Paperjam Mars 2018

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PA P E R JA M . L U • M A R S 2018

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POLITIQUE Croissance à la carte ENTREPRISES Dans les coulisses de Lactalis

PLACE FINANCIÈRE Les assurances s’adaptent

ÉCONOMIE Business avec les pays voisins


ROULER ALL-INCLUSIVE C'EST PLUS CONFORTABLE DANS UN MONDE QUI CHANGE

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ÉDITO

Combat quotidien Thierry Raizer Rédacteur en chef

U

ne seule journée ne suffit pas pour gommer tous les préjugés et briser le plafond de verre. Comme l’a récemment rappelé la ministre de l’Égalité des chances (un portefeuille qui est synonyme en soi d’un malaise dans la société), les clichés à l’égard des femmes persistent. La campagne présentée par Lydia Mutsch en amont de la Journée mondiale des droits des femmes – le 8 mars – donne toutefois le bon message : « Changez de perspective. » L’état d’esprit collectif doit changer sur plusieurs niveaux : école, travail, famille et médias. Face à un flux permanent de contenus ou d’informations parfois fausses, tendancieuses, voire discriminatoires, les médias dits « classiques » doivent remplir leur mission pour démonter, pour expliquer, pour rectifier. Paperjam a fait le choix dans cette édition précédant le 8 mars de mettre à l’honneur le leadership au féminin. « Il n’y a pas de leadership féminin, il n’y a que du leadership », pourrait rétorquer Christianne Wickler. La patronne du Pall Center n’a pas tort, mais les role models doivent être mis en lumière comme autant de sources d’inspiration, tant pour les hommes que pour les femmes, d’ailleurs.

Comme le reconnaît Anne-Catherine­­ Ries, à la tête de Digital Lëtzebuerg, les femmes doivent mieux se mettre en avant dans un monde professionnel où les hommes n’attendent pas d’atteindre la perfection pour prendre des risques­. Le commerce, l’appareil étatique, et enfin la science, avec le chercheur de haut vol qu’est Catherine Larue, CEO de ­l’Integrated Biobank of Luxembourg : les exemples de réussite au féminin existent dans tous les secteurs. Il suffit parfois d’y prêter attention ou de les faire sortir de l’ombre. Les sœurs Claudie et Stéphanie Grisius­, fondatrices de la griffe de mode­ Vol(t)age, et Carole Muller, la patronne de Fischer, nous ont ainsi ouvert les portes de leurs univers, où la passion prime. La possibilité d’entreprendre et de réaliser des choses n’est pas fonction du genre, mais d’une série de facteurs. De l’aménagement du temps de travail, tant pour les femmes que les hommes, à l’organisation parascolaire, la société doit être pensée sous un nouveau prisme pour que les aspirations de chacun puissent être combinées. Pour atteindre cet objectif, le monde de l’entreprise a un rôle crucial à jouer. Parallèlement aux résultats financiers, les

rapports RSE deviennent essentiels pour jauger une entreprise quant à son impact sur l’environnement au sens large. Une mesure concrète pour évaluer l’engagement des dirigeants d’entreprise dans la lutte contre les discriminations serait l’usage d’une certification, pour ceux qui déploient une véritable politique inclusive. Cette sorte d’indice comparatif valoriserait les employeurs sur un marché du travail où les talents, qu’ils soient masculins ou féminins, deviennent rares. Le combat contre les préjugés est quotidien, il se mènera sur plusieurs fronts et nécessitera l’effort de toutes les parties concernées. Dans un pays comme le Luxembourg, qui met en avant la multiculturalité comme signe de modernité, l’égalité entre genres doit être portée au même niveau de priorité.

La conversation continue en ligne :  @paperJam_lu Paperjam Paperjam Group

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COSTUME

499,95


SOMMAIRE

Mars 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES

POLITIQUE

Le face-à-face 17 Un seul président de l’UE

16 Débat électoral Croissance à la carte

Carrières 20

18 Mutuelles Un dépoussiérage qui tourne mal 20 Logement Échec collectif

PHOTOS & ILLUSTRATION Nader Ghavami, Mike Zenari (archives), Hadi Saadaldeen (Maison Moderne), Anthony Dehez

ENTREPRISES

Saga 24

22 Agroalimentaire Lactalis Luxembourg se découvre

28 Commerce Consommer local et sain

24 fédérations professionnelles Éviter les tabous et rassembler

30 Mipim Le Luxembourg en force

26 Communication Reprise multilingue pour Vanksen

34 Media Awards 2018 21 pubs dans la lumière

PLACE FINANCIÈRE 38 Assurances Tremblement de terre 40 Nouvelle gamme Voitures rutilantes pour investisseurs passionnés

Comed file depuis 40 ans

Elevator pitch 26

UME, le TripAdvisor des fonds

Du challenge à la solution 28

Proposer le télétravail

Opinion 39

Faut-il craindre l’euro fort ?

Buzzword 40

Private equity

Carrières 42

42 Banque privée Le labo digital de BNP Paribas

ÉCONOMIE 44 business clubs Faciliter le business entre voisins 46 Temps de travail Le partiel au masculin 48 Journée de l’économie 2018 Des bases incertaines

luxembourg performance index (LPI) 45 Droit du travail 46 La surveillance des salariés

Carrières 48

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EXPORT AWARD 2018 CALL FOR APPLICATIONS DEADLINE APRIL 15, 2018

The Export Award is an initiative launched by the Office du Ducroire and the Chamber of Commerce to reward Luxembourgish SMEs that have achieved sustainable growth through international business.

The three first companies listed in the “Export Award” will be granted a price equivalent to a value of EUR 15,000 (1st price), EUR 10,000 (2nd price) and EUR 5,000 (3rd price). The award ceremony will be held on June 13, 2018 in attendance of His Royal Highness the Hereditary Grand Duke, Mister Pierre Gramegna, Minister of Finance and Mister Etienne Schneider, Deputy Prime Minister and Minister of the Economy. YOUR PARTNER FOR SUCCESS

For further information: www.export-award.lu


SOMMAIRE

Mars 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Anne-Catherine Ries

« Le Luxembourg doit miser sur la modernité » À la tête de Digital Lëtzebuerg, Anne-Catherine Ries incarne le processus de digitalisation du Luxembourg. Un changement qu’elle souhaite avant tout être le résultat d’un travail collectif.

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne), Phaedra Brody, Romain Gamba

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Christianne Wickler

L’épicière humaniste À la tête du groupe Pall Center, né il y a 35 ans sur les cuves d’une station-service frontalière, Christianne Wickler mène sa flotte en toute indépendance.

66

Catherine Larue

Chercheur en dehors de la boîte Catherine Larue, auréolée de succès en tant que chercheur comme en tant que manager, a pris la tête de l’Integrated Biobank of Luxembourg en 2012.

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Reportage Next gen

Deux univers, une même passion pour leur métier. Romain Gamba a suivi durant une journée Claudie et Stéphanie Grisius, les fondatrices de Vol(t)age, et Carole Muller, la patronne de Fischer.

94 Mars 2018 —

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DRIVER TO PILOT

STOP DRIVING FAST, BE FAST!

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LANCEMENT MARS 2018 CONSULTEZ NOTRE AGENDA

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SOMMAIRE Dossiers digitaux 106 index 126 ours 128 Celebrating Luxembourg 130

Mars 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Argent comptant Edmond Libens

« J’ai beaucoup reçu » Héritier de la brasserie Mousel, Edmond Libens se montre reconnaissant de ce qu’il a reçu et nous a confié que son vrai luxe, c’est de pouvoir offrir aux gens qu’il aime.

112 Compétences workspace

Aménager et accompagner

Si les nouvelles tendances prônent une anonymisation totale des espaces de travail, toutes les entreprises ne sont pas prêtes à faire le pas.

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Style CHAPEAU

Jimmy Delgoffe et Audrey Alioua

Le junior art director de Plan K et l’event manager de Deloitte ont composé un look autour du chapeau.

118

Architecture maison unifamiliale

Aller simple vers le confort

Le bureau Bel.architecture a réussi à transformer un bungalow ordinaire des années 1970 en une maison contemporaine très confortable.

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Culture patrick galbats

Restaurant À table avec…

Pour l’exposition Hit Me One More Time, le photo­ graphe Patrick Galbats s’est plongé dans la Hongrie postcommuniste.

Déjeuner au Am Tiirmschen avec le réalisateur du film Croc-Blanc, qui sortira en salle le 28 mars.

Clichés hongrois

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Alexandre Espigares

124

PHOTO Jan Hanrion (Maison Moderne)

IL Y EN A PLUS

Ce mois-ci avec Paperjam : le supplément Private banking

ET AUSSI

La Clubletter Mars 2018 —

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BRAND VOICE

ÉQUIPEMENT INFORMATIQUE

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— Mars 2018

Les associés de dsl document solutions (de gauche à droite) : Laurent Drabbé, Laurent Loschetter, Steve Wohl et Patrice Colas.

PHOTO dsl

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espresso conversations envies Qualitative, sélective, pensée selon Rifkin. La recherche d’un modèle durable pour la croissance est au centre du débat politique et en page 16. Poussez les portes de Lactalis en page 22. Le géant des produits laitiers dispose d’une base solide au Luxembourg où il veut aussi soigner son image. Le secteur des assurances doit s’adapter aux tendances du marché. Passage en revue de l’agenda en page 38. Allemagne, France et Belgique. Des business clubs représentent le Luxembourg dans les marchésclés que sont nos pays voisins. Objectifs en page 44. Mars 2018 —

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POLITIQUE

politique Plan hospitalier La nouvelle loi hospitalière a été adoptée le 7 février à la Chambre des députés avec les voix de la majorité. Selon la ministre de la Santé, Lydia Mutsch (LSAP), la loi « apporte des adaptations nécessaires au secteur hospitalier, qui tiennent compte de l’évolution démographique de notre société, de l’état de santé des citoyens et des progrès médicaux et scientifiques ». Surenchère ? Jugeant que le stage des fonctionnaires n’est « vraiment pas efficace », la ministre et présidente du DP, Corinne Cahen, déclarait que le DP veut réduire la période de stage de trois à un an, mais renforcer la formation continue. Le ministre chargé de la fonction publique, Dan Kersch (LSAP), critique envers le stage, estimait qu’il fallait tout de même différencier les divers métiers dans la fonction publique. La députée du CSV, Octavie Modert, reprochait une « surenchère électorale » au DP. Nicky Stoffel L’ADR a proposé le 6 février Nicky Stoffel pour le poste vacant au Conseil d’État. Selon les nouvelles dispositions, au moins 9 des 21 conseillers devraient être du sexe sous-représenté et la composition de la Haute Corporation devrait tenir compte de la représentation des partis au Parlement.

Sauf coup de théâtre, cette proposition devrait être confirmée lors d’un vote secret à la Chambre le 27 février (après le bouclage de ce numéro). La vice-présidence occupée par Albert Rodesch, qui quitte le Conseil après y avoir siégé 15 ans, devrait être attribuée au docteur en médecine Romain Nati. Confusion La réforme de l’assurance-dépendance entrée en vigueur le 1er janvier a créé la confusion dans le secteur des soins. Début février, le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider (LSAP), tentait de clarifier : les personnes en situation de dépendance ont toujours droit à des sorties accompagnées. Ces sorties sont néanmoins intégrées dans les activités de groupe. Le Luxemburger Wort reprochait au ministre de ne pas oser admettre que, de fait, il aurait supprimé les courses-sorties. Feierkrop Le Luxembourg pourrait être privé de publication satirique à compter du 21 décembre. Les responsables du Feierkrop annonçaient dans leur édition du 26 janvier que l’hebdomadaire « cessera », malgré une situation financière positive. Jacques Drescher, cofondateur du Feierkrop, estimait le jour-même sur 100,7 qu’un hebdomadaire satirique au Luxem­ bourg, c’est peut-être une « fin de série ».

À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.

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DÉBAT ÉLECTORAL

Croissance à la carte Devenir plus sélectif dans son choix d’orientation de la croissance économique ne suffira pas pour transiter vers un modèle économique durable.

Les seuils maximaux d’émissions ne sont pas loin d’être atteints au Luxembourg.

O

n croyait la hache de guerre enterrée. Suite aux divergences entre le LSAP et Déi Gréng au sujet de l’implantation éventuelle du producteur grec de yaourts Fage à Bettembourg et d’un fabricant de laine de roche, Knauf, à Sanem, le ministre socialiste, Étienne Schneider, et la ministre écologiste, Carole Dieschbourg, assuraient le 26 janvier qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. D’une part, la liberté d’établissement européenne empêcherait les autorités luxembourgeoises de refuser l’implantation d’entreprises qui remplissent les conditions légales. D’autre part, le gouvernement serait en train d’élaborer des indicateurs pour évaluer une soi-disant « conformité Rifkin », en allusion au processus du même nom, qui vise une économie durable.

Pas assez pour satisfaire les élus locaux de la région qui est supposée accueillir Knauf. Le député-­ maire de Sanem, Georges Engel (LSAP), pourtant camarade d’Étienne Schneider, et le député-­ maire de Differdange, Roberto Traversini (Déi Gréng), présentaient le 7 février leur avis concernant le projet de Knauf dans la zone d’activité économique nationale « Gadderscheier » ou « Paafewée ». Leur verdict consultatif : l’installation d’une usine comme celle de Knauf, compte tenu de son impact environnemental et même sanitaire, dépasserait les limites du supportable pour la population locale.

PROMOTION DURABLE

Tandis que les écologistes pointent du doigt la politique de promotion économique, Étienne Schneider déclarait le 8 février que Knauf n’aurait pas été démar-

PHOTO Nader Ghavami

DIGEST


POLITIQUE L E FA C E -À- FA C E

ché mais qu’à l’inverse, c’est la société qui l’aurait contacté « de sa propre initiative et de manière spontanée en août 2016 ». Le ministère de l’Économie promettait d’ailleurs il y a un an que la stratégie promotionnelle serait désormais orientée selon d e s c r i tè re s d u ra b l e s. L e 28 février 2017, Étienne Schneider évoquait une entreprise à laquelle on aurait renoncé. Paperjam apprenait au mois d’août qu’il s’agissait justement de Knauf, et qu’apparemment la société aurait revu son projet. Le fabricant de laine de roche a en effet promis d’installer des filtres de la plus haute gamme, et étant donné « qu’en tant qu’isolant minéral, la laine de roche est subventionnée au Luxembourg dans le cadre de l’aide financière PRIMe House pour l’assainissement énergétique de bâtiments existants », Étienne Schneider reprochait début 2018 une certaine hypocrisie à ses détracteurs.

INCOHÉRENCE OU HYPOCRISIE

L’évaluation du projet de Knauf est désormais entre les mains du ministère de l’Environnement et il est, à ce stade, difficile de voir comment une autorisation pourrait être refusée. Georges Engel espère que la prise en compte des émissions globales dans la région du sud pèsera dans la balance, tandis que Roberto Traversini estime qu’il faut de toute manière poursuivre le débat sur la qualité de la croissance. Le directeur de la Fedil, René Winkin, estimait sur RTL le 29 janvier qu’il faudrait également sortir de la dépendance de la croissance de l’emploi comme seul générateur de gains de productivité. Message reçu du côté des principaux partis, qui souhaitent davantage de sélectivité en évitant notamment d’attirer des entreprises qui emploieraient surtout des frontaliers peu qualifiés. Seulement, sans remise en question du modus vivendi ou « consummatio » luxembourgeois, l’approche plus sélective, même accompagnée de gains de productivité et de progrès technologiques, n’assurera pas à elle seule de transition vers un système durable. F. A.

UN SEUL PRÉSIDENT DE L’UE POUR c l au d e w i s e le r

« Une très bonne idée »

CONTRE m a rc a n g e l

« Préserver l’équilibre entre les institutions »

L

P

Claude Wiseler Candidat chef de file et président de fraction du CSV

Marc Angel Député socialiste et président de la commission parlementaire des affaires étrangères

a fusion des postes de président de la Commission européenne et de président du Conseil européen plaît à Claude Wiseler : « Je trouve que c’est une très bonne idée, car elle a plusieurs avantages. » D’une part, cela rendrait le processus décisionnel plus efficace et cela « préciserait » la représentation de l’Union européenne vers l’extérieur. Le prétendant au poste de Premier ministre luxembourgeois estime que fusionner les deux présidences, « cela donnerait à l’Union européenne un visage, un visage unique ». Selon lui, « c’est exactement ce qui manque à l’Union européenne dans sa complexité actuelle », sans compter que cela « revaloriserait » les institutions européennes de manière générale. D’autre part, il y a la question de l’équilibrage entre les institutions : « Le président de la Commission est responsable par rapport au Parlement européen et il faut redéfinir le poids de cette institution. » Claude Wiseler juge qu’en cas de présidence unique, la séparation des pouvoirs serait garantie tant que le Parlement européen préserve une « fonction de contrôle » sur la Commission. D’après lui, le Parlement pourrait même avoir plus de poids avec un président fusionné. En revanche, il reconnaît qu’« évidemment » il faudrait voir comment ces nouveaux postes couleraient dans la structure institutionnelle de l’Union européenne, « car il y a aussi cette idée d’un commissaire européen en tant que ministre des Finances de l’UE ».

our Marc Angel : «De prime abord, c’est une bonne idée qui semble logique. Dans le temps, les Américains se plaignaient en effet que l’Union européenne n’avait pas de ligne téléphonique unique », avant d’exprimer son scepticisme par rapport à l’idée de fusionner les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen. Pour commencer, le député socialiste avertit que concentrer trop de pouvoir entre les mains d’une personne risquerait de déséquilibrer l’Union européenne. Or, dans le contexte actuel de sortie de crise et de Brexit, plutôt que de « s’embourber » dans des discussions institutionnelles, il vaudrait mieux stabiliser l’existant. Marc Angel explique que l’Union européenne n’est pas une fédération ou confédération, mais une association volontaire d’États et il souligne l’importance de « l’équilibre entre les différents piliers ». Il se souvient de l’époque où Angela Merkel et Nicolas Sarkozy négligeaient la méthode communautaire : « La Commission veille — de manière assez neutre — à l’équilibre entre les petits et les grands États, entre les plus riches et les plus faibles. En fusionnant le président de la Commission et celui du Conseil, je crains que l’on retombe dans la méthode intergouvernementale », avertit le député du LSAP. Si l’on souhaite faire avancer les dossiers ou réduire les situations de blocage, il faudrait plutôt, selon Marc Angel, discuter des « majorités ». En d’autres termes, des modalités de vote au Conseil.

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POLITIQUE

collectif, s’inquiète Fabio Secci. Or des centaines de hedge funds ont la forme d’OPC. » Troisième grief : la limitation des membres d’une mutuelle aux personnes physiques. « Historiquement, Le projet de loi concernant les mutuelles, très attendu, déçoit et les mutuelles ont été créées dans inquiète les professionnels du secteur mutualiste. les années 1900 sous la forme i elle ne figurait pas dans le sur certaines spécificités », d’une fédération qui a créé la programme gouvernemen- déplore toutefois Fabio Secci. La Caisse médico-chirurgicale, notre tal de la coalition DP-LSAP-Déi CMCM et la Fédération nationale assemblée générale est donc forGréng, une « refonte de textes de la mutualité luxembourgeoise mée de délégués de ces mutuelles, partiellement tombés en désué- (FNML) avaient soulevé toutes les rappelle M. Secci. Nous fautude » s’imposait, comme l’in- deux plusieurs écueils dès la lec- dra-t-il envoyer 265.000 invitations pour chacune de nos dique le préambule du projet de ture de l’avant-projet de loi. Premier point d’achoppe- assemblées générales ? ! » loi. Il faut dire que la loi actuelle s’appuie encore largement sur ment : la tutelle ou non de celle de 1961 sur les sociétés de Solvency II, le cadre européen secours mutuels, elle-même à applicable aux entreprises d’aspeine différente du texte de 1891. surances. « Le projet de loi spécifie « La loi prévoit encore qu’une que les mutuelles en sont exclues, femme demande l’accord de son ce qui est logique », souligne Fabio mari pour devenir membre », Secci. Contrairement aux comsourit Fabio Secci, directeur p ag n i es d’assu ra n c e s, le s général de la Caisse médico-com- mutuelles ne sont pas liées par un plémentaire mutualiste (CMCM), contrat avec leurs membres, qui le principal prestataire du secteur, définissent eux-mêmes ce à quoi qui sert 48 mutuelles et 265.000 ils ont droit à travers leurs déléaffiliés pour 58 millions d’euros gués. Et les premières ont un but de cotisations annuelles. lucratif et non mutualiste. « Dans l’intérêt de la mutualité Pourtant, le Conseil d’État fait luxembourgeoise, il importe mine de s’interroger sur cette d’adopter une législation à la fois distinction. moderne, pragmatique et facilement compréhensible, tout en UNE FAUSSE CONCURRENCE garantissant un contrôle efficace Deuxième couac : la destination Fabio Secci comprenant des règles nouvelles des fonds que les mutuelles Directeur général de la CMCM et le cas échéant des sanctions en peuvent investir. Les options laiscas d’inobservation », ambitionne sées par la loi de 1961 ne sont plus le ministre de la Sécurité sociale aussi rémunératrices, hormis les Quant au contrôle interne et Romain Schneider (LSAP). biens immobiliers. Pour autant, externe introduit par le projet de « Le projet de loi a l’intention « le projet de loi va trop loin en pré- loi, ce n’est que logique pour le d’aider la mutualité, mais n’ap- voyant des investissements dans secteur, et la CMCM fait déjà porte pas une réflexion aboutie les organismes de placement appel à une fiduciaire pour le contrôle interne et à un grand cabinet d’audit pour le contrôle externe. « Il faut toutefois garder une certaine appréciation d’échelle, car certaines mutuelles ne comptabilisent que 100 écritures chaque année », glisse M. Secci, qui aurait souhaité que l’o n i m p o s e au x g r a n d e s mutuelles un niveau d’expérience minimal aux administrateurs. Aucune des réserves soulevées par la CMCM et par la FNML n’ayant été prise en compte dans le projet de loi, celles-ci s’alarment de l’avis livré mi-janvier par le Conseil d’État. « Il n’est pas là pour défendre les intérêts des sociétés commerciales, mais La CMCM poursuit son combat au vu d’un projet de loi jugé problématique. MUTUELLES

UN DÉPOUSSIÉRAGE QUI TOURNE MAL

S

« Il n’y aurait rien de pire que d’enlever quelque chose d’extrêmement social à quelques mois des élections. »

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ceux de la population », tempête M. Secci. Et ce sur fond de suspicions de concurrence entre assurances privées et mutuelles, entretenues par l’avis de la Chambre de commerce, dont l’Association des compagnies d’assurances est un proche partenaire. La CMCM déplore encore la restriction des domaines de création d’une mutuelle – il n’est plus possible d’invoquer la proposition de prêts ou d’indemnités extraordinaires en cas de chômage aux sociétaires ni d’assurer des pensions de retraite. D’un autre côté, le projet de loi précise qu’une mutuelle peut souscrire une assurance groupe au profit de ses membres. « Il n’y a pas lieu de l’écrire spécifiquement », soupire M. Secci, puisque cette possibilité existe déjà. « Depuis plusieurs années, les assureurs privés se sont mis en situation de concurrence avec nous parce qu’ils ont l’impression que nous marchons sur leurs platebandes, or leur but n’est pas social mais lucratif », souligne M. Secci, rappelant que les primes d’assurance sont fixées en fonction de l’état de santé et de l’âge des clients. Reçues par le CSV, le LSAP, le DP et l’ADR, la CMCM et la FNML réclament d’être entendues par la commission du travail et de la sécurité sociale. « Il n’y aurait rien de pire que d’enlever quelque chose d’extrêmement social à quelques mois des élections, alors que les gens subissent déjà un renchérissement du coût de la vie », conclut M. Secci. C. F.

FOYERS AFFILIÉS À LA CMCM 150.000

2017 133.349 foyers Nombre de foyers

100.000

50.000

0 1990 1995

2000

2005

2010

2015


MERCREDI 28 MARS 2018

CEO COCKTAIL PROCESS COMEDY Pour le premier CEO Cocktail de l’année, le Paperjam Club vous propose de découvrir un spectacle édifiant et ludique basé sur la Process Communication®, un modèle de communication né en 1982 aux États-Unis, fruit des recherches menées au cours des années 70 par Taibi Kahler (psychologue américain) en partenariat avec la Nasa. Lorsque Roger, le consultant, et Bertrand, l’imitateur, se rencontrent, on obtient un duo explosif et un spectacle qui mêle rires et pédagogie à l’issue duquel vous aurez les clés pour mieux cerner la personnalité de vos interlocuteurs. Cette soirée de conférence sera suivie d’un cocktail dînatoire de networking qui réunira plusieurs centaines de CEO des entreprises membres du club.

ROG ER CONTEBARDO Le consultant

LIEU Luxembourg Congrès (Luxembourg-Kirchberg)

PARKING Sur place

BERTR AND DE RUY VER L’imitateur

AGENDA 18:30 Welcome cocktail 19:00 Process Comedy 20:15 Walking & networking cocktail

GOLD SPONSORS

CEO membres : une invitation personnelle vous parviendra prochainement. CEO non-membres : billets 500 € sur paperjam.club ou rejoignez dès maintenant le Paperjam Club : contactez Nicolas Pouilleux au tél. : 20 70 70-318.


POLITIQUE

LOGEMENT

ÉCHEC COLLECTIF À quelques mois des législatives, le logement est thématisé lors d’un débat de consultation à la Chambre.

L

e logement au Luxembourg, c’est en moyenne 35 % des dépenses d’un ménage. Pour la plupart des résidents, c’est emprunter et rembourser ou trouver un bien en location. Pour certains heureux, le logement est hérité. Pour les HNWI ou UHNWI (high net worth individuals, ou ultra high net worth individuals, ndlr), c’est choisir une maison de maître ou un appartement high standing. Pour d’autres, en revanche, c’est payer un loyer frôlant les 1.000 euros pour une chambre de 20 mètres carrés dans une maison à partager avec huit autres individus. Pour approximativement 2.000 résidents chaque année, c’est aller s’installer à la frontière. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » : le marché immobilier très axé sur la demande permet aux propriétaires et aux agences immobilières qui ont su concentrer une partie du foncier entre leurs mains de maximiser leurs profits. Tandis que certaines agences revendiquent une certaine déontologie, certaines franchises n’hésitent pas à charger deux agences de traiter un même dossier, provoquant ainsi des ventes aux enchères informelles.

ÉVOLUTION DE LA POPULATION ET DE NOUVEAUX LOGEMENTS 600

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550

4.500

Par ailleurs, l’hebdomadaire d’Land décrivait dans un article intitulé « Une passion luxembourgeoise » un secteur immobilier largement non régulé et hyperconcurrentiel.

EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE

Si la pénurie en logements à prix abordables remonte à la fin des années 80, c’est depuis le début des années 2000 que la situation s’exacerbe et que l’évolution des salaires ne suit plus la flambée des prix. D’après un document de synthèse distribué par le ministre du Logement, Marc Hansen (DP), en vue de préparer un débat de consultation début mars à la Chambre, le premier « déficit en logements », à hauteur de plus de 1.000 logements par an, était enregistré en l’an 2000. Depuis, le déficit s’est installé, et dépassait carrément la barre de 2.000 logements en 2010. L’indice des prix de l’immobilier, en croissance quasi exponentielle depuis la fin des années 90, s’oriente plus ou moins en fonction de ce déficit. La raison pour laquelle même en 2008 – année record avec 4.444 nouveaux logements construits selon le Statec –, le déficit ne s’effaçait pas, c’est que la croissance démographique dépassait et dépasse encore les prévisions. En effet, les projections des autorités anticipaient il y a 10 ans une population totale de 520.000 à 545.000 habitants en 2021. En 2018, le Grand-Duché en compte d’ores et déjà 590.000. Figée dans une culture de la propriété sacrée, l’action politique se concentrait au niveau de l’augmentation de l’offre, car toute action, comme des subventions ou aides étatiques, faute de freins réglementaires efficaces à l’évolution des prix, ne ferait qu’attiser la demande, et donc les prix.

4.000

500 Population (en milliers) 450

CONSENSUS EFFRITÉ

Logements

3.500

400

3.000

350

2.500

300

2.000

0

0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015

SOURCE Statec

20 —

­— Mars 2018

Ainsi, les gouvernements consécutifs créaient des promoteurs publics, incitaient les communes à construire davantage via le Pacte logement et les dotaient d’instruments comme le droit de préemption, l’expropriation pour utilité publique, ou encore des taxes sur l’inoccupation de terrains ou de logements.

Seulement, l’efficacité de ces outils est très mitigée. À titre d’exemple, entre 2009 et 2016, environ 400 terrains étaient susceptibles d’être acquis par les communes moyennant leur droit de préemption, mais seules 10 communes le firent. La taxe sur les terrains ou logements inoccupés, elle aussi, n’était appliquée que par une poignée de communes, car elle s’avérait juridiquement difficile à appliquer. On entend aussi des hauts fonctionnaires et professionnels admettre – entre les lignes – que certaines communes ne veulent pas de cette taxe. Dans son document de synthèse, le ministère estime que personne ne renie l’existance d’une pénurie de logements. En revanche, « dès qu’il s’agit d’analyser les causes de ce problème et encore plus s’il s’agit d’avancer des propositions concrètes, ce consensus s’effrite rapidement ».

DÉBAT INTER­GÉNÉRATIONNEL

Politiquement parlant, on voit mal les partis conservateurs et libéraux oser davantage de mesures interventionnistes ou une fiscalité plus sévère pour soulager les plus souffrants de la pénurie de logements, qui ne représentent qu’une minorité des électeurs. Les socialistes, eux, affichent une volonté tardive

d’agir avec le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch(LSAP), qui assure avoir des idées pour mobiliser les terrains et logements inoccupés. Ayant participé aux trois derniers gouvernements, la mobilisation du LSAP semble fort tardive, même s’il faut admettre que Dan Kersch proposait il y a un an la création d’un « contrat d’aménagement » qui consiste à engager des propriétaires à construire sur leurs terrains ou à risquer une dépréciation de ces terrains qui, faute de construction, seraient déclarés non constructibles. Une mesure qui devrait néanmoins encore faire ses preuves une fois qu’elle serait adoptée par le parlement. Force est de constater que le pouvoir public est à la merci des électeurs, à 70 % propriétaires, dont certains ne voient pas l’intérêt de freiner l’augmentation des prix. Lors de son discours sur l’état de la Nation en 2012, le Premier ministre de l’époque, Jean-Claude Juncker (CSV), désespéré, déviait de son manuscrit et s’en prenait à des Luxembourgeois qui en exploiteraient d’autres en vendant leurs terrains au prix le plus élevé possible : « Les gens devraient bien y réfléchir s’ils souhaitent continuer ainsi. S’enrichir sans travailler aux dépens des autres... Un jour, cela finira mal. » F. A.

PRÉSENTÉES PAR

carrières Alain de Cidrac a rejoint Aurexia Consulting en tant que responsable du bureau de Luxembourg. Il dispose de plus de 25 ans d’expérience en conseil aux institutions financières et travaille pour la Place luxembourgeoise depuis 1996. PLACE FINANCIÈRE

William Jean-Baptiste, avocat à la Cour, a été nommé associé en charge du département Droit fiscal chez CMS Luxembourg. Il avait déjà été nommé head of tax en 2017 après avoir rejoint le cabinet en 2016 en tant que counsel. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ

Mélanie Laidié a rejoint le Cluster for Logistics. Deputy cluster manager, elle assistera la direction dans ses projets liés à l’éducation et l’innovation. Elle a été en charge de projets logistiques et supply chain EMEA au sein d’un grand groupe industriel. LOGISTIQUE

Mathilde Guillous a été promue associate partner au sein du cabinet Initio Consulting (Groupe Square). Senior manager chez Vertuo Conseil (Groupe Square) pendant six ans, elle a rejoint les équipes luxembourgeoises en avril 2017. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

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AML : Codename Black Votre mission anti-blanchiment Ms Black est en danger ! Votre collègue a infiltré un cartel de la drogue en Amérique du Sud, qui s’apprête à lancer une vaste opération de blanchiment d’argent. Et elle vient de vous révéler le nom de l’institution financière par laquelle le cartel compte blanchir son argent. Votre mission : rencontrer un cadre de cette institution, lui poser les questions pertinentes pour vérifier si les procédures AML sont mises en place et contrer les activités criminelles de ce cartel. N’échouez pas… Ms Black serait en bien mauvaise posture ! Soyez prêts, soyez attentifs… et lancezvous dans cette aventure immersive !

PwC’s Academy lance un nouveau programme AML e-learning révolutionnaire Ce 1er mars, PwC’s Academy dévoile son tout nouvel e-learning sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML). Vidéos de haute qualité, quiz interactifs, scénario évolutif... vivez l’expérience de cette nouvelle formation, favorisant l’acquisition de compétences par le jeu!

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ENTREPRISES

entreprises DIGEST

Changement chez SES Karim Michel Sabbagh quittera ses fonctions de CEO de SES le 5 avril prochain, date de l’assemblée générale du groupe. Des raisons familiales sont évoquées. Il sera remplacé par Steve Collar, directeur général de SES Networks. Le directeur financier, Padraig McCarthy, part quant à lui en retraite et est remplacé par Andrew Browne. Substance ou pas ? Nicolas Buck se demande « si on veut être un pays de boîtes aux lettres ou si on veut avoir de la substance. Si on est partisan de la deuxième option, alors il faut accepter de voir apparaître des bureaux et des usines. » En marge de l’opposition des autorités communales à la venue de Knauf pour construire

une usine à Sanem, le président de la Fedil demande le respect des procédures. Top 3 Le Top Employers Institute a décerné son Top 3 des em­ployeurs au Luxem­bourg pour l’année 2018 : Dimension Data Luxembourg arrive en première position, suivi de BGL BNP Paribas et Orange Luxembourg.

­— Mars 2018

Après le scandale du lait en poudre qui a touché la France, le grand public a découvert Lactalis, qui fait habituellement peu parler de lui. Le groupe représente de multiples marques, et a également une présence, elle aussi discrète, au Luxembourg.

Luxuriant fermé À l’approche de ses dix ans, le magazine lifestyle Luxuriant a été déclaré en faillite en raison d’une fuite de ses annonceurs et d’un virage digital qui n’avait pas vérita­ blement été pris. Post au féminin Hjoerdis Stahl, responsable de Post Courrier, a été nommée directrice générale adjointe de Post Luxembourg, suite au départ en retraite de Jos Glod. Valérie BallouheyDauphin, directrice de Post Finance, rejoint quant à elle le comité exécutif du groupe. Optimistic Selon une étude du cabinet FTI Consulting menée auprès de responsables seniors de grandes entreprises au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Espagne, 90 % des sondés envisagent un chiffre d’affaires stable ou en progression suite au Brexit.

