PA P E R JA M . L U • AV R I L 2018
Au bon poste H J O E R D I S
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POLITIQUE Pas de place pour tout le monde
ENTREPRISES RGDP, mise en conformité en cours
PLACE FINANCIÈRE La loi Ucits, 30 ans plus tard
S T A H L
ÉCONOMIE Les business angels demandent un cadre commun
ÉDITO
Fuites en avant L
a révélation de l’utilisation massive et surtout non consentie de données personnelles par le cabinet britannique Cambridge Analytica au détour d'une app disponible sur Facebook est symptomatique d’une société qui, si elle n’est pas à l’aube d’un nouveau chapitre de son histoire, n’a pas encore trouvé de point d’équilibre entre l’usage de données et leur protection. Nos données, celles d’utilisateurs de services en ligne souvent gratuits et qui acceptent volontiers de laisser une application les « géolocaliser », sont devenues de véritables « actifs » dans le monde digital. Si Facebook n’avait pas été aussi ancré dans l’usage quotidien de ses millions d’utilisateurs qui en sont parfois dépendants, la marque aurait perdu toute crédibilité. La crainte d'avoir mauvaise réputation est pourtant en tête des préoccupations des CEO ; celui de Facebook aura réagi tardivement pour admettre, in fine, des erreurs. Utilisateur ou émetteur de données, ce scandale révèle aussi combien chacun a une part de responsabilité dans l’alimentation – parfois insaisissable – des acteurs du net en indications concer-
Thierry Raizer Rédacteur en chef
nant tantôt notre univers professionnel, tantôt notre vie privée. La propagande a toujours eu ceci de déroutant qu’elle peut se confondre avec une information digne de ce nom tant les experts en contre-vérités sont capables de les rendre crédibles. Or l’affaire Cambridge Analytica et le recours du candidat Trump à ses services pour profiler et donc influencer les électeurs durant la campagne présidentielle s’apparente à l’émergence d’une propagande d’un nouveau genre. Fût-elle à des fins démocratiques – très discutables dans ce cas –, elle pose question. Et c’est là l’autre enjeu mis en lumière par ces fuites de grande ampleur. Les citoyens qui ne disposent pas de l’éducation suffisante pour discerner la « fake news » de l’information journalistique sont autant de masses qu’il est désormais possible de toucher voire avec une précision déconcertante. Seronsnous tous « sous influence » à l’avenir ? Comment différencier une information relayée par un média crédible d’une « fake news » colportée par des informateurs de l’ombre ? L’appétence naturelle des jeunes générations pour le
monde digital doit être contrebalancée par une sensibilisation aux nouveaux codes de notre époque. Dans un monde où chacun dispose d’un accès à un flux en ligne mélangeant les genres, l’école et la sphère familiale doivent s’adapter pour faire en sorte que les jeunes générations préservent un esprit critique et soient des citoyens ouverts sur le monde grâce à ces outils plutôt que repliés dans des idées nauséabondes qui se retrouvent aussi dans le vaste espace de l’internet. Aux utilisateurs de prendre leurs responsabilités, aux responsables politiques d’adapter un logiciel législatif à la norme digitale.
La conversation continue en ligne : @paperJam_lu Paperjam Paperjam Group
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SOMMAIRE
Avril 2018
ESPRESSO
CONVERSATIONS
ENVIES
POLITIQUE
Opinion 15
14 Représentation des étrangers Le CNE attendu au tournant
Carrières 18
Des risques d’une crise ?
16 Législatives 2018 Pas de place pour tous 18 Visite d’État en France Un peu mieux qu’avant
RGPD
Mise en conformité au RGPD
PHOTOS & ILLUSTRATIONS SIP / Charles Caratini, Tae Kim (Maison Moderne), Mike Zenari, Maison Moderne / Shutterstock
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ENTREPRISES
Saga 22
20 RGPD Entre préparation et appréhension
26 Stratégie Luxaviation soigne sa marque
22 Transformation digitale Et l’humain dans tout ça ?
28 Conférence La force de la parole confirmée
24 Avocats Défendeurs à double titre
30 Logistique Rien ne sert de prédire
PLACE FINANCIÈRE 32 Fonds Une trentenaire mature 36 Private equity Auprès de l’économie réelle 38 Banques La bataille du digital 40 Private equity L’alternative Transparency Capital
ÉCONOMIE 42 Développement De la start-up nation à la private investor nation 44 Nouvelles technologies Trop de communication tue la motivation ?
Sales-Lentz, 70 ans au compteur
Elevator pitch 24 Tetrao
Du challenge à la solution 26 Automatiser des processus
CEO selfie 30
Stéphane Gidenne
Carrières 30 Opinion 33
Investissements durables, phénomène de mode ?
Buzzword 36
Robo-advisors
Picture report 38 PwC Banking Day
Carrières 40
Luxembourg performance index 43 Droit du travail 44
Télétravail et droit à la déconnexion
Carrières 46
46 Industrie À l’ère du renouveau
Avril 2018 —
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ROBE
229,95
SOMMAIRE
Avril 2018
ESPRESSO
CONVERSATIONS
ENVIES Hjoerdis Stahl
« ne pas fermer les yeux au changement » Confrontée au déclin du courrier traditionnel, Hjoerdis Stahl, récemment nommée directrice générale adjointe de Post Luxembourg, met à profit son expérience acquise dans le fret aérien pour faire du groupe un expert de la logistique appliquée au commerce en ligne.
PHOTOS Phaedra Brody, Anthony Dehez, Jan Hanrion (Maison Moderne), Matic Zorman
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Félix Braz
« Un gouvernement qui débat beaucoup en son for » Le ministre de la Justice (Déi Gréng) donne l’image d’un personnage discret, et davantage « gris » que « vert ». Il revendique son choix de faire preuve de sérénité, d’où son silence en ce début de campagne électorale.
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Bavardage
François Bausch et Nicolas Buck Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch (Déi Gréng), et le président de la Fedil, Nicolas Buck, échangent sur la croissance et le développement durable.
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Reportage
La Bourse et la vie À l’occasion des 90 ans de la Bourse de Luxembourg, notre photographe Matic Zorman a suivi son CEO, Robert Scharfe, dans les couloirs d’une institution en perpétuelle mutation.
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SOMMAIRE Dossier digital 108 Index 126 Ours 128 Celebrating Luxembourg 130
Avril 2018
ESPRESSO
CONVERSATIONS
ENVIES Argent comptant Pit Hentgen
« Les petits plaisirs ne coûtent pas cher » Pour le directeur général du groupe d’assurances Lalux, l’argent ne doit pas être la valeur centrale qui guide nos actions. L’une de ses devises, empruntée à Alexandre Dumas : « L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître. »
114 Compétences Profils
Style Printemps
Architecture Maison unifamiliale
Culture Danse
Restaurant À table avec
Comment décrypter cette génération qui représente désormais plus de la moitié de la main-d’œuvre mondiale ?
Le fondateur de Value Associates et la responsable Communication des Théâtres de la Ville de Luxembourg ont composé un look printanier.
L’architecte Stan Berbec’ est intervenu sur une maison de ville pour la restaurer et la transformer en douceur.
Le festival Les Émergences initié par le Trois C-L permet de découvrir les jeunes talents de la danse contemporaire au Luxembourg.
Christiane Kremer, à la tête du département Culture au sein de RTL, nous détaille les enjeux de la culture à la télé et à la radio. Partageons son déjeuner au restaurant Tempo.
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124
Tirer profit des millennials
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Manuel Baldauff et Miriam Rosner
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Transformation en douceur
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Les nouveaux visages de la danse
Christiane Kremer
PHOTO Edouard Olszewski
IL Y EN A PLUS
Ce mois-ci avec Paperjam : le supplément MICE
ET AUSSI
La Clubletter Avril 2018 —
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BRAND VOICE
POST LUXEMBOURG
Une solution ICT tout-en-un pour les PME L’année dernière, POST a lancé ConnectedOffice, une solution clés en main qui répond aux besoins des petites et moyennes entre prises (PME) en termes d’ICT et de télécoms. POST assure la gestion complète de la solution, le client peut ainsi se concentrer entière ment sur son cœur de métier.
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IDENTIFIER LES BESOINS DES PME
« Les PME sont actuellement confrontées à ce que l’on appelle la transformation digitale. Ce phénomène remet en question leurs méthodes de travail et elles n’ont pas d’autre solution que de s’y adapter pour rester compétitives. » Cliff Konsbruck Directeur, POST Telecom
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« Les PME sont actuellement confrontées à ce que l’on appelle la transformation digitale. Ce phénomène remet en question leurs méthodes de travail et elles n’ont pas d’autre solution que de s’y adapter pour rester compétitives, explique Cliff Konsbruck, directeur de POST Telecom. Or, la plupart du temps, ces entreprises n’ont ni les compétences, ni les ressources pour ce faire. Nous avons donc développé la solution ConnectedOffice qui couvre une grande partie sinon tous les besoins en ICT et télécoms auxquels les PME sont confrontées au quotidien. » La solution concerne les réseaux internet, la téléphonie (fixe et mobile), les réseaux infor matiques et leur sécurisation, sans remettre en question l’infrastruc ture IT de l’entreprise.
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UNE OFFRE COMPLÈTE
ConnectedOffice propose une connectivité unique sécurisée, basée sur une infrastructure simpli fiée pour accéder à la téléphonie sur IP, l’internet ultrahaut débit sécu risé, le Managed Wifi ou encore un VPN sécurisé pour les entreprises multisites et les collaborateurs en télétravail. En matière de télépho nie, la solution propose notamment un numéro unique pour téléphones fixes et mobiles, permettant aux collaborateurs d’être joignables sur un même numéro, qu’ils soient au bureau ou sur la route. Des forfaits de communication mobile tout inclus, au Luxembourg et en Europe, com plètent l’offre.
BRAND VOICE
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UN PRODUIT SUR MESURE
« La solution ConnectedOffice est entièrement personnalisable et configurable selon les besoins du client », détaille Cliff Konsbruck. Elle répond ainsi aux besoins des PME, aussi bien en termes de prix que de fonctionnalités. Différents types d’équipements sont proposés en fonction de la taille de l’entreprise, allant de 2 à 50 employés. La solu tion offre par ailleurs de multiples options, notamment une solution de téléphonie appelée Cloud PBX. Celleci consiste en une centrale télécom virtualisée dans le cloud de POST Telecom. Ainsi, le client n’a pas besoin d’une solution physique installée chez lui. CloudBizz permet au client de retrouver l’ensemble de son IT (serveurs, desktops virtualisés, etc.) dans un environnement cloud de POST. « Managed Printing » est une option de gestion de l’impres sion assurée par POST : l’entreprise installe les imprimantes dont son client a besoin et ce dernier est fac turé en fonction de son utilisation des machines.
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UNE SOLUTION ENTIÈREMENT GÉRÉE PAR POST
Parce que les PME n’ont ni le temps ni les ressources pour s’occuper de leur réseau ICT, POST manage et gère la solution à distance. Le client peut ainsi se concentrer sur son cœur de métier. Il dispose par ail leurs d’un tableau de bord qui lui permet de voir, à tout moment et en temps réel, ce qui se passe sur le réseau (état de la connexion, utilisa tion de la connexion, trafic, etc.) et d’avoir un œil sur ses performances. Un interlocuteur unique est à son écoute pour tous les services chez POST. Il est disponible 24h/24 et 7j/7.
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PERFORMANCES RÉSEAU
Les données des clients Connected Office sont stockées dans les ser veurs sécurisés et redondants de POST, basés dans des data centers au Luxembourg. Au GrandDuché, POST est l’entreprise qui dispose du plus grand nombre de centres de données certifiés Tiers IV (le plus haut niveau de garantie qu’un data center puisse offrir avec une disponibilité de 99,99 %). Le client ConnectedOffice n’a ainsi plus besoin de se soucier des backup. « Il peut se concentrer, l’esprit tranquille, sur son business », conclut Cliff Konsbruck.
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Profile analysis
Job profile
By analysing a combination of behaviour, attitudes and values, obtain an impartial picture of your candidate and his ideal work environment.
By evaluating the candidate against the job profile, gain a comprehensive assessment of their dissensions and compatibilities to make an informed hiring decision.
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Stress quotient
By identifying individual and workplace stress in seven index factors, learn how to address stress and influence collective productivity and workplace satisfaction.
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Innovative solutions for Human Ressources. Lilith Project provides HR services for companies, selecting, evaluating and training their employees. Based on products from TTI Success Insights*, Lilith Project allows the leader to streamline the recruitement and achieve a maximum productivity.
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espresso conversations envies Intense en apparence, le débat électoral qui mène aux législatives d’octobre est pourtant malmené. Illustration en page 16. Quelles obligations avec le RGPD ? Rappel en page 20 des rôles et des obligations de chacun, en prélude à la date fatidique du 25 mai. En page 32, retour sur l’épopée Ucits, qui anime le secteur des fonds depuis 30 ans. L’Europe ne doit pas laisser partir ses start-up, préviennent les business angels en page 42. Avril 2018 —
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POLITIQUE
POLITIQUE Chamberleaks Des failles de sécurité sur le site internet de la Chambre des députés donnant accès à des milliers de documents, notamment internes, étaient révélées le 7 mars par 100,7. Dans ce qu’elle a appelé les « Chamberleaks », la radio publique a assuré avoir traité les documents dans l’intérêt public et le respect de la vie privée. Tandis que la Chambre a saisi la justice, l’affaire soulève non seulement des lacunes dans la gestion de la sécurité des systèmes d’institutions et administrations publiques, mais également – une fois de plus – en ce qui concerne la législation relative aux lanceurs d’alerte. Candidats Les listes électorales des partis prennent forme. On apprenait enfin le 13 mars que l’eurodéputée du CSV, Viviane Reding, fera la course au centre, aux côtés du chef de file Claude Wiseler. Ils affronteront les chefs de file du DP, Xavier Bettel, et du LSAP, Étienne Schneider. Stagiaires Le gouvernement adoptait le 2 mars la loi portant introduction des stages pour élèves et étudiants, censée « éliminer un vide juridique et clarifier la situation ». Le texte a été élaboré conjointement par le ministre du Travail Nicolas Schmit (LSAP)
et l’Acel (Association des cercles d’étudiants luxembourgeois). Ces derniers saluaient un texte qui faciliterait l’accès aux étudiants à des stages nécessaires pour se constituer une expérience. Ils renonçaient en revanche à des rémunérations obligatoires pour les stages dans le contexte d’études ou les stages à durée inférieure à un mois. La CGFP ravie du DP La Confédération générale de la fonction publique (CGFP) saluait le 21 février la proposition du DP de réduire la période de stage (actuellement en trois années à rémunération réduite). La CGFP, qui devait rencontrer le Premier ministre le 26 mars, a réclamé une action du gouvernement avant les élections du 14 octobre. Pas de problème La politique affichait le 1er mars, lors du débat de consultation sur le logement, une modeste volonté d’agir. Les différents partis évoquaient leurs préférences respectives pour des « pistes », sans pour autant proposer de réel changement de cap. Selon le ministre du Logement Marc Hansen (DP), 75 % des Luxem bourgeois seraient propriétaires, dont un tiers multipropriétaires. L’augmentation des prix ne serait ainsi pas un problème pour tous, certains n’en seraient au contraire « pas mécontents ».
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
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REPRÉSENTATION DES ÉTRANGERS
Le CNE attendu au tournant Le Conseil national pour étrangers récemment constitué veut repartir sur de bonnes bases et surmonter un passé tumultueux.
Melting-pot Le Grand-Duché compte 47,7 % de résidents étrangers. Le CNE a donc un rôle important à jouer dans leur intégration.
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éritier du Commissariat du gouvernement aux étrangers né en 1993, officiellement créé en 2008, le CNE aurait pu devenir un organe incontournable dans un pays dont la proportion de résidents étrangers dépasse les 47 %. Force est de constater qu’il se cherche toujours. Si l’équipe sortante a essuyé de nombreuses critiques, les mandats précédents ne faisaient pas non plus l’unanimité. Avec comme principales victimes les résidents étrangers confrontés à un porte-voix défaillant, particulièrement lors du référendum de 2015. 2017 devait être l’année du renouveau, avec de nouvelles élections en juillet. Sauf que l’élan donné par l’arrivée de chair fraîche a quelque peu été douché par l’interminable attente de la nomination des représentants de corps constitués (patronat, syndicats, société civile, Syvicol et un
représentant des réfugiés). Ce n’est que fin janvier 2018 que la ministre de la Famille, Corinne Cahen (DP), a pu signer l’arrêté de nomination définitif.
SIX COMMISSIONS
Mais depuis, le nouveau CNE semble déterminé à se mettre à l’ouvrage. Le président et la vice-présidente élus fin janvier, Franco Avena et Claire G eier- Courquin, ont planché sur la structuration du CNE, et la création de six commissions a été adoptée fin février : liaison avec les commissions consultatives communales d’intégration ; migrants et frontaliers ; réfugiés et demandeurs de protection internationale ; jeunes, éducation et formation continue ; participation civique et liaison avec les associations ; et enfin, seniors. « Nous avons choisi des sujets qui adhèrent au plus proche de la vérité du pays », souligne M. Avena. La réunion du
PHOTO Jenna Theis (Maison Moderne)
DIGEST
POLITIQUE OPINION
DES RISQUES D’UNE CRISE ?
BUREAU
UN « NOYAU DUR » POUR PLUS D’EFFICACITÉ
PHOTOS Edouard Olszewski
Franco Avena, vice-président du CNE entre 2007 et 2012, suppléant entre 2012 et 2017, avait une idée claire en se présentant à la présidence du CNE en janvier : « Il faut que le président et le vice-président constituent le noyau dur du CNE. » Un noyau qui s’appuiera sur un bureau composé des rapporteurs des six commissions permanentes — nommés le 28 mars, après le bouclage de ce Paperjam. Nouveauté : le bureau accueillera également trois juristes afin de consolider les aspects juridiques des avis et propositions émis par le CNE. Un gage de sérieux encourageant.
28 mars devait entériner la composition de chaque commission, dont le rapporteur entrera de fait dans le bureau du CNE. La présidence mise sur l’« efficacité », avec la fixation d’objectifs pour 2018 et une respon sabilisation des différentes commissions. « Les commissions vont étudier et élaborer les différents sujets et les remonteront à la présidence, qui les soumettra à la réunion plénière », poursuit M. Avena. D’autres groupes de travail devraient également voir le jour, par exemple pour s’occuper de la communication interne et externe du CNE, de la problématique des binationaux, ou encore des langues. Et le calendrier s’accélère, avec un premier avis sur le Plan d’action national pluriannuel d’intégration, sollicité par l’Olai (Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration, ndlr) fin janvier pour la mi-mars. Signe que le ministère de la Famille et de l’Intégration veut faire bonne figure. Corinne Cahen (DP) a d’ailleurs donné son feu vert au CNE pour qu’il soumette ses propositions d’amélioration de son fonctionnement, selon sa réponse à une question parlementaire du député David Wagner (Déi Lénk). Une nouvelle chance pour le CNE de prendre son destin en main et d’offrir aux résidents étrangers une vraie place dans le paysage politique luxembourgeois, en attendant qu’un gouvernement courageux se ressaisisse de la question de leur droit de vote. C. F.
« DES IMPRÉVUS PEUVENT TOUJOURS ARRIVER » FERDY ADAM ET MICHEL GELLER Économistes à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Statec)
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rédire une crise financière est impossible, et encore moins sur 10 ou 20 ans », lance Ferdy Adam, membre du comité de direction du Statec. Si le contraire était vrai, il ne s’agirait plus d’une crise. En revanche, le responsable de la « modélisation et des prévisions » explique que le Statec est sur le point de finaliser une étude censée « produire des prévisions des prochains ‘turning points’, c’est-à-dire quand l’économie atteint le bout de son cycle ». Le responsable de l’étude, Michel Geller, estime d’ailleurs que l’Union européenne « se dirige » vers une fin de cycle économique. Il rassure néanmoins sur le fait que « les signes sont encore très faibles, donc je ne dirais vraiment pas qu’il faut s’attendre à une crise en 2018 ou 2019. Fin 2019, 2020, cela devient plus probable. »
Dans le contexte de la zone euro, les responsables du Statec évoquent en outre l’inflation, qui n’a pas encore réellement augmenté, le chômage, qui ne vient que d’atteindre la moyenne de long terme, et les investissements, qui n’ont pas encore atteint un niveau élevé. La reprise économique n’ayant que commencé à se porter elle-même, cela indiquerait que la phase de « boom » ne fait que commencer. « Dans cet état des choses, il est plutôt improbable qu’il se passe quelque chose d’imprévisible. Cela dit, des imprévus peuvent toujours arriver », ajoutent les économistes. D’une manière générale, ces derniers estiment que lorsque l’économie va bien, il peut être utile de se doter d’une « force de frappe » pour que, lorsque la croissance chute, l’État puisse relancer l’économie.
« ON EST BEAUCOUP PLUS STABLES QU’ON NE L’ÉTAIT AVANT » SERGE DE CILLIA CEO de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL)
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n cycle économique se caractérise par des hauts et des bas, explique le CEO de l’ABBL. Outre le risque d’« accidents », qui peuvent être externes ou provenir de maisons mères, les éléments qui peuvent influencer le cycle sont la politique monétaire des banques centrales, les évolutions des portefeuilles sous gestion, le changement de comportement des clients et les risques de réputation, auxquels le Luxembourg serait toujours exposé. Cela dit, en termes de solidité du secteur bancaire, Serge de Cillia estime qu’elle a été renforcée depuis la dernière crise. « Nous sommes extrêmement bien capitalisés », explique-t-il. En matière de solvabilité, les banques de la Place auraient des dotations en fonds propres à hauteur de 25 % des bilans, et en 2016, 55 % des bénéfices réalisés auraient été mis de côté. Pour résumer :
« Non seulement nous avons davantage de fonds propres, mais en plus, la qualité des fonds propres est top. » S’y ajoutent toutes les mesures « imposées aux banques » en termes de compliance et de transparence fiscale. « On est beaucoup plus stable qu’on ne l’était avant », déclare le représentant des banques. En cas de hauts et de bas, Serge de Cillia estime qu’« il faut essayer d’anticiper un retour, et puis avoir suffisamment de coussins pour neutraliser l’impact négatif ». Ce serait d’ailleurs « tout le talent des risk managers, qui est mis à contribution dans les bilans des banques et dans le comportement de notre personnel envers la clientèle ». Et de conclure : « On a été prudents par le passé, mais nous n’avons pas tout fait. Désormais, le banquier luxembourgeois se caractérise toutefois par la prudence. »
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POLITIQUE
PAS DE PLACE POUR TOUS À six mois d’un scrutin sans précédent, le sérail politique est en ébullition. Le débat de précampagne autour de l’identité, de la langue et de la croissance peine à être mené ou est malmené.
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ous faites peur aux gens ! » – « Non, vous faites peur aux gens ! » Le moment fort – dans une perspective de divertissement – d’une table ronde animée par Caroline Mart sur RTL le 15 mars, intitulée « De combien de luxem bourgeois notre pays a-t-il be soin ? », était l’échange entre le ministre du Travail, Nicolas Schmit (LSAP), et Fred Keup. Le chef du mouvement Wee2050 / Nee2015 (Chemin2050 / Non2015), qui avait mené la campagne du « non » au droit de vote pour les résidents étrangers lors du référendum de juin 2015, a annoncé le 2 mars qu’il se présenterait sur une liste ADR aux législatives d’octobre prochain. Le parti conservateur et identitaire, en perte de sièges au Parlement lors des derniers scrutins, s’est réjoui d’accueillir l’enseignant de géographie, qui se veut le représentant du « mi lieu » en ce qui concerne l’importance de la langue luxembourgeoise et l’initiateur du débat sur la croissance. Si l’initiative de RTL de con fronter M. Keup à cinq autres politiciens risque d’avoir renforcé les supporters de l’ADR dans leur sentiment d’être étiquetés comme racistes ou extrémistes, elle aura tout de même permis, notamment à Claude Meisch (DP), également invité par RTL, de rectifier certaines affirmations. Le ministre de l’Éducation nationale a ainsi expliqué que 11.000 personnes sont inscrites à des cours de luxembourgeois, et non 5.000, comme l’estime Fred Keup. Le ministre a également démenti avoir introduit le français dans les crèches, alors que, justement, le gouvernement a obligé les crèches francophones à promouvoir le luxembourgeois. Par ailleurs, M. Meisch a rappelé que l’exécutif avait lancé un vaste programme de promotion de la langue nationale 16 —
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et, qu’après tout, la langue n’est pas en voie de disparition, mais de plus en plus parlée.
« NOUVELLE MODESTIE »
Pour Fred Keup, tout cela ne suffit évidemment pas. Le candidat de Wee2050 / Nee2015 juge qu’en parlant aux gens, on se rend bien compte que de moins en moins d’habitants parlent le luxembourgeois, dans les rues de la capitale notamment. Même son de cloche en ce qui concerne le débat sur la croissance qualitative, sélective ou incontrôlée, selon les adjectifs évoqués ces derniers mois. Il serait impossible, selon M. Keup, d’accueillir 13.000 nouveaux résidents et 5.000 à 8.000 frontaliers par an pour aboutir dans 25 ans à un Luxembourg de plus d’un million d’habitants, tant au niveau des infrastruct ures que de la cohésion
sociale. Si les prophéties risquent de mal vieillir, elles reflètent néanmoins le sentiment de nombreux citoyens qui vivent mal les effets collatéraux de la croissance soutenue, que ce soient les embouteillages, les prix du logement ou certaines barrières linguistiques. L’ADR et Fred Keup ne sont pas les seuls séduits par cette thèse. Après tout, le processus Rifkin est supposé répondre en partie aux limites des ressources. Le secrétaire général du CSV, Laurent Zeimet, estimait néanmoins sur le plateau qu’il ne s’agit pas d’une solution en soi et se demande s’il ne faut pas remettre en question nos habitudes de consommation : « Sommes-nous prêts pour une neue Bescheidenheit ? » (allemand pour « nouvelle modération ») – renoncer, par exemple, à acheter une nouvelle voiture chaque année. La conseillère communale Sam Tanson (Déi Gréng) plaide pour une croissance qualitative, qui, selon elle, signifie « peser » l’impact écologique de l’emploi créé, sans pour autant indiquer comment un tel modèle de croissance ne serait pas sélectif, favorisant les plus riches et l’emploi hautement qualifié. Car, comme le soulève le Débat pensif Les six candidats aux législatives plébiscitent une croissance maîtrisée, sans apporter de solutions concrètes à ses conséquences inévitables. De haut en bas : Nicolas Schmit, Claude Meisch, Laurent Zeimet, Sam Tanson, Fred Keup et Marc Baum.
député Marc Baum (Déi Lénk), la « question centrale » est : « Qui profite de la croissance ? » Nicolas Schmit avertit que « théoriquement, on peut arrêter la croissance », en augmentant par exemple la fiscalité des entreprises, mais il faut bien être conscient du fait que le chômage augmentera – les épisodes de récession le prouvent.
LECTURE DE PLAGE
Mais qu’en est-il de l’initiateur autoproclamé du débat, Fred Keup , qui affirme ne pas vouloir chasser les entreprises ou couper dans les salaires ? Voudrait-il limiter l’immigration ou les naissances ? On l’ignore encore à ce stade, car l’intéressé veut procéder par étapes, pour reprendre les termes du chef de file du CSV, Claude Wiseler. Pour savoir comment l’ADR et Wee2050 / Nee2015 entendent compenser des manques à gagner pour l’économie ou réduire les dépenses publiques en fonction des pertes en recettes fiscales et cotisations, il faudra attendre. « On reviendra en débattre à ce moment-là », ironisent les cinq autres invités. Heureusement pour M. Keup, MM. Zeimet, Meisch, Schmit et Mme Tanson ont profité des dernières minutes du débat pour se renvoyer l’un à l’autre la faute d’avoir raté l’occasion d’adapter les infrastructures et l’aménagement du territoire à l’évolution du pays. « Il faut désormais regarder vers l’avenir », souligne Laurent Zeimet, alors que Claude Meisch conclut : « Nous ne voulons pas devenir Singapour, mais nous ne voulons pas devenir Hayange non plus. » On ne peut que se réjouir que le débat sur la croissance, qui en fait remonte à des décennies, commence à être creusé et que le niveau de vie matériel élevé commence à être remis en cause. On n’attend plus que les propositions concrètes des partis. Ceux qui chercheront cet été de la lecture de plage pourront penser aux programmes électoraux. Moins agréables à lire qu’un roman, sans aucun doute, mais compte tenu de l’importance du scrutin du 14 octobre, à recommander. F. A.
PHOTOS DR ILLUSTRATION Maison Moderne
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POLITIQUE
UN PEU MIEUX QU’AVANT
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réductrice », a constaté le GrandDuc Henri, alors que la visite d’État en France touchait doucement à sa fin. Le jour avant, le Premier ministre luxembourgeois avait estimé que les relations seraient désormais meilleures, maintenant q u’Emmanuel Macron est président de la Répu blique, car auparavant les politiciens français auraient souvent « contourné » ou « évité » le GrandDuché. La perception luxembourgeoise est néanmoins aussi réductrice quand ses représentants vont promouvoir un pays et une économie diversifiés, dynamiques et innovateurs auprès d’un pays qui est 270 fois plus grand et qui compte plus de 100 fois plus d’habitants. Cette perception est peut-être tout simplement différente, car pour Paris, 90.000 frontaliers, c’est quelque chose, mais pour le Grand-Duché, c’est énorme. Le problème se situe peut-être un peu là. En France et au Luxem bourg, on ne se met pas (ou plus) à la place de l’autre. F. A.
PRÉSENTÉES PAR
carrières Eric Anselin, 54 ans, occupe désormais le poste de directeur de l’asbl Île aux Clowns depuis le 1er janvier 2018. Ses expériences précédentes l’avaient conduit chez Broadcasting Center Europe (groupe RTL), Luxanimation, Luxair et ReachTheFirst Academy. ASSOCIATIONS & FÉDÉRATIONS
Arthur Meulman, 47 ans, prend la direction de Jobs.lu et met au service ses compétences et son expertise confirmée du recrutement en ligne en Europe, afin de poursuivre le développement de Jobs.lu aux niveaux local et international. MÉDIAS DE RECRUTEMENT
SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
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PHOTOS SIP, Charles Caratini
étrangères français, Jean-Yves Le Drian, durant la visite, mais que le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel (DP), balayait d’un ton provocateur sur À l’issue de la visite d’État du Luxembourg en France du 19 au RTL le soir même : « Je n’ai pas envie de payer la décoration de 21 mars, on peut retenir quelques gestes de part et d’autre. Mais Noël d’un maire. » ici et là, les divergences persistent. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn (LSAP), a expliqué, lui, que le Luxembourg proposerait une « enveloppe » pour cofinancer des projets précis, plutôt que de simplement verser de l’argent à la Lorraine. « Nous avons besoin des frontaliers et les frontaliers de nous », a pour sa part déclaré François Bausch (Déi Gréng) le lendemain, lorsqu’il a détaillé les intentions du gouvernement luxembourgeois en matière de mobilité des frontaliers. Le ministre du Dével oppement Le couple grand-ducal Henri et Maria Teresa à la mairie de Toulouse le 21 mars. À leurs côtés, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, le maire de Toulouse, durable avait signé l’accord Jean-Luc Moudenc, et le secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe qui prévoit le cofinancement et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne. de projets dans le ferroviaire a première visite d’État du drones et des technologies spa- à hauteur de 220 millions d’euGrand-Duc en France depuis tiales, signé le 21 mars à Toulouse. ros au total et de 20 millions 1978 – ses accueils et réceptions Les représentants des deux d’euros dans le covoiturage. Et protocolaires, ses dîners de gala, États se sont félicités – le contraire ce jusqu’en 2028. ses forums économiques et ses aurait été surprenant – des bonnes visites du campus de start-up discussions avec leurs homologues. PLUS QUE DES VOISINS, MAIS Station F à Paris, puis du Centre En revanche, les deux parties n’ont DES VOISINS QUAND MÊME national d’études spatiales et de pas pu – ni même voulu – cacher Pour ce qui est de la politique européenne, on a assisté à un la chaîne d’assemblage d’Airbus à certaines divergences. Pour commencer, il y a la cen- revirement un peu surprenant : Toulouse – a été quasiment éclipsée par les accords signés par les trale nucléaire de Cattenom. Le la France s’est ralliée – apparemgouvernements français et luxem gouvernement luxembourgeois ment pendant la visite d’État – au bourgeois lors du premier « sémi- la verrait bien fermée pour de bon Luxembourg pour demander que naire intergouvernemental », or- et propose de cofinancer des cen- les services financiers fassent parganisé le 20 mars à Matignon, qui trales d’énergie renouvelable tie des « orientations » de l’Union a réuni 8 membres du gouverne- transfrontalières. La France ne européenne en ce qui concerne ment luxembourgeois et 11 mem renoncera toujours pas à sa filiale le Brexit. En d’autres termes, le bres du gouvernement français, nucléaire, domaine dans lequel Luxembourg a protégé, selon dont le Premier ministre, Édouard elle occupe une place sur le Xavier Bettel, sa place financière podium mondial, générateur dans les négociations sur une Philippe. Un nouvel accord de non dou important d’emplois et de recettes. future relation entre l’UE et le ble imposition qui ne fait pas Il y a aussi la fiscalité ou la Royaume-Uni. l’unanimité au Luxembourg, un « compensation financière » espéCe geste n’a néanmoins rien accord de coopération adminis- rée par le ministre des Affaires changé au « scepticisme » du trative contre le dumping social Luxembourg face à la taxe « prodans le domaine du détachement visoire » du commissaire français, des travailleurs, un protocole addiPierre Moscovici, et soutenue par tionnel relatif à la coopération la France. L’imposition des scientifique et universitaire et un géants du numérique n’aurait le accord pour cofinancer des profeu vert du Luxembourg qu’une jets censés améliorer la mobilité fois que les États membres de des frontaliers de France... et pour l’OCDE se seront mis d’accord, a couronner le tout, un protocole expliqué le ministre des Finances, d’accord qui renforce la collaboPierre Gramegna (DP), dès le ration avec Airbus dans les do Retrouvez toutes les photos de la visite premier jour de la visite. La d’État sur paperjam.lu. maines de la cybersécurité, des Grande Nation serait « un peu VISITE D’ÉTAT EN FRANCE
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ENTREPRISES
entreprises DIGEST Jean-Lou Siweck chez Editpress L’ancien rédacteur en chef du Wort remplacera, au 1er mai, Danièle Fonck à la direction générale d’Editpress. Mme Fonck était rédactrice en chef depuis 2004 et directrice du groupe, qui emploie 400 personnes depuis 2011. Fintech Village SnapSwap est la première start-up luxembourgeoise à intégrer l’ING Fintech Village, un programme d’accélération de quatre mois, dans l’incubateur de la banque, à Diegem, en Belgique. Maison Moderne chez Fipp La maison d’édition de Paperjam est désormais membre de Fipp – the network for global media, qui concentre 500 entreprises média, dont Wired, Cosmopolitan, Paris Match, Buzzfeed et Politico. Luxite pour les écotech Le parc, pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes sur environ 4.000 m2 au sein du site de la Poudrerie de Luxembourg, a été inauguré. Luxite se présente comme un incu bateur pour start-up actives dans les écotechnologies. Dites Iko Ikogest a changé de nom pour devenir Iko et recentrer son implication dans le real estate.
