qui veulent être efficace pour lutter contre le racisme ? entrepreneurs et qui n’ont pas de modèle Absolument. Si des mouvements politiques puissent les rencontrer. Avec la chance d’avoir beaucoup plus populaires et démocratiques à l’affiche des femmes très successful, comme émergeaient, cela aurait du sens. Mais telle Rokhaya Diallo2. que la politique est faite à l’heure actuelle, ce n’est pas possible. Certains partis politiques ou décideurs politiques vous paraissent-ils dangereux ? Les nouvelles générations vous Dans une perspective décoloniale, ce ne sont paraissent-elles plus aptes à accepter pas vraiment les partis d’extrême droite qui la diversité ? sont les plus dérangeants. Ce sont ces personnes Pas forcément de manière générale. Ce que ou ces partis qui sont au pouvoir à l’heure actuelle, je vois, c’est le désir des jeunes racisés que qui font les politiques actuelles, et qui pensent cela change. Lors des manifestations Black qu’ils représentent l’universel, que toutes les Lives Matter, ils constituaient la plus grande problématiques se ressemblent et qu’ils sont partie des personnes qui étaient là. Des jeunes représentatifs. Alors qu’en réalité, ils ne consi- que je ne voyais nulle part ailleurs en manidèrent pas les besoins des personnes les plus festations. Ils ont montré qu’ils étaient capables précaires et refusent de voir le passé colonial de se mobiliser pour des choses politiques et le racisme structurel. C’est plutôt cela pour qui les concernent. nous qui est dangereux finalement. La Chambre des députés ne vous paraît pas représentative ? Non, pas du tout. Déjà, 50 % de la population du pays n’est pas luxembourgeoise, donc non. Et il n’y a aucune diversité en son sein ni au gouvernement. Cela pose question quand même…

1 Formation « Racisme : comprendre pour agir », du 30 novembre au 2 décembre 2020. 2 Peanut Project – 1re master class : « Confiance et leadership au féminin », le 21 novembre 2020.


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Débat public Le trafic est en hausse significative et la crise sanitaire ne fait qu’amplifier le problème. Les bouchons font partie intégrante du décor, matin et soir. Plus de bouchons veut dire aussi plus de pollution et une qualité de vie en dégradation en général. Comment pallier cette situation ? La solution évidente est de réduire le nombre de voitures sur les routes. On ne résoudra pas seulement le problème du trafic, mais on contribuera en même temps à une réduction de la pollution de l’air. Mais comment y arriver ? Comme beaucoup de politiciens partent du principe que tout peut se résoudre par l’argent, soit une augmentation d’impôts, ils risquent ainsi d’imposer des impôts qui n’auront qu’un impact marginal sur la problématique. En effet, pénaliser la possession d’une voiture ne réduit en rien son utilisation et c’est justement cette utilisation qu’il faut réduire pour avoir un résultat palpable. Peu de gens prennent plaisir à perdre des heures interminables dans les bouchons sur l’autoroute ou dans les villes. Très souvent, ils n’ont simplement pas le choix. Les alternatives des transports en commun ne sont pas (encore) acceptables pour une très grande partie de

Gerry Wagner

Porte-parole de la House of Automobile la population active. Par contre, il faudrait déjà commencer par promouvoir davantage l’utilisation des transports alternatifs pour ceux qui pourraient les utiliser. La voiture est et restera un élément essentiel de la chaîne de mobilité. Il faut ainsi compléter cette chaîne par des maillons composés d’autres formes de transport. Le matin, la voiture pourra servir à se rendre à la prochaine gare par exemple, à partir de laquelle on pourra continuer en bus/tram, voire en voiture électrique réservée sur une plateforme de carsharing ou même en e-bike. Afin de ne pas être trop coincé par les horaires le soir pour rentrer, on pourra imaginer avoir ponctuellement recours à un taxi pour retourner à la gare. On peut s’imaginer plein de combinaisons de moyens de transport en complément à la voiture. Pour arriver à convaincre la population ciblée de faire l’effort de changer de moyen de transport, il faut passer par des incentives. Le gouvernement pourra par exemple mettre en place un système qui tient compte de la partie des déplacements en transports alternatifs pour pouvoir profiter de réductions fiscales, surtout en ce qui concerne la taxation de l’avantage en nature pour les véhicules de société. Les solutions techniques existent déjà. Gerry Wagner est porte-parole de la House of Automobile, plateforme qui réunit les fédérations et associations du secteur de l’automobile. Retrouvez la version in extenso de ce débat public sur paperjam.lu. PHOTO ANDRÉS LEJONA

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BRAND VOICE

Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation, agence nationale pour la promotion de l’innovation.

Contenu sponsorisé par LUXINNOVATION

Moteur central du développement économique au Luxembourg, l’innovation constitue un enjeu pour les entreprises. Celles-ci peuvent bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour aller au bout de leurs projets. 56

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Stimulée par des politiques gouvernementales tournées vers l’avenir, l’innovation participe activement au développement durable de l’économie luxembourgeoise depuis plusieurs décennies. La transition numérique de celle-ci représente un vecteur essentiel pour augmenter la productivité. Elle doit être soutenue par une stratégie d’innovation digitale s’alignant sur les efforts de diversification de cette économie. « Afin de pouvoir mettre en œuvre la transformation digitale à travers tous les secteurs

CHIFFRES CLÉS

1984

Création de Luxinnovation.

700

Nombre d’entreprises regroupées au sein de la Cluster Initiative.

60+

Nombre de fois où le concept d’innovation apparaît dans l’actuel programme gouvernemental.

22 %

Taux de réussite du Luxembourg en 2018 dans le cadre des programmes d’innovation européens. C’était le taux le plus élevé de l’UE (moyenne : 18 %).

prioritaires, une stratégie axée sur les données digitales permettra de positionner le Luxembourg comme un précurseur dans le domaine de l’innovation », explique Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation, l’agence nationale pour la promotion de l’innovation. L’innovation au sens large n’est pas nécessairement technologique, mais s’applique également à de nouveaux modes d’organisation ou de processus en vue de devenir plus efficace et performant. Elle naît en outre de l’interaction, du dialogue, de l’échange d’expériences, des essais et des erreurs, ainsi que d’un bon environnement. L’innovation, un enjeu pour les entreprises Dans ce contexte, les entreprises sont encouragées à innover et à se développer pour faire face aux défis et

Photo

Accompagner les entreprises innovantes

Marion Dessard / Luxinnovation

Services


Innovation

Analyse

«  L’entreprise est au cœur de tous nos processus, elle est le personnage central. » Sasha Baillie CEO de Luxinnovation

aux opportunités de l’avenir. Luxinnovation, groupement d’intérêt économique (GIE), soutient activement les efforts de développement économique dans ce domaine de l’innovation. Depuis plus de 35 ans, sa mission historique consiste en l’accompagnement et le soutien de ces entreprises innovantes, qu’elles soient PME, start-up ou grandes sociétés. Et elle ne le fait pas seule. « Luxinnovation est issue d’un partenariat public-privé. La contribution du ministère de l’Économie et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche représente près de 80 % du budget. Les 20 % restants se partagent entre trois partenaires privés : la Chambre de Commerce, la Chambre des Métiers et la Fedil. Cela permet de conserver un lien direct avec le terrain. » Une passerelle avec les acteurs de la recherche Pour un support efficace et sur mesure, il est nécessaire de connaître les attentes de ces sociétés. « L’entreprise est au cœur de tous nos processus, elle est le personnage central. Nous sommes à l’écoute de ses besoins et de ses motivations, et proposons une aide concrète. Nous réalisons pour cela une analyse complète pour savoir quels sont ses forces et ses faiblesses, ainsi que ses objectifs en matière d’innovation. » Une fois ce diagnostic établi, une palette de services personnalisés est proposée à ces acteurs, que ce soit des programmes de performance (Fit 4…) ou l’un des nombreux régimes d’aide octroyés

Transformation digitale Industrie 4.0 Développement sectoriel

ENTREPRISES

Cluster initiative

Luxembourg Digital Innovation Hub

Ideation Process Market Intelligence Collaboration Recherche Promotion/prospection internationale ciblée Start-up services

par le ministère de l’Économie. « Notre rôle est de guider les entreprises dans la préparation de leur demande de subvention, de peaufiner leur approche pour répondre, au mieux, aux critères d’éligibilité. » Un lien peut également être établi entre les entreprises et les acteurs de la recherche (instituts publics de recherche, université…) afin de répondre à des besoins réciproques. Trouver de potentiels partenaires Dans le cadre de programmes européens de recherche et développement comme Horizon 2020 (et son successeur, Horizon Europe), Luxinnovation intervient comme point de contact national pour toutes les entreprises et les instituts de recherche intéressés. « Les appels à projets dans ces programmes visent à constituer des consortiums internationaux. Nous aidons les acteurs intéressés à établir un dossier

pour répondre à ces appels. » Dans ce type d’accompagnement, la dimension relationnelle a également toute son importance. « Même si elle n’est pas retenue, l’entreprise que nous accompagnons bénéficie de contacts privilégiés avec d’autres acteurs européens, ce qui peut déboucher sur de nouveaux partenariats et collaborations. » Au niveau national, cette mise en relation est aussi privilégiée dans le cadre de la Cluster Initiative, autour de six secteurs d’activité clés de notre économie : automobile, bois, cleantech, healthtech, industries créatives et matériaux. « L’objectif est d’animer un réseau de networking et de générer des collaborations entre entreprises, mais aussi avec des centres de recherche. Les clusters établissent des passerelles entre ces deux univers pour initier de nouveaux développements. » Les projets créés dans ce contexte profitent autant

aux entreprises qu’à l’économie globale du Luxembourg. Luxinnovation analyse en outre les besoins des différents secteurs économiques du pays. « Sur la base de mappings sectoriels établis par notre département Market Intelligence, nous pouvons disposer d’une vue la plus exh austive possible d’un secteur d’activité, et des acteurs qui le composent. Ainsi, nous savons sur quelles thématiques concentrer nos efforts, aussi bien sur le plan national qu’en matière de prospection à l’international. »

plus ? savoir n e z ct oule /conta Vous v ion.lu

ovat luxinn

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Enjeux

À la recherche de la croissance perdue NIVEAU DU PIB 4,6 4,3

3,1

2,3 1,8

La période actuelle est compliquée, c’est vrai. Mais les chocs tels que celui provoqué par le Covid-19 sont des moments propices pour les entreprises de se réinventer. La volonté de ne pas replonger dans les erreurs du passé est revenue comme un mantra dans de nombreux discours depuis le début de la crise. Mais comment faire ? Pour vous aider à mieux percevoir où et comment intervenir, nous avons fait appel à différents experts qui ont accepté de nous livrer, si pas la formule magique – elle n’existe pas ! –, du moins les recettes les plus à même de vous permettre d’atteindre de nouveaux objectifs. Cette démarche de changement – qu’elle passe par un virage à 180 degrés ou une adaptation volontariste des méthodes de management –, certains l’ont très tôt mise en pratique. La chute a été rude pour tous. Aujourd’hui, c’est le moment de se relever et de repartir. Plus fort !

2015 58

2016 NOVEMBRE 2020

2017

SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION DU PIB Le Statec a établi trois scénarios pour l’économie luxembourgeoise à l’horizon 2024. Ils tiennent essentiellement compte de l’évolution du virus et des moyens développés pour le contrer. Le scénario alternatif « Avancées médicales » tient compte d’avancées scientifiques, alors que « La Reprise s’estompe » sous-entend une deuxième vague, de nouveaux confinements et une nouvelle faiblesse des marchés financiers.

2018

2019


10% 9 % 8,7

8 % SCÉNARIO « AVANCÉES MÉDICALES »

7 %

7

6 % 5 %

5

PRÉVISION ACTUELLE 4,1

4 %

3,9

3,5 3,2

3,1

3,1

2,7

3 % 2 %

SCÉNARIO « LA REPRISE S’ESTOMPE »

1 % 0 % -0,4

1 Des conditions

fragiles mais déjà favorables à la relance

Après le décrochage au second trimestre, l’économie semble repartir. Comment profiter du rebond ? p. 60

2 Dix règles d’or pour

surfer sur la reprise Sylvain Cottong livre ses conseils pour se relancer mieux armé.

p. 62

3 Changements

à tous les étages

4 « Les entreprises

ont besoin d’un regard externe »

-1 %

Partner chez Resultance, Emmanuel Gay fait le point sur le rôle d’accompagnement des consultants en cette période compliquée. p. 66

-2 % -3 %

5 Elles sont passées

en mode « reboot »

-4 %

De nombreuses sociétés ont choisi de redémarrer différemment. Pour certaines, les premiers résultats sont déjà visibles. p. 68

-5 %

Les principaux départements des entreprises passés au crible par des stratèges. p. 64

-5,7

- 6

-6 % -7 %

-6,9

-8 % 2020

2021

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2023

2024 NOVEMBRE 2020

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1 État des lieux économique

« Éviter à tout prix un second confinement ! » La phrase est sur toutes les lèvres, au Luxembourg comme partout ailleurs en Europe, dans les cercles politiques et les milieux économiques. Après une chute brutale de l’activité au printemps qui a creusé un véritable cratère dans les courbes de produit intérieur brut (PIB), les acteurs économiques tentent de panser leurs plaies et de se tourner à nouveau vers l’avenir. En sachant que l’épée de Damoclès que constitue ce virus restera suspendue au-dessus de leur tête pendant de nombreux mois encore. Au deuxième trimestre de cette année, le PIB du pays a chuté de 7,2 % par rapport au premier trimestre, qui avait déjà lui-même reculé (-1,4 %) par rapport à la dernière période de 2019. « Les chiffres ne sont évidemment pas bons, mais par rapport aux prévisions établies au printemps, le recul est moins important que ce qui avait été anticipé », observe Muriel Bouchet, directeur de la Fondation Idea. Dans son dernier scénario de base, le Statec prévoit une chute annuelle du PIB de 6 % pour l’ensemble de l’année et un rebond de 7 % l’an prochain. En admettant toutefois 60

NOVEMBRE 2020

que « des données provisoires connues dès début septembre semblent indiquer une baisse de l’activité légèrement moins marquée que ce que le Statec avait admis dans son scénario de base ». À partir de ces nouvelles données, l’institut des statistiques estime que le recul de la croissance pourrait être plutôt de -4,5 % à -5 % pour l’ensemble de l’année. Une chute limitée à 3 % ? Des prévisions peut-être encore trop pessimistes pour la Fondation Idea – pour autant que les chiffres provisoires se confirment et que les conditions sanitaires restent sous contrôle. « Si on applique au niveau du Luxembourg les prévisions mondiales de l’OCDE qui parlent d’un rebond de 6 % au troisième trimestre et de 2 % au quatrième, le repli pourrait n’être que de 3 % en 2020 », estime Muriel Bouchet. Avec un peu plus de recul par rapport au pic de l’épidémie de mars-avril, l’opinion qui se dégage est que l’économie luxembourgeoise a mieux résisté que celles de la plupart des grands pays européens. « Au niveau macroéconomique, le constat est évident. La structure tertiaire de l’économie et

Des idées pour la relance Certains entrepreneurs ont attendu la vague porteuse pour reprendre leurs activités traditionnelles, d’autres ont profité du temps de

ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ PAR SECTEUR Pour le 2e trimestre 2020 Industrie

Construction

Commerce, transports, horeca Information et communication Activités financières et assurances Activités immobilières Statec

L’ensemble de l’économie a souffert pendant le confinement, et certains secteurs restent largement sinistrés huit mois après le début de la crise. Mais d’un point de vue macroéconomique, l’année 2020 sera moins catastrophique que ce qui avait été estimé au départ. De quoi imaginer déjà la relance de ses activités, en visant la croissance à long terme.

