Paperjam1 novembre 2014

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NOVEMBRE 2014

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Éditorial Novembre 2014

RESTER GROUPÉS

U

ne fin de carrière est toujours un moment régularité, sans vraiment connaître, à 41 ans, la saveur particulier dans la vie d’un homme. Il amère de l’échec. faudra peut-être quelques semaines à De Bruxelles à New York, où le président Barack Obama lui Andy Schleck pour digérer la réalité qui a tapé sur l’épaule en marge d’un sommet des Nations l’a obligée à descendre de selle et mettre unies ; des plages de Normandie aux bureaux de Maison définitivement pied à terre. Meurtri par Moderne, en marge de notre 20e anniversaire, il ne compte diverses blessures plus ou moins graves, plus les kilomètres avalés, presque toujours au sprint. c’est surtout son corps qui a dit stop, alors que la tête ne Depuis son entrée en fonction à l’Hôtel de Bourgogne, sa demandait pas mieux que de continuer. Amère saveur de route a vite été parsemée de premières difficultés. L’apprenla retraite, même à 29 ans. tissage du pouvoir ne ressemble en rien à une dominicale Plutôt que les échecs retentissants qui l’ont privé d’un des promenade champêtre et ses adversaires, l’équipe CSV en plus beaux palmarès du cyclisme international, c’est la façon tête, ne lui laissent guère de répit, pointant du doigt, pardont il a avalé, en 2011, le mythique col hors catégorie du fois trop gros, chacun de ses faits et gestes. L’apprentissage Mont Galibier, qui marquera les esprits, au moins tout autant de l’opposition, lui non plus, n’est pas aisé, surtout après que son triomphe, deux ans plus tôt, dans la prestigieuse tant d’années passées à rouler en tête. classique Liège-Bastogne-Liège, après avoir placé une Mais ce parcours un peu accidenté n’est sans doute rien à attaque imparable dans le lieu-dit La Roche-aux-faucons. côté de la mythique ascension qui attend le Premier ministre À 29 ans, l’enfant de Mondorf a désormais une nouvelle vie et son équipe ces prochaines semaines, avec la présentaqui s’ouvre devant lui, même s’il avoue, à ce jour, ne pas tion et la défense de ce budget dit de « nouvelle génération » encore vraiment savoir de quoi elle sera faite. Qui sait si, qui devra marquer les esprits. Dans une Chambre des dépuinspiré par d’autres exemples de sportifs de haut niveau tés que l’on espère transformée, le temps de débats a priori reconvertis, on ne le verra pas un jour siéger à la Chambre passionnés, en ruche aux vrais intelligents, c’est une partie des députés… de l’avenir du pays qui se jouera, à l’heure où personne Un début de carrière de Premier ministre est, lui aussi, tou- n’est vraiment capable de dire de quoi il sera vraiment fait. jours un moment particulier dans la vie d’un homme. Xavier Un changement de braquet sera indispensable pour donner Bettel n’a sans doute pas eu besoin de quelques semaines, l’impulsion nécessaire à relancer une économie nationale cet hiver, pour prendre la mesure d’une nouvelle réalité qui en perte de vitesse ces dernières années. Mais plus qu’une l’a propulsé sur le devant de la scène, lui qui semblait si échappée solitaire, c’est clairement d’un peloton groupé confortablement assis sur son siège de bourgmestre de la dont le Luxembourg a besoin pour sortir de l’ornière, avec une coalition gouvernementale à capitale. Monté sur ressort, tel un la manœuvre et une opposition Zébulon des temps modernes, il Par Jean-Michel Gaudron, qui se doit d’être constructive plun’a jamais semblé vouloir dire stop rédacteur en chef de Paperjam à quoi ni à qui que ce soit, traçant tôt qu’obstructive. Tout dérailleE-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu sa voie avec une impressionnante Twitter : @jmgaudron ment sera interdit. ◄

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Paperjam Advertorial Interview IQ Solutions

Des experts de terrain

► Société créée en 2002 dans le giron d’un Big Four, indépendante depuis 2004, IQ Solutions emploie près de 150 personnes, dont une soixantaine de managers et senior managers. De gauche à droite : Xavier Denorme, Ralph Hilgert et Stan Torba.

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La création d’IQ Solutions en 2004 répondait à un besoin identifié du marché. Pouvez-vous revenir sur les premiers pas de votre société qui a aujourd’hui 10 ans d’existence sous cette dénomination, dans un contexte économique alors à forte croissance ? Stan Torba : « Après quatre années d’expérience au sein du cabinet Deloitte, j’intègre Andersen en 2002 avec la volonté affichée de développer l’activité business advisory. Mais ce nouveau business plan est retardé, l’affaire Enron aux États-Unis ayant eu les conséquences que vous connaissez sur le groupe Andersen. Au Luxembourg, Andersen ayant choisi de fusionner avec Ernst & Young, c’est au sein de ce Big Four que ce business plan va finalement se concrétiser. Mais, étant de plus en plus fréquemment confronté à l’impossibilité de servir des clients pour respecter la règle d’indépendance envers nos collègues auditeurs, j’ai proposé à Ernst & Young de racheter l’entité concernée tout en reprenant le personnel qui la composait. C’est ainsi qu’IQ Solutions voit le jour le 1er juillet 2004 dans une période effectivement florissante. Dans cet environnement favorable, notre

jeune société croît à un rythme soutenu – notre chiffre d’affaires est multiplié par deux ou trois, après chaque exercice – et notre effectif passe de 75 collaborateurs en 2004 à 180 fin 2007. En 2008, la crise des subprimes touche les États-Unis, dans un premier temps, puis les ondes de ce premier choc atteignent l’Europe, le Luxembourg inclus. D’autres évènements vont ensuite impacter le marché local et par là, les banques jusqu’aux entreprises en passant par les sociétés de services. Malgré tout, certaines de vos activités ont su tirer leur épingle du jeu. Xavier Denorme : « Oui ! L’activité de business advisory a poursuivi sa croissance. En effet, nos clients, essentiellement actifs dans l’administration des fonds, ont dû faire face à la mise en place de réglementations en cascades ainsi qu’à l’arrivée d’une nouvelle clientèle. Ces changements imposés les ont conduits à avoir recours à nos services. Ils nous savaient à l’écoute du marché et proches de leurs besoins. S. T. : « Après la crise, nous avons adapté notre business model. Auparavant, il faut


Paperjam Advertorial Interview IQ Solutions

admettre que sur le marché, le quantitatif primait souvent. Après 2008, nous avons observé un changement total des compétences requises et certaines activités à moindre valeur ajoutée de nos clients ont été délocalisées vers les pays de l’Est ou vers l’Inde. De notre côté, nous nous sommes adaptés en nous orientant vers des services à très haute valeur ajoutée, services qui font aujourd’hui notre force. Ce changement, comment l’avez-vous vécu en interne ? S. T. : « Je ne vous cache pas que nous avons dû passer en 2009 par un plan social qui a affecté une trentaine d’employés. Les contrats de services étaient moins nombreux et d’une durée plus courte : en plein cœur de la crise, ils n’excédaient parfois pas un mois. Aujourd’hui, les prestations de business advisory fournies à nos clients durent en moyenne 10 à 12 mois. Ralph Hilgert : « La raison est à rechercher dans l’évolution des types de prestation : avant 2008, 80 % de nos interventions auprès de notre clientèle étaient de type ‘support opérationnel’. Aujourd’hui, 70 % de nos activités reposent sur des missions de type business advisory et nous estimons que d’ici quelques années la proportion sera de 90 % pour le business advisory et de 10 % pour le business support. Le capital humain est à la base de votre croissance. Quels sont les profils qui font la force de IQ Solutions ? X. D. : « Nos collaborateurs ont une expérience professionnelle riche et une grande capacité à pouvoir s’intégrer rapidement dans des environnements différents. R. H. : « Il s’agit pour nombre d’entre eux d’experts de terrain, ce qui nous distingue de beaucoup d’autres sociétés. Nos clients n’ont que faire d’interminables mémos théoriques, ils attendent et obtiennent de nous des solutions concrètes que nous mettons en œuvre à leurs côtés. Pour les satisfaire, notre pyramide des compétences s’est inversée. Aujourd’hui, les employés seniors sont en passe de devenir majoritaires. Nos clients travaillent avec des produits de plus en plus complexes. Aussi, recherchent-ils des partenaires qui peuvent se prévaloir d’une expertise de haut niveau de type business project manager, business analyst ou compliance officer, à même de répondre à leurs besoins en termes de gestion de projets, de mise en place de réglementations ou de reportings légaux et clients. Initialement, votre clientèle était principalement constituée des plus grandes institutions bancaires de la Place. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? S. T. : « Oui, notre vision du service se base sur le partenariat et donc sur le long terme. Aussi, nos clients nous sont fidèles. Je précise cependant que si l’essentiel de notre clientèle

est constituée d’administrateurs de fonds d’investissement et de banques, nous comptons également, dans une moindre mesure, des sociétés de gestion et des institutions issues du secteur public. Parallèlement à vos activités principales en consultance opérationnelle et business advisory, êtes-vous également actifs en recrutement pour vos clients ? R. H. : « Effectivement, nous faisons aussi du recrutement direct pour nos clients. Nous avons de nombreux contacts dans les domaines d’expertise qui sont les nôtres. Étant donné que nous avons une expérience concrète et une évaluation fine des besoins de l’industrie des fonds d’investissement et des banques, nous sommes à même de cerner et valider les compétences techniques des candidats que nous rencontrons ainsi que leur capacité à s’intégrer à la ‘culture’ du client concerné que nous connaissons d’autant mieux que nous le servons aussi nous-mêmes. De manière générale, nous avons intensifié cette activité, ne serait-ce que pour répondre à une demande croissante. En effet, le marché est en train de reprendre à ce niveau. Quelles sont les perspectives de développement et comment voyez-vous l’évolution du marché dans votre domaine d’activité au cours de ces prochains mois ? X. D. : « Selon nous, le marché va devenir encore plus qualitatif. L’industrie des fonds d’investissement poursuit sa croissance au Grand-Duché – nous atteindrons bientôt les 3.000 milliards d’actifs –, aussi notre activité devrait globalement continuer de croître. Quelle stratégie souhaitez-vous mettre en place afin de pérenniser vos activités ? X. D. : « Nous poursuivons et poursuivrons notre politique qui est d’être à l’écoute de nos clients et de leurs besoins. Pour cela, nous veillons à nous entourer, dans notre effectif, des meilleurs profils. R. H. : « Nous sommes également poussés par une volonté constante d’adaptation. Dans un marché en mouvement, il faut savoir faire preuve de rapidité et de flexibilité. S. T. : « Aujourd’hui, nos compétences sont reconnues sur le marché, et, de plus en plus, nous sommes sollicités à l’étranger (essentiellement en Asie et en Amérique du Nord). Une implantation hors frontières n’est jamais à exclure, mais nous ne souhaitons pas brûler les étapes. Notre priorité reste de croître sur le marché luxembourgeois, à notre rythme, en veillant à préserver la relation de proximité avec nos clients et à conforter notre réactivité ainsi que le niveau de compétence de nos collaborateurs, auxquels il convient aussi de rendre hommage pour le travail qu’ils accomplissent. »

« Nous nous sommes adaptés en nous orientant vers des services à très haute valeur ajoutée, services qui font aujourd’hui notre force. » Stan Torba, managing partner

Stan Torba, 48 ans, a 24 années d’expérience sur le marché luxembourgeois. Il fut associé au sein de trois cabinets de conseil (Big Five / Big Four), où il a été en charge de la création et de la gestion de lignes de services destinées au secteur financier. En 2004, il rachète Ernst & Young Resources (faisant partie du groupe EY Luxembourg). Il la renomme « IQ Solutions » en référence aux solutions intelligentes et pragmatiques que cette société de prestation de services sera soucieuse d’apporter aux problématiques opérationnelles et fonctionnelles de ses clients.   Xavier Denorme, 50 ans, a 10 années d’ancienneté auprès d’IQ Solutions, dont il est devenu associé en 2010. Expert reconnu dans le domaine des fonds d’investissement, il totalise 23 années d’expérience au Grand-Duché, dans le secteur bancaire et dans celui de la consultance.   Ralph Hilgert, 47 ans, a rejoint IQ Solutions début 2013 en qualité de director business development. Il compte 25 années d’expérience dans le secteur bancaire et financier grâce aux responsabilités opérationnelles, commerciales et managériales assumées au sein de plusieurs banques et entreprises au Luxembourg.

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Sommaire Novembre 2014

026 Isabelle Schlesser dirige l'Adem. Et insuffle une nouvelle dynamique.

016

Grand entretien ROSARIO GRASSO

« Nous ne sommes pas trop nombreux » Le nouveau bâtonnier du Barreau de Luxembourg évoque les priorités de son mandat et les enjeux de la profession d’avocat. Informa­ti­sation, accès à la justice, durcissement des contrôles et communicationsur le rôle et la spécificité de l’avocat sont au menu de son mandat. Le bâtonnier exclut tout débat sur l’ouverture du capital des firmes d’avocatset annonce des contrôles renforcés sur l’indépendance des études. Par Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron

024

Coverstory 024 CHÔMAGE

Renverser les tendances L’Adem a changé de direction. Avec Isabelle Schlesser, l’insti­ tution prend aussi un virage. Par Thierry Raizer

026 ISABELLE SCHLESSER

« Notre travail va plus loin que la réforme » La patronne de l’Adem position­ne l'organe étatique en partenaire RH des entreprises sur le long terme.

036

Économie & Politique 040 SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE

La peur du black-out mise au vert Si la Belgique risque de manquer de courant cet hiver, le Luxembourg n’a pas peur du noir. L’interconnexion des réseaux rassure. Et, pour réduire sa dépendance aux voisins, le pays encourage les centrales tournant au renouvelable et les bons exemples.

064

Entreprises 068 K KIOSK

Valora… joutée dans les points de vente Les K Kiosk, dans le giron de Valora Luxembourg, articulent leur approvisionnement hors presse sur une palette d’entreprises emblématiques du tissu luxembourgeois. MPK, sortie de l’entité Valora et passée sous drapeau allemand, fournit encore en presse les comptoirs du pays.

086

Place Financière 090 DE BRUXELLES À LUXEMBOURG

Les huit chantiers de la Commission Juncker À quels défis les banques et institutions financières seront-elles confrontées sous la mandature de la nouvelle Commission européenne ? Par Véronique Poujol

Par Alain Ducat

Par Alain Ducat

030 ENTREPRISES ET ADEM

Aligner compétences et réalités économiques Le service aux employeurs est au cœur de la stratégie. Les demandeurs sont suivis, les patrons sont prêts.

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al Premium Economy Class


Sommaire Novembre 2014

054

Les coteaux luxembourgeois semblent sereins à l’arrivée du millésime 2014, le premier d’une nouvelle ère, celle de l’AOP.

036

Économie & Politique

064

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Entreprises

Place Financière

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092

ROLF TARRACH

MÉDICAMENTS DE SUBSTITUTION

DIVERSIFICATION

AVIATION D’AFFAIRES

FINANCE ISLAMIQUE

« J’ai été un peu trop naïf » Après 10 ans de présence, le recteur de l’Université du Luxembourg passe la main. Il fait son bilan, dit son enthousiasme, ouvre les portes de demain et regrette juste de n’avoir pas assez convaincu les décideurs de miser davantage sur la qualité de l’Uni. Par Jean-Michel Gaudron

047

Par Thierry Raizer

076

Un business à ciel (c)ouvert La compagnie de taxi-jet française Wijet s’est posée sur le tarmac luxembourgeois. Quelles sont les particularités de l’aviation d’affaires au Grand-Duché, où Luxaviation, Luxair, comme le Findel et son environnement, jouent leur rôle ?

054

DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER

Par Thierry Iochem et Alain Ducat

Des économies aux génériques Deux millions d’euros pourraient être épargnés à la CNS grâce aux géné­ riques soignant le cholestérol et les ulcères. Premier bilan prévu en 2015. Pharmaciens et représentants de l’industrie sont sceptiques.

Michel Greco à toute vitesse Le spécialiste des services de courrier B2B lance Zakzak, la première plateforme de e-commerce 100 % luxembourgeoise. L’objectif est de privilégier les fournisseurs et les producteurs régionaux. Par Jean-Michel Gaudron

Intrigues dans la maison CSV Elle peine à se réformer et montre de plus en plus ses divisions internes. L’opposition CSV se veut musclée, mais Marc Spautz et Claude Wiseler ont du mal à assumer le leadership de l’après Juncker.

Sous la marque du terroir Exit la « marque nationale », la réforme européenne met en valeur l’AOP. Le secteur vitivinicole, au Luxembourg, semble prêt pour une évolution qui va au-delà des étiquettes. La qualité fera aussi l’image.

Trop cher pour investir AG Real Estate s’intéresse au marché grand-ducal, mais avec prudence. Prendre des risques et construire en blanc ? Le prix des terrains décourage les développeurs. Après Howald et Gasperich, AG n’a plus de projet avec le groupe Becca.

Par Véronique Poujol

Par Alain Ducat

Par Véronique Poujol

OPPOSITION

VINS ET VIGNOBLES

Sukuk symbolique Le Luxembourg a émis des titres de dette en euros conformes aux principes islamiques. Le petit sukuk de 200 millions a été bien accueilli par le marché. Il s’agit surtout d’une opération d’engagement, un signal aux investisseurs du Golfe. Par Véronique Poujol

093 E-PAYMENT

084 RESTAURATION

On refait l’addition Qu’est-ce qui fait le prix final dans un restaurant ? Des professionnels ont ouvert leurs comptes. Les marges ne sont pas dans les additions les plus élevées. Par France Clarinval

Le hub du « FinTech » Le pays attire une foule d’acteurs du paiement électronique. Ils n’ont pas tous le même agrément ou le même modèle, mais ils veulent tous se développer. Un groupe de travail s’est lancé à la demande du Haut Comité pour la place financière.

096 BIL

Un départ qui interpelle Le Français Hugues Delcourt a pris la place de François Pauly à la Bil. Le changement de CEO interroge sur un éventuel virage stratégique de la banque contrôlée par le Qatar, avec 10 % d’État. Par Véronique Poujol

098 FONDS ALTERNATIFS

Passeport, s’il vous plaît ! La directive AIFM est pleinement entrée en vigueur, après une période transitoire d’un an. Les gestionnaires de fonds ont désormais la possibilité de se voir accorder un passeport pour leurs fonds, sous certaines conditions. Par Jean-Michel Gaudron

Par Sébastien Lambotte

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Sommaire Novembre 2014

108

Désirs 108 CULTURE

Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.

109 ZOOM SUR…

Pol Belardi Bassiste du Pascal Schumacher Quartet et du groupe électropop Charlotte, ce jeune musicien vient d’être récompensé par le Prix de la Stiftung der IKB International zur Förderung junger Künstler Luxembourg. Par Céline Coubray

110 SÉLECTIONS

Restaurants et Festival À l’occasion de la sortie du guide Explorator, la rédaction a sélectionné cinq restaurants qui ont ouvert cette année. La Philharmonie présente trois spectacles qui se déroulent pendant le Festival de Luxembourg.

112 SHOPPING

Pop-up store Le ministère de la Culture offre à de jeunes créateurs locaux de montrer et vendre, pendant 65 jours (12 jours chacun) leurs créations à la Galerie Gaasch à Dudelange. Nos coups de cœur et l’actualité du commerce à Luxembourg.

114 GASTRONOMIE

Pit Wanderscheid Le jeune cuisinier fait partie de l’équipe nationale qui défendra les couleurs du Luxembourg à l’Expogast pour la Villeroy & Boch Culinary World Cup. Les nouvelles adresses en vue dans la restauration. Par France Clarinval

116 INTERVIEW

Johanna Grawunder La designer a créé l’environnement lumineux du Freeport. Elle signe des projets partout dans le monde et nous détaille sa manière de concevoir son travail. Par France Clarinval

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Pol Belardi

TOP 5

des articles les plus lus sur Paperjam.lu du 5 septembre au 9 octobre 2014

1

Le texto de la disgrâce (vu 6.587 fois)

2

Qui sont les 17 milliardaires au Luxembourg ? (vu 3.740 fois)

3

Plaques jaunes : plus besoin de l’attestation de TVA (vu 3.192 fois)

4

Cargolux : un décollage qui fait jaser (vu 2.985 fois)

5

Questions autour d’un jeune retraité de la Bil (vu 2.754 voix)

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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines

À SUIVRE 22/10

ICT

VOTE

Le voile se lève sur Digital Lëtzebuerg

Feu vert pour l’équipe de Juncker ?

Le Premier ministre Xavier Bettel, en sa qualité de ministre des Communications et des Médias, présente la stratégie « Digital Lëtzebuerg » (mise en œuvre de la politique de développement du secteur ICT) devant les membres de la commission de

l’enseignement supérieur, de la recherche, des médias, des com­ munications et de l’espace, présidée par Simone Beissel (DP).

PHOTO : EUROPEAN UNION 2014 / SOURCE : EP

20/10

Après la série d’auditions devant les députés européens des candidats aux fonctions de commissaires européens, le vote d’investiture de l’exécutif européen est programmé pour le 22 octobre. Mais au vu des oppositions qui sont apparues au fil des auditions, cette échéance est loin de s’apparenter à une simple formalité pour la future équipe Juncker. Au point que, à l'approche de l'échéance, certains laissaient entendre que l'investiture pourrait être retardée à décembre.

17-21/10

22/10

22/10

31/10

COMMISSION

PROJET DE LOI

DIPLOMATIE

BOURSE DE LUXEMBOURG

Le budget à la loupe

Dialogue social en entreprises

Le Portugal en visite

Bye bye Foyer

Déposé le 15 octobre par le ministre des Finances, Pierre Gramegna, le projet de loi concernant le budget des recettes et des dépenses de l’État pour l’exercice 2015, dont le rapporteur est Franz Fayot (LSAP), va faire l’objet de plusieurs réunions d’examen devant la commission des finances et du budget, présidée par Eugène Berger (DP).

014 ―

La commission du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, présidée par Georges Engel (LSAP ; photo) planchera sur le projet de loi portant réforme du dialogue social à l’intérieur des entreprises, à l’arrêt depuis l’été 2013.

― Novembre 2014

Pedro Passos Coelho, Premier ministre du Portugal, sera accueilli par son homologue Xavier Bettel en visite à Luxembourg. Une visite qui fera écho à celle faite au printemps dernier par M. Bettel, accompagné en la circonstance de Félix Braz, son ministre de la Justice, premier membre de gouvernement luxembourgeois d’origine portugaise.

En conclusion de l’offre publique de rachat d’actions lancée fin juin, la cotation du groupe d’assurances Foyer en Bourse de Luxembourg prendra fin le 31 octobre. Elle aura duré un peu plus de 14 ans, les titres ayant été introduits en juillet 2000.


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Grand entretien Rosario Grasso ― Interview : Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron ― Illustration : Anne Mélan

« Nous ne sommes pas trop nombreux » ► Le nouveau bâtonnier du Barreau de Luxembourg évoque les priorités de son mandat et les enjeux de la profession d’avocat. ► Informatisation, accès à la justice, durcissement des contrôles et communication sur le rôle et la spécificité de l’avocat sont au menu de son mandat. ► Le bâtonnier exclut tout débat sur l’ouverture du capital des firmes d’avocats et annonce des contrôles renforcés sur l’indépendance des études.

M

aître Grasso, l’informatisation de la justice constitue, avec la Cour suprême et le Conseil national de la justice, un des grands chantiers de la législature. Concrètement, pourra-ton s’attendre à des avancées dans l’utilisation de l’informatique dès cette année judiciaire ? « Le chantier de l’informatisation est un chantier qui remonte à presque 10 ans. L’arrivée de Félix Braz au ministère de la Justice a accéléré le mouvement. Une grande réunion, au printemps dernier, a rassemblé tous les acteurs, magistrats, greffiers, notaires, huissiers, barreaux, informaticiens, fonctionnaires du ministère de la Justice pour dresser un état des lieux. Des deadlines ont été établies avec les différents groupes de travail. Pour les procédures au tribunal et le travail des avocats, un parallèle peut être fait avec l’introduction du fax à l’époque. Des prescriptions et des modalités pratiques se rattachent au support papier. Les juristes se demandent s’il est possible de les transposer avec la matière informatique ou bien si des risques d’incompatibilité et d’annulation de procédures existent. Il convient donc de revoir les dispositions des codes de procédures civile et pénale. La réflexion concerne aussi l’archivage électronique ainsi que les fixations des dossiers que nous aimerions pouvoir faire par e-mail, voire par intranet. De son côté, le Barreau s’apprête à mettre en place un système informatique accessible aux seuls avocats, une sorte d’intranet. Nous avons voté à l’assemblée de juillet dernier un budget (500.000 à 600.000 euros pour la mise en place et la maintenance, ndlr) pour réaliser ce projet, qui d’un point de vue technique et conceptuel est déjà en place. Nous espérons pouvoir le lancer en avril ou mai 2015, avec l’idée que notre intranet puisse être compatible avec le système qui sera mis en place par le ministère de la Justice.  Pour vous, l’avocat est le garant de l’accès à la justice et il convient, de ce fait, d’en assurer l’accès à l’avocat. Où en est-on de la mise en ligne de la jurisprudence et de son accès gratuit ? « L’accès à la jurisprudence est une expression de la transparence de la justice : il ne faut pas uniquement que la justice soit rendue en public, encore faut-il qu’elle soit transparente. Les avocats ont évidemment un besoin absolu et vital d’accéder à la jurisprudence. Il est inadmissible qu’un juge interpelle un avocat en lui demandant : ‘Ne connaissez-vous

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― Novembre 2014

Je n’accepterai plus que des confrères aient régulièrement des affaires où les règles déontologiques n’ont pas été respectées et que certains avocats soient des récidivistes.

pas notre jurisprudence ?’ si celle-ci n’est pas publiée ou autrement accessible ! Un avocat doit avoir accès à toute la jurisprudence pour mieux défendre et conseiller le justiciable. Cela fait aussi partie de notre formation permanente continue. C’est par cette lecture et cette analyse de la jurisprudence que l’on peut assurer une bonne assistance et une bonne défense. On est sur la bonne voie. En ce qui concerne les instances ordinales du Barreau, les décisions affectant les avocats de manière directe seront rendues accessibles, quitte à les anonymiser. Je parle des affaires disciplinaires. Cela vaudra preuve que le Barreau a un pouvoir d’autorégulation et d’autoréglementation. Au-delà de cette expression, il est important que les avocats sachent ce que fait le bâtonnier. À partir du moment où une décision importante sera prise au niveau disciplinaire, elle sera communiquée au grand public. Un avocat rayé à vie du Barreau, tout le monde a le droit de savoir ! Là, il est clair que l’anonymat ne peut plus jouer ! Pour une radiation à durée déterminée, je pense qu’il faut aussi la communiquer. Le justiciable doit savoir si l’avocat qu’il entend consulter peut exercer ou bien si cet avocat est rayé à vie, sinon suspendu à temps déterminé du Barreau.  Quels avocats sont concernés ? « Je n’accepterai plus que des confrères aient régulièrement des affaires où les règles déontologiques n’ont pas été respectées et que certains avocats soient des récidivistes. Il faudra clairement serrer la vis et songer, à l’extrême, à renvoyer ces personnes. Nul n’est infaillible et chacun peut s’égarer un moment. On procède alors par un rappel à l’ordre ou un blâme. Mais dans le cas de récidives avérées, il faudra envisager de prononcer des sanctions plus sévères. Cela fait non seulement partie de nos obligations de régulateur que de garantir la probité de la profession, mais c’est aussi une manifestation du respect à l’égard de la grande majorité des confrères qui font bien leur travail. Il ne faut pas toujours y aller avec un bazooka. Il faut parfois être didactique. Très souvent, les confrères s’excusent et disent qu’ils ne le feront plus. Et ils ne le font plus…

Rosario Grasso Illustration : Anne Mélan peinture à l'huile 50×40 cm, 2014.

Peut-on encore sérieusement parler d’unicité de la profession à l’heure où l’on rencontre de plus en plus d’avocats pauvres ? « Elle existe, oui. Pour la bonne et simple raison qu’elle est ancrée dans la loi de 1991 sur la profession d’avocat. La différenciation qu’on entend entre avocats du ‘contentieux’, du ‘droit des affaires’,



Grand entretien Rosario Grasso

Certaines études sont devenues de grandes entreprises, ce qui suppose pour elles une gestion optimisée des structures. Pouvez-vous imaginer qu’un non-avocat puisse devenir CEO d’une firme et en assurer la gestion ? « Pour exercer la profession d’avocat sous la forme de société il faut qu’elle ait un ou plusieurs associés inscrits à la liste I du tableau de l’Ordre exerçant leur profession de façon permanente au Luxembourg et qui exercent une influence significative sur l’activité de la personne morale au Luxembourg. Ceci n’empêche a priori pas que les cabinets d’avocats ‘classiques’ ou sous forme de société puissent, selon la complexité et importance de leur structure et aux fins d’une gestion optimisée de celle-ci, avoir recours à des non-avocats pour assurer cette gestion purement administrative. Ceci se fera sous le contrôle du ou des avocats associés du cabinet, dans le respect du secret professionnel et de la confidentialité, comme cela est déjà le cas dans le secteur des ressources humaines.  La profession d’avocat change, le marché aussi. Peut-on imaginer qu’à l’instar d’autres professions réglementées, du capital extérieur vienne financer le développement des études d’avocats ? « Je suis personnellement opposé à l’ouverture du capital ‘étranger’ dans un cabinet d’avocats. C’est un no go. On ne doit pas l’admettre parce que la participation de capitaux tiers affecte l’indépendance de l’avocat, de son cabinet et ne constitue plus une garantie pour le justiciable. Il n’y a plus la distance et la neutralité nécessaires pour garantir au justiciable un traitement indépendant. En outre, à partir du moment où des capitaux ‘tiers’ entrent en ligne de compte, il existe un risque de pression des actionnaires pour améliorer les résultats d’une étude d’avocats et par là même, un risque de conflit d’intérêts au détriment du justiciable. Cela va à l’encontre de la philosophie même du métier d’avocat. Il y a aussi le

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Je suis personnellement opposé à l’ouverture du capital dans un cabinet d’avocats. C’est un no go.

François Prum a été élu, en juillet dernier, vice-bâtonnier, avec 371 voix contre 136 pour son concurrent Aloyse May. Selon toute vraisemblance, c’est donc lui qui succédera à Rosario Grasso en 2016.

risque de devenir business- ou client friendly, parce que les actionnaires demanderont de faire des résultats en exigeant peut-être d’y arriver sans trop se soucier de nos obligations et responsabilités déontologiques, entre autres. Là ne peut pas être le futur de la profession d’avocat ni le futur de l’exercice de la profession sous forme de société d’avocats. Je ne vous cacherais d’ailleurs pas que le Conseil de l’Ordre peut accéder à la comptabilité des cabinets. Nous allons contrôler les cabinets qui se sont constitués en sociétés et voir leur comptabilité pour comprendre s’ils sont indépendants. On vérifiera si des liens et des mouvements financiers non conventionnels se produisent dans leur comptabilité pour y détecter d’éventuels participations et arrangements occultes risquant de miner l’indépendance de l’avocat et de son cabinet.  Avez-vous déjà commencé les contrôles ? « Cela fera partie des contrôles que nous avons prévus. Lorsque nous procéderons aux contrôles dans le cadre de l’antiblanchiment, nous nous montrerons beaucoup plus vigilants par rapport à cette éventuelle problématique. À côté du contrôle du respect des prescriptions en matière d'anti-blanchiment et de lutte contre le financement du terrorisme, nous avons toujours, jusqu’à présent, privilégié les contrôles physiques sur place pour vérifier que la structure même du cabinet et de la configuration des lieux assurent la confidentialité pour les clients et l’indépendance des avocats. Nous souhaitons que cette configuration se retrouve également dans la comptabilité.

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

du ‘travail’ ou de la ‘famille’ ne concerne que des spécialisations. Tous ces avocats sont, au départ, des avocats grâce à leur formation, leur inscription au Barreau et la loi qui régit leur profession. La problématique de paupérisation se manifeste le plus souvent lorsqu’un avocat décide d’ouvrir son propre cabinet, sans s’associer avec un autre confrère ni entrer dans un autre cabinet déjà existant pour y travailler en tant qu’associé et non seulement comme simple indépendant. Et là, on sous-estime l’impact et le coût financiers que cela suppose : location des locaux, infrastructures de communication, frais administratifs, cotisations sociales, impôts et TVA. L’argent que l’on perçoit à la fin de la journée n’est pas de l’argent que l’on peut se mettre directement dans la poche. Les jeunes avocats sous-estiment souvent que leur chiffre d’affaires alimente d’abord pour environ un tiers les frais de gestion de l’étude et pour un deuxième tiers le paiement des impôts, TVA et cotisations. Il ne reste vraiment qu’un tiers qui sert véritablement à la rémunération directe de l’avocat et qui constitue son bénéfice.



Dans certains pays, la concurrence entre avocats devient particulièrement agressive et les services et prestations deviennent standardisés. Le fait de mettre en place un système de forfait pour l’aide judiciaire ne risque-t-il pas de généraliser le travail au forfait et d’accentuer davantage la bipolarisation entre avocats ? « Ce sont deux choses différentes. Forfait n’est pas égal à standardisation. Je ne conteste pas qu’il puisse y avoir certaines prestations standard. Il n’y a pas un seul cabinet d’avocats qui ne propose pas de forfaits. Les premiers à le faire sont les grands cabinets de ‘droit des affaires’, si le forfait est envisageable bien sûr. Le phénomène s’est manifesté de manière encore plus importante depuis la crise, car les clients veulent planifier leurs dépenses. Les forfaits existent depuis que les avocats existent. Mais c’est toujours à la demande du client, et si les circonstances le permettent, nous pensons que le forfait est une bonne clé. Dans le domaine du contentieux aussi, il est fréquent que les avocats accordent des forfaits à la demande de clients qui sont de gros apporteurs d’affaires, avec des dossiers récurrents, comme les recouvrements, pour ne citer que cet exemple. La question est de savoir si ce forfait tient compte ou non du travail qui a réellement été accompli.

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Un avocat doit avoir accès à toute la jurisprudence pour mieux défendre et conseiller le justiciable.

Dans l’assistance judiciaire, il y a en pratique, et depuis plusieurs années, un système qui peut être comparé à des forfaits. Avec les forfaits, les avocats travaillant dans l’assistance judiciaire sauront encore mieux à l’avance à quel type de prestation correspond quelle rémunération. En octobre 2012, le ministre François Biltgen, devant l’explosion des coûts de l’assistance judiciaire, a voulu baisser les coûts en réduisant le taux horaire des avocats. On oublie souvent de dire qu’immédiatement après que le ministre a fait connaître ses intentions, le bâtonnier lui avait écrit qu’il était hors de question que ce taux soit réduit. Dans cette lettre, nous lui avons annoncé la création d’un groupe de travail pour étudier la manière de faire des économies dans le cadre de l’assistance judiciaire. Une série de solutions avait déjà été mise en avant par notre commission ‘assistance judiciaire’. En décembre 2012, Guy Harles est allé rencontrer le ministre avec une série de propositions pour maîtriser l’explosion des frais de l’assistance judiciaire. L’une des initiatives est de faire participer le justiciable aux frais de celle-ci. Une autre serait de recouvrer les sommes exposées dans l’assistance judiciaire en cas de retour à meilleure fortune du justiciable, ce que la loi prévoit d’ailleurs déjà. Il existe toute une série de pistes à mettre en œuvre qui n’affecteront pas de manière substantielle le travail

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

Grand entretien Rosario Grasso



Grand entretien Rosario Grasso

de l’avocat ou sa rémunération. Nous constatons tout de même que tous les intervenants dans l’assistance judiciaire ont vu leurs rémunérations indexées depuis 2009, sauf les avocats.  La Commission européenne semble avoir un problème avec la profession de notaire et cherche à promouvoir la création d’une « grande profession du droit ». Quid de Luxembourg ? « Je pense, et c’est un reproche qu’on peut nous faire et qu’on va devoir accepter, que nous devons mieux expliquer ce qu’est un avocat, pourquoi il est là et à qui et à quoi il sert. Nous devons identifier et rendre publique la plus-value que l’avocat apporte à l’égard des besoins de son client et également ses spécificités. En Allemagne, il existe les cabinets ‘Notar und Rechtsanwälte’. Ce système est inexistant en France et au Luxembourg. Avocats et notaires sont deux professions totalement différentes avec des finalités différentes, même s’il faut aussi reconnaître qu’il peut y avoir des recoupements. Des actes qui peuvent être passés devant l’un ou l’autre, comme les consentements mutuels de divorce. Le notaire effectue un acte public qui a une certaine foi et force probante et qui constate certaines choses avec la même force probante. L’avocat est toujours lié à son client. Il va poser des actes unilatéraux pour lui et préparer des contrats, alors que le notaire, lui, est appelé par la loi à poser certains actes qui ont une force probante que les actes pris par l’avocat n’ont pas. Je ne pense pas nécessairement qu’il faudra aller dans la direction d’uniformiser le tout. On n’est pas un supermarché. Si la Commission veut faire du droit un hypermarché ou un supermarché, je ne pense pas que ce soit une bonne solution. Ce n’est pas dans l’intérêt du justiciable d’uniformiser ce qui ne peut pas l’être au seul motif que c’est du droit et qu’il faut mettre tout dans un même pot. Un des membres du Barreau, Me Guy Perrot, suggère de mettre en place des audiences uniquement consacrées aux référés provisions à raison d’une par mois ainsi qu’une seconde chambre de la Cour d’appel siégeant en matière commerciale. Qu’en pensezvous ? « Je suis surtout d’avis qu’il nous faut des magistrats spécialisés dans certains domaines et une vraie Cour de cassation composée de magistrats exclusivement dédiés à ce travail. Actuellement, nous avons des magistrats ‘rouleurs’. Les magistrats dédiés pourront se consacrer à un travail de haute qualité et contribuer à une meilleure image de la justice. Pit Reckinger de l’étude EHP, a récemment assuré que le droit des sociétés présente des marges de manœuvre et a plaidé, dans les colonnes de Paperjam, pour une réglementation en la matière aussi flexible qu’au Delaware. De tels propos sont-ils compatibles à vos yeux avec les efforts de normalisation de la place financière et sa réputation ? « En

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Ce n’est pas dans l’intérêt du justiciable d’uniformiser ce qui ne peut pas l’être au seul motif que c’est du droit et qu’il faut mettre tout dans un même pot.

droit de sociétés, le free-style n’existe pas. L’Union européenne, avec ses directives et règlements, ne le permet pas et les marges de manœuvre pour chaque État membre sont limitées par ces textes. Dans le respect de ceux-ci, une meilleure flexibilité reste possible et il faudra essayer de la mettre en œuvre. En matière de procédures purement administratives, des efforts doivent certainement être réalisés pour faciliter l’obtention des autorisations ou agréments. Nous devons cependant aussi créer sur notre Place les instruments et véhicules financiers pour rester compétitifs. La place financière du Luxembourg est le plus souvent pointée du doigt à tort, en matière fiscale par exemple. Or, en France il y a aussi des ‘niches’ fiscales et avantages fiscaux pour les entreprises, que ce soit en métropole ou en outre-mer. Il faudrait le rappeler plus souvent. De nombreux autres pays de l’UE sont même plus ‘compétitifs’ que le Luxembourg en matière fiscale, tels les PaysBas, le Royaume-Uni ou le Portugal, pour ne citer que ceux-là. Je regrette que le Luxembourg ne réagisse pas de manière plus conséquente quand des attaques injustifiées sont portées contre lui. Nous sommes conscients de cela et nous, les avocats, allons défendre bec et ongles notre Place pour rester compétitifs. Un autre cliché est celui du secret bancaire. Nous savons depuis plusieurs années qu’on va dans la direction de la disparition de ce secret. L’échange automatique d’informations en matière fiscale s’appliquera dès janvier 2015 au Luxembourg. Nous sommes plus de 2.200 avocats aujourd’hui ! Si le Grand-Duché ne vivait qu’exclusivement du secret bancaire, les avocats disparaîtraient en même temps que lui. Or, c’est le contraire qui se produit et cela prouve bien que le Luxembourg n’est évidemment pas uniquement lié au secret bancaire. Il y a un savoir-faire et une compétitivité dans de nombreux domaines qui permettent aux avocats de pouvoir travailler ici. Nous avons un besoin d’avocats hautement spécialisés dans des domaines très diversifiés : assurances et réassurances, fonds d’investissement, télécommunications ou data rooms, pour ne citer que ceux-ci. Aussi longtemps que tous ces avocats exercent leur profession et travaillent pour satisfaire les demandes les plus variées de leurs clients, nous ne sommes pas trop nombreux. S’il y a autant d’avocats, c’est un bon signe, non seulement pour notre Place, mais aussi pour l’importance du Barreau de Luxembourg au sein de l’Union européenne et même au niveau mondial. Nous avons plus de 130 nationalités et nous sommes fiers de contribuer aussi à la plus-value de l’économie. » ◄ En résumé Le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Rosario Grasso, évoque les priorités de son mandat de deux ans à la tête du Barreau. L’un des premiers chantiers sera l’informatisation de la justice et l’accès à la justice, mais aussi à la jurisprudence, ce qu’il considère être comme « vital ». Le bâtonnier annonce également un renforcement des contrôles des firmes pour vérifier, entre autres, l’indépendance des avocats. En droit des sociétés, Me Rosario Grasso juge que le free-style n’existe pas. Il estime qu’il n’y a pas « trop » d’avocats et que leur nombre (2.200 inscrits) est un « bon signe » pour la place financière. Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.paperjam.lu.


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C O V E R S T O R Y

TEXTES : THIERRY RAIZER PHOTO : SVEN BECKER

CHÔMA RENVE GE : RSER L ES TENDA NCES

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7,2 %. Un taux qui tombe chaque mois dans les rédactions. Une jauge de l’économie nationale établissant le niveau du chômage (dans ce cas pour août 2014) et que redoute plus d’un responsable en charge de la politique de l’emploi, quel que soit le pays. En première ligne au Luxembourg, l’Adem, qui est devenue une agence dans la foulée de sa réorganisation, ne pratique pas pour autant un discours alarmiste. L’heure est à la mobilisation, à l’optimisation des moyens, en sachant que les causes du chômage ne dépendent pas de ses quelque 350 collaborateurs. Il n’empêche, face à un chômage des jeunes inquiétant, à un chômage de longue durée grandissant, la mission relève a priori du défi pour l’Agence pour le développement de l’emploi. Mais il en fallait apparemment davantage pour rebuter Isabelle Schlesser, qui a accepté de relever ce challenge en avril 2013, lorsqu’elle est devenue directrice de l’Adem. Avec la volonté d’insuffler un air nouveau. En premier lieu en interne. Nouvel état d’esprit, organisation remaniée, arrivée d’experts issus du privé : l’ancienne secrétaire générale de Luxinnovation entend justement tirer profit de cette expérience pour s’assurer que ses équipes disposent des moyens suffisants et qu’ils agissent dans une optique de recherche de résultats. Clients, produits et services font désormais partie du vocable de l’Adem, qui se veut plus ouverte, plus transparente, au travers d’actions de communication et sur le terrain. Et parmi les cibles prioritaires figurent les employeurs, qui disposent désormais d’un service dédié, une sorte de one stop shop. Outre la volonté d’établir des collaborations sur le long terme, l’objectif de ce service est de faire correspondre adéquatement offres d’emploi et compétences des chômeurs qui sont « assignés » – un terme qui serait amené à disparaître – pour se présenter chez un nouveau patron potentiel. Pour l’Adem, il s’agit ni plus ni moins d’être, de manière systématique, sur le radar des employeurs au

moment où ceux-ci pensent aux cabinets de recrutement ou à la main-d’œuvre frontalière, qui a raflé plus de 143.000 des 219.000 emplois créés depuis 1985. Car le paradoxe dans lequel évolue l’Adem – et qui caractérise le marché du travail luxembourgeois – est bien celui d’une économie qui continue de rester vivace. Le chantier prioritaire de l’Adem nouvelle génération paraît dès lors évident : faire en sorte que les demandeurs d’emploi disposent des compétences suffisantes pour correspondre, autant que possible, aux exigences du marché. Tout en sensibilisant les chômeurs pour qu’ils deviennent de véritables entrepreneurs dans leur parcours vers un emploi nouveau, quitte à accepter, dans un premier temps, une mission qui ne correspond pas forcément au poste rêvé. Mais ces changements ne dépendent pas non plus uniquement de l’Adem, mais plutôt d’une mobilisation des ressources disponibles en termes de formation ou d’orientation. Car ils sont nombreux, associations, organismes paraétatiques ou émanant de fédérations, ces acteurs qui militent pour la – bonne – cause. L’Adem elle-même dispose d’une série de dispositifs qui ne sont pas toujours connus de tous les bénéficiaires potentiels. À l’heure où le gouvernement entend rationaliser ses actions et les moyens déployés, le moment est peut-être venu d’assurer une meilleure coordination des actions de chaque partie prenante. La réalisation de la Maison de l’orientation, promise dans le programme gouvernemental, serait une première pierre symbolique et utile. Plus directe, plus transparente, plus flexible, l’Adem entend conduire sa mission en correspondant, autant que possible, aux rapides évolutions du marché du travail. D’où l’idée remise sur la table de reconsidérer son statut en établissement public, afin de lui donner davantage de latitude dans sa gestion. Une option qui figurait dans le projet de loi initial, mais qui n’avait finalement pas été retenue. Car cet exemple est révélateur de l’évolution même des pouvoirs publics, et de leur fonctionnement, qui, s’ils se veulent efficaces, doivent faire en sorte de conserver une capacité de réactivité et fonctionner comme de véritables entreprises s’ils veulent faire en sorte, entre autres, de « faciliter l’emploi ».