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Lactalis Luxembourg se découvre

Catalogue Lactalis fournit un catalogue de 250 produits de grandes marques parmi les plus vendues dans les supermarchés luxembourgeois.

C’

est au détour d’une route de campagne, dans les environs de Junglinster, qu’apparaît un petit panneau « Lactalis ». Le géant de l’agroalimentaire, embourbé dans un scandale en France, est une petite usine tranquille et discrète au Luxembourg. Mais la ronde des camions indique immédiatement que l’usine est en pleine activité. À l’intérieur, des dizaines d’ouvriers confectionnent des cartons de fromages et autres produits laitiers. C’est le directeur des lieux, Francisco Cabrita, qui ouvre les portes de l’usine. Il nous reçoit d’abord dans la partie bureau, derrière une porte bleue peu visible de l’extérieur. Pas de

réception, pas d’accueil . Le groupe Lactalis est présent au Luxem­bourg sous forme de deux entités sur un même site à Esch­ weiler : Lactalis Luxembourg et Ekabe. Cette dernière, une entreprise familiale qui signifie « Émile Klensch à Bettembourg », a été rachetée par Lactalis en 1989. Ekabe va investir 1 million d’euros en 2018 pour créer un bassin de rétention, ainsi qu’un bassin d’orage pour gérer les eaux traitées. Ekabe et Lactalis se partagent différents bureaux, et à voir le mobilier qui date des années 70 pour certains, on a du mal à croire que le groupe pèse autant sur le secteur agroalimentaire mondial.

PHOTO Maison Moderne

Libéralisation réclamée La CLC et la Chambre des métiers saluent une première victoire via l’élargissement des heures d’ouverture pour les métiers de bouche (de 4 à 21 heures) accordée par le ministère de l’Économie, sur fond de litige d’un boulanger se sentant lésé par rapport à une station-service proche. La CLC continue de réclamer une libéralisation totale des heures d’ouverture, ce qui n’est pas la priorité principale du ministère de l’Économie.

AGROALIMENTAIRE


ENTREPRISES

« Nous avons reçu des instructions directes d’Emmanuel Besnier, avec des consignes très claires. »

de litres de lait. En 2017, Ekabe en a récolté 44 millions chez les producteurs luxembourgeois – du plus petit, avec 15 vaches (soit 250 litres), au plus gros, avec 200 vaches (soit 14.000 litres). Le tout sur un total de 376,2 millions de litres de lait produit au Grand-Duché. Ekabe a transformé 100 millions de litres de lait en 2017, dont les 44 millions que la société a ellemême récoltés, mais également 21 millions de litres fournis par Luxlait, client d’Ekabe pour ce qui est de la crème et du lait concentré. Le reste est fourni par des usines situées en France. « Nous ne mélangeons pas le lait Luxlait avec les autres, c’est un client qui utilise nos machines, car Luxlait ne pourrait pas rentabiliser des machines propres de par son activité », estime Francisco Cabrita. Ekabe exporte du lait entier, concentré, ainsi que de la crème, vers la France.

Francisco Cabrita est le directeur de Lactalis Luxembourg depuis 1991. Seulement 16 personnes y travaillaient en 2001; elles sont aujourd’hui 96.

20.000 TONNES DE PRODUITS

La partie Lactalis Luxembourg est plus importante, puisqu’elle représente 96 employés pour la partie entrepôt, 11 pour la filiale, Francisco Cabrita alors que l'usine n'en comptait Directeur de Lactalis Luxembourg que 16 en 2011. L’entrepôt est opérationnel, à secteur laitier du pays. La société sa taille actuelle de 5.400 m 2, est la troisième du pays, après depuis 2001. Outre le marché local, Luxlait et Arla Foods (un groupe Lactalis Luxembourg est utilisé danois). La capacité du site per- par le groupe comme principal mettrait de récolter 120 millions fournisseur pour l’Allemagne.

EMBAUCHES

200 C’est le nombre d’embauches prévues par Luxair en 2018, selon le CEO Adrien Ney, en fonction du niveau de l’activité. 50 emplois en CDI ont déjà été créés au 1er janvier de cette année, et 50 sont planifiés pour le printemps.

Pour ce dernier, il s’agit avant tout d’une activité de reconditionnement qui représente 20.000 tonnes de produits, avec une spécificité : « Nous recevons les cartons de produits d’ usines françaises, puis nous les reconditionnons en pana­chant les produits dans des cartons plus petits, selon les commandes des clients. C’est unique en Europe pour Lactalis. » Unique et coûteux en main-d’œuvre, car ce panachage ne peut se faire qu’à la main. Dans l’entrepôt où il fait à peine quelques degrés, des ouvriers s’affairent pour remplir les cartons, bien emmitouflés dans des manteaux. Il ne sera pas possible d’y prendre des photos, secret industriel oblige. Lactalis, c’est un catalogue d’environ 250 produits, et une présence dans tous les supermarchés luxembourgeois, excepté pour Lidl et Aldi. Des produits que le grand public connaît : le camembert Président, la mozzarella Galbani, ou encore le roquefort Société, pour ne citer que ceux-là. Pour la branche dessert, une joint-venture avec Nestlé permet à Lactalis de produire et expédier les produits de la marque suisse.

3,5 MILLIONS EN 2018

Mais Lactalis Luxembourg ne veut pas s’arrêter en si bon chemin, car la filiale compte investir 3,5 millions d’euros en 2018 pour agrandir la surface de son entrepôt de 26 %. « Quand l’agran­ dissement sera fait, d’ici à l’an­n ée 2019, nous serons en

AUTRES FACETTES DES CHIFFRES SECRETS Lactalis est présente au GrandDuché via sa filiale luxembourgeoise et Ekabe, racheté en 1989. Le groupe, qui représente dans le monde 250 usines et 75.000 salariés dans 50 pays, a été éclaboussé en France par le scandale d’un lait en poudre qui a rendu des enfants malades. Les autorités françaises ont reproché au groupe d’avoir réagi tardivement, et le silence du PDG du groupe, Emmanuel Besnier, est très mal passé. Troisième groupe laitier mondial, alors que Nestlé et Danone publient chaque année un rapport financier complet, Lactalis, non cotée, garde au contraire ses chiffres secrets. MONTAGES FISCAUX Si la filiale a été épargnée, parce qu’elle ne produit pas de lait en poudre, elle a été pointé du doigt pour d’autres raisons. Les Jours révèlent, dans Lactalis fait son beurre au Luxembourg du 16 janvier, que le groupe a « économisé des millions d’euros d’impôts grâce à des montages dans des paradis fiscaux », dont le Luxembourg. Ebdo (n°3) annonce que « le groupe français Lactalis a caché 2 milliards d’euros au Luxembourg » par un système d’évasion fiscale. La Société Générale Bank & Trust gérerait en coulisses une société écran nommée Nethuns. D’après Ebdo, c’est avec cet outil financier que Lactalis possède, fin 2006, « un point d’entrée dans l’univers bancaire offshore ».

mesure d’embaucher une dizaine de personnes de plus », estime Francisco Cabrita. À l’heure où Lactalis France a du mal à se sortir de la crise des contaminations de nourrissons, la branche luxembourgeoise continue quant à elle, plus discrètement, son expansion. A. S. Mars 2018 —

­ — 23

PHOTO Mike Zenari

Francisco Cabrita est en poste depuis 1991. Ce Luxembourgeois d’origine portugaise a donc vécu de l’intérieur l’évolution de son usine. Si le « scandale » Lactalis n’a pas touché le Luxembourg, qui ne produit pas de lait en poudre, le directeur et porte-parole d’Ekabe a vécu une fête de début d’année très spéciale au sein du groupe : « Nous avons reçu des instructions directes d’­Emmanuel Besnier (PDG de Lactalis, ndlr), avec des consignes très claires. Même si cela a déjà été fait, tous les sites vont subir des audits complets et très poussés, nous avons des objectifs à très court terme. » Si toutes les demandes presse concernant le scandale passent par Paris, Francisco Cabrita tient à défendre son patron : « Emmanuel Besnier est quelqu’un de très timide et réservé dans la vie, il est comme ça. On a pu lui reprocher de tarder à communiquer, de ne pas s’exposer, mais ce n’est pas volontaire, c’est quelqu’un qui aime rester dans l’ombre. » Trois activités sont opérées sur le site : récolte et transformation du lait pour Ekabe, reconditionnement des produits pour Lactalis. La partie Ekabe, soit 16 employés, est un petit acteur du


ENTREPRISES SAGA

ÉVITER LES TABOUS ET RASSEMBLER Jean-Paul Olinger a succédé à Nicolas Henckes en tant que secrétaire général de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), le 1er janvier dernier. En guise de cadeau de bienvenue, celui qui était auparavant associé chez KPMG Luxembourg doit composer avec un agenda politique qui s’insère forcément dans celui du patronat.

L’

«

année 2018 est intéressante et importante pour beaucoup de sujets, parmi lesquels la concrétisation des concepts liés à la croissance qualitative, discutés par le passé », déclare JeanPaul Olinger. Celui qui occupe depuis le 1er janvier dernier le poste de secrétaire général de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) envisage son rôle dans la continuité de son prédécesseur, en tant que « facilitateur pour le succès et la croissance du pays. » Croissance qualitative, sélective, modèle Rifkin… Les récents débats politiques ont d’ores et déjà montré que le modèle de développement pour le pays sera au cœur de la campagne précédant les législatives du 14 octobre prochain. « La question est la suivante : comment gérer cette croissance et la transformer en croissance qualitative ? demande Jean-Paul Olinger. C’est un sujet qui doit être discuté en réunissant toutes les parties concernées autour de la table, en premier lieu les entreprises qui représentent le fondement de notre prospérité et qui sont au carrefour de la vie économique et sociale du pays. »

tivité par personne sans retrouver les effets néfastes du modèle extensif : logement, trafic, retombées sur l’écologie et les systèmes sociaux... « Une croissance dite qualitative devrait nous permettre d’accroître la production du pays plus vite que l’emploi, avec moins de ressources. Un facteur-clé sera la digitalisation », pointe Jean-Paul Olinger. À son agenda, le secrétaire général de l’UEL trouve également la thématique du salaire social minimum et de sa hausse souhaitée par le LSAP, reprenant en partie l’idée de l’OGBL. « Or, on ne va pas résoudre les problèmes du logement en augmentant le salaire social minimum qui a d’ailleurs augmenté de plus de 60 % depuis 2000, mais en construisant davantage de logements. Ceci dit, nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il est difficile de vivre avec le salaire social minimum au Luxembourg. »

POUR UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE

Ancien président de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise (FJD), Jean-Paul Olinger défend à titre personnel une vision inclusive du pays dans laquelle tous les résidents participent au processus décisionnel. LA DIGITALISATION SERA LA CLÉ L’un des enjeux tient dans la « Notre pays compte des jeunes capacité des décideurs à trouver femmes et hommes de 170 nations le moyen d’augmenter la produc- différentes, avec d’énormes compétences académiques, linguistiques et professionnelles. Ceci est la vraie richesse du pays. Le processus d’intégration est donc très important, on ne peut avancer en tant que pays que si tous les acteurs sont à bord. » Et Jean-Paul Olinger de défendre, également à titre personnel, une plus grande place pour l’anglais dans la société, et la vie des entreprises en partiJean-Paul Olinger défend une vision culier. Le débat est lancé. T. R. inclusive de la société luxembourgeoise.

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­— Mars 2018

COMED FILE DEPUIS 40 ANS Comed fait partie des plus anciennes agences de pub au Luxembourg. Elle n’a pas manqué de marquer le coup à l’occasion de son 40e anniversaire durant les Media Awards.

1978 Création de Comed SA, une des toutes premières agences du pays. Le nom est une abréviation de ses activités principales : Communication et Médias.

1987 Avec l’arrivée de Carlo Dickes comme nouveau directeur, Comed change de positionnement et devient une agence full service.

1988 Comed prend possession de ses nouveaux locaux au 13, route d’Esch, une belle maison de maître rénovée.

1995 BGL choisit Comed pour ses campagnes créatives, et devient ainsi le client le plus fidèle de l’agence (23 années).

1997 Comed remporte de nombreux prix internationaux (Montreux, Epica, etc.) pour ses campagnes créatives.

2008 Sous les impulsions de sa nouvelle direction, formée par Claude Muller (photo), Thierry Wunsch et Charles Nilles, Comed fonce vers de nouveaux succès. u

comed.l

claude@

2011 L’agence remporte le 1er prix lors du Grand Prix Paperjam - Communication, Marketing, Design, l’ancêtre des Media Awards.

2015 Comed lance son nouveau position­ nement « Create Success » basé sur les cinq pôles d’excellence de l’agence : strategy, design, digital, advertising, connecting.

2018 À l’aube de son 40e anniversaire, Comed gagne un Gold aux Media Awards et fait la fête avec ses confrères, clients... et Maurice Lévy.

PHOTOS Maison Moderne / Comed

FÉDÉRATIONS PROFESSIONNELLES



ENTREPRISES E L E VAT O R P I T C H

COMMUNICATION

REPRISE MULTILINGUE POUR VANKSEN Avec son rachat par Datawords, l’agence Vanksen s’ouvre à de nouveaux marchés et sera à même d’accompagner vers de nouveaux horizons ses clients qui ont choisi le Luxembourg comme hub.

C

onnaissez-vous les technologies « e-multiculturelles » ? Elles seront, dans un futur proche, nécessaires, voire indispensables pour les entreprises désirant faire du e-commerce à l’international ou toucher une audience globale. Il ne leur suffira plus de répandre un message standard via différents canaux, en premier lieu via les réseaux sociaux. L’internaute, et donc le consommateur, veut qu’on lui parle dans sa langue, en tenant compte de sa culture locale et, si possible, de l’environnement réglementaire lorsqu’il passera à l’acte d’achat. Créée en 2000, Datawords s’est justement développée pour déployer des contenus digitaux avec une approche personnalisée pour les marchés visés, par pays. Désormais présent en Europe, en Asie et aux États-Unis, le groupe a jeté son dévolu en début d’année sur Vanksen par souci de compléter sa palette de compétences dans le digital. Née au Luxembourg, l’agence spécialisée justement dans cette sphère s’est fait une solide réputation à l’international avec des clients de renom, comme PSA ou Danone. « Nous conservons notre autonomie complète, mais cette intégrati o n n o u s off re d e b e l l e s perspectives en termes de complémentarité de métiers », déclare Jeremy Coxet, associate director de Vanksen. En 2014, Datawords s’était rapprochée d’une autre structure, Digiprod, pour déjà compléter son offre. L’agence vidéo a gardé sa marque. Il en sera de même pour Vanksen, qui continuera à être pilotée par son management local dans les six agences ouvertes depuis 15 ans, à Luxembourg, Paris, Metz, Bordeaux, Genève et Bruxelles. 26 —

­— Mars 2018

Après avoir levé 4 millions d’euros auprès de Quilvest en 2010 afin d’asseoir sa présence à l’international, Vanksen a cette fois conclu un rapprochement industriel. « La nouvelle offre combinée peut être intéressante pour des acteurs à vocation internationale et auxquels nous ne pouvions nous adresser, ajoute Jeremy Coxet. Ceci nous permettra aussi de consolider nos activités, notamment auprès des acteurs basés au Luxem­bourg ou qui ont choisi le pays pour se déployer à l’international. » En disposant d’une soixantaine de langues et autant de cultures dans son panier, Datawords est à même de frapper globalement et localement. Sans changer son approche et l’ancrage auprès de ses clients luxembourgeois, Vanksen se trouve adossée à un groupe qui évolue dans un monde globalisé où l’origine de toute une série de produits ne compte plus, mais où l’expérience client est la clé des affaires. « La question pour beaucoup d’entreprises est de savoir comment continuer à faire des affaires dans un monde de plus en plus digitalisé, note Jeremy Coxet. Cette tendance s’adapte à tous les secteurs, y compris les plus pointus. » Du commerce au monde financier, le champ des services à prodiguer est potentiellement infini pour les prestataires qui parviendront à proposer à la fois une maîtrise du métier et des outils techniques ad hoc. Datawords déclare avoir réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros. Il emploie 500 collaborateurs, auxquels sont venus s’ajouter les 90 de Vanksen. T. R.

UME Le TripAdvisor des fonds

D

ans l’industrie des fonds, certaines pratiques appartiennent encore au siècle dernier. Pour choisir leurs distributeurs, les asset managers font leur due diligence en envoyant des questionnaires. Ils attendent en général plusieurs mois avant de recevoir une réponse. De leur côté, les banques doivent gérer des dizaines de demandes de ce type. Ume propose d’automatiser ce processus avec un questionnaire standard. L’idée est de mutualiser l’effort des gestionnaires d’actifs et d’alléger le remplissage des questionnaires aux distributeurs. « À terme, nous voulons créer une plateforme internationale dans laquelle on pourra trouver des informations identiques sur tous les distributeurs, détaille Laurent Denayer, le CEO de Ume. Notre objectif est de devenir le TripAdvisor de l’industrie des fonds. » Cette solution pourrait beaucoup faciliter l’internationalisation de certains produits financiers, tout en accélérant leur mise sur le marché. Le développement de cet « annuaire des distributeurs » sera certainement suivi de près par les autorités financières européennes, qui cherchent à réguler davantage ce processus. Ume a enregistré ses premiers clients au mois de janvier.

start-up création Localisation Capital social Actionnaires Levée(s) de fonds Chiffre d’affaires Objectifs de croissance

Ume Février 2017 Luxembourg house of financial technology (Lhoft) 250.000 euros Privés Aucune Aucun pour l’instant créer un effet domino pour devenir au plus vite une référence mondiale


SERVICE DÉPANNAGE


ENTREPRISES DU CHALLENGE À LA SOLUTION

COMMERCE

CONSOMMER LOCAL ET SAIN Opter pour des produits locaux est sain, tel est le credo de plusieurs commerces qui ont vu le jour ces dernières années au Grand-Duché.

PROPOSER LE TÉLÉTRAVAIL Entreprise Fondation Secteur d’activité Nombre d’employés

PwC Luxembourg 1998 Audit et conseil 2.800

CHALLENGE GARANTIR LE BIEN-ÊTRE

A

vec un petit terrain, Sandrine Pingeon propose dès 2012 à une clientèle confidentielle des légumes qu’elle a produits ellemême, « Les paniers de Sandrine ». Le bouche-à-oreille fait son chemin au cours des mois qui vont suivre. Il faut dire que l’engouement est là, une tendance vive au Luxembourg pour consommer « vrai » : « J’aime ma petite production avec de petits clients. Et puis c’est plus facile de leur expliquer que si l’on veut de la qualité, il faut laisser le temps. » Aujourd’hui, elle prépare environ 230 paniers par semaine, sans compter les clients qui viennent acheter comme au marché. Si Sandrine Pingeon privilégie des produits de qualité, elle va arrêter la certification bio : « Le bio certifié est produit dans un contexte industriel, ce n’est pas du tout ce que je fais. Il s’est installé une relation de confiance avec mes clients, ils savent que je privilégie le local, la qualité, sans les emballages, et c’est ce qui compte. »

« Il faut que chacun s’adapte, in­ dique Anne-Claire Delval, membre de la coopérative, c’est une autre manière de consommer, mais on fait ce qu’on peut. » Un défi « zero waste » va être lancé à la mi-mars, trois mois d’accompagnement et de formation pour réduire ses déchets et ap­prendre les bons gestes. La coopérative propose des formations pour les scolaires, et tente de sensibiliser les commerçants avec un « label » pour ceux qui acceptent que les clients amènent leurs contenants. Du côté de Rawdish, c’est l’idée d’un fast-food sain et équilibré qui prime : « Nous voulons cibler une niche sur le marché, être 100 % bio à emporter. Manger sainement avec des recettes de produits les moins transformés possible, explique Benito Florio, l’un des cinq associés. Nos fournisseurs sont à 70 % allemands, nous travaillons aussi un peu avec Co-Labor, mais c’est difficile à cause de la certification. » La clientèle visée est principalement les employés stressés à 751 MEMBRES CONVAINCUS haut pouvoir d’achat : « Avant de me La seule épicerie bio sans embal- lancer dans l’aventure Rawdish, lages du Luxembourg a ouvert ses j’étais dans la finance, raconte portes en décembre 2016. En un Benita Muller, associée. Je travailpeu plus d’un an, la coopérative lais de longues heures et je n’avais Ouni a rassemblé quelque 751 pas le temps de cuisiner et de manmembres qui ont été convaincus ger sainement. En plus, comme je par la philosophie zéro déchet. fais beaucoup de sport, c’est diffiMais l’épicerie ne veut pas tomber cile d’être performant si on ne dans une idéologie culpabilisante : mange pas correctement. »   A. S.

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­— Mars 2018

MÉTHODE ÉVALUER L’IMPACT En janvier 2016, PwC a lancé un premier projet pilote de six mois auprès de 50 collaborateurs. L’objectif était d’évaluer la faisabilité technique de ce projet, de s’assurer que le travail en équipe n’en était pas impacté et de tester l’engouement pour ce mode de travail. Les retours positifs ont permis d’élargir ce pilote à d’autres fonctions et métiers de la firme et d’évaluer son impact sur le travail des collaborateurs au quotidien.

SOLUTION DÉFINIR DES RÈGLES Les résultats concluants des différents projets pilotes ont permis d’identifier les métiers et fonctions pouvant bénéficier de ce nouveau concept, mais aussi de définir une politique interne relative au télétravail. En effet, le télétravailleur a des droits, mais aussi des obligations qui sont clairement définies au cœur d’une charte du télétravail. Depuis septembre 2017, plus de 2.200 collaborateurs ont donc désormais la possi­ bilité de travailler de leur domicile jusqu’à un maximum d’un jour par semaine, la présence physique chez les clients mais aussi le travail en équipe restant la norme. Cette limitation en nombre de jours s’inscrit également dans le respect des seuils prévus par la réglementation sociale européenne.

ROI SUR LE LONG TERME Aujourd’hui, le télétravail est devenu une réalité au sein du cabinet et un élément incontournable du bien-être au travail des employés. Cette nouvelle manière d’appréhender le travail s’inscrit dans un contexte économique en pleine mutation, où l’agilité de l’entreprise prime si elle veut préserver la relation avec ses collaborateurs sur le long terme.

PHOTO Mike Zenari

Chez Ouni, on consomme bio mais aussi sans emballages, un concept qui demande une certaine adaptation.

Avec plus de 2.800 collaborateurs résidant pour la plupart au sein de la Grande Région, la firme est directement impactée par les problématiques de mobilité. En tant qu’entreprise responsable, garantir le bien-être des collaborateurs et faciliter leur quotidien est devenu un enjeu crucial pour PwC. C’est pourquoi elle a choisi d’ouvrir la voie au télétravail.


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MIPIM

LE LUXEMBOURG EN FORCE Le Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) est le rendez-vous incontournable des professionnels du secteur à Cannes, du 13 au 16 mars. Avec un pavillon organisé par la Chambre de commerce, le Luxembourg se fait une place de choix.

L

e principal objectif de cette présence est de faire connaître les possibilités offertes par le Luxembourg aux investisseurs étrangers, et de contribuer à la promotion des acteurs du secteur immobilier. C’est la 29e édition du Mipim, et c’est cette année la 13e participation du Grand-Duché, qui regroupe la population internationale la plus représentée avec 315 personnes. Sur le site du Mipim, qui compte 19.500 inscrits, il y a seulement quatre pavillons européens : le Grand Paris, la Belgique, le Luxem­ bourg et l’Italie. Pour l’édition 2018, dont le thème est l’immobilier urbain,

le pays présente 18 exposants, contre 16 en 2017 : Ville de Luxembourg, OAI, Dagli Atelier d’Architecture, ING, Banque de Luxembourg, Agora, Somaco, ICN Develo­p ement, Lux-Airport, Socom, Campus Contern, Drees & Sommer, DSM Avocats à la cour, Immo Luxembourg, Inowai, Lex Thielen & Associés, Arendt & Medernach et Willemen Groep.

PAVILLON PLEIN

Si la présence des exposants se renforce, la représentation a pour le moment atteint son maximum, explique Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce, car le pavillon est plein : « C’est la deuxième exposition au monde

pour ce secteur, c’est un outil de promotion formidable pour notre expertise. Notre pavillon est en bonne place, mais cette année, nous serons déjà serrés. Il va être difficile de s’étendre au vu des prix des stands qui sont pour le moins prohibitifs. » Si la présence luxembourgeoise est importante, c’est parce qu’elle s’inscrit dans la volonté du pays d’être présent à l’international : « Cela s’inscrit également dans notre volonté de diversification de l’économie. » En plus de la présence musclée des acteurs luxem­bourgeois, 2018 est un bon cru puisque deux projets sont nominés aux Mipim Awards, tous deux émanant de M3 Architectes, dirigé par Jos Dell, le président de l’Ordre des architectes et ingénieurs-conseils : Ainsi, le centre BGL BNP Paribas du Kirchberg est nommé dans la catégorie « Best Innovative Green Building » et le centre régional Creos à Roost-Bissen dans la catégorie « Best Industrial & Logistics Developement ». A. S.

carrières Sophie Rezki a été nommée senior associate au sein du département Droit bancaire et financier de NautaDutilh Avocats Luxembourg. Elle assiste des clients dans diverses questions de réglementation financière, y compris les marchés des capitaux, la titrisation, les produits financiers, les financements structurés et les fonds internationaux. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Pierre Gillet a rejoint e-Kenz en tant que directeur du project management office. Ses axes prioritaires sont la mise en place du nouveau département PMO, l’amélioration continue de la culture projet au sein de l’entreprise, le coaching des chefs de projet et des analystes métier, la gestion des offres (BID), ainsi que le développement des affaires et le suivi des clients. ICT

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2 Frank Weyers Head of valuation & advisory 3 Julien Thevenon Head of corporate solutions 4 Vincent Van Brée Head of capital markets 5 Alain Meyer Head of Tétris Luxembourg

7 Romain Muller European director, managing director Luxembourg

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­—Mars 2018

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La banque ING et l’agence ID+P sont fières de la famille

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ING et ID+P se réjouissent d’avoir reçu le Silver Media Award avec la carte VISA Gold qui couvre toute la famille. L’agence ID+P remercie également Losch, Keytrade Bank Luxembourg et Tango de la chance de travailler et d’être nominée à leurs côtés. Félicitations à tous !

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ENTREPRISES

MEDIA AWARDS 2018

21 pubs dans la lumière La 4e édition des Media Awards a permis de récompenser 21 publicités « above the line » créées au Luxembourg. Retour sur les lauréats d’une soirée-cabaret éclectique.

L

e jury avait eu la rude tâche de départager 170 dossiers dans les six catégories du concours : Cross-Media, Internet, Presse, Presse B2B, Radio et TV / Cinéma. 53 projets nominés se sont finalement retrouvés dans le dernier carré menant vers la grande soirée des Media Awards, qui s’est déroulée le 1er février dernier. La cérémonie récompensant la création publicitaire luxembourgeoise, organisée par Maison Moderne et RTL, avait cette fois comme décor le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg. Parmi les 850 personnes présentes, 15 agences et 36 annonceurs ont retenu leur souffle en attendant que le palmarès soit égrené durant la cérémonie présentée par Nathalie Reuter (RTL). On notera cette année encore la bonne tenue de la suite de la campagne « The Legend », intitulée « Source of Me », par BetoCee pour les Sources Rosport. Elle a été récompensée par un Gold et un Prix du public en TV / Cinéma. L’agence la plus récompensée est Mikado Publicis, qui repart avec quatre awards. À noter que 2.500 personnes ont voté en ligne pour élire un Prix du public dans chaque catégorie. T. R. 34 —

­— Mars 2018

3


ENTREPRISES

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Ambiance

Le jury

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Le jury des Media Awards 2018 était composé de Dominique Gaudin (conseil en stratégie de communication), Pascale Kauffman (coprésidente du jury / directrice générale Apollo Strategists – photo), Damien Lemaire (coprésident du jury / chief editor Media Marketing), Thierry Nothum (Coast Consulting), Joe La Pompe et Hugues Rey (CEO Havas Media Group Belgium).

Mars 2018 —

­ — 35

PHOTOS Jan Hanrion et Patricia Pitsch (Maison Moderne)

La cérémonie, produite par Toolbox avec les moyens techniques d’Apex et du Grand Théâtre, était placée sous le signe du cabaret, avec les performances originales de Peggy Lee Cooper et de sa complice « Johnny ». Pierre Kihn (Office Freylinger) 1 et Murat Mutlu (Immo Luxembourg) 2 ont, en tant que partenaires de la soirée, partagé leur vue sur l’importance de la publicité et de la promotion dans leur secteur d’activité. Les lauréats ont posé pour une photo de famille originale 3 à la fin d’une cérémonie aussi rendue possible grâce à Docler Holding, Kinepolis et Bofferding, autres partenaires de l’événement. Les convives se sont ensuite retrouvés 4 pour un moment de networking avec Steffen Traiteur aux fourneaux.


ENTREPRISES

MEDIA AWARDS 2018

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ENTREPRISES

EN MARGE DES MEDIA AWARDS 2018

MAURICE LÉVY, ENTREPRENEUR TOUJOURS L’emblématique figure de Publicis avait accepté d’endosser la présidence d’honneur des Media Awards 2018. Sa venue au Luxembourg le 1er février dernier lui a permis d’aller à la rencontre des entrepreneurs du pays et de son écosystème.

Arrivée

Rencontre avec Nicolas Buck, président de la Fedil

Maurice Lévy n’est pas tout à fait en terrain inconnu. Il se souvient que, au début des années 80, Publicis avait été approchée par le Premier ministre de l’époque, Pierre Werner (CSV), pour participer à l’aventure embryonnaire qu’était SES Astra. « Je suis venu à plusieurs reprises, nous nous intéressions à la télévision, mais nous étions plutôt dans le software, pas le hardware. Je sais que le Luxembourg a toujours eu une présence forte dans la communication, ne fut-ce que parce qu’en France, nous connaissons RTL. Le Luxembourg a plutôt bien joué la partie dans les satellites. »

Lorsque nous lui posons la question des éléments essentiels pour promouvoir le pays à l’étranger, Maurice Lévy recommande une approche authentique. « L’erreur la plus importante est de tenter de travestir le pays et de le rendre un peu trop ‘rock and roll’ en pensant qu’on a besoin de le rajeunir. »

Auteur de Les 100 mots de la communication édité en 2006 aux PUF, Maurice Lévy évoque dans la voiture qui l’emmène à ses différents rendez-vous son mot préféré. « Le plus important, c’est ‘amour’. Il faut beaucoup d’amour pour faire ce métier, pour comprendre le client. Ce n’est pas toujours facile. Il faut aimer le consommateur, le respecter et ne jamais lui vendre ce que l’on pourrait appeler de la m… Il faut le traiter avec intelligence. On ne peut traiter avec intelligence que des gens qu’on aime. »

Interrogé sur la scène du Grand Théâtre par Nathalie Reuter (RTL) sur les changements intervenus dans la publicité, Maurice Lévy voit une constante : l’idée. « C’est ce qui va durer dans l’avenir. » Quant à l’apport de la technologie, celui qui est informaticien de formation répond : « L’intelligence artificielle peut être un soutien considérable pour éviter les inspirations un peu trop faciles et éviter les copies. La partie émotionnelle continuera d’être créée par des hommes et des femmes. »

Rencontre avec l’équipe de la Lhoft et de la House of Start-ups

Luxinnovation, Technoport et les start-up

Avec la direction de Maison Moderne

Sur la scène du Grand Théâtre

Maurice Lévy se sent à l’aise dans l’environnement des start-up. Il a été à l’origine de la création d’un fonds monté par Publicis et Orange en 2011 pour investir dans les sociétés high-tech, en priorité européennes. « On voit bien que le Luxembourg tente de se moderniser au travers de la technologie et des start-up, avec une approche que je trouve très intéressante. À partir de maintenant, il faut se demander comment le Grand-Duché peut tirer son épingle du jeu et comment il peut attirer des capitaux pour les investir dans du concret. »

À l’origine du salon VivaTech qu’il a cofondé et qui devient progressivement l’équivalent européen du célèbre CES de Las Vegas, Maurice Lévy confie un certain déficit de communication du Luxembourg autour de son écosystème des start-up. « Je n’ai découvert la possibilité d’investir et l’existence d’un portefeuille de start-up – qui n’est d’ailleurs pas négligeable – que tout récemment. Ce n’est pas normal. Or, je ne suis pas quelqu’un de timide sur la quête de l’information. »

Mars 2018 —

­ — 37


PLACE FINANCIÈRE

place financière Bitcoin et extraterrestres Outre les dangers liés à ses fluctuations et ses dépenses en énergie au niveau du contrôle, le bitcoin vient d’afficher un nouvel inconvénient : il empêche la poursuite des recherches sur la vie extraterrestre. Selon un scientifique de l’Université de Berkeley (Californie), les centres de minage du bitcoin, qui assurent le contrôle des transactions, achètent en masse des processeurs graphiques dernier cri, provoquant une pénurie. Catastrophes naturelles Les assureurs vont-ils payer le prix du réchauffement climatique ? Le géant allemand Allianz, qui a publié ses résultats le 16 février dernier, a annoncé un résultat net en repli de 2,3 %. Parmi les causes, il pointe un coût de 1,1 milliard d’euros lié aux dégâts des différentes catastrophes naturelles (tempêtes en Europe, ouragans Harvey, Irma et Maria, incendies en Californie, etc.). Il estime d’ailleurs qu’il faut se préparer « à davantage de catastrophes naturelles à l’avenir ». BGL se renforce BGL BNP Paribas a repris la division luxembourgeoise de la banque néerlandaise ABN Amro. Une opération annoncée le 20 février qui lui permettra de jouer un rôle de consolidateur dans le marché de la banque

privée. De son côté, ABN Amro estimait son poids insuffisant pour jouer un rôle important sur le marché grand-ducal. ABN Amro Life, également acquise par la même opération, sera directement transférée vers Cardif Lux Vie. Répit pour les assureurs Initialement prévue le 23 février, la date d’entrée en application de la directive (UE) 2016/97, qui vise la distribution d’assurances et doit renforcer la protection des consommateurs à l’égard des produits d’assurance, est reportée au 1er octobre. Les actes délégués n’ont été publiés qu’en décembre et présentent une certaine complexité. Au Luxem­bourg, les assureurs sont prêts, mais vont pouvoir affiner les règles de fonctionnement. Externalisation Le projet de loi 7024, qui prévoit l’externalisation des services financiers, a été adopté début février par la Chambre des députés. Porté par le ministre des Finances, il offre donc la possibilité aux acteurs financiers d’externaliser une partie de leurs activités auprès d’acteurs établis hors des frontières. Une mesure qui fait peur aux PSF de support qui offrent des services pointus aux grands acteurs financiers, et sous le couvert de la CSSF.