Services aux entreprises

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Source

Des conditions fragiles mais déjà favorables à la relance

la présence d’un secteur financier fort ont joué en sa faveur, analyse Nicolas Simons, président de l’Economist Club Luxembourg. Mais d’un point de vue microéconomique, je suis beaucoup plus inquiet de la réalité que vivent les entreprises. » Il pointe un problème de faiblesse de l’offre (beaucoup de travailleurs étant empêchés de travailler malgré eux, la production ne suit pas, ndlr), ainsi que de la demande. Une situation relativement inédite. « Les entreprises ne parviennent pas à se projeter dans l’avenir alors que de nouveaux confinements sont toujours possibles », constate l’économiste. Autre chiffre qui semble confirmer un scénario de reprise, l’emploi global est déjà revenu à un niveau plus important qu’avant la crise. En mars-avril, 9.055 emplois ont été détruits. Entre les mois de mai et août, 9.761 postes ont cependant déjà été créés ou rétablis. Mais l’impact de la crise n’est pas neutre pour autant : par rapport au rythme de création d’emplois de 2019, « il manque 8.300 salariés », note la Fondation Idea dans son Tableau de bord économique et social du Luxembourg » pour le mois d’octobre. En plus de l’importance d’un secteur financier qui a particulièrement bien résisté au choc grâce au passage réussi vers le télétravail, Muriel Bouchet met en exergue la rapidité d’intervention du gouvernement pour expliquer la détérioration moindre de l’économie du pays. « Il est très important d’intervenir à court terme pour éviter que la base sur laquelle on doit reconstruire à long terme soit trop fragilisée. Grâce aux différentes mesures appliquées, le Luxembourg semble y être parvenu. »


épargne. Cela aurait pu réellement amortir le « Reboot » ou décrochage du PIB. » « Recovery » ? Pour Nicolas Simons, nous vivons une période MURIEL BOUCHET La crise a fait émerger deux termes de grands changements qui peuvent apporter Directeur de la Fondation Idea permettant de définir l’accent des opportunités. « Mais il faut tout faire pour que les entrepreneurs veulent donner à leur relance. que ces nouvelles ambitions éclosent ici et pas ailleurs », prêche-t-il. En tant qu’économiste REBOOT et analyste du monde des entreprises, il insiste On parlera de stratégie « reboot » lorsqu’une entreprise profite d’un choc pour que les autorités luxembourgeoises mettent tel que celui que nous vivons actueltout en œuvre pour « libérer le potentiel d’inlement pour redémarrer ses activités novation des entreprises. Ce sont elles, le moteur sous une autre forme. Cela peut aller d’une modification complète de de la croissance. » Pour ce faire, il faut selon lui l’activité de production – des masques travailler sur trois vecteurs : le temps, l’argent de carnaval aux masques chirurgicaux, et les compétences. « Les entreprises perdent par exemple – à la création de nouveaux services pour se montrer plus un temps inestimable à s’assurer de leur conforagile ou étendre son offre. Le conmité plutôt qu’à créer de la valeur ajoutée grâce finement a aussi été une période propice à la réflexion pour certains. à l’innovation. Il est nécessaire que la situation réflexion accordé pour développer de nou- s’inverse », argumente-t-il. RECOVERY velles activités (voir nos portraits en page 68). Ceux qui sont sûrs de leur modèle d’affaires n’attendaient qu’une chose : Mais tout le monde n’a pas pu rebondir avec Des cartouches en réserve que les portes s’ouvrent à nouveau la même vigueur et certains pans de l’économie En termes de compétences, Nicolas Simons pour pouvoir remettre les gaz et restent carrément sinistrés. « 20.000 équi- estime qu’il faut avant tout miser sur le digireprendre leur activité traditionnelle. Plus simple, évidemment. Mais si le valents temps plein sont toujours au chômage tal et la transition verte, qui seront les deux monde change à ce point, le succès partiel, c’est 5 % de l’ensemble des salariés », piliers d’une économie plus pérenne dans le sera-t-il toujours au rendez-vous ? calcule Nicolas Simons. Il reste donc du futur. « Les entreprises veulent s’insérer dans Les évolutions de comportement des consommateurs méritent en tout travail pour une relance sur des bases plus le monde de demain. Elles visent toujours le cas d’être surveillées. long terme et sont prêtes à investir. Mais comsereines. Pour tenter de mieux consolider la reprise, ment investir dans un monde incertain ? », s’inle directeur de la Fondation Idea remet sur terroge le président de l’Economist Club. Il la table plusieurs idées déjà émises par le préconise notamment un accompagnement think tank. Notamment la réduction de par les acteurs publics. Le Luxembourg dis- effectivement le responsable de la Fondation validité des chèques-repas afin de doper pose en effet encore de cartouches, sa situa- Idea, Muriel Bouchet. l’activité du secteur de l’horeca ou la trans- tion financière étant meilleure que celle de La situation est donc loin d’être désespérée. formation d’une partie des plus gros salaires ses pays voisins. Même en ayant déployé des Le Luxembourg garde de nombreux atouts en en « chèques-consommation » afin de relan- mesures conséquentes pour aider les entre- main pour rebondir dès que l’horizon s’éclaircer la consommation de manière globale et prises, l’État peut encore se targuer d’une cira. Mais même dans le climat d’incertitude ralentir le phénomène de thésaurisation. « Un situation relativement saine en termes de actuel, pour autant qu’un reconfinement général peu partout en Europe, on constate une énorme finances publiques. « La dette publique repré- puisse être évité, les prévisions économiques épargne accumulée, note Muriel Bouchet. Il sentait environ 20 % de la valeur du PIB avant sont favorables. Dans le cahier de septembre n’est pas trop tard pour agir sur ce phénomène, la crise. Elle approche désormais les 30 %, ce des Projections macroéconomiques à moyen mais il aurait fallu prendre rapidement qui reste quand même loin des 60 % du PIB terme, 2020-2024, le Statec envisage des taux des mesures pour inciter à débloquer cette autorisés pour les pays de la zone euro », constate de croissance du PIB de 3 % à 4 % pour les années 2022-2023 et un retour à la vitesse de croisière pré-crise à l’horizon 2024. C’est encourageant. Mais sans cette crise sanitaire, LES VARIATIONS DU PIB le niveau d’activité en 2024 aurait été supéLe Statec a dressé trois scénarios pour prévoir l’évolution du PIB en volume. rieur à ce qui est actuellement prévu. « Ce qui Prévision actuelle Scénario « La reprise s’estompe » Scénario « Avancées médicales » traduit les dégâts économiques durables causés 59,7 Impact du 60 par la pandémie », conclut le Statec. confinement Après une telle période de dépression, l’essentiel est toutefois de se donner les moyens 57,8 de se relever. « Nous sommes face à une crise 55 52,9 exceptionnelle, créée par un phénomène sanitaire qui a provoqué une crise économique, et en cascade, une crise sociale, résume Nicolas 50 Simons. Pour retrouver un climat social pros46,3 père, nous devons donc nous concentrer sur les aspects économiques en attendant de maîtriser 45 la situation sanitaire. » Il n’y a pas de raison de ne pas pouvoir y arriver.

Source

Statec

« Le recul est moins important que ce qui avait été anticipé au printemps. »

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Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

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2 Conseils

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Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

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Revoir le modèle d’entreprise Cette crise est l’occasion de revoir les modèles d’entreprise qui n’étaient plus optimaux, mais qui permettaient de continuer à tourner. Il faut s’adapter aux nouvelles règles de conformité des systèmes et aux nouvelles exigences des consommateurs. Aligner stratégie et moyens Il faut procéder à un réalignement stratégique, en veillant à ce que les ressources soient allouées afin que la stratégie décidée puisse être réellement mise en œuvre, ce qui n’est pas toujours le cas. Donner la priorité à l’expérience client À l’avenir, la concurrence se jouera essentiellement sur l’expérience globale du client. Dans les processus internes, tout ce que l’on compte modifier doit améliorer cette expérience client. Si ce n’est pas le cas, ne changez pas, cela ne sert à rien. Adapter la chaîne d’approvisionnement Il faut éviter de se rendre dépendant d’une seule source lointaine. Des alternatives plus locales sont souvent possibles. Les entreprises ont créé des systèmes extrêmement optimisés, comme le just in time, mais qui les rendent vulnérables en cas de chocs externes. La résilience doit désormais remplacer l’efficience.

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Se montrer radicalement ouvert Dans un monde complexe, la création de valeur réside dans le flux des interactions et des informations, et non pas dans le renfermement sur soi. Il faut un peu oublier l’idée de concurrence et pratiquer l’ouverture, faire appel à l’ensemble de ses réseaux dans un processus d’innovation.

Renforcer la durabilité Il faut améliorer radicalement la durabilité et l’impact environnemental en appliquant sincèrement et formellement les principes de l’économie circulaire et en mettant votre modèle d’entreprise et votre chaîne de valeur en conformité avec les directives de l’Onu en matière de développement durable.

Privilégier l’agilité Adoptez des méthodes de gestion agiles, réduisez les hiérarchies et donnez de l’autonomie à vos collaborateurs. La confiance améliore l’engagement, la performance et la proactivité. Le management est une des rares disciplines à ne pas avoir évolué depuis deux siècles. Il est grand temps !

Réinventer les ressources humaines Les ressources humaines seront l’acteur stratégique de toute organisation. Mais ces services doivent être organisés autour des besoins et de l’expérience de l’employé, et oublier quelque peu les procédures administratives de l’entreprise. Offrez à votre personnel des possibilités d’apprentissage agiles, qui correspondent réellement aux besoins. Outiller le personnel face au changement Vos employés doivent être formés aux méthodes de gestion de l’innovation, à la planification des futurs scénarios, à la gestion des conditions mondiales de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté ainsi qu’à la gestion des transformations. Développez aussi les compétences en intelligence émotionnelle pour les rendre psychologiquement plus résistants. Si vous avez lu jusque-là, voilà le conseil bonus : Montrez la direction à vos employés. Expliquez-leur où vous voulez vraiment aller. En tant que leader, vous devez définir un objectif clair et éviter toute confusion par des allers-retours dans vos choix. Soyez aussi un leader qui aide chaque employé à atteindre ses objectifs.

Olivier Minaire (archives)

Toutes les entreprises ont souffert du confinement. Mais les temps de rupture sont aussi des périodes propices aux puissants rebonds. Sylvain Cottong, économiste et futurologue, propose dix conseils pour se relancer mieux armé.

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Digitaliser la chaîne de valeur Il est essentiel de poursuivre une digitalisation radicale, intégrée et connectée de toute la chaîne de valeur : de l’approvisionnement aux processus internes, en passant par le marketing et l’expérience client. Mais attention, ce nouvel apport technologique ne sera utile que si vous adaptez aussi le comportement des gens qui utilisent ces technologies.

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Dix règles d’or pour surfer sur la reprise



FINANCES

3 Conseils

Changements à tous les étages

Miser sur la digitalisation et de nouveaux rôles « Pour faire face à la crise économique, les CFO doivent investir massivement dans la digitalisation des processus finance, tout en renforçant leur rôle de trésorier et partenaire business pour retrouver la profitabilité. » DELOITTE LUXEMBOURG

« Réévaluez continuellement votre stratégie opérationnelle afin d’améliorer votre structure de coûts à court terme et vos investissements à long terme. L’accès à la data et la digitalisation des processus finance sont un des enjeux majeurs pour prendre les bonnes décisions. » KPMG LUXEMBOURG

Tirer profit de nouveaux relais de croissance exige de revoir les manières d’opérer dans chaque grand département de l’entreprise. Des experts des Big Four et des stratèges de la communication pointent les transformations essentielles à envisager pour repartir du bon pied. Et assurer le long terme. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

MARKETING ET COMMUNICATION

Envoyer des signaux positifs « Inutile de s’exprimer pour ressasser le passé et l’idéaliser ! Accepter la situation, c’est déjà la surmonter et, du coup, c’est envoyer vers autrui – les collaborateurs, les clients, etc. – des signaux positifs. C’est communiquer une dynamique, refléter une maîtrise de l’adversité et susciter la confiance. » TAKANEO

Patrick Lesage « Une stratégie de communication qui renforce la résilience d’une organisation est fondée sur la prise de conscience, le repérage, l’analyse du changement de l’organisation en interne et du monde extérieur. » APOLLO STRATEGISTS

Pascale Kauffman

« Les directeurs financiers auront besoin, dans un premier temps, de rétablir les bases : un contrôle solide de la trésorerie et de la liquidité, des analyses efficaces pour une prise de décision rapide et des opérations financières stables pour assurer la conformité et protéger la réputation. Ils devront ensuite se repositionner et transformer leur fonction et leur organisation autour de trois piliers : les processus, en mettant en place des technologies de digitalisation des transactions (CFO 2.0) ; la performance, avec l’utilisation d’outils de traitement de données ; et l’intelligence artificielle et les ressources humaines, en créant de nouveaux rôles pour conduire le retour de la croissance. » PWC LUXEMBOURG

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DIGITALISATION

RESSOURCES HUMAINES

LOGISTIQUE

Trouver le bon équilibre

Réinventer la manière de travailler

Revoir la chaîne d’approvisionnement

« Au-delà du mot à la mode, le digital est aujourd’hui une dimension incontournable pour les sociétés qui interagissent avec leurs clients à travers divers canaux de communication, qu’ils soient physiques, à distance (par courrier ou téléphone) ou numériques. Il s’agit en fait de mettre le meilleur de la technologie au service des clients et des employés. Cette période de crise du Covid-19 n’a fait que renforcer ces besoins tout en faisant ressortir la dimension humaine nécessaire à considérer dans le développement de ces canaux virtuels. Les entreprises doivent intégrer dans leur stratégie digitale, qui avait au départ surtout des objectifs d’efficacité opérationnelle, les nouvelles notions que sont la fatigue numérique, l’amélioration des interactions humaines, la capacité à surprendre ses clients tout en étant réactif et à leur écoute (l’expérience client), mais aussi en intégrant de la même façon la redéfinition de l’expérience employé. »

« Suite à la pandémie, le temps est venu pour la fonction RH de réinventer les modes de travail, pour concilier reprise d’activité et distanciation sociale nécessaire à la sécurité des employés. » DELOITTE LUXEMBOURG

« Cette situation inédite doit être appréhendée comme une occasion unique de repenser la façon de travailler et de communiquer : télétravail, gestion/rétention de talents, accompagnement au changement seront autant d’éléments capitaux dans la nouvelle réalité Covid et post-Covid. » KPMG LUXEMBOURG

« Le Covid-19 a bousculé les habitudes de consommation, faisant basculer en ligne des pans entiers de l’économie. L’heure est à la digitalisation et les entreprises doivent développer leurs capacités de commerce et marketing digitales. »

« Le cocktail gagnant pour sortir renforcé de cette crise est composé de trois ingrédients principaux Les compétences. On assiste à une accélération violente de la digitalisation et de la modification des modes de travail. S’assurer que ses collaborateurs ont les compétences nécessaires sera clé. Le « way of working ». L’utilisation massive du télétravail et l’implémentation rapide de nouveaux outils marquent un tournant dans nos pratiques. Adapter nos politiques, accompagner nos salariés et managers sera primordial pour la rétention comme pour l’attractivité. Le lien. Comment garder du lien, créer ou garder un sentiment d’appartenance, et par là même créer / garder l’engagement, est le troisième ingrédient et dérive directement des deux précédents. La proximité. L’animation, la communication seront ici les mots-clés. De la réussite de ce cocktail dépendra la capacité des équipes à relever les nombreux challenges sur notre route. Il influencera clairement la résilience et la productivité des organisations. »

DELOITTE LUXEMBOURG

PWC LUXEMBOURG

PWC LUXEMBOURG

« Après six mois de digital only, il est de plus en plus évident que nous devons privilégier sur le long terme un modèle plus hybride, où digital et humain cohabitent harmonieusement au bénéfice d’une expérience client et d’une expérience employés de qualité. » KPMG LUXEMBOURG

« La crise sanitaire a mis en avant les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement. Il y a un besoin d’adaptation dans ce ‘ nouveau monde ’ en constant bouleversement. Du procurement pour réduire les coûts vers un procurement pour la continuité des approvisionnements. Localisation, visibilité et contrôle des chaînes d’approvisionnement sont cruciaux. Ajustez les priorités de votre chaîne d’approvisionnement en fonction des nouveaux besoins. » KPMG LUXEMBOURG

« Pour relever les nouveaux défis, les entreprises sont appelées à repenser leur chaîne d’approvisionnement tant au niveau du renforcement des liens avec leurs fournisseurs que de la diversité de ces derniers pour gagner en agilité, mais aussi dans leur gestion des risques. » DELOITTE LUXEMBOURG

« Pour créer un avantage concurrentiel, les directeurs des opérations doivent apporter une vision prospective, novatrice (concept de smart factory) et réactive aux évolutions rapides des marchés, des technologies et des structures de coûts. En renforçant leurs capacités d’innovation avec les technologies de l’industrie 4.0 (intelligence artificielle, internet des objets, impression 3D…), en optimisant leurs processus de R & D et en améliorant « l’expérience client », les directeurs des opérations sont dès lors des acteurs-clés pour la croissance et l’amélioration de la rentabilité de leur entreprise. » PWC LUXEMBOURG

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4 Le rôle du consultant

Les entreprises ont-elles reçu un soutien suffisant de l’État pour résister à la crise ? Oui, c’est assez exceptionnel. Il s’agit d’une excellente opportunité. Ces aides sont accessibles, et on ressent une véritable volonté des acteurs politiques de soutenir les entreprises.