— Avril 2018
Entre préparation et appréhension
Sa nouvelle stratégie repose sur quatre piliers : l’enjeu technologique, l’économie numérique et participative, et l’urbanisation écoresponsable, avec l’humain au cœur des projets. Nouvel écrin pour Post Post Luxembourg a dévoilé le 2 mars les contours de son futur siège, qui sera inauguré d’ici 2022, sur 27.700 m2 à l’endroit où se situait le centre postal Gare. Une enveloppe de 100 millions d’euros est prévue pour cette réalisation signée Metaform Architects. Ad interim Suite au départ surprise de Johan Vanneste pour l’aéroport de Köln / Bonn, c’est René Steinhaus, directeur commercial, qui prend temporairement la direction de Lux-Airport. SME Transfer Summit L’European SME Transfer Summit sera organisé cette année les 17 et 18 mai à la Chambre de commerce. Plusieurs thématiques seront abordées avec des experts internationaux : croissance, succession au sein des entreprises familiales, acquisitions, transactions transfrontalières, aspects juridiques… Des possibilités de networking et une marketplace complètent le programme. Infos : smetransfersummit.eu.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
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RGPD
Au cœur de toutes les interrogations depuis plusieurs mois, le nouveau règlement européen sur la protection des données comporte encore de nombreuses zones d’ombre, autant pour les entreprises que pour le futur régulateur.
RGPD
Mise en conformité au RGPD Le chargement pourrait encore durer quelques semaines...
Mise à jour D’ici le 25 mai prochain, les entreprises européennes devront se conformer au RGPD. Une adaptation à la nouvelle loi qui prend du temps.
I
l est bientôt là ! Le règlement général sur la protection des données (RGPD) entrera en application le 25 mai prochain dans les 28 pays de l’Union européenne. Une date synonyme de grand saut dans l’inconnu pour des millions d’entreprises en Europe et dans le monde. Mais aussi pour les régulateurs. Car, en tant que règlement, ce texte oblige les entreprises à se conformer. Et qui dit conformité dit contrôle. Au Luxembourg, c’est la Commission nationale pour la protection des données (CNPD) qui sera en charge de cette tâche. « Nous sommes en train de finaliser les questionnaires que nous utiliserons lors de nos contrôles et les thématiques que nous choisirons
pour définir les échantillons d’entreprises concernées », explique Christophe Buschmann, le chef du pilier Contrôle de la CNPD. « C’est nouveau pour tout le monde, ajoute la présidente de l’institution, Tine A. Larsen. Mais nous serons prêts pour le 25 mai. » À l’heure actuelle, la CNPD peut procéder à des contrôles sur le terrain sur la base des lois communautaires déjà existantes sur la protection des données personnelles. Mais seulement à la suite d’une plainte. Avec le RGPD, elle aura bientôt la possibilité d’agir de manière proactive et donc de choisir elle-même les sociétés qu’elle contrôlera. « L’objectif n’est pas de commencer une chasse aux sorcières dès le 25 mai, tempère
ENTREPRISES
Tine A. Larsen. Nous saurons être compréhensifs avec les entreprises qui montrent de la bonne volonté, car nous avons aussi la mission de les accompagner. Par contre, nous n’hésiterons pas à sévir chez celles qui ne font aucun effort. »
25 AUDITS PRÉVUS EN 2018
À l’heure actuelle, le service de Christophe Buschmann compte cinq personnes, qui pourront s’appuyer sur la vingtaine d’experts sectoriels que compte la CNPD. Mais les effectifs vont augmenter. « Des recrutements d’auditeurs sont en cours, assure-t-il. INSTITUTIONS
LA CHAMBRE AUSSI SE PRÉPARE À la différence d’une directive, qui doit être transposée dans la législation de chaque État membre, un règlement comme celui du RGPD est applicable dès son entrée en vigueur et sans délai sur l’ensemble du territoire européen. Au Luxembourg, il a toutefois fallu apporter quelques modifications aux textes existants, notamment pour renforcer les prérogatives de la CNPD, qui sera dotée à partir du 25 mai de nouvelles compétences. « Nous devons également apporter un amendement visant à exclure, en cas de sanctions, la responsabilité des personnes publi ques, comme les bourgmestres ou les ministres, car les institutions devront également se conformer », explique le député Eugène Berger (DP), le rapporteur du projet de loi. Là encore, le travail législatif est en cours. Mais tout devrait être prêt pour le 25 mai.
Nous sommes en train de définir les derniers détails de la méthodologie que nous appliquerons, mais nous veillerons à être très professionnels pour transmettre un sentiment de confiance. » Créée en 2002 suite à la transposition dans la loi de la directive européenne sur la protection des données, la CNPD va devenir une institution-clé de l’État à partir du 25 mai. Il y a trois ans, elle comptait une quinzaine de collaborateurs. Il est prévu qu’ils soient 35 d’ici la fin de l’année et 49 en 2020. Des effectifs qui vont crescendo pour des contrôles qui seront de plus en plus nombreux au fil des ans. Pour l’année 2018, seulement 25 audits sont prévus par la CNPD. « Cela ne veut pas dire que nous
n’effectuerons que 25 contrôles, tient à préciser Tine A. Larsen. Nous utiliserons des approches à la fois thématiques et sectorielles. Nous viserons donc à chaque fois plusieurs entreprises. »
ÉTATS-UNIS
10 %
« JE NE M’Y SUIS PAS ENCORE INTÉRESSÉ »
Du côté des entreprises, les situations varient beaucoup. Une frontière assez claire se dessine toutefois entre les grosses structures et les PME. Le Centre hos pitalier de Luxembourg (CHL), qui compte plus de 2.100 employés, n’a pas attendu 2018 pour mettre en place une politique de gestion des données personnelles. Il faut dire qu’il reçoit près de 70.000 patients par an, ce qui correspond à tout autant de données administratives et médicales. À celles-ci s’ajoutent celles de son personnel. « Nous avons mis en place il y a cinq ans un comité de pilotage composé de membres de la direction, détaille Jean-Paul Freichel, le directeur administratif et financier de l’établissement. Il s’agissait de prendre toutes les actions nécessaires pour protéger ces données. » Plus récemment, le CHL s’est doté d’un délégué à la protection des données (DPO), obligatoire dans le cadre du RGPD pour les entreprises qui utilisent des données nécessitant un suivi « régulier et systématique à grande échelle ». L’hôpital mène également des campagnes de sensibilisation auprès de ses employés. Il s’agit plus précisément de deux modules vidéo. L’un concerne la protection des données, l’autre la sécurisation de l’information. « Nous essayons de sensibliser nos employés sur ces questions en les plaçant dans la situation des patients », détaille Ludovic Meja, le DPO de l’établissement. La situation est un peu différente dans les petites structures. Dans le secteur du commerce, un sentiment d’inquiétude domine. « Je n’ai aucune idée des mesures que je devrais mettre en place, confie le directeur d’une agence immobilière, qui préfère garder l’anonymat. J’avoue ne pas m’y être encore intéressé. » « Aujourd’hui encore, beaucoup de commer-
Le marché américain représente 10 % des exportations d’ArcelorMittal. Le géant de l’acier basé au Luxembourg voit donc d’un mauvais œil l’idée du président Donald Trump d’instaurer des droits de douane de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium.
çants n’ont toujours pas compris ce qu’on attend d’eux », confirme Nicolas Henckes, le directeur de la Confédération luxembour- geoise du commerce (CLC). Son organisation a lancé plusieurs programmes pour accompagner les entrepreneurs. « Nous visons une conformité a minima, adaptée à la taille de l’entreprise, ajoute-t-il. Pour la plupart des structures concernées, il s’agit d’un investissement de quelques heures, mais il s’ajoute à l’avalanche de travail existant. » Beaucoup d’experts sont d’accord pour dire que le RGPD n’a pas été pensé pour ces petites sociétés, qui sont aussi les plus fragiles économiquement. Il faudra toutefois que leurs patrons trouvent le temps de se conformer à cette nouvelle réglementation, car la patience de la CNPD aura ses limites. J. M. SONDAGE
60%
Il s’agit, en pourcentage, des entreprises européennes qui estiment qu’elles ne seront pas prêtes pour le RGPD le 25 mai prochain, selon une étude de la compagnie Senzing effectuée au mois de janvier sur un échantillon de 1.000 entreprises de toutes tailles, basées au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie.
LE RGPD EN CINQ POINTS QUI EST CONCERNÉ ?
Toutes les entreprises, européennes ou pas, qui traitent des données à caractère personnel de citoyens ou d’entreprises européennes.
QUELLES SANCTIONS ?
Les amendes prévues vont de 10 à 20 millions d’euros, ou de 2 % à 4 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée, le montant le plus élevé étant celui qui est retenu.
QUEL OBJECTIF ?
Chaque Européen pourra demander à une entreprise qui enregistre ses informations personnelles de les récupérer et, dans certains cas, de les supprimer.
QUELLES OBLIGATIONS ?
Tenir un registre des activités de traitement des données ; prouver d’une bonne gouvernance interne ; nommer un délégué à la protection des données ; s’assurer de la conformité de ses éventuels sous-traitants ; notifier tout incident de sécurité aux autorités dans un délai de 72 heures.
QUI EST RESPONSABLE ?
L’unique point de contact avec les autorités sera le représentant légal de l’entreprise ou de l’institution. Certaines responsabilités seront toutefois partagées avec le sous-traitant, qui devra respecter des obligations spécifiques en matière de sécurité et de confidentialité.
Avril 2018 —
— 21
ENTREPRISES SAGA
TRANSFORMATION DIGITALE
ET L’HUMAIN DANS TOUT ÇA ? EBRC recommande une attention particulière à la préservation des valeurs de notre société vis-à-vis des nouvelles technologies et de la transformation digitale.
es images sont nombreuses pour représenter la transformation digitale, ses défis, ses opportunités pour les entreprises. Celle du train qui ne passera pas deux fois s’applique particulièrement, dans un contexte où la technologie ent raîne une profonde mutation du fonctionnement de tous les secteurs, à des degrés et un tempo divers, et une internationalisation accrue des affaires. « C’est un TGV qui va à 500 à l’heure et ne cesse d’aller de plus en plus vite », déclare Yves Reding, CEO d’EBRC. L’entreprise a rédigé un livre blanc intitulé Digital Needs Trust sur le sujet, ou comment construire un écosystème de confiance dans un environnement où la « data », les données, dont celles relatives à nos comportements au sens le plus large, vont représenter un actif majeur dans l’économie de demain.
UN ÉTAT D’ESPRIT
« Il faut être conscient qu’il existe deux côtés de la même pièce que représente le cyberespace, ajoute Yves Reding. Côté face, il importe de préserver les valeurs humaines, et je constate que l’Europe joue à cet égard un rôle important comparativement à l’Asie ou aux États-Unis qui n’ont pas la même approche. » Côté pile, le cyberespace peut se révéler dangereux pour les acteurs qui se lancent à corps perdu sans protection dans ce torrent technologique. « Dans l’univers digital, votre perception des éléments se trouve bouleversée, ajoute Yves Reding. Tout le monde fonce, mais toutes les entreprises ne prennent pas forcément les précautions nécessaires. Or il faut être capable, dans un monde incertain, d’être agile par rapport à une série de risques, d’identifier les menaces 22 —
— Avril 2018
et de rebondir en permanence. Assurer le développement du busi ness en continu face aux risques, tout en absorbant les chocs, passe par la ‘cyber-résilience’. »
Sa flotte de près de 500 véhicules sillonne les routes du Grand-Duché et d’Europe depuis 70 ans. Retour sur l’histoire familiale du groupe Sales-Lentz.
QUESTION D’HYGIÈNE
« Digitaliser n’est qu’une première étape sur le chemin de l’innovation disruptive », prévient Yves Reding, comme pour mieux souligner que le mouvement n’en est qu’à ses débuts. Entre l’utilisation d’outils digitaux pour optimiser des processus et la mise sur le marché d’une innovation disruptive, la marge est grande, mais toutes les entreprises sont concernées, y compris les PME traditionnelles luxembourgeoises. « Les PME qui ont pris le chemin de la digitalisation doivent se protéger en même temps, note Yves Reding. C’est une prise de conscience qui doit avant tout s’opérer du côté du chef d’entreprise. Celle-ci doit capitaliser sur son expertise pour se projeter dans le digital. » Un état d’esprit qui doit infuser dès à présent en prévision de la montée en puissance de l’intelligence artificielle, qui va s’ajouter comme une couche supplémentaire de la nouvelle révolution industrielle. « La ‘healthtech’ se met en place dans la Silicon Valley, mais quelle sera la place de l’humain dans tout cela ? » se demande Yves Reding. La transformation digitale doit se faire dans le respect des valeurs humaines, des valeurs essentielles comme la protection de la vie privée. » Cer tains pays ont élevé cet enjeu à l’échelle nationale. Les plus jeunes États comme l’Estonie peuvent concevoir un fonctionnement en « digital by default » sans subir des lourdeurs historiques. Ce même pays qui a ouvert une e-ambassade au Luxembourg et a même développé la notion d’hygiène… numérique. T. R.
1948 Acquisition du premier autocar par Jos Lentz.
1961 Agnès Lentz épouse Henri Sales : « Voyages Henri Sales-Lentz » voit le jour. Trois lignes de bus, quatre autocars et un bureau à Bascharage forment la société.
1968 Ouverture de la première agence de voyages à Luxembourg-ville.
1996 Les deux fils et actionnaires actuels Marc et Jos Sales reprennent l’entreprise familiale, qu’ils conduisent avec succès vers le nouveau millénaire.
2008 Nouveau logo pour répondre aux changements cosmopolites de la société. Il s’agit de créer une identité forte et unique à laquelle chaque employé du groupe peut s’identifier.
2009 Livraison du premier bus hybride mondial Volvo.
2011 Reprise des Voyages Léonard, le leader belge francophone des vacances en autocar partout en Europe.
2015 Les 20 agences de voyages Sales-Lentz s’appellent désormais We love to travel. La société réunit toutes les entités du groupe sous un même toit : Sales-Lentz Group.
2017 Lancement d’Executive Lane, une nouvelle dimension dans les déplacements personnalisés avec des limousines haut de gamme et des services de conciergerie.
PHOTOS Sales-Lentz
L
SALES-LENTZ : 70 ANS AU COMPTEUR
ENTREPRISES E L E VAT O R P I T C H
AVOCATS
DÉFENDEURS À DOUBLE TITRE L’Union internationale des avocats (UIA) tiendra son congrès 2019 à Luxembourg.
L
ciaires, cite l’avocat portugais. Je trouve cela très difficile parce que, bien sûr, l’avocat ne peut pas entrer dans un schéma de blanchiment, mais il n’a pas toujours suffisamment d’indices pour déceler un blan chiment. Et son rôle n’est pas de dénoncer son client, mais de l’aver tir sur les risques qu’il prend et sur les limites légales à respecter. » Le président de l’UIA ne peut que soutenir le Barreau de Luxem bourg dans sa résistance face aux assauts répétés de l ’Administration des contributions directes, qui a sommé les avocats apparaissant dans les Panama Papers de donner la liste de leurs clients, sociétés et bénéficiaires effectifs inclus. « Le fisc doit effectuer ses propres investigations et conclure s’il y a fraude fiscale ou pas », tempête Me Pais de Almeida. L’UIA est d’ailleurs régulièrement sollicitée par ses barreaux adhérents, notamment lorsque certaines lois menacent l’indépendance de la justice, comme cela a été le cas récemment dans un grand pays d’Europe de l’Est membre de l’UE. Représenté au sein de l’UIA dès sa création en 1927, le Luxembourg lui a déjà donné deux présidents – Me Robert Brass en 1931 et Me Ernest Arendt en 1981 – et se prépare à accueillir son quatrième congrès annuel après 1931, 1950 et 1983. « Le Luxembourg est une destination attractive pour les avocats, note Me Pais de Almeida. C’est à la fois un carrefour du droit financier et un petit pays européen EXIGENCES EXORBITANTES Des thèmes qui transcendent les très ouvert comme le Portugal. cultures juridiques pourtant Il y est plus facile de construire des diverses. « La profession est con ponts et d’obtenir des accords – frontée à des menaces et des défis ce n’est pas un hasard si le secrécommuns », souligne Me Pais de taire général de l’Onu est portuAlmeida. Exemple en Europe avec gais. » Un objectif à garder pour le la directive contre le blanchiment comité luxembourgeois emmené d’argent. « La loi de transposition par Me Alain Grosjean, qui compportugaise oblige les avocats à tera pour l’organisation du congrès dénoncer leurs clients au barreau sur la présidence de Me François qui analyse les cas et les transfère Prum, délesté du bâtonnat en sepC. F. aux autorités policières et judi- tembre prochain.
e compte à rebours a commencé pour le comité luxembourgeois de l’UIA, qui compte une cinquantaine de membres – un ratio plus qu’honorable par rapport aux 119 autres pays représentés dans l’UIA. Le comité s’avère par ailleurs très actif, avec des événements réguliers, notamment une conférence retentissante sur les femmes et l’État de droit l’an dernier ainsi qu’une autre sur le récent arrêt Uber de la Cour de justice de l’UE fin février. Des événements en ligne avec le large périmètre d’action de l’UIA. « L’UIA est une association internationale à but non lucratif qui a deux missions principales : la protection des droits de l’Homme, surtout en ce qui concerne l’État de droit – et cela comprend la protection des avocats lorsqu’ils sont menacés dans l’exercice de leur profession –, et la formation des avocats à un niveau international dans une perspective de droit comparé », explique Me Pedro Pais de Almeida, président de l’UIA. Chaque année, deux thèmes sont mis à l’honneur : l’un davantage tourné vers les droits de l’Homme, l’autre orienté business. 2018 est ainsi consacrée à la lutte contre l’esclavage moderne – plusieurs barreaux participent d’ailleurs à une journée de travail à l’Onu sur le rôle des avocats dans cette lutte – d’un côté, et de l’autre au défi de l’ère digitale dans la profession d’avocat.
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TETRAO Ouvrir un compte en un clic
À
l’heure de la digitalisation, certaines tâches semblent encore appartenir au siècle dernier. L’ouverture d’un compte bancaire pour une entreprise est l’une d’entre elles. La procédure est fastidieuse et chronophage. Tetrao propose une solution entièrement digitale à cette problématique. Grâce à une intelligence artificielle, le programme qu’elle développe est capable de collecter et d’interpréter des documents disponibles en ligne ou apportés par l’utilisateur. Cette technologie permet bien évidemment d’accélérer un processus complexe, mais aussi de simplifier à la fois la vie des clients et celle du personnel de la banque. « Concrètement, notre intelligence artificielle prend entièrement le contrôle d’un navigateur internet en le manipulant comme le ferait un être humain, explique Christian Gillot, fondateur et CEO de Tetrao. Il s’agit d’une main-d’œuvre numérique capable de réaliser n’importe quelle tâche avec volume et précision. » La jeune pousse a déjà séduit le top management de BNP Paribas, qui lui a remis au mois de décembre le 1er prix du hackathon international organisé tous les ans par la banque, dans la catégorie « Expérience client ».
start-up création Localisation Capital social Fondateur Levée(s) de fonds Chiffre d’affaires Objectifs de croissance
Tetrao Novembre 2014 Luxembourg house of financial technology (Lhoft) 250.000 euros Christian Gillot 300.000 euros auprès de business angels 300.000 euros en 2017 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2018 et 12 millions d’euros en 2020.
It doesn’t break three legs * of a duck. * This sentence has been improperly translated from the French expression “Ça ne casse pas trois pattes à un canard” whose English equivalent would be “Nothing to write home about”.
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ENTREPRISES DU CHALLENGE À LA SOLUTION
LUXAVIATION SOIGNE SA MARQUE La compagnie d’aviation d’affaires poursuit le travail autour des valeurs communes partagées par ses 1.700 employés.
P
atrick Hansen nous accueille chaleureusement, avec le sourire. Le cofondateur et CEO de Luxaviation se présente com me premier ambassadeur des valeurs d’un groupe qui n’a cessé de croître depuis les premiers vols en 2009, au gré de différentes acquisitions. D’où le besoin de définir une culture d’entreprise partagée par quelque 1.700 employés répartis sous différentes latitudes. « Nous avons travaillé avec le Ritz-Carlton autour de notre approche pour nos employés, nos partenaires et nos clients, déclare Patrick Hansen. Nous voulons opérer à travers le monde avec le même niveau de service et de qualité. » Itérative, la démarche lancée en novembre 2015 et présentée à l’été 2016 est un « processus permanent », note Patrick Hansen. Les équipes reçoivent quotidiennement des briefings autour des valeurs de l’entreprise. Le partage de l’expérience et du métier de l’autre permet également une meilleure compréhension des impératifs de chacun, à l’image de l’écoute nécessaire des besoins de clients d’affaires.
centre son top 10 des destinations sur l’espace européen. Singapour, Le Cap et Johannes bourg y figurent aussi grâce à l’activité d’Execujet. La société rac hetée en 2015 conserve sa propre identité visuelle, elle vient d’ajouter un avion à son catalogue, un Bomb ardier Challenger 350, basé à Nairobi, au Kenya. Un appareil qui inaugure la récente autorisation d’opérer (AOC) délivrée par les autorités de Saint-Martin, où il est enregistré. Cette AOC « offre aux proprié taires de jets d’affaires et d’hélicoptères une solution supplémentaire pour l’enregistrement des aéronefs, la gestion des actifs et l’exploitation commerciale », précise le communiqué diffusé par Luxaviation début mars. « Nous disposons de 15 AOC à travers le monde, elles répondent aux souhaits des propriétaires, qui préfèrent souvent s’enregistrer en fonction de leur pays d’origine ou disposer d’une base offrant des solutions flexibles », ajoute Patrick Hansen. SaintMartin fait partie de la deuxième catégorie en ayant adapté ses procédures et sa réglementation pour développer le secteur de POIDS ÉCONOMIQUE Avec une moyenne de 55 vols par l’aviation d’affaires. Après une vague d’acquisijour en 2017, Luxaviation con tions, Luxaviation consolide donc sa marque et sa visibilité, sachant que la prochaine opération se fera à une autre échelle. « Compte tenu de notre taille, nous devrons rechercher des sociétés plus grandes, ce qui demande des ressources financières et une due diligence différentes », estime Patrick Hansen. Luxaviation complétera prochainement son expérience client par une ambiance olfactive. Pour son équipe, le groupe vient d’ouvrir sept chambres au Findel au sein du site Airfield, l’ancien Corporate Au Findel, le groupe pavillon de chasse de la famille vient d’ouvrir sept chambres à desti nation de son personnel. grand-ducale. T. R. 26 —
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AUTOMATISER DES PROCESSUS Entreprise Secteur d’activité Nombre d’employés
Fujitsu Luxembourg Service IT et digital 145
CHALLENGE AUTOMATISER DES PROCESSUS RÉPÉTITIFS Les utilisateurs de plusieurs départements passent beaucoup de temps à interagir avec différents systèmes, notamment pour des besoins de contrôle et de reporting interne et externe. Ils sont souvent amenés à effectuer des saisies multiples ou des copier-coller de données entre fenêtres.
MÉTHODE IDENTIFIER LES TÂCHES AUTOMATISABLES Une première revue des tâches opérées par les utili sateurs a permis d’identifier plusieurs processus dans les départements Finance et Ressources humaines pour lesquels l’humain n’avait aucune valeur ajoutée. Ces opérations ont ensuite été listées et quantifiées au niveau de leur coût opérationnel et de la possibilité de les automatiser.
SOLUTION MISE EN PLACE D’UNE PLATEFORME ROBOTIQUE En fonction des priorités identifiées, Fujitsu a fait appel à une équipe de consultants internes spécialisés dans la mise en place de plateformes de robotic process automation (RPA). Grâce à un travail collaboratif, des robots virtuels ont été rapidement déployés, considérés par les équipes comme de véritables assistants, et capables d’automatiser les tâches fastidieuses sans valeur ajoutée pour les utilisateurs.
ROI FACILEMENT MESURABLE Le retour sur investissement fut facilement mesurable, car le déploiement de robots a permis un gain d’effi cacité opérationnelle immédiat. Notamment dans le département Finance, grâce à une meilleure traçabilité des coûts engagés sur les projets et leur recouvrement. Au-delà des gains mesurables obtenus en calculant le temps gagné sur les tâches par l’automatisation, il y a également les gains indirects comme la diminution du risque opérationnel, car le robot ne fait pas d’erreurs, et l’efficacité opérationnelle, car le robot est capable de traiter plus de tâches, et ce beaucoup plus rapidement.
PHOTO Luxaviation/L.Antonelli
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ENTREPRISES FLASH-BACK
CONFÉRENCE
LA FORCE DE LA PAROLE CONFIRMÉE Luxembourg sert à nouveau de creuset pour l’organisation d’une conférence TEDx, déjà victime de son succès.
LES 10 ANS DE L’INDR date 7 mars 2018 lieu Chambre de Commerce
S
28 —
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« Les entreprises ont compris que leur meilleure stratégie est de créer de la valeur pour elles tout en préservant la société. Elles sont au cœur de la transition vers une croissance qualitative. La RSE n’est plus un trade-off, mais la seule stratégie gagnante », a résumé Michel Wurth, président de l’INDR.
À l’issue de son discours, Kate Raworth, économiste, enseignante et chercheuse à l’Oxford University’s BEBOP Environmental Change Institute, a dédicacé des exemplaires de son best-seller Doughnut Economics, qui présente son approche des sciences économiques au 21e siècle.
Jean-Paul Olinger (UEL), Nicolas Henckes (CLC), Jean-Jacques Rommes (UEL), Kate Raworth (auteure), Xavier Bettel (Premier ministre), Michel Wurth (INDR), Nicolas Schmit (ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale), Norman Fisch (INDR), Morgane Haessler (INDR).
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PHOTOS Anthony Dehez
rendu à de nombreux événements et je me rends compte que le public des conférences TED et TEDx est intéressé par l’amélioration de ses compétences, il veut ressortir avec des idées, des inspirations et est aussi à la recherche d’échanges, notamment avec les speakers », note Dirk Daenen. Les premières mises en place d’une conférence TEDx – une licence émise par TED à des organisateurs indépendants – au Luxembourg remontent à 2012 et 2013, à l’initiative du fondateur et président du conseil d’administration de Maison Moderne, Mike Koedinger. Le programme de cette année tel que dévoilé répond à cette volonté de diversifier les approches. On retrouvera par exemple Peter Stibrany, chief strategist chez Deep Space Industries, sur le financement de villes dans l’espace, ou Genna Elvin, la CEO de Tada Web, au sujet de la puissance d’un produit adapté au marché. Le directeur de la communication de la Pride Parade de Berlin et Vienne, Isak SchneiderLindbergh, reviendra sur la mise en place de la plus grande parade au monde. Crush, un groupe de chant a cappella de 12 personnes, sera présent pour parler de « l’harmonisation de l’harmonie ». De musique, il sera aussi question avec Patricia Abdelnour , qui travaille avec les réfugiés et la musique en guise de vecteur d’intégration. À noter aussi la présence du champion du monde (actuellement vice-champion) de BMX, le Luxembourgeois Viki Gomez. Le thème s’annonce pour le moins inspirant : « Happiness first ». La conférence affichant complet, les témoignages vidéo seront disponibles au sortir de cette journée du 23 avril construite avec les entreprises partenaires que sont Deloitte et ING. Maison Moderne a aussi décidé d’être parAU PROGRAMME T. R. Outre les sessions de « talk », tenaire de l’événement. TEDxLuxembourgCity laissera la Infos : tedxluxembourgcity.org part au réseautage. « Je me suis
ix minutes. Il aura fallu un peu plus de six minutes pour que l’événement affiche complet, à la faveur d’un retour annoncé et qui est devenu viral sur les réseaux sociaux. La marque TEDx est en effet de retour au Luxembourg le samedi 28 avril. Le rendez-vous est pris à Neimënster, en intérieur. Le succès annoncé pour cette année amènera certainement une édition en 2019, en plein air cette fois. « Lorsque nous avons décidé de monter l’événement, nous avons recherché un lieu emblématique du pays et nous nous sommes rapprochés de l’équipe de l’abbaye, qui s’est montrée très réceptive », déclare Dirk Daenen, l’organisateur. Le doyen au sein de UBI (United Business Institutes) n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il organise également des événements estampillés TED (TEDxUBIWiltz) au campus de Wiltz de l’école privée en « business administration ». « Nous n’allons pas arrêter l’événement à Wiltz, car il s’agit d’une véritable entreprise pour les étudiants qui sont impliqués. » L’été dernier, le professeur-entrepreneur a reçu l’autorisation de l’organisation américaine TED pour exploiter la licence TEDxLuxembourgCity. Le thème retenu pour cette édition 2018 est « Uncaging possibilities », ou comment faire sortir les idées de la boîte... ou plutôt de la cage. « L’im portance de la variété des speakers est primordiale pour un événement TEDx », ajoute Dirk Daenen. Quel serait le point commun entre un groupe de chanteurs, un spécialiste de l’espace ou un champion de BMX ? Ils peuvent tous, par la prise de parole, par leur témoignage, transmettre une expérience, des leçons et une vision à un auditoire demandeur de ce mode de transmission d’idées nouvelles.
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ENTREPRISES
PRÉSENTÉES PAR
LOGISTIQUE
RIEN NE SERT DE PRÉDIRE… Avec l’arrivée des nouvelles technologies, la filière logistique est en pleine remise en question. Certaines tendances se précisent, mais il est encore difficile de parier sur celles qui s’imposeront.
Q
u’il s’agisse d’intelligence artificielle ou d’automatisation, le secteur de la logistique est en mouvement. L’équipementier sportif Adidas, qui sous-traite l’entièreté de sa production dans des pays asiatiques, a décidé en 2015 de construire sa première usine de chaussures entièrement automatisée en Allemagne. Depuis, une seconde unité du même type a été inaugurée aux États-Unis. « Tout se résume à la vitesse à laquelle nos produits peuvent être disponibles sur le marché », a expliqué Holger Kömm, le directeur du Data Science Lab du groupe allemand, présent au Luxembourg début mars lors de la conférence eXplore du Luxembourg Centre for Logistics (LCL). « Aujourd’hui,
il faut compter 12 à 18 mois entre une commande passée et la livraison des premiers produits. La demande, elle, évolue beaucoup plus rapidement. »
S’INSPIRER DES START-UP
Comme pour la majorité des secteurs d’activité, flexibilité et rapidité sont deux concepts qui guident l’évolution de la filière. Mais pas seulement. Stratégie Rifkin oblige, le Luxembourg se préoccupe également du critère de durabilité. Et les acteurs locaux tentent d’anticiper les grandes tendances du marché en misant sur les compétences. « Il est important d’attirer des talents, notamment des États-Unis, qui sont à la pointe dans ce domaine, argumente Malik Zeniti, le mana-
ger du Cluster for Logistics. À l’instar de la finance, il faudra qu’on se positionne en tant que hub pour attirer des start-up qui proposent des business models d igitaux innovants, comme l’Allemagne le fait déjà. » Mais à vouloir trop anticiper, on risque toutefois de trébucher. C’est l’avis de Chris Caplice, le directeur du Center for Transportation & Logistics au Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui est partenaire du LCL. « Plutôt que de prédire de quoi sera fait l’avenir et de se focaliser sur cette projection, il est préférable de préparer son organisation et ses collaborateurs aux changements brusques et rapides , estime-t-il. Les modifications de la politique fiscale américaine, les pressions sociales autour de l’environnement ou encore l’évolution des habitudes de consommation ont des effets directs sur la façon dont les entreprises se procurent, utilisent et livrent les matériaux. Et ce sont des choses qu’on peut difficilement prévoir. » J. M.
carrières Steve Boukhers, 34 ans, dirige le département Mar keting et communication d’East-West United Bank. En provenance de PwC, il a notamment en charge la planification stratégique du marché, la gestion de la marque, le marketing digital et la communication institutionnelle. BANQUES PRIVÉES
Christel Schuler a rejoint le groupe MyJobest en qualité de branch manager. Elle est chargée du recrutement pour les secteurs tertiaire, bancaire et finance, et accompagne les actifs et demandeurs d’emploi. INTÉRIM
Kathy Mc Monagle, 36 ans, a rejoint le département Fonds d’investissement de NautaDutilh Avocats Luxembourg en tant qu’associate. Elle assiste des gestionnaires et sponsors de fonds, groupes bancaires et financiers, et investisseurs institutionnels. ÉTUDES D’AVOCATS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
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CEO SELFIE
STÉPHANE GIDENNE LABORATOIRES KETTERTHILL 2 1
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1 Oswald Sanitate Directeur Achats, logistique & communication
3 Philippe Bruneton Conseiller de direction 4 Dr Pierre Blonski Biologiste 5 Dr Caroline Scheiber Biologiste 6 Stéphanie Simon Directrice des ressources humaines
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PHOTO Stéphane Gidenne
2 Stéphane Gidenne Administrateur délégué
PLACE FINANCIÈRE
place financière Les banques ont payé Le Boston Consulting Group a calculé que la crise a coûté 345 milliards de dollars en pénalités financières aux grandes banques américaines et européennes. Les autorités américaines ont engrangé 55 % du total (200 milliards) pour les finances publiques, 133 milliards ont été reversés aux consommateurs, tandis que les régulateurs européens n’ont récupéré que 22 milliards (6 % du total). Les banques américaines ont aussi été les plus pénalisées, avec un total de 220 milliards USD. Prudence ! La CSSF a lancé un appel à la vigilance à la mi-mars par rapport aux ICO (Initial Coin Offerings), des levées de fonds en cryptomonnaies basées sur le principe de la blockchain. Selon le gendarme financier luxembourgeois, les ICO peuvent comporter des risques non négligeables et souvent imprévisibles, tant pour les investisseurs professionnels que privés. Elle ne prévoit cependant pas de légiférer, comme la France envisage de le faire, et garde sa confiance dans la technologie sousjacente de la blockchain. Passage de témoin À l’occasion de l’assemblée générale de l’Association des compagnies d’assurance et de réassurance, Christian
Strasser a été élu à la présidence. Il remplace la CEO d’AXA Luxembourg, Marie-Hélène Massard. Christian Strasser a rejoint l’assureur Lalux en juillet 2015 et en est devenu le directeur général en décembre de la même année. Transfert de fonds Macquarie Investment Management, la division de gestion de placements du groupe australien Macquarie, a conclu un accord pour le rachat de ValueInvest Asset Management. La société luxembourgeoise est notamment spécialisée dans la gestion d’actifs japonais. Elle gère e nviron 4 milliards d ’euros d’actifs. Les 17 employés seront repris par Macquarie, qui est présent sur la Place depuis le début des années 2000. Shadow banking Le « shadow banking », qui regroupe les types de financement qui contournent le système bancaire classique, a gonflé de 8 % en un an, selon le rapport annuel du Conseil de stabilité financière (CSF). Le total atteint 36.700 milliards d’euros, soit 13 % du total des actifs du système financier traditionnel. Cette progression est notamment liée à la prise en compte, depuis cette année, des chiffres de la Chine et du Luxembourg. Le Grand-Duché intervient pour 2.600 milliards d’euros, selon le CSF.