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La directrice de l’Adem s’emploie à doter l’organe étatique d’une nouvelle dynamique interne. L’agence entend se positionner comme partenaire RH des entreprises sur le long terme. « Ma plus grande crainte est le manque de qualification de certains demandeurs d’emploi. »

Madame Schlesser, vous êtes arrivée à la tête de l’Adem mi-avril 2013. Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois à la tête de ce qui est désormais une agence et non plus une administration ? « Ma motivation et mon engagement restent intacts ! Même si les chantiers sont nombreux, j’ai surtout été frappée de voir que les collaborateurs voulaient bien faire leur travail. Il manquait en revanche une adaptation de l’organisation interne pour gagner en cohérence et rendre ce travail plus efficace. Chacun faisait de son mieux, en fonction de ses prérogatives, mais l’ensemble manquait de structuration. Je me réjouis du reste d’avoir reçu un bon accueil avec mes deux collègues (Gaby Wagner et Ian Tewes, directeurs adjoints, ndlr). Ce n’était pas évident, car nous provenions d’autres secteurs. À ce stade, je n’ai pas ressenti de grand blocage, ni en interne ni auprès de nos parties prenantes externes.

GE CHÔMA

À quelle étape de la réforme de l’Adem se situe-t-on ? « Notre travail va plus loin que la réforme, mais il se concentre autour de trois grands axes. Le premier poursuit l’objectif de délivrer un service personnalisé au demandeur d’emploi puisque nous sommes en contact avec une population très diversifiée, comprenant à la fois des profils très peu qualifiés, mais aussi des personnes très, voire trop, spécialisées en provenance, par exemple, du secteur financier. Le deuxième axe vise à retrouver la confiance des employeurs qui s’est érodée. Même si la situation au Luxembourg n’est, à cet égard, pas si différente que dans les pays voisins, notre pays se distingue en revanche, car il reste des emplois disponibles dans les entreprises. Nous devons donc collaborer avec elles pour envoyer le bon candidat au bon moment. C’est la raison pour laquelle nous mettons en place différentes actions, dont la création du service employeur et la simplification de nos procédures, à l’instar de la possibilité de déclarer un poste vacant sur internet. Le troisième axe concerne l’amélioration de l’organisation interne qui comporte un important volet informatique. Nous avons déjà accompli des avancées, mais nous avons encore un besoin de rattrapage.

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Les termes clients, produits et services figurent dans votre rapport annuel. Pourquoi ce choix ? « Nous avons longtemps débattu en interne sur le terme client, mais nous considérons que les demandeurs d’emploi doivent être considérés comme tels et avoir un service de qualité. Ce n’est pas parce qu’ils doivent venir à l’Adem et que notre service est gratuit que l’on ne doit pas raisonner comme une entreprise. C’est

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-CLUÉRSSD’EMPLOI ÉTATIEÉRNISTTIQUES CLÉS. S E R F C DE CHIF ES CARA DEMAN

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DONNÉES : STATEC INFOGRAPHIE : MAISON MODERNE

INTERVIEW : THIERRY RAIZER PHOTO : SVEN BECKER

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◄ BIOGRAPHIE

ISABELLE SCHLESSER EN CINQ DATES 1973 : naissance à Luxembourg 1998 : obtention d’un master 2 en droit communautaire après une maîtrise en droit à l’Université de Rennes I 1999 : arrivée chez Luxinnovation pour occuper le poste de secrétaire général, durant 13 ans 2012 : départ pour l’Adem où elle devient directrice adjointe Avril : nomination au poste de directrice (2013 ) suite au départ précipité de Géry Meyers

UN SUIVI INDÉPENDANT

UN STATUT À REDISCUTER

Innover. Isabelle Schlesser compte sur ses collaborateurs pour être les garants d’une Adem proche de ses clients, les entreprises et les demandeurs d’emploi.

Instaurée en 2012 via la réforme, une commission de suivi de l’Adem rapporte directement au ministre en charge du Travail, Nicolas Schmit. Elle agit en tant que conseillère indépendante quant à l’adéquation des actions de l’agence avec l’évolution du marché de l’emploi. « Certaines de nos recommandations ont déjà été respectées », déclare Thierry Schuman, président de la commission et directeur des ressources humaines chez BNP Paribas Luxembourg. « Nous avions estimé que le nombre d’effectifs de l’Adem ne suffisait plus, ajoute-t-il. Nous pensons maintenant qu’en termes de quantité, nous sommes bien. » Un point fait en revanche débat parmi les membres de cette commission tripartite : celui de la flexibilisation du statut auquel des experts pourraient être engagés afin, par exemple, de recruter plus facilement des profils du secteur privé ou des éducateurs gradués. « Nous avons eu besoin de deux ans pour trouver le responsable du service employeur. Sur ce point précis, la commission n’était pas contente », ajoute Thierry Schuman. Inscrit au projet de loi initial, mais non repris dans la loi finale du texte législatif traçant la réforme de l’Adem, le changement de statut en établissement public qui confère davantage de latitude devrait être reconsidéré à la lumière des besoins de l’agence. « L’Adem évolue dans la bonne direction, mais cela vat-il assez vite compte tenu de l’évolution du marché de l’emploi en général ? Rattrape-t-on suffisamment rapidement le retard accumulé sous l’ancienne direction ? », se demande le président de la commission de suivi qui aura probablement l’occasion d’en parler avec les dirigeants en place actuellement. Ceux-ci peuvent en effet être invités aux réunions de l'organe pour fournir un apport consultatif.

justement encore plus vrai pour les employeurs qui ont le choix de nous consulter ou de faire appel à d’autres sources de recrutement. Quant à nos produits, je pense à nos modules de formation ou les différentes aides financières. Nous dépensons beaucoup d’argent dans les aides aux entreprises et dans le soutien aux demandeurs d’emploi. Nous devons donc faire en sorte d’avoir une certaine cohérence en termes d’organisation interne afin de tendre vers des systèmes d’assurance qualité. Les courbes de la hausse du nombre d’emplois créés et du chômage risquent de se croiser. Est-ce votre plus grande crainte ? « Ma plus grande crainte est le manque de qualification de certains demandeurs d’emploi. Il nous revient en partie de faire prendre conscience aux demandeurs d’emploi, mais aussi à leurs proches, que le marché a changé. Il y a 10 ans, il était possible de choisir son emploi. Maintenant, ce n’est plus le cas. Il faut dès lors que chacun devienne plus flexible et puisse accepter, le cas échéant, un emploi qui se présente, même s’il n’est pas l’emploi idéal. La situation est la même pour les employeurs. Il y a 10 ans, la méfiance était grande à l’égard des chômeurs de longue durée. De nos jours, les raisons qui expliquent ce phénomène ne sont plus les mêmes. Nous devons donc aussi lutter contre certains préjugés. Comment entendez-vous combattre le chômage des jeunes ? « Il faut rester prudent. 11 % de nos demandeurs d’emploi ont moins de 25 ans. Cela représente 2.000 personnes, ce qui est beaucoup dans l’absolu, mais relatif par rapport à d’autres pays. Nous devons utiliser tous les leviers en place, dont la garantie jeunesse qui vient d’être lancée en juin dernier au niveau européen et à laquelle notre ministre (Nicolas Schmit, ndlr) a activement œuvré. Ce qui nous oblige à une exemplarité en la matière. Son objectif est d’offrir à chaque jeune non qualifié en dessous de 25 ans soit un accès à l’emploi, soit une formation ou une mesure, comme un accès au rattrapage scolaire permettant d’accéder au niveau de neuvième débouchant sur l’apprentissage, et ce endéans les quatre mois suivant son inscription. C’est un défi, car les profils ne sont pas toujours adaptés au marché de l’emploi. Pour la garantie jeunesse, nous avons alloué des équipes par pool dans trois agences : Esch, Diekirch et Luxembourg-ville. Les premiers chiffres nous indiquent que 1.600 jeunes se sont déjà inscrits, dont 1.000 qui ont signé une convention de collaboration.

« IL FAUT QUE CHACUN DEVIENNE PLUS FLEXIBLE ET PUISSE ACCEPTER UN EMPLOI QUI SE PRÉSENTE, MÊME S’IL N’EST PAS L’EMPLOI IDÉAL. » S’agissant des jeunes non qualifiés, ne faudrait-il pas non plus faire évoluer les mentalités ? « Effectivement. Les jeunes ne comprennent pas toujours que leurs parents ont réussi à bien gagner leur vie, en travaillant continuellement, mais sans forcément être bardés de diplômes. Tandis que les jeunes passent souvent par un CDD pour acquérir une première expérience. Beaucoup de parents ne comprennent pas ce changement fondamental du marché de l’emploi. S’ajoute à ce constat le réflexe qu’ont souvent les parents des jeunes Luxembourgeois d’orienter leurs enfants vers le secteur public. Ce qui n’est pas un problème en soi, mais le devient en cas d’échec au concours d’entrée sans voie alternative. Quelles sont vos ambitions quant à la catégorie des « reclassés externes » ? « Il s’agit de près de 4.000 personnes, en ce compris les personnes disposant du statut de salarié handicapé. Cette catégorie est particulièrement difficile à réinsérer dans le marché du travail, c’est pourquoi nous croyons beaucoup en la nouvelle loi en préparation qui changera la façon dont on acquiert le statut de reclassé et déploiera de nouveaux outils. Quel est le ratio actuel de demandeurs d’emploi par conseiller ? « Nous voulons le faire évoluer vers le bas et la garantie jeunesse est à ce titre un bon exemple puisque le ratio est environ de 1 sur 100 dans cette catégorie. Le ratio a diminué et se situe actuellement à 1 pour 300, même si la tendance n’est pas la même partout. Je pense notamment à Diekirch où nous avons encore un ratio trop élevé par manque ►

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C O V E R S T O R Y

TOP

10 3.665 vs 16.819

LES SECTEURS PRISÉS PAR LES DEMANDEURS D'EMPLOI (AOÛT 2014) Branche

Services à la personne et à la collectivité Support à l'entreprise Construction, bâtiment et travaux publics Commerce, vente et grande distribution Hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs et animation Transport et logistique Industrie Installation et maintenance Agricultutre et pêche, espaces naturels et espaces verts, soins aux animaux Banque, assurance, immobilier Total

► de place. Les nouveaux locaux qui sont attendus d’ici à la fin de l’année nous permettront d’y renforcer notre équipe. Il faut par ailleurs garder en mémoire que le ratio est une moyenne, car plusieurs conseillers peuvent intervenir autour d’un même dossier. Disposez-vous des moyens suffisants pour accomplir votre mission ? «Nous disposons déjà de plus de moyens qu’en 2013. Mais il faut aussi intégrer les nouveaux collaborateurs pour faire en sorte qu’ils s’insèrent dans les équipes existantes. Au niveau des infrastructures, notre problème à Diekirch sera réglé d’ici peu, reste un besoin criant pour notre agence rue Bender. D’où le déménagement d’une partie des services du centre-ville ainsi que de l’administration centrale vers Hamm d’ici à la fin octobre. Ceci nous permettra de changer la façon dont les demandeurs d’emploi seront accueillis dans la capitale.

« CHAQUE MOIS, PLUS DE 1.000 PERSONNES QUI ÉTAIENT AU CHÔMAGE RETROUVENT UN EMPLOI. CE CHIFFRE A DE QUOI DONNER DE L’ESPOIR. » En tant que directrice, quels sont les indicateurs que vous gardez en mémoire pour juger de la réussite de votre action ? « C’est compliqué, car ce n’est pas l’Adem qui est responsable du nombre de demandeurs d’emploi qui viennent s’inscrire. C’est un fait sur lequel nous n’avons aucune influence ni d’ailleurs sur leur qualification et leur motivation à retrouver un job. Nous nous sommes en revanche donné des indicateurs de performance comme le délai entre la demande d’allocations de chômage et leur paiement ou encore le nombre d’appels pris en charge et le taux de leur résolution. Je reste aussi attentive au nombre de sorties de l’Adem dont on parle moins dans les médias. Il faut savoir que chaque mois, plus de 1.000 personnes qui étaient au chômage retrouvent un emploi. Ce chiffre a de quoi donner de l’espoir. D’autres indicateurs sont en cours de réflexion.  Êtes-vous inquiète pour l’économie du pays qui repose de plus en plus sur des talents que les employeurs peinent à trouver ? « Je ne suis pas pessimiste, mais je pense qu’il faut aussi développer des secteurs qui peuvent absorber une main-d’œuvre moins qualifiée, comme la logistique. Il est du reste nécessaire que le pays se développe par l’innovation, car quand une société de haute technologie s’installe au Luxembourg, elle n’a pas besoin uniquement d’ingénieurs, mais aussi même d’assistants, de construire les locaux… Chaque emploi à valeur ajoutée implique d’autres emplois connexes. Nous avons aussi notre part à remplir en proposant aux employeurs des profils qualifiés, d’autant que nous sommes en concurrence avec le marché de la Grande Région.

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Emplois hés recherc

4.036 2.740 2.217 2.095 1.933 1.738 600 500 481 479 16.819

Postes à pourvoir

411 1.103 505 308 263 178 195 265 57 372 3.657

Faut-il faire évoluer les règles en matière d’allocations de chômage et d’obligations chez les demandeurs d’emploi ? « Il existe des propositions pour changer la notion d’emploi approprié, précisément pour faire tomber les notions de distance qui sont relatives dans notre pays. En d’autres termes, il va devenir difficile pour un chômeur de faire valoir une distance géographique trop grande entre son domicile et le lieu de travail pour refuser une proposition. Il est en revanche faux de penser qu’il existe une règle obligeant un chômeur à accepter un travail au bout de trois propositions. Il n’empêche que nous enregistrons chaque année des refus de demandeurs d’emploi qui ne veulent pas de nos propositions. Il faut surtout que nous assurions le suivi des demandeurs d’emploi pour éviter d’éventuels échecs. Quelle remontée du terrain avez-vous d’abus d’aides ? « Ils existent, sinon nous ne disposerions pas d’un service de contrôleurs dont le métier est de les traquer. On trouve encore du travail au noir. Il faut s’y attaquer, car les ressources financières et humaines de l’Adem sont limitées, elles doivent donc être utilisées à bon escient pour aider notamment les jeunes. Nous plaçons notre action autour des notions de droits et de devoirs. En signant le contrat de collaboration dans le cadre de la garantie jeune, les moins de 25 ans savent qu’ils ont des obligations comme suivre des ateliers et ils s’exposent à des sanctions s’ils ne le font pas. Cette approche nous aidera à faire changer la perception de l’Adem en tant qu’agence qui concentre ses ressources sur ceux qui veulent être aidés. Quant à ceux qui ne le veulent pas… Quelles sont vos collaborations avec vos pairs en Grande Région ? « Nous collaborons régulièrement avec nos collègues de la Grande Région et sommes en train de travailler sur un projet intégrant en particulier des actions de recrutement communes. On peut citer l’exemple de Sodexo qui avait souhaité recruter pour ses sites luxembourgeois à la fois via Pôle emploi Lorraine et l’Adem. Le Luxembourg est du reste le pays qui a lancé, pour des raisons structurelles, sa réforme de l’administration de l’emploi le plus tard. Les autres pays comme l’Allemagne ont débuté il y a 10 ans. Nous entendons donc, à notre échelle, nous inspirer des bonnes pratiques au travers des contacts réguliers avec nos collègues. À partir de quel indicateur considérerez-vous que votre action portera ses fruits ? « Nous privilégions une approche d’amélioration continue à l’échelle des prochaines années pour mettre en place les outils informatiques et humains convenant à notre époque. Ce qui m’importe est que chaque conseiller soit formé pour orienter son travail vers les résultats, à savoir le retour à l’emploi via un suivi personnalisé. ◄ En résumé Même si elle n’est pas responsable des facteurs entraînant la hausse du chômage au Luxembourg, l’Adem entend faire correspondre ses moyens aux défis actuels du marché de l’emploi. Un travail de longue haleine qui débute par une nouvelle dynamique, sous l’impulsion d’une direction aussi enthousiaste qu’ambitieuse.


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C O V E R S T O R Y

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Un service dédié aux employeurs est au cœur de la nouvelle stratégie de l’Adem. Le suivi personnalisé doit inciter les demandeurs d’emploi à adopter une attitude proactive. Les patrons sont prêts à jouer le jeu, si les qualifications répondent aux exigences des métiers.

Opération (re)conquête ! Depuis un peu plus d’un an, l’agence œuvrant pour « faciliter l’emploi », en pleine réforme, s’est dotée d’un service Employeurs, une pierre angulaire entre ses services internes et les demandes des entreprises. Car tant la direction que les équipes en place le reconnaissent, il était temps de revoir la manière d’approcher les entreprises, dont certaines ne font pas ou peu appel aux services de l’Adem pour rechercher des compétences, qu’elles soient qualifiées ou non. « Contrairement au passé, ce ne sont plus les conseillers de chaque agence qui envoient directement le demandeur d’emploi dans l’entreprise, avec un résultat aléatoire. Lorsqu’une offre ouverte nous est renseignée, celle-ci est encodée dans notre back-office, puis chaque agence sélectionne les meilleurs profils qui sont ensuite envoyés vers notre service qui joue le rôle de filtre », précise Isabelle Schlesser, la directrice de l’Adem. Une nouvelle mécanique qui a nécessité la mise à jour des outils internes pour assurer la correspondance entre profil recherché et candidat « assigné », selon la terminologie officielle, et faire en sorte que les collaborateurs de l’Adem disposent des informations nécessaires pour obtenir les résultats escomptés. L’expérience française a ainsi servi de référence en adoptant, tout en l’adaptant au contexte national, le référentiel Rome (Répertoire opérationnel des métiers et des emplois) conçu par Pôle emploi et qui sert à décrire les métiers selon une nomenclature qui est reconnue en Europe. Un nouvel outil de matching, sorte de moteur de recherche, a aussi été intégré, en provenance cette fois des Pays-Bas. D’ici trois voire quatre ans, c’est la plateforme informatique de base de l’Adem qui sera refondue, par souci d’ergonomie et de flexibilité. « Pour nos collaborateurs, la réforme est difficile, car ils ont encore trop de clients à gérer, surtout dans certaines agences, tout en devant ouvrir de nouveaux projets, se familiariser avec de nouveaux systèmes informatiques ou de nouvelles méthodes de reporting », reconnaissait Isabelle Schlesser lorsque nous l’avons rencontrée dans ses bureaux (voir page 26).

ÉLÉMENT D’ATTRACTION ÉCONOMIQUE À terme, cette mobilisation générale devrait aboutir à un « parcours personnalisé » de chaque demandeur d’emploi et un suivi précis des postes ouverts, en fonction des secteurs. C’est sur ce modèle qu’a été élaborée l’organisation du service Employeurs au sein duquel travaillent 25 collaborateurs, dont certains issus du privé depuis l’an der-

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« NOUS COLLABORONS AVEC LE MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DANS LE CADRE DE L’ATTRACTION DE NOUVELLES SOCIÉTÉS AU LUXEMBOURG. » Guy Pütz, chef du service Employeurs


LOGISTIQUE

FORMATION SUR MESURE 178 offres d’emploi vacantes étaient déclarées en août dernier auprès de l’Adem dans le secteur de la logistique. Mais ce sont surtout 24.800 emplois qui ont été créés dans le secteur des transports et entreposage au Luxembourg en 2013. Voie d’avenir pour le gouvernement dans le cadre de la diversification économique, l’Adem a choisi d’y concentrer une partie de ses efforts via la formation « Qualilog » conçue de toute pièce avec les entreprises du secteur pour répondre à leurs besoins concrets. Un premier cycle de cours s’est tenu de mai à juillet 2014, en collaboration avec le Centre national de formation continue (CNFPC) et le Centre de recherche public Henri Tudor. Parmi les 16 candidats sélectionnés par l’Adem qui y ont participé, 70 % d’entre eux ont été embauchés par la suite.

Plus de 3.100 visiteurs se sont déplacés de Luxembourg mais aussi de Strasbourg, Sarrebruck, Louvain, Bruxelles, Paris, Lyon pour quelque 1.500 offres de stage et d’emploi disponibles via le salon Unicareers.

nier, alloués à un domaine d’activité économique qu’ils connaissent. Cette vague de recrutement – une douzaine du privé pour le service Employeurs et Placement – participe à cette volonté d’insuffler de nouvelles visions en interne. « Nous voulons aider tous les employeurs, dont les petites structures qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour mettre en place un service dédié au recrutement », déclare Guy Pütz, chef du service Employeurs depuis mars 2014. Il fait partie des nouveaux arrivés du privé avec son bagage d’ingénieur industriel et une vingtaine d’années passées dans l’industrie, notamment en tant que chef d’entreprise. « Nous collaborons avec le ministère de l’Économie dans le cadre de l’attraction de nouvelles sociétés au Luxembourg. Nous participons à des réunions conjointes pour leur présenter une offre de services globale, y compris sur les aspects RH. C’est un atout supplémentaire potentiel pour attirer et garder des sociétés », ajoute celui qui a été amené à développer des activités à l’étranger. Réorganisée, dotée des outils ad hoc, l’Adem peut en effet participer au positionnement du pays à l’international. Elle pourrait ainsi judicieusement participer à certaines missions économiques à l’étranger tant la panoplie de profils qu’elle propose est large. Tous grades confondus. Un de ses conseillers est d’ailleurs chargé de venir en aide aux cadres qui recherchent un nouvel emploi, ainsi qu’aux entreprises de conseil. Une cible particulière qui nécessite discrétion et réseautage. « Il est important de créer de la confiance, d’être discret, car les personnes que nous rencontrons savent parfois qu’elles vont perdre leur emploi avant de quitter l’entreprise de manière effective, déclare Charles Mandica, conseiller en charge de cette branche. Il fait aussi partie des nouveaux venus, disposant d’une longue expérience dans les services au Luxembourg. « Nous voulons créer une relation durable afin d’aider ces personnes à redevenir cadres ou chefs d’entreprise et donc de nouveaux partenaires potentiels pour l’Adem. » Un travail de longue haleine qui passe par une phase d’accompagnement ainsi qu’un bilan de compétences voire des sessions de coaching. Cette notion de compétence est centrale dans les discussions entourant la problématique du chômage. Elle revêt des réalités diverses selon les secteurs d’activité et les profils visés. Avec une proportion générale d’un tiers de chômeurs de nationalité luxembourgeoise, un tiers de nationalité portugaise et un tiers d’autres origines, les compétences linguistiques apparaissent en haut de la liste et nécessitent un apprentissage dans certains cas, puisque certains demandeurs d’emploi ne maîtrisent aucune langue du pays. Le vaste secteur de la santé et du socio-éducatif vise quant à lui des détenteurs de qualifications de base, mais ne cesse de recruter puisqu’il arrive, avec 1.387 postes, en tête des créations nettes d’emplois entre septembre 2012 et septembre 2013. « Nous recevons des demandes spécifiques pour certaines régions où le luxembourgeois et l’allemand sont indispensables, déclare Lina Cavallini, en charge du secteur de la santé, aux côtés de Lidia Fornieri. La langue nationale est aussi importante pour des personnes âgées qui souffrent de troubles », notent les deux spécialistes du recrutement, qui misent aussi sur leur réseautage et leur connaissance du secteur pour répondre aux offres actives. « Des possibilités existent pour mettre en place des formations continues pour combler un manque éventuel dans le cursus initial, mais l’important est de détecter la motivation de la personne, de savoir si elle est faite pour cette voie via une bonne présélection qui passe par des ateliers et des entretiens à l’Adem, puis une immersion lors d’un stage pour qu’elle puisse se rendre compte de la réalité du terrain. »

UNE GARANTIE POUR UN PARCOURS Et parmi les clients au cœur de cette dynamique figurent les jeunes, particulièrement ceux de moins de 25 ans. Ils peuvent bénéficier de la « garantie pour la jeunesse » initiée au niveau européen, en vigueur depuis juin dernier au Luxembourg, pour leur proposer dans les quatre mois suivant leur inscription un emploi, un apprentissage, un stage ou une formation continue. « Cette garantie n’est pas celle de disposer d’une job endéans les quatre mois, mais bien d’un encadrement personnalisé dans leur retour vers l’emploi, déclare Vera Weisgerber, responsable du service ad hoc au Luxembourg et qui occupe 14 personnes. La prise en charge des jeunes débute par l’évaluation de leur situation afin de cerner s’ils sont prêts pour le marché du travail ou si un suivi particulier pour résoudre différents problèmes doit être mené. » Selon les besoins, le jeune sera tantôt orienté ►

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► vers l’Action locale pour jeunes (ALJ) pour un retour à l’école ou un apprentissage, vers le Service national de la jeunesse (SNJ) pour mieux cerner ses compétences et ses intérêts et enfin vers l’Adem pour un Les métiers phares de la Place restent départ vers la vie professionnelle. Dans ce cas, les deux parprisés. 24 % des étudiants de l’Uni ties signent une convention traçant sont inscrits dans les filières les rôles et obligations de chacun, « business & administration ». et ce dans la droite ligne de la nouvelle stratégie de l’Adem. Déjà en place dans l’agence de Wasserbillig, le suivi personnalisé de l’ensemble des demandeurs d’emploi doit en effet s’étendre progressivement, à terme, à toutes les agences du pays, à commencer par celles de Differdange et Dudelange. Ce qui devra se combiner avec une meilleure répartition du nombre de dossiers par collaborateur, 150 dans le cadre de la garantie jeunesse. Depuis son lancement, sur quelque 1.600 jeunes de moins de 25 ans qui ont poussé les portes de l’Adem, un millier, majoritairement des Luxembourgeois, ont signé la convention de la « garantie jeunesse ». Ce qui montre que du chemin doit être encore parcouru pour sensibiliser ceux qui veulent rester en retrait des aides proposées par l’Adem et ses partenaires. Outre les plans de formation, les acronymes ne manquent pas (CAE, CIE, SRP, FORMA, MS…) pour designer des mesures et aides financières pour favoriser un retour vers l’emploi – tant dans le privé que le public – et soutenir les employeurs qui décident d’embaucher une personne inscrite auprès de l’Adem. « Il existe beaucoup de possibilités qui ne sont pas toujours connues. Il faudrait que chacun se donne la peine de prendre connaissance de tous les modules qui permettent de lutter contre le chômage », déclarait Claude Olinger, directeur des ressources humaines de LuxairGroup, rencontré en marge du salon Unicareers organisé le 26 septembre dernier à l’initiative de l’Université du Luxembourg. L’occasion de sonder quelques dirigeants quant aux mesures préconisées pour lutter contre le chômage, en particulier chez les jeunes. « Nous recherchons du personnel hautement qualifié », précise

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Evie Roos, executive vice president human resources, chez SES. Le géant du satellite, qui emploie 1.200 personnes mondialement, dont 500 au Luxembourg, ne fait pas forcément partie des clients les plus fidèles de l’Adem. Il conçoit son apport sous un autre angle. « Nous fournissons beaucoup de stages, car c’est une manière de détecter les futurs talents et une manière pour les jeunes de nourrir leur expérience, d’enrichir leur CV. » La participation de SES aux initiatives pour promouvoir les métiers techniques est par ailleurs révélatrice d’un besoin de disposer d’une main-d’œuvre locale davantage orientée vers ces filières et le secteur privé dans son ensemble. Or, les entreprises sont de plus en plus demandeuses de cursus correspondant à leurs métiers, ce qui va de pair avec une réflexion préalable sur l’orientation des jeunes. Compte tenu du marché du travail et de l’environnement économique, il devient en effet de plus en plus compliqué d’entamer des études sans imaginer les débouchés possibles une fois le diplôme en poche.

LE GOÛT DE L’EFFORT « Notre mission est d’identifier les personnes qui ont besoin de formation, de valider leurs acquis et de les insérer dans un cursus qui donne un diplôme tendant vers l’employabilité, précise Éric Tschirhart, vice-recteur académique de l’Université du Luxembourg. Nous remarquons que certaines personnes sont partiellement formées ou disposent de diplômes peu reconnus sur le marché du travail. Nous devons donc leur mettre le pied à l’étrier. » Si les travées de Luxembourg Congrès ont accueilli de nombreux étudiants motivés par une place luxembourgeoise qui continue d’attirer tant les jeunes diplômés que les profils expérimentés, les spécialistes reconnaissent que le marché du travail rimera de plus en plus avec efforts. Tout d’abord pour accepter éventuellement un emploi qui ►

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CONJONCTURE

LE STATEC SCRUTE Même si le chômage en août dernier a quelque peu baissé à 7,2 % (il était à 7,3 % en juillet), le Statec indique dans son conjoncture flash de septembre que le chômage reste dans une « pente haussière, même s’il est vrai que cette pente s’est considérablement adoucie depuis le 2e trimestre 2013 ». Si les statistiques indiquent une hausse de 2 % de l’emploi intérieur depuis le 1er trimestre 2014, elle est en revanche inférieure à la moyenne de 4 % observée au Luxembourg entre 1996 et 2008. La période post-crise continue donc de coïncider avec une reprise par à-coups. Et le Statec de pointer la baisse de l’emploi intérimaire, le timide moral des consommateurs et des dirigeants d’entreprise et des résultats macro- et micro-économiques modérés comme autant d’éléments qui « impacteraient inévitablement le marché du travail ». Mais les nouvelles offres d’emploi déclarées auprès de l’Adem, la progression du taux d’emplois vacants et la baisse du chômage partiel laissent néanmoins à penser que « tous les éléments ne plaident pas dans le mauvais sens ». Reste à agir sur les leviers nécessaires.

► ne correspond pas forcément au poste recherché initialement. Accepter aussi de concevoir une carrière sur du moyen ou long terme. « Nous devons faire comprendre aux jeunes diplômés qu’il y aura un investissement de leur part, déclare Vinciane Istace, human capital partner chez PwC Luxembourg. Il faut que la jeunesse conçoive que l’intégration dans le monde du travail est un investissement qui requiert effort, détermination, pugnacité. Le succès n’est pas garanti d’avance. » Tous mobilisés ? Les intentions sont présentes et de nombreux projets lancés, à l’instar des diverses collaborations nouées récemment entre l’Adem et des spécialistes du recrutement. Autres chantiers de l’agence, le lancement du portail de l’emploi sur un mode interactif et une nouvelle identité visuelle en 2015. État, entreprises, acteurs de l’éducation et de la formation, une relation triangulaire qui, en plaçant le jeune en son centre, pourrait porter ses fruits, si chacun prend ses responsabilités. Au jeune de combiner passion avec employabilité. Aux entreprises d’offrir un stage et une première expérience au néodiplômé. À l’université par exemple de faire en sorte que le diplôme corresponde aux besoins du marché. « L’État doit jouer un rôle au niveau de la flexibilisation du marché du travail, estime Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce. Dans ce triangle, il faut aussi laisser la place pour la création d’entreprises afin que les jeunes puissent lancer leur propre activité. » Valable avec les jeunes, ce raisonnement triangulaire s’applique aussi avec d’autres catégories de demandeurs d’emploi ou de personnes qui cherchent une nouvelle voie sur le marché du travail. Plus prospère que d’autres, même en temps de crise, le Luxembourg peut encore se permettre d’offrir une vaste gamme d’outils pour optimiser les chances de faire baisser le taux du chômage. Un défi qui revient en premier lieu à l’Adem, mais qui ne saurait faire l’économie d’une mobilisation générale pour éviter que la courbe mensuelle des demandeurs d’emploi ne poursuive sa tendance à la hausse.  ◄ En résumé Dans le long chemin qui mène vers la baisse du chômage, l’Adem a décidé de mettre les moyens sur la relation qu’elle entretient avec les employeurs. De leur côté, les dirigeants semblent prêts à remplir leur part du contrat, si chaque partie agit de façon proactive. Une mobilisation générale qui s’impose, notamment chez les jeunes chômeurs, qui sont majoritairement sous-qualifiés.

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« IDENTIFIER LES PERSONNES QUI ONT BESOIN DE FORMATION, VALIDER LEURS ACQUIS ET LES INSÉRER DANS UN CURSUS TENDANT VERS L’EMPLOYABILITÉ. » Éric Tschirhart, Université du Luxembourg

« QUE CHACUN SE DONNE LA PEINE DE PRENDRE CONNAISSANCE DES MODULES QUI PERMETTENT DE LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE. » Claude Olinger, LuxairGroup

« FAIRE COMPRENDRE AUX JEUNES DIPLÔMÉS QU’IL Y AURA UN INVESTISSEMENT DE LEUR PART. » Vinciane Istace, PwC Luxembourg

« LES STAGES SONT UNE MANIÈRE DE DÉTECTER LES TALENTS ET POUR LES JEUNES D’ENRICHIR LEUR CV. » Evie Roos, SES

« IL FAUT LAISSER LA PLACE POUR LA CRÉATION D’ENTREPRISES AFIN QUE LES JEUNES PUISSENT LANCER LEUR PROPRE ACTIVITÉ. » Carlo Thelen, Chambre de commerce


LUXEMBOURG LIFELONG LEARNING CENTER : CENTRE DE FORMATION POUR ADULTES

LICENCE Gestion Comptable, parcours Contrôle de Gestion

DOUBLE MASTER : Master Management de Projets Logistiques

avec l’IUT Longwy de l’Université de Lorraine

avec l’Université Panthéon-Assas Paris II

OBJECTIFS :

OBJECTIFS :

Acquérir une connaissance technique et approfondie en contrôle de gestion avec une connaissance de l’environnement juridique. › Pratique approfondie de la technique comptable et des travaux d’inventaire ; › Compétences en contrôle de gestion avec tableaux de bord stratégiques et calcul des coûts ; › Aptitude à la détermination d’une rentabilité prévisionnelle ; › Capacité d’analyse des problèmes liés à la gestion comptable.

› Acquérir la maîtrise de techniques et des technologies ayant trait à l’optimisation des flux matériels, financier et d’information ; › Acquérir la maîtrise de gestion et de statistiques en logistique ; › Identifier des besoins en approvisionnement ; › Effectuer la prospection, l’analyse, la sélection et l’évaluation du marché des fournisseurs ; › Respecter la législation nationale et internationale s’appliquant à la logistique et aux achats.

PUBLIC CIBLE :

PUBLIC CIBLE :

Salariés qui exercent ou qui vont exercer des activités liées à la logistique et/ou à l’achat.

Salariés qui exercent ou qui ont pour objectif d’exercer des activités liées à la gestion d’entreprise ou à la comptabilité.

DÉBUT : 9 février 2015

DURÉE : ± 375 hrs, réparties sur 2 années

DÉBUT : avril 2015

DURÉE : ± 420 hrs, réparties sur 2 années

DIPLÔME D'ÉTUDES SPÉCIALISÉES (DES) International Treasury Management

MASTER Financial Analysis and Strategy

with ICHEC-Entreprises, Brussels Management School

with the IGR-IAE of the University of Rennes I

OBJECTIVES :

OBJECTIVES :

By the end of the training, all participants will have a strong financial background, enabling them to : › Optimise all cash management techniques ; › Master the techniques used in both money market and foreign exchange operations ; › Make use of reporting latest technologies by selecting the most appropriate ERP/TMS system ; › Manage financial risks, make use of hedging instruments and structured derivatives ; › Understand the IAS-IFRS accounting standards related to treasury plus SEPA and EMIR ; › Master treasury fiscality related to cash pooling and pricing transfer methods.

› Aims to train financial managers to acquire the skills to be able to combine financial strategy and financial analysis ; › Offers a combination of advanced knowledge allowing for skills development in two complementary competency domains : financial analysis, valuation and financial engineering, in an international environment ; › Allows students to evolve in the labour market and constitutes a trampoline for a dynamic career.

TARGET POPULATION :

TARGET POPULATION :

Junior treasurers, bankers, entrepreneurs, executives and financial advisors or trust companies already having some expertise in finance and who need to make strategic financial decisions on their behalf or that of their clients.

Structured financing analyst, credit analyst, LBO analyst, financial analyst, risk analyst, capital investment analyst, merger and acquisition analyst, credit manager, specialist in financial communication, auditor, company project manager, corporate restructuring advisor, financial strategy advisor… .

START : February 2015

DURATION : 5 modules, 3 days (16 hours) each, 1 module per month

START : March, 5th 2015

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DURATION : 18 months

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Dete I mad about soul

Master Achat International avec l’Université de Strasbourg


Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Selon les données du Statec, l’emploi salarié a progressé de 0,5 % au deuxième trimestre au Luxembourg. Plus spécifiquement, C’est la progression dans le secteur de l’emploi salarié de l’information au 2e trimestre. et de la communication, la croissance s’élève à 3,5 % sur un an et à 5,8 % dans le secteur de la comptabilité et du juridique.

0,5 %

Selon une note publiée par la Chambre des salariés, les parents sont chaque année un peu plus mis à contribution pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Le montant des allocations familiales pour une personne qui gagne le salaire social minimum et qui a un enfant ne représentait plus que 9 % de son revenu en ­janvier 2014, contre 11 % en 2006. Dans le cas d’une personne ayant quatre enfants à charge, ce montant serait passé de 44 % à 38 %. D’après les données d’Eurostat, le Luxembourg a réduit de près de 35 % en un an son déficit commercial intra- et extracommunautaire, le portant de 3,4 à 2,2 milliards d’euros, avec des exportations chiffrées à 7,1 milliards d’euros et des importations se montant à 9,2 milliards. À l’occasion d’une réunion de ­travail avec les autorités sarroises mardi à Sarrebruck, le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est dit

036 ―

totalement opposé au projet de vignette sur les autoroutes allemandes, l’estimant « contraire à l’esprit européen ». Il l’a fait savoir à la ministre-présidente Annegret Kramp-Karrenbauer. « C’était une erreur de ma part, que ce SMS soit arrivé à un autre destinataire que celui prévu. Je dois peut-être avoir un plus gros portable ou alors des doigts moins gros. » Marc Spautz, président du CSV et ancien ministre, a réagi au micro de RTL à l’affaire, révélée par Paperjam.lu, du message mal aiguillé, désormais appelé « Salut, Pierre », destiné à Pierre Jaeger, haut fonctionnaire du ministère de la Famille, et qu’avait reçu la ministre actuelle, Corinne Cahen. D’ici la fin de l’année, le gouvernement fermera toutes les représentations touristiques à l’étranger (Berlin, Bruxelles, La Haye) et en rapatriera les personnels (une demi-douzaine de personnes) pour mieux faire face à la demande grandissante de l’Asie et de l’Europe de l’Est… au Luxembourg. Au premier semestre 2014, l’Observatoire de la formation des prix constate le recul de l’inflation au Luxembourg, avec un taux moyen de 0,98 % (contre 1,73 % pour toute l’année 2013 et 1,97 % pour les six premiers mois). Pour autant, le Grand-Duché reste derrière ses voisins français (0,81 %), allemands (0,96 %) et belges (0,89 %). Le meilleur « élève » reste les Pays-Bas (0,39 %).

― Novembre 2014

Les derniers chiffres du chômage publiés par l’Adem ne sont pas bons : fin août, 7,2 % de la population active étaient au chômage au Grand-Duché, soit une augmentation de 6,3 % sur un an, avec un nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’Agence pour le développement de l’emploi de 17.574. Le gouvernement, réuni en séminaire à Senningen avec les chefs des trois fractions parlementaires de la majorité, ont défini quatre des questions qui seront posées aux Luxembourgeois dans le cadre d’une consultation publique : droit de vote à 16 ans, vote des étrangers aux législatives, financement du culte et limitation des mandats au gouvernement. Le référendum pourrait se tenir en mai ou en juin 2015. Le nouveau bâtonnier, Me Rosario Grasso, a livré plusieurs messages lors de la rentrée du Barreau. Son mandat de deux ans sera surtout dominé par la réforme de l’aide judiciaire, la mise en place du Conseil national de la justice et la modernisation du droit (lire aussi l’interview en page 16). Les autorités publiques ont misé sur l’expérience et les références de plusieurs experts allemands pour la réalisation de l’infrastructure qui succédera au stade Josy Barthel. Ils ont confié les clés du chantier au bureau gmp Architekten (Gerkan, Marg und Partner, à qui on doit par exemple la rénovation du stade olympique de Berlin, la construction de celui

de Kiev ou encore l’« Arena da Amazônia » à Manaus, qui a accueilli la coupe du monde de football), en collaboration avec les Luxembourgeois Beng architectes associés (Esch-sur-Alzette). Le début des travaux est prévu pour 2017 pour un nouveau stade qui devrait accueillir entre 7.000 et 10.000 places. Sous la pression du Conseil national des femmes, la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, a présenté à la Chambre des députés un « catalogue » de 11 mesures pour assurer l’équilibre des deux sexes dans les administrations publiques. Pour rappel, le gouvernement s’est fixé l’objectif d’aboutir à une représentation de 40 % du sexe sous-représenté (les femmes dans presque tous les cas) dans les conseils d’administration d’entreprises. Réputés plus chers que dans les régions voisines, les prix de l’immobilier au Luxembourg ne devraient pas connaître de baisses, à en croire les résultats de l’étude menée en Europe et aux États-Unis par ING en collaboration avec l’institut de sondage Ipsos. 72 % des 500 personnes interrogées au Grand-Duché estiment en effet que le prix des maisons continuera d’augmenter durant les 12 prochains mois.


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Économie & Politique Brèves

C’est le dernier niveau de l’indice de confiance des consommateurs, fin septembre.

Pierre Barthelmé attend que la justice se pro­nonce sur son sort.

Le toujours premier conseiller de gouvernement, Pierre Barthelmé, a comparu fin ­septembre devant le conseil de discipline, réuni à huis clos, après avoir profité de sa position au ministère des Classes moyennes pour rentrer sans autorisation dans les fichiers du registre des personnes physiques à des fins électorales. On ignore à ce stade quand le verdict sera rendu sur le volet administratif de cette affaire. Dans l’attente du verdict, le haut fonctionnaire a été recasé au Conseil de la concurrence. Encore une référence américaine pour Luxembourg ! Le journal Huffington Post, sur son blog Travel Next, cite la capitale et le pays comme une des destinations « cachées » en Europe, à conseiller. Luxueuse et sophistiquée, elle est notamment vantée pour ses tables étoilées et ses sites culturels et architecturaux. L’agence de notation new-yorkaise Standard & Poor’s réaffirme la notation AAA (à long terme) et A-1+ (à court terme) du Luxembourg. Elle estime que l’économie nationale est bien armée pour résister aux chocs financiers et économiques potentiels. « La prospère économie du Luxembourg et les perspectives favorables de croissance sont soutenues par un cadre et une gouvernance institutionnels efficaces », explique S&P.

La Commission en charge des transports à la Chambre des députés a confirmé que les 20 radars automatiques destinés au contrôle de la vitesse des véhicules apparaîtront sur le bord des routes d’ici un peu plus d’un an. Les 20 sites, sur 44 potentiels, ont été définis en janvier dernier sur base de la géolocalisation des accidents enregistrés au cours des trois dernières années. Une délégation de l’Union luxembourgeoise des consommateurs a rencontré le ministre des Finances, Pierre Gramegna, pour évoquer quelques sujets d’actualité, et notamment la prochaine hausse de la TVA qui entrera en application le 1er janvier prochain. Face aux critiques de l’ULC, considérant que le passage de la TVA de 15 à 17 % toucherait en premier lieu les personnes ne disposant que de revenus modestes, Pierre Gramegna a indiqué que ces consommateurs n’auraient à supporter que la moitié de la charge totale de cette hausse, l’autre moitié revenant à l’État, aux communes, aux banques et aux entreprises. Le ministre de l’Économie, s’exprimant devant une centaine de représentants d’entreprises chez Arendt & Medernach, a annoncé que la fiscalité des personnes morales ne serait pas alourdie pendant l’actuelle législature.