Comment percevez-vous le moral Quelles sont les demandes les plus des entreprises depuis le début pressantes qui vous sont formulées ? de cette crise ? Il y en a de plusieurs types. Nous voyons des Il varie selon les domaines d’activité. Certains demandes liées à l’optimisation de la supply secteurs sont vraiment sinistrés, par exemple chain, de la prise des commandes à la livrailes entreprises qui travaillent dans ou avec son au client. Un deuxième grand sujet concerne l’horeca. Pour d’autres, notamment les entre- la digitalisation, qu’il s’agisse de revoir des prises présentes dans le secteur de la santé, la processus internes ou la relation client. Nous crise a plutôt accéléré l’activité, même si elle devons aussi traiter les aspects commerciaux. a aussi provoqué des bouleversements. Enfin, Les entreprises ont moins l’occasion de rennous voyons des clients pour lesquels la crise contrer les clients et doivent se réinventer. n’a pas eu trop d’effets néfastes, pour le moment. Enfin, nous traitons aussi des questions plus Les situations sont donc différentes, mais on stratégiques sur la manière de faire évoluer observe quand même partout un impact très l’entreprise à moyen terme, donc dans le fort, sur le niveau d’activité, le manque de visi- monde de l’après-crise. bilité sur le futur et, en interne, sur les changements du mode d’organisation. La crise Quel est le rôle du conseiller sanitaire a été l’occasion pour pas mal de nos dans une période telle que celle clients de se remettre en question et d’accélé- que nous vivons ? rer le développement d’idées déjà existantes C’est un rôle intéressant. Le premier réflexe en termes de transformation. On sent que les des entreprises n’est pas de faire appel à une entreprises se préparent à l’après-Covid. aide externe, mais pas mal de dirigeants, qui connaissent très bien leur entreprise, se posent Dans ce contexte particulier, pourtant des questions. Le consultant va poules entreprises ont-elles plus fait appel voir les aider dans cette réflexion, les conforà vos conseils ? ter sur certains points, les éclairer sur d’autres, Oui, surtout depuis le mois de juin. Les entre- apporter de nouvelles idées et, surtout, objecprises se remettent en question et ont besoin tiver les choses. Mais dans cette nouvelle d’un regard externe et neutre sur certaines donne, il est aussi essentiel d’embarquer les idées qu’elles ont développées. Ce n’est pas équipes. Dans une dimension d’accompagneleur premier réflexe naturel, mais le ministère ment du changement, nous allons donc implide l’Économie a mis en place des outils qui quer les collaborateurs dans les nouveaux les aident à faire appel à des conseillers externes. projets. En ce moment, nous sommes plutôt Je pense notamment au programme Fit 4 Resi- dans des phases de diagnostic ; nous allons lience, dans le giron de Luxinnovation. Il per- prochainement attaquer des projets d’implé66

NOVEMBRE 2020

On a entendu de nombreux appels à un changement radical dans l’économie. C’est le bon moment pour tout changer ? Chaque entreprise a évidemment ses spécificités, mais c’est une opportunité. Cette crise pourrait effectivement accélérer les transformations. On le sent chez nos clients. Nous sommes à un momentum qui doit permettre de lancer des projets d’amélioration et de faire évoluer les choses. Il ne s’agit probablement pas de tout changer, mais, en tout cas, de prioriser les changements et les investissements. Les entreprises doivent se mobiliser pour que ces transformations arrivent à terme et les aident à rebondir. Cette crise offre donc aussi des opportunités. Comment changer sans se mettre en danger ? La première chose à faire est de continuer à donner la priorité à la relation client. Il faut ensuite bien garder à l’œil sa trésorerie et mobiliser les équipes, leur donner une vision, un cap. Ensuite, selon les secteurs d’activité et la taille, les problématiques sont assez différentes. Certaines entreprises doivent se réinventer, se repositionner sur de nouveaux business. De manière générale, elles doivent construire les processus, les modes de fonctionnement et les outils de demain, dont le digital, qui est une des premières préoccupations des clients. Si vous aviez un seul conseil à donner à chaque entrepreneur pour devenir plus fort en cette période, quel serait-il ? Nous vivons une crise très profonde, mais qui est temporaire. Les entreprises doivent donc être prêtes pour la relance. Il faut se préparer en profitant des opportunités actuelles, et notamment de ce que propose le gouvernement pour aider les entreprises, pour mener ces transformations. Je suis plutôt optimiste à un horizon de 18 mois pour celles qui auront su saisir les opportunités et qui se seront remises en question.

Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

Lala La Photo (archives)

met aux entreprises de s’appuyer sur un consultant pour soutenir la réflexion stratégique et imaginer ce que sera le monde de l’après-Covid.

mentation qui vont vraiment nous confronter au changement.

Photo

En ces temps de grands bouleversements, les responsables d’entreprise ont plus que jamais besoin de recourir à des avis externes. Partner chez Resultance, une société de conseil en amélioration de la performance opérationnelle, Emmanuel Gay analyse les changements et le rôle que peuvent jouer les consultants dans la préparation aux jours meilleurs.

« Les entreprises ont besoin d’un regard externe »


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Enjeux Croissance

5 Stratégies

Elles sont passées en mode « reboot » Auteur MATHILDE OBERT

Pour sortir par le haut d’une crise comme celle liée au Covid-19, de nombreuses entreprises ont choisi une stratégie « reboot », autrement dit, de redémarrer différemment. Une remise en question express qui produit déjà des résultats. Exemples issus du terrain. DE L’EAU-DE-VIE AU DÉSINFECTANT

« D’habitude, nous vendons sur les marchés, les fêtes locales. Mais avec le Covid, tout est annulé », relate Caroline Van Langendonck, à la tête de la Distillerie artisanale du musée, à Kehlen. Elle a donc fait partie des 10 distilleries, sur la cinquantaine du pays, à répondre à la demande du gouvernement pour la production de désinfectant pour gel hydroalcoolique. De quoi nourrir les alambics restés à l’arrêt. Au lieu de fruits, ce sont des vins de seconde classe qui y ont été versés. Caroline Van Langendonck a produit 10.000 litres de désinfectant au total, rachetés ensuite par l’État à cinq euros le litre. Ce n’est qu’un des trois changements entrepris. La petite société propose désormais à ses clients de ramener leurs fruits pour produire leur propre eau-de-vie. « Cela demande du temps et, en cette période, presque tout le monde en a. » Entre le lancement – en juin – et septembre, le concept a séduit une quinzaine de personnes. Enfin, « cette année, j’ai vendu mes fruits au supermarché local ». Jusqu’ici, elle préférait toujours réserver le produit de ses 1.000 arbres à la fabrication d’eau-de-vie. L’opération lui a permis de récolter « quelque 1.000 euros », et elle compte la répéter les prochaines années. Caroline Van Langendonck Co-owner de la Distillerie Adam

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DE LA MODE AUX COMBINAISONS DE PROTECTION

Déjà fermé un jour avant le confinement vu le trop peu de demandes, l’atelier d’Eva Ferranti a lui aussi été mobilisé pour l’effort de guerre imposé par le Covid-19. « En période de crise, il faut répondre aux besoins de la société. Il faut diversifier sa production, s’adapter aux circonstances », commente sa fondatrice, Eva Ferranti, devenue consultante depuis son accident du travail. Voilà pourquoi elle a répondu à la demande des hôpitaux du pays et s’est mise à produire, entre mars et juin… 500 uniformes de protection par jour. « C’était un besoin essentiel. Ils nous ont dit qu’ils n’arriveraient pas à tenir jusqu’à la fin du mois. » Elle raconte : « Nous avons rappelé tout notre personnel. Nous n’étions pas assez, et avons dû engager des personnes disponibles. » L’équipe de trois à cinq employés est passée à 25 pendant cette période, avant de retrouver sa taille normale. Chacun devait passer un test Covid avant son retour à l’atelier. « Tous nos contacts nous ont permis d’avoir rapidement beaucoup de choses. » Le Tyvek, matériau de protection médical, leur était envoyé depuis l’usine de DuPont de Nemours, à Contern. « Les hôpitaux nous ont acheté les blouses au prix coûtant, nous n’avons pas fait de marge là-dessus. » Soit trois à quatre fois plus qu’en Asie, d’où la fin du partenariat une fois que la situation internationale s’est stabilisée. Un regret pour Eva Ferranti, car cette reconversion avait nécessité l’acquisition de trois machines spécifiques, un investissement de 15.000 euros, auquel a participé la Fondation Hôpitaux Robert Schuman. Aujourd’hui, l’entreprise poursuit la production de masques : entre 1.500 et 2.000 par semaine. De retour sur son créneau habituel, les costumes sur mesure, elle a adapté sa collection dans un style plus casual, avec notamment du jean, de la maille… « Les gens ont envie d’être plus relax. » Un effet du télétravail  ? Eva Ferranti Fondatrice de l’atelier Eva Ferranti

« En période de crise, il faut répondre aux besoins de la société. Il faut diversifier sa production, s’adapter aux circonstances. » Eva Ferranti, fondatrice de l’atelier Eva Ferranti


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VIDÉOSURVEILLANCE


Enjeux Croissance

DE LA PEINTURE AU GEL HYDROALCOOLIQUE

« Du jour au lendemain, 80 % de nos clients se sont retrouvés au chômage technique », rappelle Gérard Zoller, directeur général de Peintures Robin, surtout habitué à livrer garagistes et artisans. Heureusement, la vente aux particuliers a, quant à elle, doublé, lui rapportant au passage quelques nouveaux clients fidèles. En tout, « notre activité s’est quand même retrouvée réduite d’un tiers », calcule-t-il. Il a donc fallu « sortir des sentiers battus » avec « rapidité et endurance », en se lançant, mi-mars, dans la production de gel hydroalcoolique. « Pendant la crise, cela représentait quasiment 100 % du chiffre d’affaires. Nous avons produit près de 100.000 litres. Aujourd’hui, les acteurs qui étaient saturés sont revenus, et notre part de marché a fortement diminué. Nous allons quand même garder cela comme activité supplémentaire et réserve stratégique en cas de deuxième vague. » Aujourd’hui, 10.000 litres par mois sont encore vendus. Pour l’instant, les 105 salariés de l’entreprise d’Useldange utilisent toujours la remplisseuse pour peinture, semi-automatique, en attendant une nouvelle, totalement automatique, malgré « des délais énormes ». Un investissement de 500.000 euros qui, Gérard Zoller l’espère, pourra en partie être financé par le gouvernement dans le cadre de son « aide à l’investissement en faveur de la production de produits pertinente pour la lutte contre le Covid-19 ». La crise a appris à l’entrepreneur l’importance d’avoir une activité diversifiée. « Aujourd’hui, nous sommes producteurs et commerçants. Nous allons peut-être aller vers les services aussi : location de matériel, de notre expertise, développement de produits pour d’autres producteurs, etc. », tout en « a ccélérant la accélérant transition écologique écologique ». Gérard Zoller Directeur général de Peintures Robin

Gérard Zoller, directeur général de Peintures Robin

DU MOBILIER DE BUREAUX AUX PRODUITS COVID

« Nous avons diversifié toute notre gamme de production », résume Tania Henriques, fondatrice de Mobilier2Buro, spécialisée dans l’agencement et l’implantation d’espaces tertiaires et basée à Contern. Une activité à l’arrêt au cœur du confinement. Elle s’est donc lancée, dès le mois de mars, dans l’achat/vente de matériel de protection. En tout, elle a vendu « au moins 10.000 litres de gel hydroalcoolique », près de 300.000 masques et « quelques centaines, voire milliers » de plaques en plexiglas, sans compter des demandes sur mesure, comme des séparations de 1,80 mètre avec des trous pour permettre aux agents de sécurité de prendre la température à l’entrée, des visières, des chevalets en bois pour afficher les règles d’hygiène, etc. « Nous avons fait appel à notre réseau et, de fil en aiguille, nous avons trouvé de nouveaux fournisseurs », raconte Tania Henriques. Entre quatre et cinq partenaires réguliers basés en France lui assurent de courts délais de livraison. « À une période, c’était 150 à 200 commandes par jour ». Aucun investissement financier supplémentaire n’a donc été nécessaire, pour une hausse du chiffre d’affaires conséquente. Si elle a aidé d’abord ses clients en difficulté à s’équiper, elle en a gagné beaucoup de nouveaux, qui, après, l’ont « rappelée pour des projets mobiliers ». « Aujourd’hui, je recontacte les entreprises pour fidéliser cette nouvelle clientèle. » Car depuis la rentrée, son activité de base a plutôt bien repris, même si elle a « encore beaucoup de demande en masques ». Tania Henriques Fondatrice de Mobilier2Buro

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entreprises ont bénéficié d’un financement de l’État pour investir dans une production pertinente dans la lutte contre le Covid-19.

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« Aujourd’hui, nous sommes producteurs et commerçants. Nous allons peut-être aller vers les services aussi. »

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« Nous avons fait appel à notre réseau et, de fil en aiguille, nous avons trouvé de nouveaux fournisseurs » Tania Henriques, fondatrice de Mobilier2Buro


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Les enfants de Persépolis

Auteur THIERRY LABRO

Pétrodollars, révolution iranienne, fuite des cerveaux, régime des mollahs : en plus de 40 ans, 6 à 8 millions de personnes ont quitté l’Iran, principalement pour les États-Unis ou le Canada. Au Luxembourg, cette diaspora non communautaire et discrète s’est intégrée dans la joie et la bonne humeur. Notre photographe Andrés Lejona a rencontré ces entrepreneurs-nés, dont le lien avec leur pays d’origine se gomme année après année. 74

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Photos

ANDRÉS LEJONA

De l’Iran qu’il a quitté à 3 ans en 1979, Ramin Assassi (44 ans) ne conserve ni souvenirs, ni amis ou famille. Après l’Espagne et l’Allemagne, sa famille s’arrête au Luxembourg. Pour celui qui dirige un centre de chirurgie plastique et esthétique avec son épouse Atoosa, c’est l’évidence. Ses études menées tambour battant en Belgique, en Autriche et en Allemagne confortent son sentiment d’être « un Européen bon vivant ».