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FONDS
une trentenaire mature La loi Ucits, qui a permis de créer une véritable marque luxembourgeoise sur base d’une directive européenne, est trentenaire. Un succès pas évident au commencement.
Partage d’expérience L’expertise acquise dans les Ucits bénéficie à la montée en puissance de l’alternatif.
A
vec un patrimoine global de 4.214,030 milliards d’euros (organismes de placement collectif, fonds d’investissement spécialisés et sicar) au 31 janvier 2018, la bonne santé de l’industrie des fonds au Luxembourg semble être une évidence. Et pourtant, tout a commencé sur un pari, ou plutôt l’anticipation d’une directive qui allait devenir une véritable marque nationale : Ucits (pour organisme de placement collectif en valeurs mobilières, OPCVM en français). Le 30 mars 2018, il y aura exactement 30 ans que la loi transposant la directive du 20 décembre 1985 entrait en vigueur au Luxembourg. Le marché européen des fonds d’investissement n’avait, à cette époque, de transfrontalier que l’appellation. « On oublie souvent de mentionner qu’il n’y avait pas vraiment de loi spécifique régis-
sant le secteur avant 1983, rappelle Germain Birgen, head of business development, professional banking à la Banque de Luxembourg. En 1983, le législateur de l’époque n’avait pas voulu tout inventer, mais s’était justement basé sur le projet en cours de directive. » Pour être devenu trois décennies plus tard le deuxième plus grand centre mondial – derrière les États-Unis – de distribution de fonds, le Luxembourg a su tirer profit de son statut d’early adopter et compter sur une promotion groupée, sous la houlette de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), créée en novembre 1988. La Banque de Luxembourg fut parmi les premiers acteurs à se lancer dans ce qu’on pourrait qualifier aujourd’hui d’aventure en mode start-up. « Nous com-
PHOTO Mike Zenari
DIGEST
PLACE FINANCIÈRE OPINION
PHOTOS DR
binions plusieurs casquettes, et les prospectus n’avaient rien à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui, se souvient Germain Birgen. Certains professionnels ne croyaient pas au concept, les banquiers privés voyaient d’ailleurs l’arrivée de la gestion collective comme une menace potentielle pour leur métier. » Après le lancement, l’expansion s’est d’abord effectuée vers les pays voisins. « Il a fallu une dizaine d’années pour que le marché s’établisse, note Lucienne Andring, senior business development manager, professional banking, à la Banque de Luxembourg. Après Ucits et une deuxième version qui n’a jamais vu le jour, ce n’est que Ucits III qui, en 2002, a offert de nouvelles perspectives, dont un élargissement des investissements éligibles, par exemple les fonds de fonds et les dérivés. » Pendant la même période, un écosystème s’est formé sur la Place. Une date marquante fut la création en 1996, par plusieurs banques, de l’EFA (European Fund Administration), afin de mutualiser les efforts d’administration centrale. Une vingtaine d’années plus tard, la société, qui est toujours détenue par plusieurs banques (Banque de Luxembourg, BCEE, KBL epb, Oddo BHF et EFA Partners), administre 2.202 fonds et dispose d’une présence en France. Signe de l’attrait pour les produits gérés au Luxembourg, la Banque de Luxembourg a quant à elle créé une ManCo qui allait se déployer comme fournisseur de services à des tiers : Conventum Asset Management.
Australie, Amérique latine, Afrique du Sud, les poches de croissance existent, même si le marché Ucits est devenu mature. « Dans les années à venir, il sera intéressant de voir si et comment la jeune génération compte rejoindre des produits collectifs vu la tendance à l’achat de titres en bourse via de nouveaux canaux, sans forcément être toujours consciente du risque », estime Germain Birgen.
DES MENACES ET DES OPPORTUNITÉS
Mature, robuste, le marché Ucits voit un nouveau concurrent arriver en force : l’alternatif. « Nous avons des fonds alternatifs comme clients depuis une vingtaine d’années. En 2007, nous avons été parmi les premières banques à mettre en place un service spécialisé dédié aux fonds investissant dans des actifs de type capital- investissement et capital-risque, immobilier et dette privée, et cette activité s’est considérablement développée depuis », indique Lucienne Andring. En s’étant positionné autour de la directive AIFM, en bénéficiant de son expertise dans les Ucits et d’effets conjoncturels comme le Brexit ou l’attrait des investisseurs pour de nouveaux produits, le « momentum » alternatif se produit pour le Luxembourg. « Deux tiers de nos demandes concernent désormais l’alternatif, précise Lucienne Andring. L’investisseur est intéressé par une recherche de rentabilité et de diversification de ses actifs. » S’adapter à la clientèle jeune, être capable de proposer des produits pour complémenter les pensions publiques en Europe, UN MARCHÉ MATURE finance climatique et d’impact… Trente ans plus tard, la banque L’agenda s’annonce pour le privée et la gestion collective se moins chargé pour les proparlent et sont même imbriquées chaines années. Avec quelques au quotidien, tant les fonds sont défis en ligne de mire. « Des propartie intégrante du portefeuille duits nouveaux purement basés des clients. « Nous avons exporté sur la technologie devront être la culture de la banque privée utilisés avec une certaine prudans le métier des fonds, note dence. Ces instruments sont souLucienne Andring. Dans le vent très éloignés de l’économie domaine Ucits, nous travaillons réelle », prévient Germain essentiellement avec des gestion- Birgen, qui conçoit la technolonaires de taille moyenne ou des gie comme support de l’indusclients qui recherchent un service trie, et non pour remplacer ses sur mesure et à taille humaine. » fondamentaux. T. R.
Investissements durables, phénomène de mode ? « UN MOYEN DE CHANGER LE MONDE » JEAN-YVES MALDAGUE CFO Candriam
Comment mettre le capital au service du bien social ? La question est sur les lèvres de tous les acteurs de l’investissement. En deux ans, le marché de l’investissement responsable a gagné 25 % et, en 10 ans, le nombre de fonds « responsables » a quadruplé. La transparisation de la finance met les investisseurs dans une situation de responsabilité réelle vis-à-vis du client final (« Pourquoi mon argent finance-t-il cette société qui pollue la planète ? »). Et les nouvelles générations, pleinement éclairées sur ces sujets, ont trouvé là un moyen de changer le monde à leur échelle. De réconcilier leur métier avec leurs valeurs. Dès lors, à moins que les inégalités sociales ou le réchauffement climatique ne soient plus des sujets de préoccupation d’ici quelques années, les investissements durables sont là pour durer : les investisseurs en imposeront le choix à leur gérant de portefeuille.
« UNE RÉVOLUTION EN COURS » JULIE DIDIER Responsable Marketing & Communication, LuxFlag
Les investissements durables sont bien plus qu’un phénomène de mode à court terme, je dirais même qu’une vraie révolution est en cours. Jamais l’intérêt n’a été aussi élevé, le marché se trouve en pleine croissance. Beaucoup de gestionnaires d’actifs classiques se rendent compte de l’attractivité des investissements durables et de l’intérêt que leurs clients y portent, et sont en train de réagir. La réponse politique ne se fait pas non plus attendre. L’UE vient d’élaborer un plan d’action sur la finance durable qui planifie une réforme profonde du secteur financier en Europe. Pour les gestionnaires d’actifs, l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans le processus d’investissement permet tout simplement une gestion de risque efficace qui apporte des avantages compétitifs. De plus, la nouvelle génération est plus apte à combiner impact et bénéfice à travers les investissements. Cela engendre une vraie cascade dans le marché, vu que personne ne veut être le dernier à se lancer. Découvrez la version intégrale sur paperjam.lu.
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PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D
PRIVATE EQUITY
AUPRÈS DE L’ÉCONOMIE RÉELLE La LPEA (Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association) organise cette année sa deuxième grande conférence, le 25 avril à la Philharmonie. Une occasion de revenir sur un secteur qui pèse de plus en plus lourd et qui gère plus de 400 milliards d’euros depuis le Luxembourg.
L’
activité private equity est une activité du secteur financier qui est en croissance permanente au Luxembourg. Les actifs sous gestion ont doublé depuis le début de la décennie, de 200 à 400 milliards d’euros. Forte du succès de la première édition, la LPEA va remplir très largement la Philharmonie cette année encore, et notamment avec des acteurs qui ne travaillent pas directement dans le private equity, comme les banquiers privés et autres gestionnaires de fortune, preuve que le secteur intéresse au delà du premier cercle d’initiés. Il faut dire qu’il se porte à merveille,
« Il est fondamental d’amener de nouveaux profils venant de Londres, Munich ou plus loin encore. » Jérôme Wittamer Président de la LPEA
comme l’indique la recrudescence de 25 % de l’activité enregistrée pour l’année 2017, ce qui représente environ 500 millions d’euros. Cette augmentation de l’activité se traduit également en matière d’emplois, avec des profils très spécialisés que l’on trouve plus difficilement sur le marché du travail luxembourgeois : « Nous avons 700 postes non pourvus actuellement, explique Jérôme Wittamer, président de la LPEA. Il y a une stabi36 —
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lisation en matière de demandes. Nous sommes donc obligés d’aller chercher les gens à l’étranger, plutôt que d’aller braconner chez la concurrence. Il est de toute façon fondamental d’amener de nouveaux profils venant de Londres, Munich ou de plus loin encore. » Selon la LPEA, le private equity représente plus de 6.000 emplois au Luxembourg. Quant aux sociétés d’investissement, le LPEA en recense près de 170, contre seulement une dizaine il y a 10 ans. Dont 13 qui comptent parmi les plus grands acteurs mondiaux. De quoi donner le sourire à Jérôme Wittamer, pour qui l’industrie du private equity est celle qui se développe le mieux actuellement sur la Place luxembourgeoise. Le secteur veut se positionner comme un acteur incontournable de l’économie réelle, au vu du message porté cette année par la thématique de la conférence, « Building the real economy ». Le private equity est là pour soutenir les entreprises, et notamment celles qui sont innovantes : « Nous voyons le private equity com me un outil de financement, ainsi qu’un support à l’activité économique, indique Jérôme Wittamer. Cela permet à de nouvelles entreprises de se développer, et aux autres de pouvoir s’étendre à l’international. Nous voulons cependant garder un lien important avec l’économie réelle. » Au-delà de l’économie réelle, le private equity privilégie les entreprises qui ont misé sur l’innovation. Ainsi, 12 % des brevets en Europe sont détenus par des sociétés qui sont financées par des private equity, un chiffre qui n’est en rien dû au hasard selon Jérôme Wittamer : « Les private equity sont en nette expansion, +7 % par rapport aux autres modes de financement des entreprises. C’est un signe de la bonne vitalité du secteur. » A. S.
Roboadvisors
[rəʊbɒ ədˈvaɪzəz] noun Les robo-advisors, ou robot-conseillers, permettent d’investir en bourse pour un coût raisonnable et en étant un minimum guidé.
c’
est la nouvelle tendance des banques : s’offrir un robot-conseiller pour aider les investisseurs lambda à investir en bourse sans devoir passer par le bureau d’un conseiller financier. Quelques spécimens sont apparus au Luxembourg au cours de l’année 2017, et leur présence devrait se faire de plus en plus importante. De quoi s’agit-il exactement ? D’algorithmes puissants qui, sur base de votre profil, qu’ils ont défini avec vous, permettent à tout un chacun d’investir sur les marchés d’actions. Mais, direz-vous, c’était déjà le cas en passant par un conseiller « humain ». Oui, sauf que celui-ci coûte cher et que ses services sont donc limités à des investisseurs relativement fortunés qui peuvent apporter une somme de départ déjà importante (on parle souvent en centaines de milliers d’euros). Le fonctionnement automatisé du robot-conseiller le rend par contre accessible à un plus grand nombre et permet de se lancer dans des stratégies d’investissement en misant quelques centaines d’euros seulement. Pour une pratique plus simple, les robots investissent généralement dans des fonds indiciels cotés (ETF) qu’ils sélectionnent selon le profil de risque de l’investisseur. Mais si leur attrait pour les banques vient de la disparition de l’intervention humaine – et donc de son coût –, c’est aussi sa principale limite. Comment faire confiance au jugement d’un algorithme dans un secteur aussi volatil ? Pour pallier cet écueil, certaines banques installent donc un comité de pilotage qui observe, à échéances, le comportement du robot-conseiller et réajuste le tir si c’est nécessaire. Les robots-conseillers tracent donc leur route dans le sillon de la digitalisation du monde bancaire et devraient rapidement créer une nouvelle voie pour la démocratisation de l’investissement. À chacun d’en mesurer les risques.
The Horizon Conference is organized annually with the objective of providing the ideal launch pad where industry professionals can immerse themselves into the evolving climate of the financial sector. Explore the future of the financial industry in the upcoming edition.
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THURSDAY 03 MAY 2018
8:30 - 14:00 PHILHARMONIE LUXEMBOURG
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PLACE FINANCIÈRE P I C T U R E R E P O RT
BANQUES
LA BATAILLE DU DIGITAL Si des banques 100 % digitales se développent en Europe, les banques traditionnelles répliquent sur ce même terrain. Le point sur la situation au Grand-Duché.
inis les détours par l’agence bancaire pour effectuer des opérations courantes comme les v i re m e nts. L e s c l i e nts de banques privilégient désormais les outils digitaux pour gagner du temps et effectuer leurs opérations à toute heure. Les banques traditionnelles l’ont bien compris et se digitalisent d’elles-mêmes : « Les agences physiques ferment car elles sont moins fréquent ées, on peut désormais tout faire en ligne, le web banking des banques traditionnelles est très efficace », estime Marc Hemmerling, general counsel digital banking, fintech & payments à l’ABBL. Si aucune « néobanque » n’est pour le moment installée au Luxembourg, l’ABBL estime que des projets de banques digitales avec une licence nationale sont à l’étude : « Nous avons de nouvelles banques 100 % digitales qui vont voir le jour, des projets concrets sont en cours. » Ainsi, la banque digitale Hush, basée au Luxembourg, attend les vérifications d’usage et le feu vert de la CSSF pour lancer une offre en bitcoin, ce qui serait une première pour le pays. Le gendarme de la place financière n’apprécie néanmoins pas du tout que le cas Hush soit évoqué avant que la licence ne soit délivrée.
UNE LIMITE DE TAILLE
Si elles se développent en Europe, avec un succès relatif auprès des clients plutôt jeunes, comme c’est le cas avec N23, Monzo, Bunq ou encore Revolut, Marc Hemmerling voit une limite de taille : « Comment se rémunèrent- elles ? Ces banques 100 % digitales, a priori sans frais pour leurs clients, ont un business model sans agence, ce qui limite les coûts de fonctionnement, mais elles restent des entreprises privées qui doivent couvrir leurs frais. Si leur modèle 38 —
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se limite à la vente de leurs données, elles ne vont bientôt plus pouvoir le faire grâce à la directive européenne sur la protection des données. Même si l’on tente de faire croire le contraire, rien n’est gratuit. » Pascal Martino, digital leader chez Deloitte Luxembourg, souligne la taille restreinte du marché national comme principale barrière pour maintenir le rythme numérique. « La transformation numérique représente un investissement considérable. Au cours des dernières années, la plupart des banques au Luxem bourg se sont attelées en priorité à se conformer aux nouvelles réglementations, et par conséquent, l’amélioration de leur offre numérique prend du temps. »
date 6 mars 2018 lieu Chambre de commerce
Roxane Haas (PwC), Thierry Garcia (Société Générale), Marc Hemmerling (ABBL), Nicolas Schmit (ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale), Thibault de Barsy (Keytrade Bank Luxembourg), Falk Fischer (Bank Julius Baer Luxembourg), Patrice Witz (PwC).
APPROCHE OMNICANALE
La Bil a opéré quant à elle un virage digital depuis deux ans environ, des marchés prioritaires ont été définis. Elle est d’ailleurs devenue la première banque au Luxembourg à proposer des services 100 % mobiles. « Le but est de faciliter l’accès pour les clients, tout en maintenant une relation clientèle, explique Olivier Debehogne, head of retail and digital banking. L’approche est omnicanale : dans quelques semaines, il sera possible d’ouvrir un compte à la Bil à partir de son smartphone. Nous avons énormément investi dans le digital, mais aussi dans le relationnel avec nos chargés de relations. Au Luxembourg, les acteurs traditionnels ont un peu coupé l’herbe sous le pied des banques directes. Partir de rien est de venu très compliqué. » Pour ce dernier, la menace vient principalement des Gafa : « Ils vont se positionner sur certains secteurs, comme c’est déjà le cas avec l’Apple Pay. » A. S.
Lors de la table ronde sur les tendances qui dessinent le futur des banques, il a été davantage question de régulation. « Les dépenses liées à la conformité pour les petites structures peuvent représenter jusqu’à 50 % de leurs revenus », a estimé Marc Hemmerling.
Autre sujet évoqué, la formation du personnel aux nouveaux métiers. « Il s’agit d’utiliser les technologies de l’intelligence artificielle pour rompre les tâches routinières, mais de garder l’expérience de nos spécialistes pour servir le client au mieux », a rappelé Falk Fischer.
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PHOTOS Edouard Olszewski
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PLACE FINANCIÈRE
PRIVATE EQUITY
L’ALTERNATIVE TRANSPARENCY CAPITAL Pour rendre les fonds de private equity accessibles au plus grand nombre, la jeune société luxembourgeoise Transparency Capital joue les intermédiaires par l’émission d’obligations.
L
e private equity, par son approche à long terme et les liens plus étroits qu’il permet de tisser au sein de l’entreprise, attire de plus en plus d’investisseurs. Pourtant, même si les montants investis dans les entreprises par ce canal – sans passer par la bourse, donc – sont en augmentation constante ces dernières années, il reste très peu accessible pour les plus petits investisseurs individuels. Parce que la somme de départ pour avoir accès aux fonds de private equity se monte à plusieurs millions d’euros. C’est en partant de ce constat qu’est née Transparency Capital, une société basée à Luxembourg qui se donne justement pour mission de faire le lien entre les deux. « Les grands fonds d’investissement préfèrent traiter avec une poignée d’investisseurs institutionnels, comme des compagnies d’assurances, des fonds de pension ou des fonds souverains, que d’avoir à gérer des milliers de petits investisseurs privés », explique Matthieu Cicurel, son CEO et l’un des quatre fondateurs. Face aux besoins en capitaux des fonds et à la demande des OUVRIR LES PORTES DU PRIVATE EQUITY Investisseurs privés
Obligations d’une valeur nominale de 150.000 €
TC
Transparency Capital
Mise en commun des investissements individuels
Le ticket d’entrée pour le private equity est en moyenne de 5 millions €, excluant les petits investisseurs
Fonds de private equity
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mance vers l’investisseur », précise Matthieu Cicurel. Quant à la notion de transparence gravée dans le nom de la jeune société, elle se concrétise notamment par une information préalable afin que chaque candidat investisseur sache où ira réellement son argent. Il reçoit donc une information sur le fonds et le gérant de fonds qui doit lui permettre de faire un choix en connaissance de cause. En fait, pour chaque obligation, la société publiera un prospectus reprenant les principaux éléments et qui sera contrôlé par la Bourse de Luxembourg. « C’est encore une de nos particularités, renchérit le responsable. Nous structurons la transaction, mais nous ne gérons pas l’argent. Une situation qui ne nous place pas sous le contrôle de la CSSF et nous permet justement de pouvoir limiter nos frais. » Mais il précise : même sans contrôle de l’autorité des marchés financiers, Trans parency Capital est soumise à toutes les réglementations liées à son métier.
investisseurs privés d’y avoir accès, la plateforme Transparency Capital se propose donc de jouer l’interface pour répondre à cette double demande. Par quel stratagème ? « En fait, l’idée est relativement simple, poursuit le manager de la nouvelle structure. Nous avons créé un fonds, qui est plus un véhicule de titritisation qui émet des obligations sur le marché. » Grâce à l’argent collecté, la société peut acheter des parts dans des grands fonds de private equity. « Nous agrégeons un ensemble de petits tickets pour en créer un grand », poursuit Matthieu Cicurel. Le montant nominal des obligations est de 150.000 euros, une mise importante, mais qui 50 MILLIARDS DE DOLLARS reste une somme raisonnable pour Fondée officiellement en 2015 au un investisseur moyen. Luxembourg, Transparency Capital prépare sa première levée LIQUIDITÉ ET FRAIS PLANCHERS de fonds et donc la première Il note aussi que le poids du ticket émission obligataire. L’objectif d’entrée n’est pas l’unique écueil est d’investir dans le fonds Prime pour investir dans un fonds de Stone, dont la stratégie est de private equity. Un autre vient du prendre des participations de 3 % fait que les fonds ont générale- à 15 % dans des entreprises cotées ment une durée de vie entre 10 et européennes et de pouvoir jouer 12 ans et que l’argent placé ne sera un rôle d’investisseur actif au sein pas rendu avant le terme défini du conseil d’administration. Le au départ. « Nos obligations, elles, montant d’engagement minimum sont cotées à la Bourse de Luxem cumulé a été fixé à 60 millions bourg et sont échangeables », d’euros, mais l’objectif affiché est pointe-t-il. Enfin, dans la balance, d’atteindre 202 millions d’euros il place aussi l’impact des frais liés en sollicitant des investisseurs à la gestion du fonds et à la per- privés et des family offices. Et en formance. « Certains acteurs s’oc- tout cas des financiers qui troient parfois une commission répondent à la définition de performance qui peut aller d’« investisseur averti ». Dans sa stratégie, la société jusque 20 %. Nous n’en prenons pas et nous avons tenu à établir s’est donné pour cible d’attirer les des frais planchers. Ils se montent patrimoines dont la taille fluctue donc à 0,7 % de l’investissement entre 1,5 et 30 millions d’euros. sur une base annuelle. » « Il n’y a pas vraiment de plancher En ce qui concerne la part établi, mais la mise d’entrée étant bénéficiaire tirée de l’obligation, de 150.000 euros, nous voulons elle variera en fonction de la nous montrer prudents par rapperformance du fonds « pour port aux acteurs approchés. » retourner le maximum de perfor Avec un patrimoine supérieur à
30 milliards, ils peuvent par contre commencer à placer directement des montants importants dans des fonds de private equity. En partant de cette tranche de patrimoines, et compte tenu de la part injectée dans les marchés d’actions, Transparency Capital a calculé son marché potentiel aux alentours de 50 milliards de dollars au niveau de l’Europe occidentale. « Dans son étude annuelle Global One, le Boston Consulting Group a estimé le patrimoine total des personnes physiques à 40,5 trillions de dollars pour l’Europe de l’Ouest, note Matthieu Cicurel. Si on parle d’une cible de 50 milliards de dollars, nous ne visons donc qu’une petite portion de la fortune globale. » Mais de quoi quand même injecter une nouvelle manne importante dans l’économie réelle visée par le private equity. J.-M. L.
PRÉSENTÉES PAR
carrières Thomas Gintzburger, 36 ans, a rejoint le Groupe Steffen en tant que directeur financier. Après des débuts en audit financier, il a acquis une solide expérience en management financier et gestion de sociétés commerciales. CATERING
Mickaël Collet a rejoint Taleo Consulting en tant que human capital officer afin de renforcer l’équipe Ressources humaines. Avant, Mickaël Collet a effectué un stage dans un cabinet de recrutement basé à Paris. CONSEILS FISCAUX
Claudio Padovan, 38 ans, a été promu head of compliance and anti-money laundering au sein du groupe Aztec. Il sera entre autres responsable de la continuité du développement des services compliance et de lutte anti-blanchiment. PSF SPÉCIALISÉS
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ÉCONOMIE
économie Les Allemands branchés Les constructeurs allemands seraient les plus engagés dans le développement des voitures électriques. Une étude d’EY révèle en effet qu’ils ont investi 3,2 milliards d’euros en 2016 et 2017, contre 990 millions d’euros pour les constructeurs chinois et 887 millions d’euros pour les Américains. À tâches égales… La différence de salaire entre les femmes et les hommes est en moyenne de 5,5 % au Luxembourg, le meilleur taux de l’Union européenne après ceux de la Roumanie (5,2 %) et de l’Italie (5,3 %), selon les dernières données d’Eurostat. À l’autre bout du classement figurent l’Estonie (25,3 %), la République tchèque (21,8 %) et l’Allemagne (21,5 %). Toujours en quête Selon une enquête de la Fedil, les entreprises luxembourgeoises du secteur de l’ICT ont l’intention d’embaucher 698 spécialistes dans les deux ans à venir, dont 69 % pour occuper des postes nouvellement créés. Des chiffres en progression par rapport à la dernière édition de cette étude. Bonheur mesuré Dans la 6e édition de son étude sur le bonheur dans le monde, présentée mi-mars, l’Organisation des Nations unies a classé le Luxembourg à
la 17e place des pays les plus heureux. 11 pays européens le devancent, dont l’Irlande, la Belgique et l’Allemagne. PIB et consommation Le Statec a mis à jour l’évolution du PIB en volume au 4e trimestre 2017 : +1,6 % par rapport au 4e trimestre de 2016 et -0,1 % par rapport au trimestre précédent. Du côté des dépenses en consommation, celle des ménages et des institutions sans but lucratif au service des ménages a augmenté de 1,2 %, celle des administrations publiques a augmenté de 0,5 %. Les exportations ont diminué de 0,4 % et les importations ont augmenté de 0,7 %. Plus d’emplois Le nombre de personnes disposant d’un emploi au Grand-Duché a progressé de 3,5 % au 4e trimestre 2017, par rapport à la même période de l’année dernière, selon Eurostat. Au niveau européen, cette augmentation place le Luxem bourg en 4e position, derrière Malte (6,1 %), l’Estonie (5,7 %) et la Croatie (3,8 %). Meilleure note Standard & Poor’s a annoncé mi-mars qu’elle maintenait son AAA pour le Luxembourg, assorti d’une perspective stable. Une semaine avant, DBRS, une autre agence de notation, réitérait elle aussi son triple A au Grand-Duché, avec la même perspective.
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DÉVELOPPEMENT
De la start-up nation à la private investor nation L’European Business Angels Network (Eban) veut réveiller les esprits des investisseurs européens pour les pousser à investir davantage dans les start-up.
Conquête Pour son 20e anniversaire, l’Eban organise un roadshow à travers l’Europe pour rencontrer les investisseurs.
C
e n’est pas une croisade, mais ça y ressemble. Alors qu’il s’apprête à fêter en 2019 son 20e anniversaire, l’Eban a décidé de partir cette année à la conquête des investisseurs européens, quels qu’ils soient, pour en faire des business angels, ces personnes qui décident d’apporter à de jeunes entreprises un soutien financier, ainsi que leur expertise entrepreneuriale. Mi-février, le réseau a présenté son plan de bataille. Il prendra la forme d’un roadshow qui passera par la majorité des États de l’Union. L’un des moments forts de cette tournée aura lieu au Luxembourg les 22 et 23 octobre, avec l’Eban Winter Summit. Pour se rendre encore plus séduisant, l’Eban a signé un partenariat avec Amazon Web Services, qui permettra à
chaque jeune pousse soutenue par un business angel de recevoir 10.000 dollars de crédit pour utiliser ses services. « De nombreux pays européens ont aujourd’hui l’ambition de devenir des start-up nations, mais sans argent, nous verrons nos meilleures pépites quitter le continent pour grandir, explique la Luxembourgeoise Candace Johnson, présidente de l’Eban. Nous voulons donc maintenant créer des private investor nations. »
MANQUE DE LIQUIDITÉS
Si de nombreux pays européens, dont le Grand-Duché, offrent des programmes et des infrastructures pour aider les start-up à fleurir, ces dernières ont du mal à trouver les ressources financières nécessaires
ILLUSTRATIONS Maison Moderne / Shutterstock
DIGEST
ÉCONOMIE
INFLATION RETOUR À LA NORMALE
Le taux de chômage est reparti légèrement à la hausse au mois de février, avec un nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem de 16.642 au 28 février, contre 16.599 un mois plus tôt. À noter toutefois que le chômage a diminué de 2,9 % sur un an.
Après un recul au mois de janvier dû à la période des soldes, le taux d’inflation est remonté à 1,3 % au mois de février, précise le Statec. Rapporté au niveau annuel, l’indice atteint 1 %, soit une légère baisse.
1,94%
6,1 %
6 %
5,7 %
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SOURCE Statec
COÛT DU TRAVAIL EN LÉGÈRE AUGMENTATION Les coûts horaires de la main-d’œuvre ont augmenté de 3,5 % au Luxembourg au 4e trimestre 2017, par rapport à la même période de l’année précédente. C’est légèrement au-dessus de la moyenne de l’Union européenne, qui a été de 2,3 %, mais deux fois plus important que la hausse enregistrée dans la zone euro (1,5 %). Au niveau européen, c’est la Roumanie qui a enregistré la plus forte hausse (+14,3 %), suivie de la Bulgarie (+12,2 %), alors que le coût de la main-d’œuvre a globalement diminué de 0,7 % en Finlande et de 0,2 % en Italie.
UN ANGE HISTORIQUE
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Variation du coût horaire de la main-d’œuvre par rapport au même trimestre de l’année précédente.
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II
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SOURCE Eurostat
0 %
« Il en va de la survie industrielle de l’Europe, s’alarme la députée européenne Viviane Reding (CSV). Le financement en capital fonctionne très mal en Europe et les effets sont dramatiques. »
FAILLITES UN PEU MOINS
FONDS LA TENDANCE SE CONFIRME
Le nombre de faillites enregistrées durant le mois de février a été un peu moins élevé qu’aux mois de janvier et de décembre 2017. Une évolution positive, qu’il faut toutefois relativiser. En février 2017, seules 58 déconfitures avaient été recensées, contre 76 un an plus tard.
Les actifs nets des organismes de placement (OPC) ont débuté l’année sur la même tendance qu’ils ont fini 2017. Au 31 janvier, la CSSF comptabilisait 4.214 milliards d’euros sous gestion au Luxembourg, soit une hausse de 1,3 % par rapport au mois précédent. En parallèle, le nombre d’OPC continue de baisser. Ils étaient 4.030 lors de ce dernier recensement. En milliards d’euros 5
105
Nombre de faillites 125
100
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3.767
76
4
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58
L’apport de liquidités n’est toutefois pas la seule façon d’aider une start-up à se développer. Les grandes entreprises peuvent aussi soutenir les jeunes pousses en achetant au juste prix leurs services. « Aux États-Unis, les corporates ne demandent pas de bilan comptable aux start-up avant de travailler avec elles, mais ils s’intéressent à l’aspect innovant de leurs solutions et voient en cela un gain pour leurs activités de R & D », argumente Candace Johnson. Celle qui a fait partie du premier cercle à l’origine de SES rappelle le premier soutien à l’époque d’un business angel. C’était en 1983 et le nom de l’investisseur providentiel fut le comte belge Roland de Kergorlay. Il a mis un million de dollars et a activé ses réseaux en Europe. On connaît la suite. J. M.
2 %
6,5 %
3,5 %
L’association luxembourgeoise des business angels (LBAN) lancera en juin le programme « Crowdinvestment — Together is better ». Après une présélection de projets entrepreneuriaux, elle invitera toutes les personnes intéressées à investir un minimum de 2.500 euros à une séance de pitching. L’objectif : donner accès au monde de l’investissement privé au grand public.
CHÔMAGE LÉGÈRE HAUSSE
-1,3 %
LBAN SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDE
MARS 2018
0,1 %
pour l’expansion de leurs activités. Bien souvent, elles doivent passer par des banques et donc s’endetter, à défaut de trouver des investissements en capital. En 2017, selon une étude de KPMG, 155 milliards de dollars ont été investis dans le monde par des sociétés de capital- risque. Seulement 19 d’entre eux ont été dépensés en Europe. L’Eban, lui, a estimé à un peu plus de 6,5 milliards d’euros la contribution de ses membres en 2016.
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SOURCE Creditreform Luxembourg
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SOURCE CSSF
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ÉCONOMIE D RO I T D U T R AVA I L
Trop de communication tue la motivation ? Une étude du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser) démontre que certains logiciels censés faciliter la communication en entreprise peuvent avoir un effet négatif sur la motivation des salariés, avec pour conséquence une baisse de la productivité.
L
sables aujourd’hui. L’e-mail pro fessionnel, par exemple. Selon des résultats provisoires 13 d’une autre étude du Liser, cet outil aurait un effet bénéfique sur la motivation des employés s’il est appréhendé de façon raisonnée. Cependant, en cas d’utilisation intensive, il a pour conséquence de diminuer la productivité, ainsi que l’autonomie du salarié. En effet, celui-ci serait plus enclin 5 à laisser aux échelons hiérarchiques supérieurs le soin de prendre les décisions. C’est notamment le cas quand un nombre trop important de personnes est mis en copie d’échanges de mails. Pour la communication sur des projets précis, il est donc rec ommandé d’utiliser des logiciels de workflow. « La digitalisation de l’environnement de tra14 vail a un impact direct sur le fonctionnement des organisations et il est important d’en avoir con science, rappell e ainsi Ludivine Martin. Les gouvernants s’intéressent aujourd’hui plutôt aux effets de l’intelligence artificielle sur le travail, mais il ne faut pas oublier que la digitali sation existe depuis longtemps et affecte aussi les travailleurs. » À l’heure de la transformation digitale de l’économie voulue par le gouvernement, le Liser 48 entend se pencher de très près sur ses effets sur le travail et l’emploi. Plus ieu rs études et expérimentations sont en cours ou seront lancées dans les mois à venir, notamment sur le phénomène UN IMPACT À SUIVRE DE PRÈS Il n’empêche que certains outils de plus en plus répandu de J. M. informatiques sont indispen- l’hyperconnexion.
es notifications qui apparaissent en temps réel dans le coin de son écran d’ordinateur seraient-elles contreproductives ? Une récente étude du Liser qui s’intéresse à l’impact des technologies de l’information et de la communication sur la motivation des salariés montre que l’usage des groupwares, ces logiciels qui permettent des échanges instan tanés d’informations, tels que Messenger, Dropbox, Skype ou Exchange, a un effet nocif sur l’implication des employés. Ils engendreraient même de l’anxiété, conséquence directe de l’infobésité ou surinformation à laquelle tendraient les salariés concernés. Un phénomène de plus en plus répandu, qui pousse aujourd’hui les syndicats luxembourgeois à demander un droit à la déconnexion comme il en existe en France depuis l’année dernière, mais dont le bilan est pour l’instant mitigé. À l’inverse, les technologies d’information « désynchronisée » réduisent le sentiment d’être disponible à tout moment et parviennent à créer de la motivation. « Si les groupwares mettent la pression sur l’individu en lui montrant constamment que les autres travaillent et en l’encourageant indirectement à être toujours plus réactif, les logiciels de workflow et l’intranet augmentent l’intérêt du salarié pour son travail », explique Ludivine Martin, l’auteur de cette recherche pour le Liser.