L’enquête de conjoncture mensuelle menée par la Banque centrale du Luxembourg auprès des consommateurs révèle que leur moral n’était pas au beau fixe en septembre. Pour le troisième mois consécutif, l’indice de confiance s’affiche en baisse, passant de -7 en août à -9 en septembre. Un total de 202 postes d’employés de l’État ont été créés dans le cadre de la future présidence luxembourgeoise de l’Union européenne l’an prochain. Une bonne centaine a déjà été pourvue, alors qu’une nouvelle vague d’embauches vient d’être lancée. Toutes les personnes qui ont été embauchées – ou vont l’être – le sont sous le statut d’employé de l’État, dans les carrières moyennes et supérieures. Comparé aux 282 postes créés pour la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne en 2005, il s’agit d’un recul de 28 %, « par souci d’économies budgétaires », explique-t-on au ministère des Affaires étrangères.

varie pas, confiant que « les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite et qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause ». L’Université a fait sa rentrée fin septembre, sa dernière avant son déménagement à Belval. L’occasion pour le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, Marc Hansen, d’annoncer la tenue d’assises de la recherche le 13 décembre et surtout la mise en commun des talents des organes nationaux concernés par la recherche qui, d’ici fin 2015, devront élaborer un plan stratégique commun devant servir de guide pour les 10 prochaines années.

7,9 % de la production d'électricité proviennent des énergies renouvelables.

La Commission européenne a publié fin septembre la version non confidentielle de la décision d’ouvrir une enquête sur une ­présumée aide qu’aurait fournie l’État luxembourgeois à Fiat dans le cadre d’un ruling. Bruxelles estime que la base d’imposition calculée par le Luxembourg est infondée et sous-estimée au vu des activités de Fiat Finance and Trade au Grand-Duché. La ligne de défense du Luxembourg ne

Selon un rapport établi par l’Institut luxembourgeois de régulation, 28,3 % de la consommation en électricité du pays sont couverts par la production territoriale. 7,9 % de cette production territoriale proviennent d’énergies renouvelables. Les importations nettes d’électricité, la grande majorité en provenance d’Allemagne, couvrent donc 71,7 % de la consommation nationale.

― Novembre 2014 ― 037


Économie & Politique Brèves

Le Cercle de coopération des ONG de développement du Luxembourg a lancé la 2e édition du « Fair Politics », baromètre de la cohérence des politiques luxembourgeoises pour le développement équitable et durable. « Le niveau de l’action du gouvernement luxembourgeois en faveur de la cohérence des politiques pour le développement ne s’est pas amélioré », déplore Christine Dahm, directrice du Cercle de coopération, qui cible notamment la spéculation alimentaire et l’évasion fiscale. Le rapport préconise d’ailleurs d’interdire la spéculation financière sur les matières premières agricoles pour les fonds d’investissement de droit luxembourgeois. Alors que la politique de substitution des médicaments (avec ­l’introduction de médicaments génériques, 30 % moins chers en moyenne) est entrée en vigueur le 1er octobre, les pharmaciens – les premiers concernés – déplorent un manque d’information (voir article page 52).

« La reprise économique montre des premiers signes d’essoufflement et la situation compétitive des entreprises est aujourd’hui fragilisée », a indiqué la Fédération des industriels luxembourgeois, considérant que ce n’était pas les salariés qui avaient payé le prix fort de la crise, mais bien les entreprises. Et d’attendre de la part du gouvernement un vrai processus de réforme touchant aussi bien l’assainissement des finances publiques que le fonctionnement du marché du travail, l’allègement des procédures d’autorisation ou encore la soutenabilité des régimes de sécurité sociale. Face à la grogne d’à peu près tout le monde, le ministre du Dévelop­pement durable et des Infra­structures, François Bausch, a annoncé des amendements à la loi sur l’aménagement du territoire pour éviter un

Les pharmaciens ne sont pas enthousiastes vis-à-vis de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les médicaments génériques.

Quelques jours après être passé devant le conseil de discipline, Pierre Barthelmé a comparu devant le tribunal correctionnel pour répondre de prévention de violation de la loi sur la protection des données. Son « cas » a été traité en une heure et une peine d’amen­de « appropriée » a été requise contre le haut fonctionnaire. Le verdict devrait tomber le 22 octobre prochain.

038 ―

blocage des projets en cours. Il s’agit avant tout de ne pas revenir, à titre provisoire, sur des autorisations de construire déjà délivrées en application de plans d’aménagement général, alors que ces derniers ne sont pas conformes aux plans sectoriels (aménagement du territoire, logement, paysages) déposés le 27 juin dernier dans tou­tes les communes du Grand-Duché.

― Novembre 2014

En collaboration avec la Commission nationale pour la protection des données (CNPD), la Chambre des salariés vient de publier un ouvrage intitulé La surveillance sur le lieu de travail. Elle renseigne le lecteur sur les droits et obligations des salariés et des employeurs sur le lieu de travail en matière de traitement des données à caractère personnel à des fins de surveillance. La publication est à télécharger sur les sites de la Commission (www.cnpd.lu) ou de la Chambre (www.csl.lu). Depuis le 1er octobre, le portail électronique pour s’enregistrer sous Moss (Mini One Stop Shop) est accessible pour les entreprises concernées par la modification des règles de TVA qui entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2015 dans la sphère des services électroniques et de communication. Un mode de traitement de la TVA « plus efficace », comme le constate Laurent Grençon, associé chez PwC Luxembourg, mais qui n’a pas suscité une ruée de la part des acteurs concernés. « Il est difficile à l’heure actuelle d’évaluer précisément le nombre d’entreprises qui opteront pour cette solution. Beaucoup d’entre elles sont encore en phase de réflexion. » Le Fonds national de la recherche et Luxinnovation ont signé une nouvelle convention de collaboration pluriannuelle de 2014 à 2017, visant à renforcer leur coopération pour stimuler et accompagner la recherche, le développement et l’innovation (RDI) au Luxembourg. Plusieurs axes ont été définis, comme la promotion des instruments de financement, la promotion internationale de la RDI ou encore la valorisation des résultats de la recherche publique. Depuis ce 1er octobre, la commune française de Longlaville, voisine de celle de Pétange, a interdit sa traversée aux véhicules de plus de 3,5 tonnes en raison des nuisances

causées par les 1.300 camions qui empruntent chaque jour cette artère. Conséquence, lesdits camions sont contraints de se dérouter via la commune luxembourgeoise, par ailleurs riche en stations-services. Une situation qui n’émeut pas pour autant le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, qui estime que c’est à la commune « de gérer le trafic, non seulement en revendiquant des réactions règlementaires ou infrastructurelles de la part de l’État, mais aussi en assumant les missions qui lui incombent au titre de sa politique d’aménagement communal ». Selon les données du ministère du Logement, 18 nouvelles conventions entre l’État et les communes sont sur le point d’être signées – d’ici à la fin de l’année – en vue de la construction de 69 logements sociaux locatifs et 31 logements pour étudiants. Un agrandissement de l’offre existante qui fait suite aux 39 autres conventions du même genre, qui avaient déjà été signées entre septembre 2011 et septembre 2014, et qui avaient permis la réalisation de 178 logements sociaux locatifs et 74 logements pour étudiants. Sans surprise, Sven Clement a été reconduit à la présidence du Parti pirate. Il a obtenu 93,3 % des suffrages lors du congrès statutaire du parti, devançant largement son adversaire d’un soir, Jeff Cigrand. Le parti, qui comptait une quinzaine d’adhérents à sa création il y a cinq ans, revendique aujourd’hui 333 adhérents. Le parti avait recueilli 2,93 % des voix aux élections législatives d’octobre 2013 puis 4,23 % des suffrages lors du scrutin européen de mai 2014.


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Économie & Politique Sécurité énergétique

01 La peur du black-out mise au vert

► Alors que la Belgique risque de manquer de courant cet hiver, le Luxembourg n’a pas peur du noir. ► L’interconnexion des réseaux est rassurante pour l’approvisionnement du Grand-Duché. ► Dépendant des voisins, des capacités allemandes surtout, le pays encourage les centrales tournant au renouvelable. ― Texte : Alain Ducat ― Photos : Gaël Lesure

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Le 16 octobre, le Club de la sécurité de l’information – Luxembourg (Clusil), lié au CRP Tudor, programmait une table ronde intitulée Power Blackout in the Business Continuity Management. Un exemple parmi d’autres : le black-out en question inquiète, comme une menace fantôme… Comment un pays – des citoyens, mais aussi toute une économie, connectée et énergivore – peut-il résister à une pénurie de courant, fût-elle temporaire ou circonscrite géographiquement ? Loin de relever du pur fantasme, la peur du trou noir est particulièrement palpable – elle est même très officielle – à l’approche de l’hiver, en Belgique. L’annonce de la fermeture de plusieurs centrales au gaz, puis de la mise à l’arrêt technique de réacteurs nucléaires dans le pays font craindre une mise à mal de l’approvisionnement électrique. L’hiver dernier déjà, Elia, le gestionnaire du réseau belge, a vu les réserves d’énergie plonger à

▲ La technologie et l’esprit de Kiowatt à Bissen en font un modèle de centrale pour la tri-, voire la quadrigénération.

la limite. « Le 17 janvier dernier, nous étions très près d’une situation où nous devions priver des parties entières du pays d’électricité pour éviter un crash général », affirmait récemment dans la presse du royaume le CEO d’Elia, Jacques Vandermeiren. « Pendant l’hiver, on a dû importer plus de 3.000 mégawatts pendant une vingtaine de jours. » Soit l’équivalent de la production de trois réacteurs nucléaires. L’hiver 2014-2015 s’annonce critique pour un royaume sous haute tension, dont les autorités ont prévu un plan de délestage, commune par commune, rue par rue, afin d’interrompre momentanément la fourniture de courant et soulager le réseau en manque de jus.


Économie & Politique Sécurité énergétique Rien à voir avec le Luxembourg ? On sait que le Grand-Duché dépend de ses voisins pour son approvisionnement électrique. Mais, là où le patron d’Elia est très inquiet pour les hivers suivants – car E.On et EDF parlent de mettre des centrales classiques à l’arrêt –, le Luxembourg se veut rassurant. « Le réseau public d’approvisionnement est physiquement assuré pour tous les ménages », souligne Tom Eischen, commissaire du gouvernement à l’Énergie. « L’électricité distribuée ici est, en grande majorité, fournie par les producteurs en Allemagne. Et l’on y observe encore de la marge, avec des surcapacités de production à l’heure actuelle. » Dans l’immédiat, le risque de pénurie est donc quasi nul. Le sud du pays est davantage tourné vers les voisins belges et lorrains. En tout cas, les grandes industries du bassin sidérurgique. La ligne Sotel (liée à ArcelorMittal) est connectée, d’une part, au réseau belge de très haute tension du côté d’Aubange et, d’autre part, depuis 2013 et encore plus depuis le jugement du tribunal administratif d’avril 2014, au réseau français. Cette ligne permet d’importer de l’électricité, venant de la centrale lorraine de Cattenom en particulier, afin d’alimenter les aciéries d’Arcelor­ Mittal. Plus globalement, et avec nuances, la vision officielle voit dans cette connexion une sécurité, propre à satisfaire les besoins des entreprises, liée au réseau français où le courant est de toutes les couleurs (et de plus en plus d’origine éolienne notamment, grâce aux parcs qui se multiplient sur les hauteurs de la frontière lorraine).

DE LA FLEXIBILITÉ DANS LE SYSTÈME Il n’y a donc pas de craintes non plus de ce côté-là. « Il y a une réelle flexibilité dans le système. Nous suivons la situation de près, avec les opérateurs et, bien sûr, avec nos homologues des pays européens », précise Tom Eischen. Ainsi, la situation belge, qui prévoit des faiblesses de livraison et notamment dans les zones frontalières du Grand-Duché, est bien connue des autorités luxembourgeoises. « Nous avons des échanges courants avec la Belgique, dans un cadre bilatéral, mais aussi, notamment, dans le cadre du Forum pentalatéral. » Le Forum pentalatéral de l’énergie, créé en 2005, rassemble les trois pays du Benelux, l’Allemagne et la France, rejoints par l’Autriche et la Suisse. C’est un nœud d’interconnexions politiques sur l’échange transfrontalier d’électricité, une initiative intergou­vernementale dont la mission consiste à mieux contrôler le réseau à haute tension, à harmoniser les méthodes d’allocation grâce aux informations échangées entre les régulateurs et les gestionnaires de réseau des pays participants. C’est un espace où les barrières légales sont abaissées autant que possible et dont les principaux objectifs portent sur l’intégra­ tion du marché libéralisé et la sécurité de

Énergies renouvelables

À toute vapeur écologique Kiowatt fait tourner, à Bissen, une unité de trigénération.

Kiowatt, à Bissen-Roost, c’est, avec 95 % de rendement, Lavoisier revu dans son principe : rien ne se perd, tout se transforme… Au cœur de l’installation, la centrale de cogénération, en n’utilisant que de la biomasse (du bois de rebut, des déchets forestiers), fait tourner une turbine vapeur, qui produit de l’électricité injectée dans le réseau public, et de la chaleur. Celle-ci sèche le bois frais, dont on tire pellets de chauffage et écorces de jardin ; la vapeur alimentera un réseau public de chauffage pour la zone artisanale Klengbousbierg ;

et elle permet aussi de produire des frigories, pour le système de refroidissement indispensable au data center LuxConnect voisin. L’affaire est donc parfaitement écologique et rigoureusement économique. L’expérience l’a d’ailleurs démontré. Si Kiowatt est neuve dans le paysage luxembourgeois, son principe a fait ses preuves depuis une dizaine d’années, à Virton en Belgique. Et le groupe François (70 millions de chiffre d’affaires en 2013), initiateur visionnaire de ce site, Recybois, est aussi à l’origine de Kiowatt.

l’approvisionnement, le tout cadrant avec les initiatives régionales soutenues par la Commission européenne. Il s’agit aussi de permettre aux États membres de quitter progressivement les marchés énergétiques nationaux pour intégrer un marché européen où les acteurs sont publics et privés. « Il est évidemment important d’avoir tous les acteurs de l’interconnexion transfrontalière à la table, et entre autres les gestionnaires de réseaux, garants de l’approvisionnement et du service public », ajoute M. Eischen. Dans ce tableau, finalement pas trop électrique pour un Luxembourg qui semble résistant au stress test, le cas de la centrale TGV

Kiowatt réunit le groupe François et LuxEnergie, filiale d’Enovos spécialisée dans l’énergie verte. Paul Weis, son administrateur délégué, voit ce partenariat couler de source, vu la complémentarité des acteurs et les objectifs poursuivis. Administrateur délégué de Kiowatt, Bernard François insiste sur la réflexion (menée depuis 2008 pour Bissen) visant à améliorer ce qui tourne à plein régime (y compris pour ses actionnaires) dans le sud de la Belgique. De fait, le site de Roost n’est pas gourmand en espace (à peine 1,5 ha),

produit déjà environ 14 % de l’électricité verte du pays et a créé 15 emplois locaux… Avec la production en mode industriel (35.000 tonnes par année) de pellets (distribués par des entreprises locales, prolongeant la logique du circuit court commencée avec la récupération de rebuts de bois luxembourgeois, jusque-là non valorisés ou expédiés en Allemagne), en plus de la production d’électricité, de chaleur et de froid, « on peut même le qualifier de centrale de quadrigénération », souligne Paul Weis. A. D. ◄

de Belvaux, près d’Esch-sur-Alzette, est un épiphénomène aux contours perturbants (lire encadré page 40). Stratégiquement postée à deux pas des frontières belge et française, elle turbine quasi exclusivement pour le réseau belge. La potentielle mise à l’arrêt de cette centrale gaz-vapeur, mue par Twinerg (elle-même animée par Electrabel) et en proie à des problèmes de rentabilité, ne serait donc pas un souci, non plus, pour le Grand-Duché. Au contraire, à la limite… Car, vu les soucis actuels dans le royaume voisin, il est envisagé, entre les autorités luxembourgeoises et le gestionnaire de réseau belge, un rôle ►

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Économie & Politique Sécurité énergétique

« Nous devons assurer notre part, pour notre développement et pour que le marché européen puisse fonctionner. »

Centrale de Belvaux

TGV en attente Twinerg se trouve face à une logique économique. Fermer la centrale en 2015 ou relancer la machine belge ?

► de prestation de services « de secours au

marché belge », comme l’a précisé récemment, dans une réponse parlementaire, le ministre du ressort, Étienne Schneider. Twinerg en fournisseur de capacités de réserve pour la période après 2015 est donc un scénario à l’étude, ce qui pourrait peutêtre éviter le passage sous cocon de la centrale. À moyen et long termes, les répercussions d’une éventuelle mise hors service de Twinerg sur la sécurité de l’approvisionnement national sont encore à l’étude. « Le rapport bisannuel sur la sécurité de l’électricité au Luxembourg est attendu d’ici peu », précise le ministre. Voilà qui pourrait illustrer la volonté clairement affichée du Luxembourg de se rendre moins dépendant des interconnexions, assurées et rassurantes par ailleurs, en produisant davantage et mieux sur son sol. Mieux, c’est-à-dire, aussi, plus vert. Au gouvernement, on rappelle volontiers que la sécurité d’approvisionnement énergétique (l’électricité, mais aussi le gaz, par exemple) est un pilier de stratégie politique. Et que le pilier de durabilité s’y adosse. « C’est un ensemble cohérent, poursuit Tom Eischen. Nous devons assurer notre part, pour notre développement et pour que le marché européen puisse fonctionner. » De fait, le rôle des marchés, et des bourses où l’électricité se négocie, n’est pas neutre. Les grands du secteur y ont de la puissance qui ne se mesure pas qu’en mégawatts.

CIRCUITS COURTS SANS COURT-CIRCUIT Dans ce décor, les acteurs économiques et les intiatives locales ont, quelque part, tout intérêt à jouer la carte de la collaboration, de la transversalité et de la production renouvelable. Au Luxembourg, les circuits courts ne font pas de court-circuit. L’exemple de Kiowatt (lire l’encadré page 39) est très parlant : la centrale biomasse, fruit d’une initia-

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tive privée belgo-luxembourgeoise largement soutenue par l’État luxembourgeois, les pouvoirs locaux et les fonds européens, ressemble à la pierre philosophale du futur énergétique. L’initiative ne restera pas isolée. Porté par le plan d’action 2011-2020 et par les objectifs politiques, le gouvernement entend soutenir ceux qui veulent investir dans la production d’énergies photovoltaïque (la nouvelle donne pour les tarifs d’injection dans le réseau devrait contribuer à inspirer les producteurs locaux), éolienne ou à base de biogaz. Comme le glisse un observateur avisé du marché de l’énergie en Europe et au Luxembourg, « un projet comme Kiowatt est un bon exemple de win-win. Tout ce qui est produit en vert vient en appui de la comptabilité nationale et c’est bon pour les objectifs européens du pays, comme pour l’entreprise productrice, les investisseurs ou les entreprises clientes ». L’ampleur des partenariats – contrats d’approvisionnement et de clientèle pour atteindre un seuil critique, négociations avec les acteurs privés et publics, etc. – à mettre en œuvre peut nécessiter un peu de temps avant le démarrage effectif, mais le jeu en vaut la chandelle. Et deux ou trois projets comparables – au moins dans l’esprit – sont attendus dans un avenir proche, assure-t-on. Ainsi, serein face à sa dépendance interconnectée et à ses partenariats transfrontaliers, mais aussi volontariste dans son encouragement à une production durable Made in Luxembourg faisant rimer économie et écologie, le Grand-Duché pourra mieux évacuer la peur du noir et souffler dans sa mise au vert. ◄ En résumé Les autorités belges redoutent le black-out cet hiver. Au Luxembourg, on estime que le risque est quasi nul. L’interconnexion passe surtout par l’Allemagne, bien nantie en énergie. Mais la production et l’échange transfrontaliers dans un contexte de marché intégré donnent un éclairage particulier. Les objectifs environnementaux achèvent de convaincre que des initiatives durables et locales ont une belle carte à jouer.

PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)

Tom Eischen (commissaire du gouvernement à l’Énergie)

Qu’adviendra-t-il de la centrale TGV (turbine gaz-vapeur) exploitée par Twinerg à Belvaux, près d’Esch-sur-Alzette ? La société belge Electrabel (groupe GDF Suez), gestionnaire de Twinerg, a clairement évoqué la mise à l’arrêt « à partir d’octobre 2015 ». Informé, le ministre Étienne Schneider explique que Twinerg se trouve confrontée à une logique économique, comme « bon nombre de centrales du même type en Europe ». Selon les chiffres communiqués par Twinerg et Electrabel, la TGV tournait près de 7.000 heures par an jusqu’en 2010 mais le temps d’opération est en baisse depuis 2011, pour atteindre 3.000 heures en 2013. Pour l’instant, la centrale n’est relancée que lorsque le prix offert sur les marchés (les prix de l’énergie électrique se négocient aux bourses européennes, à la baisse depuis quelques années) permet de couvrir les coûts de production engendrés. Elle a été à l’arrêt pendant pratiquement toute la période estivale. Selon Étienne Schneider, la situation pourrait évoluer et les responsables de Twinerg pourraient réviser leurs positions et prolonger au-delà de 2015. Du coup, il est question d’une « mise sous cocon », un sommeil qui, s’il devait bien intervenir dans un an, pourrait faire l’objet d’un réveil rapide, un entretien permanent étant prévu à cet effet, avec le personnel en place. Une option, c’est de servir de réserve de capacité pour un potentiel coup de mou du réseau du royaume, comme on le redoute cet hiver… Twinerg alimente déjà essentiellement le marché belge, depuis le Luxembourg. Ce serait un comble, non dépourvu de symbole, si la centrale devait, demain, servir à renforcer l’alimentation du voisin. A. D. ◄



Économie & Politique Rolf Tarrach

02 « J’ai été un peu trop naïf » ► Après 10 années de présence, le recteur de l’Université du Luxembourg s’apprête à passer la main.  ► L’Espagnol, d’origine allemande, a été l’un des bâtisseurs clés de l’institution, dont il a accompagné la création. ► Il ne nourrit aucun regret, si ce n’est celui d’avoir manqué de force de persuasion pour convaincre les décideurs économiques et politiques de davantage miser sur la qualité de l’Université.

Monsieur Tarrach, vous allez quitter vos fonctions de recteur dans 100 jours, après 10 années passées à la tête de l’Université. Quel bilan tirez-vous de cette décennie ? « Quand je suis arrivé en janvier 2005, il n’y avait pas vraiment d’université. Les quatre institutions qui existaient à la base avaient été intégrées en 2003. Mais suite au décès du tout premier recteur (François Tavenas, ndlr) en février, l’année 2004 a été un peu une année de stand-by. Il n’y avait même pas de cadre législatif pour les bachelors, les masters ou encore le doctorat (le règlement grand-ducal ne sera publié que le 22 mai 2006, ndlr). J’ai tout de suite établi un document stratégique sur 10 ans et au fur et à mesure, nous avons donc développé l’institution et nous pouvons dire, aujourd’hui, que nous y trouvons tout ce que peut avoir une université ‘normale’, avec 11 programmes de bachelors, 34 programmes de masters et une quinzaine de programmes ‘hors système’ de Bologne, que nous assurons pour les besoins spécifiques du pays au titre de la formation continue. Nous abritons plus de 6.000 étudiants de 107 nationalités différentes, et parmi eux plus de 550 doctorants. Nous avons créé deux centres interdisciplinaires : le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) et le LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine), qui connaissent tous les deux un très grand succès, peut-être même trop grand.

▲ Rolf Tarrach : « L’information constitue la base de la connaissance, mais l’information seule ne suffit pas. »

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En quoi les succès du SnT et du LCSB peuvent-ils être trop grands ? « Dans le premier cas, le nombre de contrats établis avec les entreprises est élevé. Il est évidemment important de pouvoir disposer de moyens externes, mais il est dangereux de dépendre trop de ces moyens. Il est très difficile de faire des planifications à long

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

― Interview : Jean-Michel Gaudron


Économie & Politique Rolf Tarrach

Êtes-vous satisfait également du développement des trois facultés abritées par l’Université ? « Elles se sont en effet développées de façon très correcte, avec peut-être un léger ‘plus’ pour la faculté de Droit, d’Économie et de Finance, compte tenu de l’activité économique du pays… et aussi par le fait qu’elle nécessite moins de moyens pour fonctionner. Mais il faut considérer ces évolutions de manière très globale et constater que toutes les différentes entités ont fait leur chemin sans s’opposer aux autres. Tout a été très constructif. Comparé à votre document stratégique initial, en êtes-vous aujourd’hui là où vous aviez projeté d’être ? « L’Université est là ! Elle commence à être connue à l’étranger et nous sommes même membres de l’International Sustainable Campus Network, aux côtés de prestigieux établissements comme la London School of Economics, Oxford, Harvard, Yale ou encore Stanford ! Peut-être pouvons-nous encore nous améliorer en termes d’alumni, mais il nous faudrait pour cela quelques années d’existence supplémentaires. Une université commence à être complètement établie au bout de 20-25 ans. L’un des grands problèmes que je constate néanmoins, c’est celui de notre grand éparpillement. Nous sommes sur quatre grands sites et 10 microsites répartis entre le Limpertsberg, le Kirchberg, Walferdange ou encore Belval. Cela est non seulement très compliqué en termes d’organisation, mais cela nous coûte aussi les yeux de la tête en frais de location. Au début du mois, le Pr Paulo Veríssimo, un très grand expert international en informatique, a commencé ses recherches pour le compte du SnT, avec un financement du Fonds national de la recherche dans le cadre du programme Pearl. Il va venir avec une équipe de 20-25 personnes et je n’ai absolument aucune idée, à ce jour, où mettre tous ces gens ! Avez-vous le sentiment d’avoir tout de même pu aller au bout de vos idées ? « La seule chose que je pourrais me reprocher, c’est d’avoir été un peu trop naïf. Je pensais avoir convaincu les décideurs politiques et économiques du pays que ça valait la peine d’essayer d’avoir une université de très, très haut niveau pour le pays. Nous avons fait tout ce qu’il fallait faire pour que

cela soit possible et il faudrait encore continuer à investir et à soutenir l’Université de façon claire pendant au moins 10 à 12 ans. Mais pour des raisons compréhensibles, les moyens financiers ont été restreints et nous avons déjà été prévenus que l’Univer­ sité aurait à financer des choses qui ne sont pas prévues dans notre plan quadriennal. Autrement dit, nous sommes sur la voie d’une université ‘correcte’, bonne, comme d’autres, on y est déjà, mais non plus, ou très difficilement, d’une université de très, très haut niveau.

Rentrée académique

Des assises et de la mobilité Marc Hansen a évoqué la collaboration et la coordination pour la recherche, Yves Mersch, les défis de l’Europe et de l’excellence.

Est-ce uniquement dû à un manque de moyens ? N’y a-t-il pas aussi un certain manque de courage face à certains investissements ? « Peut-être un peu des deux, à quoi s’ajoute aussi le manque de mètres carrés ! Le gouvernement est en train de regarder en détail cette problématique et c’est une très bonne chose. Mais je constate que nous avons perdu, récemment, trois excellents professeurs de la faculté de Droit, d’Économie et de Finance, qui sont allés en Allemagne, où les conditions financières et de recherche sont aujourd’hui meilleures. Depuis bientôt deux ans et l’introduction d’un moratoire par le conseil de gouvernance, nous avons perdu en compétitivité et nous sommes sans cesse dans l’incertitude. Évidem­ ment, cette prudence de la part du conseil est tout à fait compréhensible, mais elle nous nuit. Ce qui est sûr, c’est que nous ne pouvons plus continuer comme nous l’avons fait jusque maintenant. Il va falloir définir une nouvelle stratégie et cela devra se faire en collaboration avec le gouvernement. À tout cela s’ajoutent les gros retards pris par Belval… « C’est un dossier trop complexe que je connais trop bien pour que je puisse prendre position en quelques phrases. Quand je suis arrivé pour les premiers entretiens avec les membres du gouvernement, en 2004, on m’avait promis que la première partie de l’Université s’installerait à Belval en 2010. Puis, au fur et à mesure, la date a été reculée. L’Université serait évidemment encore beaucoup plus forte aujourd’hui si elle était physiquement établie à Belval. Mais il faut aussi savoir vivre avec des échecs, même si dans le cas présent, les responsabilités ne sont pas à chercher du côté de l’Université. Ce sera en tous les cas à mon successeur de gérer tout ce qui va se passer sur Belval. Il aura aussi à clôturer le dossier de la création, ou pas, d’une école de médecine au Luxem­bourg. Une analyse est en cours sur le volet purement académique et une autre concernant l’impact d’une telle création sur l’économie et sur le système de santé. Les conclusions de ces analyses devraient être transmises au gouvernement au printemps prochain. Ce sera ensuite à l’exécutif de trancher, ce qui a été annoncé pour la fin de l’année prochaine. Il y a encore un groupe de travail qui planche sur l’amélioration des ►

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER

terme si on ne dépend que de contrats qui ne durent que trois ou quatre ans. Dans le cas du LCSB, le développement, en partenariat avec l’Institute for Systems Biology de Seattle, a été très satisfaisant. Mais en l’absence d’industrie de la médecine pharmaceutique au Luxembourg, le soutien privé est, du coup, plus modeste. Or, la recherche dans ce domaine est beaucoup plus coûteuse. Oui, le LCSB s’est très bien développé. Mais la question demeure de savoir s’il aura les moyens de soutenir ce développement à long terme.

Pour la dernière séance de rentrée du recteur Tarrach, le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, Marc Hansen, est venu, le 26 septembre, réitérer le soutien du gouvernement. « La coordination renforcée est un sujet qui me tient à cœur et qui sera le thème des assises de la recherche organisées le 13 décembre prochain à Belval », a-t-il annoncé. Les organes nationaux concernés par la recherche travailleront, d’ici fin 2015, à la construction d’un plan stratégique commun, lequel devrait servir de guide pour les 10 prochaines années, « afin de mieux saisir les besoins financiers ». Invité d’honneur de cette rentrée académique, Yves Mersch (photo), l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg et membre depuis décembre 2012 du directoire de la Banque centrale européenne, a plaidé pour un accroissement de la mobilité, un renforcement de la flexibilité et une optimisation de l’édu­cation comme remèdes au chômage en Europe. Ne cachant pas aux étudiants diplômés – 70 doctorants et une quinzaine de nationalités présentes – les difficultés qui attendent l’Europe, il a, lui aussi, lancé un appel en faveur de l’excellence, « particulièrement dans un pays où le risque de se reposer sur ses lauriers augmente ». T. R. ◄

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Économie & Politique Rolf Tarrach ► collaborations avec les autres acteurs

de la recherche publique au Luxembourg. Nous sommes en train de préparer des propositions pour que l’Université et les CRP travaillent mieux ensemble.

Nouveau recteur

Ce « dossier Belval » constitue-t-il au final votre plus grand regret sur cette décennie ? « Je ne peux pas vraiment dire que j’ai à avoir des regrets dans l’ensemble. J’ai travaillé beaucoup pour cette université, peutêtre 70 heures par semaine, et sans vraiment prendre de vacances. Ce n’est que maintenant que je commence à travailler à un rythme normal ! J’ai eu la chance de travailler sur un projet unique : qui peut dire qu’il a eu l’opportunité de créer la toute première université d’un pays, avec des moyens d’attirer des gens extraordinaires ? Nous avons une masse critique de gens compétents et c’est aussi le grand mérite du pays. À titre purement personnel, oui, il reste ce regret de ne pas avoir su convaincre les décideurs politiques et économiques. Pour qu’un pays maintienne cette richesse, il ne peut le faire qu’avec une société qui s’appuie sur la connaissance. L’information constitue la base de la connaissance, mais l’information seule ne suffit pas. Il faut créer cette connaissance à partir de l’information. Mais les changements de mentalité prennent toujours plus de temps que l’on pense...

En résumé Dans un peu moins de 100 jours, Rolf Tarrach, recteur historique de l’Université du Luxembourg, cédera sa place à Rainer Klump. L’occasion pour lui de tirer le bilan d’une décennie passée au service d’une institution naissante, avec ses moments forts, mais aussi quelques regrets… et la certitude que la tâche de son successeur sera encore plus ardue que ce que fut la sienne.

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En attendant sa prise de fonction début 2015, le successeur de Rolf Tarrach a déjà dévoilé les priorités majeures de sa mission prévue pour cinq ans.

PHOTO : UNIVERSITÉ GOETHE DE FRANCFORT

Votre successeur aura du pain sur la planche, alors… « Oui, et je pense que pour lui, ça sera plus difficile que pour moi et je le regrette pour lui ! Quand nous avons eu les premiers entretiens il y a une année, c’était encore un bon moment. Depuis, les choses se sont un peu complexifiées par rapport à ce qui lui a été promis et il en a évidemment été informé. Cela dit, pour l’Université, c’est une très bonne chose qu’il y ait un nouveau recteur. L’institution a besoin, à sa tête, d’une personne nouvelle, qui n’a pas vécu cette magnifique aventure comme moi je l’ai vécue et qui aurait alors eu plus de mal à s’adapter devant des circonstances qui se sont compliquées. Le professeur Klump a l’âge que j’avais lorsque j’ai commencé et il dispose d’une très forte expérience au sein de l’Université Goethe de Francfort, qui fête d’ailleurs ses 100 ans d’existence en novembre prochain. C’est une université très intéressante, car elle avait été créée en son temps par le bourgmestre de la ville et non pas par l’État. Je suis certain qu’il fera un travail magnifique. Et puis il est professeur d’Éco­nomie ; c’est bien de l’être quand il faut faire des économies… » ◄

Trois priorités pour Rainer Klump

C’est le 16 avril dernier que le Conseil de gouvernement a approuvé la proposition formulée début mars par le conseil de gouvernance de l’Université du Luxembourg de soumettre au GrandDuc la nomination de Rainer Klump pour succéder à Rolf Tarrach à la fonction de recteur, avec une arrivée programmée pour le 1er janvier 2015. Âgé de 56 ans, Rainer Klump, pour quelques semaines encore, est vice­ président exerçant à titre principal de l’Université Goethe de Francfort, où il est arrivé en 2000. Son parcours d’étudiant en économie politique l’a mené à Mayence, Paris et Erlangen-Nuremberg, où il a passé sa thèse de doctorat et son doctorat d’État. Sous sa casquette d’enseignant, il a œuvré à l’Université Julius-Maximilian de Wurtzbourg, à l’Université d’Ulm ainsi qu’à l’Université Goethe. Mais il a aussi été professeur invité à Sciences Po Paris, Paris-Dauphine ou encore Lyon 2. Nommé pour cinq années, M. Klump a eu l’occasion, fin septembre, de lever

un coin du voile sur la façon dont il allait mener sa mission. À l’occasion d’une conférence de presse en présence de son autorité de tutelle, le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Marc Hansen, il a décliné les trois piliers de son programme. Le premier consiste à établir durablement l’institution dans le paysage économique, social et culturel du Luxembourg et de la Grande Région, prolongeant, de la sorte, les élans déjà observés ces dernières années. Dans la continuité, Rainer Klump entend renforcer la dimension européenne de la mission dévolue à l’Université, ce qui passe par une collaboration accrue avec les institutions européennes présentes au Grand-Duché. Mais surtout, le futur recteur souhaite faire entrer son université de plain-pied dans l’ère numérique, que ce soit dans ses propres procédures administratives que dans le savoir dispensé vers l’extérieur ou encore ses missions de recherche. J.-M. G. ◄


Économie & Politique Opposition

Intrigues dans la maison CSV

► L’opposition peine à se réformer et montre de plus en plus ses divisions internes, alors que l’avocat Marc Thewes doit remettre un rapport sur le fonction­nement du CSV. ► Pour montrer la cohésion du groupe parlementaire, ceux qui ne seront pas d’accord avec la ligne devront quitter la salle avant le vote. ► Marc Spautz et Claude Wiseler ont du mal à garder leurs troupes unies pour mener une opposition musclée.

PHOTO : CSV.LU

― Texte : Véronique Poujol

Avec les départs de deux de ses poids lourds, Jean-Claude Juncker et Luc Frieden, plus à l’aise au pouvoir que dans l’opposition où ils ne se sentaient pas à leur place – l’ancien ministre des Finances l’a avoué au micro de RTL –, le CSV entame sa difficile reconstruction autour d’hommes qui ne font pas l’unanimité au sein du parti. Pourtant, la plupart de leurs détracteurs préfèrent avancer masqués plutôt que de critiquer ouvertement la ligne d’un parti qui supporte mal ses contradicteurs. « Le parti chrétien social a un problème de leadership, de stratégie et d’identité », explique un proche. Jean-Claude Juncker, toujours député au Luxembourg mais la tête à la Commission européenne (il devrait être président le 1er novembre prochain), a séché pratiquement tous les rendez-vous parlementaires, collectionnant les croix sous la case des « absences motivées » à la Chambre des députés. En faisant passer son destin avant ceux de sa formation, en étouffant dans l’œuf ceux qui, sur le plan national, pouvaient lui faire ombrage, Juncker a plombé son parti et retardé son aggiornamento. Luc Frieden, l’ancien dauphin qui avait fini par se rebeller contre son mentor, fréquentait lui aussi les bancs des députés avec des pieds

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▲ Spautz et Wiseler font face aux troupes et aux divisions. Mais ont-ils la carrure et la légitimité de leur rôle ?

de plomb. Il a choisi, depuis le 1er octobre, d’aller pantoufler à la Deutsche Bank comme vice-président et se montre évasif lorsqu’il est interrogé sur ses intentions de retour dans l’arène politique. En passant la présidence du groupe parlementaire CSV à Claude Wiseler, qui de fait avait déjà les clefs de la maison (comme viceprésident), Juncker a assuré sans rougir avoir vécu « une grande expérience de premier pouvoir et, en quelque sorte aussi, un retour aux sources de (sa) vie politique ». Avant de déclarer : « Avec Claude Wiseler, je sais l’avenir de notre groupe entre de bonnes mains. » Or, la personnalité de Claude Wiseler, jugée trop molle, tout comme celle, sans charisme, de Marc Spautz (président du parti depuis février dernier), divisent le CSV et empoisonnent l’atmosphère au sein du groupe parlementaire, ses 23 députés et ses différents courants et clivages. La crispation ne date pas d’hier. Début juillet, la fraction des chrétiens sociaux l’avait affichée lors du choix de leur président

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Économie & Politique Opposition pour la rentrée parlementaire de la mioctobre : Wiseler a obtenu 16 voix sur 23 ; quatre députés s’étaient abstenus et trois n’étaient pas présents lors du vote à bulletin secret. « On parle beaucoup de Marc Spautz, qui a du mal à garder le troupeau, mais il faut savoir aussi que Claude Wiseler est de plus en plus critiqué au sein du groupe. On le juge trop tendre pour mener ses troupes. Et on voit l’absence de stratégie d’un parti qui ne fait pas une opposition spécialement intelligente », analyse un proche du CSV. Parmi ceux qui considèrent la ligne trop consensuelle, on trouve le député-maire de Tandel, Aly Kaes, qui incarne la branche conservatrice du parti, mais surtout qui nourrit une rancune personnelle à l’égard de Claude Wiseler, ex-ministre du Dévelop­pement durable et des Infrastructures au sujet de l’élargissement à quatre voies de la nationale 7. L’ex-président du CSV, Michel Wolter, lui, a pris du recul et se replie davantage vers sa commune de Bascharage.

DIVISIONS SUR LES GRANDS SUJETS DE SOCIÉTÉ Sur les grands sujets de société, les chrétiens sociaux sont divisés sur la conduite à tenir entre l’ouverture, qui serait le gage de leur modernisation, et le repli sur des valeurs traditionnelles, qui ont été longtemps leur fonds de commerce, mais auquel leur jeune électorat adhère mal. Mi-septembre, lors d’un conseil national auquel assistaient une cinquantaine de militants, le parti a essayé de définir une ligne à suivre sur la question de la légalisation de l’avortement, en discussion à la Chambre des députés. Claude Wiseler a d’abord assuré qu’il laisserait les députés voter en leur âme et conscience, avant de se faire désavouer. Certains députés estiment avoir déjà trop payé de leur personne en laissant voter le mariage pour tous (inscrit dans le programme du gouvernement Juncker, voté sous Bettel) et ainsi avoir envoyé un message brouillé à la base électorale. Lors du conseil, l’ancien Premier ministre, Jacques Santer, avait appelé les chrétiens sociaux à voter contre le projet sur l’IVG, ce qui lui a valu les applaudissements de l’assemblée. Au vote, une majorité écrasante du Conseil national s’est exprimée contre le projet de loi. Deux députés, incarnant la ligne libérale de plus en plus mise à mal, Serge Wilmes et Laurent Mosar, militaient en faveur d’un débat sur l’IVG. Seul le premier a été au bout de ses convictions. Mosar a fini par s’abstenir. Et Wiseler s’est incliné, une première fois lors de ce conseil de septembre, une seconde fois en octobre, lors des journées parlementaires. Le CSV fait aussi face aux velléités d’indépendance du journal qui a toujours compté parmi ses affidés. Le Wort a raconté fin septembre que la position de Marc Spautz était de plus en plus critiquée et que des voix s’étaient élevées, après l’affaire du SMS mal

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Marc Spautz Le président a voulu et obtenu de faire son entrée au sein de la prestigieuse commission des Finances et du Budget, parce qu’il estime qu’il doit « tout savoir » et que c’est dans cette commission parlementaire que l’on est le mieux informé. Mais, déjà peu habile de ses mains au point d’adresser des textos au mauvais destinataire, il n’est pas réputé en matière financière.

Claude Wiseler Il présidait de fait la fraction parlementaire depuis janvier, il en a pris officiellement les commandes le 1er octobre, après le départ de Jean-Claude Juncker pour Bruxelles. Il est jugé, à l’intérieur même de son parti, pas assez ferme. Il a du mal à imposer sa ligne à un CSV de plus en plus con­ servateur. Sur l’avortement, par exemple, il a dû faire marche arrière.

dirigé que Paperjam a révélée, pour demander sa tête, lors d’un comité national. Info aussitôt démentie par un communiqué, affirmant que le comité national du CSV soutenait plus que jamais son patron. L’incident, outre qu’il a jeté la suspicion sur certains membres du parti vus comme des taupes du journal, fut aussi l’occasion pour des hard liners du parti, comme l’ex-syndicaliste Marcel Glesener ou l’eurodéputé Frank Engel (cercle Joseph Bech) d’esquisser un retour en force face à une ligne modérée et libérale de plus en plus marginalisée. Avant la fin de l’année, l’avocat Marc Thewes, proche du parti, rendra un rapport sur le fonctionnement du CSV. Il est secondé dans cette tâche par Marc Glesener, l’ancien rédacteur en chef du Wort, passé dans le secteur de la communication après son départ du quotidien, avec lequel d’ailleurs il a renoué pour y écrire des chroniques.

FAIBLE MARGE DE MANŒUVRE Pour couper court à la rumeur des divisions d’un parti sans vrai leader, le CSV entend montrer sa cohésion et son unité, quitte à tirer sur les grosses ficelles pour jouer avec ses électeurs. Le groupe parlementaire ne parlera plus qu’à l’unisson. Les députés qui ne seront pas d’accord, plutôt que de voter contre la consigne du parti ou de s’abstenir, devront quitter la salle... Cette ligne de conduite a même fait l’objet d’un… vote à l’unanimité lors de la journée parlementaire des chrétienssociaux. Et de crispations par ailleurs. Les votes sur l’IVG ou la participation des non-Luxembourgeois à la vie politique (sur ce thème, le gouvernement Bettel a fait

Laurent Mosar L’ancien président de la Chambre des députés incarne la ligne « moderne » du CSV. Expérimenté, avocat d’affaires et vieux routier de la commission des Finances, il a pris la place laissée vacante par Luc Frieden, parti pantoufler à la Deutsche Bank. Mais Laurent Mosar n’est pas homme à tenir tête et s’incline lorsque le parti le lui commande.

Laurent Zeimet Le secrétaire général du CSV et maire de Bettembourg fait son entrée à la Chambre des députés en même temps que Martine Mergen et va siéger dans les commissions de l’Environnement, de l’Intérieur (il remplace l’ancien ministre JeanMarie Halsdorf) et de l’Éducation. Une question reste encore en suspens : va-t-il cumuler les trois fonctions ?

des concessions en conditionnant la durée de résidence à 10 ans, alors que les jeunes chrétiens-sociaux se sont exprimés en faveur du droit de vote aux étrangers) constitueront un test de cohérence pour la troupe. Un test d’honnêteté aussi, des députés CSV, vis-à-vis de leurs électeurs. Un autre cas a montré le peu de marge de manœuvre dont dispose Claude Wiseler. Peu avant la rentrée parlementaire du 14 octobre, le parti a dû désigner les membres des différentes commissions suite aux départs de Juncker et Frieden, qui occupaient des postes en vue à la Cofibu (Finances et Budget). Il n’y a pas eu photo pour la place de Luc Frieden : Laurent Mosar, le plus expé­ rimenté des membres de la Chambre, prend le relais. Le choix du remplaçant de l’ex-Premier ministre a fait l’objet d’un arbitrage du président de la fraction. Face aux trois candidatures certaines (mais aux antipodes), de Marc Spautz, Diane Adehm (très active dans les salves de questions parlementaires, avec son compère Gilles Roth) et Serge Wilmes, Wiseler a désigné Spautz. Il voulait le poste pour avoir un œil présidentiel sur tout, mais n’a, a priori, ni l’expérience ni les compétences requises pour siéger au sein de la prestigieuse Cofibu. L’option est donc discutable au regard des objectifs d’un parti jadis tout-puissant qui a besoin de se ressourcer à l’aune d’hommes nouveaux. ◄ En résumé Le premier parti d’opposition, avec ses 23 députés, a du mal à définir une ligne claire et n’est pas à l’abri des intrigues personnelles. Marc Spautz, président du parti et Claude Wiseler, président de la fraction CSV à la Chambre des députés, peinent à tenir leurs troupes, faute d’autorité. La ligne conservatrice prend de plus en plus le dessus.