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Ingénieur civil du bâtiment comme son père, Shahriar Agaajani (36 ans) a étudié hors d’Iran, comme lui. À Hambourg pour ses parents, au Luxembourg pour lui, faute d’accueil de l’Allemagne. Occupé à développer Space Time, une mémoire de l’histoire des bâtiments, il n’oubliera jamais un autre retour aux sources : en octobre 2016, aux côtés d’Étienne Schneider, ministre de l’Économie, pour une mission économique inédite en Iran.

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Transparence. Fiabilité. Franchise. Parissa Rafii (48 ans) goûte à ces trois valeurs avec le même appétit que celui qu’elle a mis à reprendre l’affaire familiale. À la tête d’Ireco, elle emballe et expédie près de cinq tonnes de pistaches par heure. Née au Luxembourg, elle n’aura fait une infidélité au pays que pour Sienne, Madrid et Londres, pour apprendre l’italien, l’espagnol et passer un MBA.

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Ses deux jumeaux, nés cet été, ont changé la vie d’Elmira Najafi. Employée par la Deutsche Botschaftschule, à Téhéran, où elle passe les « quatre plus belles années de sa vie », l’économiste passionnée de littérature lâche tout et prend en mars 2019 la direction de la librairie Alinéa. « My happy place », assure, à 36 ans, celle qui multiplie les allers-retours vers l’Iran. Et qui rêve d’y retourner à nouveau, retrouver parents et amis.

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Le Canada attendra ! Comme beaucoup de ces Iraniens qui ont quitté leur pays, les Kianpour n’étaient que de passage au Luxembourg pour rejoindre le Canada. 27 ans plus tard et après des études aux Beaux-Arts de Bruxelles, Reza, le designer graphique et de mobilier de 36 ans de Kianpour & Partners, n’y a toujours pas posé un pied. « Tout ce que tout le monde en raconte donne envie d’y aller », confie-t-il.

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Conseillère de Luc Frieden alors qu’il était ministre des Finances, Sarah Khabirpour (44 ans) a embrassé cette année une nouvelle carrière dans un domaine dans l’air du temps : la professionnalisation de la gouvernance. Née en Suisse d’un père qui avait grandi au Luxembourg et d’une mère iranienne, la désormais administratrice de sociétés a aussi plus de liberté pour le bénévolat et l’aide aux plus jeunes. L’Iran ? Probablement. Mais plus tard.

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Même le Brésil, où il a trouvé l’amour en marge d’un projet humanitaire de neuf ans et s’est marié, n’a pas réussi à retenir Joubin Bashiri. Né en 1977 en Iran et contraint de fuir parce que de confession baha’i, ce spécialiste de l’achat et de la vente d’entreprises pour Tenzing Partners est revenu au Luxembourg, avec l’envie de placer l’humain au centre de tout. Une conviction qu’il partage avec des jeunes qu’il aide.

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Farzam Molkara luttait pour ne pas quitter l’Iran. Le succès de sa société de jeux vidéo ne lui a pas laissé le choix. Deux ans après son arrivée au Luxembourg, le jeune homme (40 ans) a le vent en poupe : Zorvan, la start-up qu’il a lancée en mai avec son ami iranien né au Luxembourg, Surena Neshvad (ingénieur en électronique passé par la Silicon Valley), a été retenue dans la nouvelle promotion du Fit4Start.

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Arrivée en 2012 au Luxembourg, Tahereh Pazouki (29 ans) obtient directement un master en informatique. Puis un PhD en psychologie cet été. La jeune femme, qui témoigne d’une volonté farouche d’aider au développement de la société, devient entrepreneur. À la tête de LetzMath, elle commercialise MaGrid, une solution d’éducation révolutionnaire qui a déjà séduit de nombreux responsables en charge de l’éducation.

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Edith Magyarics, CEO de Victor Buck Services

VICTOR BUCK SERVICES CÉLÈBRE 20 ANS AU SERVICE DES ENTREPRISES

Cette année 2020 marquant le 20e anniversaire de Victor Buck Services a été profondément marquée par des crises que la société a su gérer avec sérénité pour continuer à affirmer ses valeurs et sa capacité à répondre aux besoins actuels et futurs de ses clients. Partenaire de confiance dans le cadre de la transition digitale de ses clients, la société optimise l’efficience et la sécurité des processus administratifs, se positionnant comme experte dans la gestion du cycle de vie de l’information et de la communication au sein des entreprises. Confiant quant aux opportunités qu’offre l’avenir, Victor Buck Services, acteur dynamique d’un monde en perpétuelle mutation, investit plus que jamais dans l’innovation et la durabilité. Depuis sa création en l’an 2000, la société Victor Buck Services, filiale de POST Group a considérablement évolué, employant aujourd’hui plus de 220 personnes, développant et diversifiant son portefeuille de services au fil des ans. Son savoir-faire repose sur trois pôles de compétences : • Le « Customer Communication Management », des solutions de communication client permettant de gérer l’ensemble du processus d’échanges d’information entre les entreprises et leurs clients, à travers divers canaux (courrier postal, e-mail, portail web sécurisé). • Le « Content Services », la gestion du cycle de vie de l’information, de sa publication initiale, à sa préservation et son archivage légal.

privé, notamment dans le domaine de la santé. La société gère ses activités depuis son siège social à Luxembourg et sa filiale à Singapour, mais travaille également en collaboration avec des prestataires de services en Australie, à Hong Kong, à Singapour, et au Royaume-Uni. Victor Buck Services innove aussi dans le domaine de l’électronique imprimée avec le développement d’une technologie de pointe permettant l’impression de circuits agrémentés de puces RFID ou NFC sur un support papier recyclable.

compréhension de leur environnement de marché et de leurs forces », souligne Respectueuse de l’environnement, utiliArnaud Wulgaert, COO de Victor Buck sant des matières recyclables et une production générant peu de déchets, Services. cette technologie basée au LuxemDe par son savoir-faire et son expertise en bourg s’inscrit ainsi pleinement dans la matière d’externalisation des processus, démarche RSE de la société. la société est en mesure de répondre aux demandes les plus exigeantes en offrant Dans un monde en mouvement dans un support opérationnel efficace, sécurisé lequel la digitalisation s’impose de plus et évolutif, quelle que soit la complexité en plus, Victor Buck Services compte sur des canaux de distribution, des langues son agilité, son intégrité et son excellence ou du périmètre géographique. Ses pour continuer à satisfaire sa clientèle et applications web sécurisées assurant ses poursuivre ainsi son expansion. « L’objecservices de base peuvent être utilisées par tif est de devancer les demandes de nos ses clients à l’échelle mondiale, 24h / 24h partenaires et d’anticiper leurs besoins - 7j / 7j. futurs afin de leur offrir la meilleure quali-

• Le « Document Outsourcing Services », l’externalisation de la gestion de documents physiques et numériques permettant aux entreprises de libérer des ressources internes et se concentrer sur leur cœur de métier. L’entreprise propose ainsi à ses clients une chaîne de valeur complète, conçue pour optimiser la gestion de leurs informations commerciales sur de multiples canaux physiques et numériques. « Nous contrôlons la sécurité, contrôlons la diffusion et l’accessibilité des informations. Nous nous efforçons de créer de la valeur à long terme pour nos clients, en acquérant constamment une meilleure

Certifiée PSF et ISO 27001, garants de son haut niveau d’exigence en matière de sécurité, Victor Buck Services compte parmi ses clients des groupes du secteur financier, principalement des fonds d’investissements, mais aussi des grandes entreprises commerciales, de télécommunications, d’assurances, sans oublier des établissements des secteurs public et

té de service possible dans des délais très courts », affirme Edith Magyarics, CEO de Victor Buck Services. Aussi, grâce à une technologie et une gouvernance de pointe, une expertise et un service client 24/7, les clients de Victor Buck Services bénéficient partout dans le monde des mêmes standards élevés de qualité et de sécurité.


ACCOMPAGNER LA TRANSFORMATION DIGITALE DES PROCESSUS D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION. Les services de Victor Buck Services englobent notamment le « Customer Communication Management », offrant des solutions de communication client permettant de gérer l’ensemble du processus d’échanges d’informations entre les entreprises et leurs clients, mais aussi l’électronique imprimée, avec le développement d’une techno-

YEARS

logie de pointe permettant l’impression de circuits agrémentés de puces RFID ou NFC sur un support papier recyclable. Pour continuer à satisfaire sa clientèle à l’échelle mondiale, 24h / 24h - 7j / 7j, Victor Buck Services compte sur les valeurs qui font depuis 20 ans sa réputation : agilité, intégrité et excellence.

« Customer communication management » « Content Services » jusqu’à l’archivage légal « Document Outsourcing Services » : Gestion de documents physiques et numériques Électronique imprimée de circuits RFID et NFC Plateforme collaborative sécurisée Docunify Certification PSF, PSDC et ISO 27001


Business case

RTL Group au cœur de la guerre de l’attention La fragmentation toujours plus marquée d’une audience séduite par des contenus en ligne accentue l’érosion des revenus publicitaires traditionnels pour RTL Group. En pleine transformation digitale, le groupe européen basé au Luxembourg convoite la même place sur la télévision non linéaire que sur ses secteurs historiques. A-t-il les moyens de ses ambitions ? Paperjam interroge les chiffres, avec la banque Degroof Petercam. « Nous allons booster la transformation digitale du groupe », annonce Thomas Rabe, le CEO de RTL Group, dans son rapport annuel 2019 publié en mars dernier, avant les premiers effets économiques du Covid19. Pour Elmar Heggen, COO, l’ambition est claire : « une présence, avec nos contenus et nos marques, sur les différentes plateformes ». Depuis la création de la Compagnie Luxembourgeoise de Radiodiffusion (CLR) en 1931, devenue CLT-UFA en 1996, puis RTL Group (Radio Télévision Luxembourg) en 2000, le portefeuille s’était déjà élargi en radio et en télévision, pour l’entreprise détenue à 76,28 % par le géant allemand Bertelsmann. En plus de 30 stations de radio et 68 chaînes de télévision comptabilisées, elle a entamé la même logique dans le digital depuis le début des années 2000. Et détient désormais des participations dans neuf plateformes de streaming. La plupart sont des

services de replay, mais trois suivent le modèle de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Le contenu, clé de la stratégie Car la véritable bataille de l’accès aux nouveaux revenus se joue

sur le terrain de la production de contenus, pour laquelle RTL Group investit près de 3,5 milliards d’euros par an, principalement via sa filiale Fremantle. En comparaison, Netflix planifiait d’investir plus de 17 milliards de dollars en production en 2020. Le chiffre d’affaires de RTL dans ce segment a augmenté de 12,6 % en 2019, pour atteindre 1,793 milliard d’euros, sur les 6,651 au total. La société productrice se veut indépendante, et 90 % de ses revenus viennent de la vente de contenus à d’autres plateformes comme Netflix ou Amazon Prime. « Ce n’est pas dans notre intérêt de créer l’impression que les contenus les plus attractifs seront réservés aux filiales de RTL Group, précise Elmar Heggen. The Young Pope ou American Gods sont des productions vendues à des plateformes interna-

tionales qui les exploitent sur le plan global. C’est un business qui peut être très attractif aussi pour la société de production. » Heureusement que ces activités lucratives existent. Les revenus publicitaires de RTL Group issus de la télévision sont en baisse constante depuis des années, même s’ils représentent toujours la moitié du chiffre d’affaires. Logique, quand on sait que la télévision linéaire n’est plus à la mode depuis l’arrivée des plateformes de vidéo à la demande par abonnement comme Netflix, Amazon Prime Vidéo, ou encore Disney+. Même avant, le budget publicité des annonceurs avait commencé à glisser des médias traditionnels vers le digital et les réseaux sociaux, bien plus ciblés. En 2019, le temps moyen passé par jour sur internet dans le monde (170 minutes) aurait

ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES, DES COÛTS OPÉRATIONNELS ET DE L’EBITDA En millions d’euros, selon les rapports annuels de 2013 à 2019 8.000

Chiffre d’affaires

Coûts opérationnels

Ebitda

6.651

7.000

6.000

6.029

5.998

5.246 5.000

4.741

4.669

1.257

1.360

4.000

3.000

2.000

1.000 0

2012

2013

2014

2015

1.405

2016

2017

Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam et mis en page par Maison Moderne.

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NOVEMBRE 2020

2018

2019


RTL Group

RÉPARTITION DE L’ACTIONNARIAT Au 20 octobre 2020, selon le site internet de RTL Group Flottant 17,95 % Actions propres 0,76 %

Bertelsmann Capital Holding 76,28 %

Silchester International Investors LLP 5,01 %

Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

ainsi dépassé celui de la télévision (167 minutes), selon des prévisions effectuées par l’agence Zenith en juin 2019. Globalwebindex montre que la génération Y passe en moyenne 2h22 par jour sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Un utilisateur de Netflix passerait quant à lui deux heures quotidiennement sur la plateforme. Streaming local D’où un investissement croissant dans le streaming chez RTL, qui entre dans la section « digitale » de ses revenus, laquelle a vu sa part doubler en quatre ans pour atteindre 16,1 % en 2019 (la section Plateformes du rapport annuel concerne en fait la distribution de signal de diffusion en haute définition, autre source de revenus pour RTL Group). Après y avoir investi 85 millions d’euros en 2019, ce seront 350 millions en 2025 d’après les prévisions du groupe, qui a pour objectif de créer des « champions nationaux » dans les pays où il est présent en quadruplant les revenus sur ce segment en cinq ans. Ceux issus de TV Now en Allemagne et Videoland aux Pays-Bas ont déjà grimpé de 46,7 % en 2019 pour atteindre 135 millions d’euros, soit environ 2 % du chiffre d’affaires. Dernier en date, Salto, service de streaming payant commun du groupe TF1, de France Télévisions et du groupe M6 (détenu à 48,3 % par RTL), a été lancé mardi 20 octobre.