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38 —

­— Mars 2018

ASSURANCES

Tremblement de terre Habitué aux évolutions lentes, le secteur des assurances se prépare à vivre dans un environnement en perpétuelle évolution. Sa gamme de nouveaux produits devra suivre les nouvelles tendances.

Le secteur de l’assurance doit protéger contre de nouveaux risques, notamment ceux liés à internet.

N

ouveau bulletin de santé sans ombre pour le secteur luxembourgeois des assurances. Les premiers chiffres fournis par le Commissariat aux assu­ rances (CAA) pour l’année 2017 montrent de nouvelles progressions. Pour l’ensemble de l’année, les primes ont augmenté de 13,66 % : 4,43 % dans les branches non-vie et 15,22 % pour l’assurance-vie. Attention, ces chiffres ne concernent que les entreprises d’assurances directes contrôlées par le CAA. Ils ne reprennent donc pas les entreprises de réassurance ni les succursales luxembourgeoises d’entreprises d’assurances d’autres pays de l’Union européenne. Mais l’affichage de ce thermomètre est quand même intéressant, puisqu’il pointe une nouvelle progression après

un exercice 2016 déjà favorable. Les bénéfices sont aussi en forte augmentation (+45,19 %) à 492,17 millions d’euros, effaçant des tablettes l’ancien record de 2014 (399,28 millions). Des données significatives qui ne tiennent pas compte des fluctuations du secteur de la réassurance, qui avaient biaisé les résultats globaux en 2016.

SAVOIR INNOVER

Tout va donc pour le mieux dans le secteur des assurances. Oui, mais… le monde évolue rapidement et le secteur va devoir apprendre à virer comme un hors-bord et plus comme un navire de croisière. C’est sans doute un signe que, pour sa conférence thématique annuelle, Linklaters Luxembourg a souhaité traiter de l’avenir du secteur

ILLUSTRATION Hadi Saadaldeen (Maison Moderne)

DIGEST


PLACE FINANCIÈRE OPINION

taques. » Interrogé sur les nouveaux produits à imaginer pour le secteur, Marc Hengen, directeur général de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (Aca), pointe, lui aussi, les cyberrisques et la protection de la réputation sur la toile. « Ce sont clairement des nouveaux risques à couvrir et nos membres y travaillent. » Pour poursuivre dans les nouveaux créneaux à développer, Étienne de Callataÿ note aussi le problème de finances publiques que rencontrent les États européens. « Ça ouvre des portes pour la privatisation et donc de nouveaux créneaux pour les assureurs. Qu’il s’agisse des retraites, des soins de santé ou des risques liés au marché de l’emploi. » Par contre, il admet que le secteur va devoir continuer à travailler à long terme dans un environnement de taux d’intérêt bas et que les privilèges fiscaux, dont il bénéficie dans pas mal de pays européens, risquent aussi de s’éroder.

Faut-il craindre l’euro fort ? « PAS DE PANIQUE » MURIEL BOUCHET Senior economist, Fondation Idea

En une année, l’euro s’est apprécié de 16 % par rapport au dollar US. Une telle situation est susceptible d’entraver les exportations de la zone euro, donc la croissance. Selon la BCE, une dépréciation du dollar de 10 % par rapport à la monnaie unique induirait une perte de PIB réel de 0,3 %. Il convient pourtant de ne pas céder à la panique. La zone euro compte par ailleurs bien d’autres partenaires commerciaux que les États-Unis, dont les devises ont depuis un an été bien plus stables, par rapport à l’euro, que le dollar. Un euro durablement « fort » aiderait enfin à contenir les futures tensions inflationnistes, à la faveur de biens importés moins onéreux – l’énergie notamment. La capacité d’adaptation de nos entreprises, via une montée en gamme de leurs produits par exemple, pourrait faire le reste.

RENDRE DES COMPTES

Au cours de la même conférence, Marc Hengen a, de son côté, pointé un autre défi : les domaines dans lesquels les assureurs investiront à l’avenir les primes reçues de leurs clients. « De plus en plus, les gens veulent savoir ce que l’on fait de leurs primes, explique-t-il. Les compagnies doivent de plus en plus en tenir compte. » Une tendance qui, à l’image de ce qui se passe dans le secteur des fonds d’investissement, devrait pousser les assureurs à rechercher les investissements verts. « Mais ces produits verts doivent aussi faire la preuve de leur rentabilité. Pour l’instant, les gens ne s’en rendent pas encore vraiment compte », estime le directeur de l’Aca. Enfin, dans ce monde en ébullition qui fait trembler les bases de l’assurance, il est aussi fort probable que, dans un avenir proche, on voit apparaître des produits d’assurance diversifiés et disponibles pour des périodes nettement mieux délimitées que le traditionnel contrat annuel. J.-M. L.

« NOTRE COMPÉTITIVITÉ EST PLUS QUE MENACÉE » MICHÈLE DETAILLE Administrateur délégué, Groupe Alipa

Rappelons tout d’abord combien l’euro est une bénédiction pour les PME européennes, d’une part parce que la majorité des transactions commerciales des PME est intraeuropéenne, et d’autre part parce que l’euro est une devise reconnue lors d’échanges internationaux. Un euro fort peut freiner les exportations des entreprises européennes. Il pourrait bien sûr menacer les prévisions de reprise de l’inflation sur lesquelles la BCE fonde sa politique monétaire, mais c’est sans compter avec le renchérissement des prix du pétrole. L’euro fort trouve une de ses causes dans l’affaiblissement du dollar, et c’est peutêtre le vrai danger : si le président Trump, rompant avec toutes les bonnes pratiques de commerce international, manipulait les taux de change pour doper les exportations américaines, il ne manquerait sans doute pas de faire des émules et l’économie mondiale entrerait alors dans une période d’incertitudes et de turbulences. Mars 2018 —

­ — 39

PHOTOS Maison Moderne (Archives)

des assurances et des défis qui l’attendent. « C’est un secteur qui continue à prendre de l’importance dans le pays, mais le modèle devra évoluer dans les années qui viennent », avait expliqué à Paperjam.lu Patrick Geortay, managing partner de Linklaters Luxembourg, en prélude à l’événement. « En tout premier lieu, il doit envisager sa digitalisation et voir comment réagir face à l’émergence d’insurtech, qui transforment les produits classiques. » Un avis partagé par Heiner Leisten, senior partner du Boston Consulting Group. « Les assureurs ne pensent pas vraiment à croître en recourant à l’innovation, mais c’est pourtant ce qu’ils vont devoir faire », a-t-il insisté au cours de la conférence. Invité également à dresser un bilan de la situation économique globale devant ce parterre d’assureurs, Étienne de Callataÿ, chief economist de la société Orcadia Asset Management, a lui aussi fait part aux professionnels du secteur des défis qu’il voyait poindre à leur horizon. « Le secteur de l’assurance connaîtra un important changement de modèle, a observé l’économiste belge. Il glissera de la mutualisation des risques à des contrats sur mesure adaptés au profil de risque de chaque client. » Une révolution qui exigera de pouvoir gérer le big data. « Mais dans ce domaine, vous êtes bien équipés, a poursuivi l’orateur. Vous détenez une importante quantité de données concernant vos clients. » Il note aussi des évolutions technologiques qui créeront des niches, mais risquent par contre de réduire drastiquement certaines sources importantes de revenus. « Le monde change, convient Étienne de Callataÿ. L’apparition de la voiture a u t o n o m e s u r n o s ro u te s devrait permettre de réduire le nombre d’accidents de voiture. C’est donc un important marché qui risque de se réduire fortement. Par contre, la montée en puissance d’internet exigera de devoir protéger son e-réputation et de se prémunir contre d’éventuelles cyberat-


PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D

VOITURES RUTILANTES POUR INVESTISSEURS PASSIONNÉS Un projet d’investissement dans la classe des voitures de collection vient de voir le jour. Une niche particulière, mais prisée par les investisseurs.

D

es projets similaires, ou du moins concernant le même actif et portés par d’autres instigateurs, avaient déjà été éventés par le passé, sans qu’ils ne démarrent véritablement. Mais les deux fondateurs de Art & Motion semblent y croire en tablant justement sur un modèle différent. « Nous n’utilisons pas un fonds, mais bien un véhicule de titrisation, précise Alain Mestat, cofondateur. Cette approche nous permet de nous adresser à des investisseurs avertis qui effectuent leur due diligence euxmêmes. » Une approche plus souple et non régulée qui conviendrait donc pour cet actif si particulier qu’est la voiture de collection. Mais l’achat sur le marché spécialisé et la rénovation des véhicules qui s’ensuit nécessitent une certaine liquidité. Or, celle-ci n’est pas forcément compatible avec le recours à un fonds fermé. « Nous voulons tout d’abord acheter des épaves qui peuvent

Alain Mestat est au volant de ce projet avec Oscar Lefebvre, une référence dans le secteur.

40 —

­— Mars 2018

être rénovées pour les vendre après 18 à 24 mois de travail, et ainsi créer un fonds de roulement, explique Alain Mestat. Notre stratégie d’investissement à court terme prévoit de payer un dividende à la fin de la deuxième année du lancement. Sur le long terme, nous voulons cibler des voitures très rares qui seront revendues après 5 à 6 ans. » Le ticket est fixé à 125.000 euros. En misant sur un rendement de 7 %, Art & Motion veut aussi se positionner auprès des banques et de gestionnaires de fortune qui sont de plus en plus sollicités par leurs clients demandeurs de produits alternatifs et innovants dans leur portefeuille. Un attrait grandissant qui a fait de la voiture de collection une classe d’actifs à part entière depuis une dizaine d’années. « Nous pensons que c’est un produit qui correspond à une clientèle de plus en plus exigeante, particulièrement au Luxembourg, qui attire les banques privées », ajoute Alain Mestat, qui compte sur une expérience combinée à celle de son associé pour faire éclore le projet. Laurent Lefebvre baigne en effet dans l’univers automobile, et celui de la rénovation en particulier puisqu’il est le fils d’Oscar Lefebvre, le fondateur de l’Atelier des coteaux. Situé dans l’est de la France, l’atelier de rénovation est cité parmi les références mondiales des amateurs de mécaniques d’un autre temps. Alain Mestat, à qui on doit aussi l’initiative Art & Finance, compte utiliser son expérience de plus de 25 ans dans la finance pour assurer la gestion opérationnelle ainsi que le marketing du véhicule… d’investissement. T. R.

Private equity

[priˈvate ɛkwɪti] noun Sous le terme de private equity se cache une niche d’investissement dans des entreprises non cotées en bourse.

Q

uand la famille ou les associés proches ne suffisent plus pour financer le développement d’une entreprise, celle-ci peut se tourner vers des financiers externes. La manière la plus connue pour obtenir de l’argent frais est de s’orienter vers la Bourse. On parlera alors d’investissement public. Les actions peuvent s’acheter et se revendre sans impliquer les responsables de la société. Mais depuis quelques décennies, on a également vu se développer des fonds d’investissement qui injectent des sommes importantes dans des sociétés non cotées, souvent des PME. On parle alors de private equity ou, en français, de capital-investissement. Le capital de ces fonds est généralement prélevé auprès d’investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurances, fonds souverains ou fonds de pension). Le grand public a rarement accès à ce type d’investissement. Pour une entreprise qui cherche de nouveaux moyens financiers, un des avantages du private equity est de ne pas devoir se soumettre aux obligations d’information vers le public auxquelles sont liés les groupes cotés en bourse. Les fonds de private equity ont aussi la réputation d’être des investisseurs à long terme (de cinq à sept ans), ce qui est plus rassurant pour le management qui peut se donner de réelles ambitions plutôt que de devoir doper les résultats pour satisfaire les marchés boursiers. Ça ne veut pas dire que le fonds de private equity ne cherchera pas lui aussi un rendement important. Mais bien souvent, les gestionnaires de ce genre de fonds s’impliquent aux côtés du management pour définir la meilleure stratégie à suivre. Au Luxembourg, on compte actuellement environ 150 acteurs dans le secteur du private equity, qui gèrent quelque 400 milliards d’euros d’actifs.

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LE LABO DIGITAL DE BNP PARIBAS BNP Paribas Wealth Management associe ses clients au développement de nouveaux outils digitaux. Luxembourg est un des trois pôles de l’innovation.

B

NP Paribas Wealth Mana­ gement, la division banque privée du groupe français, déploie des moyens importants pour assurer sa transformation digitale et répondre aux attentes de ses clients. E l le a a i n s i m i s e n pl ac e il y a trois ans le programme « Expérience client ». L’idée : rassembler les compétences des banquiers privés, des spécialistes de la technologie, mais aussi des clients, pour mettre au point des innovations aptes à réellement améliorer les services. Au total, plus de 400 personnes sont impliquées dans ce programme à travers trois incubateurs : Luxembourg, Genève et Singapour. « Nous sommes convaincus d’être dans une période où l’on peut faire la différence en réinventant les différentes étapes du parcours client en s’appuyant sur les nouvelles technologies, commente François Dacquin, C EO We a lt h M a n age m e nt Luxembourg. Le fait de travailler de manière plus agile en associant des clients comme des start-up a rendu plus efficaces et plus économiques nos investissements, tout en permettant un lancement plus rapide des nouveaux services. » Dans une première phase, 10 nouveaux services ont été mis au point. La « seconde saison » est en cours, et BNP Paribas Wealth Management pense pouvoir proposer quatre nouveaux services dans le courant de cette année. À noter que ces différents développements sont répartis entre les trois pôles géographiques, ce qui rend aussi l’investissement plus efficient. « Nous avons fait le choix de travailler en réseau, ce qui est une de nos forces, note François Dacquin. Nous avons en effet observé que nos clients, qu’ils soient en Asie ou en Europe, partagent beaucoup d’attentes. » Parmi les 10 premiers nouveaux services proposés, quatre ont été initiés depuis le Luxembourg, en 42 —

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collaboration avec des sociétés fintech, voire des acteurs technologiques plus importants. C’est par exemple depuis le Grand-Duché qu’a été développé un outil de biométrie appliquant la reconnaissance faciale et vocale pour accéder aux comptes, l’application MySafePlace (espace sécurisé qui permet le stockage de l’ensemble de ses données) ou MyEagleVision, un outil d’agrégation des actifs détenus par le client dans différentes banques et qui permet donc le meilleur conseil possible par rapport à son patrimoine global. « Le Luxembourg nous a semblé être la Place la mieux adaptée pour concentrer nos expertises et nos investissements vis-à-vis des attentes de la clientèle européenne ayant des besoins internationaux », poursuit le responsable Wealth Management Luxembourg. Cette stratégie semble faire ses preuves. Fin septembre 2017, la banque a en effet été classée deuxième mondiale – derrière Credit Suisse et UBS, premiers ex æquo – pour les meilleures applications mobiles en banque privée par le site myprivatebanking.com. J.-M. L. PENSIONS

Des ingrédients à la Ucits Le recours aux plans de pension paneuropéens – que les entreprises peuvent utiliser pour leurs employés – reste freiné par de nombreuses barrières. Le Luxembourg reste néanmoins en première ligne.

L’

exploitation des possibilités offertes par une directive européenne, la conjugaison de l’expertise d’acteurs de la Place et une orientation à l’international : les ingrédients font penser à ceux qui

ont permis d’aboutir à des succès rencontrés par le secteur financier luxembourgeois. Il s’agit dans ce cas de tirer profit du marché qui se construit autour du second pilier des pensions, celui du régime des pensions complémentaires. « Au Luxembourg, le premier pilier est très important, ce qui n’est pas toujours le cas dans le reste de l’Europe », souligne Claudia Halmes-Coumont, directeur de Lalux Vie. Le recours au second pilier via une approche paneuropéenne à destination des salariés mobiles ou des groupes qui souhaitent optimiser leurs différents régimes de pension représente une opportunité pour les acteurs du secteur. Le premier fonds de pension paneuropéen à destination des employés de sociétés a été créé au Luxembourg à l’initiative d’Amundi. Le gestionnaire d’actifs déjà présent au Luxembourg avait souhaité, en 2014, tirer profit de la directive IORP encadrant ce type de produit. Aux côtés d’Amundi, distributeur de la solution, Lalux intervient non pas en LPS, mais pour couvrir les risques. « Nous avons ouvert le fonds pour huit pays, deux autres sont en cours », note Jérôme Wiwinius, responsable corporate chez Lalux. Pour mieux promouvoir l’outil, une conférence était organisée le 5 février dans les locaux de Lalux. Elle a permis de réunir le ministre des Finances Pierre Gramegna, des représentants européens et des praticiens. Problème souligné durant la conférence, l’accès aux différents pays, et donc aux entreprises qui y ont logé une filiale, est encore freiné par les législations locales. « Lorsque nous comptons un nouveau client, nous devons d’abord faire une procédure d’onboarding à l’autorité de contrôle au Luxem­ bourg avant d’envoyer la demande aux autorités locales concernées, ce qui retarde le proc essus », note Claudia Halmes-Coumont. La balle est donc dans le camp des dirigeants des pays européens pour assouplir le protocole de Budapest en vigueur. Le développement pas à pas des plans d’occupation –

Pierre Gramegna a reçu les messages d’un secteur qui demande que des barrières soient levées.

qui ne sont pas à confondre avec les produits paneuropéens d’épargne-­retraite individuelle (PEPP) – reflète aussi l’évolution vers un marché unique européen des capitaux qui se fait parfois de façon saccadée. T. R.

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carrières Emily Bradshaw est la nouvelle head of funds banking de RBS International au Luxem­ bourg. Elle compte 10 ans d’expérience bancaire et est administratrice de RBS International depuis 2012. PLACE FINANCIÈRE

Laurence Latuillerie a rejoint l’équipe Corporate de Hogan Lovells en tant qu’associate. Elle a travaillé précédemment au sein de cabinets d’avocats de premier rang à Paris et à Luxem­bourg et au sein du bureau luxembourgeois du premier­ fonds de private equity européen. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Victorien Hémery a été nommé associé au sein du cabinet AKD. Il conseille les clients sur toutes les questions juridiques et réglementaires en matière de structuration, formation et gestion de fonds d’investissement réglementés et non réglementés. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

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ÉCONOMIE

économie DIGEST

L’immobilier en hausse Le Statec et le Liser ont indiqué qu’en un an, les prix des logements ont progressé de 4,9 % au troisième trimestre de 2017. Le prix moyen des appartements existants se situe à 5.002 euros/m2 et celui des appartements en construction à 6.316 euros/m2. Le prix moyen d’une maison unifamiliale atteint 649.425 euros. Crédits bon marché Les taux d’intérêt sur les crédits immobiliers accordés aux ménages se situent toujours à un bas niveau, affirme la Banque centrale du Luxembourg (BCL), qui fait part, au 31 décembre 2017, d’un taux d’intérêt fixe affichant 1,82 %, et d’un taux variable s’établissant à 1,55 %. Une croissance prudente Appelée à sonder la santé économique du Grand-Duché, une délégation du Fonds monétaire international (FMI)

a confirmé la belle croissance que connaît le pays, qui doit cependant se montrer prudent sur deux points : son système de pension — nécessitant un report de l’âge effectif de départ à la retraite — et ses prix de l’immobilier, considérés comme « un problème » par le FMI.

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En créant des business clubs en Allemagne, en France et en Belgique, le Luxembourg cherche à maintenir des liens directs avec les investisseurs des pays limitrophes, mais aussi à promouvoir le pays sous un autre jour que celui de la finance.

En tête sur la santé Passant en revue plusieurs critères tels que la qualité économique, l’environnement des affaires, l’éducation, ou encore l’environnement naturel, l’édition 2017 du Legatum Institute vient de positionner le Luxembourg au 14e rang des pays les plus prospères, selon un classement que dominent la Norvège, la NouvelleZélande et la Finlande. En termes de santé, il apparaît au premier rang des 149 pays observés. Une conjoncture favorable Se basant sur une hypothèse de croissance en zone euro de 2 à 2,5 % cette année et l’an prochain, ainsi que sur une évolution très favorable de l’indice boursier européen, le Statec établit un scénario d’expansion équilibrée et soutenue pour l’économie luxembourgeoise. Cette dernière devrait pouvoir croître d’environ 4,5 % en 2018 et 2019, et retomberait toutefois, du fait d’un ralentissement, à environ 3 % d’ici 2022.

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Faciliter le business entre voisins

Focus Pour le directeur du Business Club Belgium - Luxembourg, Christophe Hansen, le Brexit pousse de nombreux investisseurs belges à chercher de nouveaux marchés, notamment au Luxembourg.

À

trop se connaître, on en oublie parfois l’essentiel. Christophe Hansen ne dira pas le contraire. Le directeur du Business Club BelgiumLuxembourg est encore surpris de l’engouement rencontré par l’ouverture à Bruxelles de ce cercle d’entrepreneurs début novembre. « Le fait d’avoir toujours eu des relations étroites avec la Belgique nous a paradoxalement fait perdre le focus sur le marché belge, notamment en Flandre, où les investisseurs cherchent de nouvelles opportunités d’affaires avec l’arrivée du Brexit », indique-t-il. Un regain d’intérêt qui s’explique, selon lui, par la méconnaissance de la diversité

de l’économie luxembourgeoise à l’étranger, car celle-ci se résume bien souvent à la finance. « Je me rappelle que, lors d’une mission économique l’année dernière, un responsable wallon avait été surpris d’apprendre que le secteur de l’automobile employait près de 10.000 personnes au Luxembourg », ajoute-t-il. À 300 kilomètres de là, le Business Club France-Luxem­ bourg partage le même constat. « Le TGV a beau avoir réduit les distances entre Luxembourg et Paris, nous ne nous connaissons pas mieux », résume Laurence Sdika, la responsable de la structure. « Notre objectif est de créer un réseau intimiste, un club d’en-

PHOTO Anthony Dehez

Tranche(s) d’index Selon un scénario central lié à l’évolution des prix pétroliers, le Statec maintient ses prévisions de croissance à 1,4 % cette année et 1,8 % l’an prochain. Ce qui devrait entraîner une première indexation des salaires entre le troisième et le quatrième trimestre de 2018, puis une seconde avant la fin 2019.

BUSINESS CLUBS


ÉCONOMIE

INFLATION EN BAISSE

Avec 16.599 demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem au 31 janvier, le chômage n’a jamais été aussi bas depuis juin 2011. Il s’agit d’une baisse de 6,1 % par rapport à la même période l’année dernière. Selon l’Adem, la baisse enregistrée sur un an a surtout profité aux chômeurs qualifiés (-11,1 %), ainsi qu’aux demandeurs d’emploi de longue durée (-9,2 %).

Le taux d’inflation continue sa descente entamée au mois de novembre en passant à 1,1 % pour le premier mois de l’année. Une évolution qui s’explique par la diminution des prix des « articles d’habillement et de chaussures », suite à la période de soldes. Les prix des produits pétroliers et de l’énergie ont par contre sensiblement augmenté sur cette même période.

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FAILLITES DANS LA NORME 2018 ne commence pas sous les meilleurs auspices pour certaines entreprises luxembourgeoises. Le nombre de faillites enregistré durant le premier mois de l’année a frôlé la centaine. Si 95 entreprises ont été contraintes de fermer leurs portes en janvier, elles étaient 91 en décembre, et 89 au mois de janvier 2017. Il faut tout de même noter que les déconfitures avaient été moins nombreuses de 5 % en 2017 par rapport à l’année précédente. Reste à voir si cette tendance à la baisse se poursuivra tout au long de l’année.

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SOURCE Creditreform Luxembourg

À Berlin, le doyen des business clubs – créé en 2012 – mise sur l’organisation d’événements thématiques aux quatre coins du pays. Le prochain aura lieu à Hambourg, en avril, et s’intéressera aux infrastructures durables pour le 21 e siècle, avec comme co-­ organisateurs ArcelorMittal et la puissante Association centrale des industriels allemands. « Nous essayons de faire venir des pointures à nos événements pour développer le réseau de nos membres et faire parler du Luxembourg aussi en dehors du club », détaille Julie Jacobs, la secrétaire générale de la structure. Trois pays, trois stratégies différentes. Mais un objectif bien évidemment commun : offrir un support aux entreprises intéressées par le Luxembourg. Car aucune des ambassades du Luxembourg en Allemagne, en France et en Belgique ne disposait jusqu’alors d’un service économique. À l’initiative de la Chambre de commerce et en coopération avec le ministère des Affaires étrangères – les clubs sont hébergés dans les ambassades –, ces structures comblent donc un vide. « C’est un peu du pragmatisme à la luxembourgeoise, précise Jeannot Erpelding, directeur des affaires internationales à la Chambre de commerce. Mais il ne s’agit pas d’un instrument agressif qui cherche à tout prix à attirer de nouveaux investisseurs. L’objectif est plutôt de maintenir le contact en s’adaptant aux cultures de chacun de ces pays, qui sont bien différentes quand on parle de business. » J. M.

CHÔMAGE NOUVEAU RECORD FAVORABLE

EMPLOI LES BANQUES GARDENT LE CAP

FONDS EN HAUSSE, ENCORE

Les 139 établissements de crédit présents au Luxembourg embauchaient fin décembre plus de 26.000 salariés, un seuil en dessous duquel le secteur n’est plus passé depuis le premier trimestre 2016. À noter que les trois derniers mois de 2017 avaient vu le nombre d’emplois bancaires diminuer d’une centaine de personnes. Une variation qui n’est toutefois pas significative pour le secteur.

Les actifs nets des organismes de placement (OPC) ont fini l’année avec une belle augmentation, alors qu’ils avaient stagné entre octobre et novembre, juste après avoir passé le seuil des 4.000 milliards d’euros. À noter que le nombre d’OPC est par contre en baisse. En milliards d’euros 5

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COMBLER UN VIDE

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trepreneurs, où l’échange est libre et décomplexé. Nous n’acceptons aucune institution. » Pour dynamiser l’activité du club et mettre à profit l’expertise de ses membres, qui sont autant Français que Luxembourgeois, cinq groupes de travail ont été créés sur autant de secteurs (économie solidaire, ICT, banques et assurances…). Les conclusions sont ensuite régulièrement envoyées aux autorités compétentes avec l’objectif de faire bouger les choses.

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ÉCONOMIE D RO I T D U T R AVA I L

Le nombre d’hommes ayant choisi de réduire leur temps de travail a considérablement augmenté ces 10 dernières années. Le Luxembourg reste toutefois à la traîne par rapport à ses voisins.

LA SURVEILLANCE DES SALARIÉS

L

CONSTAT

LE PARTIEL AU MASCULIN es choses seraient-elles en train de changer ? Une récente étude de l’asbl Equilibre montre qu’au Grand-Duché, les hommes sont de plus en plus ouverts à diminuer leur temps de travail. Le nombre de temps partiels aurait ainsi augmenté de 10 % par an depuis 2007, une évolution trois fois plus importante que celle de l’Union européenne sur la même période. En parallèle, ce pourcentage est resté stable chez les femmes. À ce rythme, « la parité pourrait être atteinte en 2033 », précise le document. Si l’on se penche dans le détail des données, on s’aperçoit que cette tendance est toutefois bien différente selon les corps de métier. « Les deux domaines où le nombre d’hommes ayant opté pour un temps partiel est le plus important sont ceux de la santé et de l’enseignement, explique Larissa Best, la directrice d’Equilibre. Il est intéressant de voir qu’il s’agit de secteurs habitués à gérer des horaires atypiques et qui disposent donc d’un back-office adapté, notamment en termes de logiciels de gestion du temps de travail. » Autre aspect important à prendre en compte : la fonction. Ainsi, aucun manager n’a opté pour un temps partiel

LES HOMMES À LA HAUSSE Porportion du taux de travail à temps partiel selon les sexes de 2006 à 2016. 50 %

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depuis 2007. Enfin, les hommes travaillant dans les services ont trois fois plus tendance à choisir cette option que ceux employés dans l’industrie.

CHANGER DE MENTALITÉ DÈS LA PATERNITÉ

Depuis le 1er décembre 2016, l’accessibilité des pères aux congés parentaux a été considérablement améliorée, notamment par la possibilité de choisir une réduction du temps de travail de 20 % par semaine sur 20 mois. « Ces nouvelles lois permettent de faire évoluer les mentalités des employés, comme des employeurs, note Larissa Best. Je pense que les entreprises qui ont fait face à ces nouvelles situations se sont rendu compte que ce n’était pas si compliqué et qu’elles seront désormais plus ouvertes à accepter des demandes de temps partiels. » Aucune révolution n’est en cours, tempère toutefois Blandine Lejealle, économiste au Luxembourg Institute of SocioEconomic Research (Liser) et spécialiste de la question. « La hausse observée est plus importante que dans le reste de l’Union européenne, car elle se base sur des petits effectifs. Mais si on rapporte le nombre de temps partiels pris par des hommes au reste de la population active, le Luxembourg se trouve largement sous la moyenne communautaire. » Avec 5,9 %, le Grand-Duché reste en effet dans le dernier tiers des États membres. Et s’il fait mieux que la Bulgarie (1,7 %), il est loin derrière les Pays-Bas (22,1 %), ou encore la Belgique (9,3 %), alors que la moyenne des 28 est à 8,2 %. « Si les choses sont en train de changer, la société luxembourgeoise reste sur un modèle traditionnel. Cela se voit notamment dans les offres d’emploi à temps partiel, qui sont encore très rares », ajoute Blandine Lejealle. J. M.

Les articles 11 et 14 de la loi du 2 août 2002 sur les données personnelles disposent que la surveillance des employés sur le lieu de travail ne peut être mise en œuvre que sur autorisation de la CNPD, dans les conditions de l’article L. 261-1 du Code du travail. Ce dernier indique notamment que la surveillance n’est possible que si elle est nécessaire pour la sécurité et la santé des salariés, pour la protection des biens de l’entreprise, pour certains contrôles de la production ou pour une organisation du travail selon l’horaire mobile. Le RGPD, qui entrera en vigueur le 25 mai 2018 en abrogeant la loi de 2002, ne comprend quant à lui aucune définition de la notion de surveillance. Il en va de même du projet de loi n° 7184 concernant la mise en œuvre du RGPD au Luxembourg.

CE QUE DEVRAIT DIRE LA LOI Il conviendrait que le législateur luxembourgeois vienne mettre un terme à ce « flou juridique », afin que les droits des salariés à la protection de leurs données personnelles soient garantis, et que leur employeur connaisse ses obligations et les formalités à accomplir.

QUE FAIRE ? En attendant la version finale du projet de loi n° 7184, l’employeur devrait continuer de se soumettre au régime actuel, en sollicitant l’autorisation préalable de la CNPD et en informant ses employés de manière transparente à cet égard. Cela peut, par exemple, prendre la forme de clauses d’information au contrat de travail ou de chartes de fonctionnement internes.

L’AVIS Pour l’instant, le régime de la surveillance des salariés sur le lieu de travail à compter du 25 mai 2018 est incertain. La surveillance telle que définie par la loi de 2002 se trouvant en effet abrogée par l’entrée en vigueur du RGPD, l’article L. 261-1 du Code du travail n’aura, en l’état actuel des textes, plus de base légale. À défaut d’évolution, la situation sera complexe.

David Alexandre Avocat à la Cour, David Alexandre est associé senior en propriété intellectuelle, communications et technologies chez Arendt & Medernach.

PHOTO Arendt & Medernach

TEMPS DE TRAVAIL


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ÉCONOMIE

Des bases incertaines Malgré la période faste que traverse la croissance mondiale, les vecteurs qui porteront l’économie luxembourgeoise et internationale dans les années à venir n’ont jamais été aussi difficiles à prévoir. Ce thème animera la prochaine Journée de l’économie.

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ans sa mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale, publiée au mois de ­janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a revu tous ses voyants à la hausse. Ainsi, ses estimations tablent sur une croissance du PIB global de 3,7 % pour 2017, « soit 0,1 point de plus que ce qui était prévu à l’automne dernier, et 0,5 % de plus qu’en 2016 ». L’avenir a également été appréhendé sous un jour meilleur, puisque la croissance pour 2018, comme pour 2019, est désormais estimée à 3,9 %, soit 0,2 point de plus qu’auparavant. « La bonne nouvelle est que celle-ci est générée par 120 pays, qui représentent les trois quarts de l’économie mondiale, précisait quelques jours plus tard la directrice du FMI, Christine Lagarde. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas seulement tirée par quelques émergents ou les pays développés, mais très largement répartie sur la planète. » Cet optimisme est le résultat d’« une dynamique de croissance plus forte et des effets attendus des modifications de la politique fiscale américaine qui ont été approuvées récemment », ex­plique plus largement le FMI. Mais quels seront les ressorts qui nourriront la croissance éco-

nomique de demain ? Une question complexe, qui sera abordée lors de la prochaine Journée de l’économie, dont Paperjam est partenaire. Les économistes du monde entier savent en tout cas que cette bonne santé pourrait être de courte durée. Trop d’incertitudes planent. Ainsi, un durcissement des conditions de financement mondiales par rapport à l’aisance actuelle, à court terme ou à plus long terme, constitue une « menace notable », selon le FMI. En parallèle, si les taux restent bas, les investisseurs à la recherche de rendements plus attractifs pourraient multiplier les placements dans des entreprises et des pays moins bien notés, augmentant les risques de krach sur le marché financier.

LA POLITIQUE COMME MAILLON FAIBLE

Les nouvelles technologies sont, a priori, un vecteur solide de la croissance de demain. Il suffit de regarder l’appétence pour l’innovation de la Chine et de l’Inde, les deux économies qui connaissent les plus fortes croissances, pour le comprendre. Mais si les pays bon marché sont nombreux pour accueillir les usines nécessaires à la production de nouveaux appa-

Les conditions d’investissement à moyen terme dans les pays en développement sont très floues du fait des incertitudes politiques.

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­— Mars 2018

reils et composants électroniques, les conditions d’investissement à moyen terme restent floues. « Il n’a jamais tant existé d’incertitudes politiques au niveau mondial, note Christos Koulovatianos, professeur à l’Université du Luxembourg. Quand on s’essaie à prédire l’évolution de l’économie, les États-Unis constituent toujours une pièce majeure du raisonnement. Or, leur politique est actuellement imprévisible. » La situation n’est guère meilleure en Europe, qui connaît une très forte montée du populisme. Les résultats des récentes élections, comme en Autriche, aux Pays-Bas, ou en France, montrent que le risque de repli sur soi est bien réel. Le Brexit ajoute à ce tableau une autre preuve de la détérioration du contexte politique sur le Vieux Continent. Dans les pays émergents, et plus particulièrement en Asie, les régimes politiques semblent relativement stables, mais les soulèvements de certaines classes de la population sont des scénarios déjà pris en compte par certains experts. « Le facteur politique est un paramètre central pour prévoir le futur de la croissance économique », ajoute Christos Koulovatianos.