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“The What ??“ INDIVIDUAL OR COLLECTIVE DISMISSALS PROCEDURE? Once an employer plans to dismiss within a period of 30 days at least 7 employees, or within a period of 90 days at least 15 employees, it must negotiate a social plan or risks having the dismissals nullified. Niche employment law firm CASTEGNARO - Ius Laboris Luxembourg represents employers only. Through Ius Laboris, a global alliance of leading human resources law practitioners, CASTEGNARO assists employers worldwide.

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04 Insuffler une dynamique

PHOTO : D.R. / PAPERJAM

Économie & Politique Logement / Syndicat

► Les prix montent. Maggy Nagel est dans l'action. Après quelques mois au ministère du Logement, et malgré l’opposition qui la pilonne, Maggy Nagel est sereine. Elle ne fera rien, dit-elle, sans les communes ni les promoteurs privés, et elle se félicite de l’adoption d’un règlement grand-ducal prévo­-­ yant la construction de plus de 10.000 logements, dont 4.700 destinés à la location. Le contexte est tendu. Une étude de l’Observatoire du logement montre que les ménages les plus modestes, locataires du parc privé, consacraient plus de 40 % de leur revenu aux dépenses de logement. Une étude du Statec, réalisée avec le Ceps et l’Administration de l’enregistrement et des domaines, observe que les prix des appartements ont augmenté

en moyenne de 3,8 %. La segmentation sociale s’est aggravée : de plus en plus de ménages modestes sont repoussés à distance de la capitale et de sa périphérie. La hausse des prix de 25 % (entre le 1er trimestre 2007 et le même en 2014) se relativise toutefois : un phénomène comparable s’est produit en Belgique et en Allemagne. Maggy Nagel s’engage donc à insuffler une nouvelle dynamique à la politique du logement. Elle a ainsi obtenu le feu vert pour faire auditer le Fonds du logement afin d’identifier ses faiblesses et le ratio entre sa productivité et les moyens qui lui sont octroyés. Un appel d’offres doit être lancé prochainement pour trouver l’auditeur externe capable de mener la mission à bien. V. P. ◄

05 OGBL : Roeltgen en patron Cela n’a surpris personne quand Jean-Claude Reding a confirmé lui-même qu’il allait passer le relais. À l’issue d’un comité national prenant, du coup, des allures historiques, le président de l’OGBL a indiqué que l’actuel secrétaire général, André Roeltgen, allait être proposé aux militants pour reprendre la tête du syndicat de gauche. L’affaire devrait être entendue lors du prochain con­ grès national, les 5 et 6 décem­ bre prochains. Jean-Claude Reding, qui finit son deuxième mandat, est en poste depuis 10 ans. Il avait succédé,

◄ André Roeltgen, militant et dauphin, succédera à John Castegnaro et Jean-Claude Reding au tableau des leaders de l’OGBL.

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en 2004, à l’emblématique John Castegnaro, qui avait fon­dé l’OGBL en unifiant le LAV (Lëtzebuerger ArbechterVerband) et la CGT luxembourgeoise. C’était en 1979 et le Luxembourg entrait dans la crise sidérurgique… André Roeltgen, une fois élu, deviendra donc officiellement le troisième président de l’OGBL, syndicat majeur dans le paysage socioéconomique du pays. Jean-Claude Reding s’était pour sa part clairement engagé à ne pas se lancer dans le mandat de trop, une fois la barre des 60 ans passée. Il laisse donc la voie libre à son dauphin, désigné de longue date pour sa succession. Jean-Claude Reding a toutefois précisé qu’il resterait à la tête de la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) ainsi qu’au conseil d’administration de la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE). A. D. ◄

PHOTO : OGBL

► Jean-Claude Reding, en poste depuis 10 ans, passe le flambeau de la présidence à son secrétaire général.


More than a law firm. After-work conferences & Breakfast seminars. OCTOBER 2014

Wednesday 22 October, 8.30am An update on the OECD’s action plan against BEPS NOVEMBER 2014

Tuesday 18 November, 6.00pm

Dismissals based on economic reasons or on performance reasons: case-law developments and practical input – co-organised with AMCHAM

Tuesday 25 November, 8.30am

Open Source Software – Balancing innovation with legal compliance – co-organised with Black Duck Software

JANUARY 2015

Thursday 22 January, 8.30am

Confidentiality breach: how to react?

Tuesday 27 January, 5.00pm

Annual tax conference

Participation is free of charge. Please visit www.allenovery-event.lu to register and learn more about future events. For further information please contact Allen & Overy in Luxembourg, 33 avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg Tel +352 44 44 55 1 Luxembourgmarketingevent@allenovery.com

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Économie & Politique Médicaments de substitution

06 Des économies aux génériques ► Deux millions d’euros pourraient être épargnés à la Caisse nationale de santé grâce aux génériques soignant le cholestérol et les ulcères. ► Un premier bilan est prévu en 2015 pour éventuellement élargir la mesure gouvernementale. ► Pharmaciens et représentants de l’industrie sont sceptiques, sur le fond et sur la forme. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Gaël Lesure Deux pains blancs identiques. Le premier affiche un prix de 49,99 euros et le second de 3,75 euros. Le ministère de la Santé avait choisi l’axe tarifaire pour annoncer, campagne médiatique à l’appui, l’arrivée de médicaments génériques remboursés dans les pharmacies du pays le 1er octobre. Souvent évoqué, dans la foulée de la réforme de la Santé de 2010, le projet a pris corps le 5 septembre dernier, lorsque les ministres de la Santé, Lydia Mutsch, et de la Sécurité sociale, Romain Schneider, se sont présentés à la presse pour donner le coup d’envoi. C’est une « approche progressive » qui a été retenue, ont précisé d’emblée les représentants du gouvernement. Pas question donc de procéder à un arrivage massif, mais plutôt de se concentrer sur les traitements contre le cholestérol et ceux contre les ulcères et les reflux, qui « comptent à eux seuls pour près de 10 % des dépenses totales de la CNS ». On avance une estimation de deux millions d’euros d’économie qui pourrait être réalisée chaque année. Même amené avec des pincettes, ce changement est suivi d’un œil méfiant par plusieurs acteurs, dont l’Association pharmaceutique luxembourgeoise (APL), qui se veut (dit son site internet) « le regroupement de l’industrie pharmaceutique innovante active au Grand-Duché ». Ses membres

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représentent en effet les géants de l’industrie pharmaceutique qui produisent des « originaux » sous brevet avant que, au terme de la durée de leur propriété intellectuelle, ceux-ci soient répliqués (dans une forme qui peut varier, mais avec la même molécule) par une firme tierce. L’argumentaire de la discrète APL évoque plusieurs risques, qui pourraient concerner le patient au premier chef : sécurité, approvisionnement, équivalence, accès pour tous à des traitements de qualité... L’association s’appuie d’ailleurs sur l’avis de la Chambre des salariés (CSL), évoquant une « médecine à deux vitesses, car seules les personnes disposant d’un revenu suffisamment élevé pourront se permettre d’acquérir les médicaments les plus chers », en remettant aussi en cause la totale fidélité des génériques vis-à-vis des médicaments originaux. « L’APL fournit elle-même la réponse à sa question, indique le ministère de la Santé, sollicité par Paperjam. En effet, les médi­ caments sur le marché luxembourgeois proviennent pour 80 % de la Belgique, qui pratique une politique de prix très intéressante. Comme le constate justement l’APL, certains médicaments sous brevet se vendent à des prix comparables à ceux des génériques. » Précisant connaître de longue date les doléances de l’industrie pharmaceutique, l’administration de Lydia Mutsch doit aussi

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▲ La question des génériques fait aussi sortir du tiroir les intérêts de l'industrie pharmaceutique.

faire face aux critiques du Syndicat des pharmaciens (SPL), qui regrette un manque de préparation de la campagne précédant l’introduction des génériques. « Le SPL déplore que ni le ministère de la Santé ni le ministère de la Sécurité sociale n’aient jugé nécessaire de l’inviter à cette présentation, dont il n’a été informé qu’a posteriori par courriel », précise le syndicat, qui parle même d’une rupture de dialogue. Ambiance. Or, si le médecin garde sa liberté de prescription et le patient une liberté de choix dans les limites de ses capacités budgétaires, le pharmacien devra, lui, informer le patient. « Si le prix du médicament prescrit est inférieur ou égal à la base de remboursement calculée, le pharmacien peut délivrer le médicament prescrit. Si le prix du médicament prescrit est plus élevé que la base de remboursement calculée, le pharmacien doit informer le patient d’une substitution par le médicament le plus économique du même groupe », annoncent les autorités publiques. Dans les officines, à quelques jours du lancement, on s’inquiétait surtout de ne pas avoir reçu les informations

sur les bases de remboursement pour les groupes de médicaments retenus. Conscients que cette nouvelle politique devra probablement être adaptée, les ministères ont d’ores et déjà annoncé un bilan d’ici fin 2015 pour mieux jauger l’intérêt des patients, alors que le Luxembourg figure actuellement en queue du classement OCDE de consommation des génériques. Le haut du tableau est occupé par l’Allemagne, où 76 % du volume des médicaments remboursés sont issus de la filière de substitution. Au-delà des comptes d’apothicaire, le gouvernement aura tout intérêt à ne pas trop échauder les industriels du secteur pharmaceutique, présents pour certains via différentes fonctions internationales, et qui constituent des relais importants pour la diversification économique dans les biotechnologies. Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si, dans sa réponse adressée à Paperjam, Lydia Mutsch « tient à préciser que la politique de substitution n’affecte en rien la reconnaissance et le soutien qu’elle voue aux efforts de l’industrie pharmaceutique tendant au développement de médicaments innovants ». ◄ En résumé Des médicaments génériques remboursés dans les pharmacies, cela ferait économiser de l'argent public au niveau de la Caisse nationale de santé. Mais la mesure, introduite avec prudence et progressivité, se heurte déjà à des interprétations variées et peu enthousiastes. L'industrie pharmaceutique n'est pas la moins active en coulisses.


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Économie & Politique Vins et vignobles

07 Sous la marque du terroir ► Exit la « marque nationale », la réforme européenne met en valeur une « appellation d’origine protégée ». ► Les viticulteurs du Luxembourg semblent prêts pour ce qui fait plus que changer les étiquettes. ► Le secteur est encouragé à tirer encore la qualité vers le haut. De quoi intégrer le vin à l’image globale du pays. ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Mike Zenari

Sur les coteaux de la Moselle, le millésime s’annonce bien, en qualité et en quantité. C’est déjà une nouvelle souriante dans un pays où, bon an, mal an, la production de raisins représente entre 20 et 30 millions d’euros. 2014 sera, de toute manière, spécial. Il sera le premier millésime d’une nouvelle ère pour les vins luxembourgeois, la première cuvée en l’AOP. C’est une sacrée évolution pour le vignoble local, jusque là « guidé » par une marque nationale (qui disparaît pour les vins) ou par le travail opiniâtre de vignerons. Sché­ matiquement, la filière viticole du pays s’articule sur trois piliers : la coopérative Domaines Vinsmoselle), les indépendants (OPVI, Orga­nisation professionnelle des vignerons indépendants) et les maisons du négoce. « Ensemble, cela donne 357 exploitations qui gèrent 1.295 hectares de vignobles », résume Fernand Etgen, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs. Le libéral n’aime pas trop « limiter le poids économique du secteur à des points de PIB ni même à l’emploi, qui est assez fluctuant notamment en période de récoltes. Il y a des emplois direct et indirect non négligeables. Les vignerons gèrent aussi le paysage, participent à la quête de qualité et mettent en relief la notion de terroir et de productions spécifiques, traçables et de plus en plus réputées. » C’est aussi dans ce sens que Fernand Etgen – qui a hérité des cartons longtemps gérés (jusqu’en 2009) par le chrétien social Fernand Boden, à qui avait succédé Romain Schneider – croit dans la réussite de la réforme, préparée avec les principaux concernés. « La motivation de changer le système est venue de Bruxelles, rappelle

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Économie & Politique Vins et vignobles

▲ Le ministre Fernand Etgen est confiant dans l’avenir du vignoble, mû par une qualité de plus en plus évidente et reconnue.

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l’encadré ci-contre) a été, comme c’est sa mission officielle au demeurant, le moteur du changement. Sans faille ? « Il y a toujours quelques hésitations, y dit-on. On a trouvé une solution de compromis. Il ne fallait pénaliser personne. » Les vignerons indépendants ont, par nature et par choix, toujours été attachés à rester maîtres chez eux pour ne pas « diluer » le savoir-faire dans des produits mixtes à vocation de commercialisation massive. « Le système actuel est construit selon un cahier de charges élaboré comme un grand cru, sourit le ministre Etgen. Mais il a été prévu aussi de pouvoir s’adapter au fil des besoins. C’est en tout cas une bonne occasion pour progresser encore. » Avec chaque parcelle identifiée quasi à la grappe près, la traçabilité donne tout son sens à la notion de limites géographiques, pour chaque opération de la vigne au verre. Pour plus d’un observateur, la qualité y gagnera. « On ne court aucun risque. On travaillait déjà dans cette philosophie. Elle ne s’appelait pas AOP. Désormais, elle le pourra », exprime un propriétaire-récoltant. Et le prix ? La différence, qui ne jouait pas nécessairement en faveur du vignoble luxembourgeois, pourra mieux s’appuyer sur la notion d’excellence. L’AOP aura valeur ajoutée. Justement, quel sera l’impact de la TVA ? Malgré le silence radio gouvernemental, il ressort que la structure des taux ne changera pas, que le taux réduit ne restera que pour la consommation sur place. « Cela n’aura pas d’impact sur le prix de revient, consent-on au ministère. Le prix final sera affaire de consommateur, par ailleurs mieux informé face à un produit garanti. » Dans les chais, si les discussions ont été vives au début, on a tendance à considérer à présent que le jeu de la qualité prendra le pas sur la concurrence par les prix. D’autant que, précise le ministre Etgen, « on gardera les taux les plus bas en Europe ». Il restera à valoriser sur le long terme. Apparemment, la relève est assurée, les jeunes viticulteurs s’engagent, reprennent, font évoluer les exploitations. Demain, la réforme permettra aux audacieux de jouer avec d’autres cépages, de créer d’autres vins. Le travail remarquable mené depuis une vingtaine d’années, primé régulièrement dans les grandes foires, pourra mieux s’exporter. Ou aider à faire venir le chaland. Dans un article récent sur un blog du Huffington Post américain, une consœur, séduite par la destination Luxembourg, évoquait un des « meilleurs pays producteurs de vin de l’Europe du Nord » et invitait notamment à visiter des caves. S’il n’y a plus de « marque nationale » pour le vin d’ici, il y a une image de marque nationale qui se construit, et à laquelle de bons crus label­ lisés d’origine peuvent apporter leur écot. ◄ En résumé Important secteur économique à valeur ajoutée touristique et gastronomique, le vignoble luxembourgeois prépare le millésime 2014, le premier en AOP. La réforme européenne a tracé sa route. La qualité du terroir est de plus en plus présente. Les enjeux pour l’avenir des vins et crémants du pays ne manquent pas.

Institut vitivinicole

Cépages sans frontières, de Remich à Schengen Depuis 1925, l’IVV veille sur le vignoble luxembourgeois et son développement PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

Fernand Etgen. Le secteur a dû faire un choix, s’orienter vers la production de vins avec IGP ou avec AOP. » Petit décodage ? L’appellation d’origine protégée (AOP) est, en gros, l’équivalent européen de l’AOC (appellation d’origine contrôlée), bien connue de tous les œnophiles, quand bien même elle a parfois été galvaudée, triturée, voire truandée par des marchands peu scrupuleux, ici ou là. L’AOP, à l’instar de l’IGP (indication géographique protégée), est donc un label européen, créé en 1992, visant à garantir l’origine géographique d’un produit, mais aussi « la qualité, la réputation ou toute autre caractéristique pouvant être attribuée à cette origine géographique ». L’IGP certifie le produit final, lié au terroir proprement dit, clairement délimité. L’AOP va plus loin, en se voulant un gage de qualité globale pour le consommateur, puisque toutes les phases d’élaboration doivent aussi être réalisées dans l’aire géographique concernée. Poussé dans le dos par la transposition des textes européens, le vignoble luxem­ bourgeois s’est concerté. Et a adopté l’AOP. « À cause des coûts de production élevés au Luxembourg, le secteur n’avait pas le choix, souligne le ministre Etgen, d’autant que la Moselle luxembourgeoise produisait déjà des ‘vins de qualité produits dans une région déterminée’ (VQPRD). L’appellation d’origine protégée est un prolongement logique. » Le vignoble grand-ducal, de mieux en mieux coté, ne peut néanmoins pas rivaliser sur la quantité produite. « On ne peut pas entrer en concurrence avec les vins étrangers de bas de gamme que l’on trouve au supermarché par exemple. On va davantage vers l’idée de vins de terroir, avec une typicité identifiable. Le nouveau système permet au consommateur de faire la différence. » Encore fallait-il que, avant d’entrer en vigueur, le système trouve écho et conviction dans les vignobles. L’Institut vitivinicole (lire aussi

L’histoire de l’IVV – Institut vitivinicole – épouse celle des ouvertures douanières et culturelles. Créé en 1925 à Remich, il avait pour premier objectif de sauver le vignoble luxembourgeois du phylloxera. On importa des États-Unis des pieds de vigne résistants, pour y greffer du cépage local. Il fallait aussi sortir d’une crise. Depuis le 19e siècle, la production s’écoulait beaucoup en Allemagne, dans le cadre de l’union douanière de la Confédération germanique du Nord. Suite à la Grande Guerre, le Luxembourg s’est tourné vers un autre voisin, signant en 1922 l’Union économique belgo-luxembourgeoise. L’Elbling à mousseux des débuts a été complété par d’autres cépages, le Rivaner, le Pinot gris, le Pinot blanc, l’Auxerrois… Les premières coopératives ont vu le jour en parallèle à l’émergence de l’IVV. Avec le Traité de Rome en 1957, l’Institut a élargi la portée de sa mission officielle (définie dans la loi), en suivant la logique d’une production plus intense, dans un embryon d’Europe économiquement unie, à six États. Aujourd’hui, l’IVV, garant de progrès scientifique, de terroir maîtrisé et d’œno­ logie appliquée, est aussi le messager d’une Europe sans cesse élargie, qui apporte l’AOP aux caves du pays. Le long de la Moselle, le nom de Schengen colle aussi bien à quelques bons vins qu’aux célèbres accords de circulation. A. D. ◄


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Économie & Politique Réviseurs d’entreprises

08 En quête de

stabilité réglementaire

► L’Institut des réviseurs d’entreprises fête ses 30 ans, dans un contexte législatif toujours plus dense. ► Au Luxembourg, la profession veut faire entendre sa voix dans la transposition de la « directive Barnier ».

30 ans. L’Institut des réviseurs d’entreprises luxembourgeois (IRE) célèbre en ce dernier trimestre de 2014 cet anniversaire dans un contexte où la réglementation continue d’occuper l’agenda des représentants de la profession. Et la « réforme Barnier », du nom du commissaire européen sortant en charge du marché intérieur et des services, symbolise à elle seule l’état d’esprit d’une profession qui a été désignée comme l’une des responsables de la crise de 2008 et s’est vue assortie de nouvelles règles validées par le Parlement européen le 2 avril dernier. Une page s’est tournée. Un nouveau chapitre débute avec la transposition en loi nationale de la directive et la volonté de faire en sorte que le secteur n’en ressorte pas déforcé. « Nous allons prendre part au groupe de travail initié par la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier, ndlr) pour coordonner la transposition de la directive qui consistera en une réécriture de la loi du 18 décembre 2009 sur la profession de l’audit », déclare Jean-Michel Pacaud, le président de l’IRE et également associé chez EY qui a débuté sa carrière à l’époque de la naissance de l’organe de repré­sentation du secteur. Entretemps, le marché a profondément changé et a notamment vu l’émergence de quatre « Big ». La prochaine grande échéance est désormais celle du 1er juillet 2016, date à laquelle la directive Barnier entrera en vigueur, non sans quelques zones d’ombres. La rotation obligatoire des cabinets d’audit – après 10 ans – fait partie de celles-ci. Ses effets seront à surveiller pour un marché tel que le Luxembourg, où les décisions ne se prennent pas toujours sur le territoire, mais bien dans des maisons mères situées à l’étranger. En attendant, les auditeurs espèrent que les marges de manœuvre dont dispose le législateur national seront utilisées à bon escient dans des délais raisonnablement rapides pour que les acteurs concernés puissent se préparer au mieux. L’un des enjeux concerne la reprise – ou non – des fonds d’investissement en tant qu’entités d’intérêt public, ce qui pourrait faire

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▲ Jean-Michel Pacaud et les membres de l’IRE attendent une accalmie réglementaire pour leur profession.

perdre un avantage compétitif à la Place. Au même titre que l’interdiction éventuelle pour les auditeurs de proposer des services d’accompagnement à la déclaration fiscale. Un manque à gagner en perspective. En attendant, pour faire en sorte que chacun dispose du même niveau d’information, l’IRE a choisi d’organiser une conférence le 23 octobre dès 16 h dans l’hémicycle du Parlement européen pour décliner les règles de la directive dans le quotidien des entreprises. « Je pense par exemple au cap des 70 % des honoraires non audit qui vont s’appliquer », indique Jean-Michel Pacaud. Les auditeurs qui tirent plus de 70 % de leurs revenus auprès d’un client pour des services non audit ne pourront plus les prester dès le 1er juillet 2016. « Ce n’est pas compliqué de trouver un prestataire pour des questions de fiscalité, mais devoir changer au cœur d’un projet de transformation interne l’est davantage », souligne le président de l’IRE. Si le projet Barnier ne débouche pas sur la fin annoncée à ses débuts des Big Four, une redistribution des cartes, entre prestataires d’audit et de conseil, aura bien lieu. À chaque firme d’affûter ses arguments, ses projections, pour tirer le meilleur parti de la future configuration du marché.

Outre les enjeux propres à chaque enseigne, le métier devra continuer à s’adapter sur le plan technologique. « L’essence du métier n’a pas changé depuis 30 ans, mais les outils ont en revanche évolué drastiquement, indique Jean-Michel Pacaud. Cette tendance nous offre des opportunités, principalement sur deux axes. Nous pourrons, d’une part, continuer à développer des outils user friendly et collaboratifs et, d’autre part, utiliser la masse de données disponible pour proposer de nouvelles analyses. » Étroitement liée à l’essor des services de conseils, la profession de réviseur d’entreprises doit, plus que jamais, miser sur la qualité et des processus robustes pour éviter le principal risque, celui d’une réputation qui serait – à nouveau – remise en cause. L’IRE attend pour sa part que la nouvelle Com­ mission européenne jauge la réforme en cours avant d’en évoquer une autre. L’équipe de Jean-Claude Juncker est aussi invitée à faire en sorte que l’économie européenne retrouve des couleurs, car le métier d’auditeur, cyclique, dépend avant tout du tonus de ses clients. ◄ En résumé Trentenaire, l’Institut des réviseurs d’entreprises luxembourgeois a déjà connu de nombreux soubresauts économiques, suivis d’une réglementation toujours plus accrue. Alors que la réforme Barnier entame la phase de transposi­ tion en loi nationale, les réviseurs et auditeurs espèrent que la Commission Juncker en mesurera les effets avant tout nouveau projet du genre.

PHOTO : PAPERJAM (ARCHIVES)

― Texte : Thierry Raizer


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Économie & Politique Éveil à l’économie

09 Apprendre à entreprendre ► Réclamé par les professeurs en sciences économiques et sociales, le retour d’un cours d’initiation aux matières économiques n’est pas à l’ordre du jour, selon le ministre. ► De plus en plus nombreuses, les initiatives pour rapprocher les élèves des entreprises pourraient gagner en coordination. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Mike Zenari

S’il s’acquiert parfois par tradition, l’esprit entrepreneurial doit souvent être stimulé. Or, pour se projeter en tant que chef d’entreprise ou tout simplement imaginer sa future activité, mieux vaut, dès que possible, être éduqué à l’économie. C’est en tout cas l’avis de la Conférence nationale des professeurs de sciences économi­ ques et sociales (CNPSES), qui milite pour le retour d’un cours de sensibilisation aux matières économiques, supprimé à la rentrée 2011-2012 en raison d’une plus grande importance qui devait être donnée aux matières scientifiques dans la foulée des résultats au test comparatif international PISA. « Les lycéens du classique n’ont généralement que très peu de contact avec le monde des entreprises, encore moins celles actives dans les créneaux d’avenir », regrette Marc Muller, prési­ dent de la CNPSES. Car en l’état, le système éducatif ne donne l’accès à une filière économique qu’après la 4e. « L’idée ne serait pas d’apprendre 100 pages par cœur, mais d’orienter la matière de façon à répondre aux préoccupations des jeunes et de la présenter dans un style ‘découverte’. Nous pourrions imaginer un support évolutif, partagé par les enseignants et donnant à la fin de l’année l’envie aux jeunes de suivre par eux-mêmes l’actualité économique. » Mais le retour d’un cours ne semble pas à l’ordre du jour. « Il est plutôt indiqué de dépasser le cloisonnement disciplinaire et de privilégier des approches qui mobilisent plusieurs disciplines, pour favoriser un apprentissage global intégrant différents aspects d’importance sociétale », précise Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, en ajoutant que « les réflexions sur le développement d’une culture économique à l’école s’inscriront dans la modernisation des programmes scolaires ». En attendant, professeurs et élèves motivés peuvent participer aux activités proposées par différents organismes. L’asbl Jonk Entrepreneuren Luxembourg ( JEL), qui fêtera ses 10 ans en 2015, fait partie de ceux-ci. Elle décline sa mission « d’inspirer et de préparer les jeunes à innover, à créer, à prendre des

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▲ Les classes, un endroit approprié pour comprendre un monde qui change, une économie qui se diversifie.

initiatives et à être responsables » via 10 programmes (deux dans le fondamental, sept en secondaire et un au niveau de l’enseignement supérieur), organisés soit sur une journée soit sur une plus longue durée. « Nous remarquons un intérêt grandissant pour notre programme ludique ‘Notre communauté’ destiné aux enfants de 9 à 11 ans qui leur permet de mieux comprendre le monde du travail, de leur expliquer le lien entre ce qu’ils apprennent à l’école et la vie professionnelle en découvrant leur communauté locale, les acteurs qui la forment », déclare Stéphanie Damgé, CEO de JEL, qui a touché 8.475 jeunes durant l’année scolaire 2013-14, grâce à la participation – bénévole – de représentants d’entreprises privées. Pour parvenir à l’objectif que s’est fixé l’association pour l’année scolaire en cours, à savoir 9.300 jeunes participants, elle aura besoin de quelque 255 volontaires. « ll y a une demande importante de la part des professeurs pour sensibiliser les élèves à l’environnement macro- et microéconomique, en particulier sur l’entrepreneuriat », selon Muriel Morbé, conseillère en formation à la Luxembourg School for Commerce, organisme de formation de la Chambre de commerce. Elle a lancé fin 2012 des ateliers sensibilisant à l’entrepreneuriat, à l’esprit d’entreprise et au cadre général de l’économie luxembourgeoise à destination des

élèves du cycle supérieur de l’enseignement secondaire et secondaire technique via le programme « Relation école-entreprises ». L’organisation d’une vingtaine d’ateliers en 2013 en a découlé et le nombre devrait augmenter en 2014. Ces dernières années, les initiatives du genre se sont multipliées, également de la part des entreprises. Le moment est peut-être venu de les coor­ donner pour en optimiser les résultats. « Il faut s’assurer du suivi des jeunes entrepreneurs dans leur cheminement, au-delà d’un projet limité dans le temps », estime Jérôme Wiwinius, secrétaire de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, qui verrait d’un bon œil le retour de ce cours à la sensibilisation économique. L’enjeu est en effet de prendre par la main ceux qui veulent démarrer leur propre activité. D’autant que certains ont franchi le pas, comme l’ex mini-entreprise Sweetways, reprise par deux élèves fondateurs, Sara et Cédric, qui ont ouvert leur propre salon le 7 février dernier à Esch-sur-Alzette. Des douceurs sucrées y sont proposées. « Le potentiel et l’esprit d’entreprise existent, mais il manque parfois une confiance en soi qui est culturellement propre au pays, conclut Stéphanie Damgé. Mais lorsque les jeunes réalisent ce qu’ils sont capables de faire, cela leur donne confiance. » ◄ En résumé L’école peut-elle faire l’économie de l’économie ? Si le retour d’un cours d’introduction aux matières économiques n’est pas à l’ordre du jour, professeurs et associations veulent de plus en plus rapprocher les élèves d’une réalité qu’ils appréhendent peu. Avec comme objectif de stimuler sur le long terme l’envie d’entreprendre.


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Économie & Politique Alzette-Belval

10 Le versant lorrain en action ► Face à Esch-Belval, les collectivités et l’État français entament la construction de l’écocité Alzette-Belval. ► La « ville nouvelle et innovante » doit accueillir plus de 20.000 habitants d’ici 20 ans. ► Les premiers permis de construire arrivent et les engins de chantier sont attendus dès 2015. ― Texte : Fabrice Barbian ― Photo : Gaël Lesure

Les engins sont attendus sur le futur chantier. Cela fait 15 ans que des réflexions et des concertations sont menées pour définir le projet d’urbanisation qu’il convient de développer, en France, en face d’Esch-Belval, pôle d’attraction évident auquel la Lorraine voulait s’attacher. Aujourd’hui, le projet est défini. En février dernier, l’Établissement public d’aménagement (EPA) Alzette-Belval, la structure en charge de piloter le projet, a dévoilé son projet stratégique et opérationnel (PSO), fruit d’un travail collectif auquel a été associée la population locale. Les orientations stratégiques et opérationnelles de long terme et un programme prévisionnel d’aménagement à moyen terme sont précisés.  « D’ici 2015, les premiers immeubles commenceront à s’élever », affirme Jean-Claude Moretti, le directeur de l’EPA. Les premiers d’une longue série, puisque sur ce territoire frontalier qui recoupe huit communes des départements de Moselle et de Meurthe-et-Moselle, l’ambition est de construire 8.600 logements. Environ 300 logements des cités ouvrières et minières seront également rénovés et réhabilités. Mais ces constructions s’inscrivent dans un projet autrement plus ambitieux que de créer une cité-dortoir destinée à accueillir des travailleurs frontaliers. Les acteurs impliqués (État, région lorraine, conseils généraux et communes) ont d’emblée écarté un plan « clé en mains ». Pour résumer, l’objectif est

360 Mios C’est, en euros, la somme investie dans l’aménagement du territoire Alzette-Belval par les collectivités locales et l’État français. 60 millions sont apportés par des financements publics et les 300 autres millions sont liés à la vente des terrains à des promoteurs. L’EPA table sur un investissement global de 1,8 milliard (privé et public) sur 20 ans.

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▲ Désenclaver le secteur de Micheville, à la porte d'entrée du Luxembourg. Rebâtir sur des friches, à la sauce Belval. Le projet a pris la route.

de construire la ville de demain, dans le respect des principes de la transition énergétique et écologique, mais également de l’identité locale. Une écocité nouvelle, susceptible, d’ici 20 ans, d’accueillir 20.000 habitants de plus qu’aujourd’hui. Au-delà du logement, le plan répond donc à des enjeux culturels, sociaux, de mobilité et économiques.

UNE VITRINE TECHNOLOGIQUE Sur le plan économique, le projet entend favoriser l’émergence d’une économie résidentielle qui s’appuiera sur du commerce, des services de proximité et de santé, des structures dédiées à la culture et aux loisirs. La réalisation d’un pôle culturel figure déjà au programme. Mais ce volet économique fait surtout la place belle à l’innovation. « C’est le fil directeur du projet, corrige Hélène Bisaga, chargée de développement de l’EPA Alzette-Belval, et l’ambition est d’être innovant aujourd’hui mais aussi tout au long des 20 ans à venir. » « Le fait que le projet soit labellisé écocité par l’État est un levier puissant pour engager cette agglomération transfrontalière vers la ville durable », explique Thomas Bachmann, directeur de l’aménagement à l’EPA. « Actuellement, lorsque l’on évoque les villes du futur, la référence qui vient à l’esprit c’est Fribourg. Notre ambition est que le territoire Alzette-Belval prenne le relais.

Cela implique de pouvoir tester de nouvelles innovations dans le domaine de l’énergie, de la mobilité comme du numérique. Non pas au travers de débats scientifiques, mais de manière très concrète, dans l’action et l’expérimentation. » Cela se confirme par des projets d’im­plantation d’éoliennes et de data centers. Mais la construction et la réhabilitation d’une partie de l’habitat, comme le traitement des sols et des pollutions, la gestion de l’eau, les options choisies en matière d’énergie ou de mobilité, bénéficieront également de retour d’expériences visant, là encore, à enrichir des pistes d’innovations nouvelles. Le projet Alzette-Belval se positionne bien évidemment comme complémentaire au développement d’Esch-Belval. Le renforcement des liens avec le Luxembourg est d’ailleurs clairement affiché. La construction d’un super-calculateur, visant à répondre aux besoins exprimés par les acteurs ban­caires et de l’industrie financière au Luxembourg et pouvant satisfaire aux demandes de la recherche française et / ou luxembourgeoise figure, par exemple, au programme. En attendant que les engins de chantier entrent en action sur les friches de Micheville, d’autres sont déjà à pied d’œuvre pour construire la liaison Belval-A30 qui va désenclaver le territoire Alzette-Belval, mais aussi et surtout faciliter le flux des transfrontaliers entre la Lorraine et le Luxembourg. Et cela dès l’an prochain. ◄ En résumé Derrière la liaison Belval-Micheville, sur les friches, se profile une « ville nouvelle ». Alzette-Belval, vaste projet français doté d’une priorité nationale, s’articule sur Esch-Belval mais veut exister pour ce qu’il fera : une écocité, une pépinière d’innovation, une vitrine technologique voire une ville témoin du futur.


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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction.

Huang-Hsiang Sun, président de China Airlines.

En marge du Taiwan Luxembourg Joint Business Council qui s’est tenu fin septembre au Luxembourg, Huang-Hsiang Sun, président de la compagnie China Airlines, présent depuis 25 ans au GrandDuché, a réaffirmé l’importance du pays comme hub européen. « Si le marché venait à s’améliorer dans le futur, alors nous augmenterions notre fréquence de vols », a-t-il expliqué. Pour l’heure, la compagnie opère quatre vols hebdomadaires avec le Luxembourg. L’association syn2cat, rassemblant des férus d’informatique et de création, vient d’inaugurer, route de Thionville, son nouveau hackerspace : un lieu de rencontre qui participe au développement d’une culture ICT au Luxembourg. Petit clin d’œil : l’association a élu domicile dans les locaux occupés anciennement par une banque nordique… Une certaine Landsbanki. Le cabinet d’avocats d’affaires belgo-luxembourgeois De Wolf & Partners vient d’élire Gérald Stevens, l’un de ses associés fondateurs, à la fonction de managing

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partner, avec pour objectif de repositionner le cabinet sur le marché belge et international. Un nouveau portail consacré au domaine des écotechnologies vient d’être mis en ligne. Dénommé LetzGreen.lu, il vise à promouvoir les compétences luxembourgeoises de ce secteur et traite principalement de la construction, de la mobilité durable, de l’économie circulaire, du traitement des eaux, des réseaux intelligents et des énergies renouvelables. Le géant mondial de l’affichage JCDecaux vient de s’adjuger l’ensemble du marché publicitaire de l’aéroport de Luxembourg. Le contrat court sur une durée de 10 ans – et pour un montant tenu secret – et entrera en vigueur au 1er novembre. La société annonce que l’implantation stratégique des dispositifs publicitaires a entièrement été repensée et qu’une nouvelle infrastructure entièrement digitale allait être mise en place avec « une offre grand format variée ».

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La plateforme chinoise d’e-commerce Alibaba a fait une entrée remarquée en Bourse à New York, avec une levée de capitaux de plus de 25 milliards de dollars et une valorisation, au premier soir de clôture, à 230 milliards de dollars. Le tout en attendant l’implantation de son quartier européen au Luxembourg. Vladimir Evtushenkov, l’oligarque russe, patron du conglomérat Sistema et accessoirement consul honoraire de Luxembourg, fait l’objet de soupçons de blanchiment d’argent. Il a été placé en résidence surveillée, selon l’agence de presse russe Ria Novosti. La compagnie aérienne française de taxi-jet Wijet se pose à Luxembourg. Elle ne disposera pas de bureaux à Luxembourg et mettra à disposition un avion sur le tarmac luxembourgeois, sachant que sa flotte globale en compte cinq (plus deux en commande, voir article page 77). Alors que la société Netflix s’apprête à quitter le Luxembourg pour s’établir aux Pays-Bas, son service de vidéo en ligne est désormais disponible en Belgique et… au Luxembourg. Il sera possible, pour les abonnés intéressés, moyennant 7,99 euros par mois, d’accéder à un catalogue de programmes TV pour tout type de public. La grande migration chez PwC a commencé ! Les travaux du Crystal Park, le nouveau siège de 30.000 m2 de la firme, étant pratiquement terminés au cœur du futur Ban de Gasperich, les 2.400 employés ont commencé un processus

de déménagement qui sera organisé en trois temps et devrait s’achever pour le 20 octobre. Deux start-up luxembourgeoises, MalinShopper (premier agrégateur web destiné aux promotions locales au Luxembourg) et MaMooble (plateforme spécialisée dans les transferts d’argent), figurent parmi les lauréats du dernier programme 1,2,3 Go, dont la soirée de clôture s’est déroulée à Metz. À l’occasion du Maison Moderne Show, présentant toutes les nouveautés et les produits du premier groupe de médias indépendants (éditeur de Paperjam), la date des prochains Media Awards a été annoncée : ce sera le 3 février 2016, toujours à la Rockhal. La grand-messe récompensant les meilleures ­réalisations publicitaires devient désormais bisannuelle. Broadcasting Center Europe a reçu le CSI Award dans la catégorie « Meilleure solution de gestion et d’automatisation du workflow ». Ce prix, parmi les plus prestigieux du paysage médiatique et technologique au monde, a été remis pour les services de télévision intégrée réalisés par BCE pour RTL CBS Asia Entertainment Network, une joint-venture entre RTL Group et CBS Studios International.


Entreprises Brèves

Luxinnovation renforce ses ­clusters et annonce la nomination de Joost Ortjens et Johnny Brebels pour coordonner les clusters « automotive components » et « materials ». Ils auront notamment comme objectif de sensibiliser les entreprises à l’importance du processus d’innovation et aux aides publiques qui leur sont destinées en la matière. Zakzak.lu, le premier site de e-commerce proposant des produits luxembourgeois ou de la Grande Région, vient d’être mis en ligne. Le spécialiste de la logistique express, Michel Greco, gère les commandes et en assure la livraison (voir article page 70). Avec 39 entreprises ayant accueilli 22.700 visiteurs, l’édition 2014 des journées portes ouvertes en entreprises se positionne comme le meilleur cru depuis la création de l’événement en 2010. « Huit éditions et 195 sociétés dans des domaines d’activité variés ont attiré plus de 131.000 visiteurs au cours des dernières années », a indiqué l'organisateur de ces journées, l’agence Brain & More. Ce qui n’était qu’un secret de ­polichinelle est désormais officiel : c’est bel et bien André Roeltgen, l’actuel secrétaire général de l’OGBL, qui en prendra la présidence en décembre, à l’issue du prochain congrès national. Il succédera à Jean-Claude Reding, en place depuis 10 ans (voir page 50).

Active dans l’apprentissage ludique de la guitare, la toute jeune start-up Muzic Maestro représentera le Luxembourg à la prochaine édition de la Creative Business Cup qui aura lieu du 17 au 19 novembre à Copenhague (Danemark). À la clé, pour le « meilleur entrepreneur au monde dans les industries créatives » retenu parmi des participants de plus de 60 pays : un chèque de 250.000 euros. En pleine négociation de la convention collective, la direction de Luxair a fait valoir des surcoûts structurels à corriger, un préalable nécessaire au renouvellement de la flotte. Le président du conseil d’administration, Paul Helminger, a laissé entendre que pour l’exercice 2014, le déficit de l’activité airline de la compagnie nationale serait de quelque 10 millions d’euros. Selon une étude menée par Deloitte auprès de 900 chief information officers dans le monde, dont 40 au Luxembourg, près de la moitié des répondants luxembourgeois (47 %) considèrent l’innovation comme un facteur important pour leur organisation, mais ne reçoivent pas suffisamment de soutien financier pour concrétiser leurs idées, comme en témoigne le fait qu’environ 40 % d’entre eux dépensent moins de 10 % de leur budget en faveur de l’innovation. Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, tire un bilan mitigé de la libéralisation des services postaux, intervenue le 1er janvier 2013 : les opérateurs ayant reçu une autorisation définitive pour la fourniture de services postaux sont au nombre de 16, mais, selon le ministre, « certains acteurs du marché tentent de se soustraire aux obligations prévues par la loi ». L’une des trois usines de production de verre du groupe américain Guardian au Luxembourg, Guardian Automotive à Grevenmacher, va être reprise par le japonais

Central Glas et exploitée sous le nom de Carlex. Aucune information n’a été communiquée quant à un éventuel impact social. Les autres usines du groupe Guardian au Luxembourg (Bascharage et Dudelange) ne sont pas concernées. Un temps envisagée en juin, ­l’ouverture du Cactus Market de Bonnevoie est finalement fixée à début novembre. La transformation de l’ancienne Coopérative de Bonnevoie est pratiquement terminée, sur une surface de 1.600 m2.  Après l’échec du projet RTL2, la radio que le groupe Saint-Paul et RTL souhaitaient relancer en lieu et place de feu Radio DNR, les fréquences de cette dernière – qui a cessé d’émettre fin mars – feront bientôt l’objet d’un nouvel appel à candidatures, sous l’impulsion du ministère des Communications et Médias ainsi que de l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel.

Plusieurs étudiants de l’Université du Luxembourg ont lancé JE Lux : Junior Entreprise Luxembourg. Existant dans les académies d’autres pays, cette association veut agir comme plateforme de services à destination des entreprises dans le cadre de missions rémunérées, mais son but principal est de proposer les talents des étudiants au service des ­entreprises, notamment les ­start-up, pour les conseiller dans leur développement. Ça chauffe pour la création à Differdange ! Après 14 mois de ­travaux, le pôle de créativité 1535 °C (en référence à la température de fusion de l’acier) a ouvert ses portes. Cet investissement de 6,5 millions d’euros est appelé à devenir un « centre de créativité appliquée », accueillant quelque 40 entreprises créatives, soit entre 150 et 180 personnes.

Le pôle de créativité 1535°C a ouvert ses portes à Dudelange.

Leader international dans le diagnostic moléculaire des maladies infectieuses, la société luxembourgeoise Fast-track Diagnostics, société spin-off des Laboratoires Réunis, annonce avoir développé un ensemble de tests permettant la détection d’un grand nombre de ces maladies, parmi lesquelles l’épidémie de fièvre Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest.

Pour sa dernière salve de décisions sous sa forme ancienne, le conseil d’administration du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle a accordé des aides financières sélectives pour près de 9,5 millions d’euros. Le plus gros budget attribué (2 millions d’euros) va à The poisoners du réalisateur britannique Jon Amiel (Iris Productions).

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Entreprises Brèves Un nouveau nom et un nouveau logo qui ont fait couler beaucoup d'encre...

La start-up française Qarnot Computing, qui vient de lever 3 millions d’euros, s’est associée à SCS Consulting pour se développer au Luxembourg avec une ­solution qui permet de chauffer des logements avec des « radiateurs numériques », récupérant la chaleur produite par un ordinateur. Pour les entreprises grosses consommatrices de calculs, le procédé favorise de sérieuses économies.

Gilles Hermes, account manager chez Concept Factory, est l’heureux vainqueur du concours organisé par Luxair et Maison Moderne à l’occasion du Maison Moderne Show, le 16 septembre. En ayant répondu correctement à toutes les questions du quiz ­proposé, il gagne deux billets aller-retour pour Londres, remis par Eric Anselin, vice-­ président marketing de Luxair.