Le montant investi et les objectifs visés avec cette plateforme n’ont pas pu nous être communiqués. Mais comment RTL Group, avec 1,77 million d’abonnés payants sur TV Now et Videoland, peut-il s’imposer face à des acteurs mondiaux comme Netflix, qui a dépassé les 180 millions ? « Il y a un appétit très fort pour les contenus nationaux, souligne le COO. Donc il y aura certainement une place à prendre à côté de l’offre internationale. » Il s’imagine qu’à l’avenir, les foyers prendront deux abonnements : l’un international, l’autre local, et vise entre 5 et 7 millions d’abonnés payants d’ici 2025. Il ne craint pas la concurrence des contenus de plus en plus locaux de Netflix, tels que La Casa de Papel, série espagnole à succès. Il pense que les plus gros investissements du géant iront en priorité à l’international. Ce dernier bénéficie cependant d’un avantage que RTL devra garder en tête : celui du premier arrivé sur le marché, ou first-mover advantage. Outre la France, RTL Group prévoit déjà de « lancer des offres similaires dans les autres marchés dans lesquels [il est] présent », même s’il faut que ces derniers aient une « taille critique », sans avoir tranché quant à la prochaine destination pour le moment. « Nous pourrons toujours utiliser la technologie que nous détenons via notre investissement dans la société Bedrock (plateforme technologique

spécialisée dans la conception et le développement de plateformes de streaming, ndlr). Cela facilitera l’entrée en marché même pour les petits pays. » Et pourquoi pas une plateforme européenne ? « Les goûts diffèrent d’un pays à l’autre », et cela cause des « soucis au niveau des droits », répond Elmar Heggen. Expérimenter les business models Le streaming a beau être en croissance, l’abonnement rapporte moins au groupe que la publicité. Pour pallier ce manque de recettes qui risque de grandir d’années en années, l’entreprise réfléchit au meilleur business model. « Il va falloir expérimenter et offrir différents modèles. Certaines personnes préféreront payer et ne pas devoir consommer de publicité. Dans ce cas, le prix de l’abonnement sera plus élevé. D’autres ne sont pas prêtes à payer pour le contenu et vont tolérer un certain niveau de publicité sur la plateforme », détaillet-il. Ce principe est déjà en place sur les plateformes du groupe. Même s’il est « plus difficile de défendre les mêmes marges que celles qu’on connaissait dans notre business linéaire » sur internet, où « le paysage compétitif est différent », Elmar Heggen croit vivement qu’un jour, le numérique pourra représenter la moitié des recettes. « La question, c’est quand ? Je pense que je serai à la retraite », sourit le COO de 52 ans. Pour attirer de nouveau les annonceurs, RTL Group tente en même temps de mieux monétiser l’audience sur les canaux numériques. Cela passe par des investissements dans la technologie de la publicité, notamment des outils de traitement, de collecte et d’exploitation des données ou des formats vidéo et digitaux. Ce que promet sa société Smartclip, censée regrouper les activités « adtech » du groupe. Il a aussi participé à plusieurs tours de table pour environ 12 millions d’euros, entre 2015 et 2017, pour financer la plateforme américaine VideoAmp, spécialisée dans la « mesure pour la publicité basée

CONSEIL D’ADMINISTRATION RTL GROUP ADMINISTRATEURS EXÉCUTIFS THOMAS RABE CEO et président du directoire de Bertelsmann Management SE PDG de RTL Group ELMAR HEGGEN Directeur des opérations et directeur général adjoint de RTL Group ADMINISTRATEURS NON EXÉCUTIFS MARTIN TAYLOR Président du conseil d’administration Président du comité des nominations et des rémunérations JAMES SINGH Vice-président du conseil d’administration Président du comité d’audit GUILLAUME DE POSCH Membre du conseil d’administration THOMAS GÖTZ Conseiller juridique chez Bertelsmann SE & Co. KGaA IMMANUEL HERMRECK Chef des ressources humaines chez Bertelsmann Management SE BERND HIRSCH Directeur financier chez Bertelsmann SE & Co. KGaA BERND KUNDRUN Investisseur JEAN-LOUIS SCHILTZ Avocat et ancien ministre des Communications et président du CA de CLT-Ufa ROLF SCHMIDT-HOLTZ Fondateur et investisseur d’entreprise BETTINA WULF Vice-présidente juridique senior chez Bertelsmann LAUREN ZALAZNICK Spécialiste des tendances pour les médias et la télévision

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87


Business case RTL Group

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES PAR PILIER En %, selon les rapports annuels du groupe de 2015 à 2019 sur les données », selon Mickaël Bezagut, banquier d’affaires chez Degroof Petercam, avec qui nous avons travaillé sur ce business case. « La société a réalisé plusieurs acquisitions au cours des dernières années pour proposer des campagnes publicitaires sur tous types d’écrans et partout en Europe », complète-t-il. Par exemple, United Screens en 2018, un réseau multiplateforme de vidéos couvrant des pays nordiques, pour 10 millions d’euros net de trésorerie (cash free, debt free). En 2019, ce sont les sociétés de vidéos numériques Yospace Technologies Limited (19 millions d’euros net de trésorerie) et SpringServe (via SpotX, montant non disponible). « RTL a aussi fait le choix de vendre certaines activités jugées non stratégiques ou pas suffisamment rentables. C’est notamment le cas de Universum Film GmbH, une société de production et de distribution de contenus cinématographiques présente dans les pays germanophones, vendue en 2019 pour 91 millions d’euros, ajoute Mickaël Bezagut. Ou celle de Monalbumphoto en 2018, pour 39 millions d’euros. » À ce sujet, le groupe pourrait bientôt revendre ses parts (57,3 %) dans l’entreprise BroadbandTV Corp, chargée

de monétiser et générer des revenus à partir de vidéos Youtube et incluse dans ses activités digitales. Sa PDG Shahrzad Rafati, qui détient les actions restantes, a confirmé début octobre la volonté d’introduire en bourse BBTV Holdings Inc, afin de lever suffisamment de fonds pour récupérer la part de RTL Group. « Nous travaillons de manière constructive avec les actionnaires minoritaires de BBTV pour trouver le meilleur résultat stratégique pour l’entreprise », réagit RTL. La vente de cette activité pourrait appuyer sa volonté de se concentrer sur un marché plus européen concernant ses activités « adtech », BroadbandTV étant surtout active outre-Atlantique. Il n’y a pas qu’internet pour faire de la publicité hyper ciblée, et RTL Group compte beaucoup sur la « TV adressable ». « Aujourd’hui, les télés sont de plus en plus connectées. La technologie permet, notamment en Allemagne, de personnaliser les annonces », raconte Elmar Heggen. L’opportunité de « demander des tarifs beaucoup plus élevés, parce que l’annonceur sait d’entrée de jeu qu’il va atteindre sa cible », espèret-il. Sa filiale Mediengruppe RTL Deutschland s’est alliée en 2019 au groupe de médias allemand

Publicité télévision

Activités digitales (par ex., streaming)

Publicité radio

Vente de contenus (Fremantle)

Plateformes (diffusion de signal)

Autre

100

80

60

40

20

0

2015

2.262

2.000

1.793

RTL Belgium 3 % RTL Nederland 7%

MICKAËL BEZAGUT Banquier d’affaires Degroof Petercam

« La situation est suffisamment saine pour continuer ses investissements en contenus »

Autre 10%

RTL Deutschland 33 %

1.500

1.456 1.000

724

500

496 195

0 2015

2016

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Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

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Fremantle (production de contenus) 26 %

2017

2018

2019

Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

ORIGINE DES REVENUS PAR FILLIALE En millions d’euros, selon les rapports annuels du groupe de 2015 à 2019 2.500

2016

Groupe M6 (France) 21 %

ProSiebenSat.1 pour créer D-Force, plateforme spécialisée dans ce domaine. Elle a été lancée en Autriche en février 2020. Encore en phase de démarrage, RTL s’attend à ce que dans trois à cinq ans, elle commence à représenter « une certaine portion de [son] chiffre d’affaires ». L’endettement, reflet d’une ligne de conduite « Nous sommes convaincus que les marchés vont continuer à se consolider », résume Elmar Heggen. En regardant les comptes de l’entreprise, on remarque justement qu’elle ne cesse d’alléger son niveau d’endettement depuis quelques années. De 670 millions d’euros en 2015, la dette nette est passée à 384 millions fin 2019. En juin 2020, elle atteint même 181 millions d’euros, ce qui s’explique aussi par le fait qu’aucun dividende n’a été versé aux actionnaires dans le contexte de la crise, une « mesure de précaution pour préserver la trésorerie du groupe », commente le directeur des opérations. « Sur les 633 millions d’euros d’emprunt du groupe en 2020, 500 ont été contractés auprès de son actionnaire Bertelsmann, le reste étant du simple crédit bancaire », analyse Degroof Petercam, qui explique cela par une « gestion en bon père de famille » de la part du groupe,


1 1

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jobBy profile, gain athe comprehensive assessment evaluating candidate against the ofprofile, their dissensions and compatibilities to job gain a comprehensive assessment make an informed hiring decision. of their dissensions and compatibilities to

work environment.

make an informed hiring decision.

3 3

4 4

Stress quotient Stress quotient

Emotional Quotient Emotional Quotient

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and workplace satisfaction.

and adaptability in the workplace.

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Business case RTL Group

DÉPENSES PUBLICITAIRES PAR CANAL DANS LE MONDE Selon Statista, en juin 2020

NOMBRE D’ABONNÉS PAR PLATEFORME DE STREAMING En millions, sources multiples* et classement non exhaustif

60%

Netflix 193

Internet

Amazon Prime Video 150 Disney+ 57,5 40%

The Walt Disney Company 32,1

Journaux Télévision

Radio

Peacock (Comcast) 15

Outdoor

Apple TV+ 10

20% Cinéma Magazine

0

51

28,4

6

5,3

ELMAR HEGGEN CEO adjoint et directeur des opérations RTL Group

« Certaines personnes préféreront payer et ne pas devoir consommer de publicité. Dans ce cas, le prix de l’abonnement sera plus élevé. »

5,4

3,5

HBO Now 8 TV Now et Videoland (RTL) 1,8

0,4

* rapports officiels des entreprises et articles économiques concordants

pour anticiper d’éventuels problèmes de liquidité. Selon Mickaël Bezagut, une réduction de l’endettement si importante induit en général trois types de développement à venir : le paiement aux actionnaires, la constitution d’un trésor de guerre pour prévenir une période difficile, ou la volonté de se laisser une marge de manœuvre pour de nouvelles acquisitions. Ce dernier point aurait du sens pour la stratégie du groupe. Après avoir fait l’acquisition du pôle télévision de Lagardère en France en 2019 (les chaînes Gulli, Canal J ou Tiji, via M6) pour 215 millions d’euros net de liquidité, pourrait-il s’intéresser à d’autres familles de chaînes ? Des plateformes de streaming ? « Nous resterons toujours attentifs aux opportunités de renforcer les familles de chaînes existantes », admet Elmar Heggen. Mais selon lui, rien de prévu pour l’instant. Il explique la réduction de la dette par une volonté historique de ne pas dépasser certains seuils. « Nous estimons qu’il ne faut pas qu’un groupe commence à être trop endetté. » Une stratégie totalement différente de celle adoptée par Netflix, qui ne cesse de creuser sa dette à long terme (d’environ 15 milliards de dollars en juin 2020) pour financer de nouveaux contenus.

« Netflix est dans la nécessité d’ajouter du contenu en permanence. La production d’une série qui a le potentiel de plaire à différentes populations dans le monde coûte beaucoup plus cher qu’une production locale », justifie Elmar Heggen. Le Luxembourg, petit mais central Toujours plus de digital rime avec marché mondial. Le « L » de RTL, Luxembourg, est devenu symbolique. Près d’un tiers du chiffre d’affaires est issu

de son activité en Allemagne. Viennent ensuite la France et les États-Unis (environ 1 milliard chacun). Puis, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Belgique et la partie « Autres », où se cache le Luxembourg, avec ses 72 millions d’euros de revenus, tout juste 1 %. Le siège de RTL emploie quant à lui environ 600 salariés (sur les près de 16.000 du groupe), y compris les équipes de BCE, sa filiale de prestations de retransmission pour des clients internes ou externes. Plus précisément, les équipes de RTL Lëtzebuerg (incluant Eldoradio) et sa régie publicitaire IP Luxembourg comptent 224 employés. Coulée dans une convention portant sur les concessions traditionnelles (TV et radio) signée avec le gouvernement luxembourgeois, la présence du siège de RTL Group au Kirchberg semble assurée jusqu’en 2030. Au-delà de cette échéance, plus personne n’ose affirmer qu’un départ vers le centre de gravité qu’est déjà Cologne, le siège administratif de RTL où est basé son chairman, Thomas Rabe, est évitable. L’idée d’un départ éventuel avait été ravivée en 2019, lorsqu’un plan social avait été annoncé au sein des équipes du siège.

ÉVOLUTION DE L’ENDETTEMENT Selon les rapports annuels de 2016 à 2019 et janvier à juin 2020 Capitaux propres Dette nette Dette nette / capitaux propres (ratio d’endettement) Dette nette / Ebitda (capacité de remboursement, en années) En millions d’euros 4.000

20 %

19,68 % 3.000

15 %

2.000

10 %

0,49 0,41

0,37

1.000

0,34

0,27

4,55 % 0,16

0

2015

2016

2017

2018

2019

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Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

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Business case RTL Group

ÉVOLUTION DU COURS DE BOURSE, COMPARÉ AUX INDICES DE RÉFÉRENCE En base 0 au 1er mai 2013, selon Bloomberg MSCI World Index

RTL Group

MSCI Europe/Media Index

80 60 40 20 0 -20 -40 -60

2013

2014

2015

2016

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Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

Sur les 69 salariés concernés, 39 se sont vu proposer une mutation à Cologne. Interrogé à ce sujet, Elmar Heggen assure qu’il n’y a « pas de nécessité de changer cette structure ». RTL reste le principal média du Grand-Duché, où son site internet atteint 31,7 % de la population, sa radio 29 %, et sa chaîne télévisée 18 %, selon l’étude Plurimedia TNS Ilres de septembre 2020, hors période de confinement. « C’est un petit marché, qui n’aura jamais la taille qu’on a pu atteindre en Allemagne, en France ou ailleurs. Mais nous sommes toujours la société de production et de diffusion pour le service public.

Cela reste à la racine de nos activités », ajoute Elmar Heggen. Le groupe se positionne aussi comme « leader ou challenger sur ses marchés-clés », d’après Degroof Petercam, avec une part de marché de 9 % en France via M6 en septembre 2020, d’après Médiametrie, de 7,7 % en Allemagne, selon AGF le même mois, de 23,90 % aux Pays-Bas en juin 2020, d’après Statista, et de 18 % en Belgique en 2019, selon le Centre d’informations sur les médias (CIM). Digérer l’effet Covid En attendant, RTL Group, tout comme ses concurrents, devra encore digérer les conséquences

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES PAR PAYS En 2019, selon le rapport annuel, hors éliminations intragroupes

Belgique 3 %

Autres 14 % Allemagne 32 %

Royaume-Uni 4 % Pays-Bas 8 %

États-Unis 17 %

France 22 %

Les rapports financiers de RTL Group ont été compilés par Degroof Petercam.