AMÉLIORER LA REDISTRIBUTION

Au Luxembourg, les débats sur la croissance sont d’un autre ordre. Le principal enjeu n’est pas de la créer, mais de la maîtriser. Ces dernières années, elle s’est en effet clairement basée sur une hausse de la main-d’œuvre, plutôt que sur une amélioration de la productivité. Le rapport de Jeremy Rifkin sur la troisième révolution industrielle a posé les bases d’une réflexion profonde sur les ressorts qui devront nourrir la croissance économique de demain. Pour François Mousel, partner chez PwC Luxembourg, il ne faut toutefois pas remettre en question l’ensemble du modèle actuel. Les défis posés par la pression démographique et l’afflux des frontaliers sont aussi dus à une certaine inertie dans l’agrandissement des infrastructures et à une innovation encore très timide au niveau de modèles alternatifs de mobilité.

AGENDA

JOURNÉE DE L’ÉCONOMIE 2018 Date 22 mars Lieu Chambre de commerce Organisateurs Ministère de l’Économie, Chambre de commerce et Fedil, en collaboration avec PwC Luxembourg Programme www.jecolux.lu

« La structure de l’activité économique va encore fortement changer, et peut-être que dans 10 ou 15 ans, nous consommerons des services que nous n’imaginons pas aujourd’hui. La contrainte de ressources limitées encouragera l’innovation », ex­p lique-t-il. Au Grand-Duché comme ailleurs, la croissance pourrait par ailleurs être impactée par des facteurs sociaux. « Il faut prendre très au sérieux les questions de la redistribution des richesses, et plus particulièrement celle du patrimoine, sujet que l’on évite au Luxembourg, où le débat politique ne se focalise que sur les hauts revenus, ajoute François Mousel. Il existe là de vrais risques de conflits sociaux. » J. M.

PRÉSENTÉES PAR

carrières Anna Mateusiak a été nommée senior associate au sein de NautaDutilh Avocats Luxembourg, où elle assiste des gestionnaires et sponsors de fonds, groupes bancaires et financiers et investisseurs institutionnels dans la struc­ turation et la mise en place de fonds d’investissement réglementés luxembourgeois. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Laurent Bravetti, 42 ans, a été nommé directeur Volvo Bus Luxembourg au sein de Volvo Buses Corporation. Il est dorénavant en charge du développement du marché luxembourgeois tout en continuant à gérer les projets des bus électriques et électriques hybrides. TRANSPORTS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ

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JOURNÉE DE L’ÉCONOMIE 2018


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Rejoignez-nous chez l’un ou chez l’autre Dans le cadre du déploiement de leur stratégie de croissance commune, Maison Moderne et Nvision souhaitent renforcer leurs équipes et recrutent de nouveaux collaborateurs. Ensemble, les deux entreprises emploient actuellement plus de 130 passionnés, dont près de la moitié au service des marques : Content marketing, Design, Experience, Digital, Social. www.nicetomeetyou.lu

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espresso conversations envies

Elle préfère parler de ses projets plutôt que de sa personne. Anne-Catherine Ries livre en page 52 sa vision 100 % Digital Lëtzebuerg. Épicière et fière de l’être. En page 66, Christianne Wickler explique comment elle entend continuer à creuser le sillon du local et de la différence avec Pall Center. Catherine Larue maîtrise le sujet avec la précision des praticiens des arts martiaux. La CEO de l’IBBL partage sa passion pour la recherche en page 80. Deux univers, une nouvelle génération. En page 94, Claudie et Stéphanie Grisius (Vol(t)age) et Carole Muller (Fischer) ont laissé Romain Gamba saisir leur quotidien. Mars 2018 —

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Le Luxembourg « doit miser sur la modernité. » Le Grand-Duché joue gros dans son processus de digitalisation, qui passe avant tout par un changement de mentalité. Anne-Catherine Ries, à la tête de Digital Lëtzebuerg, incarne ce mouvement, qu’elle souhaite avant tout être le résultat d’un travail collectif. Femme de l’ombre, elle a accepté de partager sa vision durant l’exercice de l’interview. 52 —

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Auteur

Audrey Somnard Photographe

PATRICIA PITSCH (maison moderne)

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Madame Ries, vous considérez-vous comme une « intrapreneuse » à la tête de Digital Lëtzebuerg ?

On s’est toujours vu un peu comme une cellule de business development pour le pays. À la base, le Service des médias et des communications du ministère d’État (duquel dépend Digital Lëtzebuerg, ndlr) était prévu pour accompagner les projets SES et RTL. Lorsque j’ai rejoint le service, internet arrivait au même moment et nous en avons vu tout le potentiel. Nous avons fait nos preuves en attirant de gros acteurs comme Amazon ou Paypal. À travers eux, on a découvert quelles pièces du puzzle digital étaient manquantes. Eux voyaient les manques et on essayait de les combler. Au début, c’était au niveau des infrastructures ICT qui étaient une condition sine qua non pour leur installation. La deuxième pièce manquante, c’était vraiment les compétences, comment les attirer au Luxembourg et comment obtenir un écosystème entre start-up et gros acteurs de la Place. Plus on travaillait là-dessus, plus on a réalisé ce qui nous manquait. Digital Lëtzebuerg est une suite logique de ce que nous avons fait pendant les dix dernières années. Au moment où l’actuel gouvernement est arrivé, une coalition de trois partis différents, le digital a été mis comme priorité jusqu’au niveau du Premier ministre. La volonté politique est là, mais c’est chaque ministre qui s’inscrit dans cette mouvance digitale.

Pourquoi une approche transversale plutôt que centralisée ?

Nous avions essayé l’approche centralisée il y a 15 ans avec e-Lëtzebuerg, mais elle a eu du mal à s’imposer. Le digital, chacun doit se l’approprier. Nous avons appris de nos échecs. Aujourd’hui, le digital fait partie de tous les portefeuilles ministériels. Or, il nous faut le soutien politique pour mener à bien ce projet collaboratif. Le Luxembourg est un pays qui doit miser sur la modernité. On est contraint de toujours se réinventer parce qu’on n’a plus de ressources naturelles ou d’industrie lourde sur lesquelles on peut uniquement se reposer. Mais c’est là aussi notre force, car ce virage digital, il faut le réussir. Cela a déjà été reconnu par le gouvernement précédent, mais la manière de travailler en transversal et de façon collaborative a été encore plus la marque de ce gouvernement-ci. Faire marche arrière ne sera pas une option.

À la différence de ce qui se pratique justement en Finlande ou en Suède, par exemple, où la transformation numérique de la société a été confiée depuis cinq ans à un ministre du Futur, pourquoi pas de ministère ?

C’est une question que l’on me pose souvent. On a beaucoup regardé les modèles d’autres pays, entre le ministère du Numérique et du

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BIOGRAPHIE Anne-Catherine Ries (45 ans) est diplômée en droit d’Oxford et de Panthéon-Assas à Paris. Elle est titulaire d’une maîtrise en droit de la London School of Economics. Elle s’est concentrée sur les technologies de l’information, la protection des données et le droit européen de la concurrence. Elle a débuté sa carrière en 1998 comme avocate à Paris. En 2000, le ministère d’État l’a recrutée en tant que représentante nationale au Conseil de l’UE, dans le domaine des politiques audiovisuelles et de la régulation des télécoms. En 2005, elle a supervisé la coordination des groupes de travail consacrés à l’audiovisuel et aux télécoms. Elle siège actuellement aux conseils d’administration de Post et de SES.

Futur, avec un ministre en charge de la Transition numérique. Nous pensons que le modèle que nous avons maintenant est un modèle qui fonctionne. Nous y croyons beaucoup. C’est porté par le Premier ministre, certes, mais la méthode se fait sur un modèle collaboratif : le digital doit transpirer dans tous les portefeuilles ministériels. Je ne crois pas du tout à la centralisation et le « topdown », parce que dans ce cas, c’est une priorité juste pour cette cellule-là et les autres ministères ne se sentent pas concernés. Comment cette tâche de coordination de la stratégie digitale s’est-elle présentée dans votre carrière ?

Je suis juriste de formation, je travaillais en cabinet d’avocats, mais spécialisée en droit de l’informatique, des nouvelles technologies et des télécoms. Mon aspiration n’était pas du tout d’aller travailler pour l’État, mais c’était difficile de refuser une telle opportunité. Il se trouvait que l’État était l’employeur, mais c’était le poste qui m’intéressait par rapport à ma formation. Mais finalement, travailler pour la chose publique est venue comme la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas quelque chose auquel j’avais pensé en acceptant le poste. Je pensais acquérir de l’expérience et retourner dans le privé, mais au Luxembourg, on peut vraiment changer les choses, car les idées ou les projets qu’on porte ont un impact dans la réalité. Travailler et avoir des résultats pour une collectivité plutôt que pour les intérêts d’une société privée est pour moi très motivant. J’ai la chance de faire ce que j’avais envie de faire, le lien entre juridique et techno­logique, dans un domaine qui ne cesse de changer tous les jours.

Est-ce que vous avez envisagé de faire de la politique de manière active ?

Clairement pas. J’ai la chance de pouvoir contribuer, à mon humble niveau, à la chose publique. J’ai toujours pu travailler avec tous les ministres de différents gouvernements avec le même soutien et le même enthousiasme. J’espère pouvoir continuer à le faire de mon poste, sans devoir adhérer à un parti politique.

Peut-on parler de « style » Anne-Catherine Ries en matière de management ?

Je suis passionnée par ce que je fais. J’aime travailler avec des gens qui m’inspirent et j’aime aider des gens qui méritent d’être aidés. Parce qu’il y a des gens fantastiques avec des idées géniales tout autour de nous, et si j’ai la chance de pouvoir faciliter leurs projets, je trouve que j’ai le plus beau métier du monde.

Qui vous inspire ?

Sincèrement, plein de gens m’inspirent au quotidien. J’ai eu la chance de travailler avec des gens qui ont cru en moi. Aujourd’hui, si je peux transmettre ma passion, c’est fantastique.


« On ne doit pas former toute une génération de codeurs. Ce qu’on doit faire, c’est miser sur la créativité. » UNE APPROCHE HORIZONTALE Digital Lëtzebuerg dépend du Premier ministre, mais fonctionne comme un nœud dans l’écosystème local en coordonnant les différents projets, publics (notamment en collaborant avec les différents ministères) et privés. Ces projets concernent des sujets identifiés comme prioritaires.

CONSEIL DES MINISTRES DIGITAL LËTZEBUERG RÉGULATION DES DONNÉES COMPÉTENCES NUMÉRIQUES

SERVICES PUBLICS DIGITAUX FINTECH

INFRASTRUCTURES ICT

ÉCOSYSTÈME D’INNOVATION DIGITALE Mars 2018 —

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Comment vous assurer, en tant que leader du projet, que les autres suivent le rythme ?

C’est une question de visibilité des projets, chacun doit s’y retrouver. D’où la complexité de la communication autour de Digital Lëtzebuerg. On peut faire naître des projets, en soutenir d’autres, mais on ne peut pas tous les centraliser. Par exemple, l’initiative fintech était clairement une priorité identifiée par Digital Lëtzebuerg. Mais notre méthode était de trouver une personne compétente, en l’occurrence Nicolas Mackel (CEO Luxembourg for Finance depuis 2013, ndlr), qui a lancé tout le processus de sensibilisation, et qui a finalement abouti à la création de la Lhoft. C’est désormais la plaque tournante du sujet. Une fois lancé, notre rôle est plus en retrait. En raison de notre approche décentralisée, il faut laisser les acteurs porter la visibilité du projet. C’est comme des graines que l’on sème : il faut trouver quelqu’un pour les arroser.

L’arsenal législatif luxembourgeois est-il adapté à une société numérique ?

Tout change très rapidement : l’avantage de Digital Lëtzebuerg, c’est qu’on peut trouver des sujets où nous estimons qu’il est urgent d’agir. Au niveau législatif, on travaille beaucoup avec les entreprises à la pointe de l’innovation, qui identifient elles-mêmes les failles. En tant que fonctionnaire, il faut

éviter de réfléchir dans notre coin à un cadre attractif en matière de digital. Lorsque cela a été fait comme ça, ça n’a pas toujours nécessairement bien pris. Il faut toujours être sur le terrain, être à l’écoute, par exemple des start-up qui peuvent pointer du doigt ce qui ne va pas. Nous avons les moyens d’agir là-dessus et parler avec les personnes compétentes. Le volet protection des données numériques est très important pour nous, car nous ne voulons pas d’une société où les données personnelles ne sont pas protégées. Personne ne veut d’une société où les individus n’ont plus aucun droit, où la vie privée n’existe plus. Dans les différents domaines, les innovations sont souvent le résultat d’expérimentations sur le terrain. Il ne s’agit pas forcément d’être en avance, mais il est important de pouvoir réagir très rapidement. Vous êtes donc aussi une cellule de recherche en matière de législation ?

L’une de nos priorités est en effet de créer un cadre légal attractif pour l’économie des données (data regulation). Nous essayons de voir comment améliorer le lien entre législation et technologies. Il y a l’open data, la protection des données personnelles, mais il y a aussi la regtech, la compliance, tant au niveau du secteur financier que de la cybersécurité. Cela engendre énormément de frais.

DIGITAL LËTZEBUERG

LES PRINCIPAUX PROJETS NOVEMBRE 2016

INFRACHAIN NOVEMBRE 2015

PROJET BIM Le Building Information Modeling (BIM) est aussi bien une méthode de travail qu’une représentation en 3D des caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un bâtiment. Il vise à simplifier la conception, la réalisation et l’exploitation d’un projet de construction ou de rénovation. L’objectif à court terme est de mettre à disposition des professionnels du bâtiment les outils de base nécessaires à l’implémentation du BIM au Luxembourg.

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­— Mars 2018

C’est une association créée à l’initiative du gouvernement et d’une dizaine de sociétés privées issues de différents secteurs. Infrachain a pour but de développer une infrastructure à l’échelle européenne capable de servir de base pour la création de blockchains semi-privées. Il s’agira plus techniquement d’un réseau de nœuds indépendants certifiés par Infrachain, et donc sûrs.

AVRIL 2017

LHOFT

Financée par le gouvernement et 12 partenaires privés, la Lhoft vise à créer des ponts entre start-up fintech et acteurs établis sur la Place. L’objectif est de permettre à la place financière de rester compétitive et de rayonner à l’international dans ce créneau.

SEPTEMBRE 2016

LUXEMBOURG TECH SCHOOL La Luxembourg Tech School est un nouveau concept de classes parascolaires ayant pour but d’aider les élèves à se familiariser avec le codage, le développement de jeux et l’analyse de métadonnées. La formation leur apprend en même temps à mener un projet de A à Z et à transformer un concept en un produit commercial.


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La technologie pourrait aider à réduire les charges administratives en matière de compliance. La CNPD (Commission nationale de protection des données, ndlr) travaille avec nous sur un projet regtech : un outil mis à disposition des entreprises pour qu’elles puissent évaluer leur niveau de protection des données personnelles. Pour aider les PME à faire face à la législation en matière de protection des données, on a aidé la CNPD à financer un projet innovant en partenariat avec le List pour que la technologie aide à la compliance régulatoire. Nous avons également un projet avec le Service central de législation qui permet d’extraire des métadonnées et utiliser l’intelligence artificielle dans la légistique. C’est-à-dire de voir comment les textes de loi sont interreliés. Parfois, les entreprises sont contraintes par un texte de loi, alors qu’un autre texte leur imposera exactement le contraire. Les technologies peuvent nous aider à pointer du doigt des contradictions éventuelles ou des anachronismes. C’est toujours réalisé en collaboration avec un partenaire fort dont c’est le métier. Au démarrage, il faut vraiment un allié pour faire décoller des projets innovants. Nous nous voyons comme cet allié, grâce à des aides financières ou à nos compétences. Ou parce qu’on a une idée et qu’on pense qu’il

UNE AMBASSADE DIGITALE POUR L’ESTONIE L’Estonie a choisi le Luxembourg comme hôte de sa nouvelle ambassade digitale. Xavier Bettel et son homologue Jüri Ratas ont signé le 20 juin 2017 l’accord formalisant la mise en œuvre de la première ambassade mondiale de ce type. L’objectif consiste à disposer d’une sauvegarde des données les plus vulnérables de l’Estonie en dehors de ses frontières. C’est un data center opéré par le Centre des technologies de l’information de l’État luxembourgeois (CTIE), situé à Betzdorf, qui accueillera le cyber­ espace estonien. En vertu de la convention de Vienne, cette ambassade digitale profitera des mêmes privilèges de protection, d’immunité et d’inviolabilité que les ambassades traditionnelles.

faut la leur soumettre, dans un esprit toujours collaboratif. Vous devez toucher des acteurs, qu’il s’agisse des PME, des ministères, des communes. Certains doivent être un peu plus réticents, non ?

Le défi, c’est d’avancer vite dans les priorités qu’on s’est données, mais sans oublier qu’il faut continuer en même temps la sensibilisation, car le décalage est parfois énorme. Il faut combattre les craintes d’une certaine frange de la population face à la digitalisation de la société. Dans le volet éducation, nous avons des cibles très diverses : à la fois développer ou attirer les spécialistes ICT que sont les chercheurs ou les doctorants, mais aussi les enfants, les chômeurs, les PME. Ce sont des cibles différentes avec des actions différentes. Le ministère du Travail a lancé Luxembourg Digital Skills Bridge, un projet très important pour aider à combattre les craintes des gens qui ont peur de perdre leur emploi à l’avenir par exemple. On parle de fonctions qui changeront, pas de baisse d’emplois. Par exemple, un chauffeur de bus à l’heure des véhicules sans chauffeur sera probablement toujours dans le bus. Mais sa fonction sera différente. Même chose pour les médecins ou les infirmières qui auront peut-être moins de tâches techniques de routine, mais qui pourront

MAI 2017

DIGITAL SKILLS BRIDGE

EN COURS

Le projet Luxembourg Digital Skills Bridge (pont pour les compétences digitales) présenté par le ministère du Travail propose à certaines entreprises – si elles remplissent les conditions – de bénéficier d’une compensation financière pour former leurs employés aux compétences nécessaires au contexte de la digitalisation.

REGTECH Lors du premier RegTech Summit le 12 octobre 2017, la CNPD (Commission nationale de protection des données), avec le support du List, Digital Lëtzebuerg et eProseedRTC (société de logiciels regtech), a lancé un outil permettant aux organisations d’évaluer leur degré de conformité au nouveau règlement général sur la protection des données (RGPD). Les entreprises, administrations publiques et associations qui traitent des données à caractère personnel doivent se conformer au nouveau règlement européen pour le 25 mai 2018. MAI 2017

DIGITAL (4) EDUCATION La stratégie Digital (4) Education se construit autour de cinq dimensions, pour lesquelles sont développés des projets spécifiques afin de s’assurer que les acteurs scolaires disposent des outils nécessaires (logiciels, matériel, ressources pédagogiques, scénarios pédagogiques, environnements numériques d’apprentissage…) qui favorisent le développement des compétences du 21e siècle.

DIGITAL LËTZEBUERG

... PROJETS 58 —

­ — Mars 2018

EN COURS

PROJET AVEC LE SERVICE CENTRAL DE LÉGISLATION Le site legilux.public.lu est axé sur la facilité d’accès aux informations ainsi que sur le linked open data (des bases de données liées entre elles et libres de toute licence). L’identification unique et sans équivoque de l’acte législatif électronique, entièrement basée sur les règles du web sémantique en conformité avec les exigences d’implémentation de ELI (European Legislation Identifier), constitue l’un des piliers du nouveau site.


passer plus de temps à soigner leurs patients. Les emplois vont changer, mais c’est très bien, car certaines tâches sont éprouvantes, autant qu’elles évoluent. On espère que les positions évoluent pour que les interactions humaines reviennent au centre des préoccupations, car on ne peut pas remplacer l’humain.

Pensez-vous que le Luxembourg est prêt pour ce changement sociétal ? Entre une volonté du gouvernement et un côté un peu conservateur du pays, comment peut-on réconcilier les deux ?

CLASSEMENT DES ÉCONOMIES DIGITALES Le Luxembourg se classe 5e selon l’index DESI (indice de l’économie et de la société digitale, ndlr) 2017 de Eurostat. L’intégration des technologies numériques par les entreprises et les services publics numériques constituent ses points faibles.

Pa ys -B as

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Comment peut-on arriver à une société qui pense et agit en « digital by default » ?

Le « digital by default », c’est un gros chantier pour le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (MFPRA). C’est plus facile dans un pays comme l’Estonie, où il n’y a pas de bagage d’historique, et qui pouvait tout commencer d’une page blanche. Ici, il faut accompagner et continuer à faire fonctionner le système tout en le modifiant, c’est nettement plus compliqué. Il faut moderniser avant de digitaliser. Simplifier, puis numériser. Si on numérise un vieux dinosaure, c’est juste un dinosaure très cher. Il faut d’abord le transformer et revoir ses processus. C’est tout l’intérêt du programme Einfach Lëtzebuerg, lancé par le MFPRA, et qui a permis d’avancer énormément. Aujourd’hui, la plupart des

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Quand je regarde ce qui est en train de se faire, le pays n’est pas celui que j’ai connu il y a 15 ans. La start-up nation, ce n’est encore certes qu’une petite bribe en termes de PIB, mais ce n’est pas que ça. Les start-up, c’est l’esprit d’entreprise, ne pas avoir peur de l’échec. C’est quelque chose qui faisait défaut au Luxembourg. Au-delà de l’aspect économique, c’est l’esprit d’innovation, d’enthousiasme qu’on essaie d’instiller dans le pays. Et quand on voit le nombre d’incubateurs qui se sont ouverts au cours des dernières années, je trouve que les choses bougent énormément. Il y a, en plus des incubateurs publics, de plus en plus d’initiatives privées. Les grands acteurs jouent aussi leur rôle, comme Vodafone, qui est un bel exemple avec son Tomorrow Street, le mélange d’acteurs traditionnels avec l’environnement start-up. C’est encourageant. Le rôle de l’université est également primordial. Elle n’a que dix ans. L’université est pour moi synonyme de richesse et de dynamisme, car on rapatrie cette génération de jeunes de 18-25 ans qui, auparavant, n’étaient pas au pays, et pas seulement des couples avec enfants qui cherchent la quiétude d’une vie de famille. Le fait qu’on garde ces jeunes au pays est vraiment important et encourageant, cela va pousser ce changement de mentalité.

Connectivité

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Capital humain Utilisation d’internet Intégration des technologies numériques Services publics numériques

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démarches administratives peuvent se faire en ligne, et le taux d’utilisation a considérablement augmenté. Si on pouvait tout refaire et partir de zéro, ça serait plus facile, bien sûr.

Qu’est-ce qui est votre priorité ? Faire avancer le pays de l’intérieur, ou travailler à améliorer son image pour attirer entreprises et talents de l’extérieur ?

Nous travaillons sur le terrain, au Luxembourg, mais nous collaborons avec les agences de promotion du pays, Luxembourg for Finance pour les fintech, Luxinnovation pour l’extérieur ou encore le nation branding. Nous essayons de travailler sur le terrain pour que ce qui est vendu à l’étranger corresponde à la réalité du terrain.

Avec cette nouvelle société, de nouveaux métiers vont se développer, mais les talents ne sont pas encore là. Comment les attirer et faire en sorte d’en produire localement ?

La question des talents a été une priorité dès le lancement de l’initiative. Les entreprises ont besoin de ces talents, c’est la première question quand elles veulent s’installer ici. Il ne faut pas se leurrer, à court terme, il va falloir importer les talents. La question s’est posée aussi à l’époque pour le secteur bancaire, il a fallu importer au début. Cette pénurie ne s’arrête pas au Luxembourg, c’est la même chose pour les États-Unis et en Asie. Donc, d’un côté, il faut être attractif pour les talents, et d’un autre côté, il faut aussi les infrastructures avec des écoles internationales. Tout se tient, c’est ce qui fait la complexité du dossier. Il va falloir de plus en plus développer nos talents en interne, l’université est une pépinière pour ces talents-là. Les projets du ministère de l’Éducation nationale devraient également porter leurs fruits. Comme la Luxembourg Tech School, que nous avons lancée ensemble : elle vise à instiller l’envie des technologies numériques aux jeunes, non pas comme une fin en soi, mais comme un outil performant qu’ils peuvent s’approprier pour faire ce qui les passionne, que ce soit de l’humanitaire, du social, du créatif.

Les acteurs majeurs du digital sont principalement américains, avec l’émergence de nouveaux champions asiatiques. Peut-on espérer qu’avec tous ces projets, l’avenir se fasse avec des champions européens, et pourquoi pas luxembourgeois ?

Nous avons RTL et SES en tant que champions européens, il ne faut pas l’oublier. Même Skype a trouvé les fonds pour se développer au Luxembourg. Mais arrêtons de citer toujours les mêmes joyaux . Des sociétés comme Talkwalker commencent à bien se

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1.000.000.000.000.000 D’ici 2018, le Luxembourg se dotera d’un calculateur HPC (High Performance Computer) avec la puissance d’un pétaflop par seconde, ce qui correspond à mille billions de calculs par seconde. Le projet HPC présente un intérêt-clé pour la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020. Elle fournira à terme les capacités informatiques nécessaires pour garantir la compétitivité de l’UE en tant qu’économie numérique. C’est le 23 mars 2017 que le ministre de l’Économie Étienne Schneider a signé la déclaration de coopération européenne sur le HPC, une victoire luxembourgeoise. La cérémonie de signature a marqué le point de départ officiel de la collaboration entre différents États (Allemagne, Luxembourg, Italie, Espagne, France, Portugal et Pays-Bas) pour la mise en place stratégique d’un réseau européen de calcul haute performance.

développer à l’international. Nous avons des pépites qui évoluent dans un écosystème de start-up. Mais c’est très important que les grands acteurs établis, comme Paul Wurth, les banques autour de la Lhoft ou encore Vodafone, créent une diversité.

Est-ce bien concret ? N’est-ce pas un effet de mode pour que ces grandes sociétés donnent une image moderne ?

Un acteur comme Vodafone a besoin de créer de l’innovation en interne. Plus vous êtes gros, plus vous êtes structuré, plus il est difficile d’instiller de l’innovation. Tous les gros acteurs partagent ces défis-là. Pour eux, c’est un réel besoin de s’entourer d’entreprises innovantes, et pour le Luxembourg, c’est une joint-venture très intéressante, car, par exemple, le nom de Vodafone attire les entreprises, et elles viennent au Luxembourg. C’est ce genre de collaboration qui est très important. Ils vont organiser leur Arch Summit (réunion de start-up et d’entreprises ainsi que conférences afin de pousser à l’innovation mondiale, ndlr) en mai, et ils attendent entre 5.000 et 10.000 personnes, donc ce n’est pas juste une question d’image. Ils en ont besoin, sinon ils risquent de devenir désuets. Que ce soit l’État ou une grosse banque, c’est inévitable. Et le changement, l’agilité, plus on est gros, plus c’est compliqué.


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COUVERTURE INTERNET ULTRA HAUT DÉBIT DU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG 3 % — 10 % 11 % — 20 % 21 % — 30 % 31 % — 40 % 41 % — 50 % 51 % — 60 % 61 % — 70 % 71 % — 80 % 81 % — 90 %

Quelle est l’implication de Digital Lëtzebuerg dans des projets comme l’éventuelle construction d’un méga data center de Google ou le space mining ?

Concernant Google, vous comprendrez que je ne peux pas commenter. C’est un projet important, et si jamais il se faisait, ce serait une bonne chose pour le pays. On nous a parfois reproché d’attirer les gros, mais ce sont des boulons dans tout l’écosystème. Mais les gros ne suffisent pas, il faut les start-up, le monde de la recherche, tout le reste. Mais ils apportent de la visibilité, c’est indéniable. Pour le space mining, c’est une vision futuriste, ça donne une image d’un pays qui voit plus loin. Au niveau digital, toutes les technologies qui pourront servir à cette vision ont déjà des répercussions sur le quotidien, avec des applications concrètes : que ce soit l’intelligence artificielle, la 3D, etc.

Comment accompagner les commerçants locaux dans la transition digitale face à la concurrence de grands acteurs comme Amazon ?

Accompagner les PME, c’est un point très important. La Chambre de commerce, le département du ministère de l’Économie, ainsi que Luxinnovation ont des programmes ciblés pour les PME. Il s’agit de donner des outils à ces commerçants. Plusieurs programmes ont été lancés pour sensibiliser et

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OBJECTIF 2020 Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, l’un des objectifs annoncés est un agenda numérique pour l’Europe, pour accélérer le déploiement de l’internet à haut débit et récolter les avantages d’un marché numérique unique pour les ménages et les entreprises. Luxembourg a pour objectif d’avoir une couverture nationale en très haut débit, avec 1 gigabyte per second (Gbps) en téléchargement, et 500 Mbps en upload.

accompagner les PME dans leurs efforts de digitalisation. Mais même l’État a le potentiel de provoquer une accélération dans certains domaines. 80% des PME au Luxembourg sont fournisseurs de l’État, donc si l’État met en place la facturation électronique, par exemple, cela aura forcément des répercussions sur une multitude d’acteurs. Si, dans le domaine de la construction, l’État met en place le BIM (Building Information Modeling), cela va inciter à digitaliser des PME du secteur de la construction, avec des professionnels comme les électriciens, les maçons, etc. Ensuite, le client s’y mettra, lui aussi. Dans quels domaines faut-il investir en priorité ? L’intelligence artificielle, le projet HPC (High Performance Computer, sachant que le Luxembourg devrait en être doté au sein d’un réseau européen cette année, ndlr) ?

Oui, il faut créer des compétences au Luxem­ bourg au niveau technologique, apprivoiser les technologies telles que l’AI et en tirer des opportunités le plus vite possible. Il faut former les gens, et les former rapidement. Ça pose également des questions régulatoires, il faut donc suivre ces technologies de très près. La blockchain en est une autre. Nous avons apprivoisé ce sujet en rassemblant tous les acteurs du sujet autour du projet Infrachain.

SOURCE  Administration du cadastre et de la topographie. DONNÉES  ILR (15/07/2017)

91 % — 100 %


Est-ce qu’on peut imaginer un appareil étatique qui fonctionne autour de la blockchain, en matière de paiement, par exemple pour le recouvrement de l’impôt ?

Il faut toujours voir quel est l’intérêt pour l’utilisateur. Qu’est-ce que la blockchain peut offrir qu’une autre technologie ne puisse pas ? Il faut tester, et Infrachain est un cadre parfait pour tester des use cases, notamment étatiques. La Commission européenne s’intéresse actuellement aussi au sujet et veut tester le réseau Infrachain. Il faut voir si c’est vraiment utile de tout avoir sur la blockchain. C’est plutôt le secteur financier qui s’intéresse de près à cette technologie, pour l’incorporer aux systèmes de paiement habituels, afin d’éviter que cela ne chamboule leur rôle en tant qu’intermédiaires.

Dans le domaine de l’éducation, car vous le mentionnez souvent, est-ce que l’apprentissage du code va devenir obligatoire comme peut l’être une langue ?

On dit souvent que « coding is the new latin ». Je crois que les technologies qui seront utilisées par les écoliers actuels à leur sortie de l’école ne sont pas encore connues aujourd’hui. Les cours d’informatique dans une matière seront donc probablement désuets à la sortie. Ce qu’il faut apprendre, c’est à apprivoiser les technologies. Donc oui, pour que tout le monde apprenne des technologies de base, mais il faut une approche pour que la technologie soit un support, un outil. Elle doit faire partie du quotidien. Il faut davantage enseigner à nos enfants à apprendre par eux-mêmes. Notre système éducatif est encore largement basé sur le fait d’assimiler ce qu’on nous dit d’apprendre. L’important, c’est d’apprendre l’esprit critique et collaboratif, car nous allons devoir nous adapter aux nouvelles technologies tout au long de notre vie. Et ces technologies dépassent un seul cerveau. Il ne sera plus possible d’être maître de toutes les compétences, de tous les champs d’application. À l’avenir, il faudra travailler en réseau humain, il faudra savoir collaborer. Et ce sont des compétences sur lesquelles le système éducatif n’a pas misé. Jusque-là, il suffisait d’ajouter son expérience à ses compétences, mais cela ne suffit plus. Pour une start-up, il ne suffit pas d’avoir une idée. Il faut des compétences aux niveaux technologique, financier. Il faut du charisme, pouvoir vendre son idée, ce sont des compétences différentes. Personne n’a tout ça, donc il faut pouvoir travailler à plusieurs. Tous les projets qui encouragent l’apprentissage des outils technologiques sont très importants, mais on ne doit pas former nécessairement toute une génération de codeurs. Ce qu’on doit faire, c’est miser sur le développement

« Au-delà de l’aspect économique, c’est l’esprit d’innovation, d’enthousiasme qu’on essaie d’instiller dans le pays. »

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de la créativité, le travail en réseau et l’apprentissage tout au long de la vie. Au vu des programmes scolaires actuels, on est encore loin d’exaucer votre souhait…

Il faut travailler avec ceux qui ont envie. Il y a déjà plein de professeurs qui sont engagés dans cette voie-là, il faut les soutenir dans leur approche. Il y a aussi le projet Digital(4) Education du ministère de l’Éducation : avec un volet éducation aux nouvelles technologies, mais aussi l’apprentissage via les nouvelles technologies, qui permet de faire différemment. On ne remplace pas un enseignant par un programme informatique. Comme les autres métiers, il va évoluer. Les rôles changent.

Est-ce qu’il y a des efforts particuliers à faire pour que les filles s’intéressent plus à ces métiers ?

On voit que c’est encore très stigmatisé, mais pourtant, les chiffres du secondaire prouvent le contraire. Les filles vont autant dans les sections scientifiques et mathématiques que les garçons : c’est au moment de l’entrée dans le monde professionnel, ou avant, à l’université, que les chiffres baissent énormément. Est-ce que c’est par effet de mimétisme ? C’est sûrement une question de manque de modèles féminins, mais aussi de ce que nous renvoient les médias. Pour la première édition de la Luxem­ bourg Tech School, il y avait un bon équilibre filles-garçons. Elles étaient bien représentées. La deuxième promotion est de nouveau très masculine, c’est dommage, on ne sait pas pourquoi. Pourtant, lorsque les filles ont présenté leurs projets, il y avait un fort aspect technologique, mais elles s’en servaient à la fois comme d’un outil à visée plus sociale. Il faut sortir du cliché qui fait penser que l’informatique est une fin en soi. Quant au manque de filles dans le programme, il y a clairement des efforts à faire.