Le Luxembourg lifelong learning center a livré ses statistiques pour l’année académique 2013-2014 : 6.557 personnes ont suivi l’an ­dernier ses formations continues, dont 57 % de femmes âgées le plus souvent de 30 à 34 ans. La société spécialisée dans le démé­­nagement et la conservation de do­cu­­ments, Streff, est occupée à bâtir à Windhof un nouveau centre de stockage et d’archivage ultra-sécurisé qui sera mis en ­ser­vice au printemps prochain. Montant de l’investissement : 12 millions d’euros (voir l’article page 80). L’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) et la plateforme de recrutement en ligne ZiDCard travaillent désormais main dans la main pour aider les demandeurs d’emploi à mieux utiliser les technologies de l’information, « afin d’augmenter les chances de réinsertion des demandeurs d’emploi sur le marché du travail », indique Jérôme Pittie, le CEO de ZiDCard. Ce partenariat, mis en place depuis la fin de l’été, se traduit par des workshops où l’accent est mis sur la connaissance, l’appréhension et les outils de la recherche d’emploi en ligne et ses différents canaux (lire aussi notre coverstory, page 24). Parce qu’ils touchent la même clientèle haut de gamme, parce qu’ils partagent la même culture du service et de l’excellence et parce qu’ils sont nés en même temps en février dernier, le club privé House 17 et la conciergerie privée John Paul Luxembourg ont décidé d’allier leurs forces à travers un partenariat.

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Nouveau nom et nouveau logo pour le Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster (CCRN), qui abandonne l’appellation « Abbaye » et « Centre culturel de rencontre » pour devenir simplement… Neimënster. Un changement qui semble cristalliser les différences de vue entre l’ancienne et la nouvelle direction, désormais assurée par Ainhoa Achutegui. Son prédécesseur, Claude Frisoni, qu’elle a remplacé en début d’année, y voit un « repli identitaire

Gilles Hermes (au milieu), lauréat du quiz Maison Moderne, reçoit son prix des mains d'Éric Anselin (Luxair), en présence de Francis Gasparotto (Maison Moderne).

Gastronomie, loisirs, beauté et bien-être constituent les offres exclusives de quelques commerçants réunis au sein du site Youdeal.lu qui vient d’être mis en ligne et dont l’offre devrait ­lentement s’étoffer avec le temps. Se présentant comme une plateforme de « bonnes affaires » dans « des établissements de qualité », Youdeal sert de relais à différents commerces qui proposent différents services ou prestations à des prix « défiant toute concurrence », selon l’expression consacrée. Conçue pour améliorer l’efficacité de l’intervention rapide lors des catastrophes naturelles ou des crises d’origine humaine, la plateforme de communication emergency.lu (développée et mise en œuvre en 2010 par un consortium entre SES TechCom, Hitec et Luxembourg Air Rescue) vient de recevoir le prix « Changing Lives Award 2014 » récompensant une initiative innovante ayant exercé un fort impact sur les télécommunications.

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surprenant » pour un centre ­culturel ayant vocation à être une maison des cultures ouverte au monde. Après une première expérience menée en 2007 avec l’Okult, la Brasserie Simon se lance dans une production à plus grande échelle de la Simon Bio, une bière blonde produite à base de malts issus de l’agriculture biologique. Elle affiche un degré d’alcool léger de 4,8 % « et l’association de différents malts, tous originaires de l’agriculture biologique, lui donne un goût assez rond », explique la CEO de la b­rasserie, Betty Fontaine. L’asbl Jonk Entrepreneuren a tiré, elle aussi, son bilan de l’année académique 2013-2014. Et il est positif : au travers de la dizaine de programmes proposés aux étudiants, tant dans l’enseignement fondamental que dans

le secondaire et le supérieur, l’asbl a touché 8.745 jeunes, soit largement plus que l’objectif des 7.700 étudiants fixé au départ. « Comptant sur cette dynamique, nous espérons toucher un peu plus de jeunes en 2014-2015, soit 9.320, ce qui représente 11 % de la cible que nous voulons toucher », précise la directrice de l’association, Stéphanie Damgé. Le consortium Eurora-1 mené par la société luxembourgeoise ARHS a été sélectionné par la direction générale informatique de la ­Com­mission européenne pour fournir des services en ingénierie informatique à l’ensemble de la Commis­sion. Montant estimé du contrat, 450 millions d’euros, qui seront répartis entre les ­différentes entités du consortium : ARHS Deve­ lopments, Cegeka Group, KPMG Advisory, Ordina Belgium et Sword Group. Sur une période de quatre ans, ce sont ­environ 1.000 consultants informatiques qui seront ­destinés à travailler dans les ­différentes DG et agences de la Commission européenne. L’opérateur de téléphonie Join poursuit sa route. Il a signé un ­partenariat avec Microsoft et en devient le premier partenaire européen pour distribuer son offre cloud. Un nouvel espace commercial a été ouvert à l’occasion au Centre Belle Étoile : reconnu «  Inte­grated Microsoft store », c’est le premier du genre en Europe. Dans le même temps, Join a aussi présenté son offre internet fixe à ultra-haut débit, sans devoir souscrire d’abonnement à la ­téléphonie fixe de Post Telecom. Précision : l’infographie présentant « le marché dynamique » de l’ICT publiée en page 28 de notre dernière édition aurait également dû mentionner l’opérateur Cegecom (avec quelque 70 employés), à cheval entre les catégories « Communications » et « Services ICT / Infrastructures ».


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Entreprises K Kiosk

01 Valora… joutée dans les points de vente

► Les K Kiosk, dans le giron de Valora Luxembourg, articulent leur approvionnement hors presse sur une palette d’entreprises du tissu luxembourgeois. ► Livres ciblés pour la proximité, tabacs, confiseries, papeterie et compagnie sont fournis par des PME emblématiques du pays. ► MPK, sortie de l’entité et sous drapeau allemand, approvisionne en presse kiosques, stations-services et autres comptoirs du pays. ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Mike Zenari

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Tout le monde a déjà, en ville, à la gare ou au Findel, pénétré dans un kiosque pour effectuer un de ces « petits achats » qui, en se concentrant sur un lieu de passage et de proximité, finissent par faire de potentiels gros chiffres d’affaires pour les vendeurs. Un journal, un paquet de cigarettes, un bouquin pour le voyage, un en-cas sur le pouce, un snack pour la route… L’achat a un côté utilitaire, un peu impulsif aussi. Mais, si tout le monde connaît les librairies-tabac du coin, qui a une idée des coulisses ? Or, il se trouve que, autour des K Kiosk made in Luxembourg, beaucoup de choses ont bougé ces derniers mois et bougent encore. Une certaine confusion a pu s’emparer du public, depuis mai dernier, lorsque le groupe suisse Valora AG a cédé sa filiale Valora Services à Thomas Kirschner, actionnaire principal de PVG, le leader allemand des grossistes de presse. Cela n’a pas tout changé pour l’ensemble des points de vente K Kiosk, toujours dans le giron de Valora Luxembourg demeurée

▲ Derrière les produits vendus en kiosques, il y a une palette d’importants fournisseurs luxembourgeois. C’est une volonté assumée de proximité et d’efficacité.

dans le groupe suisse. Mieux, loin de passer sous gestion allemande comme certains ont pu le penser, l’approvisionnement des kiosques s’est réorganisé, principalement autour de quelques PME bien connues du tissu entrepreneurial national. Ce qui apporte une vraie valeur ajoutée aux activités des K Kiosk (dont les gestionnaires sont indépendants) et de Valora Luxembourg… Il n’est pas inutile de remonter un peu dans le temps, pour comprendre mieux le cheminement. Sans remonter aux plus lointaines


Entreprises K Kiosk

PARTENAIRES DE PROXIMITÉ De son côté, Valora Retail Luxembourg, toujours sous aile suisse, gère environ 70 points de vente répartis dans tout le pays, sous l’enseigne K Kiosk. Et on n’y trouve pas que des journaux, loin s’en faut : livres, tabacs, confiseries, produits de la Loterie, cartes téléphoniques, etc. Cela n’a rien d’anodin dans la mesure où ce sont bien des entreprises luxembourgeoises qui assurent la fourniture de la plupart de ces produits. Les plus évidentes sont, dans l’ordre d’entrée en scène, Fixmer, du groupe Landewyck (pour les tabacs et articles fumeurs, confiseries, snacks, boissons, etc.), Muller & Wegener (pour toute la papeterie au sens le plus large) ou encore Ernster, qui assure en quelque sorte l’esprit livre… Le choix des partenaires n’est pas neutre. « Il était important pour nous d’avoir des partenaires connaissant bien le terrain luxembourgeois, les besoins de nos clients, multilingues », confirme Myriam Filali, directrice générale de Valora Retail Luxembourg. « Il a parfois fallu convaincre. Certains suggéraient que l’on ait recours à de grandes plateformes, notamment allemandes. Ici, à Luxembourg, nous avons souhaité proposer des contrats à des entreprises, pour leurs compétences spécifiques et leur proximité. Cela a été le cas pour Ernster, que l’on n’a pas vu comme un concurrent puisqu’on vendait déjà des livres, mais comme un partenaire complémentaire. » Pour cette dernière entreprise, le défi est important et intéressant. Sans en faire étalage, Ernster, qui se voulait davantage grossiste, avait repris le fonds des anciennes Messageries du Livre justement. Dans la foulée, la quête de nouvelles opportunités a fait se rencontrer les intérêts de Valora et de son réseau de kiosques, d’une part, et le libraire spécialisé de l’autre. « Nous sommes

convaincus que le potentiel des livres peut être développé dans ces kiosques », témoigne Fernand Ernster, le patron du groupe éponyme. L’extension du réseau de points de vente était d’autant plus intéressante que, à la dimension des librairies traditionnelles – spécialisées dans les produits littéraires ou l’édition « classique », multiculturelles, et avec le conseil afférent de gens de métier –, pouvait s’ajouter le challenge de proposer, à une clientèle différente, peut-être plus volatile ou plus pressée, la sélection de livres (les tops de poche, les best-seller du moment…) susceptible de l’intéresser. Le réseau K Kiosk présente, à cet égard, une intéressante diversité, avec notamment 30 points de vente dans des centres commerciaux (Cactus, Match, Auchan, Cora), une demi-douzaine répartis dans des bâtiments des institutions européennes et une présence dans les grands endroits de passage (parkings, gares de bus, hôpitaux, zones piétonnes…) avec un focus – extrêmement porteur en termes de volumes et de ciblage de clientèle – sur les gares (six points de vente) et deux magasins dans l’aéroport de Luxembourg. Si l’on y ajoute des habitudes de consommation et des demandes différentes, pour certains produits – dont le livre en particulier – d’un point de la carte du pays à l’autre, on mesure l’importance de bien connaître le terrain. Ce qui donne un argument de poids supplémentaire à une approche luxembourgeoise du réseau et de son approvisonnement, dans les contacts et dans le suivi au cœur des points de vente. En plus, des synergies ont pu se mettre en place entre fournisseurs. Par exemple, depuis quelques mois, Ernster a déplacé et réorganisé la gestion centralisée de ses stocks à Strassen et s’appuie sur un partenariat logistique avec un des gros fournisseurs luxembourgeois des kiosques de Valora. Tout le monde y trouve son compte. Au final, il y a, derrière les enseignes au K emblématique, une collaboration commerciale, intelligente et efficace, entre maillons de la chaîne luxembourgeoise de valeur. Et ce n’est sans doute pas fini. Valora Retail, qui fonctionne en PME familiale (23 personnes après intégration d’une partie du pool informatique et logistique de l’ancienne structure) au sein d’un groupe étranger, s’écarte géographiquement de MPK Luxembourg. Valora Retail va vers le cœur de la ville, pour s’installer dans le quartier gare, en ce mois de novembre. Et la société entend se développer. Des projets existent, pour étendre, en 2015, le réseau de distribution, dans le commerce de proximité. Et là encore, dit-on, les partenaires seront bien ancrés dans le tissu luxembourgeois. ◄

MPK et 7Days

Triangle germano-helvéticoluxembourgeois MPK Luxembourg est lié au groupe PVG. Et marche avec l’ex-Valora en Suisse.

PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)

origines de l’histoire, liée à celle des Messageries Paul Kraus, on peut rappeler quelques jalons importants. Comme 1971, année de l’ouverture du premier MPK Shop à Eich, suivi trois ans plus tard par un deuxième, à la Belle Étoile. Ou 1976, année de l’installation des Messageries dans le bâtiment sur la zone de Gasperich, où l’on trouve aujourd’hui l’enseigne discount d’origine belge, Colruyt. Ou encore 2000, année charnière qui voyait la quatrième génération de la famille céder les Messageries Paul Kraus au groupe suisse Valora. Et donc 2014, année de la scission des entités Valora. Tout cela s’est donc morcelé. MPK Luxembourg existe encore (lire aussi l’encadré ci-contre). Plus exactement elle a été remise en route au début de l’année (dans le cadre de la séparation des entités luxembourgeoises de Valora) mais elle ne s’occupe plus que de la fourniture de presse en gros, aux points de vente locaux (les K Kiosk représentent environ 60 % du chiffre d’affaires, le reste étant dans les stations-services, les supermarchés…), et pour le compte de la société allemande PVG donc.

MPK Luxembourg existe toujours. Relancée, la « marque » est liée aux Allemands de PVG. Sur le site web de MPK, on trouve un historique qui, fatalement, croise celui de Valora en remontant aux origines des messageries de la famille Kraus. En revanche, Valora Services, passée aux mains de PVG en mai dernier – avec reprise des actifs et d’une partie des effectifs avec effet rétroactif au 1er janvier 2014 –, s’appelle, depuis l’annonce officielle faite le 26 août par le groupe de Thomas Kirschner, 7Days Media Services. Dans ce même communiqué, Thomas Kirschner précisait que la nouvelle entité 7Days et MPK Luxembourg assurent, ensemble, la fourniture de plus de 5.000 points de vente de presse. L’ambition est, à long terme, de doubler ce volume de détaillants servis. « Nous voulons nous imposer comme un grossiste compétent, fiable et orienté vers les solutions », explique, pour PVG, Thomas Kirschner, insistant sur la logique incluant un leader sur un marché national au sein d’une entité à vocation transnationale. PVG souligne également les synergies qui se mettent en place et se dit convaincu que, « dans le même temps, le portefeuille devrait être étendu en Suisse et au Luxembourg ». « Dans les deux marchés, nous voyons un fort potentiel de croissance », concluait Thomas Kirschner. A. D. ◄

En résumé Les anciennes MPK ont bien changé et l’empire est morcelé. D’un côté, l’ex-Valora Services est passé sous bannière allemande et alimente les comptoirs du pays en presse, via un MPK Luxembourg ressuscité. De l’autre, Valora Retail Luxembourg, toujours aux commandes des 70 K Kiosk, a tissé un réseau de fournisseurs luxembourgeois, comme Ernster, en misant sur les compétences et la proximité.

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Entreprises Diversification

02 Michel Greco à toute vitesse ► Spécialisée dans les services de courrier, l’entreprise luxembourgeoise lance Zakzak, la première plateforme de e-commerce 100 % luxembourgeoise. ► L’objectif est de privilégier les fournisseurs et les commerces locaux, c’est-à-dire de la Grande Région. ► Une façon de diversifier vers le grand public les activités d’une société jusqu’alors résolument orientée B2B. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photos : Mike Zenari

Des milliers d’articles en trois clics : la publicité du nouveau site de commerce électronique zakzak.lu est à l’image de son créateur Michel Greco : directe et haute en couleur. De quoi taper dans l’œil au premier abord, même si l’esthétique pure est loin d’être la caractéristique première de ce qui n’en constitue pas moins la première plateforme de commerce électronique made in Luxembourg. Là n’est sans doute pas l’idée recherchée. Zakzak propose ni plus ni moins des produits dans une vingtaine de catégories (de l’alimentation aux voyages en passant par les produits beauté et bien-être, les bijoux, le bricolage, l’électroménager, les livres ou encore la téléphonie), avec une possibilité de livraison (gratuite à partir de 10 euros de commande) au Luxembourg dès le jour même pour certaines commandes passées en matinée (fleurs, alimentation) ou dans un délai de 24 à 48 heures pour des commandes plus tardives. Mais l’offre ne se limite pas au seul Grand-Duché, puisque par le biais de partenariats avec des transporteurs étrangers, les livraisons sont également possibles partout en France, en Allemagne et en Belgique ! En attendant un élargissement progressif à d’autres pays. « Je ne suis pas un Amazon, tempère immédiatement Michel Greco, l’initiateur de Zakzak (que l’on peut traduire par « vite, vite »), qui sait rester les pieds sur terre. Le but premier est de

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▲ Avec 145 véhicules, la force de frappe roulante de Michel Greco lui assure une grande flexibilité dans le traitement de chaque commande.

créer une véritable plateforme locale et transfrontalière, car quand je pense ‘local’, je pense ‘Grande Région’. » Sur le site, les produits vendus sont des produits grand public, souvent fournis au niveau des centrales d’achat (qui représentent un tiers des fournisseurs), mais aussi des produits « locaux », issus de petits commerces devenus partenaires. « Proposer des produits que l’on ne pourra pas trouver ailleurs, c’est ce qui fait une des forces du site », estime M. Greco, qui ne veut pas non plus tomber dans la mouvance discounter. « Nous ne voulons pas le faire et nous ne voulons pas être pris pour ça. Ce n’est pas le but. Bien sûr, nous ferons des opérations flash en certaines occasions précises, mais il ne sera jamais question de ‘pros­ titution’ commerciale. » L’autre force réside évidemment aussi dans le concept même du processus d’achat, qui ne prévoit aucun besoin de stockage particulier, ce qui constitue généralement des coûts colossaux pour les acteurs de commerce électronique :


Entreprises Diversification

à la clôture de chaque période de chaque commande, les centrales d’achat et les commerces partenaires reçoivent un récapitulatif. Le réseau de véhicules de Greco (145 véhicules et plus de 200 chauffeurs) fait le reste… Dans un tout premier temps, Zakzak va privilégier une cinquantaine de produits, « ciblés sur ce que les gens achètent le plus », précise M. Greco. Pour cela, des analyses en amont ont été réalisées, principalement autour des comportements des consommateurs français, afin de définir les grandes catégories de produits à mettre en vitrine.

UNE SURPRISE BIEN GARDÉE Progressivement, d’autres catégories et d’autres produits ou services à la personne seront amenés à être ajoutés, afin, aussi, de faire vivre le site. Des opérations plus caritatives sont également envisagées, avec, par exemple, des sommes reversées à des

associations ou des ONG.« Ça fait trois ans que j’y pense », explique, en toute simplicité, M. Greco. Il y avait clairement un besoin pour un tel type de services. Et parallèlement, il ne faut pas se voiler la face, il y avait aussi une volonté de créer de nouvelles opportunités de développement pour l’entreprise. » L’annonce, au cœur de l’été, d’une alliance entre le géant Google et le libraire Barnes & Noble pour la livraison de livres et de magazines le jour même d’une commande, n’a fait, d’ailleurs, que conforter l’entrepreneur dans la pertinence de son idée qui, à ce moment-là, était pratiquement devenue réalité. Car dans le domaine du courrier dans lequel Greco a fait son chemin depuis 1988, les temps ne sont pas forcément toujours simples, les communications électroniques prenant le pas sur bon nombre de moyens « traditionnels » sous enveloppe. Il y a 10 ans, les courses liées au courrier représentaient 85 % du chiffre d’affaires de la société. La proportion est tombée

sous les 40 % aujourd’hui. Ce qui a nécessité, depuis quelques années déjà, une nouvelle approche de services diversifiés de type B2B pour rééquilibrer les comptes, sans pour autant perdre de vue le cœur du métier. « J’ai toujours eu des visions à long terme pour l’entreprise, explique M. Greco. Il y a quelques années, nous avions déjà établi qu’il fallait développer l’activité ‘colis’. Cela pouvait se faire soit en allant les chercher ailleurs, soit en les créant nous-mêmes. » Avec le soutien de son actionnaire majoritaire, le groupe Post Luxembourg (qui détient 60 % du capital depuis fin 2000), le projet a donc été mûri au cours de la dernière année, dans une direction B2C plutôt nouvelle. Pas moins de sept personnes se sont penchées sur un dossier qui a beaucoup évolué entre sa version originale sur papier et sa concrétisation, à la mi-septembre, sur internet. Le tout avec un budget de l’ordre de 400.000 euros. « À notre échelle, c’est un projet énorme, reconnaît M. Greco. ►

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Entreprises Diversification

► De sa réception jusqu'à son conditionnement, toute commande suit un parcours largement automatisé, qui a nécessité une adaptation de l'infrastructure IT de la société. ► Le concept s’est vraiment métamorphosé au fil

du temps et il a aussi fallu gérer cela. La mise en relation entre le site internet, développé avec la société Dotcom, et l’infrastructure IT a constitué un autre défi, tout comme la recherche de sponsors initiaux. » Une recherche qui s’est faite dans la plus grande confidentialité, et sans même que les sociétés approchées sachent exactement de quoi il s’agissait, le projet étant caché sous le nom de code Obreptio (qui veut dire « surprise » en latin). « De grosses sociétés nous ont fait confiance sans connaître ni même voir le concept », se réjouit Michel Greco qui a pu mesurer, en la circonstance, le capital assurance que peut représenter son nom sur le marché local. Idem pour ce qui est des fournisseurs contactés, avec un taux d’acceptation de… 99,5 % ! « La clientèle des petits commerces est en train de migrer ailleurs, avec la concurrence des supermarchés et de l’internet. Nous leur offrons une autre façon de vendre directement leurs produits, en allant directement les chercher chez eux, et sans leur

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faire la moindre concurrence, pour que tout le monde puisse vivre correctement. » Michel Greco n’en est pas à son coup d’essai en matière de commerce électronique. Si l’entrepreneur est surtout connu pour avoir développé, à partir de rien, un service performant de coursier indépendant, au point d’être partiellement racheté, fin 2000, par ce qui s’appelait encore l’Entreprise des P&T, il avait aussi misé, avec succès, sur le service pepsoo.com, au milieu des années 2000, qui a vendu des millions de CD et DVD vierges notamment en France. Il était même devenu, un temps, le deuxième plus gros client de La Poste française dans le département voisin de la Moselle.

UN PANIER MOYEN BIEN GARNI Le démarrage de Zakzak a largement comblé son initiateur. « Nous avons eu, lors des deux premiers jours, autant de commandes que ce que nous avions programmé pour le premier mois d’activités. » Pour la première semaine,

155.000 pages du site ont été vues par quelque 15.000 visiteurs, dont 70 % viennent du Luxembourg. 550 personnes se sont inscrites à la newsletter d’informations et une centaine de commandes a été passée, pour un panier moyen de 58 euros TTC (« Alors qu’en France, le panier moyen est autour de 35 euros », indique M. Greco). Ce sont principalement les articles d’électroménager qui ont eu les faveurs des e-acheteurs. L’heure est aux premiers ajustements, au traitement des requêtes, commentaires et criti­ ques des internautes et aux prochains développements planifiés : un agrandissement de la vitrine, un élargissement à d’autres langues (l’anglais, le portugais puis le luxembourgeois) et une application mobile prévue d’être lancée avant la fin de l’année. ◄ En résumé Le Grand-Duché tient sa première véritable plateforme de e-commerce 100 % luxembourgeoise. Derrière son nom étrange, Zakzak, se trouve le transporteur et coursier Michel Greco, qui trouve là une voie de diversification de ses activités hors de son champ B2B traditionnel.


VS


Entreprises Smart cities

03 Le visage humain d’une ville 2.0 ► Les communautés urbaines de demain se construisent dès aujourd’hui, en misant sur les partenariats publics-privés. ► Si la technologie est primordiale, la place du citoyen ne doit pas être négligée. ► La conférence Living City veut rassembler les projets et des bonnes pratiques au Luxembourg. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Sven Becker

Quel visage pour la ville de demain ? Si la question paraît utopique, elle se pose dès aujourd’hui tant les avancées technologiques influent sur notre mode de vie. Cette réflexion est justement au cœur de la conférence lancée en 2013 et baptisée Living City, coordonnée par Neobuild – le pôle d’innovation technologique de la construction durable – et le groupe CDEC (Conseil pour le développement économique de la construction). En réunissant décideurs et experts venus de divers horizons, les organisateurs qui proposent une deuxième édition le 26 novembre au Tramsschapp veulent catalyser les énergies et bonnes pratiques pour faire émerger de façon intégrée le concept de smart city – une ville connectée ou intelligente – au sein de la capitale puis du pays en général. « La première édition avait permis de poser le cadre, d’aborder la thématique tant sous l’angle sociologique que technologique, déclare Bruno Renders (photo), administrateur délégué de Neobuild, chapeautant également le CDEC. Car nous ne voulons pas tomber dans un schéma réducteur qui ne tiendrait pas compte de l’usager. » La Commission européenne s’intéresse de près aux smart cities qui font partie de sa stratégie 2020. Elle a lancé différents appels à projets pour rassembler les villes, industriels, représentants de la société civile afin de

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dessiner la ville de demain. La Banque européenne d’investissement participe aussi à la démarche via un fonds ad hoc. « Le concept de smart city va audelà de l’usage de l’ICT (…), ajoute la Commission européenne sur son site internet. Il signifie de meilleurs réseaux de transports urbains, des services de distribution d’eau et de gestion de déchets améliorés et des moyens plus efficients pour éclairer et chauffer les bâtiments. » Le secteur de la construction – quelque 3.000 entreprises au Luxembourg – fait naturellement partie des premiers concernés par ce changement de paradigme se caractérisant notamment par un renversement des rôles dans le marché de l’énergie où les particuliers peuvent désormais devenir des revendeurs via l’énergie solaire. Il est aussi beaucoup question de partage de services dans les futurs quartiers qui présenteront davantage d’aspects communautaires. « Les participants se sont rendu compte que le mouvement était en marche, relayé par des exigences planétaires ainsi que des réglementations », ajoute Bruno Renders. Les pouvoirs publics sont aussi face à leur responsa­ bilité dans cette mouvance qui brasse à grande échelle des données personnelles qu’il conviendra de protéger. La Commission de Bruxelles indique d’ailleurs que le concept nécessite « une administration communale plus

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Au programme

Visions locales, inspirations internationales La deuxième édition de Living City, organisée le mercredi 26 novembre au Tramsschapp, se décompose en deux parties. La matinée sera focalisée sur les initiatives luxembourgeoises. Des représentants d’organismes publics et des élus viendront éclairer les participants, sur un mode interactif, quant aux réalisations en cours et aux grands projets à venir. L’après-midi mettra en lumière différentes bonnes pratiques à l’étranger (Nuremberg, Issy-les-Moulineaux, Singapour, Vancouver...) afin de capter différentes sources d’inspiration. Plus d’informations via livingcity.lu.

interactive et réactive, des espaces publics plus sécurisés et une rencontre des besoins d’une population vieillissante ». Certaines grandes villes comme Dubaï ou Vancouver se sont engouffrées dans cette brèche, sans pour autant être smart sur toute la ligne. La capitale grandducale, disposant de plusieurs outils intéressants, dont une couverture wifi sur son territoire, aurait tout intérêt à mobiliser les forces en présence pour jouer le rôle de référence à l’échelle européenne. « Les expertises sont nombreuses, il serait utile de les fédérer, par exemple autour de projets pilotes pour faire du pays une sorte de hub sur le sujet, tout en diffusant de l’information vers les professionnels », estime Bruno Renders. La démarche pour repenser

un mode de vie plutôt indivi­ dualiste nécessitera d’adopter une optique de bénéfices à long terme et non d’impacts budgétaires immédiats. Une sorte de think tank permanent adossé à Luxinnovation et à Neobuild ferait du sens, de même qu’un événement d’envergure servant de référence en Grande Région. Living City entend se positionner comme tel. Le pays pourrait y gagner plus globalement dans le contexte d’une nation bran­ding en construction, idéalement durable. ◄ En résumé Pour que les villes connectées ne soient pas dénuées d’humanité, Neobuild et le groupe CDEC ont décidé d’organiser une seconde édition de la conférence Living City consacrée au concept de smart cities. Un créneau porteur pour l'économie nationale qui veut se donner une « autre image » à l’étranger.



Entreprises Développement immobilier

04 Trop cher pour investir ► Le groupe AG Real Estate s’intéresse au marché luxembourgeois, mais avec prudence. ► Prendre des risques et construire en blanc ? Le prix des terrains décourage les développeurs. ► Après avoir travaillé avec Becca à Howald et au Ban de Gasperich, AG n’a pas d’autre projet avec ce groupe. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Jessica Theis

AG Real Estate a livré le 18 septembre dernier le nouveau siège de PwC, le Crystal Park, premier immeuble du Ban de Gasperich. Pour autant, la présence de la filiale immobilière du premier groupe d’assurances de Belgique AG Insurance (75 % du capital contrôlé par Ageas et 25 % par BNP Paribas ; 65 milliards d’actifs dont 10 % sont investis dans l’immobilier) à Luxembourg reste assez discrète au regard de la taille d’un portefeuille d’investissements immobiliers de 3,8 milliards d’euros, principalement en Belgique et en France. Les prix surfaits des terrains au Luxembourg, la structure atypique du foncier dominé par des propriétaires et promoteurs essentiellement locaux qui ne sont pas forcément pressés de vendre et le profil de risque du groupe AG rendent l’investisseur plutôt prudent dans ses choix de développement. Il vise des projets soit en plein centre-ville soit dans des nouveaux quartiers en périphérie, « mais toujours aux meilleurs endroits stratégiques », souligne Alain De Coster, son chief development officer. Les opportunités d’investissement et de développement à Luxembourg « sont à l’étude », précise-t-il, sans toutefois dévoiler ses cartes. « Nous nous intéressons à tout. Le Luxembourg est un pays très très proche », indique pour sa part Olivier Vandenhove, le responsable de projet au Luxembourg. Ainsi, le dossier Brevast – le promoteur en difficultés avait racheté les anciens magasins Monopol pour y réaliser du développement résidentiel et administratif – a suscité la curiosité d’AG Real Estate : « Nous regardons le dossier, mais ça ne veut pas dire que nous irons plus loin. Ça fait assez longtemps que l’affaire est en vitrine », poursuit-il. Tout est question de prix pour un groupe dont le métier est de placer l’argent de ses assurés dans le secteur immobilier. « Nous ne sommes pas des spéculateurs », lance encore le responsable. Avant Crystal Park, loué pour un bail de 12 ans à PwC, AG avait développé le complexe de bureaux H2O (25.000 m2) à Howald, en partenariat avec le groupe de Flavio Becca

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▲ Le Crystal Park livré, il reste à développer sur le Ban de Gasperich. Le groupe Becca a décidé de poursuivre sans AG Real Estate, qui regarde ailleurs.

et l’a revendu par la suite à un fonds d’investissement franco-britannique. Fin 2013, AG a poursuivi ses emplettes au Luxembourg en achetant l’immeuble de prestige 10 Charlotte, situé au centre-ville, à l’angle du boulevard Grande-Duchesse Charlotte et de l’avenue Monterey. Les 5.000 m2 de bureaux ont été loués pour un bail de neuf ans au cabinet d’avocats Clifford Chance. L’immeuble Centre Descartes route d’Arlon, qui accueille jusqu’à nouvel ordre le siège de la Commission de surveillance du secteur financier, lui appartient aussi. Sur le Ban de Gasperich (qui s’étend sur 80 hectares, dont 30 de développement privé et 30 d’espaces verts), l’implication d’AG Real Estate va sans doute se limiter à l’immeuble de PwC, dont le groupe a financé toute la construction (130 millions d’euros). « Les discussions avec le groupe Becca n’ont pas pu aboutir. Il a préféré continuer seul le développement du Ban de Gasperich », explique Alain De Coster. AG regarde donc ailleurs pour des projets potentiels à développer sur le marché luxembourgeois. Le grand projet de RTL au Kirchberg n’a pas été retenu, toujours

en raison du niveau trop élevé des prix. « Les projets que nous regardons sont souvent trop chers par rapport à la vision que nous nous faisons du marché luxembourgeois à un horizon de quatre à cinq ans, soutient encore Alain De Coster. Mais il y a des gens qui achètent, sans doute parce qu’ils pensent que les prix vont encore grimper. » Les prix des terrains se répercutent ensuite directement sur le niveau des loyers, « deux fois plus chers que le marché bruxellois », constate le chief developpement officer. Les loyers de la périphérie du Grand-Duché atteignent ceux du centre-ville de Bruxelles. « Nous sommes très attentifs à la stabilité du marché. » Et le consensus des acteurs du marché luxembourgeois permet de maintenir un vide locatif bas en comparaison avec d’autres capitales européennes. Le fonctionnement du marché est néanmoins loin d’être optimal. Il est regrettable, aux yeux des dirigeants d’AG, que les immeu­bles neufs construits sans pré-location soient des denrées rares : « Si le terrain était moins cher, nous pourrions davantage construire en blanc, surtout des surfaces pour les petits occupants », conclut Alain De Coster. ◄ En résumé Important groupe belge, AG Real Estate s’intéresse encore au marché luxembourgeois, mais avec mesure et recul. Après avoir travaillé avec le groupe de Flavio Becca à Howald et au Ban de Gasperich, où il vient de livrer le Crystal Park pour PwC, AG regarde dans d’autres endroits. Mais les prix du marché sont jugés prohibitifs, n’incitant pas au risque ni à la construction sans pré-locataires.


Entreprises Aviation d’affaires

Un business à ciel (c)ouvert

► La compagnie de taxi-jet française Wijet s’est posée sur le tarmac luxembourgeois. ► Quelles sont les particularités de l’aviation d’affaires au Grand-Duché, où Luxaviation, Luxair, comme le Findel et son environnement, jouent leur rôle ? ► Ce créneau a ses enjeux et stratégies, sur un marché relativement opaque.

PHOTO : LUXAVIATION / EMBRAER

― Texte : Thierry Iochem et Alain Ducat

C’est assez communément admis dans le petit monde des compagnies aériennes : ce sont les avions d’affaires haut de gamme et de grande dimension qui résistent le mieux à la crise. Il peut y avoir du monde sur le coup et l’écosystème luxembourgeois n’échappe évidemment pas aux chasseurs de business. La compagnie de taxi-jet française Wijet (liée à Air France) s’est récemment posée sur le tarmac du Findel. Mais l’arrivée de Wijet à Luxembourg, dont la taille de la flot­te est limitée et positionnée sur les courtes destinations d’affaires, n’inquiète pas vraiment les acteurs historiques qui disposent de flottes beaucoup plus importantes et opèrent sur des segments diffé­rents (moyens et longs courriers). C’est notamment le cas du groupe Luxaviation, clairement orienté dans le jet privé. Suite aux rachats successifs du Belge Abelag, du Français Unijet et du Britannique London Executive Aviation (LEA), il dispose d’une flotte combinée de 90 avions, « particulièrement axée sur le marché en pleine expansion des avions d’affaires de grande dimension », rappelle son co-CEO Patrick Hansen. Luxaviation compte maintenant 470 employés répartis au sein de cinq opérateurs : Luxaviation (Luxembourg), Luxaviation

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▲ On peut combiner luxe et aviation. C’est un créneau porteur, un secteur spécialisé, dans le confort du businessman, qui doit être quelque part entre comme chez lui et comme au bureau.

Germany (Allemagne), Abelag (Belgique), Unijet et LEA. Mais le low cost fait aussi sa percée dans le monde de l’aviation d’affaires. Si le thème des compagnies à bas coûts a été au cœur de la grève des pilotes, qui a frappé en septembre Air France avec le projet de création de Transavia Europe, le business des jets ne semble pas épargné par cette tendance de fond. « L’utilisation de jets privés est synonyme d’élitisme et de coûts exorbitants. Même en temps de crise, ce service demeure incontournable pour les exigences d’une clientèle qui désire voyager rapidement. L’arrivée d’une

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Entreprises Aviation d’affaires nouvelle génération de jets plus légers et moins coûteux a inspiré notre concept », indiquait Corentin Denoeud, le patron de Wijet lors de la présentation au Findel de sa nouvelle offre, qui a décidé de jouer la carte de la transparence en termes de prix sur un marché qu’il juge « trop opaque ». Sur Wijet, il en coûtera 2.400 euros l’heure de vol TTC pour quatre personnes (soit 600 euros par passager), ce qui représente des tarifs 30 à 40 % moins chers que la concurrence sur ce créneau bien spécifique de l’aviation d’affaires courte distance. Un tarif bas comprenant néanmoins la mise à dispo­sition d’avions neufs de dernière génération avec équipage et taxes d’aéroports incluses. Évidemment, qui pense low cost dit souvent moyens limités : à ce prix-là, la compagnie ne disposera pas de bureau à Luxembourg et ne mettra qu’un seul avion à disposition sur le tarmac luxembourgeois, sachant que sa flotte globale en compte cinq (plus deux en commande). Ce qui n’empêche pas de concourir dans la cour des grands : l’avion de marque Citation Mustang est un biréacteur de dernière génération dont la maintenance est assurée par Cessna. Il peut accueillir quatre personnes et deux pilotes. Son rayon d’action est de 2.000 km, le temps de vol maximum de trois heures et la vitesse de croisière de 640 km/h.

DU SUR-MESURE Wijet soigne l’offre : cabine intime composée uniquement de quatre larges fauteuils club en cuir, rangements personnels et tablettes rabattables permettent d’organiser son voyage à sa convenance, soutes à bagages au volume appréciable, choix de boissons alcoolisées ou non à bord, sélection de pâtisseries d’une grande maison parisienne ou lunch box offerte pendant le voyage. Presse quotidienne, magazines, tablette tactile et téléphonie gratuite par satellite sont également à disposition. Le créneau n’effraie pas Luxaviation, qui combine astucieusement luxe et aviation. Ses vols sont assurés à partir du Findel, en feu continu, vers tous les aéroports européens, du Moyen-Orient, des États-Unis… Le tout, précise Luxaviation, « selon l’horaire choisi par le client et endéans quelques heures suivant un appel ». L’objectif est aussi de faire du sur-mesure, de permettre aux business­ (wo)men d’optimiser leur emploi du temps, en évitant notamment les attentes lors du check-in et des contrôles de sécurité. Et la flotte luxembourgeoise soigne aussi le confort, qui confine au luxe et à l’exclusivité d’une business class soignée. Quant à Luxair, qui entretient des lignes de proximité très ciblées sur le business depuis et vers Luxembourg, avec des avions où le service fait partie des musts, il soigne sa base. « Laissez vous émerveiller par l’émergent plateau de Kirchberg avec ses structures modernes en verre et acier des institutions européennes

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et du centre financier international », donne en accroche la compagnie pour vanter la destination Luxembourg. Dans tous les cas, plus performants, plus beaux ou plus confortables, les jets rivalisent pour séduire l’homme d’affaires soucieux de voyager non-stop, entre « comme à la maison » et « comme au bureau ».  Les compagnies déploient d’autant plus d’efforts car, si la place financière de Luxembourg attire certes de nombreux hommes (et femmes) d’affaires, elle n’enregistre cependant pas les mêmes flux que des places comme Wall Street, la City de Londres ou Singapour. Si bien que le segment étroit de l’aviation d’affaires demeure un pari risqué si l’on considère que, dans le passé, plusieurs compagnies déjà ont fait faillite.

UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE Les infrastructures jouent également un rôle important. L’aéroport international du Luxembourg propose toute une palette de services dédiés à cette clientèle : aérogare moderne aux dimensions humaines permettant un temps de parcours dans l’enceinte très court, salles de réunion directement dans l’enceinte de l’aérogare, business lounge… Il va de soi que le tout nouveau Freeport, cette zone de stockage de biens de grande valeur exemptée de TVA et de frais douaniers qui compte notamment parmi ses clients des fonds d’investissement ou des collectionneurs avisés, constitue un atout de plus. Le terrain loué à l’État est idéalement placé, directement connecté à l’aéroport cargo, l’un des plus importants d’Europe. « Il faut à peine deux minutes entre la sortie de l’avion et l’accès du bâtiment », détaille un opérateur. « C’est une opportunité pour la place financière qui peut offrir des services de gestion de fortune comprenant également des services physiques et pas uniquement du cash », explique David Arendt, administrateur délégué de Freeport Luxembourg. Ce qui induit aussi une clientèle business encline aux voyages, à la discrétion et aux services ciblés. À moins d’avoir peur de l’avion ? Luxair, depuis plusieurs années, y a pensé. Pour les hommes et femmes d’affaires tétanisés à l’idée de voler, la compagnie a prévu d’organiser une nouvelle fois l’an prochain, le temps d’un week-end, des séminaires de lutte contre l’aviophobie en allemand, français et luxembourgeois, le tout encadré par un psychologue ainsi qu’un pilote pour les aspects techniques. Plus aucune excuse pour ne pas prendre l’avion au départ ou à destination du Luxembourg… Reste à choisir son offre : il y a toujours bien une compagnie qui en fera son affaire. ◄ En résumé Wijet, la compagnie de taxi-jet française, a choisi d’inscrire Luxembourg sur la carte de son développement. Le gâteau est-il assez grand ? Les particularités de l’aviation d’affaires au Grand-Duché, où Luxaviation notamment est bien présente, font que l’environnement, local et international, conditionne et attire.

Appareils

Nouveaux avions, nouveaux services Le secteur de l’aviation d’affaires dans le monde affiche un certain optimisme.

Après plusieurs années de récession, le secteur de l’aviation d’affaires dans le monde affiche un certain optimisme grâce au lancement de nouveaux avions et de nouveaux services. Tel est le principal enseignement de la 14e édition du salon EBACE, la convention de l’aviation d’affaires européenne, qui se tenait en août dernier à Genève. L’an dernier, l’aviation d’affaires a ainsi enregistré une croissance des livraisons de 4,3 %, après cinq années de baisse : elles sont passées de 2.164 appareils en 2012 à 2.256 en 2013. De quoi générer un chiffre d’affaires de 23,4 milliards de dollars, en hausse de 24 %, indique l’association Gama des producteurs de l’aéronautique. Mais il convient d’être vigilant, car ces chiffres recouvrent des types d’appareils très variés, allant des jets d’affaires aux turbopropulseurs (avions à hélices), en passant par les avions à pistons. Si les turbopropulseurs ont connu la plus forte croissance en 2013 (10,4 %), les jets d’affaires ont été plus à la peine avec une croissance des livraisons de seulement 1 %. Celles-ci sont passées de 672 avions en 2012 à 678 en 2013. On reste cependant, dans ce dernier segment, bien loin du record de livraisons de 2008, avec un total de 1.145 appareils. T. I. ◄


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PHOTO : STREFF

Entreprises Streff

06 La sécurité en stock ► Spécialiste du déménagement, de l’archivage et du stockage, Streff se bâtit un centre high-tech pour 70.000 m3 de contenus protégés. ― Texte : Frédéric Antzorn et Alain Ducat Société familiale née il y a plus de 85 ans, Streff, leader du déménagement, de l’archivage et du stockage, bâtit à Windhof un véritable coffre-fort dernier cri, capable d’abriter quelque 70.000 m3. « C’est notre cinquième dépôt, le troisième exclusivement réservé à des conteneurs », explique Stefan Chorus, associé-gérant – avec son frère Max – de la société Streff. « Notre capacité totale de stockage va désormais atteindre 250.000 m3. » Le nouveau site sera opérationnel au printemps prochain, après quelque 12 millions d’euros investis et un chantier parfois spectaculaire. Sa particularité, c’est un espace où les conteneurs pourront être empilés par six, une zone très sécurisée, volontairement inaccessible. « Dans les dépôts classiques, la manipulation par des grues-portiques nécessite une présence physique au sol, souligne Stefan Chorus. Ici, grâce à un pont roulant entièrement robotisé, plus personne ne devra circuler entre les conteneurs. » En fonction de la demande, les « boîtes » pourront être déplacées vers une zone de visite, elle aussi sécurisée et confidentielle, réservée à leurs seuls propriétaires. « À eux la connaissance du contenu, à nous celle du contenant », répète, comme un slogan, le gérant. Précision utile : l’objectif est aussi, grâce au niveau de sécurité élevé des lieux, de permettre l’entreposage de biens de valeur ou de collection, outre des archives plus traditionnelles. Le dépôt de Streff peut donc se voir comme un petit frère – sans zone franche aéroportuaire – du Freeport récemment inauguré, dont il se veut, en tout cas, complémentaire. ◄

► L'opération d'installation du pont roulant, la pièce maîtresse du nouveau site, robotisé et sécurisé.

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Entreprises Anniversaires

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Un siècle d’impressions ► L’Imprimerie Faber a fêté un siècle d’existence, en combinant, avec succès, tradition et modernité.