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TÉLÉTRAVAIL ET DROIT À LA DÉCONNEXION CONSTAT Absent des dispositions du Code du travail, le télé travail a fait l’objet d’une convention tripartite signée par les syndicats OGBL, LCGB et l’Union des entreprises luxembourgeoises en date du 21 février 2006. Cette convention, qui fixe un cadre global au télétravail, a été déclarée d’obligation générale pour l’ensemble des employeurs et des salariés du pays par un règlement grand-ducal du 15 mars 2016. Si le télétravail offre de nombreux atouts liés à l’auto nomie et à l’absence de déplacement du salarié, lesquels induisent nécessairement des économies de temps et d’argent, ainsi qu’un impact environnemental positif, cette modalité de travail peut également ouvrir la voie à des dérives.
CE QUE DEVRAIT PRÉVOIR LA LOI Considérant que le télétravail requiert par définition l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, il pourrait se révéler nuisible en raison d’une « sursollicitation » numérique du salarié, avec à la clé des risques pour sa santé et sa vie de famille.
QUE FAIRE ? En attendant l’éventuelle instauration d’un droit général à la déconnexion applicable à l’ensemble des contrats de travail, y compris ceux faisant la part belle au télé travail, les délégués du personnel doivent être attentifs et vigilants à toutes potentielles dérives liées à une situation de télétravail. En tout état de cause, il convient de ne pas omettre que l’employeur est tenu d’une obligation générale d’assurer la sécurité et la santé de l’ensemble de ses salariés.
L’AVIS Il sera intéressant d’observer quelles seront les suites données par le ministère du Travail à la demande formulée par un syndicat luxembourgeois d’introduire dans le Code du travail un droit concret à la déconnexion des salariés.
Sabrina Martin Avocat à la Cour et fondatrice de l’étude Martin Avocats, elle est également à l’origine de la plateforme de conseil et d’assistance juridique en ligne Martin Lawyers Online (MLO).
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ÉCONOMIE
À L’ÈRE DU RENOUVEAU Après l’âge d’or de la sidérurgie, l’économie luxembourgeoise a été boostée par la place financière. À l’heure où le gouvernement mise son futur sur l’innovation et le digital, le secteur de l’industrie a de nouveau sa carte à jouer.
L
es chiffres du Statec sont éloquents : alors que les emplois dans le secteur de l’industrie progressent, le poids de celle-ci dans le PIB luxembourgeois est, lui, en net recul. Ainsi, en 1995, l’industrie représentait encore 36,8 % du PIB. En 2016, il n’était plus que de 19,9 %. Dans le même temps, le nombre d’emplois a progressé de 106.000 en 1995 à 122.000 en 2016. Plus d’emplois, mais moins de valeur ajoutée ? Un phénomène qui s’explique par la part plus importante d’autres secteurs dans le PIB ainsi que la tendance à la sous-traitance, qui évolue aussi avec les tendances qui s’appliquent aux autres secteurs. « Les entreprises ont segmenté leurs activités, comme le gardiennage ou la cantine par exemple, expli que René Winkin, directeur de la Fedil, ce qui donne sur le papier une activité industrielle plus réduite. » La segmentation expli que en partie cette baisse, mais un autre phénomène est à noter : comme pour les voitures, les industriels tendent de plus en plus à louer leur terrain pour plus de flexibilité. Le prix du foncier est un frein pour les entreprises, mais ces installations en leasing
permettent de réduire les coûts et n’apparaissent de fait plus dans la valeur ajoutée de l’entreprise. « Le loyer est un coût déduit. Les actionnaires historiques d’une entreprise peuvent céder l’activité en voulant garder le terrain. Le phénomène n’est pas généralisé, mais c’est une tendance que nous observons. Pour l’industriel, cela permet de réduire les coûts à court terme, et pour les propriétaires, c’est une garantie de pouvoir l’utiliser pour d’autres activités à l’avenir et de garder la mainmise. »
FRONTIÈRES POREUSES
Cette tendance à la location s’est accentuée avec la crise, un moment où les entreprises manquaient de liquidités. Le leasing s’est donc petit à petit démocratisé. La frontière entre secteurs est aussi devenue de plus en plus poreuse. Ainsi, l’installation potentielle du data center de Google à Luxembourg va figurer dans les chiffres du Statec pour le secteur tertiaire. Et pourtant : « Si la finalité c’est le service avec le stockage des data, tout ce qui est en rapport avec ce type de bâtiment est relatif au secteur industriel, note le directeur. Comme la dénomination est
Évolution Le secteur de l’industrie n’échappe pas à la digitalisation, ce qui lui permet de se renouveler.
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complexe, le secteur de l’industrie en pâtit sur le papier. Il faudrait que les statistiques s’adaptent aux nouvelles réalités de l’économie. » Même chose pour des industries comme Goodyear et Delphi, qui ont développé leur département R&D. Ces entreprises sont au cœur de l’industrie, mais leurs départements ne vont pas apparaître dans les chiffres du secteur. Pourtant la R&D fait partie prenante du secteur de l’industrie, comme c’est le cas avec l’installation du campus automotive à Bissen : « Il y a une convergence entre l’industrie et les services, et inversement. » Est-ce pour autant un retour en grâce de l’industrie ? Après avoir été dans l’ombre de la place financière, le secteur a l’occasion
« Il y a une convergence entre l’industrie et les services. » René Winkin Directeur de la Fedil
de revenir sur le devant de la scène, avec un bémol : « Avec l’importance que la place financière a pris dans le pays, l’industrie a été occultée, même si elle a continué à se développer, elle a perdu en poids relatif. Mais est-ce que cela va compenser ce qu’a fait la place financière pour le pays ? C’est un travail de longue haleine, nous n’avons de toute façon pas le choix. » Pourtant le Luxem bourg a sa carte à jouer dans une économie digitalisée : ainsi l’industrie n’est plus forcément à la recherche du moindre prix, mais le rôle de la technologie est devenu prépondérant. Pour René Winkin, l’innovation est une belle opportunité pour que le secteur s’ouvre à de nouvelles possibilités : « Nous avons l’avantage d’être près des clients, d’être réactifs, c’est un avantage par rapport à l’Asie. » La Fedil se veut de toute façon confiante : « Nous avons le soutien du gou-
vernement qui s’inscrit dans un agenda européen, conclut René Winkin. Le sentiment de fond est positif, avec le space mining, le rapprochement avec le secteur des services, c’est un défi que nous allons relever. » A. S. PART DU PIB ET EMPLOIS DANS LE SECTEUR PIB en % 40
Emplois en millers 125
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SOURCE Statec
PRÉSENTÉES PAR
carrières Mélanie Trienbach, 38 ans, a été promue senior associate au sein de l’étude Kleyr Grasso. Elle est spécialisée en droit administratif et conseille ses clients, plus particulièrement en matière de marchés publics, d’urbanisme et d’aménagement du territoire. ÉTUDES D’AVOCATS
Stephen Osmont, 39 ans, a rejoint le groupe Aztec en tant que debt fund services director, afin de renforcer son offre en matière de dette. Il dirige aujourd’hui l’équipe spécialisée en dette privée, qui gère les fonds de dette et les fonds communs de créances (SPV). PSF SPÉCIALISÉS
Martin Dobbins, 56 ans, a été nommé managing partner de Trinova. Anciennement CEO de banques européennes et luxembourgeoises, il endosse désormais la fonction d’administrateur indépendant et conseiller fintech. FONDS D’INVESTISSEMENT ET SERVICES AUX FONDS
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espresso conversations envies Il s’est contraint à la retenue à son arrivée au pouvoir. Le ministre de la Justice, Félix Braz (Déi Gréng), évoque son bilan en page 50.
Du fret aérien au courrier, Hjoerdis Stahl jongle avec les missions avec autant de passion. Rencontre en page 66 avec la nouvelle directrice générale adjointe de Post Luxembourg. François Bausch (Déi Gréng) et Nicolas Buck (Fedil) se sont prêtés, en page 82, à l’exercice du bavardage autour du sujet controversé de la croissance au Luxembourg. Vénérable et moderne. La Bourse de Luxembourg célèbre son 90e anniversaire. Suivez en page 94 son CEO, Robert Scharfe, durant une journée marathon. Avril 2018 —
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Auteurs
Camille Frati & François Aulner Photographe
Anthony Dehez
UN GOUVERNEMENT QUI DÉBAT BEAUCOUP EN SON FOR 50 —
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Félix Braz donne l’image d’un personnage discret et d’un ministre davantage « gris » que « vert ». Chargé de la Justice, il revendique son choix de faire preuve de sérénité, d’où son silence en ce début de campagne électorale . Avril 2018 —
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Monsieur Braz, au cours des quatre dernières années, les Luxembourgeois ont pu voir le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), aux côtés de Barack Obama, de Donald Trump, d’Angela Merkel ou d’Emmanuel Macron, pour qui il affiche une amitié intime. Le vice-Premier ministre, Étienne Schneider (LSAP), a attiré l’attention médiatique via le space mining ou l’étude Rifkin. Il semble que vous étiez plus discret sur les radars médiatiques. Est-ce qu’un ministre de Déi Gréng ne se sent pas insignifiant ?
Ces contacts, que ce soit ceux de Xavier Bettel ou d’Étienne Schneider, sont très importants pour le pays. Certains critiquent ces contacts, je ne partage pas du tout cette critique. Dans mon domaine, la justice, je suis aussi très heureux d’avoir de très bonnes relations avec mes homologues européens, qui ont en règle générale moins de visibilité que les autres. Dans mon ressort aussi, il est très important de tisser les meilleures relations possible. Je m’y suis attelé en amont de la présidence luxembourgeoise au deuxième semestre 2015.
Le ministère de la Justice comme seul ressort, n’était-ce pas trop modeste ? Vos prédécesseurs du CSV l’occupaient presque accessoirement. Luc Frieden était également ministre des Finances, alors que François Biltgen devenait en 2009 ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ministre des Communications et des Médias, ainsi que ministre des Cultes.
Le ministère de la Justice a une responsabilité très particulière, il ne peut être un accessoire. C’est le ministère de tutelle des autorités judiciaires, celles qui rendent la justice.
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Ce que vous avez décrit, c’est plutôt l’exception dans les autres États européens, pas la règle. Pensez au garde des sceaux en France ou au lord chancellor en GrandeBretagne. Au Luxembourg, il vaut mieux aussi qu’il y ait un ministre exclusivement en charge de la justice. D’ailleurs, je pense que c’est un grand avantage de pouvoir se consacrer à temps plein à ce ministère. Compte tenu du travail qui a été accompli au cours de cette mandature, il est évident que le fait d’avoir un ministre à plein temps est utile pour faire avancer les dossiers.
Justement, nous nous retrouvons dans la dernière ligne droite de cette mandature, et début mars, en commission parlementaire, on a vu que le calendrier se bousculait un petit peu. Compte tenu des délais législatifs, pensez-vous devoir renoncer à certaines réformes, comme celle de l’administration pénitentiaire ou celle du divorce ? Allez-vous devoir faire des choix d’ici l’été ?
Normalement, on me pose la question autrement. On demande toujours : « Est-ce que vous allez tout achever avant la fin de la législature ? » Je réponds d’habitude, y compris à mes collaborateurs, que si le but était de tout finir avant la fin du mandat, alors je devrais arrêter de déposer des projets de loi 18 mois avant la fin de la mandature. Or, il est important qu’un ministre continue de déposer des textes jusqu’au dernier jour de son mandat, et évidemment, une partie de ce qu’il aura déposé devra aboutir dans la mandature suivante. Je souhaiterais juste vous donner deux chiffres. J’ai fait passer au total 83 textes, projets de loi et règlements grand-ducaux, qui ont une grande importance et qui représentent aussi beaucoup de travail.
Nous avons déposé quasiment le double de textes par rapport à la mandature précédente. — Avril 2018
»
Parmi ces 83 textes, j’en ai déposé 70. 28 autres textes que j’ai déposés sont actuellement en procédure, et il y a encore toute une série de projets qui vont passer dans les prochaines semaines et prochains mois. Juste à titre de comparaison : par rapport à la mandature précédente, nous avons déposé quasiment le double de textes. Je sais que certains disent que la dernière mandature était plus courte, mais étant donné que nous avions la présidence de l’UE qui nous a pris pratiquement une année, c’est cette mandature-ci qui était en fait un peu plus courte que la précédente.
Mais quelles seront alors les priorités ?
Tout est toujours priorité… mais il y a plusieurs textes que je considère comme très importants et qui, à mon avis, pourront être débattus jusqu’à la fin juillet. Il s’agit, d’une part, de la réforme du droit de la famille, qui inclut le juge aux affaires familiales, le divorce et l’autorité parentale. D’autre part, il y a l’exécution des peines et l’administration pénitentiaire qui sont deux textes distincts, mais qui, à deux, représentent une réforme. Puis, il y a le projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, ou encore le projet de loi qui permet aux personnes transgenres de changer de prénom et de sexe à l’État civil. Ce dernier n’est pas encore avisé par le Conseil d’État, mais les trois autres que j’ai cités sont entre les mains de la Chambre des députés, et ce dans une version qui intègre, dans un texte coordonné, toutes les modifications sollicitées par le Conseil d’État et qui répond par ailleurs à tous les avis, que ce soit ceux des autorités judiciaires, de la CCDH (Commission consultative des droits de l’homme), de la CNPD (Commission nationale de la protection des données) ou autres. Je reste optimiste pour tous ces dossiers.
N’était-ce pas un risque de retirer les textes qui avaient déjà été déposés par vos prédécesseurs ?
La démarche a plutôt été inverse, le retrait a été l’exception. Dès le début, j’ai préféré continuer à travailler sur les textes qui étaient en cours de procédure, dans la mesure du possible. Mais il y avait des textes où il y avait trop d’oppositions formelles et autres critiques de fond, et j’ai estimé préférable de retirer ces textes déposés par mes prédécesseurs. Ajouter des amendements les aurait rendus complètement illisibles. Les expériences récoltées ont néanmoins été utiles à l’élaboration de nouveaux textes. Le mot d’ordre était de travailler autant que possible sur les textes déposés. Par ailleurs, un nouveau dépôt a permis à tous
Félix Braz La sérénité en personne
BIO EXPRESS
• Félix Braz, né le 16 mars 1966 à Differdange, obtient la nationalité luxembourgeoise à l’âge de 18 ans. Avec ses parents d’origine portugaise, il passe son enfance à Belvaux et à Esch. • Après ses études secondaires, Félix Braz réussit une première année en droit à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, mais interrompt ensuite son parcours universitaire. En 1990, il présente la première émission en portugais sur RTL Radio. • En 1991, à 25 ans, Félix Braz entre en politique en devenant secrétaire parlementaire du parti écologiste Déi Gréng. En 1995, il rejoint le conseil communal d’Esch-sur-Alzette et y devient échevin de 2000 à 2011. • Lors des élections de 2004, Félix Braz est élu une première fois au Parlement. Il est réélu en 2009 et en 2013, année où il fait son entrée au gouvernement lors de la formation du gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng. Depuis 2013, il est ministre de la Justice.
Retenue Félix Braz revendique une certaine réserve, inhérente à son ressort.
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les intervenants d’en être informés et de pouvoir aviser le nouveau texte.
DÉI GRÉNG AU PARLEMENT
Pour continuer sur la réforme du divorce, il y a des questions de fond qui ne semblent pas réglées, avec notamment le divorce pour faute, qui avait été enlevé, puis rajouté en cours de procédure, car il y a des problématiques au niveau des droits patrimoniaux…
Une autre loi qui marque votre mandat et à laquelle certains voudraient réduire votre mandat, c’est la loi sur la burqa…
Au Luxembourg, l’interdiction de la dissimulation du visage est une règle très géné-
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Non, la loi sur la dissimulation du visage !
Mais est-ce que vous ne craignez pas que l’on se souvienne de vous comme le ministre qui a interdit la burqa ? Populairement parlant.
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CSV
Nous avons prévu une collaboration, car les chiffres ne sont évidemment pas inventés par les juges. Nous avons longuement discuté de cette question, et il est évident qu’il nous faut un dispositif qui nous permette d’arriver rapidement à des chiffres. Tout cela est réglé dans le texte. D’ailleurs, pour tout ce qui touche aux pensions, c’est le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider (LSAP), qui en est en charge et avec qui nous avons une excellente collaboration sur ce projet de loi important.
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Qui se chargera des questions des pensions, la Sécurité sociale ou le juge ?
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GLEI GAP
20 ans ! Pendant très, très longtemps, d’aucuns ont essayé d’arriver à un texte, mais cela n’a jamais abouti. Mon texte a déjà été déposé à mi-mandat et il va au-delà du seul divorce. Laurent Mosar (député du CSV, ndlr) a qualifié la réforme du droit familial de « réforme du siècle ». Notre texte est non seulement une réforme du divorce, mais aussi une réforme du droit de la famille, avec notamment l’introduction du juge aux affaires familiales et une réorganisation, de ce fait, des procédures, mais aussi de l’autorité parentale.
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La volonté de réformer la loi sur le divorce remonte à très longtemps…
Nombre de sièges en %
CSV
Pas exactement, la réforme initiale prévoyait déjà la suppression du divorce pour faute, et c’est toujours le cas, cela n’a pas changé en cours de procédure. À l’avenir, il y aura comme prévu deux formes de divorces : le consentement mutuel et la rupture irrémédiable des relations conjugales. Bien sûr, il y a encore le débat en commission, mais le divorce pour faute est supprimé. Même s’il pourrait avoir des conséquences indirectes si un partenaire a commis une faute pénale. Nous avons énuméré les articles visés du Code pénal avec précision.
Déi Gréng fêtera son 35e anniversaire le 23 juin prochain. Un an après sa formation, le parti vert luxembourgeois obtenait en 1984 deux mandats. Sur fond de divergences, le parti se scindait en deux l’année suivante, et les deux nouveaux partis, le Gréng Lëscht Ekologesch Initiativ et le Gréng Alternativ Partei, gagnaient deux sièges chacun en 1989. En 1994, les deux listes fusionnaient à nouveau et arrivaient à cinq mandats. Depuis, le meilleur score de Déi Gréng a été de sept mandats sur 60 à la Chambre, en 2004 et 2009.
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* KPL ** Déi Lénk a
En 1984, la Chambre comptait 64 sièges.
b
n 1989, le parti se scindait en deux formations E qui obtenaient chacune deux mandats.
GLEI : Gréng Lëscht - Ekologesch Initiativ GAP : Gréng Alternativ Partei
13 20
rale qui existe dans certaines communes depuis un siècle déjà, notamment dans la capitale. Aujourd’hui, à peu près la moitié des communes ont un tel règlement...
Vous ne répondez pas à la question. Ne craignez-vous pas qu’on se souvienne de vous… [interrompu]
Je réponds à votre question en renvoyant à l’interdiction générale en soi qui existe déjà depuis 100 ans, nous n’avons donc pas introduit un interdit.
Est-ce qu’à un moment donné, vous vous êtes battu contre une interdiction générale ?
La position que je défends est celle du gouvernement depuis le début : nous sommes opposés à une interdiction générale. Il y a eu des débats, puisque l’ADR et le CSV – qui a simplement copié l’ADR – voulaient une autre solution, celle de l’interdit général copié sur la France. Il y a eu des débats, même à l’intérieur des partis, pas seulement entre les partis. Dans mon parti, par exemple, nous avons adopté une résolution lors d’un congrès (en 2017, ndlr) après un débat entre deux positions. Les uns estimaient que nous n’avions pas besoin de ce genre de réglementation et les autres estimaient plutôt qu’il en fallait une, car c’était aussi une question des droits des femmes. Le compromis trouvé au sein de mon parti est conforme à la position du gouvernement, qui consiste justement à tenir compte de tous les aspects fondamentaux touchés par ce débat, y compris la liberté religieuse.
Vous expliquez qu’un changement du débat avait mené à la loi sur la dissimulation du visage. On a eu droit aussi à un changement de la donne en ce qui concerne le phénomène du terrorisme, dit « islamiste », notamment à cause des attentats. Dans le contexte du renforcement du dispositif sécuritaire qui tombe notamment sous votre responsabilité, Xavier Bettel estimait en août 2017 qu’en cas de soupçon de terrorisme, il ne faudrait pas invoquer les libertés et les droits. Qu’en pensez-vous ?
Oui, ces attentats ont été un élément déterminant dans la rédaction du texte. Le texte que le gouvernement a déposé pour renforcer les instruments de la lutte contre le terrorisme est un texte soutenu par l’ensemble du gouvernement. Je rappelle que – car, là aussi, cela a été régulièrement présenté différemment – ce n’est pas un texte de surveillance, mais un texte qui permet aux autorités judiciaires de poursuivre, quand une infraction a été commise ou lorsqu’il y a au moins le soup-
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Nous ne sommes pas dans la surveillance.
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MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES
1,9 milliard
çon de commission d’une infraction. Ce n’est pas un texte entre les mains des autorités administratives, comme cela a été le cas dans certains pays voisins, notamment. MINISTÈRE DE Le Luxembourg a renforcé son dispositif L’ÉDUCATION MINISTÈRE judiciaire et les moyens mis à disposition DES SPORTS 2,2 milliards des autorités de poursuite pour apporter 58 millions des preuves à charge et à décharge. Le contexte judiciaire offre toutes les garanties des procédures judiciaires, que ce soit les lois, la constitution ou les textes internationaux. Il faut qu’au départ, il y ait une infracC’est le budget du ministère de la Justice pour 2018. tion pénale en matière de terrorisme ou Le montant correspond à peu près à celui alloué au ministère de la Santé. Toujours à titre de comparaison, de sûreté de l’État. C’est uniquement à ce le ministère du Développement durable et des moment-là que le dispositif peut commenInfrastructures dispose de 1,9 milliard d’euros, et le ministère cer à fonctionner. de l’Éducation, de 2,2 milliards. Le ministère des Sports, Le but premier est de donner aux autoen revanche, n’a que 58 millions d’euros. rités de poursuite des instruments qui leur permettent, dans le domaine très spécifique du terrorisme et de la sûreté de l’État, de pouvoir traduire devant la justice les C’est en relation. fort de suivre les CCDL ne devraient auteurs d’infractions. Ces instruments et Oui, mais il y a des attributions très claires pas être désavantagés dans leurs nouvelles mesures – il y en a six – sont là au sein d’un gouvernement. Le ministre des connaissances linguistiques par rappour apporter les outils nécessaires pour Communications, c’est le Premier ministre, port à d’autres avocats étrangers qui, et le Premier ministre est également en eux, vont pouvoir exercer sans aucune agir de manière très spécifique et dans le charge du SRE. Il n’y a aucune équivoque obligation linguistique ? cadre d’un texte très précis. Nous savons qu’en matière de terrolà-dessus. Même si nous échangeons beauJe ne suis pas d’accord de dire que ceux risme, très souvent, les preuves remontent coup dans le cadre du comité ministériel. qui suivent les CCDL sont désavantagés. à leur utilisation d’internet, notamment Vous êtes dans ce souci de surveillance Il y a un contexte européen qui donne dans le cadre de la préparation d’un attenet je le comprends, mais nous sommes ici aujourd’hui, certes, accès au Barreau par tat, acte qui, au Luxembourg, est une dans la poursuite judiciaire exclusivement. différentes voies. Ceux qui passent par les infraction pénale depuis 2015. Pour illusJe comprends, car c’est compliqué, que CCDL sont en principe maîtres des langues trer l’intérêt des nouvelles mesures : si l’on puisse s’inquiéter ou se demander si administratives au Luxembourg, alors que quelqu’un a été tué dans ce bureau, les on n’est pas en train de démanteler les ceux qui peuvent avoir accès au Barreau autorités de poursuite ne peuvent pas être droits fondamentaux, mais la réponse est luxembourgeois sans les CCDL ne le sont clairement non. Le texte a retenu les suglimitées à l’étage en dessous pour leurs pas forcément. Est-ce que c’est réellement investigations. Les preuves se trouvent là gestions du Conseil d’État, de la CNPD, de un avantage pour ces derniers ? où les infractions ont été commises. Il faut la CCDH et des autorités judiciaires. Oui et non. Pourquoi non ? Parce que si donc pouvoir y accéder. Un autre débat qui aura marqué cette vous venez d’un barreau français, par mandature, c’est celui sur la langue Mais on parle bien de soupçon. Si on exemple, et que vous ne parlez que français, luxembourgeoise, avec des applicaa le soupçon que quelqu’un a été tué vous pourrez certes – en raison des règles dans ce bureau, est-ce que cela suffit tions très spécifiques dans certains européennes – accéder au Barreau sous pour défoncer la porte ? domaines, notamment le domaine judicertaines conditions, mais le « marché » Défoncer, non, accéder légalement, oui. ciaire. Le Barreau vous a présenté des auquel vous aurez accès est plus restreint, La seule préparation d’un attentat est en propositions pour assouplir certaines puisque vous n’aurez accès qu’aux clients soi une infraction pénale. Nous sommes exigences linguistiques imposées aux pour lesquels la maîtrise du français pourdans le pénal et la procédure pénale, pas candidats ayant réussi les CCDL (cours rait être suffisante dans une affaire donnée. dans la surveillance, qui revient au complémentaires en droit luxembourCeux qui réussissent les CCDL auront, en Service de renseignement de l’État. geois) pour accéder à la « liste 2 ». revanche, accès au marché tout entier.
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Sachant qu’en plus des développements au niveau européen concernant Soyons clairs, le Service de renseignement les directives qui permettent d’accéder de l’État est sous l’autorité du Premier à la « liste 4 » sur titre, maintenant ministre. Étienne Schneider et moi, nous depuis janvier, avec la transposition de faisons en revanche partie du comité de la directive sur les qualifications profestrois ministres qui doivent approuver cer- sionnelles, il est possible d’accéder à la « liste 1 » sans avoir cette exigence taines actions du SRE. linguistique. Mais certains dispositifs, comme Est-ce que, pour vous, ce n’est pas le la rétention de données, font partie signe que le moment est venu d’intervede vos dossiers. La protection des données est elle aussi nir sur cette matière et de rejoindre le Barreau pour dire que ceux qui font l’efentre les mains du Premier ministre.
… qui est également un de vos dossiers.
Donc cela s’autorégule ?
Pas totalement, des règles s’appliquent. Il y a notamment les règles déontologiques arrêtées par le Barreau, qui disent qu’un avocat n’a pas le droit de prétendre à défendre un client s’il n’est pas en mesure de le défendre. Les connaissances linguistiques ont leur importance.
Le Barreau souhaite justement réguler dans ce sens…
À mon avis, la réglementation actuelle n’a pas à subir dans l’immédiat de refonte profonde. Avril 2018 —
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La réforme de l’assistance judiciaire dure en raison des négociations avec le Barreau. Est-ce que vous pensez arriver à un accord concernant les tarifs ? Dans un entretien avec le Land, le bâtonnier comparait les tarifs avec ceux d’un plombier. Vous souhaitez maintenir les tarifs actuels ?
Oui, je suis optimiste, mais l’essentiel de la réforme n’est pas là. Au Luxembourg, l’assistance judiciaire garantit l’accès à la justice. C’est crucial. Les discussions que nous menons avec le Barreau depuis un moment ont essentiellement pour but d’améliorer l’assistance judiciaire. Le Luxembourg est en croissance, le nombre d’habitants augmente, le nombre d’emplois augmente, et donc, automatiquement, le nombre d’affaires judiciaires augmente. Nous ne sommes pas dans un dialogue pour faire des économies, et les frais augmenteront, c’est sûr. Le débat est plutôt de contrôler cette augmentation, car la population grandit chaque année de 15.000 habitants depuis un moment déjà, et le nombre de personnes qui potentiellement ont besoin de l’assistance augmente aussi. Comment pouvons-nous avoir la maîtrise des dépenses pour qu’elles aillent vers les besoins, pour des démarches utiles et nécessaires, dans l’intérêt du justiciable, etc. ? Nous avons une option que nous discutons depuis longtemps, et qui est celle du forfait, mais elle n’est pas la panacée. Certes, cela permet dans certains cas d’avoir un plafond, mais dans d’autres cas plus simples qui ne demandent pas autant de démarches, le forfait pourrait aussi s’avérer trop favorable.
Pourquoi est-ce qu’il est important de maîtriser les coûts qui continueront à augmenter ?
Afin de pouvoir élargir le cercle des personnes bénéficiaires via l’introduction d’une assistance judiciaire partielle. Nous avons aujourd’hui un déficit considérable dans le système. Actuellement, l’assistance est à 100 % des frais pour ceux qui n’ont pas de revenus supérieurs à un plafond qui est globalement le RMG (le futur Revis). Quelqu’un qui dépasse d’un euro seulement ce seuil n’a plus droit du tout à l’assistance, alors qu’indubitablement, ces personnes n’ont pas les moyens non plus de supporter les frais d’une démarche avec un avocat. Voilà pourquoi je défends l’idée de l’introduction d’une assistance judiciaire partielle, un système par paliers. Je suis en train de discuter avec les deux barreaux. Nous aurons encore une réunion très bientôt, et je pense que nous ne sommes plus
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«
Notre démarche est essentiellement en rupture avec les gouvernements précédents.
très loin d’un accord. Il faudra ensuite élaborer un projet de loi.
Passons aux intermédiaires de la place financière. La Commission européenne souhaite renforcer la transparence et « intégrer les intermédiaires dans le suivi des paysages fiscaux nationaux » via un échange d’informations sur les montages utilisés pour la planification fiscale (dès le 1er janvier 2019 éventuellement). Le Luxembourg accompagnera-t-il la Commission ?
Ces questions-là sont essentiellement des compétences de Pierre Gramegna (ministre des Finances, DP, ndlr).
Mais vous êtes membre du gouvernement.
Bien entendu, mais je ne m’exprime pas au sujet des attributions de mes collègues. Je respecte cette règle depuis le début. Mais je peux vous répondre de manière générale. Par rapport aux périodes précédentes, le gouvernement actuel a dès le début opté
»
pour un nouveau positionnement sur toutes ces questions. Nous ne sommes plus sur une quelconque liste grise ou noire, et nous avons même été des early adopters, par exemple en ce qui concerne l’échange automatique d’informations fiscales, alors que certains ont un peu traîné les pieds. En matière de fiscalité, le Luxembourg demande évidemment des accords internationaux, car autrement, nous ne changerons globalement rien aux faits. D’où notre plaidoyer pour des solutions au niveau de l’Union européenne et de l’OCDE. C’est une approche de bon sens. Si nous créons de nouvelles failles ailleurs, le dispositif ne fonctionnera pas. Autre exemple, car là, je suis dans mes attributions en collaboration avec Mon sieur Gramegna, c’est la quatrième directive anti-blanchiment, qui était censée être transposée d’ici juin 2017. Étant donné que nous étions déjà en train de négocier la cinquième directive, certains États ont
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carrément renoncé à la transposer, mais nous, nous ne l’avons pas fait. Pierre Gramegna et moi-même, nous avons déposé deux projets de loi au mois de décembre pour transposer les éléments essentiels de la directive. Le dernier élément qui manque encore est celui qui prévoit un renforcement de la Cellule de renseignement financier (CRF), qui sera adopté par le gouvernement au mois de mars. Cela clôturera la transposition de la quatrième directive. Nous l’avons fait un peu plus tard que certains, mais nous sommes dans la moyenne, et certains ne l’ont pas fait du tout. Quand nous avons présenté les premiers éléments, nous avons été critiqués par une partie de la presse, qui nous reprochait le fait que l’accès au Registre des bénéficiaires économiques serait indirect, car l’accès n’est pas ouvert au public. Nous avons répondu que nous étions en train de transposer la quatrième directive et rien que la directive, alors que certains États ne la transposent pas du tout. Mais nous le faisions sur un arrière-fond de discussions, alors en cours, sur la cinquième directive, lors duquel la question de l’accès au registre était au centre des débats. Nous allons donc très bientôt rediscuter de l’accès au Rebeco (Registre des bénéficiaires économiques, ndlr). Mais quelle est la position du gouvernement luxembourgeois ?
Les discussions sur la cinquième directive sont achevées, et le Luxembourg a donné son accord à la directive. En ce qui concerne mon ministère – en charge du Registre des
bénéficiaires économiques –, nous allons nous empresser de transposer les exigences de la cinquième directive dans les meilleurs délais. Le Rebeco sera accessible au public. Pierre Gramegna et moi-même avons informé la Commission que le Luxembourg serait un early adopter.
Vous parlez des États membres qui n’ont pas transposé la quatrième directive, mais lors de la présentation de la loi transposant cette dernière, vous avez tout de même expliqué que le Luxembourg serait « raisonnable », mais est-ce que cela voudrait dire que les pays scandinaves, qui sont dès la quatrième directive allés plus loin, ne le sont pas ?
Non, je n’ai pas dit cela, nous avons transposé la quatrième directive selon la formule : « Toute la directive et rien que la directive. » Quand on nous a critiqués en décembre, nous avons souligné que le débat n’était pas clos et qu’il continuerait autour de la cinquième directive. C’est le cas maintenant. Nous allons bien sûr ouvrir l’accès au registre, donc sans devoir passer par la commission prévue. Nos intentions déclarées auront donc été confirmées, et certains commentaires étaient sans doute trop sévères à notre égard.
Mais vous avez fait le courrier après décembre, donc je comprends mieux pourquoi Jean-Claude Juncker nous disait encore en novembre qu’il espérait que le Luxembourg le suive…
Non, là, je vous arrête. Nous ne suivons pas Jean-Claude Juncker, nous poursuivons la
MANDAT
Le bilan de Félix Braz
« La politique du gouvernement visera la modernisation de la justice et la consolidation de son indépendance, tout en la rendant plus efficace, accessible et compréhensible pour les citoyens (…) » (Programme gouvernemental de 2013) Selon Félix Braz, 83 lois et règlements ont été adoptés depuis fin 2013, dont 70 ont été déposés par lui. Il s’agit là très largement de textes très spécifiques dans les domaines du droit pénal, du droit civil et du droit commercial. Inventaire des principaux : DÉPOSÉS
ADOPTÉS
• Nationalité • Interruption volontaire de grossesse (IVG) • Prostitution • Casier judiciaire • Mariage et adoption
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EN COURS
• Dissimulation du visage • Réforme de l’assistance judiciaire • Divorce • Registre des bénéficiaires • Conseil national de la justice économiques • Rétention des données • Pénitentiaire • Exécution des peines • Filiation • Protection de la jeunesse • Lutte contre le terrorisme
démarche que ce gouvernement a entamée fin 2013 et qui est quand même essentiellement en rupture avec les gouvernements précédents. Nous avons opté il y a quatre ans pour un nouveau positionnement de la place financière que Pierre Gramegna s’efforce d’ailleurs d’expliquer partout à l’étranger pour présenter la plus-value et le positionnement de la Place. Comme nous l’avons annoncé, nous essayons d’être plutôt parmi les early adopters. C’est cela, le positionnement du Luxem bourg depuis 2013, et nous ne sommes pas là exactement en continuité avec ce qui avait été fait par d’autres responsables politiques précédemment.