Vous pouvez justement être un modèle pour ces jeunes femmes…

On me reproche souvent d’être trop en retrait, on le reproche aux femmes en général. Et c’est vrai. Donner cette interview, c’est pour moi me faire violence, car ce n’est pas un exercice qui me met à l’aise. Mais il est aussi important que les femmes soient mises en avant, car il faut des modèles féminins pour les nouvelles générations. Même si, dans mon quotidien, je n’y pense pas, on me fait souvent remarquer qu’en tant que femme à un poste à responsabilité, j’ai un devoir, une mission sur la question, et le message est de plus en plus pressant, nous devons nous montrer. En tant que femme, j’aimerais que ce ne soit même pas un sujet, mais il faut en effet en parler, car il faut bien constater que c’est encore un réel problème, aussi triste que ce soit.

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WHAT’S NEXT? Malgré le développement du secteur de l’ICT, le défi reste grand pour le Luxembourg : les comparaisons internationales sont certes encourageantes, mais elles indiquent également que des efforts continus restent à fournir, sur le long terme, dans de nombreux domaines, notamment au niveau de l’éducation et de la formation, de l’encouragement à l’esprit d’initiative et à l’entrepreneuriat, ou encore de la modernisation de l’interaction entre services publics et administrés. Pour Digital Lëtzebuerg, il s’agit de trouver de nouvelles façons de travailler ensemble, d’informer, de collaborer davantage, afin d’appréhender et d’aborder des problématiques dont la complexité ne fera qu’augmenter à l’avenir.



Auteur

jean-michel lalieu Photographe

patricia pitsch (maison moderne)


L’épicière À la tête du groupe Pall Center, né il y a 35 ans sur les cuves d’une station-service frontalière, Christianne Wickler mène sa flotte en toute indépendance. Refusant toutes les demandes d’alliance, elle garde de la place dans son arche du commerce pour les artisans qui ont su garder la foi dans leur réussite dans un monde globalisé.

humaniste


heureux de retrouver les produits allemands chez nous. Il s’agissait donc tout autant d’une nostalgie du palais que de l’opportunité de se procurer du tabac et de l’essence à meilleur prix. Nous nous sommes donc placés dans ces produits de niche que les gens ne trouvaient pas sur leur propre marché.

Christianne Wickler Fière d’être d’ici

Quelle a été l’importance de votre famille dans votre choix de carrière ?

Madame Wickler, comment se définit la « Christianne Wickler touch » dans l’enseigne Pall Center ?

Mon père était un vrai patriarche, il avait les yeux sur tout. Il voulait absolument que je vende des pneus, alors que j’avais horreur de ça. Mais selon lui, c’était une opportunité, la TVA étant moins élevée au Luxembourg qu’en Belgique. J’ai donc fini par vendre des pneus, mais je me suis pris quelques claques. Quand on n’est pas passionné par ce qu’on fait, on ne le fait pas bien. Nous avons donc vécu quelques conflits de générations qui m’ont fait grandir. Mais à partir de cette période, j’ai appris à dire non. Je lui ai demandé de me laisser me débrouiller et, de mon côté, je n’ai jamais été lui demander de l’argent. Depuis, les règles sont devenues claires et je me suis lancée avec une touche un peu plus féminine dans mon entreprise.

C’est la « Lulu » qui aime bien les gens et qui aime surtout la multiculturalité. Je me définis comme une personne qui a beaucoup de chance de pouvoir faire ce qu’elle aime, d’être passionnée par ce qu’elle fait et, surtout, de pouvoir le faire ici. La touche de Christianne Wickler, c’est d’aller chercher le meilleur dans toutes les cultures, et j’ai la grande chance que les clients suivent cette « folie », ce « chaos organisé ».

Chaos organisé ?

Ça veut dire que nous naviguons en permanence au cœur de cultures différentes. Les Luxembourgeois sont pour moitié francophiles, et pour l’autre, germanophiles, et la séparation ne se fait pas entre le nord et le sud. Nous avons tous en nous ces deux tendances : l’héritage bourguignon du bien-manger, la culture, la beauté, l’esthétique, bref le savoirvivre français, d’un côté. Et, de l’autre, la rigueur allemande, notre côté carré, plus froid… mais compensé par la chaleur latine. C’est une immense chance, ce duo-là est vraiment gagnant. Si l’on peut développer ce potentiel dans son entreprise, c’est à l’avantage de tout le monde.

Lorsque vous vous lancez dans l’aventure de la distribution au milieu des années 1980, c’était par opportunisme ou par passion pour le commerce ?

J’avais à la fois la passion du commerce et une opportunité de le faire. Mes parents m’ont toujours vu jouer avec la farine, le sucre, le café et un porte-monnaie. J’étais visiblement destinée à être épicière ou banquière… J’ai choisi le métier qui, en fin de compte, me convient le mieux. Quant à l’opportunité, elle était liée à la frontière belge. La niche fiscale est née dans les années 1970. Moi, tout de suite après mes études et deux ans d’écolage dans l’entreprise familiale, dans le secteur de la construction, j’ai ouvert une station-service à Oberpallen, sur la frontière belgo-luxembourgeoise, en ne partant de rien et sans rien connaître à ce métier. J’ai fait des bêtises au début. Mais j’ai appris de ces bêtises, ainsi qu’avec mes clients, qui m’ont fait connaître leurs besoins. Je les ai écoutés et je me suis lancée, sans réaliser de grandes études pour connaître leurs attentes. Comme le Luxembourg est un carrefour au point de vue des marchés, on peut se procurer de tout. En 1982, les Belges qui avaient fait leur service militaire en Allemagne étaient très

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CV EXPRESS À 22 ans, en 1982, Christianne Wickler démarre à la tête d’une station-service à Oberpallen, à proximité de la frontière belge. De l’essence, elle passe progressivement au commerce en ouvrant un premier Pall Center, devenu depuis un véritable centre commercial. Aujourd’hui, l’enseigne compte sept autres points de vente sur le territoire, qui vont de la station-service à des surfaces alimentaires de 800 m2. Dans sa volonté de se diversifier, elle franchit la frontière belge pour créer, il y a 27 ans, le Truck Center à Habay-la-Neuve (une vaste station-service pour camions) sur la E411. Il y a quelques années, elle a aussi repris la blanchisserie Tounet à Arlon. Intégrée à la centrale d’achat Alvo en Belgique néerlandophone depuis 27 ans – elle a depuis appris le néerlandais pour s’intégrer –, elle en occupe la présidence depuis trois ans. Femme active, elle préside aussi depuis 2012 la FFCEL (Fédération des femmes cheffes d’entreprise du Luxembourg). Elle a aussi été députée Déi Gréng entre décembre 2013 et juillet 2014. Elle reste affiliée au parti. En 2007, enfin, elle a obtenu le titre de Woman Business Manager of the Year remis par la Bil.

Vous préparez la génération suivante à vous rejoindre dans l’entreprise ?

J’ai quatre enfants. Un émotionnel qui est cuisinier à Steinfort et a déjà remporté quelques prix. J’ai une intellectuelle qui est anthropologue, un rationnel qui travaille avec moi au niveau de l’entretien et du mobilier et, enfin, une rebelle qui a entamé des études de ressources humaines. Mais j’ai quatre entrepreneurs, conscients qu’il faut travailler dur dans la vie, et ils ont tous un œil sur l’entreprise familiale.

Vous avez quand même comme but de maintenir le côté familial de l’entreprise ?

Je veux préparer l’entreprise aux prochaines générations, qu’il s’agisse de mes enfants ou des enfants de quelqu’un d’autre. Je dis bien prochaines générations et pas prochain grand groupe qui débarque. La volonté est de maintenir le côté familial.

On peut imaginer l’intérêt des groupes étrangers pour une enseigne encore indépendante. Vous êtes souvent approchée par des grandes enseignes ?

Oui. Plus je vieillis, plus je me fais draguer. Ça arrive en effet régulièrement, mais je réponds toujours non. Il s’agit en général de distributeurs traditionnels d’autres pays à la recherche de parts de marché. Ce sont les mètres carrés qui les intéressent, sûrement pas le concept, qui risquerait d’ailleurs de disparaître rapidement. À court terme, ce serait sûrement vite rentable, mais de mon côté, je veux du travail à long terme. En termes d’entrepreneuriat, c’est sans doute la grande différence entre l’homme et la femme. Le premier cherche des résultats rapides, tandis que nous visons le long terme. Les hommes vont à la chasse et n’imaginent pas revenir sans butin.


« Je pratique la démocrature. Je suis tantôt participative, tantôt directive. »

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Les femmes, quand elles plantent un arbre, savent que c’est leurs petits-enfants qui en profiteront. C’est la grande différence, nous avons été socialisés, programmés comme cela. Mais c’est très bien, chacun s’y retrouve. Mis à part cette différence entre court et long termes, je ne vois par contre pas de différence entre un entrepreneur masculin ou féminin.

Vous êtes à la tête de la société depuis plus de 35 ans maintenant. Quels sont les changements les plus importants que vous avez observés dans le secteur du commerce ?

Le « tourisme frontalier » lié au tabac et à l’alcool a aujourd’hui disparu. Les gens ne sont plus à l’affût des bonnes affaires, ils veulent avoir tout au bon moment et selon leurs besoins. Il a donc fallu s’adapter de manière permanente. Lorsque nous nous sommes installés en 1982, on nous prédisait la fin du tourisme pétrolier endéans les 10 ans. Il est aujourd’hui moins important, mais il reste une réalité. Entretemps, nous nous sommes transformés pour réagir à ce changement. Ensuite, nous nous sommes progressivement adaptés aux différents publics qui recherchaient des produits originaux : les Belges, les Français, les Portugais... Nous avons suivi les changements du marché avec la volonté de servir ces clients-là. Et depuis quelques années, c’est internet qui a révolutionné notre métier.

Un souci pour vous ?

C’est un collègue, il est là. Le problème, c’est qu’il n’est pas perceptible. Lorsqu’on visite une autre enseigne, on peut voir ce que les gens ont dans leur caddy. Avec internet, on ne voit rien. C’est donc une nouvelle face pour le commerce. Mais depuis une dizaine d’années aussi, on perçoit que les clients veulent des produits régionaux ou locaux. Ils ont besoin de savoir ce qu’ils ont dans leur assiette. Ils réclament des commerçants qui connaissent leurs besoins. Les produits classiques, ils les trouvent sur Amazon. Ce qu’ils désirent, ce sont des magasins qui peuvent leur proposer autre chose. Il faut se montrer plus original. C’est très agréable. Nous sommes une place de marché et nous voyons actuellement beaucoup de jeunes producteurs qui en cherchent une pour écouler leur production, plutôt que de vendre eux-mêmes sur les marchés locaux. Chacun peut donc faire ce qu’il fait de mieux. Eux, en tant qu’artisans, c’est produire ; nous, c’est vendre. En plus, au Luxembourg, nous avons la chance que, fiscalement, on nous laisse vivre et pas juste survivre. Nous payons bien entendu des impôts, mais on ne vole pas les gens. Nous ne sommes pas face au shérif de Nottingham. Grâce à cela, nous pouvons investir dans nos entreprises.

Comment résumer la stratégie de l’enseigne Pall Center ?

Nous voulons être des spécialistes dans l’alimentation. Nous sommes aussi un one-stop shop. Nous sommes un généraliste, mais qui

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UN PEU D’HISTOIRE 1982 Christianne Wickler fait ses premiers pas avec le lancement d’une station-­service à la frontière belge, dans le village d’Oberpallen.

1993 Elle se diversifie et passe de l’autre côté de la frontière belgoluxembourgeoise en ouvrant le Truck Center sur la E411 à Habay-la-Neuve. Un lieu de rendez-vous des camionneurs internationaux, qu’elle voit comme un partage des risques entre différentes activités et différents pays.

1995 L’enseigne Pall Center prend une nouvelle dimension avec l’ouverture d’un supermarché à Steinsel. En 1984, une station-service à Pommerloch était déjà venue s’ajouter à l’activité du Pall Center historique.

2000 Construction d’une nouvelle aile au Pall Center d’Oberpallen. Depuis, le centre commercial se présente sur deux niveaux et propose un département Décoration d’intérieur, un fleuriste, le concept store Chill & Eat, ainsi que la brasserie/restaurant L’Orangerie.

2015 En mars est né le concept des Épiceries du Luxembourg. Le nouveau label regroupe des enseignes indépendantes – Alima, Pall Center, ShoppingCenter Massen et Food2go. Si le nom est nouveau et s’accole peu à peu à l’enseigne Pall Center, l’union de ces commerçants pour partager leurs forces et leur savoir-faire remonte à 2003, sous le nom moins parlant de Incom.


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10 PRODUITS LOCAUX

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Pall Center veut mettre en avant les produits locaux, qu’il traque sur tout le territoire et en Grande Région. Sélection. 72 —

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Genaveh Steinfort

Spelz Surré

Maison Kirsch Mamer

Cannad’Our Kalborn


ne fait pas dans les grands volumes. Nous voulons développer notre place de marché pour qu’elle reste un lieu de rencontre entre les gens, où ils peuvent passer un moment agréable. Je suis contre l’optimisation sauvage, contre la robotisation. Enfin, nous voulons revaloriser le métier de commerçant. Nous sommes des optimistes réalistes.

Le succès de l’enseigne Pall Center montre que l’on peut rester indépendant dans un monde fait de géants. Quel est le truc ?

Viser les niches. Notre stratégie est d’être présents pour toutes sortes de communautés. Après les Belges, les Français, les Allemands ou les Portugais, si une communauté chinoise ou russe se crée, nous allons chercher des produits pour les satisfaire. Au Luxembourg, nous n’aurons jamais de masse critique. Nous devons jouer la qualité plutôt que la quantité. C’est ce que les acteurs étrangers qui viennent chez nous ne comprennent pas.

Sur votre site, on lit que Pall Center est une enseigne responsable, qui fait attention à la fois à l’environnement, la responsabilité sociale, la parité, l’équité. Pouvez-vous expliciter la forme que prennent ces valeurs dans votre entreprise ?

Lorsque nous avons démarré il y a 35 ans à Oberpallen, nous avions un bourgmestre écolo, Camille Gira. Il était contre nous, et nous étions contre l’écologie. Mon père et lui se sont pris la tête au tout début jusqu’à ce que je demande une pause. On s’est alors mis autour de la table, afin de regarder ce que l’on pouvait faire ensemble. Camille et moi sommes de la même génération, vivions la même rébellion, pourquoi se prendre la tête alors que l’on doit travailler ensemble. Il nous a fixé un cadre qui était dans l’intérêt de la nature, ça me convenait. Même si je vends de l’essence, je ne tiens pas à détruire la planète. À partir de ce moment, chaque fois que nous avions un besoin, nous nous mettions autour de la table et il exigeait de nous une contrepartie. Nous n’avons donc pas d’enseignes lumineuses, nous évitons la pollution sonore, ainsi que la pollution visuelle pour les voisins. Notre centre ne doit pas ressembler à un faubourg de Las Vegas, ça nous semble tout à fait normal. Ce choix écologique

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Salaisons Meyer Bascharage

Seabiscuits Warken

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Atelier du tricentenaire Bissen

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Lëtz’ Cookie Grevenknapp

se marque jusque dans la sélection de nos produits. Nous avons défini une large gamme de produits éco-responsables.

Vous parlez aussi de responsabilité sociale…

Je souhaite que mes employés rentrent contents chez eux, pas qu’ils se plaignent devant leurs enfants de leur patronne ou d’un fournisseur. Mon but est de donner à la génération qui arrive une vision positive du travail. Je veux aussi que les choses soient claires vis-à-vis de mon personnel. Je suis quelqu’un de très exigeant envers moi-même, je travaille dur, mais si je suis de mauvaise humeur, ils savent pourquoi.

Vous avez développé des partenariats avec des associations d’entraide comme Caritas ou Cent Buttek. Ils consistent en quoi exactement ?

On leur donne des produits dont la date de péremption approche. Tout est revendu afin de ne rien jeter. Nous avons aussi mené des actions avec Femmes en détresse, toujours avec la volonté de partager. Dans un autre style, nous sponsorisons aussi le Basket club d’Arlon. L’idée est de dire que si nous faisons vivre le Luxem­ bourg par les impôts, la TVA et les cotisations sociales, nous vivons aussi grâce à la Belgique. Nous lui devons donc un certain retour.

Vous mettez fortement l’accent sur les produits locaux, c’est vraiment quelque chose d’important pour vous ?

Oui, c’est très important. La Terre nous donne énormément de choses. Nous devons comprendre que nous avons besoin de la nature, alors qu’elle n’a pas besoin de nous. Les produits locaux et régionaux, ce sont des emplois, du know-how et de l’expertise locaux. À la base, le Luxembourgeois est un artisan et un cultivateur. Nous aimons les bonnes choses, mais nous sommes artisans parce que nous sommes précis. Nous avons la chance d’avoir eu ce talent déposé dans notre berceau. Une autre chance est de pouvoir observer le sens du commerce des francophiles, leur talent pour la vente, qui reste un acte humain entre deux personnes. Nous devons bien admettre que le « bonjour » et le « merci beaucoup » ne viennent pas des Luxembourgeois. Nous sommes bruts de décoffrage, nous avons le sourire rare. Mais nous avons la chance de pouvoir nous inspirer de

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Lëtzebuerger Kascht Bertrange Mars 2018 —

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Jus de pomme Steinsel ­ — 73


cette manière latine de faire du commerce et de nous l’approprier.

EN PROJET

Quelle est votre politique par rapport à ces produits locaux ?

Nous sourçons tout ce qui se fait au niveau local au Luxembourg et surtout dans la Grande Région. Nous avons des contacts avec les organismes wallon et français d’exportation. Nous donnons une place importante à l’artisanat. C’est devenu important pour nos clients, ils veulent savoir ce qu’ils mangent. Et je trouve formidable que, dans un monde globalisé, dirigé par des firmes comme Google, Apple, Facebook ou Amazon, il y ait encore des jeunes qui se lèvent le matin avec une nouvelle idée. Des jeunes de ce type-là, on en voit de plus en plus. Les jeunes savent qu’ils ne pourront plus être riches, à quelques exceptions près. Ils recherchent donc le bien-être, la bienveillance et le bon travail. Un job dont ils peuvent vivre même s’il ne les rendra pas riches.

Ces produits représentent une part importante de votre assortiment ?

Oui, elle tourne déjà facilement autour de 25 % à 30 %. Nous ne jugeons pas les gens. Nous mettons tous les produits à disposition de ceux qui veulent réaliser l’ensemble de leurs courses chez nous. Ceux qui veulent la limonade noire d’Atlanta peuvent l’acheter. Mais à côté, nous offrons des alternatives. Et nous sommes conséquents : si Coca-Cola proposait de nous payer une exclusivité pour nos rayons afin de ne pas laisser de place à un concurrent, nous refuserions. Nos acheteurs ne sont pas des chasseurs de bonus, ils cherchent à sourcer ce qui est réalisé dans nos régions. Ça permet de faire vivre des familles.

Vous avez toujours pratiqué cette politique ?

Oui, toujours. Depuis toute petite, j’ai appris qu’il fallait acheter chez quelqu’un qui achète chez soi.

Par les temps qui courent, vous risquez de vous faire traiter de protectionniste…

Tant pis, j’assume. Mais oui, je suis protectionniste en faveur des petites marques contre les toutes grandes.

Vous impliquez-vous encore personnellement dans la sélection des produits ?

Oui, beaucoup. Je réalise la première sélection, ensuite je passe la main aux acheteurs. Ce sont des gens super, mais ils n’ont pas l’esprit de diversité que j’ai en tant que Luxem­bourgeoise. Mon point fort, c’est que je regarde aussi bien les publicités à la télévision allemande que francophone, et je peux donc facilement entrevoir ce dont la population luxembourgeoise a besoin.

Ça veut dire que votre assortiment est dif­férent selon l’emplacement de chaque magasin ?

Oui, effectivement. C’est assez étonnant, mais notre magasin de Pommerloch, qui n’est pourtant qu’à une trentaine de kilomètres d’Oberpallen, propose un assortiment différent.

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DU COWORKING HORS DES FILES Dans la même veine que le projet de bureaux Station 44, le management du Pall Center réfléchit aussi à l’idée de développer des espaces de coworking (bureaux partagés) le long de la frontière belgo­-luxembourgeoise. Une solution pour pouvoir se lancer dans le travail quotidien en attendant la fin des embouteillages. Le projet est moins avancé que Station 44, mais Christianne Wickler imagine en tout cas un bâtiment dans la zone du complexe commercial d’Oberpallen qui pourrait faire l’affaire. Sans apporter de nuisances au charmant village frontalier…

TRAVAILLER SUR LA FRONTIÈRE Remplacer une station-service frontalière par un espace de bureaux ? « Les gens m’ont prise pour une folle, mais j’assume », commente Christianne Wickler. Elle a donc fermé la station Q8 la plus proche de la frontière belge à Oberpallen pour développer Station 44, un nouveau bâtiment qui ouvrira ses portes à la fin de l’été. L’idée est d’offrir une alternative aux frontaliers qui ne devront plus subir les bouchons quotidiens pour rejoindre la capitale. Meilleure qualité de vie en perspective, donc. Et visiblement, ça marche. Ce nouvel espace, organisé sur 800 m2, est déjà pratiquement rempli.

EXPLOITER LA TERRE Depuis un peu plus d’un an, le Pall Center d’Oberpallen dispose d’une serre qui produit des légumes pour son restaurant. Un petit espace de 20 m2 qui fonctionne en aquaponie : les légumes se nourrissent des excréments des poissons, et ceux-ci, des déchets des plantes. Cette ambition d’un retour à la culture maraîchère a récemment pris une plus grande dimension avec l’acquisition d’une surface de 77 ares accolée au centre commercial. « Il s’agit d’un projet sur cinq ans pour réaliser une zone de maraîchage en production bio de légumes anciens, explique Christianne Wickler. Nous souhaitons montrer par cette expérience la richesse de nos sols. » Dans une première phase, il s’agira d’abord de gérer la décontamination du sol et d’opérer la décanalisation de la Pall et de la Seilz, les deux ruisseaux qui passent sur le terrain. Ensuite seulement, une équipe s’attachera à la production de légumes, destinés eux aussi au restaurant du centre commercial.

UN TOIT POUR UNE START-UP Christianne Wickler veut soutenir les jeunes qui apportent des idées nouvelles. Pour aider à la concrétisation de l’un ou l’autre projet, Pall Center vient de lancer un concours destiné au monde des start-up. Le gagnant bénéficiera d’un local gratuit dans l’enceinte du centre commercial pendant six mois. Il pourra profiter de ce vaste environnement pour développer et tester des idées en lien avec le commerce. Le concours est lancé. D’ici marsavril, le management sélectionnera un projet qui concerne le développement d’un nouveau produit ou service qui permette de couvrir l’un des besoins des clients. « Je suis vraiment passionnée par ces jeunes qui tentent de nouvelles choses, éventuellement se crashent, et essaient à nouveau. On a le droit à l’erreur, même au Luxembourg. »


Dans le cadre de son développement, CDCL S.A., entreprise parmi les leaders de la construction et de la promotion immobilière à Luxembourg recherche pour entrée immédiate ou à convenir un ou une :

Responsable de la Communication Votre profil

Assistant de Direction (H/F) Chargé de Clientèle (H/F) Chargé de Mission (H/F) Data Engineer (H/F) Graphic Designer (H/F) Journalist UK (H/F) Journaliste Économique et Financier (H/F) Responsable Programmation/Rédacteur (H/F) Writer/Corporate Storyteller UK (H/F)

Titulaire d’une formation supérieure en communication et avec une expérience similaire de plus de 5 ans en entreprise : vous maîtrisez l’ensemble des aspects de la communication interne et externe vous maîtrisez la communication digitale vous êtes organisé(e), autonome et capable de dialoguer avec toutes les composantes de l’entreprise et comprendre leurs attentes vous maîtrisez le luxembourgeois, le français, l’allemand et l’anglais vous faites preuve de réelles qualités rédactionnelles une expérience à l’international est un atout supplémentaire Votre mission Rattaché(e) à la Direction Générale vous aurez la responsabilité de la mise en œuvre de la stratégie de communication interne et externe de l’entreprise vous élaborez la stratégie de développement commercial en synergie avec la direction générale vous assurez l’élaboration et le suivi d’un plan de communication en phase avec les objectifs de l’entreprise Nous vous offrons un environnement de travail international à la mesure de votre talent une vision d’entreprise dynamique tournée vers la recherche et l’innovation une rémunération et des avantages correspondant à votre expérience et à vos compétences

Merci d’adresser votre candidature (C.V. et lettre de motivation) à : CDCL S.A. Monsieur Julien Bossu Directeur des Ressources Humaines 21, rue Léon Laval L-3372 Leudelange ou à : rh@cdclux.com T +352 48.59.59.1

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Building tomorrow.


Pour Steinsel et Strassen, ce sont encore d’autres assortiments. C’est ça, le Luxembourg…

Pour rester dans les produits locaux, il y a deux ans, vous avez aussi repris la Luxembourg House. Avec quel résultat ?

La Luxembourg House est très importante pour nous. C’est un laboratoire où l’on peut présenter le know-how luxembourgeois dans sa totalité. Nous proposons toutes sortes de produits qui tournent autour de la gastronomie, des confitures bio, de bons vins, de très bons crémants. C’est une vitrine de l’excellence dans tous les domaines, jusqu’aux bijoux, aux livres et à la photographie. C’est un beau succès, nous n’avons aucun regret. Et comme c’est à côté de la Chambre, c’est une manière pour moi de retourner dans ce coin de la ville. Mais cette fois, du côté de mes véritables compétences (Christianne Wickler a été députée six mois début 2014, voir le texte en page 79, ndlr).

J’en viens justement à votre côté femme d’affaires. Comment définissez-vous votre type de management ?

C’est une démocrature. Avec mon staff, nous discutons beaucoup, nous nous consultons, mais à la fin, une décision doit être prise. Elle me revient. Et une fois qu’une position est adoptée, il faut s’y tenir. C’est un peu le système allemand. Si Angela Merkel gagne les élections, 80 % de la population se range à ses décisions. Je suis donc tantôt participative, tantôt directive. C’est ce que les collaborateurs attendent de moi. J’ai la responsabilité finale, ils préfèrent donc me voir prendre la décision, ça leur permet de travailler de manière moins stressée. S’il y a un problème, ce sera ma faute…

Si vous n’aviez pas créé le Pall Center, vous auriez imaginé faire quoi dans la vie ?

J’avais plusieurs rêves. Le premier, c’était d’être architecte d’intérieur… mais je ne sais pas dessiner. Ici, je peux quand même le pratiquer. J’aurais aussi voulu être institutrice maternelle, assistante sociale… Je suis devenue un peu les deux également. Mais mon vrai rêve reste de travailler avec des gens, de faire plaisir autour de moi.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous anime à poursuivre cette aventure ?

Les gens pour lesquels je travaille, donc mes clients, et la passion des belles choses. L’esthétique, la mode, la bonne nourriture et tout ce qui fait plaisir aux yeux. Tout cela compte beaucoup. On ne vit qu’une fois, on n’a qu’une planète et on a la chance d’être né ici.

L’équilibre vie professionnelle / vie privée est-il important pour vous ?

Chez moi, les deux se confondent. C’est un peu comme un chanteur, il chante aussi dans sa douche… Par contre, j’exige que mon personnel ait une vie privée. Je ne veux pas que mes employés consultent des mails le soir. D’ailleurs, lorsque je pense à quelque chose en soirée, je m’envoie le mail à moi-même et

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« Je veux préparer l’entreprise aux prochaines générations. »


je le distribue seulement le lendemain. C’est la règle chez nous, une fois qu’on est chez soi, on n’est plus au bureau. De mon côté, je n’ai jamais pris de congé de maternité. Deux jours après la naissance, j’étais de retour au bureau. C’était mon choix. Mais je trouve tout à fait normal que mes employés profitent des congés de maternité ou des congés parentaux. Chacun choisit la vie qu’il souhaite.

Avec quatre enfants, quel a été votre secret pour gérer la famille et les responsabilités professionnelles ?

Il y a des enfants de routiers, des enfants de gynécologues, de chômeurs, d’artistes de cirque ou de cinéma… L’être humain est capable de s’adapter. Mes enfants ont passé beaucoup de temps avec moi dans le magasin d’Oberpallen. Ils avaient compris que quand j’étais avec un client, ils devaient se taire. Je ne pense pas qu’ils en soient frustrés. Ma génération a déjà vécu comme cela, notre père n’était jamais à la maison. Nous l’avons pris comme une opportunité. Comme il n’était pas là, il ne sanctionnait pas nos mauvaises notes. En plus, dans son entreprise, qui était un peu devenue la nôtre, nous avions créé notre réseau. Quand notre vélo était en panne, nous savions chez qui aller parmi le personnel pour le faire réparer. Mes enfants ont fait de même parmi le personnel du Pall Center. Selon le type de devoir à faire, ils savaient chez qui aller pour avoir la meilleure explication. Quelque part, nous sommes une grande famille. Ils ont passé beaucoup de temps dans l’entreprise, mais pour eux, c’était tout à fait normal.

Vous êtes aussi présidente de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise (FFCEL) depuis 2012. C’est important pour vous de revendiquer la place des femmes tout en haut de l’entreprise ?

Ce qui est important, ce n’est pas de revendiquer, mais de montrer aux femmes qu’elles ont la possibilité d’y arriver si elles croient en elles. Mais la fédération doit désormais prendre une orientation plus inclusive. S’il existait une fédération des hommes chefs d’entreprise, on la traiterait de « bande de machos ». On est désormais à un niveau où la porte est ouverte pour celles qui ont envie de progresser. Mais le pire ennemi de la femme, c’est la femme.

C’est-à-dire ?

Regardez qui critique Brigitte Macron… Regardez en Allemagne : si les femmes avaient voté pour Angela Merkel et pour les femmes présentes sur les listes écologistes, madame Merkel n’aurait pas autant de problèmes à former une coalition. Certains vont jusqu’à dire qu’elle ne fait rien pour la cause des femmes. Mais à part montrer l’exemple, que peut-elle faire de plus ?

Vous estimez la fédération suffisamment active ?

Elle est fort active dans l’événement et la fédération des membres, mais il y a encore beau-

coup d’énergie à mettre pour en faire quelque chose. Ça va s’intensifier. Nous sommes en train de rajeunir les cadres, ce qui devrait apporter une autre vision des choses. C’est très bien ainsi. C’est la vie, le clivage n’est pas seulement hommes/femmes, il est aussi intergénérationnel.

Vous m’avez dit plus tôt que vous ne voyiez guère de différences entre les hommes et les femmes managers. Mais si vous deviez pointer des particularités, ce serait quoi ?

Je peux en tout cas faire des comparaisons entre mon père et moi, puisque nous avons tous les deux été chefs d’entreprise. Je pense qu’une femme regarde les problèmes de son personnel de manière plus maternelle, elle va plus s’en préoccuper. Nous sommes parfois moins guerrières, mais parfois, nous devenons des guerrières émotionnelles, ce qui n’arrange rien non plus. Une femme peut apprendre énormément de la gestion d’une entreprise auprès d’un homme, comme le contraire est vrai aussi. Je fais partie d’un groupement d’achat en Flandre, dont je suis actuellement présidente. Je suis la seule femme et, lors de négociations difficiles, je dois parfois décider de quitter la table pour qu’ils reviennent m’écouter. Il y a une grande différence entre la négociation et la volonté d’avoir raison à tout prix. Un homme cherchera à avoir raison ; nous chercherons, peutêtre pas l’harmonie à tout prix, mais en tout cas, le consensus.

Vous êtes donc intégrée dans une centrale d’achat en Flandre. Comment ça se passe au niveau de la négociation de vos prix ?

Oui, nous sommes intégrés dans la centrale Alvo, qui regroupe environ 70 commerçants indépendants. C’est via cette dernière que nous négocions tous les produits généralistes. J’y suis présente depuis 27 ans. Je suis la seule femme, mais j’en suis la présidente depuis trois ans. Je suis d’ailleurs la seule à parler les trois langues officielles en Belgique. J’ai appris le néerlandais pour me faire accepter et comprendre par eux. Mais j’ai appris énormément à travers cette organisation.

Vous avez participé à un séminaire de fem­ mes entrepreneurs à Stanford à l’été 2017. Six mois plus tard, qu’en avez-vous retenu ?

J’ai avant tout pu faire la différence entre les cultures américaine et européenne, et je suis extrêmement fière d’être Européenne. Les Américains peuvent faire des choses très bien au niveau économique, mais d’un point de vue écologique et social, ils ne sont nulle part. Nous réfléchissons d’une manière totalement différente. Nous n’allons pas produire des produits jetables, même si ça peut rapporter à une industrie du recyclage. Eux vont en mettre un maximum sur le marché justement parce que ça peut faire tourner une industrie en aval pour le traitement de ces déchets. Mars 2018 —

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J ’ a pporte «  plus au pays. » 78 —

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Lorsque vous avez été nommée business­ woman de l’année en 2007, vous aviez créé un fonds de soutien aux enfants de femmes isolées au sein de l’entreprise…

Ce fonds est toujours en activité, il est alimenté par les loyers de nos parkings – lorsque nous laissons certains commerçants s’y installer. Quand un membre du personnel a un besoin momentané d’argent, il nous remet un projet et on lui donne le coup de pouce financier nécessaire.

Vous envisagez l’ouverture d’un nouveau de point de vente à Steinfort ?

Oui, il est en train de sortir de terre. Il ouvrira en 2019 dans les Champs du soleil. Ce sera un magasin de 1.000 m2 auquel s’ajoutera une galerie commerciale.

On dit souvent qu’il y a trop de magasins au Luxembourg. Vous êtes d’accord ?

DÉPUTÉE ÉPHÉMÈRE Lors du dernier scrutin législatif du 20 octobre 2013, Christianne Wickler a obtenu un siège de député en tant que représentante Déi Gréng. Mi-2014, elle rendait son mandat pour reprendre à temps plein les commandes de son entreprise. Avec le recul nécessaire, qu’avez-vous tiré de cette expérience politique ? La première conclusion, c’est que le Luxembourg n’a pas besoin de moi d’un point de vue politique. Il est en de très bonnes mains. Je ne me rendais pas compte en fait de ce que je pouvais apporter au pays en tant qu’entrepreneur. Par contre, je n’étais pas du tout faite pour la politique. Je n’avais pas la patience, le temps politique est plus lent. Je suis intéressée par les résultats, j’aime bien faire changer les choses et, à ce niveau, la politique m’a paru beaucoup trop lente. Je n’étais plus en phase avec mon niveau d’énergie, j’étais en train d’imploser. Vous a-t-on beaucoup reproché le fait d’être partie après six mois ? Oui, bien entendu. Et je me le suis personnellement reproché aussi. Ça m’a réellement posé un problème avec moimême. Mais je devais choisir entre continuer à me mentir et aller vers ce pour quoi je me sentais la plus forte. Bref, le bulldozer est passé sur moi et c’est normal, je comprends ces reproches. Je ne regrette pas cette expérience, ce fut une très bonne leçon. Mais j’en ai conclu que je pouvais apporter plus à mon pays en vendant des tomates. Je ne le referais pas. Mais vous êtes toujours active en politique ?