PHOTO : SVEN BECKER

En dépit de l’allongement de l’espérance de vie, les centenaires ne sont pas légion dans le monde des entreprises. Les 100 bougies soufflées par Imprimerie Faber sont donc d’autant plus remarquées. Fondée à Mersch en 1914 par François Faber, la société, qui a gardé son âme familiale, n’employait qu’une dizaine de personnes au lendemain de la Première Guerre mondiale. Ils sont aujourd’hui 80 au sein de l’imprimerie et 20 au sein de Faber Digital Solutions, la branche PSF plus récemment créée et dont l’importance va en croissant. « Nous voulons nous positionner dans le créneau digital en tant que prestataire dans la diffusion de l’information, via différents canaux qui sont issus des évolutions technologiques », expliquait récemment dans Paperjam Yves Jeanbaptiste, qui dirige le groupe depuis un an et demi. « Nous souhaitons appliquer le principe du transfert des compétences dans nos processus métier pour accroître notre présence digitale. Pour atteindre ce but, nous comptons capitaliser sur l’expérience de l’entreprise familiale tout en complétant notre gamme de produits et services. » J.-M. G ◄

08 Happy Inventory ! ► Maison Moderne, premier groupe luxembourgeois de médias indépendant, a soufflé ses 20 bougies… Il est rarement aisé de parler de nous-mêmes. Mais force est de constater que le 20e anniversaire de Maison Moderne (la société éditrice de Paperjam), dignement fêté au Grand Théâtre le 16 octobre, marque une étape importante dans le paysage médiatique luxembourgeois. Depuis le lancement, presque seul, de la toute première édition du guide Explorator en 1994, Mike Koedinger a porté le développement d’une société devenue, aujourd’hui, le premier groupe indépendant de médias au Luxembourg, employant près de 90 personnes. En deux décennies, Maison Moderne a créé plus de 500 pu– blications et organisé des milliers d’événements, parfois très sérieux (la table ronde réunissant les principales têtes de liste à 20 jours des élections législatives de 2013, suivie par plus de 300 personnes sur place et

quelques centaines d’autres en streaming live sur internet, par exemple), souvent plus légers (on ne compte plus les cocktails et les événements de networking en tous genres), mais toujours avec une approche profondément qualitative. Et sans jamais perdre ce petit grain de folie créative qui a permis à Maison Moderne d’avancer parfois (très) loin des sentiers battus sans jamais tomber. En plus du supplément spécial publié avec cette édition de Paperjam, toute l’histoire des 20 ans de Maison Moderne et, aussi, du Luxembourg, se retrouve dans le volumineux livre Happy Inventory (plus de 500 pages) édité à cette occasion (disponible sur www.maisonmoderne.lu). J.-M. G ◄ ► 512 pages, 2.337 photos : Happy Inventory est, à lui tout seul, un morceau d'Histoire.

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Entreprises De Verband

09 Outre-Moselle ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Mike Zenari

De Verband Group est en Allemagne. Le nouveau centre de logistique et de production du puissant groupe coopératif économico-agricole luxembourgeois est inauguré à Perl-Besch. C’est sur l’autre rive de la Moselle. Et cela représente un changement de taille aussi imposante que celles de silos ou de halls de stockage et de distribution. C’est une partie de la stratégie commerciale du groupe, orienté sur la Grande Région. Et c’est aussi la fin officielle d’une saga aux allures de petite

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révolution, saupoudrée d’une atteinte à la fierté nationale, en tout cas au début. On se souvient en effet que, à la fin de l’année 2011, De Verband avait enclenché quelques polémiques en annonçant, puis en confirmant le choix de délocaliser son nouveau site outre-Schengen. Le projet a été mené à bien. Les temps se sont apaisés et l’inauguration a rassemblé les autorités des deux pays. ◄


Entreprises Start-up

LA COLOMBIE MISE EN JUS ► Tuki commercialise des jus de première qualité qu’elle conçoit à partir de fruits en provenance de Colombie. Avec des ambitions européennes, la start-up luxembourgeoise veut faire découvrir de nouvelles saveurs exotiques et vitaminées. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire

Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Tuki Son fondateur : Harald-Sven Sontag

1/ LE CONCEPT Depuis mars 2014, Tuki commercialise des jus de fruits colombiens. « On voulait proposer un produit lié à la Colombie », explique son fondateur, Harald-Sven Sontag, franco-colombien. « Mais nous voulions autre chose que du café, des émeraudes ou des fleurs. Le jus de fruits, extrêmement apprécié pour ses saveurs en Colombie, s’est imposé. » Colorés, aux saveurs exotiques encore méconnues en Europe, les jus sont produits et commercialisés par Tuki. « Nous avons développé un produit premium, à partir de fruits directement importés de Colombie, comme le lulo, la mangue, la mûre des Andes, le maracuyá, le guanabana. » Tuki a mis en place une gamme originale pour le marché occidental, avec une promesse de qualité. « Ces jus sont produits selon un principe de pascalisation, pour éliminer les bactéries en préservant l’ensemble des qualités nutritives, les vitamines, le goût et la fraîcheur. »

2/ LE DÉVELOPPEMENT En amont de la mise en route commer­ ciale, il a fallu établir des connexions, pour importer les fruits en Europe. « Il a d’abord fallu concevoir le produit. Comme je suis pour l’instant seul, avec l’aide de mon épouse, les étapes précédant la commercialisation ont pris du temps », commente Harald-Sven Sontag. Les fruits sont transformés et conditionnés aux Pays-Bas, dans une entreprise agroalimentaire répondant aux exigences de qualité de la marque. « L’étude du marché et le développement de l’identité ont aussi été des étapes cruciales, ainsi que la mise en place de la chaîne logistique. » Désormais, le consommateur peut trouver le toucan, icône de Tuki, sur les petites bouteilles de jus colorés, en grande surface (Cactus), mais aussi dans des lieux réputés – le Mudam, l’Abbaye de Neumünster – et quelques enseignes haut de gamme.

3/ LE MARCHÉ Avec un produit premium, au prix plus élevé que les jus classiques, Tuki pénètre le marché en s’adressant à une clientèle plus exigeante, à la recherche de nouveauté. « Au Luxembourg, où je travaille depuis plus de 16 ans, il y a un marché pour ce type de produits, une réelle clientèle en quête de qualité, explique le créateur. D’autre part, avec plus de 160 nationalités recensées sur le territoire, c’est un marché riche, multiculturel, idéal pour tester un produit, pour appréhender un marché plus vaste. » En quelques mois, la marque semble avoir séduit. La start-up a choisi de valoriser ses produits en établissant des partenariats, en phase avec ses valeurs : des restaurants et des chefs réputés, des événements de qualité, des lieux culturels… « Considérant ce marché spécifique, l’enjeu est de pouvoir faire découvrir le produit à notre cible dans les meilleures conditions. »

4/ LES PERSPECTIVES Tuki n’entend pas se limiter au marché luxembourgeois. L’ambition est euro­ péenne. « Nous cherchons actuellement à nous développer tout en consolidant nos processus », précise M. Sontag, qui jusquelà assure à la fois le suivi de la production aux Pays-Bas et sa commercialisation au Luxembourg. En quelques mois, Tuki a écoulé plusieurs milliers de petites bouteilles chez Cactus (+/- 2,25 euros par bouteille). « Notre développement se fera progressivement, en fonction des opportunités qui se présenteront dans les pays voisins tout d’abord. Depuis le Luxembourg, nous pouvons aussi commercialiser nos produits via un site e-commerce. » Tuki entend aussi étendre progressivement sa gamme à d’autres fruits et saveurs, afin de poursuivre cette aventure vitaminée.

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Entreprises Restauration

10 On refait l'addition

― Texte : France Clarinval

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― Novembre 2014

Le même jour que Paperjam sort la 20e édition du Pocket Guide Explorator. L’occasion de se pencher sur l’économie de la restauration et de la gastronomie. Un secteur complexe où les disparités entre les acteurs sont importantes. Un secteur qui représente un poids économique considérable, puisque près de 18.000 personnes travaillent dans le secteur à travers 2.750 entreprises. Si on y ajoute les personnes vivant indirectement de ce métier (brasseries, fournisseurs…), le chiffre atteint 33.000 personnes, c’est-à-dire 8,8 % de l’emploi total du Grand-Duché (chiffres : Horesca, citant une étude EY), depuis le café de quartier jusqu’à l’hôtel de luxe. Les charges de personnel pèsent lourd dans le prix d’un menu. Mais comment calcule-ton les prix dans la restauration ? « La manière de calculer le prix d’un plat est la même que dans n’importe quel secteur d’activité : matière première, charges, TVA et marge », annonce d’emblée un restaurateur un peu méfiant face à notre enquête. Les principaux postes de dépense sont les frais de personnel, la matière première et les loyers.

▲ Les tables gastronomiques sont plus chères, mais ne dégagent que peu de marge.

« Dans un plat du jour à 12,50 euros, ma matière première ne peut pas dépasser 4 euros. 3,50, c’est mieux », finit-il par préciser. Dans ce restaurant proche de la ville, la carte est élaborée pour coller à l’air du temps et utilise des produits frais. « Pour arriver à ce prix, il faut serrer les coûts, négocier avec les fournisseurs, mais aussi travailler avec les produits de saison, les morceaux moins nobles, guetter les promotions de La Provençale. » Il constate que le plat du jour ou le menu du marché sont des « produits d’appel » pour faire connaître son établissement. Avec entre 10.000 et 12.000 euros de masse salariale et un loyer de 2.000 euros, il estime « ne

PHOTO : LALA LA PHOTO

► Entre la pizzeria du coin et le restaurant étoilé, le prix d’un plat n’est évidemment pas le même. Les coûts non plus et les marges encore moins. ► Quelques restaurateurs ont joué carte sur table pour que l'on puisse comprendre ce qui fait le prix d’un restaurant. ► La future hausse de TVA et du salaire social minimum, comme le prochain saut d’index, inquiètent, en particulier les petits établissements.


Entreprises Restauration

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En résumé Quand on décortique l’addition au restaurant, on s’aperçoit que les frais de personnel y pèsent lourd. Mais selon les types d’établissements, les coefficients multiplicateurs pratiqués sur le prix des matières premières varient de 2,5 à 5,5. Aussi, les marges peuvent aller de 5 à 20 %.

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5 €

C’est donc avec une énorme rigueur qu’Arnaud Magnier se doit de tenir son établissement. « Certes, le ticket moyen d’un client est chez nous de 135 euros. C’est beaucoup par rapport à d’autres, mais les frais sont également bien plus élevés. » Ainsi, il emploie 19 personnes pour 40 couverts. Entre les salaires et les charges sociales, le personnel représente environ 45 % du chiffre d’affaires. Ajoutons environ 25 % pour les loyers, les immobilisations de matériel… et quelque 30 % de matière première : il reste à peine 5 % de marge au restaurant… « et encore, c’est pour les bons mois, où le chiffre d’affaires atteint ou dépasse 150.000 euros ! » Il n’est pas rare que les prime costs (coûtsmatières et frais de personnel, et autres charges diverses) atteignent 80 % voire 90 %. Mais l’équation varie en fonction du type d’établissement. Dans la restauration rapide au sens large, où ne figurent au menu que des produits simples, aux recettes standardisées et fabriquées en grande quantité, les

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Arnaud Magnier (Clairefontaine)

Aujourd’hui, l’économie d’un restaurant est donc délicate. Un équilibre qui risque d’être mis à mal d’ici quelques mois. À compter du 1er janvier 2015, la TVA sur l’alcool sera fixée à 17 %, contre 3 % actuellement. Or, c’est justement sur les boissons que les restaurateurs réalisent leurs plus grandes marges, avec des coefficients de 5 à 8. Plus encore, l’augmentation annoncée du salaire social minimum, toujours en janvier, et le saut d’index en mars, verront les charges fixes de personnel peser plus lourdement sur les restaurateurs. « Cela ne sera pas possible de ne pas répercuter ces hausses sur les prix des plats. Ce sont les clients qui en pâtiront… reste à voir s’ils suivront », soupire notre premier témoin, qui hésite à faire passer son plat du jour de 12,50 à 13,50 ou 14,50 euros. C’est pour les petits établissements, les cafés qui proposent un plat du jour, que ces hausses seront les plus dommageables. « Cette hausse ne pourra pas seulement être répercutée sur le consommateur. Elle affectera directement le résultat des entreprises et freinera les investissements. Nous estimons qu’au bout de 12 mois, plus de 1.000 emplois pourraient se perdre par cette mesure... », estime François Koepp, secrétaire général de l’Horesca dans le dernier éditorial du magazine professionnel. « Quelque 400 petits établissements pourraient ainsi mettre la clé sous la porte », suppose-t-il. L’association de professionnels propose de n’augmenter la TVA que sur les alcools forts (apéritifs et digestifs), laissant le taux superréduit aux bières et vins. « Notre secteur ne souffrirait pas autant. Après une période d’observation, on évaluerait les effets de cette mesure et on pourrait toujours aller plus loin, si nécessaire. » Après l’interdiction de fumer dans les bars, le secteur de l’Horesca se voit confronté à une nouvelle bataille. ◄

PIZZERIA Prix du plat : 13 euros

« Même au sein de mon établissement, mon coefficient varie entre 2,5 et 5,5 en fonction des produits. »

INQUIÉTUDES POUR L’AVENIR

Si, en pourcentage, les marges sont très variables en fonction du type de restaurant, en chiffres absolus, la brasserie ou l’établis­ sement intermédiaire sont ceux qui rappor­ tent le plus : moins de personnel qu’un gastro­ nomique, addition plus élevée qu’une pizzeria.

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Le coefficient multiplicateur entre le prix de revient et le prix de l’assiette est assez variable, selon les secteurs et selon les ingrédients. Très franc et jouant la carte de la transparence, Arnaud Magnier, le chef du très prestigieux Clairefontaine, nous ouvre ses livres de comptes. Chaque jour, il calcule son coût-matière par plat et sait qu’il doit tenir à l’œil chaque commande et chaque livraison. « Même au sein de mon établissement, mon coefficient varie entre 2,5 et 5,5 en fonction des produits », dévoile ainsi le chef étoilé. Pour un turbot, poisson très cher, sur lequel il y a beaucoup de déchets, il ne multipliera le prix que par 2,5, « sinon, je devrais vendre le plat à 60 ou 62 euros ! » En revanche, avec des produits moins nobles et bien négociés, le chef étoilé peut s’assurer une marge plus confortable. C’est le cas sur le menu du marché, vendu à 55 euros : « Il est travaillé avec le même soin, la même qualité et la même exigence, mais ce sont des produits plus abordables, comme l’aiglefin ou le paleron. »

Quelle marge pour quel restaurant ?

Au t r e s c har ge s

L’ÉTOILE LAISSE PEU DE MARGE

coûts-matières ne représentent que 15 % du montant demandé à la caisse. Ainsi, selon diverses sources, un Big Mac à 3,60 euros chez McDonald’s ne contient que 60 à 80 centimes d’ingrédients. D’autres restaurants s’en tirent avec un coûtmatière très avantageux. Une pizza de base compte 2,50 à 3 euros d’ingrédients et est vendue autour de 11 à 12 euros. « Bien sûr, il faut payer le personnel, mais ce sont généra­ lement des personnes peu ou pas qualifiées. La marge nette d’une pizza avoisine 20 % », indique un pizzaiolo qui n’a pas souhaité être reconnaissable. Dans l’univers de la brasserie, les taux sont intermédiaires. « À l’Annexe, j’employais 10 personnes pour 80 couverts et les marges pouvaient atteindre 20 % », compare Arnaud Magnier, qui a depuis cédé sa deuxième adresse « à regret ».

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pas pouvoir un jour gagner des sommes importantes avec ma cuisine. Je ne pense pas que se soit possible, à moins d’être adossé à un gros groupe dans une grande ville ». Son calcul est simple : « Les midis servent à payer les charges, le soir, c’est une partie du bénéfice. »

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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 11 sujets clés sélectionnés par la rédaction. C’est le 15 septembre que l’ex-ministre des Finances, Luc Frieden, prend ses fonctions de viceprésident de Deutsche Bank où il conseillera depuis Londres le comité de direction sur les aspects stratégiques liés aux affaires européennes et internationales. « L’heure de prendre un nouveau départ », a-t-il confié dans les colonnes du Wort. La Banque populaire de Chine (PBoC) a finalement désigné la banque ICBC pour servir de chambre de compensation pour les transactions libellées en renminbi au Luxembourg (voir article page 100). Avec 17 milliardaires recensés sur son territoire (mais aucun natif ), le Grand-Duché se classe au 28e rang mondial. En Europe, le Grand-Duché se situe au 8e rang, devancé par Londres, Paris ou Genève. Tels sont les enseignements du rapport 2014 Worth Ultra Wealth Report établi par le cabinet de recherche singapourien Wealth-X en partenariat avec la banque suisse UBS. Il y a James Doyle et James Doyle. À la suite d’un message de la CSSF indiquant que le cabinet de gestion James Doyle, prétendument établi à Howald, ne disposait pas de l’agrément nécessaire à la prestation de services financiers à partir

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du Luxembourg, le dénommé James J. Doyle, actif sur la place financière de Luxembourg dans le secteur de l’assurance et des fonds depuis plus de 20 ans (Arcolux, ABN Amro Life, PLP, Zurich) et donc soucieux de protéger sa réputation, a déposé une plainte contre X pour usurpation d’identité… Ève Barre, la veuve de l’ancien Premier ministre français Raymond Barre, mais aussi ses deux enfants Olivier (59 ans) et Nicolas (53 ans), tous résidents en Suisse, tentent d’empêcher la transmission d’informations fiscales de Luxembourg vers la France, suite à une demande des autorités françaises. L’affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif.

L’infrastructure de marché Fundsquare s’est associée à Numen Europe, spécialisée dans le traitement documentaire, pour le traitement des ordres envoyés par fax : une automatisation qui, potentiellement, concerne plus de 20 % du marché au Luxembourg et en Irlande (près de 6,5 millions d’ordres) et qui est susceptible de générer des gains de 30 %. Les actions de KBC, le groupe financier belge de bancassurance, ont été retirées de la cote officielle de la Bourse de Luxembourg fin septembre et, par conséquent, aussi de l’indice LuxX (il y représentait plus de 10 %), qui du coup a dû être toiletté. La plus « grosse » valeur est SES, avec un poids porté de 21,66 à 24,31 %.

Comme ce fut déjà le cas en 2012 et en 2013, la BCEE figure cette année encore en neuvième position des 50 institutions financières les plus sûres de la planète, selon le dernier classement publié par le magazine Global Finance. Pour le compte du premier trimestre, Raiffeisen affiche « une correcte performance dans un contexte économique toujours délicat sur le front des taux » : les avoirs sous gestion ont augmenté de 0,9 %, alors que les prêts et crédits ont enregistré une performance de +4,1 %. Les prêts et crédits accordés à l’économie nationale ont connu une augmentation de 1,7 % et atteignent les 4,89 milliards d’euros.

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La Spuerkeess reste l'une des banques les plus sûres du monde.

Le syndicat des banquiers et assureurs, Aleba, ne partage pas le mode de calcul du Statec qui, dans une publication récente, faisait état d’un coût horaire moyen des salaires dans ce secteur de 58,66 euros en 2012, soit un coût trois fois plus élevé que dans les activités de services administratifs et de soutien, l’hébergement et la restauration. Or, d’après les chiffres collectés par le syndicat, la moyenne des salaires horaires des salariés tombant sous la convention collective s’élève en réalité à 27,61 euros dans les banques et 21,55 euros dans les assurances. La différence se joue notamment sur les salaires des dirigeants, pour lesquels le coût horaire moyen est plus important.


Place Financière Brèves

À quelques jours de la décision du tribunal de commerce sur la gestion contrôlée de la société cotée Espirito Santo International Group, ses quatre administrateurs indépendants ont collectivement démissionné. Ils pointent du doigt des questions de gouvernance familiale caractérisée par un manque de transparence et de remontée d’informations sur les dettes. Même si ce n’est pas un objectif avoué, la barre des 3.000 milliards d’euros de patrimoine net des fonds d’investissement se rapproche : les actifs des OPC luxembourgeois ont encore ­progressé de 2,29 % en août et ont atteint 2.970,520 milliards d’euros. Il y a une explication au blocage des délivrances par le Commissariat aux assurances des premiers agréments de PSA (professionnels du secteur de l’assurance) : il manque un règlement grand-ducal sur lequel le Conseil d’État a émis des réserves. Tout comme pour le projet de loi qui avait introduit le statut de PSA, les Sages critiquent le traitement différencié fait aux courtiers personnes morales et courtiers opérant comme personnes physiques en matière d’assises financières. En six mois, le Luxembourg a perdu trois places dans le classement Global Financial Centres Index, mené conjointement par Z/Yen Group et le Qatar Financial Centre Authority depuis 2007. Le Grand-Duché passe de la 12e à la 15e place, se rapprochant ainsi des places financières dites « imprévisibles » ou « volatiles », plus sensibles aux changements. À l’échelle européenne, le Luxem­ bourg se classe 4e et est devancé par Londres, Zurich et Genève. Ogier Fiduciary Services devient Elian Fiduciary Servicing. Objectif : devenir la norme en matière de services à la clientèle dans le secteur de l’administration d’entreprises, de fonds et de fiducies. Elian est en fait une contraction de Elite et de Guardians. Le lancement de cette

nouvelle marque intervient dans le sillage d’un rachat de l’entreprise par ses salariés (MBO) au mois de juin. Luxembourg for Finance vient de publier sur son site internet une brochure sur la finance responsable. Responsible Finance Platform identifie sept domaines spécifiques où les politiques publiques, qui opèrent souvent par le biais d’un partenariat public-privé (PPP), ont été déployées pour encourager les investissements. Le ministre des Finances a guidé une délégation luxembourgeoise à Francfort. Une opération de communication et de bon voisinage qui a permis aux 30 membres de la délégation luxembourgeoise de (re)nouer le contact avec 120 de leurs homologues allemands, aussi professionnels de la finance, pour présenter la « nouvelle place » luxembourgeoise, celle de l’après-secret bancaire… Le juge d’instruction français Renaud van Ruymbeke a bouclé son enquête pour escroquerie présumée de la banque Landsbanki Luxembourg. Il a procédé à 10 inculpations et placé trois personnes comme témoins assistés, dont l’avocate Yvette Hamilius, liquidatrice de la banque.

L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement s’est jointe à son homologue européenne, l’Efama, laquelle invite la Commission à faire en sorte que l’agence de notation américaine Standard & Poor’s n’impose plus une licence pour l’utilisation du code d’identification des titres Isin aux États-Unis. Le reproche court depuis 2008 et plusieurs associations américaines

La somme des bilans des institutions financières monétaires et des banques a affiché un léger repli en août (-0,4 % en glissement annuel à 945.705 millions d’euros), tandis qu’une progression a été observée du côté des organismes de placement collectif (+3,3 % à 201.417 millions d’euros), selon les données publiées par la Banque centrale du Luxembourg.

La somme des bilans des institutions financières et des banques est en hausse.

se sont aussi manifestées auprès des autorités nationales, dont la Sec (Securities and Exchange Commission), pour mettre fin à cette pratique. La Commission européenne a donné son feu vert au rachat de la société luxembourgeoise d’assurance vie Lombard International Assurance ( jusqu’alors propriété de Friends Life Group) par Blackstone pour la somme de 399 millions d’euros. Une opération qui tombe à point pour les deux parties. C’est par un communiqué très succinct que le Luxembourg a annoncé avoir placé « avec succès » sur les marchés financiers son premier Sukuk souverain, une obligation conforme aux principes de la finance islamique, d’un volume de 200 millions d’euros (voir article page 92).

En partenariat avec l’association Appui au développement autonome (Ada), l’Université du Luxembourg va prochainement mettre sur pied une chaire de droit financier consacrée à la microfinance (voir l’article page 107). Depuis le départ de Daniel Dax au printemps dernier, Luxflag, l’agence luxembourgeoise de labellisation des fonds d’investissement, se cherchait un directeur général. Elle l’a trouvé en la personne d’Annemarie Arens, arrivée tout droit de chez RBC Investor Services Bank, où elle occupait, depuis 2011, la fonction de directrice des ventes et de la distribution. Son arrivée chez Luxflag s’inscrit dans une stratégie de développement de l’activité de l’agence, qui entend consolider sa position sur le marché et augmenter le volume de son activité.

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Place Financière Brèves François Pauly (à gauche) passe le relais à Hughes Delcourt à la tête de la Bil.

Un rapport publié mercredi par la banque suisse Julius Baer montre que le patrimoine privé des Européens a atteint la somme record de 56.000 milliards d’euros en 2013. C’est au Luxembourg que le niveau moyen de fortune, rapporté au nombre d’habitants, est le plus élevé, avec 432.200 euros contre une moyenne européenne de 167.100 euros. Près de 30 % de cette richesse est détenue par 1 % de la population, tandis que 22 % des Luxembourgeois détiennent plus d’un million d’euros de patrimoine. Le Conseil de gouvernement a donné son feu vert à la signature d’un protocole d’accord permettant au Luxembourg de participer à la création de la Banque asiatique d’investissement en infrastructures. Une étude menée conjointement par l’ABBL et la firme de conseil EY, sur les coûts réglementaires supportés par les institutions financières, indique que les banques ont investi 382 millions d’euros en 2013, soit 1 % du PIB national, afin de se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations. Cela s’est notamment traduit par la création d’environ 2.500 nouveaux emplois, majoritairement dans des fonctions support et compliance. « En moyenne, la réglementation représente 41 % des investissements effectués par les banques. La proportion atteint même 67 % des investissements pour les établissements de plus petite taille, ce qui laisse peu de place pour investir dans le développement des affaires et l’amélioration des services », précise l’étude. L’avocate fiscaliste du Barreau de Luxembourg, Beatriz Garcia, a été libérée début octobre après avoir passé près de trois mois en détention préventive dans une prison de la banlieue de Madrid. Elle y avait été incarcérée dans le cadre d’une enquête sur des faits présumés de corruption, blanchiment et faux et usage de faux en Espagne.

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L’annonce a été brutale : la Banque internationale à Luxembourg (Bil) compte un nouveau directeur général en la personne de Hugues Delcourt, jusqu’alors CEO de ABN Amro Private Banking, Asia & Middle East, où il dirigeait la banque privée du groupe. Il succède à François Pauly, propulsé président du conseil d’administration en remplacement de Frank Wagener… qui avait déjà cédé son siège à la direction opérationnelle au même François Pauly.

holdings luxembourgeoises du groupe Espirito Santo, ce qui devrait déboucher sur leur mise en faillite. « La procédure relative à la gestion contrôlée étant confidentielle, aucun autre détail ne pourra être révélé par les instances judiciaires », précise le communiqué du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Le juge des référés Thierry Hoscheit a condamné ce vendredi 3 octobre le groupe LSK, sa filiale Assya et son principal actionnaire, Thierry Leyne, à payer un montant de 2 millions d’euros à l’assureur Bâloise-Vie Luxembourg, assortis des intérêts (6,5 %) pour un rachat de titres (ses propres titres) auquel le groupe LSK s’était engagé, mais qui n’avait pas été honoré. Même si un appel est interjeté, LSK devait payer cette somme dès début octobre. C’est suffisamment rare pour être signalé : une société d’investissement de droit luxembourgeois a fait son entrée en Bourse de Luxembourg au cours de l’été. Brederode, un groupe de taille moyenne revendiquant 830 millions d’euros de capitalisation boursière et doté d’une structure simple, capable d’investir sur quatre continents au départ de deux centres opérationnels majeurs : Luxembourg et Londres. Ses actifs, d’un montant de 1,2 milliard d’euros (sans endettement) sont investis à 53 % dans les titres de sociétés cotées de nombreux secteurs (pétrole, électronique, pharma…) et à 47 % dans le non-coté (private equity), essentiellement aux États-Unis et en Europe occidentale. Le tribunal de commerce de Luxembourg a rejeté le 3 octobre les demandes de placement en redressement judiciaire de deux

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fiduciaires. Le nouveau groupe, qui a reçu le feu vert de toutes les autorités de con­trôle concernées, devrait commencer ses activités au Luxembourg courant octobre. L’équipe de Fidessa rejoindra une nouvelle entité baptisée Liberation Management (Luxembourg) sàrl, qui sera codirigée par David Rowlinson et John Dercksen.

La faillite du groupe Espirito Santo semble désormais inéluctable.

La Commission européenne annonce un approfondissement de son enquête sur le traitement fiscal réservé au Luxembourg à la société Amazon. Bruxelles s’interroge de savoir si le tax ruling conclu en 2003 avec les autorités fiscales luxembourgeoises doit être considéré, ou pas, comme une aide d’État déguisée. « Les autorités luxembourgeoises ont totalement coopéré avec la Commission européenne. Il est normal que si la Commission a un doute, elle veuille enquêter plus profondément. Nous sommes confiants sur le fait que nous ayons respecté toutes les règles de l’OCDE », a martelé le ministre des Finances, Pierre Gramegna, interviewé sur Bloomberg TV. Après de nombreuses années de travail en commun, Liberation Management, présente à Guernesey, et Fidessa, qui possède des bu­reaux à Luxembourg et aux Pays-Bas, ont décidé de regrouper leurs activités respectives de services

Après le rachat, en avril dernier, de l’activité de banque privée de La Française Bank Luxembourg et l’acquisition de la banque privée Pasche Monaco, en novem­ bre 2013, la banque privée indépendante luxembourgeoise Havilland a acquis une participation majoritaire dans l’activité de banque privée de la Banque Pasche, basée au Liechtenstein. Le montant de l’opération n’a pas été commu­niqué. Pasche Liechtenstein emploie 30 personnes et gère environ 2 milliards d’euros d’actifs. Agissant au nom du comité des victimes des agissements de la Banque Landsbanki, quatre avocats de divers barreaux d’Europe demandent au tribunal de commerce de Luxembourg d’inviter Yvette Hamilius, la liquidatrice de la banque islandaise, à s’abstenir désormais d’intervenir dans le dossier.


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Place Financière Europe

01 Les huit chantiers de

► À quels défis les banques et institutions financières seront-elles confrontées sous la mandature de la Commission de Jean-Claude Juncker ? ► Huit points saillants se dégagent. ― Texte : Véronique Poujol

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▲ Pour chaque initiative venant du Berlaymont, il y a un écho à la Chambre puis sur la Place.

La Commission européenne présidée par Jean-Claude Juncker a déjà établi ses plans pour la mandature 2014-2019 pour le secteur financier. Paperjam a demandé à l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) de faire l’inventaire des sujets « chauds » qui seront au menu de l’exécutif européen pour redessiner la carte du paysage financier de l’Union. Et, bien sûr, celle du Luxembourg de l’après-secret bancaire. Certaines des initiatives sont connues et ne demandent qu’à être finalisées, avec l’accord du Parlement européen, dans le cadre de la codécision. D’autres projets législatifs sont encore dans les cartons. En voici l’inventaire.

PHOTO : DR / PAPERJAM

la Commission Juncker


Place Financière Europe PROPOSITIONS À FINALISER PAR LES CO-LÉGISLATEURS

1 Directive sur la réforme structurelle des banques Contenu Il prévoit la séparation des grandes banques actives sur les marchés financiers qui devront cantonner dans une filiale ad hoc certaines opérations comme le négoce de produits dérivés complexes. Enjeux Le négoce de services de couverture de risques de produits complexes à des fins de profit pour les banques sera restreint à un certain nombre de clients, voire interdit. Fin des investissements dans les fonds d’investissement alternatifs (AIFs). Calendrier Présenté en janvier 2013 par la Commission, le texte est en cours de discussion par le Conseil européen. Son examen par le Parlement européen va commencer.

2 3 4 Fonds d’investissement Fonds d’investissement Directive OPCVM VI monétaire à long terme Contenu Régulation des activités des fonds d’investissement monétaires, dans le cadre des nouvelles règles pour encadrer la banque parallèle (« shadow banking »). Enjeux Les fonds monétaires à valeur liquidative constante (ce qui fait faussement penser aux investisseurs lambda qu’il s’agit de produits garantis) se verront imposer la constitution de fonds propres à hauteur de 3 % des actifs gérés, ce qui inquiète l’Alfi. Calendrier Comme pour la réforme structurelle des banques, les travaux sont en cours au niveau du Conseil et du Parlement européens.

Contenu La proposition de l’UE est de créer et de réguler des fonds d’investissement pour les investisseurs prêts à engager leur argent sur de longues périodes à destination des entreprises européennes réalisant des grands projets que les banques hésitent depuis la crise à financer. Enjeux Les fonds ELTIF devront satisfaire à certaines règles en matière de politique d’investissement, de commercialisation au public et de rachat. Calendrier Les négociations doivent intervenir sous peu entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens. Initialement, la proposition devait prendre effet fin 2014. On en est très loin.

Contenu Le projet est encore dans les cartons des services financiers de la Commission en vue d’une nouvelle réglementation européenne dite OPCVM VI. Bruxelles a lancé une consultation en juillet 2012, notamment sur l’idée d’introduire un passeport européen pour les dépositaires. Enjeux Cette consultation OPCVM VI porte entre autres sur les actifs éligibles et l’utilisation de produits dérivés complexes qui pourraient être interdits. Le passeport dépositaire devrait autoriser les dépositaires agréés dans un État membre de l’UE d’exercer leurs activités dans d’autres États membres. Ce qui ne sera pas sans conséquence pour les banques luxembourgeoises. Calendrier 2015

INITIATIVES LÉGISLATIVES ATTENDUES DE LA PART DE LA COMMISSION JUNCKER

5 Mécanisme de résolution pour les institutions financières non bancaires Contenu Après les banques d’importance systémique, il s’agit de mettre en place un mécanisme visant les institutions financières non bancaires (infrastructures de marché, leurs participants et les compagnies d’assurance) jugées systémiques en cas de la faillite pour éviter de faire payer les contribuables. Enjeux Les banquiers craignent l’impact du dispositif sur les infrastructures de marché ainsi qu’un effet secondaire sur les coûts des banques comme participantes aux infrastructures de marché. Calendrier 2015

6 Finalisation de l’Union bancaire : système européen de garantie de dépôts Contenu Après le toilettage de directive sur la garantie des dépôts bancaires, la précédente Commission avait envisagé la création d’un fonds européen unique de garantie des dépôts pour compléter l’union bancaire, mais avait dû y renoncer, notamment en raison de l’opposition de l’Allemagne. Enjeux Ce sont désormais les banques ellesmêmes qui devront progressivement financer ces systèmes nationaux de garantie des dépôts. Ils devraient atteindre 43 milliards d’euros en 2024, mais les systèmes resteront nationaux, en attendant un consensus européen. Calendrier Aucune date n’est avancée

7 Intégration des marchés financiers Contenu Des initiatives législatives ont été prises pour mettre en place un véritable marché unique des capitaux. Enjeux C’est encore une nébuleuse. Calendrier Les propositions législatives devraient être finalisées pour 2019, soit en fin de mandature Juncker.

8 Directive OPCVM V Contenu La directive OPCVM de 5e génération a été adoptée par le Parlement européen le 15 avril dernier. Ses points saillants ont trait aux fonctions de dépositaire, aux politiques de rémunération et au régime des sanctions. Enjeux Le nouveau texte restreint les entités éligibles aux fonctions de dépositaires et définit des règles plus strictes au sujet de leurs obligations, de leur responsabilité et leur indépendance. Un seul dépositaire est nommé pour chaque fonds. Les actifs du fonds doivent pouvoir être distingués à tout moment des actifs du dépositaire (ségrégation des actifs). Seule l’activité de conservation pourra être déléguée. Le texte va renforcer le régime de responsabilité du dépositaire, qui aura l’obligation de restituer les actifs en cas de perte. Calendrier 2015

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Place Financière Finance islamique

02 Sukuk symbolique ► Le Luxembourg a émis des titres de dette en euros conformes aux principes islamiques. ► Le petit sukuk de 200 millions a été bien accueilli par le marché. ► Il s’agit surtout d’une opération d’engagement pour donner un signal aux investisseurs du Golfe.

La démarche fut un peu hésitante mais, comme pour toute première fois, il faut accorder le bénéfice de l’indulgence. Le ministère des Finances a émis, mardi 30 septembre, pour le compte de l’État luxembourgeois, des titres de dette en euros conformes aux principes islamiques. Une opération financière plutôt symbolique, vu le faible montant en jeu, 200 millions d’euros, destinée avant tout à donner des signaux positifs aux investisseurs des pays arabes et faire apparaître le Grand-Duché sur le radar de la finance islamique. On sait que deux des plus prestigieuses tours du Kirchberg ont, avec un autre bâtiment situé à proximité du CHL, servi d’actifs tangibles à l’émission du sukuk luxembourgeois, de type Al-Ijarah dans le jargon de la finance sharia compliant. Les trois bâtiments reviendront dans cinq ans dans le patrimoine de l’État luxembourgeois. Lorsqu’il a eu l’idée de lancer des obligations de ce type, l’ancien ministre des Finances Luc Frieden comptait bien faire du Luxem­ bourg le premier État non musulman à émettre un sukuk et devancer ainsi la GrandeBretagne de David Cameron. C’est son successeur libéral Pierre Gramegna qui a apposé sa signature sous cette initiative. Et la primeur d’une émission conforme à la charia par un pays occidental est revenue aux Anglais. Les autorités luxembourgeoises ont toutefois eu un lot de consolation en lançant sur le marché « le premier sukuk souverain d’un pays de la zone euro » et « le premier coté en euros ». Le rendement du sukuk émis est fixé à 0,436 %. Il est adossé à trois actifs immobiliers dont la performance (constituée par les loyers) rémunère l’apport en capital pour contourner l’interdiction de servir des intérêts, ancrée dans la loi islamique. « Je me réjouis du succès de cette opération, qui souligne l’expertise du Luxembourg comme place financière de référence en matière de finance islamique, s’est félicité Pierre Gramegna dans un communiqué. Je note avec satisfaction que nous avons réussi à placer le sukuk à un taux d’intérêt intéressant pour l’État. Ceci prouve l’importance de notre rating AAA,

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▲ La finance islamique intéressait la Place depuis longtemps. Le thème rassemblait déjà (ici en octobre 2011) du temps de Luc Frieden aux Finances et d’Yves Mersch à la Banque centrale.

qui est un gage de confiance des investisseurs dans la stabilité du Luxembourg et la solidité de nos finances publiques. » Si le communiqué a seulement évoqué une « sursouscription » de l’émission, traduisant son succès commercial, ce sont les indiscrétions des marchés financiers qui ont permis de savoir que les investisseurs, venant principalement du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, avaient proposé deux fois plus que ce qui était offert. De même, le ministre des Finances a mis en exergue l’activisme de ses agents. Or, s’ils ont mouillé leur chemise, les fonctionnaires luxembourgeois l’ont fait dans la plus grande des discrétions. Les services du ministère (la Trésorerie de l’État) semblent d’ailleurs avoir suivi à distance l’opération financière lors du roadshow animé (du 20 au 24 septembre) par les représentants des deux banques chefs de file, HSBC et BNP Paribas, pour séduire les investisseurs dans les grandes capitales du Golfe ainsi qu’à Londres. Même si le PowerPoint de présentation du sukuk – que Paperjam a pu consulter – portait le logo du ministère des Finances, la présence de ses agents fut plutôt discrète dans la caravane promotionnelle, qui a revêtu elle aussi un caractère très confidentiel. Cette discrétion

a d’ailleurs fait supposer à certains observateurs à Luxembourg que l’opération financière avait trouvé ses souscripteurs avant même l’ouverture des books qui a suivi le roadshow. Le ministère avait désigné deux banques d’affaires spécialisées, HSBC et BNP Paribas donc, pour « l’assister, en qualité de joint lead managers dans la mise en œuvre ». Ce sont ces deux banques spécialisées qui ont mis en place « la structuration et déterminé la stratégie de commercialisation », indique le communiqué de presse. On s’était un peu étonné que les banques, Bil et KBL, propriétés de la famille royale du Qatar, n’aient pas joué de rôle dans l’émission du sukuk. Les agents du ministère avaient d’ailleurs montré pas mal d’hésitations sur les destinations que le roadshow allait prendre, semblant même ignorer si un crochet par Doha, la capitale qatarie, était au programme de la tournée des villes du Golfe et des investisseurs. Il a fallu attendre le deuxième jour du show pour que le ministère divulgue les différentes étapes : Riyadh, Jeddah, Abu Dhabi, Dubaï, Doha, Kuala Lumpur et Londres. Le Qatar a bien obtenu un strapontin : « QInvest (la banque publique du Qatar, ndlr) et la Banque internationale à Luxembourg ont contribué à l’opération en tant que co-lead managers », a ainsi fait savoir le ministère. ◄ En résumé Le sukuk luxembourgeois a enfin été émis le 30 septembre dernier. Il s’agit d’une opération symbolique, vu le faible montant de l’émission de dette, 200 millions d’euros, mais qui a le mérite de placer le Luxembourg sur les radars de la finance islamique.

PHOTO : ERIC CHENAL (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol


Place Financière E-payment

Le hub du « FinTech »

► De nouveaux acteurs du paiement électronique ont choisi de s’installer au Luxembourg pour développer leur activité. ► Le pays dispose de nombreux arguments pour devenir un centre de gravité européen, technologique et financier. ► Un nouveau groupe de travail a pris le lead, à la demande du Haut Comité pour la place financière.

PHOTO : IPS

― Texte : Sébastien Lambotte

Il est bien loin le temps des cartes de banque que l’on faisait passer dans un sabot pour régler son restaurant. Aujourd’hui, quand on évoque les systèmes de paiement, on parle d’interfaces, de terminaux, de QR code, d’e-wallet, de plateforme en ligne… Les transferts d’argent ont franchi une dimension et ces modes de transactions et nouveaux outils se bousculent derrière le concept, très large, d’e-payment. En la matière, le Luxembourg s’est fait une place au soleil, avec l’émergence ces dernières années de nouveaux acteurs, notamment dans le domaine du paiement mobile, ou encore l’arrivée d’opérateurs internationaux du paiement électronique, petits et grands, désireux de se développer en Europe. Pêle-mêle, on peut citer de nombreux noms : Flashiz, Digicash, PayCash, Yapital, PayPal, Mangopay, Rakuten, Alipay… Qu’il s’agisse de start-up ou de groupes internationaux, ils s’installent au Luxembourg avec plus ou moins de substance et d’ambition. « Le monde des paiements bouge énormément, et pas uniquement au Luxembourg. L’univers de la finance, face aux évolutions technologiques, doit s’adapter, proposer de nouvelles solutions, commente Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. Suite aux

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▲ Le paiement mobile peut prendre beaucoup de formes et suivre différents modèles. Mais il est en plein boom, dans tous les cas.

investissements importants réalisés ces dernières années dans les infrastructures ICT, avec le développement d’un large panel de services et de compétences répondant aux besoins de l’industrie financière, le Luxembourg dispose aujourd’hui de nombreux arguments à faire valoir auprès des acteurs qui désirent développer ou qui proposent des solutions technologiques au service de la finance, et notamment en matière de paiement. » Si des acteurs choisissent le Luxembourg, c’est aussi le résultat d’efforts de prospection capitalisant sur les atouts de la Place, et notamment l’expertise financière qui s’y crée. Sur le site de Luxembourg for Finance, par exemple, Nils Winkler, CEO de Yapital, explique les raisons pour lesquelles l’entreprise a choisi le Grand-Duché. « Un élément important, pour notre activité, est le temps nécessaire pour les transactions. Le Luxembourg, par sa connectivité et sa position centrale en ►

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Place Financière E-payment

CHACUN SON MODÈLE, CHACUN SA LICENCE Nonobstant l’aura du Luxembourg de la finance, on peut tout de même s’étonner de voir autant d’acteurs de l’e-payment, pour certains avec des modèles très proches et donc concurrents, s’installer dans un si petit pays. « Si l’on creuse un peu, aucun de ces acteurs ne présente tout à fait la même offre, précise Marc Hemmerling. Par les agréments dont ils disposent, entre organismes de monnaie électronique, institutions de paiement ou disposant carrément de la licence bancaire, chacun développe un modèle différent. » Cela s’illustre parfaitement à travers les trois solutions de paiement mobile qui ont vu le jour en 2012. Mobey, créateur de Flashiz, et PayCash, ont une licence d’electronic money institution. Pour les utiliser, il faut alimenter un compte géré directement pour ces organismes. Digicash, en tant que payment institution, propose la même technologie mais le transfert d’argent s’opère directement depuis un compte bancaire préexistant, et, finalement, elle ne détient aucun montant sur des comptes. Des sociétés comme Rakuten ou Alipay viennent au Luxembourg pour faire fonctionner leur plateforme de paiement électronique liée à des portails e-commerce sur le marché européen. Mangopay, organisme de monnaie électronique, propose une plateforme de paiement en ligne vendue à des sites e-commerce ou à des plateformes de crowdfunding. Yapital est aujourd’hui electronic money institution. PayPal, de son côté, dispose d’une licence bancaire au Luxembourg. « Chaque licence octroie des droits et des devoirs, des possibilités plus ou moins grandes à chaque acteur. On constate rapidement que

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plusieurs modèles coexistent aujourd’hui, et tous répondent à un besoin particulier dans un contexte déterminé », poursuit Marc Hemmerling. On peut, en outre, classer les acteurs du domaine de l’e-payment au Grand-Duché de Luxembourg dans deux catégories. « Il y a des acteurs qui, comme nous, apportent une couche applicative, un service aux acteurs traditionnels de la banque. En proposant des solutions technologiques au monde bancaire, on lui permet d’évoluer plus facilement, sans avoir à assurer la recherche et le développement, commente Raoul Mulheims, CEO de Digicash. D’autres travaillent sur des modèles plus autonomes, de manière indépendante de la banque traditionnelle. » Au-delà de leurs services de paiement, des structures comme PayPal ou Yapital, ou encore des enseignes commerciales en ligne ou actives en dehors de l’univers digital, pourraient par exemple très bien proposer du crédit à la consommation. « Pour la banque traditionnelle, il faut faire face à un risque de désintermédiation bien réel. Évoluer, en proposant des solutions de paiement électronique efficaces, permet de garder le client dans leur giron et même de pouvoir lui proposer de nouveaux services. L’enjeu pour ces acteurs réside dans la capacité à se transformer, suffisamment rapidement. » L’économie luxembourgeoise dépendant en grande partie de son secteur financier et ayant pour deuxième pilier le secteur ICT, il y a aussi un intérêt évident pour la Place à se positionner comme un hub « FinTech », concept recouvrant les développements technologiques au service des fonctions de la finance. « Dans ce contexte, notre volonté est d’attirer des acteurs du paiement électronique, mais aussi de permettre à des start-up actives dans ce domaine d’émerger. L’enjeu est de créer un environnement propice pour ce genre d’activité, à même de développer de nouvelles solutions de paiement en phase avec les attentes des consommateurs et des utilisateurs de services bancaires, mais aussi capable de faire évoluer l’industrie financière dans son ensemble », précise Nicolas Mackel. C’est dans ce contexte qu’un groupe de travail sur les FinTech vient de voir le jour à la demande du Haut Comité pour la place financière. « À travers lui, nous allons fédérer les acteurs, réaliser l’inventaire de ce qui existe en la matière, identifier les besoins et envisager les moyens à mettre en œuvre pour l’avenir, poursuit le CEO de Luxembourg for Finance, qui présidera ce groupe de travail. L’enjeu, toujours, est de garder un temps d’avance sur nos concurrents. On ne doit pas se laisser dépasser par l’innovation. » ◄ En résumé Les acteurs du paiement électronique aiment manifestement le Luxembourg. Ils n’ont pas tous le même degré d’activité, la même ambition ou le même agrément, malgré des modèles parfois proches. Alors que le pays dispose de nombreux arguments pour devenir un hub des technologies au service de la finance – les FinTech –, un nouveau groupe de travail s’est lancé, à la demande du Haut Comité pour la place financière.