Question fiscalité : la Commission européenne souhaite imposer à des niveaux adéquats les multinationales du numérique… [interrompu]
Pierre Gramegna [il sourit].
Mais vous êtes un ministre du parti Déi Gréng.
Oui, mais je suis ministre de la Justice et je m’exprime publiquement dans le cadre de mes attributions, et pas de celles de mes collègues au gouvernement.
Lorsque vous étiez dans l’opposition, vous plaidiez encore pour une imposition plus forte des entreprises à capital intensif et moins forte pour les entreprises à travail intensif. Êtes-vous toujours de cet avis ?
J’ai mes avis et je les exprimerai dans le cadre de la campagne électorale avec mes collègues du parti vert. En attendant, je suis membre du gouvernement, ministre de la Justice, et je maintiens cette ligne depuis plus de quatre ans. J’estime que c’est la ligne qu’un ministre doit respecter.
Inutile que je vous pose une question au sujet de la proposition du coprésident de Déi Gréng, Christian Kmiotek, qui propose d’imposer davantage l’utilisation du sol…
Je vous propose de vous entretenir avec lui. J’ai expliqué cela lors du congrès en février.
Vous avez dit que vous vouliez regarder vers l’avant.
Pour Déi Gréng, en tant que parti, la campagne a déjà commencé. En revanche, le gouvernement ferait bien de travailler jusqu’au dernier jour de la législature et de n’entrer en campagne que le plus tard possible. Ce moment n’est pas encore venu pour moi.
Vos collègues ministres ont pourtant déjà fait des déclarations.
Le moment viendra le jour où je me prononcerai sur d’autres questions dans le cadre de la campagne de mon parti. Jusque-là, nous avons une répartition entre
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«
Ce ministère est tout aussi ‘vert’ que les deux autres.
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»
les attributions des représentants du parti et celles de ceux qui sont au gouvernement. Comme vous avez pu le constater, nous nous exprimons au sujet de nos ressorts et c’est tout.
Tout ce débat sur la croissance et sur l’économie, vous ne souhaitez pas le commenter ?
Ce débat-là, mon collègue le ministre des Infrastructures et du Développement durable, François Bausch, y participe de façon centrale, il en est le moteur et c’est dans ses attributions. Carole Dieschbourg aussi pour les questions d’environnement. Si vous me demandez si je suis d’accord avec ce que disent monsieur Bausch et madame Dieschbourg, ma réponse est oui, sans hésitation.
Vous ne vous exprimez pas au sujet de ces thèmes qui touchent à l’écologie, et comparativement à Monsieur Bausch et Madame Dieschbourg et leurs ressorts, vous êtes donc moins vert, et plutôt gris ?
Le choix fait par le parti en 2013, quand nous avons discuté de la question de savoir si nous devions entrer au gouvernement, est en fait en ligne droite avec l’histoire du parti vert. Le parti vert a toujours eu deux composantes essentielles. D’une part, les questions environnementales au sens large du terme, mobilité, qualité de l’air et de l’eau, lutte contre le changement climatique, etc. D’autre part, les questions de société, droits des femmes, droits des minorités, etc. Au Luxembourg, le ministère où beaucoup de ces questions sont traitées, c’est le ministère de la Justice. C’est pourquoi les Verts ont voulu cette responsabilité au gouvernement. Loi sur la nationalité, interruption volontaire de la grossesse, mariage et adoption pour tous, Opferambulanz (unité de documentation médico-légale des violences, ndlr), prostitution, et je peux continuer la liste. Ce ministère-ci est donc tout aussi « vert » que les deux autres ministères.
On voit que tout ce qui est économie et finances ne pouvait pas être attribué à des ministres écologistes.
Pourquoi pas ?
Eh bien, pour le moment, vous n’avez pas l’Économie et les Finances.
Mais pourquoi est-ce qu’on n’aurait pas pu ?
Cela n’a pas été le cas. Convergence Le ministère de la Justice permet à son titulaire de faire avancer les questions de société chères à Déi Gréng, assure M. Braz.
Nous avons 3 ministères sur 15, nous ne pouvions pas tout avoir. Mais au sein du gouvernement, nous participons très activement à ces débats-là. C’est un gouvernement qui débat beaucoup en son for intérieur. L’expression « vers l’extérieur » doit être entre les mains de ceux qui en ont les attributions, mais au sein du gouverAvril 2018 —
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nement, nous parlons beaucoup de ces choses-là. Si vous prenez les finances, j’ai d’ailleurs des recoupements, ou plutôt des complémentarités, avec mon collègue Pierre Gramegna, la lutte anti-blanchiment étant plutôt dans mes attributions que dans celles du ministère des Finances, aussi dans le cadre du Gafi. Donc je ne suis pas totalement éloigné ou en décalage total avec ce ministère et, d’ailleurs, la collaboration est très bonne.
Déi Gréng est confiant quant au fait qu’il peut entrer dans toutes les responsabilités ?
Inutile de spéculer aujourd’hui. Je vous donne rendez-vous au soir des élections du 14 octobre pour voir quel aura été le choix des électeurs et quel gouvernement ils souhaitent ou ne souhaitent pas. Si nous en faisons partie, nous formulerons évidemment nos attentes. J’ai déclaré que nous souhaitions être renforcés pour vouloir rester au gouvernement, et je pense que l’objectif de huit mandats est réaliste avec un troisième siège au Centre et un troisième au Sud.
Si tel est le cas, nous pourrons rester dans un gouvernement, et nous serons en position d’y revendiquer une présence renforcée. Cela est notre objectif, mais le reste, c’est des spéculations qui ne font rien avancer.
Avec huit mandats, vous seriez presque incontournables, soit pour une Gambie II, soit pour une première coalition avec le CSV. Or, Étienne Schneider, François Bausch et Pierre Gramegna sont en faveur d’une continuation du gouvernement actuel si les trois partis additionnent 31 mandats ou plus. Quel est votre avis ?
François Bausch et moi avons exactement la même attitude par rapport à cette question. Nous considérons que la coalition actuelle travaille bien et que l’ambiance reste globalement très bonne, même avec l’échéance électorale qui approche. Nous pouvons avoir des divergences sur des questions de fond et débattre de nos idées et options. Cela est tout à fait normal, et cela se fait tous les vendredis au sein du conseil de gouvernement. Je suis surpris qu’on puisse s’étonner qu’il y
REGARDS CROISÉS
Un professionnel gris « Félix Braz connaît bien ses dossiers », estiment d’emblée le bâtonnier François Prum et le journaliste du Luxemburger Wort, Pol Schock. Le président de Déi Gréng, Christian Kmiotek, félicite évidemment son collègue de parti pour avoir su « rattraper » les retards dans les dossiers du ministère de la Justice. Le député du CSV, Gilles Roth, dit plutôt le contraire : les réformes qui ont abouti au cours des dernières années auraient « dans une très large mesure les marques du CSV », et Félix Braz « n’a pas encore réussi à faire aboutir de grandes réformes ». Selon Kmiotek, le ministre — « une poigne de fer dans un gant de velours » — serait un homme de compromis, à l’image de la loi sur la nationalité qui rassemblait tous les partis à la Chambre sauf l’ADR. Le bâtonnier salue le travail du ministre, ainsi que sa sensibilité par rapport à l’indépendance de la justice. En ce qui concerne son caractère, Braz divise aussi les avis. Pol Schock décrit un personnage qui veillerait très attentivement à avoir tout sous contrôle. Le journaliste raconte ses rencontres avec lui ainsi : « Il pèse ses
mots, insiste méticuleusement sur son choix des mots et ne perd presque jamais son sang-froid. » De quoi lui donner l’image d’un homme « pédant ». Christian Kmiotek, lui, juge que Braz « est un fin analyste politique qui ne perd jamais de vue son but ». François Prum préfère le décrire comme « courtois » et estime que Braz « n’a pas du tout le style de quelqu’un qui voudrait dicter ou s’imposer ». Gilles Roth est concis : Félix Braz serait simplement « accommodant en privé ». Tandis que Kmiotek voit en Braz la personnification de « la mémoire et le moteur de l’écologisme politique luxembourgeois », les autres le trouvent plus gris que vert. « Félix Braz n’a jamais été le porte-parole de Déi Gréng pour des thèmes typiquement écologistes », estime Roth. Il est rejoint par Schock, qui juge que Braz a subi une cure de réalisme. Le journaliste cite « la loi visant l’interdiction de dissimulation du visage, la conservation des données – tous des sujets plutôt ‘law and order’ ». François Prum, lui, ne voit pas en Braz un membre de Déi Gréng, pas plus qu’il ne voyait en l’ancien ministre, François Biltgen, un membre du CSV.
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ait un débat sur des questions de fond. Qu’il y ait un échange d’arguments me semble tout à fait normal. Quand on a l’impression de faire partie d’un gouvernement qui a bien travaillé et qui continue à avoir des résultats et qui fait beaucoup sur de très nombreux dossiers, nous aimerions évidemment être confirmés. Ce n’est pas surprenant de dire cela. Cela dit, la nouvelle coalition dépendra du choix des électeurs, ce sont eux qui décident.
Quelle sera la mesure ou loi qui vous aura le plus marqué ?
[Réfléchit] Il y en a plusieurs. Mais si vous me demandez de n’en citer qu’une, je dirais la loi sur la nationalité. C’est une loi très importante, vu la spécificité du Luxembourg, avec une population résidente dont 48 % n’ont pas de passeport luxembourgeois. Ce débat s’est fait dans un contexte très spécifique, après le référendum. Dans un contexte européen très spécifique avec une recrudescence des phénomènes xénophobes. Et nous avons réussi à faire une loi ambitieuse, d’ouverture, et qui a été votée par 57 députés (sur 60) dans un dialogue démocratique et pacifié, alors que beaucoup me prédisaient que je ne devrais même pas essayer. Nous avons réussi un compromis avec le CSV et Déi Lénk, donc un compromis de la gauche vers la droite, et une loi qui a produit dans sa première année trois fois plus d’accès à la nationalité. Ce qui est quand même un motif de satisfaction.
Un regret ?
Jusqu’à présent, non. En ce qui concerne la présidence (présidence tournante du Conseil européen au second semestre 2015, ndlr), nous avons réussi à obtenir six accords finaux. Ce qui est très rare au niveau européen. Nous avons eu des accords comme le paquet « protection des données », qui n’a pas avancé pendant des années, la réforme de la Cour de justice. Par ailleurs, nous avons par après réussi à obtenir le siège du Parquet européen pour le Luxembourg, ce qui n’était pas chose aisée. Au niveau national non plus, si vous regardez le nombre de dossiers que nous avons traités. Il suffit d’y regarder d’un peu plus près. Au niveau de ma communication, je suis plus réservé, c’est vrai, mais c’est un choix, car je considère que le ministre de la Justice ne doit pas être en permanence dans le commentaire, et le commentaire du commentaire. La justice a besoin de sérénité. Les tribunaux rendent la justice, et pour que la justice soit acceptée, il faut qu’elle soit indépendante, impartiale, mais aussi qu’elle soit exercée en toute sérénité. J’essaie d’y contribuer.
« Paperjam’s newsletter gives me quick access to economic and financial hot topics. » Denise Voss à propos de la newsletter biquotidienne Paperjam.
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Hjoerdis Stahl met à profit son expérience acquise dans le fret aérien pour faire de Post Luxembourg un expert de la logistique appliquée au commerce en ligne. La responsable de la division Courrier vient aussi d’être nommée direc trice générale adjointe du premier employeur du pays. 66 —
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Auteur
Jean-Michel Lalieu Photographe
Phaedra Brody
Hjoerdis Stahl, au centre de tri de Post à Bettembourg.
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Hjoerdis Stahl L’avenir au pas de charge
Madame Stahl, vous venez d’être nommée au poste de directrice générale adjointe de Post Luxembourg. Concrètement, qu’est-ce que cette fonction change au niveau de vos responsabilités ?
Je vois d’abord cette nomination comme un honneur. Ce qui change surtout, c’est que je vais devoir assumer des fonctions de représentation à côté de notre directeur général, Claude Strasser, et de mon alter ego, Pierre Zimmer – également directeur général adjoint. C’est important pour moi de pouvoir assurer la meilleure représentation possible de Post Luxembourg dans le pays et à l’étranger, comme l’a fait mon prédécesseur, Jos Glod, avant moi. Je devrai aussi pouvoir assumer les responsabilités du directeur général en cas d’absence. C’est une question de bonne gouvernance de pouvoir assumer ces tâches. Mais pour le reste, rien ne change vraiment.
Jusqu’à présent, votre activité a été centrée sur le métier courrier. Allez-vous désormais devoir élargir le spectre de vos activités ?
En tant que membre du comité exécutif, je m’intéresse à tous les dossiers qui concernent le groupe et je suis impliquée dans toutes les décisions, même celles plus éloignées de ma propre sphère d’activités. C’est notre rôle en tant que membre du comex de faire évoluer la société et de prendre les décisions nécessaires dans ce sens. Mais si je devais un jour être amenée à représenter la société au niveau des télécoms ou des nouvelles technologies, il est évident que je devrais quand même m’informer pour être vraiment à jour sur le sujet. À ce niveau, c’est aussi un changement. Jusqu’à présent, mes interventions se limitaient en effet au métier du courrier. Mais ce n’est pas un grand souci, j’apprendrai tout ça en étant active sur le terrain.
On a beaucoup mis en avant le fait qu’une femme est devenue le numéro deux de Post. Est-ce que c’est important pour vous de voir une femme arriver à ce niveau ?
Pendant les 45 premières années de ma vie, je n’y aurais pas accordé beaucoup d’importance. Mais aujourd’hui, j’y vois une opportunité de montrer aux autres femmes que c’est possible et réalisable. Je n’ai jamais pensé me retrouver dans une telle situation, mais c’est un signal positif. Aussi bien pour mes collègues féminines chez Post que pour celles qui ont un emploi ailleurs. Ceci dit, je ne pense pas que le fait d’être une femme ait joué dans la décision de me nommer. Le choix s’est fait au niveau de la personne et des compétences. Or, il se fait par hasard que je suis une femme. Mais les dernières années m’ont montré que c’est quand même un bon signe pour les femmes qui travaillent
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CV EXPRESS Naissance
Le 3 avril 1966, à Porto Rico
Nationalité Allemande
Études
Diplôme en sciences de l’université américaine de Georgetown (1984-1988)
1989
Entrée chez Lufthansa. Elle travaille d’abord aux États-Unis avant de rejoindre la direction cargo européenne où elle occupera différentes fonctions.
Juin 2003
Vice-présidente de Lufthansa Cargo Stations en Allemagne, elle dirige notamment le plus grand centre cargo du groupe à Francfort.
Juillet 2007
Elle rejoint le Luxem bourg et LuxairGroup en tant que directrice générale de LuxairCargo.
Juillet 2013
Elle intègre le groupe Post Luxembourg en tant que directrice du département Courrier.
Avril 2016
Elle devient membre du comité exécutif de Post Luxembourg.
Février 2018
Elle est nommée au poste de directrice générale adjointe du groupe.
et essaient de faire leur chemin dans un monde qui était fortement masculin. Je ne suis en tout cas pas le genre de femme qui réclame des quotas féminins dans un conseil d’administration ou un comité exécutif. Les nominations doivent se faire selon le mérite, que l’on soit une femme ou un homme.
En plus, une deuxième femme, Valérie Ballouhey-Dauphin, directrice de Post Finance, vient aussi de rejoindre le comité de direction du groupe…
Oui, c’est le hasard qui veut cela, mais sa nomination est aussi méritée. Il y a eu effectivement des réactions dans le pays face à cette double nomination, c’est bien que les gens s’en rendent compte. Mais si nous avons été choisies, c’est que le directeur général nous fait confiance, pas parce que nous sommes des femmes.
Mais, dans votre cas, c’est aussi une non-Luxembourgeoise qui arrive aux plus hautes fonctions dans un grand groupe étatique. Ce n’est pas banal…
Oh, parfois, on me dit que je suis plus Luxembour geoise que les Luxembourgeois eux-mêmes… [Rires]
Pour quelles raisons ?
Je plaisante… mais je dois quand même avouer que je me sens très à l’aise dans ce pays. J’ai une histoire un peu chahutée, mais pour la première fois de ma vie, depuis que je vis ici, je me sens à la maison. J’ai beaucoup bougé dans mon parcours personnel, mais je compare ma situation actuelle à une chanson de Huey Lewis and The News qui, dans les années 1980, chantait « I finally found a home ». Je me sens comme une Luxembourgeoise et je pense que c’est comme ça que les gens me voient aussi. Ils m’ont tous acceptée.
Quelles ont été les étapes marquantes de votre parcours largement international ?
Ça part de loin. En fait, je suis née aux Caraïbes, à Porto Rico, de parents allemands. Mon père travaillait là depuis 1963 pour une entreprise pharmaceutique. Au départ, c’était pour trois ans, mais il est finalement parti en 1996, lorsque la société a fermé ses portes. Je suis donc née à Porto Rico en 1966 et j’y suis restée 18 ans. J’y étais de septembre à mai, pendant la période scolaire, mais nous retournions en Allemagne voir la famille entre juin et août. Une fois le cycle secondaire terminé, j’ai eu le choix entre rentrer en Allemagne pour poursuivre mes études ou m’inscrire dans un university college aux États-Unis. Mes parents se sont montrés très flexibles et m’ont laissée libre de choisir. J’ai directement décidé d’aller aux ÉtatsUnis et je suis partie pour Washington. Je pense que j’ai pris la bonne décision. J’étais bien à Porto Rico, j’y avais ma famille, mes amis… Mais
« je me suis découvert une passion pour la logistique . »
Hjoerdis Stahl déclare volontiers qu’elle se sent « chez elle » au Luxembourg.
lorsqu’on repartait d’Allemagne à la fin des vacances d’été, il me fallait à chaque fois trois semaines au moins pour me remettre dans le bain et me sentir bien. En fait, toute ma vie, je me suis toujours sentie mieux en Europe que sur le continent américain. Ce qui expliquerait votre choix de venir travailler en Europe ?
Oui, ça a clairement joué sur ma motivation à venir travailler chez Lufthansa. C’est une entité allemande que je connaissais déjà bien grâce à mes voyages vers l’Europe chaque année. Ça peut paraître bizarre, mais dès que j’étais dans l’avion Lufthansa qui nous ramenait en Allemagne, je me sentais à la maison. Le vol aller, c’était génial, on savait que 10 heures plus tard on serait en Allemagne. Pour le retour par contre, l’idée de quitter à nouveau l’Allemagne pour neuf mois me sapait le moral. Il a fallu que je revienne y habiter pour oublier ce sentiment. Encore aujourd’hui, je n’imagine pas déménager à nouveau un jour vers les États-Unis.
La Lufthansa, c’était donc votre premier poste professionnel ?
Non, j’ai d’abord travaillé neuf mois chez Macy’s à New York dans le département des chaussures. Ça a été une catastrophe. L’entièreté de mon salaire passait pour le loyer et les chaussures. Les chaussures, c’est généralement un problème pour les femmes, mais chez moi, ça prend encore une autre ampleur... [Rires]
C’était donc un choix personnel…
J’avais aussi postulé chez Lufthansa, mais à ce moment, ils n’avaient pas de place disponible. Ils m’ont donc recontactée neuf mois plus tard et m’ont proposé un poste dans le bureau de Washington DC avec des fonctions de back-office. À l’époque, mon objectif personnel était de travailler entre un an et un an et demi avant de reprendre des études. Mais je suis tombée chez Lufthansa et j’ai découvert un autre monde. Nous avions des formations en Allemagne, c’était une grande aventure. Après six mois, j’ai donc fait une croix sur mes études pour rester chez Lufthansa. Mes parents ont d’abord vécu ça comme une catastrophe, mais avec du recul, je pense que la compagnie aérienne a été pour moi une meilleure école que l’université. Ils avaient la volonté de vraiment investir beaucoup dans les gens chez qui ils détectaient du potentiel. J’y ai reçu pendant deux ans une formation en management pour le secteur de l’aviation et j’ai alors pu rejoindre Francfort. Mon dernier poste aux États-Unis a été Miami. À l’époque, tout le monde me demandait comment je pouvais quitter Miami. Pour moi, ce n’était pas un problème, j’avais vécu 18 ans sous le soleil de Porto Rico, je pouvais voir autre chose.
Aucun regret par rapport à ce premier grand choix donc ?
Non, ils m’ont toujours soutenue, ça a vraiment été une très bonne école. Mais après 20 ans passés chez Lufthansa, je n’avais plus de vue claire sur la progression possible. J’ai donc pris un coach qui
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COURRIER
ÉVOLUTION DES ENVOIS POSTAUX AU LUXEMBOURG Marché domestique courrier (en millions de lettres) 155 -5,7 %
150 145 140
2012
2013
2014
2015
2016
Marché domestique colis (en milliers de colis) 2.000 +119 %
1.500 1.000 500
2012
2013
2014
2015
2016
SOURCE Commission européenne
m’a conseillé de « quitter ma maison » pour élargir mon horizon. Vous étiez restée tout ce temps dans le même métier ?
Non, j’avais fait beaucoup de choses différentes. J’étais dans la division Cargo. C’était très intéressant, c’était de l’opérationnel, de grandes équipes. En cours de route, je me suis découvert une passion pour la logistique. Mais après avoir eu le contrôle du plus grand centre de fret du monde de Lufthansa, je ne voyais plus ce qui pouvait encore venir par la suite. Nous avons eu beaucoup de discussions avec mon mari et j’ai fini par comprendre que je souhaitais un autre challenge dans un autre pays, tout en restant proche de notre famille en Allemagne. L’option du Luxembourg était donc idéale : un nouveau pays que je ne connaissais pas, à 1 h 30 de la maison. Et un métier dans le fret aérien chez LuxairCargo, dans lequel je me sentais bien.
C’était un peu le même métier que chez Lufthansa ?
J’ai commencé en juillet 2008. Il s’agissait de manutention au sol pour le fret aérien. J’ai aussi eu la responsabilité du chargement et déchargement des avions de fret. Mais on travaillait d’une manière totalement différente de celle de mon ancien employeur. Ici, nous avions affaire à un
3 QUESTIONS AU PRÉSIDENT DE POST LUXEMBOURG
« D ES SERVICES À PLUS HAUTE VALEUR AJOUTÉE » Quel regard portezvous sur la transformation actuelle du groupe Post, qui veut investir dans la logistique et continuer dans l’ICT ? Le groupe Post Luxem bourg mène depuis plusieurs années une politique de développement et de diversification de ses activités. En s’alliant à des partenaires ou en investissant dans des sociétés aux activités complémentaires, Post poursuit la transformation de ses métiers historiques (les télécoms, les services financiers et postaux) vers des services à plus haute valeur ajoutée, conformément aux ambitions du plan stratégique arrêtées par le conseil d’administration. Gagner en productivité, en efficience et améliorer la satisfaction client font
partie des priorités sur lesquelles Post travaille à tous les niveaux. Quel avenir offre à Post Luxembourg la transformation du secteur courrier en acteur de la logistique pour l’e-commerce ? Le courrier postal traditionnel, sur support papier, est peu à peu remplacé par le courrier électronique, le multi média et les réseaux sociaux. Les colis postaux, liés à la vente en ligne, sont par contre en plein essor. C’est dans le métier de la logistique et, là aussi, dans des services à valeur ajoutée qu’il y a de nouvelles opportunités pour Post. Je prends pour exemple le stockage de marchandises, la préparation et l’expédition de commandes pour le compte de sociétés tierces
Serge Allegrezza
actives dans l’e-commerce que Post réalise au Findel. On peut citer également les arrivages journaliers au centre de tri de Bettembourg de colis en provenance de l’Asie que Post achemine à travers toute l’Europe via un réseau de partenaires. Le secteur postal est en pleine trans formation. Comme dans beaucoup d’autres, on assiste à un phénomène de concentration. Post Luxembourg a-t-il la volonté / l’ambition de résister seul ? Par le passé, Post a apporté la preuve que le groupe peut s’adapter et s’allier, quand c’est utile, à des partenaires complémentaires, voire prendre des participations ciblées. Pourquoi en irait-il autrement dans ce métier ?
STRUCTURE La structure du groupe Post Luxembourg reflète l’évolution de ses métiers et des champs d’activités qui concernent 4.350 employés. VBS Asia PTE Ltd 100 % gestion de l ' information financière
Victor Buck Services 100 % Seqvoia SA
gestion de l ' information financière
Active SmartHome 50 %
Inconsult SA 100 %
domotique
conseil ( ict )
Visual Online 51 %
POST LUXEMBOURG TELECOM
ict
Eltrona 34 %
Réseaux En février dernier, Post a racheté à Engie ses 4,71 % détenus dans l’énergéticien luxembourgeois Encevo (Enovos et Creos). L’objectif recherché est de travailler ensemble dans l’infrastructure des smart grids, ces réseaux intelligents.
ICT
Encevo 4,71 % réseaux
100 %
34 % regtech
Michel Greco 90 %
Infomail SA 45 %**
logistique
post luxembourg
Hotcity 49 % ict
InTech 100 %
marketing direct
i-Hub 100 % regtech
FINANCE
conseil ( ict )
Editus 100 %
TECHNOLOGIES
édition
COURRIER P & T Immobilière sàrl 100 %
Eurosender 15,75 % logistique
Elgon 60 %
EBRC 100 %
P & T Ré SA 100 %
ict
36,84 %*
33,33 % Financière Digora SAS 33,29 %
ict
Digital Tech Fund
— Avril 2018
50 %*
POST CAPITAL SA 100 %
28 %* ict
** PARTICIPATION SUPPLÉMENTAIRE DE 10 % DÉTENUS PAR EDITUS DANS INFOMAIL
IP-R Holding prise de partici pation
ict
SynEdge
Télécoms Acteur essentiel des télécoms, Post a participé au lancement de l’opérateur Join Experience en 2014 en prenant 50 % des parts. La jeune société peine à trouver sa vitesse de croisière et le groupe étatique a désormais fait grimper sa participation à 68,57 %.
ict ( domaine médical )
14,14 %*
Ainos 60 % ICT
prise de partici pation
* PARTICIPATION INDIRECTE (VIA POST CAPITAL SA)
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ITTM
réassurance
Digora Luxembourg
immobilier
immobilier
data center ict
E-commerce La start-up d’origine britannique a développé un système pour comparer en ligne les offres d’envoi de colis entre les opérateurs disponibles. Actionnaire à 15,75 % depuis fin 2017, Post y voit un outil performant pour son futur dans l’e-commerce.
Bâtiment Mercier sàrl 100 %
Earthlab 37,2 %* communi cation satellite
prise de participation
Global Sky Park
Join 68,57 %* ict
50 %*
Join Infrastructure 68,6 %* ict
communi cation satellite
client majeur, Cargolux. Pour moi, le premier grand challenge a surtout été de comprendre la langue – je ne parlais pas un mot de français – et de pouvoir me faire comprendre. Le second est venu du fait que, six mois après mon arrivée, nous avons connu la plus grande crise du fret aérien jamais vécue. L’activité a très fortement chuté. Or, gérer une crise représente toujours un beau défi pour quelqu’un qui sait comment y faire face. Je reviens donc à la bonne école de la Lufthansa : j’y avais appris quel tiroir ouvrir pour trouver la solution la mieux adaptée. Nous avons pu gérer cette crise sans aucune perte en cours de route mais avec, évidemment, des décisions difficiles à prendre. Ça a finalement été une belle époque pour moi et pour LuxairCargo. Et donc, finalement, après toutes ces années dans l’aviation, qu’est-ce qui vous pousse à rejoindre le groupe Post ?
Je suis convaincue que c’est le dernier changement important dans ma carrière. J’avais 47 ans. Or, selon moi, après 50 ans, il devient plus difficile d’envisager un nouveau grand virage dans une carrière. L’opportunité s’est présentée et j’y ai vu, à nouveau, l’occasion d’exercer un métier dans un secteur qui bouge, dans l’opérationnel, avec à la clé la gestion d’un nombre important de personnes. Ça représentait évidemment un grand changement par rapport à LuxairCargo, je ne connaissais pas du tout le secteur – je connaissais juste mon facteur –, il y avait la volonté d’encore une fois tenter quelque chose de nouveau. Moi, dès que je m’embête, je pars. Ce n’était pas le cas chez LuxairCargo, mais cette opportunité se présentait chez Post. Lorsqu’on m’a proposé de quitter mes chers avions, le choix n’a pas été facile, mais je n’ai pas eu peur du défi qui se présentait à moi.
Étiez-vous vraiment passionnée par les avions ?
Je le suis encore. Lorsqu’un avion passe au-dessus de mon bureau, je regarde. D’après le bruit qu’il fait, je peux dire de quel modèle il s’agit, sa hauteur et le tonnage qu’il transporte. Comme je l’expliquais plus tôt, l’avion a été une partie importante de ma vie. Mais ce chapitre est clos et je ne ressens aucun manque.
Le fait d’avoir travaillé toutes ces années dans la logistique aérienne vous aide-t-il dans vos fonctions actuelles ?
Oui, un vrai logisticien est quelqu’un qui cherche à mettre de l’ordre dans le chaos existant. Un exemple : avec mon mari, nous avons fait un tour du monde. En arrivant à l’aéroport en NouvelleZélande, j’ai constaté que les files d’attente pour le passage en douane étaient très mal gérées. Je me suis donc mise à installer des bandes mobiles pour régler ça, sans même m’en rendre compte. Il a fallu que mon mari m’arrête pour nous éviter des ennuis… mais c’était plus fort que moi [rires]. C’est un peu ça, la logistique, le souci de trouver une manière de remettre de l’ordre dans le désordre. Trouver le chemin le plus court, le moins cher, le plus efficace pour le client. Ce n’est pas différent
STRATÉGIE
EN MUTATION PERMANENTE Autour de ses quatre grands piliers d’activité que sont le courrier, les télécoms, la finance et les technologies, Post Luxembourg a rassemblé des participations dans un nombre impressionnant d’entreprises. « Mais toujours, comme le précise Hjoerdis Stahl, en lien avec nos métiers. » Aujourd’hui, Post contrôle ou exerce une influence dans 21 sociétés et détient des participations qui l’aident à remplir ses missions de base, mais lui permettent aussi de se transformer pour suivre les évolutions économiques : le courrier se transforme ainsi en un pôle logistique, alors que la division Télécoms élargit sa surface vers le monde plus global de l’ICT. Et ce n’est certainement pas fini. Dans une réponse parlementaire sur la prise de participation dans Encevo, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, a précisé début mars qu’« un des premiers leviers de la stratégie de développement et de diversification des activités du groupe Post est sa politique de croissance externe ».
L’activité des colis a déjà permis de compenser la baisse du courrier.
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chez Post. Un facteur qui réalise sa tournée quotidienne doit le faire de manière efficiente. Le travail au centre de tri doit l’être tout autant. Dans une chaîne, tous les processus doivent fonctionner correctement. Dans une interview qu’il nous avait accordée en 2016, Claude Strasser reconnaissait que vous aviez su faire du bon travail malgré le fait que Post investissait moins dans le secteur courrier que dans ses autres métiers…
C’est sans doute un peu lié à mon caractère. Je suis un peu comme une lionne. Je me suis donc battue pour remettre le métier postal à l’avant-plan dans le groupe, alors qu’il avait été relégué un peu à l’arrière-plan. Pour beaucoup de gens, c’est plus sexy de s’occuper de smartphones… Mais nous avons su remettre le métier courrier en évidence et je pense que c’est quand même en partie lié à ma personnalité. Mais j’ai eu aussi la chance d’arriver au bon moment avec ma volonté de développer un pôle logistique et j’ai directement reçu le soutien de la direction générale pour lancer ce projet. Aujourd’hui, c’est une réussite, nous sommes en croissance. Mais ce n’est pas uniquement grâce à moi. Je dois mettre en avant la mentalité du personnel qui a voulu me suivre dans ce projet avec une grande motivation.
DU COURRIER À LA LOGISTIQUE JUIN 2015
Colis express
Post Luxembourg, déjà actionnaire à 60 % depuis 2001, monte à 90 % dans la société de transport express Michel Greco.
AOÛT 2016
Un pied à Singapour
Accord de collaboration stratégique avec SingPost pour offrir des solutions de logistique dans le domaine du commerce électronique en Europe et en Asie. Le Luxembourg devient un nouveau hub européen pour la distribution de colis en provenance de l’Asie, et Post profite d’un accès privilégié vers l’Asie via le réseau de Singapore Post.
JUIN 2017
Accord avec DHL
Partenariat avec DHL Express pour l’envoi urgent de colis et de documents à travers le monde. Fin 2017, Post compte huit « DHL Express Service Points » parmi son réseau de vente.
Dans le groupe Post, seriez-vous intéressée de travailler dans un autre secteur que le courrier ?
Non, pas vraiment. Je suis bien ici. Je me sens à l’aise. Je ne maîtrise pas encore tout l’historique de Post, mais je suis bien entourée. Nous sommes tous dans le même bateau et tous les services rament dans la même direction. Et puis, je suis très claire, je trouve le secteur logistique bien plus intéressant que d’autres secteurs.
On avance un peu partout en Europe que le secteur du courrier postal est en déclin. Est-ce une réalité au Luxembourg aussi ?
Oui, c’est vraiment une réalité. Pendant des années, le discours a été de dire qu’au Luxembourg, ce déclin arrivait plus lentement. Mais, cette fois, je constate qu’il est vraiment arrivé. Et je n’ai aucune chance de pouvoir démarcher des clients pour obtenir plus d’activité s’ils ont décidé de passer aux mails ou à d’autres formules online. Nous savions que ça se produirait, on le voit concrètement aujourd’hui. Mais nous avons bien utilisé ce laps de temps pour mettre en place des alternatives et développer un réseau logistique qui offrira au groupe Post de l’activité pour les prochaines décennies. J’en suis convaincue.
JUIN 2017
Tout à Bettembourg AOÛT 2017
Logistique au Findel
Post installe ses activités de logistique dans des halls près de l’aéroport de Luxembourg au Findel. Le groupe loue d’anciens halls de Cargolux pour une surface totale de 4.000 m2. Suite à l’accord avec SingPost, cet espace lui permet de stocker des articles vendus par des clients actifs dans l’e-commerce et d’ensuite les acheminer vers le destinataire final.
DÉCEMBRE 2017
Start-up
Fallait-il franchir ce pas ?
Personne ne peut plus affirmer aujourd’hui que le courrier va survivre alors que, dans certains pays, il a déjà pratiquement disparu. Au Danemark, par exemple, les lettres classiques n’existent pratiquement plus. Cette situation met en péril des postes de travail chez Post aussi, et c’est à nous, direction générale, de définir des alternatives. Ce n’est ni facile ni confortable, mais ce serait inacceptable de fermer les yeux. La
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Les activités colis, logistique et distribution de Post Courrier ainsi que de Michel Greco SA sont regroupées au Centre de tri national à Bettembourg.