Je suis toujours au parti Déi Gréng. C’est un parti qui me correspond, il a été fondé il y a 35 ans, tout comme le Pall Center. Ce sont des gens de ma génération. Et à cette époque, nous les hippies, étions persuadés qu’il fallait changer les choses. Vous étiez hippie ?! Oui, oui, j’étais contre beaucoup de choses. Il existe actuellement au Luxembourg un débat sur la croissance sélective, qui limiterait les investissements à des entreprises qui apportent vraiment quelque chose au pays. Cette nouvelle vision vous paraît-elle logique ? Oui, c’est un débat très logique. Si le seul objectif d’un pays est de payer les pensions, ce sont les jeunes qui sont punis. Si le but était d’en faire passer le montant de 900 à 1.000 euros, je pourrais le comprendre. Mais on n’en est pas là. Les pensions au Luxembourg sont incomparables avec le reste du monde. Avoir le paiement des retraites comme seul objectif, c’est quand même un message très négatif face à la jeune génération. Quand j’étais jeune, je m’en moquais, de ma pension. Et nos grands-parents n’avaient pas l’air de s’en préoccuper, alors qu’à l’époque, elle était misérable. Ça ne peut en tout cas pas être l’objectif d’une nation.

Oui, effectivement, il y en a trop. Mais ce sera au client de décider lesquels sont de trop. De notre côté, nous voulions réaliser le projet de Steinfort. Nous sommes suffisamment petits pour aller vite, mais assez grands pour pouvoir réaliser des économies d’échelle. Steinfort est la prochaine Cloche d’Or. Il y a énormément de projets de construction. Et pour les frontaliers, c’est idéal, ils resteront en dehors des bouchons.

Le groupe Carrefour a lancé un plan de restructuration en disant vouloir s’investir plus dans l’e-commerce, la proximité et le bio. Est-ce que vous vous retrouvez dans ce message ?

Excuses are for losers. Carrefour est encore dans l’idée de l’optimisation de la valeur pour l’actionnaire. Mais comment voulez-vous faire du commerce si, au-dessus de votre tête, vous avez en permanence une chape de plomb faite de chiffres à atteindre ? Surtout que, plus de richesse pour l’un veut dire plus de pauvreté pour l’autre. Cette politique de produits gratuits (2+1, 3+3…), il y a quelqu’un qui en paie le prix au final. Il faut arrêter tout cela et revenir à du commerce honnête, avec des prix corrects. Que le cultivateur puisse vivre de son travail et pas de subsides. Est-il vraiment normal de payer le lait moins cher que le Coca-Cola ? Ça me pose vraiment un problème éthique.

Amazon, un autre sujet d’inquiétude ?

Ça m’interpelle. Désormais, nous regardons quels produits sont beaucoup plus avantageux chez eux, nous analysons les marges dont nous bénéficions et, le cas échéant, c’est l’occasion de faire de la place dans nos rayons pour d’autres assortiments. Ce ne sont pas les nouveaux produits qui manquent.

L’e-commerce, c’est une voie à suivre pour le Pall Center ?

Nous y pensons, mais pour de petites entreprises comme nous, ce sont des machines à brûler de l’argent. Or, je n’en ai pas assez pour pouvoir le brûler. Nous préférons accueillir les gens chez nous. Mars 2018 —

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CHERCHEUR

DE LA BOÎTE Catherine Larue, auréolée de succès en tant que chercheur comme en tant que manager, a pris la tête de l’Integrated Biobank of Luxembourg en 2012 et l’a conduite à la reconnaissance internationale. Une femme passionnée avant tout.


EN DEHORS

Auteur

Camille Frati Photographe

Phaedra Brody Mars 2018 —

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CV EXPRESS

Catherine Larue

1982-2004

Une cohorte d’idées

Doctorat en biologie, en immunologie et en oncologie, MBA International Executive

1983-1992

Chef d’équipe R&D — département Maladies cardiovasculaires chez Sanofi Recherche (France)

1993-1996

Madame Larue, la recherche a-t-elle toujours été ancrée en vous ?

littérature bibliographique et nous avons innové. Nous avons eu un peu de chance, je dois dire, et après, nous avons aussi su saisir des chances qui sont parfois des accidents de laboratoire. Par exemple, une de mes étudiantes a fait une erreur en oubliant de mesurer un pH. Cela nous a permis de comprendre que le pH a un effet incroyable et permet d’accroître de 10 fois la sensibilité du test.

J’avais, je pense, 10 ans quand j’ai regardé chez mes grands-parents un film sur Louis Pasteur. Et là je me suis dit que j’allais devenir médecin ou chercheur. La biologie était vraiment faite pour moi. Je me sentais cependant plus attirée par la recherche appliquée. J’aurais peut-être été moins pertinente en chercheur académique – c’est en tout cas ce que je pen- Cela fait partie de l’histoire sais à l’époque –, où ce sont des recherches de la recherche… très amont, fondamentales, parce que C’est vrai, j’y repense tout le temps. Quand j’avais besoin qu’il y ait une application je donne quelques cours aux étudiants, je sur le malade. C’est pourquoi j’étais ravie leur explique que je vais leur apprendre quand nous avons pu découvrir un noucomment désobéir à leurs professeurs et veau biomarqueur, qui servait vraiment je raconte cette histoire. Je leur suggère à la santé de l’homme. J’étais exactement ceci pour être un découvreur : « Think outlà où il fallait. side the box ». Ce n’est pas parce qu’on est Vous évoquez le test de la troponine, dans l’industrie qu’on fait de la mauvaise qui permet de déceler une crise carrecherche. C’est un mythe. C’est sûr que diaque. On parle beaucoup aujourd’hui la vocation de l’industrie est plutôt de créer des biomarqueurs, mais à l’époque, cela des brevets et non de faire des publications. relevait encore de la science-fiction… Mais cela ne fait rien, la science est belle C’était une belle aventure. On m’a dit : quand même. Pour être innovant, pour « Catherine, il faut que tu nous trouves un faire des brevets, il faut explorer des chetest biologique qui détecte l’infarctus du mins inconnus. myocarde plus précocement que ce qui Ne pas être prisonnier de ses propres existe et plus spécifiquement. Point. » Donc apprentissages. Et aujourd’hui, comme j’ai ouvert des livres de physiologie, comhier et demain, tant que l’Homme sera pris comment étaient faites les cellules capable de pouvoir abandonner des paracardiaques, ce qu’elles contenaient, etc., digmes, il sera supérieur à la machine. On comment étaient faits les muscles squeparle beaucoup de l’intelligence artificielle lettiques. J’ai étudié ce qui existait dans la en ce moment. Une machine sait faire plus vite, plus haut, plus fort qu’un humain. Mais l’Homme sait faire différent. Je parle vraiment de créativité totale. Je raconte souvent l’histoire du président de Sony quand il a inventé le walkman il y a 40 ans. Il a dit à ses ingénieurs : « Trouvez-moi quelque chose de portable pour que je puisse écouter Bach en jouant au golf, plutôt que de me traîner ma chaîne hi-fi. » Une machine n’aurait pas pu combiner deux choses apparemment différentes. J’ai donc encore un espoir que l’Homme sera supérieur à la machine dans sa capacité d’assembler des concepts apparemment totalement éloignés ou totalement différents.

« Ce n’est pas

parce qu’on est dans l’industrie qu’on fait de la mauvaise recherche. »

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­ — Mars 2018

Chef du département Immunologie chez Sanofi Diagnostics Pasteur (États-Unis)

1996-2011

Directrice scientifique puis directrice d’unité commerciale chez Bio-Rad (France)

2011-2012

Vice-présidente exécutive Biomarqueurs chez Genfit Pharma Biotech

2012-2015

CEO de l’IBBL

2016-2017

CEO ad interim du Luxembourg Institute of Health

2017 — aujourd’hui CEO de l’IBBL

Qu’a changé ou que va changer la transformation digitale dans la recherche ?

Plusieurs révolutions sont en marche, que ce soit au niveau technologique, de l’accès à la recherche, mais aussi au niveau des relations entre les chercheurs, les médecins et les patients. Pour l’instant, c’est déjà plus ou moins utilisé dans les dossiers de soins partagés (développés par l’agence eSanté, ndlr). Mais nous aimerions passer à une ère « zéro papier », une ère de la télémédecine, une aide à la thérapie la plus pertinente possible (comme IBM Watson) pour des soins meilleurs et plus rapides avec des données sécurisées – la sécurité est essentielle pour des raisons de confiance. Nous travaillons par ailleurs avec eSanté depuis longtemps sur des solutions d’anonymisation et de pseudonymisation des données de santé.

Quel est votre rêve absolu en tant que chercheur ?

Guérir toutes les formes de cancer.

Et le rêve accessible à court terme ?

Guérir deux cancers sur trois, je crois que ça sera bientôt possible.


Parité Au-delà de sa CEO, l’IBBL compte sur ses quelque 50 collaborateurs deux tiers de femmes, dont plusieurs chefs de service, comme Katy Beaumont, responsable du stockage des échantillons (à g.), et un comité de direction paritaire.

Mars 2018 —

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« Nous sommes

Je suis à fond corporate. Après, il faut Ça vous donne une crédibilité l’être tant qu’on ne perd pas les valeurs per- supplémentaire. sonnelles qui vous construisent. Soit vous Je pense que la raison pour laquelle je me subissez et vous regardez votre montre en sens aussi bien dans ce poste, c’est qu’il y disant « vivement la retraite », soit vous a vraiment un besoin énorme de discusrebondissez. Je suis contente parce que j’ai sions entre les industriels de la santé et les pu rebondir déjà deux fois depuis cette décichercheurs de l’académique. Ce sont des sion et honnêtement, je ne regrette rien. Et mondes qui ont été étanches pendant très je n’ai même pas d’amertume. longtemps, avec un regard assez négatif Ensuite est venue cette proposition sur l’industrie, qui a un devoir de rentabide diriger une biobanque au lité. Je crois qu’aujourd’hui, tout le monde Luxembourg. Comment présenter veut avoir des médicaments pour mieux

une pierre angulaire de la recherche biomédicale. »

la mission d’une biobanque ? Que vous a apporté votre intérim de deux ans à la tête du LIH (Luxembourg Institute of Health) ?

Une biobanque collecte, prépare, analyse et stocke des échantillons de sang, d’urine, de tissus et de selles. Les chercheurs ont besoin de ces échantillons pour comprendre et prévenir des maladies, soigner, guérir et imaginer des médicaments efficaces. Nous sommes une pierre angulaire de la recherche biomédicale.

C’est drôle parce qu’à mes débuts à l’IBBL, je ne voyais pas tellement la différence entre le privé et l’IBBL, je trouvais l’esprit de la biobanque très start-up car nous étions très tournés vers des partenaires ou des clients. C’est à la direction du LIH que J’imagine que cette sollicitation a j’ai été vraiment plongée dans la recherche dû être très surprenante pour vous. publique. Et cela m’a beaucoup plu parce Oui, surtout que je n’étais jamais allée au que j’ai regardé aussi avec mon cerveau de Luxembourg. J’ai eu deux entretiens. Et là chercheur dans l’industrie toutes les pasj’ai découvert que peut-être je pouvais serelles qu’on pourrait construire. Nous apporter quelque chose avec mon expéen avons construit certaines aujourd’hui rience sur la biologie médicale du côté qui vont aider les chercheurs académiques industriel, avec beaucoup de contacts, avec à mieux valoriser leur travail. Notre platela notion de l’applicatif en tête. Je me disais forme de validation de biomarqueurs va que ça n’allait peut-être pas marcher parce ainsi leur permettre de transformer leur que je n’avais pas de background en biodécouverte en succès pour qu’ils puissent banque. Mais ils m’ont fait confiance et j’en arriver beaucoup mieux armés devant un suis ravie. Je me régale. Je n’aurais jamais industriel quand ils vont négocier une pensé avoir autant de plaisir à travailler – ça licence, par exemple. Et je voudrais bien m’est arrivé deux fois dans ma carrière : mon construire d’autres passerelles comme ça. premier job à Montpellier (chez Sanofi, Vous disiez il y a quelques années ndlr) et ici. que vous étiez arrivée à un tournant de votre vie où vous étiez lasse de travailler pour l’industrie.

À un moment donné, je ne me suis pas retrouvée en adéquation avec mes valeurs sociales, humaines et éthiques. C’était un sentiment assez fort, donc il me fallait vraiment du changement. J’ai commencé par aller chez Genfit, une petite biotech française à Lille que j'ai beaucoup aimée. Et là j’ai trouvé un dynamisme et une équipe qui m’ont beaucoup touchée. Pour revenir à l’expérience des grands groupes, il est vrai que le fait que les sociétés de maintenant décident de leur futur sur la base des fluctuations de l’action en bourse, franchement, c’est très compliqué pour motiver les équipes. Parce que quand une société gagne de l’argent dans le monde entier et qu’elle va dégraisser les effectifs dans un pays sous prétexte de faire plus de buzz sur le marché des venture capitalists, vous vivez cela de l’intérieur avec des plans sociaux. Au bout du deuxième ou du troisième, je n’en pouvais plus.

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Quand vous étiez chercheur, aviez-vous déjà eu affaire à des biobanques ?

Justement non, parce que pour aller vite, nous nous procurions des échantillons auprès de sociétés privées qui avaient beaucoup moins de critères de qualité que ceux que nous avons ici. Et bien sûr, il arrivait parfois que des échantillons contiennent de la fibrine, ou alors qu’ils soient lipidiques ou hémolysés. Franchement, je pense que les chercheurs devraient être beaucoup plus sensibilisés sur la qualité de ces échantillons, parce que quand l’expérience ne marche pas, on se dit « mon idée est mauvaise », mais en fait, ça ne marche pas parce que les échantillons sont loin d’être idéaux. Et si j’avais su ce que je sais maintenant, je peux vous dire que j’aurais changé le concept de mes expériences, surtout pour la vérification clinique. J’essaie maintenant, à chaque fois que je le peux, dans certains congrès, de re­layer ce que je sais. J’ai l’écoute des gens de l’industrie du fait de mon background et de mon expérience.

DU PATIENT AU CHERCHEUR

1re étape

Des chercheurs montent un projet de recherche.

2e étape

Les chercheurs contactent l’IBBL pour obtenir des échantillons biologiques et des services associés.

3e étape

Les chercheurs, avec l’aide de l’IBBL, présentent leur projet au Comité national d’éthique de recherche (CNER) et à la Commission nationale pour la protection des données (CNPD) pour validation.

4e étape

Le site de collecte (par exemple l’hôpital) informe les participants, obtient leur consentement et collecte les échantillons (sang, urines, selles, etc.) et les données médicales associées.

5e étape

L’IBBL recueille les échantillons et les données associées anonymisées, les prépare, les stocke et ensuite les redistribue aux chercheurs.


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Profile analysis

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Sécurité oblige Les tubes utilisés pour les prélèvements sont déjà codés afin d’éviter toute erreur liée à un autocollant mal apposé.

Arrivage L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a choisi l’IBBL pour conserver les échantillons de son ambitieux projet Constances, qui vise à former une cohorte de 200.000 personnes.

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soigner les gens, plus rapidement et de Avez-vous développé des projets façon plus pertinente. Mais il faut cons­ communs avec les autres acteurs truire des passerelles pour aider ce flux de la biomédecine au Luxembourg ? d’informations et pour que la découverte L’IBBL faisait partie, avec le LIH (à des chercheurs de l’académique puisse l’époque le CRP Santé) et le Luxembourg être transposable au patient le plus rapiCentre for Systems Biomedicine (LCSB), dement possible. du Personalised Medicine Consortium. Quelles étaient vos attentes En 2015, nous avons un peu bousculé les en arrivant ? Pensez-vous avoir fait choses pour que les collaborations entre un bon bout de chemin aujourd’hui ? les cliniciens et les chercheurs avancent Je suis très contente parce que nous avons plus vite. Je suis allée convaincre le resquasiment rempli les objectifs que nous ponsable du LCSB et le directeur du CRP nous étions fixés dans le contrat de perSanté de proposer quelque chose de nouformance 2014-2017. veau, à savoir de dédier un peu d’argent Je suis également fière parce que nous venant de nos budgets respectifs et de avons en plus développé des partenariats créer un fonds d’amorçage pour deux ou très importants, d’une grande visibilité. Par trois projets de 50.000 euros, afin d’enexemple, avec EORTC, une CRO (contract courager les chercheurs et les cliniciens research organisation) belge qui travaille à travailler ensemble sur une problémaessentiellement sur le cancer et qui est aussi tique de santé autour de la médecine une fondation d’intérêt public. Elle a compersonnalisée. La première fois, nous avons déjà reçu 15 demandes rien que mencé avec un projet, puis deux, avant de nous demander si l’IBBL pouvait être sa dans le pays. Le Laboratoire national de biobanque de référence. la santé et l’Université du Luxembourg Nous sommes également devenus la (Life Sciences Research Unit) nous ont tumorothèque sanitaire pour les échanmaintenant rejoints en tant que partetillons de patients atteints de cancer de la naires, et nous pouvons maintenant aller Clinique Ambroise Paré de Thionville. encore plus loin dans cette initiative De plus, nous avons gagné en juillet derd’incubation. nier l’appel d’offres de l’Inserm (Institut C’est vraiment un encouragement pour national de la santé et de la recherche le Luxembourg à faire en sorte que les médicale) sur le projet Constances, leur chercheurs et cliniciens travaillent mieux grande cohorte de 200.000 personnes. ensemble. Ça a un succès fou. En plus, il Nous étions tellement fiers ! C’était vraiy a un jury d’experts qui note les projets ment formidable. Et c’est aussi important sur l’excellence, l’impact, etc. Les premiers pour les ministères de la Recherche, de la projets vont bientôt être prêts à postuler Santé et de l’Économie qui nous ont fait auprès du Fonds national de la recherche confiance et n’ont jamais cessé de soutenir avec un proof of concept (preuve de la biobanque – avec un regard bienveillant, concept qui démontre la faisabilité de mais également chargé d’attentes. l’idée, ndlr). Suède

UN SAVOIR-FAIRE MONDIALEMENT RECONNU

Pays-Bas

Canada

Clients

L’IBBL fournit des services à des instituts académiques et industriels à travers le monde.

Nous sommes évidemment très supporters de la création d’un nid d’entrepreneurs dans les métiers de la santé au Luxembourg, qui serait en synergie avec les acteurs de la recherche académique, les patients et les bien-portants… Cela manque aujourd’hui. La diversification de l’économie par la création d’un nouveau secteur d’activité attirant des entreprises et facilitant la création de start-up en pharma / biotech est l’un des objectifs du gouvernement, et cela demande du temps.

Qu’en est-il de la visibilité de l’IBBL au niveau européen ?

Nous sommes devenus le partenaire officiel de trois gros consortia européens, deux avec l’Innovative Medicines Initiative (IMI), qui est financée à moitié par la Commission européenne et à moitié par les industries pharmaceutiques et associées – le taux de succès n’est que de 5 % –, et un autre sous l’égide d’Horizon 2020, ce qui est quand même assez noble parce que le taux de succès est de 17 %. Nous en sommes ravis aussi parce que ça nous donne une visibilité en Europe.

Pourquoi alors ne pas participer au réseau européen des biobanques BBMRI, alors que vous avez des partenariats avec plusieurs instituts dans d’autres pays européens ?

Nous avons dû faire un choix. Il faut quand même savoir que le ministère accepte de rentrer dans certains de ces European Research Infrastructures, mais nous ne pouvons pas tout lui demander non plus Suisse Allemagne

Belgique

Collaborateurs et partenaires de recherche

L’IBBL participe à plusieurs projets de recherche et collabore avec des partenaires de collecte (p. ex. hôpitaux), industriels et académiques (p. ex. universités, instituts de recherche et sociétés savantes) au niveau européen et à travers le monde.

Serait-il intéressant pour l’IBBL de voir émerger un écosystème de start-up en biotech autour d’elle ?

États-Unis Singapour Israël Royaume-Uni

Autriche

Australie

Italie Espagne

France

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«  Je voudrais

biobanking d’Europe. Je voudrais que nous soyons la meilleure biobanque européenne.

que l’IBBL soit Qu’est-ce qui peut distinguer l’IBBL biobanques ? la biobanque desCeautres qui nous caractérise, c’est qu’en dehors capacité à proposer un large panel de référence dede notre services, nous avons aussi un think tank, intelligence sur la recherche en bio­ européenne. » une spécimens. Nous sommes tout le temps en parce que cela a quand même un coût. Nous sommes déjà membre de l’infrastructure Eatris, un consortium sur la médecine translationnelle. Chaque chose en son temps. Cela dit, ça ne nous empêche pas d’avoir aussi un réseau de biobanques qui travaillent exactement dans les mêmes conditions d’excellence que nous pour la collecte des échantillons, leur transformation, leur analyse et leur stockage. Je pense que nous avons atteint notre taille parfaite – 49 personnes pour une biobanque, c’est déjà rare –, il faut maintenant choisir les projets sur lesquels mettre nos collaborateurs sans les noyer sous le travail. Nous sommes aussi membre et partenaire d’Isber, la société savante la plus reconnue au niveau mondial dans le milieu des biobanques, dont notre chief scientific officer, Fay Betsou, a été présidente. Quelles sont vos ambitions pour l’IBBL pour les prochaines années ?

Nous sommes à une charnière puisque nous entamons un nouveau contrat de performance de quatre ans. La vision que j’ai de la biobanque, c’est que je voudrais qu’elle soit la biobanque de référence européenne – au moins. Je pense qu’aujourd’hui nous sommes une des meilleures infrastructures de recherche en

avance sur la meilleure façon de collecter et de préserver un échantillon donné. D’ailleurs, des fabricants de tubes viennent nous voir avec de nouvelles inventions pour que nous les testions. Quand ça fonctionne, nous connaissons un peu avant les autres les innovations qu’il va y avoir sur le marché. Il y a des biobanques qui n’ont pas les moyens de faire cette recherche en bio­ spécimens. Lorsque nous avons fait rentrer de nouveaux échantillons, notamment de selles, pour comprendre le microbiome, notre équipe a fait des études comparatives sur 21 conditions différentes pour choisir celle assurant le meilleur rendement, la meilleure pureté et la meilleure stabilité de l’ADN. Au bout de six mois, nous avions identifié les deux meilleures conditions pour ce nouveau type d’échantillon. Nous ne nous inventons pas apprenti sorcier, nous validons nos procédés en détail. La raison pour laquelle nous sommes aussi une des meilleures infrastructures de recherche en biobanking, c’est parce que nous avons mis la qualité en avant. Nous sommes certifiés ISO 9001 et conformes aux exigences ISO 17025. Notre directrice qualité, Sabine Lehmann, coordonne les travaux internationaux sur la création d’une nouvelle norme pour les biobanques, et nous serons probablement la première à être certifiée. Lorsque des

partenaires industriels viennent nous voir pour un service, ils ne veulent aucune erreur sur le résultat donné. Car ce résultat oriente leur décision sur leurs recherches et leur stratégie, et les normes de certification et accréditation sont pour eux des gages de qualité dans le monde de l’industrie de la santé. Quels sont vos prochains projets ?

Nous voulons, pour les quatre prochaines années, faire en sorte que les chercheurs académiques du Luxembourg de la recherche biomédicale soient satisfaits de l’IBBL, qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur nous pour stocker leurs échantillons. Nous participons à deux grands programmes nationaux : d’une part, Parkinson, en lien avec le Centre d’investigation et d’épidémiologie clinique du LIH, la clinique de recherche sur la maladie de Parkinson au CHL et le LCSB, et, d’autre part, le Plan Cancer. Dans le Plan Cancer, notre mission-clé est d’optimiser la logistique entre les hôpitaux, le LNS et la biobanque, pour que le flux parfait nous permette de récupérer les biopsies destinées à la recherche et provenant des patients malades, avec leur consentement, bien sûr. Le deuxième enjeu, c’est de réussir le projet Constances, puisque la phase pilote commence d’ici un mois. Et puis, évidemment, notre défi sera de continuer à entrer dans des consortia européens, à être appelés, à être reconnus en tant qu’infrastructure. Il est vrai que j’aime participer, mais j’aime aussi gagner. Et à ce point de ma carrière, mon ambition n’est plus personnelle, elle est collective. Quand nous avons remporté le Prix luxembourgeois de la qualité et de l’excellence en 2015, j’étais extrêmement heureuse pour nous tous. Tellement que j’étais très émue au moment de recevoir le prix.

CE QU’ILS DISENT D’ELLE Lydia Mutsch

Patrick Bugeon

Dr Gregor Baertz

ministre de la santé

consultant et ancien dirigeant de la société en biotechnologies bio-rad

président du conseil d’administration de l’ibbl

Je me réjouis que Catherine Larue ait repris les rênes de l’IBBL. Elle a participé à la découverte de plusieurs biomarqueurs innovants et à la mise sur le marché de dizaines de produits de diagnostic. Aussi, en tant que ministre de l’Égalité des chances, il me tient particulièrement à cœur qu’une femme soit confirmée dans cette position.

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Catherine a toujours été contributrice sur des sujets de pointe. C’est une professionnelle du Rubik’s Cube : quand nous étions bloqués, elle regardait les différentes facettes du problème pour essayer de trouver une approche innovante. Elle a réalisé un MBA pour pouvoir suivre les produits qu’elle créait.

Catherine Larue a fait une carrière internationale qui permet aujourd’hui d’amener l’IBBL dans une position de leader en Europe. Elle a également participé au développement du test à la troponine, dont l’influence est considérable sur la prise en charge des infarctus du myocarde depuis la fin des années 1990. Cela illustre la compétence et la persévérance qui la caractérisent.

Pr Bernard Pau

ancien directeur du département sciences de la vie du cnrs et multi-entrepreneur

Catherine Larue est d’une très vive intelligence, d’une passion inoxydable et d’une ténacité sans faille. Son esprit d’entreprendre l’a amenée à embrasser des positions successives croissantes sans être otage de quelque situation que ce soit. Ses qualités et ses capacités managériales extrêmement élevées la prédestinaient aux plus hautes responsabilités.

Josiane Entringer conseillère au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Catherine Larue a toujours su se faire des alliés et suivre son chemin, même si certains, estimant son approche trop proactive, ont essayé de la freiner. Son passé dans l’industrie pharmaceutique lui permet de savoir comment la recherche peut être valorisée sur le terrain clinique.


r par Inte t e ( c u L par Réservé

net).

Trouver et réserver un resto n’a jamais été aussi simple

Guide des restaurants au Luxembourg. Indépendant depuis 1994


Rencontrez-vous tout de même des freins administratifs ou réglementaires ?

Vous recevez beaucoup d’échantillons de patients traités dans les hôpitaux du pays. Donnent-ils aisément leur consentement ?

«  À ce point de

Le RGPD (règlement général sur la protection des données, ndlr) entre en vigueur le 25 mai prochain. C’est censé Franchement, si j’étais malade, je dirais : être mieux pour les personnes, qu’elles « Prenez ma biopsie, faites le diagnostic et soient malades ou pas, afin de bien proavec ce qui reste, faites de la recherche, je téger leurs données. Certes. Mais il ne faut vous en prie. » Le secret, c’est d’avoir une pas que cela bloque la recherche. Je ne infirmière de recherche qui explique bien peux pas me prononcer parce qu’auà la personne ce que nous faisons et qui jourd’hui je n’ai pas encore vu la nouvelle puisse répondre à toutes ses interrogations. loi qui va être déposée au Luxembourg Nous devons encore travailler là-dessus pour appliquer le RGPD à la recherche. dans les prochaines années. Il faudra faire J’espère juste que les avis des chercheurs des campagnes de communication pour auront bien été pris, pour être sûrs que ça désacraliser la chose. ne nous enchaîne pas, tout en respectant Est-ce que vous envisagez toujours bien entendu la protection des données, de faire une cohorte avec la population luxembourgeoise maintenant que ce que nous faisons tout le temps.

Vous ne conservez de toute façon aucune donnée personnelle puisque vous recevez des échantillons déjà pseudonymisés (avec un code-barres).

Ils sont codés, en effet, car si des données cliniques sont associées à l’échantillon, nous ne saurons jamais s’il s’agit de M. Smith ou de Mme Dupont.

C’est une question que peuvent se poser les citoyens lambda : peuvent-ils venir vous voir pour vous donner des échantillons ?

Oui, ils peuvent nous confier des échantillons, mais il leur faut passer par un centre habilité, comme le Centre d’investigation et d’épidémiologie clinique du LIH, qui effectue les prélèvements dans le cadre d’une étude clinique donnée. Le site biobank.lu précise les études auxquelles nous participons et les démarches à engager pour s’y joindre. De toute façon, toute étude se fait avec autorisation du Comité national d’éthique de recherche (CNER) et de la Commis­ sion nationale pour la protection des données (CNPD) et le consentement éclairé du participant.

L’APPEL DE L’ASIE Attirée par l’Orient depuis sa jeunesse, Catherine Larue a découvert l’aiki bojutsu par hasard à Montpellier, en cherchant un club d’escrime. Elle aurait aimé travailler au Japon, où elle compte des amis de longue date. Dans son bureau, un jardin zen rappelle cette inclinaison orientale. 90 —

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vous avez l’espace pour conserver les échantillons ?

ma carrière, mon ambition n’est plus personnelle, elle est collective. » hommes et les femmes. Il peut y avoir un jardinier ou un PDG, ils sont sur le tatami, ils ont un kimono blanc, une ceinture blanche et il n’y a pas de différence entre eux. Et je trouve cela magique quelque part. Au début, on subit un peu, il faut apprendre les roulades, les chutes, etc. Ce n’est pas nécessairement facile. On est tous sur un pied d’égalité et j’aime beaucoup cet art.

Non, le chercheur n’a pas eu le budget pour une telle étude. Mais grâce à l’appel d’offres qui a été gagné par l’IBBL sur le projet Constances, nous allons au moins stocker 1,5 à 2 millions d’échantillons. Ensuite, je Est-ce que ça correspond à votre préférerais cibler de plus petites cohortes, philosophie dans la vie aussi ? comme ce qu’on fait pour l’étude Parkinson. J’aime beaucoup l’Orient. Mon premier Nous avons, par exemple, dans l’idée de salaire m’a permis d’aller en Himalaya. J’ai faire une petite cohorte avec des selles de atteint le camp de base de l’Annapurna et participants sains. C’est plus facile à planous sommes montés à plus de 5.200 mètres. nifier que des grosses cohortes qui sont Je suis allée aussi au Ladakh, au Tibet et au difficiles à budgéter. Japon, en Chine… J’aime beaucoup cette Comment vous décririez-vous ? philosophie orientale et les arts qui s’y Comme quelqu’un de passionné, avec une reportent, de l’ikebana (art floral, ndlr) à la énergie positive, et un bon carnet méditation. Cela me construit, cela me calme. d’adresses. Et puis, je pense que je suis un Parvenez-vous à faire le vide ? peu exigeante avec les autres – et moiComplètement. Je peux avoir les pires soumême d’ailleurs. Et il semblerait que je cis du monde, professionnellement ou persois peut-être un peu impatiente [rires]. sonnellement, quand je monte sur le tatami, Vous pratiquez assidûment l’aiki je pense d'abord à… sauvegarder mon intébojutsu. De quoi s’agit-il ? grité physique. J’exagère un peu [rires]. Je « Aiki », c’est l’énergie, « bo » un bâton de pense à mes doigts, à ne pas blesser l’autre. 1,60 m et « jutsu », ce sont des blocages, des Vous avez une responsabilité quand vous contraintes, des roulades, des chutes et des rentrez sur ce tatami. Il faut faire attention frappes. C’est un art martial dans lequel, parce qu’on n’a pas de protection. Ça me contrairement au karaté par exemple, celui fait du bien parce que parfois on a quand qui gagne n’est pas celui qui frappe le premême un peu la pression quand on est CEO. mier, mais celui qui va récupérer l’énergie Ce que vous appréciez dans le monde du travail ?
 d’une attaque et la transformer en chute ou en désarmement de l’autre. J’ai découvert Travailler dans un environnement éthique cela il y a 25 ans et je n’ai jamais arrêté et dynamique avec des collègues qui depuis. J’ai même créé une école lorsque aiment leur travail et avec des gens qui me j’habitais aux États-Unis. font confiance. C’est franchement ce que je vis à ce poste de CEO au Luxembourg Que vous apporte cet art martial ? et c’est pour cela que j’adore mon job. Cela m’a fait du bien parce que j’avais un tempérament un peu (trop ?) énergique. Et ce que vous détestez le plus Ça m’a un peu calmée, ça m’a permis de dans le monde du travail ? La trahison et le manque de courage. prendre du recul et d’avoir des techniques de respiration qui aident à parler en public, Quel type de manager êtes-vous ? par exemple. Et puis, ça m’a proposé une Je dirais que je suis plutôt collégiale dans école de posture, de respect de l’autre. Une les décisions, en sachant qu’à la fin, si on école humaine, en fait. Ce que j’aime dans n’est pas tous d’accord, il faudra que les arts martiaux, c’est l’égalité entre les quelqu’un dise oui ou non.


Ambition Passionnée, Catherine Larue veut faire de l’IBBL la biobanque de référence au niveau européen.

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«  Je pense

qu’on peut faire un management assez pushy, néanmoins en restant humain. » Est-ce qu’il y a un type de management féminin ou non ?

Je ne crois pas. Il me semble juste que les femmes accordent une part peut-être plus importante que les hommes, justement, au côté humain et que ça ne nous dérange pas de le faire. Ça dérange peut-être les hommes de le montrer. Je pense qu’on peut faire un management assez pushy, néanmoins en restant humain, au moins attentif aux potentielles souffrances des collaborateurs.

Est-ce que vous pensez que les femmes sont aussi peut-être plus attentives à la conciliation vie privée / vie professionnelle ?