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économiques du Covid-19. Ses revenus du premier semestre 2020 ont chuté de 16,4 % par rapport à la même période en 2019, pour s’établir à moins de 2,7 milliards d’euros. Une période durant laquelle des milliers d’utilisateurs se sont rués sur le streaming, et où le nombre d’abonnés sur les plateformes de RTL Group a augmenté de 45,2 %. Mais de l’autre côté, les entreprises se sont montrées frileuses et ont préféré alléger leurs campagnes de publicité. RTL a donc revu ses objectifs à la baisse pour 2020. Si, en mars, le groupe espérait encore +2, voire +3 % de croissance sur l’exercice en cours (après +2,2 % en 2019), il indique ne plus être « en mesure de fournir de nouvelles perspectives pour l’ensemble de l’exercice, si ce n’est que le chiffre d’affaires et l’Ebita ajusté seront nettement en dessous de 2019 et de ces dernières années ». Pour faire face à la crise, l’entreprise a misé sur une baisse des coûts, qui lui a permis de compenser 50 % de la perte de chiffre d’affaires. Cela concerne majoritairement les frais de programmation et de production des contenus, selon le directeur des opérations (-12 % au premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019). En analysant les coûts, Degroof Petercam soulève que les charges d’exploitation, principalement

constituées de frais de personnel, ont quant à elles diminué de 8 % sur les six premiers mois de l’année. « Il n’est pas exclu que le groupe ait poursuivi la tendance à la baisse de l’effectif entamée en 2017. » Sur les 16.264 employés en 2019, 10.747 sont des équivalents temps plein, alors qu’ils étaient encore 11.011 en 2017, après plusieurs années de hausse. À l’heure du bilan intermédiaire, Elmar Heggen se dit satisfait de ces résultats, « si on prend en considération le fait que nous n’avons jamais vécu une telle crise. Nous restons une société profitable, nous avons pu dégager un résultat net positif au premier semestre. » Ce que Degroof Petercam confirme : « La situation de RTL est suffisamment saine pour continuer ses investissements en contenus, technologies et prises de participation stratégiques, comme le rachat de chaînes de télévision. Cependant, les habitudes de la jeune génération en termes de consommation de contenus audiovisuels incitent à penser que l’avenir de RTL à long terme sera lié à son développement organique ou par acquisitions dans le streaming. » Mickaël Bezagut estime que, compte tenu de la progression du cours boursier, les revenus de l’entreprise ont « une très forte corrélation avec l’évolution du PIB » en Europe. Une fois la crise terminée, elle devrait donc rapidement se remettre en selle, « contrairement à d’autres industries dont le retour à la normale pourrait être beaucoup plus long », par exemple l’hôtellerie. Pour la suite, RTL aurait intérêt à « développer du contenu adapté aux nouveaux moyens de diffusion », projette le banquier d’affaires. « Avec la 5G, les gens vont pouvoir regarder de la vidéo de très haute qualité visuelle, comme de la 4K ou de la réalité augmentée, même quand ils ne seront pas chez eux. La production de Fremantle va devoir s’adapter à cette nouvelle demande. » Auteur MATHILDE OBERT


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Débat public Passerell déplore que le Luxembourg assume de mettre à la rue des personnes vulnérables le jour même où elles sont venues demander la protection du Grand-Duché. Pour rappel, le nombre de demandeurs d’asile qui auraient « changé d’avis » avant que leur demande ne soit enregistrée est faramineux : 345 personnes sur 788 en 2020, et 1.304 sur 3.351 en 2019, selon les chiffres de l’Administration. D’après elle, il s’agit là du résultat de son devoir d’information fournie aux administrés : « Si nous sommes en présence de cas où nos services voient qu’il n’y a aucune chance d’aboutir, nous le leur disons », nous explique le directeur de l’Immigration. On peine à comprendre en quoi l’Administration serait habilitée, en vertu d’une telle obligation d’information, à « faire réfléchir » un demandeur aux chances de succès de sa demande. Cela semble une révision complète, un dévoiement d’une obligation protectrice. Lorsque les demandes de protection internationale ne sont pas enregistrées, les personnes perdent les mesures d’accueil. Nous avons eu plusieurs cas de familles avec enfants qui se sont retrouvées dans la rue. L’Administration répond que ce n’est pas sa responsabilité. Or, ces enfants accompagnés sont venus demander de l’aide, et la Convention relative aux droits de l’enfant ne laisse aucun doute sur l’attention à leur porter :

Cassie Adélaïde Cofondatrice de Passerell « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. » (article 3) Le tribunal administratif semble considérer que l’intérêt supérieur de l’enfant est une question « à part » puisque l’on peut lire dans une décision n° 43965 du rôle qu’ il ne lui appartient pas de se prononcer [dans le cadre d’une demande de protection internationale] sur la question d’une éventuelle méconnaissance de l’intérêt supérieur de l’enfant du demandeur de protection internationale, protégé, notamment, par l’article 3 de la Convention de New York. Est-ce que le tribunal administratif veut dire que la Convention relative aux droits de l’enfant n’est pas applicable en matière d’asile ? Il est visiblement utile de rappeler que les textes relatifs aux droits fondamentaux, qu’ils protègent les enfants, les femmes victimes de violence ou les victimes de la traite humaine, sont applicables en tout lieu, à toute heure, pour tous et par tous, et surtout par l’Administration et les juridictions. Cassie Adélaïde est cofondatrice et coordinatrice de projets pour l’asbl Passerell, qui aide les réfugiés dans leur parcours d’intégration à travers une assistance juridique. Retrouvez la version in extenso de ce débat public sur paperjam.lu. PHOTO ANDRÉS LEJONA

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Bienvenue au Club ! 98

Business club

Chers membres, L’ensemble des équipes du Club a œuvré, cet été, pour produire un programme complet pour la saison 2021 disponible dès cet automne afin de vous permettre de ne rien manquer de notre 13e saison et d’accompagner au mieux les entreprises membres du Paperjam Club, quelle que soit la phase qu’elles traversent, de la business continuity au recovery, voire au reboot. Celui-ci, publié mi-octobre, sera complété à la fin du mois par un catalogue de formations présentant les workshops de 2021 et l’intégralité de l’offre de la Paperjam Academy. En attendant, la Saison 12 se poursuit, alliant événements physiques et digitaux pour permettre au plus grand nombre de continuer à être inspiré ou à networker tout en restant dans un environnement safe. Vous retrouverez les grands classiques du Club avec un 10×6 consacré à l’industrie 4.0 le 26 novembre, mais également un déjeuner carrousel le 19 novembre ou une journée de workshops le 12 novembre. Autant d’occasions de vous connecter via le Paperjam Club à l’environnement business de la Place luxembourgeoise. JULIEN DELPY Director Paperjam Club

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dinatoire propice aux échanges et au networking.

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Le Club en chiffres

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4 5 1 Jacques Brauch (Soludec) et 2 Marie Lucas (M2 Architectes). 3 Emmanuel Vivier (HUB Institute), 4 Filipe Oliveira (Lola Communication) et 5 Simône van Schouwenburg (BCEE)

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Ne manquez pas

Business Club Novembre

Mardi 10 novembre

Jeudi 12 novembre

Start-up Stories : Round 4 Pour ce « round » en partenariat avec Startup Luxembourg, 10 start-upper pitcheront en 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée. Ils seront challengés en live par notre jury d’experts, mordant et constructif. PROGRAMME 18:00 – 19:00 Livestream SPONSOR

THE PLACE

Real Estate Community

The Place est un événement destiné aux professionnels de la construction, de l’architecture et de l’immobilier qui se déroule dans un lieu exclusif, pour un networking convivial. PROGRAMME 18:30 – 21:30 LIEU À venir GOLD SPONSOR

Jeudi 26 novembre 10×6

Digital : Smart Factories

Esquisse d’un modèle industriel permettant de répondre aux nouvelles exigences des consommateurs en matière de qualité, de personnalisation des produits et d’impact sociétal, l’industrie 4.0 confronte toutefois les entreprises à de nouveaux enjeux technologiques et humains. Ce 10×6 reviendra sur ces défis et mettra en avant certaines des bonnes pratiques développées par les acteurs luxembourgeois. À cette occasion, nous annoncerons le vainqueur des Start-up Stories édition 2020. PROGRAMME 18:30 – 19:30 Livestream GOLD SPONSOR

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam Club : club.paperjam.lu


Annonce du vainqueur et remise de prix de la deuxième édition des Start-up Stories !

LIVESTREAM JEUDI

Digital

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Smart Factories

N OV E M B R E

Esquisse d’un modèle industriel permettant de répondre aux nouvelles exigences des consommateurs en matière de qualité, de personnalisation des produits et d’impact sociétal, l’industrie 4.0 confronte toutefois les entreprises à de nouveaux enjeux technologiques et humains. Ce 10x6 reviendra sur ces défis et mettra en avant certaines des bonnes pratiques développées par les acteurs luxembourgeois. Pour la première fois en près de 10 années d’existence, le format phare du Paperjam Club se digitalise et s’invite chez vous pour vous offrir une bouffée d’inspiration, ainsi qu’un regard vers l’extérieur grâce à l’e-networking qui suivra.

Avec la participation, entre autres, de : Fabrice Hansen (Paul Würth) Thomas Kallstenius (LIST) Thomas Musiolik (Accenture) Björn Ottersten (SnT) Laurent Probst (PwC Luxembourg) Pranjul Shah (Université of Luxembourg Incubator) Jean-Christophe Witz (Husky Injection Molding Systems) Thierry Wolter (Ceratizit)

AGENDA 17:30 Début du 10x6 18:00 Remise de prix Start-up Stories 18:40 Speed networking

GOLD SPONSORS

ORGANISATEUR INSCRIVEZ-VOUS SUR PAPERJAM.CLUB  !


Le programme

Business Club Novembre

Jeudi 12 novembre

Jeudi 29 octobre

Vendredi 20 novembre

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 17:15 LIEU Chambre des salariés

THE PLACE

Real Estate Community HORAIRE 18:30 – 21:30

Start-up Stories : Round 3

LIEU À venir GOLD SPONSOR Colliers Luxembourg

HORAIRE 18:00 – 19:00 Livestream GOLD SPONSOR SNT

Mardi 17 novembre WEBINAR

Mardi 3 novembre WEBINAR

Blockchain for finance: Everything you need to know

Créer, améliorer ou innover : avec ou sans protection des données ?

Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Sofitel Le Grand Ducal

Mardi 24 novembre WEBINAR

HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream

HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream Mercredi 18 novembre Mercredi 4 novembre

CLUB TALK

Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 09:00 – 09:45 Livestream

Fiscalité en temps de crise : état des lieux et perspectives HORAIRE 18:30 – 21:30

Jeudi 5 novembre

LIEU International School of Luxembourg GOLD SPONSOR Bonn Steichen & Partners

LET’S TASTE

Jeudi 19 novembre WEBINAR

The professional payment guarantee HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream

Networking Circle HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU Samsic GOLD SPONSOR Samsic

Duel en Loire & Sud-Ouest de la France HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU Paladium – Jardin Secret

Mercredi 25 novembre

Networking Circle To AI or not to AI

HORAIRE 18:30 – 20:00

HORAIRE 11:00 – 12:00 Livestream

GOLD SPONSOR Wengler

GOLD SPONSOR Board Belgium

Mardi 10 novembre

Jeudi 26 novembre

WEBINAR

Les permis de travail au Luxembourg

Paperjam Club Lunch

HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream

GOLD SPONSOR SnT

10×6 DIGITAL

HORAIRE 12:00 – 13:30

Smart Factories

LIEU Restaurant Kava

HORAIRE 18:30 – 19:30 Livestream GOLD SPONSORS Telindus, SnT

Start-up Stories : Round 4 HORAIRE 18:00 – 19:00 Livestream

LIEU À venir

LET’S TASTE

De la robe à la vigne HORAIRE 18:30 – 21:30 Livestream LIEU À venir

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam Club : club.paperjam.lu


CLUB TALK JEAN-PIERRE ZIGRAND

Systemic risks in the Luxembourg real estate market Luxembourg real estate prices continue to rise, but industry players still refuse to consider a real estate bubble that would threaten both borrowers and creditors. On December 2nd, the Paperjam Club has the pleasure to receive Jean-Pierre Zigrand, Director, Systemic Risk Centre at London School of Economics and Political Science, to discuss the systemic risks in the Luxembourg real estate markets, country of the most expensive flats in Europe in 2019.

I N V I TAT I O N W E D N E S DAY

02 DECEMBER

18:00 ORGANISED BY

REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.LU


Flash-back

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« Tout porte à penser que la langue et la nationalité luxembourgeoises sont plus un facteur d’exclusion que d’inclusion. »

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Marie Lahaye Étude Wurth Kinsch Olinger 10

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Photos

Jan Hanrion (Maison Moderne)

Vos événements Le jeudi 24 septembre, en partenariat avec ING Luxembourg, 10 experts se sont réunis afin d’exposer, au travers de 10 initiatives, les défis et succès d’une stratégie de growth hacking, parmi lesquels 16 Guillaume Dollé (Vanksen) et 4  Ilana Devillers (F4A), ainsi que 3  Colette Dierick (ING), qui a ouvert la cérémonie. Le 7 octobre, au Knokke Out, avec le soutien de la Spuerkeess, s’est tenu un Delano Live sur le thème du housing challenge. 13 Nobby Brausch (Spuerkeess) a ouvert l’événement par un mot de bienvenue. À cette occasion, 15 Julien Licheron (Liser) était interviewé par Cordula Schnuer (Delano) sur l’impact potentiel de la pandémie de coronavirus sur le marché du logement luxembourgeois, devant plus de 60 personnes, dont 1 Fabrice Theis (Fabrice Theis Architecture) et 2  Bogdan Banice (Banice Architectes). Le 13 octobre, à la Lhoft, s’est déroulé le deuxième round des Start-up Stories avec les start-up du Luxembourg-City Incubator et en partenariat avec le SnT. Neuf start-up, neuf pitchs, mais seulement 7 Denis Kiselev (SnapSwap), 8 Edouard Semin (Syslorlux) et 9  Theo Short (CleverYak) sont ressortis vainqueurs de cette session, devant notre jury composé de Vania Henry (Equilibre), Jérôme Wittamer (Expon Capital), Diane Tea (LBAN) et José Soares (SnT). Le même jour s’est déroulé un Networking Circle C-Level au Jardin Secret de Paladium, en partenariat avec les Caves Wengler, qui ont mis en place une dégustation d’exception de champagnes Veuve Clicquot, et qui a accueilli de nombreux CEO / directeurs, dont 5 Naouelle Tir (Prolingua), 6  Caroline Lamboley (Lamboley Executive Search), ainsi que 11  Stéphane Pesch (LPEA). C’est un grand débat qui a eu lieu le 14 octobre à l’occasion du retour du format Oxford Debate, en partenariat avec la CJBL, autour de la question : « Intégration des étrangers : Luxembourg champion ? ». Deux équipes du Jeune Barreau de Luxembourg se sont prêtées au jeu de l’éloquence en défendant chacune le « oui » ou le « non », avec 17  Me Davoud Hatami (Lexfield) et Me Harrison Dans (Clifford Chance), ainsi que Me Alessandra Medina (DSM Avocats à la Cour) et 10  Me Marie Lahaye (Étude Wurth Kinsch Olinger). Ce flash-back se clôture avec notre journée de formation du 15 octobre, à la Chambre des salariés de Luxembourg, qui a couvert des sujets allant du marketing au développement personnel, en passant par le management, et bien d’autres encore. Une journée riche en connaissances pour une centaine de personnes, parmi lesquelles 12 Hervé Collignon (e-TIC) et 14 Stephan Schmitz (Accuris). Plus de photos sur

paperjam.lu

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« Il faut se démarquer pour mieux convertir. » Guillaume Dollé Vanksen

« Les politiques ont bien sûr la mainmise sur l’intégration. Mais celle-ci est avant personnelle. » tout personnelle.  Davoud Hatami Lexfield NOVEMBRE 2020

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Ma maison

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Giovanni Giallombardo préside le conseil d’administration de LuxairGroup en tant que représentant de l’actionnaire Delfin, la holding familiale de Del Vecchio. Il nous ouvre les portes de sa maison à Belair.