DÉCEMBRE 2017
Colis d’Asie
Le département Logistique de Post réceptionne mi-décembre 2017 le millionième colis en provenance de l’Asie dans le cadre du partenariat avec SingPost.
Post acquiert une participation (15,75 %) dans la start-up Eurosender, une plateforme numérique qui compte actuellement parmi les leaders de la réservation de services logistiques en Europe.
« un vrai logisticien est quelqu’un qui cherche à mettre de l’ordre dans le chaos existant. »
stratégie que nous avons développée vise donc à faire en sorte que Post puisse préserver du travail pour tout le monde. Le secteur logistique que nous avons développé joue un rôle important dans ce sens. Pour rester encore un peu dans le métier courrier à proprement parler, vous avez décidé en 2015 de l’élargissement des tâches du métier de facteur. Quel bilan en tirez-vous aujourd’hui ?
Nous ne disposons pas vraiment de chiffres, mais nous savons que cinq jours par semaine, nous avons des ambassadeurs de Post qui effectuent leur travail avec un grand sérieux dans l’ensemble du pays. Je suis ravie que nous puissions compter sur leur aide.
Ça veut dire qu’il faut préserver ce rythme du passage quotidien du facteur ?
Aujourd’hui, c’est une obligation du service universel. Cette règle va-t-elle être maintenue pour l’éternité ? Je suis aujourd’hui incapable de le dire. Si le poids du courrier continue à diminuer, on pourrait imaginer changer la manière de fonctionner, mais la règle des cinq jours par semaine reste d’application. Il s’agit d’une base à laquelle on se tient, mais si un jour il devenait indispensable de la changer, il faudra le faire.
Mais il n’y a pas d’urgence ?
Pour l’instant, en tout cas, nous poursuivons à ce rythme. Le service universel est une loi, nous n’allons pas nous y opposer. Parfois, il est nécessaire de changer une loi pour continuer à exister, mais nous n’en sommes pas à ce point. J’essaie d’abord de bien faire fonctionner les tournées et, honnêtement, ça se passe bien. Ceci dit, plus on avance, plus ça devient difficile.
Pouvez-vous chiffrer cette diminution du courrier ?
Entre la fin 2016 et 2017, la chute est de 4 % et nous constatons que de grands clients réduisent leurs envois de 25 % par an. Ils nous confirment qu’ils sont satisfaits de la qualité de nos services, mais nous précisent qu’ils ont aussi atteint leur objectif en réduisant d’un quart le volume de courrier. Chacun a ses objectifs, chez eux, c’est de passer de plus en plus aux services en ligne. C’est le cas des banques comme de l’Administration des contributions. On ne peut pas arrêter ce mouvement. Demandez à vos connaissances la dernière fois qu’elles ont écrit une lettre, la plupart ne s’en souviennent pas. Les changements récents sont vraiment étonnants. Qui aurait pu imaginer, il y a à peine 10 ans, que notre smartphone serait plus important que tous les autres objets que l’on transporte avec soi ? Mais il ne faut surtout pas fermer les yeux au changement. Il faut bien garder à l’esprit ce qui est arrivé à une firme comme Kodak, qui n’a pas voulu voir venir la photo numérique. On disparaît très vite du marché. Il faut donc prendre toutes les décisions nécessaires. Les bonnes et les difficiles.
76 —
— Avril 2018
Dans votre division Courrier, ces changements ont donc pris quelle forme ?
L’essentiel remonte à maximum deux ans. Il y a un an, nous ne recevions aucun envoi logistique. Actuellement, nous sommes à plus de 10.000 par jour. C’est un changement très important. Nous n’avions aucune relation en Asie, désormais nous y avons une personne qui y va plusieurs fois par an pour développer le business. Nous avons été capables de changer la manière de faire du business tout en continuant sur la base du courrier. C’est ça qui est le plus phénoménal. Quand nous démarchons des sociétés d’e-commerce en Asie sous le nom de Post Luxembourg, grâce notamment à notre partenariat avec SingPost, la poste singapourienne, nous sommes considérés comme partenaire de confiance et les portes s’ouvrent. Nous avons donc su ouvrir ces portes et gérer un marché sur lequel nous n’étions pas du tout présents.
De quel marché parle-t-on ?
L’e-commerce vu de la manière la plus large. Notre centre de répartition basé au Findel reçoit tous types de colis venant d’Asie destinés aux marchés européens. Nous assurons alors le dédouanement
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HOLLERICH
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Ouvert 7jours /7 (dimanche jusqu’à 13h)
CENTRE VILLE
« il est encore impossible d’imaginer toutes les possibilités qu’offre l’e- commerce . »
À Bettembourg, les colis sont désormais scannés automatiquement.
L’envoi de courrier est en perte de vitesse mais reste une mission essentielle de Post.
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— Avril 2018
et le travail d’acheminement vers les autres pays européens. Nous sommes désormais un hub au centre de l’Europe. C’était une évidence pour un pays comme le Luxembourg : nous avons un aéroport prédestiné pour ce genre de missions, nous disposons de toute la logistique nécessaire en matière de transport, nous avons des entreprises qui veulent faire grandir le pays, un cluster e-commerce, des avions chinois qui atterrissent chez nous, de courts trajets dans le pays. Certains aéroports dans d’autres pays européens le font aussi, mais ils font face à une congestion totale. Alors que chez nous, il reste de la place pour développer l’activité. L’environnement reste-t-il favorable au secteur logistique au Luxembourg ?
Oui, le monde politique a l’ambition de développer cette activité. Il existe aussi un Cluster for Logistics qui met toute son énergie pour faciliter notre développement, et autant les services des douanes que la TVA se sont montrés intéressés à travailler avec nous. Nous nous sommes donc lancés et, en fin de compte, notre chiffre d’affaires dans ce secteur en 2017 est le double de nos prévisions.
L’e-commerce, c’est vraiment l’avenir de Post ?
Il y contribuera en tout cas en très grande partie. Mais actuellement, nous ne sommes même pas capables d’imaginer toutes les possibilités qu’il offre. C’est incroyable le nombre de choses que les gens achètent déjà en ligne. C’est aussi un changement très important que nous ne pouvons pas ignorer. Au contraire, il faut sauter sur ce marché et voir comment le développer. J’insiste sur le cas de Kodak. Ses dirigeants sont restés longtemps persuadés que la pellicule ne disparaîtrait jamais. Mais nous ne sommes pas les seuls à évoluer de cette manière. Nous observons que les autres postes mondiales sont également occupées à faire évoluer leur business model. Ce n’est vraiment pas simple. Il faut
427
FACTEURS En 2015, dans le contexte de la diminution du courrier, la mission des 427 facteurs de Post Luxembourg a été élargie : réception des envois recommandés, vente de timbres ou d’emballages pour colis. Mais lors du congrès annuel du syndicat des facteurs qui s’est tenu le 10 mars dernier, Raymond Juchem, son président, a décrit une situation difficile : heures supplémentaires, des arrêts maladie à hauteur de 8% des effectifs, etc. Sans évolution de la situation, le syndicat n’exclut pas des actions de la part des facteurs, qui représentent toujours 10% de l’ensemble du personnel de Post Luxembourg.
CHIFFRE D’AFFAIRES
ÉVOLUTION DES ACTIVITÉS PAR MÉTIERS (en millions d’euros) 800 TOTAL
700 600 500 400
SERVICES POSTAUX
100
SERVICES FINANCIERS POSTAUX
0 2012
2013
2014
2015
2016
SOURCE Post Luxembourg
300
AUTRES MÉTIERS
Envisagez-vous encore d’autres pas en lien avec le développement du commerce en ligne ?
Nous sommes très forts dans la distribution de colis, mais nous voulons élargir notre offre à toute l’activité qui vient avant la distribution. La seconde étape a été de créer un centre de répartition au Findel. Désormais, nous avons des clients qui nous font parvenir tout ce qu’ils vendent sur leur plateforme en ligne et nous en assurons le stockage et la livraison. L’étape suivante sera de pouvoir proposer à des clients de réaliser leur boutique en ligne. C’est un projet en cours de développement. Ce sont différentes pièces d’un même puzzle qui commence à prendre forme. Le plus difficile dans l’e-commerce, c’est la logistique à mettre en place derrière le site de vente. Or, nous avons montré que nous avions les compétences pour réaliser tout cela.
Vous avez récemment pris une participation dans la société londonienne Eurosender. Avec quel objectif ?
Il s’agit d’une petite société. Nous avons eu la chance de rencontrer ses deux propriétaires, des entrepreneurs extrêmement visionnaires. Ils ont développé une plateforme en ligne comparable à Booking.com pour le monde hôtelier. Elle calcule le meilleur prix pour l’envoi d’un colis selon les conditions des différentes sociétés, qu’il s’agisse d’un petit paquet ou d’une palette entière. Nous faisons déjà en partie ce travail, mais Eurosender apporte une composante online dont nous ne disposons pas encore. Nous sommes bien conscients que nous avons besoin de nouvelles compétences technologiques et que nous ne pouvons pas tout développer en interne. Nous avons donc repéré ce partenaire jeune et dynamique et nous nous sommes engagés à ses côtés. Nous n’en aurons peut-être pas un besoin immédiat, mais c’est certainement une compétence que nous pourrons développer dans le futur. L’e-commerce et la logistique représentent vraiment une chaîne de valeur. Chaque nouveau pas apporte de la valeur supplémentaire. Eurosender a une valeur technologique dont nous ne disposions pas. Ça vient donc très bien compléter notre palette de services à valeur ajoutée.
Faudra-t-il encore franchir d’autres pas comme cela dans un avenir proche ?
SERVICES DE TÉLÉCOMMUNICATION
200
faire bouger les mentalités et, dans un secteur traditionnel comme celui de Post, il est parfois difficile de faire comprendre aux gens que le modèle actuel ne va pas pouvoir se maintenir pour l’éternité. Mais c’est mon job et c’est ce qui fait que je reste passionnée par ce métier du courrier et de la logistique.
Nous en avons déjà fait. Dans le passé, nous avons acheté la société Michel Greco, qui nous a beaucoup aidés dans la logistique du colis. Déjà à l’époque (en 2015, ndlr), nous savions qu’il valait mieux trouver des partenaires sur le marché plutôt que de vouloir tout faire seul. Il est certain qu’à l’avenir nous allons encore croiser d’autres partenaires potentiels comme Michel Greco ou Eurosender. Avril 2018 —
— 79
« l a
force de post
est de ne pas vouloir tout faire tout seul . » lement, il nous soutient. Mais on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir. Les situations sont différentes dans chaque pays et chacun doit choisir la meilleure voie pour lui-même. Selon moi, le choix que le Luxembourg a fait d’un Post Luxembourg incluant des services comme le courrier et la téléphonie, c’était le bon choix. Si on avait divisé ces services, on n’aurait pas pu profiter d’économies d’échelle. Les séparer ne ferait pas de sens dans une entreprise de notre taille dans un petit pays. Mais, si je regarde en Belgique, la poste a été vendue à un investisseur privé, et je pense que, pour elle, c’était aussi le meilleur choix. Donc je dirais que, par rapport à la situation actuelle, Post Luxembourg a opté pour la meilleure voie, mais il ne faut jamais fermer les yeux sur ce qui peut arriver à l’avenir. En 10 ans, le personnel est monté de 3.000 à 4.300 personnes. Est-ce lié aux achats d’entreprises ou à l’évolution des métiers de base ?
C’est en partie les deux. Chaque fois que nous acquérons une société, nous augmentons évidemment notre effectif. Mais nous évoluons avec le marché. Si une activité est en recul, nous ne continuons pas à embaucher. Il faut gérer le personnel selon l’état du business. Nous l’avons fait aussi, mais de manière saine, par exemple en ne remplaçant pas certains départs en retraite. Nous devons gérer de manière intelligente l’argent et le personnel. Sans lien direct entre chiffre d’affaires et nombre de personnes engagées, mais en tenant compte des métiers qui progressent et qui ont besoin de personnel supplémentaire.
Quand on regarde votre organigramme, on constate que Post est devenu un groupe très vaste. Quelle est l’ambition derrière cette galaxie d’entreprises ?
Derrière tous ces développements, doit-on voir une volonté de grande indépendance de la part de Post Luxembourg, alors que l’on observe des rachats et des fusions entre entreprises postales de différents pays ?
Nous sommes une entreprise publique, notre actionnaire est l’État luxembourgeois. Actuel
80 —
— Avril 2018
LA PERCÉE DES ACHATS EN LIGNE (en % de la population nationale)
Imagineriez-vous un jour utiliser des drones comme Amazon pour distribuer vos colis ?
90 70 50 30 10 2008
2011
Allemagne Belgique France Luxembourg Moyenne UE (28)
2014
2017
SOURCE Eurostat
Toutes ces sociétés nous permettent de mieux assurer nos métiers de base : le courrier, la technologie, les télécoms. Nous avons été capables d’acheter des partenaires ou de nous impliquer dans des sociétés qui complètent notre offre de services, comme aucune entreprise dans un petit pays comme le Luxembourg n’aurait pu le faire. Si vous observez toutes ces entreprises qui gravitent autour des métiers de base, elles sont toutes liées au business de Post. Et c’est cela la force de Post Luxembourg : ne pas vouloir tout faire tout seul et repérer autour de nous ceux qui sont capables de le faire mieux que nous.
Il y a cinq ans, j’aurais dit « jamais » ! Je n’imagine toujours pas aujourd’hui que chaque entreprise de livraison de colis puisse utiliser ses propres drones dans une ville comme Luxembourg, ça me paraît irréaliste. Mais pour des localisations très rurales pour lesquelles nous devons parfois rouler de nombreux kilomètres, il serait effectivement intéressant de trouver des alternatives aux solutions de livraison utilisées aujourd’hui. Dans ces cas précis, le drone pourrait représenter une solution. J’ai donc changé d’avis, mais je ne suis pas encore totalement convaincue. [Rires]
Les meilleurs candidats n’ont souvent qu’un défaut. Ils sont déjà en poste . Heureusement, ils lisent tous Paperjam .
Le job-board de ceux qui ne vont pas sur les job-boards
F R A N Ç O I S BAUSC H Ministre du Développement durable et des Infrastructures (Déi Gréng)
« ENTRE UN MO Auteur
Frédéric ANTZORN Photographe
jan hanrion (maison moderne) 82 —
— Avril 2018
ET UN MO
Le ministre du Développement durable et des Infrastructures et le président de la Fedil échangent sur la croissance et le développement durable. Avec des vues qui parfois divergent. Mais qui peuvent aussi se rejoindre, notamment sur les relations transfron talières, dans une stratégie gagnant-gagnant.
N I C O L AS B U C K Président de la Fedil
NDE ANCIEN NDE NOUVEAU Avril 2018 —
— 83
ˆ 500.000
François Bausch et Nicolas Buck Figures de proue Messieurs, il n’a jamais été autant question de croissance au Luxembourg que ces derniers temps. Quelle est votre vision de celle-ci ?
François Bausch Je pense que notre pays dispose aujourd’hui d’un potentiel énorme. 400.000 Non seulement parce que nous avons réussi au cours des dernières années à nous diversifier dans certains secteurs – comme les télécommunications ou la logistique –, mais aussi parce que nous avons, dans le même temps, investi dans les infrastructures. Le Luxembourg dispose d’un cadre fiscal, juridique et politique très stable qu’il convient de préserver tout en gardant une certaine ouverture d’esprit, ce qui n’est pas nécessairement acquis lorsqu’on écoute certains débats. J’aimerais que nous établissions un cadre de diversification économique plus 300.000 en rapport avec le développement durable et les problèmes que nous rencontrons au niveau de l’emploi, de la mobilité et de l’aménagement du territoire. L’objectif serait d’obtenir un cadre plus harmonieux nous permettant aussi de faire des choix sans devenir protectionnistes ou fermer le pays à des industries ou à des secteurs d’activité précis qui souhaiteraient venir
s’implanter ici, mais que dans notre stratégie nous puissions choisir en nous tenant à ce qui a été édicté. Il est important aussi de développer une vision positive pour le pays pour établir de quelle manière on souhaite qu’il se développe. En prenant au sérieux ces discussions que l’on entend à droite ou à gauche et à travers lesquelles s’expriment un repli sur la nationalité et un repli sur soi, qui constituent des craintes. Nicolas Buck Moi, je résumerai mon propos surtout au développement des entreprises. Et nous avons une vue qui est optimiste sur ce point, sur ces entreprises qui utilisent ce pays comme base de développement de leur activité pour ensuite exporter des services ou des biens, que ce soit en Europe ou à travers le monde. Effectivement, le Luxembourg est attrayant en tant que havre de stabilité et de prédictibilité en Europe. On est sorti de la crise, la croissance économique en Europe est soutenue en raison d’une croissance mondiale qui est positive, et qui se développe également bien aux États-Unis, même si certaines annonces nous font peur ou nous préoccupent.
Pourquoi ce débat maintenant ? Parce que les élections approchent ou parce qu’il est temps d’en parler ?
F.B. Il faut être honnête. À l’approche d’un scrutin comme les législatives, les partis se positionnent par rapport à leur fonds de commerce politique. C’est normal. Ce débat n’est cependant pas nouveau. Premièrement, en termes de croissance en tant que telle, il faut savoir de quoi on parle. De la croissance démographique ou de la croissance économique ? Souvent, on confond les deux, et cela me dérange dans ce débat. Et deuxièmement, il faut donner une définition à la croissance qualitative, là encore en précisant si l’on parle de l’évolution de la démographie ou de celle de notre économie. Ceci étant dit, le grand défi auquel nous avons à faire face aujourd’hui est de gérer la croissance démographique que connaît le pays depuis une quinzaine d’années. Auparavant, ce n’était pas le cas. Entre 1990 et 2000, c’est surtout le nombre de frontaliers qui a progressé. Après 2000, c’est la population résidente qui a augmenté,
On parle beaucoup de croissance, mais surtout de croissance qualitative.
200.000
Évolution du marché de l’emploi Source : Statec
100.000 3 % 2 % 1 % 0
84 —1996
—1997 Avril 2018
1998
1999
2000
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ˆ 500.000 en même temps qu’ont continué de progresser les frontaliers. Personnellement, je préfère l’occupation des emplois au Luxembourg par des résidents, pour des raisons d’intégration et d’identification avec le pays, en précisant que je n’ai aucune animosité envers les frontaliers dont nous avons bien entendu besoin. Mais pour ce qui est de la gestion de la démographie résidente, il y a eu beaucoup d’erreurs de commises par le passé au niveau de l’aménagement du territoire. Quand je regarde les chiffres des 10 ou 15 dernières années, j’observe que l’explosion de la population s’est faite dans les communes rurales et non dans les centres d’attractivité comme dans la capitale ou dans le sud du pays. À Fischbach, la population a progressé de
140 % en 10 ans, contre 30 % à Esch-surAlzette. Ce qui n’est pas logique, puisqu’avec l’université, la dynamique de l’emploi s’est créée autour d’Esch et non de Fischbach ! Le défi est donc d’organiser de manière plus harmonieuse cette progression de la démographie. Et pour ce qui est de la croissance économique ?
F. B . Là, je crois surtout que c’est au niveau de la productivité qu’il convient d’agir. Et sur ce point, je rejoins entièrement les analystes de l’Union des entreprises luxembourgeoises
400.000
Emploi total intérieur (Emploi total sur le territoire national)
300.000
Population active
200.000
(Emploi total des résidents et chômeurs)
7 % 6 % 5 %
Taux de chômage
100.000 3 % 2 % 1 % 2007
2008
2009
2010
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2015 Avril 2018 —2016
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0
(UEL) qui affirment qu’au Luxembourg, l’accroissement du produit intérieur brut (PIB) s’est fait surtout par celui de la population et de l’emploi en général, et non par la productivité des entreprises. Du point de vue de l’économie en tant que telle, je crois qu’il faut vraiment essayer de développer des secteurs d’activité qui vont nous apporter une forte plus-value, qui ont une très haute productivité et une main-d’œuvre hautement qualifiée. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a aucune chance de rapatrier des industries qui ont plutôt tendance effectivement à revenir vers l’Europe. Car il faut aussi développer le potentiel industriel. Mais avec une stratégie et une philosophie précises, autres que celles qui prévalaient à la fin de la sidérurgie, lorsqu’il y a eu une forte crainte que le Sud devienne une région pauvre comme de l’autre côté de la frontière française. Le Luxembourg a été pris de panique et il a pris toutes les industries possibles pour compenser la part d’emplois. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans ce type de scénario ! Et nous pouvons, je pense, réfléchir de façon beaucoup plus stratégique que dans les années 80 ou 90, à la sortie de la crise sidérurgique. N . B . Il faut quelque part faire attention avec ce débat, car nous nous le sommes un peu imposé à nous-mêmes, en amenant Jeremy Rifkin à Luxembourg, à l’initiative du ministère de l’Économie puis de la Chambre de commerce, qui s’est associée à cette démarche. Ma crainte personnelle, et j’en ai déjà fait part dans différents médias, c’est que l’on parle de croissance différente, de moins de croissance, pour arriver – et le pas est vite franchi – à plus de croissance du tout. À l’heure où une grande partie de l’Europe cherche de la croissance, nous, nous commençons un débat parce que nous n’en voulons plus. C’est, entre les lignes, ce qu’il ressort des discussions politiques qui sont menées aujourd’hui. Et là, c’est une aberration, et je crois qu’il faut tirer la sonnette d’alarme à un certain moment pour revenir aux bienfaits de la croissance. Pour ce qui est d’un développement économique basé sur une main-d’œuvre résidente, nous, les entreprises, quand nous recrutons, nous sommes déjà ravies de trouver des gens qualifiés. C’est notre premier défi aujourd’hui. Donc, nous ne raisonnons plus du tout en fonction de qui est résident et qui ne l’est pas. En mettant en parallèle ces deux arguments, la classe politique a parfois une approche « top-down » laissant penser que cette croissance, quelque part, on pourrait la gérer, et gérer le développement économique. 86 —
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« Il faut tirer la sonnette d’alarme à un certain moment pour revenir aux bienfaits de la croissance. » N I C O L A S BUC K
« L’État, en tant que régulateur dans le système économique, peut jouer un rôle de promoteur dans un sens ou dans un autre. » F R A N Ç O I S BA US C H
Si un ministère ramène ici deux sociétés, à travers des annonces comme on en a eu, cela représente peut-être 300 ou 400 emplois par rapport aux 10.000 ou 11.000 emplois qui sont créés tous les ans dans ce pays. Ce sont surtout les entreprises qui sont déjà présentes ici, au Luxembourg, qui créent cette augmentation de l’emploi. Et pourquoi l’emploi augmente-t-il tellement ? Il augmente parce que l’arsenal réglementaire qui vient de la Commission européenne et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a explosé ces dernières années, depuis la crise financière. Ce qui a fait que dans le secteur financier et ses services annexes – également importants –, on a eu besoin de beaucoup plus de ressources. Ensuite, nous sommes dans une phase entre un monde ancien et un monde nouveau où on a besoin d’innovation. Et les études le démontrent : la productivité diminue, ou du moins stagne, dans des périodes où de nouvelles technologies arrivent, parce que l’on doit investir dans des personnes qui doivent se poser la question de comment innover, qui doivent inventer le futur. Avoir la prétention de vouloir contrôler et diriger tout cela, que ce soit au boulevard Royal ou au Kirchberg, me semble signifier donner beaucoup plus de possibilités d’action au politique sur la vie économique ! F.B. Il n’est pas question de vouloir contrôler l’économie. Ce n’est nullement mon objectif. Mais je crois quand même que l’État, en tant que régulateur dans le système économique, peut jouer un rôle de promoteur dans un sens ou dans un autre. Et j’aimerais qu’il se dote d’une stratégie définissant dans quelle direction il souhaite être ce promoteur. Dans ce sens, nous disposons de moyens, puisque nous pouvons créer des incitations fiscales, des incitations à travers la mise à disposition de terrains à des conditions avantageuses. Ces incitations peuvent également être des atouts à offrir aux entreprises à travers des infrastructures très modernes comme la fibre optique, les infrastructures routières, les transports en commun, peu importe. Mais que l’État veuille tout contrôler n’est pas souhaitable, ni même d’ailleurs faisable. Certains ont essayé et cela a fini très mal. Ce que je dis, c’est que l’État peut donner des orientations. En matière d’aménagement du territoire notamment, pour lequel rien n’a été fait ces 30 dernières années. Entre orienter et diriger tout, il y a tout de même une certaine marge de manœuvre. Dans ce contexte, je cite souvent l’exemple de la Suisse, qui est un pays très libéral, mais qui a certaines règles qui sont assez interventionnistes au niveau de l’aménagement du territoire. Et c’est quand même un pays qui fonctionne bien.
Account Manager (H/F) Assistant de Direction (H/F) Data Engineer (H/F) Gestionnaire de projets éditoriaux (H/F) Journaliste économique et financier (H/F) Réalisateur Vidéo (H/F) Développeur PHP (Drupal/Symfony) (H/F) Responsable programmation/rédacteur Paperjam Club (H/F) Senior Journalist UK (H/F) Stage - Graphic Design/Illustration (H/F) Stage - Vidéo (H/F) Writer/Corporate Storyteller UK (H/F)
Rejoignez-nous chez l’un ou chez l’autre Dans le cadre du déploiement de leur stratégie de croissance commune, Maison Moderne et Nvision souhaitent renforcer leurs équipes et recrutent de nouveaux collaborateurs. Ensemble, les deux entreprises emploient actuellement plus de 130 passionnés, dont près de la moitié au service des marques : Content marketing, Design, Experience, Digital, Social. www.nicetomeetyou.lu
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ˆ 500.000 Autour de quelle vision l’industrie et le développement durable peuvent-ils se rejoindre ?
N . B . Je pense qu’il y a un point qui est important et qu’on a là un accord, nous, les industriels, avec les forces politiques qui se battent pour ce que j’appellerais une reconnaissance, c’est que les ressources naturelles du monde sont limitées. Il est clair là-dessus qu’il y a un souci et il faut s’en rendre compte. Ceci étant dit, il faut donc gérer cette 400.000 transition vers un modèle de production qui sera circulaire, basé sur des énergies renouvelables, avec des objectifs que je qualifierais de réalistes, dans le cadre d’un marché énergétique du renouvelable au niveau européen. Nous sommes bien conscients des choses. Nos clients nous demandent d’être « energy minded », d’avoir tous les certificats, ils viennent voir comment nous sommes organisés au niveau de l’économie circulaire. Le secteur de la finance qui nous accompagne, la première chose qu’il regarde au niveau des grandes sociétés 300.000 cotées, c’est leur impact énergétique. Il en va de même au niveau des PME qui travaillent pour les grands groupes industriels. On leur demande quelle est leur politique énergétique. Mais là-dessus, on est sur une tendance longue. On ne nie pas le réchauffement climatique. On ne dit pas que ça n’existe pas ou qu’il n’y a pas un souci. Car c’est clair qu’il y a un défi. Ce que nous disons, c’est qu’il faut se coordonner et se donner du temps.
Pour en revenir aux deux sociétés évoquées tout à l’heure, la question n’est pas qu’elles soient durables ou pas. C’est in fine un problème de coordination au sein de l’État, au sein du ministère qui fait de la promotion économique, et de celui qui fait les commodo incommodo. F.B. Il faudrait mettre en place une cellule en amont… N . B . Dans le rapport Rifkin – et j’ai travaillé sur celui-ci –, il n’y a pas de canevas qui définit ce qui est durable et ce qui ne l’est pas. Il y a de grands principes, et il y a du cas par cas. Et c’est ce cas par cas qui me fait peur. D’obtenir un oui discrétionnaire de la part d’un ministère, avant qu’un autre me dise ensuite que ce n’est idéologiquement pas acceptable, que ça consomme trop d’énergie ou que ça ne se recycle pas. Mais on a un cadre légal et, in fine, le cadre légal c’est la base. Donc, il y a une volonté de tous aller dans la même direction et d’être les premiers et les plus novateurs dans la manière dont on va consommer les ressources et les réutiliser. Mais c’est une transition à laquelle il faut donner du temps, des objectifs réalistes, et cela va avoir un impact sur l’emploi dans certains domaines. F. B . Je partage entièrement ce point de vue. Ce qui manque le plus actuellement,
c’est une meilleure coordination. Entre le ministère de l’Économie, celui de l’Environnement, mais pas que. Celui de l’Intérieur pourrait aussi être associé. Ce que je voulais dire, c’est qu’il faudrait – en plus d’une stratégie bien définie – une cellule de coordination qui dès le début dispose de tous les éléments. Et que dans ce processus, le ministère de l’Environnement soit impliqué plus tôt pour éviter que des malentendus n’interviennent plus tard. Vous évoquez sans les citer les projets d’usine de yaourt de Fage à Bettembourg et de laine de roche de Knauf à Sanem. À propos desquels vos considérations ne semblent pas diamétralement opposées…
F. B . Non. Et je dirais même au contraire. Personnellement, je suis un adepte de la coordination et de l’approche horizontale. Et ce gouvernement a déjà fait beaucoup d’efforts pour amener les ministères à se rapprocher et, à travers des groupes interministériels, à briser cette logique. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. N . B . Nous, au niveau de la Fedil, on s’est rapproché du ministère de l’Environnement à un certain moment pour commencer à discuter. Ce sont des politiques qui
Autres activités Administration et autres services publics
200.000 Activités spécialisées et services de soutien* (*location de bail, outplacement, intérim, secteur du voyage, nettoyage, call center, paysagistes, salons et congrès, services aux entreprises...)
Activités financières et d’assurance
Information et communication 100.000 Commerce, transport, hébergement et restauration
Construction
Industrie (extractive, manufacturière, énergie et déchets) 0
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—1997 Avril 2018
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
ˆ 500.000 ont une vision écologique, et de hauts fonctionnaires qui comprennent l’énergie et ce qu’est la consommation des ressources. Ce sont des gens passionnés qui voient les choses à travers ces ressources qui ne sont pas inépuisables, à travers le réchauffement climatique, etc. Pour nous, il est intéressant de dialoguer avec eux pour leur montrer que l’industrie est la réponse à ce défi climatique. Ce n’est qu’avec la transition énergétique, en inventant de nouvelles formes de mobilité, de nouvelles formes d’énergie, que nous allons pouvoir construire ce monde de demain. Ceci prendra du temps, mais ce n’est pas en niant les arguments des uns et des autres qu’on va y parvenir. Nous souhaitons que les gens qui ont vraiment l’environnement à cœur prennent également l’industrie à bras-le-corps et qu’ils se disent : « Ah oui, ce secteur-là est
porteur d’avenir », pour répondre à la première préoccupation qu’ils ont. À partir de ce moment-là – eux passionnés par l’environnement et nous par le monde de l’entreprise –, on peut se retrouver sur un terrain où l’on peut ensemble construire l’avenir. Quel type de promotion économique souhaitez-vous, pour attirer quel type de société au Luxembourg ?
N. B . C’est une question piège ! F. B . Je suis ouvert à tout type d’industrie ou de production pour autant qu’elle soit en concordance avec les défis de développement durable qu’on a aujourd’hui, avec les limites des ressources telles qu’elles
400.000
Évolution de l’emploi salarié intérieur par branche d’activité
300.000
Source : Statec
200.000
« Je suis ouvert à tout type d’industrie ou de production, pour autant qu’elle soit en concordance avec les défis de développement durable. »
100.000
FR A N Ç O I S BA US C H ( MI N I STRE D U D É V E LOP P E M E N T D UR A BL E E T D E S I N F R A S T R UC T UR E S )
2007
2008
2009
2010
2011
2012
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2015Avril 2018 — 2016
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0
ˆ 500.000
400.000
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existent. Et avec une limite dont on ne parle pas trop souvent qui est celle de nos 2.586 kilomètres carrés de surface. Je pense qu’au Luxembourg, personne ne souhaite que cette surface devienne un jour entièrement construite comme peut l’être aujourd’hui Singapour. Pour le reste, je crois que tout est possible si l’on s’en tient à ces limites et je me rallie à ce que Nicolas Buck a dit. En ajoutant que le développement durable, c’est aussi une question sociale. Nous devons faire aussi attention à ce que le modèle luxembourgeois fonctionne toujours du point de vue de l’intégration. C’est aussi un grand défi. Maintenant, à ce propos, la question n’est pas de dire qu’il faut se limiter à 700.000 habitants, mais de faire attention à la vitesse à laquelle progresse la population et de se donner les moyens pour que l’intégration fonctionne. Sans quoi cela risquerait de devenir explosif. N . B . Pour en revenir à votre question, nous sommes pour la promotion économique dans le cadre de la diversification. Chaque fois qu’on attire une nouvelle société ici, ça a bien sûr un effet positif sur l’écosystème. Vous pouvez créer des clusters, il y a de la concurrence et de nouvelles idées qui arrivent. Maintenant, l’Europe va connaître une réindustrialisation importante et, aujourd’hui, ni l’État ni les communes ne disposent de réserves de terrains importantes pour l’industrie. Le pays est encore assez grand pour attirer, l’industrie libère des terrains industriels, mais ça nous prend ensuite 20 à 30 ans pour que ces friches soient redéveloppées. Comme l’industrie naît, vit et meurt à un moment, il y a des terrains qui vont se libérer. Premier constat. Deuxième constat, et le ministre va l’annoncer bientôt, il va y avoir 600 hectares qui vont se libérer pour l’industrie ou l’artisanat. Mais c’est une déclaration d’intention. Car ces terres appartiennent à des particuliers. Comment faire une bonne politique industrielle aujourd’hui? Une énergie à bon marché, Étienne Schneider l’a fait. Mais trouver des terrains, c’est le défi des 30 prochaines années. Comment libérer des terrains pour des sociétés qui souhaiteraient s’installer ici ? Prenez Google… F. B. C’est un bon exemple. N.B. C’est une aberration ! Il fallait trouver le bon terrain au bon endroit pour l’énergie. Et ça s’est retrouvé dans la presse du monde entier. Vous pensez bien que d’autres pays qui étaient en concurrence avec le
Luxembourg pour des sites ont découpé ces articles et les ont envoyés à Google en disant : « Attention, vous êtes occupés à négocier avec des Luxembourgeois qui ont du mal à vous trouver un terrain. » À ce niveau-là, on est très loin et nous disons « attention ! ». En précisant encore que le défi du modèle de développement économique luxembourgeois n’est pas seulement une question de ressources. Car nous sommes aussi beaucoup trop lents. Le vrai défi dans ce pays, c’est la lenteur. On est trop lents pour construire, trop lents pour les autorisations. C’est facile de le dire, mais ce sera difficile de le résoudre. Mais il le faudra ! De la lenteur, mais d’abord un manque de terrains, dites-vous. Existe-t-il une parade pour contrer ce problème ?
F.B. Il faudrait à mon avis arriver à penser au-delà de nos frontières. On a beaucoup de friches industrielles qui sont à la frontière française par exemple. Avec les mêmes friches de l’autre côté. Pourquoi ne pas en faire des zones communes ?
Des zones franches ?