Quand on a un poste de CEO, ce n’est pas facile de répondre à cette question. Heureusement que je n’ai pas des jeunes enfants parce que je ne sais pas comment je concilierais les deux ! Je mélange un peu la vie privée et la vie professionnelle. Ça ne me dérange pas, par exemple, de travailler dans le train pendant deux heures et demie, même si c’est un week-end. Mais je suis partisane du « work hard and play hard », comme je le disais à mes patrons américains. Je pense juste qu’il faut avoir un temps pour se poser, pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Si vous êtes tout le temps en boucle sur le travail, je pense qu’à un moment donné, on perd de la lucidité. Et puis après, on est trop exigeant et amer, et je n’ai pas envie d’avoir cette amertume.

Vous avez déjà loué dans le passé le Luxembourg pour avoir donné des postes de CEO à des femmes – dont vous. Voyez-vous les choses avancer, dans la recherche et ailleurs ?

En France, cela rame encore un peu. Il y a quand même des fiefs, et les conseils d’administration restent très masculins. Alors maintenant, on met des quotas en France, comme si c’était des quotas handicapés. C’est louable, mais quelque part, je trouve cela dommage que ce ne soit pas naturel. S’il faut pousser un peu, je trouve que c’est

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Globe-trotter De Montpellier à Chaska, en passant par Lille et Luxembourg, Catherine Larue poursuit sa quête de l’excellence d’un bout à l’autre de la chaîne de la recherche biomédicale.


LÉGION D’HONNEUR Recevant la plus haute distinction honorifique française en octobre 2016, Catherine Larue l’a dédiée « à tous les chercheurs oubliés ou pas, géniaux ou pas, héros simples du quotidien mais qui contribuent chaque jour à l’amélioration de la connaissance globale et in fine de l’humanité ».

bien, à condition que les compétences soient égales. Mais franchement, au Luxembourg, c’est quand même mieux ! Quelles seraient les mesures concrètes pour arriver in fine à ce 40 % de femmes à des postes de direction ?

Par exemple, il faudrait demander aux conseils d’administration de tendre vers une équité, en nommant une femme dès qu’un administrateur s’en va. Mais il faut vraiment que cela soit à compétences égales, parce que sinon on va entendre « oui, mais c’est une femme », et ce serait vraiment embarrassant.

Le fait qu’une journée internationale soit consacrée aux droits des femmes vous paraît-il nécessaire ?

Oui, tant que les femmes ne seront pas traitées partout dans le monde avec respect et de façon équitable.

Comment se positionne l’IBBL en matière de parité ?

Les femmes représentent environ les deux tiers du personnel et nous avons une parité parfaite dans le comité de direction.

Ça fait cinq ans que vous êtes au Luxembourg. Qu’est-ce qui vous a frappée dans cette société luxembourgeoise ?

Ça va vite. Ce que j’ai adoré, c’est la proximité des décideurs politiques – ils sont assis devant vous, ils vous regardent dans les yeux et vous disent ce qu’ils veulent. Impossible que ça arrive en France, trop grand pays ! Et puis, la rapidité de décision : quand on voit comment le pays bouge en cinq ans… Ne serait-ce que les infra­ structures. Dès lors qu’il y a une bonne idée, tout le monde y va. On se rencontre, on s’écoute. J’aime vraiment bien. C’est pour ça que je suis toujours là d’ailleurs.

Vous avez passé presque quatre ans aux États-Unis, qu’en retirez-vous ?

Tout ce qui m’est arrivé de bien dans ma carrière, c’est quand même grâce à ces trois

ans et demi aux États-Unis. C’est vrai que où je dirigeais le marketing, la recherche quand on débarque, honnêtement, il y a et développement, la production. Je suis un choc culturel. Mais une fois que vous passée d’une équipe de 85 personnes à une êtes imbibé de la culture – c’est-à-dire que dizaine. Pour réussir à l’étranger, il faut vous avez survécu, j’étais quand même dans une bonne dose d’adaptabilité. Je crois que tout le monde a envie de le Minnesota avec des hivers à -40 °C –, vous avez les codes culturels pour travailler aux laisser quelque chose dont il est fier sur États-Unis. J’ai aussi appris beaucoup au Terre. Ce qu’il faut laisser, ce sont de belles niveau de la vie d’un médicament ou d’un réalisations qui sont utiles à la vie en général, technologiques ou pas. test de diagnostic, de sa naissance jusqu’à sa mise sur le marché, des contraintes régle- Avez-vous des modèles, des figures mentaires, des agences régulatrices... Je scientifiques qui vous inspirent ? n’avais aucune chance de pouvoir m’apMarie Curie, parce qu’elle a eu deux prix procher de tout cela en restant en France. Nobel à une époque où la femme n’était Et quand je suis revenue, j’avais le mal du pas du tout mise en avant, et en plus, elle pays. Je trouvais les Français râleurs, trop avait une vie de famille. Chapeau. C’est critiques, alors que les Américains sont en une figure qui est emblématique pour moi, permanence dans l’enthousiasme. Du coup, même s’il paraît qu’elle avait un fichu je suis un peu « composite », avec une part caractère. française (du nord mais aussi du sud), une Par ailleurs, il y a tous les jours des gens part luxembourgeoise et une part qui m’inspirent. Je ne cherche pas forcéaméricaine. ment une figure idéale. J’ai eu des patrons Le Luxembourg cosmopolite doit qui m’ont vraiment inspirée et qui m’ont donc vous plaire… fait sortir de ma conformité, m’ont monC’est vraiment quelque chose d’incroyable. tré des voies vers lesquelles je ne serais pas Vous allez au Mudam le dimanche, des spontanément allée. Indiens vous demandent de les prendre Vous avez été distinguée de la en photo, tout le monde se parle. L’été, à Légion d’honneur en octobre 2016. côté du bar Urban, près du palais Qu’avez-vous ressenti à l’époque grand-ducal, tout le monde est dehors et et quel regard portez-vous sur cette parle toutes les langues avec un verre à la reconnaissance deux ans après ? main. J’adore ce melting-pot international. À l’époque, je ne l’ai pas cru, car c’est un ami Je me sens bien dans ce milieu. Un milieu qui m’a téléphoné pour me l’annoncer. Puis, à taille humaine et qui a en même temps j’ai été extrêmement émue et suis restée les ambitions et les infrastructures. sans voix pendant près d’un mois, dans l’inVraiment, je trouve que le Luxembourg capacité de réaliser ce qui m’arrivait, sans est unique en cela, parce que c’est un petit même informer ma famille et mes amis de pays qui a quand même cette richesse et longue date de cet honneur que la France cette diversité culturelles qu’il intègre allém’a fait. Jamais je n’aurais pu imaginer recegrement. Et c’est génial parce que la meilvoir cette distinction, que je mettais dans leure façon d’inventer, c’est de mettre des l’ordre de l’inaccessible. J’ai aussi pensé que gens avec une variété multiculturelle et bien d’autres mériteraient certainement multi-métier autour de la table. Vous regarautant, voire plus que moi, cet honneur, dez un problème central avec des facettes ceux qui sauvent en silence des vies tous les différentes et vous tombez forcément sur jours (médecins et infirmières, entre autres), une idée de génie au bout d’un moment. et ceux qui déploient des courages C’est ça la recette de l’innovation. héroïques d’un instant, d’un jour, d’une Dans votre cas, est-ce le fait d’avoir guerre, ou encore ceux qui vouent leur vie eu des fonctions managériales aux à aider les démunis. États-Unis qui vous a ouvert des portes Maintenant, presque deux ans après, le en France ? La réussite à l’étranger regard de mes proches m’a aidé à accepter impressionne toujours. qu’un chercheur dans l’industrie peut aussi C’était surtout parce que mon patron amécontribuer à l’amélioration de la santé ricain est devenu le patron mondial de publique. Et cela me plaît finalement de toute la recherche et développement. Il partager cette distinction avec tous les avait besoin de quelqu’un en qui il avait chercheurs oubliés ou pas, géniaux ou pas, entièrement confiance et, naturellement, héros simples du quotidien, mais qui il m’a choisie. C’est vrai que cela m’a beaucontribuent chaque jour à l’amélioration coup aidée. Et puis après, avoir un meilleur de la connaissance globale et in fine de job, ce n’est pas forcément avoir une plus l’humanité. Je suis enfin dans la phase d’acgrosse équipe, c’est parfois faire autre ceptation de l’énorme défi qu'il me reste : chose. J’ai abandonné la recherche et dévetout à construire, encore et toujours. Rien loppement pour gérer une business unit, n’est fini, tout commence. Mars 2018 —

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EXT EN

Photographe

Romain Gamba

Virage L’aventure Vol(t)age a débuté en 2011, à l’initiative de Claudie (45 ans) et de sa sœur Stéphanie Grisius (41 ans). Passionnées par la mode, l’une est en provenance de la fiscalité, l’autre du monde du droit.

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Tradition Carole Muller (37 ans) a pris la tête de l’entreprise familiale Fischer début 2014, après en avoir été la directrice commerciale. Elle poursuit l’engagement de sa famille dans le secteur chez Panelux et aux Moulins de Kleinbettingen.

Auteur

Thierry Raizer

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Vitrines Vol(t)age dispose d’un atelier-boutique rue Michel Welter dans le quartier de la gare (ci-dessus). En décembre 2016, une deuxième boutique a été ouverte au cœur de la rue de la mode haut de gamme, rue Philippe II (ci-contre), à la faveur d’un appel d’offres lancé par la Ville, propriétaire des locaux.

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Écoute Fischer est présente avec 65 points de vente au Luxembourg. L’ambiance de ces points de vente évolue progressivement, la carte aussi, pour épouser les nouvelles tendances du snacking, qui ne se limite plus au traditionnel « jambon-beurre ».

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Duo À Stéphanie (à gauche), la création, à Claudie (à droite), la gestion. Les deux sœurs combinent leurs visions pour créer des pièces fortes et « électriques ». Vol(t)age compte cinq employées.

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Équipe À la tête d’une entreprise de 400 personnes, Carole Muller donne l’impulsion, consulte et s’entoure avant de trancher.

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E-commerce Diffusée au départ dans un cercle de proches et d’amis, la signature Vol(t)age est amenée à s’exporter avec une stratégie d’e-commerce. Une collaboratrice, Nadine Boever, a été embauchée comme chief digital officer.

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Exportation Marque luxembourgeoise, Fischer restera exploitée en direct sur son marché natal. Carole Muller travaille aussi à son exportation dans l’est de la France. Sept points de vente sont déjà ouverts en direct, trois en franchise.

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Composition L’aventure Vol(t)age a commencé avec le V-neck, une écharpe en « V » réalisée à partir d’un carré de 1,40 m de côté, composé d’un patchwork de six fragments de tissus (soie, velours, etc.) très « haut de gamme ».

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Goût Fischer tient à préserver une approche artisanale de son pain en le travaillant dans son atelier central, en le distribuant non congelé et en le cuisant au point de vente pour optimiser son goût.


Monday. Tuesday.


Wednesday. Thursd


DOSSIERS DIGITAUX

Tax & regulatory Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions

Thierry Lesage Partner (Arendt & Medernach)

PLACE FINANCIÈRE TABLE RONDE

De nouveaux leviers d’attractivité à activer

Dans un environnement réglementaire toujours plus coûteux et contraignant, la fiscalité reste pourtant l’un des seuls leviers que peut activer le Luxembourg pour attirer davantage d’investisseurs étrangers.

A

u Luxembourg, la réforme fiscale, qui a essentiellement pris ses effets au­ 1er janvier­2017, a conduit à une réduction du taux de l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC). S’il est trop tôt pour en évaluer les effets, cette baisse reste contenue et ne permet pas au pays de rattraper son retard par rapport à d’autres juridictions plus attractives. « Le taux nominal est aujourd’hui d’environ 26 %, contre 30 % précédemment. L’effort doit être souligné, mais il n’est pas suffisant quand on sait que le taux moyen est sous la barre des 24 % pour l’ensemble des pays de l’OCDE », constate Camille Seillès, secrétaire général de l’Association des banques et ban-

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quiers Luxembourg (ABBL). « Si l’on veut maintenir la compétitivité et l’attractivité, la fiscalité reste l’un des seuls leviers que l’on peut encore activer. Selon l’ABBL, il y a de la marge pour une baisse raisonnée et maîtrisée de l’impôt des sociétés. »

UNE ÉVOLUTION RAISONNÉE

En contact régulier avec des groupes internationaux qui évaluent les meilleures destinations où s’implanter, Thierry Lesage, partner Tax law chez Arendt & Medernach, confirme que le taux d’imposition est l’un des premiers critères étudiés. « Il est certain que le Luxembourg a d’autres atouts à faire valoir. Mais si l’on

considère la situation d’un point de vue fiscal uniquement, l’argument ne plaide pas en faveur de notre pays. » L’actuelle coalition gouvernementale a mené sa réforme fiscale. Il faudra donc sans doute attendre pour que le sujet de l’impôt au sens large revienne à la table des négociations. Par contre, il est encore au moins un sujet sur lequel le secteur financier attend que le gouvernement actuel prenne ses responsabilités. Il s’agit de la transposition en droit national de la directive Atad (Anti-Tax Avoidance Directive), qui établit de nouvelles règles pour lutter contre les pratiques d’évasion fiscale qui ont une incidence directe sur le fonctionnement du marché intérieur européen. « En la matière, le texte prévoit plusieurs options laissées à l’appréciation des États membres », reprend Camille Seillès. « L’un de ces points touche à la déduction des intérêts débiteurs. Plusieurs États ont d’ores et déjà adopté une approche plutôt souple sur cette question, et il serait opportun que le Luxembourg adopte lui-même une position flexible s’il veut préserver sa position de centre bancaire important et attractif. » M. P.

PHOTOS Maison Moderne

Camille Seillès Secrétaire général (ABBL)


DOSSIERS DIGITAUX

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3

CONTRIBUTIONS

CONTRIBUTIONS CONTRIBUTION

COMMENT FAIRE EN SORTE D’ÊTRE COMPLIANT TANT AU NIVEAU NATIONAL QU’EUROPÉEN ?

02 FISCALITÉ _ TITRE-M DES 02 ENTREPRISES  _ TITRE-M:02 _ TITRE-M LE LUXEMBOURG 02 _ TITRE-M TOUJOURS 02 _ TITRE-M 02 DANS_ TITRE-M LA COURSE  02?_ TITRE-M ?

Olivier Carré (associé et expert Mifid II, PwC)

Anticiper les changements réglementaires à travers une approche top-down

« Afin d’être conformes aux règles légales, fiscales et réglementaires en vigueur ou futures, les organisations doivent identifier les changements à mettre en place à travers une approche top-down. Une approche ordonnée se décline en plusieurs étapes-clés. Étape 1 : inventaire (la question du ‘quoi ?’ et du ‘quand ?’) ; étape 2 : évaluation des impacts métier et décisions de gestion ; étape 3 : identification des gaps et mise en conformité ; étape 4 : suivi et revue. »

Kenza Bouzouraa (head of sales & business solutions, Ainos)

Accompagner les DPO

« Toute personne physique doit pouvoir accéder à l’ensemble des données la concernant au sein de n’importe quelle organisation. Celle-ci doit lui permettre de les rectifier le cas échéant. Elle peut aussi demander à l’entreprise que ses données personnelles soient effacées, ou encore que leur traitement soit limité selon un format standard et sécurisé… En résumé, MyDPRights est un facilitateur de gestion des requêtes utilisateurs qui répond aux exigences relatives au GDPR. »

10_surtitre-encadre Pascale Sicurani (avocate Nom (fonction) et associée, Themis Lex) 10_titre-encadre 10_

Le Luxembourg, titre-encadre 10_titreun État bien dans encadre son époque Et fiscale 10_texte_encadre eribern ature-

« Entre pudanim fantasmes quo beatio véhiculés cus eum par une ipsanda presse quam étrangère res erum pas quitoujours beatinume od ut pedis. et équitable (oudem bienque informée) réalité, la marge est conséquente. 10_surtitre-encadre (fonction) En effet, à l’heure Nom où les ÉtatsUnis de Donald Trump adoptent 10_titre-encadre 10_ une réforme fiscale aux accents titre-encadre 10_titrede véritable déclaration de guerre encadre économique, en particulier vis-à-vis 10_texte_encadre Et eribern aturede l’Europe ; où la Grande-Bretagne pudanim quo beatio d’établir cus eum(ou post-Brexit menace ipsandad’officialiser quam res erum beatiplutôt, et dequi renforcer) nume od utfiscal dem aux que portes pedis. de un paradis l’Europe ; où la France elle-même affiche sa volonté de réduire son taux d’impôt sur les sociétés (tout en pérennisant un certain nombre de niches fiscales, notamment en matière de R&D), le Luxembourg a parachevé le second volet de la réforme fiscale initiée le 1er janvier 2017 et tente de tirer son épingle du jeu dans ces temps économiques pour le moins troubles. »

CONTRIBUTIONS

CARTES BLANCHES Bertrand Kauffmann (directeur des solutions de marché, Société Générale Bank & Trust)

Pour un meilleur fonctionnement des marchés

« La nouvelle réglementation sur les abus de marché présente des opportunités au-delà des obligations qu’elle impose, pour rester à la pointe en matière de détection de ces abus. Voici les principales évolutions de la réglementation : elle élargit son périmètre d’application à de nouveaux marchés et à de nouvelles stratégies de négociation, impose davantage de coopération et d’échanges d’informations entre les autorités, les marchés et les banques. Enfin, elle augmente le champ de responsabilités des acteurs du secteur financier et renforce les sanctions en cas d’abus de marché. » Olivier Bertrand (partner, EY Luxembourg)

Rapprocher les véhicules d’investissement des fonds

« Si, d’un point de vue fiscal, le Luxembourg n’offre guère plus d’attractivité que d’autres pays européens en ce qui concerne l’établissement d’entités à travers lesquelles investir, il offre cependant une large variété de structures — structures de fonds comme les Sif, Raif et sicar, et des formes juridiques comme les SCSp, SCA, ou les plus traditionnelles SA et sàrl, répondant aux diverses stratégies d’investissement envisagées. En consolidant sa plateforme, autrement dit la structure réglementée de gestion du fonds et les véhicules d’investissement associés, au Luxembourg, chacun peut mieux répondre aux enjeux relatifs au PPT. »

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DOSSIERS DIGITAUX

Innovation

Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions

Barbara Daniel Coordinatrice nationale (Euraxess Luxembourg)

STRATÉGIES TABLE RONDE

Un écosystème propice

Le Luxembourg se positionne en terrain de jeu propice à l’innovation, avec pour objectif de se différencier et de créer de la valeur.

P

our  le professeur Éric Tschirhart, special advisor to the president for fundraising & tech transfer à l’Université du Luxembourg : « Une innovation, qu’elle aboutisse à un brevet ou qu’il s’agisse d’un nouveau savoir-faire, doit être synonyme de valorisation. La propriété intellectuelle représente une richesse pour l’entreprise ou l’institution qui la détient. Mais cette richesse n’est réelle que si vous pouvez vendre votre solution à des clients. Au sein de l’Université, nous travaillons en mode spinoff. Si une société naissante a besoin d’investisseurs, nous veillons surtout à ce qu’elle

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puisse rapidement proposer un minimum valuable product. » Ces dernières années, le Luxembourg a veillé à construire un écosystème favorable à l’émergence de nouveaux idées, concepts et solutions qui répondent à des besoins concrets. La concentration des activités au sein de la Cité des sciences, de la recherche et de l’innovation à Belval favorise la coopération public / privé. Par ailleurs, le gouvernement encourage la constitution de véritables centres de compétences, basés sur des partenariats

Éric Tschirhart Special advisor to the president for fundraising and tech transfer (Université du Luxembourg)

public / privé, notamment à travers la Luxembourg Cluster Initiative. « Notre pays est bien positionné en matière d’aides en RDI, poursuit Gaston Trauffler, head of strategic projects, IT & quality management au sein de Luxinnovation. L’approche dite bottom-up vise à n’imposer aucune restriction sectorielle dans les financements accordés. Cela constitue un attrait pour l’entrepreneur, là où les pays voisins segmentent davantage leur soutien. » Dans un même temps, la mobilité des chercheurs est favorisée. « Nous fournissons des informations et une assistance gratuite aux chercheurs voulant s’installer au Luxembourg dans le but de développer leur carrière. Nous aidons également les entreprises luxembourgeoises à trouver les talents capables de leur apporter leur savoir-faire », détaille Barbara Daniel, coordinatrice nationale du réseau Euraxess Luxembourg. M. P.

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)

Gaston Trauffler Head of strategic projects, IT & quality management (Luxinnovation)


DOSSIERS DIGITAUX

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RENDEZ-VOUS

3

LES PROCHAINS DOSSIERS DIGITAUX

CONTRIBUTION

CONTRIBUTIONS

POURQUOI LA PROTECTION DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EST-ELLE UNE PRIORITÉ POUR TOUTE INNOVATION ?

CARTES BLANCHES

Anne Rivière (european patent attorney, Marks & Clerk Luxembourg LLP)

Christine de Ridder (corporate communication & responsable ESR, LuxConnect)

LuxConnect, sa préoccupation de préserver l’environnement

Protéger ses innovations : une nécessité aujourd’hui

« Les machines ne sont pas simplement choisies pour leurs qualités techniques, mais leur performance et leur rendement énergétique sont examinés à la loupe. »

« Il est essentiel de ne pas divulguer publiquement une invention tant qu’elle n’a pas fait l’objet d’une protection par brevet. »

Nicolas Sanitas (manager, InTech)

2 CONTRIBUTION

COMMENT LA DIGITALISATION PERMET-ELLE D’ACCÉLÉRER L’INNOVATION AU SEIN DE L’ENTREPRISE ? Tommy Lehnert (spécialiste en analytique, SAS Belux)

« Les données, agents d’innovation dans de multiples secteurs » « La collecte et l’analyse de données, devant permettre de faire émerger de nouvelles connaissances, voire même de nouveaux modèles d’affaires, ont désormais trouvé des adeptes dans quasiment tous les secteurs. »

Collaborer pour une innovation pragmatique

« Nous sommes capables, en adossant nos propres développements à des projets existants, de bâtir de manière pragmatique des solutions capables de répondre aux exigences des projets d’aujourd’hui. » Andreea Monnat (head of unit – Innovation programmes, Fonds National de la Recherche)

La R&D est vitale pour le processus d’innovation

« La raison d’être d’une institution de recherche est de générer, développer, exploiter et diffuser du savoir et des atouts technologiques. » Frédérik Evrard (country managing director, CGI Luxembourg)

Comment concrétiser rapidement des innovations dans mon organisation ?

20.03.2018

Place financière Family business

Quels sont les facteurs-clés du succès de transmission / reprise d’une entreprise ? Comment faire fructifier le capital issu de la vente ? Comment profiter de la transmission de l’entreprise pour repenser son business model, sa gouvernance et son style de management ? Comment l’innovation peut-elle être la clé d’une transmission réussie ? 26.04.2018

Nouvelles technologies Transformation digitale Comment mettre l’expérience client au cœur de la transformation digitale ? Quels sont les impacts de la transformation digitale sur son business model et sur son organisation (outils, process, workflow) ? Technologie, data protection, cybersécurité, GDPR : comment bien s’entourer dans sa transformation digitale ?

29.05.2018

Place financière Brexit

Quels sont les avantages concurrentiels du Luxembourg face aux autres pays d’Europe (Irlande, Pays-Bas, Allemagne...) ? Quels impacts / répercussions / conséquences du Brexit sur le marché de l’emploi au Luxembourg ? Sur l’offre de formation ? Comment réussir sa relocalisation au Luxembourg (pour sa société, ses collaborateurs) ?

« La reconnaissance vocale, l’analyse sémantique, ou encore le machine learning sont bien là, mais encore faut-il savoir les utiliser ». Sylvain Chery (directeur associé, Agile Partner)

Innovation : le client a-t-il toujours raison ? « Ne comptez pas sur votre client pour vous donner l’idée de votre prochaine innovation (...). À vous de lui proposer une solution originale ! »

Retrouvez sur paperjam.lu et dans la newsletter Coffee Break un dossier digital qui comprend une table ronde et des contributions d’experts.

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Les  meilleurs candidats  n’ont souvent qu’un défaut. Ils  sont déjà en poste . Heureusement, ils lisent tous  Paperjam .

Le job-board de ceux qui ne vont pas sur les job-boards


espresso conversations envies Héritier de la brasserie Mousel, Edmond Libens garde les pieds sur terre. En page 112.

Aménager un workspace est un véritable projet de transformation. Conseils et écueils à éviter en page 114. Chapeau ! En page 118, Audrey Alioua et Jimmy Delgoffe présentent leur style, assorti d’un couvre-chef. Poussez les portes en page 120 d’un bungalow ordinaire transformé en maison contemporaine. Patrick Galbats n’a pas sillonné la Hongrie par hasard. Son exposition à découvrir en page 122 le fait remonter à ses origines lointaines. En attendant la sortie de son premier long métrage, Croc-Blanc, Alexandre Espigares passe à table en page 124. Mars 2018 —

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ENVIES

ARGENT COMPTANT EDMOND LIBENS

« J’ai beaucoup reçu » Souvenirs

La première fois que vous avez gagné de l’argent ? J’ai travaillé comme livreur de fûts de bière à la brasserie pendant les vacances d’été quand j’avais 14-15 ans. C’était très dur physiquement, j’étais donc content d’avoir reçu un petit salaire. Mais j’ai été plus impressionné par le travail en lui-même que par l’aspect financier. Aujourd’hui que j’en suis le patron, je suis fier de l’avoir fait. Je suis capable de reconnaître que ce travail est dur. Un patron doit pouvoir tout faire, et pas que donner des ordres. Votre première grosse dépense ? Pour faire le tour du monde avec ma compagne. Nous sommes partis un mois en 2008 lors des Jeux olympiques de Pékin. Nous sommes tous les deux d’anciens sportifs, c’est notre passion. Nous sommes aussi allés aux Jeux de Rio en 2016, et nous prévoyons déjà de nous rendre à Tokyo en 2020.

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Calculer… ou pas

Brasseur

Peut-on devenir riche en produisant de la bière ? Très bonne question [rires]. Oui, on peut déjà le devenir à la sortie de la première bière. Si le consommateur est content, je le suis aussi. Et c’est ça, la richesse, pour moi. En termes vraiment financiers, il faut produire beaucoup. Il y a un important savoir-faire à acquérir avant de gagner de l’argent. Pour produire une bière de qualité, il faut de bonnes installations, et cela coûte très cher. Sans oublier une équipe composée de vrais spécialistes. Seriez-vous prêt à vous mettre en danger pour un projet qui vous tient à cœur ? Nous l’avons fait. La brasserie a constitué un gros coup financier. Au départ, il fallait y croire, donc s’investir soi-même et y placer son savoir-faire. Il faut beaucoup investir dans les machines, nous préparons le cinquième agrandissement en 10 ans. Nous finançons actuellement l’achat de la première machine fixe de canettes au Luxembourg.

Votre dernier achat « je ne devrais pas » ? C’est très rare. Habituel­ lement, je réfléchis avant d’acheter quelque chose. J’aime bien faire des analyses, observer les prix. Je n’achète jamais à l’aveugle. Je me suis permis une fois d’acheter une montre qui coûtait un peu d’argent, ça m’a pris trois mois. Y a-t-il des choses pour lesquelles vous seriez prêt à dépenser sans compter ? Pour le bonheur des gens en général. Ça vient sans doute du fait que je suis un enfant adopté. Mais j’ai eu beaucoup de chance d’être dans la famille dans laquelle je suis, j’ai beaucoup reçu, et aujourd’hui, je veux aussi beaucoup donner. Et dans ce cas-là, l’argent ne compte plus. Un sourire vaut plus qu’un euro. C’est une chose que je remarque en voyageant. Tous les ans, nous essayons de partir en Asie ou en Amérique du Sud. C’est en découvrant ces autres cultures que l’on devient de plus en plus riche.

CV EXPRESS À 38 ans, Edmond Libens est un des porte-drapeaux de la tradition brassicole luxembourgeoise. Héritier de la brasserie Mousel, il a pris, en 2009, les rênes de la brasserie familiale Lëtzebuerger Stad (Clausen), qui produit la Clausel. Avant cela, il a travaillé un peu plus de trois ans en expertise comptable chez BDO. Il revendique aussi la mise au point du premier gin et de la première vodka luxembourgeois, et prépare désormais un premier whisky local single malt.


ENVIES

Petits luxes entre amis

Dans un pays comme le Luxembourg, quand peut-on dire de quelqu’un qu’il est riche ? Il n’y a pas tant de riches que ça, il y a surtout beaucoup de gens qui se sont endettés pour atteindre un certain niveau d’apparence. C’est un mode de pensée très pauvre, en fait… En général, au Luxembourg, les gens vraiment riches, on ne les voit pas. Le prototype de la « dépense stupide », ce serait quoi ? Sortir en boîte et dépenser de l’argent en achetant des bouteilles. Je peux le dire, parce que je l’ai vécu moi-même [rires]. Mais quand on est jeune, on aime bien faire des conneries entre amis. On apprend de ses erreurs.

Vous êtes très « cadeaux » ? Non, mais j’aime quand même en faire. Moi, j’ai beaucoup reçu, j’aime bien en rendre une partie. En tout cas, je ne suis pas radin. Les gens radins, non seulement, ils ne donnent rien, mais en plus, ils finissent par jalouser ceux qui ont la capacité de donner. Si je donne, ce n’est pas parce que j’ai de l’argent, mais parce que je le veux.

Vous avez tout perdu, il vous reste cent euros. Vous en faites quoi ? Je les donnerais à quelqu’un, j’obtiendrai peut-être un sourire en retour. Ça me donnera en tout cas de la motivation pour aller chercher un boulot.

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TEXTE Jean-Michel Lalieu PHOTO Jan Hanrion (Maison Moderne)

Apparences

Quel luxe vous accordezvous occasionnellement ? Mon luxe à moi, c’est de partir un week-end entre amis ou en famille pour « me reposer ». Ce n’est pas dépenser de l’argent, c’est prendre du temps pour soi, arrêter de penser en permanence à la société et à la consommation de bière. Une autre forme de luxe, c’est de pouvoir offrir quelque chose. Je préfère toujours offrir quelque chose à quelqu’un d’autre qu’à moi-même.


ENVIES

COMPÉTENCES WORKSPACE

Aménager et accompagner Si les nouvelles tendances prônent une anonymisation totale des espaces de travail, toutes les entreprises ne sont pas prêtes à faire le pas. Le plus important est de rester en phase avec sa culture interne.

LUNDI

D

e l’open space à l’activity-­ based working, en passant par le desk sharing, l’univers du workspace a toujours eu des accents anglais. Si ces concepts ont fait leurs preuves dans les grandes multinationales, les spécialistes conseillent de toujours les adapter aux spécificités de chaque entreprise. « Il n’y a pas de vérité, de modèle monolithique à reproduire tel quel, indique ainsi Alain Meyer, le directeur général de Tétris Luxembourg, une société spécialisée dans l’aménagement intérieur de bureaux. La conception de l’espace de travail, c’est du sur-mesure, car il doit être compatible avec la culture interne et le secteur d’activité. » Certes, de grandes tendances se sont imposées au fil du temps. Après un décloisonnement des espaces de bureaux à la fin des années 1970, les années 2000 ont apporté la notion de bien-être sur le lieu de travail et un concept qui se concentre sur la fonctionnalité des espaces, aux dépens de bureaux personnalisés. Il permet ainsi de concevoir des lieux adaptés à tous les besoins des employés, à la fois professionnels et sociaux, mais aussi d’optimiser les mètres carrés.

Accompagner et impliquer « La plupart de nos clients n’ont pas de demandes précises, explique toutefois l’architecte Luc Wagner, qui a notamment été chargé de concevoir l’intérieur de l’incubateur Tomorrow Street. Nous travaillons beaucoup en amont pour les rendre attentifs aux nouvelles tendances, tout en essayant de bien comprendre le fonctionnement des différents services de l’entreprise et leurs besoins. » De la filiale qui souhaite reproduire le modèle défini par sa maison mère à la PME locale en croissance, les schémas de réflexion diffèrent. « Pour 114 —

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MArDI

CATHERINE JANOT Directrice générale déléguée de Société Générale Bank and Trust « Avant le déménagement au mois d’octobre, environ 60 % de nos collaborateurs étaient satisfaits de leur environnement de travail. Dans nos nouveaux locaux, ce pourcentage est passé à plus de 80 %. Les espaces d’isolement pour passer des coups de fil ou

mener des réunions en petit comité ont été particulièrement bien accueillis. Pour moi, la clé de cette réussite a été l’accompagnement. Nous nous y sommes pris 18 mois à l’avance pour expliquer, et avons surtout impliqué nos équipes dans ce changement. »

Mercredi

certaines, l’objectif principal est tout simplement économique. Pour d’autres, il s’agit de travailler sur le bien-être des salariés, et ainsi avoir un argument en plus pour attirer des profils rares », ajoute Luc Wagner. L’arrivée du télétravail, rendu possible par les nouvelles technologies, influe également sur la façon dont les workspaces sont conçus. Mais une chose est certaine :

l’évolution des espaces de travail d’une entreprise arrive toujours avec un changement interne de fonctionnement, une redéfinition des processus et une évolution de son identité. « Ce n’est pas l’un qui entraîne l’autre, mais les deux vont de pair, précise Alain Meyer. D’où l’importance de l’accompagnement et de l’implication de tous les membres de l’entreprise dans ces évolutions, et ce dès le départ. » J. M.


ENVIES

MÉTIER DU FUTUR DÉVELOPPEUR BLOCKCHAIN

SOPHIE MITCHELL Partner chez Deloitte Luxembourg et leader du projet de déménagement vers la Cloche d’Or « Le bien-être de nos employés est primordial pour nous. C’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour créer un environnement de travail à la fois intelligent, collaboratif et durable, plaçant nos employés au cœur de nos

préoccupations. Les nouvelles technologies et les espaces collaboratifs favoriseront l’interaction et l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et, par conséquent, augmenteront la qualité de nos services. »

jeudi

Il a tout d’un développeur classique, mais avec un rôle encore plus stratégique. Car les lignes de code qu’il conçoit ne peuvent pas être corrigées ou améliorées une fois intégrées dans un registre partagé.

Que fait-il ? Le développeur blockchain est principa­ lement en charge de la conception de smart contracts. Une fois intégrés sur une blockchain, ceux-ci s’exécutent automatiquement. L’importance du code de départ, qui ne pourra plus être modifié, est donc primordiale.

Quelles sont ses compétences ? En plus de celles d’un développeur classique, il doit connaître les particularités de la techno­logie blockchain. Il devra ensuite se spécialiser dans l’une ou l’autre (bitcoin, ethereum, hyperledger…), car toutes ont des architectures différentes.