S’adapter

Du guichet électronique au bitcoin

Il y a eu des échecs, il y aura des changements : les acteurs répondent aux besoins.

PHOTO : LICENCE C.C.

► Europe, nous permet d’offrir un service de qualité à travers le continent. Nous pouvons nous appuyer sur des infrastructures et des acteurs de confiance comme il n’en existe nulle part ailleurs en Europe. Ici, nous bénéficions d’un environnement réglementaire fantastique, avec des lois modernes, et de compétences de qualité. » De la même manière, si des acteurs internationaux comme PayPal ou, plus récemment, AliPay, débarquent, c’est parce qu’ils ont considéré le Luxembourg comme une base de choix pour étendre leurs activités sur le continent européen. « L’autorité de contrôle luxembourgeoise, la CSSF, joue aussi un rôle important pour l’établissement de nouveaux acteurs actifs dans le paiement électronique au Grand-Duché, explique Marc Hemmerling, membre du comité de gestion de l’ABBL et spécialiste des questions de paiement. En développant une approche business minded, en étant à l’écoute des acteurs qui se présentent à eux, elle les oriente et les aide à s’établir en veillant au respect des exigences nationales et européennes. Cette approche n’est pas forcément la même dans d’autres pays. »

Le concept de paiement électronique recouvre de nombreuses réalités. La première étant finalement le guichet électronique, toujours utilisé aujourd’hui pour retirer du cash mais aussi pour réaliser des opérations. Cetrel a été chargé de gérer le réseau de guichets et de terminaux de paiement électronique dans le commerce, et ce dès les années 80. Aujourd’hui, l’organe poursuit sa mission, intégrant les tendances et les standards en matière de paiement, tout en assurant le suivi des transactions. D’autres solutions ont émergé, avec plus ou moins de succès durant les 30 dernières années. On évoquera par exemple Mini-Cash, qui fut un échec. La carte de banque, cela dit, reste aujourd’hui la clé privilégiée pour tout paiement électronique. Avec l’arrivée du paiement mobile, fonctionnant sur un QR code, et demain peut-être en ayant recours au Bluetooth ou à un signal RFID, seule la clé d’autorisation du paiement change. Le paiement électronique évolue donc avec son temps. Aux acteurs de suivre le mouvement. Les commerçants doivent adapter leurs terminaux. Cetrel discute avec les développeurs de paiement mobile au Grand-Duché pour intégrer ces modes de paiement, afin de proposer une solution standard et d’éviter aux commerçants de devoir jouer avec une multitude de terminaux. Opérateurs télécoms, fournisseurs d’énergie, assureurs, services publics doivent intégrer de nouvelles possibilités de paiement au cœur de leurs factures. Les banques, surtout, doivent s’adapter à une nouvelle concurrence. Le monde du paiement change à vive allure. Jusqu’à imaginer d’autres monnaies, comme le bitcoin. La Place réfléchit aussi à la manière de se positionner pour profiter de cette émergence. S. L. ◄


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Place Financière Banque internationale à Luxembourg

04 Un départ qui interpelle ► Le Français Hugues Delcourt a pris la place de François Pauly à la tête du comité de direction de la Bil. ► Le changement de CEO interroge sur un éventuel virage stratégique de la banque, contrôlée à 90 % par le Qatar.

François Pauly avait été l’homme des milliardaires indiens de Induja, qui se sont fait souffler la KBL par le Qatar, avant de devenir celui de la famille royale qatarie, par l’entremise de Luc Frieden, l’ancien ministre des Finances CSV. François Pauly avait ainsi pris la tête de la Banque internationale à Luxem­ bourg en juillet 2011, comme CEO. Il ne l'est plus depuis le 30 septembre, devenant, à 50 ans, l’un des plus jeunes banquiers luxembourgeois à la retraite. Il a reçu, en compensation, la présidence du conseil d’administration de la banque. Du coup, Frank Wagener, lui aussi ex-CEO, est devenu président honoraire. L’annonce du départ de François Pauly a surpris tout le monde, y compris la classe politique. Les députés hyperactifs du CSV Gilles Roth et Diane Adehm ont interpellé le ministre des Finances, Pierre Gramegna, sur la position que l’État actionnaire a eue dans son éviction. La question est aussi de savoir si le gouvernement a eu une influence dans le choix du successeur. Hugues Delcourt apparaît comme un homme « neutre » dans le réseautage luxembourgeois. Pour autant, le CEO français n’est pas un inconnu sur la Place, puisqu’il fut en charge de différents métiers bancaires auprès de ABN et Fortis. La suite de son parcours l’a mené à Singapour, d’où il arrive (il était CEO d’ABN Amro Asie et Moyen-Orient), en Suisse, en Italie, aux PaysBas, à Hong Kong. Ce qui lui vaut une bonne connaissance d’un marché international que la Bil vise via ses filiales et succursales. Il apparaît tout de même davantage comme l’homme des Qataris que comme celui du gouvernement. François Pauly n’a pas commenté les raisons de sa mise à l’écart de la gestion opérationnelle, trois ans à peine après avoir été nom­ mé, alors qu’il avait plutôt bien mené la barque : la banque aux 2.000 employés a encaissé un revenu de 281 millions d’euros au deuxième semestre 2014, contre 258 l’année précédente. Le résultat net s’est lui stabilisé autour de 67 millions d’euros. Il y a un parallèle à faire avec l’éviction, en janvier 2014, de Jacques Peters de la direction de KBL pour être remplacé par Yves Stein. Le Qatar place ainsi ses hommes dans « ses »

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▲ François Pauly, à 50 ans, est sans doute devenu le plus jeune CEO retraité de la Place.

banques. La question est de savoir si les représentants de l’État luxembourgeois, actionnaire à hauteur de 10 % aux côtés du fonds Precision Capital, dans le conseil d’administration de la Bil ont encore quelque chose à dire. Gilles Roth et Diane Adehm se demandent aussi si le départ de Pauly pourrait avoir des conséquences sur les activités commerciales de la banque, actionnaire entre autres de la Bourse de Luxembourg, de la société de participations Luxempart (participation directe transférée dans IB Finance pour renforcer les fonds propres de la Bil) ou de Luxair. Lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires (environ 0,2 % du capital est encore dans les mains de petits actionnaires ayant refusé de vendre leurs titres, valorisés à 362 euros par action) le 25 avril dernier, François Pauly avait assuré (selon le P-V de l’assemblée) que les « trois participations font partie du portefeuille du groupe Bil » et que, à ce stade, la banque ne prévoyait « aucun changement dans la politique rela­tive à ces participations ».

Lors de l’AG, les dirigeants n’ont pas pu fournir aux petits actionnaires qui les interrogeaient les objectifs de bénéfice à l’horizon 2015 et au-delà : « Étant donné les incertitudes concernant l’environnement économique, fiscal et règlementaire, il est impossible de faire ce type d’estimation », lit-on dans le P-V. Qui relève toutefois que sur la base du plan « Strategic growth for 2013-2015 », « les parts du corporate banking et du private banking représenteraient respectivement plus ou moins 22 % et 49 % du résultat net ». Il y a encore six mois, le conseil d’administration assurait qu’il ne serait pas en mesure de se prononcer sur la politique de dividendes servis à ses actionnaires aussi longtemps que la revue de la qualité de ses actifs (Asset quality review) menée par la Banque centrale européenne – la Bil, banque systémi­ que, avec cinq autres établissements au Grand-Duché, doit se soumettre à cet exercice – ne serait pas terminée. Après, seulement, la banque aura « une vue plus claire sur un éventuel besoin de renforcement de ses fonds propres ». ◄ En résumé Le remplacement de François Pauly, désormais ex-CEO de la Bil, par le Français Hugues Delcourt a surpris tout le monde. La classe politique s’interroge sur la portée de ce changement de gouvernance, alors que la banque fait l’objet d’un passage en revue de la qualité de ses actifs par la BCE, un exercice qui va peut-être l’obliger à augmenter ses fonds propres.

PHOTO : ANDRÉS LEJONA (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol


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Place Financière Fonds alternatifs

05 Passeport, s’il vous plaît ! ► Depuis le 22 juillet, la directive AIFM est pleinement entrée en vigueur, après une période transitoire d’un an. ► Les gestionnaires de fonds ont désormais la possibilité de se voir accorder un passeport pour leurs fonds, sous certaines conditions.

Le 22 juillet dernier s’est achevée la période de transition d’un an relative à l’entrée en vigueur de la directive AIFM concernant les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs. Depuis cet été, donc, la directive est de pleine application et tous les acteurs du marché ont dû se mettre en règle avec le contenu du texte. Calquant, d’une certaine façon, sa philosophie sur celle des fonds « traditionnels » de type Ucits qui font, depuis 25 ans, le succès de la Place (bientôt 3.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion au Luxembourg), la directive AIFM a prévu la création d’un passeport européen pour le gestionnaire lui permettant de gérer et / ou de commercialiser des fonds AIF dans n’importe quel État membre de l’Union européenne. Rappelons que cette directive concerne les gestionnaires de fonds alternatifs, alors que la directive Ucits concernait le produit en lui-même. « Pratiquement tous les fonds en dehors du monde Ucits sont concernés, explique Catherine Rasseneur, membre du comité de direction d’Arendt Regulatory Services (ARS), spin-off du cabinet d’avocats Arendt & Medernach, spécialisée dans les services dédiés aux acteurs des fonds d’investissement. Mais il n’en demeure pas moins certaines conditions. Ainsi, le passeport n’est-il valable que si les fonds concernés sont vendus aux professionnels et uniquement à eux, ce qui nécessite un monitoring très précis du placement de ces produits. » Évidemment, comme toute directive qui se respecte, il y a le texte de base, puis il y a les divergences d’interprétation qu’en fait chaque État membre… quand il en fait, car dans le cas présent, certains pays (Italie, Espagne, Portugal, notamment) n’ont pas encore finalisé l’implémentation du texte. Ce qui n’empêche heureusement pas les gestionnaires de fonds de pouvoir les commercialiser dans ces pays-là. « On a souvent considéré cette directive AIFM sous un mauvais angle, estime Odile Renner, présidente du comité de direction d’ARS. Mais on a aussi oublié que ce texte permet d’ouvrir de nouveaux marchés. Et les clients qui peuvent vendre leurs produits grâce à ce passporting, sont satisfaits ! Ils peuvent faire

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PHOTO : DR

― Texte : Jean-Michel Gaudron

▲ La CSSF a traité près de 400 paquets de notification adressés par des gestionnaires de fonds alternatifs en vue de l’établissement d’un passeport.

de la publicité pour leurs fonds et de la collecte, sans avoir à se soucier comme précédemment du suivi des réglementations nationales en matière de placement privé. » Ces réglementations nationales ont été potentiellement adaptées dans le contexte de la transposition de la directive, certains gestionnaires de juridictions plus « exotiques » (hors UE) se voient également dans l’obligation d’en respecter certaines parties pour commercialiser leurs fonds. « On ne peut plus vendre n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment. Il faut s’adapter », résume Mme Renner.

85 % DES DOSSIERS TRAITÉS PAR LA CSSF De façon générale, la directive AIFM, com­ parée à la directive Ucits, induit un changement de paradigme complet. Le premier enjeu consiste à déterminer, selon le profil du fonds, si l’option passeport est la plus per­ tinente. Et si elle l’est, alors les bénéfices qu’il est possible d’en tirer peuvent être conséquents. « Dès que nous avons reçu la licence AIFM en 2013, nous avons décidé de passporter nos deux fonds, explique Marlène Valentin, dirigeante – supervision des fonds chez Mirabaud Asset Management (Europe).

Il a d’abord fallu voir avec le marketing sur quels marchés nous souhaitions nous ouvrir et nous nous sommes concentrés sur la France, l’Espagne et le Royaume-Uni, là où nous disposions déjà d’équipes de distribution : à la fois pour une question de connaissance des règles locales et de proximité avec les clients. Nous avons commencé les procédures en juin et nous avons reçu l’accord des autorités un mois après. D’ici à la fin de l’année, nos équipes de vente entreront en action. » Concrètement, les demandes de passeport sont à adresser à l’autorité de surveillance du pays d’établissement du gestionnaire de fonds. Une notification doit également être adressée au régulateur du pays où le fonds est destiné à être commercialisé. À ce jour (début octobre), les neuf personnes occupées au sein de la division qui traite les « paquets de notification » à la Commission de surveillance du secteur ont reçu quelque 380 de ces « paquets », pouvant chacun porter sur plusieurs compartiments de fonds alternatifs. Elles en ont évacué plus de 85 % (330) et tous les dossiers traités ont débouché sur une attribution de ce passeport. Il n’y a pas eu de « recalés ». « Nous n’avons pas de boule de cristal au sujet des dossiers de notification, mais nous prévoyons qu’environ 150 paquets de notification nous seront soumis pour les trois prochains mois », explique-t-on à la CSSF. ◄ En résumé Avec la pleine entrée en vigueur de la directive AIFM, depuis juillet dernier, les gestionnaires de fonds alter­ natifs misent sur les possibilités d’obtenir des passeports pour faciliter la gestion et / ou la commercialisation de leurs produits.


Place Financière Litige entre actionnaires

L’ombre d’une captation de sociétés

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► Deux anciens associés se disputent les actions, sur fond d’intervention d’une fiduciaire. La justice arbitre.

PHOTO : D.R./ PAPERJAM

― Texte : Véronique Poujol

Une première salve de la justice en décembre, une seconde tombée en août, en plus de l’ouverture par le juge d’instruction luxembourgeois d’une enquête pour, entre autres, abus de biens sociaux, faux et escroquerie. On retrouve à la cause le dirigeant de la fiduciaire François Georges et Associés (absorbée depuis le début de l’année par TrustConsult) et l’un de ses clients allemands, accusés par un second client d’avoir mis en place un dispositif de captation de sociétés ne leur appartenant pas, ou à tout le moins pas intégralement. Arrêt sur image dans le milieu de la fiducie et des montages de sociétés sur fond de bonne société luxembourgeoise… Le décor général, c’est la Cour d’appel siégeant en matière de référé qui le plante dans son arrêt du 5 août dernier en résumant les termes de l’assignation qui évoque « une captation illégale de certaines sociétés » appartenant à un homme d’affaires allemand, Frank Wegner, par son ancien avocat et associé occasionnel Alexander Mayer-Groth, avec l’assistance de François Georges, le dirigeant de Georges & Associés. « Si cette affaire va jusqu’au bout, a indiqué devant les juges d’appel Me Pierre Hurt, l’avocat de Wegner, certaines personnes vont finir en prison. » Une plainte pénale a d’ailleurs été déposée dès avril 2013 pour abus de biens sociaux, faux et escroquerie. Un juge d’instruction, Stéphane Maas, a été saisi de l’enquête, qui suit son cours. En attendant les avancées au pénal, c’est au plan civil que le dossier progresse à grands pas. Le 5 août, la Cour d’appel a confirmé une ordonnance du 5 décembre 2013 ayant suspendu les effets d’une assemblée générale, en septembre 2012, de la société Vimentum I. Elle était codétenue, à 50/50, par Wegner et Mayer-Groth pour faire du business dans l’immobilier allemand, après que la fiduciaire Georges & Associés (G&A) la leur avait vendue en 2007. Wegner en a été exclu, après s’être fait « démissionner », ainsi que son homme de confiance, du conseil d’administration le 13 septembre 2012. À la suite de la manœuvre, faite de jeu d’écritures et de traficotage du registre d’actionnaires, sans doute aux fins de faire main basse sur les actifs, Vimentum se retrouve

▲ L’affaire aura sans doute des suites au pénal. La justice a fort à faire pour démêler l’écheveau des actionnaires en conflit.

avec un nouvel actionnaire à 100 %, la société FEV. Initialement constituée en 2007 sous le nom d’Arondana, elle fut revendue à G&A. L’avocat de Wegner s’est dit convaincu à l’audience de référé que Mayer-Groth en était le bénéficiaire économique. Après son exclusion, Wegner a saisi la justice et fait annuler en décembre 2013 par un premier juge de référé les effets de l’assemblée générale du 13 septembre de Vimentum, de sorte que la société se retrouve dans l’état où elle était le 28 septembre 2007, lorsque le registre d’actionnaires actait deux propriétaires des titres à 50/50, Wegner et MayerGroth. Un appel fut interjeté par FEV, qui se revendique l’unique actionnaire, mais les juges de la Cour d’appel ont confirmé la première décision. Il y a trois versions contradictoires du registre. Une des versions exhibées par FEV, objet de contestation sur sa légalité, montre qu’une cession de toutes les actions de Vimentun par G&A est intervenue le 23 novembre 2007. À l’audience, l’avocat de FEV justifie la nonconvocation de Wegner à l’assemblée du 13 septembre de Vimentun par le fait que, n’ayant pas la qualité d’actionnaire de cette dernière, il n’avait aucun droit, et a fortiori pas celui d’y être convoqué. L’avocat a dû

tout de même admettre que la présence de trois registres d’actionnaires différents, à des dates distinctes, relevait d’un « beau merdier », l’expression étant même répétée en luxembourgeois devant les juges… Dans cette affaire, à la fois grave et complexe, les avocats de Wegner ont sorti le témoignage du frère du dirigeant de G&A ayant travaillé jusqu’en février 2010 dans l’entreprise et précisément en charge de la gestion du dossier Vimentum. Ce témoin de « première qualité » a confirmé la thèse soutenue par la victime selon laquelle, jusqu’à son départ en février 2010, il n’y a pas eu de modification du registre des actionnaires. Max Mailliet, l’avocat de FEV, assure pour sa part face aux juges qu’aucun des trois registres d’actionnaires ne valait plus que l’autre. Les magistrats de la Cour d’appel ne l’ont pas entendu de cette oreille, jugeant nécessaire de faire stopper une « violation manifeste des droits de l’actionnaire Frank Wegner ». L’audience a aussi permis d’apprendre qu’il n’y avait pas une, mais des affaires, faisant apparaître les mêmes ingrédients et les mêmes personnages. Personne n’a été étonné lorsque Pierre Hurt a signalé son intention de « déposer une plainte au pénal dans cette affaire-ci, une fois qu’elle sera tranchée ». ◄ En résumé Un investisseur allemand a mis en place, avec son ex-avocat, des structures à Luxembourg pour développer des projets immobiliers en Allemagne. Il s’est fait exclure de la société et accuse son associé de l’avoir dépouillé de ses actions avec l’assistance du patron, très en vue, d’une fiduciaire. La Cour d’appel a rétabli provisoirement l’ordre des choses.

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Place Financière Renminbi

07 ICBC, l’élue

― Texte : Véronique Poujol

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Deux mois après l’annonce (fin juin) d’un protocole d’accord entre la Banque centrale du Luxembourg (BCL) et la Banque populaire de Chine (PBoC), la décision est tombée : c’est à la succursale luxembourgeoise d’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) que reviendra le rôle de chambre de compensation pour les transactions libellées en renminbi, la devise chinoise, au Luxembourg. Trois banques chinoises (Bank of China, ICBC et China Construction Bank) sont déjà établies sur la place financière luxembourgeoise et trois autres ont annoncé leur implantation au Grand-Duché avant la fin de l’année. Le Luxembourg affiche le plus important volume de dépôts en RMB d’Europe, avec 79,4 milliards de RMB à la fin du 1er trimestre 2014, et détient aussi le plus important volume de financement d’opérations commerciales dans la devise chinoise d’Europe, avec un montant de 86,8 milliards fin 2013. Le Luxembourg est également le premier centre européen de fonds d’investissement libellés dans la devise chinoise avec des actifs de 261,8 milliards au 31 mars 2014. La BCL fera le suivi du marché en renminbi

▲ ICBC devient un établissement clé de la Place.

au Luxembourg et partagera les données pertinentes avec la PBoC. Le Luxembourg est le quatrième pays européen, après l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, à avoir été choisi par la Chine pour accueillir une chambre de règlement et de compensation pour le yuan. ICBC indique que cette désignation marque « une étape importante (...) pour créer un réseau mondial de compensation en RMB à travers des fuseaux horaires différents » et devrait contribuer à renforcer « l’internationalisation du RMB et particulièrement l’utili­sation du RMB dans les transactions trans­frontalières en Europe ». Cette désignation s’inscrit dans la stratégie de la place financière luxembourgeoise de devenir une des principales plateformes de transactions financières en renminbi. Selon la société Swift, le Luxembourg occupe la deuxième place dans les paiements en RMB en Europe, derrière Londres. ◄

PHOTO : OLIVIER MINAIRE

► C’est Industrial and Commercial Bank of China qui a été désignée pour être la chambre de compensation pour les transactions en RMB au Luxembourg. Une étape importante pour la Place.


Place Financière Art et finance

Un mois qui devrait tout changer

► Le port franc est sorti de terre : un atout majeur pour la diversification économique du pays. ► L’art secured lending arrive dans son sillon. ► Du travail reste à faire. Et pourquoi ne pas créer un statut de commissaire-priseur ?

PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

― Texte : Pierre Sorlut

La carte a été posée sur la table à la date – le 17 septembre – qui avait été prévue presque deux ans auparavant. Deux années durant lesquelles les plus grandes attentes avaient été placées dans cette stratégie devant faire fructifier les synergies entre la place financière, les services aéroportuaires et le pragmatisme politique. C’est fait ! Une zone ultra sécurisée s’étale maintenant sur 20.000 m2 en bordure d’aéroport pour stocker, en suspension de taxe sur la valeur ajoutée, des biens de grande valeur. Parmi ces biens figure bien évidemment l’art. Une œuvre monumentale dans le lobby an­nonce d’entrée la couleur. Réalisée par l’artiste portugais Vhils, elle est l’âme d’un lieu haut de gamme, propice à servir des person­ nes fortunées, justement celles que la place financière vise suite à la disparition du secret bancaire et de sa clientèle « de masse ». Le Freeport, puisque c’est de cela dont il s’agit, est un maillon fort d’une stratégie nationale pensée dès 2008 rue de Neudorf, dans les locaux Deloitte. Son parcours s’est néanmoins avéré quelque peu chaotique, avec des projets explosant en plein vol, comme la plateforme de titrisation d’œuvres d’art, Splitart, ou

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▲ Le lobby du port franc et l’œuvre d’Alexandre Farto, alias Vhils : un prodige du street art portugais, comme un symbole dans la stratégie Art et finance qui prend forme au Luxembourg.

d’autres ne prenant pas vraiment, comme les fonds investissant dans l’art. L’actif ne semble pas assez liquide pour attirer cette industrie, la faute notamment à une valorisation difficile des œuvres et à une liquidation non moins compliquée. Pour autant, le marché de l’art intéresse dorénavant les gestionnaires de fortune.

UNE PRIORITÉ POUR LES GESTIONNAIRES DE FORTUNE Le dernier rapport Art et finance publié par Deloitte et ArtTactic (un institut de recherche spécialisé) indique ainsi que 64 % des banques privées et 88 % des gestionnaires de patrimoine sondés veulent faire de l’art un axe stratégique en 2015. Si l’étude ne permet pas de prendre

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Place Financière Art et finance Événement

Allier passion et raison Valeur refuge, actif prisé ou coup de cœur, l’art a une carte luxembourgeoise à jouer.

PHOTO : BENJAMIN CHAMPENOIS

la mesure de l’intérêt porté par les professionnels luxembourgeois, la couverture de presse de l’inauguration du port franc et l’affluence aux événements ayant trait à la thématique Business of Art (voir encadré) témoignent d’une volonté d’appréhender un potentiel incontestable. Les ventes des deux principales maisons d’enchères du monde occidental – Christie’s et Sotheby’s – ont atteint un volume de ventes record en 2013 avec 7,68 milliards de dollars d’œuvres cédées, par rapport à 6,4 milliards en 2012 et 6,6 en 2013. Une augmentation principalement alimentée par les ventes d’art contemporain, en augmentation de 24,2 % à 3,39 milliards de dollars, contre 2,73 milliards en 2012. Parallèlement – cela peut être regretté à bien d’autres égards, mais renforce d’autant cette thématique – le nombre de personnes fortunées ne cesse de grimper et leur richesse s’accroît elle aussi année après année. Elle a atteint en 2013 un montant record de 27.800 milliards de dollars. Toujours selon le sondage réalisé par ArtTactic, les trois quarts d’entre elles achèteraient de l’art pour le collectionner, mais avec un objectif d’investissement (contre 53 % en 2012).

La récente soirée 10X6 organisée par le Paperjam Club (on y reviendra dans la prochaine édition de Paperjam2, ndlr) était dédiée au business de l’art, devant un auditoire bondé (photo). L’art, qui unit passion et raison, est une valeur refuge en période économiquement difficile, un actif prisé par des fortunes installées ou émergentes. « Davantage de personnes achètent des œuvres d’art à des prix plus élevés », indique Aude Lemogne, directrice de

Link Management, société de conseil située au port franc du Findel. Pour l’European Investment Bank Institute, représenté par Delphine Munro, la constitution d’une collection « est un engagement citoyen et un moyen d’affirmer un ancrage local, en la partageant avec le personnel, qui en devient l’ambassadeur ». Les foires sont dominées par quelques événements, à Vienne, Hong Kong ou encore Miami. Et Luxembourg ? Une place est peut-être à prendre. Erna Hecey, direc­ trice de l’Office qui porte son nom, spécialisé dans le conseil artistique, en est convaincue. « Situé au cœur de l’Europe, le Luxembourg pourrait initier une foire d’art, car tout le potentiel y est rassemblé », dit-elle, en ajoutant que le format du genre pourrait être repensé et qu’il faudrait innover pour que l’événement devienne mondialement connu. T. R. ◄

L’ART SECURED LENDING DANS LES BAGAGES Alors, pourquoi ne pas capitaliser sur cette richesse et faire en sorte que ces montants astronomiques soient réinjectés dans l’économie « active » ? C’est l’idée de l’art secured lending ou l’utilisation d’œuvres d’art comme gage. « De plus en plus de collectionneurs cherchent à utiliser leur collection d’art comme nantissement », témoigne Aymeric Thuault, conseiller en art et, depuis peu, associé de la société britannique Right Capital, opérant sur ce marché. Si l’art secured lending est un marché très mature aux États-Unis, il reste embryonnaire dans l’Union européenne. Seules UBS ou Deutsche Bank proposent ce service à leur clientèle fortunée. Il n’a pas encore pris pied au Grand-Duché. À cause notamment d’un droit du gage très peu compétitif par rapport aux droits britannique et français. Dans un article publié par Yasmina Maadi (avocate) et Adriano Picinati di Torcello (directeur chez Deloitte) dans les colonnes d’Agefi Luxembourg en décembre 2007 – déjà ! –, les intéressés écrivaient que le gage d’œuvres d’art relevait du droit civil… expliquant que le gage avec dépossession nécessitait des frais considérables et générait des inconvénients pour les deux parties. « Le créancier gagiste sera tenu d’assurer la conservation de l’objet gagé dans des locaux adaptés à la conservation d’œuvres d’art », lisait-on alors. Si aucune réforme n’est intervenue depuis en matière de droit du gage civil – ce qui signifie que l’objet servant de gage doit être remis au créancier –, le port franc

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représente un outil idoine dans cette perspective. Les œuvres gagées peuvent ainsi y être stockées par la banque octroyant le financement sans supporter de TVA. L’objet peut, quant à lui, continuer « à vivre » en étant exposé, dans les showrooms, et pourquoi pas dans des expositions.

L’ART COMME LEVIER Il n’est donc pas anodin que l’excroissance luxembourgeoise de Right Capital, qui opère sous le nom de Link Management, loge au Freeport. La société de conseil a mis en place un partenariat avec la Bil. La banque de la route d’Esch offre un service d’art lending sur base de recourse loan : le bien gagé ne constitue alors pas la seule source de remboursement de l’emprunt, lequel doit être remboursé intégralement par l’emprunteur si la vente du bien ne le permet pas, à l’inverse du non-recourse loan. L’art peut ainsi être utilisé comme bras de levier, ce qui diffère du modèle initial de Right Capital… Là, la société s’adresse à des dealers ou galeristes qui cherchent à utiliser leur stock pour financer leurs activités, sous forme de non-recourse loan. Right Capital n’utilise pas son capital, mais celui d’investisseurs qualifiés. Pour chaque gage, un pool d’investisseurs décide ou non de financer cette dette. Celle-ci peut aller de 250.000 à 10 millions d’euros. Seul l’art peut être utilisé comme sécurité. Les taux d’intérêt varient de 8 à 12 % et les galeristes se refinancent

ici à la vente. La durée d’investissement va de six mois à trois ans. La Bil s’adresse à ses clients très fortunés. Ce n’est donc pas la même clientèle et l’art est intégré à un portefeuille d’actifs déjà détenus. Voilà donc – en sus de l’ouverture du port franc – un élément de la matérialisation toute récente de la stratégie Art et finance soutenue par le gouvernement, initialement celui de Jean-Claude Juncker, maintenant celui de Xavier Bettel. Mais il faut encore y travailler. Si le port franc constitue un atout avec des régimes fiscaux préférentiels, il faudra certainement envisager la création d’un statut de commissairepriseur, ou une profession assimilée, inexistant au Luxembourg. Aujourd’hui, l’évaluation et la vente du bien consécutives à la réalisation du gage sont nécessairement confiées à des notaires ou à des huissiers… pas toujours experts en art. Ce qui ne permet donc pas d’obtenir les meilleurs prix. Une telle avancée pourrait favoriser l’arrivée de maisons de vente. Si celles de Christie’s ou Sotheby’s ne semblent pas dans les tuyaux, des pure players du web, Auctionata ou Paddle8 pour ne citer qu’elles, pourraient profiter des installations du port franc, un maillon d’une chaîne qui ne demande qu’à être prolongée. ◄ En résumé La sauce Art et finance prendra avec le Freeport ou ne prendra pas. Le Luxembourg a joué son va-tout avec cette zone de suspension de TVA censée aider à la diversification économique du pays. Le pan financier prend de la substance, mais il reste du travail.


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Place Financière ATTF

09 Savoir-faire en transfert

► L’Agence de transfert de technologie financière a fêté, début octobre, son 15e anniversaire. ► S’appuyant sur un réseau d’une centaine de professionnels de la Place, l’agence distille des milliers d’heures de formation à destination de secteurs financiers de pays en voie de développement. ► Au-delà de l’aspect éducatif, ce sont les images mêmes de la Place et du pays qui sont en jeu. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Mike Zenari

1.267 Le nombre de formations organisées par l’ATTF entre 2000 et 2013 au Luxembourg et à l’étranger.

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À l’image de sa présence sur la Place luxembourgeoise, c’est en toute discrétion que l’Agence de transfert de technologie financière (ATTF) a « fêté », le 6 octobre dernier, ses 15 années d’existence. « Fêté » est un bien grand mot, puisqu’aucune cérémonie officielle ou séance académique n’a eu lieu, quand bien même une telle institution mériterait sans doute une autre mise en lumière. « Assurer la mise en place, la coordination et l’exécution de programmes de formation et de consultance dans les domaines bancaire et financier à l’intention principalement de personnes non résidentes au Grand-Duché de Luxembourg, en particulier de bénéficiaires en provenance de pays en transition ou en développement » : tel est l’objet de la société, constituée sous le régime des sociétés anonymes le 6 octobre 1999. Une société, certes, mais sans aucune visée « lucrative » ni commerciale. À l’origine, l’Institut de formation bancaire, Luxembourg (IFBL) disposait d’un département international qui avait été créé lorsque les anciens pays dits « de l’Est » avaient commencé à s’ouvrir vers les économies capitalistes occidentales. « L’Union européenne avait demandé à tous les États membres de faire des

efforts pour aider ces pays et le gouvernement luxembourgeois avait apporté son écot au soutien de cette initiative », se souvient Patrick Wallerand, directeur des programmes internationaux de l’ATTF depuis 2008. Au fil des ans, cette activité a pris une telle envergure au sein d’un IFBL traditionnellement concentré sur la formation « locale » des banques qu’il a été nécessaire de créer une nouvelle structure afin d’apporter des nouvelles réponses à de nouveaux besoins. Par l’entremise du ministère des Finances et de la direction de la Coopération du ministère des Affaires étrangères, l’État luxembourgeois a ainsi mis la main à la création de l’ATTF, en prenant 51,3 % du capital (19 actions sur 37). L’ABBL (plus tard Profil), la Banque centrale du Luxembourg, la Chambre de commerce,

7.049 Le nombre de jours de séminaires, formations et visites d’études organisés par l’ATTF entre 2000 et 2013, dont 5.473 se sont déroulés à l’étranger.


Place Financière ATTF le Centre universitaire, la CSSF et l’IFBL se partagent, à parité, le reste du capital. Le premier président du conseil d’administration fut l’actuel directeur général de la CSSF, Jean Guill, alors directeur du Trésor. La fonction d’administrateur délégué, elle, avait été confiée à Isabelle Goubin, alors con­seiller de direction de première classe, et aujourd’hui… directeur du Trésor, mais aussi présidente du conseil d’administration et managing director de l’agence… La boucle est bouclée.

DONNER ET RECEVOIR Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, l’ATTF n’est, en rien, un intégrateur de solutions informatiques ou électroniques. « Le terme ‘technologie’ est à prendre au sens large de ‘techniques financières’ et de savoir-faire, précise Patrick Wallerand. Notre mission est d’abord à caractère presque social, dans l’assistance technique aux pays qui veulent développer leur secteur financier. Mais derrière cette approche se dessine aussi, en filigrane, la promotion de la place financière et de ses compétences au sens large. Nous sommes porteurs de la bonne image du pays à l’étranger. » En une décennie et demie d’existence, l’ATTF a tissé sa toile aux quatre coins du monde. Du Salvador au Vietnam, de la Serbie au Cap-Vert, du Kazakhstan à l’Égypte : l’agence coopère aujourd’hui avec une cinquantaine de partenaires répartis dans 42 pays d’Europe (principalement à l’est), d’Asie, d’Afrique et d’Amérique centrale. En plus de son approche « formation », l’agence fournit également de l’assistance technique dans le cadre de projets à moyen terme en faveur des autorités de régulation et de surveillance au Salvador, en Mongolie et au Vietnam. « Nous ne choisissons pas les pays dans lesquels nous intervenons. Tout passe par des décisions prises par nos bailleurs de fonds, c’est-à-dire principalement les ministères des Affaires étrangères et des Finances. Nous sommes ensuite en charge de mettre en place les formations adaptées aux besoins exprimés. » Cela se traduit par plus d’une centaine de séminaires de formation organisés chaque année, touchant directement quelque 3.000 personnes. Avec une équipe de neuf personnes et un budget d’environ trois millions d’euros, le rôle de l’ATTF n’est évidemment pas d’assurer elle-même ces formations, mais bel et bien de jouer les chefs d’orchestre, en trouvant, dans chaque pays, des intermédiaires et des relais – souvent dans les associations

8.189 Le nombre de jours / hommes de formation recensés en 2013, avec un total de 2.272 participants.

professionnelles locales ou les institutions étatiques – et, au Luxembourg, des experts capables de distiller leurs connaissances. « Des personnes qui connaissent très bien leur métier, il y en a des dizaines de milliers au Luxembourg. Des personnes capables de bien en parler en public, il y en a déjà beaucoup moins. Et il y en a encore beaucoup moins qui sont capables de gérer un groupe pour une telle formation, constate M. Wallerand. Un bon formateur doit aussi revenir d’une mission en se disant : ‘J’ai appris beaucoup aussi’. » L’agence peut tout de même compter sur un vivier d’une bonne centaine de formateurs, tous aguerris dans leur métier. La très grande majorité est toujours en activité au Luxembourg et accepte de donner de son temps pris sur ses congés pour prester ces formations. Ceux qui ne sont plus nécessairement directement actifs sont généralement des consultants qui entretiennent évidemment un haut niveau de compétences et de connaissances. « Les experts qui interviennent pour nous sont évidemment rémunérés, mais ce n’est pas l’argent qui constitue leur motivation, précise Josée Thyes, directeur administration et programmes nationaux au sein de l’agence. Ils ont tous la volonté de ‘rendre’, d’une certaine façon, les connaissances qu’ils ont. C’est aussi, pour eux, une façon de faire un point sur leurs connaissances. Ils sont en tous les cas nos meilleurs ambassadeurs, car ils sont tous convaincus de ce qu’ils font. »

UNE QUESTION DE RÉPUTATION Parmi ces experts reconnus sur la Place, Thierry Schuman, membre du comité de direction de BGL BNP Paribas, en charge des ressources humaines. Impliqué pratiquement dès la création de l’ATTF, il compte à son « actif » une douzaine d’interventions en Serbie, au Kosovo, en Géorgie, en Russie, au Salvador, au Vietnam, en Azerbaïdjan… « Il est passionnant de pouvoir transmettre un savoir, explique-t-il. Dans ma carrière, beaucoup de gens m’ont appris beaucoup de choses et je trouve naturel de pouvoir le faire à mon tour. Et moi-même j’apprends beaucoup en retour ! Mais il est aussi très important de pouvoir contribuer à ce que ces pays puissent se développer dans une direction qui est la bonne. Pour qu’une économie se développe, il faut que son secteur financier se développe. » Cela ne se fait pas nécessairement en toute facilité, comme parler de système bancaire dans un pays tel que le Vietnam où toute l’économie fonctionne sur la base d’échanges en cash… De même, évoquer les notions de diversité ne se fait pas de la même façon en Azerbaïdjan, en Serbie ou au Salvador. Et présenter des fondements de management qui, au Luxembourg, semblent évidents peut devenir un exercice presque surréaliste à quelques frontières de là. « Je me souviens d’une mission auprès de la State Bank of Russia, témoigne M. Schuman. Dans cette banque d’État, en termes de recrutement ou

de gouvernance, on partait vraiment de zéro. Car le recrutement, là-bas, cela se faisait presque par un simple coup de téléphone du gouverneur de la province ou d’une autre haute autorité, annonçant l’arrivée d’un nouveau collaborateur pour le lendemain. » L’intervention des experts de l’ATTF sur des terrains étrangers constitue la majorité des actions de formation encadrées, mais une partie se déroule aussi au Luxembourg. Et là non plus, rien n’est laissé au hasard, avec une prise en charge à chaque instant des délégations venues de divers horizons, ce déplacement au Grand-Duché constituant même parfois la première expérience vécue hors des frontières d’origine. Hilda Lutgen, project manager depuis 12 ans au sein de l’agence, est l’une des chevilles ouvrières de cette organisation, guidée par une exigence de perfection quasi naturelle. « Nous mettons les petits plats dans les grands et nous réglons les moindres détails, expliquet-elle. Nous avons conscience d’être aussi une vitrine du pays, et nous sommes évidemment très attentifs à l’image que nous donnons. Mais au-delà du travail, c’est réellement avec plaisir que nous le faisons. » L’exercice « à domicile » n’est pas non plus toujours de tout repos, au regard de la très grande diversité géographique des professionnels qui viennent au Grand-Duché pour s’y faire former : il faut tenir compte des habitudes alimentaires, des croyances religieuses, des contextes géopolitiques. « Dans un groupe où il y a des Russes et des Ukrainiens, nous devons faire en sorte, par exemple, qu’ils ne soient pas assis côte à côte pendant les formations », explique Mme Lutgen, qui vient tout juste de terminer un séminaire dédié aux directeurs de ressources humaines qu’elle a elle-même mis en place il y a neuf ans. Au menu : un programme pour 14 participants de huit nationalités aussi différentes qu’égyptiennes, mongoles, arméniennes… Là aussi, au-delà des matières enseignées, c’est toute l’image et la réputation de la Place qui est également en jeu. « Les participants qui viennent ici sont déjà des high potentials et ils peuvent se rendre compte de tout ce qu’on fait et des meilleures pratiques que nous transmettons. Ils doivent repartir en se disant qu’ils n’ont jamais vécu une telle chose. » ◄ En résumé L’Agence de transfert de technologie financière fête, en toute discrétion, son 15e anniversaire. Au-delà des connaissances distillées auprès de professionnels étrangers – en grande majorité des pays émergents – par les formateurs sollicités, l’ATTF revendique également une mission de promotion de l’image de la Place.

25.000 Le nombre de participants recensés depuis 2000, en provenance de plus de 40 pays.

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Place Financière Résultats annuels

10 Une croissance équilibrée Le deuxième des Big Four – 1.600 personnes – détaillait le 14 octobre ses résultats clôturés au 31 août. Après une année « exceptionnelle » ayant vu une hausse de 19 % du chiffre d’affaires, Deloitte Luxembourg affiche, pour l’exercice 2013-2014, 228,2 millions d'euros, soit une croissance de 9 %. Dans le chiffre d'affaires, les services fiscaux arrivent en tête (+14 %), suivis par les prestations d’audit (+7 %) et le consulting (+6 %). Sur deux ans, chacun des trois piliers flirte avec la barre des 30 % de croissance. « Nous essayons d’avoir une firme équilibrée via une approche

◄ Yves Francis entrevoit de nouvelles opportunités dans les projets de transformation IT des acteurs de la Place.

La finance inclusive bien en chaire Une chaire en droit financier. Mais une chaire estampillée Ada, organisation non gouvernementale luxembourgeoise qui fait de la finance inclusive son cheval de bataille sociétale. Le partenariat entre l’Université du Luxembourg et l’ONG enrichit le programme académique de la Faculté de Droit, d’Économie et de Finance. « Depuis la crise financière, il n’y a jamais eu de plus grande attention portée à la responsabilité sociale ou de nécessité de recherche de qualité sur des produits financiers socialement responsables », s’est réjoui Rolf Tarrach, recteur de l’Université du Luxembourg. « Cet accord avec Ada va permettre à notre Université d’être à la pointe de cette dimension fondamentale de la recherche et de l’éducation. » Président de l'Ada, Robert Wagner souligne que l’événement tombe bien, cette année marquant le 20e anniversaire de la création de l’organisation. « Nous avons

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acquis les capacités et l’expérience pour faire partager notre vision globale de cette industrie. » 50 % des fonds de microfinance sont domiciliés au Luxembourg. L’idée est de fournir une formation continue de qualité aux professionnels de ce domaine au Luxembourg, mais aussi des pays en voie de développement. Confiée à un professeur en cours de recrutement, dès janvier 2015, la chaire, en mettant l’accent sur le droit et la réglementation, entend combler le manque existant dans la recherche en microfinance et créer de nouveaux domaines d’expertise, particu­lièrement attendus en la matière. A. D. ◄

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► Le recteur Rolf Tarrach, Robert Wagener (Ada) et le Doyen de la Faculté DEF, Stefan Braum.