F. B . En quelque sorte ! Mon département travaille sur ce dossier. J’ai un projet pour lequel une analyse est en cours pour voir, sur une friche possible au sud du pays, avec des terrains de même nature de l’autre côté de la frontière, si on ne peut pas créer une zone commune avec un statut juridique commun en matière de fiscalité, de droit du travail. Ce qui est intéressant, c’est que l’Union européenne favorise des initiatives allant dans ce sens. Et donc, si ce projet s’avérait réalisable et était bien ficelé, on pourrait peut-être obtenir un statut de projet pilote ou de zone pilote de la part de l’exécutif bruxellois. Le Luxembourg s’y prête très bien. Nous avons beaucoup de frontières avec pas mal de zones de chaque côté. Et dans ce cas précis, on pourrait créer une nouvelle dynamique dont pourraient profiter les deux côtés, aussi bien luxembourgeois que français. N.B. À la Fedil, nous préconisons un développement économique qui doit être transfrontalier. Comme je l’ai déjà dit, depuis la capitale, il faut tracer un cercle au-delà de 100 kilomètres qui va englober – en France, mais également en Belgique ou en Allemagne – aussi bien l’apprentissage que la recherche, la mobi-
Ces autorités françaises ont effectivement pas mal parlé ces derniers temps d’une nouvelle dynamique à mettre en place avec le Luxembourg à travers une stratégie win-win ou gagnant-gagnant. C’est quoi ce win-win, selon vous ?
F.B. C’est très simple. Le Luxembourg est le moteur économique de la Grande Région. C’est une réalité. À partir de là, on a deux possibilités. Soit, comme le font encore certains élus de l’autre côté de la frontière – mais heureusement de moins en moins nombreux –, en demandant à ce que le Luxembourg verse un transfert fiscal vers Paris, dont je ne sais pas si un seul centime reviendra vers la Lorraine. Soit en disant que c’est bien de pouvoir disposer de cette dynamique que représente le Luxembourg et d’essayer de l’exporter de l’autre côté de la frontière.
Le voisin français Évolution du nombre de frontaliers entre 1995 et 2017. Ils étaient 186.649 au 4e trimestre 2017. Le nombre de frontaliers français devrait dépasser les 100.000 en 2018.
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lité, le télétravail et des zones de développement économique commun. J’ai rencontré à la mi-mars la section mosellane du Mouvement des entreprises de France (Medef). Et il est clair que ces régions nous ouvrent littéralement les bras pour commencer à discuter, pour penser la même promotion économique, pour penser à mettre une entreprise ici, mais peutêtre aussi là, de l’autre côté de la frontière. Mais ça, on ne le fera que si on a un accord beaucoup plus large par rapport à l’impact sur le droit du travail, par rapport à l’établissement stable. Il faudra évoquer les nouvelles formes de travail, la digitalisation, le télétravail et ensuite, bien sûr, le cofinancement d’infrastructures que ce soit pour le vélo, pour le train ou pour la voiture. On ne peut plus raisonner en termes de frontières nationales. Il faut ouvrir le débat pour accompagner cette croissance démographique tout en respectant le défi de ce que j’appellerais l’identité et l’ADN du pays dans le futur. Et la Fedil veut accompagner ce processus de réflexion. C’est le défi entre le court et le moyen terme, entre ces zones de développement économique dont vient de parler François Bausch et les gens qui vivent dans ce pays et qui se demandent : « Mais que devient mon pays et quelles sont nos valeurs ? » Il faudra en discuter avec les autorités françaises.
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ˆ 500.000 Pour le Luxembourg, cela nous aiderait à obtenir des terrains supplémentaires pour attirer d’autres industries pour lesquelles on n’a pas la place au Grand-Duché. Mais qui, depuis ces zones à créer de manière commune avec la Lorraine, pourraient travailler ensemble par exemple avec l’Université à Belval ou en collaboration avec d’autres industries déjà implantées au Luxembourg. Pour le Grand-Duché, cela alimenterait notre modèle. Et pour l’autre côté de la frontière, cela contribuerait à développer les zones transfrontalières. Et à la fin, cela éviterait beaucoup de trajets en train et surtout en voiture, puisque les gens qui travailleraient dans ces entreprises y auraient accès beaucoup plus rapidement, car ces sociétés seraient situées plus près de chez eux. Il faut penser l’Europe en termes de villes et de régions. Et le Luxembourg a selon moi un rôle de laboratoire à jouer dans ce sens. Un laboratoire win-win. En matière de mobilité, le dossier de l’A31bis a repris un peu de consistance ces dernières semaines et le Luxembourg a presque aussitôt été sollicité pour cofinancer ces travaux. Ce à quoi, Monsieur Bausch, vous avez déjà opposé un « non » catégorique, alors que vous, Monsieur Buck, vous soutenez ce cofinancement…
F.B. Cela fait bientôt quatre ans et demi que je suis dans ce gouvernement et, depuis, j’ai déjà eu des tas de réunions avec différents décideurs en France. Jusqu’il y a un an encore, il ne s’agissait toujours que de verser de l’argent à Paris. Un transfert fiscal, et l’affaire était entendue. Et jusque-là, le gouvernement a toujours été très ferme en répondant qu’il ne le ferait pas. Mais il a dit aussi qu’au lieu de verser de l’argent, il était prêt à cofinancer des infrastructures en France, au cas par cas toutefois, puisqu’il nous faut là aussi nous retrouver dans une situation win-win. Et pouvoir justifier d’investissements à l’étranger auprès de nos électeurs, auprès de ceux qui paient des impôts au Luxembourg.
Et pour vous, l’A31bis n’est donc pas un projet win-win ?
F.B. Cela dépend. Sur la route, nous investissons déjà de notre côté puisque nous allons élargir l’A3, qui est en fait le prolongement de l’A31. Au début, on avait prévu de le faire jusqu’à Dudelange. Maintenant, sachant que les Français veulent élargir à trois voies l’A31 jusqu’à la frontière, nous allons également mener ces travaux jusque-là. Ce qui a un prix ! Ensuite, cette augmentation de capacité, il va falloir la gérer. Car avec un facteur de 1,1 personne par voiture, si on passe de deux à trois voies, cela va amener encore plus d’embouteillages aux heures de pointe si on n’impose pas de contraintes. Comme cette troisième voie réservée au covoiturage, par exemple. Sur ce point, nous sommes en discussion avec les Français et sommes prêts à financer des P+R sur l’A31 ou même des gares routières, puisque nous organisons déjà pas mal de lignes de bus transfrontalières qui, le cas échéant, pourraient elles aussi utiliser la troisième voie aux heures de pointe. Mais, je le répète, il faut pouvoir justifier de ces cofinancements auprès de notre population en lui expliquant, d’une part, que notre économie a besoin des frontaliers et, d’autre part, que l’objectif est également de décongestionner nos villes et nos villages de tout ce trafic qui les traverse tous les matins et tous les soirs. N . B . Je noterai pour ma part que les 100.000 frontaliers français paient leurs impôts au Luxembourg ! C’est un quart de l’emploi salarié et vous imaginez donc aisément le montant des cotisations sociales qu’ils génèrent. Je peux comprendre qu’un politique souhaite à un moment pouvoir regarder son électorat droit dans les yeux, mais on ne peut pas ignorer la part que représentent les frontaliers dans les recettes fiscales de l’État. Et sur ce point, je ne suis donc pas d’accord avec François Bausch.
Laboratoire européen Composition de la population active au Luxembourg (au 4e trimestre 2017). Source : Statec
frontaliers 186.649 Résidents 225.699 96.588 France
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« Nous préconisons un développement économique qui doit être transfrontalier. »
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Mobilité En charge des Transports, François Bausch annonce un investissement de 500 millions d’euros pour moderniser la ligne Zoufftgen-Thionville.
Pour ce qui est du projet A31bis, seule sa partie nord nous concerne directement. Le rapport Druon a été évasif, mais il est cependant assez clair : c’est bien d’une concession et dès lors d’un péage dont on parle. Je pense que l’État luxembourgeois, à travers son prochain gouvernement, a un rôle de catalyseur à jouer dans ce dossier. Et je préfère qu’on soit dans le « driving seat » plutôt que le dossier nous revienne d’ici 24 mois et qu’on soit contraints et forcés de devoir négocier avec l’État français. Il faut donc voir quels sont les budgets et les modèles de concession. Et je suis ravi d’entendre que le ministre Bausch est aujourd’hui prêt à la discussion. L’A31, au départ de Metz, ce sont trois voies de circulation qui passent à deux voies au niveau de Thionville, là où ça commence vraiment à coincer tous les jours. Cela fait 25 ans que je travaille avec des gens qui viennent de Metz et de Thionville, et c’est devenu un facteur de stress excessivement important pour tous ces gens qui se lèvent à des heures impossibles pour venir travailler ici. Le vendredi, au retour, dès qu’il commence à pleuvoir, ils se retrouvent dans des embouteillages monstres et, face à des gens qui travaillent dans ce pays et qui donnent tout pour ça, il faut développer la discussion et aller dans ce « driving seat » pour piloter ou copiloter ce dossier. Car on en aura besoin de cette A31 à trois voies entre la frontière luxembourgeoise et Thionville ! Ça ne fait aucun doute pour moi. M. le Ministre, vous donnez votre préférence aux transports en commun en général et au ferroviaire en particulier. Les abonnés du chemin de fer ne sont toutefois pas plus de 12.000. Ce qui est peu sur 100.000 frontaliers. Comment améliorer ce chiffre ?
F.B. Pour le Luxembourg, l’objectif est de doubler le nombre de ces utilisateurs de 12.000 à 25.000 à l’horizon 2025, voire 2028. Cela dépend un peu des Français. Et c’est pour cela que je suis intéressé à ce que la ligne entre Zoufftgen et Thionville soit modernisée, parce que si nous faisons notre travail côté luxembourgeois et que cela ne
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suit pas de l’autre côté, on ne parviendra pas à faire circuler tous ces trains. Les CFL vont doubler leur capacité de places assises par rapport à ce qui existe aujourd’hui. Mais il y a une saturation au niveau de l’infrastructure. Nous, jusqu’à Bettembourg, nous allons donc investir 500 millions d’euros dans la modernisation de cette ligne. De l’autre côté de la frontière, jusqu’à la gare de Thionville, la facture serait de 200 millions d’euros. Et là, le Luxembourg est prêt à cofinancer ces travaux, non seulement pour les navetteurs, mais également pour les trains de marchandises, qu’il ne faut pas oublier. On a construit un pôle multimodal à Bettembourg, et si nous n’arrivons pas à augmenter la capacité du côté du réseau français, cela va bloquer son développement économique. D’où ma priorité au rail. Pour la route, c’est différent. Là, ce sont des infrastructures connexes que nous pouvons cofinancer. Vous avez évoqué à plusieurs reprises la possibilité de cofinancer des P+R au-delà des frontières du pays. Comment cette volonté pourrait-elle se traduire côté français ?
F. B . À l’occasion de la visite du couple grand-ducal en France, nous sommes déjà parvenus à ficeler un beau paquet, même si les choses ne sont pas simples étant donné qu’en tant qu’État, nous ne pouvons pas négocier avec des communes avec lesquelles j’ai pourtant de bons contacts. Mais cela étant dit, l’annonce du cofinancement entre le Luxembourg et la France d’un P+R le long de l’A31 ainsi que près des gares de Thionville et de Longwy va créer une nouvelle dynamique de coopération entre nos deux pays. Cela va peutêtre permettre à la France, ou du moins à ces régions voisines, de ne plus voir le Luxembourg d’un œil jaloux, mais comme un partenaire qui œuvre non seulement pour son propre développement économique, mais aussi pour celui des régions transfrontalières.
Quel doit être le rôle du politique ou des entreprises en matière de covoiturage ou de navettes de bus ?
F. B . Pour le covoiturage, nous sommes occupés à tester depuis trois mois une application en partenariat avec des entreprises – principalement des services – très intéressées. Il faut savoir qu’aujourd’hui, un parking coûte très cher à une entreprise. Et que celle-ci n’a en général pas la possibilité de proposer une place à chacun de ses employés. Alors, plutôt que de réclamer 200 euros à un employé pour une place, elle peut en proposer une gratuitement à trois employés qui décideraient de venir travailler avec une seule voiture le matin. C’est bien pour la mobilité, et c’est bien aussi pour le nombre de places de stationnement à créer ou à gérer.
N . B . En termes de mobilité, l’offre doit correspondre à la demande. Si tel est le cas pour Luxembourg et sa périphérie, l’offre est nettement plus réduite pour toutes les régions proches des frontières. Pour quelqu’un qui travaille à Capellen, il peut toujours prendre le train pour aller jusqu’à Luxembourg, mais ne prendra certainement pas un bus ensuite qui lui imposera 40 minutes de voyage supplémentaires. Il faut donc un concept global sur ce point. Mais il est clair qu’en complément, les entreprises peuvent sensibiliser au covoiturage sur base d’une offre technologique qui existe et de la possibilité d’organiser son travail de manière un tant soit peu flexible. Donc nous avons un rôle à jouer, oui, mais il faut au départ une offre qui fasse du sens et qui soit flexible. Pour la mobilité toujours, et enfin, le télétravail peut-il être une solution malgré les différents obstacles qui, à l’heure actuelle, empêchent son développement ?
F. B . C’est une vraie opportunité. Et il est possible de le développer assez rapidement à l’intérieur de nos frontières pour éviter de devoir discuter de questions de fiscalité ou de sécurité sociale. Je suis prêt à discuter de ces questions avec les pays voisins, mais je crois qu’il faut avant tout créer des espaces de coworking aux frontières, côté luxembourgeois. C’est une option. Mais, il ne faut pas se faire d’illusion. C’est un élément dans un concept plus général. À nous de créer les conditions pour qu’il puisse se mettre en place dans ce concept. N.B. Je suis bien entendu favorable à davantage de télétravail. Mais son principal obst acle aujourd’hui, c’est le temps. C’est le temps limité qu’un salarié au Luxembourg peut travailler à l’étranger, selon des accords variant d’un pays à l’autre. Là-dessus, ce que nous préconisons, c’est un accord illimité. C’est-à-dire qu’il nous faut trouver un accord où, par salarié – qui travaille au Luxembourg et qui réside dans un autre pays –, on va reverser une partie des cotisations pour éviter la question de la fiscalité de la rémunération. Il ne faut plus de limite. Il faut qu’il puisse voyager autant de jours qu’il le veut pour son entreprise. Il doit pouvoir travailler de chez lui un jour par semaine. Il ne faut pas se voiler la face. Si je suis à Metz et j’ai besoin d’un rendez-vous chez un médecin, comment vais-je faire ? Prendre congé ? C’est ridicule. En comptant le kiné, ou le dentiste, cela peut faire 10 jours par an. Quand on vit à Metz et que l’on travaille au Luxembourg, comment fait-on ? Ce n’est pas comme quand on vit et qu’on travaille à Luxembourg. Il faut trouver un système en illimité. Et sans qu’on commence à remplir des fiches. Mais cela aura un prix. Et il faudra payer.
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La Bourse et la vie
à l’occasion des 90 ans de la bourse de luxembourg, notre photographe matic zorman a suivi son ceo,
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robert scharfe, dans les couloirs d’une institution en perpétuelle mutation. récit d’une journée marathon.
Photographe
Matic Zorman Auteur
Jean-Michel Lalieu Avril 2018 —
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Aux aurores Arrivée vers 7 h 30 en ce vendredi de mars pour Robert Scharfe. La journée qui s’annonce sera particulièrement chargée. L’exemple La Bourse de Luxem bourg se présente comme une pionnière dans la finance climatique, avec notamment la création en 2016 de la plateforme Luxembourg Green Exchange (LGX), dédiée aux obligations vertes. Son patron montre l’exemple en roulant en voiture électrique.
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L’info en boucle Les marchés financiers ne dorment jamais. Dès son arrivée, Robert Scharfe se tient au courant des événements de la nuit et de l’actualité qui pourraient influer sur les bourses. Tête-à-tête Souvent en déplacement à l’étranger, le CEO de la Bourse de Luxembourg profite de ses journées au pays pour faire le point avec ses collaborateurs.
Autre époque En 90 ans, les bourses ont bien changé. Dans les différentes grandes Places, les salles de surveillance des marchés, s’appuyant sur l’informatique, ont remplacé les traditionnels parquets.
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Profil Après une expérience de 35 ans dans le milieu bancaire, Robert Scharfe (64 ans) a pris les commandes de la Bourse de Luxembourg en avril 2012. Différente L’institution luxem bourgeoise a un profil atypique. À côté de la cotation de quelques grandes entreprises (ArcelorMittal, SES, RTLGroup), elle est surtout connue pour la cotation d’obligations internationales.
Au sommet De nombreux visages connus autour de la table ovale du conseil d’administration de la Bourse de Luxembourg, dont le directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, la directrice générale de la BCEE, Françoise Thoma, ou encore l’ancien ministre des Finances, Luc Frieden. La réunion du jour est menée par le président du conseil d’adminis tration, Frank Wagener (en bout de table, à gauche). Bull and bear Dans le monde boursier, on parle de « bull or bear markets » selon que la tendance est agressive ou défensive. L’ours et le taureau sont également présents sur l’ancienne porte de la rue de la Porte-Neuve. Elle a été récupérée lors du déménagement de janvier 2014.
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Gros dossiers En six ans, Robert Scharfe a poussé des dossiers importants, comme la finance islamique, l’internationalisation du renminbi et les obligations vertes, dont Luxembourg détient le record d’émissions. Retour au calme Un bref moment de pause dans la salle Porte-Neuve, qui abrite la porte d’entrée historique de l’institution.
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Égalité Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes et à l’initiative de l’association Sustainable Stock Exchange, la Bourse de Luxembourg a réuni ses collaboratrices et collaborateurs sur le coup de midi pour sonner la cloche au nom de l’égalité des genres. La Bourse emploie 160 personnes.
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« Working lunch » Le CEO fait le point avec le département Marketing et communication. À sa gauche, Julie Becker, membre du comité de direction et responsable du LGX, et Jacques Hoffmann, senior marketing officer. Entre deux portes Le bâtiment du boulevard Joseph II a été conçu pour pouvoir accueillir les activités d’une bourse du 21e siècle.
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Traditions Le marteau en bois, utilisé pour les événements « Ring the bell », est devenu un nouvel outil symbolique du Luxembourg Stock Exchange. Coup double Le CEO sonne toujours deux fois. Ce vendredi 9 mars, la cloche a tinté pour célébrer l’égalité hommes / femmes et pour des invités chinois.
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Bong, green bond Les dirigeants d’Agricultural Development Bank of China Luxembourg ont eux aussi sonné la cloche, en présence du ministre des Finances, Pierre Gramegna, pour marquer la première publication internationale des informations concernant une obligation verte domestique chinoise. Beau fixe À l’image du Luxembourg, sa bourse entretient d’excellentes relations avec le monde financier chinois. Robert Scharfe fait le déplacement plusieurs fois par an vers l’empire du Milieu.
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mini MBA 2018 FUTURE-PROOF YOUR BUSINESS 8-day Leadership & Innovation Programme · Luxembourg City
Le Paperjam Club est fier de proposer une nouvelle offre de formation, en partenariat avec Solvay Business School : le mini MBA Leadership & Innovation. Différents modules seront organisés lors de huit journées complètes, en octobre et novembre 2018. r ns su m at i o r -2 0 1 8 a o f b i-m d ’i n n i s u m l / p u ja m . l pa p e r . b u l c
À ces dates, quatre modules distincts seront offerts aux participants : Strategy, Finance & HR, Innovation, Customer Development. DATES 1, 2, 22 et 23 octobre 2018 5, 6, 26 et 27 novembre 2018
CONTACTS / INSCRIPTIONS Guy Benzeno guy.benzeno@maisonmoderne.com (+352) 20 70 70-401 Pauline Schmaltz pauline.schmaltz@maisonmoderne.com (+352) 20 70 70-409
DOSSIERS DIGITAUX
Fintech
Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions
David Hagen Head of IT supervision and support PSF (CSSF)
PLACE FINANCIÈRE TABLE RONDE
Un écosystème à renforcer
Pour préserver sa position de plateforme financière internationale, le Luxembourg doit renforcer son écosystème en accueillant des acteurs innovants, des financements et des talents.
P
our cela, il lui faut attirer au sein de son écosystème ces nouveaux acteurs appelés à réformer les services financiers. À l’instar du Luxembourg, d’autres Places essaient d’attirer le business lié à l’émergence des cryptomonnaies, avec l’espoir que ces blocs de données valorisables constitueront à moyen terme un standard financier. « À ce jeu, toutes les Places ne se valent pas. Un acteur qui cherche à convaincre des clients et des partenaires a un réel avantage à se positionner au Luxembourg plutôt que de choisir une destination exotique », commente Yves-Laurent Kayan, cofondateur de Coinplus, start-up
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active dans le domaine des cryptomonnaies. Pour attirer de nouveaux acteurs, le Luxem bourg a la chance de disposer d’un régulateur particulièrement à l’écoute, tant des besoins des grandes institutions que des idées des acteurs innovants. « Il y a chez nous, petit pays, peut-être moins d’inertie qu’ailleurs. On se préoccupe de chaque cas qui nous est soumis», commente David Hagen, head of IT supervision and support PSF à la CSSF. «À partir du moment où une question nous est posée, nous veillons à y apporter une réponse. L’innovation vient de l’extérieur, du marché. Notre rôle est de
Yves-Laurent Kayan Cofondateur (Coinplus)
l’accompagner, notamment en anticipant les impacts prudentiels.»
LES FINANCEMENTS MANQUENT « S’il est nécessaire d’attirer des acteurs innovants pour renforcer notre écosystème, rappelons que le Luxembourg a toujours été bon quand il s’est spécialisé. Il est important de ne pas se diluer et d’inscrire les opportunités technologiques dans ce qui a fait le succès du pays, sans nuire à son image », commente Alain Tayenne. Pour le COO et CFO de CarPayDiem, l’expertise luxembourgeoise dans le domaine de l’asset management pourrait notamment être mieux soutenue par le numérique. « Il y a une place insuffisamment exploitée au Luxembourg dans le domaine de la regtech, assure-t-il. Par ailleurs, on peut aussi s’étonner que l’intrapreneuriat, considérant l’expertise existante, ne soit pas plus massif. Peu de spin-off voient le jour. Dans ce contexte, l’université aura son rôle à jouer. » S. L.
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
Alain Tayenne COO et CFO (CarPay-Diem)
DOSSIERS DIGITAUX
RENDEZ-VOUS
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1 CONTRIBUTION
COMMENT COMPLÉTER L’ÉCOSYSTÈME LUXEMBOURGEOIS POUR ATTIRER DE NOUVELLES FINTECH ? Pierre-Alexandre Degehet (partner, Bonn Steichen & Partners)
L’âge de la maturité ? Le Luxembourg, élève exemplaire, a su réagir rapidement et avec efficacité, mais la multiplicité des initiatives ne doit pas saper les atouts liés à ce statut particulier. En effet, la compétitivité du système exige qu’il entame maintenant sa phase de maturité en ancrant ses acquis et en continuant à se développer.
LES PROCHAINS DOSSIERS DIGITAUX
CONTRIBUTIONS
COMMENT LES FINTECH PEUVENTELLES ACCOMPAGNER / OPTIMISER / AMÉLIORER L’OFFRE DE SERVICES ? Tiago Lima (Managing director, 3C TechLab)
Innovation in frictionless payments and smart data
The new millennial generation has a different mindset towards payments, they challenge the establishment and produce new ideas that correlate to their vision of the world and how it should work. Frank Roessig (Head of digital finance solutions, Telindus)
Des catalyseurs de création de valeur
2 CONTRIBUTIONS
CARTES BLANCHES Pierre Reuter (Partner, Hogan Lovells Luxembourg LLP)
Pas si compliqué, résolument innovant ! La fintech, les technologies déve loppées et les législations encadrant ces activités s’entourent de concepts mystérieux : blockchain, Mifid II, PSD2, etc. Et pourtant, ces notions ne sont pas si compliquées. En outre, elles sont une vraie chance en termes de qualité de service, d’innovation et de protection (pour les fournisseurs comme pour les clients). Raoul Mulheims (Co-founder & CEO, Finologee)
Six années de fintech, et ça ne fait que commencer
Quand nous avons lancé le produit de paiement mobile Digicash en 2012, la notion de « fintech » n’existait pas encore. Mais le processus de prise de conscience par les acteurs de la finance était bel et bien entamé, il y avait déjà une sorte de sentiment flou qu’il allait y avoir une évolution — voire une révolution.
La fintech, indépendante, favorise une remise en question plus fondamentale et pourra fournir des con cepts plus disruptifs. Sa rapidité permettra aussi de valider ou d’invalider une ou plusieurs déclinaisons d’une solution, sans perdre trop de temps et d’argent. Nasir Zubairi (CEO, The Lhoft Foundation)
Fintech & customer experience: (r)evolution?
At the Lhoft, we believe that the future of financial services is not so much about disruption, but more about evolution and collaboration. On the one hand, traditional financial services have customer trust and incredible economies of scale, as well as knowledge and experience. On the other hand, fintech start-up are intrinsically c reative, customer centric and agile.
26.04.2018
Nouvelles technologies Transformation digitale Comment mettre l’expérience client au cœur de la transformation digitale ? Quels sont les impacts de la transformation digitale sur son business model et sur son organisation (outils, process, workflow) ? Technologie, data protection, cybersécurité, GDPR : comment bien s’entourer dans sa transformation digitale ?
19.05.2018
Place financière Wealth management Quels sont les niveaux d’expertise de la Place, de son agilité et de sa transposition ? Des ressources hyper-qualifiées dans un univers multilingue et multiculturel ? Comment la transformation digitale permet- elle d’optimiser l’expérience client au niveau de l’accessibilité des données ? De la rapidité dans le traitement de l’information ? Comment anticiper pour séduire la nouvelle génération ultra-connectée ? Entre approche personnalisée et approche scientifique, comment rassurer (ou ne pas perdre) l’investisseur ? Face à une clientèle très informée, ultra-connectée, familière du digital et en quête de relation personnalisée, comment réinventer la relation et les solutions ? 29.05.2018
Place financière Brexit
Quels sont les avantages concurrentiels du Luxembourg face aux autres pays d’Europe (Irlande, Pays-Bas, Allemagne...) ? Quels seront les impacts / répercussions / conséquences du Brexit sur le marché de l’emploi au Luxembourg ? Sur l’offre de formation ? Comment réussir sa relocali sation au Luxembourg (pour sa société, ses collaborateurs) ?
Retrouvez tous les mois sur paperjam.lu et dans notre newsletter Coffee Break un dossier digital qui comprend une table ronde et des contributions d’experts.
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MERCREDI 25 AVRIL 2018
ARCHITECTURE Innovation & Sustainability
LIEU Luxexpo The Box 10, circuit de la Foire Internationale (Luxembourg-Kirchberg) GOLD SPONSORS
PARKING Disponible sur place
AGENDA 18:30 Welcome cocktail 19:00 Mot de bienvenue
19:15 10 Présentations 20:30 Walking & Networking Dinner
SILVER SPONSORS
PARTENAIRE
T N IO H S T A LI D SL G N EN IDE A V R O T O IN PR
ins cri ptio obl iga n toi pa p re s erj ur am. clu b
On ne demande plus à un bâtiment ce qu’on lui demandait il y a 30 ans. De l’esthétique à la fonction, de la qualité de vie pour les occupants à la souplesse d’usage, les innovations ont été nombreuses ces dernières années. L’exigence croissante de respect de l’environnement et l’adoption de démarches durables ont encore accentué cette tendance. Ces sujets feront l’objet du 10×6 Architecture qui se déroulera dans le cadre de l’exposition professionnelle Architects@Work.
SHAHRAM AGAAJANI metaform
DAVID DETERME Betic
GUY ENTRINGER SNHBM
TATIANA FABECK Fabeck Architectes
SALA MAKUMBUNDU CBA
FRANCIS SCHWALL Neobuild
NICO STEINMETZ STDM
BOB STROTZ hsa – heisbourg strotz architectes
LUC WAGNER WW+ Architektur & Management
ROMAIN POULLES Cluster EcoInnovation
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espresso conversations envies
À la tête d’une institution, Pit Hentgen tient à son patrimoine, au sens large. En page 114. Comment tirer profit des millennials ? Conseils en page 116. Dans leur style printanier, Manuel Baldauff et Miriam Rosner partagent, en page 118, leur rapport à la mode. Transformer ne veut pas dire bousculer. Poussez les portes, en page 120, d’une maison unifamiliale revue par Stan Berbec’. Talents émergents à découvrir en page 122 avec le programme du festival de danse Les Émergences. Elle ne doit pas en manquer dans les médias. En page 124, Christiane Kremer parle culture chez RTL et passe à table au Tempo. Avril 2018 —
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ENVIES
ARGENT COMPTANT PIT HENTGEN
« Les petits plaisirs ne coûtent pas cher » Salaire
Philosophie
Votre devise en matière d’argent ? J’en retiens trois : « Les facteurs qui font notre bonheur ne sont pas tous associés à l’argent » de Marc Aurèle ; « L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître » d’Alexandre Dumas fils ; « L’argent procure tout, hors l’esprit et le cœur » (anonyme). L’idée commune est que l’argent ne doit pas être la valeur centrale qui guide nos actions. Que représente l’argent pour vous ? Il a une valeur symbolique. Il permet de rêver. Quelqu’un qui est riche pense que tout est possible. Même si on n’a pas besoin de tout, il est aussi symbole de sécurité et permet de prendre des risques. Maintenant, le bonheur est-il lié à l’argent ? Dans ma vie, il est surtout lié aux petits plaisirs quotidiens et ceux-ci ne coûtent pas cher, voire rien du tout. Des moments où l’on se contente d’arrêter le temps et qui n’ont pas de prix.
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In vino voluptas
Pour quel luxe craquezvous parfois ? J’ai parfois dépensé beaucoup d’argent pour du vin. Mais c’est un achat plaisir. J’ai notamment acquis trois bouteilles de Château Pétrus 1961, mon année de naissance, pour fêter mes 50 ans. Il a été reconnu par certains experts comme « le vin du siècle » mais il était difficile à trouver. En plus, avant la crise, les prix ont atteint plus de 23.000 euros la bouteille en Asie. Mettre un tel prix pour du vin, ça ne se fait pas. Mais avec la crise, j’ai acheté ces bouteilles aux alentours de 2.000 euros. J’en ai déjà bu deux, elles étaient vraiment excellentes. À quels signes extérieurs de richesse êtes-vous attentif ? La montre, la serviette, la voiture, le vélo... Je regarde si c’est de bon goût ou si la technologie mérite ce prix. Si l’investissement me semble raisonnable – même si c’est très cher –, je peux l’accepter. Mais pas si j’estime que le but est de montrer qu’on a les moyens.
Vous souvenez-vous de votre premier salaire ? Pour mon premier emploi à la BGL, j’ai touché un salaire de 69.000 LUF (1 .700 euros actuels). À l’époque, la place financière prenant de l’ampleur, nous étions fortement sollicités dès la fin des études. J’avais reçu d’autres offres plus lucratives hors du monde financier, mais je voulais suivre la tendance du moment vers la finance. Je n’ai donc pas choisi l’offre la plus attractive, comme je voyais chez BGL des possibilités d’évolution et de formation. Seriez-vous prêt à toucher un salaire moindre pour un projet « passion » ? Je me pose parfois la question de ce que je changerais à ma vie si j’avais beaucoup plus d’argent qu’aujourd’hui. En fait, je ne vois pas ce qui pourrait me rendre plus heureux. J’en conclus donc que l’argent n’est pas central dans ma vie. Donc oui, pour une passion à assouvir, je serais prêt à renoncer à une part de salaire. Pour écrire un livre, par exemple. Pas un best-seller, mais celui qui me permettrait de prendre un peu de recul et de changer de référentiel. Je pourrais renoncer à tout revenu, voire même investir, pour faire aboutir ce projet.
CV EXPRESS Pit Hentgen (56 ans) est, depuis 2002, président et directeur général du groupe d’assurances Lalux, fondé par l’un de ses aïeux. Diplômé en sciences économiques et gestion des affaires de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, il fait ses armes chez BGL avant de rejoindre Lalux en 1995. Il en devient directeur général en 1998. Il siège aussi au conseil d’administration de différentes entreprises comme la Banque centrale du Luxembourg et la BCEE, et est, depuis 2016, président de Lafayette, la société qui gère l’immobilier de l’archevêché et les actions du groupe Saint-Paul.
ENVIES
Pit Hentgen devant la croix qu’il a financée – et assurée – dans son village.
Patrimoine
Coups de cœur
Un souvenir d’une dépense un peu folle jamais regrettée ? J’ai fait réaliser un meuble pour porter un livre ancien provenant d’un monastère. C’est un livre à partir duquel j’avais travaillé pour un cours d’histoire à l’université et que je rêvais de posséder. Un ami antiquaire m’en a trouvé un fac-similé, mais je n’avais pas de meuble pour le mettre en valeur. J’ai donc à nouveau demandé à Serge Weis de me concevoir un lectrin en bois. Il l’a fait en sculptant les quatre évangélistes selon un style le plus proche possible de l’époque du livre. C’est donc une folie, mais je n’ai aucun regret. Votre dernier achat « Je ne devrais pas » ? Mon dernier smartphone. Mais ça vaut aussi pour mon dernier appareil photo. J’ai toujours envie de disposer de la dernière technologie. Il faudrait un système de reprise de l’ancien appareil à l’achat d’un nouveau comme ça se fait pour les voitures. À défaut, j’ai plusieurs appareils, dont certains que je n’utilise pas beaucoup.
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TEXTE Jean-Michel Lalieu PHOTO Edouard Olszewski
Avez-vous estimé l’un de vos objets personnels suffisamment précieux pour l’assurer ? J’ai assuré mon équipement photo et une croix en pierre que j’ai fait refaire dans mon village. Ma famille est originaire du village de Roedgen. Or, au bord du sentier qui le relie à Leudelange, se trouvait une ancienne croix qui a été volée dans les années 1970. Par passion pour l’histoire locale et celle de ma famille, j’ai décidé d’ériger une nouvelle croix au même endroit. Nous avons travaillé au design d’une croix contemporaine, mais inspirée du passé, avec Serge Weis, un artiste luxembourgeois qui travaille beaucoup pour la restauration du patrimoine. C’est une œuvre symbolique, mais elle a une valeur et je l’ai donc assurée.
ENVIES
COMPÉTENCES PROFILS
Tirer profit des millennials Les millennials représentent désormais plus de la moitié de la main-d’œuvre mondiale et leur idéal professionnel est en train de marquer profondément l’entreprise. Mais il faut savoir décrypter cette génération.