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C’est dans une des rues de Belair que Giovanni Giallombardo a choisi d’acheter une maison pour sa famille, il y a 25 ans de cela. « Je suis un enfant de la ville, déclare celui qui siège aussi au conseil du géant italien EssilorLuxottica, propriété de la famille Del Vecchio. Après mon enfance dans les Pouilles, je suis venu à Luxembourg, où j’ai habité boulevard de la Pétrusse, puis

avenue Gaston Diderich, et maintenant ici, dans cette maison agrémentée d’une extension. » Il y a quelque temps de cela, la maison était encore bien remplie avec la présence de ses trois filles, qui sont depuis devenues adultes et ont quitté le cocon familial. Aujourd’hui, il partage cet ancrage familial avec sa compagne. « Et la maison se remplit encore régulièrement et est animée fréquemment par la présence de mon petitfils, explique avec un sourire ce jeune grand-père. Ce que j’apprécie avant tout dans une maison, c’est l’espace et la lumière. J’aime particulièrement la lumière des maisons éclairées quand je me promène dans la rue en soirée. » Ce qu’il affectionne également, ce sont les photos de famille. Et les livres aussi, déposés à côté des assises pour pouvoir les lire confortablement. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA

DES PHOTOS, DE L’ESPACE 106

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5 1 Dans l’extension contemporaine, baignée de lumière et donnant sur le jardin, est installé le salon, propice à la discussion et à la détente. 2 « J’ai conçu la cheminée comme un paysage, une montagne : en fond, les plaques de marbre de Carrare me rappellent Florence, où j’ai fait mes études ; le corps de la cheminée est en ardoise, qui représente le Luxembourg ; et au centre, le feu, crépitant. » 3 La salle à manger est une pièce qui sert à rassembler lors de généreux repas, ou qui, grâce à sa grande table en bois qui provient d’un ancien château, sert aussi de bureau pour les multiples dossiers. 4 Giovanni aime s’installer dans ces fauteuils de l’époque bonapartiste, pour laquelle il a un intérêt particulier. Il y contemple l’érable du Japon de son jardin et consulte les albums photo posés sur le guéridon. 5 Dans son bureau, à l’étage, les dossiers d’affaires côtoient des objets à forte valeur sentimentale : dans ses tiroirs se trouvent la première règle d’écolière d’une de ses filles, d’anciens badges de sa vie d’étudiant militant, des cartes offertes pour la Fête des pères…

ET DE LA LUMIÈRE NOVEMBRE 2020

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Mon argent

On peut jongler avec les milliards et apprécier les choses simples. Corinne Lamesch, présidente de l’Alfi et country head de Fidelity International, nous détaille son rapport à l’argent.

Corinne Lamesch ne peut plus se passer de son vélo électrique.

Avez-vous une devise en matière d’argent ? « L’argent ne rend pas heureux. » Je suis surtout sensible aux choses simples : être en famille, faire une balade en forêt ou une randonnée en montagne. Mais j’admets que ne pas avoir de soucis d’argent rend la vie plus simple. Un souvenir de votre premier gain d’argent ? Vers 16 ans, j’ai obtenu un job d’été comme commis de cuisine à la Schueberfouer. J’en ai gardé un souvenir très agréable et, en plus, j’ai trouvé le salaire très généreux pour l’époque. J’avais touché environ 40.000 francs luxembourgeois (1.000 euros). Que vous êtes-vous offert avec votre premier salaire ? Je ne me souviens pas d’un achat en particulier, mais avec mon premier salaire d’avocat stagiaire, j’ai pu louer un studio et quitter le cocon familial. J’ai ressenti un très fort sentiment de liberté et d’indépendance. Avez-vous déjà connu des problèmes financiers ? Non, mes parents m’ont toujours appris que l’on ne doit pas dépenser plus d’argent que ce que l’on a, et ils m’ont poussée à étudier et travailler. J’ai toujours effectué des jobs d’été et du baby-sitting en cours d’année. Pour quel luxe sacrifiez-vous de l’argent occasionnellement ? Un bon repas, et de préférence de la haute cuisine japonaise. Je profite toujours de mes différents voyages pour décou-

vrir des restaurants asiatiques ou japonais. Mais je connais aussi de bonnes adresses au Luxembourg. Un achat trop coûteux, mais que vous ne regrettez pas ? Mon vélo électrique. C’est vraiment devenu mon compagnon de vie. Je l’emmène partout. Lorsque je l’ai acheté il y a quelques années, j’ai trouvé ça assez cher. Mais je ne peux plus m’en passer. En plus, comme mon mari est un excellent cycliste, je peux même le suivre en montagne. Et pendant le confinement, les balades à vélo sont les seules sorties que nous nous sommes accordées. Avez-vous des passions coûteuses ? Je suis quelqu’un d’assez terre à terre. J’ai beaucoup de passions qui ne coûtent pas très cher. J’adore les champignons. Si je peux me balader en forêt

et trouver des cèpes ou des girolles, je suis très contente. Mais depuis deux ans, je joue aussi au golf. Le budget est un peu plus important, évidemment, mais ça permet de découvrir de jolis coins de nature et de pratiquer la marche. De quel objet ne vous séparerez-vous jamais ? Mon sac à main. Il contient toute ma vie... et aussi tout et n’importe quoi. J’en ai une grande collection, j’aime vraiment cela. Mais vu que j’ai tout dedans, si je change de sac et que j’oublie quelque chose, je risque vraiment d’avoir des problèmes. Un rêve inaccessible, faute de moyens financiers ? Un voyage dans l’espace. J’ai lu qu’on pourrait bientôt en faire, mais... pour 100 ou 200 millions d’euros. Et même si cela devenait un jour accessible financière-

ment, encore faudrait-il avoir le courage de se lancer. La crise du Covid a-t-elle modifié votre rapport à l’argent ? Je suis très touchée par l’impact qu’a eu cette crise sur certains secteurs. Selon moi, ce n’est pas le moment de mettre ses économies sous l’oreiller. Il faut consommer local, aller au restaurant, au théâtre et passer plus souvent chez le coiffeur. Un conseil en matière d’investissement ? Je suis convaincue par le métier que je fais, je ne peux donc que conseiller d’investir dans des fonds d’investissement [rires]. Mais je pense aussi qu’il faut étendre l’éducation financière auprès des jeunes pour qu’ils puissent mieux gérer leur argent. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA

Liberté et indépendance 108

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New Deal 2021—2023

Pourquoi le « New Deal » est fait pour vous ? Découvrez-le sur go.paperjam.lu/newdeal


Maddalena Oliveira Designer et fondatrice Manalena Concept Store Comment définiriez-vous votre style ? Personnel et expressif. Que vous inspirent le denim et ses variantes ? Je pense à son histoire, où se mêlent plusieurs pays et villes, dont Gênes, qui ont fait de ce tissu de travailleur une icône de la mode et du quotidien au fil des générations. Quelle pièce iconique de votre garde-robe aimeriez-vous transmettre ? Ma jupe trapèze mi-longue, taille haute, en similicuir et boutonnée à l’avant par des boutons dorés… « So eighties » ! Que porter pour une occasion exceptionnelle ? Une belle tenue élégante avec une touche d’originalité et de modernité, qui en jette et nous met en valeur, sans oublier un parfum et un bijou. Un cocktail de self-confidence et d’empowerment. Quels sont vos designers préférés ? Au Luxembourg, j’aime Reza Kianpour pour son inspiration « out of the box » et ses créations multidisciplinaires. De quels univers, en dehors de la mode, vous inspirez-vous pour votre style ? La filmographie italienne et française des années 60, la nature, l’art et l’architecture. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? C’est un peu comme demander à un boulanger où acheter son pain ! Mais je dirais The Modu Shop et Botari, où je trouve de très jolies choses...

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

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Indémodable denim 110

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Mon style

Pit Romersa Fondateur et CEO Thalus – Water in a Box Comment définiriez-vous votre style ? Clean, simple, avec des essentiels. Tout en en faisant quelque chose de canon. Que vous inspirent le denim et ses variantes ? C’est un indémodable, des modèles sur papier glacé aux ouvriers. Le denim raconte des histoires ! J’apprécie aussi beaucoup sa solidité, et donc son caractère durable. Quelle pièce iconique de votre garde-robe aimeriez-vous transmettre ? J’ai cette veste noire Boris Bidjan Saberi complètement démente et iconique. Elle est assortie d’un pantalon qui me donne envie de marcher dans la rue comme dans le clip de ‘Bitter Sweet Symphony’. Quels sont vos designers préférés ? Je suis de plus en plus fan de Haider Ackermann. Il comprend parfaitement la complexité de la simplicité et transforme cette interaction en magie… De quels univers, en dehors de la mode, vous inspirez-vous pour votre style ? Cela peut varier du tout au tout : d’un film japonais à une peinture de Matisse, d’un drag show aux Beatles… Je ne me mets aucune limite ! Quel accessoire ne pouvezvous absolument pas prêter ? Mon collier et ma clé en pendentif, reçus de ma mère. « Way too precious, darling ».

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Maddalena et Pit ont été photographiés au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? J’aime particulièrement explorer la scène vintage : il y a des marchés de seconde main locaux qui voient le jour un peu partout dans le pays. Auteur FABIEN RODRIGUES Photos GEOFFREY MASURE

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Ma collection

Une bibliothèque de souliers 112

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Consultante pour les maisons de mode et les fabricants de souliers, Sarah Zigrand conçoit et dessine des chaussures. Une passion qui l’a amenée à constituer une archive exceptionnelle de chaussures de tous types. « Ce n’est pas vraiment une collection, mais plutôt une accumulation », tient à préciser Sarah Zigrand, alors qu’elle nous reçoit chez elle, où sont conservés plus de 400 modèles de chaussures. Loin de la shoe addict, elle aime les chaussures pour les détails et le savoir-faire qu’elles dévoilent. « Je peux être fascinée par la précision d’une couture, l’étroi-tesse d’une semelle, le traitement d’un cuir précieux, ou le mélange de styles et d’influences. » Aux matières brillantes, elle préfère la splendeur des cuirs, la mise en exécution d’une technique exceptionnelle. Une approche presque minimaliste, mais toujours avec une grande attention. « J’ai acheté quelques exemplaires en boutique, mais j’ai surtout accès aux ventes d’échantillons et de prototypes. » Des chaussures dont elle n’a pas nécessairement la paire, mais juste un pied, qui lui servent de référence et d’inspiration pour ses propres créations. Mais la Luxembourgeoise, qui a travaillé pour Céline, Dries Van Noten, Hussein Chalayan ou Stella McCartney, n’observe pas que l’industrie du luxe. Elle regarde aussi les sandales traditionnelles grecques, par exemple, ou analyse des chaussures vintage chinées çà et là. Un œil averti et professionnel, qui avoue « avoir un petit faible pour les chaussures jaunes ».

Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA

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Ma recette

Annick Kieffer exprime avec brio sa créativité tant au sein de son studio de design graphique Polenta qu'en cuisine, où ses voyages en Asie influencent volontiers son savoir-faire gourmand. Pour 4 personnes Préparation : 1 heure Cuisson : 20 minutes INGRÉDIENTS 500 g de poulet bio 1/2 potiron d’Hokhaido Brocolis 1 L de lait de coco 1 càc de « fish sauce » Sauce soja POUR LA PÂTE DE CURRY PANANG MAISON 7 à 15 piments séchés de taille medium, en fonction du piquant souhaité 1 càc de sel 3 càc de graines de cumin toastées 1,5 càc de graines de coriandre toastées Quelques grains de poivre blanc 3 càs de citronnelle hachée 1 càs de galanga haché 1,5 càc de zestes de citron vert 1,5 càc de coriandre hachée 1 càs d’ail haché 1 tasse à café d’échalotes hachées 1,5 càc de pâte de crevettes 2 càs de cacahuètes torréfiées POUR LE VIN Auxerrois « Privilège » 2015, Domaine L&R Kox

Curry panang de poulet et potiron 114

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Pour préparer la pâte de curry maison, trempez les piments dans de l’eau pendant au moins une heure. Pendant ce temps, vous pouvez faire cuire le potiron à l’eau (jusqu’à ce qu’il soit tendre mais pas friable). Pilez au mortier le poivre, le cumin, les graines de coriandre et le sel jusqu’à obtenir une poudre fine et réservez. Une fois les piments réhydratés, faites de fines tranches et pilez-les également. Ajoutez ensuite la poudre réservée, qui va ôter l’humidité latente des piments. Après cela, ajoutez la citronnelle, le galanga, la coriandre, l’ail et les échalotes hachés. Mélangez. Incorporez enfin la pâte de crevettes, les zestes et les cacahuètes et mélangez à nouveau. C’est prêt ! Dans une poêle, commencez par cuire toute la pâte panang que vous venez de réaliser. Ajoutez un tiers du lait de coco et laissez cuire le tout à feu moyen. Après 10 à 15 minutes, l’huile du lait de coco va se séparer. C’est alors que vous pouvez ajouter le poulet et le potiron cuit coupés en petits morceaux. Ajoutez le reste du lait de coco, mélangez et laissez mijoter jusqu’à cuisson du poulet. Vous pouvez ajouter également des morceaux de brocolis précuits dans de l’eau pour apporter croquant et couleur… En parallèle, vous aurez fait cuire du riz au jasmin pour quatre personnes. Servez le riz dans une belle assiette ronde avec le curry « on top » et quelques cacahuètes concassées sur le côté. Ajoutez, pour la garniture, quelques fines tranches de feuilles de citron vert – kaffir si possible !

Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ANDRÉS LEJONA


QUAND TU CROISES TON BOSS À 5H E EN BOÎTE NB OÎTE

Madame François Buron, Jacques-Louis David, 1769 (Art Institute of Chicago)

It’s ti

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Mon mental

Il ne se souvient de rien, mais son accident de la route a conduit Jérôme Schiltz à tutoyer la mort, avant une longue rééducation pour retrouver son autonomie. Une feuille de papier, un stylo : Jérôme Schiltz (35 ans) se met à dessiner la route sinueuse qu’il empruntait ce soir de juin 2009 après un barbecue partagé avec des amis dans l’est du pays. « Je me suis endormi, la voiture est sortie de la route dans un tournant et est restée retournée plus de trois heures », précise le trentenaire. Il ouvre alors son profil Facebook, où il garde les photos de sa voiture tellement déformée qu’on peine à reconnaître le modèle. « Cet accident, il fait partie de moi », dit-il, dans

Jérôme Schiltz garde précieusement tous ses bracelets d’accès aux festivals de musique électronique, qu’il apprécie tant.

un enthousiasme qui en ferait presque oublier que sa vie a basculé ce jour-là. Le jeune homme, âgé à l’époque de 23 ans, étudie à Bastogne pour devenir instituteur. Un projet pour lequel il travaille avec ardeur son français, langue du cursus. Et puis, tout s’arrête. Mais cela, Jérôme n’en a aucun souvenir. Lorsqu’au petit matin, un chauffeur de La Provençale passe par là et est intrigué par les traces de freinage sur la chaussée, il découvre le véhicule et prévient les secours. Le conducteur est transféré au CHL, où il est placé dans un coma artificiel avec un pronostic

du corps médical réservé : le patient n’a que 30 % de chances de survie. Mais après trois semaines, il ouvre les yeux. « C’est étrange de se réveiller et d’entendre les gens répéter ‘ doucement, doucement ’ en se demandant ce qui s’est passé. » Jérôme ne remarque pas que sur le côté de son lit se trouve un fauteuil roulant. Il est paralysé de tout le côté droit. « J’essayais de parler, mais je n’y arrivais pas. » Il est intubé et atteint par un traumatisme crânien sévère. S’ensuivent des examens et des opérations, avant un long travail de rééducation au Rehazenter. Les mois passent, et le jeune homme retrouve peu à peu sa

motricité et sa parole. « Il paraît que je parlais comme un Français », dit celui qui a été éduqué dans la langue de Goethe et baignait depuis toujours dans celle de Dicks. Mais le chemin vers l’autonomie est long. Il est accepté en 2010 dans un centre de revalidation à Bruxelles. Au fil des mois, il réapprend les gestes du quotidien sous l’œil attentif d’éducateurs dans des infrastructures taillées sur mesure. De la cuisine commune supervisée aux gestes de la vie quotidienne filmés, puis débriefés, l’encadrement permet à Jérôme de regagner peu à peu une forme d’autonomie. « Je me souviens, on me demandait :

L’espoir après le trou noir 116

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« Cet accident, il fait partie de moi. »