PHOTO : MICHEL BRUMAT / UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG

► L’Université et Ada mettent la microfinance dans la lumière académique.

multidisciplinaire », déclare Yves Francis, qui évoque un « flux continu de nouveaux acteurs qui choisissent le Luxem­bourg comme plateforme pour établir leur activité ». Deloitte se félicite aussi d’avoir gagné des parts de marché en audit, surtout dans le secteur financier, ainsi que des perspectives annoncées dans le consulting. « Nous disposons des fondamentaux pour continuer à croître, même si nous ne voulons pas ‘croître pour croître’ », estime Yves Francis, qui table sur un taux de 5 à 10 % l’an prochain. Cela dépendra aussi des contextes politique et réglementaire européens et de la pression mise. « Nous devrons poursuivre les efforts de promotion de la Place pour répondre aux inquiétudes éventuelles des clients, en étant bien outillés pour expliquer les avantages compétitifs du pays ». T. R. ◄

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PHOTO : BLITZ (ARCHIVES)

► Deloitte Luxembourg a présenté ses résultats 2013-2014. Le chiffre d’affaires grimpe de 9 %, à 228,2 millions d'euros.


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www.zoomeditions.com

Consumption, du 16 octobre au 2 novembre, au Cercle Cité.

Quarante chanteurs de 18 nationalités différentes, encadrés par des musiciens de renommé : le Chœur de Chambre de Luxembourg est né. Cet ensemble travaille un répertoire de grande musi­ que, de la Renaissance à aujourd’hui, mais mène aussi des projets pédagogiques et des activités de formation. Le travail d’ensemble régulier et rigoureux, les qualités musicales de ses membres ainsi que l’apport enrichissant des dif­férentes cultures donnent une dimension particulière à ce chœur. Le directeur musical, Antonio Grosu, a dirigé les chœurs de la Cathédrale de Luxembourg de 2005 à 2013.

Les 4, 7 et 10 novembre au Studio du Grand Théâtre

Le TROIS C-L a eu la très bonne initiative de faire évoluer sa brochure de présentation annuelle en la transformant en « d ». Désormais cette « brochure » paraîtra au rythme de deux fois par an. Elle rassemble bien sûr toute la programmation du centre chorégraphique, mais également un agenda avec tous les événements liés à la danse dans le pays et un contenu éditorial décloisonné pour s’intéresser à l’art chorégraphique en général et à ses multiples interactions avec les autres arts. À suivre et à lire.

La chargée de mission culturelle du Luxembourg en France, Valérie Quilez, a été nommée présidente pour deux ans du Forum des instituts culturels étrangers à Paris. Cette association, qui réunit 53 centres et instituts culturels étrangers, a pour objectif de mettre en valeur le rôle clé que les instituts et centres culturels étrangers de Paris jouent dans la promotion de la diversité culturelle. Il organise chaque année la Semaine des cultures étrangères, le festival Jazzycolors, la Semaine des cinémas étrangers et la Nuit de la littérature.

31/10

À l’occasion de sa prochaine exposition au Mudam, l’artiste Sylvie Blocher a lancé un appel à participation pour son nouveau film. Si vous êtes un homme, une femme ou un(e) adolescent(e) et que vous avez une idée pour changer le monde, de la plus simple à la plus ambitieuse, alors vous pouvez lui envoyer votre candidature avant le 31 octobre. Les participants pourront alors monter dans une machine de vol pour se détacher du sol, de 10 cm à 12 m selon l’envie de chacun, dans le Grand Hall du musée. Les participants recevront en échange et pour remerciement une photo d’eux signée par l’artiste. Le tournage aura lieu entre le 5 et le 30 novembre. www.dreams.lu

www.ccl.lu

108 ―

Theo van Gogh, provocateur et enfant terrible du cinéma néerlandais, a été assassiné en 2004. Il laisse derrière lui une filmographie importante, dont Blind Date, adapté au théâtre en Allemagne et pour la première fois en français. C’est Myriam Muller qui met en scène Sascha Ley,
Jules Werner et Sébastien Schmit. Un couple, anéanti par une tragédie, va essayer de se reconstruire au moyen de rendez-vous, secrets et anonymes. C’est à travers ce rituel de jeu de rôles à la fois drôle, ludique, touchant et pervers qu’ils vont tenter de communiquer enfin et de se retrouver. Mais ces « blind dates » successifs feront jaillir peu à peu les fêlures, angoisses et zones d’ombres du couple.

― Novembre 2014

PHOTOS : BOHUMIL KOSTOHRYZ / MIHAELA TUDOR

Les 11 finalistes du célèbre prix photographique Pictet sont exposés pour la première fois au Luxembourg depuis sa création en 2008. Pour l’édition 2014, le prix a été décerné à Michael Schmidt. Ce prix récompense le travail d’un photographe qui participe aux débats sociaux et environnementaux les plus actuels et urgents de notre société. Le thème de cette année était consacré à la consommation. Une façon d’interroger le fait d’« avoir » en images.

C’est le nombre de titres récemment parus au catalogue des éditions Zoom. Adama, l’étrange absence d’un copain de classe et La cigogne de fer qui déposa mon frère ont été entièrement conçus au sein du 1535°C à Differdange. On salue sincèrement l’engagement des sujets abordés (la question des enfants sans papiers pour l’un, l’adoption et l’intégration pour l’autre), et la qualité générale des ouvrages.


Désirs Culture

POL BELARDI ZOOM SUR...

― Texte : Céline Coubray ― Photo : Sven Becker

Ce jeune musicien vient d’être récompensé par le Prix de la Stiftung der IKB International zur Förderung junger Künstler Luxembourg. Un talent prometteur que nous avons rencontré. À seulement 25 ans, Pol Belardi a un bel avenir devant lui. Il vient de finir ses études à Amsterdam et déjà les projets remplissent largement son agenda. Non content de pratiquer plusieurs instruments, principalement la basse électrique et le vibraphone, mais aussi du piano ou des percussions classiques, Pol Belardi compose également. Il a d’ailleurs été récompensé pour son projet de fin d’études intitulé Urban Voyage, un morceau de sa composition pour 11 musiciens, qu’il va pouvoir enregistrer et accompagner d’un clip. « J’ai toujours voulu créer, précise Pol Belardi. Je me sens beaucoup plus à l’aise dans des créations que dans des interprétations classiques. » Si le jazz domine son répertoire, il reste attentif à tous les autres styles de musique : « Je garde les oreilles ouvertes et je joue dans plusieurs groupes. De plus, le jazz n’est pas du tout une musique centrée sur elle-même, mais au contraire très ouverte vers les autres courants musicaux, et il est possible d’y intégrer des influences de pop, de hip-hop ou de groove. » Son programme ? Chargé, on vous dit ! Avec le groupe électro-pop Charlotte dans lequel il joue de la basse et du synthé, il enregistrera un album début 2015. Bassiste

du Pascal Schumacher Quartet, il se produira à la Philharmonie en mars 2015 et participe à l’enregistrement du nouvel album. Il tourne aussi avec son propre quartet, 4S, dont au Sunset à Paris. On peut aussi l’écouter, en tant qu’animateur radio cette fois, sur 100,7 dans les émissions Jazz Stories et Jazz Programme. Ce talent est heureusement reconnu et il vient d’être récompensé par la Stiftung der IKB International zur Förderung junger Künstler Luxembourg qui décernait son prix 2014 à un artiste de la musique jazz. « Ce qui me plaît dans la musique jazz, c’est qu’il n’y a pas de limite. On peut faire une synthèse de toutes ses influences et y développer une grande liberté et fantaisie. » Pour autant, il est tout à fait lucide quant à la réalité de ce que représente le métier de musicien au Luxembourg. « Il est assez difficile de gagner sa vie en n’étant que musicien. Pour cela, j’ai choisi de donner aussi des cours en parallèle. Pour le moment, ma carrière est un peu comme le jeu du loto. J’ai quelques tickets prometteurs entre les mains, mais je ne sais pas encore si je vais être l’heureux gagnant. » En attendant, Pol Belardi est plus que jamais motivé et passionné par ce qu’il fait.

www.polbelardi.com

― Novembre 2014 ― 109


Désirs Sélections

Explorator 20e édition du guide de restaurants au Luxembourg

Sélection gastronomique du guide Explorator

NOUVEAUTÉS DANS L’ASSIETTE À l’occasion de la sortie de la 20e édition du guide Explorator, nous vous livrons une sélection de cinq nouveaux restaurants qui ont séduit la rédaction.

10, rue James-Hillard Polk à Bettembourg www.cibos.lu

GREENWOOD

Le bâtiment abrite des chambres à louer d’un haut standing contemporain. Le restaurant qui y est hébergé est à son image : mobilier design, cadre épuré... Sebastien Backes a opté pour une cuisine saine et équilibrée, ce qui ne veut pas dire qu’on a faim en sortant. 10, route d’Echternach à Luxembourg (Dommeldange) www.luxfit.lu

LOXALIS

Angelo Vaccaro a ouvert un restaurant qui fait la place belle à la nature dans le cadre comme dans l'assiette. Avec des produits régionaux et essentiellement bio. On se régale d’un agneau en croûte d’herbes ou d’un croustillant de cochon après avoir savouré un potage de saison. 150, rue de la Libération à Dudelange www.loxalis.lu

KOEPPCHEN

UKULELE

En haut du vignoble de Wormeldange, ce bistro date de 1907. Repris par Christophe Diederich, l’endroit a pris un coup de jeune. Si la cave voûtée est toujours là, on lui a adjoint un bar. Dans l’assiette, on trouve des spécialités locales, des standards brassicoles et des burgers.

Passionnées par la Thaïlande, Claire Haigh et Louise King ont transformé ce bar de quartier en petit havre dédié à leur cuisine de prédilection. La cuisinière prépare donc des currys, pad thaï, pad kemao et autres massaman chicken comme si elle le faisait dans sa cuisine familiale. C’est animé, chaleureux et bon marché.

9, Berreggaass à Wormeldange www.koeppchen.lu

57, rue de la Tour Jacob à Luxembourg (Clausen) Tél. : 621 46 69 04

PHOTOS : LUC DEFLORENNE / LALA LA PHOTO

CIBO’S

Ouvert au printemps, ce restaurant joue la carte du frais et du saisonnier. Le chef Étienne-Jean LabarrèreClaverie, passé par le Mansfeld, sait magnifier les produits avec des préparations qui sentent bon le Sud. Il ajoute volontiers une touche exotique, toujours équilibrée.

François Kremer Chargé de communication, Philharmonie

Sélection musicale de François Kremer

GRANDS NOMS AU FESTIVAL

Maximilian Hornung

Le violoncelliste vient pour la première fois à Luxembourg. Il sera accompagné par l’OPL sous la direction de Nikolaj Znaider, également pour la première fois au Grand-Duché. À même pas encore 30 ans, il est en train d’accomplir une belle carrière de soliste. Au programme : le Concerto pour violoncelle de Dvořák ainsi que la Symphonie no 1 « Rêves d’hiver » de Tchaïkovski. Deux belles pièces qui font vibrer l’âme slave. Le vendredi 17 octobre à 20 h

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― Novembre 2014

War and Pieces

Cette soirée insolite conçue et interprétée par le violoniste Daniel Hope est l’occasion pour l’OPL de commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale : l’orchestre s’y illustre avec Beethoven, sous la direction de Sascha Goetzel ; le Robert SchumanChor interprète une commande signée Catherine Kontz ; Daniel Hope assure la partie de soliste du nouveau concerto pour violon de Gabriel Prokofiev. Le mercredi 22 octobre à 20 h

Grigory Sokolov

Ce pianiste russe est devenu un mythe, ses récitals ressemblent à des rites initiatiques. Il interprétera la Sonate pour piano no 3 de Frédéric Chopin, qui alterne en permanence entre lumière et ténèbres, nous faisant vivre un grand huit émotionnel. Le monstre sacré du clavier jouera aussi la Klaviersonate op. 10/3 de Beethoven. Le dimanche 9 novembre à 20 h

PHOTOS : SÉBASTIEN GRÉBILLE / HARALD HOFFMANN / MARCO BORGGREVE

Le Luxembourg Festival, qui se déroule en octobre et novembre, regroupe des productions exceptionnelles présentées aux Théâtres de la Ville de Luxembourg et à la Philharmonie. Pour cette 8e édition, la Philharmonie nous propose une sélection. Tout le programme sur : www.luxembourgfestival.lu



Désirs Shopping Sélections

POP-UP 65/19

Le ministère de la Culture a organisé un concours permettant à de jeunes créateurs locaux de montrer et vendre, pendant 65 jours (12 jours chacun) leurs créations à la Galerie Gaasch à Dudelange. Voici nos coups de cœur parmi les 19 candidats retenus. 5, rue du Commerce à Dudelange

SOPHIE DEWALQUE Les collections de Sophi(e) stication sont destinées aux jeunes filles élégantes, qui aiment les belles matières et les imprimés. La collection automne-hiver 2014 est marquée par le vert kaki, sage et sophistiqué à la fois. Les robes n’hésitent pas à prendre quelques atours de contes de fées, combinant transparence, tissus chatoyants et quelques ajouts de plumes. Du 29 octobre au 9 novembre

HA DANG NGUYEN La créatrice de la marque Redwood présente une collection de prêt-à-porter pour femmes et de la maroquinerie. Les lignes sont épurées, inspirées du lotus dont on retrouve la forme des feuilles dans les coupes des manches ou des revers. Les collections sont dessinées au Luxembourg et réalisées avec attention dans un petit atelier du Vietnam. Un bel équilibre entre Orient et Occident.

TEN HANDS Ce collectif de créateurs d’objets d’artisanat et de décoration est composé de Stina Fisch, Émile de Nemo, JeanMarc Arnaudé et Anne-Marie Herckes. Ils proposent une sélection de céramiques, bijoux, accessoires et illus­ trations spécialement conçus à « 10 mains » pour le pop-up store. Le résultat est empreint d’humour, de fantaisie et de séduction. Ils proposent également des ateliers pour enfants.

Du 12 au 23 novembre

Du 10 au 21 décembre

ANDRÉ LOPESECO Ce jeune designer développe des objets aux lignes minimalistes et prête une attention particulière aux matériaux. Pour le pop-up store, il présentera des prototypes à échelle réelle comme un porte-parapluie en béton, un élégant tabouret prismatique, un astucieux système de tréteaux en bois ou encore une élégante trottinette. Du 26 novembre au 7 décembre

NOÉMIE LUXEN Cette jeune diplômée en architecture d’intérieur et design travaille actuellement en tant qu’architecte d’intérieur. Mais sa véritable passion est le design, product design, design de mobilier ou encore la création d’objets d’art. Pour le pop-up store, elle présente des créations en apparence simple, mais qui reflètent sa personnalité, parfois ludique et plurifonctionnelle. Du 12 au 23 novembre

Muse by, acte 2

Le chic à l’italienne

8, avenue de la Porte-Neuve à Luxembourg (Centre-ville)

7, rue Philippe II à Luxembourg (Centre-ville)

Le magasin indépendant Muse by… ouvre une seconde adresse. Plus grande que la première, on retrouve avec plaisir les marques phares de la maison comme Céline et on découvre avec envie les nouvelles venues (Missoni, Valentino). L’offre en accessoires, bijoux et prêt-à-porter délicats et féminins sera plus vaste, mais la philosophie et l’art de vivre qui caractérisent cette boutique perdurent et s’étendent désormais à l’univers de la maison, avec des objets chinés à travers le monde et de la vaisselle.

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La célèbre maison Dolce & Gabbana a également choisi de s’installer au cœur de Luxembourg. Elle vient ainsi grossir le rang de boutiques de luxe de la capitale. L’aménagement intérieur offre un magnifique écrin pour les collections qui sont largement représentées, aussi bien pour femmes que pour hommes. On trouve également une belle sélection d’accessoires, que ce soit des souliers, des lunettes ou des montres.

100 ans de panthère

Tour à tour sauvage ou câline, la panthère fête ses 100 ans dans la maison Cartier. Pour l’occasion, le motif animalier se décline en 56 pièces dont de somptueux bijoux, des montres et même un parfum. Alors que la panthère des années 1980-90 était signe de puissance, presque agressive, la panthère de 2014, sans rien perdre de son côté sauvage, est plus douce, très attachante, et prend les traits d’un jeune félin. 13, avenue Monterey à Luxembourg (Centre-ville)

PHOTOS : VINCENT WULVERICK, OLIVIER MINAIRE

Shopping


In Tempo vous propose un concept novateur sur le marché immobilier luxembourgeois et vous invite à ses PORTES OUVERTES les 8 & 9 NOVEMBRE 2014 de 14 h à 18 h. Afin de découvrir nos services, nos produits et la diversité des styles que nous sommes en mesure de vous offrir, nous vous accueillons dans notre maison de EISCHEN et dans notre projet en vente à STEINFORT. La maison de Steinfort est sise sur un jardin aménagé de 9,8 ares orienté S/O comprenant au rez : hall, vestiaire, WC, grande pièce à vivre avec cuisine, arrière-cuisine, chaufferie et 2 garages. Étage : suite parentale avec dressing et sdd, 3 ch, sdb, bibliothèque et buanderie. Superficie habitable 201 m2 – superficie totale 251 m2. Passeport énergétique B-C.

Eischen, 13A, rue de Clairefontaine Steinfort, 80, rue de Kleinbettingen Plus d’infos sur www.intempo.lu - tél. : (+352) 48 39 68


Désirs Gastronomie

LA CANTINE DU CHÂTELET

Alors qu’il avait déjà repris l’hôtel du Châtelet, Marc Hobscheit lui a ajouté un restaurant et un wine bar. Des tons bleutés, des tentures épaisses et un mobilier noir et blanc pour décor, une cuisine de rôtisserie pour l’assiette. Une belle sélection de viandes de diverses origines est ainsi proposée. Le midi, le chef ne freine pas son inventivité et propose une courte carte où l’entrée est comprise dans le prix. Chaque semaine, les propositions changent et démarrent à 13 euros. 2, boulevard de la Pétrusse à Luxembourg (Gare)

ZOOM SUR

DIPSO

Après ses émissions sur RTL où elle a côtoyé tout ce que le Luxembourg compte de chefs et de viticulteurs, Tanja de Jager saute le pas et ouvre son propre espace. En grec, dipso désigne la soif, et il fût un temps où l’on considérait la dipsomanie comme une maladie légère nécessitant de boire sur-le-champ. C’est ce qu’elle nous propose avec un joli bar à vins avec une sélection locale et internationale à partir de 3 euros le verre (et jusqu’à beaucoup plus pour qui voudra).

PHOTOS : LA CANTINE / JENNY FISCHBACH / LALA LA PHOTO

4, rue de la Loge à Luxembourg (Vieille ville)

PECCATI DI GOLA

Après la « folle envie » (La Voglia Matta), Dominique Tiesi nous invite à un « péché de gourmandise ». Dans ce nouvel espace très lumineux où le bois se conjugue à la pierre, on propose une cuisine italienne, mâtinée de plats internationaux. On retrouve avec plaisir les pâtes fraîches de la maison, mais aussi des plats de brasserie. La carte ose en plus un clin d’œil aux sept péchés capitaux. Un comptoir propose de la vente à emporter et un espace-bar permet de débuter ou de poursuivre la soirée. 6, route de Trèves à Senningerberg (Bâtiment EBBC)

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PIT WANDERSCHEID ― Texte : France Clarinval ― Photo : Sven Becker

Près de 1.000 cuisiniers se donnent rendez-vous tous les quatre ans pour la Villeroy & Boch Culinary World Cup. Plongée au sein de l’équipe luxembourgeoise avec un de ses membres. Après sa formation à l’École hôtelière de Diekirch, Pit Wanderscheid a enchaîné les postes au sein de divers établissements de haut niveau. « Pour moi, la cuisine rime forcément avec étoile. » Il a aiguisé ses couteaux à la Faventia à Cannes (deux étoiles), au Hugos de Berlin (une), sera chef de partie à la Pastorale à Bruxelles (encore deux) et sous-chef au Val d’Or de Johan Lafer, un des cuisiniers allemands les plus influents, avec également une étoile. Cette expérience a été complétée par une étape plus exotique : il a œuvré à la création d’un restaurant gastronomique au Laos, au sein d’une école hôtelière financée par Luxdéveloppement. « Nous avons mis en place ce restaurant avec l’ambition d’une cuisine haut de gamme. Un an après, il était parmi les 100 meilleurs restaurants de la région. » Un beau parcours pour ce cuisinier de 24 ans qui rêve de pouvoir un jour

ouvrir son propre restaurant. Mais pour l’heure, ce qui l’occupe, ce sont les préparations et entraînements en vue de l'Expogast. Il fait partie de l’équipe luxembourgeoise, qui sera en compétition face à une trentaine d’autres. Parmi les épreuves, la réalisation, en 6 h, d’un menu pour 110 convives. « Nous avons élaboré un menu qui tient compte du terroir luxembourgeois, mais qui s’ouvre aux nouveautés. » Ainsi, l’entrée, à base de maquereau, sera colorée et dans un esprit japonisant. Le plat, du veau, sera plus traditionnel, mais jouera des textures. Enfin, le dessert aura l’ananas pour base. « Les préparations sont très dures pour que tout soit coordonné au millimètre… » Un entraînement que les Luxembourgeois font en plus de leur travail dans leurs restaurants. Du 22 au 26 novembre à Luxexpo www.expogast.lu


Strip and night bar restaurant. Re-discover one of the most amazing venues in Luxembourg city. Food served until early morning . Open every day from 9pm to 9am

Adresse : 13 rue Dicks L-1417 Luxembourg Tel : 00352 49 05 52 www.saumur.lu


Désirs Interview – Culture fais une proposition au client, elle a déjà été validée par les architectes. Mon apport doit les aider, aller dans le même sens qu’eux. Comment avez-vous travaillé à Luxem­ bourg ? Avec quelles contraintes ? « Je ne travaille pas comme d’autres designers lumière qui utilisent des produits existants sur le marché et les intègrent à un bâtiment. Je réalise les lampes spécifiquement pour l’environnement et le programme où elles vont être. Elles ne sont pas neutres, ce sont des protagonistes à part entière du bâtiment. Elles apportent ainsi une nouvelle couche de lecture à l’architecture. À Singapour, il s’agissait de répondre à ce lobby sur plusieurs niveaux, avec une installation radicale qui flotte dans l’espace. À Luxembourg, il y a plusieurs espaces d’intervention. Ici, les couloirs sont simplement soulignés graphiquement, alors qu’à Singapour, c’est plus travaillé, plus précieux, mais pas indispensable. Mon principal champ d’action a été le lobby, très sculptural, avec un béton très fort. Ma proposition était d’aller totalement à l’encontre de l’éclairage classique d’un espace comme celui-ci.

JOHANNA GRAWUNDER

CONSTRUIRE AVEC LA LUMIÈRE

Le Freeport Luxembourg, inauguré il y a un mois, n’est pas seulement une forteresse pour entreposer de l’art, c’est aussi une création architecturale forte, que viennent souligner les créations lumineuses de Johanna Grawunder. Rencontre avec une light designer qui signe des projets partout dans le monde.

éditées en nombre limité, puis j’ai été contactée pour des projets plus intégrés. C’est comme ça que j’ai rencontré Yves Bouvier (CEO Natural Le Coultre, investisseur du Freeport, ndlr) qui collectionnait mes pièces, dont j’ai éclairé la maison et qui m’a proposée pour réaliser le design lumière du Freeport de Singapour.

Peut-on dire que la lumière apporte une âme au bâtiment ? « Non, je ne vois pas cela comme ça. La qualité architecturale et la dimension sculpturale du travail des architectes donnent déjà sa personnalité au bâtiment. La lumière entre en dialogue avec l’architecture et donne une nouvelle strate d’informations et de sens. Sur la façade, c’est encore plus vrai : la lumière rend visible la structure des gabions et lui donne une certaine emphase. Le contraste entre la pierre et les rails en aluminium d’où vient la lumière est saisissant. À certains endroits, les pierres et leurs ombres apparaissent comme de la dentelle, un peu flottante.

Ce sont les mêmes architectes qu’à Luxembourg ? « Le Freeport essaye toujours d’apporter une identité forte à ses bâtiments, qui ne sont pas de simples entrepôts. À Singapour comme à Luxembourg, j’ai travaillé main dans la main avec les architectes (Atelier d’Architecture 3BM3, Genève). Mon parcours en tant qu’architecte rend le contact et le travail faciles. Nous parlons la même langue, nous nous admirons mutuellement et nous avons confiance dans le travail de l’autre. En tant que designer lumière, on peut totalement détériorer le travail d’un architecte, mettre en évidence ce qui ne doit pas l’être, ou inversement. Quand je

Ce sont aussi des enjeux technologiques auxquels il faut répondre ? « En effet, le résultat que je voulais obtenir ne peut pas être réalisé avec des lampes qui sont sur le marché. Le fabricant italien Flos a développé une recherche et des technologies spécifiques. En particulier à l’intérieur, la difficulté vient du jeu avec la lumière naturelle et du fait que les luminaires sont allumés tout le temps. Pendant la journée, il y a beaucoup de lumière naturelle. Mes lampes sont comme des miroirs géométriques, avec un halo bleu. Ça a l’air très simple. Mais la nuit tombée, ces miroirs deviennent progressivement luminescents et brillent. Ils ne renvoient plus la

― Interview : France Clarinval ― Photo : Tom Fecht Madame Grawunder, vous avez une formation d’architecte, comment avez-vous commencé à travailler avec la lumière ? « Après ma formation en architecture en Californie où je suis née, j’ai passé un diplôme supplémentaire à Florence, puis je me suis installée à Milan en 1985. À ce moment-là, j’ai travaillé pour Sottsass Associati. En Italie et à cette époque-là à Milan en particulier, le design et l’architecture sont intimement liés. Ettore Sottsass pratiquait aussi bien l’un que l’autre, les limites étaient floues. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la lumière comme une réponse directe à ce que je faisais en architecture. Généralement, les architectes sont seulement préoccupés par la lumière naturelle et ne travaillent pas avec la lumière artificielle. Cela fait partie de l’histoire de l’architecture que d’arriver à dompter, canaliser la lumière naturelle, mais pas d’incorporer la lumière artificielle. J’ai donc commencé par dessiner des pièces de luminaires qui s’intègrent à l’architecture. Progressivement, ces pièces ont été

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C’est-à-dire ? « Je n’ai pas voulu focaliser l’éclairage sur des points ou des lignes, avec des spots ou des rampes comme on le fait généralement pour ce genre d’espace. Je voulais créer des champs de lumière, comme une série de timbres ou de cachets placés de-ci de-là, pour éviter une lumière uniforme. Mon travail joue avec les clairs-obscurs, avec les ombres, avec la matière. Je pense que c’est très courageux de la part du maître d’ouvrage d’avoir opté pour un choix si radical.


Désirs Interview – Culture lumière, ils l’apportent directement. On voit généralement l’inverse : la journée, le luminaire est une zone noire sur le mur et le soir, il laisse une tache blanche sur le sol. Ici, c’est un cycle continu, comme un ballet, réglé en fonction de la lumière du jour et qui renforce graphiquement l’architecture.

pour une commande précise, on répond à une demande précise. C’est assez proche de l’architecture. Mais ça va beaucoup plus vite et ça coûte beaucoup moins cher. On peut donc essayer plus de choses, proposer, et même se tromper pour apporter quelque chose de nouveau… C’est un peu comme un speed dating…

on crée une pièce de design en édition limitée, c’est en général six pièces. Trouver six personnes dans le monde susceptibles de l’acheter, ce n’est pas très compliqué. On peut oser. Quand on fait un produit industriel, il faut pouvoir plaire à des milliers de personnes et durer dans le temps. C’est un autre challenge !

Pourquoi avez-vous choisi le bleu et le vert comme couleurs ? « Le vert vient surligner la cage d’ascenseur. Même la journée, c’est une lumière visible et forte qui agit comme une signalétique. C’est aussi une couleur qui se diffuse bien et qui fait un halo très doux. Le bleu est là pour donner une ambiance un peu différente, étrange, flottante. Cela répond aux panneaux sur les portes qui ont une sorte de réflexion. Le bleu est plus graphique, plus froid. Mais c’est une couleur assez neutre en termes d’affect.

C’est important d’apporter quelque chose de nouveau ou d’apporter la réponse juste ? « Idéalement, il faut les deux. Pour moi, c’est important d’aller de l’avant et de continuer à chercher, à inventer… Quand on pousse sur le bouton pour allumer le lobby… c’est magique et ça n’a jamais été fait. Les résultats de mes recherches peuvent servir par la suite pour des pièces limitées pour des galeries, voire pour des pièces industrielles.

Est-ce qu’il est mieux que la lumière se voie ou qu’elle se fasse oublier ? « Pour moi, c’est important d’avoir une combinaison des deux. Être protagoniste, ça veut dire que la lumière doit être présente, c’est un des acteurs d’une pièce. Mais il ne faut pas que la lumière gâche l’architecture, devienne omniprésente. La lumière doit faire partie intégrante de l’art de vivre : quand on fait attention à avoir une belle maison, une belle montre, une belle voiture, pourquoi acheter une lampe industrielle du commerce de base ? Il faut discuter avec les clients et leurs architectes pour comprendre leur vie et leurs besoins. C’est un processus de dialogue, d’équilibre. Je propose toujours plusieurs solutions en espérant qu’ils choisissent la plus forte, la plus radicale. »

Vous réalisez aussi des pièces de design lumineux en édition limitée. Votre démarche est-elle la même ? « J’ai commencé pour des personnes qui collectionnent l’art et qui veulent des luminaires à la hauteur de leur collection. Ce sont des pièces qui nécessitent de la recherche et de la technologie. En travaillant

www.grawunder.com

Le travail de Johanna Grawunder sur le bâtiment du Freeport Luxembourg permet de mettre en valeur l'architecture, à l'extérieur comme à l'intérieur.

PHOTOS : LE FREEPORT

« Je propose toujours plusieurs solutions en espérant que mes clients choisissent la plus forte, la plus radicale. »

Vous pouvez donc imaginer créer une lampe diffusée à grande échelle ? « Oui. J’en ai fait une pour Flos il y a une dizaine d’années. C’est un petit spot rond en aluminium qui s’appelle Wan, ce qui veut dire 'bol' en japonais. Il produit un faisceau étroit de lumière directe, ce qui est parfait pour les couloirs ou les halls. Pour ce genre d’objet, l’approche est différente. Quand

― Novembre 2014 ― 117


321 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de Paperjam1.

INDEX A ABBL Abelag Action locale pour jeunes Ada Adehm Diane Adem AG Real Estate Agefi Luxembourg Air France Allen & Overy Alipay Amazon ArcelorMittal Arendt & Medernach Arendt David ArtTactic Association pharmaceutique luxembourgeoise (APL) ATTF Auchan Auctionata

90, 93, 104 77 30 107 47, 96 24, 26, 30, 36 76 101 77 51 93 70 40 37 77 101 52 104 68 101

François Bausch Ministre du Développement durable et des Infrastructures

B Bachmann Thomas 62 BCL 104 Banque de Luxembourg 89 Barnes & Noble 70 Barnier Michel 58 Barreau de Luxembourg 16 Barthelmé Pierre 37, 38 Bausch François 38 BCE 44, 96 BCEE 50, 95 BCL 37, 44, 50 Becca Flavio 76 Beissel Simone 14 Beng Architectes 36 Berger Eugène 14 Bettel Xavier 14, 36, 101 BGL BNP Paribas 104 Bil 92, 96, 101 Biltgen François 16 Bisaga Hélène 62 BMW 4, 5 BNP Paribas 92 BNP Paribas Luxembourg 26 BNPP Parvest 43 Boden Fernand 54 Bourse de Luxembourg 96 Braum Stefan 107 Braz Félix 14, 16

C

D

Cactus 68, 83 Cahen Corinne 36 Castegnaro 49 Castegnaro John 50 Cavallini Lina 30 CDEC 74 Centre universitaire 104 Cercle de coopération des ONG 38 Cetrel 93 Chambre de commerce 30, 104 Chambre des salariés 35, 36, 38 Chambre des députés 37 Chorus Max 80 Chorus Stefan 80 Christie’s 101 Cigrand Jeff 38 Clement Sven 38 Clifford Chance 76 CNPD 38 CNS 52 Commission européenne 14, 37 Compagnie Financière la Luxembourgeoise 97 Conférence nationale des professeurs de sciences économiques et sociales 60 Conseil de la concurrence 37 Cora 68 CRP Henri Tudor 30 CRP Tudor 40 CSL 50 CSSF 76, 93, 104 CSV 47 CTIE 26

D’Wort Dahm Christine Damgé Stéphanie De Coster Alain De Verband Delcourt Hugues Deloitte Denoeud Corentin Dessange Deutsche Lufthansa Deynecourt Digicash DKV DO Recruitment Advisors Domaines Vinsmoselle DP

G

E.On EDF EHP Eischen Tom Electrabel Engel Georges Enovos EPA Alzette-Belval Ernster Fernand Etgen Fernand European Investment Bank Institute Eurostat Explorator EY

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40 40 16 40 40 14 40 62 68 54 101 36 84 58

Yves Francis Managing partner, Deloitte

F Fayot Franz Fedil FEV Fiat Finance and Trade Filali Myriam Fixmer Flashiz FNR Fonds du logement Fornieri Lidia Francis Yves François Bernard Freeport Freeport Luxembourg Frieden Luc

www.flashiz.lu

4175-FLA-BANDE_PAPERJAM_PROD.indd 1

G&A GDF Suez Georges François Glesener Marc GMP Architekten Goeres Google Goubin Isabelle Gramegna Pierre Grant Thornton Grasso Rosario Greco Michel Grençon Laurent Groupe François Guill Jean

99 40 99 47 36 15 70 104 14, 37, 92, 96 103 16, 36 70 38 40 104

H

E

AU RESTO, FLASHEZ C’EST PAYÉ ! 118 ―

47 38 60 76 82 96 101, 107 77 111 10 123 93 106 75 54 14

06/03/14 14:43

14 38 99 37 68 68 93 38 50 30 107 40 80 77 47, 92, 96

Hansen Marc Hansen Patrick Haut Comité pour la place financière Hecey Erna Hemmerling Marc Hermes HSBC Huffington Post Hurt Pierre

44 77 93 101 93 2 92 37 99

I-J-K IFBL 39, 104 ILR 37 In Tempo 113 Induja 96 Infiniti Lentz 23 INFPC 33 ING 36 Institut des réviseurs d’entreprises 58 IQ Solutions 6, 7 Istace Vinciane 30 IVV (Institut viti-vinicole) 54 Jaeger Pierre 36 Join 59 Jonk Entrepreneuren 60 Juncker Jean-Claude 14, 47, 58, 90, 101 K Kiosk 68 Kaes Aly 47 KBL 92, 96 Kiowatt 40 Kirschner Thomas 68 Klump Rainer 44 Koedinger Mike 81 Koepp François 84 Kramp-Karrenbauer 36


Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier

L

Aude Lemogne Co-founder, Link Management

L'essentiel 121 Landewyck Group 68 LEA 77 Lemogne Aude 101 Librairies Ernster 68 Link Management 101 Link Management, Freeport 101 London School of Economics 44 LSAP 14 Lutgen Hilda 104 Luxair 53, 77, 96 Luxair Group 30 Luxaviation 77 LuxConnect 40 Luxembourg for Finance 93 Luxembourg School for Commerce 60 Luxempart 96 LuxEnergie 40 Luxinnovation 26, 38, 74

Patrick Wallerand Directeur, ATTF

P-Q Pacaud Jean-Michel Paddle8 Paperjam Club Parlement européen Parti Pirate Passos Coelho Pedro Pauly François PayCash PayPal Perrot Guy Peters Jacques Picinati di Torcello Adriano Post Luxembourg Precision Capital Profil Pütz Guy PVG PwC PwC Luxembourg QInvest

58 101 101 14 38 14 96 93 93 16 96 101 70 96 104 30 68 76 30, 38 92

M-N-O Maadi Yasmina 101 Mackel Nicolas 93 Magnier Arnaud 84 Mailliet Max 99 Maison Moderne 81 Mandica Charles 30 Mangopay 93 Meisch Claude 60 Mersch Yves 44 Meyers Géry 26 Michel Greco 70 Ministère des Affaires étrangères 104 Ministère des Classes moyennes 37 Ministère des Finances 104 MNKS 63 Mobey 93 Moovijob 113 Morbé Muriel 60 Moretti Jean-Claude 62 Mosar Laurent 47 MPK 68 Mudam 83 Mulheims Raoul 93 Muller & Wegener 68 Muller Marc 60 Munro Delphine 101 Mutsch Lydia 36, 52 Nagel Maggy 50 Neobuild 74 Observatoire de la formation des Prix 36 Observatoire du logement 50 Office Erna Hecey 101 OGBL 50 Olinger Claude 30 Optique Thill 57 OPVI (Organisation professionnelle des vignerons indépendants) 54

Bruno Renders Administrateur, Neobuild

W Wagener Frank Wagener Robert Wagner Gaby Wallerand Patrick Wegner Frank Weis Paul Weisgerber Vera Wijet Wilmes Serge Winkler Nils Wiseler Claude Wiwinius Jérôme

96 107 26 104 99 40 30 77 47 93 47 60

T-U-V

R Rakuten Reckinger Pit Recybois Reding Jean-Claude Renders Bruno Right Capital Roeltgen André Roos Evie Roth Gilles

S Sales Lentz 106 Saumur 115 Schlesser Isabelle 24, 26, 30 Schmit Nicolas 26 Schneider Étienne 37, 40 Schneider Romain 52, 54 Schuman Thierry 26, 104 SCRM 29 SES 30 Société Générale 19, 21 Sontag Harald-Sven 83 Sotel 40 Sotheby’s 101 Spautz Marc 36, 47 Splitart 101 Standard & Poor’s 37 Statec 30, 36, 50 Stein Yves 96 Streff 80 Sweetways 60 Syndicat des pharmaciens (SPL) 52

93 16 40 50 74 101 50 30 47, 96

Tango Tarrach Rolf Tewes Ian Thelen Carlo Thewes Marc Thuault Aymeric Thyes Josée Tribunal correctionnel Tschirhart Éric Tuki Twinerg Ubiclouder ULC Unijet Union européenne Université d’Harvard Université d’Oxford Université de Stanford Université de Yale Université du Luxembourg Utopia Valora Retail Luxembourg Valora Services Vandenhove Olivier Veríssimo Paulo Vimentum I

124 44, 107 26 30 47 101 104 38 30 83 40 67 37 77 37 44 44 44 44 30, 37, 44, 107 61 68 68 76 44 99

AU CINÉ, FLASHEZ C’EST PAYÉ ! www.flashiz.lu

4200-FLA-BANDE_PAPERJAM_CINEMA_PROD.indd 1

16/04/14 15:21

― Novembre 2014 ― 119


Novembre 2014 Paru le 17 octobre 2014

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION WWW.PAPERJAM.LU

PROCHAIN NUMÉRO

6 novembre 2014

Mike Koedinger

NOVEMBRE 2014

:

RÉDACTEUR EN CHEF

Jean-Michel Gaudron

PROCHAIN NUMÉRO

24 octobre 2014

COVER PHOTO

Sven Becker

PA P E RJ A M 2

:

La discrète Madame Emploi 5 453000 074017

11

4€

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RÉDACTION

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STUDIO GRAPHIQUE

Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg @paperjam_lu

Maison Moderne Media Sales Téléphone (+352) 27 17 27 27 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail mediasales@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Maison Moderne Studio Directeur associé Guido Kröger

Directeur associé Francis Gasparotto (-33) Directrice commerciale Luciana Restivo (-53)

Studio manager Stéphanie Poras

Jean-Michel Gaudron (J-M. G.) jean.michel.gaudron@maisonmoderne.lu @jmgaudron Rédacteur en chef Alain Ducat (A. D.) alain.ducat@maisonmoderne.lu @Ducat_paperjam Secrétaire de rédaction Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.lu @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.lu @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.lu @celinecoubray Thierry Iochem (T. I.) thierry.iochem@maisonmoderne.lu Véronique Poujol (V. P.) veronique.poujol@maisonmoderne.lu @vpoujol

Rédacteurs Sébastien Lambotte Fabrice Barbian Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Annabelle Denham Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Catherine Thomas

Assistantes Tania Henriques (-235) Nathalie Sohn (-234) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-42) Laurent Goffin (-34) Barbara Wiesen (-64) Assistante commerciale Céline Bayle (-32) Administration Isabelle Ney (-233)

Directeur de la création Jeremy Leslie

Formule standard 1 × 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 × 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

UNIVERS PAPERJAM Paperjam.lu www.paperjam.lu

Directeur artistique Stephanie Post

Newsletter biquotidienne abonnement sur www.paperjam.lu

Design original Maxime Pintadu

Applications iPhone + iPad

Coordination Stéphane Cognioul Applications Androïd smartphone + tablet

Mise en page Monique Bernard, Stéphane Cognioul, Vinzenz Hölzl, Sophie Melai IMPRESSION Imprimerie Centrale, Techprint EU Ecolabel : FI/11/001

Paperjam.TV www.paperjam.TV Paperjam Guide guide.paperjam.lu Paperjam.Jobs www.paperjam.Jobs Paperjam Club www.club.paperjam.lu ISSN 2354-4619

ÉDITEUR

Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.lu @traizer1

Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.lu Téléphone (+352) 29 66 18-1 E-mail publishing@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie

120 ―

Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Pour vos souscriptions, merci de vous rendre sur notre site www.maisonmoderne.lu/eshop/

― Novembre 2014

Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti

Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger et Rudy Lafontaine. Conseil d’administration : Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Étienne Velasti (membres).

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media S.A. (Luxem­bourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media S.A. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.


Quand nos routes seront plus sûres... vous l´apprendrez par L´essentiel


122 ―

Emploi total intérieur en août 2014

58 %

― Novembre 2014

120

70

0

42 %

Prix moyen au mètre carré (en euros) ancien neuf

Faillites

163.801

0,5 9

0

7

150

394.691

dont travailleurs frontaliers Ao ût Se 13 pt .1 3 Oc t. 13 No v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 14

2 5.000

4.000 3.000

2.000

8

Taux de chômage (en %)

44.008

Emploi du secteur financier au 2e trimestre 2014 (hors assurance)

emplois dans le secteur bancaire

25.954 7,2

6

155

Nombre de banques

14 9

145

20

140

300.800 55 % 45 %

étrangers

18.054

SOURCE : STATEC

248.900

1.000 0

-0,4 % -0.4 %

(du PIB en 2014) -0,3 % par rapport à 2013

59 %

41 %

emplois dans les autres secteurs

SOURCES : CSSF, STATEC

Avril 2014 : 5.220

OPC (en millions d'euros)

octobre 2013 : 4.499

2.970,52

2.904,14

2.854,64

2.815,87

2.742,21

2.709,21

2.405,93

2.468,07

2.528,92

2.565,26

2.584,10

2,5

juillet 2014 : 7,3

2.523,19 2.486,58

Taux d'inflation (en %)

mai 2014 : 7,3

Mai 2014 : 1,03

549.700 Luxembourgeois

SOURCES : CSSF, STATEC

T1 2014 Ao ût Se 13 pt .1 3 Oc t. 13 No v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 14

4.882,05

4.217,73

5.408,05

Population totale (au 1er janvier 2014)

SOURCES : CSSF, STATEC

40

2

avril 2013 : 151

T4 2013

JUILLET 2014 : 81

T3 2013

MAI 2014 : 90

T2 2013

4.230,01

0,5 décembre 2013 : 1,54

1

5.375,60

13

.1 3

Oc t. 1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 14 Ma rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 14 Ao ût Se 13 pt .1 Oc 3 t. 1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 1 Ja 3 n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 Ju 4 in 1 Ju 4 il. 1 Ao 4 ût 14

pt

1,5

4.191,84

5.047,89

4.209,36

ût

Ao Se

2.586 km

Ao ût 1 Se 3 pt .1 3 Oc t. 1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 14

t. 1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4

60 septembre 2013 : 108

80

Oc

3

.1

Superficie

4 94 2.

Se pt

Le Luxembourg en chiffres

TABLEAU DE BORD 6.000

Nouvelles immatriculations

Dette publique (en % du PIB)

23,1 % (2013) +6,45 % par rapport à 2012

PIB en volume (évolution)

(en 2014)

2,7 %

100

Capacité / Besoin de financement (% du PIB)


daring

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diverse

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