Quelle est sa formation ? Il n’existe pas de formation spécifique. Disposant d’une expérience de développeur informatique, il devra donc apprendre sur le tas. Certaines initiatives privées tentent de pallier ce manque, comme Intech au Luxembourg, qui propose une formation sur la blockchain ethereum.

vendredi

Combien gagne-t-il ? Il n’y a pas encore de forte demande pour ce profil, et son salaire se calque sur celui d’un développeur classique, qui varie entre 40.000 et 70.000 euros (salaire annuel brut, selon le cabinet The Recruiter).

Une qualité-clé ?

Avis d’expert POUR ALLER PLUS LOIN Big Design for Small Workspaces, octobre 2016, Images Publishing Group Pty, 32,15 euros. Des espaces de travail astucieux réalisés par des PME audacieuses du monde entier : cet ouvrage en langue 08 _ LEGENDE-TITRE anglaise réalisé par l’architecte08_legende Kenny Kinugasa-Tsui constitue et estrunteni inverupune source d’inspiration indispensable pour ceux innover tature, offic te qui possouhaitent eniscie nimu­ dans leur entreprise sans savoirsan comment s’y prendre. discid quis a dem inctotate ab intibusdae.

« On trouve aujourd’hui très peu d’informaticiens qui maîtrisent ce type de code. Mais plus que de développeurs, il faudrait parler d’architectes blockchain, car c’est tout le modèle du service proposé qui est repensé avec cette nouvelle technologie. Pour moi, il s’agit d’un métier-clé pour le futur, même si le marché n’est pas encore mature », Fabrice Croiseaux, CEO d’Intech.

Mars 2018 —

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ILLUSTRATIONS Hadi Saadaldeen (Maison Moderne)

De la curiosité, associée à la rigueur. Étant donné qu’il s’agit d’une technologie nouvelle, il doit être capable de rester au fait des nouveautés et s’inspirer des solutions proposées par ses confrères pour adapter son travail.


ursday. Friday.


Delano Daily.

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ENVIES

STYLE CHAPEAU

Qui vous a donné le sens du style ? « Ce sont sûrement les rencontres pendant mes étu­ des artistiques à Bruxelles et la période où je travaillais dans la com d’un multimarques de luxe. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Ma première paire de Adidas Originals Jeremy Scott Wings 2.0. Achetée pendant la Fashion Week de New York en 2011 au concept store Adidas de Soho. »

« J’aime les gens qui détonnent et secouent le quotidien. »

Que porter pour un premier rendez-vous ? « Soyez vous-même. Attention, pas comme le dimanche matin en mode chill. Mon conseil : toujours porter un accessoire que l’autre voudra vous piquer ou essayer pendant la soirée (une écharpe, un chapeau, une montre…). »

Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? « En ce moment, j’aime le rétro 90’s, et après avoir acheté quelques vinyles, je passe toujours chez Stitch. »

Que portez-vous le w-e ? « Le style ne prend pas de repos. Surtout pas en sortie le week-end. C’est souvent du rock chic avec un perfecto en cuir noir, chapeau oversized et quelques bagues. »

La pièce que vous ne prêteriez jamais ? « Ma collection de souliers Christian Louboutin. » Que porter pour une soirée de gala ? « Se référer à la réponse qui précède la précédente. Avec un costume sobre et chic, la bonne paire de souliers change tout. C’est là qu’est le style. »

Jimmy Delgoffe

Avec quel styliste pourriezvous vous pacser ? « Jeremy Scott, car il a cette forme d’extravagance d’un Gianni Versace mêlée au côté pop et coloré d’un Keith Haring ou d’un Warhol. J’aime les gens qui détonnent et secouent le quotidien. »

Quel faux-pas à ne pas commettre ? « En général, lorsque l’on ne se sent pas soi-même. Mais LE truc qui me fait sortir de mes gonds, c’est le polo, col relevé. »

Junior art director, Plan K

TEXTES France Clarinval

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ENVIES

Comment définissezvous votre style ? « Caméléon… Je passe partout et j’adapte mon style en fonction de la situation et du type de public. »

Que porter pour une soirée de gala ? « J’opterais pour quelque chose d’assez extravagant, qu’on ne porte pas dans la vie de tous les jours. Une robe longue ou asymétrique, ou encore une magnifique combinaison. Il faut aussi jouer avec les accessoires. »

Avec quel styliste pourriezvous vous pacser ? « Côté fille ce serait Iris van Herpen, pour son côté avant-gardiste, futuriste avec ce mélange d’art et d’innovation technologique. Côté garçon, ce serait Jean-Paul Gaultier, pour sa folie, son génie… et pour sa marinière bien sûr. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Quand j’étais ado, un ami de la famille m’a ramené un collier en argent orné d’une pierre turquoise et de deux plumes, d’une réserve indienne. Je tiens beaucoup à ce bijou, et comme toute mode va et vient… C’était à nouveau tendance l’an passé, j’étais ravie de le porter à nouveau. »

« J’adapte mon style en fonction de la situation et du type de public. »

Quel faux-pas à ne pas commettre ? « Mettre des chaussettes avec des sandales. Ce n’est vraiment pas possible. »

Que porter pour un premier rendez-vous ? « Une tenue qui te ressemble, dans laquelle tu es à l’aise et qui te met en valeur bien sûr. »

Qui vous a donné le sens du style ? « Ma maman. J’adore fouiller dans sa garde-robe, mais malheureusement nous ne faisons pas la même taille. »

Quel est votre dernier achat mode ? « Un T-shirt ‘Fille GrandDucale’, le projet qu’a lancé Jacques Schneider avec des vêtements éthiques en coton organique. »

Audrey Alioua

Event manager, Deloitte PHOTOS Anna Katina

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ENVIES

ARCHITECTURE MAISON UNIFAMILIALE

Aller simple vers le confort 1

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

2

ARCHITECTE Bel.architecture LOCALISATION Luxembourg (localité non communiquée) SURFACE HABITABLE 230 m2 DURÉE DE CONCEPTION 5 mois DURÉE DE CHANTIER 12 mois 3

C

est l’histoire d’un bungalow typique des années 1970, comme il s’en est beaucoup construit au Grand-Duché au cours de cette période. D’une part, la maison se situe sur un terrain en pente, ce qui avait amené le premier architecte à placer toutes les pièces à vivre côté rue et à ne rendre accessible le jardin que par la cave. D’autre part, les pièces étaient relativement petites, avec des fenêtres modestes, rendant l’intérieur de la maison assez sombre, sans parler du revêtement mural en bois qui assombrissait encore un peu plus l’ensemble. Par ailleurs, le bilan énergétique ne correspondait plus aux standards actuels. Toutefois, la structure de la maison restait saine et intéressante à exploiter pour la remettre au goût du jour. Les propriétaires ont fait appel à Bel.architecture pour repenser en profondeur leur habitat. Leur souhait était d’avoir une façade discrète côté rue et de retrouver une liaison forte avec le jardin à l’arrière. Ils voulaient également ouvrir les espaces à vivre

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pour avoir une communication plus fluide à l’intérieur de la maison, y compris entre les étages, avec une entrée de lumière naturelle beaucoup plus généreuse. De plus, ils désiraient avoir un arbre à l’intérieur de la maison. Les architectes se sont donc appuyés sur le bungalow existant pour apporter des transformations significatives, sans pour autant modifier profondément le volume, mais en se permettant tout de même d’ajouter une « boîte » sur le toit pour y placer une partie nuit. Grâce à ce nouveau volume en surélévation, une partie du premier étage a pu être supprimée pour offrir une double hauteur dans la pièce à vivre, qui a basculé du côté jardin. Des liaisons spatiales et visuelles ont été créées entre le rez-de-jardin et le premier étage. C’est aussi à cet emplacement, dégagé et lumineux, que l’arbre souhaité a pu être installé dans la maison. Afin de faire entrer la lumière naturelle dans l’habitation, les emplacements des ouvertures et leur taille ont complètement été revus. Le bois a été sorti de la maison pour se retrouver en bardage extérieur, unifiant l’ensemble des façades. Tout au long des travaux, les matériaux naturels et écologiques ont été privilégiés, comme la mise en place d’une isolation en fibre de bois et cellulose, ou l’utilisation de peinture minérale. C. C.

1 2 3 4

Vue depuis le jardin, la maison a radicalement changé d’aspect. La maison, avant transformation. La nouvelle pièce à vivre est largement ouverte et communique avec les étages. Au premier étage, une large baie intérieure permet une communication visuelle avec la pièce à vivre, où trône un arbre.

4

PHOTOS Patty Neu, Bel.architecture

Le bureau Bel.architecture a réussi à transformer un bungalow ordinaire des années 1970 en une maison contemporaine très confortable.


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uwww.vincentverlaine.eu www.vincentverlaine.eu e.enialrevtnecniv.www g22ruAdresses Adresses obmexuLàààLuxembourg Luxembourg sesserdA 2 Vincent Vincent tacmVerlaine Verlaine oT 15, 15, rue ruendu du essMarché-aux-Herbes, aMarché-aux-Herbes, rtS ,nolrA’d etuor ,ALuxembourg 5Luxembourg 51 0Ouvert Ouvert 0h91 à du hdu01lundi lundi ed iau dau em samedi samedi as ua ide dde nu10h 10h l ud àtàr18h30 e18h30 vuO Tel. Tel. 99 27 127 0 76 176 3 78 .78 leT74 74

enialrTomcat Tomcat eV tnecniV gruobme155A, 155A, xuL ,seroute route breHd’Arlon, -d’Arlon, xua-éhcStrassen rStrassen aM ud eur ,51 0Ouvert Ouvert 3h81 à du hdu01lundi lundi ed iau dau em samedi samedi as ua ide dde nu10h 10h l ud àtàr19h00 e19h00 vuO 47Tel. Tel. 87 31 631 7 01 701 2 99 .99 leT

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ENVIES

CULTURE PATRICK GALBATS

Clichés hongrois

SES COUPS DE CŒUR LA MISÉRICORDE DES CŒURS (2013), DE SZILÁRD BORBÉLY

Paysage au bord de la N4, près de Nyíregyháza, au nord-est de la Hongrie.

« Le seul roman du poète hongrois Szilárd Borbély, décédé en 2014, décrit d’une manière impitoyable, mais infiniment belle, l’univers dans lequel l’auteur a grandi. Dans son livre, il retrace l’histoire du 20e siècle de son pays, en tirant le portrait très noir d’un village au nord de la Hongrie. Ce livre m’a appris tellement de choses sur ce pays. Le regard de Borbély m’a accompagné tout au long de mes voyages. » Éditions Christian Bourgois (2015) ou Folio (2016)

MUSIQUE D’ORCHESTRE ET MUSIQUE DE CHAMBRE

pour l’exposition hit me one more time, le photographe patrick galbats s’est plongé dans la hongrie postcommuniste, nostalgique

S

de sa grande puissance et fermant ses frontières aux migrants.

es origines hongroises sont lointaines, mais c’est pourtant bien sur ce chemin qu’a souhaité s’avancer Patrick Galbats. Ce pays l’a également intéressé de par sa situation actuelle au sein de l’Europe et les choix opérés par son gouvernement sur les flux des réfugiés. Il s’y est rendu plusieurs fois, entre 2012 et 2017, après que les frontières ont été fermées aux migrants. Il a découvert un pays « qui a du mal à redémarrer, désormais dirigé par ­Viktor Orbán, qui joue avec les thèmes de l’insécurité, de la peur des réfugiés, un retour fort du nationalisme. C’est dans cette ambiance pesante que mon travail s’est construit. » À partir de 2015, il choisit de se concentrer sur les zones de frontière, naturelles, bricolées, ou très construites. Des paysages qui portent des cicatrices. Il se rend notamment à Röszke, village où des affrontements violents ont eu lieu entre les migrants et les forces armées hongroises. Ses premières photos se font à 122 —

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la sauvette, ce qui lui cause quelques difficultés avec les autorités locales. De retour au printemps 2017, il se fait accompagner par un journaliste qui lui facilite le rapport avec les forces de l’ordre. « À travers ces photos, ce sont les principes de l’Europe que je questionne, cette Europe qui est construite sur des idées louables telles que la paix, les droits de l’Homme, la justice… » L’exposition compte également des photos prises à l’intérieur du pays. « Je me suis aussi intéressé à cette Hongrie profonde, celle qui vote extrême droite, qui est nostalgique de la Grande Hongrie, où le mythe du Turul est encore présent. La Hongrie est un pays qui a perdu sa puissance et qui connaît une crise économique, mais aussi identitaire. » C’est cette Hongrie qui se pose en victime que Patrick ­Galbats est allé photographier et dont il témoigne. C. C. Du 10 mars au 29 avril, au Display 01 du CNA à Dudelange. Son nouveau livre sera présenté au moment du finissage.

ALEC SOTH « Alec Soth est un photographe américain et membre de l’agence Magnum. Ses images nous montrent le beau d’un monde fragilisé. Pour moi, Soth est un maître de la narration photographique. Chaque fois que je regarde ses livres Dog Days, Bogotá, Songbook ou Sleeping by the Mississippi, les images me révèlent une nouvelle partie de l’histoire. Le sujet reste toujours le même, mais ce sont les liens qui se créent entre les images qui peuvent changer. »

PHOTO Patrick Galbats

Des paysages et des frontières

« Pour assembler des séquences à partir d’un corps de travail, j’ai besoin de créer une certaine atmosphère. Pendant que je passais du temps sur Hit Me One More Time, j’ai écouté des compositions de Ferenc Liszt, Béla Bartók, Antonín Dvorák, Hans Gál, ou encore Dmitri Shostakovich. Ils ont tous vécu des moments turbulents de l’histoire européenne, ce qui a eu des répercussions sur leur musique. »



ENVIES

RESTAURANT À TABLE AVEC

Alexandre Espigares dans toutes les étapes de fabrication, y compris dans le travail du scénario qu’il a pu retoucher pour « apporter plus de modernité, en évitant par exemple la narration en voix off ». Il a voulu un film « qui ne prend pas le spectateur par la main et qui ne soit pas bavard ». arce qu’il n’habite pas au Luxem­ Essentiellement tourné en motion b o u rg m a i s e n A l le m ag n e, capture avec des comédiens qui Alexandre Espigares a choisi le res- jouent les personnages qui sont taurant Am Tiirmschen et sa cuisine ensuite « habillés » en 3D, le film traditionnelle locale. Il y retrouve a demandé trois ans pour être terles plats classiques luxembourgeois et se miné. « Le réalisateur doit être réjouit de la jolie table dans la tourelle qu’on un chef d’orchestre qui a une nous a donnée. Il rembobine l’histoire qui l’a vision très précise de chaque mené à la réalisation de Croc-Blanc, film d’ani- rouage et une vision globale de ce qu’il veut comme résultat. » mation inspiré du roman de Jack London. UN PROJET DE 10 ANS. « J’ai été contacté par Chaque élément doit bien sûr être Bidibul pour réaliser le film en 2014, alors créé en animation à partir de rien que le projet était dans les cartons depuis tout en gardant une cohérence bien longtemps, mais n’avait pas pu se sur l’ensemble. VIANDES TENDRES. Pour le concrétiser. » Alexandre Espigares sait que son Oscar va aider à voir le projet se maté- plat, Alexandre Espigares a rialiser. Il accepte au vu de quelques dessins choisi le plus emblématique des préparatoires et « un univers artistique qui plats luxembourgeois : le collet me laissait une grande liberté, une ambiance de porc aux fèves des marais (Judd mat de western qui me plait et des personnages Gaardebounen). « La viande est tendre à souqui ont des gueules ». hait et les fèves bien cuites. » Il poursuit en La pomme de terre est reine dans la cui- détaillant les étapes du film qui ont été sine luxembourgeoise et nos entrées lui font réalisées au Luxembourg, en plus du tourhonneur : un velouté de pomme de terre aux nage au Filmland : « L’éclairage, les effets copeaux de foie gras et des gromperekichel- spéciaux, le compositing et l’enregistrecher au jambon. Des textures agréables et ment de la musique. » La musique a été composée par Bruno Coulais et Gast des combinaisons savoureuses. Waltzing, qui a dirigé l’enregistrement avec CHEF D’ORCHESTRE. Pour son premier long métrage, Alexandre Espigares s’est impliqué l’OPL. « Je tenais beaucoup à la musique qui vient ponctuer des moments précis et des arranam tiirmschen gements avec des instruments 32, rue de l’Eau irlandais, qui donnent des Luxembourg-ville (centre) sonorités originales. » Tél. : 26 27 07 33 L’histoire du film se déroule sur trois ans et suit Croc-Blanc, Direction Hilary Porteous le fier et courageux chien-loup, Son 73 dB qui sera tantôt confronté à la Température 22° C cruauté des Hommes, tantôt à Couverts 45 leur bonté, et ce pour mettre en Addition du jour : avant tour à tour son côté chien et son côté loup. Ce classique Boissons 16,50 € de la littérature américaine 2 entrées 24,00 € devrait connaître un beau suc2 plats 46,00 € cès car il accompagne bien des 2 cafés 6,50 € jeunes dans leurs lectures. F. C. Total 93,00 € Le film Croc-Blanc sortira en salle le 28 mars. Nous avons invité son réalisateur, qui signe là son premier long métrage après avoir remporté un Oscar pour le court Mr Hublot. Déjeuner au Am Tiirmschen.

P

124 —

­ — Mars 2018

MAIS AUSSI MA SPÉCIALITÉ EN CUISINE « J’adore cuisiner, notamment des plats classiques comme le bœuf bourguignon. Je fais aussi des pizzas ou des pâtes. Quand il y a du monde, j’aime qu’on fasse les pâtes tous ensemble. »

MA CANTINE EN VILLE « Pendant la production de Croc-Blanc, j’étais très souvent au Paname. C’est un lieu qui se démarque des autres restos par son ambiance, sa terrasse. Les plats sont sains, bons et originaux. »

PHOTOS Maison Moderne

UN RESTO POUR CÉLÉBRER « Quand il y a une occasion spéciale, j’aime le Cafetin de Buenos Aires. D’abord parce que c’est un peu caché, à l’écart. Ensuite parce qu’on y est très bien reçu. Et bien sûr, pour la qualité des viandes et des poissons. »


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INDEX

ENTREPRISES PERSONNES PUBLICITÉS

1, 2, 3, 100,7 16 A ABBL 106 ABN AMRO 38 ADEM 44 ADR 16, 18 AGILE PARTNER 109 AGORA 30 AINOS 107 ALDI 22 ALEXANDRE DAVID 46 ALIOUA AUDREY 118 ALLIANZ 38 ALVO 66 AM TIIRMSCHEN 124 AMAZON 52, 66 AMUNDI 42 ANGEL MARC 17 APEX 34 APOLLO STRATEGISTS 34 APPLE 66 ARCELORMITTAL 44 ARENDT & MEDERNACH 30, 46, 106 ARENDT BUSINESS ADVISORY 34 ARLA FOODS 22 ART & MOTION 40 ASSOCIATION DES COMPAGNIES D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES 38 ATELIER DES COTEAUX 40

B

B4 EVENTS 125 BALLOUHEY-DAUPHIN VALÉRIE 22 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 42, 44 BANQUE DE LUXEMBOURG 30 BANQUE DEGROOF PETERCAM 110 BARTÓK BÉLA 122 BASKET CLUB D’ARLON 66 BBMRI 80 BCE 39 BDO 112 BEILER FRANÇOIS FRITSCH ARCHITECTES 22 BEILER TOM 22 BEL.ARCHITECTURE 120

126 —

­ — Mars 2018

BERTRAND OLIVIER BESNIER EMMANUEL

107 22

Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

BEST LARISSA 46 BETOCEE 34 BETSOU FAY 80 BETTEL XAVIER 52 BGL BNP PARIBAS 2, 22, 24, 30, 34, 38 BIDIBUL PRODUCTIONS 124 BINSFELD 34 BNP PARIBAS WEALTH MANAGEMENT 42 BOFFERDING 34 BORBÉLY SZILÁRD 122 BOSTON CONSULTING GROUP 38 BOUCHET MURIEL 39 BOUZOURAA KENZA 107 BRAM 6 BROWNE ANDREW 22 BUCK NICOLAS 22, 37 BUSINESS CLUB BELGIUMLUXEMBOURG 44 BUSINESS CLUB FRANCELUXEMBOURG 44

C

CABRITA FRANCISCO 22 CACTUS 34 CAHEN CORINNE 16 CAISSE MÉDICOCOMPLÉMENTAIRE MUTUALISTE 18 CAMPUS CONTERN 30 CARRÉ OLIVIER 107 CARREFOUR 66 CASTEGNARO 34 CDCL 75 CENTRE D’INVESTIGATION ET D’ÉPIDÉMIOLOGIE CLINIQUE 80 CGI LUXEMBOURG 109 CHAMBRE DE COMMERCE 30, 34, 44, 61 CHAMBRE DES DÉPUTÉS 16, 38 CHAMBRE DES MÉTIERS 22 CHERY SYLVAIN 109 CHL 80 CLC 22 CLINIQUE AMBROISE PARÉ 80 CLINIQUE DE RECHERCHE SUR LA MALADIE DE PARKINSON 80 CNA 122 CO-LABOR 28 COAST CONSULTING 34

COCA-COLA 66 COLLAR STEVE 22 COMED 24, 34 COMITÉ NATIONAL D’ÉTHIQUE DE RECHERCHE 80 COMMISSARIAT AUX ASSURANCES 38 COMMISSION EUROPÉENNE 17 COMMISSION NATIONALE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES 46, 52, 80 COMMISSION PARLEMENTAIRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 17 CONSEIL D’ÉTAT 16, 18 COULAIS BRUNO 124 COXET JEREMY 26 CRÉDIT AGRICOLE 42 CREDIT SUISSE 42 CREDITREFORM LUXEMBOURG 44 CREOS 30 CROISEAUX FABRICE 115 CRP SANTÉ 80 CSSF 38, 44 CSV 16, 17, 18, 20, 37 CTIE 52 CURIE MARIE 80 CUSHMAN & WAKEFIELD 31

D

D’LAND 20 D2P 49 DACQUIN FRANÇOIS 42 DAGLI ATELIER D’ARCHITECTURE 30 DANIEL BARBARA 108 DANONE 22 DATAWORDS 26 DE CALLATAŸ ÉTIENNE 38 DE RIDDER CHRISTINE 109 DÉI GRÉNG 16, 18 DELGOFFE JIMMY 118 DELOITTE 114, 118 DELVAL ANNE-CLAIRE 28 DELVAUX 34 DENAYER LAURENT 26 DETAILLE MICHÈLE 39 DICKES CARLO 24 DIESCHBOURG CAROLE 16 DIGIPROD 26 DIGITAL LËTZEBUERG 52 DIMENSION DATA LUXEMBOURG 22 DOCLER HOLDING 29, 34 DP 16, 18, 20 DREES & SOMMER 30 DRESCHER JACQUES 16 DSL DOCUMENTS SOLUTION 12, 13 DSM AVOCATS À LA COUR 30 DVORÁK ANTONÍN 122

E

E-LËTZEBUERG 52 EATRIS 80 EKABE 22 ENGEL GEORGES 16 EORTC 80 EQUILIBRE 46 ERPELDING JEANNOT 44 ESANTÉ 80 ESPIGARES ALEXANDRE 124 EURAXESS LUXEMBOURG 108 EVRARD FRÉDÉRIK 109 EY LUXEMBOURG 107

F

FACEBOOK 66 FAGE 16 FÉDÉRATION DES JEUNES DIRIGEANTS D’ENTREPRISE 24 FÉDÉRATION NATIONALE DE LA MUTUALITÉ LUXEMBOURGEOISE 18 FEDIL 16, 22 FEIERKROP 16 FFCEL 66 FISCHER 94 FLORIO BENITO 28 FONDATION HÔPITAUX ROBERT SCHUMAN 47 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 48, 44 FONDS NATIONAL DE LA RECHERCHE 80, 109 FRANÇOIS STÉPHANE 22 FRITSCH MATHIAS 22

G

GÁL HANS 122 GALBANI 22 GALBATS PATRICK 122 GAUDIN DOMINIQUE 34 GENFIT 80 GEORTAY PATRICK 38 GIRA CAMILLE 66 GLOD JOS 22 GOOGLE 52, 66 GRAMEGNA PIERRE 42 GRAND THÉÂTRE DE LA VILLE DE LUXEMBOURG 34 GRAPHISTERIE GÉNÉRALE 34 GRISIUS CLAUDIE 94 GRISIUS STÉPHANIE 94 GROUPE ALIPA 39


INDEX

H HALMES-COUMONT CLAUDIA 42 HANSEN CHRISTOPHE HANSEN MARC HAVAS MEDIA GROUP BELGIUM HENCKES NICOLAS HENGEN MARC HERMES

I

44 20 34 24 38 4, 5

IBBL 80 IBM 80 ICN DEVELOPEMENT 30 IDEA 39 IDP 32, 33, 34 IMMO LUXEMBOURG 30, 34 IMPRIMERIE CENTRALE 41 ING 30, 34 INITIATIVE DE PRÉVENTION DE LA HAINE 46 INOWAI 30 INSERM 80 INTECH 109, 115 IP PRODUCT!ONS 34 ISBER 80

J

JACOBS JULIE JACQUES STREFF JANOT CATHERINE JUNCKER JEAN-CLAUDE

K

44 27 114 20

KAUFFMAN PASCALE 34 KAUFFMANN BERTRAND 107 KERSCH DAN 16, 20 KEWIDO 34 KEYTRADE 132 KIHN PIERRE 34 KINEPOLIS 34 KINUGASA KENNY 114 KIRSCH, LE BOUCHER 34 KNAUF 16, 22 KOULOVATIANOS CHRISTOS 48 KPMG 24, 131 KRIEPS VICKY 130 KUTH FRANÇOISE 22

L

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK & TRUST 22 LABORATOIRE NATIONAL DE LA SANTÉ 80 LACTALIS 22 LAGARDE CHRISTINE 48 LALUX 42 LEFEBVRE LAURENT 40 LEGATUM INSTITUTE 44 LEHMANN SABINE 80 LEHNERT TOMMY 109 LEISTEN HEINER 38 LEJEALLE BLANDINE 46 LEMAIRE DAMIEN 34 LES PANIERS DE SANDRINE 28 LESAGE THIERRY 106 LÉVY MAURICE 34, 37 LEX THIELEN & ASSOCIÉS 30 LHOFT 37, 52 LIBENS EDMOND 112 LIDL 22

LIH 80 LILITH PROJECT 85 LINKLATERS LUXEMBOURG 38 LISER 44, 46 LIST 52 LISZT FERENC 122 LOLA COMMUNICATION 34 LOSCH LUXEMBOURG 34 LSAP 16, 18, 20, 24 LUXAIR 23, 34 LUX-AIRPORT 30 LUXCADDY 123 LUXCONNECT 109 LUXEMBOURG CENTRE FOR SYSTEMS BIOMEDICINE 80 LUXEMBOURG CLUSTER INITIATIVE 108 LUXEMBOURG HOUSE 66 LUXEMBOURG TECH SCHOOL 52 LUXEMBURGER WORT 16 LUXEXPO THE BOX 110 LUXINNOVATION 37, 52, 108 LUXLAIT 22 LUXURIANT 22

M MACKEL NICOLAS

52 MACRON BRIGITTE 66 MAGNUM 122 MAISON MODERNE 34, 37 MARKS & CLERK LUXEMBOURG LLP 109 MCCARTHY PADRAIG 22 MEDIA MARKETING 34 MEDIASPECS 50 MERKEL ANGELA 17, 66 MESTAT ALAIN 40 MEYER ALAIN 114 MFPRA 52 MIKADO PUBLICIS 34 MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE 16, 22, 80 MINISTÈRE DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES 34 MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT 16 MINISTÈRE DE LA JUSTICE 34 MINISTÈRE DE L’EINSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE 80 MINISTÈRE DE LA SANTÉ 80 MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE 18 MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 44 MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES 34 MIPIM 30 MITCHELL SOPHIE 114 MODERT OCTAVIE 16 MONNAT ANDREEA 109 MOSKITO 34 MOULINS DE KLEINBETTINGEN 94

MOUSEL 112 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

MOUSEL FRANÇOIS 48 MUDAM 80 MULLER BENITA 28 MULLER CAROLE 94 MULLER CLAUDE 24 MUTLU MURAT 34 MUTSCH LYDIA 16 MYPRIVATEBANKING.COM 42

N

NATI ROMAIN 16 NESTLÉ 22 NETHUNS 22 NEY ADRIEN 23 NILLES CHARLES 24 NOTHUM THIERRY 34

O

OAI 30 OFFICE DU DUCROIRE 8 OFFICE FREYLINGER 34 OGBL 24 OLINGER JEAN-PAUL 24 OPL 124 ORANGE LUXEMBOURG 22 ORCADIA ASSET MANAGEMENT 30 OUNI 28

P

PALL CENTER 66 PANELUX 94 PASTEUR LOUIS 80 PAUL WURTH 52 PAYPAL 52 PEINTURE ANTONY 34 PINGEON SANDRINE 28 PLAN K 34, 118 POLICE GRAND-DUCALE 34 PORTEOUS HILARY 124 POST 52, 22 PUBLICIS 34 PUF 37 PWC 21, 28, 48, 57, 107

SCHNEIDER ROMAIN 16 SDIKA LAURENCE 44 SECCI FABIO 18 SÉCURITÉ ROUTIÈRE 34 SEILLÈS CAMILLE 106 SES 52, 22 SHOSTAKOVICH DMITRI 122 SICURANI PASCALE 107 SKYPE 52 SNCI 43 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 42 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK & TRUST 107, 114 SOCOM 30 SODEXO PASS 71 SOMACO 30 SONY 80 SOTH ALEC 122 SOURCES ROSPORT 34 SPUERKEESS 34 STAHL HJOERDIS 22 STATEC 20, 44 STEFFEN TRAITEUR 34 STOFFEL NICKY 16

T

TALKWALKER 52 TANGO 34 TECHNOPORT 37 TÉTRIS LUXEMBOURG 114 THE RECRUITER 115 THELEN CARLO 30 THEMIS LEX 107 TOMORROW STREET 52, 114 TOOLBOX 34 TOP EMPLOYERS 22 TRAUFFLER GASTON 108 TRAVERSINI ROBERTO 16 TRIPADVISOR 26 TRUMP DONALD 39 TSCHIRHART ERIC 108

U

UBS 42 UME 26 UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES 24 UNIVERSITÉ DE BERKELEY 38 UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG 34, 48, 80, 108

V, W Q, R VANKSEN 26 QUILVEST 26 RATAS JÜRI 52 RAWDISH 28 REUTER NATHALIE 34, 37 REY HUGUES 34 RIES ANNE-CATHERINE 52 RIFKIN JEREMY 48 RIVIÈRE ANNE 109 RODESCH ALBERT 16 RTL 16, 34, 37, 52

S

SABBAGH KARIM MICHEL 22 SANITAS NICOLAS 109 SANOFI 80 SARKOZY NICOLAS 17 SAS BELUX 109 SAUMUR CRYSTAL CLUB 129 SCHNEIDER ÉTIENNE 16

VILLE DE LUXEMBOURG 30, 112 VINCENT VERLAINE 121 VODAFONE 52 VOL(T)AGE 94 VOUS 34 WAGNER LUC 114 WALTZING GAST 124 WERNER PIERRE 37 WICKLER CHRISTIANNE 66 WILI 34 WILLEMEN GROEP 30 WILLEMEN REAL ESTATE 89 WINKIN RENÉ 16 WISELER CLAUDE 17 WIWINIUS JÉRÔME 42 WUNSCH THIERRY 24

Mars 2018 —

­ — 127


OURS

Mars 2018 dir ecteur de la publication

Richard Karacian r édacteur en chef

Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.com   @traizer1

RÉDACTION

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STUDIO GRAPHIQUE

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Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Richard Karacian, Mike Koedinger, Guido Kröger et Etienne Velasti.

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conseil d ’a dministr ation Mike Koedinger (président), Jean-Claude Bintz (vice-président), Richard Karacian, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).

Stéphanie Poras-Schwickerath mise en page

Marielle Voisin (coordination), Christelle Aron, Cassandre Bourtembourg, José Carsí, Stéphane Cognioul, Eva Pontini, Hadi Saadaldeen

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photogr a phes

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128 —

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­— Mars 2018

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CELEBRATING LUXEMBOURG VICKY KRIEPS

« J’espère que LE Luxembourg est aussi fou, compliqué, mouvant… » EN BREF Une étoile est née

Née en 1983 à Luxembourg, Vicky Krieps a été formée au Conservatoire de Luxembourg et à la Zürcher Hochschule der Künste. Elle a tourné dans de nombreux courts et longs métrages au Luxembourg et s’est fait progressivement remarquer dans des coproductions internationales (Möbius, Avant l’hiver, Colonia), puis des films allemands.

130 —

­ — Mars 2018

le réalisateur que mon personnage venait du Luxembourg. À Berlin où je vis, on ne me pose pas de questions sur le Luxembourg. Comment se positionne l’image du Luxembourg à l’international, du point de vue du cinéma ? Je crois que l’image est encore à venir. Luxembourg est un pays « fiable, dynamique et ouvert ». Reconnaissez-vous votre pays dans ces mots-clés retenus par le gouvernement ? Je n’aime pas beaucoup les étiquettes et les qualificatifs. Je pense qu’aucun pays ne peut être réduit à trois adjectifs. Je trouverais ça triste si ce n’était que ça. J’espère que le Luxembourg est aussi fou, compliqué, mouvant… Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg ? Les gens n’ont pas vraiment d’idée précise du Luxembourg. Beaucoup ont en tête des

Lors de la soirée Celebrating Luxembourg, Maison Moderne lui a décerné le Newcomer Award dans le tableau Culture.

anecdotes des années 1970, avec RTL que tout le monde écoutait, les vols vers New York… Pour les Allemands, le Luxembourg était l’endroit où trouver des produits français. Maintenant, c’est le côté ouvert et international qui ressort en général. Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Grand-Duché ? Que c’est un très beau pays, nourri de beaucoup d’histoires. » F. C.

PHOTO DR / Edouard Olszewski

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aison Moderne continue à mettre en avant les ambassadeurs du pays au travers de Celebrating Luxembourg. La comédienne Vicky Krieps crève l’écran dans Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, où elle donne la réplique à un Daniel Day Lewis subjugué. Vicky Krieps, en tant qu’actrice, vous contribuez au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois ? Mmm, maintenant que vous me le dites ? C’est vrai que lors des interviews pour la sortie du film, la presse américaine était très amusée et intriguée par le Luxembourg. Beaucoup trouvaient ça fascinant de venir de ce pays et voulaient venir voir. Même si on ne le dit pas dans le film, il était clair pour

Alma, dans Phantom Thread, est son premier rôle à Hollywood. La presse américaine a été dithyrambique sur sa prestation.


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