‘Qu’est-ce que tu aimes faire ?’ Ma réponse était : ‘Tout.’ En fait, je ne savais pas ce que je faisais avant, j’avais tout oublié », explique-t-il. Parfois, l’un ou l’autre souvenir resurgit comme un éclair : « Alors que je préparais un barbecue au centre de revalidation, quelques images de la grillade organisée le soir de mon accident me sont tout à coup revenues en tête. » Entre des séances de logopédie, de kinésithérapie, d’ergothérapie et de psychothérapie, les journées sont bien remplies. L’apprentissage porte ses fruits, et Jérôme peut emménager dans un appartement supervisé non loin de son centre de rééducation. « J’ai appris à me remettre sur mes deux pieds, à vivre seul. » En 2011, il est admis au centre de la Fondation Kräizbierg, à Dudelange. L’encadrement se limite à la journée dans un atelier protégé, où Jérôme réalise de la sérigraphie sur des briquets. « Je vivais à Echternach et passais mes journées à Dudelange. Le soir, j’étais livré à moi-même », se souvient-il. Ce quotidien un peu moins

structuré affecte Jérôme. « J’ai parfois côtoyé certaines personnes au bar, le soir, qui avaient une mauvaise influence », confie-t-il. À l’époque, il bénéficie d’une journée de congé en semaine pour rencontrer sa psychologue, faire ses courses et l’entretien de son appartement. Mais l’absence de structure autour de lui rend les choses plus complexes, de son propre aveu. Et puis, dans son entourage, les craintes se font entendre : « Tout le monde avait peur que je retombe aussi vite que je m’étais relevé à Bruxelles. » Un équilibre à reconstruire En 2016, la Commune de Consdorf accueille Jérôme pour un stage de quatre mois, pris en charge par le centre de jour. « Au début, c’était difficile pour moi, je me souviens de difficultés rencontrées avec mon supérieur, évoque-t-il au sujet de cette expérience au service Population. Je ne parvenais pas à trouver ma place. » Finalement, la municipalité ouvre un poste à l’accueil de l’administration communale pour diriger les visiteurs et répondre aux appels télépho-

niques. « J’aime beaucoup cela, et je reçois beaucoup de retours positifs, les gens disent que je suis prévenant au téléphone », dit-il, avec cet enthousiasme qui le caractérise tant. Depuis quatre ans, Jérôme a trouvé un certain équilibre entre un travail dans lequel il se sent épanoui et ses projets personnels. Le coronavirus a tiré un trait – temporairement, du moins – sur les festivals de musique électronique, qu’il apprécie tant. Il garde précieusement tous ses bracelets d’accès à ces événements qui lui sont chers. Aujourd’hui, l’ancien accidenté de la route a les yeux rivés sur la Sûre, située juste en face de son appartement. C’est de l’autre côté du pont qu’il compte s’installer, proche de son port d’attache, mais loin de la démesure du marché immobilier luxembourgeois. « Lorsque j’étais en réadaptation, ma priorité était d’apprendre à vivre de manière autonome. Maintenant, j’y arrive et je suis aussi fier de réussir à gérer les distractions », assure-t-il. Auteur CATHERINE KURZAWA Photos ANDRÉS LEJONA

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FO N

0 PAR MIKE K 200 OE

DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION NOVEMBRE 2020

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Mike Koedinger

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

Nathalie Reuter

Rédaction

RÉDACTEUR EN CHEF

Téléphone 20 70 70-100 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

Thierry Raizer

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Nicolas Léonard

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Régie publicitaire

Jennifer Graglia (-108)

Camille Frati (-155) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104)

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Mathilde Obert (-114) Thierry Raizer (-103) Ioanna Schimizzi PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Jean-Michel Lalieu (-107) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

Téléphone 20 70 70-300 E-mail regie@maisonmoderne.com DIRECTEUR ASSOCIÉ

Francis Gasparotto (-301) SALES MANAGER SOLUTIONS

Dominique Gouviaux (-338) SALES MANAGER DIGITAL

Julie Leclercq (-308)

ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA

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Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Mike Koedinger et Etienne Velasti. CONSEIL D’ADMINISTRATION

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NOVEMBRE 2020

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La liste

jeunes avocats à suivre

Sur les 3.000 avocats inscrits au Barreau de Luxembourg ou de Diekirch, près de la moitié le sont depuis moins de dix ans ou ont moins de 45 ans. Comme la valeur n’attend pas le nombre des années, Paperjam vous présente dix étoiles montantes remarquées par leurs pairs et sélectionnées selon leur spécialité.

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Lionel Spet

42 ANS, DROIT PÉNAL DES AFFAIRES, FRANÇAIS

Nora Fellens

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Nora Fellens

31 ANS, DROIT D’ASILE, LUXEMBOURGEOISE

Passée par l’école Waldorf et l’Athénée avant de poursuivre des études de droit à Luxembourg et Aix-Marseille, Me Fellens a rejoint Wagener & Erpelding après son admission au Barreau en 2016. Elle a rapidement couplé sa carrière à son engagement auprès des demandeurs d’asile, que ce soit en Grèce, à Luxembourg (avec l’Asti et Passerell) ou à Calais. « J’ai toujours voulu m’investir dans le droit de la défense des intérêts des personnes en difficulté ou vulnérables, et c’est donc surtout le côté social qui m’a poussée à m’investir davantage », explique-t-elle. Distinguée par le prix de la Conférence du Jeune Barreau, elle partage son temps, depuis janvier 2020, entre ses dossiers et l’asbl La Cabane Juridique à Calais, pour laquelle elle défend l’accès au droit des personnes exilées en tant qu’intervenante sociojuridique bénévole. Elle rejoindra la Grèce en 2021 pour y exercer les mêmes fonctions, toujours avec le soutien du Barreau de Luxembourg. 120

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Diplômé de droit privé et droit des affaires et fiscalité de l’Université de Nancy, Me Spet a débuté sa carrière chez Molitor avant de rejoindre Turk & Prum où il devient associé. « Le droit pénal des affaires mêle plusieurs matières : le droit pénal pur bien sûr, mais aussi le droit des sociétés, l’ingénierie financière, toutes relativement techniques », apprécie-t-il, tout en accompagnant les clients dans ce domaine en tant que conseiller en amont pour prévenir le risque pénal en entreprise, mais aussi en tant que défenseur au cours des procédures pénales. Fraîchement élu au Conseil de l’Ordre, il préside la commission droit pénal et procédure pénale du Barreau et participe à la rédaction de la Revue luxembourgeoise de droit pénal et procédure pénale.

Maximilien Lehnen

32 ANS, DROIT PÉNAL, LUXEMBOURGEOIS

Anne-Marie Ka

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Anne-Marie Ka

38 ANS, DROIT BANCAIRE, FRANÇAISE

Diplômée des universités de Nantes et Limoges (droit pénal européen et international), Me Ka brille dans le contentieux bancaire et financier. « C’est un domaine en constante évolution et dans lequel il est impossible de s’ennuyer, confie la counsel chez Brucher Thieltgen & Partners. Les affaires sont très diverses, et j’ai la chance de pouvoir varier les expériences selon les différents dossiers que nous avons à l’étude (tantôt pour une banque ou un fonds d’investissement, tantôt pour un professionnel ou un investisseur), ce qui est très enrichissant. » Membre de l’Association luxembourgeoise des juristes de droit bancaire et de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg, elle dispense également des cours au Luxembourg Lifelong Learning Centre de la Chambre des salariés.

Admis au Barreau en 2013, Me Lehnen cumule un master en droit pénal, une maîtrise en droit privé et sciences criminelles et deux diplômes universitaires (criminologie et prévention du risque pénal économique et financier) obtenus à l’Université de Nancy. Il a fait ses armes au sein de l’étude Bauler & Lutgen, puis chez Me Anne-Marie Schmit avant de s’associer à Me Marc Lentz en 2018. « Le droit pénal est, avec les liquidations en matière successorale et matrimoniale et le droit du travail, le domaine que je préfère en raison de sa technicité qui n’éclipse toutefois pas le côté humain », dit-il. Il est également membre du Conseil de l’Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg, président du Sporting club Belvaux et vice-président de la Ligue des associations sportives de l’enseignement fondamental.

Maximilien Lehnen Lionel Spet


Photos

Wagener & Erpelding, Turk & Prum, Brucher Thieltgen & Partners, Lentz-Lehnen, Decker & Braun, AS Avocats, Dupong, Krieps, Du Bois & Dias Videira, Arendt & Medernach, Wurth Kinsch Olinger et Marie De Decker (pour Me Bertolotti et Me Hansen)

Marianne Decker Sonia Dias Videira

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Marianne Decker

41 ANS, DROIT DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE, LUXEMBOURGEOISE

Associée du cabinet Decker & Braun qu’elle a rejoint en 2006, Me Decker s’épanouit dans une « matière très colorée, très évolutive et bien plus proche de notre vie de tous les jours qu’on pourrait le croire à première vue  ». Membre du Conseil de l’Ordre et trésorière du Barreau entre 2016 et 2020, elle siège à la commission droits immatériels du Barreau et s’apprête à intégrer la nouvelle cellule d’aide aux avocats en difficulté. Elle enseigne à l’Uni et adhère à plusieurs associations professionnelles internationales.

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Sonia Dias Videira

41 ANS, DROIT DE LA FAMILLE, LUXEMBOURGEOISE ET PORTUGAISE

Audrey Bertolotti

40 ANS, DROIT DU TRAVAIL ET DROIT SOCIAL, FRANÇAISE

Me Bertolotti s’est frottée à la fiscalité au début de sa carrière avant de se consacrer au contentieux civil et commercial et au droit social auprès d’AS Avocats, MNKS et CMS puis Linklaters en 2019. « Ces matières ont un volet très humain, et les questions posées sont souvent cruciales: elles ont un impact direct sur la vie des personnes et/ou de l’entreprise », avance-t-elle. Membre du Conseil de l’Ordre, elle préside la commission droit social et participe à la cellule d’écoute du Barreau. Elle fait aussi partie du groupe Community Investment chez son employeur.

Diplômée du Centre universitaire de Luxembourg et de l’Université de Strasbourg, Me Dias Videira est entrée chez Dupong, Krieps & Du Bois en 2004, dont elle devient associée en 2008. « Le droit de la famille est une matière très enrichissante d’un point de vue humain », témoignet-elle, suivant les traces de la bâtonnière Me Valérie Dupong, notamment dans la représentation des enfants dans les procédures judiciaires. Elle est membre de la commission droit de la famille du Barreau.

Marianne Brésart

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Brice Olinger

36 ANS, DROIT ADMINISTRATIF, LUXEMBOURGEOIS

C’est à Louvain-la-Neuve que Me Olinger a fait son droit avant de rejoindre Welter Wurth Kinsch en 2009, dont il devient associé en 2017. « Ce qui me plaît tout particulièrement dans le droit administratif est l’équilibre qui doit être trouvé entre la protection de l’intérêt général et les intérêts privés », précise-t-il, amené à défendre l’administration comme les administrés. Ses domaines de prédilection : les marchés publics, l’urbanisme, les expropriations pour cause d’utilité publique et la discipline dans la fonction publique. Ancien membre du Conseil de l’Ordre, il siège à la commission droit administratif du Barreau, enseigne aux Cours complémentaires de droit luxembourgeois et participe à la rédaction du Bulletin d’information sur la jurisprudence et des revues luxembourgeoises de droit public et de droit immobilier.

Hervé Hansen

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35 ANS, DROIT CIVIL, LUXEMBOURGEOIS

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Diplômé d’un bachelor en philosophie, sciences politiques et économiques de l’université d’Oxford et d’une double maîtrise en droit français et anglais à Assas (Paris) et Cambridge, Me Hansen a rejoint Elvinger Hoss Prussen après son admission au Barreau (2012) avant de cofonder l’étude Hansen & Muller (aujourd’hui Hansen Muller Marchand). « Le droit civil permet de se casser la tête utilement, c’est-à-dire dans l’intérêt de ses clients », résume celui qui s’est investi dans la Conférence du Jeune Barreau et siège au Conseil de l’Ordre depuis 2017.

Formée à l’Université de Liège, Me Brésart a intégré Arendt & Medernach en 2014, où elle s’est spécialisée dans les matières relevant de la compétence de la Cour de justice de l’UE aux côtés de Me Philippe-Emmanuel Partsch. « Les aides d’État ont ceci d’intéressant qu’elles constituent un outil de politique économique et sociale indispensable pour assurer des services publics de qualité ou encore pour soutenir les entreprises », relèvet-elle. Elle est également Administratrice de l’Institut de droit européen des barreaux.

Hervé Hansen

Marianne Brésart

31 ANS, DROIT DE L’UE ET DE LA CONCURRENCE, BELGE

Audrey Bertolotti

Brice Olinger

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Crédits

Qui a dit que cette époque était propice aux discours convenus ? Attaché au débat d’idées démocratiques, Paperjam donne, une fois de plus, la parole à celles et ceux qui osent partager leur opinion, attachés à un pays qui leur a aussi donné leur chance. Comme celle de diriger une entreprise prospère et de devenir la première femme – qui plus est non luxembourgeoise – à présider la Fedil. « On a eu un très mauvais signal avec Fage, mais, par ailleurs, l’industrie avance », résume Michèle Detaille dans une conversation en page 26. Tant l’industrie que l’ensemble des secteurs économiques ont été mis sous la pression du Covid-19. Comment retrouver la croissance qu’ils ont perdue ? Dans la rubrique Enjeux en page 58, différents experts apportent leurs éléments de réponse à une question qui occupe l’agenda des patrons depuis huit mois. Parmi les entreprises qui sont de véritables porte-drapeaux du pays, RTL Group poursuit l’adaptation de son offre dans un monde où le temps d’écoute et de vision disponible chez les consommateurs de médias bascule de plus en plus vers des programmes à la demande. Une « guerre de l’atention » dévoilée en page 86 avec Elmar Heggen, COO du groupe, en collaboration avec Degroof Petercam. Sous pression durant la première vague de la crise, les hôpitaux ont démontré – si besoin en était – leur importance. Alors que resurgissent des discussions malsaines sur le « débauchage » de la main-d’œuvre hospitalière dans les régions voisines, coup d’œil, en data et en page 24, sur le secteur hospitalier au Luxembourg. Du Rwanda qu’elle a fui en 1994 avec sa famille au Grand-Duché de 2020, Sandrine Gashonga poursuit son combat antiraciste antiraciste. Un fléau aux racines protéiformes, qui ne doit pas être ignoré sous nos latitudes. « Alors que la situation économique générale au Luxembourg est plus favorable que dans les autres pays, au niveau du racisme ressenti, la situation n’est pas meilleure, voire pire », résume la jeune femme, qui est devenue le visage local du mouvement Black Lives Matter, page 48. Découvrez l’intérieur chaleureux de Giovanni Giallombardo en page 106, la passion des choses simples de Corinne Lamesch en page 108,, ou encore l’indémodable « denim » porté par Maddalena Oliveira et Pit Romersa en page 110.. Sans oublier la recette épicée d’ d’Annick Kieffer en page 114.. Débat, réflexion et inspirations. La rédaction de 114 Paperjam continue de vous proposer un menu équilibré avec cette nouvelle formule du magazine.

Andrés Lejona, Geoffrey Masure et RTL Group

Clin d’œil



DANIELLE GOEDERT

Banque de Luxembourg, société anonyme – 14, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg – R.C.S. B5310

RESPONSABLE BANQUE PRIVEE LUXEMBOURG

“ Vos proches, votre histoire, votre patrimoine. Ce qui compte pour vous, compte pour nous.” Pour vivre sereinement et entreprendre votre avenir, la Banque de Luxembourg vous accompagne dans la gestion et la préservation de votre patrimoine, en portant attention à tout ce et ceux qui vous sont chers. Depuis 100 ans, c’est une autre vision du patrimoine que nous faisons prospérer.

Tél. : 48 14 14 • www.banquedeluxembourg.com


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