D
ans le monde de l’entreprise, ils sont prisés pour leurs capacités à maîtriser les nouvelles technologies et à s’adapter rapidement. Dans le même temps, les chefs d’entreprise et managers plus âgés ont encore du mal à les comprendre. Tous les ans, de nombreuses études sont menées pour mieux cerner les millennials, ces jeunes travailleurs âgés de 25 à 35 ans et appartenant à une génération qu’on a baptisée Y. Mais il faut faire attention aux clichés. Leurs aspirations ne sont pas statiques. Elles évoluent au fil des ans, en fonction du contexte social, politique ou environnemental. Le cabinet de conseil Deloitte leur consacre depuis six ans une étude. En 2017, celle-ci s’est basée sur les réponses de près de 8.000 professionnels nés après 1982 dans 30 pays. Elle révèle, contrairement à ce que l’on pourrait croire, que 65 % d’entre eux préféreraient un emploi stable à temps plein plutôt qu’une collaboration en tant que free-lance. 67 % pensent toutefois que la flexibilité a un impact direct sur leur productivité, ainsi que sur leur engagement au travail (65 %), leur bienêtre et leur santé (66 %).
Attention aux généralisations Proposer une organisation du travail flexible est une des clés pour attirer et retenir les millennials, s’accorde à dire la majorité des consultants RH. « Les aspirations de la génération Y sont liées au plaisir, à l’équilibre et à la liberté de gérer son temps », confirme Béatrix Charlier, fondatrice du cabinet de conseil P’OP. En 2016, elle a mené une enquête auprès de 500 jeunes cadres travaillant au Luxembourg, en collaboration avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (List). « Leurs modalités de fonctionnement pointent les dysfonctionnements dans l’entreprise : hiérarchie, 116 —
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MATTHIEU VAN ROY Directeur des ressources humaines chez Talkwalker « La moyenne d’âge de nos 185 employés est de 32 ans, toute notre stratégie d’entreprise se base donc sur les millennials. Celle-ci s’appuie sur trois aspects : la flexibilité des horaires – nos employés peuvent arriver entre 7 h et 10 h –, la culture et les valeurs
de l’entreprise, qui sont encore très liées à la start-up que nous avons été, et la progression de carrière. Nous voulons faire grandir nos collaborateurs avec l’entreprise. Nous proposons dans ce sens de nombreuses formations. »
compartimentage, lenteur, inertie, procédures, ajoute-t-elle. Et ils exigent que leurs leaders soient communicants, responsables et passionnés. » Une autre caractéristique de la génération Y est son appétence à changer fréquemment d’employeur. Selon l’étude du cabinet P’OP, 60 % des millennials luxembourgeois disent vouloir quitter leur emploi, dont 24,7 % dans les six prochains mois. Comment
réussir à les fidéliser dans ces conditions ? Le cabinet de r ecrutement Robert Half conseille par exemple d’instaurer une culture du feed-back, tout en laissant la place à l’autonomie au travail. Il rappelle aussi qu’il faut éviter de généraliser le comportement des millennials et qu’il est essentiel « d’accorder suffisamment d’attention à l’individu, pas seulement au groupe auquel il appartient ». J. M.
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LAURENCE FRANSEN Directrice des ressources humaines chez Bâloise Assurances Luxembourg « Nous avons signé un partenariat avec les filières Gestion et IT de l’Uni pour être le plus proche possible des étudiants. Nous proposons aux jeunes diplômés de débuter leur CDI par un graduate programme incluant huit mois de mobilité internationale au sein du groupe.
Mais nous gardons des valeurs communes à tous nos employés, sans discrimination d’âge : implication, dévelop pement et participation. Les millennials sont donc invités à s’épanouir dans des équi pes constituées de toutes les générations et à les enrichir de leurs idées. »
MÉTIER DU FUTUR OPÉRATEUR DE DRONES Même si l’intelligence artificielle rend le drone en partie autonome, l’augmentation de l’utilisation de ces petits appareils volants nécessitera de plus en plus d’experts du téléguidage.
Que fait-il ? Il doit non seulement savoir piloter à la perfection un drone, mais aussi remplir certaines obligations techniques, comme l’analyse des conditions météorologiques, l’entretien technique de son appareil ou encore la rédaction postérieure de rapports de vol.
Quelles sont ses compétences ? Les aptitudes nécessaires au pilotage d’un drone varient en fonction des applications dans lesquelles l’appareil est exploité. Il devra dans certains cas intervenir rapidement, dans d’autres faire des manipulations très précises ou encore rapporter des images de très haute qualité à des fins commerciales.
Quelle est sa formation ? Au Luxembourg, il n’a pas besoin de licence spécifique, mais doit demander une autorisation de travail aérien auprès de la Direction de l’aviation civile pour chaque vol. Il existe une seule formation disponible au Grand-Duché. Elle est proposée par la société Lux-Drones.
Combien gagne-t-il ? Il ne s’agit pas encore d’un métier à part entière au Luxembourg. Le pilotage de drones est pour l’instant considéré comme une compétence supplémentaire, notamment dans les secteurs de l’immobilier ou des médias, dans lesquels leur utilisation est la plus fréquente.
Une qualité-clé ?
Avis d’expert ? POUR ALLER PLUS LOIN Tout comprendre sur la génération Y est une étude publiée en mars 2017 par l’institut YouGov et le site de recrutement monster.com. Disponible gratuitement sur internet (http://ecommerce.monster.fr), 08 _ LEGENDE-TITRE elle compare les aspirations des millennials et français, allemands, 08_legende estrunteni inverup anglais et hollandais. Et il est intéressant detevoir existe parfois tature, offic posqu’il eniscie nimu des différences notables entre san les pays. discid quis a dem inctotate ab intibusdae.
« En logistique, les drones sont désormais plus qu’une simple vitrine technologique. Ils deviennent des solutions de livraison alternatives efficaces et peu onéreuses pour des endroits difficiles d’accès. Un développement plus large du métier de télépilote passera par une réglementation responsable de l’espace aérien ». Michel Lamballais, directeur des opérations chez DHL Express Luxembourg.
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ILLUSTRATION Hadi Saadaldeen (Maison Moderne)
Il doit bien sûr disposer d’un excellent sens de l’orientation dans l’espace. Mais la qualité à mettre en valeur est certainement celle de la rigueur, tant sur les aspects de pilotage et de respect des normes sécuritaires, que sur celui de l’état du matériel.
ENVIES
STYLE PRINTEMPS
Comment définissezvous votre style ? « Élégance et simplicité en toutes circonstances. »
« La qualité des tissus et la coupe sont autrement plus importantEs. »
Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Une cravate Hermès reçue de France Télécom il y a 20 ans, à l’occasion du partenariat BGL, Arbed, Telindus et France Télécom visant la deuxième licence GSM luxembourgeoise. »
Quelle couleur ne portez-vous jamais ? « Je pense que j’ai toutes les couleurs imaginables dans mon dressing. J’adore porter et combiner les couleurs. »
Quel est votre dernier achat mode ? « Un costume Cifonelli, le tailleur dont Karl Lagerfeld aurait dit qu’il reconnaît certains traits à 100 mètres. N’habitant pas le même quartier que lui, je n’ai pas encore pu tester si c’est le cas ! »
Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? « J’avoue que j’achète le plus souvent à l’étranger. Au Luxembourg, je vais chez Hermès, Thilges et Gucci. »
Que porter pour un premier rendez-vous ? « Si le premier ne doit pas être en même temps le dernier : ce qui vous met à l’aise, jamais rien d’artificiel. »
Quel faux pas à ne pas commettre ? « Croire que le sur-mesure fait en lui-même une différence. La qualité des tissus et la coupe sont autrement plus importantes. »
Que porter pour une soirée de gala ? « Un smoking ou, en été, une dinner jacket blanche. Alors que certains ont un penchant pour des papillons multicolores ou à motifs, je suis adepte du papillon noir, noué à la main. »
Manuel Baldauff
Fondateur, Value Associates TEXTES France Clarinval
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Comment définissezvous votre style ? « Classique avec un twist. Un mélange de matières, de styles et de cultures. »
Quel est votre plus vieux souvenir lié à la mode ? « Dans les années 1970, petite fille, j’observais ma mère qui s’habillait en robe de soirée pour aller à l’opéra. À l’époque, c’était encore à la mode de porter des vêtements de gala pour le théâtre. Il y avait des plumes, des mousselines et un poudrier avec houppette. »
Qui vous a donné le sens du style ? « Mes parents. Mon père était un homme très élégant. Pour sortir de la maison, il mettait un trois-pièces et un chapeau. »
Quel est votre dernier achat mode ? « Une belle écharpe, j’adore les écharpes et les foulards. »
Votre adresse coup de cœur à Luxembourg ? « Muse et Muse by. Leurs vitrines sont les plus jolies et les plus créatives de la ville. »
« Petite fille, j’observais ma mère qui s’habillait en robe de soirée pour aller à l’opéra. » Quelle pièce voulezvous transmettre ? « Ma veste de moto Belstaff, qui a parcouru le monde avec moi. Je la transmettrai à mon fils. Peut-être qu’il la portera un jour à son tour. »
Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Un pantalon Comme des garçons, que je porte toujours et que j’ai acheté en 1995 à Paris. »
Que porter pour une soirée de gala ? « Un pantalon masculin, une queue-de-pie et de belles chaussures plates à lacets. »
La pièce que vous ne prêteriez jamais ? « La bague de ma grand-mère, que je n’enlève jamais. »
Miriam Rosner
Responsable de la communication visuelle, les Théâtres de la Ville de Luxembourg
PHOTOS Mike Zenari
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ENVIES
ARCHITECTURE MAISON UNIFAMILIALE
Transformation en douceur 1
MAÎTRE D’OUVRAGE Privé
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ARCHITECTE Agence d’architecture Stanislaw Berbec’ LOCALISATION Luxembourg-ville LIVRAISON 2017
3
L
a maison de rangée, mitoyenne des deux côtés, se situe dans une zone protégée, dégageant un caractère typique de la ville de Luxembourg. Les maîtres d’ouvrage souhaitaient ouvrir un peu les espaces intérieurs, sans pour autant pouvoir les agrandir, car la petitesse du jardin à l’arrière ne permet pas d’y construire une extension. L’architecte a restauré la façade avant pour retrouver son état initial, à l’exception d’une petite intervention au niveau du balcon du premier étage qui a été légèrement agrandi. La façade bénéficie d’une nouvelle isolation et a été revêtue de pierres de taille. On trouve également un nouveau chemin d’accès à la porte d’entrée et une nouvelle rampe de garage. La façade arrière, elle, a subi des modifications plus importantes, car les ouvertures 120 —
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ont été agrandies pour permettre une nouvelle relation avec le jardin et faciliter l’utilisation de la terrasse. À l’intérieur, au rez-de-chaussée, la cuisine ouverte et la salle à manger sont placées côté jardin et s’ouvrent vers le salon donnant côté rue, offrant ainsi un espace ouvert et traversant tout le niveau. Afin de profiter d’un contact visuel avec la cave à vins située en sous-sol, un plancher en verre a été mis en place. Dans le hall d’entrée et l’escalier, le terrazzo a été rénové. L’architecte a par ailleurs choisi de retravailler les garde-corps à chaque niveau en y installant des parois de verre pour agrandir au maximum la perception d’espace. Au premier étage, les parents ont choisi d’installer leur chambre, complétée par une garde-robe, une salle de bains et une bibliothèque, ouverte sur l’espace de l’escalier. Un bureau est également accessible depuis le palier. Le deuxième étage est celui des enfants, avec trois chambres et une salle de bains. Enfin, le grenier, désormais accessible grâce à un nouvel escalier, offre une chambre d’amis avec une salle de bains. C. C.
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À l’arrière, de nouvelles grandes ouvertures permettent la liaison avec le jardin. Dans l’escalier, de nouveaux garde-corps en verre ont été installés. Une bibliothèque est installée sur le palier du premier étage. La façade sur rue a été rénovée pour retrouver son aspect d’origine.
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PHOTOS Agence d’architecture Stanislaw Berbec’
L’architecte Stan Berbec’ est intervenu sur une maison de ville pour la restaurer et la transformer en douceur, afin de répondre aux besoins de ses occupants.
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CULTURE DANSE
Talents émergents
L’ACTUALITÉ EN DANSE En plus du festival Les Émergences, d’autres spectacles de danse sont également à découvrir en avril.
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER La chorégraphe belge est au cœur de la programmation du Red Bridge Project, qui unit le Grand Théâtre, la Philharmonie et le Mudam. C’est ainsi qu’il sera possible de découvrir en avril deux de ses œuvres : Achterland, le 7 avril au Grand Théâtre, et Work / Travail / Arbeid, les 14 et 15 avril au Mudam. www.theatres.lu, www.mudam.lu
Les nouveaux visages de la danse
P
le festival les émergences initié par le trois c-l permet de découvrir les jeunes talents de la danse contemporaine au luxembourg.
our tous ceux qui aiment découvrir les talents et qui sont attentifs à ce qui se passe sur la scène de la danse contemporaine au Luxembourg, le festival Les Émergences est un moment à ne pas rater. Ce festival, qui en est déjà à sa cinquième édition, permet en effet de plonger au cœur de la création et de découvrir de nouveaux visages. Cette année, quatre signatures chorégraphiques sont mises en lumière : Annick Schadeck, Georges Maikel Pires Monteiro, le duo Tania Soubry & Catherine Elsen et Maria Cipriano. La soirée Prélude, organisée dans les prestigieux salons du Cercle Cité, permet aux chorégraphes invités de présenter un extrait de leur création et d’entrer en discussion avec le public à l’issue du « teaser ». Les créations sont programmées dans leur entièreté par la suite pendant le festival. « En amont des représentations, le Trois C-L met en place un programme de soutien aux chorégraphes, explique Bernard Baumgarten, directeur du Trois C-L. Il est composé de différents modules, aussi bien 122 —
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artistiques que techniques. Cette année, nous avons demandé à la chorégraphe française Camille Mutel d’accompagner les jeunes artistes pendant leur phase de création. Du point de vue technique, c’est la designer lumière Nina Schaeffer qui a été choisie. Cette professionnelle offre à nos jeunes artistes une formation sur mesure aux techniques et vocabulaire de sa discipline, tout en réalisant la création lumière de leur spectacle. Enfin, nous avons un partenariat avec la Sacem Luxembourg pour une formation en droits et obligations de propriété intellectuelle et de défense du droit d’auteur. » Par ailleurs, le Trois C-L met en place un stage d’initiation ouvert à tous pour découvrir de manière active la danse contemporaine. Mené par Georges Maikel Pires Monteiro et Piera Jovic, ce stage permet de lier la pratique artistique au regard du spectateur et ainsi de l’accompagner doublement dans sa découverte de la danse. C. C. Soirée Prélude le 11 avril, premières des spectacles les 19, 20, 21 et 22 avril, www.danse.lu
SHADOWS IN MOTION La Jon Lehrer Dance Company revient au Théâtre municipal d’Esch-sur-Alzette avec son nouveau spectacle. Le chorégraphe américain poursuit son travail autour du théâtre d’ombres et y associe des projections, la technique multimédia et des effets visuels pleins de fantaisie pour un spectacle aux tableaux forts et marquants visuellement. Le 17 avril à 20 h
WAYNE MCGREGOR Avec son spectacle Autobiography, Wayne McGregor se penche sur la question de son propre corps. Il s’agit d’une méditation abstraite sur des aspects de soi-même et de la vie, décrivant et reflétant à la fois passés mémorisés et futurs spéculatifs. Ce travail, inspiré du séquençage du génome, superpose à la façon d’un palimpseste l’empreinte chorégraphique de McGregor sur sa mémoire personnelle et son code génétique. Les 27 et 28 avril à 20 h au Grand Théâtre
PHOTO Bohumil Kostohryz – Julie Conrad Design Studio
Le festival Les Émergences permet de découvrir de nouveaux talents.
NEW
06:45 Breakfast briefing
ENVIES
RESTAURANT À TABLE AVEC
Christiane Kremer nous ceux qui ne sont pas trop intéressés par la culture, mais ne pas être trop superficiels pour apprendre quelque chose à ceux qui s’y connaissent. » Les différents médias imposent aussi différentes manières de montrer ou de parler de la culture. « À la radio, il est plus facile de parler de lle est entrée chez RTL en tant musique ou de littérature que que free-lance en 1985 et y a d’arts plastiques ou de danse. » grimpé les échelons. Christiane Aussi, ces aspects sont plus valoKremer aime la transmission et risés à la télévision, où l’image le partage des connaissances. assure un apport évident. Le web Pendant 20 ans, elle a été directrice des pro- permet de rassembler tout ça « et grammes de la radio et voilà qu’elle relève d’être sans limites ». La petite un nouveau défi, la responsabilité du dépar- équipe (trois personnes dédiées, plus d’autres journalistes et coltement Culture nouvellement créé. PLUSIEURS SUPPORTS. « Ce qui est vraiment laborateurs free-lances) « traite nouveau, c’est de mettre l’ensemble de nos en priorité de l’actualité locale médias, radio, télé et web, sous une même ou des artistes luxembourgeois. thématique », estime Christiane Kremer, avec Et c’est déjà beaucoup. » BAR EN CROÛTE DE TOMATES et un œil sur la carte. Le restaurant au sein de la Philharmonie propose un menu du jour, mais fricassée de palourdes. Les s’est aussi fait une spécialité des plats à parta- saveurs printanières sont bien ger. Le chef, Morris Clip, mélange les influences présentes, Christiane appréciant françaises, belges, espagnoles et italiennes. la cuisson du poisson bien maîtriMon invitée opte pour le menu – œuf parfait, sée. Elle poursuit sur la nouveauté espuma d’asperges et noisettes pour commen- de 2018 : l’émission de télévision cer –, je choisis la carte – rissoles de crevettes No Art On Air, dont le titre est un grises en entrée. Ce premier service arrive vite clin d’œil à l’heure de diffusion (la et Christiane apprécie l’œuf qui coule douce- prononciation pourrait être « no aacht », après ment en se mélangeant à la sauce. 8 h). L’émission, présentée par Jenny GRAND PUBLIC. « L’enjeu principal de la pré- Fischbach, est enregistrée non pas en studio sentation de la culture sur RTL est de s’adres- mais dans le bar de Gudde Wëllen. « Cela rapser à tous les publics. Il faut entraîner avec proche de l’invité et donne une ambiance plus chaleureuse. » Les invités sont choisis en fonction de leur actuatempo lité et de leur capacité à parler 1, place de l’Europe – luxembourgeois : « On se coupe Luxembourg (Kirchberg) de certains talents, mais c’est Tél. : 27 99 06 66 une règle de l’antenne. » Direction Les premières émissions Stéphanie Jauquet ont ainsi vu défiler Désirée Chef Morris Clip Nosbusch, Gast Waltzing, Son 83 dB Pascal Schumacher et Max Température 22 °C Thommes. Un ou deux chroniCouverts 70 queurs viennent aussi parler de sujets culturels. Les émisAddition du jour sions ArtBox à la télé et À propos 1 bouteille de Corbières 35,00 € à la radio sont d’autres temps 2 entrées 24,00 € forts de la culture, qui « a aussi 2 plats 36,00 € sa place dans les journaux et 2 cafés 6,00 € Total 101,00 € le magazine ». F. C.
Alors que No Art On Air, une nouvelle émission culturelle, vient d’être lancée, Christiane Kremer, à la tête du département Culture au sein de RTL, nous détaille les enjeux de la culture à la télé et à la radio. Partageons son déjeuner au restaurant Tempo.
E
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MAIS AUSSI MA SPÉCIALITÉ EN CUISINE « J’aime cuisiner pour des amis et es- sayer différentes choses. Je puise dans les recettes de ma mère, qui tenait un café-épicerie à Kehlen. Le gratin de poisson est très apprécié. »
MA CANTINE EN VILLE « La place de l’Europe est en train de devenir un petit îlot gastronomique avec les restaurants Tempo, La Table du Belvédère et Meliá. »
PHOTOS Mike Zenari
UN RESTO POUR CÉLÉBRER « Depuis plus de 20 ans, je vais à La Mirabelle. Le cadre est joli, le service est impeccable, l’assiette est savoureuse et les conseils en vin intéressants. »
11:45 Noon briefing
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INDEX
ENTREPRISES PERSONNES PUBLICITÉS
1 100.7 A
14
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A. LARSEN TINE 20 ABBL 15, 38 ABDELNOUR PATRICIA 28 ADAM FERDY 15 ADIDAS 30 ADMINISTRATION DES CONTRIBUTIONS DIRECTES 24 ADR 16, 50 AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK OF CHINA 94 AIRFIELD 26 ALLEGREZZA SERGE 66 ANDRING LUCIENNE 32 ARCELORMITTAL 20, 94 ARCHITECT@WORK 121 ARENDT ERNEST 24 ASSELBORN JEAN 18 ASSOCIATION DES CERCLES D’ÉTUDIANTS LUXEMBOURGEOIS 14 ASSOCIATION DES COMPAGNIES D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE 32 ASSOCIATION EUROPÉENNE DES BUSINESS ANGELS 42 ASSOCIATION LUXEMBOURGEOISE DES FONDS D’INVESTISSEMENT 32 AVENA FRANCO 14 AXA LUXEMBOURG 32 AZTEC 40, 46
B B4 EVENTS
27 BALDAUFF MANUEL 118 BALLOUHEY-DAUPHIN VALÉRIE 66 BÂLOISE ASSURANCES 116 BANK JULIUS BAER LUXEMBOURG 38 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 114 BANQUE DE LUXEMBOURG 32 BANQUE DEGROOF 34, 35 BAUM MARC 16 BAUMGARTEN BERNARD 122 BAUSCH FRANÇOIS 18, 50, 82 BCEE 32, 114 BECKER JULIE 94
126 —
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BERGER EUGÈNE 20 BETTEL XAVIER 14, 18, 50 BGL BNP PARIBAS 17, 114 BIL 38 BILTGEN FRANÇOIS 50 BIONEXT 19 BIRGEN GERMAIN 32 BOSTON CONSULTING GROUP 32, 40 BOUKHERS STEVE 30 BOURSE DE LUXEMBOURG 40, 94 BRAM 6 BRASS ROBERT 24 BRAZ FÉLIX 50 BUCK NICOLAS 82 BUNQ 38 BUSCHMANN CHRISTOPHE 20 BUZZFEED 20
C
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CAHEN CORINNE 14 CANDRIAM 33 CAPLICE CHRIS 30 CARGOLUX 66 CARPAY-DIEM 108 CECUREL MATTHIEU 40 CELLULE DE RENSEIGNEMENT FINANCIER 50 CENTER FOR TRANSPORTATION & LOGISTICS 30 CENTRE HOSPITALIER DE LUXEMBOURG 20 CERCLE CITÉ 122 CFL 82 CHAMBRE DE COMMERCE 82 CHAMBRE DES DÉPUTÉS 14, 50 CHARLIER BÉATRIX 116 CHÂTEAU BOURGLINSTER 26 CIPRIANO MARIA 122 CLIP MORRIS 124 CLUSTER FOR LOGISTICS 30, 66 CMI 26 COINPLUS 108 COLLET MICKAËL 40 COMMISSION CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME 50 COMMISSION EUROPÉENNE 18, 50, 82 COMMISSION NATIONALE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES 20, 50 CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DE LA FONCTION PUBLIQUE 14
CONFÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE 20 CONSEIL D’ÉTAT 50 CONSEIL DE STABILITÉ FINANCIÈRE 32 CONSEIL NATIONAL POUR ÉTRANGERS 14 CONVENTUM ASSET MANAGEMENT 32 COSMOPOLITAN 20 COUR DE JUSTICE DE L’UE 24 CREDITREFORM LUXEMBOURG 42 CSSF 32, 38, 42, 108 CSV 14, 16, 42, 50
D
D’LAND 50 D’LETZERBUERGER JOURNAL 75 DAENEN DIRK 28 DATA SCIENCE LAB 30 DBRS 42 DE BARSY THIBAULT 38 DE CILLIA SERGE 15 DE KEERSMAEKER ANNE TERESA 122 DEBEHOGNE OLIVIER 38 DEEP SPACE INDUSTRIES 28 DÉI GRÉNG 16, 18, 50 DÉI LÉNK 14, 16, 50 DELOITTE LUXEMBOURG 28, 37, 38, 116,130 DELPHI 46 DHL EXPRESS LUXEMBOURG 117 DIDIER JULIE 33 DIESCHBOURG CAROLE 50 DIRECTION DE L’AVIATION CIVILE 117 DOBBINS MARTIN 46 DP 14, 16, 18, 20, 50
E
EAST WEST UNITED BANK 30, 31 EBRC 22 EDITPRESS 20 EFA PARTNERS 32 ELSEN CATHERINE 122 ELVIN GENNA 28 EUROPCAR 71 EUROPEAN BUSINESS AVIATION 26 EUROPEAN FUND ADMINISTRATION 32 EUROSENDER 66 EUROSTAT 42 EXECUJET 26 EY 42
F
FEDIL 42, 46, 82 FIPP – THE NETWORK FOR GLOBAL MEDIA 20 FISCH ROBERT 26 FISCHER FALK 38 FLEURS DU MONDE 77 FONCK DANIÈLE 20 FRANCIS YVES 130 FRANSEN LAURENCE 116 FREICHEL JEAN-PAUL 20 FRIEDEN LUC 50 FUJITSU 26, 47
G
GARCIA THIERRY 38 GEIER-COURQUIN CLAIRE 14 GELLER MICHEL 15 GILLOT CHRISTIAN 24 GINTZBURGE THOMAS 40 GLOD JOS 66 GOMEZ VIKI 28 GOOGLE 46, 82 GRAMEGNA PIERRE 18, 50 GRAND THÉÂTRE 122 GRECO MICHEL 66 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu
GROSJEAN ALAIN GROUPE CK GROUPE STEFFEN
H
24 23 40
HAAS ROXANE 38 HAGEN DAVID 108 HALF ROBERT 116 HANSEN MARC 14 HANSEN PATRICK 26 HEMMERLING MARC 38 HENCKES NICOLAS 20 HENRI GRAND-DUC 18 HENTGEN PIT 114 HERMES 2 HOFFMANN JACQUES 94 HUSH 38
I, J
IKO 20 IMMOTOP 61 ING 20, 28, 39 JAUQUET STÉPHANIE 124 JCI 55 JON LEHRER DANCE COMPANY 122 JONES LANG LASALLE 8
INDEX
JONHSON CANDACE 42 JP MORGAN ASSET MANAGEMENT 130 JUCHEM RAYMOND 66 JUNCKER JEAN-CLAUDE 50
K
KAYAN YVES-LAURENT 108 KBL EPB 32 KEUP FRED 16 KEYTRADE BANK LUXEMBOURG 38 KLEYR GRASSO 46 KMIOTEK CHRISTIAN 50 KODAK 66 KOEDINGER MIKE 28 KÖMM HOLGER 30 KREMER CHRISTIANE 124
L
LAFAYETTE 114 LALUX 29, 32, 114 LAM MAURICE 130 LAMBALLAIS MICHEL 117 LCGB 44 LE DRIAN JEAN-YVES 18 LEMOYNE JEAN-BAPTISTE 18 LILITH PROJECT 12 LPEA 36, 41 LSAP 14, 16, 18, 50 LUFTHANSA 66 LUX-AIRPORT 20 LUX-DRONES 117 LUXAIRCARGO 66 LUXAVIATION 26 LUXEMBOURG CENTRE FOR LOGISTICS 30 LUXEMBOURG HOUSE OF FINANCIAL TECHNOLOGY 24 LUXEMBOURG INSTITUTE OF SCIENCE AND TECHNOLOGY 116 LUXEMBOURG INSTITUTE OF SOCIO-ECONOMIC RESEARCH 44 LUXEMBURGER WORT 20, 50 LUXFLAG 33 LUXITE 20
M
MACQUARIE INVESTMENT MANAGEMENT 32 MACRON EMMANUEL 18, 50 MACY’S 66 MAIKEL PIRES MONTEIRO GEORGES 122 MAISON MODERNE 20, 28 MALDAGUE JEAN-YVES 33 MARIA TERESA GRANDEDUCHESSE 18 MART CAROLINE 16 MARTIN AVOCATS 44 MARTIN LAWYERS ONLINE 44 MARTIN LUDIVINE 44 MARTIN SABRINA 44
MARTINO PASCAL MASSACHUSETTS INSTITUTE OF TECHNOLOGY MASSARD MARIE-HÉLÈNE MASTERJET MC MONAGLE KATHY
38 30 32 26 30
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MEISCH CLAUDE 16 MERKEL ANGELA 50 METAFORM ARCHITECTS 20 MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE 82 MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR 82 MINISTÈRE DE LA FAMILLE ET DE L’INTÉGRATION 14 MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES 82 MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DE L’ÉCONOMIE SOCIALE 38, 44 MONZO 38 MOSAR LAURENT 50 MOSCOVICI PIERRE 18 MOUDENC JEAN-LUC 18 MOUVEMENT DES ENTREPRISES DE FRANCE 82 MUDAM 122 MUTEL CAMILLE 122 MYJOBEST 30
N
N23 38 NAUTADUTILH AVOCATS LUXEMBOURG 30 NEIMËNSTER 28 NOSBUSCH DÉSIRÉE 124
O OBAMA BARACK
50 OCDE 18, 50 OCORIAN 45 ODOO BHF 32 OGB-L 44 OLAI 14 ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES 82 ORGANISATION DES NATIONS UNIES 24, 42 OSMONT STEPHEN 46
P
P’OP 116 PADOVAN CLAUDIO 40 PAIS DE ALMEIDA PEDRO 24 PARIS MATCH 20 PHILHARMONIE 122
PHILIPPE ÉDOUARD 18 POLITICO 20 POST LUXEMBOURG 10,11, 20, 59, 66 POUDRERIE DE LUXEMBOURG 20 PROLINGUA 25 PRUM FRANÇOIS 24, 50 PSAILA JOHN 130 PWC 38
R
REDING VIVIANE
14, 42
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REDING YVES 22 REVOLUT 38 RIFKIN JEREMY 30, 82 RITZ-CARLTON 26 ROSNER MIRIAM 118 ROTH GILLES 50 RTL 16, 18, 50, 94, 124
S
SACEM LUXEMBOURG 122 SALES JOS 22 SALES MARC 22 SALES-LENTZ 22 SCHADECK ANNICK 122 SCHAEFFER NINA 122 SCHARFE ROBERT 94 SCHILTZ SELIM 26 SCHMIT NICOLAS 14, 16, 38 SCHNEIDER ÉTIENNE 14, 50 SCHNEIDER-LINDBERGH ISAK 28 SCHOCK POL 50 SCHULER CHRISTEL 30 SCHUMACHER PASCAL 124 SERVICE DE RENSEIGNEMENT DE L’ÉTAT 50 SES 94 SINGPOST 66 SIWECK JEAN-LOU 20 SNAPSWAP 20 SNCI 131 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 4, 38 SOUBRY TANIA 122 STAHL HJOERDIS 66 STAN BERBEC’ ARCHITECTE 120 STANDARD&POOR’S 42 STATEC 15, 46 STEINHAUS RENÉ 20 STIBRANY PETER 28 STRASSER CHRISTIAN 32 STRASSER CLAUDE 66 SYVICOL 14
T
TADAWEB 28 TALEO CONSULTING 40 TALKWALKER 116 TANSON SAM 16 TAYENNE ALAIN 108 TEDX 28 TEMPO 124 TETRAO 24 THÉÂTRE MUNICIPAL D’ESCH-SUR-ALZETTE 122 THÉÂTRES DE LA VILLE DE LUXEMBOURG 118 THOMES MAX 124 TRANSPARENCY CAPITAL 40 TRIENBACH MÉLANIE 46 TRINOVA 46 TROIS C-L 122 TRUMP DONALD 20, 50 TURKISCH AIRLINES 132
U
UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES 44, 82 UNION INTERNATIONALE DES AVOCATS 24 UNITED BUSINESS INSTITUTES 28 UNIVERSITÉ PARIS I SORBONNE 50
V
VALUE ASSOCIATES 118 VALUEINVEST ASSET MANAGEMENT 32 VAN ROY MATTHIEU 116 VANNESTE JOHAN 20 VILLE DE LUXEMBOURG 42 VOLVO 22 VOYAGES LÉONARD 22
W, Y, Z
WAGENER FRANK 94 WAGNER DAVID 14 WALTZING GAST 124 WAYNE MCGREGOR 122 WEE2050/NEE2015 16 WEIS SERGE 114 WINKIN RENÉ 46 WIRED 20 WISELER CLAUDE 14 WITTAMER JÉRÔME 36 WITZ PATRICE 38 YOUGOV 116 ZEIMET LAURENT 16 ZENITI MALIK 30
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OURS
Avril 2018 dir ecteur de la publication
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TUESDAY 17 APRIL Members are invited to join the Club and Delano teams and their guests. Delano Live in April will be about GDPR and digital market. What you can expect: a fun and friendly evening, some 20 minutes of onstage live content in English, discover Delano magazine a day before its official release and enjoy a bar service with quality guests. Registration required at paperjam.club Upcoming dates: 7 June & 5 July
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PARTNER
CELEBRATING LUXEMBOURG YVES FRANCIS
« Fier du Luxembourg au quotidien »
EN BREF Fidèle à Deloitte
Né en 1967 en Belgique Yves Francis a rejoint Deloitte en 1990 et est devenu membre du comité de direction en 2005. De 2003 à 2008, il a été en charge du ressort investment management pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (Emea). C’est en 2009 que Yves Francis a succédé à Maurice Lam à la tête du cabinet luxembourgeois. Il a été reconduit pour un second mandat de quatre ans en 2014.
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amènent donc beaucoup de mobilité au sein de nos équipes, qui sont amenées régulièrement à exporter notre savoir-faire, et donc le rayonnement à l’international du Luxembourg. Luxembourg est un pays… fiable, dynamique et ouvert. Reconnaissezvous Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement ? Je suis d’accord, même si ces qualificatifs ne sont pas nouveaux et ne se résument donc pas à l’activité d’un gouvernement plus que d’un autre. L’ouverture du pays est spécifiquement importante et appréciée, mais je rajouterais qu’il est important de la maintenir, car tous les décideurs du pays ne semblent pas toujours suffisamment convaincus de l’apport des frontaliers par exemple. Ce serait une erreur bien préjudiciable que de l’ignorer.
Il a participé au lancement du projet du nouveau siège à la Cloche d’Or (photo), où les employés emménageront en 2019.
Que dites-vous à vos interlocuteurs pour leur donner envie de visiter le Luxembourg ? On ne peut pas parler intelligemment d’un sujet si on ne le connaît pas, donc je les invite toujours à visiter le pays, comprendre les acteurs économiques, apprécier sa diversité linguistique et sa position centrale en tant qu’acteur européen engagé depuis toujours. T. R. Retrouvez la version intégrale de cet entretien sur maisonmoderne.com/celebratingluxembourg
PHOTO Eric Chenal, Paul Bretz Architectes
M
aison Moderne continue à mettre en avant les ambassadeurs du pays au travers de Celebrating Luxem bourg. Managing partner de Deloitte Luxembourg depuis 2009, Yves Francis passera le relais à John Psaila le 31 mai prochain. M. Francis, votre travail contribue au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois ? En prenant des responsabilités croissantes au sein de Deloitte, il est devenu rapidement évident que la performance de notre société était fortement reconnue dans notre réseau international, et souvent même jalousée. Les compétences que nous avons développées sur notre marché sont très reconnues et
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